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TABENNA, île de la Haute-Égypte, non loin de Tbèbes; célèbre par le séjour qu'y fit Pacôme, q. v.
TABORITES, l'un des deux partis religieux entre lesquels se partagea l'opposition bohème du 15»>e siècle. Us prirent leur nom d'une montagne située près d'Aust, qui leur servit d'abord de rendez-vous pour leurs assemblées religieuses, puis de camp, enfin de forteresse principale (tabor, en langue tschèque, signifie camp.) Plus avancés et plus décidés que les calixtins, ils demandaient des réformes beaucoup plus étendues. Us en appelaient aux Écritures et réclamaient aussi bien contre les erreurs de doctrine que contre les usages et cérémonies de tradition humaine; ils voyaient dans les ordres monastiques une invention du diable; ils rejetaient la messe, le purgatoire, la confession, l'invocation des saints, le culte des reliques, le mérite des œuvres, etc. Leurs principaux docteurs furent Wenceslas Coranda et Nicolas Episcopius. Après s'être longtemps bornés à se défendre, les taborites passèrent à l'offensive, refusèrent de se soumettre au nouvel empereur, Sigismond, et quand celui-ci eut organisé contre eux une croisade, ils y répondirent en démolissant les couvents, dépouillant les églises de leurs tableaux et de leurs ornements, mettant à mort les moines et les prêtres. La guerre fut furieuse. Quelques fanatiques annoncèrent la prochaine venue du Christ et son règne de mille ans au profit des taborites. Mais comme un excès amène toujours une réaction, il se forma au sein du parti zélote, politique et violent, un petit troupeau de chrétiens spirituels qui travaillèrent en silence à une véritable réforme et qui devinrent le noyau de l'Église des Frères #moraves. Parmi eux se distinguait surtout le pieux moine Grégoire de Raserherz, neveu deRokyzane, qui, faisant peu de cas des pratiques extérieures, «'occupa de former par tout le pays des assemblées chrétiennes et de les organiser dans l'esprit de l'Évangile. C'est vers 1457 qu'ils mirent la main à l'œuvre et que, selon leur expression, ils sortirent décidément de Babylone. Quant aux taborites proprement dits, après de longues luttes, ils furent entièrement défaits par le roi Podiebrad, 1453, qui prit leur forteresse; la plupart d'entr'eux périrent misérablement; les survivants se joignirent aux frères moraves, et la secte disparaît de l'histoire.
TABOU, coutume superstitieuse des îles de la Polynésie; interdiction prononcée par les prêtres ou les chefs sur des personnes, des objets, ou des localités, ensuite de laquelle il n'est permis ni de les regarder, ni de les assister, sous peine de mort. Le roi est tabou, par conséquent inviolable; les dieux, les temples, les prêtres le sont également et toujours. Parfois il n'est que momentané. Certaines viandes, certains fruits peuvent l'être suivant les saisons. S'il est général, tout travail et tout bruit dans l'ile doit cesser; on eminuselle fortement les chiens pour les empêcher d'aboyer; les lumières doivent ôtre éteintes. Les violateurs, même involontaires, dn taboa étaient offerts anx dieux en sacrifices. Cette coutume a été abolie là où le christianisme a pénétré.
TAIPINGS (paix générale), secte politico-religieuse qui, de 1850 à 1864, a tenu en échec le gouvernement chinois; elle avait conquis la moitié de l'empire, avait fait de Nankin sa car pitale et rêvait de renverser la dynastie des Mandchoux. Sin, qui était le chef de ce mouvement, ou plutôt Hung-Sin-Tseuen, né 1813, avait connu à Canton quelques missionnaires protestants 1833; il leur emprunta le sabbat, les 10 commandements, le baptême, et répandit la Bible par milliers d'exemplaires; mais il toléra la polygamie et n'admit pas la sainte Cène. Sin se donnait pour frère cadet et continuateur de Jésus. Il avait appelé auprès de lui le missionnaire Roberts comme ministre des affaires étrangères. Les excès et les cruautés du parti amenèrent une réaction générale, ot la prise de Nankin, 1864, entraîna la ruine de l'entreprise.
TAIT, Archibald-Campbell, né 21 déc. 1811, fils d'un archidiacre de Coventrv, fut prof, et examinateur à l'univ. d'Oxford, puis principal du collège de Rughby, doyen de Carlisle; en 1836 év. de Londres avec siège à la Chambre haute. Il appartenait an parti libéral évangélique, et combattit le ritualisme par ses actes, comme il l'avait combattu dès 1833 en supposant k la.propagation des Tracts de Pusey. En 1868 il fut nommé par le ministère Gladstone archev. de Cantorbéry, où il f le dimanche 3 déc. 1882. Auteur de plusieurs volumes de sermons et ouvrages sur la religion, membre de nombreuses sociétés religieuses et de bienfaisance. Sa vie de famille fut cruellement éprouvée par la mort en fort peu de temps de ses cinq filles (cinq plantes transportées an ciel), puis de son fils, pasteur, et de sa femme.
TAITI, v. Otahili.
TAJUS, ou Togo, Samuel, évêque de Sara-gosse vers 646, fut envoyé à Rome par Ghin-daswinth, roi des Visigoths et par le 7®« synode de Tolède, pour retrouver l'Expotitio in Hiobums. Moralium lib. XXXV de Grégoire I«r. Il prit part aux 8°>e et 9™e syn. de Tolède, 635 et 655. Il ne reste de lui que son Epistola ad Eugenium Toletanum episcopum et l'ouvrage des Sententiarum lib. V, écrit dogmatique dans le sens évangélique, tiré en partie des écrits d'Augustin et du susdit livre de Grég. Ier, sorte d'imitation des sentences d'Isidore de Séville.
TALIBAN, secte d'Abyssinie, affiliée aux juifs et rappelant les anciens thérapeutes. Ses membres vivent au désert dans des couvents, jeûnent o fois la semaine, couchent sur du bois, se flagellent avec des épines, et attendent k Messie. Ils se plient aux habitudes ecclésiastiques de l'Orient, mais passent pour juifs et sorciers. Ils sont habiles à travailler les métaux.
TALMUD, v. Thalmud.
TAMBURINI lo Thomas, jésuite, né 1591 à Caltanisetta; prof, de théol., censeur, conseiller du saint-office, f 1675 à Palerme; auteur de plusieurs ouvrages de théol. morale. — S4 Michel-Ange, de Modène, général des jésuites, élu 31 janv. 1706, f 28 févr. 1730. — 3<> Pierre, né 1737 à Brescia; grand ami des lumières et ardent joséphiste; élève, puis prof, au séminaire de sa ville natale, il fut ensuite 6 ans directeur du collège germanique à Rome. Marie-Thérèse le nomma 1797 prof, de théol.. de droit naturel et de philos, morale à Pavie, où il f 14 mars 1827. Il avait assisté comme promoteur au synode de Pistoie 1786. Il a écrit sur Tertullien, Origène, Justin; son principal ouvrage est intitulé Prœlectiones, lectures sur l'Égl. et la jurisprudence ecclésiastique.
TANCHELM, Tanchelin, Tanquelin, fanatique du 12me siècle, qui vivait en Hollande; il lit beaucoup de bruit à Utrecht, Bruges et Anvers, s'adressant aux femmes et aux classes inférieures, s'entourant d'une garde et faisant porter devant lui un drapeau et une épée. B traitait de bordel l'Égl. cathol. et se donnait comme le fiancé de la vierge Marie. Il offrait à boire à ses fidèles l'eau dans laquelle il s'était baigné. Un prêtre finit par le tuer dans uo voyage en bateau 1125, et Norbert ramena peu à penses sectateurs à la communion de l'Église.
TANCHUM, ou Tanchuma, rabbin de Jérusalem, du 13m« siècle; auteur de Comment, arabes sur l'A. T., dont quelques fragments mss. sont conservés à Oxford; ils ne sont pas sans valeur.
TANCRÉDE, célèbre canoniste du 13"» siècle; il était de Bologne où il étudia le droit; peut-être aussi la théol. à Paris; chanoine, archidiacre nommé 1216 par Honorius IH; trè considéré et chargé de diverses missions; auteur d'un Traité sur le mariage, et d'un Ordre judiciaire, l'un et l'autre venus jusqu'à nous, mais avec un texte corrompu et interpolé, f avant 1236. Édition par Wunderlich.
TANDEBARATZ, Jacques (de), fils de Jehan de T., bourgeois de La Rochelle, et de Suzanne Gautron sa femme, mariés 1623. Consacré à Aytré 1655, il fut nommé pasteur de La Rochelle en 1660. Injustement condamné en 1680 par l'intendant de Demuy à une amende de mille livres. Chargé en 1682 de recevoir au temple l'év. de La Rochelle, Henri de Laval, et de lui répondre au sujet de l'avertissement dn 1" juillet, il s'en acquitta avec tact, modération et fermeté. Jeté à la Bastille avec ses deux collègues 1684, il n'en sortit à la Révocation que pour prendre le chemin de l'exil.
TANNER i® Adam, né 1572 à Innsbrnck, f 26 mai 1632 à Unken; jésuite, prof, de théol. à Ingolstadt et Vienne, chancelier de l'univ. de Prague. Auteur d'un rapport sur la dispute de Ratisbonne 1601; Théol. scolastique; Anatomie de la Conf. d'Augsbourg, pour prouver que le protestantisme est une innovation; Apologie de la Soc. de Jésus; Apologie sacrée; Discussion théol. sur la somme de Thomas. Avec Spee il a protesté contre les barbaries exercées dans les procès pour sortilèges. — 2° Matthias, né 1630 à Pilsen, jésuite en 1646, prof, de belles-lettres, de philos, et de théol., envoyé 1675 à Rome comme procurateur de Tordre. Auteur de plusieurs écrits dogmatiques et apologétiques: Le sacrifice sanglant de Christ, expliqué par le sacrif. non sanglant de la messe; contre tous ceux qui profanent les lieux saints; la Soc. de Jésus militant jusqu'au sang (éloge des missions jésuites) etc. — 3® Con^d, né 20 déc. 1752 à Arth, Schwytz, prince-abbé d'Einsiedeln depuis 1808, f 7 avril 1825; auteur de plusieurs ou-vragesd'édification.—4»Thomas, né 1674 à Lu-wington, étudia à Oxford; évéque 1732 à Saint-Asaph, pays de Galles. + 1735 & Oxford. Auteur d'une Biblioth. alphabétique des principaux écrivains de l'Angleterre jusqu'au 18ine siècle.
TANUCCI, ou Tanuzzt, Bernard (marquis de). Né 1695 à Stia, Toscane, étudia le droit à Pise, suivit don Carlos à la conquête de Naples et devint son premier ministre. Il réorganisa la justice, et dans l'intérêt du commerce leva l'interdit qui pesait sur les juifs. C'était l'époque où partout en Europe l'absolutisme royal, se heurtant aux prétentions temporelles de la cour de Rome, travaillait à brider la puissance ecclésiastique et à réprimer ses invasions dans le domaine politique; l'époque de Choiseuil, de Pombal, de Joseph II. U n'y avait pas moins de 112,000 ecclésiastiques dans le seul royaume de Naples, soit 1 prêtre pour 143 habitants, toute une armée. Tanuzzi entreprit la lutte contre un mal qui menaçait l'avenir et la prospérité du pays, et Charles IV qui en voulait au pape d'avoir combattu son avènement au trône, laissa faire son ministre. Tanucci envoya un prélat libre penseur, Galliani, à Rome, pour demander la suppression du tribunal de la nonciature à Naples, la limitation du nombre des couvents et du droit de posséder, une part plus grande dans le choix des évêques, etc. En attendant la réponse, qui devait aboutir à un concordat, Tanucci poursuivit son œuvre, tendant à réduire le nombre des ecclésiastiques à un pour mille habitants; il introduisit le placet, défendit aux jésuites la fondation de nouveaux collèges, et limita la juridiction ecclésiastique. Régent pendant la minorité de Ferdinand IV, il alla plus loin encore, restreignit pour l'Église le droit de posséder et d'hériter, statua qu'une famille ne pourrait consacrer qu'un fils à la prêtrise, et jamais un fils unique. Le mariage fut déclaré un acte civil. Clément VIII ayant rétabli l'ordre des jésuites 1765 par sa bulle Ajku-tolicum paseendi, Tanucci y répondit en faisant embarquer tous les jésuites du royaume dans la nuit du 3 au 4 nov. 1767, avec peine de mort pour ceux qui rentreraient. Mais il était trop avancé pour son temps. L'intrigante et jeune reine Marie-Caroline étant entrée au conseil en 1777, il ne put lutter contre elle; la réaction commença, et il se retira dans ses terres. f 1783 à Naples. Personnellement honnête et aimé, il avait servi son roi fidèlement, et son administration laissa le pays prospère et ses finances en bon état.
TARAISE, secrétaire d'État à Constantinople, et laïque, fut, après la démission de Paul 783, appelé au patriarchat par l'impér. Irène. Il n'accepta qu'à regret et sur les instances du peuple, et se fit pardonner l'irrégularité de son élection en acceptant la convocation d'un concile pour rétablir l'union de Constantinople avec les autres églises. Adrien Ier le reconnut, mais par une lettre où le titre de patriarche universel était soigneusement évité, où la question des images était nettement affirmée, et où l'empereur et sa mère étaient salués du titre de Constantin et d'Hélène. Convoqué d'abord le 17 août 786 dans l'égl. des apôtres à Constantinople, mais empêché par une émeute et transporté à Nicée, à Sainte-Sophie, le 24 sept. 787, le concile se prononça contre les iconoclastes et rétablit le culte des images. Le jeune Constantin ayant répudié Marie pour épouser Theodata, Taraise protesta contre ce divorce, mais n'alla pas plus loin; il eut beaucoup de peine à calmer les moines qui lui reprochaient son attitude peu décidée et qui auraient voulu voir l'empereur excommunié. Il se montra plus énergique lorsque les soldats impériaux essayèrent de violer le droit d'asile. Après avoir couronné Nicé-phore 802, il f 25 févr. 806. C'était un homme de prière, ami des pauvres et des veuves. II a laissé des Homélies et des Lettres. Canonisé chez les grecs et chez les latins.
TASCODRUGITES, petite secte de Galatie au 4™« siècle, mentionnée par Théodoret comme gnostique, par Épiphanes comme montaniste; ils affectaient un caractère tout spiritualiste, repoussaient toute forme et toute organisation et parlaient de Christ en docètes. Malgré les poursuites dont ils furent les objets, ils existaient encore comme secte au 9®* siècle. Leur nom, assez bizarre (clou sur le nez) vient selon les uns de ce que pendant la prière ils mettaient lenr doigt sur leur nés pour recommander le silence; selon d'autres de Ps. 141, 3: Éternel, mets une garde à ma bouche.
TATIEN lo Syrien, né vers 130, très versé dans la culture gréco-romaine, profond observateur, philosophe platonicien, voyagea beaucoup en curieux, se fit même initier aux mystères d'Éleusis, vint vers 162 à Rome, où il s'établit comme rhéteur; mais, dégoûté des erreurs et de l'immoralité du paganisme qui se complaisait dans les jeux sanglants des gladiateurs, et ayant entendu parler du grand âge des livres de l'A. T. il les lut avec fruit. Il se lia avec Justin, dont il devint l'élève et l'ami, et fut eu butte, comme lui, aux attaques du cynique Crescens. Peu après la mort de son maître, il publia sa Ire Apologie, son Discours aux Grecs, la seule chose qui reste de lui, et où l'on retrouve tout l'enthousiasme syrien (publ. par Worth, Oxford, 1700). Il tomba plus tard dans les erreurs gnostiques, probablement après son retour en Orient 172, et f vers la même époque.
2° Auteur d'une Harmonie des Évang., trad. en latin par Victor de Capoue. Il était de Mésopotamie; d'ailleurs inconnu.
TAULER (Tauweler), Jean, né vers 1290 à Strasbourg, fils d'un conseiller, entra 1308 chez les dominicains, étudia à Paris la mystique, saint Rernard, l'Aréopagite, les Victorins, et aussi la Somme de saint Thomas. De retour à Strasbourg il se joignit à Nicolas, Dietrich, Ec-kart et autres mystiques, et se livra à la prédication et à la cure d'âmes sans se préoccuper de l'interdit que Jean XXII avait jeté sur la ville à cause de son attachement à Louis de Bavière. Nicolas de Bâle, qui l'avait visité, exerça sur lui une grande influence et le décida à se joindre aux Amis de Dieu; il lui interdit en outre toute prédication pendant 2 ans, mais après ce temps d'épreuve la voix de Tauler n'en fut que plus puissante, et il obtint de vrais succès dans la chapelle de son couvent et dans les diverses églises où il fut appelé, par la sévérité morale de sa parole, L'évéque lui-même Pécou-tait avec plaisir; il le bannit néanmoins de la ville, ainsi que le prieur des augustins et celui des chartreux, lorsque malgré l'interdit renouvelé sur Strasbourg, ils continuèrent de donner leurs soins aux victimes de la peste noire 1348. Tauler était le confesseur de Rulmann Mer-swin. Il se retira près de là dans une maison de chartreux. Les 3 amis, cités devant Charles IV. défendirent courageusement leur ministère, soutenant qu'il était injuste de laisser souffrir et mourir sans secours le pauvre peuple pour des raisons politiques auxquelles il n'entendait rien. Après avoir prêché quelques années à Cologne, il revint à Strasbourg où il f 16 juin 1361 dans le couvant de sa sœur et auprès de son ami Nicolas accouru quelques jours auparavant. Il a laissé un grand nombre d'écrits (en allemand), dont les principaux sont: Imitation de la pauvre vie de Christ, Exercices sur la rie et la passion de Jésus-Christ, Lettres spirituelles, Institutions divines, des hymnes, etc. Pour lui Dieu est le seul être réel et rien n'existe hors de lui; il s'incarne et se révèle dans sa Parole, qui est le Christ; l'amour qui les unit, c'est le Saint-Esprit. Un sens religieux pratique l'a seul empêché de pousser son idée de Dieu jusqu'au panthéisme. V. Jundt, Preger, Ch. Schmidt, etc.
TAYLOR lo Jérémie, théol.anglais, né 15août 1613 à Cambridge, fils d'un barbier, et descendant direct de Rowland T. martyrisé sous Marie-la-Sanglante. Après avoir étudié à Cambridge, il fut choisi comme chapelain par Laud et Charles et nommé fellow d'Oxford. Les circonstances politiques lui furent fâcheuses; deux fois il fut fait prisonnier des puritains, et une fois enfermé à la Tour. Marié en 1639 à Phébé Langsdale, qui Jui donna 3 fils, et qui mourut (peut-être de chagrins et de privations), il épousa en secondes noces Jeanne Bridges, probablement fille naturelle de Charles I*r, qui lui fit une vie facile et indépendante et lui permit d'abandonner une école qu'il avait fondée et de se consacrer à ses amis et à ses travaux littéraires. Enfin Charles II le nomma év. de Down et Connor 1660, plus tard de Dromore* Irlande, où il f 13 août 1667. Depuis 1658 il s'était établi en Irlande, où il fut successivement nommé membre du conseil privé et chancelier de l'université de Dublin. Il ne laissa que 3 filles. Sa théologie était un peu hésitante et latitudinaire, au point qu'on lui a reproché des tendances catholiques, bien qu'il ait combattu le papisme et la transsubstantiation, et des tendances libérales, bien qu'il ait combattu les puritains. Ses principaux ouvrages sont: L'épis-copat affirmé contre les acéphales et les aërieas anciens et nouveaux 1642; contre la Transub-stantiation 1654; Distuasive of Popery 1663; et de nombreux sermons et traités édifiants (ré-impr. avec notice par Reginald Heber, év. de Calcutta, 1847-1854). C'est une image du Christ, placée en tête d'un de ses écrits, en 1658, qui lui valut d'être envoyé à la Tour de Londres.
2° Jean T., non conformiste, f 1761 à War-rington, auteur d'une concordance hébr. d'après le système de Buxtorf, très utile, et d'un Comment. sur Pép. aux Romains, avec une Introduction donnant la clé des écrits apostoliques. On l'a accusé de socinianisme à l'occasion de son Traité du péché originel.
TE DEUM laudamus, v. Ambroise.
TEISSIER lo François, viguier (juge), de Durfort, Cévennes, se disposait à quitter la
France au moment ob commençaient les mis-sions bottées, qnand il fat arrêté la nuit dn 19 an 20 janv. 1686, ponr avoir assisté (et peut-être pris la parole) à une réunion tenue, en plein hiver, dans une grange, avec 4000 autres personnes. Condoit devant Bâ ville, à Lasalle, il fut condamné le 26 à être pendu, et fut exécuté le même jour. Le prêtre-missionnaire chargé de le convertir n'y réussit pas; et fut au contraire gagné à l'Évangile par la foi du martyr. C'est lui-même, Philippe Aiguisier, qui a écrit la Relation véritable de cette exécution: Berlin, chez Dnsarrat 1702. Aiguisier, docteur en théol., se réfugia à Berne, fut nommé 1689 principal du collège de Vevey, épousa Judith Favier de Montélirnar, et f 1694.
2° Isaac, son fils aîné, consacré 1681, pasteur à Saint-Romande Cordière. Ayant prêché, malgré les édits, sur les ruines du temple de Saint-Hippolyte, il faillit être arrêté et dut s'enfuir en Suisse. Il fut pendu en effigie à Nîmes, 3 juill. 1684. Nommé pasteur à Saint-Cergues et Begnins, Vaud, il y f 1749 à 91 ans.
TÉLESPHORE, 8»« pape, 127 à 139, ou 125 à 135, probablement Grec d'origine, paraît avoir été martyr; d'ailleurs inconnu.
TELLER, Guill.-Abraham, né 9 janv. 1734 à Leipzig, 61s d'un pasteur, fut en 1761 nommé surintendant et prof, à Helmstsedt, mais gâta sa position par un volume qu'il publia en 1764 sous le titre de Doctrine de la foi chrétienne, et dans lequel il niait ou attaquait le péché originel, la doctrine de la grâce, celle de l'eucharistie, et présentait sur Dieu des idées nouvelles. Le livre fut confisqué et réfuté; Er-nesti le blâma, et on prouva qu'il était en partie emprunté à un ouvrage socinien de Crell. Destitué en 1767, Teller se rendit à Berlin, où il fut nommé membre du Consistoire, pasteur de Saint-Pierre, et en 1786 membre de l'Académie. Il usa d'abord d'une grande prudence, ne sachant jusqu'à quel point il pouvait innover, mais quand l'édit de Wôllner eut paru, il le combattit en déconseillant aux candidats de le signer et en engageant les pasteurs libéraux à ne prêcher que la morale pour ne fournir aucun prétexte. Il fut cependant suspendu pour 3 mois en 1792 pour avoir défendu Schulz, qui avait abandonné le luthéranisme et le christianisme par sa profession de foi. Mais à partir de ce moment il ne crut plus devoir rien ménager, et il affirma hardiment que le christianisme est perfectible, que les mystères doivent s'expliquer par des allégories; que déjà bien des progrès ont été laits dans l'intelligence de la Bible, mais qu'il en reste encore beaucoup à faire; enfin qu'une religion d'État est en contradiction avec le droit de libre examen. Il fut mis dans un grand embarras quand, en 1798, un certain nombre de juifs lui demandèrent de les recevoir dans l'Égl. chrétienne .«ans avoir à rendre aucun compte de leur foi. Il leur répondit en 1799 que < malheureusement > il ne pouvait se dispenser de leur demander un minimum de croyance, et il leur proposa de les haptiser « au nom du Christ, le fondateur d'une religion plus spirituelle et meilleure que celle de la société à laquelle ils appartiennent. » Ils refusèrent, et la chose en resta là; le pasteur déiste était convaincu d'impuissance et d'inconséquence. f 9 déc. 1804. Il a laissé un Dict. du N. T., une Morale pour tous les états, la plus ancienne Théodicée, des Notes critiq. sur divers passages de l'A. T., des dissertations, des recueils de sermons, quelques essais de liturgie, etc.
TELLIER (Le) 1<> Michel, né 1603, fils d'un conseiller à la cour des aides, protégé par Mazarin, nommé secrétaire d'État k la guerre, contribua à apaiser les troubles de la régence et à fortifier l'autorité royale. En 1666 il remit à son fils Louvois le ministère de la guerre, et fut nommé chancelier en 1677. On lui doit en grande partie la révocation de l'édit de Nantes. 1 1685. Bossuet et Fléchier ont fait son éloge.
2® Son fils puîné, Ch.-Maurice, fut nommé archev. de Reims 1671 et présida l'assemblée générale du clergé 1700; détesté pour sa morgue de famille. Il légua sa biblioth. de 50,000 vol. à l'abbaye de Sainte-Geneviève.
3° Michel, non parent des précédents, né 1643 à Vire, Normandie, fils d'un pauvre fermier; ambitieux et intrigant, il se fit jésuite en 1661, enseigna la philos, et les lettres au collège Saint-Louis, publia une édition de Quinte Curce à l'usage du Dauphin, devint provincial de l'ordre, et à la mort du P. Lachaise le remplaça comme confesseur du roi 1709. Il se signala par un zèle odieux, persécuta les jansénistes, provoqua la destruction de Port-Royal, et obtint la condamnation du N. T. de Quesnel par la bulle Unigenitus. Après la mort de Louis XIV, il fut exilé de la cour; le cardinal de Noailles lui assigna pour résidence d'abord Amiens, puis La Flèche où il f 1719. Il a écrit une Défense des missions en Chine et au Japon, une Hist. des 5 propositions de Jansénius 1699, le P. Quesnel séditieux et hérétique, 1705, etc.
TEMPÉRANCE (Sociétésde), association dont les membres s'engagent à s'abstenir entièrement de vin, de bière et de toute liqueur fer-mentée. Les ravages économiques et moraux causés par l'ivrognerie en ont donné la première idée, l'expérience ayant prouvé que les lois et les règlements de police étaient impuissants à conjurer le mal, et les faits démontrant chaque jour que l'abstinence totale, par opposition à l'usage modéré, est seule capable de relever les victimes de cette funeste passion. Les promoteurs de ces sociétés s'abstiennent eux-mêmes pour prêcher d'exemple et pour prouver que l'usage do vin n'est pas nécessaire à la santé. A cette question morale on a souvent essayé de donner une base religieuse, et lipn cite des missionnaires catholiques qui ont imposé à leurs néophytes païens le vœu d'abstinence comme une des conditions de leur baptême; cela n'a pas toujours réussi. Cependant ces essais ont servi à réveiller la conscience publique et à agiter l'opinion. Déjà en 1600 le landgrave Maurice de Hesse fonda une société de ce genre, et en 1617 àGrâtz l'ordre de Saint-Christophe fut fondé dans le même but. En 1803 se fonda à Boston la Société de tempérance du Massachussets, qui fut bientôt suivie de beaucoup d'autres et qui obtint de brillants résultats, entre autres, dans le Maine et ailleurs, l'interdiction de la vente de boissons alcooliques. Le pasteur John Edgar de Belfast, introduisit en 1829 ces sociétés en Irlande et en Europe sur la base de l'abstinence partielle; et il fut bientôt suivi du célèbre P. Mathieu, q. v. En 1835 Robert Baird les introduisit en Allemagne, mais après quelques années d'enthousiasme et l'adhésion d'hommes comme Liebe-trut, Bôttcher, de Seld, l'œuvre s'arrêta de nouveau, paralysée par les préoccupations de 1848. Auj. l'on compte dans les Iles britanniques environ 4 millions d'abstinents, dont plus de 8000 pasteurs protestants; à Londres 35,000 catholiques sous la présidence du card. Man ning; 20,000 hommes dans l'armée anglaise, 7000 dans la marine, etc. En Suisse les Sociétés ont également obtenu de brillants résultats, et les cafés de tempérance (Café, chocolat, thé) sont devenus rapidement populaires.
TEMPLE lo allemand, société religieuse fondée 1841 par Christophe Hoffmann, qui, après avoir dirigé le Salon de Ludwigsbourg, puis la maison de Krishona, près Bâle, organisa près de Marbach en 1854 une colonie du Peuple de Dieu avec l'arrière-pensée d'aller s'établir en Palestine; se brouilla avec les autorités ecclésiastiques du royaume, et linit, après un premier voyage et d'abondantes collectes, par aller se fixer en Palestine en 1869. La colonie, composée d'environ 250 personnes, et en possession de 250,000 fr., obtint du sultan des concessions de terre, et fonda plusieurs stations agricoles, à Jérusalem, Beyrout, Kaïfa, Jaffa, Saron, toutes placées sous la protection du drapean allemand. Ils cultivent surtout la vigne, et ont ouvert à Kaïfa une école agricole et professionnelle qui est en voie de prospérité. Hoffmann a de vrais talents d'administrateur. Ils ont en Amérique une succursale dirigée par
Schwilk, qui leur fournit des hommes et de l'argent. Us attendent le retour de Christ. — 2<> v. Templiers.
TEMPLIERS, ordre chevaleresque et religieux, fondé 1119 à Jérusalem, à l'époque des croisades, par Hugues des Payens, Geoffroy de Saint-Adhémar et 7 autres croisés, pour protéger les pèlerins et veiller aux intérêts des chrétiens. Baudoin II leur céda une partie de son magnifique palais, adossée à l'ancien temple de Salomon, et c'est de là qu'ils prirent leur nom, qui était d'abord celui de Frères de la milice de Christ. Le couvent du Saint-Sépulcre leur donna aussi quelques maisons, et saint Bernard de Clairvaux leur prêta en France l'appui de sa parole et de son crédit. Déjà en 1128 au conc. de Troyes Eugène III reconnaissait le nouvel ordre. Leur costume consistait en un habit blanc, avec une croix rouge sur le manteau; leur sceau portait deux cavaliers sur un cheval, et leur bannière noire et blanche avait pour devise: Non point à nous, 6 Éternel, mais à ton nom donne gloire. Ils faisaient vœu de pauvreté, de chasteté et d'obéissance; saint Bernard rédigea leur règle, qui compta bientôt 72 articles. Hugues des Payens, nommé grand-mattre par le pape, visita la plupart des pays de l'Europe pour y stimuler le zèle et la générosité de la noblesse, et il en obtint des donations considérables. Il retourna en Palestine à la tête de 300 chevaliers, et ils se distinguèrent par des actes de bravoure incroyables. Leur réputation se répandit au loin, des adhésions leur arrivèrent de toutes parts, les papes leur accordèrent des privilèges inaccoutumés, et 150 ans s'étaient à peine écoulés que leur nombre s'élevait à plus de 20,000 divisés en langues, et les langues en provinces, et qu'ils possédaient plus de 9000 commanderies, chacune avec de nombreuses fermes et dépendances. Les revenus annuels de l'ordre étaient de 54 millions de francs. Puis il arriva ce qui arrive toujours; les richesses amenèrent à leur suite la corruption, et d'autre part elles excitèrent la jalousie et la convoitise de leurs adversaires. Les chevaliers de Saint-Jean, les nobles, les évêques, se liguèrent, et s'il y avait des reproches à faire aux templiers, ils surent les exploiter habilement et les exagérer. On les accusa même de s'être entendus avec les Sarrasins et d'avoir ainsi ruiné l'œuvre des croisades eu Orient. Philippe-le-Bel, dont les richesses des templiers tentaient la cupidité, comme leur puissance offusquait son orgueil, résolut de les perdre. Après s'être entendu avec Clément V, dans ce marché appelé diabolique dont la clause secrète était précisément la suppression de l'ordre, il manda auprès de lui le grand-maître Jacques Molay et 60 de ses chevaliers, sous prétexte de les consulter sur .une nouvelle croisade. A peine arrivés de Chypre en France, il lit arrêter le môme jour, 13 oct. 13069 tous ceux qui étaient dans le royaume, les fit jeter dans ses cachots et séquestra leurs biens. Une espèce de tribunal, nommé par Philippe et présidé par l'inquisiteur Guillaume, ouvrit contre eux un semblant de procédure où les preuves furent remplacées par la torture. Accusés de orimes et des vices les plus infâmes, plusieurs avouèrent vaincus par la souffrance, mais ils se rétractèrent aussitôt. Un grand nombre périrent sur l'échafaud ou sur les bûchers; Molay, le grand-maitre, après avoir langui plusieurs années dans les cachots, et souvent torturé, fut condamné par un concile de prélats français sous la présidence de légats du pape, à une prison perpétuelle, 11 ou 13 mars 1314; mais le même jour Philippe ordonna qu'il fût brûlé vif avec 3 supérieurs de son ordre, dans une île de la Seine en face du Pont-Neuf. Il montra le plus grand courage, protesta de son innocence au milieu des flammes, et assigna, dit Tliistoire, le roi et le pape à mourir dans l'année, ce qui arriva. En Portugal l'ordre proscrit se dissimula sous le nom d'ordre du Christ. On assure môme que l'ordre ne s'est jamais entièrement dissous, qu'il se continua dans l'ombre, mais privé de ressources, qu'il prit des allures mystiques; qu'il s'allia un moment avec les jésuites vers 1754, quand ceux-ci étaient malheureux, mais qu'il fut persécuté par eux quand la Restauration leur rendit le pouvoir. — Ils avaient possédé à Paris un grand monastère qui était la maison-mère de France, et dont la tour principale construite en 1212 fut abattue en 1811. Ce bâtiment, dit le Temple, avait servi d'arehives à Tordre, de trésor aux rois de France; il servit de prison à Louis XVI; aujourd'hui c'est une grande halle ou marché.
TEMPUS clausum, temps réservé, jours ou semaines de fêtes solennelles dans lesquelles les dissipations bruyantes, telles que mariages, ne sont pas permis. Plusieurs conciles ont édicté des mesures dans ce sens; le Carême, l'Aven t, le Dimanche ont été indiqués comme réservés, mais depuis que la législation civile a prévalu, il ne reste plus de ces anciens empêchements que ceux qu'indique le bon sens ou le sentiment religieux.
TÉRÉBINTHES, esclave et disciple de Scy-thien, doit, d'après des sources syro-grecques, avoir écrit pour son maître 4 livres: les Mystères, le Chapitre, l'Évangile, le Trésor; et après sa mort il se serait rendu d'Égypte en Babylonie, aurait préché comme sienne la doctrine de son maître, se serait fait appeler Bud-das, et se serait donné pour mère une vierge et pour père un ange. Attaqué par deux ennemis, il ae serait réfugié chez une veuve de ses adhérents, et il aurait été précipité du grenier sur le sol, au moment où il se préparait à les conjurer par une cérémonie. L'héritier de ses livres et de sa sagesse fut un jeune esclave de la veuve, Eubricus, qui prit le nom de Manès. Il est difficile de dire jusqu'à quel point ces sources méritent créance.
TERRA SANTA, nom collectif de 16 ou 17 couvents de femmes à Jérusalem, en Egypte, en Syrie, que des légendes ont sanctifiés, et qui déjà depuis le 14me siècle formaient une espèce de confrérie. Leurs revenus servent à l'entretien d'écoles, d'hospices, d'hôpitaux, etc. Ils ont pour chef le père custode du Saint-Sépul-cre, qui est élu tous les 6 ans, qui demeure au couvent de Saint-Sauveur, et qui doit touj. être italien; son vicaire, français, et le père trésorier espagnol. Ils sont les principaux, représentants des revendications latines sur les Lieux saints.
TERSTEEGEN (allemand zur Stiege), Gérard, né 25 nov. 1697 à Meurs, petite ville des provinces rhénanes, dépendant alors de la maison d'Orange. Fils d'un marchand, qu'il perdit à l'âge de 6 ans, et le plus jeune de 8 enfants, il étudia le latin, le grec et l'hébreu, mais sa mère le destinait au commerce et à 16 ans il entra en apprentissage chez un beau-frère à MUlheim-sur-la-Ruhr. II y trouva des chrétiens vivants, labadistes. mystiques, réveillés, qui exercèrent sur lui une bonne influence. Sa santé était délicate; il souffrit toute sa vie de maux de tête et de la dysenterie. Il eut un jour une crise terrible dont il crut qu'il allait mourir; il cria à Dieu et guérit; ce fut un moment décisif dans sa vie. Il renonça au commerce et se mit dans la rubannerie, qui lui procura le nécessaire, et même de quoi donner aux pauvres; mais comme il restait souvent des semai* nés sans pouvoir travailler, il devenait pauvre à son tour. Sa piété était calme, profonde, douloureuse plutôt que joyeuse; il cherchait la paix avec larmes et prières. Le jeudi-saint 1724, l'ayant trouvée, il se consacra de nouveau solennellement à Dieu, et se servant de son sang pour encre il se donna à son Sauveur sans réserve. Dès lors il se mit à enseigner et à prêcher le soir, après sa journée finie. Peu à peu de nombreux auditeurs se pressèrent autour de lui. Il se garda touj. d'un mysticisme d'imagination qui aurait pu l'éloigner de la Bible sous prétexte de voix intérieures; il évita aussi la dissidence et poussa si loin sa méfiance à cet égard qu'il repoussa même les avances de Zinzendorf et des moraves. ce qui n'empêcha pas ses conventicules et ses adhérents de former peu à peu une secte sans le savoir. Ils se rassemblaient volontiers dans une maison surnommée la hutte du pèlerin, entre Mttlheim et El-berfeld, et de là T. rayonnait sur la contrée environnante et même au loin, faisant presque toutes les années le voyage d'Amsterdam pour y voir son riche ami Pauw, et correspondant avec les mystiques de l'Allemagne, du Danemark, de la Suède, de la Transylvanie, etc. Bien qu'attaché à l'Égl. nationale, il n'y communiait pas, sa conscience lui interdisant de prendre la Cène avec des mondains et des incrédules. Vers la fin cependant il était devenu moins rigoriste sous ce rapport. De 1740 à 1750 leurs réunions furent interdites; il y suppléa en multipliant les visites particulières, et il se mit en même temps à faire un peu de médecine pour les pauvres en préparant lui-même des remèdes de son invention. Le réveil de Duisbourg, 1750, amené par l'étudiant Jacq. Chevalier, le décida à repousser toute contrainte; il se remit à prêcher, et il le fit avec un tel succès qu'il avait quelquefois jusqu'à 8 secrétaires ou copistes, prenant et rédigeant des notes. Mais depuis 1736 sa santé le força de renoncer à la prédication; il se contenta de publier de 1769 à 1773 sous le titre de Miettes spirituelles une trentaine de ses discours. Hecker de Berlin, membre du consistoire supérieur, ayant été délégué auprès de lui pour faire une enquête, devint un de ses plus chauds amis. Tersteegen ayant lu les Œuvres du philos, de Sans-Souci, y répondit en déplorant les préjugés du roi contre le christianisme, et en les jugeant ayec autant de tact que de clarté. Frédéric l'ayant appris s'écria: Les débonnaires du pays en ont-ils donc connaissance ? Et l'on ajoute qu'il aurait désiré voir Tersteegen; mais le pauvre septuagénaire était atteint d'hydropisie, et le 3 avril 1769 il f paisiblement à Mttlheim pendant son sommeil. Il ne s'était jamais marié. Parmi ses publications on remarque surtout: Le chemin de la vérité, La Vraie théol. du Fils de Dieu, Petit collier de perles, Le Jardin spirituel, des Prières, de nombreuses Lettres, 111 cantiques d'une perfection de forme et de fonds qui rappelle Silesius, et des traductions faites sous l'influence de Poire t et de Labadie.
TERTIAIRES, ou Tiercelins, ou Tier+Ordre, nom donné aux séculiers qui, ne pouvant ou ne voulant pas s'astreindre à toutes les règles de la vie religieuse, désirent cependant s'y rattacher en quelque manière; v. François d'Assise. Ils en suivent la règle tout en restant dans le monde, et professent une orthodoxie absolue et la soumission à l'Église. L'emp. Charles IV, saint Louis, Philippe d'Espagne, et beaucoup d'autres princes se sont fait recevoir tertiaires. Les franciscains, les templiers, les prémontrés, les dominicains, les augustins ont eu ce tiers-ordre, qui leur a valu d'importantes adhésions.
TERTULLIEN, Quintus Septimius, Florens, un des pères de l'Égl. les plus utiles à étudier. Né vers 160 à Carthage, fds d'un centurion romain, longtemps païen, il se voua au droit et fit de solides études, même en dehors de sa spécialité. Il ne tarda pas à se faire une riche et nombreuse clientèle. « J'étais alors aveugle dit il, et sans la lumière du Seigneur, t On ignore les détails de sa conversion. La vue des martyrs l'avait frappé; la puissance de l'Évangile le saisit, et il se consacra dès lors tout entier à sa défense et à son service. Un voyage à Rome 204 fut loin de l'édifier; le clergé le trouvait trop sévère. A son retour il embrassa le montanisme, qui se rapprochait davantage du christianisme primitif et qui convenait mieux à sa nature ardente et à son besoin de sanctification. Si plus tard il s'en éloigna, à cause des erreurs ou des excès qu'il y découvrit, ce fut pour fonder une secte nouvelle, peu différente et répondant mieux à ses besoins de piété mystique et de spiritualité. L'Égl. l'a toujours respecté, mais sans le canoniser, f entre 230 et 245. Il était marié. C'est en 198 qu'il publia sa célèbre Apologétique, adressée aux gouverneurs des provinces. On a aussi de lui de nombreux traités: Contre les spectacles, Contre les juifs, De l'âme, Cinq livres contre Marcion, De la chasteté, De la fuite dans les persécutions, Des jeunes filles qui prennent le voile, etc. Ses écrits forment un tableau vivant de l'Égl. au siècle, et l'év. Kaye de Lincoln les a spécialement étudiés à ce point de vue. Ses ouvrages grecs sont perdus. Son latin punique est dur, rocailleux, obscur, quelquefois bizarre, mais plein d'énergie et d'originalité; son langage est concis; il est presque devenu proverbial; Vincent de Lérins a pu dire de lui: Autant de mots, autant de maximes. On l'a surnommé le Bossuet africain. Quant à son mode de raisonnement, il est impétueux, spontané, souvent paradoxal. Pour lui la vérité révélée ne se prouve pas. Li phrase: Credo quia inepturn est, le caractérise; il ne recule pas devant la difficulté, il l'affronte. C'est un esprit intuitif et primesautier, qui préfère les voies mystérieuses de la contemplation aux chemins plats et droits de la philosophie. — Édition de QEhler, Leipzig 1853.
TESSIN, canton suisse depuis 1803, peuple d'environ 120,000 habitants, tous catholiques, sauf une petite église protestante à Lugano. Tour à tour clérical et radical, passant rapidement d'un extrême à l'autre, grâce à un système électoral vicieux; il a été rattaché longtemps, en partie au diocèse de Côme, en partie à celui de Milan, situation anormale contre laquelle l'autorité fédérale n'a cessé de protester depuis 1815, et qui depuis le 22 juill. 1859 n'existe plus en droit, mais continue d'exister en fait. De nouveaux pourparlers avec le saint-siège font espérer une prochaine solution du conflit, par la création d'un évêché suisse auquel le Tessin serait rattaché.
TÉTRAPLES, v. Origènes.
TÉTRAPOLITAINE (conf. ), v. Bucer et Strasb.
TETZEL, Jean, ou Tietze, né à Leipzig au commencement de la 2m« moitié du 15®* siècle, étudia non sans succès la scolastique et la dialectique, entra 1489 dans Tordre des dominicains et se fit bientôt une réputation comme orateur populaire, de sorte que l'attention se fixa sur lui à Rome et qu'il fut chargé 1502 de prêcher les Indulgences du jubilé. Il s'y mit de tout cœur, visita le nord de l'Allemagne et la Lithuanie, colportant sa marchandise, la recommandant dans les églises et dans les auberges, la criant dans les foires et sur les places publiques et ramassant des sommes énormes. Il n'avait cependant pas encore atteint le degré d'impudence auquel il arriva plus tard. Mais déjà en 1512 on commençait à se plaindre. Il dut quitter Nuremberg et vint à Ulm, où il eut affaire à un mari dont il avait séduit la femme et il fut condamné à mort. L'emp. Maximilien lui fit grâce. A quelques années de là Léon X organisa une nouvelle vente d'indulgences pour subvenir à son luxe effréné. Tetzel fut un de ses commissaires pour le Brandebourg et les contrées voisines; il fit l'article avec une crudité de langage inouïe, disant que si même quelqu'un avait violé la sainte Vierge, son pardon était assuré. Luther connut par le confessionnal la démoralisation qui résultait de ce commerce, et il afficha ses 95 thèses. Telzel, qui venait de se faire recevoir docteur en théol. à Francfort $.-l'Oder, crut pouvoir répondre par 106 thèses opposées, mais les étudiants les brûlèrent, et comme le scandale allait grandissant, le pape jugea bon d'envoyer Miltiz pour y remédier. Miltiz arriva à Leipzig, se convainquit des désordres de Tetzel, qui avait 2 enfants et qui s'était permis de trop grandes libertés avec le produit de ses collectes. Furieux, il le menaça de le faire chasser de l'ordre, mais Tetzel, bouleversé, tomba malade de saisissement et f juillet 1519 dans son couvent, avant qu'on eût pu procéder et sévir contre lui.
TEUTONIQUE (ordre), ou Chevaliers teuto-niques. Fondé 1190 au siège de Saint-Jean d'Acre, et confirmé 6 févr. 1191, cet ordre avait pour but de pourvoir aux besoins des pèlerins et de soigner et soulager les Croisés blessés ou malades. Quelques bourgeois de Brème et de LUbeck en avaient pris l'initiative, ou en avaient donné l'idée, en créant en 1120 pour leurs compatriotes un hospice desservi par des Allemands, ou Teutons. Il se divisait en 2 sections, celle des Chevaliers et celle des Infirmiers. Le costume consistait en un manteau blanc, avec une croix noire. Son premier grand-maître fut Henri de Waldpott de Bassenheim, qui fixa sa résidence à Saint-Jean d'Acre. L'ordre s'accrut rapidement, et avec ses ressources il étendit son champ d'action; il se donna pour tâche de défendre partout l'Église contre ses ennemis; de nombreuses maisons s'élevèrent, et les princes allemands prirent à cœur de les bien doter; les papes leur accordèrent de grands privilèges, et le peuple contribua libéralement à l'enrichir. L'ordre ayant dû quitter l'Asie à la fin des Croisades, s'établit solidement en Europe; il eut des possessions en Italie, en Allemagne, en Hongrie, en Pensylvanie, et son grand-maître, Hermann de Salza, q. v. fut nommé prince de l'empire par Frédéric II. C'est à la même époque 1226, et sous cet Hermann, que Conrad, duc de Massovie, et Christian, év. de Prusse, appelèrent l'ordre à leur aide contre les païens prussiens, au moins pour préserver leurs stations et leurs temples chrétiens. La ville de Culm fut assignée aux chevaliers comme résidence, et avec le concours des chevaliers de Dobrin, ou Porte-épées, commandés par Hermann Balk, seigneur du pays, ils réussirent à se soumettre toute la Prusse, mais non sans de longs et sanglants combats 1283. Déjà en 1237 l'ordre s'était accru par l'accession des Porte-épées, qui ne se sentaient plus assez forts pour constituer un ordre à part, et il fixa son siège principal à Marienbourg, possédant la Poméranie, l'Esthonie et tout le littoral de la Baltique. Mais leurs richesses, comme d'ordinaire, amenèrent leur décadence par la démoralisation, et en 1466 des guerres malheureuses contre la Pologne et des divisions intérieures firent perdre à Henri de Plauen et à Louis d'Erlichshausen la partie occidentale de leurs États. En 1525 Albert de Brandebourg, qui était grand-maître et qui avait connu Osiander à Nuremberg, et par lui Luther, embrassa la Réforme, se maria et sécularisa une partie de ses États, qui depuis resta dans sa famille. Les autres chevaliers nommèrent à sa place Walter de Cromberg, et le siège de l'ordre fut transféré à Marienberg, ou à Mergentheim. En même temps les Porte-épées se reconstituaient sous Walter de Plettenberg, qui avait battu 2 fois les Russes, mais perdu la Livonie. L'ordre teutonique ne conserva plus que quelques propriétés de peu d'importance, et il finit avec l'empire d'Allemagne (ancien). Napôléon le supprima par un décret du 12 avril 1809, qui fut ratifié par le congrès de Vienne. Ses biens furent partagés entre Bade, la Bavière et le Wurtemberg.
THABORION, fête du mont Thabor, ou de la Transfiguration, peu célébrée en Occident, où Calixte IH l'introduisit seulement en souvenir de la victoire remportée sur les Turcs à Belgrade, le 6 août 1456. Elle compte en Orient comme une des 12 grandes fêtes de Tannée.
THALLELAUS 1° médecin du Liban, martyr, fait prisonnier 284 en Cilicie, et exécuté à Edesse. — 2° Ascète, qui se fit enfermer dans une cage suspendue en plein air, et qui y vécut dix ans, jusqu'à sa f 460. Canonisé.
THALMUD, ou Talmud (enseignement, doctrine; de l'hébr. larnad, enseigner), titre d'une double collection formée de la Guemara et de la Mishna, q. v. et résumant tout ce qui est compris dans le N. T. sous le nom de Tradition des anciens, tel qu'il a pu être recueilli et rédigé au 4m« siècle de notre ère. C'est par excellence le livre des juifs, car il touche à toutes les questions, il répond à tous les doutes, il embrasse toutes les branches de la vie civile et morale, religion, philosophie, médecine, histoire, jurisprudence, etc. On en parle beaucoup, on le cite souvent, mais on le connaît très peu, soit à cause de la rareté de l'ouvrage, soit à cause de la lourdeur de sa composition, soit à cause des difficultés de la langue, soit enfin parce qu'il coûte fort cher. Et cependant il renferme des choses fort intéressantes, de belles et gracieuses pensées écrites dans le style imagé de l'Orient, de véritables réminiscences bibliques, des pensées fines et ingénieuses, des renseignements d'une grande valeur sur l'histoire et les coutumes du peuple juif. Mais ce sont comme des fleurs égarées au milieu de ruines sombres et rocheuses, éparses au milieu d'un fouillis de décombres sans nom; ce sont de belles pensées noyées, perdues au milieu de maximes minutieuses et puériles, et l'on s'explique la défaveur respectueuse qui accompagne ce recueil si précieux et si remarquable à plusieurs égards. D'après les juifs, Dieu a donné sa Loi à Moïse sur la montagne; c'est la loi écrite, telle que nous la possédons dans le Pentateuque. Il y ajouta ensuite des commandements oraux, qui furent transmis par Moïse à Aaron, aux 70 anciens, et au peuple, enfin spécialement à Josué; c'est la Mishna (répétition), recueil d'apboris-mes, de maximes, de préceptes, reproduits en un style vif et concis, et rangés sous un certain nombre de chefs. Puis, comme plusieurs de ces maximes pouvaient donner lieu à des interprétations diverses, le président de l'école de Jérusalem, ou de Tibériade, rabbin Juda-le-Saint, ou Jochanan, en donna la Guemara, ou le commentaire, l'explication, qu'on désigne auj. *ous le nom de Yeroushalmi. Mais les juifs de la Ba-bylonie n'étant pas contents de ce travail firent faire une autre Guemara, le Bâbli, par le rabbin Aschi de Mésopotamie (date incertaine), de sorte qu'il existe en fait 2 Talmud, qui ont une partie commune, la Mishna, mais des Guemara différentes. Ce travail colossal ne forme pas moins de 12 vol. in-folio, Venise 1520, Amsterdam 1744, et il est heureux que l'imprimerie soit venue le sauver du vandalisme du moyen âge qui brûlait tout ce qui pouvait rappeler le judaïsme, comme si le christianisme lui-même n'était pas intéressé à conserver des livres utiles pour l'intelligence de l'A. T. Les principaux mss. connus se trouvent anj. dans les biblioth. de Munich, Carlsruhe, Breslau, Hambourg et Constantinople; mais il doit y en avoir d'autres encore dans des synagogues ou chez des particuliers. Il n'en existe de traduction complète dans aucune langue. Les juifs préfèrent la Guemara de Babylone, qu'ils appellent le Thalmud tout court, par opposition à l'autre qu'ils ne nomment jamais sans y ajouter la désignation de Jérusalem; les chrétiens au contraire préfèrent ce dernier, non seulement parce qu'il est plus concis et d'un hébreu moins corrompu, mais encore parce qu'il renferme moins d'erreurs, de fables et d'absurdités. La Mishna est divisée en 6 livres, formant un total de 126 chapitres; les Guemara qui la commentent suivent à peu près le même ordre.
THAMER, Théobald, né à Rossheim, Ba&*>-Alsace, étudia la théol. à Wittenberg 1535-1539, et fut appelé comme prof, de théol. à Francfort sur l'O., puis par le landgrave Philippe, à Marbourg, où il se montra très luthérien. Mais la triste campagne de Smalcalde abattit ses esprits, et l'on ne tarda pas à constater chez lui à des signes évidents un penchant vers le catholicisme. Il ne pouvait comprendre la justification par la foi seule, et après avoir été consulter les théologiens à Wittenberg, Dresde, Iéna, Zurich, il finit par Milan et Rome, où il se décida à se faire catholique 1557. Nommé prof, à Fribourg, il f 23 mai 1569.
THARGUM, au pluriel Thargumim, mot cal-déen dérivé d'une racine à 4 lettres, qui signifie traduire, et qui ne se trouve dans la Bible que Esdr. 4, 7. où la version Segond l'a rendu en effet par traduire. On désigne sous ce nom les traductions de l'A. T. en caldéen, ou ara-méen, traductions un peu développées, paraphrasées, avec de courtes explications intercalaires pour des lecteurs ou des auditeurs peu au courant de la géographie et des anciennes coutumes juives. On y trouve même quelquefois des mots grecs, parfois aussi des variantes; cela dépend de l'auteur et de l'âge du thargum, car ils sont de dates différentes. C'est en voyant la langue hébraïque se perdre peu à peu dans leurs divers exils, que des rabbins ont eu l'idée^ comme ils l'avaient fait en grec pour l'Egypte, de mettre la Bible en caldéen pour leurs coreligionnaires de la Babylonie. Il est difficile de préciser l'époque à laquelle remontent ces premiers essais. On en trouve déjà une trace Néhém. 8, 8. mais ce ne sont encore que des traductions orales. Le besoin de les fixer et de leur donner une certaine autorité se fît vite sentir, soit à cause des libertés qne prenaient certains paraphrastes, soit à cause de leur ignorance même. La Guemara parle d'un thargum de Job, écrit au milieu du l** siècle, dont Gamaliel aurait été mécontent; or il est peu probable qu'on ait commencé par Job la traduction de l'A. T., et les thargums des livres de Moïse doivent être plus anciens. Daniel, Esdras et Néhémie sont les seuls livres qui n'aient pas de thargums, ce qu'on explique pour Daniel par le caractère trop précis de ses prophéties messianiques; pour Esdras, parce qu'il contient des fragments cal-déens et que par un respect superstitieux de la lettre, on craignait d'établir une comparaison, ou une confusion entre le texte inspiré et la traduction; pour Néhémie, parce qu'il ne faisait qu'un avec Esdras. Jusqu'à présent on connaît onze thargums: 1° Celui d'Onkelos, q. v.
Celui de Jonathan Ben Uziel, renferme les prophètes et les livres historiques; il est très estimé, probablement antérieur à celui d'Onkelos, et attribué au meilleur des 80 disciples de Hillel. 3° Celui de Jérusalem sur le Pentateu-que, écrit dans le dialecte très mélangé de Jérusalem, avec des mots barbares et quelques chapitres omis. 4° Celui du faux Jonathan sur le Pentateuqtie, attribué par erreur au Jonathan n<> 2; il appartient au 6®« ou au 7™« siècle et a peut-être servi de base au précédent; les deux se ressemblent et reproduisent en général les interprétations rabbiniques. 5° Celui de Joseph l'aveugle, ou le borgne, sur les Hagiographes (Job, Psaumes, Proverbes), probablement originaire de Syrie; trad. assez exacte pour les Proverbes; il n'est pas sûr que les trois parties de ce thargum soient l'œuvre d'un même auteur. 6° Celui des 5 Megilloth, ou rouleaux (Ruth, Ester, Écclésiaste, Cantique et Lamentations); il est d'un âge assez récent et n'a pas grande valeur; on en possède plusieurs copies différentes. 7° Celui sur les Chroniques, longtemps ignoré, découvert par Beck dans la biblioth. d'Erfurt, et impr. 1680-1683; nouvelle édition meilleure, par Wilkins, Cambridge 1715. 8<>? 9°, 10°. Trois thargums sur Ester, llo Un thargum de Jérus. sur les prophètes, counu seulement, ou soupçonné d'après une marginale du mss. 154 de Kennicott. Les thargums ont une grande utilité au point de vue critique, et ils servent à prouver l'exactitude du texte maso-ré tique. v. Hœvernick, Einl. T. 2, §81 et suiv.
THÉATINS, ou Chiètins ou Clercs réguliers de la Cùngrég. de Latran, ou de la Divine Providence; ordre religieux fondé 1524 à Chieti, latin Théate, pour la prédication, la cure d'âmes, le soin des malades, et pour relever moralement le clergé par l'exemple d'une vie pure, en enlevant ainsi à la Réforme un de ses prétextes les plus apparents. Outre les 3 vœux ordinaires, ils devaient encore renoncer à toute pqppriété, à tout revenu fixe, même aux quêtes, et ne vivre que d'aumônes et de ce que Dieu leur enverrait. L'ordre eut pour fondateur Gaétan, ou Cajetan, de Thienne, né 1480, voué à la Vierge dès son enfance, qui étudia à Padoue et devint docteur en droit 1505. Il fut protonotaire de Jules II et devint prêtre. Après la mort de sa mère il vécut à Vienne et à Venise, exerçant les œuvres de la charité; il eut pour amis des cardinaux dont plusieurs devinrent papes. C'est le 24 juin 1524 que Clément VII confirma l'ordre, dont le premier supérieur fat Caraffa, qui devint plus tard Paul IV; le 27 sept, les membres, qui avaient reçu les privilèges de chanoines de la Congrég. de Latran, prononcèrent leurs vœux. Après la prise de Rome par les soldats de Charles-Quint, ils se réfugièrent à Venise, et en 1533 Cajetan ouvrit une seconde maison à Naples, et plus tard plusieurs dans le nord de l'Italie. Cajetan t 7 août 1547 à Naples; canonisé 1669. Jusque là chaque maison avait son supérieur, et les affaires de l'ordre se traitaient dans un chapitre annuel. Sixte V changea cette organisation el donna à l'ordre un général 1588. Outre leurs maisons, qui se multiplièrent en Europe et qui furent pour eux une source de richesses et d'avantages matériels, ils eurent des missions en Tartarie et en Georgie. Costume ecclésiastique noir et bas blancs. — Il y eut aussi des théati-nes, fondées par Ursule Benincasa (née 1547, f 1618), qui bâtit une chapelle à la Vierge immaculée, et ouvrit deux couvents, dont chacun ne devait pas recevoir plus de 66 nonnes (parce la Vierge est morte à 66 ans!). L'un des couvents s'appelait Marthe et l'autre Marie.
THÉBAIDE, partie de la haute Égypte, située aux environs de Thèbes, qui lui donna son nom; elle fut de bonne heure civilisée; berceau des plus vieilles dynasties du pays. Elle était entourée de vastes déserts où se réfugièrent et vécurent de nombreux ermites et les premiers chrétiens persécutés.
THÉBAINE, ou Thébéenne, v. Légion.
THÉBUTIS, personnage obscur, cité seulement dans un fragment d'Hégésippe par Eusèbe, comme ayant aspiré à l'évêché de Jérusalem après la mort de Jacques. Il était porté par le parti judaïsant, mais les partisans de Siméon ayant eu le dessus, il se sépara de l'Église et concourut à former le parti des ébionites.
THÉGANUS, ou Thégain, archev. de Trêves, de noblesse allemande, vivant dans la 1** moitié du siècle; auteur d'une vie de Louis -le-Débonnaire (Hludovici) écrite vers 835 en manvais latin, un peu d'après Eginhard: importante seulement pour la fin, depuis 830.
THEINER, deux frères 1° Jean-Antoine, né 15 déc. 1799 à Breslau, prêtre, appartenant à la tendance joséphine; chapelain, depuis 1824 prof. (Texégèse et de droit ecclés. à Breslau, prit une part active au mouvement de réforme, et ayant été suspendu de sa charge de prof. 1826, il rentra dans la carrière pastorale. En 1845 il se mit de nouveau à la téte de l'agitation réformiste, fat excommunié, et vécut paisiblement en donnant des leçons; en 1855 il fut nommé bibliothécaire de l'université, f mai 1860. On a de lui une Description du mss. qui contient le Pentaleuque arabe, un Comment, sur les 12 Petits prophètes, une étude sur l'A. T., quelques ouvrages de controverse, et surtout 1828 un travail historique sur l'Introduction du célibat forcé et ses suites, fait en collaboration avec son frère. — 2° Augustin, né 11 avril 1804, étudia le droit et la théol., se joignit d'abord au mouvement libéral, et collabora au livre de son frère sur le célibat forcé; mais à la suite d'un voyage à Rome en 1833 il devint un des champions les plus ardents de l'ultramontanisme. Il fut nommé préfet des archives du Vatican et s'affilia aux oratoriens. Sa position le mit en état de continuer les annales ecclés. de Baronius, en 3 vol. in-f°, ainsi qu'une foule d'ouvrages sur l'histoire des diverses nations de l'Europe, collections inédites de Décrétâtes du moyen Âge, Hongrie. Russie, pontificat de Clément XIV, etc. Il tomba en disgrâce sous Pie IX, août 1870, soupçonné d'avoir fourni des notes et des documents aux adversaires du dogme nouveau de l'infaillibilité.
THÉISME, v. Déisme.
THÉKLA lo jeune fille légendaire, mentionnée par Tertullien et Jérôme, d'Iconie, ou d'Isaurie, elle fut convertie par l'ap. Paul dans la maison d'Onésiphore, renonça à tous ses biens et à un riche mariage avec Thamyris. Faite prisonnière avec Paul, et condamnée au bûcher, elle fut sauvée du feu par une pluie torrentielle. Elle s'enfuit à Antioche avec l'apd-tre et alla loger chez une dame très considérée, Tryphânan; arrêtée de nouveau, elle fut livrée aux bétes féroces, mais ces bétes se promenèrent devant elle, ou celles qui s'aventurèrent à vouloir la toucher furent foudroyées. Paul l'envoya en Iconie avec une mission, et protégée par un nuage elle put y enseigner et faire des miracles, ainsi qu'à Séleucie, où elle mourut à 90 ans. — 2<> Autre jsune fille, d'une bonne famille chrétienne, Sicilienne, du 3®« siècle; passe pour avoir pendant les persécutions protégé des chrétiens, enseveli des martyrs, bâti des églises, et doté un évéché. — 3° Nommée avec Marianne, Marthe, Marie et Ennéis, parmi les martyrs perses, qui furent sous Asa fouettées et décapitées pour n'avoir pas voulu abjurer leur foi.
THÉMISTIUS, diacre d'Alexandrie dans la Ire moitié du siècle, monophysite; il fonda parmi les sévériens un parti, qui prit son nom, les thémistiens, ou agnoètes, q. v.
THÉOCRATIE (gouvernement de Dieu), nom donné par Josèphe (contre Appion 2, 16) au mode de gouvernement établi par Moïse, en opposition à la monarchie, à l'aristocratie, à la démocratie et aux autres formes extérieures des peuples de ce monde. Israël devait n'avoir qu'un maître, Dieu, et quand il demanda un roi, ce fut comme un acte de rébellion contre son souverain légitime, 1 Sam. 8, 7. En théorie ce serait le meilleur des gouvernements, la loi divine se confondant avec la loi civile, mais il faudrait pour cela que le cœur des hommes fût bon. L'Évangile à son tour veut renouveler la théocratie, mais seulement pour un peuple de bonne volonté, en soumettant les cœurs et les pensées du fidèle à l'action du Saint-Esprit. Le moyen âge, en constatant que cette action intérieure, suffisante pour l'individu, était insuffisante pour la société, a voulu rétablir la théocratie sous la forme de la hiérarchie romaine. D'autres tentatives ont été faites dans le même esprit, contraindre les populations à vi^re comme si elles étaient chrétiennes; ainsi Savonarole à Florence, un peu Calvin à Genève, Cromwell en Angleterre. Le dernier concile du Vatican a émis la même prétention, mais il est venu se heurter en fait contre la résistance tacite ou avouée de toutes les nations, ce qui serait regrettable si le gouvernement du pape était réellement celui de Dieu.
THÉODARD, pieux év. de Maëstricht, souffrant de la décadence de l'Église et travaillant à y remédier. Il vit la fondation du couvent de Stavelo par saint Remacle 661 et y fit élever Landebert. Son église ayant été dépouillée par des voleurs, il se rendit à Metz pour se plain* dre à Childéric II, mais il fut assassiné en chemin, 668.
THÉODOMIR, prince visigolh d'Espagne, battit les Maures en plusieurs rencontres, 695 et 711, mais fut défait et dut se contenter d'un petit royaume comprenant Valence, Murcie et la Nouvelle-Castille.
THÉODORA lo impératrice d'Orient, femme de Justinien I**; née vers 508 en Chypre, de basse condition, mais belle, spirituelle, intrigante, elle vint fort jeune à Constantinople avec sa famille, et chercha des ressources dans le théâtre, la danse et la prostitution. Elle fut quelque temps la maîtresse d'Hékébole, préfet de la Pentapole, et quand il la quitta, elle revint à Constantinople où elle. ne tarda pas à captiver les bonnes gr&oes de l'empereur. A la mort de l'impér. Euphémie, Justinien l'épousa, et bientôt la nomma corégente. Elle dota généreusement les couvents et les églises, ouvrit un refuge pour les filles perdues, favorisa les désordres d'Antonine, femme de Rélisaire, et ruina le trésor par ses prodigalités. Elle protégea le monophysitisme et chercha, quoique avec réserve, à influencer son mari dans ce sens. Elle réussit à faire nommer Anthime, son favori, au patriarcat de Const., mais celui-ci s'étant ouvertement déclaré monophysite, fut aussitôt remplacé par Mennas. Le pape Vigile, qu'elle fit élire après Agapet, trompa ses espérances par ses hésitations. Elle f 12 juin 548 d'une maladie de cœur. Elle avait été excommuniée 2 fois. — Trois autres impér. d'Orient portèrent le même nom: la femme de Léon l'Arménien; celle de Théophile, régente sous Michel III, f 867 au couvent; et la fille cadette de Constantin IX, la dernière de la dynastie macédonienne. — 2° et 3<>, deux prostituées romaines de la plus haute distinction; elles appartenaient à la fois à la noblesse et au clergé. Apparentées aux plus grandes familles de Tus-cie (Toscane) elles ont été pendant 50 ans les chefs de la pornocratie, q. v. La mère, fille de Glycérius, un des douze juges qui condamnèrent Louis III, est considérée par Liutprand comme une des meilleures têtes de Rome, en même temps qu'elle est stigmatisée pour sa grossière impudeur. Ayant reçu un délégué de l'archev. de Ravenne, elle se prit de passion pour lui, donna successivement à ce mignon les sièges de Bologne et de Ravenne, et enfin le fit nommer pape sous le nom de Jean X. Elle eut 2 filles, Marozzia, q. v. et Théodora-la-jeu-ne, femme du consul Gratien; c'est à cette dernière que quelques auteurs prêtent les amours de la mère pour l'arch. de Ravenne. Liutprand définit les filles: Matri non tolum coequale*, te-rum etiam Veneris exercitio promptiores.
THÉODORE lo pape du 24 nov. 642 au 14 mai 649, Grec de naissance, combattit le mono-thélisme avec vigueur et fit condamner Pyrrhus et même Paul, le patr. de Constantinople; il excommunia le premier avec une encre mêlée de vin consacré, c. à d. avec du sang du Sauveur.
2» Pape de 20 jours, nov. et déc. 897, Romain, fit reconnaître solennellement le corps de Pormose retrouvé dans le Tibre par des pêcheurs.
3® Martyr du 4« siècle, surnommé de Tyr; Arménien ou Syrien, soldat d'une légion d'Ama-sée, confessa sa foi pendant les persécutions de Maximin et de Galère, et relâché d'abord, alla jusqu'à mettre le feu à un temple de Cybèle, ce qui l»i valut d'être fouetté de verges et brûle sur l'échafaud, 9 nov. 306. Grégoire de Nysse a fait son éloge. La légende porte que son corps ne fut pas consumé, qu'il fut transporté à Blindes et que sa tête est à Gaëte.
4<> Théodore de Mopsueste, célèbre docteur syrien, né 350 à Mopsueste ou à Antioche. Il étudia sous Libanius la rhétorique et l'art de persuader. Condisciple de Chrysostôme, il entra sous son influence dans la vie monastique, en renonçant à un mariage qu'il était sur le point de contracter, 370. Plus tard, ordonné prêtre à Antioche, il combattit, avec un rare talent, le sabellianisme en la personne d'Apollinaire, et l'arianisme qu'il fit disparaître presque totalement du diocèse de Mopsueste en Ci-licie. En récompense de ses mérites il fut nommé év. de Mopsueste, 392. En 394, convoqué à un concile de Constantinople, il prêcha devant Théodose-le-Grand qui le proclama le premier des théologiens, f 428 ou 429. Savant et logicien remarquable, d'un caractère paisible, il a écrit de nombreux ouvrages; on lui en a attribué jusqu'à 10,000! Il ne nous reste en entier que son Comment, sur les Psaumes, son Exposition du symbole de Nicée, et quelques fragments de ses commentaires, conservés surtout par les nestoriens. Ses écrits, dans lesquels deux docteurs illustres puisèrent leurs idées, Nestorius et Pélage, faisaient partie de ce qu'on appela les Trois-Chapitres, recueil d'ouvrages théologiques sur l'orthodoxie desquels le concile de Chalcédoine 521 jeta quelques doutes; après de longs débats, le 5me concile œcuménique, réuni à Constantinople, condamna les Trois-Chapitres, 553. C'est ainsi que plus d'un siècle après sa mort, cet illustre théologien fut déclaré hérétique, et sa mémoire flétrie. — Il avait un frère, Polycrone, év. d'Aparaée, auteur de comment, sur Ezéchiel, Job, Daniel, presque tous perdus. H. B.
5° Th.-le-lecteur, à Constantinople, vers 525; historien grec, donna des extraits des travaux de Socrate, Sozomène et Théodoret, et continua l'œuvre de Socrate jusqu'en 439; on n'en possède plus que quelques fragments conservés par Jean de Damas, Nil us et Nicéphore Callisti.
6° Th. de Césarée, dit Ascidas, moine à Jérusalem, vint 535 à Constantinople, où il gagna la faveur de Théodora, fut nommé archev. de Césarée, et prit une part active à la campagne contre les Trois-Chapitres. Il se distingua par ses intrigues et sa violence. Son crédit tomba après la mort de l'impératrice; il fut privé de son siège et excommunié.
7<> archev. de Cantorbéry, succéda 664 à Deusdedit. Il était de Tarse, savant en métrique et en astronomie. Le pape Vitalien, après lui avoir imposé la vraie tonsure, celle de Pierre an lieu de celle de Paul, lui donna pour aide, probablement aussi pour surveillant, Pabbé Adrien, d'Afrique. On craignait qu'il n'eût encore des traditions grecques, mais il se montra franchement romain et travailla avec autant de talent que de zèle à l'organisation de son immense diocèse, fonda des églises et des écoles, favorisa le patronage, écrivit des recueilsjitur-giques et rassembla en 60 chapitres des traités sur la pénitence, f 19 sept. 690 à Londres à 88 ans, enterré à York.
8<> Th. Graptus (le marque, le tatoué), ainsi surnommé à cause de 12 vers ïambiques gravés sur sa ligure. Né à Jérusalem, élevé k Marsaba, il fut le martyr de sa passion pour les images. A la demande du patr. Thomas de Jérusalem, il se rendit 818 à Constantinople pour reprocher k Léon l'Arménien sa guerre aux images; il fut fouetté et exilé dans le Pont. Au bout de 3 ans il recommença avec Miche) Balbulus, qui le bannit de la ville. Enfin Théophile, successeur de Michel, le fit fouetter pour le même motif 833, et le fit déporter dans l'Ile d'Aphu-sia, Bithynie. où il mourut. C'était beaucoup de rigueur contre un pauvre maniaque. Les 2 ou 3 écrits qu'on lui prête sont d'une authenticité douteuse.
9o et 10°, v. Studites, et Théodule.
THÉODORET (donné de Dieu), ainsi nommé par ses parents, parce que Dieu le leur donna en réponse k leurs prières. Né 386 ou 393 à Antioche de Syrie, d'une bonne et pieuse famille, il fut envoyé à 7 ans au couvent d'Eu-prepius, où il apprit à connaître les écrits de Diodore de Tarse et de Th. de Mopsueste. Après avoir été lecteur et diacre, il fut nommé év. de Cyrus, en Syrie; il n'accepta qu'à regret, mais s'acquitta de sa charge avec distinction. Il avait donné toute sa fortune aux pauvres, il continua de consacrer presque tous les revenus de son évêché à des œuvres d'un intérêt public, ponts, routes, bains, etc. Par sa puissante prédication il ramena à l'Église des milliers de marcionites, d'ariens, de macédoniens, quelquefois même an péril de sa vie. Engagé dans le conflit nestorien, il prit d'abord parti pour Nestorius, qu'il avait probablement connu au couvent; il distinguait entre le Logos, et son temple, c. à d. son humanité. Il ftat accusé par Dioscnre de partager le Seigneur en 2 fils de Dieu, à quoi il répondit avec beaucoup de modération, accordant même à Marie le titre de mère de Dieu. Il n'en fut pas moins dénoncé à Constantinople et dans toute l'Église d'Orient, et anathématisé. Il finit cependant par céder à la pression exercée sur lui de divers côtés et notamment par la cour, mais en continuant de défendre Neàtorius et la mémoire de Théod. de
Mopsueste, 434. Malgré ses déclarations il rota convaincu de nestorianisme; l'empereur l'interna 448 dans son diocèse, il fut excommunié, et le conc. d'Éphèse, dit des brigands, le déposa 449. Il prit sa revanche après la mort de Théodose, et au conc. de Chalcédoine il accusa Dioscure d'eutychianisme et le fit excommunier. Mais lui-même, pour être entièrement justifié, dut crier anathème à Nestorius. Il feutra en possession de son évêché, où il f 457. Il a énormément écrit; outre ses Comment, sur l'A. et le N. T., ses Discours sur la Providence, ses Lettres au nombre de 200 environ, on a de lui une Hist. de l'Église en 6 (ou 10) livres, qui va de 325 à 429, le plus important de ses ouvrages; une Hist. pieuse, qui raconte les légendes de la vie de 50 solitaires; une Hist. des hérétiques, de peu de valeur; Éranistès, ou Po-lymorphos, contre les eutychiens; une Réprè-hension, contre Cyrille; divers Dialogues, contre les anomèens, les macédoniens, les apoili-naristes, etc. On remarque surtout une excellente lettre à l'év. d'Arménie, pour le fortifier pendant la persécution perse.
THÉODORIC lo le Grand, v. Ostrogoths, 2®.
THÉODOSE lo Th. 1er, dit le Grand, né 346 à Cauca, Espagne, fils d'un comte que Gratien fit mettre à mort sur une dénonciation calomnieuse. Il fit ses premières armes en Bretagne, repoussa une invasion des Quades et des Mar-comans, combattit 374 les Sarmates en Mœsie. comme général de Valens, mais donna sa démission et se retira dans ses terres d'Espagne, quand il eut appris l'injuste exécution de son père, 376. En 378 Gratien se l'associa comme corégent, et le 19 janv. 379 il le proclama k Sir-mium empereur d'Orient. Par sa tactique prudente, non moins que par sa générosité, Thèo-dose tint en respect les Goths, les Alains et les Huns. Une grave maladie le décida à se faire baptiser, et en même temps, par un édit du 28 févr. 380, il donna force de loi aux décrète de Nicée. II acheva de soumettre les Visigoths par ses égards envers leur roi Athanaric. H déposa l'év. arien Démophile, qui fut momentanément remplacé par Grégoire de Naziance. Devenu par la mort de Valentinien II seul maître de l'empire, il proscrivit toutes les omis* l'arianisme, le paganisme, le manichéisne, fit renverser une colossale statue de Sérapis, bannit Eunomius, détruisit un grand nombre de temples païens, et employa le glaire temporel là où l'épée de l'Esprit aurait dû suffire. En 385 il perdit sa pieuse épouse Flaccilla et sa fille Pulchérie; il se remaria peu après avec la belle Galla, fille de l'impératrice arienne Justine, et soeur de Valentinien II, et tous cette influence il se relâcha un peu de ses rigueurs contre les ariens. Une émeute ayant éclaté 387 à Antioche dans laquelle sa statue et celles de ses deux fils i furent traînées dans les rues, il pardonna au I lieu de se venger. Il se montra moins gôuéreux en 390 via-à-vis de Thessalonique, lors d'une j autre émeute où plusieurs de ses officiers périrent, et malgré Ambroise il ordonna un massacre où plus de 7000 habitants perdirent la vie. Ambroise déclara alors au violent et cruel monarque, qu'il ne célébrerait pas la Cène en sa présence avant qu'il 9e fût repenti publiquement. Théodose se soumit à une pénitence de 8 mois, et s'engagea à ce qu'à l'avenir personne ne pût être condamné sans avoir été entendu, et à ce qu'aucune sentence capitale ne fût exécutée qu'un mois après avoir été prononcée. Il + 17 janv. 395 à Milan laissant le trône à ses deux fils, Arcadius âgé de 18 ans, pour l'Orient; Honorius, plus jeune, pour l'Occident. Ambroise, à qui il les confia, ne lui survécut pas longtemps. Il fut enterré à Constantinople, dans l'égl. des Apôtres, près du mausolée de Constantin. Aussi bon administrateur que grand guerrier, il put retarder la chute de l'empire; ses vertus personnelles lui font une place à part; la colère était son grand vice, et il le combattit, sinon toujours avec succès, du moins avec une con-eiencieuse persévérance. — Vie, par Fléchier.
THÉODOTE lo le tanneur, de Byzance, nia un des premiers la divinité de J.-C. Emprisonné pour sa foi, il avait renié Christ pour sauver sa vie. Couvert de honte il vint à Rome, espérant y rester ignoré, mais des chrétiens de Byzance l'y découvrirent et lui reprochèrent son péché. Pour l'atténuer en quelque manière, il dit, en s'appuyant de Luc 1, 35, qu'il n'avait renié qu'un homme, et le pape Victor l'excommunia, vers 190. Théod. reconnaissait cependant le Christ comme Messie, et admettait sa naissance surnaturelle. Il s'occupait beaucoup de dialectique et de mathématiques. Épiphane en fait un Aloge, mais en réalité sa secte fut plutôt ébio-nite et elle se fondit plus tard dans les artémo-nites. Ses principaux chefs furent Asclépiade, Hermophile, Apollon ides, etc. — 2<> Th. le changeur, pire que le précédent; il vint à Rome vers 200 à 210; chef des melchisédékiens, q. v.
THÉODOTION, de Sinope. Irénée et Eusèbe en font un prosélyte d'Éphèse; Épiphane un marcionite. Il passe généralement pour avoir été ébionite. D'après Épiphanes il aurait fait, sous Commode (en tout cas pas plus tard que Sym-maque), une traduction grecque de l'A. T., ou plutôt une édition revisée des LXX; mais il aurait suivi pour Daniel le texte original, ce qui explique la préférence que les écrivains chrétiens, sauf Justin, donnèrent à sa version. On n'en possède plus que quelques fragments conservés parmi les Hexaples d'Origène.
THÉODULE, ou Théodore, trois év. du Valais, souvent confondus les uns avec les autres:
10 le plus ancien év. de l'Égl. du Valais; 2o un év. de ce nom vers 515, organisateur du culte de la légion thébaine et fondateur de régi. de Saint-Maurice; 3° le dernier év. à l'époque de Charlemagne, qui lui aurait donné l'autorité temporelle sur toute la vallée, détail aussi peu sûr que le fait de l'existence de cet évêque dont le nom même est incertain; 4° V. Nil us.
THÉODULF. goth de nation, né en Italie, était en Gaule en 781, et fut nommé abbé de Fleur y vers 781, puis év. d'Orléans de 786 à 794, s'occupa beaucoup des écoles, écrivit un capitulaire en 46 articles sur les devoirs des prêtres, et se distingua par son élévation d'esprit autant que par sa charité. Chargé en 798, par Charlemagne, de visiter comme mi$sus9 avec Leidrade, les deux-Narbonnaises, il raconta son voyage en un poème de 956 vers, Parœneris (Exhortation aux juges), moitié descriptif, moitié didactique. On a encore de lui 71 pièces de vers, quelques fragments de sermons et 2 traités de théologie. Après la mort de Charlemagne, il fut employé par son fils Louis à diverses missions, mais compromis en 817, suspect d'avoir conspiré avec Bernard d'Italie contre le trône de Charlemagne, exilé de son diocèse, relégué à Angers, il fut réhabilité 821, maisf peu après, presque subitement, et probablement empoisonné.
THÉOGNOSTE, successeur de Pierius, comme directeur de l'école des catéchètes d'Alexandrie, vers 285; auteur d'un traité sur le Blasphème contre le Saint-Esprit, et d'Hypotyposes en sept livres sur: Dieu le Père, seul auteur de l'univers; le Fils, le Saint-Esprit, les anges,les démons, l'incarnation, et le plan du monde. Photius lui reproche plusieurs hérésies, entre autres d'avoir appelé Jésus une créature, mais Athanase qui le représente comme un homme savant et zélé, le justifie et montre que Photius l'a mal compris.
THÉOLOGAL, théologien chargé par un décret du concile de Latran 1215 d'expliquer aux jeunes clercs la sainte Écriture et de leur enseigner les points les plus importants de la cure d'âme; ordinairement choisi parmi les chanoines attachés à une cathédrale. Le conc. de Trente a étendu cette institution aux collégiales, et même à des villes moindres, et définit le théologal « un maître qui enseigne gratuitement la grammaire aux clercs et aux pauvres écoliers, pour les mettre en état de passer ensuite à l'étude de9 saintes Lettres, si Dieu les y appelle. » Leur traitement est formé ou par un bénéfice simple, ou par un canonicat; au besoin
11 y est pourvu par l'évêque ou le chapitre. — Comme adjectif on emploie ce mot pour désigner une exigence, ou un attribut spécial de la théologie; ainsi les vertus théologales, les trois que saint Paul met en relief. 1 Cor. 13, 13.
THÉOLOGIE, la science, ou l'étude de Dieu, comme l'anthropologie est l'étude de l'homme. Ahélard, le premier, parle de la théol. chrétienne. Elle embrasse tout l'ensemble des connaissances relatives à la vie religieuse, et se subdivise en plusieurs branches distinctes. Schleierniacher distingue: la théol. philosophique (polémique, apologétique), la théol. historique (exégèse, dogmatique, morale), et la théol. pratique. Mais la dogmatique appartient plutôt à la première catégorie, et la morale à la dernière. Ces divisions ont d'ailleurs quelque chose de factice, les branches empiétant souvent les unes sur les autres. Y. Encyclopédie. On désigne plus spécialement sous le nom de Théol. biblique, science assez récente, l'étude non systématique des différents livres de la Bible, qui met en relief, non le résumé des doctrines chrétiennes, mais le développement successif de la vérité révélée, qui devient de plus en plus claire et précise à mesure qu'elle passe des patriarches à Moïse, puis aux prophètes, à Jésus-Christ, et finalement aux apôtres. Haever-nick et Distel pour l'A. T., Néander et Reuss pour le N. T., ont fait faire de grands progrès à cette branche, qui part de l'exégèse pour aboutir à la dogmatique.
THÉOLOGIE germanique, petit ouvrage ascétique, découvert par Luther, et qu'il fit imprimer en partie 1516, en totalité 1518.11 est conçu dans l'esprit des Amis de Dieu, des Tauler, des Suson, et recommande, dans un langage qui frise le panthéisme, le complet renoncement à soi-même et l'entière abnégation de la volonté, pour arriver à cette illumination intérieure et à cette profondeur d'amour qui seule réalise l'intime communion avec Dieu. Mais il faut d'abord passer par l'enfer de la repentance. Christ nous est un modèle, par sa nature même. L'auteur est inconnu; il se donne comme un ami de Dieu. Dans la préface, antérieure à Luther, il semble désigné comme chevalier teutonique, prêtre et custode de l'ordre à Francfort. On avait pensé à Tauler, mais il est cité dans le livre comme un ancien docteur. L'enthousiasme de Luther, qui n'en fit pas moins de 6 éditions, gagna le protestantisme tout entier, qui en fit un moment un des livres de la Réforme, et le catholicisme le mit à l'index 1625. Il y en eut bientôt des traductions en latin, flamand, anglais, français. La meilleure édition a été publiée d'après un mss. de 1497 trouvé à l'ancienne biblioth. des cisterciens, de Bronnbach, près Wertheim, par Pfeiffer, Stuttgart 1851, réimpr. 1855avec trad.en allemand moderne: trad. en anglais par Sus. Winkworth, avec préfaces de Kingsley et de Bunsen. L'original date du commencement du 15®e siècle. — Un ouvrage semblable, avec le même titre, fut composé par l'év. Berthold Pirstinger de Chiemsee (né 1463 f 1543) dans un esprit tout catholique, mais il a passé inaperçu, 1528; réimpr. 1852 à Munich.
THÉOPASCHITES, nom donné à ceux qui adoptaient la formule: Dieu a été crucifié pour nous, comme firent d'abord les monophysites. On n'y attacha pas sur l'heure une grande importance, mais Sévère l'ayant introduite d'office dans la liturgie, et s'en étant fait un marchepied pour atteindre au patriarcat, la lutte recommença, et les dyophisites eux-mêmes finirent par s'y rattacher, comme étant la conséquence de leurs idées sur la double nature de Jésus. Le conc. de Constantinople 519 l'adopta; les acé-mètes la déclarèrent hérétique; elle fut sanctionnée 533 par Justinien avec le consentement du pape Jean IL Le conc. Quini-Sexte 692 la rejeta définitivement, et dès lors elle ne fut plus conservée que par les monophysites et les mo-notbélètes. Il n'en arrive pas moins que dans le peuple les gens pieux répètent souvent que Ken a été crucifié pour nous; si l'expression n'est pas correcte, l'idée n'est pas hérétique.
THÉOPHANES Iode Byzance,probablement vers la fin du 6rae siècle, auteur d'une Hist. de la guerre des Perses 567-573, et d'une continuation de l'hist. de Justinien; cité par Photius, avec 64 extraits. — 2o Théoph. Isaac, on k Confesseur, fils d'un gouverneur dans la mer Égée; né à Constantinople vers le milieu do 8me siècle, il perdit son père de bonne heure et fut élevé par sa mère sous la tutelle de C. Co-pronyme. Marié très jeune par l'emp. avec une riche et belle jeune fille, malgré sa vocation prononcée pour la vie monastique, il continua de vivre dans la continence, refusa une place dans l'administration, que son beau-père lui avait obtenue de Léon IV, et quand son beau-père fut mort, il se sépara de sa femme par consentement mutuel; celle-ci entra dans un couvent près de Constantinople, et lui-même se retira dans la petite Mysie comme abbé d'un couvent qu'il fit construire sur ses terres. Ab 2®e conc. de Nicée 787 il parut comme grand partisan des images. Léon l'Arménien ayant en vain essayé de le gagner à son parti, fit saisir le pauvre vieillard tout malade 813, et le filtrait* porter en Samothrace, où il t 818 ou 820, d'après les bollandistes le 12 mars. On lui doit une Chronographie qui continue l'ouvrage de Grég. Syncelle jusqu'au règne de Léon l'Arménien, et qui, malgré quelques erreurs et un mauvais style, est une source précieuse de renseignements sur l'hist. de la lutte pour les images. — 3® Th. Cerameus (le potier), appelé aussi Georges, ou Grégoire, év. de Taormina, Sicile, a prêché devant Roger II de Sicile, ce qui fixe sa date k 1140 environ. Il appartenait an rite grec. Il est probable que le canon latin de la messe ayant été introduit en Sicile sous Roger I«r, mais quelques villes, comme Messine, Palerme, ayant conservé quelque temps encore la liturgie orientale, il en aura été de même pour Taormina. Il a laissé 62 discours, d'un bon grec, très iconolâtres et mariolâtres, d'une exégèse allégorique à la mode du temps, publ. par le jésuite Scorsus 1644 avec trad. latine, et 2 sermons sur la Croix de Christ. — 4* Th. de Nicée, frère de Théodore Graptus, q. v. dont il partagea les idées et la mauvaise fortune.
THÉOPHILANTHROPES, c. à d. amis de Dieu et des hommes, secte religieuse fondée dans une intention louable, k une époque où il n'était pas facile de professer une religion, par La Réveillère-Lepaux, membre du Directoire (né 1753, f 1824). Jean-Baptiste-Chemin Du-pontès en avait donné l'idée par son livre anonyme: Manuel des théophilanthropes, sept. 1796, et l'année suivante le culte s'organisait. Il ne comptait d'abord que 5 familles, mais le manuel, en se répandant, lui amena bientôt de nouveaux prosélytes et dans le nombre Dupont de Nemours, Bernardin de Saint-Pierre, etc. Simple culte domestique il finit par se célébrer publiquement dans la salle de l'hôpital Sainte-Catherine, rue Saint-Denis, et par les soins de La Réveil 1ère qui en était devenu le directeur, il réussit k obtenir dix églises à Paris et à se propager même dans la province. Dieu, la vertu, l'immortalité de l'âme, l'amour du prochain et de la patrie, constituaient toute la doctrine et toute la morale de la secte. On se réunissait chaque semaine, mais sans jour fixe. Des inscriptions morales ornaient les murs des chapelles. Un père de famille présidait le culte en costume ordinaire, et ne mettait un surplis blanc, avec parements bleus et ceinture rouge, que pour les grandes fêtes, celles des 4 saisons, celles de la jeunesse, des époux, de l'agriculture, etc. On faisait une lecture, un discours, une prière: on chantait. Ce culte sans doctrine, cette religion sans dogme et toute de sentimentalité, dura 3 ou 4 ans et s'effondra sous le poids du ridicule qni s'attachera toujours k la prétention de fonder une religion sans croyances positives; un arrêté du Directoire du 12 vendémiaire an X (3 oct. 1801) lui donna le coup de grâce.
THÉOPHILE lo 5®e év. d'Antioche, apolo-gète. Né païen, très instruit, il fut amené au christianisme par l'étude de l'A. T. On n'a aucune date certaine, ni sur sa naissance, ni sur son épiscopat (168-181, d'après Nicéphore), ni sur sa mort. Il écrivit en un grec élégant de courts traités populaires: sur le Démon qui séduisit les premiers hommes, sur les Patriarches, sur le néant des faux dieux. Jérôme cite encore de lui une Harmonie des Évangiles. Tous ces ouvrages sont perdus. On ne possède plus de lui que son Apologie en 3 livres, adressée k Autolycus, philos, païen et contempteur du christianisme. Ce philosophe lui ayant demandé de lui montrer son Dieu, il lui répond: La lumière n'est que pour ceux qui ont les yeux nets. Le 2m® livre essaie de montrer dans les 3 premiers jours de la création l'image de la triade de Dieu. Dans le 3®« il condamne les païens et défend les juifs; il prouve en même temps que le christianisme n'est pas une nouveauté, puisque la Sybille l'a annoncé.
2° Théoph. l'Indou, né dans l'île de Diu, fut amené fort jeune comme ôtage à Constantinople, où il devint arien, puis diacre, et fut consacré èvêque pour la mission arabe, vers 350. L'emp. Constance lui remit de riches présents pour les princes arabes, et lui fournit l'argent nécessaire pour bâtir des églises. Il convertit le roi des Homérites, et éleva des temples k Taphar, Aden et Hormuz: mais les juifs, très nombreux dans le pays, l'empêchèrent de pousser plus loin ses succès. En 356 Constance le nomma év. d'Éthiopie sur le refus de Fromen-tius de se laisser consacrer par le patriarche arit'n d'Alexandrie. Il se rendit de Socotora à Axum, mais ne put s'y installer et fut obligé de revenir,
3o Théoph. év. d'Alexandrie 385412, violent, vindicatif, ami du luxe et passionné d'architecture. Théodose I«r lui ayant fait don d'un temple de Bacchus pour être transformé en égl. chrétienne, il y trouva des peintures licencieuses qu'il se hâta d'exploiter contre le paganisme. Les païens y répondirent par une émeute, qui prit bientôt les proportions d'une guerre civile. Acculés k leur beau temple de Sérapis, célèbre par sa riche bibliothèque, les païens choisirent pour chef le philos. Olympus, et de part et d'autre on martyrisa les prisonniers qu'on pouvait faire. Les efforts de l'autorité furent impuissants pour arrêter le désordre. L'empereur répondit k une dèputa-tion en ordonnant d'épargner les hommes, mais en permettant la démolition des édifices. Les païens découragés renoncèrent k la lutte, et comme il n'arriva ni tremblement de terre, ni changement extraordinaire dans les crues du Nil, ils se résignèrent et un grand nombre se firent chrétiens. Th. joua un rôle équivoque dans les controverses origénistes. Il eut pour successeur son neveu Cyrille.
4o Un Théophile légendaire, sans date, administrateur du diocèse d'Adana, Cilicie, refusa l'épiscopat par modestie et fut privé de sa place par le nouvel èvêque. N'ayant plus de ressources il s'adressa à un magicien juif qui lui procura une entrevue avec plusieurs diables. Ceux-ci lui firent rendre sa place, après qu'il eut renié Jésus et Marie et engagé son âme par sa signature. Mais bourrelé de remords il s'adressa à Marie, et par son intercession Jésus réussit à soustraire au diable l'engagement signé, et un jour que Th., fatigué d'avoir prié, s'était endormi dans l'église, Jésus déposa cette pièce sur sa poitrine. A son réveil il fut heureux de la retrouver; il confessa publiquement son péché et mourut 3 jours après. On attribue cette légende à un prêtre grec nommé Eutychien; c'est un prêtre napolitain, Paul, du 9»© siècle, qui l'a importée en Occident.
5o Empereur d'Orient 829-842, fils et successeur de Michel II, punit les meurtriers de Léon Y, et fit la guerre aux images.
6° Th. de Viau, plus connu sous son simple nom de Théophile, né 1590 à Agen, protestant de naissance, mais athée et d'une immoralité hideuse, vint à Paris 1610, se lia avec Balzac, se fit connaître par des saillies spirituelles et caustiques, reçut de Louis XIII une pension, mais fut condamné à mort pour les obscénités sacrilèges de son Parnasse des vers satiriques. La protection de Montmorency fit commuer sa peine en celle de l'exil, mais il garda sa pension. f 1626.
THÉOPHYLACTE 1° Simocatta, né en Égypte, écrivit vers 629 une Hist. de l'emp. Maurice 582-602; il avait rempli diverses charges sous son règne; en outre 85 Lettres, et des Recherches sur la nature, ou Problèmes physiques. — 2° Th. né probablement en Eubée, vint à Constantinople, fut nommé précepteur du jeune Const. Porphyrogénète, et vers 1078 archevêque d'Achrida, Bulgarie, f après 1118. Connu surtout comme exègète grec, l'un des meilleurs du moyen âge, rappelant un peu l'école d'Antioche, et versé dans la patristique; auteur de Comment, sur les petits Prophètes, les Évang., les Actes et les Épîtres; de 75 Lettres, d'un Traité d'éducation pour les rois, et d'une Réfutation des accusations des latins.
THÉOPNEUSTIE, expression empruntée à 2 Tim. 3, 15 (l'Ecriture est tout entière théop-neuste, c. à d. inspirée de Dieu). On désigne sous ce nom cette théorie de l'inspiration qui attribue non à quelques livres seulement, mais à la Bible entière, l'inspiration, non seulement du sens général, mais aussi des mots, par opposition à l'idée que certains livres, comme les prophètes et les épîtres, ont été inspirés plus spécialement que d'autres, ainsi les livres historiques; par opposition aussi à cette autre doctrine d'après laquelle les écrivains sacrés, rédigeant soit leurs vues, soit leurs souvenirs personnels, ou les résultats de leurs recherches.
l'action de Dieu se serait bornée à une sorte de direction morale ou même de surveillance générale. La doctrine de la théopneustie a été développée et soutenue par le prof. Gaossen avec chaleur et conviction, Genève 1840.
THÉOSOPHIE, l'intelligence de Dien, sa connaissance, ou la sagesse concernant Dieu, espèce particulière de mysticisme qui se distingue de la théologie en ce qu'elle prétend arriver à connaître Dieu, non par l'étude et par des moyens extérieurs, mais par l'intuition et par la contemplation intérieure. On ne peut loi reprocher de manquer d'idées, ni de sentiments, et elle a rendu à la théol. et à la philosophie quelques services en les obligeant à tenir compte de l'élément mystique qui est dans l'homme religieux; mais dans son ensemble la théos. ne repose sur aucune base solide et ses résultats ne sont que le produit des imaginations individuelles. Le nouveau platonisme et le gnosticisme en furent les représentants à l'apparition du christianisme; plus tard les mystiques du moyen âge, et depuis la Réforme Schwenckfeld, VVeigel, Bôhme, Swedenborg. Œtinger, Baader, etc.
THÉRAPEUTES, secte égyptienne, des environs d'Alexandrie et du lac Maréotis, presque identique à celle des ébionites sur les bords de la mer Morte. Le mot grec dont ils tiraient leur nom signifie à la fois servir, honorer et guérir, et il est probable qu'il y avait quelque chose' de tout cela dans leur activité eénobiti-que. Ils formaient un véritable ordre religieux, avec noviciat d'un an, avec des classes super, et inférieures, et vivant dans la plus grande austérité. Ils regardaient le corps comme une prison, dont la mort devait les délivrer. Pfailon est le premier qui en parle, et il en parle comme d'une secte juive, mais il paraît qu'Aristo-bule, 170 av. C. appartenait déjà à une société de ce genre en Égypte. Eusèbe et Jérôme eu parlent au contraire comme d'une secte chrétienne. Il est possible qu'il y ait eu transition d'une religion à l'autre, à une époque où beaucoup de chrétiens ne voyaient dans l'Église qu'un épanouissement du judaïsme. Ils avaient plusieurs rapports avec les esséens, mais plus de spiritualité.
THÉREMIN, L.-Fréd.-François, né 19 mars 1780 à Gramzow, Marche de l'Ucker, fils du pasteur de la communauté française. Après avoir étudié à Berlin et à Halle, il vint à Genève pour se perfectionner dans le français et y fut consacré 1805. En 1810 il remplaça Ancillon à Berlin, et fut nommé en 1814 prédicateur de la cour et de la cathédrale; en membre du Consistoire, rapporteur au ministère des cultes, docteur en théol. de Greifewald; en 1839 prof. d'hom£létique à l'université. Il avait depuis l'âge de 30 ans perdu l'usage d'un œil. t sept. 1846. Il avait épousé Ernestine Matthis, née Conrad, dont il eut un fils et une lîlle, qui lui survécurent. Doué d'un talent oratoire très remarquable, qu'il relevait encore par un travail consciencieux, il regardait l'éloquence comme une vertu: ses auteurs préférés étaient Démosthénes et Massillon. Sa doctrine était purement biblique. Sa tenue en chaire, son débit, sa personne entière était pleine de noblesse et de distinction. Outre dix volumes de sermon s, qu'on peut appeler classiques, il a laissé quelques livres d'édification, des lettres, des poésies, des récits, qui ont joui d'une grande popularité.
THÉRÈSE de Cepeda y Ahumada, qui s'appelait elle-même plus volontiers Teresia a Jesu; née 25 mars 1515 à Avila, d'une famille noble i?t riche, la 6roe de 12 enfants, dont les 3 premiers d'une autre mère. Élevée dans les sentiments d'une grande dévotion, que son tempérament exagérait encore, elle montra toute jeune ce qu'elle devait être plus tard. Elle quitta un jour la maison paternelle pour aller avec un frère chercher le martyre chez les Maures; heureusement un parent les rencontra et les ramena chez eux. Une longue maladie de sa mère, qui f 1527, exerça sur elle une grande influence. Puis la jeunesse arriva, le besoin du plaisir, l'entraînement de compagnes mondaines, la lecture secrète de livres fantastiques et de romans pas tous moraux, la détournèrent pendant quelque temps de son ancienne voie et la jetèrent dans la dissipation. Mais son père s'étant hâté de la placer au couvent augustin de Marie-la-Gracieuse, elle reprit sa ferveur première, et une grave maladie, dont elle ne se remit jamais entièrement, la décida, malgré son père, à embrasser la carrière religieuse; elle s'était nourrie de biographies de saints, faisant suite à ses lectures romanesques et flattant ses goûts naturels; elle s'enfuit au couvent carmélite de l'incarnation d'Avila, en même temps que son frère Antonio se faisait aussi religieux, et elle prononça ses vœux 1534. Trois ans après, en 1537, elle reprenait ses allures de vie mondaine, essayant, disait-elle, d'allier le ciel avec la terre. Cela dura 20 ans, jusqu'en 1559. Enfin k 44 ans elle renonça définitivement au monde; la mort de son frère produisit sur elle une vive impression, et dès lors elle concentra toutes ses ardeurs sur la réforme de son ordre et sur sa propre sanctification. Elle eut des visions, des extases, de vraies hallucinations; un ange du ciel lui perçait le cœur avec une lance d'or; le Christ lui faisait sentir sa présence corporellement; il l'épousait et elle se sentait physiquement élevée en l'air; le clergé lui-même comprit que cela allait trop loin.
Mais dans ces moments de calme elle savait s'occuper de choses plus pratiques. A la suite d'une visite qu'elle reçut en 1560 de Pierre d'Alcantara, le réformateur de l'ordre des franciscains, elle entreprit de réformer aussi les carmélites. Favorisée par son provincial, elle établit en 1562 à Avila le couvent modèle de SainUJoseph, avec l'aide de la riche Giumara d'Ulloa, veuve de son frère Lorenzo de Cepeda, mort au Pérou; mais elle ne put obtenir qu'en 1563 d'en prendre la direction; il fallut l'intervention directe de P. d'Alcantara pour vaincre les hésitations de l'évêque. Elle ressuscita la vieille règle de l'ordre, et ses statuts, dont le mss. original est encore, dit-on, à Madrid, sont extrêmement sévères: jamais de viande, sauf en voyage ou en cas de maladie; jeûnes prolongés à Pâques; silence absolu en certains moments; abandon de tous ses biens; flagellations régulières les lundis, mercredis et vendredis; simple semelle de cuir ou de bois pour toute chaussure (les carmes hommes étaient entièrement déchaussés), etc. Cette constitution fut confirmée en 1565 par Paul IV. De 1566 à 1582 elle réforma 16 autres couvents, pendant que sous son influence Antoine de Jésus et Jean de la Croix réformaient les carmes. Ce dernier fut un moment son confesseur, et c'est sous sa direction qu'elle eut ses extases mystiques les plus accentuées. De 1576 à 1579 elle eut à subir de nouvelles persécutions de la part des carmes relâchés. Le général de l'ordre lui-même, longtemps son protecteur, se tourna contre elle et finit par lui imposer une retraite absolue dans le couvent de Saint-Joseph, et lui interdit la fondation de nouvelles maisons. Elle s'adressa inutilement à plusieurs personnes de la cour, et même à Philippe II qui la protégeait; elle avait contre elle le nonce Sega. L'inquisition ouvrit contre elle une enquête; J. de la Croix fut mis en prison. C'est en 1579 seulement que les choses parurent s'arranger un peu; les procès furent abandonnés; de nouvelles maisons purent s'ouvrir, Grégoire XIII donna un provincial aux déchaussés, Philippe nomma une commission favorable aux réformes de Thérèse. La visionnaire put espérer des jours meilleurs, mais à la suite d'un voyage à Burgos, elle prit la fièvre et f 4 oct. 1582 à Albe dans un couvent de son ordre. Son cadavre fit de nombreux miracles; elle apparut même à diverses personnes après sa mort, et fut canonisée 1622 par Grégoire XV, en même temps que Néris et Loyola. Les cortès de 1814 l'ont proclamée patronne de l'Espagne. Ses œuvres comprennent des Lettres, des Statuts, des Poésies, des Traités, des Conseils aux religieuses. On remarque surtout son Autobiographie, l'Hist. des maisons de son ordre, le Chemin de la Perfection, le Château de l'àme, Pensées sur l'amour de Dieu. A côté de choses édifiantes qui ont séduit non seulement Fénelon, Sailer, et les hommes de Port-Royal, mais encore des protestants comme Arndt, Arnold, Terstee-gen, on y trouve des exagérations mystiques d'une crudité qui expliquent les mesures prises contre Thérèse par ses chefs spirituels; évidemment ses facultés mentales étaient par moments, comme son corps, dans un état anormal de surexcitation.
THESAURUS (trésor) meritorum, v. Indulgences.
THÈSES 1° Les 95 de Luther; Tetzel y répondit, ainsi que Wimpina, une fois par 106, une seconde fois par 50 thèses; puis Prierias, puis Eck par ses Obélisques en 400 thèses, auxquelles Luther opposa ses Astérisques. Carlstadt intervint aussi dans cette lutte, dont le terrain ne tarda d'ailleurs pas à s'élargir, pour embrasser tout le champ de la Réforme. — 2° Les 95 thèses et les commentaires dont Harms accompagna en 1817 la reproduction des 95 thèses de Luther. Elles sont un manifeste acerbe contre le rationalisme: qui fait de la raison et de la conscience le pape du temps présent, qui remet à l'homme lui-même le droit de se pardonner ses péchés, qui a tué le diable et fermé l'enfer, qui se fait un Dieu à sa convenance, qui demande une revision du texte primitif de la Bible tous les cent ans, etc. L'auteur condamne aussi l'Union, sans méconnaître ce qu'il y a de bien dans les autres Églises, mais en établissant la supériorité du luthéranisme. Ces thèses eurent un grand succès et marquèrent le premier moment du réveil qui, sans être luthérien ni hostile à l'Union, opposa rigoureusement au rationalisme traditionnel la foi au surnaturel biblique. Il y fut répondu de divers côtés, notamment par Schleiermacher, et l'on ne compta pas moins de 200 ouvrages pour ou contre, grands ou petits, dans l'espace de 2 ou 3 années. Comme l'administration ecclésiastique du Hol-stein fut mise en jeu, des explications furent demandées à Harms, mais l'affaire n'eut pas de suites. — 3<> Un pasteur ultra-luthérien de Halle, Seiler, a eu aussi l'idée en 1858 de publier 95 thèses contre l'Union. Stier a répondu à cette « parodie » de l'œuvre de Luther.
THETMAR, ou Thitmar, v. Dittmar.
THIERS, Jean-Baptiste, né 11 nov. 1636 à Chartres, théologien, d'abord prof, au collège Du Plessis à Paris, puis curé de Charaprond, près Chartres, et enfin de Vibraye, dioc. du Mans, f 28 févr. 1703. Instruit et spirituel, mais caustique et d'un caractère désagréable, il a beaucoup écrit et d'une manière intéressante, mais quelques-uns de ses ouvrages affectent le rationalisme, d'autres le rapprochent du protestantisme, et quelques-uns ont été mis à l'index (jusqu'à correction). Ainsi sur la Diminution des jours de fêtes, un Traité de l'Exposition du Saint-Sacrement, Des Superstitions selon l'Écr. Sainte; Dissert, sur la sainte Larme de Vendôme, dont il demande la suppression; Des jeux et divertissements permis, l'Inscription du grand portail de l'Égl. des Cordeliers de Reims, l'Avocat des pauvres, Hist. des perruques, Contre les carosses, De l'absolution de l'hérésie, Critique du bréviaire revisé de Clugny, etc.
THIERSCH, H.-Guill.-Josias, né 3 nov. 1817 à Munich, humaniste et philologue distingué, fit sa théologie à Erlangen; en 1838 maitre a la maison des missions de Bâle, en 1839 répétiteur à Erlangen, prof, en 1843 à Marbourg où il exerça une grande influence sur la jeunesse studieuse. Quelques années après il devint irvin-gien, donna sa démission en 1850, et se fixa en 1864 à Munich comme vicaire apostolique, puis à Augsbourg, enfin à Bâle. Beau-frère par sa femme, de l'év. Gobât de Jérusalem. Personnalité attachante, profonde piété, sérieuse connaissance des Écritures, Thiersch est un écrivain fécond et original. Ses premiers travaux portent sur l'exégèse du N. T. et sur l'histoire des temps apostoliques. Sa Vie d'une famille chrétienne est un de ses meilleurs ouvrages et a eu de nombreuses éditions. Il a écrit aussi sur l'éducation des enfants, sur les Paraboles, le Sermon sur la montagne, Luther, Gustave-Adolphe, Dôllinger, etc. Ses Origines de l'Hist. sainte d'après la Genèse, ont été trad. en franç* par G. Godet, 1882. On a encore de lui un Essai, latin, sur le Pentateuque, et une Gramm. hébraïque.
THILO, Jean-Ch., né 28 nov. 1794 à Langensalza, étudia la philologie et la théol. d'abord à Leipzig, puis à Halle, où il passa la plus grande partie de sa vie dans l'enseignement, au gymnase, à l'école de Francke et à l'université. Il fit des lectures sur l'Hist. ecclésiastique, l'Hist. des dogmes, la symbolique et la patris-tique; après la mort de son beau-frère Knapp 1825, il donna aussi des leçons d'exégèse. En 1820 il visita l'Angleterre avec Gesenius comme franc-maçon. Il se tint en dehors des luttes dogmatiques qui éclatèrent entre les rationalistes Gesenius et Wegscheider d'une part, et les évangéliques ayant Tholuck à leur tête. Sa principale publication a pour objet les Apocryphes du N. T., travail resté incomplet et que Tischendorf a achevé. Il a publié aussi quelques dissertations sur la patristique, Ignace, Eusèbe d'Alex., les Hymnes de Synésius, etc. Décoré de l'Aigle rouge en 1840, il est + 17 mai 1853.
THOLUCK, Fréd.-Aug.-Gottgetreu {Deofidus), né 30 mars 1799 à Breslau, fils d'un orfèvre, étudia à Berlin, d'abord les langues orientales, puis la théologie. Patronné par le prélat Diez, protégé par les d'Altenstein, introduit dans le cercle religieux des Kottwitz, apprécié par Néander qui reconnaissait en lui, à côté de talents remarquables, une foi vivante et une piété sincère, il répondit aux espérances de ceux qui voyaient en lui un futur champion de la vérité évangélique, et même il les dépassa. Son premier ouvrage: le Péché et le Rédempteur 1822, bientôt suivi de Guido et Julius qui le complète (réponse au Théodore de De Wette), eut un immense succès, dû à son caractère franchement apologétique, non moins qu'au charme de la composition et à la beauté du style. En 1826 il fut appelé à Halle comme prof, de théol. à la place dtf Knapp, pour y combattre le rationalisme. Sa santé l'obligea bientôt à accepter la place de chapelain d'ambassade à Rome; mais il revint à Halle en 1829 et se trouva presque immédiatement, et pour une dizaine d'années, en conflit aigu avec les coryphées du rationalisme, Gesenius et Wegscheider. Les étudiants, et la ville elle-même, étaient divisés. Hengsten-berg à Berlin, dans sa Gazette évang., le soutint énergiquement et lui resta fidèle. La lutte finit à la mort de Gesenius, et Tholuck put se livrer en paix à ses travaux de prédilection, les langues, l'exégèse, la prédication. Il s'occupait soigneusement et affectueusement de ses étudiants et il a exercé sur eux une immense et bonne influence. Il avait également organisé dans la ville des réunions du soir qu'il présidait souvent, et dans lesquelles il a prononcé quelques-uns de ses meilleurs sermons. Il s'intéressait aux œuvres religieuses, et notamment à l'Alliance évangélique. Il avait épousé en secondes noces une baronne de Gemmingen, qui a fait beaucoup pour l'établissement des diaconesses à Halle. Le 2 déc. 1870, le 50™* anniversaire de son entrée dans le professorat a été célébré au milieu d'un vif enthousiasme dans toute l'Allemagne, et les marques de sympathie affluèrent de tous côtés, lettres, doctorat, ordre de l'Aigle rouge, etc. Il t 1877. Ses publications sont fort nombreuses: Comment, sur les Romains, les Psaumes, saint Jean, Hébreux, Serm. sur la montagne, Crédibilité de l'hist. évang. (contre Strauss), études sur le Rationalisme, la Théol. luthérienne, la Vie académique et ecclés. au 17me siècle, sur l'Inspiration, Sermons, Heures de recueillement, Biographies, Anthologie des écrivains mystiques de l'Orient, etc.
THOMAS lo l'apôtre, v. Dict. de la Bible.
2° Th. de Celano, l'auteur supposé de la 1" biographie connue de François d'Assise, écrite vers 1228 ou 1230, et de la célèbre séquence: Dies irœ, ainsi que de quelques autres hymnes. Né à Celano, et disciple de François, provincial des minorités d'Allemagne, et custode des couvents de Cologne, Worms, Mayence et Spire. Il vivait encore en 1255. On n'a cependant aucun renseignement historique positif sur son compte, et quelques-uns nient jusqu'à son existence.
3o Th. Cantipratanus, ou de Catimpré, savant néerlandais, né 1186 ou 1201 à Lewis, près Bruxelles, d'une famille noble, d'abord moine augustin à Catimpré, près Cambrai, et depuis 1232, dominicain et disciple d'Albert-le-Grand à Cologne; il étudia au couvent de Saint-Jacques à Paris, devint recteur de Louvain et peut-être év. suffragant de Cambrai, f le 15 mai entre 1263 et 1280. Auteur de plusieurs Vies de saints et de saintes, de quelques écrits sur la Nature, de poésies diverses, et d'un livre de morale sur les Abeilles mystiques, où il donne des préceptes aux supérieurs et aux inférieurs.
4° Th. d'Aquin, né vers 1226 au château de Rocca-Sacca, royaume de Naples, près du mont Cassin, de la noble famille des comtes d'Aquino, qui avait dans les veines du sang normand et du sang des Hohenstaufen; il fut envoyé à 5 ans à l'école du mont Cassin, et en 1237 à Naples. Il se sentit bientôt un penchant irrésistible à entrer dans un ordre religieux. Ses parents firent tout pour le retenir et ne lui épargnèrent même pas les mauvais traitements. Mais grâce à la protection d'Innocent IV, il finit par entrer chez les dominicains, qui l'envoyèrent compléter ses études à Cologne auprès d'Albert-le-Grand 1245. Ses condisciples, à cause de sa taciturnité, l'avaient surnommé le bœuf muet de Sicile. Il accompagna Albert à Paris, où il fut reçu bachelier en théol., et à son retour à Cologne fut nommé sous-maitre et prof, dans la nouvelle école de théologie. En 1251 il retourna de nouveau à Paris, d'où il revint avec le titre de licencié. Enfin en 1255 il fut nommé docteur. Ses écrits, son enseignement, ses prédications l'avaient déjà rendu célèbre. Saint Louis l'appréciait et l'invitait souvent. Il défendit contre la Sorbonne les ordres mendiants. Sur la demande d'Alexandre IV il rédigea le préavis qui eut pour conséquence la condamnation de Guill. de Saint-Amour. Enfin en 1271 il fut appelé à Rome comme maître du palais; il refusa toutes les autres charges et distinctions. Il partagea son temps entre Paris et l'Italie, enseigna à Bologne de 1266 à 1269, fut envoyé à Naples en 1272 à la demande du roi Charles, mais se sentit frappé dans sa santé dès 1273. Il avait des défaillances, des visions. Comme il se rendait au conc. général de Lyon, il tomba malade dans l'abbaye cistercienne de Fossa-Nuova, près Terracine. et f 6 mars 1274. Canonisé par Jean XXII le 18 juill. 1323. On se disputa ses reliques; les dominicains le réclamaient comme un des leurs, les cisterciens comme étant mort chez eux. Urbain V en 1368 décida en faveur des dominicaine; un bras fut donné à l'égl. de Saint-Jacques à Paris, le reste du corps à Toulouse, sauf une main qui avait été laissée à sa sœur. En 4567 Pie V le proclama docteur de FÉglise, mais depuis longtemps l'opinion l'avait surnommé docteur angélique, docteur universel, ange de l'école. On peut dire qu'il avait été aussi le disciple d'Anselme par la lecture de ses écrits. C'était un homme d'une intelligence remarquable, d'une grande profondeur, et en même temps d'une certaine subtilité dialectique qui le rendait le vrai représentant de la scolastique. Comme Anselme, c'était aussi un homme pieux, la prière était pour lui un grand moyen d'instruction; c'est dans la prière qu'il cherchait l'illumination intérieure dont il avait besoin. Comme prédicateur il était pratique et savait se mettre à la portée de ses auditeurs, mais il était plus logique et plus persuasif qu'entraînant. Les dominicains se glorifient de lui, comme de ce que leur ordre a produit de plus remarquable; et ils ont adopté sa doctrine comme la leur. Il a énormément écrit et sur presque tous les sujets. Ses œuvres compl. publiées à Rome 1570-1571, ne forment pas moins de 18 vol. in-fol.; Paris 1636-1641, 23 vol. in-fol.; Venise 1745, 20 vol. in-4°. Elles comprennent des Comment, sur Aristote, d'après le grec; sur l'Écriture, sur le Maître des sentences; des sermons, des traités de controverse et d'apologétique (contre les Gentils). Mais son principal ouvrage, le résumé de sa doctrine, comme l'avaient fait avant lui Alex, de Haies, Albert-le-Grand et d'autres, c'est son recueil intitulé Somme de théologie, longtemps classique et remis en honneur par Léon XIII, après avoir été relégué dans l'ombre pendant un temps par les jésuites. Il affecte la forme rigoureuse du syllogisme, mais ne réussit pas toujours à dissimuler le côté faible du raisonnement appliqué aux choses spirituelles. Ainsi il admet que c'est le corps humain, et non l'âme, qui crée l'individu; l'âme n'est pas quelque chose d'individuel; elle ne le devient que par la circonstance d'être déterminée par un corps. C'est assez obscur, et cette idée soulève plus de problèmes qu'elles n'en résout. U admet avec Augustin, la grâce efficace par elle-même, et avec Leibnitz, que Dieu se détermine toujours par la raison du meilleur. En métaphysique il est idéaliste, et voit dans les idées abstraites l'essence même des choses. En morale le bien et le mal sont absolument distincts, abstraction faite de la volonté de Dieu.
5<> Th. a Kempis, proprement Tkomas Hanter-ken (Hœmmerchen, petit marteau), né 1380 à Kempen, près Cologne, d'une famille d'artisans. Dès l'âge de 13 ans il fréquenta la célèbre école de Deventer, dirigée par les fr. de la Vie commune. Plus tard il devint membre de leur société, s'abandonna aux soins pieux de Florence Radewins, disciple de Gérard Groot, et sur son conseil entra 1399 au couvent du mont Sainte-Agnès, près de Zwoll, où, comme religieux, prêtre et bientôt sous prieur, il prêcha souvent et avec succès. Il copia 4 fois de sa main la Bible entière; il en fît une édition en 4 vol. qui lui prit 15 années de travail. C'était un cal-ligraphe remarquable, et son talent fut pour le monastère une jolie source de revenus. O copia aussi divers écrits de saint Bernard et d'autres ouvrages d'édification. C'est dans ce genre de travaux qu'il passa sa vie, se mêlant peu aux choses du dehors, + juillet 1471. On a de lui des sermons, des poésies et plusieurs liTres de dévotion: le Soliloque de l'âme, la Discipline des cloîtres, les Trois tabernacles, le Dialogue des Novices, la Vallée des lys, le Petit jardin des roses, etc. Son principal ouvrage est l'Imitation de J.C., q. v. Œuvres complètes 147S (sans l'Imitation); 1600, 1607, 1615, Anvers, édit. du jésuite H. Sommalius, avec l'Imitation.
6° Th. de Villanova, ainsi nommé du lieu d'origine de ses parents. Né vers 1487 à Fuen-tana, roy. de Léon, d'une famille peu aisée, il étudia à Alcala, devint docteur et prof, de philos. à Salamanque, mais se joignit en 1517 aux ermites de l'ordre d'Augustin, et fut ordonné prêtre 1520. Distingué dans la cure d'âme comme dans la prédication, un peu visionnaire, bientôt surnommé l'apôtre de l'Espagne, il fut le supérieur de son ordre pour Salamanque, Burgos et Valladolid, puis provincial pour l'Andalousie et la Castille, confesseur de Ghar-les-Qumt, et après avoir refusé l'archev. de Grenade, il accepta en 1544 celui de Valence, que, malgré sa santé chancelante, il administra avec zèle et bénédiction. On lui attribua de soo vivant plusieurs miracles: d'avoir conjuré oa orage qui menaçait sur mer les évéques embarqués pour Trente; d'avoir par la prière rempli de grain une grange vide, etc. f 8 nov. 15SB; enterré à Valence dans l'égl. des Augustias, canonisé 1668 par Alexandre VII. Auteur de plusieurs Sermons, et d'un Comment, sur le Cantique.
7o Th. Campanella, né 5 sept. 1568 à StiUa, Calabre, étudia à Naples et à Cosenza, se distingua dès l'âge de 12 ans comme poète et comme orateur. Il avait l'intention de se consacrer au droit, mais séduit par les noms d'Albert-l^Grand et de Th. d'Aquin, il se décida à entrer dans l'ordre des dominicains. Après avoir étudié d'abord Aristote avec passion, il tinit par s'en détourner et le combattit en se rangeant sous le drapeau de Platon. Par là même il attaqua aussi la scolastique, et s'il défendit le catholicisme et le papisme, ce fut d'une manière assez équivoque. C'était uue tête de génie, mais mal équilibrée; à beaucoup d'égards aussi un grand cœur, mais emporté par son imagination. En politique il rêva de reconstituer la république de Platon sous la forme idéale de l'état communiste, et comme le royaume de Naples, opprimé par les Espagnols, était loin de répondre à cet idéal, il fut accusé d'avoir conspiré. Retiré à Balbia, il écrivit 1591 son livre: La philosophie démontrée par les sens, dans lequel il cherche à prouver que tout repose sur la connaissance, sur la sensation, et que toutes les parties du monde sont douées de sentiment; à Naples il écrivit: Du sentiment des choses et de la magie. Par ses discussions sur Aristote il se mit mal avec les théologiens, et se retira successivement à Rome, Florence, Venise et Bologne. Il revint à Naples en 1598, prophétisa pour 1600 un changement de gouvernement, et fut arrêté en 1599 comme traître à son pays. Condamné à une prison perpétuelle, et plusieurs fois soumis à la torture, sans qu'on pût rien obtenir de lui, il écrivit dans sa prison la plupart de ses 82 ouvrages. Enfin Urbain VIII obtint des Espagnols qu'il fût remis à l'Inquisition pour y être jugé du crime d'hérésie, et spécialement d'alhéisme; mais une fois là, le pape s'intéressa à lui, le fit relâcher et lui accorda une pension, 1629. L'ambassadeur de France le prit également en affection, et lorsque Campanella quitta Naples pour Paris 1634, ne se fiant pas trop aux surprises que son pays pouvait lui réserver, il trouva en Richelieu un protecteur et une pension. Il s'occupait de publier une édition compl. de ses Œuvres, quand il + 21 mai 1639 au couvent des dominicains de Saint-Honoré. Le saxon Tob. Adami, qui l'avait visité dans sa prison, a édité plusieurs de ses ouvrages. Parmi les plus importants il faut citer son Prodromus pour la Réforme de la philos.; sa Philos, réelle (ou des choses), comprenant la physique, la morale, l'économie et la politique; la Philos, universelle, c.-à-d. la métaphysique; la Cité du Soleil, espèce d'allégorie dans le genre de la République de Platon, etc. Herder a traduit quelques-unes de ses poésies sous le titre de: Soupirs d'un Prométhée enchaîné dans une caverne du Caucase.
8« v. Becket, Cajetan, Netter.
— Saint-Thomas (Chrétiens de), v. Nesto-rius.
THOMASIN de Zicklaria (en italien Thom-masino délia Chiara), poète allemand, du Frioul, n'est connu que par un poème écrit vers 1215: Der wœlsche Gast, qui jette un certain jour sur la morale populaire au 13me siècle; la fermeté de caractère y est envisagée comme la princi -pale vertu, et l'inconstance comme la source de tous les vices; la repentance est la condition du pardon; aucune allusion n'est faite à la pénitence catholique.
THOMASIUS lo Christian, né janv. 1655 à Leipzig. Son père (1622-1684), philosophe distingué, prof, de philosophie et d'éloquence, compta Leibnitz parmi ses éléves, et Spener parmi ses amis de cœur. Christian, après de brillantes études, se voua au droit et commença sa carrière de professeur à Francfort s. l'O. Plein d'idées, mais plus original que sympathique, il réussit à se mettre mal avec tout le monde par le caractère agressif et caustique de ses paradoxes. Il faut peut-être des hommes comme cela pour frayer des voies nouvelles, mais il est regrettable qu'ils ne sachent pas touj. défendre avec convenance des causes qu'ils croient justes et utiles. Il attaqua surtout les vieilles méthodes, la routine et les préjugés régnants, en religion, philos, et littérature. Au lieu du latin il fit un discours public en allemand, et il vanta la littérature française. Il publia, sous des titres qui changèrent, une revue mensuelle de variétés, tantôt gaies, tantôt graves. Il attaqua l'hypocrisie et le faux savoir, et se fit une foule d'ennemis dans tous les domaines. Il n'était pas irréligieux; les souvenirs de Spener et de la maison paternelle exercèrent longtemps sur lui une influence inconsciente, mais dans son horreur de la fausse dévotion, et avec la crudité de son caractère, il se laissa entraîner trop loin, et il finit par admirer R. Simon, Leclerc, Spinosa et préférer, disait-il, la lecture des Apocryphes de TA. T. à celle de la Bible elle-même. Du reste il traitait Homère de vieux fou, et Aristote de barbouilleur. II croyait fermement au péché originel, beaucoup au diable, à la sorcellerie et à la magie; il demanda, mais avec des réserves, l'abolition de la torture. A force de singularités et de bizarreries, exprimées sous formes violentes, il se lit censurer par les univ. de Wittenberg et de Leipzig, et il allait même être arrêté, quand il s'enfuit à Berlin. Là il trouva des protecteurs qu'il n'avait pas encore froissés, et il obtint la permission d'ouvrir une école à Halle; on lui fit un traitement de 500 thalers avec le titre de conseiller. Le succès de son école encouragea le prince électeur à fonder à Halle une université 1694, et Thomasius, d'abord prof, de droit, en fut bientôt le doyen et le directeur. Il y resta, touj. actif, jusqu'à sa f 23 sept. 1728.
2° Gottfried, son petit-fils, fils d'un pasteur, né 26 juill. 1802 à Egenhausen, Framtonie, étudia la théol. à Erlangen. Halle et Berlin. Après avoir été pasteur, puis maître de religion au gymnase de Nuremberg, il passa en 1842 à Erlangen, comme prof, de dogmatique et prédicateur de l'université, et partagea avec Hof-mann et Harless l'honneur d'être un des prin-
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cipaux représentants dn luthéranisme. Auteur d'un travail sur Origène, de quelques études christologiques, d'un Comment, sur les Colos-siens, de sermons, et de plusieurs ouvrages dogmatiques. Nature bien équilibrée il dut à l'influence de sa mère de ne jamais s'écarter du droit chemin, et en écoutant Hegel, Schleierma-cher, Néander, Tholuck, en frayant même avec Feuerbach, il sut examiner toutes choses et retenir ce qui est bon. f 1847.
THOMASSIN, Louis (de), né 28 août 1619 à Aix en Provence, fils d'un avocat général, entra dans la Congrégation de l'Oratoire, enseigna à Lyon et à Saumur la philos, et les lettres, à Paris la théol. au séminaire de Saint-Magloire. Il se retira en 1668, pour se consacrer à des travaux littéraires et théol., apprécié du clergé français, et assisté par lui, car il n'avait aucune ressource personnelle. Le pape aurait voulu en 1691 l'attirer à Rome et le faire cardinal, mais, du consentement de Thomassin, Louis XIV empêcha son départ, f 24 déc. 1697. Dans sa jeunesse Thomassin avait donné quelques inquiétudes à l'Église, en essayant de concilier le jansénisme et le molinisme; il en résulta une vraie tempête contre l'Oratoire, et il dut renoncer à son entreprise. Dans sa retraite il composa de nombreux ouvrages qui lui firent une réputation méritée: Dissertations sur les conciles généraux et particuliers, Mémoires sur la grâce, Ancienne et nouv. discipline de l'Église, Dogmes théologiques, Traités hist. et dogmat. sur divers points dé discipline et de morale; Des Édits et autres moyens dont on s'est servi pour maintenir l'unité dans l'Égl.; De la vérité et du mensonge, Des jurements etdes paijures, etc.
THOMINES, v. Dubosc.
THOMISTES, disciples de Thomas d'Aquin, q. v., par opposition aux scotistes.
THORAH, nom hébreu de la Loi. Les juifs célèbrent la fête de la Thorah le 8®* jour de celle des Tabernacles, dont elle est comme le couronnement, sans qu'elles aient cependant aucun rapport direct. Leur point de contact se trouve dans le fait que la lecture de la loi finit avec la fête des Tabernacles, et que par conséquent elle recommence le sabbat suivant par la des péricopes (ou parash) dans lesquelles est divisé le Pentateuque chez les juifs depuis l'exil. C'est à partir seulement du siècle qu'une fête spéciale fut instituée, et tous furent d'accord, sadducéens comme pharisiens, pour marquer cette solennité en renvoyant au dernier jour de la Fête des Tabernacles la double lecture du dernier et du premier parash, soit Deut. 33 et Genèse 1. C'est dans plusieurs endroits encore l'occasion de réjouissances; on distribue aux enfants des fruits et des petites friandises, aux pauvres des vêtements et des secours en nature ou en argent, et l'on chante des cantiques en l'honneur de Moïse. La dernière et grande journée de la fête, Jean, 7. 37. était donc alors le 7®« jour, et non le 9»* comme aujourd'hui; le 8™ était la transition de la fête aux jours ouvrables.
THORN, ville des États prussiens, patrie de Copernic; 11,000 hab. Le roi de Pologne Wla-dislas IV, comprenant que l'intégrité de la monarchie était menacée par les rivalités politiques et religieuses, et désireux d'y mettre un terme en renouvelant la Paix des dissidents de 1573, qui faisait toujours partie du droit dn royaume, mais qui était peu à peu tombée en désuétude, convoqua à Thorn un colloque religieux, conférence ou discussion, où furent appelés les représentants des diverses Églises, avec la mission de chercher à s'entendre sur un mode de vivre. Le colloque s'ouvrit le 28 août 1645 et devait durer 3 mois. Les catholiques étaient au nombre de 28, dont 8 jésuites; les réformés 24, y compris les moraves et leur évêque Amos Comenius; les luthériens 15 d'abord, auxquels se joignirent plus tard 13 délégués de Courlande et de la Prusse orientale. La conférence était présidée par le grand chancelier Os-solinski, assisté de 6 laïques, 2 de chaque confession. Il y eut 36 séances, mais qui n'aboutirent à rien, les catholiques ayant refusé de recevoir la conf. de foi des réformés (Conf. tfco-runiensis), d'abord comme trop polémique, ensuite comme contraire aux résolutions du conc. de Trente. Dès la lr* séance on avait eu des difficultés relativement à la prière d'ouverture, et à l'usage du mot catholique que les protestant revendiquaient aussi pour eux. D'un autre côté les luthériens se montraient hostiles aux réformés, et en outre ils étaient divisés entre eux. Le 24 oct. tout était rompu, mais comme le roi avait ordonné une session de 3 mois, on resta à Thorn jusqu'au moment fixé, et l'on eut le 21 nov. une séance de clôture. Calixte, qui avait été nommé député par le grand-duc de Prusse, résuma ses impressions en disant que ce qui aurait dû être un colloque charitativwm était devenu un coll. irritativum. —Thorn «t encore connu par le Bain de sang de 1724 L'orgueil des élèves nobles du collège des jésui tes avait froissé la population. Une émeute eut lieu à l'occasion d'une procession, et des coup* de fusil ayant été tirés sur le peuple, le collège fut envahi et saccagé; le tumulte ne cessa qu? vers minuit, grâce à l'intervention des bourgeois et des soldats. Une sorte de tribunal des woïwodes de Wilna, Cracovie et autres villes, dirigé par le jésuite Wolansky, condamna à mort le président de la ville, Rôsner, vieillard de 70 ans, le vice-président, 40 députés, et 8 autres personnes; 4 durent en outre avoir la main coupée. Le roi confirma la sentence; une seule personne fut graciée; l'exécution eut lieu le 7 déc. 4724, malgré les sollicitations d'un grand nombre de personnages considérables. Les princes, l'empereur, le pape lui-môme protestèrent, mais trop tard. Ce bain de sang, que les protestants n'oublièrent pas, n'a pas contribué à sauver la Pologne, et auj. comme alors, les innocents paient pour les coupables.
THORPE. William, ecclésiastique anglais d'une grande piété, disciple de Wicleff, accusé d'être un loilard, fut traduit devant le tribunal ecclésiastique du sanguinaire Àrundel, archev. de Cantorbéry, et après un long interrogatoire qui prouva sa fidélité à l'Évangile, fut condamné à une prison perpétuelle, 1407. Les uns disent qu'on l'y laissa mourir de faim; d'autres qu'il y fut supplicié par le bourreau; d'autres enfin, qu'il fut brûlé vif, mais on ne dit pas où. On le fit disparaître, voilà tout.
THORWALD, v. Islande.
THOU (de) lo Jacques-Auguste, le célèbre historien, né 8 oct. 1553 à Paris, destiné d'abord à l'Église, fit ensuite son droit à Orléans et Valence, où il se lia avec Scaliger, et où il eut pour maîtres Cujas et Hotman. Il connut Montaigne à Bordeaux, fut chargé de plusieurs missions diplomatiques, et condamna énergiquement la Saint-Barthélémy. Attaché à à la fortune d'Henri IV, il fut un des rédacteurs de l'édit de Nantes, et s'opposa à l'introduction des décrets du conc. de Trente en France. Conseiller ecclésiastique au parlement depuis 1576, et même affilié au clergé, il fut en 1601 nommé Père temporel et protecteur de l'ordre des franciscains en France. Louis XIH le nomma un des trois directeurs des finances, au lieu de lui donner la place de premier président au parlement de Paris, vacante par la retraite de son beau-frère Achille de Harlay, qui lui avait été promise. C'était une espèce de disgrâce. Il se retira des affaires pour se consarer aux lettres et à l'histoire, et f 5 mai 1617. Il a écrit l'Hist. de son temps en 138 livres, travail aussi remarquable par l'exactitude du récit que parla sagesse des appréciations et des jugements. Ennemi décidé de Tultramontanisme, il a défendu les doctrines gallicanes, et s'est montré toujours bien disposé en faveur des droits des protestants el pour la liberté des consciences. — 2° Son fils François-Auguste, compromis dans le complot de Saint-Mars, fut exécuté par ordre de Richelieu, 1642
THURINGE, contrée du centre de l'Allemagne, expression historique plutôt que géographique; ses frontières ont souvent varié, s'éten-dant parfois jusqu'au Rhin, au Danube et à l'Elbe, comprenant une partie de la Hesse, de la Bavière et de la Saxe; tour à tour royaume, duché, landgraviat et comté. Son nom paraît pour la première fois au 5»e siècle. Elle fut habitée d'abord par les Hermandures, ou Thurs, ou Thuringiens, et subit diverses invasions, notamment de la part des Francs; Clovis était fils d'une princesse thuringienne enlevée à son mari par Childéric I«r, et Radegonde, prisonnière de Clotaire, était la nièce d'Hermanfried, roi des Thuringiens. Ce pays ne fut évangélisé qu'un siècle après les Alemans et les Boïares. Outre les dieux qu'il avait en commun avec ses voisins, il avait des idoles particulières, Holla et Busterich, toutes deux terribles et infernales. On cite comme première reine chrétienne Amel-berga, nièce de Théodoric, mais arienne, chrétienne fort tiède, ambitieuse et qui ne fit rien pour sa foi. Au 7me siècle le duc Hedan épouse une chrétienne, Bilihild, et celle-ci élève chrétiennement Godsbert, que son mari avait eu d'un premier lit, et qui, monté sur le trône ducal, à Wtirzbourg, fit venir Kilian 685 et quelques autres missionnaires. En 688 Wtirzbourg fut érigé en évêché. Puis vint Willibrord sous Hedan II, et en 719 Boniface, qui fonda de nombreuses églises et détruisit dans la forêt de Thuringe les lieux de culte des païens. Lulle qui lui succéda consolida son œuvre, soit à Er-ftirt, soit à Mayence; Charlemagne l'affermit, el malgré une invasion des Huns au 10®« siècle, on peut dire que l'Église fut la maîtresse du pays à partir de cette époque. Du moins elle était riche et puissante, comme presque partout en Allemagne, mais peu vivante, et son clergé inculte et peu instruit. Une des figures les plus attrayantes du moyen âge est celle de sainte Élisabeth de Hongrie, qui épousa Louis IV, landgrave de Thuringe, et qui +; beaucoup d'œuvres et de fondations pieuses se rattachent à son nom. Une peste noire qui éclata en 1348, et que la superstition attribua aux juifs, amena de cruelles persécutions contre ces malheureux et provoqua d'un autre côté l'avènement d'une secte de flagellants contre lesquels l'autorité dut sévir et que le pape lui-même condamna comme hérétiques. L'Inquisition d'ailleurs ne réussit pas à s'établir dans la contrée; 4 bûchers à Erfurt sont le seul triomphe qu'elle obtint. L'université d'Erfurt fondée en 1389 et 1398 fut un vrai centre de lumières, et elle concourut pour sa part à faire de la Thuringe le berceau de la Réforme en Allemagne; il suffit de nommer Coban Hesse, Wesel, Lange, Sebastien, Hilten, Staupitz et Luther. Les noms de Cobourg, Gotha, Weimar. Eisenach, Erfurt, Halle, même Leipzig, sont d'entre les principaux qui représentent la Thuringe historique; ils brillent également dans l'Église et dans la littérature.
La Thuringe actuelle comprend le grand-duché et les trois duchés de Saxe, les principautés de Schwarzbourg, avec une partie de la Saxe prussienne et des principautés de Reuss, outre quelques enclaves hessoises et bavaroises. Si les quatre grandes vallées de la Saale, de TUnstrut, de l'Ilm et de la Werra donnent l'idée de l'étendue et des limites du pays, les lignes ferrées qui le traversent font bien juger de la rapidité de ses communications avec le Nord et le Midi de l'Allemagne. Loin de diminuer, la population tend à s'accroître en Thu-ringe. Les statistiques en fournissent la preuve. A la facilité de la vie, à la puissance des souvenirs, au charme du paysage s'ajoutent beaucoup d'autres sources d'intérêt. Apolda, près Weimar, Sonneberg, près Cobourg, ainsi qu'Erfurt, Naumbourg, Géra, Weissenfels ont pris une grande importance manufacturière, industrielle, commerciale. Le mouvement intellectuel est foin de se ralentir dans les villes et résidences, qui ont chacune leur genre d'esprit et d'attrait, leur caractère propre et leur histoire. Gotha possède des établissements scientifiques et littéraires que chacun connaît. Go-bourg et Meiningen sont des foyers artistiques, où la musique en particulier brille d'un vif éclat. Weimar, l'Athènes de l'Ilm, la ville de Charles-Auguste et de Gœthe continue à porter dignement un grand nom dans le monde. L'illustre Liszt y séjourne, l'École des beaux-arts y prospère. Enfin la verdoyante cité d'Eise-nach, avec le château de la Wartbourg sur ses hauteurs boisées, où accourent en foule étrangers et touristes, demeure l'un des fermes remparts du luthéranisme, v. Édouard Humbert: Dans la Forêt de Thuringe 1862, et Les villes de Thuringe, 1869.
TILL, Salomon (de), théologien hollandais, né 26 déc. 1643 à Weesp, étudia à Utrecht sous Vo'élius et Burmann, puis à Leyde sous Coccéius, dont il devint le fervent disciple. Après avoir occupé plusieurs postes de pasteur, il fut appelé comme prof, à Leyde, où il f 31 oct. 1731. Auteur de plusieurs ouvrages estimés, dogmatiques, apologétiques, exégétiques, sermons, etc. D'un caractère doux et paisible, il a touj. représenté la modération.
TILLEMONT, Louis-Sébastien Le Nain (de), fils d'un maître des requêtes, de famille noble, né 30 nov. 1637 à Paris; il fit ses études à Port-Royal et compta Nicole parmi ses maîtres. Se destinant à la prêtrise, il étudia depuis 1660 au séminaire de Beauvais, puis chez le chanoine Hermant, s'occupant surtout d'histoire, étudiant Baronius dont les Annales le captivaient. Enfin vers 1676 il se décida d'entrer dans les ordres, se fixa à Port-Royal, subit en 1679 le sort des jansénistes, et s'établit définitivement au château de Tillemont, près Paris.
En 1681 il visita ses coreligionnaires des Flandres et de Hollande, mais il resta dès lors dans sa retraite, partageant son temps entre des exercices religieux et des travaux littéraires. f 10 janv. 1698. Son principal ouvrage est une Hist. des empereurs qui ont régné pendant les 6 premiers siècles de l'Égl., des persécutions, etc., 4 vol. en 1690, et 2 autres posthumes, en 1701 et 1738. Le l*r volume avait été d'abord attaqué par la censure, et retiré. Sou second ouvrage, également important, sont ses Mémoires pour servir à l'hist. ecclés. des six premiers siècles, 4 vol. 1693, 12 autres de 1698 à 1712. L'un et l'autre étaient signés D. T. (de Tillemont), mais l'anonyme ne dura pas longtemps. Il a collaboré en outre à divers écrits de Sacy, Arnauld, Hermant, etc. On lui reproche un style incorrect et diffus.
TILLOTSON, ou Tilston de Cheshire, Jean, né sept. 1630 à Sowerby, York, fils d'un fabricant de drap, pieux puritain, étudia à Cambridge depuis 1647. Cudworth le convertit à l'anglicanisme. Après avoir dirigé la paroisse de Lincoln, il fut appelé à Londres où il obtint de grands succès comme prédicateur par des sermons d'un style soigné et peu accentués comme doctrine; il eut toujours à se défendre contre l'accusation de socinianisme. Zélé partisan de Guillaume III, il en obtint de nombreuses faveurs, fut nommé chanoine, et finalement 1691 archev. de Cantorbéry en remplacement de Sankroft, qui avait refusé de prêter serment, f 22 nov. 1694 à Lambelh. Prédicateur élégant; il a laissé plusieurs volumes de sermons et un traité de dogmatique; il combat surtout le déisme et le catholicisme.
TIMOTHÉE lo diacre à Thébaïs, ayant reçu l'ordre du gouverneur Arrianus de livrer les écrits sacrés qu'il possédait, il répondit: Je te livrerais plutôt mes enfants si j'en avais, pour les immoler. Le gouverneur entra dans une telle fureur, qu'il lui fit crever les yeux avec un fer rouge, disant: t En tout cas tes livres te seront inutiles; tu ne pourras plus les lire. > Puis il le fit suspendre la tête en bas avec un poids au cou, et un bâillon dans la bouche. Ayant appris que Timothée avait récemment épousé une jeune femme nommée Maura, il l'engagea à persuader son mari. Mais la constance et la foi de celui-ci la gagnèrent si bien qu'elle déclara au gouverneur qu'elle était prête à mourir aussi. Après de cruelles tortures ils furent crucifiés l'un à côté de l'autre, l'an 303. — 2° v. Aelurus, et Monophysites.
TINDAL, lt> v. Tyndale.—2o Matthieu, déiste anglais, né 10 avril 1656 à Bear-Ferrers, De-vonshire, suivit d'abord la carrière des armes, étudia ensuite le droit à Oxford, se fit catholique sous Jacques n, ce qui lui valut une pension de 200 livres sterling; se refit protestant sous Guillaume III, pour conserver cette pension, et platement courtisan, libre penseur sans convictions, attaquant toutes les religions, se concilia touj. la faveur du pouvoir. Il + août 1733, comme doyen du collège de Toutes-Ames à Oxford. Se posant en champion de ce qu'il appelait la Foi rationnelle, et sur le terrain de Locke, il attaqua d'abord les prêtres romains dans son traité des Droits de l'Égl. chrétienne, 1706, et ensuite le christianisme lui-même dans son principal ouvrage: Le Christianisme aussi ancien que le monde, qui a fourni quelques traits à Voltaire. Il prêche la religion naturelle çt rejette les sacrements et toutes les cérémonies.
TINTORET (le), Jacques Robusti, né 1512 à Venise, d'un père teinturier (de là son nom), est le principal représentant de la jeune école vénitienne qui tenta de plier la renaissance au service de l'Église. Par le dessin il se rapproche de Michel-Ange, et par le coloris du Titien, f 1594. On lui doit un Crucifiement, un Jugement dernier, le Veau d'or, le Miracle de saint Marc, sainte Agnès, saint Roch, etc. Son fils Dominique Robusti a excellé dans le portrait, et sa fille Marie l'a brillamment secondé pour les draperies.
TISCHENDORF, Lobegott-Fréd.-Constantin (de), né 18 janv. 1815 à Lengelfeld, Voigtland, étudia la théol. et la philologie à Leipzig 1834-1838, fut reçu docteur en théol. à Breslau 1843, visita Paris où il déchiffra le codex Éphrem, puis diverses autres contrées de l'Europe, et en 1844 l'Orient, d'où il rapporta une riche collection de mss., entre autres le Frederico-Au-gustanus, fragment du sinaïtique pour l'A. T. En 1845 il fut nommé prof, à Leipzig, et en 1859 on ajouta à sa chaire de théol. celle de paléographie biblique; en 1867 conseiller auli-que. Les universités d'Oxford et de Cambridge le nommèrent en 1865 D* of Laws et Dr of civil Law. Les décorations et les diplômes lui furent multipliés. En 1853 il fit un second voyage en Orient, et il en rapporta une nouvelle collection de mss. grecs, arabes et syriaques. Enfin en 1859, aux frais du gouvernement russe, il entreprit ce 3e voyage, où il devait découvrir et acquérir le célèbre mss. du Sinaï, qu'il apporta à Pétersbourg. Dès lors il reprit ses fonctions de prof, à Leipzig et f 7 déc. 1874, après une maladie cérébrale suivie de paralysie. Ses publications sont nombreuses, presque toutes relatives à la critique des textes: on compte la reproduction de plusieurs mss.: Éphrem, Fréd.-Auguste, Clermont, le Vatican, etc.; plusieurs éditions du N. T., les Septante, la Vulgate d'après l'Amiatinus de Florence, les Apocryphes; quelques dissertations sur l'âge des
Évangiles (trad. en franç.), sur la Cène, sur la mer Rouge, sur la députation de l'Alliance évang. auprès de l'emp. Alexandre, des Sermons, ses Voyages en Orient. Mais son œuvre capitale est la publication du mss. du Sinaï, en plusieurs éditions de divers formats, avec les noms, indications, explications nécessaires, et les réponses aux objections et aux critiques soulevées par sa découverte.
TITE, v. Titus.
TITIEN, Tiziano Vecellio, né 1477 près de Pieve di Cadore, dans l'État de Venise, élève de Zuccato, de Bellini et de Giorgione, surpassa bientôt ses maîtres et prit place au premier rang des peintres vénitiens et même italiens. Il fut surtout remarquable comme coloriste. Recherché par François I«r et par Léon X, il repoussa leurs offres et se donna à Charles-Quint, dont il fit plusieurs portraits et pour qui il travailla. Il fit aussi des tableaux pour Philippe II. Comblé d'honneurs et de richesses, il f 27 août 1576 de la peste, à 99 ans, laissant 3 enfants. Il s'était marié en 1512. Ses principaux élèves sont Vecelli, son fils, Véronèse et le Tintoret. Un grand nombre de ses chefs-d'œuvre ont péri en Espagne. Parmi ceux qui restent, on remarque dans le domaine religieux: le Martyre de Pierre, celui de saint Laurent, l'Ascension de Marie, le Christ au roseau, les Disciples d'Emmafls, la Mise au tombeau, la Flagellation, la Cène, la Sainte-Trinité recevant au ciel la famille impériale, etc. Il se distingue par la plénitude de la vie jointe à la grâce de la forme.
TITTMANN lo Ch.-Chrétien, pasteur, prof, et surintendant à Wittenberg 1775-1784, conseiller ecclésiastique à Dresde, f 1820; auteur de quelques opuscules théol., notes sur saint Jean, sermons sur les mérites de Jésus. — 2° Son fils Jean-Aug.-Henri, né l*r août 1779 à Langensalza, étudia à Wittenberg et se fixa à Leipzig, où il fut successivement pasteur et professeur; chanoine de Zeitz après la mort de J.-A. Wolf; de Meissen après celle de Rosen-muller. f 30 déc. 1831 après une longue maladie. Esprit vif et subtil, humeur facile, caractère agréable, d'une très grande activité, il a réussi dans presque toutes les branches, mais sans atteindre jamais à une grande hauteur. Il comprenait tout, mais n'avait pas le génie créateur. Il fut chargé de quelques négociations à Pressbourg et au congrès de Vienne, où il travailla au rétablissement et à la réorganisation du corps des Égl. évangéliques. En théol. il avait essayé de se faire une position intermédiaire entre les extrêmes, par son livre: Su-pranaturatisme, Rationalisme et Athéisme, qui lit sensation et obligea les partis à se décider; il tenait pour le supranaturalisme rationnel. Il a d'ailleurs beaucoup écrit: une Morale élémen» taire, une Encyclop. théol., Théoklès ou la foi en Dieu, Tbéon ou notre espérance après la mort, et divers ouvrages très luthériens. Gross-mann a fait son oraison funèbre.
TITUS lo Flavius-Vespasien, fils de Vespasien, né 40 à Rome, à la cour de Néron, et élevé avec Britannicus. Il se distingua de bonne heure par ses brillantes qualités, fit comme tribun légionnaire les campagnes de Germanie et de Bretagne, où il eut l'occasion de sauver la vie à son père, et de retour se mit à Rome à l'étude du droit. Mais son père ayant été envoyé en Syrie contre les Juifs révoltés, il l'accompagna en 66, et depuis 69 acheva seul la campagne jusqu'à la prise de Jérusalem. Il revint à Rome en triomphateur, et l'arc de Titus consacra le souvenir de ses exploits. Vespasien l'associa, mais sans titre, à l'administration de l'empire. Sa sévérité comme chef des prétoriens, sa recherche des présents, sa vie licencieuse, son amour pour Bérénice, l'avaient rendu impopulaire. Dès qu'il fut monté sur le trône, 79, il changea totalement, renvoya celle à qui il avait promis le mariage, repoussa les délateurs, et organisa des secours énergiques pour les victimes des fléaux qui fondirent coup sur coup sur l'Italie, éruption du Vésuve, inondations, incendie de Rome, etc. Il aurait voulu être le bienfaiteur de l'univers; on l'a surnommé les Délices du genre humain, et on lui prête d'avoir dit: J'ai perdu ma journée, un jour qu'il n'avait rendu aucun service. Il f 13 sept. 81, empoisonné probablement par Domitien, son fr. et successeur, v. Beulé.
2<> T. év. de Bostra, Arabie Pétrée, mentionné par Jérôme et Sozomène comme un des docteurs les plus distingués pendant les luttes ariennes, f vers 371. Dans une lettre à l'emp. Julien il lui dit qu'il fera ses efforts pour empêcher dans son diocèse des excès contre les païens: Julien exploita perfidement cette lettre contre Titus, comme s'il eût voulu dénoncer ses paroissiens. Titus a laissé quelques écrits, dont on possède des fragments en grec et en syriaque, contre les manichéens.
3o v. Oates.
TOBAR, ou Tovar, v. Vergara.
TOBLER, Titus, né 25 juin 1806 à Stein, Appenzell, étudia la médecine à Zurich, Vienne et Paris, et s'établit en 1827 dans son pays comme médecin. Il fit d'abord un voyage en Palestine, moitié pour son plaisir, moitié pour des recherches botaniques et médicales, 1835 et 1836, mais il y trouva tant d'intérét qu'il y retourna 3 fois, en 1845, 1858 et 1867, et ne cessa de faire des recherches et des découvertes topographiques. Outre de nombreuses monographies, sur Bethléhem, Jérusalem, Siloé, le Saint-Sépulcre, Nazareth, il a publié une Bibliographie de la Terre-Sainte et des récits de ses voyages. Depuis 1840 il s'était fixé à Horn, Thurgovie, et en 1853 le canton d'AppenxeU, Rh. Exter., l'envoya comme conseiller national à Berne. Il est f 21 janvier 1877, léguant & son canton sa bibliothèque, une des pins riches en livres concernant la littérature palestinienne.
TOELLNER, Jean-Gottlieb, né 9 déc. 1724 à Chariot tenbourg, f 20 janvier 1774 à Francfort s. l'O. où il était prof, de théol. et de philos. Élève de la maison des orphelins de Halle, il fut d'abord supranaturaliste, puis rationaliste modéré, voyant dans la mort de Christ non le prix, mais le gage de notre réconciliation avec Dieu. Auteur de plusieurs écrits dogmatiques, sermons, etc. Il était le père et l'ami des étudiants et exerça sur eux une bonne influence.
TOLAND, Jean, né 30 nov. 1670 à Redcastk», près Londonderry, Irlande; fils d'un prêtre, dit-on. Élevé catholique, il étudia à Glasgow et à Édiinbourg, où il devint non-conformiste. Il passa ensuite quelque temps à Leyde, sous Span-heim, puis à Oxford. C'est là qu'il inaugura sa carrière littéraire, par une satyre contre le clergé, intitulée: La tribu de Lévi 1691. En 1696 il professa le déisme dans son livre: Le christianisme sans mystères, qui lui valut des persécutions; en 1697 il passa en Irlande, mais son livre y fut brûlé par ordre du parlement, et il dut revenir en Angleterre. II ne réussit pas mieux en 1698, avec sa Vie de Milton, ni avec son Amyntor 1699, où, poursuivant un but politique, il en profita pour attaquer l'authenti-cite des livres du N. T. Obligé de ae rétracter, il dit qu'il avait voulu parler seulement des écrits qui avaient suivi l'époque apostolique. Il voyagea quelque temps en Allemagne, visita Berlin, Vienne, Prague, fut distingué par quelques souverains, s'enfonça de plus en plus dans l'incrédulité, passa du déisme au panthéisme, puis à l'athéisme, profita d'un moment de laveur auprès du ministère 1710 pour s'enrichir, écrivit encore en 1718 son Nazarenus, ou le Christianisme juif, païen et musulman; en 1720 le Panthéisticon, en 1722 une Hist. des Druides, une trad. de Giordano Bruno, un livre sur Tin-crédulité, etc. f 22 mai 1722 de la fièvre jaune.
TOLÈDE, ville d'Espagne, qui compte auj. de 15 à 20 mille habitants, mais qui en eut jusqu'à 200,000 au temps des Maures, fille aurait été fondée par les Phéniciens. Les Romains en firent une colonie et le dépôt principal de For des mines d'Espagne. Le christianisme y pénétra de bonne heure, mais le premier évéque connu. Melanthius, ne date que de 305. Les Goths en firent leur capitale, et 17 conciles furent tenus à Tolède sous leur règne, conciles en général orthodoxes, quoique les Goths fussent ariens, mais conciles qui s'occupèrent aussi souvent de politique que de questions religieuses et dégénérèrent parfois en parlements. Conquis par les Maures 714, Tolède fut érigé en royaume 1024, mais fut repris 25 mai 1085 par Alphonse de Castille. Synode en 1066, qui nomme pour archev. Bernouard, ancien abbé cistercien; Urbain II l'élève au rang de primat 15 oct. 1088. Parmi ses successeurs on remarque Rodrigue Ximénès, l'infant Jean, Pierre de Lune, enfin et surtout le cardinal François Ximénès. L'inquisition y eut un moment son tribunal. Cathédrale magnifique; riche biblioth. avec plus de 7,000 mss. précieux.
TOLÉRANCE lo Acte (de). Guillaume d'Orange ayant été appelé au trône d'Angleterre 1689, publia dès son avènement une proclamation qui, sans faire du roi le chef de l'Église, n'imposait à ses sujets que le serment de fidélité et d'obéissance, condamnait la doctrine papiste qui met hors la loi le souverain excommunié, et repoussait pour l'Angleterre toute immixtion, môme spirituelle, d'un souverain étranger. Ce programme, fait à l'intention des dissidents, leur assurait ainsi la liberté des cultes*et l'accès aux charges publiques; les prédicateurs en signant les 39 articles pouvaient réserver les art. 34 à 36, et une partie du 22; les anabaptistes étaient dispensés du 22; les quakers pouvaient remplacer le serment par un simple engagement. Les catholiques et les sociniens n'étaient pas compris dans l'Acte.
— 2o Édit de T. v. Joseph II.
La tolérance en matière de religion a quelque chose d'équivoque, presque de mal sonnant. Il y a une sorte de flétrissure sur ce qu'on tolère (certaines maisons, p. ex.) On se rappelle avec quelle énergie Rabaut Saint-Étienne, à la Constituante, le 21 août 1789, repoussa la tolérance offerte aux protestants: < Ce que nous demandons, c'est la liberté, dit-il, et non cette chose injuste qui ne nous présente que comme des citoyens dignes de pitié, comme des coupables auxquels on pardonne. » Impartialité, tolérance, dit Edmond Schérer; mauvais mots, vertus imparfaites; substituons-y l'intelligencc et la charité. Paroles que le pasteur-poète, Alexis Mus-ton traduit par ce vers:
Tout comprendre en Jéaos, ce serait tout aimer
L'histoire des Précurseurs français de la Tolérance au 17"" siècle, a été écrite par M. F. Puaux.
TOLET, François, né 12 oct. ou 10 nov. 1532, à Cordoue, fit ses études à Salamanque, où il fut à 15 ans nommé prof, de philosophie. Après avoir pris son grade de docteur, il entra chez les jésuites, qui l'envoyèrent à Rome pour y enseigner la philos, d'après Aristote et la théol. d'après Thomas. Chapelain et théologien de 7 papes, depuis Pie Y jusqu'à Clément VIII, il fut comblé d'honneurs et chargé de plusieurs missions diplomatiques, entre autres en Allemagne avec Commendon pour négocier une alliance contre les Turcs, et en France pour ménager l'absolution d'Henri IV. Consulteur de l'Inquisition, il fut nommé cardinal 1595, le premier jésuite qui ait obtenu cette faveur, et f 14 sept. 1596; enterré à Sainte-Marie Majeure. Il s'est distingué comme prédicateur, exégète et casuiste. On a de lui des Comment, sur Aristote, un Comment, sur Luc, id. sur les Romains, des Sermons sur les Psaumes, une Summa conscien-tiœ9 trad. en franç. sous le titre de: Instruction des prêtres. Il a eu sa part dans la fameuse édition de la Vulgate de Sixte V.
TONSURE. Jusqu'au 6°* siècle il était interdit aux ecclésiastiques chrétiens de se faire ton-surer, car cela les aurait trop fait ressembler à certaines catégories de prêtres païens; et d'une manière générale on ne leur permettait d'avoir les cheveux ni trop longs, ni trop courts. Peu à peu cependant l'usage s'en introduisit; il commença par les moines, comme symbole de re-pentance et d'humilité, et passa doucement dans les habitudes de l'Église comme une espèce de premier grade dans la hiérarchie ecclésiastique, la marque distinctive qui séparait le clerc du laïque. On en fit une couronne pour rappeler au prêtre les épines qui ceignirent la tête du Sauveur. On peut être tonsuré sans être prêtre pour cela, et jouir ainsi de certains bénéfices ecclésiastiques; mais d'après le conc. de Trente il faut avoir au moins 7 ans, savoir lire et écrire, avoir été confirmé, et offrir t une conjecture probable > qu'on se vouera à la carrière ecclésiastique. C'est l'évêque ou un délégué spécial, qui accomplit cette cérémonie, pendant que le tonsuré vêtu de noir tient à la main un cierge allumé. On distingue la tonsure de Pierre, qui ne laisse autour de la téte qu'une couronne de cheveux; elle est d'usage pour le pape et la plupart des moines; celle de Jacques, dite aussi de Simon-le-Magicien, qui rase le devant du front en forme de croissant; elle est depuis longtemps abandonnée; et celle de Paul, ou grecque, qui rase toute la partie antérieure de la téte. Elle doit, dans la règle, être renouvelée tous les mois.
TORGAU, ville des États prussiens, Saxe, de 8000 hab. Catherine de Bora y fut enterrée 1552. Une Alliance y fut signée 4 mai 1526 entre Philippe de Hesse et l'électeur Jean de Saxe, à laquelle se joignirent, 12 juin, d'autres princes protestants. On appelle Articles de T. un premier travail en 7 parties, rédigé par ordre de Charles-Quint et à la demande de Jean-le-Con-stant, par 4 prof, de Wittenberg, Luther, Mélanchthon, Bugenhagen et Jonas. L'emp. avait demandé anx Etats protestants de lui remettre pour la diète un cahier précis de leurs réclamations et griefs. Les théologiens eurent du 14 au 20 mars 1530 pour le rédiger, et ils présentèrent ce travail à l'électeur à Torgau; ce fut la base que Mélanchthon retravailla pour en faire la 2»« partie de la Conf. d'Augsbourg. Le mss. original a été retrouvé 1830 par Fflrstmanndans les archives de Weimar. On donne aussi le nom d'Articles ou Confession de T. à une déclaration très embrouillée du 24 août 1574, des États de Saxe; l'électeur Auguste avait découvert, à sa grande consternation, qu'il y avait dans son Égl. nationale luthérienne de nombreux calvinistes secrets (par où il entendait des philippistes); il fit aussitôt saisir les suspects et convoqua les États et quelques théologiens; ceux-ci rédigèrent une confession très luthérienne, qui renfermait cependant un certain nombre d'articles plutôt mélanchthoniens, et qui rejetait çntre autres la doctrine de l'ubiquité. Ce travail, mal fait, passa dans la loi: les pasteurs renitents furent exilés, mais la question ne fut pas éclaircie. Deux ans après, en 1576, tout fut simplifié; ce qui restait de Mélanchthon fut supprimé, et dans une assemblée tenue à Lichtenberg on décida de s'en tenir comme Confession à TAugustana sans variantes. Sur le rapport d'Andreœ mandé exprès pour cela, et après avoir entendu Cbemnitz, Chytrâus, Musculus, etc., ce travail fut adopté sous le titre de Livre de Torgau. Ce fut l'avant-dernière rédaction de la Formule de Concorde.
TORQUEMADA, ou Turrecremata lo Jean (de), né 1388 à Valladolid (ou à Turrecremata), étudia la théol. à Paris et entra dans l'ordre des dominicains. Riche de plusieurs prieurés, il fut mandé à Rome par Eugène IV, qui le nomma maître du palais et l'envoya au conc. de Bâle. Là il se distingua par son zèle à défendre les intérêts du pape, fit condamner Wiclef et Huss, se rendit à Ferrare avec le parti romain, et assista aux dernières sessions du conc. de Florence, maintenant jusqu'au bout que le pape est supérieur aux conciles. Il fut chargé de plusieurs missions en Allemagne, France et Angleterre, fut nommé cardinal 1439, présida l'assemblée de Bourges et occupa les sièges d'Albano et de Pise. f 1468 à Rome. Ses mœurs étaient pures. Auteur de plus, ouvrages de théologie. Il fonda 1460 la confrérie de l'Annonciade pour marier chaque année quelques jeunes filles pauvres.
2° Thomas de T., né 1420 à Valladolid, dominicain, nommé 1483 inquisiteur général sous le règne de Ferdinand et Isabelle. Le pape, Sixte IV, fit d'abord quelques difficultés et le manda à Rome; mais il finit par céder, en lui accordant le droit de nommer et de destituer les membres du tribunal. Ferdinand lui adjoignit un conseil de théol. et de juristes, dont il devait seulement prendre l'avis dans les questions de foi, mais qui statuait à la majorité dans les questions civiles et juridiques, f 1498. Sa cruauté est devenue légendaire, v. Inquisition.
TORRÉS-NAHARRO, Barthélémy (de), né à Torrès, frontières du Portugal; prêtre, potte sa-tyrique, esclave en Afrique, vint à Rome sous Léon X, connut Jayme Enzinas, qui lui inspira un vif penchant pour la Réforme; écrivit contre les désordres de la cour de Rome, dut s'enfuir à Naples où il fut protégé par Fabricius Colonna, et f pauvre. Auteur de la Prapaliadia 1501, qui renferme des comédies, des ballades, des complaintes, des satires, etc. Rome 1517.
TOSSANUS, v. Toussain.
TOULOUSE, anc. capitale des Tectosages, alliée des Romains qui en firent une ville libre, chef-lieu de la Gaule Narbonaise, conquise par les Cimbres et les Teutons, puis par les Vandales et les Visigoths, enfin par Clovis qui l'érigea en comté. Elle compta de tout temps de nombreux troubadours. Ses voisins les ducs d'Aquitaine, jaloux de sa prospérité, firent tout pour lui nuire, favorisèrent les albigeois qui étaient nombreux dans la ville, et profitèrent ensuite de la circonstance, surtout sous Raymond V et VI, pour accuser les comtes d'hérésie, soulever contre eux une terrible croisade, et les remplacer par les deux Montfort. Le mariage de Jeanne avec Alphonse de France, frère de saint Louis, rendit Toulouse à ses princes légitimes, mais le comté ne tarda pas à être incorporé à la France 1271. Évêché depuis 250, avec Saturnin pour premier évêque (puis Honorât, Hilaire, Marner tin), Toulouse fut érigé en archevêché 1317 par Jean XXII, qui nomma à ce siège Jean de Coîn-minges. Il s'y est tenu 22 conciles, de 507-1590: celui de 1229 introduisit l'inquisition et donna des préceptes détaillés sur l'art de la dénonciation. Le protestantisme y pénétra sous Marguerite de Valois et Jeanne d'Albret; l'archev. lui-même, Odet de Châtillon, le favorisa longtemps avant de se déclarer publiquement. Des troubles violents éclatèrent sous ses successeurs d'Armagnac et Joyeuse, et les persécutions durèrent plus d'un siècle: le supplice de Calas en fut un des tristes épisodes. Mais le protestantisme se maintint dans la province, et l'on compte auj. à Toulouse une Consistoriale considérable et une Société de publications religieuses très importante.
TOURNÉLY, Honoré, jésuite, né 1658 à An-tibes, f 1729 à Paris, professeur à Douai et à la Sorbonne; il travailla activement en feveur de la bulle Unigenitus. Auteur de traités sur la Grâce, les Attributs de Dieu, la Trinité, l'Église, etc. qui, réunis, forment ce qu'on appelle la Théologie de Tournély.
TOURNEMLNE, René-Joseph, né 26 avril 1661 à Rennes, d'une vieille famille alliée aux Coëtlogon et qui prétendait remonter aux Plan-tagenet. Prof, de philos, et de théol, il rédigea depuis 1695 le Journal de Trévoux, et collabora aussi au Mercure. Il était entré à 19 ans dans l'ordre des jésuites, et se distingua par ses talents, sa mémoire, son génie et son urbanité. Il combattit le p. Hardouin aussi bien que Voltaire, et resta en bons termes avec ce dernier. En 1718 il se retira dans la maison de son ordre, qui le nomma bibliothécaire, f 16 mars 1735. Auteur de plus, ouvrages, Tables chronologiques, Réflexions sur l'athéisme, etc. Il avait été en correspondance avec Leibnitz.
TOURNEUX (le), Nicolas, né 30 avril 1640 à Rouen, doué d'une mémoire étonnante et d'une grande facilité de parole, étudia à Paris chez les jésuites, fut ordonné prêtre à Rouen, où il fut bientôt nommé vicaire. Nommé confesseur des religieuses de Port-Royal il attira tout Paris par ses prédications. Par jalousie les jésuites le firent interdire 2 fois, f 28 nov. 1686 d'apoplexie à Paris. Auteur de plusieurs livres d'édification, discours, instructions, etc. Le plus connu est son Année chrétienne, d'un style lourd et peu attrayant, sans onction, mais qui a été un moment très apprécié des âmes pieuses.
TOURNON lo François (de), né 1489 à Tour-non, Vivarais, archevêque d'Embrun, Bourges, Auch et Lyon; favori de François I«r, négocia la paix de Madrid qui rendit à celui-ci la liberté 1526, travailla en faveur de Henri VIII pour obtenir son divorce, dirigea avec Montmorency 1536 la guerre contre Charles-Quint, signa la paix de Nice 1538, fut envoyé à Rome comme ambassadeur, persécuta les vaudois et les calvinistes, introduisit les jésuites en France, et f 1562. Fondateur du collège de Tournon.
. 2o Ch.-Thomas Maillard (de), né 1668 à Turin, docteur in utroque jure, professeur à la Propagande, camérier d'honneur, nommé patr. d'Antioche 1701 et envoyé par Clément XI en Chine avec des pleins pouvoirs pour aviser aux nombreux abus de la mission des jésuites. Ceux-ci le reçurent mal, l'accusèrent auprès de l'empereur, le firent emprisonner, et au bout de 3 mois l'empoitonnèrent. Clément prononça son éloge au consistoire du 14 oct. 1711. Mémoires publ. par le card. Passionei, Rome 1762.
TOURS, Turones, Cœtarodunum, chef-lieu d'Indre-et-Loire, conquise autrefois par César sur Vercingétorix, puis par les Visigoths, enfin par les Francs; au 11 ™ siècle elle tomba entre les mains des Anglais, et redevint française sous Philippe-Auguste. Elle eut pour premier évêque Gatien, vers 250, puis Littorius, Martin, le plus célèbre de tous; plus tard Léon, Euphronius, Grégoire. Il s'y est tenu 17 conciles, en générai sévères sur les questions de discipline; celui de 1236 protesta contre les excès des croisés; celui de 1510, se fondant sur les résolutions de Bâle, se montra très raide contre Jules II dans son conflit avec Louis XII. La Réforme y pénétra comme partout, fut réfutée par la violence, et les huguenots prirent les armes pour se défendre. Le diocèse fut ravagé, la ville même prise et pillée, l'église démolie, les restes de saint Martin livrés aux flammes. Louis XIH reprit la ville, mais y laissa les protestants sans les inquiéter; ils y étaient fort nombreux, comme on le voit par le fait que la révocation de l'Édit de Nantes fit tomber à 33,000 le chiffre de la population qui était de 80,000. En même temps les jésuites s'y installèrent. Le diocèse comptait avant la Révolution 16 chapitres, 17 abbayes, 75 couvents, 4 commanderies de Malte; tout cela fut balayé. Avec l'empire le culte fut rétabli, et l'archev. de Tours a auj. pour suffragants les év. du Mans, Nantes, Angers et Laval. L'Égl. prolest, y a un consistoire et plusieurs pasteurs.
TOUSSAIN, Tossanus, lo Pierre, né 1499 à Saint-Laurent, Lorraine, neveu d'un chanoine de Metz, étudia la théol. à Cologne, Bâle, Paris et Rome, et fut amené par Lefèvre d'Étaples à la connaissance de l'Évangile. Il prêcha â Metz, et l'on reconnut vite qu'il était gagné à la cause de la Réforme; il dut s'enfuir, vint à Bâle, reprit ses études sous la direction du savant et pieux OEcolampade, qu'il appelle son précepteur et son père, et se déclara ouvertement pour la Réforme. Il retourna en France, et après avoir été emprisonné quelques mois à Metz et à Paris, protégé par Marguerite d'Alen-çon dont il était le chapelain, il put revenir en Suisse. De Bâle Farel l'envoya dans le Montbé-liard 1535; en 1539 il était nommé surinten-tendant, mais le luthéranisme wurtembergeois le força de repartir. Il publia 1559 son système d'organisation ecclésiastique sous le titre de: L'ordre que l'on tient en l'égl. de Montbéliard, et fut de nouveau renvoyé, t 5 oct. '573.
2° Daniel, son fils, né 1541 à Montbéliard, étudia à Bâle et Tubingue, fut nommé pasteur et prof, d'hébreu à Orléans 1562, s'enfuit 1569 devant une émeute populaire, revint à Montbéliard où on le trouva trop calviniste, et de retour en France, dut fuir de nouveau lors de la Saint-Barthélemy, se cacha avec sa famille à Montargis chez Renée, et se rendit à Heidelberg, puis à Neustadt comme prof, f 1602. Auteur d'une Hist. des pères, d'une Instruction sur la manière d'éprouver les esprits, d'une étude sur 1 la personne et le ministère de J.-C., de Com-1 ment, et de plusieurs ouvrages de controverse. Il eut pour fils
3° Panl, né 1572 à Orléans ou Montargis, qui étudia à Heidelberg, Âltorf et B≤ docteur en 1599, pasteur français à Frankenthal 1600, conseiller ecclés. 1608 à Heidelberg d'où il fut chassé par la guerre; il assista 1618 au synode de Dordrecht où il défendit vigoureusement la prédestination, f 1629 pasteur à Hanau. Auteur de plus, ouvrages, dont le plus important est la Bible de Luther avec notes.
TOUSSAINT (La), féte que l'Égl. d'Orient célébrait déjà au 4»« siècle en l'honneur des martyrs qui n'avaient pas un jour particulier. Lorsque en 607 Boniface IV fit la dédicace du Panthéon, ou Rotonde, à Rome, il dédia cet ancien temple d'idoles à la Vierge et à tous les martyrs, et plaça la féte au 12 mai. En 731 Grégoire III ouvrit une chapelle spéciale à tous les saints dans régi, de Saint-Pierre. Cette féte s'introduisit en France en 837 sous Louis-le-Déb., lors de la visite de Grégoire IV, qui la modifia un peu, la fixa au l*r nov. et lui donna son nom définitif. Les grecs la célèbrent le dimanche après Pentecôte; il y a une Homélie de Chrysostome pour ce jour. Le lendemain de la Toussaint a lieu la solennité de Toutes-Ames, fondée 998 par Odilon de Cluny, en commémoration des fidèles trépassés: on chante le Dies irœ; c'est un peu ce que quelques Églises appellent la Féte des morts.
TRACTAIRIANISME, v. Pusey.
TRADITION. Comme supplément et complément, souvent même en opposition à la loi écrite, c'est la doctrine, la discipline, la morale ou l'histoire communiquée verbalement de siècle en siècle, presque toujours avec la prétention de remonter d'une manière authentique -à une autorité incontestée. Les juifs avaient leurs traditions qu'ils disaient leur avoir été léguées par Moïse par l'intermédiaire des 70 anciens; elles furent plus tard rédigées par les rabbins et formèrent la base de la masore et de la cabale, Matt. 15, 2. Gai. 1, 14. Dans l'Égl. chrétienne la tradition joue un rôle qu'il ne faut ni méconnaître, ni exagérer. Le chef de l'Église n'ayant rien écrit lui-môme, sa doctrine et son histoire n'ont pu être connus que par les récits de ses apôtres, et ceux-ci à leur tour ayant peu écrit, mais beaucoup prêché et évangélisé, ont légué à leurs disciples immédiats ce qu'ils connaissaient des enseignements du maître. Malheureusement on sait combien des nouvelles transmises de bouche en bouche sont susceptibles de s'altérer au bout de peu de temps; aussi l'on en vint fort vite à accorder aux écrits des apôtres une plus grande autorité qu'aux récits conservés par quelques traditions, et comme il fallut déterminer quels étaient les écrits dignes de faire autorité, on dut consulter les églises-mères fondées par les apôtres; c'est la doctrine d'Irénée et de Tertullien. Au 3"* siècle Cyprien ayant mis en avant l'idée que l'Église était représentée par l'ensemble de l'épiscopat, ce fut aux évêques que l'on s'adressa, et l'on en vint à faire des évêques réunis en concile écuménique les véritables successeurs du collège apostolique. Il y avait là évidemment une usurpation de droits, mais comme en manière d'organisation une autorité est toujours désirable, et comme on ne pouvait pratiquement en imaginer une meilleure, les empereurs aussi bien que le peuple de l'Église acceptèrent ce nouveau régime, et Vincent de Lérins 435 y ajouta comme commentaire qu'il fallait regarder comme tradition apostolique ce qui avait été admis toujours, partout et de tous: quod semper, quod 1 quod ab omnibus creditum est; ainsi certaines formes du baptême, le remplacement du sabbat par le dimanche, etc. C'est encore aujourd'hui le point de vue de l'Égl. grecque, et ce fut pendant presque tout le moyen âge l'idée de l'Égl. latine, quoique la tendance hiérarchique commençât à se faire sentir au point d'altérer même l'idée de la tradition. Le conc. de Trente a définitivement rompu avec le passé; d'après lui la tradition n'est pas un canon clos et fermé, qu'il s'agisse seulement de conserver intact; l'Eglise est au contraire un champ toujours ouvert, susceptible de progrès et d'améliorations, et son autorité infaillible peut statuer quand elle le veut, non seulement sur ce qui a été, mais encore sur ce qui sera, en ma tière de foi, de mœurs et de rites. De là l'admission des Apocryphes dans le canon, quoique les conciles précédents les eussent rejetés; de là aussi en 1870 les nouveaux dogmes décrétés par le Vatican. — Le protestantisme, tout en n'acceptant comme autorité que la Bible, a reconnu sans discussion certaines traditions des anciens conciles, ainsi la valeur des symboles, le baptême des enfants, le dimanche, etc. Quelques-uns, comme Calixte, auraient voulu pour, faciliter l'union des Églises, prendre comme base de négociations l'autorité des anciens conciles, et l'on aurait été jusqu'au ou au 8"*; sur cette base on pourrait s'entendre avec l'Égl. grecque. Les ritualistes d'Angleterre et les ir-vingiens vont plus loin encore, et accordent à la tradition (laquelle?) une importance presque aussi grande qu'à la Bible. V. P. Du Moulin, J. Mestrezat, L. De Sanctis, Choisy (pour les î premiers siècles), etc.
TRADUCIANISME, doctrine spécialement représentée par Tertullien, qui pense que l'âme se transmet par la voie de la génération; c'est une des solutions du problème de rorigine de l'âme, et si elle soulève des difficultés, elle en résout d'autres; elle explique philosophiquement la doctrine du péché originel, et comme ce dogme est admis par l'Église chrétienne, les pélagiens qni le nient donnaient par dérision à ceux qui le reçoivent le nom de tradnciens (de traducitur, est transmis).
TRADUCTIONS françaises de la Bible. — De bonne heure la France et la Belgique ont connu la Bible. Les manuscrits qui ont survécu aux malheurs des temps attestent qu'il en a été fait de nombreuses traductions dans le moyen âge. Complètes ou partielles, en prose ou en vers, littérales ou glosées, elles étaient disséminées par centaines d'exemplaires sur toute la surface du pays. Il en est qui font partie des plus anciens monuments de la langue. Dès la fin du lime siècle, les Normands possédaient deux traductions des psaumes en langue vulgaire. On peut considérer la traduction des Quatre livres des Rois, publiée par M. de Lincy, comme appartenant à la première moitié du 12°>e siècle. En 1170, Pierre Valdo, de Lyon, se fait traduire en roman provençal diverses portions des Écritures. Deux lettres écrites vers 1199 par Innocent III, parlent d'une multitude de laïques et de femmes du diocèse de Metz qui « entraînés par un désir immodéré de connaître les Écritures ont fait traduire en langage français les Évangiles, les Épîtres de Paul, etc. » Trente ans plus tard, le concile de Toulouse interdisait expressément l'emploi des Livres saints en langue vulgaire, mais cette défense, qui fit couler des torrents de sang, ne prévalut jamais entièrement. La Bible en langue vulgaire trouva un asile chez les vaudois du Piémont et à la cour des rois de France. Un laïque, Raoul de Pres-les, avocat au parlement de Paris, écrivain gallican, reçut de Charles V la mission de « translater la Bible en françoys» (1380). Dans ce but, il reprit en sous-œuvre la Bible de Guiars des Moulins connue sous le nom de Bible hys-torians, qui date de la fin du 13®e siècle. C'était une traduction de la Bibtia scolastica de Pierre Comestor. Cette même Bible fut imprimée avec diverses modifications par la volonté de Charles VIII, et par les soins de Jean de Rély, confesseur du roi. Elle parut vers 1487 et atteignit en 1545 sa 14°>e ou 15®e édition. Un Nouveau Testament publié à Lyon par Barthélémy Buyer précéda de quelques années la Bible de Jean de Rély; on le fait dater de 1478. Aux premiers jours de la Réformation, nous retrouvons la Bible en langue vulgaire sous l'égide de la cour. C'est aux sollicitations de plusieurs • haultes dames et princesses du royaume » qu'en 1523, Lefèvre d'Étaples publia sa traduction du N. T.; elle est dédiée à t ung chascun qui a connaissance de la langue gallicane. > On doit au même traducteur une version française de l'Ancien Testament qui parut à Anvers, en 1528, avec un privilège de l'empereur Charles-Quint. Lefèvre avait purgé la Bible de gloses innombrables et éclairci le sens d'une infinité de passages. Sa version eut l'honneur de devenir la base des traductions tant catholiques que protestantes. Olivétan, ancien disciple de Lefèvre, fut chargé par les chrétiens des Vallées vaudoises de poursuivre l'œuvre de son maître. Il s'agissait de secouer entièrement le joug de la Vulgate, qui avait pesé sur Lefèvre. La trad. d'Olivétan parut à Neuchâtel en 1535. Calvin adopta le travail de son cousin Olivétan, mais non sans lui faire subir plusieurs retouches. Parmi les nombreuses éditions ou revisions de la Bible protestante du ift™ siècle nous signalerons celle de 1588, la première que publièrent collectivement les pasteurs et professeurs de l'Église de Genève. Bertram, de Bèze, Rotanus, Fay, Jaque-mot, Coulart, en furent les principaux auteurs. Revêtue d'une sanction officielle, elle jouit d'nn long crédit. La fin du 17 me siècle arriva sans que l'Église protestante possédât autre chose que la version vieillie du 16""> siècle, presque sans changements. La version de Castalion 1555, et celle de Diodati 1644, n'obtinrent que peu de succès, elles ne furent pas réimprimées. Plus tard la traduction de Le Cène, 1741, eut le même sort. Les traductions dites de Martin et d'Ostervald ne s'écartent pas considérablement de l'ancienne version genevoise. La Bible de Martin parut en 1707 et celle d'Ostervald en 1744; meilleures que la version de 1588, elles ont fini par prévaloir au sein de la plupart des Églises de langue française. La version nouvelle publiée à Genève en 1805 souffrit du mauvais renom que s'étaient fait ses auteurs au point de vue doctrinal, mais elle a plus d'élégance et de clarté que les précédentes. Quant aux Bibles catholiques, habituellement calquées sur la Vulgate, elles ne soutiennent pas la comparaison avec les versions protestantes; il en est en revanche qui se recommandent par les qualités du style. Celle de Lefèvre, dite d'Anvers ne tarda pas à être proscrite. Mais pour satisfaire la soif des populations, les docteurs de Louvain eurent l'idée de publier une Bible à leur façon, qui n'était en réalité que la traduction de Lefèvre soigneusement revisée et même altérée dans les passages qui pouvaient être invoqués dans le sens du protestantisme. Il s'en fit plus de 200 éditions, sans parler de quelques revisions dues à l'initiative de prélats ou même de laïques français. Le succès de la Bible de Louvain ouvrit les voies à celle des jansénistes. Le N. T. de Port-Royal, autrement dit de Mons, parut en 1667. De Saci, Arnauld, Le Maître, Nicole, le duc de Luynes et Pascal y avaient collaboré. Tout le monde voulut le posséder, Louis XIV en acheta pour son compte jusqu'à vingt mille exemplaires. Mis à la Bastille à l'instigation des jésuites, De Saci entreprit la traduction de l'A. T., mais elle ne put paraître qu'en 1696, douze ans après la mort de l'auteur. Le Gros et Roudet, Cologne 1753, ont corrigé De Saci d'après les originaux; il est à regretter que les sociétés bibliques n'aient pas adopté ce texte, beaucoup plus exact que celui qu'elles répandent. Parmi les versions catholiques plus modernes, nous citerons celle deGenoude (1820); et celle de l'abbé Glaire (1874), revêtue d'une approbation de llndex. — Pour en revenir aux versions protestantes, le moment semble enfin venu de substituer aux traductions surannées d'Ostervald et de Martin celles qui sont le fruit pe l'exégèse moderne: Perret-Gentil ou Segond pour TA. T., Arnauld, Rilliet, Oltramare ou Segond, pour le N. T. On peut aussi adopter provisoirement la version dite de Matter, qui combine et corrige les textes de Martin et d'Ostervald, ou encore la revision du texte d'Ostervald entreprise par la Soc. biblique de France. La version dite de Lausanne est respectable et précieuse à cause de sa scrupuleuse littéralité, mais l'excès même de cette qualité l'empêche de devenir populaire. Mentionnons encore la Sainte Bible, par une réunion de pasteurs et de ministres des deux Églises protestantes nationales de France; la Bible trad. nouvelle avec in-trod. et commentaires, par Éd. Reuss; enfin la Bible annotée par une société de pasteurs neu-châtelois sous la direction de M. F. Godet. Ces deux dernières entreprises comblent une lacune des plus considérables. Il n'existait jusqu'ici aucune Bible annotée à l'usage des protestants de langue française. Les catholiques en ont plusieurs, entre aulres une traduction d'Allioli; les israélites possèdent la Bible de S. Cohen (18 volumes in-8<>) et le Pentateuque de Wogué. Pour plus de détails, v. Pétavel, la Bible en France; Douen, Hist. de la Soc. bibl. prot. de Paris, etc.
TRAJAN, Marcus Ulpius Nerva, emp. romain 98-117, né vers 55 près de Séville, fils d'un soldat de fortune, et le premier étranger qui soit monté sur le trône des Césars. Il fit avec son père devenu gouverneur de Syrie une campagne contre les Parlhes, se montra brave et capable, fut apprécié de Vespasien, de Domi-tien, de Nerva qui l'adopta, fut nommé consul en 91, puis successivement gouverneur en Espagne et dans le Bas-Rhin. Successeur de Nerva en 98, il fit les campagnes contre les Daces et les Parthes, colonisa la Dacie en y favorisant l'établissement de citoyens romains, construisit un pont sur le Danube, et fit ériger à Rome la colonne trajane qui devait perpétuer le souvenir de ses exploits. Il fut à l'étranger et à l'intérieur un des meilleurs princes qui aient occupé le trône impérial; malheureusement enclin au vin et aux péchés contre nature, f 117. Il n'était pas intolérant par principe, mais il faisait la guerre aux sociétés secrètes et il publia contre elles 99 une loi rigoureuse; or il se trouva que la plus inoffensive de toutes, c'étaient les chrétiens qui, privés par les lois et par l'opinion publique, du droit de célébrer leur culte à ciel ouvert, étaient constitués par la force des choses et malgré eux en société secrète. C'est à ce titre qu'ils furent persécutés, sans que Trajan encourageât la délation et sans que l'administration fût chargée de les rechercher. Elle n'avait à sévir que lorsqu'un individu étyit dénoncé et qu'il se refusait obstinément à donner aucune espèce de satisfaction à ceux qui l'interrogeaient et qui essayaient de le sauver; l'ordre était donné de relâcher ceux qui faisaient des concessions. Le nombre des martyrs n'en fut pas moins .considérable; on cite entre aulres le vieux év. de Jérusalem, Si-raéon, et Ignace d'Antioche. Parmi les épisodes les plus instructifs et les plus intéressants de ce règne se place la correspondance de Trajan avec Pline-le-jeune qui, gouverneur de la Bi-thynie et du Pont, avait eu l'occasion de voir de près beaucoup de chrétiens, et rendait hommage à la pureté de leur vie. Il n'avait rien trouvé à relever contre eux, et la torture appliquée à deux diaconesses n'avait amené aucun résultat. Ce sont, dit-il, des gens qui se réunissent certains jours avant le lever du soleil, qui rendent un culte de chants et de prières 1 Christ comme à un Dieu, et qui s'engagent par serment à ne commettre aucun crime, ni vol. ni adultère; en outre ils prennent quelquefois des repas ensemble, mais composés d'aliments tout ordinaires. Il est très embarrassé, car leur nombre va croissant, et il demande à l'emp. des directions. La réponse de Trajan est un modèle d'inconséquence; il ne veut pas qu'on les recherche, parce qu'ils ne sont pas dangereux, mais si on les surprend il faut les punir, parce qu'ils sont coupables. Tertullien dans son apologie n'a pas de peine à faire ressortir la contradiction. — L'épouse et la sœur de Trajan, Plotine et Marciana, étaient aussi remarquables par leurs vertus que par leur intelligence.
TRANSSYLVANIE, ancienne Dacie trajane. comprise au delà des forêts (fravu Sylvas) des monts Krapacks, entre la Hongrie, la Moldavie et la Valachie, frontières d'ailleurs indéterminées, avec Klausenbourg pour ville principale. Le christianisme y fut apporté à l'époque de la conquête romaine, mais il fut balayé par l'invasion des Barbares. On dit qu'il y fut prêché de nouveau au 10®® siècle par le moine Hiérothée, et favorisé par la conversion du prince Gylas; en tout cas c'est de l'Égl. grecque que vint l'évangélisation, et le premier ar-chev. 1494 était grec, bien qu'un roi de Hongrie, Ladislas, ait essayé à la fin du 11 siècle d'y faire accepter l'autorité de Rome, et qu'il ait eu pour alliés dans les siècles suivants des colons et des chevaliers germaniques. C'est par l'Allemagne que la Réformation y pénétra dès 1521, notamment à Hermannstadt, et vers 1538 la partie allemande de la Transsylvanie était décidément protestante; des écoles remplaçaient les couvents et les églises s'organisaient par les soins de Jean Honter. Le même mouvement gagna la partie hongroise de la Transsylvanie, grâce à Devai et à Martin de Kalman-eehi, 1551-1561, et leurs synodes rédigèrent la confession de foi Hungarica, ou Czengerina 1357. Malheureusement l'invasion de l'uni ta-risme divisa les églises, et elles eurent à souffrir de leur affaiblissement. Les princes maintinrent la liberté de conscience et l'égalité des cultes devant la loi, et quand en 1699 l'emp. Léopold eut définitivement ramené la Tr. sous la domination autrichienne, elle resta au bénéfice des garanties léopoldines de 1691. Depuis 1848 la liberté religieuse est entière, et les églises s'administrent elles-mêmes, avec une dotation de l'État; le surintendant luthérien a le titre d'évêque et réside à Hermannstadt; le consistoire réformé a son siège à Klausenbourg. Les protestants sont au nombre de 500,000, dont à peu près 200,000 luthériens et 53,000 unitaires; 250,000 réformés. Il y a 240,000 catholiques, avec un évêque à Carlsbourg; 670,000 catholiques grecs, 500 arméniens, 14,000 juifs, et 80,000 ziganes.
TRANSSUBSTANTIATION. Littéralement: changement d'une substance en une autre substance, comme aurait été le changement de la pierre en or, si les alchimistes du moyen âge avaient réussi dans leurs fantastiques recherches. En théologie l'Égl. catholique donne ce nom au changement de toute la substance du pain et du vin dans l'eucharistie au corps et au sang de J.-C. Les substances premières disparaissent complètement et sont remplacées par les secondes. Les luthériens, qui ne vont pas aussi loin, emploient le mot de consubstantia-tion, pour marquer leur doctrine que le pain et le vin continuent de subsister même après que la consécration les a transformés en corps et sang du Sauveur. Cette double erreur prétend se baser sur les paroles de l'institution de la Cène; Ceci est mon corps, Hoc est corpus meum, mais l'histoire prouve que c'est l'inverse qui a lieu, et que l'exégèse de ces paroles a été forcée pour venir à l'appui d'un dogme lentement élaboré au moyen âge. Tous les anciens pères et docteurs avaient maintenu que la Cène est une communion réelle avec le Ré dempteur, mais sans rien déterminer sur le comment. Le penchant à voir partout une influence magique conduisit peu à peu à la doctrine de la présence réelle matérielle, et Pas-chase Radbert alla jusqu'à prétendre que c'était aussi la doctrine des pères: Le pain et le vin, dit-il, après avoir élé consacrés ne sont nihil aliud quant caro Christi et sanguis, — non alia caro quant quœ nata est de Maria et passa in cruce, pas autre chose que la chair de Christ et son sang, par une autre chair que celle qui est née de Marie et qui a souffert sur la croix. Des légendes merveilleuses ne contribuèrent pas peu à faire accepter cette doctrine nouvelle, mais l'opposition fut vive et dura longtemps. Raban Maur et Ratram combattirent Paschase au moyen de citations empruntées aux pères. Scot Érigène et Strabon firent de même. L'opinion miraculeuse, et en apparence la plus mystiquement religieuse, finit par l'emporter; Haimon lui-même s'y rangea. L'esprit du temps matérialisait tout. Bérenger résistait encore au llme siècle. Le conc. de Trente consacra cette doctrine; les luthériens l'amendèrent sans la rendre plus plausible; les réformés seuls s'en tinrent à la doctrine apostolique et à la tradition de la primitive Église, et la controverse continua, roulant toujours sur les 4 mots de l'institution, et spécialement sur le mot ceci qui aurait désigné, selon quelques cathares et selon Carlstadt, le corps même assis à table; selon les réformés, le pain qu'il avait rompu et béni; selon les romains et les luthériens, son corps invisible caché sous les accidents du pain et du vin; la Ire explication est littérale, la 2me figurée, la 3ra« absurdolittérale. V. l'important ouvrage de L. Durand: La question eucharistique élucidée et simplifiée, Liège, chez Faust, 1883.
TRAPPE, vallée du Perche (Orne), gorge profonde ainsi nommée parce que de loin elle présente vaguement l'image d'une trappe. Elle est connue surtout par la célèbre abbaye que Rotrou, comte de Perche, y fonda en 1140, et qui fut remise aux cisterciens. Sa sévérité fit sa réputation, mais là comme ailleurs le relâchement succéda à l'austérité et la richesse amena des abus. Au 16me siècle déjà les religieux s'abandonnaient sans scrupules à tous les désordres, s'affichant avec leurs femmes et leurs enfants, et ne se réunissant que pour chasser. Rancé, leur abbé, ayant pris l'habit de l'ordre en 1665, entreprit de les réformer; ils le menacèrent de mort. Il les remplaça par des cisterciens plus dociles et leur imposa l'étroite observance de Citeaux, qui est encore auj., sauf de rares exceptions, la règle des trappistes. Ils se couchent à 8 h. en été, à 7 h. en hiver; se lèvent toute l'année à 2 h. pour dire matines; se réunissent ensuite pour faire une lecture de dévotion; pais vont au travail, labourant la terre, balayant le cloitre, faisant les uns de la reliure, les autres de la menuiserie, à peu près tout ce qu'il faut pour la maison. Leur nourriture est maigre; ce sont des légumes sans huile, ni beurre; du pain de son, un peu de cidre, et quelques fruits. Entre leurs deux repas, vers 1 heure, ils creusent leur fosse. Ils couchent dans une espèce de cercueil, tout habillés, sur une paillasse piquée, avec un oreiller de paille et une couverture; jamais de linge, même quand ils sont malades. Le silence le plus absolu leur est imposé; tout ce qu'ils peuvent se dire, c'est: Memento mort (souviens-toi qu'il faut mourir). On se demande à quoi leur sert de vivre. Ils accordent l'hospitalité, plus qu'ils ne l'exercent; les visiteurs sont soumis au même régime que les trappistes, plus quelques œufs. Trente religieux moururent en peu de temps, victime d'une règle trop rigoureuse, et l'on appela la Trappe t la tombe. » L'ordre ne se répandit que lentement. En 1705 Côme III, duc de Toscane, fonda une maison à Buon So-lasso, près de Florence. À la révolution française les religieux se dispersèrent dans les différents pays de l'Europe; un grand nombre s'établirent à Val-Sainte, près de Fribourg; d'autres allèrent jusqu'en Amérique. Ils rentrèrent un moment sous l'empire, et retrouvèrent surtout sous la Restauration leur ancien crédit. Dom Augustin racheta la Trappe restaurée par de Lestrange, et fonda une nouvelle maison à Aiguebelle, près Valence. Sous Napoléon III ils comptaient en France 25 maisons, avec environ 1600 religieux. Plusieurs s'étaient mis à fabriquer une excellente liqueur, la trappistine. Leur costume se compose d'une robe et d'un pantalon blancs, avec des sabots rembourrés de paille; la robe est retenue par une ceinture de cuir noir, à laquelle sont attachés un rosaire et un couteau. II y a aussi des trappistines; elles comptaient naguère en France quelques maisons, avec 637 religieuses, quelques-unes autorisées et se livrant à l'enseignement, écoles, pensionnats; les autres vivant de la vie contemplative ou faisant du jardinage et quelques travaux manuels. Leur costume est blanc, comme celui des hommes. — La prétention de Rancé d'empêcher toute étude et tout développement intellectuel et scientifique, a été vivement combattue par Mabillon dans son traité des études monastiques, 1691.
TRAUTSOHN, Jean-Joseph, comte de Tr. et de Falkenstein, né 27 juill. 1704 à Vienne, étudia la théol. à Vienne et à Rome, fut à son retour honoré et doté de plusieurs canonicats importants; puis après avoir été le coadjuteur du 1er archev. de Kollonitz, aussi archev. de Garthage, il lui succéda en 1751. Assez instruit en grec et en hébreu, docteur en théol., d'uu caractère agréable, d'une foi simple, il fit en 1752 nommé par l'impératrice directeur des nouvelles études de l'univ. de Vienne, en 1754 directeur du Theresianum, en 1756 cardinal par Benoit XIV, qui lui accorda en même temps une diminution des jours fériés, f 10 mars 1757. Quand il eut des maîtres à nommerf il les choisit en dehors de la Soc. des jésuites. Sa lw lettre pastorale, 1751, recommande 1 son clergé de prêcher Christ et pas toujours les saints, les indulgences et les rosaires; il demande aussi que la prédication soit simple, soignée et sérieuse, sans farces, ni trivialités; elle fit du bruit et fut trad. en plusieurs langues TRÉMÉLIUS, Emmanuel, né vers 1510 à Ferrare, de parents juifs, se convertit au catholicisme et fut nommé prof, d'hébreu à Lucques: mais ayant passé à la Réforme il dut fuir et se rendit à Strasbourg et à Oxford. En 1553 il est prof, d'hébreu à Heidelberg; plus tard, à Sedan où il f 1580. Il a publié le targum des 12 petit* prophètes, un N. T. latin d'après le syriaque, une Biblia Sacra qui a eu de nombreuses éditions; le Comment, de Bucer sur les Éphé-siens, et une trad. en grec, une autre en hébreu, du Catécb. de Calvin,
TRENTE, ville située dans le Tyrol autrichien, sur l'Adige; évangélisée, dit-on, parus disciple de saint Marc; l'évêque Vigile y aurait été martyrisé vers 400. Célèbre surtout par le 16m« concile général qui y fut tenu au 16®* siècle et qui dura 18 ans, y compris les intervalles. Réclamé depuis longtemps par la chrétienté tout entière, peuples et souverains, qui n'avait été satisfaite ni par le conc. de Constance, ni par celui de Bâle et Ferrare, il s'imposa par la force des choses quand la Réforme se produisit d'une manière irrésistible. Alors l'Égl. de Rome comprit qu'il y avait quelque chose à faire; alors aussi Charles-Quint, préoccupé, sinon inquiet des divisions qui se produisaient dans son empire, insista auprès de Clément VU, qui ne s en souciait pas, pour la prompte convocation d'un conc. écuménique. Luther l'avait réclamé, la diète d'Augsbourg 1530 le laissait entrevoir. Clément parut céder vers 1532, mais il profita des objections faites par les protestants, à Smal-calde 30 juin 1533. pour ajourner de nouveau. Paul III recommença les négociations, mais quoique Luther eût préparé les articles de Smal-calde qui devaient être présentés au concile, les princes protestants refusèrent l'invitation qui les convoquait à Mantoue pour mai 1537; c'était trop près du pape. Le conc. fut ajourne au mois de mai 1538, et Vicence choisi pour lieu de réunion; inutilement; les papes traînaient en longueur. Mais après le colloque de Ratisbonne, comme l'emp. parlait de convoquer en Aliéna* gne même un conc. national, le pape finit par se décider, en s'arrangeant pour pouvoir diriger les débats. Il convoqua le conc. à Trente, ville allemande sans doute, mais italienne par sa nationalité, sa langue et ses relations avec le saint-siège. À la date fixée, 22 mai 1542, la guerre avec la France ayant éclaté et les prélats étant retenus dans leurs diocèses, un nouvel ajournement eut lieu, et c'est le 13 déc. 1545 seulement que le concile put s'ouvrir. Des évêques venus de Pologne, mais n'ayant pu se plier à tous ces attermoiements, étaient déjà repartis, et ne revinrent pas. Le pape était représenté par 3 légats, qui présidaient l'assemblée, les cardinaux del Monte (le futur Jules III), Marcel Corvin et Réginald Pôle. Ils obtinrent une première victoire en faisant décider, contrairement à ce qui s'était fait à Constance et Bâle, qu'on ne voterait pas par nations, mais par têtes, ce qui assurait d'emblée la prépondérance au parti italien, et que les abbés auraient droit de vote comme représentants de leurs congrégations. On décida ensuite, à l'aide de cette majorité artificielle et forcément docile, qu'au lieu de s'occuper de la réformation de l'Eglise on s'occuperait d'abord du dogme. On comprend pourquoi les protestants, qui avaient prévu ce système d'évasions, avaient finalement refusé de prendre part à une assemblée dirigée par leurs ennemis, où ils étaient sacrifiés d'avance, et qui, selon l'aveu de l'abbé Glaire, était convoquée, non pour les entendre et pour discuter, mais « pour condamner les erreurs de Luther, de Calvin et de Zwingle. » Le conc. commença par affirmer ses doctrines sur l'Écriture et la tradition, le péché, la justification et les sacrements, en opposition aux doctrines protestantes, en ayant soin de ne pas toucher aux points qui divisaient les dominicains et les franciscains. Forcé par l'emp. et par les év. espagnols, d'aborder enfin le chapitre des réformes, le conc. dans sa 6m« session traita de la résidence des évêques, et dans sa 7me de la surveillance des ordres religieux, des dispenses, des bénéfices, mais de manière à ménager le plus possible les droits du pape. Puis, pour soustraire le conc. à l'influence de l'empereur, Paul III s'autorisant de ce que la peste menaçait Trente, en profita pour transférer le conc. à Bologne, plus près de Rome, 11 mars 1547. L'empereur protesta et défendit a ses év. allemands et espagnols de quitter Trente. Le conc. ne se réunit de nouveau que sous Jules III, le 1** mai 1551, à Trente, sous la présidence du card. Crescence, et quelques députés allemands vinrent pour y assister, mais en posant des conditions telles que, malgré l'appui de la France, le parti italien refusa de les accepter. Le pape et l'emp. se brouillèrent de nouveau. L'importante victoire de Maurice de Saxe sur les armées impériales et la fuite de Charles-Quint interrompirent les travaux du concile, et ce n'est que dix ans plus tard que Paul IV, par un bref du 29 nov. 1560, invite les év. à revenir à Trente. Mais les circonstances n'étaient plus les mêmes: la paix d'Augsbourg avait rendu les évangéliques complètement indépendants du concile; la question protestante n'en était plus une; l'assemblée n'avait plus à s'occuper que des affaires romaines, mais elle n'en était pas moins embarrassée pour cela, car plusieurs princes catholiques parlaient d'aviser eux-mêmes à certaines réformes, et la France réclamait un conc. national. Au bout de 15 mois la session se rouvrit, 18 janv. 1562. Il y avait 102 év. présents, fort peu d'allemands; les légats étaient Gonzague et Seri-pande, avec les card. Hosius, Simonetta et Marc Sittich d'Altemps, neveu du pape; parmi les autres notabilités on remarquait Guerrero, le card. de Lorraine et le général des jésuites, Lai-nez, qui fut l'âme de cette 3ra« et dernière partie du concile; il réussit même à gagner, un peu par la peur, le card. de Lorraine. On régla, touj. au profit du pape, la question du droit des évêques, celle du mariage des prêtres, celle de la coupe, mais on voyait le raécontement grandir et les velléités d'opposition se multiplier; on avait hâte d'en finir; deux séances furent encore consacrées à voter quelques articles sur les indulgences, les viandes, les fêtes, la censure des livres pernicieux, le rang des ambassadeurs, et le concile fut déclaré clos le 4 déc. 1563. Non seulement il n'affirmait pas le droit divin des évêques et il maintenait presque tous les abus existants, mais il coupait court pour l'avenir à toute réforme en subordonnant l'Église entière au pouvoir absolu du pape. Son dernier mot avait été l'anathème contre les hérétiques en général. Pie IV, malgré les avantages évidents qui en résultaient pour le saint-siège, hésita quelque temps avant d'en confirmer les décrets; il ne s'y décida que le 26 janv. 1564. Les Actes furent signés par 4 légats, 2 cardinaux, 3 patriarches, 25 archev., 168 évêques, 39 procureurs pour absents, 7 abbés et 7 généraux d'ordre. Ils ne furent reçus en France que pour les articles de foi, non pour ceux de discipline qui étaient contraires aux libertés gallicanes et aux précédents concordats; ils ne furent pas reçus non plus en Suisse, ni en Hongrie; en Allemagne par les princes catholiques seuls, v. Hist. du conc. par Sarpi; Pallavicini, au point de vue romain; Jurieu, Wessenberg, Ranke, Bun-gener, etc.
TRÉSOR de l'Église. Pour fonder la théorie des bonnes œuvres, de leurs mérites et de leur transfert possible à d'autres, Alex, de Haies a imaginé un trésor de grâces mis à la disposition de l'Église qui l'administre dans certaines conditions, pour venir en aide à ceux qui gémissent en purgatoire. Les mérites infinis de Christ en forment le fond principal, mais qui est alimenté en outre par l'excédent de bonnes œuvres de Marie, des saints, des ordres religieux, qui en ont fait plus qu'il n'était nécessaire pour leur salut. Ce trésor, dit d'oeuvres surérogatoi-res, est confié aux successeurs de Pierre. Clément VI en a fait un dogme par sa bulle Unige-nitusl343. Il en est résulté les Indulgences, q. v.
TRÊVE de Dieu, ou du Seigneur, (Treuga Dei)9 suspension d'armes momentanée, d'abord du samedi au lundi, puis du mercredi soir au lundi matin, qui fut décrétée sous peine d'excommunication par les évêques de l'Aquitaine, pour modérer antant que possible l'ardeur des petites guerres privées qui ruinaient le pays sans motifs sérieux. Plusieurs conciles provinciaux appuyèrent cette convention due à l'initiative du synode d'Elne, Roussillon, 1027. Il fut également interdit d'attaquer, quelque jour que ce fût, un moine ou un clerc, un homme allant à l'église ou accompagné de femmes un marchand sans armes. Des hommes spéciaux, paciarii, étaient chargés de veiller à ce que la trêve fût respectée. C'était un adoucissement aux mœurs et aux malheurs de l'époque.
TRÊVES, l'ancienne Augu$ta Trevirorum, auj. Trier, évêché prussien sur la Moselle, 18,000 hab. C'est une des plus anciennes villes de la Germanie où le christisnisme se soit établi, et l'on cite comme ses premiers évêques Enchère, 25 ans, Valère et Maternus; une tradition du 10m« siècle les fait disciples des apôtres, on les compte parmi les 70 disciples. Sauf la date la tradition peut avoir un fond de vérité. Au conc. d'Arles 314 on voit déjà un év. de Trêves. Constantin en fait sa capitale en occident. Sous Constance Athanase, puis Paul, sont exilés à Trêves où l'év. Maximin les accueille avec joie et les associe à ses travaux. On ne sait quand l'évêché devint archevêché; ce fut en tout cas avant le 8me siècle, et de nombreuses donations ajoutèrent à son importance. Ludolphe, duc de Saxe, f 1007, joignit la dignité électorale à son titre ecclésiastique, et depuis l'extinction de la maison de Saxe, l'ar-chev. titulaire, qui était archichancelier de l'empire dans les Gaules, fut compté parmi les 7 électeurs appelés à choisir l'empereur; c'est même lui qui donnait le premier son suffrage. De 385 à 1549 onze conciles se sont réunis à Trêves. La Réforme y pénétra un peu après 1531, sous Jean III de Metzenhausen, ami de Hermann de Cologne. Olevian y fonda une église avec l'appui de la bourgeoisie, mais le prince-évêque le bannit, et l'appel des jésuites paralysa le mouvement, sans toutefois l'arrêter.
Plusieurs évêques se distinguèrent par leurs lumières et leur modération. Pendant l'occupation française, l'archevêché redevenu évêché fut rattaché à Malines; la Prusse le réunit à l'archev. de Cologne. L'év. Arnoldi f 1864 se distingua par sa fougue ultramontaine; on lui doit entre autres l'exposition de la fameuse robe, q. v., et une circulaire sur les mariages mixtes. La ville possède de belles églises, une cathédrale riche en ornements, reliques, autels et cryptes; une égl. gothique qui date de 1243, l'ancienne égl. des rédemptoristes, etc. Les protestants célèbrent leur culte dans une ancienne basilique restaurée et consacrée en 1856. Belle bibliothèque, avec 100,000 volumes et de précieux mss., entre autres le Codex aureus.
TRIBOLO, célèbre sculpteur, né vers 1500, élève de Jacques Sansorino, le rival de Michel-Ange; il travailla à Pise et Florence; Clément VII lui confia les travaux de N. D. de Levrette. Il s'appelait Nicolas de Pericolo. C'est la violence de son caractère qui lui valut son surnom de Tribolo, qui signifie épine, ou chardon.
TRIBUR, maison royale et ville des bords du Rhin, non loin de Mayence, dans la Hesse; connue surtout comme résidence des empereurs carlovingiens et par quelques conciles ou diètes importantes qui s'y tinrent entre 895 et 1076; dans l'une fut déposé Charles-le-Gros. L'autre, la dernière, décida le voyage de Canossa; les princes, mécontents de l'attitude de Henri IV dans son conflit avec Grégoire, déclarèrent que le pouvoir impérial était vis-à-vis de l'autorité papale ce que le plomb est à l'or, et que l'empereur n'avait pas autre chose à faire qu'à purger son excommunication. En général ces assemblées montrèrent une tendance ecclésiastique très accusée.
TRINITÉ, ou Tri-Unité, ou Unité de Dieu en trois personnes (hypostases) distinctes, dogme caractéristique et fondamental de l'Égl. chrétienne qui, dans tous les temps, a professé que Dieu est un dans un sens mystérieux et qu'il est trois dans un autre sens également mystérieux. L'Écriture ne se sert jamais des mots unité et trinité, qui appartiennent exclusivement au langage de la théologie, mais plusieurs passages, ayant plutôt un caractère pratique, justifient dans son ensemble la doctrine reçue; ainsi 2 Cor. 13, 13. 1 Cor. 12, 4-6. Mattb. 28, 19. La contradiction même qui existe dans les termes, et que nul ne songe à nier, amena bientôt les docteurs à vouloir expliquer et déterminer une chose qui par sa nature échappe à toute preuve comme à toute explication, et par des définitions plus que précises, ils exagé rèrent la contradiction et provoquèrent une opposition trop justifiée. Ils voulurent être sages au delà de ce qui est écrit. Ne pouvant définir ni Dieu, ni l'Esprit, ni la simple idée de personne, on hypostase, ils mirent Dieu, l'infini, sur le lit de Procuste de l'humanité, et lui appliquèrent des raisonnements, des mesures et des calculs qui, parfaitement exacts pour les choses visibles, ne sont plus de mise dans le grand domaine des choses spirituelles. La lutte, qui porta tour à tour sur la Divinité de J.-C. et sur la personnalité du Saint-Esprit, commença par les gnostiques, se poursuivit dans les luttes ariennes et dans le sabellianisme, et trouva une sorte de solution logique et négative dans le socinianisme qui rompit franchement avec ce que ses prédécesseurs avaient encore conservé du divin en Jésus-Christ. L'histoire, l'importance et la justification de cette doctrine, fécondé en malentendus, appartient à la dogmatique et à l'hist. des dogmes. On appelle trini-taires ceux qui croient à la Trinité.— On donne aussi ce nom à un ordre religieux fondé 1198 par Jean de Matha et Félix de Valois pour le rachat des esclaves chrétiens; — Confrérie de la Sainte-Trinité, une congrégation instituée à Rome 1546 par Philippe de Néri pour recevoir les pèlerins et les convalescents. — La Fête de la TYinité se célèbre le dimanche après Pentecôte, comme terme et couronnement de l'année ecclésiastique. C'est Étienne, év. de Liège, qui l'institua le premier en 922; le conc. d'Arles 1260 l'adopta pour sa province; Jean XXII la consacra au 14®® siècle. —On a inventé le nom bizarre de Trinité créée, pour la sainte famille, composée de Jésus, la Vierge et Joseph; c'est à La Rochelle en 1659 que quelques jeunes filles se réunirent sous ce titre pour s'occuper de l'éducation de jeunes orphelines. — L'abbaye de la Sainte-Trinité de Vendôme, fondée 1032 par Geoffroi Martel, et consacrée 1040 par Thierry, év. de Chartres, relevait du pape seul et valait à son abbé le titre de cardinal-né de Saint-Prisque.
TRISHAGION, en grec le Trois fois saint d'Es. 6, 2., formule de louange, ou doxologie qui se lisait dans l'ancienne Église au commencement du service et avant l'Évangile. C'est en Syrie, peut-être à Antioche, que cette coutume a pris naissance. Acace en raconte la légende: un tremblement de terre ravageait Constantinople 446; un jeune garçon violemment soulevé dans les airs entendit les anges qui chantaient cette hymne, et étant retombé sur terre, il recommanda au patr. Proclus de le faire chanter par l'Église; le tremblement cessa et l'enfant mourut. La formule se modifia peu à peu en: saint Dieu, saint puissant, saint immortel, ayez pitié de nous ! P. Fullo y ajouta même, après immortel: « qui as été crucifié pour nous, > mais cette addition des catholiques de Syrie fut rejetée par le conc. Quini-sexte, et ne fut conservée que par les monophysites et les monothélètes.
TRITHÉISME, hérésie de ceux qui dans leur conception de la Trinité accentuent tellement la distinction des personnes qu'au lieu d'un Dieu unique il semble qu'il y ait réellement 3 dieux. On prête à ^Esuasnage, prof, de philos, à Constantinople, d'avoir enseigné qu'il y avait dans la Trinité 3 natures, par conséquent 3 dieux; il eut pour sectateurs Conon, de Tarse, et Philipon, et fut combattu à Alexandrie et Constantinople; il était difficile d'arriver à un résultat, puisque de part et d'autre on ne s'entendait pas sur les mots. Roscellin fut aussi accusé de trithéisme pour s'être exprimé autrement qu'on n'a coutume de faire.
TRIUMPHUS, Augustin, né 1234 à Ancône, général des augustins 1300, f 1328; auteur d'un comm. sur Ézéchiel, de sermons et de quelques traités de théol.
TROIS-CHAPITRES, v. Théodore 4<>.
TROIS-ROIS (fête des). La tradition, s'auto-risant de Ps. 72, 10, a peu à peu transformé en rois les mages de Matt. 2, et leur a donné les noms de Gaspard, Melchior et Balthazar, ou, selon d'autres de Ator, Sator et Peratoras; on montra même leurs tombeaux à Milan, et aussi à Cologne. L'Orient le premier leur a consacré une fête, l'Épiphanie ou Théophanie, qui devait rappeler soit la naissance de J.-C., soit plus tard sa manifestation comme Dieu dans son baptême, ou dans l'adoration des mages. La fête est très populaire en Russie, où elle signifie pour les uns le don des langues, pour d'autres la consécration de l'eau bénite, ou des distributions de présents, gâteau des rois, etc.
TRONCHIN lo Théodore, né 17 avril 1582 à Genève, fils de Rémi Tronchin, négociant champenois émigré à la suiie de la Saint-Barthélemy, et qui avait épousé Sara Marin, genevoise. Il étudia à Genève, Râle et Heidelberg, visita ensuite la Hollande, l'Angleterre et la France, et à son retour fut nommé prof, d'hébreu 1606, puis pasteur, recteur, et en 1618 prof.de théologie. Il fut délégué avec Diodati au synode de Dordrecht, où il se prononça énergiquement contre l'arminianisme. Il écrivit aussi contre le jésuite Cotton, confesseur d'Henri IV, qui, à l'occasion de la version revisée de la Bible, avait publié un pamphlet intitulé: Genève plagiaire; il donna à sa réponse le titre de: Cotton plagiaire, 1620. En 1631 il accompagna comme chapelain dans la Valteline le duc de Rohan, que Richelieu avait envoyé avec des troupes contre l'Espagne-Autriche et qui avait demandé un aumônier à Genève. C'est aussi lui qui fut chargé de faire l'oraison funèbre de ce prince, lorsqu'il fut enterré à Genève en 1638. En 1655 il fut chargé de conférer avec l'écossais Jean Dury, pour essayer de concilier les luthériens et les calvinistes; il composa plusieurs ouvrages à ce sujet et correspondit avec des princes protestants, f 19 nov. 1657. Il avait épousé Théodora Rocca, fille adoptive de son parrain Th. de Bèze. On a de lui quelques sermons et des traités de dogmatique, sur le péché originel, le baptême, les bonnes œuvres, etc. Nature un peu rude, cœur excellent.
2° Son tlls Louis, né 4 déc. 1629, étudia à Saumur sous Amyraut, Cappel et La Place, dont il subit l'influence. On ignore pourquoi son père l'envoya dans cette école, puisqu'il en condamnait les principes. En 1651 il entra dans le ministère, et après avoir visité l'Allemagne, la Hollande, l'Angleterre et la France, il fut nommé pasteur à Lyon en 1654, et à Genève en 1661. Il se fit remarquer surtout par l'opposition qu'il fit, avec Mestrezat, à la signature obligatoire des thèses qui avaient été rédigées à l'occasion d'Alex. Morus, et il souleva un conflit dont F. Turretin sortit vainqueur, mais qui devait à la longue, comme toujours, aboutir au triomphe du latitudinarisme; c'était en 1669; un jeune Français, Maurice, demandait la consécration, mais depuis le 6 août 1647 un formulaire avait été dressé dans l'esprit du synode de Dordrecht, et Maurice ne voulait pas le signer. Tronchin fut un de ceux qui l'encouragèrent à refuser, et dans sa dispute avec Turretin il alla jusqu'à dire qu'il n'avait lui-même rien promis, et que d'ailleurs un serment qu'on n'a pas le droit de faire on n'est pas obligé de le tenir. La Compagnie des pasteurs et le conseil d'État lui donnèrent tort, mais le conflit se renouvela plusieurs fois. En 1678 le Consensus remplaça les articles cause du litige, mais la difficulté subsistait, f 8 sept. 1705. Il avait été recteur de 1663 à 1668. La Société anglaise pour la propagation de l'Évangile lavait nommé, avec Turretin, membre correspondant. Auteur de quelques sermons et thèses théol. C'était un esprit aimable et un cœur généreux.
TRUBER, Primus, réformateur de la Carin-thie. Né 1508 à Raschiza, près Laybach, d'une famille pauvre, il fit des études incomplètes, mais trouva dans l'év. Bonomus de Trieste un protecteur qui le mit en état de prendre ses grades. En 1531 il prêcha dans la cathédrale de Laybach, et il annonça l'Évangile avec tant de puissance que l'évêque lui interdit la chaire. La ville fit arranger pour lui l'église de l'hôpital, et il eut bientôt pour collaborateur Paul Wiener, qui fut plus lard évêque évangélique de la Transsylvanie. Après avoir été renvoyé dans son ancienne paroisse de Lack, il fut nommé chanoine à Laybach 1542 et remonta 1544 dans la chaire de la cathédrale. Vers 1546 il com -mença avec Wiener à distribuer la Cène sons les 2 espèces; le nombre de ses adhérents augmenta, mais ils furent excommuniés, il dot fuir; sa bibliothèque fut confisquée et devint la base de la lre biblioth. publique de la Ca-rinthie. Après avoir été quelque temps pasteur en Allemagne, où il se maria, il fut rappelé dans son pays avec des alternatives de succès et de persécutions, f 29 juin 1586. Il a publié, soit en latin, soit dans l'idiôme du pays, de nombreux ouvrages, abécédaires, catéchismes, Psaumes, N. Testament, des cantiques, le* Lieux communs de Mélanchthon, et fut pendant quelques années secondé dans cette œuvre par son ami le baron d'Ungnad, qui avait fondé à Urach une imprimerie destinée à servir la cause de la Réforme; v. Ungnad.
TRUDPERT, ermite qui vers 640 se construisit une cellule et éleva une chapelle à saint Pierre sur un terrain qui lui avait été donné par le seigneur alleman Othpert. Au bout de 3 ans il fut assassiné à coups de hache pendant son sommeil par son serviteur aidé de son frère. Les coupables furent arrêtés; l'assassin se suicida, son complice fut exécuté. En 816 Rambert, descendant d'Othbert, fit élever an même endroit une magnifique église consacrée aux saints Pierre et Paul, où furent déposés les restes de l'ermite. Une légende s'est faite sur sa mémoire, mais on ne sait pas même s'il a été canonisé, ni par qui, ni pour quoi.
TRULLO (in), du grec trouUos, voûte, coupole, rotonde, et par extension: salle ou palais surmonté d'nne coupole, ou d'un dôme. La grande salle, ou secrétariat, du palais des emp. de Constantinople, qui était construite dans ces conditions, fut deux fois affectée au service d'un concile général, 680 et 692, et le second a reçu le nom de Trullo à cause de cela; on l'appelle aussi Quinisexte q. v. parce que les uns en font un concile à part, le 6»«, tandis que pour d'autres, il ne fut que la continuation dn précédent. Celui de 680 est aussi quelquefois appelé in Trullo.
TSCHANDER-SEN un des fondateurs,et Brak ma Samadtch, église théiste des Indes. Jusqu'au commencement de ce siècle le brahmanisme polythéiste avait été la religion nationale exclusive des Indous. Un réformateur est venu, Ram Mohan Roy, né 1774, appartenant par sa mère à la caste des bramines. Dès sa 16®« année il manifesta publiquement des doutes sur les croyances dont on l'avait nourri; il se brouilla avec sa famille et dut s'enfuir, visita l'Inde et le Thibet, mais à 20 ans rentra en . grâce auprès de son père, et ne cessa dès lors d'écrire et de publier des traités contre les superstitions et les pratiques de son pays, entre autres contre les suttees. Il étudia le sanscrit, l'anglais, le persan, l'arabe, le grec et l'hébreu, s'attacha au monothéisme, et fonda le 23 janv. 1830 à Calcutta une petite société religieuse sur les bases de l'unité et de la Providence de Dieu, de l'amour fraternel entre les membres de la société, de la tolérance pour toutes les convictions religieuses, de la vertu et de la bienveillance universelle, Il partit 1831 pour l'Angleterre, et f 27 sept. 1833 à Bristol. Mais son oeuvre lui survécut; elle fut reprise par Deben-drah Nath Tagore, né 1818, fils d'un riche bra-mine qui en 1839 fondait une société pour la Recherche de la vérité; en déc. 1843 il comptait 20 adhérents, 767 en 1847. Un nouvel essai fut fait en 1858 par le jeune Keshab Tschan-der-Sen, né 19 nov. 1838 à Calcutta, de la caste des médecins. Élevé au collège de Calcutta, il renonça publiquement à la religion de ses pères et fonda la confrérie de la bienveillance (Good-wiU Fratemity) avec écoles du dimanche, traités, prédications, etc. Il s'associa un moment avec Nath Tagore, mais des difficultés étant survenues, Sen poursuivit seul son œuvre, qui était plus radicale et qui, dans son théisme, tenait davantage compte de Jésus-Christ, comme une des incarnations, et la principale, de la divinité. II fit aussi un voyage à Londres et fut très bien reçu, surtout des unitaires. Sa secte compte environ 6,000 adhérents, répartis entre 102 petites églises, ou samadsch, dont 52 dans le Bengale.
TUBINGUE, petite ville du Wurtemberg, célèbre surtout par son université qui fut fondée 1477 par le comte Eberhard im Bart de Wurtemberg, et qui reçut le nom d'Eberhardo-Ca-rolina. Elle fat réglée sur le modèle de celle de Paris et fut reconnue par l'empereur en 1484. Ses débuts furent modestes; cependant, elle compta un moment parmi ses maîtres Biel, le dernier des scolastiques; Reuchlin, qui eut pour auditeur son jeune parent Méianchthon, et l'humaniste Bebel. La Réformation y eut des représentants dès 1534; GrynaQs et Camérarius s'appliquèrent à réorganiser et à relever les études et ils y réussirent. En 1559 la tendance luthérienne l'emporta sur la théologie plus modérée de Bucer et de Méianchthon qui avait d'abord prévalu, et la Formule de concorde y trouva ses plus ardents défenseurs. Au commencement du 17 m© siècle la faculté de Tubingue entra en lutte ouverte avec celle de Gies-sen, et il y eut beaucoup de temps perdu entre les cryptiques et les cénotiques. Vers 1660 et après un court professorat de Spener, un esprit nouveau pénétra dans la faculté et dans la eontrée environnante; des réunions religieuses s'organisèrent sous la direction de Reuchlin, de Bengel et de Hochstetter. Ce fut la belle époque de l'école évangélique de Tubingue, illustrée après Bengel par Storr et Steudel. Mais une nouvelle école a remplacé l'ancienne dès les premières années de ce siècle; elle a commencé par Baur q. v. et a fini par Strauss. Depuis 1817 la faculté catholique d'Ellwangen a été transférée à Tubingue.
TUNIS, non loin de l'ancienne Carthage; célèbre par la bataille que Régulus perdit contre Xantippe. Auj. chef-lieu de la régence de Tunisie devenue possession française. La ville compte environ 130,000 hab.; la province entre 1,300,000 et 3 millions; on finira peut-être par en connaître le chiffre exact. La population est en majorité musulmane. Les juifs, de 50 à 150,000 ont leur culte garanti par la constitution de 1857. Les catholiques sont régis depuis 1881 par l'archev. d'Alger. Les protestants y ont un pasteur anglican, quelques évangélistes et quelques missionnaires.
TUNKERS (de l'allern. tunken, plonger), baptistes par immersion, secte allemande, fondée 1708 par Alexandre Mack de Schwarzenau, qui pour le baptême tenait à plonger par trois fois dans l'eau courante le néophyte agenouillé. Il appartenait à ces piétistes, comme Hoch-mann, q. v. qu'on accusait de troubler l'ordre, et à force de les tracasser, on les contraignit de partir. Ils recrutèrent des amis de Wittgen-stein, de la Wetterau, et du Bas-Rhin, baptistes et mennonites, et se fixèrent en Pensylva-nie 1720, au nombre d'environ trente mille, s'appliquant à vivre comme les premiers chrétiens, avec la communauté des biens, le lavage des pieds, les agapes, l'onction d'huile, etc. Ils croient au rétablissement final. Auj. encore ils sont plus de 20,000, à Éphrata et aux environs, avec un collège à Bourbon depuis 1871. Ils sont surtout cultivateurs, et un peu végétariens; ils dédaignent la science et portent de longues redingotes, de longs cheveux et de longues barbes, qui les ont fait surnommer les barbus. Inutile d'ajouter qu'ils se distinguent par une grande moralité.
TURIN, l'ancienne Augusta Taurinorum, reconstruite par César sur l'emplacement de la capitale des Tauriniens, détruite par Annibal. Colonie romaine; elle passa 570, aux Lombards, après avoir été occupée successivement par les Goths, les Huns, les Hérules et les Burgondes. Agilulf, le mari de Théodelinde, y fit bâtir la cathédrale 602. Charlemagne s'en empara et la donna aux ducs de Suze. La maison de Savoie la reçut par héritage 1032 et l'a gardée. Son premier év. fut Maxime; le 9*e, Claude de Turin q. v. Université fondée 1404, confirmée 1459, avec l'évêque pour chancelier; biblioth. magnifique, 115,000 vol. avec de nombreux mss. La cathédrale reconstruite à la fin du 15®e siècle, est gothique, à 3 nefs, et portique d'un beau style; dans une église voisine on montre le saint suaire de N. S. Le temple des vaudois, inauguré 4853, est très beau. On cite de même l'égl. Saint-Maxime et la nouvelle synagogue.
TURLUPINS, surnom que le peuple de Paris donnait aux bégbards, assez nombreux dans nie de France au siècle. Ces béghards ne sont connus que par la constance avec laquelle ils supportaient les persécutions et la mort. Une femme, Jeanne Dabenton, fut brûlée en 1372. Les inquisiteurs se chargèrent de leur conversion. Quant au reproche que leur faisaient leurs ennemis de célébrer leurs mystères de nuit et complètement nus, on est fondé de leur demander: Qu'en savez-vous ? Presque toutes les sectes et les meilleures, ont été l'objet des mômes calomnies. L'étymologie du mot est inconnue.
TURQUIE. Cette immense agglomération de races, de langues et de peuples divers, qui occupe géographiquement à peu près la place de l'ancien empire d'Orient, avec la même capitale, Constantinople, et sous un seul chef temporel et spirituel, le sultan, s'est formée peu à peu par voie de conquête. Elle a pris son nom de ses premiers envahisseurs, les Turcs de la Tartarie, comme elle s'est appelée aussi l'empire ottoman en souvenir d'Osman, ou Othman, l'un des plus brillants chefs ou émirs qui, en proclamant leur indépendance, aient agrandi leur territoire aux dépens des autres principautés séleucides, vers 1300. De la grande famille indogermanique, ils avaient quitté leurs montagnes du Turkestan pour occuper la Perse, et de là s'avançant touj. vers l'ouest, ils fondèrent divers royaumes et dynasties qui duraient ce qu'ils pouvaient jusqu'au moment où le plus fort se fut soumis, sinon assimilé tous les autres. Ils occupaient l'Asie occidentale et l'Afrique sur une partie des côtes de la Méditerranée; il leur fallait encore l'Europe; le 15®e siècle la leur donna sous Mourad II qui prit Thessalonique 1451 et Mahomet II qui prit Constantinople 1453. L'islamisme fut dès lors dans toutes ces contrées la religion régnante et vraiment dominante, avec une espèce de demi-tolérance pour les chrétiens et les juifs, qui leur permet d'exister, mais qui, d'après le prétendu testament d'Omar, leur défend de bâtir des lieux de culte, leur impose un costume particulier et les subordonne en tout aux musulmans. Beaucoup de ces prescriptions se sont modifiées avec le temps. D'un côté la mollesse orientale, qui a singulièrement affaibli la race et la puissance turque; de l'autre l'ambition et les prétentions des puissances chrétiennes qui revendiquent le droit de protéger leurs ressortissants et de faire respecter le Saint-Sépulcre et ses pèlerins, tout concourt depuis plus d'un siècle à précipiter la décomposition de cet empire factice, dont les morceaux tombent les uns après les autres. L'Égypte émancipée sous Méhémet-Ali, puis conquise ou à peu près par l'Angleterre; U Grèce reprenant son indépendance, l'Algérie et la Tunisie devenant possessions françaises, une partie de l'Arménie passant à la Russie, les provinces danubiennes devenant un royaume, d'autres entrant dans l'orbite de l'Autriche; enfin la diplomatie européenne ne soutenant plus que pour la forme celui qu'elle appelle son malade, on a pu dire que l'année 1882 avait été pour l'Islam et le faux prophète le commencement de la fin et l'accomplissement de la prophétie qui lui donne 1260 ans de vie à partir de l'hégire 622; v. Apoc. H, 3. 12, 6. On évalue, mais ces chiffres ne peuvent avoir qu'une valeur très relative dans un pays où la statistique et les recensements exacts sont chose à peu près inconnue et, où, pour Damas seulement, on hésite entre 120,000 et300,000; on évalue à 20 millions le nombre des sectateurs de Mahomet dans l'empire ottoman, dont 9 millions de Turcs proprement dits, un demi-million de Slaves, le reste Arabes, Berbères, Kabyles, etc., sans compter les Druses. Tout ce qui n'est pas musulman est compris sous le nom général et dédaigneux de rajas, troupeau, et se divise en millet, ou nations, peuples, dont les principaux sont les juifs et les chrétiens. Ce sont encore les juifs qui ont la meilleure part. Plus de cent mille en Europe, autant en Asie, et 600 mille en Afrique, ils ont à Constantinople un grand-rabbin qui a rang de patriarche et ils se gouvernent eux-mêmes. Le patriarche grec orthodoxe de Constantinople jouit d'une sorte de primauté sur ceux d'Antioche, d'Alexandrie et de Jérusalem; il est le défenseur naturel de son Église auprès du sultan; son synode se compose de 12 archev. et d'autres grands dignitaires. Le patr. arménien, qui date de 1461, a la haute main sur tous les monophysites de l'Orient au point de vue temporel (un demi-million en Europe, 2 millions en Asie, 150 mille jacobites syriens, 180 mille coptes), mais il n'a d'autorité spirituelle que sur ceux de son diocèse, tous les autres relevant du patriarche d'Etschmiadzin. Les arméniens-unis, étaient jusqu'au conc. du Vatican, rattachés pour le spirituel à l'archev. primat de Constantinople, pour le temporel au patr. de Cilicie, qui a son siège dans le Liban. Dès lors une rupture a eu lieu, le primat Hassoûn ayant voulu romaniser la liturgie; une députar tion ayant été envoyée à Rome pour réclamer, et n'ayant rien obtenu, un grand nombre d'arméniens-unis se sont séparés, et ils ont été excommuniés. La Porte les soutient et leur a donné des églises. Le conflit dure encore et se renouvelle d'année en année. Les latins, ou catholiques romains, y compris les maronites, les jacobites et les coptes, forment un millet à part, qui est administré par ce qu'on appelle la chancellerie latine, composée du Yékil et de quatre députés laïques, et pour les affaires religieuses par le patr., par les évéques ou par les vicaires apostoliques les plus rapprochés. Les jacobites-unis ont leur patr. à Antioche; mais ils se sont séparés de Rome depuis le concile du Vatican, de même que les melchites et les maronites. Enfin les protestants, au nombre de plus de -cent mille, dont plus d'un quart d'arméniens convertis, comptent 70 congrégations presque toutes presbytériennes, qui sont représentées par un Vékil. Ce petit millet, qui date de 1853, est plus important par l'activité que par le nombre; à côté de l'évêché protestant 1842, l'Angleterre, la Prusse, le board américain, ont fondé des écoles, des stations, des hospices, des pensionnats, des imprimeries, et travaillent avec fruit à grouper leurs fidèles et àévangéliser les juifs, les musulmans, les grecs et les arméniens.
TURRECREMATA, v. Torquemada.
TURRETIN, ou Turrettini, souvent mal écrit Turtin, famille lucquoise, réfugiée à Genève pour cause de religion vers 1580, et qui a fourni à sa nouvelle patrie de nombreux savants, des magistrats et des pasteurs.
lo Bénédict, né 1588 à Zurich (fils de Fran-cesco, né 5 mai 1547 à Lucques), étudia à Genève, consacré 1612, pasteur et prof, de théol.; délégué 1620 au synode d'Alais, prêté à l'égl. de Nîmes pour 6 mois, envoyé 1621 vers les États Généraux de Hollande et vers les villes hanséatiques pour demander des secours en faveur de Genève touj. menacée, f 1631. Auteur de nombreuses dissertations, sermons français et italiens, controverse; réponse au p. Cotton, et d'une Hist. (inédile) de la Réform. à Genève.
2° Jean, son fr., né 1600 à Genève, père du prof. Michel, qui a écrit 2 serm. sur l'Utilité des afflictions, et la Croix des jugements de Dieu.
3<> François, fils de Bénédict, né 17 oct. 1623 à Genève, étudia sous Jean Diodati, Théod. Tronchin, Fréd. Spanheim. Voyages en Hollande, à Paris, Saumur, Montauban, Nimes; il laisse partout d'excellents souvenirs. De retour à Genève il y fut consacré en 1648 et reçu dans l'Église italienne. En 1650 il refuse une place de prof, de philosophie. En 1652 cédant à de nombreux appels de Lyon il s'y rend comme pasteur pour quelque temps, et a de la peine à <en revenir. Prof, de théol. à Genève en 1653. Il aide les vaudois du Piémont persécutés 1655. En 1661 il épouse Élisabeth de Masse Chauvet •et se rend la même année en Hollande pour demander du secours contre la Savoie toujours menaçante. Après des entrevues avec de Thou etdeWitt,legrand pensionnaire, après des discours aux États généraux et aux Etats de Hollande, il finit par obtenir 75,000 fl. Recteur à Genève en 1668, prof, d'hébreu en 1676, il travaillait énormément par ses écrits à maintenir la plus stricte orthodoxie, et réussit en 1679 à faire adopter le fameux Consensus. Outre une quantité de thèses en latin, on a de lui: Insti-tutionum theologicœ elenchticœ partes très, 1679-1685; sa controverse contre le cardinal Spinola sous le titre de Réponse à l'écrit d'un chanoine d'Annecy pour rendre odieux le protestantisme; 2 volumes de sermons, 1683 et 1686, plus une correspondance très étendue. Son style est original et pressant. Turrettini joignait à ses talents une modestie poussée jusqu'à la méfiance de lui-même. Il se voua tout entier à Genève malgré les offres brillantes que lui firent la Haye, et l'égl. wallonne de Leyde. f 28 sept. 1687 après une courte mais douloureuse maladie. Vie, par E. de Budé.
4o Jean-Alphonse, fils du précédent, né 24 août 1671, d'une précocité remarquable, étudia à Genève, d'abord sous Dautun et le cartésien Chouet, puis la théol. sous L. Tronchin, Calen-drini, et Pictet. En 1691 il visita la Hollande, fréquenta les savants du refuge, réussit à se faire bien venir des deux partis, étudia 8 mois à Leyde sous Spanheim, et publia en 1692 ses thèses sur le Pyrrhonisme pontifical, en réponse aux Variations de Bossuet. En juin 1692 il se rendit en Angleterre, où il connut Newton, Burnet, Tillotson, l'archev. Wake, et où il fut présenté à la cour; il visita aussi Oxford et Cambridge. A Paris 1693 il vit Bossuet, Mabil-lon, Malebranche, Fontenelle, Saint-Évremont, Ninon de l'Enclos, et rentra à Genève souffrant et fatigué. Consacré en mars 1694; attaché 1695 à l'Égl. italienne; en 1697 prof, d'hist. ecclés., se lia dès 1699 avec Werenfels et Ostervald, formant avec eux un triumvirat théologique qui exerça une grande influence sur la Suisse; en 1705 prof, de théol. Weur 1701-1710. Il fut nommé membre d'une commission chargée de reviser la Bible au point de vue de la langue, et proposa divers changements à la liturgie et à l'ordre des services. Mais ce qui a fait l'importance et la réputation de ce théologien, c'est la part prépondérante qu'il a prise dans la suppression de tout symbole et de toute confession de foi, soit pour l'Église, soit pour l'exercice du ministère. Le candidat devait signer d'abord: Je sens, je crois, j'enseignerai, etc. A partir du 26 juin 1706, on se contenta de lui faire signer: Je n'enseignerai pas le contraire, et je ne troublerai pas la paix de l'Église. Le 17 juin 1725 tout formulaire disparut, autre que la mention de l'Écriture sainte et du catéchisme. En poursuivant cette campagne, T. n'entrevoyait pas qu'elle dût tourner au profit de la libre-pensée et de l'incrédulité; il la faisait surtout pour rapprocher les Égl. protestantes, que les symboles divisaient quand ils auraient dû seulement les distinguer; il eut pour lui Wake, archev. de Cantorbéry, et le roi de Prusse qui le lit nommer membre de l'Acad. de Berlin et lui envoya une médaille d'or. Souvent les Égl. étrangères, de Hongrie, Transylvanie, Palatinat, Vallées, s'adressèrent à lui, et il se montra touj. empressé à les servir, f l*r mai 1737. Il a laissé de nombreux ouvrages, dont le Nubes testium est peut-être le plus remarquable; c'est un recueil de citations de la Bible, des pères, des synodes, sur la tolérance en matière de foi et sur la différence à faire entre les dogmes essentiels et ceux qui ne sont pas fondamentaux. En outre, des Comment., dissertations, sermons, etc. Genève 1734, et 1737.
TUTILO, moine de Saint-Gall, de 900 et 912, fort et vigoureux, peu né pour la vie contemplative, pieux, mais sans aucune disposition k l'ascétisme; artiste, remarquable par son talent pour la sculpture sur bois et sur ivoire; on disait de lui que c'était la sainte Vierge elle-même qui lui avait donné des leçons. II était aussi peintre, dessinateur, architecte, poète et musicien. On possède encore de lui des reliefs et quelques hymnes.
TWESTEN, Aug.-Detlew-Christian, né H avril 1789 à GlUckstadt, vint comme prof, à Berlin 1812 et s'attacha à Schleiermacher. De 1814 à 1835 il fut prof, de théol. k Kiel, travailla avec Harms à vivifier la piété de son église, s'occupa sérieusement de la question des pauvres, et fut appelé k Berlin 1835. Nommé en 1850 membre du consistoire supérieur. Auteur de nombreux ouvrages sur les symboles, la dogmatique luthérienne, la Logique, l'Angélo-logie, etc. f 1877.
TWIN, Divin, Dovin, longtemps capitale de l'Arménie, fondée par G^osrofs II vers 350, plusieurs fois détruite et reconstruite; célèbre par divers synodes arméniens qui s'occupèrent surtout de discipline, et, par les riches et nombreuses reliques de sa cathédrale.
TYANE, ville de Cappadoce, non loin du Taurus; patrie d'Apollonius. Un synode y fut tenu 368 pour ramener l'union entre les nicéens et les sémi-ariens qui s'étaient adressés au pape Libère et qui avaient été réintégrés par lui dans la communion de l'Église. Cette réconciliation ainsi préparée devait s'affirmer et se conclure dans un concile convoqué à Tarse, mais l'arien Valens s'opposa k sa réunion.
TYCHONIUS, théol. africain, donatiste, mais modéré, qui ne regardait pas les opposants comme ennemis de l'Église, et qui n'imposait pas un nouveau baptême à ceux qui se joignaient à lui. Il vivait k la fin du 4®e siècle et fut contemporain d'Augustin, mais avant que la réputation de ce père eut atteint son apogée. Chi-liaste, il a écrit sur l'Apocalypse un commentaire auj. perdu. Auteur des Sept Règles, qu'il donne pour trouver et fixer le sens des Écritures.
TYCHSEN, ou plutôt Tuka lo Olaf Gerhard, né 14 déc. 1734 à Tondern, Schleswig, fils d'un tailleur originaire de Norvège, étudia à Altona où il fut admis par faveur, et où il apprit l'hébreu, le caldéen et l'arabe. En 1756 il vint à Halle, et se mit k la théol. et aux langues orientales; nommé surveillant à la maison des orphelins, il apprit avec le missionnaire Schulz l'anglais, le tamule et l'indostani. Depuis 1759 il se consacra k l'évangélisation des juifs et des mahométans, visita le Danemark et l'Angleterre, et finit par être nommé d'abord lecteur, puis prof, de langues orientales k Butzow. Marié en 1767. f 30 déc. 1815. Il était conseiller aulique, et membre de plusieurs académies, Berlin, Munich, Upsal, etc. Ses nombreux ouvrages prouvent plus de recherches et d'érudition que d'esprit critique, et malgré leur valeur ils n'ont pas eu grand succès. Le plus important est une Introduction aux monnaies musulmanes. Il a traité aussi des monnaies arabes. Son livre intitulé: Preuve de la fausseté des médailles juives à caractères hébr. et samaritains l'engagea dans une longue et stérile controverse; il niait l'authenticité de toutes les médailles maccabéennes. Il entra aussi en lutte avec Kennikott à l'occasion de sa collection de variantes, qu'il chercha à discréditer en prétendant que la plupart des mss. comparés étaient d'origine chrétienne et en prenant parti pour la masore. Citons encore: De Pentateueho ebrœosamaritano, Tentamen de variis codicum hebr. generibus, Estimation des nombres d'années dans les mss. hébr. de la Bible, etc.
2o Thomas-Christian, né 8 mai 1758 à Hors-byll, Schleswig, fils d'un pasteur, étudia la théol. et la philologie k Kiel et à Gôttingue, parcourut l'Allemagne, la France, l'Espagne et l'Italie, et fut nommé 1784 prof, et 1817 docteur en théol. à Gôttingue, où il + 24 oct. 1834. Ses 43 ouvrages roulent presque sur les mêmes sujets que ceux de son homonyme et leur sont en général supérieurs: Des monnaies hébr., des monnaies orientales. En outre: Comment, sur Joël, Littérature des Hébreux, de l'Autorité de Josèphe, Du retour de Christdans le N. T., etc. Il fut associé aux travaux de J.-D. MichaÇlis.
TYNDALE ou Tindal, William, théol. anglais né 1484 k Northnibley dans le pays de Galles, étudia d'abord à Oxford les langues et la philosophie. Il y lut avidement la Bible latine d'Érasme et la fit connaître à ses condisci-pies. Des persécutions naissantes le tirent partir pour Cambridge. En 1519 de retour chez lui, il est appelé comme précepteur dans la noble famille Walsh de Sodbury, où il exerce une bonne influence. Il sème autour de lui la parole de Dieu, mais le clergé ruine à mesure tout ce qu'il fait. Tyndale comprend qu'avant tout il faut faire connaître la Bible, et pour cela la traduire en langue vulgaire. Il se met à l'œuvre, et continue ses travaux à Londres, protégé et secondé par un riche marchand, Humphrey Monmouth. Un an après, obligé de partir il se rend à Hambourg où il publie les 2 premiers Évangiles. En 1525 il part pour Wittenberg, puis Cologne où il fait imprimer le reste du N. T. à 3000 exemplaires. La publication en ayant été interdite, il réussit à l'introduire en Angleterre malgré les efforts de ses ennemis. Il se met de nouveau en route, visite Worms, Marbourg, Anvers 1529, travaillant partout, mais toujours insaisissable. 11 est obligé de retourner à Hambourg, où il publie le Pentateuque, puis encore à Anvers où il imprime le N. T. 1534. Il y fut enfin arrêté et condamné à mort comme ayant contrevenu aux décrets de Charles-Quint qui défendait l'impression de livres évangéliques. Il mourut sept. 1536 avec le courage et la sérénité d'un martyr. Il fut étranglé et son corps brûlé. Ses amis Bilney, Bayfield, Fryth, avaient subi le martyre avant lui; tous avaient repoussé les avances de Henri VIII, ne voulant pas d'une demi-réforme dictée par de mauvaises passions.
TYPASE, auj. Tipaza, petite ville d'Afrique rendue célèbre par un étrange miracle qui arriva en 484. Hunneric, roi des Vandales, cruel protecteur des ariens, fit couper la langue à plusieurs chrétiens qui s'obstinaient à confesser la divinité de Jésus-Christ. La légende et quelques historiens rapportent qu'après cette opération ils continuèrent de parler, et que s'étant rendus à Constantinople ils parlèrent devant Zé-non et toute sa cour. Abbadie, Dodwell, le traducteur de Mosheim, et quelques autres protestants admettent la possibilité de ce fait.
TYPE, ou Modèle, formulaire de foi imposé par un édit de Constant II, publié 648 à l'occasion des discussions monothélites, et destiné à imposer le silence à tous; cet édit qui mettait sur la même ligne le oui et le non, ne fut respecté ni des uns ni des autres, et Martin le condamna 649 au conc. de Latran.
TYR, bien qu'à peu près ruinée, avait déjà un èvêque en 196; Paulin lui donna une cathédrale. En 335 un conc. y fut convoqué pour entendre Athanase, et après de longs débats le condamna et l'exila à Trêves. En 1164 l'historien des croisades, Guillaume, était archev. de Tyr et comptait 13 évêques suffragants.
TYROL. Peuplée de tribus celtes et galliqnes, l'ancienne Rhétie tomba sous Auguste entre les mains des Romains et s'en assimila prompte-ment la civilisation, mais l'invasion des barbares, Allemans, Huns, Goths, interrompit ce développement, et ce fût seulement sous Charlemagne qu'un état plus normal se rétablit. Des traditions incertaines font remonter l'évangéli-sation du Tyrol à un contemporain de Pierre, Prosdocime év. de Feltre. Le premier fait historique est la présence d'Abondance, év. de Trente, au conc. d'Aquilée 381; il eut pour successeur Vigile, qui trouva ta mort, 400, en faisant la guerre aux idoles. D'autres évêchés sont encore mentionnés du 6m« au 10m« siècle dans cette contrée, dont les limites ont beaucoup varié, puisqu'elles ont quelquefois compris Salzbourg, CoireetWurzbourg, parfois aussi Vérone et Padoue. L'immoralité et l'ignorance du clergé amenèrent en 1525 une émeute de paysans, et un moment on put croire à une réforme; mais la noblesse qui se croyait menacée se ligua contre tout mouvement évangélique et le protestantisme ne put jamais prendre pied dans le Tyrol. Les jésuites furent appelés 1561 et fondèrent l'univ. d'Innsbruck. Les couvents de tous ordres se multiplièrent, et ni le régime des lois joséphines, ni le gouvernement français, ni le traité de 1815 ne réussirent à faire comprendre la tolérance à ces vallées. A plusieurs reprises les protestants en furent chassés; en 1837 ils émigrèrent encore au nombre de 800 et fondèrent en Silésie la colonie de Zillerthal dans un district que la Prusse mit à leur disposition. Depuis 1864 cependant il y a à Bregenz, Vorarl-berg, un petit troupeau de protestants soutenus par la Société de Gustave-Adolphe.
TZSCHIRNER, Henri-Gottlieb, né 17 nov. 1778 à Mitweida, Saxe, fils d'un pasteur, fit ses études à Chemnitz et à Leipzig; protégé par Reinhard, il fut prof, de théol. d'abord à Wittenberg, puis à Leipzig où il occupa successivement diverses charges pastorales; surintendant depuis 1815 en remplacement de Rosenmuller, chanoine à Zeitz et à Meissen, chevalier de l'ordre de Danebrog. f 17 févr. 1828. Esprit vif et ingénieux, sans grande profondeur, pittoresque sans être précisément original, patriote enthousiaste, aumônier pendant la guerre d'indépendance, prédicateur sympathique, il était assez indifférent pour le dogme & admettait que l'Égl. chrétienne peut comporter toutes les opinions, comme le paganisme comportait tous les dieux. En fait de surnaturel il croyait au christianisme révélé, dont Jésus homme aurait été la plus exacte manifestation. Il a publié un grand nombre d'ouvrages, 5 vol. de sermons, des écrits de cironstance, des livres de philos., de controverse, de dogmatique, de psychologie; des traités sur la guerre, le suicide, etc.