S
SA, Emmanuel, né à Conde, Portugal, entra chez les jésuites, enseigna à Gandie, Coïmbre et Rome, se distingua comme savant et comme orateur et f 1596 à Arona. Auteur de notes assez peu estimées sur la Bible; il est surtout connu comme casuiste. lia collaboré & l'édition de la Vulgate publiée par Pie V.
SAADIAS ben Joseph, savant juif, né 892 à Fajum, l'ancienne Pithom, en Égypte; nommé 927 gaon, c.-à-d. docteur magnifique, de l'école de Sura, près Babylone. Ses efforts pour concilier la religion et la philos, lui valurent l'inimitié des vieux orthodoxes; il se brouilla avec les caraïtes en défendant contre eux les droits de la tradition, et il eut encore contre lui le Rosch ou Resch-Gelutha, chef civil des juifs exilés. Il dut s'enfuir au bout de 2 ans, et passa le reste de sa vie dans la solitude, occupé à des travaux littéraires, f 942. Son principal ouvrage est un poème arabe sur les Doctrines et les coutumes des juifs, trad. en hébreu. Il faut noter sa traduction de la Bible hébr. en arabe, avec réflexions; quelques fragments en ont été publiés en allemand.
SABAITES, v. Sabas.
SABAS lo Cappadocien, né 439 à Mutala, d'une famille distinguée. Ses parents, Jean et Sophie, s'étant établis à Alexandrie, il fut confié aux soins de ses oncles Hermès et Grégoire; mais déjà à l'âge de 8 ans il se décida à entrer dans un monastère, et 10 ans plus tard il se rendit dans les environs de Jérusalem pour y vivre en solitaire. Un des élèves préférés d'Eu-thyme, ri créa plusieurs laures et fonda plusieurs monastères, en particulier celui qui porte son nom, Marsaba, ou Saint-Saba, à quelques lieues de Jérusalem. Il leur donna la règle de saint Basile, fut ordonné prêtre 484 par Sal* luste de Jérusalem, et reconnu comme abbé de l'ordre. Ses moines, appeles Sabaïtes, portaient un vêtement fauve avec un scapulaire noir. Plus tard il fut, avec Jean de Jérusalem, ancien sévérien converti par lui, un des principaux défenseurs du conc. de Chalcédoine. f 531. Son couvent, qui existe encore, est un des plus pittoresques et des mieux fortifiés de la Palestine, situé dans une contrée sauvage, sur la pente vertigineuse d'un précipice, au milieu d'une population de bédouins contre la visite desquels il a dû se précautionner par de hautes et solides murailles. On y montre de nombreux souvenirs, curiosités, reliques, la caverne d'où Saba délogea le lion, la source qu'il fit jaillir du rocher, l'ossuaire des moines martyrisés en 614. un palmier qui semble sortir de la muraille, des cellules comme des nids, etc.
2o Martyr à Rome 272. — 3o Martyr en Vala-chie 372. — 4o Surnom de Julien d'Edesse. ascète, et athanasien décidé.
SABATATI, un des surnoms donnés aux vaudois, parce qu'ils portaient des sabots?
SABATIER lo Pierre, de Poitiers, né 1682. entra 1700 dans l'ordre des maurins à Saint -Faron de Meaux, et, après avoir achevé ses études à Saint-Germain des Prés, il devint le collaborateur de Ruinart; il travailla, celui-ci étant mort, à collationner et rétablir le texted^ l'Itala antérieure à Jérôme, et acheva son ouvrage dans l'abbaye de Saint-Nicaise, Reims, où il avait été relégué pour s'être compromis dan* les affaires jansénistes, et où il f 24 mars 1742, pendant l'impression du travail, qui fut poursuivie par ses frères d'ordre. C'est une comparaison de l'Itala et de la Vulgate, avec de nom-breuses variantes et notes; 3 vol. R Reint* 1743. — 2o Antoine, de Castres, 1742, prêtre, écrivit tour à tour pour et contre les philosophes, auteur d'un Dictionn. sur les siècles païens. 1784, flatta Napoléon sans en rien obtenir, fut pensionné par les Bourbons, qu'il dénigra, el f 1817. — 3° Sabatier, ou Sabbathier, François, né 1732 à Condom, professeur de 3«* a Châlons 1762-1778, auteur d'un mémoire sur U Puissance temporelle des papes, qui fut couronné à Berlin 1763. f 1807.
SABBATHAI - SÉVI, ou Zwi, juif, né 1625, à Smyrne, d'un père courtier de commerce. Les cabalistes annoncèrent à sa mère, dès son berceau, que cet enfant serait le Messie. Élevé dans cette idée, beau et bien doué, nourri du Talmud et de rêveries, il finit peut-être lui-niè-me par le croire. Il se maria à 16 ans, mai.* pour vivre en ascète, et se divorça bientôt: nouveau mariage en 1659, et nouveau divoro? S'étant ouvertement donné pour le Messie, il trouva de nombreux adhérents, mais fut excommunié par les rabbins. Il visita avec succès le> provinces turques, prêchant, recevant de* ovations et rassemblant des disciples; puis craignant de ne plus être en sûreté à Saloniki, il se rendit à Jérusalem, où il trouva un ferme appui en la personne du riche Nathan, de Gaza, puis à Alexandrie chez Raphaël Joseph. Il établit 30 apôtres, et se remaria avec une belle juive, un peu aventurière, Sara née 1641 en Ukraine. Puis il se prépara pour la grande bataille qui devait précéder l'avènement du Messie, et la résurrection des morts, probablement en 1666 ou 1671. Mais ses ennemis lui minèrent le terrain sous les pieds, et il partit avec 5,000 hommes pour Jérusalem; il comptait 80 mille partisans. Il vint ensuite à Smyrne, où il fit une entrée solennelle, et à Constantinople, où Mahomet IV lui fit bon accueil, et lui donna une garde d'honneur, destinée en même temps à s'assurer de sa personne. Un rabbin polonais, Xéhémie, le dénonça comme fauteur de troubles, et Kiuperli, ministre du sultan, fit jeter en prison le faux Messie. Condamné à une épreuve qui pouvait amener la mort, Zwi aima mieux renoncer à sa mission et à son titre; il échappa au supplice en embrassant l'islamisme; il reçut une place avec le titre modeste d'effendi et une pension. Mais ayant continué de pratiquer en secret le judaïsme, il fut conduit au château de Dulcigno, Morée, où il f 1676. — Sa secte, dite des Sabbathéens, lui a survécu jusqu'au commencement du 19me siècle, et elle a compté quelques représentants distingués, entre autres Moïse Hajim Luzzato, de Padoue 1707-1747, qui espérait faire de sa doctrine la base de la religion universelle. Il admettait la Bible, à l'exclusion du Talmud, comme seule source des connaissances; une trinité en Dieu, et Dieu sauvant le monde et le réconciliant avec lui sous une forme humaine.
SABBATAIRIENS. Plusieurs sectes de ce nom: 1° secte de visionnaires anglais* attendant la prochaine arrivée du Messie, et s'y préparant par l'observation de la loi juive, et notamment du sabbat; fondée par Jeanne Southcote, née 1780, f d'une tympanite 27 déc. 1814, qui, d'abord anglicane, était devenue wesleyenne et avait fini par se faire renvoyer de la Société, un peu comme folle. Elle se prenait pour la femme du soleil, Apoc. 12,1, feignit une grossesse à 65 ans, même un accouchement, en se procurant un enfant nouveau-né, et finit par être démasquée. La secte n'en dura pas moins jusqu'à 1831.
2° Secte baptiste, fondée à la fin du 18®e siècle en Angleterre, par Fr. Bampfïeld; elle observait le sabbat et le dimanche.
3° Autre secte baptiste, en Amérique, fondée par Beissel, qui se détacha de ses frères men-nonites pour vivre, d'abord en solitaire, puis en commune organisée comme un couvent ou un phalanstère, cultivant la terre, exerçant l'hospitalité et observant le sabbat. Beissel + 1768, puis Eckherlin, et Pierre Muller, présidèrent la communauté avec le titre de prieurs.
SABBATIUS, juif converti du 5«>e siècle, ordonné prêtre à Constantinople par l'év. nova-tien Marcien. Lorsque, sous Valens, les nova-tiens de Phrygie résolurent, au conc. de Paz, de célébrer la Pâque avec les juifs et de se servir de pain sans levain, il se rangea de leur côté dans l'espoir de se faire nommer évêque par les dissidents. Mais les autres évêques prévinrent le schisme en déclarant la question indifférente, et il dut renoncer à ses prétentions. Il recommença cependant ses intrigues sous le successeur de Marcien, Sisinnus, et réussit même, après la mort de celui-ci, à se faire sacrer par quelques évêques de la contrée; mais il fut relégué dans l'île de Rhodes, où il mourut, honoré comme martyr par ses adhérents. Son corps fut transporté à Constantinople, mais l'év. Atticus le fit éloigner, à cause des désordres du culte qui se célébrait sur son tombeau.
SABÉENS ou Sabiens, v. Mendéens.
SABELLIUS et Sabelliens. Né à Pentapolis en Afrique, pasteur, peut-être même évêque à Ptolémaïs entre 250 et 260, Sabellius est d'ailleurs peu connu. Il avait été à Rome vers 220, et s'était trouvé mêlé aux luttes de Calliste et d'Hippolyte; c'est même là que son système se serait formé ou développé f 265. Les anciens docteurs opposent son système à celui d'Arius. Sabellium fugimus, dit Athanase, qui diciteum-dem esse patrem et ftlium. Loin de nier la divinité de Jésus-Christ, il * le confondait avec le Père. Il regardait le Logos et le Saint-Esprit comme des manifestations, ou comme des forces différentes du même Dieu unique; ce sont trois noms de Dieu, représentant une action, non simultanée, mais successive, ou, si l'on préfère, ce sont trois rôles. De même que chez l'homme il y a le corps, l'âme et l'esprit; ou, comme dans le soleil on peut distinguer sa lumière, sa chaleur et sa rondeur, on peut voir en Dieu trois puissances dans une seule personne, le créateur, le Sauveur et celui qui régénère et sanctifie. Plusieurs évêques africains admirent sa doctrine; on appela ses adhérents sabelliens ou patripassiens; mais ils ne formèrent jamais une secte distincte. Denis d'Alexandrie combattit vivement cette erreur, et il tomba peut-être dans l'erreur contraire en opposant trop le Père et le Fils. Il envoya un ecclésiastique visiter son propre diocèse, où le sabellia-nisme avait quelques disciples; il écrivit plusieurs lettres, et enfin il porta ses plaintes à Rome, où le sabellianisme fut condamné par un concile, comme il l'avait été à Alexandrie 261. Il se maintint cependant encore en Mésopotamie.
SABINE, veuve romaine du 2®« siècle, convertie par son esclave Serapia, d'Antioche, qui était chrétienne. Peu de temps après, les deux furent martyrisées. Leurs restes furent découverts en 430, et une église leur fut élevée. La légende a singulièrement brodé sur leur vie et leur mort. Fête, 29 août.
SABINIEN, fils d'un Bono de Bieda ou de Volaterra; il représenta le saint siège auprès de l'emp. Maurice à Constantinople. Élu pape 604 il succéda à Grégoire-le-Grand, et prit en tout le contrepied de ce qu'avait fait son prédécesseur. Il ne régna qu'un an et demi. C'est lui qui le premier fit sonner les cloches pour annoncer les heures des offices, f 605.
SACCHONI, v. Rainerio.
SACHS, Hans (ou Jean), le premier poète allemand du 16me siècle, et que l'on a comparé à Lope de Vega pour la fécondité. Né 5 nov. 1494 à Nuremberg, fils d'un tailleur, il suivit les écoles jusqu'en 1509, apprit un peu de latin, fit ensuite son apprentissage de cordonnier, voyagea comme compagnon 1511 à 1513, visita Ratisbonne, Passau, Salzbourg, s'enthousiasma toujours plus pour la poésie, vint à Munich pour se perfectionner en continuant de travailler de son état; parcourut le sud de l'Allemagne, et la contrée du Rhin jusqu'à Aix-la-Cha-pelle; s'affilia à Francfort aux maîtres-poètes (Meistersœnger) dont il dirigea quelque temps l'école, publia en 1514 sa première poésie, et rentra en 1516 à Nuremberg où son père le rappelait. Il fit avec succès son chef-d'œuvre comme cordonnier, obtint l'autorisation de s'établir et ouvrit même un magasin. En 1519 il épousa Cunigonde Kreutzer, dont il eut plusieurs enfants, mais qui moururent jeunes. Devenu veuf en 1560, il se remaria en 1561 avec Barbara Harscher, mais sa santé était ébranlée, et il alla s'affaiblissant jusqu'à sa f 20 janv. 1576. Sauf ses voyages réguliers à la foire de Leipzig, il sortit peu de Nuremberg, et l'on a conclu à tort de quelques passages de ses poésies qu'il avait fait la guerre de France en 1528, celle des Pays-Bas en 1544, et même celle des Turcs; on lui prête aussi des voyages à Erfurt, Gênes et Rome. Honnête et vertueux, il s'attacha de toute son âme à la Réforme, dès qu'elle parut. Il avait vu Luther à Augsbourg en 1518, et dès lors il ne laissa passer aucune de ses publications sans se la procurer; en 1522 il en possédait déjà 40, et en 1523 il écrivit lui-même son chant: du Rossignol de Wittenberg, die man jetzt hœrt ûberall; en 1527 sa Merveilleuse prophétie sur la Papauté (Bapstumb). Il a publié d'ailleurs un grand nombre d'écrits, en prose et en vers, humoristiques ou sérieux, comédies, tragédies, fables, contes, psaumes, cantiques, etc. où il flagelle les abus des couvents et de la hiérarchie, et où il célèbre le triomphe de l'Évangile et de la Réforme. Ses premiers volumes formant collection, parurent en 1558, 1560 et 1561 sous le titre de: Très magnifiques, belles et véritables poésies spirituelles et mondaines, de toutes sortes, tragédies sérieuses,. etc. Elles ont été souvent réimprimées. Elles ont un peo la rudesse de leur époque et pèchent quelquefois par la forme, mais elles sont pleines de fraîcheur et de naïveté, et Gœthe les a vengées de l'espèce d oubli dans lequel le temps les avait plongées. Musset aussi a célébré le patois du savetier de Nuremberg. Sachs, dans son Valete 1567, a donné une esquisse de sa propre vie.
SACK lo Aug.-Fréd.-Guill., né 4 févr. 1703, précepteur de jeunes nobles et du prince héritier de Hombourg, pasteur réformé à Magdebourg en 1731, puis en 1740 à Berlin, renonça à sa place ensuite de quelques contrariétés, voyagea, se lia avec les principales notabilités de son temps, se voua à la littérature, et fut nommé en 1750 membre du Consist. supérieur; d'autres fonctions honorifiques ou lucratives lui furent encore confiées: il les résigna toutes en 1780 et t 3 avril 1786. On lui a reproché à tort d'être arminien et même socinien; il était zwinglien pour les sacrements. Son principal ouvrage: La Foi des chrétiens justifiée, combat le rationalisme et le déisme; il expose en même temps, la doctrine chrétienne, du point de vue Leib-nitz-Wolffien; il accepte la religion naturelle, qui est pour lui la preuve du besoin religieux chez l'homme, mais il en démontre l'insuffisance et il en appelle à l'Écriture comme source de révélation; il en relève l'influence directe et immédiate, il en prouve l'antiquité par les témoignages extérieurs, mais il ne dit rien de son inspiration. Il distingue, mais sans les séparer la justification et la sanctification. Il était aussi distingué comme prédicateur, et, dans un langage élevé il savait mettre la religion à la portée de ses auditeurs; il tenait une espèce de milieu entre la froide orthodoxie et le mysticisme piétiste.
2o Son fils Fréd.-Samuel-Gottfried, né 4 sept. 1738 à Magdebourg, après de bonnes études à Berlin, fit l'éducation d'un jeune prince, visita l'Angleterre, et fut successivement pasteur à Magdebourg et à Berlin. Nommé èvêque 1814. f 2 oct. 1817. Il partageait les vues théol. de son père, avec une nuance un peu plus pélas-gienne; il était également ennemi du naturalisme et du rationalisme. Il a beaucoup travaillé à amener l'union des Églises. On a de lui des sermons et quelques traductions du latin et de l'anglais.
3o Son fils Fréd. - Ferdi n and - Adol phe, né 16 juill. 1788, f 16 oct. 1842, a été 25 ans prë-dicateur de la cour à Berlin. Un autre fils —
4o Ch.-Henri, né 17 oct. 1790 à Berlin, est le plus connu de tous. Prof, à Bonn de 1818 à 1847, il passa ensuite quelques années à Magdebourg comme membre du Consist. supérieur, puis il retourna à Bonn pour y achever sa carrière dans la retraite. Il a publié des sermons, des études sur PUnion des confessions dans la monarchie prussienne, une Hist. de l'Égl. d'Écosse, une Hist. de la prédication en Allemagne depuis Mosheim jusqu'à Schleiermacher, un travail sur les chants et cantiques dans les livres historiques de l'A. T. etc.
SACRAMENTAIRE, nom donné par les luthériens aux calvinistes dans les luttes sur l'eucharistie. Il a fini par devenir synonyme d'hérétique, et on l'emploie quelquefois encore en Allemagne comme une injure vulgaire.
SACREMENTS. L'Église chrétienne a résumé sous ce nom les deux actes solennels, institués par Jésus-Christ, dans lesquels des grâces spirituelles sont représentées, symbolisées ou communiquées par des objets matériels et visibles: le baptême par l'eau, la cène par le pain et le vin. Le mot n'est pas dans la Bible, et les premiers chrétiens ne l'ont pas connu. Pour désigner ces actes, qui leur rappelaient sous une forme plus élevée, les anciens mystères du paganisme et les réalités d'une vie spirituelle supérieure, ils employaient le nom de mystères. Tertullien le premier se servit du mot sacra-mentum, qui, par sa terminologie, a un sens actif et devait signifier, non une chose sainte, mais une chose sanctifiante. Par le sacrement l'homme s'unit à Dieu, comme le soldat se lie à l'armée par son serment au drapeau. Pour Tertullien et pour d'autres pères, l'idée de sacrement s'appliquait non seulement au baptême et à la cène, mais à beaucoup d'autres choses encore, notamment à la doctrine de l'Église. Le mot n'avait donc rien de précis. Augustin le précisa, et en donna une définition qui est à peu près celle de l'Égl. réformée; c'est le signe visible des grâces promises, et il n'a de signification que par la foi. Le nombre des Sacrements n'était pas déterminé. Bientôt on y ajouta l'Ordination. L'Aréopagite en compte 6: Baptême, Cène, Confirmation, Ordination du prêtre, Ordination du moine, Onction des morts. Isidore et Raban Maur en occident n'en comptent que 2, Damiani 12. Au commencement du moyen âge on était à peu près d'accord à regarder comme tels le baptême, la cène, la confirmation, la repentance et l'ordination; quelques-uns y ajoutaient le mariage. Plus tard seulement on y joignit Textrême-onction. Otto de Bamberg fut le premier qui précisa le chiffre de sept, 1124; Pierre Lombard et Gratien l'acceptèrent, et Eugène IV le confirma au conc. de Florence 1439.
En Orient le patriarche Job se prononça aussi 1270 pour le chiffre 7, mais en remplaçant d'abord la pénitence par les vœux monastiques; plus tard on en revint cependant à la nomenclature romaine. Quant à l'efficacité du sacrement, les thomistes enseignaient qu'il agissait d'une manière immédiate et absolue, en vertu de son origine divine, tandis que pour les sco-tistes il n'avait pas d'influence objective, mais Dieu communiquait directement et personnellement sa grâce à celui qui recevait le sacrement: discussion oiseuse. Le Baptême, la Confirmation et l'Ordination passent pour communiquer un caractère indélébile; les autres sacrements sont un bienfait pour l'âme, et quelques-uns doivent se renouveler, même fréquemment. Le conc. de Trente, 7m© session, prononce l'ana-thème contre quiconque prétend qu'il y a plus ou moins de 7 sacrements, et il les énumère dans l'ordre suivant: baptême, confirmation, eucharistie, pénitence, extrême-onction, ordre et mariage. Il regarde « la confection, ou la collation du Sacrement » comme valable, même si celui qui l'administre se trouve en péché mortel, pourvu qu'il ait l'intention de faire ce que l'Église fait. E11 revanche le sacrement agit par sa seule vertu, sur celui qui le reçoit, quelles que soient ses dispositions, sauf le cas de péché mortel; il agit ex opere operato, v. Œuvres, et non ex opere operantis, indépendamment de toute foi et de tout sentiment religieux. Les Égl. de la réforme sont toutes d'accord à ne reconnaître que les deux sacrements institués par Jésus-Christ, mais elles diffèrent sur leur importance et leur signification. Les ritualistes anglais et les luthériens sont ceux qui se rapprochent le plus de l'idée catholique. Les calvinistes attribuent aux éléments consacrés une valeur réelle, mais qui dépend des dispositions de celui qui les reçoit. Pour les zwingliens, c'est l'idée du mémorial et du symbole qui domine. Enfin les sociniens et les rationalistes de toutes les nuances n'y voient que des cérémonies élevées et touchantes qui rappellent la fraternité des membres de la communauté. Plus logiques, les quakers qui, par un excès de spiritualité, rejettent toute forme, ont tout supprimé, jusqu'aux sacrements.
Fête du Saint-Sacrement, v. Fêtes.
SACRIFICATI, les Sacrifiés nom qu'on donna pendant et depuis la persécution de Décius, aux tombés, aux lapsi, qui pour échapper au supplice avaient consenti à sacrifier aux idoles.
SACRILÈGE, profanation, mutilation ou vol d'objets sacrés, appartenant au culte. U était puni de l'excommunication majeure, et quelquefois même de la mort; aujourd'hui encore il est soumis parla loi à des peines sévères, comme abus de confiance ou détournement d'objets confiés à la foi publique. L'Égl. cathol. voudrait une sanction spéciale et beaucoup plus rigoureuse; au besoin la peine de mort.
SACRISTAIN, employé ecclésiastique, chargé essentiellement du soin et de la surveillance de la sacristie, puis, par extension, de tous les soins matériels concernant l'entretien de l'église et la célébration du culte.
SACRISTIE, petite dépendance d'une église dans laquelle sont déposés les accessoires du culte, vêtements sacerdotaux, vases de la communion, aiguière du baptême, livres liturgiques, etc. On y garde au besoin le trésor quand il y en a un, la bibliothèque, etc. C'est là que le prêtre ou le pasteur s'habille. Si la sacristie est assez grande, le Consistoire ou la diaconie s'y réunissent.
SACY lo Isaac-Louis Le Maistre, dit de Sacy, ou plutôt Saci, ce dernier nom n'étant que l'anagramme de son prénom Isac. Né 29 mars 1613 à Paris, frère plus jeune d'Antoine Le Maistre, et parent par sa mère du grand Arnauld. Sérieux et grave dès son enfance, il se joignit en 1648 aux solitaires de Port-Royal et fut consacré prêtre le 25 janvier 1650. Devenu directeur de Port-Royal, il dut s'enfuir lors de la persécution suscitée contre les jansénistes à l'occasion du Formulaire 1661, et il fut arrêté et enfermé à la Bastille le 13 mai 1666, avec son ami Fontaine. Ce fut sa Wartbourg. Il entreprit aussitôt, d'après la Vulgate qu'on lui avait laissée, la traduction de l'A. T. (celle du N. T. était achevée et sous presse à Amsterdam; il y avait collaboré avec Arnaud, Nicole, Ant. Le Maistre et le duc de Luynes), et lorsqu'il sortit de prison, 1 nov. 1668, son travail était presque achevé. Mais pour pouvoir l'imprimer, il dut y ajouter des notes explicatives et édifiantes, ce qui entraîna un retard de plus de 20 ans. L'impression commencée en 1672 ne se termina qu'en 1696. Après quelques voyages Saci était rentré à Port-Royal en 1675, mais en 1679 il en fut de nouveau banni, et il se retira auprès de son cousin le marquis de Pomponne, où il f 4 janv. 1684. Sa version du N. T., condamnée par Clément IX, avait été un immense succès littéraire. Celle de l'A. T. avec ses précieuses annotations, ne fut pas un moindre événement, auquel Sainte-Beuve paie un juste tribut d'éloges, en ajoutant que la vie de l'homme fut constamment en harmonie avec la tâche qu'il s'était donnée. On lui a reproché l'élégance de son style, auquel Bossuet trouve un tour trop recherché, et Saci confessait lui-même qu'il avait peut-être été trop loin en essayant d'ôter à l'Écriture son obscurité et sa rudesse. Mais on peut regretter surtout qu'au lieu de recourir au texte original, il se soit astreint à suivre servilement la Vulgate, ce qui lui a fait faire plusieurs fautes graves, sans même parler des expressions toutes catholiques dont il se sert en dépit des dictionnaires pour traduire certains mots: faire pénitence, au lieu de se repentir; prêtre, au lieu d'ancien, etc. C'est la meilleure version de l'Égl. catholique, et elle a été recommandée par plusieurs prélats. Réimprimée par diverses sociétés bibliques protestantes, elle l'est cependant moins maintenant, depuis que des versions décidément meilleures se sont comme imposées à l'Église, et depuis que M. Pozzi, faisant suite à Prideaux-Tregelles, en a fait ressortir les erreurs. On a encore de Saci une trad. de l'Imitation, du poème de Prosper contre les Ingrats, des Fables de Phèdre et de quelques comédies de Térence.
2<> Antoine-Isaac-Sylvestre de Sacy, célèbre orientaliste, fils d'un notaire, né 21 sept. 1758 à Paris, étudia presque sans maître, apprit l'hébreu avec un juif, l'arabe avec Bertherean, tout en faisant son droit; entra à la Cour des Comptes en 1781, fut nommé associé libre de l'Acad. des Inscriptions, membre ordinaire en 1792, secrétaire perpétuel en 1833. En 1795 il avait été chargé de la chaire d'arabe à l'école des langues orientales. Il siégea de 1808-1814 au Corps législatif, fut nommé baron de l'empire en 1813, grand'croix de la légion d'honneur en 1822, en 1823 administrateur du Collège de France, en 1831 conservateur des mss. de la Biblioth. royale, en 1832 pair de France, f 21 févr. 1838. A côté de ses travaux sur les langues, celui de ses nombreux ouvrages qui nous intéresse le plus est son Exposé de la religion des Druses, auquel il consacra plus de 20 ans et qui parut l'année même de sa mort.
SADOLET, Jacques, cardinal, une des figures les plus pures et les plus aimables du catholicisme; né 1477 à Modène, fils d'un prof, de droit, il fit de bonnes études, vint encore jeune à Rome, se lia avec des hommes distingués, tels que Bembo et Olivier Caraffa, fut nommé d'abord chanoine de Saint-Laurent, puis, avec Bembo, secrétaire de Léon X qui le nomma év. de Carpentras 1517. Calomnié auprès d'Adrien VI, il rentra en faveur sous Clément VII et fut créé cardinal par Paul III, 1536. Clément avait en lui une si grande confiance qu'il le retint, presque de force, trois ans à Rome; ils ne se séparèrent que lorsque Sadolet eut essayé inutilement d'empêcher le pape d'entrer dans la ligue contre Charles-Quint. En 1538 il concourut efficacement à la trêve conclue entre l'emp. et le roi de France, et en 1542 il fut député auprès de François I*r pour l'engager à la paix, mission qui aurait réussi si le cardinal Visa n'avait pas échoué auprès de Charles. Voilà pour l'homme politique. Le chrétien se montra dans tous les rapports qu'il eut avec les protes-
tant*. H voyait en eux des frères égarés, mais il avait vu de trop près les désordres de Rome pour ne pas comprendre ceux qui s'en séparaient. Il chercha sérieusement à les ramener au bercail, mais pressé d'agir contre les vaudois, il répondit au cardinal Farnèse que très reconnaissant du diplôme pontifical qui lui conférait les pouvoirs nécessaires, € il avait des armes dont il se servait plus volontiers, parce que, inoffensives en apparence, elles peuvent seules porter la conviction dans les esprits les plus rebelles. » Il rechercha la connaissance de Mélanchthon, Bucer, Sturm et autres réformateurs, et entretint avec eux un commerce épis-tolaire affectueux. Malgré cela, et quoique ses tendances fussent bien connues, il ne perdit jamais la confiance de la cour de Rome et son crédit demeura intact. Paul III le nomma même en 1536 membre de la commission chargée de préparer le second concile. Quand les vaudois des Vallées furent menacés des persécutions qui marquèrent la fin du règne de François c'est à Sadolet qu'ils s'adressèrent, et il ne leur ménagea pas ses témoignages de sympathie. « Ces gens-là sont meilleurs que nous, » dit-il. Mais son intervention ne put empêcher les boucheries de Cabrières et de Mérindol; il en reçut la triste nouvelle à Rome, où il était, et il f peu après, 18 oct. 1547. Son tombeau est dans l'égl. de Saint-Pierre-aux-Liens. Outre un grand nombre d'écrits littéraires en latin, Poésies, Lettres familières, etc., il a laissé un Comment, sur l'Ép. aux Romains, avec une tendance polémique contre le protestantisme (la édition aurait été supprimée comme faisant trop de concessions au point de vue de la doctrine); une Interprétation des Ps. 51 et 93; un livre inachevé De extructione Ecclenœ, et surtout une Épître au sénat et au peuple de Genève, 1539, écrit dans un esprit conciliant. Éd. complètes: Mayence 1607, Vérone 1737.
SADOTH, ou Sehiadastes, évêque persan du 4me siècle. Il y avait alors beaucoup de chrétiens en Perse, et le roi Sapor, Schapur II, les persécutait cruellement. Sadoth fut nommé évêque après le martyre de l'év. Siméon. Pour échapper aux persécutions il se retira dans des lieux déserts; mais là il vit en songe une échelle brillante de gloire, au sommet de laquelle était Siméon qui l'appelait à lui. Il comprit que son devoir était de retourner auprès des siens, même au péril de ses jours. Peu de temps après il fut mis en prison avec 128 chrétiens, tant hommes que femmes. Ils y languirent 5 mois pendant lesquels on les fit sortir à trois reprises pour les sommer d'abjurer après mille tortures. Finalement ils forent condamnés à mort. On les mena au supplice attachés deux à deux, et le chant de leurs cantiques monta au ciel jusqu'à la mort du dernier. Sadoth fut encore gardé quelque temps comme suprême espoir du roi, qui comptait toujours le voir abjurer. On l'envoya dans la province de Bethusa, mais il ne fléchit point, et finit par être décapité, 342. — Peut-être est-ce le même que Gushiatazades, mais ce dernier ne porta pas le titre d'évêque.
SAGITTAIRE (de), en allemand Schutze, Gaspard, né 23 sept. 1643 à Lunebourg, fils d'un pasteur, se distingua par ses talents, sa facilité de travail, son érudition, son caractère et sa piété. Après avoir visité les universités allemandes et Copenhague, il fut nommé recteur à Saalfeld 1668, puis prof, de théol. et d'hist. ecclés. à Iéna, 1671. En 1678 docteur en théol.; en 1679 historiographe de la maison ducale de Saxe, f 9 mars 1694 à Iéna. Outre ses nombreux travaux sur la Thuringe, il a laissé quelques écrits d'édification, dont 2 en faveur du piétisme, une Harmonie des Évangiles, une Hist. de la Passion, une Vie de Boniface, etc. Vie par J.-A. Schmidt, 1713.
SAHAK, ou Isaac Jer, fils de Nersès-le-Grand, q. v., surnommé aussi le Parthe comme dernier descendant de Grégoire Photistès qui était d'origine parthe. Il se maria pour plaire à son entourage qui désirait voir la charge de patriarche arménien se perpétuer dans sa famille, mais il n'eut qu'une fille, et un songe lui ayant annoncé que sa race finirait avec lui, il se sépara de sa femme, par consentement mutuel, et se voua entièrement à son ministère. Il voyagea, organisa des missions à la tête desquelles il plaça 60 de ses disciples, et se rendit à Constantinople pour achever de s'instruire. Il y était quand son père fut empoisonné. En 388 Chos-roès n le nomma patriarche arménien; il était le 4®« successeur de son père et avait 60 ans. Il rendit de grands services aux chrétiens d'Arménie, fit bâtir des églises, fonda des institutions destinées à former des missionnaires et de jeunes prêtres, en envoya quelques-uns à Athènes pour y apprendre le grec, entre autres Moïse de Chorène; composa une liturgie el traduisit avec Miesrob la Bible en arménien, la reine des traductions, d'après Lacroze. Plusieurs fois emprisonné, banni, destitué sous des prétextes politiques, puis rétabli sur son siège, il vit ses petits-fils mourir martyrs pendant les persécutions et sa famille s'éteindre avec eux, comme le songe le lui avait prédit. Il présida 432 le conc. d'Ashtishat qui adhéra aux décrets de celui d'Éphèse, et 435 un second synode, qui condamna les écrits de Théod. de Mdpsueste et de Diodore de Tarse. Les persécutions ayant recommencé sous le roi Isdégerdès n, il se retira au village de Blur, où il + 9 sept- 440, jour anniversaire de sa naissance, âgé de plus de 100 ans. Il fut enterré à Ashtishat, et une église bâtie sur son tombeau. Ses écrits sont classique* pour la langue arménienne.
SAILER, Michel, né 17 nov. 4751 à Aresing, diocèse d'Augsbourg, de parents pauvres, étudia à Munich, entra en 4770 dans Tordre des jésuites (qui devait être supprimé en 4773) et fit sa philos, et sa théol. à Ingolstadt, mais il ne put se faire ni à la sécheresse de la scolastique, ni au mécanisme d'une dévotion tout extérieure. Il fut successivement répétiteur, puis professeur, soit de dogmatique, soit de morale, à Dil-lingen, Ingolstadt, Landshut, où ses talents d'enseignement et sa parole facile, noble et d'une grande élévation lui attirèrent de nombreux disciples. Ces qualités même le compromirent auprès de ses supérieurs, qui pressentaient vaguement en lui un adversaire caché. Sous divers prétextes il fut remplacé, ou appelé à d'autres fonctions mal rémunérées. Ses relations avec les Illuminés, 4794, avaient surtout contribué à lui nuire. En 4843 le pape refusa de le confirmer comme év. d'Augsbourg. Enfin il fut appelé à Ratisbonne, chanoine, vicaire général, coadjuteur avec survivance, doyen du chapitre, et par son zèle et son activité, il releva l'instruction publique et ranima la vie religieuse dans un diocèse qui comptait parmi les plus attardés. Nommé évêque en 1829, il f 20 mai 4832 et fut enterré dans sa cathédrale de Ratisbonne. Il avait refusé de nombreux appels, entre autres en 4848 l'archevêché de Cologne. On l'a comparé à Fénelon; sa dogmatique venait du cœur et n'avait point d'angles; il fraternisait avec des curés comme Booz et avec des protestants comme Lavater. Il a laissé de nombreux écrits de piété, ses Œuvres compl. ne forment pas moins de 40 volumes. Il passe avec raison pour un des initiateurs du catholicisme libéral contemporain.
SAINT, sainte, v. à leurs différentes lettres les noms des personnages dont le nom est habituellement précédé de cette épithète et qui ne se trouvent pas ci-après.
SAINTES, patrie de Bernard Palissy, q. v. Chef-lieu de la Saintonge, ancien évéché, que Grégoire de Tours dit avoir été fondé par Eutrope; supprimé en 4804. L'Égl. réformée, fondée par d'humbles artisans, qui lisaient la Bible entre eux, eut ses martyrs, brûlés et pendus, ea 4546 et 1547, et souffrit de toutes les persécutions qui fondirent sur la Réforme pendant 2 siècles. Le culte y est de nouveau célébré depuis que la liberté de conscience a été garantie par les lois.
SAINT-MARTIN, Louis-Claude (de), sur-nommé U Philosophe inconnu, titre qu'il s'était donné lui-même dans son premier ouvrage. Né 18 janv. 1743 à Amboise, élevé par une belle-mère pieuse, puis placé au collège de Pontleroy, il réagit intérieurement contre les tendances matérialistes de la philosophie régnante. D était destiné au droit, mais il préféra les armes et entra à Bordeaux au régiment de Foix. LA il se lia avec un juif portugais, Martinez PasqualU, chef des martinistes, et il s'affilia à la secte dont il fut un des initiés, ou Cohen; il tâcha de comprendre leur thêurgie et l'évocation des esprits. A Lyon, en 4775, il connut Cagliostro et d'Hauterive; il étudia le somnambulisme et Schwedenborg. En 4784, il s'enthousiasma pour le mesmérisme. D quitta le service en 4787 et visita l'Angleterre, l'Italie et l'Allemagne; il s'arrêta quelque temps à Strasbourg, où il vit le neveu de Swedenborg, le chevalier de Silver-hielm, et quelques autres rêveurs de la même école. C'est à cette première période que se rattachent ses principales publications: Des erreurs et de la vérité 4775; Des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers 4782; l'Homme de désir 4790. Dès lors il passa sous l'influence de Bohme, et il apprit l'allemand pour essayer de le mieux comprendre; son Nouvel homme 4792 marque la transition. Arrêté à Paris comme aristocrate, il fut sauvé par le 9 thermidor. Un décret de 4794 l'éloigna de la capitale, et il fut chargé de cataloguer les bibliothèques des couvents d'Amboise. Appelé comme maître à l'École normale, il fut attaqué par le sensualiste Garat et lui répondit avec autant d'énergie que de succès: Disc, en rèp. au citoyen Garat, 4795. Sa position était précaire et chétive; il ne pouvait faire tout le bien qu'il aurait voulu; le travail incessant de son esprit minait sa constitution, et il f 43 oct. 4803 i Aunay, dans un état assez misérable. Parmi ses derniers ouvrages, signalons son Ecee Homo contre la superstition; l'Esprit des choses 4800, le Ministère de l'homme-esprit 4802, et quelques traductions de Bœhme. Il avait pris parti plusieurs concours, mais sans succès. La confusion de ses pensées se révèle dans l'obscurité de son style, mais ses adeptes admirent l'un H l'autre. Sa théosophie est un monothéisme extatique, et l'homme n'est que la pensée de Dieu, un microcosme. Vie par Gence, et par Matter.
SAINT-SIMON (comte de), Claude-Henri, parent du célèbre duc de ce nom, et de la famille des comtes de Vermandois. Né à Paris 47 avril 1760, pair de France et grand d'Espagne, il entra à l'armée en 4777, fit en 4779 la guerre d'indépendance en Amérique, adjudant de La Fayette et ami de Franklin. Fait prisonnier par les Anglais en 1782, il suggéra au vice-roi du Mexique l'établissement d'un canal interoe&a-nien, mais l'idée était prématurée. Libéré et de retour en 1789, il visita la Hollande etl'& pagne. Il salua avec joie la révolution française comme l'espoir d'une régénération sociale. Il acquit des biens nationaux et se fit une fortune, mais se mina presque en spéculations industrielles malheureuses et fut en outre trompé par son associé, le comte de Redern. Dès lors il se mit à l'étude des sciences exactes et rêva de reconstituer un ordre social plus en harmonie avec la justice et l'équité. Il se lia dans ce but avec les hommes les plus distingués de l'Angleterre et de l'Allemagne, visita la Suisse et Genève en particulier, où il publia sa Lettre d'un habitant à Genève 1802. Il repoussait résolument tout mysticisme et ne voyait de salut pour la société que dans l'industrie, dans l'exploitation du capital mort par le travail intelligent, association qui supposait un dévouement réciproque et devait aboutir au bonheur universel. Sa religion était le panthéisme, et son Dieu le grand Tout, réunissant l'amour, la sagesse, la force et la beauté. Le catholicisme était une transition vers la religion de l'avenir; le protestantisme était un recul. Il publia de nombreux écrits: Introd. aux travaux scientifiques du 19«* siècle, 1807; Prospectus d'une nouvelle Encyclopédie, 1810; Catéchisme des industriels, 1823; d'autres encore, et surtout son Nouveau christianisme, 1825. Il fit de nombreuses et bizarres expériences, qui n'aboutirent pas; malgré le vernis religieux qu'il essaya de donner k l'école industrialiste, il excita les méfiances de tous, et les ouvriers de Paris eux-mêmes prièrent le gouvernement de mettre un terme à ses provocations. Ruiné et ne comptant plus sur l'avenir, il essaya de se suicider 4823, mais la balle dévia et il en fut quitte pour la perte d'un œil et pour une santé compromise. II se remit à l'ouvrage et s'attacha quelques disciples, Aug. Thierry, Aug. Comte, Olinde Rodrigue, Bazard, Enfantin, etc. Il f entre leurs bras 19 mai 1825. — Mais sa doctrine ne mourut pas avec lui, ses disciples la retravaillèrent, la développèrent et cherchèrent à la faire passer dans la pratique, en constituant sous le nom de saint-simoniens une secte communiste hiérarchiquement organisée. Les hommes n'ont de valeur et de droits que ceux que leur assignent leurs capacités et leur faculté de travail. Ils se divisent en 3 classes: les hommes de la pensée et de l'intelligence, qui statuent sur les lois, les principes, sur Dieu même; les hommes du cœur et du sentiment, artistes, poètes, inventeurs, éducateurs; enfin les hommes de la force et de l'action, industriels, producteurs et marchands. A la tête de tous sont les prêtres, et notamment le Père supérieur, ou pape, qui est le grand administrateur, qui décide des vocations, reçoit les confessions, explique les livres de Saint-Simon et distribue les récompenses. Les biens d'un homme reviennent à sa mort à la communauté, ou banque centrale. Le mariage est un devoir; l'homme et la femme sont égaux, avec des aptitudes différentes, etc. Ces idées allaient beaucoup plus loin que celles du fondateur de la secte; elles furent prêchées surtout par l'éloquent Bazard, qui était le prêtre des sciences, pendant que Etienne Moncey était prêtre de la culture, et Enfantin, q. v. pape. La secte eut successivement pour organes le Producteur en 1826, l'Organisateur en 1829 et le Globe en 1831. Les exagérations de quelques chefs, et notamment du p. Enfantin, amenèrent un schisme dans la Société, qui finit par se dissoudre; l'émancipation de la femme, l'amour libre, et la femme révélatrice, jetèrent du ridicule sur les sainl-simoniens que leurs tendances communistes avaient déjà suffisamment compromis et divisés. En 1832 le gouvernement interdit leurs réunions; Rodrigue avait déjà mis en sûreté sa fortune particulière. Ils avaient adopté un costume bizarre, qui ne contribua pas à les faire prendre au sérieux, v. Reybaud, Villenave, Hubbard.
SALES (François de), v. François 4<>.
SALÉSIENNES, v. Visitandines.
SALIG, Chrétien-Aug., théologien allemand, d'une piété douce et vraie, auteur d'une étude sur l'Eulychianisme et de plusieurs ouvrages importants relatifs à l'hist. de la Réformation. Né 6 avril 1692 à Domersleben près Magdebourg, il étudia à Halle et Iéna, fut prof, dans ces deux villes, et passa comme vice-recteur à Wolfenbuttel, où il f 1738.
SALIGER (Selig, heureux) Jean, prédicateur luthérien à Anvers, vers 1566, puis à Lubeck, à Rostock, et à Wôrden, Hollande, 1579. Il dut successivement renoncer à tous ces postes à cause de ses vues catholiques sur l'eucharistie.
SALISBURY lo Jean (de), un des hommes les plus savants et les plus remarquables du moyen âge; moine anglais, né 1110 à Salisbury; d'où son surnom de Sarisberiensis; vint en France où il étudia sous Abélard à Paris, 1136, et passa quelques années au couvent de Moutier-la-Celle. Nommé chapelain de l'archev. Théo-bald de Cantorbéry, il fut envoyé à Rome par le roi Henri 1156, mais prit parti pour les libertés de l'Église et contre le roi. Il se lia avec Adrien IV. De retour en Angleterre, il devint secrétaire de Th. Becket, s'attacha à lui, l'accompagna dans son exil, et fut blessé à ses côtés en le défendant contre ses assassins. Il se retira en France, fut nommé évêque de Chartres par Louis-le-Jeune 1176, et + 1180. Il a écrit une Vie de Becket, une Vie d'Anselme, des Lettres très curieuses, des Mélanges de politique, de philosophie et de morale, sous le titre de Poli-eratiêns; une étude sur la vraie et la fausse science intitulée Metalogicus, où avec un bon sens et une indépendance d'esprit admirables, il déplore la subtile dialectique de son temps, la fausse direction des études, et l'ardeur de disputes où le fonds est presque touj. sacrifié aux détails. Dans son Entheticus il expose brièvement et d'une manière vivante les systèmes des anciennes philosophies et son propre système. Partisan du réalisme, il a raconté avec une rare impartialité l'hist. du nominalisme.
2® v. Cecil.
SALLE, Jean-Baptiste (de La), fondateur des écoles de la Doctrine chrétienne, q. v. Né 1651 à Reims, fils d'un conseiller au présidial, il se distingua de bonne heure par sa piété, obtint un canonicat à la cathédrale 1668, étudia à Saint-Sulpice et reçut les ordres en 1678. Appelé par son confesseur, l'abbé Roland, à le seconder dans la direction de l'union des sœurs enseignantes de l'Enfant Jésus, qu'il avait fondée 1674, il s'y intéressa et se montra digne de lui succéder. Il obtint ensuite les autorisations nécessaires pour fonder un séminaire d'institutrices, puis un certain nombre d'écoles, dont il réunit les maîtres en congrégation 1681, avec des succursales à Réthel et à Guise, 1682, à Laon 1683. Il renonça à son canonicat, distribua son bien aux pauvres lors de la famine de 1684 et s'en remit à Dieu du soin de ses écoles. Les frères devaient prendre un engagement de 3 ans et portaient un costume particulier, sévère et laid. En 1688 il fut appelé à Paris, où il réussit au milieu de beaucoup de difficultés à faire adopter ses écoles; en 1691 il fonda un séminaire à Vaugirard, un autre 1705 à Rouen, où il f 1719. Il a écrit Les devoirs du chrétien, et la Civilité chrétienne. Son œuvre a été un grand progrès pour l'époque, mais elle est aujourd'hui dépassée, et diverses circonstances ont contribué à rendre impopulaire une institution qui n'a pas su marcher avec le temps et qui n'est plus guère connue que sous le nom des Ignorantins.
SALMANTICIENS, ou théologiens de Salamanque, frères déchaussés du mont Garmel, de l'université de Salamanque, opposés aux jésuites et à leur sémipélagianisme. Ils sont les auteurs d'un ouvrage de théol. morale en 9 volumes, Salamanque 1631, Leyde 1679, et se montraient thomistes zélés. Un autre ouvrage, aussi de théol. morale, mais écrit par des jésuites, a paru à Venise 1728, 6 vol.
SALMÉRON, Alphonse, né à Tolède, oct. 1515, étudia à Alcala, puis à Paris où il trouva Loyola et fut un des premiers à s'attacher à sa fortune. Zélé propagateur de l'ordre des jésuites, il parcourut l'Italie, la Belgique, l'Allemagne et la Pologne pour soutenir et défendre le catholicisme, et reçut le titre de nonce apostolique en Irlande. Il fut, avec Lainez, nommé théologien et orateur du pape au oooc. de Trente, où ils combattirent énergiquemeut le protestantisme et toutes les réformes. Après le concile, souffrant de corps, il se rendit à Na-ples où il se livra à des travaux littéraires, et où il f 13 fèv. 1585, provincial de l'ordre, dans le collège qu'il avait fondé. Il a écrit des études sur les Évangiles et sur quelques parties du N. T.
SALTZMANN, Fréd.-Rod., né * Straabouig 9 mars 1749, élevé à Sainte-Marie aux Mines où son père était pasteur, licencié en théol. 1773, entra au service du baron de Stein, qui le fit nommer secrétaire de légation el loi procura des lettres de noblesse. Mais ses richesses et sa qualité de noble firent son malheur en le rendant suspect pendant la révolution. Il erra plusieurs années dans l'est de la France, faisant constater sa présence par les maires des communes, pour établir qu'il n'avait pas émigré et pour éviter ainsi la confiscation de ses biens. C'est alors que ses sentiments religieux se développèrent et s'affermirent. Dès son retour il publia coup sur coup, sous le voile de l'anonyme, un certain nombre d'ouvrages, d'une tendance mystique, mais sans exagérations trop criardes: Toutes choses seront faites nouvelles; Des derniers temps; Pensées sur la création et la durée du monde; Les desseins de Dieu sur l'humanité; La Religion de la Bible, etc. U visita beaucoup l'Allemagne, où il jouit d'une grande considération parmi les chrétiens réveillés. Il remit à son gendre Silbermann une imprimerie qu'il avait fondée, et qui eut de 1a réputation. Enfin, souffrant des nerfs il se retira de la vie active, et f 1820, laissant des mss. et de nombreuses lettres, entre autres sa correspondance avec Oberlin, Jung-Stilling, etc.
SALUT (Armée du), institution, secte ou société religieuse, formée en Angleterre vers 1865, sous la direction du pasteur William Booth, dans le but spécial de l'évangélisatioo des masses. M. Booth, après avoir fait de bonnes études générales, entra à l'âge de 23 ans chez le Dr W. Cooke, wesleyen, pour achever avec quelques autres jeunes gens de s'y préparer an saint ministère. II s'y distingua par ses aptitudes, sa tenue, son caractère et ses talents oratoires. Il passa ses grands examens avec honneur et la Conférence (Methodist Nev^Connesiom ) le reçut pasteur et lui confia des fonctions de prédicateur qu'il remplit avec zèle et conscience. Il parcourut une bonne partie de l'Angleterre en évangélisant, et obtint partout de brillants succès. En 1861 il crut devoir donner sa démission de pasteur régulier, estimant qu'il se rendrait plus utile en se consacrant tout entier, lui et sa femme, à l'évangélisation pure et simple des populations abandonnées. Il avait constaté que partout il y avait une partie considérable des classes pauvres, honteuses ou vicieuses, qu'on ne parvenait ni à atteindre, ni à remuer, quels que fussent les moyens mis en oeuvre. Salles populaires, prédicateurs distingués, pressants appels, rien ne les touchait, parce que rien ne les atteignait; ces classes étaient en dehors de la sphère [d'attraction. II résolut de les aller chercher jusqu'au fond de leur misère et de les attirer par tous les moyens possibles. Les moyens ordinaires étant inefficaces, il recourut à d'autres non encore employés, la curiosité, le bruit. Les noms de pas-teurs, ministres, temples, églises, sermons, fidèles, chers frères, ayant un caractère religieux qui pouvait effaroucher au lieu d'attirer ces auditeurs réfractaires, M. Booth les remplaça par ceux de général, capitaines, quartier général, casernes, soldats, camarades, etc. Les robes noires, avec les rabats, furent remplacés par des uniformes. Puis, à mesure que les conversions se multiplièrent et que l'œuvre s'étendit, il fallut songer à l'organiser, et, les prémisses étant données, l'organisation militaire s'imposa d9elle-méme, 1865. Elle se justifiait, d'une part par certaines locutions bibliques, Ps. 103, 21. 148, 2. 2 Tim. 2; 3. Eph. 6, 11 sq. 1 Thess. 5, 8.; de l'autre par le caractère très militant de l'œuvre, qui se propose surtout la guerre au mal et la conquête des âmes, luttant pour les convertir et cherchant à se les agréger, quand elles sont gagnées, ou les laissant s'affilier à telle église de leur choix. Pour recruter des auditeurs l'Armée recourt volontiers à des processions et à des démonstrations en plein air, avec musique, chants, drapeaux; et quand un auditoire s'est formé, elle cherche à le retenir en l'intéressant par des chants sur des airs connus, populaires, souvent profanes; par des allocutions ardentes, véhémentes, parfois pittoresques. On lui reproche même de créer une excitation factice par des affiches d'un goût plus que douteux. En fait elle a exercé sur les basses classes une influence immense, et elle a obtenu en quelques années de fort nombreuses conversions. Aussi a-t-elle rencontré d'abord d9ardentes sympathies parmi les chrétiens anglais de toutes les dénominations; des lords, des èvéques, un archevêque, la reine elle-même l'ont encouragée de leurs souscriptions. Mais il est arrivé, comme toujours, que le succès même lui a été en piège, et qu'elle est tombée dans diverses exagérations. Son personnel gradé, nouvellement converti, parfois sans une éducation préparatoire suffisante, n'était pas partout à la hauteur de sa mission. Sous prétexte d'originalité, quelques-uns se sont livrés à de vraies vulgarités excentriques; et, comme si ce n'était pas assez de la « folie de la croix, » ils y ont joint les folies de la chair et de l'esprit humain, dans une mesure qui leur a aliéné beaucoup de personnes bien disposées à les appuyer du dehors.
Mais ce qu'on leur a reproché surtout, ce sont leurs Ordres et Règlements, calqués sur le Code militaire, et que l'on a voulu assimiler aux Règlements et aux Exercices spirituels des jésuites. Traduits en français par un Anglais, qui connaissait bien sa langue, mais moins bien le français, ils ont été livrés au public avec des notes et des commentaires qui en exagéraient la véritable signification, et ils ont soulevé l'opinion, en même temps que < des juifs incrédules et jaloux prenaient avec eux des méchants hommes de la populace » (Act. 17, 5.), et la persécution s'organisa sous toutes les formes, littéraire, brutale, officielle, administrative, ou grossière. Les brochures et les journaux sont intervenus, assez généralement hostiles. La passion s'en est mêlée, au point que la discussion était presque rendue impossible. Grâce à cette opinion publique surexcitée, et avec cette complicité inconsciente des personnes religieuses, les ennemis de la religion se sont crus autorisés à commettre toutes les brutalités, insultes, voies de fait, domiciles envahis et saccagés, jeunes filles et vieillards battus et grièvement blessés, et il s'est trouvé des gouvernements pour pactiser avec l'émeute, et pour punir, emprisonner ou bannir, non les agresseurs, mais les victimes de ces attentats. V. une lettre de M. Sautter, et, de Mm* Joséphine Butler, The Salvation Army in Switzerland.
Ce qu'on peut reprocher à plus juste titre, à l'Armée du Salut, outre ses procédés, c'est une dogmatique singulièrement incomplète et une exégèse souvent fantaisiste. Ils l'avouent d'ailleurs, ils ne sont pas théologiens, ils font peu de cas de la théologie. Ils ne connaissent pour ainsi dire pas les sacrements. La justice de Dieu, l'homme pécheur et perdu, le Salut par Jésus-Christ, tout est là. Ce sont en effet les éléments de la vérité, et quand les missionnaires s'adressent aux païens, ils ne leur prêchent pas autre chose pour commencer. Dans la bataille engagée par l'Armée, c'est aussi l'essentiel, mais là comme ailleurs il faut se rappeler qu'il ne suffit pas de poser toujours le fondement; il faut ensuite construire, bâtir, édifier, et c'est un de leurs côtés faibles. Quant au rôle accordé aux femmes, du moment que l'A. et le N. T. mentionnent des prophétesses, on ne peut pas le condamner d'une manière absolue; c'est une affaire de tact et de convenance. Depuis quelques années d'ailleurs assez de femmes sont intervenues dans le gouvernement de l'Église, pour qu'on ne puisse pas y voir une spécialité de l'Armée du Salut. Quoi qu'il en soit, et quel que soit son avenir, ce sera bien Y une des plus étranges manifestations de la vie religieuse en Angleterre, mélange curieux de zèle apostolique et de bizarreries; ils auront remué la vase et fait monter la boue à la surface; ils auront fait poser bien des masques et mis en évidence la haine cachée du cœur humain pour l'Évangile.
SALUTATION i<> angélique, nom qu'on donne souvent à Y Ave Maria, q. v. — 2° apostolique, v. Rom. 1,7. 15, 33. 1 Cor. 1, 3. 16, 20. 2 Cor. 1, 2. 2 Jean 2. 1 Thess. 1, 1, etc.
SALVE REGINA, antiphone, ou antienne en l'honneur de la Vierge, formé de 7 lignes d'inégale longueur, attribué à Pierre de Compostelle du 9™® siècle, ou à Hermann Contrac-tus du Hme. La dernière ligne: 0 clemens, 0 pia, 0 dulcis Virgo Mania, paraît être une addition postérieure, à cause de la rime; on croit qu'elle a été ajoutée par saint Bernard à Spire. Musique par Pergolèse, Haydn, etc. Sermons par Winkelhofer, avec préface de Sailer. Cette formule, qui ne se trouve pas dans la Bible, passe pour avoir fait des miracles.
SALVI, Giambattista, ou Jean-Baptiste, surnommé de son temps le peintre des Madones, travailla à Rome sous le Dominicain, Guido et Albani, mais s'inspira surtout de Raphaël. On l'appelle quelquefois Sassoferrato, du nom du bourg où il naquit 11 juil. 1605. f 8 août 1685.
SALVIEN l°v. Priscilliens.2° écrivain ecclésiastique, né vers 390 aux environs de Cologne, épousa une païenne, Palladia, qu'il convertit; il en eut une fille, Auspiciola, puis du consentement de sa femme, il renonça au monde, distribua son bien aux pauvres et se retira dans un couvent, probablement à Lérins 420, puis à Marseille où il fut ordonné prêtre et où il enseigna; il eut parmi ses élèves 2 fils d'Euchère, Salonius et Veranus. f 48*- On a de lui des traités contre l'Avarice, sur le Gouvernement de Dieu, ou Providence, et des Lettres. Œuvres, par Baluze 1684. Son style a du trait, à la fois fougueux et mélancolique.
SALZBOURG, le Juvavum des anciens dans la Tauride celtique (Bohême), appelé aussi Co• lonia Adriana, du nom de son fondateur; l'évangile s'y établit au temps de Valentin, de Séverin et du martyre Maxime. Cette florissante cité fut détruite par Attila 448 et les sapins s'élevèrent au milieu de ses ruines, mais elle se releva vers 700 à l'appel de Rupert, qui en fit une nouvelle station chrétienne et y construisit l'église de Saint-Pierre et un couvent. L'évêché ne tarda pas à devenir un archevêché, et même sous Léon III, la métropole de l'Allemagne, 798, comprenant la Bavière, la Moravie, la Bohême et l'Autriche actuelle. Boniface avait dans l'intervalle rattaché ce diocèse à l'autorité romaine, malgré la résistance de l'évêque Jean, accentuée encore par son successeur Virgile. A mon, le premier archev. envoya des missionnaires chez les Slaves et les Avares, et entra en lutte avec les év. d'Aquilée et de Passait qui lui reprochèrent d'empiéter sur leur juridiction. Sous Léon VU la lutte s'envenima* et les droits de Salzbourg furent transférés à Gérard de Passau 937, mais pour lui être rendus en 971. Les occasions de conflits ne manquèrent pas les siècles suivants, depuis la querelle des investitures jusqu'aux guerres hussites. A l'époque de la réformation c'est le cardinal Matthias Lang qui occupe le siège archiépiscopal; c'est lui qui fait venir Staupitz à Salzbourg et qui le nomme son chapelain, mais il se montra bientôt hostile au mouvement, bannit Speratus, complota la mort d'Agricola et fit décapiter Schàrer. Les luthériens furent bannis sous ses successeurs. L'archev. Paris, fondateur de l'université, réussit par sa sagesse à préserver de mal son diocèse pendant la guerre de 30 ans: mais les persécutions recommencèrent après lui à l'instigation des jésuites, et les protestants furent chassés par milliers au gros de l'hiver, leurs biens étant confisqués, et leurs livres brûlés. Les persécutions durèrent, avec de courtes accalmies, pendant près d'un siècle, souvent cruelles, toujours rapaces. Les évangéliques se cachaient; on feignit de revenir à des sentiments plus humains, et par de perfides promesses on leur demanda de se faire reconnaître: 20,678 donnèrent leurs noms; 70 de leurs chefe furent arrêtés et maltraités, et plus de 20,000 durent émigrer; ils se rendirent en Prusse, en Lithuanie, en Hollande, en Amérique, partent accueillis à bras ouverts, pendant que leurs biens confisqués servaient à grossir le trésor de Rome et des jésuites, sans profit pour le pays qui fut ruiné, et à élever dans la foi catholique les enfants qu'on avait arrachés à leurs parents. Le traité de Luneville 1802 sécularisa l'évêché et le transforma en électorat; en 1808 il passa à la Bavière, al fit retour à l'Autriche en 1814, et continua dès lors d'être le siège d'un archevêché.
SALZMANN, Christian-Gotthilf, pédagogue distingué, né 1 juin 1744 à Sfimmerda, pasteur 1768 à Rohrborn, puis à Erfurt, s'éprit des idées de Rousseau et de Basedow, et se les appropria en les redressant. Il fonda à Schnep-fenthal, non loin de Gotha, une maison d'éda-cation qui obtint un immense succès, et dans laquelle il vieillit comme un vrai patriarche, entouré de nombreux élèves et de maîtres distingués. En 1788 il ajouta à son établissement une imprimerie et une librairie, f 1811. I! a laissé de nombreux ouvrages traitant de l'éducation, surtout au point de vue religieux, pour les maîtres, les parents, et les enfants; an Bon messager de la Thuringe, commencé en 1788, ete. Plusieurs ont été réimprimés après sa mort.
SAM, Som, ou Saum, Conrad, le réformateur d'Ulm. Né 1483 à Rothenacker, Wurtemberg, il étudia à Tubingue. Il était en 1530 curé de Brakenheim, quand il entra en relations avec Luther et passa au protestantisme. En 1524 le peuple d'Ulm le choisit pour pasteur. En 1526 il se maria, en même temps qu'il se prononçait sur l'eucharistie dans le sens des Suisses. Très lié avec Zwingle et OEcolampade, il s'efforça de maintenir l'union entre les diverses communions protestantes. Malgré son zèle il ne gagna que lentement du terrain sur les catholiques, et c'est seulement en 1531 que la Réforme s'établit dans Ulm. Sa grande activité l'usa peu à peu, et il f 20 juin 1533 d'une attaque d'apoplexie.
SAMBUGA, Jos.-Ant.-François-Marie, grand ami de Sailer. Né 2 juin 1752 à Welldorf, près Heidelberg, animé de dispositions ascétiques, orphelin à 16 ans, il se rendit en Italie, où il fut ordonné prêtre en 1774 et nommé aumônier de l'hôpital allemand de Côme. Mais il revint bientôt dans son pays et y occupa successivement différentes places; en 1787 il était prédicateur de la cour à Manheim. La duchesse palatine lui confia en 1797 l'éducation de son fils, qui fut plus tard le roi Louis. Frappé en 1813 par la mort de deux neveux bien doués, qu'il avait élevés, et peu après par la mort de son beau-frère, il ne put résister à ces coups douloureux, et il f 5 janv. 1815, conseiller ecclésiastique à Munich. Il a laissé plusieurs livres de dévotion très estimés.
SAMOA, ou Archipel des Navigateurs, en Polynésie; îles découvertes par Bougainville 1768, visitées en 1830 par John Williams, évan-gélisées en 1835 par la Soc. des missions de Londres, en 1845 par des prêtres romains, en 1857 par les méthodistes. Sur 30,000 habitants il n'y a plus un seul païen; tous sont devenus chrétiens évangéliques, sauf 4000 catholiques. Point central de la mission polynésienne, temples, écoles, un séminaire, imprimerie, journal, etc.
SAMOSATE, Samosatiens, v. Paul 6<>.
SAMPSÉENS, nom donné parÉpiphanes aux Elkésaïtes, q. v. Il le traduit par hélisques (du soleil), et le fait dériver de l'hébreu thèmes, soleil, peut-être parce qu'ils se tournaient vers le soleil quand ils priaient.
SANCHEZ, Thomas, jésuite espagnol, né 1550 à Cordoue, d'une bonne famille. Un fort bégaiement l'empêcha quelque temps d'être admis dans l'ordre, mais il fut guéri de cette infirmité, grâce, dit-il, à l'intercession de la vierge qu'il pria avec ardeur. Directeur du noviciat de Grenade, il se distingua par son érudition, dit-on, et par l'austérité de sa vie. f 19 mai 1610 à Grenade. Son livre sur le Sacrement du mariage est d'une obscénité révoltante et lui valut une mercuriale sévère de la part d'Arnauld de Saint-Cyran (signée Petrus Aure-lius) dans ses Vindicte censurai facult. Paris. Il a publié aussi des Conseils et une Étude sur le Décalogue. Il défend le probabilisme sous toutes ses formes, jusqu'à justifier l'assassinat en guet-apens, pourvu qu'on allègue l'absence d'intention mauvaise.
SANCHONIATHON, vieil historien phénicien, de Tyr ou de Sidon, que les uns font contemporain de Sémiramis, les autres de Moïse, ou de Gédéon, mais dont l'existence, malgré les lénèbres qui l'entourent, ne saurait être sérieusement contestée. On a donné à son nom diverses étymologies: serviteur de Dieu, épée de Dieu, donné de Dieu (comme Elnathan, ou Nathanaël), mais aucune n'est sûre. Il doit avoir vécu en Phénicie, à Béryte, ou à Beirout, et son Histoire de la Phénicie, qui commence avec la création du monde, aurait été dédiée au roi de Béryte Abibaal. Un grammairien grec Heren-nius Philon, de Guébal ou Byblos, qui vivait à la fin du 1er siècle de l'ère chrétienne, en a le premier traduit en grec l'Histoire, ou Théologie phénicienne, 8 ou 9 livres; mais ce travail est perdu, et il n'en reste que des fragments conservés dans la Préparation évangélique d'Eusèbe. Ces fragments ont été réunis par Orelli, Leipzig 1826, et mieux par C. Muller, Paris 1849. Ils suffisent à peu près pour reconstituer son système du monde, où l'on retrouve des réminiscences ariennes, phéniciennes, égyptiennes, peut-être même hébraïques. Au commencement régnait le Chaos, avec les ténèbres, et le vent soufflait; l'Esprit le pénétra dans une pensée d'amour, et il en sortit la Mot, l'étendue liquide, qui à son tour donna la naissance au monde, sous la forme d'un œuf. En même temps parurent dans le ciel les astres, et leur chaleur produisit le vent, les nuages et la pluie, puis les êtres organisés éveillés par l'éclair et le tonnerre. De l'union du vent et du désert naquirent deux hommes mortels, Eon et Protogonos, qui les premiers cueillirent des fruits; ils eurent pour enfants Genos et Genea, qui peuplèrent la Phénicie, etc. En somme ce vieux document est plutôt un objet de curiosité qu'il n'a de valeur réelle; il représente certaines idées et des traditions plus anciennes qui avaient cours au moment où il fut écrit. Mover, Ewald, Bunsen et Renan l'ont spécialement étudié. On prête au même auteur un traité sur la Physique d'Hermès, également perdu. Une spéculation littéraire assez curieuse fut faite en 1836 à Hanovre par Fréd. Wagenfeld, ou Wild, puis à Brème en 1837 avec préface de Grotefend; ce fut la publication en grec, puis avec trad. latine, de
l'ouvrage complet de Sanchoniathon en 9 livres. Cet ouvrage aurait été retrouvé dans le couvent de Sainte-Marie de Merinhao, Portugal, par le colonel Pereîra, et apporté en Allemagne par un sous-officier nommé Christophe Meyer; mais ni le couvent ni les personnes n'ont existé, et la fraude fut dévoilée par le fils de Grotefend lui-même. La contrefaçon dn reste était habilement faite, avec l'intercalation des fragments d'Eusèbe, reliés entre eux dans l'esprit et avec les documents de l'époque.
SANCTION, v. Pragmatique.
SANDEMANIENS, ou Glassites, secte de presbytériens écossais, poussant le congrégatio-nalisme à outrance, repoussant toute ingérence d'un synode ou de toute autre autorité, même ecclésiastique, dans les affaires intérieures d'une église. Ils avaient des mœurs sévères et proscrivaient le sort et les jeux de hasard. Chaque église avait ses évéques, ses anciens et ses diacres. Le fondateur, John Glass f 1773 était très absolu. Son gendre, Robert Sandeman, né 1723 à Perth, f 1772 dans la Nouvelle-Angleterre, où il était allé pour y propager ses idées.
SANDWICH (Iles), archipel de la Polynésie, le plus septentrional, situé à. 20» au nord de la ligne. Il se compose de 13 îles d'origine volcanique, dont 8 seulement habitables. La principale est Hawaï (ou Owhyhee, même nom avec l'orthographe et la prononciation anglaise). Sol fertile, riche végétation, climat enchanteur; les habitants sont de race polynésienne, idolâtres malgré une certaine culture, ils ont longtemps pratiqué le tabou, q. v. Aperçues en 1542, elles furent découvertes en 1778 par le capit. Cook, qui leur donna le nom de Sandwich, premier - lord de l'Amirauté, et qui y périt l'année suivante dans une rixe provoquée par les indigènes. Le roi Tamehameha Ier, qui régna de 1784-4819, et qui s'était soumis toutes les lies voisines, appréciait la civilisation. Mais pendant longtemps les blancs n'y apportèrent que leurs boissons et leurs vices. En 1820 le Board américain y envoya ses 5 premiers missionnaires avec 4 indigènes convertis qui avaient été élevés aux États-Unis. Le jeune roi Hihoriho, ou Tamehameha II devint chrétien 1820; il habitait Honolulu dans l'ile d'Oahu, ville de 40,000 habitants; f 1824 à Londres. En 1823 l'Amérique envoya 20 nouveaux missionnaires, et en 1832 les îles ne comptaient pas moins de 19 stations prospères. Dès 1827 on comptait 21 chefs parmi les partisans du christianisme, et la pieuse reine Kaahumana avait été baptisée sous le nom d'Élisabeth. Mais quand, à sa mort, son fils Tamehameha III prit les rênes du gouvernement, 1832, ce jeune prince frivole, qui s'entoura de jeunes gens, résolut de secouer le joug de moralité qui pesait sur l'île, et il s'ensuivit une époque de relâchement qui finit par inquiéter les principaux chefs de l'île. Secondés par la reine Kinan, ils réussirent* faire revivre les lois restrictives du commerce dos boissons alcooliques. Un autre danger menaçait la mission. Des prêtres de Rome étaient venus en 1827 s'établir dans le pays. Au bout de 4 ans le roi les fit reconduire en Californie; ils revinrent en 1837, mais on ne leur permit pas de débarquer. Le gouvernement français prit parti pour eux, les renvoya en 1839 sur le vaisseau l'Artémise, et exigea pour eux une indemnité de 25,000 dollars, une église et le droit de célébrer leur culte. Devant la force représentée par la France, le pauvre roi dut céder. Les catholiques se construisirent une chapelle à côté du temple protestant à Honolulu, et le prêtre Walsh, un Irlandais, interdit la lecture de la Bible et se montra coulant sur l'usage du tabac, du rhnm et de l'eau-de-vie. Il eut peu de succès. Vers le même temps un grand réveil eut lien, et des milliers de païens se joignirent à l'Église. Le roi, pour se mettre à l'abri de toute nouvelle invasion étrangère, a demandé à l'Angleterre, et obtenu en 1842, qu'elle reconnût son indépendance. Auj. ces îles peuvent être considérées comme une terre chrétienne. Elles ont nne constitution, des lois, de nombreuses églises, des écoles, des journaux, des imprimeries, etc. v. Porret, Un miracle au 19m« siècle, Lausanne; Mm« W. Monod, Cinquante années de la vie d'an peuple, Toulouse.
SANG, lo On donne souvent au martyre le nom de Baptême de sang. 2<> Noces de sang, le massacre de la Saint-Barthélemy, ordonné par Charles IX à l'occasion du mariage de sa sœur avec Henri de Navarre. 3» Journée du sang a Prague; massacre de la noblesse de Bohême, ordonné par Ferdinand II, 16 juin 1621, après la bataille de la Montagne blanche. 4<> Théologie du sang, terme de mépris par lequel on affecte de désigner la doctrine de la rédemption quand elle insiste trop matériellement sur le sang de Christ comme source unique du salut. On a quelquefois reproché aux moraves des ex: cès de langage sous ce rapport. 5° Conseil de sang, tribunal établi en 1567 par le duc d'Albe dans les Pays-Bas, célèbre par ses exécutions. 6o Fête du précieux sang de Christ, se confondit d'abord avec le vendredi qui suit le 4m* dimanche de carême; plus tard on la mit au 4™® on 5m« dimanche après Pentecôte. Un décret du 10 août 1849 l'a mise au 1er dimanche de juillet.
SANNAZAR, Jacopo, poète italien, auteur de 3 distiques sur Venise, pour chacun desquels la ville lui paya 200 ducats. Né 28 juill. 1458 a Naples, il entra à l'académie sous le nom d'Ao-tius Sincerus, resta fidèle à ses anciens maîtres après l'annexion de son pays à l'Espagne, se construisit au pied du Pausilippe une chapelle en l'honneur de la Vierge, et fonda l'ordre des Serviteurs de Dieu. Il suivit Philippe en France 1901. On l'a surnommé le Virgile chrétien, à cause de quelques poésies religieuses très estimées: Lamentations sur la mort de Christ, et De partu Virginis, 3 chants, f 27 avril 1530 à Naples.
SANSOVINO lo André Cartucci, né 470, fils d'un paysan, sculpteur et architecte, travailla pour Jules II, pour le roi de Portugal et pour Léon X. f 1529. On lui doit les ornements de plus. égl. et de la Casa Santa. 2<> Son élève Ja-cobo Tatti, né 1479, f 1570.
SANTAREL, Ant., jésuite, né à Adria 1569, f à Rome 5 déc. 1649. Auteur d'une Vie de Jésus, d'un Traité du jubilé, et surtout d'un Traité moral sur les hérésies où, comme Mariana, il revendique pour le pape la puissance la plus absolue sur les rois et les princes, et qui fut condamné par la Sorbonne et brûlé publiquement à Paris, 13 mars 1626.
SANTES PAGNINUS, ou Xantes, dominicain, savant orientaliste, qui fut à Fiesole l'élève de Savonarole. Né vers 1470 à Lucques, il fut l'ami de Léon X qui l'appela à Rome comme prof, de langues orientales. En 1521 secrétaire du légat à Avignon; en 1524 à Lyon, où il f 24 août 1541. Auteur de plusieurs ouvrages importants d'herméneutique, de critique sacrée, Gramm. hébraïque, Dictionn., notes sur le Pentateuque et les Psaumes. On lui doit surtout une trad. latine de la Bible, premier essai de ce genre depuis saint Jérôme, fruit d'un travail de 30 années, dans lequel il put tenir compte des traditions rabbiniques, s'attacha à traduire mot à mot, et reproduisit pour les noms propres les sons hébreux autant qu'il put le faire. Cette Bible parut à Lyon 1527-1528, dédiée à Clément VII, puis à Cologne 1542. Elle a été souvent réimprimée, entre autres par R. Étienne, Genève 1557.
SANTEUIL, Jean (de), en latin Santolius, connu par ses aventures, son amour de la table, ses bons mots et ses bizarreries; né 12 mai 1630, il entra dans les chanoines réguliers de Saint-Victor, où il fut fait sous-diacre. Auteur de poésies latines, très estimées, mais un peu profanes, ses supérieurs l'obligèrent à se consacrer exclusivement à des sujets religieux; il fit une épitaphe sur le docteur Arnaud, mais elle déplut aux jésuites, et il dut se rétracter. Il se mit dès lors à la poésie sacrée et composa de belles hymnes, qui le placent au premier rang des poètes latins modernes, f 5 avril 1697 à la suite d'un bon repas, peut-être empoisonné par plaisanterie. Portrait peu flatteur, par La Bruyère. — Son fr. Claude a aussi composé des poésies latines.
SANZIO, v. Raphaël.
SARABAITES, v. Rhemoboth.
SARAGOSSE, v. César-Augusta.
SARDAIGNE. Cette lie fut évangélisée déjà dans le 2°" siècle, mais le christianisme n'arriva que lentement à dominer, et jusqu'au 6me siècle les païens furent tolérés moyennant une redevance payée aux empereurs et même aux évéques. C'est seulement après la victoire de Zabordas 594, et grâce à des moyens de rigueur, que Grégoire Ier réussit à soumettre toute l'Ile à son joug. Depuis qu'en 1720 la Sardaigne eut passé à la maison de Savoie, les deux histoires se confondent, sans présenter rien de spécial. Ce n'est plus l'île, c'est le royaume de ce nom qui entre en scène, et il ne cesse de réclamer et de maintenir ses droits de souveraineté contre la cour de Rome. Il y a rupture après 1730, mais réconciliation et concordat en 1741. Le placet est introduit, les immunités du clergé et le droit d'asile sont limités. En 1841 ils le sont plus encore, et les ecclésiastiques, en cas de crime, relèvent des tribunaux civils. L'occupation française avait introduit momentanément un droit nouveau; la bulle de circonscription remet les choses en l'État, et le roi se réserve la nomination des évéques. Il y eut 4 archevêchés sur terre ferme, Chambéry, Turin, Vercelli et Gènes, et 3 dans l'Ile, Cagliari, Sassari, Orista-gni: et 37 évéchés, dont 8 dans l'Ile. La Constitution de 1848 est plus accentuée; les jésuites sont bannis et leurs biens sont confisqués. En 1849 sous le ministère Siccardi, tous les privilèges ecclésiastiques sont abolis, et la liberté des cultes est proclamée; les juifs rentrent dans le droit commun. En 1855 la plupart des couvents furent sécularisés, et leurs biens, qui étaient considérables, furent employés à l'amélioration du sort du bas clergé et à des objets d'utilité publique, ce qui amena l'excommunication de ceux qui avaient perpétré cette mesure. La guerre de 1859 fit du roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel, le roi de toute l'Italie, la suppression des États de l'Église, et bientôt Rome capitale.
SARDES, v. Dict. de la Bible. Ville de Lydie, située dans une plaine fertile, arrosée par le Pactole. Mœurs dissolues. Détruite sous Tibère par un tremblement de terre et bientôt rebâtie. Son premier évéque fut Clément.
SARDIQUE, ville d'IUyrie, auj. Sophia ou Triaditza, patrie de l'emp. Galère, qui par un édit de 311 fil cesser les persécutions contre les chrétiens. Il s'y tint en 347 un concile, présidé par Hosius de Cordoue, qui comptait 100 év. occidentaux et 70 orientaux. Les ariens, ou eusébiens, au nombre d'environ 76) ayant appris qu'Athanase et Marcellus d'Ancyre, excommuniés à Antioche 340, se proposaient d'y assister, et que les occidentaux fraternisaient avec eux, ils refusèrent de prendre part aux débats et se retirèrent à Philippopolis où ils se constituèrent en contre-concile et condamnèrent les homo-ousiens. Le conc. de Sardique réintégra Athanase dans son église.
SAREPTA, colonie morave au sud de la Russie, aux environs de Saratov, fondée en 1765.
SARPI, Paul (fra Paolo), appelé aussi Paul de Venise, de son lieu de naissance, ou le servi te, parce qu'il s'était affilié à cet ordre. Né 14 août 1552, fils d'un marchand et d'une vénitienne de la famille Morellis. il fut élevé dans un collège de jeunes nobles dirigé par son oncle, et se montra toujours sérieux, sobre, dévoré du désir de s'instruire. Il ne mangeait jamais de viande. A 14 ans il entra, malgré sa mère, chez les servîtes, prononça ses vœux à 20 ans et fut ordonné prêtre à 22. Il visita ensuite Padoue, Mantoue, Milan, où il se lia avec Ch. Borromée. A 26 ans il est docteur en théol. et provincial de son ordre, puis procureur général 1585. En 1597 il défendit les droits de Venise contre Paul V, fut nommé théologien consultant de la ville, et finalement membre du Tribunal des Dix. Il soutint contre le pape, que tout pouvoir vient de Dieu directement, et que Venise avait le droit de repousser toute ingérence dans ses affaires. Cela lui valut une citation à comparaître devant l'Inquisition à Rome le 30 oct. 1606. Il avait déjà été dénoncé une première fois comme hérétique, mais sans succès. Il refusa de comparaître, mais annonça une justification écrite. Une trêve fut consentie qui lui offrait toute garantie, mais 5 bandits soldés tentèrent de l'assassiner. Pendant qu'il se remettait lentement de ses 3 graves blessures, les moines de son ordre complotèrent à leur tour de lui ôter la vie, mais leur projet fut découvert, et c'est Beilarmin qui l'avertit de se tenir sur ses gardes. Il f 15 janv. 1623 dans son couvent. Sarpi avait fait des études aussi solides que brillantes; il était versé dans les sciences naturelles comme dans la théol., et il a émis sur la théorie de la connaissance des idees qui font penser à Locke. En religion il était peut-être plus patriote et plus polémiste que véritablement pieux et convaincu. On a été trop loin en affirmant que, s'il avait vécu, Venise serait devenue protestante; en somme il a toujours été catholique. Mais on a eu tort également d'attribuer à des ambitions déçues son opposition à la cour de Rome: rien ne prouve qu'il ait désiré un évêché, et sa position dans son ordre et dans sa ville le met au-dessus de ce soupçon; il n'était pas vénitien pour oublier la vieille indépendance de sa patrie. Il a beaucoup écrit; ses principaux ouvrages sont: L'hist. particulière des choses qui se sont passées entre Paul V et la sérénissime Républ. de
Venise, 1606; l'Hist. du concile de Trente (mm un pseudonyme), Londres 1619; une Hist. de l'origine des lois et usages de l'Inquisition, 1637. CEuvr. compl. Venise 1677.
SARTO (André del), Vanucchi, peintre célèbre, auteur de tableaux religieux appréciés: la Charité, plusieurs madones, le sacrifice d'Abraham, la Cène, un Christ mort, etc. Né à Florence 1488, il fut d'abord orfèvre, puis se mita la peinture et étudia surtout Masaccio et Michel Ange. Il fit un voyage en France à la cour de François 1er 1515-1518, et f 1530 de la peste à Florence, dans une position peu brillante. On cite ses fresques de saint Philippe, Jean Baptiste, la naissance de la Vierge, etc. Remarquable par le coloris, la distinction et la vie de ses figures.
SARTORIUS, Ern.-Guill.-Christian, né 10 mai 1797 à Darmstadt, prof, à Marbourg, en 1824 à Dorpat où il est nommé docteur en théol. et conseiller, en 1835 à KiJnigsberg, surintendant général et prédicateur de la cour, f 13 juin 1859. Un des plus fermes représentants de l'orthodoxie, il combattit le rationalisme en faisant ressortir ses affinités avec le catholicisme, ce qui lui attira plusieurs réponses. Il se montra aussi un fervent partisan de l'Union, donnant entre autres pour raison, que le luthéranisme étant déjà lui-même une transaction, une union, c'était à lui que l'union devait finalement aboutir. Outre de nombreux articles dans la Gazette évang. et dans d'autres journaux et revues, il a publié plusieurs ouvrages de dogmatique, de polémique et d'édification pure: l'Insuffisance du libre arbitre, Doctrine protestante sur les droits sacrés de l'autorité temporelle, la Religion dépassant les limites de la simple raison, la Personne et l'œuvre de Christ (contre Schleiermacher), trad. en plusieurs langues; la Doctrine du saint amour, des Méditations, Sermons, etc.
SATANIENS, parti de la secte des messa-liens, qui, exagérant sa doctrine des démons, allait jusqu'à rendre un culte à Satan, comme à un puissant ennemi qu'il fallait se concilier.
SATURNIN lo ou Satomilos, gnostique chrétien, qui vivait sous Adrien à Antioche de Syrie. Selon lui, le Dieu inconnu aurait créé diverses classes d'esprits, et au dernier rang les esprits des 7 planètes, à la tête desquels se trouve le Dieu des Juifs. Ils créent les mondes, et sur la terre, la plus belle de leurs œuvres, ils créent l'homme, encore sans Ame et que Dieu vivifie. Le mauvais principe, Satan, crée aussi des hommes où le mal domine; ils se marient, ils mangent de la viande, et finissent par séduire ceux en qui est l'étincelle divine. La différence est tranchée entre ces deux espèces. Dieu envoie des prophètes, mais Satan des faux prophètes.
Enfin Dieu envoie son éon, le noûs, l'esprit, ponr ramener à lni ceux qu'il avait créés. Ce noûs n'a qu'un corps apparent. Pour se préserver du mauvais principe, il faut éviter le mariage et les viandes.
2* Prêtre de Numidie qui, après l'apostasie de l'év. Fundan, se mit à la tête de la congrégation d'Abitine. L'église étant fermée, on se réunissait dans une maison particulière. Un dimanche, chez Octavius Félix, 49 personnes, parmi lesquelles Saturnin et ses 4 enfants, le sénateur Datif, et une jeune femme nommée Victoria, furent surprises, arrêtées, et conduites d'abord au tribunal, puis à Carthage où siégeait Annlin, le gouverneur de la province. On les soumit tous, sans distinction d'âge ou de sexe, aux plus horribles tortures pour les contraindre d'apostasier; mais ils ne dirent pas autre chose que: 0 Dieu, donne-nous la force de souffrir pour toi. Ceux qui survécurent à la torture furent mis à mort; c'était l'an 303, ou 304.
3° Italien du 3®* siècle, sacré èvêque par Fabien, qui l'envoya avec 6 autres missionnaires, également évêques, pour évangéliser les Gaules. Il se fixa & Toulouse, mais les prêtres païens le tirent saisir un jour de fête et le livrèrent à la fureur du taureau destiné à leurs sacrifices. Deux femmes chrétiennes relevèrent son cadavre et l'enterrèrent secrètement. Son successeur, l'évêque Hilaire le fit transporter dans une chapelle.
4<> Autre martyr de Carthage, qui fut, 302, livré à un léopard.
SAUMAISE, Claude (de), né 15 avril 1588 à Semur, fils d'un conseiller au parlement, Bénigne, fit ses premières études avec son père, et vint à Paris, 1604, puis à Heidelberg, 1606; il étudia la philosophie, la littérature, les langues anciennes, le droit, les sciences, la médecine, l'arabe, le caldéen, le persan, la copte, etc. 11 se fit recevoir avocat en 1610, mais n'accepta jamais une charge, qui l'aurait détourné de ses travaux scientifiques. Très lié avec Casaubon et Gruter. II avait embrassé le protestantisme, sous l'influence de sa mère, ce qui lui était en France toutes chances d'avenir, et le força de se rendre à l'étranger. Appelé à Padoue et à Bologne à la suite de remarquables études sur Pline et sur Solin, il refusa ces offres par égard pour son père qui avait besoin de son aide. Mais quand il se fut convaincu de la parfaite inutilité de ses efforts pour réussir dans son pays, il accepta une place de prof, à Leyde 1632. Sa réputation était universelle. Lors d'un séjour à Paris, Richelieu essaya de se l'attacher; il lui donna le titre de conseiller d'État et la croix de Saint-Michel, et voulut en faire son historiographe; mais Saumaise aima mieux retourner à Leyde, où par reconnaissance on éleva son traitement de moitié, le dispensant en outre de tout impôt. Il se laissa persuader par Charles II décrire l'apologie de son père et son livre Defensio regia pro Carolo ce qui lui attira, outre une vive réplique de Milton, des récriminations de la part des républicains hollandais. Mécontent, il accepta une invitation de Christine et partit pour la Suède 1650, mais il n'y trouva pas ce qu'il avait espéré, et il revint en Hollande l'année suivante. On lui écrivait que Leyde ne pouvait pas plus se passer de lui, que le monde du soleil. Souffrant de la goutte, il alla chercher du soulagement à Spa, mais il y f 3 sept. 1653. Il fut enterré à Maestricht. Il a laissé 80 ouvrages imprimés et 60 manuscrits. Les plus importants pour la théol. sont une étude sur la Primauté du pape, un traité sur les évêques et les prêtres, un sur la Transsubstantiation, etc. Il a écrit aussi sur la médecine, l'économie politique, l'histoire, les questions militaires, etc.
SAUMUR, ville de Maine-et-Loire, de 12 à 15 mille habitants; ancienne place forte; connue dans l'hist. ecclés. par son Académie protestante. Décrétée par le synode de Montpellier 1598, l'Académie fut placée à Saumur, parce que DuPlessis-Mornay s'y trouvait comme gouverneur; il en fut aussi le protecteur et veilla à la doter de professeurs capables et distingués. Elle ne fut ouverte qu'en 1604, mais déjà en 1607 elle comptait un bon nombre d'étudiants. Elle ne tarda cependant pas à devenir suspecte, à cause de la liberté d'allures de quelques-uns de ses maîtres, et si elle n'arriva pas jusqu'au rationalisme, elle le cotoya souvent, et les synodes eurent fréquemment à intervenir entre ses profeseurs et les églises. Cameron l'un des premiers donna au libre examen un développement et revendiqua pour la critique des droits que l'on ne reconnaissait pas encore. Amyraut 1633 àl664 attaqua le dogme de la prédestination et essaya de le remplacer par l'uni versaiisme hypothétique, ce qui lui valut, ainsi qu'à Tes-tard, une dénonciation en règle de P. Du Moulin, et de la part du synode d'Alençon 1637 une exhortation à être prudents dans le choix de leurs expressions. Josué de la Place, 1633 à 1665 attaquait la doctrine du péché original, admettant bien son hérédité, mais non son imputation; le synode de Charenton 1645 le condamna, mais plusieurs synodes provinciaux en appelèrent à un prochain synode et refusèrent de se soumettre à cette sentence. Louis Cappel 1614 à 1658, alla plus loin, et sous prétexte de points-voyelles et de variantes, il attaqua la doctrine de l'inspiration de la Bible et s'attira de vives répliques de Du Moulin, Spanheim père et fils, Samuel des Marets, André Rivet, et un désaveu des cantons évangéliques de la Suisse. Étienne Gaussen 1665 à 1675 ne jeta pas an grand lustre sur l'Académie. Pajon, successeur d'Amyraut 1665 à 1668 se fit accuser de pélagianisme et renonça à l'enseignement pour accepter les fonctions de pasteur à Orléans. Étienne de Brais f 24 juin 1679 à Saumur, est connu par un bon Comment, sur les Romains. Du Plessis-Mornay légua sa biblioth. à l'Académie, et cette bibliothèque s'enrichit successivement de beaucoup d'autres dons du même genre; elle fut remise à l'hospice de Saumur, quand l'Acad. fut supprimée, 8 janv. 1685. L'hospice la fit vendre et en tira 1550 livres.
SAUNDERS, Laurent, théologien anglais. Après avoir été élevé au collège d'Éton et fait de bonnes études à Cambridge, il fut nommé par Édouard VI pasteur k Lichfield, puis professeur de théologie. Mais Édouard VI mourut et Marie qui lui succéda était hostile à l'Évangile. Après un sermon sur 2 Cor. XI, 2-4, il fut mandé par son évêque qui le fit mettre en prison comme suspect de rébellion et d'hérésie. Il y languit quinze mois, pendant lesquels il écrivit de nombreuses lettres qui nous sont parvenues, à Cranmer, Ridley, Latimer, etc., et à sa femme. Le 4 février 1555 il fut dégradé par son évêque et livré au bras séculier. Il fut emmené sous bonne escorte à Coventry et brûlé 8 février.
SAURIN 1° Jacques, né à Nîmes 6 janv. 1677, fils d'un avocat de mérite. Chassée par la révocation de l'Édit de Nantes, la famille se réfugia k Genève. Jacques servit de 1694 à 1697 dans l'armée de Savoie, sous les ordres de lord Gal-loway, reçut un drapeau et fut nommé enseigne après une action d'éclat. Après le traité de Rys-wyk, 20 sept. 1697, il revint à Genève achever ses études de philos, et de théol., qu'il termina d'une manière brillante, sous Tronchin, Pictet, Léger et Alph. Turrettini. Son éloquence était déjà remarquée, et ses exercices homilétiques attiraient un public si nombreux à l'Auditoire, qu'il fallut bientôt les transporter à la cathédrale. Sa foi était ardente et communicative; il était plein de zèle pour l'Évangile et pour l'Église. En 1700 il se rendit en Hollande, puis à Londres, ob l'égl. wallonne l'appela comme pasteur; en 1703 il épousa Catherine Bouton; mais le climat de Londres leur étant contraire, il accepta 1705 une place qui fut créée exprès pour lui sous le nom de chaire des nobles, et qu'il occupa pendant 25 ans. f 30 déc. 1730. Ses dernières furent attristées par des attaques jalouses et qui ne furent pas toutes loyales. Il avait écrit un ouvrage sur l'État du christianisme en France, dans lequel il prenait successivement à partie les catholiques, les temporisateurs et les déistes. On lui reprocha sa modération comme une preuve d'indifférence;
ses manières distinguées, comme prétentieuses; on opposa à l'austérité de ses moeurs des anecdotes, vraies ou supposées, de sa jeunesse militaire; on lui reprocha des paroles, peut-être mal comprises, ou même peu réfléchies sur le mensonge officieux; enfin l'on fit condamner sa doctrine dans deux synodes. Des médiocrités envieuses envenimèrent ce qu'il pouvait y avoir de juste dans quelques-unes des critiques dont il était l'objet, et le chagrin qu'il en eut hâta sa fin. Sa réputation repose tout entière sur ses sermons; il en a publié 5 volumes; 7 ont été publiés après sa mort par son fils Philippe. Ce qui les distingue, c'est la netteté de la pensée, la clarté du plan, la logique des déductions, la rapidité de la phrase, parfois un peu de négligence et quelque chose de heurté dans le style. Ils sont plus polémiques et didactiques qu'édifiants; moraux plutôt que dogmatiques: l'onction fait souvent défaut. Il n'a rien de dé-clamateur. La grâce et la majesté de son débit ajoutaient encore à l'effet produit par sa vigoureuse argumentation. Son sermon sur l'Aumône, l'un des plus nobles et des plus touchants, remua tout son auditoire et valut aux pauvres d'abondantes moissons. Souvent réimpr. et trad. en diverses langues; v. Chenevière, Weiss. Ga-berel, Oosterzee, Berthault, Vinet. Outre ses Sermons, Saurin a aussi écrit des Discours historiques, critiques, etc., sur l'A. et le N. T., 2 vol. f°, 1720, continués par Roques et Beausobre; un catéchisme 1722, et un traité sur l'éducation des princes.
2° Philippe, son fils, éditeur des derniers volumes de son père, qu'il dédia à la reine d'Angleterre.
3° Élie, d'une autre famille, né 28 août 1639 à Usseau, Dauphiné; pasteur à Venterol, à Die, et finalement à Delft et à Utrecht ob il f 1703 le jour de Pâques. Connu surtout par ses attaques contre Jurieu, dont il combattit le calvinisme, et par une polémique oiseuse de plusieurs années. Son principal ouvrage est intitulé: Défense de la véritable doctrine de l'Égl. réf., Utrecht 1697, à la réfutation duquel Jurieu consacra 2 de ses écrits. Élie Saurin était un peu un théologien de transition, et il s'est quelquefois contredit lui-même sur les droits des souverains en matière de foi.
4° Joseph, frère du précédent; né 1659 à Courthéson, Orange, f 1737; pasteur en Suisse, quitta le pays sous prétexte de discussions religieuses, mais en réalité afin d'éviter une condamnation pour vol; se fit catholique entre les mains de Bossuet, reçut de Louis XIV une pension de 1500 livres, et cultiva avec succès les mathématiques. Il passa 6 mois en prison sur une fausse imputation de J.-B. Rousseau, et se vengea en intriguant à son tour contre son ennemi. — 5» Son fils Bernard-Joseph, né 1706 à Paris, f 1781, fat poète dramatique, auteur de Spartacus, et membre de l'Académie française 1761.
SAURINE, Jean-Pierre, né 1733 dans les B.-Pyrénées, curé, député aux États-généraux de 1789, prêta serment à la Constitution civile du clergé, et fut élu év. des Landes. Il assista aqp conciles de 1797 et 1801, mais s'opposa à l'introduction du décadi et à l'emploi du français dans l'administration des sacrements. Nommé év. de Strasbourg après le Concordat, grâce à Fonché. f 1813.
SAVOIE, v. Sardaigne. — Duc de Savoie, v. Amédée VIII.
SAVONABOLA, Jérôme(fra Girolamo), un des précurseurs de la Réformation. Né 21 sept. 1452 à Ferrare, d'une famille distinguée (son grand-père Michel avait une réputation comme médecin), il entra 1475 à Bologne dans la maison des dominicains, contre le gré de ses parents, et se mit à l'étude de la théologie; la Bible l'intéressa vivement, surtout les livres prophétiques. En 1488 il fut envoyé comme lecteur au couvent de Saint-Marc à Florence, dont il fut bientôt nommé prieur. Il avait été d'abord peu remarqué comme prédicateur, mais l'attention se porta sur lui en 1490, à Brescia, à l'occasion d'une suite de discours qu'il fit sur l'Apocalypse, dans lesquels, animé lui-même d'un enthousiasme prophétique il se montra le puissant orateur capable d'enflammer les foules. C'est en 1491 qu'il se révéla à Florence comme agitateur théocratique, toujours à propos de l'Apocalypse. II rattachait à l'idée de la repentance celle de la régénération politique de l'Italie et une protestation vigoureuse contre les excès de la papauté avilie par Alexandre VI. Il combattait en même temps les Médicis comme ennemis des libertés populaires, et leur humanisme trop raffiné, trop empreint du paganisme platonicien. Avec les allures d'un prophète il annonçait les jugements de Dieu et des temps meilleurs. Les événements semblèrent lui donner raison. Les Français faisaient une de leurs guerres d'Italie. Profitant de l'arrivée de Charles VIII, les Florentins se soulevèrent et chassèrent les Médicis, 1494. Savonarole devint l'idole du peuple, dictateur théocratique, gouvernant la république et l'organisant sur des bases toutes religieuses; les Florentins fanatisés lui permirent tout: il supprima les spectacles, des hommes par centaines entrèrent dans les couvents, l'ascétisme fut à la mode; il fit mettre à mort des conspirateurs qui travaillaient au retour des Médicis. Il demandait la communion sous les deux espèces, condamnait le trafic des indulgences, flagellait les dérèglements du clergé, dénonçait les débordements de la cour de Rome, niait la suprématie du pape, et fit si bien qu'Alexandre VI, après l'avoir en vain flatté par l'appât du chapeau rouge, finit par l'anathématiser 1497 et le somma de se rendre à Rome. Mais déjà l'étoile du réformateur baissait. Les ordres rivaux se liguaient contre lui par jalousie; les franciscains se montraient particulièrement hostiles. Charles Vffl avait dtt rentrer précipitamment en France. La peste et la famine avaient jeté le trouble dans les esprits; on reprochait à Savonarole de n'avoir pu conjurer ces fléaux. Les princes italiens, dont la république florentine menaçait les états, se groupaient autour du pape. Savonarola s'adressa aux souverains de l'Europe pour demander la convocation d'un concile universel. Mais il avait trop tendu la corde. Il commit la faute d'en appeler au Jugement de Dieu, c.-à-dire à l'épreuve du feu, et surtout de reculer au dernier moment et de se faire remplacer par un de ses disciples, Dominique de Pescia. Comme on ne put s'entendre sur certaines formalités et que l'on disputait encore pendant que les bûchers brûlaient déjà, l'épreuve n'eut pas lieu, mais l'incident ne tourna pas en faveur du fr. Jérôme. Aussi la Seigneurie reprit courage, et le jour suivant elle le fit arrêter, ainsi que deux autres dominicains de ses amis, Sylvestre Marussi et Dominique, et après leur avoir fait souffrir d'horribles tortures, elle les fit périr par le bûcher 23 mai 1498. Une version de source douteuse, prétend que Jérôme laissa échapper dans la torture une espèce de rétractation, qui lui valut d'être étranglé avant d'être brûlé; la chose n'est pas prouvée et ne prouverait rien. Leurs cendrés furent jetées dans l'Ar-no. Alexandre VI avait dit de lui: Et quand ce serait Jean-Baptiste, il faut qu'il périsse. Savonarola écrivit dans sa prison une méditation sur le Ps. 51, que Luther réimprima 1523. Il a laissé divers autres écrits, entre autres le Triomphe de la Croix 1497, et un abrégé de la Révélation 1495; mais c'est dans ses sermons surtout qu'il faut étudier son éloquence, son patriotisme et sa piété. Il alla si loin dans ses essais de réforme, qu'il fit brûler les écrits de Dante, Boccace et Pétrarque; mais, quoiqu'il prêchât la justification par la foi, il n'attaqua jamais de front la doctrine romaine, ce qui explique son insuccès. Vie, par Pic de la Miran-dole, v. Meier, Hase, Guicciardini, Cantu, Per-rens, Paul, etc.
SAWTRE, William, prêtre de Londres, condamné, 140Ô, à périr dans les plus affreux tourments, pour avoir recommandé la lecture de la Bible en langue vulgaire. C'est l'archev. Arundel qui organisa la persécution.
SAXE, et Saxons, ensemble de populations nombreuses et féroces qui, sans frontières bien déterminées, occupaient les contrées situées entre l'Elbe, le Weser et le Rhin, c.-à*I. le N. 0. de l'Allemagne actuelle. Pendant que les femmes s'occupaient du ménage, de la culture des champs et de l'élève du bétail, les hommes s'adonnaient à la piraterie et s'emparaient des contrées àieur convenance. Ils avaient conquis sur les Jutes la presqu'île qui a conservé le nom de Jutland. En Angleterre vers 473 ils avaient formé le royaume de Kent, vers 477 le Sussex (Sud-Sax), en 519 le Wessex, en 530 l'Essex, puis le Northumberland, l'Estanglie, enfin la Mercie 586, en un mot l'heptarchie anglo-saxonne, qui finit par donner au pays le nom de ses envahisseurs, England, la terre des Angles. Ils s'y trouvaient bien, mais ils espéraient se trouver encore mieux dans la Gaule, dont ils avaient plus d'une fois visité et ravagé les côtes. Le succès ne répondit pas à leur attente, Clotaire II leur imposa un tribut, et comme ils se révoltèrent plusieurs fois, Charlemagne résolut de les mettre à la raison, et il lui fallut pour cela 9 campagnes successives, 772-795; il leur prit des ôtages et finit par les dompter et les convertir de force au christianisme, en leur offrant le choix entre le baptême et la mort; près de 4,500 furent décapités, dit-on. parce qu'ils refusèrent d'abjurer le culte des faux dieux, tristes exécutions que ne justifient ni les préjugés de l'époque, ni les nécessités de la guerre, mais qui s'expliquent par l'irritation que causaient au vainqueur des résistances inattendues, et surtout la violation de la foi jurée. D'ailleurs si le conquérant imposait l'Évangile par les armes et la terreur, les missionnaires l'avaient depuis longtemps préché en risquant leur propre vie; ainsi Willibrod, Grégoire, Liafwin, Lulle, Sturm, Marcellin, Wille-had, Liudger, etc. Définitivement vaincus, Wit-tikind et Albion se firent baptiser à Attigny 785, et renoncèrent aux dieux qui les avaient les premiers abandonnés. Le conquérant, pour consolider son ouvrage, fonda plusieurs évêchés, Mimigerneford (Munster) et OsnabrUck en West-phalie; puis Paderborn, Verden, Minden, Brème qui devint le plus important du nord; les dates ne peuvent être précisées exactement. Ces évêchés ne furent d'abord que des prises de possession, bien plus que des paroisses ou des diocèses, mais é'étaient des points de repère et des appuis. En même temps Charlemagne veillait à ce que le clergé fût instruit, moral, actif, pourvu de liturgies et de livres, et il établit pour cette nouvelle Église de Saxe des Capitulaires particuliers d'une rigueur qui ne se comprend pas de nos jours et que les circonstances de l'époque peuvent seules expliquer. Ainsi il y avait peine de mort pour ceux qui après leur baptême continuaient de pratiquer en secret le paganisme, contre ceux qui mangeraient de la viande en carême, qui croiraient aux sorciers, etc. Sous Louis-le-Déb. on peut dire que la Saxe est sinon gagnée, du moins soumise, et l'on voit apparaître successivement les ôvé-chés de Hildesheim, Halberstadt et Hambourg, avec de nombreux couvents, parmi lesquels brille surtout celui de Corbie. Alcuin avait combattu les mesures trop rigoureuses prises par son maître contre les nouveaux couverts, et il s'exprime en termes très élogieux au sujet du renfort que les troupes fraîches des Saxons apportent à l'œuvre des missions; il vante ces optimi christianty et la suite a prouvé qu'il n'avait pas tort. — La Saxe de l'époque carlo-vingienne, celle de Wittikind, finit cependant par avoir des frontières déterminées, et elle comprit entre autres la Westphalie et la Thu-ringe, puis la Bavière; mais les fluctuations de la politique amenèrent de fréquents changements sous les empereurs, notamment sous les deux Henri, le Superbe et le Lion, et sous Othon Ier, et le christianisme fit des progrès dans toutes ces contrées, grâce au zèle surtout des cisterciens. Le royaume de Saxe actuel date de 1423; Sigismond conféra à la maison de Misnie la dignité électorale qui en 1564 passa à la branche ernestine, l'aînée, mais fut transférée par Ch.-Quint à la branche albertine, la cadette, 1547, qui était hostile à la Réformation. La branche aînée eut pour principal représentant Fréd.-le-Sage, puis Fréd.-le-Magnanime. Quoique chef de la branche cadette, Maurice de Saxe resta protestant et maintint les droits do parti évangélique. Le pays eut beaucoup à souffrir pendant la guerre de Trente ans, par les indécisions de ses princes qui furent tour à toor les amis et les ennemis de la Suède, et le morcellement du duché entre les diverses branches ne fit que s'accroître, en même temps que les petites luttes religieuses ajoutèrent à son malaise intérieur. Au 18"" siècle le rationalisme acheva ce travail de décomposition, que Rein-hardt constata d'une façon éclatante en 1800 dans le sermon courageux par lequel il demandait une nouvelle réforme sur la base de la justification par la foi. Les luthériens rigides étaient les seuls maîtres de la place; en 1806 la tolérance fut accordée aux catholiques, en 1811 aux réformés. La grande majorité du pays est protestante» avec 77 surintendants et 2833 églises. La cour est catholique. C'est en Saxe qu'a pris naissance 1832 la Société de Gustave-Adolphe. On y trouve une société des missions, luthérienne, fondée à Dresde 1836, transférée! Leipzig 1848; deux communautés réformées, Dresde et Leipzig, et 2 importantes stations moraves, Herrnhut et Berthelsdorf. L'Égl. catholique est régie par un vicaire apostolique, et par un consistoire dont les membres sont eboi-sis par lui, mais confirmés par le roi; ses décisions sont subordonnées au placet; pour les curés il faut qu'ils soient allemands et non affilés aux jésuites, les ordres religieux ne sont pas autorisés, sauf deux couvents de cisterciennes à Marienthal et Marienstern; le nombre des paroisses est de 20, avec environ 40,000 âmes. Égl. decathol. vieux-allemands à Dresde, Leipzig et Zwickau; égl. cathol. grecque à Leipzig.
SAXON 1° poète du temps de l'emp. Arnulph, lin du 9ra« siècle, ecclésiastique, peut-être moine du couvent de Lamspringa; auteur d'un poème histor. en 5 livres. De Gestie Caroli Magni, sans grande valeur comme histoire parce qu'il relève partout d'Eginhard.
2° Annaliste, clerc ou moine, des diocèses de Magdebourg ou d'Halberstadt, du milieu du 12me siècle, auteur d'Annales sur la Saxe de 741 à 1139, compilées de sources inconnues.
3° S. le Grammairien, ou le Long, né en Seelandd'une famille distinguée, doyen de Roes-kilde, secrétaire de l'archev. de Lund, Axel ou Absalon, qui l'envoya 1161 en mission à Paris. Auteur d'une hist. du Danemark, intitulée Da-norum regum heroumque historia, a Saxone Grammatico, en 16 livres, dont les 9 premiers sont formés de traditions populaires, chants de Scaldes, sagas islandaises, inscriptions runi-ques réclamant les soins de la critique, et les 7 autres d'une valeur historique non contestée; impr. Paris 1514 par Chr. Peterson, in-fol.; Copenhague 1839-1858, 3 vol. par Muller et Velchow; trad. en danois, f 1204 à Roeskild.
SAYOUS, Pierre-André, né 1808 à Genève, éditeur et auteur d'un grand nombre d'ouvrages: voyages dans les Alpes de De Saussure, Etude sur Calvin, id. sur les écrivains français de la Réformation 1841, Hist. de la littér. franç. à l'étranger du 17me siècle 1853, et au 18™ 1861; Conseils à une mère, Principes de littérature, etc. Prof, de belles-lettres à Genève et successeur de TôpiTer n 1846, il fut destitué 1848 par le gouv. radical. Il se fixa à Paris, et depuis 1857 fut nommé sous-directeur pour les cultes non catholiques, jusqu'à sa + 1870. Esprit bienveillant, conciliant et modéré. Son fils Edouard-Auguste est prof. àMontauban.
SCALIGER lo Jul.-César, né 1484 à Padoue, Vérone ou Venise, fils d'un peintre, Benoit Bordoni, et prétendant descendre de la noble famille délia Scala, dont il prit le nom qu'il a illustré. Il vint en France comme médecin de La Rovère, év. d'Agen, et se fit par sa science une réputation justement méritée; il brilla surtout comme grammairien, et eut de vives disputes avec Erasme sur la latinité de Cicéron. t1558.
2® Son fils Joseph-Juste, né 4 août 1540 à Agen, fit ses études à Bordeaux, puis sous la direction de son père. Après la mort de celui-ci il vint à Paris, accepta une place de précepteur dans une famille noble des environs de Tours, parcourut la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Écosse. U se convertit au protestantisme, fut nommé prof, de belles-lettres à Leyde en remplacement de Juste-Lipse 1593, et f 21 janv. 1609 d'hydro-pisie. Considéré par ses contemporains comme un prodige de science, il comprenait 13 langues et possédait en outre les mathématiques, la philos., le droit, la théol. el l'histoire. Malheureusement il était vaniteux et orgueilleux comme son père, et il publia vers la fin de sa vie une lettre sur l'antiquité de sa famille, qu'il faisait remonter aux rois alains. De ses nombreux écrits les meilleurs sont ceux qui touchent à la théologie, notamment en ce qui regarde les questions chronologiques; il a publié De emen-datione temporum, et Thésaurus temporum, 2 livres qui font époque, ainsi que son De re numismaria, où il fait ressortir l'importance des monnaies pour les déterminations chronologiques. Sa correspondance avec les Samaritains est également intéressante, en ce qu'il est le premier qui ait attiré de nouveau l'attention sur ce petit peuple; 2 réponses qu'il reçut, du Caire et de Sichem,sont conservées à la biblioth. de Paris, après avoir été trad. en latin par le p. Morin.
SCANDINAVIE, nom général sous lequel on désignait au moyen âge la Suède et la Norwège, parfois même le Danemark, sans qu'il y eût cependant un État de ce nom. Il y avait une province de Scandie. Les Scandinaves paraissent être venus d'Asie un siècle av. C., sous la conduite d'Odin. Parmi les versions de la Bible dites scandinaves, on remarque surtout celle d'Ulphilas, q. v., une traduction partielle en danois 1470, et la version suédoise des fr. Peterson 1526 et 1541, revue dès lors plusieurs fois. La version danoise a longtemps servi pour la Norwège, qui cependant a maintenant sa version propre. L'Islande a eu dès 1540 le N. T. et en 1584 toute la Bible, revisée 1644 par Thorlacius Sculonius.
SCAPULAIRE, bande d'étoffe à l'usage des moines; elle pend par devant et par derrière, du cou aux genoux pour les frères lais, jusqu'aux pieds pour les moines. Les bénédictins le connaissaient déjà, mais ce sont les carmes qui lui ont donné sa véritable importance, en particulier Simon Stock, leur général f 1265, qui dit l'avoir reçu de Marie, avec la promesse que ceux qui le porteraient n'iraient pas en purgatoire, la Vierge venant tous les samedi soir pour les en délivrer. En réalité le scapulaire des carmes date de 1287, et la légende est du 15®« siècle; mais Jean XXII l'a recommandée, et Benoît XIV l'a déclarée digne de foi.
SCEPTICISME, tournure d'esprit qui, suivant l'usage qu'on en fait, peut avoir quelque chose de maladif ou de ridicule. Ce n'est pas seulement l'esprit de recherche, ou la résolution de n'admettre comme vrai que ce qui est absolument prouvé et démontré; c'est une disposition à douter même de la valeur des preuves et de l'exactitude des conclusions. C'est le doute érigé en dogme et en système, une manie qui réduit à néant toutes les démonstrations. Pyrrhon, Timon, Aenésidème, chez les anciens, sont les représentants de cette tendance, qui est plutôt une pose qu'un système proprement dit; chez les modernes on doit citer Montaigne avec son: Que sais-je? et Bayle. Le scepticisme se développe surtout à la suite de crises philosophiques ou religieuses, dans lesquelles le pour et le contre ont été exposés avec une égale autorité et défendus par des arguments également forts. Dans ces cas on comprend le doute. Mais l'homme qui aime la vérité finit toujours par y arriver. Il se décidera peut-être dans un sens ou dans l'autre, successivement ou alternativement; mais il ne s'arrêtera pas dans les marécages du scepticisme. En admettant que les raisons pèsent d'un poids égal dans la balance de son intelligence, le besoin d'une solution l'emportera sur les hésitations de l'esprit, et sa volonté tranchera la question, quitte à se décider autrement sous des impressions nouvelles. Le scepticisme est ainsi favorable aux recherches et par conséquent au progrès, mais il trahit de la faiblesse et n'est pas capable de faire des hommes.
SCHABBATHÉENS, v. Sabbathaï.
SCHADE 1» Pierre, né 1493 à Proteg sur la Moselle, d'où il a pris le nom de Mosellanut sous lequel il est le plus connu, était un des plus savants hommes de son temps et fut, comme humaniste, très lié avec Érasme et avec les chefs de la Réforme. Il professa le grec et le latin à Freiberg 1515 et à Leipzig 1517. A la demande du duc Georges, il ouvrit la dispute de Leipzig 1518 par un discours: De ratione dùputandi, prœsertim in re théologien, f 1524.
2° Georges, né 8 mai 1711 à Apenrade, déiste, croyait à la métempsycose et à l'âme des bêtes. Il fonda 1751 à Altona une société de culture scientifique et morale, qui dura peu; fut banni dans l'île de Christiansoe pour un livre 1760 sur la religion naturelle, gracié 1770, 110 avril 1795 à Kiel.
3° Jean-Gaspard, né 1666 à Ktthndorf, étudia 1685 à Leipzig, où il subit la bonne influence de Francke. Il fut nommé diacre à Berlin 1690 et s'y trouva en même temps que Spener, mais il se brouilla avec lui à l'occasion de la confession. Tous deux voulaient le réveil de l'Église, et ils y travaillaient par un enseignement soigné de la jeunesse, mais Schade allait plus loin que son ami, et il appela en chaire la confession le siège de Satan, f 25juin. 1698. La populace troubla ses funérailles an point que la police dut intervenir.
SCHAFF, Phil., nél janv. 1819 à Coire, étudia k Tubingue sous Baur et Borner,** Halle sont Mu lier et Tholuck, qui furent ses amis; enseigna à Berlin, fin de 1842; fut, sur la recommandation de Neander, nommé prof, dlrisL ecclés. à Mercersbourg, Pensylvanie, 1844 à 1865, et s'établit dès lors à New-York. Docteur en théol. de l'université de Berlin, il est uo des principaux agents de l'Alliance évang. et a fait de fréquents voyages en Europe. Auteur de nombreux ouvrages de théol. histor., dogm. et pratique. Il est en outre le président du Comité de revision de la Bible et a réussi à amener une entente entre le Comité américain et celui de Londres.
SCHALL, Jean-Adam, jésuite, né 1591 à Cologne où il fut élevé, étudia au Collège germanique à Rome et s'y distingua tellement que Maximilien de Bavière, après l'avoir comblé de présents, l'envoya comme missionnaire eo Chine. Il y arriva 1628, et ne tarda pas à se faire bienvenir de la cour impériale. Il fut chargé de la rédaction du calendrier, prof, de mathémathiques, mandarin et premier ministre. Il se fit même relever de ses vœux par l'empereur Chunt-chi, et épousa une belle femme qui lui donna deux fils. Il avait obtenu de prêcher l'Évangile, mais c'était une doctrine tellement défigurée et accommodée à la religion chinoise, que les 300,000 prosélytes qu'il s'attribue et dont après sa mort il ne restait plus un seul, ne peuvent évidemment pas être pris au sérieux. Après la mort de Chunt-chi, il tomba en disgrâce, et fut même emprisonné 1664 avec d'autres missionnnires et plusieurs Chinois convertis. Kang-hi étant monté sur le trône à sa majorité 1667, il fit rel&cher les prisonniers, mais Schall était f le 15 août 1666, à la suite des mauvais traitements qu'on lai avait fait subir, v. le Tagebuch du professenr Friedrich.
SCHAMMAI, v. Hillel.
SCHEFFER, Ary, né 10 févr. 1795 à Dor-drecht, de parents juifs, étudia la peinture à Paris sous Guérin, mais se fit son genre i loi, poétique, romantique, idéal, brillant de coloris plus que de dessin, avec un ascétisme maladif dans les figures, mais plein d'élévation. Il eut pour élève Marie d'Orléans. Beau-père de M. Renan. Ses tableaux ont presque tous un caractère religieux: Le Christ consolateur, Augustin et Monique, Christ en Geth&émané, les Femmes revenant du Sépulcre, la Tentation, Ruth et Noémi, etc. Il a écrit une Hist. de la peinture. Il avait embrassé le protestantisme, f 5 juin 1858.
SCHEFFLER, Jean, surnommé le SUmen, né 1624 à Breslau, d'une noble famille polonaise luthérienne, étudia la médecine à Strasbourg et fut reçu docteur à Padoue 9 juill. 1648. En 1649 il fut nommé médecin du duc Sylvius de Wurtemberg-Oels, et donna libre carrière à son penchant pour la mystique, dont le germe s'était déjà développé chez lui en Hollande. La protection d'un gentilhomme silésien, Frankenberg, le servit quelque temps contre les intrigues du clergé de la cour, qu'il s'était aliéné, mais après la mort de son protecteur il perdit sa place, et passa le 12 juin 1653 à l'Église catholique, en prenant le nom d'Angélus, en l'honneur du mystique espagnol Jean ab An-gelis dont il avait subi l'influence. L'emp. Ferdinand III en fit son médecin, ce qui accrédita le bruit que sa conversion aurait eu l'intérét pour mobile, mais il est plus probable, et ses écrits postérieurs semblent l'établir, qu'il faut l'attribuer aux mauvais rapports qu'il avait eus avec le cercle luthérien de sou entourage. Le riche symbolisme du culte romain devait aussi plaire davantage à son tempérament que le culte sec et trop intellectuel d'une Église orthodoxe sans vie. Il se fit ordonner prêtre, s'attacha au diocèse de Breslau, résida dans le couvent des jésuites, et f de consomption 9 juill. 1677. Ses dernières années furent remplies d'une polémique grossière, digne d'un autre âge, et qui ne saurait lui être imputée entièrement; les cathol. eux mêmes le blâmèrent, ce qui le décida à ne publier la suite que sous le voile de l'anonyme ou d'un pseudonyme. Bien supérieurs sont ses premiers écrits, et en particulier ses poésies où, malgré quelques écarts panthéistes, on admire à côté d'une foi profonde au Sauveur, un sentiment et un style dignes des meilleurs maîtres. Plusieurs de ses cantiques figurent dans la plupart des recueils protestants, entr'autres: Liebe, die du mich zum Bilde, etc.
SGHEIBEL, Jean-Gottfried, un des représentants les plus décidés du vieux luthéranisme, respectable et pieux, pasteur et prof, d'hist. ecclés. à Breslau, refusa 1830 de souscrire à la formule d'union et fut suspendu; 2 à 300 familles se groupèrent autour de lui, Que les tracasseries de la police décidèrent presque toutes à émigrer, la plupart en Australie. Le gouvernement finit par les laisser tranquilles. Né à Breslau 16 sept. 1783, Scheibel f 21 mars 1843 à Nuremberg.
SCHELHORN lo Jean-Georges, bibliographe distingué, docteur en théol., pasteur, surintendant, corecteur de l'Académie, né 8 déc. 1694 à Memmingen, f 31 mars 1773; auteur de plusieurs mélanges (,Amœnitates) littéraires et d'hist. ecclés.; Francfort et Leipzig, 1724-1737, notices biograph. etc. — 2o Jean-Georges, son fils, né 4 déc. 1733 à Memmingen, f 18 nov» 1802, élève de Gœttingue, occupa différents postes comme pasteur, et finit par revenir dans sa ville natale comme aide de son père, bibliothécaire et surintendant; auteur de plusieurs dissertations et notices historiques.
SCHELLING, Fréd.-Guill.-Joseph (de), né 27 janv. 1775 à Léonberg, Wurtemberg, étudia la théol. à Tubingue, où il se lia avec Hegel. Un travail sur Genèse 3, puis en 1793 une étude sur les mythes et les systèmes philos, de l'ancien monde, et en 1795 un écrit sur le moi comme principe absolu des connaissances humaines, révélèrent en lui un penseur de premier ordre. Il accompagna les jettnes barons de Riedesel à Leipzig, où il s'occupa surtout des sciences naturelles. En 1798 il vint à Iéna, et en 1803 il remplaça Fichte comme professeur. En 1804 il passa à Wurzbourg, en 1807 à Munich, fut nommé secrétaire général de la Soc. royale des Beaux-Arts, et reçut les titres de noblesse. C'est l'époque de sa plus grande activité littéraire. Il en est encore à l'idéalisme subjectif, et jette les bases de ce qu'il appelle la philos, de la nature. A partir de 1808 il se rapproche du théisme en philosophie, reconnaît à la religion une place qu'il avait donnée à l'idéal esthétique et à l'art, et n'est pas éloigné de s'attacher au christianisme. Il subit l'influence mystique du néo-platonisme, de Baader et de Bœhme. De 1813 à 1854 il ne publie presque rien; il professe à Erlangen, puis à Landshut, et revient à Munich. Sa réputation va grandissant, on reconnaît en lui l'ami, l'émule des Schlegel, de Goethe, de Schiller, et ceux qui regrettent l'influence dissolvante exercée par la dialectique de Hegel sur la conscience chrétienne, comptent sur Schelling pour la neutraliser et le font appeler à Berlin 1841, où il est accueilli avec enthousiasme. Mais s'il prit d'abord position contre Hegel, on s'aperçut bientôt qu'on avait trop attendu de lui, et l'on se refroidit à son égard. Son influence n'en fut pas moins grande et salutaire, et lui-même se vit amené à retravailler son système et à lui donner la dernière main. Il s'en occupait en 1854, quand la mort le surprit à Ragatz, comme il allait prendre les bains de Pfeffers. Son fils Ch.-Fréd.-Augustin, pasteur en Wurtemberg, a publié en 14 vol. 1856-61 ses œuvres compl., y compris le résumé de son système, donné sous la forme de conférences. Après avoir commencé par l'idéalisme subjectif, Sch. reconnaît que IVtre réel n'est pas dans le Moi seulement, mais aussi dans le Non-moi, dans l'univers, dans les choses; et il pose en principe que pour renfermer une unité générale, l'univers doit dans son ensemble et dans chacune de ses parties, présenter une répétition des mêmes lois et des mêmes phénomènes; chaque partie doit être un univers en miniature, base qui, appliquée aux sciences naturelles, risque de favoriser bien des rêveries et mène à l'âme du monde et à la vie de la planète analogue à celle de la plante. De plus, pour que l'unité subsiste et soit réelle, il faut qu'il y ait parallélisme, c.-à-d. dualité, polarité, pôle positif et pâle négatif. Cette dualité il la retrouve partout dans l'application, le moi et le non-moi, la vie et la mort, la lumière et les ténèbres. Mais il avait le sentiment de quelque chose d'incomplet dans son système, et c'est à cela qu'il faut attribuer les longues années de recueillement et de réflexion qu'il s'imposa. Son fraité de la Liberté humaine 1809 pouvait le satisfaire au point de vue de la logique, mais il prouvait aussi que, pour atteindre à la véritable connaissance des choses, la logique seule ne suffit pas; il faut les avoir éprouvées, expérimentées; il étudie alors et montre, soit dans la révélation, soit dans les pressentiments de tous les peuples, le développement et l'action de cet esprit qui traverse l'histoire de l'humanité, et il conclut en montrant que le christianisme est la vérité absolue de l'esprit. Avec Schleiermacher il comprend que le christianisme n'est pas une théorie qui relève de la pensée, mais un fait, une histoire. Schellingest peut-être le premier philosophe des temps modernes qui ait pris à cœur de donner à la religion une place sérieuse dans la philosophie, et sous ce rapport il a fait école. — Éloge par Mi-gnet; Ch. Secretan, Philos, de la liberté.
SCHENKEL, Daniel, né 21 déc. 1813 à Dô-gerlin, Zurich, étudia à Bâle sous De Wette, à Gœttingue sous Ltlcke et Gieseler. Après un court ministère à Schaffhouse, il fut nommé prof- de théologie à Bâle 1849, et à Heidelberg 1851. Il prit part à toutes les luttes et discussions qui éclatèrent depuis cette époque; il écrivit contre Strauss, contre Hurler, contre le catholicisme, puis à l'occasion du mouvement cathol.-allemand. On a de lui plusieurs ouvrages de controverse, des sermons sur le principe du protestantisme, des plaidoyers en faveur de l'Union, une dogmatique, une apologie « Pour Bunsen contre Stahl. » Il occupait théologique-ment une position de juste-milieu; mais en penchant d'année en année vers le libéralisme de gauche. Depuis 1863, par sa Caractéristique de Jésus, il a passé complètement dans les rangs de la théol. moderne, et sa défection lui a aliéné bien des sympathies. Une grande partie du clergé badois a demandé que la direction du séminaire lui fût retirée, mais le gouvernement l'a maintenu et soutenu par arrêté du 17 août 1864. Il a rédigé de 1852 à 1859 VAUgem. Kir-chenzeitung, et publ. des Commentaires, des notices biographiques, un Dict. de la Bible, etr
SCHENKENDORF, Gottlob-Ferd.-Max <de». né H déc. 1783 à Tilsit, fils d'un officier, étudia les chartes à KOnigsberg, où il s'établit quelque temps comme référendaire. Ses sentiments religieux se développèrent dans un milieu qui, jusqu'à Pétersbourg, lui offrait une chaîne non interrompue de notabilités pleine* d'une foi vivante, depuis Elise de Recke et M™ de Krudener jusqu'à l'emp. Alexandre, n forma à la littérature sous la direction de No-valis, fut l'ami de Jung Stilling, fit les guerres d'indépendance et f 11 déc. 1817 à Coblence, conseiller d'État. Auteur de poésies chrétiennes, et de chants patriotiques très populaires.
SCHINNER, ou Skinner, Matthieu, né 1470 à Mtlhlibach, haut Valais, de parents pauvres, s'éleva par ses talents et son travail, devint chanoine, prêtre, coadjuteur, administrateur et enfin évêque de Sion. Nul comme théologien, son rôle a été grand comme patriote et comme politique. A plusieurs reprises il demande à U diète des troupes pour aider à chasser les Français d'Italie; deux fois il fait repasser les montagnes à Louis Xn, et il assiste en personne i la bataille de Marignan. Jules II le nomme cardinal, et légat du saint-siège partout où il ira. Deux fois le pape l'envoie à Londres pour négocier. Au 5®« conc. de Latran, il est chargé de préparer les bases d'une réforme de la curie romaine. La paix de 1516 met fin à son activité. Léon X lui-même l'abandonne. Il a cependant deux consolations avant de mourir: l'élection anti-française d'Adrien III, et l'écher de François I** à la Bicoque, f 30 sept. 15Î2 à Rome.
SCHISME (du grec tchizô, déchirer), division, séparation ecclésiastique motivée par des divergences de discipline, de forme ou d'organisation, ou même par des divergences sur des articles de foi d'une importance secondaire. Il y a hérésie quand la séparation a pour objet un dogme fondamental et une altération notable de la doctrine chrétienne. Quand les deux partis sont également forts, ils se traitent réciproquement de schismatiques, mais en cas d'inégalité bien constatée, c'est au plus faible que ce nom est réservé. Les principaux schisme* dont parle l'histoire, sont ceux de Félicissimu* à Carthage, de Nova tien à Rome, de Meletius a Alexandrie, d'Ursin à Rome, de Donatus à Carthage; des johannites, à l'occasion de Chryso*-tôme persécuté; le nestorianisme, le monophy-sitisme, celui des Trois chapitres, le monothé-létisme, celui de Ravenne. Mais ils durèrent peu, ou n'eurent pas d'importance. Le plus considérable est celui qui sépara l'Église d'Occident <le celle d'Orient, provoqué par Photius 862, et consommé par Cérularius 1053. L'Égl. d'Orient eut à son tour son schisme en Arsenius, et l'Égl. latine les siens dans les anglicans, les jansénistes, les vieux-catholiques, sans parler de la grande rupture du 16®« siècle. On compte également parmi les schismes les divisions momentanées qui survinrent à diverses reprises dans le gouvernement même de l'Église et qui amenèrent sur le trône pontifical, soit à Rome, soit à Avignon, deux ou trois pontifes rivaux, chacun ayant ses adhérents, depuis Corneille luttant contre Novatien 251, jusqu'à Eugène IV et Félix V, 1439, ce régime de rivalités ayant sévi surtout du 10m« au lime siècle.
SCHLEIERMACHER, Fréd. - Daniel - Ernest, né 21 nov. 1763 à Breslau, était fils d'un pasteur réformé, dont le père avait été compromis dans l'affaire des Inspirés de Ronsdorf. Sa mère, une StuJbenrauch, appartenait à une famille de réfugiés de Salzbourg. Le père de Schl., après avoir un moment penché vers la secte de Ronsdorf, passa au rationalisme, et finalement aux Moraves. L'enfant, maladif, étudia d'abord à Breslau et à Pless, et fut placé ensuite dans les écoles des Frères, à Niesky et à Barby, dont il subit toute sa vie l'influence religieuse Mais il avait soif de science, il ne voulait rien recevoir en aveugle, et il finit par obtenir de son père d'être envoyé à Halle, chez son oncle Stuben-rauch, prof, de théol.; il y entendit aussi Sem-ler, et s'appliqua à l'étude de la philosophie. Il passa 2 ou 3 ans chez le comte de Dohna comme précepteur, mais le quitta en 1793 pour des raisons politiques et religieuses, et après quelques suffragances passagères il fut nommé, sur la recommandation de Sack, prédicateur à la Charité de Berlin. Il préparait soigneusement ses sermons, mais il en réservait les développements pour la chaire et pour l'inspiration du moment. Un écrit, d'abord anonyme, qu'il publia en 1799 sur La Religion, Appel aux hommes cultivés, eut un grand retentissement et rencontra aussi une vive opposition. Gœthe le trouvait trop religieux; les rationalistes y virent un attentat à la raison, les orthodoxes une attaque dirigée contre le christianisme positif. Dans ses Monologues 1800, Schl. insiste sur le devoir de chacun de faire usage de sa liberté en matière religieuse, et de s'affranchir de toute influence extérieure et traditionnelle. Ses Lettres sur la Lucinde de Schlegel, trop louangeuses et dictées par son affection pour l'auteur, donnèrent lieu à d'amères critiques. Elles coïncidaient avec le temps de sa malheureuse passion pour Mme Éléonore Grunow, la femme d'un des pasteurs de Berlin; cet épisode de sa vie allait aboutir à un mariage par suite du divorce demandé, mais au dernier moment. Mme Grunow saisie de remords, se décida à rester avec son peu recommandable époux; ce fut pour Schl. un coup terrible. Il accepta 1804 une vocation à Halle, comme prof, de philos, et prédicateur de l'université, et chercha dans un écrit sur les Fêtes de Noël, à concilier les diverses tendances théologiques, tout en restant dans sa Christologie sur le terrain du christianisme positif. L'université ayant été fermé* par Napoléon, il revint à Berlin 1807, et travailla avec Humboldt à y fonder une académie, qui s'ouvrit en effet en 1810, et qui le compta parmi ses premiers professeurs. Nommé aussi pasteur de l'Égl. de la Trinité, il répondit aux aspirations patriotiques de la nation, en cherchant avec Stein, Humboldt et d'autres à relever la Prusse. Il avait épousé en 1809 la veuve de son vieil ami De Willich, née Henriette de Mtthlenfels, qui avait déjà 2 enfants, et qui lui donna 3 filles et un fils (Nathanael 1820f 1829). Employé au ministère des cultes, et rédacteur du Correspondant prussien, son patriotisme même le rendit suspect et gênant quand la paix fut rétablie, et le gouvernement qui avait hésité à le confirmer comme secrétaire de l'Académie, lui retira ses fonctions au département des cultes. Membre de la Commission liturgique 1814 1816, il chercha à faire prévaloir les vues qu'il avait émises dans son Encyclopédie théologique 1811, acceptant l'union avec l'État, mais sans dépendance servile, reconnaissant à tout membre fidèle de l'Église le droit de la servir suivant ses aptitudes, réclamant pour l'Église une Constitution plutôt que des formulaires élaborés par certains ecclésiastiques à la dévotion de l'État. Il protesta en particulier en 1816 contre la nouvelle liturgie qui faisait la part trop grande à la partie liturgique aux dépens du chant et du sermon; et en 1817 contre la réorganisation ecclés. si compliquée, où la voix de l'Église ne comptait plus, où l'administration tournait à la bureaucratie, et où la liberté d'enseignement risquait de sombrer. Mais il accueillit avec joie la proclamation de l'Union, pour laquelle il avait toujours combattu, et il présida le Synode de Berlin 1817; là, contre Harm^ et contre Ammon,. il fit franchement le procès du vieux luthéranisme et réduisit les symboles à leur juste valeur. Mais l'agitation démagogique commençait à donner du souci au gouvernement. De Wette avait été une des premières victimes de la méfiance officielle, et Schl. lui-même fut inquiété par la police, à cause de son libéralisme bien connu et de sa hardiesse de parole. On ne trouva rien d'assez positif pour sévir, mais sa position n'en devint pas moins difficile, des amis même lui tournèrent le dos. Il eut pour se consoler le concours touj. croissant de ses auditeurs et les joies du cercle de famille. En 1821 il acheva sa Dogmatique, retravaillée en 1831, sons le titre de: La foi chrétienne présentée dans son ensemble, d'après les principes de l'Égl. évangéliqne. Il entra de nouveau en conflit avec l'autorité 1824 à 1826 an sujet de l'Agende et publia sous le pseudonyme de Pacifiais sincerus une vigoureuse protestation contre Le Droit liturgique des princes, droit qu'ils ne possèdent, dit-il, que par une délégation volontaire de l'Église, et dont ils ne peuvent faire usage pour se mettre en opposition avec cette volonté bien constatée. Après une lutte longue et parfois vive le gouvernement céda; il fit des concessions à l'opinion publique, en modifiant quelques parties de la liturgie pour l'adapter aux besoins des provinces et en se montrant moins sévère en général quant à sa stricte application. Peu à peu les rapports de Schl. avec l'État s'améliorèrent. En 1831 il reçut l'ordre de l'Aigle rouge de classe, et fut chargé de négocier un compromis avec les vieux-luthériens; il échoua et devait échouer. Il f 12 fév. 1834 d'une fluxion de poitrine. Ses ouvrages sont fort nombreux. Il avait trad. de l'anglais les sermons de Blair et de Fawcett 1798; il commença aussi une trad. de Platon, dont il publia 6 vol. très estimés. Mais c'est surtout comme théol. qu'il a été un écrivain fécond. Outre une foule d'écrits de circonstance, on a de lui un Essai sur Luc, une Comparaison entre la doctrine d'Athanase et celle de Sabellius sur la Trinité, une Étude sur la prédestination, el beaucoup d'ouvrages posthumes: Hist. ecclés., Morale chrétienne, Vie de Jésus, Théol. pratique, etc. Pour lui la religion est surtout une affaire intérieure et de sentimeut. Elle/ a pour point de départ chez l'homme le sentiment de sa dépendance, qui l'amène à reconnaître en dehors de lui une causalité absolue, Dieu, ou la nature qui se confond avec lui. La couleur un peu panthéiste de certaines phrases le firent accuser de spinosisme, mais il s'en défendit avec énergie; seulement il demande, à quelque religion qu'on s'attache, que ce soit par une conviction personnelle et parce qu'elle répond réellement aux besoins qu'on éprouve. La tolérance est la conséquence naturelle de son système. Ce qui caractérise la piété chrétienne, c'est la foi en la Rédemption. Le Christ était un homme possédant en lui-même la conscience de Dieu, pure, puissante, créatrice, inattaquable au péché, ne pouvant errer en matière religieuse. C'est cette habitation de Dieu en lui qu'on peut appeler sa divinité, mais l'expression est impropre. La doctrine de la Trinité, c. à d. la révélation de Dieu, n'est pas soutenable sous sa forme traditionnelle. Le Saint-Esprit est l'union de l'esprit de Dieu avec l'esprit de l'homme, sous la forme d'un esprit qui anime d'une vie commune une môme association. En fut de culte il redoutait la monotonie, les formes tirées au cordeau-: il voulait de la liberté, de la spontanéité, quelque chose de vivant, qui ne soit pas réglé par l'autorité civile, mais par les représentants de l'Église.
SCHLESWIG. Parmi les différents peuples ou peuplades qui formaient naguère encore le royaume de Danemark, il en est 3, le Jutland an nord, le Schleswig et le Holstein, dont l'histoire, au point de vue des missions, se confond souvent avec celle des missions scandinaves en général, soit à cause de leurs rapports entre eux, soit à cause de leurs relations avec Brème. Hambourg, la Suède et la Norwège. Le Schl. peuplé de Danois, d'Angles et de Frisons; le Holstein, de Saxons nord-albingiens et de Wa-griens; et le Jutland, de Juttes et de Danois, reçurent pour la première fois l'Évangile de de l'anglo-saxon Egbert 620, de Willibrod 690, et de Willehad 750; la première église, Mel-dorf, date à peu près de 776. La fondation de l'archevêché de Brème 788, facilita l'évangéli-sation du Holstein, et Charlemagne l'affermit en l'appuyant de 2 châteaux de guerre, Hoch-buchi qui devint Hambourg, et Esselfeld ou Itzehoe, 808. Ebbo de Reims visita Hadeby on Hethaby (Schleswig), fonda à Welna, Munster dorf, un séminaire: à Schœnefeld, Holstein, une église, et fut en 826 remplacé par Anschar. Vers 948, après une longue interruption, l'œuvre fut reprise, le vieux roi Gorm étant devenu plus traitable, et son fils Harald se montrant favorable au christianisme. Unnis, év. de Brème, et Adalgag, archev. de Hambourg, s'occupèrent successivement de cette mission avec zèle et succès. Mais les persécutions recommencèrent sous Swend, Suen ou Suénon, fils d'Harald, qui reconnut chez l'emp. Otton une ambition politique voilée sous l'apparence de la mission. Le culte d'Odin fut rétabli; la persécution dura î ans; puis à la suite de plusieurs guerres, k christianisme reprit le dessus dans le Schleswi? et le Jutland, et s'y établit définitivement sons Canut. Les Vendes, ou Wagriens du Holstein résistèrent plus longtemps; ce fut l'œuvre de Vicelin, év. d'Oldenbourg; Gerold de Lubeck l'acheva 1163. De riches couvents ne tardèrent pas à se fonder dans la contrée, spécialement en vue de l'éducation des jeunes nobles; d'antres aussi pour le soulagement des pauvres et des malades; il se forma même des corporations, ou confréries, en faveur des étrangers et des pèlerins. Mais les abus se glissèrent peu â peu dans l'Église, et là comme ailleurs ce fut le trafic des indulgences qui mit le comble au contentement général et qui favorisa l'adoption de la Réforme. Quelques mouvements hussites l'avaient peut-être préparée, mais lorsqu'elle fut prêchée, elle s'établit rapidement, à Schles-wig de 1522-1525 sous Fréd. I de Holstein-Got-torp, puis à Holsteîn et à Kiel. L'organisation fut lente; la question des évéchés, compliquée de celle des duchés, entravait les mouvements. La sécularisation des biens ecclésiastiques fut ce qui marcha le plus vite. Enfin en 1542, la Constitution danoise pour l'Église fut acceptée par la diète de Rendsbourg. La guerre de 1864 a mis fin à l'ancien ordre de choses, et les duchés devenus en 1866 une province prussienne, ont été rattachés ecclésiastiquement au ministère des cultes de Berlin.
SCHLEUSNER, Jean-Fréd. né 16 janv. 1759 à Leipzig, prof, de théol. à Gôttingue, puis à Wittenberg, où il fut chargé, avec Nitzsch de la direction du séminaire, f 21 févr. 1831. Auteur de plusieurs ouvrages: Dict. grec-latin du N. T.; Dict. pour les Septante, les Commentateurs grecs de l'A. T. et les Apocryphes, encore estimé. Plutôt savant que théologien.
SCHLICHTING, socinien, fils d'un unitaire; né 1592 à Bukowiec, pasteur à Racovie, fit plusieurs voyages dans l'intérêt de ses idées; chercha, mais eu vain, à ramener les « Non-adorants « des Sept-Montagnes, » écrivit sur la Trinité, l'eucharistie, le baptême, fut proscrit par la diète pour la publication de la confession de foi des sociniens polonais, quitta la Pologne 1658 et f 1661 à Selchow.
SCHLOSSER, Jean-Fréd.-Henri, né 30 déc. 1780 à Francfort s. M., avocat, conseiller municipal, juge sous Dalberg, inspecteur des études, travailla en 1814 à Caire proclamer dans la constitution de sa ville natale l'égalité des cultes luthérien, catholique et réformé. Il échoua et se retira à Vienne, où le 21 déc. 1814 il se fit recevoir catholique avec sa femme. Il n'en continua pas moins ses efforts, et de retour chez lui, protesta au nom de la communauté cathol. contre la constitution du 19 juill. 1814, jusqu'à ce qu'en 1822 il obtint gain de cause. Dès lors il se retira des affaires publiques, et vécut paisiblement, s'occupant de littérature, de religion, de cantiques, tantôt près de Heidelberg, tantôt à Francfort, où il f 22 janv. 1851. Son principal ouvrage est un recueil d'hymnes, publié sous le titre de: L'Église dans ses cantiques, à travers les siècles.
SCHLOTTMANN, Constantin, né à Minden 1819, chapelain d'ambassade à Constantinople 1850, prof, de théol. à Zurich 1855, à Bonn 1856, à Halle 1866; auteur de plusieurs écrits: sur Job, la Notion de la Conscience, Mélanchthon réformateur de la républ. des lettres, et d'un grand nombre d'articles de revues.
SCHMALZ, Valentin, né 1572 à Gotha, étudia à Strasbourg, se joignit aux unitaires, passa en Pologne où il se fit rebaptiser, occupa différents postes comme recteur et prédicateur, et fut enfin nommé à Racovie où il f 1622. Un des plus ardents champions du socinianisme, il servit sa cause par de nombreux voyages et par plus de 50 écrits, qui portent malheureusement l'empreinte d'une passion amère.
SCHMID lo Conrad, né 1476 à Ktlssnacht, prêtre affilié aux johannites, ami de Zwingli, se joignit à la Réforme en 1522 par un sermon prêché à Lucerne, et prit part à plusieurs conférences et discussions publiques; il accompagna les troupes à la guerre et périt k Cappel avec Zwingli 11 oct. 1531. Son corps fut recueilli dans la chapelle de sa paroisse. Caractère Aimable, controversiste modéré, bon orateur.
2o Chrétien-Frêd., né 1794 k Bickelsberg, Wurtemberg, Docteur et prof, de théol. k Tubingue depuis 1821, f 1852. Auteur d'une Théol. biblique du N. T. et d'une Morale chrétienne, publ. après sa mort, de Sermons, et de Témoignages en faveur de la vérité chrétienne. Il combattit l'école de Baur, et penchait vers la théol. philos, de Schleiermacher.
3° Léopold, né 9 juin 1808 à Zurich, fils d'un père catholique, étudia à Tubingue, Munich et Marbourg, et après avoir été ordonné prêtre il occupa divers postes comme vicaire et comme prof, d'hist. ecclés., de patristique et d'exégèse. En 1839 il vint à Giessen comme prof, de dogmatique et de symbolique. En 1850 il fut nommé év. de Mayence par le chapitre, mais le pape lui refusa sa confirmation k cause de ses tendances libérales. Il continua dès lors avec plus de liberté sa lutte contre l'ultramontanis-me jusqu'à sa f 20 déc. 1869 à Giessen. Il a laissé de nombreux écrits de circonstance, et quelques ouvrages de théologie, la Genèse, le Catholicisme allemand, etc.
SCHMIDT lo Jean-Laurent, né vers 1700 à Zelle près Schweinfurt, fils de pasteur, étudia à Iéna la théol., la philos, et les mathématiques. Il commença en 1735 la publication de sa Bible, dite de Wertheim, dont la i* partie seule parut, comprenant le Pentateuque. D'un rationalisme vulgaire, elle appartient comme tendance à l'école de Wolf, mais avec une certaine timidité dans les déductions. Ce livre souleva de vives protestations, et un décret impérial du 15 janv. 1737 en ordonna la confiscation en même temps que l'arrestation de l'auteur inconnu. Schmidt se livra lui-même, fut mis en prison, puis relâché, vécut pauvrement de traductions à Hambourg sous le nom de Schrtfder, et finit par trouver une place à Wolfenbttttel, où il f 1750 ou 1751.
2o Georges, l'apôtre des Hottentots. Né 13 sept. 1709, à Kunewalde, Moravie, converti en 1725, entreprit en 1727 avec Melchior Nitsch-mann un voyage en Bohême pour fortifier et
consoler les protestants opprimés de Salzbourg. Mis aux fers presque à son arrivée, il passa 6 ans en prison; Nitschmann y mourut en 1729. Transféré de Schildberg au Spielberg, de la prison aux travaux forcés, accablé de travail, pas chaussé, mal vêtu, mal nourri, il fut enfin relâché et arriva à Herrnhut 22 juillet 1734. Après un nouveau voyage missionnaire en Allemagne, il se sentit appelé à partir pour le Gap, où deux riches négociants hollandais projetaient une mission parmi les Hottentots. Il y arriva le 9 juillet 1736, se rendit immédiatement auprès de ses noirs dont une quarantaine, entre autres le chef Africo, devinrent ses disciples. Consacré au Cap en mars 1742, il baptisa quelques-uns de ses prosélytes, mais les pasteurs du Cap y virent un empiétement sur leurs droits et lui tirent des difficultés. Il n'en continua pas moins avec bénédiction son ministère et donna le nom de Gnadenthal k sa station; mais invité par les Frères à venir se retremper au milieu d'eux, il revint en Europe, en juillet 1743, avec l'espoir de retourner bientôt auprès de ses Hottentots; des obstacles de toute nature l'en empêchèrent. Il se maria en juillet 1746, et occupa successivement plusieurs postes comme économe, pasteur, ancien, etc. Il finit par s'établir k Niesky, toujours pauvre et plus ou moins souffrant, gagnant sa vie comme il pouvait, tour à tour jardinier, manœuvre et fossoyeur, mais respecté de tous. Il perdit sa femme en 1780, et le 2 août 1785 on le trouvait étendu mort dans sa chambre, entre 11 h. et midi; il était mort à l'heure habituelle de sa prière, portant touj. dans son cœur ses noirs paroissiens.
3° Jean-Ern.-Christian, né 6 janv. 1772 à Busenborn, Hesse, commença en 1793 sa carrière k Giessen comme privat-docent, et finit par y devenir prof, de théol., historiographe de la cour, conseiller intime et prélat, f 4 juin 1831. Ses ouvrages, fort nombreux, portent presque tous sur des sujets de théologie: Manuel d'hist. ecclésiastique (inachevé); la plus belle et la plus vieille idylle de l'Orient, Genèse 49; Clé du N. T., Encyclopédie et Méthodologie, l'Ecclé-siaste etc.
SCHMOLKE, Benjamin, nè 21 déc. 1672 k Brauchitschdorf, près Liegnitz, où son père était pasteur; étudia à Leipzig, devint ensuite • l'adjoint de son père (qui l'avait consacré k Dieu dès sa naissance), puis diacre, archidiacre et enfin premier pasteur, et inspecteur ecclés. et scolaire. Frappé d'une attaque d'apoplexie le dimanche de Laetare 1735, il donna sa démission. Bientôt il perdit la vue et f 12 févr. 1737. Un des poètes religieux les plus féconds de son temps, il a laissé sortir de sa plume des choses médiocres à côté de poésies d'un lyrisme admirable, pleines de chaleur et de vie. Il a publié aussi un petit Livre de communion, avec prières pour le matin et le soir.
SCHMUCK, Dr Vincent, fils d'un libraire et conseiller municipal de Smalcalde. Né 17 oct. 1565, il étudia à Leipzig, où il fut en 1617 nommé surintendant et prof, de théol. f 1 févr, 1628. Auteur et traducteur de plusieurs hymnes et cantiques latins.
SCHNECKENBURGER, Matthias, né 17 janv. 1804 à Thalheim, Wurtemberg; fils de cultivateurs, obtint de ses parents de pouvoir faire des études, et il y réussit brillamment, k Urach, Tubingue et Berlin. Après quelques fonctions-provisoires dans l'enseignement et le pastorat, nommé prof, de théol. à Berne 1834, f 13juin 1848. Esprit fin, délié, un peu collectionneur, il avait des idées larges et s'intéressait à toutes les questions, mais il manquait de profondeur et d'originalité. Auteur de plusieurs dissertations critiques sur le N. T., sur le Baptême de* prosélytes chez les Juifs, l'Évang. des Égyptiens, le but des Actes des ap., le faux Néron, l'ép. aux Hébreux, l'Antéchrist, etc. Il avait été malheureux en ménage, et quand il fut mort la Xantippe refusa de remettre k ses amis les mss. qu'il avait laissés; mais accusée d'avoir, par de mauvais traitements, causé la mort d'one jeune servante, elle s'enfuit en Amérique, et Hagenbach put entrer en possession de son héritage littéraire.
SCHOENHERR, J.-H. né 1770 à Memel, visita plusieurs universités, notamment Leipzig, fit de bonnes études, et se fixa en 1794 à Kdnigs-berg, où il vécut paisiblement dans la retraite,, se livrant k ses spéculations théosophiques, les propageant dans le cercle restreint de ses amis et connaissances, f 1826. Esprit original, élevé dans la piété, mécontent du Dieu abstrait de l'orthodoxie, il trouva chez les vieux mystiques, puis chez Bôhme, Oetinger, Schelling. Baader, une idée plus vaste et plus satisfaisante de Celui qui est la source de tout bien et de toute vérité. Ebel, qu'il avait connu à l'université, partageait ses sentiments, sans aller jusqu'aux exagérations de merveilleux que l'on remarque à regret dans Schœnherr, et quand Ebel fut accusé, on le rendit responsable de quelques excès de paroles qu'on avait constatés dans la Théosophie de Sch., et dont il était innocent.
SCHOETTGEN, Christian, né 14 mare 1687 à Wurgen, fils d'un cordonnier, étudia à Leipzig la philos., l'histoire, la théol. et les langues orientales, recteur à Francfort sur l'Oder 1716, k Stargard 1719, et à Dresde 1728 où il t 15 déc. 1751. Savant et très versé dans la littérature rabbinique, il a publié Horœ Mr. et talmudicœ in N. T. 1733; Horœ hebr. et talm. in theol. Judœorum dogmaticam de Mes-sid, 1742, et Novum lexicon grœco-lat. in N. T. 1746.
SCHOLTEN, Jean-Henri, né 17 août 1811 à Bleu ter, près d'Utrecht, fils d'un pasteur, étudia 1828-1836 à Utrecht, fit en 1831 comme volontaire la campagne de 10 jours contre la Belgique soulevée, prit en 1836 son grade de docteur en théol., et après 2 ans de pastorat à Meerkerk, fut nommé prof- à Franeker, puis 1843 à Leyde. Auteur de nombreux ouvrages, grands ou petits, dont plusieurs trad. en anglais, français et allemand; appartient à la théol. libérale, déterministe, il rejette le libre arbitre et le surnaturel. Démissionnaire depuis 1881.
SCHOLZ, Jean-Martin-Augustin, né 8 février 1794 à Kapsdorf, près Breslau, théol. catholique, s'occupa surtout de la critique du N. T., visita en 1818 et 1819 les mss. des bibliothèques de Paris, Londres, la Suisse et l'Italie; en 1820 et 1821 l'Egypte, la Palestine et la Syrie, et après avoir été ordonné prêtre à Breslau, il vint à Bonn comme prof, d'exégèse 1821, fut nommé doyen de la faculté catholique après la mort d'Hermès 1831, et chanoine de Cologne 1837. f 20 oct. 1832. Il a découvert et comparé beaucoup de mss.; sous ce rapport il a rendu des services, mais il manquait de méthode et procédait par voie de suppositions gratuites. Ainsi il distingue les mss. en 2 classes seulement: les alexandrins, parmi lesquels il compte tous les occidentaux, et les constantino-politains, qu'il préfère, rangeant dans cette famille non seulement tous les mss. de l'Asie Mineure, jusqu'à la Grèce et Constantinople, mais encore les versions gothiques, slavonnes, syriaques, et les pères de ces contrées. Il a écrit Fhist. de ses voyages en Orient, des notes critiques sur les mss. qu'il a trouvés, un Manuel d'archéologie, une Introd. à l'A. et au N. T.; mais son principal ouvrage est son édition du duN. T. grec, avec notes, qui malheureusement renferme des erreurs ou des inexactitudes, et qui dans tous les cas est auj. dépassée par celle de Tischendorf.
SCHOPENHAUER, Arthur, né 22 fév. 1788 à Dantzig, fils d'un négociant bilieux et de la femme-auteur Jeanne-Henriette Sch., avec laquelle il ne s'entendit jamais. Élevé pour le commerce, il apprit le français au Havre, l'anglais à Wimbledon, entra comme apprenti à Hambourg chez le sénateur Jénisch. Son père étant mort vers 1804, peut-être suicidé, il se tourna vers les lettres et les sciences, étudia à Gottingue la médecine, l'hist. naturelle et la philos.; Schulze lui recommanda de lire Platon et Kant avant de passer à Aristote et à Spinosa. A Berlin 1811 iln'apprécia ni Fichte, ni Schleiermacher. Un premier essai, paru en 1813 (la guerre avait interrompu ses travaux) lui valut le titre de docteur de l'univ. de Iéna. A Wei-mar il vit beaucoup Gœthe, et Mayer lui fit connaître la philos, indoue, qui le charma. Riche et indépendant, il visita deux fois Rome et Naples, et à son retour essaya deux fois du professorat à Berlin, mais sans succès. Mécontent des hommes qui ne l'estimaient pas suffisamment, et furieux des succès de Hegel, il se retira à Francfort, où il vécut solitaire et misanthrope. Enfin en 1836 il publia son livre: De la volonté dans la nature, qui fonda sa réputation. Il composa encore d'autres ouvrages, qui ne sont que le développement de celui-là. f 21 sept. 1860. Son système est le pessimisme. Tout, dans la nature et dans l'homme, vient de la volonté, mais par un effort, qui produit la fatigue et par conséquent la souffrance. La vie est une longue lutte, à laquelle la mort seule met un terme. C'est en allemand la doctrine de Bouddha, et en prose l'amère poésie de Léopardi.
SCHOTT 1° André, né 12 sept. 1532 à Anvers, élevé à Louvain, passa quelque temps à Paris, auprès de l'ambassadeur d'Autriche Rusbek, qui avait déjà représenté son maître auprès de Soliman. Depuis 1579 on le trouve en Espagne, à Madrid, Alcala, Tolède; en 1584 prof, de grec et d'histoire romaine à Saragosse. L'archev. de Tarragone, Antoine-Augustin, le fait venir à sa cour. Lors du siège d'Anvers 1585, Schott s'engage à se faire jésuite si la ville est prise et catholicisée; il tient parole, prononce ses vœux à Saragosse en 1586, étudie la théol. à Valence, et l'enseigne au collège des jésuites à Gandie. Il passe 3 ans à Rome comme prof, d'éloquence, et finit par se retirer au collège d'Anvers, où il continue ses travaux littéraires, et f 23 janv. 1629. Catholique fervent, mais savant paisible, il a rendu plus de services par des réimpressions de vieux livres que par ses propres écrits, dont les principaux ont pour sujet l'histoire d'Espagne.
2° Henri-Auguste, né 5 déc. 1780 à Leipzig, docteur, prédicateur, prof, de philos, puis de théol. dans sa ville natale, passa en 1809 à Wittenberg comme prédicateur, puis 1812 à Iéna, où il fut en 1817 nommé conseiller ecclésiastique. f 29 déc. 1835 d'une apoplexie séreuse. Faible de constitution, d'un caractère facile, d'une grande culture littéraire, latiniste consommé, il s'occupa surtout de former des prédicateurs. Outre une Dogmatique, une Introd. au N. T., des commentaires sur les Thessaion. et les Galates, une édition du N. T. grec, avec trad. latine, il a composé quelques écrits sur l'éloquence, et notamment l'éloquence chrétienne, qui ont encore de la valeur. Il appartenait à la théol. positive.
SCHROËCK, Jean-Matthias, né 26 juill. 1735 à Vienne, fit de bonnes études préliminaires, se rendil en 1751 à GOttingue où il entendit Mosheim et Michaélis, puis à Leipzig où il collabora aux Acta eruditorum. Après y avoir passé quelques années comme prof, de philos, et bibliothécaire, il se rendit à Wittenberg comme prof, de poétique 1767, et depuis 1775 comme prof, d'hist. ecclésiastique, f 2 août 1809 à la suite d'une chute faite d'une échelle dans sa bibilothèque. Il est surtout connu par son Hist. de l'Égl. chrétienne, ouvrage gigantesque de 45 vol. 1768-1812, qui a fait sa réputation et sa fortune, et qui a encore auj. de la valeur. Son Hist. universelle, 6 vol., a été trad. en français. Il était simple, pieux, d'un abord facile; son style est naturel et vivant; ses appréciations sont impartiales.
SCHROEDER 1° Jean-Joachim, orientaliste, de Neukirchen, 1680-1756, prof de langues orientales et d'hist. ecclés. à Marbourg; auteur d'une Grammaire arménienne.
2° Jean-Henri, né 1666 à Hallerspringe, disciple de Franke, pasteur à Môseberg 1700, auteur de quelques cantiques estimés, f 1714, selon d'autres 1728.
SCHUBERT, Gotthilf-Henri (de), né à Hohen-stein, Saxe, 26 avril 1780, fils du pasteur de l'endroit. Après avoir étudié au gymnase de Weimar, sous Herder, il vint à Leipzig 1799 pour y faire sa théologie, mais en 1801 il se décida pour la médecine et les sciences naturelles, se rendit à Iéna où il se lia avec Schel-ling, et s'établit à Altenbourg comme médecin. En 1805 il alla étudier la minéralogie à Freyberg, et publia 1806 ses premiers ouvrages. Recteur à Nuremberg 1809, il trouva dans <^tte ville des hommes distingués et pieux qui exercèrent sur lui une salutaire influence. Précepteur du grand-duc héritier de Mecklem-bourg-Schwerin 1816-1819. Il est nommé prof, à Erlangen, et en 1827 à Munich, où il est successivement nommé conseiller intime, décoré et anobli, f l*r juill. 1860. Marié deux fois, il n'a laissé qu'une fille. Sans être théologien, il a compté dans le monde religieux par le sérieux de sa vie et de sa pensée. L'état de l'Ame dans le monde des esprits était l'une de ses grandes préoccupations et, dans un sens, l'objet de ses études; les pressentiments, les songes, la seconde vue, toutes ces énigmes de l'être spirituel, le captivaient, et il y trouvait un aliment dans les profondeurs mystiques de la philos, de la nature de Schelling. Il est arrivé quelquefois à des conclusions un peu merveilleuses, un peu singulières, mais même alors on doit rendre témoignage à la candeur de sa vie intérieure et à la finesse de ses observations psychologiques. Sa piété personnelle intime et ses aspirations élevées l'ont toujours préservé d'un dogmatisme étroit et lui ont assuré l'intimité cordiale et l'affection respectueuse d'hommes appartenant aux Églises et aux tendances les plus diverses. Sans être un savant dans le sens ordinaire du mot, il était extrêmement instruit dans presque toutes les branches des connaissances humaines; il avait énormément lu, bien lu, et beaucoup retenu. Ses nombreux ouvrages, même les plu* profonds, sont écrits dans un beau style, qui les a rendus populaires et a contribué à sa fortune et à sa réputation. Il a écrit entre autres: Esquisse d'une hist. générale de la vie; Coup d'œil sur les côtés obscurs des sciences naturelles (mesmérisme, somnambulisme); les Grandeurs relatives et les Excentricités des corps terrestres 1808; le Monde primitif et les étoiles fixes; la Symbolique du rêve. Mais ses principaux ouvrages sont AUes und Neues, du Vieux et du Neuf, en 3 vol., apologie du christianisme, tirée de sa propre expérience et des profondeurs de la vie de l'âme; son Histoire de l'âme, souvent réimpr. et riche en citations d'auteurs anciens; son Voyage en Orient 1836-1837; son Autobiographie; enfin un grand nombre d'articles de revues.
SCHUCH, Wolfgang. originaire d'Allemagne, prêchait la Réforme à Metz en 1525; il obtint de grands succès à Sainl-Hippolyte et dans les Vosges, mais les prêtres le dénoncèrent au duc de Lorraine, Antoine-le-Bon, qui jura de mettre la ville à feu et à sang. Schuch, pour sauver la ville en rétablissant la vérité des faits, se rendit auprès du duc à Nancy; mais il fut arrêté, jeté dans un cachot infect, et condamné, sous la pression de Bonaventure Renel, provincial des cordeliers, à être brûlé vif. Il marcha au bûcher avec assurance, récitant les Ps. 51 et 122, et t 19 août 1525.
SCHULTE, Jean-Fréd., né 23 avril 1827 à Winterberg, Westphalie, docteur en droit, l'un des principaux représentants officiels des vieux-catholiques en Allemagne, connu par de nombreux ouvrages d'histoire et de droit canon, contre l'infaillibilité du pape et le concile du Vatican, étudia à Berlin, donna des cours libre* à Bonn, fut nommé prof, à Prague 1854, préposé aux affaires matrimoniales, membre du Conseil d'instruction publique, et anobli, janv. 1869. Appelé à Bonn en 1872; il a présidé plusieurs synodes vieux-catholiques.
SCHULTENS, Albert, né 1686 à Groningue. fonda à 18 ans sa réputation d'orientaliste, en soutenant, contre Gussetius, que l'hébreu n'était pas la langue primitive de l'humanité, donnée de Dieu, mais une branche des langue* sémitiques, dérivée de l'arabe, par conséquent plus jeune; il en conclut aussi qu'il fallait savoir l'arabe pour étudier scientifiquement la gramm. hébraïque. II étudia à Leyde et à Utrecht, où Reland l'assista pour la publication de ses observations philologiques sur Job. Nommé docteur en théol. 4 juillet 4709, il poursuivit ses travaux à Leyde, fut pasteur à Wasse nœer, prof, à Franeker, et enfin à Leyde où il eut d'abord la direction du séminaire, la chaire d'arabe el en 1740 les antiquités hébr. f 26 janv. 1750. Il a frayé la voie à l'étude scientifique de l'hébreu, quoique sa méthode ne soit pas exempte d'arbitraire. Ses principaux ouvrages sont (en latin), ses Origines hébraïques 1724; ses Institutions servant de base à l'étude de cette langue 1737; ses: Défauts, ou lacunes dans renseignement de l'hébreu 1731; Institutions ara-méennes 1745; Gramm. syro-araméenne, inachevée; Comment, sur Job, les Proverbes, etc. Il eut pour successeur son fils, né 1716, f 27 nov. 1778; et celui-ci à son tour, son fils Henri-Albert 15 févr. 1749, f 12 août 1793; l'un et l'autre très savants, mais qui ont peu produit.
SCHULTHESS, Jean, né 28 sept. 1763 à Mœnchaltorf, fils du pasteur et philologue Jean-Georges, étudia à Zurich et s'occupa beaucoup de pédagogie. Prof, au gymnase en 1816, docteur en théol. de Iéna en 1817, il fut en 1833 nommé prof, à l'univ. de Zurich, et f 10 nov. 1836. Il représente dans ses écrits le vieux rationalisme, et combat le piétisme et l'orthodoxie avec une persévérance et même un parti pris qui ne recule pas toujours devant d'ineptes platitudes, p. ex. dans son exégèse. Mais honnête, aimable et pieux, en dehors de la polémique. Auteur de: Rationalisme et supranatu-ralisme, Doctrine évang. de la Cène, Comment, sur Jacques, etc. On lui doit surtout une édition compl. des œuvres de Zwingle, faite en collaboration avec Schuler, 1829 et suiv. Son fils Jean a publié 1859 un mémoire à l'occasion du centenaire.
SCHULZ, David, né 20 nov. 1779 d'un pauvre régent et tabellion de Ptlrben, Silésie, travailla avec courage pour pouvoir faire ses études à Breslau et Halle, prit son grade de docteur en philologie 1806, fut nommé prof, de théol. à Francfort, s. l'O., docteur en 1810, et vint en 1811 k Breslau, enseignant l'exégèse du N. T., l'introduction, la dogmatique et l'hist. ecclésiastique. Franchement rationaliste, il put d'autant plus exercer d'influence en ce sens qu'il était membre du Consistoire, et même un moment président de la Commission d'examen pour les régents. 11 alla trop loin, signa une circulaire du 21 juin 1845 contre « les évangéliques, » et fut destitué; on lui conserva son titre et son traitement. Il se retira de la vie publique, fut quelque temps maladif et f 17 févr. 1854. Ses écrits, presque tous de polémique, et mal écrits, sont auj. oubliés.
SCHURMANN, Anna-Marie (de), née 5 nov. 1607 à Cologne. Fuyant les persécutions d'Ernest de Bavière 1610, elle dut avec ses parents se retirer en Hollande. Admirablement bien douée, elle savait outre sa langue maternelle le français, l'anglais, l'italien, le latin, le grec, l'hébreu, l'arabe, le copte, et cultivait avec distinction les beaux*rts; on l'avait surnommée la 10me muse. Portée de bonne heure à la piété, elle fit à 58 ans la connaissance de Labadie, s'attacha à lui à Amsterdam et l'accompagna à Herford, Altona, Wiewert, près Leeuwarden, où elle f 5 mai 1678, pauvre, après une longue maladie, et après avoir condamné ses poésies de jeunesse. On a d'elle: Opuscula hebrœa, grœea. latina, etc. 1648, et son dernier ouvrage: Eu-kleria, ou le choix d'un meilleur sort, qui renferme d'intéressants détails sur sa vie, 1673. Son Mysterium magnum n'a paru qu'en 1699. Son prétendu mariage avec Labadie est invraisemblable.
SCHUTZ lo Henri, (Sapittartta), né 5 oct. 1585 à Kfislritz, hésita longtemps entre le droit, qu'il commença 2 fois, à Marbourg 1607, puis 1613, et la musique, à laquelle il finit par se consacrer après l'avoir étudiée à Venise sous Gabrieli. Ses compatriotes l'appellent le père de la musique allemande, parce qu'il assura son développement futur en lui communiquant quelque chose du goût italien. C'est au baptême du duc Auguste, de Dresde, qu'il se révéla comme compositeur; dans le catalogue de ses Œuvres, qui ne furent pas toutes imprimées, on trouve des Symphonies sacrées, des Chansons sacrées, des Concerts d'église, à une ou plusieurs voix, des Motets, des Oratorios de grand mérite et d'une incontestable originalité. Il donna une heureuse impulsion au chant évangélique, mais en le perfectionnant par l'abandon des anciennes formes, il rendit plus difficile la participation des fidèles et porta un coup fâcheux à l'ancien choral. Il composa aussi un opéra, Daphné, trad. de Rinuccini par Opitz, et le fit représenter 1627 à Torgau, lors du mariage de la sœur de l'électeur, dont il était maître de chapelle. Ce premier essai d'opéra n'eut pas de suite, les circonstances n'y prêtaient pas; c'était l'époque de la guerre de Trente ans. Après avoir beaucoup voyagé, en Italie, Danemark, etc. Schtitz f 6 nov. 1672.
2° Jean-Jacques, né 7 sept. 1640 à Francfort-s.-Mein, avocat et magistrat, ami de Spener et de ses réunions de piété, f 22 mai 1690. Auteur anonyme d'un petit Recueil de la vie nouvelle à l'usage des commençants, et de plusieurs cantiques. attribués tour à tour à Schade et à Gro-tius. Son mysticisme finit par le conduire à quelques écarts de doctrine.
SCHWABACH, petite ville de Bavière, à 15 kilom. de Nuremberg, acquit une certaine importance par l'établissement de réfugiés fran-rais. Le margrave Georges d'Anspach, d'accord avec Nuremberg, y convoqua le 14 juin 1528, sous la présidence du chancelier Vogler, un colloque où furent rédigés, probablement par Osiander, les 24 articles, dits de la Visitation de Schwabach, qui servirent de base aux ordonnances ecclés. de Nuremberg-Brandebourg, dans le sens luthérien. Un autre colloque eut lieu aussi à Marbach immédiatement après la clôture de la diète de Spire et sous les auspices de Philippe de Hesse, 22 avril 1529, pour conclure une alliance entre les différents princes et États protestants, indépendamment de la question de la Gène, mais il n'aboutit pas, quelques délégués n'ayant pas les pouvoirs nécessaires pour conclure. Les députés stricts luthériens restèrent seuls en arrière et adoptèrent définitivement les 15 (devenus 17) Articles de Schwabach, où la doctrine luthérienne est très accentuée, rédigés probablement par Luther lui-même, et qui servirent de base à la Conf. d'Augsbourg. Le mss. original en a été retrouvé par Frick dans les Archives d'Ulm.
SCHWARTZ lo Berthold. moine de Fribourg eu Brisgau, ou de Cologne, bénédictin ou cor-delier, vers 1300 ou 1320, passe pour avoir inventé la poudre, involontairement et par accident, en laissant tomber une étincelle sur un mélange de salpêtre, de soufre et de charbon qu'il préparait dans un mortier pour une expérience. Le fait n'est pas établi.
2° Chrétien-Frédéric, né 26 oct. 1726 à Son-nenbourg, près Custrin. Il perdit fort jeune sa mère, qui l'avait consacré à Dieu, visita Halle en 1746 pour voir Francke et son œuvre; y fit sa théologie sous Baumgarten, Michaëlis, Knapp et Freylinghausen; fit la connaissance du missionnaire danois Schultze, eut l'occasion d'apprendre le tamule, et iinit par entrer au service de la mission danoise. Il s'embarqua à Londres et arriva à Tranquebar 30 juillet 1750; il apprit en peu de temps 4 dialectes des Indes, et au milieu des intérêts contraires et des rivalités qui s'agitaient autour de lui, il eut le bonheur de pouvoir rendre aux particuliers, comme au gouvernement, d'importants services, sans négliger jamais ses devoirs de missionnaire. A 66 ans il prêchait encore 3 fois par jour et en 3 langues différentes. En 1762 il avait passé au service d'une société anglaise. En 1776 il s'établit à Tanjore, dont le rajah lui faisait depuis 1769 de cordiales avances; et en 1779 il se rendit de la part du gouvernement anglais auprès d'Hyder-Ali, qui conçut pour lui la plus vive affection et lui permit de circuler librement dans le pays sans être inquiété, pendant les 4 années de la campagne contre les Anglais qui aboutit à la paix de Tippo-Saïb 1784. Le gouvernement le nomma en 1786 membre honoraire de la Commission de régence imposée au nouveau rajah de Tanjore. Celui-ci étant mort 1787 l'avait désigné comme régent du pays et tuteur de son fils mineur Serfodshi, mais Schwartz déclina cette charge et fit nommer régent le demi-frère do défunt. Celui-ci ayant abusé de sa position et de la protection anglaise pour se faire nommer rajah, Schwartz intervint énergiquement en faveur de l'enfant déshérité; il lui sauva la vie 1793, et après 3 ans de luttes réussit à faire reconnaître ses droits. II avait obtenu à la mort de son ami Tuldja, qu'on renonçât à brûler les veuves du défunt à chaque changement de règne. Sans devenir chrétien, Serfodshr ne cessa de témoigner pour le missionnaire le plus profond respect. Schwartz f le 13 févr. 1798, après quelques mois d'une douloureuse maladie et après plus de 48 ans d'un ministère fidèle. Il fut enterré dans la chapelle de son jardin; Serfodshi lui fil élever un monument dans une des églises de Tanjore et plaça le portrait du missionnaire parmi ceux de ses ancêtres. Le colonel Fullerton écrivit de Schwartz au gouvernement anglais: Les talents et 1'honnêtete de cet homme sans reproche ont relevé la réputation des Européens.
3<> Ch.-Joseph, né 4 nov. 1752 à Bamberg, entra, après d'excellentes études, au couvent bénédictin de Banz où il reçut le nom d'Isidore; après avoir été consacré prêtre, il fut chargé 1779 des cours de mathém. et de philos.* puis de la théologie, f 19 juin 1794, d'une attaque d'apoplexie, comme il officiait à l'autel le jour de la Fête-Dieu. Instruit dans les langues modernes, il connaissait aussi un peu les langues orientales. Il appréciait la philos, de de Kant. Catholique, mais modéré, il s'attacha surtout à combattre les tendances négatives de son temps. Auteur d'un manuel de la relig. chrét. en 3 vol., que son ami Schad, qui passa plus tard au protestantisme, fit réimprimer, avec quelques autres écrits.
4o Fréd.-H.-Chrétien, né 30 mai 1766 à Giessen, où il fit une partie de ses études, fut quelque temps suffragant de son père, puis occupa différents postes, prit ses grades de docteur eu philos, et en theol., et fit plusieurs voyages qui furent utiles à son développement. A Marbourg il fit la connaissance de Jung-Stilling, dont il épousa 1792 la fille aînée, Jeanne-Madeleine f 1826. Il vit aussi Pestalozzi, qui exerça sur lui une grande influence, et dont il s'empressa d'adopter la méthode, mais en lui imprimant une direction franchement chrétienne. Il s'occupa spécialement de l'éducation des filles, et ouvrit à Echzell, avec Creuzer, un pensionnat En 180fc il fut appelé à Heidelberg comme prof, de théol. et de pédagogique, et il y retrouva ses amis Daub et Creuzer; avec ce dernier il ouvrit nn séminaire catéchétique; avec Daub il travailla à l'union des Égl. sur la base de l'Évangile positif, qu'il défendit avec succès aux synodes de 1821 et 1834. A la suite de ce dernier il fut nommé commandeur de l'ordre du lion de Z&h-ringen. f 3 avril 1837 des suites d'un refroidissement. On a de lui une Dogmatique, une Morale chrétienne, et plusieurs traités de pédagogique.
5° Jean-Ch.-Édouard, né 20 juin 1802 à Halle, où il étudia la théol. et la philologie. Appelé en 1829 à Iéna, il y resta jusqu'à sa f 18 mai 1870, et y exerça une salutaire influence comme pasteur. Sa tendance était libérale modérée. Il a laissé des sermons, des travaux homilétiques, et de petites dissertations d'un intérêt local, l'Université de Iéna, etc.
6° Gh.-H.-Guill. né 18 nov. 1812 à Wiek auf Rugen, fils d'un prédicateur distingué, il étudia à Halle, Bonn et Berlin, où il entra en relation avec Schleiermacher. Il fit 6 mois de prison à Wittenberg pour participation à une émeute, 1837. En 1842 il fut agrégé à l'univ. de Halle, malgré Tholuck et Muller. En 1848 il fut envoyé au parlement de Francfort, où il prit place au centre droit. Enfin en 1836 il fut appelé à Gotha comme prédicateur de la cour, et il s'y fit une belle position par son talent et par son opposition libérale à la théologie traditionnelle. Il a écrit: L'essence de la religion (qu'il sépare entièrement du dogme); la Théologie de Lessing; Hist. de la nouvelle théologie; 5 vol. de serinons, etc.
SCHWARZENBERG, Jean (comte de), né 23 déc. 1463; après une jeunesse dissipée, il fut tout à coup ramené à des sentiments sérieux, et se décida, pour inaugurer une vie nouvelle, à accompagner Fréd.-le-Sage dans un voyage en Palestine, 1493. A son retour il se distingua par sa valeur daïis les guerres de l'emp. Maxi-milien. Sa taille, sa force répondaient à son courage. Son ambition était de pouvoir, par sa position comme homme d'État, réagir contre les mœurs corrompues de son temps. Gouverneur à la cour épiscopale souveraine de Bamberg, il prépara la revision de la Constitution criminelle du pays, en même temps qu'il se remit avec énergie à l'étude du latin et de la philosophie ancienne. Il aimait beaucoup Cicéron, el il en traduisit de nombreux fragments. Il publia aussi en vers et en prose des écrits satiriques ou didactiques. Enfin il étudia la Bible à fond, et quand Luther parut, il se trouva, lui, malgré son Âge, toujours fort et vigoureux, tout prêt pour l'aider dans son œuvre de réformation, d'abord à Bamberg sous le doux et pieux év. G. de Limbourg, puis à Anspach et Baireut. Il retira sa fille du couvent, et soutint avec énergie les droits de la vérité évangélique, lors
d'une mission à la cour d'Albert de Prusse, devant le roi de Pologne et ses prélats, f 21 oct. 1528. On a encore de lui: La conjuration du diabolique serpent ancien contre la parole divine 1525, et en 1526 le Serpent-capucin (Kut-tenschlange), contre le provincial des franciscains qui lui avait répondu.
SCHWEBEL lo Schweblin, ou Sttblin, Jean, le réformateur de Deux-Ponts, né 1490 à Pforz-heim, fils d'un pelletier. Ami d'enfance de Méianchthon, il entra dans Tordre du Saint-Esprit, et fut ordonné prêtre 1514. Préparé par son entourage et ses études à désirer une réforme de l'Église, il se joignit de bonne heure au mouvement, déposa dès 1519 l'habit de son ordre et se mit à prêcher l'Évangile. Persécuté, il trouva un refuge à Sickingen, accepta l'offre du duc Louis II qui l'appelait à Deux-Ponts, se maria en 1524, introduisit dans le culte la langue vulgaire, et poursuivit pendant 10 ans l'œuvre paisible de la Réforme, sans troubler • ceux qui voulaient rester catholiques. Souffrant depuis 1533, il f 19 mai 1540 de la peste. Il tenait pour l'Église à une organisation presbytérienne, et n'acceptait pas la doctrine de Luther sur la Cène; il aurait mieux aimé la formule de Bucer. Sa santé ne lui permit pas d'assister à de nombreux colloques et conférences, mais il resta touj. en relations avec les réformateurs, et même avec Luther. Son fils, chancelier de la ville, a publié ses œuvres et sa biographie.
2° Jean, moine cistercien, né 1499 àBischof-fingen, près Brissac; disciple de Valentin Mic-kram, passa à la Réforme, sortit du couvent 1524, et fut directeur de l'école de Saint-Pierre le-Vieux, à Strasbourg, jusqu'à sa f 1566.
SCHWEGLER, Albert, un des disciples les plus distingués de l'école de Baur, né 10 fév. 1819 à Michelbach, élève de Tubingue, admirateur de la Vie de Jésus de Strauss. Auteur de plusieurs ouvrages: le Montanisme 1841, le Christianisme après les apôtres, Hist. de la philosophie, Hist. romaine, la Philos, grecque, etc. f 5 janv. 1857, subitement. U a édité les Homélies clémentines, l'Hist. ecclés. d'Eusèbe, la Métaphysique d'Aristote, etc.
SCHWENKFELDT. Gaspard Schw. d'Ossig, ou d'Ossing, né 1490 en Silésie, fit de bonnes études à Cologne, et passa plusieurs années comme page en différentes cours, enfin auprès de Frédéric II, qui le nomma chanoine de Lieg-nitz, quoique laïque. Réveillé par les écrits de Tauler et de Luther, il se rendit 1522 à Wittenberg et, dès son retour, se mit à prêcher et à évangéliser. Par sa nature mystique il tenait plus de Carlstadt que de Luther; il attachait plus d'importance à la vie religieuse intérieure qu'à la foi purement subjective, mais il exagéra
cette tendance» il se servit d'expressions qui l'exagéraient encore; il s'obstina à défendre son point de vue, et finalement tomba dans diverses erreurs qui le brouillèrent avec tous les réformateurs. Il combattit en particulier la doctrine de Luther sur la justification par la foi, comme dangereuse en pratique. Il estimait que la foi ne procure pas seulement le pardon, mais transforme l'homme en nature divine. Dans l'Eucharistie le corps et le sang de Christ sont tout, indépendamment des éléments. Il estimait que le corps de Marie s'était uni peu à peu, par la foi, à la nature divine, et qu ainsi la chair du Christ était née sainte, capable de recevoir le Saint-Esprit. Il eut en 1525, à Wittenberg, une conférence avec Luther, qui aboutit à une rupture complète. Des visions en Silésie, et les controverses qui en résultèrent, rendirent impossible son plus long séjour à Liegnitz. Il se rendit 1529 à Strasbourg, vers Capiton et Zell, et il # y passa 5 ans, mais il fut indirectement compromis dans un procès fait par le synode aux sectaires, et il dut s'en aller; il visita Augsbourg ét Spire; à Ulm en 1535. Après plusieurs tentatives de conciliation, qui échouèrent, repoussé de partout, mais rassemblant partout quelques adhérents, il f paisiblement à Ulm 10 déc. 1561. Son activité littéraire a été immense, mais essentiellement polémiqué et par conséquent d'une valeur passagère. Il faut pourtant mentionner ses: Questions sur l'Église; Sommaire des preuves qui établissent que Christ, ayant perdu son humanité, n'est plus auj. une créature; sa Grande Confession, et sa Nouvelle Confession. Le réveil l'a un peu réhabilité, en montrant que sur certains points il avait été jugé avec trop de passion. C'est en Silésie et en Souabe que ses sectateurs ont été le plus nombreux et se sont le plus longtemps maintenus. Ils s'appelaient les Confesseurs de la gloire de Christ, mais on leur donna le nom de Schwenck-feldiens. La persécution en fit beaucoup émi-grer, jusqu'en Amérique; un édit de 1742 leur accorda la tolérance.
SCILLITAINS; 12 martyrs mis à mort sous Septime Sévère, vers 200, à Scillite, ville du Nord de l'Afrique, par le proconsul Saturnin. On nomme Speratus, Cittinus, Donata, Vestina, Secunda. Ils devaient jurer par le génie de l'empereur, et sur leur refus furent décapités. Enterrés à Carthage, leurs os furent 806 transportés à Lyon dans l'égl. de Jean-Batiste.
SCIOPPIUS (Schappe), Gaspard, né 27 mai 1576 k Neumark, fit de brillantes études, passa au catholicisme k Rome 1598, et fut nommé conseiller du comte de Clara-Valle. Vaniteux et hargneux, il attaqua tout le monde, jésuites et protestants, Jacques ^d'Angleterre,Henri IV, qui surent le faire châtier; Scaliger, qui le remit k sa place, et il finit par f 19 nov. 1649. à Padoue, après une retraite de 14 ans, toujours craignant pour sa vie. Il a beaucoup écrit, surtout sous le voile de l'anonyme (Maoer, Grocip-pus, Melander). De ces 104 ouvrages les meilleurs traitent de philologie. L'Ecclesiatticus est dirigé contre les protestants; ses Éléments de philos, morale 1606 sont le plus estimé.
SCOLASTIQUE, sœur de Benoît de Nursie, élevée comme lui dans la piété, vécut près du montCassin où il s'était retiré, et reçut fréquemment ses visites, f 542. On lui attribue k tort la fondation d'un couvent de bénédictines à Piumbarole, quoiqu'elle y soit en odeur de sainteté.
SCOLASTIQUE. Aussi longtemps que la doctrine de la grâce et du salut par la foi prévalut dans l'Église, elle suffit à comprimer les tendances envahissantes de la hiérarchie romaine. Mais peu à peu le relâchement se produisit, le centre de gravité d* la religion se déplaça, l'importance de la foi diminua, et le clergé attira à lui les âmes et les consciences. On vit naître le vieux conflit entre les deux pouvoirs qui se disputent l'empire du monde, Dieu et César; ils se reconnaissent mais ils se jalousent, et leur rivalité joue un grand rôle dans l'histoire des peuples chrétiens. A côté de l'Église et de l'État, un 3m* pouvoir sembla surgir, la science, c. à d. l'École; et tous les efforts de Charlemagne pour le développement de l'instruction publique risquaient d'aboutir à la formation de cette nouvelle puissance, quand l'habileté ecclésiastique réussit à détourner le danger et même à le faire servir à ses fins. Les scolasti-ques, dont le nom apparaît pour la Ire fois dans Benoît d'Aniane, se prétendaient tout à fait indépendants des politiques et des ecclésiastiques, mais ils entrèrent en contact forcé par la nature même des questions dont ils eurent à s'occuper, et la querelle des réalistes el des nominaux devint une question religieuse quand Roscelin tenta d'expliquer la Trinité par le nominalisme. Cette forme, ou cette méthode philosophique, remplit à peu près tout le moyen âge, et si elle rendit des services, elle eut le grand inconvénient de donner à l'esprit une fausse direction, en l'amusant d'arguties et en l'empêchant d'aborder et de regarder de front les vrais problèmes de la vie et du progrès. La philosophie n'était plus qu'un jeu de l'esprit, où le principal rôle appartenait aux puérilités les plus extravagantes. On distingue dans la Scolastique 3 phases, ou périodes: son enfance, du 9« au 12« siècle, où elle est la servante de la théologie; elle débute avec Alcoin et Scot Érigène, et va se développant avec Anselme et Abélard jusqu'à P. Lombard et Jean de Salisbury; sa maturité, 13« et 14® siècles;
devenue alors l'égale de la théologie, elle se confond presque avec elle; c'est l'époque de l'influence d'Aristote et des Arabes; elle est représentée par Alex, de Haies, Duns Scot, Al-bert-le-Grand, Thomas d'Aquin; c'est la lutte des scotistes et des thomistes; c'est la discussion, ou l'argumentation poussée à l'absurde. Knfin l'époque de la décadence, le 14®« et le 15me siècles, où la scolastique se sépare de la théologie, où le nominalisme triomphe de nouveau, hardiment prêché par Occam, Bu ri dan, d'AiJly; où le vide de la dialectique tue l'école sous son ridicule. Le 16®* siècle inaugure la vraie science et la vraie philosophie; la réforme, Bacon, Descartes, achèvent de déconsidérer une école qui pendant 6 ou 7 siècles avait fait le bonheur des savants et des théologiens, et qui avait trouvé à Paris son principal théâtre et le siège de ses exploits. Les traits essentiels de la scolastique sont: La direction presque exclusivement théologique, soit des études, soit des discussions, par conséquent la négligence des autres arts et des autres sciences, et l'importance accordée au clergé; les dignités ecclésiastiques étaient le but, le prix des études et du savoir, mais il fallait marcher droit dans le chemin tracé par les conciles et les papes. En second lieu, la préférence accordée à la dialectique; les discussions n'étaient que des tournois. Troisièmement l'absence de liberté, l'influence de l'autorité, qui était devenue un dogme théologique; celle du pape d'abord, puis celle d'Aristote qui tranchait toutes les questions. Enlin l'emploi d'une langue morte dans l'enseignement emploi qui couvrait la nullité et la futilité des discussions, et qui empêchait l'étude des langues vivantes, paralysant ainsi les relations de peuple à peuple et par conséquent les progrès de la civilisation. Il y eut cependant aussi à cette époque des circonstances qui concoururent k dissiper les ténèbres; ainsi les communications avec les Arabes et les Grecs, le commerce, les travaux et les voyages des Juifs, les croisades qui remuèrent l'Europe et la mirent en rapport avec l'Orient; ainsi encore les tentatives d'hommes distingués comme Charlemagne, Alcuin, Pierre de Pise, et d'institutions importantes comme des écoles et des universités, auxquelles on doit les notes de musique, le chant sacre, le comput ecclésiastique, etc. En-lin les discussions philosophiques elles-mêmes, si puériles qu'elles fussent parfois dans leur objet, remuèrent les idées et attirèrent l'attention sur certains problèmes.
SCOT 1° Jean, dit Erigène. Son vrai nom parait avoir été Jean; il aurait été Scot, c.-à-d. écossais de race, et irlandais de naissance, natif de la verte Erin, Erigène. Ce dernier surnom cependant a été traduit, et peut se traduire dans le sens de fauteur de disputes, ami des discussions, ergoteur. Tout est obscur dans sa biographie, son origine, sa jeunesse et sa fin. Il était probablement irlandais et naquit entre 800 *et 815. Un passage d'un de ses livres a fait supposer qu'il visita la Grèce et l'Orient. Il vint en France entre 840 et 847, appelé par Charles-le-Chauve et passa presque toute sa vie à la cour de ce prince, qui le fit chef (recteur) de l'École du palais qui lui dut, ainsi qu'à d'autres savants, son éclat et son relèvement momentané. Interprète clairvoyant d'Aristote, dont il restaura plusieurs textes altérés, il était surtout l'admirateur de Platon, qu'il appelle le plus grand philosophe du monde. Il traduisit plusieurs traités faussement attribués à Denys l'Aréopagite, qui présentaient l'application du néo-platonisme à la doctrine chrétienne, et se montra alexandrin en philos, et panthéiste en théologie. Nous ne devons pas, disait-il. concevoir le Seigneur et la créature comme deux choses distinctes l'une de l'autre. Il savait le grec et l'hébreu, il fit des comment, sur la Morale d'Aristote et sur la République de Platon, et un livre sur la Division de la nature, qui contient l'exposé de ses idées sur l'homme et sur l'univers. C'est à cet homme, esprit subtil et très indépendant, que Hincmar eut la maladresse de demander un travail contre Gottschalk. Scot le fit, il écrivit son traité, De prœ-destinatione, mais en entremêlant sa démonstration de tant de propositions malsonnantes que les théologiens y relevèrent 100 hérésies. Scot fut condamné au conc. de Valence 855, sans être nommé expressément; il fut condamné de nouveau, et cette fois nominativement, au conc. de Langres 859, et Hincmar fut frappé du même coup, malgré la précaution qu'avait prise le Scot d'assumer sur lui seul toute la responsabilité de son œuvre. Nicoïas Ier dénonça le philosophe à Charles-le-Ch. entre 865 et 867, et la carrière publique de Scot finit là. On croit qu'il resta en France, dans un monastère quelconque, et qu'il f vers 876, en tout cas avant Charles son protecteur. On peut le considérer comme un des fondateurs de la scolastique. Plusieurs chroniqueurs, depuis Mathieu de Westminster, l'ont confondu avec Jean, Scot d'origine, v. Jean 15<>.
2° Duns Scot, v. Duns. — 3<> v. Jean 15°.
4° Michel S., savant du 13rae siècle, né vers 1210 à Durham, Angleterre, ou à Balweary, Écosse, connaissait l'hébreu, l'arabe et le grec, ainsi que les mathématiques, la philosophie, la chimie, et la plupart des sciences de son temps. On le faisait même passer pour magicien. Il habita longtemps la France, puis l'Allemagne où il jouit de la faveur de Frédéric II; enfin il retourna en Angleterre, où Édouard 1er lui confia diverses missions, entre autres l'ambassade de Norvège 1290; il mourut peu après. Il concourut à la traduction en latin des œuvres d'Aris-tote. On a de lui une Physiognomia, une étude sur les secrets de la nature, et une Mensa philo-sophica, que quelques-uns attribuent cependant à l'irlandais Th. Anguilbert.
SCOTT, Thomas, né 16 févr. 1747 à Bray-toft, Lincoln, le 10"" de 13 enfants; étudia 5 ans au collège de Scorton, commença en 1762 un apprentissage de pharmacien à Alford, le quitta pour devenir marchand de bestiaux comme son père, se remit aux études et se tourna vers le ministère, sans convictions religieuses, mais avec la pensée qu'il y réussirait plus facilement et qu'il aurait dans cette carrière plus de temps pour lire, une existence plus commode, et plus de chances pour se distinguer. Il débuta par la modeste paroisse de Stoke, avec 50 1. st. de traitement; il avait pour voisin à Olney le célèbre John Newton qui, à la longue, exerça sur lui une bonne influence. En 1774 il épousa Jeanne Keil, et ils établirent chez eux le culte domestique. Il fut appelé ensuite k Ra-venstone oit il se convertit du socinianisme à l'Évangile, et sa prédication s'en ressentit immédiatement; en 1777 il se fixa dans le village de Weston-Underwood, dépendant de sa paroisse et habita la maison de la Loge, célèbre par le séjour du poète Cowper. Ses connaissances médicales lui permirent de rendre de grands services pendant une épidémie de petite vérole. En 1781 il accepta la place d'Olney, et en 1785 il fut appelé k Londres comme prédicateur adjoint à l'aumônier de l'hôpital du Lock. Là son activité fut immense; non seulement il prêchait plusieurs fois chaque dimanche dans la chapelle, mais encore il avait le dimanche et pendant la semaine, souvent dès 6 h. du matin de nombreux cultes dans des quartiers éloignés de l'hôpital. En 1787 il fonda un Refuge pour les malheureuses victimes de la débauche, et la même année il posait les bases de la future Société biblique. Le 2 janv. 1788 il commençait son Comment, sur l'Ecriture sainte, qu'il terminait le 2 juin 1792. Ce travail, plusieurs fois refait et refondu pendant 30 ans, eut de son vivant 4 éditions en Angleterre et plusieurs contrefaçons en Amérique. Le produit de la vente totale dépassa 5 millions, mais n'enrichit naturellement que ses libraires. Il avait presque fini la 5rae éd. quand il mourut. Devenu veuf en 1790, avec des enfants en bas âge, il se remaria avec une personne pieuse et digne de son affec tion. Il publia vers cette époque ses Essais sur les sujets les plus importants de la religion, et ses Notes sur le Voyage du chrétien. Vers 1800 il concourut à la formation de la Soc. des Missions de l'Égl. anglicane. Sa santé l'ayant obligé de résigner ses fonctions et de se retirer dans la petite paroisse d'Aston, 1807-1814, il surveilla les études de jeunes élèves missionnaire* et apprit, pour les leur enseigner, les langues susoo et arabe. Sa santé déclinait. Le dim. 4 mars 1821 il prêcha pour la dernière fois, et sentit qu'il était mortellement atteint. Il f en pleine paix 16 avril 1821, après un ministère de 45 ans.
SCOTTI, Jules-Clément (comte de), né 1602 à Plaisance, étudia à Rome, se fit recevoir jésuite et enseigna la philos, à Parme et Ferrare. S'étant offert pour une chaire de scolastique, il fut refusé et en conçut une vive irritation. Nommé 1641 recteur du collège de Carpi, il s* relira en 1643 et se rendit à Venise, mais il fut rappelé et envoyé à Rome sans fonctions. Sr rendant en 1645 à Parme pour l'élection d'un général, il fut secrètement averti de n'y pas aller, et il poursuivit son chemin sur Venise, où il sortit de l'ordre, et publia son traité, contre les jésuites, sur la Monarchie des Solipm (tout pour moi seul) 1641, trad. en franç. Au* terd. 1721, qui eut un grand succès. On Ta faussement attribué au p. Inchofer qui n'en fut que le propagateur en allemand. Il fut nomme prof, à Padoue, où il f 1669.
SCRIVER, Christian, né 1629 à Rendsboorg, Holstein; f 1693 à Quedlinbourg; auteur dn Seelenschatz, si populaire en Allemagne. Pauvre, il réussit comme précepteur à achever ses études de théol., et finit par être pasteur à StendaL Magdebourg et Quedlinbourg. Ami de Spener. Marié 4 fois, il eut 14 enfants; deux seulement lui survécurent.
SCULPTURE. Moins privilégiée que ses sœurs, la poésie, la peinture et l'architecture, la sculpture n'a guère trouvé d'inspiration dans l'apparition du christianisme, dont le spiritualisme ne semble pas cadrer avec le réalisme des représentations matérielles. Les premiers spécimens que l'on en trouve, soit dans les catacombes, soit sur quelques sarcophages, tiennent plus du dessin que de la sculpture proprement dite, et n'ont pas de valeur artistique; ce sont des souvenirs et des symboles. Plus tard ce seront de* décorations, des ornements ajoutés à Tarchitet-ture, inspirés par la fantaisie, le paganisme, U légende ou même l'opposition religieuse. L» cathédrales du moyen âge, notamment celles dn 14me siècle, voient se multiplier d'une façon bizarre, mais sans beauté, des représentation* allégoriques, dues au ciseau des francs-maçons, qui sont la critique du clergé bien plus que l'éloge du christianisme; des prêtres, des moines, des évêques, des papes livrés aux tourments des enfers: une traduction de Dante. U Renaissance crée le Moïse de Michel-Ange: mais Jean Goujon lui-même ne se hasarde pas dans la sculpture religieuse, et l'on peut dire d'une manière générale que le christianisme ne prête à la statuaire ni par ses dogmes, ni par son histoire, en même temps que le commandement relatif aux images taillées n'a cessé de peser plus on moins sur le génie des artistes chrétiens.
SCULTETUS, Abraham, né 24 août 1566 à Grflneberg, Silésie, fit de bonnes études à Breslau. Son père ayant été ruiné par un incendie, il prit une place de précepteur et passa quelques années difficiles à Gflrlitz, Wittenberg, et Heidelberg où il obtint le grade de docteur en philosophie. Nommé chapelain de Frédéric IV en 1598, il finit par devenir chapelain de la cour et prof, à l'université. En 1618 il fut délégué au synode de Dordrecht, et en 1620 accompagna à Prague l'électeur qui venait d'accepter la couronne de Bohême. Les événements politiques l'ayant forcé de fuir, il se retira à Emden, où il fut nommé pasteur 1622, et où il f 24 oct. 1624. Il était réformé, mais aussi modéré en théol. qu'en politique. On lui a amèrement reproché cette modération, et Lucas Osian-der a été jusqu'à l'accuser d'athéisme. Sa justification, Narratio apologetica, ne parut qu'après sa mort. Il avait publié de nombreux ouvrages, la MeduUa des pères 1605-1613, une Hist. de la Réformation, inachevée, une Morale, des Plans de sermons, etc. Marié trois fois, il n'a laissé qu'une fille.
SCYTHIEN, d'origine arabe, mais né en Syrie, serait le vrai fondateur du manichéisme, d'après Épiphane, Cyrille de Jérus., Théodoret et des fragments de la discussion d'Archélatts avec Manès. Sa femme, une esclave égyptienne, l'aurait décidé à venir dans son pays, où il aurait appris à connaître la sagesse, et il serait mort au moment de se rendre en Palestine pour y propager ses idées. C'est par son disciple Térébinthe que sa doctrine serait parvenue à Manès. Ce n'est pas un personnage fictif, mais il y a de l'hésitation sur son identité. Baur le confond avec Simon-le-raagicien voyageant avec son Hélène; d'autres avec Elkesaï qui, né en Scythie, en aurait conservé le surnom. Néander admet l'histoire telle quelle.
SEBALD (saint), un des deux patrons de Nuremberg; l'autre est Lorenz. Voici sa légende: Fils d'un roi de Danemark, il vint à 15 ans étudier à Paris, épousa la fille de Dagobert, et la quitta le lendemain, avec son consentement, pour se faire ermite. Dix ans après il vint à Rome et Grégoire II lui confia l'évangélisation de l'Allemagne. Dans son voyage à travers la Bavière il rencontra Willibald qui allait mourir de faim, et il le sauva miraculeusement. Il travailla avec succès à l'évangélisation du pays, vivant en ermite dans un bois près de Nuremberg. Avant de mourir il ordonna que son cadavre fût placé sur un chariot attelé de 4 bœufs et qu'on l'enterrât là où les bœufs s'arrêteraient; ils s'arrêtèrent devant la chapelle de Sain t-Pierre, qu'on agrandit dès lors, qu'on embellit, à laquelle on donna son nom, et où l'on admire encore auj. son tombeau. Béatifié parGrégoire X, canonisé par Martin V, 1425. D'autres le font vivre entre le 10m® et le 11»® siècle, ce qui ruine toute son histoire. A-t-il seulement existé?
SÉBASTIEN, né vers 250 à Narbonne, élevé à Milan, entra dans l'armée, secrètement chrétien, pour pouvoir aider ses frères pendant la persécution dioclétienne, et pour travailler à la conversion des païens; il obtint sous ce rapport de grands succès, et convertit à Rome plusieurs prisonniers, leur geôlier Nicostrate, et la femme de ce dernier, Zoé, à laquelle il rendit en outre la parole, qu'elle avait perdue depuis 6 ans. Il garda si bien son secret que Dioclétien le nomma commandant des prétoriens, en même temps que l'év. Gaïus le déclarait le Défenseur de l'Église. A la fin reconnu et condamné au martyre, il fut criblé de flèches par les archers maures, et son corps pendu à un arbre. Mais il en revint, grâce aux soins d'une chrétienne, Irène. Saisi de nouveau, peu de temps après, comme il attendait l'empereur sur les marches du temple, pour lui parler, il fut assommé à coups de bâtons dans le cirque, et son corps jeté dans un cloaque. Un songe révéla à Lucine le lieu où il était; il en fut retiré et déposé aux catacombes, 288. Au 5me siècle une église fut bâtie sur son tombeau. En 680 la peste, qui ravageait la ville, s'arrêta dès qu'on eut élevé à Sébastien un autel dans l'église de Saint-Pierre aux liens. Il est considéré comme le patron des archers; on l'invoque pareillement contre la peste. Il y a de ses reliques en divers lieux. — D'autres martyrs du même nom sont reconnus chez les latins et chez les grecs.
SECKENDORF, Gui-Louis (de), hommed'État et théologien, né 20 déc. 1626 à Herzogenaurach, près Erlangen, fils d'un colonel au service de Suède, qui, ayant voulu passer à l'armée impériale, avait été décapité. Sa mère l'éleva soigneusement, à Cobourg, Mulhouse et Erfurt. Le duc Ernest l'admit au nombre de ses pages, mais le jeune homme désirant une vie moins agitée, fut envoyé par le duc au gymnase de Gotha. Plusieurs amis de son père s'intéressèrent à lui. De 1642-1645 il étudia à Strasbourg le droit, la philos, et la théologie. Puis après un voyage en Hollande, il fut nommé enseigne de la garde de Georges II, duc de Darmstadt. II remplit successivement diverses fonctions civiles, ecclésiastiques et diplomatiques, vécut dans la retraite 1681-1691, s'adonnant à des travaux littéraires; accepta la charge de chancelier de l'univ. de
Halle, nouvellement créée, avec le titre de consoler, et f 27 déc. 1692: < le plus noble des chrétiens, et le plus chrétien des nobles, » comme l'appelaient ses contemporains. Il fut enterré à Meuselwitz. Son fils unique ne lui survécut pas longtemps. Parmi les ouvrages qu'il a laissés, les principaux sont: un Compen-dium d'hist. ecclés., fait à la demande du duc Ernest, 1660; une Hist. apologétique du luthéranisme, contre Maimbourg; une Dissertation sur la doctrine de Luther quant à la messe, 1686; l'État chrétien, contre l'athéisme et le naturalisme, 1684: un traité sur le piétisme, quelques traductions de Spener, des cantiques, etc. Il a écrit aussi quelques ouvrages politiques.
SECOND (Secundus) et les Secundiens; le plus ancien des disciples de Valentin, mais avec des nuances. Il admettait un double quadrige d'éons, qu'il distinguait comme lumière et ténèbres, droite et gauche. Il opposait aussi à la So-phia, ou Sagesse, supérieure, une Sophia inférieure. Enfin il admettait un nombre infini d'éons. Augustin reproche à la secte son immoralité. D'après Épiphane les secundiens étaient fort nombreux en Orient.
SECONDIN lo Manichéen d'Afrique; il reproche à Augustin sa désertion, et n'est connu que par la réponse que lui fit Augustin.—2o Irlandais, neveu de saint Patrick, fils d'une sœur qui aurait épousé le lombard Restitutus. Né vers 380 dans l'Italie septentrionale, il vint en Irlande 439 et fut nommé év. de Domnach. f 448 ou 459. Auteur d'une Hymne alphabétique à saint Patrick, connue déjà au 7me siècle, et retrouvée par Muratori au couvent de Bobbio; Todd l'a retrouvée aussi 1854 dans un mss. de Trinity-College, Dublin.
SECOURISTES. Parmi les Appelante du jansénisme, un parti extrême s'était formé, qui, malgré la bulle et malgré la loi, voulut continuer l'œuvre des convulsionistes et s'ingénia par divers moyens à surexciter l'état nerveux de cet enthousiasme maladif. On eut recours entre autres à des procédés brutaux, coups de pieds sur la poitrine, entailles, flagellations, charbons brûlants. Cela aidait à l'excitation; c'est ce qu'on appelait les grands « secours, » et ceux qui se chargeaient de les administrer étaient appelés secouristes. Mais comme on allait trop loin, il se forma un parti contraire, sous le nom d'antisecouristes. Ce mouvement insensé tomba vers 1733.
SECTE, du latin Sectari=sequi, suivre, sert à désigner un ensemble de personnes qui s'attachent à un conducteur, spirituel ou autre, et qui en suivent les directions, les conseils ou les ordres. Le mot est employé Act. 24, 5. 14. comme traduction du mot grec Hèrèsis, pour désigner les chrétiens qui abandonnaient la religion de leur nation. Et depuis qu'au 3™ siècle l'idée de l'Église eut prévalu, le nom de secte fut donné à tout écart, de doctrine ou de morale, qui pouvait y porter atteinte. Le Corpus de droit-canon n'énumère pas moins de 68 sectes; et depuis la Réformation le nombre en a bien augmenté. Longtemps on s'est demandé quelle devait être l'attitude de l'autorité vis-à-vis de ces sectaires, hérétiques ou schématiques, et pendant les jours de sa puissance l'Eglise a cru faire une œuvre de charité chrétienne en sauvant les hommes malgré eux, et en les contraignant par tous les moyens, même par des supplices, de renoncer à l'erreur et de rentrer dans l'unité. Plus tard les princes ont vu dans la secte, non plus un outrage à la vérité, mais un acte de rebellion contre leur autorité, et c'est à ce titre qu'ils ont sévi; c'était en particulier l'idée de Louis XIV. Avec le 18°" siècle un principe nouveau de tolérance a commencé à prévaloir, et l'État ne demande plus auj. à une secte que de ne rien renfermer qui soit contraire à la loi et à la morale.
SÉCULARISATION, v. Amortisation.
SÉCULIER: du siècle. se dit du pouvoir civil, par opposition au pouvoir ecclesiastique: le bras séculier était chargé au moyen Age d'exécuter la besogne ordonnée par l'Église. On appelle clergé séculier celui qui vit dans le monde, prêtres, curés, évêques, etc., par opposition au clergé régulier qui est sorti du monde et qui vit dans la retraite, moines, religieux, etc.
SEDAN, ville de l'ancienne Champagne, fut de bonne heure une principauté indépendante. Acquise par la maison de Bouillon sous Robert 1er 1489, et possédée entre autres par le célèbre Robert de la Marck, elle passa avec Charlotte à H. de la Tour d'Auvergne, comte de Turenne 1591, et fut réunie à la France par Richelieu 1641 après la bataille de la Marfée. La réforme avait été introduite à Sedan 1558 par la conversion de Henri Robert et de sa vaillante femme Françoise de Bourbon-Montpen-sier, en réponse à l'Édit de Henri II, qui établissait en France l'Inquisition. Une partie de ses sujets suivirent son exemple. De nombreux protestants venaient de divers endroits chercher un refuge dans les murs hospitaliers de cette petite ville, et ils apportaient avec eux leur fortune, leur industrie et leur esprit d'ordre. Après la Saint-Barthélémy, l'immigration fut plus grande encore, et l'obligation de loger tant de malheureux fugitifs donna naissance à de nouveaux quartiers; il fallut agrandir la ville. Beaucoup de ces réfugiés avaient une culture littéraire et théologique; d'accord avec ces illustres proscrits, Henri traça un plan d'instruction publique et décida la fondation de cette académie qui devint bientôt une des plus célèbres de l'Europe, et où la théologie était largement représentée. Des hommes comme Tilène, Bordellius, Dumoulin, Jacques Cappel, préparèrent les voies anx Des Marets, Blondel, Le Blanc de Beaulieu, Basnage, Abbadie, Bondel, Jurieu, Rambour, qni Tirent à divers titres la réputation de eette académie, et qni la plupart maintinrent avec éclat la tradition et le dogme calvinistes. L'annexion à la France marqua la fin de cette prospérité. Les lois, les décrets, les capucins, les jésuites, firent bientôt fermer les temples et les écoles, et l'académie fut supprimée, 9 juill. 1681. Le cnlte réformé y fnt rétabli avec la loi de germitifcl, mais dans l'intervalle la population protestante avait diminué et le temple avait été donné aux catholiques par l'autorité, v. Peyran. Auj. chef-lieu de Consistoire, avec 2 pasteurs, de bonnes écoles et un orphelinat de filles.
SEDER OLAM, deux ouvrages d'annales de l'histoire juive; l'une, le grand, raWw, est du 2<»e siècle; la tradition l'attribue à José ben Chalafta; il a de la valeur comme chronologie. L'autre, Suta, est du 8®e ou du 9"« siècle.
SEDULIUS, 1® Caïus, Cœlius, ou Cœcilius. poète du 5»>e siècle, mentionné par Isidore de Séville. Auteur d'un Chant pascal, dédié à son père spirituel Macédonius; d'après la préface dèdicatoire, il fut prof, de philos, et de rhétorique en Italie; il fut ensuite prêtre en Achaïe, et peut-être évêque. Son Chant pascal, imprimé dès 1473 par Aide Manuce, et qui a pour sous-titre Des miracles de Christ, est en hexamètres; il se compose de 5 livres, et traite de l'œuvre de Dien dans l'ancienne alliance; de la Trinité, contre les ariens et les sabelliens, et de la vie de Jésus. On lui attribue aussi plusieurs hymnes, entre autres: A soit» ortus cardtne, et He-rodes, hostvt impia. Publ. par Aurival 1794; Migne, T. 19.
3o théologien et juriste-écossais, Disciple de de Hildebert, parcourut la France, l'Italie et l'Asie, et assista 721 au conc. de Rome sous Grégoire II.
3» Irlandais, surnommé Scott», et Junicor; il vint en France 840-860, et écrivit des Mélanges, Mtscellanea, sur les épltres de Paul, ainsi qu'nn intéressant traité sur les devoirs des gouvernants chrétiens; des cantiques, et quelques autres ouvrages.
SEEKERS, les chercheurs, questionnistes, ou scrutateurs, secte anglaise du 17m« siècle, qui, regardant l'autorité de l'Écriture comme insuffisante, travaillait à chercher la vraie religion. Elle voyait dans la repentance et la pénitence le moyen d'obtenir le pardon des péchés; ils insistaient sur le sacerdoce universel (des laïques), rejetaient le baptême, ne voyaient dans la Cène qu'un mémorial, et en excluaient les femmes.
SEETZEN, Ulrich-Jasper, né 30 janv. 1767 à Sophiengroden près Oldenbourg, étudia la médecine et les sciences naturelles à Gôttingue 1785-1788, et après avoir parcouru la Hollande et l'Allemagne, s'établit à Gotha, 1801. Le duc et son fils s'intéressèrent à lui, et lui fournirent les moyens d'entreprendre le grand voyage d'Orient qui a fait sa réputation. Il partit 13 juin 1803, visita d'abord Constantinople, en 1803 Smyrne et Alep, en 1805 le Liban et l'Antili-ban, parfaitement au fait des langues et des coutumes des pays qu'il traversait. En 1806 il étudia l'Hermon et parcourut les rives orientales du Jourdain et de la mer Morte; en 1807 il vint au Caire où il passa 2 ans, visita la haute Égypte, fit d'importantes collections d'antiquités, produits du pays, curiosités, entre autres 1574 mss., qui ont servi de base au musée oriental de Gotha. Il se fit musulman pour pouvoir accomplir sans danger le pèlerinage de La Mecque et Médine, et prit en secret des plans et des croquis intéressants. En 1810 il visita l'Yémen, Aden, Moka, pù ses effets furent saisis. Pour les ravoir il s'adressa à l'iman de Saana, mais il f subitement, oct 1811, probablement empoisonné, près de Taes. Son journal a été publié par Kruse de Dorpat, Berlin 1854-1859» sous le titre de Voyages en Syrie, etc.
SEGA, v. Ricetto.
SEGARELLI, v. Frères apostoliques.
SEGNERI, Paul, né 1624 à Nettuno, États de l'Église, l'ainé de 18 frères, élevé à Rome par les jésuites, entra lui-même dans l'ordre à 15 ans. Prédicateur distingué, nourri de Cicé-ron, il se fit connaître d'abord à Pérouse et à Mantoue, et depuis 1665 se mit à parcourir l'Italie, prêchant partout avec un grand succès. En 1692 Innocent XII le nomma prédicateur du Vatican, puis théol. du palais, f 9 déc. 1694 à Rome. Il a laissé un Carême, des Panégyriques, de nombreux sermons riches de forme et de fond, quelquefois un peu ampoulés; des ouvrages d'apologétique et de controverse, et un traité contre Molinos. Réimpr. Ratisbonne 1858, 20 vol.
SÉGUIER, Pierre, né vers 1650, à Magesta-vols, cardeur de laine, un des prophètes cami-sards, surnommé Esprit. Accompagné de quelques amis, armés de faux et de haches, il partit en juillet 1702 pour aller délivrer les prisonniers du Pont de Montvert. L'abbé du Chayla paya de sa vie ses cruautés. La guerre était déclarée. Noguier, chef de l'expédition, fut surpris par le capitaine Paul, fait prisonnier avec deux de ses amis, et brûlé 12 août au Pont de Montvert.
SEILER, Georges-Frédéric, nè 24 oct. 1733 à Kreussen près Baireuth, occupa quelques postes comme pasteur, et fut 1770 nommé prof, de théél. à Erlangen, ob il se distingua par ses talents, son activité et plusieurs fondations artistiques et littéraires, f 13 mai 1807. Auteur d'un grand nombre d'ouvrages d'édification et d'apologétique, Catéchisme, Dogmatique, Revue chrétienne, Sermons, etc.
SEITZ, Jean-Christian, né vers la fin du 17'«•siècle près de Baireuth; séparatiste, enthousiaste, millénaire, commença ses prédications vers 1720 et recruta des adhérents. Il avait fixé à 1750 le commencement du règne de mille ans, mais il ne le vit pas, car il f vers 1740 après avoir été quelque temps précepteur d'un jeune prince et s'être fait renvoyer. Il parcourut l'Angleterre et la Hollande.
SELDEN, John, homme d'État anglais, avocat, théologien. Né 16 déc. 1584 à Salvington, Sussex, il fit de bonnes études, très variées. La carrière du droit ne lui ayant pas réussi, il l'abandonna pour se vouer à la littérature. Un premier travail sur les Dîmes 1618, dans lequel il combattait cette institution, fit scandale, et il dut se rétracter solennellement. Il montra à la Chambre des Communes une grande indépendance de caractère, fit opposition à la Cour, fut nommé membre de la commission chargée de rédiger l'acte d'accusation contre Buckingham, protesta contre la réglementation de la Chambre et de la presse et fut enfermé à la Tour, 1628; relâché en 1634. Persécuté pendant tout le temps que Charles gouverna sans la Chambre, il fit partie du Long Parlement et resta modéré; les royalistes lui reprochaient son indépendance, et les républicains sa faiblesse. Il signa le Covenant en 1644, mais refusa de s'associer aux mesures de rigueur contre le roi, et après la catastrophe de 1649 il rentra dans la vie privée. Comme membre de l'Assemblée de Westminster, il travailla dans le sens de l'indépendance. f 30 nov. 1654. Sous une écorce un peu rude, c'était un cœur généreux et une conscience profondément chrétienne. Il a laissé de nombreux écrits, réimpr. Londres 1726, 3 vol. in-fol., d'érudition et de politique. On remarque surtout sa Mer ouverte, en réponse à la Mer fermée de Grotius; ses Comment, sur les marbres d'Arundel; ses Recherches sur la Législation des Hébreux; la Femme hébreue, où il justifie la polygamie au point de vue naturel.
SELIGER, v. Saliger.
SELNECKER, Nicolas, né 6 décembre 1530 à Hersbrtick près Nuremberg, était si bon organiste à 12 ans, que l'emp. Ferdinand aurait voulu l'emmener avec lui en Espagne. En 1549 il vint étudier à Wittenberg, et se lia intimement avec Méianchthon, dont il fut le disciple le plus convaincu. Pasteur à Dresde, où il se maria, 1558, il se brouilla avec les partisans de Méianchthon; il vint comme prof, à Iéna, la place forte du luthéranisme, 1561, mais ne tarda pas à être dénoncé comme cryptocalviaiste. En 1568 il est prof, à Leipzig, en 1570 pasteur surintendant à Wolfenbuttel, et docteur en théol. de Wittenberg; en 1574 de nouveau & Leipzig comme prof, et pasteur surintendant. Il paraît que dans l'intervalle ses vues s'étaient modifiées. Son Institutio, qui parut en 1572, est encore mélanchthonienne, et au synode de Lichtenberg 1576 il compte parmi les plus fougueux adversaires de Mél. et parmi les plus fervents adeptes d'Andreae. Il travaille à la rédaction de la Formule de Concorde, puis, quand elle est publiée 1580, il se brouille avec André». Il fut destitué 1589, ainsi que son fils et son gendre, quand le philippisme fut rentré en faveur sous Chrétien I. Il allait être réintégré lorsqu'il f 24 mai 1592, fidèle à son luthéranisme rigide: d'ailleurs aimable et facile dans les relations privées. On a de lui 175 ouvrages, presque tous d'édification, et beaucoup d'hymnes et cantiques.
SELVAGGIO, Jules-Laurent, né 10 août 1728 à Naples, contrefait et bossu à la suite d'une chute en 1739, montrait tant de dispositions pour l'étude, qu'il se voua dès 1744 à la carrière ecclésiastique, fut ordonné en 1752 et fut chargé dès lors des fonctions de censeur et d'examinateur synodal. Ses poésies grecques et latines lui ouvrirent les portes de l'Arcadia. D donna aussi des cours de droit canon et de droit civil. Il retravailla l'hist. ecclés. de Mos-heim au point de vue cathol., et il achevait au moment de sa mort, nov. 1772, son principal ouvrage: Des antiquités chrétiennes, dont le chanoine Kalepbati publia l'édition posthume.
SEMAINE tamte. D'un consentement presque unanime les Églises chrétiennes consacrent la semaine qui précède Pâques, à la commémoration des souvenirs que chaque jour rappelle. Le dimanche des Rameaux est généralement choisi pour la réception des catéchumènes, quoique rien ne justifie cet usage; il est probable que l'approche des communions et le commencement de la belle saison, la fin de l'hiver et des travaux réguliers, ont décidé, en dehors de toute raison théologique, la fixation de cette époque; le nom de Pàque fleurie que le peuple donne en France à la fête des Rameaux, marque bien le mélange de nature et de religion qui se retrouve inconsciemment dans la plupart des fêtes de l'Égl. L'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem, et les palmes, les rameaux, les fleurs dont on joncha la voie, sont l'heureuse inauguration d'une semaine à jamais mémorable. Le jeudi saint était déjà reçu au temps d'Augustin comme jour de l'institution de la Cène, et il est solennité comme tel dans plusieurs Églises; à Rome, et ailleurs, on y ajoute le lavage des pieds. Le vendredi saint est le grand jour de deuil; beaucoup d'églises sont tendues de noir et les fidèles jeûnent. Chez les catholiques, ni cloches, ni consécration des éléments. Le samedi, vigile de Pâques, est également solennisé, en mémoire du Christ au tombeau. Quelques sectes, par un rigorisme respectable, mais exagéré, ont supprimé toutes les solennités pascales, sous le prétexte spécieux que le chrétien doit célébrer toute Tannée les souvenirs sacrés de la rédemption.
SEMI-ARIENS, parti intermédiaire entre les orthodoxes et les ariens; ils admettaient entre le Père et le Fils ressemblance, mais non pas identité de nature; ils étaient homoyousiens, q. v. Leurs principaux représentants furent Basile d' Ancyre, Eustathe de Sébaste, Macédon de Constantinople, Eusèbe de Nicodémie (d'où on les appelait eusébiens); ils avaient eu déjà un prédécesseur en Eusèbe de Césarée. Leur tentative de conciliation échoua d'autant plus, dans divers synodes, que probablement la plupart des évêques ne comprenaient pas bien ces nuances, v. Arius, Macédonius.
SÉMINAIRES, maisons destinées à l'éducation et à la formation d'ecclésiastiques. Presque toutes les Églises ont les leurs, quoique les avantages de ce système soient de plus en plus contestés. S'il est bon que pendant le cours de leurs études les jeunes gens soient tenus à l'abri des dissipations, soustraits aux tentations et surveillés, il est également bon qu'avant d'entrer dans le monde ils aient appris à le connaître, à se surveiller eux-mêmes et à faire l'expérience de leurs forces et de leur faiblesse. Quoi qu'il en soit, la plupart des évéchés en France et plusieurs universités en Allemagne, ont leurs séminaires. Le conc. de Trente, 23™ session, entre dans beaucoup de détails sur l'âge des séminaristes, qu'il admet à partir de 12 ans, auxquels il impose la tonsure et le costume ecclésiastique, et dont il règle l'entretien. La question de l'âge est importante et a été diversement résolue: les uns laissant l'enfant chez ses parents jusqu'au moment où il commence sa théologie; les autres au contraire l'envoyant au séminaire de bonne heure, mais l'en affranchissant lorsqu'une sorte de maturité et la nature même de ses études permettent de l'abandonner à lui-même. Les séminaires ont toujours joui de quelques privilèges, et il en est résulté des abus, dont le plus grave se trouve dans la distinction qu'on a essayé de faire entre les grands et les petits séminaires, les premiers étant seuls sérieux comme écoles de recrutement pour le clergé; les petits n'étant que des pensionnats et faisant aux lycées officiels une concurrence ruineuse, sans que les prétendus séminaristes aient aucunement l'intention de se mettre au service de l'Église. La loi de 1882 y a remédié en partie.
SÉMI-PÉLAGIENS, v. Pélage.
SEMLER, Jean Salomon, né 18 déc. 1725 à Saalfeld, où son père était archidiacre. Il étudia à Halle, et fut admis à la maison des orphelins où il reçut de sérieuses impressions, qui ne s'effacèrent jamais; il subit l'influence de Baum-garten qui développa en lui le sens et l'esprit critique. En 1750 il passa à Cobourg comme prof, au gymnase et rédacteur de la Gazette de Cobourg; en 1751 il est nommé prof, d'histoire à Altorf, en 1752 prof, de théol. à Halle, et en 1757 après la mort de Baumgarten, il le remplace comme directeur du séminaire théologique. Dès lors sa critique devient plus indépendante et plus hardie. Il se jette dans les innovations les plus aventureuses, et s'appuyant des travaux de Bichard Simon, de Weststein et d'autres, il trie arbitrairement dans la Bible les livres qui lui paraissent inspirés et rejette les autres, Ruth, le Cantique, Ester, Esdras, Nêhé-mie, etc. L'Apocalypse lui apparaît comme l'œuvre d'un chiliaste fanatique; les Évangiles sont des compilations faites à divers points de vue; Jésus-Christ s'accommodait aux préjugés de son temps, etc. Il distingue avec soin la théol. et la religion. Les hommes ne peuvent pas arriver à une conception dogmatique; chacun se fait naturellement son système, indépendant de la doctrine officielle à laquelle les serviteurs de l'Église sont tenus de se conformer strictement. Plus tard, cependant, en voyant les progrès et les audaces du rationalisme qui se réclame de lui, il attaque les Fragments de Wolfenbuttel et fait si bien qu'un ministre rationaliste lui retire la direction du séminaire. Il combat aussi le déisme anglais, f 14 mars 1791. Il a laissé de nombreux ouvrages, mais dont aucun ne forme un système complet. Les principaux sont: Son Introd. à l'exégèse théol. et Son Inslitutio ad doctrinam christianam. Son érudition était immense, Vie, par Tholuck, et par Eichhorn.
SENDOMIR, ou Sandomir, petite ville de Pologne, connue par la conférence qui eut lieu en 1570 entre les délégués des Égl. réformée, luthérienne et morave, et l'alliance ou union qu'ils contractèrent, sous le nom de Consensus Sandomiriensis. Cet accord leur était imposé par la nécessité de pouvoir opposer une résistance efficace, d'une part aux antitrinitaires et aux anabaptistes, de l'autre à la campagne menée contre eux par les catholiques sous les ordres de fév. Ilosius et du légat Commendone, qui entouraient le faible roi Sigismond. Déjà un premier essai d'alliance avait eu lieu en 1555 entre réformés et moraves snr la base de la li-targie morave; et un autre entre luthériens et moraves 1560, mais ils avaient échoué sur des détails. De nouvelles négociations eurent lieu en 1570, à Posen 13 févr., à Wilna 2 mars, et le traité définitif fut discuté et adopté à Sendo-mir du 9 au 15 avril, sous la présidence des réformés qui étaient les plus nombreux. Confirmé à Thorn en 1595, le Consensus fut résilié à la suite d'une autre conférence de Thorn 1645, mais il avait porté de bons fruits.
SÉNÈQUE, philos, stoïcien, précepteur de Néron et condamné par son maître à s'ouvrir les veines dans un bain. Jérôme, Augustin, les Actes des Martyrs de Linus, parlent d'une correspondance qui aurait été échangée entre Paul et le philosophe, lors du séjour de l'apôtre à Rome. Ces lettres, qui ont été conservées, mais avec des récensions différentes, n'ont pas une grande portée. Sénèque loue Paul et sa doctrine, mais il lui recommande d'améliorer son style et il lui envoie un traité sur la valeur des mots; Paul lui recommande d'être attentif à son enseignement. C'est au 15®s siècle seulement que l'on a nié l'authenticité de ces lettres, et contesté que Sénèque fût devenu chrétien; le séjour de Paul à Rome, ses rapports avec Gai lion, fr. de Sénèque, et les vagues analogies que l'on a cru trouver entre les maximes du philosophe et la doctrine de l'apôtre, ne constituent en effet pas une preuve suffisante.
SENTENCES (Livre des), titre donné par P. Lombard à la célèbre Dogmatique, par laquelle il a consacré et systématisé pour la première fois l'esprit et les prétentions de la hiérarchie au moyen âge. Ce livre, ou plutôt cet ouvrage en 4 livres, a fait époque; il est devenu presque aussitôt le manuel de la Dogmatique catholique; son auteur a été surnommé le Maître des sentences, et ceux qui sont venus après lui n'ont guère fait que le commenter, en entrant dans des détails minutieux et souvent ridicules; ainsi Pierre de Poitiers, Alex, de Haies, Thomas, Duns, Occam, etc. On donne aussi par extension le nom de Sententiaires aux anciens auteurs qui ont fait des recueils de sentences tirées des pères; ainsi à Isidore de Séville, Hu-gue de Saint-Victor, etc.
SEPP, Jean -Népomncène, né 7 août 1816 à Tfilz, Haute-Bavière, fit sa théol. et sa philos, à Munich, où il se lia avec Môhler, GOrres et Schelling, combattit Strauss 1843, fit un voyage en Orient 1845 à 1846, qu'il publia richement illustré; fut privé de sa place de prof, d'hist. à l'école supérieure de Munich à cause de son opposition dans l'affaire de Lola Montes; fut élu au parlement de Francfort 1848 et à la Chambre des députés de Bavière 1849, et rentra dans l'enseignement en 1850. En 1863 il publia en 3 vol. son: Le paganisme et sa signification pour le christianisme. Conservateur catholique il prit souvent la parole dans des assemblées populaires. H écrivit 2 fois contre Renan, la seconde fois sur la demande de l'arehev. de Paris. En 1868 et 1869 il fut réélu aux Chambres de Bavière, et se prononça énergiquement en 1870 contre la France. Vis-à-vis du concile il prit une position indépendante, mais non militante; il aurait voulu une revision du Canon biblique, et l'examen des questions relatives à l'Évangile des hébreux et aux rapports de Marc et de Matthieu; il publia aussi une brochure très allemande: l'Allemagne et le Vatican. On a encore de lui divers ouvrages de théol., d'architecture et de politique, et un travail sur les Actes des Apôtres. Nouveau voyage en Palestine 1872.
SEPT (Les sept dormants;, v. Dormants.
SÉQUENCES, en terme d'église, fragments de lecture ou de chant qui se suivent. Le rituel de la messe se termine par un Alléluia, dont la dernière syllabe se prolonge volontiers en de capricieuses modulations qu'on appelle jubilations, et aussi séquences. Mais pour les empêcher de sortir du ton et de dégénérer, on eut l'idée d'y mettre des paroles; Notker essaya l'un des premiers, et il réussit si bien que Nicolas I* donna son approbation aux 30 séquences qu'il lui présenta. Au 11»® siècle on en comptait jusqu'à 100. Le missel du concile de Trente n'en a consacré que 5: le Victimœ paschalis, Veni Sancte Spiritus, Lande Sion Salvatorem, Stabat mater, Die$ irœ. Les franciscains en ont une 6m«: Lande Sion Jesu nomen.
SÉRAPION lo év. d'Antioche 190-199, renommé pour son zèle et sa piété, a écrit contre les montanistes et en faveur de l'Évangile de Pierre: fragments chez Eusèbe et Jérôme. — 2o év. de Thonuis, Égypte, surnommé le Scota*-tique, ami d'Antoine et d'Athanase; consacré par ce dernier 340, il le défendit à Sardique 348, intercéda pour lui vainement auprès de l'empereur, et fut lui-même exilé, f 358. Auteur d'un livre contre les manichéens, et d'une Lettre aux moines égyptiens. C'est probablement le même que l'ancien abbé d'Arsinoé, dont parle Palladius, qui avait 10,000 moines sous ses ordres et qui, du produit de leur travail, soulageait les pauvres d'Alexandrie et des environs. — 3° un saint du 4®« siècle, vers 350, surnommé le Sin&mite à cause du drap blanc dont il était couvert; il pratiquait la plus grande abstinence, voyageant çà et là, et Von raconte qu'il se vendit une fois à des artistes ambulants, pour pouvoir aider une pauvre femme; une autre fois à un manichéen pour le convertir, f 388. — 4° diacre de Chrysostome» le seconda dans ses efforts pour rétablir la discipline des mœurs dans le clergé; se fit beaucoup d'ennemis. Év. d'Héraclée. — 5® Plusieurs antres personnages de ce nom: nn des Sept dormants; nn martyr sous Maximin, exécuté à Alexandrie; un trinitaire mis à mort par les ma-hométans 1240, canonisé 1728 par Benoît XIII.
SERENUS, év. de Marseille à la fin du 6"» siècle, connu par la guerre qu'il fit aux images dans tous les temples de son diocèse. Sur les réclamations du peuple et du clergé, Grégoire intervint, à regret, semble-t-il, approuvant Se-renus de proscrire les abus et de faire la guerre 4 l'idolâtrie et à la superstition, mais lui reprochant d'aller trop loin en condamnant l'usage et en enlevant au peuple le moyen de s'instruire par les peintures qui décorent les murailles.
SERGIUS, ou Serge; quatre papes de ce nom: 1° Serge 1er, oct. 687 — 8 sept. 701, né et élevé à Païenne, appelle auprès de lui Bède-le-Vénérable, qui refuse par amour pour la vie monastique. Il resta sept ans absent de Rome, à cause des persécutions dirigées eontre lui, parce qu'il avait refusé de signer les décrets du concile Quinisexte; il ramena le patriarche d'Arménie à la foi orthodoxe, orna et répara plusieurs églises, éleva un tombeau à Léon-le-Grand, et institua diverses cérémonies. Il baptisa le roi anglo-saxon Ceadwalla, qui était venu à Rome, qui y mourut et fut enterré à Saint-Pierre. Il sacra 696 Willbrord, év. d'Utrecht, et en 698 fit condamner à Aquilée les Trois chapitres.
2° Serge II, 834-847, profite des embarras de l'empire pour éluder son serment et se faire consacrer sans l'approbation de Lothaire 1er. H fait cependant la paix avec lui en sacrant son fils Louis II roi, non d'Italie, mais de Lombardie. Sous son règne 846 les Arabes pillèrent la campagne romaine et dépouillèrent de ses trésors l'égl. de Saint-Pierre.
3° Serge III, 904-911. C'est avec lui que commence la dynastie des femmes impures qui pendant 50 ans firent des papes. Amant de la Marrouzia, et depuis longtemps connu par ses vices, il fut la première créature de ces prostituées. Il eut de cette femme déréglée un fils qui plus tard aussi devint pape. Élu déjà une première fois en 898, en concurrence avec Jean IX, il avait dft s'enfuir en Toscane. Sa faction réussit en 904 à le ramener en triomphe.
4<> Serge IV, Pietro Bocca di Porco, ou Bucca Porci (groin de porc) 1009-1012. On comprend pourquoi il changea son nom, mais il ne fut pas le premier, en montant sur le trône. Avec lui la famille de Toscane commence a reprendre de l'influence sur les élections et à rendre pour •quelque temps la dignité papale héréditaire -dans son sein. La féte de Toutes-Ames se célèbre pour la première fois 1010 à Clugny.
= Plusieurs saints du même nom 1® Serge et
Bacchus, toujours nommés ensemble, nés à Rome, bannis sous Maximin. Sur leur refus de sacrifier, Bacchus fut mis à mort à Rome et son corps jeté aux bétes, qui ne le touchèrent pas. Serge fut martyrisé à Rosaph en Syrie, et Bacchus lui apparut pour le fortifier. Guéri de ses plaies par un ange, il eut la téte tranchée 290.
— 2<> plusieurs martyrs de Saint-Saba, assassinés par des brigands 797. — 3® un martyr sous Dioclétien. — 4» Serge-le-Saint, surnommé le Confesseur par Photius parce que, en défendant le culte des images sous Léon l'Isaurien, il fut banni et eut ses biens confisqués. Il vivait dans lre moitié du 9™« siècle et écrivit l'hist. de la Lutte pour les images depuis Const. Copronyrae jusqu'à Michel II; elle n'a pas été conservée.
— 5® autre saint de l'Égl. grecque, né 1315, fils d'un boyard russe; il laissa toute sa fortune à son frère et se retira dans un bois près de Ra-donesh, où il bâtit une église; 12 amis vinrent l'y rejoindre et ils fondèrent ensemble le couvent de Troïza, ou Troitzkoje. Dimitri Donskoï ayant remporté une victoire que Serge lui avait prédite, fit cadeau à la communauté de 11 villages. Serge fonda encore d'autres couvents et f 7 sept. 1391. Canonisé 17 juill. 1423. L'imp. Anna a donné au couvent un cercueil en argent pour y recevoir les restes de ce célèbre religieux.
— 6» v. Pauliciens.
SERRES 1° Jean (de), aussi connu sous son nom latin de Serranus, né 1540 à Rhodez (ou Villeneuve-de Berg) étudia à Lausanne et à Genève, où il remplit aussi des fonctions pastorales 1558-1569; vint ensuite en France, échappa miraculeusement à la Saint-Barthélémy, fut nommé pasteur à Nîmes en 1582, fut employé par Henri IV à diverses négociations et reçut de lui le titre d'historiographe de France, f 19 mai 1598, probablement empoisonné. Outre ses travaux sur les règnes des derniers Valois, on a de lui un traité latin sur la Foi catholique comparée aux principes de la religion chrétienne 1697, un autre sur l'État de la religion en France, plusieurs Antijésuites, et un assez grand nombre d'autres écrits, traduits ou originaux.
2® Olivier, son fr. aîné, 1530-1619, est considéré comme le père de l'agriculture en France, où il introduisit, avec le mûrier, l'industrie de la soie.
SERVATl-S, v. Loup 4".
SERVET, ou Servede, Michel, né 29 sept. 1509 ou 1511 à Tudella, Navarre ou à Villan-nueva, Aragon, d'une famille estimée, fils d'un notaire, commença ses études à Saragosse, vint ensuite à Toulouse où, à côté du droit, il étudia les vieux classiques, l'hébreu, et la théologie qui l'intéressa touj. vivement à cause des problèmes qu'elle soulève; assista peut-être au couronnement de CharleS'Quint à Bologne 22 fèv. 1530, et déjà redoutant l'Inquisition à cause de l'impétuosité de sa pensée, il vint à Bâle 1530 et prit le nom de Revès en intervertissant l'ordre des lettres de son nom. Il avait des idées particulières sur la Trinité; ni OEcolampade à Bâle, ni Bucer et Capiton à Strasbourg, ne purent le convaincre, et il fit imprimer à Haguenau, sans nom de lieu, ses 7 livres Deerroribui 1531, qui malgré leur rédaction défectueuse firent sensation. De retour à Bâle il fut arrêté et ne recouvra sa liberté qu'au prix d'une rétractation. Son ouvrage fut condamné par ordre de l'empereur, confisqué et détruit partout où on put l'atteindre. En 1532 Servet publia à Haguenau un nouvel ouvrage: De Trinitate libri IL Dejustitiâ regni Christi cap. IV, où il regrette les fautes de style et d'impression de son premier livre, mais sans en désavouer le contenu. En 1533 il se rend dans les États vénitiens, puis à Orléans, et en 1534 à Lyon, où il vit de sa plume et comme correcteur d'épreuves; il publie une traduction estimée de la Géographie de Ptolémée, à laquelle l'édition de Pirkheimer sert de base. En 1537 il vint à Paris pour y étudier l'astrologie, la médecine et la philosophie, se fit recevoir maître ès arts et docteur en médecine et donna quelques cours de géogr. et d'astrologie. Ses attaques haineuses contre les médecins de Paris, les indisposèrent contre lui, et il fut dénoncé comme hérétique à cause de ses conférences sur l'astrologie. Il se défendit par une apologie passionnée. qui aigrit encore plus ses ennemis. Il avait du talent comme médecin, et paraît avoir entrevu l'un des premiers la circulation du sang. De Paris il se rendit à Avignon, à Chaulieu où il eut de nouvelles difficultés avec les médecins; à Lyon, enfin à Vienne, Dauphiné, sur la demande de l'archev. Paumier. Vers cette époque il réimprima sa Géogr. et publia une Bible latine de Santés Pagninus, avec des notes qui la firent mettre à l'index; il soutenait entre autres que tous les oracles des prophètes avaient été accomplis dans l'histoire même du peuple d'Israël, 1542. L'année suivante parut son principal ouvrage: Christianismi restitutio, par M. S. V. qui n'est qu'une attaque déguisée, une réponse indirecte au livre de l'Institution, parfois même une tentative panthéiste, sous les différentes rubriques de: La Trinité, la Foi, le Règne de Christ, l'Antéchrist, Lettres à Calvin, à Mélanchthon, etc. Il en avait envoyé quelques fragments à Calvin, qui entra en correspondance avec lui, mais Servet lui répondit avec tant de suffisance que le Réformateur s'en tint là. Ce livre fut pour Servet le commencement de la fin. Dénoncé aux autorités ecclésiastiques et au gouverneur du Dauphiné par un catholique de Lyon, Arneys, il fut arrêté à Vienne, ainsi que son éditeur Arnoullet. Il réussit à s'évader le 7 avril 1553, et s'enfuit pendant que le tribunal de l'Inquisition le condamnait à Vienne, et qu'on le brûlait en effigie. Il voulait aller en Italie, mais il eut la malheureuse idée de passer par Genève, il fut reconnu par Nicolas Delafontaine, arrêté le 13 août et interrogé. Son attitude manqua de dignité. Comptant un peu trop sur le parti des Libertins, il crut pouvoir, comme il avait injurié Calvin et les autres réformateurs, continuer ce système de bravades, et il paya d'audace; il alla jusqu'à demander le 22 sept, le bannissement de Calvin et la confiscation de ses biens pour l'indemniser de son arrestation. Il contesta la compétence du tribunal en matière de doctrine, et demanda l'assistance d'un homme de loi, qu'on commit l'injustice de lui refuser. En même temps on consultait les Églises suisses de Bâle, Berne, Zurich et Schaffhouse, qui se prononcèrent pour les mesures de rigueur. Le 26 octobre il fut condamné à mort, malgré Perrin qui présidait le Conseil, et an supplice du feu malgré Calvin qui aurait voulu en épargner les tourments an malheureux. Servet, qui avait perdu de si hauteur depuis qu'il en avait compris le danger, fut au désespoir quand il apprit la sentence qui le frappait. Conduit au plateau de Chatnpel le vendredi 27 octobre, il supplia Farel qui l'accompagnait de lui obtenir un autre genre de mort. On dit que sur le bûcher ses dernières paroles furent: 0 Dieu, conserve mon âme! 0 Jésus, fils du Dieu éternel, aie pitié de moi! Cette sinistre exécution, qui fait tache dans la réforme genevoise, fut diversement jugée en son temps. Mélanchthon, Bucer, Bullinger et d'autres félicitèrent Calvin, mais le blâme fat si général dans le monde laïque protestant, que Calvin jugea nécessaire de répondre à ces critiques par un Exposé des erreurs de Servet, comme si son hérésie justifiait son supplice. Toat ce que Ton peut invoquer pour expliquer b conduite de Calvin et de ses approbateurs, c'est qu'ils n'avaient pas encore dépouillé le vieil homme et les préjugés de leur Église; c'est aussi la crainte qu'ils avaient que les ennemis de la Réforme n'exploitassent leur indulgence envers les hérétiques; c'est le désir de maintenir la pureté de la doctrine. GuilL de Trie, réfugié à Genève, mais sollicité par son parent Arneys, de Lyon de rentrer dans le catholicisme, lui avait répondu que l'Égl. de Genève était plus pure que celle de Lyon, et qu'on n'y tolérerait pas, comme à Lyon, la présence d'un Villanovain (Servet). Cette lettre,qui avait été le point de départ des recherches contre Servet à Vienne et Lyon, devait peser aussi par son esprit sur la conduite des magistrats genevois. Si l'on veut en outre mettre en cause le caractère même de Calvin, il est juste d'ajouter que Servet a fait tout ce qu'il a pu pour l'irriter et l'aigrir. Notre siècle ne saurait absoudre Calvin, mais il était de son temps, et le bûcher qu'on lui reproche ne peut faire oublier les milliers d'autres bûchers qui ont été allumés avant lui, et qui ont continué de brûler longtemps eneore après sa mort. v. Rilliet, Relation du procès criminel, etc. Genève 1844.
SERVICE funèbre, v. Oraisons.
SERVITES, ordre de religieux qui se mettent au service de la Vierge; on les appelle aussi serviteurs de la Vierge, Frères de l'Ave Maria, Frères des souffrances de N. S. Jésus, ou du mont Senario. Il fut fondé à Florence le 15 août 1233, jour de l'Assomption, par 7 Florentins de bonne famille, et reçut en 1239 la règle de saint Augustin. Lear principal chef fut d'abord Bonphile Monaldi f 1262, et leur costume une chemise de crin, avec une robe gris-cendré. L'év. de Florence, Ardingo, les ordonna prêtres. Plusieurs papes leur accordèrent des privilèges, notamment celui des Ordres mendiants, et le noir devint la couleur de leur costume. Leur nombre s'accrut rapidement, et ils se partagèrent en Observants et Conventuels, avec un général à Rome. Philippe Benizzi, général en 1267, puis canonisé, contribua surtout à les propager en France et en Espagne. En France le noir de leur costume fut remplacé par le blanc; d'où l'église des Blancs-Manteaux à Paris, qui fut donnée aux guillelmites. Ils ont produit quelques hommes distingués, Doni l'antiquaire, le philologue Ferrari, Fra Paolo Sarpi, etc. — Il y eut enfin des servîtes femmes, depuis 1270, appelées sœurs noires, et des tertiaires depuis 1285, avec une étoile bleue sur un fronteau blanc. Anne-Catherine d'Autriche, après la mort de son mari 1595, devint leur protectrice et leur donna un couvent à Innspruck 1612. Supprimé en France déjà en 1274, il subsista longtemps en Italie.
SÉTHIENS, ou Séthites, secte gnostique de la famille des OphiteB; q. v. D'après elle deux couples ont été créés, les matériels par les anges des ténèbres, et les psychiques (ayant Pâme) par le démiurge. Ils en vinrent aux mains dans les personnes de Caïn et d'Abel. La nature psychique ayant succombé, la Sagesse l'a remplacée par Seth, le père des pneumatiques ou spirituels, auquel les deux puissances opposées n'ont cessé de faire la guerre. Seth, pour les vaincre, a reparu en la personne du Messie.
SÉVÈRE. Deux empereurs. 1° Lucius-Septi-mius-Pertinax, né 11 avril 146 à Leptis, Afrique; avocat, sénateur, consul sous Commode, il avait reçu une excellente éducation physique et intellectuelle, qui l'aida à avancer rapidement. Il commandait les légions d'IUyrie quand, à la mort de Pertinax 193, il fut appelé au trône par l'armée; en 197 il s'était débarrassé de tous ses rivaux et régnait seul. Il f 211 à Choracum York) pendant une expédition en Angleterre, après un règne sévère, qui lui valut son nom, mais qui ne fut ni sans talent, ni sans mérite comme administration. Il avait un esprit religieux, et s'appliquait à la magie, à l'astrologie, à l'interprétation des songes, surtout depuis qu'il avait épousé en secondes noces Julia Dom-na, fille du prêtre du soleil à Émèse. Il était tolérant pour le christianisme, comme sa mère Mammée, et entretenait dans sa maison un chrétien, Proculus Torpatianus, qui l'avait gnéri d'une maladie en l'oignant d'huile; son fils aîné, Caracalla, eut une nourrice chrétienne et fut élevé avec des jeunes garçons chrétiens. Mais lui-même ne se convertit pas; il en fut empêché peut-être par l'attitude hostile des juifs et des chrétiens en Orient. Il n'est pas responsable des persécutions qui éclatèrent sous son règne et qui furent amenées par la populace combinée avec la mollesse des autorités locales. C'est à cette occasion que périrent: au nord de l'Afrique Félicité et Perpétua; en É-gypte Léonidas, père d'Origène, et Potami&na.
2° Marc-Aurèle-Alexandre S., né vers 209 à Acco, fils de Julie Mammée, élevé par elle avec soin, proclamé empereur 222, rétablit une discipline sévère, réforma des abus, et se montra favorable aux chrétiens. Sa mère avait une grande estime pour Origène. Assassiné par ses soldats 235.
3» Sulpice S., né 363 en Aquitaine, fut d'abord avocat, partageant son temps entre Toulouse et Élusa près Carcassone. Après la mort de sa femme 392, il se retira comme moine dans un couvent près de Béziers, puis 409 à Marseille. On croit qu'il se fit prêtre. Il était très lié avec Martin de Tours, dont il a écrit la vie un peu légendaire. Un moment il se prononça en faveur du pélagianisme; quand il en fut revenu, il se condamna, pour se punir, à un éternel silence, t à Marseille 410, ou 429 (?) peu après l'arrivée des Vandales. Il a écrit une Hist. ou Ckron. sacra, en 2 livres, qui va de la création à l'an 410, et que l'on a comparée à Salluste pour l'élégance du style. On a aussi quelques Lettres sous son nom. OEuv. souvent impr. et traduites.
4» plusieurs évéques a. de Milève, Afrique, grand admirateur d'Augustin; b. de Minorque, vers 418; raconte la conversion de 540 juifs, attribuée aux reliques de saint Étienne déposées dans l'ile par Orose; c. de Malaca, 578-601, auteur d'un traité sur la Virginité, adressé à sa sœur, auj. perdu, et d'une correspondance contre l'év. arien Vincent, de Saragosse; d. év. jacobite en Égypte, d'Alexandrie, vers 978;
autour d une Hist. estimée des patriarches d'Alexandrie, malheureusement perdue.
5° deux chefs de sectes: a. un eucratite du siècle, fondateur de la secte des sévériens eucratites; il repoussait le mariage, la femme ayant été créée par le diable; ne buvait pas de vin, condamnait les jouissances terrestres, et rejetait tout l'A. T., les Actes, les Épitres de Paul, et niait la résurrection. 6. monophysite, né à Sozopolis, Pisidie, 5™ siècle. D'abord juriste et s'occupant beaucoup d'Aristote à Bé-ryte, il se fit baptiser, devint moine et se joignit aux acéphales; v. Monophysitisme et Théopaschites; il ne tarda pas à jouer dans ces luttes puériles un rôle prépondérant, et finit par arriver au patriarcat, f vers 540.
SÉVÉRIEN lo év. de Gabala, Syrie; d'abord ami de Chrysostôme qui le nomma son suppléant au patriarcat, lorsqu'il partit pour Éphè-se ob il allait apaiser le différend entre les év. Eusèbe de Valentinopolis et An ton in d'Éphèse. Protégé par Eudoxie, il essaya de se faire un parti à Constantinople, mais le peuple le chassa de la ville, 402. L'impératrice le rappela et amena une espèce de réconciliation; mais Sév. continua en secret ses intrigues avec l'ennemi mortel de Chrysostôme, Théophile d'Alexandrie. On ignore comment il finit. — 2° v. Sévère 5« a.
SÉVERIN lo pape élu fin 638, confirmé par Héraclius seulement, 28 mai 640, f 2 août même année. Il s'était prononcé contre le mono-thélisme, malgré une espèce d'engagement qu'il avait pris.
2° Premier abbé du couvent d'Agaunum (Saint-Maurice, Valais) 477-508. Ce couvent dépendait avant lui des év. de Sion. Vie par son disciple Faustus.
3° Saint Sévérin, apôtre de la Norique (Autriche). originaire d'Italie ou d'Afrique (il ne voulut jamais rien dire sur son origine); voué à la vie contemplative, d'abord en Orient, puis en Pannonie, s'établit vers 450 sur les bords du Danube, moins comme missionnaire que comme l'ange gardien des nombreuses petites églises de la contrée, exposées à tous les dangers pendant l'invasion des barbares. Son austérité et sa bienveillance lui assurèrent une influence étrange sur les habitants du pays. On s'adressait à lui dans la famine, dans la maladie et dans les angoisses de la guerre. Il résidait alternativement à Asturis près de Vienne, à Passau et à Lorch, voyageant incessamment, nu-pieds, visitant les malades, sollicitant les riches pour les pauvres, rachetant les prisonniers, donnant des ordres ou des conseils aux capitaines, réclamant avec énergie la dîme des produits de la terre en faveur des nécessiteux. Il était très respecté des Allemans et empêcha leur roi Géwold d'entrer à Passau. Odoacre, se rendant en Italie 476, lui demanda sa bénédiction et ses conseils. Sur son lit de mort il fit venir auprès de lui le roi des Rugiens, Fié-théus (ou Féva) et sa femme Gisa, arienne zélée et cruelle, et leur recommanda la crainte de Dieu. Sa foi fut souvent récompensée par de merveilleux exaucements, et le peuple alla jusqu'à lui attribuer des miracles. Sans épiscopat et sans aucune autorité matérielle, il fonda de nombreux couvents et des asiles, et fut un véritable évéque missionnaire. Sa fin fut paisible et sereine, il prit la cène et chanta des cantiques, f 8 ou 9 janv. 482. Son corps fut transporté en Italie par son disciple l'év. Lucillus, d'abord à Mont Feltre, puis dans une petite lie près de Naples, où une dame pieuse lui fit faire un tombeau.
SFONDRATO (-ti, ou 4e), famille patricienne qui a fourni à l'Église plusieurs notabilités: 1° François, né 1493 à Crémone, professeur, diplomate sous Charles-Quint, gouverneur de Sienne qui le nomma père de la patrie; enfin év. de Crémone et cardinal, f 31 juill. 1550. — 2° son fils Nicolas, qui devint pape; v. Grégoire XIV. — 3o Célestin, né 1644 à Milan, élevé a Saint-Gall, entra dans l'ordre des bénédictins, se distingua par son aptitude au travail, fut envoyé à Kempten comme maître de théol., fit imprimer Secretum D. Thomœ revelatum; passa à Saint-Gall comme prof, et officiai, fut envoyé 1679 à Salzbourg comme prof, de droit canon, et entreprit la défense du saint-siège contre la Déclaration du clergé de France, publiée 1684 sous le pseudonyme d'Eugène Lombard. De Saint-Gall, dont il était devenu l'abbé, il écrivit encore plusieurs ouvrages sur le même sujet, d'autres sur les Immunités ecclésiastiques, sur l'Immaculée Conception, sur la Prédestination (posthume), et son Cours de philos, monastique. Innocent XU le fit venir à Rouie et le créa cardinal 1695. f 4 sept. 1696. Son livre posthume sur la Prédestination, Nodw, etc., Nœud dénoué par les textes des Écriture ainsi que par la doctrine des saints Augustin et Thomas, renfermait sur le péché et la grâce, les païens et les enfants morts sans baptême, des hérésies ou du moins des hardiesses que le> évêques de France s'empressèrent de dénoncer à la cour de Rome, mais auxquelles celle-ci ne fit pas attention: petite vengeance d'un côte, reconnaissance de l'autre. Il ne fut cependant pas canonisé.
SHAFTESBURY, noble tamille d'Angleterre, dont le chef, le comte Ant. d'A&hley-Cooper, remplit de hautes fonctions sous Charles Ier et reçut le titre de Shaftesbury 1672.
lo Anthony Ashley-Cooper, petit-fils de l'homme d'État. Né 26 févr. 1671 à Londres, il
apprit 4e bonne heure d'une institutrice distinguée le grec et le latin, entra en 1683 au collège de Winchester, fit en 1686 un long voyage sur le continent, fut élu membre du parlement en 1694, mais se mit peu en évidence à cause de la faiblesse de sa santé. Ën 1698 il se rendit en Hollande, où il se lia avec Bayle et Leclerc. La mort de son père lui ouvrit les portes de la Chambre des lords 1699.11 jouit de la confiance de Guillaume III, mais à l'avènement de la reine Anne il se retira des affaires, vécut dans la retraite ou voyagea et se consacra aux lettres et à l'étude. De 1702 à 1704 il est en Hollande; il se marie en 1709, se fixe à Naples et y f 1713. Voltaire l'appelle un des plus hardis philosophes de l'Angleterre. Il alla fort loin en effet, et sous le couvert du déisme, il raya de son credo, comme Bolingbroke, la loi à la vie future; il rejetait la Bible et niait ou discutait les perfections morales de Dieu. Ses Lettres sur l'Enthousiasme, à l'occasion des prophètes cévenols, 1708, furent son premier ouvrage et attirèrent l'attention; il condamnait les voies de rigueur contre ces « fanatiques > et recommandait des procédés plus humains et plus rationnels. En 1709 il publiait ses Moralistes; puis son Soliloque, ou Avis à un auteur, et d'autres écrits, qu'il a réunis à son principal ouvrage: Charac-terùtia of men, manners, etc. 1711, trad. Genève 1769.
2° Ant. Ashley-Cooper, descendant des précédents, philanthrope bien connu. Né 28 avril 1801, il fit ses études à Oxford, entra à la Chambre en 1826, fut sous Wellington membre du Conseil des Indes, lord de l'Amirauté sous Robert Peel, défendit au parlement le bill de Dix heures et toutes les lois ayant un caractère libéral, et entra en 1851, par la mort de son père, à la Chambre des lords, où il se montra l'énergique et principal représentant de l'Égl. protestante évangélique, et le constant adversaire des tendances et des menées puséistes. D'un caractère aimable, et d'une grande largeur de vues, s'élevant au-dessus des mesquineries des partis confessionnels, il a travaillé comme chrétien à vivifier l'Église, et il s'est donné pour tâche, comme citoyen, de résoudre pratiquement, autant qu'il est possible de le faire, toutes les questions sociales. Il est président de l'Alliance évangélique, de la Soc. biblique, de la Soc. pour la conversion des Juifs; il a fondé les Écoles déguenillées, la Soc. pour l'amélioration des logements ouvriers, etc.
SHAKERS, v. Lee, Anna.
SHECHINA, de l'hébr. Shachan, demeurer , habitation de Dieu, symbole ou signe visible de cette habitation; l'éclat merveilleux, la lumière qui accompagnait toute manifestation de la majesté divine. D'après les rabbins, qui la
rattachent à la colonne de feu du désert et au buisson ardent, la Sch. devait se produire dans l'hist. d'Israël toutes les fois qu'il est parlé d'une intervention de Dieu, par le fait môme que Dieu étant esprit, et par conséquent invisible, il devait pour se manifester prendre une forme quelconque, et préférablement celle du feu qui correspond le mieux à sa nature, comme lumière, gloire, chaleur, fécondité, purification. Cette lumière accompagnait éventuellement d'autres formes de manifestation. En outre elle planait habituellement au-dessus de l'arche sainte dans le lieu Très Saint, et au-dessus des chérubins; elle a disparu avec l'arche. On a renoncé, depuis Vitringa, à cette idée rabbinique d'une présence visible; cependant Hengstenberg croit encore qu'il y avait comme une apparition de Dieu dans le Saint des Saints, au moins le jour des Expiations. Les passages 2 Cor. 4, 6. Col. 2, 9. Éph. 1, 6, Jean 14, 23. semblent renfermer une allusion à la Sheehina, et les nimbes ou auréoles ont peutpétre été inspirés par cette môme tradition.
SIBÉRIE, vaste contrée comprenant tout le nord de l'Asie et formant à elle seule la Russie d'Asie; elle va des monts Oural au Kamtshatka, et malgré son immense étendue, ne compte guère plus de deux millions d'habitants, presque tous de race tartare ou mongole. Plusieurs des peuplades qui l'habitaient dans l'origine étaient lamaïstes ou grossièrement polythéistes; elles passèrent en partie à l'islamisme, quand le khan desTartares, Kutzchum, en eut fait la conquête, mais vers 1580 le cosaque Jermak s'empara de leur territorre pour le compte d'Ivan IV. La Russie gagna dès lors de proche en proche jusqu'au Kamtshatka, fonda quelques villes, groupa les populations, les civilisa, les soumit à sa religion, et favorisa leur commerce avec l'Europe. Le première ville fut fondée par Jermak, sous le nom de Sibir, non loin du lieu où est auj. Tobolsk; c'est elle qui a donné son nom à la contrée. L'archev. Innocent, de Moscou, autrefois missionnaire en Sibérie, continue de diriger l'œuvre de la mission grecque orthodoxe qui ne compte pas moins de trois archevêchés, Tobolsk, Irkoutsk et Kamptshatka. Les luthériens y comptent 7 pasteurs pour 3 à 4,000 disséminés. Les catholiques relèvent de l'archev. deMohilew. Les déportés, qui dépassent le chiffre de 60,000 appartiennent aux diverses sectes et confessions; de bonnes écoles et 2 gymnases leur sont fournis par le gouvernement. Une mission protestante entreprise vers 1830 par Swan et Stally-Brass a été interrompue par un ukase.
SIBOUR, Marie-Dominique-Auguste, né 4 avril 1792 à Saint-Paul-Trois-Châteaux, Drôme; év. de Digne 1840, archev. de Paris 1848, nommé par Cavaignac; f assassiné 3 janv. 1857,
par Jean Verger, prêtre interdit <qui ftit exécuté le 30 janv.) Ù avait des instincts de libéralisme, et en accordant au pape une primauté de juri-diction, il maintenait pour l'évêque une autorité propre non déléguée. Il présida en 4849 et 1850 un concile provincial, et, attaqué par VUnivers, il le dénonça dans son diocèse par un mandement qui équivalait à un interdit. Mais ces velléités libérales, à la fois gallicanes et presque républicaines, disparurent avec le 2 déc. 1851. Il fit chanter un Te Deum pour le coup d'État, bénit le mariage de l'empereur, fut nommé sénateur, et célébra en 1854 le nouveau dogme de l'Immaculée Conception.
SIBYLLES, nom que les Grecs et les Romains donnaient à des femmes qui passaient chez eux pour prophétesses. L'une des plus célèbres fut celle de Cumes, dont Tarquin acheta des livres annonçant tout l'avenir de Rome. Ces livres ayant été brûlés dans l'incendie du Capitole, le sénat envoya partout des délégués pour tâcher de les reconstruire en recueillant les traditions éparses, et comme les livres sybillins se payaient bien, ce fut une industrie lucrative d'en composer; les juifs eux-mêmes s'en mêlèrent pour propager leurs doctrines. Mais il s'en fabriqua un trop grand nombre, et ils tombèrent en discrédit. Le dernier recueil fut brûlé par Stilicon, 399. Les juifs et les chrétiens s'étaient préoccupés de ces prétendus prophètes, et Lac-tance en a fait une étude. On possède encore auj. sous le nom d'Oracles sybillins une collection de vers grecs, formant une huitaine de livres; le cardinal Angelo Mai en a découvert en 1817 et 1828 a Milan 4 nouveaux fragments; le Jugement, la Venue du Messie, la Ruine de Jérusalem, l'Éruption du Vésuve y sont annoncés, et il n'est pas difficile de reconnaître que les différents auteurs de ces alexandrins sont les uns des juifs d'Égypte, les autres des judéo-chrétiens. Dates delà composition, inconnues; plusieurs sont antérieurs à l'ère chrétienne. Texte grec, trad. latine et Comment, par Alexandre, Paris 1841-1842.
SICKINGEN. François (de), né l«r mai 1481 au château d'Ebernbourg près Kreuznach, reçut une éducation supérieure à celle que recevaient alors les membres de la noblesse, et se distingua sous Maximilien I«r et Charles-Quint, oe qui lui valut des titres et des honneurs civils et militaires, notamment le grade de général de l'empire. Nature impétueuse, il épousa sans arrière-pensée toutes les causes qui lui paraissaient nobles et justes. Il y avait chez lui du chevalier; il était au service du pauvre et de l'opprimé, et si parfois on a pu lui trouver des allures de condottiere, ce n'était jamais qu'en faveur du malheur et du droit. Il s'était enthousiasmé pour la Renaissance, et par conséquent peur la Réforme qui en était l'application religieuse; mais Luther ne lui permit pas d'identifier sa cause avec celle de la noblesse mécontente. Pendant les troubles de cette époque, son château, que ses amis appelaient l'Auberge de la justice, servit souvent de refuge à Bucer, Aquila, Hutten, Œcolampade, Schwebel, etc. Il se faisait lire les œuvres de Luther. Hutten le met fréquemment en scène dans ses plus mordants opuscules; lui-même chercha à propager la cause de la Réforme par divers écrits, entre autres par une circulaire adressée à son beau fr. le chevalier Dietrich de Handschuhs-heim. Il avait longtemps espéré que Ch.-Quint mettrait son honneur à réformer l'Église; après la diète de Worms il comprit qu'il n'y avait rien à attendre des pouvoirs politiques, et comme il entrevit en même temps que l'empereur préparait la ruine de la petite noblesse, il réunit à Landau 1522 une ligue dont il devint le chef, et il partit en guerre sans s'être préalablement assuré qu'il serait suivi. Le premier objet de ses attaques fut l'archevêché de Trêves; il obtint d'abord quelques succès, mais il rencontra sous les remparts même de Trêves une résistance inattendue, et il se retira dans son château de Landstuhl où, mis au ban de l'empire et assiégé par l'armée impériale, il fut blessé à mort et capitula en voyant approcher sa fin. Les princes le trouvèrent mourant; à leurs observations il répondit: J'aurai bientôt à rendre compte à un plus puissant Seigneur. D demanda la communion et f 7 mai 1523 à midi.
SIDOINE, v. Apollinaire 3°.
SIENNE, v. Pavie.
SIEVEKING, Amélie, née 1794 à Hambourg, d'une famille sénatoriale, perdit ses parents de bonne heure. Dès sa 17»* année elle se sentit pressée du désir de se rendre utile; elle donna d'abord quelques leçons à une jeune fille qui demeurait avec elle, et bientôt d'autres jeunes filles se joignirent à la première. Pleine de foi et richement douée, elle obtint des sucoès étonnants, et les familles les plus considérables la supplièrent d'admettre leurs filles dans ses classes. Elle continuait de recevoir une fois par semaine ses anciennes élèves et leur donnait une leçon biblique, soigneusement préparée; elle a publié en 1822,1827 et 1855, des Considérations, ou Entretiens sur diverses parties de la Bible, destinés à fixer pour ses élèves le souvenir de ses leçons, et ces ouvrages se sont répandus bien au delà du cercle auquel ils étaient destinés. En 1831, pendant le choléra, elle passa plusieurs semaines enfermée avec ses malades dans l'hôpital des cholériques, et en 1832 elle put réaliser un de ses rêves en organisant une Société de femmes pour le soin des pauvres et des malades; des associations du même'genre se fondèrent ailleurs encore et rendirent de grands services à la mission intérieure. Elle en rédigea chaque année le rapport général, jusqu'à sa f l» avril 4859. Vie, trad. en français. Y. aussi Les Amis des pauvres, par J.-L. Mioheli.
SIGEBERT de Gembloux, Gemblacensis, Brabant, né vers 1030, élevé au couvent bénédictin de Gembloux, où il fut reçu membre de Tordre, où il passa presque toute sa vie, et où il f 5 oct. 1412. Il ne s'en absenta que de 1048 à 1070, pour aller enseigner l'hébreu à Saint-Vincent de Metz. C'était un homme aussi savant qu'énergique. On a de lui une Chronique latine, de 381-1112: une vie de Thierry, une de Sige-bert roi d'Austrasie, une de Guibert, une de Maclou, etc. Mais outre ces ouvrages mentionnés dans Bouillet, il en a composé d'autres d'une portée plus considérable: une lettre Contre le pape Grégoire qui, dans une lettre à Hermann de Metz, prétendait que le pape peut mettre l'empereur en interdit et délier ses sujets du serment de fidélité; une antre au pape Pascal II, qui invitait Robert de Flandres à organiser une croisade contre l'église de Liège; une Apologie en faveur des prêtres mariés, adressée à l'emp. Henri contre ceux qui calomnient les messes dites par des prêtres mariés; ouvrage mis à l'index. Par son caractère et son érudition, il fut un des adversaires les plus redoutés du parti de Grégoire VII, au moment où celui-ci affichait ses prétentions au pouvoir temporel et s'assujé-tissait le clergé par le célibat forcé.
SIGISMOND lo fils de l'emp. Charles IV et d'Anne de Silésie; né 1366, duc de Brandebourg 1378, roi de Hongrie 1382, élu empereur 1410, roi de Bohême 1419. Il convoqua le conc. de Constance 1414, dans l'espoir de mettre fin au schisme d'Occident; donna à Spire 18 oct. un sauf-conduit solennel à Jean Huss pour qu'il eût à se présenter devant le concile, et viola sa signature impériale pour plaire ou pour obéir aux prêtres. L'histoire dit qu'il en rougit devant Huss, mais ce n'est pas sûr et d'ailleurs ne suffirait pas pour le réhabiliter. Son manque de parole amena la révolte des hussites, et quand il monta sur le trône de Bohême, il eut à combattre ses nouveaux sujets: il leur fit bien en 1435 des concessions, mais pour les retirer aussitôt, f 1437.
2° Sigismond III, fils du roi de Suède Jean III, avait été élevé par les jésuites; élu roi de Pologne 1587 il resta leur jouet et leur instrument. Devenu roi de Suède par la mort de son père 1592, il accourut pour prendre possession de sa nouvelle couronne, mais les États du royaume lui posèrent pour condition son retour au protestantisme. Il accepta après quelque hésitation, mais on ne se fiait plus à lui; le duc Charles, son oncle, après l'avoir battu à Stan-gebro, le fit sommer de nouveau par la Diète d'abjurer le catholicisme, de venir gouverner en personne, ou de faire venir son fils en Suède pour qu'il soit élevé dans la religion nationale. Sur son refus il ftit déclaré déchu du trône. Il lui restait la Pologne; il en fit une jé-suitière, sacrifia partout les intérêts du pays à ceux de l'ordre; voulut convertir les Cosaques et se les aliéna; voulut imposer à la Russie deux faux Démétrius comme princes légitimes et ramener par eux les Moscovites à la foi romaine; il prit parti pour l'Autriche contre la Bohême, et entraîna la Pologne dans une guerre désastreuse contre le sultan. Enfin par ses mesures contre la noblesse protestante, il déchaîna la guerre civile 1606. Il se fit battre sans relâche par Gustave-Adolphe, 1621-1635, et conclut avec lui la paix d'Altmark par laquelle il pérdit la Livonie. Quand il f 1637, le pays était diminué, ruiné; ses frontières étaient ouvertes, et tout était prêt pour la dissolution du royaume. Ses successeurs ne purent que retarder un peu la catastrophe; les jésuites comptaient 2,000 membres et possédaient 50 collèges.
3» Jean-Sigismond, prince-électeur de Brandebourg, né 18 nov. 1572, élevé luthérien et dans le respect de la Formule de Concorde, fut amené par ses relations avec la Hollande, à étudier les doctrines réformées, et le 23 déc. 1613 il en fit publiquement profession, étant depuis 1608 monté sur le trône. En 1614 il publia la Confession de foi qui porte son nom et qui est franchement calviniste. Ce n'était d'abord qu'une œuvre personnelle, mais elle fut bientôt rangée parmi les livres symboliques de l'Égl. réformée, qui obtint les mêmes droits que l'Égl. luthérienne. Sans l'imposer à personne il travailla à la faire accepter de tous; il estimait que l'Église luthérienne n'avait pas dit son dernier mot, que sa réforme était encore incomplète; il jugeait en outre que les Églises luthériennes de son temps avaient déjà dévié de leur principe primitif, et il espérait pouvoir amener une sorte d'union entre les diverses confessions; il est ainsi le père spirituel de l'union que la maison royale de Prusse devait réaliser plus tard, f 23 déc. 1619.
SIGONIUS, Charles, savantr humaniste, né 1523 à Modène, prof, de littérature classique et d'éloquence à Modène, Padoue, Venise et Bologne. f 1585 dans sa campagne de Modène. Ses œuvres compl. forment 6 vol. in-fol. Outre ce qui regarde les antiquités romaines, le moyen âge et la diplomatique, il a écrit un traité sur la Consolation, une Hist. de l'empire d'Occident, un livre sur la République des Hébreux, une Hist. ecclés. de Milan, une Hist. de l'archevêché de Bologne, etc.
SILVÈRE, fils d'Hormisdas, pape du 8 juin 536 à mars 537; nommé sons l'influence de Théodat, roi des Goths, en concurrence avec Vigile, il fut destitué par leB intrigues de Théodora, femme de Justinien, et d'Antonina, femme de Bélisaire, parce qu'il ne voulut pas condamner le conc. de ChaJcédoine et qu'il refusa de rendre k Anthyme le siège de Constantinople. Accusé d'intelligences avec les Goths, il fut relégué à Patara, remplacé par Vigile (qui fut un moment anti-pape), et finalement conduit par ordre de Vigile dans l'île de Palmaria, où on le laissa mourir de faim.
SILVESTRE, v. Sylvestre.
SIMÉON ou Syméon 1° év. de Jérusalem et successeur de Jacques; d'après un fragment d'Hégésippe cité par Eusèbe, il aurait été fils de Cléophas et d'une tante de Jésus, Jean 19, 25., mais celte généalogie est incertaine et se complique en outre de la question des 3 Jacques. Haï des Juifs comme parent du Seigneur, et des Romains comme descendant de David et prétendant, il fut souvent persécuté. Enfin à l'âge de 120 ans il fut mis à la question et torturé plusieurs jours de suite. Sur son refus d'abjurer, le gouverneur romain étonné, mais furieux, Je lit crucifier, 107 ou 109.
2° S. le Stylite, né vers 390. de parents chrétiens, à Sisan au nord de la Syrie, sur la frontière de la Cilicie. Il fut d'abord berger; la vue d'une église éveilla en lui des sentiments religieux empreints d'un ascétisme exagéré; il entra au couvent voisin, et passa ensuite dans celui de Saint-Eusébonas, près Teleda, dont la règle était rigide, mais ses austérités, ses pénitences étaient si dures que les moines eux-mé-mes furent soulagés quand il les quitta. Il se retira dans une cabane, au pied du mont Télé-nisse non loin d'Antioche, où on le trouva un jour couché, presque mort de faim, après un jeûne de 40 jours, ayant près de lui de la nourriture qu'il n'avait pas môme touchée. On eut beaucoup de peine à le faire revenir à la vie. A force d'exercice il réussit à ne prendre qu'un repas par semaine, et rien du tout pendant le carême, même ne se couchant pas, et se faisant attacher à un poteau pour être plus sûr de ne pas tomber. Pour échapper à des admirateurs enthousiastes et importuns, il se fit faire en 423 une colonne de 6 à 7 coudées de haut, qu'il éleva à 36 en 429, et où il fixa son habitation; le chapiteau en était entouré d'une barrière, sur laquelle il s'appuyait le peu de temps qu'il se permettait de dormir. Il vécut ainsi 26 ans, u'ayant changé que 3 fois de colonne; il passa 22 ans sur la dernière, et f le mercredi 2 sept. 459, un abcès purulent à la jambe gauche l'obligeant depuis longtemps à ne plus se tenir debout que sur le pied droit. Son renoncement au monde était si grand qu'il ne recevait point de visites, surtout point de femmes; il ne voulut pas même voir sa mère, et ne lui accorda qu'une faveur, c'est qu'elle fût enterrée au pied de sa colonne. Telle était la piété de certaines natures à cette époque. Il agissait d'ailleurs comme prédicateur, haranguant les foules, donnant des conseils, convertissant les païens, pacifiant les esprits, veillant à l'intégrité de la foi; il intervint en faveur du conc. de Chalcédoine, et correspondit avec Théodose II, Léon 1er et Eudoxie. On lui prête beaucoup de miracles, entre autres des guérisons, ce qui ferait supposer qu'on lui montait les malades. Vies par son disciple Antoine, par Cosmas; notice» par Théodoret, Évagrius, etc. De nombreux adeptes s'étaient fait construire des huttes autour de sa colonne.
3<> Autre stylite qui dès sa jeunesse, en 527. monta sur une colonne en face de son maître Jean, puis sur une autre plus haute. Il se rendit ensuite sur une montagne près d'Antioche. où il vécut sur un rocher de sa 20®« à sa 30®* année, et finit par passer encore 45 ans sur une colonne, f 596.
4° S. de Durham, Dunelmetuis, historien anglais, étudia à Oxford, entra chez les bénédictins et vécut vers 1130 comme chantre principal de l'égl. de Saint Cuthbert à Durham. On lui doit une Hist. des rois d'Angleterre de 616 à 1130, très estimée comme source (continuée par Jean, prieur d'Exham, jusqu'en 1156), et d'autres écrits de moindre importance sur l'Hist. de Durham, etc.
5° S. v. Métaphraste.
6» Archev. de Thessalonique au commencement du 15m* siècle; il mourut 5 mois avant la prise de Thessalonique par les Turcs 1430. Il avait vaillamment concouru à sa défense. C'était un savant, grand partisan du mona-chisme, adversaire énergique des latins, et opposé à tout essai d'union; c'est contre eux qu'il a composé ses principaux ouvrages.
7° Troisième stylite du même nom, sous Manuel Comnène, dans la 2me moitié du 12«m siècle; surnommé le prêtre, l'archimandrite, ou encore Fulminatus parce qu'il fut frappé de la foudre. Il a écrit, comme le précédent; ses œuvres ont été publ. par lé jésuite Gretser 1603.
SIMON, autre forme du nom de Siméon. L'hist. juive mentionne 1° S.4e-Juste, souverain sacrificateur, fils d'Onias Ier, 300 av. C.. v. livre de Siracb 50, 1. — 2« Simon II, fil» d'Onias H, 219-199 av. C., qui empêcha Ptole-mée Philopator d'entrer dans le temple. — 3° S. ben Iochaï, savant rabbin du siècle après C., né à Jarania, élevé par Gamaliel II et Akiba, dont le Talmud cite de nombreux fragments, et que l'on regarde, mais à tort, comme l'auteur du livre de Sohar. Il est peut-être le vrai père de la Kabale. Nature sombre, pessimiste, ascétique, orgueilleuse, juif et rabbin fanatique, il exerçait une grande influence sur le peuple. Une tradition porte qu'il fut envoyé auprès d'Antonin-le-Pieux pour lui demander la liberté du culte et la reconnaissance de l'école de Jamnia. En IS8 il fut condamné à mort, ainsi que son fils, pour un discours violent contre les Romains, et ils n'échappèrent que par la fuite. Après la mort d'Antonin il sortit de sa caverne et ouvrit une école à Tékoah. f 170.
Dans l'hist. ecclésiastique 1° Simon de Tour-nay, d'origine franque, bien que quelques-uns l'aient cru Anglais. Il était chanoine à Tournay 1201, et a écrit plusieurs ouvrages pour la défense du christianisme, entre autres une Dogmatique, ou Somme théologique. Après avoir enseigné un certain temps avec succès, il paraît que l'orgueil lui monta au cerveau, et on lui prête de s'être écrié: « Ha ! petit Jésus, que je me suis donné de peine pour affermir ton autorité. Vrai, si la fantaisie m'en prenait, je pourrais te démolir plus facilement encore que je ne t'ai élevé. > D'après Thomas de Cantimpré il aurait dit aussi: t Trois Imposteurs ont trompé le monde: Moïse les juifs, Jésus les chrétiens, Mahbmet les musulmans; » ce qui a fait croire à quelques-uns qu'il pourrait bien être l'auteur du livre des Trois Imposteurs q. v. Cette surexcitation d'orgueil aboutit à des crises d'épilepsie, compliquées pendant 2 ans de surdi-mutité. On l'accuse encore d'avoir vécu avec une fille nommée Alcidis, dont il aurait eu un fils. On lui reproche enfin diverses hérésies, provenant de l'autorité trop grande qu'il donnait à Aristote et à Boétius: on ne peut cependant rien affirmer.
2o Richard S. né 14 mai 4638 à Dieppe, fut élevé par les oratoriens; il voulut même entrer dans l'ordre, mais comme on ne lui permettait pas de consacrer tout son temps à l'étude, il retourna chez lui. L'official de Rouen, La Roque, frappé de ses heureuses dispositions, l'envoya à Paris, où il s'occupa surtout de linguistique. En 1662, sur les instances qui lui furent faites, il rentra chez les oratoriens apr$s avoir stipulé qu'il pourrait suivre ses études et qu'il serait dispensé des exercices, ce qui lui valut bien des jalousies, mais le général tint bon, ne voulant pas risquer de voir passer aux jésuites un sujet si distingué. Il professa la philos. tour à tour à Juilly et à Paris, fut ordonné prêtre en 1670, desservit quelque temps Belle-ville et Dieppe, perdit une partie de sa bibliothèque dans le bombardement de cette ville 1694, rencontra de nombreux adversaires à rause de ses opinions, ligua contre lui Bossuet et les jansénistes, se fit rayer de son corps pour avoir attribué le Pentateuque à Esdras, légua ses livres et ses mss. à la cathédrale de Rouen, et pris d'une fièvre chaude f 17 avril 1712. C'était avant tout un savant et un esprit critique. Quelles que fassent ses convictions religieuses, il ne se laissa pas influencer par elles dans ses recherches scientifiques; il entreprit de faire l'histoire des livres de la Bible en leur appliquant les mêmes principes qu'à d'autres livres, en fixant leur âge, leur authenticité, leur intégrité d'après les témoignages, en consultant les sources et les autorités. Il a fondé l'Isagogique et donné le premier un travail suivi et complet d'Introduction aux divers livres de l'A. et dn N. T. Avec une grande hardiesse, il ne s'est pas rendu compte de tout ce qui lui manqnait pour donner à son œuvre une base scientifique solide; il fait trop souvent des hypothèses, et ses conclusions s'en ressentent. Sa logique froide le rapprochait d'un cdté des jésuites, de l'autre des sociniens; il détestait la chaleur d'exposition de Bossuet et de Port-Royal; il aimait l'exégèse de Calvin, mais il repoussait la méthode allégorique édifiante des théologiens orthodoxes de son époque. Ses principaux ouvrages sont: Hist. critique du V. T. Paris 1678; Histoire crit. du texte du N. T. 1689; des Versions du N. T. 1690; des principaux Commentateurs du N. T. 1693; Nouvelles observations sur le texte et les versions du N. T. 4695, en réponse au p. Quesnel: Cérémonies et coutumes qui s'observent auj. parmi les juifs, 1674, etc. On a encore de lui beaucoup d'écrits, réponses, brochures de circonstance, presque toutes sous les pseudonymes de Moni, sieur de Simonville, Recared Sciméon, da Costa, etc.
3° Richard Simon, prêtre, du Dauphiné, auteur d'un Dictionn. de la Bible, très estimé avant celui de Calmet; 2">e éd. Lyon 1703.
SIMONIE, achat ou vente de grâces spirituelles en échange d'avantages matériels; se dit particulièrement de places, charges et bénéfices ecclésiastiques acquis ou cédés moyennant une redevance. Grégoire 1er, Léon IX, Grégoire VII ont combattu l'hérésie simoniaque, mais surtout dans le but d'enlever aux princes temporels la collation de fonctions ecclés. richement dotées. Le clergé se réservait ce privilège, et le moyen âge est rempli d'abus de ce genre, contre lesquels la conscience publique n'a cessé de protester. L'un des plus graves a été la vente des Indulgences, et le pardon des péchés à pris d'argent. Le nom de ce commerce criminel vient de Simon-le-Magicien, Act. 8,19.
SIMPERT, ou Sindbert, abbé de Murbach, év. de Ratisbonne, f 791; auteur d'une encyclique, d'une Lettre pastorale, et de Statuts du couvent de Murbach, réimpr. par Migne.
SIMPLICE, ou Simplicius, lo pape 468-483; confirme en Orient l'autorité du coneile de Chal-cédoine, rétablit sur leurs sièges les év. d'Antioche et d'Alexandrie 478, mais réussit moins bien en Occident; il nomme cependant l'év. Zenon de Séville comme vicaire apostolique en Espagne 482, et retire à l'év. d'Arles le droit de convoquer des synodes provinciaux, deux mesures qui sont un nouvel empiétement du pouvoir papal.
2° èvêque d'Autun, 41" siècle.
SIMULTANEUM, exercice de deux cultes différents dans un même édifice. Ce droit, consenti ou imposé, date en Allemagne des traités de paix de 1555 et de 1648; il a été renouvelé en 1803, puis par le traité de Vienne de 1815, là où les confessions étant presque en nombre égal, la population était trop pauvre ou pas assez nombreuse pour justifier la construction de 2 églises. C'est surtout dans le Palatinat bavarois et en Alsace qu'il s'est longtemps maintenu. Il pouvait être décrété aussi quand le prince appartenait à un autre culte que la majorité de ses sujets. On l'entend d'ordinaire des cultes catholique et protestant, mais quelquefois des luthériens et des réformés. Enfin on dit aussi le Simultaneum en parlant de la jouissance ex œquo de certains droits, d'un cimetière commun, d'écoles pour lesquelles le maître est choisi alternativement dans l'un et dans l'autre culte, sans que l'école soit pour cela non confessionnelle. Cet usage tend à se perdre, l'Égl. catholique lui étant systématiquement hostile, quoiqu'elle l'accepte en cas de force majeure, comme elle fit à Stockholm quand son église fut brûlée el que les protestants lui offrirent le Simultaneum dans un de leurs temples.
SINAITE lo v. Anastase 5°. — 2o Jean-le-Sinaïte, surnommé aussi Climacus, Scalarius (de l'échelle), et le Scolastique; probablement d'origine palestinienne et disciple de Grégoire de Naziance, entra à 16 ans, 540, au couvent du Sinai, où il passa plusieurs années dans la retraite et l'étude; en 560 il se retira dans une solitude au pied de la montagne, mais sans interrompre ses relations avec les moines; il enseignait quelques élèves, mais il se condamna à une année de silence absolu, pour répondre à ceux qui lui reprochaient de trop parler. Au bout de 40 ans il fut nommé abbé du couvent, mais ne garda ces fonctions que 5 ans. f au commencement du 7»® siècle. Auteur d'un écrit: L'échelle du Paradis, dans lequel il indique 30 échelons qui peuvent amener l'homme à une sorte de transfiguration et de résurrection dès ici-bas; publ. par le jésuite Matth. Raderus 1633, en espagnol 1504, 1581, en franç. 1654. Il a aussi écrit une Lettre à un berger, à l'abbé Daniel, du couvent de Raytha sur la mer Rouge, qui a laissé quelques détails sur la vie de Jean
SINAITICUS (Codex), manuscrit duSinaï; le plus ancien mss. connu du N. T., et le plos récemment découvert. Il a été trouvé en 1859 dans la biblioth. du couvent du Sinaï par Tis-chendorf (déjà quelques fragments en 1844), et contient outre presque tout l'A. T., tout le N. T. sans lacunes, plus l'ép. de Barnabas et le Pasteur d'Herinas; 346 feuilles grand format, environ 120,000 lignes, en lettres onciales, antérieures à la stichométrie, par conséquent du 4*e siècle. Impr. 1862. C'est le 28 sept. 1859 qu'après de longues démarches ce mss. fut remis à Tischendorf par le prieur et les moines do couvent, avec autorisation du nouvel archevêque, et le 19 nov. il le présenta à Tsarskoe-Sélo à l'emp. de Russie, à qui le couvent en avait fait hommage. Le mss. appartient maintenant! la biblioth. impériale.
SINÉCURES (sine cura), bénéfices auxquels ne correspond aucune obligation, ou qui peuvent être desservis par un autre que le titulaire; ainsi en Angleterre et même en Allemagne on certain nombre de canonicats. Ils ne sont pas dans l'esprit de l'Église, mais se sont formés peu à peu par des extinctions; la fonction n'a plos sa raison d'être, mais la dotation primitive est restée et l'autorité compétente en dispose pour récompenser des services.
SINTENIS, famille allemande, du duché d'Anhalt, qui depuis un siècle a produit quelques hommes distingués: 1° Chrétien-Fréd., né 1750 à Zerbst, pasteur, auteur de romans moraux, de sermons et d'écrits apologétiques d'un genre sentimental eL un peu maniéré, Elpixén, Pisteuén, Oswald, etc. — 2° son firère Charles-Henri, né 1744 à Zerbst, recteur à Torg&n et à Zittau, auteur de Théophrén et d'un Manuel sur la morale. — 3° Jean-Chrét.-Siegmund, son fr. né 1752 à Zerbst, pasteur à Dornbourg et à Rosslau, f 1821, auteur de plusieurs romans. — 4o son fils Gui 11.-François, né 26 avril 1791 à Dornbourg, étudia à Wittenberg, inspecteur de l'école des pauvres et du séminaire pédagogique à Kôthen, nommé pasteur à Magdebourg. l\ niait publiquement l'efficacité de la prière et fut poursuivi de ce chef par l'év. Dr&seke, mais le ministre étouffa l'affaire 1840. Les pasteurs rationalistes se réunirent et formèrent à cette occasion le premier noyau des Amis des lumières. f 23 janv. 1859.
SINTRAM, moine du couvent de Saint-Gall au commencement du 10me siècle, admiré pour sa calligraphie et pour la beauté de ses mss On cite entre autres comme un chef d'œuvre son Evangelium longum. Il est le fondateur de la riche école de mss. illustrés qui a fait la réputation de l'abbaye de Saint-Gall, qu'il dota d'une calligraphie spéciale comme minuscules. On ne sait rien de sa vie.
SIRICE, ou Siriciut, pape de déc. 384 au 26 nov. 398. Il travailla au maintien de la discipline; il combattit les novatiens et les dona-tistes, et aida Théodose à réprimer les manichéens et les priscilliens. On a de lui quelques Lettres, entre autres une en faveur du célibat des prêtres. 11 avait pris parti pour Rufin contre Jérôme, ce qui avait engagé Baronius à le rayer du Martyrologe romain. Mais Benoit XIV corrigea cette erreur.
SIRMIUM, une des principales villes de la Pannonie, plus tard sa capitale, séjour aimé des empereurs; Aurélien, Probus et Gratien y naquirent; Constance y demeura; Claude II et Marc-Aurèle y moururent. Elle est connue surtout par les 4 conciles qui s'y tinrent, 351,357, 338, 359, à l'occasion des controverses ariennes et sémi-ariennes. Photin fut un de ses évéques. Auj. Mitrowitz.
SIRMOND1» Jacques, né 12 oct. 1559 à Riom, Auvergne, étudia au collège de Billom, et entra dans l'ordre des jésuites. Il enseigna à Paris les lettres et la rhétorique, se consacra 1586-1590 à l'étude des pères, dont il publia quelques ouvrages inédits, et fut appelé à Rome comme secrétaire du général Aquaviva 1590. Il profita de l'occasion pour travailler dans les bibliothèques et pour cultiver la connaissance de Bellar-min, Baronius et autres hommes distingués. De retour à Paris 1608 il se remit à ses études de prédilection, fut nommé recteur du collège de Paris 1617, confesseur de Louis XIII, 1637-1642, retourna 1645 à Rome pour l'élection d'un nouveau général, et f 7 oct. 1651 à Paris. Aimable, aussi simple que savant, il vécut en bon termes avec les protestants. Ses œuvres, qui forment 5 vol. in-fo Venise 1728, se composent en grande partie de réimpressions, opuscules, ou dissertations de circonstance: Godefroi de Vendôme, Ennodius, Flodoard, Apollinaire Sido-nius, Paschase Radbert, Avitus de Vienne, etc. — 2<> son neveu Antoine, jésuite, a aussi écrit sur la théologie; un autre neveu, Jean, a été membre de l'Académie.
SISINNIUS lo pape élu 18 janv. 708, enterré déjà le 7 févr. Il projetait de fortifier les murailles de Rome. Syrien de naissance. — 2© év. novatien de Constantinople après la mort de Marcien 395. Il avait étudié sous Maxime avec Julien, le futur apostat Homme du monde, plein d'esprit, et de mœurs irréprochables, il était très considéré. Il a écrit un livre sur la Repen-tance, contre Chrysostome, et une encyclique contre les Messaliens. — 3o patr. de Constantinople du 26 févr 426 au 24 déc. 427, nommé contre son concurrent par la volonté du peuple, homme doux, pieux et bon pour les pauvres!
— 4® aussi patr. de Constantinople, surnommé Magister, 994-997, mit fin au différend sur les 4nM noces, et publia un mandement synodal, signé de 30 métropolitains, pour défendre que deux frères épousassent deux nièces. — 5° v. Vigile.
SIXTE I«r lo Xystus, évêque de Rome, peu connu, succéda à Alexandre I«f et précéda Té-lesphore. On l'honore le 6 avril, mais on ne sait au juste en quelle année il monta* sur le trône, entre 116 et 119, ni quand il mourut, de 125 à 129; il passe pour martyr.
2o Sixte U, d'Athènes, subit le martyre sous Valérien, pape de'257 au 6 août 258. Après lui Rome fut un an sans évêque.
3o Sixte HI, 432-440, travailla avec Cyrille à la réunion des églises d'Orient; il légua 5000 marcs d'argent pour orner les églises. C'est sous lui que commença l'évangélisation de l'Irlande par Patrick. On lui attribue l'érection de Sainte-Marie-Majeure et de quelques autres églises.
4° Sixte IV, François d'Alescola de la Ro-vère, né 1414, pape de 1471 à 1484, fils d'un pêcheur, général des fr. mineurs, cardinal sous Paul III et son successeur, travailla à la réforme ecclésiastique et à la guerre contre les Turcs. Il poussa le népotisme au plus haut degré, vendit l'Église et remplit l'Italie de sang pour donner des principautés à ses neveux et à ses fils; il donna Imola et Forli à Pierre Riario son neveu, Sora et Sinigaglia à Jean de la Rovère, en nomma deux autres cardinaux, ete. Ligué avec quelques hommes de sa trempe, ecclésiastiques et laïques, il fit exécuter un meurtre dans un sanctuaire au moment de l'élévation de l'hostie. Il complota avec les Pazzi contre les Médicis 1478, prit part à la guerre qui en résulta, persécuta les Colonne et causa dans Rome la guerre civile. Il mit à l'interdit les Florentins qui refusaient de se laisser égorger. Mais un concile leva l'excommunication. Louis XI l'obligea à faire la paix. Les Vénitiens et les Milanais lui résistèrent aussi, + 12 août 1484.
5o Sixte V ou Sixte-Quint; Félix Peretti, né 1521 à Montalte, près d'Ascoli, d'abord porcher (le pâtre de Montalte), puis cordelier 1537, professeur de droit canon à Rimini 1544, et a Sienne; grand inquisiteur à Venise, où il se mit mal avec le Sénat; consulteur de la congrégation, procureur général de son ordre; théologien du légat Buoncompagno (Grégoire XUI) en Espagne et consulteur du saint office, vicaire général des cordeliers 1558, év. de San-Agata de Goti, cardinal 1568, archev. de Fer-mo, il réussit 24 avril 1585 à se faire nommer pape en feignant de grandes infirmités et une faiblesse extrême; on pensait qu'il n'en avait plus pour longtemps. A peine nommé il jeta ses béquilles. Homme de ressources et d'apti -tildes variées, il a rendu de grands services à son Église par ses constants efforts pour en augmenter le lustre et le pouvoir. Il surpassa de beaucoup tous ses prédécesseurs par sa magnificence, son courage, ses vertus et ses vices. Il sut manœuvrer avec prudence au milieu des luttes religieuses qui avaient éclaté entre les catholiques eux-mêmes; il imposa silence à tous les partis et ne se prononça pour aucun. Il déploya de vrais talents comme administrateur, purgea l'État ecclésiastique des vagabonds et des brigands qui l'infestaient, embellit Rome de monuments magnifiques et utiles, réorganisa l'administration publique en la répartissant entre 15 Congrégations, ou Comités, encouragea la Ligne, prit parti pour Henri III, et excom-mnnia Henri IV, quoique dans son cœur il lui rendit justice. Il laissa 5 millions d'écus d'or. On a de lui des Sermons, une Théologie mystique, une édition d'Ambroise et quelques autres ouvrages. Au moment de sa mort, 24 août 1390, un orage épouvantable sévit sur Rome; le peuple, qui ne l'aimait pas, crut que le diable était venu prendre son âme; il se précipita vers le Capitole pour en arracher la statue que le Sénat lui avait fait ériger.
6° Sixte, François, de Sienne (Senetuis), né 1520 de parents juifs, se fit chrétien et franciscain, et se distingua en Italie comme prédicateur. Deux fois accusé d'hérésie, il fut la seconde fois condamné à être brûlé; mais à la requête du cardinal Ghisleri (Pie Y), il put se rétracter, fut gracié et se fit dominicain. Il se mit déBlors à étudier le grec, l'hébreu, l'histoire et la philosophie, et fut employé par le cardinal pour la conversion d'une société de juifs à Crémone, f 1569. Son principal ouvrage est la Bibliotheca Sancta, d'après les principaux auteurs catholiques, Venise 1566, qui a également été appréciée par les théol. protestants. C'est, en 8 livres, une espèce d'introduction générale aux livres de la Bible, apologétique, critique, herméneutique, etc.
SLAVES (Versions) de la Bible. Elles sont fort nombreuses. La plus ancienne est celle de Cyrille, q. v., dont le plus vieux mss. connu date de 1056; trad. en russe 988, Ire édition 1581, revisée 1751 par ordre de Pierre-leGrand. Une version polonaise fut faite 1390 pour Hed-wig, femme de Wladeslas IV. Le mouvement hussite amena 1410 la trad. de la Bible en Bohême, version qui fut remplacée par celle des Fr. moraves imprimée 1597 à Kralitz. Version catholique à Prague 1769. En Pologne chaque dénomination religieuse voulut avoir sa Bible; les unitaires en 1563, souvent réimpr.; les luthériens 1551, les réformés 1632. Il y en a plusieurs encore en russe: l'officielle, faite par l'archimandrite Philarète sous les auspices de l'Académie 1819; ainsi que des Bibles vendes 1670, lettes 1689, lithuaniennes 1590, croates 1553, etc.
SLEIDAN, Jean, de son vrai nom Philipp-sohn, fils de Philippe, né 4506 à Scfaleiden, électoral de Cologne, étudia à Liège chez les Fr. de la vie commune, à Cologne où il cultiva les lettres, puis avec Sturm à Louvain; il vint comnw précepteur à Paris et à Orléans, où il fit son droit et où il prit sa licence 1535. En 1537 il s'attacha au cardinal Du Bellay, qui le mit au service de François I". En 1540 il accompagne comme interprète une ambassade à Haguenau. C'est vers cette époque qu'il doit avoir embrassé le protestantisme, car en 1541 il est au service de Philippe de Hesse, qui l'emploie à diverses négociations. En 1542 il quitte la France à cause de la rigueur des édits contre les protestants, et se fixe à Strasbourg, où il se marie. Il fut chargé de très nombreuses missions, à Smalcalde, en Angleterre, en France, en Italie, même auprès du conc. de Trente, où il ne fut pas reçu. Il eut avee la plupart des hommes de la Réforme une correspondance très active, f 31 oct. 1556 de la peste. C'est à Strasbourg qu'il a composé la plupart de ses ouvrages historiques, qui lui ont valu comme style, élégance, impartialité, la réputation d'un Tite-Live et d'un Polybe. Le principal est son Hist. de la Réform. ou État de la religion et de la chose publique, sous Charles-Quint, en 26 livres, de 1517 jusqu'à la fin de sa vie, écrit à la demande de Philippe de Hesse; trad. en fr. par Teissier 1710 et par Hornot, 1757; réimpr. 30 fois et trad. en plusieurs autres langues. Violemment attaqué par Maimbourg, cet important ouvrage a été vivement défendu par Secken-dorf. On a aussi de lui une Hist. des 4 grandes monarchies 1557; deux Lettres (anonymes), un Discours à l'emp. et aux princes de l'empire, qui firent sensation 1542, et diverses trad. de Platon (la République), Froissard, domines, etc.
SMALCALDE, Schmalkalden, petite ville murée de la Hesse-Électorale, connue par 1° la Ligue qui s'y forma 1531 entre les princes protestants contre les empiétements de Charles-Quint; elle fut presque dissoute à Muhlbeif 1547, mais prit bientôt sa revanche et aboutit au traité de Passau 1552 et à la paix d'Augs» bourg 1555; v. Ligue. — 2o les Articles de S., un des livres symboliques de l'Église luthérienne. Ils furent composés par Luther, à la demande de l'électeur de Saxe, pour être présentés au conc. projeté de Mantoue 1537, qui n'eut pas lieu et qui n'offrait aux évangéliques aucune garantie. Ces articles ne sont que la reproduction des doctrines affirmées dans la Conf. d'Augsbourg, mais avec un caractère pins polé» mique. Ils ne ftirent pas même discutés à Smalcalde, l'occasion qui leur avait donné naissance n'existant plus. Luther les fit imprimer en 1538 avec une préface, et ce n'est qu'en 1558 qu'ils figurèrent pour la i™ fois avec un caractère officiel, que rien n'autorisait, dans le recueil liturgique de Saxe-Weimar.
SMARAGDE 1° d'origine inconnue, est en 805 abbé de Saint-Mihiel, diocèse de Verdun, où il s'occupe avec soin des écoles et de l'enseignement de la grammaire. En 809 il est employé à diverses négociations avec Rome. En 810 il discute au nom de Charlemagne la question de la procession du Saint-Esprit. On a de lui une Gramm. latine, une Via regia, traité de inorale à l'usage des prêtres, en 32 chap.; le Diadème des moines, purement religieux, et quelques autres ouvrages. Il prit part en 817 au conc. d'Aix-la-Chapelle et s'associa à toutes les mesures proposées pour la réforme des ordres monastiques, f 819. — 2° Disciple et ami de Benoît d'Aniane, dont il a écrit la vie; son vrai nom était Ardon. 783-843. — 3° Abbé de Lu-nebourg, vers 1000; c'est à lui que quelques-uns attribuent la Gramm. latine de 1°.
SMITH lo John Pye, né 25 mai 1774 à Shef-field, fils d'un libraire, étudia la philologie et la théol. à l'école indépendante de Rotherham, York; nommé en 1800 prof, de langues anciennes, et en 1805 de théol. à l'académie libre de Homerton-London, puis principal et pasteur de l'Égl. indépendante. Après un ministère béni de 51 ans, il f 5 fevr. 1851. Riche et belle nature, il s'était donné à Dieu tout entier; son érudition était immense; sa prédication était travaillée, nourrie, un peu froide, ce qui n'empêchait pas ses paroissiens de l'appeler le béni docteur. Il est le premier qui ait entrepris de faire connaître à l'Angleterre la science théol. allemande. Son principal ouvrage est dirigé contre les unitaires; il a pour titre: Le témoignage rendu par l'Écriture au Messie; c'est un vrai traité d'apologétique et de dogmatique. Dans le second ouvrage il étudie les rapports des récits de Moïse avec les résultats connus de la géologie, et pense résoudre quelques difficultés en admettant, soit pour la création, soit pour le déluge, que Moïse n'a voulu donner qu'une histoire partielle, en quelque sorte locale, l'hist. du monde connu et non celle de la terre entière.
2o Joë, né 23 déc. 1805, fils d'un petit marchand de Palmyre, dans l'État de New-York, lut très négligé dans son éducation, n'avait de goût pour aucune carrière, était mal noté dans l'opinion et avait reçu le surnom de déterreur de trésors. Sous l'influence d'un réveil américain 1827, son imagination prit un caractère religieux sans abandonner ses anciens errements. En 1829 il prétendit que Jean-Baptiste leur était apparu, à lui et à son ami Olivier Cowdrv, qu'il les avait consacrés prêtres, et qu'il leur avait ordonné de se baptiser l'un l'autre. Le 30 juin 1830 il organisa à LaFayette, près de New-York, sa nouvelle église, composée de 30 membres, mais il dut fùir, et après plusieurs années d'une vie pleine d'aventures, ayant voulu introduire la polygamie dans sa cité, il rencontra une violente opposition; le peuple se souleva; Jo'é fut jeté en prison, et il y fut mis à mort, ainsi que son frère Hiram, 27 juin 1844. v. Mormons.
SOCIN, Sociniens. lo Lelio Socini, ou Sozzini, né 1525 à Sienne, d'une célèbre famille de jurisconsultes. étudia d'abord le droit. Il entra en relation à Venise en 1546 avec des chrétiens évangéliques, puis en 1547 dans les Grisons avec Camille Renato. anabaptiste et unitaire; visita Genève, la France, l'Angleterre, la Belgique, Zurich où il fut bien reçu par Bullinger, se rendit en 1550 à Wittenberg pour y voir Mélanchthon, fit un voyage en Pologne, revint à Genève, et après de nouveaux voyages en Pologne et en Italie, se fixa à Zurich, où il f 1562, à 37 ans. Toujours préoccupé de questions religieuses, il eut des rapports avec presque tous les réformateurs. Il eut à se défendre contre Calvin qui lui reprochait ses vues sur le baptême et la Trinité, et à se justifier vis-à-vis de Bullinger, qui lui demanda un exposé de sa foi. Rendu prudent par l'opposition qu'il rencontrait, il se tint sur une grande réserve, et légua ses pensées et ses mss. à son neveu Fauste, qui avait 12 ans de moins que lui. On connaît de lui surtout un Dialogue entre Calvin et le Vatican, un traité contre la peine de mort appliquée aux hérétiques, et une Lettre sur les sacrements, adressée aux Zuricois et aux Genevois.
2o Son neveu Fauste, né 5 déc. 1539 à Sienne, fit aussi d'abord son droit, et, comme son oncle, se jeta dans l'étude des questions religieuses; il rompit avec le catholicisme. Persécuté par sa famille il partit, 1559, vint à Lyon, puis à Zurich, où il recueillit l'héritage littéraire de son oncle. Il l'étudia sérieusement, se l'assimila en partie, publia pour son compte, mais anonyme, une Explication du commencement de Jean I, se rendit à la cour de Florence où il remplit divers emplois jusqu'en 1574, mais finit par s'arracher à ses séductions, pour aller à Bâle reprendre ses études 1575-1578. Il y publia quelques écrits anonymes. C'est alors que Blan-drata l'appela à son aide en Transylvanie, pour réfuter les exagérations de Francis Davidis qui soutenait que Jésus était né comme un autre homme, et que malgré sa supériorité il n'avait aucun titre à être ni invoqué, ni adoré. Socin prit la chose très à cœur, mais ne réussit pas à persuader Davidis qui bientôt, par ordre du prince, fut jeté en prison et y mourut. On a insinué que Socin avait provoqué cette cruelle mesure, mais la chose n'est pas prouvée: s'il l'a fait, ce sera par la crainte qu'il aura eue de voir les principes et l'autorité de Davidis l'emporter sur les siens comme plus logiques et plus conséquents, ce qui ne pouvait pas manquer d'arriver, ce qui est arrivé en effet. Quoi qu'il en soit, la peste ayant éclaté 1579, il s'enfuit à Cracovie, où il essaya de se faire recevoir dans l'église unitaire, mais il fut refusé à cause de quelques divergences de vues, notamment parce qu'il ne voulut pas se faire rebaptiser, estimant que le baptême des enfants, dont il n'était pas partisan, était cependant suffisant. Cela ne l'empêcha pas d'être par ses paroles et par ses écrits le plus solide appui de cette église et son meilleur représentant. En 1583 il quitta Cracovie par crainte de Bathory, et se retira dans un village voisin, Pawlicowice, où il épousa la fille de Morsztyn; il perdit en même temps toute sa fortune, ses biens ayant été confisqués en Italie. De 1587 à 1598 il habita de nouveau Cracovie. Maltraité par des soldats en 1594, en 1598 par des étudiants qui le traînèrent malade et presque nu par les rues après lavoir battu et lui avoir volé ses mss., il alla s'établir dans un autre village, Luklawice, où il f 3 mars 1604. D'un extérieur agréable et d'un noble caractère, il avait plus de finesse que de profondeur, et lui-même n'entrevit pas toutes les conséquences de ses principes; aussi fut-il bientôt dépassé par ceux qui se disaient ses disciples. Le soci-nianisme datait déjà de loin en Pologne; il y avait été apporté par des Italiens, qui n'avaient pas trouvé en Suisse un terrain favorable, et qui s'étaient joints à l'Égl. réformée en dissimulant leurs opinions. Peu à peu les divergences s'étaient accentuées, et au synode de Cracovie 1562 Sarnicki avait obtenu la destitution du pasteur Pauli de Wola. Dès lors il y eut schisme el deux synodes concurrents. La diète de 1664 interdit les doctrines nouvelles. Les unitaires eux-mêmes se divisèrent en plusieurs sectes, les uns rejetant le baptême des enfants, les autres niant la préexistence de Christ, etc. Quand Socin arriva, il se trouva être l'homme le plus distingué du parti, et il exerça une grande influence, surtout sur la noblesse. L'église soci-nienne eut des (ivres, des écoles, des collèges, un gymnase à Racovie 1602. Mais cela ne dura pas longtemps. D'abord les jésuites réussirent à s'établir dans le pays et ils y fomentèrent les haines confessionnelles. L'égl. de Lublin fut détruite dans un mouvement populaire, et par des représailles aussi puériles qu'odieuses, quelques étudiants abattirent un crucifix, 1627, ce qui fournit au sénat un prétexte pour déclarer que les sociniens n'appartenaient pas aux cuit» dissidents reconnus; leur école fut fermée, leur église et leur imprimerie détruites, 1638. Les persécutions continuèrent sous Jean Casimir 1648, et redoublèrent en 1661. Les malheureux durent s'exiler et laissèrent les jésuites maitres du royaume; ils émigrèrent, en Prusse, en Transylvanie, en Hollande où ils se confondirent bientôt avec les arminiens, ailleurs encore, mais ne subsistèrent longtemps nulle part s'unissant presque partout avec des congrégations analogues, sous le nom général d'Unitaires. Socin repoussait toute idée de mystère dans la révélation et posait en principe que les doctrines devaient être jugées à la lumière de la raison. Il admettait dans le sens le plus strict du mot l'unité de Dieu; le monde et le Saint-Esprit n'en étaient que des attributs. Jésus-Christ, homme comme les autres, mais né par l'opération du Saint-Esprit, avait été particulièrement honoré de Dieu, qui l'avait pris à lui dans les régions célestes, au commencement de son ministère, pour lui révéler les vérités qu'il était chargé d'annoncer au monde. Sur le pèche et la grâce Socin professait les idées de Pélage. Il rejetait la doctrine de la rédemption, comme contraire à l'idée de Dieu; la mort de Christ n'était que le sceau de sa doctrine et un modèle donné aux hommes. Les sacrements n'ont qu'une valeur symbolique; le baptême ne doit être donné qu'aux juifs et aux païens, les enfante des chrétiens appartenant déjà à l'Église par le fait de leur naissance; comme vieille coutume on peut cependant conserver cette cérémonie, etc. Le catéchisme de Racovie q. v. offre le résumé le plus authentique des doctrines de cette secte, mais il n'a jamais été considéré comme faisant autorité, et sur plusieurs point* importants les sociniens ont varié.
SOCRATE, père de l'Église, né vers 380 à Constantinople, fut d'abord légiste et notaire ou avoué. Il continua l'hist. ecclés. d'Eusèbe. de 306 à 439, en 7 livres, et dut recommencer en partie son travail, quand il eut constaté que Rufin laissait à désirer au point de vue de l'exactitude. Le caractère très objectif de son travail, notamment quand il parle du novatia-nisme, l'a fait soupçonner par Nicéphore Cal-liste d'être lui-même novatien.
SOEURS 1° v. Charité.— 2<> Congrég. de fem mes, placée sous le patronage de Borromèe, fondée 1652 à l'hôpital Saint-Charles à Nancy par Épiphanes-Louis, abbé d'Estival et général des prémontrés; règle particulière et vœux i vie. — 3° Sœurs de la miséricorde à Aix, fondées 1633 par le p. Y van et Madeleine Martin, confirmées 1639 par Urbain VIII; costume pis-foncé, règle de Saint-Augustin; pour l'éducation de jeunes filles paiftres.
SOHAR, célèbre livre de la littérature cabalistique juive, attribué à Simon ben Jochaï, à cause de 3 fragments qui semblent mis dans sa bouche. Mais il renferme des allusions à la Ge-mara, au mahométisme, au docteur Gordon qui professait à Montpellier vers 1280, et à la ponctuation hébraïque, autant de choses qui le placent au 13®* siècle. C'est une espèce de Comment. sur le Pentateuque, mais avec une foule de hors d'oeuvre et de finesses casuistiques. On peut croire qu'il a été composé de pièces et de morceaux, à diverses époques successives à partir du 8me siècle.
SOISSONS, Augusta Suessionum, vieille ville de Picardie, connue par la victoire de Clovis sur Syagrius 486, et par celle de Ch. Martel sur Chilpéric 749. Depuis la mort de Clovis elle devint la capitale d'un des 4 royaumes francs, et porta le nom de comté. Au 10®* siècle elle passa à la maison de Savoie-Carignan, et en 1734 à la France. L'évéché date du 3®e siècle; ses titulaires étaient pairs de France, ducs de Laon, et avaient le droit de porter la fiole d'huile sainte au couronnement des rois. Il s'y est tenu plusieurs conciles, dont quelques-uns importants: un en 744 sous la direction de Boniface, qui décréta 10 canons de réformation, interdisant aux ecclésiastiques la chasse et le mariage, aux laïques certaines fonctions religieuses; un en 852, auquel assiste Ch.-le-Chauve, et qui se prononce pour Hincmar contre Ebbon, annulant toutes les consécrations faites par ce dernier; deux autres en 861 et 862, puis un en 866, qui révoque les annulations prononcées en 852, recommandant au pape ceux qui avaient été indûment consacrés. En 941 les év. déposent Artaud de Reims et nomment Hugo à sa place. En 1092 Roscelin accusé de trithéisme doit se rétracter; en 1121 Abélard est condamné sans être entendu. Enfin en 1201 Innocent III convoque un synode en faveur d'Ingelburge, femme divorcée de Philippe-Auguste, pour désavouer les évêques de France qui avaient sanctionné le divorce; les débats n'aboutirent pas, mais le roi finit par se ranger à la volonté du pape.
SOLANGE, sainte peu connue, qui vivait dans le Berry vers la fin du 9®« siècle, et dont Bourges possède encore un fragment de mâchoire. Bergère elle paissait ses brebis quand Rainulfe, le fils du seigneur de l'endroit, lui apparut et menaça de lui faire violence. Elle résista, Rainulfe lui trancha la tête; elle la ramassa et la porta à quelque distance, où on lui éleva une chapelle, mai 878. La chose fit du bruit, les fidèles se partagèrent les fragments de la jeune fille, dont plusieurs firent des miracles. L'archev. de Bourges a fait célébrer en 1878 le millénaire de cet événement.
SOLEURE, ville et canton suisse, reçu le 22
déc. 1481 dans la Confédération, en même temps que Fribourg, malgré les efforts de Berne et de Zurich, mais grâce à l'intervention de Nicolas de Flue. Il était en majorité catholique, mais comptait vers 1517 un assez grand nombre de protestants pour que des églises dussent être affectées au culte évangélique. Avec les guerres religieuses le catholicisme finit cependant par l'emporter, et auj. les protestants ne forment plus que le sixième de la population. Soleure pense posséder les reliques de deux martyrs de la légion thébaine, Ours et Victor, et celles de Véréna. Longtemps siège de l'évêché de Bâle-Soleure, dont M. Lâchât est depuis quelques années le titulaire militant, Soleure possédait aussi un séminaire catholique entretenu par les cantons ressortissant à l'évêché. L'attitude par trop ultramontaine du clergé et la découverte faite des manuels et du genre de morale qu'on enseignait dans cet établissement, achevèrent de troubler les rapports de l'Église avec l'État; le séminaire fut fermé et l'évêque exilé. Une Égl. catholique libérale s'est formée et se compose de 5 paroisses officielles, qui relèvent de l'év. Herzog.
SOLITAIRES, un des noms que se donnaient les manichéens.
SOLITARIUS, Philippe, moine de Constantinople au lime siècle, auteur d'un Miroir (Dioptra) de la vie chrétienne, livre ascétique achevé en 1095, où l'âme et le corps discutent en vers l'espace de 5 livres. Il y en a 3 mss. à Vienne.
SOMASQUES, ou Clercs réguliers de saint Maïeul, congrégation fondée 1531 ou 1532, par un riche vénitien, Jérôme Mani, ou Émilien. Né 1481 Mani, après avoir fait de bonnes études, servit son pays avec distinction dans la guerre contre la Ligue de Cambrai, et défendit courageusement la place de Castelnuovo, près Tré-vise. Fait prisonnier des Allemands, il eut le temps de réfléchir et résolut de donner à sa vie une direction plus sérieuse. Délivré miraculeusement de son cachot, comme saint Pierre, mais par la sainte Vierge, il revint dans son pays, fut élu podestat, et se distingua par sa piété et sa charité pour les pauvres, surtout pendant la famine de 1523. Guéri d'une grave maladie contractée dans l'exercice de ses fonctions, il donna sa démission et se consacra à l'éducation des orphelins et au relèvement des femmes tombées. Il fonda pour cela quelques maisons à Milan, Vérone, Bergame et Brescia, et s'adjoignit quelques collaborateurs qu'il organisa en congrégation. C'èst à Somasque, entre Bergame et Brescia qu'il eut sa maison principale; il f 8 fèvr. 1537. C'est de cette ville que l'ordre prit son nom; l'autre nom, celui de Ma-joliles, lui vint de l'égl. de saint Maïeul, de Pa-vie, que Borromée mit à sa disposition. L'ordre fut reconnu par Paul III, Pie IV et Clément VIII, mais avec quelques modifications dans les statuts primitifs. Ils eurent la direction de plusieurs collèges en Italie. Le plus important fut le collège Clémentin à Rome.
SONNITES 1° ou Sunnites; v. Mahomet. — 2o ou Sonnistes; parti mennonite, v. Lammistes.
SOPHIE. Il y a plusieurs saintes de ce nom, mais aucune bien authentique. D'après une tradition latine, une Sophie (sagesse) aurait eu 3 filles, Pistis, Elpis, Agapè, la foi, l'espérance et la charité, qui furent martyrisées vers 120 à Rome (en Nicomédie, d'après les grecs); trempées dans un bain bouillant de poix et de soufre, elles n'en moururent pas, et il fallut les mettre à mort par l'épée. La mère les ensevelit, et fut à son tour martyrisée 3 jours après. — 2o Martyre milanaise, mise à mort avec son amie Irène. — 3° Jeune fille de Fermo, États de l'Église, mise k mort à Minden en Westpha-lie.— 4« Religieuse de Thrace, veuve d'un sénateur de Constantinople, qui après la mort de son mari mena avec ses enfants une vie exemplaire, etc. Le plus étrange c'est qu'on ne connaît de toutes ces femmes que le mois et le jour de leur martyre; niais ni l'année, ni le lieu, ni les circonstances, ni rien de leur vie; tout semble aboutir aux éphémérides d'un calendrier. — L'église de Sainte-Sophie à Constantinople, momentanément transformée en mosquée, a été construite sur le modèle de celle de Saint-Vitale, de Ravenne, par Juslinien I«r, sur l'emplacement de celle que Constantin en 325 avait érigée en l'honneur de la sagesse divine (sophia), et qui 2 fois, en 404 et 532, avait été détruite par le feu. On assure que 10,000 hommes y travaillèrent sous les ordres d'Anthêmes de Tralles qui en avait formé le plan, et d'Isidore de Milet. Elle subit naturellement avec le temps de nombreuses réparations qui en ont altéré le caractère primitif: l'extérieur en est un peu lourd, mais l'intérieur est de toute magnificence. On y montre entre autres une colonne qui sue, et qui a le don de guérir les maladies; et une pierre lumineuse.
SOPHRONIUS, lo Grec, ami de saint Jérôme, auteur de quelques ouvrages sur Bethléhem, et la ruine de Serapis, a traduit en un grec élégant les Psaumes, les Prophètes, la Vie d'Hila-rion, le traité sur la Virginité, et quelques autres écrits de Jérôme. On lui a attribué aussi (Érasme) la traduction grecque des Hommes célèbres de Jérôme, mais à tort. — 2o S. de Jérusalem, né k Damas, étudia la philos., ce qui lui valut le surnom de Sophiste, quitta la Syrie lors des persécutions, et se rendit k Alexandrie où il fut très bien accueilli par le patr. Éléémosynaire. Il se retira avec son ami Mos-chus dans la Haute-Égypte, dont ils visitèrent les couvents. A leur retour, devant les menaces des Perses, ils durent fuir de nouveau, emmenant avec eux le patr. qui f en Chypre 15 nov. 616, et ils arrivèrent à Rome. Moschus étant mort, en exprimant le désir d'être enterré, soit au couvent de Sinaï, soit k Jérusalem, Sophr. dut opter pour ce dernier endroit, les Arabes ayant fait opposition au premier. C'était l'époque des discussions monophysites; Sophr. devenu patr. de Jérusalem 634 se prononça franchement pour les 2 natures, contre les tergiversations de Cyrus d'Alexandrie, de Serge de Constantinople, et d'Honorius de Rome. v. Monothélisme. Jérusalem fut prise par les Sarrasins 636; Sophronius f de douleur peu de temps après.
SORBON, lo petit village de l'ancienne Champagne, auj. Ardennes, k 3 kilom. de Ré-thel, patrie de 2o Robert de Sorbon, ou Sorbonne, né 1201, docteur en théol., chanoine de Cambrai, puis de Paris, chapelain (mais non confesseur) de saint Louis, distingué comme prédicateur. 11 fonda en 1252 rétablissement qui prit son nom, v. Sorbonne, et il en fut le proviseur. f 1274. Outre les Statuts de sa maison, il a laissé quelques ouvrages sur la Conscience, la Confession, le Chemin du Paradis, etc.
SORBONNE, célèbre collège de Paris, faculté de théol., distincte de l'Université, mais ayant de nombreux rapports avec elle. Fondé par Robert de Sorbon q. v., c^t établissement ne fut dans l'origine qu'une maison d'éducation k l'usage des ecclésiastiques, une société de prêtres séculiers, vivant en commun, et suffisamment dotés pour n'avoir à s'inquiéter de rien et pour pouvoir se consacrer entièrement k l'étude et à l'enseignement gratuit de la théologie. La munificence royale donna à cet Hospice des étudiants pauvres les bâtiments de la couronne situés rue Coupe-Gorge, près du Palais des Thermes. Les étudiants étaient partages en 4 nations. La maison était régie par un proviseur, qui devait être élu par l'archidiacre de Paris, le chancelier, le recteur de l'Université, les doyens des 4 facultés, les prof, de théol. et les représentants des 4 nations. Les élèves se divisaient en réguliers, ceux de la Société, et assistants, ceux de l'hospitalité. Clément IV reconnut cette école en 1268, mais le nom de Collegium Sorbonicum ne lui fut donné qu'au siècle suivant. Robert avait en outre fondé aussi le collège de Calvi, plus connu sous le nom de petite Sorbonne; espèce d'école préparatoire aux études théologiques, et qui compta jusqu'à 500 élèves. La Sorbonne, par la célébrité de ses professeurs et par l'affluence de ses élèves, acquit bientôt un renom européen. Elle finit par être reconnue comme faculté et ses locaux furent successivement agrandis. Richelieu, qui avait été son élève, fit restaurer ou plutôt reconstruire ses bâtiments, à peu près sur le même emplacement que les anciens, et il y ajouta une église magnifique, dans laquelle se voit encore son mausolée, chef-d'œuvre de Girardon. Frappée, comme tout ce qui était ordre religieux, par la révolution de 1789, la Sorbonne fut relevée en 1808 par Napoléon, qui l'annexa à l'Université comme faculté de théol. et qui lai adjoignit la faculté des lettres et des sciences, avec de grands privilèges. Nul ne pouvait aspirer aux dignités ecclésiastiques, s'il n'y avait pas reçu son diplôme de docteur. Mais cet éclat dura peu. L'obligation de souscrire aux 4 articles des libertés gallicanes éloigna beaucoup d'élèves, et le courant s'établit du côté de Saint-Sulpice. Ce ne sont pas les règlements, ce sont les hommes qui avaient fait le succès de la Sorbonne au moyen âge, et quand les Guill. de Saint-Amour, les Eudes de Douai, Laurent l'Anglais groupaient autour d'eux tant d'élèves et tant de maîtres distingués, on comprend qu'ils soient devenus une puissance, qu'ils aient formé en fait une sorte de corporation, et que le grade de docteur en théol. délivré par eux ait été plus considéré que tout autre à cette époque. Dans le sentiment de son indépendance la S. a dès l'origine défendu la doctrine des premiers conciles et des pères et les traditions de l'Église gallicane, et elle est intervenue dans les débats contemporains avec un esprit droit et clairvoyant. Elle a lutté contre les ordres mendiants, supprimé la féte des Fous, favorisé l'imprimerie, fait venir des presses et des ouvriers, imprimé elle-même, 1470; elle a combattu l'Inquisition et les procédés de Rome pour se procurer de l'argent; elle s'est prononcée en faveur des conciles réformateurs et du gallicanisme; elle s'est opposée aux jésuites et à la bulle Unigenitus. Mais d'un autre côté elle s'est montrée aveuglément hostile à la Réforme, et a condamné non seulement Luther et ses hérésies, mais encore Érasme et ses Colloques, et même un de ses membres, Benoît, à cause d'une Bible annotéç qui cependant n'avait rien d'anti-catholique. C est dans son sein que s'est organisée la Ligue; elle a permis l'assassinat d'Henri III, condamné Henri IV, persécuté le cartésianisme et voté la peine de mort contre les hérétiques. Au fur et à mesure qu'elle se jetait dans rultramontanisme l'opinion publique l'abandonnait; Voltaire l'a bafouée, la Révolution Ta balayée. Ce n'est plus auj. qu'un établissement comme un autre, siège de l'Acad. universitaire, où se donnent les cours de la faculté de théologie.
SORCIERS, Sorcellerie. Quoi qu'il en soit des rapports possibles de l'humanité avec le inonde des esprits, et de l'empire que certains êtres peuvent exercer sur d'autres au moyen de forces occultes et mystérieuses, il est de fait que dans tous les temps il y a eu des hommes, et surtout des femmes, qui se sont donné, ou qui ont passé pour posséder des pouvoirs surnaturels, dont ils se servaient généralement pour faire le mal et pour tourmenter leurs semblables. Leur seul regard suffisait pour jeter un sort, pour fixer une destinée, pour rendre un enfant malade, pour ensorceler toute une éta-ble, un champ, une vigne; ils portaient malheur à qui ils voulaient. On a toujours compté plus de sorcières que de sorciers; elles étaient habituellement laides, vieilles et pauvres. Le préjugé venait soit de la crainte qu'elles inspiraient à l'enfant, soit de l'espèce de répugnance qu'elles inspiraient à tous par une humeur souvent aigrie à la suite du manque d'égards dont elles étaient les victimes. Les vues théologiques du moyen âge sur le diable et les mauvais esprits, incubes, succubes et autres, donnèrent un corps à la superstition et semblèrent la justifier. Au lieu de soigner son bétail, ou son enfant, ce qui aurait exigé un peu de peine, on trouvait plus facile et plus commode d'imputer les accidents à la malveillance d'un mauvais œil, et l'on se vengeait sur des innocents de malheurs qui ne devaient être attribués qu'à l'incurie, à la paresse ou à la malpropreté. Et comme l'A. T. Deut. 18, 10. semble admettre l'existence de vrais sorciers, enchanteurs et magiciens, en rattachant leurs pouvoirs à des esprits de python, en en faisant par conséquent des actes d'idolâtrie, vestiges du culte des faux dieux, l'Église crut devoir attirer à elle toutes les causes de sorcellerie, d'autant plus que ceux que l'on soupçonnait d'être sorciers avaient un genre de vie et des mœurs qui ne brillaient pas par une orthodoxie trop sévère. L'Inquisition se chargea donc de cette spécialité dès ses débuts (Directorium inquisitorum, par Nie. Eymeric). Une bulle d'Innocent VIII, Summis desiderantes affeclibus, 4 déc. 1484, ratifia cette prétention, et en 1487 Sprenger et Institor rédigèrent leur Maliens, Marteau des sorcières. Plusieurs législations civiles et criminelles, entre autres celle de Saxe 1572, consacrèrent cette façon d'agir, en y ajoutant le droit d'employer la torture pour obtenir l'aveu des prévenus. Des milliers d'individus, même de petits enfants, furent brûlés dans la seule Allemagne, comme convaincus de sorcellerie. La première protestation officielle vint d'un protestant Jean de Weier, médecin du duc Guill. de Clèves, qui publia un livre sur le Prestige des démons, 1563. Puis vinrent Gabriel Naudé, et les jésuites Tanner et Frédéric de Spee: Cautio criminalis, ou Des procès contre les sorciers, 1634; Balthasar Becker, pasteur à Amsterdam: Le Monde ensorcelé, 1691; Thomasins, Thèses sur le crime de magie, 1701, et d'antres encore, qui donnèrent le dernier coup à l'impie et cruelle législation qui impo* sait aux magistrats le devoir de torturer et de condamner des gens qu'ils ne regardaient pas comme coupables. Les dernières sorcières brûlés furent, en 1749 la supérieure du couvent d Unterzell, en 1750 une femme de Quedlin-bourg, en 1783 une jeune fille de Glaris. Jeanne d'Arc avait aussi été brûlée comme sorcière, ainsi qu'Urbain Grandier. Notre siècle ne permettrait plus de pareilles énormités; malheureusement il y a encore des gens qui vivent en dehors du siècle et dont l'éducation se fait dans l'esprit des temps passés. L'hystérie n'a pas dit son dernier mot, le fanatisme et la superstition non plus. v. Michelet.
SORETH, François, né en Normandie vers 1420, carme élevé au généralat en 1451; visita Cologne, Bruxelles, Rome, essayant partout de réformer l'ordre et de le ramener à son esprit primitif. Mais il rencontra de nombreuses résistances et finit par être emprisonné avec un de ses amis, 1471. Mort à Angers, déclaré bienheureux par l'ordre; des miracles se sont faits sur son tombeau.
SORTS, sortilèges, v. Sorciers.
SOTER, 12®e évêque de Rome, 166 à 174. On croit qu'il est né en Campanie, et qu'il a écrit aux Corinthiens une lettre que ceux-ci lisaient dans le culte public; peut-être aussi un traité contre le montanisme. Il se distinguait par sa bienfaisance.
SOTERIS, jeune tille noble, torturée pour sa foi, puis décapitée sous Dioctétien, peu après l'an 300. La tradition a fixé le 10 février pour cet événement.
SOTO lo Francisque-Dominique (de), né 1494 à Ségovie, fils d'un jardinier, brûlait du désir de s'instruire, mais n'en ayant pas le moyen il prit d'abord une place de sacristain au village d'Ochando, et employa si bien son temps, quoique sans maitre, qu'il finit par pouvoir se rendre à Alcala ob il étudia sous Villa-nova, puis à Paris avec son ami Saavedra. En 1520, après avoir achevé sa philos, et sa théol., il fut nommé prof, de philos, à Alcala, et se posa en adversaire décidé du nominalisme. Il écrivit plusieurs ouvrages: sur Aristote, la dialectique, la physique; puis tout à coup, en 1524, il abandonna sa carrière, se fit moine, et entra chez les bénédictins de Burgos, où il prit le nom de Dominique; en 1532 il fut nommé prof, de scolastique à Salamanque. En 1545 il fut délégué par Charles-Quint au conc. de Trente, où il exerça une certaine influence, et défendit les doctrines du péché et de la gr&ce dans un esprit de largeur et de foi, qui se retrouve dans 2 écrits qu'il publia sur ce sujet. Il quitta le conc. en 1547, lors de sa translation à Bologne, fut nommé confesseur de Ch.-Quint, mais le quitta en 1549, refusa l'archev. de Ségovie, accepta pour 2 ans le priorat du couvent de Salamanque, reprit ses fonctions de professeur, et f 15 nov. 1560. Consulté dans le différend soulevé entre Las Casas et Sepulveda, il se prononça pour le premier et contre le commerce des noirs. On a encore de lui quelques ouvrages de théologie, Comment, sur les Romains, etc.
2* Pierre (de), de famille noble, né 1502 à Cordoue, entra 1519 chez les dominicains de Salamanque, et se fit une grande réputation par son zèle et ses talents. Conseiller et confesseur de Charles-Quint, il le quitta pour accepter une charge de professeur au séminaire de Diilingen, et combattit le protestantisme avec passion dans ses leçons et dans ses livres. Il travailla à obtenir de l'empereur, qui voulait le retenir à Bruxelles, l'autorisation pour le cardinal Pôle, de se rendre en Angleterre, et Pôle l'en récompensa en le nommant prof, à Oxford, â la place de Vermigli qui venait de partir. Il n'y resta pas longtemps et, à la mort de Marie, il retourna à Diilingen. En 1561 il assista à la réouverture du conc. de Trente, où il représenta les principes du romanisme le plus rigoureux, en opposition aux Espagnols, f 20 avril 1563. Ses leçons de théol. pastorale ont été publ. à la demande de son évêque, d'après ses notes et celles de ses élèves.
SOUS-DIACRES, v. Diacres.
SOUTHCOTE, Jeanne, v. Sabbatairiens.
SOUVERAIN PONTIFE, v. Pontife.
SOZIME, 42®® pape, 417, embrassa les erreurs de Pélage, qu'il fit plus tard condamner à Rome (Du Pin, p. 348). Il montra beaucoup d'orgueil. Sa rétractation prouve qu'un pape, loin d'être infaillible, peut être un hérétique.
SOZOMÈNE (ou Salamanes), Hermias, nè vers 400 à Béthel, près Gaza, élevé au couvent de Gaza, étudia le droit à Béryte, s'établit comme avocat à Constantinople, et finit par devenir moine en Palestine, où il + 443. Auteur d'une Hist. ecclés. qui va de 323 à 439, il vint peu de temps après Socrate, dont il a probablement connu et utilisé l'ouvrage. Son style est meilleur, mais le livre lui-même n'a rien de saillant, sinon l'intérêt spécial avec lequel il s'étend sur la vie monastique. Il avait écrit aussi un Abrégé d'hist. depuis l'ascension de J.-C. jusqu'à la mort de Licinius 323, mais qui est perdu.
SOZZINI, v. Socin.
SPALATIN, Georges, de son vrai nom Burk-hardt, né 1484 à Spalt, diocèse d'Eicbstidt, dont il prit le nom; fils d'un tanneur, il fit de bonnes études à Erfurt et à Wittenberg, se lia dès 1801 avec Luther, fut précepteur d'abord du jeune prince Jean-Frédéric, puis de 2 jeunes princes de Brunswick avec lesquels il se rendit à Wittenberg. Ordonné prêtre en 1507 et nommé curé près de Gotha, il entra 1511 au service de Fréd.-le-Sage, qui le pourvut d'un canonicat et lui témoigna une grande confiance en le consultant sur toutes les questions difficiles. Spalatin, que sa nature mystique, son amour pour Augustin et son étude de la Bible avaient déjà disposé en faveur de la Réforme, n'hésita pas quand il se trouva introduit dans le cercle théologique et littéraire des hommes de Wittenberg. C'est à lui que l'univ. doit la fondation de sa bibliothèque, et il ne cessa de l'enrichir par de nouvelles acquisitions. Bibliothécaire, secrétaire et chapelain de Frédéric, il l'accompagna à Augsbourg, Francfort, Cologne, Worms, Nuremberg, et se montra vis-à-vis de ce prince, quelquefois hésitant, lechampion constant et résolu de Luther et de son œuvre. Il écrivit aussi pour lui divers ouvrages sur l'iiis-toire et sur les « Choses de la religion: » En 1525 il épousa Catherine Heidenreich, fille d'un bourgeois, qui f 1551 sans lui laisser d'enfants. Il fut de même le conseiller de Jean-le-Con-stant, fils et successeur de Fréd. 1525 à 1532, et l'accompagna à Spire et à Augsbourg. Vers 1532 il renonça à ses fonctions pastorales officielles, mais continua d'exercer une influence considérable, notamment par ses visites d'églises. Il eut l'occasion de visiter les contrées du Rhin, le nord de l'Allemagne, la Bohême, Vienne, Venise; à Smalcade en 1537 il signa le traité de Mélanchthon sur le Pouvoir et la primauté du pape, f 16 janv. 1545 à Altenbourg. Sans avoir brillé au premier rang, il joua un rôle considérable dans l'hist. de la Réforme par son tact, son zèle, sa décision et par le crédit dont il jouissait. Sa correspondance avec les principaux réformateurs est très volumineuse, et a été publiée en partie, ainsi que d'autres de ses écrits relatifs à la maison de Saxe, à Jean-le-Constant, etc.
SPALDING, Jean-Joachim, né 1" nov. 1714 à Tribsee, Poméranie suédoise, fils et petit-fils de pasteurs, étudia à Stralsund, Rostock et Halle, fit l'éducation de quelques jeunes nobles, devint en 1746 secrétaire de légation auprès de Rudenschtfld envoyé de Suède à Berlin, revint en 1747 auprès de son père malade et puisa dans la vue de ce lit de mort l'inspiration de son livre sur la Destination de l'homme, souvent réimpr., trad. en français, plein de pensées élevées, dites avec une noble simplicité. Il avait déjà traduit quelques ouvrages de l'anglais, entre autres un de Schaflesbury. Il était wolfien et penchait vers le rationalisme, mais il combattit toujours le déisme pur et l'incrédi* lité. En 1749 il fut nommé pasteur à Lassahn, où sa réputation lui attira de nombreuses visites; Lavater, Ftlssli, Hess passèrent plusieurs mois à Lassahn. En 1764 il fut appelé à Berlin, où il publia sur l'Utilité de la prédication un traité qui fut vivement critiqué, notamment par Herder, alors à BUckebourg, qui voyait dans la prédication autre chose qu'une simple utilité au point de vue de la morale et de la police. L'édit de Wôllner, qui restreignait la liberté de la chaire, le décida à donner sa démission, 1788. f 22 mai 1804. Cœur honnête et loyal, il rachetait les imperfections de sa théologie par une grande piété personnelle. Outre ses Lettres et quelques traités d'apologétique, il a laissé plusieurs volumes de sermons, très appréciés. Il avait été marié 3 fois. Son 2®« fils George-Louis, philologue, conseiller au ministère de l'instruction publique, f 1811, a publié sa Vie et quelques extraits de son journal et de ses œuvres.
SPANGENBERG lo Jean, pasteur à Nordhau-sen, à Eisleben, et surintendant de Mansfeld; auteur de plusieurs cantiques, f 1550.
2° Son fils Cyriaque, né 17 juin 1528 à Nord-hausen, précoce dans ses études, élève de Wittenberg, pasteur à Eisleben et à Mansfeld, poussa le luthéranisme à l'excès, et fut à cause de ses exagérations, renvoyé de plusieurs paroisses où il avait porté le trouble. Il sema la division dans le comté de Mansfeld et jusque dans la famille seigneuriale, au point que le duc de Saxe fut obligé 1575 de faire occuper le comté par ses troupes pour y ramener la paix. Sp. réussit à s'enfuir déguisé en sage-femme, mais une démarche imprudente le compromit de nouveau en 1577. Nommé pasteur à Schlitz-see, près Fulda, en 1578, il se fit renvoyer en 1590 et vécut dès lors péniblement, avec une nombreuse famille, à Wacha, Hesse, sous la protection de Guill.-le-Sage. Il finit par trouver un abri chez un chanoine, le comte Ernest de Mansfeld, à Strasbourg, où il f *0 févr. 1604. Il a énormément écrit, et généralement ses ouvrages ont de la valeur: des Chroniques, des monographies historiques, une Vie de Sa-vonarole, des brochures de circonstance, des traités dogmatiques, des Comment, sur les Corinthiens, les Thessal., les Ép. pastorales, etc. Il aurait fait plus de bien s'il avait été moins passionné.
3o Aug.-Gottlieb, né 15 juill. 1704 à Klet-tenberg, Hohenstein; fils d'un pasteur, étudia d'abord à Ilefeld où il fut converti, puis à Iéna, sous Buddens qui le décida à étudier la théologie. Il fit la connaissance de Zinzendorf en 1727, vint en 1732 à Halle où il fut nommé suppléant à la faculté de thèol. et inspecteur de l'orphelinat de Francke; visita Herrnhut en 1733. Sea tendances séparatistes le firent bannir de Halle par Fréd.-Guill. Il s'attacha dès lors au comte, dont il devint le collaborateur dévoué; fut envoyé en Angleterre 0(1 il travailla et sympathisa avec les méthodistes; de là à Copenhague, d'où il partit pour la Georgie avec une colonie missionnaire; enfin en Pensylvanie où il dirigea la mission indienne. Il fut rappelé en 1762 par Tégl. de Herrnhut, qui le nomma évêque en remplacement du comte décédé, f à Bertholdsdorf, 18 sept. 1792. Aimable et doux, moins hardi que son prédécesseur, il travailla à la décentralisation ecclésiastique, régla la discipline, mit de l'ordre dans les finances, et fixa la doctrine dans son Idea fidei fratrum, 1779, souvent trad. et en plusieurs langues. On a aussi de lui une Vie de Zinzendorf 1772, et un Rapport sur les circonstances et la constitution de l'Unité des Frères.
SPANHEIM lo Fréd., né 1er janv. 1600 à Am-berg, Palatinat supér., étudiai Heidelberg, puis en 1619 à Genève, passa 3 ans comme précepteur chez le comte de Vitrolles, gouverneur d'Embrun, visita P Angle terre en 1625, et fut à son retour à Genève nommé professeur de philos., bourgeois d'honneur, prof, de théol. à la place de Turretin, recteur de 1633 à 1637. Sa démission lui fut accordée avec honneur en 1642, et et il se rendit à Leyde où il se rangea parmi les adversaires d'Amyraut, et f 30 avril 1648. Il avait épousé Charlotte Duport. Auteur d'un certain nombre de dissertations latines sur la Grâce universelle, les Anabaptistes, des Lettres, des Sermons et des Disc, de circonstance.
2° Ézéchiel, son fils ainé, né 1629 à Genève, étudia à Leyde la philos, et la théol., mais se consacra plus spécialement à l'enseignement et à la numismatique. Prof, d'éloquence à Genève
1651, membre du Grand Conseil en 1652, il abandonna la théologie et entra comme précepteur chez le duc palatin Charles-Louis; visita l'Italie chargé de plusieurs missions, passa au service de l'électeur de Brandebourg, qui le nomma son ambassadeur à Londres 1702-1705 et f 1710. Il a laissé plusieurs écrits, dont quelques notes sur Callimaqueet Thucydide, un livre sur les médailles, leur importance et leur rôle; plusieurs études sur les points-voyelles des Hébreux, des Observations sur Josèphe, une étude sur l'Hist. critique de l'A. T., de Richard Simon, 2 Disc, latins sur la Crèche et la Croix du Sauveur, trad. en franç. 1655.
3o Frédéric, fr. du précédent, né 1632 à Genève, étudia la philos, à Leyde, devint docteur
1652, et se mit ensuite à la théol., comme il l'avait promis à son père mourant. En 1655 il fut promu docteur en théol. et fut successivement prof, à Heidelberg et à Leyde. Dans cette dernière ville il fut aussi nommé bibliothécaire, et 4 fois recteur. Par sa Défense de la foi réformée, contre Descartes et contre le catholicisme, il se fit une telle réputation qu'on le dispensa de donner ses cours, pour qu'il pût se consacrer plus entièrement à la polémique. 11701. Ses œuvres, qui forment 3 vol. in-f° roulent sur les sujets les plus divers, géographie, hist. sainte, théologie; ainsi: La Philos, du chrétien 1676; l'Autorité des Écritures, le Vœu de Jephté, abrégé d'Hist. ecclés., Géogr. sacrée, travauxexégétiques sur le Lévitique, Job, Matthieu, Marc, Romains; la Prédestination, etc.
SPEE de Langenfeld, Fréd. (de), poète catholique, auteur de cantiques latins estimés. Né 1591 à Kaiserswerth, d'une famille appartenant à la noblesse, il entra 1610 chez les jésuites, enseigna d'abord la philos., la morale et la grammaire à Cologne, fut envoyé en 1627 à WUrzbourg et à Bamberg avec charge d'âme. Là il reçut la mission de préparer à la mort le* sorcières condamnées; il vit de près les horreurs de la procédure employée, et protesta 1631 dans un livre d'abord anonyme: Cautxo criminaii*. Le prince-électeur de Mayence, Phil. de Schônborn, lui ayant demandé comment il se faisait que si jeune il eût déjà les cheveux blancs, il répondit: C'est que j'ai conduit au bûcher plus de 200 sorcières condamnées, et dans le nombre pas une qui fût coupable ! On l'envoya ensuite en mission chez les protestants de la basse Saxe; puis, fatigué, il se retira à Trêves et vit la ville prise et pillée par les bandes impériales et espagnoles. En soignant les blessés et les malades, il fut lui-même atteint de la contagion, et f 7 août 1635. Ses poésies, pleines de naturel, ont été publ. après sa mort, et quelque peu retouchées; elles célèbrent surtout l'amour de Jésus.
SPENCER, John, né 1630 à Bocton, Kent. Orphelin de bonne heure, élevé par un oncle, il étudia à Cantorbéry et à Cambridge, archidiacre de Sudbury 1672, prébendaire et doyen d'Ely, docteur en théol, et président du collège de Corpus-Christi, de Cambridge, f 27 mai 1695. Auteur de divers travaux sur les Miracles, la Prophétie, l'Urim et le Thummim, il est surtout connu par ses Recherches sur les lois des Hébreux et leur origine 1685. Abandonnant la vieille ornière, il est le premier qui ait essayé de donner à la législation mosaïque une base historique et naturelle, en recherchant l'influence que le milieu, le genre de vie et les législations voisines ont pu exercer sur le code hébreu. Il rencontra une violente opposition; Witsius, Marsh a m, Calmet, le réfutèrent; il leur répondit, mais il fut surpris par la mort et sa réponse ne parut qu'en 1727 dans l'édition posthume de ses œuvres.
SPENER, Philippe-Jacques, le fondateur du piétisme allemand. Né 13 (25) janv. 1635 à Ribeauvillé, Alsace, il était fils d'un conseiller du comte de Ribeaupierre (Rappoltstein), et reçut de bonne heure une éducation chrétienne. La comtesse Agathe sa marraine exerça sur lui une excellente influence. Après avoir été préparé par le chapelain de la cour, Joachim Stoll, qui devint plus tard son beau-frère, Spener entra au gymnase de Colmar, et en 1651 à l'université de Strasbourg, où il fut reçu comme un fils par son oncle Jean Stephan, prof, de droit. Il s'y distingua bientôt par son sérieux et sa piété, et groupa autour de lui quelques étudiants avec lesquels il employait chrétiennement ses dimanches. Maître ès arts à 18 ans, il entra en théologie. En 1655 il fit son premier sermon, sur Luc 1, 74. 75. et déclara plus tard que c'était là le sommaire de toute la prédication chrétienne, comme aussi le principe qui dirigea toute sa vie. Sans autres ressources que celles qu'il s'était procurées par ses leçons, il visita les universités de Fribourg, Bâle où il entendit Buxtorf, 1659, Genève où il donna des cours fort suivis, où il était venu pour se perfectionner dans le français, et où il vit surtout le prof. Léger, et Labadie, dont il traduisit le Manuel de prière. Un voyage en Suisse, pour cause de santé, le mit en rapports avec beaucoup de notabilités théologiques. En 1661 il accompagna à Stuttgard le jeune comte de Rappoltstein; il en profita pour aller voir aussi Tubingue, et il était sur le point d'y accepter un engagement, quand il fut appelé comme prédicateur libre à l'égl. de Saint-Thomas, Strasbourg, 1663. Il y passa 3 ans, donna des cours à l'université, épousa en 1664 Suzanne Ehr-hardt, fille d'un conseiller de la ville, et reçut le jour même de ses noces son diplôme de docteur en théologie. En 1666 il fut nommé 1er pasteur à Francfort sur Main, ville intelligente et mondaine, où il comprit qu'il aurait beaucoup à faire, et où il trouva dans la catéchisation le moyen de s'adresser plus directement à la conscience individuelle. C'est aussi là que commencèrent ses célèbres réunions de piété, Colle-gia pietatiêy modestes d'abord, puis encouragées par l'adhésion de quelques hommes distingués, l'avocat Schtitz, le prof. Diefeubach, et qui acquirent en peu de temps un si grand renom que bientôt il s'en forma à Augsbourg, Hambourg, Amsterdam, etc.. On se réunissait chez Spener les lundis et les mercredis pour prier et méditer la parole de Dieu. Une si belle œuvre trouva naturellement des détracteurs et des calomniateurs, et pour éclairer le peuple Spener écrivit ses Pia desideria. Ce fut le point de départ de longues controverses qui dégénérèrent le plus fréquemment en disputes; on parla même de dissidence et d'hérésie. En 1685
Spener reçut un appel de Georges III, électeur de Saxe, comme premier prédicateur à la cour de Dresde. Il s'y rendit en 1686. Son influence se lit sentir dans toute la Saxe; ses catéchismes surtout devinrent célèbres et attirèrent beaucoup de monde. En 1687 lors de sa visite à l'université de Leipzig, il fit une prédication sur la nécessité des études bibliques, qui détermina un réveil important. Francke organisa des réunions dans ce sens, appelées Collegia philobiblica. Leur succès excita la jalousie des pasteurs et professeurs, qui appelèrent piétistes les adhérents de Spener, et le surnommèrent lui-même le patriarche des piétistes. L'électeur de Saxe et sa cour ne tardèrent pas à se tourner aussi contre lui, irrités de ce que sa prédication mettait à nu leurs vices et leur corruption. En 1691 Spener fut appelé par l'électeur de Brandebourg, plus tard Frédéric I®', roi de Prusse, pour remplir à Berlin les fonctions de pasteur-doyen à l'église de Saint-Nicolas. Son ministère y fut béni comme partout. En 1704 il tomba malade, et sentant sa fin s'approcher, il réunit tous ses collègues autour de lui. Le 4 février de l'année suivante, sa faiblesse augmentant toujours, il se fit lire trois fois de suite la prière sacerdotale de Jésus, Jean 17, et il s'endormit le lendemain, 5 février 1705, âgé de 70 ans. La grande influence de Spener ne doit être attribuée ni à son éloquence, ni à sa grande science, mais à sa piété réelle et vivante. Il fut un homme de foi, d'une foi agissante, unie à une grande charité. Dans ses Pia desideria, après avoir décrit l'état d'abaissement dans lequel était tombée l'Église évangélique d'Allemagne, il propose les six remèdes suivants: 1° Diffusion de la Parole de Dieu dans les églises et dans les familles. 2<> L'exercice du vrai sacerdoce spirituel (que chaque chrétien soit prêtre). 3° Faire comprendre à tous que le christianisme ne consiste pas dans la connaissance, mais dans la vie. 4° Une conduite sage dans les controverses (la prière, la charité envers les incrédules). 5° Nécessité d'une éducation plus chrétienne des futurs pasteurs. 6° La prédication doit surtout tendre à vivifier la foi. Il aurait voulu aussi ramener la discipline dans l'Église. Il prêcha toute sa vie d'exemple, en élevant chrétiennement sa nombreuse famille de onze enfants, et son ménage fut heureux et béni.
SPENGLER, Lazare, fils d'un greffier impérial et le 9me de 21 enfants, né le 13 mars 1479 à Nuremberg, étudia les lettres et le droit à Leipzig, revint en 1496 dans sa ville, épousa Ursule Sulmeister qui lui donna 9 enfants, et fut successivement chancelier, syndic et membre du Grand Conseil. Il refusa le poste de secrétaire impérial que lui offrait Maximilien, et f 7 nov. 1534 de la pierre néphrétique. Il se montra dès le début favorable à la Réforme; fut compris en 1518, avec Pirkheimer, dans la bulle d'excommunication inspirée par Eck, et réussit non sans peine à s'en faire relever. En 1520 il siégea à Worms comme délégué de Nuremberg, fit fonder dans sa ville une école évangélique, prit part en 1528 à la rédaction des articles de Schwabach, et lorsqu'en 1530, à Augsbourg, Méianchthon lui parut aller trop loin dans la voie des concessions, il s'empressa d'en informer Luther à Cobourg. Il entretint de constants rapports avec les réformateurs, et n'eut de contestation qu'avec Osiander et Billi-can. Auteur de quelques cantiques, et d'une brochure hardie en faveur de Luther.
SPERATUS, Paul, né 13 déc. 1484, on ne sait dans quelle ville, ni de quelle famille, p. é. à ROtteln, de la famille noble des Spretter, dont Sp. serait une forme latinisée. Il étudia à Paris et dans quelques villes d'Italie. Il entra dans les ordres. Curé de DinkelsbUhl en 1518, il passa en 1519 à Wtlrzbourget se prononça nettement en faveur de la Réforme, ce qui le fit renvoyer. Après avoir visité Salzbourg, où se trouvaient Staupitz et Agricola, puis Augsbourg, il s'établit à Vienne, où il prit le grade de docteur et vécut de leçons. Le 12 janvier 1522, à l'occasion d'un sermon sur le célibat, il fit, sur la demande du gouverneur de la ville et avec l'autorisation de l'évêque, un sermon sur Rom. 12, 1. sq., dans lequel il critiquait tout le régime monastique et en particulier le célibat forcé, dont il fit ressortir les dangers au point de vue moral. Ce discours fut imprimé et fit sensation. Le clergé le dénonça à l'év. comme hérétique. Sp. y répondit de Wittenberg en 1524 par une brochure très mordante, avec une préface de Luther. Après un appel à Ofen, Hongrie, que les intrigues viennoises empêchèrent d'aboutir, il se rendit en Bohême, où l'abbé d'Iglau le nomma chapelain, sans connaître ses tendances réformatrices, et sans savoir qu'il était marié. On ne tarda pas à savoir à quoi s'en tenir, et la population se divisa en 2 camps: il fut jeté en prison à la requête des moines, et il fallut l'intervention des princes protestants pour le faire relâcher. Il se rendit alors à Wittenberg, vnais continua ses relations avec son ancienne paroisse et avec les frères de Bohême, en même temps qu'il traduisit plusieurs ouvrages de Luther, cantiques, etc., pour l'usage de ses fidèles. En 1524 il fut envoyé comme prédicateur à KOnigsberg, où il rendit de grands services par son zèle et par son tact plein de modération. Enfin en 1529 il fut nommé év. de Pomé-ranie; le travail et les luttes ne lui manquèrent pas; il eut à organiser le diocèse, à rédiger les ordonnances ecclésiastiques, à faire accepter la forme synodale et la confession d'Augsbourg, à combattre les anabaptistes et les sacramentaira, à présider des colloques religieux; en 1548, à la suite de la guerre de Smalcalde, il eut le bonheur d'accueillir les Fr. de Bohême persécutés et de leur procurer en Prusse un sûr asile. Il vit éclater en 1544 à Kônigsberg les discussions relatives à Osiander, mais il s'abstint d'intervenir, f 12 août 1551. Sa femme Anna, un fils et 2 filles lui survécurent; il ne leur laissait que des dettes.
SPIERA, Francesco, né vers 1500 à Cita-della, près Padoue, jurisconsulte distingué, connut dès sa jeunesse la vérité évangélique et se déclara franchement pour la Réforme en 1541 Dès lors il consacra son temps et son éloquence à prêcher l'Évangile; les succès qu'il obtint lui suscitèrent de nombreux et redoutables ennemis. Dénoncé à Délia Casa, il fut sommé de se rendre à Venise. Il faiblit devant les procédés de l'Inquisition et se rétracta par écrit, 1547. Cela ne suffit pas au tribunal. Le malheureux dut encore une fois se rétracter publiquement devant ses compatriotes de Citadella, 1«" juillet 1548, et dès lors sa vie ne fut plus qu'un supplice. Il crut avoir commis le péché contre le Saint-Esprit, et malgré les consolations que lui prodiguèrent l'évêque-suffragant de Padoue, le prof. Gribaldi, et Vergerio, il mourut dans le désespoir, 27 déc. 1548, à Citadella, après avoir plusieurs fois essayé de se détruire. Cette mort et les tristes scènes qui l'accompagnèrent concoururent à hâter l'abjuration officielle de Vergerio.
SPIFAME, Jacques-Paul, seigneur de Passy, né 1502 à Paris, le plus jeune de 5 frères, fils d'un secrétaire du roi, étudia le droit et fut suc-cessivement maître des requêtes, conseiller d'État, chanoine à Paris, chancelier de l'université, vicaire général du cardinal de Lorraine (qu'il accompagna à Trente), et év. de Nevers. U eut des relations avec Catherine de Gas-perne, femme d'un procureur de Paris, qui lui donna un fils, et avec laquelle il continua de vivre. Le mari étant mort 1539, 4 mois après la naissance de l'enfant, Spifame déposa ses fonctions, vint h Genève pour embrasser la Réforme, et à l'aide de fausses pièces portant l'autorisation des parents et légitimant le fils, il épousa sa maîtresse 1559, dont il eut encore une fille. Très considéré il fut reçu bourgeois de Genève et consacré au saint ministère. Eto 1560 il est pasteur d'Issoudun; il prêche à Bourges et à Paris. Condé l'envoie k Francfort pour obtenir la neutralité des Allemands. Il est nommé gouverneur civil de Lyon jusqu'à U paix d'Amboise, 19 mars 1563. En fév. 1563 il est élu à Genève membre du Conseil des 60, en même temps qu'à Paris il est condamné à être pendu. En janvier 1564 Jeanne d'Albrecht ftp-pelle en Navarre pour mettre de Tordre dans ses affaires; mais il commet l'incroyable bévue de se brouiller avec elle, en disant que son fils Henri IV est un fruit de l'adultère. Pour se venger elle le dénonce à Genève; diverses accusations sont produites contre lui; l'enquête établit que les pièces relatives à son mariage étaient fausses, et en outre, que l'acte même du mariage était antidaté. Il est condamné à mort à Genève, et exécuté 23 mars 4566.
SPINA, Alphonse (de), espagnol, d'origine juive, franciscain, recteur de l'univ. de Sala-manque, év. d'Orense. Auteur d'un traité apologétique, d'abord anonyme, Valladolid 1458, contre les Juifs, les Sarrasins et les autres ennemis de la foi chrétienne. Souvent réimprimé. Le marane tenait à se faire pardonner son ori-gine.
SPINOLA, Francesco, de Milan, prêtre enfermé à Venise pour cause de religion, releva le courage de Sega, son compagnon de captivité, qui avait un moment faibli, et qui f 23 févr. 1565. Lui-même eut aussi quelques défaillances, mais Dieu le fortifia. Ghislieri, qui fut plus tard Pie V, le traita brutalement et aurait voulu le faire brûler, mais les traditions vénitiennes l'emportèrent. Condamné le 19 août, il fut dégradé, puis simplement noyé, le 31 janv. 1566.
SPINOSA, Bénédict, ou Benoît, primitivement Baruch; né 24 nov. 1632 à Amsterdam, d'une famille de juifs portugais, qui lui fit donner une bonne éducation. Il étudia entre autres la Bible et le Talmud, mais son esprit naturellement sceptique ne put se plier aux enseignements de la tradition rabbinique; le doute s'empara de lui, ses maîtres le menacèrent d'excommunication, et de lui-même il déserta la synagogue. Il se rapprocha des chrétiens, se lia avec la fille d'un malheureux médecin qui lui enseigna le grec et le latin et qui, depuis longtemps accusé d'athéisme, fut exécuté comme conspirateur 1674. Il se mit à l'étude de la théol., qui ne le satisfit pas davantage, parce qu'elle laissait bien des problèmes inexpliqués. Il étudia Descartes, dont il goûta la méthode. Ses coreligionnaires, irrités contre lui, essayèrent tour k tour, mais sans succès, de le gagner par des offres séduisantes, ou de le faire assassiner. Il se retira à la campagne, changea de nom, gagna sa vie en polissant des verres d'optique, qu'il faisait vendre par des amis, habita successivement les environs d'Amsterdam, de Leyde et de La Haye, creusant toujours sa pensée, publiant de temps k autre le résumé de ses réflexions, et poussant logiquement ses prémisses jusqu'à leur conclusion. Il refusa une place de prof, de philos, à Heidelberg, qui lui était offerte par Charles-Louis du Palatinat. Atteint depuis longtemps de phtisie, il f févr. 1677 à La Haye, paisible et dans la plénitude de ses facultés. Il a laissé une Exposition du syst. de Descartes, démontré géométriquement (latin), Amst. 1663; un Traité théologico-politique, Amst. 1677, mais sous le faux nom de Hambourg, et d'abord anonyme, qui, attaquant les livres saints, fut l'objet de nombreuses réfutations. Son principal ouvrage parut après sa mort, par les soins de son ami le médecin L. Meyer; il a pour titre Ethxca; c'est un traité de morale, mais qui expose son système panthéiste. Mentionnons encore 2 traités posthumes: Traité politique, et Du redressement de l'intelligence. OEuvr. compl. publ. par Paulus, Iéna 1802; trad. par Saisset, 1843; Vie et étude par Amand Saintes, 1843. Partant, comme Malebranche et Leibnitz, du cartésianisme, Spinosa a attaqué du même coup la scolastique ancienne et la théologie révélée, et a posé les bases d'un panthéisme matérialiste. On l'a accusé longtemps et à tort d'athéisme. 11 partait du célèbre enthymème de Descartes: Je pense, donc je suis. La seule base de tout, c'est l'existence, notion qui seule présente un degré complet de clarté. Mais avec cette notion se confond celle de substance, qui lui correspond. Or comme partout on trouve existence et substance, et qu'il ne peut exister deux substances infinies, c'est Dieu qui est cette seule substance infinie, qui renferme tout et dont tout est constitué; les êtres finis n'en sont que des manifestations partielles, les corps sont des modes de l'étendue infinie, les esprits sont des modes de la pensée divine. Par conséquent en morale tout est l'effet d'une nécessité absolue, et il n'y a de liberté ni en l'homme, ni en Dieu. Le style de Spinosa n'a point de charme; tout y est sec, présenté en définitions, axiomes, théorèmes, lemnes, etc. Les cartésiens le désavouaient.
SPIRE, vieille ville des bords du Rhin, l'Au-gusta Nemetum des anciens, peuplée auj. d'environ 10,000 hab. La légende lui donne pour premier èvêque un disciple immédiat des apôtres; une autre légende parle d'un év. Jessius, qui aurait assisté au synode de Sardique 347, ou au prétendu conc. de Cologne qui aurait eu lieu vers la même époque. En réalité c'est seulement après l'invasion des barbares, vers 630, sous les Mérovingiens, que le christianisme pénétra dans ces contrées. Nemidona, ou Nemeta, commençait à se développer au confluent de la Spir* et du Rhin, et sur l'emplacement d'un temple de Vénus, Dagobert 1er fit construire un temple chrétien et lui donna pour év. Athanase, son secrétaire et chapelain. Puis vint Primice, sous Sigebert III, 650. De nombreuses donations et l'octroi des dîmes enrichirent bientôt l'évêché. Otger obtint d'Othon I©' le droit de justice, et l'emp. Conrad fit construire la cathédrale, et l'affecta à la sépulture de ceux des sieus qui mourraient de ce côté des Alpes. Huit empereurs y furent enterrés. La ville et sa cathédrale furent mis à sac lors de la déplorable campagne de Turenne 1688 el 1689; les tombeaux des rois furent ouverts et profanés; les soldats jouèrent aux boules avec les têtes de ces vieux souverains. La cathédrale fut brûlée en 1137, 1159, 1289, 1450. Chaque fois elle ressortit de ses ruines plus magnifique; auj. c'est une basilique avec coupole octogone; on y remarque les fresques de Schraudolf. L'évêché supprimé par le traité de Lunéville, a été rétabli par le concordat de 1817. La ville de Spire a joué un grand rôle dans l'hist. de la Réforme en Allemagne, notamment par la diète de 1526, qui se montra assez coulante, parce que l'empire était menacé, et par celle de 1529 qui retira les concessions précédentes, parce que les circonstances politiques s'étaient améliorées, ce qui amena la protestation collective des villes et des princes évangéliques; v. Protestantisme.
SPIRIDION, év. de Trémithonte, en Chypre, assista au conc. de Nicée 325 et à celui de Sar-dique 347, où il défendit vaillamment Athanase.
SPIRITISME, une vieille chose sous un nom nouveau. C'est à peu près ce que les anciens appelaient nécromancie, la possibilité pour les vivants de se mettre en rapport avec les morts, la survivance des esprits, et leur influence, bonne ou mauvaise, sur leurs amis ou leurs ennemis. Les Hébreux y croyaient, Deut. 18, 9 à 16. Es. 8, 19. 2 Chron. 33, 6., et le roi Saùl s'adressa à la pythonisse d'Endor pour consulter l'ombre de Samuel. Les plus incrédules sont crédules par certains côtés. Chez les païens les prêtres et les oracles faisaient du spiritisme. Justin martyr et Tertullien constatent le fait et le condamnent. Au moyen âge on l'a un peu négligé en le pratiquant ou en le poursuivant sous la forme de la sorcellerie. Mais il s'est relevé vers le milieu du siècle dernier sous l'impulsion du visionnaire-mystique Swedenborg, et dès lors le médecin Mesmer, le marquis de Puységur, le divin Cagliostro, et autres, lui ont donné ses lettres de grande naturalisation, comme art de guérir ou de deviner, sans que l'on puisse dire où finit chez eux la conviction et où commence le charlatanisme et l'exploitation. Des effets étranges étaient produits; voilà le fait. Pouvaient-ils s'expliquer par la science ou la psychologie ? Voilà la question, et quoique bien des progrès aient été accomplis, la question est loin d'être absolument résolue. Mais depuis 18i6 l'Amérique intervint, et quand elle se mêle de quelque chose, elle fait tout grand. A Hydesville, non loin de New-York, les misses Catherine et Marguerite Fox se révélèrent comme des intermédiaires (médiums) de première force entre les vivants et les mort»; elles ouvrirent un bureau, donnèrent des consultations, et découvrirent peu à peu que certaines substances, le bois en particulier, avaient un pouvoir conducteur plus grand que d'autres corps (Le p. Venlura cita même dans un sermon les lits, les tables, les bureaux des rédacteurs comme exerçant une influence pernicieuse parce qu'ils sont en bois; un journaliste loi répondit en ajoutant à cette nomenclature les confessionnaux et les chaires) • Dès 1850 la France emboîta le pas derrière les Américains; on ne faisait plus que tourner des tables, des guéridons et des chapeaux. Allan Kardec (Rivait de son vrai nom, f 31 mars 1869) devint le prophète et le législateur du spiritisme; il établit que l'homme se compose de 3 éléments: le corps, qui meurt; l'âme, et entre deux le pé-risprit qui les relie, espèce de corps éthéré, vaporeux, au moyen duquel l'esprit peut encore agir sur la matière, écrire, frapper, etc. Quelques procès en escroquerie ont un peu refroidi depuis 1875 l'exploitation des dupes par les charlatans, et d'autres préoccupations ont fait passer la manie ou la mode des tables tournantes; mais la question n'est pas Jranchée pour cela: Quels sont les rapports qui peuvent exister entre le monde visible et le monde invisible? v. Tissandier, Mirville, Flammarion, et surtout les Tables tournantes d'Àgénor de Gas-parin.
SPITTA, Ch.-Jean-Philippe, né 1er août 1801 à Hanovre, étudia à GOttingue, et après avoir occupé plusieurs postes, fut nommé pasteur â Burgdorf, près de Hanovre, où il f 26 sept. 1859. Auteur de nombreuses poésies lyrique très estimées, et de cantiques d'une grande douceur, faits pour le culte privé plutôt que pour le culte public, et dans lesquels on sent l'influence de la Bible etle fruit de l'expérience personnelle.
SPITTLER, Louis-Timothée (baron de), né
10 nov. 1752 à Stuttgard, où son père était pasteur; il étudia à Tubingue et à Gôttingue, prit ses grades et voyagea. De retour en 1777 il s'établit à Tubingue comme répétiteur, publia quelques dissertations sur les conc. de Laodi-cée et de Sardique, sur le droit canon jusque faux Isidore, et fût en 1779 nommé prof. & philos, à Gôttingue. En 1797 il revint dans son pays, où il fut nommé conseiller aulique, ministre, directeur de l'instruction publique, ca-rateur de l'univ. de Tubingue, et enfin baron.
11 réussit moins dans la politique pendant l'occupation française, ayant affaire à un printf qui penchait pour Napoléon, f 14 mars 1810. Il a beaucoup écrit; son principal ouvrage une Hist. de l'Égl. chrétienne, plusieurs foi* réimprimée, même après sa mort, remarquable surtout par l'exactitude consciencieuse des recherches et la sûreté des appréciations; on a aussi de lui l'Hist. de la papauté, celle des croisades, etc. Œuvres compl. publ. par son gendre Wâchtler, 15 vol. Stuttgard 1827-1837.
SPONDE (de), ou Spondanus% lo Inigo, protestant, conseiller, secrétaire de Jeanne de Navarre; 2o Jean, son fils aîné, né 1557 k Mauléon de Soûle, Gascogne, se fit catholique 1593 et devint lieutenant-général de la sénéchaussée de La Rochelle et maître des requêtes, f 1595. Auteur d'une trad. latine d'Homère, et d'un comment, sur Hésiode. — 3° Henri, son frère, né 6 janv. 1568 à Mauléon, filleul de Henri IV, fut attaché k une ambassade du roi de France en Angleterre, étudia ensuite le droit, abjura sa religion en 1595, sur l'exemple de son frère et de son parrain et sous l'influence de Baronius et de Bellarmin; fut nommé maître des requêtes et se montra dès lors le grand ennemi des réformés. En 1600 il accompagna le cardinal de Surdis à Rome, reçut les ordres, et sur le désir de Louis XIII, appuyé par Urbain VIII, fut nommé év. de Pamiers, 1626. Il s'^pliqua vigoureusement à purger d'hérésie tout son diocèse, fonda des séminaires, bâtit des églises et organisa la Congrégation ecclésiastique, f 18 mai 1643. Auteur d'un écrit sur les Cimetières sacrés 1596, la continuation des Annales de Baronius 1639, et un abrégé de ces mêmes Annales 1612.
SPRENG, Jacques, prieur d'un couvent d'ati-gustins k Anvers jusqu'en 1522. Né à Spern, il s'était formé k Wittenberg sous Luther, et prêchait l'Évangile depuis 1519 dans son couvent, attirant la foule. La régente fit démolir ce couvent en 1522, et condamna le prédicateur à reconnaître comme siennes des hérésies qu'on lui prêtait, et k les rétracter du haut de la chaire. [| fut interné à Spern, mais ayant recommencé k prêcher l'Évangile, il fut arrêté de nouveau t>t jeté en prison. Il réussit k s'évader, s'enfuit auprès de Luther (qui le choisit comme parrain de sa petite Marguerite), et fut en 1524 nommé pasteur, puis surintendant k Brème, où il f 30 juin 1562. Il collabora k la trad. de la Bible en flamand, et avec Timann k la Constitution ecclésiastique de l'Égl. de Brème. Il écrivit aussi l'histoire de Ses deux captivités pour la parole de Dieu, et celle de sa prétendue Rétractation.
SPRENGER, lo Jacques, dominicain du 15™ siècle, auteur qui écrivit en collaboration avec Institor (Krâmer) le Marteau des sorcières. Innocent VIII envoya ces deux hommes, auxquels il adjoignit Gremper, dans les diocèses de Mayence, Cologne, Trêves, Salzbourg et Brème, en qualité d'inquisiteurs, pour y poursuivre avec énergie l'extirpation de tous ceux qui touchaient à la sorcellerie. Ils s'acquittèrent de leur mandat avec la plus farouche cruauté, et pour donner un peu de suite à leur œuvre, ils rédigèrent leur petit manuel qui parut pour la Ire fois à Cologne en 1489 et fut souvent réimprimé et augmenté. Il débute par la bulle du pape, un diplôme de l'empereur et les préavis favorables des facultés; puis vient une espèce de catéchisme en 3 parties sur les caractères de la sorcellerie (les femmes y sont plus disposées que les hommes), les moyens de se préserver des sorts (l'Église avant tout), et la marche à suivre pour le procès, les questions k faire; 2 ou 3 témoins suffisent, on peut même s'en passer; pour obtenir des aveux le plus sûr moyen est la torture. Des horreurs furent commises sous le patronage de ce livre au 16®® et au 17me siècles. Sprenger a aussi fondé dans l'égl. des dominicains de Cologne 1475, une confrérie du rosaire.
2o Placide, un de ces théologiens catholiques d'Allemagne, qui s'efforçaient au siècle dernier de concilier la religion et la science, sans tomber dans les écarts de l'illuminisme. Né 27 oct. 1735 k Wûrzbourg, bénédictin k Banz, dont il devint prieur, après l'avoir été aussi k WUrz-bourg, il vit son couvent sécularisé et se retira 1803 près de Bamberg. f 23 sept. 1806 k Staf-felstein. Il publia 1772-1773 l'Observateur de Franconie, qui cherchant à réunir les protestants et les cathol., dénonçait les jésuites comme les plus dangereux ennemis de la religion. Ce journal fut continué par d'autres et sous d'autres titres.
SPURGEON. Charles-Haddon, fils et petit-fils de pasteurs, né 19 juin 1834 à Kelvedon, Essex, étudia k Colchester, fut converti par un sermon méthodiste, entra comme sous-maître dans une école de Cambridge, et commença à prêcher à 16 ans. L'enfant-prédicateur fut appelé comme pasteur par l'église baptiste de Waterbeach, et il obtint rapidement de tels succès que l'égl. de New Park street, Londres, aussi baptiste, lui adressa vocation en 1853; il avait 19 ans. Les foules accoururent pour entendre cette parole puissante, acérée, originale, pénétrante. Quelques-uns crurent d'abord à un feu de paille qui s'éteindrait bientôt, après avoir brillé d'un trop vif éclat; c'était, disait-on, l'enthousiasme de la jeunesse; il n'avait pas fait des études assez solides pour que cette fécondité oratoire pût durer longtemps. On se trompait. En 1855 il était l'écrivain le plus lu et peut-être l'homme le plus populaire de la Grande-Bretagne. Ses sermons improvisés étaient publiés chaque semaine à 25 mille exemplaires, et il en a paru ainsi plus de deux mille. Sa chapelle, même agrandie, dut être abandonnée, ainsi que la salle de Surrey's Gar-den, et ses amis lui construisirent 1860 une vaste église qui compte 6500 places, et qui reçut le nom de Tabernacle, en souvenir de la chapelle de Whitefield. Sa paroisse se compose de 6000 membres. Il a formé aussi 1856 un séminaire théologique, d'où sont sortis plus de 600 pasteurs et missionnaires, un orphelinat pour 250 garçons, un autre pour autant de filles, une société de colportage, etc. Il a écrit, outre une Revue mensuelle, un grand nombre d'ouvrages de théol. pratique. Sa piété, son orthodoxie stricte sans raideur, sa conviction ardente, une belle imagination, touj. sobre; de vrais dons oratoires, un goût d'artiste inconscient, expliquent et justifient ses succès, qui sont en outre secondés par le charme de sa personne et par la douceur el la sonorité de sa voix.
STABAT MATER, célèbre séquence écrite d'abord pour être chantée par les franciscains à la fête des Sept douleurs; aussi profonde par la pensée qu'harmonieusement rythmée pour l'oreille. On ne peut lui reprocher que sa tendance mariolâtre. Les flagellants la chantaient déjà au 14®e siècle. Elle a été trad. dans presque toutes les langues par une foule de poètes. On lui donne pour auteur Jacques de Bénédict, v. Jacoponi. Elle a été mise en musique par Palestrina, Astorga, Pergolèse, Haydn, Nanini, Boccherini, Neukomm, Rossini, et cent autres, avec des succès divers.
STACH, Matthieu, né 4 mars 1711 en Moravie, vint à Herrnhut en 1728; il partit pour le Groendland le 19 janv. 1733, avec son cousin Christian Stach, et sous la direction du fr. Christian David. Très bien reçus par Hans Egede, q. v., ils fondèrent la station de Neu-Hermhut. Les débuts de l'œuvre furent lents; les missionnaires s'occupèrent activement à apprendre la langue du pays, et à traduire la Bible. Stach quitta le Groenland en 1771, pour se fixer à Bethabara, dans le nord de l'Amérique, où il f 21 déc. 1787.
STADLER, Maximilien, né 1748 à Melk sur le Danube, fils d'un boulanger, étudia chez les jésuites à Vienne, se fit bénédictin, entra dans les ordres 1772, et fut tour à tour curé et prof, de morale, d'hist. ecclés. et de droit-canon. Son couvent ayant été sécularisé, il continua dans sa vie privée d'être fidèle à sa vocation, comme chanoine et conseiller consistorial. f 8 nov. 1833 à Vienne. Il est surtout connu comme organiste et compositeur; on a de lui un Oratorio sur la Délivrance de Jérusalem, un grand Requiem, plusieurs messes, 3 Magnificat, un Miserere, 24 Psaumes, etc.
STAËL, Auguste (baron de), né 1790 à Coppet, fils de la célèbre M«" de Staël, et frère de la duchesse de Broglie. Élevé à Genève, il visita l'Allemagne, la Suède, l'Angleterre; plaida vainement auprès de l'empereur 1808 U cause de sa mère, et après la mort de celle-ci. se fixa à Coppet, partageant son temps entre la Suisse el Paris. Philanthrope et chrétien, il s'intéressait à toutes les œuvres morales et religieuses, fut membre fondateur de plusieurs sociétés, et écrivit pour l'abolition de la traite et de l'esclavage. Il avait épousé Mlle Vernet de Genève, f 1827. Auteur de Lettres sur l'Angleterre 1825, Œuvres diverses, 2 vol 1829.
STÆHELIN, Jean-Jacques, né 6 mai 1797 a Bâle, étudia à Tubingue 1817 à 1821, s'attacha surtout à Steudel, et de retour à Bâle passa ses examens de théol. et se consacra au professorat; en 1842 il fut nommé docteur en théologie. 1! a enseigné surtout l'A. T. Ses principaux ouvra- | ges ont pour objet la Genèse, le Pentateuqœ, Josué, les Juges, Samuel et les Rois, les propte ties messianiques, Introd. spéciale aux livres de | l'A. T.
STÆUDLIN, Ch.-Fréd., né 25 juill. 1761a Stuttgard, fils d'un conseiller d'État, étudia la théol. à Tubingue sous Storr et Schnurrer, 1779 à 1784; écrivit son Histoire et esprit du scepticisme, surtout au point de vue de la morale et de la religion, 1784 à 1786; visita l'Allemagne, la Suisse,, la France et l'Angleterre, et fut appela en 1790 comme prof, de théol. à Gottingue, où il f 5 juill. 1826.
D'abord rationaliste décidé, il reconnut peu a peu que la raison est impuissante à résoudre les grands problèmes, et vers 1800 il revint aux idées religieuses et à la foi en la révélation. Ses | nombreux écrits témoignén t de sérieuses et consciencieuses recherches, en même temps quïb j dénotent un caractère aimable, simple et mo- j deste. Il affectionnait surtout les études histo- j riques et morales. Nommons ses: Principes fondamentaux de la morale et du dogme 1798; manuel de Dogmatique et d'Hist. des dogmes. 1800; Principes de morale; Géographie et statistique ecclésiastiques; Hist. univ. de l'Égl. i chrét. 1806; Hist. génér.de l'Égl. d'Angleterre j 1816; Encyclopédie et hist. des sciences théol. j 1821; Hist. de la philos, morale 1823; diverses études sur la conscience, le théâtre, le suicide, le serment, etc.
STAFFORT (le Livre de): Exposé des motife qui ont décidé le margrave Ernest-Fréd. & Baden-Durlach + 1604, à passer du luthéranisme au calvinisme. Cet ouvrage, impriu* 1599 au château même de Staffort, CarlsrulM adressé par l'auteur à son fr. Georges - Frèd. t 1638, a pour but d'expliquer et de justifier m* démarche qui, à cette époque, était beauwip plus grave qu'elle ne le serait aujourd'hui. une espèce de traité, parfois incisif sur les point controversés; l'auteur relève en particulier dans
les livres symboliques luthériens certains changements de rédaction dans lesquels il croit voir une tromperie intentionnelle, les textes imprimés n'étant pas exactement conformes à ceux qui avaient été signés.
STAHL, Fréd.-Jules, né 16 janv. 1802 à Munich, d'un marchand juif, étudia sous Thiersch la philologie, prit son brevet de capacité comme professeur de gymnase et embrassa le christianisme 1819; sa famille le suivit en 1823. Il se voua ensuite à la jurisprudence, fut reçu docteur en droit en 1826, et se fixa 1827 à Munich comme prof, libre. Schelling l'amena du droit romain à étudier la philos, du droit. Après qu'il eut été prof, à Erlangen et Wurzbourg, il vint à Munich comme député, se posa comme conservateur, mais très raide sur la question des droits de la Cbambre quant au budget. En 1840 il fut appelé à Berlin comme prof, et entra bientôt, 1847 et 1849, au parlement, où il siégea à l'extrême droite avec son ami Beth-mann-Hollweg. Sans insister sur le rôle qu'il joua en politique, soit au parlement d'Erfurt, soit comme conseiller d'État et comme chef du parti féodal, on peut dire qu'il fut en religion ce qu'il était dans les affaires publiques, un représentant de l'absolutisme ecclésiastique. Au synode général de 1846 il fut le délégué de la faculté de droit de Berlin; il présida la conférence pastorale en 1848, fut plusieurs fois le vice-président du Kirchentag, et de 1852 à 1857 membre du Consistoire supérieur. Il refusa de prendre part aux assemblées de l'alliance évangélique, favorisées par le roi, donna sa démission en 1859, et perdit en peu de temps l'influence considérable que ses talents et sa fermeté lui avaient méritée, f 10 août 1861 aux bains de BrUckenau. Nature fine, délicate et puissante, figure juive accentuée avec des yeux perçants, éloquence entraînante, il s'est montré logicien impitoyable dans sa conception de l'État, dans celle de l'Église et dans sa haine de tout ce qui sentait le libéralisme. Luthérien extrême, il se serait rapproché des catholiques plutôt que des réformés. Ce qui a fait sa grandeur a fait aussi sa chute; vers la fin il restait isolé. Il a laissé de nombreux écrits, et dans tous on reconnaît le juriste, le philosophe et le théologien.
STANCARUS (•cari, ou-caro), François, né 1501 à Mantoue; après de bonnes études théologiques (on dit aussi qu'il fut moine), il se décida pour la Réforme et fut naturellement persécuté. En 1543 il est à Chiavenna, en 1846 à Bâle, où il publie une Gramm. hébraïque et en 4547 une étude sur la Réformation; il se fait aussi recevoir docteur en médecine. En 1550 il est nommé prof, d'hébreu à Cracovie, mais la même année il est mis en prison à cause de ses idées évangéliques, dont l'archev. Maciejovius, qui l'avait appelé, ne s'était pas douté. Il s'enfuit, et le 8 mai 1551 l'univ. de Kônigsberg le nomme prof, d'hébreu. Il se mêle aux luttes soulevées par Osiander, prend parti contre lui très vivement, maintient que le Christ n'a été médiateur que par sa nature humaine, et il perd sa place. Il en retrouve une autre à Francfort s. l'Oder, et continue d'écrire contre Osiander, et s'attire des réponses de Musculus, de Méianchthon et de Bugenhagen. A partir de ce moment sa vie est toujours plus agitée; il erre de place en place, de Pologne en Hongrie et en Transylvanie, provoquant ses adversaires, les traitant d'ariens, d'eutychiens, d'hérétiques, se faisant condamner par les égl. suisses consultées (Zurich, Genève) et par plusieurs synodes, et il finit par f 1574 à Stobnitz. Vaniteux, inquiet, plein de prétentions, il ne sut pas même se faire pardonner ses erreurs par son caractère. Il disait qu'un P. Lombard valait à lui seul 100 Luther, 200 Méianchthon, 300 Bullinger, etc. Ses ouvrages, assez nombreux, se rapportent presque tous aux discussions antitrinitaires; en fait il était nestorien.
STANISLAS lo év. de Cracovie, patron de la Pologne, né 1030 d'une bonne famille à Sczepa-now. Il étudia à Gnesen, passa 7 ans à Paris, entra dans les ordres à son retour 1059, donna ses biens aux pauvres; chanoine et prêtre à Cracovie, il fut nommé coadjuteur de l'év. Lambert, et lui succéda en 1071. Indigné des excès, des cruautés et des débauches de Boleslas II, il eut le courage de les lui reprocher et finit même par l'excommunier. Le roi furieux entra dans l'église pendant que le prélat célébrait la messe, l'arracha de l'autel et le tua de son épée, 1079. Boleslas, excommunié par Grégoire VII, perdit sa couronne et la vie en 1081. Le corps de l'év. fut placé dans un magnifique sarcophage, qui existe encore. Canonisé par Innocent IV, 1254. La légende prête à Stanislas des miracles posthumes.
2° St. Kotska, fils du sénateur Kotska et de Marguerite Krika sœur du woïwode de Maso-vie. Né 20 oct. 1550 à Kotskow, d'un tempérament enthousiaste, encore excité par sa mère, il fut envoyé avec son fr. Jean et un précepteur au collège des jésuites à Vienne, 1564. Les circonstances les obligèrent bientôt à se loger dans une maison particulière. Jean et le précepteur menaient une conduite au moins légère, qui scandalisa Stanislas et le jeta toujours plus avant dans l'ascétisme. A la suite d'une maladie grave et pleine de visions, 1566, il demanda d'être reçu dans l'ordre, mais son père n'ayant pas donné son assentiment, sa demande fut repoussée. Il quitta Vienne secrètement, se rendit à Dillingen auprès de Canisius qui, pour l'éprouver le soumit aux devoirs les plus humiliants.
Enfin il vint k Rome, où le général Borgia finit par le recevoir, 1567. Son père lui marqua par lettre son mécontentement de sa conduite, ce qui lui inspira un zèle toujours plus ardent pour les exercices religieux et pour la pratique de ses devoirs (autres que l'obéissance filiale). Au commencement d'août 1568 il annonça qu'il mourrait dans le courant du mois et qu'il pensait célébrer la fête de Marie dans le ciel. Il tomba malade le 10, et f le 15, n'ayant pas même 18 ans. Canonisé par Clément VIII, 1604.
STANLEY', Arthur-Penrhyn, né 1815, de la famille des comtes de Derby, second fils du Bev. Edw. Stanley, év. de Norwich, étudia k Bugby, puis k Oxford où il obtint de brillants succès et fut nommé fellow 1840. En 1851 il est chanoine de la cathédrale de Cantorbéry, en 1858 prof, d'hist. ecclés. à Oxford et chanoine de Christ-Church; en 1862 précepteur et guide du prince de Galles en Palestine, en 1863 doyen de l'abbaye de Westminster. La même année il épousa lady Augusta Bruce, sœur de lord Elgin et intime amie de la reine. En 1868 il fut question de lui pour l'archevêché de Cantorbéry, mais ses vues théologiques peu orthodoxes empêchèrent sa nomination. Élu en 1864 correspondant de l'Institut de France, en 1872 un des prédicateurs électifs de l'univ. d'Oxford, en 1875 lord-recteur de l'univ. de Saint-André en Écosse, il est + 18juill. 1881, et des funérailles magnifiques lui ont été faites. Il était en réalité le chef de la Broad-Church, très large, puisqu'il sympathisait avec les libéraux, les catholiques et les dissidents. C'était un esprit ingénieux, artiste, un peu fantaisiste, un peu sceptique, généreux et facilement enthousiaste; un cœur ouvert à toutes les nobles aspirations, et qui aspirait k faire les honneurs de sa célèbre abbaye à toutes les illustrations, laissant prêcher Mof-fat dans sa chaire, et fréquentant lui-même des cultes dissidents. Il a laissé de nombreux ouvrages et beaucoup d'articles de revues: Sinaï et la Palestine, Biographies, Mémoires sur Westminster, Mémoires sur Cantorbéry, Hist. de l'Égl. orientale, Commentaire sur les Corinthiens, etc.
STAPF, Joseph-Ambroise, un des meilleurs moralistes catholiques des temps modernes. Né 15 août 1785 à Fliess, dans la vallée de l'Inn, il fut prof, de théol. morale à Innsbruck, puis prof, et chanoine k Brixen, où il f 10 janv. 1844. Auteur d'un traité d'éducation, d'un abrégé d'hist. sainte, et de plusieurs traités de morale très estimés.
STAPFER, Phi lippe-Albert de Brugg, Argo-vie, né 23 sept. 1766 à Berne, où son père était pasteur et 2 oncles prof, de théol. Il étudia k GOttingue sous Eichhorn, Michaëlis et Planck, fut travaillé de doutes que la Religion de Kant dans les limites de la raison pure dissipa en partie. Consacré en 1789, prof, d'humanités, puis de philos, en 1792, il fut en 1797 nommé ministre des arts et sciences, avec l'instruction publique et les cultes dans son département, n comprit et protégea Pestalozzi, et conçut la première idée d'une université fédérale; il eut k défendre les cultes contre les tracasseries du directoire, devint suspect au gouvernement français parce qu'il s'opposa aux spoliations que proposaient ses généraux, fut dénoncé en 1799 comme un aristocrate vendu k l'Autriche, et après la bataille de Marengo fut envoyé k Paris comme représentant de l'Helvétie; se montra toujours ferme et bon patriote dans ses négociations avec le premier consul et sut lui résister en face. Après l'Acte de médiation 19 févr. 1803, il disparaît de la scène politique, bien que nommé 2 fois membre du Grand Conseil d'Ar-govie. Il continue de demeurer en France, où son mariage lui a créé une famille et de précieuses relations. Il collabore à la Biographie universelle, devient membre de la Soc. de la Morale chrétienne, prend une part active à la fondation ou au développement de plusieurs sociétés religieuses, biblique, missions, traités, instruction primaire, etc. D'une santé délicate, il passa ses dernières années à la campagne, voyant peu le monde, mais travaillant toujours et se rappelant que s'il était penseur et philosophe, il était surtout chrétien et ministre de l'Évangile. Depuis 1839 il languit, et f 27 mars 1840. Ses salons étaient le rendez-vous d'hommes éminents, tels que Maine de Biran, Cousin, Guizot, et le protestantisme y était honorablement représenté. Ses Œuvres ont été publ. en 1844 par Vinet, 2 vol. 8<>. On remarque en particulier un mémoire sur la philos, de So-crate, un travail latin sur la République morale, un discours sur l'espérance de l'Immortalité confirmée par la résurrection de J.-C., un sermon sur la Dignité de Jésus, un Projet de message sur l'éducation nationale, une Hist. de Berne, un Voyage pittoresque dans l'Oberland, un discoure sur la Lecture de la Bible, etc. — Son fr. Frédéric a été prof, de théol. à Berne 1819-1833.
STAPHYLUS, Fréd., né 17 août 1512 à Os-nabrttck, étudia à Cracovie, Padoue et Wittenberg, où il se lia surtout avec Mélanchthon. Nommé prof, de théol. k Kônigsberg, juin 1546. puis recteur 1547, il n'était au clair sur aucune question, entra en lutte avec Gnapheus et Osiander, réussit à se mettre mal avec tous ses collègues, passa à Dantzig, puis k Breslau, et finit par se faire catholique, ce qui lui valut d'être nommé conseiller impérial 1554, recteur de l'univ. d'ingolstadt, le titre de docteur en théol. (quoique laïque et marié), cent écas d'or du pape, des lettres de noblesse de Ferdinand, et un domaine du duc de Bavière, f 5 mars 1364 à Ingolstadt où il est enterré. Il a rendu des services â l'enseignement Ses nombreux écrits n'ont qu'une valeur de circonstance et témoignent de l'agitation de son esprit; ils ont été réimpr. par son fils 1613.
STAPLETON, Thomas, né 1535 à Henfield. Sussex, d'une bonne famille, étudia k Cantorbéry, Winchester et Oxford, fut nommé chanoine k Chichester, quitta l'Angleterre sous Élisabeth, visita Louvain et Paris, puis Rome; appelé à Douai comme docteur et prof, de théol.; il fit son noviciat chez las jésuites, mais ne prononça pas ses vœux. Il finit par être prof, et chanoine à Louvain, oti il f 12 oct. 1598. Auteur de quelques ouvrages en faveur du catholicisme et du pape.
STARCK lo (ou Stark), Jean-Auguste, né 29 oct. 1741 à Strélitz où son père était pasteur. Il étudia k Gôttingue la théol. et les langues orientales, accepta k Pétersbourg une place de prof. 1763 à 1765, visita l'Angleterre et la France, fut nommé à Paris interprète des mss. orientaux k la biblioth. royale, avec mille livres d'appointements, et accepta successivement les places les plus différentes, de précepteur chez un prince russe, de prof, et de pasteur k Konigsberg, de prof, à Mitau. (1 était depuis longtemps franc-maçon; on le soupçonnait en outre de s'être fait catholique, et même jésuite; quelques-uns de ses écrits le feraient supposer: d'autres le montrent rationaliste et néologue. On n'a jamais bien su ce qu'il était. Il reçut en 1807 la croix de Saint-Louis, et en 1811 le titre de baron, de la cour de Darmstadt. Quand il f 3 mars 1816, on trouva sa chambre disposée pour la lecture de la messe; il fut enterré dans un froc de moine et avec la tonsure.
2° Jean-Fréd., né 10 oct. 1680 k Hildesheim, étudia à Giessen; pasteur k Francfort sur Main depuis 1715. f 17 juillet 1756, membre du Consistoire. Auteur d'une quantité de sermons estimés, et livres d'édification qui se réimpriment encore auj. et dont quelques-uns ont eu plus de 50 éditions. On cite entre autres son Manuel quotidien pour les bons et les mauvais jours.
STAROWIERZEN, v. Rascolniks.
STATIONS. On nomme souvent ainsi la représentation des 14 ou 15 principaux moments de l'histoire de la passion, soit: La condamnation de Jésus devant Pilate, il charge sa croix, première chute, il rencontre Marie, Simon l'aide k porter sa croix, Véronique l'essuie de son mouchoir, seconde chute, discours aux femmes de Jérusalem, troisième chute, il est dépouillé de ses vêtements, la crucifixion, la mort, la descente de croix, la mise au tombeau, l'invention de la croix. Ces moments, un peu arbitrairement déterminés, sont fréquemment reproduits en peintures, soit comme ornements des églises, soit le long de chemins conduisant k un lieu de pèlerinage élevé. Innocent XI et les papes dès 1686 ont accordé aux franciscains, pour les stations dans leurs églises, les mêmes privilèges et indulgences qui étaient précédemment attachés à un voyage en Terre-Sainte: aussi le nombre de ces stations se multiplia-t-il rapidement, parce que ce genre de pèlerinage était de beaucoup plus facile. C'est vers 1672 que les franciscains fixèrent pour la Ire fois à Jérusalem l'itinéraire, invraisemblable mais commode, de ce qu'ils appellent auj. la Voie douloureuse; on y montre même l'échoppe du juif-errant.
STATTLER, Bénédict, né 30 janv. 1728 il Kotzding, Basse-Bavière, élève des bénédictins, entra en 1754 dans l'ordre des jésuites et fut successivement envoyé comme professeur à Ingolstadt, Straubing, Landshut, Neubourg, So-leure, etc. Ordonné prêtre en 1759, il fut laissé comme prof, de théol. à Ingolstadt, et conserva ces fonctions, même après la suppression de l'ordre en 1773; il les cumula même en 1776 avec celles de curé de la ville. Il passa plus tard k Munich, où il fut nommé censeur et conseiller ecclésiastique, f 21 août 1797. Savant éclairé et généreux, il appartenait k la noble école de Sailer, qui a compté au siècle dernier tant de représentants en Bavière; il voulait la conciliation de la science et de la foi, du catholicisme et du protestantisme (sur des bases sans doute inacceptables de part et d'autres), la tolérance des opinions. Plusieurs de ses nombreux écrits ont été mis à l'index à Rome, entre autres son livre sur les Rapports du cathol. avec le protestantisme, sa Théologie chrétienne théorique, et ses Loci theologici. En philosophie il a combattu Kant et le déterminisme de Wolf. Dans sa morale chrétienne il étudie successivement les devoirs de l'homme envers lui-même, Dieu et le prochain, mais on y reconnaît la casuistique et souvent le probabilisme des jésuites. Il a écrit enfin divers ouvrages sur le Célibat, le Duel, les Psaumes, la Minéralogie, quelques catéchismes, etc.
STAUDENMAIER, François-Antoine, né H sept. 1800 à Donzdorf, Wurtemberg, d'une famille ouvrière, finit par obtenir la permission d'étudier, et il se mit avec passion k la lecture de Lessing et de Winkelmann, puis de Baader et de Heeren; en 1822 il entra k l'univ. de Tubingue et s'attacha surtout à Mohler pour la théol. et la philosophie; en 1826 il passa au séminaire ecclésiastique de Rottenbourg, et fut ordonne prêtre en 1827. Après avoir desservi quelque temps les paroisses d'EHwangen et de Heilbronn, il vint comme répétiteur à Tubingue, fut en 1830 appelé comme prof, d'apologétique et de dogmatique à Gieksen, et en 1837 à Fribourg où il eut Hug pour collègue. D'abord chanoine de la cathédrale, il fut nommé conseiller, et en 1851 membre de la première chambre du duché. L'univ. de Prague le nomma membre honoraire. Sa santé était chétive, il souffrait de maux de tête continuels, sa vue était menacée; il donna sa démission en 1852, prit sa retraite définitive en 1855, et f 19 janv. 1856 k la suite d'une chute faite dans le canal. Dans ses nombreux écrits, qui se ressentent de l'influence de MOhler, Schelling, Hegel etSchlei-ermacher, et qui dénotent une grande élévation et la recherche de l'idéal, il s'applique k démontrer la divinité du christianisme et à ramener le catholicisme k des conditions historiques et scientifiques meilleures, mais il n'a jamais pu comprendre le protestantisme et il se montre iujuste à son égard.
STAUPITZ, Jean (de), l'ami et le père spirituel de Luther, d'une famille noble de Meissen. On ne sait rien de son enfance. Il est en 1497 k Tubingue, en 1500 docteur et prieur du couvent des augustins. Le prince électeur de Saxe le fait venir pour le consulter sur la création d'une université à Wittenberg. Il part pour Rome, obtient les privilèges nécessaires, et en 1502 il est nommé prof, et premier doyen de la faculté de théologie. L'année suivante son ordre le nomma vicaire général des augustins pour l'Allemagne. Dans une de ses nombreuses tournées d'inspection, il eut l'occasion de voir à Erfurt le moine Luther, 1505, auquel il s'intéressa vivement, et qu'il engagea, pour la solution de ses doutes, à étudier la Bible et Augustin, à méditer sur la libre grâce de Dieu et sur les bienfaits de la mort de Christ. Il lui procura en même temps, dans le couvent une meilleure position, le fit venir en 1508 à Wittenberg, lui promit un brillant avenir et resta son ami et son conseiller, même lorsque leurs destinées se furent séparées. C'est lui qui obligea Luther à se mettre à la prédication, et qui lui fit prendre son grade de docteur en 1512; il lui confia l'inspection de 40 couvents en Saxe et en Thuringe, quand il partit en 1516 pour aller en Hollande chercher des reliques pour son église de Tous-les-Saints, et l'on peut croire qu'il donna à Luther la première idée de ses 95 thèses. Mais en voyant la tempête soulevée par ces actes de hardiesse, il prit peur et commença k reculer. Il défendit cependant encore Luther contre Cajetan à la diète d'Augsbourg 1518, et favorisa sa fuite; mais en 1519 il dut se rendre k Salzbourg, où l'énergique et rusé cardinal Lang comprit qu'il fallait le faire changer de milieu, d'autant plus que Staupitz lui-même ne se sentait plus à l'aise à Wittenberg. Il n'en resta pas moins l'ami de Luther et des théol. de Wittenberg. Lang le nomma son chapelain. En 1520 Staupitz entra dans l'ordre des bénédictins, et eu 1522 il devint leur abbé à Salzbourg sous le nom de Jean IV. f 28 déc. 1524. U a laissé divers écrits sur des sujets exclusivement religieux, pleins d'une piété pénétrante et onctueuse: sur la foi chrétienne, l'audition de la messe dans l'église paroissiale, les Constitutions des fr. ermites de Saint-Augustin, la Prédestination, etc. Nature timide, il a servi la Réforme par sa piété plus que par ses actes, mais il lui est resté fidèle. Des livres et des mss. de Luther, qu'il possédait et qu'il avait légués au couvent de Saint-Pierre k Salzbourg, ont été brûlés vers 1615 par ordre de l'abbé Martin.
STEDINGIENS, petite peuplade, honnête, paisible et laborieuse, de l'ancienne Frise, des environs du Weser, ressortissant de l'évêché de Brème, et qui fut presque entièrement anéantie vers l'an 1234, après une horrible croisade organisée contre elle par l'autorité ecclésiastique. C'est, avec les croisades albigeoises, une des taches les plus honteuses de la hiérarchie romaine, d'autant plus que l'origine même du conflit n'offre rien d'édifiant. Une femme s'étant confessée, et n'ayant donné comme offrande qu'une pièce de monnaie que le prêtre jugea in suffisante, celui-ci au moment de la communion, lui mit dans la bouche, au lieu de l'hostie, la pièce de monnaie qu'elle lui avait donnée. Le mari, furieux de cet affront, assomma le prêtre. L'archevêque demanda justice, mais la population tout entière prit parti pour le mari outragé, et l'affaire ne tarda pas à s'envenimer, au point que la peuplade se sépara de la juridiction épiscopale. En 1197 l'archev. Hartwig II étant à Rome, reçut d'Innocent III une êpée, soi-disant celle avec laquelle Pierre avait coupé l'oreille à Malchus. Hartwig comprit, mais il oublia que le Seigneur avait condamné cet acte de violence. La peuplade fut excommnniée 1204, et les massacres commencèrent. La lutte dura plus de 30 ans; on accusa les pauvres excommuniés d'adorer le diable, de comploter contre l'empereur, de commettre toutes sortes d'horreurs; on les calomnia comme on fait en pareil cas, et l'on envoya contre eux une armée de 40,000 hommes, qui finit par trancher 1a question en faveur de l'Église; ceux qui survécurent à la croisade se dispersèrent ou se résignèrent.
STEGMANN lo Josué, né 1588 à Sulzfeld. Franconie, fils du pasteur, étudia 10 ans a Leipzig, fut nommé 1617 pasteur surintendant de Schaumbourg-Lippe, mais refusa, se trouvant trop jeune; reçut de Wittenberg le titre de docteur, fut en 1621 nommé prof, de théol. à Rinteln, en fut chassé par la guerre, mais revint en 1625, se consacrant à son ministère et à son professorat, jusqu'en 1630 où les bénédictins, se fondant sur l'édit de restitution, réclamèrent leurs anciennes propriétés et lui suscitèrent des tracasseries de tous genres, ne reculant même pas devant la violence, t 3 août 1632. Auteur de plusieurs beaux cantiques.
2° Deux pasteurs sociniens père et fils, l'un et l'autre appelés Joachim. Le père renvoyé de Fahrland et de Dantzig à cause de ses opinions, fut nommé à Racovie en 1631, puis à KJausen-bourg, f 1633. Le fils fut pasteur de plusieurs petites communautés en Pologne, puis à Dantzig, Manheim et enfin Klausenbourg. f 1678. Il a écrit quelques ouvrages pour défendre le socinianisme.
STEIGER, Gui IL, né 9 févr. 1809 à Flaweil, Saint-Gall; fils d'un pasteur, fit ses humanités à Schaffhouse, sa théol. à Tubingue sous Steu-del et Bengel, puis à Halle sous Tholuck, qui exerça sur lui une grande et salutaire influence. Consacré à Aarau en 1828, il entra dans le mouvement religieux de la Suisse française, envoya quelques articles sur ce sujet à la Gaz. évang. de Hengstenberg, qui le fit venir à Berlin et se rattacha comme corédacteur, 1829. Là il composa divers ouvrages, entre autres une Critique de la dogmatique de Wegscheider et un Comment, sur la première ép. de Pierre, très estimé. En 1832 il fut appelé à Genève comme prof, d'exégèse à l'école de théol., publia avec Hâvemick 2 cahiers de Mélanges de théol. réformée, commença une suite d'études sur les petites épîtres, dont le Comment, sur les Colossiens seul a paru, 1835. Il préparait aussi une réfutation du livre de Strauss, quand la mort vint le surprendre, bien jeune encore, 9 janvier 1836. Quelques fragments de son In-trod. an N. T. ont paru après sa mort par les soins d'un de ses élèves.
STEINBACH, Martin, né vers 1550 à Strasbourg, fils d'un tonnelier; garçon faible et nerveux, d'une imagination maladive; il croyait être le précurseur Élie, de Mal. 4, 5. et mettait sa lumière intérieure au-dessus de la Bible. Il eut des disciples, qui eurent aussi leurs visions. Banni de la ville, il mourut à Mackenheim, Alsace supérieure. Ses sectateurs prétendirent qu'il revenait dans un bois près de Schlestadt; une enquête et plusieurs emprisonnements leur prouvèrent qu'ils avaient tort. La secte disparut bientôt.
STEINKOPF, Ch.-Fréd.-Adolphe, né 7 sept. 1773 à Ludwigsbourg; frère du célèbre libraire de ce nom; étudia à Tubingue, fut en 1794 secrétaire de la société chrétienne à Bâle, et vint à Londres en 1801 comme pasteur de l'égl. de
Savoye; il s'intéressa à toutes les œuvres religieuses et fut en 1804 un des fondateurs de la Société biblique de Londres et son secrétaire. Il s'en retira en 1826, parce qu'il n'approuvait pas la suppression des Apocryphes, + 29 mai 1859.
STEINLE, Jean-Édouard, célèbre peintre, nourri des maîtres italiens; né 1810 à Vienne, il étudia à Munich sous Cornélius, à Rome sous Overbeck. Gn cite de lui les fresques de la chapelle de Rheineck, faites pour la famille de Bethmann-Holweg, et représentant le sermon sur la montagne; en 1843 le Chœur des Anges, à la cathédrale de Cologne; en 1841 le Jugement de Salomon, salle des empereurs à Francfort; l'Échelle de Jacob, etc.
STEPHAN et Stèphanistes. Petite secte allemande qui a dû aux talents et à la piété de son chef une certaine notoriété, mais qui, après avoir commencé selon l'esprit, a fini selon la chair. Martin Stephan, ou Étienne, né en Bohême 1777, était fils de parents catholiques convertis. Destiné au métier de tisserand, il décida de se vouer à la théologie, étudia à Halle et à Leipzig, et fut nommé pasteur de l'égl. tchèque à Dresde. Il empiéta peu à peu sur les fonctions de ses collègues luthériens allemands, se fit une réputation, une clientèle, des adhérents passionnés et des ennemis. Despote de caractère, il rendit sa famille malheureuse. Des histoires d'argent et des histoires de femmes compliquèrent sa position; en 1838 il fut suspendu et se décida à partir pour l'Amérique avec 700 adhérents, 6 ecclésiastiques et 10 candidats; il n'emmenait qu'un fils avec lui. En route il se fit nommer évêque et se fit donner la caisse de la communauté; mais le 30 mai 1839 on le destitua, on l'excommunia pour de nombreux scandales, et on l'expédia dans l'Il-linois, où une de ses concubines le suivit. Il doit y être mort vers la fin de févr. 1846. Sa communauté s'est dissoute peu à peu.
STERCORANISTES (de stercus, fumier), surnom injurieux, donné d'abord par le cardinal Humbert, en 1054, au moine studite Nicetas pectoratus, lors de la discussion entre les orientaux et les occidentaux sur la question de savoir s'il fallait communier avec du pain levé ou sans levain. L'injure portait sur ce que, en communiant avec du pain ordinaire, on exposait le corps de Christ à se confondre avec les autres aliments et à être rejeté par les mêmes voies dans le lieu secret. Les partisans de la transsubstantiation pensaient flétrir ainsi leurs adversaires, sinon les réfuter, tandis que ceux-ci distinguaient entre la substance matérielle et le corps qu'elle représentait et qui échappait aux effets de la digestion. Ces derniers finirent à leur tour, et on leur faisait beau jeu, par ren-xoyer l'injure à leurs adversaires qui assimilaient trop complètement le corps et le pain, et ceux-ci, dans cette controverse aussi réaliste que stupide et peu édifiante, essayèrent de s'en tirer en disant que la réunion du corps de Christ à l'élément matériel cesse d'exister aussitôt que l'élément a passé de la bouche dans l'estomac (Hugode S.-Victor), ou dès que le travail de la digestion commence (Thomas d'Aquin). Cette puérile et peu élégante discussion s'est reproduite, aux jours de la Réforme, contre les luthériens.
STEUDEL, Jean-Chrétien-Fréd., né 25 oct. 1779 à Esslingen, descendant de Brenz et de Bengei par sa mère. Après de bonnes études faites sous des influences chrétiennes, et toujours dans le milieu wurtembergeois de Stuttgard et de Tubingue, il vint à Paris pour se perfectionner dans les langues orientales sous de Sacy et de Chézy; fut en 1810 nommé diacre àCannstadt, et 1812 à Tubingue, enfin 1815 prof, de théologie, f 24 octobre 1857 à la suite d'une douloureuse opération. Il fut le dernier représentant de la vieille école de Tubingue fondée par Storr; il avait eu pour maîtres Flatt et SUsskind, et s'est montré toute sa vie le défenseur fidèle de la vérité évangélique. On lui a reproché de faire trop de polémique, et surtout de manquer parfois de modération. Personnellement aimable et doux, accessible même à des influences comme celles de Schleiermacher et de Jarobi quant au sentiment religieux, il s'est montré très sévère contre Strauss, qui lui a répondu avec non moins de vivacité. Il a beaucoup écrit sur la dogmatique, la morale, la pédagogie, etc. Il combattit 1811 le projet prêté à Napoléon, de vouloir unir le catholicisme et le protestantisme; en revanche il ne voyait pas dans les Égl. protestantes assez de différences pour justifier leurs rivalités, mais s'il désirait leur union, il y voyait des difficultés pratiques et ne voulait pas d'un rapprochement artificiel ou imposé. Il a rendu de grands services à la théol. biblique, surtout pour l'étude de l'A. T. Auteur de quelques cantiques.
STEWART, Dugald, né 22 nov. 1753 à Édin-bourg, fils de Matthieu Stewart le mathématicien. Après de bonnes études dans sa ville natale et à Glascow, il remplaça d'abord son père comme prof, de mathématiques, puis Adam Ferguson comme prof, de philos, morale depuis 1785. Il se retira en 1810 et + H juin 1828. II suivit le système de Reid, en s'appliquant à le compléter. Il représente la philos, écossaise, par opposition â Locke qui voyait dans l'âme une sorte de table rase à la merci des impressions produites par les sensations. Il admet des facultés indépendantes des sens, la mémoire, l'attention, des principes généraux; mais il manque de classification et ne rend pas suffisamment compte des faits. Il a publié: Esquisses de philos. morale, trad. parJouffroy; Éléments de la philos, de l'esprit humain, trad. par Prévost de Genève; Hist. des sciences métaphysiques et morales, trad. par Buchon; et des notices sur A. Smith, Robertson, Reid, etc.
STICHOMANTIE, de stichos, ligne, verset; art, talent, ou prétention de deviner l'avenir en tirant au hasard cerlains passages de certains livres; les païens se servaient pour cela volontiers de Virgile ou des Oracles sybillins. Les chrétiens ont quelquefois fait de même avec la Bible, soit pour lui demander des directions ce qui se comprend, soit pour l'interroger sur l'avenir, ce qui est moins légitime.
STICHOMETRIE. Les anciens mss. étaient écrits sans ponctuation, ni séparation des mots ou des phrases, ce qui offrait divers inconvénients; les lettres étant toutes égales et se présentant à la suite des unes des autres, les lecteurs dans le culte public étaient quelquefois embarrassés. Pour y remédier, Euthalius imagina, comme Origène et Jérôme l'avaient fait pour l'A. T., de couper le texte en stiques (ou rèmata, paroles, ce qu'on peut dire d'une seule haleine); cette division, qui ne tenait pas compte du sens, n'était pas logique, mais les stique* étant numérotés par 50 ou 60, on pouvait s'orienter dans les citations, et il y avait progrès. Les mss. D. et E. sont écrits d'après ce système. D'un autre côté, comme il y avait beaucoup de place perdue, on y renonça, et l'on remplaça les alinéas par des points on de* croix, qui furent l'origine d'une ponctuation plus régulière; ainsi dans le Codex Cyprins, oo K. de la Biblioth. nation, de Paris.
STIEFEL lo ou Styfel, Michel, né 19 avril 1486 à Esslingen, moine augustin, prit de bonne heure parti pour la Réforme 1520, passa ses examens à Wittenberg, et devint chapelain du comte de Mansfeld. Il occupa plusieurs places, épousa à Lochau la veuve de son prédécesseur, passa à Francfort sur l'O., à Kônigsberg, à Brtick, fut nommé prof, d'arithmétique à Iéna, avec un traitement de 60 florins, qui s'éleva un peu par son élection comme diacre, et f 19 avril 1567. Mêlé aux luttes d'Osiander et de Flacius, il ne se prononça pas; il était avant tout arithméticien, en même temps que rêveur un peu fantaisiste. Ses principaux ouvrages théol. ont pour objets les chiffres de U Bible. D'après Daniel il avait fixé la fin do inonde au 19 oct. 1533. ce qui lui valut un procès, les gens n'ayant pas rentré leurs récoltes, puisqu'ils pensaient que c'était inutile. Pour lui Luther était l'ange de l'Apocalypse (14) portant l'Évangile éternel. Il a publié plusieurs manuels d'arithmétique, un cantique sur Luther, le Psaume 10 mis en vers. etc.
2° Ésaïe St., théosophe du 17™ siècle, qui se révéla surtout de 1604 à 1625. Marchand de vin, il s'établit avec son neveu Meth, fils de sa sœur, à Langensalza, se brouilla avec le surintendant Tilesius, se lit condamner à l'amende et à la prison par le consistoire de Leipzig, passa à Erfurt, puis à Gispersleben, où, avec l'aide de ses adhérents qui avaient pris le nom de puriens (les purs), il s'acheta un petit bien. En 1614 il fut arrête avec Meth et conduit en prison à Dresde. En 1615 il est de nouveau à Erfurt, et protégé par le comte de Gleichen, dont la femme Juliane se joignit à la secte avec une telle passion qu'elle fut excommuniée et finit par se divorcer. Stiefel fut son intendant, Meth son chimiste (médecin?). A la suite d'un procès en 1625, il se rétracta, puis retira sa rétractation. Il finit par rentrer dans l'Église, et f 17 août 1627. Auteur de Dix petits traités, qui se caractérisent surtout par le mépris des formes et des sacrements et par un extrême mysticisme; il soutenait que Christ était en lui, non seulement en puissance, mais en nature. Bôhme lui-même a blâmé ces exagérations.
STIEKJVA (Jean de)? ou Stykna, moine cistercien, un des précurseurs du mouvement hus-site, prêchait à Prague 1393 dans l'égl. de Bethléhem fondée en 1391 par MUhlheim. Il fut ensuite procurateur de la nation polonaise à l'université, et en 1401 recteur de l'égl. paroissiale de Ezubda. Il s'opposa 1405 aux doctrines sur la cène, de Wicleff. Il s'eleva contre la corruption des ecclésiastiques, des moines mendiants, des usuriers, des femmes nobles, et contre certains abus de l'Église. Mais comme il s'en tint à la morale, on le laissa tranquille, f 1369.
STIER, Éwald-Rod., né 17 mars 1800 à Frau-stadt, Posen, fils d'un inspecteur des douanes. Ses premières études laissèrent à désirer. Ame de feu, romantique, enfiévré d'idéal, ami de Jean-Paul, il se jeta dans la littérature légère, commença son droit à Berlin en 1815, l'abandonna pour la théol. en 1816, vint à Halle en 1818, fut le président plein d'entrain d'une société d'étudiants, qui s'occupait de tout autre chose que d'étudier. La mort d'une jeune personne de sa parenté, qu'il aimait, fut un coup de foudre pour lui; son passé disparut tout entier dans sa douleur. C'est dans sa famille que s'accomplit le grand changement de son cœur, et lorsqu'en 1819 il reprit à Berlin ses études de théol., il était devenu un homme nouveau et sérieux, mais ayant conservé sa vieille énergie, sa fougue et une remarquable facilité de parole. En 1821 il se rendit au séminaire des prédicateurs de Wittenberg pour s'y perfectionner dans la pratique; il en fut le 55in« élève depuis sa fondation, et s'occupa surtout d'études bibliques, sous Heubner. Après avoir consacré 2années à l'enseignement, dans la maison des missions de Bâle, il passa quelque temps à Wittenberg auprès de Nitzsch devenu son beau-père, fut en 1829 nommé pasteur à Frankleben, où il travailla avec un zèle apostolique; en 1838 a Wichlinghausen, près Barmen. où à côté des soins absorbants d'une grande paroisse, il fut sollicité par toutes les œuvres missionnaires du Wupperthal, sans parler de sa prodigieuse activité littéraire. Mais les détails d'administration ecclésiastique répugnaient à son tempérament toujours jeune et génial, et en 1846 il donna sa démission pour retourner à Wittenberg. L'univ. de Bonn lui avait décerné le titre de docteur en théologie. En 1850 il fut nommé pasteur surintendant de Schkenditz, on 1859 d'EisIeben; il f 16 déc. 1862 d'une attaque d'apoplexie. Ses fils et Nitzsche ont écrit sa vie. Ses ouvrages, même exégétiques, ont presque tous un caractère pratique; tous sont bons, sans être particulièrement remarquables. Sa Gramm. hébraïque renferme des choses hasardées. Son Comment. sur 70 Psaumes, ses Discours de Jésus, et sa Keryktik, ou Manuel sur la prédication, comptent parmi ce qu'il a fait de mieux. Il faut mentionner aussi ses travaux en faveur d<*s Apocryphes, son livre sur l'Unité du proph. Ésaïe, ses efforts pour améliorer la version de Luther, ses Comment, sur les Corinthiens, les Hébreux, quelques fragments des Proverbes, de nombreux sermons, des cantiques, etc. Il était indépendant de cœur et d'esprit, sansétroitesse confessionnelle et s'est montré un zélé partisan de PUnion des églises.
STIGEL, Jean, né 13 mai 1513 à Gotha ou aux environs, humaniste distingué, ami de Luther et de Méianchthon, auteur de plusieurs cantiques latins et allemands, ouvrit en 1548 à Iéna une école supérieure, qui devint en 1558 l'université. Bien qu'il ne se mêlât pas aux discussions théologiques, son amitié pour Méianchthon le rendit suspect aux Flaciens qui tâchèrent de le perdre, mais leur règne était fini, et ce fut lui qui assista à leur chute. + 11 févr. 1562.
STIGMATES, du grec stigma, point, marque; c'est en général la cicatrice laissée par une plaie ou blessure; se dit aussi de toute empreinte mise sur une personne vivante, pour la reconnaître, brùluro k l'épaule ou autre; de là, dans un sens défavorable, stigmatiser. Saint Paul dit qu'il portait en son corps les marques, ou stigmates, de Christ, Gai. 6, 17. La tradition catholique mentionne aussi, et jusque dans les temps modernes, un certain nombre de personnes, de femmes surtout, qui, dans le sens le plus matériel du mot, portaient aux mains, aux pieds, au côté, quelquefois même en couronne, autour des tempes, les marques des plaies du Sauveur, parfois à l'état de simples cicatrices, parfois saignantes, ou saignant le vendredi, ou la semaine sainte, ou dans certaines circonstances déterminées. On n'en cite pas moins de cent exemples; le plus ancien serait le cas de François d'Assise qui, 2 ans avant sa mort, à la suite d'une vision sur l'Alverne, aurait vu se produire sur la paume des mains et sur les pieds des excroissances semblables à des têtes de clous, se terminant en pointes de l'autre côté, et à son flanc une cicatrice, comme faite par un fer de lance; quelquefois il en sortait du sang, phénomène qui dura encore après sa mort. Thomas de Celano et Bonaventure le racontent. On cite encore Anna-Catherine Em-merich, q. v., Marie de Morl, trois vierges tyroliennes, Marie-Dominique Lazzari, née 1815 à Caprioni, f 1850; et tout récemment en Belgique, Louise Lateau. Ce phénomène appartient à la nombreuse catégorie de ceux que la science n'explique pas. Y a-t-il eu supercherie dans tous les cas? C'est difficile à admettre. Il est plus probable que ces étranges manifestations relèvent de la physiologie; l'imagination, l'exaltation, dans le domaine religieux surtout, possède une puissance dont les savants ont tort de faire abstraction.
STILLING, de son vrai nom Jean-Henri Jung, né 12 sept. 1740 à Grand, Nassau. Son père, tailleur et maître d'école du village, était un homme pieux, mais mélancolique, et après avoir perdu sa femme Dorette, fille du pasteur Moritz, il devint sombre, misanthrope et dur pour son fils, qui dut le meilleur de son éducation à son grand-père Éberhardt, charbonnier, et à Marguerite sa femme. Jung eut une enfance et une jeunesse difficiles. Avec certaines singularités d'esprit, il était remarquablement doué, mais son père voulut en faire un tailleur, et l'enfant dut apprendre à coudre, ce qui ne l'empêcha pas de lire avidement les livres qui lui tombaient entre les mjuns, entre autres Pa-racelse et Bœhme. Il accepta aussi plusieurs fois des places de régent, s'y consacra de tout cœur, mais n'y recueillit que des déboires et se dégoûta de l'enseignement. Il avait lu Milton, Klopstock, les nuits d'Young, un peu de Wolff et de Leibnitz; il s'était mis au latin, au grec et à l'hébreu; enfin un bon curé lui ayant confié une recette contre la cataracte à condition qu'il soignerait les pauvres gratis, il se consacra à la médecine et s'établit à Elberfeid où il fit des cures merveilleuses et se fiança avec une jeune fille mourante, qu'il guérit, Christine Heyder. Pour obtenir le litre de docteur il vint à Strasbourg, où il se lia avec Herder et Gœthe qui furent toute leur vie pour lui des amis fidèles; c'est même Gœthe qui le décida à écrire son Autobiographie et qui la lança pour lui
procurer quelques ressources. Cependant Stil-ling restait toujours pauvre. A Elberfeid il avait contre lui les médecins qui le traitaient de charlatan, quoiqu'il ait guéri plus de 2000 c taractes; les piétistes, qui lui reprochaient d'écrire des romans, et les incrédules ou indifférents, qui le traitaient de mystique et d'enthousiaste. En 1778 le grand-duc de Hesse le nomma professeur d'agronomie, de comptabilité et de médecine vétérinaire à Kaiserslautern. C'est là qu'il perdit sa femme; elle lui laissait une fille et un fils. Il se remaria avec Selma de Saint-Florentin, femme forte, brillante, et bonne ménagère, digne autant qu'aimable. Stilling passa ensuite à Heidelberg, puis à Marbourg avec des appointements doubles, où il reçut la visite de son ami Lavater, et où il perdit sa seconde femme et son père. Enfin Charles-Fré- I déric, le pieux électeur de Bade, l'invita à venir se fixer auprès de lui, à Heidelberg d'abord, puis à Carlsruhe 1806, et il lui assura une position indépendante, avec le titre de conseiller aulique. f 2 avril 1817, onze jours après sa troisième femme Élise Coïng, et entouré de presque tous ses enfants et petits-enfants. La reine de Suède et sa fille Sophie le visitèrent sur son lit de mort. Il avait aussi connu l'emp. Alexandre et M®e de Krudener. — Ses ouvrages sont nombreux; l'Hist. de sa Jeunesse, sa Tournée par le monde, le Heimweh, comptent parmi les meilleurs. Les Scènes du monde des esprits, l'Hist. du triomphe de la relig. cbréi. sont remarquables et font bien connaître se» vues particulières sur les rapports des esprits avec les hommes; v. encore Théobald le rêveur. Il a écrit aussi une Méthode d'opérer la cataracte, etc. v. Jung Stilling, de M»e Sporlein, trad. franç. par M1,e S. Vincent.
STILLINGFLEET, Édouard, né 1635 à Cran bourne, Dorset, de la vieille famille des Stil-lingfleet, près York, étudia à Cambridge de 1648-1652, fut appelé comme pasteur à Sutton, et se fit connaître dès 1662 par ses Origines sacrées, ouvrage d'apologétique dans lequel il pose les bases de la religion révélée et de la religion naturelle. L'év. de Londres en fut si content qu'il lui confia le soin de défendre par écrit la discussion de Laud avec le jésuite Fis-her. ce qu'il fit 1664 dans son Account rationnel des principes de la religion protestante. 11 fut bientôt appelé à desservir une des paroiss» de Londres, puis Saint-Paul, dont il devint le doyen, 1678. Appelé 1689 à faire partie delà commission ecclésiastique de Jacques II, il en démontra par écrit l'illégalité, ce qui lui valut la même année, après la révolution du 13 octobre, l'évêché de Worcester. f 27 mars 1699 à Westminster. Il avait été plusieurs années sous Charles II et Jacques II, l'orateur de la convocation, et s'occupait d'une revision de la liturgie. Son travail sur les Origines britanniques est important, non seulement au point de vue archéologique et historique, mais encore par tous les détails qu'il donne sur les antiquités religieuses et ecclés. du royaume. Du reste la plupart de ses travaux ont plutôt un caractère soit apologétique, soit polémique; il a combattu les catholiques, les déistes, les athées, les ariens, les sociniens; il a même écrit contre les indépendants, d'abord avec douceur et modération, cherchant à les ramener, dans son Irénique, leur faisant des concessions, leur accordant même que l'épiscopat n'était pas d'institution biblique; puis avec une espèce d'aigreur, en maintenant l'épiscopat au nom des droits de l'État, et ne reculant pas devant le vote de mesures répressives en parlement. Beaucoup de ses arguments en faveur du christianisme reposaient sur des prémisses alors acceptées comme axiomes, mais qui sont devenues plus tard l'objet de nombreuses et vives controverses, de sorte que toute son apologétique a perdu sa valeur pour les discussions actuelles.
STITNY, Thomas (de). 1325 à 1400, laïque, précurseur inconscient de la Réforme, auditeur assidu de Milicz, a écrit en tchèque de nombreux et remarquables ouvrages, entre autres: la République chrétienne, la Doctrine chrét.; Discours religieux, Dialogues d'un père avec ses enfants, et plusieurs traductions de saint Augustin. Sans rompre avec l'Église, il attache peu" d'importance aux cérémonies et combat l'ascétisme. II est f à peu près au moment où Huss commençait ses prédications à la chapelle de Bethléhem.
STOCK, Simon, v. Scapulaire.
STOER, Étienne, prêtre de Liestall, né à Dies-senhofen, Thurgovie. Il vivait en concubinage, comme la plupart des ecclésiastiques de son temps, mais dès les premiers jours de la Réforme il sentit le besoin de faire régulariser sa position et d'épouser sa ménagère. Il offrit à sa paroisse de se justifier dans une discussion publique, qui eut lieu à Bâle le 16 févr. 1524, et dans laquelle il soutint 5 thèses sur la sainteté du mariage et contre le célibat forcé; personne ne se leva pour le contredire; UEcolampade, Pellican et d'autres l'appuyèrent, et même Wolf hart, le collègue d'QËcolampade à Saint-Martin, qu'on avait prié d'attaquer les thèses, prit la parole pour les défendre. Les hommes de Liestall se déclarèrent satisfaits et Stôr resta en fonctions. On croit qu'en 1527 il prit part à une émeute de paysans et ses traces se perdent.
STOESSEL, Jean, né 23 janv. 1524 à Kitzin-gen, étudia à Wittenberg et fut nommé pasteur à Weimar en 1549. Luthérien rigide et partisan de Flacius dans plusieurs colloques, il défendit avec vivacité le livre de la Confutation attaqué par Strigel; mais à partir de 1560, le vent ayant tourné à la cour, il tourna aussi et s'attira par là la haine la plus violente du parti qu'il abandonnait. Il fut peu après nommé surintendant et prof, à Iéna, et finit par faire interdire la chaire aux flaciens. Nommé docteur en théol. en 1564. Mais les flaciens reprirent le dessus en 1567 et ce fut à son tour de partir. 11 fut appelé à Pirna comme surintendant et confesseur d'Auguste de Saxe, se compromit dans la conspiration crypto-calviniste, fut envoyé comme prisonnier à Senftenberg 1574, et f le jour de Reminiscere 1576, ainsi que sa femme, fille du surintendant Musa de Mersebourg.
STOLBERG, Fréd.-Léopold (comte de), ne 7 nov. 1750 à Bramstedt, Holstein, était fils du gouverneur danois. Il fut très lié avec Klop-stock, étudia à Halle et à Gôttingue, cultiva avec son plus jeune frère Christian les langues et la littérature, se lança dans la poésie et dans le romantisme, s'enthousiasma avec Voss pour la patrie et la liberté, visita la Suisse et l'Italie, vit à Zurich Lavater, qui le déclara une nature noble et fine, mais molle, impressionnable et facile à influencer. A son retour il fut nommé ministre du prince-évéque de Lubeck à Copenhague, épousa Agnès de Witzleben, mais la perdit 1788. Ce fut une grande épreuve pour lui; ni ses occupations, ni ses relations ordinaires ne purent le consoler. La famille de Re-ventlow l'amena à la connaissance de l'Évangile et à la foi. Il se remaria en 1790, «accepta de nouvelles missions diplomatiques en Russie, à Berlin, en Italie, et se lia un moment avec les frères moraves. Mais ses instincts aristocratiques,. le luxe dans lequel il aimait à vivre, une audience du pape, l'amitié d'Overberg et des deux frères Droste-Vischering, le poussaient toujours plus vers le catholicisme, bien qu'il fut à la tête du consistoire de Lubeck, et il finit par abjurer à Munster dans la chapelle de la princesse de Gallitzin, 1er juin 1800. 11 donna sa démission de ses charges et vécut dès lors dans la paisible culture des lettres, pendant que ses fils, restés patriotes, s'illustrèrent en combattant pour l'indépendance de leur pays, f 5 déc. 1819 dans son domaine d'Osnabruck. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages, des traductions d'Homère, d'Eschyle, d'Ossian; une relation de ses voyages, une Hist. de la religion chrét. en 15 vol., des Vies d'Augustin, de Vincent de Paul, des discours, etc. Son abjuration a été jugée sévèrement par Voss, et comme un acte maladif par Herder.
STOLZ, Alban, théol. catholique, né 8 févr. 1808 à BUhl, duché de Bade, étudia à Heidel-berg ia philos.* la philologie et la théologie. Ordonné prêtre en 1833, il fut en 1843 nommé répétiteur, puis directeur du séminaire de Fribourg en Brisgau, et en 1846 prof, de théol. pastorale. Auteur de plusieurs ouvrages estimés, de politique et d'édification, et d'un calendrier pour le temps et l'éternité, qui parut depuis 1843, il s'est foit le défenseur de l'ultrauionta-nisme le plus exagéré, et il apporte dans la discussion une acrimonie qui lui ôte beaucoup de sa valeur. On a entre autres de lui un Voyage en Orient, une vie de sainte Élisabefh, une explication du Pater et des Dix commandements, des traités contre les francs-maçons, contre les libéraux, etc.
STORCK, ou Storeh, v. Zwickau.
STORR, Gottlob-Christian, né 10 sept. 1746 à Stuttgard, fils du chapelain royal et conseiller Jean-Christian Storr, qui était disciple de Ben-gel et qui a publié quelques bons cantiques et des ouvrages d'édification. Après avoir étudié à Tubingue, où il s'appliqua surtout à l'exégèse du N. T., il visita les diverses universités de PAIlemagne, la Hollande, l'Angleterre et la France, Paris avec Griesbach, et se fixa en 1775 à Tubingue comme prof, de philos., puis de théologie; en 1786 il fut aussi appelé à remplir des fonctions au séminaire; en 1797 à Stuttgard premier prédicateur de la cour et membre du Consistoire. C'est là qu'il f 17 janv. 1805. Bien doué, érudit plutôt qu'orateur, un peu sec dans son éloquence, peu original, mais jouissant d'une mémoire excellente, et possédant un don particulier d'exposition, il a exercé une grande influence comme prédicateur et comme professeur. On peut le regarder, avec Bengel et Steudel, comme un des fondateurs de la vieille école supranaturaliste de Tubingue. Il a laissé un grand nombre de sermons, des Commentaires sur les Hébreux, les Galates, les petites Épîtres de Paul; des études dogmatiques sur le Saint-Esprit, la grâce, l'état des âmes après la mort; des opuscules académiques; des notes sur les versions du N. T. arabes, syriaques et philoxéniennes; des observations sur la syntaxe hébraïque, etc. Kant le tenait en haute estime, et a reconnu la valeur des objections que Storr avait faites aux résultats de sa philosophie critique.
STOSS, Veit, sculpteur et graveur, né 1440 à Cracovie, f 1553, appartient aux principaux maîtres de l'art. Il partagea sa vie entre Cracovie et Nuremberg. On lui doit plusieurs maître-autels, un monument de Casimir Jagellon, une salutation de l'ange, un crucifix, etc.
STRABON, v. Walafried.
STRASBOURG, l'ancienne Argentoratum, fondée, dit-on, par Drusus, fr. de Tibère, 15 ans av. C. Elle reçut l'Évangile déjà au 2®e siècle. On croit que Maternus, dans son voyage de Rome à Cologne, visita l'Alsace et y fonda plusieurs églises. Son premier évêque aurait été Saint-Amand, dont le nom figure dans les actes du conc. de Sardique. Plusieurs fois dé-truite, entre autres par Attila, elle fut toujours relevée. C'est le fils de Clovis qui lui donna le nom de Stratisburgum, qu'on trouve pour la Ire fois chez Grégoire de Tours. Ses évêques furent richement dotés et privilégiés sous les Carlovingiens, et sous Othon II; ils obtinrent même le droit de battre monnaie. L'évêché relevait de Trêves, et, depuis Boniface, de Mayence. Parmi ses nombreux titulaires il faut nommer Warner, comte d'Altenbourg, qui rebâtit 1025 la ville brûlée 1002 par le duc de Souabe; Othon de Hohenstauflen f 1100, qui entra m lutte avec Rome sur la question des investitures; Jean I«r, l'ami de l'emp. Albert qui fut assassiné comme il traversait l'Aar 1308; Guillaume III de Honstein, sous qui se fit la Rè-formation; Jean IV, sous qui les jésuites furent appelés; Franz Egon de Furstemberg, qui livra la ville aux Français et la cathédrale aux catholiques 1681; enfin 4 princes de Rohan 4704-1801, dont le dernier, Louis-Renè-Édouard, fut compromis dans l'affaire du collier, qui lui valut 2 ans de Bastille. Le titre de prince-évêque avait disparu au 14m« siècle. — Le besoin d'une réforme se fit sentir de bonne heure a Str., où clergé, noblesse et peuple étaient presque également corrompus. Ce qu'il y avait de mieux dans la ville, c'étaient les vaudois qui s'y étaient réfugiés; en 1210 on "en comptait 500; en 1212, 80 d'entr'eux furent brûlé* par les soins des dominicains. Il y eut aussi les amis de Dieu, les mystiques, comme Tauler; les winkeliens, les hussites, qui tous exercèrent une certaine influence; mais surtout il faut noter l'action de Geiler et celle de Wimp félin g, qui préparèrent les voies au rétablissement de la discipline et de la foi. La découverte de l'imprimerie, faite 1434 à Strasbourg par Gutenberg, contribua pour sa grande part a propager la bonne semence; déjà vers la fin do 15me siècle l'imprimeur Mentel avait publié des Bibles allemandes. La renaissance des lettres e* le voisinage d'Érasme, qui était à Bâle, achevèrent de préparer le terrain. L'impulsion décisive fut donnée par Zell en 1518, puis en 1523 par Capiton, Bucer, Hédio, appuyés par Stura dans les conseils de la ville. Fini de Saint-Thomas, en 1524, fut le premier qui lut la messe en allemand, et qui distribua la Cène sous les deux espèces. Les ennemis abandonnèrent le champ de bataille, les couvents se vidèrent; I» images et les reliques furent presque partout enlevées, et ceux qui refusèrent de jurer obéissance à la ville furent déclarés démissionnaires de leurs fonctions. Le doyen du chapitre de la cathédrale, Sigismond de Hohenlohe, se montra favorable au mouvement, mais en 1527 il dut quitter la ville, atteint par un decret de l'empereur. L'évêque Guillaume était un homme doux et prudent, qui se résigna à ce qu'il ne pouvait empêcher. La guerre des paysans, avec l'Alsacien Érasme Gerber à sa tête, puis Storch, Carlstadt, Denk, troubla la contrée, et en 1527 Strasbourg finit par bannir les anabaptistes. Mais des questions avaient été soulevées, entre autres celle de la Cène, à propos de laquelle on put voir que les théologiens de Str. penchaient plutôt vers la doctrine helvétique, ce qui leur valut de la part de Luther des épi-thètes très violentes, en dépit des essais de conciliation de Bucer. Gerbel seul tenait pour Luther. Le colloque de Baden en 1526, celui de Berne en 1528, et surtout l'arrivée de nombreux réfugiés français, réformés, Farel, Lefèvre d'Éta-ples, Gérard Roussel, Lambert d'Avignon, plus tard Calvin, amenèrent un nouveau rapprochement avec les Suisses, et en janvier 1530 Strasbourg conclut un traité d'alliance avec Bâle, Berne et Zurich. Cette espèce d'isolement dans l'empire inecontenta l'empereur à la diète d'Augsbourg; pour échapper à l'accusation d'être des sacramentaires, les théol. de Str. s'entendirent avec ceux de Constance, Mem-mingen et Lindau pour présenter une confession de foi commune, rédigée par Bucer et Capiton, qui prit le nom de Tetrapolitana, ou des Quatre Villes, mais dont l'autorité ne dura pas longtemps. De nouvelles sectes surgirent, des schwenkfeldiens, des anabaptistes, des visionnaires. L'insuccès de la guerre de Smalcade rendit un moment le pouvoir aux catholiques 1549, mais en 1559 les protestants reprirent le dessus, et le luthéranisme pur triompha. Quand l'Alsace passa à la France, le protestantisme fut naturellement sacrifié et la cathédrale lui fut enlevée. L'Allemagne en 1871 reprit l'Alsace et maintint le statu quo religieux; les catholiques se compromirent par 3 ou 4 prétendues apparitions de la Vierge, dont ils n'avaient pas besoin pour que leur culte fût respecté. Strasbourg se distingua dès le 10m* siècle par ses écoles, notamment par celles des bénédictins. Geiler lui donna un nouveau développement, et en 1528, grâce à l'influence et à l'activité de Sturm, elle se constitua d'une manière si complète et si brillante qu'elle mérita d'être appelée par Bossuet une des villes les plus savantes de la Réforme et un modèle de discipline. Les écoles, d'abord au nombre de 14, furent placées sous la direction d'hommes compétents, de Sturm entre autres. Il y eut ensuite des leçons publiques données par Bucer, Capiton et Hedio; elles débutèrent chez Bucer, mais elles durent être transférées dant le couvent des prédicateurs et finalement dans les auditoires de Saiut-Thomas. Une bibliothèque fut fondée en 1531. Un gymnase 1536 prépara les voies â l'académie, qui s'ouvrit en 1567, et qui devint une université en 1621 par décret de Ferdinand II. Les jésuites lui opposèrent en vain une sorte d'université rivale, où l'on n'enseignait que les lettres et la théologie. La faculté protestante a toujours eu des hommes distingués. Sa réorganisation par les Allemands, 1er mai 1872, lui a conservé la plupart de ses professeurs.
STRAUSS lo Gérard-Fréd.-Abraham, ne 24 sept. 1786 à Iserlohn, étudia à Halle et Heidelberg, et fut successivement pasteur à Rons-dorf, Elberfeld, et Berlin depuis 1822. Prédicateur de la cour., professeur, membre du Consistoire, attaché au ministère des cultes, il f 19 juill. 1863. Connu par de nombreux sermons, différents livres d'édification, des Souvenirs sur la jeunesse d'un prédicateur, les Avertissements d'un vieux: pasteur, Pèlerinage à Jérusalem, etc.
2o Son fils Fréd.-Adolphe, né 1 juin 1817 à Elberfeld, étudia à Berlin, fut nommé auxiliaire à la cathédrale, fit en 1843 un voyage en Orient et à Rome, lit en 1848 la campagne du Schles-wig comme aumônier, professa à Berlin, et fut nommé en 1870 à Potsdam, d'abord chapelain de la garnison, puis surintendant et inspecteur des écoles. Auteur d'un Comment, latin sur Sophonie, de Sinaï et Golgotha, souvenirs de son voyage, et de nombreux discours et fragments de liturgie.
3o David-Frédéric, né 27 janv. 1808 à Lud-wigsbourg, étudia à Tubingue. Son tempérament critique et positif le préserva de l'enthousiasme un peu juvénile des hommes de sa génération. Il ne se laissa pas plus séduire par Schelling que par Bôhme ou Kerner. Les travaux de Hegel et de Schleiermacher le captivèrent, et après avoir occupé deux postes secondaires, il se décida en nov. 1831 à partir pour Berlin, où il espérait trouver ces grands maîtres. Mais Hegel mourut presque à son arrivée. Il eut du moins le bonheur d'entendre Schleiermacher. De retour en 1832, il fut nommé répétiteur au séminaire de Tubingue, et donna en outre des cours de philos, à l'université. En 1835-1836 il publia sa vie de Jésus, qui lui lit aussitôt, a cause de ses paradoxes critiques, une réputation. Mais il perdit sa place de répétiteur et revint à Ludwigsbourg, où il trouva une place au lycée et des leçons particulières, continuant d'ailleurs de défendre ses idées, mais cherchant aussi à (-aimer l'orage qu'il avait déchaîné. Le gouvernement de Zurich, Hirzel eh tête, l'appela comme prof, de dogmatique et d'hist. ecclés., mais les populations soulevées par cette bravade culbutèrent le gouvernement et sa nomination fut annulée; une pension de retraite de 1000 fr. dut lui être assurée et lui a été payée pendant plus de 40 ans; il en a fait bénéficier la caisse des pauvres de Ludwigsbonrg. En 1840 il épousa une cantatrice, Agnès Schebest, mais ce malheureux mariage finit bientôt par une séparation; Agnès garda les enfants quelques années. Les menées cléricales empêchèrent Strauss en 1848 d'être nommé au parlement de Francfort; en revanche les électeurs de Lud-wigsbourg l'envoyèrent à la chambre wurtem-bergeoise, mais ses allures conservatrices mécontentèrent ceux qui l'avaient nommé, et à la suite d'un vote de méfiance il dut donner sa démission. En 1870, sous le titre de Paix et guerre, il entretint avec Renan une correspondance qui fit beaucoup de bruit, non seulement à cause de son débordement de patriotisme, mais à cause de son style haineux et passionné, qui contrastait avec l'indifférence placide et sereine qu'il affectait dans ses discussions théologiques.
Le résumé de sa Vie de Jésus, car il a singulièrement varié dans ses 4 premières éditions, c'est que le contenu des Évangiles est la tentative inconsciente de personnifier dans un personnage mythique et légendaire l'idée morale et religieuse que le mosaïsme et les prophètes avaient fait naître chez le peuple, sans réussir à la satisfaire. Il nie la possibilité du miracle et refuse aux Évangiles toute valeur historique. Plus tard il se rapprocha des idées de Baur, admettant que Jésus était un juif très pieux; que Jean, en le baptisant, le prit pour le Messie annoncé; que Jésus lui-même finit par se prendre au sérieux comme Messie; qu'il s'attira la haine mortelle des pharisiens en démasquant leur ambition et leur hypocrisie, et qu'il fut mis à mort par leurs intrigues. Il semble admettre plus tard, et sous réserves, l'authenticité de l'Évang. de Jean. Il reconnaît enfin que les miracles, c.-à-d. que des choses extraordinaires sont possibles dans certaines circonstances d'exaltation ou de surexcitation des esprits. Ce livre fit sensation dans le monde des théologiens, et fut l'objet de nombreuses réfutations, d'Ull-mann. Tholuck, Hug, Néander, Hengstenberg, H. Lasserre, Chenevière, etc. Strauss en fît aussi un extrait populaire. Sous prétexte de science et de critique on a pu dire de son œuvre que c'est une charge à fond contre l'Église et contre le christianisme, et l'Allemagne n'a pas à s'applaudir du résultat qui a été obtenu. On a encore de Strauss un éloge de Julien l'apostat; et des études sur Schubert, Ulrich de Hutten, Reimar, Lessing, Voltaire; et une Dogmatique chrét. dans son développement historique et dans sa lutte avec la science moderne, le Christ de la foi et le Jésus de l'histoire, etc. f 8 févr. 1874 à Ludwigsbourg entre les bras de son fils médecin.
4° Victor-Frédéric (de), né 16 sept. 1809 à Btlckebourg, conseiller du prince de Schaum-bourg-Lippe depuis 1832. anobli en 1850; auteur d'hymnes religieux où manque l'inspiration chrétienne, et d'écrits politiques où manque le sens de l'homme d'État. Pour expier le libéralisme de sa jeunesse, il préconise le parjure quand il s'agit de renverser des constitutions libérales, et dans la diète de l'empire, dont il fit partie 1866, il attaqua violemment la Prusse. On a aussi de lui quelques Nouvelles, et des Méditations sur le 1er commandement.
STRIGEL, Victorin, né 26 déc. 1514 4 Kaef-beuren, Souabe bavaroise, étudia la philologie et la théol. à Wittenberg, où il s'attacha surtout à Mélanchthon dans la question du Synergisme. Nommé prof, à Iéna, il se laissa entraîner par Flacius et ses autres collègues, à prendre parti contre Mélanchthon; mais les excès de la lutte le ramenèrent à des sentiments plus calmes; il protesta même contre le livre de la Confutation et fut enfermé, ainsi que son ami Htlgel, au château de Grimmenstein, d'où il ne sortit que grâce à l'intervention de l'emp. et des princes protestants. Bientôt la roue tourna; les flaciens perdirent du terrain et leur attitude violente dans les colloques ne le leur fit pas regagner. La position deStrigel n'en resta pas moins difficile, et pour couper court à des attaques touj. plus amères, il quitta Iéna pour Leipzig 1562, el enfin pour Heidelberg, où il f 26 juin 1569. Auteur de plusieurs Comment, sur l'A. et le N. T., et de quelques travaux dogmatiques sur les questions du jour. Savant et compilateur, plutôt que penseur original, il avait une puissante mémoire, assez d'esprit, mais peu de profondeur.
STRIGOLNIQUES, secte russe qui se rattache à la protestation de Carpe Strigolnik 1375 contre la forme de la Confession devant le prêtre, et contre le casuel à payer pour l'ordination.
STUBNER, v. Zwickrfu.
STUDITÉS lo Siméon, moine du couvent acémètede Studion k Constantinople; anteurde plusieurs hymnes. — 2o Théodore, archimandrite du couvent de Studion à Constantinople, depuis 794; ami passionné des images. Né 759 à Constantinople, entré au couYent 781, il entra en lutte avec C. Copronyme, lorsque celui-ci renvoya sa femme pour épouser Théodora; il l'excommunia et se sépara même de son patr. Tarasius qui se comportait mollement dans cette affaire. Plusieurs fois exilé, puis rappelé, suivant que les amis ou les ennemis des images étaient au pouvoir, il finit par + 11 nov. 826 à Chalcis.
STUNDISTES, secte chrétienne qu'on trouva d'abord chez les paysans grecs de la Crimée el de l'Ukraine, et qui, sous l'influence de colons luthériens, se mirent à tenir de petites réunions d'édification, des heures (Stenden), s'occupant à prier et à lire la Bible. Ils ne veulent pas d'images, et se nomment Amis de Dieu. Le gouvernement les a tracassés. Comme secte organisée ils sont peu nombreux, mais il y en a maintenant un peu partout, parce qu'on désigne sous ce nom tous ceux qui étudient la Bible. Ils datent du premier quart de ce siècle.
STURM 1° le premier abbé de Fulda; né vers 710 d'une famille noble de Bavière. Il fut confié de bonne heure à Boniface, et accompagna son maitre dans quelques courses missionnaires. Il entra ensuite à l'école de Wigbert au couvent de Fritzlar, et fut consacré prêtre 733. Il avait un goût particulier pour la lecture de la Bible et pour l'évangélisation. Désireux de fonder un monastère, pour en faire le centre d'une mission chez les Saxons, il s'établit d'abord à Hirschfeld (Herolfesfeld), mais sur le conseil de Boniface, qui trouvait la station trop exposée, il chercha un autre emplacement, plus rapproché, et s'établit à Fulda 744. Il visita avec soin les couvents de l'Italie, notamment celui du mont Cassin, 747, qui lui suggérèrent d'utiles améliorations. Il eut à se défendre ensuite contre les tentatives d'empiétement de Lulle, archev. de Mayence, qu'il repoussa victorieusement, mais qui n'en troublèrent pas moins sa vie en le rendant suspect à Pépin. Exilé à Ju-mièges 760, il fut cependant rappelé en 762 et finit par recouvrer toute la confiance du roi, qui lui rendit son abbaye et l'enrichit de nouveaux territoires. Il fut employé par Charlemagne à l'évangélisation des Saxons, et accompagna plus d'une fois les armées franques comme évêque, ce qui excita naturellement aussi les Saxons à se jeter souvent sur le monastère, 774 et 778. Charles, à son retour d'Espagne, le délivra définitivement de ce danger, mais Sturm devenait vieux et infirme, et les soins du médecin royal furent impuissants contre la maladie. Il + le 17 déc. 779, en paix, entouré de ses disciples, et fut enterré dans son église. T,anonisé 1139 par Innocent II, au concile de Latran.
2<> Sturm de Sturmeck, Jacques, né 10 août 1489 à Strasbourg, d'une famille patricienne qui comptait parmi ses hôtes et amis Geiler et Wimpfeling. Admirablement doué, il subit l'influence de ces hommes éminents et reçut leurs leçons. Après avoir fait avec eux les lettres et la théol., il se rendit à Heidelberg et à Fribourg, où il étudia le droit, qu'il continua ensuite à Paris et à Liège. En 1510 il était de retour et avait la douleur d'assister aux funérailles de Geiler. En 1514 il est membre d'une Société littéraire. En 1522 l'électeur palatin Louis Y le consulte sur la réorganisation de l'univ. de Heidelberg. Vers cette époque, ayant perdu sa fiancée, il résolut de ne jamais se marier et de consacrer toute sa vie au service de la ville de Strasbourg. En 1524 il fut, ainsi que son frère Pierre, délégué au Conseil comme représentant de la noblesse; en 1526 il en est nommé président, bourguemestre, et il le resta jusqu'à sa f 30 oct. 1553. Sous son administration la ville atteignit son plus haut degré de prospérité. En 27 ans il eut 91 fois l'honneur de représenter Strasbourg à l'étranger, aimé et considéré par François 1er comme par Charles-Quint. A l'intérieur il favorisa l'instruction publique, fonda une bibliothèque qu'il dota richement, et présida à l'introduction de la Réforme en évitant les mesures extrêmes et en s'appliquant à concilier les esprits et à calmer les passions. Il fit venir du dehors des hommes aussi distingués par leurs talents que par leur modération. Il avait été camarade d'études de Zell. La ville reconnaissante lui a élevé un monument, v. Ernest Lehr, Baum, etc.
3° Jean, né 1 oct. 1507 à Sleida, fut élevé à Liège par les Fr. de la vie commune et termina ses études à Louvain. Là, avec un ami, il fonda une imprimerie et publia des classiques grecs et latins. La vente de ses livres l'amena 1529 à Paris, où il se maria et où il fonda une maison d'éducation. Il correspondit avec Méianchthon 1533, et recommanda vivement au roi, qui le protégeait, d'appeler à Paris ce savant théologien. En 1536 il accepta l'appel que lui adressait le Conseil de Strasbourg, et il arriva dans cette ville le 14 janv. 1537. A côté des écoles il fonda un gymnase, avec une classe supérieure appelée selecta, qui devint le germe de l'université. Les écoliers affluèrent de toutes parts, nobles, comtes, princes; et les contrées voisines, Hornbach, Bâle, le Wurtemberg, la Saxe, le prièrent de venir réformer ou réorga niser leurs gymnases. Méianchthon l'appelait la lumière des écoles allemandes: l'archev. Erasme le consultait, et les jésuites eux-mêmes ne dédaignèrent pas de profiter de ses directions. 11 s'intéressa beaucoup aux réformés français proscrits pour cause de religion, et leur rendit des services qui finirent par le ruiner lui-même. Ses dernières années furent difficiles. Les luthériens stricts étaient les maîtres de la ville; le pasteur Marbach voulut se mêler de l'enseignement, puis Pappus vint à son tour, soutenu par Osiander et Andreae. Il finit par donner sa démission, qui lui fut accordée 7 déc. 1581; on lui conserva son traitement de recteur el les revenus de Saint-Thomas. Il se retira à Nordheim, avec sa 3me femme, ayant perdu tous ses enfants; il était aveugle et f 3 mars 1589. On a de lui plusieurs ouvrages latins sur la rhétorique et l'èlo-cution, et 4 livres contre Pappus.
4o Christophe-Christian, né 25 janv. 1740 à Augsbourg, fils d'un juriste, étudia à Iéna et Halle, fut pasteur à Halle, Magdebourg, et Hambourg où il f 26 août 1786. Pieux, aimable et savant, il a publié de nombreux cantiques, aimés entre autres de Beethoven.
STYLITES, du grec stylos, colonne; nom donné à certains religieux qui, pour se séparer entièrement du monde, avaient imaginé de fixer leur résidence au haut d'une colonne, où ils pouvaient se livrer k la contemplation, quelques-uns même plus ou moins k la prédication. Ils s'y tenaient debout, ce qui leur valut le surnom de stationnaires. Le chapiteau de la colonne était bordé d'une barrière, parfois même d'un mur en maçonnerie, qui leur permettait de s'appuyer. Rarement ils se permettaient, pour se préserver des intempéries de l'air, le luxe d'une couverture de peaux en guise de toit. Une échelle ou un petit escalier attenant à la colonne, les mettait en communication avec le monde. De modestes cabanes s'élevaient dans le voisinage, au service des admirateurs et des élèves du stylite. L'Inde a eu aussi des anachorètes ou fakirs de cette sorte. Les plus célèbres, dans l'Égl. chrétienne, sont: les 3Siméon,q. v., Daniel de Maratha, q. v.; Alypius, sous Héra-rlius, qui passa 70 ans sur sa colonne près d'Andrinople; Josué de Syrie au 5rae siècle; Julien au 6ra«, Nicandre, etc. C'est au 7®« et au 8me siècles que l'on en trouve le plus; il y en a cependant encore au IS1»® en Mésopotamie, peut-être même aujourd'hui parmi les jacobites. Le stylisme était devenu une mode sous le premier Siméon, et des gens riches se plaisaient k faire bâtir de belles colonnes à l'usage de saints qui n'avaient pas toujours la vocation, ni la persévérance de celui qu'ils avaient pris pour modèle.
STYRIE, un des gouvernements de la monarchie autrichienne, avec Gratz pour capitale; partie de l'ancienne Pannonie et de la Norique, au nord de l'illyrie. Ses limites historiques ont varié; son hist. se confond souvent avec celle de la Pannonie. Ses premiers habitants, d'origine celtique, reçurent d'Aquilèe les germes de l'Évangile dans le courant du 2me siècle; une tradition incertaine leur donne pour évêques et martyrs Maximilien 284 et Victorin 303, qui auraient été enterrés à Cilly et à Pettau, deux sièges épiscopaux relevant d'Aquilèe au 4rae siècle. L'invasion des barbares qui passa là-dessus ne permet pas de rien préciser; même après Virgile et Rupert la position des chrétiens resta difficile, quoique les princes se fussent convertis sous l'influence bavaroise et franque. Ce n'est qu'après Charlemagne que le christianisme s'y établit définitivement; des églises et de nombreux couvents s'y élevèrent; la Draveservit de limite entre les évêchés d'Aquilèe et de Salzbourg. La Réformation y commença 15Î5 par les prédications de Léonard Kayser à Steyer; il fut banni, puis brûlé en 1527 à Passau; puis G. Schérer et d'autres. Une émeute de paysans soulevés amena le siège et la ruine de Schlad-ming. Mais tous les efforts de l'empereur n'empêchèrent pas qu'en 15501a grande majorité de la Styrie fût devenue évangélique, et en 1552à Gratz la diète abolit la procession de la Fête-Dieu; les moines et les religieuses abandonnèrent leurs couvents. Ferdinand refusa de recon naître ce changement, et les protestants durent vendre leurs biens et partir. Leur position s'améliora sous Charles II, bon catholique, mais qui était tenu en échec par les Turcs, et le collège de Gratz, simple école fondée en 1540, fut en 1573 érigé en université, sous la direction de Chy-trâus; depuis 1593 elle compta Keppler parmi ses professeurs. Le collège des jésuites ne pul soutenir cette concurrence, mais il se maintint, grâce à la protection de l'archiduc. En 1581 la Bible fut imprimée à Wittenberg, traduction slave de G. Dalmatinus, avec l'appui des États. Mais Ferdinand II, l'élève des jésuites, étant monté sur le trône 1590, tout changea, et en 1598 les protestants furent mis hors la loi par 4 décrets successifs, leurs temples détruits, leurs livres brûlés, leurs enfants enlevés, les pasteurs condamnés à mort. La persécution fut horrible, la résistance glorieuse, courageuse, mais inutile; le protestantisme fut radicalement extirpé. Lorsque l'acte de tolérance de Joseph II, 1781. reconnut les droits de la conscience, 3 églises se retrouvèrent debout, à Ramsau, Schladrain^ et Wald; en 1822 une nouvelle église se forma à Gratz; mais c'est en 1849 seulement que de* temples leur furent accordés. Dès lors de nouvelles congrégations ont surgi, et il s'est forme en Styrie une Union protestante.
SUAIRE (le saint), v. Véronique.
SUARÈS, François, né 15 janv. 1548 à Grenade, fils d'un avocat de bonne famille. Étudiant en droit à Salamanque, il fut gagné an jésuitisme par les discours du p. Jean Ramirer entra dans l'ordre à 17 ans, ne montra pas d'abord beaucoup de dispositions pour l'étude, mais finit par réussir à force de persévérance. Prof, de philos, à Ségovie, il enseigna ensuite la théol. à Valladolid, 8 ans à Rome, 8 ans à Alcala, 1 an à Salamanque, et après avoir reçu le doctorat à Évora, il fut nommé premier prof. k Coïmbre 1597. f 25 sept. 1617 à Lisbonne, ou il s'était rendu pour intervenir entre le gouvernement et les légats au sujet de la détermination de leurs droits réciproques. Il avait une grande réputation de piété, d'ascétisme et de moralité. Il prit part aux discussions sur la grâce dans le sens moliniste, et fut l'un des chefs du congruisme, ou science moyenne, système bizarre qui semble admettre la prédestination gratuite et cependant n'admet pas la grâce efficace. Les ordres de Rome empêchèrent longtemps la publication de cet ouvrage, connu sous le nom de: De auxiliis gratiœ. Son livre: De la confession d'un absent à un absent, fut également interdit et ne put paraître qu'en fragments; il n'en fut pas moins condamné. Son principal ouvrage a pour titre (en latin): défense de la foi cathol. contre les auteurs de la secte anglicane, Coïmbre 1613, et fut dirigé contre le serment que Jacques I«r voulait imposer en Angleterre aux catholiques; il fut brûlé â Londres et à Paris. OEuvr. compl. Venise 1740, 23 vol. fo.
SUBLNTRODUCTiE (sous-introduites), ou synéisactes, nom que donnent les premiers conciles, depuis Antioche, aux femmes que les clercs non mariés installaient dans leurs maisons, pour tenir leur ménage, ou pour charmer la vie de famille, sans avoir les charges et les préoccupations du mariage. En théorie c'était très bien; c'était d'abord la mère, la tante, la sœur, une vieille amie: puis une étrangère, puis on comprit qu'il n'était pas nécessaire qu'elle fût vieille; on eut des nièces et des cuisinières, et l'abus était déjà constaté au concile d'Antioche 269. Dès lors tous les conciles eurent à s'en occuper, mais sans succès, jusqu'à celui de Trente, qui donne franchement le nom de concubines à ces femmes dont on cherchait toujours à gazer les véritables fonctions, sess. 25, chap. 14. II est évident d'ailleurs que ce désordre découle essentiellement du célibat forcé.
SUBORDINATIANISME, une des nombreuses questions soulevées dans les discussions auxquelles a donné lieu le dogme de la Trinité. Le Fils est semblable, est-il aussi égal au Père? En est-il indépendant, ou lui est-il subordonné? La formule du conc. de Nicée 325, confirmée par celui de Constantinople 381, en admettant l'égalité, sinon l'identité des 2 hy-postases, repousse le subord.; cependant différents passages du N. T. le supposent, et les arminiens, parmi les modernes, ne sont pas les seuls à l'accepter. La question ne se serait même pas posée, si l'on n'avait pas craint les ronséquences qu'on pourrait en tirer contre la divinité de J.-C.
SUDAILI, Bar, moine monophysite qui vivait vers 500 à Édesse, puis à Jérusalem: es-pece de panthéiste, qui admettait l'identité de substance de la Nature et de la Trinité, ainsi que le rétablissement final, d'après 1 Cor. 15, 28., comme Origène. Il distinguait 3 époques, d'après Luc 13, 32: l'économie actuelle, le règne de mille ans, et la fin ou l'accomplissement. D'après Xénaïas, dont le témoignage est suspect, il aurait rejeté le baptême et la cène, et se serait considéré comme le seul interprète inspiré du Saint-Esprit pour expliquer la révélation. Il est l'auteur de quelques comment, bibliques et d'un traité contre les peines éternelles.
SUÈDE, l'ancienne Scanie, primitivement peuplee de Finnois et de Goths, et divisée en 4 royaumes, reçut l'Évangile d'abord d'une manière indirecte, soit par son commerce qui la mettait en relations avec la Frise, notamment avec Dorstadt près d'Utrecht, soit par des prisonniers de guerre, et surtout par les soldats qu'elle fournissait aux empereurs d'Orient, et qui, vivant à Constantinople, apprenaient à connaître le christianisme et retournaient dans leur pays comme de vrais missionnaires. La version "d'Ulphilas prouve qu'à la fin du 4ni* siècle il y avait déjà en Suède des chrétiens. Mais c'est au commencement du 9m« siècle seulement que la mission s'établit d'une manière régulière, par les soins d'Anschar et de Willemar, 830-832; puis vint Gautbert, neveu d'Ebbon de Reims, qui obtint d'abord quelques succès, mais dut bientôt s'enfuir devant une émeute fomentée par les prêtres païens. L'ermite Ardgar essaya à son tour, mais dès 852, découragé par la mort de son ami Hérigar, le gouverneur de Birka (ou Sigtuna, près Stockholm), il retourna dans sa cellule. Après un nouveau voyage d'Anschar et l'installation d'Érimbert comme èvêque, le roi Olof, ou Olaf, autorisa de nouveau la prédication de l'Évangile et la reconstruction du temple de Birka, 860; mais il fallut encore 150 ans avant que l'idolâtrie païenne fût vaincue. Quelques archev. s'occupèrent plus de leur puissance temporelle que des progrès du règne de Dieu. Rimbert seul, 865-888 se montra animé d'un vrai zèle; puis vint Unnis 935, mais qui mourut au bout de peu de temps. Mentionnons encore Lifdag, Odinkar, Rem-brand, et quelques autres, qui travaillèrent avec-foi el bénédiction, mais dont l'œuvre fut souvent interrompue ou paralysée par des guerres. C'est seulement sous Olaf Skautkonung que le christianisme triompha définitivement, presque en même temps que sous Olaf Trygwesen en Norwège; lui-même se fit baptiser l'an 1001, et le missionnaire Jean Sigurd, venu d'Angleterre, obtint toutes les facilités pour répandre l'Évangile. D'autres missionnaires vinrent encore: Siegfried, le second apôtre du nord, f 1067; David f 1080, Eskil, etc. Les mœurs s'adoucissaient, la piraterie diminuait, et si les rois renonçaient à la violence pour imposer au peuple la foi chrétienne, ils recommandaient d'autant plus la foi par leur exemple. Upsala resta le quartier-général du parti païen. Mais le clergé brêmois, de qui relevait encore l'Égl. de Suède, venait de se rattacher à Rome, et il voulut introduire en Suède les procédés romains; deux évêques se proposèrent de mettre le feu au temple d'Upsala, et cette tentative, qui échoua, ranima la ferveur des païens; des persécutions eurent lieu, la guerre civile éclata et beaucoup de chrétiens retournèrent au paganisme. Enfin Inge, fils de Stenkil, malgré une vive opposition et après quelques insuccès, détruisit le temple d'Upsala, releva le christianisme de son oppression, le proclama la religion de l'État et supprima le paganisme, 1079. Inge II, le pieux, 1112 à 1133, bâtit des églises et enrichit le clergé. Éric Jedvarson, le saint, 1156, continua son œuvre et amena la Dalécarlie à la foi. Mais le clergé, trop riche, était devenu mondain, puis sensuel, vicieux, avare, débauché. Ce qui était resté de paganisme dans des endroits retirés, et dans les cœurs, joint au débordement des prétentions, de l'orgueil et des mœurs des ecclésiastiques, rendit à la longue une crise inévitable. La vente des Indulgences en fut, comme ailleurs, l'occasion, et comme depuis l'union de Calmar le haut clergé s'était toujours montré favorable au parti danois, Gustave-Wasa à son avènement trouva en lui un ennemi et ne se gêna pas de le traiter comme tel. Il essaya d'abord d'obtenir d'Adrien VI quelques réformes, mais n'ayant pas réussi, il chargea Anderson et les frères Péterson d'introduire en Suède la réforme de Luther. Les immenses richesses du clergé, agissant sur le peuple et paralysant le mouvement, le roi déclara 1527 à la diète de Westerœs qu'il lui était impossible de gouverner et qu'il déposerait le pouvoir s'il n'obtenait pas satisfaction; en même temps Olaf Peterson avait avec le prof, catholique Pierre Galle une discussion publique sur les questions qui agitaient la nation. Le tiers et ta noblesse décidèrent que le roi était autorisé à séculariser les biens ecclésiastiques, et le clergé se résigna, en déclarant qu'il ne cédait qu'à la force. Il fut pourvu à l'instruction populaire, et en 1529, à la diète d'Oerebro, la Réformation fut proclamée; on garda cependant encore le latin pour la liturgie, l'élévation du sacrement, les prières pour les morts et l'organisation épiscopale, qui ne furent abolis ou modifiés qu'en 1537. Le roi voyant dans l'insuffisance des évêques la cause d'une certaine opposition persistante chez le peuple, leur donna comme surin -dant un noble poméranien, George Normann, élève de Wittenberg, ce qui augmenta encore le mécontentement et donna lieu à plusieurs conjurations; Olaf Peterson et Anderson y furent compromis et perdirent leur position. Erich IV, depuis 1560, fit de la Suède un refuge pour les réformés persécutés et débarrassa l'Église de ses derniers restes de catholicisme, mais son attitude dans la ridicule question des liqueurs (peut-on célébrer la cène avec une autre boisson que le vin ?) le rendit suspect de pencher vers la doctrine réformée. Son fr. Jean III, sous l'influence de sa femme Catherine Jagellon, essaya de renouer avec Rome, favorisa les intri-tres du jésuite Possevin. passe même pour avoir abjuré secrètement, 1578, mais n'ayant pas obtenu du pape l'ombre d'une concession, il revint en arrière. La diète, beaucoup plus décidée, déclara à deux reprises, 1593 et 1595 le luthéranisme la religion de l'État, et finit par appeler au trône Charles IX, l'oncle du roi, connu par son zèle pour la foi évangélique 1604 et qui fut le père de Gustave-Adolphe. En 1663 la Form. de concorde reçut force de loi, et le luthéranisme devint la religion nationale de la façon la plus absolue et la plus intolérante. Toute dissidence était frappée de proscription et de confiscation; les ambassades de Hollande et d'Angleterre pouvaient seules célébrer leur culte à Stockholm. Ces rigueurs se relâchèrent un peu sous le roi Frédéric 1720-1751, un peu plus encore en 1779 par l'édit de tolérance, et s'étendit même aux catholiques en 1781; mais ce ne fut que de la tolérance, et malgré les progrès faits en 1862 par la loi sur les dissidents, l'on ne peut pas dire encore que la liberté des cultes existe en Suède. La vie religieuse a longtemps été paralysée par le caractère trop politique des débuts de la Réformation; au 18®* siècle elle s'éveilla sous l'influence des piétistes allemands et des frères moraves, et malgré des circonstances défavorables, le réveil a pris dans ce siècle une extension croissante. Un pasteur wesleyen, G. Scott, prêcha pendant quelques années à Stockholm en toute liberté, jusqu'à ce que en 1842 sa chapelle fut saccagée par la populace, et lui-même forcé de partir. Il y eut aussi des baptistes persécutés et jetés en prison, et jusqu'à de simples liseurs de la Bible (fitW-leters^ LœzareRmtare$). Aujourd'hui il y a progrès manifeste, surtout depuis l'avènement du roi Oscar qui, avec l'initiative de Wiesel-gren, fondateur de la mission intérieure, a commencé par réduire à quelques centaines le* 170,000 distilleries qui abrutissaient le pays. Les os secs semblent se remuer; à côté de l'archev. d'Upsal et de dix évêques avec leurs chapitres, à côté des facultés de théol. d'Upsal et de Lund, à côté des fondations ecclésiastiques el d'un clergé puissant qui forme le second ordre de la Suède, il y a des institutions libres de bienfaisance et de relèvement moral, des sociétés bibliques, un séminaire missionnaire qui date de Fjellstedt, plusieurs missions intérieures, beaucoup de chapelles indépendantes une Société d'Alliance évangélique, etc. C'est à un paysan, Nielsen Hauge, 4796, que la Norwège, et à un autre paysan, Éric Jansen, 1842, que la Suède doivent leur réveil religieux, qui fut plus tard puissamment secondé 1877 par le prof. Waidenstrœm, de Gefle.
SUGER, abbé de Saint-Denis. Né 1081 à Saint-Omer d'une famille de petite condition, il fut envoyé pour son éducation au couvent de Saint-Denis, ou il eut pour compagnon d'études celui qui fut plus tard Louis VI. Il étudia ensuite, de 1089 à 1103, à Saint-Florent de Saumur, et revint à son abbaye dont il eut à défendre les droits de la plume et de l'épée, contre les Anglais, contre Hugues du Puiset et contre l'év. de Paris. Louis, monté sur le trône 1108, le prit pour guide et pour conseiller, et n'eut pas à s'en repentir. Suger favorisa l'affranchissement des communes, organisa la justice, et défendit l'autorité royale contre les barons et contre les prétentions des papes. Dans la querelle des investitures il prit parti contre l'empereur, dans l'intérêt de la France. Nommé abbé de Saint-Denis en 1122, il ne renonça pas pour cela à la politique; mais depuis 1127 il travailla, peut-être sous l'influence de Bernard de Glairvaux, à réformer son couvent, reprit lui-même ses habits de moine et rompit avec le monde. La mort du roi et la minorité de Louis VU le ramenèrent aux affaires, pour lesquelles il avait une aptitude si remarquable, que le roi l'honora du titre de Père de la patrie. Il avait une volonté ferme et une grande droiture. 11 ne craignit pas de blâmer le départ de Louis VII pour la croisade, et encore plus son divorce. Par une inconséquence inexpliquée, il en vint à organiser lui-même une nouvelle croisade, pour laquelle il avait levé 10,000 hommes, et il se préparait à partir, quand il f 12 janv. 1151. Auteur de Mémoires sur son administration comme abbé, de Lettres, et d'une Vie de Louis VI.
SUICER, proprement Schweizer, Jean-Gas-pard, né 26 juin 1620 à Zurich, fils d'un pasteur, étudia d'abord dans sa ville natale, puis à Montauban et à Saumur, sous Amyraut, Cap-pel et La Place, et après un court pastorat en Thurgovie 1643, revint à Zurich où il se livra à l'enseignement, surtout du grec et de l'hébreu, f 29 déc. 1684. D'une érudition étonnante, il a rendu à la théol. un vrai service par le travail monumental, fruit d'un travail de 27 années, qu'il publia 1682 à Amsterdam sous le titre de: Thésaurus eccles. e patribus Grœcis ordine al-phabetico exhibens quacumque phrases, rit., dogmata, etc. On a aussi de lui: Sylloge vocum N. T. 1648, réimpr. 1744 sous le titre de: Glos-sarium Grœco-lat. N. T.; une Anthologie des pères grecs, des paraphrases sur Jonas et quelques psaumes, une étude sur le symbole de Nicée-Constantinople, une autre sur le Symbole d'Athanase, etc. La biblioth. de Zurich possède encore de lui des mss. inédits. Il chercha avec-Heidegger à faire adoucir la Formule du Consensus, dirigée contre ses anciens professeurs de Saumur.
SUIDBERT, ou Stvibert, un des onzes missionnaires qui, sous la conduite de Willibrord et à la demande du moine Egbert, furent envoyés 692 dans la portion de la Frise conquise sur Radbod par Pépin d'Héristall aux environs d'Utrecht. La mission fut heureuse et bénie. Willibrord étant parti pour Rome, où il allait chercher des pouvoirs et des reliques, ceux qui étaient restés envoyèrent Suidbert en Angleterre pour y recevoir de Wilfried la consécration épiscopale 695, de sorte que lorsque Willibrord revint, il se trouva y avoir 2 évêques dans la contrée. Le modeste Suidbert laissa la résidence à son collèque, et continua de travailler comme év. itinérant, dans le territoire compris entre la Meuse et le Rhin. Il passa de là chez les Bruc-tères (duché de Berg) et poussa jusqu'à Brunswick et Detmold. Pépin lui fit présent d'une petite île, au-dessous de Dusseldorf, Werd, qui devint Câsaris-Werda, auj. Kaiserswerth, où il fonda un couvent et une station missionnaire, et où il f vers 743.
SUIDGER de Bamberg, v. Clément II.
SUISSE. On comprend historiquement sous ce nom un ensemble de territoires si variés, de races et de langues si différentes, et qui ont eu dans l'origine des destinées si diverses, qu'on ne peut fixer pour l'introduction du christianisme dans ce pays une date unique. Si l'on tire une diagonale de Genève à Bregenz, on partage la Suisse actuelle en deux parties presque égales, dont l'une, au sud, toute montagneuse, moins riche et moins peuplée, a longtemps été dans l'orbite de Rome, tandis que la partie nord-est, a été davantage en relation avec les Allemans et les Burgondes. D'autres circonstances encore, à une époque où les communications étaient difficiles, ont contribué à ce que l'Évangile ne se propageât que d'une manière irrégulière dans ces pays qui n'avaient point de lien commun. L'ensemble de la mission s'étend sur une période d'environ 5 siècles; Genève et Saint-Gall, q. v. en sont à peu près les termes extrêmes. La nouvelle doctrine suivit, comme presque partout, les grandes routes militaires et commerciales, et sans nous arrêter à des traditions, sinon légendaires, du moins peu sûres, on peut dire qu'au commencement du 5me siècle Genève avait eu déjà 8 évêques; qu'un évêque du Valais assista 381 au conc. d'Aquilée, et en 452 un év. de Coireau conc. de Milan. Avenches a des évêques, dont en 590 Maire, ou Marius, transfère le siège à Lausanne; Ours et Victor sont vénérés à Soleure; les évêques de Vindonissa,
Windisch près Berne, sont signalés aux conc. d'Épaone 517, d'Auvergne 535 et d'Orléans 541 et 549. Bâle, Glaris, Bienne, Zurich, Lu-cerne, Constance, ont leurs traditions et leurs saints, qui remontent à cette même époque. Puis viennent, au nord-est les missions de Colom-ban et de ses disciples, Gall, Sigisbert, Ma-gnoald; puis Ursicin de Luxeuil, Germain dans le Jura bernois, Beatus dans la Suisse centrale. Sous les Carlovingiens l'œuvre de l'évangèlisation proprement dite peut être considérée comme terminée. Il y a six évêchés, Genève, Sion, Lausanne, Coire, Constance et Bâle, et de nombreux couvents, dont les principaux sont Saint-Loup, Bomainmotiers,Baulmes, Yverdun, Reirhenau, Einsiedeln, Payerne, le Saint-Ber-nard: à la lin du 13*e siècle on en compte à peu près 250. Tous se rattachent à Rome. Sauf Remedius de Coire et les moines de Saint-Gall, le niveau intellectuel et moral est peu élevé, la fondation de Pitniv. de Bâle 1460 remédie à cet état de choses. Les prétentions naturelles du clergé à la domination sont neutralisées par le caractère indépendant de la nation et par les franchises municipales; les ecclésiastiques paient les impôts comme tout le monde; la Suisse tient pour l'empereur contre Grégoire, et si l'interdit et l'excommunication sont lancés, ils sont aussi inefficaces qu'ils sont rares. Au moment de la Réformation, c'est la diète qui décrète les mesures disciplinaires contre le clergé. Depuis 1479 la Suisse possède un nonce à poste fixe. Les sommations, interdictions, excommunications de l'év. de Coire et d'autres, contre les hannetons, les sauterelles et autres insectes, montrent à quel degré de superstition l'Église était descendue; mais l'œuvre des vaudois à Berne et à Fribourg, et des figures comme celle de Nicolas de Flue disent aussi qu'une ère nouvelle allait venir. La Réformation commença dans la Suisse allemande avec Zwingli, provoquée par le trafic des Indulgences, et, comme à peu près partout, elle fut un moment compromise par les éléments impurs qui s'y mêlèrent et qui essayèrent de transformer une question toute religieuse en questions sociales et politiques. La réaction qui suivit la triste défaite de Cappel, ramena au catholicisme Soleure, Brem-garten, en partie Glaris, Thurgovie, Argovie, Saint-Gall; les colonies des cantons italiens furent persécutées et presque anéanties; Zurich même était, sinon hésitant, du moins intimidé. Mais Bullinger remplaça Zwingli; Myconius avait succédé à QEcolampade, Berne tenait ferme, Mulhouse s'était joint àlaConféd. helvétique, Farel avait remué la Suisse française, et le protestantisme regagna bientôt le terrain perdu. Le duc de Savoie qui voyait une partie de ses domaines lui échapper, essaya d'intervenir, mais Berne vint au secours de Genève et, pour mieux garantir ses confédérés contre une nouvelle surprise, s'empara en passant du canton de Vaud, qui d'ailleurs venait aussi de passer à la Réforme à la suite de la dispute de Lausanne 1536. A partir de ce moment l'œuvre est achevée; il ne reste plus qu'à la consolider; l'ère des théologiens commence avec Cal vie, Bèze, Viret, et Genève devient pour un temps la métropole du protestantisme français, avec ses doctrines arrêtées et sa rigoureuse discipline; Vaud et Neuchâtel subirent plus ou moins son influence, tandis que la Suisse allemande se rattacha plutôt à la l1^ Conf. de foi helvétique q. v. et au Consensus de Zurich. Après la mort des réformateurs il se fit une nouvelle réaction catholique sous la direction de Ch. Borromée; une partie du diocèse de Bâle et le Valais rentrèrent dans le catholicisme: François de Sales, protégé par le duc de Savoie, ramena par la violence les protestants du Chablais et du Fao-cigny; il y eut des massacres dans la Valteline 1620-1630. Les jésuites à leur tour fomentèrent les guerres religieuses, mais la seconde bataille de Vilmergen 1712 brisa pour longtemps leur pouvoir, et jusqu'en 1798 la parité confessionnelle, consacrée par la paix d'Aarau, fut respefr tée, grâce-peut être d'une part à la prudence des autorités cantonales catholiques, de l'autre à l'indifferentisme religieux qui dédaignait les différences confessionnelles, comme il dédaignait la foi chrétienne. La Suisse unitaire de 1798 à 1803 ne connut officiellement pas de religion. Napoléon releva les autels et les couvents, mais sema les germes de nouveaux conflits Avec la restauration le parti catholique releva la tête; le nonce enleva à l'évêché de Constance les paroisses suisses de son diocèse, pour les soustraire à l'influence de Wessenberg, et différents concordats statuèrent sur l'organisation des nouveaux évêchés. La France essaya à plusieurs reprises d'intervenir dans les affaires de la Suisse, mais les cantons et la Confédération résistèrent. Les articles de Bade 1834 opposèrent une digue puissante aux empiétements nl-tramontains; le canton d'Argovie finit en 184! par supprimer ses couvents qui avaient organisé une révolte armée. En 1846 la diète décréta l'expulsion des jésuites, et les 7 cantons catholiques ayant voulu former une ligue à part fie Sonderbund), cette tentative fut vigoureusement réprimée par le général Dufour. La Constitution fédérale de 1848 proscrivit les jésuites et leurs affiliés. Sa révision en 1874 renouvela cette proscription et proclama la liberté de conscience, qui existait déjà virtuellement; elle interdit aussi la fondation de nouveaux couvents. Les décrets du Vatican 1870 eurent pour effet de ranimer le zèle des catholiques et la vigilance des autorités fédérales, qui n'hésitèrent pas à bannir le vicaire apostolique G. Mermillod, envoyé à Genève par le pape 1873, et à envoyer ses passeports au nonce pour la vivacité peu diplomatique de ses réclamations. Quant au protestantisme, son clergé dévie de plus en plus vers le rationalisme, sauf au canton de Vaud, et ses principales facultés de théol., entre autres Berne et Zurich, lui sont à peu près acquises. A côté des établissements officiels, une quantité d'églises indépendantes se sont fondées dans les villes et dans les cantons où la prédication ne satisfait plus aux besoins des troupeaux; il y a 3 facultés libres de théol., à Genève, Lausanne et Neuchâtel, qui subsistent par les libéralités de leurs adhérents. On compte aussi en Suisse des Égl. wesleyennes, moraves et baptistes. La liberté religieuse est proclamée par la Constitution fédérale; malheureusement dans les mœurs elle n'existe trop souvent qu'à bien plaire, et plusieurs gouvernements cantonaux ont quelquefois refusé de la faire respecter.
SULLY, lo Maurice (de* év. de Paris 1160-1196, de parents pauvres dont il ne rougit jamais. né à Sully sur Loire, avait mendié dans son enfance. Il se distingua par son caractère et par ses talents comme prédicateur. Il concourut pour une grande part à la construction de la cathédr. de Paris, qui fut achevée sous son successeur Odon de Sully.
2° Maximilien de Béthune, marquis de Ros-ny, créé duc de Sully 1606; né 13 déc. 1560 à Rosny. Il s'attacha de bonne heure à Henri IV, qui le fit plus tard son premier ministre. Financier habile et économe, il fit sa propre fortune en même temps qu'il refaisait celle de l'État; il combattit le désordre, le gaspillage, les exactions, et supprima les sinécures et les fonctionnaires < dont on pouvait se passer. > Le roi le combla de faveurs et lui offrit même Tépée de connétable, à condition qu'il abjurât, ce qu'il refusa de faire. Comme huguenot il se montra cependant souvent tiède, plutôt préoccupé des intérêts du royaume. A la mort d'Henri il quitta les affaires, renonça à la plupart de ses charges, ne conservant que le gouvernement du Poitou et la grand'maîtrise de l'artillerie et des forêts. Louis XIH le fit maréchal 1634. f 31 déc. 1641 dans son château.
SULPICE (Saint) lo v. Sévère. 2o v. Olier.
SULZER, Simon, né 22 sept. 1508, fils naturel du doyen d'Interlaken, réussit à force de protections à faire ses études de théol., quoiqu'il ait dû un moment se mettre garçon de bains. Après avoir étudié à Lucerne, Bâle et Strasbourg, il fut placé dans le canton de Berne comme inspecteur scolaire et pasteur. Il appartenait à la tendance modérée de Strasbourg, mais après une visite à Luther 1538 il revint de Wittenberg luthérien décidé, quoique moins âpre que beaucoup de zélotes de cette époque, et il chercha à faire prévaloir ses idées d'abord à Berne où il enseignait la rhétorique et la théol., puis à Bâle où il fut appelé depuis 1548 comme pasteur, professeur, antistès et docteur en théologie. Pour obtenir ce dernier titre il eut à répondre du fait de sa naissance irrégulière, et il ne s'en tira qu'en affirmant que son père avait fait un mariage de conscience, qu'il se proposait de faire légitimer par l'Église dès qu'il le pourrait (il était né d'un prêtre et avant la Réforme). Il travailla avec persévérance, non sans succès, à pousser Bâle dans la voie du luthéranisme, fit abandonner la Conf. de foi bâ-loise, empêcha l'adoption de la conf. de foi helvétique et préparait l'adhésion à la Form. de concorde, mais là il rencontra une vive opposition. Après sa f 22 juin 1585, l'Égl. de Bâle, sous la conduite de Grynâus, rentra dans le courant réformé.
SUMMIS desiderantibus affectibus, titre de la bulle d'Innocent VIII, du 4 déc. 1484, qui fixait la procédure à suivre contre les sorciers, les assimilant aux hérétiques et donnant pleins pouvoirs aux inquisiteurs, Elle donna naissance au Malleus de Sprenger, q. v.
SUNNA, Sunnites. A côté du Coran, qui est la parole écrite, les musulmans ont une tradition, Sunna, qui fixe certaines lois ou règles, et à laquelle quelques-uns accordent une aussi grande autorité qu'au texte même. Les sunnites reconnaissent comme véritables successeurs de Mahomet les califes Abu Beker, Omar et Oth-man qui, selon eux, ont reçu verbalement ou par écrit, les enseignements supplémentaires du prophète, tandis que les chiites, le parti contraire, ne reconnaissent comme autorités que le 4m<> calife, Ali, et les descendants directs de Mahomet. Les sunnites sont en majorité en Turquie, en Égypte et sur les rives de la Méditerranée; ils se divisent en 4 sectes, nommées des noms de leurs fondateurs, hanbalites, sha-féites, malékites et hanéfites, mais qui sont toutes regardées comme orthodoxes. Il existe 6 recueils ou collections de la Sunna.
SUPERSTITIONS, croyances religieuses nées en général de l'ignorance des lois qui gouvernent l'univers. Quand l'esprit constate un fait qui dépasse les bornes de ses connaissances ou de ses expériences habituelles, ne distinguant pas ce qui est naturel de ce qui est surnaturel, il est disposé à l'expliquer par l'intervention de pouvoirs mystérieux, occultes, bons ou mauvais; de là les fées, les génies, les esprits, les revenants, les sorciers, la magie, toutes les my-thologies, les oracles, souvent les songes, les pressentiments, les sympathies, la seconde vue, etc.: puis dans la pratique des guérisons extra-ordinaires, qu'on peut expliquer, mais qu'on ne peut nier, des surexcitations nerveuses, un développement considérable de la sensibilité, et des phénomènes étranges, dont le charlatanisme n'a pas manqué d'user et d'abuser aux dépens de la crédulité.
SUPERVILLE, Daniel (de), descendant d'une famille du Béarn venue en France à la suite de Henri IV. Né à Saumur août 1657. il y fit de brillantes études classiques et se rendit 1677 à Genève, où il étudia la théol. sous Mestrezat, Turrettini et Tronchin. Il fut 1683 nommé pasteur à Loudun, où il resta 2 ans, puis après la Révocation, il passa à Rotterdam 1686 où il exerça un long, modeste et béni ministère jusqu'en 1725, ayant refusé de brillants appels à Berlin et Hambourg. Accablé d'infirmités il donna sa démission et fut remplacé par son fils aîné, Daniel. Il f 9 juin 1728, universellement regretté. Outre 5 vol. de sermons très appréciés, il a laissé un Catéchisme, un Manuel pour les communiants, et des Lettres sur les devoirs de l'Égl. affligée.
SUPRALAPSAIRES, v. Infralapsaires.
SUPRANATURAUSME, est dans le sens général cette conception du christianisme qui voit en lui une révélation directe de Dieu reposant sur des faits historiques; sous ce rapport, il est l'opposé à la fois du naturalisme et du rationalisme. Dans un sens plus restreint on désigne sous ce nom la tendance opposée au rationalisme philos., ou éthique, de Kant, qui, depuis la fin du siècle dernier, était devenu à la mode chez les théologiens, surtout luthériens. Avec la prétention de donner de nouvelles bases à la dogmatique, ce supranaturalisme tout intellectuel méconnaît les vraies relations du monde avec Dieu et l'action de Dieu sur la vie et l'histoire de l'humanité. Ce n'est plus l'Évangile pur et simple, c'est une conception particulière du mode d'après lequel l'enseignement révélé a été communiqué aux hommes. On l'oppose cependant au rationalisme en ce sens qu'il admet une révélation supérieure à la raison. Reinhardt, Planck et Bretschneider en sont les représentants.
SURÉROGATOIRES, v. Œuvres.
SURIUS, Laurent, né 1522 à Lubeck (Suyr de Lubeca), fils d'un orfèvre, étudia à Francfort s. l'Oder et à Cologne, où il se lia avec Ca-nisius, entra 1542 dans l'ordre des chartreux et combattit avec violence le protestantisme, qu'il assimilait à l'islamisme. Pieux d'ailleurs, savant, écrivant bien le latin, il obtint les éloges de Pie V pour ses Vies des Saints, 6 vol. f°, Cologne, 1570, et l'autorisation de se consacrer entièrement à ses travaux littéraires. On a encore de lui un Comment, abrégé des événements qui se sont passés de 1500-1564, écrit en réfutation de Sleidan, mais faible et rempli de récits absurdes contre les réformateurs, que Seckendorf a relevés dans son Hist. du luthéranisme; quelques Homélies et Discours de docteurs célèbres sur des textes pour tonte l'année, une Hist. des conciles généraux et provinciaux, diverses traductions, etc. f 23 mai 1578.
SURNATUREL, ce qui est en dehors et an-dessus des lois ordinaires de la nature. Il existe un ordre de choses stables, bien constaté par la science, des lois fixes, un ensemble de causes et d'effets dont chacun admet l'existence, et en dehors duquel le monde ne saurait ni se développer, ni se maintenir. C'est l'ordre naturel. Peut-on croire, comme la Bible le dit, qu'il y ait eu dans l'histoire des événements produits autrement que par ces causes naturelles? C'est une question qui ne peut être examinée qu'autant qu'on reconnaît un Dieu personnel, libre et créateur. Hors de ce postulat il n'y a pas de discussion possible. Pour le panthéisme comme pour l'athéisme la question n'existe pas; elle ne se pose que pour les théistes, mais là même elle rencontre des solutions et se heurte à des objections diverses, d'autant plus nombreuses que l'idée même de Dieu est plus vaste et pins complexe. Plusieurs acceptent Dieu, mais nient le miracle, le surnaturel, qu'ils regardent comme une violation des lois de la nature, comme une rupture violente, comme un désordre fondamental. Ils contestent, sans le prouver, qu'une force nouvelle puisse trouver place et fonctionner à son tour au milieu des lois qu'ils invoquent. Ils oublient que parmi les lois connues, il eu est qui peuvent à un moment donné se neutraliser les unes les autres, sans qu'il en résulte aucun désordre.
On a combattu le surnaturel au nom de l'immutabilité et de la prévoyance de Dieu. Changer les lois qu'il a faites lui-même, dit-on, c'est se contredire; c'est reconnaître aussi que le monde a été mal fait, et que son oeuvr a besoin d'être retouchée. Mais si la volonté centrale de Dieu est le bien, la beauté, la perfection, elle ne change ni ne se contredit en se manifestant sous des formes diverses appropriées à des besoins différents et à des circonstances particulières. Quant à l'objection que l'ouvrier qui doit remanier son ouvrage est un mauvais ouvrier, elle fait complètement abstraction du mal qui s'est introduit dans le monde. Dieu avait créé l'homme bon, nuis libre, et c'est en vue d'un état normal qu'il avait donné ses lois. L'homme a usé de sa liberte pour mal faire, et c'est quand il a troublé ainsi l'œuvre de la création et infiltré du poison dans toutes les sources vivifiantes, quand il a élevé des idoles sur les ruines du monothéisme, quand i! va se précipitant, lni et les générations futures, dans le désordre et les ténèbres d'un avenir inconnu; quand il sème à pleines mains une graine qui de génération en génération augmente la confusion et corrompt les âmes immortelles; quand au milieu de ce péle-méle de toutes les passions, quand dans ce dérèglement général, Dieu intervient directement pour arrêter la gangrène et sauver l'humanité qui se perd, c'est alors qu'on viendrait lui dire: Tu es un mauvais ouvrier; ton travail est à refaire ! Sans doute Dieu aurait pu créer l'homme impeccable, lui imposer l'innocence, le priver de sa liberté; mais il n'y aurait plus eu alors ni bien, ni sainteté, ni vertu chez l'homme; et Dieu lui-même n'aurait sauvegardé sa prévoyance qu'au prix de sa miséricorde et de son amour; sa puissance même aurait été bornée, puisqu'il n'aurait pas eu le droit de créer des êtres libres. Le surnaturel n'est donc pas un bouleversement de l'œuvre du Créateur; il en est au contraire la restauration possible à certains moments critiques; il est le remède à côté du mal.
Quant à la ligne qui sépare le naturel du surnaturel, on ne peut pas la déterminer d'une manière certaine. Toutes les sciences ont fait des progrès, et chaque année elles en font de nouveau; mais elles arrivent toujours à un point où la cause première leur échappe, Dieu qui a donné à tous t la vie, le mouvement et l'être. » Et s'il est insensé de croire au surnaturel, est-il beaucoup plus sensé d'aller de l'avant et de nier ou d'affirmer avec aplomb, quand on ne peut ni définir la vie, ni expliquer l'origine du mouvement. Les vrais savants sont toujours modestes, parce qu'ils ont vu qu'il y a des bornes à la science; ces bornes peuvent reculer devant l'étude, comme l'étendue recule devant le perfectionnement des instruments d'optique, mais le sage pressent qu'il y a toujours quelque chose plus loin, là derrière, au delà. Même dans le domaine de la biologie et de la psychologie il y a des choses qu'on ne comprend pas, des forces dont on ne se rend pas compte; il y a les nerfs, les pressentiments, la seconde vue, le magnétisme, les sympathies et les antipathies, les influences; en un mot il y a dans l'homme des mystères, des forces et des faiblesses qui ne s'expliquent ni par la physique, ni par les mathématiques, ni par la logique, et que l'on est bien forcé d'admettre sans les comprendre. L'histoire est pleine de faits étranges, et quelque envie qu'on ait de les nier, on ne le peut en présence de l'évidence et des preuves. Et l'on voudrait que celui qui gouverne le monde et qui avait fait l'homme droit, restât seul inerte, désarmé, sans force, en présence de son œuvre désorganisée par le péché ! Pour combattre en théorie le surnaturel, on devrait d'abord établir sur des bases solides ce que c'est que le naturel, prouver qu'on le possède et qu'on le connaît tout entier, et établir qu'il n'existe pas d'autres lois ou d'autres forces qui permettent à Dieu d'intervenir quand il le juge convenable. Depuis les Bacon, les Newton, les Pascal, les Leibnitz, les Keppler, jusqu'aux De la Rive, aux Dumas, aux Pasteur, ceux qui ont sondé les cieux ou la terre ont reconnu qu'il y a partout des lois admirables de régularité, mais soumises à un législateur qui a fait les lois pour l'homme, et non pas l'homme pour les lois. V. Riggenbach, Vie de Jésus; Godet, les Miracles de J.-C.; E. Naville, la Vie éternelle; Poulain, Rép. à M. Réville; Hermann Bost, Essai sur le Miracle, etc. J.-J. Rousseau dit, dans sa 3m« Lettre de la Montagne: « Si un homme affirmait que Dieu ne peut pas faire de miracle, ce serait lui faire trop d'honneur que de le punir; il suffirait de l'enfermer. •
SUSON, Henri, mystique, né 21 mars 1300 à Uberlingen (Constance?), d'un père militaire appartenant à la famille de Berg, et d'une mère pieuse, Siuse ou Stlss, dont il prit le nom, parce qu'elle avait exercé sur son âme une grande influence; elle f 1318. Il entra en 1313 comme novice au séminaire des prédicateurs de Constance, et se rendit ensuite à.Cologne pour étudier la théologie. Après sa conversion, due en partie au mystique Eckhart, il crut devoir à 18 ans renoncer à la science et il rentra dans son couvent pour s'y livrer, au milieu de beaucoup de macérations, à la recherche de la sagesse éternelle. C'était plutôt un poète qu'un penseur, et sa philosophie était plutôt du quiétisme. A 40 ans il quitta le couvent, dont un moine à moitié fou l'avait accusé d'avoir empoisonné la fontaine, et il se mit en relation avec les mystiques du HauURhin, notamment Tauler et Henri de Nôrdlingen. Il se lia aussi avec les amis de Dieu, et fonda une confrérie de la sagesse éternelle, f 25 janv. 1365 à Ulm, dans le couvent des dominicains où il fut enterré. Son tombeau ayant dû être ouvert en 1613, il en sortit, dit la chronique, un parfum délicieux. On a de lui un livre de la Sagesse, un autre de la Sagesse éternelle, 11 Lettres, et son Autobiographie, écrite par lui pour Élisabeth Stâglin, dominicaine au couvent de Ttfss, près Winterthour.
SUTRI, petite ville des États de l'Église, non loin de Viterbe, évêché depuis 487. Il s'y tint le 20 déc. 1046 un concile convoqué par Henri III pour mettre lin au schisme des 3 papes, accusés de simonie. Sylvestre III et Benoît IX furent destitués; Grégoire VI, qui présidait, fatigué des intrigues de cardinaux ambitieux, donna sa démission et fut remplacé par Clément II. Ce fut, sous l'influence allemande, le commencement d'nne ère plus calme et plus honnête pour la papauté.
SWÀNTEWIT, v. Rugen, Slaves.
SWEDENBORG (de), Emmanuel Swedberg, né 29 janv. 1688 à Stockholm, fils de l'év. de Skara, Vestrogothie, richement doué, très bien élevé, saisit de bonne heare le christianisme par son côté pratique. Il étudia Ja-4héofc, les langues et les sciences exactes et naturelles, voyagea beaucoup, et à son retour se fixa à Upsal. A 27 ans il publia son: Dédale hyper-boréen, dissertations scientifiques, qui fut fort remarqué, et en 1716 Charles XII le nomma assesseur des mines. Il fit de nombreuses découvertes en métallurgie et en mécanique, et en 1719 Ulrique-Éléonore lui conféra des lettres de noblesse sons le nom qu'il a illustré, ce qui lui donna une place dans les États du royaume. En 1734 il publia 3 in-fol. sur des questions métallurgiques et philos., dans lesquels on trouve déjà le germe des idées sur l'univers, qu'il développa plus tard. En 1738 nouvelles études sur l'Economie du règne animal. Il est nommé membre de la Soc. des sciences de Stockholm, et associé de l'Acad. de Pétersbourg. Il visite l'Allemagne, l'Italie, la France et l'Angleterre, et pendant un séjour à Londres, 1743, sous l'influence de ses constantes préoccupations, il a une vision, des révélations d'en-haut; Dieu lui dit: Je suis te Seigneur, Créateur et Rédempteur; je t'ai choisi pour faire connaître aux hommes le sens intérieur et spirituel des saintes Écritures; je te dicterai ce que tu dois écrire. Dès lors, sans renoncer complètement à la science, sa vie prit une direction nouvelle et il se consacra aux études bibliques, philos, et mystiques, s'appliquant à connaître et à définir des choses qui échappent à l'entendement humain. Il ne devint pas un hérétique, puisqu'il conserva les grandes bases de l'Évangile, la foi à l'inspiration de la Bible, la doctrine du péché, la divinité de J.-C., l'action de Dieu sur l'&me par le Saint-Esprit, l'immortalité heureuse ou malheureuse. Il ne se posa pas non plus en chef de secte, puisqu'il resta dans l'Égl. officielle, tout en ayant des réunions à lui; il conservait les deux sacrements institués par J.-C. et n'innova pas en matière de cérémonies ou de culte. Ce qui le caractérise plutôt, c'est l'interprétation qu'il donnait des doctrines reçues, et surtout quelques vues particulières qu'il avait sur le monde. sur ses rapports avec Dieu, et sur les anges bons ou mauvais. Il admettait l'unité entière de l'univers, mais avec un constant parallélisme, Dieu et le monde, le bien et le mal, le spirituel et le matériel, le macrocosme et le microcosme. Jésus était Jéhovah lui-même, ayant pris la nature humaine, mais pour la diviniser; en lui résidait corporellement toute la plénitude de la divinité, Col. 2, 9. Il renfermait en lui-même la Trinité, étant à la fois Père, Fils et Saint-Esprit, Jean 12, 44. 45. La mort de Jésus n'était pas une expiation, mais le triomphe définitif de la lumière sur les ténèbres et l'écrasement de la puissance du mal. La Bible est inspirée dans toutes ses paroles, mais l'homme naturel n'en comprend que le sens matériel; le sens spirituel n'est saisi que par l'homme régénéré, et il faut la communication directe de Dieu pour arriver au sens céleste. Quant à la sanctification, l'homme ne peut rien sans la grâce de Dieu, mais il doit cependant faire tous ses efforts, comme si tout dépendait de lui. Ce qui fait l'originalité et la spécialité de son système, ce sont ses idées sur les rapports de l'homme avec le monde invisible; tout se tient, et chaque homme est en relations avec des esprits, anges ou démons; s'il n'en a pas toujours conscience, c'est faute d'attention ou de réflexion; suivant qu'il écoute les uns ou les autres, il s'améliore ou se corrompt davantage. Il admet que l'âme humaine a la forme du corps, mais toujours plus fine et plus spirituelle a mesure que l'homme se purifie.7 Il y a là tous les éléments de ce qui est devenu plus tard le spiritisme, q. v. Le monde n'a pas été créé de rien, mais d'une émanation de la substance divine, de Dieu qui a fait de l'univers visible le dépositaire et le représentant de sa sagesse, particulièrement dans l'homme, et de son amour, particulièrement dans la femme. Swedenborg continua de remplir ses fonctions jusqu'en 1747, donna sa démission, se retira avec une demi-pension, refusa les honneurs nouveaux qui lui furent offerts, et séjourna dès lois tour à tour à Londres où il avait de nombreux sectateurs, à Amsterdam où il publia de nombreux écrits, et à Stockholm où il compta toujours de précieux amis. Ses qualités de cœur et d'esprit, le charme et la noblesse de sa personne et la haute position de ses protecteurs le défendirent contre les procès de tendance que plus d'une fois une partie du clergé aurait voulu lui faire, + 29 mars 1772. Outre ses livres scientifiques il a laissé un grand nombre nombre d'ouvrages, qui ont été trad. en français, en anglais et en allemand; les principaux sont (en latin): Les mystères célestes; Le ciel et l'enfer; Le jugement dernier; la Nouvelle Jérusalem; Doctrines de la nouvelle Église, et surtout: la Vraie religion chrétienne, où il résume ses idées sur la foi. D'autres sont restés en mss. dans les biblioth. de Stockholm et d'Upsal. Sa doctrine, par ce qu'elle a de fantastique et de mystérieux, se répandit rapidement, et ses adhérents se constituèrent en secte, ou pelite Église, sous le nom de swedenbor-giens, tout en continuant de demeurer dans l'établissement officiel; ils comptaient parmi leurs membres le duc de Sôdermanland et le prince qui devint Charles XIII. Mais c'est en Angleterre surtout que la Nouvelle Jérusalem trouva un terrain bien préparé, et qu'elle prit un développement remarquable. De hauts dignitaires ecclésiastiques se prononcèrent en sa faveur, Hartley recteur de Winwick, John Clo-wes recteur à Manchester, etc. Les sectateurs se comptaient par milliers, les livres se vendaient par cent mille. Une première église fut bâtie à Great Eastcheap, Londres, 1788, et maintenant il y en a en Angleterre dans les principales villes, en tout plus de 50, avec écoles, sociétés missionnaires, soc. des Traités, etc. Il y en a aussi en Suède, aux États-Unis <70 congrégations), an sud de l'Afrique, etc. Ils ont plus de 10 journaux, et plusieurs séminaires. En Allemagne leur principal représentant a été Tafel, de Tubingue, f 1863, auteur de divers ouvrages sur ce sujet; puis L. Hofacker, procurateur à Tubingue, et Tafel jeune, rédacteur d'un journal. OEuvr. trad. en fr. parMoët. Vie et Notice, par Matter, Paris 1863.
SWETCHINE (Madame). Sophie Soymonof, née 1782 à Moscou, d'une vieille famille russe; mariée à 17 ans au général Swetchine qui en a 42. Le milieu dans lequel elle vivait, la cour de Paul Ier, la guerre, les émigrés, tout éveillait en elle des idées et des besoins religieux. Sous l'influence de Joseph de Maistre elle se fit catholique, et se fixa à Paris depuis 1816 jusqu'à sa f 1859, réunissant dans son salon tous les représentants du catholicisme libéral, Monta-lembert, Lacordaire, Tocqueville, etc. Auteur de quelques écrits mystiques et fortement pensés: la Vieillesse, la Résignation. M. de Falloux a publié sa vie et ses œuvres, V. aussi Sainle-Beuve, et Schérer. Bonne et charitable, remarquable par l'élévation de son caractère, elle ne l'était pas moins par son esprit et la beauté de son intelligence, qui lui faisait pardonner un faible qui lui était resté pour les petites superstitions de son culte.
SYDNEY, ville d'Australie, fondée 1787, archevêché catholique depuis 1842, avec Hobart-Town et Adélaïde pour suffragants; il a fait venir d'Italie de nombreux prêtres et religieux, mais a rencontré beaucoup de difficultés. Ses missionnaires n'ont obtenu aucun succès chez les indigènes, et les paroisses se composent surtout d'Italiens et d'Irlandais émigrés. , SYLLABUS, le dernier manifeste du catholicisme romain avant le conc. du Vatican. Il porte la date du 8 déc. 1864 et la signature de Pie IX. C'est une rupture définitive avec l'esprit, le monde moderne et la civilisation; c'est le désaveu officiel et complet de tous les efforts tentés par Bordas-Demoulin, Huet, Ozanam, Montalembert et autres grands cœurs, pour réconcilier le 19®* siècle avec le catholicisme. Un concile venait d'avoir lieu à Malines, dans lequel des voix généreuses, dévouées au saint-siège, avaient plaidé la cause de la tolérance et de la liberté. L'entourage de Pie IX lui dicta cette réponse, acte de folie autant que de courage, bravade inutile, qui fut comme un coup de foudre pour tous les catholiques religieux non militants, et qui venait confirmer ce que le protestantisme n'a cessé de répéter, que le catholicisme ne peut se concilier avec aucune liberté, sans abdiquer par le fait même. Grégoire XVI, en 1832, dans sa Bulle Mirari vos, avait déjà fait ou renouvelé sa déclaration de guerre, mais Pie IX s'était promis de le dépasser et il y a réussi. Le document se compose de 3 parties: 1<> la circulaire, ou encyclique, adressée à tous les patriarches, primats, archev., évêques, etc.. dans laquelle il condamne d'une manière générale toutes les conquêtes de l'esprit moderne; 2° le syllabus, dans lequel il énumère, pour les condamner et les anathéma-tiser, 80 thèses ou propositions admises comme autant de principes vrais par la société et les législations contemporaines; 3° la proclamation d'un mois d'indulgences pour 1865, sous la forme d'un jubilé. Le syllabus condamne en 10 chapitres la révolution et l'incrédulité, mais il range tout sous ces titres: le naturalisme et tous les genres de rationalisme, l'indifféren-tisme, le socialisme, le protestantisme, les sociétés secrètes, les sociétés civiles, la liberté de conscience, le libéralisme politique, l'indépendance réciproque de l'Église et de l'État, le mariage civil, etc. Il rappelle même les vieilles notions sur la sorcellerie, et revendique le droit pour l'Église de sévir contre les sorciers. L'effet fut terrible, et le monde catholique fut consterné. A Naples on brûla publiquement cette pièce. L'Autriche, la France, l'Italie, le Portugal, la Prusse, la Russie en interdirent la publication officielle; l'Espagne ne l'autorisa qu'en prétextant la liberté de la presse; et s'il y eut dans le clergé de grandes défaillances, ce n'en fut pas moins dans plusieurs pays le commencement ou l'aggravation de cette révolte qui a reçu le nom de catholicisme libéral, ou deKul-turkampf.
SYLVAIN, ou Silos, 1° surnom apostolique choisi par Constantin, fondateur de la secte des Pauliciens; v. Al. Lombard, p. 12 et suiv. Lapidé 684 par ordre de l'empereur; son fils adoptif, Juste, lui jeta la première pierre. Sy-méon, qui présidait à l'exécution, se convertit et, sous le nom de Tite, remplaça bientôt Sylvain comme chef de la secte. — 2<> Antitrini-taire du Palatinat, aussi relâché dans ses mœurs que dans sa doctrine, et censuré pour son immoralité par Jean Casimir, qui ne lui était d'ailleurs pas opposé. Inspecteur ecclésiastique à Ladenbourg, il s'opposa avec Éraste à l'introduction de la discipline, et combattit en juin 1568 les conclusions de l'anglais Wither à Heidelberg. Il travailla avec ardeur en faveur de son parti, mais à la diète de Spire 1570, on découvrit qu'il intriguait avec les antitrinitai-res de la Transylvanie, notamment avec Blan-drata, et que même son ami Neuser avait correspondu avec le sultan. Lorsque l'empereur fut informé du fait et qu'il en eut les preuves écrites, il fit emprisonner les deux amis. Neuser réussit à s'enfuir; il se retira à Constantinople où, d'abord turc, puis athée déclaré, il finit par mourir d'une maladie honteuse. Sylvain fut condamné sous le double chef de blasphème et de trahison, et eut la tête tranchée à Heidelberg, 23 déc. 1573.
SYLVESTRE 1° né à Rome, pape du 31 janv. au 31 déc. 314. f 335, protégé par Constantin. C'est la fin des persécutions impériales. Sous son pontificat, mais en dehors de son initiative et de son concours, se réunit le premier grand conc. écuménique, celui de Nicée 325. Commencement de l'hérésie des donatistes. La légende fait remonter à cette date la prétendue donation de Constantin qui sert de base à la puissance temporelle des papes. C'est lui qu'on fête le 31 décembre.
2° Sylvestre II; le premier pap3 français, Gerbert, né vers 930 d'une famille obscure à Ànrillac, Auvergne, élevé dans un couvent de sa ville natale, compléta ses études en Espagne auprès de maîtres arabes, entra dans l'ordre des bénédictins, et fut successivement le précepteur d'Othon III, fils d'Othon H, et de Robert, fils de Hugues Capet. Abbé de Bobbio, il fut nommé archev. de Reims, en remplacement d'Arnouid, ou Arnulphe, déposé, 992; puis archev. deRa-venne997, enfin pape sous l'influence d'Othon III, 999. Il avait combattu énergiquement au concile de Reims les prétentions des papes; une fois sur le trône il changea de principes. C'était l'homme le plus savant de son siècle, dit-on, en mécanique, géométrie, astronomie; il introduisit en Europe l'horloge à balancier et l'usage des chiffres arabes (aussi l'a-t-on accusé de sorcellerie). On a de lui quelques opuscules et 149 épitres. C'est lui qui le premier mit en avant la folle et grandiose idée des croisades, f 12 mai 1003. Il avait beaucoup voyagé, en France, en Espagne, en Allemagne et en Angleterre. Il rêva avec Othon la domination universelle, l'un possédant le pouvoir temporel, l'autre le pouvoir spirituel; il prit lui-même le titre de iummus et universalis papa; mais ce rêve ne pouvait se réaliser qu'à la condition d'une entente complète et constante. Vie, par Richer; v. aussi DœlUnger,Hefele,GregoroTios.
3° Sylvestre III, antipape 1043. Évêque de Sabine, élu en remplacement de Benoît IX que les Romains dégoûtés de ses crimes venaient de chasser. Il ne dura que 3 mois et fut à son tour expulsé de Latran par Benoit qui avait repris le dessus. Deux autres antipapes, Jean XXII et Grégoire VI lui sucédèrent, jusqu'au moment où un concile, convoqué par Henri III, mit fin par des destitutions à ce pontificat à trois têtes, 1046.
SYLVESTRIENS, ordre fondé 1231 par Sylvestre Gozzolini, né 1771 à Osimo, Etats de l'Église. Chanoine de sa ville natale, mais tristement frappé de la vanité des choses terrestres, il se retira dans une solitude où quelques amis vinrent le rejoindre; ils b&tirent un couvent, adoptèrent la règle de Benoît, et furent reconnus 1247 par Innocent. Robe, scapulaire, capuchon, manteau brun-foncé. Il f dans un âge avancé. Il y eut aussi des sylvestriennes. L'ordre n'ayant pas un but précis, a touj. eu peu d'adhérents, et s'est deux fois fondu dans d'autres ordres. Il en existe encore quelques restes en Italie, à Ancône, Pérouse, etc. Jeûnes sévères, et de temps en temps des flagellations.
SYMBOLES, tout ce qui dans l'A. T. figurait d'une manière matérielle et sensible des choses spirituelles, promesses ou doctrines; ainsi les sacrifices, le tabernacle, les vêtements sacerdotaux, le voyage dans le désert; v. Dict. de la Bible, art. Types. Le N. T. a déterminé pour la foi des fidèles deux symboles, le baptême et la cène. La primitive Église affectionnait les symboles dans la vie journalière, dans l'ornementation des maisons; elle les empruntait à l'histoire sainte, mais sans y rattacher d'idées superstitieuses. Plus tard, quand survinrent les persécutions, les symboles furent un signe de ralliement, compris des seuls initiés; on les avait gravés d'abord sur les coupes, les vases, les bagues, on les mit sur les tombeaux dans les catacombes; c'étaient un pêcheur, une barque, une colombe, une vigne, un poisson, la croix, etc. L'Apocalypse même renferme de nombreux symboles relatifs à l'état de l'Église d'alors; il eût été trop dangereux de tout dire en un langage précis, et d'annoncer eu termes propres la chute de Rome et de l'empire; toat est voilé, symbolisé sous la forme de bétes ou de chiffres. Mais peu à peu, comme tout se gâte, le symbole tourna à l'énigme ou à la légende, on inventa saint Georges terrassant le dragon, le lys et la rose représentèrent Marie, un nimbe entoura la tête des saints, etc. — On donne aussi le nom de symboles, ou livres symboliques, aux écrits petits ou grands, qui représentent avec une autorité convenue la foi d'une Église; ainsi les décrets des premiers conciles relatifs à la foi s'appellent symboles, le nom de canons s'appliqnant surtout aux arrêtés qui concernent le culte et la discipline. Les protestants se servirent plutôt d'abord du mot de Confession de foi, mais depuis la Formule de concorde on employa aussi le mot de symbole. La Conf. de foi d'Augsbourg, l'Apologie, les articles de Smalcalde et le catéchisme de Luther, sont les livres symboliques du luthéranisme; la Conf. de foi de La Rochelle, les actes du synode de Dordrecht, le catéchisme de Heidelberg, ont été admis par diverses égl. réformées comme leurs livres symboliques; l'Église anglicane a ses 39 articles et ses liturgies; l'Égl. grecque catholique a le livre de P. Mogilas 1642; l'Égl. catholique a les décrets des papes et des conciles qui se modifient ou se complètent de temps à autre par des bulles ou des décrets nouveaux. — La Symbolique est l'étude des symboles, et désigne naturellement 2 sciences distinctes, suivant le double sens du mot symbole; mais on l'entend le plus souvent dans le second sens, comme l'étude comparée des dogmes des différentes églises. Objectivement elle appartient à l'hist. ecclésiastique; subjectivement, à la dogmatique.
SYMMACHIENS 1° Secte mentionnée par Philastrius, comme attribuant au diable la création du corps et recommandant d'en abuser le plus possible; ils niaient aussi tout jugement de Dieu. Elle remonterait à un certain Patricius de Rome. Étymoiogie inconnue. 2® Autre secte d'un caractère ébionite, d'après Ambroise, et qu'Augustin rattache aux Nazaréens; ils avaient la loi et la circoncision, mais aussi le baptême.
SYMMAQUE 1° Samaritain distingué du temps de Septime Sévère; froissé peut-être de n'être pas suffisamment apprécié de ses coreligionnaires, il passa au judaïsme; il traduisit les livres canoniques de l'A. T., s'attachant au sens plutôt qu'aux mots; sa version, très appréciée, a été reçue par Origène dans ses Hexaples. Eusèbe et Jérôme en font un ébionite, et quel-ques-uns le font le chef des symmachiens, q. v.
2° Quintus Aurelius S., né vers 330, questeur, préteur, pontife, préfet de Rome; païen zélé, orateur très éloquent, réclama de Gratien et de Valentinien II le rétablissement de la statue de la Victoire, que Constantin avait fait enlever du Capitole. Combattu par Ambroise, il fut banni par Théodose, mais rentra en grâce et fut nommé consul 391. On a de lui 965 lettres, et sa Requête pour le maintien de la religion païenne.
3° Pape 498-514, Sarde de naissance, accusé de crimes horribles par son rival Laurent, triompha de lui grâce au roi goth Théodoric. 11 fut absous par le concile de Palma. Il se montra ardent contre l'eutychianisme, le nestoria-nisme, et l'Hénoticon de Zénon.
SYMPHORIEN, d'Autun, fils de Fauste, jeune chrétien d'une éducation distinguée, refusa dans une fête d'adorer la statue de Cybèle et fut emprisonné, puis frappé de verges. Comme sa mère l'exhortait à persévérer, il fut conduit devant les portes de la ville, décapité, et son corps enterré dans un champ; une cellule d'abord, puis une chapelle fut élevée sur son tombeau, et l'on dit qu'il s'y fit des miracles. Canonisé. Son martyre eut lieu le 22 août 270, ou 280, selon d'autres 179.
SYMPHOROSA, veuve du tribun martyr Gé-tulius, de Tivoli. La légende raconte qu'Adrien s'étant fait bâtir une villa, comme on l'inaugurait les démons se plaignirent du supplice que leur imposaient les constantes prières de cette femme. L'empereur la somma de renier sa foi, et sur son refus la fit fouetter, pendre au temple d'Hercule par les cheveux, et finalement noyer avec une pierre au cou. Son fr. Eugène pourvut à ses funérailles. L'emp. fit ensuite prendre ses 7 fils, les fit attacher à un poteau et percer en différents endroits du corps; le plus jeune fut scié en long. Les cadavres furent jetés le lendemain dans une fosse, que l'on montre encore sous le nom de: Aux sept morts vivants. Ce petit roman rappelle trop la mère des Maccabées.
SYNCELLE, v. Georges 3<>.
SYNCELLES (compagnons de cellule), dignitaires ecclésiastiques, qui forment souvent chez les grecs l'entourage de l'évêque; peut-être d'anciens amis de couvent, peut-être des gardes du corps chargés de le protéger en cas de danger ou d'émeute, dans des temps difficiles; peut-être des conseillers ou de simples compagnons pour animer leur solitude; peut-être parfois des surveillants. Leur chef portait le titre de protosyncelle; il était le confident et le confesseur attitré de l'évêque, et sa position était considérable dans certaines villes, notamment dans des patriarcats comme Constantinople. Les empereurs, par politique, ne dédaignaient pas de donner ces fonctions à des princes de leurs familles, quoique en général elles ne dussent appartenir qu'à des ecclésiastiques. Le protosyncelle était d'ordinaire le successeur désigné de l'évêque.
SYNCRÉTISME. Chez les Alexandrins c'était, en philosophie, le mélange d'opinions contradictoires, inconciliables, dont on essayait de faire un ensemble unique, aussi confus que peu homogène. Dans Plutarque c'est l'association momentanée des républiques crétoises contre l'ennemi commun. Érasme a relevé le mot dans ses Adages, et il lui donne à peu près le sens d'éclectisme. A l'époque de la Réformation il signifia pour plusieurs le devoir et la nécessité d'unir toutes les forces du protestantisme poar combattre avec efficace le catholicisme, mais quelques-uns, des luthériens surtout, ne virent dans cette tentative que le lâche abandon de leurs principes et un malheureux essai d'allier le vrai au faux pour en faire sortir une doctrine composite aussi dangereuse qu'inintelligible. Dès lors le mot fut pris en mauvaise part. C'est au nom paisible de Calixte que se rattache l'origine des longues luttes, pleines d'étroitesse, qui ont fait le fond de la théol. allemande au 17®e siècle. Le prof. d'Helmstâdt aurait voulu que sur la base du Symbole des apôtres, les protestants s'unissent pour travailler ensemble au développement de la vie religieuse, au lieu de se retrancher derrière des formules abstraites, qu'il qualifiait de barbares. Hoë de Hoënegg, à la conférence de Iéna 1621, obtint qu'on chargeât un théologien de réfuter l'hétérodoxie d'Helmstâdt. En 1639 un prédicateur de Hanovre prêcha contre < l'Abomination de la désolation > qui remplaçait à Helmstâdt la pure doctrine luthérienne. Le colloque de Thorn, provoqué 1645 par Wla-dislas IY de Pologne dans l'intérét de la paix, ne fit qu'attiser les passions; Galov injuria les théol. de Helmstâdt, les traitant de novateurs, de corrupteurs de la saine doctrine, etc. Calixte répondit à ses adversaires qu'ils étaient des menteurs et d'impudents calomniateurs, s'ils ne rétractaient pas leurs accusations. Cette guerre théologique se poursuivit même après la mort de Calixte 1656, et se compliqua de nouveaux détails; les princes durent intervenir pour modérer les attaques des prédicateurs dans les chaires. Calov ne se laissa pas museler. Le fils de Calixte, Fréd.- Ulrich, intervint à son tour, avec plus de piété filiale que de tact et de prudence. Les universités, les théologiens, les cours de Saxe, de Brandebourg, de Darmstadt, se jetèrent dans la mélée. On linit par imposer silence aux théol. de Wittenberg 1669, et le gros livre de Calov, Hist. du Syncrétisme fut supprimé et mis au pilon 1680. Calov n'en continua pas moins d'écrire jusqu'à sa f 1686. Calixte eut une meilleure fin; son dernier ouvrage, 1700, fut un appel à la paix entre les protestants.
SYNERGISME (du grec Synergein, collaborer, coopérer). Tous les réformateurs, depuis Luther jusqu'à Zwingli, ont professé que l'homme est par lui-même incapable d'aucun bien, et qu'il ne peut se sauver lui-même. Il n'est qu'un instrument, soit entre les mains de Dieu, soit entre celles de Satan; il n'a point de libre arbitre. C'est aussi l'opinion de Mélanchthon dans ses premiers Lieux Communs de 1521. Mais déjà en 1527 ses vues se sont un peu modifiées; il n'admet plus que la conversion soit un changement magique, il la rattache à quelque chose de moral en l'homme; elle est produite par 3 causes, la Parole de Dieu, l'action du Saint-Esprit et l'adhésion volontaire du croyant. Luther était d'accord avec lui. Dieu se tient à la porte et il frappe; c'est l'appel d'en haut. L'homme peut ouvrir ou fermer, c'est son oeuvre. Mais ces questions de liberté sont si complexes qu'il est difficile à l'homme de s'y maintenir en équilibre, et dès que l'on penche d'un côté ou de l'autre les objections se multiplient. Quoi qu'on affirme on se heurte à une impossibilité morale; l'homme a le double instinct de son entière li* berté et de son incapacité pour le bien. Quand on veut systématiser, les difficultés augmentent. Flacius attaqua le synergisme comme une erreur fondamentale. Pfeffinger de Leipzig lui répondit 1555, et bientôt les théologiens furent partagés en 2 camps ennemis. Les universités aussi prirent parti, Iéna pour Flacius, Wittenberg et Leipzig pour les synergistes. Les princes s'en mêlèrent aussi, au point de vue de la paix publique, et il y eut par moments des destitutions de pasteurs et de professeurs, même des emprisonnements, suivant que les ducs qui se succédaient penchaient vers l'une ou l'autre doctrine. Aqj. le synergisme est généralement admis dans le sens de Mélanchthon.
SYNÉSIUS, de Cyrène, né vers 375, païen, descendant du roi Spartiate Eurysthènes. Son père était sénateur. Après avoir étudié à Alexandrie sous la célèbre Hypatie, il fut envoyé 397 comme orateur des 5 villes de la Cyrénaïque auprès de l'emp. Arcadius, à Constantinople, pour réclamer une diminution d'impôts. 11 présenta au roi une couronne, et lui fit un discours sur les Devoirs de la royauté, avec des allusions à l'eunuque Eutropias, qui ne devait pas tarder à tomber en disgrâce. En 400 il s'enfuit, fatigué d'un séjour inutile, et retourne à Cyrène, il raconte ses mésaventures et ses ennuis dans un écrit intitulé: Les Égyptiens, ou De la Providence. Il était probablement alors déjà chrétien, car en 404 il fait bénir son mariage par le patr. Théophile d'Alexandrie. Mais il reste philosophe platonicien et se plaint d'être isolé dans un monde qui ne s'élève pas à sa hauteur. Il cherche à concilier la philos, et la foi, le Christ et Platon, mais même dans ses Hymnes on aperçoit peu l'influence du christianisme. Il aime U chasse et les jouissances matérielles de la vie; il se bat pour repousser une invasion de brigands à Cyrène. L'év. de Ptolémaïs, Cyrénaï-que, étant mort 409, il est élu pour lui succéder, et Théophile ratifie ce choix, mais il n'accepte qu'après de longues hésitations, en réservant qu'il gardera sa femme et ses opinions. Consacré 410, il n'est pas heureux dans son ministère; il souffre d'une position Causse devant les mystères évangéliques et d'une responsabilité pour laquelle il n'est pas fait. Aimé et respecté de son Église, il doit sévir eontre le gouverneur Andronique et l'excommunie pour cause d'immoralité. Ses enfants meurent, ses amis les philosophes d'Alexandrie l'ont abandonné, les brigands du désert renouvellent lears incursions, et dans son découragement il pense à émigrer. Ici ses traces se perdent. On croit qu'il f vers 431. Il eut pour successeur son fr. Ëuoptius, qu'on trouve au conc. d'Éphèse. Outre les ouvrages susmentionnés il a laissé de nombreuses Homélies, 155 Lettres, un traité Des Songes, Dion ou l'Institution de soi-môme, etc.
SYNNADA, ville de Phrygie, connue par ses beaux marbres, et par un concile tenu 235, qui décida la non-validité des baptêmes conférés par les hérétiques.
SYNODE, identiquement le même mot que Concile, le premier en grec, le second en latin; réunion de personnages ecclésiastiques assemblés pour s'occuper des intérêts de l'Église, foi, discipline ou culte. Dans le langage ordinaire l'usage a prévalu de réserver le mot concile pour les assemblées catholiques et spécialement pour celles qui ont un caractère écuménique, tandis que le mot synode s'emploie en parlant des assemblées catholiques plus restreintes, ou des assemblées non-catholiques. Les plus remarquables de ces dernières sont:
I. Les Synode* des égl. réf. de France. Après quelques réunions locales, timides essais d'organisation, les réformés sentirent la nécessité de se grouper et de s'entendre sur les questions de doctrine, d'ordre et de discipline, au moyen des délégués, laïques et ecclésiastiques, des différentes paroisses, et à des intervalles aussi réguliers que le permettraient les circonstances. Ils eurent dans l'espace d'un siècle 29 synodes généraux, qu'ils appelaient nationaux, dont voici l'énumération: r
i<> Paru, 25-29 mai 1559, dans un modeste hôtel garni de la Petite Genève, faubourg Saint-Germain; président ou modérateur, François Morel, sieur de Collonges (toujours un pasteur); ils rédigent et adoptent k l'unanimité la Conf. de foi et la Discipline. — 2° Poitiers, 10 mars 1561; modérateur Ambroise Lebailleur, d'Orléans. — 3» Orléans, 25 avril 1562; modér. Antoine de Chandieu. — 4<> Lyon, 10 août 1563; modér. Pierre Viret. — 5° Paris, 25 déc. 1565; modér. Nicolas des Gallars, sieur de Saules. — 6® Verteuil (Angoumois), 1-7 sept. 1567; modér. De Lestre, de Paris. — 1° La Rochelle, 2-11 avril 1571; modér. Théod. de Bèze. Jeanne d'Albret y assiste avec voix consultative, ainsi que son fils Henri le Béarnais, H. de Bourbon, prince de Condé, Louis de Nassau, Coligny. Adoption définitive de la Conf. de foi votée à
Paris, et qui prend le nom de La Rochelle. — 8» Nîmes, 6-8 mai 1572; modér. Jean de la Place, de Montpellier. — 9° Sainte-Foy (Guyenne), 2-14 févr. 1578; modér. Pierre Merlin, ministre de Coligny. Le roi de Navarre y est représenté par H. de la Tour d'Auvergne, vie. de Turenne, qui devint duc de Bouillon. — 10° Figeac (Quercy), 2-8 août 1579; modér. Antoine de La Faye, ministre du roi de Navarre. — Ho La Rochelle, 28-29juin 1581; modér. Odet deNort, surnommé le pape rochelois. — 12° Vitré (Bretagne), 15-16 mai 1583; modér. P. Merlin. Phil. de Mornay assiste comme délégué du roi de Navarre, ainsi que 3 députés de Malines, Gand et Bruges. Le synode adopte pour sceau un buisson ardent, avec cette devise: Uror, non consumor. — 13» Montauban, 15-28 juin 1594; modér. Michel Bérault; confirme l'Union de Mantes. —14° Saumur, 8-16 juin 1596; modér. Dominique de Losses, dit Latouche, pasteur à Saint-Fulgent; Duplessis-Mornay, gouverneur de la ville; lettre de Henri IV remise par Jean de Serres. — 15° Montpellier, 26-30 mai 1598; modér. Michel Bérault; condamne ceux qui essaient < de méLer les deux religions. > — 16° Gergeau (Orléanais), 19-25 mai 1601; modér. Georges Pacard, ministre à la Rochefoucauld.
— 17o Gap (Dauphiné), 1-23 oct. 1603; modér. Daniel Charnier; adjoint Jérémie Ferrier de Nîmes; déclare que le pape est l'Antéchrist, le fils de perdition; témoigne de la sympathie pour les Vaudois persécutés. — 18® La Rochelle, 1er mars-12 avril 1607; modér. Michel Bérault; confirme l'article de l'Antéchrist, mais ne le réimprime pas; ordonne la création de collèges dans chaque province. — 19o Saint-Maixent (Poitou), 25 mai-19 juin 1609; modér. Jacques Merlin, fils de Pierre; remercie Charnier et Vi-guier pour leurs ouvrages; organise un plan de défense contre les conférences des jésuites. — 20° Privas (Vivarais), 23 mai-4 juill. 1612; modér. D. Charnier. Henri IV vient d'être assassiné. Le synode renouvelle l'Union de Mantes, rétablit la paix entre quelques seigneurs de la religion, et désavoue les lettres de rémission ou d'amnistie lancées par la régente en faveur de ceux qui avaient assisté aux assemblées provinciales; ces assemblées ayant été autorisées, les protestants n'ont pas besoin de pardon (le 11 juill. la régente se rétracta sous prétexte d'explications). — 21o Tonneins (Basse-Guyenne), 2 mai-3 juin 1614; modér. Jean Gigord, prof, à Montpellier; travaille à l'union de toutes les Égl. protestantes, réformées, luthér. et anglicanes, etc.; lettre de Jacques I«r d'Angleterre.
— 22° Vitré, 18 mai-18 juin 1617; modér. André Rivet, pasteur k Thouars, Poitou. —23» Alais, l«r oct.-2 déc. 1620; modér. Pierre Dumoulin; sympathise avec les malheurs des Béarnais; adhère aux décrets de Dordrecht, non sans des réserves, et s'oppose anx empiétements de certaines familles influentes. — 24° Char en-ton, 1er gept.-ier oct. 1623; modér. Samuel Durand. Auguste Gall and, procureur du roi de Navarre, se présente inopinément comme commissaire royal pour ouvrir le synode et empêcher qu'on fasse t rien de préjudiciable k la paix publique. » Le synode se soumet, mais en réclamant; il doit céder aussi sur la question des pasteurs étrangers; Primerose et P. Dumoulin sont bannis de France. On voit que les temps sont mauvais. — 26° Castrez, 16 sept.-5 nov. 1626; modér. Jean Chauve, de Genève, pasteur à Sommières. Galland, commissaire royal, fait un discours irritant; Chauve répond humblement, mais nettement. Le synode prend des mesures sévères contre les gens dissolus, qui déshonorent la religion par leur vie. — 26° Charenton, sept.-10 oct. 1631; modér. Jean Mestrezat. Commiss. royal, Aug. Galland, toujours plus hautain, vrai représentant de Richelieu; il parle et commande comme s'il était le synode, fait rayer des pasteurs, interdit à des députés de siéger. La Rochelle vient d'être prise; les prot. ne sont plus que tolérés; il faut bien obéir k la force. Encouragements votés à Sau-maise et à Blondel. — 27<> Alençon, 27 mai-9 juill. 1637; modér. Benj. Basnage. que Galland avait voulu faire exclure du précédent synode. Commiss. royal, Saint-Marc, conseiller d'État, encore plus altier que Galland. Il fait un long discours de reproches, interdit aux pasteurs d'aller prêcher dans les annexes, demande qu'ils reconnaissent comme valables les baptêmes faits pir des sages-femmes, et s'oppose à la lecture du cahier des griefc, sous prétexte que c'est de la politique. Basnage lui répond. Discussion sur Amyraut et Testard. — 28° Charenton, 26 déc. 1644-27 janv. 1645; modér. Antoine Garissoles, pasteur à Puy-Laurens. Commiss. royal, Cumont de Boigrollier, meilleur que les précédents; exorde bienveillant, mais harangue impérieuse < prescrite par Leurs Majestés; » réponses énergiques de Garissoles. Doléances. La question Amyraut de nouveau discutée. La Milletière excommunié. — 29° Loudun (Anjou), 10 nov. 1659-10 janv. 1660; modér. Jean Daillé. Commiss. royal, Jacques de la Magdeleine, ami des églises, lit avec tristesse un discours blessant pour le présent, funeste pour l'avenir; il mentionne comme le dernier degré d'insolence, que les pasteurs continuent de visiter leurs annexes; il interdit toute discussion sur le choix fait par le roi de M. de Ru-vigny comme député des églises, et termine en annonçant que, par économie, il n'y aura plus de synodes généraux, les synodes provinciaux pouvant suffire. C'était décapiter les églises, avant de leur infliger la Révocation. Une dépu-tation envoyée à la cour fut reçue poliment, mais ne put rien obtenir. C'en était fait de l'existence officielle des églises. Bientôt elles devaient être hors la loi. Mais elles ne s'abandonnèrent pas; à côté des synodes provinciaux, elles continuèrent, quoique à de longs intervalles, d'avoir des synodes nationaux officieux; ainsi 16 et 17 mai 1726, dans une vallée du Vivarais; modér. Jacques Roger; —11 nov. 1727 dans le Dauphiné; 26-27 sept. 1730, Vivarais: modér. Pierre Durand; — 11-21 août 1744 à Lédi-gnan; modér. Michel Viala; — 1M8 sept. 1748, dans les Cévennes; modér. Pierre Peyrot; — 4-10 mai 1756, Hautes-Cévennes, même modér.; —1-9 sept. 1758, Cévennes; modér. Paul Rahaut; —1-10 juin 1763, Bas-Languedoc, même modér. Puis pendant 85 ans, plus rien. En mai 1848 assemblée préparatoire à Paris, président Borrel de Nimes; sept, et oct. 1848, à Paris, assemblée générale; président Buisson, de Lyon. Enfin en 1872, à Paris, par convocation du gouvernement, synode générai; modér. Ch. Bastie, de Bergerac (Histoire, par Bersier). Dès lors de simples synodes officieux, mais d'une grande action morale.
La plupart des égl. réformées ont des synodes réguliers en Suisse, Hollande, Belgique, etc. — Pour des synodes particuliers, v. les art. spéciaux: Dordrecht, Quercum, etc.
II. Saint-synode, autorité supérieure de TÉgl. russe, établie à Pétersbourg, fondée par Pierre-le-Grand, après la mort du patr. Adrien, 1700. L'emp. ne voulant pas d'un pouvoir supérieur, ou même égal au sien, fit gouverner quelque temps l'Église par l'administrateur, et le 23 févr. 1720 supprima le patriarcat et le remplaça par un conseil d'ecclésiastiques notables, nommés par lui parmi les évêques et les supérieurs de couvents, en général au nombre de douze. Ce conseil est chargé de maintenir l'orthodoxie dans l'Église; il choisit les catéchismes et les liturgies, feit des présentations en nombre double pour les évêchés, et adresse chaque année un rapport k l'empereur. Il a aussi la surveillance des couvents d'hommes et de femmes.
III. Synode d'Athènes, créé à l'instar du saint-synode de Russie, le 15/27 juillet 1833 à Nau-plie, sur la proposition du gouvernement grec et avec l'adhésion des 36 évêques du nouveau royaume. Complètement indépendant vis-à-vis de la Russie, quoique de même religion, le synode, nommé par le roi, administre librement pour tout ce qui concerne le culte, mais a besoin de la ratification de l'État pour les questions d'ordre civil, mariages, séminaires, fixation de jours de fêtes, enseignement, etc. Le roi nomme les évêques et les 2 administrateurs civils.
SYNOUSIASTES, nom d'un parti d'apolli-naristes qui soutenaient que la chair du Christ était de nature céleste et ne formait qu'une substance avec sa divinité.
SYRIE 1» Versions syriaques de la Bible. Outre la Peshito, q. v. on connaît dans cette langue, ou dans les dialectes apparentés, quelques fragments de versions, dont les principaux sont: un N. T. trad. du grec par Philoxène, de Maberg, vers 508; leçons et variantes, mss. du Vatican n® 153; un N. T., de Thomas d'Harkel, ou d'Héraclée, vers 616; trad. littérale, mss. biblioth. d'Oxford; les 4 Évang. Vatican no 19; trad. du6"" ou 7"" siècle; mélange de caldéen et de syriaque.—2® Écoles de Syrie, v. Antioche, Edesse, Nestorius, Nisibis, etc. — 3o Chrétiens de Syrie, v. Nestoriens.
SYROPOULOS, Sylvestre, grand juge et fonctionnaire ecclésiastique de l'Égl. patriarcale de Constantinople, un des 5 qui avaient le droit de porter la croix sur ses vêtements sacerdotaux, fut chargé, malgré lui, par ordre de l'emp. Jean Paléologue, d'assister au concile unioniste de Ferrare-Florence, 1438-1439. Il était ouvertement hostile à l'Union, et partisan d'Eugène d'Éphèse; il ne signa les actes et procès-verbaux que sur l'ordre formel de l'empereur. Il écrivit en grec l'histoire de ce concile; le mss. conservé à la biblioth. royale de Paris, et retrouvé 1642, a été impr. avec trad. latine à La Haye 1660, par Rob Creyghton, et dédié à Charles II, sous le titre latin de: Hist. vraie de l'union non vraie projetée entre les grecs et les latins. Il y a été répondu, et assez maladroitement dans l'intérêt de Rome, par Allatius 1665.
SYSTÈME de la Nature, le principal ouvrage du matérialisme français, publié à Londres 1770 sous le nom de Mirabaud, secrét. de l'Académie. On l'a attribué faussement à Holbach et à Lagrange, mais il appartient & leur école. Il établit l'éternité de la matière et du mouvement, ne voit dans la pensée qu'un mouvement des mollécules cérébrales, nie la liberté et l'immortalité de l'homme, et fait reposer la morale sur l'égoïsme. Quant à Dieu, c'est un revenant, créé par l'ignorance, la souffrance et la peur. Il est difficile de rêver un cynisme plus révoltant que celai de ce système.
SIZYGIE, v. Gnostiqaes.