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ZABARELLA lo François de Zabarellis, dit le cardinal de Florence, né 1339 à Padoue, étudia le droit à Bologne, professa à Padoue, fut envoyé 1406 auprès de François le' pour préserver Padoue de tomber entre les mains des Vénitiens, et s'établit à Florence. Les Florentins l'élurent pour archevêque, mais Boniface IX avait déjà fait son choix. Il fut définitivement nommé par Jean XXIII, qui le créa en outre cardinal 1411 et le chargea de préparer le prochain concile. A Constance il déploya autant d'activité que de fermeté. Ses études sur le droit canonique lui donnaient une grande autorité. Il négocia avec le pape Jean les conditions de sa démission, prépara un mémoire sur la Réforme de la cour papale, intervint dans le procès de Jean Huss, pencha dans le sens de la supériorité du pape sur le concile, fut chargé d'instruire dans l'affaire de Jean Petit sur le meurtre des tyrans, et aurait probablement été nommé pape s'il n'était pas mort 1417 par suite d'un excès de travail. Il a laissé de nombreux ouvrages, Comment, sur la Bible, sur les Décrétales et les Clémentines, sur le bonheur, sur les conc. de Pise et de Constance, etc. Son grand Traité sur le Schisme, souvent réimpr., a été mis à l'Index.

2° Barthélémy, son neveu, f 1445, fut l'héritier de sa fortune, de son érudition et de son siège épiscopal.

ÎJo Jacques, de la môme famille, né 1533 à Padoue, où il professa depuis 1564, et où il f 1589, enseigna la philos, et s'est fait une réputation par le talent avec lequel il savait débrouiller les questions, et au besoin les embrouiller. Passionné d'astrologie, il a composé plusieurs ouvrages, entre autres sa Découverte d'un moteur éternel, qui le fit soupçonner de matérialisme, d'autant plus que, sans la nier, il soutenait d'après Aristote que l'immortalité de l'âme ne peut pas se prouver. Il ftit cependant libéré par l'Inquisition.

 

ZABIENS, ou Sabéens, v. Mendéens.

 

ZACHARIE, pape 741-752. Quand le majordome Pépin, n'étant encore que maire du palais, voulut ajouter le titre de roi aux prérogatives royales qu'il possédait déjà, il fit demander à Zacharie par deux délégués ecclésiastiques, lequel devait porter le titre de roi, celui qui en avait le nom sans le pouvoir et les capacités, ou celui qui en avait le pouvoir et les capacités sans le nom. La manière dont la question était posée dictait à Zacharie sa réponse; elle fut ce que désirait Pépin; et l'usurpation carlovin-gienne fut ainsi justifiée. Les papes suivants firent de cette circonstance comme un antécédent qui leur accordait le droit de disposer des couronnes.

 

ZANCHI Girolomo (Jérôme Zanchius), né à Alzano 1516, fils d'un patricien, entré au couvent des augustins à Lucques 1531, étudia les écrits de réformateurs sous Vermigli. Obligé de fuir devant l'Inquisition, en 1551 il se réfugia dans les Grisons, puis à Genève et fut nommé prof, de théologie à Strasbourg. Esprit logique et très indépendant il ne croyait ni à la damnation générale des catholiques, comme les luthériens, ni à la prédestination, comme Calvin. Cependant en 1563 il dut partir et accepter le poste de prédicateur à Chiavenna. En 1564 il se retira devant la peste avec sa communauté sur une montagne près de Piuri, où il écrivit ses Miscellanea, puis à Piuri même après sa séparation d'avec son collègue Fiorillo, el accepta en 1568 la chaire de prof, de dogmatique à Heidelberg. A la mort de Frédéric III il partit pour Neustadt sur la Hardt, où dès 1578 il interpréta le N. T., visita Chiavenna en 1583, et enfin Heidelberg où il + 1890. Ses principaux écrits sont: De tribus Elohim; De naturà Dei s. de divinis attributis; De operibus Dei intra spa-tium sex dierum creatis; De primi hominis lapsu, de Peccato et lege Dei, etc. Genève 1619.

 

ZEISBERGER, David, un des missionnaires les plus remarquables de l'Égl. morave, né U avril 1721 à Zeurchtenthal, Moravie, vint à Herrnhout 1726 avec ses parents, qui bientôt partirent pour la Georgie. Après de bonnes études, surtout en latin, il alla les rejoindre 1736. La famille s'établit enPensylvanie, d'abord à Nazareth, puis à Bethléhem. Converti en 1743, il se voua de cœur à l'œuvre des missions au milieu des Indiens, se rendit en 1745 à Onon-dago, village des Iroquois, fit de 1750 à 1752 un voyage en Europe, fut solennellement consacré à Herrnhout, et revint prendre son poste à Gna-denhutten. Son œuvre fut plusieurs fois traversée, et souvent renversée, tantôt par les Indiens, tantôt par les blancs; ses stations furent ravagées, ses aides furent mis à mort; lui-même maintes fois sur le point d'être assassiné. Mais il ne perdit jamais courage, et au milieu de toutes ses tribulations, de ses dangers, de ses voyages, il trouva encore le temps de composer deux grammaires, un dictionn. onondago, un abécédaire delaware, de petits discours, 500 cantiques, une traduction de l'Harmonie des 4 Évangiles, etc. Devenu vieux il perdit la vue; sa dernière lettre est datée du 6 août 1807 (au pasteur morave Latrobe, à Londres). Enfin en oct. 1808 une courte maladie l'enleva à ses amis et à son œuvre, à 87 V» ans, après un ministère de 67 ans. — Vie, par Blumhard, Neuchâ-tel 1844.

 

ZÉLANDE (Nouvelle ), déclarée colonie anglaise en 1840. Sa population, plutôt malaise, ou maori, est belle, intelligente, d'un noir tempéré, cheveux longs; mais violente, passionnée, longtemps anthropophage et infanticide. Ds adoraient des fétiches par des sacrifices humains et des orgies. Des guerres continuelles les décimaient, et le chiffre de 2 ll% millions qui était celui de leur population, a sensiblement baissé. La mission a commencé chez eux en 1810, par Samuel Marsden et 2 autres missionnaires. Ils n'échappèrent à la mort que par la protection du chef Schangee. En 1822 les wesleyens leur vinrent en aide, et bientôt ils purent recueillir les fruits de leur travail; en 1856 la traduction de la Bible était achevée, ainsi que quelques manuels et catéchismes. L'arrivée de prêtres et de religieuses catholiques en 1837, un évêché puséiste en 1842, enfin l'annexion anglaise qui irrita les Maoris, troubla pendant quelques années la mission. Auj. l'œuvre a un peu repris, et l'on compte dans le nord 10 à 12 mille convertis, 16 missionnaires européens, 27 pasteurs, 220 évangélistes indigènes. La mission de Her-mannsbourg a 3 stations dans le pays. Les wes-leyens et la Church miss. Society ont aussi des postes parmi les colons.

 

ZELL, Matthias, né 1477 à Kaisersberg, Alsace, d'une famille de pauvres vignerons, étudia à Mayence, Erfurt, Fribourg, enseigna quelques années dans cette dernière ville, où il devint bachelier en théol. et, par l'influence de Sturm, fut nommé pasteur de la cathédrale à Strasbourg 1518. Il fut bientôt le prédicateur le plus populaire de la ville, et put se regarder comme le successeur de son compatriote Geiler. Mais le vent soufflait à la Réforme; Zell la prêchait déjà en 1521. L'évéque et les chanoines commencèrent contre lui une opposition violente; le peuple et le magistrat se prononcèrent pour lui, et quand la chaire lui eut été fermée, les bourgeois lui en firent une portative, autour de laquelle ils continuèrent de se réunir. Ses convictions s'affermirent toujours davantage. Le 3 déc. 1523 il épousa Catherine SchUtz (1497-1562), fille d'un honorable menuisier de Strasbourg, qui, élevée dans des sentiments de piété, n'avait trouvé la paix de son cœur que lorsque Luther, à qui elle avait écrit, lui eut fait connaître l'amour de Jésus et les trésors de son Évangile. Zell trouva en elle une aide fidèle et dévouée. Leur maison était ouverte à tous ceux que la foi obligeait à quitter leur patrie, et leurs moyens ne suffisaient pas toujours à leur désir de faire le bien. OEcolampade et Zwingle séjournèrent chez eux, lorsqu'ils allaient rejoindre Luther à Marbourg. Catherine avait mérité le surnom de mère des réformateurs. Zell se prononça énergiquement contre l'émeute des paysans; il combattit aussi les doctrines des anabaptistes, quoiqu'il fût très large sur les questions d'Église, et très indépendant en matière de doctrine. Le premier il introduisit l'allemand dans la formule du baptême, et quant à l'eucharistie il n'admettait la présence de Christ que d'une manière céleste et non terrestre. Homme de cœur avant tout, pratique et plein d'énergie, il ne s'est presque pas mêlé aux luttes thèologiques de son temps; il s'est contenté de rendre la Réforme populaire par sa vie et ses prédications, f 9 janv. 1548. On n'a guère de lui qu'un catéchisme, 1534. Sa veuve, qui lui survécut jusqu'en 1562, continua son œuvre et sut défendre au besoin sa mémoire. Elle aima mieux servir les autres qu'être servie par eux. Schwenckfeld fut pour elle un ami fidèle.

 

ZELLER lo Christian-Henri, né 29 mars 1779 à Hohenentringen, Wurtemberg, fils d'un conseiller à la cour. Il dut ses tendances religieuses à l'influence de sa grand'mère, et ses idées philanthropiques et pédagogiques à un maître d'école de Ludwigsburg où il vivait en 1787, puis à des amis comme Blumhardt. En 1797 il étudia le droit à Tubingue. En 1803 il fonda une école à Saint-Gall; en 1809 il obtint la direction des écoles de toute la circonscription de Zofingue, et en 1820 des asiles qu'il avait fondés à Beuggen, d'accord avec Spittler, pour enfants abandonnés, et des écoles déguenillées. Ces établissements reçurent en 1826 la pleine approbation de Pestalozzi, et ils devinrent rapidement populaires. Il travailla activement jusqu'à sa f 18 mai 1860. Il eut une nombreuse famille; l'évéque Gobât de Jérusalem, Thiersch, Vôlker et Werner, étaient ses gendres. — Il a laissé des cantiques et de nombreux écrits ayant trait à la théologie, à la littérature et surtout à la pédagogie.

2o Son frère Charles-Auguste, disciple de Pestalozzi, s'est beaucoup occupé de pédagogie et de littérature; il fut inspecteur et conseiller scolaire à KOnigsfeld, puis à Lichtenstern où sa direction prit un caractère plus nettement évangélique.

3o Jean, fils de Z. lo, directeur de la maison de Mânnedorf, le pieux continuateur de l'œuvre de Dorothée Trudel.

4o Édouard, né le 22 janv. 1814, à Klein-bottwar, Wurtemberg; prof, de théol. successivement à Tubingue, Berne, Hambourg, Heidelberg et Berlin; disciple de Banr.

 

ZEND-AVESTA, le livre sacré des parsis, ou guèbres, dont le nt>m signifie selon les uns la Parole vivante, selon d'autres Allume-feu, parce qu'il est censé remplir d'un zèle ardent pour le divin le cœur de ceux qui s'en nourrissent. C'est Anquetil-Duperron qui le premier l'apporta en France 1762 et le fit connaître par une traduction 1771. Écrit dans la langue zend, ou ancienne bactriane, de la famille des langues indogermaniques et parente du sanscrit, ce vieux document de la religion de Zoroastre se compose de plusieurs parties distinctes, qu'un dialecte différent empêche de regarder comme contemporaines, et qui doivent appartenir à des époques et à des auteurs différents. Ce sont les Sassanides probablement qui ont présidé à la formation de ce recueil, et ils y ont réuni des fragments d'origines diverses, autour desquels se sont groupées des légendes. C'est Zoroastre qui en serait l'unique auteur, et le livre aurait été primitivement écrit sur 1200 peaux. Il devait comprendre Si divisions on mwi, chacune avec un titre particulier, mais le plus grand nombre ont disparu sous l'influence de l'islamisme. Celles qui resten t sont l'Yaçua ou Izechné, hymnes et prières (élévation de l'âme); le Vis-pered, ou chef des êtres, supplications et litanies; le Yescht-Sadès, hymnes en général très longs, en pehlvi et en parsis, et le Vendidad, ou livre de la loi; l'ensemble formant une sorte de bréviaire que les prêtres devaient réciter avant le lever du soleil. Le Vendidad est le plus ancien. La seconde partie du Zend-Avesta est le Bundeheschj sorte d'encyclopédie qui traite de la cosmogonie, de la religion, du culte, de l'astronomie, de l'agriculture, des institutions civiles, etc. Voltaire parle de ces livres comme d'un fatras abominable, et de leur auteur comme d'un fou dangereux; mais on sait qu'il n'était pas compétent et que ses jugements ont dû être réformés sur bien des points. Le Zend-Avesta est un chaos d'idées et de faits, c'est possible, mais c'était un progrès pour le temps et le pays où il parut.

 

ZÉNON lo év. de Vérone, personnalité très controversée. On connaît sous ce nom l'auteur de 127 sermons, publiés à Venise 1508, mais dont plusieurs sont dus certainement à d'autres prédicateurs, Potamius, Hilaire, Basile. Le seul év. de Vérone authentique est connu par Ambroise, qui l'appelle un évêque de sainte mémoire et le fait vivre sous Valentinien I*r et sous Gratien, sans parler de son martyre, ni de ses miracles. Les bollandistes en mentionnent un autre, d'après le pape Grégoire; il aurait fait des miracles et souffert le martyre au 3™* siècle, sous Gallien; c'est à lui qu'on attribuerait les sermons sus-mentionnés, dont la doctrine trinitaire n'est pas encore fixée, qui ne disent mot des ariens, et qui parlent du paganisme comme étant encore le maître dans l'empire. Mais d'un autre côté ils citent la 1" aux Corinthiens comme datant de 400 ans et plus. Les fr. Ballerini essaient de tout concilier en admettant que Zénon, évêque africain, orthodoxe, après avoir visilé la Syrie, serait venu à Vérone, où il aurait été nommé évêque le 8 déc. 362 et serait f 12 avril 380. Mais le seul dont l'existence soit bien prouvée est celui dont parle Ambroise, et dans ce cas les sermons ne peuvent pas être tous de lui.

2° Z. l'Isaurien, emp. d'Orient. D'abord chef de la garde isaurienne, il fut en 468 appelé à Constantinople par Léon I<"9 dont il épousa la fille Ariane, et il monta sur le trône 474. Chassé en 475 par la révolte de sa belle-mère Verina aidée de son frère, il remonta sur le trône en 477 avec le secours des Isauriens et des Goths, mais souilla son triomphe et son règne par ses excès et ses cruautés. Il joua un rôle important dans les luttes monophysites en imposant la paix aux partis par son édit Hénotikon de482. Passionné, ivrogne, sujet vers la fin à des crises d'épilep-sie, il se fit haïr et mépriser. Sa femme le fit enterrer vivant un jour qu'il était ivre 491, et épousa Anastase, un de ses courtisans.

 

ZÉPHYRIN, pape de 199 (ou 202) à 218 (20 août?). Presque inconnu; Hippolyte en fait un homme sans culture et intéressé; il se laissa mener par Calliste à qui il fit don des catacombes de ce nom, et qui lui succéda. Il était peu doué; les montanistes lui reprochent son indulgence pour les adultères et ses hésitations en matière de doctrine. Il vit éclater les persécutions de Sévère.

 

ZIEGENBALG, Barthélémy, né 14 juin 1683 à Pulsnitz, Basse Lusace, le fondateur de la mission chez les Tamules, côte de Coromandel, étudia la théologie à Halle, où l'influence de Francke le détermina à se vouer à la carrière missionnaire, malgré la faiblesse de sa santé. Il partit en 1705 avec Henri Plutschow pour la colonie danoise de Tranquebar, où le roi de Danemark Frédéric IV venait de prendre la résolution d'entretenir une mission. Malgré de nombreuses difficultés, emprisonnement, naufrage, perte d'argent, ils purent célébrer en 1707 les premiers baptêmes parmi les indigènes et établir deux écoles pour les enfants. Entravé par les Danois dans ses voyages missionnaires, Z. entreprit de correspondre avec les païens les plus instruits du pays d'alentour et exerça par ce moyen une grande influence. Il traduisit aussi divers traités, le N. T. et enfin la Bible en langue tamule et parvint à fonder pour la mission l'église dite de Jérusalem qui subsiste encore aujourd'hui. Il fit en 1714 un court voyage en Europe, vit le roi Georges 1er et l'archev. Wake, de Cantorbéry, et repartit en 1716, sous le patronage delà Compagnie des Indes,d'abord pour Madras, puis pour Tranquebar. Accablé de travail, il f 28 févr. 1719 à l'âge de 36 ans après avoir remis la conduite de son œuvre à son successeur Grttndler. Il a composé une Hist. du Malabar, une généalogie de ses dieux, un Dictionn. et une Grammaire tamules. L'Égl. conserve avec respect 2 lettres de Georges I*r à Z. et une de l'archev. Wake.

 

ZILLERTHAL, v. Tyrol.

 

ZIMMER, Patrick-Benoît, né 22 février 1752, étudia à Ellwangen la philos, à Dillingen la théol. et le droit-canon. Répétiteur à Dilligen, puis prof, de dogmatique à Ingolstadt; il fut nommé membre de la chambre des députés de Bavière et président du Comité de législation, f 16 oct. 1820 dans sa cure de Steinheim. Très estimé comme professeur, il n'était pas moins recommandable par ses vertus et par sa foi- Sa théologie était celle de son ami Sailer, expérimentale plutôt qne spéculative, et pleine de vues larges et de sentiments élevés. Il a publié en latin et en allemand de nombreux ouvrages, parmi lesquels on remarque: un Système de théol. chrétienne, la Foi en l'existence de Dieu, la Philos, de la religion, des Recherches sur la chute du genre humain, des Recherches sur les prétendus mythes de la Genèse, une Dogmatique chrétienne, divisée en 4 parties: Dieu en lui-même, Dieu dans ses rapports avec l'homme, comme Créateur, Providence (gubernator) et juge.

 

ZIMMERMANN lo Jean-Jacques, né 1644 à Wayhingen, Wurtemberg, diacrede Bittigheim; porta en chaire, non sans éclat, les doctrines de BOhme, et publia sa Révélation presque complète de l'Apocalypse, qui lui fit perdre sa place. Il se mit à voyager en Allemagne et en Hollande, prêchant et faisant beaucoup de prosélytes. Il fut pendant 4 ans prof, de mathématiques à Heidelberg, passa de là à Hambourg, puis à Rotterdam, et se disposait à partir pour l'Amérique, lorsqu'il f 1693. Il a laissé quelques ouvrages en latin.

2o Jean-Jacques, né 1685 à Zurich, où il fut professeur, et où f il 1756; auteur de quelques ouvrages estimés, réunis sous le titre de Opus-cula histor. et philoset de dissertations publiées dans diverses revues.

3° Ernest, né 18 sept. 1786 à Darmstadt, étudia à Giessen, se distingua comme prédicateur, fit l'éducation des jeunes princes d'Anhalt et de Darmstadt, fut nommé aumônier militaire, chapelain de la cour, et f 24 juin 1832, comme il venait d'être nommé prélat. Il appartenait au rationalisme le plus avancé de la Hesse.

40 Charles, son frère, né 23 août 1803 à Darmstadt, étudia à Giessen la théol. et surtout la philologie, et passa ses premières années dans l'enseignement. Il fit l'éducation des jeunes princes, fut nommé pasteur en 1835, et prélat en 1847. Outre de nombreuses collections de sermons qu'il a publiés, il s'est fait une réputation légitime par son Appel de 1841, qui rattacha à la Soc. de Gustave-Adolphe, fondée en 1832 par Grossmann, une société semblable qu'il avait formée à Darmstadt depuis quelques années. Cette alliance, fondée sur de larges bases, fut le signal d'un développement extraordinaire de l'œuvre. Il collabora longtemps à des journaux rédigés par ses frères, notamment à YAllgem. Kirchenzeitungde Darmstadt, fondée par Ernest en 1822, et dont il finit par prendre la direction. On lui doit une édition de luxe des écrits réformateurs de Luther, une collection de Lettres aux femmes de son temps, une vie de Luther, une édit. popul. des Livres symboliques, etc. En 1872 il dut prendre sa retraite.

 

ZINZENDORF et Pottendorf, Nicolas-Louis (comte de), né 26 mai 1700 à Dresde, d'une famille noble, datant des croisades, originaire d'Autriche, dont les ancêtres avaient dû émigrer à cause de leur attachement à la Rèformation, déjà vers 1580. Spener fut son parrain. Il perdit son père 6 semaines après sa naissance. Sa mère, baronne de Gersdorf, se remaria et l'enfant confié à son aïeule maternelle reçut des impressions religieuses profondes dans un milieu où se trouvaient Francke, Anton, Kan-slein, et les hommes les pluséminents du réveil. Il se distinguait par sa mémoire et son intelligence. A 10 ans il fut envoyé au Pedagogium de Halle, où sa piété se manifesta d'une façon particulière, et en dehors des collèges de piété. Il aimait à former avec des camarades de petites associations restreintes, consacrées à la prière et à la méditation. L'une d'elles portait le nom de: Esclaves de Christ; une autre celui de: Confesseurs du Christ; une autre s'appelait l'Ordre du grain de senevé. Déjà en 1715 il se préoccupait avec De Watteville de l'évangèlisation des païens. En 1716 son tuteur l'envoya à Wittenberg pour y faire son droit, et dans ce nouveau milieu, orthodoxe, mais surtout luthérien et ennemi du piétisme, il continua de se livrer à ses exercices de dévotion particuliers, au jeûne, à la prière, nourrissant touj. l'arrière-pensée de se consacrer un jour au saint ministère. Il était si respecté de tous, que ses professeurs lui proposèrent d'essayer une médiation entre le piétisme de Halle et le luthéranisme étroit et scolastique de Wittenberg; mais la chose n'aboutit pas, sa mère l'ayant rappelé pour le sortir de ce mouvement théologique où elle regrettait de le voir s'engager (Où donc Bouillet a-t-il trouvé qu'il avait mené une jeunesse scandaleuse? Glaire même n'en parle pas). Il visita en 1719 et 1720, avec son plus jeune frère Frédéric, la Hollande et la France; fut si frappé d'un Ecce homo qu'il vit à Dusseldorf, qu'il en fit l'emblème d'une de ses associations; se lia à Paris avec le cardinal de Noailles, mais rompit avec lui quand ce pauvre vieillard eut fléchi dans l'affaire de la bulle Unigenitus. Fiancé à sa cousine Théodora, il la céda généreusement à son ami Henri XXIX de Reuss-Ebersdorf qui lui paraissait l'aimer davantage, et il épousa en 1722 la sœur de ce dernier, Erdmuthe-Dorothée, qui était bien la femme qu'il lui fallait, et qui lui donna 12 enfants (dont 10 moururent jeunes). En 1721, pour plaire à sa famille, il accepta une place de conseiller de la cour à Dresde, s'occupant surtout des conciliations en justice, et il continua de présider chaque dimanche des réunions d'édification, ce qui lui attira les moqueries de bien des courtisans. Il acheta la Seigneurie de Ber-thelsdorf, qu'il passa en 1732 an nom de sa femme. Il y plaça le pasteur Rothe et un inspecteur pieux. Bientôt des fugitifs de Moravie arrivèrent, et il leur permit de s'établir sur une colline de ses domaines, appelé le Hutberg, qui ne tarda pas à devenir le Hernhut des mo-raves. Les exilés arrivèrent en nombre, quand ils surent qu'ils avaient un refuge. En 1723 il fonda avec Rothe, de Watteville et Schaefer, la ligne des 4 frères, pour propager la religion du cœur et avancer le règne de Christ par tous les moyens. De 1723 à 1724 ils fondèrent le Pœdago-gium, une maison pour les jeunes filles nobles, une école, une imprimerie, une librairie, une pharmacie pour les pauvres, etc. Le gouvernement de la Moravie s'opposant à l'émigration des Frères, qu'il persécutait, le comte se rendit en 1726 à Olmtttz pour plaider leur cause; mais pendant son absence, un conseiller nommé Krtlger troubla l'église naissante par des idées apocalyptiques et séparatistes, et il fallut tout le calme du comte pour remédier au mal. Kru-ger devint tout à fait fou et mourut en 1727. Le 17 mai 1727 les Frères se constituèrent eu communauté théocratique et nommèrent 12 anciens, avec le comte pour Préposé général. Les discussions avaient été laborieuses, car il s'agissait de former une église à part, tout en restant dans l'Égl. luthérienne, et les études de droit qu'il avait faites ne furent pas inutiles à Z, dans celte circonstance. Le comte, qui suivait toujours son idée d'entrer dans le ministère évangélique, se rendit incognito à Stral-sund; sous le nom de Freydeck (une de ses terres) et comme précepteur chez un riche négociant, il prêcha plusieurs fois avec succès et finit par demander, après plusieurs conférences et examens, une attestation d'orthodoxie et d'aptitude pour la consécration. Il remit alors son épée au surintendant, en lui déclarant qu'il n'en voulait plus porter d'autre à l'avenir que celle de la Parole de Dieu, et le 19 déc. 1734 il fut consacré à Tubingue comme pasteur luthérien. En 1736, pendant un voyage en Hollande, il reçut la nouvelle qu'il était banni de la Saxe; mais Frédéric-Guillaume I<" de Berlin lui était favorable. Dès lors commence sa grande activité missionnaire. II envoie des Frères en Laponie et parmi les Samoyèdes; d'autres sont déjà partis pour Saint-Thomas et Sainte-Croix, d'autres pour Ceylan. Lui-même en 1739 va aux Antilles et passe cinq semaines en Amérique. De retour il visite la Hollande, la Suisse, Genève, et repart en 1741 pour l'Amérique, après s'être démis de son titre et de ses fonctions d'évêque; il prépara quelques postes missionnaires, mais son voyage ne présenta rien de marquant. Sous le nom de frère Louis, il assista à quelques synodes en Pensylvanie, missionna un peu parmi les Indiens, et revint en 1743 par l'Angleterre et la Hollande. A peu près vers cette époque on peut constater à regret l'exagération de quelques côtés de son esprit, et l'affectation puérile de la simplicité enfantine qu'il recherchait comme un caractère de la foi chrétienne. 11 fondait l'ordre des simples (naïfs), Matt. 11, 25; il abusait dans ses discours et dans ses poésies, des diminutifs, du petit Jésus, de l'Agnelet de Dieu, des gouttelettes de son sang; il se complaisait outre mesure dans les émanations du cadavre de Jésus, il faisait nommer Jésus ancien en chef de l'église des Frères, etc. Mais ces enfantillages n'eurent qu'un temps et n'ôtent rien à ce qu'il y avait de puissant, de sincère et de profond dans sa piété et dans son activité. En 1747 il put rentrer en Saxe; en 1749 l'église des Frères fut mise au bénéfice du droit commun en Angleterre, et l'œuvre du comte fut consolidée. Des questions d'argent, qui ne touchent en rien à son honorabilité, attristèrent ses dernières années. Le 19 juin 1756 il perdit sa noble compagne, et se remaria le 27 juin 1757 avec Anna Nitschmann. Après quelques voyages il finit par s'établir en 1759 à Herrnhut, où il f le 9 mai 1760 d'une violente fièvre catarrhale. Il lui fut fait de splendides funérailles officielles; le deuil de ses amis ajouta à la solennité. Zin-zendorf est une figure étrange qu'on ne peut juger à la mesure ordinaire; il eut des singularités, parfois quelques bizarreries, mais qu'on a exagérées, et un sentiment très vif de la misère humaine et de l'amour de Dieu pour les pécheurs. A une grande humilité personnelle il joignait des dispositions autoritaires et une certaine tendance à imposer sa volonté. Il a laissé beaucoup d'hymnes et cantiques, et un certain nombre d'ouvrages en prose, parmi lesquels on remarque: La bonne Parole du Seigneur, espèce de catéchisme; le Lait pur de la doctrine de J.-C.; Essai d'un manuel pour la communauté des Fr.; Péri Eautoû, réflexions naturelles sur différents sujets; Forme actuelle de l'Empire de la Croix du Christ, etc. V. Bost, Hist. des Fr. moraves; Vie, par F. Bovet, etc.

 

ZISKA. Jean de Trocznow, noble bohémien, né vers 1380, surnommé Ziska, le borgne, parce qu'il avait perdu un œil dans une bataille, se mit 1417 à la tête des Hussites quand Sigis-mond, sur l'ordre du pape commença contre eux sa terrible croisade. Il conduisit son armée sur une montagne hérissée de rochers, à 77 ki-lom. S.-E. de Prague et s'y fortifia; v. Tabor. Il prit Prague en 1419, refusa de reconnaître Si-gismond, répondit par de cruelles représailles aux cruautés de l'armée ennemie, résista en 1421 aux armées réunies de l'empereur et de la Hongrie, et, bien qu'ayant perdu son second œil, malade et cerné sur le mont Taurkand, il se fraya un chemin, battit de nouveau l'empereur et finit par se faire agréer de lui comme vice-roi de Bohême, avec un pouvoir absolu sur ce royaume. Il allait lui prêter serment quand il mourut de la peste 1424. On raconte que les Bohémiens firent de sa peau un tambour, dont le bruit seul avait le don de jeter la panique chez les ennemis. Un parti nombreux des ta-borites prit le nom d'Orphelins, s'estimant tels depuis qu'ils avaient perdu leur intrépide général.

 

ZITTEL, Karl, Dr théol. 1802-1871, étudia la théol. à Iéna, occupa d'abord divers postes, fut pasteur à Bahlingen, puis enfin à Heidelberg 1849, où il fut nommé doyen. Il fut le chef réel du parti libéral du duché de Bade pendant de longues années. Au point de vue politique, comme membre de la représentation nationale, 1842-1849, puis membre du parlement de Francfort et d'Erfurt, il représenta surtout le parti libéral modéré. Il a écrit: Motifs en faveur de la liberté religieuse; État de l'Église évangélique de Bade; et a dirigé la rédaction d'un journal religieux: Der Sonntagabend.

 

ZIZIME, antipape 824, en concurrence avec Eugène II.

 

ZOLLIKOFER, Georges-Joachim, célèbre prédicateur allemand. Né 5 août 1730, fils d'un juriste pieux de Saint-Gall il étudia dans cette ville, puis à Brème et à Utrecht; fut précepteur à Francfort s. Mein, commença à prêcher en 1753. Ses succès commencèrent dès Tannée suivante; il fut appelé par l'Église réformée de Leipzig en 1758; il y fut un vrai modèle pour les jeunes théologiens de l'époque jusqu'à sa f 22 janv. 1788. — Supranaturaliste, profondément pieux, pratique, il savait traiter dans ses discours les sujets les plus élevés et les plus difficiles avec beaucoup de vie et de fraîcheur. Son débit était calme et digne comme sa personne. — On a de lui environ 250 sermons imprimés (Leipzig 1789-1804), des considérations sur le mal dans le monde, la dignité de l'homme; des méditations, des prières pour le culte domestique, des cantiques, des traductions de l'anglais, et divers écrits traitant des sujets de morale ou d'édification, etc., etc.

 

ZONARAS, Jean, chef de la garde impériale et secrétaire d'État sous Jean et Manuel Com-nène, donna sa démission à la mort d'Alexis. Puis, ayant perdu sa femme et ses enfants, il tomba dans une profonde tristesse, dont il ne put se distraire que par le travail, et mourut fort âgé dans le couvent d'Élie du mont Athos. Ses principaux ouvrages sont: un Commentaire sur le Syntagma de Photius; des Annales, ou Hist. du monde, depuis la création jusqu'à la f d'Alexis, d'après l'A. T., Joseph, Eusèbe,

Hérodote, Xénophon; utile surtout pour le règne de Constantin et de ses successeurs; un Comment, sur les Canons des apôtres, un Discours sur l'Impureté, une Hymne à la Vierge, des Lettres, etc.

 

ZOROASTRE, appelé Zaralhustra dans les livres sacrés des Perses, et Zerduscht par les Perses actuels; fondateur ou réformateur du* magisme ou de l'ancienne religion des Perses et des Guèbres, et l'auteur ou l'un des auteurs du Zend-Avesta, q. v. Sa personne est si légendaire qu'on ne peut affirmer son existence. Quelques-uns le confondent avec Noé, d'autres avec Cam, avec Abraham, Moïse, etc. D'autres le font contemporain de Daniel. Ceux qui prétendent en savoir davantage le font naître dans la partie orientale du Caucase, mais sans préciser aucune date; 500 ans av. C., ou 2500 d'après Bunsen ! La plupart des écrivains persans et arabes prétendent qu'il était juif, qu'il passa plusieurs années à voyager et qu'il fut le disciple d'un prophète, Élie, Elisée, Esdras ou Daniel. On en fait aussi le premier mathématicien et le plus grand philosophe du règne de Darius, fils d'Hystape. On ajoute qu'il se retira dans une caverne pour s'y livrer à la méditation, et que c'est là qu'il composa son fameux livre. Au milieu de toutes ces contradictions on peut admettre qu'il y a eu plusieurs Zoroastre et qu'on a accumulé sur la tête d'un seul diverses traditions relatives à la religion même des Perses ou aux principaux chefs de cette religion.

 

ZOSIME, v. Sosime.

 

ZUG, canton suisse, en majorité catholique (22,000 cathol., 1500 prot.), qui a pris parti pour son évêque, de Bâle-Soleure, contre les autorités fédérales 1873, et qui ne s'est décidé qu'en 1876 à proclamer la liberté de conscience. Egl. protest, à Barr.

 

ZURICH, canton suisse comptant 320,000 habitants; célèbre par le rôle qu'il a joué depuis Zwingle dans l'histoire de la Réforme et des luttes religieuses qui ont suivi. Il fut, avec Berne, un des boulevards du protestantisme, et a compté des professeurs et des théologiens distingués. Depuis un demi-siècle il a pris position en majorité contre les doctrines orthodoxes. La réaction ne s'est pas fait attendre, et de nombreuses sociétés et œuvres religieuses se sont fondées en dehors de l'influence officielle, chapelle Escher, Refuge, Auberge chrétienne, Traités, Église wesleyenne, Soc. du dimanche, etc. Les vieux-catholiques forment à Zurich, à Win-terthur et ailleurs, des Communautés importantes.

 

ZURKINDEN, ou Zerkintès, Nicolas, né 1506, fils naturel d'un sénateur et banneret bernois, hérita du nom et de la fortune de son père, fut élevé par le chancelier Schaller, reçut les leçons de Wolmar, se fit recevoir notaire, entra 1528 au Conseil souverain, et ne cessa dès lors de servir son pays dans les nombreuses charges qui lui furent confiées. De 1544 à 1547, étant préfet de Nyon, il se lia avec Curione, qui lui dédia ses Paradoxes, et à qui il remit l'éducation de son fils. Il fit aussi la connaissance de Calvin, dont il fut 20 ans l'ami, et quelquefois le censeur. U blâmait l'aigreur des discussions théologiques sur des « questions ambiguës, » refusa de se prononcer sur la prédestination, et blâma le supplice de Servet, les persécutions contre les anabaptistes, et en général l'emploi des voies de rigueur comme moyen de persuasion. Haller et Viret comptaient parmi ses intimes. Il composa un Traité de la tolérance, qu'il envoya à Castalion et qui est malheureusement perdu. Il quitta les affaires en 1572, et f 1588, honoré de tous. Il avait été marié trois fois: avec Apollonie Graswyl, avec Élisabeth Hug 1532, avec Élisabeth Haben 1536; il n'eut d'enfants que de ces deux dernières. — v. J. Bonnet, Récits.

 

ZWICKAU, petite ville du royaume de Saxe. Après que Luther eut été interné à la Wartbourg, un grand mouvement se fit à Wittenberg, notamment parmi les étudiants. Plusieurs de ceux qui avaient hésité jusque-là se prononcèrent avec énergie; on contesta la validité des vœux perpétuels, plusieurs prêtres se marièrent, on abolit les messes sans communiants, oct. 1521, et les bourgeois envahirent plusieurs couvents. Carlstadt lui-même, que la foule regardait comme un second Élie, intervint pour réclamer l'abolition de tout ce qui était pure forme d'institution humaine, suppression des images, etc. Le trouble augmenta quand à la fin de décembre trois individus, chassés de Zwickau, arrivèrent à Wittenberg, se disant envoyés de Dieu pour rétablir le culte en esprit et en vérité, et se donnant pour prophètes. C'étaient Marc Thomas StUbner, ancien étudiant de Wittenberg; le tisseur Nicolas Storch, et un autre. Pour eux il ne fallait plus d'église, plus de science, plus de Bible; la lumière intérieure devait suffire; le baptême lui-même devait disparaître, et Dieu fonderait une nouvelle église sur les ruines de l'ancienne. Méianchthon discuta avec ces fanatiques, chez lesquels il reconnaissait cependant de bonnes choses. Luther leur écrivait lettre sur lettre pour leur rappeler que Dieu est un Dieu d'ordre. A la fin il quitta sa retraite et apparut en personne à Wittenberg le 7 mars 1522, après avoir écrit au prince-électeur de ne pas s'inquiéter de lui, et, après avoir sommé les prophètes de Zwickau de prouver leur mission par un miracle, il eut le bonheur de les voir au bout de quelques jours se calmer et quitter Wittenberg; Mttnzer s'était joint à eux, mais il dut aussi s'incliner devant la parole puissante du réformateur.

 

ZWICKER, Daniel, né 1612 à Dantzig, médecin, gagné au socinianisme par Florian Cru-sius; chassé de sa ville natale, il s'en alla dans les Pays-Bas où il f 1678 à Amsterdam. On a de lui « La raison, d'après l'Écriture bien interprétée et la vraie tradition; > Irenicum Ireni-corum; Henoticon christianisons le pseudonyme de Minus Celsus); Ecclesia antiqua inermis; Revelatio dœmonolatriœ inter Christianos.

 

ZWINGER lo Théodore, né 21 nov. 1597, f 27 déc. 1654, d'une célèbre famille de médecins, destiné lui-même à la médecine, finit par étudier la théologie et devint un calviniste strict. Nommé antistès à Bâle en 1630. On a de lui: Disputatio de fide, an ex ejus prœvisione pen-deat œterna electio; un écrit sur la communion; un comment sur l'ép. aux Romains, etc.

2° Son fils Jean, né 1634, f en chaire 1696, prédestina tien comme son père, et —3° son petit-fils Jean-Rodolphe (1660-1708) auteur de la t Consolation d'Israël » sont aussi connus parmi les théologiens réformés.

 

ZWINGLE, ou Zwingli, Ulrich, né le l«r janvier 1484 dans le Toggenbourg, Saint-Gall, à Wildhaus où son père remplissait les fonctions d'amman. Il était le 3°* de dix enfants. Un oncle, doyen de Wesen, donna au jeune Ulrich ses premières leçons, puis l'envoya à Bâle, à Berne et à l'université de Vienne où il se lia étroitement avec Glaréan et Vadian. Son caractère était gai et plein d'entrain. Il aimait passionnément la musique et jouait de tous les instruments alors connus, avec tant de talent que les dominicains de Berne auraient bien voulu le retenir dans leur couvent. Il était également versé dans l'étude du grec et du latin, et la lecture des classiques lui fut plus tard fort utile, pour l'interprétation des Livres saints et des pères de l'Église.

Il est professeur à Bâle en 1505; il compte pour amis Capiton et Pellican. Le savant et pieux Thomas Wyttenbach exerce sur lui une influence décisive, en lui apprenant « à ne pas bâtir sur la puissance des clés, mais sur la mort de J.-C., seule rançon pour nos péchés. >

Quoique l'université l'eût nommé magister philosophiœ, pour essayer de le retenir, il accepta la cure de Glaris, qui était vacante, et pendant plusieurs années il s'acquitta fidèlement de son ministère. Deux fois il fut envoyé en Italie comme chapelain des armées suisses; mais comme il désapprouvait le service militaire à l'étranger et qu'il ne se gênait pas pour le dire, il indisposa plusieurs grandes familles glaronnaises qui exploitèrent contre lui la liberté de ses allures et ses manières un peu trop faciles.

Ces différentes raisons l'ayant décidé à quitter Glaris, il se rendit à l'abbaye d'Einsiedeln où il passa deux années, travaillant à étendre le cercle déjà très étendu de ses connaissances classiques et théologiques. Il y gagna en sérieux et en piété, discernant toujours mieux les vices et les plaies de l'Église; et lorsque Myconius et le chapitre lui offrirent en 1518 la place de curé à Zurich, il était prêt pour l'œuvre qui l'attendait. Il accepta, en déclarant tout d'abord qu'il prendrait l'Ecriture sainte comme seule base de son enseignement, et le 1er janvier 1519 il inaugurait son ministère en commençant l'explication de l'Évangile de saint Mathieu. Sa prédication attaquait de front plusieurs doctrines romaines; il critiquait en particulier les prescriptions puériles relatives au jeûne, dans son livre intitulé: t De la liberté dans le droit de choisir ses aliments. » Il publia aussi contre le célibat des prêtres, sa t Prière et démonstration amicale. >

L'évêque de Constance condamna par un édit la prédication de Zwingli, qui répondit par son Archétèlès dans lequel il oppose l'autorité de l'Écriture à celle de l'Église. Une dispute publique eut lieu à Zurich en 1523, le 29 janvier, entre Zwingli et Faber, vicaire de l'évêque de Constance. L'autorité de la Bible étant prise comme base, le résultat de la discussion ne pouvait être douteux. Les deux Conseils autorisèrent Zwingli à prêcher le pur Évangile. La cause de la Réforme était gagnée. Pour en affermir le triomphe, Zwingli publia, le 14 juillet 1523, l'Explication de ses soixante cinq thèses, où sont développées, pour la première fois d'une manière vigoureuse et complète, les doctrines fondamentales de la Réforme. Nous n'avons pas à nous étendre sur les résultats du mouvement à Zurich: cloîtres fermés, réformes dans le chapitre de la cathédrale, abolition graduelle du culte des images et de la messe. Ces deux derniers points furent l'objet d'une nouvelle conférence, 26 octobre 1523, où Zwingli eut moins à lutter contre le catholicisme que contre ceux qui voulaient une abolition immédiate de ces ri les.

A cette époque, 1523, se place le mariage de Zwingli, lequel ne fut d'ailleurs connu que plus tard, avec Anna Reinhardt, femme distinguée par le caractère et la piété. Il eut d'elle deux fils et deux filles. Parmi les amis du Réformateur zurichois à cette époque on peut compter, outre Capiton et Pellican, son collègue Léon Jude et OEcolampade; par contre ses relations avec Érasme s'étaient refroidies; il y avait trop peu de sympathie entre le réformateur actif et ardent et le savant craintif et, au fond, assez indifférent et sceptique.

En 1525, des adversaires presque aussi dangereux que les catholiques s'élevèrent contre Zwingli, les anabaptistes; mais, réfutés dans plusieurs disputes publiques, ils furent contraints de baptiser tous leurs enfants. Dans le même temps, Zwingli, invité à une dispute publique avec le docteur Eck à Baden, refusa, craignant, non sans raison, un guet-apens.

En 1527, une alliance défensive était conclue entre Zurich, Constance et Berne pour résister aux attaques des catholiques, et, en 1528 eut lieu à Berne une dispute publique, où l'élite des réformateurs était présente; par conséquent aussi Zwingli. Celui-ci activait l'œuvre de la Réformation à Zurich, continuait ses prédications, donnait des leçons de théologie et veillait aux intérêts publics; il tendait même en fait à devenir l'âme du gouvernement. Les cinq cantons catholiques ayant fait alliance avec l'Autriche, Zwingli crut la guerre inévitable, y poussa, suivit l'armée à Cappel, mais la paix fut bientôt conclue en ce lieu le 25 juin 1529.

Quelques mois après, Zwingli et Luther eurent à Marbourg une entrevue ménagée par Philippe de Hesse, qui aurait voulu voir l'accord le plus parfait régner entre les réformateurs. Sur les principales doctrines, Zwingli et Luther partageaient les mêmes idées; cependant Zwingli voyait dans le péché plutôt une priva-tion de l'amour divin qu'un mal. II insistait sur l'humanité de Christ, sur l'importance de la régénération, tandis que pour Luther l'essentiel était l'expiation; enfin il enseignait la prédestination absolue. Il avait aussi des vues très larges sur le salut des païens et des hommes de bien morts avant l'avènement du christianisme. Tels sont les points distinctifs de la doctrine de Zwingli. Mais sur la Cène, les deux réformateurs avaient une divergence de vues très marquée: Luther croyait à la consubstandation, c'est-à-dire à une présence réelle du corps de Christ dans les éléments symboliques; Zwingli seulement à une présence spirituelle de Christ, à une manducation spirituelle. Luther et Zwingli discutèrent la question au colloque de Marbourg en termes assez vifs, surtout le réformateur allemand. Ils ne purent arriver à s'entendre; cependant avant de se séparer, ils rédigèrent par écrit 15 propositions que tous deux signèrent comme témoignage de leur accord dans la grande cause de la Réformation.

A son retour de Marbourg, Zwingli fit conclure entre Zurich et Bâle une alliance pour la défense de la foi évangélique; il nourrissait même l'idée d'opposer à l'alliance autrichienne une ligue de tous les États protestants. Mais ces vastes projets ne lui faisaient pas oublier ses devoirs immédiats, la cure d'âmes, la prédication et l'enseignement. En 1525, onze ans avant Ylmtitution de Calvin, il commençait son Commentaire sur la vraie et la fausse religion, le premier exposé systématique des doctrines de la Réforme. En 1529, il écrivait son Commentaire sur Ésaïe; en 1530 un traité de la Providence; enfin en 1531, la dernière année de sa vie, un Commentaire sur Jérémie, et sa Brève exposition de la Foi chrétienne, adressée au roi François fa.

Cependant les cantons catholiques voyaient avec une irritation mêlée d'inquiétude le rôle prépondérant que prenait Zurich; et d'an autre côté, pour assurer sinon le triomphe, du moins l'existence du protestantisme dans la Confédération, il fallait que Zurich et Berne s'unissent et imposassent leur volonté aux cinq cantons. C'était la guerre; Zurich y poussait, Berne hésitait; les petits cantons s'y préparaient, et comprenant que leur union et leur résolution leur donnait un avantage sur leurs adversaires qui ne savaient à quoi se décider, ils prirent l'initiative des hostilités. Ils attaquèrent un corps de troupes que Zurich avait envoyé en observation à Cappel; l'avant-garde zurichoise arriva trop tard, la déroute avait commencé. Zwingli, en partant, était rempli des plus sombres pressentiments. Il fut tué par un soldat qui ne le connaissait pas, comme il prodiguait les dernières consolations à un mourant. C'était le 11 octobre 1531. Les ennemis ne surent pas respecter mort celui qu'ils avaient haï vivant, et plusieurs assouvirent grossièrement leur vengeance sur son cadavre.

Ainsi périt le grand réformateur de la Suisse allemande. Mais son oeuvre ne descendit pas avec lui dans la tombe. Malgré quelques taches dans son caractère, malgré le côté un peu intellectualiste de sa foi. malgré le trop grand mélange de politique et de religion qu'on a pu lui reprocher, il avait saisi et embrassé la vérité avec une rare énergie. Le protestantisme qui a triomphé non seulement à Zurich, mais aussi dans les cantons voisins, est encore aujourd'hui le plus beau monument qui puisse être élevé à sa mémoire, le témoignage le plus éclatant rendu à la puissance de son action sur son Église et sur son peuple. Le 4* jubilé centenaire de sa naissance a été célébré en Suisse, et dans la plupart des églises de la réforme au commencement de 1884, et un monument lui a été elevé en Hongrie.