DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE
CONTENANT EN ABRÉGÉ
L'HISTOIRE DE TOUS LES PAPES ET ANTIPAPES, CELLE DES CONCILE8, DES PÈRES DE L'ÉGLISE, DES PRINCIPAUX DOCTEURS, DES HÉRÉTIQUES ET DES HÉRÉSIES, DES SECTES, DES MISSIONNAIRES, DES MARTYRS, DE8 PRÉCURSEURS DE LA RÉFORME, DES THÉOLOGIENS, DES VILLES QUI ONT JOUÉ UN RÔLE DANS L'HISTOIRE DE L'ÉGLISE, ETC.
JEAN-AUGUSTIN BOST
PASTEUR
1886
***
Mise en pages par Jean leDuc et Alexandre Cousinier
Juin 2024
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE
A - B - C - D - E - F - G - H - I - J - K - L - M - N - O - P - Q - R - S - T - U - V - W - X - Y - Z
PRÉFACE
On sait le développement extraordinaire qu'ont pris depuis une cinquantaine d'années les sciences historiques. Le monde ancien, le moyen âge, les documents originaux, les vieilles chartes, ont été exhumés; on a fouillé les couvents et les archives, on a déchiffré les manuscrits; les découvertes ont abondé; des faits nouveaux ont été mis au jour, de belles légendes ont dû disparaître,- et les excellents manuels qu'on nous faisait apprendre si consciencieusement il y a un demi-siècle, ne sont plus bons à consulter que pour mémoire, et pour établir la comparaison entre le présent et le passé.
L'Église a eu sa part dans ce mouvement de réveil, et si peut-être, comme cela était naturel, la Réformation a fixé d'abord l'attention sympathique de nos savants et de nos écrivains, d'autres périodes ont été également élucidées; les monographies, les études spéciales, les biographies, se sont multipliées, dues à d'humbles ou à d'éminents chercheurs, dont les noms sont Légion (l'Encyclopédie des sciences religieuses n'a pas compté moins de cent soixante et douze collaborateurs), et cet ensemble d'esquisses, de fragments détachés sur les sujets les plus divers, histoire proprement dite, édification, missions, dogmes, controverse, constitue un fond sûr et solide, assez considérable pour qu'il soit permis de dire que nous possédons enfin une histoire ecclésiastique. *
Le livre que je présente aujourd'hui me paraît être la suite naturelle et désirable des travaux publiés ces dernières années, et presque la conséquence de l'accueil qui leur a été fait. Notre siècle aime les Dictionnaires. L'ordre alphabétique n'est x sans doute ni logique, ni profond, et il ne prête pas & de grands développements philosophiques ou littéraires, mais il est simple et commode au point de vue des recherches.
Naturellement un Dictionnaire ne peut pas tout donner, et il ne faut pas non plus tout lui demander. Je m'en suis tenu aux faits matériels et extérieurs, aux hommes et aux choses, et si quelques-unes des catégories comprises dans mon travail sont précises et bien déterminées, il en est d'autres qui sont plus élastiques; lorsqu'on parle par exemple des principaux théologiens d'un pays, ou de ses meilleurs orateurs religieux, il est clair que la limite à fixer entre ceux qui sont plus connus et ceux qui le sont moins, dépend beaucoup du pays où l'on écrit et des lecteurs auxquels on s'adresse. Il y a tel écrivain anglais, allemand, romain ou russe, qui jouit d'une certaine notoriété dans son pays ou dans son Église et qui ailleurs est absolument inconnu. J'ai dû élaguer ainsi des noms qui figurent dans la Real-Encyclopaedia de Herzog, ou dans le Dictionnaire des Sciences ecclésiastiques de l'abbé Glaire, et en revanche revoir et compléter la liste des noms protestants français, qui chez eux est plus ou moins écourtée. On peut demander la liste complète des papes, mais non celle des martyrs ou des missionnaires.
En outre, sur chaque individu l'on ne peut pas tout dire, et le volume lui-même, s'il avait la prétention de faire de chaque article une monographie complète, manquerait son but et cesserait d'être populaire, soit comme usage, soit comme prix. Ce n'est pas une Encyclopédie que j'ai voulu faire; sous ce rapport nous sommes déjà servis, et bien; mais un livre d'un emploi courant, à la portée de tous, et qui résume ce qu'il y a d'essentiel sur chaque sujet. Dans mon intention, ce livre rendra des services non seulement aux pasteurs qui connaissent déjà leur histoire ecclésiastique, aux évangélistes, aux instituteurs, aux directeurs d'écoles du dimanche, mais aux simples fidèles, aux lecteurs de la Bible, aux dames, à toute personne un peu cultivée, qui veut éclaircir un point oublié ou inconnu. J'ai cherché à dire beaucoup de choses en peu de mots, sans phrases, sacrifiant au besoin l'élégance à la clarté et à la concision du style. Je ne saurais mieux donner une idée de mon travail qu'en l'appelant un Bouillet ecclésiastique, bien que je donne plus de développements à certains articles généraux.
Lorsque je mis la main à l'œuvre et que j'écrivis les premières lignes de ce travail, le 9 mai 1865, je comptais un peu sur divers collaborateurs qui, par écrit ou de vive voix, m'avaient promis leur concours et me permettaient même de les nommer. Il y en avait ainsi plus de quarante, et je conserve avec reconnaissance leurs précieux autographes. Mais leur concours a été surtout moral, et leurs bons conseils ne m'ont pas manqué, assez semblables pour le fond, mais un peu différents dans la forme, depuis M. Merle d'Aubigné qui me recommandait de tenir haut et ferme le drapeau de l'Évangile, jusqu'à M. Éd. Sayous qui m'engageait à être aussi objectif que possible: «Même en faisant effort dans ce sens, ajoutait-il, le subjectif percera toujours assez.» Je crois avoir profité de ces bons conseils, mais quant à l'espoir d'une collaboration active j'ai bien vite vu qu'il fallait y renoncer, et sauf quelques amis de la dernière heure, je ne puis nommer comme m'ayant secondé d'une manière efficace et un peu suivie que mon regretté fils, le pasteur Hermann Bost, à Anduze, qui, chargé d'une immense paroisse et d'une Consistoriale à relever, trouvait cependant encore le moyen de m'envoyer, surtout sur la patristique, des articles qui seront appréciés.
Du reste, en imposant à l'auteur une charge plus lourde et plus longue, l'absence de collaborateurs aura eu l'avantage de donner à son travail plus d'unité, et le lecteur ne sera pas exposé à voir le pour et le contre sur un même personnage, lui être offert dans toute la beauté du scepticisme moral et scientifique, a c'est un fanatique, » nous dit Herzog en parlant de Judas Maccabée; et plus loin le même Maccabée est appelé «un témoin de la foi.» Que chacun se fasse son opinion, c'est très bien; mais en général on n'aime pas voir sortir de la même fontaine le doux et l'amer, l'affirmation et la négation. Dans tous les cas un Dictionnaire ne saurait sous ce rapport prendre les mêmes libertés qu'une Encyclopédie.
Je ne ferai pas l'énumération des ouvrages auxquels j'ai dû recourir; la liste en serait aussi longue que peu intéressante; je les cite brièvement au fur et à mesure que je suis appelé à m'en servir, mais il n'en est aucun dont je puisse dire qu'il a servi de base à mon travail. Celui que j'ai le plus souvent utilisé, le Theologisches Universal-Lexicon, d'Elberfeld 1874, est un excellent dictionnaire, surtout pour la théologie allemande, mais il présente de graves lacunes pour tout ce qui concerne les noms et l'histoire de la Réforme française.
Des lacunes, hélas ! où n'y en a-t-il pas ? C'est toujours l'auteur lui-même qui les sent le plus vivement, et je serais presque tenté, maintenant que j'ai sous les yeux ces deux mille colonnes, de me mettre à en faire la critique. J'y renonce, parce que d'autres feront ce travail, je suppose; les uns me reprocheront d'avoir omis des noms importants, ou de n'avoir pas assez développé certains points; d'autres trouveront qu'il y en a d'inutiles, que j'aurais pu laisser de côté sans inconvénient. Tout cela est possible, et je reconnais d'avance que chaque critique aura raison à son point de vue. Tout ce que je puis dire, c'est que j'ai fait de mon mieux, avec le désir délaisser à l'Église un souvenir utile, avec l'espoir que malgré ses imperfections mon travail sera reçu avec la même bienveillance qu'à rencontrée il y a trente ans mon Dictionnaire de la Bible.
Je remercie tous ceux qui m'ont encouragé et soutenu de leurs sympathies, et en particulier ceux qui, hommes ou journaux, ont bien voulu présenter mon travail au public.
La partie typographique, si importante pour un ouvrage de ce genre, a été l'objet des soins les plus scrupuleux et les plus minutieux, et je dois en témoigner ma reconnaissance à l'imprimerie de M. Schuchardt.
Je bénis Dieu qui m'a conservé les forces dont j'avais besoin, et c'est du fond du cœur que je m'approprie les paroles du vieux Samuel: Jusqu'ici l'Éternel nous a secourus.
Genève, 19 mai 1884.
J.-Aug. Bost.
Pour les personnes qui n'ont pas l'habitude de certaines abréviations, j'indique ici la signification de celles qui apparaissent quelquefois dans ce Dictionnaire.
t |
veut dire: |
mort, ou: il mourut. |
acad. |
= |
académie. |
ecclés. |
= |
ecclésiastique. |
égl. |
= |
église. |
emp. |
= |
empereur, ou empire. |
irnp. |
— |
impératrice. |
Dr |
= |
docteur. |
mss. |
= |
manuscrits. |
philol. |
= |
philologie, ou théologien. |
philos. |
= |
philosophie. |
prof. |
= |
professeur. |
théol. |
= |
théologie. |
univ. |
- = |
université. |
ARGYLL (duc d'), Georges-Douglas-Camp -bell, né 1823 à Ardencastle, Écosse; était marquis de Lorne lors de la dernière sécession, et prit place à côté de Chalmers parmi les défenseurs de l'indépendance de l'Église; lord en 1847; fut membre successivement des cabinets Aberdeen, Palmerston et Gladstone 1868. Son fils, le marquis de Lorne, a épousé la princesse Louise, fille de la reine. Il a touj. pris un vif intérêt aux questions religieuses.
ARMENGAUD (Madame), née Coraly Hinsch, à Cette, le 8 août 1801; un temps de mort spirituelle, où l'arche sainte était muette et ne rendait plus d'oracle. La fièvre révolutionnaire achevait dans les églises l'œuvre de destruction à laquelle le clergé de Rome avait consacré près de 2 siècles. Elle fut élevée sans connaître aucun chrétien et sans posséder la Bible, mais son cœur cherchait les choses qui sont en haut. Toute jeune elle exposait à Dieu ses besoins et ceux de sa famille, et lorsqu'elle fit sa première communion, à 15 ans, elle reçut l'assurance du pardon de ses péchés. Plus tard elle put se procurer une Bible, la lut avec avidité, et se mit à la faire lire autour d'elle; elle ouvrit une école du dimanche, une école d'adultes, et fonda un culte de famille, réunissant parfois autour de la Bible des personnes sérieuses, dont quelques-unes se convertirent et devinrent le noyau de son église. Ses relations avec l'excellent pasteur Lissignol, de Montpellier, furent rompues sur la question de la prédestination, que le pasteur admettait sans pouvoir l'expliquer, et que Mlïe Hinsch rejetait sous la forme absolue et tranchée que lui donne le calvinisme. M. Ch. Cook, le pieux pasteur et missionnaire wesleyen, sut mieux se faire comprendre d'elle et gagna sa confiance. Elle fut pendant dix ans membre de l'Égl. méthodiste, mais s'en sépara en 1846, n'estimant pas que la discipline du Saint-Esprit fût suffisamment exercée dans cette congrégation, et elle résolut de fonder elle-même une église vraiment apostolique; elle en trouva les premiers éléments dans sa famille et dans son entourage immédiat, et fit peu à peu des prosélytes, soit à Cette et à Nîmes, soit dans les campagnes de l'Hérault, du Tarn et du Gard, qu'elle visite quand ses forces le lui permettent. Elle a poussé jusqu'à Lyon, à Genève, et dans le Mâconnais. Elle s'est mariée en sept. 1850 avec un chrétien de Prades, Tarn, M. Jean-Étienne Armengaud. L'influence qu'elle a su exercer et conserver sur les membres de sa famille, même nationaux, est très remarquable et fait honneur à sa piété comme à son caractère. Une sorte de vie commune, indivision des biens, solidarité, relie entre eux dans la mesure de ce qui est praticable, les membres de cette petite communauté. Le développement en quelque sorte spontané de la vie religieuse chez Mlle Hinsch, et la connaissance tardive qu'elle a eue de la Bible, expliquent peut-être quelques-unes de ses doctrines, et donnent la clé des erreurs de son exégèse sur certains points; la tradition n'a eu sur elle aucune prise, v. Hinsch.
ARNAUD, François-Eugène, né 18 oct. 1826 à Crest, fils du pasteur; étudia à Genève et Strasbourg; pasteur à Crupie, aux Vans, à Crest; président du Consistoire; membre de plus, sociétés savantes, littéraires et historiques. Auteur d'une Version du N. T., d'un Comment, sur le N. T., d'une Géographie biblique, d'une Hist. du Dauphiné, d'Études sur le Pentateuque et sur Jude, et d'un grand nombre d'opuscules et articles de revues.
ARTHUR, William, né 1819 en Irlande; renfermant quelques articles qui avaient été omis à leur place, et de brèves notices sur divers contemporains ayant joué un rôle par leurs écrits historiques ou par leur position officielle dans l'Église ou dans la société.
étudia à Hoxton, missionnaire anx Indes (Mission to the Mysore), pasteur à Paris 1846-1848; secrétaire général de la Soc. des missions wes-leyennes. Auteur de L'heureux marchand, la Langue de feu, l'Italie en transition; Le pape, le roi et le peuple.
ASTIÉ, Jean-Fréd., né 21 sept. 1822 à Né-rac; étudia à Genève (éc. de théol.), Halle et Berlin; pasteur à New-York 1848-1853; prof, depuis 1856 à la faculté libre de Lausanne. Collaborateur de nombreux journaux et revues; auteur de nombreux écrits: Louis XIV et son siècle (anglais); Réveil religieux des États-Unis. Hist. de la République des États-Unis, Pensées de Pascal (dans un ordre nouveau), Esprit de Vinet, Les deux théologies nouvelles dans- le protestantisme français, Théol. allemande, Mélanges de théol. et de philos., Explication de TÉv. selon saint Jean, et réponses diverses à Scherer, Hornung, Bersier, etc.
BEECHER, Henri-Ward, né 24 juin 1813 à Lichtfield, Connecticut, fils du D"* Lyman Bee-cher (pasteur presbytérien qui eut 13 enfants, dont plusieurs très distingués). Il étudia au séminaire de Lane, et fut pasteur en 1837 à Laurenceburg, en 1839 à Indianopolis, et depuis 1847 à Brooklyn, égl. congrégationiste, dite de Plymouth; 2,000 paroissiens; l'égl. contient 3,000 places, qui se louent aux enchères. Traitement 125,000 fr. Talent hors ligne, voix vibrante, intelligence élevée, cœur chaud et sympathique; parole quelquefois virulente et qui lui a fait des ennemis. Il a plaidé avec passion pour l'abolition de l'esclavage. Rédacteur de deux Revues; auteur de 10 vol. de sermons, d'une Vie de Jésus, de 3 vol. sur la prédication, et de nombr. brochures, conférences, etc. Un procès de mœurs qu'un ennemi lui a intenté, a fini à son honneur.
BEECHER-STOWE, sa sœur, née 1815 à Lichtfield. D'abord institutrice, elle épousa M. Calvin Stowe, prof, au séminaire théol. de Lane, qui passa plus tard à Andover. Elle avait vu de trop près les hontes et les horreurs de l'esclavage. Déjà connue par ses Fleurs de mai, 1843, elle se fit dès 1850 une immense réputation par sa Case de l'oncle Tom, dont elle publia la Clé 1852. En 1853, voyage en Europe. Elle publia en 1854 ses Souvenirs des pays étrangers, et dès lors, presque coup sur coup: La fiancée du Ministre, Souvenirs heureux, la Perle de Pile Dorr, A propos d'un sapin, Les petits renards, Ma femme et moi, La tyrannie rose et blanche, etc., presque tous trad. en français.
BERSIER, Eug.-Arthur-François, né 5 févr. 1831 à Morges, Vaud. Il étudia au collège de Genève, partit ensuite pour les États-Unis, d'où, après un court séjour, il revint à Genève et entra à l'école de théologie. Il passa un aa en Allemagne, Halle et Gœttingue. En 1855 il est pasteur au faubourg Saint-Antoine à Paris, en 1858 à la chapelle Taitbout; en 1866 il inaugure à Neuilly un culte du soir, qui deviendra en 1874 l'égl. de l'Étoile. Pendant le siège de Paris il est directeur des brancardiers protestants. Décoré 1871. Auteur de 7 vol. de Sermons, Hist. du synode de 1872, Liturgie 1874, la Solidarité, et de nombreux articles de revues et journaux. Il a mis son initiative, son éloquence et toute son activité au service du monument à élever à Coligny. — M1®* Bersier^ née Marie Hollard, a publié La bonne guerre, Micheline, Tourlède, l'Ermite de Ploërman.
BOIS, Charles, né 26 août 1826 à Die, pasteur à Montmeyran et à Alais; prof, à Montau-ban depuis 1860, membre du synode de 1873, président de la commission d'organisation ecclésiastique, doyen depuis 1875, membre du conseil supér.del'instr. publique jusqu'en 1884. Auteur de plus, articles, brochures, etc. sur le surnaturel, la question sociale, la liberté, etc.
BONNET, lo Louis, né 1805 àDullit, Vaud; auteur de la Famille de Béthanie, l'Homme banni d'Eden, le N. T. expliqué au moyen d'instructions, analyses, etc., étudia à Bâle sous De Wette et Hagenbach; consacré à Bâle 1829, pasteur à Londres 1830 à 1835, puis k Francfort s. Main jusqu'en 1881 pendant 46 ans; retraité avec honneur.
2o Jules, historien, né 30 juin 1820àNimes, où il étudia, obtint au lycée Henri IV le prix d'honneur de rhétorique. Prof, d'hîst. au lyeée de Mâcon, docteur ès lettres. Auteur d'Olympia Morata, Antonio Paleario, 3 vol. de Récits du 16me siècle, (prix Bordin); éditeur des Lettres franç. de Calvin, etc. Collaborateur de la Revue chrét.; directeur du Bulletin du prot. français; Secrétaire de la Soc. d'hist., et membre actif de l'Alliance évang.; a assisté Mata-moros et ses amis dans le procès de Grenade.
BORDIER, Henri-Léonard, né 1817 à Paris, d'une famille genevoise, licencié en droit depuis 1840, attaché à Augustin Thierry, puis à l'école des Chartes et aux Archives nationales; démissionnaire après le coup d'État. Depuis 187$ bibliothécaire à la Bibliothèque nationale. S'est occupé surtout d'histoire et se distingue par son exactitude. Auteur, avec Ed. Charton, d'une Hist. de France populaire. A fait une guerre impitoyable aux déprédateurs de bibliothèques (Guill. Libri), et aux fabricants de faux autographes (Vrain Lucas, qui en vendait de Sapho, Jules César, saint Pierre). Ses derniers travaux, depuis une vingtaine d'années qu'il collabore au Bulletin d'Hist. du protestantisme français, ont spécialement pour objet les temps et lea hommes de la Réforme: le Chansonnier huguenot, la Saint-Barthélémy et la critique moderne, l'École historique de Bolsec, la famille de Boyve, etc. Son principal ouvrage sera cependant la réimpression de la France protestante des fr. Haag, dont il s'est chargé en la complétant et en la refondant, travail énorme qui, en lui donnant de nouveaux titres à la reconnaissance de ses coreligionnaires, n'enlève rien à ce qu'on doit à ses laborieux devanciers. Membre du Consistoire de Paris. Beau-père du professeur Strœhlin, et de l'historien-archiviste Théoph. Dcifour.
BOUVIER, Barthélémy, né 6 janv. 1795 à Genève, d'une famille venue de Wufflens, Vaud, mais descendant de réfugiés français, étudia à Genève; consacré en 1817: précepteur en Russie 1819; groupe en église les protestants français de Moscou, dont il est le pasteur volontaire, 1er janv. 1821-14 janv. 1823; revient au printemps de 1823 atteint d'une affection des poumons dont il ne s'est jamais remis entièrement. Marié en 1825. Nommé 3 fois pasteur, il doit donner 3 fois sa démission pour cause de santé: Genève 17 oct. 1824-mai 1828; Colo-gny 1831-avril 1837; Genève 1842 à 1846. Il voulut remonter en chaire l«r janv. 1848, mais cet effort l'épuisa, il f le 7 du même mois. Un culte qu'il avait fondé à Anières. pour les disséminés, fut troublé par les cathol. ultramon-tains, qui brûlèrent la chaire et les bancs, 31 mai 1835. Le 8 sept. 1842, comme il allait faire le service du Jeûne genevois au temple de Saint-Gervais, les habitants du quartier, qui avaient décidé que ce service serait fait par Chenevière, l'arrêtèrent et le forcèrent à rebrousser chemin. Artiste, littérateur, prédicateur émouvant, homme d'initiative, il a provoqué la souscription pour les vitraux de Saint-Pierre 1835; on lui doit plusieurs liturgies, pour la Restauration, le Jubilé, la consécration d'un prêtre catholique. Auteur de nombreux sermons et opuscules, chants patriotiques et religieux, articles de revues, et spécialement: Doctrine chrét., en 8 sermons, Lettres d'un prédicateur malade à un malade, le Compagnon •de l'âme malade, recueil de prières; sermons (posthumes) avec Notice par Cellérier et Dio-dati.
Son fils Ami-Auguste-Oscar, né à Genève 16 févr. 1826, consacré en déc. 1851; après quelques courses missionnaires et suffragances dans les Hautes-Alpes, à Paris, à Londres, fut nommé pasteur à Céligny 1854 à 1857, puis à Genève, et enfin prof, de théol. 1861, archiviste de la Comp. des pasteurs, et directeur des étudiants français à la faculté de théologie. Nombreuses publications sur des sujets de morale sociale, de dogmatique ou de littérature chrétienne; on remarque surtout: le Divin d'après les épitres de Paul, qui semble être le résumé de sa théologie.
BOVET, Eug.-Victor-Félix, né 7 nov. 1824, prof, de littérature et d'hébreu; auteur d'un Voyage en Terre-Sainte, Vie de Zinzendorf, Hist. du Psautier, <ïe brochures et articles de journaux; membre de plus, sociétés savantes; ne se rattache à aucune église particulière, mais sympathise avec toutes les œuvres et mouvements religieux.
CASALIS, Jean-Eugène, né 21 nov. 1812 à Orthez, étudia d'abord sous la direction d'Henry Pyt, puis à Paris à la maison des missions. Parti de Londres le 11 nov. 1832 avec Arbous-seth et Gosselin pour le pays des Bassoutos auprès de Moshesh; fonda les stations de Mo-rija et Thaba-Bossiou; revint en 1848 pour quelque temps, retourna dans son champ de travail, mais fut rappelé 27 nov. 1856 comme directeur de la maison des missions; retraité en janvier 1882. Auteur d'une Gramm. séchuane, d'une Trad. du N. T. en sessouto, de 23 ans de séjour au sud de l'Afrique, et de Mes souvenirs (pour la jeunesse.)
CHASTEL, Étienne-Louis, né 11 juillet 1801 à Genève, oû il fit ses études, puis visita Paris, l'Italie et l'Angleterre. Nommé pasteur en 1832, chargé en 1835 de conférences à l'occasion du jubilé de la Réformation; prof, d'hist. ecclés. en 1839 jusqu'à 1881; bibliothécaire 1845 à 1848; docteur ès lettres de Genève 1879, docteur en théol. de Strasbourg 1882; décoré 1879; auteur d'un grand nombre d'ouvrages d'hist. ecclés. dont plusieurs ont été couronnés par l'Acad. française 1849, 1851, 1853 et 1854; Confér. sur l'hist. du christianisme, Hist. de la destruction du paganisme dans l'emp. d'Orient, l'Influence de la charité durant les premiers siècles de l'Église, l'Église romaine dans ses rapports avec les développements de l'humanité, les Catacombes, etc; enfin et surtout Hist. du christianisme depuis son origine jusqu'à nos jours. Collaborateur de plusieurs revues.
CLAPARÈDE, 1® David, théologien protestant genevois, né en 1727, appartenait à une famille d'origine languedocienne, qui se réfugia en Suisse au temps de la révocation de l'édit de Nantes et a produit plusieurs pasteurs et savants distingués. Au ministère actif qu'il exerça durant près de trente ans (1761-1790), dans sa ville natale, Claparède joignit, dès 1763, la charge de professeur en théologie, et enseigna avec distinction la critique sacrée et la morale. Il publia en 1765, des Considérations sur les miracles de l'Évangile, en réponse aux objections soulevées par J.-J. Rousseau dans sa troisième Lettre de la Montagne. Prédicateur de mérite, il a laissé des sermons estimés. Il s'employa pins d'une fois d'une manière très honorable an rétablissement de la paix dans sa patrie, souvent déchirée alors par les discordes civiles. 11801.
ifi Parmi ses descendants on remarque le célèbre naturaliste Édouard Claparède t 1871. et son frère Antoine-Théodore, né 18 juin 1828 à Genève, consacré 8 déc. 1850; pasteur a Jussy, Clermont-Ferrand, Chancy, auj. chapelain des prisons; président de la Soc. d'hist. et d'ar-chéol., vice-président de la Soc. des protestants disséminés; auteur de: Hist. des égl. réf. du pays de Gex; Une héroïne protestante (Blanche Gamond), réimpr. avec adjonction des Mémoires de Jeanne Terrasson, sous le titre de: Deux héroïnes de la foi (collabor. M. Goty); Henri Vend; Emmanuel Philibert et l'amiral de Coligny; de nombreux articles de revues, journaux, mémoires, etc.
DARDIER, Ch., né 26 août 1828 à Viane, Tarn; étudia à Genève. Pasteur à Nîmes depuis 1843, titulaire en 1858; membre de plusieurs Sociétés savantes; collaborateur et correspondant de nombreux journaux, s'est distingué oomme historien par des opuscules, des brochures, des articles de revue et quelques ouvrages dont les plus importants sont: Esaïe Gasc, Michel Servet, et les Lettres de Paul Rabaut.
DELABORDE, Louis-Jules (comte de), né 13 janv. 1806 à Paris, avocat à la cour de cassation depuis 1836, et président de son ordre 1853 à 1856. Conseiller à la cour impériale 1862, honoraire depuis 1876. Un des fondateurs de la chapelle Taitbout, longtemps prési -dent de la Soc. des missions, vice-prés, de la Soc. d'hist. du protestantisme français; a plaidé plusieurs fois en cassation en faveur de la liberté de conscience de ses coreligionnaires ^Mémoires et plaidoyers 1854). Auteur de plus, brochures de droit, de quelques beaux cantiques populaires, d'articles divers, de Mme l'a-mtrale de Coligny après la Saint-Barthélemy, les Protestants a la cour de Saint-Germain après le colloque de Poissy, Éléonore de Roye, et surtout Gaspard de Coligny (3 vol.)
DELITZSCH, François, né 13 févr. 1813 à Leipzig, prof, de théol. à Rostock, Erlangen et Leipzig, luthérien très accentué, donnant pins d'importance aux sacrements qu'à la parole de Dieu, puisque les sacrements agissent invariablement (en bien ou en mal) sur tous ceux qui les reçoivent; mais cœur large, nature sympathique. Auteur d'un grand nombre d'ouvrages, Gomment., Exégèse, Dogmatique, Documents, Introductions; notons surtout: Comment, sur la Genèse, Quatre livres de l'Église, la Théol. bibl. prophétique, Psychologie bibl., Jésurun.
DIDACHÈ, et Diatagai. v Instruction.
DIDON (le père), né 1840 près Grenoble, entra a 18 ans chez les dominicains, sous l'influence de Lacordaire, acheva ses études à Rome, et se fit connaître 1868 par une défense des moines au point de vue social. Nommé prieur des dominicains de la rue Saint-Jean de Beau-vais, il fit 3 séries de conférences sur l'Homme selon la science et la foi, le Mariage et le divorce, et l'Église devant la société moderne. II alla trop loin, dut se rendre à Rome pour se justifier, ne fut pas reçu par le pape et fat in-terné par ses supérieurs au couvent de Corbara, Corse, 1880. En 1882, il fit en Allemagne un séjour comme simple étudiant, et il en a rapporté des notes et des observations aussi curieuses qu'instructives.
ESCALADE. On désigne sous ce nom le coup tenté dans la nuit du 12 décembre 1602 par le duc de Savoie Charles-Emmanuel pour surprendre la ville de Genève. Cette entreprise ne constitue pas seulement un épisode intéressant de l'histoire de la petite république; les circonstances dans lesquelles elle s'accomplit lui donnent un caractère plus général, et en font l'un des événements importants de la grande lutte qui, dès longtemps déjà, se poursuivait entre Rome et les amis de l'Évangile. Capitale d'une grande opinion, selon la remarquable parole d'un historien, Genève, en rompant avec le catholicisme en 1535, était devenue la métropole de la Réforme dans les pays de race latine; aussi était-il inévitable que les papes, la considérant comme leur mortelle ennemie, excitassent leurs adhérents à une croisade contre cette ville rebelle. Rendre Genève à la foi romaine devint l'une de leurs constantes préoccupations. Les ducs de Savoie qui, d'ancienne date, convoitaient la possession de la cité hérétique, se trouvaient les instruments naturels et, pour ainsi dire, les exécuteurs désignés des vengeances du saint-siège. Dès 1560, Pie IV fit offrir à Emmanuel-Philibert une somme de vingt mille écus pour l'aider à reprendre Genève. Vingt-six ans plus tard, Sixte-Quint mit de même à la disposition de Charles-Emmanuel des troupes et de l'argent pour l'engager à détruire ce foyer de l'hérésie; mais ces ouvertures ne furent pas alors suivies d'exécution. Mus par la même politique, Clément VIII et le roi d'Espagne s'opposèrent, en 1598, à ce que Genève fût explicitement comprise dans le traité de paix de Ver-vins, et Henri IV dut déclarer par un acte spécial, confirmé en 1601 par le traité de Lyon, qu'elle y aurait part, bien qu'on ne l'y eût point nommée. Toutefois, la garantie du roi de France n'empêcha pas les adversaires de la Réforme d'ourdir contre elle la conjuration de l'Escalade. Tramée lors du jubilé célébré à Thonon en 1602, elle prit ainsi naissance sous les auspices de l'Église. Comme ses devanciers, Clément VIII offrit au duc son concours pécuniaire pour les frais de l'expédition. Au moment décisif un jésuite, dans les rangs des soldats, stimulait leur zèle par la promesse des récompenses célestes. Mais l'héroïsme des Genevois, leur confiance dans la protection d'En haut, déjouèrent un plan très habilement combiné, et les assaillants, mis en déroute, ne se retirèrent pas sans avoir éprouvé de grandes pertes. La déconvenue fut extrême au Vatican. L'occasion ainsi manquée ne devait plus se représenter, et le duc, humilié non moins que déçu dans ses espérances, se vit contraint, en juillet 1603, de conclure la paix avec Genève. — v. Gaberel.
FREPPEL, Ch.-Émile, né l** juill. 1827 à Obernai, Bas-Rhin; év. d'Angers depuis 1869, fut au Vatican un des plus chauds partisans de l'infaillibilité, et patronne volontiers les pèlerinages. Député de Brest à la Chambre des députés, il tient la tête de l'opposition ultramon-taine. Écrivain abondant, polémiste passionné.
FRIDERICH, Jean, nê 1836 à Poxdorf, Franconie supérieure; prêtre 1859, prof, de théol. à Munich 1862; secrétaire du cardinal de Hohenlohe au conc. du Vatican, refusa de se soumettre au concile et fut excommunié avec ses collègues, 17 avril 1871. Nommé prof, de théol. à Berne 1875 il refusa de se soumettre aux décisions du synode vieux-catholique de 1878. Auteur de plus, écrits importants sur l'Hisl. ecclés. de l'Allemagne, le 13®« siècle, le conc. du Vatican, etc.
GABEREL, Jean, né 1810 à Jussy, Genève; consacré 1837; pasteur à Gênes 1841-1849; a donné de nombreuses conférences historiques dans le midi de la France et en Suisse, et depuis 1856 il a donné chaque année devant des auditoires jamais lassés, au Casino, au Cirque, à la Salle de la Réformation, une confér. sur l'Escalade de 1602. Auteur de Au nord et au midi, Études sur TAllem., la France et l'Italie, Patria, beautés de l'hist. de Genève, Mémoires sur Viret, Saurin, Rousseau, Voltaire; Aima mater, ou l'Italie; les Hommes d'hier, et surtout: Hist. de l'Égl. de Genève, 4 vol., et l'Escalade.
GODET, Frédéric, né 25 oct. 1812 à Neuchâtel, étudia à Berlin et Bonn. Consacré 1837, précepteur du prince de Prusse, auj. prince impérial, 1838-1844, pasteur à Valangin et au Val-de-Ruz, pasteur et prof, d'exégèse 1850 à Neuchâtel; depuis 1866 prof, à la faculté libre; docteur en théol. de Bâle; auteur de Comment.
appréciés sur Jean, Luc, les Romains; Études bibliques, 2 vol.; Hist. de la Réforme et du Refuge dans le pays de Neuchâtel: Confér. apologétiques, etc. Un des chefs les plus sym -pathiques de l'église libre de Neuchâtel, il jouit d'une autorité incontestée parmi les théologiens de langue française.
HINSCH, Coraly, v. Armengaud.
HINSCHISME, nom qu'on donne généralement à cette fraction des chrétiens de Cette, qui se sont constitués en église évangélique sous la direction de Madame Armengaud, q. v. Comme toutes les églises évangéliques ils en appellent uniquement à la Bible. Parmi leurs doctrines, plusieurs leur sont communes avec tous les chrétiens; d'autres leur sont toutes particulières. Voici le résumé de leur enseignement théologique.
La foi en Dieu le Père et en J.-C. son Fils unique, notre Seigneur. Le Saint-Esprit, n'est pas une personne distincte du Père et du Fils, mais la partie communicable de Dieu à l'homme croyant.
Eternité de Satan, père du mensonge, meurtrier dès le commencement.
Création des âmes humaines et des anges avant la fondation du monde.
Chute radicale de toutes les créatures. Toutes ont péché en écoutant le Serpent ancien déguisé en ange de lumière.
Rachat des coupables tombés entre les mains du diable. L'œuvre de la rédemption ne s'applique pas au diable lui-même; le Fils de Dieu a paru pour détruire ses œuvres, non pour le sauver.
Les anges qui acceptèrent la parole de réconciliation sont les anges élus, esprits administrateurs, destinés à servir en faveur de ceux qui obtiennent le salut (1 Tim. 5, 21. Hébr. 1, 14). Les anges demeurés rebelles forment l'armée des esprits malins qui sont dans les airs, et dont Satan est le prince (Ephés.6, 12. 2, 2).
Tous les hommes (qui existent déjà en dehors du monde visible) doivent passer sur la terre pour être éprouvés. On distingue: a. Ceux qui se repentirent envers Dieu dans les lieux célestes et qui ont cru pleinement à la bonne nou -velle du Salut. Ce sont les Nazariens de Dieu, remplis du Saint-Esprit, comme Jean-Baptiste, dès le sein de leur mère; 6. Ceux qui, n'ayant cru qu'en partie, renouvellent plus ou moins sur la terre, à l'exemple d'Adam, le péché originel. Ils doivent s'en humilier ici-bas sous peine de voir leur nom rayé du livre de vie; c. Ceux qui apportent sur la terre et conservent jusqu'à la fin le mépris du Salut gratuit. Ce sont ceux dont les noms n'ont pas été écrits dans le livre de miséricorde (Apoc. 13, 8).
Tous les hommes doivent passer sur la terre pour y être éprouvés. Nul ne portera l'iniquité de son frère. Chacun portera son propre fardeau. Cela est vrai pour les plus petits enfants comme pour les hommes faits.
Par le don du Saint-Esprit, le règne des formes et des cérémonies fut ébranlé, mais il ne cessa entièrement qu'après la ruine de Jérusalem. Avec le temple b&ti par la main des hommes, disparut tout ce qui appartenait au mosaïsme. Les types institués par Jésus lui-même, la Cène, par exemple, ne devaient subsister que jusqu'à sa seconde venue (Jean XXI, 24. 22, 1. Cor. XI, 26). Le plus utile de tous les types, le don des miracles, a pris fin comme les autres.
Depuis l'heure bénie de la première résurrection, le ciel est ouvert, et les hommes sanctifiés par FEsprit, vont directement avec Dieu en quittant la terre, tandis que les < fils de perdition » vont directement dans l'étang ardent de feu et de soufre.
Les autres, — c'est le grand nombre — sont soumis à une nouvelle épreuve après cette vie, même ceux qui ayant posé le fondement du salut, ont négligé la promesse d'un coeur pur.
Dans tous les temps, la femme a pu être appelée aux fonctions les plus élevées, les plus délicates au sein du peuple de Dieu, témoins Dé-bora, Jahel, Hulda, Anne, Marie-Madeleine, etc. Après le don du Saint-Esprit, Pierre rappelle la prophétie de Joël: t Vos fils et vos filles prophétiseront. »
Néanmoins, ce n'est que depuis la ruine de Jérusalem que la femme a été pleinement délivrée du joug delà loi qui la condamnait au silence devant l'homme.
L'appel de la femme au pastorat appartient, comme celui de l'homme, à Dieu seul. La science et l'autorité humaines n'entrent pour rien dans cette œuvre divine. « Simon-Pierre, m'aimes-tu ?» C'est la spule question que Jésus pose à quiconque doit paître ses agneaux et ses brebis.
Tels sont, en abrégé, les principes des hin-schistes. Le nombre des fidèles est d'environ 400; leurs principaux centres sont Cette, Nîmes et le Vigan, Ils ont en outre des auditeurs, non membres de l'église. La communauté entretient à Cette un externat de jeunes filles et une salle d'asile; à Nîmes un pensionnat de demoiselles, un externat et une salle d'asile; un pensionnat de jeunes gens, avec externat. Ils ont à Cette deux Unions chrétiennes, une de jeunes gens, et une de jeunes filles. L'établissement des Bains de mer, fondé en 4847 pour les malades indigents, a reçu dès lors 14,955 baigneurs; l'institution a si bien réussi qu'elle a trouvé des imitateurs (il n'existe auj. pas moins de 30 hospices maritimes en Europe). La maison de refuge, créée en 1857, a recueilli 560 pauvres jeu -nés filles. Ces deux institutions subsistent à l'aide de dons, collectes, modestes pensions, subventions. Le Conseil général du Gard et le Conseil municipal de Nîmes sont au nombre des souscripteurs pour le Refuge, dont le budget annuel est de 36,000 francs. Les autres établissements font à peu près leurs frais. L'église comme telle couvre toutes ses dépenses par les dons volontaires de ses membres.
Ouvrages à consulter: Le Recueil des Lettres pastorales de Mm* Armengaud; le Témoignage rendu à la Vérité, la Vraie Orthodoxie, et plu-sieurs brochures de polémique, par Ed. Kriiger, pasteur; La préexistence des dmes et C Éternité de Satan par C. Gilly, professeur; et les Rapports annuels des œuvres de bienfaisance.
INSTRUCTION DES APOTRES. D a été composé, dans les premiers siècles de l'Église, divers écrits destinés à reproduire et à faire connaître l'enseignement du Christ et des apôtres. On peut nommer entre autres: 1o Le symbole des apôtres, qui est comme un développement de la formule du baptême. 2° La Didaché (Didakè) ou Instruction des apôtres. 3° Les Diatagaï ou Prescriptions des apôtres. 4<> Les Diataxéis oa Constitutions apostoliques.
La Didaché mentionnée et parfois citée par par quelques Pères de l'Église était considérée comme perdue, lorsque, en 1883, parut à Constantinople un volume tout en grec intitulé: Instruction des douze apôtres, d'après le manuscrit de Jérusalem, publiée pour la première fois, avec une introduction et des notes, par Philo-thée Bryennios. archevêque de Nicomédie. Ce livre réapparaissant après tant de siècles dans l'Église, a causé parmi les théologiens des diverses dénominations chrétiennes une immense sensation, à cause du jour tout nouveau qu'il jette sur l'état de l'Église à l'époque où il a été écrit.
Mais à quelle date faut-il le faire remonter? Les uns ont dit entre 120 et 140; d'autres, avant l'an 70; peut-être faut-il dire vers l'an 100. Ce qui est certain, c'est qu'à l'époque où la Didaché a été écrite, les apôtres et les prophètes, dans le sens large de ces mots, c'est-à-dire les hommes directement poussés à l'action par le Saint-Esprit, occupaient la première place dans l'Église, et que les évéques (ou anciens) et les diacres, appelés à leurs fonctions par les congrégations elles-mêmes, occupaient une position inférieure. Il est dit des premiers qu'il sont les grands-prêtres de l'Église; et au sujet des autres, il est recommandé de ne pas les mépriser.
La doctrine chrétienne joue un rôle très effacé dans la Didaché; en effet, elle est plutôt sous-entendue qu'explicitement exprimée.
Aussi bien cet écrit n'est-il, au fond, pas autre chose que le plus ancien des manuels de discipline ecclésiastique. La Didaché ne se propose pas de dire aux chrétiens sortis du paganisme (c'est à eux qu'elle s'adresse) ce qu'il fout croire, mais ce qu'il faut faire, soit comme simples chrétiens dans la vie privee, soit comme membres des congrégations, dans la vie ecclésiastique.
Pour terminer, faisons-en brièvement connaître le contenu. Elle contient 16 courts chapitres, qu'on peut classer en cinq parties. La première, ch. 1-6, décrit les deux chemins, ou le chemin de la vie et le chemin de la mort. La seconde partie, ch. 7-10, traite de ce qu'il faut observer quant au baptême, au jeûne, à la prière et à l'eucharistie. La troisième, ch. 11-13, expose comment les fidèles doivent exercer l'hospitalité et la libéralité chrétiennes, soit envers les apôtres et les prophètes, soit envers les autres chrétiens. La quatrième, traite des assemblées des fidèles, du choix des évêques et des diacres, de la répréhension fraternelle et de quelques autres devoirs encore. La cinquième partie, ch. 16, traite de la fin de l'économie actuelle et du retour du Christ.
La Didaché admet la validité du baptême qui se fait par aspersion, indique comment il faut rendre grâces avant et après l'eucharistie, anéantit par ce qu'elle dit sur l'épiscopat, les prétentions des évêques de l'Église de Rome, et annonce la venue, dans les derniers temps, d'un antéchrist qu'elle nomme le séducteur universel et qui se donnera pour Fils de Dieu.
L'auteur de la Didaché est inconnu. Tout indique que c'était un judéo-chrétien; qu'il avait compris le christianisme bien plus comme un développement de la loi mosaïque, que comme une vie nouvelle et le salut apportés par le sacrifice rédempteur du Christ et par l'œuvre régénératrice et sanctifiante du Saint-Esprit. Aussi la Didaché met-elle en pleine évidence, par son contenu, qu'elle n'a point l'inspiration qui se fait sentir dans les livres de l'ancienne et de la nouvelle alliance. Elle est une composition pieuse, mais humaine, et rien d'étonnant à ce que tout ancienne qu'elle est, elle n'ait point été mise au nombre des écrits du Nouveau Testament, v. l'Église Libre, 1884, n°« 10 et suiv.; l'abbé Duchesne, et Paul Sabatié.
JALABERT, Franç.-Phil.-Victor-Théophile, né 17 août 1823 à Nîmes, avocat à Aix; prof, de droit à Aix, Grenoble et Nancy; auj. prof, de droit constitutionnel à Paris; a fait partie des conseils presbytéraux ou des consistoires, presque dans toutes les villes où il a été appelé comme juriste. Membre des synodes de 1848 et de 1872. Un des chefs les plus religieux et les plus estimés du parti libéral. Auteur de comptes-rendus, mémoires, lettres et brochures sur des questions actuelles, ecclésiastiques ou politiques.
LICHTENBERGER, Fréd.-Aug., l'auteur de l'Encyclopédie des sciences religieuses, est né 21 mars 1832 à Strasbourg où il a fait ses études. Voyages en Allemagne et à Paris. Docteur en théol. 1860. Pasteur auxiliaire au Temple-Neuf et aumônier au gymnase protestant 1860, prof, de théol. 1864. Après la guerre il vint à Paris; pasteur à la chapelle Taitbout 1873, prof, de théol. à la nouvelle faculté de Paris, 27 mars 1877, et doyen. Auteur d'une Hist. des idées religieuses en Allemagne depuis le milieu du 18œe siècle, de Méditations pour chaque jour de l'année, de la Théol. de Lessing, et de plusieurs autres ouvrages de circonstance.
LUTTEROTH, Ascan-Henri-Théodore, né 29 janv. 1802 à Paris, reconnu français, comme descendant de réfugiés, en vertu du décret du 9-15 déc. 1790. Il s'est associé activement dès sa jeunesse à tout ce qui s'est fait à Paris dans l'intérêt de l'Égl. protestante; rédacteur des Archives et du journal des Missions; du Semeur qu'il dirigea seul de 1831 à 1850. Fondateur depuis 1830, de plusieurs chapelles, membre de presque toutes les sociétés religieuses; défenseur de la liberté des cultes à Orléans (aff. de Montargis) et à Amiens (baptistes de l'Aisne). Auteur de Notices sur Oberlin, O-Tahiti, les Saints inconnus, la Russie et les jésuites; le Jour de la préparation (chronologie pascale), le Recensement de Quirinius, Comment, sur saint Matthieu, etc.Articles dans diverses revues. Éditeur (avec Mme Lutteroth) des Chants chrétiens, qui ont eu plus de dix éditions.
MALEBRANCHE, Nicolas, né à Paris 1638, f 1715; petit, malingre et contrefait; il entra 1660 dans la congrég. de l'Oratoire, se consacrant à la religion et à l'étude. Il fit d'abord de l'histoire et de la philologie sacrée, mais ayant lu le Traité de l'Homme, de Descartes, il se tourna tout entier vers la philos, dont il s'appliqua à démontrer l'accord avec le christianisme. Son livre, La Recherche de la Vérité 1674 eut un grand succès et reste son meilleur ouvrage; ses Entretiens sur la métaphysique et la religion 1688 sont considérés comme son chef-d'œuvre. Il soutient que nous connaissons tout en Dieu et que nous n'avons aucune connaissance hors de lui; qu'il n'y a aucun rapport possible entre l'âme et le corps, la matière et l'esprit. Dans son Traité de l'amour de Dieu il combat la doctrine du pur amour. Plusieurs paradoxes l'engagèrent dans une controverse ardente, tour à tour avec Arnaud, Bossuet, Régis, Fénelon et Lamy. Très cartésien, il eat des amis et des admirateurs, mais peu de disciples, et n'a pas exercé l'influence à laqnelle son caractère, ses talents et sa piété lui auraient donné droit.
NAVILLE, Jules-Ernest, né 13 déc. 1816 à Chancy, Genève; consacré en 1839; passa 6 mois à Florence, et fut à son retour nommé directeur des écoles de la ville; en 1844 prof, de philos.; destitué à la suite de la révolution de 1846 il se retire du clergé officiel. Prof, d'apologétique en 1860, mais démissionnaire en 1861. Dès lors, et déjà plus ou moins depuis 1848, sans attache officielle, il continue de servir librement son pays et l'Église par ses écrits, ses cours publics et de nombreuses conférences à Genève, Lausanne, Neuchâtel et ailleurs. Président de l'Association pour la Réforme électorale, officier du Saint-Sauveur (de Grèce), membre correspondant de l'Institut, de France, depuis 1865. Collaborateur à la Revue des Deux-Mondes, à la Revue scientifique, à la Biblioth. univ., à la Revue chrétienne, au Chrétien évangélique, et à d'autres feuilles, il a composé de nombreux écrits, biographies, philos., questions sociales, politiques, électorales, confessionnelles, etc. On connaît surtout: Maine de Biran (en collab. avec M. Marc Debrit), Mémoire sur Bacon, la Physique moderne, la Logique de l'Hypothèse, la Vie éternelle, le Père céleste, le Problème du Mal, le Christ, l'École chrétienne et l'École laïque, De Saussure, le p. Girard, etc. — Son fils Adrien, né 6 févr. 1845, prof, de philos, à Neuchâtel, a écrit: Saint Augustin et le développement de sa pensée; Julien l'Apostat, et divers articles de revues.
NÈGRE, Louis, né 1842 à Alais, où il commença ses études classiques, qu'il alla terminer ensuite à Paris, étudia la théol. à Montauban et fut consacré dans sa ville natale, en 1866, par le prof. Bois; pasteur au Cailar 1866-1878, président du synode de la 16®« circonscription 1879-1882, actuellement pasteur à Saint-Gilles-du-Gard et président du Consistoire de Vau-tert, auteur de la Carte de la France protestante (Paris, Bonhoure).
Cette carte, sur une grande échelle, dont le bèsoin se faisait vivement sentir depuis plusieurs années, présente un tableau complet des églises réformées, luthériennes, indépendantes, des postes des diverses Sociétés et des localités renfermant des protestants. On y voit aussi, clairement indiquées, les limites dès consiste -riales et des circonscriptions synodales, ainsi qUe les voies ferrées qui les traversent. Cette utile publication, qui permet d'embrasser d'un coup d'œil les divers groupements du protestantisme français, peut rendre de grands services et se recommande non seulement aux pasteurs et aux consistoires, mais1 à fontes les personnes qui s'occupent d'évangélisation et de collectes.
Par suite de la mort de M. de Prat, M. Nègre s'est chargé de la continuation de l'Annuaire protestant que publiait le regretté directeur du séminaire protestant de Montauban.
OLTRAMARE, Marc-Jean-Hugues, né 27 déc. 1813 à Genève, descendant de réfugiés italiens, peut-être de Calabre; étudia à Genève, Tubingue et Bertin. Consacré 1838. Pasteur dès 1845, prof, du N. T. 1854; aumônier dans la campagne du Sonderbund èn 1847; membre du Consistoire 1851-1859. Traducteur du N. T. 1872. Auteur d'un Comment, sur les Romains, et de nombreux discours, catéchismes, sermons, conférences sur Calvin, Mermillod, les sacrements, etc. Prédicateur populaire.
PÉDÉZERT, Jean, né 19 janv. 1814 à Puyoê, B.-Pyrénées; élève de la maison des missions de Paris, 1832, puis sous-directeur; pasteur à Hargicourt, et Bkyonne; prof, de théol. à Montauban depuis avril 1850; modérateur dn synode officieux de Paris 1879; président de la commission permanente nommée par le synode de Marseille 1881; pnbliciste distingué, rédacteur ou collaborateur de l'Espérance, le Semeur, le Christianisme an 19®e siècle, le Moniteur; auteur d'Études ecclés., morales, sociales et littéraires.
PERSÉCUTION (La) en France depuis 1685. Après la Révocation de l'édit de Nantes, l'hérésie était censée ne plus exister. Les pasteurs avaient été expulsés, l'exercice du culte évangélique était interdit; les réformés avaient pris par milliers le chemin de l'exil, et ceux qui restaient devaient être rentrés dans le giron de l'Église romaine; c'était la théorie. Mais bien-tôt les faits infligèrent à ce mensonge officiel un démenti éclatant. Les soi-disant nouveaux convertis du Dauphiné ou des Cévennes réorganisèrent des assemblées religieuses dans leurs montagnes; des pasteurs revinrent, des prédi-cants surgirent pour réchauffer leur zèle, et, par suite, le gouvernement de Louis XIV (ce fut le châtiment de ses cruautés et de son intolérance antérieures) se vit, pour ainsi dire, contraint de terroriser, et de persécuter de plus fort en plus fort les malheureux protestants, et de maintenir en état de siège habituel les provinces où ils se trouvaient. Tel fut, avec diverses alternatives d'accalmie et de redoublement de rigueurs, le régime des trente années de la vie de Louis XIV et celui de la plus grande partie dn règne de Louis XV.
Ce qui imprima à cette conduite insensée de la royauté on caractère particulièrement odieux, c'est que la persécution demeura longtemps plus ou moins clandestine. On savait assez mal à l'étranger ce qui se passait en France, et, à Pin-térieur, l'entourage du souverain s'inquiétait fort peu, au milieu des splendeurs de la cour, des souffrances qu'éprouvaient aux extrémités du royaume, parfois même beaucoup moins loin, les victimes des sévérités royales. On n'aurait eu pourtant qu'à prêter l'oreille pour entendre les gémissements des persécutés. Les assem-bléesde culte surprises, ceux qui y participaient dispersés à coup de fusil, les pasteurs roués ou pendus, les autres victimes que l'on pouvait saisir mises à mort ou plongées dans des cachots, les émigrants arrêtés avant d'avoir franchi la frontière condamnés à la réclusion perpétuelle, à la déportation, aux galères: ainsi se résument, durant près de quatre-vingts ans, les rapports du pouvoir royal avec les réformés. On compte ainsi une trentaine de pasteurs, entre lesquels l'illustre Claude Brousson, livrés au supplice de 1683 à 1700. Sous Louis XV, onze de leurs successeurs subirent le même sort; le dernier, François Rochette, mourut en 1762. Ces martyrs de la cause protestante rendirent glorieusement témoignage de leur foi; la fermeté et la joie chrétienne avec lesquelles Fulcrand Rey, Louis Ranc, Jacques Roger, Desubas et bien d'autres marchèrent à la mort, émurent jusqu'à leurs bourreaux, et impressionnèrent vivement tous les témoins de leur supplice. — Les frères Haag ont dressé une liste, sans doute incomplète, de plus de deux cents protestants, hommes et femmes, qui furent enfermés à la Bastille entre 1685 et 1715. Une foule de leurs coreligionnaires souffrirent également pour leurs convictions dans les cachots de Vincennes, de Nantes, de Saumur, d'Aigues-Mortes, de la tour de Crest, et dans d'autres prisons d'État. En ces tristes jours, les femmes montrèrent fréquemment plus d'énergie et de persévérance que les hommes; aussi s'appliquait-on, avec un soin particulier à vaincre leurs résistances, et dans les hôpitaux, dans les couvents, dans les maisons de la propagation de la foi où beaucoup d'entre elles furent renfermées, elles eurent trop souvent à endurer des traitements indignes. L'hôpital de Valence, notamment, dut une honteuse célébrité aux cruautés raffinées dont y furent l'objet bien des protestants des deux sexes qui, dans d'autres prisons, avaient lassé les efforts des convertisseurs. C'est là que fut détenue l'héroïque Blanche Gamond, qui a laissé une relation de ses souffrances. En 1687, l'encombrement des prisons inspira l'idée de déporter dans les colonies d'Amérique une partie des réformés qui s'y trouvaient entassés. Ce projet fut mis à exécution; mais sur les quelques centaines de malheureux ainsi arrachés à leurs familles et à leur patrie, un bon nombre périrent en route, enlevés soit par la maladie ou les fatigues, soit par suite du naufrage de quelques-uns des vaisseaux qui les transportaient. L'une des pénalités les plus cruelles et que l'on vit appliquées le plus fréquemment aux réformés fut la condamnation aux galères à perpétuité. Il est difficile de se rendre exactement compte du nombre des personnes auxquelles fut infligée cette terrible peine; mais les évaluations les plus récentes le portent à plus de deux mille. Toute tentative d'émigration, l'assistance à une assemblée de culte, la simple possession des Livres saints suffisaient pour la faire prononcer. On n'épargnait ni le rang ni l'âge. Devançant les principes égalitaires de la Révolution, la royauté enchaînait côte à côte sur les bancs des forçats le gentilhomme et le plébéien. On eut parfois l'absurde barbarie d'y envoyer jusqu'à de jeunes garçons au-dessous de quinze ans. Nombreux furent les condamnés qui, chargés de fers, accablés de coups, succombèrent déjà en route avant d'avoir atteint le bagne. D'autres, plus vigoureux, embarqués sur les galères, en supportèrent de longues années l'affreux régime, exposés les premiers, en temps de guerre, aux coups de l'ennemi, soumis, en temps de paix, à toutes les rigueurs d'une barbare discipline. Celle-ci était, du reste, moins rude pour les galériens ordinaires, que pour les réformés. On traita, en bien des cas, ces derniers avec l'inhumanité la plus révoltante, en vue de vaincre leur obstination à ne point embrasser le catholicisme. Mais, puisant leur force en Dieu, ces héros de la foi opposèrent à la méchanceté de leurs ennemis une piété, une douceur, une charité vraiment admirables, comme le prouvent les lettres qui nous ont été conservées d'eux. La sublimité de leurs vertus évangéliques produisit un jour un résultat aussi remarquable qu'imprévu, la conversion au protestantisme de l'un même des aumôniers romains chargés de le leur faire abjurer. — Deux mois avant sa mort, Louis XIV eut l'humiliation de voir la reine Anne d'Angleterre lui demander la libération d'un assez grand nombre de galériens protestants; il n'osa refuser cette requête. Le pouvoir royal ne cessa point cependant de prononcer des condamnations nouvelles, et, sous Louis XV, 220 personnes furent envoyées aux galères pour cause de religion. Vers la fin de ce règne, comme nous l'avons vu ailleurs, un esprit nouveau soufflant sur la société, quelques adoucissements furent apportés à ce honteux régime de barbarie clérico-royale; on jouait l'Honnête criminel, on réhabilitait Calas; on entendait Montesquieu, Voltaire, Malesherbes; les parlements hésitaient; le chevalier Ch.-Juste de Bauveao faisait vider et murer la Tour de Constance, au risque d'une disgrâce; d'Argenson saluait respectueusement Paul Rabaut, au lieu de le faire arrêter; le maréchal de Senneterre, aveugle, affirmait plaisamment n'avoir jamais vu le pasteur Jarousseau ni ses assemblées; les gendarmes eux-mêmes s'arrangeaient quelquefois pour avoir vu trop tard, ou pour laisser évader leurs prisonniers. Évidemment on pouvait espérer une ère nouvelle; mais c'est en 1774 seulement, Tannée de l'avènement de Louis XVI, que la liberté fut rendue aux deux derniers galériens de Marseille. V. Mémoires d'un protestant (JeanMarteillede Bergerac); un Déporté pour la foi, par M. Lelièvre; Deux héroïnes pour la foi (Bl. Gamond et J. Terrasson), par Claparède et Goty; les Larmes de Pineton, etc.
PILATTE, Léon-Rémi, né 2 sept. 1822 à Vendôme, d'une famille catholique. Converti à il ans, il entra à la maison des missions de Paris, mais sa santé ne lui permit pas de donner suite k ses projets missionnaires. Il se consacra à l'évangélisation de la France, notamment du sud-ouest, des deux Charente et du faubourg Saint-Marceau à Paris. Ayant causé de l'ombrage à la police, il partit pour les États-Unis, revint en France en 1853, se fixa à Menton, puis à Nice 1835, où il fut pasteur 20 ans, jusqu'en 1875. Parole incisive, plume alerte et bien trempée, il est à la fois journaliste et polémiste de naissance, controversiste par tempérament. Collaborateur de Girardin k la Presse; fondateur du Phare du littoral k Nice, du Réformateur à Paris, il est surtout connu par l'Église libre qu'il a fondée et qu'il rédige à Nice depuis 1869. Auteur de plusieurs brochures, en particulier contre la maison de jeux de Monaco, et d'un livre sur le synode de 1848 publié avec M. de Pressensé. A réimprimé des œuvres de Calvin, ses Comment, sur le N. T., l'Institution, Comment, sur les Psaumes. Directeur-fondateur depuis 1874 d'une école d'évangélistes k Nice.
PRESSENSÉ, Edmond (Dehault de) né 17 janv. 1824 k Paris, étudia à Lausanne sous Vinet, puis à Halle et Berlin. Pasteur de la chapelle Taitbout, Paris, 1847; docteur de Breslau en 1863, de Montauban en 1876, d'Édimbourg en 1884. Nommé député de la Seine 2 juillet 1871, sénateur inamovible 1884. A constamment voté les mesures libérales avec le parti républicain, et défendu la liberté de conscience aux Chambres et devant les tribunaux. Nombreuses conférences populaires et voyages d'évangélisation. Membre actif du comité de l'Alliance évangélique. Collaborateur à la Revue des Deux Mondes, aux Débats, à la Revue politique et littéraire, à l'Encyclop. des sciences théol.; fondateur-directeur de la Revue chrét., et du Bulletin théol.; auteur d'une Vie de Jésus, le Concile du Vatican, Hist. des 3 premiers siècles de l'Égl. chrétienne, et de nombreuses Études ecclés., politiques, iï-gieuses et littéraires. — Madame de Pres8*fl>sé (Élise-Franç.-Louise du Plessis) est née2inr%.. 1826 à Yverdon, Vaud. Mariée 1846. Fonua-trice de l'œuvre dite de la Chaussée du Maine en faveur des victimes de la Commune et des pauvres du 14m* arrondissement. Écrivain populaire; auteur de: Rosa, la Maison blanche, le Journal de Thérèse, Sabine, Boisgentil, Une joyeuse nichée, Poésies; la Journée de petit Jean, et Ninette, illustrées par Paul Robert.
PUAUX, François-Napoléon, né 24 déc. 1806 à Vallon; étudia le droit à Paris. D'abord avocat, puis notaire, il se consacra dès sa conversion k la carrière ecclésiastique; pasteur k Lnneray, Rochefort, Mulhouse. Controversiste ardent, polémiste serré, predicateur original, auteur fécond. Outre une foule de brochures, on lui doit: l'Anatomie du papisme, la Raison en face du tombeau de J.-C., les Loisirs d'un homme occupé; Hist. de la Réformation française, 7 volumes. — Son fils Frank, né 26 nov. 1844, après un pastorat à Stockholm, est revenu se fixer k Paris, s'occupant de recherches sur la Réforme française. A écrit: les Précurseurs de la tolérance, et plus, articles.
RILLIET, J.-H.-Albert, connu aussi sous le nom de Rilliet-de Candolle depuis son mariage avec une nièce du célèbre botaniste. Né 1809 à Genève, fils d'un conseiller d'État, il fit toutes ses études k Genève et les compléta par un voyage en Allemagne. Consacré en 1832. A la fois théologien, littérateur, savant, historien et homme politique, il se montra supérieur dans tous les domaines, mais ne se fit pas dans son pays la position à laquelle il pouvait prétendre; son caractère absolu, son esprit qui ne connaissait pas les transactions, et les circonstances politiques, l'empêchèrent de jouer un rôle actif, public, mais sans rien enlever à sou influence ni k son activité personnelle. Il collabora à la Biblioth. universelle et au Semeur, et fut nommé prof, de littérature à l'Académie. La révolution de 1846 lui imposa sa démission; il se retira même du clergé national officiel, déclarant qu'il restait fidèle k l'Église k laquelle il avait prêté serment, et qu'il ue connaissait pas la nouvelle qu'on lui avait substituée. Fondateur en 1849 du Gymnase libre, qui subsista jusqu'en 1857. Membre et souvent président de la Soc. de lecture. Il a traduit, avec Bétant, l'Hist. d<3 la guerre de Péloponèse, de Thucydide. Soi Comment, sur les Philippiens, 1841, fonda sa réputation. En 1859 il publia une trad. du N. T. d'après le texte grec le plus ancien (le Vatican, complété par l'Alexandrin; on ne connaissait pas encore le Sinaïticus), avec notes et variantes. Cependant il a peu à peu abk'fïdonné la théol. pour se livrer plus entière- nt aux recherches critiques et historiques. O . l'intérêt spécial qu'il a pris à l'importante publication de la Correspondance des Réformateurs d'Herminjard, on a de lui des études, réimpressions, volumes ou brochures sur: le Procès de Servet, les Homélies d'A vitus, deux points obscurs de la vie de Calvin, Jeanne de # Jussie, Le levain du Calvinisme, Le premier séjour de Calvin à Genève (en collabor. avec M. Th. Dufour), le Rétablissement du catholicisme à Genève il y a deux siècles; Marie Den-tière. Nommons encore son Hist. de la Réunion de Genève à la Conféd.,1866; lesOrigines delà Conféd. suisse, 1868; Lettres à M. H. Bordier, au sujet des Origines de la Conféd. suisse, 1869.
SCHÉRER, Edmond-Henri-Adolphe, né 8 avril 1815 à Paris, où il commença ses études; passa 2 ans en Angleterre, fit sa théol. et prit ses grades à Strasbourg; docteur en 1843. Prof, d'exégèse à l'École de théol. de Genève; rédacteur de la Réform. au 19™ siècle, 1845-1848. Ses idées religieuses ayant complètement changé il donna sa démission dans deux lettres: La Critique et La Foi 1850, se fixa k Paris, puis à Versailles, devint en 1860 un des rédacteurs du Temps, après avoir collaboré au Semeur, k la Revue de théol., et k la Biblioth. universelle. Député de Seine-et-Oise 2 juill. 1871; sénateur inamovible 15 déc. 1875. Auteur de Prolégomènes à la dogmatique réformée, Théorie de l'Église, Vinet, Lettres à mon curé, Thèses théologiques; Mélanges d'hist. religieuse, Études critiques sur la littér. contemporaine.
SCHICKLER, Fernand, baron (de), né 24 août 1835 k Paris, président de la Soc. d'Hist. du protestantisme français 1865, de la Délégation libérale des égl. réf. 1877, de la Soc. biblique protest. 1878, membre du Conseil central 1879, et du Consistoire de Paris 1881. A fait deux voyages en Orient, publ. 1862. Auteur en outre, de plusieurs discours, notices et articles sur quelques points d'histoire. Un des chefs laïques les plus appréciés du parti libéral.
SECRETAN, Charles, né 19 janv. 1815 k Lausanne, suppléa Vinet k Bâle en 1834, entendit Baader et Schelling k Munich en 1836; prof, à Lausanne en 1838, destitué par la révolution de 1845; prof, d'histoire et de philos, à Neuchâtel 1850; enfin rappelé k Lausanne en 1866. Auteur de: Leçons sur Leibnitz; la Philosophie de la liberté; Recherche de la Méthode; la Raison et le Christianisme; Précis de philosophie: Discours laïques, et d'un grand nombre d'articles dans la Revue suisse (qu'il a fondée 1837), le Semeur, la Biblioth. univ., la Gazette de Lausanne, le Chrétien évangé-liste, etc. Touj. le défenseur des causes libérales.
SEGOND, J.-J.-Louis, né 4 oct. 1810 à Genève, d'une famille française, étudia à Genève, prit ses grades (jusqu'au doctorat) à Strasbourg, passa 18 mois à Bonn, avec Freytag, et un an k Eisenach. Se fit naturaliser genevois 1839, fut nommé pasteur à Chêne, près Genève 1840-1864; prof, suppléant de théol. 1862, prof, ordinaire d'exégèse 1872; voyage en Orient 1873. Connu surtout par sa Version de l'A. T. demandée par la Compagnie des pasteurs, commencée en 1864, finie en six années Trad. du N. T. 1880: Soirées chrétiennes, Monologues de Schleiermacher, Discours et sermons, Catéchisme, etc. — Son fils Victor, pasteur à Sion, est auj. pasteur au canton de Vaud, et a publié un Annuaire des œuvres philanthropiques.
STEEG, Jules, né 1836 à Versailles, étudia la théol. k Bâle, Strasbourg et Montauban. Nommé pasteur à Libourne 1er sept. 1859; rédacteur du Progrès des communes depuis le 1er juillet 1871, se fit en politique de nombreux ennemis et une grande popularité. Dénoncé à Bordeaux, pour un article sur la Fête Dieu, il se défendit lui-même et fut acquitté H sept. 1872. Membre du synode de Paris; un des chefs les plus respectés du protestantisme libéral; il donna sa démission de pasteur en 1879, fonda une imprimerie qui prospéra, et fut nommé député 21 août 1881. Il a fait le rapport sur la séparation des Égl. et de l'État. Auteur de nombreuses et spirituelles brochures, presque toutes d'actualité.
STROSSMAYER, Joseph - Georges, évêque d'Agram, Croatie, né 4 févr. 1815 à Essek, Sla-vonie; fondateur de l'univ. d'Agram, chef du parti national croate; a fait opposition au conc. du Vatican et a refusé de se soumettre.
VIGUIÉ, Jean-Ariste, né 29 janv. 1827 k Nègre-Pelisse, étudia à Montauban, Berlin, Bonn et Strasbourg. Consacré 1851. Pasteur à Montauban, à Nîmes 1853-1879, enfin pasteur et prof, de théol. k Paris. Président de l'Acad. de Nîmes. Orateur brillant et populaire, auteur d'un grand nombre d'écrits plus ou moins considérables sur des sujets d'édification, de théol. et d'histoire.
VULLIEMIX, Louis, né 7 sept. 1797 à Yver-don, Vaud, où son père était receveur pour le gouvernement do Berne. Il étudia d'abord chez Pestalozzi, puis à Thoune, enfin à Lausanne. L'histoire était son étude de prédilection, et bien jeune il reçut le prix dans un concours sur Tacite. Il fut un des premiers fondateurs de la Soc. de Zofingue 1819. destinée à grouper en un faisceau les étudiants des divers cantons, trop souvent divisés sans motifs par la religion, la politique ou les souvenirs. Consacré en 1821 il fit quelques années de suffragance, à Chex-bres, puis à Nyon chez son oncle Gonthier. Mais sa voix était faible, sa santé délicate et ses goûts le ramenaient à l'histoire. Il revint à Lausanne et y resta jusqu'à sa f 10 août 1879. Bien qu'ayant renoncé au ministère actif, il ne cessa de s'intéresser à l'Église et aux progrès du règne de Dieu. En 1848 il donna sa démission avec la majorité du clergé vaudois, se joignit à l'Église libre, fut nommé président de son Comité des études et professeur d'hist. ecclésiastique; il enseigna pendant 15 ans. Parmi ses publications nous signalerons: un Essai sur l'Évangile, Considér. sur les mœurs des chrétiens dans les trois premiers siècles; la trad.de l'Hist. suisse, de Muller; le Chroniqueur qui, pendant deux ans 1835 et 1836, se transportant à 3 siècles en arrière, publiait tous les 15 jours les nouvelles de ce qui se passait dans le monde politique et religieux, conférences, missions, livres nouveaux; la réimpression de l'Hist. de la Réformation, de Ruchat; la continuation, avec Monnard. de l'Hist. suisse de Hottinger. Plus tard il donna encore un Tableau du canton de Vaud, Étude sur Chillon, le doyen Bridel, le landamman Pidou, la reine Berthe, Aimé Steinlen, Souvenirs pour ses petits enfants, Résumé de l'hist. suisse, sans parler d'une foule d'articles de journaux. En 1837 il avait fondé la Soc. d'hist. de la Suisse romande. A 80 ans il est mort jeune et debout, quoique jamais bien robuste. Il ne voulait savoir qu'une chose, un nom, celui de Jésus-Christ, le Dieu Sauveur.
YORK, l'anc. Eboraeum, vieille ville archiépiscopale d'Angleterre, longtemps rivale de Cantorbéry quant à la primatie, et finalement vaincue dans cette lutte, mais avec les honneurs de la guerre. Bien que sa population soit à peine de 40,000 âmes, elle partage avec Londres l'honneur d'avoir à sa tête un lord-maire. Son histoire, avant l'époque des Anglo-Saxons, est assez obscure. On voit 314 au synode d'Arles un évêque d'York, Eborius, et quelques autres év. anglais. Mais c'est avec le missionnaire Augustin 601 que commence réellement son histoire. Augustin avait reçu de Grégoire 1er \e pallium, et il fonda pour Rome deux sièges archiépiscopaux, Cantorbéry, au lieu de Londres que Grégoire avait désigné, et York (Coforwîe), qui ne reçut cependant de titulaire (Paulin) 627, qu'après la mort du prince Edelfried, l'ennemi des chrétiens et de Rome. Paulin lui-même ne fut confirmé par Honorius qu'en 634, après que Boniface V eut assuré à Juste de Cantorbéry 624 les droits de métropolitain sur toute l'Angleterre. Mais Paulin dut fuir après la mort d'Eadwin, et York redescendit pendant quelques années au rang de simple évêché. Le diocèse fut même partagé en trois sous Théodore, de manière à l'affaiblir d'avance pour le cas où il recouvrerait son titre archiépiscopal. Les circonstances politiques, les guerres d'invasion, les contestations religieuses entravèrent la reconstitution du diocèse, en même temps qu'elles permirent aux évêques de se soustraire momentanément à l'autorité de Cantorbéry, en assurant leur indépendance. Vers 1154 l'ambitieux Roger de Pont-l'Évêque fut nommé, avec l'agrément du pape; mais ce choix ne fut pas heureux; avare, colère et violent, il était désigné sous le nom d'Archidiable par Jean de Salisbury, et on lui attribue une bonne part de responsabilité dans la mort de Becket; l'Écosse refusa de le reconnaître et il la mit à l'interdit. Galfried, ou Gottfried, fils naturel et ancien chancelier de Henri II, est élu en 1189, mais il va se faire sacrer à Tours, malgré son serment, et il n'est confirmé qu'en 1191; il doit quitter l'Angleterre quand Innocent III excommunie le pays à la suite de ses démêlés avec Jean-Sans-Terre. Wicleff apparaît sous Jean de Thorisby f 1373. Parmi ses derniers évêques on nomme W. Boothe t Thomas Rotheram, qui s'intéressa aux universités, f 1500; Christophore Bambridge, qui f 1314 à Rome, cardinal; Wolsey, q. v.; Édouard Lee f 1544, et Nicolas Heatbqui, sous Marie-la-Sanglante, remplaça Robert -Holgate, qui était protestant et marié. Heath dut résigner ses places et honneurs sous Élisabeth, et f 1579, tranquille, dans sa retraite de Gobbam.
YOUNG, v. Mormons.
ZANZIBAR, lie et royaume de la côte orientale d'Afrique, un peu au sud de l'équateur, sans frontières déterminées du côté de l'intérieur. Population, en majorité musulmane, de plus de 2 millions d'habitants; port considérable et voie naturelle pour pénétrer jusqu'à la région des grands lacs; centre important pour le commerce, les explorateurs et les missionnaires. Vasco de Gama s'en empara au nom du Portugal, mais l'iman de Mascate, Arabe, chassa les envahisseurs à la fin du 17m* siècle, et se mit en leur lieu et place. Si-Saïd, qui régna de 1803 à 1856, a favorisé les missionnaires, à condition qu'ils ne s'occupassent que des païens et pas des musulmans. Les cathol. et les protestants y possèdent de nombreux établissements, mais qui sont plutôt un point d'attache pour les missions et les stations fondées sur la route d'Ujiji. C'est aussi un centre, mais honteux et dissimulé, pour l'embarquement clandestin d'esclaves enlevés par des chasseurs d'hommes.