K
Voir aux lettres C ou Q les mots qui ne se trouveraient pas ici.
KAABA, vieux sanctuaire national des Arabes, espèce de chapelle à peu près carrée (il mètres sur 9), qui doit son nom à la forme de dé qu'elle présente. Les uns disent qu'elle fut construite par Adam, les autres par Abraham, d'autres enfin par les anges. On assure qu'Adam y a déjà été en pèlerinage. La célèbre pierre noire Hadschar-el-Aswad, qui s'y trouve emmurée, serait descendue du ciel à l'époque d'Abraham. Elle est au centre de la mosquée de La Mecque, et Mahomet l'a entourée d'un tel respect qu'il a imposé à tous ses sectateurs l'obligation d'y aller prier au moins une fois dans leur vie.
KABASILAS 1° l'ancien, nommé Nilus, archev. de Thessalonique, auteur d'un livre contre les prétentions romaines; De Primatu papœ: ed. Matth. Flaccius Illyr. 1555.
2° Nicolas, le jeune, son neveu, métropolitain de Thessalonique dès 1354; peu connu; avait probablement été moine et avait pris parti pour les moines dans le conflit des hésychastes. Auteur de: Sept livres sur la Vie en Christ, un des meilleurs écrits de la mystique byzantine postérieure. Notice par Gass 1849. '
KABBALE, = tradition. Les juifs ont à côté de leurs livres sacrés deux traditions parallèles, le Talmud, qui est écrit, et la Kabbale, métaphysique et théosophie mystérieuse, qu'ils prétendent avoir été confiée de Dieu au premier homme, et par celui-ci aux patriarches, à Moïse, aux anciens d'Israël, de génération en génération, de bouche en bouche, jusqu'au moment où elle fut consignée par écrit dans le Jetsirah, livre de la Formation, et le Tsohar. livre de la Lumière. Le premier de ces écrits est attribué au rabbin Akiba f 120, mais il ne fut connu que plus tard et la 1" édition date de Mantoue 1565. Le second aurait pour auteur Simeon ben Jochaï, mais il ne commença à être connu qu'au 13me siècle, et les critiques estiment que si la doctrine est peut-être ancienne, la rédaction ne saurait remonter au delà du 8®e siècle, à cause du style talmudique moderne. Le Jetsirah développe ses idées théo-sophiques en les rattachant*aux nombres (3, 7. 12) et aux 22 lettres de l'alphabet; il n'y pas eu de création proprement dite, mais une émanation; c'est le souffle de Dieu qui s'est condensé. D'après le Tsohar, Dieu, l'Aïnsoph, rinconnn des inconnus, lumière incréée, se pose comme celui qui est, et fait jaillir de cette source unique toutes les existences particulières. Il n'y a donc pas de création, mais une évolution de la substance première; en téte de la hiérarchie des intelligences se trouve l'homme céleste, le prototype; il réunit en lui les dix Sephiroth, ou nombres parfaits. L'ensemble de ce système, <jui n'est pas sans analogie avec le gnosticisme, tend à subordonner le moral au physique, la liberté à la nécessité. L'explication que la Kabbale donne de l'Écriture, a quelque chose de mysti-■que, et en même temps de puéril et d'artificiel; aussi les juifs du nord, de la Pologne, p. ex., avaient réduit la religion à n'être plus qu'une sorte d'astrologie. Les kabbalistes de l'âge apostolique étaient plus sérieux, plus prétentieux; ils cherchaient à pénétrer touj. plus avant dans le secret de Dieu, et ils croyaient que celui qui posséderait la clé des révélations aurait la puissance de faire des miracles; ils ont laissé passer le Christ sans le reconnaître; quelques hommes seulement, comme Paul, l'ont reconnu comme la vraie sagesse et ont cru en lui. C'est à partir de Raymond Lulle que les philos, chrétiens ont attaché de l'importance à la Kabbale. Jordan Bruno et Pic de la Mirandole y ont vu une base spéculative pour le christianisme. Reuchlin introduisit cette étude en Allemagne; Paracelse et Jacob Bœhme lui assurèrent, quant aux idées thésophiques, une certaine influence sur la philos. chrétienne, et les mystiques modernes lui ont fait des emprunts. V. Molitor, A. Franck, Lutterbeck, Pétavel, etc. Le mot de cabalistique se rattache surtout à la recherche mystérieuse que certains chiffres, ou certaines combinaisons de lettres peuvent avoir sur la destinée;
11 n'est pas besoin d'être un juif cabaliste pour être la victime de cette superstition.
KADMON, ou Adam Kadmon, était dans la kabbale juive, le nom de l'homme prototype, l'image idéale de la divinité.
KANT, Emmanuel, né 22 avril 1724 à Ko-nigsberg, était fils d'un sellier. Il étudia dans sa ville natale, dont on assure qu'il n'est jamais sorti, et parcourut en peu d'années le cercle presque entier des connaissances hurrteines, zoologie, physique, mathématiques, philos., théologie, etc. Incompris, il resta 15 ans simple répétiteur, et n'obtint qu'en 1770, à 46 ans, la chaire de logique et de métaphysique. Nommé recteur de l'univ. en 1786, il fut nommé en 1787 membre corresp. de l'univ. de Berlin, f
12 févr. 1804. Il a écrit un grand nombre d'ouvrages, entre autres des travaux très remarquables sur le système planétaire, le mouvement des corps, la géographie physique, les races humaines. Le premier en date: Pensées sur la véritable évaluation des forces vives, parut en 1747. Plusieurs suivirent, mais celui qui fonda sa réputation, la Critique de la raison pure, ne fut publié qu'en 1781. Frappé de l'introduction de doctrines étrangères en Allemagne, et con -sidérant que l'historien Hume en particulier, de l'école écossaise, pouvait avoir une influence très fâcheuse en faisant naître ou en développant le scepticisme, il essaya de résoudre lui-même le problème de la source des connaissances en déterminant le vrai rôle de l'esprit et du corps, de la forme et de la matière. Il distingua dans nos connaissances deux parts, l'une qui appartient aux objets de la pensée et qui nous est communiquée par l'expérience, par les sens: c'est Y objectif; l'autre qui vient du sujet pensant et que l'esprit tire de son propre fonds pour compléter ou modifier les données de l'expérience: c'est le subjectif. Malheureusement ce livre, si plein de profondeur et de vues nouvelles, était lourdement écrit, dans un style pénible, avec une terminologie barbare et des termes nouveaux; il était presque impossible à comprendre, et il en résulta qu'il resta fort longtemps ignoré et que le libraire ne savait comment s'en défaire. Un philos, allemand. Reinhold, gendre de Wieland, doué d'un talent de style que Kant ne possédait pas, étudia cet ouv rage et fut frappé de sa profondeur. Il le réduisit en un langage intelligible et populaire, et publia sur la philos, kantienne, en la complétant à son point de vue, 2 vol. de Lettres qui firent sensation. La révolution fut instantanée: en peu de temps, comme par une explosion subite, cette philos, devint l'objet de l'étude générale et l'enthousiasme fut si grand que dans quelques universités les étudiants placèrent la Critique de la raison pure à l'égal de la Bible. (La lire dans la trad. franç. de Tissotj. Kant a fait deux autres ouvrages également considéra-lés, la Critique de la raison pratique, espèce de philos, morale 1787, et la Critique du jugement, cours d'esthétique ou de littérature générale, examen des facultés par lesquelles l'homme juge des qualités, du beau, du sublime, 1798. Ce qui avait amené Kant à rechercher les bases et les limites de la raison, ce sont l'absolutisme d'une orthodoxie trop exclusivement dogmatique, les prétentions non moins exagérées du rationalisme, et le parti que le scepticisme essayait de tirer des erreurs de l'un et de l'autre. Nous ne pouvons rien connaître que par l'expérience, et? il y a des choses qui nous échappent complètement, ainsi Dieu et l'immortalité de l'âme. Toutefois il est possible d'y arriver par la raison pratique. L'homme est tourmenté du désir de connaître les causes; il voit et il raisonne, mais il rêve de s'élever au delà; il lui faut davantage; il croit à la liberté, à la loi du devoir, à l'harmonie entre le bonheur et la vertu, et comme postulats de la raison pratique, il doit admettre sa dorée infinie, son immortalité, un monde abstrait et spirituel pour la réaliser; enfin un être distinct du monde, qui soit le type de la sainteté et de la perfection absolue. Il donne ainsi à la conscience morale un rôle considérable dans la formation des jugements, et si par certains côtés il touche au stoïcisme, par d'autres il rappelle Pascal à qui on l'a souvent comparé. La philos, kantienne souleva cependant des objections de diverses natures, soit à cause de l'hypothèse qui lui sert de base (la subdivision de chaque impression en 2 éléments), soit à cause des contradictions qu'elle renferme. Aussi, après avoir été goûtée quelque temps, a-t-elle été plus ou moins abandonnée; elle avait triomphé dans des discussions avec les partisans de Leibnitz et de Condillac, mais c'est de son sein même que sortirent les hommes qui devaient l'attaquer avec le plus de force, Fichte, Schelling et Hegel. Kant d'ailleurs avait prévu ce résultat et annoncé qu'on méconnaîtrait les limites qu'il avait voulu donner à la raison. Étnde et Vie, par Amand Saintes, 1841.
KAPFF (Sixt Karl von), né 1805 à Gdglin-gen, fut 10 ans pasteur à Kornthal, 8 ans surintendant àMunsingen, membre de l'Assemblée constituante en 1848, et depuis 1852 prédicateur de la collégiale à Stuttgard, doyen du clergé de la ville, et considéré comme une des colonnes de l'Égl. luthérienne dans le pays. Auteur de plusieurs volumes, livres d'édification, sermons, etc., il était estimé de tous, juifs, cathol. et protestants. Il était membre de plusieurs sociétés relig., bibliques, missions. Une fondation de 13,000 marcs, en faveur des orphelins de pasteurs, fut fondée sous son nom en 1877. + 1er sept. 1879.
KARG, George, né 1512 à Heroldingen, Grisons, pasteur à Oettingen, Schwabach et Ans-bach. f 1576. Connu surtout par des thèses où il niait l'imputation de la justice de Christ, et qu'il retira 1570 devant les attaques de Kelz-mann. A cette occasion la doctrine fut plus nettement précisée dans la Form. de concorde.
KAUTZ, Jacques, de Bockenheim, pasteur à Worms en 1524 et prédicateur distingué. Gagné aux idées anabaptistes il publia en 1527 des thèses qu'il offrit de soutenir, mais le prince-électeur Louis le chassa de la ville et la dispute ne put avoir lieu. Il se rendit à Augsbourg, Rothenbourg, et enfin Strasbourg, où Bucer et Capiton le reçurent d'abord bien, mais finirent aussi par l'abandonner. Il tint des réunions en pleine rue, excita des désordres et se fit expulser 1529. En 1532 il demanda de pouvoir rentrer, mais cela lui fut refusé. Dès lors on perd ses traces.
KECKERMANN, Bàrthélemy, théol. réformé, né à Dantzig 1571, étudia à Wittenberg, Leipzig et Heidelberg, où il passa 10 ans dans l'enseignement. En 1602 il fut nommé recteur du gymnase de Dantzig, et f 1609. Il a publ. un Système de théol. et une Rhétorique ecclés., qui ont eu de la réputation. Il a combattu Pierre la Ramée dans un écrit philosophique. Son système de morale a ceci de particulier qu'il demande la séparation de la morale et de la théologie, cette dernière ne touchant qu'à la vie religieuse et intérieure de l'individu, tandis que la morale touche davantage à la vie civile.
KEIL lo Ch.-Aug.-Gottlieb, né 1754 près Dresde, élevé chez un oncle à Leipzig, devint maître d'école, mais s'éleva successivement par son travail jusqu'au professorat théologique, fut nommé chanoine, conseiller consistorial et président de plusieurs sociétés savantes, f 1818. Il s'est fait un nom en herméneutique en recommandant l'interprétation grammatico-historique dans ses Elementa hermeneutica, 1811.
2° Charles-Fréd., né 1807, prof, à Dorpat, puis à Leipzig, collaborateur de Delitzsch dans son Comment, bibl. sur l'A. T., auteur de nombreux écrits d'exégèse sur les Chroniques, les Rois, le temple de Salomon, Josué, Esdras, Introduction, Archéologie, etc.
KEIM, C.-Th. né 1825 à Stuttgard, répétiteur à Tubingue, diacre à Esslingen, D*1 et prof, à Zurich depuis 1860; auteur de plus, travaux historiques: la Réformation àUlm, les Réformateurs de la Souabe, Ambr. Blaarer, la conversion de Constantin, la Vie de Jésus, Celse, Paroles amicales à sa paroisse, etc. f 1878 àGiessen.
KEITH lo George, Écossais; d'abord ministre de l'Égl. presbytérienne, puis quaker. On lui reprocha, parmi les Amis, d'attacher trop d'importance à la Parole écrite et pas assez à la lumière intérieure. Après un voyage en Amérique, il put constater qu'il ne s'entendait pas avec ses nouveaux frères, notamment avec Stockdell, et il entra 1700 dans l'Église épiscopale, pour combattre ceux dont il avait appris à connaître l'étroitesse.
2o Alexandre, né 1790 ou 1791, Dr en théol., pasteitr de l'Égl. libre d'Écosse; quand il se retira du ministère actif il se fixa à Buxton, Derbyshire, où il f 7 fév. 1880. Il a publié en 1823 un livre qui a eu plus de 40 éditions et qui a été trad. dans presque toutes les langues de l'Europe: Les Prophéties et leur accomplissement littéral, d'après les récits des voyageurs modernes, Volney, etc. On a aussi de lui, sons le titre de: Les Juifs d'Europe et de Palestine (trad. par Mlle Chabaud-la-Tour), la relation d'un voyage qu'il a fait en 1839 avec MM. Black, Bonar et Mac Cheyne, sous les auspices de l'Égl. d'Écosse, pour constater l'état des juifs dans le pays de leurs pères. Esprit élevé, Keith était aussi un chrétien singulièrement aimable et bienveillant.
KELLER, Jacob, né 1568 à Sâckingen, Souabe, entra 1588 dans Tordre des jésuites, et devint prof, de philos, et de théologie. Après l'assassinat de Henri IV il chercha à justifier son ordre du reproche de complicité. Recteur d'Ingolstadt et de Munich, il usa de son influence comme confesseur du duc pour l'exciter de toutes manières contre les protestants. Ses Mysteria politica furent brûlés en France par ordre.
KELLNER, pasteur à Hflnigern, Silésie, ayant refusé de souscrire à l'Union, fut destitué et mis en prison. La paroisse ne voulut pas reconnaître son successeur et se massa devant l'église en priant et en chantant, pour lui en interdire l'entrée. Il fallut la force armée pour en ouvrir les portes, 1834.
KEMP (van der), Jean-Théodore, né 1748 à Rotterdam où son père était pasteur, étudia à Leyde avec succès, embrassa la carrière des armes, devint capitaine de cavalerie et lieutenant des dragons de la garde. Il était irréligieux et d'une morale très légère. Au bout de 6 ans il quitta l'armée et se voua à la médecine; il se perfectionna pendant 2 ans à Édinbourg, et vint s'établir à Middelbourg, puis à Dordreeht, toujours intelligent, aimable et irréligieux. Le 27 juin 1791 il naviguait sur la Meuse avec sa femme et sa fille; un coup de vent fit chavirer leur bateau et il vit périr sous ses yeux celles qu'il aimait; il faillit périr lui-même. Cela mit du sérieux dans sa vie. Le dimanche suivant il se rendit au culte pour la première fois depuis longtemps, et rentrant en lui-même il comprit qu'il avait fait jusque-là un mauvais usage de sa vie. En 1792 il se dévoua à l'hôpital militaire fondé près de Rotterdam pendant la guerre avec la France. Bientôt après il se mit en rapports avec la Soc. des missions de Londres, et le 23 déc. 1798 il s embarquait pour le Cap. Un voyage long et dangereux l'amena dans le pays des Cafres, où il rencontra des adversaires inattendus, ses propres compatriotes, les boers hollandais. Soutenu par le gouverneur de la colonie, M. Dundas, et en 1806 par le général sir David Baird, il persévéra et obtint de nombreux succès. Une attaque d'apoplexie le paralysa en partie, mais sans éteindre ses facultés, ni ralentir son zèle. Il se rendit au Cap pour plaider la cause des Hottentots devant le nouveau gouverneur, lord Caledon, et atteint d'une nouvelle attaque, il f déc. 1811.
KEMPE, Étienne, né a Hambourg, étudia à Rostock, où il entra au couvent des franciscains. Gagné à la Réforme par Joachim Sluter 1523, il la prêcha dans sa ville natale, fut nommé prédicateur 1527, épousa une religieuse, assista au colloque de Flensbourg, organisa le culte à Lu-nebourg en 1530, et + 1540.
KEMPIS, Thomas A., v. Thomas.
KENNICOTT, Benjamin, prof, à Oxford, né 1718 dans le Devonshire, f 1783. Il collationna directement ou avec l'aide de collaborateurs, plus de 600 mss. hébreux, dont il a reproduit les variantes, au moins pour les consonnes, dans sa célèbre édition de 1776-1780. Tout le monde chrétien concourut aux frais de cette édition.
KENT (la Vierge de), v. Barton.
KEPLER, Jean, ou Keppler, le célèbre astronome, né 27 déc. 1571 à Weil, Wurtemberg, de parents nobles, mais pauvres, étudia à Tubingue, fut nommé prof, de mathématiques à Grâtz, Styrie, 1593, dut s'enfuir en 1598 pour avoir écrit une lettre de consolation et d'encouragement à ses coreligionnaires persécutés, se fixa 1600 à Uranienbourg, auprès de Tvcho-Brahé, et fut nommé mathématicien de l'emp. Rodolphe, avec un traitement. Sa pension lui étant irrégulièrement payée, il se rendit, pour réclamer, à Ratisbonne, où il f 1630. Il contribua à fixer l'année de la naissance du Sauveur, en calculant que la conjonction de Jupiter et de Saturne eut lieu l'an 747 de Rome. En théoso-phie il marcha avec Andréa. Ses découverts en astronomie le placent au premier rang des savants, et il sut adorer dans le système du monde le sage et grand auteur de toutes choses. Son principal ouvrage est l'Astronomie nouvelle, ou Physique céleste, 1609, où se trouve la belle prière qui fut le couronnement de son œuvre.
KESLER, André, né 17 juill. 1595 à Cohourg, fils d'un tailleur. Après avoir été prof, de philos, et de logique, il fut nommé 1635 pasteur surintendant à Cobourg, et f 1642, frappé d'apoplexie en chaire au moment où il finissait une prière en faveur de l'Allemagne menacée.
KESSLER, Jean-Jacques, ou Chesseliw, auteur d'une Chronique de la Réformation à Saint-Gall, sa ville natale. Né 1502, il étudia à Bâle. vint en 1522 à Wittenberg pour entendre Luther, se rencontra avec lui, sans le connaître, à l'hôtel de l'Ours noir à Iéna, prit ses commissions pour Mélanchthon, rentra à Saint-Gall en 1523, refusa la prêtrise, se fit sellier, tout en tenant des réunions privées, fut nommé pasteur en 1535, antistès en 1571 et + 1574.
KETTELER lo Gotthard (de). Dernier grand-maître de l'ordre teutonique, embrassa le protestantisme en 1559, et reçut en compensation de sa renonciation le duché vassal de la Pologne. — 2° Guillaume II, nommé par le duc de Clè-ves évêque de Munster, quoiqu'il ne fût pas prêtre, et penchant vers le protestantisme, il chercha auprès du pape à prendre une position conciliatrice, mais ayant échoué il donna sa démission. — 3° Guill.-Emmanuel, baron de Ket-teler, né 25 déc. 1811 à Herkotten, Westphalie; il entra d'abord au service de Prusse, étudia la théol. en 1839, fut ordonné prêtre et nommé curé de Hflxter; membre du parlement national 1848; doyen à Berlin 1849 et év. de Mayence 4830; un des plus fougueux champions de l'ul-tramontanisme en Allemagne et le principal protecteur des jésuites. Il avait combattu le dogme de l'infaillibilité, mais finit par s'y soumettre. f 13 juill. 1877.
KETTENBACH, Henri (de), écrivain populaire et prédicateur très goûté. Moine franciscain il prêcha la Réforme à Ulm, avec d'autant plus de force que le dominicain Pierre Neatler essaya de le réfuter en chaire. Menacé de mort il dut quitter la ville et parcourut la Souahe en continuant de prêcher partout. Ses discours, souvent réimprimés, sont plein de trait, de profondeur et d'inspiration. Il arriva ainsi jusqu'à Wittenberg auprès de Luther, et se prononça pour lui malgré les clameurs de son ordre et de son parti 1523. Déjà précédemment, en comparant le pape et Jésus-Christ, il avait soulevé contre la hiérarchie la noblesse et les villes et il avait cherché à les gagner en faveur de Sickingen et de ses luttes pour la liberté. Après la défaite et la mort de ce réformateur trop guerrier 1523, il défendit encore sa mémoire. Ses traces se perdent en 1524; on suppose qu'il périt pendant la guerre des paysans.
KHLESL, Melchior, ué 1553, fils d'un boulanger luthérien de Vienne; séduit à 16 ans par un jésuite, il se fit cathol. et fut envoyé à Rome pour y être élevé dans un couvent de cet ordre. En 1579 il est doyen du chapitre à Vienne, en 1581 vicaire général de l'év. de Passau, en 1588 év. de Neustadt, en 1598 év. de Vienne. Il se montra toujours l'ennemi acharné de la Réformation, tout en blâmant par politique les mesures trop rigoureuses de Ferdinand contre les protestants de Styrie. Son dévouement à l'emp. Matthias, qui l'avait nommé directeur du Conseil privé et l'avait fait élever au cardinalat, le rendit d'autant plus odieux à Ferdinand de Styrie, qui, après une tentative d'assassinat man-quée, le fit arrêter et mettre en prison. En 1622 il fut transféré au château Saint-Ange, à Rome. Il ne tarda pas à recouvrer sa liberté et la restitution de ses biens et de ses titres, mais il ne fut plus employé dans les allaires publiques, t 1630.
KILIAX, ou Kyllena, ou Kullen, moine irlandais, qui prêcha l'Évangile en Thuringe et, après un voyage à Rome, convertit le duc Gozbert, ou Godsbert, de Wurzbourg. D'après une tradition, Geilane, la femme du duc, l'aurait fait enterrer vivant avec ses compagnons, en l'absence de son mari, pour se venger de ce que celui-ci aurait voulu faire rompre son mariage. Une autre tradition porte au contraire que c'est Gozbert lui-même qui le fit mettre à mort 680. La maison de Gozbert s'éteignit, quoique son fils Hedan II eût conservé l'héritage paternel et qu'il continuât d'entretenir de bons-rapports avec les missionnaires. Kilian fut choisi comme patron de Wurzbourg.
KIMHI 1° nommé aussi Radak d'après les initiales de son nom (Aabbi David Jfimhi), né 1190 â Narbonne, où il f 1240; un des savants juifs les plus célèbres du moyen â#e. Il était très considéré. Il appartenait à la tendance libérale et antitalmudique de Maïmonides. Son principal ouvrage, le Michlol, comprend une Gramm. et un Dictionnaire qui, depuis Reuch-lin, sont devenus la base des études hébraïques. Ces deux ouvrages sont ordinairement imprimés séparément; la Gramm. garde le titre général de Michlol, et le Dict. s'appelle Liber radicum, le livre des racines. Il a aussi publié des Comment. sur l'A. T., dans lesquels il s'attache au sens littéral, sans s'arrêter aux minuties ingénieuses des rabbins. Il a soigneusement étudié ses prédécesseurs. Sa controverse avec les chrétiens est modérée.
2° Joseph Kimhi, père du précédent, vivait vers 1160; écrivain juif distingué il importa en Provence l'érudition espagnole. De ses travaux exégétiques et polémiques, le Sepher Hab'ritk seul a été publié, Constantinople 1710; les autres existent en mss., ou ne sont connus que par des citations de son fils David.
KIRCHENTAG, diète des églises; nom donné depuis quelques années à des assemblées libres de pasteurs et de laïques allemands, qui se réunissent tantôt dans une ville, tantôt dans uue autre, pour s'occuper officieusement des intérêts généraux du protestantisme. Les manifestations touj. croissantes et plus grossières de l'incrédulité et de l'irréligion inspirèrent à des hommes de foi, tels que Bethmann-Holweg, Wackerna-gel, l'idée de se réunir au Sandhof, près de Francfort, en 1848, et de leurs délibérations sortit un appe! à une première grande conférence, qui se réunit à Wittenberg les 21 à 23 sept, de la même année. Le but était de grouper toutes les Égl. en un faisceau, un corps évangélique, pour faire face au catholicisme et au matérialisme. Sur la proposition de Wichern, on décida aussi qu'à chacune de ces grandes conférences se rattacherait un congrès pour la mission intérieure. La position officielle des églises s'étant raffermie contre toute espérance, le premier objet da Kirchentag était atteint, et le second passait au premier rang; la conférence devenait surtout une association missionnaire itinérante, pour le développement de la vie religieuse. Mais après les sessions si vivantes de Wittenberg, Stuttgard, Elberfeld, il commença à se manifestera
Brème 1852, une tendance à favoriser certaines vues politiques ecclésiastiques. A Berlin en 1833 on alla plus loin encore, et rassemblée se prononça tout entière pour le maintien sans réserve de l'Augustana. A Stuttgard le conflit éclata 1857; Stahl et Hengstenberg sortirent du comité. Dès lors les réunions se sont poursuivies d'année en année, toujours dans un esprit évangélique, mais avec une moins grande raideur confessionnelle, et souvent avec un caractère pratique d'édification et d'évangélisation.
KIRCHHOFER, Melchior, né 1775 à Schaff-house, étudia à Marbourg, et fut nommé pasteur à Stein sur le Rhin, 1808. f 1853. Auteur de monographies sur Myconius, Steiner, Haller, Farel, et continuateur estimé de THist. ecclés. de la Suisse, de Hottinger.
KLARENBACH, Adolphe, né au Buscherhof, dans la paroisse de LUttringhausen, où un monument lui a été élevé en 1829, avait étudié à Cologne et s'était rallié aux idées évangéliques. Il chercha à les répandre à Munster et à Wesel parmi ses élèves, 1520-1523, et se lia avec le jeune et pieux Jean Klopreiss de BUderich. Banni de la ville il se retira à OsnabrUck, où il continua d'expliquer les livres du N. T. Banni de nouveau par ordre de l'évêque, il voulut, avant de répondre à un appel qui lui était adressé de Meldorp, dans le Holstein actuel, visiter encore son pays et lui prêcher la foi. Sa vie fut souvent menacée. Son ami Klopreiss ayant été arrêté, il intervint en sa faveur et ne réussit qu'à se faire arrêter lui-même, et après un long procès contre lequel il ne cessa de protester, n'étant pas ecclésiastique, il fut condamné par le tribunal ecclésiastique à être brûlé vif, ainsi que son ami. La même sentence frappa aussi Pierre Flysteden de Bergheim, Juliers, qui dans son zèle intempérant, avait cru devoir témoigner contre la superstition de la messe, en gardant son chapeau pendant qu'on la célébrait dans la cathédrale.
KLEE, Henri, né 20 avril 1800 à Munster-uiaifeld, élevé dans les séminaires de Mayence, prêtre, puis prof, et Dr en théol, accepta en 1830 l'appel qui lui fut adressé par l'uni v. de Bonn, où il était destiné à faire contre-poids aux tendances hermésiennes. Il jouit d'une grande faveur sous l'épiscopat de Droste-Vische-ring. Après son éloignement, il vint à Munich comme successeur de Moehler, et il y f 1841 hissant la réputation du représentant le plus autorisé du système ecclés. catholique. Tous ses écrits reposent sur cette pensée que la doctrine de l'Église est la seule nécessaire et la seule raisonnable. Il a publié des Comment, sur Jean, Romains, Hébreux; un Traité de la confession, une Dogmatique, une Encyclopédie, une Hist. des dogmes, et un volume sur la Morale.
KLEUKER, Jean-Fréd., théol., né 24 oct. 1749 à Osterade, prof, à Kiel dès 1798, ami de Herder, homme pieux avec une tendance mystique, a écrit sur le Zend-Avesta, les religions de l'Asie, la kabbale, et plusieurs travaux d'exégèse, d'hist. ecclés.,de symbolique, etc. f 1827.
KLIEFOTH, Théod. - Fréd. - Dethlofî, Dr en théol., né 1810 en Mecklembourg, surintendant et membre du Conseil supérieur à Schwerin depuis 1850, avec une tendance ecclés. luthérienne très accentuée; auteur de Comment, sur Zacha-rie, Ézéchiel, Daniel, et de plusieurs écrits sur l'Égl. et sur le culte.
KLING, Chrétien-Fréd., né 4 nov. 1800 à Altdorf, Wurtemberg, prof, de théol. à Marbourg 1832, à Bonn 1840, donna sa démission en 1847, et fut nommé pasteur à Ebersbach, puis à Marbach où il f 1861. Il a publié les travaux de Flatt sur les Ép. pastorales, collabora à plusieurs revues de théol., et a donné le Comment. sur les Ép. aux Corinthiens dans l'œuvre de Lange. Il appartient à la théol. de conciliation.
KLOPSTOCK, Fréd.-Gottlieb, né à Quedlin-bourg 2 juillet 1724, étudia d'abord la théol. à Iéna, puis se rendit à Leipzig pour se consacrer entièrement à la poésie; il se joignit à la société des poètes qui s'y était constituée. En 1748 parurent les premiers chants de sa Messiade, qui ne fut achevée qu'en 1773. Il passa à Zurich, chez Bodmer, les années 1750 et 1751, vint ensuite à Copenhague comme conseiller de légation 1763, puis en la même qualité à Hambourg 1773. Le margrave de Bade l'appela à Carlsruhe en 1776 comme conseiller, mais l'autorisa déjà l'année suivante à retourner à Hambourg, en conservant ses titres et sa pension, f 14 mars 1803 et enterré au cimetière d'Ottensen. Comme poète religieux il brille au premier rang, malgré les défauts et les longueurs de son chef-d'œuvre. L'inspiration tient chez lui à la profondeur même de son sentiment religieux et à la vivacité avec laquelle il avait saisi les beautés et la vérité du christianisme. Ses odes chrétiennes sont le premier essai de ce genre qui ait été fait en allemand, et plusieurs de ses cantiques ont été adoptés par l'Égl. et se trouvent dans tous les recueils; on cite en particulier son cantique de la résurrection: Auferstehen, ja Auferstehen !
KLUPFEL, Engelbert, ou plutôt Jean Andréas, théol. catholique, né 18 janv. 1733 à Wipfelda, Franconie, étudia à Wurzbourg, entra dans l'ordre des ermites augustins, fut employé comme prof, de théol. à Mayence et à Constance, et finit par être nommé prof, de dogmatique à Fribourg 1767 à 1805. A cause de ses tendances joséphines, il fut tracassé par les jésuites, mais protégé par Marie-Thérèse et Joseph IL II combattit Semler et la méthode protestante dans sa Nouvelle biblioth. ecclésiastique. Son principal ouvrage est son Institutio theol. dogm. Vienne 1789.
KNAPP lo Jean-George, prof, à Halle et directeur des établissements de Franke, fut un des représentants les plus solides du piétisme. t 1771. — 2° Son fils George-Christian, né à Halle 1753, étudia à Halle et Gôttingue, et fut nommé prof, de théologie, puis directeur, avec Niemeyer, des établissements de Franke 1785, t 14 oct. 1825. Auteur d'une édition estimée du N. T. grec, et d'une trad. des Psaumes, avec notes. Sans couleur ecclésiastique bien tranchée, il appartenait à la théol. biblique et professait à cet égard une orthodoxie très arrêtée.
3° Albert, né à Tubingue 25 juill. 1798. Après de bonnes études et plusieurs suffragan-ces, il fut nommé en 1836 pasteur à Stuttgard, où il t 1864. Grand ami de Hofacker il partageait ses convictions religieuses. Il publia de 1833 à 1853 la Christoterpe, almanach avec des passages et des poésies bibliques, et un grand nombre de biographies chrétiennes. En 1850 il publia la 2ra« éd. de son Liedtrschatz, précieux recueil de cantiques en 2 vol., destinés au culte public et à l'édification privée. Biogr. par son fils.
KNIPPERDOLLING, Bernard, bourgeois de Munster, adopta les idées anabaptistes, accueillit chez lui Matthys et Bockhold, et devint avec Rottmann un des chefs du parti. Élu bourgmestre en 1534, il proscrivit tous ceux qui pensaient autrement et favorisa le règne d'une souveraineté théocratique du peuple. Après l'élévation de Bockhold à la royauté, il se contenta de la place de premier magistrat de la ville; mais en 1535 la roue tourna; les révoltés furent défaits, Munster fut prise et Kn., comme un des principaux chefs de la résistance, fut tenaillé avec des tenailles rougies au feu, et son corps suspendu dans une grille de fer à la tour Lambert, 23janv. 1536.
KNIPSTRO, Jean, réformateur de laPoméra-nie; né 1 mai 1497 à Sandow, vieille marche de de Brandebourg; il entra dans un couvent de franciscains et étudia à Francfort sur l'Oder. Ayant combattu les thèses de Tetzel, dans le même esprit que Luther, il fut envoyé 1518 au couvent de Pyritz, Poméramie, mais là il gagna les moines et toute la ville à la réforme. Chassé par l'évêque il se rendit on 1523 à Stettin, où il se maria, fut nommé successivement pasteur en plusieurs villes, organisa les églises et f 1556, étant surintendant général à Wolgast. Il passe pour avoir rédigé le chap. 6 du Catéch. de Luther. Doux et modéré il a préservé ses églises de commettre des excès.
KNOBEL, Ch.-Aug.. né 7 août 1807 près de Sorau, Silésie, fils de cultivateurs, il fut prof, à
Breslau, puis 1838 à Giessen qui le nomma Dr en théol. f 1863. Rationaliste instruit, il a publ. de nombreux Comment, sur l'A. T., le Pentateuque, Josué, Ésaïe, l'Ecclésiaste, le pro-phétisme chez les Hébreux, et des dissertations sur des fragments choisis; touj. utile à consulter.
KNOX, John, réformateur écossais, né 1303 àGifford, village de l'East Lothian, Écosse.d'une ancienne et respectable famille. Il commença ses études à Haddington et les acheva 1524 à Saint-André où il fut condisciple de Buchanan et où il eut pour professeur Mairou Major, q. v. Sous la direction de ce savant, Knox fit de brillantes études et égala bientôt son maître dans les subtilités de la dialectique. II fut ordonné prêtre avant l'âge. Cependant, la lecture des pères, l'étude de la Parole de Dieu, et des entretiens fréquents avec Wishart exercèrent peu à peu sur lui une profonde impression, et vers 1542 il abaudonna définitivement les erreurs de Rome pour embrasser la doctrine évangélique. Il eut alors à craindre les attaques du cardinal Beaton, adversaire acharné de la Réforme; il se rendit dans le Lothian; là il catéchisaij et exhortait le peuple, et accompagnait Wishart dans ses tournées. Après la mort du cardinal, il se retira avec ses disciples dans le château de Saint-André, et cédant aux sollicitations du peuple, il accepta la charge de ministre et devint collègue de Jean Rough. Il commençait sa grande œuvre réformatrice, et prêchait publiquement, lorsque le château de Saint-André fui assiégé par Strozzi et par les Français ligués avec les catholiques; la place capitula et Knox, fait prisonnier 1547, passa 19 mois sur une galère française. Après sa mise en liberté il fut nommé chapelain d'Edouard VI; Cranmer lui offrit même dans l'Église anglicane un poste qu'il refusa pour conserver son indépendance. En 1553 Édouard mourut; Marie-la-Sanglante lui succéda. Knox n'était plus en sûreté dans son pays; il se rendit à Dieppe, puis de là à Genève, fut un moment pasteur des réfugiés anglais à Francfort, et revint à Genève comme pasteur de la congrég. anglaise et écossaise. Dans cette ville il vit Calvin et noua avec le grand réformateur des relations d'amitié qui leur furent utiles à tous deux et durèrent jusqu'à leur mort. En 1555 Knox retourna en Écosse, prêcha à de nombreuses assemblées dans diverses parties du royaume, et célébra à Calder House la première cène depuis la Réformation; ensuite, sur l'invitation qui lui fut faite de retourner à Genève, il s'y rendit de nouveau avec sa femme et sa belle-mère 1556. Avant son départ il avait été appelé à comparaître devant une assemblée du clergé; il s'y était rendu sans que ses adversaires eussent osé lui tenir tête; mais à peine était-il parti que le clergé le somma de revenir et le fit brûler en effigie. Knox resta 3 ans à Genève; il y publia sa fameuse brochure: « Le premier son de la trompette contre la monstrueuse domination des femmes, » ouvrage qu'il dirigeait contre Marie d'Angleterre et Marie de Guise, mais qui, après la mort de Marie, irrita aussi Élisabeth, car ce pamphlet avait pour but de montrer que le gouvernement par la femme est antiscripturaire. En l'absence de Knox deux faits s'étaient passés. Les chefs du parti protestant avaient signé le 1er Cove-nant et, de son côté, la reine avait sommé les ministres de comparaître devant elle. A l'arrivée de Knox, elle promit un sursis, mais, au jour fixé, convoqua de nouveau les ministres qui furent tous condamnés par contumace. Le jour de ce jugement inattendu, Knox prêchait à Perth; après son sermon, par suite de l'imprudence d'un prêtre, il y eut de grands désordres; la foule saccagea l'église et plusieurs couvents fort riches; il s'en fallut de peu que catholiques et protestants n'en vinssent aux mains. Quelque temps après, Knox prêcha 4 jours de suite dan&l'égl. de Saint-André; la reine voulait punir cette manifestation, mais les protestants entrèrent avec Knox dans Édinbourg; ils durent cependant se retirer devant les troupes royales. Knox parcourut alors le pays, gagnant à sa cause de nombreux disciples. Ces travaux ne l'empêchaient pas de prendre part aux événements politiques. En 1560, dans l'Assemblée qui déposa la reine régente, il fit cette déclaration hardie que, lorsque les souverains franchissent certaines limites prescrites par TÉcriture, leur autorité peut leur être enlevée par leurs sujets. Il prit aussi une grande part au traité conclu en 1560 entre Élisabeth, la cour de France et les protestants, traité en vertu duquel un parlement écossais libre était convoqué, et les troupes étrangères devaient s'éloigner. C'était le triomphe de la Réforme. Knox avait contribué pour sa large part à amener ce résultat, mais sa tâche n'était pas finie. Il lui fallait donner une constitution à cette Église, la diriger, et la défendre contre les attaques de ses ennemis. II y consacra les 12 dernières années de sa vie. Les bases de l'organisation de l'Église furent jetées dans la première assemblée générale, et le Livre de Discipline donna à cette organisation la forme presbytérienne. Sur ces entrefaites Marie Stuart débarqua en Écosse, août 1561. Knox eut plusieurs entrevues avec elle; on a beaucoup blâmé sa rudesse envers la jeune princesse, mais il faut se rappeler les dangers dont elle menaçait l'Église. Knox avait perdu sa première femme, Jeannie Bowes, en 1560; 3 ans plus tard il épousa 1563 la fille de Lord Ochiltree, un des chefs les plus influents du protestantisme. Cependant. Knox voyait ses forces s'épuiser; il avait toujours eu une santé délicate, et la tâche énorme qu'il s'était imposée devenait trop lourde pour lui. En 1572 il envoya une lettre d'adieux à l'Assemblée générale. Sa fin approchait: ses amis le firent venir à Édimbourg; il prêcha une dernière fois dans son ancienne église, se choisit un successeur, et t 24 nov. 1572 à l'âge de 67 ans. Une foule immense assista à ses funérailles. On raconte que le régent Morton s'écria en regardant la fosse ouverte: Ici repose celui qui ne redouta jamais visage d'homme. Ce qui distingua surtout Knox, ce fut son attachement à la cause de la Réforme, un grand amour de la vérité, joint au courage de la professer hautement. Ce qu'il croyait devoir dire, il le disait, fût-ce au souverain. S'il s'exprimait parfois avec trop de violence, c'était, comme il l'a dit lui-même, par haine contre le vice, non contre les vicieux; du reste à l'occasion il savait aussi exposer les merveilleuses consolations de l'Évangile. Dans ses rapports avec ses amis, il était doux, atfer-tueux, et quoique son caractère fût plutôt triste il savait entremêler sa conversation de saillies originales. Comme réformateur, il était éminemment propre à la tâche qu'il avait entreprise; à la fois fougueux et prudent, il n'aurait sans doute pas accompli tout ce qu'il a fait, sans l'opiniâtreté dont quelques-uns veulent lui faire un crime. Knox a laissé, outre beaucoup de lettres, traités, mémoires, etc., une Hist. de la Réformation en Écosse, qu'il avait composée dans ses moments de loisir. Son seul traité théologique est une Défense de la Prédestination.
KNUTZEN, v. Conscience.
KOENIG 1° Georges, auteur des Cas de conscience (latin), né à Amberg, Palatinat, 1590, t 1654 à Altdorf oi\ il était professeur. — 2° Jean-Frédéric, théol. luthérien. Né 16 oct. 1619 à Dresde, il étudia à Leipzig et à Wittenberg, professeur, pasteur et surintendant en diverses villes, enfin prof, de théol. à Rostock 1659. f 1664. Son principal ouvrage: Theologia positiva acroamatica, très apprécié, a servi de base au livre de Quenstedt. — 3° Samuel, né 1670 à Gergensee, Berne, étudia à Berne et Zurich, et devint le disciple enthousiaste du chiliasme de Petersen. Nommé chapelain de l'hôpital à Berne, il s'attacha aux piétistes, et ayant refusé de prêter le serment, il fut destitué et banni du pays. Bien reçu à Halle et en diverses autres villes d'Allemagne, par les piétistes et par son ami Petersen, il fut nommé prédicateur de la cour à Budingen 1712. Il revint à Berne en 1730 comme prof, de langues orientales et de mathématiques, et continua d'entretenir de bons rapports avec ses anciens amis et de prêcher ses doctrines dans des voyages missionnaires, f 1750.
KOESTLIN io Jules, prof, et Dr en théol., membre du Consist. provincial de Breslau. Né 1826 à Stuttgard, il fut d'abord répétiteur au séminaire évang. de Tubingue, puis prof, et prédicateur à Gôttingue. En i867 il fut appelé à Breslau. Il a écrit sur l'Égl. d'Écosse et ses rapports avec l'État; plusieurs ouvrages sur Luther, sa théol. et ses vues ecclésiastiques, des Études sur la foi et sur l'Église, etc. — 2° Char-les-Reinhold, prof, et Dr en philos.; né à Urach, Wurtemberg, 20 sept. 1819; d'abord répétiteur au séminaire évangélique, privat-docent depuis 1849, enfin depuis (863 prof, ordinaire à la faculté de philos, de Tubingue, enseigna l'esthétique et l'hist. de l'art. Il appartient à l'école historique critique de Baur, et a écrit sur la doctrine de l'Évang. et des Épîtres de Jean, $ur les synoptiques, sur le gnosticisme du livre Pistis-Sophia, sur le Faust de Gœthe, l'Esthétique, etc.
KOHLBRUGGE, H.-F., né 15 août 1803 à Amsterdam, d'un père allemand, luthérien, et d'une mère frisonne, réformée; étudia k Amsterdam, où il fut quelque temps pasteur auxiliaire, mais ses vues très calvinistes sur la grâce et la prédestination lui firent abandonner la Hollande, et il s établit en 1846 à Elberfeld, comme pasteur d'une petite congrégation, en partie néerlandaise, séparée de l'Égl. officielle. Les chaires réformées de la Hollande ne lui furent rouvertes que depuis 1863, après les fête» de la maison d'Orange. Son catéchisme, trad. dans presque toutes les langues de l'Europe, appartient à la vieille doctrine réformée, avec un mélange de quelques idées particulières. On a aussi de lui de nombreux sermons, une Étude sur le Ps. 45, sur le 7® chap. aux Romains, une réimpression de H. Grotius papizam. etc.
KOHLER, deux frères: Christian, ouvrier, et Jérôme, charron, nés à Brtlgg, Berne, utilisés par leur père, dans leur enfance, comme ayant le don de divination, se donnèrent comme prophètes dans le mouvement religieux de 1745, posèrent pour les deux témoins de l'Apocalypse, annoncèrent la venue d'un sauveur, qui devait naître d'Élisabeth Kissling, personne mal famée, et prédirent l'approche du jugement dernier. Ils justifiaient l'impureté et l'égoïsme, et en séduisirent plusieurs. Bannis pour 6 ans en 1750, ils n'en tinrent aucun compte; leurs têtes furent mises à prix; Jérôme, arrêté en 1752, fut condamné, exécuté et son corps brûlé; Christian, emprisonné à Neuchâtel, disparait de Thistoire; on ne sait comment il a fini.
KOLARBASE, gnostique hypothétique, dont l'existence n'est due probablement qu'à un passage mal compris d'Irénée. Les mots kol arba signifient tous les quatre, c.-à-d. les 4 Eons supérieurs, et c'est de ces quatre, et non de Kolarbase, que Marcus, le gnostique, dit avoir reçu la sagesse qu'il possède.
KOLLENBUSCH, Samuel, né 1er sept. 1724 à Wichlinghausen, près d'Elberfeld, s'établit comme médecin à Duisbourg, et s'occupa beaucoup d'alchimie. Sous l'influence du wurtem-bergeois Fricker, et par l'étude de Bengel, Ter-steegen, QEtinger et Bœhme, il se fit à lui-même son système religieux, qui se résumait dans: le Christ vivant en nous, la sanctification personnelle. et le règne de mille ans pris dans le sens littéral. Depuis 1784 il s'établit à Barmen comme médecin, se fit de nombreux adhérents, concourut à la fondation de la maison des mis-* sions, devint aveugle vers la fin de sa vie, et t 1803. Il avait été très lié avec les fr. Hasen-kamp, Tersteegen, Jung Stilling, etc. Menken a un peu retravaillé sa doctrine, qui compte encore auj. des partisans dans le Wupperthal.
KOL-NIDRE. Ce sont les premiers mots d'une prière juive, assez mal notée, écrite en caldéen, que l'on prononce dans les synagogues le soir du jour des Expiations, et par laquelle on annule d'avance tous les vœux ou serments que l'on pourra faire dans l'année. Les juifs expliquent que cette annulation ne porte pas sur les engagements que l'on prend vis-à-vis de tiers; ils ajoutent que les réservations mentales, autorisées par Isaac Abechab en cas de fraude ou de violence, ne sont pas admises pour nier un* dette. Ces explications étaient nécessaires.
KOMANDER (le villageois), Jean, curé à Igis, puis à Coire, Grisons, 1525, prêcha l'Évangile, en opposition aux cathol., et aux anabaptistes. Accusé d'hérésie il se défendit à la diète d'Hanz, et en 1526 distribua la cène sous les deux espèces; il obtint en même temps un article de réforme qui donnait aux paroisses le droit de nommer et de révoquer leurs curés. Très lié avec Zwinglq et Bullinger, il organisa le culte évang. dans les Grisons, présida le synode de 1537, obtint la création d'un gymnase à.Coire, fut le principal auteur de la Confession rhétique 1552, et composa un Catéchisme que Biveroni traduisit en roman. Il eut souvent des démêlés avec les nombreux antitrinitaires italiens que les circonstances avaient amenés dans les vallées voisines. Atteint de la peste en 1550, il déclina et f 1556.
KONARSKI, né 1500, év. de Posen 1562-1574, diplomate sous Sigismond-Auguste, fat à la tête de la députation qui offrit à Henri de France le trône de Pologne. D'accord avec l'év. Hosius, il refusa sa signature au traité de San-domir, fit v?mv les jésuites à Posen et dota richement leur collège.
KOOLHAAS, Gaspard, né 1536 à Cologne, embrassa la doctrine réformée, fut pasteur à Nassau et à Deux-Ponts, puis vint à Leyde comme professeur 1574. Il donna sa démission en 1577, à la suite d'une brochure sur la compétence du magistrat en matière ecclésiastique, dans laquelle il se mettait en désaccord avec le synode. Il fut excommunié en 1582. + 1615 à Leyde. Ses principes étaient à peu près ceux qui furent plus tard l'arminianisme.
KOPPE, Jean-Benjamin, né à Dantzig 17 août 1750, étudia à Leipzig et Gôttingue, fut prof, de théol. à Mitau, et prédicateur de l'univ., vint ensuite à Gotha, puis à Hanovre comme surintendant et prédicateur de la cour. + 1791. On lui doit le catéchisme de Hanovre, la réforme du séminaire des régents, et le commencement d'une édition du N. T. grec, avec notes, qui fut continuée par Tychsen et Ammon.
KORNTHAL (vallée du blé), petite communauté wurtembergeoise, qui jouit d'une constitution civile et religieuse complètement indépendante et forme au milieu du royaume une sorte de théocratie sociale. L'introduction d'un nouveau recueil de cantiques en 1791 et d'une nouvelle liturgie en 1801, ayant froissé les chrétiens piétistes, des milliers d'entre eux émi-{jrèrent en Russie. Le bourgmestre Hotfmann, de Léonberg, finit par obtenir du roi qu'un terrain neutre leur serait accordé, sur lequel ils auraient pleine liberté de conscience et s'administreraient comme ils l'entendraient. La communauté fut fondée en 1819; Hoffmann, q. v. en fut le premier directeur. Le sol est la propriété de la commune comme telle; chacun en a sa part, qu'il a payée, mais s'il quitte l'endroit, ou si les héritiers refusent de faire partie de la société, la terre fait retour à la commune contre le prix pour lequel elle avait été achetée. Un conseil d'hommes élus par les membres de la société remplit toutes les fonctions publiques; en cas de difficultés graves, ils s'adressent au (Collège des fr. pour les affaires extérieures, qui, dans l'origine, avait été composé des principaux fondateurs de ces communautés religieuses et qui, en cas de décès, se recrute lui-même. Une discipline sérieuse et fraternelle maintient les bonnes mœurs et les habitudes de la piété dans la société. La peine la plus sévère qui puisse être appliquée est l'exclusion, c.-à-d. le bannissement, l'obligation de quitter le territoire et la restitution de la propriété, qui est remboursée. Kornthal a possédé longtemps deux maisons d'éducation très estimées; elles subsistent encore aujourd'hui.
KORTHALT, Christian, né 15 janv. 1632 à Borg, île de Femern; il fut successivement prof, à Kiel et à Rostock. f 1 avril 1692. Auteur de plusieurs travaux d'histoire ecclés. très estimés, H de deux réponses à Baronius.
KRABBE, Othon-Karsten, né à Hambourg 1805, prof, à Hambourg, puis à Rostock, principal adversaire de Baumgarten; a écrit plusieurs ouvrages de circonstance, Hist. de l'univ. de Rostock, l'Église évangélique de Prusse, des Rapports de l'apologétique avec l'Écriture, Vie de Jésus, doctrine du péché et de la mort, notes sur Osée, des Canons apostoliques, Vies de Sa-vonarola, de Néander, etc.
KRAFFT, Jean-Chrétien - Got t lob-Louis, né à Duisbourg 12 déc. 1784, précepteur 5 ans à Francfort, pasteur à Weeze, près Clèves, 1808-1817, dès lors prof, de théol. à Erlangen. f 1845. Moins distingué par ses talents que par son caractère, sa foi, sa fermeté, il a relevé la vie religieuse en Bavière et il peut en être considéré comme le restaurateur. En 1824 il fondait une maison de refuge près d'Erlangen, et il a le premier donné des conférences sur l'Hist. des missions. Il n'a publié que des sermons; on a aussi de lui un ouvrage posthume: Chronol. et Harmonie des 4 Évangiles.
KRANTZ, Albert, né à Hambourg vers le milieu du 15,n® siècle, d'une famille distinguée. Après avoir fini ses études il voyagea, et se fixa enfin à Rostock ou il fut nommé professeur, prorecteur, Dr en théol. et en droit. Rappelé comme chanoine de la cathédrale à Hambourg, il fut chargé de plusieurs missions administratives et diplomatiques. Il travailla comme doyen à réformer les mœurs de son clergé, mais il rencontra tant de difficultés que, lorsqu'il eut connaissance des 95 thèses de Luther, il ne put s'empêcher de s'écrier: Tout ce que tu dis là, mon bon frère, est très vrai, mais tu n'aboutiras à rien. Va, rentre dans ta cellule, et chante le Miserere! Il a recueilli de nombreuses sources relatives à Thist. de l'Allemagne et il a composé plusieurs ouvrages, qui n'ont paru qu'après sa f 1517. Comme ils mentionnent les misères de l'Égl. ils ont été mis à l'index, donec, esepurgentur. Les plus importants sont: Metro-polis9 ou Hist. des évêchés de Brème, Magde-bourg, Munster, Paderborn, etc.; Historia Saxo-nia, Wandalia, Chron. regn. aquilonarium.
KRANZ, auteur d'une Hist. ancienne et moderne de l'Égl. des fr., qui fait autorité, mais d'une lecture un peu difficile; espèce de chronique, bien suivie, mais aride et sans détails édifiants.
KRUDENER, Juliane-Barbara (baronne de), née de Wietinghoff. D'une vieille famille noble; elle naquit à Riga 11 nov. 1766, mais fut élevée à Paris et connut dans la maison de son père les principaux chefs des encyclopédistes. A l'âge de 14 ans elle fut mariée contre son gré au vieux baron de Kr., ambassadeur de Russie à Venise. Ils eurent deux enfants et se séparèrent après quelques années. Elle vécut indépendante, tour à tour à Riga, Pétersbourg et Paris, où elle publia 1804 son roman de Valérie, qui est un peu sa propre histoire. Après la mort de son mari, vers 1807, elle quitta le monde, et sous l'influence d'une piété vraie, d'une foi vivante, peut-être un peu exaltée, elle se crut appelée de Dieu à réveiller les Églises et à les vivifier. Elle se croyait presque une prophé-tesse, visita Stilling et Oberlin, vint à Genève 1813 où elle connut l'étudiant Empeytaz qui devint un de ses plus fidèles adeptes, parcourut la Suisse et le duché de Bade, souvent traquée et bannie par la police, à cause des réunions d'édification qu'elle tenait chez elle. Elle visitait les prisons, prêchait quelquefois en plein air, faisait d'abondantes aumônes, attirait des milliers de personnes. A Heidelberg et à Paris elle vit souvent l'emp. Alexandre, qui fréquentait ses réunions, et elle passe pour avoir exercé sur lui une certaine influence. En 1818, bannie de Genève, de Berne, de Bâle, elle est à Hôrnlein, sur la frontière badoise, mais la politique la sépare de ses amis; elle est envoyée à Dresde, et de là escortée jusque dans son pays. Elle avait prédit le retour de l'île d'Elbe et la chute prochaine de Napoléon, elle avait pris une grande part à la formation de la Sainte-Alliance, mais son crédit avait alors beaucoup baissé. Elle se passionna pour la cause des Grecs, mais ne fut pas reçue par l'empereur. Depuis longtemps elle avait formé le projet de fonder dans le sud de la Russie une colonie de ses adhérents, et d'y joindre comme annexes quelques institutions philanthropiques, un refuge, un pénitencier. Quoique malade elle partit pour la Grimée pour hâter la réalisation de son projet, mais elle mourut de phtisie en route, à Karasou-Bazar, 13 déc. 1824. C'était une belle âme, mais trop emportée par son imagination: le mysticisme et le catholicisme côtoyaient chez elle la recherche de la vérité, et dans le même salon où l'on méditait la Bible, on entendait les révélations de la prophétesse et l'on voyait des images de la Vierge à profusion. — Vie par Empeytaz, Ch. Eynard, Ziethe, Brescius et Seiler.
KRUG, Guill.-Traugott, né 22 juin 1770 à Radis, prof, de philos, à Leipzig depuis 1809, chasseur à cheval pendant la guerre d'indépendance 1813, retraité en 1834. + <3 janv. 1842. A écrit: Hist. de la philos, ancienne. Manuel de philos., Dictionn. des sciences philos., et son autobiographie sous le titre de: Voyage de ma vie, en six stations, par Urceus, etc.
KRUMMACHER, nombreuse famille de pasteurs distingués. Les plus connus sont: 1<> Fréd.-Adolphe, né 13 juill. 1767 à Tecklembourg, Westphalie, étudia à Lingen, puis à Halle sous Knapp 1787, occupa diverses places et fut enfin nommé premier pasteur à Saint-Ansgar, Brème, où il f 1845. Il a écrit sur l'esprit et la forme de l'hist. évangélique. sur les rapports de l'égl.
et de l'école, et un catéchisme biblique. Sans rien de remarquable comme orateur, ni comm*» théol,, il est surtout apprécié comme poète chrétien et comme écrivain pour la jeunesse. Ses Paraboles, souvent réimpr. et trad. en plus, langues, se distinguent par la grâce et le sérieux, quoique parfois anssi par un peu de recherche.
2° Son frère Gottfried-Daniel, né 1er avril 1774, pasteur à Baerl, près Mors, nature plus puissante et plus originale, d'une piété plus vivante, d'une activité extérieure plus grande. Très calviniste et prêchant la prédestination absolue. il réclamait en même temps la foi dn cœur, un sentiment subjectif, la vie et la piété intérieure. Appelé à Elberfeld 1816, il se fit un parti, sans l'avoir cherché, et ses adhérents provoquèrent par leurs prétentions des troubles, dont on fit peser sur lui et sur sa doctrine la responsabilité. Il entra en conflit avec l'autorité ecclésiastique, et il finit par se soumettre après s'être justifié dans un sermon sur Rom. 6, 1. Mais il resta l'adversaire décidé de l'Union et imprima à son Égl. et à toutes les paroisses réformées du Wuppenthal ce cachet de force et de vie qui les caractérise encore après tant d'années. f 30 janv. 1837. Il a publié des Sermons, la Lutte de Jacob, le Voyage des Israélites dans le désert, la Bénédiction sacerdotale, la Lettre aux Philippiens, etc. Vie, par son neveu Emile-Guillaume.
3° Frédéric-Guillaume, fils de Fréd.-Adolphe, né 28 janv. 1797 à Môrs, où son père dirigeait l'école publique. D'abord pasteur auxiliaire à Francfort, il fut successivement pasteur à Ruhrort, Gemarka et Elberfeld, puis à Berlin 1847, enfin prédicateur de la cour et chapelain de la garnison à Potsdam, où il f 9 déc. 1868. Orateur de l«r ordre, avec plus d'imagination cependant que de logique et d'onction, il a exercé une grande influence. A Elberfeld il suivit les traces de son oncle et prêcha les doctrines réformées avec une netteté qui lui fut plus d'une fois reprochée comme une provocation intempestive. 11 représentait d'ailleurs les idées de l'alliance évang. dont il fréquenta assidûment les assemblées générales, à Londres, Paris, Genève, etc. Avec des opinions très arrêtées, il savait respecter et comprendre les opinions contraires. Auteur d'Élie le Thisbite, Salomon et la Sulamithe, Sermons sur le Cantique, la Cloche du Sabbat, etc.
4° Son frère Émile-Guill., pasteur à Langen berg et Duisbourg, moins éloquent, mais non moins fidèle; auteur d'une Vie de son oncle; connu surtout par la manière énergique dont il se prononça aux assemblées de l'Alliance à Berlin. contre les tendances et la théol. de Bunsen.
KUGELHERREX (les encapuchonnés), v. Groot.
KUHLMANX, Quirinus, pauvre visionnaire fanatique, né 25 févr. 1651 à Breslau, connu dès son enfance par ses rêveries excentriques, étudia le droit à Iéna, passa en Hollande où il étudia les écrits de Boehme, se lia avec un nommé Jean Rothe, et finit par se persuader qu'il était appelé de Dieu à fonder la S^e monarchie, en détruisant Rome et Babylone. Chassé de Leyde, il parcourut l'Angleterre, la France et l'Italie, sollicitant partout l'appui des rois. En 1678 il commença ses pérégrinations en Orient. En 1689 il visita la Russie, et arrêté à Moscou avec un camarade, Conrad Nordermann, également fanatique, ils furent brûlés 4 octobre; c'était sous Pierre-le-Grand. Les écrits de cet infortuné: le Christ mystique, David ressuscité. Le nouveau Boehme, touchent à la folie.
KUINOEL, Christian, né à Leipzig 1768, prof, de théol. à Giessen 1806, après y avoir d'abord enseigné l'éloquence; conseiller ecclés. 1818, doyen 1836, retraité 1840, f 1841. Outre plusieurs ouvrages de philologie, il a écrit des Comment., maintenant vieillis, sur les livres historiques du N. T. et sur l'Ép. aux Hébreux; style facile, mais verbeux.
KIÎRSCHNEH, ou Kursner, Conrad, en latin Pellicanus (pelletier, trad. de l'allemand), né 8 janv. 1478 à RufTach, Alsace, de parents pauvres. Après avoir passé près d'un an chez un oncle maternel, Josse Gall, recteur de Heidelberg, il rentra chez lui, se fit maître d'école pour donner un peu d'aide à ses parents, et enfin à 16 ans, 25 janv. 1493, entra dans l'ordre des franciscains. On l'envoya à Tubingue ache-v er ses études; il prit des leçons de Paul Scrip-tor, et se mit avec ardeur à étudier l'hébreu, Pfedersheimer lui fournit des livres, et Reuchlin des directions. Ordonné prêtre en 1501, prof, de théol. au couvent de Bâle, en 1511 custode du couvent de Pforzheim, il vint à Rome en 1517 et en remporta les mêmes impressions que Luther. Nommé custode à Bâle 1519, et ami d'QEcolauipade, il fut bientôt suspecté d'hérésie, à Leonberg en 1522, et à Bâle en 1523; mais le sénat de la ville prit son parti contre Satzger, le provincial de l'ordre, et nomma Pellican prof, de théol., en même temps qu'QEcolam-pade 1523. En 1526 Pellican fut appelé à Zurich comme prof, d'hébreu et de théol. Il y passa 30 ans, savant, modeste, toujours très occupé, chargé de la garde de la biblioth. publique, appelé souvent à prendre part aux grandes discussions du moment. Reçu bourgeois en 1541, il f 5 avril 1556. Marié deux fois, il ne laissa qu'un fils, d'Anna Fries sa l** femme, lequel vécut 64 ans, fut prof' au collège, et laissa 4 enfants, dont 2 ministres. Les écrits de Pellican sont nombreux; le premier est une Gramm. hébr. 1503, réimpr. avec un Dictionn. hébr.-la-tin 1523 et 1524; puis des Comment, sur presque tous les livres de la Bible; l'Histoire de sa vie, etc. H a publié aussi plusieurs ouvrages de Luther, et pris part à la public, des œuvres d'Augustin, de Cyprien, de Tertullien, etc. La biblioth. de Zurich possède encore de lui quelques volumes manuscrits.
KYRIE ELEISON: grec, Seigneur, aie compassion ! prière liturgique qui revient fréquemment, et qui est empruntée à des passages tels que Matth. 20, 30. Marc 10, 47. cf. Ps. 51, 3. 123, 3. Déjà dans l'ancienne Égl. grecque c'était la réponse de la communauté à chacune des prières formulées par le prêtre. C'est Sylvestre qui a introduit l'usage de ce texte grec dans la liturgie latine. L'invocation répétée trois fois, en vue de la Trinité: Kyrié Christe Kyrié, fut la formule employée après l'introït de la messe; cette triple répétition est due à Grégoire-le-Grand. Luther et plusieurs liturgies évang. ont conservé le Kyrié Eleison, mais comme c'est la seule expression de ses sentiments laissée à la communauté, et que les mêmes mots se reproduisent à chaque instant, pour exprimer les choses les plus diverses, on a fini par reconnaître que cette formule seule avait quelque chose d'abusif comme refrain, et on a été amené à l'encadrer dans un texte qui a donné naissance à plusieurs chants religieux.