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LABADIE, Jean (de), né 13 févr. 1610 à Bourg-en-Guyenne, entra chez les jésuites à Bordeaux, à 15 ans, après la mort de son père et malgré sa mère. 11 s'y distingua par son application, son zèle et sa piété; il étudia la philos, et la théol., surtout saint Augustin et saint Bernard. Mais à la longue, rebuté par la sécheresse de la scolastique et dégoûté par la vie peu religieuse des jésuites, il résolut de quitter l'ordre 1639 et réussit à recouvrer sa liberté, grâce à une plainte portée par lui au parlement de Bordeaux. Les jésuites ne lui pardonnèrent jamais et ne cessèrent de le poursuivre de leurs calomnies. A Paris il se lia avec les pères de l'Oratoire et les jansénistes. Chanoine à Amiens et protégé par l'évêque 1640, il chercha à réaliser la pensée de sa vie en groupant en un petit troupeau un certain nombre de vrais fidèles, mais ses ennemis y cherchèrent un prétexte à scandale, et il dut se rendre d'abord à Bazas, puis à Toulouse, où l'archev. lui confia la direction d'un couvent de religieuses. Calomnié de nouveau, il se retira chez les carmes de La Gra-ville, sous le nom de Jean de Jésus-Christ, mais la haine de ses persécuteurs l'y suivit, et il finit par aller à Montauban 1650, où il se déclara protestant le 16 octobre. Il y fut nommé pasteur, puis prof, et en 1655 recteur de l'académie. Exilé en 1656 par ordre de la cour, il accepta une place de pasteur à Orange; mais à cause de l'occupation française il dut fuir encore et arriva à Genève, juin 1659. Il y fut pasteur 6 ou 7 ans, se distingua par ses talents de prédicateur, par sa foi vivante, par son attachement à la discipline, et par les assemblées de piété qu'il tenait chez lui. C'était trop de zèle pour le tempérament de la plupart de ses collègues; on le lui fit sentir, on dit aussi que ses sermons étaient trop longs, on lui reprocha des doctrines millénaires, et comme on n'avait aucun grief sérieux à faire valoir, on s'arrangea pour le faire appeler à Middelbourg et pour lui faire accepter cette place, 1666. 11 s'y rendit avec ses jeunes amis Yvon, Du Lignon et Menuret, obtint d'abord de grands succès (entre autres la conversion de la célèbre Anne-Mariede Schtirmann). mais rencontra les mêmes difficultés qu'ailleurs par sa persistance à vouloir réunir les chrétiens en de petits troupeaux; malgré ses explications le synode de Leyde le suspendit 1667. Un accommodement eut lieu en 1668, mais Labadie ayant dénoncé comme soci-nien un livre de Wollzogen, la guerre se ranima et malgré l'appui de sa paroisse il fut déposé^et excommunié par le synode de Dordrecht 1669. Il fonda une égl. indépendante à Veere, l'année suivante à Amsterdam où l'affluence fut énorme, mais où les magistrats ne le laissèrent pas tranquille; ils lui en voulaient surtout de ce qu'il attirait à lui « les meilleurs chrétiens et les âmes les plus pieuses. » La princesse palatine Élisabeth, abbesse d'Hereford, lui fit offrir un asile; il s'y rendit avec un fort noyau de ses adhérents et ils y passèrent 2 ou 3 ans, vivant comme une seule famille, séparés du monde, mais non sans quelques-unes de ces erreurs qui naissent parfois de l'isolement religieux. Il lui était resté, entre autres, de son ancienne éducation catholique des préjugés contre le mariage; il y renonça naturellement, quand lui et Yvon se décidèrent à se marier, mais la tradition en resta chez leurs sectateurs. L'approche des armées françaises l'obligèrent de quitter cet asile, en 1672. Il s'enfuit à Altona où sa communauté fut reçue avec bienveillance; il y f 13 févr. 1674. Parmi les nombreux écrits qu'il a laissés, la plupart dans un but polémique, on remarque le Manuel de piété, trad. par Tersteegen; le Héraut du grand roi Jésus, où il expose ses vues millénaires, l'Exercice prophétique, le Véritable exorcisme, etc.
Les labadistes se maintinrent quelque temps encore après sa mort, au château de Waltha, près de Leeuwarden, où ils atteignirent le chiffre de 500, réalisant la communauté des biens, sous la direction de leurs anciens; mais en pratique ils durent y renoncer, et après la t d'Yvon 1707 ils se dispersèrent peu à peu. En 1732 leur dernier orateur, Conrad Bosmann, quitta aussi la communauté. Leur influence a cependant duré plus longtemps qu'eux-mêmes, en Hollande et dans les provinces rhénanes. Spener leur a rendu un beau témoignage, et si leur mission à Surinam échoua, leur établissement sur l'Hudson fut béni.
LABARUM, le drapeau des armées romaines sous les derniers empereurs, et plus spécialement celui que Constantin fit faire après sa vision, avec la croix et le monogramme de Christ. J.-C., forme qui s'est conservée jusqu'à ce jour dans les drapeaux ecclésiastiques. Le drapeau fixe des palais portait en outre, soit le portrait de Constantin ou de ses fils, soit, d'après Prudence, l'image de Christ. Julien fit enlever I* tout et le remplaça par Mars et Mercure. Par corruption, ou par extension, on donne auj. le nom de labarum aux bannières des églises.
LA BAUME, Pierre (de), 92™ et dernier év de Genève, successeur de Jean de Savoie. H avril 1523. Bienveillant et intelligent, mais amateur du luxe et de la bonne chère, il louvoya pendant les troubles de la république, laissa exécuter Lévrier, faillit compromettre Besançon Hugues, donna la main aux Mameluks et aux Gentishommes de la cuiller, se fit recevoir bourgeois de Genève en 1527 et prit ensuite parti contre les bourgeois, revendiqua ses droits de juridiction en matière ci\ ile, se montra hostile aux réformes projetées, et après un nouveau séjour de deux ans à Genève, prit peur et partit 14 juill. 1533, pour Saint-Claude.
11 ne revint plus, car la Réforme fut proclamé»*
12 août 1535. f 4 mai 1544 dans son prieurt d'Arbois.
LABRADOR. La mission au milieu des Esquimaux de cette contrée a été commencée en 1769 par les fr. moraves, sur un territoire qui leur fut concédé par l'Angleterre; ils possèdent auj. 4 stations principales: Hoffenthal 1782. Naïn 1771, Okkak 1776,Hébron 1830, avecnn total de 1160 membres placés sous la direction des missionnaires et de leurs aides. Un vaisseau spécial fait chaque année, depuis 1769 le service de la mission, pour le ravitaillement en nature et pour les transports de tous genres jugés nécessaires; des dons nombreux leur sont ainsi régulièrement adressés par des amis et des sociétés d'Europe.
LABRE, Benoît-Joseph, né 1748 à Amettf dans l'Artois, f 16 avril 1783 à Rome; il appartenait à une famille moyenne et resta simple laïque; il passa sa vie à visiter les principaux lieux de pèlerinage, mendiant partout, rebuté, misérable et souvent couvert de vermine. Béatifié par Pie IX, il a été canonisé par Léon XIII. Les musulmans ont eu aussi, près d'Alger, un saint de cette espèce, qui répugnait au travail, et que les perdrix nettoyaient de sa vermine pendant qu'il dormait; enterré à Coléah.
LACHAISE, François (de), jésuite, né 1629 au chftteau d'Aix en Forez, Loire, prof, de philos. à Lyon et provincial de son ordre; nommé confesseur de Louis XIV 1675, il sut à force de prudence conserver 32 ans ces fonctions, jusqu'à sa f 1709. Il fut modéré dans les affaires jansénistes et dans les questions des libertés gallicanes; mais on lui doit la révocation de l'Édit de Nantes, le procès contre Molinos et la condamnation de Fénelon. Le roi lui fit cadeau d'une belle maison de campagne, dont l'enclos en 1804 fut converti en un cimetière et porte encore auj. son nom.
LACHMANN, Ch.-Fréd., célèbre critique et philologue, né à Brunswick 4 mars 1793, étudia avec Bunsen 1811 à Gottingue, où il se fixa. Il fit la campagne de 1815 comme volontaire; puis, après un séjour de 9 ans à Kônigs-berg, il vint à Berlin comme professeur 1825. f 13 mars 1851. Il est connu par son édition grecque du N. T., et par ses recherches pour en déterminer, sinon le texte exact, au moins le texte le plus ancien. Pour cela il préférait généralement les mss. orientaux, mais en les contrôlant par leur accord avec les occidentaux. Il a ébranlé la foi au texte reçu, mais malgré l'accueil favorable qu'il a trouvé d'abord, son travail a dû être revisé à son tour par la découverte de nouveaux mss.. tels que celui de Tischen-dorf. Son système critique a été attaqué surtout par Fritsche.
LACORDAIRE, Jean-Baptiste-Henri; né 12 mars 1802 à Recey-sur-Ource, Côte d'Or, il vint à Paris comme avocat et se laissa persuader par LaMennais d'entrer dans l'Église D'abord voltairien, il embrassa avec passion les idées de son maître sur la liberté de l'Église et celle du peuple. Aumônier du collège de Jailly, il ouvrit avec Mon ta lembert, après la révolution de juillet et sans l'autorisation de l'État, un collège libre, et plaida dans l'Avenir la séparation de l'Égl. et de l'État. Son école fut fermée, et le journal condamné par le pape 1832. Il se soumit, et en 1834 il monta dans les chaires de Notre-Dame, pour y défendre avec une brillante éloquence les principes les plus ultramon-tains en religion, les plus radicaux en politique. Lors de son second voyage à Rome 1838, il entra dans l'ordre des dominicains, qu'il espérait pouvoir introduire en France. Elu 1848 à l'Assemblée nationale, il donna bientôt sa démission, ses chefs ayant blâmé sa profession de foi républicaine; il dut abandonner également l'Ère nouvelle qui venait de se fonder. Pendant un an il fut le provincial de son ordre, mais il se remit ensuite à la prédication, au milieu des méfiances inquiètes des autorités relig. et politiques. Depuis 1853 il se renferma dans la direction de son collège de Sorrèze. Membre de de l'Acad. franç. il est reçu le 15 janv. 1861 par M. Guizot; il f 21 nov., la même année. Si ses talents ont jeté du lustre sur l'Église, il ne l'a pas moins servie en cherchant à concilier la religion avec la science et la liberté. Il a publ. une Vie de saint Dominique, un peu légendaire; plus de 73 conférences, à Notre-Dame et ailleurs; Considér. philos, sur le système de La Mennais, et plus. Oraisons funèbres, Ozanarn, Drouot, O'Connel, etc.
LACTANCE, Lucius-Cœlius-Firmianus, surnommé par Jérôme le Cicéron chrétien à cause de la pureté de son style et de l'élégance de son exposition. Né vers 250 en Afrique, ou en Italie, il étudia sous Arnobe, à Sicca en Numidie, et n'embrassa que tard le christianisme. Dioclé-tien ayant lu de lui une poésie religieuse, le Sym-posion, l'envoya vers 290 à Nicomédie, comme prof, d'éloquence; c'est là qu'il fut converti. N'ayant pas beaucoup d'élèves, il se livra à des travaux littéraires, surtout apologétiques. Vers 318 Constantin l'envoya dans les Gaules et lui confia l'éducation de son fils Crispus. + probablement à Trêves vers 325. On a de lui des Institutions divines, en 7 livres, ainsi qu'un ex -trait, ou Épitome, adressé à Pentadius, où il établit que la religion et la philos, étant une seule et même science, le paganisme est condamné de fait, puisqu'il n'a pu résoudre aucun problème, ni arriver à la vérité. Ses autres ouvrages: La Colère de Dieu, L'œuvre de Dieu, ou la Formation de l'homme, ont le même but et sont dirigés, le dernier surtout, contre les épicuriens. On lui attribue aussi un livre: De la mort des persécuteurs, découvert au 17me siècle, racontant les persécutions des chrétiens sous Néron et jusqu'à Maximin, qui est important au point de vue historique. L'idée morale domine dans sa conception du christianisme et dans la manière dont il présente la personne du Sauveur. Ses développements dogmatiques ne sont pas toujours très orthodoxes; Jérôme l a combattu, et un décret du pape Gélase dénonce ses ouvrages comme apocryphes.
LACTICINIA (laitages). L'Égl. cathol. désigne sous ce nom général tous les produits ah -mentaires provenant de mammifères et défendus comme nourriture les jours de jeûne. L'Egl. grecque s'en tient encore en principe aux décisions des conc. de Laodicée 367 et de Trull 692. L'Égl. d'Occident, plus indépendante, tient compte des circonstances, et les mandements des évêques déterminent chaque année les conditions dans lesquelles certaines personnes peuvent s'affranchir des règles du jeûne strict.
LAFORCE, Jacques Nompar de Caumont, (duc de), un des chefs les plus illustres des protestants, né 30 déc. 1558, à l'époque des troubles religieux, était fils de François de Caumont, dont l'origine se perd dans la nuit des temps, « t dont un des ancêtres sous Charles V, avait mérité le titre de Nompar, ou non pareil, à cause de sa valeur. Sa mère s'appelait Philippe de Beaupoil, aussi d'une vieille et noble famille. Le jeune Jacques vit massacrer son père et son frère aîné à la Saint-Barthélémy, et n'échappa lui-même que par miracle; il tomba comme s'il avait été tué et ne se releva que la nuit, pour s'enfuir chez une tante, M «ne de Brisambourg, ou il passa quelques semaines. Il réussit ensuite à se rendre en Périgord, chez son oncle Caumont, au château de Castelnaut, et il y resta 15 mois, instruit dans la crainte de Dieu et la connaissance de la vérité. Placé d'abord par Henri III sous la tutelle du comte de la Vau-guyon, zélé catholique, il épousa fort jeune la fille du maréchal Biron, et se rangea sous la bannière de Henri de Navarre, aussitôt que ce prince se fut mis à la tête des protestants. Il vécut sous sept rois et resta fidèle toute sa vie à son pays et à sa religion. Sa première campagne le mit aux prises avec son beau-père, qu'il força de lever le siège de Marans. Il brilla à la bataille de Coutras et fut nommé gouverneur de la Basse-Guyenne, puis gouverneur de Béarn et vice-roi de Navarre. Il était avec Henri IV lorsque celui-ci fut assassiné; il le reçut dans ses bras et lui dit: Sire, souvenez-vous de Dieu ! Il se joignit aux mécontents à l'avènement de Louis XIII, et fut disgracié, lui et ses enfants; mais le roi ne tarda pas à reconnaître son injustice. Après une guerre oU Laforce tint en échec et fit reculer l'armée du roi, mai? où il perdit son tils, il rentra en grâce et fut nommé maréchal, avec une dotation de 200 mille écus, comme indemnité pour toutes les places et fonctions qui lui avaient été enlevées. En 1625 il intervint à Paris en faveur des protestants, bien que ceux-ci l'eussent abandonné, ou payé d'ingratitude. En 1626 il protegea la Picardie contre l'Espagne et le marquis de Spinola. En 1629 il fut envoyé en Piémont, avec Schomberg et Cré-qui; en 1630 il prit Pignerol et Saluces; en 1634 il bloque Lunéville et Nancy, délivre l'Alsace; occupe Coblence, La Mothe, Bitche; repousse successivement plusieurs armées espagnoles et autrichiennes, et fait prisonnier Collo redo. Sa femme meurt à Metz après 58 ans de mariage; son petit-fils, le baron de Boisse, est tué par trahison pendant qu'il parlemente avec des Lorrains. De retour à Paris à la fin de la campagne, il est reçu avec des applaudissements unanimes; seul de tous les généraux il n'a point éprouvé de revers. En 1636 la guerre ayant recommencé, le roi recommanda au duc d'Orléans et au comte de Soissons d'écouter les conseils de Laforce, mais ils n'en firent pas de cas et ils furent battus. L'opinion publique réclamant une récompense pour celui qui avait rendu à la France tant de services, Laforce fut nommé duc et pair, et sa terre fut érigée en duché, 1637. En 1638 Laforce âgé de 80 ans, fat envoyé avec des troupes peu nombreuses contre l'ennemi qui venait de rouvrir les hostilités; il le mit en déroute; Colloredo fut tué, le comte de Nassau se sauva à pied à travers les marais; 2000 hommes furent tués, 900 chevaux furent capturés. Dès lors Laforce se retira dans son château (détruit en 1793) pour y finir en paix ses jours au sein de sa famille. Il y écrivit ses Mémoires, et f 10 mai 1652, âgé de 93 ans. Le pasteur Sauvage, (ou Du Barthe) qui l'assista à sa dernière heure, rend un touchant témoignage de sa sérénité et de sa foi. Il avait eu plusieurs enfants, entre autres une fille, comtesse d'Orval, et quatre fils, le marquis de Montpouillan, tué à Sainte-Foy; Jacques, sieur de Masgésir, tué à Juliers 1610; Pierre, baron d'Eymet, et Armand de Castelnaut, qui fut maréchal de France après son père et + 1675 à près de 90 ans. Leurs Mémoires ont été publiés en 1843 par le marquis De la Grange. — Charlotte-Rose de Caumont Laforce, née 1650 f 1724 a publié des poésies et des romans historiques.
— Le bourg de Laforce, autrefois plus considérable, ne compte guère auj. qu'on millier d'habitants. La place du vieux château se voit encore, mais il n'en reste que quelques pans de murs. Les établissements de philanthropie chré-tienne au nombre de neuf, que M. le pasteur John Bost y a fondés, pour soulager les misères de toutes sortes, sont soutenus par la charité protestante et ont été appréciés même en dehors de l'Église, par l'Acad. française et par le gouvernement. Ils ont été reconnus en 1877 d'utilité publique.
LAINEZ, ou Laynez, Jacques, un des premiers associés d'Ignace de Loyola, et le second général de l'ordre. Né 1512 à Almançario, Cas-tille. il s'attacha à Loyola lors de son séjour à Paris 1534, l'accompagna 1537 en Italie, fut pendant quelques années prof, d'exégèse au collège de la Sapienza, et travailla dans la Haute-Italie dans l'intérêt de l'ordre naissant, prêchant et fondant des collèges. H refusa un évéché et le cardinalat, Son éloquence, ses talents et son habileté lui donnèrent une influence prépondérante au conc. de Trente, où il défendit l'absolutisme du pape. Il avait assisté au colloque de Poissy. Il assista également à la diète d'Augs-bourg 1555. Après la mort de Loyola il fut chargé de l'intérim, et en 1558 il fat élu général. C'est comme tel qu'il compléta et fixa l'organisation de l'ordre et qu'il en publia les Constitutions et Déclarations rédigées par lui. f 1565. Vie par Ribadenaira.
LAÏQUE, du grec Laos, peuple; mot dont on se sert dans le langage catholique pour désigner toutes les personnes qui n'appartiennent pas au clergé. Précédemment même on comptait les moines parmi les laïques; maintenant, et à cause de leurs vœux, ils sont rangés parmi les gens d'église. D après le sens étymologique du mot tous les hommes sont laïques, parce qu'ils sont le peuple, et tous les croyants sont ecclésiastiques, parce qu'ils forment l'Église. L'usage a introduit une distinction artificielle, qui serait aussi naturelle qu'innocente si elle se bornait à constater un fait, mais qui est devenue fâcheuse parce qu'elle semble consacrer une injuste inégalité de droits et de mérites, les laïques étant destinés à être régis par les ecclés., sans avoir aucune part au gouvernement de l'Église. Le retranchement de la coupe a été au moyen âge le symbole extérieur de cette infériorité des laïques. Dans les égl. protestantes la différence est loin d'être aussi tranchée; le terme d'ecclésiastiqne désigne plutôt un office et des fonctions, mais les laïques concourent sous les divers noms d'anciens, de diacres, de lecteurs, d'évangélistes, etc., à l'administration et à l'édification de l'église. Il y a toujours eu cependant chez quelques-uns une tendance à relever le caractère sacerdotal du pasteur au détriment de l'idée réformée de la sacrificature universelle. — La Confession laïque, ou à un laïque, n'est pas admise dans l'Égl. latine; du moins le laïque n'a pas le pouvoir de donner l'absolution; il l'a chez les luthériens dans les cas extrêmes. — La communion laïque est, dans l'Égl. latine, la conséquence de la dégradation; c'est une peine pour le prêtre qui a mérité de perdre son titre; il ne perd pas seulement sa charge et ses bénéfices, mais encore son droit à la communion sous les deux espèces. — On appelle frère lai, ou laïc, ou convers, et sœur converse, les membres d'une communauté relig. qui ne fout pas tous les vœux de l'ordre, mais seulement celui d'obéissance, et qui sont employés dans le couvent à diverses fonctions temporelles.
LAMARCK (comtes de), v. Mark.
LAMBERT lo le saint; appelé aussi Lande-bert, fils d'une famille pieuse et considérée de Maastricht. Élevé au couvent de Stavelo par l'év. Théodard, il lui succéda 668; fut un moment conseiller de Childéric II, puis chassé de son siège épiscopal parÉbroin, et réintégré sous Pépin d'Héristal. Mais ayant dénoncé courageusement la vie de ce maire du palais, qui entretenait une femme illégitime, Alpaïs, mère de Charles-Martel, il fut assassiné, 17 sept. 708, par le comte franc Dodon, que quelques-uns supposent avoir été le fr. d'Alpaïs. Lambert a évangélisé surtout les païens des bords de la Meuse, où il a opéré de nombreuses conversions. Il eut pour successeur comme évêque son disciple Hubert, qui transféra plus tard l'évêché de Maastricht à Liège, à l'endroit même où Lambert avait été frappé.
2o Chroniqueur et historien du 15®* siècle; bénédictin; sa patrie, sa famille et sa naissance sont inconnus. On sait seulement qu'il devint moine à Hersfeld 15 mars 1058, et qu'il fut ordonné prêtre la même année à Aschaffenburg, d'où lui est venu son nom de Lambertus Sehaf-naburgensi*. Après sa consécration il fit un voyage en Terre sainte. Il a raconté la Guerre de Henri IV contre les Saxons 1071, auj. perdu. De même une Hist. du couvent d'Hersfeld, dont il ne reste que des extraits. Son Hist. univ. commence à la création, mais n'a que des noms et des dates jusqu'en 703, et quelques notices jusqu'en 1040. La 2* partie, jusqu'en 1077, est plutôt une Hist. d'Allemagne; elle est assez exacte et relativement impartiale, mais l'auteur manque de critique dans les emprunts qu'il fait à d'autres écrivains, et l'on reconnaît trop l'œil du moine, qui ne voit que le pape Grégoire VII et ne comprend pas les droits de l'empereur.
3o Lambert-li-Cors (le court), ecclés. du siècle, né à Châteaudun, auteur du roman d'Alexandre, qui fut continué par Alexandre de Bornay, en vers de 12 pieds, auxquels, à cause de lui, on donna le nom d'alexandrins.
4o Lambert, François, dit d'Avignon; d'une bonne famille bourguignonne, d'Orgelet, Franche-Comté; né 1487 à Avignon, où son père était secrétaire du cardinal-légat. Bien doué et d'une belle figure, il fut adulé des franciscains dans le couvent desquels il avait été élevé, et à 15 ans il obtint d'entrer chez eux comme novice. A 16 Vt ans il prononça ses vœux et n'apprit qu'alors à connaître les mœurs véritables de ses vieux confrères. Il en fut dégoûté. Ses talents comme prédicateur, l'austérité de sa vie, la pureté de la morale qu'il prêchait, lui attirèrent de la part des moines de nombreuses vexations 1517-1521 et il fut sur le point de passer chez les chartreux. II étudiait soigneusement la Bible. Quelques écrits de Luther tombèrent entre ses mains et ses yeux s'ouvrirent 1522. Il quitta son couvent, se rendit à Genève et à Lausanne, où il fit entendre probablement les premiers sermons de réforme; à Berne où il vit Haller; à Zurich où, après une dispute publique avec Zwingle sur le culte de la vierge et des saints, il se reconnut vaincu. Il vit aussi Érasme à Bâle, et sous le pseudonyme de Jean de Serres, arriva à Eisenach, où il se fit connaître par 139 thèses sur le célibat, la confession, etc. Par Spalatin il obtint de venir à Wittenberg, gagna la confiance de Luther et se mit à donner un cours latin sur Osée. Son ignorance de l'allemand fut l'épine de sa vie, et l'empêcha de se faire aux mœurs et au caractère allemands. Il regrettait de ne pouvoir prêcher et souffrait de ne pouvoir gagner sa vie. Six mois de conférences en latin lui rapportèrent en tout 15 gros, 2 fr. Le 15 juillet 1523 il se maria, donnant le premier l'exemple d'un moine renonçant à des vœux contre nature pour rentrer dans la légalité évangélique. En mars 1524 il quitta Wittenberg pour Metz, où il était appelé à prêcher, mais les chanoines réussirent à lui faire interdire la chaire, et pour échapper k la mort il se rendit à Strasbourg, où il trouva Tilman, Zell, Hédion, Capiton, Bucer, où il obtint de grands succès comme prédicateur et controversiste; où il publia de nombreux écrits (Du saint mariage, la Vocation des croyants, Sept psaumes, et plusieurs Comentaires). La ville lui donna la bourgeoisie d'honneur et un secours hebdomadaire. François 1er, à qui il dédia deux de ses livres, ne lui répondit naturellement pas. Appelé par Philippe de Hesse, sur la recommandation de Sturm et de Mélanchthon, Lambert, qui ne gagnait qu'à grand'peine le strict nécessaire pour lui et sa famille, accepta avec joie cette nouvelle vocation 1526, et se rendit d'abord à Homberg, q. v. où il se fit connaître le dim. 26 oct. par la soutenance de 158 thèses, ou Paradoxes, qui décidèrent le triomphe de la Réforme dans la Hesse. En mai 1527 il fut nommé prof, d'exégèse à la nouvelle univ. de Marbourg, et fut dès lors à l'abri du besoin. Il assista au Colloque de Marbourg, qui dura 3 jours, et où Luther et Zwingle défendirent leurs vues sur la Cène. Lambert se prononça pour Zwingle, comme on pouvait le présumer d'après les vues très avancées qu'il avait déjà émises sur l'Égl. dans les Ordonnances de Homberg. On lui en voulut à Wittenberg, et cette hostilité sourde ne le réconcilia pas avec un pays dont le tempérament cadrait si peu avec sa vivacité méridionale. Il exprima à plus, reprises le désir de pouvoir se consacrer à la prédication dans des pays de langue française; il désignait en particulier Genève et Lausanne. Mais Dieu en avait décidé autrement. La peste, dite sueur anglaise, régnait à Marbourg; l'univ. fut transférée à Frankenberg, mais la maladie l'y saisit, et il f 18 avril 1530. Quelques mois après, sa femme et ses enfants le suivirent. Ses écrits se distinguent par la vigueur et l'élégance plus que par la profondeur. Sans être au premier rang il occupe une place honorable dans l'hist. de la
Réforme, et son noble caractère le fit estimer de ses ennemis eux-mêmes. Vie, par Ruffet.
LAMBETH (Articles de). On appelle ainsi 9 articles qui furent présentés en 1598 par le prof. Whitaker à l'archev. John Whitgift, en son palais de Lambeth, diocèse de Londres, et qui, approuvés par lui, furent communiqués a l'univ. de Cambridge. Ils contenaient le dogme de la prédestination sous la forme supralapsaire la plus accentuée, mais n'eurent jamais force de loi, la reine Élisabeth en ayant ordonné le re trait. Une nouvelle tentative fut faite en 4606 pour les adjoindre aux 39 articles, mais elle échoua par l'opposition des épiscopaux; les puritains seuls les acceptèrent.
LAMBRUSCHINI, Luigi, né à Gênes le 7 (ou 16) mai 1776, entra chez les barnabites et s'éleva chez eux aux plus hautes fonctions. Il accompagna le card. Consalvi au congrès de Vienne, et fut nommé archev. de Gênes 1819. En 1823 il vint à Paris comme nonce, flatta les instincts absolutistes de Charles Xet inspira les ordonnances de juillet. Grégoire Xyi le nomma cardinal, et en 1836 secrétaire d'État. Comme tel il gouverna avec autant de talent que d'énergie, repoussa toutes les réformes, opprima la théol. hermésienne et fut plus fort que la Prusse dans les affaires des mariages mixtes et de l'archev. de Cologne. La nomination de Pie IX fut un échec pour lui, et il se retira du gouvernement, ne voulant pas entendre parler des réformes projetées. Après la révolution de 18W la haine du peuple le poursuivit et il dut s'enfuir à Gaëte, f 12 mai 1854 à Rome, comme cardinal du palais. Ses œuvres ont paru à Rome de 1836 à 1839. — Son fr. Jean-Baptiste + 1826. avait été vicaire général à Gênes; év. d'Orvieto 1807. Il donna un asile aux jésuites, refusa le serment à Napoléon et fut déporté en France Auteur d'un livre de piété estimé.
LA MENNAIS, Hugues-Félicité-Robert, né a Saint-Malo 17 juin 1782, tonsuré en 1811, prof, de mathématiques au séminaire de Saint-Malo. prêtre en 1816, refusa en 1823 un évêché et le cardinalat. En 1848 il est élu à l'Assemblée nationale. Il se retira après le coup d'État, et f 1854 dans sa propriété de La Chesnaie, près Dinan, Bretagne. Les conflits politico-ecclésiastiques dont il fut d'abord le contemporain et l*1 témoin l'amenèrent à réfléchir sur les rapports de l'Égl. et de l'État, et après avoir été le champion du pape qu'il défendit avec tout l'éclat d'une conviction ardente et d'un style admirable, il se tourna contre le pouvoir temporel de Rome, dont il resta jusqu'à sa fin Tirréeoncilia-ble ennemi. Son idée fondamentale était celle ci: La religion seule peut donner une base solide à la société humaine* et elle doit reposer sur une autorité, laquelle se manifeste par leçon-lentement général et doit avoir un organe déterminé. Longtemps il crut que cet organe était le pape; c'est à cette époque et dans cet esprit qu'il publia ses Réflexions sur l'état de l'Égl. en France 1808, sa Tradition de l'Égl. sur l'institution des évêques 1814, et son célèbre Essai sur l'indifférence en matière de religion 1817-1823. Après la publication du Progrès de la révolution 1829 et après la révolution de juillet, les circonstances politiques ayant changé, il se prononça pour la séparation de l'Égl. et de l'État dans son journal l'Avenir. 1830-1832, qu'il rédigea d'abord avec Lacordaire et Monta -lembert, mais à la suite d'un voyage à Rome 1831, ses collaborateurs le quittèrent effrayés «de ses hardiesses. Malgré ses démarches et ses explications le pape condamna ses principes. Un moment il parut se soumettre, mais bientôt les Paroles d'un croyant 1834, et les Affaires de Rome 1836 rendirent la rupture définitive. Il a développé son système dans l'Esquisse d'une philos. 1841. et ses vues sociales et démocratiques dans ses Discussions critiques de la religion, ainsi que dans quelques journaux, le Monde, le Peuple constituant, la Réforme, etc. Œuvr. compl. Paris 1844-1847. OEuvr. posth., par Forgues 1858. Il est mort sans la présence d'un prêtre, M. Pelletan avanl été chargé par lui d'empêcher à cet égard toute surprise. Con-troversiste passionné, il a fait de nombreux disciples et n'en a conservé aucun; orateur populaire et plein de feu, il n'a pas su, plus que Lacordaire. se faire écouter à la Chambre.
LAMETTRIE, Julien-Offroy (de), né 23 déc. 1709 à Saint-Malo, élève de l'abbé janséniste (iordier, étudia la médecine à Leyde sous Boer-have. A son retour en France 1742 il fut nommé médecin des gardes françaises du duc de Gram-mont, et tomba malade au siège de Fribourg. Là il fut frappé de voir que les facultés intellectuelles diminuaient et disparaissaient en même temps que la vie du corps. Ce fut l'occasion de son premier écrit: Hist. naturelle de l'âme, La Haye 1745, ou il exposait le matérialisme le plus grossier. Renvoyé du service, il se réfugia à Leyde, où il écrivit en 1746 une satire contre son maître Boerhave et contre les médecins en général, et en 1748 son livre de l'Homme machine. Chassé de Hollande, il vint à Berlin, où Maupertuis lui trouva un asile. Frédéric II en fit son lecteur, le nomma membre de son académie, et l'admit parmi ses familiers. Il composa encore quelques écrits du même genre, entre autres l'Homme plante, et la Vénus métaphysique, et f le 11 nov. 1751 d'une indigestion, qu'il soigna lui-même, et mal. Ses amis reconnaissaient qu'il avait le cerveau dérangé.
LAMI, ou Lamy, 1° dom François, 1636-1711, d'abord soldat sous Richelieu, puis bénédictin, auteur de plus, ouvrages estimés: la Connaissance de soi-même, la Connaissance de Dieu, l'Athéisme renversé, Réfutation de Spinosa. Il entretint une polémique avec Bossuet, Nicole et Arnaud, et une corresp. intéressante avec Male-branche et Leibnitz.
2° Bernard, 1645-1715, oratorien, prof, à Vendôme, à Saumur et à Angers, se créa des difficultés par ses vues cartésiennes, fut nommé grand-vicaire de l'év. de Grenoble, et se retirn à Rouen. Il a beaucoup écrit, entre autres une Harm. des 4 Évang., une description du temple et quelques traités de théol., qui furent très critiqués.
3o Jean, 1697-1770, littérateur italien, enseigna l'hist. ecclés. à Florence et eut de vifs démêlés avec les jésuites.
LAMMISTES, un parti de Mennonites hollandais, ainsi nommé de l'égl. de l'Agneau (Lamm) où ils se réunissaient, par opposition aux Sonnistes (Sonne, le soleil) qui avaient aussi pris le nom de leur lieu de réunion. Les premiers, à tendance libérale, ne voulaient point de confession de foi. Leur chef était le prédicateur Galenus Abraham de Haan. Les deux partis se réconcilièrent en 1801.
LAMPE, Fréd.-Adolphe, le théol. réformé le plus distingué de l'Allemagne, qui introduisit dans l'Égl. la tendance de Cocceius, avec une nuance de labadisme. Sa dogmatique est intitulée: Le secret de l'Alliance de grâce; et son Catéchisme: Le lait de la vérité. Il a publié aussi un Comment, sur saint Jean, et quelques travaux historiques. Né à Detmold 19 févr. 1683. il fut pasteur à Duisbourg, prof, de théol. à Utrecht, et pasteur à Brème, où il f 1729.
LAMPÉTIENS, v. Messaliens.
LANCELOT 1° L. du lac, un des 12 chevaliers de la Table ronde, héros d'un roman célèbre du moyen âge. — 2° L. ou Ladisla*, roi de Naples, né 1376 f 1414. — 3° Dom Claude, né à Paris 1615, entra à Port-Royal 1638, et fui chargé de la direction de sa célèbre école 1640-1660. Il composa de nombreuses Grammaires, grecque, latine, italienne, espagnole, le Jardin des racines grecques, et des Notes historiques sur la Bible de Vitré. Il partagea le sort des jansénistes et fut chassé de Port-Royal en 1660. Il fut nommé précepteur du prince de Conti, vécut ensuite dans le monastère de Saint-Cyran jusqu'à sa suppression en 1679, et f 15 avril 1695 à Quimperlé.
LANCELOTTL Giovanni-Paolo, 1511-1591, écrivit sur l'ordre de Paul IV et en imitation des Instit. de Justinien, les Institutions du droit canon, Pérouse 1563. Cet ouvrage qui sur plusieurs points contredit le conc. de Trente, fut pas approuvé, mais il n'en est pas moins important en ce qu'il fait connaître le droit et la pratique des temps antérieurs.
LANDELIN et Landoald, deux hommes qui prêchèrent l'Évangile en Belgique au siècle. Le premier, probablement un anglo-saxon, doit avoir travaillé avec Saint-Àmand; d'après les hollandistes il fut d'abord disciple d'Audebert de Cambrai; il s'enfuit, devint brigand, mais se convertit plus tard, fonda les couvents de Lob-bes et de Crépin, et f 686.
LANFRANC, fils d'un juriste de Pavie, étudia d'abord le droit à Bologne, et l'enseigna à Pavie, puis à Avranches, mais finit par y renoncer, et entra, sons la direction de l'abbé Herluin, au couvent bénédictin de Bec 1042, où il organisa l'enseignement supérieur; il en fit une école célèbre et devint un des précurseurs de la scolastique. Il déploya la même activité à l'abbaye de Saint-Étienne de Caen, dont il avait été nommé abbé 1063. Il refusa l'archev. de Rouen, mais en 1070, à la demande de Guillaume-le-Conqué-rant. il accepta celui de Cantorbéry, et continua sous son successeur d'élever des églises et des cloîtres, en même temps qu'il développait le goût des études et réunissait plusieurs conciles. Il maintint son indépendance vis-à-vis du pape, sans intervenir dans son conflit avec Henri IV. Il est surtout connu par sa controverse avec Bé-renger sur la doctrine de la transsubstantiation, et écrivit contre lui son; De corpore et sanguine J.-Ch. qui renferme en germe la doctrine catholique actuelle sur cette question. Il était très instruit, prudent, passionné, mais avec un esprit timide et de peu d'étendue; Lessing ne voit en lui qu'un zélote à courtes vues, f 1089. OEuvr. publ. par d'Achéry, Paris 1648. Ses Lettres sont intéressantes pour l'hist. de son temps.
LANG lo Matthieu, archev. de Salzbourg; né 1469 à Augsbourg. Secrétaire de Frédéric III, conseiller intime de Maximilien, chef du chapitre d'Augsbourg et de Constance, év. de Gurk. Jules II le nomma cardinal 1511 pour obtenir de lui qu'il détournât Max. du concile de Pise. Au conc. de Latran 1514 il fut nommé coadjuteur de Salzbourg et assista 1518 à la diète d'Augsbourg. D'abord assez favorable à l'idée d'une réforme, il fit revenir Staupitz auprès de lui, mais changea bientôt d'idée et se fit persécuteur; il réprima le mouvement de 1523, se joignit à la Ligue en 1524, combattit la révolte des paysans, et se montra à Augsbourg l'adversaire décidé de Luther, f 1540.
2<> Henri, pasteur à Meilen, Zurich, un des réprésentants les plus décidés du parti rationaliste en Suisse; rédacteur depuis 1859 des Zeitstimmen; auteur de Sermons et de plusieurs écrits religieux. Né 14 nov. 1826 à Frommern, Wurtemberg, il étudia à Tubingue, d'où il dut s'enfuir en 1848 comme agitateur politique, f 13 janv. 1876. Il s'était feit dans son parti une grande réputation comme orateur populaire.
LANGE lo Joachim, né 26 oct. 1670, t 7 mai 1744; théol. luthérien, étudia à Magde-bourg et à Leipzig, et suivit Francke à Erfurt et à Halle. Sous son influence et celle de Spener, il devint un des chefs du réveil religieux. Après quelques années passées à Berlin, successivement directeur du gymnase et pasteur, il fut nommé prof, de théol. à Halle. Il eut des controverses avec les tbéol. de Wittenberg, et surtout avec l'école philos, de Wolff. Il a laissé aussi quelques travaux d'exégèse et quelques livres d'édification. — 2° Jean-Pierre, auteur d'une Vie de Jésus, et principal rédacteur du Comment, théologique homilétique de la Bible de Biele-feld. Né 10 avril 1802 près d'Elberfeld, il étudia à Bonn sous Nitzsch et Lttcke, et après avoir été quelque temps pasteur, il fut appelé à Zurich 1841 comme prof, d'hist. ecclés. et de dogmatique. En 1854 il accepta une place semblable à Bonn, où il fut aussi nommé conseiller consis-torial. On a encore de lui une Dogmatique chrétienne, l'Époque apost., et 7 volumes de Mélanges.
LANGRES. Un concile fut tenu dans cette ville, 859, dont les Actes sont joints à ceux du conc. de Tulle de la même année. En matière ecclés. ils défendent les droits de l'èpiscopat contre les princes, et insistent sur la discipline. Au point de vue dogmatique ils maintiennent la doctrine de la prédestination du synode de Valence, sans accentuer son opposition au synode de Quiercy et à Hincmar de Reims.
LANGTON, ou Langthon, Étienne, était chancelier de l'univ. de Paris, quand son ami et condisciple Innocent III le fit venir à Rome, le créa cardinal et lui confia l'archevêché disputé de Cantorbéry 1297. L'opposition de Jean-Sans-Terre, que l'interdit put à peine briser, l'obligea, jusqu'à sa réconciliation avec le pape 1213, à se retirer dans le couvent de Pontimac, près d'Autun. En 1215 il se tint avec les barons contre le roi et lui présenta à signer la grande Charte. Ayant refusé de publier le ban contre les barons, il fut suspendu, ce qui ne l'empêcha pas d'assister la même année 1215 au concile de Latran. f 9 juill. 1228. Il a écrit quelques Comment, sur la Bible. On lui attribue aussi la division actuelle de la Bible en chapitres.
LANGUET, Hubert, diplomate et publiciste, né 1518 à Vitteaux, Bourgogne, fils du gouverneur de la place. Il étudia le droit à Poitiers, à Leipzig où il se lia avec Camérarius, à Padoue, où il fut reçu docteur. Le livre de Mélanchthon sur l'Ame le mit en relations 1549 avec cet homme illustre, pour lequel il conserva jusqu'à la fin une affection filiale. Il se fixa à Witten-berg et fit de là de nombreux voyages, visitant toute l'Europe et jusqu'à la Laponie. Il s'était converti à la Réforme. La protection de Mélanchthon le mit en rapports avec la cour de Saxe, qui le fit son agent diplomatique, vers 1559, et l'envoya tantôt en France, tantôt à Vienne; il avait surtout à tenir le prince au courant des événements politiques et militaires. Plusieurs de ses lettres sont signées du pseudonyme d'Ulrich Fribergius. Il était à Paris lors de la Saint-Barthélemy; il courut de grands dangers, mais échappa heureusement, et réussit à sauver aussi plusieurs de ses amis. De 1573 à 1577 il est à la cour de Vienne, maigrement salarié, et depuis la mort de Maximilien, il est attaché à Guillaume d'Orange et se fixe à Anvers. f de la fièvre 30 sept. 1781. On lui fit des obsèques magnifiques dans l'égl. des Cordeliers; le Sénat et le prince d'Orange y assistèrent. Outre ses Lettres, qui sont intéressantes, et sa Harangue à Charles IX, 23 déc. 1570, on a de lui un ouvrage capital qui a fait sa célébrité et qui montre combien il était en avant de son siècle; c'est son Vtndiciœ contra Tyrannos, 1579, trad. en franç. sous le titre de: Puissance légitime du prince sur le peuple et du peuple sur le prince. La trad. en est généralement attribuée à Du Plessis-Mornay. L'auteur établit que les rois étant les mandataires du peuple, ils en sont aussi justiciables, et qu'ils peuvent être déposés et punis. Il définit le roi et ses droits, et détermine les conditions dans lesquelles l'abus du pouvoir, en matière de justice ou de religion, fait descendre le roi au rôle de tyran, autorisant l'insurrection comme légitime. Ecrite sous l'impression des massacres de la Saint-Barthélemy, c'est une justification de l'attitude prise dès lors par les protestants de France, qui n'ont cependant jamais poussé les choses aussi loin dans la pratique.
LA NOUE (de) 1° François, l'un des chefs les plos illustres de l'armée huguenote, comparé souvent à fiayard pour le courage et pour la loyauté; surnommé Bras-de-fer, parce qu'ayant perdu le bras gauche à Fontenay, il se l'était fait remplacer par un bras artificiel, qui lui servait à tenir la bride. Né 1531 en Bretagne, fils d'un gentilhomme, il ne reçut qu'une éducation assez négligée, faite pour développer les forces physiques et l'adresse corporelle. Il y remédia plus tard, grâce à son goût pour l'étude. Il visita l'Italie, servit fort jeune en Piémont, se convertit à la Réforme après une visite que d'An-delot lui fit en Bretagne, mais resta longtemps l'ami des Guise. Il accompagna même Marie Stuart en Ecosse. Après le massacre de Vassy, il se rangea énergiquement du côté de ses coreligionnaires, suivit Condé à Meaux, puis Coli-gny en Normandie. Il prit Orléans, et d'autres villes en 1567 et fut nommé gouverneur commandant de la Rochelle. Plusieurs fois fait prisonnier, plusieurs fois blessé, il n'eut pas un moment de défaillance. Charles IX lui confia un commandement dans les Flandres, mais intrigua pour le perdre et le contraignit de rendre Mons que La Noue espérait conserver à la France. C'était en août 1572, l'époque des massacres. La Noue échappa, mais plus, de ses amis tombèrent sous les coups des assassins. Il vit Charles IX à Paris et se laissa persuader par lui d'engager les Rochellois à se soumettre, soit qu'il crût encore à la sincérité des promesses royales, soit qu'il fût persuadé que La Rochelle ne pourrait plus résister. Cette position d'agent du roi le rendit un moment suspect à son parti, mais quand on le vit prendre les mesures les plus énergiques et combattre avec une rare intrépidité à la tête de ceux qu'il n'avait pu décider à se rendre, tous les soupçons se dissipèrent. Il se rendit dans le camp du duc d'Anjou pour travailler à pacifier les deux partis, mais Anjou ayant été nommé roi de Pologne, et La Noue étant enfin désabusé de ses rêves de conciliation, il rentraà La Rochelle, dont il fit une place redoutable, servit Henri III contre la Ligue, et battit d'Aumale. En 1578 il fut envoyé en Flan- # dre, prit Louvain, surprit Bruges, Cassel et Ni-nove, fit prisonnier le comte d'Egmont, mais le
10 mai 1580, devant Ingehnunster, il tomba lui-même entre les mains de l'ennemi: Philippe II le retint 5 ans enfermé au château de Limbourg, dans une tour dont le toit était effondré, dans un cachot humide, grossièrement et mal nourri. Sa femme n'obtint que 3 fois l'autorisation de le visiter. Philippe II, un moment adouci par les sollicitations de la reine Élisabeth, des ducs de Savoie, de Guise et de Lorraine, du roi de Navarre et de beaucoup d'autres souverains, consentit à un échange, mais à condition que La Noue se laisserait crever les yeux. Il refusa. Enfin Philippe consentit à l'échanger contre d'Egmont, mais aux conditions les plus dures, et le pauvre invalide recouvra sa liberté. Il alla voir son filsOdet, prisonnier à Tournay, vint passer quelques mois à Genève avec sa femme, se rendit ensuite à Sedan où LaMark l'avait nommé son exécuteur testamentaire, passa enfin au service d'Henri IV avec le titre de lieutenant-général, et fut mortellement blessé au siège de Lamballe. f 4 août 1591 à Moncontour. où il avait élé transporté.
11 venait d'apprendre que son fils était en liberté, mais il n'eut pas la joie de le revoir; Odet n'arriva que pour les funérailles. La Noue avait épousé Marguerite de Téligny (sœur du célèbre Téligny), et il en avait eu Anne, qui devint marquise de La Moussaye; Odet (v. plus loin), et Théophile, qui resta probablement gentilhomme campagnard. — Pendant sa captivité La Noue a écrit ses admirables Discours politiques et militaires, au nombre de 26, qui rappellent Plutarque par la noblesse du style et la grandeur de la pensée, et qui donnent une idée exacte de l'état de la France à cette époque de guerres civiles. Il a écrit aussi des Observations sur l'hist. de Guicciardini, Genève 1593, et un Abrégé des vies de Plutarque, avec Notes, qui n'a pas vu le jour.
2° Odet de La Noue, seigneur de Téligny, lils du précédent, se montra digne de son père; échappé k la déroute d'Ingelmunster, il continua la campagne contre les Espagnols, et tomba gravement blessé entre leurs mains, 21 déc. 1584. Enfermé au château de Tournay, il fut traité presque aussi durement que son père. J'ai mon recours, écrivait-il, à prier Dieu, et puis à l'étude. Il sortit de prison en 1591 et se mit au service d'Henri IV, mais son père et lui s'étaient ruinés pour faire face aux dépenses de la guerre. Il dut s'adresser au roi, parce qu'on avait saisi ses bagages. Le roi lui répondit brusquement: Quand il me faut payer mes dettes, je ne vais pas me plaindre à vous. Ce furent les protestants qui les payèrent. Député à l'assemblée politique de Sainte-Foy 1595, il présida celle de Saumur 1596 et celle de Loudun, même année. Il prit une part active aux négociations qui aboutirent à l'Édit de Nantes, vit plusieurs fois Henri IV, et alla servir en Hollande sous les ordres du prince Maurice. En févr. 1612 il vint au secours de Genève, touj. menacée par les ducs de Savoie. En 1617 il fut nommé à La Haye comme envoyé extrordinaire et f 1618 à Paris. Pendant sa captivité il avait composé de jolies Poésies chrétiennes, qn Discours en vers intitulé: Paradoxe « que les adversités sont plus nécessaires que les prospérités et qu'entre toutes Pestat d'une estroite prison est le plus doux et le plus profitable, » La Rochelle 1588; enfin un Dictionn. des rimes françaises. Il avait épousé Marie de Launay, dont il eut deux filles et un fils, Claude, que la faiblesse de sa vue obligea de quitter le service militaire.
LAODICÉE. Des cinq villes de ce nom qui se trouvaient dans l'Asie Mineure, une seule intéresse l'hist. de l'Église; c'est celle qui est située sur le Lycus, et qui appartint tantôt à la Phry-gie, tantôt à la Lydie ou à la Carie. Elle s'appelait d'abord Diospolis, puis Rhoas; Antio-chus II lui donna le nom de Laodice son épouse. Mentionnée Col. 4, 16. Apoc. 1, 11. 3,16. elle fut le siège d'un concile, vers 360 ou 370, qui s'occupa des hérétiques, de la discipline ecclésiastique et de la hiérarchie. Son canon 59 interdit le chant des cantiques non bibliques et composés par des hommes. Le canon 60, quelquefois contesté, énumère les livres de l'A. T.: ils y sont tous, mais pas les apocryphes; et ceux du N. T., mais l'Apocalypse manque.
LAPIDE (Cornélius a), jésuite distingué comme exégète, et faisant encore autorité chez, les catholiques. Né 1598 près de Liège, il fut prof, k Louvain et k Rome, et f 12 mars 1637.
LA PLACE (de) lo Pierre, savant jurisconsulte et historien distingué; né à Angoulôme vers 1520, massacré à la Saint-Barthélemy, 25 août 1572. Avocat du roi à la cour des aides, il en fut nommé président par Henri II. Il avait vu Calvin à Poitiers en 1534, et embrassafran-chement la Réforme après la mort de François II. Quand la guerre civile éclata, il se retira en Picardie, où il composa quelques traités politiques et philos, pleins de sérénité. Plus tard il écrivit l'hist. de son temps jusqu'au colloque de Poissy, 1561, puis un Traité (très calviniste) De l'excellence de l'homme chrétien, dédié à Jeanne d'Albret. Rappelé à Paris, puis exilé de nouveau, sa maison pillée, sa biblioth. détruite, il revint après la paix de Saint-Ger-main, fut réintégré dans sa charge et assassiné.
2o Jean, pasteur à Montpellier 1565-1583, président du synode de Nîmes 1572, homme ferme, fidèle et modéré.
3o Josué, fils et petit-fils de pasteurs, descendant peut-être de Pierre, il était le plus jeune de 5 frères qui tous furent aussi pasteurs: Samuel à Guernesey, Pierre k l'égl. de Sion, Élie à Jersey, David à Laval et La Moussaye. Lui-même né en Bretagne vers 1604, un an avant la mort de son père, fut d'abord prof, de philos. k Saumur, puis pasteur k Nantes 1625 à 1633, et député au synode de Charenton, enfin rappelé comme prof, de théol. k Saumur, où il f 17 août 1665. Homme aussi pieux que savant, il souleva une vive opposition par la tentative qu'il fit, tout en soutenant la doctrine du péché originel, de mitiger celle de l'imputation. Il publia plusieurs thèses sur ce sujet, et fut condamné par le synode de Charenton 1644: Claude compta parmi ses défenseurs sur cette question difficile. 11 a écrit un certain nombre de dissertations, opuscules, thèses, discours, etc.
LAPONIE, la contrée la plus septentrionale de l'Europe, divisée en deux parties, dont les langues ne sont pas les mêmes: la L. russe, qui compte k peu près 10,000 âmes, et la L suédoise-norwégienne, environ 68,000. Séparés du monde par la rudesse de leur climat, ils sont restés longtemps païens, et n'ont pris de la civilisation que les vices, entre autres l'ivrognerie. Cependant les russes ont fini par être soumis à la religion grecque orthodoxe. Quant aux suédois, après plusieurs tentatives sans résultat, une mission fut commencée chez eux sous Gustave Wasa, 1524; des églises furent fondées, et des écoleg ouvertes, mais à cause de la rareté des visites pastorales, leur christianisme ne fut que nominal et ils continuèrent d'invoquer les faux dieux. C'est l'év. Bredahl, de Drontheim, qui le premier entreprit sérieusement de les évangéliser, 1658-1661. Après lui vint l'instituteur Olsen, à Warangar 1703-1717. Frédéric IV de Danemark, ayant fondé un collège pour la propagation de l'Évangile, dirigea l'attention de ses directeurs sur la Laponie. Thomas de Westen y lit plusieurs voyages et y établit des lecteurs et des évangélistes pieux, qui obtinrent de vrais succès. A sa mort 1728, un comptait en Finmark 376 familles chrétiennes, soit 1725 âmes; en Nordland 18 écoles et 5028 Aines; à Drontheim 3 écoles et 428 Lapons, avec 14 missionnaires et 26 instituteurs. Mais le zèle se ralentit. Il se réveilla de nouveau en 1825, et Stockfleth partit pour la Laponie, accompagnant ses pauvres ouailles dans leurs nombreuses pérégrinations. La Société suédoise des missions a pris cette œuvre à cœur, surtout depuis que l'évangéliste volontaire Tellstrôm et ses amis ont montré qu'il y avait là une œuvre a faire, 1836-1846. Outre les temples il y a aussi dans les montagnes de nombreuses maisons de prières. Les Lapons suédois ont eu le N. T. traduit dans leur langue en 1755; Stockfleth Ta traduit en 1840 pour ceux du nord. Les ca-thol. ont commencé en 1855 une mission chez les Lapons norvégiens, ayant aussi en vue les contrées polaires.
LA PORTE, famille cévenole, originaire d'Alais, mais fixée au Mas Soubeyran, entre An-duze et Mialet. Elle se composait, à la révocation de l'Édit de Nantes, de 4 frères: lo le père de Roland (v. ci-dessous), 2o le pasteur du Collet, plus tard aumônier militaire sous le roi Guillaume, 3° un pasteur du désert, supplicié à Montpellier 1696, 4o le successeur de Séguier comme chef des enfants de Dieu. Ce dernier et Roland sont les plus célèbres. Né vers 1657 au Mas Soubeyran, soldat, puis maître de forges au Collet-de-Dèze, La Porte releva en août 1702 le courage des camisards abattus par une défaite a Fontmorte et par le supplice de leur prophète. Le môme soir il avait 20 fusils, des munitions et une trentaine de soldats; bientôt il *>n eut 60, puis 150. Après plusieurs heureuses expéditions, traqué sans relâche et trahi par le consul de Montlezon, il tomba entre les mains de Poul et fut frappé d'une balle, comme il gravissait un rocher pour s'enfuir. Sa tête, portee à Broglie, fut exposée le 25 oct. 1702 à Anduze, puis à Saint-Hippolyte et à Montpellier. Chrétien sincère, homme de prière, âme nobfe et dévouée, il avait électrisé ses compagnons, et en s'offrant pour être leur chef, il faisait acte, non d'ambition, mais d'héroïsme.
5° Son neveu Roland, que l'on continua de désigner par son nom de baptême pour le distinguer, né en 1675, avait servi dans un régiment de dragons. Après la paix de Ryswick il rentra au pays, rejoignit son oncle, organisa le soulèvement de la Vaunage, réunit une cinquantaine d'hommes sûrs dans la vallée du Gardon et désarma les catholiques de Mialet. Élu à l'unanimité comme chef en remplacement de son oncle, il divisa en 5 légions les hommes qu'il avait sous ses ordres, el s'occupa de leur assurer des moyens d'existence et des secours en cas de maladie ou de blessures graves. Les cavernes des moutagnes devinrent des magasins, des ateliers et des ambulances ou hôpitaux. Après avoir désarmé plusieurs villages et brûle plusieurs églises, par représailles, mais sans maltraiter les habitants, il releva le culte protestant partout où il passait. Il prit Sauve et le château de Saint-Félix, entra à Ganges où il fit célébrer le culte, brûla l'égl. de Saint-Lau-rent, mais subit une sanglante défaite près de Pompignan. En 1704 il s'était relevé; il obtint coup sur coup de nombreux avantages, mais se laissa aller à des actes de cruauté qui s'expliquent, sans se justifier, par les cruautés que les catholiques avaient commises contre d'innocents Cévenols. C'est à ce moment que Cavalier traitait avec Villars. D'Aigalliers obtint de Roland qu'il négocierait aussi, et Villars offrit, par le traité d'Anduze, la liberté de conscience pour l'avenir, et l'amnistie pour le passé, mais ce n'était pas la liberté de culte, et Roland en faisait une condition absolue de son désarmement. Il refusa donc. Après la destruction de la flottille qui devait lui apporter du secours, une nouvelle conférence eut lieu à Durfort le 29 juillet 1704, mais n'aboutit pas davantage, Roland demandant au moins 4 temples et refusant de s'expatrier. Peu de semaines après, vendu pour 100 louis par un jeune Malarte d'Uzès, il fut surpris au château de Castelnau, s'enfuit avec quelques amis, mais serré de près par les dragons, il s'adossa contre un arbre pour se défendre et fut tué d'un coup de feu. Son corps fut porté à Nîmes, suivi de 5 de ses lieutenants enchaînés. Il fut brûlé, et les 5 camisards roués. Roland avait la taille avantageuse et bien prise, un beau teint, quoique marqué de la petite vérole, de grands yeux pleins de feu, quoique voilés; la parole brève et énergique, une nature à la fois calme et pleine de vigueur.
LAPSI: mot latin pluriel, qui signifie les tombes, les déchus; il se disait en général de ceux qui pour un péché mortel avaient été exclus de la communion de l'Église, mais dans son sens plus restreint, et aussi plus ordinaire, il s'appliquait à ceux qui avaient renié la foi pendant les persécutions. De longues et vives discussions eurent lieu dans les égl. africaines, sur la question de savoir dans quelles conditions ils pouvaient être réintégrés. Cyprien fut d'abord pour le parti de la sévérité, mais lors du schisme de Felicissimus, le conc. de Carthage 251 se prononça pour les mesures les plus douces, et Rome l'approuva. Le conc. d'Ancyre 314 régla en 7 canons la discipline de pénitence des lapsi, en distinguant plusieurs degrés de culpabilité. Les schismes des mélétiens et des donatistes furent aussi en partie provoqués par des divergences de vues sur cette question. En Orient les mesures de douceur ont toujours prévalu.
LARDNER, Nathanaël, Dr théol. Né 1684 â Hawkhurst, Kent, il étudia à Londres, lîtrecht et Leyde, visita avec un élève la France, la Belgique et la Hollande, et s'établit à Londres, où il se livra à des travaux scientifiques et littéraires. Nommé 1729 pasteur-adjoint d'une égl. dissidente, il donna sa démission en 1751 pour cause de surdité, f 1768. Son principal ouvrage est: La Crédibilité des Saintes Écritures, 17 vol. 1727-1757, espèce d'introduction historique, où il démontre par les témoignages des pères et par de nombreuses citations l'authenticité des livres du N. T. Dans d'autres écrits apologétiques il cherche à montrer que l'idée du christianisme n'a rien de contraire à la raison; il fait en même temps quelques réserves contre la dogmatique traditionnelle, notamment en ce qui regarde la personne de Christ.
LA ROCHELLE, auj. chef-lieu de la Charente-Infér., est une des villes que la paix de Saint-Germain 1570 donna aux protestants comme places de sûreté. Ils la fortifièrent si bien qu'en 1557 elle était leur principal boulevard. Elle fut vainement assiégée par le duc d'Anjou 1573. Richelieu la prit enfin en 1628 après un siège mémorable qui dura 13 mois, et après une défense héroïque de ses habitants. Sa chute marqua la fin de l'existence politique des huguenots, et permit aux rois très chrétiens de procéder peu à peu à la Révoc. de l'Édit de Nantes. Il se tinta La Rochelle deux synodes nationaux, 1571 et 1607. C'est dans le premier que fut confirmée et définitivement adoptée la célèbre confession de foi, qui en a pris le nom, et qui avait été d'abord élaborée au synode de Paris 1559, puis présentée au roi au colloque de Poissy, 1561. C'est auj. un évêché, et un chef-lieu de Consistoire.
LA SALLE, v. Salle.
LAS CASES, v. Casas.
LASIUS, Christophe, théol. de l'école de Mélanchthon, adversaire des fiaciens, et persécuté pour sa foi. Né à Strasbourg, il fut successivement recteur à Gorlitz 1537, pasteur à Greus-sen, à Spandau, à Lauingen et à Cottbus, mais partout destitué, f 1572 à Senftenberg. Ses écrits font un triste tableau de l'état de l'Égl. luthérienne d'alors.
LASKY, Jean (de), ou Lasco, né 1499 appartenait à une noble famille polonaise qui exerçait une grande influence aussi bien dans l'Égl. que dans l'État. Pour compléter sa brillante éducation il voyagea de 152&4525, rencontra à Zurich Zwingle qui attira son attention sur la Bible, à Bâle Érasme qui lui fit remarquer les abus du clergé. Cependant de retour dans sa patrie, il ne quitta pas immédiatement son église, et là, dit-il, il végéta onze ans < dans le pharisaïsme de la propre justice. » Voyant enfin que l'Église romaine ne pouvait pas être réformée, mais qu'il fallait absolument en sortir pour créer une véritable Église chrétienne, il quitta sa patrie pour commencer un pèlerinage qui dura 19 ans, fidèle à sa devise: « Pour le chrétien point de patrie ici-bas, il cherche le ciel. » Il alla d'abord à Louvain, où il se maria 1539, puis à Emden où la régente, comtesse Anna, lui donna un emploi de prédicateur et de surintendant. 11 travailla surtout à faire régner dans son église la paix et la pureté des mœurs, si bien que Emden devint le modèle des églises réformées de la langue allemande. En 1545 il fut appelé à Cologne pour travailler a la réforme avec Mélanchthon et Bucer. En 1550 obligé de quitter définitivement Emden, à cause de ses vues zwingliennes sur la Cène, il partit pour Londres, comme pasteur de réfugiés de diverses nations. Mais après la mortd'ÉdouardVI et à l'avènement de Marie, il dut partir avec 175 membres de sa congrégation. Il chercha en vain un asile durable en Danemark, à Hambourg, à LUbeck, et même à Emden; ce ne fut qu'à Francfort sur le Main qu'il put séjourner en paix. Enfin en 1556, il put rentrer en Pologne. Il y obtint quelques succès, malgré la résistance du clergé et l'indifférence des nobles. Quatre ans après, 1560, il mourut plein de joie à la pensée d'aller rejoindre son Sauveur.
LASAULX, Amélie (de), en religion sœur Augustine, née à Coblence 17 oct. 1815, fille de Jean-Claude, constructeur et restaurateur d'églises, et d'Anne-Marie Muller. Enfance maladive, caractère énergique et généreux, intelligence supérieure et développée par de bonnes études. Fiancée à un jeune médecin dont elle s'était fail un idéal, elle faillit mourir de douleur en découvrant qu'il n'était qu'un égoïste, et rompit aussitôt son engagement. En 1840, et maigre l'opposition de sa famille, elle entra comme re ligieuse dans la maison-mère des sœurs de l'ho-pitarSaint-Charles Borromée à Nancy et commença par la pharmacie. En 1842 elle fut envoyée à Aix-la-Chapelle, où elle passa 7 ani. Les luttes avaient éclaté en Allemagne contre les catholiques, et elle tenait pour ceux qui respectaient le plus l'indépendance de la conscience et de la foi, quoiqu'elle se cramponnât à l'église visible comme un asile protecteur au milieu des conflits des partis. Nommée supérieure de l'hôpital Saint-Jean-Baptiste, nouvellement construit à Bonn, elle s'y installa le 19 nov. 1849, et en fit l'affaire de sa vie; dévouée autant qu'intelligente, mais refusant de se prêter à aucune tentative de prosélytisme, très estimée, et bientôt célèbre, elle était liée avec les hommes les plus éminents de son temps et recevait les visites les plus considérables; elle vit plus d'une foi la reine Marie-Amélie. La proclamation de l'Immaculée conception la laissa plutôt indifférente. En 1864 le Syllabus € la damnait 16 fois. » Elle s'intéressa vivement à ces questions, et sympathisa avec les prof. Hilgers, DtH-linger, Alzog, les deux Reusch, etc. Elle accompagna comme ambulancière et infirmière l'armée allemande en Schleswig, hiver 1864, et en Bohême, été 1866, et acheva d'y ruiner sa santé. Désolée de l'issue du concile, elle ne se réjouit pas des succès de la guerre qui suivit, car elle savait ce que les champs de bataille coûtent de larmes et de sang. Elle installa dans son hôpital de Bonn de nombreux blessés. Comme elle continuait de recevoir des prêtres suspendus et qu'elle se prononçait franchement contre le conc. de Rome et en faveur des vieux-catholiques, elle fut dénoncée et les suites ne se firent pas attendre; elle fut cassée de sa charge, renvoyée de l'hôpital toute malade, dépouillée de ses vêtements religieux, et se retira à l'infirmerie de Yallendar, près Neuwied, où elle arriva 14déc. 1871; elle y f dim. 28 janv. 1872. Son cercueil fut chargé le lendemain sur un bateau pour Weissenthurm, puis déposé dans une salle d'auberge, et enfin enterré dans un caveau de la famille, avec un faible cortège, sans service religieux, comme une païenne. Seulement le prof. Reusch annonça la récitation du Pater. (iette femme d'élite était morte martyre. Vie, par Reinkens, Bonn, 1878, et par Lecoultre, Lausanne, chez Imer.
LATIMER lo Hugh, né vers 1480 à Thurcas-ton, Leicester, fut d'abord un adversaire décidé de la Réformation, mais converti par Bilney, il en devint un défenseur ardent et dévoué, et obtint de grands succès par ses talents et sa prédication populaire. La faveur d'Henri VIII le protégea contre les persécutions du parti catholique; il fut nommé en 1529 pasteur de Westkingston, et en 1535 év. de Worcester. Il appartenait au parti modéré de Cranmer et de TliomasCromwell, qui n'en voulait qu'aux abus, repoussait les mesures violentes et maintenait la suprématie royale. Aussi lorsque parurent les 6 Articles de saug, 28 juin 1539, il donna sa démission et fut enfermé à la Tour de Londres pendant 6 ans. L'avènement d'Édouard lui rendit la liberté et une place de chapelain à la cour. Mais quand Marie monta sur le trône, elle le fit arrêter comme un des chefs du parti de la Réformation 1553; il fut condamné à mort avec Ridley, et brûlé 16 oct. 1555.
2<> William, un des collaborateurs d'Érasme pour sa 2de édition du N. T. Né 1489, élève d'Oxford, il avait étudié le grec à Padoue.
LATIN. L'usage de la langue latine est encore auj. la règle dans le culte et dans l'administration de l'Égl. romaine. Il date d'une époque où cette langue était pour l'occident presque entier la langue vulgaire, et par la force de l'habitude il s'est conservé dans le culte après que les choses eurent changé. Ce fut d'autant plus facile et naturel que. lorsque le christianisme fut apporté aux peuples germaniques, le culte se réduisait à la simple célébration de la messe, et que les missionnaires s'édifiaient généralement eutre eux; ce n'est que par faveur que peu à peu les baptisés furent admis à y assister. En principe l'Égl. catholique n'a jamais exigé l'usage exclusif du latin; elle a même concédé aux slaves et aux grecs-unis l'emploi de leur langue dans le culte et dans les liturgies. Mais en pratique elle s'est montrée très tenace dans l'intérêt de sa hiérarchie. Les motifs qu'elle allègue sont: le danger que ferait courir à l'unité de la foi la traduction du texte en une quantité de langues différentes; l'impossibilité pour la plupart des prêtres de lire la messe dans une autre langue que la leur, s'ils venaient à changer de résidence; enfin l'incapacité du peuple à comprendre les saints mystères et le danger de le voir les profaner. Mais le vrai motif a été de conserver au siège romain la possibilité d'envoyer partout des prêtres italiens, de leur accorder dans tous les pays des places et des bénéfices, et de s'assurer ainsi ce moyen d'influence, soit sur ses propres créatures, soit sur les contrées étrangères. La langue vulgaire n'est admise que là où il n'est pas possible de faire autrement, pour les mariages, la confession, la prédication. Quant aux nombreux sermons latins que l'on possède, ils étaient prêchés dans des cloîtres ou dans des réunions d'ecclésiastiques; ou bien, écrits en latin, ils étaient débités en allemand. Le latin de l'Église appartient à la latinité corrompue des siècles postérieurs, avec un mélange de mots et de constructions provinciales, grecques et même hébraïques; le moyen âge l'a rendu presque barbare. Dans l'origine il s'était formé d'après la Vulgate; les moines ignorants l'ont défiguré, et le latin de l'office ne rappelle pas même de loin la langue de Virgile ou d'Augustin. La théol. protestante a conservé le latin comme langue scientifique jusqu'au siècle dernier pour les thèses, disser-talions, examens, etc,; l'usage n'en est môme pas encore entièrement perdu, et ce latin se ressent avantageusement de l'étude des anciens classiques. — Bible latine, v. Jérôme et Itala.
LATITUDINAIRES (Les larges, les tolérants). C'est le nom qu'on donna au 17 siècle en Angleterre à un parti d'ecclésiastiques appartenant la plupart à l'Église établie, mais désireux d'amener une entente commune entre les épis-copaux, les presbytériens et les indépendants. Ils tenaient aux 39 articles et à la constitution de leur église, mais ils estimaient que ce n'était pas une raison pour rompre la communion avec leurs frères des autres églises. A la tête de ce parti étaient Chillingworth et John Haies, puis More, Cudworth, Tillotson, Spencer, etc. Cette tentative, malgré l'appui du lord chancelier Clarendon, échoua devant l'opposition violente des évêques et devant la résistance un peu étroite des dissidents calvinistes. Dès lors le nom fut pris en mauvaise part et servit à désigner non seulement ceux qui se montrent conciliants sur les points secondaires, mais encore ceux qui sont indifférents aux questions religieuses, les sceptiques, les sociniens, les athées, etc. Plus récemment il a été appliqué à la tendance des Arnold et des Coleridge qui, tout en maintenant les principes évangéliques, mettent le christianisme vivant au-dessus des confessions de foi ecclés. ou dogmatiques.
LATOMUS lo Jacques Masson, théol. catholique, chanoine à Louvain, connu par la réponse que Luther lui adressa de la Wartbourg. à l'occasion de la censure de ses écrits. Né dans le Hennegau, il f 1544. — 2o Même nom, cousin du précédent dont il a publié les oeuvres; aussi chanoine à Louvain. f 1596. — 3° Même nom, contemporain de Luther, abjura le protestantisme par intérêt et mourut dans le désespoir à Louvain; il était juriste. — 4<> Barthélémy, né à Arlon 1485, successivement prof, à Trêves. Cologne et Paris, enfin conseiller électoral à Coblence; auteur de quelques écrits conlre Bu-cer et Andréa, f 1566.
LATRAN, ou Lateran, splendide palais, bâti à Rome par Lateranus Plautius et longtemps connu pour un des plus magnifiques monuments de la vieille cité, sous le nom de domus Latera-norum. Néron le confisqua et fit mourir son propriétaire, l'accusant d'avoir conspiré. Les emp. en firent souvent leur résidence. Constantin le donna au pape Sylvestre, qui s'y établit et ses successeurs après lui, jusqu'au moment de leur départ pour Avignon. A leur retour ils s'installèrent au Vatican, et le Latran fut aménagé pour des collections artistiques. L'église attenante est la vraie paroissiale de Rome, et chaque pape, à son entrée en fonctions, s'y rend pour en prendre solennellement possession;
c'est aussi de là qu'il bénit le peuple le jour de l'Ascension. Cette basilique, connue sous le nom de Saint-Jean de Latran, fut construite par Constantin. C'est la plus ancienne de l'Occident; elle a cinq nefs, sur quatre rangées de colonnes. Innocent X la fit restaurer. Elle est riche en antiquités et en reliques; on y montre encore les têtes de Pierre et de Paul, le plateau sur lequel notre Seigneur a célébré la Cène, et, sous le maître-autel, l'autel de bois sur lequel les papes ont dit la messe jusqu'à Sylvestre. Près de là est le baptistère de Saint-Jean, aussi de Constantin; bâtiment octogone; au milieu, entourée de colonnes de porphyre, une antique baignoire en basalte verte. Deux chapelles y furent annexées par Hilaire 452-468, l'une consacrée à Jean-Baptiste, l'autre à l'évangéiiste. L'égl. de Saint-Laurent appartient encore à cet ensemble d'édifices; on y arrive de la place par cinq escaliers; celui du milieu est la Scala santay qu'on dit venir de la maison de Pilate à Jérusalem; on ne le gravit qu'à genoux et en priant. Sur la place, devant l'église, Sixte V a fait dresser l'un des deux obélisques que Constantin avait fait venir d'Héliopolis.
Conciles du Latran. Il s'est tenu dans ce palais 11 conciles, dont 4 écuméniques. Le premier fut convoqué par Martin 1er 649; il condamna le monothélisme et déplut à l'emp. Constant II, qui fit arrêter le pape et l'envoya prisonnier à Constantinople. C'est en 1125, sous Calixte B, que se réunit le premier conc. ècuménique de ce nom, compté généralement comme 9ni<* écu-ménique, bien qu'à tort, puisque l'Orient n'y était pas représenté. Il traita des investitures et confirma le concordat de Worms. Mille prélats y assistèrent. Le 2d de Latran, avec le même nombre d'évéques, eut lieu en 1139 sous Innocent II; il mit fin au schisme de l'antipape Anaclet, excommunia Roger de Sicile son protecteur, et condamna au feu Arnaud de Brescia. Le 3m«, 1179, sous Alexandre III, vota 27 canons sur la discipline des ecclésiastiques et décida que les deux tiers des voix seraient nécessaires pour l'élection d'un pape; on n'y compta que 300 évêques. Le 4®* enfin, 1215, sous Innocent III, marque l'apogée de la puissance pontificale. On y voit 71 primats, 412 évêques, 800 abbés et prélats, et de nombreux envoyés des puissances. Les décrets sont rendus au nom du pape, avec l'approbation du concile; ils sont au nombre de 70 et portent sur la discipline et le dogme; ils établissent la confession auriculaire et la transsubstantiation; ils condamnent les manichéens, les vaudois, les albigeois, Amal-rie de Bènes, et Joachim de Flore. Enfin ils décident une nouvelle croisade. L'inquisition date aussi de cette session. Faut-il compter comme 5* conc. écuménique de Latran, celai qui fut ouvert en 1512 par Jules II eu opposition à celui de Pise, dont il annulla les décrets? Fort peu d'évêques y assistèrent, et tous italiens. Il avait si peu à faire que, dans la 3roe session, il fut consulté sur la translation d'une foire de Lyon à Grenoble. Cependant il publia la bulle Pater œternus et abolit la Pragmatique sanction. Benoît XIII convoqua 1725 un 6®e conc. à Latran, pour lui faire approuver la constitution Unigenitus.
LAUD, William, arch. de Cantorbéry. Né 7 oct. 1573 à Reading, il montra déjà au collège d'Oxford des tendances vers le catholicisme. L'év. de Rochester, qui le protégeait, le présenta à Jacques I<", qui le nomma son chapelain et lui confia la direction de Johns-College à Oxford. En 1616 Laud fut nommé doyen de Glocester. Il accompagna le roi en Écosse, dans le voyage qu'il fit pour soumettre les trois royaumes à la même religion. Nommé év. de Saint-David, il introduisit dans son diocèse un rituel presque catholique. Son idéal était sans doute l'Egl. des premiers siècles, et il reconnaissait que l'Égl. romaine s'en était ecartée; mais elle avait conservé l'épiscopat et la succession apostolique. Pour lui c'était l'essentiel. Sons Charles son influence alla croissant. Il fut successivement év. de Bath et Wells, puis de Londres, conseiller du roi, administrateur de l'archevêché de Cantorbéry, enfin premier ministre après la mort de Buckingham. Il fit un nouveau voyage en Écosse avec le roi 1633, et froissa le peuple par ses manières orgueilleuses, mais bien plus encore par son zèle arminien, épiscopal et semi-papiste. Nommé archev. de Cantorbéry à son retour, il imposa à l'Angleterre une liturgie et des règles canoniques auxquelles les dissidents * taient obligés de se soumettre, mais les puritains d'Ecosse résistèrent. Ils formèrent en 1639 la sainte Ligue et se préparèrent à se défendre. Le roi s'étant décidé enfin, après 11 ans, à convoquer à Londres son parlement, avril 1640, il y éprouva un échec; le parlement voulut restreindre l'absolutisme royal et refusa les subsides. Il fut dissous. (Jn second parlement (qui fut le Long), convoqué le 30 novembre, se montra plus hostile encore. Laud fut déclaré coupable de haute trahison et responsable de la guerre d'Écosse. Son procès ne fut ouvert qu'en 1644; il fut condamné à mort, et décapité 16 janv. 1645. Sa tendance a reparu de nos jours sous le nom de Puséisme. Son journal (Diary) écrit par lui-même, a été publié par Wharton, 1695.
LAUDA, Sion, Salvatorem: premières paroles d'un cantique de Thomas d'Aquin pour la Fête-Dieu. Elles signifient: Sion, loue le Sauveur!
LAUDEMIUM, en termes canoniques, espèce de droit de mutation, ou d'impôt, que le propriétaire perçoit à chaque changement de vassal ou de fermier, à moins que ce ne soient les descendants directs du titulaire. Ce droit varie entre !/*o et V^o de la valeur de la propriété.
LAUDES (louanges): une des prières du bréviaire; elle devrait se dire à 3 h. du matin, mais elle se confond d'ordinaire avec les Matines. Ce sont surtout des chants de louanges, dans le genre du cantique de Zacharie; ils renferment aussi des invocations à la Vierge et au patron de l'eudroit.
LAUNOY lo Jean (de), né 21 déc. 1603 à Val-de-Sis, près Coutances, f 10 mars 1678 à Paris, Théologien, il visita Rome dans sa jeunesse et passa le reste de sa vie à Paris, où il se lia entre autres particulièrement avec le cardinal d'Es-trées. Il ne voulut point accepter de fonctions ecclés., mais se consacra à l'enseignement de la théol., comme docteur en Sorbonne et écrivit de nombreux ouvrages sur la théol. et l'histoire. Esprit indépendant et judicieux, il défendit le gallicanisme et entra en conflit avec plusieurs ordres religieux, dont il combattit les privilèges, ou dont il contesta les miracles, entre autres les jésuites et les carmélites. On l'avait à cause de cela surnommé le Dénicheur de saints. Daus son premier écrit il défend la doctrine de Durand sur les rapports de la volonté de Dieu avec le péché des hommes (De la prédestination et de la grâce). Il a écrit aussi sur les premiers temps de l'Égl. chrét. en France, sur la doctrine du conc. de Trente relativement à l'attrition et la^ontrition, sur le droit des ordres mendiants de confesser sans l'autorisation du prêtre de la paroisse. Son traité de la Puissance royale sur le mariage est intéressant en ce qu'il établit le droit de l'autorité civile à déterminer les causes d'empêchement, et qu'il réduit les empêchements ecclésiastiques à n'être plus qu'un accessoire. Ayant refusé de souscrire à la condamnation d'Arnauld, il fut exclu delà Sorbonne.—2° Chanoine de Paris, connu seulement par ses violentes prédications contre les huguenots sous Henri IU.
LAURE, v. Couvents.
LAURENT lo martyr. D'après la tradition c'était un archidiacre de Rome; il souffrit le martyr pendant les persécutions de Valérien 257-258, immédiatement après Sixte II. Déchiré d'abord à coups de fouet, il fut placé sur un gril ardent au-dessus de charbons embrasés; il brava ses bourreaux en demandant qu'on le retournât sur le gril. Sommé de livrer les trésors des chrétiens, il avait amené les pauvres et les malades comme le vrai trésor de l'Église. Le poète Prudence l'a glorifié.
2o Antipape, nommé 498 en concurrence avec Symmaque après la mort d'Anastase. Il était archiprétre à Rome et représentait le parti de l'Hénoticon. Théodoric, appelé comme arbitre, mit fin au schisme en se prononçant pour Sym-maque qui avait été nommé le premier et avait obtenu le plus de suffrages.
3<> Lorenzo Giustiniani, né 1380 d'une ancienne famille de Venise, général des chanoines réguliers de Saint-Georges in Alga, év. de Venise 1433, patriarche en 1451, f 1455; auteur de quelques écrits théologiques.
4° V. Valla. — 5® Archev. de Cantorbéry au 6®« siècle. — 60 Archev. de Dublin au 12®«.
LAVAGE des pieds. En souvenir et en accomplissement littéral de Jean 13, 14. les Égl. grecque et latine, qui en avaient fait d'abord un sacrement, ont conservé en quelques endroits la coutume que, le jeudi saint, le pape, certains princes, desévéques, des abbés de couvent, lavent avec un cérémonial convenu les pieds de 12 pauvres vieillards. Saint Augustin et le conc. de Tolède 694 prouvent aussi que dans l'anc. Église cet usage se pratiquait quelquefois.
LAVATER, Jean-Gaspard, né à Zurich 15 nov. 1741, fds d'un médecin, fit ses études dans sa ville natale et entra 1762 dans la carrière pastorale. Nature timide, il savait être énergique lorsque sa conscience parlait. En 1762 il attaqua publiquement un bailli prévaricateur et le força de rendre ses comptes. Il gagna son procès, mais jugea prudent de s'absenter pour quelque temps, jusqu'à ce que l'affaire fût un peu oubliée. Il partit avec ses amis Füssli et Hess, vit Gellert à Leipzig, Spalding à Bart, Enler à Berlin, Klopslock à Quedlimbourg. De retour à Zurich, il épousa en 1762 Anna Schinz et continua de vivre 8 ans encore chez ses parents. Sans place il s'occupa de littérature; il publia en 1766 ses Chants suisses; en 1767 ses Vues sur l'éternité, qui le mirent en rapport avec Herder, Oberlin, et d'autres éminents personnages. En 1768 il entra en correspondance avec Ch. Bonnet et Moïse Mendelssohn. Presque en même temps la vie pratique s'ouvrait devant lui; nommé diacre en 1769, il finit par de venir premier pasteur de l'égl. de Saint-Pierre, et sa réputation comme prédicateur égala celle qu'il s'était acquise comme écrivain. Profondément pieux, avec une forte tendance mystique, il s'éleva contre toute tentative faite pour ramener le christianisme à n'être qu'un déisme, mais il n'aimait pas disputer sur les formules théologiques. Sa foi en Dieu, en l'efficacité de la prière, à la vie intérieure, aux pressentiments, l'empêcha de traiter de charlatans les Cagliostro, les Mesmer, les Gessner; cependant il ne se livra pas à eux sans réserve. Mais ce qui l'a rendu surtout célèbre, ce sont ses études physiogno-moniques. Il en faisait non point un objet de curiosité, mais un moyen de populariser la connaissance de soi-même et d'autrui, pour apprendre aux hommes à se mieux juger et à se mieux aimer. Ses Fragments physiognomoniques, publiés de 1775 à 1778, lui procurèrent de nobles relations, Jung Stilling, Wieland, Fichte, Jacobi, et si elles lui attirèrent des critiques, elles excitèrent ailleurs un véritable enthousiasme. Gœthe fut même un de ses collaborateurs. En politique il ne voulait pas plus du cosmopolitisme de Herder et de Gœthe que des procédés révolutionnaires du chancelier Waser. Il déplora en chaire les massacres du 10 août et la mort de Louis XVI. A cette époque de troubles il eut 1»> courage civique de l'impartialité et devint un moment suspect à tous; il fut même conduit brutalement à Bâle, quoique malade, et empri -sonné pendant 3 semaines par les Français, accusé d'avoir correspondu avec la Russie. S011 innocence fut bientôt reconnue et il put revenir se soigner chez lui. Après la bataille de Zurich, 25 sept. 1799, il était dans la rue, distribuant des vivres, du vin et de l'argent; un grenadier français lui tire dessus et la balle le frappe au-dessous des poumons. Il survécut 15 mois à cette blessure, mais touj. souffrant, et souvent alité. Il essaya encore de prêcher en sept. 1800. mais ce fut la dernière fois; après de cruelles souffrances, il f paisiblement 2 janv. 1802. Parmi ses ouvrages en vers et en prose, nommons encore le Cœur humain, Jésus le Messie, les Paroles de Jésus, Joseph d'Arimathée, Ponce Pilate (ou l'Indifférence religieuse), la Parole d'un Suisse libre à une grande nation 1798, et ses deux dernières brochures: Lettre contre la déportation pour délits politiques, et Chant du Cygne. Ce qu'il y avait de plus remarquable chez Lavater, c'était sa personnalité sympathique et pénétrante. On l'a comparé quelquefois à Fénelon; inférieur comme écrivain, il lui était supérieur comme caractère, plus ferme dans ses convictions. Son éloquence, parfois un peu Iongue, était onctueuse et persuasive, et comme elle était l'expression vraie de l'homme lui-même, elle produisait de grands effets.
LAYARD, Austen-Henry, célèbre par sa découverte des ruines de Ninive et de Babylone. 1845 et 1848, est né 5 mars 1817. Il a été nommé en 1852 sous-secrétaire d'État au ministère des aff. étrang. à Londres et a dès lors reni l'ambassade de Constantinople; mais malgré ses mérites et sa connaissance de l'Orient, il n'a pas trouvé grâce devant certaines influences ministérielles, et a été mis en disponibilité.
LAYMANN, Paul, jésuite, né 1576 à Inns-bruck, ou à Deux-Ponts: prof, de philos, et df théol. morale à Ingolstadt, Munich, Dillingen. Bamberg et Cologne; très considéré comme ca-suiste dans son ordre à cause des développements qu'il a donnés au probabilisme. Il a été si loin sous ce rapport que même la bulle d'Innocent XI, 1679, le nomme parmi les jésuites dont les maximes morales sont frappées d'excommunication. f de la peste à Constance 1635.
LAYNEZ, v. Lainez.
LAZARE (Hospitaliers de Saint-), ordre religieux qui date des croisades; fondé à Jérusalem au 12®* siècle, reconnu par le pape 1255, avec mission spéciale de soigner les lépreux. Il tirait son nom du pauvre Lazare, Luc 16, 20. Introduit en France sous Louis VII, il perdit sa raison d'être à mesure que la lèpre diminua; le titre de chevalier de Saint-Lazare ne fut bientôt plus qu'honorifique et il finit par disparaître à son tour. De Lazare sont dérivés les mots de lazaret, et de ladre qui signifiait lépreux.
LAZARISTES, ordre fondé 1624 par Vincent de Paule, à la demande et avec l'aide du comte de Gondy, pour visiter et instruire dans la religion les classes pauvres et le peuple des campagnes. On les appelait Prêtres de la mission, et le nom de lazaristes leur vint de ce qu'ils s'établirent d'abord dans un collège qui avait appartenu à l'ordre militaire de Saint-Lazare. Urbain VIII les autorisa. Ils se répandirent assez promptement en France, encore du vivant de leur fondateur, et ils ouvrirent des séminaires en Italie, Pologne, Irlande, Alger et Tunis. Supprimés à la révolution, ils furent rétablis en 1804 et définitivement en 1816. Ils comptent auj. plus de 700 membres, travaillant surtout dans le Levant, en Chine, aux États-Unis et au Brésil. Ils sont chargés de l'enseignement dans plusieurs diocèses étrangers.
LAZIENS, peuplade qui habitait laColchide, auj. le pays des Lesghiz, entre le Phase et le Bathys. Un de ses princes, Tyathus, fit en 520 le voyage de Constantinople pour s'assurer l'appui de Justinien contre les Perses. Il se laissa baptiser et épousa une Grecque de distinction. Le peuple accepta ce changement de religion et montra même du zèle pour la propagation de l'Évangile. Les Perses essayèrent de les fixer davantage dans l'intérieur du pays.
LEADE, Jane, née 1623 près de Norfolk, élevée dans l'Égl. anglicane, mariée en 1644 à un marchand, veuve en 1671, aveugle en 1690, 113 août 1704. Elle eut des visions, des révélations, surtout après son veuvage, et devint le centre d'une petite secte qui compta jusqu'à cent membres. Elle regardait la sagesse (Sophia) comme l'épouse de Dieu et la mère des croyants; elle attendait la prochaine venue de la nouvelle Jérusalem, et le rétablissement de toutes choses. A l'instigation deschiliastes allemands Petersen et Kelner, elle fonda avec Bromley et Pordage une société qui prit le nom de Philadelphie (amour fraternel), mais qui s'éteignit avec elle.
Ses ouvrages, devenus très rares, sont écrits dans un style mystique et obscur.
LÉANDER, archev. de Séville en 578, était le frère aîné d'Isidore et fils du préfet Sévérien de Carthagène et de Turtura. Il gagna au christianisme le prince Hermenegild, fils de Léovi-gilde, et se rendit même à Constantinople pour lui chercher un appui contre son père. Le jeune prince ayant été vaincu et mis à mort, Léander fut jeté en prison, mais le successeur de Léovi-gilde, Reccared, le fit relâcher et embrassa la foi chrétienne. Léander présida le conc. de Tolède 589, où l'arianisme fut condamné et la doctrine évangélique nettement formulée. En 590 nouveau concile à Séville, où il défendit les droits de la cour de Rome; Grégoire l** l'en récompensa en lui envoyant le pallium (ils s'étaient connus à Constantinople). On a encore de lui son discours à Tolède et la règle qu'il donna aux religieuses; on possède aussi la réponse que lui fit Grégoire portant que pour le baptême une seule immersion suffit, tandis que les ariens en voulaient trois.
LÉBRIJA, ou Lebrixa, ou Nebri$$a, Aelius Antoine, le restaurateur des études classiques en Espagne. Né 1444, il étudia à Salamanque et visita ensuite les univ. italiennes. A son retour il occupa divers emplois administratifs et fut nommé professeur à Séville et à Salamanque. Ses efforts pour relever les études furent couronnés de succès. Il composa un Dictionn. latin sous les auspices du cardinal Zuniga, grand-maître de l'ordre d'Alcantara. Ximénès le nomma 1508 à Alcala, et en 1513 il retourna définitivement à Salamanque où il f 1522. Il avait travaillé à une révision de la Vulgate, et collaboré à la Polyglotte de Ximénès. Ces travaux critiques lui valurent les censures et les tracasseries de l'Inquisition, mais la protection de Ximénès le sauva.
LEBUIN, ou Liafwin, anglo-saxon; appelé par une vision, il obtint de Grégoire d'Utrecht la permission d'évangéliser les Frisons et les Saxons. Il construisit plusieurs églises, mais qui furent bientôt démolies. Lui-même, au cœur de la Saxe, n'échappa à la mort que par la protection d'un noble. II revint dans la Frise et releva les ruines du temple de Deventer. f vers 775.
LECTEUR (anagnoste), celui des clercs qui était primitivement chargé des simples lectures dans le culte; c'était le degré inférieur de la prêtrise. Depuis que dans la messe les diacres et les sous-diacres remplissent cet office, la fonction a disparu, mais elle est encore rappelée pour la forme dans le rite de l'ordination. Il faut mentionner trois autres catégories de lecteurs, qui n'ont rien de commun axec l'ancienne charge de ce nom: le lector dignitatis, qui règle dans les égl. cathédrales Pensemble et la suite des lectures à faire; le leetor mensœ, lecteur de table, qui dans les couvents et les sociétés religieuses fait# la lecture pendant les repas; et le lecteur, ou"professeur, qui enseigne dans les écoles et les séminaires épiscopaux.
LECTIONNAIRE. recueil des fragments qui doivent être lus le dimanche on aux différentes fêtes. Le plus ancien document de ce genre, et qui sert encore de base au Lectiomrium plenarium, est le Cornes, ou Compagnon, de saint Jérôme; on l'appelait major ou minor, le grand ou le petit, suivant qu'il donnait le texte entier ou seulement le commencement et la fin des péri-copes. Le I^ect. gallicanum, découvert par Ma-billon au couvent de Luxeuil, et qui servait clans l'ancienne Égl. des Gaules, est écrit en lettres mérovingiennes; il ne mentionne qu'un petit nombre de fêtes, mais entre autres celle de sainte Geneviève; enfin, contrairement au rite grégorien, et conformément à la vieille coutume gauloise, il a trois fragments pour chaque messe. Le Lect. romain renferme, outre les Èpîtreset les Évangiles, d'autres fragments des Écritures appropriés au culte.
LECTURÆ, lectures. On désigne ainsi divers écrits, discours, ou leçons sur le droit romain et le droit canon. Ce sont des travaux d'exégèse, ou des explications, qui n'ont pas de valeur officielle et qui ne donnent que l'opinion dp l'auteur. Les principaux ouvrages de ce genre sont dus à Baldus, Pierre d'Ancharono, Jean d'imola, Alexandre Tartagnus, Barbatia Siculus, Pierre Sandeus et Franciscus de Accoltis.
LEE 1° Anna, née 1735 à Manchester, femme d'un maréchal, se donna dès 1768 parmi les quakers comme une prophétesse, comme la Parole et l'épouse de l'Agneau, dont devait naître le nouveau Messie. Persécutée en Angleterre, elle émigra 1774 avec ses disciples en Amérique, où elle f 1784 sans avoir accompli sa prophétie. Ses sectateurs, peu nombreux, se sont maintenus jusqu'à ce jour, et portent le nom de shakers pour rappeler la danse qui fait partie de leurs cérémonies religieuses; ils vivent dans le célibat, la pauvreté et l'attente du Seigneur.
2° Édouard Lee, né 1482 à Lee-Magna, Kent, chapelain d'Henri VIII 1529, archev. d'York 1531, connu surtout par ses démêlés avec Érasme et les humanistes, qu'il avait provoqués par ses critiques de la trad. de la Bible d'Érasme, f 13 sept. 1544.
LEFEVRE d'Étaples (Faber Stapulensis), né 1450 à Étaples, un des pères de la renaissance et même de la Réforme en France. Après avoir étudié à Paris où il prit le grade de maître ès arts, il vint en Italie et visila plusieurs contrées de l'Europe, et même, dit-on, de l'Orient. A son retour il fut nommé maître de mathématiques et de philos, au collège du cardinal Le Moine à Paris. L'év. Briçonnet, de Meaux, qui l'appréciait à cause de ses talents, de son savoir et de sa piété, lui offrit dans son monastère de SaintGermain-des-Prés un paisible asile contiv les ennemis, théologiens et moines, que lui attirait son indépendance en philosophie. Louis XII l'avait protégé; François I«r le protégea aussi contre la Sorbonne. Il avait beau t faire les plus grandes révérences aux images, » on lui reprochait surtout de distinguer les trois Marie, la pécheresse, la sœur de Lazare et la Made-laine, que le bréviaire confond en une seule: ses livres allaient être brûlés, et lui-même peut-être aussi, comme Berquin, lorsque Briçonnet le nomma son grand-vicaire, 1 mai 1523, Marguerite de Valois obtint de François que les poursuites fussent arrêtées. Leffevre continua ses travaux sur la Bible, qui achevèrent de k gagner entièrement à la Réforme, sans toutefois qu'il ait jamais rompu officiellement avec l'Égl romaine. De 1523 à 1525 il traduisit le N. 1. avec notes; les persécutions se renouvelèrent, et Louise de Savoie, faisant l'intérim du vaincu de Pavie, Marguerite fut impuissante à le protéger, d'autant plus que Briçonnet lui-mêm» faiblissait. Lefèvre s'enfuit à Strasbourg, nov 1525. Mais François le rappela, lui confia l'éducation de son fils Charles, duc d'Orléans, f 1545, et Marguerite le nomma son bibliothécaire à Blois. C'est là qu'il acheva la trad. de l'A. T. 1528. Il partit ensuite 1531 avec Marguerite pour Nérac, où il f 1536 sur les terres du roi de Navarre. Il a énormément écrit; outre les livres indiqués, on a encore de lui une trad des Homélies de Chrysostome sur les Actes, un Catalogue de la biblioth. du château de Blois, le Quintuplex Psalterium avec notes, des Comment. sur les 14 ép. de Paul, sur les 4 Évang.. sur les ép. catholiques; plusieurs études sur ^ristote, une trad. de la Théologie de Jean Da-mascène, etc. D'un caractère doux et facile, de mœurs irréprochables, ne rêvant que de scieno et de vérité, il eut cependant de nombreux adversaires, et à leur tête le même Noël Beda qui venait de faire condamner Berquin. Il se reprochait à la fin de sa vie de n'avoir pas su se fair brûler comme tant d'autres !
LÉGATS. Comme conséquence naturelle du droit que les papes se sont attribué de gouver ner le monde, ressort le droit pour eux de se faire représenter d'une manière permanente ou occasionnelle sur divers points de leur territoire ecclésiastique, par des hommes auxquels ils délèguent tout ou partie de leurs pouvoir> absolus. Ce droit a été contesté par ceux qui n'admettaient pas la suprématie des év. de Rome, p. ex. les églises d'Afrique. Dans la régie, au 4me et au siècle, c'étaient les ét eux-mêmes qui étaient chargés en certaines circonstances de cette délégation; quelquefois aussi les papes envoyaient des hommes spéciaux, tels que Boniface en Allemagne, Augustin en Angleterre. A mesure que s affaiblit la discipline et que les rapports avec les autorités temporelles se multiplièrent et se compliquèrent, le nombre des légats augmenta et il fallut au lime siècle fixer plus exactement leurs attributions. Mais, comme souvent ils empiétèrent sur la juridiction épiscopale, il en résulta des froissements et des récriminations de la part des évêques, et Rome dut consentir à limiter la compétence de ses délégués, dont l'exercice fut d'ailleurs subordonné à l'autorisation préalable du prince temporel. On en revint à rattacher les fonctions et surtout le titre de légats à certains archevêchés, tout en réservant au besoin le cas de légations extraordinaires: de là la distinction entre les légats nés (nati) et les légats envoyés (missi ou dati). Cette institution prit une importance exceptionnelle aux temps de la Réforme, où il s'agit k la fois d'organiser les missions et de combattre les princes et les peuples qui avaient accepté le retour à l'Évangile. Le conc. de Trente fut présidé par des légats. Des nonces, ou légats permanents, furent installés k Lu-cerne 1579, à Vienne 1581, à Cologne 1582, k Bruxelles 1588; mais ils ne tardèrent pas, à cause de leurs empiétements, à devenir une source continuelle de conflits et de discorde, si bien que des plaintes incessantes s'élevant, l'existence de ces nonciatures fut rangée au nombre des griefs (grammina) de la nation allemande. L'emp. Charles VI déclara en 1736 qu'il ne voulait plus de nonces à Cologne, parce qu'ils troublaient la paix du pays: de même en 1761 le prince électeur du Palatinat. La lutte prit un caractère plus aigu encore lors de rétablissement d'une nonciature k Munich et de la nomination du comte Zoglio à ce poste; les archev. répondirent k ses empiétements par les résolutions connues sous le nom de Ponctation d'Ems q. v., qui n'eurent malheureusement aucune suite, à cause de la mort prématurée de Joseph II. Auj. les légats sont considérés comme des ambassadeurs, jouissant des mêmes privilèges sous les mêmes conditions. On distingue encore les légats de naissance, c.-à-d. dont le titre est attaché à certaines fonctions, sans leur donner d'autres droits que des honneurs, et quelquefois un traitement, et les légats en fonctions régulières qui ont généralement le titre de nonces apostoliques, ou d'internonces s'ils n'ont qu'une mission diplomatique momentanée. Le titre de vicaire apostolique suppose une mission chez les païens et relève directement du collège de la Propagande. Le légat a latere, ou de la-tere, remplace immédiatement et absolument le pape dans la mission spéciale qui lui est confiée. Ce n'est plus la coutume d'envoyer des cardinaux comme légats, depuis que les légats ne sont plus que de simples ambassadeurs, mais quel que soit leur rang dans la hiérarchie, les légats ont le pas sur tous les dignitaires ecclésiastiques. La Suisse a renvoyé son nonce et supprimé la nonciature 12 déc. 1873 à cause d'une tentative d'empiétement de son dernier titulaire, M. Agnozzi.
LÉGENDES (fragments à lire). On désignait ainsi dans l'origine, en général les morceaux qui devaient être lus dans les églises, puis plus spécialement certains fragments des Actes des saints ou des martyrs. Peu à peu le même mot servit à désigner tout récit de la vie d'un saint avec l'accompagnement obligé d'un peu de merveilleux et de surnaturel. De bonne heure, avec ou sans intention, l'on prit l'habitude de rattacher à l'hist. de chaque saint des embellissements poétiques et fictifs, qui ont fini par ôter aux légendes tout caractère de crédibilité; elles sont devenues le synonyme de fables (Luther, au lieu de légende, les appelait lugende, les menteuses). Le moyen âge a été l'époque privi légiée de ce genre de littérature, et à mesure que le goût baissa la légende dégénéra, tombant du mythe dans la fable, et du merveilleux dans l'extraordinaire, le puérile et le burlesque. Les légendes des saints sont encore auj. la lecture favorite recommandée aux populations catholiques. Depuis Herder les auteurs qui se respectent ont essayé de leur rendre leur poésie première, mais cette entreprise est neutralisée par les légendes de plus en plus ridicules que l'on cherche k accréditer parmi le peuple, légendes neuves, dont les vrais détails sont souvent dénoncés par les évêques eux-mêmes, et quelquefois flétris par les tribunaux, soit en Allemagne, soit en France et ailleurs (la Sa-lette, Lourdes, etc.). Le recueil le plus complet est celui des bollandistes, q. v. Les latins comptent à leur avoir un Martyrologe attribué à Jérôme; les grecs, le recueil de Métaphrastes. — Quant k la Légende dorée, v. Voragine.
LÉGER lo v. Léodegar. — 2° Antoine, originaire de la vallée de Saint-Martin, né 1594; pasteur dans les Vallées et à Constantinople; puis pasteur et prof, de théol. et de langues orientales à Genève, f 1661; auteur de 3 vol. de Sermons, publ. Genève 1720. Ami de Cyrille Lucar, il avait publié avec lui un N. T. en grec ancien et grec moderne. Aimé et respecté pour ses talents, sa modestie et sa sainteté.
3o Jean, neveu du précédent, fils du consul de la Vallée; né 1615; pasteur de Saint-Jean, dans les Vallées vaudoises, et modérateur, fuj plusieurs fois condamné à mort, et finit par se retirer à Genève d'abord, puis à Levde où il fut nommé pasteur, se remaria 1665, écrivit son Hist. générale des Égl. vaudoises, 1669, et f avant 1684. Son Histoire, 2 forts volumes, ne raconte proprement que la persécution de 1655; elle est plas remarquable comme couleur locale que comme rédaction; il semble qu'on assiste aux terribles événements, et si le style en est parfois passionné, cela s'explique de la part d'un homme qui en a été le témoin oculaire et la victime. Il faudrait n'avoir pas de cœur pour raconter de sangfroid les atrocités dont il s'est fait l'historien, et dont il répète si souvent: « J'ay esté témoin; j'ay vu de mes yeux. » Il a écrit aussi une Remonstrance pour les Vallées, et une Apologie des Égl. du Piémont.
LÉGION, corps d'armée des milices romaines. Elle se composait en général de 6000 hommes divisés en 10 cohortes, 30 manipules et 60 centuries, pas touj. au complet. Deux légions appartiennent à l'hist. de l'Église: 1° la légion Fulminante, ou foudroyante, primitivement appelée Mélitine, parce que Trajan l'avait installée à Mélitène, près de l'Euphrate. Elle était toute composée de chrétiens, et devait son surnom, d'après Eusèbe et Tertullien, au fait qu'en 174, sous Marc-Aurèle, l'armée poursuivant les Qua-des dans les forêts de la Germanie, se trouva engagée dans une solitude sans eau, ni sources, et allait périr; mais les chrétiens de la légion obtinrent de Dieu par leurs prières un orage accompagné d'une pluie torrentielle, qui eut le double effet de fournir de l'eau aux Romains et de jeter le désordre dans les rangs enuemis. En suite de cette délivrance Marc-Aurèle serait devenu plus favorable aux chrétiens. Mais cette belle légende est démentie par le fait que Marc-Aurèle persécuta les chrétiens en 177, et par cet autre fait que l'armée romaine comptait déjà depuis longtemps sa légion Fulminante.
2<> La légion Thébaine, ou thébéenne, toute composée de chrétiens (levés en Thébaïde?). Une légende raconte que, sous Dioclétien ou Maximien, cette légion, commandée par Mauri-tius, ayant refusé soit de sacrifier aux idoles, soit de prendre part à une persécution dirigée contre les chrétiens, fut d'abord décimée par l'emp. irrité; puis, cette exécution partielle n'ayant pas suffi, entièrement passée au fil de l'épée par le reste de l'armée. La chose aurait eu lieu à Martigny (Octodurum). Le nombre des martyrs indiqués varie entre 6000 et 6666. Leurs ossements auraient été retrouvés et recueillis en partie à Agaunum, qui aurait pris dès lors le nom du chef de la légion, saint Maurice, et qui est auj. un lieu de pèlerinage assez fréquenté. On conserve à Cologne les crânes de 57 de ces saints, dont une femme. La légende a été racontée pour la première fois par Euchère, év. de Lyon vers 430, à moins, comme le pense
Rettberg, qu'il s'agisse d'un autre Euchère plus récent, qui doit avoir vécu vers 560. Depuis les Centuries de Magdebourg, il est presque généralement admis que cette histoire n'a aucun fondement historique; c'est l'opinion de Du-bourdieu, Baulacre, Hottinger, Gieseler, etc. L'authenticité du fait a été soutenue par Pierre de Rivaz, Valais 1789, par les bollandistes à la date du 22 sept., et par quelques auteurs catholiques modernes. On ignore si c'est de la Thèbes d'Egypte, ou de celle de Grèce, que cette légion tirait son nom.
LÉGISTES, nom qu'on donnait aux glossa-teurs, ou interprètes du droit romain, par opposition aux décrétistes, qui s'occupaient du droit canon d'après le décret de Gratien. Les premiers défendaient les droits des empereurs, tandis que les autres étaient au moyen âge les champions de l'autorité papale.
LEGRAND, Jacques, v. Maguus 2°.
LEHNIN, vieille abbaye des environs de Pots-dam, connue surtout par l'oracle de ce nom, Vaticinium lehnense, fabriqué vers la fin do 17n>e siècle, et qu'on essaya d'attribuer à un moine du 14^. v. Hermann.
LEIBNITZ, Godefroi-Guillaume, né 6 juillet 1646 à Leipzig, fils d'un prof, de droit, perdit son père en 1652, mais n'en fut pas moins élevé avec beaucoup de soin par sa mère, Catherine Schmuck, et se distingua de bonne heure par ses aptitudes et sou amour du travail. A 15 ans il entrait à l'université, à 17 ans il était bachelier, à 18 maître en philos, à Iéna, à 20 docteur en droit et prof, à Altdorf. En 1667 il vint à Francfort-sur-Main, se fit connaître par une Méthode pour l'étude du droit et par quelques brochures politiques, et fut appelé en 1669 par l'électeur de Mayence comme conseiller de chancellerie. Il passa ensuite 4 ans à Paris, 1672-1676, comme gouverneur du fils du baron de Boinebourg, fréquenta les cours publics et les savants, s'occupa surtout de mathématiques, communiqua plusieurs découvertes à l'Acad. des sciences, qui l'admit dans son sein; visita l'Angleterre, où il fut reçu membre de l'Académie royale de Londres. En 1676 il fut appelé par le duc de Brunswick-Hanovre, qui le nomma bibliothécaire, baron, conseiller aulique, et en 1687 historiographe de la maison de Brunswick. Il faisait marcher de front les travaux les plus divers, histoire, théol., philos., politique, mathématiques. En 1700 il était nommé président perpétuel de l'Académie de Berlin, qu'il venait de fonder. Il avait visité l'Allemagne et l'Italie pour recueillir les matériaux nécessaires à son histoire de Brunswick, dont il ne put cependant publier lui-même que des fragments. Les sou* verains le recherchaient. A la demande de Pierre-le-Grand, il fonda une académie à Pé-tersbourg; Charles VI de Suède le créa baron et le pensionna; Louis XIV tâcha de le fixer en France, f à Hanovre 14 nov. 1716. Génie universel, il découvrit en même temps que Newton le Calcul différentiel et intégral. En philosophie il fut éclectique, admettant dans le moi une puissance absolue agissant par elle-même et créant la pensée et les principes abstraits. Il a posé et développé deux grands principes, celui de la continuité des êtres (leur échelle), et celui de la raison suffisante, qui, exagéré par Wolff, conduit au fatalisme et au stoïcisme. Son système des monades, qui est à la base de sa doctrine, et qu'il opposait au panthéisme de Spinosa comme au dualisme de Descartes, aboutissait par sa théorie nouvelle de l'Harmonie préétablie, à l'idée de la Providence, et par là même à l'optimisme: notre monde n'est pas parfait, mais il est ce qu'il pouvait y avoir de meilleur dafts les conditions oti il se trouve. C'est cette théorie qui a donné à Voltaire l'idée de sa plaisanterie de Candide. Leibnitz appartient à la théologie par son principal écrit, dirigé contre Bayle: Essais de Théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal, où il montre comment le mal appartient nécessairement à tout ce qui est fini, et comment Dieu a créé le meilleur monde possible avec les éléments imparfaits et finis du monde actuel. Il reconnaissait la révélation et n'admettait pas qu'elle pût être en contradiction avec aucune idée philosophique. Il travailla à réunir en une seule les diverses égl. protestantes et s'en occupa sérieusement avec Spener, mais sans succès. Il fit aussi d'inutiles efforts pour concilier le protestantisme et le catholicisme, et correspondit dans ce but avec Pélisson et Bossuet, mais il demandait comme préliminaire de l'union, que le pays suspendit les effets et décrets du conc. de Trente. Le projet d'union qu'il avait élaboré se trouve dans son Systema theologicum, 1680, trad. par A. de Broglie 1846; mais comme il maintenait avec énergie les principes essentiels du protestantisme, cette tentative n'eut pas de suites. La Ire édit. compl. de ses œuvres a été publ. par Dutens, Genève 1768. LEICZON (La Nobla), v. Leyczon. LEIDRADE, né dans la Norique vers le milieu du siècle, distingué par ses talents et son érudition, attaché d'abord à Arnon, év. de Salzbourg, fut un des missi dominici de Charlemagne, doyen de la cathédrale à Zurich, puis fut nommé par lui, 798, archev. de Lyon où il y avait de grands désordres à réparer. Il se distingua comme réformateur des Maures, comme organisateur et comme restaurateur des bâtiments du culte. Il fut envoyé 2 fois en Espagne, à Urgel, pour y combattre les adoptiens, et après la mort de Charles, se retira 814 au couvent de Saint-Médard à Soissons, où il mourut. Mabillon et Baluze ont publ. quelques-uns de ses écrits.
LEIPZIG, en Saxe, ville de plus de 80,000 habitants, déjà regardée en 1015 comme le centre du commerce de l'Allemagne, et auj. encore célèbre par ses foires annuelles et par sa librairie, doit à sa position d'avoir été mêlée à une foule d'événements politiques et religieux. Son université fondée 4 déc. 1409 à l'occasion des mesures oppressives prises contre les Allemands à l'univ. de Prague, passa à la Réforme en 1539 sous Maurice de Saxe et attira à elle Cruciger et Medler qui commencèrent la réputation de sa faculté de théologie. Elle représenta d'abord le philippisme, comme Wittenberg, mais peu à peu, sous l'influence de Carpzov et d'Hulse-mann, elle prit le caractère d'une orthodoxie très accentuée, par opposition aux tendances religieuses de l'école de Franke, dont elle se sépara. Elle eut aussi des prof, rationalistes distingués. Auj. sa tendance générale est plutôt luthérienne. Parmi les hommes qui l'ont illustrée, outre ceux qui sont nommés plus haut, on distingue Camerarius, Olearius, Crusius, Gel-lert, Keil, Rosenmuller, Tittmann, Winer, Har-less, Herzog, Tischendorf, etc. La Soc. des missions de l'Allemagne du nord a été transférée à Leipzig en 1848 à cause du voisinage de l'université. Il s'y est fondé aussi en 1844 une église catholique allemande; là s'est réuni le 25 mars 1845 le premier concile catholique-allemand, qui a donné à la nouvelle Église son nom et sa confession de foi. Parmi les souvenirs historiques de cette ville, trois méritent d'être relevés:
La dispute de Leipzig, 1519. Provoquée par les attaques du Dr Eck d'Ingolstadt contre Luther, elle devait avoir lieu d'abord entre Eck et Carlstadt; mais Eck ayant publié 13 thèses nouvelles sur les pénitences et les indulgences, Luther crut devoir intervenir en personne. La dispute s'ouvrit le 27 juin 1519 en présence du duc Georges et de Mosellanus, et dura jusqu'au 3 juillet entre Eck et Carlstadt, roulant sur les 18 thèses de ce dernier relatives au Libre arbitre. Du 4 au 13 juillet elle eut lieu entre Luther et Eck, et roula principalement sur la primauté de l'Égl. de Rome que Eck, dans ses 13 thèses, faisait remonter au delà du pape Sylvestre, ce que Luther nia au nom de la Bible, de l'histoire et du concile de Nicée. Le 8 il y eut aussi une discussion sur le purgatoire. Enfin le 14 la discussion reprit entre Eck et Carlstadt sur le libre arbitre, et fut close le 16. Le résultat le plus clair de cette Dispute fut d'affranchir entièrement Luther de ses préjugés, et de le décider pour la Réforme. D'après Ranke, ce fut le moment capital de sa vie, car il fut amené à nier, à propos de Huss, même l'autorité des conciles.
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L'Intérim de Leipzig, 1548. Le prince Maurice de Saxe ne pouvant, à cause des engagements qu'il avait pris vis-à-vis de son peuple, adhérer à l'Intérim d'Augsbourg, qui faisait la part trop belle aux catholiques, chercha un moyen terme et réunit, d'abord à Pegau 23 août 1548, puis à Torgau 18 octobre, enfin à Celle du 16 au 20 nov., un certain nombre de conseillers, évéques, prélats, théologiens, pour rédiger un projet d'Intérim pins acceptable. A Celle ils finirent par tomber à peu près d'accord, et les États de Leipzig adoptèrent le 25 déc. ce projet avec quelques légères modifications, v. Adiaphora.
Colloque de Leipzig. Les princes électeurs de Brandebourg et de Saxe et le landgrave de Hesse s'étant réunis du 3 au 23 mars 1631 à Leipzig pour se concerter contre l'édit de restitution, les ecclésiastiques réformés et luthériens qui les accompagnaient profitèrent de la circonstance pour examiner ensemble officieusement s'il ne serait pas possible de réunir les denx confessions. Les réformés consentirent à prendre pour base de la discussion la Conf. d'Augsbourg; ils s'engagèrent même à la signer, pourvu qu'il fût entendu qu'il y aurait pleine tolérance réciproque sur la doctrine de l'ubiquité et sur celle de la présence réelle matérielle du corps et du sang de Christ dans l'eucharistie. On s'entendit également sur la prédestination. Le procès-verbal de cette conférence ne fut tiré qu'à un petit nombre d'exemplaires et peu répandu. Le projet n'aboutit pas, le président du Colloque, Hoë de Hoënegg, ayant lui-même repris les hostilités contre les réformés, pour n'être pas taxé de tiède par les luthériens.
LELONG, Jacques, né à Paris 19 avril 1665, destiné à entrer dans l'ordre des chevaliers de Saint-Jean, fut envoyé tout jeune à Malte pour son éducation, Mais il ne s'y plut pas, demanda un congé et revint à Paris où il acheva ses études. Il entra 1688 dans la Congrég. de l'Oratoire, dont il fut nommé bibliothécaire, après avoir d'abord enseigné les mathématiques et les lettres dans plusieurs collèges, à Juilly, à Notre-Dame des Vertus, etc. f 1721. Ses principaux ouvrages sont la Biblxotheca sacra, catalogue des principales éditions et traductions de la Bible, 1709; réimpr. en 1723 avec quelques changements et une Notice biographique; Biblioth. histor. de la France, 1719. Catalogue de tous les livres et mss. qui se rapportent à cette histoire.
LE MAISTRE, v. Sacy.
LEMBERG, capitale de Galicie; 75,000 hab., siège de trois archevêchés, arménien, grec-uni, et latin. L'arménien date de 1365 et relevait primitivement du patriarcat d'Etschmiatzin; depuis 1624 il s'est soumis au siège romain.
LEMOINE, ou Lemoyne, cité dans les Provinciales de Pascal, né 1602 à Chaumont en Bassigny, f 1671; jésuite, médiocre comme théologien et comme poète; auteur d'un poème épique sur saint Louis.
LENFANT 1° Paul, de Saumur; après avoir desservi comme pasteur les égl. de Bazoche*, d'Albone et de Ch&tillon sur Loing, il fut banni par la Révocation de l'Édit de Nantes, et s'en vint à Cassel, où il n'y ayait pas moins de 3000 réfugiés en 1686. f à Marbourg, juin 1686. — 2° Jacques, son fils, né à Bazoehes 13 avril 1661, étudia à Saumur et Genève; la consécration lui ayant été refusée à cause de ses idées sociniennes, il alla la demander à Heidelberg, août 1684, et fut nommé pasteur de l'égl. française. En 1688 il dut fuir devant l'invasion et vint à Berlin, où il fat très bien reçu par l'électeur, qui le mit au nombre des pasteurs des réfugiés. Il occupa ce poste 39 ans, et t le 7 août 1728 à la suite d'une attaque de paralysie. Prédicateur agréable plutôt que puissant, il a laissé des discours faits pour être entendus plutôt que lus. Il a fait avec Beausobre une trad. du N. T. qui ne manquait pas démérité et dont la préface, de 236 pages, était une véritable Introduction. Mais ses écrits les plus appréciés sont: son Hist. du Conc. de Constantinople, plusieurs fois réimprimée; son Hist. du Conc. de Pise, et son Hist. de la guerre des hussites On a en outre de lui une douzaine d'ouvrages moins importants, et des articles publiés dans la Revue germanique, dont il était le collaborateur.
LENGERKE (de), né 30 mars 1803 à Hambourg, prof, de théol. et de langues orientales à Kônigsberg en 1829, f 3 févr. 1855; a écrit sur l'Herméneutique d'Éphrem Syrus, un Comment. sur Daniel, et une Hist. d'Israël en Canaan jusqu'à la mort de Josué.
LENTULUS. On possède sous ce nom une lettre apocryphe adressée au sénat de Rome par un Romain qui s'intitule Prœse* Hieroeolymita-norum, et qui donne la description et le portrait de Jésus: t Beau entre les hommes; cheveux bon-clés et frisés, rouges et brillants; raie au milieu de la tête; le nez et les oreilles sans défauts; on ne l'a jamais vu rire, mais souvent pleurer, etc. • La lettre, dont les exemplaires mss. varient entre eux, a été publ. d'abord dans la Ira édition d'Anselme, ensuite dans les Centuries de Mag-debourg. Son inauthenticité ressort du titre même qne se donne l'auteur, la charge en question n'ayant jamais existé. Ensuite il emploie des expressions bibliques dont un Romain et un païen ne se seraient jamais servis. On suppose qu'il y a là une imitation d'un écrit du même genre composé au 14me siècle par l'historien grec N'icéphore.
LÉODEGAR, Leodegàrxus, en français Sat»<-Léger, né vers 616 d'une famille considérée, fut nommé très jeune archidiacre et abbé dans le diocèse de Poitiers. En 659 il est év. d'Autun. Il contribua à l'élection de Childéric II, contre Thierry III soutenu par Ebroin; mais ayant censuré la vie voluptueuse du roi, il fut enfermé dans le monastère de Luxeuil. Thierry le rendit à son diocèse, mais sous Clovis, Ebroin qui avait à se venger assiégea Autun. Pour éviter à la ville les horreurs d'un siège, Léodegar se livra lui-même à son ennemi, qui lui fit d'abord crever les yeux, couper les lèvres et la langue, et après l'avoir fait déposer par un simulacre de concile comme complice de la mort de Childéric, il lui lit trancher la tête dans un bois près d'Arras, 678.
LÉON lo dit le Grand, né à Rome ou en Toscane, élu pape en 440, f 10 nov. 461. Il approuve les actes du conc. de Constantinople contre l'eutychianisme 448. Ses députés ne sont pas écoutés au conc. écuménique d'Éphèse, dit des voleurs. Nouveau conc. du même genre à Nyase 451; on doit le transporter plus près de Constantinople, à Chalcédoine. L'opinion de Léon est adoptée qu'il y a deux natures en Christ, mais sans mélange. On condamne à la fois l'eutychianisme et le nestorianisme. Léon, par sa noble et courageuse intervention et par son éloquence, parvient à détourner Attila d'entrer dans Rome 452, mais il est moins heureux avec Genséric, et la ville est pillée par les barbares, 455. L'idée d'une succession apostolique se développe de plus en plus, et Léon proteste contre le 28®* canon du conc. de Chalcédoine qui a déclaré égaux les patriarches de Constantinople et de Rome. Il se fait donner par Valen-tinien III, 455, un rescrit confirmant sa primauté, et où la résistance à l'év. de Rome est appelée un crime contre l'empereur. Hilaire d'Arles ayant destitué Calédonius de Besançon, Léon, pour se venger, prétendit, mais sans y réussir, transporter son patriarcat d'Arles à Vienne. On a de lui quelques écrits, 96 sermons, 173 lettres, etc.
2o Léon II, Sicilien, pape 682, f 683. On lui doit l'aspersion par l'eau bénite, et une trad. des Actes du 6®e concile.
3o Léon III, Romain, élu 795, f 11 juin 816. Deux de ses compétiteurs le firent assaillir en 799 par une bande d'assassins qui, après l'avoir horriblement maltraité, l'enfermèrent dans un couvent. Il réussit à s'échapper, se sauva en France auprès de Gharlemagne, et grâce à une escorte fournie par ce puissant monarque, il put remonter sur son siège. Il témoigna sa reconnaissance à son protecteur en mettant sur sa tête la couronne impériale, Noël 800, et celui-ci de son côté le mit en possession de l'exarcat de Ravenne. Dès lors le pape est prince.
4° Léon IV, Romain, pape 847, f 855. Il fut élu sans l'autorisation impériale. Cependant les papes reconnaissaient toujours, dans la forme, la domination des empereurs, bien que, par un cercle vicieux, Ton commençât à considérer la dignité impériale comme dépendant de l'onction du pape. Il est le premier qui dans ses discours mit son nom avant celui des princes. Léon embellit Rome et la fortifia contre les invasions des Sarrasins; il y ajouta un nouveau quartier sous le nom de Léopolis, qui est compris aujourd'hui dans l'enceinte actuelle. C'est vers cette époque, sous Léon IV, ou sous son prédécesseur Serge II, qu'on vit pour la première fois apparaître le recueil des Fausses Décrétâtes, fabriquées, à ce qu'on suppose, par un diacre de Mayence, Benoît le lévite. La légende lui donne pour successeur la papesse Jeanne, q. v.
5o Léon V, bénédictin, élu 903, mis en prison par le cardinal Christophore un mois après, mourut de chagrin, et peut-être aussi d'un mauvais régime, après 40 jours de pontificat. Dates incertaines.
6° Léon VI, Sanguigna, élu juillet 928, f févr. 929. Insignifiant.
7o Léon VII, Romain, élu 936, f 939, interdit le mariage des prêtres.
8o Léon VIII, élu par les Romains et sous l'influence d'Othon en 964, du vivant et en remplacement de l'ignoble Jean XII; il vit son autorité contestée, d'abord par ce Jean, puis par Benoît V que quelques cardinaux nommèrent après la mort de Jean. Il f 965, non sans avoir constaté son opposition à plusieurs mesures prises par Adrien III. Sans en faire un antipape, quelques-uns le considèrent comme un intrus.
9° Léon, antipape sous le nom de Grégoire VI, 1012; un moment compétiteur de Benoit VIII fut bientôt contraint par Henri II, de céder la place à son rival. On ne sait ce qu'il devint.
10o Léon IX, Brunon, év. de Toul, parent de l'emp. Henri III, élu à Worms en 1048 par Henri III et plusieurs princes réunis. Comme il passait à Clugny, revêtu des insignes de la papauté, Hildebrand l'arrêta pour lui dire que des laïques n'avaient pas le droit de le nommer pape et qu'il devait se rendre à Rome comme un simple particulier pour s'y faire élire. Il fut élu en effet. Il entra dans un système d'améliorations et de réformes que les circonstances ne lui permirent pas d'achever. C'était contre l'horrible prostitution du clergé qu'il devait lutter surtout. Il tint plusieurs conciles. Il vit éclater définitivement le schisme des grecs, déjà commencé sous Photius. Il demanda le secours d'Henri III contre les Normands; influencé par Guebhard son confident, Henri refusa. Léon fut battu par les Normands en 1053 et fait prisonnier. Il fut remis en liberté au bout d'un an et reconduit à Rome où il mourut l'année qui suivit son retour. Rome venait d'innover encore; au pain ordinaire elle substitua pour la Cène, du pain sans levain. Cerularius de Constantinople appelle cette innovation une hérésie; Rome l'excommunie, il excommunie Rome et le grand schisme, déjà commencé par Photius, se consomme entre l'Égl. d'Orient et celle d'Occident, 1013.
Ho Léon X, Jean de Médicis, second fils de Laurent le Magnifique, né à Florence en 1475, cardinal à 13 ans, pape à 38, f 1521 k l'âge de 45 ans. Il quitta Florence fort jeune, k cause des malheurs de sa famille et vint s'établir à Rome où il se concilia l'affection de Jules II, qu'il devait bientôt remplacer sur le trône pontifical. Il fut élu 11 mars 1513, quoiqu'il fût k peu près le plus jeune des cardinaux; mais il avait su feindre tant d'infirmités et il avait si bien su se donner les apparences d'un homme' qui n'a plus longtemps à vivre, que ceux qui le nommèrent ne crurent pas engager beaucoup l'avenir. Ils se trompaient: le nouveau pape jeta ses béquilles et une ère nouvelle commença, que personne ne pouvait prévoir. Politiquement, Léon X fit la paix avec Louis XII qu'avait excommunié son prédécesseur; mais, comme si la France et l'Italie devaient vivre toujours en délicatesse et en bouderies, il excommunia François I*r et se ligua contre lui avec Sforza, duc de Milan, et les Suisses; vaincu à Marignan en
1515, il dut faire la paix, mais il recommença en 1541, avec le secours de Charles-Quint, et concourut à chasser les Français du Milanais. Il avait obtenu de François Ier l'abolition de la Pragmatique sanction et son remplacement par un nouveau concordat plus à l'avantage des papes et des rois que de l'Égl. et des peuples,
1516. Il termina le conc. de Latran. LéonXest connu par son amour pour les lettres et pour les sciences, qu'il aimait autant qu'il se souciait peu de la religion. Le luxe, les plaisirs, la chasse, les repas, les spectacles le préoccupaient k un tel point, qu'il laissa la Réforme éclater et se développer sans s'en mettre en peine. Querelles de moines, disait-il d'abord, et même il appelait Luther un beau génie. Il payait cber ses musiciens et se fâchait quand sa partie de chasse était dérangée; il jouait gros jeu. Il projetait en outre une croisade contre les Turcs et l'achèvement de la basilique de Saint-Pierre. Mais avec de pareilles inclinations et de pareils projets, il devait avoir besoin d'argent. Pour s'en procurer il donna une impulsion toute nouvelle au commerce des indulgences, et ses employés, des dominicains surtout, s'y livrèrent avec un tel cynisme, que la coupe déborda.
L'Europe demandait en vain, depuis deux siècles, une réforme de l'Église par elle-même. Le scandale causé par la vente des indulgences fut général, et quand Luther se leva, vrai prophète parlant par le Saint-Esprit, le peuple écouta sa voix, protesta avec lui et proclama la Réforme. Léon X s'y prit trop tard pour excommunier Luther, 1520. Ce que les princes et les conciles n'avaient pu obtenir, un simple moine l'avait fait. Léon X rétablit à Rome l'université et la dota richement; il fit rechercher et publia les auteurs anciens, et fonda la Bibliothèque Lau-rentienne en souvenir de son père. Son règne a mérité de donner son nom à son siècle, et rarement une époque a vu autant d'illustrations réunies dans le domaine des arts, des sciences et de la littérature, l'Àrioste, Fracastor, Michel-Ange, Machiavel, Bramante, Raphaël, Guichar-din, le Caravage, Jules-Romain. Vie par Fa-broni; id. par William Roscoë, trad. par Henry 1813.
12° Léon XI, de la famille des Médicis, archev. de Florence, élu par l'influence française, malgré l'opposition de l'Espagne, f 1605, 26 jours après son élection.
13° Léon XII, Annibal-François-Clément-Melchior-Jérôme-Nicolas délia Genga, né 1760 k Genga, près Spolète, vicaire général de Pie VII, le remplaça en 1823. Ami des sciences, mais hiérarchique. Il embellit Rome, enrichit la bibliothèque du Vatican, encouragea les lettres, proscrivit les sociétés bibliques, les francs-maçons et les carbonari, releva l'inqui9ition, favorisa les jésuites et ramena les indulgences, f 20 févr. 1829. Vie par Artaud; Souvenirs de Massimo d'Azeglio.
14° Léon XIU, élu 20 févr. 1878. Son nom est Giovacchino Pecci. Né à Carpinato 2 mars 1810, il devint en 1837 le prélat domestique de Grégoire XVI, puis fut nommé délégat k Spolète et à Port ici. Nonce en Belgique en 1848 il n'y resta que peu de temps. Cardinal en 1853; l'influence d'Antonelli le tint constamment éloigné de Rome. A la mort de son rival, Pie IX en fit un camerlingue pour lui ôter toute chance d'obtenir sa succession, ce qui ne l'a pas empêché d'être élu par adoration, c.-à-d. par l'agenouillement spontané de ceux même qui n'avaient pas voté pour lui au premier scrutin. Nature forte, intelligente et modérée, il suit les errements de Pie IX et reste prisonnier comme lui au Vatican, mais avec moins de phrases et des discours moins violents.
Outre les papes, d'autres personnages du nom de Léon appartiennent à l'bist. de l'Église:
15° Léon III, l'Isaurien, emp. d'Orient 716-741, qui par ses Édits de 726 et 730 contre l'adoration des images provoqua la guerre entre les iconoclastes et les iconodules, les briseurs et les adorateurs des images. Il chassa le patr. Germain du siège de Constantinople. Les luttes durèrent un siècle et furent fatales à son empire surtout en Orient, où Jean de Damas put le le braver sous la protection des musulmans. Grégoire II et Grégoire III l'excommunièrent, mais ils y perdirent l'Italie méridionale et se tournèrent vers les Francs. Une flotte qu'il équipa pour se venger d'eux, fit naufrage dans l'Adriatique, f 741.
16* Léon V, l'Arménien, nommé emp. par les troupes, après que Michel eut été destitué, 813. Opposé au culte des images, il déposa le patr. Nicéphore qui lui résistait et persécuta l'abbé Théodore Studita qui travaillait à soulever les moines contre lui. Vainqueur des Bulgares, il se rendit odieux par ses cruautés et fut massacré la nuit de Noël 820-821. Michel-le-Bègue le remplaça.
17o et 18o, v. Allatius, et Judae.
19o Henri Léo, prof, d'hist. à Berlin, et depuis 1830 à Halle. D'origine juive, il est né le 19 mars 1799 à Rudolstadt, et doit sa réputation à divers travaux d'histoire sur les Villes lombardes, le Moyen âge, les Cités italiennes, les Pays-Bas, la Nation allemande, et par ses recherches sur les langues celtique et germanique. Il est cependant plus connu encore par les excès de sa réaction politico-religieuse, f 24 avril 1878.
LÉONARD lo ou Liénart, ermite du Limon sin, d'une famille distinguée, converti par saint Rémi, prêcha le christianisme dans le Berry et l'Aquitaine et fonda près de Limoges le monastère de Noblac. Comme il contribua par ses prières à la délivrance de la reine dont les couches étaient laborieuses, il a été fait le patron des femmes en couche, f vers 559.
2o Léonard, d'Udine, cél. prédicateur dominicain,dont les sermons, souvent réimpr., rappellent le genre de Barletta et de Menot. Il prêchait en 1435 devant Eugène IV, et brilla à Venise, Rome et Milan. Prieur à Bologne, il devint provincial de la Lombardie. + vers 1470.
3° Léonard de Port-Maurice, né 1676 en Li-gurie, élevé par les jésuites, entra dans l'ordre des franciscains-réformés, se consacra à la mission, prêcha l'Imm. Conception, fonda la confrérie de Coeur de Jésus et fut canonisé 1796 par Pie VI.
LÉONCE, de Bysance, d'abord avocat, se fit moine et entra au couvent de San Saba, près Jérusalem; il vivait au 6™ siècle. Ses ouvrages sont utiles pour l'étude de l'hist. des sectes, notamment du monophysitisme aux 4^e à 5®e siècles. Les principaux sont: Des sectes, Contre les nestoriens et les eutychiens, contre les fraudes des apollinaristes, Dialogue contre les aphthartodocètes. Quelques-uns le regardent comme identique avec Léonce de Jérusalem. Il y avait encore un Léonce, prêtre en Chypre; un évêque Léonce d'Antioche, pendant les luttes ariennes; un chronographe de ce nom, vers 920, qui écrivit la Vie de Léon l'Arménien, etc.
LÉOPOLD IV, margrave d'Autriche, né 29 sept. 1073, célèbre par sa bonté et sa piété, fonda de nombreux couvents. Il avait épousé Agnès, fille d'Henri IV et veuve de Frédéric de Souabe. Un de ses fils fut Othon de Freysing, l'historien de Barberousse. Il se montra favorable à la première croisade. Son influence était telle qu'après la mort d'Henri V il fut en concurrence avec Lothaire pour l'empire: il renonça à ses chances pour éviter la guerre, f 1136. Canonisé 6 janv. 1485 par Innocent VIII, et patron de l'Autriche.
— On appelle Diplôme de Léopold la convention du 4 déc. 1691 qui fit passer à la maison d'Autriche la Transylvanie, et qui stipulait qu'il ne serait rien changé dans ce pays quant à la religion et aux affaires ecclésiastiques.
L'ÉPÉE (l'abbé de), fondateur de l'institution des Sourds-Muets, et auteur de la première méthode pour les instruire. Né à Versailles, 25 nov. 1712, f Paris 23 déc. 1789, il a consacré à cette œuvre sa vie et sa fortune, et n'a pas été canonisé. Versailles lui a élevé une statue, L'abbé Sicart lui succéda. De l'Épée a eu toute sa vie l'Église contre lui, parce qu'on le soupçonnait d'être janséniste, et cependant il ne se faisait pas faute de prosélytisme contre les réformés.
LEPSIUS, Ch.-Richard, un des égyptologues les plus distingués de notre temps. Né à Naum-bourg 23 déc. 1810, il étudia à Leipzig, Gettin-gue et Paris, fut nommé docteur en 1833, et en 1846 prof, à Berlin. Il visita l'Égypte de 1842-1846, à la tête d'une mission scientifique prussienne, et a publié de nombreuses Lettres et différents volumes sur les antiquités de ce pays. En 1864 il a pris la direction de la Revue égyptienne, fondée par Brugsch. Dans un second voyage, en 1866, il a découvert une inscription en deux langues, en grec et en hiéroglyphes, qui a servi à confirmer les résultats déjà obtenus par les égyptologues.
LÉRIJA, Antoine (de), un des premiers humanistes de l'Espagne, prof, à Salamanque. Xi-ménès l'appela en 1508 à l'univ. d'Alcala (Com-plutum) qu'il venait de fonder, l'employa à la rédaction de sa célèbre Bible polyglotte, et le protégea contre l'Inquisition qui voulait le poursuivre, parce qu'il avait cru pouvoir signaler des erreurs dans la Vulgate. f 1552.
LÉRINS, deux îles de la Méditerranée, sur les côtes de la Provence. L'une, l'île Sainte-Marguerite, renferme la prison d'État où fut enfermé le Masque-de-Fer; l'autre Saint-Hono-rat, fut longtemps célèbre par son monastère, qui était la pépinière du clergé de France. Ce couvent, fondé 410 par Honorât, comprenait des moines vivant en commun, et des solitaires. Parmi les hommes qui en sont sortis on cite Hilaire d'Arles, Vincent de Lérins, Enchère de Lyon, Valérien de Comelle, Césaire d'Arles. Sous les successeurs d'Honorat, Lérins devint l'appui du semi-pélagianisme. Le conc. d'Arles affranchit Lérins de l'évêché de Fréjus. La discipline s'étanl peu à peu relâchée, il fallut au siècle de longues luttes pour la rétablir. Le monastère, qui comptait au 8®« siècle 37Ô0 moines, fut détruit par les Sarasins. Reconstruit vers 997 il atteignit sa plus grande prospérité sous l'abbé Adalbert 1066-1102. En 1505 il fut rattaché aux bénédictins, mais il avait déjà beaucoup perdu de son importance.
LESLEY, John, écossais, né 1527, f 1596, év. cathol. de Ross, intrigua en faveur de Marie Stuart et finit par être banni d'Angleterre; il chercha en vain sur le continent des secours pour la reine captive. Il fonda pour les Écossais 3 collèges, à Paris, Douai et Rome, et fut nommé ev. de Constance 1593. Il a laissé en latin une Hist. d'Écosse et un plaidoyer en faveur de Marie Stuarl.
LESLIE, Charles, né vers 1660 en Irlande, t 1732, était fils d'un év. anglican; chancelier de Connor 1687; il accompagna Jacques n en France et en Italie après la révolution de 1688. Auteur de plusieurs traités de polémique et de controverse contre les déistes, les catholiques, les quakers, etc.
LESS, Gottfried, né 31 janv. 1736 à Conitz, étudia à Halle et à léna, fut prof, de théol. à Dantzick, puis à Gflttingue, où il fut nommé pasteur et surintendant, f 28 août 1797. Orthodoxe modéré, il combattit le rationalisme dans des ouvrages qui eurent un grand succès, surtout au point de vue apologétique, Sermons, etc.
LESSING, Gotthold-Éphraïm, né 22 janv. 1725 à Kamentz, Basse Lusace. Fils d'un pasteur, il étudia d'abord au Collège des princes à Meissen, puis à Leipzig 1746, mais quitta bientôt la théol. pour la philos, et les beaux-arts; vint en 1748 à Berlin, en 1752 à Wittenberg, où il fut reçu maître ès arts. Nommé membre de l'Acad. des sciences en 1760, il fut appelé à Breslau comme secrétaire du gouverneur, entreprit en 1767 la direction du théâtre national à Hambourg; se lança dans la librairie, mais sans succès, fut nommé conseiller aulique et bibliothécaire à WolfenbUttel, et f à Brunswick 15 févr. 1781. Longtemps considéré comme l'auteur des Fragments de WolfenbUttel, dont il n'était que l'éditeur, il soutint contre le pasteur Gœtze de Hambourg une vive controverse, dans son livre intitulé AntiGœtze 1778. Son livre de l'éducation du genre humain le place également parmi les philosophes. Il découvrit et publia l'écrit de Béranger contre Lanfranc de Tours sur la transsubstantiation, que l'on croyait perdu. Mais à côté de ses Fables qui sont devenues classiques, son principal ouvrage est son drame philosophico-religieux de Nathan-le-Sage, qui ouvre la porte à tous les scepti-cismes. Il sépare dans le christianisme la morale de tout ce qui est histoire ou doctrine et cherche à fixer le sentiment religieux en dehors de la révélation. Pour lui le christianisme n'est pas un fait acquis une fois pour toutes, mais quelque chose qui doit aller sans cesse en se développant. L'homme n'arrivera jamais à la pleine possession de la vérité, mais il doit la rechercher, et les religions positives ne sont que le développement historique des efforts de l'homme pour y arriver. Sceptique, influencé à la fois par Leibnitz et Spinosa, ni orthodoxe, ni rationaliste, il admet l'essence du christianisme sans en accepter les formules et manque ainsi de base.
LESSIUS, Léonard, né 11 oct. 1554 à Brecht, Brabant, étudia à Louvain, entra 1572 dans l'ordre des jésuites, enseigna à Douai et à Rome, et fut nommé prof, de théol. à Louvain en 1583. Les disputes à propos de Bains venaient de prendre fin. L'enseignement de Lessius les raviva. Il enseignait le pélagianisme, contrairement à la tendance de la faculté qui était au-gustinienne; la faculté, appuyée par celle de Douai, fit un extrait de 54 thèses tirées de ses leçons et de celles de son collègue Hamel, et les condamna. La lutte ayant pris un caractère général, le pape évoqua l'affaire et chargea son légat à Cologne de procéder à une enquête. C'est ainsi que finit l'incident; il n'y eut ni rapport, ni sentence, et Lessius garda sa place, f 5 janv. 1623.
LESTINES, Hainaut, à 20 kiL de Charleroi, résidence royale, connue surtout par le concile de 743, tenu sous Carloman, qui travailla à la réforme du clergé et régla la sécularisation des biens ecclésiastiques commencée sous Charles Martel. Il fut décidé par cette convention, appelée division, que ces biens feraient retour à l'Église après la mort de leurs propriétaires, mais comme le roi se réservait, en cas de nécessité, de les donner à d'autres, cette apparente concession ne fut qu'une lettre morte. La mesure prise était dictée au roi par les besoins du royaume; elle fut consentie par l'Église poar obtenir une meilleure organisation des diocèses, réclamée par Boniface
LE TELLIER, v. Tellier.
LEUSDEN, Jean, célèbre hôbraïsant hollandais. Né 26 avril 1624 à Utrecht, où il étudia, il y devint professeur et y f 30 sept. 1699. En 1649 il s'était rendu à Amsterdam pour s'y perfectionner dans l'hébreu auprès des juifs instruits et cultivés qui s'y trouvaient. La plupart de ses ouvrages se rapportent à la grammaire et k la lexicologie hébraïque. Il a publ. aussi nne Bible hébr. sans points-voyelles 1694, une Version des Septante 1683, un N. T. 1675, et le commencement d'un N. T. en syriaque.
LEUTHARD, fanatique des environs de Châ-lons sur Marne, vers Tan 1000. A la suite d'une prétendue vision, il se sépara de sa femme, renversa dans l'église une croix et l'image du Christ, défendit de payer la dîme aux prêtres et chercha k justifier le tout par des passages bibliques. L'évêque Gebouin, qui avait du bon sens et un bon caractère, le traita simplement comme un fou. Abandonné de ses adhérents, le malheureux se jeta dans un puits et s'y noya.
LÉVEILLÉ, Julien, v. Filleul.
LEVELLERS, secte politico-religieuse qui parut en Angleterre à l'époque de Cromwell, vers 1647; elle comptait des adhérents parmi les indépendants et surtout dans l'armée. Son nom signifie niveleurs. En politique elle était la conséquence exagérée de la souveraineté du peuple et de l'égalité de tous devant la loi. En religion elle réclamait la liberté absolue de conscience, même pour l'individu. Cromwell leur ayant résisté, ils ourdirent contre lui une conspiration 1658, mais elle fut découverte et réprimée. La secte disparut avec l'avènement des Stuarts.
LEYGSON, ou Leic$on (La Nobla), poème religieux en langue romane attribué à un auteur vaudois des» vallées du Piémont. Le titre même de l'ouvrage, déduit de son premier vers, nous donne une idée de son contenu en nous révélant le but auquel il est destiné. Leiczon, dérivé de lectio, signifiait d'abord la portion de l'Écriture qui était lue; puis la prédication destinée à la développer. Les vaudois appelaient leiczon leurs discours religieux, ou tout autre discours composé dans le but d'instruire et de moraliser. La Nobla Leiczon est donc une pièce didactique qui, partant de l'idée que la fin du monde approchait, invite les pécheurs k la repentance, à l'exercice des vertus chrétiennes, à l'accomplissement des bonnes œuvres, en considérant la brièveté de la vie et la récompense ou la punition future. A cet effet elle expose brièvement l'histoire de l'A. et du N. T. qu'elle groupe autour de trois faits principaux, les trois lois de Dieu: la loi naturelle, la Joi mosaïque et la loi de l'Évangile. L'ensemble de ces trois lois, représenté par la Parole de Dieu, est pour l'auteur la seule règle de foi. L'ancienne loi ne doit plus être pour le chrétien qu'un stimulant à faire le bien, aussi la compare-t-il à la nouvelle pour faire ressortir toute la perfection de cette dernière.
La Parole de Dieu étant le principe formel du chrétien, le poète s'élève contre les décrets ecclésiastiques et la fausse autorité de l'Église; contre sa tendance & tranquilliser les consciences au moyen de vaines absolutions, inventées par les prêtres qui n'aiment les brebis que pour le lucre. Dieu a donné autant d'autorité à un simple fidèle qu'au prêtre, s'étant réservé k lui seul le droit de remettre les péchés, de condamner et punir les pécheurs. La juste et courageuse indignation de l'auteur éclate contre les excès d'un clergé ignorant et fanatique dont les persécutions sanglantes, que désavouèrent touj. la charité et la raison, méritent les justes reproches de la postérité.
Les doctrines de la Trinité et de l'unité de Dieu, du libre arbitre donné à l'homme et du péché originel commis et transmis par Adam sont déclarées positivement par la N. L. Elle affirme explicitement l'incarnation et le caractère rédempteur du Christ en racontant avec soin la naissance du Christ, sa passion, sa mort, sa résurrection d'entre les morts et son ascension au ciel. D'où il résulte que l'assertion trois fois reproduite par l'év. de Pignerol, Charvaz, que l'auteur de la N. L. était du nombre des cathares, est insoutenable. La lutte du bien et du mal ou plutôt des bons ou des méchants est décrite dans ses linéaments historiques; le nombre des bons et des hommes pieux a touj. été de beaucoup inférieur k celui des méchants, et ils ont eu plusieurs maux k supporter k cause de leur crainte de Dieu, de la sainteté de leur vie et de l'intégrité de leurs mœurs. Jésus fut persécuté parce qu'il ne faisait que du bien; le même sort est réservé k ceux qui veulent suivre ses traces.
Sur l'état de l'homme après la mort la N. L. ne donne aucune place au purgatoire. Ceux qui ne se sont pas convertis dans ce monde ne doivent avoir aucune epérance de jouir de la béatitude éternelle, puisque les prières faites en faveur des morts sont inutiles. — L'invocation des saints doit aussi être bannie du culte des fidèles. Toutes les prières doivent être adressées au Père, au Fils et au Saint-Esprit, et les vies des saints ne sont que d'imparfaits modèles proposés à l'imitation des fidèles. Si Marie est appelée sancta, virgo gloriosa, la N. L. ne lui attribue cependant pas un culte particulier.
11 existe trois manuscrits qui reproduisent le poème en entier; trouvés dans les vallées vau-doises du Piémont, ils sont déposés aux bibliothèques de l'univ. de Cambridge, du Trinity-College de Dublin et de l'univ. de Genève. Il existe entre ces manuscrits des centaines de variantes qui permettent d'affirmer que ce sont de simples copies, non pas d'un texte unique et primitif, mais de récensions différentes, qui étaient déjà elles-mêmes des copies modifiées d'un texte antérieur. La principale de ces variantes est relative à la date même du poème. Elle a vivement attiré l'attention de nos contemporains et a donné lieu à de nombreux débats auxquels ont pris part des hommes émi-nents de notre époque, tels que MM. Herzog, Meyer, GrUzmacher, Hudry-Menos, Muston, etc. On avait longtemps admis, et des historiens vaudois l'affirment, que la N. L.datait du commencement du XUme siècle. En effet les mss. de Genève et de Dublin portent au 6** vers cette date ainsi rédigée:
Ben ha mil e cent anes oompH entierament
Que fo icripta l'or* car son al derier t«mp.
Mais en 1862 M. Bradshaw, bibliothécaire de Cambridge, retrouva le fameux mss. dit de Mor-laud qu'on avait cru perdu, mais qui n'était que mal étiqueté. Il fut très étonné de trouver au vers en question entre mil et cent, un espace blanc raturé laissant encore distinguer un quatre en chiffre arabe. Dans un autre mss. de Cambridge qui ne contient que les treize premiers vers du poème il a pu lire à la même place un quatre en chiffres romains. Cette découverte a fait grand bruit en Angleterre et en Allemagne, et on en a conclu que le poeme avait été composé au XVm« siècle. Mais les caractères de la langue qu'on y parle, les faits auxquels il est fait allusion, les idées qui y sont exprimées et ses autres caractères intimes et généraux ne permettent pas de s'arrêter à cette conclusion. La simplicité dans les formes, l'incertitude dans les expressions et dans la syntaxe, les fréquentes traces du latin qu'on trouve dans la N. L. nous font remonter à une époque plus reculée où la langue n'avait pas encore pu se fixer d'une manière définitive, où elle n'était encore qu'un des premiers degrés de la décomposition du latin et le type d'après lequel se sont formés successivement les divers idiomes de l'Europe occidentale. Le dialecte de la i\\ L., d'après Raynouard lui-même, serait le frèré de celui des troubadours, sorti de la même souche, ayant tous les deux leur origine au XIm« siècle.
Remarquons ensuite que l'idée dominante et, on peut le dire, inspiratrice du poème, c'est l'attente de la prochaine fin du monde; événement qui occupait alors tous les esprits et réveillait dans les âmes une attentive anxiété. Ce caractère essentiel de la N. L. est aussi celui des Hrae et 42ra* siècles en particulier, tandis qu'il n'en est plus fait mention dans ce que l'on sait du 15m«. Pareillement la venue de l'Antéchrist que le poète regarde comme réalisée dans la personne du pape est la croyance de la fin du 12'»*. C'est donc à cette époque que doit être placée la rédaction de la X. L. Le poète prend pour terminus a quo l'époque de la rédaction de l'Apocalypse. Il a donc raison de dire qu'il y a bien mille et cent ans accomplis entièrement... que... etc., ce qui ne serait plus vrai pour la fin du 15*6. D'ailleurs la variante de Cambridge portant à quatorze cents ans la date du poème et donnant quatorze syllabes à son sixième vers est par elle-même la preuve que ce mss. est d'une date plus récente. Le copiste ayant à écrire: « Voici onze cents ans... i se sera dit: « Mais non, nous sommes maintenant en 1400; il faut mettre: voici bien mille et quatre cents ans. t Quoiqu'il en soit, le chiffre 4, représenté par un signe arithmétique (arabe dans le mss. B, romain dans le mm. C) au milieu d'un millésime tracé en signes graphiques, a quelque chose d'étrange. P. G.
LEYDE, Lugdunum Batavorum, ville de Hollande, 33,000 hab. Patrie de Lucas, Rembrandt, Gérard Dow, Voss; connue aussi par les travaux de Scaliger, et de Boërhave. Son nom est rattaché à la mémoire de Jean de Leyde, et à la découverte de la bouteille de Leyde. Son univ. fut fondée immédiatement après le siège mémorable qu'elle soutint 1574 contre les Espagnols, et qui lui coûta plus de 6000 de ses habitants. Elle fut aussitôt dotée d'une riche bibliothèque, avec de nombreux manuscrits, et d'un musée archéologique. Parmi les théologiens qui l'ont illustrée, on compte Junius, Arminius, Gomar. Drusius, les deux fr. Spanheim, Cocceius. Witsius, Heidan, Burmann; et dans d'autres branches, Scaliger, Saumaise, Lipsius, Voss. Erpenius, Boërhave, Schultens, etc. L'école de Leyde est auj. représentée par Scholten et ses disciples qui, tout en admettant la vérité de la religion chrétienne, distinguent entre les principes et les dogmes et regardent comme la tâche de la science de mettre ces derniers en harmonie avec les découvertes de l'hist. et de la critique. Cette école a été combattue en Hollande par Da Costa, Groen van Prinsterer. l'école de Groningue (Pareau), et Opzoomer.
LEYDE (Jean de), v. Bockhold.
LEYDECfŒR, Melchior, théol. réformé, qui a écrit dans un sens apologétique, contre la tendance de Cocceius et contre Descartes, des ouvrages qui par la fermeté des principes ont encore auj. de la valeur. Né à Middelbourg 1642, il exerça le ministère pendant 15 ans dans différentes paroisses de la Zélande, fut nomme prof, à Utrecht, et f 1721.
LIAFWIN, v. Lebuin.
LIBANIUS, célèbre sopliiste du 4®e siècle, maître et ami de Basile et de Chrysostome; né à Antioche sur TOronte entre 314 et 316. Élevé et formé à Athènes, il se rendit à Constantinople où des envieux l'accusèrent de magie. En 346 il vint en Nicomédie où il enseigna avec tant de succès, qu'il fut rappelé à Constantino-pie, mais, avec l'autorisation de l'emp. Gallus, il aima mieux se fixer à Antioche, où il f 391. Avec des idées empruntées au christianisme, il défendit la liberté de conscience et les droits des païens; il s'attira par là la faveur de Julien qui le nomma questeur. Valens le persécuta d'abord, mais lui redevint favorable. D'un caractère généralement respecté, il demeura païen, mais fut tolérant pour les chrétiens. Dans sa vieillesse il constatait avec chagrin les progrès du christianisme et la diminution croissante de ses auditeurs. On a de lui sa Vie, des Harangues, des Lettres, utiles à consultent des Fragments.
LIBELLATICI, ceux qui pendant les persécutions romaines se procuraient, par des fonctionnaires complaisants, de faux certificats (Li-bellos) constatant qu'ils avaient obéi aux ordres de l'empereur en sacrifiant aux idoles; ou qui, par une ruse quelconque, réussissaient à faire croire qu'ils avaient renié leur foi, quoique cela ne fût pas. Les chrétiens stricts, condamnant cette équivoque, ne les considéraient pas moins comme des lapsi.
LIBELLI PACIS (certificats de paix), attestation donnée par les confesseurs et les martyrs à des tombés {lapsi) pour obtenir leur réintégration dans l'Église. Il s'en lit un tel abus, sans parler des faux et des interpolations, que Tertul-lien et le conc. d'Elvire protestèrent contre leur usage.
LIBELLUS PASCHALIS, circulaire pascale de l'év. d'Alexandrie, adressée vers l'Épipha-nie aux églises, pour leur notifier la date des fêtes de Pâques.
LIBER ( I ivre).—1 ° Diurnus Romanorum Pon-tificum, vieux recueil de formulaires à l'usage des papes pour les affaires courantes. Il est divisé en 7 chapitres. Comme il mentionne la mort de Pogonat 685, et qu'il prévoit la formule relative aux exarques de 752, sa composition se place entre ces deux dates. L'édition qu'en fit en 1660 Lucas Holstenius, fut supprimée par le pape. Le jésuite Garnier l'a réimprimée 1680. ainsi que Hoffmann, Leipzig 1733.
2° L. PotUificalis de vitis rom. pontificum, ouvrage intéressant pour l'hist. ecclés. Il renferme la vie de tous les papes jusqu'àÉtienne VI, dont la mort 891 n'est pas mentionnee, ce qui fixe à peu près la date de sa composition. On l'a longtemps attribué à l'abbé Anastase, bibliothécaire à Rome 872, mais s'il a écrit la vie des derniers papes, l'ensemble du livre est plus ancien, et doit avoir été composé d'après le catalogue dit de Libère, parce qu'il va jusqu'à ce pape, et d'après un autre catalogue, d'un auteur également inconnu, qui va jusqu'à Félix IV t 530. U est très utile par les renseignements qu'il donne sur le culte, la discipline et les édifices religieux de Rome. L'ouvrage a été continué en trois fois: d'abord jusqu'à Grégoire VII, puis jusqu'à Honorius II, 1129 (attribué à Pan-dolphe de Pise); enfin au 12®« siècle dans les Actes du Vatican.
3° L. Sextus et L. Septimus (6®e et 7®e livres). Après la grande collection de décrétâtes faite par Grégoire IX, 1234, Innocent IV fit réunir les décrets du conc. de Lyon 1245 avec quelques-uns de ses brefs ou bulles; Grégoire X promulgua les décrets du 2m« conc. de Lyon 1274; Nicolas IV y ajouta 5 décrétales de Nicolas HI, et Boniface Vin chargea trois prélats et le légiste Dinus de les collationner et de les classer de la même manière que le grand recueil existant. On en fit donc un volume supplémentaire, qui est cité au même titre que les autres décrétales, mais avec la mention de livre, Liber VI. Le 7me livre est l'ouvrage particulier de Pierre Matthieu de Lyon, vers la fin du 16me siècle, et comprend les décrétales des papes depuis Grég. XI jusqu'à Sixte V. Quoique généralement en usage, il ne jouit pas, à cause de son caractère privé, de la même autorité que les précédents. Il ne doit pas être confondu avec un autre 7®e Livre, travail d'une commission de cardinaux nommés par Grég. XIII et Sixte V pour rassembler les nouvelles constitutions de l'Église. Comme les décrets du conc. de Trente en font partie et que ce concile n'a pas été reconnu par plusieurs pays, notamment par la France, l'édition fut supprimée pour ne pas soulever de contestations.
4<> Liber status animarum. C'est en latin ce que l'on appelle en français Registre paroissial, le tableau des naissances, baptêmes, mariages, décès, survenus dans une paroisse pendant l'année.
LIBÈRE, 36me pape, 352-356. Marcellinus Félix Liberius, romain, convoqua plusieurs conciles pour décider entre Arius et Athanase. Il tergiversa sur cette question, et fut exilé à Bérée par l'emp. Constance qui le remplaça par Félix II. Au fond il était arien, ou au moins semi-arien, ainsi que l'établissent non seulement Hilaire, Jérôme et Athanase, mais ses propres écrits qui se trouvent parmi les fragments d'Hilaire. Dupin l'appelle sans détour un hérétique (De antiq. p. 347). Il fut rappelé en 358. Si l'on en croit quelques auteurs, il serait revenu plus tard à la foi orthodoxe; en tout cas, pour obtenir de rentrer dans son diocèse, il avait signé les décrets du 3»« conc. de Sir-mium et la confession d'un ancien concile semi-arien d'Antioche. Canonisé.
LIBERTINS. Ce mot qui Act. 6, 9. signifie les Affranchis, et qui dans le langage ordinaire vise la légèreté des mœurs, a servi, après l'établissement de la réforme à Genève, à désigner d'une manière générale les hommes opposés à
Calvin. C'était nn parti politique, le parti des vieux Genevois d'alors, et, comme tous les partis plus ou moins, il renfermait à côté de personnalités sérieuses et respectables une quantité d'individus qui n'étaient réellement libéraux, ni en politique, ni en religion. Sous le nom d'Ei-gnots ils avaient combattu la maison de Savoie; sous celui de Libertins, ils déclarèrent ne vouloir endurer les ministres, qui les reprenaient de leurs vices. A leur requête le vieux Courauld fut emprisonné, puis banni, et quelques jours après, 23 avril 1538, Farel et Calvin reçurent aussi l'ordre de quitter la ville sous 3 jours. Mais ceux qui avaient le plus travaillé contre Calvin finirent mal; l'un fut exécuté, deux autres durent se sauver, le quatrième se tua en cherchant à fuir. Le parti était désorganisé et démoralisé. Calvin fut rappelé et revint k Genève le 13 sept. 1541. Mais naturellement la lutte recommença. Il y avait chez les libertins des hommes énergiques, de bons patriotes, de vrais libéraux, attachés à leurs vieilles franchisas et à leurs vieilles coutumes, qui ne voulaient ni de l'autorité du consistoire, ni de celle de ministres étrangers, ni d'une législation trop sévère; inais il y avait aussi des hommes turbulents et dissolus, débauchés, se riant des lois et de la justice, dilapidant la fortune publique, notoirement incrédules et irréligieux, qui compromettaient par leurs vices ce que les prétentions des meilleurs pouvaient avoir de légitime. L'opposition porta sur la discipline ecclésiastique. La lutte dura douze ans, mais elle eut un caractère politique plutôt que religieux. Beaucoup d'hommes périrent. En 1555 une tentative fut faite contre Calvin, mais déjouée et repoussée. Enfin en 1557 le Petit Conseil ayant été renouvelé dans un esprit contraire k celui des libertins, ceux-ci furent décidément vaincus comme parti. Au point de vue religieux ils avaient d'ailleurs subi la fâcheuse influence de chefs étrangers, allemands pour la plupart, panthéistes, qui cherchaient à détruire l'œuvre de la Réforme, qui ne voyaient dans le Christ qu'un symbole, et dont les principes, poussant à l'immoralité, furent rendus évidents lors des procès d'Ameaux et de Gruct. Le parti ayant cessé d'exister k Genève, perdit aussi bientôt tout appui en France où il avait essayé de se glisser, même à Nérac à la cour de Marguerite de Navarre, et ses débris se réfugièrent en Belgique. V. Am. Roget, Galiffe, H. Bordier, etc.
LIBRES-PENSEURS. On a souvent désigné sous ce nom tous ceux qui refusent d'admettre la religion révélée, et qui. pour la plupart aboutissent au déisme et au rationalisme. C'est leur faire la part trop belle, et en réalité la définition de l'Académie est plus exacte: ceux qui pensent, qui parlent librement en matière de religion. Parmi ces penseurs libres, les uns sont amenés à la foi chrétienne, les autres la repoussent, mais les uns comme les autres peuvent agir et conclure dans le plein et libre exe* cice de leur pensée. Il peut même arriver que ce nom soit réclamé par des gens qui n'ont jamais étudié les questions, qui n'ont ni réfléchi, ni pensé, ou qui ne pensent que sous l'empire de leurs préjugés ou de leur parti.
LIBRI CAROLINI, v. Carolins (livres).
LIESSE (N. D. de), v. Marie.
LIGHTFOOT, John, pasteur et vice-chance-lier de l univ. de Cambridge, orientaliste distingué. Né 1602 k Stocke, Stafford, pasteur 1630 k Asie, 1642 k Londres, f 1675 à Ely où il possédait un canonicat. Il commença ses études hébraïques étant chapelain chez le chevalier R. Cotton, à Norton, et les poursuivit toute sa vie. Son principal ouvrage: Horœ hebr. et toi-mudicœ a encore auj. de la valeur. Œuvr. compl. Utrecht 1699; supplément de Strype 1700.
LIGUE, association temporaire formée entre des souverains, des peuples ou des villes, pour la défense d'intérêts politiques, religieux, commerciaux, ou autres: ainsi la ligue achéenne, la ligue hanséatique, les ligues grises, etc. Les plus importantes dans l'hist. ecclés. sont:
lo La L. de Smalcalde, conclue 1531 entre les princes protestants, k laquelle les princes catholiques opposèrent en 1538 une autre ligue, sous le patronage de la Bavière, mais qui n'aboutit à rien, la paix de 1555 ayant enlevé k l'une et k l'autre leur raison d'être, tout en semant de nouveaux germes de discorde. La violation de ce traité de paix k Donauwdrth par Maximilien 1er, duc de Bavière, provoqua en 1608 une nouvelle ligue, ou union, des protestants, k l'instigation du prince Christian d'Anhalt, pour la protection de la foi, mais nullement dirigée contre l'empire ou l'empereur. En juillet 1609 Maximilien de Bavière y répondit par une sainte ligue, ou ligue catholique, k la tête de laquelle il se mit avec plusieurs princes et évêques, mais en dehors de l'empereur et de la maison d'Autriche. Elle fut d'abord paralysée par les méfiances qu'elle souleva, mais elle finit par en triompher et réussit k conquérir la Bohême et à gagner le Palatinat. Wallenstein lui donna un moment du relief, mais elle fut vaincue par Gustave-Adolphe et abandonnée par la France.
2° La Ligue d'Or, ou de Borromèe, fondée en Suisse 10 oct. 1586, entre les 7 cantons confédérés de Lucerne, Uri, Schwytz, Unterwald, Zoug, Fribourg et Soleure, pour résister à l'influence protestante des autres cantons. Elle s'allia à l'Espagne.
3° La Ligue, ou Sainte-Union, confédération du parti catholique de France, formée 1576 par Henri de Guise sous l'influence du cardinal de Lorraine, en apparence pour défendre la religion catholique, en réalité pour renverser Henri III, empêcher l'avènement d'Henri IV, faire nommer le cardinal de Bourbon, et préparer les voies à la royauté des Guise. Les jésuites en étaient les inspirateurs. Ils soulevèrent la population parisienne qui, après la Journée des Barricades, nomma un Conseil des Seize (16 quartiers de la ville), espèce de Comité de salut public, qui se distingna par son arbitraire et ses cruautés et répandit partout la terreur. Henri III fit assassiner le duc de Guise,- que la Ligue remplaça aussitôt par son frère Mayenne. La Ligue ne prit fin que lorsque Henri IV eut abjuré le protestantisme, juillet 1593.
LIGUORI, Alphonse-Marie (de), né à Naples 46 sept. 1696, élevé par des prêtres de l'Oratoire, embrassa d'abord la carrière du droit pour plaire à son père, mais la quitta à la suite d'un échec.et entra en 1722 dans la Propagande. Consacré prêtre en 1726 il se voua à l'enseignement du peuple. A la suite de plusieurs visions il fonda en 1732 à Scala, près Bénévent, l'ordre du Très-Saint-Rédempteur, destiné à fournir des prêtres pour l'éducation des paysans ignorants. Après de nombreuses difficultés il put ouvrir en 1735 une seconde maison près de Sa-lerne. Les vœux furent prononcés le 21 juillet 1742, et en 1749 Benoit XIV reconnaissait le nouvel ordre et lui donnait le nom de Rédemp-toristes. Liguori déploya comme général la plus grande activité et fit preuve d'un entier dévouement. Clément XIII le nomma en 1762 év. de Sainte-Agatbe-des-Goths, à tapies, fonctions dont il obtint en 1775 de Pie VI d'être déchargé, ne pouvant y suffire à cause de son âge et de sa faiblesse. Pendant ce temps il avait fait administrer l'ordre par un vicaire général. Le gouvernement napolitain n'ayant voulu reconnaître son institut que moyennant certaines modifications dans les règlements, et Liguori y ayant consenti, le pape lui retira le généralat et exclut les maisons de Naples des privilèges accordés à l'ordre. Naples ayant renoncé à ses prétentions, l'affaire finit cependant par s'arranger 1790, mais Liguori n'eut pas la joie d'en être le témoin. f 1787 à 90 ans. Béatifié par Pie VII, 1816; canonisé par Grégoire XVI, 1839. Il a laissé de nombreux écrits, entre autres une Théol. morale, dans laquelle il professe le pro-babilisme. — L'ordre des liguoriens, lignoris-tes, ou Rédemptoristes, a beaucoup d'affinités avec celui des jésuites et l'a parfois avantageusement remplacé pendant sa suppression, notamment en Allemagne. Son principal représentant a été un Bohémien, Clément-Marie Hoffbauer, né 24 déc. 1751 à Tasswitz, d'abord garçon boulanger au couvent des prémontrés de Bruck, près Vienne, qui se fit ensuite ermite et utilisa ses loisirs pour étudier le latin et finit par entrer chez les rédemptoristes avec son ami Hibel. Ils fondèrent à Varsovie une mission pour les Polonais, les Allemands et les Français; puis une autre mission à Mi tau, Courlande, et des collèges en divers lieux et jusqu'en Suisse, Coire, etc., mais qui n'eurent pas grand suceès. L'ordre fut supprimé en Pologne 1807 par le gouvernement français; plusieurs pères furent incarcérés ou bannis; Hoffbauer trouva un re -fuge à Vienne dans une famille Klinkowstrtfm, fonda une maison d'éducation, rassembla quelques débris de l'ordre, qu'il envoya les uns à Bukarest, les autres à Fribourg, Suisse, et f 15 mars 1820. Le 22 avril suivant, le gouvernement autrichien autorisait la congrégation; mais elle fut de nouveau supprimée par la révolution de 1848. Elle subsiste encore en Amérique. La maison mère est à Nocera dei Pagani, près de Naples; elle est la résidence officielle du général.
LILIENTHAL 1« Michel, né à Liebstadt, Prusse, 8 sept. 1686, diacre à KiJnigsberg, f 1750; auteur d'une Biblioth. théol. et exég. 1740 et d'un Archivaire de l'Écrit. Sainte, 1745. — 2° Théodore-Christophe, son fils, né à Ko-nigsberg 8 oct. 1711, f 1782. Il avait visité l'Angleterre et la Hollande et finit par se fixer dans sa ville natale, où il fut nommé prof, de théol. et pasteur de la cathédrale. Il a publ. divers écrits d'apologétique, où il défend avec une chaleureuse conviction l'excellence du christianisme contre les déistes.
LIMBES, nom que les théol. catholiques donnent à cette partie du purgatoire ou sont enfermées les âmes de ceux qui sont privés du salut sans que ce soit de leur faute. Ils en distinguent de deux sortes: Le Limbe des patriarches, ob se trouvaient les fidèles avant le sacrifice rédempteur; il est vide auj. parce que Jésus y est descendu pour en retirer ses rachetés; et le Limbe des enfants morts sans baptême, où il ni a ni feu, ni souffrance, mais aussi nulle joie et nulle espérance. Cette doctrine a été affirmée par les conc. de Lyon et de Florence, mais les théologiens ne s'entendent pas sur la nature de ce triste lieu. L'Égl. réformée, avec sa doctrine de l'alliance de grâce et de la prédestination, ne peut reconnaître de limbes: l'Égl. luthérienne, quoiqu'elle maintienne la nécessité du baptême des enfants en vue du péché originel, n'a pas osé aller jusqu'à la damnation de ceux qui mourraient sans avoir été baptisés.
LIMBORCH, Philippe (de), théol. hollandais, né 19 juin 1633 à Amsterdam, où il étudia, ainsi qu'à Utrecht; pasteur à Gouda 1657, puis à Amsterdam en 1667, et enfin prof, de théol.
au collège des Remontrants, f 1712. Apôtre zélé de la tolérance, il a écrit nné Théol. chrét., une Hist. de l'Inquisition, un Dialogue amical avec un juif sur la vérité de la relig. chrét., et publié d'autres ouvrages, entre autres ceux d'Épiscopius. Locke lui a adressé ses Lettres sur la tolérance.
LIN ou Linu$, que l'on dit avoir été év. de Rome; second pape suivant la tradition romaine. Il naquit à Vol terra, en Toscane, et passe pour avoir gouverné l'Égl. de Rome de 66 à 78, de concert avec Clet, Anaclet et Clément, qui lui succédèrent. On ne sait d'ailleurs rien de précis sur la vie ni sur son activité; quelques-uns disent qu'il prêcha l'Évangile à Besançon. Son martyre est possible, 23 sept., sans être prouvé.
LINDANUS, Guill.-Damase, né 1525 à Dor-drecht, prof, de théol. à Louvain et à Dillingen, doyen à La Haye, év. de Gand, + 1588. Connu par quelques écrits dogmatiques, et surtout comme grand inquisiteur dans les Pays-Bas; il fut l'âme de tout ce qui se fit contre le protestantisme.
LINDISFARNE, couvent fondé dans l'île de Holy-Island par le roi Oswald 635, et d'abord occupé par des moines écossais qui évangélisè-rent le nord de l'Angleterre. Aidan et Cuthbert s'y firent remarquer par leur zèle et leur activité, et la sépulture de ce dernier devint un lieu de pèlerinage. Lindisfarne résista longtemps aux empiétements du culte romain dans le pays.
LINDSEY, Théophile, né 20 juin 1723 à Middlewich, étudia à Cambridge, fut nommé aumônier d'un hôpital de Londres, visita le continent comme précepteur avec le petit-fils du duc de Somerset, et fut à son retour pourvu de plusieurs riches bénéfices. Il s'adressa en 1771, avec quelques amis, au parlement pour obtenir de n'être pas lié par les 39 articles qu'il n'admettait pas. Sa pétition ayant été repoussée, il donna sa démission 1773, et vint à Londres où il fonda une église unitaire dont il fut le pasteur jusqu'en 1793. Il publia son Apologie, un Catéchisme, et une Hist. des Unitaires, f 1808.
LINGARD, John, théol. catholique anglais, né à Winchester 5 févr. 1771, élevé au collège des jésuites de Douai, prof, et directeur du séminaire et depuis 1810 président du nouveau collège d'Ushaw près Durham. Pour se consacrer plus entièrement à ses études, il demanda et obtint en 1811 la place de curé de campagne de Hornby. On assure que lors d'un voyage à Rome le chapeau de cardinal lui fut offert, mais qu'il le refusa, f 13 juill. 1851. Il a écrit une Hist. d'Angleterre, et un livre sur les Antiquités de l'Égl. anglo-saxonne, très estimés malgré le point de vue très confessionnel et très partial de l'auteur; plusieurs ouvrages polémiques apologétiques, et une trad. anonyme du N. T.
LINK, Wenceslas, l'ami de Luther, et le successeur de Staupitz comme vicaire général de l'ordre des augustins. Il adhéra à la Réformation, l'introduisit à Altenburg, et f 1547 pasteur à Nuremberg.
LINNER 1° Martin, natif de Moravie, arriva à Herrnhut en 1728; boulanger; nommé ancien en chef à 27 ans en remplacement de Melchior Nitschmann; se mit cardeur de laine pour ne plus faire concurrence à un confrère qui était mal dans ses affaires. Il s'imposa des privations qui abrégèrent ses jours, f 26 févr. 1733. — 2° Matthieu, son neveu; préposé des garçons de Herrnhut; zèle et tact dans son influence sur la jeunesse; fin édifiante.
LINUS, v. Lin.
LINZ ou Lintz, évêché qui fit partie du diocèse de Passau, jusqu'à ce que Joseph II, eu 1783, le constitua en diocèse indépendant; son premier titulaire fut le comte Ernest-Jean de Heberstein.
La paix de Linz, 13 déc. 1645 mit fin à la guerre qui avait éclaté entre le prince Rakoczv et Ferdinand III, comme roi de Hongrie, à l'occasion des persécutions dirigées contre les protestants du pays, ces derniers ayant obtenu l'appui de la Suède et de la France. Le traité remettait en vigueur les stipulations du traité de Vienne 1606 et de la diète de Pressbourg 1608, maintenait la liberté de conscience, restituait aux protestants leurs biens confisqués, et permettait le retour au protestantisme de ceux qui avaient été convertis par la violence. La diète de Pressbourg 1647 ratifia en partie ce traité, mais sous l'influence des jésuites, rédui-sitde 400 à 90 le nombre des églises rendues aux protestants.
LIPOMANI, Aloys, év. de Modène, puis de Vérone et de Bergame, un des trois présidents du conc. de Trente et légat du pape en Pologne. Né 1500, f 1559. Ses violences lui nuisirent plus que sa finesse ne le servit, et sa mission en Pologne échoua. Il a composé des Comment, sur la Genèse, l'Exode et quelques Psaumes.
LIPPE, principauté convertie à l'Évangile par Charlemagne qui y fonda plusieurs églises et l'évêché de Paderborn. La Réformation y fut introduite sous l'influence de Philippe de Hesse, et de Jobst de Hoya, tuteurs des enfants du comte catholique Simon, f 1536. C'est à Lemgo d'abord 1525, puis dans le couvent des augustins de Lippstadt, qu'elle commença; elle devint officielle en 1538, avec un caractère luthérien prononcé. Le comte Simon 1583 à 1613 établit le calvinisme à Horn et à Detmold, el bientôt la plus grande partie du pays devint réformée, mais Lemgo resta luthérienne.
LIPSE lo Juste, né 18 oct. 1547 à Overys-sche près Bruxelles, secrétaire de GranvelK visita Rome avec son maître 1589, se fit protestant, enseigna l'éloquence et l'histoire à Iéna et à Leyde, se refit catholique et vint comme prof, à Louvain, où il f 23 mars 4606, avec le titre d'historien du roi d'Espagne. Il a édité plusieurs classiques, et écrit divers ouvrages de théol. et de philosophie, dans lesquels il cherche à concilier le stoïcisme et le christianisme;
11 parle en catholique fervent et même intolérant. Les principaux sont: De und religions, De constantid in publiais malis, Monita politica, De magnitudine romand, etc. On a aussi de lui des Lettres choisies. Œuvr. compl. Anvers 4585.
2° Ch. - Henri - Adelbert, philologue, auteur d'une grammaire sur le grec de la Bible. Né 19 janv. 4805 dans la Haute-Lusace, il étudia à Leipzig la théol. et la philologie, et y f 2 juill. 1861 après avoir occupé diverses places dans l'enseignement.
3° Son fils Richard-Adelbert, né 14 févr. 1830 à Géra, principauté de Reuss, Dr en théol. de l'univ. de Iéna, prof, à Leipzig, puis à Vienne et membre du synode général autrichien, prof, de dogmatique à Kiel depuis 4865; auteur de plus, ouvrages de critique et d'histoire sur le gnosticisme, les Lettres d'Ignace, l'Ép. de Clément Romain aux Corinthiens, etc.
LIQUORISTES, petite secte suédoise des environs de 4560, qui examinait sérieusement la question de savoir si, en l'absence de vin, on pouvait communier avec d'autres liquides, eau, bière, cidre, ou s'il valait mieux renvoyer la communion jusqu'au moment où l'on aurait pu se procurer du vin. Le synode de 4563 donna tort à ceux qui admettaient d'autres liquides.
LISCO 1° Fréd.-Gustave, né à Brandebourg
12 févr. 1791, pasteur à Berlin depuis 1814, Dr en théol. 1839, f 5 juill. 1866; auteur d'une quantité de sermons, cantiques, livres de piété, et d'un Comment, sur la Bible. — 2° Émile-Gustave, son fils, né à Berlin 13 janv. 1819, étudia à Berlin et à Bonn, fut nommé pasteur à Berlin 1845, Dr en théol. de l'univ. de Heidelberg 1868, membre du synode de 1867, et rapporteur sur la question soulevée par le pasteur Knak, du système de Copernic dans ses rapports avec les données de la Bible.
LISMANINI, François, natif de Corfou, franciscain, confesseur de la reine Bona, femme de Sigismond 1er de Pologne. Déjà gagné par les écrits d'Ochin en faveur de la Réforme, il fut cependant envoyé à Rome auprès de Jules IU, 1549. De retour en 1551 il fit la connaissance de Socin, et en 1553 lors d'un voyage en Suisse, il passa au protestantisme et se maria. Il ne put retourner en Pologne qu'en 1556, mais il fut banni à cause de ses doctrines sociniennes. Nommé à Konigsberg conseiller du duc, il se suicida à la suite de chagrins domestiques, 1563.
LISOI, ou Lisieux, chanoine d'Orléans, respecté pour ses connaissances et sa piété, fut le chef d'une secte à la fois rationaliste et mystique, ayant de l'analogie avec celle des Pauli-ciens. Ils niaient la naissance miraculeuse du Sauveur, et rejetaient le Baptême et la Cène. Découverts par trahison, la secte fut condamnée par le conc. d'Orléans 1022, et ses sectateurs livrés au feu.
LITANIES. C'est le nom que, dans la primitive Église, on donnait à certaines prières et même à l'ensemble du culte. Aujourd'hui l'on entend spécialemeut par là des prières avec répons, l'un des chœurs formulant des requêtes, invocations, louanges, et l'autre les affirmant ou les appuyant en termes brefs, tels que: « Exauce-nous! aie pitié de nous ! ® Miserere, ou Parce nobisf Elles commencent d'ordinaire par Christe, ou Kyrie Eleison, et se terminent par VAgnus Dei. Il y a quelques psaumes, tels que le 118, le 138, où l'on ne peut méconnaître l'idée d'une assemblée répondant à la prière ou à la déclaration de foi d'un chef ou d'un prêtre parlant en son nom. C'est aux processions surtout, ou dans des cas spéciaux, qu'elles sont en usage. On distingue la petite, qui date de saint Mamert 452, et la grande, ou Septiformis, qui a été introduite et développée par Grégoire-le-Grand. Les luthériens en ont conservé certaines formes; les moraves aussi: les réformés beaucoup moins et seulement par exception. Chez les catholiques les principales litanies sont: celle de Tous-les-Saints, la plus connue; celle de N.-D. de Lorette, du 13** ou du I4*e siècle, et celle du nom de Jésus, du 15m« siècle.
LITHUANIE, contrée sauvage, située entre la Prusse et la Russie, sur le Niémen, à peu près au nord de la Pologne actuelle; une des dernières parties de l'Europe qui reçut la civilisation. Elle passa au christianisme sous le prince Mendog, fils de Ringold, qui après une malheureuse campagne militaire, demanda la paix aux chevaliers de l'épée, et ne l'obtint 1252 qu'en se faisant baptiser, lui et son fils Woischleg, ou Wolstinik. Mais cette conversion purement extérieure n'exerça aucune influence sur le pays, et n'amena pas même la paix. C'est seulement en 1386 que le christianisme y fut définitivement introduit par Jagellon, fils d'Olgierd, qui, pour obtenir la main de la pieuse et sage Hedwig de Pologne, et avec la main la couronne, se fit baptiser et contraignit son peuple à suivre son exemple: l'instruction religieuse ne se fit qu'après le baptême. L'hist. de la Lithuanie se confond dès lors avec celle de la Pologne, même en ce qui regarde la Réformation, qui y pénétra d'assez bonne heure. La Russie a travaillé dès la Ire moitié de ce siècle, et avec succès, à y remplacer la religion latine par la religion grecque.
LITTERÆ (ou Lettres), correspondance officielle de l'Église latine. On distingue 1° Lit t. commendatitiœ, lettres de recommandation données par un évêque à un prêtre de son diocèse pour l'introduire ou le légitimer auprès d'un autre prélat. — 2° L. encyclieœ, lettres circulaires d'un pape aux évêques. Elles diffèrent des brefs et des bulles par leur caractère qui est d'un intérêt plus général; elles exposent des principes et notifient l'opinion et la volonté du pape sur les rapports de l'Égl. avec la société. Ainsi la fameuse encyclique de 1864. — 3<> L. formatas, ou canonicœ, lettres officielles d'évê-ques ou d'églises à d'autres év. ou églises, pour recommander certaines personnes, ou simplement pour entretenir des rapports fraternels. En prévision d'abus possibles, t même de contrefaçons, plusieurs conciles, Élvire 305, Arles 314, Nicée 325, crurent devoir déterminer les formes destinées à garantir au destinataire l'authenticité de la lettre. Auj. l'on ne s'en sert plus guère que pour les certificats d'ordination délivrés par les évêques.
LITURGIE, terme grec composé de deux mots et signifiant service public, ou ministère public; il avait chez les Athéniens un sens général et s'employait en parlant de services, corvées, ou charges réservées à l'ensemble des citoyens. Il a pris plus tard une signification restreinte, et sert à désigner dans le langage ecclés. soit l'ensemble du culte, soit les prières, soit le recueil de ces prières; chez les catholiques plus spécialement la messe, chez les anglicans le Prayer-Book. On sait que dans l'Église primitive le culte était extrêmement simple; les principes chrétiens, la spiritualité évangélique, la pauvreté des fidèles, les persécutions en faisaient une loi. La communion formait une partie essentielle de ce culte. Avec les circonstances cela changea; les édifices religieux s'embellirent. Le culte se compliqua, la liturgie se développa et tendit à se fixer. Chaque groupe d'églises eut la sienne. Le caractère de la liturgie est double. Elle représente d'nn côté l'élément du culte proprement dit, la prière, l'intercession, l'adoration, le chant, la lecture de la parole de Dieu, par opposition à l'enseignement et à la partie didactique; de l'autre côté la foi de l'Église, l'élément stable, par opposition à la foi de l'individu, prêtre ou missionnaire, qui pourrait dans sa prédication introduire des doctrines étrangères et discutables. Si le culte purement liturgique a certains avantages, il présente aussi des inconvénients; il peut dégénérer en formalisme et devient facilement monotone. Pour remédier à cette monotonie on a cherché à y introduire de la variété, à l'embellir, à le vivifier par des chants figurés, des processions, des ornements d'église, des génuflexions réitérées, et l'on est tombé dans un autre inconvénient; le luxe, la mondanité a remplacé le culte qui doit être esprit et vie. Quelque forme que Ton adopte, elle offre des dangers, et l'on n'y échappe que par un sentiment religieux vrai. Les réformateurs, plus frappés des abus d'un culte liturgique et cérémoniel, et sentant le besoin de faire à l'enseignement une large place, ont peut-être donné à la partie parénétique une importance exagérée, en lui sacrifiant le côté mystique du culte. Des essais de réaction ont été tentés à diverses reprises contre ce qu'on a appelé la sécheresse du culte protestant, récemment encore par M. Bersier. Il est difficile de dire à quoi ils aboutiront, car l'exemple des ritualistes anglais prouve qu'on va toujours plus loin qu'on ne se l'était d'abord proposé. — Les liturgies les plus connues sont: en Orient a. celle dite de Jérusalem, attribuée à saint Jacques, mais que les mots de homo-ousios et de théotocos forcent de ra mener à une date plus récente; 6. celle d'Alexandrie, attribuée à saint Marc, mais plus probablement rédigée par Cyrille; elle est devenue en grande partie celle de l'Égl. copte; c. celle de Clément, qui a beaucoup de rapports avec celle de Jérusalem; d. les lit. byzantines de Basile et de Chrysostome, qui paraissent avoir été faites d'après celle de saint Jacques, et qui ont été l'une et l'autre en usage à diverses épo ques et en différents pays. Celle de Chrysostome ayant été traduite en slave, est devenue celle de l'Église gréco-russe. Leur caractère commun, outre l'invocation du Saint-Esprit dans la consécration des éléments de la Cène, est la distinction tranchée entre les catéchumènes et le» fidèles, le culte ne consistant pour les premiers que dans des prières, des chants et des lectures, et le sacrifice de la messe n'ayant lieu que devant les fidèles. Les liturgies arménienne et nes-torienne appartiennent à la même famille. — En Occident on distingue surtout: a. la liturgie romaine, qui date de Grégoire-le-Grand, mais qui fut révisée à la demande du conc. de Trente par Pie IV et Pie V, et publiée en 1570 sous sa nouvelle forme. Elle a pour bases les vieux formulaires de Léon et de Gélase; b. la lit. de Milan, ou d'Ambroise, qui s'est maintenue malgré les efforts des papes, Nicolas U 1060, et Eugène IV 1440; une bulle d'Alexandre VI l'a encore autorisée 1497. Elle se rapproche des liturgies orientales par plusieurs points, notamment par la triple lecture des Écritures, c. la lit. mozarabique, q. v., etd. la lit. gallicane, d'origine orientale, rédigée par Hilaire de Poitiers, mais déjà abandonnée par les carlovingiens, et dont il ne reste plis que des fragments. C'est Flacius l'Illyrien qui en 1557 l'a de nouveau rappelée à l'attention publique. — L'Égl. luthérienne possède plusieurs liturgies assez développées, qui toutes reposent comme doctrine sur l'Augustana et sur le catéchisme de Luther, mais aucune n'est absolument obligatoire pour toutes les églises. Il en est de même pour les égl. réformées, où non seulement la partie liturgique joue un rôle plus eflacé, mais où la liturgie elle-même est trop souvent abandonnée à la discrétion des pasteurs et des prédicateurs qui la modifient ou même la suppriment à leur gré. Quant à la liturgie dans l'Egl. anglicane, v. Prayer-Book.
LIUDGER, petit-fils de Wttreing, q. v. montra de bonne heure des dispositions pour l'étude et de l'amour pour la parole de Dieu. Élevé à Utrecht par les soins de l'abbé Grégoire, puis à York sous Alcuin, il exerça son ministère à De-venter, a Ostrach, puis parmi les Saxons et les Frisons, avec des alternatives de succès et de persécutions. Après avoir évangélisé Heligoland, il revint dans le Zuydersee à la demande de Gharlemagne, se fixa ensuite dans la Westpha-lie, et fat nommé év. de Munster, où il resta jusqu'à sa f 80». Il a laissé une Vie de Grégoire. Sa fin fat paisible et joyeuse. On lui attribue plusieurs miracles.
LIUTPRAND, v. Luitprand.
LIVIN, moine irlandais, disciple de l'archev. Augustin, annonça l'Évangile en Brabant et fut tué près de Gand vers 659. Sa biogr., attribuée à tort à Boniface, est pleine de légendes; elle est d'ailleurs en contradiction manifeste sur plusieurs points avec l'hist. ecclés. de l'Angleterre et de l'Irlande.
LIVLNGSTONE, David, né 10 mars 1813 à Blantyre, Écosse, f 4 mai 1873 à Hala, sur les bords du Bangoelo, inhumé à Westminster, à côté des hommes les plus illustres de la Grande-Bretagne. Fils d'un ouvrier, il fut placé à dix ans comme rattacheur dans une filature de coton; mais dévoré du désir de s'instruire il s'acheta une grammaire latine, et à 16 ans il lisait Horace et Virgile. Il continua d'acheter des livres, qu'il étudiait tout en travaillant de son métier. Bientôt son chemin s'aplanit; il put suivre à Glasgow des cours de science, de médecine et de théologie, et fut admis comme élève de la Soc. des missions de Londres. A ses titres ecclésiastiques il joignit celui de docteur en médecine, et fut envoyé au Gap où il arriva en 1840. Au Kourouman il épousa la fille du missionnaire Moffat, et s'acquit par son caractère et son courage une grande popularité parmi les indigènes. Mais les Boers ravagèrent sa station et il dut se chercher un nouveau champ de travail. Le missionnaire devint un explorateur. Il visita le Zambèse, découvrit le lac Ngami, et après avoir embarqué sa famille pour l'Ëurope, il résolut de traverser l'Afrique de l'ouest à l'est, 1854 à 1856. Après un voyage en Angleterre il revint en mai 1858 avec son fr. Charles «t quelques amis protégés par le gouvernement. C'est dans ce voyage qu'il vit de près les chasseurs de nègres, et qu'il se décida à faire à cet infâme commerce une guerre sans relâche. Sa femme était venue le rejoindre, mais elle succomba â la fatigue janvier 1862. Il revint en Angleterre en 1864 avec toute l'expédition, mais recommença en 1866 une nouvelle exploration de l'Afrique centrale; les sources du Nil et celles du Congo étaient découvertes. Speke, Burton, Grant, Baker, avaient marché sur ses traces, et les grands problèmes géographiques étaient en bonne voie de solution. En mai 1869 il arrivait à Udjiji, malade et épuisé. Depuis ce moment et pendant trois ans, on n'entendit plus parler de lui. L'heureuse expédition de Stanley, envoyé par un journaliste américain, M. Bonnet, le retrouva à Udjiji, déc. 1871. Li-vingstone et Stanley explorèrent ensemble le lac Tanganika, puis Stanley repartit pour l'Europe, mars 1872, laissant L. reconforté et ravitaillé. Au commencement de 1873 Livingstone arrivait au lac Banguelo, mais fatigué et dans un pays inondé. La fièvre le saisit; on était obligé de le porter, et le matin du 4 mai ses fidèles domestiques le trouvèrent agenouillé, la téte appuyée sur son lit; il était mort. Son corps fut embaumé et porté à Zanzibar par les hommes de l'escorte, un fait qu'on n'a pas suffisamment remarqué, et qui prouve de quel respect et de quelle considération il était entouré, car les naturels du pays ont l'horreur des cadavres et n'en touchent jamais. L'Angleterre, en donnant à L. une sépulture presque royale, a voulu honorer en lui l'homme, le chrétien, le missionnaire, le philanthrope et le hardi explorateur qui a ouvert à la civilisation les portes de l'Afrique.
LIVRE, v. Liber.
LOBWASSER, Ambroise, connu par une trad. allemande des Psaumes de Clément Marot, et par le succès qu'elle obtint, malgré ses imperfections, dans les égl. réformées de l'Allemagne et de la Suisse qui s'en servirent longtemps. Né 1515 à Schneeberg en Saxe, il étudia à Leipzig, visita la Hollande, la France et l'Italie, et devint prof, de droit à KOnigsberg. f 25 nov. 1585. Ses Psaumes ont à leur tour été trad. en romanche pour les Grisons.
LOCARNO, ville tessinoise située sur le lac Majeur, soumise en 1512 à la Confédération. Un mouvement évangélique s'y produisit de 1531 à 1548; beaucoup d'Italiens proscrits s'y rattachèrent, sous la direction du prêtre Giovanni Beccaria. Les cantons cathol. tracassèrent la petite communauté; Zurich, à l'instigation de Bullinger, essaya de protéger ses coreligionnaires, mais ne put faire autre chose que leur offrir nn refuge dans ses mors, 4555. Parmi les familles qui en profitèrent, on nomme Vermi-gli, Ochino, les Socin. Beccaria les accompagna, puis se rendit à Misox en 1559 et f à Rondo 1580.
LOCI COMMUNES, lieux communs, se dit en théologie des vérités philos, et morales qui se comprennent d'elles-mêmes et n'ont pas besoin d'être prouvées. Mélanchthon donna ce titre à son principal ouvrage dogmatique, lequel n'était pas dans l'origine une Dogmatique, mais une explication suivie de l'Ép. aux Romains, et comme une introduction à l'étude de l'Écrit, sainte. C'est plus tard seulement que le titre de theologici fut joint au titre primitif, parce que Spalatin, qui avait traduit l'ouvrage en allemand, l'avait intitulé: Principaux articles et points essentiels de la S. Écriture. Ce livre eut de 1521 à 1535, 18 éditions différentes et 8 traductions. Mélanchthon y jette carrément pardessus bord toute la terminologie scolastique, et se montre prédestinatien, comme Luther. L'édition de 1535 traite en outre de la Trinité et de l'Incarnation. A mesure qu'il avançait en âge et en expérience, Mélanchthon retouchait son œuvre et la revisait dans un esprit plus conciliant et moins absolu, notamment en ce qui concerne la doctrine du libre arbitre et celle de l'Église. L'édition de 1543 contient la revision définitive d'une œuvre capitale dans l'histoire du développement de la Réforme, et dont l'auteur, avant sa mort, a pu compter 26 éditions latines et
10 allemandes. Publ. par Bindseil 1854.
LOCKE, Jean, fondateur de l'empirisme philosophique, né 29 août 1632 à Wrington, près Bristol, fils d'un greffier de justice de paix qui avait servi comme capitaine dans l'armée parlementaire. Il étudia à Oxford la philos, et la médecine, mais sa santé ne lui permit pas de pratiquer cette dernière. Ayant obtenu au collège de Christ un bénéfice, ou sinécure, il put se livrer tout entier à ses travaux. Le comte de Shaftesbury se l'attacha en 1566, lui confia d'abord l'éducation de son fils, puis, devenu ministre, lui donna une position dans le département des colonies. Disgracié en même temps que son protecteur, il le suivit en Hollande 1682, revint avec le prince d'Orange 1688, et fut nommé commissaire du commerce et des colonies avec un traitement considérable; mais
11 donna sa démission pour cause de santé 1700, et se retira chez Lady Marsham, à Oates, où il f 28 oct. 1704. Sa philos, est tout entière dans cette maxime: Nihil est in intellectu, quod non fuerit in sernu; il n'y a rien dans l'intelligence, qui n'ait été d'abord dans les sens. C'est l'idée qu'il développe dans son Essai sur l'entendement humain. L'homme a deux moyens pour arriver k connaître la vérité: la sensation et la réflexion; ce dernier point n'est pas très clair dans son système, qui aboutit en morale à la doctrine de l'intérêt, quoique Locke s'en défende. Il a écrit aussi sur d'antres sujets, sur l'éducation, les rapports de la raison avec le christianisme qu'il veut concilier, la liberté, la tolérance, etc. On a été un peu loin en l'acca-sant de matérialisme et de socinianisme, mais il y prête par plusieurs de ses affirmations, et le fait que Condillac s'est fait son disciple suffit à caractériser son système.
LODENSTEIN, Jodocus (de), né à Delft vers 1620, élève de Voëtius et de Cocceius; pasteur à Utrecht 1652, prédicateur éloquent et plein de vie, il combattit le relâchement spirituel de l'Égl. réformée, chercha à rétablir la discipline, organisa comme Spener de. petites réunions d'édification, mais ne voulut jamais, quoique ami de Labadie, se séparer de l'Égl. à laquelle il appartenait. Cependant, à dater de 1665, il cessa de distribuer lui-même la cène, pour n'être pas obligé de la donner à des indignes. Lors de l'invasion des Français en 1672, il consentit dans l'intérêt de son église à se laisser emmener comme ôtage à Rees. Ses disciples, comme ceux de Labadie, furent surnommés les Régénérés, ou les Fins, désignation qui leur est restée jusqu'à ce jour. Il a composé beaucoup de cantiques, dont plusieurs se chantent encore, t 1677.
LOEFFLER 1® Fréd.-Simon, neveu de Leib-nitz, théol. protestant, auteur d'un essai exégé-tique sur la parabole des Vignerons. Né à Leipzig 9 août 1669, pasteur à Probstheida, + 1748. — 2« Josias-Fréd. -Christian, un des représentants les plus accrédités du rationalisme. îié 18 janv. 1752 à Saalfeld, il fut élevé à la maison des orphelins de Halle, étudia sous Semler, fut successivement aumônier militaire, pasteur et prof, de théol. à Francfort sur l'Oder, et surintendant à Gotha, où il f 1816.
LOEHE, Jean-Conrad-Guill., né 21 févr. 1808 à Furth, Bavière; étudia à Erlangen; luthérien ardent, prédicateur de premier ordre, jouissant d'une grande autorité dans l'Égl. de Bavière, avec des tendances ritualistes prononcées, comme le montrent son Calendrier des saints, l'extrême-onction qu'il a introduite dans sa maison des diaconesses de fteuendettelsao, et diverses publications. Il s'est beaucoup occupé des missions et a fondé des colonies luthériennes aux États-Unis, f 2 janv. 1872.
LOEN, Jean-Michel (de;, né 1695 à Francfort sur le Main, mort 1776 à Marbourg comme conseiller prussien et président du gouvernement de Lingen; connu surtout par son écrit sur La seule vraie religion, universelle dans ses principes, troublée par les disputes de ses docteurs, divisée en sectes, restaurée en Christ, 1750- Avec l'idée de la révélation intérieure, il faisait consister toute la religion dans la foi et la charité. Il estimait qu'il y avait beaucoup de choses bonnes dans la hiérarchie romaine, et pensait que pour la Cène, à cause des concep lions différentes, il valait mieux la célébrer en famille. Il aurait voulu réunir en une seule Église tous les protestants, et même les cathol i ques. Il a écrit sous le pseudonyme de Gottlob de Friedenheim (Louange à Dieu, paix chez les hommes).
LOESCHER io Jean-Gaspard, né 8 mai 1636 à Werden, Voigtland, pasteur à Erfurt, Zwic kau, Dantzig; enfin prof, de théol. et surintendant à Wittenberg, où il + H juill. 1718. — i* Son fils Valentin-Ernest, né 1673 à Sonders-hausen; après avoir occupé différents postes comme pasteur et prof., il fut nommé 1709 à Dresde en remplacement de Spener. Ses talents et sa piété lui assurèrent une grande influence. Il combattit le rationalisme représenté par l'école de Thomasius; mais surtout il fit la guerre au piétisme et combattit ce qu'il appelait les excès enthousiastes de Joachim Lange; il chercha plus tard dans un colloque, à Merse-burg, mais sans y réussir, à faire la paix avec Kranke et Herrenschmidt. Il a publié quelques .Notes théol., et des écrits de circonstance.
LOGOS, mot grec qui signifie la Parole, et qui, appliqué à Jésus-Christ par saint Jean, a joné un rôle considérable dans la théologie, à cause de la difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité, de concilier les idées contraires qu'il représente. Le Logos est Dieu; mais distinct de Dieu, puisqu'il est auprès de Dieu, qu'il est venu de Dieu, et qu'il a servi, entre les mains de Dieu à créer le monde. Il est venu dans le monde comme la lumière. Il a été fait chair. Celui qui Ta vu a vu le Père. Tous les conciles et tous les docteurs ont cherché à définir et à préciser ce qui, dans l'Écriture et même dans saint Jean, reste vague et indéterminé; dès que l'on croit avoir trouvé une solution qui semble satisfaisante, il se présente d'autres passages qui la contredisent, et l'on risque touj. en parlant de l'être infini, qui ne se mesure pas à la mesure de l'homme, d'exagérer dans le sens de l'anthropomorphisme, du docétisme, ou de quelqu'une des nombreuses sectes des premiers siècles. L'idée du Logos, ou de la Parole, si nettement formulée dans saint Jean, se trouve déjà dans l'A. T. sous les trois formes, ou noms successifs de: VAnge de l'Éternel, qui apparaît à Abraham, à Jacob, à Moïse, à Josué, et dans Zacharie, et qui même quelquefois est appelé l'Éternel; la Parole, dans la Genèse, dans les Psaumes, et ailleurs; et enfin la Sagesse, dans Job et Prov. 8. il y a dans plusieurs de ces fragments une telle poésie qu'on pourrait n'y voir qu'une personnification de divers attributs de Dieu, mais d'autres ne peuvent s'expliquer ainsi et ne se comprennent qu'en admettant une individualité, une personnalité distincte, plus qu'une simple incarnation temporaire et momentanée. Cette doctrine qui par moments laisse entrevoir l'identité de la Parole et du Messie, qui dans Malachie semble confondre l'Ange de l'alliance et le Messie, se précise davantage encore dans les Apocryphes, à mesure qu'approche le jour où il doit être manifesté. L'Ecclésiastique et la Sapience affirment l'éternité de la sagesse, son habitation en Israël, son action et presque son incarnation. L'influence païenne a paru à quelques théologiens être évidente dans la doctrine de Jean et dans les derniers Apocryphes de l'A. T., dont les auteurs avaient pu connaître la philos, grecque; ils ont cru y distinguer soit le panthéisme stoïcien, soit la notion platonicienne de l'âme du monde, et il est possible qu'il y ait eu une influence de forme exercée par la sagesse grecque sur la systématisation définitive du Dieu immanent. Mais la doctrine elle-même d'un intermédiaire entre Dieu et le monde existait depuis si longtemps chez les Hébreux, comme le prouvent leurs livres sacrés, qu'il n'est pas possible de chercher ailleurs que chez eux-mêmes la justification et l'explication du prologue de Jean et de sa théologie.
LOGOTHÈTE, haut fonctionnaire de l'Égl. grecque, espèce de chancelier ecclésiastique, garde des sceaux, chargé des ecritures et de la comptabilité, et membre du conseil justiciaire.
LOH, Jaques (de), simple artisan protestant, arrêté à Lille le 30 janv. 1361 entre 5 et 6 h. du matin, lors de la persécution des Pays-Bas. On trouva chez lui des livres évangéliques. Il fut brûlé le 15 févr. après 15 jours de prison.
LOHE, Pierre (de), né à Elberfeld, vicaire en 1552, fut contraint de s'enfuir pour échapper aux persécutions du clergé romain, qui l'accusait d'avoir distribué la Cène sous les deux espèces et attaqué la doctrine de l'eucharistie. Nommé prédicateur à la cour de la comtesse Anna de Waldeck, il visita plusieurs fois en secret sa patrie et son ancienne paroisse et fut plusieurs fois arrêté et mis en prison. En 1565 un ordre du duc Guillaume le rappela à Elberfeld et lui rendit ses fonctions; il le chargea en outre d'organiser l'Égl. réformée dans le pays. Lohe mérita d'être appelé le Réformateur du duché de Berg. f après 1567.
LOI, expression générale qui se dit de tout ce qui doit être ou se faire; il y a les lois de la nature, les lois physiques, les lois morales, les lois civiles, les lois religieuses, etc. Dans la constitution théocratique des Hébreux, la loi comme telle avait un caractère absolu, et l'on ne distinguait pas parmi les commandements ceux qui étaient de Tordre politique et ceux qui étaient exclusivement religieux. Avec l'Évaugile la distinction s'est établie nettement et Jésus a marqué la limite entre ce que l'homme doit à César et ce qu'il doit à Dieu. Plus tard, quand le christianisme fut devenu la religion officielle du monde romain, la confusion recommença, et suivant que l'un ou l'autre pouvoir était le plus fort, l'État donna des lois à l'Église, ou l'Église prétendit en donner à l'État. Ce fut la guerre du moyen âge, et elle n'est pas encore entièrement terminée. Le pharisaïsme et le catholicisme se caractérisent par leur tendance à identifier les prescriptions cérémonielles et les lois morales; la même chose peut se dire, quoique en sens inverse, de l'anlinomianisme tel qu'il est représenté par Agricola, rabaissant la loi morale au niveau des lois cérémonielles et disant que la prédication de la loi n'est plus faite pour ceux qui sont régénérés. Les anciens docteurs ont an contraire relevé le caractère permanent de la loi divine, et spécialement du Décalogue qui en est la formule la plus précise et la plus succincte, en insistant sur sa valeur au point de vue civil, puisque ses commandements sont à la base de toute société organisée; pédagogique, puisqu'elle doit servir de direction dans l'éducation; et normative, puisqu'elle renferme la règle absolue de toute vie morale. L'Égl. romaine, s'appuyant du sens qu'elle donne à Matt. 16, 18. 19. s'est cru en droit de légiférer, mêmes sur les questions civiles et pénales. Mais avec le développement qu'a pris la notion de l'État dans la société moderne, elle n'a pu maintenir ses prétentions et elle a dû se renfermer dans les limites de son domaine propre, sans même que les peines qu'elle édicté, telles que l'excommunication, puissent avoir aucune conséquence civile. Dans le domaine religieux les églises peuvent avoir leur confession de foi et leur discipline, mais sans autre autorité légale que celle qui ressort des conditions dans lesquelles ces églises sont formées; si elles relèvent de l'État, c'est le gouvernement seul qui peut les transformer en lois; si elles sont indépendantes, c'est à elles et à chacun des membres qui les composent, qu'il appartient de décider s'ils les acceptent et s'ils veulent s'y soumettre.
LOLLARDS, ou Lollhards, nom dérivé d'un mot qui signifie murmurer, parler à voix basse; il s'appliqua d'abord aux alexiens, q. v., garde-malades qui avaient coutume de parler bas. On donna ensuite ce nom aux beghards, puis à toutes les sectes religieuses.il finit par désigner plus particulièrement en Angleterre les partisans de Wicleff. Ceux-ci, partant d'un principe strictement scripturaire, rejetaient avant tout l'autorité de l'Église, et avec elle toutes les doctrines qu'elle ne pouvait pas justifier, confession auriculaire, indulgences, invocation de* saints, etc. Leur piété était simple et pratique, leurs mœurs étaient pures et sans reproche. Un de leurs adversaires assure que plus de la moitié du peuple anglais était lollard, mais il attribue leurs succès au démon. Ils étudiaient la Bible, lisaient des livres de dévotion, s'édifiaient dans de petites assemblées et travaillaient activement à l'évangélisation. Bien que persécutés déjà du vivant de Wicleff, ils continuèrent son œuvre après sa mort et comptèrent de nombreux martyrs, parmi lesquels W. Sawtre, prêtre de Londres 1400, Thorp 1407, John Badby 1410, sir John Oldcastle, lord Cobham 1417, victimes de la fureur de l'archev. Arun-del. Sous Chicheley qui lui succéda, féroce el rusé, les supplices redoublèrent encore; il y aurait tout un martyrologe à écrire. Pour le roi la question religieuse se compliquait surtout d'une question politique. En 1394, au moment où les usurpations du pape avaient indisposé le parlement, les lollards présentèrent à celui-ci 12 propositions, demandant l'abolition du célibat forcé, la suppression de la peine de mort, la fin des guerres, etc. Le roi y répondit en menaçant de mort les seigneurs qui protégaient ce mouvement, et d'accord avec le parlement il promulgua 1400 l'acte De comburendo h&retico. ordonnant de brûler les hérétiques. On passa vite à l'exécution; Sawtre fut brûlé le 4 févr. de la même année. Des visites épiscopales purgèrent l'univ. d'Oxford de toute velléité d'opposition, et après qu'en 1417, sous Henri Y, lord Cobham, le favori d'Henri V, eut été brûlé, il fut facile à l'Inquisition d'en finir avec les restes des lollards, comme on en avait fini avec leurs tournées d'évangélisation. Tout était donc terminé en 1431, mais en apparence seulement; le feu couvait sous la cendre. Il y eut encore quelques martyrs: Gooze 1473, Brown 1511. La Réformation approchait; elle trouva le terrain préparé et mit un terme aux supplices el à l'omnipotence de la cotir de Rome. — V. Lecli-ler. Wiclif und die Lolarden, Leipzig 1858.
LOMBARD, Pierre, célèbre théol. scolastique. né à Novarre en Lombardie vers 1100, étudia la théol. à Bologne, à Reims et à Paris, où il fut reçu docteur, puis professeur de théol. et enfin évêque 1159. f 1164. Son cours, intitulé Sen-tentiarum libri IV, l'a fait surnommer le maître des sentences. Il chercha à concilier la théol. spéculative et la théol. ecclésiastique (non la théol. mystique, comme avait fait Anselme). Il fut scolastique par la forme, par le mode d* thèses et d'antithèses qu'il employa pour expo-ser ses doctrines. D'un autre côté il satisfit k* parti ecclésiastique, ou positif, en prenant comme base des passages des pères ot de l'Écriture. Inférieur en talent à Abeilard, en piété à Bernard, il fut le vrai représentant de l'école de la tradition. Pendant trois siècles et demi son livre fut plus honoré et plus estimé que la Bible. Le livre traite de Dieu et de la théologie proprement dite; le 2d de l'anthropologie; le 3e de la sotériologie; le 4® des sacrements (Nuremberg 1474, Venise 1480). Il a été l'objet de nombreux commentaires, mais comme dans certains passages il n'a pas suffisamment affirmé le système de la hiérarchie, et comme par ses syllogismes il a paru ébranler la doctrine de la vraie humanité de Jésus, il fut accusé sous Alexandre III et dénoncé à la faculté de Paris. Il a aussi écrit des Comment, sur les Psaumes, le Cantique, et les Épltres de Paul. Il eut pour disciple Pierre de Poitiers.
LOMBARDS, ou Longobards, peuple d'origine germanique, venu probablement du Jut-land, au nord de l'Elbe, et qui par la Moravie se rendit en Pannonie, où il embrassa superficiellement l'arianisme. Il battit ensuite les Gé-pides, 547, mais repoussé par les Avares il passa en Italie sous les rois Auboin et Clef 569, mit fin à la domination gréco-romaine et fonda le royaume lombard, avec Pavie poijr capitale. Les rivalités des cités lombardes, qui plus d'une fois s'organisèrent en républiques, ne sont pas encore très bien connues, mais leur histoire se rattache à celle de l'Église en ce sens que, voulant dominer l'Italie entière, elles se heurtèrent plus d'une fois contre les év. de Rome qui avaient la même ambition. Leur arianisme, encore imprégné de souvenirs païens, n'était pas de taille à se mesurer avec le catholicisme. Les efforts df> la reine eathol. Théodelinde el de Grégoire 1er furent couronnés de succès; les évêques ariens furent bientôt évincés et Aribert, neveu de Théodelinde, monta sur le trône comme premier roi catholique. Mais à partir de ce moment leurs intérêts se divisèrent. Les papes prirent parti pour les ducs de Bénèvent et de Spolète qui réclamaient leur indépendance; de leur côté les rois lombards soutinrent l'archev. de Milan et le patr. d'Aquilée, qui refusaient de reconnaître l'autorité du pape en matière d'administration intérieure et d'élection du bas et du haut clergé. La belle époque de ce royaume tombe sous le règne de Luitprand 713-742; c'est lui qui acheva l'organisation du pays déjà commencée par l'édit de Rothari 643. Ayant entrepris une campagne contre le pape, il faillit avoir pour adversaire son ancien allié Charles Martel, que Grégoire II avait appelé à son aide, mais la mort des deux belligérants coupa court à la guerre, et Zacharie fit la paix avec les Lombards. Les difficultés recommencèrent sous Rat-chis et Astolfe; Étienne III invoqua le secours de Pépin-le-Bref, qui obligea Astolfe à abandonner ses conquêtes et à reconnaître la domination franque. Didier (Desiderius) vécut d'abord en bons termes avec Étienne IV, mais il finit aussi par vouloir s'émanciper et il menaça Rome. Gharlemagne, qui avait épousé, puis répudié la fille de Didier, prit parti pour Adrien et mit lin à la monarchie lombarde en réunissant le pavs à ses États, 774.
— Plusieurs négociants et banquiers italiens ayant dû émigrer à la suite des guerres des guelfes et des gibelins, et n'ayant d'autre ressource que le trafic pour échapper à la misère, fondèrent de nombreuses banques et furent généralement désignés sous le nom de Lombards, qui devint peu à peu, mais à tort, synonyme du mot usurier à une époque où, sous l'influence de l'Église, tout prêt à intérêt était considéré comme une usure. Les premiers qui s'établirent en France étaient en effet des banquiers lombards, et ils ont laissé à Paris un souvenir de leur présence dans la rue des Lombards; de même à Londres, Lombardstreet. On leur attribue l'origine de la lettre de change.
LONGOBARDS, v. Lombards.
LOPE de Vega, don Félix, né à Madrid 25 nov. 1562, étudia la théol. à Alcala et à Salamanque et s'amusa à faire des vers. Un duel dans lequel il blessa un gentilhomme qu'il avait déjà offensé par une satire, l'obligea de quitter Madrid. Ayant perdu une femme qu'il aimait, il embrassa la carrière militaire, se trouvait à bord de l'invincible Armada, quitta le service en 1590, se remaria et se mit à travailler pour le théâtre. Devenu veuf une seconde fois, il se fit prêtre et rerut les ordres 1611. Il n'en cultiva pas moins la littérature qui depuis longtemps lui avait fait une réputation. Le roman l'Arcadie était un produit de sa jeunesse; la Belle Angélique devait faire suite à l'Arioste; Jérusalem conquise devait compléter le Tasse. Il écrivit dans tous les genres, sérieux, badin, langoureux, satirique. Mais celui dans lequel il se distingua le plus par sa prodigieuse fécondité, celui qui lui donna presque la gloire, ce fut le théâtre. Il a composé, dit-on, de 15 à 1800 comédies, toutes en vers, dont près de 400 sur des sujets religieux, autes sacramentale$. La glorification de la Vierge dans sa Corona tragica lui valut de la part d'Urbain VIII le bonnet de docteur, le titre de camérier apostolique et la croix de Malte. II fut aussi nommé juge de l'Inquisition et président du collège ecclés. de Madrid. Il a publié, sous le voile de l'anonyme, un livre de piété: Soliloquios a Dios. f 21 août 1635 à Madrid. Lope de Vega est le vrai type du catholicisme espagnol de son époque, singulier alliage de piété vraie et de mondanité, d'ascétisme et d'amour du monde. Vie par Montai van.
LORCH, Laureacum, sur le Danube, vieil évêché de Pannonie, qui fut transféré à Passau au 8me siècle. Une légende lui donne Marc pour fondateur; elle ne remonte qu'au 8™® siècle. Une autre, du IS^e siècle, l'attribue à Laurent, à cause de l'analogie du nom. Le plus vieux souvenir un peu authentique est le martyre de Florian. Lors des rivalités qui surgirent entre Passau et Salzbourg, la première de ces villes essaya, pour établir les droits métropolitains de Lorch, d'invoquer un écrit du pape Symmaque à l'archev. Théodore de Lorch, mais il fut facile d'établir que cette pièce était supposée. Le premier èvêque connu de Lorch, Constantin, est mentionné dans la vie de Séverin. Urolf q. v. en fut le premier archevêque. Après la translation du siège épiscopal, un couvent considérable fut fondé à Lorch comme dédommagement.
LORETTE, Lauretum, ville de 7000 hab., des environs d'Ancône; pèlerinage célèbre où l'on montre la Santa Casa, la maison de la Vierge et la chambre qu'elle occupait lors de la visite de Gabriel. En 1291 elle fut transportée de nuit par des anges de Nazareth en Dalmatie, et de 1 à en 1294 à Recanati, sur le domaine d'une pieuse veuve, Laureta, d'où elle a pris son nom. Après quelques nouveaux changements de domicile, elle s'est fixée là où elle est maintenant. Paul II lui a accordé des indulgences, et une magnifique église s'est élevée, toute en marbre, sur cet emplacement consacré; elle renferme la Casa Santa dans son enceinte. La Vierge est en bois de cèdre; on la dit l'ouvrage de saint Luc; elle possédait une garde-robe et un écrin dignes d'une princesse; les Français ont tout pillé en 1800, mais la piété des fidèles «Mit bientôt presque réparé ces pertes. On montre pourtant encore à Nazareth, au couvent latin, la vraie maison de la Vierge, qui est en pierre.
LORIQUET, Jean-Nicolas, né 5 août 1760 à Épernay; prêtre, puis affilié à l'ordre des jésuites qui s'étaient cachés sons le nom de pères de la foi, ou paccanaristes, il a brillé surtout dans l'enseignement et fut directeur des séminaires d'Aix en Provence et deSaint-Acheulen Picardie. Il ne comptait pas moins de 800 élèves des premières familles. Protégé par le cardinal Fesch, puis par M. de Freyssinous, il fut banni en 1830 et se réfugia en Suisse; mais la tolérance de Louis-Philippe lui permit de rentrer à Paris, où il f 9 avril 1845. Il a écrit de nombreux ouvrages pour la jeunesse A. M. D. G. (Ad Mu jorem Dei Gloriam), mais en mutilant l'histoire pour la faire concorder avec le reste de son enseignement. Il est devenu presque aussi célèbre que ridicule par sa fameuse phrase: « En 1809 M. le marquis de Buonaparte, lieutenant général des armées du roi, entra à Vienne en Autriche, à la tête de 80,000 hommes. > C'était trop fort, même pour la Compagnie, qui supprima la phrase dans les éditions suivantes. En 4852 M. Fortoul interdit son Hist. de France à l'usage de la jeunesse, même dans les établissements libres.
LORRAINE, ancien royaume de Lothaire II, ancien duché traversé par la chaîne des Vosges et borné en partie par le Rhin. la Meuse et la Moselle; ancienne province comprise entre l'Alsace, la Franche-Comté et la Champagne, avec Metz pour principal évêché, puis Toul et Verdun; cédée à la France 1766; auj. province allemande. Les ducs qui s'y sont succédés ont fini par aboutir à la puissante maison de Lorraine, divisée en de nombreuses branches considérables, sous les noms de Mercœur, Guise, Joyeuse, Chevreuse, Mayenne, Aumale, etc., et alliée à plusieurs maisons souveraines. C'est dans les Guise que cette famille a trouvé, sinon sa plus belle, du moins sa plus riche et sa plus brillante représentation. De l'esprit, du talent, de l'ambition, point de cœur, point de conscience, ils ont rêvé de ceindre la couronne royale et n'ont pas craint de jeter la France dans les malheurs de longues guerres civiles; mais l'orgueil marche devant l'écrasement, et le moment de leur plus vif éclat a précédé de peu celui de leur décadence. La maison ducale a feit à la Réforme une guerre sans pitié comme sans intelligence, et, bien que les doctrines évangé-liques y aient été prêchées à maintes reprises, les ordonnances et les supplices ont touj. empêché le protestantisme de s'y établir. Le doc Charles II fondait en 1572 l'univ. de Pont-à-Mousson, avec nn personnel de 70 jésuites. Un moment on espéra de réussir, quand la sœur de Henri IV, Catherine, épousa le duc de Bar; mais elle f 13 févr. 1604, et le clergé ne cess? de veiller et de sévir. On trouve cependant quelques traces d'églises et de pasteurs à Féné-trange, Phalsbourg, Lixheim, Saarunion, et ailleurs. Il y a auj. un consistoire à Nancy, pour les dép. de Meurthe et Moselle, Vosges et Meuse, avec 6 à 8000 protestants et environ 12 pasteurs.
LORRAINE (cardinal de), Charles de Guise, né 17 févr. 1525, fils de Claude de Lorraine, duc de Guise, et frère de François, duc de Guise; nommé archev. de Reims en 1538 et cardinal en 1547, il prit le nom de Lorraine après la mort de son oncle, le cardinal de Lorraine, pour se distinguer de son fr. Louis, cardinal de Guise. Principal ministre de FrançoisD, il lui avait fait épouser sa nièce, Marie Stuart. f! fut, avec son fr. François, l'un des persécuteurs les plus cruels des protestants. S'il ne réussit pas à introduire en France les jésuites et l'Inquisition, ce fut grâce à l'opposition du chancelier de l'Hôpital et du parlement. II présida au massacre de Vassy 1562 et précipita la France dans la guerre civile. La conjuration d'Ainboise fut pour lui le prétexte à de nombreuses et féroces exécutions. Au colloque de Poissy 1561 il n'obtint pas les résultats désirés, mais il sut manœuvrer avec tant d'habileté et si bien exploiter les circonstances troublées du royaume qu'il regagna par l'intrigue ce que son éloquence n'avait pu lui procurer. L'édit de Roinorantin contre les protestants, mai 1560, fut paralysé par la mort du roi, 5 déc. 1560. Il détourna Antoine de Bourbon du parti huguenot et forma avec lui et François de Guise le fameux triumvirat. Il témoigna publiquement sa joie au sujet de la glorieuse nuit de la Saint-Barthélémy. Il avait joué un rôle important au conc. de Trente, f 26 déc. 1574 à Avignon, comme il revenait de saluer Henri III.
LORSCH, cél. couvent des environs de Heidelberg, appelé aussi Lauresheim, fondé 764 par la comtesse de Williswinda, parente de Chrodegang, de Metz, et dont le frère Gundeland fut le premier abbé. Il remit à Charlemagne ce couvent dédié â Saint-Nazaire, et la protection des Carlovingiens lui valut honneurs et richesses. Les Annales Laureshamenses 703-768 lui ont fait une juste réputation, mais il commença à baisser au 10,ne siècle, et il ne se releva jamais complètement de l'incendie de 1090. Il passa aux cisterciens, puis aux prémontrés; l'incendie de 1621 l'acheva. Son territoire, longtemps disputé, fut donné en 1806 au duché de Hesse-Darmstadt.
LOUDUN, v. Grandier.
LOUIS, le Lois des Grecs, Ludovicus des Latins, Chlodowig des Francs (adouci dans Glovis), Ludwig des Allemands, Lewis des Anglais. Parmi les souverains qui ont porté ce nom, quelques-uns intéressent l'hist. ecclésiastique.
1° Louis-le-Débonnaire, ou le Pieux, surnommé aussi le Moine. Sa piété monacale, son courage personnel, sa culture scientifique, n'ont pas suffi pour contrebalancer les défauts de son caractère sans élévation, faible, irrésolu, passionné, cruel môme, et ses pénitences publiques n'ont pas plus expié ses torts qu'elles n'ont pu les réparer. Né en 778, fils de Charlemagne et d'Hildegarde, il fut nommé roi d'Aquitaine à 3 ans sous la tutelle de Guillaume, duc de Toulouse; après la mort de son frère il fut associé à l'empire 813 et couronné à Aix-la-Chapelle de la propre main de son père, qui réserva formellement le royaume d'Italie à son petit-fils Bernard, fils de Pépin. Une fois son père mort il s'abandonna à tous les dérèglements d'une nature molle, subissant des influences étrangères. Il fut dur envers les membres de sa propre famille, chassa les conseillers de son père, fit crever les yeux à Bernard qui en mourut, partagea 817 le royaume entre ses trois fils, qu'il avait eu d'Ermengarde, refit un nouveau partage 823 pour doter un 4»>e fi|9j Charles-le-Chauve, qu'il eut de Judith, et provoqua une révolte des trois aînés. Relégué dans un monastère 829, rétabli, puis déposé de nouveau 833 après avoir été battu près de Colmar au champ du mensonge, il fut condamné à Compiègne par une assemblée d'évêques convoquée par Lot ha ire et enfermé à Soissons dans le cloître de Saint-Médard. Rétabli en 834, il procède par deux fois à de nouveaux partages, touj. dans l'intérêt de Charles; les aînés reprennent les armes, et avant que la guerre ait été décidée, le pauvre Louis atteint d'une grave maladie f 840 à Ingel-heiin, en pardonnant à ses fils. Il avait fondé dans l'intérêt de la religion de nombreux couvents et évêchés, qu'il avait richement dotés; ces richesses servirent plus tard aux partis dans un intérêt politique. Son règne marqua la séparation de l'empire en deux tribus, la germanique et la romane, en deux pays distincts, qui devinrent plus tard l'Allemagneet la France. Il amenases adversaires h abandonner le principe, qui d'abord avait été le sien, de l'unité nationale fondee sur l'unité ecclésiastique; mais en même temps ses fils, qui en avaient appelé au pape contre leur père, durent renoncer à la doctrine de la supériorité du pouvoir impérial sur le gouvernement ecclésiastique. Une lettre de Grégoire IV, k laquelle Wala n'est pas resté étranger, s'exprime dans ce sens: elle se trouve dans les fausses décrétâtes d'Isidore.
2° Louis IX, ou saint Louis, fils de Louis VIII Cœur-de-Lion et de Blanche de Castille; né â Poissy 25 avril 1215, il reçut de sa mère une éducation digne d'un grand roi et conforme aux idées politiques et relig. de son époque. Il monta sur le trône en 1226; pendant sa minorité la régence fut exercée par sa mère, qui mit fin à la guerre des albigeois par la paix de Paris, 12 avril 1229, et par le concile de Toulouse. Majeur en 1236 il s'appliqua à réformer l'administration, à organiser la justice et à établir l'économie dans le royaume. Il eut à combattre la résistance de ses grands vassaux, et la révolte du comte de La Marche qui, avec l'appui des Anglais, lui refusait l'hommage. Vainqueur en 1242 il pardonna au comte et accorda aux Anglais un armistice de 5 ans, qui aboutit à la paix de 1259. Pendant une maladie dangereuse 1244, il fit vœu, s'il guérissait, d'aller combattre les infidèles. Il partit d'Aigues-Mortes en 1248, passa l'hiver en Chypre, entra en Égypte et prit Damiette l'année suivante, mais vaincu à Mansourah il fut fait prisonnier avec deux de ses frères, 1252, et ne recouvra la liberté qu'en restituant Damiette et en payant une rançon de 8000 besants d'or, environ 7 millions de francs.
II passa encore 4 ans en Palestine, prit Tyr et Césarée, mais ne put aller plus loin. Sa mère étant morte il revint en France et s'occupa surtout d'administration, donna des lois, abolit les combats judiciaires, fonda les Quinze-Vingts pour les aveugles et jeta les bases de la Sor-bonne.C'est de cette époque que date le recueil de lois et d'ordonnances connu sous le nom de Établissements de saint Louis. Il persécuta cruellement les juifs, les vaudois et les albigeois; c'était dans la piété du temps. Mais il maintint les droits et l'indépendance du royaume vis-à-vis des prétentions du clergé, et fonda les libertés de l'Église gallicane par sa célèbre Pragmatique Sanction 1269, fixant les cas où ii était permis d'en appeler de l'autorité ecclés. à la justice royale, appels qui reçurent le nom d'Appels comme d'abus. La première croisade n'ayant donné aucun résultat, il crut ne s'être pas suffisamment acquitté de son vœu, et lorsqu'il apprit la fin de l'empire latin à Constantinople et les massacres des chrétiens en Syrie, il s'embarqua de nouveau à Aigues-Mortes 1270, après avoir visité les principales églises du du royaume. Il fit voile pour Tunis, ou il trouva son fr. Charles d'Anjou, roi de Naples; mais après quelques succès peu importants, la peste éclata dans l'armée; son second fils, le duc de Nevers, fut frappé, et lui-même, atteint, comprit que la mort approchait. Sa fin fut édifiante et paisible; il donna ses dernières instructions à son fils Philippe, lui recommandant la Parole de Dieu, les bénéfices de l'Église et les coutumes du royaume; puis il se lit transporter sur un lit de cendres, où il mourut les bras en croix, 25 août 1270. Il fut canonisé par Boni-face VIII en 1297, à cause de sa sainteté et de miracles qu'on lui attribua. Il est le seul de sa race qui ait mérité et obtenu cet honneur. Quoique entachée des préjugés de son temps, sa foi était vivante et sincère. Les Mémoires du sire de Joinville en citent d'intéressants exemples, v. aussi Guizot.
3° Louis XIII, fils d'Henri IV et de Marie de Médicis, né 1601 à Fontainebleau, roi en 1610 sous la tutelle de sa mère, majeur à 14 ans, épousa à 15 ans Anne d'Autriche. Tiraillé entre le parti huguenot et l'aristocratie, il se laissa gouverner d'abord par le maréchal d'Ancre, Concini et par sa femme, tous deux les favoris de la reine mère. Après leur chute il abdiqua entre les mains de son premier ministre, Richelieu, dont toute la politique fut d'élever la France, non seulement contre les puissances protestantes, comme l'Angleterre et la Suède, avec lesquelles il contracta même des alliances, mais contre l'empire, contre l'Espagne, et même contre le pape. Son histoire est comprise presque entière dans celle de son ministiv.
4o Louis XIV, roi de France 1643-1715, fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, né 1638; minorité agitée par les troubles de la Fronde. Il épouse en 1659 Marie-Thérèse d'Autriche, fille du roi d'Espagne. Son premier ministre Mazarin étant mort en 1661, il commença à régner par lui-même. Son règne fut célèbre par sa longueur, ses grands hommes, ses victoires et les revers qui en attristèrent la fin. Il gouverna d'après le principe: L'État c'est moi. Il eut la passion de la guerre, de la dépense et des plaisirs. Parmi ses nombreuses maîtresses on connaît surtout Mesd. de La Vallière, de Mon-tespan et de Maintenon; il finit par épouser cette dernière. Sans être religieux, il intervint beaucoup dans les questions religieuses, et se laissa conduire par son confesseur le père jésuite Le Tellier, successeur du P. La Chaise. Il profita de toutes les circonstances pour humilier les rois; il exigea du pape, à l'occasion d'un affront fait à son ambassadeur, le renvoi de sa garde corse, des excuses faites par le nonce, et l'érection à Rome d'une pyramide qui rappelât l'offense et l'expiation. Dans la dispute soulevée en 1673 et 1675 au sujet du droit de régale, il s'appuya de déclarations conformes de la Sorbonne, établissant dès 1663, les principes do gallicanisme, et il en obtint la confirmation, sous le titre de Déclaration du clergé de France. Le pape condamna les 4 articles et refusa des bulles à tous ceux qui avaient fait partie de l'assemblée de 1682. Un schisme était imminent; Bossuet le prévint; les évêques continuèrent d'administrer leurs diocèses, mais seulement en vertu des pouvoirs qui leur furent conférés par leurs chapitres. Le droit d'asile que l'ambassadeur de France exerçait à Rome en faveur des malfaiteurs et des vagabonds, était un scandale et entravait toute action de la justice. Le pape ayant demandé au roi d'y renoncer, comme avaient fait les autres puissances, Louis s'y refusa avec hauteur, et le pape ayant excommunié l'ambassadeur, le roi se vengea en s'emparant d'Avignon 1688 et en condamnant le nonce aux arrêts. Ce qu'il était avec le chef de la chrétienté catholique, il est naturel qu'il le fût aussi avec les dissidents; son absolutisme, sa dureté, sa cruauté durent même aller plus loin encore, car il espérait dans sa politique de bascule se faire pardonner son insoumission par des persécutions, expier ses torts envers le pape par sa conduite envers les sectaires, et laver les désordres de sa vie privée avec des mesures de rigueur contre les hérétiques. Il n'acceptait pas qu'on pensât autrement que lui, et la dernière moitié de son règne fut consacrée à défendre par la violence la religion qu'il outrageait par sa vie et ses mœurs. Il ne cessa de persécuter les protestants par des lois.
des décrets, des proscriptions; la corruption, les missions bottées, les dragonnades furent ses moyens de propagande, et il les couronna par la Révocation de l'Édit de Nantes, qui chassa du royaume près d'un demi-million d'hommes honnêtes et laborieux, et qui fut l'origine de la terrible guerre des Cévennes, dans laquelle ses généraux n'eurent pas le beau rôle. Il ne se montra pas moins arbitraire et cruel envers les paisibles et pieux habitants de Port-Royal, dont il fit raser la maison en 1709, et qu'il persécuta jusqu'en 1714 au nom de la bulle Unigenitus, qu'il avait obtenue de Clément XI contre Ques-nel en 1713. Les lettres de cachet et d'autres actes despotiques furent les armes qu'il employa pour tenter de réduire les récalcitrants. Il rêvait d'assembler un concile national pour faire proscrire une partie de son clergé par l'autre. La mort 9eule mit un terme à ses tentatives théologiqnes. fà Versailles l®r sept. 1715. Son influence bigote et débauchée se fit sentir encore longtemps après lui.
o° Louis III, dit le Bavarois, ou Louis de Ba-oière, forme une date importante dans l'hist. de l'Église. C'est avec lui que commence l'opposition énergique et finalement triomphante du clergé et du peuple allemand contre les prétentions romaines. Né 1286, fils de Louis II, il réunit en 1312 la Haute et la Basse Bavière, et fut élu à Francfort 1314 empereur d'Allemagne, en concurrence avec Frédéric-le-Beau, nommé par la minorité. Frédéric vaincu à Mtihldorf 1322 fut fait prisonnier et renonça à sa compétition pour recouvrer sa liberté. Mais Jean XXII s'y opposa, voulut contraindre Louis à abdiquer. et sur son refus l'excommunia. Louis fit élire un autre pape, Nicolas V, qui le couronna 1328, mais ne put se maintenir et mourut en exil. Partagé entre le désir de conserver intacte son autorité et la crainte superstitieuse que lui inspiraient les foudres ecclésiastiques, le roi se sentait paralysé; mais les villes et les princes de ses Etats, irrités de voir la curie d'Avignon, dépendante de la France, se montrer de plus en plus arrogante vis-à-vis de l'empereur, et l'accabler d'anathèmes toujours plus rigoureux, résolurent de lui résister. Les premiers actes d'opposition partirent de Rense 15 juill. 1338 et furent confirmés le 8 août suivant par la diète de Francfort. La cause de Louis fut défendue par les cordeliers, sous la direction de Michel de (^ésène, Occam, Marsilius de Padone, Jean Jordan, qui, arguant de la pauvreté du Christ, prétendaient que les prêtres ne doivent non plus rien posséder. Louis f 11 oct. 1347 d'une chute de cheval, excommunié de nouveau par Clément VI, au moment où il allait recommencer la guerre contre Charles IV que le pape voulait lui opposer comme empereur.
6° Louis de Grenade, surnommé le Chrysos-tome espagnol. Né 1504 à Grenade, il fut élevé dans la maison du comte de Tendilla et entra à 19 ans dans l'ordre des dominicains, qu'il illustre par ses talents, son éloquence et sa piété. Prof, de philos, et de théol., il releva le couvent de Scala cœli près de Cordoue, qui tombait en décadence; il fut nommé provincial de Portugal, directeur de Catherine, veuve de Jean III, et composa un grand nombre d'ouvrages de dévotion. Il refusa l'archevêché de Braga et le chapeau du cardinal, et finit par se retirer au couvent de Saint-Domingue, près Lisbonne, où il fut comblé d'honneurs, f 1588. Son éloquence tient en partie à ce qu'il avait étudié surtout la Bible et Cicéron.
7° Louis de Gonzague, v. Aloys.
8° Louis de Léon (Luis Ponse de), le plus correct des poètes espagnols, connu aussi par de remarquables homélies. Né 1527 ou 1528 à Bel-monte, dans le sud de l'Espagne, il entra en 1543 en Salamanque dans l'ordre des augustins et fut nommé docteur et prof, de théologie. Une traduction du Cantique de Salomon et quelques expressions un peu libres sur la Vulgate le firent enfermer en 1572 dans les prisons de l'Inquisition à Valladolid; il n'en sortit qu'au bout de 6 ans, acquitté, et ses fonctions lui furent rendues, + 1591 vicaire général de son ordre. On a de lui La parfaite épouse, et un recueil de poésies divisé en 3 livres: poésies originales, traductions des classiques, et trad. de quelques psaumes et de quelques parties de Job.
LOUP, Lupus lo saint Loup, né vers 383 à Toul, Lorraine, d'abord avocat. Après 7 ans de mariage, il se sépara par consentement mutuel de sa femme, qui était sœur de saint Hilaire, et se retira au couvent de Lérins. Nommé en 426 à l'év. de Troyes, Champagne, il accompagna 429 saint Germain d'Auxerre en Angleterre pour y combattre le pélagianisme. Son ascétisme lui valut une telle réputation qu'on alla jusqu'à lui attribuer des miracles. On rapporte aussi qu'il obtint d'Attila par ses prières qu'il épargnât la ville de Troyes. Il reste de lui une lettre de félicitations à saint Sidoine, et un travail fait en collaboration avec Euphro-nius d'Autun sur quelques points de la liturgie et sur le mariage du bas clergé, f 479.
2o Év. de Lyon, f 540.
3<> Loup, ou Leu9 év. de Sens sous Clotaire II, membre de la famille royale, f 623.
4<> Servatus Lupus, abbé de Ferrières, né 805 dans le diocèse de Sens. Disciple de Raban Maur à Fulda, il fut nommé professeur en même temps qu'abbé de Ferrières 842. Engagé dans les troubles de son époque, au point qu'il dut même faire le service militaire, il conserva touj. le goût de l'étude et recueillit de nombreux mss.
profanes et sacrés. Protégé par Louis-le-Déb. et par Charles-le-Chauve, it assista au conc. de Verneuil 844 et au 2m* conc. de Soissons 853. On a de lui 134 lettres et quelcpies traités. Il prit parti pour Gottschalk dans les controverses sur la prédestination, et écrivit en sa faveur en s'autorisant de saint Augustin. Dans son traité Des trois questions, il établit que l'homme est libre pour le mal; que pour le bien il n'est libre que par l'assistance de Dieu; la prédestination est la base de la sanctification; par la mort de Christ Dieu a racheté tous ceux qu'il a voulu sauver.
5* Christian Lupus, ou Wolf, moine augus-tin. Né 1612 à Ypres, étudia à Louvain, enseigna à Cologne, puis revint à son couvent de Louvain pour lequel il fit plusieurs voyages à Rome, f 1681. Auteur d'un Comment, sur les Conciles, en 5 vol., et de Notes ou Scholies sur les conc. de Chalcédoine et d'Éphèse.
LOURDES, sur la rive droite du gave de Pau, petite ville de 4 à 5,000 hab. avec un vieux château-fort: célèbre par 18 apparitions miraculeuses de la Vierge, dont fut honorée à partir du 11 févr. 1858, une petite paysanne de 13 ans, Bernadette Soubirous. Une enquête, dirigée par le curé et le clergé de l'endroit, prouva que le miracle était authentique. Une autre enquête, aussi ecclésiastique, prouva que l'eau de la source faisait des miracles et guérissait les malades. L'évêque de Tarbes, après avoir tout t pondéré dans la balance du sanctuaire, • autorisa les fidèles à croire k l'apparition, et les pèlerinages commencèrent. Une église monumentale fut construite au-dessus de la grotte et du rosier miraculeux; les hôtels se multiplièrent, le chemin de fer fit un coude pour y conduire les fidèles, et les bouteilles d'eau de Lourdes entrèrent dans la circulation; il s'en vend par centaines de mille. On remarque cependant que le haut clergé continue d'aller aux eaux vulgaires de Bagnères ou de Vichy. Bernadette, envoyée chez les ursulines de Nevers, y est f 1879.
LOUVAIN, vieille cité belge d'environ 30,000 habitants. Elle est célèbre surtout par son université, qui fut fondée en 1425 par Jean IV de Brabant, autorisée par Martin V et ouverte le 7 sept. 1426. Parmi les hommes qui l'illustrèrent, on compte Adrien VI. Lipse. Baïus, Jan-senius, Bellarmin. Sous Baïus et Jansenius elle fut un foyer de résistance contre le jésuitisme. Joseph II y installa pour quelque temps un de ses séminaires généraux et transféra 1788 à Bruxelles toutes les facultés, sauf la théologie. Le gouvernement français supprima en 1797 l'université, mais la Hollande la rétablit, 1816. Le gouvernement belge l'ayant abandonnée comme établissement public, les évêques prirent possession des bâtiments et de leurs fondations; ils y transférèrent la faculté catholique libre qu'ils avaient fondée à Malines 1834, et y adjoignirent les 4 autres facultés. A l'université est annexée, comme gymnase, le collège de la Haute colline. Louvain est auj. une des principales forteresses de l'ultramontanisme.
LOUVOIS, François-Michel Le Tellier (marquis de), fils du chancelier Le Tellier; né à Paris 18 janv. 1641, ministre de la guerre sous Louis XIV, l'exécuteur des hautes œuvres contre les protestants, l'organisateur des dragonnades et des missions bottées; il décréta la peine de mort contre tous ceux, hommes ou femmes, qui assisteraient aux assemblées du désert, t 16 juill. 1691.
LOYOLA, Ignace (Lopez de Recalde de), né 1491 au château de ce nom, dans la province de Guipuzcoa, Biscaye, d'une famille noble, fnt élevé à la cour de Ferdinand II, mena quelque temps une vie dissipée, et fut blessé au pied an siège de Pampelune 1521. Pendant sa maladie et sa convalescence il lui tomba entre les mains, au lieu de livres de chevalerie, une Vie de Jésus et des saints, qui surexcita son imagination et donna à son besoin d'agir une direction toute nouvelle. Il résolut de se consacrer à la défense de la religion et de fonder une association qui en ferait l'objet unique de ses efforts. Il s'enferma d'abord dans le couvent de Montserrat, puis dans une caverne près de Manresa, vaquant k toutes sortes d'exercices de piété, tels que flagellations et autres, veillant, jeûnant, jusqu'à ce qu'à la fin il eut des visions et des extases touchant à l'extravagance. En 1524 il visita les Saints Lieux, et quoi qu'on ne lui permit pa> d'y rester longtemps, ce voyage eut pour lui ce bon résultat de lui faire comprendre que, s'il voulait faire une œuvre durable, il lui fallait d'abord commencer par s'instruire. Il se mil donc à étudier la théol. à Barcelone, à Alcala el à Salamanque; mais ayant été inquiété par l'In-quisition, il se rendit à Paris en 1528, et y vécut d'aumônes jusqu'à ce qu'il fut admis an collège de Sainte-Barbe. Là il se lia intimemeat avec 6 amis, qui s'unirent à lui pour la vie: Pierre Favre, de Savoie; François Xavier, Alph. Salméron, Jacq. Laynez et Nicolas Boba-dilla, espagnols; enfin Simon Rodriguez, portugais. C'est avec eux qu'en août 1534 il posa les premières bases de l'association nouvelle: ils firent vœu de pauvreté, d'obéissance et de chasteté, et s'engagèrent, une fois leurs études terminées, à se consacrer au service des pauvres et des malades, à la prédication, à renseignement de la jeunesse, à la mission de la Terre Sainte, à la défense de la foi contre les infidèles et les hérétiques, et en général (ce fut leur 4®f vœu) à tout ce à quoi le pape voudrait les employer. Approuvé par Paul III 1540, Loyola fut nommé général de l'ordre, écrivit en espagnol les Constitutions des jésuites, qui furent trad. en latin et publ. Rome 1588, et f 1556, épuisé par ses austérités. Outre ces Constitutions, qui sont un chef-d'œuvre en leur genre, il a encore écrit des Exercices spirituels en espagnol; trad. lat. Rome 1548. Vie, par Bouhours. Canonisé par Grég. XV. Outre une piété consciencieuse, quoique peu éclairée, et malgré tout le mal qu'il a fait à la religion et à la société, on ne peut contester au fondateur de l'ordre des jésuites un certain génie et un puissant talent d'organisation.
LUBECK, une des villes de la Ligue hanséa-tique, et leur capitale depuis 1226. Fondée par le prince vende Gottschalk, elle devint dès 1163 le siège d'un évêché important. La Réformation y pénétra en 1524, mais rencontra de la part du Conseil de la ville une résistance opiniâtre, qui ne céda que devant un mouvement populaire, 30 juin 1530. Les prédicateurs AVilms et Walhoff furent rappelés, et les prêtres s'étant refusés à une discussion publique, il leur fut interdit de prêcher. Bugenhagen fut chargé de la nouvelle organisation ecclésiastique et maintint à quelques égards le système épiscopal. Pendant l'époque des discussions religieuses, Lubeck conserva la paix intérieure, ayant sa propre confession de foi, rédigée par Curtius 1560, et que tous les ecclésiastiques devaient signer. L'évêché évangélique survécut à la paix de Westphalie, et compta successivement 12 évêques de la maison de Holstein. Les réformés y jouissent depuis 1825 de tous les droits civils, el ont une église à eux depuis 1826.
LUBIENIECKJ, Stanislas, né à Racovie 23 août 1623. Fils d'un pasteur unitaire, socicien lui-même, il mena uue vie assez agitée, tour à tour précepteur et pasteur, souvent tracassé à cause de ses opinions, renvoyé de Copenhague et de Friedrichstadt où il avait espéré trouver un refuge. Il f 1675 à Hambourg, empoisonné par accident ainsi que ses deux filles. Auteur d'une notice sur la signification des comètes, et d'une Hist. inachevée et partiale de la Réform. en Pologne.
LUC, v. Luce.
LUCAR, Cyrille, patr. de Constantinople, connu pour ses tendances évangéliques et par les efforts qu'il tenta, quoique pas avec assez d'énergie, pour vivifier l'Église grecque. Il naquit dans l'île de Crête à Candie, en 1572. U fit ses premières études à Venise, puis à Padoue où il resta jusqu'à l'âge de 23 ans. Son protecteur, Mélétius Péga, l'appela auprès de lui à Constantinople où il ét^it vice-patriarche en l'absence du titulaire, et au bout d'un an Cyrille fut ordonné prêtre, puis archidiacre. Mélétius lui confia diverses missions; ce fut ainsi qu'il alla en Pologne où il eut à Vilna une conférence avec des protestants, et revint par l'Allemagne à Genève où il resta quelque temps. Il avait plus de sympathies pour les protestants que pour les catholiques. Il alla aussi en Crête pour collecter; dans un de ces voyages il fit la rencontre du Hollandais Cornélius Van Haga, avec qui il resta dès lors en relation. Le patr. d'Alexandrie Mélétius venait de mourir et avait désigné comme son successeur Cyrille Lucar, 1602. A partir de ce moment, sa vie ne cessa d'être une vie de luttes et de persécutions. Il remplit l'intérim de la place vacante et aurait été nommé patriarche s'il avait consenti à payer le tribut injuste que réclamait le sultan. Il dut s'opposer aux agissements des latins et surtout des jésuites dans l'Égl. grecque. Des ennemis ayant mis sa vie en danger, il se réfugia dans un couvent du Mont Athos, puis en Égypte. (> fut pendant son séjour au Mont Athos qu'il trouva le fameux Codex Alexandrinus, dont il tit hommage à Jacques 1er. Craignant pour le clergé grec l'influence latinisante de Venise et de Padoue, il envoya son protégé, le jeune Me-trophanes Critopoulos étudier en Angleterre et le recommanda à Abbot, l'archev. de Cantorbéry. Cependant Cyrille continuait ses travaux, étudiait les écrits des théol. réformés et luthériens. et devenait de plus en plus hostile aux jésuites, comme le montre sa correspondance avec De Dominis, ancien archev. de Spalatro. Il comptait aussi parmi ses amis David Le Leu de Wilhelm, conseiller des princes d'Orange, et Antoine Léger, chapelain de l'ambassade hollandaise. Cette influence qu'il subissait le fit accuser d'avoir servi de « valet » aux étrangers protestants qui auraient désiré une réforme dans l'Église grecque. Cyrille, reconnaissant la dégradation de son Eglise, aurait désiré une réforme; s'il ne réussit pas, il faut l'attribuer en partie à un défaut d'énergie de sa part. Le patriarcat de Constantinople étant encore une fois vacant, Cyrille, élu de nouveau, accepta 1621, au grand déplaisir des latinisants et des jésuites qui dès lors lui déclarèrent une guerre à mort. Ils le renversèrent une première fois et mirent à sa place Anthime, qui ne garda pas longtemps le siège patriarcal. Cyrille revint; les jésuites renouvelèrent leurs intrigues contre lui. mais ils furent arrêtés, grâce à l'intervention des ambassadeurs anglais et hollandais, pour avoir saisi la « Confession de foi » que Cyrille faisait imprimer. Renversé de nouveau, exilé à Téné-dos, puis à Rhodes, il fut réintégré une 3* fois sur le siège patriarcal. Cependant ses ennemis voulant avoir le dernier mot, gagnèrent deux pachas qui persuadèrent au sultan que Cyrille conspirait contre la Turquie, et le faible sultan envoya à Constantinople l'arrêt de mort dn patriarche. Cyrille fut étranglé et son corps jeté dans le Bosphore. Ainsi mourut en 1638 à l'âge de 66 ans ce pieux et noble vieillard, qui ne manqua ni de talents ni de zèle, mais auquel le courage et l'énergie d'un Calvin firent défaut. On s'étonne que Cyrille, qui s'était prononcé contre l'invocation des saints et des images, se soit pourtant, sous ce rapport, conformé aux pratiques de son Église. Son principal ouvrage est sa Confession; il y passe en revue dans 18 chapitres les principales doctrines chrétiennes; il se sépare de sa propre Église, dont pourtant il prétend représenter la foi, presqu'autant que de l'Égl. romaine. D'un autre côté si, comme les réformés, il donnait la première place à l'Écri: ture, s'il recevait J.-C. comme seul Sauveur, s'il repoussait la transsubstantiation et le purgatoire, il ne paraît pas avoir eu un profond sentiment du péché et il admet la régénération baptismale. Cette Confession est suivie d'un Appendice contenant 4 réponses à des questions posées par des orthodoxes; 3 au sujet de l'Écriture sainte, 1 au sujet des images. Les opinions de Cyrille furent condamnées dans trois conciles subséquents: à Constantinople 1638. à Jassy 1642 et à Jérusalem 1672. La « Confession orthodoxe » et plus tard celle de Dosithée furent opposées à la Confession de Cyrille Lucar. C'est à lui qu'on doit la première version en grec moderne du NouveauTestament. Il a aussi écrit une Hist. des persécutions d'Égypte contre les fils de l'Égl. orientale, 4 volumes d'Homélies, une Hist. des juifs en Turquie, des traités théologiques, etc. Parmi les auteurs à consulter, v. Neales, le chevalier Ricaut, et parmi les modernes, Dr Pichler, et A. S. Khomichoff.
LUCAS de Tuy (Tudensis), diacre, puis chanoine régulier au couvent de saint Isidore, Léon, nommé en 1239 év. de Tuy dans la Gallice espagnole, f 1288; a écrit contre les albigeois; continuateur de la Chronique d'Isidore jusqu'en 1236; auteur d'une Vie d'Isidore.
LUCE, ou Lucius 1<> èvêque de Rome en 253, mais pour 5 mois seulement, fut exilé et, plus tard, canonisé. On ne sait rien de sa vie.
2° Lucius II, cardinal Gérard, et ami de Wi-bald; 1144; ne régna que 11 mois, et perdit la vie dans une émeute k propos des idées d'Arnaud de Brescia sur la séparation de l'Église et de l'État.
3° Lucius III, 1181-1185, né à Lucques, élu au milieu des troubles par les cardinaux seuls, à l'exclusion du clergé et du peuple. Il a contre lui le redoutable Frédéric et doit quitter Rome; il se retire à Velletri, puis à Vérone, et assemble 1184 un concile à Bamberg, où il fait condamner les patarins, les vaudois, les arnoldistes, et Rome qui lui a pris son patrimoine.
LUCERNE, dont le nom est dû peut-être à un fanal (latin lucerna) construit pour orienter la nuit les bateliers du lac, fut fondée au 7me siècle, dit-on, par un seigneur du pays, appelé Wighard, qui bâtit une chapelle et le couvent de Saint-Leger sur la colline qui domine auj. la ville. Il en fut le premier abbé et lui donna des possessions sur l'Albis. En 768 Pépin-le-Bnef donna ce couvent et la ville aux abbés de Mur-bach, de la Haute-Alsace; ceux-ci les revendirent à la fin du 13me siècle à la maison de Habsbourg, et celle-ci perdit tous ses droits quand Lucerne entra dans la Confédération helvétique, 1332. Depuis la Réformation, et notamment depuis la bataille de Cappel 1531, depuis l'établissement de la nonciature 1579, et depuis la Ligue de Borromée, Lucerne a été le centre reconnu du catholicisme en Suisse. Malgré quelques tentatives libérales, l'ultramonta-nisme y est resté dominant, et il s'est cru assez fort en 1843 pour lever contre la Suisse l'étendard de la révolte, sous la présidence de l'avoyer Siegwart-Muller. La bataille de Gislikon, 23 nov. 1847, mit fin à cette tentative. Lucerne, qui appartenait d'abord à l'évêché de Constance, fat réuni à celui de Bâle. La nonciature a été supprimée en 1873.
LUCIDE, le prêtre, vivait dans les Gaules au 5®® siècle et fat un des membres les plus influents du parti prédestinatien, ne reculant même pas devant l'idée de la prédestination à perdition; le synode d'Arles 475 l'obligea à se rétracter. C'est à lui que le semi-pélagien Fans* tus, de Reggio, adressa son Épître à Lucide.
LUCIE (sainte). Sa mère ayant été guérie d'une perte de sang par un pèlerinage au tombeau d'Agathe de Catane, la jeune fille fit vœu de virginité perpétuelle pour marquer sa reconnaissance. Mais ce vœu anéantissait un projet de mariage, et son fiancé irrité la dénonça comme chrétienne. C'était pendant les persécutions de Dioclétien. Le préteur Paschase ayant condamné la jeune fille à être conduite dans une maison de débauche, aucune force humaine ne put la faire bouger de sa place; l'emploi du feu même fut inutile. On finit par la tuer d'un coup de poignard; avant de mourir elle eut encore la force de prophétiser que la persécution touchait à sa fin. On la fête le 13 déc. et son culte est très ancien, mais l'Égl. cathol. ne l'a pas reçue et elle ne figure pas dans les Acta Sanctorum. Le peuple cependant l'invoque pour les maux d'yeux.
LUCIEN lo écrivain grec, né entre 120 et 130 à Samosate, Commagène, de condition inférieure; il s enfuit de chez son maître qui était sculpteur et malgré sa pauvreté se mit k étudier la philos, et la rhétorique en Grèce; il pratiqua ensuite le barreau k Antioche, voyagea en Syrie, en Egypte et en Italie, se fixa à Athènes, déclamant et récitant ses écrits contre les défauts et les préjugés de ses contemporains, et après avoir perdu sa fortune il accepta de Commode une place de procurateur en Egypte, vers 180. f 200. Il a laissé (^nombreux écrits, les Dialogues des dieux, 1™ Dial. des morts, l'Ane. Le plus intéressant pour l'hist, ecclés. est intitulé La mort de Peregrinus, où il cherche à ridiculiser le christianisme dans ses manifestations extérieures. Il s'agit d'un philosophe qui, après avoir été chrétien, a fini par passer aux cyniques et qui meurt misérablement. On voit comment un homme cultivé, passablement sceptique à l'endroit du paganisme, jugeait alors les chrétiens, sans avoir pris la peine de chercher à les connaître. « Ces malheureux croient être immortels et ils méprisent tout; ils sont aveuglément soumis à leur maître crucifié et à ceux qui sont venus après lui avec leurs écrits. » Cette satire prouve en tout cas la place considérable que les chrétiens occupaient alors déjà dans l'opinion publique. Ed. Dindorf, Didot. Jacobitz; trad. d'Ablancourt, Belin de Balu.
2° Lucien-le-Martyr, aussi de Samosate, né vers 220; fondateur de l'école d'Antioche, prêtre à Alexandrie, célèbre par son austérité non moins que par sa science. Sa revision du texte des Septante a été longtemps appréciée en Grèce et dans l'Asie Mineure; celle du N. T. est moins estimée. En dogmatique il marchait à peu près d'accord avec Paul de Samosate, et après que celui-ci eut été condamné au conc. de 272, il évita tous rapports avec les év. d'Antioche. Arius était son disciple et crut pouvoir en appeler à son autorité; les ariens les plus modérés composèrent même leur Confession de foi de fragments empruntés à Lucien. Il ne reste d'ailleurs rien de ses écrits dogmatiques, et seulement quelques lettres. Il mourut dans la persécution de Maximin; traîné à Nicomédie, il souffrit avec une constance héroïque toutes les tortures, sans répondre autre chose à ses juges que: « Je suis chrétien. » Chrysostome prononça son oraison funèbre le 7 janv. 387.
LUCIFER 1° nom donné à Satan, comme ayant été avant sa chute le plus élevé des anges, d'après une fausse interprétation de Ésaïe 14, 12. où les noms d'étoile du matin, fille de l'aube du jour, désignant le roi de Babylone, et traduits par Jérôme Lucifer (porte-lumière), ont été appliqués à celui qui, précipité des cieux, est devenu le prince des ténèbres.
2° év. de Calaris, ou Cagliari, Sardaigne. Origine inconnue. Il apparaît pour la Ire fois en 354 comme évêque envoyé par Libère à Constance pour provoquer la convocation du conc. de Milan 355. Là il défendit Athanase et combattit l'arianisme avec tant d'énergie que l'empereur l'exila, d'abord en Cappadoee, puis en Célésyrie et en Palestine. Remis en liberté par Julien, il vécut successivement en Egypte et k Antioche. Appelé comme arbitre à se prononcer dans le schisme des méléciens, il repoussa les conclusions conciliatrices proposées par le synode d'Alexandrie et déjà acceptées par son diacre et se déclara pour les eustachiens. Il interdisait toute communication avec ceux qu'il regardait comme hérétiques, et consacra évêque le prêtre Paulin, ce qui le constitua schisma-tique de fait. De retour à Cagliari, il y f 371, entouré de l'estime générale. Son corps a été retrouvé 1623 avec l'inscription tumulaire; sa canonisation, demandée en 1639, souffrit quelques difficultés, mais fut enfin accordée par Pie VII en 1803. Œuvres, dans la Patrologie de Migne.
LUCIFÉRIENS 1° les disciples de Lucifer de Calaris; ils soutenaient que ceux qui avaient été une fois ariens, et ceux qui avaient signé les conclusions du conc. de Riinini 359, ne pouvaient plus jamais être reconnus év. par l'Égl. catholique. Ils étaient nombreux et avaient même un év. à Rome. On a d'eux une pétition adressée à Valentinien II et à Théodose, où ils demandent d'être reconnus et protégés. Jérôme les a combattus dans un Dialogue.
2° Surnom donné à quelques sectes du moyen âge, que l'on accusait d'adorer le diable; ainsi les Stedinger et les Fratricelles. On brûla 14 de ces derniers en 1336 à Tangermunde.
LUCILLUS, év. de Pannonie vers 490; un des disciples de Sévérin, qui l'avait envoyé auprès du roi Géwold pour négocier la liberté de nombreux prisonniers. C'est aussi lui qui en 488 transporta en Italie les restes de son maître, selon l'ordre qu'il en avait reçu.
LUCKE, Gottfried-Christian-Frédéric, né 23 août 1791 à Egeln, près Magdebourg, étudia à Halle et Gôttingue, prof, à Berlin 1816, à Bonn 1818, à Gôttingue 1827, où il enseigna l'exégèse du N. T., la dogmatique, la morale et l'hist. ecclésiastique; membre en 1839 du consistoire de Hanovre, abbé de Bursfeld en 1843 et membre du Conseil d'État en 1849. f 14 févr. 1855. Évangélique avec une tendance conciliatrice très prononcée, exégète ingénieux et spirituel, littérateur agréable, n'admettant pas de contradiction entre la science et la foi, il travailla sur le terrain pratique à mettre d'accord l'Église et la théologie. Ami de Bunsen, de Hitler et de Lachmann, il peut compter parmi les théol. les plus considérables de son temps. Son Comment, sur l'Évangile et sur les épîtres de Jean, son Introd. à l'Apocalypse, sa Synopse faite en collaboration avec De Wette, ses Études sur Plank, Mosheim, Schleiermacher et Otfr. Muller, enfin de nombreux articles dans diverses Revues de théol..et de critique, lui assurent une réputation méritée.
LUCQUES, ancienne et célèbre ville libre de l'Italie, siège d'un archevêché et d'une université, reçut de Pierre Martyr Vermigli, prieur du couvent de San Frediano, les premiers germes de la Réforme, 1541. La foi nouvelle comptait un assez grand nombre d'adhérents, même dans les hautes classes, pour que le Sénat crût devoir intervenir en 1545 et 1549 par des décrets contre l'hérésie. En 1555 Paul IV fit appel à l'Inquisition, qui se mit aussitôt à l'ouvrage, et beaucoup de familles émigrèrent; l'émigration redoubla après que Pie V eut fait brûler Paleario 1570. Vermigli, aidé de ses amis Zanchi et Curione, chercha à réunir les restes de la petite église, et il lui adressa une Lettre de consolation, qui se trouve dans ses Lieux communs, mais le terrible tribunal coupa court ii toute tentative, et la Réforme fut étouffée. Une partie des fugitifs se rendirent en France; plusieurs étaient à Paris au moment de la Saint-Barthélemy, et n'échappèrent qu'à grand'peine. D'autres, plus nombreux, s'élaient fixés à Genève, entre autres les pasteurs Nicolas Balbani et Scipion Calandrini, ce dernier pour peu de temps. Les Turrettini y vinrent en 1575, les Burlamacchi en 1585, les Calandrini en 1612. Les Balbani et les Diodati furent naturalisés au lfime siècle; les Turrettini, les Burlamacchi et les Calandrini au commencement du 17me; les Minutoli en 1651, les Micheli en 1664. L'év. de Lucques, cardinal Spinola, écrivit en 1679 une lettre pressante aux réfugiés, pour les engager à rentrer, sans même leur offrir aucune garantie; mais c'était trop tard. Les Calandrini comptaient parmi leurs ancêtres collatéraux le cardinal Philippe Calandrini 1448, et le pape Nicolas V; ils comptèrent parmi leurs descendants un grand nombre de pasteurs éminents, soit dans la ligne masculine (6 Calandrini), soit dans la ligne féminine. Les Turrettini ont de même donné 6 pasteurs, les Diodati 4, les Burlamacchi 2, les Micheli 2, etc. En général très bien doués, les réfugiés lucquois ont aussi fourni à leur nouvelle patrie, et jusqu'à ces derniers temps, des savants, des magistrats et des administrateurs, et s'ils avaient fait par fidélité le sacrifice de leurs biens, la fidélité de Dieu les a bénis et leur a rendu selon leur foi; toutes ces familles ont prospéré.
LUDGARDE, née à Tongres, Belgique, en 1182, d'une famille distinguée; elle entra à 12 ans dans un couvent des bénédictines de sainte Catherine près de Bruxelles, vécut dans la communion de Dieu, eut des extases, fit ses vœux en 1200, fut nommée prieure 1205, entra en 1206 dans un couvent de cisterciennes à Aquiric, près Bruxelles, y passa 40 ans et f 1246. On lui attribue beaucoup de miracles, entre autres une apparition d'Innocent III qui, enfermé dans le purgatoire jusqu'au jugement dernier, sollicita son intercession.
LUDMILA, femme de Boriwoj de Bohème que Méthodius avait gagné^u christianisme: elle se fit aussi baptiser et (revint une fervente chrétienne. Chassés par les païens ils réussirent à remonter sur leur trône. Après la mort de son mari et de leur fils aîné, elle fut nommée régente du royaume et tutrice du jeune Wences-las, héritier de la couronne. Mais la mère de celui-ci, la païenne Drahomira, la fit mourir, 15 sept. 927. Wenceslas devenu majeur et roi fit transporter les restes de Ludmila dans régi, de Saint-Georges nouvellement bâtie à Prague.
LUDOLF 1° religieux, né en Saxe, dominicain vers 1300, entra 1330 dans l'ordre des chartreux près de Strasbourg. Ami de Tauler* il visita avec lui les malades et les mourants pendant la peste de 1348, et leur administra les sacrements malgré l'interdit. Ils s'en justifièrent par une lettre adressée au clergé, t 1370. Rudolf était mystique. Il a écrit une Explic. des Psaumes, et une Vie de Christ, souvent réimpr., trad. par Le Menant 1490. Quelques-uns lui ont aussi attribué l'Imitation de J.-C.
2° Job Ludolf, orientaliste distingué, nè à Erfurt 1624, f 1704; précepteur, puis conseiller aulique du duc de Saxe-Gotha, enfin son résident à Francfort sur Main. Il avait parcouru presque toute l'Europe, et a entretenu avec Leihnitz une correspondance étendue. 11 est connu surtout par ses travaux sur l'Éthiopie. histoire du pays, grammaire, et Dict. éthiop,-latin.
LUITPRAND ou Liutprand lo roi des Lombards 712-744, profita des discussions survenues entre Léon l'Isaurien et Grégoire II pour enlever aux Grecs et s'approprier ce qu'ils possédaient au nord de Rome; il soumit les ducs de Spolète et de Bénévent, qui s'étaient révoltés et allait recommencer contre les Grecs une nouvelle çuerre, quand il mourut.
2° Ev. de Crémone au 10™ siècle. Nè à Pa-vie, il vint en 931 à la cour de Hugues roi d'Italie et entra bientôt dans les ordres. Nommé secrétaire de Bérenger, successeur de Hugues, il fut envoyé par lui en mission à Constantinople 948-950. Tombé en disgrâce il se réfugia auprès d'Othon I<* à qui il rendit de grands services par son dévouement et par sa connaissance du grec et de l'allemand. Il eut plus d'une fois à intervenir comme délégué de l'empereur, notamment pour l'élection ou la destitution de Léon VIII, Benoît V, Jean XU. Ottou 11 l'envoya une seconde fois à Constantinople, et plus tard il y retourna encore, f 972. Il a laissé une Hist. de l'Allemagne de 862 à 964, et une Relation de son ambassade à Constantinople, l'une et l'autre intéressantes et dignes de foi, quoique rédigées à son point de vue et peu favorables à Bérenger.
LUKARIS, v. Lucar.
LULLE lo anglo-saxon, abbé du couvent de Fulde, un des principaux aides et amis de Bo-uiface, et son successeur à l'archev. de Mayence. f 786. — 2° Raymond, né 1234 à Palina, dans l'île Majorque, passa sa jeunesse à la cour de Jacques l** d*Aragon, qui le nomma sénéchal; niais à 30 ans, dégoûté du monde, et quoiqu'il fût marié et père de famille, il entra dans les ordres, se fit franciscain, et se mit k étudier. Il se proposa comme but la conversion des Sara-sins, non par les armes, mais par une croisade spirituelle. Comme la foi et la raison lui paraissaient ne pas pouvoir être séparées l'une de l'autre, la raison devant être éclairée par la foi, il rechercha et crut avoir découvert par une sorte d'inspiration, le grand art, l'art merveilleux, l'art combinatoire, qui devait fournir la clé de toutes les difficultés. Il réduisait à un certain nombre, 63, l'énumération complète de toutes les idées des hommes, substances, accidents, notions, qualificatifs, et pensait que leurs diverses combinaisons étaient la tâche de la philosophie; le tout mélangé de signes, d'idées mystiques, de tableaux figuratifs. C'était un travail immense, qui dépassait les limites des forces humaines. Il rêvait également la création d'une langue universelle, logique, sans réfléchir qu'une langue est formée par les circonstances et ne se fixe qu'avec le temps. Lorsqu'il fut en possession de son système, il le traduisit en arabe et se mit à l'enseigner à Montpellier, à Rome, à Paris, à Gênes. Il espérait intéresser les souverains à sa croisade pacifique, mais il ne réussit pas; Clément V lui-même le traita avec dédain, ainsi que le conc. de Vienne 1311, qui repoussa le plan de sa croisade et lui refusa la création d'un nouvel ordre de chevaliers. Tout ce qu'il put obtenir fut l'érection en France, en Italie et en Espagne, de collèges pour l'étude des langues orientales. Il se décida alors à travailler seul à la conversion des infidèles. Il fit pour cela 3 voyages; l'un à Tunis 1291, où à la suite d'une discussion publique, il se vit en danger de mort et ne fut relâché qu'à la condition de ne pas recommencer; le second 1305 à Bone et Alger, qui lui valut une captivité de 6 mois; et le 3®* de nouveau à Tunis, 1315; les musulmans exaspérés le lapidèrent et il fat laissé pour mort sur la place, un vaisseau génois le recueillit pour le ramener à Majorque; mais il mourut dans la traversée. Ses compatriotes en firent un martyr. Les uns auj. le considèrent comme un saint, les autres comme un halluciné; il y a eu chez lui de l'un et de l'autre. Ses idées scrupuleusement étudiées par Leibnitz sont complètement abandonnées. Il a laissé de nombreux écrits, les uns disent 460, d'autres 1000. L'édition de Salzinger, Mayence 1721, ne compte pas moins de 10 vol. in-fo. v. D. Gerando.
LUMIÈRES (Amis des). On désigne ainsi un mouvement qui éclata en Saxe vers 1840, provoqué d'abord par la crainte qu'avait le vieux rationalisme de se voir attaqué et réprimé par l'orthodoxie renaissante et par l'appui moral que lui donnait la Prusse. Ses négations excessives et le caractère d'opposition politique que ce parti ne tarda pas a prendre, le compromirent bientôt dans l'opinion, et quand il lui fut permis de se constituer librement en communautés, comme il n'avait aucune base religieuse, il déclina rapidement et finit par disparaître. C'est à Gnadau, en 1841, qu'une première conférence pastorale rationaliste donna le signal; il y en eut d'autres, à Halle en 1841, à Leipzig et à Kôthen en 1842; les laïques y furent admis, et un journal fut fondé sous la direction du pasteur Uhlich, q. v. Un écrit de Wislicenus, de Halle, intitulé: La lettre, ou l'esprit? qui rejetait l'autorité des Écritures, souleva d'énergiques protestations de la part du parti évangélique et amena l'intervention de l'autorité. Les disciples de Schleiermacher, et à leur tête les év. Drâseke et Eylert, essayèrent en vain d'intervenir et de prêcher la conciliation, 15 août 1846. Les jeunes hégeliens et la bourgeoisie libérale se rangèrent du côté des Amis des lumières. Après la destitution de Wislicenus, ses adhérents s'organisèrent à Halle en une petite communauté morale, rejetant toute espèce de dogme. II s'en forma une autre à Nordhausen, sous la direction de Baltzer (de Delitzsch), que le Consistoire avait refusé de confirmer parce qu'il ne voulait pas admettre la liturgie officielle. D'autres se fondèrent encore à Halber-stadt, Marbourg, Hambourg, Furth, Offenbach, puis à Magdebourg quand Uhlich eut été suspendu. En 1845, k Kônigsberg, l'aumônier militaire Rupp se mit à la tête d'un mouvement semblable. mais plus socialiste que politique. Il prêcha contre les idées du symbole d'Athanase, mais refusa de se séparer soit de l'Église, soit de la Bible; c'est encore une question de savoir si sa communauté reposait sur une base chrétienne quelconque; elle se disait avant tout humanitaire, et lorsque Rupp fut délégué à l'Assemblée générale de Gustave-Adolphe, son admission fut vivement contestée. L'édit de tolérance du 30 mars 1847 ayant déclaré les droits civils indépendants de la position ecclésiastique, les Amis des lumières jouirent en Prusse d'une certaine liberté, mais les événements de 1848 jetèrent les chefs de la secte, de même que les cathol. allemands, dans les agitations de la politique, et en compromirent plusieurs; aussi la réaction qui suivit traita ces communautés comme des associations politiques: le tribunal supérieur prononça leur dissolution en 1856, et dès lors elles ne firent plus que végéter; la plupart même disparurent bientôt.
LUNE (Pierre de), antipape; v. Benoît XIII.
LUPETINO, Baldo, savant religieux, originaire d'Albona, poursuivi pour son attachement à la Réforme, fut emprisonné à Venise 1541, et resta 15 ans en prison. Il en appela en vain au conc. de Trente. Le 17 sept. 1556 le tribunal vénitien le condamna à mort; il fut dégradé et noyé sans bruit. Il était parent de Flacitis.
LUPUS, v. Loup (saint).
LUTHER, Martin, né 10 nov. 1483 à Eis-leben, pendant un séjour momentané qu'y faisaient ses parents, Hans Luther et sa femme Marguerite Ziegler. Ils étaient de Môhra, au pied de la montagne, pauvres et cherchant du travail. Ils en trouvèrent, d'abord à Eisleben, puis à Mansfeld. L'enfant fut élevé à la dure; à 7 ans il va à l'école de son village, à 14 ans à Magde-bourg pour apprendre le latin; puis à Eisenach. Pour gagner sa vie, il chante de porte en porte. L'excellente dame Ursule Cotta, la veuve d'un riche bourgeois, lui ouvre sa maison, et pendant 4 ans, Luther, à l'abri du besoin, se consacre tout entier à l'étude et fait de rapides progrès. En 1501 il part pour l'univ. d'Erfurt; en 1503 il est bachelier, en 1505 maître en philos, et peut commencer son droit. Mais il a d'autres pensées. C'est une nature à la fois joviale et sérieuse, qui aime l'étude et la musique, mais qui fait tout dans un esprit de prière. Il a le sentiment de la justice de Dieu et se demande avec angoisse comment il pourra être sauvé. Trois événements déterminent la crise: un de ses amis meurt assassiné; lui-même se blesse grièvementà la jambe avec son épée d'étudiant, et pense en mourir; enfin la même année, comme il revient de Mansfeld où il a été voir ses parents, la foudre tombe à ses côtés, et dans sa frayeur il s'écrie: « A mon aide, sainte Vierge ! je me fais moine ! < Parole inconsidérée, qu'il regretta bientôt, mais qui était bien en harmonie avec le fond de ses préoccupations religieuses. Il demanda son admission au couvent des augustins d'Erfurt, dont Staupitz était le directeur, fit ses adieux à ses amis dans une dernière et joyeuse soirée, et entra au couvent le lendemain 18 juillet 1505. La vie ne lui fut pas facile: privations, travaux manuels répugnants, balayage de l'église, des corridors et des cellules, jeûnes, veilles, et le jour tournées de mendicité, la besace sur le dos, il accepte tout et fait tout consciencieusement. Il en fait même plus qu'on ne lui en demande, car il espère travailler ainsi à son salut. Mais toutes ces bonnes œuvres ne lui donnent pas la paix; ses angoisses continuent et augmentent. Il tombe malade. Staupitz l'engage à lire la Bible. Luther en avait déjà vu un exemplaire à l'université, deux ans auparavant; il y avait lu l'histoire d'Anne et du jeune Samuel, et désirait vivement retrouver le saint volume. Sa joie fiit grande quand Staupitz lui confia la grosse Bible latine du couvent, et il s'empressa de la lire et de l'étudier, sans réussir d'abord à tout comprendre: elle le transportait dans un monde religieux qui n'avait aucun rapport avec celui que lui montrait l'Église. Il continuait en même temps d'étudier ses classiques et la philos. d'Oc-cam. Au bout d'un an de noviciat, il fut ordonné moine; l'année suivante, prêtre, avec le titre de père, 1507. Ce fut une solennité; son père y assista, un peu réconcilié avec son fils, mais non avec sa carrière ecclésiastique. Touj. travaillé dans sa conscience, Luther se sent indigne de son ministère. Staupitz et un vieux moine l'entourent de leurs soins pieux et lui rappellent que si les œuvres sont nécessaires, c'est cependant le sang de Christ seul qui purifie de tout péché; et un jour après avoir lu Hab. 2, 4: * Le juste vivra par la foi ! » il lui sembla que des écailles tombaient de ses yeux. « Je me sentis comme né de nouveau, » dit-il. Ce travail intérieur est comme la clé de toute sa vie. En 1508 il fut appelé comme prof, à la nouvelle univ. de Wittenberg, qui lui conféra 1512 le grade de Dr en théologie. En 1511 il avait en le bonheur de visiter Rome, un de ses rêves; ce fut une déception; il en revint rempli de tristesse et d'horreur; il ne s'était pas attendu à rencontrer chez les gens d'église tant de péchés, d'indifférence et d'immoralité. Sa résolution fut prise de prêcher avec d'autant plu< d'ardeur les grandes doctrines de l'Évangile qui sauve et qui sanctifie. A ce moment Tetzel vint à Wittenberg avec son commerce d'indulgences, ses tarifs et les armoiries du pape: il disait: Sob&ld das Geld im Kaatcn klingt, Sobald die Seel* in Himmel springt.
(Aussitôt que l'argent tombe dans ma cassette, l'âme s'élance vers le ciel.) C'était poétique et productif. Indigné, Luther prêche contre ce trafic immoral, et affiche contre la porte de Tègl. du château, 31 oct. 1517, un programme de 95 thèses qu'il se déclare prêt à soutenir comme docteur. Eck, prof, à Ingolstadt, relève le gant* publie à son tour 13 thèses, et la dispute est engagée. Elle aboutit 27 juin 1519 au colloque de Leipzig q. v., et l'opinion générale se prononce pour le réformateur. Mais Eck ne se tient pas pour battu; il part pour Rome, et en revient avec une bulle d'excommunication datée du 16 juin 1520. Cajetan et Miltitz essaient encore de la douceur, mais en vain, Luther a fini par reconnaître clairement la vérité, il ne reculera plus, il brûlera ses vaisseaux. Le 10 déc. de la même année il convoque la jeunesse studieuse de Wittenberg, et suivi d'une foule immense il se rend à la porte d'Elsterthor, un peu hors des remparts, et livre aux flammes la bulle et les décrétales des papes. Peu de jours après il publie une brochure: Pourquoi les écrits du pape et de ses disciples ont été brûlés par le docteur M. Luther. Charles-Quint venait d'être couronné à Aix-la-Chapelle: la diète de Worms allait s'ouvrir; la question relig. était en tête de l'ordre du jour. Le 6 mars 1551, après un réquisitoire d'Aleander, Luther est sommé d'y comparaître; et malgré les sollicitations de ses amis effrayés, il se met en route le 2 avril, muni d'un sauf-conduit de l'empereur, dont on n'est pas bien sûr qu'il sera respecté; prêche partout où il passe, notamment à Erfurt; voit son escorte se grossir à chaque ^vîlle, répond à ceux qui veulent le retenir: « Quand il y aurait autant de diables à Worms qu'il y a de tuiles sur les toits, j'y irai pourtant; on a pu brûler Jean Huss, on n'a pu brûler la vérité. » Enfin le 16 avril les cloches de Worms annoncent son arrivée: il est en charrette; cent cavaliers l'accompagnent, ainsi qu'une députation de l'électeur de Saxe. Un héraut impérial précède le cortège. La ville regorge de curieux; il y en a jusque sur les toits. Luther est cité à se présenter le 18 devant la diète. Comme il passe devant la salle des gardes, le vieux comte de Freundsberg lui frappe sur l'épaule, et lui dit: « Petit moine, tu vas à une bataille telle que ni moi ni aucun officier, nous n'en avons Vu de pareille; mais si ta cause est juste, va de l'avant et ne crains rien; Dieu ne t'abandonnera pas. » Il entre, et le petit moine se voit seul au milieu de cette assemblée qui résume toutes les puissances réunies de l'Europe, temporelles et spirituelles. Et cependant il ne bronche pas. Après les avoir vérifiés il reconnaît que les livres déposés sur la table sont bien de lui. Eck, au nom de l'empereur, l'invite à les rétracter. Il demande d'ajourner sa réponse au lendemain, et il passe sa nuit en prières. Le 19 il répond par deux fois qu'il ne peut rien retirer de ce qu'il a écrit, si on ne le convainc par l'Écriture ou par des raisons décisives, autres que les papes et les conciles. Un tumulte indescriptible accueille cette déclaration, et l'on entend encore Luther, au milieu de l'assemblée menaçante, s'écrier: • Me voici ! je ne puis autrement ! Que Dieu me soit en aide ! » On essaie le lendemain de nouvelles démarches auprès de Luther, mais tout est inutile. Quelques-uns pressent l'emp. de le faire arrêter; mais il hésite à cause de son sauf-conduit, et l'archev. de Mayence lui-même intervient pour faire respecter la parole jurée. Luther quitte Worms le 26 avril k 10 h. du matin. Un mois après, le 25 mai, le sauf-conduit étant expiré, l'emp. lance l'interdit contre le moine hérétique et le met au ban de l'empire. Mais dans l'intervalle Luther a disparu. Avec ses amis Amsdorf et Petzensteiner il avait traverse Eisenach, et fait une visite k sa grand'mère à Môhra. Il se mettait en route pour se rendre à Gotha avec Jonas, Schurf et Swaven, quand sa voiture fut attaquée le soir dans une forêt, près du château d'Allenstein, par des cavaliers armés et masqués. Séparé de ses amis, il fut conduit au château de la Wartbourg où il arriva à 11 h. du soir. Là, sous le nom de chevalier Georges, il dut changer de costume, laisser croître sa barbe et ses cheveux, avoir l'épée au côté, aller à la chasse, et mener une vie toute nouvelle. C'était son ami, l'électeur de Saxe, qui l'avait fait enlever pour le dérober à ses ennemis, le soustraire à ses propres imprudences, et laisser l'émotion publique se calmer. Bientôt il put entrer en correspondance avec ses amis, qui l'avaient cru mort, et l'oisiveté de ce Pathmos, dont il souffrait même physiquement, cessa de lui peser, quand il lui fut permis de se remettre à l'ouvrage. Il chargea Méianchthon de le remplacer, écrivit son Comment, latin sur les 22 premiers psaumes, une paraphrase sur le Cantique, 24 sermons en allemand, qui parurent au commencement de 1522, une lettre à Henri VIII, des lettres pastorales, une lettre à l'archev. Al-brecht qui organisait une vente d'indulgences el qui s'humilia. Il commença aussi sa célèbre trad. de la Bibl. (d'abord le N. T. d'après l'édition d'Érasme de 1519), monument littéraire qui a^ sinon créé, du moins fixé la langue allemande, et qui, interrompu en avril 1530 (au livre de Daniel), ne fut entièrement achevé, avec le concours de Méianchthon, Pomeranus, Jonas et d'autres, qu'en 1532. Mais des désordres venaient d'éclater à Wittenberg et menaçaient de s'aggraver. Quand Luther l'apprit, il se décida à quitter sa retraite, en informa l'électeur et se mit en route 1er mars 1522. A l'auberge de l'Ours, à léna, il passe une soirée avec deux étudiants suisses et deux négociants de Wittenberg, et l'on parle beaucoup de Luther « ange ou satan; » il se mêle à la conversation, mais sans se faire connaître, et se borne à donner aux étudiants une commission pour l'université. Plus tard il retrouve ces jeunes gens, dont l'un, Kessler, sera le réformateur de Saint-Gall. Arrivé à Wittenberg, le 6, il constate du désordre dans les esprits, de l'agitation; quel -ques-uns de ses disciples vont trop vite, ou trop loin; les uns, prêtres ou moines, ont rompu leurs vœux et se sont mariés; Carlstadt même les approuve. D'autres ont introduit à grand bruit la Cène sous les deux espèces. Chacun fait oe qui lui semble bon, et l'on sent qu'il manque une direction, un chef à ce mouvement. Les illuminés de Zwickau menacent de compromettre la Réforme par leurs exagérations. Luther prend en mains le gouvernail. Il est au ban de l'empire: « Voici, dit-il, je ne suis plus protégé que par les puissances célestes, je me jette au milieu de mes ennemis, et tout homme a le droit de me tuer ! » Il n'en monte pas moins en chaire, et pendant 8 jours consécutifs, sans crainte, il reprend le cours de ses prédications, dénonce les abus, redresse les erreurs, stigmatise les mauvaises doctrines, prêche la Réforme, et en marque les limites contre les fanatiques dont les excès effraient les âmes timorées. Son temps se partage entre les travaux littéraires, l'enseignement universitaire et la prédication. En 1524. révolte des paysans, motivée par les charges et corvées qui pèsent sur eux, et par la tyrannie des seigneurs et du clergé. Luther, appelé à se prononcer sur les Douze griefs des plus modérés, leur donne raison sur certains points, tort sur d'autres; il veut que chacun fasse des concessions. Mais quand il apprend les excès du 15 avril, châteaux brûlés, couvents pillés, le comte de Helfenstein torturé et tué, désespérant de faire entendre la voix de la raison, il recommande aux princes une action énergique t Contre les attentats des paysans brigands et assassins, » et bientôt l'insurrection est écrasée et son chef MUntzer décapité.
C'est peut-être ici que se termine la partie héroïque, dramatique de la carrière du réformateur. A partir de ce moment la rupture avec Rome est achevée, c'est maintenant l'organisateur, l'homme, le théologien qui entre en scène, et pour être moins brillante, sa tâche n'en est ni moins importante, ni moins difficile. Ce sera le travail de tous les jours, celui qui demande le moins d'élan, mais le plus de persévérance. Études de théologie, enseignement, sermons, conférences, cantiques, prédication, catéchismes, controverse, commentaires, brochures de circonstance, traductions, correspondance étendue, Luther doit pourvoir à tout, et il a le rare talent de savoir se faire aider et de bien choisir ses aides. Il a sous la main un personnel nombreux et dévoué, il forme des disciples, il visite les églises et leur donne des pasteurs. Il jouit de la confiance des princes, qui le consultent volontiers. Sans entrer dans de longs détails qui prendraient des volumes, rappelons sommairement les dates principales de cette dernière phase de sa vie. Son ami l'électeur Frédéric de Saxe venait de mourir. Luther avait déposé son froc de moine pour revêtir la robe de docteur. Il vivait presque seul dans son couvent, sans que personne prit soin de lui; son lit n'avait pas été fait de toute une année. 11 se décidai se marier, choisit Catherine de Bora q. v., et le 27 juin 1525 la noce a lieu en présence de plusieurs grands personnages et de quelques amis intimes. Ses témoins sont Lucas Kranach et sa femme, le Dr Apal, Bugenhagen et Jonas. Le 7 juin 1526, naissance de son fils ainé, Hans. En 1527 la peste éclate à Wittenberg; tout le monde fuit, mais lui il reste à son poste, visite, soigne les malades, console les survivants; c'est le 12 décembre qu'en apprenant la naissance de sa fille Élisabeth, il compose son célèbre cantique: Ein' (este Burg. En 1529 a lieu la diète de Spire, où la minorité proteste le 19 avril contre la tyrannie des princes, et vaut aux évangéliques le nom de protestants. La méuie année a lieu le Colloque de Marbourg q. v., où Luther n'a pas le beau rôle. En 1530 les évangéliques sont convoqués à la diète d'Augsbourg, et ils s'y font représenter par Jonas, Spalatin, Mélanchthon et Agricola: Luther reste à Co-bourg, parce qu'il a « la voix mauvaise; » on craint qu'il ne gâte les affaires par ses violences, mais il communique de loin avec ses amis, et l'Augustana est présentée à la diète. En 1532 parait la Ire édition complète de la Bible. En 1534, soulèvement de la ville de Munster à la \oix de Mathiesen et de Jean de Leyde; assaut meurtrier du 25 juin, l'anabaptisme est noyé dans des flots de sang. Le 29 mai 1536, sous l'influence de Mélanchthon, la Concorde de Wittenberg apporte une trêve momentanée aux luttes douloureuses qui déchirent le protestantisme. Le 3 janv. 1537 assemblée de Smalcalde; Luther s'y rend, mais tombe si gravement malade qu'on désespère de le sauver; il revient cependant à la vie, sinon à la santé. En 1540 il donne à la Saxe une organisation consistoriale, et continue de s'occuper de l'éducation des enfants; ses rapports avec Mélanchthon se refroidissent toujours plus. C'est cette même année qu'ils donnent à Philippe de Hesse leur avis embarrassé sur son cas de bigamie, qu'ils ne tardèrent pas à déplorer comme c ayant été joués par le rusé Macédonien. » Mais il vieillissait, la gravelle le tourmentait, son caractère s'aigrissait, il devenait irritable. Sans rien perdre de son activité, de son zèle, de son étonnante capacité de travail, il avait perdu sa bonne humeur; il voyait le mal se développer, ses ennemis s'enhardir, quelques-uns de ses disciples déshonorer leur foi par leurs oauvres, les princes faire de la religir m im instrument de leur politique. « Vers quel avenir marchons-nous? disait-il. Le peuple est sauvage; le bourgeois dur et avare; les nobles débauchés pillent l'église ! » Il avait perdu son père et deux enfants, plusieurs de ses amis étaient descendus dans la tombe, d'autres l'abandonnaient et lai donnaient tort dans la question de la Cène, l'Église était divisée; lui-même peut-être, sans se l'avouer, se reprochait de n'avoir pas été plus conciliant. On comprend qu'il désirât de mourir, se trouvant désormais inutile sur la terre. Cependant il voulait mourir debout, et ses deux dernières années furent aussi fécondes que les précédentes. Il acheva son Comment, sur la (ienèse, et publia encore sa Brève confession sur le sacrement, son Traité contre la papauté romaine, et la fin de sa Ktrchenpostille. Le 17 janv. 1546 il partit avec ses trois fils pour Eis-leben où il avait à régler comme arbitre quel-qnes affaires des comtes de Mansfeld; il prêche à Halle en passant; à Eisleben, quoique malade, il prêche encore quatre fois. Le 17 février il signa la convention d'arbitrage pour laquelle il était venu, dîna et soupa avec les siens, s'en-tretenant de la vie éternelle, mais très souffrant. Il dit à Jonas: « Je suis né à Eisleben et j'y mourrai. « Il monta ensuite dans sa chambre, et après avoir fait sa prière, se sentant mourir, il répéta par trois fois: « Père, je remets mon esprit entre tes mains; tu m'as racheté, Dieu fidèle! » Il se coucha, se releva vers une heure; ses hôtes, ses fils, deux médecins, le comte et la comtesse Albrecht de Mansfeld étaient auprès de lui. Les pasteurs Jonas et Cœlius, voyant que la dernière heure est arrivée, lui demandent à haute voix: « Révérend père, mourez-vous fidèle à Christ et à la doctrine que vous avez prêchée? » « Oui, i fut sa réponse nettement accentuée. Il se recoucha sur le côté droit, sa respiration s'affaiblit, et un quart d'heure après il rendait le dernier soupir. C'était 3 h. du matin, le 18 février 1546. Son corps, enfermé dans un cercueil de zinc, fut transporté à Wittenberg où on lui fit de splendides funérailles, dans féglise même sur les portes de laquelle il avait affiché ses 95 thèses. Le 4me centenaire de sa naissance a été célébré en 1883 dans la chrétienté évangélique tout entière avec une grande pompe et un véritable enthousiasme, et de nombreuses publications historiques, poétiques, musicales, ont été consacrées à sa mémoire. En français il faut mentionner surtout les 3 volumes de M. Félix Kuhn. La bibliographie relative à Luther est très considérable. On a 6 éditions compl. de ses œuvres: Wittenberg, Iéna, Altenbourg, Leipzig, Halle et Erlangen; ses Lettres ont été publ. par de Wette, ses Tisch-reden, en plusieurs rédactions; ses Cantiques par Wackernagel. Vie et Notices par Mélanchthon, Jonas, Cœlius, Myconius, Seckendorf, KSstlin, Jurgens; en franç. par Merle, Hoff, Michelet, etc.
LUTZ 1° Lucius-Samuel, prédicateur réformé, né 1674, s'attacha déjà comme étudiant en théol. au mouvement évangélique de Berne, que le gouvernement essaya de réprimer sous prétexte d'association illicite 1699, et se lia d'amitié avec Kônig qui en était l'âme et le chef. Il fut successivement pasteur à Yverdun, Amsol-dingen et Diessbach, et travailla avec zèle au réveil de la vie religieuse. Ses nombreux écrits sont pleins d'idées excellentes; on lui reproche d'avoir abusé de l'allégorie, f 1750.
2° Jean-Samuel, né 1785 à Berne; orphelin de bonne heure, il pourvut par des leçons à sa subsistance, passa en 1808 ses examens de candidat, se rendit à GOttingue avec une bourse de l'Université, et entra 1812 dans l'enseignement au gymnase de Berne. Il fut ensuite nommé pasteur de l'égl. du Saint-Esprit, et enfin, en 1833, prof, ordinaire de théologie. Il enseigna l'hébreu, l'exégèse, l'herméneutique et la dogmatique, et exerça autour de lui une grande et bonne influence, tant sur les étudiants que sur ses concitoyens, dans les différentes fonctions qu'il eut à remplir, au synode et comme membre du Conseil d'éducation. Il n'a rien publié lui-même, mais après sa f 1844 quelques-unes de ses leçons de dogmatique et d'herméneutique ont paru par les soins de ses disciples.
LUXEUIL (Luxovium), jolie contrée de la H.-Saône actuelle, à quelques lieues de Plombières, recherchée fort anciennement pour ses sources thermales. Il s'y trouvait un vieux château romain, et des idoles de pierre dans le voisinage. Colomban, qui venait de fonder Je couvent d'Annegray, en fit sa seconde station et établit une colonie sur les ruines du château abandonné, 590. Ce monastère, qui compta bientôt 600 moines, devint célèbre. Ebroïn et saint Léger y furent enfermés 673. Les Sarrasins le ravagèrent, mais Charlemagne le releva. Le card. Jouf-froy. et plus tard Granvelle en furent abbés.
LYON (Lugdunum). Fondée 41 ans av. C., relevée de ses ruines par Néron, embellie par Trajan, cette ville fut de bonne heure évangé-lisée et devint comme église un centre important pour le christianisme. Persécutée par Marc-Aurèle 177, elle montra dans l'épreuve un courage héroïque; son vieil évêque Pothin, âgé de 90 ans, fut lapidé par le peuple, et plongé dans un cachot il y mourut de ses blessures; 47 confesseurs périrent dans les tourments, déchirés par les bêtes féroces ou par le fer des bourreaux, et leurs cendres furent jetées au vent; v. Blandine. La mission donnée à Irénée pour l'Asie Mineure, accomplie ou non, montre les rapports de ces eglises entre elles et semblerait indiquer que c'est d'Asie que l'Évangile fut apporté dans la Gaule lyonnaise. Irénée, après la persécution, rassembla les membres dispersés du petit troupeau et fut le centre de l'œuvre missionnaire qui rayonna sur le reste des Gaules. Devenue en 407 la capitale d'un des démembrements de» la Bourgogne, Lyon renonça à l'arianisme après la conférence de 499. Clo-taire la réunit à la France 534, et l'évéché s'illustra par des hommes tels que Leidrad, Agobard, Amolo f 852. Érigée en archevêché, elle finit par obtenir pour son premier pasteur le titre si disputé de primat des Gaules. Innocent IV y présida en 12451e 13®* conc.écumé-nique, qui déposa et excommunia Frédéric II. En 1274, sous Grégoire X, le 14®* conc. écu-ménique opéra, mais pour bien peu de temps, la réunion des égl. grecque et latine, les grecs ayant consenti à reconnaître la primauté du pape et à signer le filioque. C'est aussi là que furent fixées les règles à suivre par le conclave pour l'élection des papes. Patrie de Valdo, Lyon montra touj. une espèce d'indépendance, et en 1460 Fr. Guérin flagellait en vers les vices du clergé. En 1520 le clergé s'occupe déjà de brûler les livres et les mal pensants. En 1528 on excommunie les luthériens. L'Église s'organise en 1546, et déjà en 1551 les bûchers s'allument; 12 confesseurs sont brûlés en 1553, entre aulres les Cinq étudiants de Lyon. Un synode se réunit 10 août 1563, avec Viret pour modérateur. Enfin la loi de germinal an X consacra le culte, donna un pasteur à l'Église, qui maintenant en possède 5; plus, une égl. luthérienne et une égl. libre. Parmi les ecclésiastiques qui ont illustré Lyon, on cite le card. de Bonald et le pasteur Ad. Monod.
LYRA, Nicolas (de), surnommé Doctor planus et utilis. Né à Lyra, ou Lire, près d'Évreux, il connaissait si bien la langue hébraïque qu'on a cru longtemps qu'il était d'origine juive. Jeune encore il entra 1291 au couvent des franciscains de Verneuil, fut nommé docteur en théol. à Paris, et y enseigna. Dans le testament de la reine Jeanne il est mentionné comme provincial de son ordre, f 23 oct. 1340. Le premier il a écrit un comment, complet et suivi sur les livres de la Bible, Postilke perpetuœ in V. et N. test., dans lequel il s'applique à préciser le sens exact des mots, en consultant les écrivains juifs et sans se croire lié par la Vulgate. Luther l'appréciait beaucoup et disait de lui: Si Lyra non lyrasset, Luth. non saltasset. Comme complément de ses Postilles, il a donné aussi les Moralités, c.-à-d. le sens mystique et pratique de la Bible, que plus tard on a intercalées dans les Postilles. Rome 1471-72. Paris 1511 en français. L'édition de Bâle 1498 renferme en outre les Additions de Paul de Burgos (juif converti, qui s'appelait Salomon Levi, qui fut nommé év. de Burgos, puis patriarche d'Aquilée, 1 1435).
LYSCZYNSKI, Casimir, athée, d'une noble famille de Pologne, juge en Lithuanie 1680. Son amour du paradoxe en religion l'avait déjà fait chasser du collège des jésuites de Wilna. Il continua de s'occuper de théol. et écrivit une critique des preuves de l'existence de Dieu. Comme il se déclarait franchement athée, il fut dénoncé à la diète de 1688, et fut condamné par une cour ecclés. à être brûlé avec ses écrits, sentence qui fut exécutée après qu'on lui eut d'abord tranché la téte, 1689.
LYSER, Polycarpe, théol. luthérien, neveu de Jacques-Andreà, né 1552 à Winnenden, Wurtemberg, occupa divers postes, comme pasteur et prof., fut l'un et l'autre à Wittenberg 1577. vit son orthodoxie contestée, vint à Brunswick comme surintendant, reprit ses fonctions à Wittenberg 1592 et finit par être nommé prédicateur de la cour à Dresde, où il f 1610. Il a continué et achevé l'Harmonie des 4 Évang. commencée par Chemnitz; il a aussi publié un écrit pour prouver qu'il vaut mieux être en communion avec les catholiques qu'avec les calvinistes. Ses deux fils, Guillaume, prof, à Wittenberg, et Polycarpe, prof, à Wittenberg et à Leipzig, ont joui d'une certaine réputation: v. Tholuck, sur l'Esprit des théol. luthériens de Wittenberg.