E

 

EADMER, Edmer, ou Ediner, moine de Cantorbéry, ami et compagnon d'Anselme, nommé 1120 év. de Saint-André, Écosse, abandonna bientôt son évêché à la suite de difficultés survenues avec le roi Alexandre, et rentra dans son couvent. L'auteur le pltis considérable de son temps, il a écrit Historia Novorum en 6 livres, et des Notices sur Anselme, Bregwin, Gswald, Odo, Wilfrid, etc.

 

EAU bénite, ou lustrale. L'usage en remonte dans l'Égl. aux ablutions greco-romaines et môme à celles des Hébreux. Il se trouvait à l'entrée des temples une cuve, grande ou petite, pleine d'eau, et les chrétiens du 4m« siècle en conservèrent l'emploi en accentuant sa signification symbolique; ils s'en aspergeaient au moyen d'un rameau en entrant dans le sanctuaire, pour marquer la purification intérieure. Mais la superstition, qui avait déjà altéré la notion du baptême, s'empara aussi de l'eau lustrale et voulut en faire une arme contre la puissance des démons; on l'exploita pour les exorcismes. On en trouve déjà des traces dans les Constit. Clément, quoique l'usage n'en soit devenu général en occident qu'au 9me siècle. C'est alors aussi, touj. en s'appuyant du faux Isidore, qu'on se mit à mêler du sel à l'eau, parfois de l'huile et même de la salive. Puis vint Thomas d'Aquin, s'appliquant à expliquer d'une manière psychologique l'action sacramentelle de l'eau bénite, et enfin Scot qui trouva la formule de l'action ex opere operato. La bénédiction est donnée tous les dimanches à l'eau et au sel par le prêtre revêtu du surplis et de l'étole; le diacre lui remet ensuite l'aspersoir, avec lequel il s'asperge, ainsi que l'autel et l'assistance. Les vertus de l'eau bénite étant fort nombreuses, contre l'incendie, la mort subite, etc., beaucoup de familles fidèles ont l'habitude d'en avoir chez elles une petite provision. L'Égl. grecque connaît aussi l'eau bénite et paraît même l'avoir pratiquée encore plus anciennement.

 

EBBON, Saxon de naissance, archev. de Reims par la protection de Louis le-Déb., renonça à sa brillante position pour se dévouer à l'évangélisation des peuples du nord, obtint à Rome la sanction de Pascal I«r, revint à Aix-la-Chapelle 822, où il trouva auprès de Louis les députés du roi de Jutland, Harald, et il partit avec eux pour le Danemark, chargé de riches présents. Sa mission dura 5 ans, avec des alter* natives de revers et de succès. Harald se fit baptiser 826, mais uniquement par politique et pour plaire à Louis; cela ne lui réussit pas, car ses sujets le renvoyèrent comme indigne. Après avoir fondé les égl. de Hambourg, Heili-gensteten et Schenefeld, Ebbo fatigué retourna à son évêché de Reims. S'étant mêlé à la conju ration des fils de Louis contre leur père, il fut enfermé dans un couvent, 835, puis appelé a l'év. de Hildesheim, près Hanovre où il f 851.

 

ÉBED-JÉSU (serviteur de Jésus), lo surnommé Bar Berika, fils du béni; né vers 1285 dans l'île de Gozarta, Tigre; nestorien de Sind-schar, év. métropolitain de Nisibis, f 1318, a laissé une vingtaine d'écrits sur l'exégèse, la philos, et la dogmatique, et un poème le Paradis d'Éden.—2° patr. nestorien, qui passa au catholicisme à Rome 1582.

 

EBEL, Jean, né à Passenheim, docteur en théol., pasteur à Hermsdorf et à Konigsberg 1816, prédicateur puissant, ne tarda pas à réunir autour de lui tous ceux qui, dégoûtés d'une foi morte, cherchaient le Dieu vivant en Christ. Ce mouvement de vie religieuse alla s'accen-tuant touj. davantage, si bien qu'Ébel, et sou collègue Diestel qui s'était joint à lui 1835-1842, finirent par être accusés devant les magistrats; on leur reprochait de faire une secte, d'enseigner l'erreur, de troubler la paix des familles, et l'on y ajouta bientôt la vieille imputation de se servir du manteau de la religion pour se livrer en secret à toutes sortes de désordres. Ils furent condamnés comme ayant manqué à leurs devoirs, et les considérants publiés furent choi sis de manière à faire croire que c'était pour cause d'immoralité qu'ils avaient été frappés. Ebel f 1861 à Hoheneck, près Ludwigsbourg: Distel f 1854. Ils furent vengés et réhabilités plus tard, trop tard pour eux, par le comte de Kanitz, membre du tribunal, qui prouva par des documents authentiques, leur parfaite honorabilité et le caractère exclusivement religieux du procès qui leur avait été fait, ainsi que la fausseté des calomnies dont ils avaient été les victimes. Kanitz fait ressortir aussi la partialité des juges, qui ont permis à la calomnie de se répandre et qui ont empêché autant qu'ils le pouvaient la justification de se produire. L'orthodoxie d'Ebel et de Diestel ressort d'ailleurs de leurs nombreux écrits et sermons, et le seul grief fondé, si c'en est un, que l'on put faire valoir contre eux, ce sont leurs relations affectueuses avec Schônherr, q. v.

 

EBER, Paul, un des amis de Luther et de Mélanchthon. Né i5ii à Kitzingen, Franconie, il étudia à Wittenberg, et y passa quelques années comme prof, de philos., puis de latin et d'hébreu. Il fut ensuite nommé pasteur et surintendant; il assista aux colloques de Worms et d'Allenburg 1557 et 1568; avantageusement connu comme prédicateur, poète et écrivain: Biblia latina, Èxpositio Evangeliorum domini-talium.

 

EBERLIN, Antoine, moine et prédicateur franciscain, à Tubingue, puis 1519 à Ulm, où il prêcha la doctrine de Luther; banni 1521, il trouva un refuge chez Sickingen et publia quelques écrits dans le genre de Hutten. A Wittenberg 1522 il rétracta quelques exagérations, passa un an à Erfurt 1524, combattit avec énergie la révolte des paysans, et fut nommé 1526 pasteur à Wertheim. Auteur d'une Théologie pastorale.

 

EBIONITES. Ce nom, d'après Tertullien, Jérôme et Augustin, dériverait d'un certain Ebion qui, après la fuiteàPelia, aurait résumé et fixé les doctrines de cette secte judéo-chrétienne. Mais cet Ebion est inconnu, et il est plus vraisemblable que le nom dérive de l'hébr. Ebion, qui signifie pauvre, soit qu'on l'entende avec Origène de la pauvreté de leur système, soit plutôt qu'il désigne la pauvreté matérielle dont ils faisaient profession et qu'ils regardaient comme un état de perfection. Beaucoup d'Esséniens s'étant joints à eux influèrent sur le développement de leur système. Ils nièrent des premiers la divinité de J.-C., sans qu'on puisse dire s'ils étaient plutôt juifs que chrétiens. Origène en parle comme de juifs s'approchaut du christianisme, croyant en Christ mais comme homme. Il les divise en 2 classes, les uns niant la naissance surnaturelle de Jésus, les autres l'admettant. Les premiers, connus sous le nom d'Elkètaites, représentent la transition au gnosticisme; ils croyaient qu'Adam, Moïse et J.-C. étaient pour ainsi dire le même individu; ils méprisaient la prophétie et dénigraient le mariage. Les seconds regardaient Jésus comme l'agent du Messie céleste, du Christ d'en haut; ils ne regardaient pas la loi comme obligatoire pour les païens; enfin ils avaient un Evangile de Matthieu différent du nôtre et 4e celui des Nazaréens.

 

EBRARD lo de Bèthune, auteur du 13™ siècle, a écrit contre les cathares un livre, Anti-Jutresis, qui fait connaître leurs doctrines, mais qu'on ne doit consulter qu'avec prudence, puisque c'est un ennemi qui parle. On se servait aussi, au moyen âge, de son Grœcumus, poème otx il traite de la rhétorique, de la logique, de la syntaxe et de la grammaire. 2° Jean-Henri-Aug.f né à Erlangen, 18 janvier 1818, prof, à Erlangen, puis pasteur à Spire 1853-1861, de nouveau prof, à Erlangen; auteur d'une dogmatique et de plus, ouvrages théologiques estimés.

 

ECCHELLENSIS, Abraham, né à Eckel à la fin du 16me siècle; formé à Rome au collège des Maronites, prof, d'arabe et de syriaque au collège de la Propagande; laborieux, mais superficiel; collaborateur à la Polyglotte de Le Jai 1640-1653, et à la Concordance d'Allatius sur les dogmes des nations catholiques de l'Orient. Auteur d'une Gramm. syriaque , d'une Chronique orientale, etc.

 

ECCLESIA Christi, titre de la bulle du août 1801, qui sanctionne le Concordat français.

 

ECCLESIAS quœ antiquitate, commencement et titre de la bulle de 1823, publiant le Concordat avec la Suisse.

 

ECCLÉSIASTIQUE, tout ce qui appartient à l'Église; par conséquent, dans le sens vrai, les laïques pieux aussi bien que les fonctionnaires et les ministres du culte. Ce mot désigne cependant, par abus, plus particulièrement ces derniers, prêtres ou pasteurs, dans la plupart des communautés religieuses. — Les Biens ecclésiastiques sont tout ce qui, meubles ou immeubles, appartient à l'Église, temples, presbytères, bien-fonds, revenus, etc. Les édits de Licinius 313 et de Constantin 321, avaient accordé à l'Égl. le droit d'hériter, mais les abus furent si rapides, que déjà Valentinien dut le restreindre et le régler. La législation française se montra très favorable au développement de la richesse du clergé, mais à toutes les époques, dans tous les pays, les gouvernements ont cédé à la tentation de s'approprier certaines parties de ces biens, quand la conscience ou le bon sens protestaient contre la dangereuse et trop grande accumulation de richesses entre les mains d'une société dont le chef a été pauvre, qui fait profession d'être à la fois pauvre et spirituelle, et qui n'a jamais été à la hauteur de son mandat que lorsque les hommes, en la dépouillant, l'ont ramenée aux conditions normales de son origine et de son mandat. La réforme a rendu sous ce rapport de grands services à l'Égl. et à la société, mais il reste encore beaucoup à faire, et l'Angleterre elle-même semble être à la veille de mettre la main à la réforme d'abus séculaires. — On appelle Histoire ecclésiastique l'hist. de l'Église de J.-C. depuis sa fondation jusqu'à nos jours. Pour l'étudier on la divise en périodes. Rien de plus irrationnel que la division par siècles, adoptée par Mosheim et par Milner, et surtout que la subdivision en événements heureux et év. malheureux, adoptée par Mosheim (dans quelle classe rangerait-on la mort du Sauveur?). Chaque période doit renfermer ce qui est le produit le plus immédiat de l'esprit de Dieu, et passer par degrés à ce qui a été produit par l'esprit des ténèbres. C'est l'hist. de la vie et de la foi dans l'Église et au dehors; puis les schismes, les hérésies, les attaques et les persécutions. Comme sciences préparatoires 11 faut indiquer l'hist. politique, celle des religions, de la littérature et de la philosophie. Les sources immédiates sont les écrits des pères, las lois des divers États, les décrets des papes et des conciles, les règles monastiques, les monuments, les inscriptions, les tombeaux, etc. Les sources médiates sont les histoires de l'Égl. et les monographies, composées sur les sources immédiates. La liste en est fort nombreuse; parmi les plus anciennes nous citerons: Hégé-sippe, au 2™ siècle, vers 160, connu par quelques fragments conservés par Eusèbe; Eusèbe, dix livres sur l'hist. ecclés., et 4 sur Constantin; Socrate, au siècle; Sozomène, à Constantinople; Théodoret; Philostorgius, arien,

12 livres. Chez les latins: Rufin. pasteur d'Aquilée; Sulpicius Severus, en Gaule, depuis la création jusqu'à l'an 400. Au moyen âge, Grégoire de Tours, Bède-le-Vénérable, Adam de Brème. A l'époque de la Renaissance, Laurent Valla. En Allemagne la Réformation a donné les Centuries de Magdebourg, par Matth. Flac-cius, jusqu'au 13m« siècle; en France, surtout au point de vue de la controverse, Du Plessis-Mornay, Daillé, Casaubon, Du Moulin, les Bas-nage; plus tard Matter, Chastel; en Angleterre, Bingham, Milner; en Suisse, Hottinger; en Hollande, Spannheim, Leclercq; en Allemagne, Calixte au 17me siècle, Gottfried Arnold, qui s'attacha à faire ressortir ce qu'il y avait de vérité chez les hérétiques; Weissmann, Mosheim, Semler qui rationalise, Schrôder, Néander, Gie-seler, Ranke, Guerike, etc. Chez les catholiques: Baronius, contre les Centuries; Timon, janséniste; Dupin, Fleury, Athanase de Mtfh-ler, etc.

On divise généralement l'hist. ecclés. en 4 grandes périodes: 1° des apôtres à Constantin 1-320; 2« la période des pères ou des controverses 320-602; 3° de Rome ou du moyen âge 604, à la Réform. 1517; 4° des temps nouveaux jusqu'à nos jours.

On a compris de bonne heure sous le titre de Livres ecclésiastiques, outre les liturgies et les symboles, les catalogues des martyrs et les listes des membres de l'Église. Au 15m« siècle vers 1450 on voit apparaître les registres des baptêmes et des décès. François 1er en 1539 réclame du clergé un registre exact des naissances, dans l'intérêt de l'État. Le conc. de Trente impose un registre des baptêmes et des mariages. L'importance de ces documents amène l'État à en confier la rédaction aux hommes les plus capables; c'était alors le clergé, leurs actes font foi et ont un caractère officiel. Plus tard les circonstances, la diversité des confessions relig., les progrès de l'instruction publique et certaines méfiances décident les gouvernements à remettre ces registres à des fonctionnaires spéciaux, civils, à décharger ainsi les ecclésiastiques d'une occupation et d'une responsabilité qui n'appartient pas à leur ministère, et à séculariser une statistique qui ne correspond plus au mouvement de la population dans l'Église.

 

ECK, ou plutôt Jean Mater, l'un des adversaires les plus décidés de la Réformation, né à Eck, Souabe, 13 nov. 1486, vint à Heidelberg à 12 ans et étudia la théol. à Tubingue, Cologne et Fribourg. Plus disert qu'éloquent, plus habile que profond, il se fit vite une réputation par son talent de discussion, fut nommé prof, de théol. à Ingolstadt, en 1510 chanoine d'Eich-stâdt, prochancelier de l'université, inquisiteur pour les procès de sorcellerie. Il ouvrit en 1558 la lutte contre Luther par ses Obélisques, auxquels Carlstadt répondit par 308 thèses. La dispute de Leipzig 27 juin 1519 attira Luther lui-même dans la lice et fournit à Eck le prétexte désiré pour le dénoncer comme hérétique et ennemi du pape, mais ce fut aussi ce qui décida l'entier affranchissement de Luther. Irrité des railleries dont Luther l'accabla, il poursuivit à Rome sa condamnation et en rapporta 1520 la fameuse bulle qui fut brûlée. Touj. plus en colère. il prit part successivement à toutes les conférences organisées contre les protestants, Ratisbonne, Baden, Worms, etc. A la diète d'Augsbourg il fut un des principaux auteurs de la Confutation. f 1548. Il a beaucoup écrit, mais sauf Le sacrifice de la messe 1528, ses ouvrages n'ont guère de valeur. — Il ne faut pas le confondre avec le chancelier bavarois Léonard d'Eck, qui, à la diète de Spire, s'opposa avec énergie à toute espèce d'accommodement.

 

ECKART, mystique allemand, profondément religieux malgré le panthéisme apparent de son système, était un moine dominicain, prof, à Paris, provincial de son ordre en Saxe, vicairc général pour la Bohême, puis de nouveau prof, à Strasbourg, Francfort et Cologne. Il prêchait en langue vulgaire; ses relations avec les fr. du Libre Esprit le rendirent suspect. L'archev. de Cologne le cita à comparaître devant le tribunal de l'Inquisition, 13 févr. 1327. Eckart se déclara prêt à se rétracter si Ton trouvait dans ses écrits quelque chose d'erroné. Évidemment ce n'était pas une rétractation et il dut comparaître devant le pape; il mourut en chemin, mais la justice de l'Egl. n'en 'fut pas désarmée; une bulle du 27 mars 1329 condamna après sa mort 28 de ses thèses, qui furent de nouveau condamnées l'année suivante comme résumant la ! doctrine des ftr. du Libre Esprit. La mémoire

d'JSckart n'en fut pas moins tenue en vénération; on se passait ses écrits de couvents en couvents; Henri Suson et Nicolas-le-Cusain les regardaient comme une des sources de la sa-

 

ÉCOLES du dimanche, v. Dimanche etRaikes. ÉCONOME. Dans les premiers temps les év. administraient eux-mêmes les biens et les revenus de l'Égl., qui étaient peu considérables; mais à partir du 4®* siècle ils se choisirent parmi les membres du chapitre un ou plusieurs hommes spécialement chargés de la direction du matériel. Le conc. de Chalcédoine 451 en fit nne règle obligatoire, qui ne tarda pas à être généralement adoptée. Quand les biens de l'évê-ché furent séparés de ceux du chapitre, il dut y avoir aussi deux économes distincts, et toutes les fois qu'un év. vient à mourir, le chapitre doit nommer un ou plusieurs intendants chargés de dresser l'inventaire de sa fortune. Dans les simples paroisses, les prêtres ou les conseils de fabrique se chargent de l'économat. Les couvents ont aussi des économes pour l'administration de leurs biens.

 

ÉCONOMIE. On entend sous ce nom le plan de Dieu, considéré sous deux faces distinctes, suivant qu'il s'agit de l'Égl. ou de l'humanité dans son ensemble, ou de chaque individu en particulier. C'est la dispensation, le mode d'action par lequel Dieu se révèle peu à peu, les moyens qu'il emploie pour attirer les hommes à lui, pour les faire passer des ténèbres à la lumière. Quant au monde on a distingué l'économie patriarcale, l'éc. mosaïque et l'éc. chrétienne. On peut distinguer aussi l'éc. du Père, c.-à-d. l'Ane. Test., celle du Fils, qui est l'économie actuelle, et celle de l'Esprit, qui est l'éc. à venir. Plusieurs systèmes ont été proposés, plusieurs idées émises, mais ils n'ont de valeur que dans la mesure où ils rendent plus clair le développement du plan de la rédemption. On a souvent abusé de l'idée des économies successives, en exagérant leurs différences et en les opposant l'une à l'autre comme contradictoires. Eu ce qui concerne le travail de la grâce de Dieu chez l'individu, on a distingué (les luthériens surtout) cinq phases successives: l'appel que Dieu adresse à l'âme par sa Parole et par les sacrements; le réveil, ou l'illumination, effet de l'action du Saint-Esprit; la conversion, qui suppose tout ensemble la repentance et la foi au pardon; la sanctification, qui est le produit naturel et nécessaire de la justification, enfin l'union intime avec Dieu, qui est l'œuvre parfaite. Mais ces cinq moments ne sont pas toujours aussi accentués dans la vie réelle, ni dans la Bible, qu'ils le sont dans les traités de dogmatique, et bien des âmes sont venues à Dieu sans se donter de ces différentes phases, auxquelles d'ailleurs l'Écriture ne donne nulle part le nom d'économie.

 

ÉCOSSE, L'Évangile y pénétra au2me siècle, mais les chrétiens durent se réfugier dans les montagnes et les îles voisines. En 451 Célestin de Rome envoya Palladius pour chef des chrétiens, puis vint saint Patrik. Les fidèles persécutés portent le nom de Culdees. Colomban évangélise avec autant de succès que de zèle 563, mais l'arrivée du moine Augustin et de ses aides 597, amène la prépondérance de Rome, et les prêtres culdees se retirent à Iona. Le conc. de Ceale-Hythe 816 travaille à introduire l'épis-copat et à mondaniser l'Église. La lutte est longue; enfin 1297, pour échapper à la domination des prélats anglais, l'Église d'Écosse accepte celle du pape et fait sa soumission; le remède était pire que le mai, et l'asservissement fut complet. Robert Bruce ne fut reconnu roi par le pape, 1324, qu'à la condition de détruire tous les restes de l'hérésie. Cependant les témoins fidèles ne cessent de protester; Retley est brûlé 1422, Craw en 1432. Partout la cruauté et la rapacité du clergé indisposent les esprits et préparent une réaction. Jacques III, 1471, rend une ordonnance pour sauvegarder les droits de la royauté et pour empêcher une trop grande accumulation de la fortune publique entre les mains des prêtres. Quand la Réform. pénétra dans l'Écosse, elle y trouva un terrain bien préparé; n'ayant contre elle que les prébendai-res et tous ceux dont les intérêts étaient directement menacés, entre autres les possesseurs de bénéfices et ceux qui jouissaient des droits de patronage; mais ils étaient forts de leurs positions acquises. Le parlement interdit 1525 l'importation des livres de Luther et le N. T. de # Tyndale; en 1528 le clergé, c.-à-d. l'archev. Beaton, fit brûler le jeune Hamilton, et l'ère des supplices commença: elle se poursuivit, avec quelques rares interruptions nécessitées par ta politique, pendant un grand nombre d'années. Le cardinal Beaton continua l'œuvre que son oncle avait commencée: il fit brûler, pendre et noyer des hommes et des femmes, et après avoir fait exécuter Wishart 2 mai 1546, il fut lui-même tué par des conjurés qui l'empêchèrent ainsi de commettre de nouveaux crimes. Knox parut en 1547, prêchant avec puissance; le parti catholique, effrayé, se tourna vers la France, qui lui envoya des troupes. Les Écossais avaient ainsi à lutter contre la France, contre l'Angleterre et contre les faux frères qui étaient parmi eux, entre autres le faible comte d'Arran. L'avènement de Marie de Guise amena de nouvelles persécutions, mais développa aussi de nouvelles énergies, et les protestants se réunirent en secret à Édimbourg 1556 pour aviser. Une seconde réunion aboutit à la signature du

premier Covenant 1557, et l'on put considérer de ce moment la cause de la réforme comme gagnée. Cependant elle eut encore bien des luttes à soutenir, jusqu'à la chute de Marie 1567, et même sous Jacques VI, que ses attaches épis-copales (no bishop, no king) et surtout la question des patronages empêchèrent de se prononcer bien nettement. En 1603 Jacques, devenu roi d'Angleterre, essaya de rétablir deux sièges épiscopaux en Écosse, et Charles 1er, dès 1625, accentua la même politique, mais l'assemblée décida de résister, le parlement l'appuya, et Charles dut céder. La restauration, qui suivit le protectorat de Cromwell, crut pouvoir restaurer aussi Pépiscopat, grâce à la division des presbytériens en modérés et intransigeants; les covenantaires furent persécutés, et la paix ne se rétablit qu'avec l'Acte de tolérance de Jacques II 1687, renouvelé par la reine Anne 1707. Cet Acte, qui tolérait, sans la garantir, l'indépendance de l'Égl., ne suffisait pas aux hommes de principe, et le rétablissement illégal du patronage, violation de l'Acte de sécurité, ralluma les luttes ecclésiastiques. Plusieurs sécessions éclatèrent à différents intervalles, sous Mac Millan 1713, Erskine 1733, Gillespie 1752-1761, et grâce au droit de patronage, l'histoire de l'Égl. d'Écosse ne présenta pendant plusieurs années qu'une suite de luttes mesquines soulevées par des querelles locales; l'erreur et l'hérésie en profitèrent pour entrer dans la place. En 1796 une Société des missions fut fondée à Glasgow et à Édimbourg sous la présidence du vénérable D*1 Erskine, et l'assemblée générale, mise en demeure de s'en occuper, se prononça énergiquement, par 58 voix contre 44, contre • cette innovation qui fut qualifiée d'absurde. Dés lors les choses ont bien changé; l'esprit chrétien l'a emporté sur le faux modérantisme qui menaçait d'emporter l'Église. Le parti évang. vota en 1834 le fameux Acte de Veto qui, en reconnaissant le droit de patronage, le restreignait en lui opposant le droit de la majorité des paroissiens, dans le cas où le candidat présenté ne serait pas agréé. Les ministres comte d'Aberdeen 1840, et sir James Graham, 1842, essayèrent en vain de résister à l'entraînement général; les assemblées se succédèrent en accentuant toujours plus leur opposition, sous les auspices de Chalmers,Cuningham,Cand-lish, Gordon, Guthrie, etc. Et quand, en 1843, l'État se fut de la manière la plus blessante refusé à toute concession, l'Égl. libre d'Écosse se constitua pour ainsi dire instantanément; le 18 mai plus de 400 ministres et une foule d'anciens quittaient solennellement l'église de Saint-André où l'assemblée était réunie sous la présidence du marquis de Bute, commissaire royal, et renonçant à leurs bénéfices ils recouvraient leur indépendance. Cet acte est une des pages les plus belles de l'Égl. d'Écosse, et rappelle la grandeur des temps covenantaires. L'Égl. libre n'a cessé depuis sa fondation de croître et de se développer, grâce à la vérité de ses principes, à la supériorité de ses pasteurs, et docteurs, et au dévouement de ses membres. A côté d'elle cependant l'Égl. presbytérienne officielle continue d'être puissante et riche, en même temps qu'elle s'est développée sous le rapport de la vie et qu'elle a gagné quelque chose comme indépendance. L'Égl. épiscopale, autorisée depuis 1712 et plus encore depuis 1792, compte pour 200,000 membres, 5 év. dont le primat est celui de Saint-André; elle a ses principaux adhérents parmi la noblesse. Toutes les sectes anglaises sont d'ailleurs représentées en Écosse, baptistes, wesleyens, quakers, unitaires, swedenborgiens, catholiques, etc. Outre les missions écossaises qui sont nombreuses et bénies, il y a des églises écossaises à Londres et sur beaucoup de points du continent. V. Merle d'Aubigné, 3 siècles de luttes en Écosse; Wilks, Hist. de l'Égl. d'Écosse.

 

ÉCUMÉNIQITE, signifie universel; se dit des conciles où a été représentée l'Église chrétienne tout entière, et qui sont acceptés par elle comme faisant autorité. Ainsi: le conc. de Nicée 325 contre Arius; le premier de Constantinople 381 sur le Saint-Esprit; celui d'Éphèse 431 contre Nestorius; celui de Chalcédoine 452 contre Eu-tychès; les 2me et 3™ de Constantinople 553 contre Théodore, Ibas, et Théodoret, et 680, contre Honorius et les monothélètes. Quelques-uns y ajoutent le 2me de Nicée 787 contre les Iconoclastes et le 4™© de Constantinople 869 contre Photius,qui sont douteux, puisque l'Égl. entière n'y avait pas été représentée. D'ailleurs dans les 6 premiers, qui sont le plus généralement reconnus, ce sont les évêques d'orient qui dominent, et sous l'influence des emp. d'Orient; ainsi à Nicée il y a 315 orientaux contre 3 occidentaux; à Constantinople 149 contre 1, à Éphèse 67 contre 1, à Chalcédoine 350 contre 3, au 2ra« de Const. 158 contre 6, au 3m® 51 contre 5. On ne peut davantage reconnaître un caractère bien écuménique aux conc. suivants, où l'Égl. d'occident a seule eu la parole: les4 de Latran, 1123,1139, H79etl215; les 2 de Lyon 1245 et 1274; celui de Vienne 1312, ceux de Pise, Constance et Bâle 1409 * 1438, celui de Latran 1512, ceux de Ferrare et Florence 1438, celui de Trente 1545, et celui du Vatican 1869-1870. — On appelle Symboles ècum. les confessions de foi admises par l'Égl. primitive et par les premiers grands conciles; ils accentuent les traits caractéristiques, les points fondamentaux de la foi et sont obligatoires pour tous les fidèles; ainsi: le symb. de

Nicée, celui de Constantinople, et ceux qui portent le nom d'Athanase ou celui des Apôtres. La Réformation les a conservés à titre de symboles et de documents ecclésiastiques. — Le patriarche Jean Nesteutès (le jeûneur) prit le titre d'év. universel, ou écuménique, dans un concile où il eut à juger le patr. Grégoire d'Antioche, 588. Pélage II en fut si irrité qu'il déclara ce conc. nul et non avenu, et Grégoire

déclara le patr. déchu de la communion de l'Église.

 

ECUMÉNIUS, év. de Tricca, Thessalie, vers la fin du 10®« siècle; auteur de comment, exégét. suivis sur les Actes, les Ép. de Paul et lesEp. catholiques. Il emprunte beaucoup aux pp. grecs, mais ne paraît pas avoir bien saisi la doctrine de Paul.

 

EDELMANN, Jean-Christian, né le 9 juill. 1698, étudia la théol. à Iéna, mais se vit repoussé tour à tour par les orthodoxes, les pié-tistes, les moraves, les séparatistes et les inspirés de Rock. Il mit la main à la Bible de Berle-burg, puis se brouilla avec Haug. Esprit inquiet, mais religieux, il avait sur la Bible et sur l'Égl. des vues particulières, qu'il publia dans divers écrits, et qui amenèrent un déluge de réponses. Il travailla à Neuwied, Altona, Hambourg et Berlin, où il f 1767.

 

EDESIUS, v. Frumentius.

 

EDESSE, sur le Scirte, en Mésopotamie, sur la rive gauche à 40 kilom. de l'Euphrate; auj. Orfa, 50,000 hab. Son origine remonte à la domination macédonienne; elle fut fondée par Seleucus Nicator, et porta les noms de Callirhoé ou d'Antioche Mixobarbara. Indépendante après les Séleucides et capitale de l'Osrhoène, elle eut pendant 3 ou 4 siècles des rois particuliers, nommés Abgar, dont l'un, d'après Eusèbe, aurait été en correspondance avec Jésus; le christianisme aurait ainsi été introduit dans ses États vers l'an 45. En 217 Caracalla fitd'Edesse une province romaine. Elle fut conquise par les Arabes en 637. En 1097 Baudoin en fit un comté chrétien, qu'il donna à Josselin de Cour-tenay, mais Noureddin le reprit 1146. Edesse appartient auj. à la Turquie d'Asie. Parmi les souvenirs ecclésiastiques de cette ville, on compte l'influence du gnostique Bardesanes à la cour du roi, la célèbre école fondée par Ephrem le Syrien, le triomphe momentané des ariens, plus tard celle des nestoriens qui en firent leur principal siège et le centre de leurs missions. Il s'y trouvait encore au 16m« siècle un évéché jacobite, mais qui ne tarda pas à disparaître.

 

EDILTHRYDA, sainte d'Angleterre, qui, mariée deux fois, n'en conserva pas moins sa virginité par suite d'un vœu qu'elle avait fait. S'ètant séparée de son époux 671, elle fonda dans une île des environs d'EIy un double couvent, dont elle fut l'abbesse jusqu'à sa f 679.

 

EDIFICATION, signifie proprement construction d'un édifice; dans le sens religieux il se dit du développement de la foi et de la vie chrétienne dans une âme ou dans une Église. L'origine de cette locution se trouve dans les passages qui comparent l'Église de Dieu à une maison que l'on bâtit, 1 Tim. 3, 15. Eph. 2, 21. 1 Pier. 2, 5. 4, 17. 1 Cor. 3, 9. D'après son étymologie même, on peut comprendre qu'il ne s'agit pas de simples impressions intérieures, mais d'une action réelle. Il ne s'agit pas de lire ou d'écouter, mais de faire et de devenir. Le culte public et le culte particulier sont les moyens de provoquer l'édification, mais elle n'existe réellement que dans le résultat produit par ce culte, et dans la pratique des vérités enseignées et reçues. Si tous les livres religieux et élevés peuvent être considérés en un sens comme des livres d'édification, on a cependant réservé ce nom pour ceux qui tendent tout spécialement et directement à ce but. Les Psaumes sont le plus ancien spécimen du genre, comme dans toutes les églises, les prières, les hymnes et les cantiques sont la forme la plus populaire du livre d'édification. Puis on doit noter, parmi les écrits que l'Égl. a longtemps honorés d'une prédilection particulière, le Ber-gerd'Hermas, les Confessions de saint Augustin, les ouvrages de saint Bernard, les livres mystiques, l'Imitation de J.-C.. etc. La Réformation a donné une impulsion considérable à ce genre de littérature, et si la controverse a absorbé quelques forces vives, nécessitées par le besoin de s'affirmer et de se défendre, les pères de la réforme ont compris aussi qu'un de leurs premiers devoirs était de nourrir les âmes en leur exposant la vérité. Ni Luther, ni Calvin n'y ont manqué; presque tous les théologiens ont résumé en paroles d'édification les résultats de leurs travaux scientifiques. Le 17me siècle, avec ses guerres et ses luttes, poussait les chrétiens à chercher les choses qui sont en haut; l'Allemagne avait Jacob Bôhme, Muller, Arndt, Scriver; l'Angleterre avait Bunyan, Baxter; la France, Fénelon, Port-Royal et les grands maîtres protestants. Au 18«>e siècle, Lavater, Stil-ling, Abbadie. De nos jours enfin, avec la reprise des recherches et des fortes études, l'édification n'a rien perdu et les meilleurs théologiens ne sont pâs restés les derniers pour fournir à l'Égl. l'aliment spirituel dont elle a besoin. Sans parler d'Ostervald, que l'on a trop déprécié, de Zschokke dont on a surfait la valeur, de Bunsen qui a exagéré le côté liturgique du culte public et particulier, on peut dire que presque tous les écrivains religieux ont fait une part à l'édification; en Allemagne Schleiermacher, Néan-der, Tholuck, Borner, Stier, Krummacher, Sander, etc.; en Angleterre, Hamilton, Cum-raing, Bonar; en France et en Suisse, presque tous les hommes du premier et du second réveil, trop nombreux pour qu'il y ait de l'intérêt à les nommer. II faut ajouter que le genre sermon, ou méditation, qui a été plus généralement cultivé, n'est pas celui qui a été le plus goûté, ni celui qui a produit le plus de fruits réels. Si l'édification suppose le développement d'une idée pratique ou religieuse, une anecdote, une simple pensée amènent souvent ce résultat bien plus qu'une série d'observations plus ou moins suivies et délayées. Le public sait maintenant une foule de choses qu'il n'est plus nécessaire de lui répéter. Les Recueils de passages, les Pain-Quotidien, les Années chrétiennes, plusieurs journaux religieux, plusieurs almanachs, des traités, quelques bonnes nouvelles peuvent produire l'édification, non moins sûrement que les meilleurs sermons et que bien des livres de prière. L'Année Biblique, par son excellente rédaction mérite cependant une mention spéciale.

 

ÉDITS, proclamations, arrêtés royaux. Les principaux sont: lo L'Édit de Milan, 313, par lequel Constantin et Licinius garantissent aux chrétiens le libre exercice de la religion, et la restitution des biens ecclésiastiques. — 2° De Hampton-Court, 28 juillet 1661; Charles II d'Angleterre accueille les réfugiés français et leur accorde divers privilèges. — 3° De Worms, rédigé 26 mai 1521, après la célèbre diète, mais antidaté, comme s'il avait été formulé le 6, avant le départ de presque tous les députés des États; il condamne Luther et ses adhérents et les met au ban de l'empire. — 4° Les édits de pacification, fort nombreux au 16m« siècle, et spécialement — 5° L'Édit de Nantes, publié par Henri IV, 13 avril 1598, en faveur des huguenots. Tout en affirmant le catholicisme comme la religion de l'État, il assure aux réformés en 92 articles, plus 56 secrets, la liberté de conscience, les droits civils, et la liberté de culte moyennant certaines réserves qu'il fallut subir. Il leur accordait aussi une certaine indépendance politique et plusieurs places de sûreté, mais l'Édit de Nîmes, de Louis XIII, 1629 leur retira ces dernières garanties, et après que l'Édit de Nantes eut été successivement réduit à néant par une série de décrets que le clergé obtenait du roi moyennant finances, Louis XIV révoqua dans son ensemble le peu qui en restait, c.-à-d. le titre (v. Lanfrey) 1685, et mit ainsi hors la loi tous les protestants de France, les obligeant de fait à s'enfuir à l'étranger, en même temps qu'un autre décret leur interdisait de sortir du royaume. — 6° L'Édit de Potsdam, 29 oct. 1685, li ouvre aux réfugiés de France les États prussiens et leur accorde de notables privilèges. — 7<> L'Édit de Versailles, nov. 1787, qui rend aux réformés tous leurs droits civils et supprime les mesures violentes contraires à l'esprit du christianisme. — 8° v. Nemours. — 9° L'Édit de Restitution, décrété après la paix de Lubeek, 6 mars 1629, par Ferdinand II, sur la suggestion du nonce Caraifa et du jésuite Lamorain, avec la complicité cachée de la France. Sous prétexte d'interpréter la paixde religion d'Augsbourg, il condamnait les évangéliques à restituer tous les biens, églises et couvents, qui avaient été sécularisés depuis le traité de Passau 1552. L'arrivée de Gustave-Adolphe empêcha la mise en vigueur de cet édit, et l'emp. essaya vainement, février 1631, d'entraîner les protestants à une nouvelle conférence.

 

EDMOND lo Roi de l'Est-Anglie 855, vaincn 870 et mis à mort par les princes danois Hin-guar et Hubba, dont il ne voulut pas accepter une paix honteuse. Considéré comme un martyr, il fut canonisé et devint le patron des rois d'Angleterre, dont plusieurs ont porté son nom. On le fête le 20 nov.— 2<> ou Edme, prof, de philos, à Oxford 1219-1226, archev. de Cantorbéry 1234. Ses Constitutions lui attirèrent la colère de Henri III; il dut s'enfuir, et passa en France, où il f 16 nov. 1242.

 

EDWARDS, Jonathan, théol. américain, le réformateur des États-Unis au dernier siècle; né 5 oct. 1703 à East-Windsor, Connecticut, fils et petit-fils de pasteurs, étudia à Yale-College, fut d'abord pasteur dans l'État de New-York, puis en Massachusetts, enfin à Northampton, Connecticut. Le relâchement religieux était général; lui-même en souffrait et y cherchait le remède. Une courte mission de Whitefield en Amérique, 1743, lui ouvrit les yeux. S'il avait à lutter contre les exagérations fanatiques de quelques dissidents, Davenport, etc., il comprit que cependant le vrai danger n'était pas là, mais dans la confusion établie entre l'Église et le monde. Quand ce qui n'était d'abord qu'une impression fut devenu chez lui une conviction, il publia ses vues à cet égard et les communiqua officiellement à sa paroisse 1749. Ce n'était pas l'étroitesse de la stricte dissidence, mais ce n'était plus le relâchement systématique; il ne pouvait plus admettre indistinctement tous ses paroissiens à l'entière et complète communion de l'Église. Ce fut toute une révolution; l'année suivante il dut donner sa démission et, quoique père de 8 jeunes enfants, il n'hésita pas. En se retirant il publia un Traité dans lequel il développait ses vues, et peu d'années après elles étaient acceptées par presque toutes les égl. d'Amérique. Il passa quelques années comme missionnaire à Stockbridge, parmi les Indiens de l'Houston 1751 à 1757, fut nommé président du collège de New-Jersey, et f peu après, ea 1768. Il prêchait la liberté de l'homme, sa responsabilité absolue, et la sanctification comme suite et corollaire de la justification; c'était la doctrine de Calvin; c'est elle qui a relevé les égl. mortes ou mourantes des puritains dégénérés. Parmi les disciples les pins connus d'Edwards, il faut citer son fils Jonathan + 1801, Sam Hopkins f 4803, Bellamy f 1790, Dwight f 1817. Edwards a laissé 1400 mss., dont un grand nombre inédits, v. Astié, Hist. des Etats-Unis, t. D, chap. XIV.

 

EGBERT 1® premier roi d'Angleterre 800, f 836, descendait de Gerdie, un des premiers rois de l'Heptarchie. — 2° Anglo-Saxon, établi dans un monastère d'Irlande; atteint de la peste, il ût vœu de glorifier Dieu, s'il se rétablissait. Il partit en effet avec quelques frères pour la Frise, malgré ses amis qui auraient désiré conserver auprès d'eux un homme d'un aussi grand mérite. Mais une tempête les ayant fait rentrer an port, il crut y voir une direction de Dieu, et envoya à sa place le moine Wichbert et quelques années plus tard 12 autres missionnaires, entre autres Willibrord, Willibald, les deux Ewald, Marcellin, Wernfried, Adelbert, qui arrivèrent au milieu des Frisons vers 690 ou 692, et obtinrent de grands succès. Egbert f 729. — 3» Disciple et ami de Beda; maître à l'école de la cathédrale d'York, il compta Alcuin parmi ses élèves. Nommé èvêque 731, il obtint que son siège d'York fût érigé en archevêché 735. Son érudition était si grande qu'on l'appelait un armrium (arsenal) omnium liberalium artium.

 

ÉGÈDE Haru (Jean), premier missionnaire au Groenland, né le 31 janv. 1686 en Norwège. On ne sait rien sur ses premières années; on le voit pour la première fois en 1707 pasteur à Vaagen. Pressé depuis longtemps du désir d'ôvangéliser le Groenland, malgré la lutte qu'il soutenait intérieurement en pensant à sa femme et à son enfant, il finit par prier les év. de Bergen et de Drontheim de solliciter l'appui du roi Frédéric IV. Il l'obtint et parvint à réunir 10,000 thalers pour son expédition. En 1717 il donna sa démission de pasteur, partit pour Bergen, et se mit à étudier la topographie du pays et divers métiers qu'il prévoyait devoir lui être utiles. Le passage Matth. 10, 37. fit taire toutes ta incertitudes qu'il avait à l'égard de sa famille, et sa femme, la courageuse tiertrude Rask se déclara prête à l'accompagner. Le 10 mai 1721 leur vaisseau l'Espérance quitta Bergen, le 12 juin ils aperçurent le Groenland, et le 3 juillet ils abordèrent à l'Ile d'Imeriksok. Égède eut beaucoup à faire pour vaincre le caractère apathique et méfiant des Esquimaux. Longtemps il travailla sans succès; mais ses enfants, et en particulier son fils aîné Paul, lui furent des aides puissante, en parlant avec les indigènes et en leur racontant de leur mieux des faits bibliques. En 1723 Égède fit un voyage dans l'intérieur, et la glace ayant été ainsi rompue, les habitants se montrèrent aussi hospitaliers et empressés qu'ils avaient été défiants. En 1724 il baptisa le premier enfant groenlandais; en 1729 il fonda une école à laquelle il put donner un instituteur indigène chrétien. De toutes parts on l'appelait pour l'entendre parler du vrai Dieu et de la vie éternelle. Mais en 1730 Frédéric IV étant mort, son successeur Christian VI retira les subsides accordés à la mission, et Égède resta seul au Groenland avec sa famille et dix matelots. En 1733 et 1734 une épidémie cruelle décima la population; le dévouement d'Egèdo en cette occasion augmenta sa popularité et ouvrit de nouvelles portes au christianisme. Il perdit sa femme en 1735. Le 28 juillet 1736 il lit son sermon d'adieu sur Es. 49, 4. et arriva le 24 sept, à Copenhague. Il y fonda un collège destiné à former des missionnaires pour le Groenland. Peu encouragé il en abandonna la direction en 1747; il partit pour Stubbekjâking dans l'île de Falster, où il f » nov. 1758. Les Groenlandais l'appellent encore aujourd'hui c leur père. > On écrit aussi son nom Egédé.

 

ÉGINHARD, ou Einhard, de race franque, élève d'Alcuin, entré fort jeune au service de Charlemagne, dont il resta toute sa vie le secrétaire, le confident et l'ami. Une tradition populaire, puisée dans une chronique contemporaine du monastère de Lauresheim, lui donne pour épouse une fille de Charleinagne, Emma ou Imma, dont l'amour pour lui se serait manifesté d'une manière aussi originale que providentielle. Cette gracieuse histoire, où quelques-uns ne voient qu'une légende, peut être authentique; en tout cas elle caractérise l'époque. Éginhard, préposé à ce que nous appelons les travaux publics, routes, canaux, bâtiments de toute sorte, vivait avec son maître dans la plus grande intimité; celui-ci le gardait constamment auprès de lui et ne l'envoya en mission qu'une seule fois, à Rome 806, pour faire confirmer son testament par le pape. Il jouit de la même faveur sous Louis-le-Déb., mais ne put se plier à ce triste gouvernement et quitta la cour. Sa femme s'étant retirée dans un couvent, il fit de même 816, fonda le monastère de Seligenstadt et y f 839, trois ans après avoir appris la mort de celle qu'il avait toujours tendrement aimée. Ses dernières années avaient été troublées par la maladie et les chagrins. Il a laissé 63 Lettres, des Annales qui n'ont qu'une valeur de chronique, et une Vie de Charlemagne, qui est une vraie composition historique et littéraire, aussi remarquable par la forme et le plan, qu'intéressante et instructive par le fond; c'est tout ensemble une biographie et une histoire.

 

ÉGLIN, ou Iconius, dont le vrai nom était Raphaël Gôtz. né 28 déc. 1559 à Russicon, Zurich, étudia à Zurich, Genève et Bâle, fut quelque temps instituteur dans la Valteline, puis, chassé par les prêtres, fut nommé pasteur et prof, de théol. à Zurich 1583, et à Marbourg 1606. f 1622. Il fit prévaloir dans la Hesse la théologie calviniste. C'est à son goût pour la chimie qu'il dut surtout la faveur du landgrave Maurice.

 

ÉGLISE. Pour cet article, qui résumerait à lui seul la moitié d'un dictionn. ecclésiastiq., v. le Dictionn. de la Bible, et les articles spéciaux: architecture, anglicane, gallicane, copte, ecclésiastique, etc. Nous consignerons seulement ici les faits qui n'ont pas lenr place ailleurs. Le mot français église dérive du grec ecclesia qui signifie assemblée et ne s'emploie guère que dans un sens religieux. Le mot correspondant, en allemand Kirche, ou en anglais church, a une étymologie beaucoup plus disputée, attendu que les uns le dérivent du grec ky-riakè (dominical, ou du Seigneur), ce qui est le plus probable; les autres du latin curia, d'autres de circus, d'autres du celte Cyrch (centre, point central). Notre Seigneur ne nomme l'église que Matt. 16, 18. 18, 17. où il a d'une part en vue l'œuvre générale qu'il est venu fonder sous le nom de royaume de Dieu; d'autre part les organisations locales qui pourront se former avec le temps, et qui seront la représentation visible et nécessairement incomplète de l'ensemble. Dans le langage apostolique tout groupement de fidèles porte le nom d'Eglise. Dans le langage de Paul on voit apparaître l'idéal: l'Égl. est un grand corps dont Christ est la tête; rÉgl. est la colonne et l'appui de la vérité; elle est sainte, et ce caractère rejaillit sur tous ses membres, qui sont appelés saints. Malgré bien des désordres ce point de vue pouvait se justifier à une époque où la qualité de membre de l'Égl. supposait la foi personnelle s'affirmant en face des persécutions. On le retrouve encore dans les lettres d'Ignace et chez Irénée, mais déjà la notion d'Égl. s'est modifiée sous l'influence de l'idée épiscopale; elle a pris une forme extérieure; ce n'est plus la foi qui fait le chrétien, mais le fait d'appartenir à une congrégation. De là cette parole d'Irénèe: Là où est l'Église, là est l'Esprit, et où est l'Esprit, là est l'Eglise (Adv. Hœres. 3, 3); et plus tard cette autre parole de Cyprien; Hors de l'Église, point de salut (De unit. eccles.). Comme il n'y a qu'un Dieu et un Sauveur, on veut aussi qu'il n'y ait qu'une Église, et ce rêve deviendra une réalité pendant huit siècles, à la condition qu'on supprime par l'excommunication tous ceux, hérétiques ou autres, qui n'appartiendront pas à la majorité, montanistes, donatistes, ariens, etc.; tous ceux qui repousseront la discipline comme trop relâchée, ou la doctrine comme trop accentuée. La centralisation sera de plus en plus ta conséquence logique de cette manière d'envisager l'Eglise et l'unité se fera sur la personne de l'év. de Rome, le plus considérable de tous depuis que l'islamisme a ravagé l'Orient. On est assez d'accord à regarder cette concentration comme un événement heureux pour le christianisme dans les circonstances où se trouvait l'Europe, foulée par les barbares, menacée par les Maures, et minée par les luttes qui allaient remplir le moyen âge. Mais quand on se rappelle que cette autorité a eu besoin du mensonge pour s'établir, des fausses décrétâtes; qu'elle s'est soutenue par des moyens humains; qu'elle a étouffé partout et toujours la vie religieuse et le mouvement philos., la libre pensée, les sciences, on est fondé à croire qu'elle a contribué à faire les ténèbres du moyen âge, autant au moins qu'à les dissiper. Si les moines ont sauvé quelques mss. de l'antiquité, ils en ont détruit plus encore, et d'ailleurs ils subissaient moins que le clergé séculier l'influence du pouvoir central. En tout cas l'Égl. orientale refusa de se soumettre à l'unité romaine, et ce grand schisme brisa la prétendue catholicité de l'une et de l'autre de ces deux moitiés. La division d'ailleurs était dans le camp romain, et se manifestait sans relâche sous les formes les plus diverses. Claude de Turin, les vaudois, Valdo, les cathares, les albigeois, Arnold de Brescia, Pierre de Bruys, Wikleff, Huss, sont les anneaux de cette chaîne, et chez tous la protestation se manifeste comme une opposition à la fausse idée qui confond l'Église de Christ avec l'Égl. traditionnelle de Rome. L'Angleterre et la France aspirèrent longtemps à réaliser un catholicisme national. C'est la Réformation qui la première distingua nettement l'Égl. visible et l'Église invisible, voyant dans l'une des infirmités, des devoirs, des aspirations et des espérances. dans l'autre seule la sainteté parfaite et l'accomplissement. Les différentes ÉgL protestantes se sont développées librement en ce qui regarde leur organisation, suivant leurs circonstances, leur origine et les besoins de leur caractère national, mais il leur a fallu du temps, à elles aussi, pour comprendre que là où il y a l'unité de la foi, la diversité de la forme importe peu.

 

EGYPTE, v. Dict. de la Bible. Si important que soit le rôle de ce pays dans l'Hist. des Hébreux, il ne l'est pas moins dans l'histoire du christianisme, qui y a trouvé comme un second berceau. Déjà dès l'époque apostolique la lutte s'y produit entre le vieux monde et les temps nouveaux; Lucien, Celse et Porphyre la personnifient. Puis viennent les principaux systèmes gnostiques, représentés par Basilides, Valentin, Carpocrate. L'école d'Alexandrie s'illustre par ses Panténe, Clément, Origène, Heraclas, De-nys. La réaction s'accentue par le sabellianisme et l'arianisme. Puis vient la période la plus glorieuse de son existence, la lutte pour la foi et la vie religieuse. D'un côté la doctrine chrétienne mise en évidence et défendue par Athanase, Théophile, Cyrille, Dioscure; de l'autre le monachisme, incarné dans Antoine, puis le fanatisme populaire et le meurtre d'Hypatie; puis les divisions résultant des luttes monophy-sites, et l'animosité croissante entre les cophtes et les melchites (royalistes et orthodoxes), qui finit par livrer le pays désarmé aux soldats de l'Islam. Dés lors, les cophtes perdant du terrain de jour en jour, opprimés ou déchus, divisés entre eux, sans vie religieuse, le mahométisme est devenu le maître du pàys, et il en a fait le centre et le foyer d'une civilisation qui a brillé pendant deux siècles du plus vif éclat, dans les arts et dans les sciences, de Bagdad jusqu'en Espagne, pour ne laisser que des cendres en s'éleignant. L'Égypte actuelle, sous l'impulsion de Méhémet-Ali, semble avoir repris la conscience d'elle-même; elle est devenue le chemin des Indes et le point de départ des grandes explorations africaines; par cela même elle est devenue pour les industriels, les commerçants et les spéculateurs européens un centre, comme elle l'est depuis longtemps pour les savants, les archéologues et les antiquaires. Un grand nombre de sociétés de missions y entretiennent des stations, des égl. et des écoles, tjui jouissent d'une grande influence et d'une considération justement méritée. Les Anglais, les Écossais, les Américains, les Allemands, la Crishona de Bâle, travaillent avec succès au milieu des cophtes, des juifs, des musulmans et des chrétiens indigènes ou étrangers. L'Angleterre qui vient de s'y établir donnera un peu de fixité à ce pays trop longtemps le jouet des convoitises diverses et le malheureux vassal de la Turquie.

 

EICHHORN 1° Jean-Gottfried, théologien, connu surtout par ses nombreux travaux sur la littérature biblique et orientale, Introd. à l'A. T. 1781-1783, et au Nouveau 1804-1814, auj. un peu démodées, mais qui ont frayé la voie. Né 16 oct. 1752 à Dtfrrenzimmern, fils d'un pasteur, étudia à Gttttingue, et après un court pastoral, fut prof, de langues orientales à Iéna 1775, puis de philos. 1788 à GOttingue, où il t 27 juin 1825.

2° Son fils Charles-Fréd.; né à Iéna 30 nov. 1781, s'occupa surtout de droit, et fut membre du tribunal supérieur et de la commission législative à Berlin, f 1854. Son principal ouvrage est intitulé: Principes du droit ecclésiastiq. des protestants et des cathol. en Allemagne 1831.

3° Jean-Albert-Frédéric Eichhorn, ministre des cultes à Berlin 1840-1848. Né à Wertheim 2 mars 1779, il étudia à Gôttingue et entra 1801 au service du roi. Officier pendant la guerre d'indépendance, il fut sous Stein membre du gouvernement des pays conquis et passa ensuite au département des affaires étrangères, jusqu'au moment où la confiance de Fréd.-Guillaume IV l'appela au ministère. Son ardent désir, comme celui de ses amis Stein et Schleiermacher, était de soustraire l'Égl. aux funestes influences de la politique, mais il n'osa prendre que des demi-mesures, toujours retenu par la crainte que l'Égl., affranchie de la protection de l'État chrétien, ne devint la victime de majorités incrédules et l'instrument d'une réaction antichrétienne. Cet homme excellent finit par avoir tous les partis contre lui. f 16 janv. 1856.

 

EINHARD, v. Éginhard.

 

EINSIEDELN, célèbre monastère du canton de Schwytz, situé au-dessus de la ville du même nom, dans une sauvage vallée traversée par l'Alpbach. Sa fondation remonte aux temps de Charlemagne. Ce fut d'abord Meinrad, comte de Sulgen, qui se fit construire une chapelle, pour y conserver une image merveilleuse de la Vierge, que lui avait donnée Hildegarde, abbesse de N. D. à Zurich. Meinrad ayant été assassiné 861, sa réputation de sainteté s'en accrut, et sur le lieu de sa cellule on éleva un couvent de bénédictins; plus tard une église. Une légende rapporte que lorsque l'év. de Constance voulut consacrer cette église, le dim. 14 sept. 948, une voix du ciel l'avertit que le Sauveur lui-même l'avait déjà consacrée, et une bulle de Léon VIII confirma le miracle. Dès lors l'égl. du couvent devint un lieu de pèlerinage très fréquenté, le plus riche de la Suisse après Saint-Gall, et ve* nant immédiatement après Saint-Jacques de Compostelle, N.-D. de Lorette, et avant Maria-zell pour le nombre des pèlerins. Il en compte en moyenne 150,000 par an. Il est habité par 60 prêtres et 20 frères bénédictins, sans parler du personnel employé aux travaux de la ferme. L'abbé d'Einsiedeln avait été élevé en 1274 au rang de prince de l'empire, et dans plusieurs cantons on l'appelle encore le prince d'Einsiedeln. Quand les Français occupèrent le pays 1798, ils s'emparèrent d'une partie des trésors de l'abbaye, mais ils n'emportèrent qu'une copie de l'image de la vierge de Meinhard, l'original ayant été mis à l'abri de leurs atteintes et expédié en Tyrol. Les Français croient cependant encore avoir l'original. Le couvent actuel, reamstruit à la suite d'un incendie 1719, a 135" de long; l'église 38. On y fait un commerce considérable d'objets de dévotion. Les religieux du couvent se sont peu compromis dans les mouvements politiques; ils s'occupent plutôt d'enseignement, de sciences et d'agriculture; ils ont entre autres un très bon haras. Zwingle fut curé d'Einsiedeln 1515-1519; en 1517 il prêcha avec tant de succès que les moines quittèrent leurs cellules et le couvent fut quelque temps inoccupé; Einsiedeln est la patrie de Paracelse.

 

EISENACH, v. Luther.

 

EKKEHARD. Famille saint-galloise qui a donné au couvent de cette ville cinq moines d'un certain mérite. 1» Directeur de l'école et doyen du couvent, a laissé des hymnes, des biographies et des notices historiques, f 973. 2® Son neveu, directeur de l'école, chapelain d'Othon I«r, précepteur d'Othon II, f chanoine h Mayence 990. 3° Savant de premier ordre, collègue et disciple du précédent, doyen de Saint-Gall. 4» Né 980, élevé à Saint-Gall, directeur de l'école de Mayence, auteur d'une Chronique et d'un Livre des bénédictions, f 1036. 5« Auteur d'une Vie de Notker, vers 1210.

 

ÉLEUTHÈRE lo 13®e pape 177-192, diacre d'Anicet avant d'être évêque; montaniste (Du Pin, de Antiqud Eccl. disciplina). Il gouverna l'Égl. sous Marc-Aurèle et sous Commode, combattit les erreurs de Valentinien, envoya, à la demande du roi anglais Lucius, des missionnaires dans la Gr.-Bretagne. C'est sous son pontificat qu'Irénée écrivit sa lettre sur les martyrs. 2° Diacre, compagnon des saints Denys et Rustique, martyrisé et canonisé avec eux vers l'an 272; sous Valérien; peut-être sous Maximien-Hercule. 3» Év. de Tournai, l'un des premiers qui apportèrent le christianisme à la Gaule Belgique; dix ans avant le baptême de Clovis il avait déjà baptisé un grand nombre de païens, f 532. 4<> Rivière qui sépare la Syrie de la Phé-nicie.

 

ÉLEUTHÉROPOLIS, ville de Palestine, citée par Eusèbe, entre Jérusalem et Gaza, D'après Robinson ce serait l'ancienne Baïtogabra et la Beit-Dschibrin d'aujourd'hui. Siège célèbre d'un èvêché, elle fut détruite 796 par les Sarrasins. Pendant les croisades le roi Falcon y bâtit une forteresse qui fut ensuite remise aux hospitaliers.

 

ÉLÉVATION, rite qui consiste, dans la célébration de la messe, quand l'hostie est consacrée, à l'élever pour la montrer au peuple, qui l'adore en se prosternant. En usage chez les grecs déjà au 8®® siècle, cet acte était plutôt dans l'origine un symbole de l'élévation de Christ. Il fut conservé quelque temps par Luther, non sans opposition, et ne fut enfin aboli que par Veit Dietrich à Nuremberg. f

 

ELFRIC, bénédictin anglais, archev. de Cantorbéry, f 1005; travailla avec Dunstan et Ethelwold à soumettre l'Égl. d'Angleterre à l'autorité de Rome. II se donna beaucoup de peine pour répandre la Bible et pour relever l'état ecclésiastique. Il a laissé une Liturgie et quelques Homélies.

 

ÉLIE 1° de Cortone, moine franciscain, souleva de longues et violentes discussions dans l'intérieur de son ordre, par ses efforts pour adoucir la sévérité de la règle, 1219. Nommé général par François d'Assise, il fut déposé 1320. Réélu 1227, il fut déposé 1230 par le pape. Réélu de nouveau 1236 il fut confirmé, mais le parti de Jean Parent refusa de le reconnaître et réussit en 1239 à le faire écarter de nouveau. En 1244 il fut décidément rayé de l'ordre. Partisan de Fréd. II, il fut envoyé par lui comme ambassadeur à Constantinople; il se retira ensuite à Cortone, où il f 1253. — 2<> Élie le Lévite, savant juif, né 1472 à Neustadt an der Aich, quitta son pays à la suite de persécutions contre les juifs et vint 1504 à Padoue, où il enseigna l'hébreu; il y resta jusqu'à la destruction de cette ville 1500. Il s'enfuit à Rome; son Comm. sur la Grammaire de Kimchi lui procura un bon accueil de la part du cardinal jEgi-dius de Viterbe, 1512. En 1527 il vint à Venise, touj. comme prof, d'hébreu; en 1540 il fut appelé à Isny par l'imprimeur Paul Fage, qu'il aida à monter une imprimerie hébraïque et à publier divers livres en hébreu. Suspect d'avoir changé de religion, il publia pour rassurer ses frères son livre sur la Massorah, critique du texte sacré de l'Écriture, dans lequel il nie l'antiquité des points-voyelles et combat l'opinion qui était généralement reçue. Ce livre, très remarquable, est encore auj. fort apprécié, quoiqu'il ait donné lieu à bien des discussions. On a encore de lui un Traité des lettres serviles, une Explication des mots irréguliers du texte sacré, et un Dictionn. chaldéo-rabbinique. f à Venise 1547.

 

ÉLIOT, John, surnommé l'apôtre des Indiens de l'Amérique du Nord, l'un des missionnaires les plus remarquables des temps modernes par son zèle et par ses travaux; né en Angleterre 1603. Inquiété pour ses opinions non-conformistes, il se rendit en Amérique 1631, et devint pasteur de l'Égl. de Roxbury près Boston. Après avoir consacré 15 années à étudier la langue des Indiens, il commença ses travaux au milieu d'eux sans abandonner son ancienne paroisse. Les succès de sa prédication furent prodigieux. Des milliers d'Indiens furent gagnés à la foi évangélique, renoncèrent à la vie sauvage et formèrent des colonies dites d'Indiens priants, dont le nombre s'éleva jusqu'à 14, et qui étaient régies par une organisation calquée sur celle du peuple d'Israël. Soutenu par les contributions de la Société pour la propag. du christianisne, fondée en Angleterre 1649, il fit paraître de 1661 à 1663 une traduction de la Bible du* un des dialectes indiens. Toutefois cette florissante mission n'a pas laissé par la suite de traces très appréciables. Déjà du vivant d'Éliot des guerres avec les Européens dévastèrent la plus grande partie de son champ de travail, et les populations au milieu desquelles il agit sont aujourd'hui presque complètement éteintes, f à 87 ans 1690, après avoir annoncé l'Évangile jusqu'à son dernier moment.

 

ÉLIPAND, év. de Tolède, enseigna l'adoptia-oisme, comme Félix d'Urgel.

 

ÉUSABETH lo de Hongrie, canonisée. Née à Presbourg 1207; elle était fille d'André II, roi de Hongrie. On lui fit épouser à 14 ans le landgrave de Thuringe Louis IV, avec qui elle avait été élevée à la Wartbourg. Son inépuisable charité pour les pauvres, son amour pour son mari et l'austérité de ses mœurs, rendue plus sévère encore par les directions de son confesseur Conrad de Marbourg, en font une des personnifications les plus pures de la piété au moyen âge. La légende s'en est emparée et ne l'a pas toujours embellie. Une de ses plus jolies créations est celle des morceaux de pain changés en roses dans son tablier. Après la mort de son mari 1227, bannie par son beau-frère Henri Haspe, elle trouva un refuge à Kit-zingen, jusqu'à ce que le château de Marbourg *ut été préparé pour la recevoir. Elle y fonda un hôpital, où elle f 1231. Canonisée 19nov. 1235. Son tombeau est dans l'égl. Sainte-Élisabeth à Marbourg, que Conrad de Thuringe fit élever en mémoire d'elle. Philippe le Magnanime fit enlever ses os pour qu'ils ne devinssent pas l'objet d'un culte superstitieux. Vie par Montalembert.

2° Élisabeth Woodville, fille de Richard Woodville, qui devint lord Rivers, épousa en noces Édouard IV d'Angleterre, dont elle eut ces deux malheureux enfants, si connus sous le nom d'enfants d'Édouard, et qui furent assassinés 1483 par ordre du duc de Glocester. Enfermée dans un couvent, elle y f 1486.

3o Fille d'Henri VIII et d'Anne de Boleyn, née 1533, déclarée d'abord illégitime et incapable de régner, puis réhabilitée par le testament de son père. Elle monta sur le trône 1558 à la mort de sa sœur la cruelle Marie, et s'efforça aussitôt de réparer ce qui pouvait se réparer encore dans les actes de sa devancière. On ne pouvait ressusciter les 300 victimes de son fanatisme, mais Élisabeth rappella les proscrits, restitua les biens confisqués, rétablit le culte protestant, et par l'acte du 1er févr. 1559 rendit à l'autorité royale les privilèges auxquels Marie avait renoncé en matières ecclésiastiques. Elle partait de l'idée que l'État et l'Église forment un même ensemble de citoyens, et grâce à cette confnsion, qui était dans l'esprit du temps, elle régla par plusieurs actes d'uniformité tout ce qui regardait le culte et la religion, le Prayer Book, l'épiscopat, les visites d'église. Elle s'occupa aussi de la prospérité de son pays, de l'agriculture, du commerce, de la marine, des finances. Elle fit mettre à mort sa parente, Marie Stuart, que ses désordres, non moins que son attachement au catholicisme, avaient fait chasser du trône d'Écosse, et qui s'était réfugiée en Angleterre où elle continuait d'intriguer. Élisabeth elle-même, grande et sèche, génie royal plutôt que féminin, éprouva des passions plutôt qu'elle n'en fit naître; elle aima surtout Dudley de Leicester, et Robert d'Essex; elle fit mettre à mort ce dernier. Elle avait refusé la main de plusieurs souverains. Elle eut à lutter contre Philippe II d'Espagne et contre son invincible armada, qui fut dispersée par la tempête , contre l'Irlande qui s'était révoltée; elle donna des secours à Henri IV, et vint en aide aux Pays-Bas attaqués par l'Espagne, f 1603. Elle occupe une place plus distinguée comme reine que comme femme, et l'Angl. peut faire dater de son règne le commencement de sa grandeur historique. Les protestants n'oublieront pas l'appui que leurs droits ont touj. trouvé auprès d'elle, et l'on sait l'accueil glacial et funèbre qu'elle fit avec sa cour aux délégués de Charles IX, qui avaient été envoyés en Angleterre pour justifier et atténuer les massacres de la Saint-Barthélemy.

4o Femme de Joachim I, électeur de Brandebourg, le fougueux adversaire du protestantisme. Elle eut occasion de connaître les écrits de Luther par son oncle, l'électeur de Saxe, au grand déplaisir de son mari. A Pâques 1528 elle prit avec ses deux fils la communion sous les deux espèces; l'électeur l'ayant appris, la retint prisonnière dans sa chambre; quelques-uns disent même qu'il voulait l'y murer. Elle demanda du secours à son frère Christian II, de Danemark, qui la fit évader, déguisée en paysanne, dans une mauvaise voiture, et son oncle l'Électeur l'installa dans le château de Lichtenburg, près de Wittenberg. C'est là qu'elle fortifia sa foi par ses entretiens avec Luther. Peu à peu la colère de son mari s'apaisa, et ses fils purent venir la visiter.

5° Élisabeth-Albertine, princesse palatine, fille de Frédéric V, roi de Bohême et d'Elisabeth Stuart; née 16 déc. 1618. Après une jeunesse troublée par les malheurs de ses parents, elle passa quelques années dans les cours de Berlin, Heidelberg et Cassel 1662, cherchant dans l'étude un dérivatif à ses douleurs, et passionnée pour les sciences. Elle reçut à Leyde les leçons de Descartes, qui dit dans la dédicace de ses Principes de philos., qu'elle est la seule personne qui ait eu une intelligence parfaite de ses ouvrages. Son amour pour l'étude lui fit refuser la main du roi de Pologne Wladislas IV. Elle se fixa en Allemagne, dans l'abbaye luthér. d'Hervorden qui relevait immédiatement de l'empire 1667 et en devint l'abbesse; elle y f 1680. Elle avait un moment protégé les labadis-tes persécutés; plus tard elle se lia avec Penn et Barclay et ouvrit aux quakers un asile dans ses domaines, ce qui attira sur le pays la bénédiction divine et en fit un foyer de vie religieuse.

6° Visionnaire; v. Barton.

7° Élis, de Schônau, abbesse du couvent des bénédictines de Schônau, dioc. de Trêves, où elle était entrée dès sa 12m« année. Souffrante de corps, elle eut des visions et des révélations, que son frère Egbert, abbé d'un couvent du même endroit a mises par éciit 1185. f 1165. Plusieurs de ses révélations sont reproduites dans le Liber 3 virorum et 3 spiritualium vir-ginum. Pans 1515. Cologne 1628.

 

ÉLISÉE lo ou Egishé, célèbre théol. et hist. arménien. Év. d'Amatunik, il assista au synode d'Artashat 449, où les chrétiens eurent à s'occuper du péril dont les menaçait le parsisme. Ses ouvrages de théol., comment., sermons, etc. ont moins de valeur que son Hist. des guerres de religion, auxquelles il prit part comme secrétaire du général en chef. — 2o Jean-François Copel, dit le p. Élisée, né 1726 à Besançon, carmélite, chargé de l'instruction des novices, vint à Paris en 1751 et Diderot lui fit une telle réputation qu'il fut invité à prêcher à la cour, f Pontarlier 1783. Il a laissé beaucoup de sermons, dont plusieurs excellents. — 3o Élisée Talachon, aussi surnommé le p. Élisée, 1733-1817, avait pris l'habit des Fr. de la Charité. Émigré, chirurgien en chef de l'armée des Princes, il jouit de la faveur de Louis XVIII qui se l'attacha.

 

ELKÉSAITES, ou Elcèsaïtes, v. Ébionites.

 

ELME (saint), v. Érasme lo.

 

ELOI, Eligius, né 588 à Cadillac, près Limoges, de parents gallo-romains, d'une famille chrétienne. Après quelques années d'apprentissage chez un orfèvre estimé de Limoges, \l visita la France, les Flandres et la Frise. Il fit pour Clotaire II deux sièges d'or enrichis de pierres précieuses, et gagna la faveur du roi par sa probité non moins que par son talent. Le roi se l'attacha et lui faisait fréquemment des présents considérables en argent. Eloi qui consacrait ses loisirs à la méditation de la parole de Dieu, n'appréciait les richesses que pour le bon usage qu'il en pouvait faire, et il les employait surtout au rachat des esclaves, pour la plupart de sauvages Saxons faits prisonniers. Il les laissait libres de retourner chez eux, ou de rester auprès de lui pour recevoir une éducation chrétienne et pour apprendre un métier à l'école de certains couvents. Plusieurs devinrent missionnaires ou lecteurs de la Bible: Baudrich, Tituan, Buchin, etc. Dagobert 1er lai continua la faveur paternelle, malgré la jalousie marquée des courtisans, et facilita l'érection de deux couvents, l'un près de Limoges, l'autre à Paris, pour des œuvres de bienfaisance et d'évangéli-sation. Saint Éloi lui-même, fatigué du monde, s'était retiré dans un monastère, mais il ne put y rester longtemps; il fut appelé à l'évêché de de Noyon et Tournai, qui avait déjà usé les forces de Médard, et Clovis II consentit, quoique à regret, à se séparer de lui, 640. Ce fut une paroisse, et en même temps une œuvre missionnaire. Un grand nombre de Suèves et de Frisons se convertirent à sa parole pénétrante; et chaque année, à Pâques, il en baptisait une multitude, adultes ou jeunes gens, qu'il avait amenés à la connaissance du Sauveur, continuant après cela de prendre soin d'eux comme un bon berger. Après un long et laborieux ministère, il fut atteint de la fièvre qui devait l'emporter; il vit venir sa fin, et sans renoncer à ses travaux, s'ai-dant d'un appui pour faire ses visites et ses prédications, il fit ses adieux à ses amis et à ses disciples et s'endormit en paix, en priant, lerdéc. 659. Patron des orfèvres et des maréchaux, il a donné lieu à de nombreuses légendes. On ignore l'origine de la chanson du roi Dagobert.

 

ÉLOQUENCE. On appelle ainsi l'art ou le talent d'éveiller par la parole certains sentiments dans le cœur de ceux auquels on s'adresse, ou de les persuader, de les convaincre de choses qu'ils se refusent à admettre. Quand on parle, c'est évidemment dans l'intention d'obtenir un résultat, et pour cela il n'est pas indifférent de présenter ses motifs sous une forme plutôt que sous une autre. La première condition pour persuader, c'est d'être persuadé soi-même. Comme elle manque souvent et que le public en a l'instinct, il en a rejailli quelquefois sur l'éloquence un mauvais renom, comme si elle n'était que l'art de jeter de la poudre aux yeux. On a vu des hommes d'État défendre les maximes les plus opposées, des avocats plaider sans conviction des causes mauvaises, des prédicateurs prêcher des vérités auxquelles ils ne croyaient pas, et l'on s'est méfié de l'éloquence, comme si l'abus prouvait quelque chose contre l'usage. Le mauvais emploi qu'on peut faire d'une faculté ne prouve pas que cette faculté soit mauvaise, et l'éloquence sera toujours hautement appréciée, soit comme talent naturel, soit comme talent développé par l'étude et par la pratique. On a essayé de faire valoir contre le travail de la parole et contre la préparation soignée des discours religieux, ce mot de J. - Christ: Ne vous inquiétez pas de ce que vous aurez à dire, Marc 13, il., mais outre qu'il fait allusion à une circonstance toute particulière, il parle à des hommes en qui sera la plénitude du Saint-Esprit, et dans ces conditions on comprend qu'il soit fait abstraction de tout talent et de toute préparation. Cette puissance de la parole était sensible chez les prophètes, chez les apôtres, chez les évangélistes; on en est frappé chez Étienne et chez Paul; le maître surtout étonnait ses contemporains par l'autorité de ses discours, et toutes les fois qu'un homme parlera étant poussé par l'esprit de Dieu, on ne pensera pas à lui demander l'observation des règles de l'éloquence humaine. Mais là où cette impulsion fait défaut, en tout ou en partie, l'orateur fait bien d'y suppléer par l'étude, par le travail et par la méthode; en ce cas son plus grand art sera de se faire oublier lui-même et de fixer l'attention sur l'importance des choses qu'il annonce.

 

ELVIRE, l'anc. Illiberis, ou Helena, près de la Grenade actuelle. Un concile y fut tenu de 303 à 309, où assista l'év. Hosius de Cordoue. Les résolutions qui y furent prises caractérisent la tendance morale, mais déjà rude et exagérée de l'Égl. espagnole d'alors: le mariage défendu aux prêtres, interdiction du culte des images, cas nombreux d'excommunication, etc.

 

ELZEVIER, Elseverius, famille de libraires et imprimeurs hollandais, célèbres par la beauté el la netteté de leurs éditions, la plupart en petit format. Les plus connus sont les frères Bo-naventure el Abraham établis à Leyde 1618-1653; le dernier est Daniel, fils deBonaventure 1617, f 1680 qui se fixa à Amsterdam. Leurs éditions du N. T. 1624 et 1633, fruits des travaux de Robert Étienne et de Théod. de Bèze, furent acceptées sous le nom de Texte reçu el demeurèrent longtemps comme seul texte authentique.

 

ÉMERITE, titre d'honneur ou de déférénce, donné à un pasteur que son âge, ses infirmités, ou toute autre cause respectable amène à se démettre de ses fonctions, qu'il ne peut plus remplir. Dans ce cas sa démission n'est pas une disgr&ce; il conserve son titre et souvent une partie de ses honoraires. L'éméritat est une récompense pour des services rendus. Les cathol. ont aussi donné le nom d'éméritat à des maisons spécialement consacrées à de vieux prêtres, malades et hors de service; ils ont leur logement, presque touj. la nourriture; ou s'il n'y a pas d'établissement de ce genre, on leur assure une pension équivalente; c'est même le mode ordinaire dans les pays protestants. En France une Caisse de secours assure le sort des veuves et des orphelins; elle est alimentée par une retenue sur le très modeste traitement des pasteurs.

 

EMINENCE, titre d'honneur donné en 1630 par Urbain VIÏI aux cardinaux et aux électeurs ecclésiastiques; avec ce titre ils prennent rang immédiatement après les rois.

 

ÉMMANUEL, empereur; v. Manuel.

 

EMMERAM, év. de Poitiers, voulut se rendre comme missionnaire chez les Avares et en Pannonie, mais il fut retenu au passage par le pieux duc de Bavière, et il travailla dans ce pays à répandre l'Évangile et à affermir l'Église. Assassiné au bout de 3 ans, le 6 sept. 652, par Théodore Lambert, qui l'accusait à tort du déshonneur de sa sœur, il devint l'objet de la vénération des fidèles. Son couvent, à Ratis-bonne, avait pour abbé l'évêque lui-même 793. Mais à la suite de difficultés qui éclatèrent sous Wolfgang f 994, le pape affranchit le couvent de la juridiction épiscopale et donna à l'abbé la crosse et la mitre. Ce sont les princes de Thurn et Taxis qui le possèdent aujourd'hui.

 

EMMERICH, Anne-Catherine, fille de paysans pieux de Kœsfeld, Westphalie, née 1774, entra 1803 au couvent d'Agnatenberg, qui fut supprimé 1811. Pieuse, humble, sans prétentions, touj. maladive, elle devint stigmatisée après la suppression de son couvent, et l'on put voir sur son corps les plaies du Sauveur. La foule accourut; les médecins constatèrent le fait sans pouvoir l'expliquer et ne découvrirent aucune supercherie. A sa prière elle guérit en 1819; le vendredi seulement on continua de remarquer encore quelques rougeurs à la peau. C'est un des cas nombreux de ces phénomènes physiologiques inexpliqués pour les savants eux-mêmes.

 

EMPEYTAZ, Henri-Louis, né à Genève 1790, affilié aux moraves, se lia 1813 avec la baronne de Krudener qu'il accompagna 3 7* ans dans ses voyages d'évangélisation en Allemagne, en France et en Suisse; fut rayé du rôle des étudiants en théol. à cause de ses relations et de ses tendances religieuses; vit à Heidelberg et à Paris l'emp. Alexandre avec lequel il eut de sérieux entretiens, et, de retour à Genève, se joignit à l'égl. dissidente du Bourg-de-Four, dont il ne tarda pas à devenir pasteur, 1818. f 23 avril 1883. C'était une nature aimable, douce et dévouée, un caractère à la fois mystique et jovial. On lui doit: Notice sur Alexandre, Réflexions édif. sur le Cant. des Cantiques, et l'hymne: Grand Dieu, nous te bénissons.

 

EMS (Congrès d'). Les empiétements des papes et de leurs nonces sur l'autorité spirituelle des archev. ayant depuis longtemps soulevé des plaintes légitimes, et le pape n'en tenant aucun compte, malgré le danger qu'il courait de voir l'Égl. catholique d'Allemagne secouer définitivement le joug de Rome, les archev. de Mayen-ce, Trêves, Cologne et Salzbourg, à l'occasion d'un nouvel empiétement du nonce Zoglio sur le métropolitain de Munich, se réunirent aux bains d'Ems et formulèrent 25 août 1786 un plan de réformes en 23 chapitres, qui limitait les droits des nonces et opposait l'autorité archiépiscopale à celle du pape. Ce document, connu sous le nom de Punctation d'Ems, fut approuvé par l'empereur, mais les nonces Ca-orara, Pacca et Zoglio réussirent par leurs intrigues, d'abord à désintéresser l'emp. et à obtenir sa neutralité, puis à effrayer les év. en leur faisant croire que le plan d'Ems n'avait d'autre objet que de restreindre leurs droits en les subordonnant toujours plus k leurs archevêques. La cour de Bavière étant toute gagnée k Rome, Temp. étant mort, les archev. s'étant divisés, il fut facile à Pie VI de refuser sa sanction au plan d'Ems.

 

ENCENS, substance odoriférante produite par divers arbres, dont les plus appréciés viennent de l'Arabie et de la côte d'Afrique qui lui fait face. Outre l'arbre d'encens proprement dit, dont on compte trois variétés, on peut se servir pour les fumigations de la plupart des arbres & résine, tels que le genévrier; l'Égl. russe emploie aussi, surtout dans les campagnes, le Pi-nus laricio. Bien que l'encens fût consacré par la loi juive dans diverses cérémonies, l'Egl. chrétienne a longtemps répugné à l'introduire dans son culte, probablement parce que les païens otfraient de l'encens aux statues de leurs dieux et de leurs empereurs, et condamnaient les chrétiens à les imiter comme gage de leur abjuration. C'est au siècle seulement qu'on voit cette coutume s'introduire dans l'Égl. d'occident (conc. de Rouen 878). Pour le service de la messe l'encens est préalablement bénit lui-même; puis l'autel et le célébrant reçoivent avant l'introït les premiers coups d'encensoir; une seconde bénédiction, avant la lecture de l'Évangile, est pour le livre et le lecteur; une devant l'offertoire, pour l'autel et pour le sacrement; enfin une 4®*, et finale, pour les officiants et le public. Il y a aussi des fumigations aux processions, services funèbres, etc.

 

ENCONTRE, Daniel, né à Nîmes 1762, fils de Pierre Encontre, pasteur de Saint-Geniès, étudia d'abord dans des circonstances difficiles et montra surtout pour les mathématiques une grande aptitude. Il cultiva également avec ardeur et succès l'hébreu, le grec et le latin. Enfin vers 1781 il put venir étudier à Lausanne et à Genève, où il subit un moment l'influence de Voltaire. Il se fit aimer par son caractère et apprécier par ses talents. De retour en France il fut nommé proposant pour le bas Languedoc et le Vivarais, et lorsqu'il eut l'âge requis il fut consacré au Désert, on ne sait exactement ni où ni par qui. Mais il était plutôt fait pour l'enseignement que pour la prédication; son physique n'était pas favorable et sa voix était faible. Après un voyage à Paris, qui le mit en relation avec le monde scientifique, Montgol-fier, etc., il revint à Montpellier, fut nommé prof, de mathém. transcendantes et doyen delà faculté des sciences, membre de plus, sociétés savantes et composa toute une série de travaux et de mémoires sur les mathém., la botanique, la littérature latine, le système du monde, etc. Enfin en 1814 il fut appelé comme prof, à Montauban, après la mort de Gasc, et bien que tous ses intérêts fussent k Montpellier, il accepta et fut aussitôt nommé doyen. Son influence fut immense et bienfaisante. Malheureusement il était k bout de forces, et après 4 mois de maladie, il f 16 sept. 1818 k Montpellier où il s'était fait transporter mourant. Sa Lettre à M. Combes-Dounous reste un modèle d'apologétique chrétienne, 1811.

 

ENCRATITES, parti, secte ou tendance gnostique, distinguée par sa continence et sa sobriété. Leur théorie dualiste les portait k réduire autant que possible le rôle de la matière, et dans la Cène ils ne prenaient que de l'eau au lieu de vin, ce qui leur fit donner le nom d'hy-droparastates, ou aquariens. Parmi leurs chefs on compte Tatien, Cassien et Sévère. Ce nom se retrouve au 12»* siècle, appliqué aux bogomiles comme synonyme d'hérétiques.

 

ENCYCLIQUE, v. Syllabus.

 

ENCYCLOPÉDIE, branche d'étude qui a pour objet de classer et de résumer tout l'ensemble des sciences théol. au point de vue religieux, moral, critique, historique, spirituel et matériel. C'est le groupement des différentes branches de la théol., avec une introduction spéciale k chacune; c'est pour le commençant une initiation générale à tout ce qu'il devra faire et apprendre; pour l'initié, c'est la récapitulation méthodique de ses études. Suivant le but direct qu'on se propose l'encyclopédie aura un caractère plus ou moins scientifique, et revêtira la forme d'un manuel ou celle d'un dictionnaire. Les plus anciens travaux de ce genre se bornent à résumer l'ensemble des connaissances qui peuvent servir k l'exercice pratique du ministère. C'est Érasme qui a le premier, dans sa Ratio ou Methodus perveniendi ad veram theol., entrevu l'idée d'une classification systématique des différentes branches de la théol.; puis Mélanch-thon dans sa Brevis ratio 1541. A,-G. d'Ypres a réalisé cette idée dans son Theologus 1572. An 18me siècle il faut mentionner dans ce genre les travaux de Semler 1765, et de Herder 1785. Ils abondent dans notre siècle; Schleiermachor a tracé de main de maître les grands contours de cette étude; Berthold, Stiudlin et d'autres se sont occupés surtout à en rassembler les matériaux. Le livre de Hagenbach, k la fois scientifique et pratique, a eu les honneurs de 7 éditions de 1833 à 1864. Citons encore l'encyclop. de Rosenkranz, hégélienne; celle de Harless, luthérienne; celle de Lange, rationaliste, et les travaux catholiq. d'Oberthur, Drey, Stauden-maier, Buchner, etc. Les grands dictionn. de Herzog, en allemand, et de Lichtenberg, en français, ne sont pas des encyclopédies dans le sens propre du mot; Tordre alphabétique exclut Tordre logique; mais ils méritent ce nom parce qu'ils embrassent tous les sujets théol. et qu'ils les traitent d'une manière complète et approfondie; ils sont l'étoffe d'une encycl. systématique.

 

ENCYCLOPÉDISTES, nom collectif des savants auteurs et collaborateurs de l'Encyclopédie qui, dans la seconde moitié du dernier siècle, a eu un si grand retentissement par la manière libre et hardie avec laquelle ont été abordées les questions politiques et relig. les plus délicates, Paris 1751-1777. Diderot et d'Alembert en forent les principaux rédacteurs; ils furent aidés entre autres par Rousseau, Marmontel, Condorcet, Voltaire, etc. L'abbé Bergier était chargé des articles théologiques. Cet immense travail représente nettement dans sa tendance Tesprit du siècle où il a paru, et il a contribué à le fixer en lui donnant un corps; il a systématisé ce qui n'était qu'un instinct, et il a tiré toutes les conséquences de principes qui n'étaient encore que pressentis et qui ont fini par devenir des maximes et presque des axiomes. On a reproché à ce recueil d'être athée et matérialiste; la religion révélée et le christianisme y sont honorés et défendus dans de nombreux articles, mais en les lisant on a l'impression que ce n'est pas sérieux, qu'il n'y a là ni foi, ni conviction; le public ne s'y est pas trompé; l'usage conservait encore l'apparence des formes religieuses, mais en réalité il n'y avait plus ni religion, ni morale. A chaque page on pouvait entrevoir l'approche des temps nouveaux et le grand travail qui se faisait dans les esprits; l'Encycl. a préparé pour sa part la révolution française dans ce qu'elle a eu de grand et dans ce qu'elle a eu de faux. La tempête que souleva son apparition, et qui en suspendit même quelque temps la publication, fut causée bien moins par les vues irréligieuses qu'elle exprimait, que par son attitude dans les questions d'administration ecclésiastique et notamment par ses attaques contre les jésuites.

 

ÉNÈE i<> év. de Paris vers 870; défendit dans son livre contre les grecs ôt contre Photius la doctrine cathol. de la procession du Saint -Esprit. — 2* Énée Sylvius, v. Pie II.

 

ENERGUMÈNES, synon. de possédés dans l'ancienne Égl., qui avait contre eux une discipline particulière et les plaçait sous la surveillance des exorcistes.

 

ENFANTIN (Le père), Barthélemy-Prosper, né à Paris 6 févr. 1796, directeur en 1825 de la caisse hypothécaire, s'attacha aux doctrines de Saint-Simon et devint un des prêtres de l'école. Il alla plus loin que son maître, prêcha la communauté des femmes, se déclara le Père suprême et compromit par ses exagérations, non moins que par l'immorale pratique de son système, l'avenir de la société qu'avait rêvée Saint-Simon; il se fit mettre en prison. La secte fut interdite en 1833. Il alla prêcher ses théories en Égypte, où il passa 2 ans, mais sans succès. De retour en 1839, et un peu calmé, il devint maître de poste près Lyon, et en 1845 directeur d'un chemin de fer.

 

ENFANTS. Le baptême des enfants n'est pas mentionné dans le N. T.; cependant il paraît s'être introduit assez vite dans l'Égl., probablement dans Tesprit et sous l'influence de passages tels que 1 Cor. 7, 14. A mesure que la tradition s'est affermie dans ce sens, la législation ecclés. s'est complétée en édictant des mesures pour les cas spéciaux; ainsi il est défendu de baptiser un enfant mort-né; Luther comme Augustin s'en tient au canon disant que « pour être né de nouveau, il faut d'abord être né. » Les conc. de Cologne et de Bamberg autorisent cependant, s'il y a danger de mort, à baptiser la tête ou le membre qui sort avant la naissance complète. Les enfants trouvés, et ceux dont on ignore s'ils ont été baptisés, doivent aussi, dans l'incertitude, être baptisés sous condition. — Quant à la communion, on a des preuves que déjà au 3™« siècle on avait coutume de la donner aux petits enfants, et cela dura jusqu'au 9m« siècle avec l'autorisation de plusieurs conciles. Augustin justifie cet usage par Jean 6, 53. et par les rapports de la Cène avec le baptême. Paschase Radbert le premier souleva des objections, et peu à peu, à mesure que Ton comprit mieux le sens de ce sacrement, surtout quand on le rattacha à la confession, TÉgl. renonça à faire communier les enfants, et le conc. de Trente en condamna la pratique. L'Égl. orientale Ta conservée jusqu'à ce jour. Le roi Canut 1032 avait décidé qu'on ne donnerait la communion aux enfants que lorsqu'ils sauraient par cœur le Pater et le Credo. L'Égl. romaine a fixé à 12 ou 13 ans, parfois moins, l'âge de la Ire communion. Dans la plupart des Égl. protestantes cet âge est de 15 ou 16 ans.

 

ENGELBRECHT, ouvrier drapier de Brunswick, né 1590; longtemps souffrant de corps ^t d'esprit, il crut 1627 avoir des révélations, prêcha contre les désordres du clergé, vit «es assemblées interdites, ce qui lui attira touj. plus d'auditeurs, et fut emprisonné à Hambourg, f 1644. Sa Vie et ses révélations ont ité impr. en hollandais 1697.

 

ENGELHARDT, Jean-Georges-Veit, prof, de théol. et prédicateur de l'université d'Erlangen; né 12 nov. 1791, f 1855; distingué surtout par ses travaux d'histoire ecclésiastique; il a étudié à fond le mysticisme.

 

ENNODIUS, Magnus-Félix, né 473 à Arles ou Milan, de parents pauvres; enrichi par son mariage il se voua à la théol. et accompagna comme diacre l'év. Épiphane de Paris dans un voyage missionnaire en Bourgogne. Nommé év. de Pavie 510, il fit à la demande du pape 2 fois le voyage de Constantinople, pour travailler à l'union des Églises, mais sans succès, f 521. Écrivain fécond, ses Œuvres donnent une idée juste de Phist. de son temps et servent à faire connaître quelques tribus germaniques. Il est le premier qui ait donné à Pév. de Rome le titre de pape.

 

ENTHOUSIASME, état d'âme dans lequel le sentiment et l'imagination s'emparent tellement de la personnalité qu'elle en perd plus ou moins la conscience d'elle-même, et que les autres facultés, logique ou raison, en sont parfois paralysées. C'est tantôt un engouement excessif et non motivé pour une chose ou pour une personne; tantôt un état physique désordonné, comme celui des sybilles, qui écumaient et poussaient des cris; tantôt une admiration vive et passionnée, causée par la vue ou le récit de grandes choses; tantôt le transport intérieur d'un poète ou d'un artiste qui, préoccupé du seul sujet qui l'intéresse, ne voit rien au delà; le monde extérieur n'existe plus pour lui. Le mot se prend en général en bonne part; il suppose une force et des capacités morales élevées. Rien ne se fait sans un peu d'enthousiasme, a dit Voltaire; dans le domaine religieux, comme ailleurs, il se manifeste par une sorte de rupture avec les choses visibles, et s'il a le privilège d'élever l'âme au-dessus de la terre et de la matière, il présente le danger de l'introduire dans le domaine de la fantaisie et de la livrer sans défense à toutes les illusions et à toutes les séductions. Il y a les vrais et les faux prophètes, les hommes inspirés et les rêveurs, fanatiques ou mystiques. La tendance actuelle de l'humanité n'est pas vers l'excès d'enthousiasme, moins encore pour les choses religieuses que pour les autres, et si l'on doit craindre les exagérations du spiritualisme, celles du matérialisme ne sont pas moins à redouter. On affecte de citer des cas isolés de folie religieuse; il faut les comparer à ceux que produisent la boisson, la débauche, le jeu, la fièvre du gain, l'agiotage, des ruines ou des fortunes subites.

 

ÉON, ou Eude de Stella, gentilhomme breton qui, s'appliquant à lui-même les mots « Celui qui doit venir pour juger le monde, • se mit à prêcher avec violence contre l'Église et contre la hiérarchie, donnant le baptême du Saint-Esprit par l'imposition des mains, niant la résurrection et le sacrement du mariage. Il avait quelques idées cathares. Il fut combattu par le légat Albèric d'Ostie 1145, par les écrits de Hugo de Reims, et plus efficacement par des troupes et par des échafauds. Lui-même fut simplement enfermé comme fou 1148.

EONS, êtres émanant de la divinité, du Dieu éternel et souverain, destinés à servir d'intermédiaires, d'après les systèmes gnostiques, soit entre le vrai Dieu et le Jéhovah des Juifs, soit entre le Père et le Fils, soit entre le Christ et les hommes. C'étaient des incarnations symboliques, non éternelles, mais fort anciennes (àe là leur nom, qui signifie âge), qui réalisaient certaines abstractions, la Sagesse, la Force, la Foi, etc. Il y en avait suivant les uns jusqu 365, selon d'autres beaucoup moins. V. Gnostiques.

 

ÉPAONE, non loin devienne (Dauphiné),connue par un conc. tenu sous Sigisinond de Bourgogne 517 et présidé par Avitus; Iena en Savoie, d'après Guizot; peut-être Yenne, près Belley. Il y fut décidé qu'un homme ne pouvait pas être nommé diacre, s'il était marié en secondes noces; qu'un homme ne pouvait épouser la sœur de sa défunte femme; qu'un ecclésiastique ne pouvait pas aller à la chasse avec faucons et chiens; qu'il ne fallait se montrer inexorable envers aucune espèce de pécheurs, etc. De ces 40 canons, 13 furent reproduits par le synode d'Agde 506 et ont ainsi obtenu force de loi.

 

ÉPARCHIES; les grecs désignaient sous ce nom les provinces qui étaient la subdivision d'un diocèse, et comme l'organisation ecclésiastique se rattachait à l'organisation civile, les présidents ou chefs d'une éparchie étaient, en qualité de métropolitains, placés entre les év. des localités et les patr. du diocèse. Auj. chez les grecs la distinction n'existe presque plus, et le mot d'éparchie sert à désigner le diocèse.

 

ÉPHÈSE. Il s'y est tenu deux conciles. !<>En 431, par convocation de Théodose II el de Valentinien III, 3m« concile écuménique, pour régler la question de Nestorius, qui divisait l'Église. Cyrille d'Alex, s'y rendit avec une foule de créatures; Nestorius avec une garde qu'il avait demandée. Avant que Jean d'Antio-che et beaucoup d'autres partisans de Nestorius, retenus par les pluies, fussent arrivés, Cyrille et Memnon, métropolitain de la ville, refusant de les attendre, ouvrirent le concile le 22 juin avec 200 év., et Nestorius fut condamné; l'unité hypostatique des deux natures en Christ fut proclamée. Jean, de son côté, arrivé peu après, tint un contre-concile qui annula les décrets du précédent. La division entre les antiochiens et les alexandrins dura plusieurs années; les premiers finirent par se soumettre à la conférence de 433. — 2<> Conc. de 449. convoqué par Théodose II. On n'y admit que des monophysites ou eutychéens. Fla-vien de Constantinople et ses amis y durent comparaître comme accusés. Dioscure d'Alex, présidait, assisté d'un commissaire impérial et d'une soldatesque brutale. Des moines criaient: Coupez Eusèbe en deux, comme il veut partager en deux Jésus-Christ. Des violences furent exercées. Eutycbe fut rétabli dans ses dignités; Eusébe de Dorylée ne fut pas même écouté; une lettre de Léon de Rome ne fut pas lue; Flavien, Eusèbe, Théodoret et Domnus d'Antioche furent destitués. En vain le diacre Hi-laire protesta; en vain Flavien en appela; Dioscure fit venir des soldats, Hilaire dut s'enfuir et Flavien fut tellement maltraité qu'il en mourut. Théodoret relégué dans un couvent manqua souvent du nécessaire. Enfin la mort de Théodose 436, mit fin à ces soi-disant discussions d'un concile qui a mérité le nom de conc. de brigands (conc. latrocinium), et l'avènement de Pulchérie, femme de Marcien, permit la convocation d'un concile plus libre et plus sérieux, qui mit à néant les résol. de celui d'Éphèse.

 

ÉPHREM le Syrien, le plus grand des pères et des théol. de son pays. Né probablement avant 300, de parents païens selon les uns, chrétiens et martyrs suivant d'autres, à Nisibis en Mésopotamie, il fut élevé par l'évêque de cette ville, qui après l'avoir instruit et baptisé, l'employa comme maître dans son école et s'en fit accompagner, à ce qu'on croit, au conc. de Nicée. Son instruction le fit bientôt avantageusement connaître. Nisibis étant tombée entre les mains des Perses, il se retira dans un désert, puis dans le voisinage d'Édesse, où il prêcha avec succès et fut bientôt entouré d'un grand nombre de disciples, sans qu'on puisse dire qu'il fonda une école proprement dite. Quelques - uns ajoutent qu'il visita les solitaires d'Égypte et Basile de Césarée. f 375 ou 379. Il a écrit des Comment., des poésies sacrées, des discours, et plusieurs traités de controverse contre Bardesane, Marcien, Manès. Ses ouvrages, écrits en syriaque ne nous sont parvenus en grande partie que dans la traduction grecque. Il ne reste de lui que 90 discours, qui sont des sermons plutôt que des homélies, sur l'ascétisme, les devoirs des riches en temps de disette, le dévouement, etc. Ses écrits ont été frad. et publ. en français, Paris 1840. Le mss. du N. T. connu sous le nom de Codex Ephrem est ainsi nommé parce que, vers le H1™ siècle, des copistes ignorants détruisirent autant qu'ils le purent le texte sacré pour le remplacer par un écrit d'Éphrem; heureusement ils n'ont réussi qu'à moitié à détruire le premier texte.

 

ÉPIPHANE lo docteur de l'Égl. grecque, ne entre 310 et 320 à Besand, près d'Éleuthéropo-lis, Palestine; fut élevé par des moines d'Égypte, devint lui-même moine à 20 ans, fonda de retour dans sa patrie un couvent dont il fut longtemps l'abbé, et fut appelé 367 à l'évêché dt> Constantia, ou Salamine, Chypre, f 403. Pieux, mais peu logique, il se laissa influencer par le moine Hilarion. Son zèle, qui ne fut pas touj. éclairé, se manifesta surtout dans l'organisation du monachisme et dans la guerre à l'hérésie. Il combattit l'anthropomorphisme, I'arianisme, l'origénisme, et ne constata pas moins de 80 hérésies. Il fit exprès le voyage de Bethléem pour mettre les moines en garde contre les erreurs de l'év. Jean de Jérusalem; il ordonna prêtre un frère de saint Jérôme, ce qui divisa ces deux hommes. Enfin il mourut à son retour d'un voyage inutile qu'il avait fait à Constantinople pour essayer de décider Chrysostome à condamner Origène. Son principal ouvrage est le Panarion, énumération et réfutation de toutes les hérésies, y compris la philos, païenne, source précieuse pour l'étude de l'hist. et de la théol. des temps anciens. Il a écrit aussi un Traité des poids et mesures des juifs, et un volume intitulé l'Ancre, destiné à fortifier la foi des faibles. Il laisse à désirer comme style, mais il écrit avec vigueur et conviction. Œuvres publ. par le p. Pètau, Paris 1622. Vie par Gervais, Paris 1738. — 2o Év. de Pavie, né 439 d'une famille distinguée, diacre à 18 ans, év. à 27, jouissait d'une telle influence qu'il put intervenir, à cette époque troublée de la décadence romaine, tantôt pour réconcilier des princes, comme Euric et Nepos, tantôt pour obtenir une protection contre l'invasion de son diocèse, sous Odoacre et Théodoric; tantôt pour obtenir de Gondebaud qu'il relâchât les Liguriens prisonniers. f 497. — 3<> Épiphane le scholastique, vivait en Italie vers 510. Il traduisit en latin les œuvres de Socrate, Sozomène et Théodoret, à la demande de Cassiodore qui les retravailla, les condensa et les publia sous le titre de Histo-ria tripartita. On lui attribue aussi un Recueil de lettres synodales à Léon I«r, quelques comment. et la trad. latine des Antiquités juives de Josèphe.

 

ÉPISCOPAT, v. Hiérarchie.

 

EPISCOPIUS, proprement Simon Bischop (ou évêque), théol. remontrant, né 1583 à Rotterdam, étudia depuis 1600 à Leyde sous Armi-nius et Gomar. en 1609 à Franeker, fut nommé pasteur à Bleyswich 1610, fut appelé comme prof, en 1612 en remplacement de Gomar, défendit au synode de Dordrecht la doctrine arminienne, fut obligé de résigner ses fonctions, se retira en Belgique d'abord, puis en Francr où Grotius l'accueillit parfaitement 1621. Eu 1626 il put rentrer en Hollande, fut nommé en 1634 prof, de théol. au collège arminien d'Amsterdam, et f 1643. Ses œuvres forment 2 vol. f», Amsterd. 1680; elles se composent de comment., de traités dogmatiques et de controverse.

 

ÉRASME 1<> plus connu, en Italie surtout, sous le nom de saint Ëlme, un des 14 principaux anges de secours. On se recommande à lui pour les coliques, et pour les épidémies du bétail. D'après les bollandistes il aurait été év. d'Antioche sous Dioclétien, aurait beaucoup souffert et serait mort à Formies en Campanie. Ses os sont à Ga'éte et ailleurs.

2» Didier, ou Désiré, 1e célèbre écrivain du 15®« siècle, était enfant naturel. Né à Rotterdam 28 oct. 1467, il fut d'abord enfant de chœur, entra au couvent d'Emmafls 1486, reçut les ordres en 1492, mais se sentant peu de goût pour la carrière ecclésiastique, il vint finir ses études au collège Montaigu à Paris, visita l'Angleterre et l'Italie, revint à Londres où Henri VIII lui fit un brillant accueil et où il se lia avec Thomas Morns; il enseigna successivement le grec à Oxford et à Cambridge, en même temps qu'il était nommé pasteur à Aldington. Il fut précepteur d'un fils naturel de Jacques IV d'Écosse, avec lequel il visita l'Italie. Nommé docteur en théol. à Bologne 1806, il se rendit pins tard à Rome où Léon X, qui aimait les beaux esprits, essaya de le retenir. François I lui offrit aussi la direction du collège de France; Charles-Quint lui donna le titre de conseiller et une pension. Mais tous ces honneurs ne purent prévaloir contre ses goûts de savant et d'humaniste, et en 1521 il se fixa définitivement à Bâte, auprès de son ami l'imprimeur Froben, pour y surveiller l'impr. ou la réimpression de ses ou vrages. Vers 1529 il passa quelques années à Fribourg en Brisgati, mécontent qu'il était du mouvement réformateur, mais il revint à Bâle où il f 1536. Paul III avait failli le nommer cardinal. Les rapports d'Érasme avec les réformateurs furent assez nombreux et assez intimes pour qne quelques-uns aient cru qu'il appartenait aussi à ce mouvement. Cependant il ne se décida jamais; ses aspirations étaient religieuses, sa piété personnelle était appréciée, ses instincts le poussaient vers une réforme, il fit même 'des ouvertures dans ce sens à Léon X; mais il ne put jamais se décider. Son tempérament l'éloignait de toute mesure énergique; il craignait que la réforme ne se fit au détriment des belles-lettres; ses luttes personnelles avec Hutten, puis avec Luther, l'éloignèrent davantage encore. Il aurait voulu prendre une position intermédiaire et ne réussit qu'à se rendre suspedt à tous. Mais, malgré lui, il a rendu de grands services à la cause de la réforme, d'abord par ses éditions grecques du N. T., Bâle 1516, 19, 22, 27 et 35, qui servirent de base au travail de Luther; puis par ses paraphrases du N. T. et par de nombreux discours, dissert, et traités fort estimés. Il publia aussi un essai d'Encyclopédie et une Homilétique. Enfin il édita les œuvres de plusieurs pères de l'Église, quelques-uns avec une traduction latine fort élégante. Nommons encore ses Colloques, ses Adages, ses Apophthegmes, l'Éloge de la Folie et de nombreux ouvr. qui n'appartiennent pas à la théologie. Œuvres, Bâle, 9 vol. f° 1540. Vie, par Burigny, Paris 1757.

 

ÉRASTE, Thomas; de son vrai nom Liebler, né 1524 à Baden, Suisse, ou près de Baden wei-ler, étudia la théol. à Bâle, puis la philos, et la médecine à Bologne, fut nommé prof, de médecine à Heidelberg 1558, médecin d'Othon Henri, membre du Conseil ecclés. du grand-duché sous Frédéric in. Il défendit la théorie de Zwingle sur la Cène, se rendit suspect d'arianisme, fut excommunié à cause de ses rapports avec les unitaires et dut quitter Heidelberg 1580. Il fut appelé à Bâle comme prof, de morale et y f 1583. Irrité de la « tyrannie ► des presbytériens, il écrivit contre eux un volume: Explicatio, etc., qui ne parut qu'après sa mort et qui, réfuté par Bèze, obtint en Angleterre un grand succès et de nombreux adhérents. Dans ce livre il établit la doctrine que l'Égl. doit être subordonnée à l'État, notamment en ce qui regarde le droit d'excommunication; c'est ce qu'on appelle Éraétianime.

 

ÉRASTIANISME, v. Eraste.

 

ÈRE, date fixe à partir de laquelle on compte l»»s années. La première connue dans la Bible est celle des Séleucides; on la trouve dans les Maccabées; elle commence avec le mois de Tisri (septembre) 312 av. C.; les différences que l'on remarque entre les chronologies de ces deux livres s'expliquent peut-être par l'hypothèse que le 1er des Machabées fait commencer l'année, comme les Romains, par le mois de janvier, ou thébet. Avant cela les Juifs n'ont aucune date précise; dans le Pentateuque tonte leur chronol. est basée sur les listes généalogiques. Plus tard ils comptent depuis la sortie d'Égypte; plus tard encore, depuis l'exil; quelquefois d'après les années de leurs rois, ou celles de letars oppresseurs. Cependant déjà chez Josèphe on voit des calculs faits d'après l'ère do monde, et plusieurs historiens ecclés. ont adopté ce mode de compter, même postérieurement à la Réformation. Mais il a fallu y renoncer depuis qà'On s'est aperçu des différences qu'il y avait suivant les textes dont on se servait. L'ère du moine Pandore, qui a servi longtemps pour la fixation de la Pâque, place la naissance de Christ l'an 5493 du monde; celle d'Anien. dont se servent encore les chrétiens abyssins, l'an 5501; celle de Byzance, dont se sont servis les ernp. de Constantinople, et les Russes jusqu'à Pierre-le-Grand, l'an 5509, en commençant l'année avec le 1er sept. L'ère dioclétienne, ou des martyrs, imaginée à Alexandrie à l'usage des chrétiens d'Égypte et d'Éthiopie, datait de 284 ou de 276. On a fini par y renoncer aussi, et c'est auj. l'ère dionysienne qui prévaut généralement; v. Denys. Quant aux musulmans, leur ère date de l'hégire, ou de la fuite de Mahomet, 622.

 

ERFURT, vieille ville des États prussiens. A l'époque de Charlemagne elle était déjà considérable par son commerce. Elle joignait l'Italie à la Baltique et entra dans la ligue hanséatique. Sa population a varié entre 20,000 et 60,000 hab.; 58,000 lors de la Réforme. Université célèbre, datant de 1392; plus de mille étudiants. Principaux monuments: la cathédr., l'égl. de Saint-Sévère, avec ses 3 flèches, cinq grandes places, forteresse, jardins, ponts sur la Géra. Erfurt est surtout connue par l'hist. de Luther; il y arriva en 1501, vit une première fois la Bible dans la biblioth. de l'univ. 1503, une seconde fois au couvent des augustins 1505. C'est entre Erfurt et Stotterheim que la foudre, étant tombée près de lui, il se décida à se faire moine. Le couvent des aug. où il passa 3 ans, 1505 à 1508 a été transformé en un orphelinat qui a pris de lui son nom de Martinstift, fondation Martin, et dont une partie a été détruite il y a quelques années par un incendie. C'est là qu'il rencontra Staupitz, et qu'il fut ordonné prêtre. 11 y prêcha en passant, quand il se rendit à Worms 1521, et en 1525 toute la ville avait passé à la Réforme. Le travail religieux avait été préparé par les travaux des humanistes, et déjà l'univ. avait empêché la publication de la bulle d'excommunication du Dr Eck en 1520. Luther s'y rendit encore pour réprimer les excès des MUnzer et des Carlstadt, qui menaçaient son œuvre. L'univ. a été supprimée en 1816.

 

ERHARD, Thomas Aquinas, év. de Ratis-bonne au 7®e ou 8m« siècle, fondateur du couvent de Niedermunster, et peut-être frère de l'év. Hildulf de Trêves.

 

ÉRIGÈNE, v. Scot.

 

ÉRIMBERT, choisi par Anschar pour l'accompagner dans sa 2me mission en Suède, 852, fut nommé évéque de Birka, et après quelques années d'un rude travail, revint dans son pays pour s'y reposer dans un couvent. Il fut remplacé par Ansfrid.

 

ERMITE, mot dérivé du grec êrèmos, désert, désigne ceux des religieux qui, fuyant le monde pour vivre dans 1a prière et le recueillement, préféraient la vie solitaire à la vie en commun du souvent, v. Anachorètes. Ils réglaient leur vie comme ils l'entendaient, avec phw ou moin» d'ascétisme, et faisaient ce qu'ils voulaient, sans vœux ni obligations d'aucune sorte. C'étaient de simples solitaires, perdus dans les bois, dans les déserts ou dans les cavernes des montagnes, et qui ne s'interdisaient pas de rentrer dans le monde en certaines circonstances, ni de s'associer à d'autres ermites pour certains travaux, tels que l'aménagement de leur cellule, ou ermitage. Quelques-uns même, tels que les ermites-augustins, finirent par former de véritables confréries, qui n'avaient plus d'ermites que le nom et certaines habitudes.

 

ERNESTI, Jean-Auguste, né 4 août 1707 à Tennstadt, Thuringe, fils d'un pasteur, étudia à Wittenberg et à Leipzig, où il fut nommé 1734 recteur de l'école de Saint-Thomas, 1742 prof, de littérature ancienne, 1756 prof, d'éloquence sacrée, en 1758 docteur, prof, de théol. et prédicateur de la cathédrale à Meissen. f 1781. Distingué comme philologue, il a publié de nombreuses éditions de classiques grecs et latins, Homère, Callimaque, Polybe, Cicéron, Tacite, Suétone, etc. Il a établi, mais en l'exagérant, le principe vrai en exégèse, qu'il faut appliquer à la Bible, pour la détermination du sens des mots, les mêmes règles qu'à tous les autres livres, et il est devenu ainsi le père de la vraie méthode grammaticale historique. Dans ses Profusion** de theol. hist. etdogm. il a posé les bases d'une hist. de la dogmatique. Ses autres ouvrages, Explicat. du N. T., Initia doctrinœ soli-dioris, opuscules, etc., ont également de la valeur. Il a oublié seulement que lorsqu'une nouv. religion est introduite, les mots dont elle doit se servir doivent avoir un nouveau sens; ainsi Logos dans Saint-Jean.

 

ERNESTINE (Bible), édition très estimée d'une Bible avec notes et gravures, faite sous les auspices du duc Ernest 1 de Saxe par 29 théologiens de la Thuringe. Commencée en 1636, elle fut achevée en 1640; on l'appelle aussi Bible de Weimar, Gotha, Iéna et Nuremberg.

 

ERPENIUS, Thomas d'Erpe, savant orientaliste hollandais, né 1584 à Gorcum, étudia sous Scaliger à Leyde, se forma par de nombreux voyages, fut nommé prof, de langues orientales à Leyde 1613, d'hébreu 1619; f 1624. On lui doit une Gramm. arabe, une éd. des Fables de Lochmann, la publication d'un Pentateuque arabe, une éd. arabe-latine, posthume, de l'Hist. des Sarasins, d'Elmazrin.

 

ERTHAL, François-Louis (d'), un des plus nobles représentants des tendances libérales de son Égl. au 18®* siècle. Il s'occupa avec soin des écoles et du développement intellectuel et moral de son peuple, maintint avec fermeté les stipulations de laPunctytion d'Ems et se moptra large dans ses rapports avec le$ protestants. Né 16 sept. 1730, chanoine de Wtlrzbourg 1762, prince-év. de WUrzbourg et Bamberg 1779. f 14 février 1795.

 

ESCHATOLOGIE. On appelle ainsi cette partie de la dogmatique qui traite des dernières choses, des dernières dispensations de Dieu, des derniers temps. Cette étude comprend ainsi des sujets très variés, lemillenium, la fin du monde, le jugement, les nouveaux cieux et la nouvelle terre, l'état des âmes après la mort, etc. Quelques-uns y joignent même la doctrine de l'Église, comme une institution qui n'existait pas du temps de Jésus et qui, pour lui, appartenait à l'avenir; cependant il est plus naturel de rattacher l'Égl. à l'œuvre de son fondateur, et de réserver la rubrique d'eschatologie aux questions complexes qui traitent des destinées futures de notre race et de l'état des âmes dans l'économie à venir. L'Évangile annoncé à toute la terre, le peuple d'Israël converti, une apostasie dans l'Egl. sous l'influence de faux docteurs, des bouleversements extraordinaires dans le monde, précéderont la dernière crise; puis viendra la fin, c.-à-d. l'avènement du Seigneur et la destruction des choses visibles. L'étude de ces questions est difficile, parce que la Bible est sobre de détails; l'imagination se donne trop volontiers libre carrière.

 

ESCLAVAGE. L'Égl. chrétienne à son apparition trouva l'esclavage existant dans le monde romain et sanctionné par quelques prescriptions de la loi juive. Sa tâche était de le faire disparaître, et elle n'y faillit pas. Mais le christianisme est une influence, un principe de libre développement moral; il est un esprit des lois, bien plus qu'une loi, et il ne condamne pas directement l'esclavage; il semble même le reconnaître, 1 Cor. 7, 21 et Ep. à Philémon. Mais en disant aux hommes: Vous êtes tous frères, elle posait, sinon un principe scientifique sur l'unité de la race, au moins le principe moral de l'égalité; et les conséquences devaient s'en faire sentir, non subitement, mais à la longue et par degrés. Le maître païen se convertissant et trouvant son esclave parmi les membres de l'Église, ne pouvait plus le considérer comme une chose; et si l'esclave remplissait une charge dans l'Église, lecteur, chantre, catéchiste, pasteur même, il ne pouvait plus le regarder comme son inférieur. Il se fit donc un travail dans les esprits d'abord, puis dans les mœurs, avant que l'Egl. en vint à se poser nettement la question de la légitimité de l'esclavage. De vieilles traditions, de vieilles habitudes ne se déracinent pas aisément. Il y eut d'abord un adoucissement dans les rapports des maîtres avec les esclaves, quelque chose de plus humain dans leurs relations, des exigences moins grandes, des peines moins dures, plus d'égards personnels; puis une limitation dans le nombre des esclaves. Le maître ne pouvait en posséder que deux; il devait apprendre un métier aux autres et les affranchir. Puis défense de vendre un esclave, chrétien ou non, à un maître juif ou païen, qui l'empêcherait de se convertir. Chrysostome, Ambroiser Augustin parlent dans ce sens. Des év. et des papes ont encore des esclaves, mais on considère déjà comme une bonne œuvre l'acte de leur rendre la liberté. L'emp. Constantin proclame l'égalité des esclaves et des hommes libres devant la loi. A partir du 6*« siècle plusieurs couvents, surtout parmi les grecs, s'imposent comme règle de ne plus avoir d'esclaves; les conc. de Mâcon, de Rome et de Meaux, 581, 743 et 845. s'occupent de la question dans un sens favorable, et l'on regarde comme une œuvre pie le rachat de ces malheureux; Ambroise, Grégoire I, Agobard de Lyon, Raymond Non Natus de Catalogne s'y appliquent avec zèle. L'ordre des trinitaires et celui de la Merci furent fondés dans ce but exprès. L'Angleterre se distingua dans cette paisible croisade; d'abord l'év. Wulstan de Worcester, f 1096; puis le synode de Londres, sous la présidence d'Anselme de Cantorbéry 1102, enfin le synode d'Armagh 1171, empêchèrent les ventes humaines et finirent par obtenir l'entière suppression de l'esclavage. En plusieurs pays, France, Suède, Bohême, il fut momentanément remplacé par le servage. Mais pendant qu'il diminuait dans les pays chrétiens, l'islamisme le rétablissait sur une grande échelle et sous les formes les plus odieuses; c'était le bénéfice le plus net de la piraterie et chaque année des milliers de chrétiens étaient emmenés captifs et vendus dans les États barbaresques. La France et l'Angleterre formèrent en 1270 une sainte alliance pour y mettre un terme; Philippe-le-Hardi, de Bourgogne, fit une descente à Tunis, mais le mal continua d'aller en empirant jusqu'à ce que, au commencement de ce siècle, une chasse régulière fut organisée contre les pirates par l'Angleterre, les États-Unis et l'Espagne. La conquête d'Alger par la France, 1830, porta le dernier coup au brigandage des mers. Quant à la traite des nègres, imaginée à si bonne intention par Las Cases, elle a atteint et même dépassé toutes les limites de l'horreur, et la chrétienté tout entière s'est émue des récits et des descriptions qu'en ont faits les écrivains, philanthropes ou simples littérateurs. Ce sont les quakers qui ont les premiers élevé la voix, Burlin, Lay, Bénézet. En 1772 Granville Sharp fit voter par le parlement la loi: Tout esclave qui touche le sol anglais est libre. Wellesley, Wilberforce, Clarkson posèrent enfin la question dans ses vrais termes: Pitt et Fox s'y intéressèrent, et après de longs débats, souvent entravés par les sophismes et le mauvais vouloir des propriétaires d'esclaves, Buxton obtint enfin en 1833 du parlement anglais le décret d'émancipation, avec une indemnité de 20 millions de livres sterling pour les colonies. En France l'émancipation fut décrétée par le gouvernement provisoire de 1848. Les États-Unis n'y sont arrivés que par la guerre de sécession, 31 janv. 1864; le Brésil en oct. 1871, l'Espagne en 1873. Les craintes qu'on avait manifestées d'une émancipation trop subite, ne se sont pas réalisées, et s'il y a eu des désordres, ils n'ont été que locaux, personnels et momentanés. Cependant la traite n'est pas encore abolie, et aussi longtemps qu'il y aura des États à esclaves, comme dans les Antilles et dans l'Amérique centrale, il y aura des chasseurs de nègres et des vaisseaux négriers. Li-vingstone a dénoncé les crimes qui se commettent au coeur de l'Afrique sur une vaste échelle, avec la complicité du sultan de Zanzibar, et ses appels, comme ceux de Stanley, porteront le dernier coup, il faut l'espérer, à ce commerce contre nature, où les vendeurs sont musulmans, les vendus païens, et les acheteurs chrétiens de nom. — V. Pressensé, Hist. des prem. siècles, t. VI; Gasparin, Esclavage et traite; Vies de Buxton, Wiiberforce, Livingstone, Clarkson; de Félice, Ozanam, Schœlcher, etc.

 

ESCOBAR y Mendoza, Antoine, né 1589 à Valladolid, f * juill. 1669; de l'ordre des jésuites, prédicateur distingué. Il a le triste honneur d'avoir donné son nom aux vérités équivoques et aux détours de langage, dits escobarderies. On a de lui près de 40 volumes fo, un poème sur Loyola, une théol. morale et surtout un traité des cas de conscience, Summula casuum con$c.9 qui a fait sa réputation. On a dit qu'il valait mieux que son système; ce n'est pas difficile. Sa théorie c'est le probabilisme; la diversité des opinions lui apparaît comme une grâce particulière de Dieu, qui a voulu ainsi rendre plus léger le joug de Jésus-Christ. Pascal l'a flétri et rendu ridicule dans ses Provinciales.

 

ESCURIAL, ville d'Espagne, à 35 kil. N. de Madrid, connue surtout par le célèbre couvent bâti par Philippe U en souvenir de la bataille de saint Quentin et en exécution d'un vœu fait à Saint-Laurent, qui était le saint du jour, iO août 1557. L'édifice a la forme d'un gril, et le gril y est sculpté partout en souvenir du martyre de ce saint. On trouve dans l'Escurial 17 couvents, des jardins, un parc immense, une galerie de tableaux, et une magnifique bibliothèque, fondée et enrichie par les soins de Gonflés Pérez, de Mendoza et de l'archev. Anto-nino-Augustin; elle est riche en mss., surtout arabes; le plus remarquable est le Codex aureus. La cour d'Espagne y a sa résidence d'automne, et les caveaux funéraires de ses rois.

 

ESNIK, Eznik, ou Esnag, év. de Bagrewand, célèbre théol. arménien du 5me siècle, a traduit un grand nombre de pères grecs et collaboré à une traduction de la Bible, Son principal ouvrage est la Réfutation des hérésies en 4 livres (les païens, les Parses, les philos, grecs et les marcionites), qui est devenu classique dans son Église, et qui a été plusieurs fois réimprimé.

 

ESPAGNE. On n'a aucune donnée précise sur le moment de l'introduction du christianisme en Espagne. Le projet de l'ap. Paul, de visiter ce pays, Rom. 15, 28. est la seule indication que l'on trouve soit dans la Bible, soit dans l'histoire, et elle est bien vague. Une ancienne tradition porte que Jacques, fr. de Jean, souffrit le martyre à Compostelle, et que d'autres disciples furent envoyés en Espagne par Pierre et Paul. C'est en Andalousie qu'on rencontre les premiers chrétiens; l'Évangile leur était sans doute venu de Rome. Au 4** siècle l'Égl. parait être solidement établie, et compte 4 évéchés; le Portugal, un. Le plus ancien synode connu est celui d'Illiberris, 305. Les priscilliens troublèrent pendant près de 2 siècles la paix et la foi de l'Église. La reconnaissance de Rome comme siège principal du christianisme en occident fut précipitée, toute réserve faite des droits des év. et des métropolitains, par les invasions des Alains et des Vandales, et surtout par celle des Visigoths ariens. Cependant l'Égl. d'Espagne maintint son caractère national, et avec d'autant plus d'énergie que Tolède venait de remplacer la Nouvelle-Carthage comme siège métropolitain. Le choix des év., longtemps réservé aux paroisses, passa peu à peu entre les mains du roi qui devait pour cela s'entendre avec l'archev. de Tolède. Les couvents, fort nombreux dès le siècle, relevaient directement de l'év., qui jugeait en outre de tous les différents entre ecclésiastiques. Un moment compromise par la guerre et l'établissement des Maures, l'Égl. se releva, les évêques revinrent à leur poste; vainqueurs et vaincus s'entendirent pour un mode de vivre, et les chrétiens furent tolérés à la condition de ne rien entreprendre contre la foi des conquérants. La plupart se soumirent à ce régime; ils fréquentèrent les écoles, acceptèrent des fonctions publiques, se rallièrent au fait accompli. Mais d'imprudents zélateurs ayant blasphémé contre le prophète, à la fin du règne d'Abd-El-Rhaman II, vers 850, une persécution éclata, qui dura plus, années. Les discussions sur Padoptianisme appartiennent à cette époque. Les siècles suivants virent la création de plusieurs ordres religieux ou de chevalerie destinés, les uns au rachat des captifs, les autres à la guerre contre les Maures. La bataille de Tolosa, sous Alphonse IX1212, porta un coup terrible à la puissance musul-marne qui, minée par des dissensions intérieures, ne cessa d'aller en déclinant, jusqu'au moment où leur dernier territoire, le royaume de Grenade, leur fut définitivement arraché par Ferdinand d'Aragon, 1492. Mais dans l'intervalle les liens qui unissaient l'Espagne à Rome s'étaient resserrés, et le pays délivré des Maures tomba sous un joug si dur qu'il fit plus d'une fois regretter l'ancien. La réaction contre les ennemis de la foi prit un caractère inouï de violence; la royauté, l'Église et le peuple regardèrent comme ennemi tout ce qui n'était pas strictement orthodoxe, et Rome attisa le feu dans l'intérêt de sa domination, Les franciscains établis en Espagne depuis 1206 y avaient multiplié leurs couvents qui, vers 1500, étaient déjà au nombre de 200. Mais leurs rivaux, les dominicains, jaloux de leurs lauriers, s'étaient donné la tâche de ramener à la foi tous ceux qui s'en écartaient; ils s'étaient fait les convertisseurs de tous les hérétiques, et à force de zèle ils avaient fini par obtenir du roi et du pape la reconnaissance officielle de leur mission, qui consistait à rechercher partout, sous toutes les formes et par tous les moyens, ceux dont la doctrine pouvait avoir quelque chose d'équivoque. Cette inquisition des consciences devint l'Inquisition, q. v. Les maures, les juifs, les hérétiques, les tièdes, surtout s'ils étaient riches, devinrent la proie de cet établissement. A l'époque de la Réformation, quelques hommes travaillèrent au relèvement des études et des lettres, en particulier le cardinal Ximénès et le célèbre humaniste Antoine de Lérija, prof, à Salamanque, f 1552, qui faillit tomber entre les mains de l'Inquis. parce qu'il avait signalé quelques fautes dans la Vulgate. La réforme pénétra en Espagne par des marchands d'Amsterdam qui y faisaient des envois de livres luthériens, et aussi par les séjours de Charles-Quint en Allemagne, où les idées réformatrices étaient à l'ordre du jour et pénétraient jusqu'à son entourage. Plusieurs bénédictins, plusieurs nobles, des prêtres, des évêq. même qui lisaient la Bible, devinrent suspects. Des réunions bibliq. s'étaient formées, elles furent poursuivies et leurs chefs durent s'enfuir. Les échafauds se dressèrent. Un négociant, François Saint-Roman, fut brûlé le premier, 1544. Juan Diaz, q. v., fut assassiné 1546. Mais le protestantisme n'en fit pas moins de rapides progrès, et des égl. se fondèrent à Valladolid, Séville, Sara-gosse. L'Inquis. stimulée par Philippe II redoubla d'énergie; elle fit main basse sur des milliers de personnes, même sur le métropolitain de Tolède, Carranza, et sur les favoris de Charles-Quint, son confesseur, ses chapelains. Depuis l'autodafé de Valladolid, 21 mai 1559, il ne se passa pas d'année qu'il n'y eût une ou plusieurs de ces horribles représentations. En 1570 la réforme pouvait être regardée comme étouffée; un petit nombre de chrétiens fidèles avaient réussi, dans l'intervalle, à fuir à l'étranger, à Anvers, Genève, Londres (où ils publièrent en 1559 la Confemo... a quibutd. fidel. Hispanis). et à la fin du siècle l'Esp. était tombée pieds et poings liés sous le joug le plus absolu de Rome, ou plutôt de l'Inquisition. Les dominicains en étaient si bien les maîtres que les jésuites, quoique ce fût leur patrie d'origine, ne réussirent jamais à s'y implanter. Pendant les deux siècles qui suivirent, tout alla en déclinant; l'Esp. s'était mortellement blessée en frappant la réforme et en aliénant toutes ses libertés; sciences, littérature, commerce, prospérité nationale, la décadence était complète, presque irrémédiable. Seules les missions étrangères du nouveau monde semblaient trahir un reste de vie, et encore avaient-elles moins pour objet de convertir les âmes que d'étendre l'influence et l'autorité de l'Égl. romaine. Ces brutales missions compromirent au loin le bon renom du christianisme et firent haïr un évangile qu'on ne connaissait que par ses indignes prêtres. Cependant en 1761 des raisons politiques décidèrent le ministre Aranda à restreindre les pouvoirs de l'Inquisition, l'ordre des jésuites fut proscrit en 1765. et les mouvements révolutionnaires delà fin du siècle modifièrent profondément les rapports de l'Égl. avec la monarchie. Le roi Joseph 1808-1813 supprima l'Inquis. et un grand nombre de couvents (il y en avait 2,128 avec un personnel de 77,000 religieux). La Restauration fut cléricale, et alla jusqu'à rétablir le Saint-Office. La révolution de 1833 fut accompagnée de persécutions contre les prêtres; le nonce partit en 1835, la juridiction de la nonciature fut supprimée en 1848. Mais Isabelle chercha à renouer de bons rapports avec Rome; le concordat de 1851 rendit au clergé les biens ecclésiastiques non vendus et une indemnité pour les autres; le nombre des évôchés fut réduit à 6; les év. eurent la surveillance des écoles et la censure; le catholicisme recouvra ses privilèges. En 1852, loi contre les protestants. En 1851, les cultes étrangers sont tolérés. En 1860 commencèrent de nouvelles persécutions contre les protestants; plus de 100 personnes furent jetées en prison. Enfin la révolution de 1868 (Caste-lar, Etchegaray) proclama la liberté des cultes, qui dès lors et malgré le retour de la monarchie, n'a pas encore été supprimée. En 1872 le synode de Madrid constatait l'existence de 20 églises avec leurs pasteurs, formant un total de plus de 10.000 membres communiants.v. Droin. La Réf. en Espagne.

 

ESPEN, Zeger Bernard (d'j, né à Louvain 9 juill. 1646, étudia la théol. et le droit canon;

prêtre 1673, prof, en 1675. Dans son principal ouvrage, Jus eccles. unitersum, Lonvain 1700, il défend le système épiscopal (contre les exagérations du syst. papal) et le jansénisme, ce qui lui valut d'être mis à l'index 1704. La publicité donnée à son préavis en faveur de la validité de l'élection de l'archev. janséniste d'Utrecht, l'obligea à quitter Louvain. f Amers-fort 1782.

 

ESPÉRANCE. La conviction qu'il y a ane providence de Dieu, et que ce n'est pas le hasard qui régit nos destinées, renferme en elle-même la confiance que les épreuves du juste ne sauraient durer et qu'elles doivent en définitive tourner à son avantage. Cette disposition de l'esprit à sortir du présent pour regarder à l'avenir, c'est l'espérance. Elle est naturelle chez l'homme, en tant qu'il aspire à la perfection, mais elle n'acquiert tonte sa vie et sa force que par la foi chrétienne. Pour les fidèles de l'A. T. elle n'avait guère d'autre objet que la délivrance des maux présents, Job 19, 10. Ps. 9, 18. 62, 5. 119, 126. L'Évangile au contraire dirige la pensée vers la rédemption dont l'accomplissement dans son ensemble et dans ses détails doit combler les vœux du chrétien, v. 1 Cor. 13, 12. 13. Mais outre les perspectives d'un avenir purement eschatologique, le fidèle espère en Celui qui ne l'abandonnera pas, qui ne laissera pas sa postérité mendier son pain, qui a les promesses de la vie présente et de la Yie à venir, et qui fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l'aiment, Ps. 37, 25. 28. 1 Tim. 4, 8. Rom. 8, 27.

 

ESPRIT (Ordre du Saint-). Ordre de chevalerie français fondé le 31 déc. 1574 par Henri III, en souvenir de son élection au trône de Pologne et de son avènement au trône de France, qui avait eu lieu le jour de Pentecôte. Le nombre des chevaliers était fixé à 100, dont 8 ecclésiastiques. Pour en faire partie, il fallait être catholique. Les chevaliers devaient assister tous les jours à la messe et communier au moins deux fois l'an. Le roi en était le grand-maître. Les insignes étaient une croix portant l'image du Saint-Esprit, suspendue par un cordon bleu. Par l'initiative de l'abbé Desplaces, l'ordre institua 1701 une œuvre missionnaire pour la conversion des païens aux Indes, en Chine et en Afrique. En 1588 les chanoines du Saint-Etprit avaient fondé une congrég. pour renseignement. Supprimé en 1789, l'ordre fut rétabli par h Restauration et reçut même 1818-1830des subventions de l'État, mais il fut définitivement supprimé en 1830.

 

ESS (van) 1° Jean-Henri-Leander; né à War-bôurç 15 févr. 1772; entra chez les bénédictins de Neuinunster près Paderborn, fut ordonné prêtre 1796, et nommé curé de Cioster 1799.

Plus tard il étudia les langues orientales; nommé curé et prof, à Marbourg 1812, il démissionna 1822 pour se consacrer à ses travaux bibliques. 11847 à Affolderbach, Odenwald. 11 traduisit le N. T. avec son cousin Charles 1807; l'A. T., seul, 1822-1836; repassa la Bible entière avec Wetzer 1840. Il a publié en outre des éditions de la Vulgate 1822, des Septante 1824, et du N. T. grec 1827, ainsi que plus, écrits pour recommander la lecture de la Bible. Quoique prêtre il était membre de la Soc. bibl. de Ratis-bonne et agent de la Soc. britannique. Il a ainsi puissamment contribué aux succès des prêtres évangéliques, Booz, Lindl, Gossner, etc, — 2* Son cousin Charles, né 1770 à Warbourg, bénédictin 1788, puis prieur 1801 du couvent de Huysbourg, près Halberstadt, nommé curé et commissaire épiscopal à Magdebourg 1804, f 1824; s'était d'abord associé aux travaux bibliques de son cousin, mais effrayé par l'opposition de Rome, il recula, et il écrivit même 1817 contre la Réforme avec une certaine violence, ce qui n'empêcha pas son livre d'être brûlé à cause de quelques phrases encore trop bienveillantes pour le protestantisme.

 

ESSEENS, ou Esséniens, secte, classe, ou tendance juive, dont le nom s'explique de diverses manières. Les uns le font dériver du syriaque; il signifierait bon, pieux (Philon, De Wette); les autres lui donnent une étymologie chaldéenne qui rappellerait leurs aptitudes médicales. Leur origine est peu connue. On pense que pendant les guerres des syriens contre les juifs, des hommes pieux, pour se soustraire à la tyrannie des ennemis, se retirèrent momentanément dans les déserts et que, satisfaits de cette vie paisible et religieuse, ils ne voulurent plus l'abandonner, même quand les temps furent redevenus meilleurs. D'autres, éprouvant lé besoin de se retirer du monde, les rejoignirent dans leurs solitudes. C'est surtout dans les environs de la mer Morte qu'on les trouva d'abord, et dans les montagnes caverneuses du désert de Juda, mais ils s'étendirent peu à peu dans les contrées avoisinantes. s'occupant d'agriculture et de médecine. On en comptait environ 4000 lors de la venue de Jésus. La tempérance, le travail, l'obéissance à leurs supérieurs étaient les principaux caractères de l'association. Il fallait un long et sérieux noviciat avant d'être admis dans leurs rangs. Ils fuyaient les plaisirs des sens et renonçaient au mariage. Leur culte consistait en ablutions et sacrifices symboliques non sanglants; ils étaient hostiles aux sacrifices proprement dits et à l'ensemble des cérémonies du temple juif. L'esséisme n'était pas sans rapport avec les thérapeutes égyptiens; l'idée juive d'une sanctification lévitique de la vie avait été transformée par la philos, alexandrine. On a

aussi vu dans les esséens les successeurs des assidéens, et par conséquent une espèce de secte affiliée aux pharisiens. D'autres encore les comparent soit aux prophètes juifs, soit aux mages perses; ou bien l'on en fait des précurseurs du christianisme par une sorte de pénétration de l'élément païen dans la doctrine juive. Toutes ces hypothèses ont quelque chose de vrai, mais en réalité ils ont été, sous des formes diverses, la manifestation de ce besoin qu'éprouvent touj. certains hommes dans tous les temps et dans toutes les religions, de s'abstraire du monde et des choses qui passent, pour se consacrer entièrement à la contemplation et à la méditation des choses invisibles et éternelles. Juifs de naissance et d'éducation, ils cherchaient autre chose et mieux que ce qu'ils avaient appris et s'appliquaient à faire le bien.

 

ESTONIE, v. Livonie.

 

ESTO MIHi, v. Fêtes.

 

ÉTATS. On distingue en termes d'école et en s'appuyant sur Phil. 2, 5-9. deux formes, conditions, ou états de J.-C., celui de son abaissement, humiliation (Kénôsis), et celui de sa gloire ou exaltation. Le premier ne comprend pas le fait de l'incarnation comme tel, car la Parole aurait pu se manifester en l'homme dans toute sa gloire, et d'ailleurs l'humanité de J.-C. subsiste encore dans le sein du Père; mais il consiste en ce que devenant homme il a pris la forme d'un serviteur, la forme de l'homme dans ses conditions actuelles de misère, telles que le péché les a faites. On distingue dans l'état d'abaissement quatre degrés: la naissance, la • vie laborieuse, la mort et la descente aux enfers. Cependant la théol. luthérienne range ce dernier point parmi les degrés de l'état d'exaltation, qui comprendrait ainsi: la descente aux enfers, la résurrection, l'ascension, la place à la droite du Père, et le retour pour juger les vivants et les morts. Dans l'un et l'autre de ces états il s'agit des deux natures: dans l'abaissement la nature humaine a été moins glorieuse qu'elle n'a été chez d'autres hommes et la majesté divine était voilée; dans le relèvement la nature humaine a reçu une récompense proportionnée k son dévouement, une consolation proportionnée à ses souffrances, une réponse à ses prières et à ses larmes, et la nature divine a reçu une réparation, une exaltation, une manifestation d'autant plus éclatante que sa majesté avait été plus éclipsée. Une autre question sur ce point a également préoccupé les théol. de l'Allemagne, surtout pendant la guerre de Trente ans. Le Christ dans son état d'abaissement sur la terre, a-t-ilfait usage de sa puissance divine? l'université de Tubingue a répondu oui; celle de Giessen, non. Voilà où l'on en vient quand on veut en savoir au delà de ce qui est écrit. V. Cryptiques.

 

ÉTHIOPIE (Égl. d'), v. Abyssins.

 

ÉTIENNE io pape 253-257. Orgueilleux et dominateur, il combattit les novatiens; il re* connut comme frères et fit réintégrer par un concile deux év. espagnols, Basilides et Martial, que Corneille son prédécesseur avait condamnés (lequel des deux était dans le vrai?). On agita sous son pontificat la validité du baptême donné par les hérétiques, et il rompit la communion avec les Égl. d'Afrique. La légende le fait f martyr sous Valérien 257.

2° Étienne II, 752. L'exarchat de Ravenne est menacé par les Lombards; la Grèce refuse au pape son secours et les processions ne servent de rien. Étienne s'adresse inutilement à Pépin, puis il se tourne vers l'hérétique, le briseur d'images, Constantin Copronyme. Ce pape ayant été élu, mais non consacré, quelques auteurs l'omettent (Douillet) ou le confondent avec son successeur, de sorte que les papes suivants du môme nom doivent être comptés avec un numéro inférieur.

3° Étienne III, ou II bis, 752-757. Menacé par Astolphe, roi des Lombards, il invoque l'assistance de Pépin qui l'aide de ses troupes, chasse les Lombards, lui fait rendre ce qui lui a été enlevé et lui cède solennellement, par document écrit, ces villes et provinces, comme possession propre du saint-siège. C'est le premier noyau des États du pape 754. Étienne reconnaissant vient en France sacrer Pépin à Saint-Denis, 28 juill. 754. La même année le j conc. de Constantinople condamne l'invocation des saints.

4<> Étienne IV, sicilien, 768, après une vacance de i3 mois. Il fit condamner dans un concile l'antipape Constantin, qui avait été élu par l'influence de son frère le duc Toto. Triste règne.

5° Étienne V ou IV, romain, vient en France sacrer Louis-le-Débonnaire. Élu 816, f 817.

6° Étienne VI, ou V, romain, 885-891, couronne Guido de Spolette, emp. d'Italie. Il soulagea le peuple pendant une cruelle famine.

7° Étienne VII, ou VI, 896. Il se prononce pour l'emp. Lambert, fils de Guido, qui a recouvré sa puissance, et lui témoigne une si humble déférence qu'il va jusqu'à faire exhumer son antiprédécesseur, le pape Formose. Il fait comparaître devant un concile ce cadavre revêtu des ornements pontificaux, l'accuse d'avoir usurpé le siège de Rome, lui fait couper par le bourreau la tête et les trois doigts avec lesquels il donnait la bénédiction, et fait jeter son corps dans le Tibre. Cette vengeance souleva le peuple. De la part du serviteur de Dieu, c'était trop se montrer le serviteur de l'empereur. Les Romains le jetèrent en prison, où il f étranglé, 897. Il n'avait régné que 14 mois.

80 Étienne VIII, ou VII, 122« pape, romain, de l'époque de la pornocratie, 929-931, insignifiant.

Étienne IX; allemand, parent de l'emp. Othon, élevé au pontificat, malgré les cardinaux, par la protection de Hugues, roi d'Italie, 939. t 942. Bafoué par le peuple, insulté et frappé au visage dans une émeute, il n'osait plus sortir de chez lui, mais il fit d'autant plus de politique étrangère.

iOo Étienne X, ou IX. Frédéric, ex-chancelier du saint-siège, abbé du Mont-Cassin, frère de Godefroy-Ie-Barbu, duc de Lorraine, fut élu pape en l'absence d'Hildebrand, mais confirmé par lui 1057, car il était dans le sens de son parti, hostile aux partis d'Italie. Il s'opposa au mariage des prêtres, f 20 mars 1058 pendant une absence d'Hildebrand, qu'il avaitenvoyé vers Agnès, veuve d'Henri III et tutrice d'Henri IV son fils.

— Parmi les autres personnages qui ont porté le nom d'Étienne, il faut noter:

lo Étienne de Bysance, grammairien du 5me siècle, auteur d'un Dictionn. d'histoire et de géographie.

2<> Étienne de Bellavilla, on de Borbone, dominicain à Lyon, qui prêcha contre les cathares à Valence et fut nommé inquisiteur, f 1261. Son livre Des 7 dons du Saint-Esprit, qu'on possède en mss. en anglais, en français et en espagnol, n?a été publié que par fragments; c'est une source intéressante pour l'hist. des cathares et des vaudois.

3° Étienne de Tigerne, ou Grandmont, 1073-1083, diacre de l'év. Milo de Bénévent, qui l'avait élevé, obtint de Grégoire VII l'autorisation de fonder un ordre à l'instar des moines calabrais. Quelques moines se réunirent autour de lui dans les environs de Limoges, f H24. Les augustins d'Ambazoc Muret prirent aussi de lui le Grandmontenses. L'ordre subsista jusqu'à la révolution, mais son histoire n'offre rien de particulier.

4® Étienne de Tournay, né 1135 à Orléans, abbé de Saint-Éverte, puft de Sainte-Geneviève à Paris, + 1203 év. de Tournay. Homme instruit, mais étroit, il ne vit dans la scolastique qu'un moyen d'alimenter l'esprit de discussion et de troubler les esprits. Ses Lettres et dise., publ. par Molinet 1679, font connaître l'esprit de son temps. Il a écrit une Summa de decretidont il ne reste que la préface.

80 Étienne Ide Hongrie, surnommé le Saint, fils de Geysa et de Sarolta. Né 983, il futd'abord nommé Waik, ou Voik, fut baptisé plus tard par Adalbert qui lui donna le nom d'Étienne; élevé par l'excellent Pappatès, il monta sur le trône 997. Il épousa Gisèle, fille d'Henri duc de Bavière et sœur d'Henri II. Son règne de 41 ans fut pour la Hongrie une époque de gloire et de bonheur. Il fit du christianisme la religion du pays, bannit quelques mécontents, fonda dans sa capitale de Gran un archevêché, qui vit naître en peu de temps dix évêchés et plusieurs monastères indépendants, et crut devoir envoyer l'abbé Astrich à Rome, pour demander à Sylvestre II sa bénédiction et sa reconnaissance. Le pape lui accorda tout ce qu'il demandait, et en outre le titre d'apôtre de Christ et le droit de faire porter devant lui une croix comme insignes de son apostolat. Il lui fit aussi don d'une couronne d'or, qui sert encore aujourd'hui pour le sacre des rois de Hongrie. Étienne fut couronné l'an 1000 ou 1001 dans une assemblée de ses évêques, sous la présidence du légat Veta, qui fut nommé archev. de Gran. L'Égl. fut sous son règne comblée de tant de faveurs, et le clergé de tant de privilèges, qu'on aurait de la peine à trouver ailleurs l'exemple d'un clergé qui ait été plus puissant; mais la réaction devait être d'autant plus terrible à la mort du roi. Onze ans d'anarchie et quarante ans de troubles et de persécutions firent expier à l'Église le bien-être temporel dont elle avait joui, toutefois sans pouvoir détruire le christianisme, qui avait poussé de trop profondes racines dans les mœurs. Étienne rédigea pour son peuple un code de lois, qui faisait encore il y a peu d'années la base de la constitution hongroise, et qu'il dédia à son fils Emmerich. jeune homme plein d'espérances, mais qui mourut avant son père (il a été canonisé). Les dernières années d'Étienne furent troublées par de violentes oppositions et même par des attentats contre sa vie, f 1038. La Hongrie le regarde comme son saint national.

6<> Étienne Martin, v. Stephan.

— Un Ordre de Saint-Étienne a été fondé 1562 par Cosme 1er de Médicis, pour combattre les Turcs et notamment les pirates de la Méditerranée, et pour travailler à la délivrance et au rachat des esclaves chrétiens. L'ordre était organisé sur le modèle des chevaliers de Malte et suivait la règle de saint Benoît. Le siège en était à Pise. Il y avait aussi à Florence un couvent de femmes du même ordre, consacré à l'Immaculée Conception. Les chevaliers contribuèrent à sauver Venise en 1684. En 1817 l'ordre a été réorganisé sur des bases plus conformes à l'esprit moderne. Le costume était blanc avec doublure rouge; le signe était une croix d'or sur émail, avec une couronne royale et des lys aux quatre angles.

Les Étienne, famille d'impi-imeurs.

C'est presque l'histoire d'une dynastie que celle de ces célèbres typographes, dont les noms vont de pair avec ceux desManuce, des Giunta, des Piantin et des Elzevier; tes historiens ne lui ont pas manqué, depuis Almeloveen, Mait-taire, Londres 1709; jusqu'à Renouard, Haag,

Didot, Reuss, etc. Le chef de ta famille 1° Henri-Étienne, ou plutôt Estienne, naquit à Paris 1470, et f 1520. C'est surtout depuis 1503 qu'il sa fit connaître par plusieurs éditions, et notamment par la publication des œuvres de Le Fèvre d'Étaples. Il laissa une veuve et 3 fils mineurs, dont deux, Robert et Charles, soutinrent glorieusement l'honneur de la maison. — 2° Robert, né à Paris 1503 (selon d'autres 1499), après de brillantes et laborieuses études de langues, fit son apprentissage typographique sous les auspices du second mari de sa mère remariée, Simon de Colines, graveur de caractères, qui avait repris la suite de l'imprimerie Étienne. Ses débuts furent un coup de maître et décidèrent de sa vie entière. Il fit paraître en 1523 une éd. du N. T. en latin, avec correction des passages altérés ou mal traduits. La Sorbonne y vit un acte de révolte plein d'hérésie et ne cessa, pendant 30 ans, de poursuivre de sa haine et de ses rancunes le jeune et savant critique, sans que celui reculât une seule fois devant les comparutions, interrogatoires et menaces auxquels il fut soumis. Il ne fallut rien moins que la protection énergique de François 1er, et plus tard celle, plus timide, d'Henri II, pour sauver du bûcher l'intrépide et consciencieux imprimeur, et ce n'est que lorsqu'il vit tout appui lui échapper, qu'il se décida à se retirer à Genève, nov. 1550, où il se rattacha à la Réforme, devint aini de Calvin et de Bèze, et reçut 4 déc. 1556 la bourgeoisie d'honneur, f 7 sept. 1559. Son érudition était immense; tout était savant autour de lui; femmes, enfants, ouvriers, hommes de service, tous parlaient latin. Il était en outre doué d'un sens critique naturel qui devint presque une passion et qui lui inspira de bonne heure des travaux remarquables. Après avoir aidé quelque temps son beau-père, il s'établit pour son compte en 1526, et publia de nombreuses éditions de l'A. et du N. T., qui lui valurent d'être surnommé le prince des typographes, et le droit de signer typographe royal. Ses éditions hébr. portent les dates de 1539 et 1543. Ses éditions du N. T. grec, correctes, caractères modèles, format commode, eurent un succès immense. Outre l'éd. de 1523, il en publia de nouvelles en 1546, 1549, 1550 et 1551, touj. au risque d'être persécuté, et plus d'une fois sa maison fut envahie par des visites domiciliaires. Il publia la Bible en latin 1528, d'après la Vulgate, mais collationnée et corrigée; puis en 1532, et une 3me éd. fol. en 1540, avec 18 gravures sur bois, où pour la lre fois il fit suivre son nom de la qualification de typographe royal. Elle était ornée d'annotations choisies d'après les meilleurs interprètes, entre autres de Valable, ce qui ranima contre Étienne l'ardeur des t forcenés sorbonistes. » Les éd. de Genève sont moins belles; c'est dans son N. T. de 1551 qu'il introduisit pour la 1" fois (texte d'Érasme et Vulgate) la division en versets chiffrés, dont l'idée lui vint, dit-on, pendant qu'il se rendait à cheval de Paris à Genève. Il fit la même chose en 1555 et 1556 pour ses éd. de la Bible. Il tenait tellement à la correction de ses livres, qu'il en exposait publiquement les épreuves en offrant une récompense à tous ceux qui lui signaleraient des fautes. Les services qu'il a rendus aux belles-lettres sont inappréciables; on lui doit une foule de bons livres élémentaires; la publication de huit ouvrages grecs considérables, tels que Eusèbe, Denys d'Halicar-nasse, Dion Cassius, etc.; un Dictionn. latin -français, et surtout son Thésaurus ling. lalinœ, chacun de ces ouvrages supposant une quantité de travail et de recherches tout autre que ce qu'il faudrait aujourd'hui. Le P. Simon le range parmi les meilleurs critiques. L'histoire a fait justice de la calomnie du bénédictin Génébrard qui l'accusait d'avoir volé les types et caractères royaux en se rendant à Genève; en fait personne ne les lui a jamais réclamés, et sa loyauté, son désintéressement l'eussent mis au-dessus d'une pareille imputation. Ce n'est que 60 ans plus tard que la question de ces caractères fut soulevée, et Louis XUI les fit racheter en 1619 pour 3000 livres. Robert fut marié deux fois. Il eut de sa première femme Perrette Bade, fille du savant Jodocus Badius et sœur de l'imprimeur Conrad Badius, 9 enfants; 1° Henri, qui suit; 2° Robert né 1530, qui abjura; 3° Charles, qui abjura aussi, mais revint à la foi évangélique; f à Genève 1570; 4<> François, né vers 1540, étudia à Strasbourg et à Lausanne, travailla à Genève, chez son père, monta une imprimerie en 1562, publia le traité d'Hubert Languet contre les tyrans, et ne fut longtemps qu'un protestant douteux; 5° Jeanne, qui épousa Jean Anastase; 6° Catherine, née 5 mars 1541, femme distinguée qui épousa Étienne Anastase; 7° Jean, né 23 juin 1543; 8° Marie, née 31 jauv. 1544; 9° Simon, 22 août 1546. Perrette étant morte en 1547, il épousa en déc. 1550 Marguerite Des Champs, ou Du Chemin, déjà veuve de deux maris. Sa marque d'imprimeur était un olivier entouré d'un serpent, avec la devise: Noli altum sapere9 Rom. 11, 20.

3o Henri, fils aîné de Robert, né Paris 1528, plus distingué encore que son père, passionna de bonne heure pour la littérature grecque, fut chargé à 17 ans de collationner les mss. de Denys d'Halicarnasse, rendit de grands services à l'imprimerie, et commença à 19 ans une série de voyages en Italie, Angleterre, Hollande, apprenant les langues, visitant les biblioth., explorant les mss., s'entretenant avec les savants, bien accueilli par Édouard VI. En 1560 il se rend avec son père à Genève; en 1554 il est à Paris, puis chez Manuce à Venise, puis à Rome. En 1555, de retour à Genève, il épouse Marguerite Pillot, fille de la seconde femme de son père. En 1557 il prend le titre de typographe, ce qtii suppose soit une association avec son père, soit l'acquisition d'une imprimerie indépendante, ce que rendrait probable le nom qu'il se donna de typographus parisiensis. Mais en 1558 ses affaires n'étaient pas brillantes; il accepta une pension des riches Fugger d'Augsbourg et leur témoigna sa reconnaissance en ^'intitulant IUustris viri Huldrici Fuggeri typographus. À la mort de son père il hérita de son imprimerie, comme ses frères devenus catholiques avaient été mis en possession de l'ancienne maison de Paris. Il était malheureusement presque toujours eïi voyage, ce qui était préjudiciable à ses intérêts. Il réussit aussi à se mettre mal avec les autorités de Genève par quelques écrits humoristiques, satiriques et plus ou moins licencieux, notamment par son Introd. au traité de la conformité des merveilles anciennes avec les modernes, 1566, et par ses Deux dialogues (ta notiveau langage français italianisé, 1578. Il fut excommunié plusieurs fois, une fois même incarcéré, mais Henri III le protégeait; il le fît élargir, lui fit bon accueil à Paris 1578, lui octroya pour son livre sur la Précellence de la langue française un mandat de 3000 livres, qui ne lui fut pas payé, puis une pension de 300 livres qui le fut très mal. A son retour à Genève 1580 il fut excommunié et évincé du Conseil des CC dont il faisait partie depuis 1567. La fin de sa vie fut encore plus agitée; censuré de nouveau en 1581, il est à Paris en 1585, il se décide en 1587 à réorganiser son imprimerie, en 1590 il est à Bâle, en 1592 prof, de grec à Lausanne, en 1593 à Heidelberg, en 1597 chez son gendre Casaubon à Montpellier. En sortant de là il visita encore plus, villes, puis tomba malade à Lyon, se fit porter à l'hôpital et y f 1598. Il avait été marié 3 fois. De sa Ire femme il eut 4 enfants. Henri, Judith, Eèther, Isaac; Judith seule lui survécut, et épousa le libraire-imprimeur François-le-Preux. Sa seconde femme, Barbe de Wille, d'origine écossaise, qu'il épousa 15 mars 1565 ou 1566, lui donna 8 enfants, entre autres Florence qui épousa Casaubon et lui survécut, après lui avoir donné 20 enfants; et Paul qui continua l'illustration de la maison, mais déjà avec moins d'éclat; on ne compte que 27 ouvrages sortis de ses presses. Sa position politique à Genève fW compromise et il se retira à Paris, vers 1608, où plusieurs de ses enfants abjurèrent. La 3®e fettme d'Henri, Abigaïl Pouppart, lui dôtma 2 fils, David et Jacques. Quant à ses publications, elles sont aussi correctes, mais moins belles que celles de Robert. On peut les classer sofu8 3 chefs: Ses premières éditions, d'après les mss.; ainsi les Odes d'Anacréon, Athéna-gore, Théophraste, Diodore de Sicile, plusieurs poètes grecs, quelques pères, l'épltre t Diog-nète, etc. Ses éditions annotées, Horace, Athé-nagore, les tragédies d'Eschyle, Xénophon avec trad. lat., Virgile, le N. T. grec, etc. Enfin ses ouvrages originaux et ses traductions annotées, au nombre de plus de 54, tant en vers qu'en prose, sur des sujets littéraires, critiques, médicaux, histor., philologiques et religieux. Le plus remarquable est son Thésaurus de la langue grecque, 5 vol. f°, qui reste encore un chef-d'œuvre et que les Didot ont réimprimé 1831 à 1865; les notes sur Sophocle et sur Euripide; sa trad. d'Anacréon en vers latins, très estimée; des Psaumes de David en vers grecs et en vers latins. On ne sait ce qu'on doit le plus admirer, de la prodigieuse érudition de cet homme, ou de son étonnante activité. On regrette d'aïltant plus que son caractère inquiet l'ait souvent brouillé avec ses amis naturels, et qu'ayant une famille nombreuse qui l'aimait, il soit mort solitaire dans un hôpital étranger (Le Discours merveilleux sur la vie et les déportements de Cath. de Médicis, 1575, qui a eu plusieurs éditions, lui est généralement attribué, quoique d'autres l'attribuent à Th. de Bèze).

4<> Charles, fr. de Robert, resta catholique. Après avoir été précepteur chez l'ambassadeur Baïf, il s'établit imprimeur 1551, fit de mauvaises affaires, et f 1564. La maison passa aux mains de son neveu Robert.

 

ÉTOLE (stola), pièce de vêtement, tombant à droite et à gauche de l'épaule jusqu'à terre, ou se croisant sur la poitrine, que le prêtre met pour la célébration de certains offices, baptêmes, mariages, enterrements, etc. De là le nom de droit de l'étole donné au casuel que le prêtre perçoit lorsqu'il doit revêtir cet ornement.

 

EUCHARISTIE. Ce mot, dérivé du grec, signifie actions de grâces, remerciement. Il s'employa d'abord pour désigner les prières qui se faisaient avant et après la communion; il a fini par s'appliquer à la cérémonie elle-même dans son ensemble, et quelques-uns vont jusqu'à donner ce nom aux éléments du repas sacré. V. sur la Question eucharistique l'ouvrage capital de L. Durand, aussi savant que logique et spirituel, Genève et Paris 1883.

 

EUCHARIUS, ou Euchaire, aurait été d'après la légende un des 70 disciples; envoyé par Pierre dans les Gaules, avec Valère et Materne, il y aurait prêché l'Évangile et serait devenu év. de Trêves.

 

EUCHÈRE, ou Eucherio d'une famille gallo-romaine considérable, converti de bonne heure, ainsi que son épouse Galla et ses deut fils, se retira dans l'île de Lérins pour s'y préparer au ministère et à l'évangélisation. Il y composa un Éloge de la Solitude, et un livre sur le Mépris du monde, qui ont encore de la valeur; trad. par Argauld d'Andilly. Appelé 434 à l'évêché de Lyon, il lui consacra ses forces et le reste de sa vie. Il assista 441 au concile d'Orange, f 460. Un des meilleurs écrivains du 5me siècle. On a aussi de lui une Hist. des martyrs de la légion thébaine, et quelques livres ascétiques. Ses deux fils, formés au ministère à Lérins, continuèrent son œuvre avec zèle et succès. — 2° Év. d'Orléans 721-743.

 

EUCIIITES, surnom des enthousiastes messa-liens.

 

EUCHOLOGE, rituel de l'Égl. grecque, renfermant ordinairement les liturgies de la messe de Chrysostôme et de Basile, le formulaire de la messe pour les dimanches de carême et la consécration des éléments, le formulaire des divers sacrements et quelques prières.

 

EUDÉMONISME, tout système qui pose comme dernier but du travail et des efforts de l'homme, la jouissance, spirituelle ou morale aussi bien que matérielle. L'eudémonisme sert de base aux systèmes d'Aristippe et d'Épicure, ainsi qu'au matérialisme moderne. Kant lui a opposé la théorie morale du bien qui doit se faire pour l'amour même du bien, et le christianisme montre dans l'amour de Dieu le mobile de tout bien comme la garantie de tout bonheur.

 

EUDISTES, prêtres de la mission, congrég. religieuse fondée à Gaen 1644 par Eudes, prêtre de l'Oratoire, né à Mézeray 1601, frère de l'historien Mézeray. L'institution avait pour but de former des ecclésiastiques et des missionnaires. Connu aussi sous le nom de congrég. de Jésus et de Marie, l'ordre fut restauré en 1826; il n'a jamais eu grande importance; il a encore une maison à Rennes.

 

EUDO de Stella, v. Éon.

 

EUDOXE flotta longtemps entre les semi-ariens et les ariens purs. Ev. de Germanicie, Syrie, 341, il s'empara 357 du siège d'Antioche vacant par la mort de Léontius, et se mit avec Aëtius et Eunomiu* à la tête du parti arien. Banni par le conc. d'Ancyre 358 il ne tarda pas à revenir. Le conc. semi-arien de Séleucie 359 le destitua de nouveau, mais l'emp. le protégea. Enfin l'arianisme l'emporta au conc. de Constantinople, et Eudoxe fut nommé patriarche de cette Église, 360. Il baptisa et instruisit l'emp. Valens dans l'arianisme.

 

EUGENDE, ou Augende, abbé du couvent de Condat, dans le Jura, au 5™ siècle; simple et sobre, favorisa l'œuvre de Romain et de Lu-picin 440. Il n'était pas prêtre, + vers 510. Dates incertaines.

 

EUGÈNE lo pape 654-657, élu du vivant de Martin 1er, déposé et exilé par l'empereur. Il fit de vains efforts pour ramener les monothé-lètes.

2o Eugène II. 824-827, travailla sous Louis-le-Débonnaire et sous Lothaire à augmenter le pouvoir des papes, mais sans beaucoup de succès. Lothaire se rend à Rome et fait plusieurs ordonnances; il fixe entre autres le serment que le pape, le clergé et le peuple devront prêter; le pape nouvellement élu, avec le consentement des empereurs, ne sera consacré qu'après avoir prêté ce serment en présence des députés impériaux et du peuple. Eugène tint un concile à Rome 826 pour la réforme du clergé. Le conc. de Paris 825 s'était prononcé contre le culte des images.

3o Eugène III, 1145-1153; d'abord moine a Clairvaux. Il se retire en France, craignant les dangers que peut lui susciter à Rome l'opinion générale, favorable à Arnold de Bresce. Il tient à Paris un conc. pour examiner les doctrines de Gilbert de la Porée. Il donne le signai d'une seconde croisade, et Bernard de Clairvaux parcourt la France et l'Allemagne dans ce but; cela rend quelque popularité au pape, qui peut retourner à Rome. Bernard lui conseille de se contenter de l'apostolat sans la domination: Car, lui dit-il, si tu les veux tenir tous les deux, tu les perdras tous les deux; sage conseil qui ne fut pas suivi.

4o Eugène IV, de Venise, neveu de Grégoire XII, 1431-1447. Comme il s'aperçoit que le conc. de Bâle travaille sérieusement à la réforme de l'Église, il le dissout pour le transporter à Bologne, sous son influence. Mais le concile résiste et continue ses travaux; il affirme qu'un conc. écuménique tient sa puissance im* médiatement de Christ, et que le pape même doit s'y soumettre. La Pragmatique Sanction se fait à Bourges dans le même sens. Le pape cède 1434. Mais bientôt, appuyé par les grecs avec lesquels il a contracté une union peu durable, il convoque un nouveau conc. à Ferrare, puis à Florence 1438-1439. Les deux conciles simultanés prétendent chacun représenter l'Église entière. Celui de Bâle dépose Eugène et le remplace par Félix V; Eugène compromet encore sa cause par des abus de pouvoir et par ses intrigues politiques. Il a contre lui successivement les hussites, les Romains et le roi d'Aragon. Il finit cependant par se faire reconnaître, et f 1447, en même temps que Félix abdique. Le purgatoire lui doit son existence légale, 1439.

5o Év. de Carthage 480, après une vacance de 20 ans. Il fut persécuté par le roi vandale arien Huneric, à cause de son attachement à la foi; rappelé par Gundamond 484, il fut de nouveau banni par Thrasimond 496, et f 505 dans an monastère d'Albi, Languedoc. Il reste de lui quelques fragments: une Exposition de la foi, une Exhort. aux fidèles de Carthage, une Apologétique, une Réfut. de Tarianisme, etc.

6° Archev. de Tolède, 647-658. Moine, il dut son élévation au roi Chindaswinth, et se distingua par son zèle pour la discipline et par son activité littéraire; il retoucha le poème de Dra-conce sur les 6 jours de la création et écrivit un livre sur la Trinité.

 

EUGÉNIE, sainte, qui doit avoir souffert le martyre à Rome sous Valérien, 258. Les latins la fêtent le 25, les grecs le 21 décembre.

 

EUGIPPE, ou Eugype, disciple et biographe de Saint-Séverin, était auprès de lui quand il mourut au couvent Faviana 482, et accompagna ses restes en Italie r il les déposa au Cas-trum Lucullanum et y construisit un couvent dont il fut le second abbé, après la mort du premier, Marcien. Sa règle ne s'éloignait pas beaucoup de celle d'Augustin. Outre la vie de Séverin il a écrit un Thésaurus, traité dédié à la jeune Proba, de Rome, où il enseigne la doctrine d'Augustin.

 

EULALIE, de Merida, Estramadure; elle chercha le martyre sousDioclétien. D'une piété exaltée, à l'âge de 12 ans elle quitta la maison paternelle pour aller braver les juges et cracher sur les idoles. Après de vains efforts pour la ramener, on la livra au supplice 308. C'est probablement la môme qu'Eulalie de Barcelone.

 

EULALIUS, élu pape à la mort de Sozirne, par un parti à la tête duquel se trouvait Sym-maque, le préfet de Rome; le parti contraire nomma Boniface I*r. Honorius ayant été choisi comme arbitre, et Eulalius refusant de se soumettre aux conditions de l'arbitrage, il fut chassé de la ville comme un intrus, et mourut év. de Nepe.

 

EULOGIUS !• V. Frumentius. — 2* Patr. d'Alexandrie 581 -608,Grégoire 1er ie loue comme un défenseur éclairé de la doctrine chrétienne. — 3° De Cordoue, archev. de Tolède, exécuté par les Maures 859. On a de lui un Memoriale Sanc-torum.

 

EUNOMIUS fut avec Aétius un des chefs les plus décidés du parti arien. Né à Dacora, Cap-padoce, disciple et aide d'APtius à Alexandrie, puis év. de Cycique, il fut destitué à cause de sa doctrine 360, et se lixa à Constantinople sous Julien. Banni de nouveau, puis rappelé, il fut définitivement banni par Théodose 383, et f 396 dans son pays. Ses deux Apologies, de 36j et 379, sont surtout connues par les réponses de Basile et de Grégoire, ainsi que son Exposé de la foi. Condamnés comme hérétiques par deux conc. généraux, ses sectateurs se retirèrent de la communion de l'Église; au lieu de baptiser au nom de la Trinité, ils le faisaient sur la mort de Christ.

 

EUPHÉMIE, souffrit le martyre à Chalcé-doine sous Dioctétien 305. Dans l'égl. qui lui fut consacrée se réunit le concile de Chalcédoine. Paulin de Nola et Fortunatus l'ont chantée.

 

EUPHÉMITES, v. Messaliens.

 

EUPHRASIE, religieuse de la Thébaïde, f vers 410. Elle était fille d'Antigone, gouverneur de la Lycie et parent de Théodose l'An -cien.

 

EUPHROSYNE, sainte du siècle. Pour échapper à un mariage détesté, elle revêtit des habits d'homme et entra dans un couvent sous le nom de Smaragdas.

 

EUSÈBE (pieux) lo pape, élu et f 310. D'après une épitaphe incertaine, il aurait vu se renouveler les anciennes disputes sur la conduite à tenir envers les tombés, et Maxence l'aurait pour cela relégué en Sicile.

2<> Eus. de Dorylée, v. Eutyches.

3° év. de Laodicée, Syrie. Comme simple diacre à Alexandrie, il s'était distingué par sa bonté et son dévouement, pendant la persécution valérienne 257, pendant l'épidémie qui éclata sous Gallus, et pendant l^guerre civile de 263. En 264 il représenta son évêque, Denys, au concile d'Antioche. Sa personnalité fut tellement appréciée qu'il fut appelé à l'évêché de Laodicée, où il f 269.

4° Eusèbe, év. de Vercelli, ou Verceil, né en Sardaigne et baptisé par le pape Eugène, 311. Il était simple lecteur à Rome, quand il fut appelé à l'évêché de Vercelli. D'accord avec Lucifer de Cagliari, et à l'instigation de Libère, il demanda à l'emp. Constance d'en finir avec les difficultés ariennes, et il dut naturellement prendre part aux discussions du synode de Milan 355. Ayant refusé d'en reconnaître les résolutions et de condamner Athanase, il fut exilé à Scythopolis et traité durement. Remis en liberté par Julien, il se rendit à Alexandrie auprès d'Athanase. Ses efforts pour mettre un terme au schisme de Mélèce à Antioche furent rendus inutiles par le zèle irréfléchi de Lucifer, et il rentra dans son diocèse où il continua de combattre l'arianisme, Le premier il essaya de soumettre ses prêtres à la vie commune des cénobites, et il passe avec saint Augustin pour le fondateur de l'institution des chanoines. Ses écrits contre l'arianisme et le récit de ses souffrances ont été reproduits en partie dans le recueil de Galland. Un mss. des Évang. conserve dans la cathédrale de Verceil, lui est attribué, f 370 tué par les ariens.

qo Eusèbe de Nicomédie. D'une famille noble et jouissant de la faveur impériale, il atteignit le but de son ambition en obtenant de changer son évêché de Béryte contre celui de Nicomé-die, puis contre le siège de Constantinople, quand la famille impér. s'y fut fixée. Ami d'enfance d'Arius, il ne cessa de le protéger et se fit le champion énergique de ses idées. Il crut malgré cela pouvoir signer le symbole de Nicée, mais non les anathèmes contre son ami. Exilé dans les Gaules il fut rappelé au bout de quelques mois par Constance, travailla k la ruine d'Athanase et à la réintégration d'Arius, et obtint au conc. d'Antioche 341 la reconnaissance formelle du semi-arianisme. Après sa mort Pév. Paul essaya de remonter sur son siège à Constantinople, mais les eusébiens l'envoyèrent dans les déserts de la Tauride et, usant de violence, mirent à sa place Macédonius, 341.

6° Eusèbe de Césarée, le théologien le plus savant de son siècle. Né vers 270 à Césarée en Palestine, il étudia à Jérusalem, k Antioche et k Césarée. Il eut plusieurs maîtres, parmi lesquels on nomme Melétius et Dorothée. Après de fortes études, il fut ordonné prêtre k Césarée et y ouvrit une école, k l'imitation de Pamphile, pour expliquer les saintes Écritures. Il s'était lié fort jeune encore avec Pamphile, dans la bibliothèque duquel il puisait largement; c'est en grande partie fprftce k lui qu'il connut les auteurs innombrables dont il nous a conservé de si précieux fragments, et c'est en témoignage de sa reconnaissance qu'il adopta le surnom de Pamphile. Lors de la persécution de Maximin, Pamphile fut arrêté 307, et subit le martyre 309; Eusèbe fut arrêté aussi peu après et envoyé en exil. C'est alors qu'il visita les solitaires de l'Égypte et de la Thèbaïde. Il /ut accusé au conc. de Tyr, d'avoir pendant ce temps abjuré le christianisme; mais tous les écrivains, sauf un, rejettent cette accusation. Devenu libre k l'avènement de Constantin, il fut nommé év. de Césarée 315. Jouissant de la confiance entière de l'empereur, il refusa cependant plusieurs dignités, entre autres celle d'év. d'Antioche. En 325 il présida, k la droite de Constantin, le premier conc. écuménique, celui de Nicée, où il exerça une grattde influence. Arius et ses partisans furent défaits; mais Eusèbe penchait lui-même vers I'arianisme, et en 330, au conc. d'Antioche, il réussit à faire exiler Eustathe qui le premier avait écrit contre Arius: puis en 336 il fit rappeler Arius et exiler Athanase. En 337 Constantin mourut, et Eusèbe prononça son oraison funèbre, f 340. — Il a laissé de nombreux écrits; savant, consciencieux, impartial, ayant beaucoup voyagé, ayant k sa disposition une foule de matériaux, ses ouvrages sont d'un prix inestimable pour presque toutes les branches de la théologie. Il écrivit en grec et a été traduit en latin, et en partie en français. Ses principaux ouvrages sont sa Préparation et sa Démonstration évangéliqu»; Vie de Constantin; Panégyrique de Constantin-le-Grand; un livre sur la Pâque; la Vie de Pamphile; VOnomattir 9on; des livres de Dogmatique; des Sermons, des Traités, des Lettres; puis sa Chronique qui va du commencement du monde à la 20®« année du règne de Constantin; cet ouvrage, dont l'original est perdu, a été trad. par Jérôme, mais trop librement; on en a trouvé en 1784 une bonne trad. arménienne; — enfin et surtout son Histoire ecclésiastique, en 10 livres. Mentionnons encore une Concordance des saintes Écritures, en 10 colonnes, sous le nom de Ca-nones. L'Apologie d'Origène qu'on lui a attribuée n'est pas de lui, mais de Pamphile. H.-B.

7° Eusèbe d'Émèse, né à Édesse vers la fin du 3me siècle, étudia sous Eus. de Césarée et sous Patrophile de Scythopolis, puis k Alexandrie et à Antioche. Il refusa le patriarcat d'A-lexandrie qui lui fut offert après le bannissement d'Athanase et devint év. d'Emèse dans le Liban. Favori de Constance, il l'accompagna dans plus, de ses campagnes et f 359. De ses nombreux écrits il ne reste que 3 discours et quelques fragments, Il était semi-arien. Il combattit l'exégèse allégorique d'Origène et se rattacha plus tard à l'interprétation historique de l'école d'Antioche.

8o Eusèbe d'Alexandrie. On connaît sous ce nom 21 homélies, qui datent du 5°* ou du 6** siècle, et qui ont été publ. par Philo et Mai. Dans quelques-unes le discours prend la forme d'une réponse, le plus souvent à un Alexandre. L'auteur est inconnu; selon Thilo ce serait un des Longs frères, q. v., ou un prêtre de la cour de Justinien.

9o Eusèbe, év. de Samosate, sur l'Euphrate, s'opposa énergiquement aux mesures de violence de Constance et de Valens en faveur de I'arianisme, et il fut toujours l'intrépide champion de la foi orthodoxe. Il parcourut la Syrie, déguisé en soldat, pour consacrer des prêtres évangéliques. Il travailla à faire nommer Basile év. de C&arée, il prit part aux démarches tentées 372 et 373 pour faire prévaloir en Orient, avec l'appui de l'Occident, l'autorité des décrets de Nicée. Il vécut en exil 373 à 378. Chargé 378 par le conc. d'Antioche, de réorganiser les diocèses de Syrie, il f le 21 juin 379, tué par une pierre que lui lança une furieuse arienne.

10o Eusèbe, archev. de Thessalonique, vers 600, combattit les monophysites et écrivit 10 livres contre les aphtarthodocètes; Photius eu parle avec éloge.

Ho surnommé Bruno, év. d'Anjou vers 1047, f 1081. Il fut le principal adhérent et défenseur de Bérenger de Tours jusqu'en 1062. Plus taiti il se sépara de lui; effrayé peut-être par la grande foule des contradicteurs, refroidi peut-être aussi par l'attitude même de Bérenger. Il aurait voulu, comme il l'écrivit à Bérenger 1063-1066, qu'au lieu de discuter sur le comment et le pourquoi de l'eucharistie, on s'en tint simplement aux paroles de l'institution.

 

EUSTACHE, général romain, converti par une apparition merveilleuse, s'appelait Placide avant son baptême. Son histoire est pleine de légendes. Il souffrit le martyre sous Adrien, vers 130, ainsi que sa femme et ses 2 fils. Les égl. cathol. d'Aleraanie en font un des 14 saints gardiens, ou protecteurs. Ses Actes ont été publ. en grec par Combelle 1660.

 

EUSTASE, abbé de Luxeuil au 7 me siècle, nommé avec Virgile, ou Agil, parmi les disciples de Colomban, comme ayant évangélisé la Bavière; tout ce qu'on en raconte est d'origine postérieure.

 

EUSTATHE lo cappadocien, év. de Sébaste, Arménie, vers 350. f 380. Il introduisit dans son diocèse le moi&chisme et chercha à donner à toute la vie religieuse une direction monastique. Ses tendances hiérarchiques le brouillèrent avec son ami A'érius. Il manqua de fermeté dans les controverses ariennes. On donna le nom d'eustathiens à ses disciples, en petit nombre, qui voulurent réaliser ses principes ascétiques. — 2° Év. de Bérèe, puis d'Antioche 323. Né vers la fin du 3"* siècle; un des premiers qui combattirent Arius; exilé en Thrace vers 337 sous l'accusation de sabellianisme. Ses adhérents refusèrent de recevoir des év. ariens, et formèrent jusqu'au 5rae siècle des égl. indépendantes. On a de lui un Traité sur la Py thonisse, Lyon, 1629. — 3<> Eustathe de Constantinople, né dans cette ville au commencement du 12m« siècle; entra au couvent de Saint-Florus, et mérita par son érudition tous les honneurs civils et ecclésiastiques. Maître des orateurs, chargé d'expliquer au peuple les livres saints, il écrivit en outre de nombreux ouvrages, un comment, sur Homère, un autre sur Pindare. des Remarques sur Denys le Périégète, etc. Appelé à l'évêché de Myra, Lycie, 1174, il fut ensuite nommé par l'emp. à celui de Thessaloni-que. Lors de l'invasion des Normands sous Guillaume de Sicile 1185, il intervint avec succès en faveur de sa ville. Il maintint énergique-ment contre Manuel 1180 la dignité de ses fonctions, et combattit le relâchement des mœurs des couvents. On a de lui un Traité sur l'hypocrisie et des Considér. sur le monachisme, qui jettent une vive lumière sur l'état religieux du pays à l'époque des Comnène.

 

EUSTOCHE, fille de Paula. Elle accompagna sa mère en Égypte et en Palestine, lorsque celle-ci suivit saint Jérôme qui avait demeuré chez elles à Rome, et elles s'établirent à Beth-léhem où Paula, de sa fortune particulière, fonda 4 couvents dont elles prirent la direction.

Elle échappa à grand'peine à la mort, quand les pélagiens détruisirent son couvent, f 419. Jérôme la mentionne plusieurs fois avec éloge dans ses Lettres.

 

EUTHALIUS, év. de Sulca vers 450. On lui doit la division des Actes et des Épîtres de Paul en stiques, et les accents. Le mss. de Clermont est ponctué d'après son système.

 

EUTHARIUS, ou Euthaire, lo év. de Lau-rencum vers 286, qui doit avoir prêché l'Évang. à Fabiana (Vienne); 2° év. de Pannonie, assista au conc. de Sardique 347. 3° chambellan impérial, nommé précepteur de Julien.

 

EUTHYME lo précepteur de saint Saba, fonda au 5me siècle un des premiers ermitages des environs de Jérusalem; 2o un des quatre grands Fr. q.v. 3o Euth.Zigadenus, ou Zigabenus, moine d'un couvent près de Constantinople. A la demande d'Alexis, il écrivit une hist. complète de toutes les hérésies, depuis Simon le magicien jusqu'au mahométisme, avec réfutations tirées des pères. Son Comment, sur les 4 Évang., publié par Matthaei 1792 a plus de valeur; celui sur les Psaumes 1763 en a moins et ne tient pas assez compte des textes.

 

EUTYCHÈS. ou Eutyche, prêtre et archimandrite d'un couvent grec près de Constantinople, jouissait d'une très grande considération. Comme Dalmatius il quitta sa cellule pour venir défendre la foi; il accusa Nestorius et l'école d'Antioche qui distinguaient en Christ 2 personnes et 2 natures. Mais il tomba lui-même dans l'excès contraire; il ne voyait en Christ deux natures que dans un sens abstrait, c.-à-d. qu'il les niait. Il n'admettait en Dieu fait chair qu'une seule nature, et contestait que le corps de Christ fût semblable à celui des autres hommes. Théodoret le combattit dans son Éra-nistès,et répondit avec beaucoup de modération à Dioscure qui lui reprochait de partager le Seigneur en deux fils de Dieu. Eusèbe de Do-rylée le dénonça au conc. de Constantinople, présidé par le patr. Flavien, qui l'excommunia. Par 3 fois le conc. l'avait invité à comparaître; il s'y décida enfin, mais accompagné de soldats et de moines, sous la protection d'un licteur que l'emp. lui avait donné pour le garder. Après avoir répondu longtemps: Je confesse Christ comme mon Dieu, sans me permettre de vouloir comprendre sa nature, il déclara qu'il admettait 2 natures avant l'incarnation, mais une seule après. Il fut condamné comme complice de Valentin et d'Apollinaire. Eutvchès, appuyé par Chrysapius et d'autres personnages influents de la cour, demanda la revision de la sentence pour défaut de forme. Il obtint gain de cause au Synode des brigands 449, mais fut de nouveau et définitivement condamné au conc. de Chalcédoine 451. Léon-le-Grand, dans une lettre très sage à Flavien, approuva les actes du synode. Banni, Eutychès mourut peu de temps après, Âgé de 75 ans. Ses adhérents, nommés eutycheens, ou monophysites, se multiplièrent après sa mort, mais forent aussi persécutés.

 

EUTYCHIEN io le 27®e év. de Rome, 274-283; martyr, dit-on. Deux décrétales qu'on lui prête sont inauthentiques. 2° moine novatien, dont on raconte des miracles.

 

EUTYCHIUS, né 876 à Fostat; patriarche des melchites à Alexandrie 933, f 940. Il a écrit en arabe une chronique de la création; publ. 1658 par Pococke.

 

ÉVAGRIUS io Ponticus, né en Ibérie sur les bords de la mer Noire, archidiacre à Constantinople sous Grégoire de Naziance, qu'il accompagna 385 à Jérusalem. Partisan d'Origène, ses écrits n'ont obtenu qu'un succès partiel: publ. par Galland, Bibl. Patr. — 2° Scholasticus, historien ecclésiastique, ne 537 à Épiphania. Juriste à Antioche, il était lié avec l'év. Grégoire, qu'il défendit à Constantinople. Son hist. de de l'Égl. 431-594 est une source sûre d'informations. Ses jugements sur les hérétiques sont à la fois exacts et modérés. En revanche il admet tous les miracles des moines comme authentiq. Publ. par Robert Étienne, Paris, 1544, etc.

 

ÉVANGÉLIAIRE, ou Évangèlistaire, livre d'église qui renferme les fragments (péricopes) destinés à être lus au culte public. Dans l'Egl. grecque c'est la simple indication de ces fragments, avec les notes liturgiques nécessaires.

 

ÉVANGÉLISTES (Les 4). Ils ont été représentés dans les premiers temps sous la forme de 4 volumes roulés, avec la personne de Christ pla cée au milieu d'eux; puis sous la forme de 4 fleuves descendan t d'une montagne, qui est elle-même désignée par le monogramme du Christ. Plus tard enfin on leur donna pour symboles les 4 animaux de l'Apoc. 4, 7, Ez. i, 5, mais sans être d'accord sur la désignation spéciale de chacun. L'opinion de Jérôme a fini par prévaloir, qui fait de l'homme Matthieu, parce que son livre commence par une généalogie; du lion, Marc, la voix qui crie dans le désert; du bœuf, Luc, à cause du sacrifice; et de l'aigle, Jean, parce qu'il plane.

 

ÉVANGILE éternel, v. Joachim de Flores.

 

ÉVARISTE d'Antioche, 5e év. de Rome, 101-109 d'après Eusèbe, 102 à 121 d'après Baronius; donc complètement inconnu. On le fait grec, mais fils d'un juif; il doit avoir divisé Rome en paroisses; deux lettres lui sont attribuées par le faux Isidore, vénéré comme martyr. Quelques-uns disent que c'est sous lui qu'arriva la persécution de Trajan.

 

ÉVÊQUE in partibns, sous entendu infide-lium, titre honorifique délivré parle pape à des prêtres qui lui ont rendu des services, mais qui ne sont pas aptes à diriger un diocèse, ou que d'autres occupations empêchent de remplir des fonctions pastorales. Ainsi il y a des év. de Sura, d'Hébron, de Scythopolis, etc., où il n'existe plus auj. de chrétiens, mais où il y en a eu dans les temps anciens, v. Hiérarchie.

 

EWALD 1° Deux frères anglais, dits le Blanc et le Noir, qui évangélisèrent, au 7m« siècle, la Westphalie, furent mis à mort et sont regardés comme les patrons du pays. Leurs os, retrouvés 1074, sont à Cologne dans l'égl. de Saint-Cuni-bert. 2° Georges-Henri-Auguste, un des orientalistes les plus distingués de notre temps. Né à Gôttingue 16 nov. 1803, prof, de philos, depuis 1831; destitué et banni avec 6 de ses collègues en 1837, il se retira à Tubingne; en 1848 il put rentrer à Gôttingue, f 1875. Ses grammaires hébraïques le placèrent dès l'abord très haut parmi les savants, puis sa gAmm. arabe et son traité sur la métrique arabe. Comme exégèse on lui doit des Comment, sur le cantique, les livres poétiq. de l'A. T., les Prophètes, l'Apocalypse, les 3 Synoptiques, quelques lettres de Paul; enfin une Hist. du peuple juif jusqu'à Bar-Kochba, 8 vol. 8°, 1843 à 1848. Tendance plutôt rationaliste.

 

EXALTATION, v. États.

 

EXCLUSION (droit d'). On désigne ainsi le droit qu'avaient et qu'ont encore plusieurs souverains cathol. de notifier au conclave des cardinaux lors de l'élection d'un pape, l'exclusion d'une personnalité déplaisante. Ce droit est contraire aux principes même de l'Église, et il n'a aucun rapport avec l'ancien droit des empereurs de confirmer une éleclion papale. On ne peut y voir qu'un d* ces compromis si fréquents dans l'histoire, et justifiés par des circonstances et des intérêts bien plus que par la nature d*s choses. La France, la Bavière, la Prusse, ont un droit semblable en ce qui concerne les évêques. Mais on tend à ne pas en user, à mesure que l'on comprend mieux l'indépendance réciproque des deux pouvoirs.

 

EXÉDRA, proprement un siège apporté du dehors; puis la chaire, et le siège épiscopal. Le pluriel marque les sièges voisins dans les grandes églises.

 

EXÉGÈSE, nom scientifique, employé surtout en theol. et synonyme d'explication, ou d'interprétation, ou d'herméneutique. Faire l'exégèse d'un livre, ou d'un passage de l'Écri-lure, c'est chercher le sens exact que l'auteur i voulu lui donner. Ce travail, quelquefois très simple, peut à l'occasion se compliquer de difficultés critiques; il faut savoir si tel mot est bien authentique, s'il est correctement écrit, s'il n'est pas susceptible de sens différents, si le contexte n'impose pas un sens plutdl qu'un autre; quelles sont les conséquences de dogme ou de morale qni en découlent. Plus l'exégèse est simple, plus elle a de chances d'être vraie. L'école d'Alexandrie cherchait surtout des sens allégoriques. Origène distinguait le sens littéral, le sens moral et le sens spirituel. Augustin et Crégoire-le-Gr. ne comptent pas moins de 4 sens dans un passage: littéral, tropologique ou moral, allégorique et anagogique. Les théol. romains se sont attachés surtout au sens typique, dont le principal inconvénient consiste surtout en ce qu'on met dans un passage ce qu'on veut y trouver. La vraie méthodp, à la fois philologique, grammaticale et historique, entrevue déjà par l'école d'Antioche, Chrysostome, Éphrem, Théodoret, a repris faveur à la Renaissmce; Érasme et Lefèvre d'Étaples la représentent, nuis Calvin et Bèze dont les comment, sont des chefs-d'œuvre; Grotius,Ernesti, Gesenius, D^ Wette, Tholuk, Olshausen, pour ne citer que les plus célèbres; en France Reuss,Oltramire et Godet. Tout essai d'explication des Écritures est un travail exégétique, mais on réserve spécialement ce nom pour les travaux scientifiques plutôt que pour les études dogmatiques ou morales.

 

EXEMPTION, privilège, dispense accordée à certains ordres et monastères qui, établis dans un diocèse, étaient affranchis de toute obligation vis-à-vis de l'autorité épiscopale et ne relevaient directement que du pape. Il en résultait divers inconvénients, affaiblissement du pouvoir épis-«opal, diminution des revenus, froissements, conflits; aussi les conciles de Constance et de Trente, se sont-ils appliqués à diminuer le nombre des exemptions.

 

EXERCICES, actes de dévotion et pratiques religieuses, recommandés surtout par les jésuites, et consistant en méditations, considérations, recueillement, prières, examen de conscience, confession, communion. Ces actes, sauf dispense, doivent se faire dans des couvents ou dans des maisons religieuses, pour avoir toute leur efficace. Ils sont surtout prescrits avant une ordination et avant l'entree définitive dans l » vie monastique.

 

EXORCISME. La puissance de chasser les démons était regardée dans les premiers temps comme appartenant à tous les chrétiens, suivant Matt. 10, 8. Luc 9, i. Marc 16, 17. Peu à peu on en fit l'apanage du clergé seul, et comme on ne saurait s'y prendre trop tôt, on exorcisa les enfants avant de les baptiser. L'Égl. romaine a conservé en principe la charge d'exorciste, et elle a un rituel particulier pour cela. Depuis le siècle, et à la suite des Égl. d'Afrique, l'exorcisme est devenu pour quelques Églises une partie intégrante du baptême. L'insufflation et la salive, ou de la boue faite avec la salive furent admis d'après Marc 7, 33. comme la forme extérieure de l'exorcisme; il s'y joignit aussi une renonciation formelle au diable et à ses suppôts, que l'enfant et, à son défaut, ses parrains devaient prononcer. On y attachait l'idée d'un acte réel et non pas seulement symbolique. L'Égl. réformée a dès le début supprimé tous les exorcismes; l'Égl. lutherienne les a pendant quelque temps conservés en les mitigéant; elle a fini par y renoncer aussi presque partout; la formule de renonciation seule subsiste encore en quelques endroits.

 

EXPECTANCE, état d'attente. Dans les premiers temps on ne consacrait qu'en vue d'une fonction, d'une place déterminée. Plus tard on consacra sans emploi, mais avec l'engagement réciproque que la première place vacante serait donnée par le consacrant et acceptée par le consacré; c'était surtout le cas pour les fondations. Il en résulta des abus que ni Boniface VIII ni le conc. de Trente ne purent entièrement réprimer. Tantôt c'était le pape, tantôt le roi qui, pour récompenser des services, par faveur ou pour argent, promettaient certains bénéfices, qui prenaient alors le nom d'expectances. Le seul droit de ce genre que connaissent les Égl. protestantes est le droit d'ancienneté; encore est-il rendu presque nul par le droit d'élection remis aux paroisses.

 

EXSUPÈRE, év. de Toulouse, 405 à 415 dont Jérôme vante la bienfaisance et à qui il a dédié son Comment, par Z^charie.

 

EXTRAVAGANTES, nom donné au Décret de Gratien, aux décrétales de Grégoire IX, aux Clémentines et à deux collections de Jean XXII, qui longtemps dispersées et n'ayant jamais été reçues dans le Cor pu* juris sont restées errant dehors, extra-vagantes, tout en conservant une certaine valeur historique et juridique.

 

EXTRÊME - Onction, v. Onction.

 

EXUCONTIENS, surnom bizarre donné aux ariens stricts, pirce qu'ils disaient que le Fils avait été créé de rien, ex ouk ontôn.

 

EX-VOTO, tout objet utile ou d'ornement, donné à une église, à la suite d'un vœu formé dans un moment de ferveur, de crise ou de danger.

 

EYLERT, Ruhlemann-Fréd. né à Hamm le 5 avril 1770, f 1852, prédicateur, conseiller intime de Guillaume III à Potsdam, auteur de plusieurs ouvrages d'édification, sermons, articles, etc. Il a travaillé àrUnion des égl. en Prusse.

 

EYMERIC, Nicolas, né à Gironne, Catalogne, 1320. Dominicain, il fut en 1356 inquisiteur général en Aragon. Il a écrit quelques ouvrages, entre autres un Directorium inquisitorum, manuel à l'usage des inquisiteurs, plus, fois réimprimé, et auquel Pegna a ajouté un Commentaire. Venise 1607.