U
UBBONITES, secte d'anabaptistes, fondée vers 4534 par le prêtre Ubbon Philipps, de Leeu-warden, et par son frère Dirk. Affligés des désordres de l'Église, il se réunirent en communauté avec quelques amis, se firent rebaptiser et choisirent pour anciens David Joris et Mennon Simons. Ils surent se préserver de toute extravagance; pour eux le royaume de Dieu c'était le renouvellement du cœur. Ils protestèrent contre les écarts politiques de Munster, et Ubbon finit par embrasser la Réforme; f 1568.
UBERTIN de Casait, minorité, disciple de Jean Olivi, et son successeur comme chef des Spirituels dans la lutte sur le vœu de pauvreté vers 1300. Il prit la défense des franciscains stricts dans une Vie de Jésus, qu'il écrivit. Ses ennemis lui firent une violente opposition et le dénoncèrent auprès du pape. Jean XXII lui per mit d'entrer dans l'ordre des bénédictins, mais ceux-ci l'ayant repoussé, il se fit chartreux. On ne sait quand il mourut.
UBIQUITÉ du Corps de Christ (de ubique, partout), doctrine éminemment luthérienne et qui se rattache à celle de l'eucharistie. S'il n'y a pas transsubstantiation, le Christ ne peut être à la fois au ciel et dans les éléments consacrés que parce qu'il est partout en corps et en sang, de même qu'il est partout comme nature divine. On invoque Matt. 28, 20. Éph. 1, 23. 4, 10. Hébr. 1, 3. Déjà dans un sermon de 1526 Luther émettait cette idée, et souvent dès lors. Brenz et les théol. du Wurtemberg la formulèrent en 1559; Andreâ et ceux de Tubingue aussi, mais en la modifiant; enfin Chemnitz et les Saxons firent de même et avec d'autres modifications, en réservant la multivoliprésence, c.-à-d. que le Christ peut être à la fois présent partout « où il veut. » La Formule de Concorde a essayé de combiner ces divers points de vue, mais sans succès. On peut se demander quel est l'intérêt de cette question. On appelle ubiquis-tes, ou ubiquitaires, les partisans de l'ubiquité. — On donnait aussi à Paris ce nom aux docteurs en théol. qui ne relevaient ni de la Sorbonne, ni de Navarre.
UCHOMO, ou Oukhôme, v. Abgare.
UHLHORN, Jean-Gerhard-Guill., né 17 févr. 1826, prof, à Gtfttingue, puis pasteur à Hanovre; docteur en théol. de l'univ. de Greifswald. Il est, par ses écrits, un des piliers du luthéranisme hanovrien. Auteur d'un grand nombre de sermons, monographies, traités: sur la guerre, le dimanche, les diaconesses, le conc. du Vatican, etc.
UHLICH, Leberecht, né 27 févr. 1799 à Kô-then, étudia à Halle sous Wegscheider, et après quelques années passées dans l'enseignement, fut nommé pasteur à Diebitz. Disgracié pour une biographie du prince Wolfgang d'Anhalt, il vint en Prusse, où il se fit apprécier par son zèle dans sa nouvelle paroisse de Pômmelte, près Schôneberg. Mais à l'occasion de l'affaire de Sintenis q. v., il se jeta dans le mouvement des Amis des lumières, qui remplaçait l'orthodoxie par la philanthropie, et il en devint le véritable chef, voyageant pour en propager les idées, rédigeant un journal et publiant de nombreux écrits, sermons, catéchismes, livres de piété, brochures de controverse, etc. En 18i5 ses conférences furent interdites et il lui fut défendu de sortir de sa paroisse sans autorisation. Appelé à Magdebourg il s'y consacra d'abord tout entier à son ministère, mais étant entré en lutte avec le Consistoire à l'occasion du baptême apostolique, ses réunions à domicile furent prohibées par la police et en sept. 1847 il fut suspendu. Il donna alors sa démission et fonda à Magdebourg une communauté indépendante, en même temps qu'il travailla à en fonder ailleurs un certain nombre. En 1848 il fut envoyé au parlement de Francfort. D'une moralité sévère et d'un caractère élevé, cherchant loyalement la vérité, mais sans profondeur comme pensée, il abandonna peu à peu tout ce qui lui restait de doctrines chrétiennes, au point qu'il ne croyait plus même à l'immortalité de l'âme. Son système se réduisit à un naturalisme panthéiste philanthropique. Il présida encore les conférences de sa secte les 31 mai et l«r juin 1871, et f 23 mars 1872.
ULLMANN, Charles, né 15 mars 1796 à Ep-fenbach, Palatinat, fils d'un pasteur, étudia la théol. à Heidelberg, où il fut nommé professeur après un court séjour à Tubingue où il connut Uhland, et un court ministère pastoral à Kireh-heim. Docteur depuis 1819, il enseigna l'exégèse et l'hist. ecclésiastique. Attaché à la doctrine orthodoxe traditionnelle, il vit ses vues se modifier pendant un séjour à Berlin, sous l'influence de Schleiermacher, De Wette et Nean-der. De 1829 à 1836 il fut prof, à Halle, mais il revint à Heidelberg, et tout en luttant contre les excès de la tendance de Hengstenberg, il ne cessa de combattre les prétentions du vieux rationalisme. Il voulait une réorganisation de l'Égl. nationale allemande, assista au Kirchen-tagde 1848, se prononça touj. plus dans le sens évangélique, fut nommé prélat en 1853 et membre du Conseil ecclésiastique supérieur. Au synode de 1855 il exerça une influence prépondérante dans le sens conservateur; le maintien d'une confession de foi exaspéra les libéraux tbéologiques et politiques, et en 1861 il dut donner sa démission, f 12 janv. 1865. Son principal titre littéraire est dans la fondation de la revue StwUen und Kritiken qu'il rédigea d'abord avec Umbreit, puis avec Rothe, Hundeshagen, Riehm, etc. II a aussi écrit quelques comment., des monographies et des brochures de circonstance.
ULPHILAS. ou Urphilas, Gui filas, Wulfila, Wœlfel, nom gothique grécisé. Né vers 313 dans un village de la Cappadoce, d'une famille emmenée prisonnière par les Goths, il apprit la langue des Goths en môme temps qu'il recevait de ses parents une culture grecque. Doué de talents remarquables, il fut distingué par Constantin; il enseigna parmi les Yisigoths comme docteur chrétien, et apparaît enfin vers 343 en qualité d'évêque de Dacie et de Thrace; Auxence et Philostorge ne sont pas d'accord sur les dates. En présence de l'attitude d'Athanaric, peu favorable au christianisme, il obtint de l'emp. Constance, 350, la permission de se rendre avec une partie de son peuple en Mêsie, où ils s'occupèrent surtout d'agriculture. Il paraît aussi que les Goths l'employèrent comme négociateur dans leurs rapports avec Rome. En 360 il consentit à signer les résolutions semi-ariennes du conc. de Constantinople, un peu sous la pression de Valens, un peu sous celle de la détresse de son peuple. En 370 ces Goths devinrent franchement ariens, à cause d'une nouvelle persécution d'Athanaric, qui força les chrétiens faibles à se jeter dans les bras de Fritigern et par conséquent de Valens. Les circonstances ayant changé par l'avènement d'Athanaric, devenu chrétien, et de Théodose, il y eut en 383 un nouveau concile à Constantinople, auquel Ul-philas assista et qui condamna l'arianisme, tout en montrant pour la personne d'Ulphilas un grand respect. Ulphilas, naturellement affecté d'un vote qui le condamnait, tomba malade peu après et + la môme année 383. Il fut enterré à Constantinople au milieu de la sympathie générale. Il laissait à l'usage de son peuple un Testament religieux incontestablement arien, mais où percent aussi les distinctions subtiles que comportent parfois ces délicates questions. Ce qui rendra sa mémoire chère à l'Église, c'est qu'il a traduit en goth la Bible, ayant dû pour cela inventer un alphabet spécial, pour remplacer les lettres runiques dont ces peuples se servaient alors presque exclusivement. L'écriture qu'il inventa, ou qu'il emprunta aux langues de son temps, n'est pas celle que l'on connaît auj. sous le nom de gothique; elle ressemble plutôt aux petits caractères latins. Il traduisit le N. T. d'après le grec. Il traduisit aussi l'A. T., sauf, dit Philostorge, les livres des Rois, parce qu'il craignait d'exciter encore l'esprit militaire de son peuple, déjà assez belliqueux. Sa traduction est littérale, presque servi le, en tout cas dégagée de toute préoccupation dogmatique; le fameux passage Rom. 9, 5. susceptible de deux versions est traduit dans le sens orthodoxe. Cet ouvrage, longtemps perdu, n'a pu être reconstitué qu'en fragments partiels: l'un contenant les Évangiles a été retrouvé à Prague au 17me siècle; les Suédois l'ont transporté à Upsal dans leur célèbre biblioth. où il porte le nom de Codex argenteus, cahier d'argent, à cause de ses caractères argentés, ornés d'or; plusieurs fois réimprimé, lîn autre, contenant des chapitres de l'ép. aux Romains, a été découvert à Wolfenbllttel par Knittel, et publié en 1763; on l'appelle Codex Carolinus, en l'honneur du duc Charles de Brunswick. D'autres fragments enfin ont été retrouvés à Milan sur des palimpsestes, par Mai et Castiglione 1819-1839. On ne possède ainsi de l'A. T. que Ps. 53, 2. 3. Est. 2, 8-42. Néh. 5 à 7. L;i perte est d'ailleurs peu grande en elle-même; cette version ne pourrait servir qu'à faire connaître l'état du texte au siècle, et quelques anciennes racines de l'allemand.
ULRIC lo ou Udalric, né 893 à Augsbourg, de la famille des comtes de Dillingen, descendant par sa mère du comte Burchardde Souabe, fut élevé à Saint-Gall, où une religieuse, Wibo-rada, lui prédit qu'il serait un jour évêque. Il fut élu en effet év. d'Augsbourg à son retour de Rome 923, et se distingua par son zèle à fonder des églises et des couvents et à les enrichir de reliques; il fit aussi beaucoup pour ranimer la vie religieuse de son troupeau, et l'on attribua à ses prières plusieurs délivrances merveilleuses de son diocèse pendant la guerre des Magyares, 925. f 4 juillet 973. La légende lui prête des miracles. Canonisé 993 par Jean XV.
2o Moine de Cluny, né 1018 à Ratisbonne, f 1093; neveu de l'év. de Frisingue, favori de l'emp. Henri-le-Noir; auteur de Lettres, et d'un Recueil des coutumes de Cluny.
3o Duc de Wurtemberg. Né 4 févr. 1487 au château de Reichenweiher, Alsace, il fut déclaré majeur en 1501 et se fit vite une position par sa guerre dans le Palatinat et par son mariage avec Sabine de Bavière, nièce de l'emp. Maxi-milien. Mais sa légèreté et sa mauvaise administration le firent détester de ses sujets. En outre, ayant assassiné Hans de Hutten qui avait divulgué les propositions criminelles qu'il avait faites à sa femme, il fut mis au ban de l'empire et resta 15 ans errant en Saxe, à Brunswick, en Suisse, intriguant pour se faire des alliés et rentrer en possession de ses États. Il s'aboucha tour à tour avec Sickingen, avec les révolutionnaires de Bohême, avec les paysans révoltés; il trouva enfin dans Philippe de Hesse et dans François l** l'appui dont il avait besoin, et après la bataille de LaufTen 1534, il put reprendre son duché, mais comme relevant de l'Autriche. Il avait embrassé la Réforme à Montbéliard et il chercha à l'introduire en Wurtenberg, mais il y procéda avec prudence et modération, évitant de froisser les luthériens et ménageant même les anabaptistes. Compromis dans la guerre de Smalcalde, 1546, il vit ses États ravagés par le duc d'AIbe et n'obtint la paix qu'au prix d'une forte amende et en acceptant l'Intérim, f 6 nov. 1550 à Tubingue, après une courte maladie.
ULTRAMONTAN1SME. Mot venu du latin ultra montes au delà des monts; par son étv-mologie il a une signification géographique, et dans le moyen âge les catholiques de Rome donnaient le nom d'ultramontains aux vaudois du Piémont, qui étaient pour eux au delà des monts. Mais pour la France et l'Allemagne, p. ex., c'est l'Italie qui est au delà des Alpes, et l'usage a peu à peu prévalu d'appeler ultramon-taines les doctrines et les tendances qui ont leur siège et leur principal représentant de l'autre côté des montagnes, c.-à-d. à Rome. Auj. ce mot a un sens conventionnel très précis; il désigne le parti catholique dont les aspirations tendent à faire du saint-siège et du pape la seule autorité absolue dans l'Église, par opposition au catholicisme national, tel que le gallicanisme, et en général l'épiscopalisme qui met l'autorité dans l'évêque, ordonné de Dieu, et dans l'assemblée des évêques réunis en concile. L'ultra-montanisme, comme prétentions, date de Grégoire VII et d'Innocent III; les luttes qu'il a soutenues pour arriver à ses fins remplissent le moyen âge, et depuis le conc. de Trente, ce sont les jésuites qui ont supporté tout le poids de la bataille. Le conc. du Vatican a été leur œuvre, ainsi que les défections qui ont suivi dans l'Église et les mesures prises par divers États pour protester contre les doctrines du Syllabus.
UMBREIT, Fréd.-Guill.-Charles, né 11 avril 1795 à Sonneborn, près Gotha, fils d'un instituteur qui était en même temps organiste et compositeur distingué. Il étudia à Gotha, puis à Gôttingue ob Eichhorn lui donna le goût des langues orientales et enflamma son enthousiasme pour la poésie biblique. Examiné à Gotha par Bretschneider, il revint prendre ses grades à Gottingue, visita Vienne, puis s'établit 1820 à Heidelberg, où il fut successivement nommé prof, de philos, et de théol., et membre du Consistoire. Il y vécut honoré, heureux et paisible dans le cercle de la famille, entouré d'amis tels que Ullmann et Rothe, ne s'occu-pant jamais de politique, étranger aux luttes religieuses, faisant consister toute sa dogmatique dans la foi au Dieu vivant révélé en son fils Jésus-Christ, et à l'immortalité, deux points sur lesquels il resta inébranlable et qui lui suffisaient. Il était partisan décidé de Schleierma-cher, et quant aux questions ecclésiastiques il avouait lui-même qu'il n'y entendait rien; il accepta l'union badoise comme un fait et sans la discuter. Nature aimable, artistique, profondément pieuse, il sut étudier la Bible en chrétien et en savant, sans s'attarder à la critique, t 26 avril 1860. Auteur de nombreux comment, sur Job, les Proverbes, l'Écclésiaste, le Cantique. les Prophètes, quelques Psaumes, les Romains et de quelques sermons et ouvrages d'édification; il est surtout connu comme rédacteur, avec Ullmann, des Studien und Kritiken.
UNDECIMILLE, v. Martyrs, et Ursule.
UNGNAD, Hans, baron (de), né 1493, fils d'un chambellan de l'emp. Maximilien 1er, se distingua dans la guerre contre les Turcs. Ayant perdu sa femme, comtesse de Thurn, il chercha des consolations dans la religion, embrassa le protestantisme, se rendit à Wittenberg où il se remaria avec la comtesse de Barby, une ancienne religieuse, fut nommé gouverneur de Styrie, et quand en 1557 la liberté religieuse eut été refusée aux évangéliques, il se rendit auprès du duc de Wurtenberg qui mit à sa disposition l'ancienne abbaye d'Urach. Il y fonda une imprimerie, et ayant fait la connaissance de Truber, il consacra ses presses à la publication d'ouvrages religieux en langue slave, qui, malgré la difficulté des transports, eurent un rapide écoulement, f 27 déc. 1564 au château de Wtn-tritz, Bohême, chez sa sœur. Son corps embaumé fut transporté à Tubingue. Son imprimerie arrêtée pendant la guerre de 30 ans, fut confisquée par les troupes impériales et donnée à la Propagande à Rome.
UNIFORMITÉ (Acte d'), nom qu'on donne à quelques-uns des bills du parlement anglais, ayant pour but, sur la base du Prayer-Book, d'établir pour toute l'Église du royaume un règlement extérieur uniforme. Le parlement du 4 nov. 1547 avait pris des résolutions à la suite desquelles Cran mer avait entrepris l'œuvre de la Réforme; il avait en particulier préparé un recueil de liturgies qui fut présenté à Édouard VI à NoiM 1548 et adopté comme Acte d'unif. au commencement de 1549, pour avoir force de loi dès le 1er juillet. Mais ce recueil qui conservait encore les prières pour les morts, la confession, Textrême-onction, ne pouvait être accepté tel quel et dut être revisé; il le fut en 1552 sous l'influence de Calvin, de Pierre Martyr et de Bucer, et un second Acte d'unif. fat voté par le parlement le 6 avril 1553. Il ne fut pas rigoureusement observé; une certaine liberté régnait dans l'Égl., jusqu'au moment où sous Charles II, 1662, un nouvel Acte daté dn jour de la Saint-Barthélemy contraignit les ministres à s'y conformer d'une manière absolue sous peine de destitution; 2000 d'entre eux perdirent leurs places et durent quitter leurs presbytères. Ils furent appelés Non-conformistes.
UNIGENITUS dei filius, premiers mots de la bulle de Clément XI, de sept. 1713, qui condamne comme hérétiques 101 propositions des Réflexions morales de Quesnel, dont plusieurs tirées de saint Augustin et même de la Bible, les dénonçant en même temps comme dangereuses pour l'État. Les jésuites étaient les vrais auteurs de la bulle, qui eut pour conséquence le schisme d'Utrecht. Cette bulle ne fut pas reçue sans opposition par le clergé français, et le card. de Noailles protesta énergiquement. Ailleurs elle resta sans application, parce qu'elle avait été calculée surtout en vue de la France. Joseph II d'Autriche la refusa ainsi que la bulle In cœnâ Domini, même après que Clément XIV l'eut déjà passablement adoucie. L'abbé Glaire emploie les mots d'absurde et d'ineptie pour réfuter Quesnel.
UNION 1° hypostatique, celle du Fils de Dieu dans la personne du Fils de l'homme; — 2° mystique, celle de Dieu avec l'âme du chrétien; quelques théologiens luthériens du 17®* siècle allèrent jusqu'à soutenir que par la foi l'homme s'assimilait une partie de la substance de la sainte Trinité. — 3<> Union des Églises, ou des bénéfices; la réunion de deux en un, momentanée ou définitive, motivée soit par le manque d'un personnel suffisant pour la desserte, soit parce que l'une des parties a perdu de son importance; il arrive quelquefois qu'une paroisse voit sa population diminuer considérablement sous l'influence de circonstances diverses, émigration, conversions, crise industrielle et commerciale, sinistres; elle ne réclame plus les soins d'un ministre spécial, qu'elle ne pourrait d'ailleurs entretenir, et l'autorité l'adjoint comme annexe à une paroisse voisine; — 4<> Union chrétienne, communauté de filles et de veuves, fondée à Charonne 1661 (transférée à Paris 1686) par Mad. de Polaillon et le prêtre Vachetfl681, pour travailler à la conversion des femmes et filles hérétiques, et donner une retraite à des personnes de qualité. — 5° La Petite-Union, fondée 1679 parle prêtre Vachet et Mlles Malet et de Lamoignon pour recueillir les filles venant à Paris chercher une place.
— Dans un sens beaucoup plus général le mot d'Union sert à désigner les rapports d'églises qui, sans se fusionner, forment entre elles une sorte d'alliance affectueuse, qui permet la communion à la même table, des échanges de services entre les ecclésiastiques, et la collaboration à des œuvres communes. Pour cela il faut l'accord sur les points fondamentaux, ce qvù fait que l'union ne pourra jamais s'établir entre l'Égl. catholique romaine et les Églises protestantes, le point de départ n'étant pas le même. L'union entre les Égl. luthérienne et réformée, est également difficile; les réformés l'ont toujours cherchée, p. ex. à Marbourg 1529, à Leipzig 1631, mais les docteurs luthériens l'ont touj. repoussée, et ce n'est qu'individuellement que des rapports fraternels ont pu se maintenir souvent d'égl. à église, grâce à des vues plus saines et plus larges des pasteurs et des troupeaux. L'histoire mentionne les nombreuses tentatives qui ont été faites pour amener un rapprochement entre l'Égl. de Constantinople et celle de Rome, depuis Basile et Jean IX jusqu'à Nicolas et Grégoire XVI. L'Égl. arménienne a aussi essayé, mais en vain, de se rapprocher de l'occident; elle s'est heurtée à des prétentions inadmissibles, et quelques congrégations isolées ont seules accepté les conditions qu'on leur imposait. Mais le besoin d'union est si grand et si naturel qu'on ne se lasse pas d'y travailler, et récemment encore des essais ont été faits pour unir les vieux-catholiques d'Allemagne aux jansénistes de Hollande; l'Egl. anglicane pourrait se joindre à cette union, et l'on a même pensé à l'Egl. arménienne. L'étroi-tesse d'esprit, des ambitions personnelles, des motifs politiques, empêcheront peut-être longtemps ces efforts d'aboutir.
C'est en Allemagne surtout que le mot d'union a pris une signification précise. Luthériens et réformés formaient des camps distincts, souvent hostiles, étant dans une même ville, dans une même province, presque partout, quelquefois en nombre à peu près égal. Parfois il arrivait aussi que le prince était d'une communion et le peuple d'une autre; il y avait à la fois conflit possible et rapprochement désirable. Avec un peu de bonne volonté la chose devait se faire à la longue, et comme les réfugiés français appartenaient en général à la Réforme et grossissaient ainsi la minorité, il devenait touj. plus urgent, au point de vue politique, de couper court à des discussions de doctrine qui passionnaient et divisaient les pasteurs et les troupeaux. Déjà un édit de 1664 interdit les injures et les attaques violentes du haut de la chaire, ainsi que tout ce qui pouvait irriter une communion contre l'autre. Mais cela ne suffit pas. et la conférence de 1703 n'aboutit pas. Au 18™ siècle le pié-tisme d'une part en mettant en relief les choses essentielles, de l'autre le rationalisme, en contestant l'importance absolue du dogme, préparèrent les esprits à des concessions mutuelles, et les habituèrent à l'idée d'une vie en commun. Plusieurs théologiens de valeur poussèrent dans ce sens, Planck, Schleiermacher, Sack, et le 27 sept. 1817 le roi de Prusse publia un appel aux Églises pour les exhorter, sans se renier elles-mêmes, à se constituer en une seule Égl. chrétienne évangélique vivante, dans l'esprit de leurs fondateurs. Sur le préavis conforme de la plupart des synodes et consistoires, l'Union fut décidée et les bases en furent élaborées d'une manière très large. Cependant elle rencontra çà et là quelques résistances; l'intervention de l'État ne fut pas toujours heureuse; le gouvernement dut fléchir quelquefois, et ses hésitations engagèrent le parti vieux-luthérien, sous la conduite de Hengstenberg, à relever la tête sous prétexte de défendre la foi contre le rationalisme. Aujourd'hui, après bien des décrets, l'Union existe en droit, sinon partout en fait; les églises choisissent leurs pasteurs, elles s'administrent elles-mêmes, et leur caractère confessionnel dépend d'elles et de leurs pasteurs plutôt que de l'État.
UNITAIRES, ou Antitrinitaires, nom général sous lequel on désigne les hommes ou les sectes qui, pour maintenir l'unité absolue de Dieu, rejettent le dogme de la Trinité. On les distingue d'ordinaire en 3 classes: Ceux qui maintiennent la divinité de Christ, mais nient la pluralité des personnes. Ils pensent que Dieu prend les différents noms de Père, de Fils et de Saint-Esprit, suivant ses différentes relations avec nous. Le principal représentant de cette tendance fut Praxeas. On leur a donné aussi le nom de patripassiens (la passion du Père), parce que, dans la logique du système, c'est le Père qui a souffert et qui est mort sur la croix. — 2o Ceux qui regardent la Parole comme une force divine qui s'est unie à l'homme Jésus, soit à son baptême, soit déjà dès sa naissance. La plupart des subordinatiens appartiennent à cette catégorie, ainsi que les ariens et plusieurs des réfugiés italiens. — 3° Ceux qui ne voient d'autre union entre Dieu et l'homme Jésus, que celle qui a déjà existé chez les prophètes. Ce sont les sociniens; Théodose le tanneur avait été leur précurseur. — L'unitarisme est relativement moderne; il s'est développé sous l'influence du rationalisme déiste; l'Angleterre et l'Amérique lui ont fourni le terrain oii il pouvait le mieux s'épanouir en liberté. Il était en germe dans l'égl. des Étrangers, Londres 1550, et se développa rapidement. Freeman avait déjà une église à Boston en 1787; Lindsay et Priest-ley, en Angleterre, en fondèrent plusieurs vers la fin du siècle. C'est dans le Massachusetts qu'elles prospérèrent le plus. Deux prédicateurs, philos, et philanthropes, aussi remarquables par leurs talents que par leur zèle, Channinget Parker, donnèrent à l'unitarisme une certaine popularité momentanée; ses églises se multiplièrent, mais depuis quelques années elles perdent de nouveau du terrain. Les ariens et les semi-ariens, les sabelliens, les sociniens avec leurs diverses nuances, toutes les sectes qui nient la divinité de J.-C. sont unitaires, mais malgré leur Association, fondée à Londres en 1825, elles sont loin d'être homogènes; les unes plus profanes rejetant de la personne du Sauveur tout élément surnaturel, forment la gan-che radicale; les autres éléventChrist beaucoup au-dessus de l'humanité. Elles comptent environ 300 églises en Angleterre et 600 en Amérique; ces dernières appartiennent aux plus hautes classes de la société et se distinguent par leur luxe. Elles ont établi quelques relations avec leurs sœurs d'Allemagne, au Protestante» Verein de Darmstadt.
UNIVERSALISME lo Caractère du christianisme qui est fait pour le monde entier, sans distinction de race, de peuple, de condition, ni de sexe, par opposition au judaïsme qui n'offre le salut qu'à un seul peuple. Les prophètes hébreux avaient entrevu l'ère nouvelle; Jésus-Christ l'a ouverte, et c'est l'apôtre Paul qui en a été le prédicateur et le représentant le plus populaire, le plus ardent et le plus convaincu. — 2<> L'univ. hypothétique, doctrine d'Amy-raut qui cherche à expliquer la prédestination: v. Amyraut. — 3° Doctrine qui admet, sous des formes diverses, que tous les hommes seront finalement sauvés, par opposition au dogme des peines éternelles, à celui de l'anéantissement des méchants, et au conditionalisme de MM. White, Pétavel et Byse.
UNIVERSITÉS, nom général sous lequel on désigne de grands centres d'enseignement, ayant le privilège de conférer des grades. Elles datent presque toutes de l'époque des croisades qui, en rapprochant l'orient et l'occident, deux cultures, deux civilisations, donnèrent aux études une vigoureuse impulsion et favorisèrent les rapports de peuple à peuple. Les plus anciennes connues sont celles de Salerne pour la médecine 1150, et de Bologne pour le droit 1158. Charlemagne avait déjà rêvé et entrepris quelque chose d'analogue, en faisant venir à Paris des savants étrangers et en recommandant par son exemple l'instruction publique, mais ce n'est guère que sous Louis-le-Jeune, et spécialement sous Philippe-Auguste, vers 1200, que l'université de France fut officiellement constituée; ses premiers statuts datent de 1215, et furent rédigés par un Anglais nomme Robert de Courson. D'autres centres scientifiques se fondèrent sur le même modèle, et le nom d'universités leur fut donné parce qu'on était censé y étudier toutes les matières. On y distingua d'abord quatre branches ou facultés principales, le droit, la médecine, la théologie et les arts, cette dernière faculté comprenant les lettres et les sciences. Chacune correspondait en pratique à une carrière déterminée. Une nouvelle branche, plus purement idéale, abstraite et en quelque sorte désintéressée, née dans les couvents de l'Angleterre et de l'Écosse, vint se joindre aux précédentes, l'étude de la philos, et spécialement de la dialectique, et elle finit par envahir, absorber, dominer les autres, passionner les esprits, et donner le ton aux études, même dans les écoles des cathédrales. Ce fut la Scolastique. A Paris le nombre des écoliers s'éleva jusqu'à 20,000. Comme ils ne relevaient d'aucune juridiction et que l'État n'avait pas à s'occuper d'eux, ils furent naturellement amenés à se constituer en nations, suivant leur pays d'origine. Il y eut ainsi quatre nations, France, Picardie, Normandie, Angleterre; la France comprenait l'Espagne, l'Italie, la Grèce et l'Orient; l'Angleterre comprenait l'Allemagne et tous les pays du nord. Chaque faculté avait à sa tête un doyen, et l'université un recteur nommé à l'élection, mais touj. dans la faculté des arts. L'université de France jouit dès l'origine de nombreux privilèges; elle s'administrait elle-même, professeurs et écoliers, et n'était pas soumise aux juges ordinaires. Elle soutint de longues luttes au 13™ siècle contre les dominicains et les franciscains, et au 16™e contre les jésuites, leur contestant le droit d'enseigner, mais elle fut vaincue. Elle joua un grand rôle dans les affaires publiques, défendit les libertés, eut ses représentants aux États généraux, résista même quelquefois à l'autorité royale; mais le plus souvent elle prit parti pour le pouvoir et mérita le titre de Fille aînée du roi, qui lui fut décerné par Charles Y et qui lui donna rang immédiatement après les princes du sang. En théologie elle défendit les libertés gallicanes. Elle a eu à sa tête des hommes illustres, Pierre d'Ailly, Gerson, Rollin, Crévier, etc. La Révolution la supprima, mais Bonaparte la rétablit et la réorganisa par une loi du 10 mai 1806 et par un décret du 17 mars 1808 en 144 articles; il en fit un corps enseignant unique pour toute la France, chargé de l'enseignement supérieur, de l'instruction secondaire, et de l'instruction primaire. Elle a pour chef un grand-maître assisté d'un conseil d'instruction publique, et sous sa direction un certain nombre d'académies régies par un recteur. Le 1er grand-maître a été M. deFontanes. — En Allemagne les univ. sont nombreuses et indépendantes les unes des autres; la plus ancienne est celle de Prague 1348, puis Vienne, Heidelberg, Cologne, etc. La Réformation en fit naître de nouvelles, qui eurent d'abord presque toutes un caractère confessionnel, Marbourg, Wittenberg, Tubingue, Halle, etc. Plusieurs sont devenues célèbres, et la plupart ont élargi le cercle de leurs études et ont cessé de faire de la théologie leur spécialité. — Un décret du 17 mars 1808 créait pour les protestants français 2 facultés de théol., Montauban et Strasbourg; cette dernière a été transférée à Paris par décret du 27 mars 1877.
URBAIN lo év. de Rome 223 à 230, subit le martyre. Inconnu. L'Église est en paix, grâce à Alexandre-Sévère.
2° Urbain II; Eudes ou Odon, né à Lagery, près de Châtillon-sur-Marne, nommé év. d'Os-tie par Grégoire VII, qui le désigna avant de mourir comme un des trois hommes dignes de lui succéder. Il fut en effet élu, après la mort de Victor III, 1087, et agit dans le même esprit que Grégoire; il soutint vigoureusement les droits des papes contre l'empire, mais fut à diverses reprises humilié, battu et chassé par son compétiteur l'antipape Clément III (Gui-bert), déjà nommé sous Grégoire par l'influence impériale. Bientôt un grand événement vint relever son autorité; c'est en mars 1095 à Plaisance (et non comme on l'a cru longtemps en novembre, au concile de Clermont), que la l'e croisade esfrésolue. L'enthousiasme est général. L'invention des chapelets se glisse inaperçue dans l'Église, à la faveur du tumulte causé par de plus importantes préoccupations 1090. Le pape, en décidant l'affranchissement du Saint-Sépulcre, n'a pas un but politique; cependant ce but est atteint. Clément III tombe en défaveur, de même qu'Henri IV. Bientô Jérusalem est conquise 1099; Urbain l'ajoute à ses possessions et f 29 juill. la même année. — Il avait excommunié Philippe de France qu avait fait emprisonner Yves de Chartres, parce qiïe ce pieux évêque s'opposait à son divorce.
3® Urbain III; Humbert Crivelli, archev. de Milan, nommé cardinal par Lucius III, lui succède 1185, mais ne règne que 2 ans, et f à Ferrare 1187. Il lutteen vain contre Frédéric 1er, Barberousse, et veut l'excommunier, mais les habitants de Vérone s'y opposent et il doit céder. Jérusalem est reprise par les musulmans.
4° Urbain IV; Jacques Pantaléon, de Troyes, Champagne, arrivé d'un rang obscur (son père était cordonnier) à la dignité de patriarche de Jérusalem; élu 1261. Il augmenta le nombre des cardinaux, établit la Fête-Dieu 1264, offrit à saint Louis la couronne de Naples, que ce prince refusa, mais qui fut acceptée par son frère Charles d'Anjou, f Monument à
Pérouse.
5° Urbain V; Guillaume Grimaud ou de Grû moardj un des papes d'Avignon; bénédictin, d'une famille noble du Gévaudan, élu 1362. Quoique Français, et malgré la France, il essaie de retourner en Italie, il quitte Avignon et s'installe à Rome 1367 à 1370, mais sa cour, qui se plaît en France où fleurissent les lettres, les reliques et la monarchie, refuse de lè suivre. L'emp. Charles IV, qui lui a promis du secours contre les usurpateurs des fiefs ecclésiastiques, n'arrive qu'avec des forces insuffisantes, et Urbain doit rentrer à Avignon où il f 19 déc. 1370. Il avait reçu la visite de l'emp. Jean Pa-léologue, qui implorait son secours contre les Turcs, mais il ne put rien faire pour lui. Charitable envers tous, sévère contre la simonie et les mauvaises mœurs, il a cherché à affranchir la papauté de la tutelle française et à lui rendre ses domaines en Italie. Vie, par Th. Roussel, Paris 1840.
6° Urbain VI; Barthélemi de Prignano, napolitain, archev. de Bari, élu 7 avril 1378 de la manière la plus violente et la plus irrégulière. Bien loin d'apaiser les esprits, il les aigrit par son orgueil et sa cruauté. Plusieurs cardinaux italiens mécontents se joignent aux français pour élire à sa place Clément VII, inaugurant ainsi un schisme d'un demi-siècle. Urbain a pour lui l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre, le Danemark et la Suède. Il crée 26 cardinaux pour remplacer ceux quH'ont quitté. Il décide le roi de Hongrie à envoyer contre Jeanne I" de Naples Charles de Duras qui la détrône; mais il se brouille avec ce prince, est assiégé dans Nocera et s'enfuit à Salerne, puis en Sicile et à Gènes. La plupart de ses cardinaux l'abandonnent et passent à Clément. Il en fait mettre six à la question, les traîne avec lui prisonniers et en fait exécuter cinq. Il gâte sa cause par ses passions et son opiniâtreté. Duras étant mort, il revient à Rome d'où il espère pouvoir s'emparer du royaume de Naples. Les grands, les princes, l'université de Paris, demandent un concile, et proposent que les deux co-papes soient invités à abdiquer, mais Clément, qui sait bien manœuvrer, parvient à se maintenir. Urbain f 15 oct. 1389. L'occasion serait bonne pour terminer le schisme; mais son parti se hâte de lui donner pour successeur Boniface IX.
7° Urbain VII; J. B. Castagna, successeur de Sixte-Quint, élu 15 sept. 1590, f 27 sept., ne fut pape que 13 jours.
8° Urbain VUI; Maffei Barberini, assez bon poète, orateur, écrivain, distingué par ses talents et ses connaissances, fut élu 6 août 1623, et débuta par l'annexion du duché d'Urbin aux États de l'Église. Ses querelles avec Venise 1632 et avec Jean IV de Portugal 1641 finirent moins glorieusement par la paix de Venise 1644, où tout fut remis sur l'ancien pied. Il publia une nouvelle rédaction du Bréviaire romain, restaura beaucoup d'églises, fit une édition retouchée de la bulle In ccenâ Domini 1627, et condamna les jansénistes, à l'instigation des jésuites, dans sa bulle In eminenti 1642. Ses poésies latines et italiennes parurent à Paris la même année. Sa f 29 juill. 1644 fut suivie d'une violente réaction contre sa famille.
URLSPERGER, Jean-Auguste, né 25 nov. 1728 à Augsbourg, fils d'un pasteur wurtem-bergeois, qui avait dû quitter son pays à la suite d'une prédication trop accentuée. Après avoir étudié à Tubingue et à Halle (chez Baum-garten), il revint à Augsbourg, fit encore un voyage à Ratisbonne et à Copenhague, et fut en 1755 nommé pasteur, et en 1772 doyen l'église de son père. Il donna sa démission en 1776 pour raisons de santé, mais n'en continua pas moins de servir l'Église de tout son cœor et de toutes ses forces. Il rêva de grouper contre les envahissements du rationalisme tous les éléments vivants du christianisme positif, même les catholiques croyants (dans le genre d-? la Société anglaise for promoting Christian Knowledge), mais un voyage fait en Allemagne. Hollande et Angleterre 1779 et 1780 lui donna peu d'encouragements, et il allait abandonner son projet quand il apprit qu'une Société do christianisme venait de se fonder à Bâle, 1780. Ce n'était pas tout à fait son idée; il aurait voulu quelque chose de plus polémique, d'agressif, tandis que la société nouvelle se proposait simplement de propager la saine doctrine et de développer la vie religieuse; mais il trouva moyen, en défendant cette œuvre contre ses adversaires, de donner satisfaction à son besoin de polémique ardente, et ses prophéties sur les agitations sociales et religieuses ont été justifiées par les événements, + l«r déc. 1806 a Hambourg, en revenant d'Angleterre. Il a laissé quelques ouvrages de doctrine et d'édification.
UROLF, moine missionnaire du 9®« siècle, évangélisa la Moravie 820-826, et s'étant rendu à Rome pour faire connaître ses travaux, Eugène II fut si satisfait qu'il rétablit en sa faveor l'archevêché de Lorch, avec le pallium, et le recommanda aux évéques et aux ducs de la Pannonie comme un homme expérimenté et instruit dans la parole de Dieu.
URSACIUS lo ou Arsace, solitaire de Bithy-nie, né en Perse. Sous Licinius, vers 320, il s'enferma dans une tour de Nicomédie, où il fit beaucoup de miracles.— 2° U. év. de Singe-don, sémi-arien, ainsi que Valens, év. de Murse» s'étaient déclarés contre Athanase et furent déposés au conc. de Sardique 347. Us se rétractèrent en 349, mais par leurs intrigues à Sir-mium et à Rimini, ils réussirent à reprendre leur position perdue. Ils furent de nouveaa condamnés à Rome 369.
URSICINUS, 1° solitaire du 5** siècle, qei vivait dans le Jura, près des sources du Doute, et qui recevait hospitalièrement les pèlerins fatigués. L'un d'eux, Wandergisil, riche gentilhomme, se plut dans la contrée, y chercha l'oubli du monde, et y bâtit une église, puis le couvent qui prit le nom de Sainte-Ursanne.— 2<> Ursicinus, ou Ursinus, diacre romain élu pape après la mort de Libère 366 par les partisans de ce dernier, contre Damase qui l'emporta. On se battit pour cette élection, et l'on ramassa 137 cadavres dans l'égl. d'Ursin. Exilé par Va-lentinien 1®', il s'enfuit à Cologne, revint, souleva de nouveaux troubles et fut définitivement banni d'Italie par le concile d'Aquilée.
URSINUS lo v. Ursicinus 2o.
2o Zacharie, né 18 juill. 1534 à Breslau, fils du pasteur Bœr (ours, latin ursus), fut élevé sous la douce et pieuse influence de Mélanchthon, étudia à Wittenberg, visita Worms avec Mélanchthon, connut Calvin à Genève, Mercier à Paris, et s'appliqua à l'étude des langues. En 1558 il passa par Zurich et revint à Breslau où il fut nommé professeur au collège; mais la ville était trop sous l'influence luthérienne stricte pour qu'il pût y rester longtemps; il donna sa démission, et après de courts séjours à Wittenberg et à Zurich, il vint à Heidelberg où il fut nommé docteur en théol. et professeur, 1562-1568. Il passa ses dernières années dans le Palatinat, engagé dans plusieurs controverses littéraires, et f 6 mars 1583. Doux, pieux, intelligent, travailleur, il avait écrit au-dessus de sa chambre de travail à Neustadt: Amice quisquis hue vents, — aut agito paucis, aut abi — Aut me laborantem juva. Il fut le principal rédacteur du catéchisme de Heidelberg. On a encore de lui une étude sur les sacrements, un comment, sur Ésaïe, un Avertissement chrétien, dans lequel il critique la Form. de concorde, des Explications sur le catéch. de Heidelberg, et divers traités de théol. Il était franchement réformé, et c'est à ce titre que Jean-Casimir l'avait appelé.
3° Jean-Henri, né 1608 à Spire, où il fut pasteur, f 1667 à Ratisbonne, comme surintendant; auteur d'un grand nombre d'ouvrages latins, dont plusieurs ont été mis à l'index: l'Ecclésiaste, les Églises de la Germanie depuis leur origine jusqu'à Charlemagne, Zoroastre et Sanchoniaton; la Passion au quadruple point de vue historique, prophétique, typique et symbolique, etc. ,
URSULE, une des prétendues onze mille vierges martyres mises à mort par les Huns en 384 ou 453. D'après la légende du 12™ siècle, elle était fille du roi anglais Déonat ou Diognète; son nom lui aurait été donné à la suite d'une victoire remportée par elle sur un ours (figurant le diable selon 1 Sam. 17, 34). Un prince païen, Hoioferne, ravi de ses charmes, voulut l'épouser; elle y mit pour condition qu'il se ferait chrétien, et qu'elle ferait d'abord un voyage de trois ans par mer. Elle s'embarqua avec une flotille et un millier de jeunes vierges de sa suite, venues de Sicile, de Constantinople et d'ailleurs. Elles remontèrent le Rhin jusqu'à Cologne et Bâle, firent de là le pèlerinage de Rome à pied, et c'est à leur retour qu'elles tombèrent entre les mains des Huns à Cologne. Elle fut épargnée, ainsi que son amie Cordule, parce que le prince païen (Attila ?) voulait aussi l'épouser, mais sur son refus obstiné elles furent mises à mort. Le jésuite Crombach a essayer d'accréditer cette histoire, 1647.
URSULINES, ordre religieux; v. Merici.
USHER, ou Ussérius lo James (Jacques), né 4 janv. 1581 à Dublin, de la vieille famille des Neville; fils d'un juriste attaché à la cour de justice. Le nom venait d'un ancien usher, ou huissier, qui en 1185 avait accompagné le roi Jean en Irlande. La famille était protestante; un oncle de James, Henri, fut archev. d'Armagh 1595-1613. James montra de bonne heure des dispositions pour l'étude de l'histoire; il se mit ensuite à la théol., quoique son père eût préféré le voir suivre la carrière du droit. D'abord ca-têchète à Dublin, puis pasteur, professeur et vice-chancelier de l'université, il consacra 18 ans à l'étude approfondie des pères. En 1615 il prit part au synode irlandais chargé d'organiser l'Église de son pays et il y joua un rôle prépondérant; le synode proposa, au lieu des 39 articles de l'Égl. anglicane, 104 articles de discipline et de foi d'une tendance plus réformée et plus puritaine, mais qui furent rejetés par le parlement. Il fut nommé en 1621 év. de Meath, et en 26 archev. d'Armagh et primat d'Irlande. Polémiste ardent, il s'opposa de toutes ses forces à l'Acte de tolérance en faveur des catholiques, mais réussit moins bien comme administrateur de l'Égl. protestante. Il fut même débordé par Wentworth qui essaya d'introduire en Irlande une espèce d'inquisition protestante, mais il en atténua les fâcheux effets comme président de la commission. En 1640 les troubles politiques l'amenèrent à Londres; il chercha dans un esprit conciliateur à ramener l'harmonie entre le roi et le parlement; épiscopal, il voulait le maintien de la hiérarchie, mais en réduisant les évêques au rôle de surveillants, ou de surintendants; il échoua; le temps n'était pas à la conciliation, et après avoir vu tomber la tête du roi, il chercha encore à gagner Crom-well à des idées plus modérées, f 21 mars 1656 d'une inflammation des poumons. On lui fit à Westminster de magnifiques obsèques. Il est surtout célèbre par sa chronologie fixant la création du monde à 4004 ans av. C., qui a été longtemps admise, mais qui est auj. complètement abandonnée. Parmi ses nombreux ouvrages, presque tous écrits en latin, on remarque surtout une Étude, ou Explication sur la très grave question de la succession apostolique dans les égl. de l'Occident, où il cherche à établir que le pape est l'Antéchrist; Emmanuel, où l'Incarnation du Fils de Dieu; Antiquité des égl. britanniques; Annales de l'A. etduN. T.; Chronol. sacrée, etc. Il a réuni on grand nombre de vieux mss., dont il a publié quelques-uns.
2° Jacques, de la même famille, mais d'une branche catholique, né 1720, + 1762, ecclésiastique, dirigea longtemps une école à Kensing-ton Gravel-Pits; auteur d'un: Nouveau système de philos., où il attaque Locke; Lettres, signées un Libre penseur, où il censure les persécutions contre les cathol.; Discours sur le goût: Introd. à la théorie de l'esprit humain, contre les déistes, etc.
USTERI, Léonard, né 1799 à Zurich, f 1833 à Berne, avait étudié 3 ans à Berlin sousBœckh, Hegel et Schleiermacher. Professeur au gymnase de Berne; auteur d'études sur Jean-Baptiste, la Tentation de J.-C., un Comment, sur les Gala-tes, un travail sur les 4 Évangiles concluant contre Bretschneider à l'authenticité de saint Jean, etc.: Développement de la doctrine pau-linienne dans ses rapports avec les autres écrits du N. T. C'est ce dernier ouvrage, dont les conclusions d'ailleurs peuvent être discutées, qui a fait sa réputation, par la netteté de la méthode.
USUARD, religieux bénédictin de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, f vers 877 (ou 897). Chargé par l'abbé Hilduin, son supérieur, d'aller chercher dans les ruines de Valence les reliques du martyr Vincent, il ne put y réussir à cause des Maures, mais il rapporta de Cordoue les restes de 3 autres martyrs, Georges, Aurèle et Nathalie, avec les papiers attestant leur authenticité. A la demande de Charles-le-Chauve il écrivit un martyrologe, pour lequel il utilisa les pères, qui était très estimé au moyen &ge, et qui plus tard servit de base au martyrologe romain.
UTENHEIM, Christophe (de), né 1450 d'une famille noble, chanoine et doyen de Saint-Thomas à Strasbourg, pénétré des idées de Gerson, avait un fort penchant pour la vie solitaire et correspondit avec Wimpheling 1487 pour aller s'établir avec lui dans la Forêt-Noire. Mais appelé à Bâle comme custode, puis comme évêque 1300, il y trouva tant de choses à réformer qu'il se mit résôlument au travail, et obtint quelques bons résultats. Il s'associa Pellican, Wimpheling, puis Capiton et OEcolampade, se lia avec Érasme, et suivit avec intérêt les débuts de Luther. Il fraya ainsi la voie à la Ré-formation, mais il n'alla pas jusqu'au bout et se retira peu à peu d'amis plus jeunes qui le compromettaient. f 16 mars 1527 à Delsperg, un mois après avoir donné sa démission.
UTRAQUISTES, du latin utraque, qui signifie « l'une et l'autre, > surnom donné anx hus-sites et notamment aux calixtins, q. v., qui voulaient communier sous l'une et l'autre espèce.
UTRECHT (ultrajectum, ou trajectvm ad Rhenum), ville de Hollande, évangélisée par Willibrod qui en fut le l«r évêque, relevant de l'archevêché de Cologne. Philippe II en 1539 la constitua en archevêché et lui donna pour suf-fragants les év. de Harlem, Middlebourg, Leeu-warden, Deventer et Groningne, mais cette organisation dura peu, la Réforme Payant rendue inutile. En 1580 il n'y avait plus à Utrecht qu'un vicaire-général, qui en 1583 fnt nommé vicaire apostolique pour les autres évêchés. Vers 1592 arrivèrent deux jésuites, qui furent bientôt suivis de plusieurs autres, et qui accaparèrent aux dépens du clergé toute l'autorité sur les catholiques. Deux partis se formèrent, l'un national, qui avait à sa tête Pierre Codde; l'autre, jésuite, avec Théod. de Cock pour provicaire nommé par le pape. Le chapitre ayant réclamé, et le pape refusant de lui donner satisfaction, les États prirent parti pour leurs nationaux et les jésuites furent bannis, 1704. La question janséniste se posa en même temps, et le schisme s'accomplit. Le 1er évêque, Cornélius Steenoven, fut consacré en 1723 par le missionnaire Dominique-Marie Varlet, ooadjnteur de l'év. de Babylone, et le 21 févr. 1725 Benoit XU excommuniait les schismatiques, cérémonie qui se renouvela à chaque élection d'évé-que. Un essai de conciliation tenté sous Clément XIV échoua par suite de la mort du pape. Le parti romain fat réorganisé en 1853, et dès lors le nombre des dissidents a toujours été en diminuant. Ils se sont ralliés à Munich aux Vieux-Catholiques d'Allemagne; l'év. Reinkens a été consacré à Rotterdam par l'év. de Deventer le 11 août 1873, et peu après ils ont complètement rompu avec Rome. L'Égl. réformée d'Utrecht a compté quelques hommes distingués, entre autres David Martin, le traducteur de la Bible.
UYTENBOGAERT, on Wytembogardt, Jean, né 1557 à Utrecht, étudia à Genève sous Bèze, et à son retour 1584 fut nommé pasteur de l'Égl. réformée, mais à cause de ses vues arminiennes il perdit sa place en 1589. En 1590 il fat nommé prédicateur à La Haye, puis chapelain de Maurice d'Orange et précepteur du prince Ferdinand-Henri. Après la mort d'Arminius, il fut avec Épiscopius un des chefs du parti opposé à Gomar et rédigea 1610 l'acte de Remontrance aux États. La même année il fut nommé chapelain d'ambassade à Paris, et vit Casaubon qui le fortifia dans ses idées. Un peu plus tard la persécution commença contre les arminiens;
il fut banni, ses biens furent confisqués 1619; il se retira à Anvers, puis à Rouen, et revint en cachette k Rotterdam 1626, après la mort de Maurice, pour consoler ses frères opprimés. On lui rendit ses biens et ses droits en 1629. + 24 sept. 1644. Auteur de plusieurs ouvrages: Hist. ecclés. de 400 k 1600; Autorité du magistrat dans les affaires de religion (il reconnaît cette autorité); Lettres théol. d'hommes distingués et savants, etc.
UZÈS, Ucecia, anc. ville épiscopale du bas Languedoc; elle était déjà représentée aux conc. d'Arles 451 et 455. La Réforme y pénétra de bonne heure; en 1560 il y avait une égl. avec un pasteur nommé Robert Maillart; en 1564 un pasteur y est pendu sur un simple ordre de Damville; en 1620 son pasteur Laurent Brunier est nommé vice-président du synode d'Alais. En 1683 un décret d'arrestation est lancé contre le ministre Laborie, qui réussit k s'échapper, mais est condamné par contumace à être pendu. Le 30 avril 1685 l'ordre est donné de démolir le temple d'Uzès. Auj. chef-lieu consistorial. Évêché supprimé en 1801.