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HAAG lo v. La Haye. 2o Les deux frères Haag, auteurs de la France protestante; nés à Montbéliard, Eugène 1808, f 1868; Emile 1811, f 1865. L'aîné avait étudié la théol.; le second, le droit; mais ils ne pratiquèrent ni l'un, ni l'autre; ils se vouèrent à l'enseignement, voyagèrent, et en 1836 vinrent se fixer à Paris pour y vivre de leur plume, faisant des trad. de l'allemand, de l'anglais, du polonais pour les journaux; un moment rédacteurs ou collabor. du Lien, du Disciple de J.-C., de la Revue germanique; auteurs de plusieurs biogr., Luther, Calvin, Crammer. Leur France prot. 10 vol., dont M. Bordier publie la 2me éd., revue, leur a mérité la reconnaissance de l'Égl., et une récompense de 10,000 fr. fruit d'une souscription.

 

HABERKORN, Pierre, né à Butzbach 1604, prof, à Marbourg 1632, et à Giessen 1650; un des derniers représentants de la lutte du luthéranisme contre le calvinisme; connu surtout comme controversiste; plus, de ses écrits sont dirigés contre le catholicisme et contre son ardeur à faire des prosélytes, f 1676.

HABERT, Isaac, chanoine de Paris 1645, év. de Vabres, f 1668. Il écrivit le premier contre Jansénius, et c'est à cette occasion qu'Arnaud publia son Apologie des Jansénistes.

 

HÆVERNICK, Henri-André-Christophe, étudia à Halle et à Berlin, fut appelé comme prof, d'hébreu à l'école de théol. de Genève, où il passa 2 ans 1832-1834; se rendit à Rostock comme prof, extraordinaire, fut appelé en 1841 à Kônigsberg comme prof, ordin. et f 1845. Ses principaux ouvrages sont un Comment, sur

Daniel 1832, Nouv. Études sur Daniel 1838, Introd. à l'A. T. 36-39 (2*e éd. revisée par Keii 49 -54), Comment, sur Ézéchiel 1843, la Théol. de FA. T. (2** éd. retravaillée par Schulz 1863). Tendance évang. réf. très accentuée.

 

HAFENREFFER, Matthieu, né 24 juin 1561 au cloître de Lorch; étudia à Tubingue, et fut nommé 1590 conseiller ecclés. et prédicateur de la cour, f 1617. Il avait écrit à la demande du duc Frédéric, et à l'usage du prince Jean-Fréd., un recueil de Lieux communs, qui obtint en Wurtemberg à peu près l'autorité d'un livre symbolique, et qui fut admis en Suéde presque avec un caractère officiel dans les maisons d'éducation.

 

HAGENBACH, Christophe-Rodolphe, né 4 mars 1801 à Bâle, où il fut nommé prof, de théol. Il a composé de nombreux ouvrages, une Ency-clop. et Méthodologie des sciences théol.; des Fragments sur la Réformation et son histoire; plusieurs volumes de Sermons; un Manuel de l'Hist. des dogmes; l'Égl. chrétienne des 3 premiers siècles; l'IIist. ecclés. au moyen âge; une Notice sur les principaux fondateurs de la Réf., QEcoIampade, Myconius, etc. Il a aussi rédigé pendant de longues années la Feuille ecclésiastique de la Suisse réformée, dont la tendance est orthodoxe modérée, f 7 juin 1874.

 

HAGIOGRAPHES, nom que les juifs donnaient à la 3m« division des livres de l'A. T., comprenant les Psaumes, les Proverbes, Job, le Cantique, Ruth, les Lamentations, l'Ecclésiaste, Ester, Daniel, Esdras, Néhémie et les Chroniques. Ces livres sont appelés Sacrés, parce qu'ils ont été inspirés par l'Esprit de Dieu, mais la loi e* les prophètes leur sont supérieurs, parce qu'ils ont été, non pas inspirés seulement, mais dictés par cet Esprit. L'Égl. chrét. n'a pas admis cette distinction.

 

HAGUENAU f Colloque de). A la suite des résolutions adoptées à Francfort 1539, l'emp. avait décidé qu'il serait fait une nouvelle tentative pour concilier les protestants et les catholiques. Cette conférence, qui dura du 12 juin au 16 juillet 1540, devait avoir lieu d'abord à Worms, mais une épidémie qui régnait dans la ville nécessita son transfert à Haguenau. On n'osa pas y déléguer Luther sans sauf-conduit; Mélanchthon était tombé malade en route; de sorte que les protestants ne furent représentés que par Brenz, Osiander, Capiton, Cruciger et Myconius. Les cathol. étaient Eck, Faber et Cochlâus. Le seul résultat du colloque fut qu'une nouvelle conférence serait convoquée à Worms, où les deux partis seraient représentés en nombre égal par des délégués des États intéressés.

 

HAHN, Philippe-Matthieu, né le 25 nov. 1739 à Scharnhausen, Wurtemberg; pasteur en plusieurs paroisses de campagne. Génie mécanique et mathématique, il s'occupa toute sa vie, enfant, étudiant et pasteur, à fabriquer des montres astronomiques. En théol. il marchait avec Bengel et Oettinger.

2o Jean-Michel, le théosophe. Né 2 févr. 1758 à Altdorf, était fils d'un paysan. Très accessible aux impressions relig., il se complaisait dès sou enfance à étudier en secret l'Écr. sainte, avec Boehme, Oettinger. Par les révélations dont il se glorifiait, et par son talent de parole, il réunissait facilement de nombreux auditoires, mais il eut plusieurs fois à justifier sa doctrine devant le Consistoire. La protection de la duchesse Francisca de Wurtemberg le sauva, et il finit en paix ses jours sur une terre de cette princesse, 1819. Son système spéculatif conclut à la vie de Christ en nous et à la sainteté de la vie, ce qui n'a rien de particulièrement original ou grave. Ses partisans, qui d'ailleurs ne se séparent pas de l'Église, forment la secte des miche-liens, qui a été un moment très répandue.

3° Auguste-Hahn, né 1792 à Grossosterhau-sen, près d'Erfurt, étudia à Leipzig et se fit connaître avantageusement 1815 par une étude sur Éphrem Syrus. Il habita successivement Kônigsberg, Leipzig et Breslau, tour à tour prof, et pasteur. En 1844 il était surintendant général de Silésie. f 1863. Il combattit le rationalisme dans sa thèse: De rationalismi indole, et sans être un supranaturaliste bien strict, il maintint cependant touj. les doctrines orthodoxes. La lutte l'amena même à accentuer l'importance objective des symboles ecclésiastiques, et en 1845 ce fut lui qui réintroduisit dans la formule de consécration l'adhésion formelle à l'Augustana, préparant ainsi le néo-luthéra-nisme. Son obéissance absolue à l'autorité royale lui fit commettre plusieurs inconséquences, notamment l'abandon aux persécuteurs et aux militaires du rôle de médiateur qui lui avait été confié auprès des vieux luthériens.U a publ. un Manuel de la foi chrét., et 2 éd. du N. T.

4° Hahn, Henri-Aug., fils du précédent, né 1821 à Ktfnigsberg; prof, de théol. à Breslau, Kônigsberg, et enfin Greifswald où il f 1861. Comment, sur Job, l'Écclésiaste, et la fin d'Ésaïe, suivant l'exégèse traditionnelle.

 

HAIMO, v. Haymo.

 

HALDANE, Robert, né à Londres 28 févr. 1764, servit dans la marine royale, s'occupa ensuite d'agriculture, et après sa conversion, se consacra aux missions et à l'évangélisation. Eu 1816 il visita le continent, en particulier, Genève et Montauban, et exerça une salutaire influence sur quelques étudiants et sur le réveil religieux en général. Auteur d'un Comment, sur l'Ép. aux Romains, trad. en fr. f 12 déc. 1842 à Édimbourg. Son fr. James l'a accompagné et aidé dans plusieurs de ses missions.

 

HALES lo v. Alexandre de Haies. 2o Jean, né 1584 à Bath; homme profondément instruit, collabora à l'édition de Chrysostome par Warden 1612, et fut prof, de grec à Éton. Accompagnant à Dordrecht le délégué anglais, il parut pencher vers l'arianisme, et en 1636 dans son écrit sur les schismes il se prononça contre le système épiscopal. Mais il se laissa convaincre par Laud, se rétracta, resta fidèle à Laud jusqu'au bout, et partagea sa disgrâce 1642; il perdit ainsi ses prébendes, parce qu'il refusa le serment. Il repoussa obstinément tout secours de ses ennemis, et f dans la misère 1656. Œuvres publ. par Pearson 1659 et 1673.

 

HALITGAR, év. de Cambrai 817-830, auteur d'un livre pénitencier; accompagna l'archev. Ébon de Reims dans son voyage missionnaire en Danemark.

 

HALLE, univ. allemande fondée par Frédéric I«r roi de Prusse et inaugurée 1694. Elle fut un asile précieux pour les victimes de l'intolérance luthérienne de Leipzig, pour le juriste Thomas, pour des piétistes comme Francke, Paul Antoine et Jean Gaspard Schade, qui concoururent à sa fondation et lui donnèrent dès l'abord une importance spéciale. Au 18«ne siècle elle devint un des premiers sièges du rationalisme. Wolf lui imprima son cachet. Semler y travailla depuis 1751; puis Niemeyer; Wegs-cheider en 1810. L'univ. de Wittenberg lui fut réunie en 1817. La nomination de Tholuck 1826 lui a donné une vie et une importance nouvelles, scientifiquement et au point de vue religieux.

 

HALLER lo Berthold, le réformateur de la ville de Berne. Né 1492 à Aldingen, Forêt noire, il étudia sous Rubellus à Rottweil, oti il connut Glaréan et Volmar; puis à Pforz-heim, où il se lia avec Mélanchthon, et enfin à Cologne, où il devint bachelier. De Rottweil où il avait une école, il fut appelé à Berne 1513. D'abord maître d'école, puis diacre, chanoine de la cathédrale 1520, et prédicateur en titre 1526, il fut de bonne heure gagné à la Réforme; mais par timidité, par prudence, par modestie, par un sentiment exagéré de son insuffisance (il ne savait ni le grec, ni l'hébreu) il refusait de se mettre en avant. Myconius le mit en relation avec Zwingli 1520, et Haller, doué d'une grande éloquence naturelle, réunit autour de lui un cercle d'adhérents et de protecteurs assez respectables pour le défendre contre ses adversaires catholiques. Souvent menacé d'expulsion, ainsi qu'Anshelm et Séb. Meyer, il fut soutenu par le peuple et un peu par le Conseil des Deux-Cents. Son rôle à la dispute de Baden ne fut pas brillant. Lui-même était décidé; il avait dit sa dernière messe à Noël 1525, mais il était lié par ses instructions qui lui faisaient une position difficile; son ami Kolb et QEcolampade parlèrent plus librement. Il se releva pendant les 3 semaines de la dispute de Berne, janvier 1528; il prit la parole sur presque tous les points, vit sa considération personnelle considérablement augmentée, fut chargé du discours de clôture, et dès le lendemain le Conseil des CC promulgua l'édit de réformation. Ce fut le succès de sa vie. 11 réussit moins avec les anabaptistes, qu'il aurait voulu convaincre au lieu de les persécuter. II ne réussit pas non plus à empêcher la guerre civile; la défaite de Cappel et la mort de Zwingli l'atterrèrent. En 1532, un synode étant convoqué à Berne en janvier, pour l'organisation définitive de l'Égl. réformée, Haller voit arriver son ami Capiton, qui relève son courage, calme les esprits et résoud diverses difficultés. Malgré son amour de la paix, il refusa d'entrer dans les voies de conciliation proposées par Bucer, ne pouvant se décider, dit-il, à échanger une notion claire contre des idées confuses. Il souffrait d'une hernie, et surtout d'une obésité telle qu'on avait dû élargir la porte de sa chaire, f 25 févr. 1536. Il s'était marié en août 1529 avec une personne de 30 ans, sans fortune, dont il n'eut pas d'enfant.

2o Jean Haller, de Wyl, Saint-Gall, pasteur à Amsoldingen, Oberland; ami du précédent, et le premier prêtre suisse qui ait eu le courage de se marier. Il dut pour cela quitter le territoire bernois, f à la bataille de Cappel. Un des ancêtres de la nombreuse famille des Haller.

3o Albert de Haller, dit le Grand, né à Berne 1708, fils d'un avocat. Très bien doué comme intelligence, mémoire, imagination; timide, mélancolique et digne de caractère, il fut un enfant précoce et un homme universel. Il étudia la médecine à Tubingue, puis à Leyde auprès de Boërhave, visita Londres et Paris, Bâle et Zurich, voulant tout apprendre; fit un voyage à pied dans les montagnes, à la suite duquel il publia sa description des plantes suisses, et son poème des Alpes, qui fit époque dans la littérature allemande. Après quelques années passées dans son pays, il accepta à Gôttingue une place de prof, de chirurgie et d'anatomie 1736, et il y resta 17 ans, s'occupant de tout, s'assimilant les idées d'autrui, et méritant d'être appelé par Herder: le grand compilateur. Profondément religieux et fidèle à ses convictions, il rassembla et organisa à Gôttingue l'Égl. réformée. Il composa pendant ce séjour plusieurs de ses meilleurs ouvrages, collabora à plus, journaux et revues, à la Biblioth. raisonnée d'Amsterdam, à une publication scientifique de Gôttingue; prit part à la fondation de la Soc. royale de G5ttingue, dont il fut nommé président, et rentra dans sa patrie 1753, pour y prendre quelque repos. Il fut nommé membre du Grand Conseil, et scrutateur; puis directeur des salines de

Bex, enfin bailli d'Aigle. Pins apprécié au dehors que dans son pays, en Europe qu'à Berne, il reçut de partout des titres, des marques d'estime et des honneurs. L'emp. Joseph II le visita quelques mois avant sa fin. f 17 déc. 1777. Ses ouvrages sont très nombreux et portent sur une foule de sujets divers, botanique, médecine, physiologie, etc. Celui qui nous intéresse le plus, ce sont ses Lettres sur les vérités les plus importantes de la révélation, adressées à sa fille, Mm« Marianne Jenner. Sa piété était douce et vivante, sa foi ferme. Il ne se laissa pas éblouir par Voltaire, et repoussa les avances de Frédéric, qui aurait voulu l'attirer à Berlin. Il eut plusieurs enfants, dont aucun n'a suivi la carrière des sciences. Emmanuel adopta à Paris les idées révolutionnaires, et s'est fait une mauvaise réputation dans les fournitures.

4° Albert, le plus jeune fils du précédent, assista à ses derniers moments, qui furent paisibles, et les raconta dans une Lettre à Ch. Bonnet.

5° Charles-Louis, petit-fils du grand Haller, né à Berne 7 août 1768; publiciste, connu par son livre: Restauration de la politique. Efîrayé des excès de la révolution, il se jeta dans l'excès contraire et se fit catholique 1820, mais en secret, pour ne pas nuire au succès de son livre. Il donnait pour base à la société le régime patriarcal. En 1836 il écrivit l'Hist. de la révol. ecclés. du c. de Berne, f 1854.

 

HAMANN, Jean-Georges, né à Kônigsberg 27 août 1730, précepteur dans plusieurs familles, fit un voyage à Londres, pendant lequel la détresse lui fit faire t La descente aux enfers de la connaissance de soi-même; » il se mit à écrire dès son retour 1759, et pénétra plus que personne dans les profondeurs et l'originalité de la Bible. Il vécut d'une place de chancelier auprès du département militaire, épousa par conscience la servante de son père 1763, et f 20 juin 1788. La profondeur de ses pensées et la négligence de son style rendent difficile la lecture de ses 8 volumes. Berlin 1821-1843. Il chercha l'essence de la religion, la présence de Dieu, dans l'histoire de l'humanité. Pour lui poésie, religion, philos., histoire, sont une seule et même chose, et il condamne aussi bien l'orthodoxie sèche que le rationalisme vulgaire.

 

HAMBOURG. Charlemagne avait déjà projeté d'établir un évêché dans cette ville, mais c'est seulement Louis-le-Déb. qui put réaliser ce projet, en nommant Anschar à ce poste 833. C'était avant tout un poste missionnaire. A la suite des invasions et des déprédations normandes, l'évêché fut réuni à celui de Brème 847. L'archev. Adalbert résolut d'en faire un patriarcat, mais après sa défaite, ses successeurs fixèrent définitivement le siège de l'archevêché à Brème, et Hambourg n'eut plus qu'un chapitre. Grâce à son indépendance civile et politique, Hambourg passa sans difficulté à la Réformation. Son premier pasteur fut Otton Stimmel, de l'égl. de Sainte-Catherine. L'opposition cathol. n'aboutit qu'à accentuer touj. davantage le mouvement. Après 2 conférences publiques Bugenhagen fut appelé, et en 1527 des ordonnances ecclés. furent proclamées. En 1536 la ville se joignit à la ligue de Smalcalde et se garantit ainsi contre tout retour du catholicisme, qui avait célébré en 1531 sa dernière messe. Les droits civils se sont longtemps confondus avec les droits religieux, la bourgeoisie avec le caractère luthérien. Ce n'est que récemment que les réformés, les catholiques et les juifs ont été admis au bénéfice de la tolérance et de l'égalité.

 

HAMEL, Jean, jésuite, prof, à Louvain; nia en 1571, dans une dispute contre Bajus, d'accord avec Less, l'inspiration des Écritures; 34 passages de ses écrits furent condamnés comme hérétiques.

 

HAMELMANN, Hermann, le réform. de la Westphalie. Né à OsnabrUck 1525, élevé dans le catholicisme, il fit de violents sermons contre Luther, mais fut ébranlé parMusâus de Wesel, écrivit 1550 contre le célibat forcé, et se rangea décidément 1552 dans les rangs évangéliques à Camen. Banni de là il vint à Bielefeld; renvoyé de nouveau, il fut successivement pasteur à Lemgo, et surintendant à Gandersheim 1568-1572 et à Oldenbourg, où il f 26 juin 1595. Il a laissé quelques écrits de controverse, et des travaux intéressants pour l'hist. ecclés. de la Westphalie.

 

HAMILTON, Patrick; premier martyr de la cause de la Réformation en Écosse, jeune homme du plus grand mérite, parent de la famille royale; né 1504. Il était destiné à l'Église et étudia à Saint-André, mais il ne tarda pas à en reconnaître la corruption et la quitta. Dans un voyage qu'il fit sur le continent, notamment à Wittenberg et à Marbourg, il rencontra quelques-uns des réformateurs. Puis il revint dans son pays natal, où son influence, qui était considérable, lui fit de nombreux ennemis. L'archev. Beaton l'attira dans un piège sous prétexte de discussion et le fit condamner au supplice du feu pour cause d'hérésie. Il f avec courage, 29 févr. 1528 âgé de 24 ans. Le même bûcher allait bientôt consumer la prélature et la papauté.

 

HAMON, médecin, solitaire de Port-Royal depuis 1648, le seul qui pût fréquenter les religieuses depuis le décret d'interdiction lancé contre elles.

 

HANNO, ou flannon, archevêq. de Cologne 1056-1075, une des personnalités les plus remarquables de l'épiscopat à cette époque. Chancelier du royaume sous Henri IH, régent sous

Henri IV pendant sa minorité, jusqu'au moment où l'influence d'Adalbert réussit à le mettre momentanément de côté. Il se prononça vivement dans i'esprit de Hildebrand, sur le célibat et la simonie, fit opposition à l'antipape Honoré II, donna un immense développement à son diocèse, et fut canonisé 1183.

 

HANOVRE. Ce royaume, auj. province allemande, appartenait à l'ancienne Saxe et devint chrétien par la soumission des Saxons à Char-iemagne. Il s'y fonda au 8me et au 9me siècle plusieurs évêchés, qui, par suite des guerres civiles, finirent par devenir des villes libres et indépendantes, Hambourg, Brème, OsnabrUck, Munster, etc. La Réforme y pénétra; à Lune-bourg, 1527, par le duc Ernest et le surintendant Urbain Rhegius; à Calenberg, 1540, par la duchesse Élisabeth et Corvinus; à Brème, ce fut en dépit de l'év. Christophe; de même en 1552 à OsnabrUck. Il y a quelques districts réformés, d'autres catholiques, mais la majorité du pays est luthérienne. Une tentative pour accentuer encore plus ce luthéranisme échoua devant le mécontentement public, 1862, sans cependant que la Prusse ait entièrement réussi à introduire le système de l'Église Unie.

 

HANS, v. Sachs.

 

HANSE (la), v. les diff. art. Brème, Hambourg, Lubeck, etc.

 

HANSITZ, Marc, né 1643 en Carinthie, jésuite, prof, de philos, à Gratz, commença la publication d'une Germania sacra, Hist. relig. de l'Allemagne. Il en a fait 3 vol. comprenant Fégl. de Lorch et les év. de Passau, Salzbourg et Ratisbonne. Mais comme tout n'était pas élo-gieux, il s'attira des difficultés et renonça 1754 à ce travail, dont il confia la continuation aux moines de Saint-Biaise, f 1766.

 

HANTWILL, Jean (de), de Normandie, prof, à l'univ. de Paris, mort vers le commencement du 13me siècle. Auteur d'un poème en vers élégants, sur les misères de l'humanité dans toutes les classes et conditions: Joh. Archithrenii Opus, Paris 1517.

 

HAPHTARS. On désignait ainsi chez les juifs les fragments des prophètes qui devaient être lus dans les synagogues. Ce nom de Parasch s'appliquait aux fragments de la Loi. La lecture des livres proph. remonte à l'époque des Macchabées, mais la division en haphtars est plus récente, et les divers spécimens qu'on en possède ne concordent pas.

 

HARDENBERG, ou plutôt Rizœus, né à Har-denberg, Hollande, 1510; Dr et prof, de théol. à Louvain, accusé d'hérésie, n'échappa que parce que les bourgeois et les étudiants prirent parti pour lui. Il rompit avec Rome en 1543, vint à Wittenberg et fut nommé pasteur à Kem-pen, puis en 1547 à Brème. Comme il n'admettait pas l'ubiquité et qu'il avait une théol. intermédiaire entre Luther et Zwingle, le parti des exaltés luthériens le força d'abandonner la place 1561. Il passa 4 ans avec sa famille chez son ami le duc d'Oldenbourg, puis reprit du service à Sengwarden 1565 et à Emden 1567. f surintendant 18 mars 1574. Ses ennemis à Brème perdirent le pouvoir au bout de quelques années, et la ville refusant de signer la Form. de Concorde, passa définitivement à la réforme.

 

HARDING, abbé de Citeaux, 1109-1134, Anglais d'une famille distinguée, après avoir été soldat, fit un pèlerinage à Rome, à la suite duquel il devint moine. L'ordre de Citeaux ayant pris une grande extension par l'adhésion de Bernard, il l'organisa d'après la Charta caHta-tis et lui imposa la règle stricte de saint Brnoît, sans adoucissement.

 

HARDOUIN, Jean, né 1646 à Quimper, prof, de rhétorique, biblioth. du collège Louis-le-Grand 1683, f 1729. Savant jésuite, il publia en 12 vol. une Collection des conciles de l'an 34 à 1714, mais tellement indépendante et paradoxale, qu'un arrêt du parlement en interdit la vente avant que des cartons en nombre suffisant eussent comblé les lacunes et rétabli le vrai texte des résolutions. Le p. Hardouin du reste *ne croyait pas que ces conc. eussent eu lieu; il n'admettait que le concile de Trente. Il niait presque toute l'hist. ancienne, et prétendait sérieusement que les chefs-d'œuvre du latin classique, l'Énéide, les Odes d'Horace avaient été écrits au 13me siècle par des moines. Il n'admettait pas la preuve par les médailles. Il soutenait que Jésus et ses disciples avaient dû parler latin. Ce qu'il a laissé de mieux, c'est une éd. de Pline-le-Naturaliste, 5 vol. 4°, très vanté* par Huet.

 

HARDT, Hermann (von der). Critique et orientaliste, né 1660 à Melle près OsnabrUck, étudia à Iéna, puis auprès d'Esra Edzard à Hambourg, professa à Iéna et à Leipzig, se lia intimement avec Spener et Sandhagen dont il partageait les sentiments religieux, et fut nommé par le duc Rodolphe-Aug. de Brunswick conservateur de sa riche bibliothèque, prof, à Helmstâdt 1690, enfin recteur du gymnase de Marien-bourg 1709. f 1746. Il a écrit plus de 300 vol. sur la grammaire, l'exégèse et l'histoire. Son Hist. littér. de la Réforme 1717 et son Grand conc. de Constance, 6 vol. f° ont encore de la valeur auj. par l'abondance et la sûreté des renseignements qu'ils renferment. En revanche il y a bien de la fantaisie dans ses études exégé-tiques, et la liberté avec laquelle il interprétait ou expliquait allégoriquement certains miracles, lui attira des ennemis et des désagréments. En 1713 l'exégèse lui fut interdite; en 1727 il fut dispensé de toutes fonctions académiques, tout en conservant son emploi. Ses Énigmes du peuple juif 1705, avaient fait crier; ses Énigmes du monde primitif lui valurent une amende de lOOthalers; il envoya cette somme, et y joignit les cendres de 8 vol. folio de ses Explic. bibliques manuscrites. Il cessa de travailler.

 

HARE, Ch.-Jules, né 1795 à Herstmonceux, étudia et professa à Cambridge et devint en 1834 recteur de sa paroisse natale. La reine le nomma son chapelain, f 1855. Très lié avec Arnold et Bunsen, il était au courant de la science germanique et chercha à l'implanter en Angleterre. Il fut à la tète du parti, résolument anticatholique, et se posa comme conciliateur entre les puséistes et les évangéliques.

 

HARLAY, François (de), seigneur de Champ-valon, né à Paris 1625, reçut 1651 l'archevêché de Rouen vacant par la retraite de son oncle, et en 1670 celui de Paris. Il était à la tête du parti qui défendait contre le pape les droits du roi; aussi Louis XIV lui donna-t-il la direction des affaires ecclés. et la direction des synodes. Il usa de sa position pour brider les jansénistes et les jésuites, et il révoqua ce qui restait de l'édit de Nantes. Il célébra le mariage secret de Mme de Maintenon avec le roi, et améliora le bréviaire parisien, 1680-1684. Bossuet, dont il avait contrecarré les vues modérées, incrimine' les mœurs de ce prélat courtisan, f 1695.

 

HARLESS, Gottlieb-Christophe-Adolphe; né à Nuremberg 21 nov. 1806; prof, de théol. ù Erlangen et à Leipzig; premier prédicateur de la cour et conseiller ecclésiastiq. à Munich, membre de la Chambre des seigneurs de Bavière. Auteur d'un Comment, sur les Éphés. 1834; Encyclopédie théol.; Éthique chrétienne; Sermons, et plus, écrits de circonstance: contre Dollinger, Strauss; le gouvernement de l'Église, etc. Il a écrit aussi une sorte d'autobiographie anonyme (Ausdem Leben). f 6 sept. 1879.

 

HARMONISTES, secte wurtembergeoise qui, sous les auspices du paysan Georges Rapp (né 1770). émigra en Amérique pour y réaliser l'idéal du christianisme par la communauté des biens, 1804. Ils fondèrent près de Pittsburg la colonie de Harmony 1804, dont Rapp fut nommé le directeur, le patriarche et le sacrificateur. En 1812 la colonie fut vendue, et il s'en fonda une nouvelle: Économie. Une division éclata en 1832 et le prophète Muller détacha de la colonie un certain nombre d'adhérents; le reste continua de subsister. Rapp f 1847.

 

HARMONIUS, fils du gnostique Bardesane; il popularisa les doctrines de son père par ses poésies et ses chants.

 

HARMS lo Klaus (abrégé de Nicolas), né 25 mai à Fahrstedt, Holstein; meunier jusqu'à 19 ans, comme son père, il entra en 1797 à l'école de Meldorf, puis à l'univ. de Kiel, et devint diacre de Lunden 1806. Son sermon La guerre après la guerre, 1814, fit sa réputation. Il refusa en 1819 une place d'év. luthérien en Russie, et en 1834 la place de prédicateur à Berlin comme successeur de Schleiermacher, et il resta fidèle à la ville de Kiel, qui, de son côté, ne se montra pas ingrate et le nomma successivement docteur et prof. 1834, pasteur principal et doyen, enfin conseiller consistorial. Il démissionna 1848, presque aveugle, et f 1 févr. 1855. Le fait saillant de son activité, ce sont les 95 thèses qu'il publia contre le rationalisme, 1817, pour le 3™ jubilé séculaire des thèses de Luther. Il a aussi publié une Théol. pastorale et sa propre Biographie.

2° Louis-Detlef-Théodore, né 8 mai 1808 à Walesrode, Lunebourg; adjoint à son père à Hermannsbourg 1844, il le remplaça en 1848, fonda une maison dp& missions, puis un asile pour les hommes égarés et vicieux. En 1853 il lit l'acquisition d'un vaisseau chargé de visiter les stations missionnaires. Son plan était en général de fonder des colonies évangéliques, plutôt que d'envoyer des hommes seuls. Personnalité distinguée, il a su donner à son œuvre une bonne et vigoureuse impulsion, f 14 nov. 1865.

 

HARTMUTH de Kronberg, chevalier de Fran-conie, parent de Sickingen, se déclara pour Luther en 1521 dans son Exhort. chrétienne aux ordres mendiants, et dans plusieurs adresses à l'empereur qu'il espérait gagner à la cause de la Réforme. Ayant pris parti contre Mayence 1522, il perdit son château et s'enfuit en Suisse. Il s'attacha ensuite à Ulrich de Wurtemberg, recouvra ses biens 1541 et f 1549.

 

HASE, Ch.-Aug. né 25 août 1800 à Stein-bach, Saxe. Emprisonné quelque temps comme étudiant, pour délit d'association, il fut nommé 1829 prof, à Leipsig, et immédiatement après à Iéna, où il est resté jusqu'à sa fin. Parmi ses nombreux écrits on remarque: Hutterus redi-vivus, une Dogmatique, une Hist. de l'Église, François d'Assise, un Manuel de controverse, plusieurs écrits de circonstance, etc.

 

HASENKAMP lo Jean Gerhard, né 12 juill. 1736 à Wechte, près Lengerich, Westphalie, étudia 1753-1756 à Lingen, mais fut suspendu comme candidat à cause de quelques erreurs. Réhabilité en 1763 il fut en 1766 nommé au gymnase de Duisbourg, f 1777. Très lié avec les séparatistes du Bas-Rhin, notamment avec Collenbusch, il donnait plus d'importance à la doctrine de la sanctification et du royaume de Dieu qu'à celle de l'expiation; il fut même pour cela suspendu par le synode provincial de Clè-ves 1771, mais l'État leva la sentence. — 2° Son frère Fréd.-Arnold, 1747-1795, lui sue* céda dans le rectorat et épousa sa veuve dans l'intérêt de ses enfants. Il combat le rationalisme dans de nombreux écrits. Ami de Men-kens. — 3° Un autre frère, Jean-Henri, 1750-1814, recteur & Emmerich, puis pasteur à Dahle. 2 vol. posthumes d'ouvrages chrétiens.

 

HASSE, Dr Fréd.- Rodolphe, né à Dresde 29 juin 1808, étudia à Leipsig et à Berlin; prof, d'hist. ecclés. à Greifswald 1836, à Bonn 1841. f 1862. Connu surtout par sa monographie d'Anselme, qui ouvre un jour nouveau sur la scolastique.

 

HATTO lo ou Haito, év. de Bâle et abbé de Reichenaudepuis 806. Né 763. Auteur déplus, fragments utiles à consulter pour l'hist. de l'Égl. et des mœurs de son époque. Le récit de son ambassade à Constantinople est perdu. — 2° Hatto I<>r, archev. de Mayence et, depuis 888 abbé de Reichenau, se distingua comme homme d'État et rendit de grands services à l'unité de l'emp. allemand, quoique sa conduite ne fût pas toujours scrupuleuse. Il sut étendre aussi les droits des évêques. En 895, à la diète de Tri-bur, il prononça en faveur de Cologne contre Adalgar de Brème, f 913. — 3o Hatto H, abbé de Fulda, où il avait été élevé, 942; il accompagna Othon 1er à Rome 961. Archev. de Mayence, il dut céder ses évêchés de Havelberg et de Brandebourg au nouvel év. de Magde-bourg. La légende le peint comme un homme dur et cruel, et raconte qu'il fut mangé des souris, dans la fameuse tour de ce nom, près de Bingen.

 

HAUGE, Hans Nielsen, né 3 avril 1771 près de Thuno, Norwège, apparut en 1795 comme prédicateur et prophète, en 1796 comme écrivain. Sans se séparer de l'Église officielle, il tenait des réunions religieuses et niait qu'on eût le droit de les interdire. Il avait aussi sur l'ordination, le clergé et le royaume de Dieu, des idées qui n'étaient pas celles de tout le monde. En conséquence son imprimerie de Christian-sund fut fermée 1804, et lui-même, après dix ans de prison, condamné à une forte amende. Dès lors il vécut tranquille dans sa ferme de Breddwill, près Christiania, f 23 avril 1824. Ses sectateurs, les Haugiens, surnommés les liseurs (de la Bible) ont continué de se réunir; ce sont des chrétiens modestes, qui insistent sur la doctrine de la foi et de la régénération. On s'étonne qu'ils aient pu être tracassés.

 

HAUSMANN, Nicolas, prédicateur à Schnee-berg, puis à Zwickau 1531-1532, combattit les enthousiastes et ceux qui se posaient en prophètes. 11 introduisit la Réforme à Dessau 1532, et fut appelé comme surintendant à Freiberg, sa ville natale. Il y alla et f en chaire à son premier sermon 1538. Sa mort fut vivement regrettée de Luther, dont il était un des plus anciens amis.

 

HAYDN, Franç.-Joseph, l'aîné de 20 enfants, né 31 mars 1732 à Rohrau, Basse - Autriche: fils d'un pauvre charron, il eut une jeunesse difficile, fut élevé par le régent de Haimbourg, qui lui donnait « plus de coups que de bons morceaux; > puis par le maître de chapelle de la cathédrale de Vienne. Il se fit connaître par de nombreux morceaux pour clavecin. En 1759 il passa au service du comte Mozzin, pour qui il composa sa première symphonie; en 1760 chez le prince Esterhazy, avec 400 tlorins par an, ou il passa 30 années, un peu perdu dans la domesticité du manoir. Devenu libre il accepta des offres qui lui furent faites en Angleterre, et un séjour de 3 années fut une vraie révolution dans sa vie. Il devint riche par ses leçons et ses concerts, et, recherché dans toutes les sociétés, il marchait de pair avec les plus grands du royaume. Il y entendit les compositions de Hândel, écrivit pour la Billington L'Ariane abandonnée, et emporta en 1794 le mss. de La Création qu'il n'acheva entièrement qu'en 1798. Il avait déjà fait Les sept paroles; il fit encore les Saisons, son dernier ouvrage, et finit en paix sa vie dans un des faubourgs de Vienne, f 31 mai 1809. On a dit de lui qu'il était le musicien de tout le monde, parce qu'il s'est distingué dans tous les genres. Humble, modeste, jovial, toujours de bonne humeur, il est comme génie au premier rang des musiciens célèbres et doit être considéré comme le vrai père de la symphonie, du quatuor et de la musique instrumentale. L'Autriche lui doit aussi son air national.

 

HAYMO, ou Haiino, ou Aymo; né vers 778; ami et condisciple de Raban Maur; recteur à Fulda et à Hirschfeld, év. de Halberstadt. f 853. A côté de son activité épiscopale, il trouva du temps pour écrire, et quelques-uns de ses sermons ont été publ. Cologne 1531 par Hit-torp. Ses Comment, ont peu de valeur, mais ses extraits de la traduction d'Eusèbe par Rufin ont donné une nouvelle impulsion à l'étude de l'hist. ecclésiastique.

 

HÉBER 1° Réginald, né 21 avril 1783. Recteur de Hodnet, Shropshire, et prédicateur d'uni v. à Oxford, il fut en 1822 nommé à l'évêché de Calcutta fondé en 1816. Très instruit, plein de zèle pour l'évangélisation, il se montra bon administrateur, et réussit pendant son court épiscopat, non seulement à bien organiser son diocèse, mais encore à lui créer de bons rapports avec les nombreuses stations missionnaires existantes, f subitement 4 avril 1825. Il attachait aux principes anglicans une très grande importance, notamment à cause des chrétiens syriens avec lesquels il pouvait se trouver en contact, et n'acceptait le concours des missionnaires allemands luthériens qu'après leur avoir donné son ordination épiscopale.

 

HÉDIO, Gaspard. Né 1494 à Ettlingen, Bade, il étudia à Fribourg, puis à Bâle où Capiton l'amena à la foi évangél. Prédicateur et vicaire à Mayence 1520, mais sentant son action neutralisée, il vint 1523 à Strasbourg où il retrouva Capiton, fut nommé prof, de théol. et prédicateur à la cathédrale, et prit une part active à la Réforme et à la Conf. tétrapolitaine. En 1541 il se rendit avec Bucer à Bonn, sur la demande de Gebhart de Cologne, mais il comprit bien vite que cette tentative ne pouvait pas aboutir et il revint à Strasbourg 1543. f 1552. Ses ouvrages n'ont plus grande importance.

 

HEDWIGE lo ou Avoie, fille du margrave Berthold, duc de Carinthie; née 1174, elle fut mariée à 12 ans à Henri-le-Barbu, duc de Silé-sie et de Pologne, dont elle eut six enfants. Sa profonde piété, qui se traduisait en bonnes œuvres, lui valut la canonisation, sous Clément IV, 1267. Elle avait fondé à Trebnitz, Si-lésie, un couvent de femmes de l'ordre de Ci-teaux, 1205-1219, qui devint un centre missionnaire, et auquel elle donna sa fille pourabbesse. Elle s'y retira à la mort de son mari 1238 et y resta jusqu'à sa fin. Son fils Henri étant tombé à Wahlstatt contre les Mongols 1241, elle en reçut la nouvelle avec résignation et bénit Dieu de lui avoir donné un tel fils, f 15 oct. 1243.

2o Fille du roi Louis de Hongrie et de Pologne, née 1371, princesse éclairée et pieuse. Elle épousa Jagellon, duc de Lithuanie, qui s'engagea à se faire chrétien, qui fut en effet baptisé avec ses fr. et les grands de sa cour, 14 févr. 1386, et qui monta sur le trône de Pologne sous le nom de Vladislas V. Elle s'occupa de répandre le christianisme autour d'elle et fit le premier essai d'une trad. de la Bible en polonais. f 1399.

 

HEERBRAND, Jacques, né 12 août 1521 à Giengen; fils d'un tisserand. Après avoir achevé ses études à Wittenberg, il fut diacre à Tubingue, puis surintendant à Herrenberg, dont le duc, Christophe, l'envoya aussi à Trente comme son délégué 1551. Appelé comme prof, de théol. à Tubingue, il fut nommé chancelier, doyen et et enfin conseiller ducal. Démissionnaire 1598. f 22 mai 1600. Auteur d'un Compendium theol., Tubingue 1573, exposé scientifique de la doctrine luthérienne suivant la Form. de concorde; trad. en grec par Martin Crusius, lors des tentatives d'Andreâ auprès de l'Égl. grecque.

 

HEERMANN, Jean, né H oct. 1585 à Rau-ten, Silésie; pasteur à Kôben 1611, démissionnaire pour cause de santé 1624. f 1647 à Lissa. Connu par de beaux cantiques populaires, plus de 400, qui respirent la foi la plus entière en Dieu, malgré des souffrances presque continuelles.

 

HEGEL, Georges-Guill.-Fréd., né à Stutt-gard 27 août 1770, fils du secrétaire du gouvernement, étudia à Tubingue en même temps que son ami Schelling, puis à Iéna sousFichte. Il débuta dans l'enseignement par des cours libres 1801, qui lui valurent en 1805 à Iéna la place de professeur suppléant comme successeur de Schelling; en 1808 il fut nommé directeur du gymnase de Nuremberg, en 1816 prof, de philos, à Heidelberg, et en 1818 successeur de Fichte à Berlin, où il f du choléra 14 nov. 1831. Parmi ses nombreux ouvrages, il faut nommer surtout sa Phénoménologie de l'esprit, sa Philos, de la nature, et sa Philos, de la religion. Sa profondeur est devenue proverbiale; sa pensée est si obscure que ses disciples ne sont pas toujours d'accord sur ce qu'il a voulu dire, et que deux écoles contraires se réclament également de son nom, celle de Daub, de Marhei-necke, de Goschel, de Rosenkranz, et celle de Strauss, de Bauer. de Feuerbach. La base de toute sa philos., c'est l'unité réelle de toutes choses. Le moi et le non-moi, le subjectif et l'objectif, le fini et l'infini, Dieu et le monde, ne sont pas des choses contraires; ils ne s'excluent pas, ils se complètent; ils ne sont même que des faces différentes de la même chose. L'absolu, l'idée pure ne devient une réalité que lorsqu'il se traduit dans la nature; alors seulement il peut prendre corps dans l'esprit. L'humanité elle-même dans son histoire n'est qu'une des formes, une des incarnations de l'absolu, et elle est réglée par des lois générales qu'il s'agit de rechercher et de déterminer. Enfin Jésus-Christ lui-même, considéré dans sa personne et dans sa nature, est la plus haute manifestation de l'absolu. De là sur la Trinité, la Rédemption, le christianisme des conceptions nouvelles, hardies, élevées, mais vagues et abstraites, qui peuvent être interprétées comme une négation de l'immortalité personnelle et et comme un acheminement au panthéisme. On peut reprocher à l'ensemble de son système de reposer sur des abstractions qui ne sont pas prouvées et qu'il ne se donna même pas la peine de chercher à établir.

 

HÉGÉSIPPE, juif de l'Asie mineure, converti au christianisme. Né probablement en Palestine au commencement du 2m« siècle, a vécu entre 100 et 180. C'est le plus ancien historien ecclésiastique, bon, sérieux, peut-être un peu charnel. Dans un voyage à Rome il visita plus, églises, entre autres Corinthe. Sou histoire est intitulée Comment, sur les Actes des apôtres; il n'en reste que quelques fragments, conservés par Eusèbe, et qui ont plutôt le caractère apologétique. Une tradition le fait év. de Rome vers 177.

 

HÉGIRE. Ce nom dérivé de l'arabe Hedjra, qui signifie fuite, sert à désigner le commencement de l'ère musulmane, qui date du 16 juillet 622, moment où Mahomet s'enfuit de la Mecque pour se retirer à Yatreb, ou Médine. Gomme les années musulmanes sont lunaires et qu'elles ne coïncident pas avec les nôtres, il est difficile d'obtenir une réduction exacte. On peut dire comme règle approximative que si l'on veut ramener une date mahométane à notre numération, il faut y ajouter 621, et en retrancher 3 ans par siècle.

 

HEGIUS, Alexandre, né à Heck, près de Munster, f 27 sept. 1498. Il était instituteur et prêtre à Deventer, et a donné une forte impulsion aux études classiques; parmi ses élèves on cite Érasme, Hermann de Busche, Mu tien, etc.

 

HEIDAN, Abraham, prof, de théol. à Leyde, perdit sa place en 1675 pour avoir défendu la liberté d'enseignement, lorsque sur l'initiative des théol. réformés le bureau de l'université défendit l'exposé de la philos, cartésienne et son application à la théologie. Il conserva cependant sa place de pasteur, depuis 1627, et l'occupa jusqu'à sa f 1678.

 

HEIDEGGER, Jean-Henri, théol. réformé, rédacteur du Consensus. Né 1er juillet 1633 à Bârentschweil, Zurich, il étudia à Marbourg sous Crocius, et enseigna à Heidelberg et à Stein-furt. En 1665 il fut nommé jprof. de morale à Zurich, et en 1667 de théologie, f 18 janv. 1698. La formule du Consensus, dont il fut chargé 1673, lui valut de longues années de vexations de son ardent collègue Muller, parce que, s'il condamnait Amyraut, il ne voulait pas aller jusqu'à condamner Cocceius et Descartes. En général il était tolérant, au moins vis-à-vis des luthériens. Sa polémique était plus vive contre les catholiques dont l'attitude était aggressive sur tous les points. Il s'intéressait activement aux réfugiés et aux persécutés de Naples et de la Hongrie. Il a écrit une Hist. de la papauté, une Anatomie du Conc. de Trente, etc. Son Enchiridion biblicum est une introduction concise aux livres de la Bible, populaire et bonne pour l'époque.

 

HEIDELBERG, célèbre univ. fondée 1386 par l'électeur palatin Rupert 1er, et reconstituée 1803 par le grand-duc de Bade, Charles-Fréd., ce qui lui a fait donner le nom de Ruperto-Ca-rolina. La plus grande partie desa riche biblioth. fut envoyée à Rome 1622 par Maximilien de Bavière, et logée au Vatican où elle est encore. Cette ville a joué au 16®e siècle un rôle important dans l'hist. de la Réformation: Bucer et Brenz y étudièrent, Billican y devint bachelier; tous les trois assistèrent à la dispute de Luther au couvent des augustins 1518 et furent gagnés à la Réforme. Mélanchthon y étudia 1510, Bo-quin y enseigna la théol. 1557-1574, Grynâus le grec 1524-1529. Hesshusen, le polémique bien connu 1557-1559; Olevien et Ursinus, les rédacteurs du catéchisme; au 17®* siècle les deux Hottinger, Adam Alting, Scultet, l'orientaliste Eisenmenger, appartiennent aux illustrations de l'université. Plus récemment on peut nommer encore le vieux rationaliste Paulus; Daub, Marheinecke, puis Ullmann, Umbreit, Rothe, Plitt, Schenkel.

Le Catéchisme de Heidelberg qui, dans l'Égl. réf. allemande, a presque reçu l'autorité d'un livre symbolique, fut composé à la demande de l'électeur palatin Frédéric III, d'après le projet latin d'Ursinus. Ursinus et Olevien surtout le retravaillèrent, et l'électeur y ajouta lui-même dans la 3me éd. la fin dé la 80®e question. Après que le livre eut été approuvé par un synode, il fut publié 1563 et officiellement adopté. Malgré les violentes attaques des théol. luthériens, auxquels l'électeur fit répondre par les deux auteurs intéressés, et répondit lui-même directement à la diète d'Augsbourg 1566, le catéchisme fut adopté par les Egl. réf. d'Allemagne (Wesel 1568, Emden 1571), de Hollande, de Suisse, de Hongrie. Sur l'avis favorable du synode de Dor-drecht, il reçut aussi en France et en Angleterre le meilleur accueil. En Allemagne, dans les services d'après midi, non seulement on le lisait, mais on le commentait el on le prenait pour texte du discours. Il se divise en 3 parties: la Misère de l'homme, la Rédemption et la Reconnaissance, et il traite en 130 questions les principaux articles de la foi chrétienne, sans appuyer sur le rôle théol. de la prédestination, ni sur le mode de la présence réelle dans l'eucharistie. La virulence de sa polémique contre Rome, notamment les articles 30 et 80, servirent souvent de prétexte pour demander sa suppression au nom de la paix confessionnelle. On s'est demandé ces derniers temps si l'esprit général de ce catéchisme est calviniste ou mélanchtho-nien. Le fait même qu'il a été admis essentiellement par les égl. calvinistes semble trancher la question.

 

HEIMBURG, v. Grégoire 8°.

 

HEINECCIUS, Jean-Michel, 1674-1722, pasteur luthér. à Goslar et à Halle. Auteur d'un Tableau de l'Égl. grecque anc. et moderne; a écrit un autre Mémoire contre < les Prétendus prophètes des Cévennes, » 1715.

 

HEITZ, J.-G. intendant du comte Zinzendorf et organiste, accueillit en 1722 à Bertholsdorf les premiers réfugiés de Moravie, et leur choisit sur le Hutberg la place où s'éleva Hernhut. Longtemps les assemblées se tinrent chez lui, mais comme il était réformé, et non luthérien, on l'engagea à aller ailleurs pour éviter des contrastes. La séparation fut pénible pour tous. 1 1730 à Erlangen.

 

HELDING, Michael, surnommé le Sidonien; théol. catholique du temps de la Réformation. Né 1506 de parents pauvres, probablement à Esslingen, il étudia à Tubingue et vint à Mayence comme recteur du collège et prêtre; il fut nommé en 1538 év. in partibus de Sidon et suf-fragant de l'archevêque. La faveur impér. le fit conseiller; il fut nommé év. de Mersebourg contre le vœu du chapitre 1550, et finalement juge à Spire, f 1561. Il soutint énergiquement la doctrine romaine dans plusieurs écrits, mais comme il avait des manières conciliantes, Charles l'employait volontiers dans les négociations difficiles avec les protestants; ainsi à Ulm 1547, pour l'Intérim d'Augsbourg 1548, à Ratisbonne 1556, à Worms 1557; mais les négociations échouaient toujours devant sa prétention de faire interpréter par l'Égl. romaine les textes controversés. Les auteurs protestants, surtout Flacius, l'ont attaqué avec vivacité.

 

HÉLÈNE 1° la sainte. Origine inconnue; les uns la font venir d'Angleterre, les autres de Bi-thynie. Première femme de Constance Chlore et mère de Constantin. Répudiée par son mari qui, devenu César, voulut épouser la fille de Maximien, elle se retira à Trêves, où elle vécut jusqu'à la victoire de Constantin sur Maxence. Constantin devenu empereur lui donna le titre d'impératrice et lui accorda une grande confiance. Elle se convertit, demanda le baptême, fit construire des égl. et des couvents, se rendit en pèlerinage aux Lieux Saints, à Jérusalem et à Bethléhem, organisa des recherches, crut avoir retrouvé la vraie croix, et fit élever l'égl. du Saint-Sépulcre et celle de la Nativité, f 327 à Nicomédie. Rome prétend posséder ses restes: l'abbaye de Hautvilliers, près Reims, prétend que c'est elle qui les a, qu'on les lui a apportés de Rome en 849. De leur côté les Vénitiens assurent qu'on les leur a remis directement de Constantinople où elle est morte.

2* Sainte russe; v. Olga.

3° Hélène de SkOfde, de Suède, fut assassinée 1160, comme elle revenait d'un pèlerinage à Rome; canonisée par Alexandre III, 1164, n'est guère connue que dans son pays et sur les bords de la Baltique.

 

HÉLIAND, nom d'une Harmonie de l'hist. évangélique en vers vieux-saxons, qui paraît dater du temps de Louis-le-Déb. Jésus y est chanté comme roi populaire en un style noble sans enflure, et libre sans vulgarité. Ce poème a été trad. et réimpr. Elberfeld 1866.

 

HÉLIODORE lo trésorier de Seleucus Philo-pator, envoyé à Jérusalem pour piller les trésors du temple. Il en fut miraculeusement empêché 2 Macc. 3, 6. sq. Tableau d'Eug. Delacroix à Saint-Sulpice.

2° Év. de Thricca, Thessalie, né à Émèse,

Phénicie, vivait à la fin du 4me siècle. Dans sa jeunesse, étant encore païen, il a écrit le plus ancien roman grec qui nous ait été conservé: les Éthiopiques, ou les Amours de Théagène et de Chariclée, riche en renseignements sur l'Égypte, et dont le caractère moral prouve que l'auteur connaissait déjà le christianisme. Ce roman fut découvert par hasard à Bude 1526, pendant le pillage de la biblioth. de Matthias Corvinus. Trad. par Amyot 1549. Nicéphore dit qu'un synode provincial reprocha plus tard à Hél. cet ouvrage de jeunesse et l'obligea à donner sa démission, mais c'est peu probable. On assure, également sans preuves, qu'il imposa le premier à ses prêtres mariés la continence.

3° Un compagnon de Jérôme pendant son voyage en Orient; plus tard prêtre d'Aquilée et év. à Altino. Jérôme lui a adressé sa lettre sur l'Amour de la Solitude.

4° Prêtre d'Antioche vers 400; a écrit contre les manichéens le traité: De naturis rerum ex ordialium.

 

HÉLIOGABALE, emp. romain 217-222, fils illégitime de Caracalla et de sa nièce Julie, femme du sénateur Varius Marcellus. Il s'appelait Varius Avitus Bassianus, et fut dès l'âge de 13 ans nommé grand prêtre d'Elagabale, dieu du soleil, à Émèse; de là son nom. La légion d'Émèse le proclarpa empereur après la mort de Caracalla et le conduisit à Rome. Il voulut y introduire la religion du soleil, faire entrer au Sénat sa mère et sa grand'mère, vendre les emplois publics. Il tua Gannys son bienfaiteur et voulut tuer aussi son cousin Alexandre Sévère, dont il était jaloux, mais les prétoriens le prévinrent, le tuèrent lui-même et mirent à sa place celui dont il voulait se débarrasser. Héliog. voulant fondre en une seule toutes les religions, se fit juif et protégea aussi le christianisme. Selon Lampridius, il aurait fait bâtir sur le mont Palatin un temple unique pour le paganisme, le judaïsme et le christianisme.

 

HELMBOLD, Ludovic, auteur de plus, cantiques appréciés; né à Mtlhlhausen, Thuringe, 21 janv. 1532; étudia à Leipzig et à Erfurt, où

11 devint prof. 1554; en 1571 recteur à Mdhlhausen, puis pasteur et surintendant à Erfurt. f

12 avril 1598. Il avait reçu de Maximilien II à la diète d'Augsbourg 1566, la couronne de laurier pour ses poésies.

 

HELMOLD, prêtre de Butzow, près Lubeck, et élève de Vicelin; il accompagna l'év. Gerold d'Oldenburg dans sa mission chez les Slaves, 1158-1162, et écrivit une Chronique des Slaves très estimée, qui va de Charlemagne à 1170, et qui est une source sûre et précieuse de renseignements sur la vie religieuse de cette époque. Cette chronique fut continuée par Arnold, abbé des bénédictins à Lubeck 1209.

 

HELMSTÆDT. Univ. fondée 1575 par le duc Jules de Brunswick, à la place du collège de Gandersheim qui fut ainsi supprimé. Sa direction fut en général plus littéraire et plus indépendante que celle de Wittenberg. L'influence de Calixte en écarta les luttes confessionnelles et les disputes religieuses, ce qui lui valut tantôt une position privilégiée, tantôt un entier discrédit. Parmi ses prof, on nomme Chytrée, Carpzov, Calixte, Hesshuse, Martinius, Mos-heim, etc. Jérôme, roi de Westphalie la supprima.

 

HELVÉTIQUES (Confessions). On désigne sous ce nom deux documents différents. l°L'un qui est quelquefois appelé Conf. de Bâle, du nom de la ville où il fut rédigé. Il avait eu pour bases une première Confession de foi, envoyée par Zwingle à la diète d'Augsbourg, et approuvée par GEcolampade; une nouvelle confession envoyée 1531 par Zwingle à François et approuvée par Bullinger et Judœ; enfin la Conf. de Bâle 1534, rédigée sous la double influence, conciliante, de Bucer et d'QEcolampade. Les théol. suisses jugèrent bon de constater leur unité et de faire connaître leurs vues par une déclaration commune, soit pour fixer leur position vis à vis des luthériens, soit surtout dans l'éventualité du prochain concile. Ils se réunirent pour cela à Bâle 30 janv. 1536, et, sous l'influence spéciale de Bullinger, Léon Judœ, Megander, Myconius et Grynâus, rédigèrent en 27 (texte latin 28) articles la Première helvétique; des circonstances spéciales en empêchèrent la publication, mais elle ne resta pas sans influence. — 2o Le second document de ce nom, celui dont il s'agit quand on parle de la Conf. helvétique, est l'œuvre personnelle de Bullinger. Il l'avait composée en 1562. En 1564, sur le point de mourir, il la léguait au gouvernement comme son testament religieux; mais il ne mourut point. En déc. 1565 l'électeur Frédéric IH, l'ayant consulté sur plusieurs questions avant de se rendre à la diète d'Augsbourg, Bullinger lui envoya ce travail, et l'électeur qui en fut très satisfait, lui demanda la permission de le publier en allemand. Zurich et Berne demandèrent que cette Confession fut publiée en commun; d'autres villes adhérèrent bientôt, Genève. Schaffhouse, Bâle, Bienne, Saint-Gall; puis les égl. d'Écosse 1566, celles de Hongrie 1567, de nombreuses égl. polonaises, 1571 et 1578; les Égl. de France l'approuvèrent au synode de La Rochelle 1577, tout en déclarant garder leur propre confession. On peut donc dire que, sans avoir été l'objet d'un vote spécial, la Conf. hel-vét. est le grand Symbole des Égl. réf. du 16®« siècle, v. Thomas, Genève 1853, et Chaponnière.

 

HELVÉTIUS, Claude-Adrien, né 1715, f 1771, était fils du médecin Jean-Claude-Adrien, qui sauva Louis XV en 1719, et petit-fils du médecin Adrien, qui découvrit les vertus de l'ipécacuanha. Il fut nommé fermier général à 25 ans, place de cent mille écus de rente. Il sut en jouir, et fit du bien autour de lui. Avide de gloire, il quitta la finance pour les lettres, 1750: il fit des tragédies et des poésies, et se décida enfin pour la philosophie. Son livre de l'Esprit fonda sa réputation; il réduisait toutes nos facultés à la sensibilité physique et toute la morale à l'intérêt personnel. Condamné par la Sorbonne, le pape et le parlement, ce livre fut brûlé par le bourreau, 1759, ce qui ajouta à sa notoriété. Frédéric II appela Helvétius à Berlin 1765 et le combla d'honneurs. Il valait mieux que son système. Son livre De l'homme, et son poème du Bonheur, assez froid, ne furent publiés qu'après sa mort.

 

HELVICUS, ou Hellwig, Christophe, chronol. et orientaliste distingué, né 1581 à Sprendlin-gen, Hese-Darmstadt, prof, d'hébreu et de grec à Giessen 1605, puis prof, de théol. 1610, était également savant en médecine. Il parlait couramment l'hébreu, et fut chargé d'examiner les livres des juifs chassés de Francfort. On a de lui des gramm. et des dictionnaires, des tables chronologiques, le Théâtre chronol. etc.

 

HELVIDIUS, antidicomarianite, disciple de l'arien Auxence, vivait à Rome; il est connu par une lettre que lui adressa Jérôme, parce qu'il avait soutenu que Marie avait eu d'autres enfants après la naissance du Sauveur.

 

HÉLYOT, Pierre, dit le P. Hippolyte, moine franciscain du couvent de Picpus; né 1660, f 5 janv. 1716. Auteur de plus, ouvrages de piété, et d'une Hist. des ordres monastiques, religieux et militaires.

 

HEMMERLIN (Malleolus, petit marteau), Félix, né à Zurich 1389, chanoine de la cathédrale 1412, doyen à Soleure 1421; prit part au conc. de Constance, et fut nommé à Bologne docteur en droit-canon. Ses écrits font connaître l'état religieux de l'époque. Sans toucher au dogme, il combattit le relâchement de la discipline chez les chanoines mondains et à tous les degrés des ordres mendiants. Pendant la guerre de l'Autriche avec les Suisses, il se prononça sur le compte de ces derniers d'une manière si offensante qu'ils l'enfermèrent, d'abord à Constance, puis dans un couvent de Lucerne jusqu'à sa mort. Quelques-uns de ces écrits furent publ. par Séb. Brandt, Bâle 1497; d'autres par Re-ber; ils sont à l'Index.

 

HEMMING, Nicolas, né 1513 à Laaland, étudia à Wittenberg, fut précepteur, puis pasteur à Copenhague, prof, de grec, d'hébreu et de théol.; enfin vice-chancelier de l'université. Ses nombreux écrits, trop oubliés, ont donné lieu à diverses critiques. Il s'opposa à l'introduction de la Form. de Concorde, et combattit la doctrine de l'ubiquité, ce qui le rendit suspect. Il fut aussi accusé de cryptocalvinisme pour une confession de foi publiée en 1576, et le roi le suspendit de ses fonctions à la requête de son beau-fr. Auguste de Saxe. Il fut nommé chanoine à Roeskild 1579, et f 23 mai 1600.

 

HEMSTERHUYS, François, fils du savant critique et philologue Tibère, né 1720 à Gronin-gue, fut premier commis à la secrétairerie d'État des Provinces-Unies. Il consacra ses loisirs à la philos., rejetant toute religion positive et professant le sensualisme de Locke. Disciple de Platon et ami de Jacobi, nature élevée, son sensualisme ne tombe pas jusqu'au matérialisme. Il a écrit sur l'art et le beau. Ses vues religieuses sont consignées dans son Aristée ou La divinité 1779, et dans ses Lettres de Dioclès à Diotime 1785. Plus, de ses ouvrages lui ont été inspirés par ses conversations avec la princesse de Ga-litzin, dont il avait dirigé les études.

 

HENGSTENBERG, Ernest-Guillaume, né 20 oct. 1802 à Frôndenberg. étudia à Bonn et à Bâle; dès 1824 il est déjà prof, à Berlin, docteur en théol. 1829, f 28 mai 1869. Sa vie, sans grands épisodes extérieurs, n'en a pas moins été accidentée par les luttes qu'il a soutenues envers et contre tous: d'abord à l'occasion des rationalistes de Halle, puis pour l'orthodoxie, pour le luthéranisme pur, pour les droits de l'État en matière religieuse, etc., ce qui ne l'a pas empêché, vers la fin, de devenir i\ son tour suspect auprès des luthériens rigides. D'une science incontestée, il est trop passionné pour que son exégèse puisse être admise sans contrôle, mais ses écrits sont utiles à consulter. Les principaux sont: La Christologie de l'A. T., ouvrage capital; Études sur l'Égypte; Fragm d'introd. à TA. T,; Comment, sur les Psaumes, sur l'Apocalypse, sur saint Jean. Il a en outre rédigé depuis 1827 la célèbre Gazette Évangélique de Berlin. Son attitude vis-à-vis des chrétiens avancés a beaucoup varié suivant les années et les circonstances.

 

HENHOEFER, Aloys, Dr en théol., prêtre évangélique, né 11 juill. 1789 à Volkersbach, près Carlsruhe, d'une famille de paysans, étudia à Rastadt et à Fribourg, et fut consacré 1817. C'est à MUhlhausen, où il était curé, qu'il fut converti et amené à la Bible. On s'en aperçut bientôt; l'autorité ecclés. le fit arrêter à Bruch-sal et il fut excommunié. Il passa avec son troupeau à l'Égl. évangélique, et fut successivement pasteur à Graben, Spôck et Stafford. f 1862 après un long et heureux ministère. Auteur de Sermons et de plus, écrits de circonstance.

 

HENKE lo Henri-Philippe-Conrad, né à Heh-len3 juill. 1752, élevé à Brunswick, étudia à Helmstâdt, devint prof, de philologie 1778, de théol. 1780, abbé du couvent de Michaelstein, surintendant de Schôningen 1801, vice-président du Consist. 1804. f 2 mai 1809. Rationaliste, auteur d'une Hist. ecclés. très estimée et des Lineamenta institutionum fidei Chr. hist.-criticarum.

2<> Son fils Ernest-Louis-Théod.. prof, à Iéna jusqu'en 1836, puis directeur du séminaire des prédicateurs, et en 1839 prof, de théol. à Marbourg, Auteur de divers écrits sur Calixte, Conrad de Marbourg, Fries, le Consensus des théol. saxons, etc.

 

HÉNOTIKON (unité, ou unionisme), édit de l'emp. Zénon, par lequel en 482, contrairement à l'édit de Basilisque en faveur du monophysi-tisme 476, il entendait ramener la paix et mettre un terme aux discussions théologiques. A l'instigation d'Acacius il déclarait seul valable le symbole de Nicée, avec les additions de Constantinople 381, et condamnait également le nestorianisme et l'eutychianisme; il accordait peu d'importance au conc. de Chalcédoine, et passait entièrement sous silence la lettre de Léon à Flavien. Le pape Félix ayant excommunié Acacius, auteur réel de l'Henoticon, il y eut schisme entre les Égl. d'Orient et d'Occident, jusqu'à l'avènement de Justin 1er, 518, qui reconnut de nouveau l'autorité du conc. de Chalcédoine.

 

HENRI 1° Henri dit de Lausanne, moine de Cluny, probablement italien de naissance, quitta son couvent vers 1116 et commença ses tournées missionnaires en costume de pénitent. C'est peut-être de Lausanne qu'il partit; de là son surnom. Il prêcha successivement au Mans, à Poitiers, à Bordeaux, à Toulouse, et partout il produisait une vive impression sur le peuple. Le clergé même l'accueillait avec plaisir et lui pardonnait l'énergie de sa prédication, mais lorsqu'on le vit s'engager toujours plus avant, ne rien ménager, attaquer le clergé et la hiérarchie, nier le mérite des œuvres extérieures, se prononcer contre le sacrifice de la messe, les choses changèrent. Au Mans, pendant qu'il prêchait, la foule fondait en larmes et pleurait sur ses péchés. D était devenu si populaire, et sa doctrine avait jeté de si profondes racines que lorsque l'év. Hildebert, revenant de Rome, voulut donner aux habitants la bénédiction épisco-pale, ils la refusèrent. Henri dut quitter le Mans et ses partisans reçurent le nom de hen-rieiens; ils se confondirent souvent aussi avec les pétrobrusiens, soit à cause de l'analogie des doctrines, soit à cause des rapports d'Henri avec Pierre de Bruys. Il se rendit en Provence pour y prêcher; arrêté à Arelate, il fut emprisonné 1134 par ordre du conc. de Pise, mais réussit à s'échapper et recommença ses prédications. Hugo de Rouen et saint Bernard le combat-lirent; le pape envoya contre lui son légat Al-béric pour extirper l'hérésie. Saisi de nouveau H48, Henri fut jeté en prison sous la garde de l'év. de Toulouse, et mourut on ne sait quand. Ses partisans lui survécurent.

2<> H., archidiacre de Hutingdon, vivait au milieu du 12m* siècle. Auteur d'une Hist. d'Angleterre qui va de Jules César à 1154; chronologie douteuse, mais bon à consulter à cause des sources auxquelles il a puisé.

3° H. de Gand, s'appelait Gtfthals; né 1220 à Muda, près Gand: théol. scolastique, disciple d'Albert-le-Grand, adversaire de Duns Scot, et prof, à la Sorbonne. f 1293, archidiacre à Tournai. Auteur d'une Sumrna théologien, et de: Quodlibeta theologica.

4° H .de Langenstein, dans la Haute-Hesse; inaitre de philos, à Paris 1363; prof, de théol. et vice-chancelier de l'univ. 1375, fut appelé par Albert II, 1390. comme prof, de théol., d'astronomie et de mathématiques, à Vienne où il f 1397. Très savant, il a rendu des services en astronomie en écrivant contre l'astrologie. Son principal ouvrage est une critique des mœurs des couvents et du clergé; il demande un conc. universel dans l'intérêt de la paix et de la réforme de l'Église: Concilium pacis, etc., 1381. Comme il porte aussi le nom de H. de Hesse, on l'appelle quelquefois l'ancien, pour le distinguer du suivant.

5° H. de Hessen, le jeune; chartreux, prieur du couvent de Marie en Gueldre, et depuis 1400 recteur de l'univ. de Heidelberg. Connu par de bons travaux exégétiques. f 1427.

6° H .de Gorkum, oïl Gorcome, vers 1450, vice-chancelier de l'univ. de Cologne: commentateur d'Aristote et du p. Lombard; auteur d'un livre contre diverses superstitions ecclésiastiques.

7° H. de Ziitphen, v. Moller.

Plusieurs empereurs, rois et princes du nom d'Henri ont été mêlés à l'hist. de l'Église; il en est parlé aux articles spéciaux. Nous ne mentionnons ici que ceux qui ont joué un rôle exceptionnellement important.

1° Henri IV, emp. d'Allemagne, célèbre par ses luttes avec Grégoire VU, q. v. était fils de Henri IH et lui succéda en 1056, âgé de 6 ans. Homme déréglé, faible, mal élevé, il investit des fonctions épiscopales des hommes indignes et fournit ainsi de nouveaux motifs à ceux qui lui contestaient le droit d'investiture. Fier d'avoir vengé sa mère contre ses oncles qui l'avaient dépossédée, et d'avoir battu les Saxons 1075, il voulut prendre parti pour quelques-uns de ses conseillers que le pape avait excommuniés comme simoniaques, mais cette maladroite prétention aboutit au voyage de Canossa, 1077. Il avait alors 27 ans. Mais Henri, soutenu par les

Lombards, et bien résolu d'effacer cette humiliation, profita d'un retour de l'opinion en sa faveur 1080, marcha sur Rome et la prit 1082. Il nomma son fils Conrad roi des Romains, puis le fit déposer et nomma à sa place son autre fils Henri 1097, qui se révolta à son tour sous le masque de la religion et finit par le faire prisonnier. Déposé par la diète de Mayence 1106, Henri IV réussit à s'échapper. Il vint à Liège, mais dans l'indigence et il y f de misère la même année 1106, âgé de 56 ans seulement.

2° Henri VI1L fils de Henri VII, roi d'Angleterre, né 1491, monta sur le trône en 1509. Il épousa successivement Catherine d'Aragon, veuve de son frère Arthur, dont il eut Marie-la-Sanguinaire; puis, après son divorce, Anne de Boleyn, 1532, dont il eut Élisabeth, et qu'il fit décapiter en 1536; Jeanne Seymour, qui mourut en couches en 1537, mère d'Édouard VI; Anne de Clèves, qu'il répudia pour cause de laideur; Catherine Howard, 1540, qu'il fit mettre à mort en 1542, sous prétexte d'adultère; enfin Catherine Parr, qui lui survécut. Catholique fervent il combattit la Réforme et écrivit lui-même contre Luther un traité auquel le réformateur répondit vivement; mais le pape ayant refusé de sanctionner son divorce avec Catherine d'Aragon, il rompit avec lui et se fit proclamer Protecteur et chef suprême de l'Égl. d'Angleterre, ce qui lui permit de se remarier quand et comme il voudrait. Toutefois, pour qu'on ne se méprit pas sur la portée de sa rupture avec Rome, il maintint intacts le dogme et le culte cathol., et persécuta les protestants de son royaume aussi bien que les catholiques qui refusaient de le suivre dans sa nouvelle Eglise. La terre fut arrosée du sang des martyrs. Ce prince passionné, voluptueux et cruel, f 28 janv. 1547. Ses trois enfants régnèrent l'un après l'autre; d'abord le fils, le pieux Édouard VI, qui aima la Réforme, 1547-1553, puis sa fille aînée, el enfin Élisabeth.

3° Henri IV, roi de France, né 13 déc. 1553, fils d'Antoine de Bourbon et de Jeanne d'Albret, reine de Navarre; élevé par sa mère dans les principes de la Réforme, et par Coligny dans l'art de la guerre. Il prit le titre de roi de Navarre après la mort de sa mère 1572, et épousa la même année, 18 août, la sœur du roi Charles IX, la jeune et licencieuse Marguerite de Valois. Le 24 août il échappa aux massacres de la Saint-Barthélémy, mais « à condition qu'il abjurât sa doctrine profane. > Il se fit vite instruire et le 16 oct. il était déjà si bon catholique qu'il interdisait le culte réformé dans le Béarn. La peur lui dicta des lâchetés dans ce sens; l'ambition lui en fit faire d'autres. Il se sentait prisonnier à la cour de France, et d'autant plus que Catherine lui disait qu'il était libre; il sentait le piège. Il accompagna Henri III à Avignon et se joignit à une procession de flagellants, maniant si mal la discipline que cela faisait rire toute la cour. Enfin en févr. 1576 il se décida d'aller rejoindre les protestants, et le 14 juin à Niort il rentrait dans l'Égl. réformée, en protestant qu'il ne l'avait jamais abandonnée de cœur, non plus que sa sœur Catherine. Il fut bientôt agréé comme le chef du parti des huguenots, titre que Condé lui céda volontiers, tout en y ayant des droits plus sérieux. ABlois il reprit aussi son titre de protecteur des Égl., qui lui donnait une certaine latitude pour diriger, et au besoin pour étouffer les discussions. Sa carrière militaire n'appartient pas à ce travail, non plus que sa vie privée, et l'on trouvera ailleurs les détails relatifs aux guerres de religion; v. France, etc. Il flotta longtemps, trompant tout le monde, et ne sachant probablement pas lui-même comment il finirait; cela devait dépendre sans doute des événements. Il avait besoin, à l'intérieur, des huguenots; en cas de vacance du trône; au dehors, des Etats protestants contre l'Espagne et l'Autriche. Aussi ne laissait-il échapper aucune occasion d'affirmer son attachement à la foi réformée. Quant aux catholiques, il les priait de croire à sa bonne foi; il se ferait instruire quand il en aurait le loisir, et il se soumettrait à ce que déciderait un concile, ou « une assemblée notable et suffisante. » Trompant ainsi tout le monde, se trompant lui-même et ne satisfaisant pleinement personne, il gagnait du temps et voyait venir. La guerre et quelques intermèdes de débauches lui donnaient le temps d'attendre et lui fournissaient un prétexte quand on le pressait trop. Le 16 nov. 1588, un mois après la bataille de Coutras. il présida l'assemblée politique de La Rochelle. L'assassinat de Henri III, 2 août 1589, le fit enfin roi de France; mais il eut encore à lutter plusieurs années contre Paris, contre les ligueurs, contre les Espagnols, avant d'être accepté de tous. Les victoires d'Arqués et d'Ivry, 1589 et 1590, relevèrent ses affaires. Le vieux cardinal de Bourbon était mort, Guise s'était évadé, la ligue se désorganisait; tout le monde était à la paix. Cependant il crut bien faire, et couper court pour l'avenir à toute récrimination nouvelle, en se reconvertissant encore une fois au catholicisme. Le 18 juill. 1593 il assista pour la dernière fois au prêche; le 23 il se fit instruire à Saint-Denis, opposa aux docteurs catholiques des passages de la Bible qui les embarrassèrent, mais comme il était décidé à faire ce qu'il appelait lui-même en plaisantant « le saut périlleux, • il se déclara convaincu, et le 25 il abjurait. Il se fit sacrer à Chartres le 27 févr. 1594, et jura l'expulsion des hérétiques, ce qui ne l'empêcha pas de donner l'Édit de

Mantes 6 févr. 1595, et l'Édit de Nantes, bien plus important encore, 13 avril 1598. Son mariage avec Marguerite ayant été déclaré nul. 1599, il épousa 1600 Marie de Médicis et dès lors se remit tellement entre les mains des jésuites, dont il avait peur, qu'il fit abattre pour leur plaire la pyramide commémorative où Jean Châtel était accusé d'avoir voulu l'assassiner a leur instigation. Cela ne lui servit pas à grand'-chose, car bientôt il fut assassiné par Ravaillae, 14 mai 1610, après avoir fait sacrer le 12 Marie qu'il avait nommée régente le 20 mars. Il laissait 6 fils légitimes et 11 adultérins qu'il avait reconnus, sans parler de beaucoup d'autres. Il avait 56 ans; sa forte constitution, rendue plus forte encore par l'éducation sévère de ses premières années, et longtemps entretenue par le travail et la fatigue, avait été ébranlée par l'irrégularité de ses mœurs et par des habitudes de débauche qu'il conserva jusqu'à son âge avancé. La goutte, qui le faisait beaucoup souffrir, et une éphidrose, qui le rendait insupportable à son entourage, étaient la suite de ses désordres et ôtaient beaucoup de son charme à un prince que ses qualités ont d'ailleurs élevé si haut.

 

HENRICIENS, v. Henri lo.

 

HENSCHEN. Gottfried, bollandiste, chargé des saints grecs, français et italiens, qui l'occupèrent jusqu'à sa mort. Il était né à Venrad près Gueldre 21 janv. 1600, et étudia à Bois-le-Duc. f 1681.

 

HÉRACLAS, élevé dans le paganisme ainsi que son frère Plutarque, fut amené au christianisme par la philos, néo-platonicienne, et employé par Origène comme catéchiste à Alexandrie, où il fut nommé évêque 232. + 274.

 

HÉRACLÉON, disciple de Valentin; gnosti-aue du 2®e siècle, vivait probablement en Egypte. A la fois plus logique et plus modéré que son maître, il conservait quelques idées de l'ancienne Egypte, tenait à l'embaumement des corps, et au moment de la mort employait certaines formules, adressées les unes aux puissances supérieures, les autres au démiurge. Auteur d'un Comment, sur Jean, dont Origène a conservé des fragments.

 

HÉRACLIUS, emp. d'Orient 610-641, fils d'un exarque d'Afrique, monta sur le trône en tuant Phocas. Les 12 premières années de son règne furent malheureuses. Assiégé dans Constantinople par les Avares, il vit l'Égypte et l'Asie Mineure aux mains des Perses. Il se débarrassa des premiers à prix d'argent, et réussit dans la seconde partie de son règne, en 628, à imposer aux Perses la paix en reprenant ses anciennes frontières. Il se fit restituer aussi le bois de la vraie croix. Lors de la conquête de Jérusalem. Héraclius, contrairement à son serment, fit mettre à mort tous les juifs, et le clergé ayant accepté auprès du patriarche la responsabilité de cet acte, on appela Jeûne d'Héraclius le jeûne établi à cette occasion. Les dix dernières années de ce faible et inepte monarque furent de nouveau misérables. Il voulut faire de la théol. sans l'avoir étudiée, et unir les orthod. et les monophysites, sans les avoir convaincus. Déjà en 622, dans une guerre contre les Perses, quelques monophysites lui insinuèrent que toute la question revenait à savoir s'il y a en Christ une volonté ou deux. Serge, de Constantinople, consulté par lui, répondit que l'admission d'une seule manifestation de la volonté divine ne contredisait pas l'Écriture. Une tentative de rapprochement fut faite en 633 sur cette base un peu vague, qui fut combattue par Sopho-nius, mais défendue par Serge et par Honorius de Rome. La dispute s'envenimant, Héraclius crut y mettre fin en publiant son Ekthesis (Exposé de la foi), composé par Serge, et donnant raison aux monothélètes, 638. En même temps il perdait Damas, Jérusalem, et presque toute l'Asie mineure.

 

HÉRARD, archev. de Tours 855-871, savant distingué, auteur des Capitula episcopalia, 858, qui contiennent des instructions à son clergé, sur les devoirs de la prédication et sur la direction des écoles.

 

HERBART, Jean-Fréd., né à Oldenbourg 4 mai 1776, étudia à Iéna, prof, de philos, à Konigsberg et à Gottingue, f 1841. Chef d'une école qui, sur le terrain de la morale, de la psychologie et de la pédagogie, a produit des hommes et des ouvrages remarquables, en opposition aux tendances spéculatives de Schelling et de Hegel.

 

HERBERT de Cherbury (lord Édouard), né 1581 à Montgommery, Galles, distingué par les qualités du corps et de l'esprit, fit de bonne heure de longs et nombreux voyages et obtint de grands succès auprès des dames de France et d'Angleterre. Il servit sous le prince d'Orange, fut nommé 1616 ambassadeur de Jacques auprès de Louis XIU, s'interposa en faveur des protestants, fut créé pair d'Irlande, puis d'Angleterre; fut pendant la guerre civile du côté du parlement, qui l'indemnisa quand son château eut été détruit, et f 1648. Il a le premier systématisé le déisme dans deux ouvrages: De veritate, Paris 1624, et De religione Gentilium, dans lesquels il cherche à prouver que toutes les religions reviennent à cinq vérités fondamentales: lo II y a un Dieu; 2o il faut le servir; 3o la vertu et la piété sont le vrai culte à lui rendre; 4o on doit éviter le péché et s'en repentir; 5° il y a des récompenses pour le bien et des châtiments pour le mal. Il regarde le christianisme comme la meilleure des religions, mais non comme absolument pure et vraie. —

Soufr. George f 1635 a publié quelques poésies sacrées, sous le titre: Le temple et le ministère de campagne.

 

HERBORN, univ. fondée 1584 par Jean l'ancien, de Nassau, avec le concours des villes et des États du bas Rhin. Elle brilla pendant un temps comme univ. réformée, et comme la seule qui professât les principes de Dordrecht. Les noms d'Olevianus et de Piscator firent sa réputation. Elle souffrit beaucoup pendant la guerre de 30 ans, ne recouvra jamais son ancienne importance, et fut supprimée par Napoléon. Ses biens furent affectés 1817 au séminaire des prédicateurs de Nassau.

 

HERDER, Jean-Gottfried, né 25 août 1744 à Mohrungen, Prusse orientale, fils d'un pauvre chantre, étudia à Konigsberg, entra dans renseignement à Riga où il fut appelé aussi aux fonctions de prédicateur de l'après-midi; donna sa démission à la suite de difficultés littéraires; se chargea de l'éducation d'un prince avec lequel il visita Paris et Strasbourg et fit d'illustres connaissances. A son retour il fut nommé pasteur à Btickebourg, à Schaumbourg-Lippe, et enfin 1776 à Weimar, comme surintendant-gé-néral et président du consistoire, f 18 déc. 1803. A côté de son caractère ecclésiastique dont il s'honora, et qu'il honora toute sa vie, on peut dire que la poésie et l'humanité furent deux traits distinctifs de sa nature, de ses tendances et de sa personnalité. La poésie et la religion ne faisaient pour ainsi dire qu'un dans son esprit, et ils étaient vivifiés et rendus féconds par l'idée, on peut dire par la passion dé l'humanité. Le cœur éclairait chez lui l'intelligence, et le sentiment a influé sur sa théol. en même temps qu'il éclairait d'un jour nouveau les beautés de la prophétie antique. Supérieur dans les genres les plus divers, à la fois savant et homme de goût, il a écrit sur tous les sujets, et ses œuvres compl. ne forment pas moins de 45 vol. 8°. On a de lui des sermons; 38 cantiques, des Dialogues sur Dieu et l'âme, contre Spi-nosa; un Traité sur la Poésie des Hébreux; ses Idées sur l'Hist. de l'humanité, trad. par Qui-net, 3 vol.; des Lettres sur l'étude de la théol.. qui ont relevé l'idéal du ministère évangélique; plusieurs dissert, sur la langue allemande, la décadence du goût, etc., couronnées à Berlin 1773. L'élévation de son caractère et de son esprit l'ont fait comparer à Fénélon.

 

HÉRÉSIE, erreur crue et professée, soit par une église, soit par un individu, sur un point de doctrine regardé comme essentiel et fondamental. Le mot s'emploie généralement en parlant des choses religieuses; il peut s'appliquer à d'autres par extension: une hérésie en politique, en peinture, en littérature. Dérivé d'un mot grec qui signifie choix, opinion, le mot hérésie a pu désigner primitivement la pensée indépendante s'écartant de la tradition; il a désigné ensuite la doctrine s'écartant des décrets des conciles approuvés par les empereurs; au moyen Age, les doctrines condamnées par l'Égl. et justifiables des tribunaux ecclésiastiques. Auj. sa signification a beaucoup perdu de sa rigueur. Hérétique9 c'est l'homme qui admet une hérésie. Hérésiarque, c'est celui qui en est l'auteur, le chef, l'inventeur.

 

HÉRIGAR, gouverneur de Birka, ou Sigtuna, Suède, conseiller et favori du roi Biôrn, vers 830, fut converti par Anschar, resta fidèle malgré toutes les difficultés, et devint à son tour un puissant et zélé missionnaire; f 852. Ses contemporains lui attribuent plusieurs délivrances merveilleuses.

 

HÉRIGER, d'origine incertaine, d'abord prof, et maître au couvent deLobbes, puis son abbé, f 1007. Auteur de plusieurs écrits: Gesta épis-coporum Tungrensium; Vie d'Ursmar, Vie de de Landoald, une Épître au moine Hugon sur les mathématiques et la chronologie; enfin un Traité du corps et du sang du Seigneur où il défend la doctrine de Paschase Radbert.

 

HÉRITAGE (droit d'), v. Dépouilles.

 

HERMANDAD (sainte), v. Confréries.

 

HERMANN, nom teutonique signifiant homme de guerre, et très fréquent en Allemagne où il rappelle le souvenir du célèbre vainqueur de Varus.

io Surnommé Billung à son baptême; fils d'un agriculteur saxon, nommé par Otton Ier administrateur de l'empire et duc de Saxe, pour assurer ses conquêtes sur les Wendes, 950. t 973.

2° Le Contrefait, né 1013, fils du comte Wol-ferat de Veringen, fut à cause de sa faiblesse mis dès l'âge de 7 ans au couvent de Reiche-nau, où il fut élevé et où il resta jusqu'à sa f 1054. « Prodige » de son siècle il se distingua dans toutes les branches des connaissances humaines, et fut à la fois théologien, philos., philologue, astronome, poète, musicien et mécanicien. Le plus important de ceux de ses ouvrages qui nous ont été conservés, est sa Chronique, qui va jusqu'à 1054 et a servi de source aux historiens postérieurs. Son Hist. de Conrad II et celle de Henri III sont perdues.

3° H. de Salza, grand maître de l'ordre teu-tonique 1210-1239. Jeunesse inconnue; prit part à l'assaut de Damiette 1219, négocia la paix avec le sultan, envoya sur la demande de Conrad de Masovie le grand-maître Balk avec une partie de ses chevaliers en Prusse, et finit par réunir à son ordre celui des Porte-épées, v. Frères 6°. Très estimé del'emp. aussi bien que du pape, il fut à plusieurs reprises accepté par eux comme arbitre. Il réconcilia de même Frédéric avec son fils Henri.

4° H. de Lehnin; probablement vers 1300 abbé du couvent de Lehnin, aux environs de Potsdam. Au commencement du 18rae siècle il parut sous son nom une prophétie, auteur incertain, concernant l'avenir du Brandebourg et de Lehnin; prophétie qui faisait l'espoir et la joie de l'ultramontanisme et qui a perdu beaucoup de sa valeur depuis 1866 et 1870.

5° H. de Fritzlar, mystique, vers 1340; probablement un laïque, qui se retira du monde et se voua à l'étude de la théologie. Il fit de grands voyages et visita l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. On a de lui un recueil de Mélanges, empruntés à divers écrits religieux, mais réunis par une pensée commune; il y a des légendes, des explications et des notes utiles au point de vue du développement historique du mysticisme. Son travail intitulé La fleur de la contemplation est perdu.

6° H. de Busch, humaniste. Né 1468 d'une vieille et noble famille de la Westphalie, il étudia la littér. classique à Deventer et à Heidelberg, et revint dans cette ville comme maître après avoir visité l'Italie. Appelé à Cologne par Nuenar, il entra en conflit avec Hoogstraten et dut s'en aller, visita le nord de 1*Allemagne où sa réputation littéraire ne fit que grandir. Il ne put résider ni à Wittenberg 1510, ni à Leipzig, fut de nouveau chassé de Cologne par Hoogstraten 1517 et fut enfin nommé recteur de l'école de Wesel, 1518, où il écrivit son célèbre livre: Vallum humanitatis.

7o H. de Wied, fils de Frédéric 1er de Wied, prince-électeur de Cologne. Né 14 janv. 1477, il fut nommé chanoine en 1492 et archev. en 1515. Longtemps ennemi de la Réforme il interdit 1523 les écrits de Luther, fit brûler Klaren-bach, vota à Augsbourg contre les protestants, réprima durement comme administrateur de Pa-derborn et Munster toutes les innovations 1532, mais revint à des idées plus modérées après le conc. provincial de 1532. Introduit par Mett-mann auprès de Mélanchthon, il invita Bucer à une conférence à Haguenau, et le mit en rapport avec Pistorius, Hedio, Sarcerius et Mélanchthon et ils élaborèrent ensemble un projet de réformation. Les États l'approuvèrent, mais le chapitre le rejeta. L'arrivée de l'empereur, engagé dans la guerre de Gueldre, encouragea les chanoines. Ils en appelèrent au pape et à l'empereur, Hermann à un conc. national. Invité à se rendre à Rome, il refusa, fut suspendu le 8janv.

1546 et excommunié le 18 avril. La guerre de Smalcalde survint et lui ôta tous ses alliés. A la demande de l'emp., il donna sa démission en

1547 et rentra dans la vie privée, f 1552. Prince éclairé, excellent, il fut aimé de son peuple, respecté de l'empereur et n'eut contre lui que le clergé.

8° Nicolas H., chantre et régent à Joachims-thal, Bohême, compositeur distingué, auteur de plusieurs hymnes, musique et paroles, que Ton chante encore en Allemagne. Il mit en vers plusieurs sermons de son pasteur et ami Jean Mat-thesius. Il souffrit beaucoup de la goutte, et f 5 mai 1561.

 

HERMAS, probablement un laïque de l'Égl. d'Occident, quoique la tradition en fasse un ecclésiastique. Selon Muratori il aurait été fr. de l'év. Pie 1er, 142-157; selon d'autres ce serait un compagnon de saint Paul. Il y a beaucoup de vague sur cette figure, ainsi que sur l'œuvre qui porte son nom: Épître du Berger (ou Pasteur) d'Hermas. Ce travail un peu apocalyptique, se divise en 3 parties: Visions, Préceptes, Paraboles. Il jouit un moment d'une grande considération, au 2rac siècle, au point qu'on le rangeait parmi les livres sacrés et qu'on le lisait dans les assemblées du culte. Mais cette faveur dura peu; les doutes surgirent rapides et nombreux sur l'authenticité et la date supposée de cette Lettre. Déjà Tertullien en parle avec peu de ménagement. Le contenu nous transporte au moment des controverses montanistes, mais il y règne tant de confusion queDorneret Ritschl y voient un livre pour,, tandis que d'autres croient que c'est un livre contre le monta-nisme. On n'y trouve en tout cas ni la simplicité, ni la grandeur apostolique. Le texte latin en a été publié pour la i™ fois par Lefèvre d'Étaples 1513, et réimp. par Cotelerius dans ses Monuments 1672; trad. par Legras 1717. Le texte grec, longtemps perdu, a été retrouvé il y a quelques années à Leipzig, éd. Anger et Din-dorf 1856, Tischendorf, 1856 et d'après lui Hil-gcnfeld, 1866. Peu intéressant au point de vue dogmatique, ce livre a de la valeur comme monument ancien; il montre l'importance attachée au 2me siècle à l'Évang. de Jean, et aussi aux 3 synoptiques. Jésus n'y est pas une fois appelé par son nom.

 

HERMÉNEUTIQUE (interprétation), science qui a pour objet les règles à suivre pour déterminer le sens exact d'un texte ou d'un passage de l'Écriture. V. Exégèse. Schleiermacher l'appelle la technique de l'explication d'un discours ou d'un écrit. Parmi les auteurs qui ont traité de l'Herméneutique en théologie, il faut nommer en français Reuss et Cellérier. Le mot s'emploie aussi en philologie et en jurisprudence.

 

HERMÈS lo Jean-Auguste, théol. protestant, ué 24 août 1736 à Magdebourg, étudia à Halle, fut aussi un prédicateur distingué. D'abord évangélique, il finit par le rationalisme. Il occupa successivement différents postes, Hor-schenburg, Wahren, Jérichow, enfin Dittfurth et Quedlinburg, où il fut nommé conseiller ecclés. et surintendant, 1800. f 1822. Son Manuel de la religion, qui appartient à l'époque vivante de son ministère 1779, a été trad. en français par la reine Élisabeth de Prusse, veuve de Frédéric II, 1784.

2o Georges-Henri, théol. catholique, né 22 avril 1775 à Dreyerwald, près Munster où il étudia et fut nommé prof, au gymnase, puis prof, de dogmatique 1807; enfin prof, delà même branche à Bonn 1820. f 26 mai 1831. On a de lui des Recherches sur la vérité intérieure du Christianisme 1805; une Introd. philos, à la théol. chrét.-catholique 1819-1829, et un volume posthume: Dogmatique chrét.-catholique, publié par Achterfeld, Bonn. Dans ces deux derniers ouvrages, partant des principes de Kant, il cherche à prouver que les idées de Kant et celles de Fichte, qu'il avait beaucoup étudiées, sont inconciliables avec le christianisme; mais il essaie en même temps d'établir par les voies rationnelles la vérité de la foi catholique et son accord avec la raison. Cette tentative fut d'abord bien accueillie, et ohtint de nombreuses adhésions, notamment dans les universités qui ne demandaient pas mieux que d'allier la philos, à la théol. Mais le clergé comprit que sous le bénéfice d'une alliance momentanée se cachait l'absorption de la foi par la raison, et que VHermésianùme, comme on l'appela, conduisait nécessairement, soit à l'incrédulité, si la raison étouffait la foi; soit an protestantisme, s'il aboutissait à la conciliation. Il se hâta donc de protester, et l'archev. de Cologne se mit énergiquement à la tête de cette campagne, dans laquelle il fut aidé surtout par les théologiens du sud de l'Allemagne et par la Gazette ecclésiastique d'Aschaffenburg. La cause fut portée à Rome, et un bref du pape, 25 sept. 1835, condamna Thermésianisme comme contraire aux traditions de l'Égl. et comme frayant la voie à toutes les erreurs, puisque partant du doute il demandait à la raison la connaissance des vérités surnaturelles. C'est en vain que Braun et Elvenich se rendirent à Rome pour obtenir un adoucissement de la sentence, en alléguant qu'on avait mal compris Hermès. Droste de Vischering, qui n'avait jamais été favorable au prof, de Bonn, s'autorisa du bref pour agir sans retard contre leshermésiens.Les représentants les plus autorisés du système, Braun et Achterfeld, continuèrent la lutte dans leur Journal de philos, et de théol. catholique, mais sans autre résultat que de provoquer un nouveau bref de Pie IX, 1847, confirmant celui de 1835, et mettant à l'index les écrits de l'éminent professeur.

 

HERMÈS-TRISMÉG1STE (Mercure trois fois grand), nom grec de Thoth, le Mercure des Égyptiens, la personnification des arts et des sciences, et le symbole du sacerdoce. On lui attribuait l'invention des hiéroglyphes, et on le faisait le patron de l'alchimie et de toutes les sciences occultes, qui ont été conservées à l'humanité par une série de sages qu'on a appelés la Chaîne hermétique, et dans une foule d'ouvrages connus sous le nom de Livres hermétiques. Ces écrits, en tout cas plus récents que le christianisme, contiennent les doctrines des néoplatoniciens postérieurs. On nomme surtout le Poemander ou Pasteur, les Définitions d'Es-culape, les Horoscopes, etc. Ils sont réunis dans la Nova Philosophia, de Patricius; Venise 1593.

 

HERMIAS 1° philos, grec chrétien, auteur d'un ouvrage d'apologétique intitulé: Dia&yr-mon, Destruction des philos, du dehors, dans lequel, traitant de l'origine des choses, de l'âme, de Dieu, il combat la méthode et les résultats de la philos, païenne. Il doit avoir vécu au 5™ siècle, et non au 2^ 0u 3,ne, comme on l'a cru longtemps. Impr. Zurich 1560 par Fugger; Leyde 1840, par Menzel. — 2° v. Sozomène.

 

HERMOGÈNE, faux docteur africain, contemporain de Tertullien qui écrivit contre lui. On croit qu'il était peintre. Il enseignait l'éternité de la matière, sur laquelle Dieu agirait plastiquement d'après les principes de l'harmonie et de la beauté. Les éléments matériels, en opposant de la résistance à l'action de Dieu constituent le mal, mais le mal sera peu à peu surmonté et vaincu. Le nom d'Hermogène est aussi mentionné par Philastrius et Augustin, mais avec des données un peu différentes de celles de Tertullien, de sorte que quelques-uns ont cru qu'il s'agit d'un autre personnage du même nom.

 

HERRNHUT, bourg de la Lusace, Saxe, construit en 1722 sur le Hutberg, propriété de Zinzendorf, par Christian David, deux Neisser, Michel Joschke et d'autres émigrés moraves fuyant la persécution. Il ne comptait d'abord que 3 maisons. L'année d'après 3 autres Neisser arrivèrent avec leurs familles, 18personnes; en 1724, puis en 1725, d'autres encore. C'est en 1724 qu'ils donnèrent à leur établissement son nom, qui signifie Garde, ou Protection de Dieu. Les réfugiés affluaient, mais la colonie veillait à ne recevoir autant que possible que des échappés de la persécution, et le 12 mai 1727 elle se constituait en commune religieuse, luthérienne de doctrine, mais avec une discipline et une organisation indépendante. Elle se composait alors d'environ 300 frères et sœurs, dont la moitié venaient de Moravie. En tout 34 maisons. Ce fut une fête à la fois joyeuse et solennelle. L'art. 1er de la constitution, ou des statuts, portait que Herrnhut ne devait pas être considéré comme un bourg ou une ville naissante, mais comme une institution établie pour des frères. Une vie religieuse intense caractérise cette époque: le 13 août la petite église se rendit en masse à Berthelsdorf, pour communier avec les chrétiens luthériens de l'endroit, et le pasteur Rothe lui-même sentit d'une manière exceptionnelle l'influence de l'Esprit de Dieu. En 1731 seulement, la petite église, sans se séparer de la grande, décida d'avoir ses communions spéciales, accompagnées d'agapes; elle y joignit même pendant quelque temps la cérémonie du lavage des pieds. Les besoins de l'œuvre missionnaire décidèrent le petit troupeau à demander à l'év. Jablonsky de Berlin, la consécration épiscopale pour D. Nitschmann, 1735; Zinzendorf la reçut également en 1737, sur le conseil du roi de Prusse, ce qui donna une consécration nouvelle à son titre de Président, ou Préposé des Frères. De nouvelles communautés s'étant formées dans la Wettaravie, en Silésie et en Lusace, et un arrêté général prussien les ayant soustraites à l'autorité des consistoires, ce fut un pas de plus dans leur constitution comme Egl. des frères, au lieu de l'idée primitive qui consacrait bien leur vie en commun, mais au sein même de l'Église. Peu à peu ils se constituèrent d'après les formes de l'ancienne Église morave. dont ils reprirent le nom; mais longtemps ceux qui ne les connaissaient que superficiellement, les désignèrent sous le nom de leur village et les appelèrent herneutes, ou hernouies. Zinzendorf ayant donné sa démission d'évêque et Dober celle d'ancien en chef, 1741, le gouvernement de régi, passa à la conférence générale, sans que cependant le comte renonçât à exercer une certaine influence, qui fut même reconnue en 1744. Plusieurs synodes tenus a Marienborn, Barby, Herrnhut, de 1741 à 1775, ont établi que l'autorité suprême appartient à la conférence des Anciens de l'Unité. Une conférence provinciale est à la tête de chacune des 3 provinces (Continent, Grande-Bretagne, Amérique). Enfin chaque communauté s'administre elle-même au moyen de pasteurs, de prédicateurs, d'anciens, de diacres et de chœurs. Les hernhoutes ne se distinguent par aucune doctrine particulière, et comptent dans leur sein des luthériens, des réformés et des moraves. Leur principal livre symbolique est la Idea fra-trum de Spangenberg, 1778. Ils appuient avec un réalisme quelquefois exagéré sur le salut par les plaies de Christ. Ils attachent de l'importance au texte du jour et consultent volontiers le sort. Leur zèle missionnaire est très remarquable. Dès 1733 ils évangélisaient le Groenland; bientôt après les Antilles. En 1739 ils comptaient déjà 39 postes ou stations. Auj. ils sont au Labrador, aux Indes orientales, aux Antilles, à Surinam, au sud de l'Afrique, chez les Mosquitos, avec 82 stations, 171 missionnaires, et 78,000 chrétiens indigènes. Ils ont également rendu de grands services à l'éducation; leurs établissements, fondés d'abord pour la noblesse, se sont ouverts peu à peu à toutes les classes. En 1750 ils ont fondé un pédago-gium à Hennersdorf, transféré 1805 à Niesky; puis un séminaire pour pasteurs à Gnadenfeld. Leur œuvre de la Diaspora, ou Dispersion, consiste moins à faire des prosélytes à leur Société qu'à grouper, partout où ils sont, les chrétiens vivants et réveillés, et sous ce rapport ils ont servi la cause de l'Évangile en bien des lieux. A Bâle, Kônigsberg, Breslau, Stockholm et ailleurs, ils ont formé de petites sociétés qui, sans se séparer de l'Égl. nationale, ont des pasteurs à elles et célèbrent leur culte dans des salles à elles, d'après le rite morave. Il faut nommer enlin, parmi les causes de la si grande influence que les moraves ont exercée, leurs beaux cantiques et leurs livres de piété. Herrnhut a auj. de 1500 à 2000 habitants, tisseurs, chapeliers, couteliers; mais les hernoutes comptent sur le continent 20 communautés avec 7000 âmes; en Angleterre 36 communautés avec 5000 âmes; en Amérique 33 avec 8500 âmes, sans parler des missions et des sociétés simplement alliées aux frères. Les hommes les plus distingués de l'œuvre morave renouvelée sont Ghr. David, les Nitschmann, Zinzendorf, Spangenberg, Alber-tini, etc. Leurs élèves ont été fort nombreux et chaque pays peut en citer plusieurs; Schleiermacher n'a jamais oublié ce qu'il leur devait, v. A. Bost, Hist. des Fr. deBoh. et de Moravie.

 

HÉRULES, peuplade germanique et barbare, rude et grossière, qui n'embrassa le christianisme que par force sous Justinien, et qui n'en resta pas moins attachée à ses idoles et à son culte dont les sacrifices humains faisaient partie. On les aperçoit pour la l'e fois au 3™ siècle, établis au nord de la mer Noire, et alliés des Goths. Soumis un moment par Hermanaric. ils se relèvent après la mort d'Attila 435, fondent un empire puissant, sur les bords du Danube, puis, sous Odoacre et avec l'aide des Turcilin-giens, ils envahissent l'Italie, prennent Rome; forcent Augustule à donner sa démission, et mettent fin à l'emp. d'Occident, 476. Mais à leur tour ils sont défaits par les Ostrogoths 495. et après avoir habité quelque temps l'Illyrie, puis la Germanie, chassés de partout à cause de leurs brigandages, ils disparaissent de l'histoire au 7me siècle.

 

HERVÆUS lo Natalis, surnommé le Breton; célèbre dominicain, né en Bretagne, étudia à Paris, professa de 1307 à 1309, fut élu provincial de l'ordre en 1309, 14«>e général en 1318. 1 1323 à Narbonne. Thomiste zélé, il commenta les 4 livres des Sentences de P. Lombard, et écrivit sur le Pouvoir ecclés. et papal.

2° H. du Bourg-Dieu, prieur dominicain du couvent de ce nom, f 1145; auteur d'un Gomment. sur Ésaïe. Augsb. 1721.

 

HESS lo Jean, né 23 sept. 1490 à Nuremberg, fils d'un riche marchand, d'une famille distinguée; étudia à Zwickau, Leipzig, Witten-berg, entra dans la carrière ecclésiastique en 1511, fut secrétaire de l'év. Turzo en 1513 à Breslau, puis précepteur des fils du duc Charles de Mtinsterberg à QEls. De là il alla à Bologne où il fut sous-diacre en 1519, à Ferrare où il devint docteur, puis à Rome, 1520. Turzo lui donna alors en Silésie le triple canonicat de Neisse, Brieg et Breslau. Ordonné prêtre, Hess fut appelé à Breslau, où il attira de nombreux auditeurs par son talent, et surtout en leur donnant la Bible comme règle de foi. Dans un voyage à Nuremberg, 1522, il accentua encore ses idées évangéliques, si bien qu'il fut nommé pasteur à Breslau, juin 1523, à régi, de Sainte-Marie-Madeleine. Il consacra dès lors tout son temps aux malheureux. Après avoir longtemps demandé en vain l'établissement d'un bureau de bienfaisance, il finit un jour par refuser de prêcher, disant: « Je ne peux pas passer sur le corps des malheureux qui encombrent la porte de mon église. » Les magistrats prirent la chose à cœur, et l'on fonda 7 mai 1525 le premier bureau de bienfaisance, et un hôpital 21 juillet 1526. Hess eut à subir de nombreuses attaques des adversaires de l'Évangile; une discussion publique qu'il soutint contre eux amena de nouveaux adhérents à la Réforme. Frappé en chaire d'une attaque d'apoplexie, il t le lendemain 6 janv. 1547. Ses dernières paroles furent: « Seigneur Jésus, délivre-moi. » Il avait connu Luther et Mélanchthon à Wittenberg 1519.

2° Jean-Jacques, né à Zurich 21 oct. 1741, fils d'un horloger; consacré en 1760, fut jusqu'en 1766 suffragant de son oncle à Neften-bach, près Winterthour; puis diacre à Zurich, pasteur de la cathédrale, et en 1795 antistès. C'est lui qui rédigea 1803 les ordonnances ecclés. synodales. Il fut le soutien de l'Égl. dans les temps difficiles de l'invasion étrangère. Il a servi la cause évangélique par ses nombreuses publications, 23 vol. 1826: Les 3 dernières années de la Vie de Jésus 1767; Jeunesse de Jésus 1773; Hist. des Apôtres 1775; La doctrine du royaume de Dieu 1819; Hist. des Israélites 1788, Sermons, etc. A la fête de la Réformation, il reçut le brevet de Dr en théol. des univ. de Tubingue, Iéna et Copenhague. Tombé malade en 1819, il ne remonta plus en chaire, f 1828.

 

HESSE. L'histoire des origines de la Réformation dans la Hesse se rattache à celle de Phi-lippe-le-Magnanime, q. v. Après avoir longtemps hésité, il se décida en 1524 à faire venir des prédicateurs évangéliques, en 1525 il se prononça pour la Réforme; en 1526 il appela

Lambert d'Avignon et organisa la ligne de Tor-gau. Il signa en 1530 la confession d'Augsbourg, mais pencha toujours vers les doctrines de Zwingle, et se prononça en 1539 et en 1566 dans le sens de la For m. de Concorde de Strasbourg, qui fit règle dans ses États. Sous son petit-fils Maurice, la Réforme s'accentua davantage dans le sens calviniste, et le catéchisme de Heidelberg fut introduit, à côté de celui de Hesse, comme livre symbolique officiel. Dans la Hesse-Darmstadt au contraire, qui fut donnée au 4me fils de Philippe et qui s'agrandit par la mort de deux frères, ce fut le luthéranisme qui l'emporta, et en 1607 Louis V fonda l'univ. de Giessen, luthérienne, en opposition à celle de Cassel, réformée. Mais avec le temps, et avec les agrandissements successifs du grand-duché, les réformés et les catholiques introduisirent des éléments nouveaux dans le pays, et son caractère confessionnel en fut modifié. Les cathol. se rattachant à l'évêché de Mayence ont, surtout depuis l'arrivée de l'év. Ketteler 1850, obtenu une certaine prépondérance4 que la constitution de l'emp. d'Allemagne a seule ramenée à ses limites légitimes.

 

HESSEL, Léonard, prof, de théol. à Louvain, délégué 1551 au conc. de Trente, où il mourut. Il fut remplacé par Baïus.

 

HESSELS, Jean; né 1522 à Louvain, ou à Arras; prof, de théol. à l'abbaye des Prémontrés du Parc, près Louvain; puisa Louvàin. Partageant les idées augustiniennes de Baïus, il fut envoyé avec lui à Trente 1563, et f 1566, peu après son retour. Il a composé surtout des écrits de controverse. Le principal, publié à Louvain 1571 et 1572, est son Catéch. de la doctrine chrétienne; dans son chapitre des sacrements il n'en mentionne que 3, le baptême, la confirmation et la cène. On ignore si c'est la mort qui l'a empêché d'aller plus loin.

 

HESSHUSEN, Tilemann, né à Wesel, Clèves, 3 nov. 1527; théol. luthérien d'un grand talent, mais d'un caractère âpre et violent, qui le rendit partout impossible. A 25 ans il était Dr en théol., surintendant et premier pasteur à Goslar. Destitué en 1556 parce qu'il excitait le peuple en attaquant les mœurs du bourgmestre, il vint à Rostock comme prof, de théol. et se fit renvoyer à cause de ses exigences en matière de discipline; à Heidelberg 1557, à cause de ses disputes sur la Cène avec le diacre Klebitz; en 1560 à Brème, à cause de ses procédés contre Hardenberg; à Magdebourg, à cause de ses sermons de controverse; à Wesel, à cause d'un traité contre les papistes; à Iéna, où il vint après un ministère de 4 ans à Neuburg, il attaqua les théol. saxons, le prince le congédia; il passa à Kônigsberg, comme év. de Sameland, et Wigand le fit renvoyer comme faux docteur 1577; enfin à Helmst&dt il attaqua Ghemnitz et batailla bravement jusqu'à sa f 1588. Il a laissé un Compendium de dogmatique.

 

HÉSYCHASTES, moines mystiques du Mont-Athos, qui, au 14®e siècle, prétendaient que l'homme pieux, en se retirant du monde, en s'abstrayant en lui-même, en baissant la tête d'une certaine manière, pouvait arriver à voir la lumière divine, même physiquement. On les appelait par moquerie omphalapsychot, les âmes du nombril. Ils furent combattus par Barlaam et par Grég. Acindynus, mais comme ils étaient pieux, et surtout à cause des circonstances po-litiq. du temps, les 4 synodes de Constantinople 1341-1351 déclarèrent leur doctrine orthodoxe.

 

HÉSYCHIUS lo éditeur d'un texte des 70 et du N. T. adopté en Egypte; il est mentionné par Eusèbe et Jérôme. — 2o prêtre de Jérusalem vers 433, auteur de plus, ouvrages exégét. et homilétiques. Il faut peut-être attribuer quelques-uns de ces derniers au suivant. — 3° prêtre vers 600, puis év. et patriarche de Jérusalem, mentionné dans les œuvres de Grég.-le-Grand. — 4o savant grec d'Alexandrie, vers la fin du 4me siècle, auteur d'un Lexique grec, découvert par Musurus, et publ. à Venise 1514: souvent réimpr. — 5o Chroniqueur, surnommé VIllustre; d'après Suidas un fragment de sa Chronique, sur les Antiquités de Constantinople. existerait encore. On croit qu'il était de Milet, 6me siècle.

HÉTÉRODOXIE, proprement doctrine autre. Se dit en général d'une doctrine autre que celle qui est enseignée par l'Église, mais comme il y a plusieurs Églises, le mot ne peut avoir qu'un sens relatif, et chacun regardera naturellement comme hétérodoxes les doctrines qu'il n'admet pas.

 

HETZER, Louis, né à Bischofszell, chapelain à Wadenschwyl, s'attacha un moment à Zwingle, combattit le culte des images, se rendit en 1524 à Augsbourg, d'où il fut banni l'année suivante pour avoir attaqué la doctrine de l'eucharistie; visita successivement QEcolampade à Bâle, Denk à Strasbourg; répandit dans le Pa-Iatinat ses doctrines mystiques et radicales sur sur la loi et l'Écriture, niant la divinité du Sauveur; banni à la suite d'une conférence à Worms, dans laquelle il avait eu le dessous, il vint à Constance, 1528. Là on découvrit que ses mœurs ne valaient pas mieux que sa doctrine; il fut condamné à mort et décapité. Sa fin fut meilleure que sa vie.

 

HEUBNÉR, Henri-Léonard, directeur du séminaire à Wittenberg, né à Lauterbach 1780; il étudia à Wittenberg où il passa sa vie, successivement pasteur et professeur, f 1853. Il a publié la petite Concordance de Btlchner. On a aussi de lui un ouvrage posthume: Explic. pra-tiq. du K. T.

 

HEUMANN, Christophe-Auguste, né 3 août 1681 à Altstâdt, Thuringe. Il perdit de bonne heure ses parents; sa jeunesse fut difficile et laborieuse. Il fit d'excellentes études à Iéna, voyagea pour s'instruire, et occupa successivement différentes places k Eisenach et k Gôttin-gue. En 1745 il fut nommé prof, de théol., mais il donna sa démission en 1758, parce que ses vues sur la Cène étaient devenues celles de la conf. réformée, f 1763. On a de lui une trad. et une Explic. du N. T., et un traité posthume sur la Cène.

 

HEURES canoniques, ou régulières: terme de liturgie; ce sont les heures que les chanoines et les ecclésiastiques vivant en communauté doivent consacrer k la lecture des prières et au chant collectif des offices. On en compte 7 ou 8; les matines et les vêpres sont les plus importantes, l'une à 3 h. du matin, l'autre à 6 h. du soir. Puis viennent les petites heures: prime, à 6 h. du matin; tierce à 9 h.; sexte k midi; none à 3 h. Enfin vigile, ou mesonyktion, k minuit, que l'on réunit d'ordinaire avec matines. On donne aussi ce nom à l'office lui-même et aux différentes parties du bréviaire; elles se composent d'un Pater et d'un Ave,d'une hymne, d'une oraison, et se terminent par une prière pour les morts et l'antiphonie de la Vierge.

 

HEXAPLES (en latin sextuples), nom du grand travail d'Origène sur l'A. T. Il l'entreprit pour fixer le texte souvent corrompu, et pour corriger les inexactitudes les plus saillantes de la traduction des LXX. Pour cela il copia sur six colonnes parallèles le texte hébreu en lettres hébraïques, le même en lettres grecques, les Septante, et les traductions d'Aquila, de Sym-maque et de Théodotion, en y ajoutant pour quelques livres d'autres traductions. Il indiquait par des signes particuliers les variantes ou les additions les plus importantes. Cet immense travail, 50 rouleaux, périt probablement dans le sac de Césarée 653. Heureusement Eusèbe avait recopié la colonne des Septante, avec les corrections qu'Origène y avait ajoutées. Il n'en reste que des fragments, recueillis et publ. par Montfaucon, Paris 1714; réédités Oxford 1864.

 

HEYNLIN, Jean de Lapide, né k Bâle 1434, prof, à Bâle et à Paris, docteur en Sorbonne, occupa diverses places à Tubingue et Baden-Baden, devint en 1484 chanoine et prédicateur à la cathédrale de Bâle, et finit par se faire chartreux, 1487. f 1496. Il était réaliste. Il a écrit un Comment, sur la Logique d'Aristote, et a défendu l'immaculée conception de Marie.

 

HIÉRAKAS, ou Hiérax, moine égyptien fort savant, qui vivait à Léontopolis k la fin du 3me siècle. Il réunit autour de lui de nombreux disciples, et il leur enseignait que la différence principale entre l'A. T. et le christianisme, c'est que ce dernier interdit le mariage. Épi-phane et Arius l'accusèrent d'hérésie et de manichéisme; mais il se rapprochait plutôt d'Origène. Les moines qui se rattachèrent à lui, mais sans pousser l'ascétisme aussi loin, portent le nom de Hiéracites.

 

HIÉRAPOLIS, ville de la Grande Phrygie. mentionnée Col. 4, 13 (v. Dict. de la Bible). Elle compta parmi ses évêques Papias et Apollinaire.

 

HIÉRARCHIE. Ce mot, qui signifie la Domination des saints, désigne à la fois la puissance du clergé, et le clergé lui-même, cette corporation ecclés. formée d'échelons divers, qui, munie de droits et de privilèges, intervient officiellement entre Dieu qu'elle représente et les hommes qu'elle domine. En germe dans le sacerdoce mosaïque, la hiérarchie se développa comme institution chez les Juifs après leur retour de l'exil. Complètement étrangère au christianisme, elle y prit cependant naissance de bonne heure, par le fait de diverses circonstances naturelles ou politiques, et plus particulièrement par suite de sa fusion avec le paganisme k l'époque de Constantin. La hiérarchie étant une forme de gouvernement, peut se justifier de diverses manières, aussi longtemps qu'elle n'est autre chose que cela. Par la force des choses les év, ou pasteurs de campagne furent peu k peu subordonnés à ceux des villes, dont ils étaient d'abord les égaux; puis ils firent place à de simples presbytres ou anciens, et même en Orient à des évangélistes, ou visiteurs (le Conc. de Sardique dit à ce sujet que le titre d'évêque ne doit pas être abaissé). Ce fut le premier pas. Le second se trouva dans la nomination d'un archevêque, ou métropolitain, président ou inspecteur des autres év. de la province. Le 3n>e, dans l'établissement de pa -triarches. Le conc. de Nicée avait reconnu 3 é\. comme distingués au-dessus des autres par leur position, ceux d'Alexandrie, de Rome et d'Antioche (il dit cela au sujet du schisme de Mele-tius qui voulait secouer le joug de Pierre d'Alexandrie). Au siècle on y ajouta le siège de Constantinople. On les appela d'abord exarques, puis patriarches. Celui de Rome étant seul pour tout l'Occident avait ainsi une position privilégiée, et il fut naturellement choisi comme arbitre dans plusieurs circonstances, comme plus désintéressé dans les questions, souvent personnelles, qui s'agitaient en Orient. Sa considération alla en augmentant. Puis l'orgueil et l'ambition s'en mêlèrent; on chercha pour l'Égl. de la capitale du monde romain une haute origine; on y fit venir Pierre, qui n'y était probablement jamais allé. Au 7me siècle deux des sièges patriarcaux furent envahis par les sectateurs de Mahomet. Constantinople à son tour fit schisme et se sépara, C'était plus qu'il n'en fallait pour assurer à Rome la prééminence qu'elle recherchait, qui rendit des services à la chrétienté et à la civilisation pendant les siècles de troubles qui suivirent, et qu'on n'aurait peut-être jamais mise en question sans la manière dont elle en abusa et les excès de tous genres qui en résultèrent. L'idée de l'unité extérieure avait trouvé sa formule, mais dans l'uniformité des intelligences et dans l'oppression des consciences; l'opposition naquit aussitôt, et ne cessa pas un instant de revendiquer ses droits sous la forme multiple des nombreuses sectes qui parurent au moyen âge. On distingue en général 1° la Hiér. de droit divin, qui comprend les évêques, les prêtres et les diacres; 2° la Hiér. de droit ecclésiastique, qui compte les six degrés du diaconat; ostiaires, lecteurs, acolythes, exorcistes, sous-diacres et diacres; 3° la Hiér. de juridiction, qui comprend la catégorie si nombreuse des fonctions diverses instituées dans l'Église, administration, enseignement, justice, finances, culte, ordre de préséance des cardinaux, prélats, archev., abbis mitrés, etc. Deux systèmes très différents sont en présence: celui de la cour romaine, qui fait du pape le point de départ, l'unité, dont toutes les autres charges ne sont que des émanations, des délégations; et le système épiscopal, qui fait de l'évêque l'unité, le délégué direct de Dieu et des apôtres, le détenteur de la puissance apostolique, qui fait par conséquent de la réunion des évêques l'autorité souveraine en matière ecclésiastique, le pape ne pouvant modifier en rien ni la doctrine, ni la constitution de l'Égl. sans l'assentiment d'un concile. Mais dans les deux systèmes la hiérarchie constitue l'Église catholique toute entière; le peuple ne compte qu'en tant qu'il adhère; et l'Égl. supportera plus facilement des écarts dans la doctrine et dans le culte, qu'une résistance à son autorité. Le protestantisme est par son principe la négation de toute hiérarchie, et si quelques Églises en ont conservé la forme (Nassau, Prusse), c'est plus au point de vue honorifique et de juridiction, que comme différences de droits et de compétence. La Bible ne distingue pas entre évêque et prêtre; les deux mots sont habituellement employés l'un pour l'autre; cf. Actes 20, 28. et 17. Tite 1, 5. et 7., et c'est Ignace qui les a le premier distingués. Il n'est par conséquent aussi parlé nulle part de la succession apostolique, à laquelle Rome, l'Égl. anglicane et même un peu les Moraves (anciennement) attachent une si grande importance. L'ap. Paul insiste au contraire sur ce qu'il y a de spirituel dans l'œuvre du prédicateur de l'Évangile; lui-même se vante d'avoir été envoyé de Dieu et non par aucun homme, de n'avoir rien reçu des apôtres; c'est Dieu qui distribue ses dons aux hommes, et qui nomme les uns apôtres, les autres évangélistes et docteurs. Quand on sort de là on arrive bien vite à avoir des papes, des cardinaux, des év. et des prêtres, en un mot une hiérarchie, comme il y en a peut-être trop pour l'honneur de l'Évangile. — Au commencement c'était le troupeau qui nommait son évêque; dans l'empire franc et dans l'empire germanique, les troupeaux étant dispersés, les emp. s'en attribuèrent le droit, d'autant plus qu'ils en faisaient les traitements. Après la querelle des Investitures ce droit revint à l'Église, qui en remit l'exercice aux chapitres, avec la réserve que ceux-ci choisiraient une pertonagrata, c.-à-d. agréable au gouvernement. Quelquefois cependant, c'est l'État qui nomme, sous réserve de la confirmation par le pape.

 

HIÉROCLÈS, gouverneur de Bithynie, ennemi des chrétiens, souleva contre eux la persécution de Dioclétien 302. Il écrivit contre le christianisme un livre: Parole d'un Ami de la Vérité, qui ne nous est connu que par les réfutations d'Eusèbe et de Lactance. — Ne doit pas être confondu avec un autre Hiéroclès, d'Alexandrie, 5m* siècle, auteur d'un Traité de la Providence et du libre arbitre, dont il ne reste que des fragments.

 

HIÉRONYMITES, religieux qui se proposaient pour modèle la vie de saint Jérôme dans la grotte de Bethléhem. Il s'en est formé plusieurs branches. 1° Ceux d'Espagne, fondés 1370 par Vasco et Pierre Pécha et Thomas de Sienne, tertiaires de Saint-François: ils s'adonnèrent aux sciences et à l'enseignement, et se firent une grande réputation. Le couvent de Saint-Just leur appartenait. Leur costume se composait d'uue robe blanche, avec scapulaire brun et manteau noir. Les sœurs de cet ordre, réunies par Maria Garcias de Tolède dans le monastère de Saint-Paul 1375, ne prononcent pas de vœux. — 2° Ceux d'Italie, ou de l'Observance, fondés en Lombardie 1424 par Loup Olivet, ou Lope d'Olmedo, qui avec l'autorisation de Martin V, adoucit et réforma la règle de Thomas et la remplaça par celle de saint Augustin. — 3° Pierre de Pise, ou Gambacorti, fonda 1380 en Ombrie la Congrég. des ermites de Saint-Jérôme, avec une règle si austère qu'elle les fit passer pour sorciers; elle réussit surtout en Allemagne, mais dès 1444 elle crut aussi devoir adoucir sa règle et adopter celle d'Augustin; il en subsiste encore quelques couvents. — 4<> La Congrég. de Slint-Jérôme de Fiesole, fondée 1406 par Charles de Monte Granelli; règle d'Augustin. N'existe plus.

 

HIGDEN, Ralph, moine bénédictin de Saint-Werberg, Chester. f 1363. Auteur d'une Chro-niqne histor. en 7 livres, qui va jusqu'en 1357, souvent utilisée; impr. par Caxton, 1482.

 

HILAIRE 1° év. de Poitiers, né au commencement du 4»e siècle de parents nobles, mais païens, se convertit dans l'âge mûr, avec sa femme et sa fille Apra, fut appelé à l'épiscopat vers 350. Éloquent et instruit, versé surtout dans l'A. T., il combattit l'arianisme et se rangea du côté d'Athanase. Il se fit remarquer aux conc. de Milan et de Béziers 355 et 356. et ayant refusé de se soumettre au décret de Milan, il fut exilé en Phrygie par les ariens qui étaient les maîtres. C'est là qu'il écrivit ses Douze livres sur la Trinité. Il reparut aux conc. de Séleucie et de Rimini, se rendit à Constantinople, obtint l'autorisation de rentrer dans son évêché, fut banni de nouveau pour avoir combattu Auxence, év. de Milan, arien, etf 368. Il avait eu une grande influence sur le développement spirituel de Martin de Tours. On a encore de lui un Traité des synodes, un Comment, sur Matthieu, un sur les Psaumes, et trois,écrits à l'emp. Constance; impr. Paris 1693. Style énergique, impétueux; Jérôme l'a appelé le Rhône de l'éloquence latine.

2<> Év. d'Arles, né vers 401 d'une famille noble dans le midi de la Gaule. Après une jeunesse orageuse, il fut vaincu par les prières d'Honorat, s'établit auprès de lui au couvent de Lérins pour étudier et se préparer à l'évangéli-sation; lui succéda comme directeur de l'œuvre, et plus tard comme év. d'Arles 429, où il se distingua par son activité, son zèle et son éloquence. Il maintint ses droits et son indépendance vis-à-vis de Léon 1er qUi? pour le punir d'avoir destitué l'év. Chelidonius, voulait transporter le patriarchat d'Arles à Vienne 445; en dépit des prétentions de Léon et d'un rescrit de Valentinien III, Hilaire réussit à sauvegarder les libertés de l'Égl. des Gaules. Il combattit les semi-pélagiens et + 449. Les principaux couvents de PAIlemanie se partagèrent ses reliques. On a de lui quelques opuscules et une Vie d'Honorat.

3° Pape461-468, originairede Sardaigne; pontificat sans éclat ni incident. Il avait été légat de Léon Ier au conc. des brigands à Éphèse, 449.

4° Diacre de l'Égl. de Rome, partisan de Lucifer de Cagliari. D'après Jérôme il aurait soutenu la nullité du baptême des hérétiques, et serait peut-être l'auteur du Comment, sur les ép. de Paul, connu sous le nom d'Ambrosiaster.

 

HILARION lo né 21 oct. 288 à Tabathe, près Gaza; étudia à Alexandrie où il se convertit au christianisme, se rendit auprès de saint Antoine, distribua ses biens à sa famille et aux pauvres, s'installa dans les solitudes de Majuma, près Gaza, où il fonda plusieurs couvents, inaugura en Palestine la vie monacale, et se fit un grand renom de sainteté. Après avoir visité le tombeau de saint Antoine, il parcourut l'Égypte, la Sicile et la Dalmatie, et vint + en Chypre dans un petit ermitage, 372. Vie, par Épiphanes.

2o Moine russe du lime siècle, prêtre de Bé-restov, nommé en 1051 métropolitain de Kiev, par les évêques et sur l'ordre de Iéroslav; homme savant et vertueux, d'après Nestor. Il est connu surtout comme le fondateur du célèbre couvent souterrain qui porte son nom (la caverne d'Hi-larion), et qui a exercé une si grande influence sur la culture de l'Égl. russe. Il s'était creusé sur une hauteur près de Kiev, au milieu des bois, une caverne où il allait se recueillir loin du monde. Abandonnée lors de son appel à l'épiscopat, cette caverne fut retrouvée longtemps après par un moine du mont Athos, Antoine, qui s'y établit comme ermite et vit bientôt venir à lui 12 autres moines, dont chacun se creusa une cellule souterraine, et ils se bâtirent une église en commun. Le nombre des moines augmenta, et en peu d'années la montagne fut remplie de cellules. Plus tard on y tailla tout un couvent, et il s'y forma des milliers de moines pour le service de l'Église, missionnaires, médecins, jurisconsultes, copistes, etc. C'est auj. encore une des curiosités de la Russie, On pénètre par en haut dans ces Catacombes d'Antoine; par d'étroits couloirs, et par d'étroits escaliers, noircis par la fumée des torches, limés par le frottement des visiteurs, on arrive aux niches et aux cellules où reposent depuis 8 siècles les momies ou les cadavres de ces austères travailleurs. Quelques-uns tendent la main aux baisers des passants. De petites lampes brûlent ici et là. On remarque entre autres les restes du pénitent Jean qui s'ensevelit jusqu'à la ceinture, le monument de l'historien Nestor, et en bas, sur les bords du Dnieper, 2 chapelles souterraines, dont l'une renferme le corps de saint Antoine.

 

HILDEBERT. Né 1057 à Lavardin, près Vendôme, il fut directeur de l'école, puis archidiacre et év. du Mans. Des difficultés de divers genres et des calomnies le décidèrent à se rendre à Rome, où il demanda à Pascal II de le relever de ses fonctions. A son retour il trouva son diocèse surexcité par les prédications de Henri de Lausanne, et il fit bannir l'hérétique. Nommé archev. de Tours 1125. f 1134. Ses œuvres ont été publ. par Beaugendre 1708; son latin est d'un excellent style, choisi et châtié: Lettres, Sermons, Poésies, Philosophie mo-raie etc *

 

HILDEBRAND, v. Grégoire VII.

 

HILDEGARDE, née 1098 à Bôckelheim, élevée au couvent de Disibodenberg, dont elle devint abbesse après la mort de sa tante Julia; se rendit ensuite avec 18 nonnes au couvent du mont Saint-Rupert, qu'elle venait de faire construire près de Bingen. f H79. Elle eut dès sa jeunesse des visions, qui furent1 reconnues par un concile tenu à Trêves sous Eugène III, 1148, et par saint Bernard. Elle les raconte dans des lettres, où elle traite aussi de plusieurs points de morale et de théologie, condamnant les excès de l'ascétisme et l'immoralité du cierge. Œuvres, Cologne 1566, 4<>.

 

HILDESHEIM, ville de Hanovre, célèbredans l'histoire d'Arminius (Hermann) à qui elle a élevé un monument; év. fort ancien, fondé 818 par Louis-le-Déb., sur la désignation d'un rosier qui. en retenant un reliquaire, marqua la place où l'égl. devait être bâtie. Les évêques en forent longtemps les seigneurs et se conduisirent comme tels, se battant et faisant le commerce. La Réformation y fut introduite vers 1521, mais non sans opposition; elle ne triompha décidément qu'en 1542. En 1562 le libre exercice des 2 religions fut proclamé.

 

HILDULF. év. de Trêves, f 754. Cette date ne cadre pas avec l'histoire, et il est possible que ce soit un personnage fictif. La légende le mentionne à propos de Geneviève; il aurait été nommé par Pépin. Il donna aux os de Maximin une meilleure sépulture, et avec son fr. Érard, de Ratisbonne, baptisa Odile qui par là recouvra la vue.

 

HILLEL 1<J le rabbin ou Yancien; quitta Ba-bylone à 40 ans, et vint à Jérusalem 36 av. J.-C. pour étudier la loi, pourvoyant à sa subsistance par les travaux les plus vulgaires. Ses talents et ses connaissances le firent bientôt remarquer; il fut placé comme rabbin à la tête de la synagogue, et fut nommé à 60 ans président du Sanhédrin. Dans ces fonctions il eut d'abord pour aide et collègue Ménahem, puis Schammaï, qui devint le chef de l'école rivale. Ensemble ils organisèrent l'étude scientifique et systématique de la Bible, qui ne reposait jusque-là que sur la tradition. Le caractère de Hillel, doux et bienveillant, se retrouvait dans ses explications de la loi; il prenait toujours le sens le plus facile et en même temps le plus spirituel, tandis que Schammaï faisait précisément le contraire, insistent sur la lettre des Écritures et ne voyant que le sens littéral. Le contraste s'accentua plus encore chez leurs disciples, et la lutte continua jusqu'à ce que, d'après la légende, une Bath-Kol (voix du ciel) donna raison à Hillel. Les juifs dès lors s'en tinrent à Hillel, à l'exception des caraïtes, plus scrupuleux, qui continuèrent de suivre Schammaï. Saint Jérôme lui attribue l'origine des scribes et des pharisiens, + 10, âgé de 120 ans? Quelques-uns croient que le chef d'école et le président du Sanhédrin sont deux personnages différents; c'est ce dernier, le saint, qui serait arrivé à 120 ans.

2o Le Prince, descendant du précédent et ar-rière-petit-fils de Juda-le-Saint, vivait au 3®* siècle. Avec lui finit le Sanhédrin. Il introduisit chez les juifs l'usage de compter les années depuis la création, et il composa vers 260 un cycle solaire de 19 ans, que les juifs gardèrent jusque sous Alphonse, roi de Castille. Origène le consultait souvent. Épiphane dit qu'il se convertit au christianisme au moment de mourir.

 

HILLER lo Philippe-Fréd., né 6 janv. 1699 à Mtlhlhausen sur l'Ems; pasteur à Steinheim depuis 1733, démissionnaire pour cause de santé, t 24 avril 1769. Poète très populaire par le nombre et la beauté de ses cantiques: le plus connu peut-être après Gerhardt, surtout en Wurtemberg. Il est l'auteur du Geistliches Lie-derkœstlein. — 2o Henri-Fréd.-Conrad, 1662-1726, avocat en chancellerie à Stuttgard, a aussi composé un recueil d'hymnes spirituels.

 

HIMERIUS, archev. de Tarragone, Espagne, écrivit au pape Damase pour demander divers renseignements relatifs à la discipline. Ce fut Siricius qui lui répondit 385, et cette réponse est intéressante comme un premier symptôme des prétentions papales.

 

HIKCMAR lo de Reims, né vers 806, d'une famille considérable de la Gaule franque, parent des Bernard de Toulouse et du Vermandois. Protégé par Louis-le-Déb. puis par Charles-le-Chauve, il fut élevé au couvent de Saint-Denis et travailla 829 à sa réforme. Nommé à l'archevêché de Reims 845, à 39 ans, il le dirigea37ans. Il a signé les actes de 39 conciles, qu'il a presque tous présidés. On a de lui 423 lettres, à des rois, reines, papes, archev. etc., et 70 ouvrages, grands ou petits, politiques ou religieux, édités par le père Sirmond, 2 vol. fo avec un 3me vol. du p. Cellot. Il a été mêlé à tous les événements de la cour, dont il était comme le grand directeur, et s'est touj. montré fidèle aux descendants légitimes de Charlemagne, tout en conservant vis-à-vis d'eux son franc parler. Il eut l'habileté de défendre à la fois, ou plutôt tour à tour, de manière à les équilibrer, les libertés gallicanes et la souveraineté de l'Église. Il condamna le divorce de Lothaire et de Teutberge et fut en grande faveur auprès de Léon IV, Adrien H, Jean VIII et même Nicolas I*r, mais se brouilla un moment avec ce dernier en soutenant qu'Ebbo. son prédécesseur à Reims, n'avait pas été un archev. légitime. Comme administrateur, il adressa à son clergé un grand nombre de ca-pitulaires, ou instructions pastorales, qui dénotent un grand sens pratique, habile et moral, avec une tendance tyrannique très caractérisée. Mais c'est surtout dans l'affaire de Gottschalk qu'il se fit une réputation, où le théologien ne fut malheureusement pas à la hauteur du métropolitain. Sur une lettre reçue de Raban, il fit condamner par le conc. de Kiersy, le moine qui prêchait la prédestination et qui agitait l'Église. Il n'avait pas examiné la question de bien près, et sa conduite souleva une vive opposition, soit à cause de la trop grande dureté de la sentence, soit à cause de la condamnation elle-même, qui semblait être un désaveu de saint Augustin. Prudence, év. de Troyes, écrivit à Hincmar pour défendre la doctrine attaquée; Ratramne, consulté par Charles-le-Chauve, prononça dans le même sens; Servatus Lupus ou Loup, abbé de Ferrières, soutint Gottschalk dans une lettre à Charles et, dans ses Trois Questions, il parle de ceux qui annulent la grâce en la faisant dépendre de quelque chose qui soit en l'homme. Voyant le nombre et la force de ses adversaires, Hincmar chercha du secours; il s'adressa d'abord à Raban, qui avait attiré sur lui cet orage, mais Raban, intimidé, refusa d'intervenir; ensuite à Amalaire, de Metz, dont l'ouvrage est perdu; puis à Jean Scott, dit Érigène, plus philos, que théologien, dont les hérésies sur la liberté humaine compromirent Hincmar et nuisirent beaucoup au parti qu'il voulait défendre. Après un nouveau recours à l'autorité, représenté par le conc. de Kiersy 853, Hincmar écrivit lui-même 857 et 859 deux ouvrages contre la prédestination, où il brille plus par le bon sens dans les idées générales que par l'esprit philos, ou théologique, et qui ne tirent pas avancer la question, f à Épernay 21 déc. 882, chassé de sa métropole par une invasion des Normands. On l'a comparé à Bossuet comme hardiesse dans ses abstractions et flexibilité dans la pratique. Il y a aussi du Machiavel dans les conseils qu'il donne à Charles: traité De régis persond, etc.

2° Hincmar de Laon, neveu du précédent, prit parti pour le pape Adrien II et pour Louis, frère de Lothaire, contre Charles-le-Chauve et contre son propre oncle. Hincmar de Reims résistait aux prétentions de Rome et disait qu'un pape ne peut être à la fois roi et évêque; c'est aussi à cette occasion qu'il appela les Décrétâtes une invention de l'enfer. Le neveu, cité successivement devant les conc. de Verberie, Attigny et Douzy, 869-871, y fut condamné et déposé. H en appela au pape, qui cita les deux parties à comparaître à Rome, mais le roi maintint l'honneur national et refusa. Charles fit aussi emprisonner Hincmar sous prétexte de rébellion, et bientôt même le priva de la vue. L'év. de Laon fut réhabilité 878, et f peu de temps après.

 

HIPPOLYTE, écrivain ecclés. du 3™e siècle, év. de Portus près Rome, peut-être de Rome même; selon quelques-uns, mais à tort, d'Arabie. f martyr 22 août 235 ou 251. Il appartenait au parti novatien; cependant l'Égl. l'a canonisé, ce qui s'explique soit par une confusion de 2 personnes, soit par le fait qu'il aurait abjuré ses erreurs avant de mourir. Eusèbe et Jérôme donnent les titres de ses écrits, tels qu'on les a trouvés sur une statue à l'endroit où s'élevait l'égl. bâtie pour honorer sa mémoire. Il a laissé des travaux sur l'hist., la dogmatique, l'exégèse et l'homilétique; Fabricius en a publié des fragments, Hambourg, 1716. Son principal ouvrage est intitulé Philosophou-mena; c'est une réfutation de toutes les hérésies; il a été découvert en 1842 dans un des couvents du mont Athos, par Mina. Millner qui l'a publié, Oxford 1851, l'attribuait d'abord à Origène. Il fait l'exposé des différentes philos, païennes, et il y voit la forme ou le point de départ des principales hérésies, notamment du gnosticisme. Sa dissertation sur le patripassia-nisme est importante en ce qu'elle fait connaître l'état de la question dans l'Égl. de Rome et le point de vue de l'évêque Calixte, jugé par un écrivain subordinatien et novatien, où l'on reconnaît un ancien disciple d'Irénée. — v. Bunsen, Dollinger et de Pressensé.

 

HIRSCHAU, abbaye de bénédictins, Wurtemberg, se rattachant à celle de Fulda; construite vers 830 par le comte Erlafried de Calw. Tous les moines périrent de la peste l'an 1000, et le couvent resta inhabité jusqu'au moment où Adalbert II obtint de son oncle Léon IX la permission de le remettre en état 1049-1059. L'abbé Guillaume-le-Bienheureux 1069-1091 assura sa richesse el sa prospérité en iui donnant les règles de Cluny et l'autorisant à recevoir des frè-res-lais et des oblats. Les vitraux coloriés du chemin de la croix et de l'église datent du 15'»* siècle. La Réformation y fut introduite par le duc Ulrich, qui y installa Reysmann comme maître évangélique. Les cathol. romains s'en emparèrent de nouveau pendant la guerre de 30 ans, et en 1692 les Français en détruisirent les bâtiments. Jusqu'en 1815 il y a eu des abbés titulaires de Hirschau. V. Annales hirsau-gienses, de l'abbé Trittenheim, 15ffle siècle.

 

HITA, Juan-Ruiz, né vers 1300, f 1350. Prêtre. Emprisonné par ordre de son archev., il profita de ce loisir pour mettre en vers le Miroir allégorique des pièges que l'amour du monde tend à l'âme chrétienne. Mais il se complaît un peu trop dans la description de ces artifices, et l'on reproche à son ironie et à ses plaisanteries une grossièreté de mauvais goût.

 

HITZIG, Ferdinand; critique, auteur d'un grand nombre de Comment, sur l'A. T., Ésaïe, Jérémie, Ecclésiaste, Ézéchiel, etc.. Né 23 juin 1807; prof, à Zurich, et depuis 1861 à Heidelberg. f 22 janv. 1875.

 

HOBBES, Thomas, né 5 avril 1588 à Mal-mesbury, étudia à Oxford la philologie, la logique et la physique; voyagea sur le continent comme précepteur des jeunes Ca\ endish, fils du comte de Devonshire; connut le chancelier Bacon; épousa la cause royaliste, dut fuir en France, oti on lui confia l'éducation de celui qui fut plus tard Charles II, et écrivit deux de ses principaux ouvrages: Du citoyen, sur les droits de l'homme, et Lèviathan, contre l'ambition du clergé. Sa haine de l'anarchie le lit tomber dans l'excès contraire, vers le despotisme. Après la restauration, 1660, il reçut de Charles II une pension de 100 livres, mais n'eut à la cour ni position, ni influence. Il passa ses dernières années dans la retraite chez les Devonshire et f 1679, à 92 ans. Homme à paradoxes, il se distingua de bonne heure par sa haine de la scolastique, et entra dans les idées de Ramus, de Bacon, de Descartes, avec qui il fut en relations. En morale il ne voit que des intérêts. Dans l'état de nature, c.-à-d. dans l'état sauvage, les hommes ont des droits égaux; le plus fort s'emparera de ce qui lui convient, fera ce qui lui plaît, et la société sera une simple réunion d'égoïstes. L'état de guerre en sera la conséquence inévitable. Mais comme à la longue il y en a un qui triomphera des autres, il s'imposera, et l'ordre ressortira des abus même de la guerre. Rousseau partant de la même base arrivait à des conclusions moins violentes, à un accord amiable, au Contrat social. Hobbes n'aimait pas le clergé, mais on lui a fait une réputation d'athéisme qui n'est pas justifiée; il disait seulement qu'il ne pouvait pas concevoir Dieu sans un corps, et quant à l'Égl. il la voulait soumise au pouvoir civil. S'il niait la certitude de la géométrie, c'était évidemment par besoin du paradoxe. Il a écrit encore: De la Nature humaine: du Corps politique; de la Liherté; une trad. de Thucydide, une trad. de Médéeen vers latins, etc.

 

HOCHMANN, Ernest-Christophe, né 1670 à Lauenbourg, d'un mariage mixte, mère catholique. Étudiant à Halle, il y fut arrêté 1693 comme piétiste, et mena longtemps une vie errante, prêchant, tenant de petites réunions, admiré des uns, haï des autres, emprisonné à Dettmold, à Hanovre, à Nuremberg, à Halle, traqué surtout par les synodes et les consistoires avec l'appui du bras séculier, jusqu'à ce qu'enfin il trouva à Schwarzenau une retraite paisible, où il + 1721. Tersteegen lui fit une inscription funéraire. Hochmann était un séparatiste décidé, condamnant le baptême des enfants, et n'admettant pas que la cène dut être donnée à d'autres qu'à des chrétiens.

 

HOCHSTRATEN, v. Hoogstraten.

 

HOCH WART, Laurent, surnommé Tursenren-tanus, de Tirschenrent, Palatinat, où il naquit 1493. f 1570. Il avait étudié à Leipzig et à Ingolstadt, et exerça les fonctions de prédicateur en divers lieux, notamment à Eichstâdt, Ratisbonne et Passau. Il assista au conc. de Trente comme orateur de l'ev. de Ratisbonne. Sermons et travaux histor., la plupart inédits.

 

HOE de Hoënegg, Mathias, né 1580 à Vienne, d'une noble famille autrichienne, étudia à Wittenberg, et après avoir occupé plusieurs postes importants, fut nommé prédicateur de la cour à Dresde, 1612. Sa haine du calvinisme l'empêcha de s'intéresser aux affaires de Frédéric III de Bohême, et il ne fallut rien moins que l'éditde restitution 1629 et surtout le débarquement de Gustave-Adolphe, pour le décider à prêter les mains à une tentative d'union, qui eut lieu dans sa maison, entre réformés et luthériens. Il haïssait également les jésuites et le papisme, comme on le voit par son petit Manuel évangélique et par son Apologie contre Bellarmin; mais comme conseiller politique il employa toujours son influence en faveur de la cathdl. Autriche, et il s'est exposé au soupçon de s'être laissé acheter.

 

HŒFLING, Jean-Guill .-Fréd., auteur de plus, écrits de symbolique luthérienne, sacrements, baptême, ordination, culte chrétien, en opposition à la tendance catholique. Né 1802 à Dros-senfeld près Bayreuth, il remplit les fonctions pastorales à Wurzbourg et à Nuremberg, fut nommé prof, de théol. à Erlangen, et enfin membre du consist. supérieur de Munich, où il f 1853.

 

HOFACKER. Deux frères lo Louis, le plus populaire; né Wildbad, 15 avril 1798, étudia à Maulbronn, à Schônthal, puis 1816 àTubingue: fit ensuite les suffragances de Stetten, Plienin-gen et Stuttgard, et fut en 1826 nommé pasteur à Rielingshausen. f 1828. Ses sermons se sont vendus à des milliers d'exemplaires, et peu de de livres ont exercé une influence plus profonde. Simples, originaux, souvent pittoresques dans la forme, ils renferment la moelle évangélique dans ce qu'elle a de plus substantiel, la doctrine de la réconciliation avec Dieu par le sang de Christ et le salut gratuit. 2o Guillaume, né 1805; en 1828 suffragant de son fr. malade, puis répétiteur à Tubingue, en 1836 diacre à Stuttgard. f 1848. Prédicateur distingué.

 

HOFFMANN lo Melchior, né à Hall, Souabe: fourreur de son état; se convertit à la Réforme étant en Livonie, et se mit à prêcher l'Évangile, avec un talent et un succès qui le firent bientôt chasser de Dorpat et de Wolmar. En 1525 il vint à Wittenberg, puis occupa divers postes à Réval et à Stockholm. Il attaqua la doctrine de Luther sur la Cène et s'attira des répliques passionnées d'Amsdorf. A Kiel, après une dispute publique avec Bugenhagen 1529, il fut banni do pays et se rendit à Strasbourg. Il finit par tomber dans des exagérations apocalyptiques et par se donner pour le prophète Élie. Il fut mis en prison et ne paraît pas en être sorti. Le 11 juin 1533 il comparut devant un synode, avec l'autorisation de se défendre, mais sans succès. On ne put cependant le convaincre d'aucun rapport avec les anabaptistes de Munster, + probablement vers 1542.

2° Daniel, né à Halle 1540, étudia à Iéna 1558, et fut appelé à Helmstâdt comme prof, de morale 1576; en 1578 nommé docteur et prof, de théol. Ami de Hesshusius il combattit la doctrine de l'ubiquité, s'opposa à l'acceptation de la Form. de concorde à Brunswick, et se montra hostile aux philippistes et aux humanistes. Lors de l'arrivée de Caselius à Helmstâdt, il s'éleva si violemment contre l'étude de la philos., que la faculté s en plaignit et obtint du duc l'éloignement du malcommode professeur 1601, Hoffmann revint cependant en 1603, mais ne se releva jamais de cet échec, + 1617 à Wolfenbuttel. C'est une des premières escarmouches dans la grande lutte entre la foi et la libre-pensée.

3° Guillaume, né 1670, f 1746 î surnommé le Candidat. Homme pieux avec une tendance mystique; réveillé par Hochmann, il organisa des assemblées rel., que le synode de Clèves essaya en vain de faire fermer, et qui durèrent sans interruption de 1714 à 1750, l'ami et disciple de Hoffmann, Tersteegen, en ayant pris la suite. Auteur de quelques petits ouvrages d'édification.

4o André, orientaliste, né 13 avril 1796 à Welhsleben, Mansfeld, fit la campagne de 1813 contre la France, étudia et se lixa à Halle, fut nommé prof, de théol. à Iéna 1826, puis doyen de la faculté, f 16 mars 1864. Auteur d'une Gramm. syriaque, d'un Comment, sur le livre d'Énoch, de divers fragments sur les antiq. hébraïques. Il a publié aussi une édition du Dict. hébreu-latin de Gesenius.

5<> Gottlieb-Guill., le fondateur de Kornthal; né à Ostelsheim, près Calw, 19 déc. 1771, entra dans la carrière administrative et fut successivement notaire et bourgmeistre à Leonberg. Converti de bonne heure à l'Évangile, il publiait déjà en 1801 son Petit livre des frères de Leonberg. Plein de sympathie pour les familles pieuses que des motifs de conscience avaient déci -dées à se rendre en Russie, il travailla à leur obtenir à l'intérieur même du pays un refuge, une oasis, où elles fussent à l'abri de toute ingérence ecclésiastique, et il put fonder Kornthal en 1819. Il s'y tixa lui-même et, représentant tout à la fois l'autorité royale et l'autorité municipale, il fut le président comme il était l'âme de la communauté, f 1846.

6° Louis-Fréd.-Guill., fils du précédent; né à Leonberg 6 oct. 1806, diacre à Winnenden, inspecteur depuis 1839 de la maison des missions de Bâle, prof, de théol. en 1843, nommé de 1850-1852 à Tubingue, enfin prédicateur de la cour à Berlin et revêtu de différentes charges et dignités. Chrétien fidèle et dévoué, il s'est inter-ressé à toute œuvre de mission et d'évangélisa-tion. Sa doctrine est orthodoxe décidée, mais modérée. Sa tendance ecclés., presque politique, a souffert de l'atmosphère dans laquelle il a vécu ces dernières années; c'est presque du césaréopapisme; le roi est le chef delà religion. Ses sermons mêmes en portent l'empreinte. 11 fut un des fondateurs et patrons de la Nouv. Gaz. évangélique. + 1873.

7° Christophe, sonfr., est l'évêque des Amis de Jérusalem; il demeure à Jaffa avec ses disciples qui attendent comme lui l'accomplissement littéral de Ézéch. 40. La petite colonie s'occupe avec succès d'agriculture.

 

HOFMANN, Jean-Christian-Conrad, né 21 déc. 1810 à Nuremberg, prof, de théol. à Rostock 1842, à Erlangen 1845. Rédacteur avec Thoma-sius et Hfifling de la Gazette pour le protestantisme et l'Église, fondée depuis 1846. Député à Munich 1863 à 1869, et décoré, il compromit sa réputation de prof., sans se faire une position politique. Auteur d'un travail sur les 70 semaines de Jérémie et de Daniel, d'un Avertissement sur la façon nouvelle d'enseigner l'ancienne vérité, etc. f 20 déc. 1877 à Erlangen.

 

HOFMEISTER, Sébastien, proprement Séb. Wagner, surnommé le D'Baschion; né à Schatf-house 1476, entra chez les capucins, mais étant venu à Zurich il s'attacha à la Réforme, prêcha l'Évangile à Schaffhouse dès 1523, fut banni comme perturbateur du repos public,et fut enfin placé comme prédicateur à Zofingue 1528. t 1533 d'une attaque d'apoplexie. On l'utilisa beaucoup dans les discussions contre les anabaptistes.

 

HOHENBOLÏRG, ou Mont Sainte-Odile, couvent de religieuses en Alsace, fondé par Ethik 1er, et par sa fille, patronne d'Alsace, + 690 (ou 720?). Il bâtit au pied de la même montagne le couvent de Niedermunster. Frédéric l*T y fit appeler Relindis comme abbesse 1140, pour y ramener la discipline; elle y introduisit la règle d'Augustin, el bientôt le couvent eut une brillante réputation scientifique; on parlait en 1167 du hortus deliciarum (jardin des délices) de l'abbesse Herrad. En 1249 les abbesses furent élevées au rang de princesses. Ces 2 couvents furent fermés au 16me siècle.

 

HOHENLOHE - Waldenbourg - Sehillimfurst, Alexandre - Léopold-Franz-Emmerich ( prince de), né 17 août 1794 à Kupferzel, Wurtemberg, destiné à l'Église dès sa naissance et élevé dans différents séminaires, consacré prêtre 1816, fit un voyage à Rome, entra dans l'association jésuite du cœur de Jésus, et à son retour se distingua par son zèle, ses prédications et ses gué-risons miraculeuses obtenues par la prière à l'instar du paysan Michel 1820 à 1821. Toutefois il n'eut pas de chance; ses cures, d'un caractère douteux, ne furent pas reconnues parle pape. En 1825 il fut nommé chanoine à Gross-Wardein, en 1844 év. de Sardique in partibus. ha révolution le força de quitter la Hongrie, f 13 nov. 1849 à Baden. A écrit sur la Prière intérieure, la Mission du Prêtre catholique, etc.

 

HOHENSTAUFEN, illustre famille de Souabe, célèbre surtout par les luttes qu'elle a soutenues contre la papauté. Le premier de ses membres qui porta la couronne impériale fut Conrad III, successeur de Lothaire 1137. Son neveu Frédéric 1er (Barberousse) commença la lutte contre Adrien IV, 1152. L'idée du vieil empire carlo-\ingien que Fréd. rêvait de restaurer, irrita les susceptibilités du pape, et quoique l'emp. lui eût livré Arnaud de Brescia pour être brûlé 1155, l'amitié ne fut jamais bien solide. Le pape chercha l'alliance des villes lombardes, mais une diète de la plaine de Roncaglia lui fit expier cette tentative et le remit à sa place 1158. La mort l'empêcha d'exécuter sa seconde excommunication. Les papes suivants, établis par l'empereur, moururent assez vite, et lui-même ayant éprouvé une défaite à Legnano 1176, dut reconnaître le pape de ses ennemis, Alexandre III. Il f à la croisade 1190. Vinrent ensuite Henri VI, héritier des traditions paternelles, qui joignit la Sicile à ses États, et lutta avec avantage contre le vieux et faible Célestin III; puis son fils de 3 ans, Frédéric U, élevé sous la tutelle puissante d'Innocent III, qui le couronna après les règnes et les guerres de rivalité de son oncle Philippe de Souabe f 1208 et de Othon de Brunswick. Ce jeune monarque à son tour, défenseur jaloux de l'autorité impériale, se tourna contre le pape, qui l'excommunia, et pour rentrer en grâce il dut promettre de faire une nouvelle croisade 1228, ce qui amena une réconciliation apparente et momentanée. Excommunié de nouveau en 1239, puis encore en 1245 à Lyon, comme blasphémateur et spoliateur de biens ecclésiastiques, il était en train de chercher des accommodements, quand il f 1250. Son fils Conrad régna de 50 à 54. Urbain IV remporta la dernière victoire sur cette malheureuse famille, en appelant en Sicile Charles d'Anjou de France. Le jeune Conradin, dernier des Hohenstaufen, fut mis à mort après un simulacre de jugement, et sa race descendit avec lui dans la tombe, vaincue par les papes. L'Allemagne tomba dans une anarchie de 20 ans, dite le Grand interrègne, 1254-1273, et n'en sortit qu'à l'avènement des Habsbourg. V. les diff. art., et G. Guibal, Arnaud de Brescia et les Hohenstaufen.

 

HOLBACH, Paul-Fréd. Théry (baron d'), né 1723 à Heidelsheim, Palatinat, + 21 janv. 1789, vint à Paris dès sa jeunesse, cultiva avec succès les sciences naturelles, écrivit sur la chimie et la minéralogie, et se fit surtout connaître par la crudité de son matérialisme et par l'acharnement avec lequel il combattit toute idée religieuse, en particulier celle de l'existence de Dieu. C'est chez lui que se rassemblaient les athées les plus exagérés, Grimm, Diderot, Xaigeon, Lagrange. La plupart de ses écrits ont paru sous de faux noms. On cite surtout son Christianisme dévoilé, la Théol. portative, l'Essai sur les préjuges, le Système de la nature, et plus, articles de l'Encyclopédie.

 

HOLLANDE. Christianisé violemment par Charlemagne, ce pays, d'un tempérament calme, à la fois bon, intelligent et résolu, fut pendant le moyen âge l'asile des proscrits pour cause de religion, et laissa s'établir sur son territoire les fr. de la vie commune, les beggards et diverses sectes sincèrement religieuses qui fuyaient la tyrannie du clergé romain. Aussi, quand la Réforme parut, elle y trouva un terrain tout préparé, et les écrits de Luther y furent immédiatement accueillis avec faveur par la population. Mais l'autorité ecclésiastique veillait, et dès 1523 deux moines augustins, Henri Voëset Jean Esch, étaient brûlés à Anvers. Ce n'était pas le moyen d'éteindre le feu. Les doctrines de Luther furent bientôt dépassées par celles de Calvin, qui pénétrèrent par les provinces du sud, voisines de la France. L'emp. Charles-Quint, souverain de ces provinces, leur appliqua dans toute sa rigueur l'édit de Worms de 1521; mais ce fut surtout sous Philippe II, dès 1555, que la persécution sévit contre les protestants. Les réformés rédigèrent en 1562, par l'organe de Guy de Brès, leur confession de foi, connue sous le nom de Conf. belge, et en 1566 le synode d'Anvers la reconnut officiellement comme le symbole de l'Égl. des Pays-Bas. La même année les nobles se liguèrent par un acte, appelé Compromis, pour résister à l'oppression espagnole. Marguerite de Parme, sœur de Philippe II, nommée par lui gouvernante des Pays-Bas, ne pouvant pas, ou plutôt ne voulant pas exaspérer par la violence la Ligue des Gueux, fut remplacée par le duc d'Albe, qui répandit dans les provinces l'épouvante et l'horreur par les nombreuses et féroces exécutions qu'il ordonna. Il établit, 1567, le Conseil des troubles, ou Tribunal de sang, qui fit périr en 3 aus plus de 18,000 personnes. Cela lui réussit quelque temps, mais à la fin le soulèvement devint général contre l'autorité espagnole; les sept provinces du nord se liguèrent et, après une lutte acharnée, conduite par Guill. d'Orange avec autant de courage que d'habileté, elles réussirent à se constituer en gouvernement indépendant par le Traité d'Utrecht 1579, sous le nom de République des Sept Provinces-Unies. Les provinces du sud restèrent à l'Espagne et au catholicisme. Née sous l'oppression, formée sous la croix et la persécution, l'Église de la jeune république se développa puissamment dans l'atmosphère de la liberté, et les luttes même auxquelles elle fut appelée, contribuèrent à son développement. Les réformés durent lutter contre l'État pour assurer leur indépendance ecclésiastique sur la base d'une constitution presbytérienne et synodale (1er synode de Dordrecht 1578). Puis vinrent les discussions dogmatiques, notamment celles des gomaristes et des arminiens, qui provoquèrent de nombreuses recherches scientifiques et historiques, et donnèrent à la pensée une vigoureuse impulsion. Le synode de Dordrecht, 1618, assura sous la protection de Maurice d'Orange le triomphe du calvinisme pur, contre les remontrants, qui ne purent obtenir la tolérance qu'après la mort de Maurice 1630. Parmi les savants qui illustrèrent les univ. de Leyde, Franeker et Groningue; les académies d'Utrecht et de Harderwyck, et les athénées de Deventer et d'Amsterdam, on cite pour leurs études bibliques: Gomar, Arminius. Grotius, Rivet, Drusius, Amama, Amesius; et en dogmatique: Épiscopus, Limborch, Alting, Cocceius, Vo'ëtius. Plus tard Witsius, Burmann, van Till, Vitringa. De nos jours encore la Hollande occupe sa place dans les discussions théol. et les deux courants contraires qui se trouvent partout, se rencontrent aussi chez elle. La doctrine évangélique, dignement représentée au 18me siècle par des hommes comme van der Palm, Heringa, van der Hôven. l'a été dès le commencement de ce siècle par des laïques de premier ordre, par le poète Bilderdijk, par les juifs convertis Da Costa et Capadose, par le prédicateur Dyck Molenaar. Les résistances du gouvernement amenèrent en 1834 une dissidence dont les effets se font encore sentir. L'école de Groningue, fondée par Hofstede de Groot et illustrée par Pareau et van Oordt, représente la tendance de Schleiermacher, en appuyant un peu plus à gauche. L'école de Leyde, longtemps orthodoxe, a un peu fléchi depuis une vingtaine d'années. Scholten et Kuenen en sont les principaux chefs, et ils se sont définitivement accentués dans le sens libéral, dit moderne. — On compte en Hollande 1,750,000 réformés, 60,000 luthériens, 200,000 protestants de diverses dénominations, 5000 remontrants, 40,000 anabaptistes ou mennonites, et 300,000 catholiques.

La traduction de la Bible, ordonnée par le synode de Dordrecht et publiée en 1637, a une réputation justement méritée.

Pour la Nouvelle-Hollande, v. Polynésie.

 

HOLLAZ lo David, né 1648 + 1713, étudia à Wittenberg et fut pasteur à PUtzerkin, Colberg et Jakobzhagen. Son Examen theologicum, qui a eu plusieurs éditions, est un Manuel de dogmatique luthérienne, qui se distingue par une grande clarté, et par une orthodoxie sans sécheresse. 2o Son fils, pasteur à Gunthersberg, Poméranie, a écrit plusieurs ouvrages d'édification, spécialement une Direction pour la vraie prière; réimpr. Stuttgard 1855.

 

HOLSTE, ou Holstenius, Luc, né à Hambourg 1596, étudia à Leyde où il fit de brillantes études philologiq. et philos., et n'ayant pu obtenir une place au gymnase de Hambourg, il quitta pour jamais sa patrie, passa en Angleterre 1622, vint en 1624 k Paris où il se fit catholique, et fut appelé k Rome, où la faveur d'Urbain VIII et de son neveu le cardinal Barberini, lui assura une position solide et honorable. Il fut nommé biblioth. et chanoine du Vatican, auditeur de la rote, membre de la congrég. de l'index. Chargé de plusieurs missions importantes, entre autres de recevoir l'abjuration de la reine Christine et de travailler k la conversion du landgrave de Hesse, il n'en conserva pas moins son esprit doux et bienveillant et une certaine largeur de vues, dont il fit preuve dans les négociations avec Allatius et dans les discussions jansénistes, f 1661. Il a composé de nombreux ouvrages: le Code des règles monastiques, Collection des vieux monuments, Recherches sur la géogr. sacrée, etc. Il en a laissé un plus grand nombre inachevés.

 

HOLSTEIN, v. Schleswig.

 

HOLZHAUSER, v. Barthélemites.

 

HOMBERG (synode de). Dans cette petite ville de l'électoral de Hesse, Philippe-le-Magna-nime convoqua pour le 21 oct. 1526 une assemblée publique des États, des nobles, des prêtres et des citoyens du pays, pour délibérer sur la réforme de l'Égl. en prenant pour base les 158 thèses de Lambert d'Avignon. Nicolas Ferber, custode des franciscains de Marbourg, lui répondit; puis le lendemain, le vieux curé Jean Sper-ber. L'assemblée s'étant prononcée pour la réforme, une commission rédigea une constitution ecclés., sous le nom d'Ordonnances de réforme, travail très remarquable, qui poussait jusqu'à l'extrême la démocratie ecclésiastique, plaçant l'autorité dans l'assemblée hebdomadaire des membres de l'Égl., organisant des presbytères et des synodes et réglant les formes du culte dans l'esprit de Zwingle. Luther fit un accueil plus que froid à ces Ordonnances; elles ne furent pas promulguées et n'eurent jamais force de loi, mais elles n'en exercèrent pas moins par leur esprit général une réelle influence sur les églises protestantes. Elles visaient trop haut pour être

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praticables, mais elles montraient l'idéal et traçaient le chemin.

 

HOMÉLIE. C'est le plus vieux nom par lequel on désigne dans l'hist. de l'Égl. l'enseignement oral ordonné par Jésus-Christ. Il se distingue par la simplicité de sa forme, comparée aux discours ou sermons des rhétoriciens. Il ne s'agit pas d'une idée unique que l'on creuse et que l'on retourne sous toutes les formes, mais d'un fragment plus considérable, ordinairement historique, dont on fixe le sens pour en tirer ensuite les conclusions et les applications dont il est susceptible. Bossuet regardait l'homélie comme une partie essentielle de la prédication et en cela il voyait plus clair que ses contemporains. Si ce genre est plus facile que le discours, en ce sens qu'il permet plus de développement et qu'il fournit plus de sujets à la faconde, il est plus difficile parce qu'il prête moins à l'unité et qu'il favorise trop la négligence et la paresse dans la préparation. C'est en partie cette négligence qui a nui à l'homélie et qui l'a reléguée au rang inférieur des « petits services. » On a été jusqu'à dire (Harms) que l'homélie remplit, mais ne nourrit pas; jugement injuste et qu'on pourrait retourner contre le sermon, s'il était permis de rendre un genre responsable des erreurs ou des imperfections de ceux qui le cultivent mal. Telles homélies de Rochat, de Gaus-sen et de Coquerel fils suffisent à prouver la richesse de ce genre comme forme. — Homélies île Clément, v. Clémentines.

 

HOMILÉTIQUE. C'est la rhétorique de la chaire, une des branches de la théol. pratique, l'art de prêcher et de présenter les vérités religieuses d'une manière impressive; v. Éloquence. Si la rhétorique fixe les règles générales, l'ho-milétique les développe ou les modifie selon l'analogie et les besoins particuliers, soit des auditeurs, soit des sujets traités. C'est une science. L'homme qui a la foi sera toujours plus fort que celui qui ne croit pas, mais celui qui a travaillé, étudié, creusé son sujet sera aussi toujours supérieur à celui qui, dans les mêmes conditions, croira pouvoir parler sans préparation, et celui qui aura de la suite dans ses idées se fera mieux écouter que celui qui présentera sans ordre des pensees confuses et mal digérées. Il ne faut donc pas donner à l'art de la prédication une importance exagérée, mais il ne faut pas non plus en nier la valeur, et l'un des maîtres de l'éloquence, saint Paul, est la démonstration la plus frappante des ressources que le chrétien lui-même peut chercher dans l'emploi de certains moyens humains, opportunité, fines allusions, citations classiques, appel au bon sens, concessions opportunes, arguments ad kominem, logique, rigueur des conclusions, etc. C'est vers le 4m« siècle que la prédication chrétienne, jusque là nourrie à l'école des rhéteurs païens, des Libanius, des Thémistius, commença à être l'objet d'études particulières. Saint Augustin, Alain de Insulis, Hurnbert de Romanis, donnèrent des préceptes, mais en s'en référant aux règles rhétoriques des Grecs et des Romains, de Cicéron en particulier. Les réformateurs y apportèrent plus de soin encore. Luther émit quelques idées générales pratiques, tout empreintes de son génie. Mais Mélanchthon le premier en fit l'objet d'une étude spéciale 1519, et il y revint dans son De officio concionatorum 1535. Érasme écrivit dans le même but son Ecclesiastes, réimpr. par Klein 1820. Après beaucoup d'autres, Spener, dans ses Piis desi-deriis, releva le caractère d'édification pratique réclamé par la prédication de l'Évangile; mais par réaction, et comme s'il avait nié l'importance des soins à donner à la forme, ses adversaires insistèrent à leur tour sur la prédication comme art, et l'école de Wolf entra dans des détails d'un formalisme minutieux, dans des recherches puériles sur les définitions, les transitions, la disposition des parties du discours, qui réduisirent presque la prédication à un simple mécanisme, et qui suppléèrent trop longtemps la vie relig. dans les sermons de l'orthodoxie morte comme dans ceux du rationalisme. Ce qui caractérisa surtout la prédication de la réforme, ce fut l'étude et l'explication de l'Écriture, la paraphrase, l'homélie. Les catholiques eux-mêmes furent amenés à l'étudier davantage, et la prédication se releva de son long engourdissement; il y eut progrès de part et d'autre dans l'enseignement, l'exposition, l'exhortation et la défense de la foi. De nombreux écrits ont été publiés sur Thomilétique; nommons Schott, au point de vue de la forme 1828-1847; Thére-min, beaucoup plus sérieux et plus profond, comprenant la différence qu'il y a entre la rhétorique vulgaire et l'éloquence chrétienne; Pal-mer, Schweizer, Baur, Hagenbach, Sprague, Kundig et surtout A. Vinet, Homilétique, ou Théorie de la prédication.

 

HOMILIAIRE, recueil de sermons ou d'homélies, tirés surtout des pères, et destinés à être lus en totalité ou par fragments, pour tous les jours de l'année. Le plus célèbre de ces recueils est celui qui fut composé à la demande de Char-leinagne par Alcuin et le diacre Paul. Il eut en particulier l'avantage de fixer et de conserver l'ordre des péricopes.

 

HOMOLOGOUMÈNES, nom sous lequel on désigne, depuis Eusèbe, les livres de la Bible dont l'authenticité n'a jamais été contestée.

 

HOMOIOUSIENS (de nature semblable) et Homoousiens (de même nature). Sous ces deux noms que distingue une seule lettre, un i, s est cachée pendant la 2»e partie du 4®* siècle h différence qui séparait les semi-ariens et les orthodoxes, les premiers maintenant contre les ariens que le Fils est semblable au Père, admettant la ressemblance d'essence, mais non l'égalité ou l'identité; les seconds réclamant au contraire non pas une simple ressemblance, mais la parfaite égalité de nature.

 

HONGRIE. Contrée qui fait aujourd'hui partie de la monarchie austro-hongroise, mais dont les limites anciennes ont beaucoup varié et ne paraissent pas, encore auj., être fixées d'une manière définitive. Ses habitants, qui au 7n»e siècle s'appelaient Madgyares, et que les historiens grecs désignent sous le nom de Turcs, étaient une race finnoise-mongole, féroce, sans culture, orgueilleuse et trompeuse. Us arrivèrent des plaines de l'ancienne Scythie, entrèrent en Pan-nonie sous la conduite de sept ducs, ayant sept rhâteaux (SiebenbUrgen) sur les sept fleuves de 1a Transylvanie. Ils poussèrent de là jusqu'à Brème et Hambourg, jusqu'en Alsace, Lorraine et Bourgogne; jusqu'en Italie, où Pavie fut livrée aux flammes, et partout ils furent pour les chrétiens un objet d'épouvante. Henri-I'Oiseleur, après quelques revers, finit par les battre 933; son fils Othon-le-Grand acheva de les réduire, près d'Augsbourg, iO août 955, et stipula avec <îeysa en faveur de la libre prédication de l'Évangile. L'év. Piligrin, de Lorch, profita de cette liberté pour envoyer des missionnaires chrétiens et pour évangéliser lui-même. Dans une lettre il parle de plus de 5,000 conversions. Mais ce n'est que sous Étienne, fils du duc Geysa, que le christianisme fut décidément reconnu comme Égl. nationale, officielle et privilégiée. Cependant il fallut deux siècles encore avant qu'il eût soumis toutes les résistances populaires. Il y eut aussi de longues luttes avec Rome au sujet des biens ecclés. et du célibat des prêtres. André II conduisit en Terre-Sainte la 5m* croisade vers 1222. La dynastie d'Anjou, spécialement Louis donna aux études une vigoureuse impulsion par la création de l'acad. de Cinqéglises; puis la dynastie des Hunyades, surtout Matthias Corvinus, par la fondation de l'univ. de Presbourg et par la création de la riche bibliothèque d'Ofen. Louis s'occupa avec succès de la conversion des Serbes et des Bulgares; il persécuta les juifs, et céda la Bosnie au ban Twartko 1370, à la condition que les habitants passeraient à l'Égl. latine. C'est sous les Jagellons de Bohême que la Réforme commença. Déjà les doctrines de Huss avaient éveillé .l'attention des rois précédents, et Matthias avait pris des mesures contre les hérétiques. En 1518 plusieurs martyrs périrent par le feu. En 1523 la diète décréta l'extermination de tous les hérétiques du royaume, mais l'approche des Turcs, la mort du roi et de plusieurs év. et archevêques, la perte d'une bataille, enfin des compétitions pour le trône empêchèrent l'exécution d^ cet arrêt et donnèrent aux protestants le temps de s'organiser et le loisir nécessaire pour assurer leur position. Leur premier pasteur fut Thomas Preussner de Kâsmarkt; puis vinrent De-vay, q. v.; Léonard Stockel, qui rédigea dans un sens luthérien une Conf. de foi pour les églises de la Haute Hongrie, laquelle fut présentée à Ferdinand; Quendel, Fischer, etc. Gry-nâus et Speratus avaient déjà travaillé à Ofen, et souffert pour l'Évangile. Plusieurs évêques se prononcèrent en faveur de la réforme. Des sièges épiscopaux restèrent vacants plusieurs années. La veuve de Louis II, Marie, à qui Luther dédia ses psaumes, 1526, prit pour chapelain un évangélique, Jean Henkel. La plupart des magnats se convertirent. Plus de cent Hongrois suivaient les cours de Wittenberg. Ainsi les circonstances extérieures favorisaient le protestantisme, et pendant tout le 16me siècle la menace de l'invasion turque assura leur tranquillité; mais cette paix même leur fut un piège: luthériens et réformés se divisèrent. Les deux tiers se prononcèrent pour le calvinisme; le synode de Tarezal adopta le catéchisme de Genève: le synode de Debreczin adopta la 2n»e confession helvétique de 1566. De nouvelles traductions de la Bible vinrent s'ajouter aux trois que l'on possédait déjà; la littérature prit un grand développement comme poésie, philologie, histoire, jurisprudence, théologie. Les restes des hussistes se fondirent dans les égl. réformées; l'unitarisme disparut; les anabaptistes rentrèrent dans le catholicisme, sous Marie-Thérèse. Les protestants furent encore tranquilles sous Maximilien II; mais le long règne de Rodolphe II ramena les jésuites et les troubles; sous l'influence de Belgioso, gouverneur de la Haute-Hongrie, ce roi fit revivre les vieilles lois rédigées contre les protestants, et il les appliqua en dépit des protestations de la diète de 1597. Savant en chimie et en astronomie, protecteur de Tycho-Brahé, ce roi sans énergie comme sans politique, battu par les Turcs, mené par le clergé, mit une seconde fois son veto à un vote de la diète qui établissait la liberté de conscience 1608, veto qui lui coûta sa couronne. Son fr. Matthias le remplaça sur le trône et proclama de nouveau la liberté. Les jésuites surent en profiter. Pierre Pazmany, 1570-1637, converti au catholicisme à 13 ans, consacra sa vie à la mission jésuite dans son pays; très bien doué, instruit, insinuant, il eut bientôt gagné 50 familles de magnats; Ferdinand, après Matthias, lui donna toutes les facilités pour cela; archev. de Grau et primat de Hongrie, il travailla avec tant de succès qu'on put dire de lui, qu'à sa naissance la Hongrie était protestante, et qu'à sa mort elle était catholique. On se demande ce que les pasteurs faisaient pendant ce temps. Les magnats convertis au catholicisme supprimèrent toute liberté religieuse sur leurs terres, s'emparèrent des temples, fermèrent les écoles et bannirent les pasteurs. Un grand nombre de ces chrétiens persécutés se rangèrent sous les drapeaux de Bethlen Gabor, qui leur procura quelques avantages momentanés; mais la réaction recommença de plus belle sous Léopold après que la Transylvanie eut perdu son indépendance 1699, et comme le mécontentement était général, on en accusa les pasteurs et plusieurs furent condamnés à mort. La persécution alla s'étendant de plus en plus; sous Charles III les temples furent démolis. Un édit de tolérance de 1781, un arrêté de la diète de 1791, donnèrent aux protestants un peu de repos et d'espérance; mais cela dura peu. Léopold mourut, et la réaction releva la tête. C'est la diète de 1843-1844 qui la première régla conformément aux principes de la liberté la question des mariages, et c'est en 1848 que fut proclamée enfin l'égalité des confessions. Le gouvernement essaya d'imposer à l'Égl. de Hongrie la même organisation que possédait celle d'Autriche, mais la résistance unanime qu'il rencontra dans cette tentative l'obligea d'y renoncer 1867, et c'est auj. la vieille organisation qui régit encore les deux Églises hongroises. — Les juifs jouissent aussi depuis 1870 delà plus complète liberté et sont placés sur le même pied que les chrétiens. On compte en Hongrie environ 7 millions de catholiques, 1 l/* million de grecs unis, 2 '/* millions de grecs non unis, 1 million de luthériens, dont la moitié slaves, les autres allemands et magyares; 2 millions de réformés; 400,000 juifs; 40,000 bohémiens ou zigeuner, etc. L'instruction publ. est très soignée dans les grands centres, mais négligée dans les villages et les campagnes. La séparation de l'école et de l'Égl. date de 1869.

 

HONORAT, ou Honoré, 1° né dans les Gaules, d'une famille gallo-romaine; converti ainsi que son frère aîné, Venantius, ils s'enfuirent à Marseille pour se soustraire aux séductions de leur père, qui voulait les ramener au paganisme. Après un voyage en Grèce, où Venantius mourut, Honorât revint avec un ami, et ils fondirent sur les côtes de la Provence, dans les îles de Lérins, ou Léro, vers 400, un couvent qui devint bientôt célèbre. Il fut appelé, malgré sa résistance, à l'évêché d'Arles 427 et f 429. Vie par Hilaire. — 2<> archev. de Cantorbéry, 630-653. — 3<> Év. d'Amiens, 660, patron des boulangers. — 4<> Honoré d'Autun, surnommé le Solitaire; écrivain ecclésiastique du 12me siècle, f vers 1146, un des hommes les plus considérables de son temps. On connaît peu de chose de sa vie; il a été prêtre et prof, de scolastique à Au-tun; quelques-uns pensent qu'il a aussi enseigné la théol. à Augst, près Bâle. Il a laissé de nombreux ouvrages, entre autres un Abrégé de théol., un Abrégé de cosmographie, un Traité sur les Luminaires de l'Égl., un Comment, sur le cantique, etc.

 

HONORÉ, ou Honorine, lo pape, né en Cam-panie, fils du consul Pétrone; élu 625, f 638, Après lui le siège reste vacant 19 mois. Il permit au prêtre Birinus d'aller évangéliser la Gr. Bretagne. Il fut condamné comme monothélite par le 6^ conc. écuménique, celui de Constantinople 680, pour avoir dit avec Serge et Pyrrhus, qu'il n'y avait en Christ qu'une seule volonté. S'il n'a pas été hérétique, il n'a du moins pas professé la vérité, et dans sa lutte sur ce sujet, il protesta qu'il n'avait rien décidé. Les papes suivants n'ont pas réhabilité sa mémoire; il reste ainsi anathématisé. Il a laissé quelques Lettres.

2o Honoré II; cardinal Lambert, év. d'Ostie, élu 1154 après la résignation de Célestin V, confirma Lothaire dans sa dignité impériale et condamna pour diverses fautes les abbés de Cluny et du mont Cassin. f 1124. On a de lui quelques Lettres.

3o Honoré II, antip.; Cadalous, év. de Parme, élu 1061 par le parti impérial en opposition à Alexandre II, mais fut déposé l'année suivante par le conc. de Mantoue et mourut peu après.

4o Honoré III; Cencio Savelli, Romain, élu 1216, f 1227. Il reconnut l'ordre de Dominique et celui des carmes, introduisit l'élévation de l'hostie 1220, accorda le premier des indulgen -ces dans la canonisation des saints, défendit d'enseigner le droit civil à Paris, arma Louis VIII contre les albigeois, et obtint de Frédéric II la promesse qu'il ferait une croisade pour reconquérir la Terre-Sainte. Il mourut sans avoir vu cette promesse réalisée. On a de lui: Conjuratù> adversus principem tenebrarum etc. Rome 1629.

5° Honoré IV, Jacques Savelli, Romain, élu 1285, f 1287. Il purgea ses États des brigands qui les infestaient, soutint en Sicile le parti français contre la maison d'Aragon, et défendit avec énergie les immunités ecclésiastiques.

— V. aussi Honorât.

 

HONORIUS, Flavius, second fils de Théodose, né 384, monta sur le trône à la mort de son père 395, et obtint pour sa part l'Occident, pendant que son fr. Arcadius reçut l'Orient. Il eut pour tuteur et ministre l'habile général Stili-con, et pour co-régent son beau-fr. Constance 1421, qui par leurs talents réusssirent à retarder la chute de l'empire. Mais jaloux de Stilicon dont il redoutait les intrigues ambitieuses, il le fit mettre à mort, 408. Alaric s'empara de Rome et la mit au pillage, Honorius perdit aussi lei

Gaules contre Ataulf, et l'Espagne contre les Vandales. Ce prince faible maintint les lois de son père, mais s'il fut tolérant, ce fut plutôt par intérêt; en 401 il refusa de détruire une ville à cause des impôts considérables qu'il en retirait. Il fit fermer les temples païens 399, et exclut les païens des emplois publics 416. Il fit des lois sévères contre les donatistes 405 et 411, après que le conc. de Carthage se fut prononcé contre eux. Il intervint de même par des édits contre les pélagiens et concourut pour sa part à affaiblir les égl. du nord de l'Afrique, ce qui les rendit une proie facile pour les Vandales.

 

HONTER, Jean, l'évangéliste de la Transylvanie. Né 1498 à Cronstadt, il étudia à Craco-vie, Bâle et Wittenberg. La réforme avait déjà pénétré dans le pays depuis 1521; Hermann-stadt avait banni les catholiques en 1529. Hon-ter fonda une imprimerie à Cronstadt, 1533, et publia des écrits de Luther. Pasteur de Cronstadt, il abolit la messe. L'év. Martinuzzi essaya en vain, à la diète de Klausenbourg, d'arrêter le mouvement; la plupart des sièges ou districts saxons se déclarèrent évangéliques et adoptèrent la conf. d'Augsbourg. Fondateur du gymnase et de la biblioth. de Cronstadt, Honter était aussi estimé des catholiq. à cause de ses nombreuses connaissances. On lui doit quelques ouvrages de théol., d'hist. et de cosmographie.

 

HONTHEIM, Jean-Nicolas (de), né à Trêves 27 janv. 1701, plus connu sous son pseudonyme de Febroniu* Justinus. Élevé chez les jésuites, il étudia à Louvain le droit canon, visita Rome, fut en 1728 assesseur au tribunal civil de Trêves, de 1732 à 1738 prof, de droit civil, puis officiai à Coblence, év. in partibus de My-riophys et coadjuteur du siège de Trêves. Il lit paraître en 1763, sous son pseudonyme, son livre De l'état de l'Église (De statu prœsenti ecclesicf). qui fut bientôt trad. dans presque toutes les langues de l'Europe, qui fut mis à l'index et qui exerça une immense influence. Il y combat le système romain et les prétentions <lu pape. Il part du principe que le pouvoir de l'évêque est d'autorité divine. Le pape n'est que le premier entre ses pairs; il peut présider une réunion d'évêques. mais il est lié par les canons et peut être rappelé à leur observation. La suite immédiate de cette publication fut une assemblée d'évêques à Coblence 1769 et le plan de réformes dit Punctation d'Ems. Le pape avait condamné le livre de Hontheim 1764; Zaccaria et Bellerini l'avaient réfuté. A force de démarches on finit par décider le pauvre vieillard à se rétracter 1778, mais en 1781 il tint à expliquer lui-même le sens et les circonstances de tette rétractation, f 1790. lia écrit aussi l'Hist. diplomatiq. de Trêves, avec un Prodromus. Ses adhérents reçurent le nom de fébroniens.

 

HOOGSTRATEN, ou Hochstraten, Jacques (de), le grand adversaire de Reuchlin. Né 1454 à Hoogstraten en Flandre, il étudia à Cologne et vint à Louvain comme prieur des dominicains et inquisiteur. Dans son zèle inconsidéré il attaqua les humanistes et cita Reuchlin devant son tribunal, à cause de ses attaques contre le juif converti Pfefferkorn. Comme il n'y était pas formellement autorisé, LéonX fit instruire à nouveau le procès par l'év. Georges de Spire, qui condamna Hoogstraten. 1514. Sur l'appel de de ce dernier, Léon pressé par les dominicains, mais ami des humanistes, donna l'ordre de surseoir, et la question fut enterrée. Par ses prétentions et son manque de tact Hoogstraten se fit haïr également de tous ses contemporains, sans distinction de parti. Il est un des plus maltraités dans les Lettres des hommes obscurs. Ses œuvres, qui le caractérisent, ont été publ. à Cologne 1526. Son Handtpiegel (miroir) fut réfute par Reuchlin dans son AugenspiegeL

 

HOOPER, Dr John, év. de Gloucester, né 1495 dans le comté de Somerset. Il étudia les saintes Écritures à Oxford, s'attira la haine des théologiens à cause de ses idées évangéliques, et dut partir en 1539 pour Paris, Bâle et Zurich où il visita Bullinger. Après la mort d'Henri VIII et l'avènement d'Édouard VI, il retourna dans sa patrie, non sans de sinistres pressentiments. Il prêcha avec beaucoup de succès; le jeune roi venait l'entendre. En 1550 il fut nommé év. de Gloucester. Sa réputation comme prédicateur était immense; il attaquait surtout les abus du clergé et le dérèglement des mœurs. Mais le 6 juillet 1553 Marie-la-Catholique succéda à Edouard VI. De 1555 à 1558, 288 bûchers furent allumés pour les hérétiques. Le 1er sept. 1554 Hooper fut emmené prisonnier à Londres; on le jeta dans un misérable cachot malsain où on le laissa presque mourir de froid et de faim. Le 4 février suivant il fut condamné à mort parce qu'il admettait le mariage des prêtres et la possibilité du divorce, et qu'il appelait le sacrifice de la messe une idolâtrie. On le ramena à Gloucester pour être brûlé. Marie lui défendit de parler au peuple, mais ne put l'empêcher de prier sur le bûcher. Son supplice dura trois quarts d'heure, grâce au vent qui chassait les flammes dans une aulre direction. C'était le 9 févr. 1*555.

 

HOPKINS, Samuel, un des chefs de la théologie de la Nouv. Angleterre; v. Edwards. Né 1721 à Waterbury, Connecticut, il étudia au collège de Yale et fut quelque temps 1743 pasteur à Honsatonic, Massachusets. Son égl. n'ayant plus le moyen de l'entretenir 1769, il accepta une vocation à Newport, Rhode-Island. f 1803. Ses œuvres ont été réimpr. à Boston 1825.

 

HORNBEEK, Jean, né à Harlem 1617, pasteur et prof, de théol. à Utrecht 1644, puis à Leyde 1654; f 1666. Auteur de plusieurs livres contre le socinianisme, d'un volume sur les polémiques réformées, d'une Théol. pratique, et d'une Institution des études théologiques.

 

HORB, Jean-Henri, fils de pasteur, né à Col-mar le H juin 1645, étudia à Strasbourg, puis à Iéna, Leipzig et Wittenberg. Il voyagea quelque temps comme précepteur en Hollande, Angleterre et France, et fut nommé pasteur à Bischweiler 1671. La môme année il épousa Sophie-Cécile, sœur de Spener. Sa profonde piété et ses doctrines évangéliques lui suscitèrent dans sa paroisse de nombreux ennemis, qui réussirent à le faire partir. En 1678 il accepta un nouveau poste à Windsheim, Franconie, comme pasteur et surintendant. Enfin en 1685 il fut appelé à desservir la paroisse de Saint-Ni-colas à Hambourg, mais sa fidélité lui attira les mêmes haines, qui dégénérèrent en persécutions, au point qu'un jour il faillit perdre la vie. Son crime était de tenir des réunions religieuses, des conventicules à la mode de Spener, des col-legia pietatis. Un de ses collègues, le pasteur Mayer, se mit à la tête de ses ennemis, lui reprochant surtout d'avoir traduit l'ouvrage du mystique Poiret sur l'éducation des enfants. La lutte fut longue et acrimonieuse; Horb fit toutes les concessions possibles, donna toutes les explications désirables; ce fut en vain. En vain aussi le sénat le protégeait, ainsi que la bourgeoisie; il dut se retirer. Il partit 16 nov. 1693 pour le Holstein, où il avait une propriété. En 1694 on le déposa officiellement; il f le 26 janv. 1695, et malgré l'autorisation du sénat, les ministres ne permirent pas que son corps fût enterré dans son église. Il a laissé une trentaine d'ouvrages, grands ou petits, sur des sujets d'hist., de doctrine et d'édification.

 

HORCH, né 1652 à Eschwege, étudia la théol. et la médecine à Marbourg et à Brème; il occupa différents postes comme diacre, prof, et pasteur, k Heidelberg, Kreuznach et Francfort. Ses tendances séparatistes le firent destituer 1698. Après une année passée dans une maison de santé, il reprit ses prédications et ses travaux littéraires 1700, vivant à Marbourg d'une modeste pension, f 1724. Son principal ouvr. est la Bible mystique et prophétique, 1712.

 

HORMISDAS, pape 514-523, brilla surtout par son ardeur dans la lutte contre les euty-chiens. Les efforts des emp. Anastase et Justin, pour rétablir l'union troublée par l'Hénoticon, échouèrent devant les exigences impérieuses de ce pontife qui maintenait l'excommunication d'Acacius et des monophysites. Son légat fut renvoyé d'une manière blessante 517 et les négociations de 519 n'aboutirent pas. On dit qu'il découvrit à Rome des manichéens et qu'il les persécuta.

 

HORNEY. on Horneius, Conrad, né 1590 k Brunswick, étudia k Helmstàdt 1608; prof, de logique et de morale 1619, de théol. 1625. f 1649. Violemment attaqué, comme Calixte, par les théol. de Leipzig et de Iéna, parce qu'il insistait sur la nécessité de la sanctification. Il a laissé un Abrégé de dialectique et un Compen-dium de théologie.

 

HOSIUS 1° de Cordoue, Espagne, né vers 260, très considéré comme confesseur de la foi, déjà sous Maximien. C'est lui, dit-on, qui montra à Constantin qu'il trouverait en Christ le pardon de ses crimes, que les païens lui refusaient. Il jouit à la cour de cet empereur d'une très grande influence et s'en servit dans les luttes ariennes. Chargé de porter à Alexandrie la lettre impériale adressée à Arius et à Alexandre, il se prononça clairement contre Arius. Il fut un des trois prélats qui présidèrent le conc. de Nicée, où il joua un rôle prépondérant, et il conseilla à Constantin de bannir ceux qui ne signeraient pas le symbole adopté. Il présida le conc. de Sardique 347. Il se montra toujours l'intrépide défenseur d'Athanase, même vis-à-vis de Constance II, qui le fit venir à sa cour à Milan. Sur son refus de renouer des négociations avec les ariens 355, il fut relégué à Sirmium. Là, presque centenaire, il se laissa entraîner à signer, par peur de la mort, un symbole où il était dit que le Père est supérieur au Fils; mais> il se rétracta plus tard, quand il fut rentré dans son diocèse, où il + 359.

2° Stanislas Hosius, né à Cracovie 8 avril 1504, étudia à Wilna, Cracovie, Padoue et Bologne, entra à la chancellerie du roi. et reçut, malgré lui, en récompense de ses nombreux services un canonicat, ce qui le décida d'entrer dans les ordres 1538. Nommé év. de Kulm 1549, il consacra toutes ses forces à combattre les protestants qu'il haïssait, en même temps qu'il travaillait à la restauration du catholicisme. Légat à Vienne, puis cardinal, il poussa à la réouverture du conc. de Trente, fit adopter ses résolutions dans son diocèse, livra aux jésuites le nouveau collège de Braunsberg et donna au catholicisme en Pologne la direction dont il jouit aujourd'hui. Appelé à Rome 1569, comme grand-pénitencier, il y f ^79. La violence de sa polémique a rendu faciles les réfutations. Son principal ouvrage est la Conf. de la foi chrét. catholiq.ue qu'il fit adopter par le conc. de Petri-kau 1551.

 

HOSPINIEN, Rodolphe, né 7 nov. 1547 à Altorf près Zurich, étudia à Marbourg et à Heir delberg, et finit par être nommé directeur du Carolinum et pasteur de l'égl. de l'Abbaye à Zurich, 1594. Il perdit la vue et tomba dans Fen-fance. f 1626. Auteur de plus, ouvrages critiques, histor. et polémiques: De l'origine des rites, Hist. du jésuitisme, etc. Il combattit la Form. de Concorde (Concordia discors) dans un écrit qui provoqua des réfutations, mais il ne répondit pas.

 

HOSPITAL, Michel (de 1'), né 1506 à Aigue-perse, Auvergne, accompagna en Italie son père, médecin attaché au connétable de Bourbon. Il étudia le droit à Milan et à Padoue, et fut nommé à Rome auditeur de la rote. De retour en France, il pratiqua quelque temps le barreau, fut nommé conseiller au parlement; distingué par le chancelier Olivier, il fut envoyé comme ambassadeur au conc. de Trente 1547. II fut ensuite chancelier privé de Marguerite de Valois, et surintendant des finances, poste difficile et délicat, où son intégrité lui permit de réformer bien des abus. François II l'éleva 1660 à la dignité de chancelier de France et Charles IX le maintint dans ces fonctions. Doué d'une vaste intelligence et d'un cceur généreux, le chancelier était ami de la tolérance; il avait en outre une estime particulière pour un grand nombre de protestants et, l'on peut ajouter, de sympa-pathiepour leur cause. Il chercha à établir entre lescathol. et les réformés quelque chose de plus qu'un simple mode de vivre. Dans une assemblée convoquée par Catherine de Médicis et présidée par lui, il dit aux délégués des parlements: Recherchez s'il est impossible que des hommes qui n'ont pas la même croyance vivent en paix les uns avec les autres. Pour lui la question était tranchée. C'est dans cet esprit paisible qu'il présida au Colloque de Poissy, à l'assemblée de Moulins 1564, à la paix de Lonjumeau. C'est dans cet esprit aussi qu'il s'opposa à l'acceptation des actes du conc. de Trente relatifs à la discipline et contraires aux principes de l'Égl. gallicane. La cour ayant violé le traité de Lonjumeau, l'Hospital qui voyait les passions se déchaîner toujours plus furieuses et qui prévoyait, sans pouvoir les prévenir, les crimes de la monarchie, donna sa démission, tout en conservant jusqu'à la fin la dignité de chancelier, et se retira dans sa terre de Vignay, près d'Étampes 1568. Suspect aux catholiques, accusé par les uns d'être athée, par les autres d'être protestant, il faillit être massacré dans sa demeure à la Saint-Barthélemy. Il échappa aux poignards, mais il mourut de douleur et de honte l'année suivante 1573. Il avait entrevu bien des bassesses et des crimes, mais non un pareil attentat. Pendant les 4 ou 5 années qu'il vécut dans la retraite il s'occupa de lettres et de sciences. On lui doit la réforme du calendrier, et indirectement une ordonnance de 1593, portant que l'année civile commencerait le 1er janvier, et non plus à Pâques comme précédemment. On a de lui des Harangues, des vers latins, un Traité de la réformation de la justice, et son Testament où l'on trouve d'intéressants détails sur sa vie.

 

HOSPITALIERS. On range sous cette désignation générale toutes les associations qui ont pour but le soin des malades, des pauvres, des voyageurs, des orphelins et qui, même sans former de vœux perpétuels, vivent ordinairement d'après la règle de saint Augustin, ou d'après la 3m* règle de saint François, ou encore se rattachent à quelqu'un des ordres militaires. Les associations un peu considérables ont un général; les autres relèvent presque toujours de l'évêque. Outre les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et les chevaliers teutoniques, on nomme comme hospitaliers les chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit, de Guido de Montpellier 1178; ceux de Guido de Joinville 1294; ceux de Jean de Dieu, ou fr. de la Charité, ceux de Bourges, etc. Parmi les ordres de femmes, l'un des plus considérables est celui des élisa-béthines, qui remonte à sainte Élisabeth de Thuringe f 1231; il a revêtu sous Angéline de Corbaro (1377-1435) un caractère monastique très prononce, suivant la 3®* règle de saint François; leur costume est gris. Il y a aussi en France les haudriettes, ainsi nommées de Ét. Haudry, secrétaire de saint Louis; les hospitalières de N.-D. de Paris, fondées 1624 par Françoise de la Croix; celles du Refuge, de Nancy, pour les repentantes; celles de Loches; celles de Saint-Joseph, fondées 1638 par Marie de l'Estang pour l'éducation des orphelins; plusieurs autres de Saint-Joseph à la Flèche, à Bourg, etc.; celles de Saint-Thomas à Villeneuve, fondées 1660 à Lamballe par Ange Le Proust et L. Chaboisseau, etc. La plus récente est celle de la Providence fondée en 1820, et qui est fort répandue en France. On peut croire que sous des noms divers c'est un même esprit qui les anime, que le prosélytisme se cache souvent derrière la charité, et que leurs écoles et autres institutions ne sont que des commencements de couvents.

 

HOSSBACH, Pierre-Guill., D'théol., né 20 février 1784 à Wusterhausen, étudia à Halle et à Francfort s. l'O. la théol., la philologie et les sciences naturelles. Après avoir occupé plusieurs places dans l'enseignement et dans le ministère; il vint à Berlin comme aumônier du corps des cadets, mais compromis dans les affaires de son ami De Wette il donna sa démission. Nommé 1821 à l'égl. de la Nouvelle-Jérusalem, il devint en 1830 Dr en théol., surintendant et membre du Consistoire, f 1846. Il prit une part active à la réorganisation de l'Égl., soit dans la question des liturgies 1825, soit lors de la protestation de 1845. Grand ami de Schleiermacher, il garda une position intermédiaire entre l'orthodoxie renaissante et le libéralisme. Outre ses sermons, il a publié une Vie d'Andreà et une Notice sur Spener et son temps.

 

HOSTIE. L'Égl. cathol. el l'Égl. luthérienne se servent pour la communion d'oubliés faites de farine et d'eau, représentant ainsi les pains sans levain. Le nom môme d'oubliés vient du mot oblation et rappelle les dons en pain et en vin que les fidèles des premiers siècles remettaient aux diacres et qui étaient censés devoir servir pour la communion. Le nom d'hostie, ou sacrifice, n'a été introduit qu'avec la transsubstantiation et se dit de l'oublie consacrée. L'Égl. romaine fait remonter au 2me siècle l'usage du pain sans levain, mais on n'en trouve aucune trace avant le 9me siècle. Au lime siècle l'Égl. grecque reproche cette innovation à l'Égl. latine. La formule d'union de Florence 1439 laisse la question ouverte et les églises libres de faire comme elles voudront. Les réformés ont peu à peu abandonné l'hostie, comme n'étant pas réel lement du pain. - On appelle soleil, ou ostensoir, le vase dans lequel elle est contenue, exposée ou transportée. L'hostie a porté de bonne heure une empreinte, le nom de Christ, un agneau, ou la croix; cette dernière a fini par prévaloir. L'hostie doit se renouveler tous les 8 ou 15 jours pour éviter la moisissure; on brûle l'ancienne.

 

HOTTINGER lo Jean-Henri, né à Zurich

10 mars 1620, étudia à Zurich, à Groningue et à Leyde, visita la France et l'Angleterre, fut nommé à Zurich prof, d'hist. ecclés. 1642, de catéchétique et d'hébreu en 1643; fut appelé par l'électeur palatin à Heidelberg 1655-1661, revint à Zurich, et il était sur le point de partir pour Leyde comme prof., quand il se noya dans la Limmat 5 juin 1667, ainsi que 3 de ses enfants. Savant orientaliste, il a écrit une Gramm. hébr., chaldaïque, syriaque et arabe; un Lexi-con harmonicum hep tag lot ton, un Thésaurus philolog., une Hist. ecclés. du N. T.; une Hist. du mahométisme, etc.

2o Jean-Jacques, un de ses fils, né à Zurich 1er déc. 1652, étudia à Zurich, Bâle, Hambourg et Genève, fut consacré en 1676, occupa différents postes de pasteur en 1680 et 1686, et fut nommé prof, de théol. en 1698. Quoique orthodoxe et attaché à la Confession de foi de Zurich, il chercha à unir les différentes églises, mais il s'éleva dans plusieurs écrits contre le piétisme qui comptait déjà à Zurich de nombreux adhérents, et il attaqua vivement le catholicisme dans son Hist. ecclés. de la Suisse, 1698-1707. Frappé d'une attaque d'apoplexie en 1729, il se remit assez pour pouvoir reprendre ses leçons. f 1735. — La même famille zurichoise a fourni encore quelques autres théol. de mérite, et l'historien (1783-1860) continuateur de Jean de Muller.

 

HOUBIGANT, Ch.-François, né à Paris 1686, prêtre de l'Oratoire, successivement prof, à Juilly, Marseille et Soissons, puis supérieur du collège de Vendôme, appelé enfin à Paris, pour faire les conférences de Saint-Magloire. Il devint sourd à la suite d'une grave maladie et ne vécut plus que de ses travaux littéraires. Il traduisit de l'anglais divers ouvrages de Lesley, de Forbes et de Sherlock; il publia en 1732 ses Racines hébr. sans points-voyelles, et en 1746 des Prolégomènes à l'Écrit, sainte. Son principal ouvrage est sa splendide édition de la Bible hébraïque, en 4 vol. in-fo, 1746-1753, dont la valeur est cependant diminuée par le grand nombre de corrections hasardées qu'il a jointes à ses notes et à sa traduction. Il avait adopté le système de Masclef qui supprime les points-voyelles.

 

HOWARD, John, philanthrope, né 1727 à Clapton, près Londres. Ses heureuses dispositions se manifestèrent de bonne heure. Voué d'abord au commerce il ne put résister à sa vocation qui était de secourir les malheureux. En 1755 après la mort de sa première femme il fit un voyage à Lisbonne. Le vaisseau ayant été attaqué par un corsaire, il fut emmené à Brest où il passa quelque temps dans un mauvais cachot. Remis en liberté il se promit de consacrer sa vie à améliorer le sort des prisonniers. Il fit aussi construire près de Bedford, où il s'était établi, des habitations simples et propres pour des ouvriers. Sa position de shériff l'appelait à visiter les prisons; il les trouva toutes dans un pitoyable état, et les prisonniers endurant mille privations au bénéfice des geôliers. Il voyagea partout en Europe, du Portugal au nord et au sud de la Russie, visitant les prisons et les hôpitaux, apportant des réformes, interrogeant les chefs, les geôliers et jusqu'aux bourreaux. A Vienne il eut une entrevue avec l'emp. Joseph II, auquel il eut le courage d'adresser de graves reproches. Il fit ainsi en Europe 7 ou 8 voyages. En 1776 il écrivit sur: L'État des prisons en Angl. et au pays de Galles. En 1785 la peste ayant éclaté il visita les principaux lazarets d'Europe, et finalement voulut pousser jusqu'à Smyrne. En 1789 il trouva au sud de la Russie des hôpitaux en si mauvais état qu'il y prit lui-même le germe d'une maladie qui l'emporta, 20 janvier 1790. Il avait recommandé qu'aucun monument ne fût élevé sur sa tombe; on lui en éleva cependant un dans la cathédrale de Saint-Paul à Londres.

 

HOYER, Anna, fille de Jean Owen, née 1584 à Coldenbuttel, Danemark, mariée 1599 à Her-mann Hoyer. Après la mort de son mari, elle s'abandonna à son penchant pour le mysticisme, se lia avec l'alchimiste Teting et fit de sa maison le rendez-vous des sectaires. Elle abhorrait le clergé et tout ce qui constituait l'Égl. extérieure. Les voix intérieures qu'elle prétendait entendre étaient empruntées à d'autres mystiques, et sans aucune originalité de sa part. Devenue pauvre, elle se rendit 1632 en Suède, où la reine-mère lui fit don d'un petit bien; elle y f 1656.

 

HROSVITA, ou plus simplement Rosvita, ou Hrotsuit, la plus ancienne femme poète de l'Allemagne. Née vers 930 à Gandersheim d'une vieille famille de la noblesse saxonne, elle entra vers 950 comme religieuse au couvent de Gandersheim, fondé par un membre de la famille impériale, s'illustra par ses compositions en vers et en prose, qui prouvent non seulement en faveur de ses talents, mais aussi en faveur du développement littéraire de son époque, et f 973, peu après la mort d'Othon 1er, son héros. On a d'elle cinq légendes, six comédies, plusieurs drames en prose, un panégyrique des Othon de Saxe, et les Origines de Gan-desheim; le tout en latin. Ses ouvrages sont aussi remarquables par la pensée que par le style. Son Théâtre a été trad. en fr. par Magnin 1845. Vie, par Kôpke.

 

HUBALD, v. Hucbald.

 

HUBER lo Samuel, né 1547 à Berne, étudia en Allemagne et fut nommé pasteur à Berthoud. Comme il ne croyait pas à la prédestination et qu'il penchait vers la doctrine luthérienne de Feucharistie, il s'opposa avec succès à la suppression de l'hostie, et il écrivit après le colloque de Montbéliard, 20 mars 1586, contre la doctrine de Bèze sur la grâce. Il fut invité par l'autorité supérieure à garder le silence sur ces questions, et comme il refusa il fut renvoyé du pays, 1588. Il passa au lulhéranisme, fut nommé pasteur près de Tubingue, puis prof, à Wittenberg. Là il enseigna un universalisme si exagéré qu'il scandalisa les théol. Leyser et Hunnius, et après un court emprisonnement il fut banni. La même chose lui arriva à Tubingue 1595. Après d'inutiles tentatives pour faire reviser son procès, il se retira près de Goslar chez son gendre, + 1624.

2o Marie Huber, née à Genève 1694, fille de Jean-Jacques Huber et d'Anne-Catherine Calan-drini-Fatio, f â Lyon c^ez des parents 13 juin 1753, s'est fait de son vivant une certaine réputation par le sérieux de sa vie et le caractère moral de ses ouvrages. Son style est froid; sa religion c'est le déisme. Ses idées ont été développées surtout dans ses Lettres sur la religion essentielle à l'homme, distinguée de ce qui n'en est que l'accessoire. Elle ne voit dans la révélation qu'un moyen d'arriver au développement de la théologie naturelle, et elle rejette tous les dogmes et les cérémonies du culte. Elle eut à défendre ses vues contre plusieurs théol., entre autres contre Ruchat. Son déisme est plutôt une affaire de sentiment qu'un système raisonné. — Son fr. Jacob fut le grand-père de François Huber, l'aveugle, l'admirable observateur des mœurs des abeilles.

 

HUBERIN, ou Huber, Gaspard, moine dans un couvent de Bavière, pasteur 1527 à Augsbourg où il avait déjà prêché la Réforme en 1525, prit part à la dispute de Berne, après laquelle il se rendit 1535 à Wittenberg auprès de Luther. Pendant quelques années il travailla à établir la Réf. dans le Palatinat et dans la principauté de Hohenlohe, puis il revint à Augsbourg; mais ayant accepté seul l'Intérim, il dut quitter la ville et f 1^53 à QEhringen. Quelques-uns de ses écrits et de ses sermons ont été publ. à Nuremberg 1552.

 

HUBERT (saint), fils du duc Bertrand d'Aquitaine; né vers 656. Il occupa d'abord un emploi considérable à la cour de Théoderic, puis auprès de Pépin d'Héristal. Après avoir vécu dans toutes sortes de plaisirs et de voluptés il se maria. Sa femme étant morte il se recueillit, il entendit la prédication de Landebert, se convertit, entra dans les ordres, vers 683, se consacra à l'évangélisation de la Belgique, succéda à Landebert comme év. de Maastricht, 708, transporta son siège épiscopal à Liège, qu'il dota, dit-on, de sa belle cathédrale, et + vers 727 ou 730 à Varen, près Bruxelles. Il a évangélisé surtout la forêt des Ardennes, et les légendes se sont multipliées autour de son nom. Les uns racontent que, fanatique chasseur, il fut converti de cette passion par la rencontre d'un cerf portant entre ses bois un crucifix lumineux; d'autres disent que saint Pierre lui a prêté sa clef, qui guérit les possédés et les gens mordus par des chiens enragés. Ses reliques doivent avoir conservé la même vertu. Elles ont été longtemps conservées à l'abbaye d'An-dain, à Saint-Hubert, petit bourg du Luxembourg belge, qui est encore auj. un lieu de pèlerinage très fréquenté. Si les moines ont en effet un secret contre la rage, ils sont impardonnables de le garder pour eux. Saint Hubert fut canonisé 3 nov. 827, et il est regardé comme le patron des chasseurs, — Deux ordres portent le nom de Saint-Hubert: l'un créé par Girard V. duc de Berg-et-Juliers en souvenir d'une victoire remportée le 3 nov. 1444 sur Arnold de Gueldre; il ne compte que 12 chevaliers et un commandeur; les insignes sont une croix d'or à 8 pointes avec l'image de saint Hubert au centre. L'autre fondé 1416 par Louis 1er, duc de Bar, transporté en Allemagne après 1789 et conservé par le grand-duc de Francfort; insignes: croix d'or avec l'adoration de saint Hubert et les armes de Lorraine.

 

HUBERTIN (Le Chroniqueur), nom qu'on donne au rédacteur inconnu, mais aussi spirituel que savant, de la Chronique du couvent de Saint-Hubert. Il doit avoir vécu vers la moitié du llm* siècle. La Chronique a été publiée par Bethmann et Wattenbach.

 

HUBMAIER, Balthasar, né 1480 à Friedberg, près Augsbourg, étudia sous Eck à Fribourg, et fut successivement pasteur et prof, à Ingolstadt et à Ratisbonne. Il provoqua l'expulsion des juifs 1519, mais suspect lui-même d'un penchant vers la Réforme, il dut quitter la ville. En 1522 il est pasteur à Waldshut; en 1523 il assiste au colloque de Zurich. La bourgeoisie de Wadshut s'etant décidée, grâce à lui, pour la Réforme, il dut fuir la colère de l'Autriche, se rendit à Zurich, et ne revint qu'avec une escorte zuricoise. Ses vues sur le baptême étaient celles de Mun-tzer et de ROubli, il n'admettait que le baptême des croyants; il écrivit dans ce sens, et sur son refus de se rétracter il fut mis en prison à Zurich. Proscrit, il se rendit en Moravie où il fonda une congrég. baptiste; mais la Moravie étant tombee entre les mains de l'Autriche 1527, il fut traduit à Vienne devant les tribunaux, accusé d'hérésie et de haute trahison, condamné et brûlé; sa femme fut simplement noyée comme complice, 10 mars 1528. Il n'a jamais donné dans les excès politiques des anabaptistes, et s'en est toujours tenu à la pure doctrine des Écritures contre le culte extérieur.

 

HUCARIUS, diacre anglais 1040, auteur d'un abrégé, ou d'un extrait du livre des pénitences, de l'arche v. Egbert d'York, 8®© siècle.

 

HUCBALD, Hubald, ou Hugbald, élevé par son oncle, l'abbé Mi Ion, au couvent de Saint-Amand, Flandre, lui succéda 871 dans ses dignités et dans l'enseignement. 11 s'occupa toute sa vie des arts libéraux, et non sans succès. On lui doit un Manuel de musique, et un Système harmonique connu sous le nom de diaphonie. Il a écrit aussi des biographies de saints et des notices historiques, qui ont surtout de la valeur par les descriptions, les épisodes et les traits de mœurs qu'elles renferment, f 930.

 

HUET, Pierre-Daniel, né à Caen 8 févr. 1630, d'un père protestant retourné au catholicisme, fut élevé par les jésuites. En 1652 il fit un voyage en Suède et, ayant trouvé à Stockholm un Comment, mss. d'Origène, il revint à Caen et ne s'occupa plus que de le traduire et le publier. En 1662 il fonda l'acad. de Caen; en 1668 il Acheva la publication de son Origène; en 1670 il fut adjoint à Bossuet, comme sous-précepteur du dauphin et commença dès lors à cette occasion sa belle collection de classiques ad usum Delphini. En 1674 il fut nommé à l'Acad. française, reçut en 1676 les ordres de l'abbaye d'Aulnay. Appelé 1685 à l'évêché de Soissons, il l'échangea, avant de l'avoir occupé, contre celui d'Avranches, se démit en 1699 pour cause de santé et pour pouvoir se livrer en entier à son goût pour l'étude, et se retira, comme abbé de Fontenay, dans une maison de jésuites à Paris, où il f 1721. Outre son travail sur Origène, il a publié sous le titre de Démonstration évan-géliq. un traité d'apologétique fort complet, où il prouve non seulement le caractère historique de la Bible, mais encore ses affinités avec une foule de traditions païennes; c'est un livre plein de science, mais qui abonde en conjectures hasardées. Ancien cartésien, il a fini par combattre son maître, dans Censura philos, cartesianœ. Il a écrit sur l'Origine des romans, sur le Commerce et la navigation des anciens, sur la Faiblesse de l'esprit humain, des vers grecs et latins, plus de 300 Lettres latines, etc. En 1718 il a publié à Amsterdam des Mémoires autobiographiques sans prétentions, qui ne manquent pas d'intérêt: Huetii Comment. de rébus ad eum pertinentibus. La réputation de sceptique qu'il a laissée s'explique par quelques-uns de ses ouvrages, mais ne doit pas être exagérée.

 

HUFFEL, J.-J.-Louis, auteur de plusieurs Sermons, de Lettres sur l'immortalité, d'un volume de Prudence pastorale et de quelques ouvrages d'édification; né 6 mai 1784 à Gnaden-bach, Hesse; après avoir occupé différents postes à Friedberg et Herborn, il fut nommé en 1829 prélat badois, conseiller ministériel et membre du consist. supérieur de Carlsruhe, où il f 26 juill. 1856.

 

HUG, Jean-Léonard, théol. cathol., né 1765 à Constance, étudia au séminaire général de Fribourg en Brisgau, fut nommé préfet des études en 1787, n'ayant pas encore l'âge légal pour porter le titre de professeur; fut chargé en 1791 de l'enseignement des langues orientales; puis prof, d'exégèse. En 1827 il reçut le titre de chanoine, celui de doyen en 1843. Il était éphore du Lycée depuis 1838. f 1846. Il avait refusé plusieurs appels, à Breslau, Rome, Tubingue. Ses principaux écrits sont relatifs k la critique et k l'Introduction; ils ont en même temps un caractère apologétique et visent à réfuter les idées de Paulus et de Strauss. Son lntrod. au N. T., trad. en fr. par Cellérier, bien que dépassée par les travaux-modernes, conserve encore sur plus, points une vraie valeur.

 

HUGO, ou Hugues. 1° abbé de Cluny, né vers 1024, f 1109; fils de Dalmace, seigneur de Se-mur et descendant des ducs de Bourgogne; ami de Henri III, d'Alphonse d'Espagne, et de plusieurs papes, jusqu'à Grégoire VII qui le fit son légat.

2<> év. de Grenoble 1080, ami du précédent; né 1053, f H32.

3° H. de Flavigny, né 1065 à Verdun, élevé au couvent de Saint-Viton, accompagna l'abbé Rodolphe à Dijon et l'abbé Jarentou en Italie dans diverses missions ecclésiastiques. Élu abbé de Flavigny 1096, il fut contraint par ses moines de quitter le couvent 1099. On croit qu'il se rangea ensuite du côté de l'empire et qu'il devint abbé de Dijon.

4° H. de Saint-Victor, d'une origine incertaine; comte de Blankenburg, suivant les uns; suivant les autres, né 1097 à Ypres, d'une très modeste famille. Il fut élevé par un oncle Hugo, archidiacre de Halberstadt, qu'il accompagna à Paris. Il entra là dans un couvent d'augustins, fut nommé maître des études et f H41. Mystique de tempérament, scolastique d'éducation, il s'efforça de concilier les deux tendances. Les principaux de ses 50 ou 60 écrits sont: Auditio didascalica, sorte d'encyclopédie, avec Introd. à l'Écriture Sainte; un traité systématique des sacrements, où il se rattache à saint Augustin, mais en insistant davantage sur le signe comme renfermant et portant la grâce; il accorde aussi beaucoup d'importance au chiffre sept. Son Éloge de la charité est comme le résumé ds sa théologie. Nommons aussi sa Méthode pour étu-. dier, et sa Sagesse de Christ. Œuvr. Rouen 1648. Hauréau, Paris 1859.

5<> Hugo des payens, un des fondateurs de Tordre des Templiers 1118, était de la maison des comtes de Champagne, f 1136.

6° Hugo de Saint-Cher (de Sancto Caro), né à Saint-Cher, un des faubourgs de Vienne en Dauphiné, étudia à Paris la théol. et le droit canon, entra 1224 dans le couvent dominicain de Saint-Jacques, cardinal en 1245, f 1263. Très savant il mit son érudition au service de l'Égl. et combattit Guill. de Saint-Amour et Joachim de Flore. Son principal ouvrage est sa correction de la Vulgate, Correctorium Bibliœ Sorbo-nicum. Il a aussi publié une Concordance, la 1" qui ait été faite, et qui a vulgarisé la division de la Bible par chapitres.

 

HUGUENOTS, surnom ou sobriquet donné aux protestants de France, avec une intention injurieuse. L'origine et l'étymologie en sont incertaines. D'Aubignè et Pasquier rappellent qu'à Tours il y avait une tour Hugon où les reli-gionnaires s'assemblaient; ils pensent aussi à des lutins, qu'on appelait Hugon, de l'ancien et méchant comte ou roi Huguet, dont on faisait un épouvantait pour effrayer les enfants. De Brieux raconte qu'un prédicateur protestant commença un jour son sermon en disant: Hue nos venimus, hue nos... (Nous sommes venus ici, ici...) et qu'il ne put aller plus loin. Par moquerie on l'appela, lui et ses fidèles, des Hucnos; c'est bien forcé, surtout ce sermon protestant en latin ! Mahu suppose que huguenot pourrait être le diminutif de Hugues, quelque hérétique de ce nom, inconnu auj. et qui aurait servi à désigner tous les hérétiques; à cette hypothèse il ne manque que le point de départ, le premier anneau. L'etymologie la plus généralement admise est que le mot est une corruption de l'allemand Eidgenossen (Eygenots) qui signifie confédérés, et qui aurait pris dans les Mémoires de Condé la forme de Aignos. Mais on peut objecter, d'abord, que le surnom de confédérés ne constitue pas une injure; ensuite que le mot de Huguenot se trouve déjà, il est vrai comme simple nom propre, dans l'Hist. littéraire de France, qui mentionne à la date du 7 oct. 1387 un Pascal Huguenot, docteur en décrets. La plus ancienne mention de réformés sous le nom de huguenots, se trouve dans une lettre du comte de Villars, lieutenant général en Languedoc, 12 nov. 1560; ils y sont appelés Huguenaulœ. En définitive c'est encore l'origine tourangeause qui paraît le plus probable.

 

HULSEMANN, Jean, prof, à Wittenberg depuis 1629, prit part 1631 au colloque de Leipzig, en 1645 à celui de Thorn et finit par se retirer à Leipzig 1646. + 1661. Foncièrement orthodoxe, comme son gendre Calov, il ne cessa de lutter en faveur du luthéranisme. Un peu vif comme polémiste, il était savant et relativement impartial. Il ne poussait pas à l'extrême les conséquences que l'on pouvait tirer des doctrines de ses adversaires, notamment de Calvin. Son principal ouvrage, paru 1640, plus développé 1655, est un Abrégé théol. exposaut les points controversés de la foi.

 

HUMANISME, Humanités. Si l'on appelle humain tout ce qui correspond aux besoins intellectuels et moraux de l'homme, l'humanisme sera la possession et la manifestation de ce développement intérieur, surtout sous le double rapport de la culture intellectuelle et morale. Et comme c'est par le retour à l'antiquité classique grecque et latine, à sa littérature et à sa philos, que s'est produit le mouvement du monde moderne, comme c'est chez les anciens qu'on est allé chercher et des idées et des modèles, par opposition à la scolastique qui prétendait en appeler à l'autorité de l'Égl. et de Dieu, on a été conduit à donner le nom d'humaine à cette direction de la pensée; le nom d'humanistes aux hommes qui pour s'approprier les trésors des anciens, se sont donné pour tâche l'étude de leurs langues; le nom d'humanisme à cette tendance littéraire qui a pour principaux représentants Érasme et Reuchlin. Dans notre langage moderne on emploie encore ce mot et ses dérivés pour désigner les actes et les tendances d'ordre moral purement humanitaires, qui ne s'appuient pas nécessairement sur l'idée religieuse et qui même peuvent être en antagonisme avec elle. Si la propagation de l'Évangile par les missions appartient au premier chef à ces œuvres de philanthropie qui tendent au bien de l'humanité, on peut y ranger aussi les efforts de tous genres qui ont pour but d'améliorer le sort des hommes, l'abolition de l'esclavage, la suppression de la traite, la croix-rouge, les hôpitaux, et même certaines aspirations politiques ou sociales qui, réserves faites quant aux moyens, peuvent être considérées comme réellement humanitaires et proviennent, sans qu'on s'en rende compte, de l'influence d'un christianisme inconscient.

 

HUMBERT 1° le cardinal, originaire de Bourgogne. élevé dans un couvent de bénédictins, près de Tours, par l'abbé Bruno, plus tard Léon IX. Il accompagna son maître en Italie 1049, et fut nommé év. de Silva Candida et cardinal. Chancelier sous plusieurs papes, il jouit d'une grande influence. Il fut envoyé comme légat à Constantinople, quand le schisme éclata, et déposa dans Sainte-Sophie la bulle d'excommunication. Il fut aussi à la tête des ennemis de Béranger et l'obligea de paraître au conc. de Rome pour y faire sa profession de foi. 1059. f 1061 ou 1073. OEuvr. publ. par Migne, ave: le récit de son voyage à Constantinople.

2° Humbert II, le dernier dauphin du Viennois, céda le Dauphiné à Philippe de Valois, à la condition qu'un des fds du roi porterait touj. le titre de dauphin. Il se croisa 1345, remporta sur les Sarasins un léger avantage, abdiqua à son retour et se fit religieux 1349. Patriarche d'Alexandrie 1352, il allait être nommé archev. de Paris, quand il + 1355.

 

HUMILIÉS (Ordre des). Quelques nobles italiens, ayant été faits prisonniers en Allemagne, se réunirent en association au 12™e siècle pour des exercices de pénitence. Ils adoptèrent la règle de saint Benoît, et après avoir été agréés par Innocent III, ils se répandirent dans le nord de l'Italie. Pie V les supprima 1571, parce qu'ils avaient comploté contre les essais de réforme du card. Borromée. Les couvents de femmes du même ordre, appelées aussi les nonnes de Blas-soni, du nom de leur fondatrice, subsistent encore aujourd'hui.

 

HUNNIUS lo iEgidius, de Winnenden, Wurtemberg; né 1550, étudia à Tubingue; prof, de théol. à Marbourg en 1576, puis à Wittenberg 1592. f 1603. Il travailla pour la Form. de Concordent prépara ainsi le schisme dans la Hessç; il combattit aussi le crypto-calvinisme à Wittenberg et fit destituer son collègue S. Huber, accusé de croire à la prédestination. Son second fils, prof, de droit, se fit catholique.

2° Nicolas, fils d'iEgidius, né à Marbourg 1585, étudia à Wittenberg; surintendant à Ei-lenburg 1612, prof, de théol. à Wittenberg 1617, appelé h Lubeck 1623 et surintendant. Pasteur pieux et zélé dans l'exercice de ses fonctions, il se montra très rai de contre les enthousiastes, les réformés et les catholiques. Il avait fait le plan d'un sénat théologique permanent, chargé de veiller au maintien de la saine doctrine.

 

HUNS, peuple barbare, d'origine mongole, qui força les Chinois à élever leur grande muraille. Après s'être fixés, partie sur les bords de la mer Caspienne, partie en Finlande, au commencement du 4me siècle, les Huns se précipitèrent sur l'Europe vers 376, et subjuguèrent les Alains, les Goths et les Bourguignons. Ceux-ci, d'après Orose et Socrate, se firent chrétiens pour s'assurer le secours du Dieu des gallo-romains, vers 413, et défirent à leur tour les Huns, Attila, le fléau de Dieu, porta à son comble la puissance de ces hideux et cruels barbares. Petit de taille, horrible de figure, simple dans ses goûts, mais d'une férocité inouïe, il s'allia avec Genséric, crut un moment qu'il allait épouser Honoria, la sœur de Valentinien, couvrit l'Occident de ruines, et passa le lac de Conslance avec 400,000 hommes. Il épargne Troyes à l'intercession de saint Loup, subit à Châlons-sur-Marne 451 une sanglante défaite "dan? une rencontre avec Aëtius qui commandait les Romains, les Francs et les Visigoths; se rabat sur l'Italie, mais est arrêté aux portes de Rome par Léon plus courageux que Valentinien: il signe la paix et se décide à retourner dans la Pannonie, son ancienne demeure. En route, 453, la veille de ses noces, il f d'apoplexie, des suites d'une débauche, ou empoisonné. Ses soldats le mirent dans un cercueil d'or et l'enterrèrent dans un lieu ignoré. Ses fils se disputèrent l'empire, mais aucun d'eux ne fut assez fort pour le rétablir; l'un d'eux ramena en Asie une partie de la nation; l'autre s'établit dans la Hongrie, dont le nom dérive vraisemblablement des Huns; quelques tribus enfin s'établirent dans le Caucase et sur les bouches du Don; ce sont les ancêtres des Cosaques actuels. Les rapports accidentels d'Attila avec saint Loup et Léon sont les seuls points par lesquels l'hist. des Hims touche à celle de l'Egl. chrétienne.

 

HUNYADE, Jean, surnommé Corvin, né vers 1400, descendait selon les uns des emp. Paléolo-gues; selon les autres il était fils de l'emp. Sigismond. Il fut pendant plusieurs années le défenseur de la Hongrie et le boulevard de la chrétienté contre les Turcs, qui l'avaient surnommé le diable. Voïvode de Transylvanie en 1440, il fut nommé en 1444 régent de Hongrie, pendant la minorité de Ladislas V, et se distingua par ses qualités civiles, administratives et militaires. En 1456 il défendit Belgrade contre Mahomet II, et mourut peu après, au comble de la gloire. Son fils Mathias Corvin lui succéda. Les Hunyades avaient pour armes un corbeau, tenant au bec un anneau d*or; de là leur surnom.

 

HUPFELD, Hermann, savant orientaliste, né â Marbourg 31 mars 1796, prof, à Marbourg 1823, puis en 1843 à Halle, où il f 25 avril 1866. Auteur de plus, ouvrages de grammaire et de théologie.

 

HURTER. Frédéric, né 1786 à Schaffhouse. où il fut plus tard pasteur, après avoir étudié à Gottingue 1804. Auteur d'une vie d'Innocent III, 1834-1842, il chercha à justifier la hiérarchie et â glorifier le moyen âge; il finit par se faire catholique 1844, après avoir longtemps repoussé comme une calomnie l'accusation d'être un catholique secret. Nommé historiographe de l'empereur, à Vienne, il écrivit l'histoire de Ferdinand II. f 1865.

 

HUSCHKE, Georges-Édouard, né à Munden 26 juin 1801, prof, de droit à Rostock, puis à Breslau 1827, et conseiller de justice, s'opposa à l'union forcée des églises et se mit en 1841 à la tête d'un synode qui décida la formation d'une Égl. luthérienne libre, indépendante de l'État, qui se gouvernerait par un synode réuni tous les 4 ans. Mais comme il mettait la constitution de cette Égl. bien au-dessus de sa doctrine, et qu'il semblait accorder une autorité presque divine au Conseil supérieur qui la dirigeait, une partie de ses adhérents refusa de le suivre aussi loin, un schisme éclata en 1858, et la petite église se morcela en 1864.

 

HUSS, Jean, né de parents pauvres, 6 juill. 1369, à Hussinecs, bourg d'où lui est venu son nom, dans le cercle de Prachin, au midi de la Bohême, étudia à Prague, fut maître ès arts en 1396, prof, à l'uni v. en 1398, doyen de la faculté de philos, en 1401. Il était tchèque, ou slave, comme la plupart des habitants de la Bohême, et conservait pour la nationalité de ses ancêtres autant d'affection que de respect, et ce caractère de race, avec les souvenirs qu'il éveillait, peut expliquer en partie l'indépendance de Huss et les persécutions dont il fut l'objet de la part des allemands. En 1402 il fut appelé à desservir la chapelle de Bethléhem, élevée et dotée 1392 par un riche bourgeois, agréée par le roi et l'archev. comme destinée uniquement à la prédication en langue bohème. Elle pouvait contenir 3000 auditeurs; Huss attirait les foules, et son éloquence électrisait et vivifiait l'église. En même temps la reine Sophie, femme de Wenceslas-le-Fainéant, le choisit comme son chapelain. Son maître Stanislas de Znaim l'avait déjà disposé à une grande largeur de vues; les écrits de Matthias de Janow, et plus tard ceux de Wiclef ne firent que l'affermir et l'éclairer davantage. Sa prédication devint plus incisive, mais il ne poursuivait encore qu'une réforme dans les mœurs. Il avait blâmé les désordres de la cour, et sur la plainte du roi, l'archev. répondit que Huss avait promis à sa consécration de dire la vérité à tous sans acception de personnes. Quand Huss passa aux désordres du clergé, l'archev. vint se plaindre à son tour, mais le roi lui rendit sa propre réponse. L'univ., inquiète de l'accueil favorable fait aux écrits de Wiclef, en signala 45 propositions comme dangereuses, et défendit sous peine du feu de les répandre et de les professer. Huss, qui prétendait encore ne pas vouloir se séparer de l'Égl. romaine, se borna, pour toute opposition, à nier que les doctrines incriminées se trouvassent dans Wiclef. En général sa doctrine paraît être restée celle de l'Égl. sur presque tous les points, et là où il y avait désaccord il s'abstenait d'insister. Il admettait plus ou moins l'intercession de la vierge et des saints, et n'était bien au clair que sur le salut gratuit en J.-C. En principe il approuvait comme d'institution divine la communion sous les deux espèces, mais il n'a rien fait pour l'introduire, et l'agitation de la Bohême sur la question du calice lui est étrangère. En 1408 la lutte éclata dans l'université en Ire les différentes nations qui la composaient, et Huss obtint de Venceslas 1409 le retour à l'ordre de choses établi par Charles IV en 1347, soit 3 voix pour la nation bohème et 1 seule pour les 3 autres réunies, c.-à-d. le contraire de ce qui s'était introduit peu à peu. En récompense de ce succès Huss fut nommé recteur, mais les Allemands quittèrent Prague et fondèrent à Leipzig une université rivale. L'archev. Zbyniek, ou Zbynko, avait été jusqu'alors plutôt favorable à Huss; il l'avait soutenu dans sa lutte contre l'imposture de Wilsnack, et avait délaré, encore en 1405, qu'il n'y avait dans son diocèse aucun hérétique. Mais à partir de ce moment, voyant s'éloigner les Allemands et par conséquent grandir le parti de la Réforme, il se tourna contre Huss et lui fit interdire la prédication en tchèque dans la chapelle de Bethléhem. La question fut de part et d'autre portée devant le pape Alexandre V, qui y répondit par une bulle 1409 enjoignant à Zbynko de sévir contre les hérétiques. Zbynko fit brûler les livres de Wiclef, près de 200 volumes d'une fort belle écriture, avec des couvertures très riches et des reliefs en or. Suspendu de ses fonctions, puis excommunié 1410, Huss fut cité à Rome ou à Bologne, mais Venceslas l'empêcha de s'y rendre. La cour soutenait le réformateur; le pape envoya le cardinal Angelo qui mit Prague à l'interdit, et toutes les égl. furent fermées. En 1412 Jean XXIII publia une croisade contre Ladislas roi de Naples et contre son antipape, promettant une indulgence pléniaire à ceux qui se croiseraient, soit personnellement, soit pécuniairement. Huss protesta contre cette impiété et donna en chaire libre cours à son indignation. Le peuple de la ville insulta publiquement les marchands d'indulgences, et l'on ne se gênait pas pour interrompre dans leurs discours ceux qui les prônaient. Trois de ces jeunes gens furent un jour arrêtés et presque aussitôt décapités, malgré l'intervention de Huss. Le peuple les ensevelit dans la chapelle de Bethléhem et les honora comme des martyrs. Huss, pour relever la ville de Prague sur laquelle sa présence amenait l'interdit, se retira momentanément, et se mit à prêcher dans les villes et dans les campagnes, oîi sa parole, à la fois tchèque et réformatrice, fut reçue avec grande faveur. En-(in cité devant le conc. de (instance, il partit pour s'y rendre le 11 oct. 1414, muni d'un sauf conduit de l'emp. Sigismond, d'une déclaration d'orthodoxie signée par Conrad, le nouvel archev. de Prague, et par Nicolas, év. de Nazareth, inquisiteur du diocèse, et d'une recommandation du roi, qui lui donnait pour compagnons trois seigneurs bohémiens, Jean de Chlum. Henri de Latzenbock et Wenceslas de Duba. Il prêcha partout sur sa route et fut bien accueilli des prêtres et des populations. Arrivé à Constance le 3 nov., il vit d'abord ses amis favorablement reçus par le pape et les cardinaux, mais cela dura peu, et le 28 il était déjà accusé d'hérésie et mis sous la garde d'un chanoine qui le retint 8 jours, malgré les réclamations de Chlum et les ordres très précis de l'empereur. Après Noël il fut transféré dans une prison humide et infecte qui faisait partie d'un couvent de dominicains, puis le 3 mars 1415 dans une prison de franciscains, et le 20 au château de Gottleben, où il fut enchaîné, les mains attachées la nuit avec un cadenas au mur contre lequel était appuyé son grabat. Le pape Jean XXIII, arrêté dans sa fuite, fut conduit comme prisonnier le même jour dans ce château. Enfin les 5, 7 et 8 juin Huss comparut, malade et exténué, devant le Congrég. du Concile, faveur qui lui fut accordée à la sollicitation de Chlum, car on avait voulu d'abord le condamner sans l'avoir interrogé; mais dès qu'il prit ta parole on lui répondit par des injures et des cris si furieux qu'il ne put réussir à se faire entendre. C'est ce qui décida Sigismond à assister aux séances du 7 et du 8 pour maintenir un peu d'ordre parmi les pères; mais cela même ne profita pas beaucoup à l'accusé. On voulait obtenir de lui une rétractation pure et simple de tout ce qu'il avait dit, ou pas dit, entre autres, qu'il était la 4m« personne de la Trinité. Plusieurs prélats essayèrent de la douceur pour l'engager à s* rétracter, mais il leur répondit comme à de Chlum: qu'il était prêt à rétracter tout ce qu'il aurait avancé de faux, dès qu'on le lui aurait démontré. Le 5 juillet nouvelle tentative par ordre de l'empereur, et le lendemain, 6 juillet 1415, première et dernière comparution devant le concile, présidé par le cardinal d'Ostia. Il est condamné comme hérétique et dégradé; ses livres sont brûlés devant lui, et enfin il est livré au bourreau. L* bûcher s'élevait dans une prairie, entre les jardins, derrière la ville. Le supplice dura longtemps, mais le martyr ne faiblit pas; il chanta et pria jusqu'à ce que les flammes étouffèrent sa voix. A 11 h. du matin tout était terminé; Kome avait triomphé el les bourreaux n'eurent plus qu'à ramasser les cendres de sa victime pour les aller jeter dans le Rhin. — Les principaux accusateurs de Huss avaient été Etienne Paletz. prof, en théol. à Prague, et Michel de Causis, curé d'une des paroisses de cette ville. — Parmi les Œuvres de Huss il faut nommer son Traité de l'Église, celui des Six erreurs, les Trois ennemis de l'homme, plusieurs petits écrits composés dans sa prison, des sermons et de nombreuses et touchantes lettres adressées à ses amis de Bohême, en prévision de son supplice, pour les engager à persévérer dans la foi. Ces œuvres qui furent fréquemment copiées au 15™ et au 16me siècles, furent détruites en grand nombre d'exemplaires par les jésuites, qui recherchèrent tout ce qui était tchèque pour le brûler. Publiées à Nuremberg 1558 avec une préface de Luther, et réimpi. en 1715, (les Lettres seules, par Bonnechose, Paris 1856), elles ont trouvé récemment à Prague un éditeur distingué en la personne de Ch. Erben, directeur des archives de la ville, 3 vol. 8°, en tchèque, v. aussi Palacky. C'est par erreur qu'on attribue à Huss une trad. de la Bible. Il a simplifié et réformé l'alphabet, l'orthographe et la langue tchèque, blâmant l'introduction de mots étran gers, et rappelant à ce sujet Néhémie 13, 23, 2i.

 

HUSSITES, les disciples de Huss. Révoltés du manque de foi et de la cruauté dont avaient fait preuve les ennemis de Huss, la noblesse et le peuple de Bohême ne regardèrent pas la question de la Réforme comme tranchée par le supplice du martyr, et le 2 déc. 1415 la diète adressa au concile une protestation menaçante avec un mémoire signé par plus de cent chevaliers et de mille gentilshommes. Le conc. n'en tint compte, excommunia les partisans de Huss, enleva leurs églises, les mit eux-mêmes en prison, brûla les uns, noya les autres, et multiplia les actes de cruauté au point que ceux qui survivaient durent prendre les armes pour pourvoir a leur propre sûreté et à celle de leurs familles. La guerre, rendue plus barbare encore par l'intervention du pape qui organisa une croisade contre ces malheureux, dura 13 ans et fut marquée par plusieurs succès signalés remportés par les hussites sous les ordres de Ziska. Ces derniers se divisèrent bientôt en deux partis, les calixtins, ou modérés, qui demandaient seulement la communion sous les deux espèces et qui avaient pour eux l'université, et les tabori-tes, qui demandaient une réforme complète de tous les abus de mœurs ou de doctrine. Ces derniers à leur tour se séparèrent en deux classes: les spirituels, qui voulaient avant tout une vraie réforme de l'Église, et qui sont les pères des frères de l'Unité, et les zélotes, ou violents, qui, une fois partis en guerre, ne pensèrent plus qu'à vaincre ou mourir. A la suite d'une victoire des hussites, le 14 août 1431, le pape se décida à convoquer le conc. de Bâla, où Cesarini obtint que Rockyzane et Épiscopius fussent délégués, et en 1434 les Compactata, compromis équivoque, satisfirent les calixtins, mais sans désarmer les taborites, qui continuèrent de lutter seuls. Ni Sigismond, ni ses successeurs Albrecht etLadislas, ne respectèrent le compromis de Bâle, et lorsque Podiebrad, qui était hussite de cœur, eut consenti à se laisser sacrer par lesév. catholiques, Pie II crut pouvoir révoquer formellement ces Compactata, et même faire déposer le roi qui s'était permis d'incarcérer son légat. Podiebrad résista, et son successeur Wla-dislas conclut à Kuttenberg en 1471, la paix de religion, qui maintenait les actes de Bâle et assurait aux deux partis la liberté confessionnelle. Il y eut bien encore quelques tiraillements, quelques supplices, mais la guerre était terminée, et quand la Réforme arriva, elle trouva chez les descendants des hussites des adhérents nombreux, joyeux et convaincus.

 

HUTTEN, Ulrich (de), né 22 avril 1488 à Stackelberg, Hesse-élect, d'une famille noble; s'enfuit à 16 ans d'un couvent de Fulda où il avait été placé pour son éducation, et étudia à Erfurt, Cologne et Francfort s. l'O. Après une vie un peu aventureuse il vint à Greifswald, où il se fit une affaire avec le bourgmestre Lôtz, et il répondit à la honteuse conduite de ce magistrat par un pamphlet où il le clouait au pilori. En 1310 il vint à Wittenberg, puis, sur le désir de son père, il se rendit à Pavie et à Bologne pour y étudier le droit romain, mais il n'y prit pas goût. Ses poésies satiriques lui avaient déjà fait une réputation; ses vers latins lui valurent même de la part de l'emp. Maximi-lien la couronne poétique. Mais poursuivi par la mauvaise fortune, il dut s'engager comme simple soldat dans l'armée impériale. En 1517 il revint en Allemagne et commença une série de publications, poésies ou discours, satiriques; en 1519, pour venger la mort de son frère, ou cousin, contre Ulrich de Wurtemberg qui l'avait fait assassiner. En 1516 il avait déjà pris parti pour Reuchlin dans sa lutte contre les théol. de Cologne, et il collabora pour beaucoup aux fameuses Lettres de quelques hommes obscurs. Lié un moment avec Luther, dont il partageait les idées réformatrices; appuyé d'abord par Al-berg de Brandebourg, archev. de Mayence, et quelques princes allemands, il perdit peu à peu ses protecteurs qui trouvaient qu'il allait trop loin, soit pour le fond, soit pour la forme. Ses aspirations nationales et antipapales se traduisirent en discours devant la diète d'Augsbourg 1518, et en écrits qu'il répandait du château de Stackelberg, où il demeurait; mais comme il ne trouvait d'écho, ni chez l'empereur, ni chez les princes, il s'attacha à François de Sickingen, et publia son éloquent appel aux villes libres de l'Allemagne pour les exciter à la lutte contre les Turcs. Enfin privé de toutes ressources, errant de ville en ville, ce puissant mais incommode génie vint à Zurich pour y chercher des alliés, et il y f 29 août 1523, de maladie et le cœur brisé. On a encore de lui un Traité latin sur l'art de versifier, et des Dialogues contre l'Égl. romaine. On lui doit aussi la découverte de 2 livres de Tite-Live, et des mss. de Pline et de Quintilien. Comme puissance oratoire on l'a comparé à Démosthènes et à Cicéron. Œuvres publ. par Munch, Berlin 1821-1827. Vie, par Ruffet, Genève 1879.

 

HUTTER, Léonard, né janvier 1563 à Nelli-gen, près Ulm, étudia la philologie et la théol. à Ulm, Strasbourg, Leipzig, Heidelberg et Iéna; commença à enseigner dans cette dernière ville 1594, puis à Wittenberg, où il se distingua surtout par la pureté de son orthodoxie. Son principal ouvrage, publié après sa mort 1619, est intitulé Loci communes theologici, développement d'un Compendium qu'il avait composé en 1610 à la demande de Christian II de Saxe, sous les auspices des facultés de Wittenberg et de Leipzig, et qui était deveuu le Manuel officiel de l'enseignement en Saxe. C'est un exposé simple et calme de la doctrine contenue dans la Form. de concorde. Il combattit les tentatives d'union du réformé Pareus, blâma le changement de religion de l'électeur Sigismond et réfuta la Concordia discors en lui opposant 1614 sa Concordia concors. Un volume allemand, paru à Leipzig 1829 sous le titre de Hutterus redivivus, est un simple hommage rendu à sa mémoire; les éditeurs ont voulu honorer son souvenir en publiant une dogmatique du même genre, due à un jeune savant, Klein, mort avant d'avoir pu retoucher son manuel devenu promp-tement populaire; une plume amie s'est chargée de ce soin.

 

HYACINTHE (le père), de son vrai nom Charles Loyson, né 1827 à Orléans, élevé à Paris où son père était recteur, montra de bonne heure des dispositions poétiques, entra à 18 ans à Saint-Sulpice, fut prof, de philos, à Avignon, de théol, à Nantes; puis à Paris curé de Saint-Sulpice, aux Carmes de Lyon, el fit de là des tournées de prédications, à Bordeaux, Périgueux, et enfin Paris en'1865, où il obtint à la Madeleine et à Notre-Dame un immense succès. Mais devenu suspect de largeur confessionnelle il fut dénoncé par Veuillot et dut se rendre à Rome où il réussit à se justifier auprès du pape. En juin 1869, au Congrès de la paix, il se signala par un magnifique discours où il manifestait des sympathies pour le protestantisme et où il faisait la critique du catholicisme moderne. Bientôt il rompit avec son ordre, fut excommunié, nommé balayeur des rues de Rome, et partit pour l'Amérique. Sa position, comme ses talents, le désignait pour être le chef du catholicisme libéral en pays de langue française. Il fut nommé curé à Genève en 1873, brilla un moment d'un vif éclat, mais finit par abandonner une œùvre qui ne répondait pas à ses aspirations, et se rendit à Paris où il ouvrit une chapelle. Le P. Hyacinthe a épousé à Londres une dame américaine. Plusieurs de ses conférences sur la Réform. cathol. renferment des morceaux de la plus haute éloquence, mais sa position intermédiaire entre le cathol. et le protestantisme, difficile à expliquer, a affaibli son action sur les masses et compromis son œuvre.

 

HYDROPARASTATES, v. Encratites.

 

HYGIN, ou Hyginus, 9™ év. de Rome 139-141; peut-être Athénien de naissance, condamna le gnostique Valentin et Cerdon le Syrien, précurseur de Marcion; d'ailleurs inconnu. Les lois et les décrets qu'on lui prête sont sup-

 

HYMNES, cantiques, etc. On sait par le N. T. que le chant des cantiques était ordinaire chez les premiers chrétiens, qui ne faisaient que suivre en cela les coutumes des Hébreux, Éph. 5, 18. Col. 3, 16. Matt. 26, 30. La lettre de Pline à Trajan constate que les hymnes en l'honneur de Christ continuèrent dans la primitive Église, mais on ne possède aucune donnée sur la nature de ces chants, que quelques-uns supposent avoir été une simple cantilène ou une sorte de récitatif, une déclamation accentuée, sans mesure, ni rythme. On peut croire que le chant variait suivant les communautés. Parfois l'un des assistants chantait un psaume et l'assemblée répétait les derniers mots. Ailleurs, après la prière, les enfants entonnaient le Kyrie éleï-on, que les fidèles répétaient avec eux. D'après Tertullien, à la fin d'une agape on invitait le plus capable à chanter un fragment de l'Écriture ou un cantique de sa composition. Puis, à mesure^qu'on prenait plus de plaisir à entendre le chantre attitré, le public se déshabitua de chanter lui-même, jusqu'à ce que Sylvestre 1er vers 320, et Ambroise de Milan, cherchèrent à régulariser et développer le chant d'église. De nombreux hymnes datent de cette époque, plus remarquables par les paroles que par la musique, à peine digne de ce nom. Du 6me au 9me siècle la langue latine offre une riche moisson de cantiques spirituels, composés par Bède, Warnefried, Théodulphe d'Orléans, Alcuin, RabanMaur,etc. Plus tard on doit enregistrer les noms de Robert, roi de France, de Damiani, Bernard, Bona-venture, Thomas d'Aquin, Celano, auteur du Dies irœ vers 1230; Jacopone de Todi, auteur du Stabat, f 1306, etc. Bien qu'étant surtout l'affaire du clergé, le chant tendait naturellement à se répandre dans la masse des fidèles, et les processions, en multipliant les refrains, favorisèrent cette disposition; les flagellants en particulier, y contribuèrent avec leur rythme mélancolique. Mais c'est de la réforme hussite qu'il faut faire dater son introduction légale et régulière dans l'Église, comme chant de tous les fidèles. Pierre de Dresde, recteur à Zwickau 1420, s'en occupa sérieusement, et l'év. Lucas 1504 fit imprimer une centaine de cantiques. Il y en avait beaucoup d'originaux, mais le plus grand nombre étaient trad. du latin (recueil de 1494). Parfois aussi un amateur plein de bonnes intentions, prenait une mélodie mondaine et y adaptait des paroles religieuses: ainsi H. de Laufenberg, Fribourg, 15m« siècle. Mais c'est seulement à partir de la Réformation que le chant d'église est devenu ce qu'il est auj., un acte de culte auquel toute l'assemblée participe, et qui fait en même temps la joie et la force des églises. Les cantiques sont devenus l'expression publique de la foi et ont ainsi revêtu un caractère liturgique. L'Allemagne a été particulièrement privilégiée sous ce rapport: Luther tient la tête avec ses 37 b^aux cantiques et choraux, mais le nombre de ses chantres est immense, et l'on compte dans le nombre des têtes couronnées, Gustave-Adolphe, Louise-Henriette de Brandebourg. Parmi les poètes les plus populaires et les plus féconds, il faut nommer Gerhard, Gerock, Herm. Francke, Zinzendorf, Tersteegen, Gellert, Klopstock, Lavater, Nova-lis, et parmi les modernes, Knapp, Spitta, Garve. En France la trad. des Psaumes, quelque imparfaite que fût l'œuvre de Bèze et de Marot, trouva un terrain si bien préparé qu'elle devint presque l'un des livres officiels des égl. réformées, et d'un usage si répandu que les protestants furent appelés les chanteurs de psaumes. Néanmoins ce recueil, toujours respecté, dut être complété par l'adjonction de cantiques plus clairement chrétiens quant à la doctrine; Bèn. Pictet est un de ceux qui ont surtout concouru à la formation de ce supplément. Parmi les modernes, le nom de César Malan, par ses chants de Sion, mérite d'être signalé en première ligne, comme poète et compositeur musical. Mais le réveil religieux a produit toute une littérature de cantiques, dont quelques-uns, déjà consacrés par le temps, sont définitivement admis par les églises. Les auteurs les plus connus sont Bastie, A. Bost, Clottu, comte De la Borde, Chavannes, Empeytaz, Gonthier, Guers, F. Neff, Recordon, Schérer, Vinet.

Les chants figurés de A. Bost (Apocalypse, Ps. 118, Jubilé, Pâques, etc.), marquent un progrès dans le chant d'église et ont eu plus, éditions. Quant aux recueils, simples compilations, ils sont trop nombreux pour être tous mentionnés; chaque église a voulu avoir le sien: Genève, Lyon, Paris, Nîmes; et de même chaque congrég. particulière, wesleyens, baptistes, chapelle de l'Etoile, darbistes, etc.

 

HYPATIE, fille du mathématicien Théon, née vers 370 à Alexandrie, très savante elle-même en mathématiques et philos.; étudia à Athènes et donna des cours publics à Alexandrie sur Platon et Aristote. Très liée avec le gouverneur de la ville, Oreste, elle était païenne, et fut massacrée 415 dans une émeute par les chrétiens, désireux de venger leur év. Cyrille, qu'elle avait attaqué avec passion. D'après Suidas, Cyrille, jaloux de la gloire d'Hypathie. n'aurait pas été étranger à cette mort. Les œuvres d'Hypatie ont péri dans l'incendie de la biblioth. d'Alexandrie.

 

HYPERIUS (d'Ypres). André Gerhard, né 16 mai 1511, étudia à Paris la philos. 1528-1532, puis la théol., s'attacha àSturm, et après avoir visité encore l'Italie et l'Allemagne, se prononça pour la Réformation. Il se rendit ensuite en Angleterre, et à son retour fut nommé 1541 prof, de théol. à Marbourg, où il + 1564. Quoique luthérien, il se montra conciliant avec les réformés. Il a posé les bases de la Méthodologie dans son livre: De recte formando theol. studio; et a donné de sérieuses indications ho-milétiquea dans son De formandis concionibus.

 

HYPOCRISIE, disposition à cacher sous des apparences bonnes et honnêtes des intentions déloyales ou coupables; à feindre pour des motifs intéressés, des sentiments que l'on n'éprouve pas, et à dissimuler sous des actes extérieurs ce qui manque en vie morale. Les Pharisiens en étaient souvent coupables; Ananias en est un exemple; saint Pierre aussi, dans un cas particulier, Gai. 2, 13. Tartufe en est devenu le type. Les jésuites en ont fait une vertu (Esco-bar, etc.).

 

HYPOSTASE; expression de théol. métaphysique, marquant la distinction des personnes dans la nature divine, non seulement des aspects, des rayons particuliers de cette nature, mais la totalité des attributs divins se révélant en sortant pour ainsi dire de l'absolu et n'en différant que par la forme et la manifestation. L'hypostase est en quelque sorte un moment révélant pour lui-même et à un degré égal, quoique sous une forme particulière la totalité de Dieu, la totalité de son amour, de sa sainteté, de sa puissance. La sagesse divine, la Parole, le Logos est une hypostase, une vraie personnalité.

 

HYPSISTARIENS, secte religieuse, à laquelle appartenait, avant sa conversion, le père de Grégoire de Naziance. Elle n'est connue que par ce qu'en disent les deux Grégoire, et paraît avoir été un mélange de judaïsme et de paganisme.

 

HYSTASPES, nom d'un vieux recueil de prophéties, semblable aux Oracles sybillins. Il contient des prophéties relatives à Jésus-Christ, et depuis le 2me siècle on s'en servit souvent contre les païens. D'après Lactance, Hystaspes aurait été un ancien roi perse, doué du don de prophétie. Cité aussi par Justin et Clément d'Alexandrie.