Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-D
septembre 3, 2010
Préface — A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
D
DABBÉSETH,
Josué 19:11, ville inconnue, de la tribu de Zabulon.
DABRATH,
ville située sur la frontière des tribus d'Issacar et de Zabulon, Josué 19:12, et qui fut donnée aux lévites, Josué 21:28; 1 Chroniques 6:72. Elle est quelquefois appelée Dobrath. Reland la place, avec assez de vraisemblance, au pied méridional du mont Thabor, où Burckhardt a trouvé un village nommé Dabury: on pense que c'est le Dabeïra d'Eusèbe.
DAGON,
divinité nationale des
Philistins d'Asdod et de Gaza, non sans
rapports avec Hastaroth et Derceto, Juges
16:23; 1 Samuel 5:1,4; sq. De ce dernier
passage on peut conclure qu'elle avait une
tête, des bras et des mains d'hommes; d'un
autre côté, l'étymologie de ce nom (dag,
poisson) permet de croire que la partie
postérieure de son corps se terminait en
poisson, comme les tritons et les syrènes
des autres païens. Pour la plupart de ces
peuples, voisins de la mer, les poissons
étaient un objet de culte (Hérodote 2, 72.
Xénophon Anab. 1:4,9; etc.); et les
Babyloniens eux-mêmes avaient une divinité
toute semblable, Odakon, mi-homme,
mi-poisson, l'un des quatre bienfaiteurs de
l'humanité connus sous le nom d'Oannès, et
qui remontaient jusqu'aux temps du déluge
(Creuzer's Symb. II, 74; 78).
— D'après un système tout différent, Philon
de Byblos fait dériver le nom de Dagon de
l'hébreu dagan, qui signifie froment,
blé; il en ferait une espèce de Dieu des
récoltes et des moissons. Cette opinion,
partagée entre autres par Bochart, n'a guère
d'autre appui que l'étymologie; mais sous ce
rapport la première se justifie également,
et de plus elle a pour elle des raisons
historiques d'un grand poids. Le temple de
Dagon, mentionné Juges 16, et qui fut
renversé par Samson, devait être construit
dans le genre des kiosques de la Turquie;
c'était une vaste place entourée de
colonnes, et couverte d'un toit plat sur
lequel un grand nombre de personnes
pouvaient se réunir dans des circonstances
solennelles et pour des réjouissances
communes.
DAIM,
Proverbes 6:5;
— Voir: Gazelle.
DALMANUTHA,
Marc 8:10. La comparaison de ce passage avec Matthieu 15:39, montre que cette bourgade devait être située dans le voisinage de Magdala; mais c'est tout ce que l'on en sait. D'autres (Calmet, etc.), lisent au lieu de Magdala Magedan, et comparent la ville de Médan près du lac Phiala et des sources du Jourdain, où les Arabes tiennent chaque année une grande foire (medan en arabe), qui a donné son nom à l'endroit: c'est à la fois faux et forcé.
DALMATIE.
La province de ce nom, indiquée dans la Bible, 2 Timothée 4:10, comme ayant été évangélisée par Tite, était, selon Pline III, 28, située dans l'ancienne Illyrie, au bord de la mer Adriatique, entre les fleuves Titius et Drinus.
DAMARIS.
Actes 17:34. Cette femme que l'on peut supposer avoir été d'un rang élevé, et que quelques-uns font femme de Denys l'aréopagite, fut du petit nombre de personnes qui se convertirent à Athènes par suite de la prédication de saint Paul.
DAMAS.
-
Au milieu d'une vaste plaine de la Syrie qui s'étend vers le nord jusqu'aux chaînes de l'Antiliban, et dont le Chrysorrhoas qui la traverse, se divisant en plusieurs bras, fait une des contrées de la terre les plus fertiles et les plus riantes, s'élève de nos jours encore l'antique et célèbre ville de Damas; le fleuve la sépare en deux parties. Sa position comme point central entre l'Asie Mineure et l'Asie intérieure, lui donna, dès les temps les plus reculés, une grande importance sous le rapport commercial et politique. Maintes fois détruite par des tremblements de terre ou par les chances des combats, elle a toujours été rebâtie, grâce à la beauté de sa position, à la douceur de son climat, à la variété de ses productions en tous genres; ses habitants y voient le paradis terrestre. Maintenant elle est encore le chef-lieu d'un pachalik turc et ne compte pas moins de 200,000 âmes, dont 25,000 chrétiens.
Elle est déjà nommée comme existant à l'époque d'Abraham, et quelques auteurs font de ce patriarche le premier roi de Damas, après que son fondateur Dammésec eut été détrôné par lui. Élihézer, l'intendant de la maison d'Abraham, était Damascénien, Genèse 15:2; Abraham poursuivit Kédor-Lahomer et les cinq rois alliés jusqu'à Hobar qui est plus au nord et à la gauche de Damas (14:15). Depuis ce moment il n'en est plus reparlé jusqu'au temps de David qui s'en empara, 2 Samuel 8:5-6. Elle fut reprise déjà sous Salomon, par Rézon fils d'Eljadab, 1 Rois 11:24. Parmi les rois qui la gouvernèrent depuis cette époque, nous remarquerons surtout les suivants, dont l'histoire fut plus ou moins liée à celle du peuple d'Israël:
Ben-Hadad I, fils de Tabrimon, fils de Hezjon; il fit alliance avec Asa roi de Juda, contre Bahasa roi d'Israël, et remporta sur ce dernier une importante victoire, 1 Rois 15:18.
Ben-Hadad II, fils du précédent; il marcha contre Achab roi d'Israël, et fit le siège de Samarie, aidé de trente-deux rois, mais il fut obligé de quitter la place. L'année suivante il fut de nouveau battu par Achab, et comprit que le Dieu d'Israël était un Dieu de la plaine comme un Dieu des montagnes; il dut faire la paix, et rendre les villes que ses ancêtres avaient prises sur Israël, 1 Rois 20. Il se releva cependant contre Joram, fils d'Achab.
Hazael, un de ses officiers, lui succéda après l'avoir étouffé dans son lit; il fut dans la main de Dieu un instrument pour châtier à la fois son prédécesseur qui avait combattu contre le peuple de l'alliance, et ce royaume des dix tribus qui avait abandonné le culte du vrai Dieu: il ravagea en particulier les provinces situées à l'est du Jourdain, et s'avança jusque sous les murs de Jérusalem, 1 Rois 19:14-15; 2 Rois 8:28; 10:32; 12:17.
Ben-Hadad III, fils de l'usurpateur se para du nom de l'ancienne dynastie. Trois fois il fut battu par le roi d'Israël Joas, et finalement fut obligé de rendre toutes les conquêtes de son père, 2 Rois 13:25; on peut même conclure de 2 Rois 14:28, qu'il perdit momentanément sa capitale.
Retsin. Ce qui causa la ruine du petit royaume de Damas, c'est que ce malheureux prince s'étant ligué avec Pékach roi d'Israël, contre Achaz roi de Juda, celui-ci se vit obligé de solliciter l'alliance et l'intervention de Tiglath-Piléser. L'Assyrien, pour faire une diversion utile à son allié, entra sur les terres de Retsin, prit Damas, tua Retsin lui-même, emmena une partie de ses sujets en captivité, et réunit ce territoire à l'empire d'Assyrie, 2 Rois 16:9; Ésaïe 17.
Damas continua cependant de subsister, mais soumise; elle passa successivement sous la domination des Babyloniens, des Perses, des Séleucides, et enfin depuis Pompée sous celle des Romains, (cf. Ésaïe 7:4,8; 8:4; 10:9; 17:1; Amos 1:3,5; Ézéchiel 27:18; Jérémie 25:9; 49:23-24; Zacharie 9:1). Elle compta toujours parmi ses habitants, surtout sous les Séleucides, un grand nombre de Juifs (Flavius Josèphe, Guerre des Juifs I, 2, 25; II, 20, 2; Actes 9:2). Elle marqua encore, dans l'histoire du christianisme, comme le lieu de la conversion et de la première prédication de saint Paul, Actes 9:3,19; Galates 1:17.
On montre encore, à cinq cents pas de Damas, l'endroit ou Paul fut renversé par la voix du ciel, et dans la ville, la rue et la maison où Ananias le baptisa. Cette maison fut d'abord changée en église, les Turcs en ont fait une mosquée. C'est également avec les mêmes garanties qu'on montre dans les environs de Damas le tombeau d'Abel, long d'environ 14 mètres, eu égard à la grandeur des premiers hommes. Quelques écrivains, traduisant le nom de Damas (Dammésec) un sac de sang, pensent que ce fut dans ses environs que se commit le premier meurtre.
-
La Syrie de Damas, ou Aram Damas, est le nom qu'on donnait à la partie de la Syrie qui formait le territoire de la ville de Damas, au nord-est de la Palestine, 2 Samuel 8:6; cf. Ésaïe 7:8; 17:3; Amos 1:5.
DAN
était fils de Jacob et de
Bilha, Genèse 30:3. On avait assigné à la
tribu qui porta son nom un territoire entre
les tribus de Juda, de Benjamin et
d'Éphraïm, Josué 19:40; mais, outre que ces
limites étaient passablement restreintes, il
paraît qu'il se passa un temps assez long
avant qu'elle pût en chasser les Cananéens
et en prendre entièrement possession: c'est
ainsi qu'il faut entendre les passages,
Juges 1:34; 18:2. Ce fut là sans doute la
cause de l'expédition contre la ville de
Laïs, qui eut lieu déjà du temps de Josué,
Josué 19:47, mais que nous ne trouvons
racontée avec détails que Juges 18. La
nouvelle ville qui fut construite sur
l'emplacement de Laïs, reçut aussi le nom de
Daniel Ils possédèrent ainsi tout le cours
supérieur du Jourdain, et la partie
septentrionale du pays, de sorte que pour
dire d'une extrémité à l'autre de Canaan, on
finit par dire proverbialement de Dan à
Béersébah, 1 Samuel 3:20; etc.
— Voir: Béersébah.
Quant à l'ancien territoire de la tribu, il
avait pour voisins et pour ennemis les
Philistins, sous l'oppression desquels les
Danites gémirent pendant quarante ans,
jusqu'à ce qu'enfin un homme de cette tribu,
Samson, les en eut délivrés, Juges 13:1-2.
Les Danites avaient des vaisseaux, Juges
5:17, et l'on croit qu'ils possédaient la
ville de Joppe au bord de la mer.
Jacob, à son lit de mort, annonce que Dan
jugera son peuple, aussi bien qu'une autre
des tribus d'Israël (Samson); qu'il sera un
serpent sur le chemin, et une couleuvre dans
le sentier, mordant les cornes du cheval, et
celui qui le monte tombe à la renverse», ce
qui signifie que ses conquêtes et ses
victoires seront dues à la ruse plutôt qu'à
la force (Genèse 49:16-17). Moïse au
contraire dit de cette tribu: «Dan est comme
un jeune lion», montrant ainsi que, si la
ruse est son partage, la force cependant ne
lui manquera pas.
Quant aux raisons pour lesquelles cette
tribu ne se trouve pas mentionnée avec les
autres Apocalypse 7:5-8, les commentateurs
sont partagés: on pourrait penser que c'est
parce qu'elle fut dès le commencement le
principal siège de l'idolâtrie, Juges 18; 1
Rois 12:30;
— Voir: Tribus.
DANIEL.
-
Troisième fils de David, par Abigaïl, 1 Chroniques 3:1.
-
Descendant d'Ithamar, nommé parmi ceux qui revinrent de la captivité de Babylone, Esdras 8:2.
-
Prophète hébreu.
Daniel le prophète était d'une naissance
illustre, et même, selon Flavius Josèphe
(Antiquités Judaïques 10, 10), il
appartenait à la famille royale et
descendait directement d'Ézéchias; cf. 2
Rois 20:18. Fort jeune encore, âgé peut-être
de 12 à 15 ans, il fut emmené captif en
Caldée, après la prise de Jérusalem par
Nébucadnetsar, la quatrième année de
Jéhojakim (avant J.-C. 606). Il fut élevé
avec trois autres de ses compatriotes et
compagnons d'âge pour le service de la cour,
et reçut le nom de Beltesatsar, Daniel 1:7;
2:26. Il se distingua par ses abstinences et
sa fidélité, refusa de se souiller en
goûtant des mets qui lui étaient défendus
par la loi de Moïse, et commença, au bout de
trois années de préparation, son service
auprès du monarque. Les quatre jeunes gens
ne tardèrent pas à gagner la confiance de
leur maître par leur sagesse et leur science
admirables; Daniel, en particulier, ayant su
rappeler au roi un songe remarquable que
celui-ci avait fait et qu'il avait
entièrement oublié, et lui en ayant en même
temps donné l'interprétation, devint l'objet
d'une haute considération et fut élevé à la
dignité d'inspecteur de la caste des mages,
2:46, charge qu'il paraît avoir perdue
cependant sous l'un des successeurs de
Nébucadnetsar, et qu'il n'exerçait plus sous
Belsatsar, 5:10-16. C'est revêtu de ce titre
nouveau qu'il fut appelé auprès du roi pour
lui expliquer un second songe, mais
personnel à Nébucadnetsar, et plus terrible
que le premier; il lui annonça qu'il serait,
pendant un certain nombre d'années, réduit à
l'état de bête sauvage. Puis, pendant deux
ou trois règnes, ceux d'Évil-Mérodac, de
Nériglissor et de Laboroso-Archod, Daniel
disparaît de la scène: les armes de Cyrus
remplissent déjà l'Asie, sa renommée est
portée sur toutes les bouches, ici la
crainte, là l'espérance. Daniel, qui sait la
succession des monarchies et le renversement
de Babylone par la puissance médo-perse,
Daniel qui sait que la fin de la captivité,
que le terme des soixante et dix années
approche, Daniel enfin qui se rappelle que
c'est un guerrier du nom de Cyrus qui doit
présider au retour des Juifs dans leur pays,
dire à Jérusalem: sois rebâtie, et à son
temple: sois refondé, Daniel attend dans le
silence le développement et
l'accomplissement de ces faits dont aucun
autre peut-être n'a la clef. Puis, une nuit,
pendant que Belsatsar est dans la salle du
festin, Cyrus marche dans le lit du fleuve
mis à sec, et l'ange écrit sur la muraille
du festin des mots mystérieux et
redoutables. Après avoir inutilement
consulté les mages et les devins, Belsatsar
mande le prophète hébreu. Daniel apparaît:
ses paroles sont sévères; il parle à un roi
puissant, mais qui n'a plus que peu d'heures
à vivre; il lui reproche ses crimes et lui
déclare que le moment de la vengeance est
arrivé: bien loin de profiter de
l'expérience de ses pères, il a résisté au
vrai Dieu, il s'en est détourné, il a foulé
aux pieds les choses saintes; les coupes et
les vases sacrés du temple de Jérusalem sont
encore là, sur la table, pleins de vin,
destinés à passer par les lèvres des
courtisans et des concubines royales. Frappé
de terreur, et voulant essayer peut-être de
parer le coup fatal en s'amendant à la hâte,
Belsatsar fait revêtir Daniel d'écarlate,
lui met un collier d'or au cou, et le
déclare le troisième du royaume. C'était
trop tard. Darius le Mède, grand oncle de
Belsatsar, et pour qui Cyrus avait fait
cette conquête, s'empara du royaume à l'âge
d'environ soixante et douze ans; il continua
d'avoir pour Daniel le même respect et la
même considération que lui avaient témoignée
ses prédécesseurs; il établit cent vingt
satrapes dans le pays, au-dessus d'eux trois
gouverneurs, et Daniel comme leur chef.
Darius fut le sixième roi que Daniel fut
appelé à servir d'une manière ou de l'autre
dans l'administration; il servit encore plus
tard sous Cyrus, Daniel 6:28. Cependant
l'envie et la malveillance ne dormaient pas;
la religion fut le moyen que l'on mit en
avant pour perdre Daniel; on arracha à
Darius un édit par lequel tout homme qui,
pendant trente jours, adresserait des
prières à une autre divinité qu'au roi
lui-même, serait jeté aux lions. Daniel, qui
n'a jamais fait étalage de piété, ne craint
point non plus de montrer sa foi; il doit
l'exemple à ses coreligionnaires, il doit
les soutenir dans ce combat entre les dieux
de Darius et Jéhova: sa position l'y oblige;
s'il cède, tous céderont; s;il persévère
dans le bien, tous y persévéreront. Aussi,
trois fois le jour il ouvre sa fenêtre du
côté de Jérusalem, se met à genoux, prie et
célèbre son Dieu comme il faisait
auparavant. Découvert, accusé, condamné
malgré le roi que sa parole engage, on le
descend dans la fosse aux lions; mais ces
animaux affamés respectent l'oint de
l'Éternel, et quand, au jour suivant,
Darius, qui croit au Dieu de Daniel,
s'approche avec une vague et faible
espérance de trouver son ami vivant, Daniel
lui répond: O roi, vis éternellement. Mon
Dieu a envoyé son ange, et a fermé la gueule
des lions, tellement qu'ils ne m'ont fait
aucun mal, parce que j'ai été trouvé
innocent devant lui; et même à ton égard, ô
roi, je n'ai commis aucune faute. Daniel
sort du tombeau triomphant; ses ennemis,
qu'on y jette avec leurs femmes et leurs
enfants, sont dévorés «avant même qu'ils
soient parvenus au bas de la fosse.» Le
prophète reprend dans l'empire son rang et
son autorité, Daniel 6:11; c'est en grande
partie à son influence qu'il faut attribuer
la permission donnée aux Juifs de retourner
dans leur patrie. Lui-même resta à la cour,
surveillant jusqu'à sa mort les intérêts du
règne de son divin maître, et mourut, à ce
que l'on peut croire, âgé d'au moins
quatre-vingt-dix ans, quelques années après
l'avènement de Cyrus.
Dieu n'avait envoyé Daniel à Babylone, et ne
l'avait revêtu du ministère public qu'en vue
du peuple d'Israël, dont la régénération
morale devait s'opérer pendant l'exil. Or,
quoi de plus propre à atteindre ce but que
la mission de Daniel? Tous les Israélites
pouvaient attacher leurs regards sur lui
comme sur un modèle de fidélité: ils
voyaient se déployer en lui, même au milieu
des idoles, toute la puissance du vrai Dieu;
jeune, il les encourage par sa fermeté; plus
tard, il les soutient de son crédit et par
les révélations de sa sagesse surhumaine;
vieillard, il affronte les lions, et, par sa
haute position, s'expose aux premiers coups,
aux premiers châtiments, comme le sapin de
la montagne qui détourne la foudre des
arbustes qui l'environnent, en l'attirant
sur lui-même. Enfin ses prophéties
consolantes devaient relever leur courage
abattu, et leur montrer dans un avenir peu
éloigné le moment que les fidèles appelaient
de leurs vœux les plus chers.
Deux passages d'Ézéchiel, 14:14; 28:3, nous
montrent que sa destinée providentielle fut
comprise au moins par quelques-uns de ses
compatriotes; ils nous font voir en même
temps combien Daniel devait être un homme de
prière, puisque de son vivant, un de ses
contemporains, mû par l'esprit de Dieu, ne
craint pas de le citer avec Job et Noé,
comme un des hommes dont l'intercession eût
pu avoir le plus de succès auprès du trône
des miséricordes et de la justice. Sa
sagesse y est également exaltée.
On s'est étonné quelquefois que Daniel n'ait
pas été enveloppé dans une même condamnation
avec ses trois amis qui furent jetés dans la
fournaise ardente pour avoir refusé d'adorer
la statue de Nébucadnetsar, Daniel 3; mais
outre que Daniel pouvait se trouver
accidentellement éloigné, il faut remarquer
que la fête de cette dédicace se fit dans la
province de Babylone où les trois autres
jeunes gens étaient établis, tandis que
Daniel qui avait un autre poste dans la
ville même de Babylone, à la porte du roi,
2:49, était peut-être retenu par sa charge
même, loin d'une scène d'idolâtrie dans
laquelle il aurait certainement participé à
la conduite, au supplice et à la délivrance
de ses amis, s'il eût été appelé à y
assister.
Quoique le prophète ait été un homme pécheur
comme nous, et qu'il le reconnaisse avec
tant d'humilité dans la belle prière du
chapitre neuvième, on a fait la remarque que
sa vie telle qu'elle est racontée ne
présente aucune espèce de taches, de même
que celle de Joseph en Égypte: ce sont deux
figures qui nous offrent la plus grande
pureté de caractère, nobles, droits, fidèles
dans tout ce que nous en connaissons.
Livre de Daniel. Les six premiers
chapitres se rapportent à la biographie du
prophète; les six autres contiennent les
prophéties proprement dites, qui ont
essentiellement pour objet l'histoire des
principaux peuples aux destinées desquels le
peuple de Dieu fut mêlé et enchaîné. Ce
devait être pour les Israélites pieux une
grande consolation de pouvoir ainsi
discerner clairement, au milieu des
révolutions politiques, la main de celui qui
fait concourir toutes choses au bien de ceux
qui l'aiment. Le sujet du chapitre 7e est le
même que celui du songe expliqué au chapitre
2e, la succession des quatre monarchies,
chaldéenne, médo-perse, macédonienne et
romaine. Le chapitre 8e annonce avec plus de
détail l'histoire de la deuxième et
troisième de ces monarchies. Le 9e détermine
de la manière la plus remarquable et la plus
précise l'époque des bénédictions
messianiques, il renferme le passage des
septante semaines. Les chapitres 10e et 11e
prédisent les destinées du peuple Juif sous
la domination égyptienne et sous la
domination syrienne. Enfin, le 12e s'étend
de nouveau jusqu'aux temps du Messie. Ces
douze premiers chapitres sont écrits partie
en caldéen, partie en hébreu; les
catholiques en ajoutent deux autres écrits
en grec, et renfermant les histoires de
Susanne, de Bel et du Dragon; on les compte
ordinairement à part.
— Voir: Apocryphes.
Le livre de Daniel contient des vérités
tellement précises, les miracles qu'il
rapporte sont si inexplicables, qu'il devait
être une pierre d'achoppement pour tous les
ennemis de la révélation: aussi les
voyons-nous se liguer dans leurs attaques
contre son authenticité, depuis le païen
Porphyre jusqu'aux rationalistes modernes
inclusivement. Cette authenticité,
cependant, repose sur des preuves assez
solides et assez nombreuses pour que sous ce
rapport Daniel puisse se mesurer avec tout
autre livre de l'antiquité hébraïque. Il
existait déjà en collection du temps des
Maccabées, 1 Maccabées 2:59-60, et Flavius
Josèphe nous apprend, Antiquités Judaïques
11, 85, qu'il fut présenté à
Alexandre-le-Grand, fait dont nous n'avons
aucune raison de douter. L'auteur montre
aussi une connaissance si approfondie des
mœurs et des événements de l'époque dont il
parle, qu'il serait difficile d'admettre que
ce livre ait été écrit à une époque
postérieure. Enfin et surtout, nous avons en
faveur de son authenticité le témoignage
solennel de notre Sauveur, qui ajoute: que
celui qui lit ce prophète y fasse attention,
Matthieu 24:15.
Pour l'étude de ce livre difficile nous
indiquerons parmi les meilleurs ouvrages à
consulter, le Commentaire de Calvin,
l'Apologétique de Sack, Hengstenberg's
Beitræge zur Einl. in das Alte Test., le
commentaire de Hævernick, en anglais
Tregelles, et en français les Leçons sur le
prophète Daniel, données dans une école du
dimanche, par M. Gaussen.
DANNA,
Josué 15:49, ville de Juda située dans les montagnes.
DANSE.
De tout temps les Hébreux
paraissent avoir été grands amateurs de la
danse, Proverbes 26:7; Ecclésiaste 3:4.
C'étaient principalement les femmes et les
jeunes filles qui s'adonnaient à cet
exercice, Jérémie 31:4; Juges 21:21, et les
enfants les imitaient dans leurs jeux au
milieu des rues, Matthieu 11:17; Luc 7:32;
plus ordinairement, les danses se
composaient de chœurs et de groupes; on voit
cependant aussi quelques exemples de solos
de danse, 2 Samuel 6:14,16; Matthieu 14:6.
Elles faisaient partie des réjouissances
particulières, Luc 15:25; on les trouve
aussi pratiquées dans les réjouissances
publiques, accompagnant les récoltes, Juges
9:27, les fêtes politiques, 1 Samuel 18:6;
21:11; 30:16, et même les fêtes religieuses,
Exode 15:20; Juges 21:19-21; 2 Samuel
6:5,14. Les femmes s'accompagnaient du
tambourin, Jérémie 31:4, quelquefois on y
joignait le chant, 1 Samuel 18:7; 21:11, et
des instruments de musique, cymbales et
autres, 2 Samuel 6:5. Ces danses, en général
d'un caractère religieux, se justifiaient
par le besoin naturel à l'homme d'exprimer
sa joie, sa reconnaissance pour son Dieu,
aussi bien par les mouvements de ses
membres, que par les sons de sa voix; mais
elles n'avaient aucun rapport avec les
dissipations et les danses toutes
charnelles, habituellement voluptueuses, des
bals et ballets modernes. On peut
conjecturer d'ailleurs qu'elles
ressemblaient à quelques égards aux danses à
la fois énergiques et gracieuses de l'Orient
actuel.
— Plus tard seulement on vit paraître dans
le voisinage de la Palestine, et peut-être
en Palestine même, des danseuses étrangères,
prostituées et musiciennes, vraies
bayadères, parcourant les villes, et les
amusant de leurs chants et de leurs danses,
Ésaïe 23:16.
DARDAH,
1 Rois 4:31,
— Voir: Éthan.
DARIUS.
Trois rois de ce nom sont mentionnés dans l'Écriture, et le nom même de Darius qui signifie en persan un roi, semble indiquer que c'était une espèce de titre dynastique commun à tous les rois de ce pays, mais plus particulièrement porté par quelques-uns.
-
Le premier dont la Bible nous parle est Darius le Mède fils d'Assuérus (Astyage) et connu dans les historiens grecs sous le nom de Cyaxare II (Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques X, 11, 1), d'Astyage dans l'apocryphe Daniel 14:1. Ce fut lui qui avec le secours de Cyrus son neveu réunit à ses états l'empire babylonien (538 avant J.-C.), et commença la seconde monarchie annoncée par Daniel. Sur la fin de son règne, il se livra à la mollesse et aux plaisirs, et abandonna l'exercice de l'autorité royale à Cyrus dont il avait fait son gendre, et qui bientôt fut son successeur dans les empires réunis. Le trait principal de son règne est, à côté de son affection et de son estime pour Daniel, la faiblesse avec laquelle il signa le fol édit qui défendait à tous ses sujets d'adresser des vœux à un autre qu'à lui pendant l'espace de trente jours; cette impie mesure qui flattait son orgueil, et qu'il n'avait pas examinée davantage, eut pour conséquence (comme elle avait eu pour motif chez les ambitieux ennemis du prophète) l'arrestation de Daniel et sa condamnation. Darius, esclave de sa parole et le jouet de ses courtisans, crut devoir livrer celui qu'il avait établi naguère gouverneur de toutes les satrapies du royaume, et le fidèle fut jeté aux lions. Au milieu de ces bêtes féroces et affamées, le vieillard passa une nuit plus tranquille que le malheureux monarque dans son palais et sur sa couche royale. Darius avait cependant quelque faible espérance; un miracle ne lui paraissait pas impossible: Ton Dieu, lequel tu sers incessamment, sera celui qui te délivrera, avait-il dit à Daniel; mais avec cette faible foi de païen, chargé d'ailleurs, dans sa conscience, d'un meurtre qu'il se reprochait à lui-même, parce qu'il eût pu le prévenir et l'empêcher, fatigué peut-être aussi de se voir la victime de ses insolents serviteurs, Darius ne put fermer l'oeil de toute la nuit; il se rendit à l'aube du jour, et en grande hâte, vers la fosse des lions, pour voir si Dieu avait, dans sa bonté, réparé le mal que lui, dans sa folie, avait ordonné ou laissé faire. Daniel était sauvé; on ne trouva en lui aucune blessure, parce qu'il avait cru en son Dieu. Alors Darius, comme tous les esprits faibles qui passent promptement d'un extrême à l'autre, fit jeter aux lions les accusateurs du prophète et leurs familles, pensant, par sa cruauté, racheter sa faute et expier sa faiblesse. Il réintégra Daniel dans ses fonctions, et publia un édit remarquable qui semble prouver que la délivrance miraculeuse de son ministre favori avait produit une profonde impression sur son âme, Daniel 6.
-
Darius fils d'Hystaspe, qui, à l'aide du hennissement frauduleusement obtenu de son cheval, monta sur le trône après le mage Smerdis, vers l'an 522 avant J.-C. La 2e année de son règne, et à la parole d'Aggée et de Zacharie, il confirma, malgré les nombreux ennemis des Juifs, la permission que Cyrus avait donnée de reconstruire le temple de Jérusalem, et qui avait été momentanément retirée sous le règne d'Artaxercès, Esdras 6:1-15; cf. 4:5,24; 6:1; Aggée 1:1; 2:1; Zacharie 1:1. Son royaume s'agrandit par plusieurs conquêtes: ce fut sous lui que se révolta Babylone, désireuse de retrouver son indépendance première, mais après un siège et des horreurs sans pareilles, et à la tête de toutes ses troupes, il fit rentrer cette ville dans la soumission, ayant accompli, sans le savoir, les prophéties juives d'Ésaïe 47:1; 48:14, et de Jérémie 50:8-9; 51:1,6,9,43, cf. Zacharie 2:7. On peut remarquer aussi que dans ces passages Dieu donna aux Juifs renfermés dans Babylone, le conseil pressant de quitter cette ville avant le siège redoutable dont elle est menacée.
— Bossuet croît reconnaître en lui l'Assuérus du livre d'Ester; mais,
— Voir: cet article.
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Darius de Perse. Le roi ainsi nommé, Néhémie 12:22, est très probablement Darius Nothus fils d'Artaxercès Longuemain, dont le règne très agité dura dix-neuf ans, et qui mourut vers l'an 406 avant J.-C. Flavius Josèphe, Grotius et Leclerc ont cru qu'il s'agissait plutôt du règne de Darius Codoman, parce que le souverain sacrificateur Jadduah, qui semble indiqué dans ce verset comme contemporain de Darius, était à Jérusalem lorsque Alexandre le Grand s'approcha de cette ville, et l'on connaît le rôle qu'il joua dans cette circonstance. Mais on peut très bien admettre que son père Johanan ait seul été contemporain de Darius, et Néhémie peut avoir encore vu, avant de mourir, le jeune Jadduah commencer à exercer la charge de sacrificateur.
DATHAN,
frère d'Abiram, q.v.
DATTES.
Le dattier, maintenant assez
rare en Palestine, y était autrefois très
abondant, surtout dans les environs de
Jéricho, de Hen-Guédi, et du lac de
Génézareth. C'est l'arbre que nos versions
ont traduit par palme ou palmier, indiquant
le genre sans désigner l'espèce, Juges 4:5;
Joël 1:12, cf. Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 15, 4; 2. Pline 13, 6. On retrouve
le dattier sur des monnaies romaines comme
symbole de la Palestine, et la ville de
Jéricho avait reçu le nom de ville des
dattes, à cause de la quantité de ces arbres
qui se trouvaient dans son voisinage. Il y
en avait aussi en Égypte, en Perse et en
Arabie, Exode 15:27, et ils étaient regardés
dans ces contrées comme des arbres utiles et
des plus précieux. Le dattier recherche les
terrains chauds et sablonneux, mais sans
craindre l'humidité. Il s'élève souvent
jusqu'à la hauteur de 30 mètres, et atteint
l'âge de deux siècles. Son tronc droit et
élancé porte à son sommet un bouquet de
branches feuillées, élégamment recourbées
vers la terre, assez longues d'abord, mais
se raccourcissant de beaucoup vers le haut
de l'arbre. Ses fruits sont ramassés en
grappes nombreuses; ils ont la forme de
glands, mais sont plus grands et recouverts
d'une peau rougeâtre: ils offrent un manger
délicat, très goûté en Orient, soit frais et
tels qu'ils sont cueillis sur l'arbre, soit
pressés en petits gâteaux. On en fait aussi
une espèce de liqueur connue sous le nom de
vin de dattes, et fort estimée;
— Voir: Cervoise.
Après que le premier jus a été exprimé, on
verse de l'eau sur les dattes qu'on laisse
ainsi macérer quelques jours, et l'on en
fait une nouvelle liqueur, un petit vin peu
agréable, mais dont on se sert volontiers
comme rafraîchissement. Avec les branches de
l'arbre, on fabrique des paniers, avec leurs
fibres des cordes, avec les feuilles des
nattes, et le tronc même, quoique assez mou
intérieurement, comme celui des
monocotylédones en général, est assez solide
au dehors pour qu'on puisse l'employer comme
bois de charpente (Xénophon Cyrop. 7, 5; 11)
— Genèse 43:11,
— Voir: Pistaches.
DAVID,
fils d'Isaï, de la tribu de
Juda, comptait parmi ses ancêtres Ruth la
Moabite, Rachab l'hôtelière de Jéricho, et
Tamar la Cananéenne. Il fut le chef de la
dynastie des rois de Juda, et le Christ,
qu'il avait préfiguré dans sa royauté, est
sorti de sa race, et a porté, comme
l'héritier de son trône, le nom
caractéristique de fils de David. David
naquit à Bethléhem, 1085 ans avant J.-C.
Samuel avait alors cinquante-quatre ans.
L'heureuse influence du dernier des juges
répandait la piété et la prospérité chez les
Israélites. Le septième et dernier fils
d'Isaï, occupé dans sa jeunesse à paître les
troupeaux, avait dix-neuf ans lorsqu'il fut
désigné, par l'onction sainte répandue sur
sa tête, pour succéder, sur le trône
d'Israël, à Saül, désobéissant et rejeté.
Néanmoins sa destinée ne devait se dérouler
que successivement, et Dieu, pour le
préparer au trône, le lit passer à travers
bien des vicissitudes et des dangers. Peu
après son sacre, il fut appelé auprès de
Saül pour distraire, par le charme de la
musique, la mélancolie du roi que possédait
un mauvais esprit. Rentré chez son père,
après le succès de ses soins, il ne tarda
pas à se faire connaître de nouveau du roi
et du peuple par sa victoire sur Goliath, le
géant Philistin. Il est beau de voir un
jeune homme de vingt-trois ans, soutenu par
sa foi, s'avancer avec une fronde et cinq
pierres du torrent, contre un ennemi
colossal armé de toutes pièces. Il remporta
la victoire parce que Goliath s'était confié
dans sa force et avait défié le Dieu
d'Israël, au nom duquel David se présentait
pour le combattre. Dès ce moment, David
entra définitivement au service du roi,
qu'il ne quitta plus. Mais la jalousie de
Saül, excitée par les louanges du peuple,
s'alluma bientôt contre David et, sauf
quelques intermittences, ne cessa de le
poursuivre avec un acharnement toujours
croissant. La protection divine, qui
reposait sur David, fit tourner à sa gloire,
à sa popularité, à l'affermissement de son
royal avenir, les missions périlleuses
confiées à sa jeunesse par le mauvais
vouloir de Saül, et consacrées par
l'enthousiasme et la confiance de l'armée.
Saül, après avoir, dans le mariage de sa
fille aînée, manqué à la promesse qu'il
avait faite au vainqueur du Philistin,
voulut faire servir à l'assouvissement de sa
haine l'amour que Mical, sa seconde fille,
éprouvait pour le jeune capitaine. La
prudence et la vaillance de David déjouèrent
ces perfides manoeuvres; Saül dut l'accepter
pour gendre, et sensible aux remontrances de
Jonathan son fils, l'ami de David, il imposa
pour un moment silence à son injuste
animosité. Cène fut qu'une trêve. Les succès
du héros d'Israël, dans la guerre qui venait
de recommencer contre les Philistins,
rallumèrent les flambeaux de la jalousie et
de la haine dans le cœur de son puissant
ennemi. Deux fois, lorsque la harpe de David
cherchait à soulager les souffrances morales
de Saül, souffrances d'envie et de rage qui
s'irritaient peut-être de leur injustice
même, deux fois, joignant l'ingratitude à h
folie, Saül avait cherché à clouer contre la
paroi, d'un coup de javeline, son chantre
fidèle et dévoué. Parvenue à son comble, la
fureur de Saül force David à s'enfuir.
Délivré une première fois par la puissance
de l'esprit de Dieu qui, en se répandant sur
les émissaires de Saül, et en gagnant Saül
lui-même, les contraint d'oublier, aux pieds
de Samuel, leurs mauvais desseins, et de
glorifier le Seigneur, David est bientôt
contraint de fuir de nouveau. Il est secouru
par Ahimélec et l'enveloppe dans sa
disgrâce. Puis, après avoir tenté de se
réfugier auprès d'Akis, roi de Gath, et
après avoir placé son père et sa mère en
lieu de sûreté, il se met à parcourir le
pays à la tête de gens malheureux comme lui,
vivant dans les lieux écartés et mettant sa
troupe, forte d'environ 400 hommes, au
service de ses concitoyens, pour les
protéger contre les incursions des peuples
environnants. Dans les montagnes, trahi par
ceux-là même qu'il avait aidés et délivrés,
il n'échappe à la mort que grâce aux
merveilles réitérées de la protection
divine, et, par deux fois, il épargne Saül
qu'il avait l'occasion de frapper à coup
sûr. L'ingratitude et la persévérance de son
ennemi lassent enfin sa constance et sa foi,
il se retire chez les Philistins, et reçoit
Tsiklag pour refuge et habitation. Cette
faute grave fut punie par la position fausse
et difficile où il se trouva placé chez les
ennemis de son peuple, obligé de vivre
pendant deux ans environ dans la
dissimulation, le mensonge et la cruauté. À
la bataille de Guilboah, conduit par Akis
dans les rangs des Philistins, il se trouve
dans l'alternative inévitable ou de faire la
guerre à son peuple, ou de tirer perfidement
l'épée contre un bienfaiteur trop confiant,
dont il avait accepté l'hospitalité. La
méfiance des Philistins, en le faisant
renvoyer, lui épargna un crime; la prise de
Tsiklag, qu'il trouva brûlée et pillée par
les Hamalécites, paraît avoir été le
châtiment dont Dieu se servit pour le faire
rentrer en lui-même. Près de périr par la
main des siens, que l'enlèvement de leurs
femmes, de leurs enfants et de leurs biens
avait exaspérés, il se fortifia en son Dieu,
apaisa ses gens, poursuivit et atteignit les
pillards, reprit tout ce qu'il avait perdu,
et fit en outre un immense butin. C'est ce
butin qui lui servit à regagner, par des
présents faits à propos, la bienveillance
des principaux Israélites.
Sur ces entrefaites, la mort de Saül lui
ouvrit les avenues du trône, et la tribu de
Juda le reconnut pour son roi. Il avait
trente ans alors; il choisit pour résidence
l'antique ville d'Hébron. Is-Boseth, fils de
Saül, fut mis à la tête d'Israël par les
légitimistes de l'époque, et une longue
guerre s'en suivit. La défection et la mort
d'Abner, la trahison de Bahana et de Récab,
qui assassinèrent Is-Boseth, y mirent un
terme. David, en punissant de mort les
meurtriers de Saül d'abord, puis les lâches
assassins du fils de Saül, se montra juste
et récompensa dignement les traîtres. On
regrette qu'il n'ait pas montré la même
fermeté envers Joab, son neveu, meurtrier
d'Abner. Le crédit et l'influence de ce
vaillant homme de guerre auprès de l'armée
le sauvèrent; David n'osa pas en le
punissant compromettre une autorité faible
encore et précaire.
Maître de tout Israël, à l'âge d'environ
quarante ans, David prend Jérusalem sur les
Jébusiens, et y fixe sa résidence. Il
abaisse et humilie les Philistins, ces
ennemis constants du peuple de Dieu.
L'arche, qui depuis la mort d'Héli, était
restée séparée du sanctuaire, est conduite
avec pompe et aux acclamations unanimes du
peuple, dans un tabernacle dressé pour elle
en Sion. David projette la construction du
temple; Dieu réserve cette gloire à Salomon,
mais prononce dans cette occasion solennelle
l'oracle qui fixe dans la famille de David
la succession de la royauté qui devait
aboutir au Messie. La prospérité de David
parvient à son comble, ses ennemis sont
subjugués tout alentour, leurs insultes et
leurs efforts ne servent qu'à étendre la
domination d'Israël, et les limites
annoncées par Moïse sont atteintes pour la
première fois.
Cette prospérité, le succès de ses armes et
la gloire de son règne exercèrent sur l'âme
de David une funeste influence. Ses mœurs
s'amollirent; son âme s'endormit dans les
délices. Pendant qu'il savourait à Jérusalem
les douceurs et le luxe d'une royauté
orientale, et que son armée, sous la
conduite de Joab, faisait le siège de
Rabbath-Hammon, David se laissait séduire
par la beauté de Bath-Séba, femme d'Urie, et
tombait dans l'adultère; après avoir échoué
dans les odieuses intrigues qu'il tenta pour
cacher les traces de son crime, il fut
conduit de péché en péché, à faire périr,
par la main des Hammonites, Urie et
plusieurs de ses plus vaillants et de ses
plus fidèles serviteurs. Enfin réveillé de
son sommeil de péché, et rappelé à lui-même
par la voix fidèle de Nathan, David montra,
par sa sincère et profonde repentance, les
dispositions saintes qui l'animaient et qui,
après une funeste et trop longue
interruption, avaient repris possession de
son âme. Il avait alors 52 ans.
Mais, dès ce moment, la prospérité qui lui
avait été si fatale se retira de lui, et
depuis cette époque jusqu'à la fin de son
règne, son âme fut maintenue dans
l'humilité, la défiance d'elle-même et la
soumission au Seigneur, par une suite de
calamités publiques ou particulières. Les
désordres domestiques qui souillèrent et
ensanglantèrent sa maison, la violence
exercée par Amnon contre sa sœur Tamar, la
vengeance sanglante qu'Absalon tira de cette
offense, l'exil de ce fils bien-aimé qui en
fut la suite, le retour toléré d'abord, puis
la grâce complète de ce jeune homme dont le
crime n'était pas sans excuse, l'ingratitude
de celui-ci, ses menées, la guerre civile
qu'il alluma pour enlever à son père le
royaume et la vie, révolte qui fut bien près
d'être couronnée par la victoire; tous ces
événements trouvèrent David, souvent faible
peut-être dans le gouvernement de sa
famille, mais humble, mais fort, mais grand
dans sa foi et dans sa piété, sous la
puissante main du Dieu qui le châtiait dans
son amour. Le succès presque complet de la
tentative d'Absalon semblerait indiquer que,
depuis son crime, David, soit influence de
l'âge, soit surtout conscience de son
humiliation, et souvenir de ses fautes,
avait perdu cette force de volonté, cette
présence d'esprit et cette fermeté de
décision qui l'avaient porté, de
vicissitudes en vicissitudes, jusque sur le
trône de Juda et d'Israël. Toutefois la
fidélité et le dévouement de ceux qui
entourèrent et sauvèrent David dans cette
circonstance, montrent que, s'il avait perdu
sous quelques rapports, il était cependant
toujours le vrai roi de ce peuple un moment
égaré, mais qui n'avait pas cessé d'avoir
pour lui confiance et affection: c'est ce
que prouvent encore l'insuccès de la révolte
de Scéba, fils de Bicri, qui succéda à celle
d'Absalon, et la fin sanglante de ce
rebelle.
À peine le fléau de la guerre civile eut-il
fini de troubler le pays, qu'une autre
calamité, la famine, se fit sentir en
Israël. C'était un châtiment du massacre des
Gabaonites, que Saül avait fait mourir, au
mépris de la foi jurée. Ce crime avait été
inspiré à Saül par un faux semblant de zèle,
et par le besoin de conserver ou d'augmenter
sa popularité. Si le châtiment tomba sur le
peuple, c'est que celui qui sonde les cœurs
avait découvert dans l'esprit du peuple le
germe et la vraie source de cette iniquité.
De même la vengeance qui, à la demande des
Gabaonites, tomba sur la famille de Saül, se
justifie aux yeux de quiconque connaît
l'unité d'esprit qui, à ce degré de
civilisation, caractérise les grandes
familles, ou, pour employer un mot de nos
langues modernes, les clans: chacun de leurs
membres adopte comme siennes les intentions
du chef; il s'y associe de cœur, et les
exécute de point en point avec l'apparence,
au moins, de la plus entière spontanéité. On
peut donc dire que le crime de Saül était
celui de sa famille, et que le châtiment qui
frappa ses enfants atteignit certainement
des coupables. La famine fut pour les
Israélites une leçon haute et importante.
Ils apprirent par là que le Dieu d'Israël,
bien que leur protecteur suprême, ne faisait
aucune acception des personnes; Dieu
recherchait sur son peuple, même en faveur
de profanes Cananéens, les iniquités
commises contre ceux-ci; le châtiment leur
rappelait que le seul titre personnel à la
faveur divine se trouve dans la justice et
dans l'obéissance.
Les dernières années de David furent
consacrées aux immenses préparatifs de la
construction du temple, réservée à Salomon,
mais que David eut toujours devant les yeux.
Moins agitées que les précédentes, elles
furent cependant troublées par le péché du
dénombrement, et par la conspiration
d'Adonija. L'orgueil présida au dénombrement
du peuple. Il fallait que ce péché fut bien
évident, puisque Joab même, le sanguinaire
et mondain Joab, reprit David à ce sujet.
Toutefois le cœur du roi se montre encore
dans sa piété généreuse, dans sa confiance
pleine et entière en son Dieu, lorsque,
appelé à faire le choix douloureux d'un
châtiment, il préfère tomber dans les mains
de celui dont les compassions sont en grand
nombre. La mortalité qui punit l'orgueil de
David et décima son peuple, est une preuve
de plus que le droit de Dieu sur les hommes
pécheurs est de les faire périr quand et
comme il le veut, et en même temps, que le
dernier mot de sa justice distributive est
réservé pour une autre dispensation. À cet
événement se rattache le choix de
l'emplacement du temple; ce choix, marqué
par un sacrifice en dehors du rite
lévitique, et par une expiation efficace,
puisque c'est là que l'ange apparut et que
la plaie s'arrêta, avait ainsi une valeur
typique, et recevait d'en haut une
consécration indispensable sous l'économie
mosaïque.
Comme un flambeau consumé jette un dernier
éclat avant de s'éteindre, nous retrouvons
la fermeté, la décision, l'humilité, la
piété, tous les beaux traits du caractère de
David, dans sa conduite au sujet de la
tentative d'Adonija. Et comme le soleil
couchant, avant de disparaître, se dégage
des nuages pour embraser la terre et les
cieux de l'éclat de ses derniers rayons,
ainsi les derniers actes publics de David,
relatifs à la construction du temple, ont
une grandeur et une beauté de foi toute
particulière, et couronnent dignement la vie
de ce grand serviteur de Dieu. Il mourut âgé
de 71 ans, en laissant, suivant une
dispensation divine, le trône à un fils de
Bath-Séba.
Le testament de David, les ordres qu'il
donna à Salomon, concernant Joab et Simhi,
se justifient clairement aux yeux de
quiconque les examine avec foi et avec
impartialité. David, par diverses causes, au
font desquelles se trouvait une coupable
faiblesse, avait laissé vivre ce neveu qui,
chéri de l'armée, était «trop puissant pour
lui.» Joab avait d'ailleurs mis le comble à
ses crimes, en participant à l'entreprise
d'Adonija. David ordonne à Salomon de faire
justice.
— David, comme homme, avait pardonné à
Simhi, et l'avait laissé vivre en paix tout
le temps que lui-même avait vécu; maintenant
qu'il va mourir, qu'il n'a plus rien à faire
avec les passions de la terre, qu'il a
entièrement et jusque au bout donné la
preuve de la sincérité de son cœur en
pardonnant, il peut laisser venir le tour de
la justice, et faire châtier par le roi son
fils un crime contre la royauté. Sa conduite
envers les meurtriers de Saül et d'Is-Boseth
montre la droiture de son caractère dans les
affaires de ce genre, et prouve que son
unique préoccupation était le châtiment d'un
sujet rebelle, sans qu'il s'y mêlât aucun
sentiment de rancune personnelle.
Le rôle de David, dans l'histoire du peuple
d'Israël, a été capital. Il est le fondateur
de la royauté théocratique. Il a été ce que
Saül aurait pu, mais n'a pas voulu être. La
fondation de la royauté était une déviation
du principe de la théocratie; cette
déviation devait trouver son correctif dans
le caractère personnel du roi et dans
l'esprit de la royauté. Saül, demandé par le
peuple, s'est trop souvenu de l'origine de
sa puissance; il a tout sacrifié à la
popularité. Ce fut la source de ses
désobéissances et la cause de sa réjection.
David a été l'homme selon le cœur de Dieu;
il a été roi de la part de Dieu, pour
diriger le peuple dans les voies divines,
non pour complaire au peuple, et par une
fatale complaisance l'égarer loin de Dieu.
C'est là le trait saillant qui distingue les
deux rois et les deux royautés. Celle de
Saül (q.v.) a été mondaine, celle de David a
été sainte. À ce titre il a été type du
Messie, et il a eu l'honneur d'être le
dernier des patriarches, ancêtres désignés
du Sauveur.
L'œuvre de David, comme prophète, n'a pas
été moins importante. Sans parler des
prédictions nombreuses et détaillées
relatives au Christ, qui sont répandues dans
les psaumes; sans parler de cet admirable
recueil auquel son nom se rattache, et dont
il a écrit la plus grande partie (— Voir:
Psaumes), il fut l'auteur d'une révolution
importante dans le culte mosaïque,
révolution correspondante à la construction
du temple qui a été son œuvre, autant et
plus peut-être que celle de Salomon. Depuis
la mort d'Héli, l'arche ne se trouvait plus
dans le sanctuaire, et le culte n'était plus
qu'imparfaitement célébré. Il n'a même pu
l'être de nouveau d'une manière complète que
dans le temple où il a été restauré avec une
splendeur inconnue jusqu'alors: David a
d'avance organisé le service et les
fonctions des lévites, qui, n'étant plus
chargés du transport d'un tabernacle
longtemps errant, désormais fixé, devenaient
disponibles pour d'autres fonctions. Celles
de gardiens et de chantres leur furent
dévolues. Cette fonction de chantres qui
coïncide avec la première formation du
Psautier signale l'introduction de l'élément
de l'édification directe, qui d'abord se
mêle au culte typique, pour le remplacer
presque entièrement plus tard. Le symbole, à
peu près la seule forme du culte sous Moïse,
fut aux différents âges de l'église
judaïque, successivement mélangé avec la
parole qui, sous le christianisme, occupe le
culte presque entier, et n'a laissé au
symbole qu'une place, éminente il est vrai,
mais restreinte dans ce qu'on appelle
d'ordinaire les sacrements.
Tel a été David, homme d'une haute
intelligence, d'un noble caractère, d'un
cœur chaud et dévoué. Sur tous les trônes et
dans tous les temps, il eût été un monarque
distingué, le héros de son peuple.
L'histoire profane, étrangère à l'austère
simplicité du style biblique, n'eût pas
manqué d'exalter ses rares vertus, sa gloire
et ses triomphes; elle eût caché ou pallié
ses chutes. Il ne pouvait en être de même
dans le récit inspiré, car c'est à Dieu seul
qu'appartient la gloire; la Bible a été
écrite pour nous donner des exemples à
suivre et non des hommes à idolâtrer. Mais,
pour qui sait apprécier les choses, pour qui
accompagne David d'un œil clairvoyant au
milieu des vicissitudes si diverses d'une
carrière longue et remplie, pour qui lit
dans les mouvements de cette âme si droite,
si chaleureuse, souvent si grande dans ses
premiers élans, si habituellement dirigée
par la pensée et l'amour du Seigneur,
l'éloge biblique si remarquable qui lui a
été décerné à tant de reprises, malgré les
côtés sombres de sa conduite, n'aura rien
qui étonne, et l'on répétera avec une
conviction croissante, que c'était bien là
«l'homme selon le cœur de Dieu.»
L'histoire de David embrasse le premier
livre de Samuel, depuis le chapitre 16; tout
le second livre de Samuel, et 1 Rois 1-2.
Elle est reproduite avec plus ou moins de
détails, 1 Chroniques 11-29. Son nom, qui
signifie bien aimé, reparaît continuellement
dans l'Ancien Testament, et une quarantaine
de fois dans le Nouveau.
DÉBIR.
Deux villes de ce nom.
-
Une dans la tribu de Gad, Josué 13:26.
-
Une autre qui paraît avoir été située dans le voisinage d'Hébron, Josué 10:38; elle s'appelait auparavant Kiriath-Sépher, Josué 15:15; lors de la conquête les enfants d'Israël l'enlevèrent aux Cananéens, Josué 10:38. Elle fut d'abord incorporée à la tribu de Juda, 15:49, puis plus tard cédée aux sacrificateurs, 21:15; 1 Chroniques 6:58.
DÉBORA.
-
Nourrice de Rébecca: elle accompagna en Canaan la jeune fiancée d'Isaac, et paraît avoir été dès lors traitée avec beaucoup d'affection et de respect par la famille du patriarche, Genèse 24:59; 35:8. Elle fut ensevelie au-dessous de Béthel, sous un chêne.
-
Femme pleine de foi et douée de dons prophétiques, le quatrième des juges d'Israël, qui fut dans la main de Dieu un instrument pour délivrer le peuple d'Israël, opprimé depuis longtemps par le roi cananéen Jabin, Juges 4:4; 5:1-31. Nous avons donné dans nos Juges d'Israël à côté de l'histoire de cette femme remarquable, une traduction nouvelle et annotée de l'hymne sublime qu'elle composa pour bénir Dieu de la victoire qu'il avait accordée à son peuple (p. 39-48).
— Voir: aussi Herder, De la poésie des Hébreux.
DÉCAPOLIS, ou la Décapote
(les dix villes), nom d'un district situé au nord-est de la Palestine, touchant à la frontière de Syrie. Il était ainsi nommé à cause des dix villes principales qui se trouvaient sur son territoire, mais on ne peut plus en déterminer les noms avec certitude, les différents auteurs qui nous en parlent n'étant pas d'accord entre eux; Pline cite les suivantes: Damas, Philadelphie, Raphana, Scythopolis, Gadara, Hippon, Dion, Pella, Galasa et Canatha; elles étaient presque toutes habitées par des païens; Jésus y prêcha souvent, Matthieu 4:25; Marc 5:20; 7:31.
DÉDAN.
Il y avait deux peuplades de ce nom.
-
Celle qui descendait d'Abraham par Kétura, Genèse 25:3, et qui habitait la partie septentrionale de l'Arabie, près de l'Idumée, Jérémie 25:23; 49:8; Ézéchiel 25:13.
-
Celle qui descendait de Cus, Genèse 10:7, et qui habitait la partie orientale de l'Arabie, près du golfe persique. C'était une peuplade fort commerçante, Ésaïe 21:13; Ézéchiel 27:15,20; 23:13. Il y a encore dans le golfe persique une île de ce nom, Daden.
DÉDICACE
(fête de la), Jean 10:22. Fête
qui fut établie par Judas Maccabée (1
Maccabées 4:56; 2 Maccabées 10:6), et qui se
célébrait en hiver pendant huit jours à
dater du 25 kisleu (décembre), par une riche
illumination des maisons à Jérusalem, et
dans les autres villes. Cette illumination
était le symbole de la joie, comme aussi de
l'espérance. La fête fut instituée après le
retour de la captivité, en souvenir de la
purification du temple qui avait été souillé
et profané par Antiochus Épiphanes.
D'autres dédicaces solennelles sont encore
mentionnées dans l'Ancien Testament, celle
du temple de Salomon, 1 Rois 8, celle des
nouveaux murs de Jérusalem après l'exil,
Néhémie 12:27, celle du nouveau temple,
Esdras 6:16;
— Voir: encore Exode 40, Nombres 7.
C'était aussi une coutume des Hébreux,
coutume bien naturelle et commune à bien des
peuples, de dédier à Dieu leurs maisons
nouvellement construites, Deutéronome 20:5:
cette dédicace n'était dans les cas
ordinaires qu'une simple bénédiction
prononcée, et l'inscription de quelques
passages de la Loi au-dessus de la porte.
DÉHAVIENS.
Cette peuplade mentionnée Esdras 4:9, comme une de celles d'où des colons furent transportés à Samarie, est sans doute la même que celle dont les auteurs profanes nous parlent sous le nom de Dahi ou Dahæ, et qui se trouvait à l'est de la mer Caspienne, soumise à la domination persane, (Hérodote 1, 125. Strabon 11, 508; 511)
DÉLAÏA,
fils de Sémahia et officier de Jéhojakim, fut un de ceux qui, ayant entendu par Michée que Baruc avait lu des prophéties sévères de Jérémie contre leur roi, prièrent Baruc de leur en faire une lecture particulière. Effrayés des menaces contenues dans cet écrit, ils résolurent d'en donner connaissance à Jéhojakim, après avoir pourvu d'abord à la sûreté des deux prophètes. Le roi irrité à la lecture à peine commencée de ces lignes, ayant déchiré le rouleau et voulant le jeter dans le feu, Délaïa et les autres officiers s'opposèrent, mais en vain, à cette impie résolution.
DÉLILA,
courtisane de la vallée de Sorek, probablement, philistine, sut par ses charmes séduire Samson, juge d'Israël, s'en fit aimer sans l'aimer, profita de son amour pour le trahir, et spécula sur la confiance du héros. Gagnée par les Philistins, elle fatigua Samson de ses importunités pour lui arracher le secret de sa force; trois fois il lui répondit d'une manière évasive, s'approchant plus ou moins de la vérité, trois fois elle revint à la charge, et Samson que Dieu abandonnait en punition de son impure passion, finit par s'abandonner lui-même, et se livra à cette femme qui le livra aux ennemis d'Israël, Juges 16.
DÉLUGE,
inondation extraordinaire et
universelle arrivée l'an du monde 1656 (2348
avant J.-C.), par laquelle Dieu détruisit
entièrement toutes les créatures vivantes
qui se trouvaient sur la terre ferme, à
l'exception de celles qui furent enfermées
dans l'arche. Les eaux qui, au commencement
de la création, couvraient toute la surface
du globe, et qui s'étaient retirées
partiellement au troisième jour,
— Voir: Création,
couvrirent encore une fois la terre; puis
elle se retirèrent à l'ordre du
Tout-Puissant, le sec parut, la terre poussa
son jet comme au troisième jour, et fut de
nouveau peuplée d'hommes et d'animaux.
On peut lire, Genèse 6:12-21; 7:11-24, la
narration à la fois concise et riche en
détails que fait l'historien sacré de la
première partie de ce cataclysme.
Basnage (Antiquités Judaïques II, p. 309)
donne un calendrier de cette triste année;
Calmet l'a copié; mais comme ce calendrier
ne nous paraît pas s'accorder toujours avec
le texte, nous essaierons de le rectifier.
On doit placer le commencement de l'année
diluvienne à la même époque que celui de
l'année civile des Juifs, c'est-à-dire vers
l'équinoxe d'automne, au mois de Tisri; car
l'année ecclésiastique n'ayant été
introduite qu'en vue des fêtes religieuses
des Juifs, il n'est pas probable que Moïse y
ait voulu rattacher la chronologie du
déluge. La computation des années de douze
mois ordinaires du calendrier juif ne
pouvant suffire aux périodes
d'accroissement, de décroissement et de
séjour des eaux, nous avons été conduits à
supposer que l'année du déluge doit avoir
été une de celles où se trouvait le mois
intercalaire de Beadar. Voici ce calendrier:
AN DU MONDE 1656. — 601e DE NOÉ.
1er mois, Tisri, de 30 jours.
Méthusélah meurt, âgé de 969 ans; son fils, le pieux patriarche
Lémec, père de Noé,, l'avait précédé de cinq
ans dans la tombe, Genèse 5:27; cf. Ésaïe
57:1.
2e mois, Marchesvan, de 29 jours.
10e jour.
— Dieu ordonne à Noé d'entrer dans l'arche
avec sa famille et les animaux, Genèse
7:1,4.
17e jour.
— Noé entre dans l'arche un jour de sabbat,
et immédiatement la pluie de 40 jours
commence, 7:13; 4:10-12.
3e mois, Kisleu, de 30 jours.
28e jour.
— La pluie s'arrête. Il paraît en effet,
d'après les versets 17 et 12 comparés entre
eux, et avec les versets 11 et 13, que les
40 jours doivent se compter de celui où Noé
entra dans l'arche.
4e mois, Tébeth, de 29 jours.
Les eaux se renforcent sur la terre; l'arche flotte à leur
surface, verset 18.
5e mois, Sébat, de 30 jours.
Les eaux se renforcent prodigieusement, et couvrent les montagnes
les plus élevées, «sous tous les cieux»,
verset 19, c'est-à-dire, évidemment, sur
toute la terre, ce qui donne le démenti le
plus formel à ceux qui ne veulent voir dans
le déluge qu'une inondation locale et
partielle.
6e mois, Adar, de 29 jours.
Les eaux s'élèvent de 15 coudées au-dessus des plus hautes
montagnes, verset 20. Il n'est cependant pas
possible de déterminer le temps qui s'est
écoulé entre les divers degrés ou étages de
cette effrayante progression; le texte sacré
nous dit seulement que les eaux du déluge
furent sur la terre 150 jours, versets 10 et
24, avant de décroître.
Mois intercalaire, Beadar, de 29 jours.
20e jour.
— Dernier jour de la permanence des hautes
eaux, et fin des 150 jours.
21e jour.
— Les eaux commencent à diminuer. Les
sources de l'abîme et les bondes des cieux
sont fermées, et le vent souffle. Peut-être
est-ce ce vent qui poussa l'arche jusque sur
le lieu où elle devait s'arrêter, 8:1-3. Il
semble aussi que 7:18, indique un mouvement
dans les eaux, comme celui d'un courant qui
aurait déjà pu déplacer l'arche, diriger son
inertie flottante, et la pousser loin du
lieu où elle avait été bâtie. La traduction
littérale est: «L'arche allait sur les
eaux.»
7e mois, Nisan, de 30 jours.
Les eaux se retirent de plus en plus, 8:3.
17e jour.
— L'arche s'arrête sur les montagnes
d'Ararat, verset 4.
8e mois, Ziph, de 29 jours.
Les eaux continuent à baisser, 8:5.
9e mois, Sivan, de 30 jours.
Les eaux décroissent encore jusqu'à la fin du mois.
Ainsi, depuis le 20e jour de Beadar, que
commence la baisse, jusqu'à ce que l'arche
s'arrête, il s'écoule 26 jours: depuis que
l'arche s'arrête jusqu'à ce que le sommet
des montagnes soit découvert, 72 jours; et
depuis ce moment jusqu'à l'entière retraite
des eaux, 88 jours; ce qui ferait donc 26 +
72 + 88 = 186 jours pour la décroissance du
déluge.
10e mois, Thammuz, de 29 jours.
1er jour.
— Le sommet des montagnes paraît au dessus
de l'eau, 8:5. Noé attend encore 40 jours,
verset 6.
11e mois, Ab, de 30 jours.
12e jour.
— Noé lâche un corbeau qui va et vient,
8:6-7, se nourrissant probablement des
poissons morts que les eaux en se retirant
pouvaient avoir laissés autour de l'arche
sur les rochers qui la soutenaient, et
revenant se poser sur l'arche lorsqu'il
était fatigué, car il n'est point dit qu'il
y soit rentré, et il n'est pas probable
qu'il ait trouvé plus de facilité à se
percher sur des arbres que la colombe qui
sortit après lui.
19e jour.
— Noé lâche une colombe, verset 8. Quelques
interprètes croient qu'elle sortit en même
temps que le corbeau, mais au verset 10 nous
voyons qu'avant de la lâcher une seconde
fois, Noé attendit «encore sept autres
jours», ce qui indique évidemment qu'il
s'était écoulé une semaine entre la sortie
du corbeau et la première sortie de la
colombe.
26e jour.
— La colombe sort une seconde fois et
rapporte dans son bec une branche d'olivier,
verset 11.
12e mois, Élut, de 29 jours.
2e jour.
— Noé lâche la colombe pour la troisième
fois, et elle ne revient plus, verset 12. Il
attend quatre semaines.
AN DU MONDE 1657. — 602e DE NOÉ.
1er mois, Tisri, de 30 jours.
1er jour.
— Noé lève la couverture de l'arche et
regarde la terre qui se sèche, verset 13.
2e mois, Marchesvan, de 29 jours.
27e jour.
— La terre étant suffisamment desséchée pour
être habitable, Dieu commande à Noé de
sortir de l'arche avec sa famille, versets
14, 16, 18. Ils sortent.
Voici maintenant les raisons pour lesquelles
l'addition du mois intercalaire nous a paru
nécessaire. Le chapitre 8, versets 1 et 2,
nous dit que ce ne fut que le 450e jour que
les eaux s'arrêtèrent, puis qu'elles
diminuèrent pendant quelque temps; ce n'est
qu'après qu'il a été dit, verset 3, que les
eaux se retiraient de plus en plus de dessus
la terre, que le verset 4 nous parle du jour
où l'arche s'arrêta. Si l'on suppose l'année
composée de 12 mois ordinaires des Juifs,
qui sont alternativement de 29 et de 30
jours, la fin des 150 jours de la croissance
des eaux, comptée depuis le 17e jour du 2e
mois, porterait au 20e jour du 7e mois.
Selon ce calcul, l'arrêt de l'arche n'aurait
guère pu avoir lieu que tout à la fin du 7e
mois ou au commencement du 8e. Mais il est
dit que cet événement se passa le 17e jour
du 7e mois, ce qui, dans la supposition de
l'année de 12 mois, bien loin de laisser
l'espace de temps indiqué par le verset 3
pour la diminution préalable des eaux, ne
donnerait même que 147 jours à leur
croissance, au lieu des 150 indiqués dans le
texte.
Jusque vers la fin du dix-septième siècle,
personne n'avait mis en doute la vérité de
l'histoire du déluge; mais depuis Isaac
Vossius, qui attaqua alors son universalité,
jusqu'aux savants de la lin du siècle
dernier, qui en vinrent à le nier
entièrement, et à Voltaire qui chercha à le
tourner en ridicule, un grand nombre
d'opinions diverses ont été proposées, soit
pour l'expliquer par des causes naturelles,
soit pour redresser ou réfuter telle ou
telle partie du récit de Moïse. Mais la
Bible et la nature sont deux monuments
impérissables de la vérité divine contre
lesquels viendra toujours se briser la
malice des incrédules; ils subsisteront
lorsque toutes ces folles théories et les
noms de leurs auteurs seront depuis
longtemps ensevelis dans l'oubli; et, plus
on les étudiera, plus aussi l'on y
reconnaîtra, dans les plus petits détails,
l'entière concordance de tous les faits
géologiques qui se rattachent au déluge,
avec la description de cette catastrophe
telle qu'elle a été conservée dans la
Genèse. Les faits nouveaux expliqueront des
passages encore obscurs pour nous, et
réciproquement, la foi à la vérité, de ces
passages conduira à des découvertes
nouvelles sur la constitution de notre
globe.
Parmi les difficultés qui se présentent, et
que nous n'éluderons pas plus que nous ne
les nierons, la première est celle-ci:
Comment l'eau répandue sur la surface du
globe a-t-elle pu suffire à l'inonder? Cette
question nous conduit à examiner les causes
du déluge.
La cause première, origine de toutes les
autres, doit sans doute être cherchée dans
le conseil de Dieu, dans la volonté arrêtée
du Tout-Puissant, dont la souveraine sagesse
a voulu ou permis cet événement. Les causes
secondes sont de deux natures: les unes
morales, les autres physiques. Les causes
morales sont indiquées, Genèse 6:5-13; ce
sont les péchés des hommes, leurs
extorsions, leur violence, leur mépris de
Dieu et de ses commandements. Les causes
physiques peuvent se découvrir, Genèse
1:6-7,9; et 7:11-12. Avant le déluge, les
eaux appartenant à notre planète n'étaient
pas distribuées comme elles le sont à
présent: sur la terre antédiluvienne il ne
pleuvait pas, 2:5; l'atmosphère de notre
globe était entourée d'une couche liquide,
comme d'une sphère aqueuse, désignée dans la
Bible par le nom d'eaux supérieures, 1:7,
«qui sont au-dessus de l'étendue» ou des
cieux. C'est probablement la rupture de
l'équilibre de ces eaux que l'Écriture
désigne en disant que, lors du déluge, «les
bondes des cieux furent ouvertes», 7:11.
D'un autre côté la Bible, par l'expression
«abîmes», semble indiquer des amas d'eaux
souterraines dont l'importance nous est
inconnue; ce sont les eaux sur lesquelles la
terre est fondée et étendue, Psaumes 24:2;
136:6, et qui ont été rassemblées comme en
un amas dans les lieux cachés de l'intérieur
de la terre, Psaumes 33:7. L'eau que
recelaient les entrailles du globe se mit à
jaillir à sa surface par torrents, comme
cela arrive encore de nos jours dans
certains tremblements de terre très
violents; elle grossit en même temps les
mers, qui s'accrurent, s'élevèrent et
débordèrent, selon l'énergique expression
d'Éliphaz, «comme un fleuve qui a emporté
anciennement le fondement des injustes,
lesquels ont été retranchés avant leur
temps», c'est-à-dire avant la fin naturelle
de leur longue vie, Job 22:16.
Le texte ne dit pas quelle est la cause qui
a expulsé les eaux souterraines du sein de
la terre, et les a fait jaillir à sa
surface; mais une tradition rabbinique
donnera peut-être la clé de ce phénomène.
Les rabbins prétendent, en effet, que les
eaux du déluge étaient chaudes; s'il en est
ainsi, l'on pourrait chercher la cause de
leur soulèvement dans une action
extraordinaire de la chaleur interne
(Rougemont, Fragments, etc, p. 23).
Enfin la pluie, phénomène atmosphérique tout
nouveau pour le monde antédiluvien, et qui
dura quarante jours et quarante nuits, fut
la troisième, et probablement la moins
importante des causes qui amenèrent le
déluge. On pourrait croire que la nouveauté
de ce phénomène parut alors si
extraordinaire, que les mots «les fontaines
de l'abîme et les bondes des cieux» ne se
trouvent là que par amplification, comme par
une figure de rhétorique; mais si l'on fait
attention au texte, l'on verra que la pluie
ne tombe que pendant quarante jours, 7:17,
tandis que les eaux continuent à croître par
trois degrés bien marqués, après qu'elle a
cessé de tomber, versets 18, 19, 20,
croissance qui ne pouvait plus être
attribuée à la précipitation de l'humidité
contenue dans l'atmosphère.
En considérant comme des effets ces trois
déplacements des substances liquides de
notre planète, diverses causes ont été
proposées pour en expliquer l'origine. Nous
ne répéterons pas ici les théories
fantastiques de Woodward, Whiston,
Scheuchzer, Demaillet, Lamarck, Rodig,
Patrin et autres; mais il en est une, celle
de Burnet, qui mérite d'être citée comme
plus conforme à certains passages de la
Bible et à certains phénomènes naturels.
En 1680, l'évêque Burnet publia un livre
intitulé; «The sacred Theoiy of the Earth,
containing an account of the Original of the
Earth, and of ail the gênerai Changes which
it hath already undergone, or is to undergo,
till the consummation of all things.»
Quoique ce titre soit passablement
ambitieux, l'ouvrage le justifie du moins à
un certain degré, car en prenant l'Écriture
sainte pour guide, le génie de Burnet a
deviné pour ainsi dire plusieurs faits
relatifs aux révolutions de la surface du
globe, que les découvertes de la science, un
siècle après sa mort, ont confirmés, ou
rendu de plus en plus probables. Il attribue
à la terre antédiluvienne une température
plus égale que celle d'aujourd'hui, et
semblable à un printemps perpétuel; il fait
sortir les eaux du déluge des lieux profonds
et cachés de la terre; il parle de la
conflagration qui attend notre globe, et des
nouveaux cieux et de la nouvelle terre qui
paraîtront après cet embrasement. Tout cela
est, à la vérité, mélangé de diverses
erreurs, provenant de l'ignorance où l'on
était alors de la plupart des lois de la
physique; mais ces erreurs ne doivent pas
nous faire rejeter ce qu'il y a de vrai dans
l'ensemble de ses idées.
— L'un des principaux traits de ce système,
c'est sa théorie du changement de l'axe de
la terre, opinion déjà proposée par un
Italien (Alessandro degli Alessandri), au
commencement du seizième siècle; cette idée
fut combattue par Newton et, plus tard, par
Laplace qui cherchèrent à démontrer son
improbabilité, ainsi que par Butler qui
tourna le système de Burnet en ridicule.
Cependant, si l'on suppose que ce changement
d'axe n'a eu lieu que par rapport au soleil,
et non par rapport aux pôles actuels du
globe, l'improbabilité diminue de beaucoup.
En faveur d'un véritable changement d'axe,
l'on a cité des faits dans le genre de la
découverte du mammouth de Pallas, et l'on a
dit que de tels animaux, originaires des
pays chauds et trouvés près du pôle,
indiquaient que ces contrées avaient joui
autrefois d'une température bien plus élevée
que celle qui y règne de nos jours, et comme
l'habitation actuelle des rhinocéros et des
mastodontes, ou plutôt de leurs
représentants modernes, les éléphants, se
trouve près des tropiques, l'on en avait
conclu que la zone torride avait autrefois
passé par les pôles. En admettant la
justesse de ces observations, nous devons
cependant nous opposer à la conclusion que
l'on en tire; nous ferons remarquer
-
que toutes les découvertes géologiques confirment pleinement le système qui attribue à la terre antédiluvienne une température générale beaucoup plus élevée et beaucoup, plus égale que celle dont elle jouit maintenant, circonstance qui explique suffisamment la présence des cadavres de mammouths au nord de la Sibérie; et
-
que la forme sphéroïdale de la terre et son aplatissement aux deux pôles, montre assez que son axe de rotation n'a pas changé depuis que la figure de notre globe a été déterminée par la main toute puissante qui lui a fixé sa route dans l'espace. Mais cet aplatissement ne prouve point que l'axe, restant d'ailleurs le même, son inclinaison par rapport au plan de l'orbite, n'ait pu varier. On pourrait alors admettre avec Burnet qu'avant le déluge, l'axe était perpendiculaire à l'écliptique, en sorte que cette ligne n'en formait qu'une avec l'équateur, ce qui établissait dans chaque zone une grande égalité de température. On comprend que le changement subit de la position de notre globe, malgré la continuation de la révolution diurne et de la révolution annuelle, ait pu rompre l'équilibre des eaux et causer un déluge (c'est peut-être alors que commença le mouvement de nutation de l'axe de la terre, qui serait ainsi comme un reste ou une trace de l'ébranlement que subit alors notre globe; ce mouvement s'accomplit en dix-neuf ans environ); mais cette secousse, cette position nouvelle ne pouvait provenir que de celui qui avait anciennement créé la terre et les cieux. On ne doit point voir dans la théorie de Burnet l'intention d'expliquer par des causes secondes et naturelles, ce qu'il y eut de miraculeux dans le cataclysme par lequel l'Éternel jugea à propos de détruire l'ancien monde, mais seulement le désir de rechercher par quels moyens il plut à Dieu d'amener le châtiment de ses créatures coupables.
Nous venons de remarquer que la position de
l'axe perpendiculaire à l'écliptique,
établissait pour chaque zone un climat à peu
près invariable (nous disons à peu près,
car, même dans cette supposition, la forme
elliptique de l'orbite et la circonstance
que le soleil en occupe, non le centre mais
un des foyers, pourrait avoir occasionné
quelque légère différence de température aux
diverses époques de l'année); il s'en suit
naturellement que le changement survenu dans
la position de cet axe doit avoir introduit
un changement correspondant dans les
climats, et avoir fait que les zones
tempérées, par exemple, connussent des
élévations et des diminutions alternatives
de températures qu'elles ne connaissaient
pas auparavant. Or, que nous dit à cet égard
la Bible?
— Nous remarquerons que le mot moh'adim,
Genèse 1:14, que nos traductions rendent
dans ce verset par saisons, ne se
trouve nulle part employé pour signifier les
variations de la température; il est
toujours traduit par lieu, signe, temps, ou
temps marqué pour des solennités (tempus
constitutum); dans d'autres endroits il
signifie année, comme Daniel 12:7, etc.
— Il ne signifie saisons que d'une manière
métaphorique, comme lorsque nous disons
qu'une chose ou expression «n'est plus de
saison»; ainsi, Exode 13:10. Les saisons
proprement dites sont indiquées pour la
première fois, mais sans être nommées,
Genèse 8:22, lorsque Dieu promet à Noé qu'il
n'enverra plus de déluge sur la terre pour
la faire périr: «Tant que la terre durera,
dit-il, les semailles et les moissons, le
froid et le chaud, l'été et l'hiver, le jour
et la nuit, ne cesseront point.» Le jour et
la nuit existaient depuis le quatrième jour
de la création, mais les six autres termes
de cette promesse, expressions
correspondantes aux six saisons des Juifs,
semblent indiquer qu'il était survenu,
pendant le déluge ou en conséquence de ce
cataclysme, de grands changements
atmosphériques ou géologiques, et que
l'uniformité de la température des zones
ayant été rompue, elle serait remplacée par
les saisons et leurs variations régulières.
Mais, dira-t-on peut-être, ces explications
des causes du déluge, ces eaux souterraines,
ces eaux supérieures que vous dites avoir
existé autrefois et dont vous cherchez à
établir l'existence par quelques passages
difficiles à entendre, sont bien
problématiques, et s'il est vrai par exemple
que les eaux supérieures se soient versées
sur la terre, que sont-elles devenues
maintenant? Sont-elles encore confondues
avec les océans et les mers? Y a-t-il
actuellement assez d'eau sur le globe pour
qu'elle ait jamais pu couvrir toute la terre
habitable?
Les considérations suivantes nous semblent
répondre d'une manière satisfaisante à cette
question. Ajoutons que plusieurs sont
textuellement empruntées au Manuel de
géologie de De la Bêche, livre écrit
uniquement en vue de la science et sans
prétentions théologiques ou religieuses.
Elles auront donc d'autant plus de poids
qu'elles se recommandent par leur parfaite
impartialité.
«La proportion actuelle de la surface
aqueuse du globe à la surface sèche est
environ de trois à un; l'on peut donc dire
que près des trois quarts de notre globe
sont couverts d'eau; la superficie de
l'Océan Pacifique surpasse même à elle seule
l'ensemble de toutes les terres connues.
Quoique d'après l'idée que nous nous en
formons ordinairement, nous disions que
certaines parties de la terre sont fort
élevées au-dessus du niveau de la mer, cette
élévation se réduit en réalité à fort peu de
chose, si on la considère par rapport au
diamètre du globe.» L'épaisseur du globe à
l'équateur est de 12,753,702 mètres, soit
2,866 lieues géographiques (de 25 au degré
ou de 4,450 mètres); le plus haut pic connu,
le Chamalari, n'atteint qu'à 8,518 mètres;
les plus hautes cimes des Alpes ne s'élèvent
guère à plus de 4,500 mètres; le Mont-Blanc
seul à 4,810 mètres environ, et la moyenne
d'élévation de la partie de la croûte
terrestre qui est au-dessus de l'eau, en y
comprenant toutes les montagnes, plateaux,
plaines et dépressions, ne dépasse
probablement pas 600 mètres, ce qui ferait,
seulement 1/21,000e de l'épaisseur du globe.
Les aspérités de la surface du globe sont
donc, relativement à son volume, infiniment
plus petites que celles de la peau d'une
orange ne le sont relativement à la grosseur
de l'orange. Et si l'on suppose un globe
terrestre de 1m,50 de diamètre, on ne pourra
y indiquer le plus haut pic dont on
connaisse l'élévation, (le Chamalari) que
par une légère protubérance d'un millimètre;
le Mont-Blanc aurait un demi-millimètre; le
Jura et les montagnes plus basses ne
pourraient se distinguer des plateaux et des
plaines.
Quant à la profondeur de la mer, autant
qu'on peut en juger, la moyenne est de 4 à
5,000 mètres. Pour faciliter les calculs, et
pour ajouter à leur évidence, exagérons dans
les deux sens, c'est-à-dire donnons une plus
grande hauteur moyenne aux terres, et une
moins grande profondeur moyenne aux mers; en
d'autres termes, supposons plus de terres
élevées, et moins d'eau pour les couvrir
qu'il n'y en a réellement dans le sein des
mers; il en restera encore pour submerger la
terre et tout ce qu'elle contient. Supposant
donc que la hauteur moyenne des continents
et des îles soit de 2,225 mètres, et que la
profondeur de la mer soit de 4,000 mètres,
puisque les continents n'occupent qu'un
quart de la surface du globe, «il est très
facile de se représenter telle position
relative de la terre et des eaux, que la
terre ferme se trouve de fait occuper le
fond des mers, et que de toutes parts la
surface de notre globe ne présente à
l'extérieur qu'une couche d'eau.» Dans cette
supposition, la couche de terre étendue au
fond des mers aurait une épaisseur de
1,668m,75, et les eaux qui la recouvriraient
en auraient le double, c'est-à-dire
3,337m,50. «Nous ne devons considérer les
terres ou continents, que comme une certaine
partie de la surface inégale du globe qui se
trouve temporairement élevée au-dessus du
niveau des mers, sous lesquelles elle
pourrait de nouveau disparaître, comme cela
est déjà plusieurs fois arrivé.» (La Bêche)
Ainsi, en ne tenant compte que des eaux
actuellement connues, on voit qu'il y aurait
amplement de quoi inonder toute la terre.
M. Élie de Beaumont croit que l'élévation
des hautes chaînes de montagnes, comme celle
des Andes, par exemple, produite par un
soulèvement du terrain, aurait été
suffisante pour occasionner un déluge de
l'autre côté du globe; cette idée adoptée
par de savants géologues, Buckland,
Sedgwick, de La Bêche, est combattue,
presque tournée en ridicule par un autre
savant, Lyell, et au milieu des opinions et
des systèmes les plus divers sur les moyens
dont il a plu à Dieu de se servir pour
effectuer le déluge, il est difficile de
distinguer où est la vérité. Jusqu'à présent
il nous a paru que l'hypothèse de De Luc,
déjà proposée par Hooke en 1688, était
encore celle qui concordait le mieux avec la
Bible; et bien qu'elle soit rejetée par des
savants modernes pour les lumières desquels
nous avons une haute estime, c'est à elle
que nous croyons devoir nous arrêter jusqu'à
ce qu'on nous en fasse connaître une qui se
justifie davantage. Voici comment elle est
présentée par Cuvier: «Je pense donc, avec
MM. Deluc et Dolomieu, que s'il y a quelque
chose de constaté en géologie, c'est que la
surface de notre globe a été victime d'une
grande et subite révolution dont la date ne
peut remonter beaucoup au-delà de 5 ou 6,000
ans; que cette révolution a enfoncé et fait
disparaître les pays qu'habitaient autrefois
les hommes et les espèces d'animaux
aujourd'hui les plus connues; qu'elle a, au
contraire, mis à sec le fond de la dernière
mer, et en a formé les pays aujourd'hui
habités; que c'est depuis cette révolution
que le petit nombre des individus épargnés
par elle se sont répandus et propagés sur
les terrains nouvellement mis à sec. Mais
ces terrains avaient déjà été habités
auparavant, sinon par des hommes, du moins
par des animaux terrestres; par conséquent
une révolution précédente les avait mis sous
les eaux, et si l'on peut en juger par les
différents ordres d'animaux dont on y trouve
les dépouilles, ils avaient peut-être subi
jusqu'à deux ou trois irruptions de la mer.»
(Cuvier, Discours sur les révolutions de la
surface du globe, 3e édition, p. 283)
Comparons maintenant ce résultat de la
science avec ce que nous dit la Bible, et
nous y trouverons un accord remarquable. En
parlant des hommes antédiluviens, Dieu dit:
«Je les détruirai, et la terre avec eux»,
6:13. Soutenir que «toutes choses demeurent
dans le même état qu'au commencement de la
création, c'est ignorer volontairement ceci:
c'est que les deux et la terre furent
autrefois créés par la parole de Dieu;»
cette terre «qui fut tirée de l'eau, et qui
subsistait parmi l'eau, périt par ces choses
mêmes;» «le monde d'alors périt étant
submergé par les eaux du déluge», 2 Pierre
3:4-6. Or, ces expressions si fortes: «je
détruirai la terre des méchants», — «le
monde d'alors périt par les eaux»,
peuvent-elles s'entendre d'une submersion
momentanée d'un pays? Supposons que
l'Angleterre, par un affaissement des
couches souterraines, par une élévation de
l'Océan, ou par toute autre cause, vienne à
être inondée pendant quelques mois; puis
qu'elle ressorte des eaux et se couvre comme
auparavant de végétation; qu'un petit nombre
d'Anglais échappent à l'inondation dans un
vaisseau, avec des animaux, puis qu'un an
après, lorsque les eaux se sont écoulées,
ils débarquent sur ce même pays, qu'ils
l'habitent de nouveau et le cultivent comme
auparavant, pourra-t-on dire que
l'Angleterre a été détruite? qu'elle a péri
avec tout ce qu'elle contenait? Non, ces
expressions indiquent une destruction plus
complète, telle, par exemple, que celle qui
aurait été la conséquence naturelle de
l'affaissement des anciens continents et de
leur submersion permanente. Ceci explique
aussi pourquoi l'on ne trouve point sur la
terre actuelle de fossiles humains; tous les
habitants de l'ancien monde, tant hommes
qu'animaux terrestres, ont dû être entraînés
au fond de l'Océan, où, mêlés avec le limon
qui y a été déposé dans la suite des
siècles, ils contribueraient maintenant à la
formation des roches sub-marines (comme les
animaux victimes des révolutions
antérieures), si le, jour ne s'approchait
pas où la mer sera forcée de «rendre les
morts qui sont en elle», Apocalypse 20:13.
À cette théorie l'on a objecté que la Bible
en nous donnant, Genèse 2, la description
d'une partie du monde antédiluvien, emploie
les noms de lieux actuellement existants,
nous parle du Gihon, de l'Euphrate, du pays
de Havila, du pays de Cus, de l'Assyrie;
c'est donc en ces lieux, a-t-on dit, et
autour de ces lieux, qu'ont habité les
premiers hommes; les anciens continents sont
donc aussi les mêmes que ceux que nous
connaissons aujourd'hui. Mais si l'on
insiste sur la similarité des noms, on
oublie les rapports de position relative qui
nous sont indiqués dans ce chapitre,
rapports qui ne se retrouvent nullement dans
les localités actuellement existantes. En
effet, que lisons-nous? «Un fleuve
sortait d'Éden pour arroser le jardin, et
de là il se divisait en quatre fleuves.»
Les savants et les commentateurs de la Bible
se sont donné une peine infinie pour
expliquer ce passage; on a voulu voir dans
les fleuves du paradis quatre rivières
existantes de nos jours. Quant à l'Euphrate,
dit-on, il ne peut y avoir aucun doute,
c'est le fleuve connu aujourd'hui sous ce
même nom; le Tigre est clairement désigné
dans la Bible sous le nom de Hiddekel; le
Phasis est le Pison, et l'Araxe le Guihon:
ces quatre fleuves sortent tous de
l'Arménie; c'est là donc qu'était le paradis
terrestre. Mais il est évident que quoique
ces rivières prennent leur source dans des
contrées peu éloignées les unes des autres,
elles n'ont jamais pu former un seul fleuve
divisé en quatre bras. L'Euphrate a deux
sources; celle qui est la plus voisine de
L'origine du Tigre en est encore distante de
400 kilomètres. La source de l'Araxe (qui se
jette dans la mer Caspienne) est, il est
vrai, à quelques lieues d'une des sources de
l'Euphrate, près d'Erzeroum, mais elle en
est séparée par une chaîne de montagnes; le
Phasis enfin, que l'on suppose être le
Pison, prend sa source à près de 320
kilomètres au nord de celle de l'Euphrate.
On ne peut donc rattacher les fleuves
paradisiaques à l'Euphrate actuel.
Les raisons qui ont été proposées en faveur
de cette hypothèse pourraient tout aussi
facilement s'appliquer au Djihoun (l'Oxus),
qui prend sa source à 2,000 kilomètres
d'Erzeroum, dans les monts du Belour, et se
jette dans la mer d'Aral. Il serait facile
de chercher dans le Sinon ou Jaxartes, et
dans deux autres grandes rivières dont les
sources sont peu éloignées de celles du
Guihon, le Hiddekel, le Pison et l'Euphrate.
Si les noms des fleuves sont un guide
incertain pour trouver le site d'Éden, et
par conséquent l'emplacement des anciens
continents, les noms des pays le sont tout
autant. Où est le pays de Havila? Deux
descendants de Noé ont porté ce nom, l'un
fils de Cus, l'autre fils de Joktan, Genèse
10:7,29, et cela lors de la dispersion;
duquel des deux s'agit-il, et où leur
portion leur a-t-elle été assignée?
Qu'est-ce aussi que ce pays de Cus? Ce nom
est donné dans la Bible tantôt à l'Arabie
Pétrée, tantôt à la Bactriane, tantôt à
l'Assyrie, tantôt à l'Éthiopie ou la Nubie.
Après toutes ces incertitudes, qui nous
garantit que le pays nommé Assur, Genèse
2:14, soit bien le même qui fut plus tard
l'Assyrie P
Nous ne rappellerons pas ici les diverses
hypothèses qui ont été faites pour concilier
la description du jardin d'Éden avec un
endroit quelconque de la terre; il est
facile de les réfuter. L'on n'a pu découvrir
jusqu'à présent la véritable position du
paradis terrestre, et on ne Je pourra
jamais, s'il est vrai, comme nous le
croyons, qu'il ait été englouti au fond des
mers par le déluge avec les anciens
continents; mais l'explication qui nous
paraît la plus naturelle et la plus simple
est celle-ci: de même que les colons
européens qui se sont établis en Amérique,
ont donné aux localités nouvelles pour eux
des noms de leur ancienne patrie qui leur
étaient chers, comme Nouvelle-Espagne,
Nouvelle-Angleterre, New-York,
Nouvelle-Orléans, ou même des noms européens
sans y ajouter l'épithète de nouveau, comme
Boston, Vevey, Paris, Francfort, etc.; ainsi
les Noachides, à leur sortie de l'arche,
donnèrent probablement aux montagnes, aux
vallées, aux rivières qu'ils découvrirent,
les noms qui leur avaient été familiers
avant le déluge; cela explique comment on
trouve de grandes rivières comme le Guihon,
le Hiddekel (ou Tigre), et l'Euphrate,
portant des noms antédiluviens, quoique dans
une position géographique relative très
différente de leurs prototypes.
Autre difficulté: le mont Ararat, sur lequel
l'arche de Noé s'arrêta, est aujourd'hui
couvert de neiges qui ne se fondent jamais;
comment Noé et sa famille ont-ils pu vivre
dans une température si froide et dans un
air si raréfié?
— Réponse: à mesure que les eaux
s'élevaient, les couches atmosphériques
s'élevaient avec elles, de telle façon que
l'air qui environnait l'arche au moment même
de la plus haute crue des eaux, n'était ni
plus froid, ni plus raréfié que celui qu'on
respirerait de nos jours au niveau de la mer
à la même latitude. Ceci est d'autant plus
important à remarquer que nous verrons tout
à l'heure que l'arche s'est probablement
arrêtée dans des régions bien autrement
élevées, relativement aux basses terres
actuelles, que ne le sont les montagnes de
l'Arménie.
Pour n'avoir pas voulu recevoir purement et
simplement le récit de Moïse, on s'est aussi
créé bien des difficultés relativement à
l'arche. Nous ne les rappellerons pas ici,
puisqu'elles sont traitées et aplanies dans
une autre partie de cet ouvrage (— Voir:
Arche); nous ajouterons seulement que, si
comme on a tout lieu de le croire, la
température de la terre était avant le
déluge plus chaude et plus uniforme qu'elle
ne l'est de nos jours; si de plus, comme M.
de Rougemont l'a établi, le nombre des
espèces d'animaux était moindre avant
qu'après le déluge, il n'y a rien que de
très facile à comprendre dans tout ce récit.
Avant le déluge, les hommes ne formaient
qu'un peuple; les animaux habitaient
probablement ensemble les mêmes climats, les
mêmes contrées; par conséquent ils n'eurent
pas de longs voyages à faire pour se rendre
dans l'arche, ainsi qu'on a voulu le
supposer.
Nous ne pouvons nous empêcher de faire ici
un rapprochement qui offre quelque intérêt.
En 1839, un ouragan effroyable avait soulevé
les flots du golfe de Bengale avec tant de
violence que la mer se porta avec une force
extraordinaire sur les terres, remontant à
quelques lieues dans l'intérieur par le
Delta du Gange; les îles qui se forment à
l'embouchure du fleuve par l'accumulation du
limon, et qui dans ce climat chaud et humide
se couvrent promptement de végétation et
d'animaux, furent en partie entraînées par
les eaux, ce fut en particulier le sort de
la grande île de Saint-Edmond qui était
cultivée et habitée par une population assez
nombreuse. On vit alors hommes et
quadrupèdes, oiseaux et reptiles chercher le
même abri contre la fureur des eaux; dans un
jardin dont les murs avaient résisté au
courant, se réfugièrent pêle-mêle et sans
penser à se nuire réciproquement, des
Européens, des Malais, des Indous, des
animaux domestiques, des serpents, des cerfs
et deux tigres sauvages, tout autre instinct
ou disposition de timidité ou de férocité
naturelle cédant au besoin de pourvoir à la
sûreté individuelle, et disparaissant devant
l'effroi qu'inspirait le combat des éléments
déchaînés.
Sans doute les animaux furent dirigés vers
l'arche par une intervention spéciale de la
Providence, comme celle qui fit prendre aux
deux génisses des Philistins le chemin de
Bethsémès, 1 Samuel 6:9-12. Mais il est bien
possible que l'effroi que devait leur causer
des phénomènes aussi effrayants et aussi
inaccoutumés que la rupture des sources du
grand abîme et des cataractes des deux, ait
été un moyen de dompter temporairement leur
férocité naturelle, et de les assujettir au
très petit nombre d'hommes qui se trouvaient
enfermés avec eux.
Au cent cinquantième jour, est-il dit dans
le texte, l'arche s'arrêta sur les montagnes
d'Ararat; les eaux environnantes
continuèrent à décroître, et ce ne fut que
dix semaines plus tard que l'on aperçut le
sommet des montagnes; il fallait donc que
celui de l'Ararat fut excessivement élevé en
proportion des autres, et cela ne s'accorde
pas avec ce qui nous est connu des centrées
de l'Arménie où existe de nos jours le
volcan de ce nom. L'on peut concilier de
plusieurs manières cette contradiction
apparente. En effet, il est bien possible
que la Genèse, en disant, 8:4, que l'arche
s'arrêta sur les montagnes d'Ararat,
veuille dire simplement au-dessus,
mais sans les toucher; s'il en est ainsi,
l'on comprend qu'il se soit écoulé soixante
et douze jours entre le moment où l'arche
s'arrêta, et celui où les premiers sommets
des montagnes parurent; car, pour ne pas
parler des hautes cimes des monts Yunnan en
Chine, qui n'ont pas encore été mesurées, le
plus haut pic dont on connaisse l'élévation
en nombres, celui du Chamalari dans
l'Himalaya, a 26,266 pieds, (environ 9000
mètres); ce qui, en y ajoutant 15 coudées,
soit 22 pieds, donnerait pour le maximum de
la crue des eaux diluviennes une hauteur
totale de 26,288 pieds. Lors donc que le
sommet du Chamalari parut à fleur d'eau, il
y avait encore au-dessus de l'Ararat une
couche de liquide de 14,288 pieds
d'épaisseur, puisque celui-ci n'a que 12,000
pieds d'élévation; ou, ce qui revient au
même, le Chamalari devait déjà être de
14,260 pieds hors de l'eau quand le sommet
de l'Ararat parut. Si l'on veut entendre par
le mot sur, Genèse 8:4, que l'arche
toucha effectivement les rochers de
l'Ararat, on peut faire remarquer que le
verset 5 du chapitre 8, ne parle pas (comme
7:19) de toutes les plus hautes montagnes
qui étaient sous tous les cieux, mais
simplement des montagnes, et cela après
avoir fixé la position de l'arche; l'on
pourrait donc l'entendre des montagnes de la
contrée environnante; effectivement elles
sont bien plus basses que l'Ararat, dont le
double pic, toujours couvert de neiges
éblouissantes, s'élève comme un géant au
milieu d'une vaste plaine et domine toutes
les hauteurs qui l'entourent. Mais voici une
troisième solution qui nous paraît être la
véritable.
Si au lieu de chercher l'Ararat dans le
système des monts appartenant au Caucase
occidental, on le cherche dans le Caucase
indien, l'Immaüs des anciens, qui comprenait
l'Himalaya et le Hindou-Koush, nous
arriverons à des résultats plus
satisfaisants et qui concorderont mieux avec
le récit biblique, et avec les traditions
des plus anciens peuples. Cette idée,
proposée il y a plus de deux siècles et demi
par sir Walther Raleigh, adoptée et soutenue
depuis lors par Shuckford, Kirby et quelques
autres savants, est aussi celle qui paraît
la plus naturelle. Nous ne connaissons pas,
il est vrai, de pic ou de cime appartenant à
ces chaînes qui porte le nom d'Ararat, mais
si nous remarquons, d'une part, que ces pays
sont encore fort peu connus des Européens
et, de l'autre, que les noms des lieux ont
souvent changé, nous ne nous étonnerons pas
que celui de la montagne sur laquelle
descendit l'arche, ait pu se perdre dans les
siècles suivants. Ce qu'il y a de certain,
c'est qu'après le déluge, les premiers
hommes descendirent bientôt des montagnes
dans les régions plus basses, étant chassés
par le froid qui augmentait sur les terres
élevées à mesure que les eaux s'abaissaient
ou que les continents surgissaient du sein
des mers; et qu'après avoir cheminé, pendant
plusieurs années, d'orient en occident,
ils arrivèrent dans le pays de Sinhar où ils
bâtirent Babel. Or, s'ils étaient venus de
l'Arménie, ils auraient cheminé du nord au
sud, ou même au sud-sud-ouest, ce qui est
tout à fait contraire à l'expression
mikkedem, employée Genèse 11:2.
La direction de l'émigration des premiers
hommes, indiquée dans le passage que nous
venons de citer, s'accorde d'une manière
remarquable avec la tradition du Zend Avesta
sur les premiers établissements des nations
sur la terre. Dans le 1er Fargard du
Vendidat, Ormuzd raconte à Zoroastre qu'il
avait créé un lieu de délices, nommé
Eerieene-Veedjo (confondant l'habitation
d'Adam avant la chute, avec celle de Noé
après le déluge): là dessus Ahriman,
l'esprit du mal, crée l'hiver qui chasse les
premiers hommes, et les contraint à former
d'autres établissements; Balkh, Nesa, et
Meru en Khorassan, al Soghd, Caboul, Hérat
sont nommés successivement, et toutes ces
villes sont aux environs de la haute chaîne
de montagnes qui lie le système de
l'Himalaya avec les chaînes de l'Asie
centrale. (Heeren, Id. ub. die Politik,
etc.)
Les traditions indiennes et chinoises
placent aussi dans cette partie de l'Asie le
berceau de l'espèce humaine (Rougemont,
Fragments, etc. Kirby, Bridgewater Treatise,
I, p. 45. 46, etc.). Un fragment de poésie
sanscrite, traduit il y a quatre années dans
le Quarterly-Review, nous représente Menou
(le Noé indien) et les sept personnes qui
avaient avec lui échappé au déluge, comme
seuls dans le monde sur un grand vaisseau
conduit par un poisson. Après avoir vogué
ainsi pendant des années, ils atteignent le
plus haut pic du Himavan (Himalaya) qui
paraissait au-dessus des eaux; le poisson
dit à Menou d'y attacher son navire, et de
nos jours encore, dit l'auteur sanscrit, ce
pic porte le nom de Naubandhana. Les
Afghans croient que l'arche s'arrêta sur le
Suffid-Koh, entre Caboul et Peshawur,
montagnes couvertes de neiges éternelles;
mais il est probable que ce n'est pas encore
là le véritable Ararat.
La grande chaîne de l'Himalaya, qui forme la
frontière septentrionale de l'Inde, depuis
l'Assam au Punjab, perd son nom après avoir
passé l'Indus au nord-est de Cachemire, et
prend celui de Hindou-Koush; quoique le nom
soit donné par extension à toute la chaîne
qui s'étend de Gilget à Hérat, ce n'est à
proprement parler que celui d'un pic immense
qui s'élève à une hauteur si considérable
au-dessus des monts environnants, que le
voyageur Burnes dit qu'il les fait paraître
comme des collines insignifiantes (A.
Burnes, gênerai and geographical Memoir on
part of central Asia, et, Travels into
Bokhara). Et cependant une de ces collines,
le Koh-i-Baba, mesuré par Burnes, a 18,000
pieds d'élévation, et le col ou passage de
Kalou sur la route de Caboul à Barnian est
déjà à 13,000 pieds. Dans ces montagnes,
cette dernière mesure est bien au-dessous de
la limite des neiges dites éternelles; à
10,000 pieds au-dessus de la mer on y voit
des champs labourés que l'on ensemence à la
fin de mai pour les moissonner en octobre,
tandis que sur les Alpes on trouve déjà la
neige perpétuelle entre 8 et 9 mille pieds
(D'après Humboldt, la limite des neiges sur
les Cordillières de Quito (sous l'équateur)
est de 14,760 pieds de roi: sur les
Cordillières de Bolivia, elle est même
à plus de 16,000 pieds).
— Quant au grand pic auquel appartient
proprement le nom de Hindou-Koush, il n'a
jamais été mesuré; mais à en juger par la
longueur de son manteau de neige et
l'extrême rareté de l'air sur le col qui est
à sa base, il doit être probablement la
montagne la plus haute du monde; les hommes
les plus robustes des environs,
quoiqu'accoutumés à respirer les couches
d'air raréfié qui se trouvent à 10 ou 12
mille pieds au-dessus de la mer, ont la plus
grande peine à traverser ce col; la
respiration devient très difficile, l'on
éprouve des vertiges et des vomissements, la
plupart des bêtes de somme qui tentent ce
passage y périssent, et même les oiseaux, ne
pouvant se soutenir en l'air, sont
contraints de marcher et meurent presque
tous sur les neiges. Ce fait est attesté par
des historiens anciens aussi bien que par
les voyageurs modernes. Ceux qui se
hasardent dans ce périlleux passage évitent
toute espèce de bruit, de crainte,
disent-ils, que l'ébranlement ne détermine
la chute des avalanches.
Puisque les symptômes éprouvés au passage du
Hindou-Koush sont les mêmes que ceux qu'on
éprouve au sommet du Mont-Blanc; que la
ligne des neiges sur le revers septentrional
de l'Himalaya est, d'après Maltebrun, à
environ 15,600 pieds, tandis que sur les
Alpes elle est à 8,220; puisque d'autre part
la cime du Mont-Blanc atteint 14,600 pieds,
c'est-à-dire 6,380 pieds au-dessus des
neiges éternelles, ce n'est pas trop que de
supposer la même différence sur le
Hindou-Koush, entre la limite des neiges et
le haut du col, ce qui donnerait à ce
dernier près de 22,000 pieds d'élévation; la
pyramide du Hindou-Koush, qui s'élève
au-dessus du col, pourrait donc avoir une
hauteur totale, égale ou supérieure aux plus
hautes cimes de l'Himalaya, et l'arche
aurait pu s'arrêter sur cet Ararat indien,
alors même que l'eau dépassait de beaucoup
la hauteur des plus hautes montagnes qui
sont sous tous les cieux.
C'est ce géant entre les montagnes que nous
croyons être le véritable Ararat, et si l'on
admet cette supposition, elle explique et la
longueur de l'espace de temps qui s'est
écoulé entre le moment où l'arche s'y serait
arrêtée, et celui de l'apparition des
sommets des montagnes voisines, et le voyage
des Noachides qui venait de l'Orient
lorsqu'ils arrivèrent au pays de Scinhar; et
la tradition du Vendidat sur les premiers
établissements des hommes; et bien d'autres
circonstances encore, entre autres
l'application des noms des rivières
paradisiaques à des fleuves post-diluviens,
et l'ordre de cette application. En effet,
supposant que Noé et ses enfants eussent
abordé sur le Hindou-Koush, les premiers
hommes se seront naturellement répandus sur
le haut pays environnant; puis la difficulté
d'y voyager les aura engagés à descendre
dans des parties plus accessibles, la
diminution de la chaleur leur faisant en
même temps rechercher les plaines. Il n'est
point extraordinaire qu'ils aient donné aux
grands fleuves qu'ils trouvaient sur leur
chemin, des noms qui leur étaient déjà
connus; ils auront nommé le premier Pison;
peut-être était-ce le Caboul ou l'Indus;
après avoir exploré une partie des contrées
au sud de l'Hindou-Koush jusqu'à l'une de
ces deux rivières, trouvant le pays trop
montueux, ils se seront peut-être tournés
vers le nord, puis ils auront donné à l'Oxus
le nom de Guihon ou Djihoun, qu'il porte
encore de nos jours. De là, continuant leur
chemin d'Orient en Occident, presqu'en ligne
droite, de Balkh (ou Bactres) à Babylone, le
troisième grand fleuve qui se trouvait sur
leur route est le Tigre, qu'ils auront
appelé Hiddékel; le quatrième est
l'Euphrate; c'est le même ordre dans lequel
ils sont énumérés dans la Genèse.
Une difficulté reste encore à examiner: d'où
provenait la branche d'olivier que la
colombe rapporta à Noé? Les commentateurs
qui ont fait aborder l'arche en Arménie ont
été embarrassés de trouver que l'olivier ne
croissait point dans ce pays; mais d'autres
ont prouvé qu'il y croissait anciennement,
lorsque la température de la terre était
plus chaude qu'elle ne l'est de nos jours
(Richter, Hausbibel); d'autres aussi ont
démontré que les oliviers peuvent pousser
des feuilles sous l'eau. Mais, d'un autre
côté, les géologues pensent que la force
dissolvante et corrosive des eaux du déluge,
dont on voit de nos jours tant de traces, de
ces eaux qui avaient enlevé les rochers des
plus hautes cimes, creusé des vallées, rompu
en quelques lieux des digues naturelles,
élevé ailleurs des amas de débris, de boue
et de cailloux, laissé après leur passage
des lacs et des méditerranées;
— ils pensent, disons-nous, que des eaux
agissant avec une telle force, doivent avoir
détruit toute la végétation, enlevant dans
leur cours les couches de terre végétale, et
tout ce qui y croissait. Comment alors
l'olivier aurait-il résisté? Pour nous qui
croyons, avec Cuvier et d'autres, que les
anciens continents ont été détruits, nous ne
pouvons admettre qu'aucun arbre antédiluvien
se trouvât dans le voisinage de l'arche,
croissant au lieu qui l'avait vu naître
avant le cataclysme; il n'aurait pu s'y
trouver, à la rigueur, que quelques plantes
marines. Nous pensons que lors qu'après les
150 jours Dieu lit sortir la terre du sein
de l'eau, ce qui se passa fut une répétition
du 3e jour de la création; Dieu dit: «Que
les eaux qui sont au-dessous des cieux
soient rassemblées en un lieu et que le sec
paraisse, et ainsi fut.» Et la terre après
cette crise, ou soir cosmogonique, obéissant
aux lois qui lui avaient été données au 3e
jour, poussa son jet et produisit de l'herbe
portant sa semence selon son espèce, et des
arbres qui avaient leur semence en
eux-mêmes. De même que pendant les trois
derniers jours de la création, et après les
soirs cosmogoniques qui les avaient précédés
en bouleversant tout ce qui se trouvait sur
la surface du globe, la végétation s'était
chaque fois reproduite, ainsi, après le
déluge, la terre nouvelle qui venait de
sortir des eaux se couvrit de plantes et
d'arbres utiles à ses nouveaux habitants;
les conditions de chaleur et d'extrême
humidité qui furent alors si défavorables à
la longueur de la vie des hommes, durent, au
contraire, pénétrer les plantes, comme sous
les régions humides des tropiques, d'une
vigueur végétative extraordinaire, et leur
procurer une prompte croissance; ainsi,
lorsque la colombe sortit pour la première
fois, les plantes ne faisaient que de
commencer à germer sur la partie de la terre
que les eaux avaient laissée à découvert;
une semaine après elle trouva déjà des
rameaux et des feuilles, mais pas de branche
assez forte pour qu'elle pût s'y percher;
lorsqu'elle sortit pour la troisième fois,
le bois commençait déjà à pouvoir la porter.
La température de ces hautes contrées étant
alors celle des plus basses régions de
l'air, il n'est pas étonnant qu'il put y
croître des oliviers dans ce temps-là,
tandis qu'aujourd'hui l'on ne trouve à leur
place que des neiges qui ne fondent jamais.
Nous devons faire observer ici que
l'histoire du déluge nous donne une preuve
remarquable de la manière de compter le
temps; il était évidemment divisé en
semaines, 7:4,10; 8:9-10,12, ou espaces de
sept jours; et il n'est pas probable que le
pieux patriarche Noé, cet homme juste et
plein d'intégrité, qui marchait avec Dieu,
négligeât ses commandements et oubliât de
sanctifier le septième jour établi pour être
un jour de repos dès la création du monde.
Il paraît que longtemps encore après le
déluge il continua de s'opérer dans le monde
des changements remarquables; la vie des
hommes fut abrégée, les langues et les
nations se formèrent, et prirent d'une
manière permanente les caractères nationaux
qui forment leur cachet distinctif. Les
variétés produites chez les animaux par la
différence des climats, de la nourriture et
du genre de vie, donnèrent naissance aux
espèces. Dans la nature inanimée il
s'opérait des changements correspondants:
les contrées volcaniques qui forment
l'archipel indien, celui du Japon, les
Kouriles, les Aléoutes, les Antilles, après
avoir été assez longtemps élevées au-dessus
des mers pour que les isthmes qui les
joignaient eussent pu servir de passage aux
hommes qui allèrent s'y établir,
s'enfoncèrent probablement dans l'eau à peu
près au point où nous les voyons
aujourd'hui, de manière à ne laisser
au-dessus de la surface que les parties les
plus élevées de ce vaste continent sous la
forme d'îles et d'îlots. Si l'on trouve
cette hypothèse trop hardie, l'on n'a qu'à
examiner ce qui se passe actuellement dans
ces mêmes régions, et l'on sera convaincu
que si de nos jours encore des îles et des
montagnes surgissent de l'Océan, tandis que
d'autres contrées sont englouties par la
mer, de semblables changements ont bien pu
avoir lieu il y a 4,000 ans. Dans les îles
Aléoutes, par exemple, en 1806, une île
sortit de la mer, qui avait 4 milles
géographiques de tour; une autre fut formée
en 1814, sur laquelle était un pic de 3,000
pieds de haut. En 1737, par suite de
tremblements de terre et d'irruptions
volcaniques, la côte du Kamtchatka subit, de
grands changements: des lieues entières de
côtes s'enfoncèrent dans la mer, des plaines
furent soulevées et devinrent des plateaux,
de nouvelles baies et de nouveaux lacs
furent formés. Le 4 février 1797, une
étendue de pays de 40 lieues de long et 20
de large, près de Quito, reçut une forte
impulsion d'ondulation qui dura quatre
minutes et renversa de fond en comble toutes
les villes et villages; ce mouvement se fit
sentir plus ou moins sur une longueur de 170
lieues du nord au sud, et de 40 de l'est à
l'ouest; au pied du volcan de Tunguragua la
terre s'entrouvrit et donna passage à des
torrents d'eau et d'une boue fétide, qui
dans des vallées de 1,000 pieds de largeur
atteignirent à la hauteur de 600 pieds,
laissant sur leur passage des dépôts de
limon qui interceptèrent une rivière et
amenèrent la formation de lacs, jusqu'à ce
que l'eau accumulée pendant 80 jours, eut
acquis une masse suffisante pour rompre et
entraîner ces digues (Lyell, Principles of
Geology, vol. l, p. 470; 510; 472).
Il serait facile de multiplier à l'infini
les exemples, mais nous croyons en avoir dit
assez pour démontrer la possibilité de la
rupture des isthmes qui unissaient au nord
l'Asie avec l'Amérique, au sud l'Asie avec
la Nouvelle-Hollande et toutes les îles
intermédiaires, isthmes qui n'étaient plus
nécessaires après avoir contribué à
l'exécution de l'ordre de Dieu, Genèse 8:17;
9:1, en fournissant aux hommes et aux
animaux un chemin pour se répandre sur la
plus grande partie de la terre et la
peupler.
— Nous ne prétendons pas cependant par là,
que toutes les îles, et tous les pays aient
été habités dès le temps de la dispersion;
au contraire, il est notoire que plusieurs
lieux sont restés inhabités pendant des
siècles, jusqu'à ce que les progrès de la
navigation y aient fait aborder des hommes,
soit par suite de voyages, de découvertes et
de conquêtes, soit qu'ils y aient été jetés
contre leur gré par des tempêtes et des
naufrages. Pour ne citer que l'exemple le
plus rapproché de nos pays, l'Islande n'a
été découverte que dans le huitième siècle,
et la première colonie s'y établit l'an 874;
ce ne fut qu'un siècle plus tard, qu'un
seigneur, Torwald, découvrit le Groenland et
s'y établit; il en est sans doute de même
d'un grand nombre d'îles de la mer du Sud. À
ce propos nous ferons remarquer que les pays
dont nous venons de parler, offrent une
nouvelle preuve du refroidissement graduel
de la chaleur du globe, car l'Islande et le
Groenland jouissaient il y a mille ans d'un
climat doux et tempéré; il y croissait
beaucoup d'arbres, les côtes étaient
couvertes de verdure, la mer très
poissonneuse et les forêts pleines de
gibier, (Mallet, Introduction à l'histoire
du Danemark). À la même époque la vigne et
le grenadier croissaient en Angleterre.
On peut reconnaître dans cette interruption
des communications, une direction
particulière de la sagesse éternelle, qui
voulait qu'après trente-sept siècles de
séparation, les hommes, en se retrouvant,
retrouvassent aussi chez presque tous les
peuples ces traditions si remarquables sur
la création, la chute des premiers hommes,
le meurtre d'Abel et surtout ce déluge
duquel date la formation de toutes les races
actuelles, ce déluge qu'on voit représenté
dans la langue hiéroglyphique des Chinois,
comme sur les monuments mexicains et sur la
médaille d'Apamea Kibotos; événement dont le
souvenir se retrouve non seulement chez
toutes les nations instruites de l'antiquité
européenne et asiatique, mais encore aux
îles Sandwich, chez les tribus errantes de
l'Amérique du nord, comme chez les Péruviens
et les Mozcas dans la Péninsule méridionale.
— Il serait trop long de donner ici un
résumé de ces traditions; ceux de nos
lecteurs qui désireraient examiner ce sujet,
trouveront des détails intéressants dans les
Fragment de l'histoire de la terre, de M. F.
de Rougemont, que nous avons souvent eu
l'occasion de citer; dans l'ouvrage du
docteur Wiseman, intitulé Lectures on the
connexion between science and revealed
Religion, I, 133; 328-371, II, 127-152; dans
le Dictionnaire des cultes religieux,
article Déluge;
— Voir: aussi le Discours sur les
Révolutions de la surface du globe, par
Cuvier, p. 165-179; l'Histoire des Incas, de
Garcilasso de la Vega; la Conquête du Pérou,
par don Augustin de Zarate; l'Analyse des
traditions religieuses des peuples de
l'Amérique, par Kastner, et en général
toutes les mythologies.
Quelques auteurs croient que les traditions
diluviennes qui portent le nom de Yao en
Chine, d'Ogygès et de Deucalion dans
l'occident, ne sont pas des traces
défigurées du déluge universel seulement,
mais se rattachent à des inondations
postérieures qui auront eu lieu par la
rupture de lacs, et divers changements
volcaniques ou autres survenus depuis Noé
sur la surface du globe; nous ne prétendons
pas décider cette question, mais ce qui nous
paraît certain, c'est qu'à toutes ces
traditions se trouve mêlée l'idée du
repeuplement de la terre par une seule paire
d'êtres humains, idée qui est évidemment la
même que celle qui nous est donnée sous sa
véritable forme dans le récit de Moïse.
Nous ne pouvons quitter cet intéressant
sujet, qui mériterait d'être traité bien
plus longuement qu'on ne peut le faire dans
un ouvrage de cette nature, sans faire
encore quelques rapprochements.
L'histoire du déluge a été inscrite dans nos
livres sacrés par la direction du
Saint-Esprit, non comme un simple document
historique qui, seul entre tous les livres
que possèdent les hommes, raconte leur
véritable origine et donne la clé de la
formation des langues et des nations, et des
traces de bouleversement que l'on remarque
sur notre globe, mais surtout pour nous
donner une grande et effrayante leçon, qui
enseigne aux hommes à fuir le péché et à
s'attacher à l'Éternel comme au rocher des
siècles, qui seul subsiste, lorsque les
grandes eaux des tribulations engloutissent
tous les rochers terrestres sur lesquels
nous cherchons trop souvent notre appui. Le
déluge est un emblème du châtiment éternel
qui atteindra un jour les méchants, et
l'arche est celui du seul moyen de salut qui
nous est offert; il ne servit de rien aux
hommes de se tenir près de Noé et de nager à
côté de l'arche en suivant la même
direction; c'est dans l'arche qu'il
fallait être: ainsi l'on aurait beau être
près de la vérité, tout près de la foi, si
l'on n'est qu'à peu près chrétiens à l'heure
où l'abîme du tombeau viendra réclamer sa
proie, si l'on n'a pas contracté alliance
avec Dieu par Christ le seul médiateur, cela
ne servira de rien; les flots du déluge
arriveront mugissants, non pas ceux du grand
abîme seulement, mais les flots de «l'étang
ardent de feu et de souffre, ce feu éternel
qui est préparé au diable et à ses anges.»
(Apocalypse 19:20; Jude 6:7; — Matthieu
23:41)
— Si au contraire, comme Noé, nous avons
trouvé grâce devant Dieu par la foi au sang
de Christ, et que comme lui nous marchions
avec Dieu, Genèse 6:8-9, nous n'aurons rien
à craindre: quand nous passerons par les
eaux, Dieu sera avec nous, et elles ne nous
noieront point, Ésaïe 43:2. Qu'est-ce qui a
perdu l'ancien monde? Les mauvaises pensées
et leurs fruits, savoir: la désobéissance,
l'impiété, la malice, la corruption,
l'extorsion, Genèse 6:5,11-12; 1 Pierre
3:20; 2 Pierre 2:5; 3:7, l'incrédulité en un
mot, car Noé était à l'ancien monde un
prédicateur de justice pendant qu'il
bâtissait l'arche et que la patience de Dieu
attendait pour la dernière fois. Mais ils ne
crurent point à sa parole, ils ne
l'écoutèrent point, ils ne se repentirent
point, comme le firent les Ninivites à la
prédication de Jonas; ils ne changèrent rien
à leur conduite ni à leur genre de vie, «on
mangeait, on buvait, on prenait et on
donnait en mariage, et le déluge vint qui
les fit tous périr;» mais Noé crut, comme
Abraham, et cela lui fut imputé à justice,
«car c'est par la foi que Noé ayant été
divinement averti des choses qu'on ne voyait
point encore, craignit, et bâtit l'arche
pour sauver sa famille; par là il condamna
le monde et fut fait héritier de la justice
qui est par la foi» Hébreux 11:7;
— Voir: les Sermons de Rochat, t. VI.
DÉMAS.
Un des membres de l'église primitive; il se trouvait à Rome pendant la première captivité de saint Paul, et lui témoignait alors de l'attachement, Colossiens 4:14; Philémon 24; plus tard il l'abandonna par faiblesse, par crainte de la persécution peut-être, et par amour du monde, 2 Timothée 4:10, nous laissant un triste exemple de l'inconstance et de l'infidélité produite par l'attachement à ce présent siècle et par les soucis de la vie.
DÉMÉTRIUS,
-
Actes 49, orfèvre d'Éphèse dont le principal revenu consistait dans la fabrication de petits temples en argent, représentant le fameux temple de Diane qui se trouvait à Éphèse, et que l'on considérait comme l'une des sept merveilles du monde. La prédication de saint Paul ayant détourné un grand nombre de personnes du culte de cette déesse, fit baisser considérablement le prix de la marchandise, ce que Démétrius et les siens prirent en mauvaise part: Démétrius en particulier qui retirait le plus grand profit de cette vente, et qui paraît avoir été habile et rusé, réunit ses ouvriers et les gens de son métier, s'arma des grands noms de la religion, de la divinité, du culte en danger; échauffa toutes les têtes, et fit si bien qu'après qu'il eut parlé, tous sortirent en criant pendant plusieurs heures: Grande, grande est la Diane des Éphésiens! toute la ville fut dans la confusion; on courut au théâtre, Paul même voulut s'y rendre et n'en fut empêché que par ses amis; Alexandre ne put se faire entendre parce qu'il était juif, et ce n'est que tard que le secrétaire, l'un des magistrats de la ville, réussit à apaiser la sédition en faisant craindre au peuple que les magistrats supérieurs, les proconsuls, n'élevassent contre eux tous une accusation d'émeute, et ne les fissent condamner.
-
Démétrius, 3 Jean 12; chrétien fidèle auquel l'apôtre rend un excellent témoignage, ajoutant que la vérité aussi le lui rend; quelques-uns supposent que c'est le même que le précédent; il aurait été converti plus tard; rien n'appuie comme rien ne combat cette Supposition, cependant peu probable; on croit qu'il était pasteur.
DÉMON,
(viens du Hébreu «ombre» dont les synonymes sont: apparence, chimère, contrariété, doute, illusion, inquiétude, malaise, mélancolie, obscurcissement, préoccupation, prétexte, semblant, sombreur, et soupçon; dans le Grec ce terme peut se traduire comme: désobéissance récalcitrante, insoumission entêtée, insubordination de la rébellion (indomptable, tenace); n'a aucun rapport avec la théologie fictive d'une chute des anges chimérique, mais se rapporte plutôt à des caractéristiques de la nature humaine déchue dont celle d'un esprit de rébellion contre la loi de Dieu et la grâce de la nouvelle alliance. Terme non traduit mais translittéré dont l'étymologie donne différentes significations, représente généralement un esprit ou attitude néfaste face à la loi de Dieu ou à sa grâce, une rébellion contre son autorité ou contre l'autorité patriarcale que Dieu a établit, pouvant se traduire par: «conscience déréglée». Caractéristique de l'esprit de la chair qui est en l'homme et qui règle son existence. Trouble de conscience ou esprit de contrariété humaine (le Diable) causé généralement par un sentiment de culpabilité intense pour avoir brisé la loi.)
— Voir: Diable.
DENIER.
Monnaie romaine qui s'introduisit en Judée, Matthieu 18:28; Marc 14:5; Luc 7:41. Au temps de Jésus-Christ, elle avait pour empreinte un portrait de l'empereur, et c'est à l'occasion d'une tentative des Hérodiens et des Pharisiens contre Jésus, que celui-ci leur répondit: «Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu», Matthieu 22:19; Marc 12:16. Le denier équivalait à la drachme attique, Pline 21, 109. (environ 83 centimes). C'était l'impôt par tête que les Juifs étaient obligés de payer aux Romains.
DÉNOMBREMENT, ou Description,
Actes 5:37, ou Description,
Luc 2:2,
— Voir: ce que nous avons dit à
l'article Cyrénius.
Ces deux dénombrements furent ordonnés par
des païens, maîtres d'Israël. Un
dénombrement plus célèbre dans l'histoire de
ce pays est celui qui fut fait par David et
puni d'une mortalité qui emporta 70,000
hommes. L'ambition, sans doute, et peut-être
cette inquiétude vague qui accompagne dans
la paix et l'oisiveté celui qui a vécu
jusque-là dans l'activité la plus
prodigieuse, au milieu des combats et des
guerres, ce besoin de faire quelque chose
quand on n'a rien à faire, ce besoin que
l'on éprouve dans le moment de la transition
entre une activité extérieure et une
activité intérieure, lorsqu'on est assez
calmé pour renoncer à l'agitation et pas
assez pour se livrer à des travaux
tranquilles, tout cela contribua à pousser à
cette mesure le malheureux roi qui oubliait
que jamais jus-alors, aucun dénombrement
n'avait été fait que sur l'ordre exprès du
grand et vrai Roi d'Israël. On trouva dans
les deux royaumes 1,300,000 hommes de
guerre, sans compter les infirmes, les
femmes et les enfants. Ce péché d'orgueil
fut puni: un ange vint de la part de
l'Éternel annoncer à David la destruction
d'une partie de ce peuple dont il était
fier, et lui donna le choix entre sept
années de famine, trois mois de défaites à
la guerre, ou trois jours de mortalité: ce
dernier moyen fut celui que David préféra,
aimant mieux tomber entre les mains de
l'Éternel qu'entre les mains des hommes, 2
Samuel 24; 1 Chroniques 21.
D'autres dénombrements eurent lieu, à la
sortie d'Égypte, pendant le voyage du
désert, lors de l'établissement d'Israël en
Canaan, et après le retour de la captivité,
Exode 12:37; 30:12; 38:26; 2 Chroniques
17:14; Esdras 2; Néhémie 7.
DENYS,
Actes 17:34. Un des membres de
l'Aréopage, qui fut converti par la
prédication de saint Paul à Athènes: nous ne
savons que cela de lui, mais l'on a ajouté
beaucoup de détails à son histoire; on l'a
fait mari de Damaris qui fut convertie en
même temps que lui; on l'a fait premier
évêque d'Athènes et martyr; on, l'a fait
enfin premier évêque de Paris, en le
confondant avec celui qui plus tard, en
effet, devint évêque de cette ville. Les
écrits qui nous restent sous son nom ne sont
certainement pas authentiques.
DÉPOTS.
Les conventions écrites n'étant guère en usage aux temps anciens, la loi avait dû s'occuper d'une manière spéciale de garantir les dépôts à leurs propriétaires, contre la négligence et surtout contre la mauvaise foi des dépositaires. Suivant les cas, le serment intervenait comme garantie de la véracité des parties intéressées, Exode 22:7-13; le dépositaire n'était tenu qu'à la restitution du dépôt si c'était lui-même qui l'avait détourné; si un larron l'avait dérobé de chez lui sans sa complicité, le propriétaire devait se contenter du serment; c'était lui qui était volé et qui perdait.
DERBE,
petite ville de Lycaonie près des monts Isauriens, au sud d'Iconie, au sud-est de Lystre. C'est à Derbe que Paul et Barnabas se retirèrent après avoir été chassés d'Iconie, Actes 14:6. Gaïus, l'ami de saint Paul était derbien, 20:4. La tradition porte que Timothée était aussi natif de cette ville.
DÉSERT.
Ce nom, qui dans notre esprit,
revêt ordinairement des images d'horreur ou
de majesté, qui ne marche qu'avec les
épithètes de sauvage ou de terrible, qui
rappelle des sables, des tourbillons et des
tombeaux, ce nom cependant (midbar en
hébreu) doit se prendre dans une
signification'beaucoup plus étendue,
s'appliquant non seulement à ces mers de
sable que l'on trouve en Orient et
particulièrement en Arabie, mais encore et
surtout à ces paisibles solitudes qui
forment comme la banlieue des villes de
bergers, solitudes de plaines et de
montagnes, quelquefois rocheuses, rarement
boisées, presque toujours riches en
pâturages abondants, et fréquemment baignées
par les eaux d'un torrent. Ésaïe, Jérémie,
Joël, et presque tous les prophètes, nous
parlent en quelques endroits de déserts
inhabitables, sauvages asiles des bêtes
féroces, lieux de deuil et de cris lugubres;
mais ailleurs, et dans la plupart des cas,
il ne s'agit que de pacages solitaires que
parcourent les troupeaux, et où l'on
rencontre encore les ambulantes cabanes des
bergers qui font ressortir la solitude en
voulant rappeler les hommes, Psaumes 65:12;
Jérémie 9:2,10; Joël 1:20; Luc 15:4. Les
villes de la Judée avaient presque toutes,
et suivant leur grandeur, des steppes
fertiles pour l'alimentation de leurs
troupeaux; et c'est ainsi que nous devons
nous représenter les déserts nombreux dont
il est parlé dans l'Écriture. Nous n'en
indiquerons que les principaux. Le désert de
Juda, Josué 15:20,61. Juges 1:16, ou désert
de la Judée, Matthieu 3:1; cf. 11:7;
district rocailleux dans la partie orientale
de la tribu de ce nom, et s'étendant de la
rive droite du Cédron, jusque vers la ville
de Hen-Guédi, et le long des bords de la mer
Morte. De nos jours encore on remarque, près
du couvent de Sabas, un désert nu, plein de
cavernes, de crevasses et de rochers, et
dont le caractère sauvage augmente en
avançant vers le Nord.
— Au sud-ouest du désert de Juda, mais y
attenant, le désert de Tékoah, 2 Chroniques
20:20, au sud-est le désert de Hen-Guédi, 1
Samuel 24:2, le désert de Ziph, 23:14, celui
de Mahon, 23:25, et au sud celui de
Béer-Sébah, Genèse 21:14. C'est dans le
désert de Juda que Jean Baptiste prêcha la
repentance, et vit accourir à ses paroles
sévères tant d'âmes pieuses, et tant de
curieux indifférents; si la tradition nous
montre encore à deux lieues de Bethléhem un
endroit connu sous le nom de désert de saint
Jean, ce ne peut être la solitude qui fut le
théâtre de son activité, et s'il y a quelque
fondement à la tradition on doit admettre
plutôt que c'est le désert dans lequel il se
prépara, par le jeûne et la prière, à la vie
publique à laquelle il allait être appelé.
Le désert de Jéricho, Josué 16:1, se
trouvait compris entre la ville de Jéricho
et la montagne des Oliviers ou le village de
Béthanie, à 8 kilomètres de Jérusalem, dans
une contrée aride et crevassée, où la
tradition place la scène du Samaritain
miséricordieux Luc 10:30. Cet endroit porte
encore le nom de Kan du Samaritain. Après
une rapide descente, on arrive dans les
plaines de Jéricho, et l'on voit vers le
nord s'élever une montagne calcaire fort
escarpée, la Quarantania, dans les cavernes
et les solitudes de laquelle on veut que
Jésus ait passé les quarante jours de son
jeûne, Matthieu 4.
Au nord de Jérusalem, le désert de Gabaon, 2
Samuel 2:24.
Près de là, sur la frontière nord-ouest de
la tribu de Benjamin, et adossé à la tribu
d'Éphraïm, le désert de Beth-Aven, Josué
18:12.
Celui des Rubénites, dans le plat pays,
Deutéronome 4:43. C'est là que se trouvait
Betser, la ville de refuge.
Le désert de Bethsaïda, Luc 9:10.
En dehors des limites de la terre promise,
plusieurs autres solitudes sont encore
mentionnées dans l'Écriture.
Le désert de Sur dans lequel s'enfuit Agar,
chassée de la maison d'Abraham, Genèse 16:7,
et qui fut une des premières stations des
Israélites dans le désert, Exode 15:22. On
l'appelait aussi désert d'Étham, 13:20.
Celui de Paran dans l'Arabie Pétrée, près de
Kadès-Barné; Ismaël y demeura, Genèse 21:21.
Les Hébreux y voyagèrent et y passèrent
quelque temps, Nombres 10:12; 13:1. On
l'appelait aussi désert de Tsin, 20:1.
Le désert de Sin (différent de Tsin), entre
Élim et le mont Sinaï, Exode 16:1.
Le désert de Sinaï, dans le voisinage de la
montagne de ce nom, Exode 19:2, célèbre par
la promulgation de la loi.
Celui de l'Arnon, Nombres 21:13, sur les
frontières de Galaad et de l'Arabie déserte,
une des dernières stations des Israélites
avant la traversée du Jourdain.
Celui d'Édom, 2 Rois 3:8, dont on ne peut
déterminer exactement l'étendue et la
position.
Celui de Tadmor ou Palmyre, 2 Chroniques
8:4, entre l'Euphrate, l'Oronte et le
Chrysorrhoas.
Le désert de Diblathajim, Nombres 33:46,
dans le pays de Moab, Ézéchiel 6:14; Jérémie
48:22.
Enfin le désert d'Égypte, Ézéchiel 20:36,
autrement dit encore le désert d'Arabie, ou
le grand désert, le lieu hideux, Deutéronome
32:10, qui comprend sous un nom général la
plupart des solitudes que nous venons de
nommer, celles que traversèrent les
Israélites pour se rendre d'Égypte en
Canaan, et qui firent donner à cette longue
marche le nom de Voyage du désert. On
trouvera la suite et le narré de ce voyage,
Exode 14-19, 32, depuis la sortie d'Égypte
jusqu'à la promulgation de la loi; et
Nombres 10, 11-22:1, jusqu'à l'arrivée
d'Israël aux bords du Jourdain vis à vis de
Jéricho. La partie du voyage comprise entre
le mont Horeb (Sinaï) et l'arrivée des
Israélites dans le pays des Amorrhéens, est
racontée Deutéronome 1:2,19; 2:1; 10:6; et
suivant. Enfin le 33e chapitre des Nombres,
5-50, offre la liste des stations parcourues
depuis Rahmésès jusque près du Jourdain de
Jéricho; il nomme entre Hatséroth et le
désert de Paran (Nombres 11:35; 12:45; 13:1)
dix-huit stations ou campements dont il
n'est pas parlé dans le récit plus détaillé
de l'Exode et des Nombres; en revanche on
n'y trouve pas les endroits mentionnés
Nombres 11:1; 21:16,49. On peut remarquer
encore d'autres petites variantes, cf.
Nombres 33:30; avec Deutéronome 10:6; et
Nombres 20:22; mais ces différences
s'expliquent tout naturellement par le fait
que le chapitre 33e des Nombres est, en
quelque sorte, une carte routière, une liste
de route qui indique la marche générale,
tandis que les autres chapitres ne
mentionnent que les faits remarquables, sans
rien dire, par conséquent, des lieux où il
n'y avait rien à dire, où aucun événement
digne d'être raconté n'a eu lieu. Il n'est
pas besoin de prendre des ciseaux pour
concilier ces divergences, en retranchant
ici et là des passages ou des noms propres,
à la façon de certains rationalistes.
Quant à l'exacte position de la plupart de
ces campements, on peut désespérer de la
connaître jamais: posés sur le sable, un
coup de vent a dû les faire disparaître du
jour au lendemain. Là où aucun signe
particulier ne peut faire reconnaître la
place, on a beau lui donner un nom, elle se
perd; cependant on a retrouvé plusieurs de
ces stations, que les sources ou les
montagnes voisines ont préservées de
l'oubli; les voyages modernes, et
particulièrement celui du professeur
Schubert, ont jeté une nouvelle lumière sur
plusieurs de ces noms. La carte de ce voyage
peut se dresser avec passablement
d'exactitude quant aux traits généraux, avec
aucune pour les détails, (Voyage des enfants
d'Israël; — Voir: la carte.)
Quarante années furent consacrées à cette
expédition, pour laquelle quarante jours
auraient suffi. Nombres 14:33; 33:38;
Deutéronome 8:2; Deutéronome 2:14.
L'Écriture nous en donne la raison, Nombres
14:23,30, cf. 26:65; après de longues
rebellions, de longues incrédulités, le
peuple de la promesse, arrivé à Kadès-Barné,
à la vue du pays promis, avait refusé encore
de croire à la parole de son Dieu: douze
espions envoyés n'avaient pu, malgré le
tableau brillant qu'ils avaient fait de
cette contrée, vaincre la résistance du
peuple. Dieu, ennuyé de cette génération,
avait juré dans sa colère qu'ils
n'entreraient jamais dans son repos, Psaumes
95:10; Nombres 14:23,30,34; 26:65. Ils
durent errer de nouveau dans cet affreux
désert pendant quarante années, jusqu'à ce
que tous les hommes âgés de plus de vingt
ans y eussent laissé tomber leurs corps en
poussière. On pourrait facilement, sans
l'intervention divine, comprendre encore ces
longs errements: il ne s'agissait, après
tout, que de mener une vie nomade, et les
Israélites ne voulant ni essayer la conquête
de la Palestine, ni rentrer en Égypte,
n'avaient de ressource que dans les
pâturages du désert; ils allaient d'une
station à l'autre, s'étendant sur un assez
long espace de pays, et donnant à leur
campement le nom de l'endroit où se trouvait
le tabernacle de l'Éternel. On pourrait
croire aussi que le chef terrestre de ce
peuple, désespérant de réussir avec la
génération vivante, eût résolu de la laisser
s'éteindre, et d'attendre une race neuve,
qui n'eût goûté ni la servitude, ni les
concombres de l'Égypte, et qui, plus forte,
plus dure et moins efféminée, devait lui
promettre davantage l'obéissance et le
courage nécessaires au succès de son
entreprise.
— Pour ceux des théologiens modernes qui
sont aussi incrédules que l'étaient les
Juifs d'alors, il reste une difficulté
insoluble, c'est de savoir comment les
Hébreux ont pu être nourris pendant quarante
ans, au nombre d'environ trois millions
d'âmes: ceux-là ne comprennent pas non plus
que notre Sauveur ait pu nourrir cinq mille
hommes avec cinq pains et deux poissons; il
faut naturellement regarder toutes ces
histoires comme des fables, ou croire que
Dieu voulut user de sa puissance créatrice:
le chrétien le croit, il accepte le miracle;
l'incrédule ne le croit pas; il dit en son
cœur: Il n'y a point de Dieu; la manne et le
rocher d'eau vive ne lui suffisent pas.
Mentionnons encore comme une dernière
acception du mot désert, celle dans laquelle
ce mot est pris Exode 23:31; cf. Deutéronome
11:24; Josué 1:4. Dieu promet aux Israélites
d'étendre leurs frontières depuis le désert
jusqu'au fleuve (l'Euphrate); le désert
comprend alors toutes les contrées situées
entre le Jourdain, les montagnes de Galaad
et l'Euphrate.
DETTE.
Les lois juives sur les dettes
étaient, comme presque toutes les autres,
favorables au pauvre, au malheureux, au
débiteur. La loi du jubilé s'opposait à ce
que, parmi les Hébreux, les uns devinssent
trop riches et les autres trop pauvres;
cependant une pauvreté momentanée pouvait
tomber sur l'agriculteur; ses champs
pouvaient être sans moisson, sa vigne sans
vendange; les accidents ou les maladies
pouvaient lui détruire son bétail, sa
demeure pouvait avoir besoin de réparations;
il était dans la gène et il lui fallait de
l'argent. Moïse, pour le soulager, avait
deux choses à faire: lui procurer d'abord
cet argent nécessaire, puis empêcher que ce
prêt ne lui devînt onéreux; ce dernier but
fut atteint par la simple défense que le
législateur fit aux riches de recevoir aucun
intérêt sous aucune forme, Exode 22:25;
Lévitique 25:35-38; Deutéronome 23:19-20
(excepté des étrangers commerçants,
Deutéronome 23:20). D'un autre côté, puisque
le riche ne trouvait aucun intérêt à prêter
son argent, et qu'il eût pu ne pas le faire,
le législateur l'y engage, le lui commande,
au nom de la fraternité universelle, de la
conscience et de Dieu lui-même, Lévitique
25:35. Deutéronome 15:7-8,14. Maintenant un
juste équilibre entre les droits du prêteur
et ceux de l'emprunteur, le riche pourra
demander un gage, mais le pauvre choisira ce
qu'il lui conviendra de donner, Deutéronome
24:6,10-12,17. Si enfin l'emprunteur se
trouvait décidément hors d'état de payer, le
capital n'était pas perdu pour celui qui
avait prêté: il était hypothéqué sur le
champ du débiteur, sur ses meubles, sur sa
personne même qui entrait en servage; mais
en l'année bénie du jubilé, l'égalité des
fortunes venait effacer de nouveau la
créance du riche et la dette du pauvre.
— De prisons pour dettes, il n'en est jamais
question.
DEUIL.
Les Hébreux, comme en général
les Orientaux, exprimaient leur douleur
d'une manière plus vive, plus bruyante, plus
extérieure, que, ne font les peuples de
l'Occident: quel que fût le sujet de leur
affliction, que ce fût le déshonneur, la
misère, l'exil, ou la mort d'un proche et
d'un ami, ils criaient et gesticulaient avec
violence jusqu'à ce que le premier paroxysme
de leur peine fût passé: Ils mettaient la
main sur la tête, 2 Samuel 13:19; ils se
frappaient la poitrine ou les reins, Nahum
2:7; Luc 18:13; Jérémie 31:19 (cf. Virgile
Æneid. 4, 673); ils s'arrachaient ou se
rasaient les cheveux de la tête et le poil
de la barbe, Esdras 9:3; Job 1:20 (cf.
Æneid. 12, 870); ils se versaient des
cendres sur la tête, 1 Samuel 4:12; 2 Samuel
1:2; 13:19; 15:32; Néhémie 9:1; Ézéchiel
27:30; Lamentations 2:10; Job 2:12; ou
s'asseyaient et se roulaient dans la cendre
et dans la poussière, Ézéchiel 27:30; 2
Samuel 12:16; 13:31; Ésaïe 47:1; Néhémie
1:4; Job 2:8; 16:15; Matthieu 11:21; ils
déchiraient leurs vêtements sur la poitrine,
Genèse 37:29; 44:13; Juges 11:35; 1 Samuel
4:12; 2 Samuel 1:2,11; 13:31; 3:31
(ordonnance royale pour honorer la mémoire
et le convoi d'Abner: ce passage prouve
combien cette pratique était en usage), 1
Rois 21:27; 2 Rois 5:8; 6:30; 11:14; 19:1;
22:11,19; Esdras 9:3; Esther 4:1; ils se
faisaient des incisions ou des égratignures
au visage et sur le corps, Jérémie 16:6;
41:5; 47:5; et 48:37, quoique cet usage
païen (Æneid. 4, 673; 12, 871) fût
expressément défendu par la loi de Moïse,
Lévitique 19:28; Deutéronome 14:1, comme il
l'était aussi par la Loi des douze tables
(Cicer. De Legib. 2, 23). Ils jeûnaient (—
Voir: Jeûne) lorsqu'ils menaient
deuil sur un mort, revêtaient certains
habits de deuil (— Voir: Sac),
négligeaient leurs vêtements et les soins
même de la propreté, ne se lavaient point,
n'oignaient pas leurs corps, 2 Samuel 12:20;
14:2; 19:24; cf. Matthieu 6:17; ils
dépouillaient tous leurs ornements en bijoux
et en broderies, Ézéchiel 26:16, et, comme
on l'a dit, ils se coupaient la barbe qu'ils
ne regardaient pas comme un de leurs
moindres ornements; ils se couvraient le bas
du visage, Ézéchiel 24:17,22; Michée 3:7; ou
même la tête toute entière, 2 Samuel 15:30;
19:4; Esther 7:8; Jérémie 14:3; ils se
tenaient courbés et marchaient lentement, 1
Rois 21:27; enfin ils montaient sur les
plates-formes de leurs maisons pour y
pleurer, Ésaïe 15:3; 22:1.
Le temps du deuil pour les morts était en
général de sept jours, 1 Samuel 31:13; 1
Chroniques 10:12; dans des cas
extraordinaires, il était plus long: Aaron
et Moïse furent, chacun, pleures pendant
trente jours, Nombres 20:29. Deutéronome
34:8, et Jacob pendant soixante et dix jours
par les Égyptiens, pendant sept autres jours
par Joseph, Genèse 50:3,10.
Pendant le deuil, leurs amis venaient les
visiter, soit pour les consoler, soit pour
leur apprêter de la nourriture, Proverbes
31:6; mais tout ce qu'ils mangeaient était
souillé, Osée 9:4.
DEUTÉRONOME.
Ce nom du cinquième livre de
Moïse signifie en grec seconde loi, ou
répétition, récapitulation de la loi. Le
Deutéronome est ce qu'indique son titre,
mais il est une récapitulation générale et
non minutieuse, d'idées et non de paroles,
d'histoire et non de détails: il est grand,
noble, sérieux, tendre, plein d'onction,
plein d'une sublime poésie; c'est presque un
chant épique. Moïse avait cent vingt ans
lorsqu'il le composa; c'était la dernière
année de sa vie; il était dans les plaines
de Moab (1:5; cf. 34:1): vieillard deux fois
aussi âgé que tous ceux qui l'entourent
(sauf Caleb et Josué), il a bien des
conseils de sage expérience à donner;
législateur envoyé de Dieu, il doit à sa
mission de lui rendre témoignage encore
avant de mourir, il maintiendra jusqu'à la
fin les lois qu'il a données, les vérités
qu'il a prêchées, et il les maintiendra
comme justes et saintes, comme imposées de
Dieu, comme étant par là même la seule
source de bonheur pour les Israélites qui
voudront y obéir; il les sanctionnera de son
dernier souffle.
La période comprise dans le livre du
Deutéronome est de deux mois environ; elle
s'étend depuis le premier jour du onzième
mois de la 40e (Deutéronome 1:3, plusieurs
éditions portent par erreur 4e) année de la
sortie d'Égypte jusqu'au onzième jour du
douzième mois de la même année.
On peut diviser ce livre en quatre par-tics
principales:
-
Récapitulation de l'histoire des Hébreux contenue dans les livres précédents, chapitres 1-4;
-
répétition des lois morales, cérémonielles et judiciaires, 5-26;
-
confirmation de la loi, 27-30;
-
derniers jours de Moïse; il annonce au peuple que Josué lui succédera dans le gouvernement général et dans l'autorité; puis il écrit les choses qu'il vient de dire, confie aux lévites et aux anciens le livre qui contient ses paroles, et ordonne que lecture en soit faite tous les sept ans dans l'assemblée générale, à la fête des Tabernacles: il termine par un cantique de bénédictions, mais il annonce en même temps aux Hébreux leurs infidélités futures, et veut que ses dernières paroles soient copiées et méditées de tous; il monte enfin sur le mont Nébo, où Dieu recueille son esprit et rend à son corps les derniers devoirs.
Quelques auteurs ont pensé que le
Deutéronome n'était pas de Moïse, puisqu'il
allait jusqu'à la mort de ce législateur;
mais rien ne justifie une pareille
supposition; et l'on peut en détacher le
dernier chapitre seulement, que l'on croit
avoir été, dans l'origine, le commencement
du livre de Josué.
— Voir: Pentateuque; cf. aussi le
commentaire de Calvin, et Hævernick, Einl.
in das Ancien Testament
DEVIN,
— Voir: Divination.
DIABLE.
Ce nom qui signifie en grec accusateur, calomniateur, est celui que le Nouveau Testament donne au prince des ténèbres, à l'esprit du mal, au tentateur, Matthieu 4:1,5,8,11; Apocalypse 12:9; 20:2; 1 Jean 3:8. Le plus grand des anges déchus, grandeur sublime tombée, il s'est séparé de Dieu par un premier essai d'indépendance, qui a été d'autant plus efficace que sa nature était plus relevée; il ne pouvait être médiocre en s'isolant, mais par là même il s'est perdu: dans sa chute il a cherché et réussi à en entraîner un grand nombre d'autres, qui l'ont suivi dans son péché et dans sa ruine; il a de même séduit et assujetti à la condamnation les hommes que Dieu avait d'abord créés droits.
(Terme non traduit qui signifie «jeter sur
ou à travers, contredire, séduire, envoyer».
Généralement traduit par "calomniateur";
signifie littéralement un esprit ou attitude
de «contrariété humaine», portant aussi les
notions de «concurrence séductrice,
enchanteur, contradiction complaisante»;
attitude de rébellion, être obstiné contre
la grâce de la délivrance en Christ»; se
rapporte à l'esprit de la chair (Satan) qui
est le contradicteur, le concurrent ou le
rival de l'Esprit de Dieu.)
— Différents noms lui sont donnés: Satan,
Job 2:1; Bahal Zébub, 2 Rois 1:2, ou
Béelzébut, Matthieu 12:24; tentateur,
Matthieu 4:3; anti-Christ, 1 Jean 2:18,22; 2
Jean 7; démon, Jean 10:20; serpent ancien et
dragon, Apocalypse 12:9; 20:2; meurtrier et
menteur dès le commencement, Jean 8:44;
enfin dans les livres apocryphes, Asmodée,
Tobie 3:8; 6:15, démon voluptueux qui tuait
les maris dont il était jaloux.
Le nom de démon était une épithète générale
qui, chez les païens, se prenait dans un
sens favorable, signifiant un génie, une
divinité: dans l'Écriture, il se prend
toujours en mauvaise part, tantôt en parlant
des esprits infernaux, tantôt pour désigner
les esprits des morts, bons ou mauvais,
réels ou imaginaires, Matthieu 9:32; Luc
11:14; 13:16; 1 Chroniques 24:1; 1 Rois
22:21; Éphésiens 6:16; 1 Pierre 5:8.
Mille questions surgissent autour de cet
effroyable ennemi du genre humain; l'on se
demande comment il est fait, où il habite,
quelle est son action sur l'humanité, quels
sont ses moyens de séduction, quels sont ses
rapports avec Dieu, quel sera son sort
final: on s'est demandé enfin si même il
existait! Plusieurs de ces questions sont
permises, mais on ne peut y répondre:
d'autres proviennent de mauvaise curiosité,
l'on ne doit pas y répondre: la dernière est
faite par l'incrédulité.
Il faut convenir que de tous les moyens de
séduction, puisque nous en avons dit un mot,
le plus habile que puisse employer le malin
esprit, c'est d'empêcher les gens de croire
à son existence: avec personne il ne
revêtira sa forme naturelle et repoussante;
aux âmes pieuses il se présentera déguisé en
ange de lumière; à ceux que son existence
pourrait gêner, il tâchera de faire croire
qu'il n'est qu'une chimère, qu'il n'existe
réellement pas, qu'il n'est pas question de
lui dans la Bible, que les anciens pères et
les anciens orthodoxes n'étaient que des
rêveurs, que depuis qu'on ne croit plus aux
revenants on ne doit plus croire au diable
non plus. Cette croyance, ou plutôt cette
absence de croyance, est évidemment de
nature à soulager beaucoup celui qui désire
être débarrassé d'un frein aussi redoutable:
si les uns vous disent que le diable est le
père du péché, quelle chaîne pour vous que
celle qui vous unit à lui; mais si le diable
peut vous persuader que la parole de Dieu
n'est qu'un mauvais songe, quel allégement!
Oui, quel allégement! mais qu'il durera peu!
car après la mort il n'y a plus d'illusion
possible, et celui qui le premier vous ôtera
le bandeau, c'est celui qui vous l'avait
mis; c'est le prince de la terre venant
s'emparer des victimes qu'il aura séduites.
Ceux qu'il ne peut convaincre
théologiquement qu'il n'existe pas, il Le
leur persuade pratiquement, il s'en fait
oublier, il se met pour eux sur
l'arrière-plan; sur le premier, ses
séductions, ses jouissances, ses faux
appâts, de l'or, des places, des parures,
des danses, tout ce que la terre peut
offrir, et il se place derrière tout cela,
jusqu'à ce qu'avec le temps tout cela ayant
disparu, il ne reste plus que lui.
— Quel allégement! Mais quel allégement plus
grand, plus doux, plus réel, plus sûr, de se
remettre entre les mains de celui qui a
brisé la tête du serpent, et qui triomphe et
nous fera triompher au dernier jour. Il n'y
a pas une vérité qui ne vaille toutes les
erreurs possibles.
Les raisons qu'on allègue pour essayer de
soutenir cette thèse moderne qui tue d'un
même coup et le péché qui n'a plus
d'origine, et l'enfer qui n'a plus ni prince
ni but; ces raisons, si l'on peut les
appeler ainsi, reviennent toutes à de
simples assertions. On commence par dire
qu'il n'est pas parlé du diable dans
l'Ancien Testament, et par tourner en poésie
les passages les plus historiques où il en
est fait mention, Genèse 3; Job 2:1; 1
Chroniques 21:1; Zacharie 3:1, etc. Puis
l'on applique au Nouveau Testament le même
système d'interprétation, en le modifiant au
moyen de la méthode d'accommodation que
notre Seigneur était censé employer
lorsqu'il parlait aux Juifs, adoptant leurs
idées afin de leur mieux inculquer les
siennes; de cette manière, les passages
Matthieu 4:1; Luc 4:1; Jean 13:2; 1 Jean
3:8; 1 Pierre 5:8; Apocalypse 12:9; 20:2, et
cent autres ne prouvent, en effet,
absolument rien; mais avant d'admettre ce
système, nous attendrons qu'il soit lui-même
prouvé, et l'on peut poser en fait qu'il
n'est pas un lecteur sérieux de la Bible qui
ne voie l'existence du diable clairement
établie par nos saints livres.
Quant à la forme de cet être malfaisant, il
est clair que l'on n'en peut rien savoir,
mais de toutes les imaginations de l'homme,
la plus belle conception est sans contredit
celle de ce peintre hardi, habile et plein
de génie, dont le pinceau a tracé une figure
qui de loin, par le jeu des couleurs, paraît
pleine de grâce, de fraîcheur, de beauté,
mais qui, lorsqu'on s'en approche, est pâle,
maigre, décharnée, ne respirant que la
malice et le fiel, et rongeant une chaîne:
c'est le séducteur; il charme de loin, de
près il repousse.
Le pieux Bunyan, l'auteur du
Voyage du
Chrétien, a publié, en anglais, un second
ouvrage du même genre que le premier,
intitulé Diabolos ou
la Sainte
Guerre, dans lequel il représente l'histoire
de l'âme et l'histoire de l'humanité, sous
la parabole d'une guerre entre Satan et
l'Éternel, guerre qui se termine par la
victoire du fils Emmanuel. Cet ouvrage, dont
il vient de paraître une traduction
française, peut, à bien des égards, être une
lecture utile, non seulement pour la
jeunesse, à laquelle il est plus
particulièrement destiné, mais encore pour
un âge plus avancé.
DIACRE
(serviteur), ministre de
l'Église chrétienne, dont les fondions
rappelaient à certains égards celles des
officiants de la synagogue, dont il est
parlé Luc 4:20; Jean 7:32, espèces de
sergents, d'huissiers, de ministres,
d'administrateurs. Le diaconat fut institué
par les apôtres, et l'on se rappelle en
quelle occasion. Actes 6. Le nombre des
disciples s'accroissant chaque jour, les
chrétiens d'entre les Grecs se plaignirent
hautement de ce que leurs veuves étaient
négligées dans les distributions ordinaires,
tandis que les veuves des Hébreux recevaient
des soins plus réguliers et des secours plus
abondants. Là dessus, les apôtres qui ne
pouvaient s'occuper de tous les détails, et
qui devaient s'occuper avant tout de la
prédication, consultèrent l'assemblée et
proposèrent que l'on choisît sept hommes
ayant un bon témoignage, pleins du saint
Esprit et de sagesse, à qui l'on confierait
le service des tables, le soin des pauvres
et la distribution de la cène. Leur avis fut
goûté de l'assemblée, qui élut à ces
fonctions importantes Étienne, Philippe,
Prochore, Nicanor, Timon, Parménas, et
Nicolas; ces sept diacres furent installés
dans leur charge par la prière et
l'imposition des mains. Des femmes furent
aussi appelées aux mêmes fonctions, sous le
titre de servantes ou diaconesses, Romains
16:1. Les devoirs des diacres sont exposés 1
Timothée 3:8-13: ils pouvaient se marier
aussi bien que les pasteurs. Longtemps leur
nombre fut réduit à sept par église, et Rome
même n'en avait pas davantage. Voici comment
l'abbé Fleury parle de leurs fonctions: «Ils
étaient chargés de recevoir tout ce qui
était offert pour les besoins communs de
l'église, de le mettre en réserve, de le
garder sûrement, et de le distribuer suivant
les ordres de l'évêque, qui en ordonnait sur
le rapport qu'ils lui faisaient des
nécessités particulières. Il était donc de
leur devoir de s'informer de ces nécessités,
d'avoir des listes exactes, tant des clercs
que des vierges, des veuves et des autres
pauvres que l'Église nourrissait. C'était à
eux d'examiner ceux qui se présentaient de
nouveau, et à veiller sur la conduite de
ceux qui étaient déjà reçus, pour voir s'ils
étaient dignes d'être assistés. C'était à
eux de pourvoir au logement des étrangers,
et de savoir par qui et comment ils seraient
défrayés... Ainsi leur vie était fort
active. Il fallait aller et venir souvent
par la ville, et quelquefois même faire des
voyages au dehors.»
— Ajoutons qu'ils avaient encore quelquefois
des fonctions ecclésiastiques proprement
dites, celles de donner la communion aux
fidèles, de lire l'Écriture, soit en
particulier, soit en public, et de
l'expliquer en l'absence des pasteurs; même
en bien des lieux, des paroisses trop
petites pour avoir un pasteur, leur étaient
confiées, et les diaconats sont restés une
charge importante. On trouve des
diacres-pasteurs en plusieurs pays, et Rome
compte ses 18 diacres par excellence, qui ne
peuvent être pris que d'entre les cardinaux.
DIAMANT
(hébreu shamir). Le
péché de Juda est écrit avec une pointe de
diamant, dit Jérémie, 17:1. J'ai renforcé ta
face contre tes ennemis, dit l'Éternel, et
j'ai rendu ton front semblable à un diamant,
Ézéchiel 3:9. Ils ont rendu leur cœur dur
comme le diamant, pour ne point écouter la
loi, Zacharie 7:12. Le diamant, cette pierre
si précieuse, si belle, et si dure, n'est
considérée dans la Bible que sous ce dernier
rapport: on sait que le diamant ne peut être
travaillé que par lui-même; on l'emploie non
seulement comme parure, mais comme
instrument tranchant, comme poinçon pour
couper le verre ou pour graver. Quelques
auteurs ont pensé qu'il s'agissait plutôt de
l'émeri, substance composée de terre
sigillée et de chaux de fer, dont le nom
grec smyris a de l'analogie avec l'hébreu
shamir; mais ces analogies accidentelles
sont si fréquentes (par exemple, en hébreu
péshah, péché; soumphonia,
symphonie, etc.), que l'on ne peut les
regarder comme preuves, et la traduction des
Septante, adoptée par la Vulgate, est une
autorité plus forte.
— On a voulu traduire encore par diamant le
mot yahalom, Exode 28:18; 39:11.
Ézéchiel 28:13, que nos versions ont rendu
par jaspe, q.v.
DIANE,
divinité célèbre du paganisme, que les poètes font tille de Jupiter et de Latone, et qu'ils comptent au nombre des douze grands dieux. On l'adorait sous trois formes, et son caractère variait selon ces différents points de vue. Comme déesse des forêts, elle était chaste, mais fière, hautaine et vindicative; comme déesse des enfers, et sous le nom d'Hécate, elle est cruelle, sanguinaire, impitoyable; comme déesse de la lune et des cieux, elle est quinteuse, capricieuse, amoureuse: c'est Phœbé. L'aventure d'Actéon appartient donc à la Diane des bois; ses amours avec Endymion, à la lune. Quelques poètes la font encore présider aux accouchements, sous le nom de Lutine. Le plus célèbre de tous ses temples était celui d'Éphèse, bâti sur les dessins du fameux architecte Ctésiphon, et qui passait pour l'une des sept merveilles du monde. Il avait 425 pieds de long (153m) et 237 de large; l'extérieur était décoré de tout ce que la nature et l'art offrent de plus précieux; l'or, l'argent, les pierreries, les tableaux, les statues, y étaient prodigués: on y comptait, entre autres, 127 colonnes, dont chacune avait été érigée par un roi, qui s'était efforcé de l'embellir et de la rendre digne de cet auguste lieu. Un fanatique, possédé du désir de s'immortaliser, y mit le feu: c'était un moyen comme un autre; de nos jours, on tire sur les rois ou sur les reines. Le temple de Diane fut détruit la même nuit dans laquelle naquit Alexandre le Grand. La mémoire de la déesse ne périt point dans la grande ville dont elle était la patronne, et nous voyons, Actes 19:24; suivant, un orfèvre faire son principal travail de la fabrication de petits temples d'argent, ou de médailles représentant, aussi bien que la tradition en avait conservé le souvenir, l'effigie de ce monument illustre de l'architecture ancienne et du paganisme. Le passage Jérémie 7:18 (cf. 11:13; 44:17-18; Ézéchiel 16:15) se rapporte probablement au culte de Diane.
DIBLA,
— Voir: Beth-Diblathajim.
DIBON
(intelligence),
-
ville située dans une plaine au nord de l'Arnon. Lors de la conquête du pays de Canaan, nous la voyons d'abord entre les mains des Gadites, Nombres 32:34, d'où elle prit le nom de Dibon-Gad, que Moïse lui donne quand il l'indique comme un des campements des Israélites dans le désert, Nombres 33:45. Plus tard, elle fut assignée à la tribu de Ruben, Josué 13:17. Du temps d'Ésaïe, elle était tombée entre les mains des Moabites, Ésaïe 15:2; Jérémie 48:22. C'est probablement la même ville qui est appelée Dimon, Ésaïe 15:9, et saint Jérôme dit que de son temps encore on l'appelait indifféremment Dimon ou Dibon, à cause de la ressemblance des lettres.
— On trouve aujourd'hui dans cette localité des ruines qui portent le nom de Diban.
-
Ville de Juda, Josué 15:22; Néhémie 11:25; elle subsistait encore du temps d'Eusèbe; elle est appelée Dibon dans le dernier des passages cités, et Dimona dans le premier.
DIDRACHME,
Matthieu 17:24, monnaie grecque valant 2 drachmes, et équivalant à peu près à un demi sicle hébraïque, (1 fr. 66 c.)
DIDYME,
Jean 11:16; 20:24, nom grec de
l'apôtre Thomas, ces deux mots
signifiant l'un et l'autre jumeau.
Ces noms devaient rappeler sans doute la
naissance de l'apôtre, et la tradition lui
donne effectivement une sœur jumelle nommée
Lysia (Patres apostol. Ed. Coteler. I, p.
272, cf. p. 501). D'après Eusèbe, 1, 13,
Thomas aurait été le même que Judas, frère
de Jésus; c'est ainsi que le veulent
également les Actes de saint Thomas (—
Voir: Coteler.), et cette parenté
donnait au surnom de Didyme une
signification tout à fait grande et
honorable; mais rien dans l'Écriture
n'appuie cette tradition, et il est plus
qu'évident que notre Sauveur n'a pas eu de
frère jumeau,
— Voir: Thomas.
DIKLA,
Genèse 10:27, nom d'une peuplade sémitique qui habitait l'Arabie, mais dont il est difficile de fixer exactement le territoire. On ne peut faire à cet égard que des conjectures; Bochart (Phaleg 2, 22) pense que c'est la même peuplade qui porta plus tard le nom de Minéens, parce que les Minéens habitaient une contrée riche en palmiers, arbre qui se nomme en syriaque dikla. C'est assez vraisemblable.
DILHAN,
ville de la tribu de Juda. Josué 15:38.
DIMANCHE,
jour du Seigneur, Apocalypse
1:10. Les chrétiens ont dès le commencement
honoré d'une façon particulière le jour de
la résurrection du Sauveur, qui arriva le
lendemain du sabbat, et les apôtres semblent
avoir transporté sur ce jour les obligations
morales que la loi juive avait attachées au
sabbat. «Il n'y a doute, dit Calvin, que ce
qui estoit cérémonial en ce précepte, n'ait
esté aboli par l'aduénement du Christ...
Néanmoins... combien que le sabbat soit
abrogé, cela ne laisse point d'auoir lieu
entre nous, que nous ayons certains iours
pour nous assembler à ouir les prédications,
à faire les oraisons publiques, et célébrer
les sacrements: secondement pour donner
quelque relâche aux seruiteurs et gens
mécaniques.» Quelle que soit la manière de
voir des chrétiens sur l'obligation de la
sanctification du dimanche, il est de fait
que l'observation de ce jour, non seulement
accompagne les réveils religieux, mais
encore les prépare, les amène et les
fortifie; il est de fait aussi que les
personnes pieuses sanctifient le dimanche,
et que celles qui ne sont pas converties ne
le sanctifient pas. Ces deux faits étant
reconnus, il sera facile à chacun de voir en
quelle manière il peut se croire libéré de
l'observance judaïque, et astreint à
l'observance chrétienne.
Un grand nombre d'ouvrages ont paru sur ce
sujet dans les derniers temps; celui de
Liebetrut, en allemand, et les sermons de
Wilson, en anglais, doivent être cités en
première ligne. En français, on possède un
certain nombre de brochures publiées par la
Société de Vevey pour la sanctification du
dimanche, et la traduction de Pearl of
days, ce remarquable ouvrage d'une
servante anglaise, auquel a donné naissance,
en 1848, la fondation du prix de M.
Henderson. Le mouvement qui s'est produit à
cette occasion en Angleterre et en Écosse
offre un caractère véritablement historique
dont les journaux religieux français ne
donnent qu'une faible idée (— Voir:
Archives 1848, p. 278; 1849, p. 8), et qu'il
faut lire dans les journaux de Londres et de
Glascow;
— Voir: spécialement le Christian
Times, depuis le mois de septembre 1848.
DÎME,
(dixième ou décime). De tout
temps, et presque chez tous les peuples, on
a vu les dîmes établies comme coutumes, ou
comme lois. Les Grecs et les Romains
offraient à leurs dieux des dîmes soit
temporaires, soit ordinaires, soit
extraordinaires, et Plutarque raconte que
c'était la coutume des Romains d'offrir à
Hercule la dixième partie des dépouilles
qu'ils avaient conquises sur l'ennemi.
Xénophon rapporte la même chose des Perses,
et Justin des Carthaginois. Les marchands
arabes, qui faisaient le commerce d'encens,
n'en osaient vendre avant d'en avoir payé la
dîme à leur dieu Sabis: les Scythes
envoyaient des dîmes à Apollon; les
Carthaginois avaient coutume encore
d'envoyer à la ville de Tyr, dont ils
étaient une colonie, la dîme de tous leurs
biens; le vaisseau qui transportait ce
tribut ordinaire, arriva à Tyr peu de temps
avant qu'Alexandre en fit le siège.
Pisistrate, écrivant à Solon pour l'engager
à revenir à Athènes, lui dit que chacun y
paie la dîme de ses biens pour offrir des
sacrifices aux dieux. Les Pélasges qui
s'étaient établis en Italie, reçurent
commandement de l'oracle d'envoyer leurs
dîmes à Apollon de Delphes, etc., etc.
L'Écriture sainte, qui nous transporte dans
une antiquité beaucoup plus reculée que
l'histoire profane, nous montre aussi les
dîmes existant au moins de fait, longtemps
avant la promulgation de la loi mosaïque. Le
plus ancien exemple que nous en
connaissions, est celui d'Abraham revenant
de son expédition contre les cinq rois
alliés, et payant à Melchisédec, roi de
Salem, la dîme de tout ce qu'il avait pris
sur l'ennemi, Genèse 14:20; Hébreux 7:2.
Jacob voua de même à l'Éternel la dîme de
tout ce qu'il pourrait acquérir en
Mésopotamie, Genèse 28:22. Enfin Moïse
ordonne et régularise le paiement des dîmes,
Lévitique 27:30-33; Nombres 18:21-24;
Deutéronome 12:6; 14:22. Chaque Israélite,
considéré comme fermier de Jéhovah, devait
payer chaque année à son seigneur et maître
la dixième partie des produits de ses champs
et de ses troupeaux, «les dîmes du froment,
du vin et de l'huile», Néhémie 13:5,12. Ce
revenu sacré était affecté par la loi à
l'entretien des Lévites, Néhémie 10:37, à
l'étranger, à l'orphelin et à la veuve,
Deutéronome 26:13. On pouvait cependant
racheter les dîmes (des fruits) en en
déposant la valeur, plus le cinquième du
prix. Les passages, Deutéronome 12:17-18;
14:22-23, mentionnent un repas général qui
devait se faire tous les trois ans avec les
produits des dîmes (cf. 26:12), espèce de
festin qui n'était pas sans quelque rapport
avec les agapes des premiers chrétiens.
— Les Lévites devaient mettre à part, pour
les prêtres, la dîme de leurs dîmes, Nombres
18:26; Néhémie 10:38. Des percepteurs
particuliers furent établis plus tard pour
le prélèvement de cet impôt, ils eurent
leurs commis, et formèrent comme des bureaux
de contributions, 2 Chroniques 31:12;
Néhémie 12:14; 13:10; Malachie 3:10. Tous
ces impôts furent exclusivement religieux;
il est cependant parlé, 1 Samuel 8:15, d'une
dîme temporelle que les rois devaient
imposera leurs sujets: nous ne voyons pas
qu'elle ait en effet existé sous la royauté,
mais la manière dont parle Samuel indique
assez clairement qu'elle était en usage dans
les royaumes de l'Orient, et d'ailleurs une
imposition de ce genre (puisqu'il faut des
impôts en tout cas) devait bien être des
moins onéreuses dans un pays agricole;
c'était un impôt à la fois proportionnel à
la quotité du revenu, facile à payer, et
fixe dans sa proportion, autant de qualités
qui devaient le rendre plus supportable que
tels autres modes qu'on aurait pu imaginer.
Le système théocratique des dîmes, quoique
simple en apparence et dans la théorie, ne
l'était point dans l'application; la
comparaison des dispositions du Deutéronome
entre elles et avec celles des Nombres peut
la prouver, et les interprètes juifs et
chrétiens, anciens et modernes, sont peu
d'accord dans son exposition et dans
l'interprétation des passages de la Loi. On
se demande, par exemple, si chaque année il
y avait une double dîme sur les troupeaux,
s'il n'y avait une double dîme que tous les
trois ans, ou si tons les trois ans la dîme
des Lévites était remplacée par une dîme des
pauvres, autant de questions qui ne sont pas
susceptibles d'une solution bien claire
d'après les livres sacrés.
DIMON,
Ésaïe 15:9, et Dimona, Josué
15:22;
— Voir: Dibon.
DINA
(jugement), fille de Jacob et de Léa, Genèse 30:21, probablement la fille unique du patriarche. Son nom rappelle un événement qui fut pour la famille patriarcale un grand malheur. Par une légèreté coupable, elle se laissa entraîner à former des relations avec les jeunes filles cananéennes qui habitaient Sichem, puis elle fut séduite et enlevée par le fils du prince de cette ville. Les frères de Dina ne crurent pouvoir venger cet affront que dans le sang des Sichémites; dans ce carnage ils égorgèrent celui qui devait être l'époux de leur sœur; cette action perfide et cruelle fut pour leur père un continuel sujet d'inquiétudes et d'affliction, Genèse 34. On ignore ce que devint Dina; mais elle continua de vivre, et accompagna plus tard son père en Égypte, Genèse 46:15.
DINHABA,
ville de l'Idumée, Genèse 36:32; 1 Chroniques 1:43. Il est possible que ce soit celle qu'Eusèbe indique sous le nom de bourg de Dannéa, et Jérôme sous celui de Damnaba, comme ayant été située à 8 milles d'Aréopolis, du côté de l'Arnon.
DIOTRÈPHES,
pasteur ou diacre d'une Église inconnue, 3 Jean 9. On ne sait de lui que ce qu'en dit l'apôtre, c'est qu'il était jaloux d'être le premier, orgueilleux, médisant et inhospitalier. Quelques-uns en font un hérétique (Œcumenius, Beda); d'autres le font judaïsant, d'autres enfin prétendent au contraire qu'il ne voulait recevoir que les chrétiens convertis d'entre les gentils. Il appartenait à la même Église que Gaïus (v. 1), probablement à l'une des sept Églises de l'Apocalypse. Son intolérance envers les bons, et son amour de la prééminence n'ont eu que trop d'imitateurs dans l'Église chrétienne.
DISPERSION.
L'épître de saint Jacques, et
la 1re de saint Pierre sont adressées aux
juifs de la dispersion, c'est-à-dire aux
tribus qui sont dispersées dans les pays
voisins de la Palestine, dans le Pont, en
Galatie, en Gappadoce, en Asie, en Bithynie,
etc. On doit entendre par le mot général de
dispersion, tout l'ensemble des juifs qui
demeuraient en dehors des limites de leur
pays, parmi les nations étrangères. Il n'y
avait, au temps de Jésus, aucun pays de
l'ancien monde dans lequel ne se trouvassent
des juifs expatriés, volontairement, ou par
le fait de circonstances indépendantes de
leur volonté. On peut grouper en cinq
classes les juifs appartenant à la
dispersion.
D'abord ceux de l'Assyrie, de la Médie, de
la Babylonie et de la Mésopotamie, demeurant
au-delà de l'Euphrate, descendants des juifs
emmenés en captivité et qui avaient refusé,
lors de l'édit de Cyrus, de rentrer dans
leur patrie. Ils se comptaient par milliers
et vivaient dans le bien-être, continuant
d'entretenir avec Jérusalem des relations
religieuses, et fidèles à payer annuellement
les tributs, les prémices et les dîmes.
En second lieu, les Juifs d'Égypte.
Alexandre le Grand les établit en grand
nombre dans la ville à laquelle il avait
donné son nom, et leur accorda les mêmes
droits qu'aux Grecs. Ptolémée Lagus en
envoya une colonie à Cyrène, et fortifia la
colonie égyptienne par de nouvelles
émigrations de la Judée, 320 avant J.-C.
Ptolémée Philadelphe fit traduire en grec, à
grands frais, le code sacré des Hébreux, 284
avant J.-C. Puis vint le cruel Ptolémée
Philopator qui persécuta, par des mesures
cruelles, ceux que ses prédécesseurs avaient
favorisés. Sous Ptolémée Philométor (180
avant J.-C.), les juifs d'Égypte sont de
nouveau en grande faveur; ils remplissent
des charges à la cour, et sont revêtus des
principales dignités militaires; sous la
domination romaine et sous les premiers
empereurs, ils jouissent d'une paix entière,
et Auguste les protège à Cyrène contre la
malveillance des populations grecques. Ils
ont de magnifiques synagogues, et occupent à
eux seuls presque les trois cinquièmes
d'Alexandrie; leurs rapports avec la
métropole juive ne sont pas interrompus
quoiqu'ils aient à Jérusalem un culte à
part, de même que les Cyrénéens, Actes 6:9;
ils continuent de payer le tribut pour le
temple. Leur chef temporel et le juge de
leurs différends est un ethnarque, assisté
d'un conseil, espèce de sanhédrin.
En troisième lieu viennent les Juifs de la
Syrie: ils avaient émigré sous Séleucus
Nicator, et par lui, avaient obtenu à
Antioche et ailleurs des privilèges égaux à
ceux des Macédoniens. Les rois suivants, à
l'exception d'Antiochus Épiphanes, leur
furent également favorables, et les Juifs
furent libres jusque dans le prosélytisme:
cependant le peuple les haïssait, et cette
haine longtemps comprimée éclata sous Néron,
et plus encore sous Vespasien. Titus leur
rendit le repos. C'est de Syrie qu'ils
prirent le chemin de l'Asie Mineure, 1
Pierre 1:1; ils obtinrent la bourgeoisie en
Ionie.
Quatrièmement, la dispersion parmi les
Grecs, Jean 7:35. De l'Asie Mineure, un
grand nombre de Juifs se rendirent en Grèce
et en Macédoine, où ils eurent la permission
d'établir, dans les principales villes et
dans les ports les plus commerçants, des
synagogues et des maisons de prières, Actes
16-20.
Cinquièmement, enfin, les Juifs de Rome et
d'Italie; plusieurs étaient esclaves,
d'autres étaient venus s'y établir librement
et en vue de spéculations commerciales; ils
étaient généralement riches, et occupaient
tout un quartier au-delà du Tibre: leur
prosélytisme n'avait pas été sans fruit. Ils
furent chassés de Rome sous Tibère et sous
Claude César. Rome leur fut longtemps
fatale, et les murailles du Goïto ne sont
tombées que sous le souffle du dix-neuvième
siècle.
DIVINATION, Devins.
Désireux de connaître,
ambitieux d'avenir, supportant avec
impatience un corps qui le retient à la
terre et au moment présent, qui le gêne, qui
le rapetisse, l'homme qui par sa nature se
précipite vers les choses qui étaient le
privilège de celui qui n'avait pas péché, a
dans tous les temps cherché à se soustraire
à la matière, à s'émanciper du corps, à
sonder l'avenir, à voir dans les ténèbres, à
marcher sûrement dans l'incertitude, à
découvrir ce qui lui est caché. De là, ces
efforts inouïs, gigantesques; ces recherches
de tous les temps, cet amour du merveilleux,
cette croyance à la divination, à la magie;
travaux de jongleurs, travaux de chimistes,
travaux de rêveurs; imposteurs, mystiques,
oracles, prophètes, charmes, enchanteurs et
devins: de là cette passion des hommes pour
ce qui paraît les faire avancer dans les
sciences occultes, espèce de succès chez les
uns, complaisance à croire chez les autres.
Sans s'arrêter à la question dogmatique de
savoir si l'homme peut, en dehors de
l'adresse, de la physique et de la chimie,
obtenir des résultats merveilleux; sans
entrer dans un examen quelconque relatif aux
moyens par lesquels l'homme peut arriver au
surnaturel, s'il le peut par lui-même, ou
par des forces latentes qu'il développe, ou
enfin par l'intervention des esprits qui
sont dans l'air, bons ou mauvais; sans même
approfondir tout ce qu'il peut y avoir de
vrai dans certains faits que rapporte
l'histoire, ou que l'expérience vient chaque
jour démontrer de nouveau contre l'esprit
fort moderne, on doit cependant convenir de
certains faits que nous nous bornons à
enregistrer, et qui sont de nature à jeter
du jour en les simplifiant, sur les
questions passablement graves, malgré qu'on
en ait, qui viennent d'être posées.
On avoue généralement que toutes les
croyances populaires, quelles qu'elles
soient, exagérées ou dénaturées, reposent
sur un fondement vrai: en les dépouillant de
leur entourage, de leurs adjonctions, de
leur écorce, on arrive à un noyau
substantiel, solide, historique; or, de
toutes les croyances populaires, la plus
invétérée, la plus entêtée, c'est la foi aux
sorciers, à la magie, à la divination: ne
serait-ce absolument qu'une chimère?
Chacun croit aux pressentiments; chacun en
a, chacun s'y fie, même sans le vouloir:
c'est là une espèce de divination, générale
sans doute, mais sûre.
Niera-t-on que les songes ne soient un degré
de pressentiment plus avancé que le
pressentiment de la veille? «Le Dieu Fort,
dit Élihu à Job (33:14-15), parle par des
songes, par des visions de nuit, quand un
profond sommeil tombe sur les hommes et
lorsqu'ils dorment dans leur lit; alors il
ouvre l'oreille aux hommes, et scelle leur
instruction. •
Le magnétisme avec ses merveilles, si
longtemps réfuté par de l'esprit et des
plaisanteries, n'en est pas moins acquis
maintenant à la science comme un fait; ceux
qui en doutent appartiennent à la classe la
moins éclairée, et ceux qui s'en sont
occupés ont vu et vérifié des
prodiges que tout l'art et le génie de
l'homme ne sauraient accomplir; ces prodiges
touchent par plusieurs points à la
divination.
Enfin, une considération tout à fait
générale, mais qui ne laisse pas d'avoir son
application dans le cas particulier, c'est
qu'une réaction va toujours beaucoup plus
loin qu'elle ne doit et qu'elle ne veut
aller, comme celui qui veut éviter le
précipice tombe sur le rocher de la
montagne; c'est plus sûr, mais ce n'est pas
toujours sans quelques inconvénients.
Longtemps on a trop cru aux merveilles des
arts occultes et de la divination; pour un
fait effectif, le charlatanisme en a forgé
des milliers de faux, de mensongers, de
stupides, et, pour le dire en passant, les
clergés de toutes les sectes n'y ont pas mal
nui dans le moyen âge, jusqu'à l'illustre
siècle de Léon X: quand une fois on a voulu
rompre avec ces fables, on a tout rejeté, le
bon et le mauvais, le vrai et le faux, parce
qu'on se souciait peu de la chance, même
infiniment petite, d'être abusé de nouveau.
Le pays où les réactions se font toujours le
moins vivement ressentir, l'Allemagne a su
se tenir beaucoup plus que d'autres peuples
dans un sage milieu, quoiqu'on y trouve
aussi l'un et l'autre extrême représentés,
notamment celui de l'imagination.
Ces choses étant dites, il ne sera pas
nécessaire de les rappeler à propos de
chaque cas spécial, et nous raconterons les
croyances de l'Orient sans penser devoir les
critiquer à chaque fois, sans les donner
pour vraies, sans les rejeter toujours
absolument comme fausses. Chez les
Israélites, d'ailleurs, il faudra toujours
distinguer les révélations divines, et les
moyens illicites par lesquels ils pouvaient
essayer de satisfaire leur curiosité ou leur
intérêt particulier.
Les Israélites paraissaient en effet avoir
eu plus que d'autres peuples le besoin
intérieur de connaître l'avenir; peut-être
l'avaient-ils apporté d'Égypte, peut-être
aussi les prophéties anciennes et glorieuses
qu'ils n'ignoraient pas, mais dont ils
n'avaient pas non plus une intelligence bien
claire, leur faisaient-elles désirer d'en
connaître davantage, et de pénétrer plus
avant dans un mystère pour eux plein
d'espérances et de charmes. Quoi qu'il en
soit, le mal existait: Moïse, en leur
donnant la loi qui devait en faire un peuple
à part, leur annonça d'un côté que l'esprit
de prophétie ne sortirait pas du milieu
d'eux (— Voir: Urim et Thummim), mais
il leur défendit de l'autre sous des peines
extrêmement sévères d'user de divination, de
pronostiquer le temps, de rechercher ceux
qui ont l'esprit de Python, les devins, les
sorciers, les enchanteurs, ceux qui disent
la bonne aventure et ceux qui consultent les
morts, Lévitique 19:26,31; 20:6; Deutéronome
18:10. Ces lois étaient si rigoureuses que
les malheureux animés de l'esprit de Python,
ou qui faisaient seulement profession de
l'être, étaient condamnés à mort, et lapidés
vifs. Lévitique 20:27.
Malgré ces lois, ou plutôt parce qu'une loi
qui contrarie un penchant l'excite au lieu
de le réprimer (cf. Romains 5:20), les
Israélites se montrèrent dans toutes les
périodes de leur histoire, et surtout sous
les rois idolâtres, adonnés aux mages, aux
sortilèges et aux superstitions de toutes
espèces, cf. 1 Samuel 28:3,9; 2 Rois 21:6;
23:24; Ésaïe 8:19; Jérémie 29:8; Michée
3:11; Zacharie 10:2: ils allèrent même
consulter les oracles des païens, 2 Rois
1:2. Le culte de Bahal avait son cortège de
prophètes divinateurs, 1 Rois 18:19, les
Philistins fournissaient leur contingent, 1
Samuel 6:2, et les Juifs eux-mêmes virent
dans leur propre sein surgir de ces
industriels auxquels le peuple, comme
partout, s'empressait d'apporter de
l'argent, Michée 3:11; cf. Actes 16:16.
Il y avait diverses sortes de divinations et
de devins; les uns se bornaient à l'examen
de certaines circonstances, ou accidents
naturels, c'est ce qu'on a appelé magie
naturelle; d'autres empruntaient tout
simplement le secours de l'art, c'était la
magie artificielle; d'autres consultaient
les morts ou les mauvais esprits (magie
noire ou diabolique); d'autres enfin
devinaient d'inspiration, de pressentiment,
de seconde vue. À la première classe
appartenaient, parmi les exemples qui nous
sont conservés dans l'Écriture:
-
L'interprétation des songes, q.v.
-
l'examen des mouvements des serpents: c'est même cette espèce de divination que semble indiquer le terme hébreu, Lévitique 19:26; Deutéronome 18:10; 2 Rois 17:17; 21:6. (nichesh deviner, nachash serpent). Bochart a recueilli quelques faits à l'appui de cette idée; les Égyptiens avaient des serpents qu'ils appelaient de bons génies, et dont ils aimaient à placer la figure sur leurs abraxas ou talismans: beaucoup de peuplades orientales ont encore leurs serpents sacrés que consultent les jongleurs, et l'on se rappelle les serpents de Pallas (Virgile Æneid. 2). Les mots grecs et latins par lesquels les Septante et la Vulgate ont traduit l'hébreu, font entrer dans leur composition les oiseaux (augures), au lieu de serpents; mais il est clair que, soit dans le texte, soit dans les traductions, il convient de s'en tenir à l'idée générale de divination, sans égard aux moyens employés.
-
Les baguettes, ou bâtons divinatoires; on croit en trouver la trace, Ézéchiel 21:26 (il a secoué les flèches), et Osée 4:12 (mon peuple demande avis à son bois, et son bâton lui répond). Le premier de ces passages contiendrait une allusion à l'ancien usage des Caldéens, d'écrire sur des flèches ou sur des baguettes le nom des villes où ils voulaient se rendre, ou des choses qu'ils voulaient entreprendre, de mêler ensuite ces baguettes dans un carquois, de tirer au hasard et de se décider suivant celle qui sortait la première. La plupart des peuples ont connu ce moyen de deviner, qui est peu malin, et que les enfants remplacent chez nous par le jeu d'épingle. Cette interprétation est possible; le prophète dirait alors que le roi de Babylone, incertain par quel ennemi commencer, a jeté sur les villes le sort des flèches, et qu'il marchera d'abord contre Jérusalem: on peut le comprendre cependant autrement encore. Quant au passage d'Osée, il supporte également cette explication, mais d'autres aussi sont permises; ou bien: il consulte ses idoles de bois, et elles lui répondent (par le moyen de leurs prêtres); ou bien: ce peuple aveugle, qui ne peut se diriger par la lumière, se dirige au moyen de son bâton, en tâtonnant. «Il me semble, dit Calvin, que le plus simple est d'y voir une condamnation contre les Israélites, qui se sont adressés à des idoles mortes au lieu de s'adresser au Dieu vivant.» (ad Hos. 4, 12).
-
L'examen des entrailles sacrifiées était chez les peuples païens un grand moyen de divination; si les entrailles étaient sèches, dures ou lâches, s'était un présage fâcheux: si au contraire elles étaient saines et rouges, c'était un bon signe: on peut croire que le passage, Ézéchiel 21:26 (il a regardé au foie), se rapporte à la divination par les intestins; mais c'est la seule trace qu'on en trouve dans l'Écriture.
-
La divination, d'après le cours des nuages, Deutéronome 18:10 (pronostiqueurs de temps) 2 Rois 21:6, ou d'après les signes des cieux, Jérémie 10:2, c'est l'hébreu meonen;
— Voir: cependant l'article Enchanteur.
-
Enfin, par l'eau ou par la coupe;
— Voir: Coupe.
Quant à la divination par inspiration, qui
se distingue des précédentes par l'absence
d'art, «quod arte careret», dit Cicéron,
voici comment ce même auteur païen la
caractérise, Divin 1:18. «Carent autem arte,
qui non ratione aut conjectura, observatis
ac notatis signis, sed concitatione quâdam
animi aut soluto liberoque motu futura
præsentiunt, quod et somniantibus sæpe
contingit et non nunquam vaticinantibus per
furorem», etc. Souvent chez les païens (et
les oracles reposaient presque tous sur
cette théorie), on cherchait à produire une
excitation factice et purement physique sur
les nerfs des pauvres prêtres et prêtresses,
qui faisaient de gré ou de force, le triste
métier d'annoncer les choses futures; cette
excitation se traduisait en gestes violents
et en convulsions que l'on donnait pour les
signes de la présence de la divinité, (cf.
Æneid. 6, 46; et suivant): on recueillait
les paroles de leur délire, et quelques
habiles arrangeaient ces paroles à leur
guise, et leur donnaient telle forme obscure
et ridicule qu'ils jugeaient convenable.
C'était là ce qu'on appelait insanire,
être fou; il y avait folie en effet, et chez
le malheureux patient, et chez ce prêtre
qui, avec une gravité majestueuse, cherchait
tant bien que mal la raison dans la
déraison, la clarté de l'avenir dans
l'obscurité du présent. Cependant il y avait
aussi une inspiration plus calme, plus
naturelle, soit dans le sommeil soit dans la
veille; elle se trouvait dans un état
nerveux habituel que l'on peut rattacher à
un développement considérable du système
ganglionnaire, et qui produisait chez ceux
qui étaient atteints de cette infirmité, un
penchant très fort au sommeil magnétique, au
somnambulisme, et à la seconde vue. Il faut
peut-être du courage pour mettre en avant de
telles idées, quand on ne peut ni les
développer, ni les expliquer, ni les
appuyer; mais tout cela trouvera sa place
ailleurs, et nous ne pouvons entrer ici dans
des détails psychologiques qui
demanderaient, pour être traités
convenablement, un ouvrage tout spécial. Du
reste, dans cette ligne d'idées ce qui est
le plus singulier, ce n'est pas tant
l'explication du fait, que le fait lui-même;
et comme tous les efforts pour nier les
faits ont toujours été inutiles, et qu'il
faut bien finir par les accepter, la seule
chose à faire c'est de tâcher de les
comprendre, autant du moins qu'ils peuvent
être compris. Le passage, Actes 16:16; sq.
cf. 19:13; sq., paraît expliquer cette vertu
divinatoire par la possession d'un démon.
— Voir: encore articles Enchanteur,
Possession, Python, etc.
DIVORCE.
La dissolubilité des liens du
mariage, le divorce, toujours en honneur
partout où le mariage ne l'est pas, où la
femme est méprisée, cette coutume des
peuples païens, et que les patriarches
eux-mêmes ont connue, Genèse 21:14, fut
régularisée par la loi de Moïse; il fut
permis, sauf les deux cas où l'homme aurait,
avant son mariage, déshonoré une jeune fille
par des paroles flétrissantes ou par une
conduite brutale, Deutéronome 22:19,29. Il
fut permis, et voici comment Moïse s'exprime
à cet égard, Deutéronome 24:1-4: «Quand
quelqu'un aura pris une femme et se sera
marié avec elle, s'il arrive qu'elle ne
trouve pas grâce devant ses yeux, à cause
qu'il aura trouvé en elle quelque chose de
malhonnête, il lui donnera par écrit
la lettre de divorce, et la lui ayant
mise entre les mains, il la renverra hors de
sa maison.» La femme divorcée et remariée ne
pouvait plus retourner auprès de son premier
mari, même après la mort du second. Quelque
étendue que paraisse au premier abord cette
facilité d'obtenir le divorce, elle est
limitée par deux restrictions ou
difficultés, l'une intérieure, l'autre
extérieure; il fallait donner à la femme,
par écrit, une lettre de divorce; cette
gène, petite en apparence, était pourtant
une gêne à cette époque où l'art d'écrire
était si peu répandu; et quelquefois des
obligations de ce genre amenant des
longueurs peuvent aussi donner le temps de
réfléchir. L'autre condition du divorce,
beaucoup plus législative et morale, c'est
que pour l'obtenir il fallait plus qu'un
caprice, il fallait un motif suffisant, il
fallait que le mari eût trouvé en sa femme
quelque chose de malhonnête. Les
termes sont bien vagues, il est vrai, et
pouvaient étendre par leur élasticité ce que
la loi avait voulu restreindre; les deux
célèbres écoles juives de Hillel et de
Schamaï se disputaient à l'époque de notre
Sauveur sur l'interprétation qu'on pouvait
donner à ces paroles; la première pensait
qu'un homme pouvait répudier sa femme pour
les plus légers motifs, par exemple si elle
faisait mal la cuisine, s'il trouvait une
autre femme qui lui convînt davantage, ou
enfin, s'il découvrait en elle quelque
légère difformité. Schamaï soutenait au
contraire que la loi ne donnait à l'homme le
droit de répudiation, que lorsqu'il avait en
effet trouvé dans sa femme des inclinations
ou des actions réellement déshonnêtes et
honteuses. Jésus dont la doctrine était
l'accomplissement de la loi, distingue
positivement sa doctrine de celle de Moïse;
il déclare que le divorce a été permis à
cause de la dureté du cœur naturel, mais lui
ne le permet que pour le cas d'adultère,
puisqu'alors les liens du mariage sont déjà
dissous de fait: en appuyant ainsi de son
autorité les enseignements de Schamaï comme
plus saints, il semble indiquer que
l'interprétation de Hillel était en effet
celle qu'on devait donner à la loi de Moïse.
Toutefois, malgré cette facilité du divorce,
il est à remarquer que l'Ancien Testament ne
cite pas un seul exemple de ce cas, depuis
la promulgation de la loi: on voit même
David garder jusqu'à sa mort les femmes
qu'Absalon son fils avait déshonorées; il
les enferme, mais ne les répudie pas; et les
rabbins écrivent que l'on ne permit pas à
David de répudier aucune de ses femmes pour
épouser Abisag, et qu'il dut se contenter de
la prendre à titre de concubine parce qu'il
avait déjà le nombre de dix-huit femmes
permis par les coutumes. Plusieurs passages
prouvent cependant que les Juifs n'usaient
que trop souvent de la facilité que la loi
leur accordait à cet égard;
— Voir: Juges 15:2; 19:2-3; Proverbes
2:16-17; Michée 2:9; Malachie 2:15; Esdras
10:2-3; Néhémie 13:23-30.
DIZAHAB,
Deutéronome 1:1, ville ou bourg dans le désert d'Arabie, bâtie peut-être dans une localité riche en palmiers, que Burkhardt a retrouvée sur les bords du golfe arabique, sous le nom de Dahab.
DOBERATH,
nom que porte dans quelques mss, la ville de Dabrath, q.v.
DODANIM
(amours). Cette peuplade japhétique étant nommée, Genèse 10:4, avec d'autres qui ont habité la Grèce, on a rapproché avec assez de vraisemblance son nom de celui de Dodone en Épire. Bochart cite un Targum qui rend Dodanim par Dardanim; on sait que ce nom se trouve dans les anciennes fables des Grecs: selon eux Dardanus émigra en Asie Mineure où il fonda la ville de Troie. Dans le passage parallèle, 1 Chroniques 1:7, de même que dans le Pentateuque samaritain et dans les Septante, nous trouvons Bodanim qui signifierait selon les uns l'île de Rhodes, selon les autres même le Rhône, Rhodanus; mais c'est aller un peu loin; d'ailleurs il y a tout lieu de croire que la leçon conservée dans la Genèse est la primitive; le copiste du livre des Chroniques pouvait facilement confondre les deux initiales, qui en hébreu ont en effet la plus grande ressemblance.
DOEG
(soucieux); iduméen qui était l'inspecteur en chef des troupeaux de Saül; il était à Nob lorsque David y vint auprès d'Ahimélech lui demander des vivres et des armes. David qui l'aperçut et qui sans doute le connaissait, craignit une trahison et s'enfuit sans avoir dit à Ahimélech quels étaient ses rapports avec le roi; il feignit même d'être en course pour une mission spéciale, et fut bien éloigné de vouloir l'entraîner dans une révolte ou dans un complot. Mais Doëg, sur les instances de Saül qui cherchait partout des témoins contre David, raconta en la dénaturant la conversation qui avait eu lieu à Nob, et chercha à la représenter comme une conjuration politique. Saül qui ne pouvait atteindre David voulut se venger au moins sur les sacrificateurs; il lit comparaître Ahimélech avec toute sa famille, les condamna à mort sans forme ni procès, et chargea ses archers d'exécuter la sentence: sur leur refus il donna le même ordre à Doëg, qui de délateur devint sans peine bourreau, et s'acquitta de sa commission avec cruauté; il mit à mort quatre-vingt-cinq sacrificateurs, et passa au fil de l'épée tous les habitants de Nob, 1 Samuel 21:7; 22:9-23. David a rappelé cette trahison Psaumes 52:1.
DOIGT.
Il est parlé plusieurs fois
dans l'Écriture du doigt de Dieu pour
désigner sa puissance, Exode 8:19; 31:18;
Psaumes 8:3; Ésaïe 58:9; Luc 11:20.
— Le mot doigt exprime souvent aussi une
mesure naturelle prise de l'homme comme la
coudée, et équivalant à un peu moins de 3/4
de pouce, Jérémie 52:21.
DONS, ou présents.
Les dons ont, dès les temps les
plus anciens, été considérés comme une
marque d'honneur, et comme un témoignage
d'estime ou d'amitié, Genèse 32. Ils
consistaient soit en argent, 2 Samuel 18:11,
soit en armes ou vêtements précieux, 1 Rois
10:23, soit enfin en fruits, fourrage, ou
provisions de toutes espèce, 1 Rois 10:25;
14:3; Genèse 24:53; 32:13; 43:11; 1 Samuel
9:7; 16:20; 2 Chroniques 17:11; mais comme
ils étaient toujours proportionnés à la
fortune des donateurs, ils se trouvaient
être parfois de très peu de valeur, 1 Samuel
9:8; 16:20. Des amis se faisaient des
présents lorsqu'ils se visitaient ou à
certains jours de fêtes, Esther 9:19, les
inférieurs quand ils recevaient leurs
supérieurs, 1 Samuel 9:7; Genèse 43:11;
Matthieu 2:11, surtout les sujets à leur
souverain, 1 Rois 4:21; 10:25; 2 Chroniques
17:5; ce dernier cas paraît même être devenu
une coutume obligatoire, tellement que ceux
qui à l'avènement d'un roi ne lui
apportaient pas de présents, pouvaient être
regardés comme de méchants hommes, 1 Samuel
10:27. Les Hébreux appelèrent aussi présents
les tributs qu'ils devaient payer à des
monarques étrangers, pour déguiser sans
doute par la douceur de l'expression ce que
la chose avait de pénible pour tout
véritable Israélite, Juges 3:15,17; 2 Samuel
8:2; 2 Rois 17:3-4; 2 Chroniques 17:11;
26:8; Psaumes 45:13; 68:30; 72:10, etc. Les
rois faisaient de même quelquefois des
présents à leurs favoris, 2 Samuel 11:8, à
des étrangers, à des ambassadeurs, ou à
leurs propres employés civils et militaires,
Esther 2:17; ces cadeaux consistaient
ordinairement en vêtements précieux, 2 Rois
5:22; Esther 6:8; 8:15; Daniel 5:16; 29; cf.
1 Samuel 18:4. Dans les jours de fêtes on
faisait au peuple des distributions de
vivres, 2 Samuel 6:19. Les rois s'envoyaient
mutuellement des cadeaux lorsqu'ils
voulaient contracter des alliances, 1 Rois
15:19; 2 Rois 16:8; 20:12; Ésaïe 39:1.
C'est dans tout l'Orient une espèce de
cérémonie que le fait même de la
présentation des cadeaux, et elle se fait
toujours avec une pompe proportionnée à la
grandeur des présents: on va jusqu'à prendre
un grand nombre de bêtes de somme pour
porter un présent qu'un seul homme eût pu
présenter: quelquefois on les fait porter
par des esclaves, et aucun des porteurs ne
doit être chargé de manière à en être gêné.
Il était défendu de faire des présents aux
juges et aux témoins: cette honteuse
corruption, flétrie Exode 23:8; Deutéronome
16:19; 27:25; cf. 1 Samuel 12:3; Psaumes
15:5; Proverbes 15:27; Ésaïe 33:15, n'en a
pas moins été souvent mise en usage, et l'on
trouve bien des magistrats qui y ont été
accessibles, 1 Samuel 8:3: aussi les livres
sacrés sont-ils remplis de plaintes et de
reproches à cet égard, Job 15:34; Psaumes
26:10; Proverbes 17:23; 18:16; Ésaïe 1:23;
5:23; Ézéchiel 22:12; Michée 3:11. Cadeaux
de noces,
— Voir: Mariage.
DOPHKA.
L'un des campements des Israélites dans le désert, Nombres 33:12. Inconnu.
DOR
(demeure). Ville cananéenne située au bord de la Méditerranée, non loin du Carmel; lors de la conquête, elle fut donnée à la tribu de Manassé, Josué 11:2; 12:23; 17:11; 1 Rois 4:11; 1 Chroniques 7:29. On trouve de nos jours, dans cet endroit, une bourgade sous le nom de Tortura ou Tantura.
DORCAS ou Tabitha
(chevreuil, en grec et en
syriaque), femme demeurant à Joppé,
disciple, pleine de bonnes œuvres et
d'aumônes qu'elle faisait, Actes 9:36. Étant
morte après une courte maladie, on lava son
corps et on le déposa dans une chambre
haute; puis pendant que les malheureux
menaient deuil auprès d'elle en pleurant,
les disciples ayant su que Pierre était à
Lydde, où il venait de guérir un homme
paralysé depuis plusieurs années, espérèrent
que, peut-être, il pourrait rendre à la vie
celle qu'ils aimaient comme leur
bienfaitrice, et envoyèrent auprès de lui
deux hommes pour le prier de venir sans
délai. Pierre étant arrivé, monta dans la
chambre haute, où il vit le beau spectacle
de ces veuves et de ces pauvres qui, pour
toute oraison funèbre, montraient les robes
et les vêtements que Dorcas avait travaillés
pour eux. Alors, les ayant fait sortir à
l'exemple de son maître, Matthieu 9:25; Marc
5:40, et sans doute pour mieux pouvoir se
recueillir, l'apôtre se mit à genoux auprès
du lit funéraire, et pria; puis, se tournant
vers le corps, il dit: Tabitha, lève-toi! Et
elle ouvrit les yeux, et voyant Pierre elle
s'assit. Et lui ayant donné la main, il la
leva et la présenta aux saints et aux veuves
qui se trouvaient là. Ce miracle fut connu
de toute la ville de Joppe, et un grand
nombre de personnes crurent à la prédication
de l'Évangile qui opérait des choses si
merveilleuses.
Il n'y a aucune difficulté dans cette
histoire, à moins qu'on ne veuille en
trouver une dans la résurrection même de
Dorcas; quelques-uns, en effet, la nient et
prétendent que Dorcas était seulement en
léthargie; la voix de Pierre à son oreille
aurait suffi pour la réveiller. Si l'on ne
peut résoudre la difficulté que par la
puissance de Dieu, on ne peut comprendre
l'objection que par la puissance des
ténèbres.
DOTHAIN, ou Dothan,
Genèse 37:17, ou Dothan, 2 Rois 6:13, ville de Palestine qui se trouvait dans une gorge de montagnes, non loin de Jizréhel, sur la route que les caravanes prenaient pour se rendre d'Égypte en Galaad.
DRACHME,
monnaie grecque qui passa en Palestine après l'exil, 1 Chroniques 29:7; Esdras 2:69; 8:27; Néhémie 7:72, et qui était surtout en usage à l'époque de Christ, Luc 15:8-9. Il y en avait plusieurs espèces, qui valaient de 45 à 83 centimes.
DRAGON, ou Serpent ancien,
Ésaïe 43:20,
— Voir: Chacal.
— Dragon, ou Serpent ancien,
Apocalypse 12 et 13,
— Voir: Serpent.
— Fontaine du Dragon, Néhémie
2:13,
— Voir: Siloé.
DROGUES,
Genèse 37:25,
— Voir: Stacte.
DROITURIER,
Josué 10:13,
— Voir: Jasar.
DRUSILLE.
Féconde en maris, cette femme
qui est nommée, Actes 24:24, comme l'épouse
du procurateur romain Félix,était fille
d'Hérode Agrippa le Grand, Actes 12:23, et
sœur d'Agrippa le Jeune: elle avait été
fiancée d'abord à Antiochus Épiphane; mais
comme celui-ci n'avait pas voulu embrasser
le judaïsme, elle épousa Azizus, prince
d'Émessa, puis finit par se laisser séduire
par Félix, dont elle eut un fils, Agrippa
qui périt plus tard, comme elle, par une
éruption du Vésuve. Ces deux époux, curieux
d'entendre le prisonnier chrétien, le firent
comparaître; mais comme il leur parlait de
justice, de chasteté, de jugement à venir,
Félix tout effrayé le renvoya en lui disant:
Pour le moment va-t-en, et quand j'en aurai
la commodité je te rappellerai.
— Drusille passait pour la plus belle femme
de son temps, mais non pour la plus chaste.
DUCS,
Daniel 3:2-3, le même mot qui
est ordinairement traduit par gouverneurs,
Esther 3:12; Esdras 5:3. C'était une charge
d'administration, inférieure à celle des
satrapes;
— Voir: Baillis.
Le mot traduit par ducs, Genèse 36:15; sq.,
signifie plutôt chefs (de famille ou de
tribus).
DUMA
(silence),
-
ville de la tribu de Juda, Josué 15:52;
-
peuplade arabe descendant d'Ismaël, Genèse 25:14; Ésaïe 21:11. Le territoire qu'elle occupait est peut-être indiqué aujourd'hui par une ville située dans la province de Nedschend, sur la frontière de l'Arabie et du désert de Syrie, et qui porte le nom de Dumath-Aldschandel.
DURA.
Nom d'une plaine de la Babylonie, probablement même celle où la ville de Babylone était bâtie, Daniel 3:1. Hérodote 1, 178.
Préface — A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z