N
NANGIS (de Nangiaco), v. Guillaume 11°.
NANTES (édit de), v. Édits 5<>.
NAPLES. Après que les Normands 1027 eurent obtenu du duc Serge de Naples la principauté d'Aversa, ils s'emparèrent de la Grande-Grèce sous Guillaume Bras-de-fer et ses frères, et en firent leur royaume 1040-1043. Comme ils menaçaient aussi Bénévent et d'autres possessions papales, Léon IX sortit contre eux avec une armée allemande, mais il fut défait à Civi-tella et fait prisonnier 1053. Nicolas II laissa à Robert Guiscard le reste de ses conquêtes dans l'Italie du sud, moyennant un tribut annuel et la garantie de sa protection pour Rome et les États de l'Église. Anaclet II, l'antipape, soutenu par Roger U, petit-fils de Robert, céda encore à celui-ci Capoue et la Sicile, et lui reconnut le titre de roi 1130. Lamême année Innocent II confirma ce titre, et en revanche Roger se déclara le vassal du saint-siège. Les papes suivants maintinrent comme un droit cette reconnaissance de leur souveraineté, si bien qu'Urbain IV en usa pour donner Naples et la Sicile à Charles d'Anjou 1263. Le symbole de la dépendance était la remise, chaque année, d'une haquenée blanche par le roi de Naples au pape. Mais en 1777 Ferdinand prétendit que cette haquenée n'était qu'un témoignage de déférence. Ce tribut cessa d'être payé en 1788, et le pape ne manqua plus de protester le jeudi saint. Lo Concordat de 1818, et plus encore, la convention de 1855, mit lin à cette ridicule contestation.
NASSAU (duché de), État de la Conféd. germanique, presque enclavé entre le Rhin, la Prusse rhénane et la Hesse; annexé à la Prusse depuis 1866, fait auj. partie de l'emp. d'Allemagne. Ses villes principales sont Wiesbaden et Nassau. L'Évangile y fut apporté dès l'époque romaine, par Lubentius, disciple de l'évê-Maxime de Trêves, 350, et par saint Goar t 575; mais, sauf quelques églises construites, il ne fit guère de prosélytes. Ce fut seulement sous Boniface qu'un grand mouvement se produisit, à la suite duquel les évêchés de Mayence et de Trêves furent fondés. La maison de Nassau se divisait en deux branches principales, celle de Walrame et celle d'Othon, avec d'autres subdivisions secondaires. Elles se rattachèrent toutes à la Réformation. Le comte Philippe III, ami de Luther et de Mélanchthon, fit venir à Weilburg en 1526 Schnepf de Heidelberg, et en 1546 le Dr Goltwurm, chargé d'organiser l'Église. Guillaume-le-Riche, à Dil-lenburg, après de longues hésitations, plutôt politiques, se décida aussi pour la Réforme et appela les pasteurs Heilmann et Léonard Mo-gner 1531; en 1534 il se joignit à la ligue de Smaicalde. Il fonda plusieurs séminaires ou écoles de théologie. Il ne promulgua l'Intérim que malgré lui et n'inquiéta pas les prédicateurs qui refusèrent de s'y soumettre. En 1578 la forme presbytérienne fut décidément adoptée pour l'administration et l'exercice de la discipline, et en 1581 le catéchisme de Heidelberg fut introduit comme la règle de l'enseignement. Les différentes branches des Nassau ayant été réduites à une seule depuis 1816, les églises s'étant réunies en synode, se sont prononcées dans le sens de l'Union, « leurs divergences dogmatiques n'étant pas de nature à altérer ou compromettre leur unité. • Depuis l'annexion du duché à la Prusse, l'Égl. a suivi ses destinées. Parmi les princes de Nassau qui ont joué un râle dans l'Eglise, figurent Guillaume Ier, dit le Taciturne, prince d'Orange9 Stathouder de Hollande, gendre de Coligny, organisateur des Gueux de mer, assassiné par Gérard 1584; Maurice, son fils, né 1567, qui assura l'indépendance hollandaise, mais se déshonora par le supplice de Barnevelt; Henri-Frédéric, fr. du précédent; Guillaume II, son fils 1626-1650; enfin Guillaume III, fils de celui-ci, né 1650, prince d'Orange, Stathouder de Hollande, gendre de Jacques II, et bientôt son successeur sur le trône d'Angleterre 1688, f 1702.
NATALIS (Noël), Alexandre, né 19 janv. 1639 à Rouen, entra en 1655 dans l'ordre des dominicains, étudia k Paris; en 1672 licencié, en 1675 docteur en théologie. Auteur d'une hist. ecclés. demandée par Colbert, Selecta capita, 24 vol. 1677-1686, il vit son travail mis k l'index à Rome pour cause de gallicanisme, par Innocent XI, 1684; malgré ses explications l'index fut maintenu 1699 et ne fut levé qu'en 1734, après qu'une nouvelle édition eut été revisée après sa mort par Roncaglia. En 1706 il fut élu provincial de son ordre. Il est aussi l'auteur d'une Hist. de l'A. T. 6 vol., et de plusieurs autres ouvrages. Souffrant des yeux depuis 1712 il finit par devenir complètement aveugle, fà Paris, 21 août 1724.
NATALITIA, jours de naissance: fêtes qui datent déjà en partie du 2m« siècle, mais qui étaient entendues bien souvent dans un sens spirituel, au point de désigner pour les martyrs la date de leur mort, c.-à-d. de leur naissance à une vie meilleure. Par extension ce mot s'est dit aussi en parlant d'autres anniversaires, consécration d'une cathédrale, etc.
NATURE, tout l'ensemble de la matière organisée, par opposition à la matière pure, qui n'est d'ailleurs d'elle-même qu'une abstraction en ce sens qu'on ne la trouve nulle part en dehors de la nature. C'est l'assemblage de toutes les choses visibles sorties des mains du Créateur, unité vivante issue de la matière morte, vivifiée par le souffle de Celui qui s'appelle la Vie et qui a semé partout dans son œuvre les germes du progrès et d'un développement continu, depuis le minéral qui est au bas de l'échelle, passant par la plante et l'animal, jusqu'à l'homme qui en est l'échelon le plus élevé. Avec l'homme qui a la conscience de lui-même, une nouvelle série commence; il forme la transition entre le domaine de la nature et celui de l'esprit. La nature a pour lui une signification morale, car il sait qu'il est au-dessus d'elle, qu'il peut la dominer, la vaincre, et s'assujettir toutes choses. Il doit la prendre en quelque sorte là où le Créateur l'a laissée; il doit la pénétrer en l'étudiant, et par la culture de la terre et de l'esprit il la transforme et en fait pour ainsi dire une chose nouvelle, un produit de son intelligence. La nature prend alors un langage et publie à son tour les œuvres du Dieu Fort. L'homme pressent qu'il y a entre la nature et lui des sympathies, des liens mystérieux; elle lui appartient, elle a été faite pour lui et il en a été tiré. Il semble qu'elle aussi attende sa rédemption comme si, maudite avec l'homme, elle devait se relever avec loi, Rom. 8, 19. etc. — Ce qu'on appelle les lois de la nature dans le langage ordinaire, ce sont d'une part les règles que la physique et les autres sciences ont constatées, de l'autre les forces, les puissances qui sont habituellement en l'homme. Cependant les circonstances peuvent révéler, manifester ou développer chez l'homme certaines énergies inaccoutumées qui, par la rareté de leur apparition, sont quelquefois appelées surnaturelles, quoiqu'elles soient peut-être simplement l'état normal, primitif de l'homme, avant que ses facultés eussent été altérées par Pin-tempérance, la chair, le péché; ainsi la domination sur les animaux, ainsi encore plusieurs phénomènes du magnétisme. — La religion naturelle est, par opposition à la religion révélée, ce que l'homme peut connaître et comprendre de Dieu par la contemplation de ses œuvres; il ne faut ni en exagérer la portée, ni la nier, v. Ps. 19, Rom. 1. —Le droit naturel est celui qui est dicté par la conscience ou par les mœurs, en opposition au droit positif déterminé par les lois.
NAUCLER, Jean, de son vrai nom Verge. Vërgenhans, ou Ferge; chanoine, né à Justin -gen en Souabe, précepteur du comte Eberhanl de Wurtemberg, doyen à Stuttgart depuis 1477, puis chancelier de l'univ. de Tubingue. f vers 1510. Il était très versé dans la science du droit canon; auteur d'un livre sur la simonie. d?un autre sur le droit de succession des clercs. On estime surtout sa Chronique, qui fut revue par Mélanchthon, et à laquelle Reuchlin mit une préface.
NAUDÉ, Philippe, né à Metz 1654, réfugié 1687 à Berlin où il fut nommé membre de l'Acad. comme mathématicien. Il défendit avec autant d'énergie que de logique la doctrine réformée « directement révélée de Dieu » de For-thodoxie calviniste.
NAUMBOURG-Dtete, petite ville des États prussiens qui déjà en 968 était le siège d'un évêché travaillant à l'évangélisation des Slaves. Elle embrassa la Réforme sous l'év. Philippe + 1541. Nicolas d'Amsdorf fut nommé év. protestant en 1542, tandis que le chapitre élisait comme év. romain inles de Pflug, qui ne put entrer en fonctions qu'en 1547, après la bataille de Mtthlberg, sans d'ailleurs pouvoir arrêter le mouvement de réforme. Il s'y tint le 20 janv. 1561 et jours suivants, une assemblée des princes protestants désireux de s'entendre sur une foi commune, en vue du prochain concile que Ferdinand voulait convoquer à Augsbourg. Mais on ne réussit pas plus qu'on n'avait fait à Worms 1557 et à Francfort 1558. On convint d'adopter la Conf. de foi de 1530, mais Ulrich deMeck-lembourg et Jean-Fréd. de Saxe refusèrent de signer, parce qu'on ne condamnait pas assez nettement les erreurs et les sectes antiluthériennes, et les négociations furent closes. Les princes avaient refusé l'invitation d'assister au concile, et fait une démarche en faveur des huguenots de France.
NAVIGATEURS (Iles des), v. Samoa.
NAVILLE, Fr.-Marc-Louis, né 11 juill. 1784 â Genève, d'une vieille famille de la république, perdit ses parents de bonne heure; élevé chez un parent paternel (Naville-Gallatin) qui fut fusillé pendant les troubles de 1794, et ensuite chez un autre parent, Duby, prof, de théologie. Après quelques années de pastorat à C-hancy, il résolut, sans abandonner le ministère, de se vouer plus entièrement à l'éducation de ses deux fils, en leur adjoignant quelques condisciples, et il fonda 1819 l'institut de Ver-nier, à 5 kilom. de Genève, qui réunit bientôt des jeunes gens distingués de diverses contrées. A partir de ce moment, et donnant touj. à la religion une place importante dans l'éducation, il se consacra surtout à l'étude des questions sociales, pédagogiques, et d'utilité publique. Il se lia avec des hommes comme Zellweger et le P. Girard, et fit de sa maison un centre vers lequel convergeaient tous ceux qu'animait l'amour de la justice et de la liberté. Le relèvement de Tltalie, l'a {franchissement de la Grèce l'enthousiasmaient, sans refroidir ses sympathies pour les classes pauvres et laborieuses qu'on trouve partout. 11 a écrit plusieurs ouvrages et mémoires sur l'Éducation publique, et en 1836 un important travail sur la Charité légale, ainsi que divers articles de Revues. Très lié avec Maine de Biran, il obtint de sa famille, la communication des mss. de cet éminent penseur (publies plus tard par son fils, le prof. Ernest Na-ville). f 22 mars 1845. Notice par E. Diodati.
NÉANDER lo Michel, théol. protestant, né 1525 â Soraw, Silésie, f 1595 à Ilfeld; s'est plutôt occupé de grammaire et de philologie: Erotemata grœc. ling.; Gnomologia grœco-la-tina.
2<> Joachim né 1650 à Brème où son père était maître de latin. Il fut converti par le pieux Théod. Untereyket se tourna vers le labadisme.
A la fin de ses études il fut nommé recteur et prof, de latin àDusseldorf; il remplit sa charge avec distinction et prêchait souvent; mais comme il tenait en outre des réunions particulières et qu'il prêchait le labadisme, il entra en conflit avec le presbytère et fut suspendu de ses fonctions 1676-1677. Il ne put les reprendre qu'après avoir signé une rétractation de ses erreurs, et l'engagement de ne plus avoir de con-venticules. En 1679 il fut appelé comme pasteur à Brème où il f 1680. Il est considéré comme le père du cantique réformé allemand; il a composé un grand nombre d'hymnes, la plupart pendant sa suspension, et à ce qu'on dit, dans une caverne des environs de Dusseldorf qui porte encore son nom. Spener et ses amis les accueillirent avec empressement, et peu à peu ces cantiques remplacèrent l'ancien psautier. Il avait composé aussi la mélodie de ces chants, qui dénotent un grand talent musical.
3° Christophe-Frédéric, né 26 déc. 1725 à Eckau, Courlande, auteur de plus de 40 cantiques, était prieur ou prévôt du district de Doh-blen, Courlande.
4<> Daniel-Amédée, docteur et èvêque; né
17 nov. 1775 à Lengefeld dans les montagnes de la Saxe, d'un tisseur de laine, il étudia en 1795 à Leipzig et vint ensuite passer 5 ans à Dresde, où il subit la forte influence de Rein-hard. Pasteur à Flemmingen depuis 1805, il fut appelé en 1817 à Mersebourg par Fréd.-Guil-laume III, qui avait apprécié ses sermons. Enfin en 1823 il passa à Berlin où ses remarquables talents d'administrateur lui firent bientôt une place à part. Surintendant en 1829, en 1830 membre du Consist. supérieur et du collège de censure, il fut en 1833 nommé conseiller d'État avec le titre d'évêque. Il joua un rôle prépondérant dans la formation du recueil d'hymnes et cantiques et dans la rédaction de la liturgie; la circulaire du 28 févr. 1834 est en grande partie sou ouvrage. En 1846 il présida le synode général. Retraité depuis 1865; f
18 nov. 1869.
5° Jean-Aug.-Guillaume, le célèbre historien, s'appelait d'abord David Mendel. Né 17 janv. 1789 à Gôttingue, il était fils d'un marchand juif, mais fut élevé par sa mère à Hambourg, où il se prépara 1803-1805 à faire ses études de droit. Le 25 févr. 1806 il se convertit au christianisme et se fit baptiser; c'est à cette occasion qu'il prit le nom de Néander, c.-à-d. nouvel homme. En route pour Gôttingue où il comptait faire son droit, il changea d'idée et se décida pour la théol. et la philosophie. Il se rendit d'abord à Halle, où il trouva Schleierma-cher, et 1809 à Gôttingue où il connut et apprécia Planck, sans toutefois accepter son influence. Après un séjour d'un an et demi à Hambourg, ou il vit beaucoup le poète M. Claudius, il s'établit en 1812 à Heidelberg comme professeur, et fut appelé 1813 à la nouvelle univ. de Berlin, où il déploya une immense activité et exerça une grande et heureuse influence, f 14 juill. 1850, après avoir souffert des yeux pendant plusieurs années. Il avait débuté dans la carrière littéraire par des monographies ecclésiastiques très appréciées: L'emp. Julien et son temps, saint Bernard, le gnosticisme, Chrysostome, l'Antignostique, Tertullien, etc. Il mit enfin la main à son grand ouvrage: Hist. gén. de la relig. chrét. et de l'Église, 1825-1852, parfois interrompu par des publications d'un autre ordre: La Vie de Jésus, 1839, en réponse à Strauss, et par une foule d'écrits de circonstance, scientifiques, exégétiques, historiques, ou d'édification. Pour lui l'hist. de l'Église n'est ni une histoire quelconque à fixer d'après les sources, ni seulement l'histoire des dogmes, ou celle des ambitions sacerdotales; ce n'est pas non plus la simple étude psychologique du développement de l'esprit humain daus un champ spécial; c'est avant tout l'hist. d'un nouveau principe, principe de vie, survenu dans le monde pour le pénétrer; c'est en quelque sorte la vie de Jésus se révélant dans la vie religieuse de ses disciples. Ce caractère spécial de l'œuvre de Neander en fait une lecture aussi édifiante qu'instructive; il en fait le charme; le lecteur n'est pas en face d'abstractions, il a devant lui des individus vivants, et il en ressort une leçon de largeur évangélique par le fait que l'on est mis en rapport avec des chrétiens de tous les âges qui, au milieu de divergences notables, ont tous bâti sur le môme fondement. Mais ce pian présentait aussi des dangers, et l'attention donnée aux individus fait perdre quelquefois de vue l'ensemble, l'Église. L'objectif est sacrifié au subjectif. Ces admirables biographies ne laissent pas toujours apercevoir le lien qui unit l'Église aux autres associations et manifestations de la vie humaine, à la société, à l'État, etc. Ainsi l'influence de l'Égl. sur le dogme, le droit, les mœurs, les arts, la langue, la civilisation en général, n'est pas suffisamment mise en relief. En un mot Neander a saisi surtout la religion par son côté vraiment religieux; il a appliqué à son travail sa devise: Pectus est quod facit theologum (c'est le cœur qui fait le théologien), et il l'a appliquée de même dans tout l'ensemble de ses études, aussi bien dans sa lutte contre l'hégélianisme que dans ses rapports avec l'orthodoxie outrée de quelques théologiens. S'il est vrai de dire que son Histoire a fait sa réputation, on peut ajouter que son influence générale a été plus grande encore dans les autres branches-de son professorat, dogmatique, morale, exégèse, et qu'il a exercé une action puissante sur les élèves par la simplicité de sa foi, sa candeur et sa naïveté presque enfantine. Il représentait à quelques égards la théol. de sentiment de l'école de Schleier-macher, et en même temps il a relevé et restauré la vraie théol. biblique. Julius Muller a publié, comme œuvres posthumes, ses leçons de théologie. Plusieurs ouvrages de Neander ont été trad. en fr. par Fontanès, Goy, Diacon, Valette, Diodati, etc. Il était connu par sa générosité autant que par ses distractions.
NECTAIRE lo patr. de Constantinople 384-398, successeur de Grégoire de Naziance et prédécesseur de Chrysostome. Né à Tarse, il était sénateur à Constantinople lorsque, sur la proposition de Diodore de Tarse et de l'év. d'Antioche, Théodose, pendant le conc. de 381. l'éleva à la dignité épiscopale, quoiqu'il ne fût ni prêtre, ni même baptisé. Il appartenait au parti de Nicée. Il eut le bonheur de faire reconnaître son patriarcat comme étant le premier après Rome. Il fit abolir dans l'Égl. grecque la fonction spéciale de prêtres-confesseurs, qui avait surgi à l'époque des troubles novatiens, vers 250. C'est lui enfin qui, au concile de 393, fit décider qu'un év. ne pouvait être privé de ses fonctions et de son titre, que par la majorité des év. du diocèse, f 398, après qu'en 397 déjà Chrysostome eut été désigné pour lui succéder.
2o Patr. de Jérusalem, entre 1660-1672, auteur d'une préface qui recommande la Confession de Mogilas. 11 a écrit aussi un traité sur la primauté du pape, en réponse au P. franciscain Pierre, de Jerusalem, dans lequel il prouve qu'il comprend et connaît bien la question.
NEFF, Félix, né 8 oct. 1797 à Genève, d'une famille peu aisée, témoigna de bonne heure un grand désir d'apprendre et des dispositions remarquables pour l'étude; mais les circonstances empêchèrent tout développement régulier. Après un apprentissage de jardinier-fleuriste, il s'engagea comme soldat, fut nommé sergent, mais ayant appris à connaître l'Évangile, il s'unit 1818 à l'église naissante du Bourg-de-Four. Genève, et se décida à devenir missionnaire évangéliste. Après 3 ans de mission en Suisse 1819-1821, il vint à Grenoble, puis à Mens 1822, et depuis 1823 il se voua entièrement à l'évangélisation des Hautes-Alpes, voyageant sans cesse d'une vallée à l'autre, prêchant, faisant des routes, cherchant à civiliser ces populations abandonnées, et les relevant par la connaissance de la vie chrétienne. Consacré à Londres 19 mai 1823, il revint dans ses hautes vallées, et s'y dépensa comme apôtre jusqu'au moment où sa santé le força d'abandonner le rude climat, le mauvais régime et le travail surhumain qui le minait. Après une cure inutile à Plombières, il f à Genève 12 avril 1829. Vie et Lettres par A. Bost, 2 vol. 11 a laissé quelques sermons, lettres, traités et cantiques.
NEMESIUS, év. d'Émèse, Phénicie, auteur d'un livre sur la Nature de l'homme, que l'on avait d'abord attribué à Grégoire de Nysse; vivait au commencement du 5m* siècle.
NEMOURS (Édit de). Henri III, pour calmer les Guise qui menaçaient de se révolter, lança le 7 juill. 1585 un édit, enregistré le 18, qui défendait tout exercice de la religion réformée et ordonnait aux ministres de sortir du royaume dans le délai d'un mois.
NENNIUS, disciple de l'archev. Elbod, et abbé de Bangor. f 809. On lui a longtemps attribué une Hist. des Bretons, ou Eulogium Bri-tanniœ, qui à côté de plusieurs choses intéressantes, est dans son ensemble une compilation peu sûre de traditions, de légendes et de contradictions chronologiques. Cet ouvrage, en tout cas, doit avoir subi plusieurs remaniements entre 822 et 831.
NÉOLOGIE, proprement doctrine nouvelle, se dit de toute innovation non justifiée ou non prouvée dans l'enseignement public. On a souvent employé ce mot pour désigner le rationalisme en théologie, et Ton en a même abusé en l'appliquant non seulement aux théories négatives de quelques savants modernes, mais encore au simple développement de la doctrine traditionnelle présentée sous une forme plus large et plus rationnelle.
NÉOPHYTES (nouvellement plantés) ou novices, mot désignant les nouveaux convertis, 1 Tim. 3, 6. 1 Cor. 3, 7., sortis du judaïsme ou du paganisme et reçus dans l'Égl. par le baptême. D'après les premiers conciles ils ne pouvaient pas être appelés immédiatement à remplir des charges dans l'Église; au 6me siècle on exigeait encore qu'il y eût au moins un an entre le baptême et l'ordination. Les exceptions qu'on peut citer, Ambroise, Nectaire, s'expliquent par le fait que le catéchuménat les avait déjà arrachés au paganisme. Plus tard on réserva le nom de néophytes pour les jeunes chrétiens qui se destinaient à la prêtrise, mais il leur était interdit d'aspirer à l'épiscopat avant d'avoir rempli les charges inférieures. Rome eut souvent à protester contre les patriarches grecs pour n'avoir pas respecté cette règle.
NÉOPLATONISME, secte philos, venue d'Alexandrie et que l'on peut considérer comme le dernier effort du génie grec pour élever sur les bases de la sagesse humaine un système du monde et de Dieu, qui satisfasse à la fois l'intelligence et le cœur. C'est dans la philos, une apparition très remarquable, parce qu'elle est née du même besoin qui avait déjà préparé la voie au christianisme, et parce qu'elle s'est trouvée fréquemment en contact avec ce dernier, soit comme amie, soit comme adversaire. Depuis qu'Aristote et Platon furent tombés dans le fond commun de la philos, ancienne, laissant de nouvelles sectes éclore autour d'eux pour les transformer tout en acceptant leurs principes comme point de départ, l'abîme s'était creusé touj. plus entre le sujet pensant et le monde extérieur, et l'on sentit le besoin de travailler à les réunir dans une unité supérieure. Le stoïcisme et l'èpicuréisme y tendaient, mais sans atteindre le but, et le scepticisme se bornait à tout démolir, sans pouvoir rien édifier, aboutissant ainsi au nihilisme. C'est alors que le néoplatonisme conçut l'entreprise hardie de résoudre l'énigme du monde en s'élevant d'un bond à l'idée de l'absolu, el en créant une philosophie qui est en même temps une religion. C'est par l'extase, par une espèce d'inspiration, en dehors des sensations, en dehors même du travail de la pensée, que l'homme doit s'élever à la contemplation de l'absolu. Ce mysticisme est le point de départ. Le point d'arrivée, c'est l'unité absolue, embrassant toutes choses, qu'on appellera Dieu, ou le destin, mais qui n'a sur le monde aucune influence directe ou immédiate. Son action s'exercera par l'intermédiaire de deux êtres, ou émanations supérieures, qui sont ses manifestations visibles; l'un, c'est le Noûs, l'intelligence donnant des ordres, le Logos, la Parole; l'autre, c'est l'âme du monde, le Cosmos noètos, exécutant, réalisant ces ordres. C'est là la Trinité que le néoplatonisme opposait à celle des chrétiens. Il distinguait aussi le monde sensible, c.-à-d. toutes les apparences qui nous entourent, et le monde de l'intelligence ou des idées, qui domine et pénètre le premier, et le soumet par l'excellence et l'énergie de sa puissance. La morale a trait aux rapports de Dieu avec l'homme; elle a un côté négatif, l'homme doit se soustraire à l'influence de la matière, et un côté positif, l'homme doit se tourner incessamment vers sa première patrie, être éclairé de Dieu et de sa sagesse. L'étude peut concourir à ce résultat, mais elle ne suffit pas; il faut y joindre l'extase, c.-à-d. l'union intime et constante avec l'absolu. Il y a là quelques idées chrétiennes. — C'est à Alexandrie que le néoplatonisme a pris naissance, sous la double influence du judaïsme et du gnosticisme. Ammonius Saccas fut le premier, vers l'an 200, qui entra dans cette voie; il n'était pas juif et ne professa le christianisme que quelques années; il n'a rien laissé d'écrit, mais il eut d'illustres disciples, Erennius, Origène, Plotin né 205 à Lycopolis, prof, à Rome 245, f 270. Puis viennent Porphyre, né 233 àTyr, prof, à Rome, f 304, auteur de 15 livres contre le christianisme; Jamblique, précepteur de l'emp. Julien, né en Célésyrie, f 333; Proclus, né 412 à Constantinople, f 485, homme savant et d'une vie exemplaire; auteur de plusieurs ouvrages remarquables contre le christianisme. La secte n'était cependant pas de force à lutter; son point de vue religieux, tout formaliste, ne pouvait satisfaire les besoins de l'âme et de la conscience; ses écoles se fermèrent peu à peu; celle d'Athènes fut fermée par Justin, né en 529; plusieurs de ses disciples se réfugièrent en Perse, mais en 533 ils en fnrent aussi chassés; ce fut la fin. — Parmi les philos, chrétiens qui penchèrent vers le néoplatonisme, on cite Justin Martyr, Origène, Clément d'Alexandrie et Augustin.
NÉOSTADIENSIUM Admonitio, ou Avertissement chrétien des théologiens de l'académie réformée de Neustadt sur le Hardt (Palatinat bavarois), relativement au Livre de Concorde, publié au nom de plusieurs États touchant la Confession d'Augsbourg; Neustadt 1581. C'est à la fois le Commentaire et la critique du Livre de Concorde, que les luthériens extrêmes voulaient élever à la hauteur d'un livre symbolique. Ursins, l'auteur de ce travail, examine en 12 chapitres la doctrine et le genre d'autorité que peut avoir le livre luthérien, et il établit qu'en adhérant à la Conf. d'Augsbourg, les réformés l'ont acceptée dans un sens général, mais en se réservant leur liberté sur les détails.
NÉPOMUCÈNE, Jean, né à Pomuk, ou Népo-muk, vers 1330, f 1383, canonisé par Benoît XIII, 1725. L'histoire raconte qu'il était notaire papal en 1372, et qu'il devint curé de Prague en 1380, puis secrétaire et enfin vicaire général de l'archev. Jean de Jenstein. Par la promptitude avec laquelle il repourvut l'abbaye de Kla-drau, il empêcha le roi d'y placer un de ses favoris, mais le brutal Wenceslas, qui avait déjà à se venger de l'archev. parce que celui-ci s'opposait à l'érection d'un nouveau diocèse, se vengea sur quelques prêtres, entre autres sur Jean Pomuk, qu'il fit mettre à la torture, puis noyer dans la Moldau. Ce fait passa presque inaperçu. Mais un autre Jean, le martyr de Constance, ayant passé comme saint dans le calendrier populaire de la Bohêfoe, les jésuites, lorsque l'hérésie eut succombé 2 siècles plus tard à la Montagne blanche, cherchèrent à remplacer Jean Huss par un saint plus à leur convenance. Ils trouvèrent Pomuk, que personne ne connaissait, et lui firent une légende. Il aurait refusé de révéler au roi le secret de la confession de la reine, dont celui-ci suspectait la fidélité, et il serait mort héroïquement. La légende fit son chemin; auj. personne n'en doute et la statue du saint se dresse sur les ponts des villes et des villages. On assure même que la nuit de No'él, elle fait un tour complet sur elle-même, mais les esprits forts disent qu'elle se borne à faire un léger mouvement, un simple demi-tour.
NEPOS, moine égyptien du 3®e siècle, év. d'Arsinoé, homme pieux et de bonne renommée, exagéra la doctrine du chiliasme dans un écrit contre Origène, et ses disciples allèrent si loin qu'il en résulta un schisme. L'év. Denys d'Alexandrie, dans une conférence qui dura 3 jours, à Arsinoé, réussit à calmer les plus exaltés; il écrivit ensuite un traité sur le sujet, dont il ne reste que des fragments, dans lequel, pour enlever aux chiliastes leur principal argument, il nie que l'ap. Jean soit l'auteur de l'Apocalypse, sans toutefois rejeter ce livre des révélations. Plus tard Nepos fut formellement condamné comme hérétique. Fulgence mentionne au 6®e siècle des népotistes qui étaient chiliastes, mais ils n'ont probablement aucun rapport avec ce Népos.
NÉPOTISME, tendance souvent reprochée aux papes, qui favorisaient d'une manière scandaleuse leurs parents et neveux (nepotes), en les dotant de riches prébendes et bénéfices, auxquels ils n'avaient ni droits ni titres.
NÉRI, Philippe, fondateur de la congrégation de l'Oratoire, né à Florence 22 juill. 1515. Éveillé de bonne heure à l'amour de Dieu, il refusa les offres d'un riche parent qui voulait lui léguer son commerce, et se rendit 1533 à Rome pour y étudier la philos, et la théol. chez les augustins. Il priait avec une ferveur si intense qu'un jour, après une de ses oraisons, il remarqua sur sa poitrine à l'endroit du cœur une espèce de renflement inexplicable; après sa mort on constata qu'il venait de la rupture de deux côtes. En même temps il se consacrait au soin des pauvres et des malades. Il fonda en 1548 la confrérie de la Très sainte Trinité, qui avait d'abord pour but le soulagement des convalescents pauvres, et qui plus tard eut surtout en vue les pèlerins se rendant à Rome. Ayant reçu les ordres en 1551, il se mit k instruire les enfants, et s'étant assuré le concours de quelques jeunes gens pieux, prêtres et laïques, il organisa le soir des réunions d'édification dans une salle de prières, ou oratoire (d'où est venu le nom d'oratoriens), d'abord dans la chapelle de l'hospice Saint-Jérôme, puis dans l'égl. de Marie de Vatticella, Chtesa Nuova, qui fut mise à sa disposition. Depuis 1556 le culte fat régularisé; il y eut des prédications en règle, des conférences sur les vies des saints, sur la morale, l'hist. de l'Église; enfin des exercices de chant d'où naquirent les oratorios. Cette association tout à fait volontaire, et dans laquelle chacun devait pourvoir k son entretien, ne formait pas un ordre, mais une simple congrégation, avec un président, ou supérieur, élu pour 3 ans; elle ne recevait qne des prêtres séculiers, point de moines, et relevait de l'év. diocésain. Ses membres s'appliquaient aux travaux de l'intelligence et à l'exercice du ministère et n'acceptaient la direction d'aucun collège ou séminaire. D'un caractère serein et enjoué, il haïssait le sérieux morose et artificiel des moines, et les scandalisa souvent en autorisant des jeux et des danses; dénoncé à Rome, il fut momentanément suspendu en 1570, mais bientôt acquitté. Il donna à sa congrégation des statuts, qui furent approuvés par Grégoire XIII en 1575. Son influence était si grande que, par son ordre Baronius refusa à Clément VIII l'absolution, jusqu'à ce que celui-ci eût levé l'excommunication lancée contre Henri IV. Il refusa plusieurs fois le cardinalat, f 25 mai 1595; canonisé 1622. Baronius lui succéda comme supérieur. Bérulle introduisit la congrégation en France, où elle comptait 75 maisons en 1760. Malebranche, Massillon, le p. Gratry, étaient oratoriens. — v. Oratorio.
NÉRON, 5«n« emp. romain, né en 37, fils de Doraitius iEnobarbus et d'Agrippine, fille de Germanicus, monta sur le trône en 54, et f 68. Comme son hist. appartient au N. T., v. mon Dictionn. de la Bible.
NERSÈS, ou Niersès, nom de plusieurs patr. arméniens: 1° N.-le-Grand, petit-fils de l'apôtre d'Arménie Grégoire Photistès; nommé év. en 364, et patr. en 366, il se distingua par son zèle pour la discipline et par son amour des pauvres. Compromis dans les luttes de son pays avec les empereurs, il fut banni par Valens, mais Théodose le rappela. Il assista au conc. de Constantinople 381; de retour en Arménie, il fut empoisonné par son roi. — 2° Nersès Kla-jensis, né vers 1100, fils d'un prince arménien, élu patr. à la mort de son frère 1166, f 1173; est surtout connu par les efforts qu'il fit pour prouver que la doctrine arménienne d'une seule nature en Christ, ne différait pas essentiellement de celle de l'Égl. grecque, parce que par nature on voulait dire simplement personne. Des pourparlers eurent lieu pendant quelques années, qui furent sur le point d'aboutir à une entente, mais il mourut avant que tous les év. eussent adhéré aux 9 articles d'union que l'empereur avait proposés en déc. 1172. Ses lettres sont importantes pour l'hist. de l'Église et des dogmes. Il se distingua aussi comme poète religieux, et introduisit la rime en Arménie. Œuvres, Venise 1824 et 1830. — 3<> Nersès Lam-bronensis, parent du précédent, fils du prince de Lambron, né 1133 et destiné de bonne heure à l'Église; en 1179 il fut nommé archev. de Tarse et Lambron, et abbé du couvent de Skyrra, près de Constantinople. Il fit le discours d'ouverture du synode arménien de 1176, où devait se décider la réunion des deux Églises sur la base du conc. de Chalcédoine et des deux volontés en Christ, mais chaque Église conservant ses liturgies et ses rites traditionnels. L'union, si près de s'accomplir, échoua par la mort de l'empereur 1180, et les troubles qui suivirent, en échauffant les passions et les haines, empêchèrent la conciliation projetée. L'alliance des arméniens avec les croisés latins irrita plus encore les grecs. Pour se laver de l'imputation d'eutychianisme dont les grecs l'accusaient, le patr. Grégoire envoya 1184 au pape Lucien ni une députation qui obtint un plein succès. Mais Nersès fit trop de concessions à Rome, notamment sur les usages traditionnels et la célébration des grandes fêtes, et il s'attira la haine de son clergé, f 4192.
NERVA, Marcus Cocceius, emp. romain 96-98. Né l'an 25 à Narni, fils d'un jurisconsulte célèbre, il succéda à Domitien et chercha à réparer les maux causés par son prédécesseur. Juste et bienveillant, il rappela ceux qui avaient été exilés sous prétexte d'athéisme, et diminua les impôts extraordinaires qui pesaient sur les juifs et sur les chrétiens. Ceux-ci jouirent de quelque repos sous son règne; Jean de Patmos fut remis en liberté. Les prétoriens s'insurgèrent contre ce prince trop bon, mais leur conjuration échoua. Nerva adopta Trajan comme son associé et son successeur.
NESTOR, le père de l'histoire russe, le plus vieux annaliste des Slaves. Né 1056 il entra à 17 ans au couvent de Kiew, où il f 1116. Outre plusieurs biographies de saints et d'abbés de son couvent, écrites en slavon sous le titre de Paterikon, il a composé une Chronique, qui va de 862 à 1116, et qui a été continuée par d'autres jusqu'en 1203; en général sobre, intéressante et digne de foi; retrouvée en 1716 à Kô-nigsberg par Pierre - le-Grand; le mss. le plus ancien connu porte le nom de Laurentin. Très apprécié par Ch. Villers et Guizot.
NESTORIANISME, et NESTORIUS. La doctrine de l'union de la divinité et de l'humanité dans la personne de J.-C., défendue contre les docètes, les gnosti-ques, les patripassiens, les ariens, n'avait pas encore été déterminée dogmatiquement, et par sa nature même elle ne pouvait pas l'être, parce qu'elle dépasse pour l'homme ce qu'il est en mesure de comprendre. Les ariens, limitant la divinité de Christ, cherchaient à rehausser son humanité, en unissant un divin Logos à un corps humain. Apollinaire reconnaissait en Christ une âme et un corps humain, mais un esprit divin. L'Église d'Antioche, voulant se rendre bien compte de l'union des deux natures, les séparait très soigneusement, et de peur de voir en Christ deux personnes différentes, ses chefs admettaient l'unité selon la grâce, mais sans transporter les attributs d'une des personnes sur l'autre. Deux évêques, Diodore de Tarse et Théod. de Mopsueste furent les représentants de cette tendance. A Alexandrie, ville contemplative, on insistait surtout sur le caractère mystérieux de l'union des deux natures, et l'on affectait volontiers de transporter à l'une les attributs de l'autre, pour en mieux marquer l'unité. C'est Athanase qui le premier avait appelé Marie mère de Dieu; Hésychius, de Jérusalem, avait appelé David père de Dieu, et dans quelques Apocryphes Jacques s'appelle frère de Dieu; ils confondaient ainsi les deux natures en une seule, mélangée. Nestorius protesta contre cette confusion. Né à Germanica, Syrie, il fut élevé à Antioche, et fut successivement moine dans un couvent, puis prêtre dans cette ville, aussi distingué par ses talents que par sa piété. En 428 Théodose le nomma patriarche de Constantinople. Il n'unissait pas touj. la charité à la vérité, et il persécuta les ariens, les quarto-décimains, les novatiens, ne prévoyant pas qu'à son tour il serait persécuté comme hérétique. Anastase, qu'il avait amené d'Antioche, fit beaucoup de bruit à cause de ce mot de théotocos, mère de Dieu, employé en parlant de Marie. Proclus lui répliqua avec véhémence. Dans un sermon Nestorius répondit: Marie n'a pas enfanté une créature incréable telle que le Logos, mais un homme, instrument de la divinité, celui que Pilate a fait mourir. La passion s'en mêla et atteignit même les laïques; un avocat, nommé Eusèbe, se leva au milieu de l'assemblée pour protester contre l'enseignement du patr. Proclus, comme ayant fait une sorte d'apothéose de Marie. Nestorius prit la parole avec modération et déclara qu'il appellerait volontiers Marie mère de Christ, et même en un sens mère de Dieu, en mettant l'accent sur le mot mère, pourvu qu'on ne la divinisât pas elle-même. Là-dessus le diacre Basilius, d'autres ecclésiastiques de Constantinople, et quelques moines, déclarèrent Nest. hérétique et le dénoncèrent comme tel dans des affiches, où ils le comparaient à Paul de Samosate, ce qui était d'une insigne mauvaise foi. Un moine alla jusqu'à barrer le chemin à son évêque, qui se rendait au temple pour prêcher. Cyrille d'Alexandrie intervint alors. Dans ses Paschalia, puis dans une Lettre aux moines d'Egypte, il montra la différence qu'il y a entre une simple communication morale de Dieu et de l'humanité et une vraie union, l'union naturelle et essentielle, qui seule entraine l'union des attributs. Nest. fut irrité de ces ouvrages; Cyrille lui écrivit qu'il ne devait s'en prendre qu'à lui-même et à sa doctrine. Un ancien d'Alex, opéra une réconciliation, mais qui ne fut que momentanée. Cyrille écrivit à l'év. de Rome, Célestin, et lui présenta sous un faux jour les prétendues erreurs de Nestorius. Célestin, déjà prévenu contre Nest. qui avait excommunié un év. arien italien, lui donna dix jours pour rétracter par écrit son excommunication, et chargea Cyrille d'y veiller. Jean d'Antioche et 7 autres évéques prièrent Nest. d'accepter le mot de théotocos pour l'amour de la paix; il le fit, mais cela ne suffit pas à Cyrille, qui rédigea 12 anathèmes contre Nest. et ses partisans d'Antioche, et qui les fit sanctionner dans un concile d'Alexandrie 430. André de Samasote et Théodoret de Cyrrhus refusèrent d'y adhérer; ils y voyaient du gnosticisme et du monophy-sitisme. Ils estimaient que dans sa vie terrestre Jésus ne savait que ce que le père voulait lui révéler; Cyrille au contraire soutenait que Jésus avait conservé toutes ses perfections divines. Nest. reçut mal les députés de Cyrille et de Célestin, et répondit par 12 autres anathèmes aussi violents. Condamné par le conc. d'Éphèse, avant que ses amis fussent arrivés, v. Cyrille, il fut absous par un autre concile immédiatement convoqué par Jean d'Antioche et une trentaine d'évêques. Lequel de ces deux conciles devait être le maître ? Le moine Dal-matius, qui n'était pas sorti de son couvent depuis 48 ans, excité par Cyrille, se rendit avec une foule de moines fanatiques au palais impérial, et bientôt le peuple ému éclata en cris d'anathèmes contre Nestorius. Le comte Jean, secrétaire d'État, fut envoyé à Éphèse, mais ne réussit pas à rétablir la paix. Nestorius demanda de rentrer dans son couvent, ce que l'emp. loi ordonnait aussi de son côté, dans une lettre d'ailleurs bienveillante. Nouveau conc. à Chal-cédoine; haines, brigues et jalousies. Théodose obligea tous les évéques à retourner chez eux. Une espèce d'accord se fit, où Cyrille sacrifia l'intérêt de la doctrine, et Jean d'Antioche celui des personnes en condamnant Nestorius. Théodoret, Alexandre d'Hièrapolis et d'autres évêques, mécontents de Jean, se séparèrent de lui et se trouvèrent ainsi en opposition déclarée avec les 3 patriarches de l'Orient, Cyrille, Jean d'Antioche et Maximin qui avait remplacé Nestorius. Maximin étant f 433, le peuple redemanda Nestorius, mais on nomma Proclus; Cyrille, Jean et même Théodoret entrèrent dans cet arrangement; Alexandre et ses amis restèrent inébranlables et furent arrachés à leurs troupeaux. Alors Nestorius, livré sans appui à ses ennemis, fut exilé de son couvent et relégué d'abord à Pétra, en Arabie, 435, puis dans une oasis de l'Égypte, et enfin dans la Tbébaïde, où il f misérablement, vers 440. De nouvelles lois furent publiées contre les nestoriens, mais les causes persécutées éveillent touj. des sympathies. Rabulas, év. d'Édesse, avait fait coodàm-ner le nestorianisme, et ses successeurs, Ibas, puis Barsumas, zélés partisans de la doctrine proscrite, furent persécutés. Ibas écrivit à Maxès, év. de Hardoschir en Perse, une lettre célèbre, dans laquelle il exposait sa foi et qui lui fit de nombreux adhérents. Barsumas, chassé d'Édesse, vint en Perse et fonda 433 à Nisibis une école rivale de celle d'Édesse que l'intolérance de Rabulas avait ruinée. Il fut év. de Nisibis jusqu'en 485 et exerça une grande influence. Les débris de l'école d'Édesse, détruite 479, s'enfuirent en Perse, et les rois protégèrent naturellement une doctrine que les grecs rejetaient. En 499 Babaeus, patr. de Séleucie, fit reconnaître par un concile le nestorianisme comme la religion des chrétiens persans. Propagée par de zélés missionnaires, la doctrine fit de rapides progrès dans la Tartarie et aux Indes, mais les persécutions musulmanes ont réduit leur nombre. Aujourd'hui l'on n'en compte guère que 400,000; ils habitent surtout les montagnes du Kourdistan, l'Asie Mineure et la Perse; quelques auteurs voient en eux des descendants des dix tribus. Ils s'appellent eux-mêmes Chrétiens chaldéens, ou syriens; aux Indes ils portent le nom de Chrétiens de Saint-Thomas. Ils ont deux patriarches, l'un à Mossoul en Mésopotamie, l'autre à Urmiah en Perse.
NETHENUS, Samuel, né 1628 à Suchtelen, étudia la théol. à Harderwyck, et occupa successivement différents postes de pasteur. Plein de zèle, de vie et de foi, il se multipliait pour instruire les ignorants; il souffrait de voir l'indifférence religieuse maîtresse de l'Église, et avec une tendance labadiste il voulut exclure de la Cène les inconvertis, ce qui lui créa partout des difficultés avec les églises et leurs conseils. A Birstein, le comte Guill. Maurice lui. ayant fait des observations sur ses procédés trop autoritaires, il lui constesta le droit de remontrance et la qualité d'évêque. Enfin la faculté de Marbourg, consultée, préavisa contre lui et il fut déclaré déchu du ministère. Il passa ses dernières années à Amsterdam, où il f vers 4700. Instruit, bien doué et fidèle, il manquait peut-être de tact. Auteur de Lux in tenebris.
NETTER, Thomas, né à Walden, Essex, étudia à Oxford, entra à Londres chez les carmes, et devint leur provincial. Comme tel il assista au concile de Pise 1409; à celui de Constance comme délégué d'Henri V. Confesseur et secrétaire particulier du roi, il fut employé à plusieurs missions politiques; en 1520 il fut envoyé en Pologne et opéra la conversion du grand duc Withold de Lithuanie. Il accompagna Henri VI en France lors de son couronnement, et f 1431 à Rouen. La plupart de ses ouvrages sont restés en manuscrits; le seul qui ait été publié, Paris 1521, plusieurs fois réimprimé, est son: Doctrinale antiquitatum fidei eccles. cathol.9 dirigé contre Wicleff et les loi-lards.
NEUBRIGENSIS, William, surnommé le Petit, né 1136 à Bridlington, diocèse d'York, chanoine de l'abbaye des augustins à Newburgh où il avait été élevé; son Hist. rerum anglica-rum est très appréciée; elle raconte l'époque de Guillaume-le-Conquérant 1066-1197.
NEUMARK, Georges, néàLangensalza, 7 mars 1621, f à Weimar 8 juill. 1681, auteur d'un grand nombre de poésies et de plusieurs cantiques très estimés, entre autres de: Wer nur den l. Gott lœsst walten. Il avait étudié le droit à Kônigsberg, Dantzig et Thorn; il finit par être nominé bibliothécaire, archiviste et conseiller k la cour de Weimar.
NEUMEISTER, Erdmann, né 12 mai 1671 à Uechteritz, près Weissenfels, fils d'un maître d'école, étudia k Pforta et à Leipzig, et fut successivement pasteur à Bibra, Eckartsberga, Weissenfels, Soran, et enfin Hambourg, où il f 18 août 1756. Le 30 juin 1747, entouré de ses enfants et petits-enfants, il avait célébré le jubilé de 50 ans de son entrée dans le ministère. Zélé orthodoxe, ennemi du piétisme et du chiliasme, il a composé plus de 700cantiques, dont quelques-uns très estimés (Jésus, nimmt dieSiin-der an).
NEUNHERZ, Jean, né 16août 1653àSchmie-deberg, fils d'un marchand, fut pasteur k Hirsch-berg où il + 1737; auteur de plusieurs cantiques et livres d'édification.
NEWMANN, John-Henry, né à Londres 21 févr. 1801, étudia k Oxford depuis 1817, devint fellow de Christ-College, puis pasteur de l'égl. de Sainte-Marie. Avec Fronde, Perceval et Pusey, il publia les Traités pour le temps, et prétendit dans le 90m* (Remarks on certain passages of the 39 articles 1841) qu'on pouvait signer ces articles, tout en leur donnant un autre sens que le sens généralement reçu. Condamné en 1845 par l'université, qui n'admettait pas cette manière jésuitique de promettre, il se rendit k Rome, se fit cathol. et ne revint en Angleterre que comme supérieur des pères de l'Oratoire, qu'il introduisit dans le pays. Nommé en 1853 recteur de l'univ. catholique nouvellement fondée, il donna sa démission en 1859, et ouvrit près de Birmingham une maison d'éducation pour la jeunesse catholique. Parmi ses nombreux ouvrages on remarque surtout: L'histoire de mes opinions religieuses, 1865, et ses Discours adressés à des congrégations mixtes, 1850. Il poussait l'intolérance jusqu'à traiter les hérétiques de diables incarnés, qui ne méritent aucune pitié.
NEWTON lo John, né à Londres 24 juill. 1725, fils d'un capitaine de vaisseau, mena jusqu'à 23 ans, au milieu de marins et de négriers, une vie sauvage et désordonnée. Mais rendu sérieux à la suite d'un grand danger sur mer et d'une merveilleuse délivrance, il se convertit, renonça à la marine et fut nommé inspecteur du port de Liverpool. Il employa ses loisirs à étudier la théologie. L'archevêque lui refusa l'ordination, mais l'év. de Lincoln la lui accorda en 4764, et après une suffragance k Olney, il fut nommé pasteur à Sainte-Marie Woolnoth à Londres, où il f 1807. Sans être un prédicateur remarquable, il avait une grande connaissance du cœur humain et beaucoup de tact dans la cure d'àme. Ses principaux écrits sont: Cardi-phonia 1781, Lettres à une femme 1793, son Autobiographie ou Narrative 1764; v. aussi les Mémoires de J. Newton 1743, et une Notice de J.-L. Micheli. Un des promoteurs du réveil en Angleterre, il eut aussi sa part d'influence dans le grand mouvement antiesclavagiste dont Wil-berforce fut l'âme.
2° Thomas, né 1 janv. 1701 à Litchfield, étudia au Trinity-College de Cambridge, se distingua comme prédicateur, et fut successivement nommé recteur de Mary-le-Bone, chapelain du prince de Galles, év. de Bristol, et doyen du chapitre de Saint-Paul, t 1782. Il est connu surtout par ses Dissertations sur les prophéties, dans lesquelles il cherche à prouver par l'histoire que toutes les prophéties de la Bible, depuis la Genèse, se sont accomplies. Il a écrit aussi sur l'authenticité du Pentateuque, et sur d'autres questions relatives à l'A. T. Enfin on lui doit une édition du Paradis perdu, de Mil-ton, la meilleure qui existe, et qui a servi de base à toutes celles qui ont paru depuis.
NICÉE, ville de Bithynie, sur le lac Asca-nius, d'abord nommée Antigonie de son fondateur Antigone, puis Nicée, du nom de la femme de Lysimaque qui l'agrandit. Elle est célèbre surtout par les deux conciles généraux qui s'y assemblèrent. 1° Premier conc. écuménique. Il fut convoqué en 325 par Constantin pour trancher les controverses ariennes. Le nombre des éYéques, presque tous orientaux, qui y assistèrent, varia de 250 à 320; on en compte généralement 318. L'empereur en fut le chef; il prononça lui-même le discours d'ouverture et intervint dans la discussion. On ne sait s'il y eut un président; c'est probable, et l'on suppose que ce fut un évêque, peut-être Hosius de Cordoue, év. de la cour, que les catholiques prétendent avoir été légat du saint-siège, quoiqu'il ne prenne jamais cette qualité dans ses signatures. Des assemblées préparatoires eurent lieu, qui furent bénies, même pour des philosophes païens. Trois partis se trouvèrent en présence: Alexandre d'un cêté, avec son diacre Athanase; de l'autre. Arius: enfin, comme intermédiaire et conciliation, Eusèbe de Césarée. L'effort de la discussion porta sur le mot homo-outiot (de même essence) appliqué à Jésus-Christ dans ses rapports avec le Père; Arius maintenait honoï-outiot (d'une nature semblable). Les eusébiens, pour éviter le mot, proposèrent un symbole où Christ était appelé Dieu de Dieu, Lumière de Lumière; les orthodoxes l'auraient admis si les ariens n'avaient pas pu l'expliquer aussi dansleor sens; ils exigèrent donc et ils obtinrent que le mot homo-outiot fût admis dans le symbole, ainsi que les mots né et non créé. Presque tous signèrent, même Eusèbe et les siens, par amour de la paix et pour ne pas déplaire à l'empereur, peut-être aussi en réservant en secret leur interprétation particulière. Dix-sept refusèrent, et Constantin, sous l'influence d'Hosius, les menaça de bannissement. L'arienne Constance, sœur de Constantin, en décida 15 à signer; Théonas et Secundus, égyptiens, restèrent seuls avec Arius. Mais Eusèbe de Nicomédie, Théo-gnis de Nicée, et Maris de Chalcédoine, après avoir signé, refusèrent d'aller plus loin et de s'associer aux anathèmes lancés contre les ariens. Arius, Théonas et Secundus furent exilés en Illyrie; trois mois après Eusèbe et Théo-gnis furent envoyés dans les Gaules. Constantin fit brûler les livres d'Arius et condamna à mort ceux qui les conserveraient. Le conc. de Nicée eut à régler encore d'autres questions; celle de la Pâques, qui fut définitivement tranchée dans le sens de Rome, contre les quartodécimainsde l'Asie; celle du schisme de Mélèce relatif anx lapti, et la vieille controverse sur la validité du baptême des hérétiques. L'influence d'Athanase l'emporta, et la doctrine de Cyprien, qui jusqu'alors avait été tolérée, fut définitivement .condamnée; le baptême n'avait plus à être renouvelé. Le 6œ« canon relatif à la discipline confirmait les privilèges des év. d'Alexandrie, de Rome et d'Antioche, portant que dans leur ressort aucun évêque ne pouvait être établi sans leur consentement. Ce canon a servi anx év. de Rome pour revendiquer leur primauté.
2° Second conc. de Nicée; 7®»e universel. V. Images. Outre la condamnation des iconoclastes, ce concile régla plusieurs points relatifs à l'élection des évêques, aux synodes, à la discipline des égl. et des couvents. Le synode de Pavie 825 rejeta les doctrines de ce concile.
NICÉPHORE lo patr. de Constantinople. Fils de Théodore, le secrétaire d'État de Const. Co-pronyme, qui s'était fait exiler comme partisan des images, il réussit par ses talents à se faire nommer à la place de son père; mais fatigué de la vie de la cour il se retira bientôt dans on couvent du Bosphore. C'est là qu'en 806 l'Égl. grecque vint le chercher pour lui conférer la plus haute dignité ecclésiastique de l'empire, 806. Léon l'Arménien étant monté sur le trône 813, la politique du pays redevint hostile aux images, mais N. resta inébranlablement attaché aox décrets du 2»e conc. de Nicée. Destitué en 815, il se retira dans un couvent, où il f 828. Il a laissé un Breviarium, ou Abrégé d'histoire, qui va de 602 à 770, en général exact, mais trop attaché à la tradition. On a aussi de lui quelques traités en faveur du culte des images.
2° Nie. Blemmidas, moine du Mont Athos, où il fonda une belle école, pour laquelle il composa plusieurs ouvrages; il refusa en 1256 le patriarcat de Constantinople.
3° Nie. Calliste, moine du couvent de Sainte-Sophie 1330, f vers 1350; auteur d'une Hist. de l'Égl. en 18 livres, qui va jusqu'à la mort de Phocas 611; la préface annonce une suite qui n'existe pas; peut-être est-elle perdue. Intéressant pour l'époque de Justin et de Justinien, ce travail n'a cependant pas une grande valeur critique. On n'en possède qu'un seul mss. qui, découvert à Ofen, a passé à Constantinople, et finalement à Vienne; trad. en latin par Lange, Bâle 1553.
NICÉRON, Jean-Pierre, né 1685 à Paris, bénédictin en 1703, prêtre en 1708, + 1738. Il enseigna la littérature et l'histoire en province et à Paris. Auteur de Mémoires pour servir à l'hist. des hommes illustres dans la répub. des lettres, 43 vol. Paris 1727-1745.
NICETAS 1° David, surnommé le Paphlago-nien, soit qu'il soit né en Paphlagonie, soit qu'il y ait été évêque. Il vivait versSSO, et écrivit une vie du patr. Ignace f 878, laquelle, malgré sa partialité, est importante pour la lutte qui eut lieu entre Ignace et Photius. On lui attribue aussi des hymnes, des poésies et des oraisons funèbres.
2° Pectoratus, moine et prêtre du couvent de Studium, près Constantinople, prit parti pour le patr. Michel Câralarius, quand celui-ci rompit avec Rome 1053; il écrivit contre les latins un traité virulent, où il leur reproche surtout le pain non levé et le célibat forcé des prêtres* Les latins disent que, réfuté par le cardinal Humbert et sur l'ordre de l'empereur, il se rétracta et brûla son livre; les grecs n'en disent rien. Ce livre a été publié avec la réponse d'Humbert, par Canisius, éd. Basnage III.
3o Acominatus, surnommé aussi le Choniate, parce qu'il était de Chone, l'ancienne Colosse. Élevé par Michel, son fr. aîné, il étudia la théol., l'histoire et le droit, et remplit divers emplois à la cour de Constantinople. En 1189 il fut nommé gouverneur de Philippopolis. Après la prise de Constantinople par les latins 1204, il s'enfuit à Nicée où il f 1206. On a de lui une Hist. de Byzance en 21 livres, qui va de la mort d'Alexis Comnène à celle de Baudouin; et un Trésor de l'orthodoxie en 27 liv., qui renferme de nombreuses et précieuses indications sur les diverses sectes et hérésies de son temps et sur les déviations de la doctrine.
NICOLAI lo ou Nikldes, Henri, né à Munster 1501 ou 1502, élevé dans le catholicisme le plus strict, occupait dans le commerce une position considérable. Plusieurs fois arrêté à cause de ses relations avec les luthériens, puis relâché faute de preuves suffisantes, il se rendit à Amsterdam, puis à Emden, où il donna libre carrière à ses tendances séparatistes. Un peu visionnaire dès sa jeunesse, ne trouvant le règne de Dieu nulle part, ne voulant rien de la Réforme qui lui paraissait désorganiser l'Église et le sacerdoce, il se crut une vocation de prophète et se mit à annoncer le vrai sacerdoce et la communion de l'amour. Tout en restant sur le terrain dè l'Égl. catholique, il donna à sa secte une organisation hiérarchique, basée sur des idées chiliastes. Persécuté et privé de ses biens, il erra quelques années entre Cologne, Kampen et Utrecht, et finit par se rendre en Angleterre sous Édouard VI et Élisabeth. On ne sait quand il mourut; ses idées avaient quelques rapports avec celles des anabaptistes, quoiqu'il maintînt le baptême des enfants. La secte, dite des familistes, ou Famille de l'amour, dura peu; condamnée par Élisabeth 1580, elle donna son dernier signe de vie en 1604. Son principal adversaire fut Coornhert, qui lui reprochait des désordres et un abus de la liberté.
2° Philippe, né 1556 à Mengeringhausen. principauté de Waldeck, où son père était pasteur, lui succéda, occupa ensuite différents postes, et fut nommé 1601 à Hambourg, où il f 1608. Auteur de plusieurs livres d'édification, et notamment de Méditations sur les joies de la vie éternelle, publ. à Unna pendant qu'une terrible peste ravageait la ville. On lui doit quelques beaux cantiques, entre autres: Wachet auf, ruft uns die Stimme, et: Wie schœn leuch• tet uns der Morgenstern.
3° Christophe-Fréd., né à Berlin 1733, élève de l'orphelinat de Halle 1748, f 1811. Apprenti libraire à Francfort s. M., il étudia les écrivains grecs et anglais, Descartes, Wolf et d'autres philosophes, et publia dès 1756 des Lettres sur la littér. allem., qui furent remarquées. En 1759 il reprit la librairie de son père à Berlin, et publia de nouvelles Lettres avec la collaboration de Lessing et de Mendelssohn. Enfin en 1765 il édita, avec l'appui des mêmes hommes, auxquels se joignirent Herder, Ramier, Teller, Spalding, et d'autres, sa Biblioth. allem. universelle, résumé de la science contemporaine, qui eut quelques années d'un grand éclat, mais qui finit par prendre un caractère trop utilitaire et mercantile. Il dut suspendre cette publication en 1792 (106 volumes), la reprit en 1800, mais l'abandonna de nouveau et définitivement en 1805. Il a publié aussi en 1773 un roman théologique, Sebald Nothanker, dirigé contre l'orthodoxie et le piétisme,et 1781-1796 un Voyage en Allemagne et en Suisse, plein de personnalités blessantes. Il a fini par sa propre Biographie.
NICOLAITES. lo V. Dictionn. de la Bible. 2o petite secte, issue du mouvement hussite en Bohême. On les appelait aussi Wlaseniker, de leur lieu d'origine, ou encore les pleureurs. Ils rejetaient l'état ecclésiastique régulier, et admettaient à côté de la Bible d'autres révélations que Dieu accordait à quelques-uns des leurs. Leur fondateur était un paysan nommé Nicolas, de Wlasenic près Pilgram 1471. Ils se sont maintenus en divers lieux jusqu'au 17™© siècle. Vers 1676 ils publièrent une sorte de conf ssion de foi, mais il n'en reste plus un exemplaire, v. Palacky, Hist. de Bohême.
NICOLAS Ier, dit le Grand, pape 858-867, couronné en présence de Louis II. Il maintient le premier les principes du faux Isidore, et déclare que le pape est Dieu sur la terre. Il entra en lutte avec les princes dans deux circonstances où le droit et la vérité étaient pour lui et firent sa force; il soutint Theutberge contre son infidèle et brutal époux Lothaire 11, épris de Waldrade, et il annula les actes du conc. de Metz 863, qui avait pris le parti de Lothaire; il déposa en même temps les archev. de Trêves et de Cologne, parents de Waldrade, accusés d'avoir suborné les légats. II avait contre lui les droits des évêques et des conciles, mais pour lui les fausses décrétâtes, et ce qui vaut mieux, la morale et l'opinion publique. II annula ensuite 865, les actes du conc. de Soissons qui, sous la pression d'Hincmar, avait suspendu Rothade, parce que celui-ci avait destitué un prêtre pour mauvaise conduite. Il s'appuie en général sur le clergé inférieur pour s'assurer l'obéissance entière des év. et des métropolitains. De son temps le roi des Bulgares, Bogoris, embrasse le christianisme et reconnaît l'év. de Home pour se soustraire aux intrigues de son chef naturel, Photius de Constantinople. Nicolas excommunie Photius, qui l'excommunie à son tour, f 13 nov. 867.
2° Nicolas II, Gérard dit de Bourgogne, parce qu'il était né dans la Savoie qui dépendait alors des rois de Bourgogne, ou de Florence, parce qu'il avait été év. de cette ville. Il fut élu pape sous l'influence d'Agnès, mère de l'emp. Henri IV, et avec l'appui d'Hildebrand, 1058-1061. Il fait déposer par les év. de Toscane et de Lom-bardie son compétiteur l'antipape Benoît X, qui s'humilie. Il convoque un concile pour prévenir à l'avenir la compétition de plusieurs papes, et il est décidé que l'élection des papes sera remise au collège des cardinaux, « en maintenant toutefois le respect et l'honneur qui sont dus à notre très cher fils Henri. » Cette décision n'empêche pas les deux partis d'élire à sa mort leurs deux papes respectifs, Alexandre II et Honoré H. Nicolas a donné au normand Richard la principauté de Capoue, et à Robert Guiscard la Pouille et la Calabre, 1060, faisant ainsi de ces 2 princes des vassaux de l'Église, f 27 juill. 1061.
3° Nicolas III, Jean Gaëtan-Orsini, 1277-1280, se fait rendre par Rod. de Habsbourg Imola, Bologne, Faênza; force Charles d'Anjou de renoncer au vicariat de l'empire en Toscane et au titre de patrice de Rome, mais échoue dans son essai de réunir l'Église grecque à l'Égl. d'Occident et dans l'œuvre de médiation qu'il entreprend entre le roi de Castille et Philippe-le-Hardi. Personnellement honnête, on lui reproche son népotisme.
4o Nicolas IV, Jérôme d'Ascoli, 1288-1292. Après sa mort le siège resta 2 l/« ans vacant. Il favorisa les fr. mineurs dont il avait été général et envoya des missionnaires jusqu'en Chine. Il tenait pour les Gibelins. Il prit parti ponr Alphonse d'Aragon contre Charles II d'Anjou, comme roi de Sicile.
5<> Nicolas V, Thomas Parentucelli, élu 6 mars 1447, après Eugène IV; il voit l'abdication de Félix V, qui met fin au grand schisme. Homme doux, avec lequel les négociations sont faciles. De magnifiques édifices s'élèvent sous son règne: il augmente la biblioth. du Vatican de tant de richesses qu'on peut l'en considérer comme le fondateur. Le conc. de Bâle est transféré à Lausanne 1448, où il meurt de consomption et sans éclat. Prise de Constantinople 1453; Nicolas voudrait organiser une croisade de toute la chrétienté contre les Turcs; il s'en occupe activement, mais il f 14 mars 1455, et lègue cette tâche à son successeur Calixte III.
6° Nicolas V bis, antipape, Pierre de Corbière, élu 1328 sous l'influence de Louis de Bavière, roi des Romains, en opposition à Jean XXII. Chassé de Rome 1329, il se rend à Pise. où il abdique, on le conduit à Avignon où il demande pardon, la corde au cou, à son rival: il f 2 ou 3 ans après.
7<> Nie. de Myra, saint très peu connu, mais très respecté, soit dans l'Égl. grecque, soit dans l'Égl. latine. Les uns le font év. de Myra en Lycie, au commencement du 4®« siècle; il aurait été un confesseur de la foi pendant les persécutions dioclêtiennes; il aurait même assisté au conc. de Nicée. D'autres, et en particulier les Actes des saints, retrouvés en 1751 au Vatican, le placent à la fin du 5®« siècle et le font év. de Pinara. Les uns et les autres lui font use légende de miracles et racontent des traits nombreux de sa bienfaisance. Son corps fut transporté à Bari, Naples, en 1087, et Urbain II fonda une fête à cette occasion. C'est le grand saint de la Russie, et spécialement celui des jeunes garçons, qui célèbrent le 6 décembre la Saint-Nicolas.
8° Nicolas-le-Mystique, patr. de Constantinople vers 900. Son refus de bénir le 4«ne mariage de Léon VI le Philos, et sa menace de l'excommunier, le firent destituer par l'empereur qui nomma Euthyme à sa placé. Il en résulta dans l'Égl. grecque un schisme, qui ne finit qu'en 920, par une déclaration du synode condamnant les 4m#s noces. Serge IIÊ et Jean X se prononcèrent contre cette décision du synode.
9° Nicolas de Méthone, év. de Modon, ou Méthone, en Messénie, vécut vers la fin du lime ou du 12m« siècle; on ne sait à peu près rien de lui. Les écrits que l'on a conservés sous son nom comptent parmi les meilleurs de la théol. byzantine. Ils traitent de la présence de Christ dans la Cène, de l'usage des pains sans levain, de la procession du Saint-Esprit, de la primauté du pape, du platonisme païen de Proclus (très-intéressant); ils accentuent la doctrine de la Trinité et celle de l'Incarnation, et présentent celle de la Rédemption sous un point de vue qui rappelle celui d'Anselme.
10° Nie. de Bâle, fils d'un marchand, mena quelque temps une vie mondaine, jusqu'à ce que des visions le rendirent sérieux et l'amenèrent à rechercher une communion intime avec Dieu. Il travailla avec zèle et renoncement à propager la piété autour de lui, exerça une grande influence sur Tauler et sur d*^utres, et forma avec quelques amis une petite société qui prit le nom d'Amis de Dieu. Ils vécurent d'abord a Bâle, puis sur une montagne de la Suisse, d'où Nicolas en 1377 écrivit à Grégoire XI pour lui signaler les maux et les désordres de l'Église. Nicolas fut brûlé à Vienne par l'Inquisition, comme beggard; son ami Martin de Mayence le fut à Cologne en 1393. Depuis 1383 on perd les traces de la secte.
Ho Nie. de Strasbourg, maître de lecture au couvent des dominicains de Cologne, fut en 1326 chargé par Jean XXII de la surveillance de l'ordre en Allemagne. On ne connaît presque rien de sa vie. Il compte parmi les vieux mystiques, et ses sermons se distinguent par une saine et bonne originalité; plusieurs ont été publiés par Pfeiffer. Dans un ouvrage sur la Venue de Christ, il combat les calculs faits sur la date de l'apparition de l'Antéchrist et du jugement dernier; il cherche aussi à prouver aux juifs et aux païens que le Christ était bien le Messie annoncé et désiré. Cet ouvrage a été brûlé lors du bombardement de 1870.
12o Un autre Nie. de Strasbourg, ou de Ar-gentinâ, dont le vrai nom était N. Kemph, mourut en 1497 à Chemnitz à l'âge de cent ans; il était chartreux et a laissé quelques ouvrages.
nic
13° Nicolas de Flue, ainsi surnommé soit du village de Flueli, Unterwald, où il naquit 21 mars 1417, soit du rocher (Flue, ou Floue) près de Saxelen, Haut Unterwald, où il vécut plusieurs années solitaire, s'appelait LOwenbrugger de son nom de famille. Après avoir servi son pays comme soldat et dans les emplois civils, et avoir eu 5 fils et 5 filles, il se retira du monde à 50 ans et se rendit sur la montagne, pour se consacrer à la prière et à la méditation des vérités éternelles, laissant sa femme cultiver son bien dans la plaine. Sa piété vraie le fit vénérer de tous; on lui prêta même bientôt des miracles et le bruit s'accrédita qu'il ne mangeait ni ne buvait et que sa seule nourriture était la sainte Cène dont il s'approchait une fois par mois. La discorde ayant éclaté à la diète de Stanz entre les 3 cantons primitifs et les 3 cantons de Lucerne, Berne et Zurich, au sujet du partage du butin de Bourgogne, et de l'admission de Soleure et de Fribourg dans la Confédération, le pasteur Imgrund, de Stantz, alla réclamer l'intervention du vieux solitaire. Celui-ci ne se fit pas prier, et lorsqu'il entra dans la salle de la diète, tous se levèrent de leurs sièges; il leur prêcha la paix et la concorde, et les persuada avec tant d'onction que dans l'espace d'une heure les difficultés furent aplanies. 22 déc. 1481. f 1483. Canonisé 1669. Notices par Sigrist, Bitzius, Bonstetten.
14° Quant aux autres Nicolas qui ne sont pas marqués ici, v. Clémengis, Cusanus, Lyra, etc.
NICOLE, Pierre, né à Chartres 19 oct. 1625, étudia la philos, à Paris 1642-1644, puis la théologie, fut bachelier en 1649 et enseigna les belles-lettres à Port-Royal, ou il se lia surtout avec Arnaud. En 1654 il intervint dans les luttes jansénistes et dut se cacher quelque temps, avec Arnaud, dans l'hôtel de la duchesse de Longueville à Paris. En 1658 il fit un voyage en Allemagne, pendant lequel il traduisit en latin, sous le nom de Wendrock (habit retourné) les Provinciales de Pascal. Vers la même époque il écrivit, contre les protestants, la Perpétuité de la foi de l'Égl. catholique touchant l'eucharistie, 1669-1676. De retour à Port-Royal en 1671, il écrivit ses Essais de morale et instructions théologiques, son ouvrage le plus connu et le plus estimé. Persécuté par les jésuites dont il avait dénoncé la morale au pape en 1676, et ne se croyant plus en sûreté à Paris, il quitta la France en 1679 et se retira dans les Pays-Bas, d'abord à Bruxelles, puis à Liège. Il rompit plus ou moins avec Arnaud et les jansénistes pour conserver sa liberté, fit quelques concessions de doctrine et put, grâce à l'inter-yention de M. de Harlay, archev. de Paris, revenir à Chartres, enfin à Paris, où il f 1695. Il avait essayé d'adoucir le dogme augustinien de la grâce, en admettant qu'il y a une grâce générale pour tous, mais qui reste sans effet s'il ne s'y joint pas la grâce efficace. Il pensait expliquer ainsi l'imputation de leurs péchés aux païens, qui ont, quoique confusément, une révélation de la loi de Dieu. Il a donné lieu par là à l'accusation de pélagianisme. Notons encore parmi ses ouvrages: Les Imaginaires ou l'Hérésie imaginaire (celle des jansénistes), et les Visionnaires, l'Essai sur les moyens de conserver la paix avec les hommes, et ses Réflexions morales sur les Évang. et les Épîtres. Il a aussi collaboré à la Logique de Port-Royal, v. Cerveau, l'Esprit de Nicole; Mersan, Pensées de Nicole; Vie par Goujet.
NIEM, v. Dietrich.
NIEMEYER io Aug.-Hermann, né i sept. 1754 à Halle, où il fit ses études, où il devint Dr théol., et où il fut pasteur, professeur et conseiller ecclésiastique. Petit-fils de Francke, il fut nommé directeur de ses établissements 1799. En 1807 il fut déporté à Paris à cause de son patriotisme, et continua de travailler à la réorganisation de l'univ. de Halle, supprimée par Napoléon. Il en fut nommé chancelier à vie et fut reconnu comme recteur par Jérôme Napoléon 1808. Il abandonna cette charge quand la paix eut rendu à l'univ. ses anciens droits, f 7 juin 1828. Dans son activité professorale, il a rendu des services à la pédagogie et à la théol. pastorale. Il a publié de nombreux ouvrages, entre autres une Caractéristique de la Bible, un Manuel de pédagogie, un Manuel à l'usage des maîtres de religion. — 2° Son fils, Hermann-Agathon, né à Halle 1802, y revint en 1829 comme directeur et professeur, après avoir été prof, de théol. à Iéna. f 1851. Il a publié une Collection des Conf. de foi des Égl. réformées.
NIEREMBERG, Jean-Eusèbe, né 1595 à Madrid de parents allemands, il étudia à Salaman-que les lettres et le droit. Il entra dans l'ordre des jésuites, mais fut rendu à ses parents qui suspectaient la sincérité de sa vocation. Il persista à rester jésuite, étudia à Alcala, servit quelque temps comme missionnaire et finit par le professorat à Madrid, f 1658. Ses ouvrages de piété eurent un grand succès, entre autres La diferencia entre le temps présent et l'éternité, dont Jér. Taylor fit des extraits à l'usage des évangéliques. Il a écrit aussi en faveur de l'Immac. conception de la Vierge.
NIKON, ou Nikita, né 1605 de parents pauvres à Valemunof, près de Nijnei-Novogorod, fit ses études ecclésiastiques au couvent de Saint-Macaire. Après dix ans de mariage il se sépara de sa femme et se retira, sous le nom de
Nicon dans le couvent d'Anser situé sur une île de la mer Blanche. Élu plus tard abbé d'un couvent près de Moscou, il fut successivement nommé par le czar Alexis, archimandrite du couv. de Nowazaskoï à Moscou, métropolitain à Novogorod 1647, et patr. de Russie 1652. En faveur auprès du czar, vénéré du peuple à cause de sa piété et de ses bonnes œuvres, il tomba en disgrâce vers 1658, peut-être à cause de son caractère absolu, peut-être à cause de certaines réformes qu'il voulut introduire, et il se retira dans un couvent qu'il avait fondé. Un autre patr. fut nommé en 1660, et lui-même, en 1666, hit traduit devant un tribunal ecclésiastique, sous prétexte qu'il avait abandonné son poste sans autorisation, accusé aussi d'avoir manqué au respect dû à l'empereur. Il se défendit avec énergie et dignité, mais n'en lut pas moins condamné, destitué et exilé au couvent de Théro-pont. Rappelé 1681 par le czar Fédor, il moumt en chemin près de Jaroslaw, pleuré du peuple. Après sa mort la condamnation qui pesait sur sa mémoire fut levée. On lui doit une revision des livres liturgiques de son Église d'après les mss. grecs et slovaques, ainsi que l'introduction d'une musique d'église. Les améliorations qu'il introduisit dans le chant furent même le prétexte d'un schisme; les rascolniques, ou vieux croyants, se séparèrent de l'Église.
NILUS 1° l'Ancien, ou le sage, anachorète. Né d'une bonne famille et élevé à la dignité d'exarque de Constantinople, il renonça à ses charges 420, et se rendit avec son fils Théodule dans le désert de Sinaï, pendant que sa femme et sa fille se retiraient dans un couvent. Surpris par les Sarrasins, son fils fut vendu à l'év. d'Éleusa, Palestine, qui le sacra diacre. Outre de nombreuses Lettres, on a de Nilus ses opuscules ascétiques, qui tout en faisant l'éloge de la vie solitaire, en montrent aussi les dangers, et nous initient à ce qu'étaient alors l'existence el le cércle d'idées des moines et des anachorètes. Christ est le seul vrai docteur, le seul sage; ses héritiers et successeurs, ce sont les moines. Le but suprême de la philos., c'est l'affranchissement des passions et des soucis terrestres el matériels; c'est en Christ seul qu'on peut trouver le repos. Il offre quelques analogies avec Épictète, qu'il a parfois copié en le complétant.
2° Nilus-leJeune, appelé aussi le Aoittmts, de son lieu natal, Rossano en Calabre. Il entra d'abord au couvent de Saint-Mercure, puis vécut en ermite près de Gaëte. Moins philos, que le précédent, il fut davantage un prédicateur de la repentance. et très recherché comme directeur. C'est à sa recommandation qu'Othon 10 fit grâce de la vie à l'antipape Jean XIV. f 1005, presque centenaire.
3° l'archimandrite. Notaire, puis protosyn-eelle, ou coadjuteur du patr. de Constautinople, avec promesse de succession, et représentant de l'empire romain d'Orient, il écrivit 1143 à la demande de Roger de Sicile un travail sur les cinq sièges patriarcaux, dirigé contre les prétentions romaines.
4o Cabasilas, archev. de Thessalonique vers 1340, grand adversaire de Rome, écrivit contre sa primauté et raconta les causes du schisme. Ce livre a été plusieurs fois réimpr. depuis Fla-cius 1555, et Saumaise 1606.
NIMBE, cercle lumineux dont les peintres ont coutume d'entourer la téte des saints. S'il a des rayons, et s'il entoure la figure, il s'appelle auréole. On lui donne la forme d'un triangle pour Dieu le Père; il est traversé d'une croix sur la téte de Jésus-Christ. Ceux qui ne sont que béatifiés n'y ont aucun droit. On n'en connaît pas l'origine.
NIMES, Nemausus, vieille cité romaine, riche encore de souvenirs et d'antiquités admirablement conservées, Tour-Magne, fontaine et temple de Diane, arènes. Maison carrée, porte de César, mosaïques. La Réforme y pénétra de bonne heure, et c'est d'un couvent d'augustins qu'elle se fit entendre, 1532-1537. Mais ses débuts ne sont qu'un long martyrologe. Elle trouve des adhérents dans l'université, dans le clergé et même chez les dominicains chargés de la poursuivre. Le bûcher de Pierre Delavau convertit le prieur dominicain Deyron, qui vient à Genève et propagera la vérité. Le cordelier Rozier a la langue coupée et est brûlé à petit feu, 1557. En 1559 l'église se constitue; on prêche d'abord à la Tour-Magne, puis dans les faubourgs, enfin le 29 sept. 1560dans l'égl. de Saint-Étienne du Capitole. Guill. Mauget arrive de Genève avec deux autres pasteurs 1561 et organise la communauté. De là la vérité rayonne dans les contrées environnantes, Sommières, Montpellier, Uzès, les Cévennes. En 1562, le 4 janvier, Mauget, assisté de Viret, donne la Cène à 8000 communiants dans la cathédrale. C'est le peuple qui l'emporte sur le clergé; triomphe trop rapide pour durer. Le même mois un édit enjoint aux réformés de rendre aux catholiques les temples enlevés, et des résistances locales amènent des persécutions. La guerre civile éclata, et Nimes se déclara pour le prince de Condé. Charles IX arriva 12 déc. 1564, venant de Saint-Privat et laissa espérer aux protestants qu'il leur permettrait de construire un temple, ce qu'il fit quelques mois après. Mais la paix n'existait plus que de nom. La Michelade éclata 30 sept. 1567, et ce ne fut pendant plusieurs années qu'une suite d'hostilités oû les deux partis furent tour à tour vainqueurs et vaincus. En 1570 nouvelle visite de Charles IX accompagné de Goligny. Ces luttes se terminèrent enfin, non par la paix, mais par l'écrasement du plus faible, et le 7 juillet 1629, Louis XIII et Richelieu recevaient à Saint-Privat les douze étages de la ville de Nîmes. Dès lors, et pendant un siècle et demi, presque sans interruption, les protestants ne cessent d'être les victimes des mesures et des demi-mesures les plus barbares, et ils honorent l'Évangile par leur fidélité. Le duc de Noailles peut écrire à Louvois qu'il travaille à les convertir: « Ils sont 240,000 dans la province; je crois qu'avant un mois tout sera expédié. • Il se trompait. Il y eut peu de conversions; il fallut revenir aux massacres, en grand et en détail. Finalement les Cévennes se soulevèrent, v. Camisards. La monarchie n'v gagna rien, le catholicisme non plus. Antoine Court réorganisait les égl. pendant que le vieux Louis se mourait à Versailles. Le siècle marchait, et vers 1769 les pasteurs purent rouvrir leurs églises de paroisses, auxquels l'édit de nov. 1787 donna la sanction légale. Rabaut et ses amis ont maintenu l'Église; la loi du 18 germinal an X la reconnaît. Elle n'a dès lors cesse de prospérer et compte parmi ses anciens pasteurs les noms vénérés de S. Vincent, F. Fon-tannès, Gardes et Borrel; parmi les laïques MM. Guizot, de La Farelle et de Clausonne.
NINIAN, ou Nynias, l'apôtre des Pietés du sud, d'après Bède, Hist. eccles. III, 4. Breton d'origine, mais élevé à Rome, il travailla, à ce qu'on dit, à l'évangélisation des Pietés et érigea en l'honneur de saint Martin de Tours une église de pierres blanches, à Whithaven en Gal-loway. Suivant une autre version, il serait venu à Rome en 370, aurait été consacré en 394 par le pape Siricius en vue d'une mission chez les Pietés, et serait f 432. Ce qui rend cette histoire peu vraisemblable, c'est qu'à cette date les Pietés étaient encore connus et redoutés par leurs déprédations en Angleterre. Si Ninian a vécu, c'est plus tard seulement. Quant à l'égl. blanche, elle n'est mentionnée qu'en 725 comme siège d'un évêché. Mais dès le 6*e siècle Gallo-way appartenait déjà à un des petits états chrétiens du nord de la Bretagne, dont peut-être dépendait une tribu picte.
NIOBITES, secte monophysite, ainsi nommée de son fondateur le philos, alexandrin Étienne, surnommé Niobé; il soutenait qu'il faut, ou bien avec le conc. de Chalcédoine, admettre deux natures en Christ, ou bien reconnaître sa pleine et entière unité, et par conséquent renoncer à distinguer en lui l'humain et le divin. Condamnée également par ceux d'Antioche et ceux d'Alexandrie, et par le synode de Guba en Mésopotamie, la secte finit par se dissoudre et passa en grande partie aux Chal-cédoniens.
NISIBIS, ville du nord de la Mésopotamie, fondée, d'après une légende, par Nemrod, mais qui existait déjà avant les Séleucides, et qui doit son nom à Medzpin, que l'arménien vulgaire appelait Nesebin, et les rabbins Menzi-ven. Àntiochus 1er l'agrandit, l'embellit et lui donna le nom d'Antioche de Mygdonie; elle était située sur le Mygdonius. Elle reprit son nom comme capitale de l'Arménie, 149 av. C.-14 ap. C., puis enlevée à Tigrane par Lucullus, elle resta presque sans interruption au pouvoir des Romains; sous Septime Sévère elle reçut le nom de Septimia Colonia. Centre du commerce i»t de la culture romaines, centre du christianisme dans ces contrées, boulevard de Home à l'extrême Orient, elle fut trois fois assiégée en vain par les Perses et ne fut perdue pour Rome qu'après la malheureuse expédition de Julien et la honteuse paix de Jovien 363. Conquise par les Arabes au 7me siècle, elle recouvra un moment son ancienne prospérité, mais elle est retombée sous la domination turque et n'est plus auj. qu'un bourg insignifiant. Nisibis a été plusieurs fois le foyer d'entreprises religieuses, La communauté juive, enflammée par le rabbin Akiba, se souleva en 131, ainsi que tous les juifs de Mésopotamie, en même temps que Bar-Cocab s'insurgeait en Palestine. Le parti nesto-rien, chassé de Syrie, s'installa à Nisibis sous la direction de Barsumas, et fonda vers 440 la célèbre école, qui fleurit jusqu'au 8me siècle. Enfin c'est du couvent de Phasilta, près Nisibis, que sortit l'apôtre des jacobites monophysites. Aujourd'hui encore les nestoriens et les jacobites s'en partagent l'église.
NITHARD, petit-fils de Charlemagne, par sa fille Berthe et Angilbert, né vers 790, fut élevé à la cour et à l'abbaye de Saint-Riquier, et reçut une excellente éducation pour son époque. Il remplit plusieurs charges importantes à la cour de Charles-le-Chauve, se battit à ses côtés à la bataille de Fontenay 841. et f 858 selon les uns, à la suite d'une blessure reçue contre les Normands; selon d'autres il fut quelque temps abbé de Saint-Riquier et il y mourut. A la demande du roi il écrivit eu 4 livres l'Hist. de Louis-le-Déb. et des divisions entre ses fils « pour faire connaître la vérité aux générations futures, > ouvrage estimé et digne d'un homme d'État.
NITSCHMANN, nombreuse famille de Zauch-tenthal, en Moravie, 1715. Elle a donné plusieurs hommes à l'Église: lo David, charpentier, mis en prison pour sa foi, réussit à s'évader et se rendit un des premiers à Herrnhut, 12 mai 1724, où sa femme le rejoignit avec 2 enfants. En 1731 il vint à Copenhague avec Zinzendorf. Il partit 1732 avec Léonard Dober pour la Ire mission parmi les nègres de Saint-Thomas, et fut sacré à son retour, par Jablonsky, premier év. de l'église renouvelée des Frères 1735. Après plusieurs voyages missionnaires, en Georgie et aux Antilles, il f 1758 en Pensylvanie, à 8Î ans.
2<> Un autre David N., jeune tisserand, qui prêchait l'Évangile avec force et fut persécuté. Son père même, justicier de Zauchtenthal, était contre lui. Il se rendit avec 4 de ses amis à Herrnhut où ils arrivèrent le 12 mai 1727. Plus tard ilen fut nommé syndic, et resta uni au comte, quand les Frères se séparèrent de Berthelsdorf.
3° Melchior, tisserand, surnommé le martyr; fils d'un David et neveu du charpentier, avait 20 ans à peine quand il tenait déjà des assemblées. Poursuivi comme prédicateur, jeté en prison, lié de cordes, privé de nourriture. Après sa délivrance il s'enfuit à Herrnhut, où il fol nommé ancien à 25 ans, en 1727. En 1728 il voulut aller visiter les protestants de Salzbonrç. mais fut pris dès son entrée en Moravie, a Schildberg. Il f en prison à OlmOtz 27 févr. 1729. Son compagnon Schmidt ne fut délivre qu'au bout de 6 ans.
4° David N., tisserand, un des premiers qui arrivèrent à Herrnhut 1724; travailla en Russie 1735, partit pour l'Ile de Ceylan 1740; pins tard il fut nommé membre de la direction de l'église.
5° Jean N. nommé évêque 1741, lorsque Zinzendorf partant pour l'Amérique, résigna ses fonctions. Le comte, à son retour 1743, lui retira cette charge, ne le trouvant pas suffisamment qualifié.
6<> David N. le charron, père de Melchior qui mourut en prison à Schildberg 1729, et d'Anna qui épousa Zinzendorf 1757 et qui + 1760 peu de jours après son mari, f 1760. — 7° JeanN. l'ainé, directeur du séminaire de théologie. — 8o Jean, le cadet, missionnaire en Laponie 1734. — 9o Martin, l'un des martyrs du massacre de Gnadenhutten, Amérique, 1755, etc.
NITZSCH lo Louis-Guill. de Nitxsch, pasteur à Wittenberg. — 2o Son fils, connu surtout par ses beaux cantiques, Charles-Louis, né 6 août 1751 à Wittenberg, fut élevé d'abord dans un orphelinat après la mort de sou père; il étudia la théol. à Wittenberg, maiô il hésita avant d entrer dans le ministère, ses Mies n'étant pas d'accord avec celles de l'orthodoxie régnante. Cependant après un court préceptorat, il tftf-monta ses scrupules; il accepta successivement les postes de Beucha, de Borna et de Zeiti, et finit par être nommé pasteur, surintendant, et prof, à Wittenberg 1790. Enlevé 1813 à son activité académique, il fut en 1817 nommé directeur du séminaire nouvellement fondé dam cette même ville, f 5 déc. 1831. Sa théologie tient un faux milieu entre le rationalisme et le supranaturalisme et ne satisfaisait aocan parti. Sous l'influence des doctrines de Kant, il disait que la révélation est nécessaire pour amener, sons la forme de l'autorité, l'esprit à reconnaître l'importance de l'idée morale, jusqu'à ce que l'esprit mûri en sente par lui-même la vérité et l'autorité. Ses disciples, ceux même qui n'acceptaient pas ses principes, rendaient hommage à l'élévation de son caractère chrétien.
3° Charles-Emmanuel, son fils, né à Borna 21 sept. 1787, fit ses études à Wittenberg, où il remplit aussi de 1811 à 1820 des fonctions pastorales; reçut de Berlin en 1817 le titre de Df en théologie. En 1820 il fut nommé doyen de Kemberg, et en 1822 prof, de théol. et prédicateur à Bonn; en 1847 il fut appelé à Berlin dans les mêmes conditions, et en outre en 1855 il fut nommé doyen de régi. Saint-Nicolas. Il prit une part active au développement de la vie religieuse, comme membre du Consistoire et du Synode. Il fut aussi nommé membre de la première chambre et s'intéressa à diverses questions politiques. Il assista plusieurs fois aux assemblées du Kirchentag. Il se retira en 1866 et + 21 août 1868. Il fut un des principaux représentants de l'école de Schleiermacher, de cette théol. intermédiaire qui cherche à rallier les partis, et il travailla à l'union des Églises. Ses principaux ouvrages sont: Système de la doctrine chrétienne, et Théol. pratique. Il a beaucoup écrit dans diverses revues, dont il fut le fondateur ou le collaborateur assidu, entre autres dans les Studien und Kritiken. Enfin plusieurs dissertations détachées, des discoure académiques, et surtout 6 volumes de Sermons, lui assignent en Allemagne une place distinguée.
NIVELEURS, v. Levellers.
NOAILLES, Louis-Antoine (de) né 27 mai 1651, second fils du duc Anne de Noailles, reçut une éducation soignée et fut nommé successivement abbé d'Aubrac, docteur en théol., év. de Cahors, de Châlons, archev. de Paris 1695, et enfin cardinal 1700. D'une âme élevée, d'une piété large, il fut plusieurs fois compromis dans les démêlés jansénistes, et désireux de plaire à la cour sans rien faire contre sa conscience, il eut une position hésitante qui lui fut amèrement reprochée. Il avait accepté la dédicace du N. T. de Quesnel et approuvé ses Réflexions morales, 1693, mais en 1696 il condamna l'ouvrage janséniste Exposition de la foi, par l'abbé de Barcos, et un anonyme releva cette contradiction dans: Un problème ecclésiastique. En 1705 il présida l'assemblée du clergé de France contre la bulle In vineam Do-mini, prit parti contre les jésuites, s'opposa à la bulle Unigenitus, protégea Port-Royal, et fut contre Le Tellier à la tête des Appelants. Mais la bulle ayant été enregistrée par le parlement 1720, il s'y soumit, d'abord avec des réserves, puis sans réserves 1728, f 4 mai 1729. Il a donné son approbation à la version de la Bible de Lemaistre de Sacy.
NOCES de sang, nom donné au massacre de la Saint-Barthélémy, qui eut lieu par ordre de Charles IX à l'occasion du mariage de sa sœur avec Henri de Navarre.
NOËL, jour de la nativité du Sauveur, une des plus grandes fêtes de l'Église. Le nom est selon les uns un abrégé d'Emmanuel (Dieu avec nous), selon les autres un dérivé corrompu de natalis, jour natal. Il parait évident, puisque les bergers et les troupeaux couchaient aux champs, que la naissance du Christ n'a pas eu lieu en hiver; et l'on se demande pourquoi et par qui cette solennité a été fixée au 25 décembre. En tout cas cette date est fort ancienne, et l'on a lieu de croire que c'est dans les Gaules qu'elle a été d'abord imaginée. Elle était déjà adoptée à Antioche en 380 et à Alexandrie en 430. Chrysostome, duns son Homélie sur la nativité du Seigneur, prononcée en 386, dit: « Il y a à peine dix ans que cette date nous est véritablement connue, mais les Occidentaux la connaissaient déjà, et ce n'est que récemment qu'ils nous l'ont communiquée. Ce sont les habitants de Rome surtout qui nous ont renseignés sur ce point, car ils célèbrent cette date depuis longtemps et conformément à une vieille tradition. » Or cette tradition ne peut être autre que l'antique coutume de célébrer le 25 déc., ou à peu près le solstice d'hiver et le retour du soleil. C'étaient les Saturnales. Et par une étrange coïncidence, elles avaient lieu presque au même moment que pour les juifs la fête de la Dédicace et celle de la Purification. Il est probable que c'est la rencontre fortuite de ces différentes fêtes, qui a porté les chrétiens à choisir le même moment pour la célébration de la leur, et il n'y aurait rien d'étonnant à ce que quelques-uns aient rapproché dans leur esprit le soleil de justice apparaissant au milieu des ténèbres du monde, de ce beau soleil dont les païens célébraient le retour sur leurs champs et leurs jardins. Si la naissance du Sauveur a été fixée au 25 déc., on comprend que l'Annonciation l'ait été au 25 mars, à l'équinoxe du printemps. L'une et l'autre étaient généralement acceptées au 5™ siècle, et c'est de Noël que part l'année ecclésiastique, en y comprenant les semaines de l'A vent.
NŒSSELT, Jean-Auguste, né à Halle 2 mai 1734, étudia dans sa ville natale et y revint, pour ne plus la quitter, après avoir visité l'Allemagne, la Suisse et la France. Professeur depuis 1760, il fut en outre nommé directeur du séminaire en 1779, et conseiller privé en 1797, f U mai 1807. Il a enseigné surtout l'exégèse du N. T., l'histoire, la dogmatique et la morale. D'abord très orthodoxe, il se relâcha un peu sous l'influence de Spalding, ce qui lui attira en 1794 une admonition royale, mais qui n'eut pas de suites. Il insistait surtout sur l'importance de la morale, mais sans la séparer de la religion. Il a laissé quelques discours et travaux académiques, et une étude sur les meilleurs ouvrages dans les diverses branches de la théologie.
NOET, Moïse, de Smyrne, fut excommunié en 230 parce que, pour maintenir l'unité du Père et du Fils, il enseignait que le seul vrai Dieu unique, s'appelait Fils dans sa manifestation humaine. C'était donc le Père lui-même qui avait souffert sur la croix; de là le nom de Patripassiens donné à ses adhérents. Parmi ses précurseurs figurent Théodoret, Épigoneet Cléo-mène; Sabellius fut son disciple. D'après quelques auteurs, c'est à Éphèse qu'il aurait été condamné. Personne ne voulut s'occuper de sa sépulture, ni de celle de son fr. Aaron.
NOGARET, Guillaume (de), né en Laura-guais, prof, de droit à Montpellier, prit parti pour Philippe-le-Bel dans ses démêlés avec Boniface VIII et combattit les prétentions du saint-siège au nom de la toute puissance royale re* connue par le droit byzantin. Il attaqua le pape devant les États généraux 4303, et reçut en récompense deux domaines et une baronie. C'est ncore lui qui, avec Sciarra Colonna, fit prisonnier le pape à Anagni. Il dirigea l'enquête contre les Templiers. En 1307 il fut nommé chancelier, f 1314.
NOIRMOUTIERS (nigrum monasterium) île des côtes de la Vendée, connue surtout par un couvent de bénédictins qui y fut fondé par Philibert au 7™ siècle, et qui fut détruit au 9rae par les Normands.
NOLASQUE, Pierre, né 1189, d'une famille distinguée, près de Saint-Papoul en Languedoc, manifesta jeune des dispositions ascétiques, mais suivit Simon de Montfort dans sa guerre contre les albigeois et contre leur allié Pierre II d'Aragon. Pierre ayant été tué à la bataille de Muret 1213, et son fils fait prisonnier, Nolasque fut chargé de l'éducation du jeune prince et l'accompagna à Barcelone. Tous deux, ainsi que leur commun confesseur Raymond de Penna-forte, eurent en même temps 1218 une vision, qui eut pour résultat la fondation d'un ordre de chevaliers pour le rachat des prisonniers chrétiens. L'ordre fut fondé le 10 août 1218, et Nolasque en fut le premier général. Outre les 3 vœux ordinaires, les membres s'engageaient à tout sacrifier, leurs biens et même leur liberté pour la délivrance d'un captif. Grégoire IX, en leur imposant la règle de saint Augustin, les autorisa 1230 et 1236, sous le nom d'Ordre de la Merci pour le rachat des esclaves. Ils eurent d'abord un palais royal, ce qui fit donner à leur supérieur le titre de Vicaire de la cour d'Espagne. Leur costume était la robe blanche avec le scapulaire, et les armes d'Aragon sur la poitrine. Composé d'abord de chevaliers et de prêtres, l'ordre finit par ne plus se recruter que d'ecclésiastiques. Nolasque fit plusieurs voyages dans les pays des infidèles et racheta plus de 400 chrétiens dans le royaume de Valence. En 1249 il donna sa démission de général, mais continua de servir dans les plus humbles emplois jusqu'à sa f 1256. Saint Louis avait vouln l'emmener en Palestine 1247, mais les infirmités avaient empêché son départ. Canonisé 1628 par Urbain VIII.
NOLLIUS, Henri, né à Ziegenhain, prof, à Steinfurt en 1616, enseigna ce qu'il appelait h philos, hermétique, un bizarre mélange de théo-sophie mystique, de théologie, de médecine, d'alchimie, qu'il faisait remonter aux tables d'émeraude de Hermès Trismégiste, q. v. Renvoyé à cause de son affiliation aux Rose-Croix, il se rendit à Giessen, où sa présence amena des troubles. La publication de son volume Parergi philos. spéculum décida le landgiave Louis V à procéder contre lui 1622; il quitta la ville et on n'entendit plus parler de lui.
NOMBRE d'or. C'est dans le comput ecclésiastique le nombre dont on se sert pour marquer en quelle année l'on est du cycle lunaire. Ce cycle est une révolution de 19 années, ao bout desquelles on a cru longtemps que les nouvelles et les pleines lunes se retrouvaient ao même jour et à la même heure. Le premier cycle datant de l'ère chrétienne, on trouve le nombre d'or en divisant le chiffre de l'année où l'on est par 19, et en ajoutant 1 au reste. Ainsi pour l'année 1881, 19 y entre 99 fois, et il reste 0; le nombre^d'or sera donc 1.
NOMINAL (Blâme, ou Elenchus). censure po-blique et personnelle faite en pleine assemblée d'église par l'ecclésiastique officiant et désignant nominativement, ou d'une manière suffisamment claire la ou les personnes visées. Ce procédé, contraire à l'idée même du culte public, est en général condamné par l'Église comme par ies lois civiles, et ces dernières peuvent même le poursuivre comme constituant une injure. Une seule exception est faite pour les cas d'excommunication; là où elle existe il faut naturellement que la personne excommuniée soit nommée. Lors du colloque de Berlin 1662. qui avait pour but d'opérer un rapprochement entre les luthériens et les réformés, les premiers maintinrent leur droit de désigner en chaire les théologiens réf. qui étaient à leurs yeux de faux docteurs; cela fit naturellement échouer U conférence. Le prince électeur renouvela a cette occasion 1664 un ancien édit contre les désignations injurieuses qui pourraient être portées en chaire, • toutefois sans interdire la con-traverse, ni les discussions nécessaires, relativement aux points contestés. » C'est sur cet édit que P. Gerhardt donna sa démission, n'admettant pas la restriction que le souverain lui imposait.
NOMINALISME et Réalisme, deùx grandes tendances philos, qui se sont partagé presque tout le moyen âge, et dont l'utilité pratique ne se comprend pas facilement. Quelle est la nature des idées générales? Correspondent-elles à une réalité, ou ne sont-elles que le produit, la création de notre esprit? Les anciens étaient en général réalistes; Platon l'était, par sa doctrine des idées qui se détachent de l'Etre suprême et qui donnent aux substances leurs formes. Les nominaux, au contraire, nient absolument qu'il y ait rien dans la nature, qui corresponde directement aux idées générales; ainsi la notion d'arbre n'est représentée par rien de distinct et de réel. Stilpon de Mégare, le maître de Zénon, est le plus ancien représentant de cette école qui nie les idées abstraites, prétendant qu'elles existent seulement par le nom qu'on leur donne. Rosce-lin, chanoine de Compiègne, qui vivait à la fin du H me siècle, reprit la même thèse et peut être considéré comme le père du nominalisme pur. Il le professa avec grand succès à Paris; il réduisait les idées générales à de simples mots, à des sons, à une portion de langage, et se met-lait en opposition directe avec les opinions d'Aristote. En outre, ayant voulu appliquer ses idées au dogme de la Trinité, il fut bientôt attaqué par les plus célèbres dialecticiens et théologiens de son temps, Anselme, Abélard, etc. La discussion devint assez ardente pour que l'Église crut devoir s'en mêler, et le conc. de Soissons 1093 condamna l'opinion de Roscelin. Abandonné de tous, il fut successivement chassé de France, puis d'Angleterre où il s'était réfugié; il fut amené à une espèce de rétractation, et f 1108. Le réalisme triompha donc, et il fit durement sentir sa puissance à quiconque tentait de lui résister, théologien, ou philosophe. Mais déjà, et même avec Abélard, une doctrine intermédiaire semblait se produire, comme une conciliation entre deux extrêmes trop absolus; c'est que les universaux ne sont rien par eux-mêmes, ils sont quelque chose d'idéal, mais par la pensée ils deviennent quelque chose de réel; ils sont une déduction, une création de l'esprit, mais néanmoins une réalité, parce que l'abstraction ne peut se concevoir sans un point d'attache dans les choses. C'est ce qu'on appelle le conceptualisme, opinion qui a fini par prévaloir, après que le réalisme, longtemps vainqueur, eut été vaincu à son tour par le nominalisme, depuis Occam et la fin de la scolastique. Persécutés par l'Église, parce qu'ils représentaient la libre pensée, les nominaux devinrent persécuteurs à leur tour, et la mort de Huss à Constance ne fut pas seulement une vengeance de l'Église, ce fut aussi la revanche du nominalisme contre le réalisme.
NOMINATION des évêques. Elle dépendait des rois, déjà sous les Mérovingiens, à cause de l'importance civile qui se rattachait à cette charge ecclésiastique. Sous les Carlovingiens et sous les premiers emp. allemands, il y avait là un droit incontesté. Le concordat de Worms 1122, pendant la querelle des Investitures, donna ce droit aux chapitres. Mais à la suite de diverses négociations et concordats, les princes cathol. réussirent à recouvrer une partie de leurs droits, la France à plusieurs reprises depuis 1516, notamment en 1817, l'Espagne depuis 1753, la Bavière depuis 1817, l'Autriche depuis 1855. Les princes protestants n'ont que la faculté assez restreinte de diriger les choix sur une Persona grata. L'élection est d'ailleurs toujours subordonnée aux conditions canoniques exigées du titulaire; si elles sont remplies le pape donne l'institution, ou la confirmation, à l'évêque élu par le chapitre.
NOMOCANONS, mot grec qui signifie: Lois et règlements. On connaît sous ce titre, dans l'Égl. orientale, 4 Recueils ou collections, où se trouvent réunis, à côté des canons ecclésiastiques, d'autres décrets, arrêtés ou ordonnances d'ordre purement temporel. 1° Celui qui est attribué, à tort, à Jean Scolastique d'Antioche; patr. de Constantinople, f 565. Il renferme les 85 canons apostoliques, les décrets de 8 ou 10 conciles, 68 canons tirés des lettres de Basile, et un certain nombre d'ordonnances impériales sur des matières ecclésiastiques, — 2° Celui de Photius, publié 883, se divise en deux parties: a. le Nomocanon proprement dit, en 14 chapitres; b. le Syntagma canonum, décrets de con -ciles, sentences des pères, etc. Ce n'est autre chose que la reproduction continuée d'un nom. déjà approuvé par le conc. de Trull 692, et dont l'auteur est inconnu. Jean Zonaras vers 1120, et Balsa mon vers 1170, ont complété et commenté ce travail. — 3° Le Syntagma de Matthieu Blastarès, très répandu vers 1335; il contient sous 303 titres les lois et canons rangés alphabétiquement d'après le mot principal du sujet qu'ils traitent. — 4° Un nom. de 1561, du notaire Manuel Malaxus, de Thèbes.
NOMPAR de Caumont, v. La Force.
NONCES, v. Légats.
NON-CONFORMISTES, désignation qui s'applique d'une manière générale en Angleterre à toutes les églises, sectes ou congrégations séparées de l'Église établie, aux baptistes, aux wes-leyens, etc. Elle est à peu près synonyme de dissidents. Cependant à certaines époques ce mot a eu un sens plus restreint et a servi à désigner une opposition à l'Égl. officielle sur un point spécial de sa doctrine ou de sa discipline. Ainsi en 4566, sous Élisabeth, quand l'archev. M. Parker voulut imposer aux ministres un costume particulier. Ainsi surtout en 1662, lorsqu'il s'agit d'imposer à tous les pasteurs l'Acte d'uniformité et de leur faire signer à bref délai, sans presque leur donner le temps d'en prendre connaissance, t une adhésion pleine et sans réserve à tout ce que contient le Common Frayer Book, * sous peine d'être immédiatement chassés de leurs paroisses et privés de leurs traitements. Déjà l'année précédente un acte du même genre avait déclaré déchus de leurs fonctions civiles tous les citoyens qui ne communieraient pas dans l'Égl. anglicane. Près de deux mille pasteurs refusèrent leur adhésion, et de nombreux fidèles les suivirent. En 1665 l'Acte d'Oxford, pour remédier à la dissidence, interdit les réunions particulières et relégua les pasteurs non-conformistes à une distance d'au moins cinq milles de leurs paroisses et de toute ville envoyant un député au parlement; il leur interdisait en même temps d'ouvrir des écoles et même d'enseigner. On parle de 8,000 personnes qui seraient mortes en prison sous Charles II, et de 60,000 qui auraient été les victimes à divers degrés de cette intolérance. Sous Guillaume III, 1689, la tolérance leur fut accordée, mais ce n'est qu'en 1829 que tous les droits civils leur furent rendus.
NONNE, mot d'origine inconnue, dérivé probablement du copte, avec le sens de consacré. On le trouve déjà chez Jérôme au masculin et au féminin, et il est très commun au moyen âge; parfois même c'est un titre d'honneur donné aux chefs d'un couvent, ou par les jeunes moines aux moines plus âgés. Il ne se dit plus guère aujourd'hui que des religieuses, et non sans une légère nuance d'ironie.
NORBERT, né vers 1080-90 à Santen, duché de Clèves, d'une famille noble, possédait un canonicat dans sa ville natale. Reçu familièrement à la cour d'Henri V, il l'accompagna en Italie. Sa jeunesse fut très dissipée, mais ayant eu un cheval foudroyé sous lui à la chasse, il rentra dans la réalité de la vie, se convertit, renonça à ses riches bénéfices, se retira dans le couvent de Saint-Siegbert, près Cologne, et ne revint à Santen qu'après avoir reçu la prêtrise 1116. Il espérait réformer un clergé trop mondain et agir sur la population; mais il dut comparaître devant le synode de Fritzlar 1118, accusé d'avoir prêché sans autorisation et d'avoir excité le peuple. Il fut acquitté, mais ne se souciant pas de s'exposer à de nouvelles poursuites, il partit pour le Languedoc où le pape Gélase II, alors en exil, lui donna le droit de prêcher et de confesser. Calixte U à Reims 1119, lui renouvela cette autorisation. N'ayant pas réussi à réformer le clergé de Saint-Martin à Laon, il fonda dans le voisinage un couvent et un ordre dans un pré que Dieu lui avait montré en vision, 1120. et qui reçut de là le nom de Prémontré. Cet ordre avait pour but la réforme des chanoines réguliers de Saint-Augustin; il fut confirmé par Honorius II, 1126, et devint très florissant. Laissant sou abbaye aux soins de son ami Hugo des Fossés, il partit pour l'Allemagne. A Spire il prêcha devant Lo-thaire II, qui le nomma archev. de Magdebourç 1126. Ses efforts pour ramener les chanoines à une vie plus régulière, amenèrent divers soulè* vements, mirent parfois sa vie en danger et l'obligèrent à chercher son salut dans la fuite. Pour s'assurer des alliés il introduisit son ordre dans le diocèse et chez les Vendes. Envoyé par l'empereur au conc. de Reims 1131, il contribua puissamment à faire reconnaître Innocent II contre son rival Anaclet II. Nommé archichan-celier pour l'Italie, il accompagna l'emp. à Rome 1132; le pape à cette occasion lui donna plein? autorité sur tous les év. de Poméranie et de Pologne 1133 et confirma de nouveau l'ordre des prémontrés. Aussitôt après son retour en Allemagne, il f 1134. Canonisé par Grégoire XV, 1582. Ses restes, déposés à Magdebourg, furenl transportés à Prague 1626. Abélard avait soumis ses miracles et toute son activité à une sévère critique.
NORFOLK, une des plus anciennes familles d'Angleterre, descendant des Plantagenet par le 2me fils d'Édouard 1er. Elle a donné à son pays quelques hommes distingués sous divers rapports !<> Roger Bigod, comte de N.. qui assista 1245 au conc. de Lyon, où il défendit les droits de l'Angl. contre les prétentions des papes; il fut un de ceux qui obligèrent Édouard III à signer la Grande Charte, f 1270. — Son neveu, de même nom, aussi maréchal d'Anal-fut en lutte avec Édouard HL obtint de lui la Confirmation des Chartes. — 3° Thomas Howard, 3«« duc, de la nouvelle maison de Norfolk (les 2 familles s'étant alliées au commencement du 15®e siècle). Né 1474, grand amiral après l'expédition de Guyenne, vainqueur de l'Écosse 1513, il réprima la rébellion de l'Irlande, et fut nommé grand chancelier 1324. Favori de Henri VIII, il devint tout puissant après la chute du cardinal Wolsey 1529. Ardent catholique, il fit tout pour empêcher la rupture de l'Angl. avec Rome, ce qui ne l'empêcha pas de favoriser le mariage de sa nièce Anne de Bo-leyn avec Henri VIII. Quand il vit qu'elle peo-chait vers la Réforme, il travailla à sa perte et vota sa mort. Il donna au roi une seconde de ses nièces, Catherine Howard, et grâce à ce nouveau mariage, grâce surtout aux 6 articles de foi, appelés les articles de sang, il put organiser contre les protestants une furieuse persécution. Catherine à son tour fut exécutée 1542, mais cela n'ôta rien au crédit du favori. C'est seulement plus tard, en 1546, que le monarque soupçonneux, jaloux, et craignant une trahison de la part du chef trop puissant du parti catholique, le fit jeter en prison avec son fils et les fit condamner à mort sous prétexte de haute trahison. Le fils, comte de Surrey, eut la tête tranchée; la mort du roi 1547 sauva seule le vieux chancelier, mais il resta en prison à la Tour pendant tout le règne d'Édouard VI, 1547-1553, et n'en sortit qu'à l'avènement de Marie-la-Sanglante; il recouvra toute son influence, travailla activement à la marier avec Philippe d'Espagne, renouvela le régime des persécutions, et f 1554. Un des derniers ducs de Norfolk a embrassé le protestantisme, pour protester contre ce que les Anglais ont appelé l'aggression papale, c.-à-d. la prétention du pape de diviser l'Angleterre en diocèses catholiques.
NORMANDS, ou Northmans, (c.-à-d. les hommes du nord). Ce fut longtemps, sans distinction de race, le nom, ou plutôt la qualification de tous les peuples riverains de lap mer du Nord, danois, norwégiens, suédois, jutes, frisons, saxons même, qui ne vivaient que de pillage et n'étaient connus que par leurs pirateries. Dès le 5®® siècle les Saxons ravageaient la Britannie et la Gaule romaine. L'Heptarchie en Angleterre 451-584 ne fut qu'une invasion de Normands. Vers 625 ils forment de petits royaumes en Irlande. Charlemagne les paralyse en fortifiant l'entrée des rivières. Mais aussitôt après sa mort ils relèvent la tête et de 820 à 911 ils dévastent et rançonnent les côtes de France, et poussent même jusqu'en Espagne, formant ci et là tantôt de simples stations, tantôt de véritables établissements. Le plus considérable fut celui que Rollo (Robert) obtint de Charles-le-Simple, 912. Charles lui donna, avec la main de sa fille Giselle, une partie de la Neus-trie, la côte nord de la France avec Rouen pour ^pitale, à condition que lui et ses hommes se convertiraient au christianisme et reconnaîtraient sa suzeraineté. Ce fut le commencement du duché de Normandie. Ils se convertirent en e®st, et si bien que malgré de nouvelles émigrations de païens, il ne fut jamais question d un retour au paganisme. En 921 même cession de la Bretagne et aux mêmes conditions. En Angleterre ce furent surtout les Saxons et les «mois qui se signalèrent par leurs invasions et
ÏÏT i8*^- Alfred> Par l* Paix de 873> h™ ai Northum*>erland, I* Mercie et l'Ost-5*gUe> condition qu'ils se fissent baptiser; hliL qu on d'OTdiaaî™ remonter l'éta-uasement du christianisme dans le pays, mais il n'y devint réellement la religion nationale que sous les rois danois Svent et Canut, vers 1016. La conquête de l'Angl. par Guillaume de Normandie 1066, eut pour résultat de remplacer dans l'Église la forme anglo-saxonne par le système romain. Une troisième conquête des Normands en Europe fut la conquête de la basse Italie et de la Sicile, où ils fondèrent au 13*® siècle, sous Robert Guiscard, le royaume des Deux-Siciles. Les papes favorisèrent les conquérants et leur donnèrent de nouveaux domaines, moyennant un tribut annuel et l'engagement de leur venir en aide en cas de besoin; ce fut pour eux une force considérable dans leurs luttes avec les empereurs.
NORWÈGE. D'après Adam de Brème, qui donne à ce pays le nom de Nordmannie, le christianisme y aurait été apporté déjà vers la fin du 6»® siècle par des missionnaires venus d'Écosse, mais il n'y laissa pas de traces. Ni Anschar, ni Rimbert ne poursuivirent l'œuvre commencée, quoiqu'ils se soient occupés du Danemark et de la Suède. Ce n'est guère qu'à la fin du 9m® siècle que des efforts suivis semblent indiquer une ère nouvelle pour ces populations encore très attachées à leurs dieux, et ce sont les rois, plus que le peuple lui-même, qui montrent un penchant décidé pour le Dieu invisible. Harald Haarfager le premier se prononce pour la foi chrétienne 903, mais en conservant quelques apparences du vieux culte pour ne pas heurter ses sujets. Son second fils Hakon, élevé en Angleterre et chrétien, lui succède à l'âge de 16 ans, 938; il fait venir des ecclésiastiques, bâtit des temples, et annonce son intention d'introduire dans son royaume la religion chrétienne; mais il rencontre une opposition formidable qui l'oblige à sacrifier aux dieux, à célébrer la Juul (la mère-nuit, la noël des païens) et à manger du cheval. Ces concessions, dont il se repentit amèrement toute sa vie, ne lui servirent de rien. Il fut tué 963 dans un combat contre ses neveux, fils de son fr. Érich, dont l'aîné Harald Grafeld, monta sur le trône et régna 963-977. Celui-ci voulut aussi protéger le christianisme, et il fut tué dans un soulèvement provoqué par ses nobles. Hakon-Jarl lui succéda; c'était un ancien baptisé qui avait renié sa foi et qui persécuta cruellement les chrétiens, sans cependant réussir à les détruire tous. Il fut tué 995. Enfin parut Olaf Trygveson q. v., puis après quelques années Olaff II, dit le Saint, 1019-1033, et Magnus son fils, dit le Bon, 1038-1047, qui introduisirent définitivement le christianisme dans le pays, autant par leurs vertus et leurs convictions que par leur autorité souveraine. Quoique l'Égl. relevât de l'archevôché de Hambourg, Olaff faisait venir presque tous ses prêtres d'Angleterre, ce qui fit que de longtemps la discipline romaine y ftit inconnue; les dîmes ne furent introduites qu'au 12®« siècle, le célibat des prêtres au milieu du 13®*, et il ne fut pas question d'une juridiction et de tribunaux ecclésiastiques. Jusqu'à la fin du il** siècle les évêques ne furent que des missionnaires sans diocèses déterminés, relevant depuis 1104 de l'archev. de Lund. C'est peu à peu seulement, vers 1152 et sous la direction du pape que de véritables diocèses se constituèrent, calqués sur les arrondissements politiques, à Bergen, Hammer et Havanger, sous l'archevêché de Nidaros. Dès lors la puissance du clergé s'accrut rapidement, au point que non seulement les rois n'avaient rien à dire dans le choix des évêques, mais que c'étaient au contraire les évêques qui avaient voix prépondérante pour l'élection d'un roi, quand il n'y avait pas d'héritier direct. Il fallut l'énergie de Magnus Lagabâtter, 1277, pour refouler ces empiétements du clergé que des rois trop faibles avaient autorisés. Si les chapitres élisaient les évêques sans contrôle, ceux-ci à leur tour nommaient qui ils voulaient aux places et bénéfices ecclésiastiques. On a peu de détails sur l'établissement de la Réforme en Norwège. On parle seulement d'un moine Antoine, qui prêcha l'Évangile à Bergen. C'est du Danemark que vint le mouvement, et le clergé s'y rangea sans trop de résistance; plusieurs ecclésiastiques cependant résignèrent leurs charges et il y eut un moment disette de prêtres. La diète de Oldesloë 1548 eut à intervenir pour empêcher le pillage des monastères et autres biens d'église. Le dernier archev. de Drontheim fut Torban Olafson qui, nommé eu 1542, fut chargé en 1546 de veiller à la nouvelle organisation ecclésiastique; il s'en acquitta avec autant de tact que de zèle, mais non sans rencontrer chez le peuple quelque résistance. La constitution de l'Église est toute civile; c'est le roi qui en est le chef, ou plutôt la diète; les pasteurs remplissent souvent des fonctions administratives. Le surintendant général a le titre d'évéque. Jusqu'en 1844 la religion luthérienne était seule tolérée; dès lors une plus grande liberté fut proclamée; des lecteurs de la Bible, des évangélistes, des pasteurs de diverses dénominations, wesleyens, baptistes, catholiques, en ont profité, et l'Égl. officielle elle-même, stimulée par la concurrence, s'est réveillée et à recommencé une vie nouvelle, non sans opposition d'un parti de la haute Église.
NOTBURGA, ou Notpurgis, née 1265 à Rot-tenburg sur l'Inn, Tyrol, entra comme cuisinière au service du comte Henri de R., mais sa bonté et sa piété lui attirèrent la haine de sa niaîtresse, qui la renvoya. Elle prit alors une place chez un paysan; comme elle refusait de travailler le dimanche, pour ne pas perdre la faveur de ses nouveaux maîtres par ce refus, elle eut l'idée de suspendre sa faucille en l'air comme si elle était retenue par un clou. Ce miracle suffit naturellement à calmer les paysans. Plus tard elle assista son ancienne maîtresse sur son lit de mort, et elle continua de demeurer dans la maison du comte comme servante et amie, f 4313. Canonisée comme patronne des laboureurs et des bergers, avec une faucille pour emblème. Son corps magnifiquement habillé est dans l'église d'Ében, sur le maître-autel.
NOTKER lo Balbulus, ou le Bègue, né entre 830 et 840 à Heiligau au nord de la Suisse, fut donné tout jeune au couvent de Saint-Gall, et sous les soins d'Iso il finit par devenir le directeur de l'école, f 912. Célèbre par sa piété, il fut canonisé par Jules II, 1513. On lui doit quelques Explic. des saintes Écritures, un Martyrologe , beaucoup d'améliorations dans le chant grégorien, l'idée des séquences, et un certain nombre d'hymnes et cantiques, entre autres le: Media vitd in morte sumus, trad. par Luther. — 2o N. aux grosses lèvres (Labeo) ou N. le Teutonique, f *022, maître à l'école de Saint-Gall, a traduit en vieux allemand Job (auj. perdu), les Psaumes, et plusieurs antres fragments de l'A. et du N. T. — 3o N. le physicien. abbé de Saint-Gall, disciple de Norbert, connu par la rigueur de sa discipline, qui Pavait fait surnommer Grain de poivre. — 4o de Liège, 972-1008. après avoir rempli des fonctions diplomatiques en Italie, et une charge importante à Saint-Gall, fut appelé à l'enseignement dans l'école de Liège et y attira de nombreux élèves. Auteur d'une Vie de Landoald, et peut-être de Rémacle.
NOTRE-DAME, surnom donné par les catholiques à la vierge Marie: puis par extension, nom de beaucoup d'églises et de cathédrales placées sous son vocable. Presque touj. un autre nom s'ajoute au premier pour le déterminer, ainsi N. D. des Ermites, de Liesse, de Lo-rette etc.
NOURRY (Nicolas Le), né à Dieppe 1647, entra 1665 dans l'ordre des maarins, f 1724. Connu surtout par son Apparatu* ad Biblioth. patrum max., étude sur les pères et les écrivains des 4 premiers siècles. Il a travaillé aussi à une édition des œuvres d'Ambroise, et a réimprimé De mortibus persecutorum, qu'il estime n'être pas de Lactance.
NOUVEL AN. La coutume romaine de faire commencer l'année au 1er janvier, ne s'est introduite que peu à peu dans l'Église, et n'a été généralement adoptée qu'au 16®»* siècle. Sa so-lennisation dans les premiers temps consistait moins en une féte proprement dite qu'en un jour " de prière, de repentance et d'humiliation, pu-opposition aux divertissements païens, comme on le voit par les sermons d'Augustin: De ca-lendis januanis contra paganos. Une fois la fête de Noël fixée au 23 déc. le l«r janv. se trouva naturellement en être l'octave et par conséquent le jour de la Circoncision; ce qui explique pourquoi la liturgie cathol. de ce jour ne renferme pas d'allusion au changement de l'année, tandis que dans les égl. protestantes c'est plutôt la fuite du temps, la brièveté de la vie, qui fait le principal objet des lectures, des prières et des méditations. C'est dans le même esprit que beaucoup d'égl. chrétiennes ont également établi, le soir de la Saint-Sylvestre, un service de Un d'année qui se prolonge chez plusieurs jusqu'après minuit, faisant un heureux contraste avec les dissipations nocturnes de ceux qui cherchent à s'élourdir à la même heure pour oublier les appels que leur adressent la fin d'une année et le mystère qui règne sur l'année nouvelle.
NOVALIS, pseudonyme du comte Fréd. de Hardenberg, né dans le comté de Mansfeld, Saxe, 2 mai 1772, d'une bonne famille de hern-houtes, f 25 mars 1801. Il étudia d'abord chez un oncle à Brunswick, puis à Eisleben, Iéna, Leipzig, Wittenberg, le droit, les mathématiques, les sciences physiques, la philos, et surtout la poésie. Riche, et très lié avec les deux Schlegel, avec Tieck et avec les meilleurs littérateurs de l'Allemagne, il appartenait à l'école romantique, mais avec un sentiment religieux el moral plus pur, qu'avaient encore développé une grave maladie qu'il fit dans sa 9me année, et la mort prématurée de sa fiancée Sophie de Kuhn. Il occupait un emploi aux salines de Weissenfels et venait d'obtenir un bel avancement, quand la mort le frappa prématurément dans la maison paternelle. Ses écrits portent l'empreinte de son caractère, à la fois poétique, philos, et religieux; le rationalisme lui était antipathique sous toutes ses formes. Ses œuvres* impr. Berlin 1816, renferment outre ses (Cantiques spirituels et ses Hymnes à la Nuit, un roman intitulé les Disciples de Zaïs, et un autre inachevé: Henri d'Opferdingen. Ses admirables cantiques, d'une grande élévation, ont parfois une tendance panthéiste en contradiction avec le caractère évangélique et mystique du plus grand nombre.
NOVAT, ou Novatus, diacre de l'égl. deCar-Ihage, représentait contre Cyprien, à l'époque des persécutions de Décius, le parti de la modération et même d'un certain relâchement envers ceux qui avaient renié la foi; il prétendait qu'en leur refusant l'absolution on les rejetait dans l'idolâtrie. Il avait en outre consacré un diacre, Félicissimus, ce que Cyprien regarda comme une atteinte à ses droits. Cité devant le synode 2i9 et condamné, il s'enfuit à Rome 251 où, fidèle à ses habitudes d'opposition, à la fois remuant et violent, il prit le parti de la discipline et de la rigueur contre Corneille qui prêchait l'indulgence. Il s'unit à Novatien, et avec l'appui de quelques mécontents, réussit à le faire nommer pape en concurrence avec Corneille. Il partageait les idées montanistes.
NOVATIEN, païen d'origine, homme de science et d'érudition, philos, distingué, moraliste sévère, stoïcien rigide. Après un très grand travail d'âme il fut baptisé pendant une grave maladie dans laquelle il trouva la paix par la foi en Jésus-Christ. Cette circonstance devait l'éloigner à touj. de l'état ecclésiastique, mais comme c'était un homme très distingué, Fabien crut pouvoir faire une exception en sa faveur. La discussion sur la conduite à tenir envers les lapsi (tombés), était alors dans tôute sa force. Novatien s'était prononcé dans le sens de la rigueur. Pendant les 16 mois de la vacance épiscopale survenue après la mort de Fabien, No-vat était venu de Carthage à Rome, et quand on put de nouveau procéder à l'élection d'un évêque, il y eut division dansl'Église. Corneille fut nommé, mais le parti opposé, poussé par Novat, lui opposa Novatien, qui se laissa élire et qui fut consacré par 3 év. d'Italie, vers 231. Il soutenait que ceux qui avaient sacrifié aux idoles, ou péché gravement, ne pouvaient plus jamais être réintégrés dans l'Église, ni reçus à la sainte Cène. Tout ce qu'on pouvait faire était de les exhorter au repentir et, dans ce cas, de leur laisser l'espérance que Dieu leur pardonnerait. Les partisans de Novatien firent un pas de plus el déclarèrent impurs et souillés tous ceux qui entretiendraient la communion avec les tombés. Ils s'appelèrent eux-mêmes les purs (catharoï), déclarèrent déchues toutes les autres églises et rebaptisèrent ceux qui venaient à eux, n'admettant pas comme valable le baptême de l'Égl. catholique. Grâce à son apparence de sainte fidélité ce parti recruta un grand nombre d'adhérents, le schisme s'étendit, il se forma des égl. novatiennes dans presque toutes les parties de l'empire. Le conc. de Nicée et Constantin les ménagèrent. Toutefois Novatien n'eut pas de successeur dans ses prétentions pontificales.
NOVICIAT, temps d'épreuve imposé à ceux et à celles qui désirent entrer dans un ordre religieux, pour qu'ils apprennent à connaître leurs futures obligations, qu'ils s'habituent à cette nouvelle vie, qu'ils s'instruisent des divers services liturgiques qu'ils auront à remplir, et qu'ils puissent réfléchir avant de s'engager définitivement. Pendant leur noviciat ils restent toujours libres et l'ordre n'a aucun droit sur leurs biens. Le noviciat dure en général un an, deux chez les jésuites, quelquefois Irois, et ne peut être abrégé que dans des cas exceptionnels. Il aboutit soit à une profession expresse, soit à une profession tacite. Tertullien et Cy-prien parlent de vierges (et de veuves) qui, faisant vœu de virginité, restaient cependant dans les conditions ordinaires de la vie sans entrer dans un couvent; elles avaient aussi un noviciat à subir, ce qui était d'autant plus nécessaire que leurs parents les vouaient quelquefois au célibat avant qu'elles eussent conscience de leurs actes. Mais le vrai noviciat n'était guère possible qu'avec la vie cloîtrée. Le fait que des parents vouaient quelquefois à un ordre religieux des enfants mineurs, a souvent préoccupé les conciles; le second de Trull exigeait que le ou la novice eût au moins 10 ans; Basile en demandait 16; Grégoire-le-Grand 18, celui d'Arles 25, celui d'Agde 40 pour les religieuses. Justinien avait fixé la durée du noviciat à 3 ans; les garçons pouvaient le commencer à 14 ans, les filles à 12, malgré l'opposition de leurs parents.
NOYON, vieil évêché connu par les souvenirs de Médard et jl'Éloi, et comme patrie de Calvin. On y montre encore, transformée en auberge, la maison du réformateur; mais outre que la maison ancienne n'existe plus, il n'est pas même prouvé que l'emplacement actuel soit authentique.
NUENAR (de), noble famille des bords du Rhin, auj. éteinte, qui a donné à la Réforme plusieurs personnages distingués, entre autres Hermann, f 1531, humaniste, l'adversaire de Hoogstraten et le partisan de Reuchlin; il seconda l'archev. Hermann V de Cologne dans sa tentative de réformation. Le fils de son fr. Guillaume, 1515 f 1579, introduisit la Réforme à Meurs et fit nommer Guebhardt. Son beau-fr. Adolphe de N. + 1589, gouverneur de Guel-dre, fit prêcher l'Évangile dans son palais de Mechtern, et décida ainsi la formation d'une égl. évangêlique à Cologne.
NUNEZ, Hernando, savant distingué, prédicateur et prof, à l'univ. de Salamanque; auteur d'une collection de Proverbes, dont quelques-uns très sévères pour le clergé.
NUREMBERG, l'ancien Castrum Noricum de Conrad I®r 912, apparaît pour la première fois en 1050 sous le nom de Norimberga, et devint ville impériale du cercle de Franconie. Longtemps célèbre par son commerce, elle le fut aussi comme centre d'une grande culture artistique et littéraire. Albert Durer, Hans Sachs, Veit FIoss, Pirkheimer l'ont illustrée. Elle était prête pour la Réformation, qui y pénétra déjà en 1520 sous Venator. En 1523 la Cène y était distribuée sous les deux espèces; en 1524 on comptait 3000 communiants, et le conseil de la ville se rangeait autour de la Parole de Dieu en dépit de Ferdinand. En 1530 la ville signait la Conf. d'Augsbourg. Osiander et Veit Dietrich (1546-1549) contribuèrent surtout à fortifier et à diriger ce mouvement. C'est à Nuremberg que les évangéliques se réunirent après la diète de Spire 1529, pour envoyer des délégués à lem-pereur. Le Catéchisme dit de Nuremberg, composé par André Althamer (Brenz f 1564), diacre à Saint-Sébald, parut en 1528 et se répandit rapidement; il fut trad. en anglais presque textuellement par ordre de l'archev. Cranmer 1548, et resta en usage jusqu'en 1552; il fut alors remplacé par celui de l'év. Poinet. Le 30 mars 1573 le conseil de la ville accepta comme livres liturgiques, sans exclure d'aulres bons livres, mais en les subordonnant aux enseignements de l'Écriture, douze ouvrages choisis par l'assemblée des pasteurs de Nuremberg et du Brandebourg, entre autres les trois premiers symboles, les catéchismes de Luther, la Conf. d'Augsbourg, les articles de Smalcalde, les Lieux communs de Mélanchthon, etc. Trois diètes intéressant la Réforme furent tenues dans cette ville: lo En 1522, après s'être occupée de la guerre contre les Turcs, la diète aborda le 13 déc. la question religieuse. Le légat Fr. Chiere-gati demandait simplement, en vertu de l edit de Worms 1521, la suppression de l'hérésie luthérienne à Nuremberg, mais il fut amené peu à peu à reconnaître aussi les fautes de son Église, et à promettre une réforme par le pape. Les États lui opposèrent 81 griefs, et dans la séance de clôture, 6 mars 1523, ils retirèrent en réalité l'édit de Worms, tout en interdisant à Luther et à ses amis de rien publier sur la question jusqu'à ce qu'elle fût réglée; les évangéliques protestèrent contre cette clause, qui resta lettre morte. Les États ajoutèrent que si Rome ne tenait pas compte de leurs griefs ils aviseraient à ce qu'ils auraient à faire. Chiere-gati découragé avait déjà quitté Nuremberg 28 février; on lui envoya copie de ces résolutions. L'échec était complet; Adrien VI en mourut de chagrin. — 2<> Diète convoquée pour le 11 nov. 1523, réunie seulement le 14 janv. 1524, en présence du légat Campeggio. Elle maintient le décret de Maximilien 1er de 1500 qui crée on tribunal indépendant de l'empereur, chargé spécialement de veiller à la paix publique et a l'administration* de la justice, décret déjà renforcé en 1521 par Charles-Quint en vue de ceux « qui attaquent la foi chrétienne. » Cette décision est prise contre les évangéliques. Une partie de la diète se transporte à Esslingen, se réorganise et demande la convocation d'un concile, en même temps que le maintien de l'édit de Worow. Luther d'un côté, Clement VII de l'autre, sont également mécontents. — 3* La diète du 31 janv. 1543 creuse encore plus l'abîme qui separe les cathol. des protestants, ces derniers refusant de combattre les Turcs et de s'associer à la demande d'un concile, jusqu'à ce que la paix religieuse de 1532 soit consacrée et que le tribunal ecclésiastique soit réformé en ce qui les concerne. Ils quittent la diète, dont les arrêts sont dès lors invalidés et de nul effet. Ulrich de Wurtemberg essaie, mais sans y réussir, de former une alliance avec la Saxe, la Bavière et la Hesse. — La Paix de Nuremberg, conclue le 2:i juillet 1532, et sanctionnée le 2 août à Ratisbonne par l'empereur qui présidait (ce qui la fait appeler aussi quelquefois Paix de Ratisbonne) conserve aux protestants le libre exercice de leur religion, avec la jouissance de leur juridiction et de leurs biens ecclésiastiques, contrairement aux stipulations de la diète d'Augsbourg qui les sommait sous des peines sévères, de se soumettre avant le 15 avril 1531, à la suite de la ligue de Smalcalde. Par cette paix les deux parties déclarent renoncer à l'emploi des moyens violents, jusqu'à la réunion d'un concile qui devra avoir lieu dans l'année ou jusqu'à une nouvelle diète. Les décisions de Worms, Spire, Nuremberg et Augsbourg sont ainsi provisoirement suspendues, à l'avantage des protestants. Cependant pour Philippe de Hesse, et même pour Luther, ce n'est encore qu'une paix trompeuse, et les alliés de Smalcalde protestent en 1537 contre tout concile qui serait convoqué par le pape, ou placé directement sous son autorité.
NYNIAS, v. Ninian.
NYSSE, ville de Cappadoce, sur l'Halys, célèbre surtout par l'èpiscopat de Grégoire, q. v.