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QUADRAGÉSIME, v. Carême.

 

QUADRATUS 1° év. d'Athènes, qui réunit sous Antonin-le-Pieux les débris de son troupeau dispersé. 2° apologète du christianisme, vivant à Magnésie. Eusèbe a conservé quelques fragments de l'apologie qu'il adressa 126 à Adrien; l'ouvrage existait encore au 7 me siècle. Dans cet ouvrage Quadrat déclare entre autres avoir vu des hommes ressuscités, ou guéris par Christ. Eusèbe lui attribue aussi à lui-même des dons miraculeux, et l'appelle évangéliste. D'après Jérôme ce serait le même que le précédent.

 

QUAKERS. A l'époque de la révolution d'Angleterre, dans un moment de fermentation et de désordre politique et religieux, il se trouva des esprits fervents et pieux, sentant les maux de l'Égl. et désireux d'y porter remède. Georges Fox, fils d'un tisserand presbytérien, né juillet 1624 à Brighton, fut envoyé en apprentissage chez un marchand de bestiaux de Nottingham. Cet homme l'employa à garder ses moutons, ce qui lui laissa du temps pour réfléchir. Fox médita sur la corruption de l'Église et l'attribua à ce que les hommes négligeaient l'intérieur pour l'extérieur, mais cette idée juste prit une fausse direction, et il mêla aux inspirations de l'esprit de Dieu celles de son propre esprit. Heureusement il était encore sous l'influence de la parole extérieure, et il ne voulut ni ne put s'y soustraire entièrement; cela le sauva de lourdes chutes. En 1647 il se mit à prêcher, et souvent avec un enthousiasme fanatique. Son zèle, et son intrépidité, même devant Cromwell, lui gagnèrent beaucoup d'adhérents. Il voyagea en Angleterre, en Allemagne et en Amérique, et répandit ainsi ses principes. La communauté, dont on fixe ordinairement l'origine à l'an 1649, se nomme Société des Amis, ou Peuple de Dieu; mais ils sont plus généralement connus sous le nom de quakers, ou trembleurs, dont l'étymo-logie est incertaine. Les uns le rattachent au tremblement nerveux et fébrile qui accompagnait leurs prières ou leur inspiration religieuse; les autres à ce que Fox, en présence du juge Bennet, lui ayant cité Es. 32, 11., le juge, dit-on, lui répondit: « Voilà un trembleur. » Les Amis ne rejettent ni la Bible, ni la religion positive, mais ils n'y voient qu'un moyen pour arriver à l'œuvre intérieure qui se fait dans le cœur. Dans une profession de foi présentée par Fox à un gouverneur américain, Fox reproduit à peu près le Symbole, auquel il ajoute en parlant de Jésus: « Il est venu spirituellement et nous a donné un esprit pour reconnaître le véritable, etc. » Il n'y a pas chez eux de ministère; tous les membres du troupeau qui sont illuminés doivent s'édifier mutuellement. Plus tard cependant, et avec la pratique, on choisit dans chaque communauté certains membres, ouvriers ou autres, chargés d'exhorter dans le cas où personne ne prendrait la parole. Point de fêtes, ni d'églises, ni de rites, ni de sacrements; pas même de chant. Ils se réunissent en silence dans une simple salle, et l'assemblée se dissout de même au bout de quelque temps, si personne n'a rien à dire. Ils refusent le serment et le service militaire; ils s'opposent à la mode et au luxe, et dans le sentiment de l'égalité de tous les hommes ils gardent leur chapeau sur la tête et tutoient tout le monde. Leur costume est singulier: vêtements de couleur sombre, sans boutons; chapeau à large bord pour les hommes; mantille noire, immense capuchon noir, et tablier vert pour les femmes. Celles qui ont du goût trouvent toujours moyen de s'en tirer. Dans les temps plus modernes ils se sont divisés en deux partis: les secs, plus rigides, et les mouillés, plus modérés, plus larges et disposés à se relâcher sur les points qui n'engagent directement ni la foi, ni la morale. Fox f 1691. Pendant sa vie la communauté avait reçu dans son sein des hommes marquants, dont l'adhésion lui fut utile: Samuel Fisher 1694; Georges Keith; Barclay, le théologien de la secte. Le sort des quakers resta incertain jusqu'après la mort de Fox. Les congrégations d'Angleterre et d'Amérique étaient persécutées; les autresétaient peu importantes. Jacques II fut le premier qui les protégea, peut-être sous l'influence de William Penn; les événements de 1688 amenèrent l'édit de tolérance de Guillaume III, 1689, qui leur donna enfin une entière liberté de conscience. A l'époque des persécutions ils s'étaient enfuis en grand nombre en Amérique, pour éviter la prison et les maisons de fous où l'on affectait de les enfermer. Ils débarquèrent dans le New-Jersey en 1660, et reçurent de Penn en 1684 le territoire qui prit le nom de Pensylva-nie. C'est là qu'ils sont encore auj. le plus nombreux. En 1658 ils avaient fondé en Hollande de nombreux et importants établissements, dont plusieurs subsistent encore; et d'autres en plusieurs parties de l'Allemagne, Dantzig, Altona, mais qui ont disparu, sauf Pyrmont. Leur nombre s'élève à 300,000 aux États-Unis seulement, où ils ne comptent pas moins de 7 province^. Ils se sont de tout temps distingués comme philanthropes et ils ont rendu de vrais services à la cause de l'humanité, William Allen et Béné-zet dans leurs efforts pour l'abolition de l'esclavage, Caroline Fry pour l'amélioration du système pénitentiaire; Gurney, Forster, Grellet, Sturge dans les temps plus modernes, par leurs actes de bienfaisance, de dévouement et d'intercession. — v. Crœse, Tschirner, W. Penn, Gurney, Astié, etc.

 

QUARTO-DÉCIMAINS (14-w), ceux qui célébraient la Pâque à la mode juive, c.-à-d. le 14 nisan, comme Polycarpe, par opposition à l'usage des chrétiens qui, partant du fait que la résurrection avait eu lieu le dimanche, plaçaient la mort du Sauveur au vendredi. Les év. de Rome, Césarée, Alexandrie, Syrie, Palestine, étaient d'accord, et la communion des Églises faillit être rompue pour cette divergence, si peu importante. Le bon esprit des quarto-décimains et l'intervention d'Irénée parvinrent à ramener la paix. Le conc. de Nicée régla la question dans le sens des occidentaux, mais la coutume orientale continua de prévaloir chez quelques églises et quelques sectes, les montanistes, les novatiens, les audiens, etc.

 

QUEDLINBOURG, célèbre abbaye de femmes, fondée 937 par Otton 1er Sur un terrain dont Mathilde, sa mère, avait fait donation pour des veuves. Destinée à des princesses et à des nobles, cette abbaye jouit de la faveur particulière des empereurs saxons. Après la mort de sa fondatrice, sa petite-fille, Mathilde, sœur d'Otton II, en fut la première abbesse 966, puis sa nièce Adélaïde. Le patronage en appartenait à la

Saxe, qui 1690 vendit sou droit à la Prusse. La Réformation y fut introduite 1539 sous Anna de Stolberg. L'abbaye fut sécularisée en 1803. Le ch&teau renferme les restes d'Henri I.

 

QUEISS, Eberhardt (de), év. de Poméranie, successeur de Polenz, abdiqua en 1523, se rattacha à la Réforme, et se maria peu après, f 1529.

 

QUÉLEN, Hyacinthe (comte de), né 8 oct. 1778 à Paris, étudia à Saint-Sulpice et fut ordonné prêtre 1807. Secrétaire et aumônier dn cardinal Fesch, il l'accompagna à Lyon quand il se brouilla avec Napoléon. Sous la restauration il fut successivement grand vicaire de l'év. de Saint-Brieuc, vicaire général de Talleyrand, évêque in partibus de Samosate, coadjuteur de Talleyrand en 1809, son successeur comme archev. de Paris en 1821. En 1822 il fut nommé pair de France, puis membre de l'Académie. D fit un grand nombre de voyages, s'occupa activement de reliques et d'œuvres de bienfaisance. Très ami des jésuites, dont il ne put cependant pas empêcher l'expulsion en 1828, il était hostile aux idées modernes et patronnait l'ultn-montanisme. Il bouda le gouvernement de 1830. et s'attira la haine du peuple qui, par 2 fois, saccagea le palais archiépiscopal, 1830 et 1831. ce qui ne l'empêcha pas de se montrer aussi généreux que courageux lors du choléra; il mit à la disposition des malades son château d* Gon-flans, et créa l'établissement des Orphelins dn choléra, f 1839. On a de lui de nombreux mandements, l'Oraison funèbre de Louis XVI, celle du duc de Berry. Il a pris part à la rédaction du Concordat. M. Molé, son successeur à l'Académie, a fait son éloge.

 

QUENSTEDT, Jean-André, né 1617àQued linbourg, prof, de théol. à Wittenberg depuis 1644, et représentant des tendances de cette école, f 1688. Auteur d'une Theol. didactico-polemica, ou Système de théologie, qui est le dernier mot de la scolastique luthérienne, el qui se distingue par ^développement et par le raffinement exagéré des définitions. C'était un homme doux et sans fiel dans sa polémique.

 

QUERCUS, sous le chêne, grec epi dru*: v. Chalcédoine.

 

QUESNEL, Pasquier, d'origine écossaise, ne 14 juill. 1634 à Paris, étudia à la Sorbonne, en tra 1657 à l'Oratoire où étaient déjà ses 2 frères, et fut en 1662 nommé directeur de Port-Royal de Paris. Son principal ouvrage: Le N. T. en français avec des réflexions morale*, parut d'abord à Paris 1687, et eut de nombreuses éditions, revues et augmentées. Il publu aussi les œuvres du pape Léon et celles d'Hilaire d'Arelate, avec notes, pour défendre les libertés de l'Égl. gallicane, 1675; cette publication fut mise à l'index, et l'auteur, suspect de jansénisme, dnt quitter Paris. Il se rendit d'abord à Orléans, mais ayant refusé de signer une formule contre Jansénius, il dut se retirer à Bruxelles, où il reçut les derniers soupirs de son ami Arnaud. Les jésuites obtinrent du roi d'Espagne qu'il fût arrêté et incarcéré à Ma-lines 1703. Avec l'aide de ses frères il réussit a s'échapper 1708 et arriva à Amsterdam, où il eut à se défendre contre les calomnies de ses ennemis, qui incriminaient même sa moralité. Il y fonda quelques églises jansénistes. Ses Réflexions morales, d'abord approuvées par Vailles, év. de Châlons, puis condamnées par le même, devenu archev. de Paris, furent condamnées par le pape; la bulle Unigenitus de 1713 censura en particulier 101 propositions extraites de ce livre, f 2 déc. 1719. — Un autre Quesnel f 1774 à La Haye, a écrit une Hist. des jésuites, Soleure, 1740, 4 vol. in-12°.

 

QUIEN (Michel Le), savant dominicain, né 1661 à Boulogne, f 12 mars 1733 bibliothécaire du couvent Saint-Honoré à Paris. Il a publié les œuvres de Jean Damascène, et de quelques ouvrages de lui même, polémiques et assez violents, en latin: l'Orient chrétien, une Panoplie contre le schisme des grecs, une Défense du texte hébreu, etc.

 

QUIERZY, ou Quiercy, sur l'Oise; du diocèse de Reims. Un concile y fut tenu 849, dans lequel Gottschalk fut condamné à cause de ses vues sur la prédestination; un autre en 853 approuva la doctrine contraire d'Hincmar. Dans un troisième, 857, à propos du conflit survenu entre Hincmar et Rothad de Soissons, les fausses décrétales d'Isidore furent citées pour la première fois.

 

QUIÉTISME, nom donné d'une manière générale à cette disposition de l'âme qui la fait se replier sur elle-même, se recueillir dans la contemplation de Dieu, et se désintéresser des choses visibles, même religieuses. Dans un sens plus restreint on désigne sous ce nom, et sous celui de Quiétistes les sectes ou les individualités qui ont professé avec plus ou moins d'éclat ce genre de système, ou de philosophie mystique. Les caractères ne se discutent pas, et il y a dans le monde comme dans l'Église des natures qui. sans être apathiques, sont cependant plus portées à la contemplation qu'à la vie pratique. Si elles sont religieuses, et qu'elles réduisent en système ce qui chez elle est une affaire de tempérament, elles seront quiétistes; elles vivront dans une communion intime et continuelle avec Dieu. Par conséquent aussi elles tomberont dans une indifférence relative quant aux formes, et même quant à l'Église. C'est ce qui a valu de tout temps à ces gens inoffensifs une espèce de malveillance de la part des chrétiens militants. Et à vrai dire, ils font du mal en ce sens qu'ils ne font pas de bien, et qu'ils entravent quelquefois ceux qui agissent. Ils consomment et ne produisent pas. Les plus anciens quiétistes systématiques sont les Hésvchas-tes, q. v. Puis sont venus Molinos, Mme Guyon, Malaval, Fénelon. Ils pouvaient s'autoriser d'anciens mystiques très orthodoxes, mais ils ont eu beau les invoquer, ils ont été condamnés par l'Église. Bossuet en particulier leur a fait une guerre passionnée, et Fénelon a courbé la tête devant la censure. Avec lui le quiétisme a pris fin. v. la Réfutation desQuiét. par Nicole; Relation du Q. par Bossuet.

 

QUINET, Edgar, né 17 févr. 1803 à Bourg, f 27 mars 1875 à Versailles, fit de bonnes études à Paris, les compléta à Heidelberg, visita la Grèce, et fut successivement prof, à Lyon, puis au collège de France. Son cours fut suspendu en 1846. comme celui de Michelet. Député en 1848 il fut exilé en 1851 et se rendit d'abord à Bruxelles, puis à Veytaux, Montreux, jusqu'à la chute du 2J empire. Auteur d'un fort grand nombre d'ouvrages sur l'histoire, le génie el l'avenir des religions, Tultramontanisme, la Vie de Jésus, etc. Vaporeux, souvent diffus, s'assi-milantavec peine les idées allemandes, tournant parfois au panthéisme, il fut touj. plein d'un humble respect pour le sentiment religieux, et par deux fois dans ses deuils il s'adressa au protestantisme, auquel il avait rendu un hommage public dans son Étude sur Marnix de Sainte-Aldegonde, dans sa Lettre à Eug. Sue, et dans ses 2 vol. sur la Révolution. Il ne fut pas assez logique pour aller jusqu'au bout. v. Vi-net. Statue à Bourg.

 

QUINI-SEXTE (5*e 6me), concile tenu 692 à Constantinople, qui rejeta les Constitutions apostoliques. Il reçut ce nom parce qu'il eut la mission spéciale de suppléer par ses 102 canons disciplinaires au 5me et au 6m« concile, qui n'en avait point laissé. Quoique écuménique, et bien que ses actes aient été signés par les délégués romains, il n'a pas été reconnu par Serge de Rome, à cause de ses votes sur les canons, le mariage des prêtres, le rang des patriarches, le jeûne du Samedi, l'usage du sang et des bêtes étouffées, les images de l'agneau, etc. On l'appelle aussi in trullo (sous le dôme) q. v. parce qu'il se tint dans la salle voûtée de la chancellerie du palais impérial, comme déjà celui de 680.

 

QUINQUAGÉSISME, ou Esto mihi: le dimanche qui tombe 50 jours avant Pâques, et qui a quelquefois marqué le commencement du Carême. LeDim. suivant est appelé Dimanche gras.

 

QUINQUENNALES (Facultés). On nomme ainsi les pouvoirs que le pape confère aux évêques pour l'accomplissement de certains actes qui, d'après le conc. de Trente, sont déjà de leur compétence. Il semblerait qu'il n'y eût pas lieu à les spécifier; mais à cause des nonces, et comme il est reçu qu'un délégué spécial et supérieur concentre en sa personne les droits et les attributions de ceux qui n'ont qu'un mandat général, les pouvoirs des évéques pourraient n'être qu'illusoires, s'ils ne leur étaient confirmés par une déclaration expresse, laquelle est faite pour 5 années. Les pouvoirs dont il s'agit sont relatifs surtout aux dispenses pour mariages, aux cas réservés, aux devoirs des prêtres, etc.