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OATES, Titus, fils d'un tisseur de rubans, né vers 1619, passa sa vie dans de misérables intrigues, qui lui valurent tantôt de l'argent, tantôt des peines corporelles et la prison. D'abord baptiste, puis pasteur baptiste sous Cromwell, il passa à l'Égl. anglicane quand il vit que le non-conformisme n'était plus en faveur. Accusé de choses graves, il fut renvoyé des postes ecclésiastiques qu'il occupait. Il se fit alors catholique et jésuite, sans qu'on sache si ce fut sérieusement ou pour espionner ses nouveaux coreligionnaires. Chassé successivement des collèges anglais de Valladolid et de Saint-Omer, il revint en Angleterre 1678 et fit savoir au roi qu'un complot était organisé contre sa vie par les jésuites. Il en informa en même temps le juge de paix, sir Edmondsbury Godfrey. D'après sa déclaration, appuyée de documents apocryphes ou falsifiés, le pape avait donné l'Angleterre aux jésuites; le roi devait être assassiné comme hérétique; la ville de Londres serait brûlée et tous les protestants massacrés; la couronne serait ofl'erte à Jacques, à condition qu'il s'engageât à exterminer le protestantisme; s'il refusait, il serait aussi mis à mort; le père La Chaise était à la tête du complot, mais le p. Coleman. secrétaire du duc d'York, y était également compromis. On y mêla même le nom de la reine. Il y avait là trop d'invraisemblances, et cité devant le conseil Oates se contredit sur des points trop importants, pour qu'on pût ajouter foi à sa révélation. Cependant elle trouva créance dans le peuple, et même chez plusieurs ministres. En tout cas ce fut une arme aux mains de l'opposition. La mort de Godfrey assassiné, 15 oct., acheva de soulever les passions, et le 21 Danby portait la question devant le Parlement. Le serment du Test de 1673 et le serment de suprématie furent renforcés, de manière à exclure les cathol. de toutes les fonctions publiques; le duc d'York se retira du conseil; plus de 2000 catholiques furent mis en prison, plus de 30,000 relégués à une distance d'au moins dix mille des palais du roi; plusieurs prêtres, entre autres Coleman, périrent sur l'écha-faud. Oates, comme sauveur de la patrie, eut son logement au palais et une riche pension. L'exécution de lord Stafford 29 déc. 1680 marque le point culminant de ces persécutions, et la réaction commence. En 1683 Charles se sent assez fort pour informer contre les chefs du parti protestant; il a dissous la Chambre des communes, et il fait juger par ses tribunaux les lords Shafterbury, qui peut fuir en Hollande; Russel et Sidney, qui sont décapités; Essex, qui se suicide dans la Tour; Hampden, qui est condamné à une amende de 40,000 l. st., enfin Howard, qui est acquitté. Tous étaient accusés de haute trahison. Oates ne pouvait pas échapper à ce triomphe du parti catholique. Il avait injurié le duc d'York, il fut condamné à une amende de 100,000 1. st., et jeté en prison faute de paiement. L'avènement de Jacques II (le duc d'York) lui fut plus fatal encore, 1685. Convaincu de parjûre, il fut dégradé, frappé d'une forte amende, promené ignominieusement à travers les rues de Londres, attaché au pilori et condamné à l'emprisonnement à vie; il devait en outre être fouetté publiquement 5 fois par an. La sentence fut exécutée avec une excessive cruauté. Après la chute de Jacques et l'avènement de Guillaume 1er, 1689, il recouvra sa liberté et une pension de 300 livres. Il se rattacha de nouveau aux baptistes, mais se fit chasser pour tromperie et finit misérablement 1705, âgé de 86 ans.

 

OBÉDIENCE, en style catholique, est synonyme d'obéissance, et s'emploie spécialement pour indiquer les rapports immédiats des inférieurs avec leurs supérieurs, du prêtre avec l'évêque, du moine avec son abbé. Quoique essentiellement professionnel ce terme embrasse tout, puisque l'obéissance doit être absolue et sans limite. Le plus ancien serment d'obédience date de Fulbert de Chartres f 1029; il a été accepté par Grégoire VII, et n'a subi dès lors que de légères modifications. En vertu des lettres d'obédience, le supérieur donne des ordres qu'il n'a pas besoin de justifier et qui ne se discutent pas. La suprématie du pape sur les princes et les rois est aussi d'obédience; baiser la pantoufle et tenir l'étrier en sont les symboles.

 

OBER-AMMERGAU, village du sud de la Bavière, non loin du lac de Constance, connu surtout par les représentations du mystère de la Passion que la commune y fait célébrer tous les dix ans, en accomplissement d'un vœu qu'elle forma pour écarter le fléau de la peste dont elle était menacée. Longtemps le spectacle fut rudi-mentaire et même trivial, malgré le sérieux qu'on y mettait. Le roi Louis eut l'idée d'en faire quelque chose d'artistique et de religieux, et il chargea de ce travail le père Daisenberger, de l'ordre du Saint-Esprit, fils d'un paysan, mais compositeur et musicien distingué (f 1883 à Ober-Amm. âgé de 85 ans). Ce drame de la passion obtient un succès toujours croissant.

 

OBERLIN, Jean-Fréd., né 31 août 1740, fils d'un instituteur de Strasbourg, et fr. du philol. Jérémie-Jacques. Passionné de l'état militaire, il fut converti de bonne heure et, à 20 ans, se consacra pour la vie au service de Dieu et de s?s semblables. Il fit de bonnes études; en 1758 il était bachelier ès lettres; en 1763 docteur en philosophie. Il fit un peu de médecine en 1762 et 1763 avec le Dr Ziegenhagen, chez qui il était précepteur, et après avoir fini sa théologie il chercha, comme La Fléchère, une place où il y eût peu à gagner et beaucoup à travailler. Le Ban de la Roche se présenta. Ce plateau, qui compte 5 villages, Rothau, Fouday, Belmont, Bellefosse et Zollbach, était presque sauvage et sans communications avec le dehors; les habitants en étaient misérables et ignorants. L'apostolique pasteur Stuber, qui avait fini par leur apprendre un peu à lire et qui avait fait venir de Bâle 50 Bibles, venait d'être appelé à Strasbourg, et il cherchait un homme pieux et dévoué qui consentît à le remplacer. Oberlin s'offrit, fut nommé et arriva le 30 mars 1767. Il lui consacra son ministère de 53 années, son temps, ses facultés, son cœur. Il épousa Made-laine-Salomé Witter, de Strasbourg, qui fut pour lui une amie et une aide précieuse. Des biographies nombreuses ont raconté comment l'activité d'Oberlin dut se porter sur toutes les branches; il dut tout faire presque à la fois. Il était avant tout pasteur et missionnaire; il dnt être en même temps jardinier, cultivateur, pépiniériste, médecin, ingénieur, agent-voyer, pionnier, juge de paix, industriel, maître d'école, etc. La contrée n'avait point d'industrie et presque pas de culture; dans J'intérêt de la civilisation, et dans l'intérêt matériel de ses paroissiens, il fallait faire toutes choses nouvelles; mais on sait combien les personnes peu éclairées redoutent les innovations. Il réussit cependant, non sans peine, à introduire dans ces villages la culture du lin et du trèfle, et k renouveler par des pommes de terre étrangères les espèces dégénérées qui ne rendaient plus rien. Il décida la construction d'un chemin et d'un pont pour rejoindre la grande route, et comme ils hésitaient il prit la pioche et se mit à l'œuvre; tous suivirent. L'année suivante il établit des communications entre les différents villages de la paroisse. Il apprit à ses hommes à soigner leurs fumiers, à diguer leurs ruisseaux, à soutenir par des murs les terrains menacés par les eaux. Il forma une soc. d'agriculture, ouvrit des concours, donna des prix. Il introduisit la filature du coton, et le vénérable Legrand de Bâle, avec ses deux fils Daniel et Frédéric, s'associant à ses efforts, vint se fixer à Fouday et fonda un établissement de passementerie en rubans de soie, faisant vivre les ouvriers en leur procurant du travail chez eux pour leur conserver la vie de famille. Il choisit aussi un certain nombre de jeunes garçons, qu'il envoya en apprentissage à Strasbourg comme vitriers, maçons, menuisiers, charrons, etc. Le préfet du Bas-Rhin, Lézay-Marnésia, son ami et admirateur, venait le voir souvent et le secondait au besoin. Mais Oberlin, si actif pour le temporel, était plus actif encore dans l'accomplissement de son ministère et n'oubliait jamais, ni dans ses prédications, ni dans ses conversations particulières, ni dans ses lettres, qu'il avait charge d'âmes et qu'il devait à tous la vérité de l'Évangile. Ses sermons étaient pittoresques, simples, populaires, mais soignés. Il avait quelques idées particulières sur la vie éternelle, mais le Consistoire, après s'en être un moment préoccupé, jugea qu'il valait mieux s'en remettre à la prudence du fidèle pasteur. Oberlin perdit sa femme en 1784 et lui voua un touchant et constant souvenir. 11 perdit aussi en 1815 son fils Henri, qui allait entrer dans la carrière ecclésiastique. Il avait réussi à associer à ses travaux de pasteur trois respectables femmes de sa paroisse, Sophie Bernard, Catherine Scheidecker et Louise Schepler: cette dernière le servit sans gages jusqu'à la fin, refusa le modeste héritage qu'il lui laissait par testament, et demanda comme seule récompense le droit d'ajouter à son nom celui d'Oberlin. Parmi les distinctions terrestres qui avaient été accordées au vieux pasteur, il faut noter la médaille d'or de la Soc. royale d'agriculture de Paris, décernée sur le rapport de M. François de Neufchâteau, et la croix d'honneur donnée par Louis XVIII. Sa mort paisible, l®' juin 1821, fut un deuil pour toute la contrée. A son arrivée, 50 ans auparavant, le Ban de la Roche ne comptait que 500 habitants; le nombre en avait décuplé dans l'interxalle. Sa tolérance était grande; les cathol. l'aimaient et venaient communier auprès de lui. Un pauvre juif étant maltraité dans le village, il le recueillit dans sa maison. Il s'intéressait à tout ce qui regardait l'avancement du règne de Dieu, Sociétés bibliques, de missions, etc. — Sa vie a été racontée entre autres par Schubert 1826-1832, Burckhardt 1843, Mad. Guizot, etc,

 

OBLATS (Oblati, offerts), se dit avant tout d'enfants voués par leurs parents à la vie religieuse monacale; un costume, ou du moins une couleur particulière, le bleu ou le blanc, les distingue d'habitude. On désigne cependant encore sous ce nom ceux qui, en entrant dans un ordre, lui font l'abandon de tous leurs biens; ils portent aussi le nom de donati, les donnés; ceux qui, sans faire de vœux, s'offrent à une «ibbaye comme vassaux; enfin jusqu'en 1671, certains couvents logeaient et nourrissaient des soldats hors de service, mutilés ou infirmes, qui s'appelaient Oblats, et qui dès lors furent placés aux Invalides. Une dame romaine, sainte Françoise, fonda en 1425 l'ordre des Oblates. Charles Borromée en 1578 organisa à Milan une congrégation de prêtres réguliers, qui s'étant offerts spontanément, et ayant pris pour patron saint Ambroise, reçurent le nom d'Oblats de saint Ambroise, et furent approuvés par Grégoire XIII; ils s'occupent surtout de cure d'âme et d'enseignement.

 

OBOTRITES, tribu slave de la Germanie, faisant partie des Vendes ou Wendes et habitant les rives du Haut-Oder, à peu près le Mec-klembourg d'aujourd'hui. Elle fut évangélisée par Vicelin, se convertit en apparence, retomba plusieurs fois dans le paganisme, entre autres sous Henri-le-Lion 1180, et ne fut définitivement acquise au christianisme qu'au 13m« siècle.

 

OBSERVANTS, ou Observance (Pères de 1'), nom donné dans plusieurs ordres, et notamment chez les franciscains q. v., aux religieux rigides et aux congrégations qui s'engageaient à observer strictement les règles monastiques. Il y a aussi l'étroite Observance de Citeaux, la grande Obs. de la Merci, la primitive Obs. des frères prêcheurs. Le nom apparaît pour la Ire fois officiellement au conc. de Constance, mais il était depuis longtemps en usage auparavant, et l'on peut dire d'une manière générale que les observants étaient regardés par les peuples et par les papes comme les vrais représentants des ordres religieux, les autres faisant trop bon marché de leur règle et n'étant en quelque sorte que des amateurs. En 1380 les franciscains stricts comptaient 12 couvents florissants. Mais les conflits étaient fréquents, et ni Martin V, ni Léon X ne purent concilier les partis contraires; ils durent s'habituer à la scission en permanence, les Observants ayant un minister ge-neralis, qui est en même temps le général de l'ordre tout entier, et les conventuels ayant à leur tête un magister generalis. Ce sont les observants qui ont la garde du Saint-Sépulcre.

 

OCCAM, Guillaume (d'), né 1280 à Occam, Surrey, cordelier; continuateur de Roscelin et d'Abeilard, disciple de Duns Scot, fonda ou ressuscita le nominalisme en opposition au réalisme qui régnait presque sans conteste depuis deux siècles, et il défendit son opinion par tous les moyens possibles, philos., dialectiques, théologiques. D'un caractère ardent, même violent, il fut banni d'Oxford à cause de la nouveauté de ses idées et quitta l'Angleterre ou il avait rempli diverses charges ecclésiastiques. La France devint sa patrie d'adoption; il enseigna la théol. à Paris sous la bannière mystique et remuante des franciscains, revendiqua l'autorité souveraine des Écritures en matière de foi, prit parti pour Philippe-le-Bel contre Boniface VIII, attaqua les vices et les prétentions des papes, fut excommunié, se rendit, après un court séjour en Angleterre, à la cour de Bavière, ou il défendit l'électeur Louis contre Jean XXII. Il recommença son enseignement à Munich, mais avec moins de succès qu'à Paris, et f 1343 ou 1347. Il a été appelé le Docteur invincible; c'est lui qui a réveillé pour Aristote l'enthousiasme des écoles; on a failli même béatifier le philos, païen. Les principaux écrits d'Occam sont: Super 4 Ubros sententiarum; Summa logicœ, Quod-libeta, De sacramento altaris. De potestate sumxni pontificis.

 

OCCURENCE des jours de fête. Comme dans l'année ecclésiastique certaines fêtes se célèbrent à jour fixe, et que d'autres sont mobiles et dépendent du cycle de Pâques, ou de certaines circonstances particulières, lorsqu'il y a coïncidence, c'est la fête principale qui l'emporte; l'autre est ajournée, transférée, ou bien l'on se borne à la mentionner simplement pour mémoire dans la liturgie.

 

OCÉAN PACIFIQUE. Cette immense étendue d'eau, comprise entre l'Asie, l'Amérique et l'Australie, est semée d'une foule d'îles et d'archipels, dont un grand nomhre ne sont guère connus que depuis un siècle et qui ont été dès lors évangélisés, et en partie civilisés par des missionnaires de tous les pays et de toutes les Églises. Outre les différents articles, v. Polynésie.

 

OCHINO, Bernardino, né 1487 à Sienne, franciscain d'abord, puis capucin de la stricte observance 1534, deux fois général de son ordre, en 1538 et 1541, confesseur de Paul 111. Sans avoir une bien grande culture théologique, il possédait une éloquence entraînante et compte parmi les orateurs populaires les plus puissants. La nature de son ministère l'avait conduit k l'étude de la Bible, et il prêcha à Naples, à Venise, à Vérone, la justification par la foi. Mandé à Rome pour donner des explications sur ce point il rencontra à Florence Vermigli, qui Jui conseilla de fuir, et il vint k Genève ou il fut nommé pasteur des réfugiés italiens 1543. Il se rendit au bout de deux ans k Bâle, puis à Augsbourg; mais en 1547 la ville ayant capitulé entre les mains de Fempereur, il se retira à Londres où il fut pasteur des Italiens. L'avènement de Marie-la-Sanglante l'en chassa en 1553; il revint k Strasbourg, puis à Genève, où il se prononça trop franchement contre l'exécution de Servet. De là il passa à Bâlar et en 1555 à Zurich, comme pasteur des réfugiés de Lo-carno. Un peu sous l'influence de son ami Lelio Socin, il exagéra l'expression de ses idées sub-jectivistes, tomba dans un faux spiritualisme, opposa à la Bible la révélation intérieure par Tesprit, réduisit la valeur des sacrements, ne vit dans la rédemption qu'un fait subjectif, nia le grand bienfait de la mort de Christ, et perdit peu k peu la considération dont il avait été entouré à son arrivée. Dans ses Trente dialogues, Bâle 1563, il passe en revue les principales doctrines du christianisme, l'Expiation, la Trinité, la Divinité de J.-C.. et sans les rejeter précisément, il présente les objections avec beaucoup plus de force et d'esprit que les réponses. Il se compromit encore davantage en essayant de défendre la polygamie dans certaines circonstances, notamment quand un homme aurait la conviction qu'il y est appelé par l'Esprit de Dieu. Sur la plainte des bourgeois de Zurich, une enquête fut faite, et quoiqu'elle ne fut pas concluante, il fut dépouillé de sa charge et banni. De Nuremberg où il se retira, il écrivit une Apologie passionnée de sa conduite, et se rendit de là à Cracovie où il comptait de nombreux amis. Mais un décret renvoya du pays tous les étrangers qui n'étaient pas catholiques; il dut fuir de nouveau, tomba gravement malade en route, et f 1566 k Schlackau en Moravie. Plus tard on a fait de lui un des pères de l'Antitrinitarisme.

 

O'CONNELL, Daniel, né6 août 1775, àCahir, comté de Kerry, Irlande. Destiné à la prêtrise et élevé au collège des jésuites de Saint-Omer, il se décida cependant pour le droit et devint avocat 1798. Il fut le chef du mouvement national cathol. irlandais, qui datant de 1809, aboutit en 1829 à l'émancipation des catholiques et lui ouvrit à lui-même les portes du parlement. Il obtint aussi la suppression de la dime destinée à l'Égl. protestante. Il alla enfin jusqu provoquer le plus terrible soulèvement en faveur du Rappel des lois qui unissent l'Irlande à l'Angleterre. Son influence sur ses compatriotes était immense, et bien que pauvres, ceux-ci lai assurèrent une dotation colossale formée de dons volontaires. Il les réunissait fréquemment en meetings publics. Il fut condamné à la prison en 1844, mais la sentence fut levée peu après. Il f à Gênes 15 mai 1847, comme il se rendait à Rome en pèlerinage. Vie, par son fils; Élope par Lacordaire.

 

OCTAVE, se dit dans le langage catholique, des huit jours, et spécialement du 8me jour qui suit une grande fête, l'Épiphanie, Pâques, Pentecôte, Noël, etc. On célèbre les octaves par des services et des liturgies de circonstance, en supprimant les autres fêtes qui pourraient se rencontrer les mêmes jours. Les octaves qui tombent pendant le carême ne sont pas célébrés.

 

OCTAVIEN, v. Jean XII.

 

OCULI (les yeux) 3»>e dimanche de Carême, ainsi nommé d'après le commencement de l'Introït, Ps. 25, 15. On l'appelait aussi le dimanche du scrutin, parce que c'est en ce jour que se faisait le premier examen des catéchumènes. Chez les grecs, c'est l'Adoration de la sainte Croix.

 

ODILLE, ou Odilie, née vers 650, fille du comte aleman Ethico. Son père la repoussa à sa naissance, parce qu'elle était aveugle. Élevée dans un couvent, elle recouvra la vue à son baptême, ce qui lui valut un retour de bienveillance de son père; il lui donna le château de Hoheubm?, Alsace, pour qu'elle en fît un monastère. Sur son lit de mort elle prit la coupe de ses propres mains, + 13 déc. 720 (690 selon d'autres)- Canonisée, et patronne de l'Alsace.

 

ODILON. 5«ie abbé de Cluny, 994-1049, en Auvergne D62, d'une famille de chevaliers. Boiteux de naissance, dit sa légende, il fut miraculeusement guéri, gouverna son couvent dans l'esprit d'Odon, y introduisit une bonne discipline qui le fit respecter, et fut en Allemagne le chef du parti de la réforme ecclésiastique. Très considéré de l'empereur, des rois de France et de Bourgogne, et de Casimir roi de Pologne, il avait toute la confiance du pape Grégoire VI. Il réfusa l'archev. de Lyon. On lui attribue U fête de Toutes-Ames et l'introduction de laTrève-de-Dieu. On a de lui 15 Disc, dogmatiques, dont l'un a passé longtemps pour être de saint Augustin.

 

ODIN, en allemand Wodan. le plus grand des dieux scandinaves. surnommé aussi AlLfadher (père de tous), à la fois tout puissant, tout sage et tout bon. La légende, qui lui attribue de nombreuses aventures de guerre et d'amour dignes de Jupiter, le fait mourir volontairement sur un bûcher pour le salut des siens. Plusieurs traits de sa vie sont empruntés à l'histoire d'un chef venu d'Asie en Scandinavie avec son peuple, 70 ans avant J.-C. #

 

ODOACRE, Rugien de naissance, fils d'un ministre d'Attila, chef dos Hérules et des Ru-giens, se révolta contre Augustule 476, supprima le titre d'emp. d'Occident et gouverna l'Italie jusqu'en 493 comme patrice romain, sous la souveraineté nominale de l'emp. d'Orient. Sé-verin lui avait prédit sa grandeur future, mais aussi la courte durée de son règne. Quoique arien, il ne fit rien contre l'Église orthodoxe. Après la mort de l'év. Simplicius de Rome 483, il doit avoir revendiqué comme patrice le droit d'intervenir dans le choix de son successeur: cependant ce n'est pas prouvé. On lui attribue un édit portant que les biens immobiliers de l'Égl. sont inaliénables, et que sa fortune mobilière doit être consacrée dans sa partie essentielle à des œuvres pieuses. Il fut tué dans un banquet, 493, par Théodoric qui l'avait vaincu, et qui lui avait promis de l'associer an pouvoir. Sa modération, son respect pour les lois, les réformes qu'il introduisit dans le pays, l'avaient rendu populaire en Italie.

 

ODON 1° né en Angleterre de parents danois, souvent employé par ies rois Alfred et Édouard, puis chapelain d'Athelstan, év. de Wilson, archev. de Cantorbéry, f 961. - 2° Le.2*e abbé de Cluny. Élevé dès sa jeunesse par Martin de Tours, il entra à 30 ans au couvent de Cluny, 927, dont il devint abbé comme successeur de Bernon. Il l'agrandit, en reconstruisit l'église, ramena la discipline, réorganisa les études, et lit de son couvent une pépinière intellectuelle et morale, dont la renommée s'étendit au loin; il en fit même le centre de plusieurs congrégations dont on peut le regarder comme le fondateur. Il n'établit pas une règle nouvelle, mais il renforça celles de saint Benoît; en 937 on comptait déjà 17 monastères régis par les Coutumes de Cluny, et le nombre alla en augmentant. Odon fut souvent appelé à Rome pour concilier les papes et les princes et pour réformer les couvents, + 942. — 3° Frère utérin de Guill.-le-Conquérant, né 1035, nommé év. de Bayeux 1049, aida son fr. à s'emparer de l'Angleterre. gouverna le pays tyranniquement, l'exploita pour s'enrichir, s'empara pour son compte de 153 fiefs outre le comté de Kent, et finit par soulever les populations. Il aspirait à devenir pape, et il voulait avoir de quoi acheter les suffrages. Guillaume mécontent le fit mettre en prison à Rouen. Devenu libre par la mort de son fr., il intrigua avec Robert, duc de Normandie, contre Guill.-le-Roux, fut dépouillé de ses biens, s'enrôla pour la Ire croisade, mais f à Palerme 1096. — 4<> Odon de Deuil, vallée de Montmorency, chapelain de Louis-le-Jeune, l'accompagna en Terre Sainte et a écrit la relation de ce voyage: Ludovici de profectione in Orien-tein. A son retour il fut nommé abbé de Saint-Denis en remplacement de Suger. f 1162.

 

ŒCOLAMPADE (lampe, ou lumière de la maison), s'appelait en allemand Hussgen (Hâus-chen, ou Hausschein). Né 1482 à Weinsberg, Franconie, il étudia d'abord le droit à Bologne, pour obéir à son père, mais se tourna ensuite vers les lettres et la théologie. Reçu bachelier à Heidelberg 1501, il dirigea quelque temps les études des fils du prince Philippe-le-Sincère. Nommé prédicateur dans un vicariat fondé par ses parents à Weinsberg, il se fit remarquer par son onction et le sérieux de ses pensées (Sermons sur les sept paroles), mais désireux de poursuivre ses études, surtout en grec et en hébreu, il repartit 1512 pour Tubingue, où il se lia avec Méianchthon, Reuchlin, Brenz et Capiton. En 1515 il est appelé par l'év. de Bâle, et il fait la connaissance d'Érasme et de son cercle. En 1518 il est à Augsbourg et prend contre Eck le parti de Luther; sans consulter ses amis, il entre au couvent de Sainte-Brigitte, pour se livrer à l'étude et à la prière, mais il penche de plus en plus vers la Réforme, et publie sur plusieurs des points controversés des traités incisifs, qui mettent sa liberté en péril et le décident à quitter le couvent 1522. On lui offre des places à Heidelberg et à Ingolstadt, à condition qu'il renie ses doctrines, mais ses convictions s'affermissent touj. plus; il passe quelque temps chez Fr. de Sickingen, et comme chapelain il introduit dans le culte la langue vulgaire. Enfin il se rend à Bâle 1522, où il est nommé pasteur, prof, et docteur en théologie. Ses tendances réformatrices l'éloignent toujours plus d'Érasme et le rapprochent de Zwingle, notamment quant à la Cène. Il prend part à plusieurs discussions et colloques, à Baden, à Berne, et introduit dans sa cathédrale une discipline et une liturgie nouvelles. On le consulte aussi du dehors, d'Ulm, de Mulhouse, de So-leure, des Vallées du Piémont. Il est à la fois ferme et modéré. Sa douceur envers les anabap tistes et ses relations bienveillantes avec des hommes qui ne partageaient pas ses opinions, l'ont quelquefois rendu suspect. Il a beaucoup écrit, des Sermons, des trad. des pères, des Commentaires, des brochures de controverse, combattant surtout la doctrine luthérienne de la consubstantiation, mais cherchant à maintenir l'union malgré la diversité des vues. Son principal ouvrage est: De vero intelleetu verborum: Hoc est corpus meum. Il + 24 nov. 1531, de douleur de la mort de Zwingle survenue, quelques semaines auparavant et de l'issue fatale de la bataille de Cappel, qu'il aurait voulu empêcher. Marié en 1528, il laissa sa veuve avec 3 petits enfants, dont un le suivit bientôt. Sa veuve se remaria avec Capiton, et ensuite avec Bucer. v. Herzog, 2 vol., et Hagenhach.

 

OECUMÉNIQUE, v. Ecuménique.

 

OECUMÉNIUS, v. Ecuménius.

 

OETTING, célèbre pèlerinage de la Haute Bavière, sur la rive droite de l'Inn; on y adore une vieille vierge de bois, dans une petite chapelle de 6 à 7 mètres de long, que l'on dit avoir été un temple païen, construit en 696 (?), et consacré au service de Dieu par Rupert, qui fut effectivement l'apôtre de la contrée. On y conserve depuis Maximilien I les cœurs des princes de, Bavière. On rattache à l'histoire d'GEtting la fondation d'un couvent de bénédictins 876, l'érection de plusieurs églises 1238, celle d'un collège de jésuites 1592, et d'un couvent de franciscains capucins, 1655.

 

OETTINGER, Christophe-Fréd., né 6 mai 1702 à Gcippingen, acheva ses études de 1722-1728 à Tubingue, fit deux voyages dans le nord de l'Allemagne, passa quelque temps à Halle, puis à Herrnhut, où il étudia le grec et l'hébreu, et connut Zinzendorf sans trop se laisser gagner par lui. Il avait aussi étudié la médecine et la pratiqua près de Hombourg, avec la perspective de s'y livrer entièrement si ses vues particulières lui fermaient la carrière pastorale. Ce fut cependant le ministère qui l'emporta: il occupa successivement cinq ou six postes, et finit, 1765. par être nommé prélat à Murrhard, où il t 10 févr. 1782, dans un grand état de faiblesse physique et intellectuelle. Extrêmement instruit, d'un esprit vif et original, c'était un homme pieux et rêveur, qui ne voulant ni de l'intellectualisme de Wolf, ni de l'orthodoxie trop litté raie qui l'entourait, s'était attaché à Bengel, à Bôhme et à Swedenborg dont il traduisit les Œuvres mystiques. Il cherchait la vie en Dieu, telle qu'elle se révèle dans la nature et dans l'histoire. Son principal ouvrage est sa Théologie, déduite de l'idée de la vie. Plusieurs de ses idées ont été reprises et fécondées par Baader, Schelling et Rothe.

 

OEUVRES surèrogatoires, celles qu'on fait de trop, en sus de ce que l'on doit, et dont le surplus peut être attribué à d'autres pour leur salut. Cette doctrine, contraire à l'esprit du N. T., v. Luc 17,10., est la base delà théorie des indulgences, q. v. et de leur commerce. On la trouve déjà en germe dans le développement de la vie ascétique, chez Berger d'Hermas, Césaire d'Arles, etc. Augustin la combat énergiquement.

Les scolastiques la fixèrent. Les discussions sur ce qu'on doit appeler les bonnes œuvres, et ce que l'Évangile appelle simplement les œuvre?. datent déjà de l'époque apostolique et ont rempli tout le moyen âge. S'il y a eu parfois simple malentendu, ou exagération dans les formules, il y a cependant plus encore que cela. C'est du mosaïsme, c'est surtout du judaïsme rabbiniqoe et des t traditions des anciens, • qu'est née l'idée fausse de lionnes œuvres, ayant une valeur propre, indépendamment des dispositions du cœur. Jésus-Christ combat cette erreur et mel à la place la vérité; le péché n'est plus un acte seulement, il est un état, et les œuvres ne sont telles que lorsqu'elles sont le produit d'un état nouveau. De là aussi leurrôle dans le salut; elleN ne justifient pas le pécheur, mais elles sont h preuve qu'il est justifié. Là se trouve l'explication de la contradiction apparente qui exista entre la doctrine de Paul et celle de Jacques: toutes les fois que l'homme insistera outre mesure ou exclusivement sur l'importance de h foi, Jacques lui rappellera les œuvres; et s'il s'appuie trop sur les œuvres de la loi, Paul lui rappellera que c'est la foi seule qui sauve, celle qui fut la justice d'Abraham. Luther a remis cette vérité en lumière; Amsdorf l'a faussée en la poussant jusqu'au paradoxe, quand il dit qu»* les bonnes œuvres sont plutôt nuisibles an salut. La Formule de Concorde ne va pas aussi loin. En 1541 à Ratisbonne, il fut proposé dan* l'intérêt de la conciliation, de dire: la foi vivante et agissante. Le conc. de Trente, sans heurter de front la doctrine de Paul, a repoussa la foi seule du protestantisme. Moehler et d'antres ont reproché à la réforme de favoriser par ce dogme le relâchement moral; mais si l'arbre doit être jugé par ses fruits, les faits sont là pour répondre. On appelle opus operatum. œu vre se faisant elle-même, tout acte ou cérémonie qui, d'essence matérielle, a la vertu de pn>-duire un résultat spirituel; ainsi la prétendue régénération opérée par le baptême d'eau, la communion avec Christ opérée par le fait seul de l'eucharistie, une grâce ou des dons spirituels communiqués par le seul fait de Timposi tion des mains. Cette erreur, déjà combattue par Augustin, est à la base de toute la doctrine des sacrements comme ayant une vertu magique intrinsèque.

 

OFFERTOIRE, v. Messe.

 

OFFICE divin, synonyme de service religieux, se dit aussi dans un sens plus restreint du livre, ou bréviaire qui renferme les prières imposées à l'ecclésiastique. L'office du jour, ce sont les prières, psaumes et fragments qui doivent être lus ce jour-là.

 

OFFICIAL, le remplaçant de l'évêque dans sa juridiction épiscopale; Yoflicialat> ouConsis-toire, est le collège qui lui est adjoint, et qui se compose ordinairement de chanoines pris dans le chapitre. Dans la plupart des diocèses, l'év. a pour assistant un vicaire général, mais qui s'occupe plutôt d'administration; les charges se confondent encore en Italie, en Hongrie et en Orient; elles sont distinctes en France, en Espagne, en Allemagne et en Pologne, Au 5me siècle c'était l'archidiacre qui faisait fonction d'of-ficial, mais l'autorité de cet ecclésiastique s'étant beaucoup accrue avec le temps, les évêques préférèrent avoir des hommes de leur choix et même dédoubler leurs fonctions; au 13me siècle il y a, outre le vicaire général, seconde instance pour les cas réservés, des officiaux forains pour la partie du diocèse éloignée du chef-lieu, qui jugeaient en première instance. Le conc. de Trente a enlevé la juridiction aux archidiacres.

 

OLAF 1* Trygweson, c.-à-d. fils du baron Trygwe qui était gendre du roi Harald de Norwège. Élevé en Suède par des amis qui l'avaient arraché aux meurtriers de sa famille, il se fit pirate et désola les mers et les rivages du nord. Dans une descente en Angleterre il reçut quelques notions du christianisme, se fit instruire en Grèce par l'évêque Paul, et retourna en Norwège se mettre en possession de l'héritage paternel, 953. Doué des plus brillantes qualités du cœur et de l'esprit, beau cavalier, fort comme un Samson, il avait résolu de consacrer sa vie et sa puissance à la conversion de son peuple, et il tint parole dans la mesure de ses connaissances et de ses capacités. Parfaitement loyal et convaincu, il en était encore, comme arguments et moyens de persuasion, aux procédés de son époque, méthode plus expéditive que démonstrative; il proposait le duel aux chefs ou aux princes des districts qu'il avait l'intention de convertir, ou bien il envoyait une petite armée et payait toujours de sa personne; il repoussait l'idolâtrie i'épée à la main, et courut souvent les plus grands dangers, les adorateurs de Thor ou de Freya ne se laissant pas convertir sans résistance. Déjà la moitié de la Norwège avait embrassé le christianisme; le nord seul était encore païen, quand Olaf fut surpris à Svolter par une flotte ennemie; couvert de blessures et voyant son vaisseau près de sombrer, il se jeta à la mer avec ses compagnons et ne fut plus retrouvé. C'était l'an 1000. Il avait régné 4 ans. Thira, sa veuve inconsolable, se laissa mourir de faim.

2° Olaf-Skôtkonung, roi de Suède vers 998, favorisa en Suède, puis en Norwège, l'établissement du christianisme; il employa pour cela le missionnaire anglais Gotbald qui f 1004.

3° Olaf U, dit le Gros. né 995, orphelin de son père Olaf Grânske, fut dressé dès l'âge de 12 ans à la piraterie, sema la terreur sur les côtes de France et d'Espagne et revint en Norwège, d'où il s'occupa de chasser les dominateurs étrangers. Il fut lui-même proclamé roi 1019 à l'âge de 24 ans, et prit pour modèle son parrain Olaf Trygweson. Il fit venir d'Angleterre Grimkill, qu'il établit évêque, bâtit partout des églises, multiplia le nombre des ecclésiastiques et parcourut son royaume pour y détruire les derniers vestiges de l'idolâtrie. Parmi ses aides il faut nommer Bernard, Asgott, Tholf et Sigwart. Il avait commencé par la persuasion; il finit par s'impatienter et recourut aux moyens violents. Il obtint quelques succès, mais nombre de ceux qu'il avait bannis du pays se rangèrent sous les drapeaux du prétendant anglais, Knud-le-Grand, qu'Olaf avait dépossédé, et Olaf succomba dans la bataille 1033. Sa mémoire resta chère à son peuple, qui attribua même des miracles à son tombeau. Knud étant aussi chrétien, l'œuvre d'Olaf ne fut compromise ni par sa défaite, ni par sa mort. Canonisé.

 

OLDCASTLE, v. Lollards.

 

OLDENBOURG, ville d'Allemagne à 28 ki-lom. 0. de Brème; évangélisée aux 8m« et 9me siècles, elle eut un évêchédepuis 968; supprimé en 1066, il fut rétabli en 1149 par Hartwich, archev. de Brème, qui le confia à Vicelin pour l'évangélisation des Vendes. La Réformation s'y introduisit sans beaucoup de luttes, à la suite du commerce des indulgences exercé par Henri de Wyldeshausen. Antoine, fils et successeur de la comtesse Anna, fut un des premiers qui rompirent avec Rome, 1531; les couvents furent sécularisés, et la prédication de l'Évangile se fit publiquement. Il y eut quelques luttes entre le luthéranisme et le calvinisme; ce dernier eut le dessous par ordonnance de Jean XVI. En 1848 l'Église est devenue complètement indépendante de l'État, sans conditions religieuses, mais cela dura peu, et en 1858 le grand-duc a repris le droit de nommer les membres du Conseil ecclés. supérieur.

 

OLEARIUS 1° Jean, né à Wesel, H sept. 1546. Son père, qui s'appelait Koppermann, était fabricant d'huile; de là son nom latin. Il étudia à Dusseldorf, Marburg et Iéna. Gendre de Hesshusen, il accompagna son beau-père à Kônigsberg, 1574, et fut nommé recteur de l'université. Il fut ensuite prof, de théol. à Helmstâdt, 1577; enfin, 1581, pasteur et surintendant à Halle, où il f 26 janv. 1623. Ardent luthérien comme son beau-père, il eut cependant plus de mesure, et s'occupa sérieusement de former de jeunes théologiens. Il fut le père d'une dynastie de pasteurs distingués, dont on compte au moins une douzaine. Nous mentionnerons seulement 2<> son fils Gottfried 1604-1685, surintendant à Halle, auteur d'Aphoris-mes homilétiques, qui ont encore de la valeur, et d'études sur. l'astronomie et la botanique; 3o Jean Gottfried, fils de celui-ci, 1635-1711, pasteur à Halle et à Arnstadt, auteur de Notices (alphabétiques) sur les pères de l'Égl. et les écrivains ecclés. jusqu'à la Réformation, a composé 73 cantiques, dont plusieurs estimés; 4° son fils Jean-Christophe 1668-1747, historien, numismate, surintendant à Arnstadt; auteur de plus, cantiques; 5° son oncle Jean, frère du 2°, 1639-1713, prof, de théol. à Leipzig et recteur de l'uni v. de Leipzig, protégea les Col-legia pietatts de Francke et les défendit contre Carpzow; auteur de quelques travaux d'exégèse et de controverse; 6» Jean, frère du précédent, 17 sept. 1611-14 avril 1684; docteur en théol., pasteur à Querfurt, surintendant général à Weissenfels, estimé pour sa science, sa piété et ses cantiques. Il laissa 5 fils et un pe-tit-lils, qui furent pasteurs.

 

OLEVIEN (Olevhnus), Gaspard, né à Trêves

10 août 1536, précoce dans ses études, partit à 14 ans pour faire son droit à Paris, passa de là à Orléans ot à Bourges, où il entra en rapports avec des disciples cachés de la Réforme. En 1556 il vit de près la mort, et sa délivrance fut pour lui le commencement d'une vie nouvelle. De retour à Trêves, il fut sollicité par quelques chrétiens de devenir leur pasteur; il vint pour cela à Genève faire de la théologie 1558, se lia intimement avec Calvin, et par lui avec Bullin-ger et Pierre Martyr. A Lausanne il vit Théod. de Bèze. Farel lui avait mis sur la conscience de prêcher l'Évang. à Trêves; il y retourna en juin 1559, et le Conseil de la ville lui donna une place de maître à l'école supérieure. 11 fit en latin, puis en allemand, des lectures sur la Dialectique de Mélanchthon, ce qui lui fournit l'occasion de populariser les idées de la Réforme. Un sermon sur la justification par la foi amena sa rupture définitive avec Rome; le clergé lui fit interdire tout enseignement public dans les bâtiments scolaires. Mais il restait libre d'enseigner ailleurs, et le Conseil mit à sa disposition l'égl. de Saint-Jacques. Le prince-électeur voulut intervenir, et finit même par ordonner l'arrestation du jeune prédicateur. La ville, s'autorisant de la paix d'Augsbourg, refusa de le livrer, mais le prince ayant recouru aux armes, Olevien se constitua lui-même prisonnier pour éviter toute effusion de sang. L'électeur palatin Fréd. III, et Philippe de Hesse, le firent remettre en liberté en payant une forte rançon, mais il dut quitter la ville. Il se rendit à Heidelberg, où il se maria, fut nommé docteur et prof, de théol., pasteur et conseiller ecclésiastique. Il prit une part prépondérante dans la rédaction du catéchisme de Heidelberg, et publia Neuf sermons sur la Cène du Seigneur. Il s'occupa en même temps de l'organisation de l'Égl. réformée du Palatinat 1563 et 1564. Mais en 1576, après l'avènement de Louis VI qui était très luthérien, il fut dépossédé de ses charges et dot quitter le pays. Il se rendit à Berlebourg, où il réunit bientôt un grand cercle d'élèves, puis à Herborn où il fonda une école réformée et présida un synode général pour l'élaboration d'un règlement des églises strictement presbytériennes. Un peu avant sa f 15 mars 1587, son ami Alstedtlui demandant s'il était parfaitement sûr de son salut en Christ, tel qu'il l'avait prêché aux autres, il lui répondit: Certissimus, très sûr.

 

OLGA, paysanne de naissance, fut distinguée par Oleg, qui la maria à son pupille Igor, de Kiew, grand-duc de Russie. Devenue veuve 945, elle devint régente sous la minorité de son fils Sviatoslav 1er, vengea la mort de son mari, et et quand son fils prit les rênes du gouvernement, 955, elle partit pour Constantinople, et se fit baptiser par le patr.- Théophylacte qui lui donna le nom d'Hélène. Elle essaya, mais sans beaucoup de succès, de répandre le christianisme en Russie. Comme étant la première princesse russe chrétienne, elle fut canonisée après sa mort 968 sous le nom d'Olga; on la fête le 11 juillet vieux style. Les latins ne la reconnaissent pas.

 

OLIER, Jean-Jacques, fils d'un maître des requêtes, né à Paris 1608, étudia à la Sorbonne et, sous l'impression de discours qu'il entendit de Vincent de Paule à Saint-Lazare, son cœur se tourna vers les choses de Dieu. Il fit en Auvergne et en Bretagne des missions qui furent couronnées de succès, et dont l'offre de l'évêché de Châlons sur Marne fut la récompense. Mais il refusa, et se contenta du poste de curé de Saint-Sulpice à Paris 1642. Il avait déjà organisé à Vaugirard une compagnie de prêtres se consacrant à l'instruction de jeunes ecclésiastiques; elle fut transférée dans sa nouvelle paroisse, dont elle prit le nom. Une partie des prêtres dirige le séminaire, une autre s'occupe de la cure d'âmes. En 1652 Olier qui venait de commencer la construction de l'égl. de Saint-Sulpice, prit la direction du séminaire, et la garda jusqu'à sa f 15 avril 1657. Il avait crêé ailleurs, et jusqu'au Canada, à Montréal, des succursales de son œuvre. Fénelon était sulpi-cien. Olivier a laissé plus, ouvrages, entre autres une Explic. des cérémonies de la grand'-messe, 1655.

 

OLIVA, Jean-Paul, génois, né 1600, jésuite, nommé 1661 vicaire du général Goswin Nickel, et son successeur en 1664. f 1681, favorisa le népotisme sous Alexandre VII. Il avait de la réputation comme orateur; il a publié des Discours, et des Comment, sur quelques parties des Écritures.

 

OLIVETAN, Pierre-Robert, né à Noyon (date inconnue), parent de Calvin, apparaît pour la Ire fois en 1533, à Genève, précepteur dans la famille de Jean Chantemps. Il interrompit publiquement, dans l'égl. des Jacobins, un prêtre qui avait attaqué et raillé les luthériens. Banni pour ce fait il se rendit à Neuchâtel, où il traduisit à la demande et pour le compte des vau-dois des Vallées, en s'aidant de la version récente de Le Fèvre d'Êtaples, la Bible, qui parut d'abord à Neuchâtel en 1535 sous le titre: La Bible qui est toute la Saincte Escripture, en laquelle sont contenus le vieil Testament et le nouveau, translatez en françois, le vieil de l'hébrien, et le nouveau du grec. Améliorée plus tard par Calvin, cette version fut reçue par les Égl. protestantes de langue française, et a servi de base à toutes les revisions qui en ont été faites, jusqu'à ces dernières années. Après avoir passé quelque temps au milieu des vaudois du Piémont, Olivétan f 1538 à Ferrare, probablement empoisonné (Spannheim, Bnyle). V. Pélavel, la Bible en France.

 

OLIVI, Pierre-Jean, né 1247 à Sérignan, Languedoc, vers le milieu du 13rae siècle, entra à Béziers dans l'ordre des franciscains, et prit à Paris son grade de bachelier en théologie. Il marqua parmi les principaux chefs des rigides, sévère, et avec une forte teinte de mysticisme; il soutint, contre le pape, que le vœu de pauvreté ne concerne pas les individus seulement, mais aussi l'ordre dans son ensemble. Souvent recherché pour ce fait, il échappa cependant aux anathèmes du pape, et f 1297 à Narbonne. Jean XXII tira de ses écrits 60 déclarations qui firent condamner sa mémoire et ses livres 1326; son cadavre fut déterré et brûlé. Il avait des idées chiliastes, et partageait l'hist. du monde en 3 périodes qui rappellent celles de Joachim de Flores. Il insistait aussi sur les désordres de l'Égl. romaine. Sixte IV leva l'interdit qui pesait sur ses écrits; ils sont auj. perdus; les deux principaux sont sa Profession (sur la pauvreté apostolique), et ses Postilles sur l'Apocalypse. Son disciple le pins connu est libertin de Casali.

 

OLMUTZ, ville des États autrichiens, ancienne capitale de la Moravie, rattachée tantôt à Passau, tantôt à Ratisbonne; évêché depuis 979, rattaché par Clément VI, 1343, à l'archev. de Prague; quartier-général des jésuites pendant les luttes de la Réformation; archev. depuis 1777 sous Marie-Thérèse.

 

OLSHAUSEN lo Hermann, né 21 août 1796 à Oldesloe, étudia à Kiel sous Twesten, à Berlin sous Néander et Schleiermacher, dont il subit l'influence; publia 1817 une Caractéristique de Mélanchthon d'après ses lettres, qui obtint le prix de concours et lui valut une place de répétiteur à la faculté de théol. de Berlin, 1818; fut appelé à KOnigsberg en 1821, et en 1834 à Erlangen, où il f 4 sept. 1839. Outre son excellent Comment, sur le N. T., achevé par Ébrard et Wiesinger, il a écrit 2 vol. sur le sens profond des Écritures, une Dissert, sur l'authenticité des 4 Évangiles, et quelques brochures. Orthodoxe et spiritualiste, il s'attache plus au fond qu'à la forme. Il fut compromis malgré lui dans les troubles du théosophe Sch5n-herr et dans les affaires d'Éhel. Il combattit aussi les exagérations des vieux luthériens. — 2° Juste, son frère, né 9 mai 1800à Hohenfeld, Holstein, prof, à Kiel de 1823 à 1852, et depuis 1853 prof, de langues orientales à Konigsberg, fut appelé par Bethmann-Holweg comme conseiller au ministère des cultes à Berlin. Il a publié une Gramm. hébraïque, des Études sur les Psaumes, des Observations critiques sur l'A. T., une Topographie de l'ancienne Jérusalem, etc.

 

OMER (Audomarus), d'une famille noble al-lemane venue des bords du lac de Constance et établie sur la mer du Nord entre Boulogne et Ostende. Élevé au couvent de Luxeuil, le jeune moine accepta un appel de Dagobert b* pour l'évangélisation des païens du nord de I'Aus-trasie, et il y travailla avec succès 622, 638. Il devint 637 év. de Thérouanne, près de la ville qui a gardé son nom. f 670. '

 

OMNIBONUS, canoniste de Bologne, f 1185. Il était disciple de Gratien et a donné des extraits de son Décret.

 

OMOPHORIUM (qui se porte sur l'épaule), vêtement sacerdotal des év. orientaux et des métropolitains, que les patriarches leur remettent à leur ordination. C'est probablement le rochet des Hébreux, Exod. 28, 31., et le pal-lium des Romains. Il a aussi quelques rapports avec l'éphod. C'est une espèce de manteau, qui va des épaules aux genoux et qui est semé de croix. On lui prête diverses significations symboliques: il doit entre autres rappeler à l'officiant le Bon berger qui charge sur son épaule la brebis perdue et retrouvée. L'êvêque l'ôte pendant la messe. L'omophore peut être en laine ou en soie.

 

ONCTION (Extrême-), le 5me des sacrements dans l'Égl. latine. D'après le conc. de Trente, les malades qui sont en danger de mort doivent appeler le prêtre, et celui-ci, après les avoir confessés et leur avoir donné l'eucharistie, les oint d'huile avec le pouce en faisant le signe de la croix, sur les yeux, les oreilles, les narines, la bouche, les mains, les pieds, tous les organes qui ont pu être un instrument de péché, même les reins chez les hommes, puis étend l'huile avec du coton qu'il brûle ensuite. Cette cérémonie a pour but d'achever de purifier le malade de ses péchés, de le fortifier contre les angoisses de la mort, et subsidiairement de favoriser sa guérison, si c'est nécessaire au salut de l'âme. Les prêtres seuls sont qualifiés pour cette cérémonie. Elle ne peut pas se répéter dans une même maladie, mais elle peut être administrée en cas d'autre maladie, ou mêmede rechute constatée. Les seuls passages du N. T. dans lesquels on essaie de trouver une lointaine allusion à cette cérémonie, sont Marc 6, 13. où il est question de guérisons miraculeuses, et Jacq. 5, 14. qui parle de guérisons possibles par la prière. Or l'extrême-onctiona si peu en vue la guérison du malade qu'on ne l'administre qu'à la dernière extrémité, et qu'on l'a même appelée le sacrement des mourants, exeuntium. Complètement inconnue aux temps apostoliques et aux premiers siècles de l'Église, elle apparaît pour la 1™ fois au conc. de Pavie 850 (à moins qu'on ne compte les gnostiques va-lentiniens, qui répandaient de l'huile mêlée d'eau sur la tête de leurs mourants). C'est Hugo de Saint-Victor, au lime siècle, qui le premier l'enseigne comme sacrement, et elle n'a été définitivement reconnue comme telle qu'aux conciles de Florence et de Trente. Les docteurs romains ne sont même pas bien d'accord entre eux sur les effets de ce sacrement; les uns, avec Thomas d'Aquin, le font agir sur ce qui reste de péché; les autres, comme Bellarmin, sur les angoisses de la mort; d'autres encore sur les péchés véniels. Pour se rapprocher un peu de la soi-disant institution de ce sacrement, l'Église n'administre l'extrême-onction qu'à ceux qui sont en danger de mort par maladie; elle ne l'administre ni aux condamnés, ni aux soldats avant la bataille. L'huile, considérée comme le symbole et pour ainsi dire comme le moyen de transmission de la repentance, doit être de l'huile d'olive line et parfaitement pure, tout au plus avec un mélange de baume. C'est Têvêque qui la consacre, ordinairement le jeudi saint, avec l'assistance de 12 prêtres, qui l'adorent ensuite et baisent les tonneaux sacrés, en disant: Ave, sanetum chrismaf On la répartit entre les différentes cures du diocèse; s'il y en a trop au bout de l'année, on brûle au feu ce qui reste le samedi saint; si au contraire on prévoit qu'il en manquera, on peut l'étendre avec de l'huile non consacrée. Chez les grecs l'ex-trême-onction date aussi du 9m* siècle; dans la règle elle doit être administrée par plusieurs prêtres et non par un seul; dans le temple plutôt qu'à domicile; à des malades plutôt qu'à des mourants. Elle s'administre en grand le jeudi saint.

 

ONIAS, plusieurs souverains-sacrificateurs de ce nom: 1° le père de Simon Ier, exerçait la sacrificature lors de la bataille d'Ipsus qui donna la Palestine à l'Egypte, 301 av. C. Sirach 50, 1. — 2o Onias II, fds de Simon-le-Juste, sous Antiochus-le-Grand, entre 219 et 250 av. C.; connu par sa cupidité qui finit par amener une guerre civile. — 3° Onias III, fils de Simon II, 2 Macc. 3 et 4; assassiné dans un bosquet de Daphné près d'Antioche, 170 av. C.— 4° Son fils Onias IV s'enfuit en Egypte, auprès de Philométor, et obtint de lui, 152, la cession du temple de Bybaste, dans le Delta, pour en faire un temple hébreu.

 

ONKÉLOS, rabbin considéré comme le rédacteur du Targum juif du Pentateuque. Son travail, d'un style pur, est presque partout la traduction littérale du texte hébreu en chaldéen vulgaire; mais dans les passages difficiles ou douteux, il interprète plus qn'il ne traduit, et l'on a pu appeler son livre une paraphrase. On n'est pas fixé sur l'époque où il vécut. Certaines traditions tahnudiques l'identifient avec le prosélyte Akilas, ou Aquila, qui vivait au commencement du 2m« siècle; d'autres, comme le Talmud de Babvlone, le font disciple de Gama-liel et condisciple de Paul; d'autres enfin placent en Babylonie et au commencement du 4®« siècle la rédaction finale de ce targum, qui fut surtout reçu dans les écolesjuivesde la Palestine.

 

OPHITES, en grec, ou Nackastèens, en he-breu Nachash (d'un mot qui signifie serpent), secte gnostique et l'une des plus anciennes, se subdivisant en plusieurs branches, Pérates, Sé-thiens, Caïnites, etc., qui toutes à différents degrés donnent une place au serpent dans le développement de l'humanité. Du Buthoi, profondeur, abîme, émanent le premier homme, le fils de l'homme et le saint Esprit. Ce dernier forme avec les deux premiers le Christ et la Sophia, ou fausse sagesse, qui mène au chaos. Elle produit le Jaldabaoth, le maître des puissances cosmiques, le créateur. Usant de la puissance qu'il a reçue de sa mère, il se révolte contre le monde supérieur; il regarde dans h hulè, dans la matière, où son image semblable à celle du serpent, Ophiomorphos, devient le mauvais esprit. Voulant créer l'homme, il loi communique l'esprit divin, l'intelligence, une volonté propre, et le décide à manger du fruit de l'arbre pour achever de l'émanciper. La chute est donc une délivrance; l'homme s'est élevé au-dessus de Jaldabaoth par l'influence du serpent. Mais Jaldabaoth, pour le réduire, l'enveloppe d'une écorce terrestre. Christ voulant délivrer l'homme se sert pour cela de l'homme Jésus, lequel après sa résurrection reste encore 18 mois sur la terre, instruisant ses disciples. C'est par Épiphane et par Hippolyte que fon connaît un peu cette singulière secte, grossier mélange de quelques idées chrétiennes avec les mythes cosmogoniques des religions de l'Asie Mineure.

 

OPTATUS, le saint, év. de Milève, Numidie, auteur de 7 livres De schismate Donatistorum, qu'il écrivit sous le pontificat de Siricius. par conséquent entre 384 et 398 (et non sous Va-lentinien ou Yalens, comme le dit saint Jérôme). Il défendit l'unité de l'Égl. contre Parmenianus, l'év. donatiste de Carthage, et comme il entre dans beaucoup de détails sur les luttes de ce temps et sur les circoncellions, c'est avec Augustin, l'auteur le plus important à consulter pour cette portion de l'histoire. Impr. 1549 à Mayence, et dès lors plusieurs fois.

 

OPTION, acte, ou droit de choisir en cas de vacance d'un bénéfice. Le plus ordinairement pour les fondations rattachées à des chapitres, le droit d'option appartient au chanoine le plus ancien, toutefois dans des conditions et avec des charges déterminées, souvent avec une indemnité à payer aux héritiers du titulaire défunt. Il pouvait arriver aussi que le propriétaire d'un bénéfice fût mis en possession d'un second, dit incompatible, c.-à-d. qui ne pût être cumulé avec un autre; dans ce cas il a le choix entre les deux, droit d'option que le 4me de Latran avait supprimé, mais qui n'en est pas moins resté dans les usages et traditions.

 

OPUS Operatum, v. Œuvres.

 

ORAISONS funèbres. A côté du service religieux qui se fait auprès de la tombe, et du service d'exhortations et de consolations qui a lieu dans la maison mortuaire au milieu des parents et des amis, l'usage s'est établi en plusieurs endroits d'avoir, soit le jour même des funérailles, soit le dimanche qui suit, un culte spécial dans l'église, ou tout au moins de consacrer le sermon à une méditation sur la mort. Ce discours, tout objectif par sa nature, peut cependant suivant le caractère et la position du défunt et suivant le rôle qu'il a joué, devenir une biographie, une apologie et un éloge. Ce genre est difficile au double point de vue littéraire et religieux. On évite difficilement la monotonie, si l'on s'en tient à une étude générale des enseignements de la Bible sur la mort; et l'on risque, si l'on veut parler du défunt, d'en parler inal en ne le louant pas assez, ou de tomber dans un excès d'adulation pour plaire à la famille. Les noms de Bossuet, de Fléchier, de Massillon, sont classiques dans ce genre, mais ils disent aussi combien il est malaisé de garder la juste mesure. Ce doit être pour chaque prédicateur une affaire de tact el d'expérience.

 

ORANGE, ville de Provence, célèbre par une \ictoire de Marius sur les Teutons, 102 av. C., et riche encore en monuments antiques, arc de triomphe, théâtre, etc. Deux conciles y furent tenus, l'un en 441 qui prit des résolutions disciplinaires sur la pénitence et sur le droit d'asile; l'autre en 529, sous la présidence de

Césaire d'Arles, qui promulgua 25 canons dans le sens augustinien sur le péché et la grâce, mais rejeta la prédestination pour le mal, tout en maintenant le dogme de la prédestination absolue et de la grâce irrésistible, inconséquences qui sont dans la nature même des choses. Il maintint aussi la doctrine de l'Église, telle qu'elle avait été formulée par Grégoire-le-Grand et telle qu'elle apparaît au moyen âge. Ses décrets, auxquels adhéra le conc. de Valence, furent approuvés par Boniface II dans une lettre à Césaire, 530. La ville d'Orange embrassa de bonne heure la Réforme, et elle le paya cher. En 1552 Pie IV y envoya Serbelloni à la tête d une bande d'Italiens. Les habitants furent massacrés, torturés, précipités du haut des rochers, pendus, brûlés; les femmes furent brutalisées. Ainsi la Réforme fut étouffée pour longtemps. Le nom d'Orange (principauté qui appartient à la maison de Nassau de 1530 à 1702, mais qui appartient à la France depuis 1714) est touj. donné à l'héritier présomptif de la couronne dans la maison de Nassau, qui règne auj. en Hollande. U est en outre conservé en Irlande comme terme de mépris, en souvenir de Guillaume III; on appelle Orangistes depuis 1689 les protestants qui reconnurent Guill. d'Orange comme successeur de Jacques II, et quoique en l'absence d'héritiers, le trône ait passé à la maison de Brunswick, le nom d'oran-giste est resté. On le donne aussi en Belgique à ceux qui, regrettant l'annexion de leur pays, sont restés fidèles dans leur cœur à la maison d'Orange, v. Nassau.

 

ORATOIRE, Oratoriens, v. Néri. Ce mot désigne d'après son étymologie un lieu spécialement affecté à la prière dans un établissement public, ou dans une maison particulière; même une petite chapelle où la messe ne se dit pas.

 

ORATORIO, composition musicale assez difficile à classer, mais qui se distingue en général par son caractère élevé et religieux. Intermédiaire entre la musique d'église et l'opéra, il remonte à Phil. de Néri, fondateur de la Congrégation de l'Oratoire qui, pour attirer la foule, avait imaginé de donner, dans l'égl. de son couvent, des espèces de représentations dramatiques mêlées de musique, dont le sujet était tiré de la Bible. C'était comme une suite des mystères. La foule « allait à l'Oratoire, * et bientôt ce genre de musique prit le nom du local où on le donnait. Le premier essai qui en fut fait, fut une représentation De//' anima e del corpo, d'Emilio de Cavalieri, 1600, auj. perdue. C'était une suite de récitatifs, mais avec de nombreux chœurs; la musique servait surtout d'accompagnement; il n'y avait pas d'action proprement dite. Avec Giac, Carissimi de Rome, l'oratorio se développa, mais il ne tarda pas à dégénérer.

Ce fut Hândel qui le releva, et qui le porta d'un coup à sa plus grande hauteur dans dix pièces successives, dont le Messie est le chef-d'œuvre. Séb. Bach, puis Haydn, Mendelssohn et d'autres suivirent. Parti de l'Italie, c'est surtout en Allemagne et en Angleterre qu'il s'est acclimaté et a le mieux réussi.

 

ORDERIC, Vitalis, né 1075 à Attengesham, Angleterre, déjà moine en 1086 dans le couvent normand de Saint-Évroul, où il+ 1150; auteur d'une Hist. ecclésiastique en 13 livres, importante surtout pour l'hist. des croisades, et pour celle des Normands jusqu'en 1142. Publ. dans les Scriptores de Le Prévost 1844, et dans Gui-zot, Mémoires rel. à l'hist. de France.

 

ORDINAIRE, désigne en style ecclésiastique, lorsqu'il n'y est joint aucune réserve restrictive ou extensive, l'évêque du diocèse, comme le dépositaire officiel et régulier de toute autorité administrative et judiciaire dans les affaires religieuses. Ce sont des droits qu'il possède jure proprio, par opposition, soit à ses vicaires généraux et autres subalternes, qui n'ont de droits que ceux qu'il leur délègue; soit aux coadjuteurs que le pape peut lui donner dans des cas exceptionnels, lesquels n'ont de droit que par l'autorité du pape. Les évêques in par-tibus n'ayant pas de diocèse réel, ne sont pas des ordinaires, non plus que les vicaires apostoliques qui sont toujours révocables. Dans les affaires de chaque paroisse, c'est le curé qui est en fait le véritable ordinaire. Les frères mora-ves sont la seule Église protestante qui ait reconnu ce titre; il fut donné à Zinzendorf et figure comme titre d'honneur sur l'inscription de son tombeau.

 

ORDINATION. D'après la doctrine catholique, l'onction d'huile et l'imposition des mains par l'évêque constituent le Sacrement de l'Ordre, qui communique la puissance de consacrer le vrai corps du Seigneur et de remettre les péchés. Cette cérémonie a, comme le baptême et la confirmation, une vertu magique; elle confère un caractère indélébile. L'evêque seul a le pouvoir de consacrer un prêtre, mais il est lui-même lié par des règles déterminées; celui qui demande l'ordination doit appartenir à son diocèse, ne pas appartenir à sa maison, avoir été baptisé, être un homme dans toute l'étendue du mot, être sans défaut corporel, n'avoir commis aucun crime ou délit, avoir un certain âge, être bien portant, de naissance légitime, libre de disposer de lui-même, etc. Dans l'origine l'impétrant ne recevait les ordres qu'en vue d'une paroisse ou d'une mission déterminée, mais l'Égl. s'est relâchée sur ce point et ne demande plus qu'une fortune suffisante, ou la garantie que le prêtre consacré sera à l'abri du besoin et ne tombera pas à sa charge. L'ordination a lieu par l'imposition des mains et la communion avec la coupe. Les Églises orientales et l'Égl. anglicane ont encore l'ordination par l'évêque: les moraves et les irvingiens en ont aussi garde quelque chose, mais en pratique les moraves sont beaucoup plus larges. Dans les Églises protestantes l'ordination est remplacée par la con-séTation qui est un acte religieux, avec ce double caractère d'un candidat qui se consacre lui-même au service de Dieu, et de ses collègues qui le mettent à part au nom et en présence de l'église, tous étant réunis pour demander à Dieu sa bénédiction pour le futur pasteur et pour son ministère. C'est un engagement solennel, mais il n'est pas irrévocable, et ceux qui regrettent de l'avoir pris ne sont pas tenus de persévérer s'ils n'ont ni la foi, ni la vocation, ni le dévouement. Chez les luthériens la tradition du sacrement est cependant plus vivace que chez les réformés, et ils continuent de voir dans l'ordination la communication surnaturelle du droit de bénir et de transformer les éléments de l'eucharistie et de remplir les fonctions du ministère.

 

ORDRE romain. On désigne ainsi tout l'ensemble des règlements relatifs au culte dan* l'Égl. catholique, et notamment des recueils liturgiques, lectures, chants et prières. A l'ancienne variété résultant de la liberté, succéda ppu à peu l'unité résultant de la centralisation. Le premier essai connu d'unification, remonte à Gélase ou à Félix III, vers l'an 500. Au 13»« siècle il s'appelait le Cérémonial romain; en 1595 le Pontifical romain, en 1600 le Cérémonial des évêques. Souvent les diocèses publient leurs calendriers particuliers, mais touj. sous le titre: Ordo officii divini juxta ritum romanum.

 

ORDRES 10 Le caractère ecclésiastique, d'après le conc. de Trente, est c véritablement et proprement un des sept sacrements; » il est communiqué par l'ordination, q. v. On emploie généralement le pluriel pour le désigner (entrer dans les ordres), parce qu'il y a divers degrés dans le service de l'autel, et qu'on n'arrive aux ordres majeurs qu'en passant par les moindres. Les 7 degrés sont ceux de: portiers, lecteurs, exorcistes, acolytes, sous-diacres, diacres et prêtres. Ces trois derniers seuls sont majeurs; les 4 premiers ne sont guère qu'une forme, et les fonctions qu'ils représentent sont le plus souvent remplies par des laïques ou des enfants.

2° On entend par ordres religieux des compagnies ou associations, d'hommes ou de femmes, qui, dans un but moral, charitable ou religieux, font vœu de vivre sous certaines règles convenues et acceptées. Tandis que dans les associations ordinaires l'individu n'aliène qu'uae partie déterminée de son temps, de ses biens <m de son activité, le caractère de l'ordre cousiste en ce que celui qui en fait partie s'y consacre j tout entier. L'homme qui se vouait à la vie religieuse était primitivement libre; c'était un ermite, un anachorète, un moine, c'est-à-dire Fhoinme seul. Quand ils se furent réunis en communauté, la vie de l'individu fit place à celle du couvent, mais chaque couvent eut son existence indépendante. Enfin saint Benoît groupa en un seul tous les couvents qui se soumettaient à une même règle, et les ordres religieux furent fondés. Ils sont très nombreux, avec des subdivisions plus nombreuses encore, et il n'est pas facile de les bien distinguer. On peut les classer en 4 grandes catégories: a. les moines proprement dits, qui comprennent les ordres de saint Basile et de saint Benoit, avec toutes leurs branches, Cluny, Camaldules, Citeaux, etc., tous antérieurs au 13me siècle; b. les chanoines réguliers, qui suivent la règle de saint Augustin, et auxquels se rattachèrent deux ordres illustres, les prémontrés et les confrères de la Merci; c. les religieux mendiants, comprenant les franciscains, les dominicains, les carmes, les augustins, les servi tes, et tous ceux qui prirent naissance entre le 13ine et le 16®® siècle; d. les clercs réguliers, forme affectée exclusivement aux ordres créés au 16me siècle et depuis, les jésuites, les théatins, les barnabites, etc. Chaque ordre fixe lui-même les règles qu'il doit suivre, son but, son mode de vivre, son costume, ses travaux, ses obligations, sa discipline. II peut se former au sein même d'un ordre un sous-ordre, ou congrégation, qui modifie, adoucit ou rend plus sévères certains détails de la règle, tout en la maintenant dans son ensemble. On entre dans un ordre, d'abord p?r le noviciat, qui est temporaire, puis par la profession. Les vœux que l'on forme sont irrévocables, et l'on ne peut en être relevé exceptionnellement que par le pape. Aucun ordre ne peut exister légalement que par l'autorisation du pape, qui en agrée ou en modifie les statuts. Chaque ordre se gouverne lui-même; il a à sa tête un chef, ou général. On a beaucoup discuté la légitimité et surtout la convenance de cette institution, au double point de vue religieux et social. Le pour et le contre peuvent se soutenir, et la question ne se serait pas même posée, s'il n'y avait pas eu des excès. Toute association est de droit commun; chaque individu est libre de prendre les engagements qu'il veut et de disposer de ses biens comme il l'entend; voilà deux principes indéniables. Mais ils se heurtent à d'autres principes non moins évidents: la société a le droit de se défendre; un État dans l'État est impossible; la mainmorte est un danger; l'individu qui a fait des vœux doit rester libre de se dégager. Les ordres dans le domaine religieux correspondent aux corporations dans le domaine social; ni les uns ni les autres ne sont compatibles dans toute leur rigueur avec l'esprit moderne, et si l'on veut encore essayer de fonder quelque chose d'ans ce sens, il faut tenir compte des besoins nouveaux, des droits acquis et des progrès accomplis. C'est ce que le protestantisme a fait, soit avec ses maisons de diaconesses, soit avec ses chevaliers de saint Jean, soit avec ses sociétés religieuses et de bienfaisance, soit enfin et surtout avec le développement de l'initiative et de l'activité individuelles, qui a produit tant de femmes et tant d'hoinmes distingués. — Chaque ordre a un supérieur, ou général, qu'il nomme lui-même, à temps ou à vie, qui a sa résidence obligée à Rome, et qui siège de droit dans les conciles généraux, avec voix délibérative. Le général est assisté d'un adinoniteur, ou directeur de conscience, qui peut le surveiller et l'avertir, mais n'a aucune juridiction. L'administration de chaque province est entre les mains d'un chef appelé provincial, lequel agit par des définiteurs dans les districts de son ressort. — V. les articles spéciaux.

 

ORGUES. L'origine de cet instrument, si apprécié de nos jours pour le culte public, remonte à des temps fort anciens. Les Grecs ont connu l'orgue hydraulique, ou orgue à eau, mais il n'est pas même établi que ce fût un instrument de musique; d'après Tertullien, c'est Archi-mède qui l'aurait inventé; d'après Vitruve, ce serait Ctésibe d'Alexandrie. Quant à la date de l'introduction de l'orgue à air, elle est inconnue. Julien l'Apostat parle bien d'un instrument « composé de tuyaux, dont les sons bruyants sont produits par le vent s'élançant d'un antre formé de peaux de bœuf, et dont les touches, frappées par un artiste vigoureux, produisent des sons mélodieux. « Saint Augustin parle aussi d'un « instrument de grande dimension, alimenté par l'air des soufflets. • Cassiodore fait la description d'une t tour construite de divers tuyaux qui, recevant l'air des soufflets, rendent des sons très puissants, modifiés par des langues de bois pressées avec art. » Mais c'est seulement au 8me siècle, en 757, qu'apparaît en Europe un orgue proprement dit: d'après Éginhardt, l'emp. Constantin Copronyme en envoie un comme présent à Pépin-le-Bref; puis Charle-magne en reçoit un autre de Const. Michel et le fait monter dans sa cathédrale d'Aix-la-Chapelle. Il en fait construire lui-même un second par ses ouvriers. Sous Louis-le-Débonnaire, un prêtre vénitien, nommé Georges, se présente comme facteur et forme sans doute des élèves à Aix-la-Chapelle, car bientôt l'Allemagne fournit des organistes à qui en demande, et Jean VIII s'adresse à un év. de Bavière, pour qu'il lui procure un orgue et un organiste. Au 14™* siè-c!e on en établit dans une quantité d'églises, mais non sans quelques résistances locales. Comme l'Égl. d'Orient ne se sert pas d'orgues dans son culte, et qu'il n'y en a jamais eu non plus dans la chapelle du pape, la proposition fut faite au conc. de Trente de les supprimer, mais on n'alla pas aussi loin, et il fut décidé simplement qu'il fallait bannir des églises « toutes sortes de musiques, dans lesquelles, soit par l'orgue, ou dans le simple chant, il se mesle quelque chose de lascif ou d'impur. » L'Église luthérienne apprécie beaucoup l'orgue, qui s'harmonise si bien avec le choral et l'ensemble de son chant religieux. Les réformés mettaient à l'origine l'orgue au même rang que les images et en proscrivaient l'emploi comme contraire à l'esprit et à la simplicité du vrai culte; cependant ils en sont un peu revenus, et sauf les puritains stricts, ils le tolèrent, et même le recherchent pour leurs grandes églises. La puissance de cet instrument, son genre même de sonorité, en fait comme la voix et l'organe de l'assemblée; il accompagne et porte le chant de la foule; cependant on peut dire aussi qu'il l'écrase, et dans la pratique on a constaté que là où il n'y a pas d'orgue, on chante plus et mieux que là où il y en a. Les harmoniums, plus petits, sont préférables comme accompagnement dans un vase peu considérable,

 

ORIGÈNE !» l'un des plus grands et des plus nobles génies de l'Égl. chrétienne, surnommé Adaniantinos, le Diamant, à cause de ses qualités aussi solides que brillantes, et Y Acier, à cause de sa capacité de travail. Eusèbe dit de lui: « Tout a été merveilleux dans Origène, même dans son enfance. • Né 185 à Alexandrie, il montra de bonne heure des dispositions remarquables comme sérieux, intelligence et piété. Son père, Léonides, ou Léonidas, leleva avec un soin scrupuleux dans toutes les sciences et particulièrement dans la connaissance des Écritures, qu'il lui faisait copier et apprendre par cœur. En 202, il avait 17 ans, quand éclata la persécution de Septime Sévère. Léonidas fut jeté en prison; Origène, ambitieux de partager son sort, affichait sa foi avec un courage qui tenait de la témérité. Sa mère, inquiète des imprudences qu'elle le voyait commettre journellement, finit par lui enlever ses vêtements, qu'elle cacha. Ainsi retenu malgré lui dans sa maison, il écrivit à son père pour l'encourager et l'exhorter au martyre. Léonidas fut mis à mort, laissant sa femme et ses sept enfants sans ressources. Origène sentit son énergie s'accroître avec sa responsabilité. Une dame de la haute société se chargea de lui et le reçut dans sa maison. C'est chez elle qu'il fit aussi la connaissance d'un gnostique célèbre, Paul, dont l'éloquence attirait beaucoup d'auditeurs; obligé de vivre avec lui, Origène évitait avec soin de prier en sa compagnie. Bientôt, grâce à son travail, il fut en njesure de subvenir à ses besoins par ses leçons. L'école catéchétique d'Alexandrie était sans directeur depuis le départ de Clément. Des chrétiens et même des païens qui avaient suivi les leçons de Clément vinrent prier Origène de le remplacer, et à 18 ans il se trouvait à la tête de cette célèbre école. Ses deux premiers élèves furent deux frères, Plu-tarque, qui plus tard subit le martyre, et Héra-clas, qui devint év. d'Alexandrie après la mort de Démétrius. Cependant la persécution sévissait; Origène, loin de se cacher» soutenait les chrétiens dans leur foi, les visitait dans les prisons, les accompagnait devant les tribunaux et les suivait jusqu'au lieu du supplice où il leur donnait publiquement le baiser d'adieu. Presque tous ses disciples subirent le martyre, et l'on ne comprend pas que lui-même y ait échappé si longtemps. Plus d'une fois il faillit être lapidé par la foule; plusieurs fois il fut assiégé dans sa maison; une troupe de fanatiques se saisit un jour de lui, le revêtit des habits d'un prêtre I de Sérapis, et le força de distribuer des palmes à la foule, ce qu'il fit en disant: t Recevez, non les palmes des idoles, mais celles de Jésus-Christ . » Ses disciples cependant devenaient de plus en plus nombreux, et il fut obligé de les partager en deux classes, confiant à Héraclasles commençants. Après un voyage à Rome en 211, il reprit ses fonctions avec une nouvelle ardeur, et laissa la rhétorique pour se consacrer surtout à l'enseignement des Écritures. Il vivait avec la plus grande simplicité, se privant de tout, jeûnant, ne portant pas de souliers et n'ayant qu'une seule tunique. Il avait vendu un grand nombre de ses manuscrits pour la modique rente de 4 oboles par jour. Il montrait en même temps la plus tendre charité pour les affligés et les pauvres. Son genre de vie lui attirait chaque jour de nouveaux élèves, dont un grand nombre se convertissaient au christianisme. Le jour il s'appliquait à l'étude delà philosophie,lisant Ammonius Saccas, Aristote, Platon, Longin, Nicomaque; la nuit il méditait les Écritures. Mais il s'aperçut bientôt que pour cela l'étude de l'hébreu lui était nécessaire; il se mit aussitôt à l'apprendre et revisa la version des Septante. Ce fut vers cette époque qu'il commença à écrire. Un de ses amis, le riche Ambroise, l'y encourageait et se chargeait des frais de publication; il le poussait d'un écrit à un autre, et pour cela mit à sa disposition 7 tachygraphes auxquels il était sans cesse occupé de dicter, et 7 copistes travaillant tout le jour. Il jouissait alors d'une renommée universelle; les premiers personnages de l'empire étaient désireux de le voir et d'entrer en correspondance avec lui.

Porphyre fit exprès le voyage pour l'aller visiter, et le gouverneur de l'Arabie le manda auprès de lui pour le consulter sur des sujets religieux. Mais en 215 commencèrent ses tribulations ecclésiastiques, La persécution de Caracalla ayant éclaté, il fut obligé de s'expatrier. Il se rendit en Palestine, où les év. de Césarée et de Jérusalem le firent prêcher, quoiqu'il n'eût pas reçu les ordres. Démétrius, év. d'Alexandrie, l'ayant appris, le leur reprocha vivement, mais ils lui répondirent: « Nous nous étonnons que vous soyez ainsi éloignés de la vérité, car tous ceux qui sont capables de concourir à l'avancement spirituel des fidèles, sont priés par les saints évêques de prêcher au peuple. » Il revint bientôt à Alexandrie et reprit ses travaux. En 218Mamméa, tante d'Héliogabale, l'appela à An-tioche, et la tradition ajoute qu'il la convertit. C'est dans l'intervalle de 218 à 228 qu'il composa le plus grand nombre de ses ouvrages. C'est à ce moment aussi qu'à l'instigation de son ami Ambroise, il entreprit son Comment, sur l'Écriture sainte, qui l'occupa jour et nuit, sauf le temps qu'il donnait à son enseignement et k sa vaste correspondance. En 228 il fut appelé en Achaïe pour y combattre certaines hérésies; il s'y rendit et par son éloquence obtint des succès inespérés. A son retour il passa par Césarée; les évêques de Palestine l'engagèrent comme la première fois à prêcher; mais pour éviter toute complication, ils commencèrent par lui conférer la prêtrise. Cette fois la colère de Démétrius ne put plus se contenir. Jadis ils étaient amis, mais les succès d'Origène avaient rempli d'amertume et de jalousie le cœur de l'évêque. Il fit ce qu'il put pour soulever l'Église contre lui, et Origène, dans l'intérêt de la paix, s'éloigna volontairement, laissant à sa place son ami et disciple Héraclas. Mais profitant de son absence, Démétrius assembla un concile, le fit condamner, lui retira le droit d'enseigner et l'exila hors d'Égypte. Un nouveau concile le dépouilla du sacerdoce et l'excommunia comme hérétique. On fit entre autres valoir contre lui le fait qu'il s'était mutilé, par une interprétation trop littérale de Matth. 19, 12. Démétrius chercha à soulever toutes les Églises contre l'illustre docteur, et saint Jérôme relève amèrement ces injustices: « Telle fut, dit-il, la récompense de tant de travaux et de sueurs; Rome même le juge indigne de la communion, non qu'il ait enseigné de nouveaux dogmes, ou qu'il ait eu des sentiments hérétiques, ainsi que voulaient le persuader ceux qui aboyaient contre lui comme des chiens furieux, mais parce qu'on ne pouvait supporter l'éclat de son éloquence et de sa science, et que. lorsqu'il parlait, il semblait que tous les autres fussent muets. » La querelle ainsi envenimée devait se poursuivre encore

deux siècles après la mort de celui qui en était l'occasion. En attendant, Origène vivait auprès de ses amis les év. de Palestine. De Césarée il écrivit pour se justifier une lettre à Alexandrie, touchante par sa douceur et le pardon chrétien qu'elle respire. Il continuait d'ailleurs de mener exactement le même genre de vie que précédemment, et il ouvrit une école qui fut fréquentée par tous les hommes remarquables des environs; Grégoire Thaumaturge, son frère Athénodore, ainsi que des foules d'auditeurs y accouraient. En 235 éclata la persécution de Maximin; Origène menacé se retira en Cappa-doce pendant 2 ans, et trouva chez une femme chrétienne un asile et une riche bibliothèque. En 238 il alla à Nicomédie, d'où il écrivit à Jules l'Africain sa fameuse épître sur la version alexandrine de la Bible. Il se rendit ensuite à Athènes, puis à Bostra, où il eut avec l'év. de cette ville une discussion publique; l'évêque professait des idées entachées d'hérésie; après la discussion il reconnut franchement ses erreurs. Origène revint à Césarée; il y professa encore pendant dix ans; il prêchait presque tous les jours et publia plus de mille homélies. C'est à ce moment qu'il écrivit sa fameuse Apologie contre Celse, et qu'il entra en correspondance avec l'emp. Philippe l'Arabe et l'impératrice Severa. Sous le règne de Décius, 250, Origène fut enfin arrêté. Sa mort importait plus que celle d'un millier de chrétiens. Celui qui avait tant fait par sa parole et par ses écrits, ne devait pas être épargné. On employa tous les moyens, toutes les tortures pour obtenir son abjuration, mais il demeura ferme malgré son âge, et quand, après la mort de Décius, les portes de sa prison lui furent ouvertes, on put le voir, faible et brisé de corps, mais toujours fort dans son âme, reprendre ses travaux et consoler les autres dans leurs afflictions, jusqu'au moment où 4 ans après, il mourut à Tyr des suites de ses tortures, 254, âgé de 69 ans. Origène était un de ces génies vastes et universels dont l'éloge ne saurait qu'atfaiblir l'éclat. Il était au premier rang pour l'explication de la Bible, l'exposé des dogmes et l'apologie du christianisme. Il a laissé, dit-on, jusqu'à 6000 ouvrages, sans doute en comptant ses homélies et probablement ses lettres. Il n'en reste que peu. Le plus important est le Traité des Principes, où il expose ses idées sur Dieu, Jésus-Christ, l'âme, la Cosmogonie chrétienne, etc. C'est celui que l'Église lui reproche le plus. On y trouve une grande profondeur de pensées, unie à une riche imagination. Il a beaucoup emprunté à son prédécesseur Clément d'Alexandrie; il a plus d'ampleur que lui, mais moins de sens érudit et de logique. Puis viennent ses Comment. sur toute l'Écriture sainte, ses Homélies, ses Hexctplet, édition de la Bible en 5 colonnes portant le texte hébreu et les principales versions grecques; un livre sur la Prière, l'Oraison dominicale. l'Exhortation au martyre, l'Apologie, etc. Le traité des Principes nous a été conservé par une trad. latine peu fidèle de Ru-lin; il n'en reste que des fragments dans l'original. Plusieurs de ses ouvrages ont été publ. par Huet 1668, Spencer 165&, Montfaucon 1713, De la Rue 1733, Redepenning 1835, etc., v. Le Nain, de Tillemont, Fleury, Mosheim, Guillon, Mtfhler, L. Bridel, et la thèse de L. Rœhrich, Genève 1835. H. B.

2° On nomme encore un philos, néoplatonicien, disciplë d'Ammonius Saccas, condisciple de Plotin et de Longin, qui portait le nom d'Origène, mais il est inconnu, et il est possible que ce soit le même que l'illustre père de l'Église.

Les controverses relatives à Origène durèrent une partie du 4me siècle, et prouvent que l'esprit critique et scientifique était débordé par la théol. traditionnelle; la plupart des savants le défendaient; Rufm, Jean de Jérusalem tenaient pour lui, mais d'autres lui reprochaient sa théorie de la création, et d'autres en faisaient le père de l'arianisme. Sur les instances de quelques moines, Théophile d'Alex, condamna et chassa les moines origénistes, qui se réfugièrent à Constantinople auprès de Chrysostome; celui-ci à son tour dénoncé par Théophile, fut déposé 403 par le concile ad quercum; il ne s'agissait plus ni de science, ni de foi; la passion seule avait la parole. Elle décida contre Origène au conc. de Constantinople 553.

 

ORKNEY, v. Shetland.

 

OROSE, Paul, né à Tarragone, Catalogne, et prêtre. A l'occasion des questions priscilliennes il se rendit 415 à Carthage, pour consulter saint Augustin. Celui-ci le renvoya à saint Jérôme à Bethléhem. Là il assista à un concile tenu à Jérusalem contre les pélagiens. Accusé par eux d'hérésie, il se défendit en publiant son apologie De libertate arbitrii, où il rend aussi compte du concile. De retour en Afrique, il écrivit à la demande d'Augustin ses Historiarum Libri VII, livre d'histoire, également connu sous le nom <ÏHormesdas, où il montre que les maux de l'humanité viennent du paganisme et non du christianisme. Très apprécié au moyen âge, quoiqu'il doive être lu avec réserve, ce livre a été trad. en anglo-saxon, par les soins d'Alfred-le-Grand (édit. Londres 1773). Il va de la création à l'an 316, et renferme beaucoup de traditions populaires. La plus ancienne édition est celle d'Augsbourg 1471, puis Venise 1475; la meilleure, celle de Haverkamp, Leyde 1738 et 1767. La légende dit qu'il apporta en Europe les reliques de saint Étienne. f en Afrique, date inconnue.

 

ORTHODOXIE, la foi généralement et officiellement reçue dans une Église. Le mot vient du grec orthos, droit, exact, et doxie, opinion, doctrine, manière de voir, opposée aux mauvaises, c.-à-dire aux autres, à l'hétérodoxie. Si elle pouvait être déterminée d'une façon absolue, la question serait tranchée; mais elle ne peut l'être que d'une manière relative, et ainsi pour chaque église, et même pour chaque individu, l'orthodoxie, c'est ce qu'il croit, c'est sa foi par opposition aux autres croyances. Historiquement c'est pour les principales Églises l'ensemble de leurs dogmes et de leurs institutions. La chose et le mot n'apparaissent qu'à la fin du 2'ne siècle, alors que l'on commence a identifier le christianisme avec ses formules; elles se fixent pendant les luttes du au 8™ siècle, à mesure que les conciles sont amenés à préciser les dogmes chrétiens contre leurs adversaires. Avant même qu'il y eût des symboles ou confessions de foi, on se servait du mot pour désigner la foi chrétienne, telle qu'elle était généralement admise, et lors du schisme d'Orient, qui ne portait pas sur une question de dogme. FÉgl. grecque conserva son titre d'orthodoxe, pendant que l'Égl. latine prenait celui d'universelle, ou catholique, mal justifié par les circonstances. Dès lors, dans l'Égl. catholique le caractère de l'orthodoxie a varié. La soumission aux conciles en fut la condition, avec l'appel au pape comme dernière instance. Puis le conc. de Trente est devenu la règle unique de la foi. Enfin depuis le conc. du Vatican, c'est Tinfail-libité du pape qui résume tous les dogmes; celui qui ne l'admet pas n'est pas orthodoxe. Les Eglises de la réforme se sont dans le principe rattachées aux huit premiers conciles écuméni-ques, et leurs confessions de foi en portent la trace, même dans leur variété. Mais à mesure qu'on a mieux compris que la vie n'est pas dans le dogme, les déclarations de foi ont été abrégées, et la notion d'orthodoxie est devenue moins rigoureuse. Ce qui a contribué surtout à ce résultat, c'est le fait de nombreuses églises qui étaient restées strictement orthodoxes, et qui n'en étaient pas moins mortes spirituellement, l'Église russe, l'Égl. luthérienne avant Spener et Francke, longtemps l'Égl. anglicane, parfois aussi les égl. réformées. L'orthodoxie a eu souvent le pouvoir temporel pour allié, et ce n'a pas été son beau temps. Ailleurs c'est l'absolue liberté de croyance qui a été protégée par l'État, et la réaction a été en faveur de l'orthodoxie. Auj. le mot d'orthodoxie n'est pas populaire; il semble ne représenter quedesfor mules sèches et abstraites, sans vie et sans onction. C'est une injustice et l'on aurait tort de la condamner, à cause de quelques exemples regrettables; l'on ne peut oublier que ce sont presque exclusivement des églises et des hommes orthodoxes, qui ont témoigné de leur vie par leurs œuvres, dans tous les domaines de l'activité chrétienne. La doctrine peut ne pas suffire, mais elle n'en est pas moins nécessaire; des organes ne prouvent pas qu'on soit vivant, mais on ne peut vivre sans organes.

 

OSIANDER lo Andréas, un des théol. les plus distingués de son temps. Né à Gunzenhau-sen, Ansbach, 19 déc. 1498, fils d'un forgeron, il étudia à Leipzig, Altenbourg et Ingolstadt, s'adonna surtout aux mathématiques, à la théol. et à l'hébreu. Ordonné prêtre 1520, il fut nommé prof, au couvent des augustins à Nuremberg, se prononça pour la Réforme en 1522, et fut appelé comme prédicateur à régi, de Saint-Laurent, où il resta jusqu'en 1548. Il avait en vain combattu l'Intérim d'Augsbourg, et dès qu'il fut promulgué, il partit sans en avoir demandé l'autorisation au Conseil et se rendit à Breslau. La faveur du duc Albert de Prusse le fit aussitôt nommer pasteur à Kdnigsberg, et peu après prof, de théologie, f 17 oct. 1552. Malgré la présence de l'empereur et des légats aux diètes de 1522 et 1524, il avait courageusement prêché contre les principes catholiques, sur la messe, les cérémonies, le culte des saints. Il avait pris une part active à l'introduction de la Réforme à Nuremberg, dans le Brandebourg et dans le Palatinat. Il exerça même une grande influence sur la Réforme en Angleterre par le mariage de sa fille avec Th. Cranmer, qui devint archev. de Cantorbery. Il assista à plusieurs diètes et à presque tous les colloques; soutint avec énergie le droit de l'Égl. de résister aux empiétements de l'État sur les affaires religieuses; demanda la convocation d'un concile national allemand, où les questions seraient tranchées par la Bible et non par une majorité. Il combattit tour à tour Rome, Zwingle et les anabaptistes. Mais ce qui lui a surtout donné une notoriété, ce furent ses luttes avec Luther et Mélanchthon. Nature mystique, il n'admettait pas que la mort de Christ pût être envisagée comme une satisfaction juridique donnée à la justice de Dieu. Il y voyait plutôt la communication de la nature de Christ à l'homme, comme si l'une se fondait dans l'autre. La mort de Christ était plutôt un gage, une déclaration qu'une rédemption, et l'on peut dire en général que la personne humaine et historique du Sauveur restait chez lui à l'arrière-plan. Aussitôt après sou discours d'ouverture à Kônigsberg 4549, il fut attaqué vivement par le prof. Lau-terwald, puis par son collègue Staphylus (redevenu catholique), et par MiJrlin. Le duc, dans riutérét d'Osiander, arrêta la discussion et décida qu'oo demanderait l'avis de Mélanchthon et celui des théol. du Wurtemberg, 1552. Le premier préavisa contre Osiander, les autres pour, ainsi que Flacius; Stancarus se mêla au débat et exagéra l'opposition contre Osiander. C'est au milieu de la lutte qu'il mourut, bien supérieur à ses adversaires par la hauteur de ses vues et l'élévation de son caractère, certainement une des personnalités les plus remarquables de h Réforme. Parmi ses nombreux ouvrages on distingue surtout (en latin) ses Harmonies évangéliques, et son livre: Du seul médiateur Jésus-Christ et de la justification par la foi. Il a réimp. aussi de Copernic: De revo-lut. orbium eœlest. et de Cardan us: Ars magna, avec ses propres vues sur les derniers temps. Vie, par Wilken. Le conflit théol. se termina par des questions politiques; le peuple se souleva, et le prédicateur de la cour, Funk, gendre d'Osiander, périt sur l'échafaud.

2° Luc, son fils, né à Nuremberg 16 déc. 1534, étudia à Kônigsberg, et occupa plusieurs postes de pasteur. Étant prélat d'Adelberg 1567, et comme tel. membre du Conseil, il s'attira la colère du duc, parce qu'il s'opposa 1598 à l'établissement des Juifs dans le pays. Il fut dépouillé de sa charge, et après un court pastorat à Esslingen, f à Stuttgard 7 sept. 1604. Il s'était opposé avec succès, en 1584, à ce qu'on punît de la torture et de la mort les anabaptistes bannis qui revenaient dans le pays. Il pril part aux colloques de Maulbroun 1564 et 1576, de Montbéliard 1586, et de Ratisbonne 1594. Comme prédicateur il avait une certaine rudesse, mais qui ne manquait pas de distinction. Il a publ. 50 sermons sur le catéchisme, et un bon traité sur l'art de prêcher (concionandi). Son principal ouvrage est un Abrégé des Centuries de Magdebourg. Notons encore une édition de la Vulgate, avec notes, une Institution chrétienne, qui a de la valeur; une petite grammaire hébr. avec Dictionnaire.

3° Luc, son fils, né 6 mai 1571, docteur en théol., finit après avoir desservi quelques paroisses, par être prof, et surintendant au séminaire de Tubingue, puis chancelier de l'université, f 1638. Orthodoxe rigide, il attaqua violemment le Vrai christianisme d'Arndt, et mit aux prises les théol. deGiessen et de Tubingue. les cryptiques et les cénotiques.

4° Son petit-neveu, Jean, fils du chancelier Jean-Adam Osiander f 1697, naquit 22 avril 1657. Instruit et bien doué, il refusa des appels qui lui furent adressés de Tubingue et de Hambourg, et passa quelques années en France comme compagnon d'un jeune noble. En 1686 il revint à Tubingue, et fut nommé prof, d'hébreu, de grec et de philos., et prédicateuràl'égl. paroissiale. Ayant réussi à obtenir de Turenne qu'il épargnât la ville, il fut employé dès lors à diverses négociations diplomatiques, dont il se tira habilement. Charles XII de Suède voulut le nommer colonel d'un régiment, mais dut se contenter de le nommer conseiller ecclésiastique royal. Son pays ne lui ménagea pas les récompenses, et il finit par avoir en mains la direction supérieure des affaires ecclés. et de l'université. f!8 oct. 1727.

 

OSIUS=Hosius q. v.

 

OSMA (Pierre d'), prof, de théol. à Salaman-que: auteur d'un Traité sur la Confession, où il prouve qu'elle n'est pas d'institution divine et que le sacrement de la pénitence n'est justifié ni par l'A., ni par le N. T. Sur la dénonciation d'Alph. Carillo, archev. de Tolède, Sixte IV condamna ce livre comme hérétique à cause de ses énormités.

 

OSORIO, Jérôme, né 1506 à Lisbonne, étudia à Salamanque, Paris et Bologne; embrassa l'état ecclésiastique, jouit de la confiance des rois Jean et Sébastien, fut nommé prof, à Coïm-bre et év. de Silves, et essaya en vain de détourner Sébastien de sa fatale expédition en Afrique 1578. Il travailla à maintenir la tranquillité dans le pays après la mort de ce prince, f 1580. Il a écrit plusieurs traités de philos., de théol. et d'histoire, entre autres des Comment. et des paraphrases de l'Écriture, d'une latinité si pure qu'ils l'ont fait surnommer le Ci-céron portugais.

 

OSSAT (Arnaud d'), né 1536àCassagnabere, diocèse d'Auch. d'une pauvre famille. Orphelin de bonne heure, il fut élevé avec un jeune noble, qu'il accompagna en 1559 en France. Il étudia à Paris et à Bourges les lettres et le droit; gagna comme avocat la faveur de l'archev. de Toulouse, Paul de Foix, le suivit à Rome comme secrétaire d'ambassade et fut chargé après lui de représenter les intérêts français à la cour romaine. Il négocia l'absolution d'Henri IV en échange du rétablissement des jésuites, et reçut pour sa récompense l'év. de Bayeux, plusieurs bénéfices et le cardinalat 1599. f 1604. Ses Lettres sont renommées comme source d'information pour l'hist. de son temps et de la cour de Rome.

 

OSSÉNIENS, forme corrompue du nom d'Es-séniens, désignant une variété d'ébionites qui, d'après Épiphanes, serait identique avec les el-késaïtes, ébionites gnostiques du temps deTra-jan, tels que les représentent les Clémentines.

 

OSTENSOIR, vase d'église, ordinairement d'or ou d'argent, souvent enrichi de pierres précieuses, et destiné à recevoir soit l'hostie, soit des reliques sacrées offertes à l'adoration du peuple. La pièce principale en est une lunule, en croissant, placée dans une boîte en verre, où Thostie est conservée. L'ostensoir peut se transporter, ou se mettre sur l'autel. Avant de s'en servir on le bénit.

 

OSTERVALD, Jean-Frédéric, né 15 nov. 1663 à Neuchâtel, où son père était pasteur. Après avoir fait ses premières études à Neuchâtel, puis chez Ott à Zurich, il se rendit en 1678 à Saumur, de là à Orléans auprès de Claude Pajon, à Paris où il vit beaucoup Allix, plus que Claude; et rappelé par une maladie de son père, il vint le suppléer jusqu'à sa mort, 1681. Il passa ensuite quelque temps à Genève, sous Tronchin, fut consacré en 1683, épousa 1684 une demoiselle de Chambrier, fut élu diacre en 1686, prédicateur du mardi, et pasteur en 1699. Ses auditeurs étaient si nombreux qu'on avait été amené à construire un nouveau et vaste temple dans le bas de la ville. Il fut souvent nommé doyen, aussi souvent que les règlements le permettaient, mais en réalité il fut toute sa vie le modérateur vénéré de son église. Son activité était extrême. Dès 1702 et pendant 44 ans il réunit autour de lui les étudiants et leur donna gratuitement des leçons de théol., sans vouloir jamais rien accepter. Ceux-ci publièrent, mais sans son consentement, sa Morale, et sa Théologie, qui ne reproduisent qu'imparfaitement sa pensée. Sa tendance théol. était orthodoxe, mais, comme Spener, il en voulait à l'orthodoxie morte, et il prêchait la vie, le devoir, plutôt que les formules métaphysiques de la spéculation. La réaction l'entraîna même peut-être un peu trop loin, et quelquefois il dut s'élever à son tour contre les ministres « qui font de l'éloquence mondaine, et qui oublient l'essentiel, savoir J.-C., sa croix, sa grâce, son Esprit. i II aimait à faire des séries de sermons, sur des livres entiers de l'A. et du N. T. Il a pris part à la réforme du psautier, et à celle de la liturgie qu'il enrichit de plusieurs portions importantes, quelques-unes empruntées à la liturgie anglicane. Malgré sa piété bien connue, son Grand Catéchisme fut accueilli avec méfiance par les évangéliques; l'Abrégé, qu'il en lit en 1702, fut plus mal venu encore, parce qu'il avait dû sacrifier la plénitude de sa pensée (sans parler d'autres Abrégés qu'on en fit et dont il n'est pas responsable). On lui reprocha une tendance arminienne, et Berne l'accusa de vouloir remplacer le catéch. de Heidelberg par un Manuel de morale. C'était aller trop loin, mais Ostervald prêtait bien le flanc à la critique. Son ouvrage le plus connu, et qui a rende son nom longtemps populaire, ce sont les Arguments et Réflexions qu'il composa pour rendre plus facile la lecture de la Bible. D'abord publiés à part, on les inséra dans le corps d'nne édition de la Bible, impr. à Genève; c'était le texte d'Olivetan, revu par les pasteurs de Genève. Quand il s'agit d'en faire une nouvelle édition, on pria Ostervald de la revoir, et il fit en marge un certain nombre de corrections plus on moins importantes, destinées seulement à rendre le style plus clair et plus moderne. Ce fat ce qu'on appelle la Version d'Ostervald 1744; l'original en est précieusement conservé à Neuchâtel. Le vieillard avait alors 80 ans passés. En 1746, comme il commençait un sermon sur Jean 20, 1-8, il fut frappé d'apoplexie en chaire; il mourut en paix 14 avril 1747, laissant 35 enfants, gendres et petits-enfants. Sa femme était morte en 1715. Un de ses fils fut pasteur à Bâle. Outre les livres cités, Ostervald a publié encore Douze Sermons, un Traité des sources de la corruption qui règne auj. parmi les chrétiens, 1700; un Traité contre l'impureté 1701, et un Traité sur l'exercice du saint ministère. Plusieurs de ses ouvrages ont été trad. en allemand, en anglais et en hollandais. Un peu surfait de son temps, grâce à de grandes qualités personnelles, il est injustement déprécié aujourd'hui. Ami d'Alph. Turrettini, q. v.

 

OSTROGOTHS iou Greuthingers), nom de la fraction des Goths qui se trouvait à l'orient des autres au moment ou les différentes branches se séparèrent. Ils eurent pour premier chef le cruel Hermanaric 336-376, et s'étendirent d'abord sur les rives de la Baltique et jusqu'au Don. On les retrouve ensuite en Pannonie et en Mésie après la mort d'Attila; enfin ils fondent tout à coup en Italie le grand empire qui porta leur nom pendant 60 ans, 493-553, et qui compta 8 rois. Le premier fut Théodoric, ou Dietrich, surnommé le Grand, né 455, fils deThéodemir. Envoyé à 8 ans comme ôtageà Constantinople, il y reçut une espèce d'éducation et jouit de la faveur des emp. Léon et Zénon. Rentré en Pannonie à 18 ans il succéda bientôt k son père. Son peuple, trop à l'étroit dans l'inculte Illyrie, aspirait à s'étendre vers des contrées plus fertiles et plus civilisées; il le conduisit en Italie, battit 3 fois Odoacre, entra en vainqueur à Ra-venne 493, et resta seul maître du pays. Chrétien, comme les Goths l'étaient depuis Valens et Fritiger, il épousa Albofleda, sœur de Clovis, qui se fit bientôt baptiser, et pendant les 33 ans de son règne il travailla à faire pénétrer partout le christianisme, l'instruction, l'ordre civil et l'industrie. Par de nombreuses alliances il créa dans l'Europe centrale une sorte d'unité politique dont il fut le centre respecté, et qui fut très favorable à la propagation de l'Évangile. Ses dernières années furent moins heureuses; cruel et soupçonneux, il devint intolérant; il fit périr Boèce et Symmaque, faussement accusés d'un complot contre sa vie, et laissa mourir en prison le pape Jean I" qui ne voulut pas intervenir à Constantinople en faveur de la liberté des ariens; au dernier moment il voulut même interdire le culte catholique en Italie, mais il f 526. Ses successeurs ne surent pas continuer son œuvre; la décadence fut rapide; Bélisaire, puis Narsès, reprirent l'Afrique sur les Vandales et l'Italie sur ses nouveaux possesseurs; Totila fut vaincu à Lentagio 552, Téias fut tué près de Cumes 553, un grand nombre d'Ostrogoths quittèrent le pays et leur puissance fut définitivement brisée. Ce fut même la fin de leur existence comme peuple, mais ils avaient préparé l'arrivée et le triomphe des Lombards.

 

OSUNA (Fray Francisco de), auteur d'un traité: Loi du Saint amour, et d'un Alphabet spirituel, Burgos 15 avril 1542, où il distingue les bons évêques, qui édifient, et les autres, beaucoup plus nombreux, qui n'ont que l'anneau, la crosse, et l'autorité de faire bonne chère.

 

OSWALD lo né 604, était le fils du roi de Nor-thumbrie Ethelred, païen ardent qui f 616 dans une guerre contre son parent Eadwin, ami du christianisme. Lui-même, élevé en Écosse, devint chrétien, et après avoir vaincu et tué le païen Keadwalla, successeur d'Eadwin, il monta sur le trône 636 et travailla de toutes ses forces à la propagation de l'Évangile parmi les Anglo-Saxons. f 5 août 642 dans le combat de Masser-field, contre Penda, le dernier prince païen de Mercie. Canonisé à Rome à cause de sa mort héroïque et de son zèle chrétien, il devint bientôt légendaire en Angleterre et surtout en Allemagne; on lui prêta des miracles, entre autres d'avoir ressuscité des soldats tués dans une bataille, d'avoir eu un corbeau familier qui l'aida à passer la mer, qui favorisa son mariage, etc. Pour les Allemands il semble être devenu l'ancien dieu Woldan, converti au christianisme. Les deux seuls documents que l'on possède sur sa vie, datent des 12®* et 13m® siècles, et probablement des bords du Rhin.

2o Danois, év. de Worcester 960, et archev. d'York 972, f 992, travailla activement k la réforme du clergé, mais dans le sens romain. Il fit venir de France Abbon de Fleury pour instruire les moines de Ramsey. Parent de l'archev. Odon.

 

OTAHITI, ou Tahiti, ou Taïti, la plus grande des 104 îles de la Société, visitée 1606 par l'espagnol Quiros, puis par Wallis, Bougainville et le capitaine Cook 1768 et 1776, célèbre par la douceur de son climat et la richesse de son sol; 11,000 habitants. Dès 1774 les jésuites songèrent à y établir une mission sous Obéréa, mais la suppression de leur ordre mit fin à cette tentative. En 1796 la Soc. des missions de Londres, qui venait d'être fondée, y envoya ses premiers missionnaires, sous Pomaré Ier, mais le pays était divisé et ils ne purent d'abord rien obtenir. Ce fut seulement après la mort du roi 1803, qu'ils réussirent sous Pomaré II à dissiper les méfiances qui les avaient accueillis, et en 1817 tonte Pile avait passé à l'Évangile; les païens, après avoir été vaincus dans une rencontre qu'ils avaient perfidement ourdie, avaient mis bas les armes et s'étaient soumis. En 1819 Po-maré II se fit lui-même baptiser avec toute sa famille. Sous l'influence croissante des missionnaires, et en particulier de Pritchard, l'île se civilisa rapidement et adopta la plupart des coutumes et des institutions de l'Europe. Les mœurs voluptueuses du paganisme cédèrent devant la discipline chrétienne, l'on peut dire que les missionnaires furent à la fois les réformateurs et les gouverneurs du pays; ils ne voulurent pas même accepter en 1822 le pavillon anglais et la garnison que l'Angleterre leur offrait; ils craignaient de compromettre par un protectorat politique l'œuvre toute spirituelle qu'ils poursuivaient. La religion protestante était seule autorisée par la loi; deux jésuites, Carel et Laval, essayèrent néanmoins de s'imposer par la force, mais ils furent expulsés, ce qui, à l'instigation du consul Mœrenhout, donna lieu sous la reine Pomaré IV 1844-1847 à l'occupation française. Le couteau sur la gorge, la pauvre reine, malade, dut subir le protectorat et les jésuites que le gouvernement de la France lui imposait. La plupart des missionnaires évangéliques durent quitter l'île; ils furent bientôt remplacés par des pasteurs français, Arbousset, Viénot, Vernier, etc. Les catholiques n'ont fait oncore que bien peu de progrès, malgré les ressources de tous genres mises à leur disposition, v. Lutteroth, 0' Tahiti.

 

OTFRIED. moine du couvent de Weissem-bourg, Alsace; élevé à Erfurt sous Raban Maur, puis à Saint-Gall; auteur d'une Harmonie en vers rimés des 4 Évangiles en langue franque, en 5 livres et 25 chapitres, avec texte latin en regard, dédiée à Luidbert, év. de Mayence 863-889; il a fait de sages observations sur la langue. Publié par Flacius 1571.

 

OTHMAR, Automar, Audemar. A Saint-Gall, où les traditions des Culdee régnaient encore au 8rae siècle, le comte Waldram, patron du monastère, remit ses droits à Charles Martel, qui, sur sa recommandation, nomma pour abbé le jeune et brillant Othmar. Celui-ci en finit avec les anciens usages, et remplaça la règle de Co-lomban par celle de saint Benoît, sur la demande de Pépin. Il eut à se défendre contre les prétentions de l'év. de Constance et des comtes voisins qui, après la défaite des Allemans et sou s la domination franque menaçaient les propriétés et l'indépendance du couvent, et il repoussa ces revendications avec énergie et avec succès. L'évêque s'en vengea en le faisant arrêter dans un de ses voyages; il le fit mettre en prison, l'accusant faussement de divers crimes et délits, notamment d'immoralité, et Othmar jugé et condamné par lui fut enfermé dans l'Ile de Stein, sur le Rhin, où il + 16 nov. 759. Son corps fut transporté à Saint-Gall 769. Canonisé au siècle.

 

OTTHER. Jacques, né à Lautenberg, Alsace, étudia à Fribourg et à Strasbourg, prit sa licence en théol., et dès 1520 s'attacha à Luther. En 1522 pasteur à Kenzingen en Brisgau, il célébra la Cène sous les deux espèces et dit la messe en allemand. Plusieurs fois traqué par le grand duc Ferdinand, il vint en Suisse, prêcha à So-leure et à Aarau 1529, et finit par être appelé cemme pasteur à Esslingen, où Ambroise Blau-rer avait introduit la Réforme. Il usa de douceur envers les anabaptistes, et prit part aux tentatives d'union de Bucer; + 1547.

 

OTTON, ou Othott. Outre les divers empereurs de ce nom qui furent plus ou moins mêlés aux querelles des papes, notamment sur la question de l'investiture, l'hist. ecclésiastique connaît plusieurs Ottons. lo Le Saint, év. de Bamberf, né 1062 ou 1069, d'une famille de comtes soua-bes. Il passa plusieurs années en Pologne, comme docteur et conseiller de la jeune duchesse, femme de Boleslas II. Quand elle fut morte, il se retira dans un couvent de Bavière, à Ratisbonne, mais Henri IV le nomma son confesseur, l'appela à sa cour comme chancelier, et finalement lui donna l'évêché de Bamberg avec la crosse et l'anneau 1103; Pa<*al II ne le confirma qu'en 1106. Austère, actif et charitable, il remplit ses fonctions avec dévouement, se refusant souvent le nécessaire et employant ses immenses revenus à des aumônes ou à des constructions d'églises, d'écoles et de séminaires. Il releva en particulier la cathédrale, qui avait été brûlée en 1081. La querelle des investitures l'ayant dégoûté du monde, il voulut retourner au couvent, mais un ordre de l'empereur le ramena à son poste. Puis, à la demande de Boleslas ni, duc de Pologne, qui voulait faire évtn-géliser la Poméranie, il partit 1124 avec une suite nombreuse et avec un cortège et une magnificence toute royale qu'on crut devoir !*i imposer. Son activité, sa b*lle prestance, les cadeaux qu'il sut faire à l'occasion, mais surtout sa piété vivante, lui concilièrent les cœurs des princes et des populations. Dans un premier voyage missionnaire, à Pyrisa sur la Plœne, il baptisa 7,000 païens. Il gagna ensuite Kammin, puis Stargard et Gutzow, où les temples des idoles devinrent des égl. chrétiennes. Enfin il aborda Julin, dans l'île de Wollin, la forteresse du paganisme, où il avait une première fois risqué de perdre la vie. De nombreuses conversions eurent lieu, et il y laissa un évêque, Adtlbert, qui ne fut cependant confirmé par le pape qu'eu 1140. Après avoir visité encore Stettin, Gridiz, Lubin et les petites villes de la Poméranie, il repartit 1125 pour Bamberg, comblé par Bo-lesias III d'honneurs et de présents. Une seconde mission, 1128, amena la reconnaissance officielle da christianisme par la diète d'Usedom, la démolition des temples païens de Wolgast et de Gutzow, et le retour de Stettin à la foi chrétienne dont elle s'était détournée. Il échappa deux fois à des tentatives d'assassinat, à Stettin et Julin, et se disposait à se rendre auprès des Kugiens, quand les circonstances et des ordres positifs de l'empereur l'obligèrent à revenir à Bamberg, où il travailla encore 10 ans avec l>énédiction, dirigeant touj. de loin l'œuvre de la Pomèranie. f 1139. On lui attribue d'avoir le premier fixé à 7 le nombre des sacrements; mais cette mention ne se trouve que dans une notice postérieure à Pierre Lombard qui en fut e véritable inventeur.

2<> Otton de Freysingen, fils du margrave Léopold d'Autriche, et d'une fille de Henri IV; demi-frère de l'emp. Conrad III, et beau-père de Barberousse. Né 1109 il étudia la théol., fut à Paris un des élèves les plus distingués d'Abei-lard. Nommé 1130 abbe du beau couvent de Morimont, Bourgogne, de l'ordre de Citeaux, il fut appelé en 1136 à l'évêché de Freysingen. Ses talents, non moins que sa naissance, lui assurèrent une haute position politique; il fut employé dans les négociations avec les papes Eugène III et Adrien IV et montra beaucoup de tact. En 1147 il accompagna Conrad à la croisade et faillit périr près de Laodicée dans une embuscade. Il accompagna aussi Barberousse lors de sa première campagne de Rome, et f 22 sept. 1158 à Morimont, peu après son retour. Il a laissé une Chronique importante, qui va de la création du monde à l'an 1146. Elle est intitulée: Des deux cités (ou royaumes), et aussi: Du changement des choses. C'est la première chronique avec tendance philosophique. Il admet jusqu'à J.-C. deux royaumes, le terrestre et le céleste, qui sont distincts; depuis J.-C. jusqu'à Théodose il y a lutte, le céleste ayant à combattre le paganisme au dehors, les hérésies au dedans; mais la victoire est assurée, et l'Église finira par absorber l'État. Otton de Saint-Biaise a continué cette Chronique jusqu'en 1209. Le même écrivain a laissé aussi une Vie de Frédéric jusqu'en 1156, importante parce qu'elle a un caractère presque officiel, impartiale quoique rédigée au point de vue des Ho-henstaufen. Elle a été continuée jusqu'en 1160 par son disciple le chapelain Ragavin, et jusqu'en 1171 par un inconnu.

3# Otton de Passau, maître de lecture au couvent des franciscains à Bâle, et membre de la Société des Amis de Dieu; du reste inconnu. Son principal ouvrage d'édification est intitulé: Les 24 anciens, ou le trône d'or, introduction à la vie intérieure. C'est un recueil qui renferme des maximes ou des passages tirés de 104 auteurs de l'antiquité, classiques, pères de l'Égl. et théologiens, jusqu'au 13me siècle. Il n'a rien emprunté aux mystiques allemands, ni aux ascètes. On en possède plusieurs mss. La plus ancienne édition imprimée date de 1480.

 

OUBLIE, v. Hostie.

 

OUDIN, Casimir, ou Remi, né 1638 à Méziè-res, Ardennes, entra 1656 chez les prémontrés de Verdun pour pouvoir se livrer à l'étude. Il visita les archives de son ordre en Hollande, Alsace et Lorraine, et publia en 1683 un supplément sur les auteurs et les ouvrages ecclés. omis par Bellarmin; mais son travail était plein d'inexactitudes qui furent relevées sévèrement par W. Cave, auteur d'un ouvrage du même genre. Il dut être refait en partie et parut après sa mort sous le titre de Commentarius de script. eccl. antiq. 1722. Oudin embrassa la Réforme en 1640 et se rendit à Leyde, où il fut nommé biblioth. de l'université, f 1717.

 

OVERBERG, Bernard, pédagogue distingué, né 1 mai 1754 de parents pauvres, près d'Osna-brUck, montra d'abord peu de dispositions pour l'étude, mais se développa plus tard, devint prêtre en 1780, et par son talent d'enseignement fixa l'attention du ministre de Furstenberg qui en 1783 lui confia la direction de l'école normale de Munster. Overberg se chargea en même temps de l'enseignement religieux au couvent français, et entra en relations avec la princesse de Gallitzin, dont il devint le directeur depuis 1789 et chez laquelle il demeura jusqu'à ce qu'elle mourut 1806. Il ne cessa de s'occuper de son école, de l'instruction primaire et de la réorganisation des études. Membre du Consistoire et chanoine honoraire, il f 9 nov. 1826. Il a laissé une Méthode, un ABC, des études bibliques, deux catéchismes, etc., dont quelques-uns très estimés ont été trad. en anglais et en hollandais.

 

OWEN lo John, poète latin, connu par des épigrammes contre l'Égl. romaine, déshérité pour cela par un riche parent. Né à Caernarvon, pays de Galles, il étudia à Oxford, tint une école à Monmouth, puis à Warwick 1594, et + dans l'indigence. On lui a élevé à Saint-Paul de Londres un splendide monument. — 2° John Owen, 1616-1683, théol. non conformiste, champion du presbytérianisme et des doctrines arminiennes. — 3° John Owen, 1765-1822, pasteur de Felham, puis chapelain à Chelsea, membre actif de la Soc. biblique de Londres; a écrit: Voyages en différ. parties de l'Europe 1796, et Hist. de l'origine et des 10 premières années de la Soc. bibl. britann. et étrangère, 1816-1820. — 4° Robert, né 1771 de parents pauvres à Newton, Montgomery, épousa la fille d'un riche fabricant, qui lui légua en 1800 une filature de coton à New-Lanark, Écosse. Touché des misères de la classe ouvrière, il chercha à y remédier dans la mesure de ses moyens, distribua des secours, fonda une école et obtint quelques bons résultats. Il se crut dès lors appelé à l'apostolat de la réforme sociale, et entreprit de répandre ses idées par des conférences et par la presse. Sans prétendre que l'homme soit bon, il disait qu'il n'est pas responsable de ses actes; il est plutôt passif et la victime des circonstances dans lesquelles il est né et a été élevé; il fallait donc refaire son éducation et lui inculquer de nouvelles idées, sociales et religieuses. Les droits et les devoirs sont les mêmes pour tous. Il n'y a lieu ni à blâme, ni à louanges, ni à punitions, ni à récompenses. Le privilège du capital doit disparaître. Le mariage doit être remplacé par l'union libre; la famille par la communauté. Une religion qui regarde au delà de la vie présente, n'a pas de raison d'être. L'homme ainsi élevé sera tellement bon, qu'il n'y aura plus à s'occuper du partage des biens. Vivement attaqué à cause de ces idées, il se rendit aux États-Unis, où il fonda en 1823 dans l'Indiana la Société coopérative communiste de New-Harmony, mais cette entreprise dura peu, et en 1826 la Société fut dissoute. Owen revint en Europe découragé 1827, et + 47 nov. 1858 à peu près oublié de ses contemporains.

 

OXFORD, l'une des deux plus célèbres univ. de l'Angleterre. On la fait remonter au grand Alfred, et parmi ses premiers maîtres on compte Scot Érigène et Gildas. Elle sombra un moment dans les derniers temps de la domination saxonne et le règne de Guill.-le-Conquérant ne lui fut pas favorable; mais elle reprit sous Henri 1er dit Beaucierc, et vers le milieu du 12ra« siècle l'école fondée par Alfred se forme définitivement en corporation universitaire. L'adjonction du University Collège en devint le principal noyau. Des franciscains y arrivèrent vers la Toussaint 1225. Vers 1240 les leçons de Marsh et de Grosse-tête lui firent une réputation européenne; elle compta jusqu'à 30,000 étudiants, et rivalisa avec Lyon, Paris et Cologne. Ses maîtres s'appelaient Haies, Roger Bacon, Pulleyn, Duns Scot, Occam. Ses halls, édifices pour loger les étudiants, étaient au nombre de 12, et finirent par atteindre le chiffre de 300; plusieurs furent peu à peu transformés en collèges. La tendance des études était à la fois biblique et scientifique dans le sens le plus libéral du mot. Avec le déclin de la scolastique et l'accroissement de la puissance romaine, il y eut baisse dans le niveau des études proprement dites, et l'attention se porta surtout vers les questions politiques etecclés. controversées. Bradwardine et Wicleff furent persécutés; lors du concile de Bâle Oxford ne comptait plus que mille élèves. L'époque de la Réformation lui rendit un-peu de son ancienne splendeur; Henri VIII le protégea, le cardinal Wolsey fit construire le magnifique collège de Christ-Church, 1525. Déjà en 1521 l'enseignement commence à se ressentir de l'influence des doctrines luthériennes. Sous Edouard VI l'univ. est devenue un centre de la Réforme; Pierre Martyr et Ochino y sont appelés en même temps que Bucer et' Fagius à Cambridge, et ils ne se laissent pas effrayer par le bûcher de Cranmer que Marie-la-Sanguinaire a fait dresser devant le collège Balliol. SousÉli-zabeth, par les soins de Leicester qui en fut plusieurs années le chancelier, l'univ. se réorganise; elle prend sa forme définitive sous Charles I*r, grâce à l'activité de l'archev. Laud qui en fut le chancelier 1630-1641 et le zélé protecteur, et à qui l'on doit un accroissement notable de la bibliothèque bodleyenne, et aussi la tendance absolutiste en politique et le caractère de haute église qu'elle a conservés depuis les temps des Stuart jusqu'à Guill. III, et qui en font encore la citadelle du torysme et le boulevard du pur anglicanisme contre tout ce qui porte le cachet du non-conformisme. L'université compte auj. 36 professeurs, 19 collèges et 5 halls; les principaux collèges sont Christ-Church, Saint-John, Queens, Trinity, AU Soûls, New College. Au commencement du siècle, avec Whately, Hampden, Arnold, un souffle libéral avait passé sur l'université, mais cela dura peu: les Keble, Bouverie, Pusey, Newmaun, Perce-val, Froude, inaugurèrent une ère nouvelle de réaction, lePuséisme, qui devait aboutir au catholicisme et qui y aboutit en effet pour plusieurs de ses représentants. Les Essais d'Oxfonl qui firent sensation il y a une cinquantaine d'années furent d'abord une protestation de la conscience contre le formalisme et le dogmatisme, un appel en faveur d'une restauration de la théol. sur la base de la vie religieuse. Sans avoir par eux-mêmes une grande valeur scientifique, ils imprimèrent aux études une direction nouvelle et donnèrent naissance à des travaux sérieux, parmi lesquels il faut nommer les Essays and Reviews, Londres 1860, dont dix éditions furent enlevées en peu de temps. Ils contenaient 7 travaux, dûs sauf un seul à des pasteurs ou à des prof, de l'université, savoir: L'éducation du monde, par Tçmple, recteur de l'école de Rugby; les Recherches bibliques de Bunsen, par Rowland Williams, prof, d'hébreu; Études sur les preuves du christianisme, par Baden Powell, prof, de géométrie; l'Église nationale, par Wilson; l'Hist. de la création d'après Moïse, par Godwin; les Mouvements de la pensée relig. en Angleterre de 1688-1750, par Pattison; de l'Interprétation de la Bible, par Jowett. Dans leur ensemble ces essais niaient l'inspiration des Écritures, le péché originel, le dogme de la rédemption, et l'importance des miracles comme preuve du christianisme. Ils devinrent le programme et le drapeau d un parti beaucoup plus négatif, rêvant le renversement de la foi et enlevant toute autorité à la Bible. Il y fut répondu par Tait, Taylor et d'autres, qui cherchèrent à établir que lorsqu'on ne professe pas la foi d'une Église, on n'a pas le droit d'y remplir des fonctions et d'en toucher les revenus. Des démarches furent faites pour obtenir des autorités ecclésiastiques la condamnation des rédacteurs et de leurs idées, mais grâce aux tortueuses complications de la jurisprudence anglaise; les démarches n'aboutirent à aucun résultat pratique; blâmés et reniés par tout l'épiscopat, William, Wilson, puis Colenso purent continuer en paix de prêcher et d'enseigner leurs doctrines, contraires à celle des 39 articles qu'ils avaient jurés, 1862.

 

OZANAM, Antoine-Frédéric, né à Marseille 23 avril 1813, vint de bonne heure à Lyon avec son père qui était médecin, et fut envoyé à Paris en 1831 pour faire son droit. Il s'y lia surtout avec le physicien André-Marie Ampère, et plus tard avec son fils Jean-Jacques. La littérature, les langues, l'hist. des religions l'intéressaient encore plus que le droit, et il n'oubliait pas les devoirs de la piété et de la charité. Il réussit, avec quelques amis, à organiser une société de Saint-Vincent de Paul. Reçu docteur en droit et ès lettres en 1836, il revint s'établir à Lyon comme avocat, et bientôt il fut nommé prof, de droit commercial, 1837. En 1839, il fut appelé à la Sorbonne, Paris, comme suppléant de Fauriel, qu'il remplaça définitivement après sa mort. Il fit plusieurs voyages en Italie, le pays de ses rêves; il visita l'Allemagne, la Suisse, la Belgique, l'Espagne, et sut partout évoquer le passé. L'Angleterre seule ne trouva pas grâce à ses yeux; elle était froide et positive; surtout elle était protestante, et son âme profondément catholique, ne capitulait pas sur ce point. Sa santé laissait à désirer; entre son frère aîné, l'abbé Alphonse, et son fr. cadet, le docteur Charles, les conseils ne lui manquèrent pas. Il se rendit encore une fois en Italie avec sa femme et sa petite fille, mais il dut rentrer en France et put revoir Marseille, où il t 8 sept. 1853. Nature élevée, tendre et sympathique, il avait les qualités et les défauts de son éducation religieuse. Il a étudié avec amour l'histoire des mœurs et de la littérature du moyen âge, les légendes eschatologiques des nations, et les traditions des peuples qui semblent, sous des formes différentes, l'émanation d'une «éme pensée. S'il a senti le christianisme, il la peu ou mal compris; mais, malgré la rigueur de son orthodoxie catholique, il voulait la tolérance, comme ses amis Montalembert, Lacor-daire, Maret, Gratry. Ses Œuvres compl. ont paru à Paris, 1855, en 8 vol. 8°. Les principaux de ses ouvrages sont: La Civilisation chrét. chez les Francs, la Civilis. au siècle, les Poètes franciscains, les Études germaniques, Dante et la philos, cathol. au 13™* siècle,ainsi que plusieurs articles dans l'Ère nouvelle et le Correspondant.