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FABER, Fabre, ou Facre, noms qui se confondent souvent, surtout par suite de leur emploi, tantôt en latin, tantôt en français. Ils ont été portés par un grand nombre de personnages; les plus connus dans l'hist. ecclés. sont: 1° Félix Fabri, dominicain, né à Zurich 1441, prédicateur au couvent d'Ulm, t 1502; auteur d'un Voyage à Jérusalem et d'un au Sinaï et en Égypte (Evagatorium), écrit par lui en allemand et en latin, et encore estimé malgré plus, erreurs. — 2° Basile, théol. et pédagogue luthérien, né 1520 à Soran; antiphilippiste. recteur d'Erfurt, f 1575; collabora aux Centuries de Magdebourg et publia le Thésaurus de l'érudition scolastique. — 3° Guido, Fèvre de la Boderie, né 1541, secrétaire du duc d'Alençon, f 1598. Philologue distingué, il collabora à la Polyglotte d'Anvers, et a composé une gramm. rhaldéenne, une syriaque, et un dict. syro-chaldéen. — 4° F. Stapulemis, v. Lefèvre d'Éta-ples. — 5° Jean, de Heilbronn, né 1504, dominicain, prédicateur à Augsbourg, attaqua violemment la Réforme dans plusieurs écrits, f 1557. _ Qo Jean, év. de Vienne, s'appelait Heigerlin. Né 1478 à Leutkirch, il s'éleva rapidement par ses talents et ses connaissances et fut nommé 1518 vicaire-général et protonotaire papal à Constance. Comme humaniste il se montra d'abord favorable à la Réforme et entretint de bons rapports avec quelques-uns de ses chefs, mais à la suite d'un voyage à Rome 1521, il revint entièrement retourné et publia coup sur coup plus, écrits de controverse, entre autres le Malleus hœreticorum. Il assista à la dispute de Zurich lo23, et aux diètes de Spire et d'Augsbourg 1526, 1529 et 1530; il fut un des rédacteurs de la Confutation. Év. de Vienne depuis 1530 et administrateur de Neustadt, il prêta la main aux persécutions et présenta au pape et à l'emp. plusieurs projets astucieux pour ramener les luthériens. Mais il comprit aussi que pour réussir il fallait relever la cure d'âme et la prédication dans sa propre Égl. et il travailla dans ce sens, f 21 mai 1561. Ses ouvrages ont été impr. à Leipzig 1537, Cologne 1537-1541. — 7° Jean Augustan, né à Fribourg, prieur dominicain à Augsbourg, prof, à Bologne 1516, un des chapelains et des confesseurs de Maximilien et de Charles-Quint; d'abord ami d'Érasme, essaya de concilier les affaires de la Réforme, mais se jeta ensuite tout à fait du côté de la curie. — 8<> Nicolas, né à Paris 1514, précepteur du prince de Condé, puis de Louis XIII, a collaboré à l'hist. ecclés. de Baro-nius. — 9° Pierre, né 1506à Villarette, Savoie; le premier disciple de Loyola, qui l'accompagna 1537 à Rome. Il avait été délégué au conc. de Trente, mais f 1546. — 10° Jean, né et prof, de théol. à Strasbourg, a publié quelques Orationes; f 19 mai 1623. — Ho Pierre, auvergnat, élève de Turuèbe, puis précepteur des fils de Coligny, principal du collège de la Rochelle, et prof, d'hébreu, f 1615 à 80 ans; auteur de quelques Comment, sur Cicéron, etc.— 12° N. Fabre, notaire à Clarensac, violent et fougueux, se fit condamner aux galères 1635 pour mauvais traitements contre le curé; puis de nouveau en 1663 il maltraita le prêtre Gros, et compromit avec lui son frère, ses fils, le pasteur et d'autres personnes. — 13° Jean Fabre. né à Nîmes 1717; célèbre par son dévouement filial. Le 1er janvier 1756, son père ayant été arrêté à la suite d'une assemblée du désert surprise, il demanda la faveur de le remplacer et rama six ans à Toulon sur les galères de l'État. Le duc de Choiseul ayant appris son histoire, obtint sa grâce, malgré les efforts contraires du comte de Saint-Florentin. Son retour dans sa famille, le 21 mai 1662, causa au père une joie si vive qu'il en mourut quelques jours après. 11 fut réhabilité, grâce au prince de Beauvau. Marmontel vit là le sujet d'un drame intéressant, et Fenouillot de Falbaire écrivit, sous son inspiration, la pièce de l'Honnête criminel, qui fut jouée à Paris et dans toute l'Europe. Fabre se retira à Ganges, puis à Cette où il f le 31 mai 1797.—14° Capitaine huguenot,connu seulement par l'embuscade dans laquelle il surprit les cathol. qui avaient essayé de le séduire pour se faire ouvrir traîtreusement les portes de Nîmes. — 15° Pierre-Joseph, né à Saint-Barthélémy, Vaud, au commencement du 18®* siècle, accompagna dans un voyage d'inspection en Cochinchine, François de la Baume, év. d'Ha-liearnasse, et raconta ses impressions dans ses Lettres édifiantes, Bienne 1746. Il dévoilait en même temps les intrigues des jésuites, qui avaient fait manquer le but de son voyage. Son livre fut brûlé à Fribourg par le bourreau; les jésuites en achetèrent les exemplaires et les détruisirent. — 16° Vitus, né 1528 à Toulouse, conseiller au parlement, délégué français au conc. de Trente; connu par une apologie des massacres de la Saint-Barthélemy. f 1584. — 17° N. Fabre d'Olivet, parent de Jean 13°, né à Ganges 8 déc. 1768, f Paris 1825, eut une certaine réputation comme romancier, musicien et poète dramatique; il réussit moins comme philologue. Il s'occupa de trop de choses à la fois et n'en mena aucune d'une manière entièrement satisfaisante. Trois ou quatre comédies, des récits en vers, une étude sur la surdi-mutité, des recherches sur le rythme et le mode hellénique, la langue hébr. restituée, quelques romances, un quatuor, un oratorio pour le couronnement de Napoléon, ont été applaudis en leur temps et bientôt oubliés, Sa femme a écrit Conseils à mon amie sur l'éducation physique et morale des enfants, Paris 1820. Ce ménage des deux auteurs ne paraît pas avoir élé heureux.
FABIEN, 20me pape. Eusèbe raconte qu'a près la mort d'Anthère, Fabien étant venu de la campagne à Rome, et tous les frères s'étant réunis dans une égl. pour choisir un nouvel èvêque, la plupart jetaient les yeux sur des hommes distingués par leur position sans que personne songeât à Fabien, lorsque tout à coup un pigeon vint se poser sur sa tête. Le peuple entraîné par cette apparition, le proclama aussitôt et le plaça sur le siège pontifical 236. Cyprien en fait le plus grand éloge. C'est cette même année que pour la première fois, dans un conc. tenu à Icône, les év. de Phrygie et de Galatie déclarèrent nul le baptême donné par des hérétiques. Fabien, contre les statuts ecclésiastiques, nomma pasteur Novatien qui avait été baptisé pendant une maladie. Après la f de Fabien, dé-cipité en 250, l'évêché resta vacant pendant 16 mois, à cause des persécutions de Décius.
FABRI, v. Faber lo.
FABRICIUS lo Théodore, né 1501 à Anhalt-sur-l'Yssel, un des premiers adhérents de la Réforme, étudia à Wittenberg, donna dès 1526 à Cologne des cours très suivis, fut emprisonné à cause de son zèle pour la propagation de ses idées, devint surintendant à Zerbst, et f 1559. Il a publié des Institutiones grammaticœ in lin-guam sanctam, et des Artic. pro evang. doctr. — 2o Jean-Jacques, né 1620, àLennep, converti pendant ses études à Rostock, prêcha un mysticisme exagéré et publia sur Le christianisme en paroles un écrit qui le fit poursuivre et bannir. Appelé à Zwolle, puis à Sultzbach 1660, il se mit à dos les orthodoxes morts, et malgré le bon témoignage du magistrat, il dut de nouveau quitter la place, et se retira à Amsterdam, où il f 1673. — 3o Jean, né 11 févr. 1644 à Alt-dorf, près de Nuremberg, d'une famille de théologiens; étudia à Helmstœdt, visita l'Allemagne et l'Italie, fut pasteur à Venise, puis prof, à Altdorf et à Helmstœdt et f 1729. Dans ses Considérations sur les Controverses, il se montra très large; il le fut plus encore dans l'approbation qu'il donna 1704 à l'abjuration de la princesse Élisabeth-Christinequi épousait Charles VI d'Espagne. « ce mariage devant être utile, non seulement à la principauté, mais encore à la religion et à la paix confessionnelle. » Il reçut sa retraite 1709, mais resta inspecteur des écoles jusqu'à sa fin. — 4o Jean-Albert, né à Leipzig le 11 nov. 1668, étudia à Leipzig la philologie, la théol., la philos, et l'histoire, vécut à Hambourg, remplaça Vincent Placcius comme prof, d'éloquence et de poésie 1699, fut nommé recteur de l'école de Saint-Jean 1708 et t 1736. Il a laissé plus de 100 ouvrages, dont les plus appréciés sont sa Biblioth. latine, sa Biblioth. grecque, sa Biblioth. ecclés., son Codex apocr. N. T., son Codex épigr. V. T., et diverses éditions de Mabillon, Placcius, etc.
FABRIQUE, d'une manière générale, la propriété, les biens d'une église. Le Conseil de fabr. est le corps chargé d'administrer ces biens, de les faire valoir et de les employer pour l'entretien de l'église, bâtiment et mobilier. Ce conseil est nommé soit par les électeurs de la paroisse, soit par l'autorité ecclésiastique.
FACULTÉ lo v. Université. — 2o Droit qu'un supérieur accorde à un inférieur d'exercer certaines fonctions. Ainsi les facultés quinquennales des évêques; depuis le 17">e siècle le pape leur transfère pour un terme de 5 ans le droit de prononcer sur des cas réservés. L'év. de son côté confère des droits à un doyen ou à un vicaire général, dans l'intérêt du culte. La consécration donne le pouvoir d'administrer les sacrements, mais pour en user le prêtre a besoin que l'év. lui en donne l'autorisation, ou la faculté. Ces pouvoirs, dans la règle, doivent être renouvelés tous les 5 ans.
FACUNDUS, év. d'Hermiane, au nord de l'Afrique. Il écrivit pendant le conflit des Trois chapitres pour les défendre, en même temps qu'il censura l'amour des discussions dogmatiques chez ses contemporains. Il a encore écrit contre le scolastique Mucianus, et une Épître sur la foi catholique. V. Galland, Biblioth.
FAGET, Ambroise, s'appelait Jehan Garde -puys. Il changea de nom, quand il vint à Genève fuyant la persécution 1557. Il s'en expliqua loyalement avec le Consistoire et les magistrats. En 1558 il reprit ses dangereuses fonctions, fut pasteur à Orléans, puis en 1560 à La Rochelle, où son zèle lui concilia l'affection du troupeau, mais non les sympathies du gouvernement. Il dut quitter la ville, et ne put y rentrer que lorsque les protestants s'en furent emparés.
FAGIUS, v. BQchlein.
FAGNANI, Prosper, canoniste distingué, né 1598, fut à Rome l'avocat et le secrétaire du Congrès chargé d'interpréter le conc. de Trente. Il fut ensuite prof, de droit canon. Il était déjà aveugle quand il rédigea son Comment, sur les Décréta les, Rome 1691.
FALKENSTEIN, Jean-Henri (de), né 1682 en Silésie, étudia en Allemagne et en Hollande; directeur de l'acad. des chevaliers d'Erlangen 1715; passa au catholicisme et entra au service de l'év. d'Eichstâdt et du margrave de Brandebourg. f 1760 à Schwabach. On a de lui quelques écrits sur les antiquités norwégiennes, sur la Thuringe et la Bavière.
FAMILISTES, secte hollandaise du 16™ siècle, aussi nommée la maison d'amour. Son fondateur, Henri Nicolas, né 1502 à Munster, vécut à Amsterdam et à Emden. Il avait des tendances anabaptistes et mystiques et les propagea dans de nombreux petits écrits. Son chiliasme était grossier; il divinisait l'homme et rêvait d'un royaume des justes, dont il prétendait être le prophète, se disant en relation directe avec Dieu et avec Christ par des révélations et des visions. La secte était organisée hiérarchiquement et se mêlait des plus petits détails de la vie de ses membres. Elle se répandit en Angleterre, où elle fut persécutée par Marie et par Elisabeth. Elle était presque éteinte en Hollande à la fin du 17®e siècle; des divisions intérieures lui avaient enlevé ses dernières chances.
FAMILLE. Dans le sens le plus restreint, c'est l'union de deux époux et des enfants issus de leur mariage; c'est l'école de l'amour vrai, puis celle de l'amour protecteur, celle du support mutuel et celle du respect. Pour être ce qu'elle doit être elle doit reposer sur des principes et des sentiments, et pas seulement sur les intérêts ou la passion. Les alliances contractées entre plus, familles étendent la signification du mot et sont le commencement de la société, de la vie sociale, le terrain sur lequel sont appelées à se développer les énergies et les vertus de l'individu. L'homme sera dans la vie publique ce qu'il aura été dans la vie de famille. La reconnaissance de la personnalité et de l'égalité de la femme, par conséquent la monogamie, est la condition d'existence de la famille; aussi le christianisme l'a-t-il seul véritablement comprise et fondée, quoique déjà le mosaïsme l'eût entrevue, et qu'au milieu des peuples anciens les Hébreux l'aient en quelque mesure réalisée.
Les Tombeaux de famille datent de l'antiquité la plus reculée, Gen. 23, 17. 50, 13. 1 Rois 3, 13. Les mœurs romaines les reconnaissaient, et l'usage s'en est introduit dans l'Égl. chrétienne: il y a eu des tombeaux de famille soit dans les temples mêmes, soit dans les cimetières adjacents, soit dans des propriétés particulières. La propriété cessait de droit, soit avec l'extinction des familles, soit avec leur départ, et les tombeaux faisaient retour, soit aux paroisses, soit aux héritiers ou acquéreurs du sol.
FANATISME, du latin fanum, lieu de révélation. On désigne ainsi un sentiment religieux à la fois surexcité et fourvoyé qui, s'attachant avec ardeur à un fait plus ou moins authentique, bien ou mal compris, et en tirant des conclusions fantaisistes, se refusant à toute constatation et à tout raisonnement, poursuit avec une passion souvent haineuse tout ce qui ne se soumet pas aveuglément à son autorité. L'histoire de l'Égl. et l'hist. des religions en présentent des multitudes d'exemples; les sectes, aussi bien que les égl. établies ont sous ce rapport payé un large tribut à ce travers de l'intelligence et du cœur; l'irréligion elle-même a son fanatisme.
FAREL, Guillaume, né à Gap 1489, le plus intrépide et le plus fougueux des réformateurs, l'un des plus actifs et les plus décidés. D'une famille noble il était destiné à la carrière des armes, mais il préféra les études et vint à Paris où Le Fèvre d'Étaples exerça sur lui une grande influence. Éclairé par la lecture du N. T. il se rangea du côté de la Réforme, et après une courte mission à Meaux et un voyage à Gap, il vint à Bâle, visita Zurich et Constance, se lia avec Zwingle et Myconius, se fit un ennemi d'Érasme dont il ne ménagea pas les tergiversations; fit peut-être un voyage à Wittenberg pour voir Luther, et vint à Montbéliard pour y prêcher l'Évangile, juin 1524. Un excès de zèle et des actes téméraires, blâmés par GEcolam-pade, le contraignirent de partir au printemps de 1525. Après un séjour d'un an à Strasbourg il revint en Suisse, visita Bâle, Neuchâtel, Berne; évangélisa Aigle, Morat, le Vully, laissant partout des traces de son passage. Il prêcha avec succès la Réforme à Serrières, à Neuchâtel, à Valengin, où il faillit périr massacré, 1530. Il était à la fois pasteur d'Aigle, de Morat et de Neuchâtel. En 1532 il fut délégué au synode des vaudois du Piémont. A son retour, passant ! par Genève, il y tint de petites assemblées et décida Froment à les diriger en son absence, mais il y revint à plus, reprises, plaida la cause de la Réforme dans plusieurs disputes publiques, obtint de nombreuses adhésions, monta en chaire à la Madelaine et à Saint-Gervais, malgré l'opposition du Conseil qui craignait de mé-conteuter ses alliés de Fribourg, et finit 8 août 1535 par prêcher à Saint-Pierre au milieu d'une foule électrisée. Le 27 du même mois paraissait l'édit de réformation, et peu de temps après ce vaillant ouvrier, ayant remis aux mains de 1 Calvin la tâche de continuer et d'affermir l'œuvre qu'il avait fondée, reprit ses travaux missionnaires. C'est sur lui que reposa surtout la dispute de Lausanne, octobre 1537. Reçu bour- | geois de Genève avec deux de ses frères, il fut j banni l'année suivante, 1538, ainsi que Calvin,; par le parti des Libertins. Il retrouva les mêmes difficultés à Neuchâtel et ne réussit que le 1er févr. 1542 à faire adopter les Ordonnances ecclésiastiques. On le voit dès lors, touj. infatigable, faisant une mission de plusieurs mois à Metz, où les troupes de Claude de Guise dispersent son assemblée, tuent les uns, noient les autres et le blessent lui-même; puis à Pont-à-Mousson et à Strasbourg où Calvin vient le voir. En nov. 1543 le Conseil de Genève lui fait faire des habits neufs. En 1549 il est à Zurich avec Calvin pour la négociation du Consensus. En 1553 il vient à Genève et s'y trouve le 23 oct., jour du bûcher de Servet. Il accompagne Bèze dans sa mission en Allemagne, puis reprend ses voyages missionnaires dans le Jura et le Mont-béliard; épouse à Neuchâtel, 20 déc. 1553, Marie Torel, de Rouen, ce qui étonna tout le monde, mais ne ralentit ni son zèle ni son activité. Après une nouvelle mission en Allemagne, puis à Metz, il revint visiter Gap, juillet 1561, prêcha malgré les menaces, les interdictions et les persécutions, fonda une Église; en 1564 il vint à Genève voir Calvin mourant, et après un dernier voyage à Metz, avec Favargier, il rentra chez lui fatigué et malade et f à Neuchâtel 13 sept. 1565. Son fils unique Jean ne lui survécut que 3 ans. Sayous rattache l'admirable influence qu'il a exercée sur la réforme, à son long apostolat tout rempli de périls et de misères, à son intrépidité naïve, à ses énergiques vertus et à son grand cœur. Mignet l'appelle le plus entraînant des réformés français; il lui accorde l'éloquence populaire et l'intrépidité héroïque de Luther, mais non sa prudence politique. Aussi calviniste que Calvin, il était moins absolu en dogmatique et plus tolérant; il regardait comme oiseuses bien des discussions qui passionnaient son temps. Malgré ses défauts, ses vivacités, sa violence parfois, Farel n'en reste pas moins une des plus grandes figures de la Réf. et l'un des hommes qui ont agi avec le plus de puissance sur leurs contemporains; son action s'est fait sentir depuis le Dauphiné jusqu'en Lorraine, mais surtout dans la Franche-Comté et dans la Suisse romande. Si les gouvernements l'ont souvent tracassé, le Sénat de Berne a l'honneur de l'avoir toujours défendu. Farel a peu écrit, quelques traités, épîtres, sermons, qui n'avaient guère qu'une valeur de circonstance. — Neuchâtel lui a élevé une statue en 1865; le peintre Homung le fait figurer dans deux de ses compositions. V. Sayous, Schmidt, Goguel, et surtout Junod.
FARNOVIUS, proprement Stanislas Far-nowski, chef d'une secte polonaise unitaire, avec tendance arienne, qui se fondit plus tard dans le socinianisme. Il avait étudié à Heidelberg, fut disciple de Gonestus et f 1614 dans sa paroisse de Sandek.
FATALISME. C'est la foi en un sort immuable, absolu, déterminé d'avance, implacable, tel que l'admettaient les stoïciens et auj. les maho-métans; le fatum des anciens. Il se distingue du déterminisme des déistes et du naturalisme des matérialistes, en ce qu'il admet comme dominant toutes choses une puissance, une espèce de divinité, mais sourde et aveugle. Il se distingue de la doctrine chrét. en ce qu'il n'admet ni un ordre moral du monde, ni l'amour d'un Dieu personnel. Par plus, points il touche il la doctrine de la prédestination telle que la définissent imprudemment des théol. exagérés.
FAUST, lo Jean, docteur en théol, né à Strasbourg 22 sept. 1612, f d'apoplexie 1er juill. 1695, prof, de logique, métaphysique et théol., doyen de Saint-Thomas; très savant auteur d'une vingtaine de dissertations; c'est de lui que Gœthe s'est inspiré. 2° Isaac, son frère, né
10 juin 1631, f 30 nov. 1702; 65 dissertations et traités; savant en grec et en hébreu.
FAUSTA, femme de Constantin-le-Grand, qui accusa faussement Crispus son beau-fils d'avoir voulu la violer, causa la mort de ce jeune prince, et fut étouffée dans un bain chaud 327, quand la vérité fut découverte.
FAUSTE, lo né Breton, vint dans le midi de la Gaule, se fit moine dans l'abbaye de Lérins, et en devint abbé, 433. Év. de Riez, 462. Esprit actif, un peu brouillon, il prit parti pour le semi-pélagianisme et contre les prédestinations.
11 se prononça pour la matérialité de l'âme, comme chose créée, et fut réfuté par le prêtre Mamert Claudien, frère de saint Mamert. f 493. — 2o v. Faustus. — 3° v. Socin.
FAUSTIN, prêtre de Rome, qui, après la mort de Libère, se joignit au parti d'Ursicin. On a de lui un Traité contre les ariens, un écrit sur la Foi. et un petit Livre de prières; vers 366.
FAUSTUS, manichéen, néàMilève, Numidie, connu surtout par le travail que publia contre lui Saint-Augustin (Contra Faustum), qui dans sa jeunesse avait été chercher auprès de lui de la science et qui s'en détourna après avoir constaté sa superficialité.
FEBRONIUS, v. Hontheim.
FEDER, Jean-Michel, fécond écrivain cathol., né 1753 à OEllingen, prêtre en 1777, prof, à Wurzbourg 1784, président des Compagnons de Marie 1794, conseiller ecclés. 1798, bibliothécaire de l'Univ. 1804, f 1824.
FÉDÉRALE (théologie), v. Économies.
FELGENHAUER, Paul, théosophe mystique et chiliaste, né à Puschwitz, Bohême, exilé, se rendit à Amsterdam d'où il répandit ses écrits mystico-alchimistes, dans lesquels il accusait surtout l'Égl. établie et le clergé. Banni, persécuté, emprisonné, il publia à Hambourg ses derniers écrits, et f 1660.
FÉLICE, Guill.-Adam (de), né 1803 à Otter-berg (dép. de Mont-Tonnerre), de parents vaudois; publiciste distingué, plus connu encore comme prédicateur et théologien. Pasteur à Bolbec 1828, il fut nommé en 1838 prof, de morale et d'éloquence sacrée à la fac. de Montau-ban, où il resta jusqu'en 1870; doyen depuis 1865. f 23 oct. 1871 à Lausanne. Auteur d'un grand nombre d'ouvrages, entre autres: Appel en faveur des nègres émancipés, Appel d'un chrétien aux gens de lettres, Hist. des synodes nationaux, Hist. des Prot. de France (couronné), sermons, poésies; sans parler d'une foule d'articles dans les Archiv. du christ., le Semeur, la Presse, l'Espérance, YÉvang. Christendom, le New- York Observer, etc. Il avait quelque chose de magistral dans le débit, de soigné dans la forme, d'un peu lent dans l'expression. II compte au premier rang des prédicateurs contemporains. Notice par Pédézert; Œuvr. posthumes, publiées par son fils.
FÉLICISSIMUS, chrétien de Carthage, consacré diacre par le prêtre No valus malgré l'opposition de Cyprien. Il était pour le parti de la douceur envers les tombés, se prévalant des libellipacis distribués par les martyrs, et s'opposa aux mesures en sens contraire prises par deux év. envoyés par Cyprien. Lui et ses adhérents furent excommuniés au conc. de Carthage 251, mais appuyés par 2 év. africains ils résistèrent, se choisirent pour év. un des 5 pasteurs mécontents, Fortunatus, et se constituèrent à part. Ils recherchèrent l'alliance de Rome, sans réussir à l'obtenir, et ne végétèrent que peu de temps; on ne sait comment ils finirent. — Un autre Félicissimus subit à Rome le martyre sous Décius.
FÉLICITÉ 1° Illustre veuve romaine, martyrisée avec ses 7 fils sous Antonin 150; d'autres disent sous Marc-Aurèle 170 ou 164; 162 d'après Rossi; les uns la fêtent le 10 juill., les autres le 23 nov. — 2° Servante de Carthage, mon ta-niste, qui souffrit le martyre avec son fr. Revo-catus et avec Perpetua 202 ou 203; à peine relevant de couches, selon d'autres étant encore enceinte, elle fut livrée à une vache furieuse. Vivia Perpetua, fille d'une mère chrétienne, mais d'un père païen, avait été baptisée dans la prison. Des anges et des visions la fortifièrent dans les tortures et dans la mort.
FÉLIX 1er io Pape 269-274. Son règne a vu l'hérésie de Paul de Samosate et la persécution d'Aurélien. Il encouragea les fidèles à la persévérance et au martyre et leur prêcha d'exemple. Il f en prison et fut considéré comme martyr. Fêté le 30 mai.
2<> Félix II, 355, hérétique, arien, au dire de l'hist. Socrate (Hist. Eccl. II, 37). Archidiacre, il fut nommé pape par l'emp. Constance, pendant l'exil de son prédécesseur, puis chassé trois ans après et remplacé de nouveau par Libère. On le considère plutôt comme antipape.
3° Félix III, né à Rome, élu 483, rejeta l'édit d'union des deux Églises publié par l'emp. Zé-non, condamna Acace, év. de Constantinople, et d'autres hérétiques, et assembla un conc. à Rome 487. f 492.
4o Félix IV, le saint, de Bénévent, élu 526 par la faveur de Théodoric; gouverna sagement, f 530. On a de lui une Lettre à Césaire d'Arles, sur les examens à faire passer aux laïques avant de les consacrer.
5o Félix V, antipape, nommé 1439 au conc. de Bâle q. y. Il était duc de Savoie et avait gouverné ses États sous le nom d'Amédée VIII. Fatigué d'une papauté contestée, il abdiqua bientôt et retourna dans son heureux village de Ripaille.
6° v. Minutius.
7o Manichéen, contemporain d'Augustin, vint à Hippone pour y répandre sa doctrine; mais après une discussion publique qui dura 2 jours, il fut si bien éclairé par Augustin, qu'il abjura solennellement ses erreurs.
8° Martyr, ainsi que sa femme Régula; ils évangélisèrent Glaris et les rives du lac de Zurich; mis à mort sous Décius, le 11 sept. Il a longtemps passé, avec Exsuperantius, pour le patron de la ville de Zurich. La légende a orné son histoire et lui donne une place dans la légion thébaine.
9° Félix, de Nola, Campanie, fils d'un soldat syrien nommé Hermias, donna tous ses biens aux pauvres et se mit au service de l'Église. L'év. Maximus ayant échappé aux persécutions de Décius, les soldats se jetèrent sur Félix et lui mirent des chaînes aux mains et aux pieds. La légende raconte que soudain dans son sombre cachot il vit, éclairé d'une lumière céleste, son évêque demandant du secours. Ses fers tombèrent et un ange le conduisit auprès fa Maximus mourant. Après l'avoir ranimé avec le jus de quelques raisins qui se trouvaient par hasard sur un buisson d'épines, il le porta sur ses épaules jusque chez lui avant le lever du soleil. II eut beaucoup de peine à échapper aux persécutions suivantes, et passa six mois dans une citerne desséchée, nourri par une vieille femme. A la mort de Décius 251, il rentra au milieu de ses fidèles, vivant des produits de son jardin. + 14 janv. 256 dans un âge avancé. Son tombeau fut longtemps un lieu de pèlerinage.
10° év. de Thibaris 247-303. Dioclétien ayant publié un édit pour que tous les livres sacrés fussent brûlés, Magnilien, gouv. de Thibaris, ordonna à Félix de livrer ceux qu'il possédait. « Voici mon corps, répondit-il, brûle-le. » Envoyé là-dessus chez le proconsul de Carthage, et de là chez le préfet Prétorius, il fut enchaîné et mené en Italie. Il resta quatre jours sans manger ni boire, jusqu'à ce qu'il aborda à Agri-gente. A Venosa on lui fit subir les plus cruelles tortures, et Prétorius voyant qu'il n'en obtiendrait jamais rien, lui fit trancher la téte. Félix mourut, rendant grâces à Dieu.
H® F. d'Aptunga, v. Donatistes.
12° F. d'Urgel, v. Adoptianisme.
13o F. de Cantalicio, né 1513 dans les États romains; d'abord berger, puis frère-lai chez les capucins, jouit de l'amitié de Philippe de Néri. Canonisé 1612 pour ses vertus monastiques.
FELLER, François-Xavier, écrivain cathol. très abondant. Né à Bruxelles 18 août 1735, il entra dans l'ordre des jésuites, fit un long séjour en Hongrie, fut nommé orateur de l'ordre à Nivelle, puis à Liège. A la suppression de l'ordre il se remit à voyager; il écrivit contre les réformes de Joseph et contre la Punctation d'Ems. En 1796 il fut placé à la cour épiscopale de Freising, et f 23 mai 1802 à Ratisbonne. Ses principaux ouvrages sont son Dictionn. hist. et son Journal hist. et littér. 1774-1794; 60 vol. U a écrit aussi sous le pseudonyme de Flexier de Reval.
FÉNELON (François de Salignac de La-mothe-), né au château de Fénelon, Querci, 6 août 1651, d'une famille noble et ancienne, fut destiné fort jeune à l'état ecclés. et prêchait déjà à 15 ans. Élève de Saint-Sulpice, ordonné prêtre en 1675, il fut chargé par l'archev. de Paris, de diriger l'instruction des nouvelles catholiques, jeunes filles arrachées à leurs parents protestants pour être élevées dans la religion de Louis XIV, et il composa pour elles son livre de l'Éducation des filles. Le roi l'envoya ensuite comme missionnaire au milieu des réformés du Poitou, chez lesquels il obtint plus de succès par ses paroles éloquentes et affectueuses qu'il n'eût fait par l'emploi de la force. Il fut appelé, 1689, sur le conseil de Mme de Maintenon, comme précepteur des petits-fils du roi, spécialement du duc de Bourgogne, pour qui il écrivit un grand nombre d'ouvrages, dont malheureusement plusieurs furent brûlés par ordre de Louis XIV. C'est aussi pour son jeune élève qu'il composa Télémaque, poème ou roman, plein de directions judicieuses sur le rôle et les devoirs de la royauté, fiction destinée à instruire en amusant, et qui, soustraite par un serviteur infidèle, fut imprimé à Londres à l'insu de l'auteur et lui valut sa disgrâce, le roi y ayant vu la satire de son règne et de sa personne. Le jeune duc de Bourgogne conserva jusqu'à la fin pour son maître la même respectueuse affection. Nommé 1694 à l'archev. de Cambrai, Fénelon y rencontra de nouvelles luttes. Sa théol., plus tendre que vigoureuse, plus pratique que dogmatique, plus spirituelle que polémique, lui fit accueillir avec sympathie les idées de Mro* Guyon, ce qui lui attira les vives attaques de Bossuet, qui avait été jusque-là son ami. Pour se justifier il écrivit Les maximes des saints, ouvrage d'un quiétisme dangereux, mais qui cependant ne poussait pas à l'extrême ses conséquences. Il n'en fut pas moins condamné à Rome 1699, et Fénelon, avec une humilité qui a été diversement jugée, lut lui-même en chaire le bref qui le condamnait et déclara se soumettre à la sentence. C'est vers le même moment que paraissait son Télémaque; et le noble archev. était frappé à la fois par la censure papale et par la disgrâce royale. Mais rien ne le découragea dans l'accomplissement de ses devoirs pastoraux; il s'y consacra de plus en plus avec un entier dévouement, et tout en faisant de la controverse avec les protestants de son ressort, il sut gagner leur respect et leur affection, comme il s'était concilié les jansénistes. Sa bonté, sa générosité, son désintéressement lui mérita pendant le cruel hiver de 1709 et pendant la guerre de succession l'admiration de ceux qui le virent à l'œuvre; il se dépouilla de tout pour soulager les pauvres soldats de l'armée française campée aux environs de Cambrai. S'il avait perdu la faveur du roi, il avait gagné celle du peuple; sa réputation était faite comme chrétien et comme littérateur; on venait de loin pour le voir et le consulter, et l'opinion publique le consola des amertumes officielles, f 7 janv. 1715, universellement regretté. On a encore de lui des Fables, les Dialogues des Morts. Dial. sur l'éloquence, Lettre à l'Âcad. française. Examen de la conscience d'un roi, Démonstration de l'existence de Dieu, Sermons, Œuvres spirituelles, eic. Moins grandiose que Bossuet, il a plus de charme, plus d'onction; son style est plus pur et plus classique, et de tous les écrivains français, c'est celui qui rappelle le plus l'idéal des grands écrivains de l'ancienne Grèce. — Vie par Ramsay 1725, Querbœuf 1787, de Bausset 1808, Gandar 1864; Éloge, par LaHarpe, Maury, Lamartine, etc.
FERDINAND lo emp. d'Allemagne 1556-1564; frère de Charles-Quint; né 1503 à Alcala, Castille; roi de Bohême 1526, puis roi de Hongrie, et roi des Romains 1531; succéda à son frère après l'abdication de celui-ci, mais ne fut pas reconnu par Paul IV, sous prétexte qu'on ne l'avait consulté ni pour l'abdication de l'un, ni pour l'élection de l'autre. Dès lors les empereurs se sont habitués à se passer de la confirmation des papes. Ce que son fr. avait fait par politique, il le fit par sentiment religieux: il combattit la Réforme, mais il poussa à la réformation de l'Égl. et favorisa dans ce but le conc. de Trente. Son règne fut relativement paisible: il se montra tolérant et doux envers ses sujets protestants; cependant c'est lui qui avait pris l'initiative de la première ligue des princes cathol. à Ratisbonne 1524. Ses dernières années furent consacrées à des tentatives de conciliation. f 1564 à Vienne.
2° Ferd. Il, petit-fils du précédent; fils de l'archiduc Charles de Styrie et Carinthie, né 4 juill. 1578; roi de Bohême en 1617, de Hon-rie en 1618, emp. en 1619. Élève des jésuites d'Ingolstadt, il avait juré l'anéantissement du protestantisme dans ses États. Dès que la guerre de Bohême fut finie et qu'il se crut maître de la situation, il se fit un devoir de tenir son serment et commença par son fameux Édit de restitution, mais les armées de Gustave-Adolphe lui firent éprouver à Leipzig et à Lutzen de tels revers qu'il dut renoncer à ses projets et se contenter de conventions amiables avec quelques-uns de ses ennemis, f 1637. Il fit mettre à mort Wallenstein.
3o Ferd.-le-Saint, ou Ferd. III, né 1198, fils d'Alphonse IX, roi de Léon, et de Bérangère, reine de Castille. Il hérita 1230 des 2 royaumes, qui dès lors ne furent plus séparés. Il fit la guerre aux Maures, les chassa de Cordoue, Sé-ville et Cadix et se les rendit tributaires 1248. Doux envers les juifs et les musulmans qu'il désirait gagner, il persécuta les hérétiques. Dévoué à Rome, dont il avait besoin pour faire sanctionner ses victoires, il fit construire la magnifique cathédrale de Tolède, et mérita d'être canonisé par Clément X, 1671. On lui doit l'univ. de Salamanque, un recueil de lois et la traduction du Code de lois des Maures de Cordoue. f 30 mai 1252.
4° Ferd.-le-Catholique, né 1452. Roi d'Aragon, il réunit à ses États héréditaires ceux de sa femme Isabelle de Castille, après que celle-ci fut morte et que leur fille Jeanne-la-Folle eut été déclarée déchue de ses droits., Il possédait ainsi presque toute l'Espagne et devait la léguer à Charles-Quint. Il chassa le dernier roi maure, Boabdil, 1492. Le royaume de Naples, qu'il prit aux Français 1504 et la Navarre espagnole 1512, augmentèrent sa puissance, qui était déjà devenue considérable depuis que Colomb avait pris possession en son nom des Antilles et du continent américain. L'adresse avec laquelle il avait su flatter la cour de Rome, surtout en introduisant l'Inquisition dans ses États, servit merveilleusement sa politique; il eut soin de ne donner aucune publicité aux brefs qui autorisaient le saint-office; l'opinion publique se serait révoltée. Il a mérité le surnom de Rusé par sa fourberie, et Louis XII de France ne sut jamais s'il avait en lui un ami ou un ennemi, f 1516. Gonzalve de Cordoue, Ximénès, et surtout sa femme Isabelle sont les principales gloires de ce règne.
5° Ferd.-le-Persévérant, infant de Portugal, fils de Jean I, né 1402 à Santarem, doit son surnom et sa canonisation au courage avec lequel il subit son esclavage chez les Maures de Fez. Dès l'âge de 14 ans il combattit les Maures en Afrique et fit le siège de Tanger. Il fut ensuite retenu comme ôtage jusqu'au moment où les Espagnols rendraient Ceuta 1437, mais comme les Espagnols ne la rendirent pas, il mourut de misère dans sa captivité 1443. Son héroïsme et ses malheurs sont devenus une légende populaire et sont racontés dans la Chronique du p. Jérôme Ramas, Lisbonne 1577.
FERGUSON, Adam, né 1724 près de Perth, aumônier d'un régiment écossais, puis prof, de philos, naturelle et de philos, morale, fut envoyé 1778 en Amérique avec la commission chargée de traiter avèc les insurgés. En 1785 il renonça à ses fonctions de prof., voyagea en Italie, et vécut dans la retraite jusqu'à sa f 1816. Sa philos, est sensualiste; il met la connaissance dans l'observation des faits et dans la recherche de leurs causes, et il ne voit d'autre principe de morale que le besoin universel de bonheur.
FERMENTAIRES, surnom donné par les Latins aux Grecs qui se servaient pour la Cène de pain levé.
FERNEX, ou Ferney, connu comme séjour de Voltaire qui y a fait élever une petite église, dédiée Deo maximo et optimo, qu'on voit encore, est auj. le débris le plus considérable qui soit resté du protestantisme dans le pays de Gex. Le culte public y fut rétabli en 1795, et officiellement en 1819; école en 1818, temple en 1825. Les stations annexes, au nombre de 8, sont: Bourg, Divonne, Oyonnaz, Naritua, Bel-ley, Saint-Genis, Bellegarde et Farges; en tout 15 à 1600 protestants.
FERRARE - Florence (Concile de). Eugène IV, contre le gré de la majorité, et pour l'avoir davantage sous sa main, décida le transfert du conc. de Bâle à Ferrare, 18 sept. 1437, sous prétexte de pouvoir mieux s'entendre avec les grecs pour le projet de réunion des Églises. Le parti papal accepta cette translation et se rendit à Ferrare, où se trouvaient aussi un grand nombre de prélats grecs, l'empereur, et le métropolitain russe Isidore. La première session ne s'ouvrit que le 8 oct. 1438; mais le pape ne tarda pas à le déplacer de nouveau, et malgré l'opposition des grecs il l'envoya siéger à Florence, où du 26 févr. au 8 juin on discota le le grand point dogmatique du filioque, de la procession du Saint-Esprit, qui sépare le plus, en apparence, les deux Églises. On fut sur le point de s'entendre, grâce d'une part au dominicain Schwarzenberg, de l'autre au cardinal grec Bessarion, Marcus en revanche protesta jusqu'à la fin. On finit par tomber d'accord aussi, mais avec toutes sortes d'équivoques et de réserves, sur les sacrements, le purgatoire et la primauté du pape. L'Acte d'Union fut signé le 6 juill. 1439 par tous les membres du concile, sauf Marc d'Éphèse. Mais les suites ne répondirent pas à ce qu'on croyait pouvoir en espérer. Le grand-duc dépouilla Isidore de son titre de métropolitain et le fit enfermer dans nn couvent. Le prisonnier réussit à fuir, et pour le consoler de sa disgrâce le pape le nomma patr. de Constantinople et cardinal. Le parti de Marcus l'emporta en Grèce, et l'emp. ayant voulu, avec le patr. Théophanes, prendre des mesures contre les récalcitrants, ils y répondirent en destituant tous les prêtres latinisants. Le but politique était ainsi manqué, les Turcs conservaient leurs avantages et l'empire n'avait rien gagné à ces pourparlers. Le concile échoua de même dans ses tentatives auprès des arméniens et des jacobi-tes. Au fond cela lui importait peu; il s'agissait surtout d'éluder ou d'ajourner la question brûlante des réformes. Il se prolongea encore 6 ans après le départ des grecs, et tint 7 sessions, dont les 2 dernières à Rome depuis 1442. Ses Actes ont été publ. en grec et en latin. C'est un des conciles qui, ayant le plus voyagé, puisqu'il a fait 4 étapes, a le mieux réussi à éluder l'objet même de sa convocation.
FERRER, Vincent, né 23 janv. 1357 à Valence, de parents chrétiens, étudia à Barcelone et à Lérida, et mérita par de nombreux écrits le titre de Dr théol. Le pape Benoît XIII, P. de Lune, l'appela auprès de lui à Avignon, après qu'il eut été le confesseur de la reine Yolande et le nomma cardinal 1395. A partir de ce moment cet homme jusque-là distingué par sa piété intime et par sa tendance philos, et théologique, prit à cœur, malgré les conseils de Gerson et de ses partisans, de se mettre k voyager en conviant le monde k la repentance. Muni des pouvoirs d'un légat spécial il se consacra k cette œuvre depuis 1397 jusqu'à sa f 5 avril 1419. Les foules se rassemblaient à sa voix, et il leur imposait des prescriptions et des exercices de piété qui ont peut-être été l'origine de la secte des flagellants en Italie, vers 1400. Il improvisait avec puissance; plusieurs de ses discours ont été recueillis et publiés. Tenu pour un saint pendant sa vie, il fut canonisé par Calixte III, 1455.
FERTO, ou Fertum pro autore, offrande ou tribut que tous les clercs étaient tenus de donner à l'év. par héritage; c'était un reste de l'ancien Droit des dépouilles.
FERUS, nom latin de Wild, q. v.
FESCH, Joseph, cardinal; d'origine suisse, oncle par alliance de Napoléon I®r; né à Ajaccio 1763. Élevé dans un séminaire ecclés., il prit les armes au commencement de la révolution, redevint prêtre après le Concordat, fut nommé archev. de Lyon en 1802, cardinal 1803, puis ambassadeur à Rome jusqu'en 1806. En sa qualité de grand aumônier de l'empire il bénit le mariage de l'empereur et assista à son couronnement. Il refusa le titre de primat d'Allemagne, comme coadjuteur de Dalberg, et refusa de même l'archev. de Paris 1806. Plus soucieux des intérêts de l'Égl. que des projets de son neveu, il ne craignit pas au conc. national de 1810, qu'il présidait à Paris, de s'opposer aux volontés de Napoléon à l'égard de Pie VII, et il tomba en disgrâce. Il se retira dans son diocèse de Lyon jusqu'en 1814. Après l'abdication de l'emp. il se rendit à Rome, où il resta jusqu'à sa f 1839, cultivant les lettres et les arts, et sans renoncer à son archevêché, que les Bourbons auraient bien voulu lui enlever.
FESSLER, Ignace-Aurèle, né 18 mai 1756 à Czorendorf, Hongrie. D'abord élève des jésuites, puis jésuite lui-même, il fut frappé de la corruption générale des mœurs, et la lecture des encyclopédistes lui rendit insupportable la vie monastique. Joseph II le délivra de la règle du couvent en le nommant prof, de langues orientales et d'exégèse à Lemberg. Un procès de presse l'obligea de s'enfuir en Silésie; il s'y convertit et entra en relations avec les fr. mo-raves, qui exercèrent sur lui une heureuse influence. En 1809 il fut appelé à Pétershourg comme prof, de langues orientales; de là il se rendit à Sarepta, puis à Saratow comme surintendant; en 1819 il était év. de la Nouvelle-Finlande. f 1839. Outre son Hist. de Hongrie, en 10 vol., et d'autres écrits moins importants, romans, etc., il a écrit sa propre biographie sous le titre de Souvenirs d'un pèlerinage de 70 ans, dans laquelle il raconte sa vie, ses expériences et sa conversion.
FÊTES. Chez tous les peuples les fêtes ont un caractère religieux et tendent à ramener l'homme au sentiment de sa dépendance envers Dieu. Elles se rattachent soit à des faits d'ordre naturel, tels que les nouvelles lunes, le retour du soleil, les moissons; soit à des événements histor., patriotiques ou religieux; soit à une combinaison, une association de l'un et de l'autre. tels que la Pàque, le Sabbat, la Fête des tabernacles. De toutes les fêtes juives les chrétiens n'en ont conservé que deux, la Pâque et la Pentecôte; encore en ont-ils modifié ou élargi la signification. La Pàque a été dédoublée; on en a fait deux solennités, celle de la crucifixion et celle de la résurrection. On y a ajouté ensuite celle de l'Epiphanie et celle de l'Ascension; plus tard celle de Noël. L'Octave, ou le renouvellement de la fête au bout de huit jours, a augmenté le nombre des solennités, et l'on y a ajouté pour Noël et pour Pâques un temps spécial de préparation et de retraite spirituelle, l'Avent et le Carême. Il s'est ainsi formé un cycle de fêtes, qui comprend presque toute l'année ecclésiastique. Plusieurs égl. distinguent ainsi les dimanches qui précèdent Pâques, sous les noms suivants, empruntés aux Psaumes du jour: lo Esto mihi (Sois moi, Ps. 31, 2). 2o In-vocavit, Ps. 91, 15. 3o Reminiscere, 25, 6. 4° Oculi, 25, 15. 5o Lœtare, Es. 54, 1. 6o Judica, Ps. 43, 1. 7o Palmarum, Matl. 21. Viennent ensuite les dimanches de Quasimodo-geniti, ou Dominica in albis, Act. 1, 10. 1 Pier. 2, 2., Jfwmcordûw domini Ps. 89, 1. Jubilate 66, 1. Cantate 98, 1. Rogate Es. 48, 20., Exaudi, Ps. 27, 7., que suivent l'Ascension, la Pentecôte et la Trinité. Les cathol. ajoutent à ce Semestre Domini la fête du saint sacrement ou Fête-Dieu, le jeudi après la Trinité, fête qui est d'ordinaire remise au dimanche suivant. Un grand nombre de fêtes s'établirent en outre peu à peu en souvenir de saints personnages, des apôtres, de Marie, des martyrs, des évangélistes, de saint Michel, de la Toussaint, etc. Il fut même convenu que tous les jours qui rappelleraient le souvenir d'un saint, deviendraient par là même jours fériés. On s'est heurté ainsi à une impossibilité matérielle, et l'on a dû distinguer entre les fêtes du chœur, c.-à-d. du clergé seul, et celles du peuple. On a distingué encore les fêtes entières et les demi-fêtes, suivant qu'elles prenaient la journée entière, ou seulement la matinée. Le nombre excessif de ces jours de chômage avait déjà soulevé de nombreuses plaintes avant la réformation. Luther les réduisit considérablement, et ne garda, outre les fêtes bibliques, que celles de Marie et de Jean-Baptiste, qui même tombèrent bientôt plus ou moins en désuétude. L'Égl. réformée, plus radicale, ne garda que les fêtes relatives au Sauveur et au Saint-Esprit, soit No'él, Pâques, l'Ascension et Pentecôte. Peu à peu on y ajouta la fête de la Réformation et un jour de jeûne, ce dernier d'abord en souvenir de la Saint-Barthélémy, puis comme simple jour de pénitence et de recueillement. Le jour de Pan, fête civile, est cependant férié dans plusieurs égl. par un service religieux; il en est de même en France des fêtes catholiques, lorsqu'elles coïncident avec les fêtes patronales, dites kermesses ou ducas-ses. On distingue les fêtes immobiles, qui ont lieu à un jour fixe du mois et de l'année, et les fêtes mobiles qui dépendent de Pâques et de la lune de mars. Les conciles ont décidé que la Pâque aurait lieu le dimanche qui suit la première pleine lune après l'équinoxe du printemps. Si l'équinoxe commence après la lune de mars, c'est celle d'avril qui détermine la date de la Pâque. Lorsqu'une fête est reconnue par le gouvernement, le jour est dit férié, chômé ou carillonné; les travaux publics sont suspendus, les écoles et les tribunaux chôment, les banques ferment et les effets échus ne peuvent être tirés que le lendemain. Avant 1789 on en comptait 82 par an, dimanches compris.
La fête du Saint-Sacrement, qui se célèbre le jeudi après la Trinité, est la plus brillante du catholicisme. Le riluel en est pompeux et remonte à Thomas d'Aquin. Une procession en dehors de l'église, précédée de la sainte hostie, en constitue la partie essentielle; il y a 4 stations principales, ou reposoirs; on y lit le commencement des 4 Évangiles et des prières spéciales. Établie par une bulle d'Urbain IV 1264, la fête fut confirmée par Clément V à Vienne 1311. Elle repose sur la doctrine de la transsubstantiation et fut célébrée, pour la première fois dans le diocèse de Liège par l'év. Robert et le légat Hugo 1247. C'est une vision de la | prieure Julienne qui lui donna naissance; cette religieuse vit en songe une échancrure à la lune, et la Vierge lui révéla que cette échancrure indiquait une lacune, il manquait une fête à l'Église; celle du sacrement fut instituée.
La fête des Anges gardiens date du 16me siècle et vient d'Espagne où elle fut célébrée d'abord le le mars, mais elle a subi de nombreuses vicissitudes. En France on la mit au premier jour i libre après la Saint-Michel. Paul V la reconnut par une bulle du 27 sept. 1608; Clément X en 1670 la fixa au 2 oct. et en fit une fête générale, duplex cum octavâ. Finalement les papes l'ont mise au premier dimanche de septembre.
FÉTICHISME. C'est la forme la plus inférieure de la religion, l'adoration d'un fétiche, c.-à-d. d'un objet naturel ou fabriqué, feu, arbres, fleuves, ossements, auquel on attribue des vertus magiques et dont on fait le centre d'un culte idolâtre. Il n'est pas même nécessaire que l'objet soit beau, ou qu'il ait aucun charme extérieur; presque toujours il est indifférent, sinon grossier et hideux. Le fétichisme appartient à un état de civilisation et de développement tout primitif, où l'idée instinctive de Dieu se confond encore avec la matière et ne peut s'élever au-dessus du monde visible. La distinction entre le naturel et le surnaturel est si confuse qu'après avoir adoré son fétiche, le même homme pourra le maltraiter et le détruire s'il n'a pas répondu à ses espérances. C'est surtout chez les nègres que se trouvent les fétichistes; il y en a cependant aussi en Amérique, les manitous, et en Sibérie, les burkhans.
FEU. lo Le baptême de feu, Matt. 3, 11. Luc 3, 16. s'entend ordinairement du martyre; cf. Matt. 20, 22. 23. — 2o Le jugement par le feu, v. Jugement. — 3o Le supplice du feu, généralement préféré par l'Église, en vertu de sa maxime: t L'Égl. a horreur du sang. » Elle aurait pu aussi pendre ou noyer, ce qui eût été moins crael.
FEUERBACH, Louis-André, né à Ansbach 28 juill. 1804. Prof, à Erlangen 1828, il rentra bientôt dans la vie privée pour se consacrer tout entier à ses travaux littéraires. Il exagéra encore le.* idées de Strauss, en tira les conclusions logiques, déclara que la religion n'était qu'une illusion, et peut être considéré comme un des pères du nihilisme. Il a écrit une Hist. de la philos, depuis Bacon jusqu'à Spinosa, une Vie de Bayle, les Principes de la philos, de l'avenir, une Critique de Leibnitz, Etudes sur le christianisme, Essence de la religion, Pensées sur la mort et l'immortalité, Théogonie, etc. Philos, hégélien, il l'a été d'une manière grossière. f 1872.
FEUILLANTS, Folietani, congrég. de l'ordre des cisterciens, fondée à l'abbaye de Feuillant, près de Toulouse, par l'abbé Jean de la Barrière, né 1544, qui l'avait reçue comme com-inende après que son prédécesseur, l'abbé Crus-sol, eut passé au protestantisme, 1562. Sa réforme fut sévère et rencontra une vive opposition. Les feuillants devaient rester tête et pieds nus, coucher sur des planches, manger à genoux et s'imposer diverses autres privations inhumaines. Le pape ne les en reconnut pas moins 1585 et 1587, et Clément VIII donna à la congrég. tous les droits et les caractères d'un véritable ordre. La règle ayant été adoucie en 1595, le nombre des cloîtres se multiplia tellement qu'Urbain VIII partagea l'ordre en deux congrégations, la française et l'italienne, chacune avec son général. Il y eut aussi des sœurs feuillantines, dont les principaux couvents étaient à Moutesquiou, Toulouse et Paris; Anne d'Autriche les protégea. — Le parti modéré du club des jacobins, 1789, s'appelait club des Feuillants, parce qu'il s'était établi au couvent de ce nom, près des Tuileries.
FÈVRE(Le), v. Faber, Lefèvre d'Étaples, etc.
FICHTE 1° Jean-Gottlieb, né 19 mai 1762 à Rammenau, Haute-Lusace, étudia d'abord la théol. à Iéna, 1780, puis l'abandonna pour la philosophie. Précepteur en Saxe, en Suisse, à Varsovie, à Kœnigsberg, il se lia dans cette dernière ville avec Kant, ét publia sa Critique des Révélations, 1792. En 1793 il écrivit sur la Ré-vol. française. En 1794 il fut appelé comme prof, à Iéna, où il obtint un grand succès par son éloquence et la nouveauté de ses idées philosophiques. A cette époque de sa vie se rattachent ses principaux ouvrages: Doctrine de la science; Droit naturel; Système de morale. Accusé d'athéisme pour un passage mal interprété d'une étude sur les motifs de notre foi à une providence divine, il donna sa démission 1799 et se retira à Berlin où il enseigna pendant quelques années comme prof, libre. En 1805 il fut nommé à Erlangen, mais continua de donner de temps en temps des conférences à Berlin; ses Discours à la nation allemande 1807 contribuèrent beaucoup à réveiller l'esprit public lors de l'invasion des Français. Enfin en 1809 il fut définitivement appelé à l'univ. de Berlin comme prof, et recteur, et il y resta jusqu'à sa f 28 janv. 1814. Il fut enlevé par une épidémie due aux misères de la guerre. Son système est connu sous le nom d'idéalisme trans-cendental. La notion absolue, c'est le moi. Le moi se pose, se reconnaît lui-même par son action intérieure. De là il passe à la notion de l'existence en elle-même, de la vie indépendante du moi; puis à l'Être qui réalise cette existence, Dieu. Cet être universel se répand, non seulement sur le moi pensant, mais sur une foule d'objets et d'individualités différents, ce qui fait naître la notion d'univers. Malgré ses lacunes, cette théorie exposée avec beaucoup d'art a fait la réputation de Fichte, mais il s'est rendu plus populaire encore par son action politique; il a travaillé à l'émancipation de l'Allemagne et a concouru à l'insurrection de 1813 contre Bonaparte. S'il s'est justifié du reproche d'athéisme, il n'a pu se laver de l'accusation d'une espèce de panthéisme. Il a eu de nombreux disciples, entre autresSchelling, qui plus tard se tourna contre lui. — 2° Son fils Erama-nuel-Hermann, né à Iéna 18 juill. 1797, prof, de philos, à Tubingue en 1842, puis à Bonn. Il a écrit une Vie de son père, une Ontologie, une Théol. spéculative, une Morale, et a travaillé à concilier la spéculation avec le Christianisme véritable.
FICIN, Marsile, né à Florence 19 oct. 1433, fils du médecin de Cosme de Médicis, devint à 18 ans le précepteur des jeunes princes et étudia avec passion la littér. grecque et la philos, platonicienne, qu'il finit par enseigner publiquement au milieu d[an grand concours de disciples, parmi lesquels Pic de la Mirandole. Il entra dans les ordres, toujours comblé des bontés de la famille Médicis, fut recteur de deux égl. de Florence, chanoine de la cathédrale et prédicateur distingué, f 1499. Il croyait à l'astrologie, à l'alchimie et à la divination. Ne distinguant pas la philos, platonicienne et la néo-platonicienne, il essaya de prouver leur accord avec le christianisme. Ses principaux ouvrages tendent à ce but: Theol. platonica, De relig. christianâ, Institutions ad Plat. disciplinant; ils ont eu de nombr. éditions, trad. et commentaires.
FIDÈLE (roi très), ou roi très croyant; rex fidelissimus, titre d'honneur donné aux rois de Portugal par Benoît XIV.
FIDJI (îles), dites aussi Archipel de Viti, dans le Grand océan équinoxial; population de cannibales sauvages et farouches. Ces îles, évangé-lisées depuis 1822 par les wesleyens, sont auj. un des plus beaux fleurons de leurs missions.
Elles professent toutes le christianisme évangélique.
FILIOQUE (et du Fils). C'est au conc. de Tolède 598 que l'Égl. décida pour la première fois que le Saint-Esprit, personne divine, ne procède pas seulement du Père, mais aussi du Fils, ce qui amena entre l'Égl. d'Occident qui acceptait, et celle d'Orient qui repoussait cette addition, une controverse d'autant plus vive et plus longue que, de part et d'autre, on ne devait pas comprendre bien clairement l'objet même de la discussion. Auy encore la question n'est pas tranchée; le monde romain tient pour le filioque; l'Égl. grecque le repousse; les Égl. protestantes n'y attachent pas d'importance et n'en parlent pas.
FILLEUL, Jean, menuisier de Sancerre, et son ami Julien Léveillé quittaient Nevers en 1554 pour échapper à la persécution, et se rendre à Genève où leurs femmes étaient déjà. Découverts ils eurent à subir un véritable interrogatoire et ils déclarèrent ouvertement leur foi en la religion évangélique, ce qui les fit condamner à mort. Le 15 janv. 1555, après avoir eu la langue coupée, ils furent brûlés vifs.
FINLANDE, Finnois. Originaires du nord de l'Asie, probablement une branche des Huns, les Finnois s'étaient fixés entre la Vistule et les monts Carpathes ou le Volga, lorsque l'arrivée des Goths les refoula jusque dans la Sarmatie septentrionale et la Scandinavie, contrées décrites par Strabon et Pomponius Mêla avec des exagérations ridicules, mais déjà mieux connues par Tacite. La piraterie leur offrait plus de ressources que la culture d'un sol ingrat; leurs mœurs étaient grossières, leurs idées religieuses presque nulles; à peine un pressentiment de l'immortalité. Les efforts d'Anschar n'étaient pas arrivés jusqu'à eux, et il fallut comme souvent ailleurs, y revenir à plus d'une reprise avant que ces tribus se convertissent. Leur défaite et la conquête du pays par les Suédois fut même le moyen matériel qu'employèrent les missionnaires pour les soumettre à l'Évangile. Eric IX, dit Jedvarson, surnommé le saint, roi de Suède, se mit en campagne 1157, accompagné du belliqueux év. Henri d'Upsal, somma les habitants de se soumettre, les battit, et après d'affreux massacres fit baptiser les survivants. Il fonda à Rendamecki un évéché, qui en 1360 fut transféré à Abo. L'év. Henri qui irritait le peuple par son arrogance, fut assassiné 1158 par un gentilhomme qu'il avait offensé; canonisé pour ce prétendu martyre, il devint le patron de la Suède et de la Finlande. L'œuvre de la mission n'avança que lentement et rencontra la plus vive résistance de la part des Cures et des Tawastes. Nouvelle croisade du comte suédois Birger 1249. Enfin, avec le concours du pape et de ses indulgences, le maréchal Torkel, vers 1293, finit par écraser le pays, poussa ses conquêtes jusqu'au lac Ladoga, et soumit définitivement ces populations au christianisme. L'év. Pierre, de Westeraes, comprit heureusement qu'il fallait traiter les habitants avec plus d'humanité, et en leur donnant des lois, il leur laissa leur langue et leurs mœurs. De nombreux couvents s'élévèrent; le chapitre et l'école d'Abo devinrent le centre distingué d'un mouvement intellectuel et religieux. C'est aussi de Suède que la Réforme pénétra en Finlande; l'Égl. est luthérienne et possède des évêques à Abo, Borga et Kuopio.
FIRMILIEN, év. de Césarée en Cappadoce, ami d'Origène et très considéré de ses contemporains. f à Tarse 269. On a de lui une lettre trad. en latin, dans les œuvres de Cyprien; il se prononce contre la validité du baptême des hérétiques et contre la doctrine de Rome.
FISCHER, v. Piscator.
FISHER, Jean, év. de Rochester, né à Be-verley, près d'York, en 1455 ou 1459, fut chancelier de l'univ. de Cambridge, confesseur de là mère d'Henri VII, et assista Henri VIII, qui l'appréciait, dans la rédaction de son traité Des sept sacrements. Il s'opposa au divorce d'Henri VIII avec Catherine. Ses relations avec la prétendue prophétesse Élis. Barton le rendirent suspect; accusé de haute trahison il fut emprisonné. Sa nomination au cardinalat servit à Henri de prétexte pour lui faire trancher la tête, comme ayant méconnu l'autorité royale. Il f 1535 avec un courage chrétien. Ses écrits contre la Réforme ont été publ. à Wtirzbourg 1597.
FISTULE, petit roseau, chalumeau, brin de paille, au moyen duquel les fidèles aspiraient le vin de la communion, avant que la coupe leur eût été retranchée. On évitait ainsi que le vin du sacrement se répandit sur le sol.
FLACIUS, Matthias Flacich, IllyiHcus, strict luthérien, né 1520 à Albona, Illyrie, aurait voulu par zèle religieux se renfermer dans un couvent, mais un de ses parents, Lupetinus, provincial des minorités, secrètement attaché à la réforme, l'engagea à se rendre en Allemagne 1539. Il traversa Bâle, Tubingue, Ratisbonne, et arriva à Wittenberg, où il s'attacha à Luther. Il devint en 1545 prof, de l'A. T., et se maria. A la suite de la guerre de Smalcalde sa vie fut troublée. Il dut s'enfuir à Brunswick. A peine de retour, il quitta sa place à cause de l'Intérim de Leipzig et se rendit à Magdebourg. En 1557 prof, à Iéna, il donna sa démission 1561, parce qu'il ne voulait pas accepter que la censure du Consistoire restreignît sa liberté d'enseignement. Il passa ses dernières années à errer de Ratisbonne à Amsterdam, Francfort et Strasbourg, accablé de soucis matériels, et f 1575 dans un hôpital de Francfort, réduit au pins complet dénuement. Il ne cessa de défendre avec le plus infatigable désintéressement, mais d'une manière outrée, la vérité, telle qu'il l'avait reçue de Luther, et il combattit les doctrines modérées d'Osiander et de Schwenkfeld avec la même passion que le philippisme et l'Intérim de Mélanchthon. On lui doit la publication des Centuries de Magdehourg, plusieurs écrits de polémique, une Clavis Scripturœ sa-rnp, un exposé de la doctrine du Péché originel, qu'il exagéra au point de se faire accuser de manichéisme, etc.
FLAGELLANTS, Flagellatio On voit apparaître déjà dès le lime siècle des processions d'hommes, nus jusqu'à la ceinture, et armés d'un fouet dont ils se frappent sans miséricorde, en chantant des psaumes et voyageant de ville en ville, se réunissant sur les places publiques et dans les égl. pour exhorter les hommes à la repentance. Dès 1268 ils forment une véritable secte, fanatique produit de prédications insensées et d'appels à une pénitence mal entendue. Les malheurs des temps et l'attente de la fin du monde excitaient les esprits; c'était comme une épidémie, servie et entretenue par de puissants prédicateurs populaires, le dominicain Reinier de Pérouse, Antoine de Padoue, Vincent Ferrer, etc. Les principales crises eurent lieu en 1261 à Pérouse et au sud de l'Allemagne, appuyées de visions et d'ordres célestes; en 1398-1399 sur le littéral de Gênes (Bianchi, pèlerins blancs, à cause de leur costume); à Magdebourg et en Alsace 1347-1349, à l'occasion d'une grande peste; il ne fallut rien moins que l'intervention de la Fran ce, une bu'le du pape, et même quelques bûchers pour y mettre ordre. De nouveaux cas se présentèrent encore à S >n-gerhausen en 1434 et 1481. On s'explique difficilement la persistance de cette folie, mais Henri III lui-même et sa cour, peu suspects d'une piété trop austère, se pa sèrent aussi cette fantaisie 1574 et s'enrôlèrent momentanément dans la confrérie. On trouvait encore des flagellants en Italie et au sud de la France au milieu du siècle dernier.
FLAMINIUS, M.-Antoine, né à Bologne 1536; ecclésiastique, savant et poète, vécut à Viterbe et à Ferrare et se rangea parmi les amis de la Keforme. Il refusa la présidence du conc. de Trente, et sur son lit de mort, redisant sa confession de foi, il omit le mot de transsubstantiation. A la demande du cardinal Polus, il avait traduit les Psaumes en vers latins, mais avec des notes qui rappellent le Bienfait de Christ et l'Institution de Calvin.
FLATT lo Jean-Fréd., né à Tubingue 20 févr. 1759, prof, de philos, en 1785, de théol. morale en 1792, f 24 nov. 1821. Élève de Storr, il était supranaturaliste, mais avec une tendance éclectique, cherchant à concilier les résultats de la science et de la philos, avec la foi positive. Il introduisit à Tubingue la philos, de Kant. Ses œuvres ont été publ. par Steudel 1823. — 2o Charles-Chrétien, son frère, né 1772 à Stuttgard, prof, de théol. à Tubingue, disciple de Storr, dont il traduisit la Doctrina christ membre du Conseil ecclés. supérieur 1812, directeur du Conseil d'instruction publique et surintendant général d'Ulm, 1829. f 1843.
FLATTICH, Jean-Fréd. né 3 oct. 1713 à Bei-hingen, aumônier militaire à Aspergl742, puis pasteur en divers lieux, fut un des chefs et des représentants les plus accrédités du pié-tisme wurtembergeois pratique. Il s'est surtout occupé de pédagogie, et avec autant de succès que de sagesse dans les principes; f 1797. V. Ledderhose.
FLAVIEN lo Clément, fils d'un fr. de Ves-pasien, penchait vers le christianisme, ainsi que Domitilla son épouse. Domitien le fit mettre à mort 96 sous prétexte d'impiété. Cette mort fut vengée par celle de Domitien, assassiné par Étienne, affranchi et intendant de Domitilla. — 2° Pair, d'Antioche, adversaire de l'arianisme, élu 381 comme successeur de Meletius, et du vivant encore de Paulin, l'év. des eustathiens, ce qui prolongea jusqn'au 5m« siècle le schisme dans l'Égl. de Syrie. Soutenu par les Orientaux contre les Occidentaux, Flavien réussit à se maintenir. Il finit par être reconnu de tous 393, après la f d'Évagrius, 392, qui avait lui-même succédé à Paulin f 388. Il persécuta durement les messaliens, ou euchytes. Il plaida auprès de l'emp. Théodose la cause de ses ressortissants qui dans une émeute avaient renversé les statues impériales, et obtint leur grâce, f 404. Chrysostôme fait son éloge et lui attribue un beau discours. — 3° Patr. de Constantino-ole 447, présida le concile où Eutyches fut condamné 448. Malgré l'adhésion de l'év. de Rome 449, il dut à son tour comparaître comme accusé au conc. d'Éphèse, convoqué par l'empereur; il fut déposé comme fauteur de troubles, et comme il protestait, Dioscure qui présidait ce concile de brigands le maltraita si fort qu'il en f 449.
FLÉCHÈRE (De la), v. Fletcher.
FLÉCHIER, Esprit, né 10 juin 1632 à Per-nes, comtat d'Avignon, d'une famille obscure et pauvre, fut élevé par un oncle, le p. Audifret, supérieur général de la congrég. des doctrinaires, qui l'y fit entrer à l'âge de 16 ans. A la mort de son oncle il vint à Paris, composa une pièce de vers latins sur le carrousel de 1662, fut nommé d'abord précepteur du jeune Cau-martin, puis, par la protection du duc de Mon-tausier, lecteur du dauphin. Il s'était déjà fait une réputation comme orateur; à la f de la duchesse de Montausier (Julie de Rambouillet) 1672, il fut chargé de faire son oraison funèbre; il fit aussi celle de la duchesse d'Aiguillon 1675, et en 1676 celle de Turenne. Nommé membre de l'Acad. française en 1675, le même jour que Racine, il obtint un grand succès. Le roi lui donna en 1585 l'évéché de Lavaur, et en 1587 celui de Nîmes, où il sut. malgré la révoc. de l'Édit de Nantes, se concilier l'estime et l'affection de tous, même des protestants. En 1690 il écrivit encore l'oraison funèbre de son ancien protecteur le duc de Montausier. Il passa 23 ans à Nîmes; la guerre et les persécutions des ca-misards eurent lieu sous son épiscopat, sans qu'on voie qu'il y soit guère intervenu, ni en bien, ni en mal. + 16 févr. 1710 à Montpellier. Outre ses 6 Oraisons funèbres qui l'égalent presque à Rossuet, il a laissé des Sermons, des Panégyriques de saints, une Vie de Commendon, deux écrits contre lescamisards et leurs prophètes, une Hist. de Théodose un peu panégyrique, une Vie du cardinal Ximénès, et des Mém. sur les grands jours de Clermont. Son style est pur, mais un peu maniéré.
FLETCHER, ou plutôt Flécher e (De La), Jean-Guill., plus connu sous son nom anglais de William Fletcher, né à Nyon 12 sept. 1729 d'une famille distinguée, alliée de loin à la maison régnante de Sardaigne, étudia à Genève, apprit l'allemand à Lutzbourg, et entra momentanément au service militaire en Hollande. Il accepta ensuite un préceptorat chez M. Hill M. P., et ses vues le portèrent de nouveau vers le ministère, qui avait été sa première et modeste ambition. En 1756 il perdit son père, en mars 1757 il fut consacré suivant le rite anglican. Les instances de sa mère, veuve et isolée, ne purent le décider à venir s'établir en Suisse. En 1759 il fut nommé pasteur à Madeley, église pauvre et très chargée, et malgré les offres les plus brillantes, il ne voulut jamais l'abandonner. Quoique élégant, distingué, délicat, il était simple de goûts et de manières. U concourut, avec Wesley et Whitfield, à ranimer le zèle religieux en Angleterre; sa prédication était entraînante comme la leur, quoique plus simple. En 1769 et 1770 il visita le midi de la France, les Gévennes, Marseille, l'Italie jusqu'à Rome et Naples, et revint par la Suisse. Il prêcha plus, fois à Nyon. De retour en Angleterre, il fut chargé de l'inspection du séminaire de Trevecca, mais l'excès de travail altéra sa santé. Il dut prendre un nouveau congé, visita le midi de la France et la Suisse, et rentra dans sa paroisse en 1781. Il se maria, à 52 ans, pour avoir une aide dans ses travaux de pasteur, mais sa santé était trop éprouvée, et ayant voulu prêcher un dimanche malgré une violente fièvre, il f le dim. suivant, 11 août 1785, âgé de 56 ans, en pleine paix. Quoiqu'il n'aimât pas la controverse* il avait été appelé à en faire. Dans la question des colonies américaines se refusant à payer certains impôts, il s'était prononcé en leur faveur. Il a publié des sermons, quelques ouvrages d'édification, et un poème La Louange.
FLEURY 1° ville et abbaye du dioc. d'Orléans, fondée 610 par l'abbé Leodebot; elle s'acquit bientôt par la possession des reliques de de saint Benoit une grande considération, qui s'augmenta encore par la fondation d'un Hospi-taie nobilium et pauperum. L'abbaye fut brûlée par les Normands 865, mais les moines prirent leur revanche en 878, et lors d'une 3™ attaque, une simple apparition de saint Benoît fit reculer le duc envahisseur. Dans le désarroi général la discipline s'était aussi relâchée; Odo de Glugny réussit à la rétablir en dépit de l'opposition des moines, et dès lors l'école se releva et compta jusqu'à 5000 disciples. La riche biblioth. fut détruite pendant les guerres de religion et les moines de Fleury se rattachèrent à la congrég. de Saint-Maur.
2° L'abbé Claude, né à Paris 6 déc. 1680, avocat au parlement à 18 ans, y resta 9 ans, embrassa 1667 la carrière ecclésiastique, fut nommé 1672 précepteur des princes de Conti, puis abbé de Loc-Dieu, et en 1689 sous-précepteur des enfants de France dont Fénelon était gouverneur. En 1696 il entra à l'Acad. Le prieuré d'Argenteuil lui fut donné 1706; nommé confesseur de Louis XV en 1716, il donna sa démission en 1722, et f 14 juill. 1723. Savant et modeste, il ne fut ni moliniste, ni janséniste, ni ultramontain; il défendit l'Égl. contre les rois, et le pouvoir épiscopal contre les entreprises des papes. Il a écrit un Catéch. historiq. 1679; Mœurs des israélites, M. des chrétiens; du Choix des études, etc. Mais son plus important ouvrage est son Hist. ecclés., en 20 vol., qui va jusqu'en 1414, et que Voltaire lui-même appréciait pour l'impartialité des jugements, pour l'exactitude du récit et pour le naturel du style.
3o André-Hercule de Fleury, né à Lodève 1653, aumônier de Louis XIV, év. de Fréjus, puis cardinal et ministre, ne joua aucun rôle religieux; bon administrateur à l'intérieur et aux finances, il fut faible dans la politique étrangère, f 1743.
FLIEDNER, Théod., fondateur de l'œuvre des diaconesses de Kaiserswerth, né 21 janv. 1800 à Epstein où son père était pasteur. Il étudia à Giessen 1817, fut précepteur à Cologne en 1820, et nommé pasteur à Kaiserswerth en 1821. Uo voyage de collecte qu'il fit en Hollande et en Angleterre pour sa pauvre église, le mit en évidence. Plusieurs personnes, et entre autres Élis.
Fry, exercèrent sur lui une grande influence, et doué lui-même d'une activité extraordinaire, il résolut d'utiliser pour le bien des pauvres et des malades les femmes croyantes, en donnant â leur charité une occupation régulière. Il commença par un asile pour les Madeleines repentantes. En 1836 il fonda la maison de diaconesses, à laquelle il adjoignit successivement un hôpital, un orphelinat, une école normale, et au bout de peu d'années il compta en Allemagne. en Amérique, en Orient un grand nombre de succursales, hospices, maisons d'éducation, etc., administrées par des élèves de la maison-mère, et placées sous sa direction plus ou moins immédiate. La maison de Duisbourg a aussi été fondée par lui. f 4 oct. 1864.
FLODOAKD, bénédictin, né à Épernuy 894. Son attachement à l'archev. Artold lui lit perdre sa place; il était chanoine à Reims. Louis IVrefusa de le nommer à l'évêché de Noyon et Tournai, où il avait été appelé. C'est un chroniqueur de premier ordre. Sans parler de son Hist. des papes en vers, qui va jusqu'en 936, il a écrit une Hist. de Reims, en latin, et des Annales, ou Chronicon, de l'hist. de France de 919 à 966 (réimpr. en français dans la Collect. des Mém. de Guizot). FLORE. Joachim (de), v. Joachim.
FLORENCE (synode de), v. Ferrare.
FLORENCE, ou Florent. Plusieurs hommes de ce nom: 1° un év. de Vienne, f 3 janv. 258;
un év. de Numidie, f 30 avril 259; 3<> un saint de Pérouse, f 1 juin? 4° un saint de Sé-ville, +23 févr. 485; 5°év. africain que le cruel Hunéric. arien, exila en Corse pour avoir combattu larianisme; 6<> év. de Strasbourg, successeur d'Arbogast, 633-675; 7° abbé anglais, a écrit la vie du martyr Jodocus; 8° prêtre d'Aos-te, f 632, auteur d'une Vie de sainte Rusticule; 9° moine de Worcester, aussi nommé Bavo-nius, f 1118, auteur d'une Chroniq. générale qui fait de lui, après Bède, la principale source pour l'hist. d'Angleterre; il y a inséré presque toute la chronique de Marianus Ses tus, et de nombreux documents empruntés à Asser sur la \ie d'Alfred et sur d'autres sujets. Son travail va jusqu'à l'année de sa mort. Un moine du même couvent l'a continué jusqu'en 1141; 10* Florent Radwin, un des fondateurs des fr. de la vie commune, q. v. Né 1350, f 1400.
FLORIACIENS, congrégation fondée par l'abbé Joachim de Flore, q. v.
FLORLAN, soldat romain qui, pendant la persécution dioclétienne, se dénonça lui-même comme chrétien et fut noyé dans l'Ens, Haute-Autriche. Sur sa tombe s'éleva un couvent qui devint un fief des chanoines réguliers.
FLORUS, Drepanius, diacre de Lyon au 9*« siècle, écrivit contre la transsubstantiation et en
faveur de la prédestination de Gottschalk 852. S'inspirant d'Augustin il composa son Comment. sur les Ép. de Paul, qui fut longtemps attribué à Bède.
FLUE (Nicolas de), v. Nicolas.
FLYSTEDEN, v. Klarenbach.
FODRUM, redevance en argent que le prêtre doit à son èvêque; elle se règle ordinairement lors des visites d'églises.
FOI. D'une manière générale c'est une conviction intime, une confiance absolue, et le mot s'emploie en parlant des personnes, de soi-même, de la patrie, d'un maître. On a foi, on croit au patriotisme, au droit, à la vérité. C'est surtout dans le domaine religieux que le mot acquiert, par la nature même des choses, toute sa valeur et son importance. La foi en Dieu est à la base de toutes les religions. Mais comme dans chacune l'idée et le sentiment religieux revêtent nécessairement un caractère subjectif, par conséquent différent, soit traditionnel, soit individuel et personnel, le même mot a fini par prendre un sens, non plus absolu, mais relatif, et par s'appliquer soit à l'ensemble des conceptions relig. d'un peuple ou d'un culte, soit même à des systèmes particuliers. C'est en ce sens qu'on peut parler de la foi des juifs, de celle des musulmans, etc. Le christianisme a relevé, en la complétant, l'idée de la foi, et a précisé son double caractère intellectuel et moral. Croire en Dieu, c'est le connaître, mais c'est aussi lui obéir et l'aimer. Ce n'est pas seulement croire qu'il existe, mais c'est croire à sa puissance, à sa providence, à son amour, à son œuvre dans le monde, à ses manifestations, à ses révélations; par la foi les montagnes peuvent être transportées et les malades guéris; c'est manquer de foi que d'avoir peur au milieu de la tempête. Parmi les écrivains du N. T. c'est Paul qui a le plus nettement précisé la nature de la foi chrétienne, en l'opposant surtout à la conception judaïque. Dans les deux économies le but est le même, la recherche de la justice, la poursuite de la sainteté; mais l'ancienne veut y arriver par l'observation de la loi, et elle a fait l'expérience qu'elle ne pouvait réussir; la nouvelle part de l'idée de la grâce et de l'œuvre rédemptrice accomplie par Jésus-Christ. Dès lors les œuvres ne peuvent plus être envisagées comme un moyen de justification, mais comme de simples actes par lesquels le croyant reconnaît qu'il a été racheté et qu'il se doit tout entier à son Sauveur. Saint Jean accentue moins les divergences entre les deux testaments, mais il insiste de la même manière sur le fait que nous appartenons à Celui qui nous a sauvés, et que nous devons lui être unis en l'aimant comme il nous a aimés le premier. Saint Jacques combat la foi morte, de même que Ta fait saint Paul, et il insiste sur le fait qu'une foi sans œuvres n'est pas la foi et qu'elle ne peut sauver; les démons môme croient en Dieu, mais ils en frissonnent. Dans l'Ép. aux Hébreux, la foi a davantage les caractères de l'espérance; elle rend visibles les choses qu'on espère; elle est simple dans sa définition. Croire que Dieu est, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent; en apparence c'est peu, en réalité c'est immense. — L'Église au moyen Age ayant peu à peu rendu aux œuvres le caractère juif de méritoires, la Réforme dut s'appliquer à relever surtout la doctrine évang. de la foi seule justifiante, du salut par la foi, en même temps qu'elle insistait sur la nécessité des œuvres comme preuve et justification de la vraie foi. L'école d'Amsdorf exagéra l'idée protestante jusqu'au paradoxe, en prétendant que les bonnes œuvres pouvaient être nuisibles au salut; elle aurait dft se contenter de dire qu'elles risquent de fàirè naître de dangereuses illusions. La doct. évangélique distingue en tout cas la foi générale que chacun admet plus ou inoins de confiance, par habitude, par tradition, et qui peut faire une Égl. ou un peuple chrétien, et la foi personnelle qui seule fait des chrétiens. Les esprits sont en général trop paresseux ou trop indifférents pour se donner la peine de rechercher par eux-mêmes ce qu'ils doivent et peuvent croire; c'est un effort à faire, et il faut le réveil de la conscience pour les y décider. Aussi reste-t-il toujours dans les populations dites chrétiennes, même chez les ecclésiastiques, chez les orthodoxes comme chez les rationalistes, un fort noyau de gens qui en sont encore à une espèce de catholicisme, c.-à-d. à la foi d'autorité. L s différents objets ou sujets sur lesquels peut se porter la conception ou la conviction religieuse, forment un tout, un ensemble, qui se décompose en un certain nombre de chefs ou de points principaux, qui ont reçu le nom d'articles de foi. Les uns sont essentiels au salut; les autres, malgré leur importance, ne sont pas essentiels, de même que dans le corps où tout est important, il y a des organes sans lesquels on peut cependant vivre, et d'autres dont la privation entraîne immédiatement la mort. A côté de la foi qui sauve, et qui est le centre de la doctrine, il y a des points de détail qui intéressent le progrès, la sanctification, le développement chrétien, et qui ont d'autant plus d'importance qu'ils touchent de plus près à la doctrine centrale, mais sur lesquels on peut varier ou ne pas être au clair, sans être pour cela en dehors de la foi. On les a par conséquent distingués, surtout depuis Nie. Hunnius, en points fondamentaux et non fondamentaux; puis les premiers en primaires et secondaires, et enfin les primaires en conservatifs et constitutifs. Ces distinctions, rejetées par l'Égl. cathol., ont souvent quelque chose d'arbitraire et d'artificiel, mais elles ne sont pas antiscripturaires et le bon sens les impose; il est évident que les articles relatifs à l'œuvre du Sauveur ont plus d'importance pour le salut que l'interprétation, p. ex. de telle ou telle prophétie. La réunion des divers articles de la foi d'une Église sonl désignés sous le nom de Confession de foi, ou Symbole, q. v. Chaque Église a la sienne, qui la distingue des autres.
FONSÈQUA 1° Rodrigue, év. de Burços, conseiller de la r. Isabelle, né à Séville 1452. f 1530, entrava autant qu'il le put l'expédition de Christ. Colomb, et s'opposa ensuite aux efforts de Las Casas pour l'amélioration du sort des Indiens. — 2° Pierre, jésuite, né 1528 à Cortizada, f 4599, professa à Evora et à Lisbonne, atteignit les plus hautes dignités de son ordre, fut ministre de Philippe II, et chargé par Grégoire XIII de plusieurs missions. Surnommé l'Aristote portugais, à cause de son Comment, sur la métaphysique d'Aristote, il a écrit en outre des Institutions dialectiques, et une théorie de la Science moyenne, Scientia média Dei, où il essaie de concilier le libre arbitre avec la Providence; Molina retravailla et compléta cette idée. On lui doit aussi un livre: De concordait-tid Providentiœ.
FONTÉVRAULD (ordre de). Le fondateur de cette riche abbaye de bénédictins, à 13 kil. de Saumur, fut Robert d'Arbrissel, né 1047, -f- i Coadjuteur de l'év. de Rennes, il travailla éner-giquement à la réforme des mœurs. Après la mort de l'év. il enseigna la théol. à Angers, puis vécut en solitaire dans la forêt de Craon. Ses appels à la repentance lui attirèrent beaucoup de monde, surtout des femmes, et il leur éleva plusieurs monastères, dont le princijul fut celui de la Fontaine d'Ebrald, fom Ebraldi. qui était double et comprenait un couvent d'hommes, un couvent de femmes, et un refuge pour les repenties. Toute communication entre les deux sexes était sévèrement interdile. A la tête de la communauté se trouvait une ab-besse, comme représentante visible de la sainte Vierge, sous le patronage de laquelle lordre était placé. La discipline était rigoureuse; le silence était absolu. L'ordre fut reconnu et cou-firmé en 1106 et 1113, mais il se répandit peu hors de France, et déclina rapidement. La der nière abbesse est f 1799, presque dans la misère. Depuis 1801 l'abbaye a été convertie en maison de détention; elle peut renfermer 2000détenus.
FONZIO, Bartolomeo, prédicateur éinineut de l'ordre des fr. mineurs, attaché aux doctrines évangéliques, fut condamné à Venise, 26 juin 1562, à être étranglé, puis brûlé. Mais les seigneurs de Venise, qui n'aimaient pas le bruit, obtinrent que la sentence fût modifiée, et le 4 août suivant, il fut noyé selon l'usage. Il mourut en paix.
FORERIUS, Forére, ou Fourier, Pierre, né 1565 k Mirecourt, curé à Matincourt, fondateur d'une Congrég. de pauvres sœurs enseignantes, qu'il avait d'abord organisée pour sa paroisse avec l'aide de quelques jeunes filles, et qui fut reconnue par Paul V, 1615 et 1616.
FORMOSE, pape 891-896; d'abord év. de Porto, puis missionnaire chez les Bulgares. Mêlé aux luttes de son temps, il se prononce d'abord par force pour l'emp. Lambert, iils de Guido, duc de Spolèle, qu'il sacre, puis contre lui et le remplace par Arnoul. roi de Germanie <ju'il couronne 896. Il condamne Photius. Etienne VI (ou Vil) fait déterrer son cadavre pour lui faire son procès; Jean IX le réhabilite, 898. Il a pour antipape Serge. Les actes du conc. qui l'avait condamné furent brûles.
FORMULE lo Pour la formule du Consensus helvétique, v. Helvétique. — 2° Le pape Pie IV, 1564, a prescrit une formule de serment, dit > du Conc. de Trente, parce qu'elle en renferme la doctrine, ainsi que les symboles de Nicée et de (Constantinople, avec rengagement de rester fidèle aux traditions apostoliques et aux ordonnances de l'Église. Ce serment est imposé à tous les hauts dignitaires et bénéficiaires de l'Église, ainsi qu'aux protestants qui passent au catholicisme. — v. Concorde.
FORSTER 1° Barthélémy, né 12 août 1753, curé d'Altenottingen, adversaire déclaré des superstitions; a écrit contre le culte des reliques, Munich 1803, et contre les indulgences. Il fut prof, de réthorique et de grec k Landshut. — 2° Jean, un des collaborateurs de Luther pour sa traduction de la Bible. Né à Augsbourg 1495, prof, d'hébreu k Zwickau; pasteur d'Augsbourg 1535, il perdit sa place en 1538, et une place de prof, k Tubingue en 1541, k la suite de difficultés avec des pasteurs à tendance zwinglienne, établit la réforme k Ratisbonne et k Schleusin-gen, succéda k Cruciger à Wittenberg, et prit part avec Mélanchthon au colloque de Naum-bourg sur le contlit d'Osiander. Il a écrit un bon Dict. hébreu, f 1556. — 3° Jean, né 1576 à Ansbaeh, surintendant à Manafeld, auteur d'un système des problèmes de la théol. f 1613. —
Jean-André, né k Hirschau 6 févr. 1759, prof, et directeur des séminaires de Ratisbonne et de Pfaffenhausen, puis pasteur près de Landau et conseiller intime du grand-duc; auteur d'un traité sur la Cure d'âme. — 5° Valentin, né 1530 k Wittenberg, élève de Luther et d'Eber, prof, de droit à Heidelberg, puis k Helmstàdt. f 28 oct. 1608. — 6o J.-Reinhold, né 1729 à Dirschau, Prusse, pasteur à Dantzig, puis directeur des colonies k Saratow, passa en Angleterre, accompagna Cook dans son second voyage, en qualité de naturaliste, enfin 1780 prof, d'hist. naturelle à Halle, f 1793. Auteur de quelques récita de voyage, d'observations géogr. et d'études sur les plantes australes. — 7o Jean-Georges-Adam, fils du précédent, né 1754. f en 1794 à Paris, a écrit la relation du voyage qu'il fit, comme son père, a\ec le cap. Cook, et divers Mélangés. — 8^ Georges, voyageur anglais, attache à la comp. des Indes, verse dans les langues orientales, f à Allahabad 1792.
FORTUNAT 1° Venantius-Honorius-Clemen-tianus, né 530 k Cenada, prèsTrévise, passa en Gaule vers 565, peu avant la désolation du nord de l'Italie par les Lombards, assista au mariage de Sigebert avec Bruneh aut, demeura quelque temps avec eux comme poète de cour; se rendit ensuite à Tours pour y faire ses dévotions, se lia avec Radegonde, femme de Clotaire, qui venait d'y fonder un monastère de filles, entra dans les ordres, devint son confesseur et l'aumônier du couvent, édifia le monde par ses vertus et ses poésies sacrées, et fut élu év. de Poitiers 7 ou H ans après la mort de Radegonde. Il f 609. On a de lui 7 Vies de saints, quelques traités de théol., des lettres et 249 pièces de vers, dont plusieurs sur des sujets religieux, entre autres, Vexilla Hegis, et le plus grand nombre, adressées à Radegonde ou à Agnès, sur les sujets les plus puérils et les plus frivoles, des fleurs, des violettes, du lait, des châtaignes, un bon repas, etc. C'étaient les mœurs du temps; il n'y a rien de risqué, ni d'équivoque au point de vue des mœurs, mais beaucoup de verve, le laisser aller d'une vie oisive, et un peu de gourmandise. On a pu y voir sans injustice une continuation d'Ausone, et l'origine de ces fabliaux qui devaient aboutir k Vert-Vert, k Ma-rot et à Gresset.
2° Patr. deGrado, Istrie. (Comme il prit parti pour Charlemagne dans l'empire de qui se trouvait son diocèse, contre les Grecs auxquels tenait Venise, il passa la plus grande partie de sa vie près de Charles. Rendu suspect k Louis-le-Déb. 821 il s'enfuit auprès de leinp. Michel; â son retour 824, Louis l'envoya au pape pour se justifier, et il f peu après.
FOSCARADI, né k Bologne 27 janv. 1512, év. de Modène 1550, envoyé au conc. de Trente 1551 et 1552; accusé d'hérésie sous Paul IV, il passa 7 mois dans les prisons de l'Inquisition. Libéré 1560, Pie IV l'envoya de nouveau à Trente, où il fut chargé de la rédaction des Canons. Il vota pour la concession du calice et pour la diminution du nombre des ecclésiastiques. En 1563 il entra dans la commission de la rédaction du catéch. et du brév iaire, f 1564.
FOURIER, v. Forerius.
FOUS (Fête des). Se rattachant aux anciennes saturnales qui s'étaient glissées ou maintenues dans l'Égl. comme fêtes de décembre ou de tin d'année, des jeux soi-disant solennels s'établirent, notamment en France, dans les écoles des couvents et des chapitres, où des enfants déguisés en prêtres, en abbés, en évêques, s'amusèrent à faire des processions et à imiter les cérémonies relig., d'abord tranquillement et sans malice, mais peu à peu avec un accompagnement de plaisanteries qui dégénérèrent bien vite en profanation, en satire ou en scandale. Les choses saintes furent tournées en ridicule, et l'Égl. dut intervenir. En 1198 le légat Charles-Pierre, en 1210 Innocent III, en 1212 le conc. de Paris interdirent ces folies, mais comme on n'obtenait rien, on se borna à les interdire aux ecclésiastiques et aux écoliers plus âgés. Le conc. de Bâle renouvela l'interdiction de la manière la plus absolue, 1435, ce qui n'empêcha pas l'usage de se maintenir jusqu'après les jours de la Ké-formation dans les pays restés catholiques. Le plus ancien écrivain qui en parle est Beleth, dans la 2™e moitié du 12me siècle, prof, do théol. à Paris (Summa de divinis officiis); il l'appelle Festum stultorum. Plus tard elle reçut les noms de Festum fatuorum, ou follorum, ou encore parce qu'elle avait lieu ordinairement le 4<ne dimanche de Noël, féte des Enfants innocents. DuCange en a conservé un rituel.
FOX lo Richard, né 1466, f 1324, conseiller de Henri VII, g.irde des sceaux, secrétaire d'État, entin év. d'Exeter et de Winchester, se retira des affaires à l'avènement de Henri VIII; il a fondé à Oxford le collège Corjrns Christi. — 2o théol. anglais, non conformiste, né 1517 à Boston, Lincolnshire, persécuté sous Marie-la-Sanguinaire, se fit correcteur d'imprimerie à Bâle et ne rentra qu'après la mort de Marie. II. fut précepteur du duc de Norfolk, qui lui procura une prébende. Auteur de plus, livres de controverse, dont le plus connu est son Martyrologe, ou Actes et monuments de l'Égl., appelé par les cathol. la Légende dorée. — 3° Georges, fondateur de la secte des quakers, q. v.
FRAGMENTS de Wolfenbuttel, traités et dissertations publiés à VVolfenbiittel par Lessing 1774 et 1778. On en a longtemps ignoré l'auteur; il a fini par être découvert en la personne du prof. Hermann-Samuel Reimar, de Hambourg. L'ouvrage entier n'a jamais été complètement publié; le mss. qui est à la biblioth de Hambourg a 4000 pages. La tendance en est franchement déiste; l'auteur nie la révélation et s'applique k relever les contradictions qui se trouvent dans l'A. T. Il estime que la substance du christianisme a été présentée par son fondateur et ses apôtres sous une forme mystique, et que pour la découvrir il faut la dépouiller de ses mystères et de son enveloppe. La publication de ces fragments fît sensation en Allemagne; ils sont restés comme le point de départ d'un développement nouveau, ou d'un nouvel essai pour concilier la raison avec la révélation, mais en donnant à la raison le dernier mot. Une controverse très vive entre Lessing et Gotze, pasteur principal de Hambourg, suivit de près l'apparition des premiers fragments. Il en a été publié d'autres par Klose 1850, mais qui n'ont pas obtenu le même genre de succès.
FRANCE, v. Gaules. On peut regarder Meaux comme le premier berceau de la Réforme, et presque Briconnet comme celui qui en fut lr promoteur. C'est là que se formèrent les premières assemblées, qu'eurent lieu les premières persécutions et que tombèrent les premiers martyrs. Les frères Leclerc 1523 et 1546, Pa-vannes 1525, Wolmar, Roussel, Lefèvre inaugurèrent le mouvement auquel Farel, Calvin et IJèze donnèrent ensuite une nouvelle impulsion et une direction positive. Les violenls édits d? François s'adoucirent pendant que Henri II cherchait des alliés parmi les princes de l'Allemagne, mais l'influence des Guise, ennemis de la maison de Navarre, provoqua l'édit de 1555 contre les hérétiques, et les Chambres ardentes suivirent aussitôt. La résistance aux Guise amena la conjuration d'Amboise 1560 et les exécutions auxquelles elle servit de prétexte. L'édit de Ro-morantin, mai 15t>0, proposé par les Guise, et que le parlement ne se décida qu'avec peine à enregistrer, remit aux prélats seuls la connaissance du crime d'hérésie et la repression des assemblées religieuses. Catherine, jalouse du triumvirat, accorda quelque répit aux protestants; le Colloque de Poissy, sans aboutir, leur rend espérance et courage. En sept. 1561 ils comptent déjà 2,150 églises. L'édit du 17 janv. 1562 leur donne la liberté de conscience, et aux nobles le droit de célébrer leur culte dans leurs domaines. Mais la fureur des Guise organise le massacre de Vassy, qui ouvre la 1™ guerre de religion, mare 1562; bataille de Dreux 19 déc. 1562; la paix se conclut à Amboise, 19 mars 1563. La non observation en pratique des libertés promises, leur restriction officielle par l'édit de Roussillon, 1564, et le danger prochain d'une ligue des Guise avec l'Espagne pour l'extermination des réformés, décidèrent Condé et Coli-gny à reprendre les armes; ce fut la 2<ie guerre de religion, sept. 1567; bataille de Saint-Denis, 10 nov.; la paix se conclut par la Convention de Longjumeau, 20 mars 1568. Mais elle est dite mal assise; la reine n en respecte pas les conditions, et une 3me guerre recommence le 25 août de la même année; elle est marquée par les batailles de Jarnac 13 mars 1569, de liiçon et de Moncontour; le prince de Condé blessé est assassiné, d'Andelot meurt, et Coligny, aidé de renforts anglais et allemands, marche sur Paris. La paix est signée à Saint-Germain, 8/ii août 1570. Elle assure aux protestants l'amnistie et la liberté religieuse, et leur accorde 4 places de sûreté; ils choisissent La Rochelle, Montauban, (Cognac et La Charité. Cette mesure, qui était une garantie nécessaire, fut cependant pour eux une cause d'affaiblissement; elle les constituait en parti politique, elle en faisait un État dans l'État et les condamnait par cela même à périr fatalement dans un délai plus ou moins rapproché. En outre, si elle les protégeait contre un coup de force en temps de guerre, elle ne les protégeait pas contre le crime et la trahison. La Saint-Barthélémy le leur prouva, 24 août 1572. Ces massacres sont le signal de la 4me guerre civile qui, après l'héroïque résistance de La Rochelle et de Sancerre, aboutit à la paix de La Rochelle, juin 1573, ratifiée 6 juillet 1574, mais n'autorise le culte public qu'à Montauban, Nîmes et La Rochelle. Ce n'était évidemment pas assez pour les protestants, mais c'était encore trop pour les catholiques, et une nouvelle guerre, la 5®e3 recommence avec l'appui des politiques et du duc d'Alençon, sept. 1574. La paix se fait à Beaulieu 8 mai 1576; elle porte le nom de Paix de Monsieur, et accorde d'autant plus d'avantages aux protestants, qu'on est plus décidé à en violer toutes les clauses aussitôt qu'on le pourra. La 6me guerre, à l'occasion de la Sainte-Ligue, se termine par la paix de Bergerac, 17 sept. 1577, Henri III traitant directement et ne supportant qu'avec neine les allures ambitieuses des Guise; l'édit de Poitiers en est la conséquence. La 7^®, appelée guerre des amoureux, commence en févr. 1580, et finit par le traité de Fleix, Périgord, 16 déc., après que les réformés victorieux ont pris Cahors et La Fère; leurs anciens droits leur sont reconnus, avec quelques avantages nouveaux, qui deviennent plus tard la base de l'édit de Nantes publié par Henri IV après la 8™e guerre; 15 avril 1598. Enfin la 9me guerre de religion 1620-1628, provoquée par la conversion forcée du Béarn, et marquée surtout par la chute de La Rochelle, mit fin au caractère politique du parti huguenot. La paix fut conclue à Alais 28 juin 1629, et l'Édit de grâce de Nîmes, juillet, en proclamant l'amnistie et en rétablissant les réformés dans toutes leurs libertés, leur rendit leur caractère d'Église, et leur permit de concentrer leurs efforts sur le développement de l'organisation et de la vie intérieure. Ce fut le beau temps de la théol. française réformée, des académies de Sedan, Saumur et Montauban. Mais l'absolutisme bigot de Louis XIV, ses besoins d'argent et d'absolutions, inaugurèrent un règne de persécutions, qui selon lui devait être un régne d'écrasement, et l'on vit apparaître successivement les conversions forcées, les enlèvements d'enfants, les missions bottées, les dra-gonades, la suppression l'une après l'autre de tontes les clauses de l'Édit de Nantes, et enfin, quand il n'en resta plus rien, en 1685, la suppression, ou la révocation du titre même de cet édit, qui restait encore aux malheureux comme une dernière espérance, une dernière illusion. Des émigrations en masse répondirent à cet acte sauvage, et ruinèrent le pays pour longtemps, sinon irrémédiablement. La guerre des Céven-nes, ou des camisards, 1702-1706, mit un terme à ces excès de la monarchie et eut pour résultat d'amener une espèce de tolérance tacite pour ceux qui étaient demeurés de reste en France.
Le 1er synode national, tenu à Paris en 1559, donna à l'Égl. réformée sa Discipline ecclésiastique, et sa profession de foi, dite Confession gallicane, en 40 articles, qui ratifiée en avril 1571 au synode de La Rochelle, le premier qui ait été tenu avec l'autorisation royale, fut dès lors connue sous le nom de Confess. de foi de La Rochelle. Son principe est la souveraineté de chaque Égl. et l'égalité de tous ses membres; elle est démocratique, par opposition à la constitution de l'Égl. de Genève, qui était davantage théocratique. La paroisse est administrée par un Consistoire qui, en cas de vacance, se renouvelle lui-même en soumettant ses choix à l'Assemblée. Un synode provincial, composé des pasteurs du ressort et d'un ancien par paroisse, se réunit deux fois par an. Le synode national est formé des délégués des provinces et ne se réunit que dans des cas d'intérêt général. La loi de 1795 et celle du 18 germinal an X ont respecté cette organisation, mais en supprimant de fait ce qui constituait la force des égl., c'est-à-dire leur unité dans une foi et une discipline commune. Ce n'est plus l'église, ce sont les églises réf. de France, chacune plus ou moins maîtresse absolue dans son ressort, sans autorité compétente en cas de conflit. Le désordre touchait à l'anarchie, et comme le gouvernement ne voulait pas entendre parler de synodes, il crut remédier au mal par son décret du 26 mars 1851 sur la réorganisation des Égl. protestantes. Ce décret et les lois qui en découlèrent portent le caractère d'une sagesse éclairée et concilient les besoins des temps nouveaux avec le respect des vieilles traditions; ils furent généralement bien accueillis, à l'exception d'une clause qui remplaçait les synodes, organes de l'Égl., par un conseil central, organe de l'État. Un synode convoqué en 1872 par M. Jules Simon, pendant la présidence de M. Thiers, n'a pas donné d'abord tous les heureux résultats qu'on était en droit d'en attendre; mais il a sauvé le double principe de l'autonomie de l'Église et de la nécessité d'une déclaration de sa foi. L'égl. réf. compte auj. 100 consistoires et 525 paroisses, avec 914 temples et 667 annexes.
De nombreuses égl. indépendantes existent en France, en dehors de l'Égl. officielle. Les méthodistes-wesleyens possèdent de florissantes congrégations dans plusieurs départements, notamment au midi et dans l'ouest. Les dissidents stricts avaient, déjà sous Louis-Philippe, des chapelles dans les principales villes. La Soc. évangélique, fondée en 1833, pour missionner surtout parmi les catholiques, a créé de nombreuses stations qui se sont peîi à peu érigées en églises, mais séparées de l'État, sous l'influence des chefs du mouvement dont le principal organe était alors le Semeur, rédigé par M. Lutteroth, sons la signature de M. Déhaut de Pressensé et avec la collaboration de Vinet. Les sociétés relig. se multiplièrent considérablement, ayant pour objet surtout de combler certaines lacunes de rétablissement officiel: missions chez les païens et les juifs, instruction primaire, traités, bibles, évangélisation des catholiques, protestants disséminés, liberté religieuse, intérêts généraux du protestantisme, diaconesses, aumôniers militaires, colonie de Sainte-Foy, orphelinats, alliance évangélique, histoire du protestantisme français, etc. V. le* écrits de Browning, de Félice, Puaux, Drion, Polenz, Ranke, Bruch, Crottet, Merle d'Aubigné, Miche-let, Sayous, Read, Bersier, etc. Carte de la Fr. protest., par Nègre, q. v.
Le luthéranisme comme tel n'a jamais pris racine en France, excepté dans le Montbéliard et sur les bords du Rhin. Mais à la longue, avec la liberté d'établissement, beaucoup de luthériens se sont fixés à Paris et dans d'autres villes, en assez grand nombre pour nécessiter la nomination de plusieurs pasteurs. Ils sont placés sous l'inspection d'un conseil supérieur, ou directoire, qui a son siège à Paris.
Après avoir été un moment supprimée par la révolution, l'Égl. catholique a été réorganisée par le Concordat et les lois organiques. Elle est dépendante de l'État et salariée par lui; mais ses rapports avec Rome et le pape sont libres et il n'y a de limitation qu'en cas d'abus. Les év. sont nommés par le pape sur la présentation du gouvernement; ils sont maîtres absolus dans leurs diocèses, et peuvent destituer à leur gré, sinon les curés titulaires, au moins leurs desservants. Les 15 archev. n'ont sur les 69 év. d'autre autorité que le droit de convoquer les synodes. La restauration a fa\orisé l'élection ou la résurrection d'une multitude d'ordres que les gouvernements précédents avaient supprimés, ou réduits à des limites déterminées, jésuites, dominicains, bénédictins, trappistes, ordres d'hommes et de femmes, les uns militants, les antres voués à l'enseignement ou à la bienfaisance. Par la complicité de l'empire, qui désirait s'assurer le concours ou tout au moins la bienveillance de la curie romaine et du clergé, ces ordres ont pris peu à peu un développement immense et ont fini par accaparer l'instruction publique à presque tous ses degrés. Quand on vit le danger, le mal avait fait tant de progrès que les efforts tentés par la République pour y remédier ont pris les proportions d'une véritable bataille, dont le résultat immédiat a été de diviser la France en deux camps. Il est à regretter que ceux qui ont voulu ramener l'Égl. au droit commun, aient alfecté de le faire au nom de l'irréligion; ils se sont affaiblis. L'enseignement de la théol. est sans contestation réservé au clergé, qui lui donne une direction toujours plus ultramontaine, bien qu'il renferme encore quelques timides représentants du gallicanisme. Les évêques ont la direction exclusive de leurs séminaires; les facultés de Paris, Lyon, Rouen, Bordeaux, sont peu fréquentées. La liturgie romaine a été introduite presque partout. Les missions étrangères sont activement poursuivies par les prêtres de la mission, le séminaire des miss, étrangères et les con-grég. du Sacré-Cœur et du Saint-Esprit.
FRANCFORT lo sur le Mein. Un conc. y fut tenu en 794, et se prononça contre l'adoptia-nisme et le culte des images. Sa grandeur date du siècle où de simple capitale de. la Fran-conie, elle devint presque la capitale de l'emp. germanique après les Carlovingiens. Plusieurs synodes s'y réunirent; celui de 1007 décida Féreclion de l'évêché de Bamberg. On appelle Concordat de Francfort, ou du Prince, l'acte par lequel le 5 oct. 1446, le prince-électeur s'entendit avec le légat papal au sujet des décrets du conc. de Bâle. La réforme fut facilitée à Fr. par la grande culture littéraire de cette ville. Une société d'hommes éminents s'y était formée, qui accueillit Luther en 1521 avec beaucoup de distinction. C'est elle qui en 1522 fit ouvrir la chaire du couvent de Sainte-Catherine au premier prédicateur évangélique, Hartmann Ibach. Les bourgeois chassèrent leur curé en 1524 et autorisèrent les prédicateurs de la Réforme. Enfin après plusieurs années de luttes passionnées, la ville entra dans l'alliance de Smalcalde 1536. D'abord zwinglien le mouvement se rattacha peu à peu au luthéranisme, sous l'influence de Beyer et de Westphal, et ce qui contribua surtout à accentuer ce caractère, ce fut l'opposition aux protestants venus du dehors. Il y eut en effet dès 1553 une égl. calviniste française, composée de réfugiés wallons venus d'Angleterre avec leur pasteur Valerien Pola-nus; puis des Anglais avec Willingham et Knox; puis de nouveau en 1555 des Flamands avec Dalhen et Lasky. Ils hésitaient entre la liturgie de Genève et celle d'Angleterre, quand les prédicateurs de la ville voulurent leur imposer celle d'Augsbourg, et sur leur refus de l'accepter, plusieurs de ces égl. furent fermées; les Flamands s'établirent non loin de là, à Boc-kenheim. Ce n'est qu'en 1786 que les Allemands et les Français réformés obtinrent le droit de se bâtir deux temples; des droits plus étendus leur furent encore concédés en 1814 par l'Acte de constitution. Une égl. française luthérienne, composée d'Anversois, s'était formée en 1576. La présidence du collège des pasteurs, touj. confiée à un étranger (elle le fut à Spener), s'appelait Séniorat. Le dernier senior fut le Dr Hufnagel f 1822. Depuis 1857 le sénat de la ville a accordé à la communauté sa représentation légitime dans les conseils de l'Église. —On appelle Recès de Francfort la réunion qui eut lieu 18 mars 1558 entre les princes électeurs de Saxe, de Brandebourg et du Palatinat, le duc de Wurtemberg, les c mites palatins de Deux-Ponts et Simmern, le landgrave de Hesse et le margrave de Bade, pour rétablir l'union ou l'unité dans l'Égl. évang. allemande. Ils rappelèrent les anciennes prescriptions relatives aux controverses adiaphoristiques et eucharistiques, soumirent lés livres à la censure et décidèrent que les questions qui pourraient fournir matière à discussion seraient soumises aux consistoires. L'opposition d'Andreâ, des théologiens de la Basse-Saxe et de plusieurs autres, fit échouer cette tentative de conciliation autoritaire.
Francfort sur l'Oder; ville universitaire depuis 1506; elle s'opposa de toutes ses forces, sous Wimpina, à la réformation, et tomba rapidement. Pour la relever Joachim employa tous les revenus du couvent des chartreux, qui avait été sécularisé, mais c'était trop tard. La ville ne recouvra jamais son importance perdue; pendant la guerre de 30 ans elle ne comptait plus qu'un prof, de théol. En 1816 son univ. fut réunie à celle de Breslau.
FRANCISCAINS, v. François lo.
FRANCKE, Auguste-Hermann, né à Lubeck 23 mars 1663, étudia dès 1679 à Erfurt, Kiel et Leipzig, le grec, l'hébreu et la théol. Converti pendant un séjour chez le surintendant Sandhagen à LUnebourg, il ouvrit en 1688 une école à Hambourg, et tint 1689 et 1690 à Leipzig des confér. bibliques, qui valurent à ceux qui les fréquentèrent le surnom de piétistes. Elles^urent interdites. Diacre à Erfurt 1690 et 1691, il fut destitué à la demande de ses collègues et des catholiques, comme fondateur d'une secte nouvelle. Enfin appelé 1691 à Halle, comme pasteur du faubourg de Glaucha et prof, de grec et de langues orientales à la nouvelle université, il trouva le vrai champ de son ardente activité. D'accord avec ses collègues Breit-haupt, Lange, llerrenschmidt, il travailla dans l'esprit de Spener à conduire les étudiants dans la voie d'une conception vraie de l'Évangile et à imprimer à leur piété une direction pratique, au lieu de leur inoculer simplement les sèches et arides formules d'une orthodoxie morte. Il consacra à cet objet ses Lectiones parœneticœ, dont la l^e série parut en 1726, et sa Méthode pour l'étude de la théol. Quelques membres du clergé lui suscitèrent de nouvelles difficultés, mais elles furent écartées par une commission de la cour et finalement par sa nomination comme pasteur à l'égl. Saint-Ulrich 1715. Sans fortune personnelle il fonda d'abord une maison d'orphelins, dont il raconte les origines dans sa brochure: Les sentiers de bénédiction du Dieu vivant, 1709. Il avait commencé une collecte pour payer les écolagesd'enfants pauvres; cette collecte fut accueillie avec tant de faveur qu'en peu de temps il put construire un institut pour ces enfants, un autre pour les orphelins, une maison pour les étudiants qui avaient besoin de secours, un séminaire d'instituteurs et de missionnaires. Au bout de peu de temps ces établissements formaient une rue de 860 pieds de longueur. Il n'eut jamais aucune subvention de l'État. La charité chrét. suffit à tout. Il y ajouta les ressources du travail, une librairie, une imprimerie, héritage du baron de Canstein, qui n'avait pas moins de 12 presses occupées au tirage des saintes Écritures, et qui compte par millions les exemplaires qu'elle a publiés; une pharmacie, avec une collection de recettes plus ou moins efficaces, etc. + 8 juin 1727. — Son filsGotthelf et son gendre Freylinghausen continuèrent son œuvre qui compte auj. 9 écoles, outre l'orphelinat, et qui n'instruit pas moins de 3380 enfants.
FRANCO, ou Francm, v. Boniface 7°.
FRANÇOIS 1° d'Assise, fondateur de l'ordre des franciscains. Fils d'un riche marchand d'Assisi, Ombrie, nommé Bernardon, il naquit 1182. Destiné d'abord au commerce, il apprit le français et réussit à le parler si bien qu'on lui donna à cause de cela, dit-on, ce nom de François sous lequel il est généralement connu. A l'âge de 24 ans, ayant entendu lire dans l'Évangile l'histoire de la vocation des apôtres, il résolut de les imiter, renonça au monde, abandonna tous ses biens, se mit à prêcher avec force la repentance, rassembla quelques disciples, leur enseigna le mépris des richesses et des voluptés, et les envoya 2 à 2 comme évangélistes au milieu de la chrétienté corrompue. Porticella, près d'Assise, est d'abord le centre de son activité; c'est là qu'il réunit et forme ses disciples. En 1208 il en fait un ordre et leur impose, comme gage d'humilité, le nom de frères mineurs ou minorités; par réaction contre le luxe el la mollesse de la vie des couvents, il astreint ceux qui veulent le suivre à donner aux pauvres tout ce qu'ils possèdent et à se faire pauvres eux-mêmes dans le sens le plus absolu du mot; il faudra qu'ils vivent d'aumônes. Comme il insitsait sur une stricte obéissance au siège apostolique, il devint bientôt l'objet d'une adoration superstitieuse et de nombreux miracles lui furent attribués. Innocent III se moqua d'abord de son projet, mais en 1209, voyant que l'ordre commençait à réussir, il le reconnut verbalement 1212; le conc. de Latran 1215 ratifia ses statuts, et Honoré III le confirma solennellement 1223. L'ordre fit des progrès rapides; l'exemple des frères, présidés par des ministri, invitait les grands à les imiter; leur mendicité les mettait en contact avec des hommes de tous les états; ils devinrent les confesseurs des princes et ceux du plus bas peuple. Désireux de convertir les païens et les infidèles, Fr. fit dans ce but le voyage de la Syrie et de la Palestine, 1219. Fait t prisonnier par le sultan il lui annonça l'Évangile, et fut remis en liberté. En 1224, après un long jeûne, sur une montagne où il s'était retiré, il eut. la veille de l'exaltation de la croix, une vision étrange. Il vit descendre du ciel un séraphin crucifié, et il sentit en même temps des clous imprimer aux différentes parties de son corps les stigmates, ou marques des blessures de la crucifixion de Christ; il en conserva les cicatrices jusqu'à sa mort. Ce fait, dont l'histoire cite quelques autres exemples et que la physiologie médicale explique en une certaine mesure, a pu être exagéré ou dénaturé par le besoin de merveilleux qui caractérisait l'époque. En tout cas les légendes se sont attachées tout particulièrement à la personne de cet éminent missionnaire, plus zélé que théologien, et de son vivant déjà l'on racontait qu'il avait converti un loup des environs de Naples, qu'il parlait aux oiseaux de la forêt, et que lorsqu'il prêchait, les poissons se rangeaient par ordre de taille au bord du rivage pour mieux l'entendre. Il f 4 oct. 1226 dans l'égl. de Portiuncula, d'Assisi, où il avait été converti. L'égl. a gardé son corps, et de nombreux privilèges lui ont été accordés. Canonisé 1228 par Grégoire IX. Le culte qu'on lui rendit prit rapidement de telles proportions que l'Index dut mettre un frein à la multiplication exagérée de ses miracles. Déjà en 1212 il avait fondé avec Claire d'Assise, l'ordre des Clarissines, auquel il donna une règle 1224. Pour mieux assurer leur influence, il avait aussi créé en 1221 une organisation en sous-ordre, à la portée des séculiers qui, sous le nom de tertiaires, ou tiercelins, pouvaient suivre la règle sans renoncer à la vie civile, et que Léon XIII recommande de nouveau par encyclique du 17 sept. 1882. Ce qui distingue les franciscains de la plupart des ordres du même genre, ce n'est pas seulement leur pauvreté et leur vœu de mendicité, ni même le droit qu'ils ont de renoncer à la vie conventuelle pour se répandre dans le monde, mais c'est surtout le côté démocratique de leur organisation. Ainsi les custodes sont nommés par leurs pairs, et pour 2 ans seulement: à leur tour ils nomment les provinciaux, et ceux-ci le général. Leur costume se compose d'une ample robe gris-brun, couleur minime, retenue par une ceinture de corde, d'où leur est venu le nom de cordeliers. Aussitôt après la reconnaissance formelle de l'ordre, 1223, les papes leur multiplièrent des faveurs et des droits, et leur accordèrent l'autorisation de prêcher en tous lieux, même sans le consentement des curés et des évêques, ainsi que le pouvoir de confesser et d'absoudre, ce qui augmenta de beaucoup leur influence, naturellement aux dépens de celle du clergé. Bientôt, et déjà du vivant de François, une tendance plus relâchée se maui-festa sous la direction d'Élie de Cortone, le premier général de l'ordre; elle fut vivement combattue par Antoine de Padoùe. La grande question était de savoir si l'ordre pouvait posséder des maisons et des terres et [se faire construire de magnifiques églises. On finit par se demander si Jésus et les apôtres avaient jamais rien possédé en propre, affirmation que le pape condamna 1322 comme hérétique. Cependant les papes prirent généralement parti pour les relâchés qui les censuraient moins, tandis que les rigides, ou spirituels, ne se gênaient pas à l'occasion pour prononcer l'anathème contre la papauté. Cette division intérieure aboutit à la formation de congrégations, et à la distinction entre les observants, ou pères de l'Observance, parti des rigides organisé par Paolucci de Foligno, 1368, et les Conventuels renfermant tous ceux qui vivaient en communauté, par opposition aux ermites. Lorsqu'en 1517 chacune de ces tendances eut obtenu son général, le nom collectif servit à désigner la tendance modérée ou relâchée. Contrairement aux prévisions, et peut-être aux intentions de son fondateur, l'ordre eut des hommes distingués, qui se livrèrent à l'enseignement de la philos., de la poésie et de la théologie: Bonaventure, Roger Bacon, Alex, de Haies, Duns Sco^t, Ce-lano, l'auteur du Dies irœ; Jacopone, 1 auteur du Stabat, etc. Mais ce ne fut pas sans peine qu'ils obtinrent le droit d'enseigner à l'univ. de Paris 1244, et les papes durent intervenir en leur faveur. En rivalité avec les dominicains, ils commencèrent à soutenir contre eux la doctrine de l'Immaculée conception de Marie. Scott fut leur champion dans cette lutte, où il eut pour principal adversaire Thomas d'Aquin; de là les noms de scotistes et thomistes. Parmi les papes plusieurs avaient appartenu à l'ordre des franciscains, Nicolas IV, Alexandre V, Sixte IV et V, Clément XIV, etc. Avec des habitudes mystiques, qui donnèrent naissance aux fraticelles, les franciscains se montrèrent pratiques par leur zèle missionnaire, et ils ont auj. encore en Orient des maisons qui rendent de vrais services.
2° François de Paule, né 1416 à Paula, Cala-bre, fut voué tout enfant à saint François, dont on lui donna le nom, et vécut 20 ans seul dans une grotte des montagnes de la Calabre, Sa vie austère lui lit une réputation de sainteté qui lui attira de nombreux disciples; il fonda un couvent et donna à ses membres le nom de minimes (les plus petits de tous, plus petits encore que les mineurs), leur imposant les règles les plus sévères de l'ordre des franciscains, leur interdisant toute nourriture animale, l'usage du lin dans leurs vêtements, et leur recommandant l'exercice de la charité. L'ordre fut autorisé par Sixte IV, 1474. F. de Paule passant pour faire des miracles, Louis XI, en danger de mort, le lit venir pour lui demander sa guéri-son 1483, mais il n'en obtint qu'un soulagement moral. Paule resta en France, protégé par Charles VIII et Louis XII, qui favorisèrent son œuvre et lui permirent de construire plusieurs maisons, + 1307 au monastère de Plessis-lès-Tours. — Connus d'abord sous le nom d'ermites de saint-François 1436, ses disciples furent appelés en France les bons hommes, parce que leur fondateur était regardé comme le Bon homme par excellence; en Espagne on les appela les pères de la victoire, parce qu'on attribuait à leurs prières la prise de Malaga par Ferdinand 1484. Leur règle fut plus, fois modifiée, entre autres par Jules II qui lui donna sa forme actuelle pour les religieux, les nonnes et les tertiaires. Ils comptaient encore 450 maisons le siècle dernier, mais le nombre en a bien diminué. Les minimes ont pour ceinture une corde à deux nœuds.
3° François Xavier, né 7 avril 1506 au château de Xavier, près Pampelune. Il eut à Paris pour compagnon d'études Ignace de Loyola, qui avait 15 ans de plus que lui. Malgré cette différence d'âge, il devint l'un de ses plus intimes amis, l'un des 6 dont l'alliance aboutit à la formation de l'ordre des jésuites. Il entra lui-même dans l'ordre, fit ses preuves de dévouement à l'hospice des Incurables à Venise et s'engagea dès 1534 à travailler à la conversion des païens. Après avoir passé quelque temps au Brésil, eomme missionnaire, il partit en 1541, avec deux compagnons, pour les Indes orientales, et s'occupa de réveiller les Portugais, en même temps qu'il évangélisait les païens, les juifs et les musulmans. Il obtint, surtout àGoa, de brillants succès; des villages entiers se convertissaient à sa voix, et il leur facilitait ce changement par des concessions qui lui paraissaient peu importantes, mais qui à la longue devaient ruiner son œuvre et les ramener au paganisme. C'est ainsi qu'il baptisa force indigènes à Goa. Cochin, Tranquebar, Ceylan, Malaeca. Il composa un catéchisme et installa des prêtres et des instituteurs pour continuer la mission commencée. Malheureusement il eut aussi recours à l'Inquisition (qui possédait encore naguère à Goa, en 1815, une chambre des tortures). Il se rendit ensuite au Japon, puis en Chine, malgré la sévérité des édits, et finit par être arrêté et mis à mort dans file Santhian, 2 déc. 1552, comme il était sur le chemin du retour. Il est enterré à Goa, et fut canonisé 1622. Benoit XIV lui décerna 1747 1 titre de Protecteur des Indes. Vie, par Turselini. Lettres, publ. par Bartolus. On lui prête de nombreux miracles et même la résurrection de morts enterrés depuis plusieurs jours. Remarquable par son zèle et son dévouement, il n'avait qu'une vague et fausse idée de la foi qui sauve.
4° François de Suies, né 20 août 1567 au château de Sales, près d'Annecy, Savoie, d'une famille distinguée, reçut une brillante éducation et fut consacré prêtre en 1593. Nommé prévost du chapitre de Genève, puis coadjuteur, il se fit bientôt remarquer par ses talents et par des qualités personnelles qu'il mit au service d'un zèle ardent pour le rétablissement de l'autorité catholique. Il travailla énergiquement, surtout dès 1594 et dans le Chablais, à la destruction du protestantisme, employant tour à tour avec une grande habileté, tantôt les procédés de la discussion, tantôt, s'ils ne réussissaient pas, ceux de la violence, et ne craignant pas, au besoin, de payer les abjurations. On connaît la somme qu'il fit offrir à Bèze lui-même, s'il voulait rentrer dans l'Égl. de Rome, 4,000 écus d'or. Il ne recula devant aucun moyen pour atteindre son but, emprisonnements,bannissements, violation des traités. Les historiens catholiques évaluent à 72,000 le nombre des conversions obtenues par lui, soit en Savoie, soit à Lyon et à Paris où il prêcha plusieurs carêmes. La récompense ne devait pas tarder. En 1602 il fut appelé par le pape à l'évêshé de Genève; c'était peu de jours avant la fameuse Escalade, qui, si elle eût réussi, aurait été le couronnement de son édifice. De sa résidence d'Annecy, il continua de déployer un grand zèle missionnaire, venant souvent en France, où Henri IV et Louis XIU lui témoignèrent toujours beaucoup d'égards, et couvant des yeux Genève, qui cependant devait échapper à toutes ses intrigues. Il s'occupa aussi de relever le niveau intellectuel du clergé de son diocèse, surtout au point de vue des études qui laissaient à désirer. Ses relations avec Port-Royal prouvent qu'il avait une piété réelle, quoique étroite. Il fonda en 1610 l'ordre de la Visitation, dont le premier couvent, à Annecy, fut placé sous la direction de la pieuse Mm(à de Chantai (aïeule de M'n<> de Sévigné). Vincent de Paule était aussi de ses amis, f à Lyon 28 déc. 1622. Canonisé 1665; on le fête h 29 janv. Ses œuvres, en général dans le fienre onctueux, ont été publ. en 1822, et Paris 1830-1834, complétées par Baudry; les principales sont: l'introd. à la vie dévote, et le Traite de l'amour de Dieu. Vies, par Marsolier, Bensing et Hudry-Ménos.
5° François de Paris, plus connu sous le nom de diacre Paris, né 161)0 à Ch&tillon, Seine, fils d'un conseiller au parlement. Janséniste, il fut un des appelants contre la bulle Unigenitus, et refusa une cure qui l'aurait obligé à signer le formulaire. Il se ruina en œuvres de bienfaisance, fut réduit à faire des bas pour vivre, et f 1727 exténué de privations, pauvre et victime deses austérités, laissant la réputation d'un saint, et persévérant jusqu'au bout dans son opposition à la bulle. D^s cures merveilleuses, et d'autres phénomènes plus merveilleux encore, des scènes extravagantes même se produisirent sur son tombeau, au cimetière de Saint-Médard, sous l'influence de l'enthousiasme et de la passion. Le gouvernement constata ces faits étranges, sans pouvoir les expliquer, et il y coupa court en faisant fermer le cimetière; v. Convulsionnâmes. Les jansénistes prirent fait et cause pour leur diacre, dont les miracles ont été recueillis en un volume par Carré de Montge-ron, 1734.
6'» François i^r, roi de Franco, connu par son amour des lettres, ses galanteries et sa duplicité, lit en 1516 avec le pape un concordat par lequel il renonçait à la Pragmatique Sanction de Louis IX; il rendait au pape l'immense revenu des annates, mais conservait les réserves et les grâces expectatives, ainsi que le droit d'élection des prélats, évêques et abbés. Le parlement et l'univ. n'acceptèrent le concordai que sous le coup de menaces. L'atti tude de François 1er dans les questions rolig. à l'époque de la Réforme, fut entièrement dictée par des considérations politiques; il persécuta les protestants en France pour s'assurer l'appui du pape, et les favorisa en Allemagne pour affaiblir l'emp. de Charles-Quint. Né 1494, fils de Charles d'Orléans et de l'immorale Louise de Savoie, frère de Marguerite de Navarre, il monta sur le trône 1515, et + 1547, ne laissant qu'un fils,
Henri II, qu'il avait eu de Claude, la Bonne Reine, fille de Louis XII.
FRANÇOISE, lo 1384-1440, dame romaine, épous^ et mère vertueuse, fondatrice de l'œuvre des Ohlates, 1425. — 2<> v. Rimini.
FRANEKER, charmante et paisible ville, univ. de U Frise hollandaise, fondée par Louis de Nassau 15S3, supprimée 1811, a compté d'habiles professeurs, tels que Amesius, Amama, Coccejus, Lubbertus qui rédigea la formule condamnant Arminius, Bogermanu qui présida le synode de Dordrecht, etc. Elle eut de nombreux rapports avec les univ. suisses, surtout avec Genève qui lui envoya comme professeurs dans ses diverses facultés plusieurs hommes distingués, Vedelius, Ant. Tronchin, Steinberg, Ko-nig, Garcin. Parmi les dix mille élèves qu'elle forma, l'un des plus illustres fut Descartes. L'univ. sombra pendan1 la tourmente révolutionnaire; Noël et Cuvier ne purent que consta* ter son décès. Ses bâtiments ont été transformés auj. en un hospice d'aliénés.
FRANK, Sébastien, libre-penseur de l'époque de la Réforme: né vers 1500 à Donauwerth. Il vécut dans plus, villes du sud de l'Allemagne, Nuremberg, Strasbourg, Ulm, Bâle, tour à tour imprimeur ou savonnier, gagnant péniblement sa vie, jusqu'à ce qu'il f 1545 à Bàle. Sa doctrine de la lumière intérieure le rendait indifférent à la notion d'Église et même à l'idée du Christ historique. Il disait qu'un homme peut posséder le Dieu vivant, même sans le secours de la Parole. Son idéalisme et son panthéisme le séparèrent de Luther, avec qui il avait eu quelques relations. Il a traduit une Chronique et Description de la Turquie, écrite par un Transsylvain qui avait été 22 ans prisonnier dans ce pays. Ses vues philos, sont résumées dans ses Paradoxa 1535. On a aussi de lui des Pro s erbes.
FRATERNITÉ, v. Confréries.
FRATICELLES, ou FratricelUs, surnom donné aux franciscains rigides et spirituels qui, s'étant séparés sous la conduite de P. d'Oliva, se constituèrent en congrégation particulière, avec l'agrément de Célestin V. Boniface VIII leur retira cette autorisation. Ils résistèrent, et chassèrent les franciscains de plusieurs couvents. En 1317, l'Inquisition procéda contre eux, et dans leur colère ils s'adonnèrent aux visions et aux prophéties; ils finirent par se joindre aux béghards. La persécutiou dura de 1318 à 1352; dès lors ils disparaissent.
FRAYSSINOUS, Denis (comte de), né 9 mai 1765 à Curières, Gascogne; prêtre sous Napoléon, chanoine de Notre-Dame; en 1815 membre du Conseil d'Instr. publique, év. d'Herroo-polis, un des précurseurs de la restauration ecclés. dans le sens ultramontain; pair et ministre des cultes 1824-1828. Il refusa le serment à Louis-Philippe, et dirigea sous Charles X l'éducation du duc de Bordeaux, f 1841. A écrit: Les vrais principes de l'Égl. gallicane, et Défense du Christianisme.
FRÉDÉGAIRE, surnommé le Scholastique, ou le savant, Bourguignon, probablement moine, f vers 660, a laissé une Chronique générale en 5 livres, dont les trois premiers, empruntés k Eusèbe et Jules Africain, vont jusqu'à Bélisaire 361; le 4«>e, abrégé de Grégoire de Tours, va jusqu'à 584; le seul est original, niais n'a de valeur que parce qu'il est presque le seul qui traite de cette époque. Il va jusqu'en 641 et contient des renseignements sur Clotaire 11, Dagobert I^ et Clovis-le-Jeune. Frédégaire n'a plus le souffle de l'antiquité; il est ignorant et grossier, ne voyant pas plus loin que les murs de son couvent. Réimpr. par Guizot.
FRÉDÉRIC. Plusieurs personnages considérables ont porté ce nom. Nous ne citerons que ceux qui ont joué un rôle dans l'hist. ecclés.
Frédéric 1er, emp. d'Allemagne, surnommé Barberousse; excommunié par Alex. III, 1160, il finit par lui baiser les pieds k Venise 1176. 11 se croisa en 1188 à la voix de Guillaume de Tyr, perdit presque toute son armée, et f à Tarse 1190, glacé par les eaux du Calycadnus.
2<> Frédéric II, son petit-fils, avait fait à 2 papes la promesse d'une croisade pour 1227, mais il prétexta la peste et refusa de partir. Grégoire l'excommunia 1228. Frédéric écrivit à tous les rois chrétiens pour leur représenter le danger qu'ils couraient si les papes pouvaient ainsi les priver de leurs droits. Il n'en commença pas moins une 5'»e croisade, mais en son nom, « ou plutôt au nom de Dieu. » A prix d'or il conclut bientôt avec Meledin une trêve de dix ans. Il se couronna lui-même roi de Jérusalem. Quelques-uns disent qu'il embrassa l'islamisme. Après une réconciliation momentanée avec le pape, la guerre recommença plus terrible, ils publièrent l'un contre l'autre des circulaires; le pape accusait Fréd. d'avoir écrit Les Trois Imposteurs. 11 est difficile de dire si les superstitions régnantes amenèrent Fréd. à une incrédulité absolue, ou s'il se borna à combattre les abus. Le pape cherchant k soulever des ennemis à Fréd., celui-ci envahit ses États, et lui prit même ses vaisseaux pour l'empêcher de convoquer un concile. Innocent IV, ami de Fréd., ayant été nommé pape, on pouvait espérer la paix; mais Fréd. voulait rentrer dans la communion de l'Égl. avant de remplir les conditions du traité; le pape voulait les conditions avant l'absolution. Innocent s'enfuit à Lyon, d'où il excommunia Fréd. pour la 3me fois. Au conc. de 1245 Taddei de Suessa soutint seul l'empereur. Fréd. refusa de comparaître devant une assemblée, remplie contre lui d'une aveugle fureur, et le pape délia de nouveau ses sujets du serment de fidélité. Fréd. écrivit aux rois de France et d'Angleterre, pour leur proposer de ramener les ecclés. romains à l'ancienne simplicité apostolique, en leur enlevant leurs richesses. La lutte continua, s'envenima, et finit avec la f de Fréd. 1250, qui expira à Firen-zuela, accablé de soucis et de fatigues, mais sans avoir rien cédé.
3o Fréd. 1er, roi de Danemark, né 1471, f 1533; politique sage et habile; lit alliance avec Gustave Wasa et introduisit la Réform. dans son pays.
4° Frédéric III, grand-duc électeur de Saxe 1486-1525; né 1463, lit en 1493 un pèlerinage k Jérusalem. En 1496 il fut nommé vicaire de l'empire et lit preuve d'une grande sagesse pratique dans son administration; mais il montra plus de sagesse encore, et c'est ce qui lui mérita le surnom de Sage, en refusant la couronne impériale après la mort de Maximilien 1516, et en la faisant donner à Charles V. 11 conserva dés lors touj. une influence considérable sur les affaires de l'empire, et la réputation d'un prince aussi éclairé que désintéressé. En 1502 il avait fondé l'université de Wittenberg, prévoyant peu la gloire qui l'attendait. Un des premiers il s'émut des prédications de Tetzel, qui drainait le pays au profit de Rome, et il encouragea les protestations de Luther. A la conférence d'Augsbourg, oct. 1518, Cajetan, à bout de raisons, pria Fréd. de chasser Luther, mais l'électeur demanda qu'on lui prouvât d'abord que Luther avait tort. La protection dont il ne cessa de couvrir le réformateur fut à la fois énergique et modérée. Fort de l'appui d'Érasme, il refusa de laisser condamner l'éminent prof, de Wittenberg avant que celui-ci eût été convaincu, et à la diète de Worms, quand le pape fit demander au jeune empereur de faire exécuter la sentence d'excommunication, ce fut Fréd., qui venait d'administrer tout le nord de l'Allemagne pendant l'interrègne, qui s'opposa à ce que la diète se fit l'exécuteur des haines romaines, et il pourvut à ce qu'un sauf-conduit fût expédié au réformateur pour qu'il pût venir plaider sa cause; il sut aussi faire respecter ce sauf-conduit. Après la diète Fréd. fil enlever Luther par des cavaliers masqués, et le fit enfermer à la Wart-burg, pour le dérober à ses ennemis et à ses amis. Il fut prévenu de l'évasion de son prisonnier, par Luther lui même qui voulut sauver la Réforme compromise par les excès des anabaptistes. C'est vers la fin de cette guerre des paysans que Frédéric f 5 mai 1525, après avoir communié sous les deux espèces. Ami de la réforme, d'abord par politique, puis comme protecteur de son université de Wittenberg, il linit par en être le partisan fervent et convaincu, et sa modération ne donne que plus de poids à son adhésion définitive.
5<> Fréd. III, électeur palatin de la branche de Simmern. Né 1515, élevé catholique, il se prononça en 1537 pour la réforme, et se joignit en 1560, après le colloque de Heidelberg et après le préavis de Mélanchthon, à l'Égl. calviniste. Il lit rédiger par ses théol. Olivien et Ur-sins le célèbre catéchisme qui porta le nom de Heidelberg, et qu'il défendit en personne au colloque de Maulbronn 1564 et à la diète d'Augsbourg 1566. Il envoya en aide aux huguenots, en 1567 son fils Jean Casimir; aux Pays-Bas, Christophe, qui f 1564. Lui-même f 26 oct. 1576, laissant une mémoire honorée. Son fils et successeur Louis était resté luthérien.
6° Frédéric-Auguste 1er, duc-électeur de Saxe, de la ligne albertine, 1694-1733, abjura le protestantisme 1697 entre les mains de son cousin l'év. Christophe de Raab. pour pouvoir devenir en même temps roi de Pologne sous le nom d'Auguste II, ce qui l'engagea dans une suile de guerres malheureuses avec Charles XII, roi de Suède. Il n'en garantit pas moins îi ses sujets saxons, en 1697 et 1699, le maintien de la liberté évangélique. Son fils Fréd.-Auguste II, après quelques hésitations, abjura aussi secrètement à Bologne 1712, puis publiquement en 1717, et devint à son tour roi de Pologne sous le titre d'Auguste III, 1733.
FRERES, 1° moraves, v. Bohême, Hussites, Moravie, etc.
2° Les quatre Longs frères, moines du désert nitrique, ainsi surnommés à cause de leur taille, et qui dans les luttes anthropomorphistes avec le patr. Théophile, furent persécutés et entraînèrent Chrysostôme avec eux dans le conflit.
3° Frères joyeux (gaudentes), ordre de chevalerie créé parmi la noblesse pour venir en aide aux veuves, aux orphelins, aux opprimés, à l'époque des luttes entre les guelfes et les gibelins, lorsque toute sécurité d'avenir avait disparu, 1261. La règle leur permettait le mariage et le droit de propriété; mais il en résulta bientôt une vie libre et facile, qui mérita aux chevaliers, an lieu de leur nom primitif de ma-rianiens, celui de frères joyeux, et qui ne tarda pas à amener l'entière dissolution de l'ordre.
40 Fr. apostoliques, v. Apostoliques.
5o Fr. de la doctr. chrét., v. Doctrine.
6° Frères de l'épée, ou Porte-glaives, ou de la Milice de Christ, ordre militaire et religieux, fondé 1202 par l'év. Albert de Riga et par l'abbé Dietrich de Thoreide de Dunamunde, pour assurer la conversion des Livoniens et leur persévérance dans la foi. On les appelait aussi chevaliers de Dobrin, du nom de leur principale forteresse et résidence. Calqué sur le modèle des templiers, et suivant la règle relig. des cisterciens, l'ordre fut reconnu par Innocent III. Il reçut pour premier grand-maître le chevalier Winno de Rohrbach, bon militaire, mais qui fut déjà assassiné 1208 et remplacé par Volquin, ou Fulco Schenk. Le costume des chevaliers consistait en un manteau blanc, avec deux épèes en sautoir sur la poitrine et une étoile de drap rouge. Ils avaient pour leur entretien le tiers des terres, non seulement de celles qui appartenaient déjà à l'évêque, mais de toutes celles qu'ils pouvaient conquérir encore. Ce mélange de temporel et de spirituel, de militaire et de missionnaire, leur attira des difficultés inattendues, et si pendant quelque temps ils reçurent d'Allemagne des renforts considérables, ils s'affaiblirent par leurs guerres sans fin, soit contre les Lives, les Cures et les Esthes, soit contre les Danois et les Russes. Des rivalités éclatent aussi entre les év. et les chevaliers, et le pape, après quelque temps, finit par se prononcer contre l'év. Albert et par restreindre son pouvoir. Mais le triomphe des chevaliers 11e fut pas de longue durée, et après que l'év. eut fait reconnaître en Esthonie son droit à la moitié des terres, le second grand-maître, Fulco, comprit qu'il n'avait rien de mieux à faire qu'à fondre son ordre dans celui des chevaliers teu-toniques, ce qui s'effectua en 1237, après quelques hésitations de la part d'Hermann de Salza et de stériles négociations k Marbourg. Le pape arrangea l'affaire en faisant des porte-glaive une maîtrise et en leur donnant pour chef un maître provincial. Cette dépendance dura jusqu'en 1525 où Walterde Plettenberg racheta le duché de Livonie et reconstitua l'ordre. Le 50®e provincial, Gotlar Kettler, embrassa le protestantisme et devint duc de Courlande 1562.
7° Frères tertiaires, ou tiercelins, ou tiers-ordre, nom qu'on donnait aux séculiers qui s'attachaient k un ordre sans renoncer à la vie civile; v. François 1°.
8° Frères mineurs, v. François.
9° Fr. prêcheurs, v. Dominique.
10° Frères, ou Pères de la mort, solitaires prenant aussi le nom de pauliniens en souvenir de Paul, le premier ermite; ordre datant du 13rae siècle. Eusèbe, chanoine de la cathédrale de Gran, Hongrie, de famille noble, vendit et distribua s^s biens, renonça à son canonicat et se retira 1246 dans un lieu désert près de Pisi-lie, où il vécut dans l'austérité la plus rigoureuse et dans la constante contemplation de la mort. Il réunit bientôt quelques amis, et en 1250 ils possédaient déjà un couvent et une église. En 1215 l'év. Barthélémy de Cinq-Églises avait organisé une sorte de confrérie suivant la règle do saint Jacques de Patach; Eusèbe fondit les deux en une seule, dont il devint le supérieur, sous le patronage de Paul de Thèbes, et avec l'assentiment de l'év. Ladislas de Cinq-Églises. Après la f d'Kusèbe 1270, l'ordre adopta la règle d'Augustin, se lit de nouveaux statuts et se nomma un général avec l'autorisation de Jean XXII. Il se répandit rapidement en Hongrie, Autriche, Croatie, Pologne, même Suède; grâce aux nombreux privilèges dont il jouissait; mais au I8rae siècle il avait presque entièrement disparu. Son uniforme consistait en une robe brun-clair avec capuche, ceinture noire, à l'occasion manteau et chapeau, scapulaire, etc. Les pères de cet ordre en France, avec des statuts donnés par Guill. Callier, et agréés 1620 par Paul V, visitaient les malades et les prisonniers, assistaient les mourants et accompagnaient les condamnés à l'échafaud; ils avaient une robe grise avec capuchon noir, un scapulaire noir avec une tête de mort: Memento mori était leur unique salutation.
1 lo Frères de la Charité ou de la Miséricorde. Un Portugais, Jean Ciudad, né 1495. après une vie agitée, forma le dessein de servir Dieu dans la personne des malades, et en 1540 il ouvrit à Grenade, dans une salle louée, un hôpital dont lui et quelques amis devaient être les infirmiers. En 1572 Pie V leur donna la règle d'Augustin. En 1600 le fondateur fut canonisé sous le nom de saint Jean de Dieu. Au 17me siècle l'ordre se divisa en deux branches distinctes, sans aucuns rapports, l'une ayant son général à Grenade, fautre à Rouie.
12° Les fr. d'Albrecht, petite secte méthodiste américaine, inspiree par un laïque pieux, mais sans culture. Elle est célèbre par ses bancs d'angoisse, où les conversions sont accompagnées de soupirs et de manifestations physiques. Ils estiment que le Décalogue ne concerne que les inconvertis.
13° Frères de la vie commune, v. Groot.
FREYLINGHAUSEN, Jean-Anastase, un des hommes les plus dislingués du piétisme allemand. Né 11 déc. 1670 à Gandersheim, près Wolfenblittel, d'un père marchand et bourg-maistre de son endroit, il étudia à Iéna, se rendit à Erfurt pour y voir Francke, s'attacha à lui, l'accompagna à Halle comme son élève 1691, devint son aide 1696, son gendre 1715, son successeur 1727 comme pasteur de Saint-Ulrich et directeur des établissements; f 12 ievr. 1739. Sa piété, son éloquence, son dé-voùment désintéressé lui assignent une haute place dans l'Église; son talent de poète chrétien et de chantre sacré le rendit de bonne heure populaire. On a de lui 43 cantiques, dont plusieurs composés pendant les souffrances d'une santé délabrée.
FRIDOLIN, d'une bonne famille irlandaise, élevé dans un couvent, zélé pour le règne de
Dieu, évangélisa d'abord autour de lui, passa en Gaule où il s'assura la protection de Clovis, s'arrêta quelque temps dans un couvent de Poitiers, partit pour la Forêt-Noire, en emportant quelques-uns des os de saint Hilaire, descendit la Moselle, remonta le Rhin jusqu'à Bâle, et trouva non loin d'Augusta, près du Sickingen actuel, une petite île dont il lit le centre de sa mission. Après de nombreuses difficultés, et avec l'aide de quelques moines de Bourgogne, il y bâtit un couvent et posa ainsi les premier-fondements de l'Égl. chrétienne en Allemand. Il vint aussi à Glaris et bâtit quelques lieux d<* culte sous le vocable de saint Hilaire. f vers 538. Vie écrite par le moine Walter ou Balthor vers 1000. On a soulevé quelques doutes sur son histoire et tout au inoins sur sa date. Hefolr les a réfutés.
FRIES, Jaq.-Fréd., philos.; né 23 août 1773 à Barbv, prof, à Iéna, destitué 1817 pour motifs ou soupçons politiques; prof, à Heidelberg, f 10 août 1843. Il enseignait la philos, kantienne, complétée par des éléments empruntés a Jacobi. Pour lui la matière, le visible étaient Fobjet de la connaissance; l'invisible, l'objet de la foi; le pressentiment était l'organe par lequel l'homme reconnaît le surnaturel.
FRISE. On désignait anciennement sous ce nom toute la contrée située depuis les bouches de l'Escaut jusqu'à celles de la Weser. Les Frisons étaient une race germanique fort ancienne qui, au siècle, se confondît avec les Saxons. Leurs premiers missionnaires furent Amand 626 et Éloi Wulfram 641; puis Wilfrid, Wigbert, Willibrord. Les libertés civiles et politiques du pays exercèrent leur influence sur les habitudes religieuses, et les Frisons ne connurent ni la dîme, ni le célibat forcé. Lors de la réformation le gouvernement laissa le champ libre aux prédicateurs. Les idées réformées gagnèrent du terrain; les idées luthériennes un moment favorisées par le mouvement de Carlstadt et par le duc de Gueldre, ne purent cependant résister à l'influence constante des immigrants reformés de France et d'Angleterre. Le synode de 1571 fut décisif pour l'Égl. réf. d'Allemagne.
FRITH, Jean, le collaborateur de Tyndal dans la trad. de la Bible anglaise, membre du collège de Christ-Church; il fut arrêté à cause de ses convictions évangéliques, s'enfuit à Anvers auprès de Tyndal. fut arrêté de nouveau à son retour et brûlé à Londres 1533.
FRITIGERN, roi des Goths, sous lequel ceux-ci embrassèrent l'arianisme: vers 375.
FRITIGILD, reine des Marcornans, qui obtint d'Ambroise un catéchisme spécialement rédigé pour elle.
FRITSCHE lo D.-Christian, né 1776 à Nauen-dorf, pasteur à Steinbach, surintendant à Halle, prof, de théol. 1827-1848. f 1830. — 2o Ch.-Fréd.-Aug., son fils, né à Steinbach 16 déc. 1801, prof, k Leipzig, puis à Rostock, enfin à Giessen. f 1846. Rationaliste; ses Comment, sur Matth., Marc, Romains, ont plutôt un caractère philologique et grammatical.
FRITZLAR, église, é *ole et monastère, fondé 732 en Hesse par Boniface. Wigbert et Sturrn en furent abbés, L'évêché de Burabourg y fut transféré 786, el les charges d'év. et d'abbé réunies. Quand Paderborn eut été constitué en évêché, le diocèse de Fritzlar fut rattaché à celui de Mayence.
FROMENT, ou Fromment, Anthoine, né vers 1510 au val de Trièves près Grenoble, accompagna en Suisse son compatriote Farel et fut chargé de l'église d'Yvonand. Farel ayant dû quitter Genève pour se soustraire aux violences des prêtres. Froment \int prendre sa place. Il s'annonça comme enseignant à lire et à écrire à l'enseigne de la Croix-d'Or, et guérissant beaucoup de maladies pour néant, 3 nov. 1532. Ses affiches et ses talents lui amenèrent beaucoup d'élèves de tout âge et condition, et il eu profita pour leur expliquer l'Évangile. Le 1er janv. 1533 la foule était si grande dans la salle d'école et sur les escaliers, que ses partisans l'en traînèrent au Molard et le placèrent sur une borne pour que tout le inonde pût l'entendre. Il prêcha sur Matt. 7, 15. 16. Mais le Conseil ayant donné l'ordre de l'arrêter, il fut obligé de s'enfuir. C'est â peu près ici la lin de sa vie de réformateur. On ne sait pas au juste quand il revint à Genève. On croit qu'en 1534 il prêchait sous la protection bernoise. Il fut pasteur à Saint-Gervais et à Massongier (Chablais). En 1552 il est de retour à Genève, mais l'incon-duite de sa femme le compromet aux veux du public; il renonce à l'état ecclés., se fait recevoir notaire 31 déc. 1552, est reçu bourgeois en 1553, et élu membre des CC en 1559. En même temps il travaille avec Bonivard à son Hist. de Genève, niais accusé d'immoralité, il est mis en prison, destitué et banni 1562. 11 erre longtemps k l'étranger, revient après 10 ans d'exil, et en 1574 est réintégré dans sa place de notaire. On ne sait quand il mourut. II reste de lui 2 épîtres et 1 sermon rnss. à la Biblioth. de Genève, et ses Actes et Gestes merveilleux de la Cité de Genève, iinpr. 1851 par J.-G. Fick, sous la direction de G. Revilliod. —Triste exemple d'un homme qui avait commencé par l'esprit et qui a fini par la chair. — v. Dentière.
FRONTON-LE-DUC (Ducaeus), savant jésuite, né à Bordeaux 1558. Prof, de théol. et bibliothécaire k Paris, il a laissé 3 vol. de controverse sur la s. Cène, contre Du Plessis. f 1624.
FRUCTUOSUS l°Év. de Tarragone (Espagne) parlait tranquillement avec deux diacres Augu-rius et Eulogius d^s temps de persécution qu'ils traversaient sous Valérien, lorsque six soldats vinrent les prendre et les jetèrent en prison. Ils continuèrent leurs prières et même Fructuosus baptisa l'un de ses compagnons de captivité nommé Rogatien. Six jours après ils furent sommés d abjurer devant le juge Émilien, mais Fructuosus répondit qu'il ne croyait qu'au « Dieu qui a fait le ciel et la terre ». Tous trois furent condamnés k être brûlés vifs. Quand le feu eut consumé les liens qui les retenaient, ils levèrent leurs mains libres vers le ciel, et se jetèrent à genoux, f 21 janv. 259. — 2° Archev. de Braga 647, auteur d'une règle monastique très rigoureuse, qui prescrit l'obéissance absolue aux ordres des supérieurs.
FRUMENTIUS et Edesius, nev eux du philos, tyrien Merope, qui les emmena avec lui dans un voyage en Ethiopie. Le bâtiment fut pris dans un port de la mer Rouge et l'équipage massacré. Seuls ces jeunes gens furent épargnés, et vendus au roi d'Axum, qui fît d'Edèse son échanson, de Frumentius son trésorier et les affranchit à sa mort. La reine leur accorda sa confiance et ils en profitèrent pour attirer en Abyssinie des amis et des négociants chrétiens d'Égypte, qui honorèrent l'Évangile par leur vie et formèrent le noyau d'une église. Edésius devint plus tard év. de Tyr; Frumentius fut sacré év. d'Ethiopie par Athanase, et resta fidèle au patr. d'Alexandrie, malgré tous les efforts que l'on fit pour l'en détacher. Il travailla en paix jusqu'à sa f 360.
FRY, Elisabeth, née k Norwich 21 mai 1780. fille d'un riche propriétaire, John Gurney, quaker. Elle épousa 1810 un négociant nommé Fry. Son amour des pauvres, son dévouement, son activité, ses dons lui valurent dans sa communauté le litre de témoin de la parole, et pins tard elle en vint à prendre la parole en publie et dans les assemblées, pour prier et pour exhorter. Une visite qu'elle fit en 1816 dans les prisons de Newgate lui révéla l'affreuse condition des femmes qui y étaient détenues, et elle résolut dès ce moment de travailler à l'amélioration de leur sort au double point de vue moral et matériel. Elle entreprit de longs et nombreux voyages sur le continent,et cherchai gagner à sa cause des princes et des personnages importants, Alexandre, Louis-Philippe, provoqua des conférences et des assemblées où les différentes questions pénitentiaires furent sérieusement examinées et débattues. Elle obtint que la Bible et des soins religieux fussent mis à la portée des détenus, et par ses visites dans les prisons elle essaya d'agir directement sur leurs cœurs et leurs consciences.Sabienfaisante activité s'étendit éga-lement sur d'autres classes pauvres et soufflantes de la société, + 1845. Vie par Suz. Corder.
FULBERT 1°surnommé leSocrate des Francs. D'abord maître à la cél. école de Chartres qu'il avait lui-même fondée 990, il fut nommé év. de celte ville 1007, + 4 avril 1029, et canonisé. Il avait eu pour maître Gerbert, qui devint pape, et pour protecteur le roi Robert. Béranger de Tours fut un de ses élèves. Ses œuvres se composent de sermons, d'hymnes et de lettres; elles ont été recueillies 1595 par Papire Masson. On lui attribue entre autres la prière: Sancla Maria, Succurre miseris. — 2° Chanoine à Paris, oncle d'IIéloïse, n'est connu que par l'ignoble vengeance qu'il exerça sur Abélard.
FULCHER, de Chartres, ou Foucher, chapelain de Baudouin de Jérusalem, a écrit une Hist. des croisades jusqu'en 1127.
FULCON 1° Un des prédicateurs populaires les plus distingués du moyen âge. D'abord simple chapelain àNeuilly, il se mit assez tard aux études et suivit à Paris les levons des maîtres. Son talent oratoire s étant manifesté avec éclat dans une prédication qu'il fit a Paris 1192, il fut chargé pendant 2 ans de parcourir la France et de prêcher au peuple la repentance. En 1198, Innocent III le chargea de prêcher une croisade, et 200,000 hommes répondirent à son appel, entre autres les comtes De Montfort et Baudouin de Flandres. De retour à Neuilly, il y f 1202. — 2° Second et dernier grand-maître des Porte-glaive; v. Frères, 5°.
FULDA, ou Foulda, célèbre couvent, fondé 744 sur une hauteur, près de la rivière de ce nom, à 8 ou 10 kilom. de Hesse-Cassel, par Sturm, un des élèves de Boniface. Carîoman lit aux religieux le don du terrain; ses successeurs y ajoutèrent d'autres revenus encore. Placé sous la règle de saint Benoît, le couvent s'ouvrit avec 7 moines, et en compta bientôt plus de 400, après que Sturin eut fait le voyage de Rome et visité les monastères qu'il trouva sur son chemin. Parmi les hommes qui l'illustrèrent, comme maîtres ou comme élèves, on cite Alcuin. Raban Maur, Ilaymon, etc. Boniface désira d'y être enterré. Fulda fut en son temps, le foyer d'où les lumières se répandirent sur toute la contrée, mais il ne valut guère, comme institution que ce que valaient ses directeurs, et à la longue il subit le sort de toutes les choses humaines; il déclina, mais l'abbaye conserva ses richesses, et en 1331 elle était assez forte pour repousser une attaque d s bourgeois de Fulda. En 1513 elle fut réunie àHersfeld. La réforraa-tion y pénétra sous l'abbé Jean 1542, mais i! y eut une réaction énergique sous Balthasar 1573. L'abbaye fut érigée en évêché sous Benoit XIV, 1732. En 1803 elle fut sécularisée, et donnée au prince de Nassau-Orange. Depuis 1866 elle appartient à la Prusse.
FULGENCE 1° Ferrand, diacre de Carthage qui, banni en même temps que Fulgencede Rus-pe, se retira à Cagliari dans le couvent de Saint-Saturnin, où il resta jusqu'à son retour à Carthage 523. Dans la dispute des Trois Chapitres il préavisa énergiquement contre l'édit de l'emp. 5^6. On a de lui une collection de décrets synodaux, Breviatio, elun bon traité de morale, De 1 innocentiœ regulis.
2° Fabius Claudius, év. de Ruspe, ou liiis-pina, Afrique; né vers 470 àTélepte; intendant romain dans sa province; fut converti par la lecture de quelques écrits d'Augustin, et devint l'un des écrivains les plus goûtés, l'un des défenseurs les plus habiles et les plus intrépides de la foi évang. au 6ine siècle. Il entra dans les ordres, lit un voyage h Rome 500, fut nommé év. de Ruspe. mais à cause du malheur des temps et des invasions barbares, il fut dès lors presque toujours en voyage, errant ou proscrit. Le vandale Thrasimond le bannit, Hildé-ric le rappela. Il fonda en Sardaigne un couvent d'après la règle d'Augustin, f 533 dans son cloître de Ruspe. Outre son traité sur la vérité de la prédestination, écrit contre Fauste, il a laissé plus, ouvrages de controverse, dont il ne resta que des fragments: contre les ariens, les nesto-riens, leseutychéens.les semi-pélagiens, etc. Par son style, non moins que par son zèle et sa doctrine, il a mérité d'être appelé l'Augustin d^ son temps. On a aussi de lui quelques fahles et des essais littéraires.
3° Planciade, év. de Carthage au commencement du 6me siècle, auteur de quelques écrits littéraires et moraux, v. Gottschalk.
FUNK, Jean, gendre d'Osiander. Privé de sa place de pasteur à Nuremberg, à cause de l'Intérim, il fut nommé prédicateur à la cour d'Albert de Prusse, et poussa à la persécution contre les luthériens rigides. Plus tard,;;ppelé dans les conseils de la duchesse et chargé du ministère des finances qu'il cumulait avec le pastorat, il fut accusé de trahison et d'hérésie et exécuté 26 oct. 1566.
FUNÈBRES (Oraisons). On distingue, assez arbitrairement du reste, les discours mortuaires prononcés à la maison, dans le temple ou sur le cimetière, et l'on réserve plutôt le nom d'oraison funèbre pour celui qui est prononcé dans le temple, lorsqu'il a pour objet principal la vie ou l'éloge de défunt. L'usage de ces discours date des premiers temps de l'Égl., comme protestation contre le matérialisme païen. Lo catholicisme a renchéri au nom du purgatoire, de la terre sainte et de l'eau bénite. Le service a été longtemps liturgique, et ce n'est qu'à l'occasion de morts illustres que les orateurs chrétiens ont abordé le genre littéraire qui a fait la gloire de l'école française depuis Bossuet jusqu'à La-cordaire; Fléchier, Massillon, Bourdaloue se sont également illustrés dans ce genre. L'Égl. protestante l'a moins cultivé; elle y a vu un danger pour le prédicateur, tenté d'amplifier pour produire plus d'effet, et un danger pour la famille, dont l'orgueil chercherait à se satisfaire aux dépens de la vérité. Mais il y a du danger partout, et l'on ne ferait rien si l'on reculait devant toutes les difficultés; le service liturgique simple n'est pas non plus sans inconvénients, et l'on peut dire sous ce rapport, que les circonstances et le tact individuel sont des guides dont il faut tenir compte.
FURSCUS, ou Fourzy, moine irlandais; après;»voir fondé un couvent dans son pays, il passa dans l'Ost-Anglie où il en éleva un autre, 6;>0, qu'il remit à son frère, pour retourner ensuite dans la solitude. Pendant les persécutions de Penda, roi de Mercie, il s'enfuit en France, où il fonda le monastère de Lagny. f 650 ou 654. Les bollandistes lui attribuent plus, visions.