V
VACANCE, absence momentanée, plus ou moins prolongée, ou définitive, du titulaire d'une place, produite par sa démission, sa destitution ou son décès. La vacance n'est officielle que lorsqu'elle a été constatée par l'autorité compétente, qui décide en même temps sur l'emploi des revenus du bénéfice vacant, ainsi que sur le mode de repourvue de la place.
VADIAN, v. Watt.
VAGA, Perino (del), de son vrai nom Buo-nacorsi, né 1500 à Florence, un des grands peintres de l'école italienne, élève de Ghir-landajo, puis collaborateur de Raphaël avec qui il travailla aux Loges; devint maniéré après la mort du maître. Fait prisonnier lors de la prise de Rome 1527, il se racheta et se rendit à Gênes où il travailla au palais Doria; il revint ensuite k Rome où il ouvrit une école, + 1547. On admire de lui plusieurs madones et une Naissance de Jésus.
VAGABONDS, ou Vagants. On appelait ainsi des prêtres sans poste déterminé, sans recommandations suffisantes, dont l'ordination était irrégulière ou tout au moins douteuse, comme il s'en trouvait beaucoup au moyen âge. Pour gagner leur vie ils cherchaient à s'insinuer dans les châteaux comme chapelains, acceptant de remplir toutes sortes de fonctions, et poussant la complaisance morale k un degré qui n'était pas toujours propre à faire honorer la religion. Ils donnèrent lieu k de nombreuses plaintes et contribuèrent à discréditer le clergé. Déjà les conc. de Laodicée et de Chalcédoine, puis d'autres encore, et les capitulaires de Charlemagne, interdisent les consécrations vagues, et le conc. de Trente les proscrit formellement, en même temps qu'il défend aux évêques t de laisser dire la messe à aucun prêtre vagabond et inconnu. » Cet abusa en grande partie disparu.
VALDÈS, ou Val d'Esso, Valdesius; deux frères espagnols, que l'on a cru quelquefois jumeaux, Alphonse et Juan, nés à Cuença(Nouv.-Castille), dont leur père f 1530 était corrégi-dor 1520. Très bien doués, instruits, d'un caractère et d'une vie irréprochables, pieux, ennemis des abus de l'Égl. romaine, ils se sont trouvé? mêlés à l'hist. de la Réforme, sans qu'on puisse dire qu'ils soient arrivés à une connaissance bien entière de la vérité évangélique.
10 Alphonse, né Vers 1490, accompagna 1520 l'empereur à Aix-la-Chapelle pour son couronnement, puis à Worms, où il put apprécier la grandeur de Luther et l'importance du mouvement religieux dont il était l'expression. Il était l'ami intime d'Érasme. Secrétaire d'État en 1524, il entretint une correspondance suivie avec le père delà renaissance, et publia en 1527 son dialogue de Lactance, relatif au siège et au sac de Rome, où il présente cet événement comme un jugement de Dieu contre le pape et contre ses cardinaux. Menacé de l'inquisition par le nonce Castiglione, il fut protégé par son patron, le chancelier Gattinara. Il accompagna de nouveau l'empereur en Italie, puis à Augsbourg où il vit de près Mélanchthon et les principaux réformateurs, les servit auprès de Charles-Quint, et traduisit pour ce prince la célèbre Confession. Il est encore au service de l'empe-reuren 1531; il quitte Bruxelles à la fin de l'année et se rend à Vienne auprès de Charles, mais
11 y t de la peste en oct. 1532.
2° Son fr. Jean, ou Juan, collabora peut-être au Dialogue de Lactance (que quelques-uns même lui attribuent entièrement), et composa vers 1528 ou 1529 le dialogue de Mercure et Caron, qui, dans les enfers, s'entretiennent de la guerre due à la rivalité de François 1er et de Charles-Quint. Des morts arrivent de toutes parts, un docteur, un évêque, un moine, une femme, et leurs révélations ne sont rien moins qu'édifiantes. Ce traité, qui lui valut une lettre flatteuse d'Érasme, attira l'attention du saint-office, mais l'empereur emmena Juan avec lui en Allemagne. Enfin il vint à Naples 1530, comme secrétaire du vice-roi, Pierre de Tolède, où il resta jusqu'à sa fin, sauf un court séjour à Rome vers 1533. Grâce à sa position, il put propager librement autour de lui les doctrines évangéliques, et fut bientôt le centre d'un cercle d'esprits distingués, qui étudiaient avec lui les saintes Écritures: Flaminio, Vermigli, Ochino, Bonfadio. Caracciolo marquis de Vico, Carnesecchi, Isabelle Manrique, sœur de l'inquisiteur; la noble Vittoria Colonna, Giulia Gonzaga, Constanza de Avalos, etc. Ils étudiaient ensemble; les Cent et dix considérations divines (ouvrage qui parut après sa mort) faisaient l'objet ordinaire de leurs entretiens. Il écrivit aussi un Comment, sur l'ép. aux Romains, un sur la 1™ aux Corinthiens, des explications sur quelques psaumes, cinq traités sur les Principes de la doctrine chrétienne, un Alphabet spirituel (dédié à Julie Gonzaga), plein de directions pratiques, etc., sans parler d'un Dialogue sur la langue espagnole, très estimé en littérature. Il imprimait volontiers à Venise où la presse était libre, et à Bâle chez Cœlîo Cu-rione, en môme temps qu'il continuait d'envoyer en Espagne de nombreux traités de controverse ou d'édification. Ses livres ont été souvent réimprimés. Il f paisiblement dans sa villa de la Chiaja, en automne 1541, assisté de son ami l'archev. d'Otrante. A peine mort, l'inquisition sévit contre ses adhérents; 3 archev., 8 évêques et plus de 3000 maîtres d'école et professeurs étaient compromis, et durent s'enfuir ou se rétracter; quelques-uns furent brûlés. — Kolde-wey a publ. Halle 1870, un ouvrage inédit de Valdès sur l'éducation des enfants, le Lac spirituelle . — V. Manuel Carrasco. Genève 1880.
3°. 4°. 5° L'hist. mentionne encore un Val-dez qui se suicida sous Jules II pour une affaire d'amour; un autre qui fut l'assassin de son fr. Juan Diaz, 1546; et un inquisiteur général sous Philippe II, Fernando Valdez, archev. de Séville, nommé le 20 janvier 1547 à la direction du saint-office, destitué par Pie V à cause de ses cruautés envers Carranza, et f2 déc. 1568. Il a fait brûler vives 2400 personnes, en effigie 1200; 12,000 autres furent condamnées à diverses peines.
VALDO, Waldus, Valdès. ou de Vaux, né à Vaux près de Lyon, apparaît pour la fois vers 1170. Marchand et riche, il était un jour à table avec quelques amis, quand l'un d'eux tomba mort subitement. Cela le rendit attentif à l'état de son âme et il consulta son directeur spirituel sur ce qu'il avait à faire pour être sauvé. Celui-ci lui indiqua plusieurs moyens, et sur son insistance, ajouta que le meilleur était dans la réponse de Jésus au jeune homme riche: Vends tout ce que tu as et le donnes aux pauvres. Il n'hésita pas, donna à sa femme et à sa fille ce qui leur était nécessaire, paya ses dettes et distribua le reste. Il s'occupa ensuite de traduire la Bible en langue vulgaire, et s'adjoi-nit pour cela deux prêtres un peu lettrés,
Etienne d'Ansa comme traducteur, et Bernard Ydros comme copiste. On ignore ce que cette version est devenue. Il en fit faire plusieurs copies et s'appliqua à la répandre et à l'expliquer par des colporteurs, ses disciples. Il gagna assez d'adhérents pour inquiéter l'autorité ecclésiastique. Condamné par le concile diocésain il en appelle au pape. AlexandreIII l'autorise d'abord à prêcher, mais en 1179 il retire son autorisation, et comme les disciples de Valdo continuent d'évangéliser de lieu en lieu, ils sont excommuniés au conc. de Vérone 1184 et la persécution éclate de toutes parts, en Italie, en France, en Angleterre. Les Pauvres italiens, comme on les appelait, durent s'enfuir, mais en fuyant ils emportèrent leur doctrine et la propagèrent. Valdo lui-même passa en Bohême où probablement il mourut. Innocent III finit par ramener à l'Égl. de Rome quelques vandois irrésolus, qu'on appela les Pauvres catholiques.
VALENS 1° semi-arien, v. Ursacius. — 2° Flavien, surnommé le Goth, emp. romain, né vers 328 en Pannonie, courageux, mais cruel, sans éducation, sans capacités militaires. Son frère aîné, Valentinien, se l'associa 364 et lui remit l'Égypte et l'Asie. Il comprima la révolte de Procope 27 mai 366, et remporta divers avantages sur les Perses, après s'être au préalable et comme talisman, fait baptiser par Eudoxe. Les ariens étant alors au pinacle, il se fit arien, et devint l'aveugle instrument de ee parti, en persécutant les orthodoxes, les moines, les semi-ariens et les païens. Il ne toucha pas à l'Égypte où l'influence d'Athanase était encore trop grande, ni à la Cappadoce où l'imposante personnalité de Basile commandait le respect même aux gouverneurs de l'empire. Mais partout ailleurs il commit des actes de cruauté qui ont rendu sa mémoire odieuse. Hémophile ayant été élu patr. de Constantinople par le parti arien, 80 prêtres se rendirent auprès de Valens pour protester; il les fit embarquer sur un vaisseau auquel on mit le feu quand il fut en mer; Valens prétendit que le feu avait éclaté par accident. Il chargea les moines d'impôts, les astreignit au service militaire et fit périr sous le bâton ceux qui refusèrent. Plus tard il pourchassa dans le désert les moines d'Égypte. Un oracle païen lui prédit qu'il serait remplacé par un homme dont le nom commençait par Théod. Ce fut Théodose. Lui-même, après avoir été vaincu à Andrinople par les Goths, périt misérablement 9 août 378, brûlé avec sa suite dans une chaumière.
VALENTIA, Grégoire (de), jésuite, né 1543 ou 1551 à Medina del Campo, Vieille-Castille, vint à Rome comme prof, de philos, après avoir achevé son noviciat, puis fut envoyé en Allemagne, à Dillingen et Ingolstadt, où il ensei-
#na la théol. et fit de la controverse. En 1598 il fut rappelé au Collège romain, et f 1603 à Naples pendant un séjour. Il a écrit un volume de controverse contre les protestants, et des ^Comment, sur la Somme de Saint-Thomas.
VALENTIN. Il y a dans l'histoire et dans la légende plusieurs saints de ce nom, mais aucun dont le souvenir puisse expliquer l'origine de la fête populaire qui, dans beaucoup de pays et .surtout en Angleterre, se rattache à la date du 14 févr. On sait que ce jour les jeunes gens des 2 sexes tirent au sort et qu'ils forment ainsi des couples fantaisistes de Valentin et Valentine jusqu'à l'année suivante. Il est probable que cette tradition remonte à l'Allemagne païenne.
lo Disciple d'Apollinaire de Laodicée, q. v.
2<> Valentin. le plus célèbre et peut-être le plus complet des gnostiques, doit être né, d'après Épiphanes, sur les côtes de l'Égypte. On croit qu'il était juif. Il étudia à Alexandrie. Devenu chrétien, mais avec quelques vues particulières empruntées à la sagesse grecque, il répandit d'abord ses idées avec une certaine réserve en Égypte, puis il vint à Rome 140-160, et soit ambition déçue, soit amour-propre froissé, n'ayant pu être nommé èvêque, soit conviction, il se mit à enseigner une doctrine nouvelle et se fit excommunier 3 fois. Il vint en Chypre, où il rompit décidément avec le christianisme, + 161. C'était un homme fort éloquent et un esprit subtil. Ses disciples prirent le nom de va-lentiniens, q. v.
3° Le Saint, vécut sous Léon 1er et vint de l'est comme èvêque missionnaire à Passau; n'ayant pas réussi, il linit par obtenir de Léon la permission de se retirer dans le Tyrol, et il y mourut. Ses os doivent s'y être conservés. Les actes qui en parlent datent du 11me et du 12®« siècles, et paraissent dignes de créance, quoiqu'ils varient sur certains points, notamment sur le lieu de sa sépulture, que les uns placent à Trente 730, les autres à Passau 768.
4° Pape 827, ne régna que 5 semaines.
d'emportement qu'un vaisseau se brisa dans sa poitrine et il + 17 nov. 375. Il était chrétien, orthodoxe, mais non encore baptisé; d'ailleurs tolérant, et séparant la religion de la politique. Bien que nicéen, il se prononça à Milan pour Auxence contre Hilaire de Poitiers, et à Rome pour Damase contre Ursin. Il ne défendait que la magie et les sacrifices nocturnes.
2° Valentinien II, lils du précédent et de sa seconde femme Justine, né nov. 371, fut en 375 appelé au trône par l'armée d'illyrie, et régna sous la régence de sa mère, aussi sage que belle, mais, arienne décidée. Son fr. Gratien, de beaucoup son aîné, ratifia cet arrangement et lui donna la préfecture d'Italie avec Milan pour résidence. Théodose qui avait épousé Galla. fille de Justine, reconnut l'usurpateur Maxime qui venait de tuer Gailien, mais â condition que Maxime laisserait à Valentinien II l'Italie, l'Afrique et llllyrie, 383. En 388 Maxime ayant cru pouvoir violer son engagement, Théodose accourut de Thessalonique, le vainquit et le mit à mort à Aquilée. Valentinien fut ainsi seul maître de l'empire; sa mère était morte; il renonça à l'arianisme, maintint malgré Symma-que, les lois contre le paganisme, fit contre les Francs une expédition heureuse, el fut trouvé f 15 mai 392 dans son lit à Vienne, probablement assassiné par le traître Arbogaste. Il n'était pas encore baptisé.
3o Valentinien III, Flavius-Placidius, né 419 à Ravenne, fils de Constance III et de Placidie fille de Théodose 1er, dut quitter l'Italie à la mort de son père, et fut conduit par sa mère à Constantinople auprès de Théodose II, 423. En 425 il fut placé par les troupes sur le trône. Il eut la chance de pouvoir se reposer sur A'étius. à la fois général et homme d'État, qui gouverna en son nom, lui conserva les Gaules et vainquit Attila 451; mais jaloux des succès de ce général et redoutant sa popularité, il le fit assassiner dans son palais. Val. avait épousé en 437 Eudoxie, fille de Théodose II. En 431 il avait convoqué le conc. d'Éphèse; il prononça le bannissement contre les manichéens, la peine de mort contre les païens. En 445 il publia un rescrit en faveur de Léon Ier, lui accordant le titre de recteur universel, confirmant sa primauté, et dénonçant comme un crime la résistance à l'év. de Rome. Léger, débauché, sans courage et sans talent, il fut tué mars 455 par le sénateur Pétrone Maxime, dont il avait outragé la femme. Maxime lui succéda et épousa sa veuve.
VALENTINIENS. 1° Les adhérents de Valentin, disciple d'Apollinaire, q. v.
Jfi On connaît surtout sous ce nom les partisans du gnostique Valentin 3o. C'est en lui que
VALENTINIEN lo Flavius, né 321 àCibehe, Pannonie, servit avec distinction sous Julien et Jovien, et fut proclamé empereur par l'armée le 24 févr. 364 à Nicée. Pour suffire à la grandeur de sa tâche il s'adjoignit son fr. Valens, à qui il donna l'Orient. 11 lit des guerres heureuses aux Allemanis, aux Pietés et aux Saxons, se montra bon administrateur et habile financier, donna aux \illes des défenseurs de la cité, s'occupa de législation et réprima les préten -lions des ariens. Mais il était cruel et violent; on raconte qu'il se faisait accompagner de deux ours qu'il chargeait parfois de ses exécutions sommaires. Des ambassadeurs Quades étant venus à Br^getio, où il passait l'hiver, p0ur lui demander la paix, il se livra à une telle scène \\e système atteignit son plus complet dévelop-
peinent, emprunté par fragments à la cabale juive, au dualisme oriental et au N. T., dans un langage mystérieux, qui touche au jargon, et dont on n'est jamais sûr d'avoir bien saisi le sens. Quelques-unes des idées de Valentin remontent d'ailleurs à Basilides; d'autres dnt été ajoutées plus tard par ses propres disciples, et dans ces transformations et modifications incessantes, confuses par elles-mêmes, on ne distingue pas toujours ce qui appartient à l'un ou à l'autre. L'idée-mère chez tous les gnostiques, c'est que la matière, c'est le mal; donc Dieu ne peut l'avoir créée; donc elle est éternelle. La source de la vie c'est le Buthos, l'abîme, l'insondable, appelé aussi Propator, père d'ancienneté, avant qu'il y eût rien. De là émanent par des générations successives des paires d'èons, mâle et femelle, ainsi nommés parce qu'ils existaient avant le temps. D'abord l'Esprit et la Vérité; puis d'eux procèdent le Verbe et la Vie; de ces deux à leur tour l'Homme et l'Église, etc. Os trois paires forment le Pléroma, ou ciel. Enfermés dans des espèces de cercles concentriques, ces êtres ne peuvent franchir les limites de leur nature, et s'ils essaient de pénétrer dans l'essence de Dieu, ils risquent de tomber dans le néant. Le génie des limites, ou Oros, veille à cela. Le dernier des éons femelles, la Sagesse, Sophia, s'étant unie au Buthos, il naquit de cet amour désordonné un avorton, un ektrôma ou artosophia, qui fut pour la mère un sujet de tristesse, et créa pour le père l'obligation de remédier à un accident qui troublait l'harmonie de son œuvre. Cette Sophia inférieure communique à la matière le germe de la vie et forme le démiurge. Il y a ainsi 3 natures: la spirituelle, ou pneumatique, apparentée au pléroma; 2° l'animale, ou psychique, qui peut parvenir à la vie ou à la condamnation éternelle; 3° la matérielle, ou hylique. Le but de la Rédemption est de faire rentrer la nature spirituelle dans le pléroma, et d'anéantir la nature animale en la séparant du principe de vie. Trois éons concourent à cette œuvre; le Christ, c. à d. la Parole agissant dans le pléroma; le Saint-Esprit, et le Jésus, ou Sauveur, en dehors du pléroma. Le démiurge avait créé l'homme pour le représenter, mais la Sophia ayant mis en lui une semence surnaturelle, il fut épouvanté. Il avait promis aux siens un rédempteur qui les délivrerait de la puissance satanique, un messie psychique, et comme il ne pouvait s'unir à la matière, il lui fit un corps d'un air pur, élhéré, qui passa par Marie comme à travers un canal. Ce messie donna d'abord l'exemple d'une sainteté ascétique; mais au baptême le Sauveur, Sôter, s'étant uni à lui, lui inspira une sainteté bien supérieure. Cette union doit se reproduire en chaque homme et forme l'essence de la régénération. Il y a donc un christianisme pneumatique et un psychique, suivant qu'on reconnaît ou non le vrai messie ou sôter. C'est aux psychiques que Paul a dit qu'il ne voulait savoir autre chose que Christ crucifié. Valentin dit aux pneumatiques: Vous êtes dès le commencement immortels, enfants de la vie éternelle; partagez entre vous la mort afin de la détruire. Quand le monde matériel sera dissous, le Sôter sera uni avec la Sophia, les pneumatiques entreront dans le pléroma et seront unis avec les anges 2 à 2. Les psychiques occuperont avec le démiurge un ciel inférieur, cependant heureux aussi. — Telles sont les aberrations insondables par lesquelles la sagesse gnostique a prétendu remplacer l'Évangile des chrétiens. Les valentiniens furent nombreux en Égypte; ils s'entendaient à gagner la confiance de leurs interlocuteurs. Les principaux disciples de Valentin furent Héracléon, q. v.; Ptolémée qui donnait 3 auteurs à la loi mosaïque, Dieu, Moïse et un ancien docteur; son exposition de la loi cérémonielle est importante et ne manque pas de spiritualité; enfin Bardesanes d'Êdesse, vers 170, poète comme son fils Harmonius, auteur d'hymnes appréciés. Il savait au besoin s'abaisser au point de vue psychique quand il parlait de l'Église, ce qui explique pourquoi Eusèbe dit qu'il passa du gnosticisme au christianisme, tandis que Épiphanes dit précisément l'inverse.
VALÈRE 1° ou VaUrius, v. Maternus. — 2° ou Valera, Cyprien (de), né vers 1531 en Espagne; converti à l'Évangile il dut fuir l'inquisition, et se rendit en Angleterre où il se maria. Vers 1582 il entreprit la revision de la version espagnole de la Bible, publiée 1569 à Bâle par Cassiodore; il s'aida pour cela de la version de Genève. Il passa en Hollande pour la faire imprimer, et revint en Angleterre otk il mourut. On a aussi de lui quelques traités de controverse, et une trad. espagnole de l'Institution de Calvin.
VALÉRIE, vierge inconnue du Limousin, qui doit avoir subi le martyre au 3®« siècle.
VALÉRIEN lo Publius-Aurelius-Valerianus, emp. romain, né vers 190, d'une famille noble, fit sa carrière comme soldat, fut nommé censeur par Decius 2$1, marcha au secours de Gallus contre Émilien, et ces deux chefs ennemis étant morts, il fut proclamé empereur 253. Il s'associa son fils Gallien, et donna sa coo-fiance à son favori Macrien, qui l'inspira mal et finit par le trahir. Il ordonna la 3«« persécution contre les chrétiens, après leur avoir été d'abord favorable; les temples furent fermés, les évêques exilés, Cyprien et d'autres exécutés. Malgré son courage personnel il n'eut pas de bonheur à la guerre; après avoir repoussé les hordes barbares qui envahissaient ses frontières, il passa en Perse et fut vaincu par Sapor 260 qui le traita ignominieusement, en fit son marche-pied pour monter à cheval, finit par le faire écorcher vif et suspendit sa peau dans un temple, 269.
2° Év. de Cémèle (Cimiez) au 5m« siècle, de 439 à 455, avant le transfert de ce siège à Nice sous Léon. Il prit part au conc. de Riez 439, et son nom figure parmi ceux des év. de la province d'Arles qui correspondirent avec Léon 450 et 451. Ayant été nommé abbé d'un monastère, et ne pouvant s'y rendre aussitôt, il écrivit aux moines une Lettre sur les vertus et l'ordre de la discipline apostolique. On a aussi de lui 20 Discours.
3° etc. Plusieurs autres saints, martyrs et évêques: un à Tournus f 179; un év. d'Aqui-lée, qui combattit l'arianisme, présida le conc. d'Aquilée 381.. assista à celui de Rome 382, f vers 389; un év. de Habe ou Abbenza, Afrique, sous les Vandales, condamné pour avoir refusé de livrer les choses saintes, etc.
VALERIO, Augustin, né 1530 à Venise, év. de Vérone et cardinal, f 1606 à Rome, un des plus savants littérateurs de son pays, prof, de philos, à 27 ans; auteur de plusieurs ouvrages, Vie de Borromée, Traité de rhétorique, etc.
VALESIUS, v. Valois.
VALLA lo Laurent, célèbre humaniste, né à Rome 1406 ou 1415, f 1457. Prof, d'éloquence à Pavie, Milan, Gènes et Florence, il s'attacha à Alphonse V, roi d'Arragon, qu'il accompagna dans diverses expéditions. Il attaqua sans ménagements la scolastique et plusieurs traditions vénérées de l'Église, entre autres celle qui concerne la prétendue donation de Constantin. Il attaqua également le Symbole des apôtres et la Vulgate et dut s'enfuir à Barcelone, puis à Naples. Il fut condamné à mort par l'Inquisition. Alphonse obtint avec difficulté que cette peine fût commuée en une fustigation publique. Le pape Nicolas V se l'attacha en le nommant secrétaire apostolique et chanoine de Saint-Jean de Latran; mais Valla retourna mourir à Naples, auprès d'Alphonse, dont il était l'historiographe. Il a écrit quelques ouvrages d'une élégante latinité, et passe avec le Pogge pour un des hommes qui ont le plus contribué à ranimer l'amour et le goût des lettres latines. —
2o Joseph, oratorien français, prof, de philos, et de théol. à Soissons et à Lyon, auteur de 2 ouvrages devenus classiques (en latin); les Institutions théol. 6 vol. in-12o, et les Instit. philos. 5 vol. in-12o, connues sous le nom de Philosophie de Lyon, f 1790. Il s'opposa à l'Unigenitus.
VALLETTE, Jean-Louis, né 24 mai igOO Chêne-Thônex, près Genève, d'une famj|)e o** ginaire de l'Ardèche, perdit son père de bonne heure, se montra fils et frère dévoué et travailla avec énergie pour gagner sa vie en môme temps qu'il poursuivait ses études de théologie. Précepteur dans la famille Boissier-Butini. En 1827 est nommé pasteur de la communauté de Naples, sous le patronage du roi de Prusse, et chapelain volontaire des régiments suisses;
fonda à Messine une égl. évangélique, 1838, prêchant en français et en allemand. Pendant le choléra son dévouement se montra à la hauteur de son devoir. Appelé en 1841 à Paris, à égl. des Billettes, sur le désir exprimé par la duchésse Hélène d'Orléans. Président du consistoire luthérien 1867; enfin président du synode de la conf. d'Augsbourg. Il est peu d'oeuvres auxquelles il soit resté étranger; il n'en est point qu'il ait entreprise sans la mener à bonne fin. Ami des petits, des pauvres, des orphelins, des déshérités, des détenus libérés, il était recherché des grands qui appréciaient son zèle, son activité, aussi discrète que tenace. Décoré de plusieurs ordres. A force de démarches et de persévérance, il eut le bonheur de procurer des aumôniers protestants aux armées françai -ses en Crimée, en Italie, en Chine, et de créer un antécédent dont les gouvernements ne se sont plus écartés. Il resta à Paris pendant le siège; il y revint pendant la Commune à la nouvelle des premiers désordres, f 20 oct. 1872. Intelligent, très instruit, esprit vif et prime-sautier, figure fine et originale, il était attaché de cœur à la vérité évangélique, ne cachant jamais son drapeau; mais il n'était pas militant, aimant mieux consacrer ses forces et ses riches facultés aux œuvres si nombreuses et si variées auxquelles il estimait se devoir avant tout. Beau-frère de son collègue, le pasteur G. Ap-pia, et père du pasteur Oscar Vallette, de Bâle, 1883.
VALLOMBREUSE, v. Gualbert. VALOIS (de), en latin Valesius. A. Famille royale de France, qui date de Philippe VI1328, donna 13 souverains à son pays, dont quelques-uns très distingués, et s'éteignit 1589 dans une décomposition physique, politique et morale.
B. Famille de savants: lo Henri, né le 10 sept. 1603 à Paris, étudia successivement chez les jésuites de Verdun et au collège de Clermont, fit son droit à Bourges 1622 et se fit recevoir avocat à Paris pour plaire à son père, mais s'adonna ensuite à l'étude des lettres et spécialement des classiques grecs et latins. En 1658 il obtint une pension de Mazarin, en 1660 il fut nommé historiographe du roi. En 1664 il épousa Marguerite Chesneau, dont il eut 7 enfants. Sa grande réputation lui valut de nombreux appels, entre autres un de Christine de Suède, mais il les refusa. Vers la fin de sa vie
sa vue s'affaiblit et il dut prendre un secrétaire-lecteur. f 7 mai 1676. Outre ses nombreuses éditions de Polybe, Diodore de Sicile, etc., on lui doit l'Hist. ecclés. d'Eusèbe, une Vie de Constantin, et des extraits considérables de Socrate, Sozomène, Théodoret, Évagrius, etc.
2° Adrien, son fr., 14 janv. 1607-2 juill. 1692, aussi historiographe de France, auteur d'un traité historique sur les anciennes églises de Paris, et de quelques essais sur les Pères. Son fils Charles a publié sous le titre de Valesia un recueil posthume de notes historiques et critiques de son père.
VALTELINE, vallée et petite région située entre l'Italie et le Tyrol, touchant à la Suisse par les Ligues des Grisons, et qui a souvent changé de maîtres à cause des convoitises qu'elle excitait comme frontière naturelle facile à défendre. Pour la même raison elle est devenue à l'époque de la Réformation le refuge ordinaire des persécutés pour cause de religion, Renato, Vergerio, etc. La diète grise proclama 1544 la liberté de conscience, mais les autorités locales 1551 la repoussèrent, sous l'inspiration de l'évêque. La lutte dura longtemps; elle se termina le 19 juill. 1620 par l'extermination des protestants; quelques prêtres fanatiques, secondés par des bandes de vagabonds, de bannis et de voleurs descendus de la montagne, eurent raison des évangéliques. L'Espagne s'empara 1620 de ce territoire dont elle avait besoin pour les communications du Tyrol avec Milan, mais la France envoya le duc de Rohan au secours des Ligues et rendit la Valteline à la Suisse, 1624 à 1637.
VANDALES, peuplade germanique, d'origine slave, peut-être apparentée aux Vendes, ou aux lugi de Tacite, et dont quelques-uns font dériver le nom de wandeln, errer. C'est entre l'Oder et l'Elbe, sur les côles de la Raltique, qu'ils apparaissent d'abord; puis an siècle an sud de la Dacie trajane, alliés aux Goths et aux Gé-pides, faisant la guerre k l'emp. Probus. En 334 Constantin les établit avec les Sarmates en Pan-nonie, où ils vivent quelque temps en paix et empruntent aux Goths I'arianisme. En 406 ils envahissent les Gaules, en 409 l'Espagne et notamment la Bétique à laquelle ils donnent leur nom de Vandalousie, et qui devient l'Andalousie. Unis aux Alains ils passent en 429 le détroit de Gibraltar sous la conduite de Genséric, attirés par le gouverneur Boniface, jaloux d'A'é-tius. Ils se sont déjà fait connaître par leur férocité; ils ravagent tout sur leur chemin, la Mauritanie n'est plus qu'une ruine, leur présence est marquée par la dévastation, la belle province romaine n'est plus qu'un champ de décombres, et Boniface déplorant trop tard sa trahison, s'efforce en vain d'arrêter les hordes qu'il a appelées. Augustin meurt à Hippone, qui est bientôt livrée aux flammes, ainsi que Cvrtha, Carthage, toutes les villes, tous les villages par où passent les barbares. Genséric distribue le pays à ses guerriers, fait de Carthage sa capitale et règne sur un littoral qui mesure soixante journées de distance. Les Vandales passent ensuite en Sicile, en Sardaigne, en Corse; ils apparaissent à l'embouchure du Tibre 455, et s'avancent sur Rome qu'ils pillent pendant 14 jours et 14 nuits, pour se replier en Afrique chargés d'un riche butin. Leur réputation est telle que leur nom est devenu synonyme de brutale férocité. Enfin Bélisaire ayant débarqué en Afrique, délit leur roi Gilimerà Tricameron, et les extermina 534. Une partie de la peuplade était restée en Germanie, où leur nom est demeuré: les ducs de Mecklembourg s'appellent encore auj. prince des Vandales, et le roi de Prusse a hérité du titre.
VANINI, Lucilio, qui prit les prénoms de Jules-César, né 1585 à Taurizano, Otrante, savant de premier ordre et prêtre, se distingua par ses mauvaises mœurs autant que par son incrédulité. Dans sa vie aventureuse, il fut tour à tour aumônier, précepteur, écrivain, se fit mettre en prison à Londres, chasser pour ses désordres à Toulouse, continua de visiter l'Allemagne, la Hollande, l'Angleterre, la Suisse, l'Italie, faisant de la propagande athée, et finit par se faire condamner à Toulouse, à avoir la langue coupée, à être pendu et brûlé, 1619; il essaya en vain de prouver qu'il croyait en Dieu; ses écrits témoignaient contre lui, notamment son traité, dédié au maréchal de Bassompierre, 60 dialogues De admtrandis naturœ, reginœ deœque mortalium, arcanis, 1616, où il prétend expliquer tous les phénomènes par les seules forces de la nature. Trad. par Rousselot, 1842.
VARAGINE, v. Voragine.
VASQUEZ, Gabriel, né 1549, entra 1567 dans l'ordre des jésuites à Alcala (Complutum), près Madrid; prof, de théol. à Alcala, puis à Rome, il s'attacha à la Somme de Thomas d'Aqnin, et f 1604 à Alcala. Il appartient aux premiers ca-suistes qui ont enseigné le probabilisme. Dans la question de la prédestination, soulevée par Molina, il se joignit avec Suarès et Bellarmin à la solution moyenne du Congruisme. Il a laissé 10 vol. in-fo, impr. Lyon 1620.
VATABLE, ou Wattebled, Guastebled, François, né à Gamache en Picardie, curé à Bramet dans le Valois, nommé 1530 prof. d'hébreu au collège royal de Paris fondé par François t 1547. Savant distingué, il est surtout connu par la Bible qui porte son nom et qui fut publiée 1545 et 1547 par Robert Étienne; réimpr en 1557. Cette édition renferme la Vuïgate, la trad.* de Léon de Juda, et des Notes prises aux le-
çons de Valable par son disciple Bertin-le-Comte, qui les avait communiquées à Étienne; celui-ci y ajouta des commentaires évangéliques. Valable prolesta, et la Sorbonne condamna le livre comme hérétique. Cependant c'était un si excellent ouvrage que les docteurs de Salamanque, après l'avoir expurgé, le réimprimèrent 1584, à la demande du saint-office. Les Censures des docteurs de Sorbonne, publ. 1552 chez R. Étienne, furent réfutées par Étienne lui-même, dont le livre fut mis à l'index, 12 déc. 1624.
VATER, Jean-Séverin, né 27 mai 1771 à AÎ-tenbourg, fils d'un avocat, étudia à Iéna et Halle, surtout la théol., la philos., la philologie et les langues orientales, et fut successivement prof, à Iéna, KOnigsberg et Halle, où il f 15 mars 1826. Savant modeste et laborieux, il avait une théologie modérée, critique, et influencée par la philos, de Kant. Il a énormément écrit, tant en latin qu'en allemand; une Gramm. hébr., syriaque, caldéenne et arabe; une Gramm. hébr. pour les commençants; une dite plus avancée; Tableaux de l'hist. ecclés. jusqu'aux temps modernes; Hist. univ. et chronologique de l'Égl depuis la Réformation; une édition du N. T. grec; un Comment, sur le Pentateuque, et beaucoup d'ouvrages et brochures de circonstance, Le mysticisme, Le pape, Napoléon, Le rationalisme, Lettre à Planck sur la divinité du Christianisme, etc.
VATICAN (le), l'une des collines sur lesquelles Rome est bâtie, mais non l'une des 7 primitives; à l'O. du Tibre, au N. du Janicule, elle ne fut comprise que plus tard dans l'enceinte de la ville. Successivement embellie et peuplée, elle est auj. remarquable par l'immense et magnifique palais des papes, qui porte son nom, avec ses 20 cours, ses 11,000 chambres, ses admirables galeries de tableaux (Bramante, Michel-Ange, Raphaël, Pérugin, Bernin), sa riche bibliothèque, une des plus belles du monde; ses vastes et superbes jardins, et enfin la grandiose basilique de Saint-Pierre, la plus vaste église qui existe. Cet ensemble de luxueuses constructions forme auj. la résidence papale, tout ce qui reste de domaine temporel au pape depuis le concile qui a voulu consacrer sa domination universelle. Le palais date, selon les uns, de Constantin; selon d'autres, de Libère ou de Symmaque, mais il a été refait, embelli et agrandi bien des fois; c'est surtout depuis le retour d'Avignon qu'il est devenu la résidence habituelle des souverains pontifes. Il a trouvé une notoriété nouvelle par le fait du concile qui s'y est tenu en 1869 et 4870. On le prévoyait depuis quelques années. La proclamation du dogme de l'Immaculée Conception avait préludé aux fêtes du centenaire de Saint-Pierre 1867, les évêques n'avaient pas laissé cette occasion de reconnaître qu'ils n'étaient que les humbles vassaux du pape; ils adhéraient virtuellement aux doctrines de l'Encyclique et aux anathèmes du Syllabus. Le pape n'avait donc plus rien à craindre et la convocation d'un concile n'était plus qu'une formalité destinée à consacrer le déplacement du centre de gravité dans l'Église. Il y avait bien à prévoir une certaine opposition, mais on pouvait en atténuer les effets en choisissant un local d'une acoustique impossible, en fixant un programme invariable, et en confiant la rédaction des procès-verbaux à des secrétaires bien pensants. Le 29 juin 1868 Pie IX lança sa bulle Aeterni Patris unigenitus Filius, convoquant le concile pour le 8 déc. 1869, mais sans dire qu'il s'agît de proclamer l'infaillibilité du pape; on eut même soin de démentir le bruit qui en courait avec une singulière persistance, et qui s'autori-risait de personnages haut placés. Les patriarches de l'Égl. grecque furent invités à ce concile pour faire acte de soumission, » et les Églises protestantes, notamment l'Égl. anglicane furent également citées à « venir abjurer leurs erreurs. » Elles déclinèrent naturellement ce mode d'invitation. Les États politiques, catholiques et protestants, ne se firent pas représenter non plus; quelques-uns firent d'avance toutes leurs réserves quant aux résolutions qui pourraient être prises, et le parti ultramontain, qui se savait en majorité compacte, ne se gêna pas pour célébrer d'avance son triomphe. La veille de l'ouverture, le 7 déc. à midi, quand toutes les cloches de Rome annoncèrent l'événement, plus de 700 évêques étaient déjà accourus de tous les points du globe. Ils savaient tous, même les mécontents, qu'ils n'étaient consultés que pour la forme, et pour que nul n'en ignorât, peu de jours après l'ouverture, le pape faisait afficher une bulle d'excommunication contre ceux qui contesteraient les doctrines du Syllabus, tranchant ainsi d'avance une des questions soumises au concile. L'assemblée était déjà muselée par les précautions prises quant à l'ordre du jour; mais quand on eut vu les Haynald de Cologne, Dupanloup d'Orléans, et surtout Strossmeyer d'Agram, réussir cependant à se faire entendre et protester, le pape fit un nouveau bref, le 20 février, pour restreindre encore la liberté de parole, et DOllinger prit position dès ce jour pour déclarer qu'un concile qui n'était pas libre ne pouvait pas lier l'Église. Après avoir réglé diverses questions de dogme et condamné le protestantisme, le conc. aborda enfin le point scabreux de l'Infaillibilité. Les opposants n'étaient que 140, mais ils avaient pour eux le talent, la raison et même le nombre, puisqu'ils représentaient les églises les plus considérables. La majorité compacte comptait en revanche 580 voix, dont 50 cardinaux, 100 vicaires apostoliques (révocables), 50 généraux d'ordres et abbés mitrés,plus de 100 évéques de la propagande, et 270 év. italiens, dont 143 des États pontificaux. Le vote eut lieu le 13 juillet, et la proclamation le 18, mais avec une altération du texte qu'une assemblée mondaine ne se serait pas permise. Le texte primitif portait: Les définitions du pape sont irréformables; on y avait ajouté subrepticement: par elles-mêmes et non par le consentement de l'Église. Il n'y avait plus à Rome que 534 pères; 23 év. français, dont 3 archev., étaient partis, ainsi que 10 hongrois, 9 allemands et quelques autres. Deux voix seulement eurent le courage de voter non placet, l'év. de Cajazzo et celui de Little Rock. Les conséquences presque immédiates de la proclamation de l'infaillibilité ont été: la malheureuse guerre avec l'Allemagne, l'occupation de Rome par les Italiens, l'internement volontaire du pape dans ce Vatican, dont on avait rêvé de meilleures choses, et le schisme de l'Église catholique en Allemagne et en Suisse.
VATKE, Jean-Ch.-Guill. né 14 mars 1806à Behndorf, Magdebourg, étudia à Helmstœdt et à la maison des orphelins de Halle, puis la théol. à Halle, Gottingue et Berlin, où il étudia aussi l'histoire, la philos, et la philologie, et où il s'établit en 1830 comme privat-docent; en 1837 professeur, f 19 avril 1882. Auteur de: La religion de l'A. T. d'après les livres canoniques; la Liberté humaine dans ses rapports avec le péché et avec la grâce. Son libéralisme politique a quelque peu compromis son avancement.
VAUD, le 19me canton de la Suisse, peuplé d'ancienne date, puisqu'on y trouve des cités lacustres; conquis par les Romains 57 av. C., et possédé successivement par les Francs, les Burgondes, les emp. d'Allemagne, les ducs de Zâhringen, les ducs de Savoie, et enfin les Bernois 1536. Canton indépendant depuis 1798. Évangélisé dès le 2m« siècle, par Vienne et Lyon; évêché à Avenches au 4™ siècle, qui est transféré à Lausanne sous Marius. Cathédrale magnifique inaugurée 1275 par Grégoire X et Rodolphe de Habsbourg. La Réforme est prê-chée dès 1527 dans plusieurs mandements et bailliages, mais l'État se fait persécuteur et les Bernois s'emparent du pays 1536 et font prêcher partout la Réforme; bientôt ils lancent un édit de réformation. Une dispute a lieu à Lausanne sur les points controversés; Farel, Viret et Calvin n'ont pas de peine à triompher de prêtres peu préparés pour la lutte; le pays est réformé d'office, les couvents et les trésors d'église sont confisqués, le pouvoir civil de Berne devient le grand chef ecclésiastique. Dans quelques bailliages il y a de la résistance, et l'on va aux voix; à Échallens il y a partage. La Conf. de foi helvétique est donnée au pays de Vaud comme son livre symbolique; ceux qui refusent de l'accepter sont persécutés ou bannis 1675. La population protestante s'accroît peu à peu par l'arrivée de réfugiés français 1572 et 1685, ou piémontais vaudois 1659. En 1729 Court fonde à Lausanne un séminaire français. Enfin en 1798 le pays est affranchi de la domination bernoise, mais l'Église reste gouvernée par l'État, ce qui amène des persécutions successives contre ceux qui n'admettent pas ce régime. Réveil religieux de 1800-1815 (Dutoit-Membrini, Curtat, Levade, Sociétés religieuses), et loi incroyable du 20 mai 1824 contre les « mômiers; » protestations nombreuses, entre autres de Vinet: Mémoire en faveur de la liberté religieuse. Nouvelles persécutions en 1833. En 1839 abolition de la Conf. helvétique, et suprématie de l'État. En 1845 révolution politique; les pasteurs sont invités à la recommander, ils refusent, 150 quittent l'établissement officiel; le 12 mars 1847 formation de l'Église libre. Malgré les inconvénients résultant pour le canton de ses attaches gouvernementales, l'Église a toujours compté un grand nombre d'hommes, de pasteurs, de prédicateurs et de prof, distingués dans presque toutes les branches.
VAUDOIS, Valdenses, nom général donné aux populations protestantes qui habitent les vallées des hautes Alpes à l'ouest de Turin, savoir Saint-Jean de la Tour, Luzerne et Angrogne. Leur histoire est compliquée par les recherches mêmes qu'on a faites pour l'éclaircir, parce qu'on a essayé de la faire remonter à l'âge apostolique. En réalité on ne connaîtaucun fait positif antérieur à Valdo, et c'est à lui historiquement qu'il faut rattacher les origines de cette intéressante peuplade, qu'on a justement appelée l'Israël des Alpes (Muston). Tout ce qu'on peut trouver au delà appartient à la longue chaîne des témoins qui, dans tous les siècles, en Italie et ailleurs, n'ont cessé de protester sous des noms divers contre des prétentions ambitieuses et contre les altérations de la doctrine ou du culte, tour à tour bulgares, pauliciens, cathares, albigeois, patarins, etc. Les vallées fournirent leur contingent à ces protestations religieuses, mais elles ne se présentent nulle part comme formant un centre spécial, et c'est avec Valdo 1209 que pour la première fois elles forment un corps et prennent un nom. Dès lors elles ont des livres, des écoles, et même des missions ou colonies; celle des Calabres fut la plus célèbre et la plus malheureuse; v. Paschale, de A. Lombard. Ils ont la Bible, des barbes et des colporteurs. Leur doctrine est essentiellement biblique; ils rejettent le purgatoire et le serment; ils sont encore catholiques, mais sans le pape; leurs mœurs sont pures, de l'aveu de leurs ennemis. Ils furent compromis dans toutes les croisades dirigées contre les albigeois, comme étant solidaires de la même révolte contre l'autorité de Rome. Dès les premiers jours de la Réforme ils l'acceptent comme l'expression de leur foi; le synode de sept. 1532 et celui de Saint-Martin, août 1533, sont unanimes. Leur premier acte est une nouvelle traduction de la Bible, version d'Olivetan . Puis les persécutions recommencent, toujours plus terribles ; on ne comprend pas que l'Égl . vaudoise n'ait pas été exterminée. Cette histoire a été racontée par Léger et par Gilles, plus tard par Muston et par Monastier ; Arnaud, le pasteur- colonel, fraya le chemin à de nombreux émigrants, et ramena 1689 dans leur patrie ceux qui voulurent y revenir. Un réveil religieux a eu lieu au commencement de ce siècle, représenté par les noms de Neff. Gilly et Beckwith, surnommé le bienfaiteur des vaudois ( Vie par Meille) . Enfin 17 févr. 1848, émancipation des vaudois par la promulgation du statut, œuvres d'évangélisation, école de théol . à Torre- Pellice, transférée à Florence en 1862. L'Égl . vaudoise compte auj . , en dehors des vallées, 41 églises, 34 stations, 150 lieux visités, 3225 communiants, 22,000 auditeurs, 1878 élèves des écoles du dimanche ; budget 250 mille francs. V. Muston, Bert, Witte, Comba, Cocorda, etc.
VÉDAS. On comprend sous le nom général de shastres, ou shastras, l'ensemble de la littérature indoue, et celle - ci se subdivise en védas, pouranas, mahabarata, lois de Manou, etc. Les vėdas sont le livre sacré par excellence et le fondement de la religion ; l'upanishad en est le commentaire comme le targum celui de la bible juive. On y reconnaît 4 branches, ou recueils distincts : le Rig, prières et hymnes en vers, compilé par Pada; le Yadschûr, ou prieres en prose, par Vaisampouyana ; le Samâ, dont les prières sont faites pour être chantées, par Saïmoni ; et l'Atharva, qui renferme des formules d'expiation, de consécration et d'imprécation , par Sumanta. Ces 4 recueils passent pour avoir été inspirés par Brahma, de temps immémorial, et pour avoir été rédigés et classés 12 ou 15 siècles av . C. par Vyasa, aidé de son intelligent secrétaire Ganesha. Les védas, où dominent la théol . et la philosophie, sont moins un traité spécial qu'une sorte d'encyclopédie sur tout ce qui se rapporte à l'intelligence de l'homme. L'objet de la religion, d'après ce livre, est de montrer l'unité qui existe entre Brahma et l'âme humaine ; la connaissance de Brahma étant le but final de l'homme, il est donc appelé à chercher. Ceci paraît clair ; mais voici le sophisme : Cet objet est - il connu, ou inconnu ? S'il est connu, il n'est pas nécessaire de le chercher ; s'il est inconnu, c'est inutile. Comment alors arriver à la connaissance de Brahma ? On y arrive par les perceptions des sens, par la raison, et par la tradition ou révélation. Un Indou, parlant de la littérature de sa caste a bien eu raison de dire: Nos livres sont comme l'océan, sans fond, sans fin ; et un missionnaire qui a étudié les védas pendant des années, dit que les shastres sont un chaos impénétrable. Les védas sont écrits en langue sanscrite.
VEHME (la Sainte-) , ou Cours vehmiques, ou vëïmiques, tribunaux secrets que l'on trouve au moyen âge, surtout en Westphalie et dans les environs d'Engern, et qui en étaient venus à connaître de toutes les contraventions aux dix commandements et aux saints Évangiles . » Ils se recrutaient eux - mêmes, se liaient par des serments terribles, jugeaient sommairement, sans même toujours interroger le prévenu, et chargeaient toujours un des leurs d'exécuter la sentence. Cette justice, à la fois anonyme et sommaire, qui rappelle par certains points la loi de Lynch, le nihilisme et la sainte- inquisition, put être considérée comme un progrès à un moment donné et dans un état social où il n'y avait point de justice organisée. Les membres de ces tribunaux s'appelaient francs -juges ; ils avaient leur hiérarchie et comptaient partout de nombreux initiés . Mais on comprend combien d'abus purent naître d'une organisation de ce genre, où l'accusé ne pouvait se défendre ni contre la passion, ni contre l'erreur . L'origine de ces tribunaux est rapportée à Léon Ier, et à Charlemagne qui donna à ses comtes et à ses barons droit de haute justice dans les domaines de leur ressort, mais sans rien stipuler pour les territoires indépendants. Peu à peu l'Église se constitua aussi en administrateur de la justice, et comme elle a « horreur du sang, elle s'entendit dans bien des cas avec les cours vehmiques qui n'avaient pas les mêmes scrupules . La pleine floraison de ces tribunaux remonte à 1182, lorsque les duchés de Westphalie et d'Engern furent donnés à l'archevêché de Cologne ; les cours ecclésiastiques remirent alors une partie de leurs attributions à la Sainte-Vehme dont la compétence fut ainsi agrandie et légalisée , et jusqu'à Boniface VIII elle alla jusqu'au droit de vie et de mort. Avec la paix publique de Westphalie 1371, le nombre des tribunaux de ce genre augmenta dans les pays qui reconnurent ce traité, mais leurs attributions commencerent à se restreindre ; des plaintes surgissaient, l'appel au pouvoir civil s'organisait, les gouvernements intervenaient . Au 15me siècle les emp. Sigismond, Albert, Frédéric III réprimèrent les abus, et bientôt les tribunaux eux- mêmes disparurent ; la Réforme leur porta le dernier coup. La Sainte - Vehme avait son principal siège en Westphalie. Son nom, qui parait pour la lre fois dans nn document de 1251, dérive selon les uns du vieux allemand vêrnen, séparer; selon d'autres de fehmen, condamner, bannir; selon Schulte de faem, vaem, lien, fil qui unit, qui lie en faisceau; selon d'autres enfin du latin vi-men, baguette flexible, d'osier ou autre, propre à faire dos liens.
VÉLASQUEZ, Jacques - Rodriguez (de Sylva y), né 1599 à Sév ille, f 1660, peintre espagnol, qui commence à s'affranchir de la tradition ecclésiastique. Il étudia soigneusement son art dans les musées et dans la nature, et se rapproche de l'école française. Comblé d'honneurs par Philippe IV, dont il a peint la famille. Auteur de la Tunique de Joseph, etc.
VELAY et VIVARAIS, deux provinces limitrophes des bords du Rhône, qui ont formé longtemps une môme province protestante et qui ont eu une histoire commune à l'époque des persécutions. Elles comprenaient une partie de la Haute-Loire et de l'Ardèche, et s'étendaient d'Annonay et du Puy en Velay jusqu'à Viviers. C'est d'Annonay que l'Évangile y fut apporté vers 1560, et parmi les premières villes qui passèrent à la Réforme, on nomme Privas, Ver-noux, Châteauneuf, Aubenas, Vais, Sala vas, Vallon. Le massacre de Vassy déchaîna les passions religieuses, et d'horribles boucheries eurent lieu, même là où une convention avait assuré aux protestants la vie sauve. L'Édit de Nantes donna quelque repos aux malheureux, mais dès 1620 les persécutions recommencèrent, les églises furent démolies, les pasteurs roués, les fidèles ruinés et envoyés aux galères, les enfants enlevés à leurs parents. Court, et surtout Durand, relevèrent le courage des martyrs; puis Dortial, Majal et Ranc. En 1731 on comptait encore 42 églises dans la province, mais il n'y avait plus que 2 ou 3 pasteurs pour les desservir. En 1803 le recensement donna environ 35,000 protestants, et l'empereur leur accorda 16 pasteurs. Auj. l'on y compte plus de 60,000 âmes, 50 églises et autant de pasteurs.
— Patrie d'Olivier et Jean de Serres, et de Boissy d'Anglas.
VENANTIUS, ou Venance lo v. Fortunatus.
— 2° Jeune martyr de Camerino, mort à 15 ans au 3m® ou au 4me siècle. — 3o Abbé de Tours au 5m« siècle; fiancé, il fit un pèlerinage au tombeau de saint Martin, renonça à son mariage, entra au couvent, se distingua par sa piété et sa sagesse, et fut nommé abbé. L'Égl. lui prête des miracles.
VENCE 1° François de Villeneuve, prêtre de l'Oratoire, f 1741 à Vendôme, a trad. et publié 6 livres de saint Augustin contre Julien, défenseur de Pelage, et 2 livres du même sur la Grâce et le Péché originel. — 2o Henri-François (de), né vers 1675 à Pareid en Voivre, dans le Barrois, élève de la Sorbonne, précepteur des enfants de Léopold duc de Lorraine, prévôt de Pégl. primatiale de Nancy, f 1749. Chargé de faire imprimer la Bible du p. de Carrières, il y ajouta des notes, analyses et dissertations, dont Rondet donna une nouvelle édition, 1767-1773. Cette version est connue sous le titre de Bible de Vence, ou d'Avignon; elle a été aussi réimpr. par le rabbin converti Drach, qui Ta enrichiede nouveaux éclaircissements. Il ne faut pas la confondre avec la trad. du N. T. faite par Antoine Godeau, év. de Vence 1668.
VENDES, ou Vénètes, v. Wendes.
VENI (viens!) lo V. Creator Spiritus, commencement d'une vieille hymne qui se chante à Pentecôte dans l'office romain, et quelquefois lors de l'élection d'un pape ou d'un évêque. Quelques-uns l'attribuent à Charlemagne (Not-ker), ce qui est peu probable; d'autres à Gré-goire-le-Grand.
2° V. Sancte Spiritus, séquence pour l'octave de la Pentecôte et pour quelques autres solennités; elle est de Robert, roi de France + 1031.
VENISE. Cette belle reine de l'Adriatique n'entre dans l'hist. de l'Église qu'au 5™* siècle, et encore indirectement. Indépendante, quoique tributaire de Théodoric, la population des lagunes, flottant entre l'empire d'Orient et celui d'Occident, fut tour à tour attirée dans la sphère d'attraction de l'un ou de l'autre. Lors de la querelle des Trois chapitres, le patr. Paulin, qui résidait à Aquilée, se prononça contre l'édit de Jus-tinien 544, et contre le conc. de Constantinople 553; fuyant devant les Lombards, il transporta son siège à Grado 580. Il eut pour successeur Élie que le pape Pélage II somma de reconnaître les décrets de Constantinople; mais l'emp. Maurice envoya aux Vénètes une députation qui leur reconnaissait le droit de penser comme ils l'entendaient. Par cette manœuvre il se les attacha et les détacha de Rome. La politique amena de nouveaux changements. Sévère, successeur d'Élie, vacilla entre les deux doctrines et les deux autorités, et c'est Candidianus qui le premier ouvre la liste des évêques de Grado soumis à Rome, en même temps qu'un patriarche lombard, Jean, s'établit à Aquilèe 606. Mais lequel des deux aura des droits sur l'Istrie ? Rome se prononça en faveur de Grado. Lorsque de 713 à 716 les Vénètes nommèrent leur premier doge, ou duc, il choisit successivement plusieurs des îles pour sa résidence, jusqu'à ce qu'en 810 l'île de Rialto devint le siège officiel et fixe de la nouvelle cité, qui prit le nom de Venise, acquit en peu de temps une importance considérable et finit par rompre les liens qui la rattachaient à Bysance. C'est en 827 que le corps hypothétique de saint Marc fut apporté à Venise.
La lutte continuait entre Aquilée et Grado. Au lime siècle Jean XIX, sur la demande de l'emp. Conrad, se prononça pour la première et régi, de Grado fut dépouillée de ses reliques et autres trésors. Le pape mieux informé se repentit, mais trop tard, d'avoir cédé sur ce point. Venise finit par avoir son évêque, vers 1091, et le patriarcat de Grado se fondit en 1451 avec celui de Venise qui était devenu de beaucoup le plus important. Il avait conservé une constitution indépendante, l'élection des cures par le peuple, des religieuses sans voiles ni vœux, libres de sortir, même pour se marier, le pouvoir temporel maître absolu de l'Église, au point que lors de la guerre avec Gênes, il contraignit les prêtres à faire le service militaire. Les conflits avec Rome furent fréquents; trois fois la ville fut mise à l'interdit; par Sixte IV, 1483, et par Jules II, 1509, comme arme de guerre; par Paul V, le 17 avril 1606, parce que Venise maintenait ses droits de ville libre, interdisait tout recours à Rome, réclamait le placet et refusait au clergé des acquisitions de biens-fonds. Mais les papes eurent toujours le dessous. Aussi redoutable par sa diplomatie que par ses forces militaires et maritimes, Venise était encore célèbre par son commerce, son industrie, ses imprimeries, ses palais et ses collections. Les deux frères Bellini, le Giorgione. le Titien, le Tinto-ret, Véronèse, avaient fait la réputation de son école de peinture. On comprend qu'avec de tels avantages elle fût fière et jalouse de son indépendance. On comprend aussi qu'au moment de la Réformation elle offrît un terrain favorable à la propagation des idées nouvelles. Ce fut aussi la première ville d'Italie où la prédication de l'Évangile trouva de l'écho. Le nom de Luther y était déjà en honneur en 1520; ses thèses et son portrait se rencontraient partout. Parmi les premiers représentants de la Réforme il faut compter le pieux allemand Ziegler, son fr. adop-tif Théod. Vitus, qui devint secrétaire de Luther; Brucioli q. v.; Ochino, Curione; Palea-rio, l'auteur du Bienfait de la mort du Christ crucifié, que Bindonis répand à plus de 40,000 ex. Un membre de la congrégation de Venise, Paolo Rosselli, entretient avec Mélanchthon la correspondance la plus affectueuse, et en 1547 Thomas Knight peut écrire à Bullinger que le nombre des fidèles va croissant de jour en jour. Le clergé même sympathise avec les réformés. Mais dès 1542 le farouche Caraffa a installé à Venise le tribunal du saint-office. Il est momentanément neutralisé par l'attitude énergique des magistrats, dont plusieurs correspondent avec Calvin. Le nonce du pape, Giov. délia Casa, se plaint amèrement des entraves que la seigneurie met à l'action du tribunal; il raconte lui-même ses mésaventures diplomatiques. 11 échoua en particulier dans ses démarches contre Ver-gerio, év. de Capo d'Istria, mais ce fut à peu près son dernier échec. Depuis le départ de Ver-gerio, déc. 1549, Venise fatiguée, semble-t-il, de sa lutte contre les légats cède peu à peu à l'influence de Caraffa; elle condamne Algieri à la prison, mais sur les réclamations du nonce elle l'extrade et Rome l'envoie au bûcher. Il n'y a que le premier pas qui coûte. Venise n'est encore que le complice; bientôt elle persécutera pour son propre compte, mais à sa manière; Jérusalem lapidait les prophètes, Rome les brûle; Venise les noiera; c'est plus conforme à ses traditions de mystère, cela ne fait pas de bruit: sitie sonitu et strepitu, c'est le texte de la sentence. On n'a pas tant d'eau pour rien. Les protestants avaient fait venir un ministre, ils avaient choisi des diacres; ils s'organisaient en Église sur le modèle de celle de Genève, mais dans leurs rangs se trouvaient des espions stipendiés du saint-office, et les délations commencèrent. C'est Lupetino qui ouvre le martyrologe, puis Fonzio, Gherlandi, Ricetto, Sega, Spinola; le nombre en est immense, mais personne ne le connaît. Venise ne reprit ses traditions libérales que lorsqu'elle perdit son indépendance politique. Ses vieux évêchés disparurent peu à peu; d'autres les remplacèrent; l'autorité civile présida d'ordinaire à ces changements. La liberté des cultes n'est enfin devenue une réalité que sous le roi d'Italie qui avait juré le statut. Auj. l'on compte à Venise et aux environs 4 égl. protestantes.
VÊPRES, du latin Vesper, soir, après-midi; partie de l'office catholique qui se célèbre habituellement à 2 ou 3 h. de relevée, ou vers le commencement de la soirée, suivant les lieux. Il date du 3®« siècle, et correspondait dans l'origine au sacrifice du soir chez les juifs, qui fut transformé en une simple prière après la destruction du temple, et qui servit en même temps chez les chrétiens à rappeler l'heure de la descente de la croix. Le bréviaire romain en fait la contre-partie des Laudes ou des Matines; on y lit 5 psaumes, un capitule, une hymne, le Magnificat, avec antiennes, et quelques oraisons suivant les circonstances. Un service liturgique semblable se fait dans quelques égl. protestantes.
VERENA, sainte qui, d'après la légende, serait venue de la haute Égypte avec la légion thébaine, comme parente, dit-on, de Maurice ou de Victor. Pendant l'expédition en Valais, elle resta à Milan chez un certain Maxime. Après le massacre de ses amis elle se relira dans une caverne aux environs de Soleure, dans une vallée qui porte encore son nom, et vivant de l'œuvre de ses mains elle travailla à l'évangèlisation des Alemans. Ayant été emprisonnée par un préteur païen, cet homme tomba subitement malade; elle eut le bonheur de lui rendre miraculeusement la santé et il la remit en liberté. Elle s'établit dans une île du Rhin, au confluent de l'Aar, dont elle chassa les serpents et les vipères, et f à Zurzach, près de Constance, où ses restes sont conservés. On se demande ce qu'il peut y avoir de vrai dans toute cette histoire. — Verena était aussi le nom d'une des 11 mille vierges.
VERGARA (de), trois frères, originaires de Cortone, et précurseurs de la Réformation en Espagne. 1° Jean, né 1491, savant en grec et en hébreu, chanoine de la cathédrale de Tolède, estimé de son archevêque et grand ami d'Érasme. Collaborateur de la Bible polyglotte, chargé par Adrien VI de traduire les livres de Salomon et du fils de Sirach, il signala quelques fautes dans la Vulgate et fut pour cela arrêté par l'inquisition et condamné à se rétracter, f 20 févr. 1555 à Tolède. — 2<> François, helléniste distingué, prof, de grec à Alcala-de-Héna-rès, ami d'Erasme. — 3° Bernardin, plus connu sous le nom de Tobar ou Tovar, un des savants les plus distingués du 16me siècle, d'après P. Martyr. Tous les trois attachés de cœur à l'Évangile, ils furent arrêtés pour hérésie et obligés par l'inquisition d'abjurer publiquement leurs prétendues erreurs.
VERGERIO; trois frères: lo Pier-Paolo, né 1498 à Capo d'Istria, d'une famille noble, étudia le droit à Padoue, pratiqua à Vérone et à Venise, et suivant l'exemple de ses frères, entra au service de la cour de Rome, qui l'envoya comme nonce en Allemagne. Il mena à bonne fin plusieurs négociations épineuses, réussit à empêcher la convocation d'un concile national en annonçant la prochaine réunion d'un grand concile oécuménique, et visita même 1535 à Wittenberg Luther, qu'il essaya de gagner par diverses promesses (celle du cardinalat, dit Sarpi). En reconnaissance de ses efforts, il fut nommé év. de Madrusium, Croatie, et en 1536 de Capo d'Istria. A la fin de 1540 il fut envoyé au colloque de Worms, où son discours du janv. 1541 amena la rupture des négociations avec les protestants, en même temps qu'il était dénoncé au pape comme trop conciliant. Les calomnies du nonce Aléandre achevèrent de le perdre. Il revint à Capo d'Istria, et, en partie pour se réhabiliter, en partie pour se raffermir dans ses vieilles croyances, il entreprit d'écrire un livre contre les hérétiques et de les réfuter. Cette étude produisit un effet contraire à ce qu'il en attendait, et ses yeux s'ouvrirent à la vérité évangélique. Effrayé, il s'en ouvrit à son fr. Battista, et les deux travaillèrent avec succès, surtout en Istrie, à amener une réforme sans schisme. Ils n'en furent pas moins dénoncés par le fougueux Muzio, et cités à comparaître devant délia Casa, mais ils en appelèrent au concile et se rendirent à Trente. Justice leur fut refusée sous divers prétextes et on les renvoya à Rome. Dans un voyage à Padone il vit la fin du malheureux Spiera, et bientôt son propre frère, Battista, probablement empoisonné, comprenant que sa dernière heure approchait, quitta Pola pour venir mourir en paix entre ses bras dans le palais épiscopal de Capo d'Istria. Vergerio rompit alors avec Rome par une lettre éloquente à l'év. de Padoue, et le cardinal Caraffa, au nom du saint-office, lança contre lui, le 3 juill. 1549, une double sentence de dégradation el d'excommunication. Vergerio, ne pouvant plus compter sur la protection de Venise, partit en déc. 1549 pour la Valte-line. En 1553 il visita les principales égl. de la Suisse, Bâle, Berne, Genève, Zurich; se rendit ensuite à Tubingue, où plusieurs princes lui firent une pension; visita comme missionnaire la Pologne et l'Autriche; fraternisa avec 1« pasteurs de Strasbourg, et, en 1561, se laissa presque persuader par le nonce de se rendre an conc. de Trente; mais le nonce lui ayant refusé un sauf-conduit, la chose en resta là. Il se proposait de retourner à Tubingue, mais la peste venait d'y éclater; il s'arrêta donc à Gttppin-gen, chez Andreae, et échappa ainsi, sans le savoir, aux coups de 3 bandits que le pape avait apostés pour l'assassiner, + à Tubingue, 4 oct. 1665. Il a laissé de nombreux écrits, un Comment. sur les Actes, un Catéchisme, des brochures de controverse satiriques, plus acerbes que profondes, quelques Discours, plusieurs Traductions des œuvres des réformateurs allemands, une Vie de Pétrarque, etc. Ce qu'il a écrit de plus remarquable c'est sa lettre de rupture avec Rome. Dogmatiquement il ne parait pas avoir été bien au clair, sauf sur la doctrine de la justification par la foi; il a fraternisé avec les calvinistes, les luthériens, les fr. moraves, et même les sociniens. L'opposition à Rome était pour lui l'essentiel: Qum papa futumm est mihi sempiternum bellum. C'était le serment d'Annibal.
2° Battista, év. de Pola, effrayé d'abord de la conversion de son fr., partagea bientôt ses sentiments et se mit à évangéliser l'Istrie et Venise. Glorifier Dieu fut son unique désir.
3° Aurelio, resta attaché au service du pape.
VERMEIL, Antoine, né 19 mars 1799 à Nîmes, f 1844 à Paris. Fondateur de la maison des diaconesses 1841, de la Soc. de prévoyance et de secours pour veuves et orphelins de pasteurs, et de la Soc. chrétienne protest, de France 1834. Orateur distingué, il fit ses études à Genève où il passa 7 ans et où il reçut la bourgeoisie d'honneur. Il alla de là à Hambourg, fat nommé pasteur à Bordeaux 1824 à 1840, puis à Paris. Homme de cœur et de bon conseil, il montra autant d'activité que de talent d'administrateur dans les diverses œuvres qu'il fonda ou qu'il fut appelé à diriger. On a de lui des sermons et un catéchisme liturgique.
VERMIGLI, plus connu sous le nom de Pe-trus Martyr, né 8 sept. 1500 à Florence, fils d'un patricien florentin, entra 1516 au couvent des augustins de Fiesole malgré son père et fut déshérité; étudia à Padoue la philos., la sco-lastique, le grec, lés Pères; à Bologne l'hébreu; en 1526 il commença à voyager, prêchant et donnant des conférences, devint abbé de Spo-leto, et trois ans après prieur de Saint-Pierre ad aram à Naples. Sous l'influence de Valdès et de l'éloquent Occhino il accepta enfin la doctrine de la justification de la foi. Quoique déjà entaché d'hérésie il fut nommé visiteur de l'ordre, mais l'austérité de ses mœurs fit qu'on chercha à s'en débarrasser; on l'envoya comme prieur à Lucques. Là il prêcha l'Évangile jusqu'à ce que l'inquisition l'obligea à fuir; il rompit ouvertement avec le catholicisme à Pise, se rendit à Florence, Bologne, Zurich, 1542, et Strasbourg où il se lia avec Bucer et fut nommé prof, de l'A. T. De là il écrivit son De fuga in persecutione. En 1547 Cranmer l'attira en Angleterre où il fut nommé prof, à Oxford, fit des conférences, soutint des discussions publiques avec les docteurs catholiques et conseilla la rupture complète avec Rome. Les actes de cette discussion furent publiés par lui, Londres 1549, et aussi par Tresharn un de ses adversaires. Ses doctrines de la justification et de la prédestination furent surtout combattues par Pighius. A l'avènement au trône de la sanguinaire Marie, 1553, il dut quitter l'Angleterre et fut nommé à Strasbourg à condition qp'il éviterait toute controverse sur la Cène. C'est à cette époque qu'il projeta d'introd. la Réforme en Pologne et qu'il écrivit ses deux traités sur la Trinité et les deux natures en Christ. Il continua ses relations avec l'Angleterre, exerça une grande influence surtout sur le parti des puritains, et écrivit encore en 1555 à Lucques. L'an d'après il refusa un poste qui lui était offert à Heidelberg et se rendit à Zurich où il donna des leçons sur Samuel et les Rois; il étudia l'hébreu avec Bibliander, aida Occhino avec sa communauté de réfugiés italiens. Genève chercha en vain à l'attirer. Son influence théol. fut grande, entre autres sur Bullinger et sur les Italiens généralement trop vagues, et mystiques dans leur dogmatique, et trop peu modérés dans leurs démonstrations. Il exposa avec clarté les bases d'un arrangement avec les luthériens, le cherchant non dans des moyens termes équivoques, mais dans l'activité en commun et dans l'association pour l'œuvre de la Réforme. Ses controverses avec Bibliander se terminèrent par l'acceptation pure et simple des doctrines de la prédestination par les Zurichois. Invité par le roi de Navarre à se rendre au colloque de Poissy, et muni d'un sauf-conduit réclamé par le gouvernement de Zurich, il y joua un rôle important. Il arriva le 21 sept., et dans la séance du 26, répondant en italien aux Italiens, il obtint un vrai succès d'admiration. Il parla sur le ministère en général et sur la transsubstantiation; il réfuta le reproche de rébellion adressé aux protestants, et pour faire preuve de largeur, il signa la Formule d'union sur la doctrine de la Cène. Il prit encore part à la controverse de Zanchius avec les luthériens de Strasbourg, et f 12 novembre 1562. Marié deux fois il n'eut qu'une fille de son second mariage. Vermigli est le pins remarquable des théologiens italiens; c'était un homme doux et affable, un professeur aimé, un orateur entraînant. Outre ses ouvrages déjà mentionnés, nous citerons encore son Catéchisme, une Exposition du symbole apostolique, un Comment, sur la morale d'Aris-tote, une étude sur le Célibat, une sur l'Eucharistie, etc.
VERNES lo Jacob, né 1728 à Genève, pasteur à Cologny, et en 1770 à Genève; longtemps ami de Rousseau, le combattit après la publication de l'Émile. Exilé 1782 à 1787 pour s'être opposé aux changements politiques demandés par le parti dominant, + 1791. Connu par quelques écrits religieux, mais surtout par un Catéchisme à l'usage de toutes les communions chrétiennes qui, d'édition en édition, devenait de plus en plus latitudinaire et relâché pour la doctrine, surtout quant à la divinité de J.-C.
2° Philippe-Louis, né 25 févr. 1815 à Paris, passa quelque temps à l'École polytechnique, puis se décida pour la théologie, étudia à la faculté de Lausanne (sous Vinet, Chappuis, Her-zog), fit ses examens de bachelier à Strasbourg, et fut consacré 1841. Pasteur de Nauroy, Aisne, 1841-1851, puis de Batignolles, et enfin de Paris 1860; président du Consistoire 1872. Vice-modérateur du synode officiel de 1872, et président de la commission de permanence. Essentiellement pratique et modéré, il s'est peu mêlé aux débats religieux, quoi qu'il appartienne franchement au parti évangélique. Il est le principal fondateur de la Soc. centrale protestante. Son père, M. Ch. Vernes, sous-gouverneur de la Banque de France, et son oncle, M. Félix Vernes, ont compté parmi les membres les plus influents et les plus dévoués du protestantisme français.
VERNET, Jacob, né 1698 à Genève, théol., consacre 25 sept. 1722, s'occupa plutôt de l'enseignement de la jeunesse. Prof, de théol. 1756. Ami de Montesquieu, dont il repassa l'Esprit des lois, et de Rousseau dont il combattit TÉmile dans un livre sur la Vérité de la relig. chrét. f 1780. Une de ses dernières paroles fut: Je sais en qui j'ai cru.
VERNY, Louis-Édouard, né 17 mars 1803 à Mayence, où son père était chef de division de préfecture. Il étudia le droit à Strasbourg et reçut de l'abbé Bautain de profondes impressions religieuses. A Paris en 1823 il connut Cousin et quelques rédacteurs du Globe. Après quelques années de barreau à Colmar, il se décida pour la théol., passa pour cela 2 ans à Strasbourg, fut en 1830 nommé principal du collège à Mulhouse; le voisinage de Bâle le mit en relations avec Vinet, qui lui ouvrit les yeux sur les beautés et l'esprit de l'Évangile; c'est là qu'il comprit le Réveil. «Vinet m'a fait l'opération de la cataracte, » disait-il. Nommé pasteur de régi, luthérienne à Paris 1835, il s'y lit bien vite une place importante par son activité, et surtout par sa prédication soignée, profonde et puissante, pleine de logique et de chaleur. Il visita en 1841 et 1842 l'Allemagne, et connut Rothe, Tholuck, Neander, J. Muller, Nitzsch, les principaux chefs de la théol. évangélique et scientifique. Le 19 oct. 1854 il ouvrit par un sermon à Saint-Thomas, la session du Consist. supérieur de la Conf. d'Augsbourg, et au moment où il allait finir son discours, il s'affaissa, frappé d'un coup d'apoplexie. Le deuil fut général, car malgré le caractère absolu de ses doctrines et de sa foi, Verny était un homme de conciliation, sans petitesse dans les controverses. Il a laissé un Catéchisme, un Recueil de cantiques, et un vol. de sermons publ. 1867 par son gendre Ed. Robert, avec un certain nombre d'articles qui avaient paru dans le Semeur, l'Espérance et la Revue de théologie.
VÉRONESE, Paolo Caliari, né 1528 à Vérone (dont il prit le nom), f 1588; fils d'un sculpteur, se fixa à Venise et prit pour modèles le Tintoret et le Titien. Connu surtout par ses Noces de Cana, prétexte à riches costumes, portraits contemporains et ornements de toutes sortes; la couleur locale y fait défaut, et l'on ne comprend guère qu'à un pareil banquet le vin soit venu à manquer. Mais ce n'en est pas moins un brillant spécimen du bel art italien de la Renaissance. On doit encore à Véronèse une Adoration des mages, les Disciples d'Em-malls, Moïse sauvé des eaux, la Vierge et l'enfant Jésus, l'Évanouissement d'Ester, et d'autres beaux tableaux d'église. Gracieux comme dessin, Véronèse est un coloriste de premier ordre.
VÉRONIQUE, femme pieuse de Jérusalem.
dont la légende raconte qu'elle détacha son foulard de tête et l'offrit à Jésus lorsqu'on le conduisait à Golgotha, pour essuyer sa sueur et le sang dont son visage était couvert. Jésus le lui rendit après s'en être servi, et l'on reconnut avec surprise que l'empreinte de son visage, son vrai portrait, y était marqué, on a naturellement conservé avec respect cette précieuse relique, qui porte le nom de Saint-Suaire, et qu'on montre auj. à Saint-Pierre de Rome, à Milan, à Jaen en Espagne, etc. On montre aussi à Jérusalem, sur le chemin de la Croix, la maison qu'habitait la sainte. Sur cette fable, qui date du moyen âge, d'autres détail* ont été brodés. Les clémentines, qui la nomment Béronice, ou Bérénice, la font fille de la syro-phénicienne Justa, ou l'identifient avec l'hémorrhoïsse qui toucha la frange du manteau de Jésus. Quelques-uns la font mourir martyre à Antioche; d'autres l'envoient à Rome avec son bien-aimé Amatus, le serv iteur de la sainte famille, puis dans les Gaules où elle aurait vécu en carmélite et serait f 75. On ajoute que Tibère, devenu lépreux, ayant entendu parler du saint-suaire, aurait mandé Véronique à Rome, et que guéri par elle, il lui aurait accordé comme récompense la disgrâce et l'exil de Pilate. On rattache aussi toute cette histoire au fameux portrait d'Abgare, et le nom de Ver a icon (vrai portrait) serait devenu à la longue celui d'une personne; c'est l'idée de Papebrock et de Mabillon, et dans ce cas toute la légende tomberait. — Une religieuse de Milan f 1497, canonisée, porte aussi ce nom.
VESPASIEN, Titus Flavius, né l'an 9 a Réate sur la frontière sabine, était fils d'un publicain. Il remplit diverses fonctions militaires et civiles sous Caligula, Claude et Néron, fut nommé consul en 51 et proconsul d'Afrique en 59. Il tomba en disgrâce pendant la tournée artistique de Néron en Grèce, puis il fut chargé de la guerre de Judée. Il s'agissait de réprimer la révolte qui avait éclaté sous Florus et doot Cestius Gallus n'avait pu venir à bout. Il passa l'hiver de 67 à Antioche et Ptolémaïs, faisant ses préparatifs, prit en 68 Séphoris et Jotapat défendue par Josèphe, et il allait marcher sur Jérusalem, quand il apprit la mort de Néron. 11 envoya son fils Titus, féliciter Galba, mais Galba était mort avant son arrivée, et pendant qu'Othon et Vitellius se disputaient sa succession, Vespasien se fit proclamer empereur par l'armée d'Orient, aidé des généraux Mucien et Antonius, ainsi que de prétendus oracles qui circulaient parmi le peuple. Il n'en fit pas moins féliciter Vitellius, mais la voix publique l'acclamait, et laissant à Titus la direction de la guerre, il se rendit 69 à Rome où il entra sans obstacle. Il rétablit l'ordre dans la Gaule troublée par Civilis, envoya Agricola soumettre la Bretagne, présida au triomphe de Titus sur les Juifs, fit fermer le temple de Janus, et f 23 juin 79 après un règne sage et glorieux, humain et tolérant. Il fit de son mieux pour ne pas ajouter à la douleur des Juifs et laissa les chrétiens tranquilles. Il disait qu'un emp. romain doit mourir debout.
VEUILLOT, Louis, né 1813 à Boynes, rédacteur en 1831 et 1832 à Rouen et à>érigueux, de journaux ministériels, collaborateur en 1836 de la Charte, puis de la Paix de 1830. L'ardeur de sa polémique lui valut de nombreux duels, qui lui firent une réputation. Un voyage à Rome le fortifia dans ses instincts ultramontains, qui devinrent du fanatisme;chez lui la violence s'ajouta aux excès de la sophistique des jésuites. En 1838 il fut nommé chef de bureau au ministère de l'intérieur, mais il n'en continua pas moins son œuvre de journaliste et devint collaborateur de l'Univers, puis son rédacteur en chef jusqu'au moment où ses attaques contre le gouvernement de l'Italie et contre les évêques de France firent suspendre cette feuille. Elle ne reparut qu'en 1867. Depuis 1844 il s'était associé son fr. Eugène, non moins exalté que lui. Il fit plusieurs voyages à Rome, souvent à la tête d'une députation du parti; il y était pendant le concile. Auteur de nombreux écrits: Souvenirs d'un pèlerinage en Suisse; Pierre SsRntive, le Saint-Rosaire, les Parfums de Rome, les Odeurs de Paris, Mélanges religieux, l'Esclave Yindex, etc. f 7 avril 1883.
VIATIQUE; dans un sens général ce mot signifie provisions de route, argent ou autres (du latin via, chemin). Dans le langage catholique, c'est spécialement la communion qu'on donne aux mourants pour les fortifier dans le grand et dernier voyage. On dit porter le viatique à un malade, et dans la langue populaire on dit: lui porter le bon Dieu. Anciennement on donnait ce nom à toute espèce de sacrement administré in extremis, même au baptême ou à l'extrême onction.
VICAIRE, ecclésiastique prenant la place d'un autre et remplissant ses fonctions en son absence ou comme son assistant. Le vicaire ou suffragant de paroisse devrait, dans la règle, ne relever que du curé qu'il doit aider, mais en réalité il dépend de l'évêque qui peut le nommer et le révoquer à son gré; un vicaire imposé à un curé est souvent une disgrâce pour celui-ci, quelquefois un espion. Le vicaire général, ou grand vicaire d'un èvêque, est le prêtre choisi par lui pour exercer une partie de ses fonctions et pour se soulager dans une tâche souvent considérable. On appelle vicaire capitulaire le prêtre choisi par le chapitre dans les jours qui suivent la mort d'un èvêque, pour le remplacer provisoirement jusqu'à l'élection de son successeur; il doit être docteur ou au moins licencié en droit canon. Le pape, qui s'appelle vicaire de Jésus-Christ, a aussi, comme èvêque de Rome son vicaire général, qui est presque toujours un cardinal, et dont les attributions sont très étendues. On nomme vicaires apostoliques des évêques que le pape continue de nommer à d'anciens évêchés qui n'existent plus, dans des pays infidèles d'où le christianisme a été banni, comme l'Afrique, la Turquie, ou dans des pays hérétiques, dans les colonies, dans les missions, etc. — L'université de Caen a possédé un prof, de théol. Philippe Vicaire, 1689-1775, qui s'est distingué dans la lutte contre les jansénistes et les protestants.
VICELIN, apôtre des Obotrites, naquit vers la fin du lime siècle à Quern-Hammeln (Ham-mel) sur le Weser. Orphelin de bonne heure et dépouillé de ses biens, il entra au collège de Paderborn et fut bientôt appelé au rectorat de l'école de Brème. Mais avide de connaissances il se rendit avec son ami Dittmar, ou Thetmar, à Paris, il y passa 3 ans, se dégoûta de la scolastique, lui préférant la théol. biblique, et son cœur le porta à évangéliser les païens. Il choisit les Vendes pour champ de travail; l'archev. Norbert de Magdebourg le consacra avec joie et l'envoya d'abord à Lubeck; l'archev. Adalbero de Brème mit à sa disposition tout son diocèse, et le prince Henri le reçut avec distinction, lui et ses deux aides, Rudolph et Ludolph. Mais la même année, 1126, Henri fut assassiné, et Vi-celin reprit son projet d'aller chez les Vendes, qu'il trouva à moitié barbares, quoique chrétiens de nom. Il visita en même temps les égl. du Holstein et celles du Schleswig, élevant des temples et fondant des couvents. Les guerres civiles menacent de tout entraver; à la fin Lo-thaire II impose aux Vendes un duc de Schleswig, Knut Laward, de la famille royale de Danemark; c'est un chrétien, ami de Vicelin; l'œuvre des missions reprend, les églises se relèvent, le duc fait construire quelques châteaux-forts, entre autres celui de Segeberg, pour tenir en échec les malveillants. Mais il est assassiné 1131, et tout est à recommencer. L'intervention de Lothaire et du roi de Danemark arrête un moment la fureur des idolâtres, mais ceux-ci, conduits par Pribislav reprennent le dessus et rasent jusqu'à Segeberg. Vicelin et ses missionnaires se retirent à Faldera (plus tard Neu-Muns-ter) et poursuivent courageusement leur œuvre. Adolphe de Holstein relève Segeberg, qui devient Segebourg, mais Vicelin transfère son couvent à Hagerestorp, pour être plus tranquille, et là, avec son ami Dittmar qui en est l'abbé, ils s'occupent à former de nouveaux missionnaires.
Henri-le-Lion, duc de Saxe, ayant recommencé la guerre contre les Vendes, et contre leur chef Niclot, fr. de Pribislav, qui cependant avait laissé toute liberté aux missionnaires, et la fortune s'étant prononcée en faveur des gros bataillons, Hartwig, archev. de Hambourg, nomma Vicelin évêque d'Oldenbourg; mais le duc de Saxe et Adolphe de Holstein soulevèrent tous les deux des difficultés de juridiction, et ce ne fut que 7 ans plus tard que Vicelin se décida à recevoir l'épiscopat des mains d'Henri, ce qui lui valut sa disgrâce auprès d'Adolphe et de Knut. En 1152 il est à Mersebourg. A son retour, son ami Dittmar était mort. Lui-même s'établit dans le village de Bosau; il y pose les fondements d'une église qui reçut le nom de Saint-Pierre. Privé de la parole à la suite d'une attaque de paralysie, il se fait conduire à Neu-Munster pour s'y recueillir, et il f 12 déc. 1154. Son successeur Gerold transporte le siège épiscopal d'Oldenbourg à Lubeck.
VICTOR io africain de naissance, pape de 185 à 197, le premier qui ait manifesté l'esprit papal dans sa tendance à la domination. II condamna et excommunia Théodore de Byzance qui niait la divinité de J.-C. Il somma en 196 les év. de l'Asie-Mineure d'abandonner, quant à la célébration de la Pàque, l'usage apostolique pour adopter l'usage romain. Les év. de l'Asie-Mineure, Polycarpe en tête, répondirent par un refus. Victor, sûr des évêques de Césa-rée, de Jérusalem, d'Alexandrie et de Syrie, rompit la communion avec ceux de Polycarpe, comme chaque homme peut rompre avec un autre homme. Les évêques de l'Asie-Min. répondirent. Irénée, év. de Lyon, intervint en représentant à Victor le tort qu'il avait de troubler l'Église pour un sujet aussi peu important, et la paix fut rétablie; les deux partis continuèrent d'observer leurs jours particuliers. L'âpreté même de cette discussion sur un détail insignifiant prouve que les objets fondamentaux de la foi n'avaient pas encore été attaqués et que les pratiques anti-apostoliques qui furent introduites plus tard, ne s'étaient pas encore glissées dans l'Église.
2o Victor II, Guebhard, 1055-1057, év. d'Eich-shedt, conseiller et ami de l'emp. Henri IH. C'était, après l'emp., l'homme le plus puissant et le plus riche du royaume. Hildebrand le nomma pape malgré lui-même et malgré l'empereur. Il méritait cet honneur et fit tous ses efforts pour déraciner la simonie. Dans un concile tenu à Lyon, il fit destituer 6 évêques pour cause de mauvaises mœurs. Avant d'être pape, il avait cherché à limiter l'autorité pontificale; devenu pape il chercha à l'étendre, mais il put comprendre les contradicteurs. Il fraya le chemin à Hildebrand.
3o Victor ni, Didier, de la maison ducale de Capoue, abbé du mont Cassin pendant 29 ans, ami de Grégoire VII et son successeur. Élu pape en 1085 il refusa longtemps la tiare, et ne fut sacré qu'en 1087; il mourut 4 mois après. Il prêcha contre les Arabes d'Afrique une expédition qui leur fut funeste, Il eut à combattre Guibert de Ravenne, antipape sous le nom de Clément VII, qu'il excommunia dans un concile et que la gr. duchesse Mathilde chassa de Rome.
4° et 5°. Deux Victor IV antipapes; l'un Grégoire Conti, cardinal, nommé 1139 par les partisans d'Anaclet comme son successeur contre Innocent II; mais au bout de 2 mois saint Bernard l'amène à faire sa soumission; l'antre, le cardinal Octavien, de la famille de Tusculum, élu 1159 par le parti modéré, par l'emp. Fréd. Barberousse et par un concile convoqué à Païenne, en concurrence avec Alexandre HI et Calixte III. f 1164, et remplacé par Pascal IH.
6<> Un des saints de la légion thébaine.
7o V. de Marseille, officier romain, visitait et fortifiait les chrétiens pendant les persécutions; dénoncé â Maximien il fut condamné à divers supplices. Mis en prison il convertit ses gardes qui furent décapités. Lui-même eut la tête tranchée, 21 juill. 290 ou 303.
8o V. le Maure, né[en Mauritanie, soldat chrétien, martyrisé 8 mai 303 à Milan.
9o V. év. d'Antioche vers 400, auteur d'un Comment, sur Marc, espèce de compilation; publ. en grec et latin par Possin, Rome 1673.
10o Victor, ou Victorin, Claude-Marins, né en Provence, f de 425 à 450, fut prof, de rhétorique à Marseille, se retira ensuite dans la solitude, faisant de la Bible sa lecture habituelle; auteur d'un Comment, sur la Genèse, et de cantiques bibliques, souvent réimprimés.
llô V. év. de Cartenne (Tennez?) dans la Mauritanie césarienne, vers 460; auteur d'un grand ouvrage contre les ariens, présenté au roi Genséric; d'un traité sur la Pénitence, d'homélies, et d'une Épitre consolatrice à Basile, auj. perdus. Un traité De la Pénitence, publié par Migne, et un autre intitulé Consolation, publ. 1638 parmi les œuvres de Basile, lui sont faussement attribués.
12o Év. de Vite en Bysacène, forcé par les persécutions du vandale Hunéric de s'enfuir à Constantinople 483, où il demeura 4 ans. Au* teur d'une Hist. des persécutions sous Genséric et Hunéric, publiée par Ruinart 1694; trad. en fr. par Bellefore3t et Arnaud d'Andilly.
13o Év. de Capoue 541-574, traducteur d'une Harmonie des Évangiles d'Ammonius, avec Préface et Notes; auteur d'un Cycle pascal rectifiant celui de Victorius de Limoges.
14o V. év. de Tunones, ou Tunnunum (Tunis?), Afrique. Isidore de Sévillelui attribue une Chronique qui va de l'an 1 du monde à l'an 566, ap. C. et qui a surtout de l'intérêt pour l'hist. des Vandales 444-566, et pour celle de l'eutychianisme. D'après un mss, il serait l'auteur du livre sur la Pénitence mentionné n° H ci-dessus. Partisan décidé des Trois Chapitres, il fut 3 fois banni, enfermé 556 au château Dioctétien, puis interné à Tabenna, enfin enfermé à Constantinople, après que Justinien eut en vain essayé de le convertir autrement. Il survécut à ses persécutions et + ©n exil.
15° Év. de Carthage, vers 646, connu surtout par une lettre au pape Théodore, en faveur du
dyothélétfsme.
VICTOR (Couvents de Saint-) i<> ancienne abbaye de l'ordre de Saint-Benoît, fondée 409 près de Marseille par Jean Cassien. Elle prospéra quelque temps, mais fut détruite par les Visigoths, puis par les Normans. Réduite au llm« siècle à 5 religieux, elle fut relevée par Guillaume comte de Marseille et reçut de Léon IV et de Grégoire VII de grands privilèges, qui lui permirent d'avoir sous sa dépendance de nombreux couvents et abbayes,
2o Célèbre abbaye de l'ordre de Saint-Augustin, située dans un faubourg de Paris qui prit son nom. Elle s'illustra comme école, mais école du juste-milieu, et penchant vers la mystique de saint Bernard. Fondée 1109 par Guillaume de Champeaux, elle cherchait à vivifier la scolastique et à éclairer la mystique. Hugues, Richard et Gautier en furent successivement les représentants les plus attitrés.
3° Saint-Victor en Caux (apud Caletes), de l'ordre de Saint-Benoît, abbaye de Normandie, fondée par un prêtre nommé Tormor, qui y établit des moines de Saint-Ouen vers 1055. Ce n'était d'abord qu'un prieuré; un concile tenu à Rouen 1074 l'érigea en abbaye.
VICTORIN év. de Pétau, Styrie, probablement grec (d'autres le font africain), rhéteur, martyrisé sous Dioclétien 303. D'après Jérôme il aurait écrit des Comment, sur la Genèse, l'Exode, Lévitique, Ésaïe, Ézéchiel, etc., auj. perdus. Il ne reste de lui qu'un Comment, sur l'Apocalypse, que l'on a lieu de croire interpolé. Il était chiliaste.
VICTRICIUS, l'ami de Martin de Tours, missionnaire, puis év. de Rouen, + ou 417. La légende porte qu'il fut d'abord soldat romain, qu'il se convertit et demanda sa libération du service; que le tribun le fit charger de fers et fouetter de verges, et donna l'ordre de lui trancher la tête; que le soldat chargé de l'exécution devint subitement aveugle, et qu'à la suite de ce miracle de nombreuses conversions eurent lieu dans l'armée. Pour combattre l'arianisme il se rendit en Bretagne 393, puis en 403 pour se justifier du soupçon d'hérésie, auprès d'Innocent I«r qui lui avait fait adresser un recueil de la discipline romaine. On lui attribue un Éloge des saints.
VIENNE lo Vienna Alfobrogum, vieille cité gauloise, faite colonie romaine par Tibère, dotée d'un sénat par Claude, quelque temps rivale de Lyon, et résidence principale du gouverneur de la Narbonnaise. Pilate y finit ses jours, dit-on. Il s'y forma de bonne heure, ainsi qu'à Lyon, une Égl. chrétienne, et les mêmes persécutions ravagèrent l'une et l'autre sous Marc-Aurèle 177; c'est là que succombèrent Plotin, Blandine, Symphorien et tant d'autres. En 258 on cite aussi le martyre de l'év. Florence. Quand la Narbonaise eut été scindée en 2 provinces, Vienne et Arles entrèrent en rivalité, chacune réclamant les droits métropolitains. Le conc. de Turin se prononça pour un partage amiable 401; Sozime trancha la question en faveur d'Arles, 417, mais Boniface rétablit le partage des droits par province. Léon I«r, en réponse aux réclamations d'Hilaire d'Arles, se prononça nettement pour Vienne 444, mais on en revint bientôt au mode de vivre imposé par les circonstances, et Vienne resta la métropole de sa province, la Viennoise. Parmi ses évêques on cite surtout Mamert, Avit, Agilmar et Adon. De 444-1312 douze conciles y furent tenus; l'un des plus importants fut celui de 892 convoqué par Formose pour régler les droits de l'Église; celui de 1112 présidé par l'arche v. Guido, qui excommunia Henri V d'Allemagne; le dernier, présidé par Clément V, fut le 15** conc. général, et fit le procès des Templiers pour obéir aux ordres du roi Philippe. Le concordat de 1801 a supprimé l'évêché de Vienne. Église protestante prospère.
2o V. capitale de l'Autriche. Bâtie par les Vendes, elle n'était encore qu'nn village quand Auguste s'en empara; les Romains en firent une de leurs stations militaires les plus importantes à cause de sa situation sur le Danube. Les historiens lui donnent les noms de Vindo-hona, Vindomana, Vindomina, d'où quelques-uns font dériver son nom actuel de Vienne (Wien); d'autres le dérivent de Faviana, nom que lui donne Eugippius dans sa Vie de Sé-verin et qui était généralement reçu au siècle; peu à peu Faviana aurait été abrégé en Viana,*Viena et Vienne. Son évangélisation se relie à celle de l'Autriche. On y trouve déjà des évêques dès 466, mais toute l'œuvre y fut momentanément détruite 840 par les invasions hongroises et antres. Paul II rétablit l'évêché 1468 à la demande de l'archiduc Frédéric III, et Clément XI l'érigea en archevêché 1721. L'univ. fondée 1365 comptait déjà 4 facultés en 1384. Deux conciles furent tenus à Vienne 1199 et 1217, mais eurent plus d'éclat que d'importance. Après d'illustres évêques vint 1513 Georges Slatkonia, un humaniste selon le cœur de Léon X, sous lequel la Réforme fit de rapides progrès, malgré l'opposition de la faculté, et jusqu'en 1576, surtout sous Maximilien II, le protestantisme compta de nombreux adhérents, au point que plusieurs évéques parurent s'y rattacher. Mais la réaction commença à se faire sentir sous Ernest et sous Matthias, et les jésuites favorisés reprirent le dessus. La guerre de Trente ans tourna en leur faveur, et à partir de 1624, le protestantisme fut proscrit et tous les habitants reçurent l'ordre de se faire instruire dans la religion catholique. La persécution devint générale, et on profita de l'occasion pour persécuter aussi les juifs; quand l'intolérance commence, elle ne se laisse ni restreindre, ni localiser. La politique antipapale de Joseph et de Charles coupa court à cette terreur; les protestants de V. furent autorisés à assister au culte des chapelles d'ambassades, et peu à peu ils recouvrèrent leur liberté; en 1783 on en comptait 4 mille possédant leurs temples ou leurs maisons de prières. Un recul sensible eut lieu sous Léopold II. Les guerres de la révolution et de l'empire détournèrent l'attention; l'Autriche maintint ses droits comme pouvoir civil, mais les jésuites qui se glissèrent de nouveau dans l'empire sous le nom de rédemptoristes 1820 restaurèrent l'absolutisme politique et religieux, et de progrès en progrès l'ultramontanisme finit par être le seul maître du pays; 1830 et 1848. loin de lui être fatal, le servirent et lui permirent d'élaborer le concordat de 1855 qui livrait l'empire à la cour de Rome. La guerre d'Italie 1866 renversa tout cet édifice, et la municipalité de Vienne se montra rebelle à toute tentative nouvelle faite pour ramener le passé. Les protestants en 1848 étaient au nombre de 20,000; ils possédaient une bibliothèque populaire depuis 1794; depuis 1796 un consistoire: depuis 1821 un collège d'exégèse et de dogmatique rattaché à l'université, et qui devint plus tard une faculté. Ils ont plusieurs églises, dont une franco-suisse. Les juifs ont 17 synagogues; ils sont plus de 40 mille.
VIERGES (Onze Mille), v. Ursule, etMartyrs.
VIGILANCE, prêtre gaulois, né à Calagurri (Casères), petit bourg près de Comminges, Gascogne, fils d'un aubergiste, fut nommé curé à Barcelone, Espagne. Muni d'une recommandation de Sulpice Sévère, il se rendit auprès de Paulin de Nola, vers 395, et celui-ci l'envoya l'année suivante, comme prêtre, à Jérusalem vers saint Jérôme. Mais bientôt il en repartit, peu satisfait, visita l'Égypte, et revint en France où il trouva une place dans le diocèse de Toulouse. On ignore ce qui amena de la mésintelligence entre Jérôme et lui. L'amour-propre y entra pour quelque chose. Vig. était vaniteux et violent. Il écrivit contre Jérôme, l'accusaut d'hétérodoxie et d'origénisme. U se montra en même temps opposé au culte de> saints et des reliques, et condamna le célibat des prêtres; son voyage en Orient lui avait appris sous ce rapport bien des choses, et ses instincts occidentaux l'avaient mis en garde contre des superstitions, qu'il qualifiait de païennes. Jérôme lui répondit très vivement par un^ lettre écrite d'une seule nuit, et que nons possédons encore; au lieu de Vigilance, il le traite de Dormitantius, et réfute les reproches qui loi sont adressés. Vigilance était une bonne plume, sans être un fort théologien. Il est regrettable qu'il ait compromis des idées justes par des formes et des personnalités qui ne pouvaient qip leur nuire.
VIGILE lo diacre romain, élevé sur le siège pontifical du vivant de son prédécesseur Sil-vère 537, par les deux femmes qui avaient concouru à la chute de celui-ci, à la condition qu'il condamnerait le concile de Chalcédoine. La condition lui plut, mais une fois sur le trône il refusa une déclaration publique, bien qu'en particulier il s'exprimât comme monophysite. A la mort de Silvère 538, il fut généralement reconnu et sa position comme pape fut régularisée. Il prononça tour à tour l'absolution, puis la condamnation de trois évéques, pour eau* de monophysisme, mais voulut que sa condam nation restât secrète. Mandé à Constantinople par Justinien pour l'affaire des Trois-Chapitres. ce pape versatile hésita longtemps et ne donna d'abord que des réponses équivoques; il finit cependant par les condamner, 553. Balloté entre Juslinien et Théodora, qui différaient d'opinion sur ce point, persécuté par l'un ou par l'autre, il se fatigua de sa complaisance pour l'empereur, lui résista, se retourna vers l'impératrice par une évolution qui ne devait pas être la dernière, s'enfuit-, d'abord à Ormisda, puis en Chalcédoine, fut jeté en prison, se vit traiter d'hérétique et d'apostat et servit de prétexte ad schisme d'Aquilée, qui devait durer 150 an*. Justinien fit rayer son nom comme celui d un hérétique. Lassé et effrayé, Vigile céda de nouveau, obtint la permission de retourner à Rome, et mourut en chemin à Syracuse, 555, laissant une piètre réputation comme infaillibilité, ne sachant ce qu'il pensait et n'osant dire ce qu'il croyait.
2° Év. de Trente, nommé fort jeune à ce poste, après avoir étudié à Athènes et à Rome: il fut sacré par l'év. d'Aquilée et s'occupa avec zèle de l'œuvre des missions chez les païensdes contrées voisines. En 404 ou 405, ayant détruit une idole de Saturne dans la vallée de Randena, il fut lapidé par les habitants. On a de lui une Lettre à Simplicius (év. de Milan?), où il raconte le martyre de 3 de ses collaborateurs, envoyés par Ambroise, et une autre à Chrysostome sur le môme sujet. Il ressort de son récit que Milan était alors pour l'évaugélisation une métropole complètement indépendante.
3® Diacre du S^e siècle, gaulois peut-être, vers 420, à qui Gennade attribue une Règle pour les moines, destinée à être lue dans leurs assemblées, et qui contient toute la discipline monastique, telle qu'elle s'était formée depuis Pacôme.
4° Év. de Thapsus en Bysacène, Afrique, vers 480; a laissé quelques écrits polémiques, publiés par le p. Chifflet, Dijon, 1664. Il règne quelque incertitude sur l'authenticité de plusieurs de ses écrits, dirigés surtout contre l'arianisme et l'eutychianisme, parce qu'il les publiait volontiers sous le pseudonyme d'Athanase. d'Augustin, ou de tout autre père, soit pour mieux affirmer sa communauté de foi avec eux, soit pour dissimuler son nom pendant les persécutions vandales. Il avait été banni par Hunneric 484,et s'était retiré à Constantinople; c'est là qu'il composa ses ouvrages. On lui attribue aussi (Quesnel), mais à tort, le symbole dit d'Athanase.
VIGILE, ou Veille, du latin Vigilia, terme de liturgie qui signifie la veille d'une grande fête. Autrefois les chrétiens passaient en effet une partie de la nuit en prière dans les temples la veille de certaines solennités, comme les grecs en ont conservé l'usage. Quelquefois on jeûnait aussi. L'origine de ces veilles, ou veillées, est obscure; quelques-uns la rattachent au fait que chez plusieurs peuples anciens la journée commençant au coucher du soleil, et non à minuit comme chez nous, la fête commençait le soir; d'autres, au devoir de la vigilance imposée au chrétien; d'autres enfin au culte que les chrétiens avaient pris l'habitude de célébrer la nuil à l'époque des persécutions. Il était résulté quelques abus de ces services nocturnes; Vigilance les dénonça, et peu à peu les vigiles furent remplacées par un service de prière le matin ou l'après-midi, qu'on appela service de préparation. Les vigiles de Noël et de Pâques durèrent plus que les autres, en souvenir de la naissance et de la résurrection de J.-C. qui eurent lieu la nuit. — On donne spécialement le nom de vigiles aux matines et aux laudes de l'office des morts, chantées aux obsèques d'un défunt, et qui, d'après un statut de 1215 dressé pour l'univ. de Paris, se chantaient la nuit.
VILLALON, Christoval (de), liceneié espagnol, auteur d'un Profitable Traité des Changes, 011 il stigmatise les profits illicites du confessionnal et les exactions des agents épiscopaux.
Impr. à Valladolid 1341 après avoir été vu et visé par les préposés de l'Inquisition.
VILLEGAGNON, Nicolas Durand (de), né à Provins 1510, neveu de Villiers de TIsle-Adam; marin distingué, officier des galères du roi, il lit en 1541 la campagne d'Alger, conduisit en 1548 la jeune Marie en Écosse, et contribua en 1550 à défendre Malte contre les Turcs (il était chevalier de Malte); il reçut sous Henri II la vice-amirauté de Bretagne. S'étant brouillé avec le gouverneur du château de Brest, et peu rassuré sur les suites que cette affaire pouvait avoir, il résolut d'aller fonder une colonie au Brésil. Il demanda l'appui de Coligny, et fit valoir l'asile que cette colonie pourrait offrir aux fidèles persécutés; auprès du roi on fit ressortir les avantages matériels de l'expédition. Le roi lui accorda 2 grands navires bien équipés et 10 mille livres. Il s'embarqua au Havre 15 juill. 1555 et arriva en novembre dans la baie de Guanabara, ou Janeiro. Les Topinamboys et surtout les Portugais, l'empêchèrent de s'établir à terre, et il se retira dans une île à laquelle il donna le nom de Coligny, qu'il fortifia. La plupart des colons qui l'avaient suivi étant protestants, il afficha pour leur foi un grand respect, renvoya ses vaisseaux en Europe et écrivit à l'égl. de Genève pour lui demander des pasteurs et des artisans bien qualifiés. Genève y répondit avec enthousiasme, en envoyant 2 pasteurs, Pierre Richier et Guill. Chartier; Jean de Léri, qui a écrit l'histoire de l'expédition, Phil. de Corguilleray, sieur du Pont, ami de Coligny, Cointat, ancien docteur de Sorbonne, et beaucoup d'ouvriers, mariés ou célibataires. La petite troupe recruta encore quelques renforts sur son chemin, et se composait de 300 personnes en arrivant à Honfieur; elle s'embarqua sous les ordres de Bois-le-Comte, neveu de Villega-gnon, le 19 nov. 1556, et arriva à Coligny le 7 mars 1557. Tout alla bien pendant quelque temps, mais bientôt Cointat ayant essayé d'introduire dans le culte des cérémonies catholiques et l'église s'étant divisée, Yillegagnon, qui craignait de passer en France pour protestant, se débarrassa de Chartier, qu'il envoya à Genève, soi-disant pour consulter Calvin; puis il jeta le masque et interdit la célébration de la Cène; il persécuta ceux qui ne voulurent pas se faire catholiques, fit étrangler ou noyer Bordel, Vermeil et Bourdon, chassa les autres de l'île. Seize de ces malheureux ayant pris passage sur un vaisseau qui retournait en France, il remit au capitaine un pli cacheté, recommandant au premier juge qu'il rencontrerait de les brûler comme hérétiques. Ils abordèrent 26 mai 1558 à Blavet, Bretagne; les dépêches furent remises, mais les juges, loin de poursuivre les accusés, les reçurent comme des frères et leur fournirent les moyens de continuer leur voyage; ils étaient protestants. Villegagnon vit promptement dépérir sa colonie, privée de ses meilleurs éléments; il revint en Europe, laissant l'île et ses canons aux Portugais. Il écrivit contre Calvin et contre Frédéric III du Palatinat, représenta Tordre de Malte à la cour de France, et f 1571 dans une propriété de son ordre. On a de lui, en latin l'hist. de son expédition à Alger, et celle de la campagne de Malte.
VILMAR, Aug.-Fréd.-Chrétien, né 21 nov. 1800, fils d'un pasteur de village, étudia àMar-hourg. en sortit rationaliste, se montra libéral enthousiaste en 1831 et 1848; prof, à Marbourg en 1833. Il finit par devenir, avec son ami le ministre Hassenpflug, réactionnaire en politique et orthodoxe luthérien jusqu'au matérialisme, mettant les sacrements (il en comptait cinq) au-dessus de la Parole de Dieu, f 1868.
VINCENT lo martyr de l'Agenois, dont la mémoire était populaire au 6"" siècle, mais dont on ignore s'il est mort sous Décius, Valé-rien, Maximien ou Aurélien 273. Comme il prêchait aux environs d'Agen, il se trouva à une féte que les païens célébraient en l'honneur du démon, et par un simple signe de croix il dissipa les illusions du peuple. Arrêté comme magicien, il fut livré au gouverneur, qui le fit mettre à mort par le glaive.
2° V. de Saragosse, d'une famille noble de Huesca, p. é. parent de Laurent de Rome, et célébré par Augustin, Prudence, Paulin de Nola et Venantius Fortunatus. Élevé par l'év. Valère qui le fit archidiacre et lui confia l'enseignement et le ministère de la parole. Au commencement de la persécution dioclétienne 303, ils furent l'un et l'autre conduits à Valence, chargés de chaînes, devant le gouverneur Datien. Sommés d'abjurer ils refusèrent; l'év. fut banni, et Vincent qui avait porté la parole fut soumis à des tortures qui dépassent tout ce qu'on avait vu jusqu'alors. Ses membres déjà aifaiblis par les privations furent broyés et tordus; puis on Je plaça sur un gril hérissé de pointes, au-dessus d'un petit feu, en même temps qu'on lui passait des fers rouges sur le corps et qu'on répandait du sel sur ses blessures saignantes. On le jeta ensuite, pour l'y laisser mourir de faim, dans un cachot obscur, semé de pierres pointues et de débris de verre. Ici l'histoire devient légende; les anges viennent et changent les pierres en fleurs, une grande lumière éclaire le cachot; Vincent prêche à la foule rassemblée devant sa prison. Quand les geôliers purent supposer qu'il était mort, ils entrèrent pour l'emporter, mais ils le trouvèrent guéri de ses blessures, très faible encore et en prières. Émus de ce spectacle, ils se convertirent et tombèrent à genoux devant lui. Datien dans sa fureur fit préparer de nouveaux instruments de supplice, plus horribles que les premiers, mais Dieu retira à lui son vaillant serviteur avant cette nouvelle épreuve. Son corps fut jeté aux bêtes, mais les corbeaux le protégèrent. On le jeta à la mer, mais il surnagea et fut déposé sur le rivage, oA les chrétiens le recueillirent et l'enterrèrent. Ses restes sont maintenant à Lisbonne.
3° V. de Lérins, gaulois de naissance, peut-être de Toul, suivit la carrière des armes; il eut une jeunesse agitée et troublée, et chercha un refuge dans la religion. Il se retira au couvent de Lérins, près d'Antibes, et se partagea entre la pénitence et l'étude. Ordonné prêtre, il présida à l'éducation des 2 fils d'Enchère, f 24 mai 450. Savant théologien il a laissé un livre précieux pour la connaissance du catholicisme de son temps, le Peregrini Commomto-rium (dont une partie est perdue;) avertissement pour prévenir le chrétien contre les nouveautés religieuses et les hérésies. Il fixe la tradition et occupe une place importante dans l'hist. du moyen âge.
4° V. de Beauvais, dominicain, né en France vers 1190, disciple d'Albert-le-Grand, sous-prieur du couvent de Beauvais, lecteur et ami de Louis IX, éducateur des jeunes princes, f vers 1264 au château de Royaumont. Savant, et auteur de plusieurs écrits. On a entre autres de lui le Spéculum majus, le Grand Miroir, divisé en 3 parlies: naturel, doctrinal et historique (la 4me partie, la morale, n'est pas de lui); c'est une revue de toutes les sciences connues de son temps, mais aussi avec toutes leurs lacunes. Il divise son hist. de la nature d'après les 6 jours de la création. Mentionnons encore un Traité sur la grâce, une Lettre de Consolation à saint Louis au sujet de la mort de son fils, et surtout son livre sur l'Éducation des jeunes filles royales et nobles, le seul livre pédagogique que nous ait légué le moyen âge.
5° V. Ferrier, dominicain, né 1357 à Valence, Espagne, + 5 avril 1419 à Vannes. Docteur en théol. et puissant prédicateur, confesseur de Benoit XIII, il visita toute l'Europe occidentale avec de grands succès. A Constance 1415 il opina pour la déposition des 3 papes et vota pour Martin V. On lui attribue des miracles et le don de prophétie. Auteur de Lettres et de divers ouvrages, sur la fin du monde, la vie spirituelle, la messe, etc.
6<> V. de Paul ou Depaul, né 24 avril 1576 à Ranguines, hameau de Pouy, près de Dax, Gascogne, fils de pauvres paysans. Il garda d'abord le petit troupeau de ses parents, étudia chexles franciscains de Dax, puis à Toulouse, reçut les ordres de 1598 à 1600, fut nommé curé de Thil, et se fit recevoir bachelier 1604. Revenant de Marseille par mer 1605, il fut pris par des corsaires, conduit à Tunis, vendu à un pêcheur, qui le revendit à un médecin; il passa enfin entre les mains d'un savoyard renégat, dont il convertit la femme à la religion chrétienne; le renégat lui-même regretta sa défection et ensemble ils réussirent à revenir en Europe, 1607. Après une visite à Rome, il fut nommé aumônier de la reine Marguerite de Valois (divorcée de Henri IV) et son secrétaire particulier. Logé près de l'hôpital de la Charité, il prodigua ses soins aux malades. Pierre de Bérulle, qui fut plus tard cardinal, le fit entrer dans sa nouvelle congrégation de l'Oratoire, et le fit nommer 1611 à la cure de Clichy, où il établit la confrérie du Saint-Rosaire. En 1613 il entra dans la maison de Gondy, général des galères, pour faire l'éducation de 3 jeunes gens, et ses relations avec cette famille ouvrirent un nouveau champ à son activité philanthropique; il visitait les galériens, les encourageait, les consolait, adoucissait leur sort, et comme dans le nombre il y avait des condamnés protestants, il en gagna quelques-uns par sa bonté, son humilité et ses services. De là il passa à Châtillon-les-Dom-bes, Bresse, où il releva l'état moral du clergé et fonda 1612 la confrérie de la Charité, qui donna naissance à plusieurs autres œuvres du même genre. De retour chez les Gondy en 1619, il fut nommé en 1624 aumônier général de toutes les galères de France, puis premier supérieur des religieuses de la Visitation. En 1624 il fonda la Congrégation des Prêtres de la Mission, autorisée par l'archev. de Paris, frère de Gondy, qui lui donna le Collège des Bons Enfants (où V. demeura depuis la f de M®* de Gondv 1623); par Louis XIII 1627, parle parlement 1631, par Urbain VIH 1632. Ces prêtres furent aussi nommés Lazaristes, q. v. En 1638 il leur donna une organisation positive et une Constitution. Il exerça aussi sur le clergé une grande et bonne influence, et ne cessa de s'intéresser aux galériens, pour lesquels il fonda même un hôpital à Marseille en 1648. On raconte qu'un jour, d'accord avec l'inspecteur, il prit la place d'un forçat, père de famille, dont la douleur l'avait ému,>et qu'il fallut l'intervention de Mme de Gondy pour le faire remettre en liberté. En 1634 il forma l'œuvre des Sœurs de Charité, ou Sœurs grises, pour le soin des pauvres et des malades; puis celle des Enfants trouvés, dont les commencements furent difficiles, mais qui fut fixée en 1648 à la suite d'un émouvant discours de Vincent; l'hospice du nom de Jésus en 1653 pour 80 vieillards, l'hôpital des pauvres de la Salpétrière, etc. Enfin on lui doit la fondation et l'établissement des grands séminaires 1635. f 27 sept. 1660, fouffrant depuis plusieurs années d'une fièvre intermittente; enterré dans l'égl. de Saint-Lazare; béatifié 1727, canonisé 1737 par Clément XII. Vie, par l'év. Abelly, Collet, Capefigue, Guizot.
— Un grand nombre d "Abbayes portent le nom de saint Vincent. Ainsi in nemore (aux Bois) près de Châteauneuf, de l'ordre d'Augustin: celle de Besançon, de l'ordre de Benoit; d'autres à Metz, à Senlis, au Mans, à Oléron, en Guyenne, etc.
VINCENT, Jacques-Louis-Samuel, né 1787 à Nimes, descendant de pasteurs du désert. Il montra de bonne heure des aptitudes extrême-ments variées et une grande facilité pour apprendre. Après avoir achevé ses études à Genève, il fut nommé catéchiste à Nîmes 1810, et ne tarda pas à se distinguer par ses talents et son activité littéraire. Il fut nommé pasteur, puis en 1825 président du Consistoire; il fut un moment suspendu sous le ministère Corbiè-res, pour lui avoir refusé son appui lors des élections. 11 est en outre membre du Conseil général du Gard, de la Commission des prisons, de l'Académie, de la Soc. d'Utilité publique, professeur à l'École normale des instituteurs, membre de la Soc. d'agriculture, etc. Il a travaillé à introduire le système lancastrien en France. Très bien équilibré comme caractère et comme intelligence, il a eu moins de succès comme prédicateur; un défaut de prononciation lui nuisait auprès du grand public, et ceux-là seulement qui s'attachaient à la pensée se réunissaient pour l'entendre. On peut le regarder comme un des chefs de l'ancien libéralisme, qui n'avait pas encore rejeté toute foi au surnaturel; il voulait unir le rationalisme au supranaturalisme, mais sa méthode allait plus loin. Pour lui la religion n'était pas dans le dogme, mais dans la vie intérieure et dans les œuvres, et il allait jusqu'à ne pas donner d'importance même à la doctrine de la divinité de Jésus-Christ. Il demandait la séparation de l'Église et de l'État, et la convocation des synodes, mais comme un idéal et en réservant le moment favorable. Souffrant depuis longtemps, il +10 juillet 1837. On a de lui plusieurs sermons, un catéchisme, des Observations sur l'unité religieuse, des Observ. sur la voie d'autorité appliquée à la religion (en réponse à Lamennais): des Mélanges de relig., de morale et de critique; Le pasteur réformé du 19m« siècle, Du protestantisme en France, Méditations relig., une Revue (avec Fontanès), Religion et christianisme, quelques réimpressions, des articles dans les Archives du christ., le Courrier du Gard, etc.
VINCI, Léonard (de), né 1452 à Vinci, près Florence, fils naturel d'un notaire; grand, beau, bien doué, très savant, ingénieur, anatomiste, écrivain, poète, musicien, peintre, sculpteur, architecte, il travailla successivement à Milan,
Florence et Rome, puis vint mourir en France, à Amboise 1519; ses têtes de Vierges rivalisent avec celles de Raphaël. Son clW-d'œuvre est le tableau de la Cène dans le réfectoire des dominicains à Milan; sa Joconde est également célèbre, ainsi que son Charles VIII. Le Louvre a de lui 9 tableaux ou portraits. Il a réalisé l'idéal du beau en peinture, quoique son coloris laisse à désirer. Comme caractère il eut ses petitesses, il jalousa Michel-Ange, et l'on dit qu'il se vengea de quelques ennemis en leur donnant de vilains rôles dans quelques tableaux.
VINET, Alexandre-Rodolphe, né 17 juin 1797 à Ouchy, sous Lausanne, dans la tour carrée où son père, ancien régent, était employé des péages. Français par ses ancêtres, il fut touj. un bon Vaudois, mais il aimait la France. Il étudia à Lausanne, et à travers une grande timidité, montra de bonne heure un esprit original et un caractère indépendant. M^e de Montolieu l'appelait un jeune homme laid qui devient beau quand il parle. Après un court preceptorat il fut, à 20 ans, nommé prof, au gymnase de Bâle. En 1819 il acheva à Lausanne ses examens de théol., fut consacré et prit rang parmi les ministres vaudois. De retour à Bâle il épousa sa cousine Sophie De la Rottaz, qui fit son bonheur et qui lui survécut, f 1884. C'est à cette époque qu'il publia les importants ouvrages qui lui ont valu la position éminente qu'il occupe parmi les critiques et les écrivains français: Chrestomathie, Hist. de la littér. franc., Études, Poètes du siècle de Louis XIV. Mais bientôt il allait entrer dans la carrière militante et prendre position. A l'occasion des persécutions contre les dissidents, il réclama, non la tolérance qui tient du scepticisme et du mépris, mais la liberté religieuse qui est un droit de tous, et qui fut en quelque sorte l'inspiratrice de toute sa vie. Il écrivit coup sur coup plusieurs brochures et livres sur ce sujet, dont 2 furent couronnés à Paris, le Mémoire en faveur de la liberté des cultes 1826, et l'Essai sur la Manifestation des convictions relig. 1842, qui conclut nettement à la séparation de l'Égl. et de l'État. Il intervint plusieurs fois directement en faveur des dissidents persécutés contre le gouvernement persécuteur, et soutint que dans les cas de conscience il faut braver la loi si on ne peut la faire révoquer, ce qui lui valut une amende de 120 fr. (80 fr. anciens), et la suspension pour un an de ses droits ecclésiastiques. En 1831 commence sa collaboration active et régulière au Semeur, qui ne cessa qu'avec sa vie. Vers la même époque il se fait aussi connaître comme orateur chrétien et comme prédicateur; ses Discours, ses Méditations sur divers sujets religieux, datent de 1S31 et se poursuivent, se réimpriment et se traduisent d'année en année, avec un succès croissant. En 1837 il est appelé à Lausanne comme prof, de théologie pratique. L'univ. de Bâle lui donna comme souvenir le titre de docteur (Berlin aussi en 1846) 11 eut à intervenir dans les débats ecclésiastiques de son canton. Nommé membre de la Délégation des classes, il vota pour tout ce qui pouvait améliorer l'organisation de l'Égl. nationale, quoiqu'il en repoussât le système; il travailla loyalement à tirer le meilleur parti de ce qui existait en fait; il vota le maintien de la Conf. de foi, Fadjonc-tion des laïques, etc. Le Grand conseil élabora sa nouvelle loi ecclésiastique dans un sens qni aggravait les objections et les répugnances de Vinet, et en 1840 il se retira de l'Egl. nationale. En 1844 il donna aussi sa démission de prof, de théologie, mais en 1845 le gouvernement le nomma prof, de littérature française à cause de sa « réputation européenne. ® Le 3 déc. 1846 il était de nouveau congédié, pour avoir assisté à d'autres services religieux que ceux du culte officiel. Il fit partie de la coin-mission centrale du synode de l'Église libre, réuni à Lausanne 10 nov. 1846, mais il ne réussit pas à y faire prévaloir ses vues, qu'on trouvait trop individualistes. Il donna un cours de littérature pour dames au profit d'une école normale supérieure d'institutrices, et continua dans un local privé son cours de théol. pastorale libre pour les étudiants. Mais ses forces déclinaient. Le 19 avril 1847 il se fit transporter à Clarens, où il s'éteignit doucement le 4 mai. C'est là qu'il a été inhumé; les étrangers vont visiter son tombeau. Outre les ouvrages cités il a laissé encore (publ. de son vivant ou après sa mort): L'Éducation, la Famille et la Société; Théologie pastorale, Homilétique, Hist. de la prédication parmi les réf. de France au 17me siècle; Études sur Pascal, les Moralistes au 16®« et au 17®e siècles, etc., etc. Son influence n'a cessé de grandir. Par ses sympathies il appartenait à la théologie du réveil, mais il s'en éloignait par la doctrine, sans cependant la combattre. Sa foi se résumait en Christ, fils de Dieu, et Dieu, qui nous délivre du péché et nous conduit à Dieu. v. Scherer, Chappuis; Astié, Esprit de Vinet (très important). les 2 théologies nouvelles au sein du prot. français; le Vinet de l'hist. et celui de la légende; Rambert, Vie et Lettres, 2 vol. d'un grand intérêt; Fréd. Chavannes, etc.
VIRET, Pierre (signant quelquefois de son anagramme Terrius), né 1511 à Orbe, d'un couturier et retondeur de drap, étudia à Paris les lettres et la théol. sous Lefèvre d'Étaples, et fut gagné à la Réforme avant d'avoir reçu les ordres. De retour à Orbe il entendit Faref, et se laissa persuader par sa parole chaleureuse de se vouer au ministère. Consacré 6 mai 1531 il eut le bonheur de voir ses parents se convertir à l'Évangile, et se mit résolument à la prédication, visitant toute la contrée d'alentour et administrant les sacrements. Ce ne fut pas sans danger; à Payerne en 1533 il fut frappé au dos par un prêtre, un soir, veille d'un jour où il devait discuter avec lui. La blessure fut longue à guérir. En janvier 1534 il fut envoyé à Genève avec Farel et Froment, et ils réduisirent au silence l'insolent Furbiti. Après avoir logé d'abord à la Tête Noire, les réformateurs prirent pension chez Claude Bernard, où une servante, Antoina, soudoyée par les prêtres, essaya de les empoisonner. Viret seul soupa ce soir-là, et il fut longtemps entre la vie et la mort; même il ne se remit jamais complètement. Il se rend ensuite à Neuchâtel, puis à Lausanne où en avril 1536 on met à sa disposition l'égl. des dominicains, et après la célèbre dispute du mois d'octobre les Bernois le nomment, avec Caroli, second pasteur de la ville. Il y resta 22 ans, à la fois prédicateur et professeur; marié 1538, remarié 1547. Malgré la douceur de son caractère, il eut constamment à lutter, soit contre ses collègues, soit contre la population dont les mœurs étaient trop faciles, soit contre le gouvernement de Berne. Il aurait voulu faire prévaloir à Lausanne la discipline ecclésiastique de Calvin, et les libertins, exilés de Genève, lui rendirent plus d'une fois la vie difficile. A la lin, après de stériles disputes sur la prédestination, la Cène, la discipline, et l'excommunication, Bèze étant parti pour Ge nève, 1558, le gouvernement bernois congédia Viret et son collègue Vadier, janv. 1559; 38 pasteurs et prof, les suivirent dans leur retraite. Le 2 mars Viret était nommé pasteur à Genève, mais sa santé le força de chercher un climat plus doux. Il se rendit à Nîmes, à Montpellier, à Lyon, où il obtint de grands succès, à Orange, recommandant toujours la douceur et la persuasion. Enfin en 1566 il accepta un appel de l'académie d'Orthez et de Jeanne d'Albret; là, surpris par les troupes catholiques, il fut fait prisonnier, enfermé au château de Chaba-nay, puis délivré par un détachement huguenot. f 1571 à Orthez; enterré dans les caveaux de la famille royale. Ses nombreux écrits se distinguent par l'esprit, le style et l'érudition, plus que par l'originalité et la profondeur. On remarque surtout: Disputations chrétiennes, Comment, sur saint Jean, id. sur les Actes, Traités divers pour l'instruction des fidèles, de la vraie et fausse religion, Satires chrétiennes de la cuisine papale, etc. — Un monument lui a été élevé dans l'église d'Orbe; v. Gaberel.
VIRGILE, probablement Frargil, ou Fiergal, moine irlandais, d'une famille noble, compta d'abord parmi les collaborateurs de Boniface, vers 744, mais maintint son indépendance vis-à-vis des tentatives autoritaires de ce dernier. Il refusa de refaire des baptêmes que Boniface regardait comme nuls, parce qu'un prêtre ignorant avait estropié la formule du sacrement (in nomine patria, filia et spiritua sancta). Le pape donna raison à Virgile, ce qui froissa Boniface, et bientôt il dénonça de nouveau son ancien compagnon de travail, pour avoir dit qu'il y avait des antipodes, un autre monde et d'autres hommes, ce qui supposait, dit-il, un autre Christ. Cette fois Zacharie condamna Virgile comme hérétique. On voit par ce détail que le moine irlandais avait trouvé dans son couvent une éducation supérieure et distinguée. L'affaire s'arrangea cependant et Virgile fut appelé à l'évêché de Salzbourg; mais il se contenta d'en faire remplir les fonctions par un coadjuteur, Dabelo. C'est en 767 seulement qu'il fut consacré, reconnaissant ainsi l'autorité romaine. Il éleva une cathédrale à la mémoire de Rupert, et la remit à 12 prêtres séculiers; il travailla à l'évangèlisation de la Carinthie, dont il fut surnommé l'apôtre, et + 27 nov. 784. Canonisé 1233 par Grégoire IX.
VISCHER, Pierre, fondeur célèbre, dont on admire encore les reliefs dan* plusieurs égl. et châteaux d'Allemagne, sarcophages, vierges, etc. Né 1455 à Nuremberg, + 7 janv. 1529. Ses 3 fils Hermann, Jean et Pierre, ont continué ses traditions dont la grâce et la force contrastent avec l'inachevé des autres produits de la même époque.
VISIGOTHS, v. Goths.
VISITANDLNES, ou religieuses de la Visitation, appelées aussi quelquefois Salésiennes en souvenir de François de Sales, qui eut l'idée d'associer des femmes à son œuvre 1610 et qui lui donna pour supérieure Mm« de Chantai, q. v. Il en fit d'abord une simple congrégation à base quiétiste, sans vœux, ni costume particulier, sauf le vêtement et le voile noir. Les maisons étaient soumises à l'autorité diocésaine. En 1618 la congrégation devint un ordre, que Paul V reconnut et que Urbain VIII approuva. La règle en est très sévère, ainsi que le costume. Ne pouvant plus sortir pour soigner les pauvres et les malades, elles se sont consacrées à l'enseignement, et c'est en cette qualité qu'elles prirent la place des religieuses de Port-Royal. Elles possèdent plus de cent maisons en Italie, Allemagne, Autriche, Pologne, Syrie, Russie, États-Unis, etc.
VISITATION lo Ordre (de la), v. Visitandi-nes. — 2° Fête instituée en mémoire de la visite que Marie fit à Élisabeth sa cousine peu après l'Annonciation, Luc 1, 39. et dans laquelle elle chanta le Magnificat. On attribue à
Bonaventure 1263 la première idée de cette féte; il l'institua pour les églises de son ordre; Urbain VI l'étendit à toute l'Église; le conc. de Bâle 1431 l'a fixée au 2 juillet.
3° Vis. liminum SS. Apostolorum, visite au seuil des saints apôtres se dit de la visite que tous les évéques sont censés faire au pape tous les 4 ans, pour lui témoigner leur respect, lui rendre compte de leur administration et visiter les tombeaux de Pierre et de Paul. C'est la bulle Romanu* Pontifex de Sixte-Quint, 20 déc. 1585, qui a réglé les détails de cette visite. Il va sans dire que dans la pratique il y a été souvent dérogé. — Les limina sont Rome et le pape, mais surtout le pape, d'après la maxime: Limina Ap. sunt ibi, ubi papa.
VISITES d'église. La convenance et l'utilité d'une inspection régulière des églises a toujours été reconnue. L'Espagne au 6me siècle, puis les conc. de Meaux, de Paris, de Valence, au 9m« siècle, les recommandent. Le conc. de Trente en fait un devoir aux évéques, soit directement, soit par leur vicaire général. La visite doit porter sur l'état général des paroisses, sur la conduite des ecclésiastiques, sur leurs rapports avec les fidèles et sur l'administration des biens de l'église. Les archev. ont aussi à visiter les égl. de leur province, mais leur compétence a été limitée pour qu'ils ne prissent pas une autorité trop grande sur les évêques. — Dans les égl. protestantes, ces visites se font régulièrement par une délégation de pasteurs et d'anciens, qui rendent compte au Consistoire.
VITALIEN, ou Vitalin, pape du 30 juill. 657 au 27 janv. 672; de Signia en Campanie; a fait peu de bruit; on le soupçonne d'avoir penché en secret pour le monothélisme. Il tint plusieurs conciles, et envoya des missionnaires en Angleterre. On a de lui quelques lettres.
VITRINGA, lo Cainpegius, ou Kempe, né 16 mai 1659 à Leuwarden, Frise, où son père était juge, étudia d'abord à Franeker, puis la théol. à Leyde, où il se fit recevoir docteur, 1679. En 1680 il fut consacré. Nommé dès lors à Franeker, prof, de langues orientales, puis de théol., et en 1693 d'histoire ecclés. en remplacement de Perizonius. f 31 mars 1722 d'une attaque, après de longues souffrances. Son principal ouvrage est son Comment, sur Esaïe, souvent réimprimé et qui fait encore autorité. Ses autres écrits ont une valeur moindre: 6 livres d'Observations, 3 livres sur l'ancienne Synagogue, Études sur l'Apocalypse, en réponse à Bossuet, un Traité de théol. pratique (mis à l'index), un Comment, sur Zacharie, etc. — Il eut 2 fils, théologiens comme lui, dont l'un
2° Horace, mort à 18 ans, avait déjà la réputation d'un savant; auteur de Notes sur les hébraïsmes du N. T. de Jean Vorst; et l'autre
3° Campegius, comme son père, né 24 mars 1693 à Franeker, fit de brillantes études à Leyde et Utrecht; nommé docteur en théol. 1715, et 1716 prof, de théol. à Franeker. + ** janv. 1723 d'une fluxion de poitrine. Auteur d'un Abrégé de théol. naturelle, et de Dissertations sacrées (lutte de Jacob, Serpent d'airain, féte des Tabernacles, etc.).
VITUS, ou Guy, en allemand Veit, un des 14 saints protecteurs. On ne sait à quelle époque se place cette légende. Né en Sicile, d'une famille illustre, le jeune garçon fut élevé en chrétien par sa nourrice Crescence et par son gouverneur Modeste. Son père Hylas, païen, voulut le contraindre d'abjurer, et sur son refus le livra au gouverneur Valérien, qui se contenta de le faire fouetter. Les 3 chrétiens s'enfuirent en Lucanie, basse Italie, où ils firent des miracles. Dioclétien l'ayant appris les fit venir pour délivrer son fils qui était possédé. Cela fait, il les somma de renoncer au christianisme: Vitus fut successivement jeté dans le feu, livré à un lion, et comme cela ne suffisait pas, les trois fidèles furent mis à la torture et martyrisés* Les restes de Vitus, furent acquis par Pépin pour l'égl. de Saint-Denis, d'où l'abbé Warin les transporta à Corbie 836. En 1355 Charles IV amena de Pavie à Prague un autre corps de saint Vitus. La danse de Saint-Guy a été placée sous son patronage, parce qu'il a, dit-on, la spécialité de la guérir.
VIVARAIS, v. Velay.
VIVÈS, Jean-Louis (de), né 6 mars 1492 à Valence, Espagne, humaniste et savant distingué, étudia à Paris et à Louvain; mais ayant publié la Cité de Dieu, d'Augustin, avec des notes qui lui attirèrent la censure des théologiens de Louvain, il se retira à Londres auprès de Henri VIII à qui il avait dédié son ouvrage. Il fut nommé prof, et docteur en droit à Oxford, et chargé un moment de l'éducation de la princesse Marie. Plus d'une fois le roi et la reine assistèrent à ses leçons. Cette grande faveur dura peu; il fit 6 mois de prison et dut quitter l'Angleterre pour avoir en 1529 blâmé le divorce du roi, et il s'établit à Bruges d'où il écrivit un dernier avertissement à Henri VIII. Dès lors il se remit paisiblement à ses études, et f 6 mai 1540 après une très courte maladie. Auj. presque oublié, il fut un moment considéré, avec Erasme et Budé, comme une de» gloires de la république des lettres, et les jésuites lui empruntèrent sans le nommer, plusieurs de ses principes d'éducation. Sturm aussi s'inspira de sa méthode dans ses réformes scolaires.
VOELKEL, Jean, né à Grimma, étudia à Wittenberg, et se fit en 1585 rebaptiser socinien. Il fut recteur à Wengrow, puis pasteur à Phi-lippon, Lithuanie, et à Szmigel, f 1618. Vers la fin de sa vie le synode le suspendit pour diverses illégalités. Socin, dont il avait été le secrétaire, le protégea. Il a travaillé au catéchisme de Racovie, et publié un traité: De la vraie religion.
VOETIUS ou Voét (pied) i<> Gisbert, né 3 mars 1588 à Heusden, vint 1604 à Leyde pour y achever ses études et prendre ses grades; il s'attacha de tout son cœur à Gomar, et après avoir donné quelques leçons de logique, il fut en 1611 nommé pasteur à Blymen, puis en 1617 à Heusden, ayant refusé des postes plus brillants. En 1618 il fut envoyé au synode de Dordrecht, où il combattit l'arminianisme; en 1630 à Bois-le-Duc pour y réorganiser l'Église. En 1634 il fut appelé à l'Ecole illustre d'Utrecht, qui devint université en 1636, et en 1637 l'église le nomma aussi pasteur. Gronin-gue lui avait envoyé le diplôme de docteur. Les circonstances, les honneurs, sa position, son caractère, son immense érudition, ses talents, son activité, lui assurèrent une influence considérable jusqu'à sa f 1 nov. 1676. Malheureusement il fut toujours en guerre avec tout le monde, et son esprit entier ne connut jamais de compromis. Il poursuivit avec une rigueur impitoyable l'arminianisme, et regarda comme la tâche de sa vie de le détruire. Il combattit de même les catholiques, dont il convertit un grand nombre, et il aurait voulu, quant aux autres, que le magistrat de Bois-le-Duc employât la force pour les ramener. Il fut en lutte avec Labadie, son ancien ami, et avec tout ce qui pouvait ressembler à une dissidence; avec Cocceius et son école, dont il était en outre séparé par la politique; avec Descartes enfin, auquel il fit une guerre acharnée, l'accusant tour à tour d'athéisme et de jésuitisme, et le traitant de mendax GaUus (menteur de Français), quand lui-même niait contre l'évidence toute participation au livre de Schoock contre Descartes, que l'enquête prouva avoir été inspiré par lui. Tant il est vrai que l'esprit de parti aveugle les meilleurs esprits et fausse les consciences. La plupart de ses ouvrages ont été réunis sous le titre de Disputationes théol. Il faut y ajouter son Traité de politique ecclés., l'Exercice de la piété, des Directions pour les étudiants, etc.
3° Son fils Paul, 1619-1677, fut reçu docteur en droit, et fut à Heusden prof, de métaphysique et de grec; il a écrit une Harmonie des Evangiles, et un Traité de théol. naturelle.
VOEUX. On compte pour les religieux catholiques, lorsqu'ils entrent dans un ordre, trois engagements, ou vœux principaux, ceux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance; ils s'y engagent d'une manière irrévocable et ne peuvent en être relevés que par le pape, même si leur ordre venait à être supprimé, ou leur couvent dissous et dispersé. Les jésuites s'engagent en outre, c'est leur quatrième vœu, à rester absolument à la disposition du pape pour tout ce qu'il lui plaira de commander. A côté de ces grands vœux il y a pour chaque ordre des engagements de détail qui varient suivant le but poursuivi, missions, soin des malades, conversion des hérétiques, enseignement, etc. Les catholiques distinguent les vœux en simples et solennels; ou, par rapport à leur objet, en absolus, conditionnels, réels, personnels et mixtes. Dans son sens ordinaire le mot vœu signifie un désir, une prière; les théol. estiment que le vœu du baptême, le désir d'être baptisé, équivaut au baptême lui-même, s'il y a eu quelque empêchement à le recevoir.
VOLNEY, Constantin-François Chassebœuf (comte de), né 1757 à Craon, f 1820. Envoyé aux États généraux, il se montra favorable aux idées nouvelles, mais pas assez; accusé de royalisme par Robespierre, il fut enfermé; le 9 thermidor le sauva. Après le 18 brumaire il fut nommé vice-président du Sénat, mais il combattit le concordat et l'empire, et se retira des affaires après le couronnement. Professeur d'histoire aux écoles normales 1794, et membre de l'Institut. Il est surtout connu par ses voyages en Orient (et aux États-Unis 1795), et plus encore par son inintelligence prétentieuse des choses de la religion, qu'il haïssait de toute son âme. Son insuffisance n'était égalée que par sa suffisance. En 1787 il publia son Voyage en Égypte et en Syrie, remarquablement exact et bien écrit; il racontait ce qu'il savait. En 1791 il voulut le commenter et le méditer, sous le titre de Ruines, et à côté de pages magnifiques sur les révolutions des empires, il empiéta sur le terrain religieux où il parla de ce qu'il ne savait pas. Dans son Hist. de Samuel, inventeur du Sacre des rois, il se montre au-dessous de toute critique par la vulgarité de ses attaques contre le christianisme. Citons encore ses Recherches nouvelles sur l'Hist. ancienne, 1814, sa Loi naturelle, ou Catéchisme du citoyen français 1793, et ses Recherches sur la simplification de l'écriture des langues orientales.
VOLTAIRE, né à Chatenay près Paris 20 févr. 1694, ou à Paris le 21 nov., s'appelait François-Marie Arouet; il prit le nom d'un petit domaine appartenant à sa mère, et f 30 mai 1778. Nous n'avons pas à retracer l'existence très accidentée de ce spirituel philosophe ni à nous occuper de sa prodigieuse activité littéraire dans tous les domaines; chacun sait que pendant près d'un demi-siècle il a brillé au premier rang des écrivains français, et que son amour-propre n'a été troublé que par les lauriers de son rival en gloire et en influence, J.-J. Rousseau. Voltaire n'a de place dans ce livre que par les rapports qu'il a eus, directement ou indirectement, avec l'Église et la religion. Un homme est rarement tout bon ou tout mauvais; ses actions même peuvent présenter souvent un mélange de bien et de mal qui ne permet pas de les juger, de les admirer ou de les condamner sans quelque réserve. L'orgueil naturel de Voltaire, enflé par ses triomphes, par l'amitié des rois, par le succès de ses écrits, par sa popularité, par les flatteries de ses courtisans, était démesuré et lui laissait croire qu'il pouvait tout se permettre. Par moments et à ses heures il avait des velléités de déisme, et il est impossible d'admettre qu'il n'ait pas éprouvé des impressions religieuses. Quand il fait élever un temple à la divinité: Deo erexit Voltaire 1761, on peut croire qu'il cherche à se faire bienvenir de la population de Fernex, qu'il veut dissiper des préventions trop accréditées, mais ce n'est pas un acte d'hypocrisie. Il a aussi quelques poésies bien frappées en l'honneur de Dieu, et on lui doit cette phrase célèbre: Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer. Il voit en Dieu la plus grande puissance, mais non une puissance illimitée; le Créateur a fait le monde, mais seulement dans des conditions déterminées qu'il ne saurait changer. Ce sont là dans sa philosophie des lueurs passagères, mais dans l'ensemble de son être il est profondément irréligieux, impie, et sa morale s'en ressent; l'auteur de laPucelle, de Candide, du Dictionn. philos., de l'Évangile de la raison, et d'une foule de mauvaises petites brochures, ne saurait faire d'illusion à personne. On ne saurait oublier, en revanche, qu'il a pris en mains la cause de la tolérance et son intervention en faveur des huguenots persécutés. En 4755 il était venu se fixer dans la vallée du Léman, à Lausanne, puis aux Délices et à Fernex. On lui avait fait sentir de diverses manières qu'on n'appréciait pas beaucoup l'honneur de son voisinage. MM. les pasteurs en particulier, quelque flattés qu'ils fussent d'être admis parmi ses familiers, étaient d'autant plus tenus à être circonspects que leur orthodoxie était déjà suspecte et que Rousseau ne se gênait pas pour les accuser devant l'opinion. Aussi tout en lançant des brochures anonymes et qu'il désavouait en public, Voltaire cherchait-il à les désarmer par quelqu'une de ces déclarations officielles, véritable eau bénite de cour, qui ne trompaient personne, mais qui autorisaient chacun à se laisser tromper. Il trouva cependant un moyen de se les concilier, qui était plus honorable pour lui et qui l'a grandement servi; ce fut de prendre en main la cause de ces martyrs, dont le plus grand tort était « de prier Dieu en mauvais français. » U mit quatre ans à faire réhabiliter Calas, q. v. Il mit neuf ans à établir l'innocence de Sirven, que l'on accusait d'avoir fait périr sa fille, quand cette pauvre enfant, arrachée à sa famille, s'était enftiie du couvent où on l'avait enfermée et, de nuit, cherchant son chemin, était tombée dans un puits. Hal-ler et Bonnet, qui n'étaient pas de ses amis, lui ont su gré de ses efforts comme « couvrant une multitude d'écarts. » La fin de Voltaire n'a été ni d'un sage, ni d'un philosophe. Son activité, touj. plus fiévreuse, dangereuse pour un homme de 84 ans, lui fut fatale. De Genève il se rendit à Paris pour faire jouer Irène, dirigea de nombreuses répétitions, s'agita, remania son travail à plusieurs reprises, et finit par cracher le sang. II fit venir le médecin, puis le prêtre, n'épargna ni les drogues, ni les supplications, ni les promesses; il ne voulait pas mourir, et cependant il mourut; c'était le 30 mai 1778. Tronchin dit qu'il était dans l'état de désespoir et de démence le plus affreux; c la rage s'était emparée de son âme. • Ce n'est pas ce qu'il avait rêvé, quand il écrivait: « Je meurs tranquille, croyant en Dieu, aimant nies amis, ne haïssant pas mes ennemis et détestant le fanatisme. »
VOLTERRAN (Le), v. Ricciarelli.
VORAGINE, v. Jacques 5<>.
VORST, ou Vorstius lo Conrad, né 19 juill. 1569 à Cologne, fils d'un teinturier catholique, qui se convertit plus tard ainsi que sa femme. Il étudia d'abord à Dusseldorf et à Cologne, mais n'ayant aucun espoir de gagner ses grades sans se faire catholique, il se décida pour le commerce. IL reprit cependant plus tard ses études, à Herborn sous Piscator, à Heidelberg, et en 1595 à Bâle et Genève. Il professa la théol. à Steinfurt, où il finit par être nommé pasteur et conseiller consistorial 1605-1610. Mais déjà quelques ouvrages sur la Prédestination, la Trinité, la Personne et l'office de Christ l'avaient rendu suspect de socinianisme, et il dut s'en laver à Heidelberg 1599. Les sociniens lui firent aussi des avances et lui offrirent une chaire de prof, à Lublin. En 1610 il succéda à Arrni-nius à Leyde, et son traité de Dieu et de ses attributs fournit aux gomaristes l'occasion désirée de l'attaquer. Les théol. de Heidelberg le condamnèrent également et le roi Jacques Ier d'Angleterre ayant pris parti contre lui, il fut déposé par les États de Hollande 1612, malgré tout ce qu'il put dire pour sa justification, et se retira à Tergow, où ses propres disciples, à bonne intention, le compromirent encore davantage par la publication d'un livre antitrinitaire. Le synode de Dordrecht le jugea sans l'entendre et le déclara indigne d'être professeur. Banni en 1619 il trouva un refuge auprès du duc de Holstein, et + 29 sept. 1622 à Tonningen, franchement socinien. Presque tous ses ouvrages ont trait aux controverses soulevées par ses doctrines; il faut mentionner spécialement son Comment, sur les Épîtres apostoliq., sauf les Hébreux, 2 Tim., Tite etPhilémon, et son traité de Dieu, que Jacques fit brûler par le bourreau.
2° Son fils, Guill.-Henri, pasteur arminien â Warmond, Hollande, est connu parla traduction en latin de plusieurs ouvrages rabbiniques, et par une dissertation sur le sens que les hébreux donnaient au Verbe divin.
3o Jean, né 1623 à Vesselbourg, Holstein, bibliothécaire de l'électeur de Brandebourg, f 1676 à Berlin: très savant en hébreu, grec et latin, auteur de deux ouvrages sur la philol. sacrée, et sur le style du N.-T.
VOSS, ou Vossius lo Gérard, né àLoots, district de Liège, prévôt de Tongres, docteur en théol. protonotaire apostolique, passa plusieurs années à Rome où il s'occupa à déchiffrer et à traduire des mss. de pères grecs, f 23 mars 1609 k Liège. On a entre autres de lui une trad. de Grégoire Thaumaturge, un discours de Théo-doret sur la bienveillance, grec et latin; une trad. lat. des Discours de Chrysostome, la Vie et Lettres de Grégoire IX, etc.
2o Gérard-Jean, né 1577 près de Heidelberg; son père, pasteur, était hollandais et retourna bientôt dans son pays. Il étudia à Dordrecht et à Leyde, sous Gomar, et cultiva surtout la philos. et les antiquités. Après avoir acquis le grade de docteur, il fut successivement prof, à Leyde et à Dordrecht. et gomariste modéré. Il donna sa démission de recteur à l'occasion du synode de Dordrecht, et publia une Histoire des controverses pélagiennes, où il soutient entre autres que la prédestination stricte n'était pas une doctrine de l'Égl. primitive, et que l'arminia-nisme ne doit pas être confondu avec le pélagianisme. Suspendu de la cène par le synode de Tergow, il fut réhabilité moyennant rétractation, mais ne se prononça jamais bien nettement sur ce point difficile. Après avoir enseigné l'éloquence et la chronologie à Leyde, il fut appelé comme prof, d'histoire à l'Ecole illustre d'Amsterdam, où il + 17 mars 1649. C'était un esprit éclairé, qui n'avait pas de goût pour les controverses stériles. Son livre sur Pélage avait eu grand succès en Angleterre, et lui jivait valu un appel comme prof, d'histoire à Cambridge, qu'il refusa, et une place de chanoine à Cantorbéry, dont l'archev. Laud et Charles I«r lui permirent de toucher les revenus sans l'obliger à la résidence. Parmi ses nombreux écrits nous signalerons son Harmonie de la Passion, une lntrod. k la chronologie sacrée, une étude sur les Trois symboles, une sur le Baptême, une dissertation sur la généalogie de J.-C., une antre sur la date de sa naissance, de son baptême et de sa mort, etc.
3o Isaac, le 5™® de ses fils, né 1618 à Leyde, fit de bonnes études et voyagea beaucoup, jusqu'en Italie. Il fut historiographe des États de Hollande, en 1648 secrétaire de Christine de Suède, auprès de laquelle Saumaise le desser- . vit, et enfin chanoine de Windsor par la grâce de Charles II. + 21 févr. 1689. Savant, mais irréligieux et bizarre, il croyait à l'inspiration des sybilles, mais niait en détail celle des livres saints, ce quWit dire k Charles II: C'est un théologien qui croit k tout, excepté à la Bible. Il fut combattu par R. Simon. Il appréciait beaucoup les Septante et leur chronologie, sans admettre les fables qui couraient sur leur origine. Il a publié des notes sur les ép. d'Ignace et de Barnabas, et sur Justin; une dissertation sur l'âge du monde, sur la nature et les propriétés de la lumière, sur les sources du Nil, etc.
VOTIVES (Messes), nom qu'on donne k toutes les messes autres que celle de l'office du jour, et qui sont l'accomplissement d'un vœu particulier. — On appelle tables ou tableaux votifs des tableaux commémora tifs, ou parfois d'autres objets, placés dans les églises en souvenir d'un vœu exaucé, ou d'une délivrance accordée. C'étaient des témoignages de reconnaissance envers Dieu, quelquefois aussi envers de généreux bienfaiteurs. Il en est déjà parlé dans Théodoret. On les explique bibli-quement par Exod. 17,14. Ps. 111, 4. Ils vont de pair avec les reliques et les pèlerinages.
VOTO (Ex), 2 mots latins qui signifient en suite d'un vœu. On appelle ainsi toute offrande faite à une église ou chapelle en accomplissement d'un vœu fait dans un moment de danger, de peine ou de maladie. Ces ex voto varient de forme et de valeur suivant la nature et l'importance du vœu et de celui qui Ta fait; ce peut être un tableau, un bras en cire ou en argent, un pied, un vaisseau, une épée. Comme souvent le donateur vise à l'économie, on a pris l'habitude d'appeler aussi de ce nom, par dérision, un tableau mal fait représentant un sujet religieux.
VYASA, c.-à-d. le compilateur (des Védas, q. v.). Un brahmine, Parasara, petit-fils de Vashishta, passant un jour sur les bords du fleuve Yamouna, vit la belle Satyavati, fille d'un pêcheur et l'enleva. 11 eut d'elle un fils, Vyasa, qu'il appela KrishnaDwaypayou, c.-à-d. l'insulaire uni. Ce fils passa sa vie dans l'ascétisme; il fut à la fois poète, philos, et théologien. et mit en ordre les traditions religieuses de Brahma, sous le nom de Védas. Il fut aidé dans son travail par Ganesha. On lui doit un immense poème intitulé Mahabharata, et un Compendium de la théologie des Vedas, qui,
sons le nom d'Uttar Mimansa, ou de Vedanta-darsana, renferme les principes de l'orthodoxie indone et se distingue parun idéalisme exagéré.