Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-S
septembre 3, 2010
S
SABBATS (shabbat et shabbathon),
le septième jour de la semaine
hébraïque; il commençait le vendredi soir et
finissait le samedi soir, Lévitique 23:32.
Les Juifs étaient obligés de le consacrer à
Dieu par le repos et la sanctification, de
même que leurs esclaves et tous les
étrangers qui habitaient dans le pays; le
bétail même était compris dans la loi du
repos, Exode 20:10; 31:13; 34:21; 35:2;
Deutéronome 5:14; cf. Jérémie 17:24, etc.
Deux agneaux d'un an, sans tare, devaient
être offerts dans le temple avec les
offrandes non sanglantes qui accompagnaient
toujours cet holocauste, Nombres 28:9; cf. 2
Chroniques 31:3; Néhémie 10:33. C'était un
jour de repos et un jour de joie, Ésaïe
58:13; cf. Osée 2:11. Les pains de
proposition étaient renouvelés, Lévitique
24:5; 1 Chroniques 9:32, et les tours de
semaine commençaient pour les prêtres avec
les jours du sabbat, 2 Rois 11:5,7,9; 2
Chroniques 23:4; Les travaux relatifs au
culte, n'étaient naturellement pas comptés
comme une profanation du saint jour,
Matthieu 12:5; La peine de mort, notamment
la lapidation, était prononcée contre ceux
qui contrevenaient à cette loi divine, Exode
31:14; 35:2; Nombres 15:32; Les Juifs
cependant se relâchèrent souvent à cet
égard, et les prophètes font entendre des
plaintes amères sur l'oubli et le mépris
dans lequel était tombé le jour du repos,
Ésaïe 56:2; 58:13; Ézéchiel 20,16; 22:8;
Lamentations 2:6; Néhémie 13:15; ce n'est
que depuis l'exil que le sabbat fut observé
en Israël avec un scrupuleux respect; on
chercha même à compenser par de rigoureuses
minuties les négligences du temps passé, et
l'on fit un sabbat judaïque du jour qui
devait être un sabbat divin. On voulut
préciser les choses que le législateur avait
désignées sous le nom de travail alors que
le législateur n'avait pas cru devoir le
faire, laissant à l'opinion publique et à la
conscience individuelle le soin de
déterminer ce qui constitue un travail, et
de résoudre les cas douteux. Une seule chose
était positivement défendue dans la loi,
c'était de faire du feu dans les maisons
pour cuire les aliments, Exode 16:23; 35:3,
de sorte qu'il fallait cuire et préparer
d'avance la nourriture du sabbat. La sagesse
humaine voulut aller plus loin que ce qui
était écrit, et l'on vit surgir une
véritable casuistique à propos du quatrième
commandement. La défense de vendre et
d'acheter, même des aliments, allait sans
dire, Néhémie 10:31; 13:15-16, et si
Néhémie, 13:19, fit fermer les portes de
Jérusalem pour empêcher le commerce avec les
Tyriens, ce ne fut ni un nouveau
commandement, ni un raffinement de l'ancien,
mais une simple mesure de police tendant à
l'exécution de la loi. Que l'on s'interdît
de voyager le jour du sabbat (— Voir:
Chemin), c'était encore conforme à l'esprit
de la loi, Exode 16:29; cf. Actes 1:12;
Matthieu 24:20. Mais l'on a de la peine à
distinguer entre le fanatisme et la foi dans
le courage avec lequel des armées juives se
laissèrent massacrer le jour du sabbat sans
se croire permis de recourir à la défense, 1
Maccabées 2:32; sq. cf. 2 Maccabées 5:25;
6:11, etc. Comprenant le facile avantage que
l'ennemi devait trouver dans cette attitude
passive, les chefs ne voulurent observer le
sabbat qu'en ne prenant pas l'offensive,
mais ils se réservaient le droit de se
défendre au besoin, 1 Maccabées 2:40; sq.
9:34,43, etc.; cependant, vers la fin ils se
montrèrent, même à cet égard, moins
scrupuleux (Flavius Josèphe, Guerre des
Juifs 2, 19, 2). Et qui peut dire que cela
leur ait porté bonheur?
Le Nouveau Testament nous montre par
plusieurs exemples, jusqu'à quel point les
pharisiens avaient poussé la fatuité et le
microscopisme. Cueillir des épis en se
promenant, guérir un malade, même par une
simple parole, et pour le malade, charger
son petit lit après sa guérison et s'en
aller, étaient pour les pharisiens et leurs
adhérents autant de profanations du saint
jour, tandis que l'on ne se faisait aucun
scrupule, en cas de besoin pressant, de
vaquer à des occupations domestiques
parfaitement contraires à la lettre et à
l'esprit de la loi, Matthieu 12:11; Luc
14:5. Un traité spécial de la Mishna sur le
sabbat, compte trente-neuf occupations
défendues, plus leurs subdivisons; d'autres
écrits vont plus loin encore dans leurs
subtilités; les secours médicaux ne doivent
être administrés que là où il y aurait péril
pour la vie à renvoyer au jour suivant; pour
une jambe cassée il faut remettre au
lendemain, on peut attendre, etc.
Le sabbat devait être consacré à la
méditation de la loi, et c'est en ce jour
que le culte se célébrait presque
généralement dans les synagogues, par la
prière, la lecture, et l'explication des
saints livres, 2 Rois 4:23; Marc 1:21; 6:2;
Luc 4:31; 6:6; 13:10; Actes 13:27,44; 16:13;
17:2; 18:4. On célébrait de joyeux festins,
Luc 14:1; on revêtait ses plus beaux habits;
on ne jeûnait jamais, Judith 8:6.
À l'exception d'Antiochus Épiphanes, toutes
les puissances étrangères qui dominèrent sur
Israël laissèrent aux Juifs la liberté de
fêter le jour du sabbat à leur manière, 1
Maccabées 1:45,48; 10:34; 2 Maccabées 6:6,
et dans leurs institutions judiciaires elles
surent tenir compte des us et coutumes des
Hébreux, mais sans les respecter ni les
observer pour leur propre usage: les Romains
en particulier se moquaient des Juifs comme
de paresseux, Juvén. 14, 105, et ailleurs.
Il paraît, d'après Genèse 2:2-3, que le
sabbat fut observé sous toutes les
dispensations, et même avant la promulgation
de la loi: nous ne pouvons examiner ici
cette question qui ressort des commentaires
et des ouvrages spéciaux auxquels nous
renvoyons (sept Sermons de Wilson, Haldane,
Comment, de Schrœder, Victor Mellet, le
Narrateur, etc.); mais il ressort
évidemment de l'histoire de la création
elle-même, que la célébration du septième
jour était dans l'ordre naturel des choses,
de telle sorte que le sabbat n'eût-il été
imposé aux Juifs que sur le Sinaï, il n'en
existait pas moins pour les hommes depuis
qu'Adam l'avait vu solenniser par le repos
de l'Éternel. Ce jour appartient en quelque
sorte à la loi naturelle, et si les lois ne
furent articulées et déclarées telles que
par Moïse, elles n'en subsistaient pas moins
avant lui, écrites dans les cœurs, et elles
subsistent encore après l'écroulement de
l'échafaudage judaïque, non plus sur des
tables de pierre, mais sur les tables du
cœur des chrétiens, 2 Corinthiens 3:3. Il
est arrivé de ce commandement comme des
autres, que lorsque les prophètes le
rappellent, ils ne peuvent le rattacher
qu'au jour de sa promulgation, Ézéchiel
20:12; Néhémie 9:14; cf. Deutéronome 5:14,
quoiqu'il existât auparavant déjà, cf. Exode
16:23; c'est à un texte positif, à la lettre
bien connue, qu'ils en appellent, et cette
lettre ne date que de Moïse.
— Il est évident que cette fête religieuse
si caractéristique ne pouvait être empruntée
ni à des religions étrangères, ni par des
religions étrangères, et qu'entre les Juifs
et leurs voisins païens à qui ils étaient en
horreur, il ne pouvait se trouver aucun lien
commun à cet égard, aucune communication
religieuse. Or le cycle hebdomadaire,
parfaitement connu des Égyptiens et
commençant au jour de Chronus (le temps), le
septième jour consacré à Saturne par les
Romains (samedi), et les saturnales qui,
rappelant l'âge d'or, rendaient pour un jour
la liberté aux esclaves, démontrent que la
tradition d'un septième jour était connue
des païens dès l'antiquité la plus reculée.
Prétendre que les Juifs auraient emprunté
cette coutume aux Égyptiens, serait un
simple non sens théologique et historique,
qui n'aurait pas même l'avantage de résoudre
la question, car il faudrait toujours se
demander comment les habitants de l'Asie, de
l'Afrique et de l'Europe, se seraient
trouvés d'accord à mettre à part un des
jours de la semaine, et partout le même:
l'universalité, ou la presque généralité de
cette observance, ne peut s'expliquer que
par l'unité et l'antiquité de son origine.
Il serait difficile de comprendre d'ailleurs
que Dieu, en imposant à l'homme le travail
rude et la fatigue, n'eût pas dès le
commencement annoncé qu'il levait cette
malédiction à des intervalles déterminés;
l'homme n'eût pu la supportera la longue, et
neuf cents années d'un travail non
interrompu ne se peuvent concevoir; d'un
autre côté, le travail interrompu sans
autorisation divine fût devenu un péché
nécessaire, et nulle part, même dans les
plus sévères de ses lois, Dieu n'a demandé à
l'homme des choses impossibles à ses forces
physiques. De même que le repos, la
sanctification et la mise à part d'un jour
sur sept appartient aux lois éternelles, et
la phase juive qui a été la manifestation la
plus éclatante de la volonté divine se
traduisant en paroles humaines, n'a été
qu'une des phases de l'histoire du septième
jour. Les chrétiens, en substituant le
dimanche au samedi, l'ont fait à l'imitation
des apôtres, qui n'ont pu être amenés à ce
changement que sous l'influence de
l'inspiration du Saint-Esprit: cette
substitution qui consacrait pour eux le
souvenir de la résurrection du Sauveur,
avait aussi l'avantage de les séparer d'une
manière plus complète, dogmatiquement,
historiquement, et politiquement, des Juifs
avec lesquels les ennemis du peuple de Dieu
pouvaient être tentés de les confondre.
La controverse qui a été quelquefois
soulevée entre les chrétiens sur le maintien
ou la suppression du quatrième commandement
dans la loi nouvelle, ne peut que contribuer
à faire toujours plus apprécier le bienfait
de cette vieille institution, et si le
dimanche nous était retiré, tous seraient
bien vite d'accord à le redemander à Dieu
pour la chrétienté et la pauvre humanité.
Le sabbat avait un sens et un usage typique;
il était un signe, une alliance entre Dieu
et son peuple, une grâce, un privilège
particulier octroyé aux enfants d'Israël,
Exode 31:16-17; un mémorial du repos de
Dieu, et de la délivrance qui suivit la
captivité d'Égypte, Deutéronome 5:15; un
type du repos que Dieu donnerait aux
Israélites dans la terre de Canaan, qui est
appelée pour cela un lieu de repos,
Deutéronome 12:9. Il figurait le repos que
l'Évangile procure à tous ceux qui le
reçoivent dans leurs cœurs, Matthieu 11:29;
Romains 5:1; enfin et surtout il figurait ce
repos entier et parfait, ce repos éternel
des saints qui est réservé au peuple de
Dieu, Hébreux 4:9.
Ce jour n'était pas le seul temps de repos
qui fût accordé aux Juifs, et outre leurs
fêtes solennelles, d'autres sabbats se
présentaient pour eux à la fin de chaque
mois, à la fin de chaque septaine d'années,
puis, derechef, après sept fois sept années;
— Voir: Année, Chemin, Jubilé, Lune,
etc.
Le sabbat second-premier, Luc 6:1, était,
d'après l'opinion de Scaliger généralement
adoptée maintenant, le sabbat qui suivait le
second jour de la fête de pâque, autrement
dit jour des prémices.
— Voir: Pâque;
Olshausen pencherait vers une autre
supposition; admettant que tous les jours de
fête portassent le nom général de sabbat, il
pouvait arriver facilement qu'un de ces
jours fût immédiatement précédé ou suivi
d'un sabbat ordinaire, aux nouvelles lunes,
etc.; le premier de ces deux jours solennels
consécutifs serait d'après cet auteur le
sabbat second-premier, ou plutôt le premier
des deux: Olshausen ne donne d'ailleurs
cette hypothèse que comme une hypothèse, et
il admet ce qu'a d'ingénieux celle de
Scaliger.
SABTHA,
Genèse 10:7; 1 Chroniques 1:9, peuplade camite de la famille de Cus. Les uns (Winer) comparent Sabatha, ville située au sud-ouest dans l'Arabie Heureuse, non loin de la mer Rouge, peut-être la même que Sabota dont parle Pline: résidence d'un roi de la tribu des Sabéens, cette ville faisait un grand commerce d'encens; elle était riche, très grande, et comptait soixante temples. D'autres (Gesenius), en suivant le Pseudo-Jonathan, pensent à Sabat ville d'Éthiopie, située sous le 18e degré de latitude. D'autres enfin (Braunschweig, et d'après lui Preiswerk dans le Morgenland), font descendre de Sabtha plusieurs nations de l'Asie postérieure, les habitants primitifs du Thibet, les Chinois, les Malais, et quelques insulaires de l'archipel de l'Océan Pacifique.
SABTHECA,
Genèse 10:7; 1 Chroniques 1:9, descendant de Cam par Cus, comme Sabtha, divise comme lui les interprètes, et paraît avoir suivi de près son sort. Les uns comparent la ville de Satacos, située selon Ptolémée dans le golfe Persique; les autres suivent le Targum de Jonathan, qui rend ce nom par Zangueï, peuple d'Afrique qui habitait les côtes de Zanguebar; d'autres enfin, Braunschweig et Preiswerk, pensent aux îles orientales de l'Asie, Ceylan, Guzurate, Décan, etc. Ce ne sont que des présomptions.
SAC.
Ce mot désigne le plus souvent un grossier vêtement de deuil, presque sans couture et sans ouverture, d'une étoffe très commune, qui couvrait presque entiers ceux qui le revêtaient, Genèse 37:34; 2 Samuel 3:31; 1 Rois 20:31; 21:27; 2 Rois 19:1; Joël 1:8; Jonas 3:6; Ézéchiel 7:18; Matthieu 11:21; Luc 10:13; Apocalypse 6:12; etc. On se l'attachait avec une corde en guise de ceinture, Ésaïe 3:24. La couleur en était foncée, quoique ce soit en chercher la preuve un peu trop loin que de la trouver Ésaïe 50:3. Les prophètes, en se revêtant de sacs, rappelaient aux yeux de tous le sérieux de leur vocation, Ésaïe 20:2; cf. Matthieu 3:4, mais ce qui était utile au peuple charnel de Dieu ne l'est pas à son peuple spirituel, et le Seigneur ni ses apôtres n'ont recouru à de semblables distinctions. Les capucins ne ressusciteront pas Jean-Baptiste.
SACRIFICATEURS,
— Voir: Prêtres.
SACRIFICES.
Les offrandes diverses, les
sacrifices sanglants ou non sanglants, dont
il est parlé dans la législation mosaïque,
et qui faisaient à quelques égards le fonds
et l'esprit de cette économie, étaient si
multipliés, qu'il s'introduit nécessairement
une sorte de confusion dans l'idée que l'on
peut s'en former, lorsqu'on ne vit pas au
milieu de la pratique de ces sacrifices, et
que l'on a le bonheur d'appartenir à une
alliance qu'un seul sacrifice a faite et
consommée. En lisant le Pentateuque, on est
frappé des nombreux détails qui déterminent
la forme et la nature des offrandes que,
tour à tour, le peuple collectivement, elles
individus pris à part, devaient présenter à
l'Éternel; et le petit nombre de mots que
nous avons dans notre langue pour exprimer
l'idée ou la nature de ces sacrifices,
contraste singulièrement avec la richesse de
la langue hébraïque à cet égard, et
contribue à entretenir une confusion qui
n'existait pas pour les Hébreux, où chaque
sacrifice spécial avait son nom qui le
distinguait aisément de tous les autres;
chaque sacrifice était ainsi une chose à
part, un acte distinct, qui ne se rangeait
pas, comme chez nous, dans la même
catégorie, et sous le même nom, que tels
autres sacrifices que nous ne pouvons
distinguer que par de plus ou moins longues
adjonctions et circonlocutions.
Essayons d'établir un peu d'ordre dans tout
ce qu'il y a à dire sur ce sujet, et que la
lecture de cet article laisse au moins dans
l'esprit une idée claire, nette, et complète
du système mosaïque.
Le mot corban (cf. Marc 7:11) était
le plus vague et le plus général; il pouvait
s'appliquer chez les Hébreux à tous les
sacrifices, sans en désigner aucun en
particulier.
Les sacrifices ont fait de tout temps, même
chez les nations les plus reculées, une des
parties les plus importantes du culte rendu
à la Divinité; ils remontent aux premiers
jours du monde; Abel, Caïn, Noé,
Melchisédec, Abraham, Jacob, nous
apparaissent déjà comme sacrificateurs,
Genèse 4:3; 8:20; 14:18; 15:9; 31:54; 46:1.
On ne saurait affirmer qu'ils se fissent une
idée bien claire du but du sacrifice; ils
lui attribuaient peut-être une valeur,
tantôt subjective, tantôt objective; ils
pouvaient y voir, tantôt un moyen de plaire
à la Divinité, tantôt une simple
manifestation de leur désir de se rendre la
Divinité favorable; quelquefois, assimilant
Dieu à l'homme, ils pensaient faire bien en
lui apportant de la nourriture pour ses
besoins; d'autres fois, à mesure que
l'intelligence de Dieu se développait en
eux, et qu'ils avaient davantage aussi
l'idée de leur indignité, les sacrifices
qu'ils offraient n'étaient plus que des
emblèmes par lesquels ils manifestaient
leurs besoins, leurs actions de grâces,
leurs désirs ou leur repentir. Les dons
appartenaient presque toujours à l'ordre
alimentaire; chacun offrait ce qui lui
paraissait à lui-même particulièrement bon,
rare, ou précieux en fait de nourriture, 1
Samuel 15:15; Psaumes 66:15; l'offrande,
apprêtée ou non, était bonne à manger, et
l'usage du sel, q.v., devait, ne fût-ce que
par cette considération, être général et
ordinaire. Dans l'origine, et lorsqu'on ne
comprenait pas le vrai sens du sacrifice, on
offrait des fruits de la terre, et des
produits animaux non sanglants, du lait, du
miel, etc. Les animaux ne furent offerts
d'abord que par ceux dont la foi devançait
les siècles, et traversait le nuage épais
des 4000 ans qui cachaient à la vue la
victime sans défaut et sans tache: le doux
Abel sacrifia un agneau. Les païens n'en
vinrent à l'idée des offrandes sanglantes
que lorsqu'ils eurent eux-mêmes commencé à
se nourrir de la chair des animaux, et Noé,
sacrifiant au sortir de l'arche, donna à ses
fils et à ses petits-fils un exemple, une
impulsion qui devait être suivie d'autant
plus facilement que la chair allait devenir
partie intégrante de la vie et de la
nourriture des hommes: c'est peut-être à
cette introduction des sacrifices sanglants
que remonte aussi l'usage d'allumer le bois
du bûcher, et d'embraser l'autel. Que Dieu
ait le premier donné aux hommes l'ordre ou
même la seule idée de lui offrir des
sacrifices, c'est ce qu'il n'est pas facile
de prouver; mais que ces sacrifices aient eu
dans l'esprit de ceux qui les offraient une
signification dogmatique, confuse si l'on
veut, mais réelle et positive, c'est ce
qu'il est impossible de nier. Le sacrifice
était évidemment un rapport que l'homme
voulait établir (ou maintenir) avec Dieu;
c'était en outre un acte d'humiliation; il
renfermait l'idée que l'homme n'est pas
aussi près de Dieu qu'il le devrait, que
cette séparation doit cesser, que cet
intervalle doit être comblé, qu'il peut
l'être, mais qu'une offrande est nécessaire:
un sentiment religieux quelconque présidait
par conséquent à tout sacrifice, et la foi
fit voir à Abel ce que les autres ne
faisaient que pressentir et entrevoir
confusément, Hébreux 11:4.
Ce que les Israélites avaient reçu par
tradition, leur législation le fixa et le
compléta, en déterminant la nature et le
mode des sacrifices, le rituel, et tout ce
qui s'y rapportait:
-
L'objet de l'offrande, animal ou végétal, déposé sur l'autel de Jéhovah, devait appartenir au nombre des aliments purs dont les Hébreux étaient appelés ou autorisés à faire eux-mêmes usage. On distinguait les menachoth et les zebachim, ces dernières étant des victimes sanglantes, par opposition aux premières, 1 Samuel 2:29; 3:14; Psaumes 40:6; Hébreux 8:3. Une substance minérale soluble, le sel, servait d'assaisonnement aux offrandes de ces deux classes. Les offrandes végétales étaient ou sèches, ou liquides: sèches (mincha), comme la fine farine, des grains rôtis, du pain, des gâteaux, de l'encens; liquides (nèsek), comme l'huile et le vin. Les offrandes animales consistaient en animaux purs, cf. Genèse 8:20, taureaux, chevreaux, brebis, tourterelles, etc.; aucun poisson ne pouvait être offert. Ces animaux devaient être nets de toute tache et sans défaut physique; leur âge même est l'objet de l'attention de Moïse; à l'exception des tourterelles, ils ne devaient pas avoir moins de huit jours, Lévitique 22:27, la chair trop jeune étant déjà par elle-même une chose malsaine et souvent dégoûtante. Le sexe des victimes était indifférent dans les offrandes pour le péché, et dans les sacrifices d'actions de grâces, Lévitique 3:1, etc. 5:6; mais, comme holocauste, on ne pouvait offrir que des victimes du sexe le plus parfait. Le choix des victimes était, dans la plupart des cas, laissé à la volonté de celui qui faisait le sacrifice, Lévitique 1:3, mais il est déterminé dans les sacrifices pour le péché, etc., Lévitique 4:3; des boucs sont souvent ordonnés pour ce dernier cas.
— Les Israélites professaient la plus grande horreur pour les sacrifices humains, Psaumes 106:37; Ésaïe 66:3; Ézéchiel 20:26,31, non seulement parce qu'ils étaient d'origine païenne, Lévitique 18:21; 20:2; Deutéronome 12:31, mais parce qu'ils sont contraires à tous les sentiments de la nature et de l'humanité. L'exemple d'Abraham sacrifiant Isaac ne peut rien prouver contre ce fait, non plus que le sacrifice de Jephthé: le premier obéissait à un ordre spécial et positif de Dieu, qui n'en permit pas même l'exécution; le second obéissait à un vœu irréfléchi qu'il ne se croyait plus le maître de ne pas accomplir.
-
Le lieu où les sacrifices seraient offerts fut déterminé; il ne pouvait y en avoir qu'un: ce fut le tabernacle dans le désert, puis le temple à Jérusalem. Ce lieu devait être unique pour rappeler l'unité de Dieu, puis pour maintenir l'unité du peuple, et faciliter la fusion des tribus rivales en les réunissant autour d'un seul et même sanctuaire. Tout sacrifice offert ailleurs qu'au lieu désigné était considéré comme un acte d'idolâtrie et puni de mort, Lévitique 17:4; Deutéronome 12:5; 1 Rois 12:27. La loi ne fut cependant pas toujours rigoureusement observée, au moins pendant la période des juges, et jusque sous David, 1 Rois 3:2-3; on sacrifiait ailleurs, particulièrement sur des collines, des hauts lieux; Samuel même l'a fait, et David l'a souffert, Juges 2:5; 6:26; 13:19; 1 Samuel 7:17. Les sacrifices sur les hauts lieux continuèrent même après Salomon, et sous les rois les plus pieux, qui ne purent souvent que pallier le mal sans réussir à le détruire. Il va sans dire qu'en Israël cet article de la loi cérémonielle fut traité comme les autres; les rois se séparèrent, et séparèrent leur peuple du sanctuaire de Jéhovah, et ceux qui voulurent rester fidèles à la religion de leurs pères durent quitter le royaume pour adorer à Jérusalem.
— On s'explique difficilement comment la loi étant là, positive, des infractions aussi flagrantes ont pu avoir lieu, et être, pour ainsi dire, autorisées par l'exemple même de quelques hommes de Dieu: l'éloignement géographique des tribus, leurs querelles intestines, les luttes à l'extérieur, les difficultés de communication, l'absence de fixité dans la résidence de l'arche, peuvent avoir contribué à amener la transgression de la loi; mais toutes ces causes réunies ne suffisent pas pour l'excuser, bien moins encore pour expliquer la conduite illégale du légal Samuel. Il faut croire qu'en général les prescriptions cérémonielles de la loi n'étaient considérées que comme des détails dont on se croyait obligé de tenir compte autant que possible, sans cependant les regarder comme indispensables; peut-être que les Juifs pieux étaient plus spiritualistes qu'on ne se plaît généralement à le croire; les impies et les indifférents auront mis, dans un même vaisseau, le fond et la forme, comme ils le font encore de nos jours, et, négligeant l'amour de Dieu et du prochain, ils auront su trouver de bonnes raisons pour se dispenser des cérémonies extérieures de leur loi. Samuel et les hommes fidèles de ces temps, pénétrés de douleur à la vue de l'incrédulité qui avait envahi le pays, guidés par l'Esprit de Dieu, forts de l'inspiration qui était en eux, et sachant bien que ce n'était pas l'unité de Dieu, mais Dieu lui-même qu'on oubliait, auront songé à relever ses autels, à ramener la religion, à reconstituer l'unité au moyen de ses fractions, et, sans analyser peut-être les motifs de leur conduite, ils auront sacrifié au vrai Dieu là où ils se trouvaient, sachant qu'il y était avec eux. Il est peu probable que les prescriptions cérémonielles de la loi mosaïque aient toutes été observées, ou même connues de tous les Israélites; elles tendaient à rendre le péché excessivement péchant; mais les hommes pieux savaient que Dieu regarde au cœur, les autres ne s'inquiétaient pas de la loi.
-
Quant au but du sacrifice, à l'intention dans laquelle il était offert, ce pouvait être le désir, la reconnaissance ou la repentance; un sacrifice pouvait être une prière, une action de grâces, ou une expiation; il portait alors des noms différents, ainsi qu'on le verra plus loin. Les holocaustes avaient un caractère plus général. Ensuite des divers sentiments qui se manifestaient de cette manière, les sacrifices étaient nombreux, à peu près comme les messes papistes; les uns étaient publics, les autres particuliers; les uns généraux, les autres spéciaux; les uns obligatoires, les autres volontaires; ces derniers étaient souvent des sacrifices de famille, et se répétaient, soit annuellement, soit à des époques plus rapprochées et déterminées, 1 Samuel 1:3,21; 20:6. Les païens étaient admis, comme les Juifs, à présenter des sacrifices, Nombres 15:14; 2 Maccabées 3:35; 13:23, et l'on voit même des Juifs offrir des sacrifices pour des princes païens, 1 Maccabées 7:33.
-
Celui qui offrait un sacrifice sanglant pouvait, après s'être purifié et sanctifié, conduire lui-même l'animal à l'autel; il lui posait solennellement la main sur la tête, comme pour s'identifier avec lui, ou pour le consacrer à Jéhovah, puis il regorgeait, mais il ne touchait pas le sang. Plus tard, cependant, on voit que les prêtres et les lévites eux-mêmes furent assez ordinairement chargés d'égorger la victime, 2 Chroniques 29:24. Le sang de l'animal était reçu par les prêtres, et, suivant la nature du sacrifice, répandu ou employé en aspersions. Celui qui offrait la bête du sacrifice l'écorchait ensuite, lui était la peau (cependant — Voir: 2 Chroniques 29:34), et dépeçait l'animal en morceaux qui, suivant la nature des cas, étaient tous, ou en partie, brûlés sur l'autel; le reste des viandes, lorsqu'il en restait, appartenait, soit aux prêtres, soit à celui qui avait présenté le sacrifice; d'autres fois encore ce reste devait être consumé hors de la ville sainte. Les morceaux brûlés sur l'autel devaient toujours être de ceux qui étaient réputés les meilleurs et les plus succulents, cf. Ésaïe 1:11.
— Voir: sur cet article, Lévitique 1, 3, 4, 8, et 17; 1 Samuel 16:5, et les articles spéciaux Festins, Holocaustes, etc.
Quant à l'offrande des pigeons,
— Voir: Lévitique 1:14; 5:8,
— Voir: aussi Lever sur la cérémonie du lever et du tournoiement, qui accompagnait quelques sacrifices.
-
Les sacrifices étaient nombreux, continuels, ils devaient nécessairement entraîner avec eux de grandes dépenses annuelles, mais les matières du sacrifice, fruits ou animaux, étaient en quelque sorte sous la main de chaque père de famille, et faciles à se procurer; les jardins, les pâturages et les bois de la Palestine, suffisaient amplement à cette partie des besoins du culte hébreu. Lorsque les richesses naturelles du pays eurent commencé à diminuer, par suite du manque de culture, de la guerre, ou de l'accroissement de la population, des princes étrangers qui voulaient se rendre les Juifs favorables, ou leur donner des preuves de leur amitié, leur fournirent, en nature ou en argent, une, partie de ce qui leur était nécessaire pour la célébration du culte public, Esdras 6:9; 1 Maccabées 10:39; 2 Maccabées 3:3; 9:16; etc.;
— Voir: aussi les articles Temple, et Impôts.
-
Comme acte d'humiliation ou de reconnaissance envers l'Éternel (Psaumes 66:15; 116:17; cf. Matthieu 8:4; Actes 21:26), les sacrifices particuliers furent toujours nombreux en Israël, et celui qui s'abstenait d'en offrir passait pour un homme impie et irréligieux, Ecclésiaste 9:2; cf. Ésaïe 43:23. On jurait en conséquence par les autels et les sacrifices, Matthieu 23:18, et, dans les descriptions qui sont faites de la restauration du monde, le culte des sacrifices est relevé comme devant faire une des gloires de cette époque, de même que l'absence des sacrifices constitue l'une des calamités qui résulteront de l'exil, Osée 3:4; cf. Ésaïe 19:21; 60:7; 61:6; Zacharie 14:21; Jérémie 17:26; 33:18. Il faut ajouter que bien des fois cependant les Israélites, oubliant la signification des sacrifices, n'en firent qu'un opus operatum, et crurent se rendre agréables à Dieu, peut-être même laver leurs péchés, par le seul fait qu'ils offraient sur l'autel quelques pièces de bétail, ou quelque produits de leurs champs. Les prophètes ne cessent de protester contre cette fausse, et orgueilleuse pensée, et de rappeler que c'est l'intention, que c'est le cœur, un cœur pur, humilié, froissé, qui seul peut donner au sacrifice une valeur réelle aux yeux de Dieu, Ésaïe 1:11; Jérémie 6:20; 7:21; Osée 6:6; Amos 5:22; Michée 6:6; Psaumes 40:6; 51:17; Proverbes 21:3; Matthieu 5:23; etc. Les esséniens après l'exil, comprenant que la réalité du culte n'est pas dans sa matérialité, mais voulant être sages au-delà de ce qui était écrit dans leur loi, ne gardèrent du culte extérieur que les lustrations et les ablutions, et supprimèrent entièrement les sacrifices. On peut voir sur ce sujet dans la Mishna les traités Sebachim, Menachoth et Temura, qui renferment les principales dispositions de la tradition juive sur les sacrifices.
Après ces observations générales, nous avons
à examiner en détail ce qui est dit des
sacrifices propitiatoires. Deux mots sont
employés en hébreu pour indiquer en quelque
sorte deux nuances du péché: l'un, asham,
désignait les sacrifices pour le délit;
l'autre, hhatath, se disait des
sacrifices pour le péché. Il n'est pas
facile de les distinguer clairement l'un de
l'autre quant à leur nature et à leur
importance; le dernier avait une
signification plus profonde et plus
générale, le premier n'était peut-être que
l'expiation de péchés considérés comme peu
graves, accidentels, ou cérémoniels. Nos
versions n'établissant aucune différence
dans la traduction des deux mots hébreux,
nous indiquerons quelques-uns des principaux
passages où l'un et l'autre sont employés;
ce sera la meilleure manière d'en préciser
la valeur.
On offrait le asham pour le délit:
-
Quand on avait détourné ou retenu par mégarde des choses sanctifiées à l'Éternel, Lévitique 5:15.
-
Quand on avait par ignorance fait quelque chose de con traire à la volonté de Dieu, Lévitique 5:17; cf. Esdras 10:19; 1 Samuel 6:3.
-
Quand on avait nié un dépôt, ou gardé un objet perdu par un autre, ou dérobé quelque chose, ou prêté un faux serment, Lévitique 6:2.3.
-
Dans le cas de séduction exercée sur une esclave fiancée à un homme, et non encore rachetée, Lévitique 19:20.
-
Un lépreux après sa guérison, un nazarien qui s'était souillé par la vue ou le contact d'un cadavre, devaient également offrir un sacrifice pour le délit, Lévitique 14:12; Nombres 6:12.
— La peine, car le sacrifice en était une,
variait suivant les cas; dans les quatre
premiers il fallait offrir un bélier, dans
le dernier un agneau,; en cas de vol il
fallait restituer l'objet détourné et y
ajouter un cinquième de la valeur, qui
revenait de droit soit au prêtre (#1.), soit
au propriétaire (#3.). L'animal était égorgé
du côté septentrional de l'autel, son sang
était répandu tout à l'entour, les graisses
étaient brûlées, le reste des viandes
appartenaient aux prêtres, Lévitique 7:1-6.
Des cérémonies spéciales, notamment quant à
l'emploi symbolique du sang, étaient
prescrites pour la purification du lépreux,
Lévitique 14:14.
Quant aux sacrifices pour le péché
(hhatath) il y en avait d'ordinaires, et
d'extraordinaires ou spéciaux. On offrait
les premiers:
-
pour tout le peuple, aux jours de nouvelle lune, à Pâque, à Pentecôte, aux fêtes des trompettes et des tabernacles, au grand jour des expiations, Nombres 28, et 29, Lévitique 16;
-
pour les prêtres et les lévites lors de leur consécration, Nombres 8:8; Exode 29;
-
pour le souverain sacrificateur au grand jour des expiations.
— Les sacrifices extraordinaires et non réguliers étaient offerts en diverses occasions:
-
pour les relevailles d'une femme nouvellement accouchée, Lévitique 12:6,8.;
-
pour la purification d'un lépreux ou d'une maison attaquée de la lèpre, q.v., Lévitique 14;
-
pour la purification d'un homme guéri de la gonorrhée, Lévitique 15:15.;
-
pour la purification d'une femme longtemps souffrante d'une perte de sang, Lévitique 15:29.;
-
lorsqu'un nazarien avait été souillé par la présence d'un corps mort subitement près de lui, ou lorsque le temps de son vœu était expiré, Nombres 6:10,14.;
-
quand l'assemblée, ou un prêtre, ou un simple Israélite avait par mégarde transgressé un des commandements de Dieu, Lévitique 4, Nombres 15:24; cf. 2 Chroniques 29:21.;
-
quand un homme appelé à témoigner par serment, d'une chose qu'il avait vue ou entendue, refusait de le faire, lorsqu'il avait touché un homme ou une chose impure, lorsqu'il avait juré à la légère de faire une chose, bonne ou mauvaise, et qu'il oubliait son serment, Lévitique 5:1-5.;
-
— Voir: enfin à l'article Vache rousse,
une dernière espèce de sacrifices pour le péché (hhatath).
— Pour tous ces cas l'objet du sacrifice
était, selon le degré et la nature du mal
commis, un jeune taureau, un bouc, une
brebis ou une chèvre, un pigeon, ou un
tourtereau, et dans un cas spécial des
oiseaux quelconques, dont l'espèce n'était
pas déterminée, mais qui devaient être purs.
C'étaient des taureaux lorsque le sacrifice
était offert pour l'assemblée ou pour un
prêtre, un bouc lorsque le pécheur était
nazarien, un bélier pour la consécration des
prêtres, deux oiseaux pour la purification
d'une maison lépreuse, etc. Tous ces détails
sont marqués aux passages cités.
Les parties grasses des animaux à quatre
pieds étaient toujours consumées sur
l'autel; les autres parties étaient,
-
ou bien brûlées hors de la ville, pour les sacrifices ordinaires, Exode 29:14; Lévitique 4 et 16,
-
ou dans les cas spéciaux, abandonnées aux prêtres pour servir à leur nourriture dans le parvis du sanctuaire, Lévitique 6:25; 4:25.
Quant au sang, on en faisait un usage
différent suivant les différents cas. Celui
de la grande victime expiatoire était tout
entier porté dans le lieu très saint, on en
arrosait l'arche de l'alliance et l'on en
frottait les cornes de l'autel, Lévitique
16:14,18. Dans les sacrifices ordinaires
pour le péché on en portait une partie dans
le lieu saint, on le versait en aspersions
près du voile qui servait d'entrée au lieu
très saint, et l'on en oignait les cornes de
l'autel des parfums; le reste était répandu
au pied de l'autel des holocaustes,
Lévitique 4:5,16. Enfin, dans les sacrifices
spéciaux pour le péché, l'on en mettait une
partie sur les cornes de l'autel des
holocaustes, et le reste était répandu au
pied de cet autel, Lévitique 4:25,30,34; cf.
2 Chroniques 29:22. D'après Exode 29:12, il
semblerait que cette dernière manipulation
du sang fût également en usage pour les
sacrifices ordinaires et réguliers, ce qui
ne s'accorderait pas avec Lévitique 6:30;
mais au milieu de tous ces détails, et
presque à cause de ces détails mêmes, il est
difficile de se représenter d'une manière
exacte l'ensemble de ces cérémonies, qui
variaient si souvent et à propos des plus
petites nuances. D'autres détails, le bouc
Hazazel, etc., sont encore mentionnés,
— Voir: Lévitique 5:8; 14:49,53;
Exode 29:19.
D'après ce qui précède on voit que les
offrandes pour le délit et celles pour le
péché (asham et hhatath, en allemand
Schuldopfer et Sundopfer), analogues par
leur nature et leur objet sous bien des
rapports, constituaient cependant deux
espèces de sacrifices, distinctes l'une de
l'autre aux yeux des Hébreux et dans
l'esprit de la législation de Moïse, comme
cela ressort non seulement du fait qu'il est
parlé de chacune séparément, Lévitique
4:6,25; cf. 5:15; 7:1-10, mais encore des
passages où elles sont nommées l'une à la
suite de l'autre, et des cas de souillure ou
de culpabilité où elles sont prescrites
comme devant être offertes l'une et l'autre.
Le rituel en était différent, notamment en
ce qui concerne la manipulation du sang: la
destruction des viandes hors de la ville,
prescrite dans certains cas de sacrifices
pour le péché, ne l'est pas dans les
offrandes pour le délit, et quant à ces
dernières, le choix des victimes était bien
plus facile, bien moins embarrassé de
restrictions et d'ordonnances que pour les
sacrifices pour le péché.
Mais si l'on doit tenir ces deux ordres de
sacrifices pour distincts, il n'est pas
facile de dire en quoi consistait la
différence morale qui les séparait, le
principe spécial qui les caractérisait l'un
et l'autre.
À première vue on peut dire que les
délits paraissent avoir été d'une moins
grande importance que les péchés, les
asham que les hhatath; les
offrandes sont en général moins
considérables, le rituel moins sévère dans
le premier cas que dans le second; et sauf
le passage Lévitique 5:1-13, qui présente
quelques obscurités, on peut dire que les
offrandes pour le délit étaient réclamées
pour des fautes commises par erreur, par
négligence, dont la commission était en
quelque sorte regardée comme involontaire,
ou comme inévitable, pour l'ensemble des
péchés, pour la souillure publique ou
sacerdotale qui trouvait son expiation dans
les sacrifices annuels, dans les sacrifices
de consécration, enfin pour la purification
de la lèpre qui dans la symbolique juive
représentait la souillure du péché. Le point
de vue de cette sorte de sacrifice était
pour ainsi dire objectif, et celui qui le
présentait semblait s'accuser d'une faute
positive, mais involontaire et dont il
n'était pas coupable: il semblait dire: Je
suis innocent, mais la loi a été violée.
Dans l'autre cas, au contraire, dans celui
des sacrifices pour le péché, la faute était
non seulement positive, mais précise, et
volontaire: le point de vue du sacrifice
était plutôt subjectif; celui qui apportait
son offrande le faisait dans le sentiment
d'une transgression volontaire d'un
commandement spécial de Dieu: il s'accusait
d'une faute qu'il aurait pu éviter, il était
coupable parce qu'il l'avait bien voulu, cf.
aussi Lévitique 19:20.
Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 3, 9,
3, a reconnu et établi cette distinction.
Cependant elle n'est pas toujours maintenue
dans la loi, et le principe du législateur
n'apparaît pas toujours d'une manière
claire: quelques répétitions du livre des
Nombres semblent destinées à interpréter ou
à compléter, peut-être même à modifier les
règles posées dans le Lévitique, et à les
modifier dans un sens qui ne s'explique que
par le but téléologique de la législation
mosaïque. Ainsi nous voyons, Nombres 6:12,
que la mort d'un homme dans le voisinage du
nazarien, souillait celui-ci, alors même
qu'il en était innocent, de telle sorte
qu'il était obligé d'offrir pour sa
purification un sacrifice pour le péché,
hhatath: l'intention du législateur
était évidemment de faire ressortir ce fait
que le nazarien était un homme à part, et
que ce qui n'était pas péché pour les
autres, le devenait pour lui. Quant aux
prescriptions relatives aux maladies des
femmes, Lévitique 15:25, elles se concilient
fort bien avec ce que nous avons dit plus
haut, et avec les idées que la loi devait
donner aux Juifs sur le pur et l'impur.
Reland, Baur, et Winer, partagent avec nous
l'opinion de Flavius Josèphe sur la
caractéristique de ces sacrifices, telle
qu'elle peut être saisie et que nous l'avons
exposée.
— Le passage Lévitique 5:1-13, semblerait
cependant faire objection à ce point de vue.
Les expressions asham et hhatath s'y
confondent en effet tellement, et paraissent
si souvent se substituer l'une à l'autre,
que l'on ne sait parfois de quel sacrifice
il est question; on peut se demander même
s'il y a entre les deux offrandes, une
distinction établie. Cependant, comme le mot
hhatath est formellement employé, en parlant
de l'offrande, aux versets 6,7,8,9,11,12,
nous n'avons pas hésité à ranger ces
sacrifices au nombre des sacrifices pour le
péché; mais il faut avouer que la
distinction faite sur la nature des deux
offrandes est ébranlée, ou que, cette
distinction existant, Moïse n'a pas cru
devoir la maintenir ou l'observer dans tous
les cas, ou enfin que les détails de cette
distinction nous échappent, et que nous
avons perdu la clef de ces nuances, qui ne
sont plus pour nous que de fines subtilités,
alors même qu'elles pouvaient avoir pour les
Hébreux une importance considérable,
relativement à l'ensemble de l'économie
mosaïque; Nous n'en maintenons donc pas
moins l'explication que nous avons donnée
ci-dessus, et cela d'autant plus que les
essais que l'on a faits d'une interprétation
différente, sont loin de nous satisfaire au
même degré. Cramer, par exemple, et
d'autres, ont voulu voir dans les asham
(délits) la violation d'un contrat tacite
fait avec des hommes, concitoyens, prêtres,
époux, etc., et, dans le sacrifice, la
manifestation du remords et le cri de la
conscience; c'est trop raffiné, et,
d'ailleurs, le détournement des choses
consacrées à l'Éternel, qui appartient à
cette sorte de délits, ne se rangerait pas à
cette explication, à moins d'étendre l'idée
de la violation aux contrats, à l'alliance
faite avec Dieu; mais alors l'explication
irait trop loin, car elle s'étendrait
jusqu'aux péchés (hhatath), et ne serait
plus caractéristique. D'autres, comme
Michaélis, ont vu dans les asham les péchés
d'omission, et dans les hhatath les péchés
de commission expiés; mais les passages
Lévitique 5:17; 15:25, réfutent à eux seuls
cette interprétation. Grotius a vu le
contraire, qui se réfute également par
Lévitique 4:2; 13:27. L'opinion de Saubert
est encore moins soutenable: il voit dans
les asham la réparation de péchés faits avec
mauvaise intention et par méchanceté, et
dans les hhatath, celle de péchés commis par
ignorance; l'appui que donne à cette opinion
l'autorité de Philon et d'Aben Esra (du
moins en partie) est plus que renversé par
l'examen même des textes. Notons enfin
l'explication d'Abarbanel, qui pense que les
sacrifices pour le péché étaient offerts
dans les cas d'une violation positive et
intentionnelle d'un commandement de Dieu,
les sacrifices pour le délit dans les cas
douteux; c'est de l'esprit rabbinique tout
pur.
Nous avons maintenant à nous demander quelle
idée les Juifs attachaient à la mort des
victimes offertes en sacrifice, s'ils n'y
voyaient qu'un présent fait à la divinité
offensée, ou, comme le veut Michaélis, une
amende exigée comme châtiment, comme peine,
ou enfin, dans l'acte du sacrifice, une
substitution, et dans la victime un
suppléant, un remplaçant destiné à souffrir
pour eux la mort qu'ils avaient méritée.
Cette dernière opinion est celle de
plusieurs rabbins, et, parmi les théologiens
modernes, celle de Bauer, De Wette,
Gesenius, Scholl, Tholuck, Cœlln, Winer,
Schrœder, etc. Elle a été combattue, avec
plus de force que d'arguments, par Klaiber,
qui a été plus négatif que positif, et qui
prouve fort bien que cette doctrine des
Juifs ne se trouve pas dans certains
passages, sans avoir prouvé qu'elle ne se
trouve pas dans d'autres. Nous n'insisterons
pas sur les formules: «Le sacrificateur fera
ainsi propitiation pour eux, et il leur sera
pardonné», ou «il fera propitiation pour son
péché», etc., formules qui se retrouvent
fréquemment, Lévitique 4:20,26; 5:10,13,18,
et qui ne sont cependant pas sans
importance; l'acte de poser la main sur la
tête de la victime, acte qui, au grand jour
des expiations, indiquait positivement la
transmission des péchés, Lévitique 16:21,
pourrait ne pas avoir eu, dans les autres
sacrifices, la même signification, et notre
conviction qu'il en était cependant ainsi,
n'aurait pas la valeur d'une preuve; enfin
la circonstance que, dans certains cas, la
victime était regardée comme souillée, ce
qui suppose nécessairement qu'elle était
chargée des péchés de celui qui l'offrait,
n'est pas prouvée pour tous les cas, Exode
29:14. Lévitique 13:46; 16:28, et semblerait
même contredite par des passages tels que
Lévitique 4:12; 6:27. Nous renonçons à faire
usage de ces divers textes, quelque forts
qu'ils puissent paraître, et qu'ils soient
en effet, parce qu'ils ne sont convaincants
que lorsqu'on est déjà convaincu par les
déclarations et les faits plus explicites
qui suivent, et que nous allons examiner:
Lévitique 17:11. «L'âme de la chair est dans
le sang; c'est pourquoi je vous ai ordonné
qu'il soit mis sur l'autel, afin de faire
propitiation pour vos âmes, car c'est le
sang qui fera propitiation pour l'âme.» On
ne peut entendre ces paroles de deux
manières: elles disent clairement que l'âme
de la bête, qui est répandue avec son sang,
est offerte au lieu de l'âme du pécheur en
propitiation. Il n'est pas même besoin
d'insister sur le sens de kipper,
expier; le seul parallèle entre l'âme de la
chair et vos âmes implique l'idée de
substitution, par conséquent d'expiation.
L'effusion du sang de la victime et l'usage
qu'on en faisait, prouve que la mort de
l'animal n'était pas la seule chose à
considérer dans ces sacrifices, comme dans
d'autres offrandes où la combustion dés
viandes sur l'autel était la chose
principale. Or, que pouvaient signifier ces
aspersions de sang, sinon que la vie
elle-même était dispersée, perdue, jetée
loin, et entièrement détruite? l'effusion du
sang n'était pas un moyen, celui, par
exemple, de tuer l'animal, mais un but; or,
elle ne peut avoir été un but que si l'on se
représente la vie du pécheur mystiquement
unie à celle de l'animal, et anéantie avec
elle.
L'idée d'une substitution, la pensée qu'un
être pût souffrir et être puni de Dieu à la
place d'un autre, se retrouve fréquemment
dans l'ancienne alliance, non seulement 2
Samuel 12:15; 24:10; Ésaïe 53:4; Daniel
11:35, surtout 9:26, mais déjà dans la loi
de Moïse, à l'occasion du meurtre dont
l'auteur restait inconnu, Deutéronome
21:6,8, etc.; puis encore dans la
signification symbolique du sacrifice de
l'alliance, Jérémie 34:18, dans le rituel du
sacrifice du bouc expiatoire, Lévitique
16:21; enfin, Ésaïe 43:3, où le mot de
rançon est exprimé par l'hébreu kopher,
qui s'emploie si fréquemment lorsqu'il est
parlé des sacrifices expiatoires. Le mot
hhitteh (expier) est employé avec le
régime direct, Genèse 31:39, dans le sens de
remplacer, expier une chose, supporter
une perte, et c'est le même mot, au même
temps, mode et régime, qui est traduit par
offrir, Lévitique 6:26 (19) 9:15.
D'autres peuples de l'antiquité étaient
encore familiers avec l'idée d'une
expiation, que nous estimons avoir été celle
que les Hébreux attachaient à leurs
sacrifices; Hérodote, Jules César, Ovide,
Porphyre, parlent des Égyptiens, des
Gaulois, et d'autres nations chez qui une
victime, homme ou bête, était censée expier
les péchés, et prendre la place de celui qui
l'offrait en sacrifice. La même idée se
retrouve chez plusieurs peuples sauvages de
nos jours, et paraît profondément enracinée
dans le cœur humain. Elle a presque partout,
et presque toujours, marché de pair avec
l'idée de Dieu. On peut consulter, pour les
citations, Tholuck, dans Guido et Julius, et
pour l'exposition, les sermons de M. Martin
sur la Rédemption. Au reste, il est peu de
questions qui aient été plus souvent
examinées, et qui aient eu l'honneur d'un
examen plus profond et plus sérieux, de
sorte que la liste des ouvrages à consulter,
si nous voulions la donner, serait
considérable.
Remarquons enfin que toutes les autres
explications qu'on voudra donner du principe
et de l'idée des sacrifices sont forcées,
obscures et peu naturelles, ainsi que le
remarque Winer lui-même, qui ne se pique
pourtant guère d'orthodoxie. Michaélis voit
dans le sang le principe de la vie, de la
sensualité, du péché: l'effusion du sang lui
paraît un symbole de la destruction du
péché; mais ni l'Ancien ni même le Nouveau
Testament, ne justifient une pareille
hypothèse. La supposition de Steudel est
encore moins soute-nable, et n'aurait pas
suffi à faire la réputation de son auteur.
Il admet que le principal, dans ces
sacrifices, était la réconciliation du
pécheur avec Dieu, par le moyen d'une
offrande, et que les cérémonies qui
entouraient le sacrifice, n'avaient d'autre
but que de témoigner le repentir du
coupable, et son horreur pour la
transgression qu'il avait commise de la loi
divine. Klaiber, enfin, est encore
au-dessous de ses prédécesseurs: il ne
considère que la pureté nécessaire à la bête
du sacrifice, et pense que l'offrande d'un
animal, sans défaut et sans tache, devait
rappeler au pécheur la pureté que la loi
exigeait de lui. Ce point de vue, qui
s'appliquerait aussi bien à tous les autres
sacrifices qu'aux sacrifices pour le péché,
a, en outre, le grave inconvénient de ne
tenir aucun compte du sacrifice en lui-même,
et du rituel qui l'entourait. L'idée
d'expiation, de substitution, ne peut donc
pas nous paraître devoir être sacrifiée à
d'aussi insignifiantes théories, et les
passages cités qui l'appuient, puisent, dans
le Nouveau Testament, leur dernière et
complète justification. Un sacrifice
expiatoire, une victime sans tache, offerte
en lieu et place des pécheurs, est venue
prouver à ceux qui doutaient, que les
sacrifices symboliques et typiques de
l'ancienne alliance avaient, en effet, une
signification expiatoire, et que les
victimes représentaient la mort d'une
victime, à la place de ceux qui avaient
mérité et encouru la condamnation divine.
Les sacrifices du matin et du soir
mentionnés Exode 29:38-42; Nombres 28:3-8;
Esdras 3:5, étaient un holocauste journalier
de deux agneaux d'un an qui étaient offerts,
l'un le matin, l'autre le soir, au nom du
peuple entier; ce sacrifice était continuel,
et n'était supprimé ni les jours de sabbat,
ni les jours de grandes fêtes; lorsque
d'autres sacrifices étaient présentés,
celui-ci prenait place avant eux. Les
rabbins ont fixé et multiplié les cérémonies
qui accompagnaient ce symbole important du
culte juif, et ont fini par n'en plus faire
qu'une cérémonie; on voit même (Tamid. 3, 3)
que dans le second temple une place
particulière était réservée à la partie
nord-ouest du bâtiment comme étable des
brebis destinées à ces sacrifices.
Quant aux offrandes de purifications, on en
a parlé à l'article Pureté. Nous renvoyons
de même aux articles spéciaux
sus-mentionnés, pour tout ce qu'il y aurait
à dire encore sur les sacrifices hébreux,
les aspersions, libations, holocaustes,
festins, etc.
SADDUCÉENS,
secte juive fréquemment mise en
scène dans le Nouveau Testament comme
hostile aux pharisiens, mais se liguant avec
eux dans une commune hostilité contre
l'ennemi commun, Jésus-Christ, qui venait
renverser les superstitions des uns et
l'incrédulité des autres, Matthieu 3:7;
16:1,6,12; 22:23; Luc 20:27; Actes 4:1;
5:47; 23:7. Ils faisaient dériver leur nom
de Tsadoc, disciple d'Antigone de Socho, et
l'on prétend que c'est la doctrine de ce
dernier qui avait engagé Tsadoc à quitter
son école et à se faire chef de secte.
Antigone, par un excès de spiritualité, en
était venu à exagérer l'amour pur, ou du
moins, s'il ne l'avait pas exagéré, il
l'avait présenté sous un faux jour:
Travaillez, disait-il à ses disciples,
travaillez non point comme des serviteurs en
vue des récompenses, mais obéissez à Dieu
sans vue d'intérêt et sans espérer aucune
récompense de vos travaux; que la crainte du
Seigneur soit sur vous. Tsadoc, dit-on, en
conclut fort à tort, qu'il n'y aurait pas de
rétributions dans l'autre monde, par
conséquent aussi pas de vie future. Ce qu'on
sait des rapports d'Antigone et de Tsadoc
est au reste fort confus et ne semble pas
justifier cette origine des sadducéens; il
est plus probable que ces sectaires, qui se
seraient réunis d'une manière beaucoup plus
simple et par la seule sympathie de
l'incrédulité, auront fini lorsqu'ils auront
eu l'idée de se constituer en confrérie, par
rechercher un nom célèbre auquel ils pussent
se rattacher, et qui pût leur servir de base
et de point d'appui; une parole de Tsadoc,
interprétée d'une manière favorable à leur
système, aura servi de transition entre les
fils et le père supposé.
— Les rabbins nous apprennent déjà dans le
Talmud qu'Esdras avait ordonné que toutes
les prières faites au temple, finissent par
la formule «aux siècles des siècles;» il
l'aurait fait pour exprimer la foi dans la
parole divine qui nous enseigne qu'il y a un
monde à venir, et pour protester ainsi
publiquement contre certaines doctrines qui
tendaient à se glisser dans l'Église juive,
renversant l'espérance d'un monde futur et
de l'éternité.
— Le mot hébreu tsaddik signifiant
juste, quelques-uns ont pensé aussi que
le nom de sadducéens pouvait en dériver, et
qu'ils avaient choisi les idées morales au
lieu des idées religieuses pour leur
drapeau. Quoi qu'il en soit, il est probable
que les sadducéens ont emprunté leurs
principes aux idées philosophiques qui se
sont fait jour dans l'Asie antérieure depuis
les conquêtes d'Alexandre le Grand;
l'existence de la secte des pharisiens a
peut-être aussi contribué à provoquer celle
des sadducéens; un extrême en provoque un
autre; le bigotisme engendre l'incrédulité,
et la foi est au milieu, au-dessus de l'un
et de l'autre.
Quant à leur doctrine, elle n'avait rien de
positif. Ils rejetaient les traditions, ils
niaient l'immortalité de l'âme, la
résurrection, les rétributions finales,
l'existence des esprits, des anges, des
démons, etc. Selon eux, la providence divine
n'entre pas dans tous les détails de la vie
humaine, l'homme ne dépend que de lui-même;
on voit que c'est une irréligion complète
que représentait cette secte. Le passage de
Flavius Josèphe, Archéol. 18, 1, 4, a fait
croire qu'ils ne s'attachaient qu'aux cinq
livres de Moïse, et qu'ils rejetaient tous
les autres livres de l'Ancien Testament;
mais comme dans ce passage la foi est
opposée aux traditions, il est probable que
Flavius Josèphe a voulu désigner tout
l'Ancien Testament, la parole écrite, par
opposition à la tradition orale; c'est
l'opinion d'Olshausen et de Winer, q.v. Il
serait difficile, en effet, de comprendre
qu'en rejetant des livres aussi respectés
des Juifs, et en se plaçant au niveau des
Samaritains quant à leur canon, ils eussent
été admis à siéger au sanhédrin comme ils le
faisaient, Actes 23:6, etc.
Les sadducéens étaient peu nombreux; ils se
trouvaient presque exclusivement dans les
hautes classes de la société; c'étaient les
riches et les puissants, ceux qui étaient
contents de ce monde et qui n'en voulaient
pas d'autre; c'étaient les esprits forts,
les incrédules, qui appartiennent à tous les
temps, qui ont été représentés au dernier
siècle par l'Encyclopédie, et qui sont
représentés de nos jours par les
rationalistes de cœur, dans toutes les
classes et dans toutes les communions
chrétiennes, par ces hommes incrédules,
légers, se moquant de tout, tels que toutes
les paroisses en présentent un nombre plus
ou moins grand. Il est probable que la
parabole de Lazare et du mauvais riche, Luc
16:19-31, avait spécialement cette secte en
vue. Les sadducéens, du reste, ne formaient
pas un corps organisé comme les pharisiens;
le bigotisme peut avoir ses confréries,
mais il n'y a pas de lien pour les
incrédules; ils n'étaient unis que par une
identité de principes et de sentiments. Ils
disparaissent de l'histoire après la
destruction de Jérusalem.
Les ouvrages de Flavius Josèphe, Philon,
Reland, Prideaux, Jahn, etc, renferment de
nombreux détails sur les sectes juives des
pharisiens, des sadducéens et des esséens,
et doivent être lus si l'on veut se faire
une idée exacte et complète de leurs
doctrines et de leur histoire.
SADOC,
un des ancêtres de Joseph, nommé dans la généalogie de Matthieu 1:14; inconnu.
SADRAC,
Daniel 1:7, etc. Un des compagnons de Daniel. Son nom hébreu Hanania (grâce de Dieu, ou donné de Dieu), fut changé en celui de Sadrac qui signifie, selon Bohlen, joyeux sur son chemin. Il eut de la joie en ses voies, parce qu'il marcha fidèlement dans les commandements de Dieu. Son histoire est racontée à l'article Abed-Négo.
SAFRAN.
C'est par ce mot que nos
versions, et presque toutes les autres, ont
traduit l'hébreu karkom, nommé avec
le nard et d'autres plantes aromatiques,
Cantique 4:14. On a cru pouvoir entendre le
karkom du curcuma ou souchet, sorte
de safran indien qui se divise en deux
espèces, la longue et la ronde: l'analogie
du nom hébreu militerait en faveur de cette
traduction. Les feuilles du curcuma sont
lancéolées, d'un vert de mer: la corolle a
quatre feuilles; des cinq étamines quatre
sont stériles; les racines sont charnues,
genouillées, intérieurement d'un jaune
rouge, et bonnes pour la teinture: la graine
est renfermée dans une espèce de capsule à
trois loges, à peu près ronde. Cette plante
originaire des Indes pouvait être connue en
Palestine. Cependant il est hors de doute
que le nom de karkom comprenait aussi, à
cause de la grande ressemblance des
couleurs, la famille du véritable safran, du
crocus sativus, et comme cette plante
était tout à la fois plus belle et plus
connue, c'est elle que tous les anciens
interprètes, les Septante, la Vulgate, la
version arabe, ont vue dans le passage du
Cantique. Le crocus vient naturellement et
sans culture en Orient; il abondait dans la
vieille Cilicie; on le cultive dans l'Europe
méridionale. C'est une plante bulbeuse dont
les feuilles sont comme celles de l'herbe;
en automne on voit sortir presque
immédiatement de l'oignon, une fleur d'un
violet mat, de la forme d'un lys, et de la
grandeur d'une petite tulipe. Le pistil, qui
se trouve au milieu de la fleur, se termine
par trois stigmates filandreux très
odoriférants, d'une couleur qui varie de
l'orange à l'écarlate. Ce sont ces stigmates
qui, étant séchés, forment le safran du
commerce. Les anciens faisaient un très
grand usage de ce produit; ils en
composaient des eaux de senteur dont on
arrosait les théâtres et les grandes salles,
que l'on faisait entrer comme assaisonnement
dans certaines nourritures, gâteaux,
compotes, etc.: on en faisait même, au dire
de Lucain 9, 809, de petites fontaines
artificielles. Les parfumeurs en composaient
des huiles, des onguents, des pommades; les
cuisiniers employaient vigoureusement cette
plante dans leurs sauces, les médecins enfin
s'en servaient pour leurs malades,
— Voir: Pline 21, 81, etc.
— La Vulgate a traduit aussi par safran
l'hébreu tholah de Lamentations 4:5,
mais,
— Voir: Cramoisi.
SAGAN,
Jérémie 52:24,
— Voir: Sophonie #3.
SAHALBIM, ou Sahalabbim,
ville de la tribu de Dan, mais qui au commencement de la période des juges, était encore au pouvoir des Amorrhéens, Juges 1:35. Sous Salomon elle apparaît comme appartenant aux Israélites. Eusèbe, et Jérôme qui l'appelle un grand bourg, pensaient en retrouver les restes dans la Salaba de Sébaste.
SAHAPH,
fils de Jadaï, n'est connu que comme fondateur de Madmanna, 1 Chroniques 2:47,49; cf. Josué 15:31.
SAHARAJIM.
-
Benjamite, descendant d'Ehud; il s'établit sur le territoire de Moab, sans doute après quelques victoires, et y épousa plusieurs femmes, 1 Chroniques 8:8. S'il compte parmi ses ancêtres le juge d'Israël on peut croire que les conquêtes de son aïeul favorisèrent son émigration. La mention qui en est faite est obscure; il paraît qu'il avait répudié deux femmes avant de partir.
-
Ville des plaines de Juda, sur l'histoire et la position de laquelle Eusèbe déjà déclare ne rien savoir; Josué 15:36; 1 Samuel 17:52; 1 Chroniques 4:31.
SAHASGAS,
Esther 2:14, officier du sérail d'Assuérus, chargé de surveiller, dans le second harem, celles des femmes que le monarque avait renvoyées; son service l'appelait ainsi auprès des mécontentes, et de celles qui n'avaient point trouvé de faveur ou dont la faveur était passée; Hégaï, son collègue, était plus heureux, chargé de garder celles qui espéraient encore.
SALA ou Séla,
fils de Caïnan, et petit-fils d'Arpacsad; à l'âge de cent trente, ans il devint père d'Héber, et mourut âgé de quatre cent soixante ans. Il est nommé parmi les ancêtres de notre Seigneur, Luc 3:35; cf. 1 Chroniques 1:18,24; Genèse 10:24; 11:12.
SALAMINE,
Actes 13:5, ville maritime située dans la partie orientale de l'île de Chypre. Elle possédait un bon port, et fut autrefois la résidence de rois puissants. Ruinée par un tremblement de terre, elle fut rétablie au quatrième siècle sous le nom de Constantia, maintenant Constanza. Cette ville n'a de commun que le nom avec l'île de Salamine, qui rappelle la gloire de Thémistocle; cette dernière, patrie de Teucer, le chassa pour n'avoir pas vengé la mort de son frère Ajax, et Teucer, conservant dans l'exil le souvenir de sa patrie, donna le nom de Salamine à la ville nouvelle qu'il fonda en Chypre, et que ses descendants possédèrent pendant plus de huit cents ans. Paul vint à Salamine avec Barnabas, et y convertit Serge Paul.
SALATHIEL,
un des ancêtres de notre Seigneur, nommé dans les deux généalogies de Joseph et de Marie, fils de Jéchonias selon saint Matthieu 1:12, et descendant de David par Salomon; fils de Néri, selon saint Luc 3:27, et descendant de David par Nathan. D'après la manière dont nos versions traduisent 1 Chroniques 3:17, ce passage ne présente pas de difficultés; mais les mots «qui fut emmené en captivité (en hébreu assir), ne peuvent pas être considérés comme un qualificatif de Jéchonias, parce que assir n'est pas lié par l'article au nom propre qui le précède; assir doit être pris comme nom propre, et la tradition des rabbins confirme cette traduction: verset 17. «Et les enfants de Jésonias, Assir; son fils fut Salathiel, verset 18, et Makiram», etc. Assir formerait donc un chaînon de plus dans la généalogie. Une autre raison qui milite en faveur de cette explication, c'est Jérémie 22:30, qui annonce à Jéchonias qu'il n'aura point d'enfants; or, s'il avait eu plusieurs fils, cette prophétie aurait été fausse, tandis qu'elle peut être véritable en lui reconnaissant un seul fils: Jéchonias fut emmené captif dans sa dix-huitième année, avant d'avoir des enfants, 2 Rois 24:15; il resta en prison pendant trente-sept ans, et mourut sans laisser de postérité. Mais ne peut-on pas supposer qu'un de ses parents, Néri de la branche de Nathan, en épousant une de ses femmes, lui ait engendré un fils qui serait Assir, père de Salathiel? Cette hypothèse, si conforme à l'esprit du judaïsme, cf. Deutéronome 25:6, cadrerait parfaitement avec le caractère des deux généalogies, et concilierait leur divergence en ce point, saint Matthieu attribuant toujours le fils à son père légal, même Jésus à Joseph, comme il le fallait pour convaincre les Hébreux, et saint Luc donnant au fils son père réel. Le nom de Salathiel qui se trouve encore Esdras 3:2; Néhémie 12:1; Aggée 1:1, parcourt toute la période de la captivité, depuis Jéchonias avec qui elle commença, jusqu'à Zorobabel sous qui elle finit, et sert à combler le vide que son absence aurait laissé dans les généalogies.
SALCA,
ville, probablement frontière, du royaume de Basan, mais conquise avec le reste du pays par les Israélites, et adjugée à la tribu de Manassé, Deutéronome 3:10,13; Josué 12:5; 13:11. D'après 1 Chroniques 5:11, on pourrait supposer que Salca passa plus tard aux Gadites, mais il est possible aussi que Salca dans ce passage soit entendu exclusivement et non inclusivement. Cette ville existe encore à 7 lieues de Botsra, à la frontière sud-est du Hauran vers le désert, sous le nom de Salkhat, ou Sarkhad; elle est protégée par un fort, bâti sur des rochers de basalte.
SALEM,
un des premiers noms de
Jérusalem, la capitale du royaume de
Melchisédec,
— Voir: ces deux articles.
SALIM,
près d'Énon, Jean 3:23.
Plusieurs croient que Salim est l'ancienne
Salem où Melchisédec avait régné, et où l'on
voyait alors un palais en ruines, qu'on
prétendait avoir été celui de ce roi de
paix; mais comme on l'a vu ailleurs, Salem
est Jérusalem, et Salim ne saurait être
confondu avec son presque homonyme. Il est
difficile de déterminer où cette ville a dû
exister; le voisinage d'Énon, lieu également
inconnu, ne peut donner aucune lumière à cet
égard: ce devait être à l'ouest du Jourdain,
et selon Tholuck, très probablement dans la
Judée, ou dans le Ghor supérieur. Eusèbe et
Jérôme placent Salim et Énon à environ 8
milles sud de Scythopolis; peut-être est-ce
le même endroit dont il est parlé Judith
4:3. Il y avait là beaucoup d'eau
(plusieurs
ruisseaux).
— Plusieurs noms à peu près semblables sont
rapportés dans l'Ancien Testament, l'un
comme appartenant à la tribu d'Éphraïm, 1
Samuel 9:4, l'autre comme étant de Juda,
Josué 15:32; le nom de Hajin qui le suit
pourrait être le Énon du Nouveau Testament.
— Simon Zélotes doit avoir été originaire de
Salim.
SALIVE.
Cracher contre quelqu'un, ou à
propos de quelqu'un, était déjà, dans la
plus haute antiquité, considéré comme une
insulte grave, Deutéronome 25:9; Nombres
12:14; Ésaïe 50:6; Matthieu 26:67; le simple
acte de cracher en présence de quelqu'un
était considéré comme une malhonnêteté, Job
30:10, et un Oriental de nos jours, comme du
temps d'Hérodote, (1, 99) ne se permettra
jamais une action pareille en présence d'un
supérieur, Niebuhr, B. 26, 29; ce n'est
point seulement comme le pense Jahn, à cause
des beaux tapis qui couvrent la terre ou le
plancher, mais par cette pudeur naturelle
qui dit à chacun l'inconvenance qu'il y a à
se purger d'une sécrétion quelconque en
présence de personnes respectées; il
pourrait, d'ailleurs, arriver qu'un peu de
salive vînt à tomber sur les vêtements et
même sur la barbe du voisin, ce qui est pour
les Orientaux un affront suprême. La salive
d'un homme ayant une maladie impure, rendait
impur celui sur qui elle tombait par hasard,
Lévitique 15:8, et l'on doit voir dans cette
prescription morale une précaution médicale.
— La salive a certaines vertus
adoucissantes, surtout celle d'un homme à
jeun, qui n'est pas gâtée par le mélange
d'odeurs diverses et de particules
alimentaires; les animaux guérissent
ordinairement leurs plaies en les léchant;
la morsure des serpents et des scorpions a
été souvent guérie par la salive d'homme à
jeun; d'autres maladies, notamment certaines
ophthalmies, ont été traitées avec succès au
moyen de ce remède si simple et si facile,
— Voir: Pline 28, 7, etc.;
mais il ne paraît pas que la salive ait pu
guérir de véritables cécités, des maux ayant
affecté l'organe visuel dans ce qui
constitue sa propriété de vision. Ce que
Tacite et Suétone racontent en effet de
l'empereur Vespasien (Hist. 4, 81. Vesp. 7),
se rapporte probablement à des yeux affectés
extérieurement et non point au fond, et
quelques faits de ce genre qu'on a
découverts plus tard, portent un caractère
légendaire qui ne permet pas d'en tirer des
conclusions positives. Jésus en guérissant
un aveugle-né au moyen de salive mêlée de
boue, Jean 9:6, évidemment a fait un
miracle, et en a voulu faire un; mais
pourquoi s'est-il servi d'un moyen, et d'un
moyen qui ne pouvait pas atteindre le but?
On a diversement répondu à cette question,
et l'on peut comprendre dans le bénéfice de
la même réponse d'autres faits analogues, où
des moyens extérieurs sont employés pour des
guérisons miraculeuses, 2 Rois 4:41; Ésaïe
38:21; Marc 6:13; 7:33. Ces moyens, selon
Passavant, auraient été les conducteurs
physiques de la force surnaturelle qui
agissait. Chrysostôme, Mélanchthon, Calvin,
pensent, dans le cas particulier, que le
Seigneur voulait éprouver la foi du malade,
et voir si, après ce traitement en apparence
peu efficace, l'aveugle aurait assez de
confiance en lui pour se rendre de la ville
à la fontaine de Siloé où sa guérison devait
être accomplie; peut-être aussi l'emploi
d'un moyen quelconque était-il un point
d'appui pour une foi faible encore. Winer
enfin pense que Jésus voulait, par cette
action, protester une fois de plus contre le
légalisme absurde des pharisiens qui
défendaient de guérir le jour du sabbat,
même au moyen de la salive. Toutes ces
explications ont de la valeur, et nous les
acceptons, mais nous ne repoussons point
aussi absolument que Winer, et comme une
absurdité, l'opinion de Johren (de Christo
medico) que puisque le corps de Christ était
entièrement sain et parfait, les facultés
qui dorment ou qui sont émoussées en nous,
devaient exister en lui dans toute la
plénitude de leur perfection, et que si la
salive humaine et animale a quelques vertus
médicales, celle du Seigneur devait les
posséder toutes, et non altérées.
Luc 16:21. Les chiens ont un grand penchant
à lécher les plaies, même les plus
dégoûtantes; ils sont représentés léchant
les ulcères de Lazare, et, comme la langue
du chien est très-fine, son action produit
toujours une impression agréable sur le
malade, et peut procurer sa guérison. On ne
s'étonne pas de trouver un détail de ce
genre dans les récits de Luc le médecin.
SALLUM.
-
Quinzième roi d'Israël, 2 Rois 15:10. Fils de Jabès, il conspira contre Zacharie, le tua, éteignit la dynastie de Jéhu, ceignit sa tête de la couronne, la garda un mois, et la perdit comme il l'avait gagnée: Ménahem le tua, vengea son ancien maître, et lui succéda à son tour. Sallum, pour avoir osé assassiner son prédécesseur en présence de tout le peuple, devait avoir un grand nombre de complices, et avoir préparé de longue main son complot.
-
Mari de Hulda, et garde du vestiaire royal sous Josias, 2 Rois 22:14. Il était peut-être mort lorsque son épouse parut sur la scène.
-
Grand-prêtre de la famille d'Aaron, 1 Chroniques 6:12-13.
— Ce nom était fort commun.
SALMA, ou Salmon.
-
Arrière-petit-fils d'Éphrata, et père ou prince de Bethléem, 1 Chroniques 2:51.
-
Salma, 1 Chroniques 2:11, appelé aussi Salmon, Matthieu 1:4; Luc 3:32; Ruth 4:20, était fils de Nahasson; il épousa Rachab de Jérico. Son nom se trouve dans les deux généalogies du Seigneur.
SALMAN, ou Salmanéser,
Osée 10:14, ou Salmanéser, 2 Rois 17:3; 18:9, roi d'Assyrie, successeur de Tiglath-Piléser, et prédécesseur de Sanchérib, contemporain de So, roi d'Égypte, 17:4, fondit sur Israël au temps de Hosée, 729 avant J.-C., le soumit, et se le rendit tributaire; mais Hosée s'étant allié avec l'Égypte, et ayant cru, au bout d'un certain temps, être assez fort pour pouvoir se soustraire au paiement du tribut, Salmanéser revint, assiégea Samarie, la prit au bout de trois ans, dans la neuvième année de Hosée, s'empara de la personne du roi, l'emmena en esclavage avec la plus grande partie de son peuple qu'il dispersa en Assyrie, et mit fin au royaume des Dix tribus. C'est cette catastrophe que prédit Ésaïe, 10:9. Les chapitres 15 et 16 du même prophète, sur les Moabites, et notamment le dernier verset de cet oracle, paraissent également annoncer les combats et les victoires de Salmanéser; Moab était sur le chemin du guerrier qui marchait d'Assyrie en Éphraïm, et tout rend probable que ce fut lui que Dieu chargea d'exécuter ses menaces, et d'accomplir ses prophéties; on n'a, du reste, pas d'autres détails sur ces campagnes. Salmanéser, d'après Ménandre, s'empara encore de la Phénicie, mais échoua contre l'île de Tyr. L'histoire profane a conservé son nom; Osée, 10:14, l'a abrégé.
SALMON,
— Voir: Salma.
SALMONE,
Actes 27:7, promontoire de l'île de Crète, au nord-est, vis-à-vis de Gnide ou Rhodes, Strabon 10, 474; aujourd'hui cap Sidéro.
SALOMÉ,
femme de Galilée qui
accompagnait, avec d'autres, notre Seigneur
dans ses voyages, Marc 15:40; 16:1. Il
ressort de la comparaison de ces passages
avec Matthieu 27:56, qu'elle était mère de
Jacques et de Jean, par conséquent épouse de
Zébédée. Les anciens en font une fille de
Joseph, le père légal de Jésus; d'autres la
tiennent pour l'épouse de ce Joseph auquel
elle donna deux filles; d'autres, enfin, la
font fille d'un frère du sacrificateur
Zacharie, le père de Jean-Baptiste; mais
tout cela est incertain. Quoi qu'il en soit
de ces dernières données, la première est
sûre; elle était mère de Jacques et de Jean;
c'est elle qui, avec l'idée d'un règne
terrestre du Messie, et voyant les adhérents
du roi futur se multiplier autour de lui,
douze apôtres d'abord, puis soixante-dix
disciples, et d'autres encore, s'empressa de
recommander ses deux enfants à la protection
particulière du maître, en demandant pour
eux les deux meilleures places dans son
royaume. D'un mot, Jésus renversa
l'échafaudage d'espérances charnelles
qu'elle avait élevé dans son cœur, et,
lorsqu'elle suivit le Seigneur au lieu du
supplice, elle put se convaincre mieux
encore qu'en effet son règne n'était pas de
ce monde; sa résurrection, dont elle fut
témoin lorsqu'elle vint avec ses compagnes
pour embaumer le corps, acheva de l'éclairer
sur la nature du maître de ses fils, sur son
royaume, et sur sa gloire.
— Les prétentions de Salomé, pour n'être pas
repoussées comme ridicules, devaient être
fondées sur une position sociale plus
relevée que celle des autres apôtres, et ce
fait tendrait à prouver que Zébédée
n'appartenait pas aux classes inférieures de
la société. Le secret de cet entretien ne
fut pas gardé; car, peu après, on voit les
apôtres irrités contre les deux frères, qui
avaient assisté à la présomptueuse demande
de leur mère, et qui paraissent si bien
l'avoir appuyée, que saint Marc, 10:35, la
leur attribue, comme si c'étaient eux qui
eussent porté la parole. On voit, par
l'histoire de Salomé, combien l'amour
maternel peut égarer les meilleurs esprits:
heureux si l'on peut apprendre avec elle
que, pour être grand dans le royaume des
cieux, il faut se faire petit à ses yeux!
— Salomé était aussi le nom de la fille
d'Hérodias, q.v.
SALOMON,
fils de David et de Bathsébah,
le dixième fils de David selon la liste de 1
Chroniques 3:5, et son successeur sur le
trône de Juda. Son règne de quarante années
va de 1015 à 975 avant J.-C. Son histoire
est renfermée dans les onze premiers
chapitres du premier livre des Rois, et
racontée de nouveau sous un autre point de
vue, et avec quelques omissions importantes,
2 Chroniques 1-9. Élève de Nathan, il était
appelé au trône par les promesses que Dieu
avait faites à David, son père, 2 Samuel
7:12; 1 Chroniques 17:11; Psaumes 132:11; 1
Rois 8:20. Une conspiration ayant pour but
de le renverser hâta son couronnement. Il
fut présenté au peuple par Nathan, Tsadoc et
Bénaja, reçut avec modestie les
applaudissements de la multitude, déjoua,
par son élévation, le complot qui devait lui
ravir la couronne avant qu'elle fût posée
sur sa tête, et pardonna à son imprudent et
malheureux frère Adonija, n'exigeant de lui
qu'un avenir de fidélité pour expiation
d'une révolte passée. On suppose que c'est à
l'âge d'environ vingt ans qu'il monta sur le
trône; Flavius Josèphe ne lui donne que
quatorze ans, d'autres encore moins, à cette
époque de sa vie.
Des révoltes à peine étouffées, des guerres
à peine finies, l'habitude de l'agitation
chez le peuple, des haines de famille, des
rivalités sacerdotales, voilà ce que le
jeune roi trouvait sur le trône à un âge où
l'on n'a pas encore d'expérience, et après
une éducation qui, en l'éloignant du
tourbillon de la vie publique, n'avait pu
remplacer pour lui l'expérience. Des
troubles politiques et des troubles
religieux! Mais le ciel ne resta pas
longtemps sombre: les nuages se dissipèrent,
et le soleil parut.
Quelques actes énergiques commandés par une
sage politique, et par le testament de
David, firent connaître au peuple que
Salomon régnerait avec justice et fermeté.
Joab fut mis à mort comme meurtrier d'Abner
et d'Hamasa; Adonija, qui renouvela sous une
forme détournée ses prétentions à la
couronne, fut puni de mort; Simhi, qui avait
enfreint la condition de son salut, fut puni
de mort; Abiathar, qui avait trempé dans la
conspiration d'Adonija, vit la peine de mort
commuée en celle de l'exil, en considération
des services qu'il avait rendus à son père;
Barzillaï et ses enfants reçurent la
récompense de leur fidélité.
— En exerçant ainsi la justice, en montrant
qu'il ne s'arrêtait pas au rang du criminel,
mais qu'il frappait le crime, quel qu'en fût
l'auteur, Salomon affermit le sceptre entre
ses mains. Jusque là il n'avait fait que
suivre les inspirations de son père, et il
avait réussi; il devait apprendre à régner
seul. Il assembla le peuple à Gabaon, où
était encore le tabernacle, et il y offrit
mille holocaustes à la fois, splendide
inauguration d'un règne qui devait rétablir
et achever de régler le culte. La nuit
suivante, Dieu lui apparut en songe, et lui
demanda de choisir ce qu'il désirait, grave
et solennelle épreuve pour le cœur d'un
jeune homme! (On se rappelle
involontairement l'épreuve de Paris sur le
mont Ida). Salomon répondit par une prière
touchante et pleine d'humilité, et, sage, il
demanda la sagesse. Il éprouva ce que
l'homme a tant de peine à croire, que toutes
choses sont données par dessus à celui qui
cherche premièrement le royaume des cieux et
sa justice, Matthieu 6:33. Dieu lui accorda
la sagesse qu'il avait demandée, les
richesses et la gloire qu'il n'avait pas
demandées. Plein de joie, il revint à
Jérusalem achever devant l'arche sainte les
sacrifices qu'il avait commencés devant le
tabernacle à Gabaon. Il fut bientôt appelé à
donner publiquement une preuve de sa
sagesse, et l'histoire des deux femmes
réclamant l'une et l'autre, comme le leur,
un même enfant, est un des plus beaux
épisodes de sa vie, une des plus belles et
des plus naïves peintures de la vie et des
mœurs judiciaires de l'ancien Orient.
Bientôt la gloire de Salomon se répandit au
dehors; sa puissance s'affermit sur tous les
pays compris entre l'Euphrate et le torrent
d'Égypte; les trésors affluèrent à
Jérusalem. En paix avec tous ses voisins, il
vit tout prospérer à l'intérieur: le
commerce par terre et par mer se développa
considérablement; des vallées furent
comblées; Jérusalem fut ceinte de remparts;
des palais furent construits; des villes et
des villages s'élevèrent et s'agrandirent;
Palmyre fut fondée au milieu des déserts
vaincus et peuplés; de glorieuses alliances
le mirent en contact avec tous les princes
de son temps, qui vinrent le visiter et
admirer sa sagesse autant que ses trésors;
l'argent enfin, et l'or, nous dit
l'historien, pour résumer en un mot la
splendeur de ce règne, n'étaient pas plus
estimés à Jérusalem que les pierres, ni les
cèdres du Liban que les figuiers de la
plaine.
Le culte de l'Éternel ne pouvait rester
oublié au milieu de la prospérité générale;
le temple dont David avait conçu le dessein
et dont Dieu avait promis l'exécution à
Salomon, ne pouvait pas tarder à s'élever et
devait éclipser en splendeur tout ce qui
avait été fait jusqu'alors. Le moment était
venu de fixer l'arche et le tabernacle qui,
depuis des siècles, avaient été errants de
Silo à Nob, puis à Bahalé, puis à Gabaon,
puis à Jérusalem, d'abord chez Hobed-Édom,
puis sous une tente élevée par David; le
moment était venu de réunir d'une manière
stable les divers objets du culte
jusqu'alors dispersés, et de donner à la
religion juive un centre où le peuple vînt
adorer une magnificence qui répondît aux
charnelles objections des idolâtres, qui
excitât l'esprit charnel des Hébreux
indifférents. David avait déjà assemblé les
premiers matériaux, 1 Chroniques 22:3;
Salomon continua; ses rapports avec le roi
de Tyr lui rendirent la tâche plus facile;
des ouvriers tyriens et les bois du Liban
furent mis à sa disposition; plus de 150,000
hommes travaillèrent à ce grand ouvrage qui,
entrepris dans la quatrième année du règne
de Salomon, fut entièrement achevé en sept
ans et demi. La dédicace du temple eut lieu
l'année suivante et dura sept jours, puis
vint se confondre avec la fête des
tabernacles qui commençait. Une foule
immense était venue de toutes les parties du
royaume; l'arche fut conduite avec pompe,
accompagnée de tous les chefs d'Israël, et
déposée solennellement dans le lieu très
saint; au moment où le voile qui devait la
cacher aux yeux du peuple fut abaissé, la
nuée de l'Éternel remplit le temple, et
Salomon prononça la magnifique prière de
consécration que l'Écriture nous a
conservée; après s'être levé il bénit le
peuple, le feu du ciel tombe et consume les
premiers holocaustes; la nuée sainte se
répand dans le temple, et le peuple entier
se prosterne comme un seul homme. Pendant
cette double fête qui dura deux semaines,
les sacrifices, les holocaustes, les chants
sacrés continuèrent sans interruption;
Jérusalem, ornée de feuillage, embellie par
ses nouveaux bâtiments, animée par la
présence de ses innombrables hôtes, fut ce
jour-là la reine du monde et devait
présenter un coup d'œil enchanteur; la chair
de 22,000 bœufs et de 120,000 brebis offerts
en sacrifices par Salomon, servit aux
festins de ces nombreux convives qui
remportèrent dans leurs tribus, dans leurs
villes et dans leurs campagnes, bien des
joies et de bien beaux souvenirs.
L'Éternel apparut alors une seconde fois à
Salomon; en lui rappelant les promesses de
Gabaon, il lui rappela aussi que sa
prospérité dépendrait de sa fidélité. Cet
avertissement était nécessaire à ce roi de
trente-deux ou trente-trois ans; il était à
craindre que tant d'élévation ne lui donnât
le vertige. Salomon ne répondit rien.
Quelques années heureuses et pures
s'écoulèrent encore. Le fils de David avait
épousé une Pharaon, convertie sans doute au
Dieu d'Israël, mais toujours considérée par
le peuple comme une étrangère, et ce fut
probablement pour céder à l'opinion
publique, peut-être aussi par un scrupule
personnel, que Salomon ne permit pas qu'elle
habitât la maison de David où l'arche était
restée quelque temps. Cette Égyptienne était
la reine de l'empire, de préférence aux
autres épouses de Salomon, parmi lesquelles
on trouve encore plusieurs païennes
d'origine, Hammonites, Moabites, Héthiennes,
Sidoniennes, etc. Si l'on se rappelle les
paroles de Moïse, Deutéronome 23:7, on ne
peut s'empêcher de trouver un excès de
susceptibilité religieuse soit chez le
peuple, soit chez le roi, dans le refus de
la laisser habiter la maison de David; et si
cet excès vaut mieux que l'excès contraire,
il faut avouer aussi que bien souvent l'un
sert à cacher l'autre.
La visite de la reine de Séba est la
dernière gloire de ce règne, et servit
peut-être de transition aux désordres qui en
déshonorèrent la fin. On voudrait presque ne
lire l'histoire de Salomon que dans le livre
des Chroniques qui la termine ici. La
prospérité, l'achèvement de ses travaux, le
repos perdirent le plus sage des rois; des
femmes égarèrent son cœur; il se forma un
immense harem, et l'impureté poussa à
l'idolâtrie le fils de David, le
constructeur du temple, le restaurateur du
culte; il consacra aux idoles des hauts
lieux que Josias détruisit plus tard, 2 Rois
23:13; ses concubines voulurent rester
fidèles à la religion de leurs pères, et
chacune sut entraîner le grand roi dans son
idolâtrie. Une troisième fois l'Éternel lui
apparut, mais ce fut pour lui annoncer la
division qui déchirerait son royaume après
sa mort; le châtiment ne frappa que lorsque
l'heure eut sonné, mais il se fit
pressentir; le tonnerre gronda longtemps
avant qu'on ne vît tomber la foudre; la
révolte bientôt étouffée de Hamath, 2
Chroniques 8:3, appartient sans doute à ces
signes qui devaient annoncer la fin d'une
paix de quarante années; le retour de Hadad
en Idumée, les courses de Rézon en Syrie, 1
Rois 11:14, les oracles d'Ahija, les sourdes
menées de Jéroboam, tout grondait, et
Salomon dut comprendre que sa gloire était
passée. Sa vie ne fut point prolongée ainsi
que Dieu le lui avait promis; il mourut âgé
d'environ soixante ans, laissant une immense
réputation dans tout l'Orient, et rappelant
à tous les Israélites pieux que celui qui
est debout doit prendre garde qu'il ne
tombe.
Quelques observations détachées achèveront
de faire comprendre son règne et son
histoire.
-
Le nom de Salomon qui signifie le paisible, le pacifique, était, comme les noms de David et de Saül, parfaitement d'accord avec le caractère et la vie de celui qui le portait; il correspond à l'allemand Friederich. Salomon paraît avoir été d'un naturel tranquille et doux, plus ami de l'éclat que du bruit, des fêtes religieuses que des réjouissances politiques, des études paisibles que des glorieuses aventures; plutôt porté à la clémence qu'à la sévérité; modeste, mais sage et ferme, ayant toutes les qualités qui peuvent assurer à un monarque la conservation de ses frontières, et le calme à l'intérieur. Ses études et ses travaux littéraires furent immenses; outre les Proverbes, l'Ecclésiaste et le Cantique, dont il est parlé en leur place, il a écrit des ouvrages d'histoire naturelle dont la science plus que la foi peut regretter la perte, cinq mille cantiques, ou chants lyriques destinés au culte, dont le psaume 127 et peut-être le 45 ont seuls survécu, enfin trois mille paraboles, fables, apologues ou sentences, dont les unes ont été conservées sans doute dans le recueil des Proverbes, les autres peut-être dans les fables orientales auxquelles Pilpay, puis Ésope, ont plus tard donné leur nom, 1 Rois 4:32. Sa sagesse se montra encore dans ses jugements, et son esprit, ami des luttes pacifiques, dans les jeux d'énigmes auxquels il se livrait avec les rois voisins, comme on le voit par l'histoire de la reine de Séba: la tradition veut même que des correspondances de ce genre entre Hiram et Salomon aient longtemps été conservées dans les archives de la ville de Tyr, et Flavius Josèphe cite à cet égard les assertions de Dion et de Ménandre.
-
La sagesse que Dieu accorda à la demande de Salomon, et qui ne l'empêcha pas de succomber aux plus déplorables tentations, n'était point cette sagesse dont il est parlé Jacques 1:5, c'était purement et simplement la sagesse administrative et gouvernementale; Salomon n'en avait pas demandé davantage, 1 Rois 3:9: c'était une sagesse terrestre qui pouvait être sensuelle et diabolique, Jacques 3:15. Le roi était sage, l'esprit de l'homme pouvait l'être aussi; le cœur ne l'était pas nécessairement, et la splendide histoire de ce règne de quarante ans ne le prouve que trop: Dieu éclaira son esprit, agrandit ses vues, développa son intelligence, remplaça pour lui l'expérience par une profonde sagesse et par une connaissance instinctive des affaires, mais laissa son cœur libre, et ne contraignit sa volonté ni vers le bien, ni vers le mal. On comprend dès lors que le plus sage des rois ait pu devenir le plus faible des hommes, et que l'idolâtrie ait pu s'y glisser pour un temps à la faveur de la volupté. À la sagesse politique Salomon joignait des talents particuliers, et sa facilité naturelle pour apprendre trouva de grands avantages dans les loisirs de la paix, dans les découvertes des voyageurs, dans les rapports qui l'unissaient avec les rois des contrées voisines, dans les produits étrangers que lui apportaient d'année en année ses navires de commerce, et dans les impôts en nature ou dans les cadeaux que les pays tributaires faisaient affluer à sa cour. La richesse vint en aide à la science.
-
Quant au commerce de Salomon, quant aux pays d'Ophir, de Tarsis, et aux produits ou aux objets de ce commerce, on trouvera aux articles spéciaux les détails et éclaircissements nécessaires. Nous croyons seulement que toutes ces belles entreprises furent plus conformes à la sagesse humaine qu'à la sagesse divine; plusieurs étaient positivement contraires au texte de la loi, notamment les amas de chevaux que Salomon faisait venir d'Égypte, et si l'administration sembla d'abord y trouver une source de prospérité, le royaume ne tarda pas à apprendre que ce n'est pas impunément qu'on transgresse les ordres de Dieu. L'industrie vint à la suite du commerce, les arts et métiers fleurirent; les constructions nombreuses entreprises par Salomon favorisèrent le développement de l'architecture, de la sculpture, de l'ébénisterie, de l'orfèvrerie, de la bijouterie, et si les travaux les plus fins et les plus délicats furent d'abord confiés à des étrangers, il est bien probable que ceux-ci laissèrent des élèves, et que l'industrie devint nationale en Israël.
-
Mais l'industrie et le commerce amenèrent le luxe à leur suite, avec le luxe la pauvreté, et des germes de mécontentement: le peuple, destiné à la culture de la terre, voulut imiter la pompe de la cour et du culte; la simplicité des moeurs avait disparu, l'orgueil avait pris sa place, et les murmures de la nation ne furent étouffés que par la grandeur et la puissance d'un roi qui n'avait rien à redouter: à sa mort ils éclatèrent, et les successeurs de Salomon durent comprendre que la sagesse dans l'obéissance eût mieux valu que la simple science de la royauté. Le grand commerce de Salomon ne fut que le prélude de ses autres infidélités, et le commencement de la fin.
-
On a beaucoup discuté, et même plaisanté, à propos des immenses richesses de Salomon, et vraiment il n'en valait pas la peine. Dieu lui avait promis les richesses, il les lui a données par les voies les plus naturelles. Les guerres victorieuses de David avaient rapporté au trésor de riches butins; d'immenses contrées tributaires apportaient chaque année leur offrande à Jérusalem; Israël en paix fécondait ses champs et ses montagnes; aucun fléau, ni guerre, ni armée, ni sécheresse, ni famine, ne forçait une année à nourrir l'année suivante, et chacun jouissait en plein de son revenu du moment; tous les bras étaient occupés; les travaux étant nombreux, le salaire était suffisant, les vivres étaient à la portée de tous, et il n'en faudrait pas davantage à nos nations modernes pour qu'elles s'estimassent heureuses et prospères. Or Salomon avait davantage encore; et le commerce qui fit seul la richesse de l'Espagne et du Portugal il y a quelques siècles, le commerce qui place l'Angleterre et les États-Unis à la tête des peuples modernes, le commerce vint faire regorger de ses riches produits les coffres déjà pleins de Jérusalem. Toutes ces causes de prospérité font paraître, non point ordinaire sans doute, mais bien naturel, un état de choses qui paraît au premier abord presque merveilleux, et la seule chose dont on s'étonne, c'est qu'on ait pu être étonné de cet assemblage de richesses dont l'absence seule, en d'aussi propices circonstances, aurait le droit de surprendre. Ajoutons, et ce sera peut-être une restriction, que c'est le roi et non point le royaume qui profitait directement de ces richesses; les sujets n'en subissaient, que l'heureux contre-coup, leur abondance n'était que le reflet de la prospérité du monarque. Salomon avait le bénéfice de tous les transits, le monopole de tous les commerces; rien ne se faisait qu'en régie, et l'Orient ancien n'est à cet égard encore que le frère aîné de l'Orient moderne, où la cour est plus que l'État. La liste civile en provisions de bouche pour chaque jour était considérable, 1 Rois 4:22, et douze commissaires, établis sur autant de districts, avaient tour-à-tour à pourvoir aux besoins de la table royale; la vaisselle d'or abondait, et absorbait une partie des capitaux nationaux; le vestiaire ne le cédait en rien en magnificence aux splendeurs de la table et à la richesse des appartements et du trône; un sérail, composé en grande partie de femmes étrangères, représentait au sein de l'État un État privilégié qui dépensait sans rien produire. Le peuple, de son côté, contribuait à donner de l'éclat au trône, et s'il en recevait quelque bien, il lui donnait cependant davantage; les impôts et les corvées fournissaient à bien des besoins, mais n'enrichissaient que le roi; le peuple était épuisé, 1 Chroniques 29:6, et il finit par le montrer.
— S'il restait encore des doutes sur les énormes richesses dont pouvait disposer le fils de David, ils devront céder devant une considération qui n'est pas une preuve, et qui peut être davantage: ces richesses sont de notoriété publique; Salomon a laissé dans tout l'Orient la réputation du plus riche des rois, et des réputations de ce genre ne s'usurpent jamais.
-
On verra, à l'article Temple, ce qu'il y a à dire sur le matériel de cette construction. Bornons-nous pour le moment à une observation. Le temple qui dans l'idée de David devait être un hommage de plus rendu à l'Éternel, qui pour Salomon était tout à la fois un acte de piété et un acte de splendeur, n'a pas rendu de grands services à la religion; il l'a plus centralisée, il l'a rendue encore plus nationale qu'elle n'était auparavant, mais il l'a matérialisée, fixée, figée; il en a fait un opus operatum; on a rendu À ses ornements plus d'honneur qu'à la simplicité du tabernacle du désert, et plusieurs se sont fiés sur des paroles trompeuses, en disant: C'est ici le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel! Jérémie 7:4. Il semble que le judaïsme déjà, et par les deux plus grands de ses rois, ait dû protester contre le culte des formes. Les Juifs avançaient assez lentement dans les voies de la piété, retenus qu'ils étaient par la pesanteur de leur sensualisme, sans qu'il fût nécessaire de les rattacher encore à la matière, et ce que Salomon fit pour l'extérieur du culte, il le fit au détriment du culte intérieur; il ne fut pas le dernier à en faire l'expérience personnelle. L'autorisation que Dieu donna à l'érection d'un temple n'est pas une approbation, c'est à peine un consentement; il dit à David: je n'en ai pas besoin, ton fils me bâtira une maison. Il semble protester pour sa part, constater un fait, et en laisser l'auteur entièrement responsable.
-
La visite de la reine de Séba est mentionnée avec une sorte d'éclat au milieu de toutes les autres visites qui furent faites à Salomon. Les offrandes qu'elle apportait, la beauté et la grandeur de son cortège, son admiration pour la science et l'esprit du roi hébreu, sont rapportés avec complaisance; ses discours semblent annoncer qu'elle était digne de l'hôte qu'elle venait admirer. Notre Seigneur, en la louant de ce qu'elle avait fait, Matthieu 12:42; Luc 11:31, blâme les Juifs de ne pas pressentir le roi de gloire, la sagesse éternelle qui est au milieu d'eux.
— Une tradition éthiopienne porte que la reine de Séba eut de Salomon un fils, Méniléhek, duquel les rois actuels d'Abyssinie prétendent encore descendre en ligne directe,
— Voir: Sheba.
-
La relation des Chroniques est en général plus courte que celle des Rois, et elle supprime certains détails qui ne manquent pas d'importance, notamment la chute et l'idolâtrie de Salomon, et les exécutions qui inaugurèrent son règne. Le plan particulier de ces deux livres explique ces différences, et en explique d'autres encore: les Rois racontent, ainsi que leur litre l'indique, l'histoire des rois; les Chroniques racontent davantage l'histoire du royaume théocratique. Plusieurs actes de Salomon, sa chute entre autres, furent des actes personnels, et c'est moins pour ménager sa gloire que pour s'en tenir à ce qu'exigeait leur plan, que les Chroniques ont passé sous silence des faits, instructifs sans doute comme histoire d'un individu, mais presque sans relation avec l'histoire du royaume. Si l'on se rappelle ensuite que les Rois sont l'histoire des prophètes et, pour ainsi dire, du culte libre, et que les Chroniques nous racontent l'histoire dans ses rapports avec le culte lévitique, national, on comprendra certaines autres variantes, omissions, ou additions, telles que 2 Chroniques 2:17; cf. 1 Rois 5:13; 2 Chroniques 5:11-14; cf. 1 Rois 8:10; 2 Chroniques 8:12; cf. 1 Rois 9:25. La conciliation de quelques autres différences, ou le jugement à porter sur leur nature, n'appartient pas à notre travail; c'est l'affaire des commentaires.
-
Que Salomon soit revenu de ses égarements avant de mourir, c'est ce qui ne nous laisse pas l'ombre d'un doute, mais le récit biblique se tait sur ce point. Le fils de David, le constructeur du temple, l'auteur de trois des livres du canon, ne saurait être un réprouvé; il a pu tomber, mais il a dû se relever, et si la réprobation pesait sur lui le livre des Chroniques ne nous laisserait pas sous l'impression de sa fidélité: ce n'est même que parce qu'il s'est repenti que l'auteur des Chroniques a pu passer sa chute sous silence. Une Chute n'était qu'un fait, une apostasie finale eût modifié, ou plutôt changé complètement le jugement que l'histoire doit porter sur ce monarque; et si Dieu l'a jugé digne de lui dénoncer lui-même les châtiments qui fondraient sur son royaume, c'est que Dieu ne le rejetait point; il est d'ailleurs probable que cette vision, et les troubles de ses derniers jours, furent le moyen dont Dieu se servit pour le ramener à lui.
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La tradition et les légendes se sont emparées de cette vie si riche et si grande, et l'Orient chante encore Salomon: nous n'avons pas à nous en occuper; le seul fait à signaler est la durée de quatre-vingts ans que Flavius Josèphe donne à ce règne; en faisant mourir Salomon à quatre-vingt-quatorze ans, il en fait une sorte de Louis XIV, moins les guerres et les persécutions religieuses.
-
Le nom de Salomon est souvent rappelé dans l'histoire de ses successeurs, ou à propos du temple et du culte. En dehors des livres historiques de l'Ancien Testament, on le trouve Psaumes 72:1; Jérémie 52:20; Néhémie 13:26; Matthieu 6:29; 12:42; Luc 11:31; 12:27; Jean 10:23; Actes 3:11; 5:12; 7:47, et il est à remarquer que dans tous ceux de ces passages où il sert de terme de comparaison, il est nommé avec défaveur et comme terme inférieur.
Le parallèle suivant complétera ce qui a été
dit ailleurs du caractère de ce monarque, et
contribuera à jeter du jour sur sa vie, sa
philosophie et ses récits. Une étude
profonde du sujet, et une intelligence
parfaite du sens hébreu, ont seules pu
inspirer à M. F. de Rougemont ce remarquable
fragment. «David et Salomon s'expliquent
l'un l'autre par l'opposition de leurs
caractères. Le premier est un homme pratique
dont la vie agitée est pleine de faits
intéressants; Je second est un homme
théorique, et ses jours s'écoulent uniformes
et tranquilles en un temps de paix. Le
premier a la conscience très délicate et le
cœur droit et sincère, il sent vivement et
ses péchés et les grâces que Dieu lui a
faites, et il exprime avec une extrême
vérité toutes ses impressions personnelles;
le second a plus d'intelligence que de sens
moral, il généralise ses expériences
intimes, et trouve une vérité et une
sentence où son père n'aurait vu qu'un
sentiment individuel. David parle dans ses
Psaumes au nom de tous les fidèles et même
du Messie, parce qu'il est par son cœur
intimement lié au grand corps de l'Église;
Salomon reste plus en dehors de cette sainte
communauté, et lui apporte bien moins son
cœur que ses écrits, où il a consigné des
vérités générales. La foi et la sainteté
sont le tout de David; Salomon est en outre
savant, philosophe, poète, il est le seul
artiste et le seul littérateur du peuple
hébreu. David possède les choses seules
nécessaires et concentre sur elles toute son
âme; Salomon embrasse par sa pensée une
sphère beaucoup plus vaste, il aime tout ce
qui est profond, sublime, mystérieux,
grandiose. Ce contraste entre David et son
fils se reproduit fréquemment dans
l'histoire; un prince d'un génie excentrique
remplace sur le trône son père, homme
pratique et sage; à Philippe de Macédoine
succède Alexandre le Grand; à Pépin, Charles
le Grand; à Henri l'Oiseleur, Otton le
Grand; à Louis XIII, Louis le Grand.
«La Bible nous donne elle-même la clef du
caractère de Salomon, comme elle le fait au
reste pour la plupart de ses principaux
personnages. Hénoch (ou Énoch) marchait avec
Dieu, Genèse 5:22, nous dit-elle; Élie se
tenait devant le Seigneur, 1 Rois 17:1;
Abraham croyait en l'Éternel, Genèse 15,
Romains 4:3; David était un homme selon le
cœur de Dieu, Actes 13:22; le cœur d'Assa
était droit devant l'Éternel, 1 Rois 15:14.
De Salomon, que l'Éternel aima dès son
enfance, 2 Samuel 12:24-25, il est dit qu'il
aimait l'Éternel, 1 Rois 3:3; nul autre
homme n'a reçu dans l'Ancien Testament un
semblable témoignage.
Salomon se place près de saint Jean, comme
David près de saint Paul. Saint Jean est le
représentant de la vraie mystique
chrétienne, et les notions de la vie, de
l'amour et de la parole occupent chez lui
une place beaucoup plus grande que chez les
autres auteurs du Nouveau Testament. Ainsi
Salomon donne au mot de vie (ζωή)
le même sens profond que l'Apôtre; il a, le
premier, exposé les relations de l'âme avec
Dieu sous celles de l'épouse avec son époux,
et c'est lui qui, seul d'entre tous les
écrivains de l'Ancienne Alliance, nous parle
de la sagesse qui est de toute éternité
auprès de Dieu.
Mais Salomon ne fut pas dans sa vie tout ce
qu'il est dans ses écrits inspirés, et nous
ne devons pas entendre par cet amour qu'il
avait pour Dieu dès le commencement de son
règne, celui qui s'appuie sur l'expérience
du pardon et du salut, et qui procède tout
entier de l'esprit de Dieu, Psaumes 116;
18:1. Il y avait certainement dans ce
sentiment de Salomon un élément naturel et
terrestre, et nous le compterions parmi ces
âmes qu'un penchant inné entraîne vers les
choses invisibles, et qui, si Dieu ne les
garde, se précipitent dans ce faux
mysticisme qui est de toutes les contrées et
de tous les siècles. Salomon aura été
préservé de cet écueil par le caractère
éminemment pratique et positif de la
religion mosaïque et du peuple hébreu, et
par l'éducation pieuse qu'enfant, il avait
reçue de son père et de sa mère, Proverbes
4:3.
Mais le fanatisme n'est point l'unique
écueil contre lequel viennent se briser ces
âmes exaltées; elles doivent se tenir en
garde de la volupté autant que de
l'exaltation; et Salomon, dans sa longue
prospérité, se laissa séduire par ses
femmes, auxquelles il s'était attaché
avec passion, 1 Rois 11:2; l'amour
terrestre lui fit oublier l'amour divin et
le plongea dans l'idolâtrie...
Aimer Dieu, c'est le connaître, et la
science religieuse est sœur de l'amour
divin; dans l'histoire des religions, les
mystiques donnent la main aux gnostiques.
Ainsi, Salomon pénètre plus avant que ne l'a
fait aucun autre Israélite, dans les
mystères divins, et Dieu lui accorde de
nouvelles révélations qu'il nous a laissées
par écrit. Ses regards d'aigle ont entrevu,
comme à travers un voile épais, le Dieu un
et triple, qui a laissé pénétrer dans son
âme un rayon de sa gloire, Proverbes 8. Les
scènes énigmatiques d'Éden ont occupé
longtemps sa haute intelligence; il a
reconnu que le péché ne vient pas de Dieu et
qu'il ne régnera pas toujours dans le monde,
Ecclésiaste 3:11; 7:29, et l'expression
figurée de l'arbre de vie lui est familière,
Proverbes 3:18; 11:30; 13:12; 15:4, tandis
qu'elle ne se retrouve nulle part ailleurs
dans l'Ancien Testament et qu'elle ne
reparaît que dans un écrit de saint Jean,
l'Apocalypse. Salomon a saisi la vie
spirituelle du fidèle comme un progrès lent
et régulier, et il la compare tantôt à un
chemin qu'on parcourt avec plus ou moins de
rapidité, tantôt à la lumière du jour qui,
pale et faible d'abord, grandit et brille
d'un éclat toujours plus vif et plus pur
jusqu'à sa perfection, Proverbes 4:18. La
nature-même a été l'objet de ses méditations
religieuses.
Cependant la science des choses divines
n'exclut point chez le fidèle celle de
l'homme; saint Jean le prouve aussi bien que
Salomon. Dans les écrits du premier, la
communion habituelle de l'âme avec Dieu est
inséparable d'une vie sainte et d'une
charité active, et les hommes se divisent en
deux classes uniques: les enfants de Dieu et
les enfants du diable. Le second ne s'élève
sans doute pas à une telle hauteur, mais il
sait poursuivre la sagesse dans ses
applications les plus diverses, et ce qui
nous a été conservé de ses trois milles
sentences ou proverbes, atteste une profonde
étude du cœur humain...
«Poète de premier ordre, théologien
mystique, moraliste ingénieux, savant
naturaliste, habile homme d'État, même
heureux guerrier, tel était Salomon, l'un de
ces rares génies qui excellent dans les
choses les plus diverses et embrassent
toutes les sphères de l'activité humaine.»
SALUT, salutation,
— Voir: Politesse.
SAMARIE,
en hébreu Schomrôn, en caldéen Schomraym.
-
Ville du centre de la Palestine, située sur le plateau d'une colline et entourée de montagnes plus élevées, 1 Rois 16:24, noble situation pour une ville royale: isolée, la colline de Sa-marie, haute de 135 mètres environ, ressemble à une citadelle qu'entoure un large fossé; escarpée, elle est cependant pourvue d'eau, et dut sans doute, aux avantages de sa situation, l'honneur d'être choisie pour capitale d'Israël et de le rester malgré plusieurs changements de dynastie. Samarie, conservant le nom de Semer son premier possesseur, fut bâtie par Homri roi d'Israël (928 avant J.-C.) qui, après avoir encore habité six ans la ville de Tirtsa, après que le palais en eut été brûlé, changea de résidence, et passa les six dernières années de son règne à Samarie, cf. 1 Rois 16:29; 20:1,43; 21:1; 22:10,37. Cette ville fut à diverses reprises le siège principal du culte de Bahal en Éphraïm, 1 Rois 16:31; cf. 2 Rois 10:18; Jérémie 23:13. Comme capitale du royaume des dix tribus, elle est souvent opposée à Jérusalem dans les oracles des prophètes, Ézéchiel 16:46; Amos 6:1; Michée 1:1. Elle fut assiégée par les Syriens sous Achab et sous Joram, et prise enfin par les Assyriens sous la conduite de Salmanéser, après un siège de trois ans, 1 Rois 20, 2 Rois 6:7, 17 et 18, (721 ou 722 avant J.-C.), puis peuplée comme les autres villes d'Israël par des colons étrangers, 2 Rois 17:24; Esdras 4:10. Dans les temps qui suivirent l'exil, Samarie était encore une ville forte; Jean Hyrcan la prit après un blocus d'un an, et la détruisit. Son territoire, au temps d'Alexandre, appartenait encore aux Juifs: le général romain Gabinius releva la ville, Pompée la donna à la Syrie, et Gabinius acheva de la fortifier; l'empereur Auguste la donna à Hérode le Grand, qui l'embellit, y mit une garnison de vétérans, la fortifia encore, et lui donna en l'honneur de son maître le nom de Sébaste (Augusta), qu'elle a conservé dans ses ruines sous la forme altérée de Subuste (Maundrell, Buckingham, Keith, p. 214, etc.). La prospérité naissante de Sichem (Néapolis) porta le dernier coup à l'existence de Sébaste qui ne fit que dépérir; on ne trouve plus sur l'emplacement de l'ancienne capitale des dix tribus qu'un petit village tout à fait insignifiant, auquel Clarke et d'autres voyageurs refusent même l'honneur d'occuper la place de l'ancienne Samarie, qu'ils croient être à quelques lieues delà, à Santorri ou Sanhûr, où l'on voit encore les ruines d'un vieux château.
— Les prophéties sont accomplies, et lorsque tant d'autres villes conservent encore quelque chose d'imposant dans leurs ruines, Samarie n'est plus qu'un monceau de pierres dans les champs, Michée 1:6; ses ruines mêmes ont été démolies dans l'intérêt de l'agriculture, ses pierres ont été précipitées dans la vallée et entourent le tronc des oliviers; ses fondements ont été découverts, et les débris d'une église grecque s'élèvent sur les fondements ruinés et découverts d'un des monuments de l'ancienne Samarie.
— Une vieille tradition fort incertaine, portant que Jean-Baptiste a été décapité (!) ou du moins enterré à Samarie, il va sans dire qu'on lui a fait un tombeau et une église; vingt et une marches conduisent le voyageur dans le caveau qui contient cinq niches funéraires.
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Comme capitale du pays, Samarie donna bientôt son nom à la contrée qui l'environnait; on dit: les montagnes et les villes de Samarie, avant de penser à faire de Samarie le nom de la contrée, et les prophètes, considérant la capitale comme le représentant de l'idolâtrie qui avait envahi Israël, contribuèrent pour leur part à étendre le nom de Samarie au pays tout entier, 1 Rois 13:32; 2 Rois 17:26; 23:19; Jérémie 31:5; Ézéchiel 16:51; 23:4; Osée 7:1; 8:5; Amos 3:9; Michée 1:5. L'expression: champs de Samarie, ou territoire de Samarie, se présente pour la première fois Abdias 19, comme désignant d'une manière positive et claire, le pays sous le nom de sa capitale; plus tard cet usage gagna naturellement du terrain, d'autant plus qu'il n'y avait pas d'autre nom convenable pour désigner cette contrée, les anciens noms ayant perdu leur valeur, ou ne rappelant plus que de tristes souvenirs. C'est dans les apocryphes, 1 Maccabées 10:30; 11:28, que le nom de Samarie commence à être employé pour désigner le pays habité par les Samaritains, en opposition à la Judée et à la Galilée; ce pays intermédiaire qui s'étendait de la mer au Jourdain et qui était l'un des plus riches de la Palestine, fut constitué en province par les rois de Syrie, et comprenait le territoire d'Éphraïm, celui de Manassé occidental et la partie sud-est d'Issacar; ses villes principales étaient Samarie, Sichem, Sunem, Éphraïm, Timnath-Sérah, Silo, etc. Césarée, qui appartenait au territoire de Samarie, était cependant une résidence des gouverneurs de la Judée,
— Voir: Flavius Josèphe, G, des Juifs 3, 3; 4.
Le nom de cette province apparaît fréquemment dans le Nouveau Testament. Jésus la visita, et l'Évangile y fut annoncé par Philippe, Luc 17:11; Jean 4:4; Actes 1:8; 8:1; 9:31; 15:3.
SAMARITAINS.
Nom sous lequel furent
généralement désignés, après l'exil, les
habitants du centre de la Palestine, de la
Samarie, soit qu'ils fussent entièrement
d'origine païenne, comme le pense
Hengstenberg, soit qu'ils descendissent, par
des mariages mixtes, des colons assyriens
transplantés sur le sol d'Israël, et des
misérables Juifs que Salmanéser avait
laissés dans leur pays, ne jugeant pas qu'il
valût la peine de les transporter, 2 Rois
17:24-29. Au fond, et quels que fussent
leurs rapports de consanguinité avec les
Juifs, les Samaritains furent païens dès le
principe, et le restèrent longtemps;
l'historien sacré pense si peu à en faire
des Juifs, ou même des demi-Juifs, qu'il
insiste sur la nature et la spécialité des
dieux qu'ils adoraient, distinguant leurs
dieux les uns des autres: Jéhovah, qu'ils
adorèrent aussi, ne fut pour eux qu'un dieu
de plus, le dieu du pays, et ils n'eurent
garde de lui manquer, mais voilà tout.
Lorsque les Juifs revinrent de la captivité,
les Samaritains leur offrirent de rebâtir le
temple, la ville et les murs de Jérusalem,
de concert avec eux; mais Zorobabel et
Jésuah, se souvenant que Dieu n'aime pas les
cœurs partagés, rejetèrent leur demande;
irrités et blessés de ce refus, ils
s'opposèrent dès lors, de toutes leurs
forces, à la construction du nouveau temple,
et réussirent, par leurs délations et leurs
calomnies, à faire interrompre les travaux
jusqu'en la deuxième année de Darius
Hystape, 250 avant J.-C., Esdras 4, Néhémie
4. Néhémie sut briser les obstacles qu'ils
accumulèrent sur sa route. Mais ces luttes
eurent pour résultat d'aigrir toujours plus
l'une contre l'autre deux populations qui
n'avaient déjà pas trop déraisons pour se
voir d'un bon œil, et l'irritation finit par
une scission complète, politique et
religieuse. Les Samaritains élevèrent sur le
mont Guérizim, près de Sichem, un temple
rival de celui de Jérusalem, et y établirent
leur culte: ce fut au temps d'Alexandre le
Grand. Manassé, frère du souverain
sacrificateur Jaddæus, ayant épousé la fille
de Samballat, le gouverneur persan, se
retira dans la Samarie avec un grand nombre
de Juifs qui avaient, comme lui, épousé des
femmes païennes au mépris de la loi de
Moïse, et qui refusaient de s'en séparer;
avec la permission d'Alexandre, ils bâtirent
leur temple, et Manassé en devint le premier
prêtre; c'est peut-être de lui qu'il est
question Néhémie 13:28, quoique son nom ne
soit pas indiqué. Dès lors la haine
nationale s'accrut au point qu'il n'y eut
plus, entre les Juifs et les Samaritains,
aucune communication, Ecclésiastique
80:26-27. Une malédiction prononcée
publiquement à Jérusalem contre ces
derniers, interdit aux Juifs toute relation
avec eux, déclara aussi impures que la chair
du porc toutes les productions de leur pays
(nam quicumque comedit buccellam
samaritanam, est ac si comedat carnem
porcinam), et leur refusa même le droit
dont jouissaient tous les autres peuples
païens, d'embrasser, en qualité de
prosélytes, la religion judaïque.
— Voir: Jean 4:9:27.
Le nom de Samaritain devint, parmi les
Juifs, une injure (8:48), et l'on voit des
Samaritains refuser de recevoir Jésus, parce
qu'il se rendait à Jérusalem pour y faire la
pâque, Luc 9:52-56. Notre Seigneur, par ses
actes, a protesté contre ces haines
nationales, quelque justifiées qu'elles
pussent paraître, et, non seulement il a
accepté l'hospitalité que lui offrirent des
Samaritains dont la foi le reconnaissait
pour le Sauveur du monde, Jean 4:40,42, mais
il avait auparavant envoyé chez eux ses
disciples pour acheter des vivres, verset 8.
— Sous Alexandre, les Samaritains, avec
Sichem, leur capitale, furent sujets
macédoniens; à sa mort, ils partagèrent le
sort du reste de la Palestine, mais
esquivèrent, sous Antiochus Épiphanes, les
mauvais traitements de la domination
syrienne, en consacrant leur temple à
Jupiter Hellénius. Plus tard, le roi juif
Jean Hyrcan s'empara de la Samarie, prit
Sichem, détruisit le temple qui subsistait
depuis deux siècles, et finit par démolir la
ville même de Samarie. Sous le roi juif
Alexandre, la Samarie fut de nouveau le
théâtre de la guerre: elle retomba au
pouvoir des Juifs jusqu'au moment où Pompée
vint rétablir l'indépendance des
Samaritains. Cette période romaine ne fut
pas plus favorable à l'une qu'à l'autre des
deux nationalités; la Samarie devint une
province du royaume d'Hérode, qui en
rétablit la capitale, et la peupla de
soldats. Pendant les dix années suivantes,
elle appartint à Archélaüs, puis fut donnée
à la Syrie. Sujets immédiats de Rome, les
Samaritains eurent quelquefois l'occasion
d'éprouver la dureté de leurs chefs
provinciaux; mais il faut avouer aussi
qu'ils surent la mériter. Claude ne fit des
Juifs et des Samaritains qu'un lot, qu'il
adjugea à Hérode Agrippa, que Caligula avait
déjà établi roi sur le nord de la Palestine.
Ces rapports ne durèrent que peu d'années,
et la Samarie, séparée de la Judée, fut
associée dans son histoire aux autres
provinces romaines de l'Asie antérieure.
Depuis la destruction du temple des
Samaritains, la montagne de Guérizim, sur
laquelle ils l'avaient bâti, continua d'être
pour eux un lieu saint, le centre de leur
culte, bien qu'ils possédassent, en d'autres
endroits, des maisons de prières: ils
avaient abandonné le culte des faux dieux,
ils adoraient l'Éternel, mais ils ne le
connaissaient pas. Comme les Juifs, ils
attendaient le Messie, et Jésus a trouvé
parmi eux beaucoup de personnes bien
disposées, Jean 4, Luc 17:11-20. On pourrait
presque conclure de quelques-uns de ces
passages,
— Voir: surtout Luc 10:33,
que la haine nationale était moins forte
chez eux que chez les Juifs, et que les
intolérantes mesures de ces derniers
continuaient seules à maintenir entre les
deux peuples une barrière que les
Samaritains auraient aimé à voir tomber. La
principale erreur théologique que les Juifs
leur reprochaient, c'était le rejet de tous
les livres canoniques de l'Ancien Testament,
à l'exception de la loi. Les Samaritains ne
recevaient, en effet, que le Pentateuque;
ils rejetaient tout le reste, et surtout, ce
que les pharisiens ne pouvaient leur
pardonner, ils rejetaient les traditions
rabbiniques. En tout cas, ils s'attachaient
avec conscience à l'observation de ce qu'ils
connaissaient de la loi divine, et ce qu'ils
y ajoutèrent quelquefois ne peut être
considéré que comme une interprétation
spirituelle des passages de leur livre. Ils
furent les premiers, après les Juifs, à
recevoir l'Évangile, et l'on reconnaît en
eux, à l'époque de Jésus, un peuple qui,
dans le sentiment de sa misère, éprouvant le
besoin d'un réparateur, cherche le remède à
ses maux auprès des magiciens et des faux
prophètes, avant que de le trouver auprès de
celui qui est la vraie puissance de Dieu,
Actes 8, et 9.
Les Samaritains prirent les armes avec les
Juifs contre Vespasien. Sous Justinien, ils
persécutèrent les chrétiens de la manière la
plus cruelle. Plus tard, ils furent
dispersés dans plusieurs villes de la
Palestine. De nos jours, ils sont fort peu
nombreux; leur secte compte environ cent
cinquante adhérents à Sichem, quelques
familles à Jaffa, qui se distinguent par une
vie paisible et exemplaire. Ils observent la
loi mosaïque plus fidèlement même que les
Juifs, célèbrent annuellement le sacrifice
de la pâque dans leur temple ou sur le mont
Guérizim, et ont un souverain pontife qui
descend, à ce qu'ils assurent, de Manassé.
Leur physionomie n'est pas juive. Autour
d'eux, des mahométans sont établis comme
maîtres du territoire; protégés par leurs
montagnes escarpées et leurs étroits
défilés, vivant dans des bourgs situés comme
des forteresses sur le sommet des collines,
ils sont plus à l'abri des incursions des
Arabes que les habitants d'aucune autre
partie de la Palestine, et ils jouissent,
ainsi que les Druzes et les Maronites dans
les hautes vallées du Liban, d'une grande
liberté politique. Ils se distinguent par
leur amour de l'indépendance, sont toujours
armés dans les campagnes, n'obéissent qu'à
la force, et sont constamment prêts à se
révolter contre les pachas. Sichem, en
particulier, forme, avec une centaine de
villages voisins, un petit état qui est
gouverné par ses propres chefs, et qui peut
mettre sur pied une armée de 6,000 hommes.
Leur riante et fertile contrée est trois
fois plus peuplée que la Judée; elle possède
900 habitants par lieue carrée, autant que
le Liban. Enfin, ils sont aussi intolérants
que l'étaient leurs prédécesseurs au temps
de Jésus-Christ, et ils ne souffrent pas
aisément des Juifs et des chrétiens parmi
eux (Bræm, traduction Rougemont). On trouve
dans les Juifs d'Europe et de Palestine, par
Keith, Black, etc., pag. 197-214,
d'intéressants détails sur la Samarie et ses
habitants; la visite des pieux voyageurs à
la synagogue de Sichem, et quelques détails
sur le Pentateuque samaritain qui leur fut
montré, et qu'on leur dit avoir été écrit,
il y a 3,600 ans, par Abisuah, fils de
Phinées, méritent particulièrement d'être
lus. La langue dans laquelle est écrit ce
vieux monument de leur foi, est un dialecte
qui tient le milieu entre l'hébreu et
l'araméen, et qui trahit par la présence de
mots assyriens que les grammairiens
désignent sous le nom de cuthéens, une
origine moins ancienne que celle qu'on se
plaît à leur assigner. Ce Pentateuque,
quelle que soit son antiquité, ne saurait
être plus ancien que les Samaritains
eux-mêmes, et remonte tout au plus au retour
de l'exil.
SAMBALLAT,
Néhémie 2, 4, 6, 13; païen moabite, natif d'Horonajim, un des chefs des colonies samaritaines. II s'est fait connaître des Juifs par tout le mal qu'il a cherché à leur faire sans y réussir, et par le courage qu'il a eu de contracter une alliance de famille avec ceux qu'il avait essayé de persécuter. Il a joué, sous Néhémie, le même rôle que Réhum sous Zorobabel. Il a voulu s'opposer à la reconstruction des murailles de Jérusalem; menaces, ruses, diplomatie, tentative de meurtre sur la personne de Néhémie, rodomontades, conseils, levée de troupes, il a tout essayé, mais il a toujours échoué contre la sagesse, la fermeté, la prudence, et la vigilance du prophète-gouverneur. Pour en finir, il donna sa fille en mariage à un petit-fils du grand prêtre Éliasib, ne doutant pas qu'une union aussi mal assortie ne causât de la peine à son triomphant ennemi. La ressemblance du nom, et quelques détails de son histoire, ont fait croire que ce Samballat est le même qui obtint d'Alexandre le droit de faire bâtir un temple pour les Samaritains; il n'y a qu'une objection contre cette identité de personne, mais elle est sérieuse: c'est qu'il est peu probable que l'ennemi de Néhémie ait vécu jusqu'aux jours d'Alexandre le Grand.
SAMGAR,
Juges 3:31; 5:6 (1305 avant J.-C.), troisième juge d'Israël, n'exerça probablement son ministère que dans la partie occidentale et méridionale du pays; il n'est connu que par le seul fait qu'il tua ou défit 600 Philistins avec un aiguillon à bœufs. Débora rappelle l'état déplorable du pays au temps où Samgar se leva.
SAMMA,
un des trois plus illustres guerriers de David, partagea la gloire et les dangers de Jasobham et d'Éléazar, 2 Samuel 23:11; cf. 1 Chroniques 11:11; sq..
SAMOS,
île de la mer Égée qui porte, près de là, le nom de mer Icarienne; elle est séparée par un canal étroit de Pryène, de Mycale, et de Pan-Ionium, non loin des côtes de l'Ionie, à 40 stades du cap Trogyle. Elle est célèbre comme patrie de Junon, qui y avait un temple magnifique. Pythagore y naquit 608 avant J.-C., et y mourut à l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans. Elle avait porté anciennement le nom de Parthénie, et s'appelle aujourd'hui Sussam-Adassi. L'air y est sain et le sol fertile; les figuiers, les pommiers, et la vigne même, selon Athénée, y portent des fruits deux fois par an, mais le raisin n'y est pas aussi bon que celui des îles voisines, de Chios, par exemple. La terre y est excellente pour la poterie, et l'on attribue aux Samiens l'invention de ces sortes d'ouvrages: la Vulgate a inséré le nom de Samos dans le passage Ésaïe 45:9, à propos d'argile et de pots de terre, liberté de traduction qui s'explique par la réputation de cette île en cette matière. Il paraît que la prédication de l'Évangile n'avait pas été vaine à Samos; saint Paul y ayant passé dans un de ses voyages, s'arrêta à Trogyle, Actes 20:15.
SAMOTHRACE,
Actes 16:11, île de la mer
Égée, située au nord de Lemnos, vis-à-vis de
l'embouchure du fleuve Lissus, a porté
d'abord le nom de Leucosia, puis celui de
Samos; la proximité de la Thrace a fait
joindre le nom de ce pays à son nom d'île,
et maintenant elle s'appelle encore
Samotraki, ou selon d'autres Samandrachi.
Elle avait une ville du même nom, avec un
temple où l'on célébrait en l'honneur des
dieux Cabires, des mystères aussi fameux que
ceux d'Éleusis: le temple de ces divinités
était un asile sacré et inviolable, et l'on
avait pour elles un si grand respect que de
les nommer passait pour un crime.
— Cette île ne compte plus aujourd'hui qu'un
seul village, et fort peu d'habitants. C'est
la patrie d'Aristarque.
SAMSON,
Israélite de la tribu de Dan,
et juge d'Israël pendant vingt ans (Juges
13, à 16,), apparaît dans l'histoire comme
un homme à part. Sa naissance miraculeuse
est presque la moindre des merveilles de sa
vie. Nazarien, et béni de Dieu, il fut la
Providence des tribus méridionales, qu'il
protégea par divers exploits contre les
brigandages des Philistins; mais elles lui
surent si peu gré d'être l'ennemi de leurs
ennemis, qu'elles essayèrent une fois de le
livrer entre leurs mains. Vif et bouillant
de caractère, emporté, mais gai, ironique,
presque bouffon, il se fait un jeu des
travaux les plus gigantesques, et dépense
parfois ses forces en pure perte, pour
étonner plutôt que pour nuire, avec ironie
et malice. C'est presque toujours à
l'improviste, d'une manière inattendue qu'il
apparaît, et ses vengeances particulières
servent souvent la vengeance nationale. Sans
armes il tue un lion, et n'en tire d'autre
profit que de proposer une énigme à ses amis
de noce, et de manger le miel que les
abeilles ont déposé dans la carcasse. Trompé
au jeu, il tue trente Philistins pour avoir
les trente robes de rechange qu'il doit
payer. Trompé par son beau-père, qui donne
sa femme à un autre, il prend trois cents
chacals qu'il attache deux à deux avec un
flambeau entre les deux queues, les lâche au
milieu des blés et des plantations des
Philistins et détruit en un jour les
récoltes de l'année. Livré aux Philistins
par les hommes de Juda qui trouvent qu'il
les défend trop bien (fidèle image de ces
protestants relâchés qui marchent plutôt
contre leurs conducteurs avec leurs ennemis,
que contre leurs ennemis avec leurs
conducteurs), il se laisse conduire par
3,000 hommes jusqu'en présence de l'ennemi;
les cordes neuves qui l'enchaînent tombent
alors de ses bras, et d'une mâchoire d'âne
il abat mille Philistins qui ne s'y
attendaient pas; il célèbre sa victoire par
ses chants, mais il oublie que sa force lui
vient de Dieu: Dieu doit lui rappeler sa
faiblesse,
— Voir: Léhi.
Enfermé à Gaza, il n'essaie point de fuir en
cachette; il sort par la porte de la ville,
qu'il enlève en passant et qu'il va placer,
à quelque distance de là, sur une colline
qui se trouve sur la route d'Hébron. Il
plaisante Délila sur sa curiosité, mais
finit par céder à la persistance de ses
intrigues féminines; il lui livre son
secret, il est nazarien, et la marque de son
nazaréat, son énorme chevelure, tombe sous
les ciseaux philistins: à son réveil,
sentant sa tête dégarnie, il sent qu'il
n'est plus nazarien, il comprend que Dieu
s'est retiré de lui, et il va faire dans la
prison de Gaza de sérieuses réflexions sur
sa coupable et malheureuse légèreté. Mais
pendant que ses ennemis s'affaiblissent par
leur orgueil, il se fortifie par son
humiliation: privé de la vue et tournant la
meule, il sent flotter de nouveau sur ses
épaules le symbole du nazaréat; la paix est
rentrée dans son cœur et avec elle le
sentiment de sa force. Les Philistins, en un
jour de fête, le font venir pour se réjouir
de sa honte; ils dansent, mais ils ne savent
pas que c'est sur un volcan; Samson aveugle
les amuse, mais quel jeu! Ses bras puissants
saisissent les piliers sur lesquels la
maison est appuyée, et trois mille
Philistins périssent ensevelis avec lui sous
les décombres de ce vaste bâtiment. Sa mort
fut pour ses ennemis un coup fatal qui les
affaiblit considérablement, et permit à sa
famille de venir sans crainte réclamer son
corps; il fut enseveli dans le sépulcre de
son père, entre Estaol et Tsorah.
De nombreuses difficultés sont à résoudre
dans cette vie; de nombreuses réflexions se
pressent dans l'esprit lorsqu'on la lit avec
sérieux, et en se rappelant que Samson fut
un juge choisi de Dieu; on a vu ailleurs la
solution de quelques difficultés, la réponse
à quelques questions, c. Léhi, Nazarien,
Manoah, Lion, Abeille, etc. Nous résumerons
ce qui reste à dire sur ce sujet.
-
Samson, dont le nom signifie petit soleil, était le type du soleil de justice: il n'a pas été le libérateur d'Israël, il n'a fait que préparer, commencer sa délivrance et sa restauration, que Samuel au point de vue juif, Jésus-Christ au point de vue chrétien, ont achevée entièrement.
-
Comment a-t-il pu, malgré son vœu de nazaréat, s'approcher du cadavre du lion, et manger le miel qu'il y a trouvé? On peut répondre de deux manières. Il est presque sûr, d'abord, que ce cadavre n'était plus un cadavre, mais un squelette désinfecté; autrement les abeilles n'y seraient pas venues; or un squelette ne pouvait pas le rendre impur. Puis, il faut le dire, et plusieurs détails de la vie du héros nous y autorisent, Samson n'y regardait pas de très près, et après avoir avalé le chameau il avait du moins la droiture et le bon esprit de ne pas couler le moucheron.
-
Le mariage de Samson avec une Philistine, ses désordres à Gaza, ses relations illicites avec Délila, sont une preuve évidente des passions voluptueuses du juge d'Israël, et pèsent sur lui beaucoup plus que le contact du lion décharné. Il est impossible de l'absoudre, car Dieu lui-même l'a condamné; des tromperies, la prison, le supplice, la mort ont été la suite de son péché, et il a pu comprendre que les pieds de la femme débauchée conduisent à la mort, Proverbes 5:5; 7:27. Mais nous ne devons pas non plus nous montrer plus sévère que Dieu même; Samson, comme notre Seigneur, a été seul à fouler au pressoir; seul pendant toute sa carrière, sans secours, sans sympathie chez ses compatriotes, isolé comme un prophète, combattant pour la vérité, mais abandonné de ceux qui l'auraient dû défendre, il a souffert en son Âme de son isolement, et ses faiblesses s'expliquent sans l'excuser. Si Dieu ne lui a jamais fait défaut, c'est que le juge d'Israël n'a jamais manqué; l'homme a péri, le juge a triomphé. La foi de Samson brille en quelque sorte d'un éclat d'autant plus vif que ses fautes comme individu ont été plus grandes, et si l'apôtre Paul le compte au nombre des héros de la foi, Hébreux 11:32, ce n'est bien sûrement pas à cause de ses fautes, mais parce que malgré ses fautes il n'a jamais désespéré des promesses et de la fidélité divines. La foi du chrétien, c'est de croire que Dieu est toujours fidèle, alors même que nous cessons de l'être.
-
La chute si prompte et si complète du temple de Dagon, occasionnée par le seul ébranlement de deux piliers, peut à juste titre causer une surprise mêlée de doute, lorsqu'on se représente ce bâtiment construit dans les conditions ordinaires de l'architecture moderne. Mais il est facile de se représenter une construction et une architecture différente: le voyageur Shaw raconte qu'il a vu, à Alger et ailleurs, des maisons et même de grands édifices construits de telle sorte que le tout croulait si les colonnes du centre étaient enlevées; l'architecte Christophe Wren a décrit la manière dont une pareille construction pouvait se faire, et Pline mentionne un théâtre immense construit à Rome par Curion partisan de César, et dont toute la solidité dépendait de celle d'une simple charnière. (— Voir: mes Juges d'Israël, page 96-112)
-
Les cheveux de Samson ne faisaient pas sa force; ils en étaient l'emblème naturel, car la force de l'homme est presque toujours accompagnée d'un grand développement chevelu; ils en étaient en outre le sceau divin, car ils étaient le signe de son nazaréat, de la mission dont il était revêtu, et de l'assistance que Dieu devait lui prêter: en perdant ses cheveux, Samson n'a perdu ses forces que parce qu'il sentait qu'il avait mérité d'être abandonné de Dieu; il n'avait plus de foi en Dieu, ni peut-être de foi en lui-même, et l'on sait que la foi en soi-même double et triple les forces.
-
Il est dit, à plusieurs reprises, que l'Esprit de Dieu fut sur Samson quand il s'apprêtait à faire le mal, ou que ses inclinations vicieuses venaient de l'Éternel: la réponse à cette difficulté est du ressort de la dogmatique; disons seulement que si l'Éternel dirige le cœur de l'homme comme des ruisseaux d'eau, il ne lui enlève point sa liberté. L'homme, esclave naturel du péché, suivait les désirs de la chair, et Dieu le laissait faire, sachant qu'il tirerait le bien du mal.
-
La force miraculeuse du fils de Manoah, a été regardée par plusieurs comme une force fabuleuse, et peu s'en faut que les rationalistes n'aient fait de Samson un être imaginaire, un héros fantastique, un mythe, comme on dit de nos jours. De ce que presque toutes les nations ont conservé le souvenir d'un homme aux exploits prodigieux, on a failli conclure qu'il n'y a jamais eu de Samson, ou tout au moins, et c'est alors une critique et une exégèse à part (on pourrait dire rétroactive), que le Samson des Juges a été emprunté à l'Ovide des Romains, aux traditions grecques sur Hercule, ou au Rama des Indiens. Le lion de Némée, en effet, la biche de Diane, le taureau crétois, la défaite de l'armée d'Ergine par Hercule et sa massue, la naissance miraculeuse d'Hercule, Hercule aux pieds d'Omphale, le Crotoniate Milon, les exploits de Thésée qui charge sur ses épaules un taureau vivant et le porte à Athènes, l'histoire du roi Nisus de Mégare qui perd ses forces avec les boucles rouges de son éclatante chevelure, la source d'Aganippe qui jaillit sous les pieds de Pégase, les énigmes que Rama propose à ses amis de noce, la source miraculeuse qui jaillit à ses côtés pour apaiser son ardente soif, les renards sauvages qu'on avait l'habitude de lâcher à Rome, au milieu du théâtre, avec des brandons attachés à la queue pour célébrer la fête d'Hercule, tous ces détails, et d'autres encore que nous racontent les anciens poètes, rappellent à divers titres l'histoire de Samson, et quant aux usages dont Ovide dit qu'il n'en connaît pas l'origine, il aurait pu la trouver dans les livres sacrés des Hébreux. Si l'on veut nier absolument la possibilité des faits, à la bonne heure; c'est un système, et Vatke a pu démontrer comme quoi Samson n'avait jamais existé, comme quoi Samson est une allégorie, un type du soleil, comme Napoléon. Mais si l'on admet la possibilité de la chose, qu'on en laisse au moins, avec l'histoire, l'initiative au peuple hébreu; qu'on reconnaisse que ce ne sont pas les plus anciens qui ont emprunté leurs traditions aux plus modernes, les Juifs aux Romains, les Juges à Diodore de Sicile.
SAMUEL,
fils d'Anne et d'Elkana (1
Samuel 1-16, et 25). Il était Lévite, 1
Chroniques 6:28, et sa famille habitait Rama
dans la montagne d'Éphraïm. Fils d'une mère
pieuse, il fut nommé Samuel, c'est-à-dire
exaucé de Dieu, parce qu'il fut accordé aux
prières de l'épouse stérile d'Elkana, et sa
vie fut consacrée à l'Éternel dès ses plus
jeunes années. Nazarien par le vœu de sa
mère, il fut élevé à Silo par les soins du
grand-prêtre Héli, qui l'initia à ses
futures fonctions de prophète et de juge,
mais Dieu veilla mieux encore que les hommes
à son éducation prophétique, et le jeune
homme apparut comme prophète et comme juge
devant le pontife dont Dieu lui avait révélé
les faiblesses et le châtiment. Bientôt il
se mit publiquement à la tête du peuple, et
conserva pendant toute sa vie des fonctions
dont il ne déposa entre les mains de ses
indignes fils que la partie extérieure,
formelle, et matérielle; le crédit,
l'autorité, il la conserva jusqu'à la fin,
même sous le régime de la royauté. Son lieu
de naissance, Rama, fut aussi le lieu dont
il fit son domicile ordinaire; cependant
d'autres villes, Guilgal, Mitspa, Béthel,
choisies peut-être moins à cause de leur
position que parce qu'elles avaient été
précédemment des lieux de culte et
d'adoration, furent des centres réguliers
d'activité pour Samuel, qui chaque année s'y
rendait pour réunir le peuple, l'exhorter,
ou exercer la justice.
Son influence sur les affaires publiques et
sur l'état et la reconstitution d'Israël fut
immense; il renversa l'idolâtrie, réveilla,
par ses actes comme par ses paroles, la
crainte de l'Éternel, ranima l'esprit
national, apaisa les rivalités de tribus,
établit conformément au vœu populaire la
royauté, qu'il renferma, par une charte
réciproquement jurée, dans des limites
destinées à garantir l'indépendance et la
liberté de la nation contre les excès
possibles du pouvoir; il appuya le roi par
ses conseils fondés sur la sagesse, la
modération, la justice et l'esprit
théocratique, qui devait présider à tous les
actes du peuple juif; il pourvut à ce que la
nation fût heureuse après sa mort, et sacra
roi David, qui devait mieux que Saül
justifier la confiance dont on l'avait jugé
digne; il dirigea des écoles de prophètes et
organisa cette institution, autant du moins
qu'un ordre reposant sur l'inspiration
divine peut être organisé par la main des
hommes, et les prophètes furent dès lors un
contre-poids donné aux empiétements de la
royauté, comme au besoin une protestation
vivante contre le relâchement et
l'infidélité du sacerdoce régulier. Le sacre
de David fut en quelque sorte le dernier
acte politique de Samuel, qui mourut en paix
dans un âge fort avancé, et fut pleuré de
tout Israël, 1 Samuel 25:1.
Le gouvernement de Samuel nous apparaît dans
l'histoire des Hébreux comme un moment de
calme entre deux orages, entre la judicature
du faible Héli et le règne de l'infidèle
Saül; il reçoit l'héritage vermoulu d'un
pontife sans force, et il n'a pas eu le
temps d'en réparer les brèches qu'il doit
déjà le transmettre à un roi sans
obéissance, dont il ne peut prévenir les
fautes; il accepte la conduite d'un peuple
négligé par son prédécesseur, et dévoué
d'avance à son successeur, et pourtant il se
charge avec joie de la tâche qui lui est
confiée, et se consacre à une œuvre dont il
sait qu'il ne recueillera pas les fruits.
Samuel doit être placé auprès de Moïse,
Jérémie 15:1; Psaumes 99:6, et de David; ces
trois hommes sont les astres les plus
brillants du ciel historique des Israélites;
les miracles et les exploits de Moïse, de
même que les guerres de David et la majesté
de son trône, entourent peut-être ces deux
derniers d'une plus belle auréole, mais
l'influence de Samuel et son activité, pour
n'avoir été que d'une nature religieuse,
normale, civile, n'en a pas moins été
puissante en Israël. Moïse avait donné les
préceptes de la loi, Samuel les fit pénétrer
dans la vie du peuple. Moïse avait donné les
formes, Samuel donna l'esprit, sans lequel
la forme conduit à la superstition; David
comprit l'un et l'autre, et fut à la fois
législateur et prophète d'Israël, vrai roi
théocratique et bien aimé de Dieu. C'est à
Samuel que les Hébreux doivent d'avoir été
constitués en nation, d'avoir été élevés au
rang de nation civilisée; car on ne saurait
donner ce nom aux tribus telles qu'elles
existaient avant lui sous les juges. Avec
Samuel, le peuple commence à se reconnaître,
à avoir la conscience de lui-même, et les
tribus s'unissent pour ne .former qu'un seul
corps; l'isolement politique des diverses
parties du pays disparaît. La loi divine,
comme nous avons eu souvent l'occasion de le
voir, n'avait pas encore pénétré les
esprits; Samuel fait ce qu'il peut pour les
nationaliser, si l'on peut s'exprimer ainsi,
et ses efforts sont couronnés; des écoles de
prophètes sont établies, et leurs élèves
deviennent pour le corps social et
ecclésiastique de la nation ce que sont pour
le corps humain les nerfs qui conduisent les
esprits vitaux. Pendant l'espace de sept
siècles, il en sort une succession, non
interrompue de prophètes jusqu'à Malachie,
et saint Pierre voit en Samuel le chef de ce
divin ministère, Actes 3:24.
Il commença sa carrière dans le temps de la
plus grande décadence, et l'on ne peut
savoir ce que le peuple serait devenu sans
lui. Les Philistins étaient les maîtres de
la plus grande partie du pays; les Hébreux,
découragés, étaient dans un profond
abaissement; le sort de Samson prouvait que
la régénération d'Israël ne pouvait être
opérée par un homme semblable aux autres
juges, mais qu'on avait besoin d'un remède
plus général, plus profond, plus intérieur,
et que la restauration nationale devait être
basée sur une réformation religieuse. C'est
qu'aussi la religion même semblait ne plus
se trouver nulle part en Israël. Le mal,
comme une gangrène, avait envahi jusqu'au
sanctuaire; la parole de l'Éternel était
rare en ces jours-là, et il n'y avait point
d'apparition, ni de vision; Héli sans doute
reconnaissait encore la voix de Dieu, mais
ses fils faisaient mépriser le culte du
Seigneur, qui déjà ne consistait plus que
dans le matériel de quelques cérémonies. La
mort du pontife, la défaite des Israélites,
la perte de l'arche, furent le comble du
malheur, et c'est aussi dès ce moment que
date la renaissance; l'activité de Samuel
commence dès lors à se déployer et à
s'accroître, tranquille mais profonde, lente
mais toujours égale. Une seule victoire lui
suffit pour humilier les Philistins pendant
toute sa vie.
Ses voyages, ses visites dans toutes les
parties du pays, les soins qu'il donnait
avec tant de zèle au peuple qu'il voulait
relever, amenèrent enfin Israël à un certain
degré de prospérité nationale et de
développement intellectuel et religieux;
mais Samuel était âgé, ses fils ne suivaient
pas ses voies, et l'on s'en servit comme
prétexte pour demander un roi. Il est vrai
que les, craintes des Israélites n'étaient
pas sans fondement; on pouvait prévoir
qu'après la mort de Samuel les Philistins
reprendraient courage, et que les tribus
réunies par sa puissante autorité, se
dissoudraient ou se désuniraient de nouveau
lorsque les unes ou les autres auraient été
attaquées par l'ennemi. Il était nécessaire
de prendre des mesures pour éviter que tous
les avantages obtenus par Samuel ne fussent
pas perdus en peu de temps. Mais il ne
fallait pas pour cela un roi «comme en ont
les autres nations;» on n'avait qu'à
s'attacher sincèrement à la constitution
théocratique donnée par Moïse, dans laquelle
la sagesse de son auteur avait assez eu
égard à l'union des forces nationales et à
leur facile concentration sans
l'intervention de la royauté. L'organisation
nationale, qui jusqu'alors avait été
patriarcale, devait être remplacée par une
organisation plus civilisée; mais celui qui
s'était manifesté d'abord comme Père
suprême, pouvait également, pour une nation
plus avancée dans son développement, se
manifester comme seul et vrai roi. Les
Hébreux montrèrent donc dans cette occasion
combien peu ils étaient pénétrés de l'esprit
de la révélation divine; ils voulaient un
roi en dépit de la volonté et de la
miséricorde célestes, qui leur avaient donné
un esprit directeur et organisateur, se
manifestant dans le sanctuaire de son
tabernacle. Samuel dut céder à leur
obstination: Dieu leur donnait un roi dans
sa colère, Osée 13:11.
Maintenant que le vœu du peuple est exaucé;
maintenant que, selon ses désirs, une
royauté politique a remplacé la royauté
théocratique, nous verrons si des jours plus
heureux se lèveront pour cette pauvre nation
tourmentée depuis des siècles. Dieu
continuera d'en être le vrai souverain, le
pays sera toujours le royaume de l'Éternel,
1 Chroniques 28:5; la révolution s'est faite
avec la permission divine, et c'est le grand
Samuel qui a sacré les deux premiers rois de
la jeune monarchie. Celui qui se manifestait
par les prophètes, les pontifes ou les
juges, se manifestera toujours, mais par
l'intermédiaire des rois; la théocratie
subsistera toujours, mais sous une autre
forme dont le peuple s'est promis des
avantages merveilleux; l'histoire montrera
si cette nouvelle forme sera favorable à la
nation, si la prospérité sera plus grande,
la piété plus sincère. Dieu est toujours le
même, il ne s'est pas opposé au changement
voulu par les Israélites; il a même promis
de les bénir s'ils sont fidèles, il ne leur
demande pas autre chose; de beaux jours
peuvent commencer. Si l'histoire du royaume
est moins glorieuse, moins heureuse que
l'histoire ancienne d'Israël, ce n'est point
parce que c'est un royaume, c'est parce que
le cœur s'est corrompu, parce que Dieu a été
oublié.
Nous avons donné les détails de cette belle
vie, et présenté les observations qu'elle
suggère, à la fin de l'Histoire des Juges
d'Israël, p. 114-142; nous n'avons plus à
présenter ici que les réflexions les plus
importantes, et celles qui n'ont pu trouver
place dans notre précédent travail.
-
La vie de Samuel a été une crise perpétuelle depuis les malheurs de la maison d'Héli, jusqu'à la chute de la maison de Saül. En politique, la royauté se substituait a la république aristocratique; en religion, l'arche était déposée chez Abinadab, le tabernacle était tour à tour à Silo, à Nob, à Gabaon; Ahimélec était souverain sacrificateur, et Samuel offrait le sacrifice, sacrait deux rois, jugeait le pays, opposait le prophétisme au sacerdoce, et méritait d'être nommé à côté de Moïse et d'Aaron, Psaumes 99:6. La splendeur du culte auquel il présidait, mais d'une manière extra-légale, est rappelée 2 Chroniques 35:18.
-
Accusé d'égoïsme par bien des commentateurs, Samuel se lave de ce reproche, par ses actes. On a voulu voir dans les objections qu'il fait à l'établissement de la royauté, dans son opposition à Saül, dans l'élection de David, autant de preuves d'égoïsme, d'amour-propre et de recherche de soi-même. Mais si l'on se rappelle le temps où il a vécu; si l'on tient compte des circonstances extraordinaires qu'il a traversées et qui nécessitaient des mesures extraordinaires; si l'on réfléchit que les tribus, divisées entre elles, n'étaient unies par aucun lien commun, et que leurs dissensions maintenaient le pays dans un état de continuelle agitation; si l'on oppose le courage tranquille, l'esprit de sagesse et de courageuse persévérance, les grandes vues, et la fermeté d'exécution des plans de Samuel, à la fougue brutale et à l'orgueilleux arbitraire de la conduite de Saül; si l'on réfléchit combien la déchéance de Saül et son remplacement par David ont été merveilleusement justifiés par leurs conséquences; si l'on reconnaît enfin que Samuel n'avait rien à gagner à l'élection de David qui ne devait monter sur le trône qu'après sa mort, et qu'il compromettait au contraire la paix de ses vieux jours par cet acte solennel d'opposition, on se fera une idée de ce que vaut le reproche fait à Samuel d'avoir été dur, barbare, arbitraire, égoïste, intéressé, on comprendra ce que valent les jugements du rationalisme extrême dont l'Allemagne semble avoir seule le monopole. Le peuple, et c'est beaucoup dire, rendit à Samuel un tout autre témoignage que cette espèce de savants théologiens, 1 Samuel 12:3, et ce peuple avait connu le joug de Samuel; il jugeait en connaissance de cause.
-
Samuel est le même depuis sa naissance jusqu'à sa mort; il semble qu'au milieu de tous les changements dont il est témoin, seul il ne change pas; calme et tranquille, ferme, prudent, il se montre un homme de foi jusque dans les plus petits détails de sa conduite; il annonce les oracles de Dieu, mais il ne fait rien pour en procurer l'accomplissement; il communique à Héli les menaces divines, mais il ne change rien à ses rapports avec son vieux maître; il rejette Saül devant les anciens du peuple, mais il évite de l'humilier; il oint David pour succéder à Saül, mais il se retire en sa ville, laissant à Dieu le soin de faire triompher le jeune berger; actif pour ce qu'il doit faire, passif pour le reste, il se montre sans fraude et réalise le type du chrétien. Les luttes politiques ne l'intéressent pas; il défend la république pied à pied; lorsqu'elle est renversée, il soutient la monarchie dont il sacre le premier roi; il passe de Saül à David, se bornant à constater ce changement de dynastie, cette révolution, et ne reconnaît de légitime que le roi théocratique, obéissant et fidèle. La forme du gouvernement lui importe peu, il les sert tous, mais il les veut tous soumis au roi des rois, le maître de tous. C'est le principe évangélique, Romains 13:1.
-
Sur l'évocation de l'ombre de Samuel,
— Voir: Pythonisse.
-
On lui attribue la composition des livres de Ruth, Juges, et 1 Samuel 1-6, ou 1-13,
— Voir: les différents articles.
-
Son nom est rappelé, outre les passages cités, par Jérémie, saint Pierre et saint Paul qui le citent à l'égal de Moïse, le placent parmi les plus grands hommes d'Israël et caractérisent par son nom toute une époque, Jérémie 15:1; Actes 3:24; 13:20. Hébreux 11:32.
Livres de Samuel, Les deux livres
connus sous le nom du juge-prophète n'en
formaient qu'un dans le canon juif; ce sont
les Septante qui les partagèrent en deux
parties; la Vulgate suivit cet exemple, qui
fut depuis, à cause de la division plus
commode en chapitres et versets, adopté même
pour nos versions hébraïques, mais seulement
depuis Bomberg. Les Septante appelèrent ces
livres premier et second livre des Rois; la
Vulgate latine imita son original grec, mais
le nom primitif, le nom par lequel les
Hébreux désignaient ce livre, est celui de
Samuel, non qu'il se rapporte à l'auteur, ou
qu'il caractérise tout le contenu du livre
et qu'il en épuise la matière, mais parce
qu'il commençait par l'histoire de Samuel,
et que Samuel en était le principal
personnage, celui dont le rôle était le plus
important; cf. 1 Chroniques 29:29.
— Les livres de Samuel reprennent l'histoire
là où celui des Juges s'arrête, et la
poursuivent jusqu'au point où ceux des Rois
la continuent. Diverses sources ont été
consultées pour la composition de ces
livres, des recueils de poésies, des
ouvrages prophétiques, et les annales du
royaume. On est assez d'accord à penser que
plusieurs auteurs ont travaillé à la
rédaction du premier livre de Samuel. Selon
Grégoire le Grand, Théodoret et Procope,
Samuel aurait composé lui-même les
vingt-cinq chapitres qui racontent sa vie,
mais les éloges nombreux qui lui sont donnés
ne seraient guère bien placés dans sa bouche
ou sous sa plume. Quant à ceux qui
attribuent à David la composition des
chapitres suivants, Isidore, etc., la
formule fréquemment employée «jusqu'à ce
jour», semble s'opposer à leur opinion, dans
les passages surtout où certains actes de
David sont racontés comme ayant laissé un
long souvenir qui ne pouvait évidemment pas
s'éteindre de son vivant, 1 Samuel 27:6;
30:24-25. Il semble qu'en faisant allusion
aux livres de Samuel le passage 1 Chroniques
29:29, doive nous mettre sur la voie, et
l'on ne risquera pas beaucoup de se tromper
en admettant que Samuel a écrit les choses
qui se sont passées sous Héli et sous son
propre gouvernement, que Gad et Nathan ont
écrit celles qui ont eu lieu dans les règnes
de Saül et de David, et qu'un homme pieux et
inspiré, Jérémie ou Esdras, en travaillant à
conserver les souvenirs de l'histoire
d'Israël, a rédigé, mis en ordre, peut-être
annoté, les ouvrages des prophètes,
historiens des temps passés.
— Bien que trois biographies forment le fond
des deux livres de Samuel, il est aisé de
voir que ce n'est pas dans un intérêt
biographique qu'ils ont été composés: les
noms de Samuel, de Saül et de David
appartiennent à l'histoire théocratique;
leur prospérité et leurs revers renferment
des enseignements publics qui ne se
comprennent qu'au point de vue théocratique.
Dieu est le roi. David commet de plus
grandes fautes à nos yeux que Saül, et il en
est puni par de grands malheurs (concatenata
infortunia, dit très bien Heidegger),
mais ces malheurs sont individuels comme sa
faute: Saül perd son trône, parce que son
péché est un acte de rébellion contre son
Roi, contre Dieu. Saül a péché comme roi, et
c'est comme tel qu'il est puni; David pèche
comme homme, et n'est puni qu'en cette
qualité. Les livres de Samuel ne sont bien
compris que si l'on se rappelle la royauté
de celui qui est le maître de toutes choses,
et qui avait spécialement voulu être le
maître d'Israël. Ils sont riches en détails,
et leur lecture offre à tous les esprits
l'intérêt le plus grand et le plus soutenu.
SANCHÉRIB,
2 Rois 18:13; 2 Chroniques
32:1; Ésaïe 36:1, etc., roi d'Assyrie, fils
et successeur de Salmanéser. Voulant se
venger d'Ézéchias qui refusait de payer le
tribut annuel, il marcha contre le royaume
de Juda dans la quatorzième année du règne
d'Ézéchias (711 ou 712 avant J.-C.); une
forte contribution de guerre qui lui est
payée à condition qu'il retirera ses
troupes, ne fait qu'encourager son humeur
conquérante et faciliter ses succès; il met
le siège devant Jérusalem, ne voulant pas
sans doute laisser entre les mains d'un
vassal peu sûr une place de guerre aussi
importante sur le chemin de l'Égypte, car
Tirhaca, roi d'Égypte, venait à sa
rencontre. Les sommations qu'il fait
adresser à Ézéchias restent sans effet, les
prières du roi de Juda sont exaucées, les
oracles d'Ésaïe s'accomplissent, un pouvoir
surnaturel détruit en une seule nuit l'armée
des assiégeants; 185,000 hommes succombent,
et le général, sans armée, se hâte de
regagner Ninive sa capitale; deux de ses
fils l'assassinent aux pieds des autels, et
le troisième Ésar-Haddon, monte sur le trône
à sa place. On trouve dans les prophètes
diverses allusions et prédictions relatives
aux luttes victorieuses de Sanchérib contre
l'Égypte, mais ces guerres ne sont pas
racontées, Ésaïe 10:24; 20:4; 30:31, etc.,
Nahum 3:8.
— La destruction de l'armée de Sanchérib est
un fait miraculeux qu'une cause tout à fait
naturelle a pu produire, le vent empoisonné
du désert, la peste dont l'armée avait
peut-être apporté le germe d'Égypte ou de
son contact avec une armée égyptienne, une
tempête peut-être et les coups de la foudre;
aucun détail ne permet de décider cette
question; l'ange de l'Éternel avait passé,
il ne laissait plus derrière lui qu'une
armée de corps morts; cette délivrance
extraordinaire venait sauver Juda après que
le royaume d'Israël avait succombé, ne
laissant que des débris à la place de ses
villes; c'était un dernier avertissement que
Dieu donnait à ce royaume endurci, lui
rappelant par un même prodige son amour, sa
puissance, et sa sévérité.
L'histoire profane contient différentes
mentions de Sanchérib: au dire d'Hérodote,
il aurait attaqué l'Égypte près de Pelusium,
au temps du roi Séthos, prêtre de Vulcain;
mais il aurait été repoussé. Cet événement,
qui aurait eu lieu vers l'an 718 avant
J.-C., et qui aurait été précédé déjà, ou
suivi, par un autre échec, l'abandon du
siège de Tyr, aurait engagé Sanchérib à
laver sa honte dans une victoire remportée
sur le faible royaume de Juda; selon
d'autres, une partie de son armée aurait
envahi l'Égypte pendant que le reste
assiégeait Jérusalem. Il y a, du reste,
d'autres difficultés chronologiques dans
l'histoire de Sanchérib, comme dans toute
celle des rois d'Assyrie, q.v.
SANG,
— Voir: Sacrifices.
— Perte de sang,
— Voir: Hémorroïsse.
SANGLIER,
— Voir: Porc.
SANGSUE.
Le mot hébreu haloukah, qui ne se trouve que Proverbes 30:15, a été rendu par les Septante, la Vulgate et nos versions, par sangsue, d'après l'analogie de la racine arabe, qui signifie se pendre S, et dont les dérivés consacrent et rendent probable la traduction adoptée. Comme il ne s'agit dans le passage cité que d'un terme de comparaison, et que le mot ne se trouve qu'une seule fois dans l'Écriture, l'imagination a pu se donner libre carrière pour la détermination de ce mot; les uns y ont vu le vampire avec tout le prestige que lui prête la fabuleuse poésie de l'Orient; d'autres y ont vu la goule si célèbre des contes arabes; d'autres y ont vu autre chose encore, mais toujours un être aussi insatiable que la cupidité dont il est l'emblème, un être dont les deux filles, l'avarice et l'ambition, ne se rassasient jamais, et disent toujours: apporte, apporte; en hébreu, hab, hab, onomatopée bien digne de la chose. Bochart croit qu'il s'agit ici du Destin, dont les deux filles, la Mort et l'Enfer, ne disent jamais: c'est assez! Il suffit que l'on comprenne l'image employée par le philosophe prophète, et ces différentes explications peuvent être choisies, ou même cumulées.
SANHÉDRIN.
-
C'était, vers le temps de Jésus, le tribunal suprême des Juifs, celui qui jugeait en dernier ressort. Il siégeait à Jérusalem, et se composait de soixante et onze membres, sacrificateurs ou anciens, pharisiens, sadducéens, scribes, qui se réunissaient sur la convocation et sous la direction d'un président, lequel pouvait être, et était ordinairement, le souverain sacrificateur. Un vice-président et deux ou trois secrétaires complétaient le bureau du tribunal, Matthieu 26:57; Marc 15:1; Luc 22:4; Actes 5:21,27,34; 23:6. À la droite du président (hannasi, le prince), siégeait le vice-président; à sa gauche, selon quelques auteurs, siégeait un membre du conseil qui portait le nom de sage par excellence, et Vitringa pense que c'est à cette fonction que notre Seigneur fait allusion lors qu'il appelle Nicodème un maître en Israël, magister; mais rien ne confirme ou ne justifie cette tradition. On peut en dire autant des soixante-dix langues que chaque membre du sanhédrin était, dit-on, obligé de comprendre (Gem. Sanhedr); cette vaste science se réduisait évidemment à des proportions plus humaines, et doit s'entendre soit, en général, de connaissances solides et étendues, soit surtout de l'intelligence du texte sacré (Hartmann). Dans des cas pressants, le conseil s'assemblait dans la maison de son président, Matthieu 26:3; mais, hors de là, il se réunissait journellement dans une salle des sessions, située aux alentours du temple, du côté du midi. Plus tard, dans les quarante années qui précédèrent la chute de Jérusalem, il se réunit à Hanoth, dans certaines demeures (tabernæ) situées, selon les rabbins, sur la montagne du temple en descendant; de là, il descendit plus bas encore dans la ville de Jérusalem, et, s'éloignant toujours plus du temple, il se fixa à Jérico, puis à Usa, puis ailleurs, et enfin à Tibériade, où il demeura jusqu'à son entière extinction.
Ce tribunal décidait seul des questions de droit qui pouvaient s'élever entre tribus; les rois, les grands-prêtres, les faux prophètes, les cas de guerre volontaire et de blasphème, appartenaient également à la connaissance de ce tribunal, et de lui seul. Les accusés et les témoins étaient entendus, et, suivant les cas, le sanhédrin prononçait, soit l'une des quatre peines capitales, le feu, la corde, la décapitation et la lapidation, ou la peine du fouet, Matthieu 26:60; Actes 4:7; 5:40; 6:13. Jésus comparut devant ce tribunal comme faux prophète et faux Messie; Pierre, comme thaumaturge, s'attribuant des forces divines; Jean, comme faux prophète et séducteur du peuple; Étienne, comme blasphémateur; Paul, comme enseignant de fausses doctrines, Jean 11:47; Actes 4:8, etc. Le droit d'arrestation était naturellement dans les attributions de ce conseil, et l'on voit, par Actes 9:2, qu'il s'étendait au-delà des limites de la Palestine. Relativement à l'exercice de la justice criminelle, on a trouvé dans Jean 18:31, le texte de nombreuses difficultés; malgré la précision des termes, portant que les Juifs (le sanhédrin) n'avaient pas le droit d'appliquer la peine de mort, plusieurs interprètes ont contesté ce fait, et n'y ont voulu voir qu'un échappatoire des Juifs pour se soustraire à la responsabilité du crime qu'ils voulaient pouvoir rejeter sur Pilate. Le passage Matthieu 10:17, ne prouve rien dans cette question, ni pour, ni contre, et, quanta la condamnation d'Étienne, elle porte les caractères d'une vengeance populaire plutôt que ceux d'un jugement régulier. La tradition rabbinique est unanime à dire que, quarante ans avant la destruction de Jérusalem, le sanhédrin avait été dépouillé par les procurateurs du droit de vie et de mort, et Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 20, 9, 1) raconte que lors de l'exécution de Jacques le Juste, quelques-uns des meilleurs membres de ce corps accusèrent le souverain pontife Anne auprès du procurateur Albinus, comme ayant outrepassé ses pouvoirs et sa compétence, en prononçant la peine de mort. Ajoutons que si les paroles, Jean 18:31, n'ont pas le sens qu'on leur donne ordinairement, elles n'en ont aucun; que si elles expriment une idée fausse, on ne comprend pas que ceux qui les ont prononcées aient osé le faire, et enfin que le silence de Pilate, en présence de cette réponse des Juifs, serait inexplicable si les Juifs avaient avancé un fait faux, lorsqu'il avait lui-même le plus grand intérêt à se débarrasser d'une affaire qui engageait sa responsabilité sans lui rapporter ni profit ni honneur. Il faut donc admettre que, du temps de notre Seigneur, le sanhédrin était dépouillé du droit de prononcer une condamnation à mort, quoique les causes qui pouvaient la provoquer fussent encore de son ressort, et qu'il fût chargé de l'instruction du procès pour les délits ou les crimes ecclésiastiques qui devaient être jugés d'après les principes de la loi mosaïque. Au reste, le grand sanhédrin n'était pas seulement une cour de justice, mais encore le pouvoir suprême en matière de législation et d'administration ecclésiastique; il fixait le commencement des nouvelles lunes, et veillait, d'une manière générale, à tout ce qui concernait les besoins et l'exercice du culte.
Les Talmudistes font remonter l'origine du grand sanhédrin à Moïse, qui, dans le voyage du désert, Nombres 11:16, nomma un collège de soixante-dix anciens chargés de le seconder dans l'administration de la justice, et dans l'application des règlements de la police juive; ils prétendent qu'Esdras, après le retour de l'exil, pourvut à la réorganisation de cette assemblée. Mais il est probable que les fonctions de ce collège cessèrent avec l'entrée des Israélites en Canaan; il n'en est plus reparlé dans les saints livres, et l'on ne comprend pas, en effet, quel rôle il eût joué sous les juges et sous les rois, qui avaient un état civil bien organisé, des juges, des préfets, etc. La tradition rabbinique ne vient sans doute, comme tant d'autres, que du désir de donner à une institution nationale le lustre d'une haute antiquité. C'est au temps d'Antipater et d'Hérode que se rapporte la première mention qui est faite du sanhédrin, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 14, 9, 4; il était cependant plus ancien, et l'on doit convenir que le collège des anciens de Moïse a pu fréquemment être pris pour modèle d'une institution de ce genre; car, avant l'exil déjà, le roi Josapbat avait établi à Jérusalem un tribunal supérieur de soixante-dix juges, composé de prêtres et de lévites, 2 Chroniques 19:8. Les livres des Maccabées (2 Maccabées 1:10; 4:44; 3 Maccabées 1:8) l'appellent le sénat (la vieillesse), et le font remonter aux temps de la domination séleucide, peut-être avec raison; mais il n'est guère probable que les anciens mentionnés 1 Maccabées 7:33; 12:35; 13:36, aient eu, comme le pensent quelques-uns, aucun rapport avec le sanhédrin.
-
De plus petits collèges du même nom, de petits sanhédrins de vingt-trois membres, doivent, d'après Sanhedr. 1, 6, avoir été établis dans toutes les villes de la Judée qui comptaient plus de cent vingt habitants (ou familles?), pour juger tous les cas de blessures, d'homicides etc.; il y en avait deux à Jérusalem même. Toutefois Flavius Josèphe n'en parle pas, non plus que du tribunal des trois, qui était chargé de s'occuper des petites causes, de régler les affaires d'argent, de statuer sur les dommages causés, etc. Il parle plutôt d'un tribunal de sept membres, dont deux au moins de la tribu de Lévi, établi dans les villes de province, et auquel il serait fait allusion Matthieu 5:22; 10:17; Marc 13:9; 14:55, etc. Ces petits sanhédrins ne pouvaient prononcer au-delà de quarante coups de fouet.
SANOAH.
Deux villes de la tribu de Juda, situées l'une dans la plaine, Josué 15:34, l'autre dans les montagnes, 15:56. C'est de la première sans doute qu'il est parlé, Néhémie 11:30; cf. 3:13. Eusèbe et Jérôme ne s'accordent pas sur son emplacement.
SANSANNA,
ville de la partie méridionale de la tribu de Juda, Josué 15:31.
SAPH,
géant de la race de Rapha, tué
à Guéser par Sibbécaï de Huza, 2 Samuel
21:18. Il est nommé Sippaï 1 Chroniques
20:4. C'est peut-être par une erreur de
copiste qu'on lit Gob au lieu de Guéser dans
le premier passage;
— Voir: Gob.
SAPHAN, ou shaphan.
-
Fils d'Atsalia, et secrétaire de Josias; occupé à recueillir les fonds offerts pour les réparations du temple, il reçut d'Hilkija l'exemplaire autographe de la loi de Moïse, retrouvé contre toute attente; il le porta au roi et lui en lut ces fragments qui produisirent sur le monarque une si profonde impression: il dut se rendre alors avec son fils et le souverain sacrificateur auprès de la prophétesse Hulda, qui confirma les menaces de la loi à l'égard des transgresseurs, rendit à Josias un témoignage de droiture et de justice, et lui annonça une fin tranquille,
— Voir: Hilkija, Hulda, etc.
On ne peut déterminer quel est le morceau que Saphan lut au roi: quelques-uns ont pensé à Deutéronome 28:15, etc., mais c'est un jeu d'esprit que de faire de pareilles recherches; Saphan a lu peut-être à rouleau ouvert, et dans tous les cas, s'il a choisi, il a dû faire un autre choix que celui qu'on lui prête et qui ne convenait pas du tout au caractère et à la vie du roi.
— Fils d'un père inconnu, Saphan est devenu le chef d'une famille illustre qui sous les derniers rois a su résister au torrent de la corruption, et seconder le ministère de Jérémie; son fils Ahikam, et son petit-fils Guédalia sont souvent cités avec le nom de leur père, Jérémie 39:14, etc. C'est peut-être le même Saphan qui fut père d'Élhasa, Jérémie 29:3, et de Guémaria, Jérémie 36:12; ce dernier, dans ce cas, serait frère d'Ahikam.
-
Le saphan, ou shaphan, est un animal nommé par Moïse à côté du lièvre et du chameau, Lévitique 11:5; Deutéronome 14:7, et déclaré impur, quoiqu'il rumine, parce qu'il n'a pas l'ongle fendu: on y a vu tour à tour le lapin, la marmotte, et la gerboise; mais il paraît plutôt que c'est un habitant spécial des déserts de l'Idumée, nommé oueber par les indigènes, retrouvé, décrit, et dessiné par L, de Laborde, une espèce de gros rat, moins gros que l'écureuil, de couleur grisâtre, avec les pieds de devant et la queue du rat; il a les jambes de derrière plus longues que celles de devant; il rumine, il aime la demeure des rochers, et marche par troupes, caractères qui conviennent au saphan de l'Écriture, cf. Proverbes 30:26; Psaumes 104:18.
SAPHIR,
pierre précieuse qui porte le même nom en hébreu, Exode 24:10; 28:18; 39:11; Ézéchiel 28:13. D'un bleu céleste et d'un bel azur, cf. Ézéchiel 1:26, le saphir est dans les prophètes la couleur du trône de Dieu: il est transparent, et plus dur que le rubis. Les anciens paraissent avoir aussi appelé de ce nom la substance du lapis lazuli, également bleue, mais opaque, tournant sur le bleu foncé ou le violet, et semé de taches d'un jaune d'or, Pline 37:39; mais comme cette pierre n'est pas assez précieuse pour avoir mérité d'être nommée Job 28:6,16, et que d'ailleurs elle ne se travaille pas bien, ce qui ne concorderait pas avec Exode 28, il est probable que c'est du véritable saphir qu'il est question dans ces passages, quoique la version perse l'ait traduit une fois par lazurad, lapis lazuli.
SAPHIRA,
Actes 5:1, femme d'Ananias, et
sa complice dans le mensonge par lequel ils
ont tenté le Saint-Esprit. Interrogée à
part, elle répondit comme son mari, et fut
frappée comme lui d'une mort subite; une
même tombe recueillit à quelques heures de
distance les deux coupables, bien dignes de
mourir ensemble. Ce serait aller plus loin
que l'Écriture, si l'on affirmait qu'ils
sont morts réprouvés, de Dieu; un grand
exemple devait être donné à l'Église
naissante, et ce malheureux couple l'a
donné; peut-être que rachetés de Dieu, ils
n'ont été frappés de mort subite pour leur
dernier péché qu'afin de servir
d'enseignement à l'Église. Leur déplorable
chute n'était peut-être qu'une chute, grave
sans doute, mais qui n'eût pas exclu le
repentir, et leur prompt châtiment ne prouve
pas qu'ils soient morts dans l'impénitence
finale; autrement il faudrait dire que tout
chrétien qui est surpris par la mort dans
l'accomplissement d'un acte coupable, perd
par là-même le bénéfice de la grâce divine,
— Voir: Ananias.
SAPIN.
C'est par ce mot que nos versions françaises et allemandes, à l'exemple de la Vulgate, ont traduit l'hébreu b'rôsh, Ésaïe 14:8; 37:24; 55:13; 60:13; Cantique 1:16; Zacharie 11:2; Ézéchiel 27:5; Nahum 2:3; 2 Samuel 6:5; 1 Rois 5:8; 6:15,34, etc. Cette traduction est démentie par le rôle même que cet arbre et son bois jouent dans les passages cités; nous la remplaçons, avec la plupart des auteurs modernes (Gesenius, Rosenmuller, etc.), par cyprès, q.v. D'autres ont pensé au pin, mais les objections restent les mêmes.
SARA ou Saraï,
femme d'Abraham, mère d'Isaac,
Genèse 11:29; 12:5; sq., était probablement
fille de Taré comme son mari, mais d'une
autre mère, Genèse 20:12, quoique un grand
nombre de commentateurs, Flavius Josèphe,
Jérôme, Augustin, l'identifient avec Jisca,
fille de Haran, petite-fille de Taré, et
nièce d'Abraham, 11:29. Elle naquit en
Caldée, suivit son mari d'abord à Caran,
puis en Palestine et en Égypte, où Dieu la
délivra une première fois des dangers
auxquels sa beauté et la faiblesse d'Abraham
l'avaient exposée. Privée d'enfants et sans
espérance d'en avoir, elle donna sa servante
Agar pour concubine à son mari, ne se
doutant pas de tous les maux dont cette
concession aux usages d'alors serait la
source: elle fut mère en effet par Agar,
mais cette maternité usurpée porta des
fruits amers; Agar méprisa maîtresse, qui se
vengea d'autant mieux qu'Abraham consentit à
sa vengeance. Dieu, cependant, se rappelait
les promesses qu'il avait faites à son
serviteur, et n'oubliait pas Sara, dont le
premier nom Saraï signifiait noblesse, et
dont le second signifie princesse,
changement qui indiquait sans doute que,
noble par l'alliance du grand Abraham, elle
s'élèverait à un rang plus haut encore en
donnant une postérité au père des croyants.
Ces promesses furent répétées avec plus de
précision lors de la visite des anges au
patriarche, et Sara qui les entendit fixer
l'époque de la naissance de son fils ne put
pas réprimer un sourire dans un premier
moment d'incrédulité: ce sourire fut le nom
de son fils et dut lui rappeler à la fois sa
joie et son manque de foi. Pour éviter un
même danger, elle commit à Guérar le même
péché de ruse et de mensonge qu'elle avait
commis en Égypte, et l'intervention divine
put seule la préserver de ses terribles
conséquences. Enfin les promesses se
réalisèrent à son égard; elle donna le jour
à un fils, et le nourrit elle-même, 21:7.
Mais les épouses rivales furent aussi des
mères jalouses, et comme les mères, les
enfants se haïrent, Galates 4:29; Sara
demanda le renvoi de sa servante et de son
fils, et le patriarche, cédant à un ordre de
Dieu, dut y consentir: il fournit aux exilés
les vivres nécessaires à leur voyage, et
adoucit sans doute par de riches présents la
dureté d'une séparation qui lui était
imposée par une volonté qui n'était pas la
sienne: confiant dans les promesses divines,
16:10; 17:26; 21:13, il abandonna son fils
entre les mains de celui qui devait valoir
mieux pour lui que sa marâtre. Sara ignora
sans doute le projet du sacrifice d'Isaac,
qui peut-être même n'eut lieu qu'après sa
mort; les précautions et le silence du
patriarche prouvent assez que dans cette
circonstance le combat ne fut connu que de
Dieu et de lui. Sara mourut à Hébron, âgée
de cent vingt-sept ans, de dix ans plus
jeune que son mari, et fut ensevelie dans la
caverne de Macpéla; 23:1; 49:31.
— Belle jusque dans l'âge le plus avancé,
Sara montre plutôt des instincts que du
caractère: simple et soumise, elle aime son
mari, et obéit à ses ordres les plus
étranges, sans seulement paraître les avoir
discutés; sa docilité est rappelée avec
éloge, 1 Pierre 3:6; saint Paul loue sa foi,
Hébreux 11:11. Son nom se retrouve encore
Ésaïe 51:2; Romains 4:19; 9:9 (Sermon de
Gaussen).
Origène et Chrysostôme blâment Abraham et
Sara de leur conduite envers Pharaon et
Abimélec; le patriarche a exposé sa femme à
l'adultère, et celle-ci y a consenti.
Augustin fait au contraire l'apologie
d'Abraham, en disant:
-
Qu'il n'a pas menti en disant que Sara était sa sœur, et qu'il s'est borné à taire une vérité qu'il n'était pas obligé de découvrir.
-
Qu'il était exposé à la mort et au déshonneur de sa femme, s'il parlait, et qu'il ne pouvait éviter ni l'un ni l'autre; qu'en se taisant, il avait au moins la chance d'éviter la mort.
-
Qu'il laissait à Dieu le soin de conserver l'honneur de Sara, et qu'il agissait en cela par la foi.
-
Que dans la pire supposition, l'adultère ayant été involontaire, il aurait été sans crime et sans infamie. Mais on a beau expliquer, et invoquer peut-être les mœurs brutales de cette époque, ce double épisode forme une double tache dans l'histoire d'Abraham et de Sara, et c'est se tacher soi-même que de l'excuser. Le père des croyants a manqué de foi là même où l'honneur seul aurait pu lui en tenir lieu.
SARDES,
ancienne capitale de la Lydie,
splendide résidence de ses rois, était
située au pied septentrional du mont Tmolus,
à 30 lieues sud-est de Pergame, dans une
plaine fertile arrosée par le Pactole. Elle
fut prise par Cyrus, sous Crésus, 545 avant
J.-C.; plus tard, au temps d'Antiochus, elle
passa sous la domination romaine, mais elle
ne tarda pas à décliner. Un tremblement de
terre la détruisit sous Tibère, mais les
empereurs la firent rebâtir, et elle
conserva sa grandeur et sa dignité jusqu'à
sa prise par Tamerlan, vers 1402. Ce n'est
plus maintenant qu'un pauvre petit village
nommé Sart, où l'on distingue les
ruines de deux anciennes églises, qui sont
peut-être les restes des édifices dans
lesquels se réunissaient ces chrétiens qui
avaient le bruit de vivre, mais qui étaient
morts.
— Les habitants de Sardes étaient fort
méprisés à cause de leur mauvaise foi et de
leur passion pour le libertinage et la bonne
chère; ils représentent parfaitement,
Apocalypse 3:1, l'Église dans les temps qui
précédèrent la réformation, cette Église
corrompue où il ne se trouvait plus que peu
de personnes qui n'eussent pas souillé leurs
vêtements, et qui s'illustra par Wicleff,
Jean Huss et Jérôme de Prague. Le livre de
M. de Bonnechose, les Réformateurs avant la
Réforme, est le meilleur commentaire de la
lettre que le Saint-Esprit fil écrire à
l'ange de l'Église de Sardes.
SARDOINE,
en hébreu odem, qui signifie rougeur, Exode 28:17; 39:10. C'est une pierre précieuse couleur de chair, à moitié transparente, estimée pour la fraîcheur de sa couleur et pour sa dureté; elle se laisse cependant travailler. La plus belle vient de l'Arabie. Elle a quelques rapports avec la chalcédoine. Saint Jean la nomme, Apocalypse 21:20, à côté du sardonyx.
SARDONYX,
Apocalypse 21:20, espèce
intermédiaire entre la sardoine et l'onyx,
et désignée probablement par l'hébreu
yahalom, Exode 39:11; Ézéchiel 28:13. Si
par onyx on entend la cornaline, le sardonyx
sera une pierre semblable, mais plus claire,
comme la couleur de l'ongle posé sur la
chair vive;
— Voir: Onyx.
SARÉETSER,
— Voir: Adrammélec #2.
SAREPTA,
Luc 4:26, ville phénicienne, située entre Tyr et Sidon, à 3 lieues de cette dernière ville, 1 Rois 17:9; Abdias 20. Elle produisait, au dire de quelques auteurs, un vin si fumeux que les plus hardis buveurs n'en auraient su boire une pinte en un mois. On a cru que son nom venait des fonderies de verre et de métaux qui se trouvaient dans son voisinage; tsaraph signifie fondre; et la mythologie dit que c'est à Sarepta que Jupiter, déguisé en taureau, ravit Europe à ses compagnes. Cette ville a de plus beaux souvenirs; elle fut le séjour d'Élie, le théâtre de quelques-uns de ses miracles, et la patrie de cette pieuse veuve qui crut avant que les païens eussent été appelés à la foi. La plaine fertile qui l'avoisine est peut-être désignée dans l'Évangile sous le nom de frontières de Tyr et de Sidon, et l'on suppose que le Seigneur se dirigeait de ces côtés lorsque la syrophénicienne vint lui demander la guérison de sa fille, Matthieu 15:21. Sarepta était encore au moyen âge une place forte, maintenant elle s'appelle Sarfend. Jadis elle s'étendait vers le rivage, là peut-être où l'on voit le village de Aïn-Teen, mais aujourd'hui elle est sur une hauteur à environ vingt minutes de la mer, dominant une vallée étroite, où les oliviers ont remplacé les célèbres vignobles. Une mosquée est bâtie, dit-on, sur le lieu même de la maison de la veuve qui logeait Élie, et la cave, toujours éclairée, de ce bâtiment, doit avoir produit des cures merveilleuses.
SARGON,
roi d'Assyrie, qui envoya Tartan, l'un de ses généraux, pour faire le siège d'Asdod, ville des Philistins et la clef de l'Égypte: il fut heureux dans une expédition contre ce dernier pays, et en ramena un grand nombre de prisonniers, Ésaïe 20:1; etc. Son nom n'appartient pas à l'histoire profane, et ne se trouve que dans le seul passage cité; on a voulu y voir tour à tour Salmanéser, Sanchérib, et Ésar-Haddon, et à la rigueur on pourrait l'entendre des deux premiers; mais il paraît plutôt que Sargon fut le prédécesseur immédiat de Sanchérib, et que ses succès en Égypte eurent lieu sous le règne de So.
SARON,
belle et vaste plaine du bas
pays de Canaan, longue d'environ 18 lieues,
et d'une largeur irrégulière, qui va en
diminuant du sud au nord; elle était jadis
peuplée, fertile, et cultivée,
— Voir: saint Jérôme, ad Ésaïe 65:10.
Les sables et les dunes, les espaces
rocailleux, les champs, les pâturages, y
alternent, 1 Chroniques 27:29; Ésaïe 65:10.
La partie qui portait proprement le nom de
Saron, et qui était la plus célèbre par sa
beauté, Ésaïe 35:2; Cantique 2:1, est la
contrée qui traverse la route de Jaffa à
Jérusalem. Le chemin est aujourd'hui bordé
de haies de cactus qui entourent des jardins
d'orangers, et la multitude des roses
blanches et rouges, des narcisses, des
anémones, des lys blancs et jaunes, des
tulipes, surprend et récrée le voyageur. Les
villages nombreux qui vivifient cette
plaine, et dont l'un portait autrefois aussi
le nom de Saron, Actes 9:35, sont entourés
d'oliviers et de sycomores; ce terrain,
fertile quoique sablonneux, serait couvert
des plus belles récoltes si le despotisme
des Turcs ne détruisait toute agriculture,
mais les champs demeurent incultes, et les
villages sent pleins de ruines: ainsi
s'accomplissent les justes jugements de
Dieu, Ésaïe 33:9 (Chateaubriand, Raumer,
Bræm, etc.). La ville de Saron mentionnée
Josué 12:18, comme résidence d'un roi
cananéen, est peut-être la même dont il a
été parlé ci-dessus; les faubourgs de Saron,
1 Chroniques 5:16, paraîtraient se rapporter
à une ville située au-delà du Jourdain, si
l'on n'était autorisé à croire que les
tribus transjourdaines, occupées de
bestiaux, possédaient aussi des
établissements et des pâturages en dehors
des limites de leur territoire. Enfin, une
ville de ce nom, Saronas, était située,
d'après Eusèbe, au nord de la Palestine,
entre le mont Tabor et le lac de Tibériade.
SARUG,
Luc 3:35, ou Sérug, fils de Réhu, père de Nacor, mourut à l'âge de trois cent trente ans. II est nommé dans la généalogie de Marie. La tradition fait de lui un des apôtres de l'idolâtrie.
SAT,
— Voir: Mesures.
SATAN,
mot hébreu qui signifie
ennemi, accusateur, calomniateur, et qui
est parfaitement traduit par le mot grec
diable. Il est employé en parlant de
David, 1 Samuel 29:4, où l'original porte:
«pour qu'il ne devienne pas pour nous un
satan;» en parlant de Hadad et de Rézon, 1
Rois 11:14; 23:25, où nos versions l'ont
rendu par ennemi; de saint Pierre, Matthieu
16:23; Marc 8:33. Son sens le plus ordinaire
est cependant celui de diable, de démon, de
chef des démons, Job 1:6-7; 2:1,7; Psaumes
109:6; Zacharie 3:2; 1 Rois 22:21; Jude 9;
Matthieu 12:26; Marc 3:23; Apocalypse
2:9,13; 12:9; 20:2; etc. On peut voir aux
articles Anges, et Diable, ce qu'il y a à
dire en général sur ce sujet; il n'y a que
peu de choses à ajouter sur ce mot spécial.
Matthieu 12:26. Satan est représenté comme
un roi qui a sous ses ordres une armée dont
la discipline fait la force, cf. Marc 3:23;
Luc 11:18. Jésus accusé par les pharisiens
(qui du reste ne croyaient pas un mot de ce
qu'ils disaient) de chasser les démons par
Béelzébul, prince des démons, fait ressortir
l'absurdité de cette accusation, en montrant
que, de la part de Satan, ce serait se faire
la guerre à lui-même.
Actes 26:18. Saint Paul montre qu'il n'y a
pas de milieu entre Dieu et Satan; on est de
l'un ou de l'autre, sous l'influence de l'un
ou sous celle de l'autre, vérité qui ressort
de toutes les déclarations de l'Évangile, et
qui reste telle devant Dieu, quoique à nos
faibles yeux il puisse paraître qu'il y a
toutes sortes de gens, et des degrés
infiniment divers dans la piété et dans
l'impiété; cf. 2 Corinthiens 6:14; sq. 1
Jean 3:10; Jean 8:44, etc.
Luc 10:18. Jésus contemple Satan tombant du
ciel comme un éclair; il le dit aux
soixante-dix disciples qui, après leur
mission, viennent lui rendre compte de leurs
travaux et de leurs succès. Les démons mêmes
leur sont assujettis, et le Sauveur,
rappelant en son coeur les visions qu'il a
eues, répond à la joie de ses envoyés par
cette déclaration, que le chef même des
démons a été vaincu; il l'a vu tomber, comme
ailleurs il est dit d'Abraham qu'il a vu la
journée de Christ; c'est la vue de la foi,
Jean 8:56. Jésus, en prononçant ces paroles,
a sans doute eu présentes à l'esprit celles
d'Ésaïe 14:12, où le roi de Babylone,
symbole de l'ennemi de Dieu, est comparé à
l'étoile du matin qui tombe des cieux.
Luc 13:16. Satan est considéré comme
l'auteur, sinon de toutes les maladies, du
moins d'un certain nombre des affections qui
affligent l'humanité. Avec ce passage on n'a
pas de peine à comprendre ce qui est dit
d'Hyménée, d'Alexandre, et de l'incestueux
de Corinthe, livrés à Satan pour leur salut,
1 Timothée 1:20; 1 Corinthiens 5:5. Si
quelques auteurs, et spécialement ceux de
l'Église romaine, pensent qu'il ne s'agit
ici que de l'excommunication, il est évident
cependant que saint Paul a en vue quelque
chose de plus grave qu'une pénitence
ecclésiastique; il s'agit d'un châtiment
réel qui devait détruire la chair, et tout
en reconnaissant que ces pécheurs étaient
excommuniés, nous sommes contraints
d'admettre que la sentence de l'apôtre
entraînait avec elle une peine corporelle,
une maladie grave, fruit du péché et
infligée par Satan.
Apocalypse 2:9. La synagogue de Satan se
rapporte dans ce passage aux Juifs
incrédules, qui n'avaient de juif que le nom
et les traditions, mais qui, en repoussant
Jésus, prouvaient qu'ils repoussaient
l'esprit de Moïse et de tout l'Ancien
Testament. La même expression est employée
3:9, où il est question de l'Église
chrétienne, et elle désigne les chrétiens de
nom qui mentent en s'appelant chrétiens,
parce qu'ils n'ont pas gardé la parole de
Dieu; c'est dire que ce nom désigne l'Église
de Rome, déjà désignée 2:13, comme le siège
et l'habitation de Satan; les mystères de
cette église, ses ruses pour séduire et
corrompre les consciences, sont désignées,
2:24, sous le nom de profondeurs de Satan.
Apocalypse 20:1; sq. Satan est lié pour
mille ans, puis délié pour un peu de temps
après le millénium; après cela, vaincu par
l'armée céleste, il sera de nouveau saisi et
jeté avec les siens dans l'étang ardent de
feu et de soufre, où ils seront tourmentés
jour et nuit aux siècles des siècles.
Luc 22:31. Satan est représenté, de même que
dans le prologue de Job, comme cherchant à
séduire les élus de Dieu; la prière,
l'intercession de Jésus est le seul moyen de
sortir victorieux de cette lutte. Tous les
apôtres étaient menacés par les manœuvres de
Satan; saint Pierre était par son caractère
le plus exposé à succomber, Jésus prie pour
lui; Judas était dans ces dispositions
intérieures pour lesquelles il n'y a plus de
prières, cf. 1 Jean 5:16; il restait sans
défense entre les mains de celui à qui il
s'était livré.
La foi aux démons est aussi ancienne que la
foi en Dieu, et ceux qui ont conçu l'idée du
bien n'ont pu le faire qu'en admettant la
notion contraire, l'idée du mal. Chez les
Hébreux l'idée de Dieu prédominait
cependant, et c'est l'idée capitale; Dieu
était admis comme thèse, la notion contraire
appartenait plutôt à la controverse; la loi
de Moïse établissait le bien plutôt qu'elle
ne combattait le mal. Mais conclure de là
que l'existence des démons était inconnue
aux Hébreux, c'est aller un peu loin (—
Voir: Diable); le bouc Hazazel serait
déjà une antique protestation contre cette
hypothèse, et depuis la Genèse, depuis Job,
jusqu'à Zacharie, nous trouvons des traces
même assez positives de l'universalité de
cette croyance. Les paroles de notre Sauveur
prouvent surabondamment que les Juifs de son
temps croyaient à la personnalité des
mauvais esprits, et l'on aurait d'autant
plus mauvaise grâce à dire qu'il
s'accommodait aux superstitions et aux
préjugés populaires, que dans la plupart des
cas il aurait pu tout au moins s'abstenir,
que ses déclarations n'étaient nullement
provoquées, et que celui qui était venu
apporter la vérité sur la terre, ne saurait
être soupçonné d'y avoir au contraire
entretenu le mensonge et l'erreur.
Satan sous ses divers noms de Diable, de
Malin, de Béelzébul, Belsébub, ou Belsébuth,
de Bélial, ou Béliar, 2 Corinthiens 6:15,
est représenté dans l'Écriture comme la
source de tous les maux, Luc 10:19; 13:16;
22:31, comme l'ennemi du règne de Dieu,
Matthieu 13:39; Luc 10:18; Jean 12:31;
14:30; 16:11, comme le tentateur et
séducteur des croyants, 1 Corinthiens 7:5; 1
Thessaloniciens 3:5; 1 Pierre 5:8, lequel
avait essayé même de tenter le fils de Dieu,
Matthieu 4:1. La première manifestation de
son influence malfaisante remonte aux jours
de la création, au jardin d'Éden,
— Voir: Hébreux 2:14; 2 Corinthiens
11:3; cf. Apocalypse 12:9,
et par le péché il est devenu le père de la
mort, 1 Corinthiens 15:26; Hébreux 2:14. Il
avait été créé droit, de même que les démons
qui le servent, mais par leur propre faute,
par leur orgueilleuse rébellion, ils sont
tombés, ils ont été chassés du ciel, Jean
8:44; 2 Pierre 2:4; Jude 6, et maintenant
ils règnent sur les ténèbres, ils sont dans
l'air, ils pèsent sur l'humanité déchue,
Éphésiens 2:2; 6:12; cf. Colossiens 1:13;
Jean 13:2; sq. 2 Corinthiens 4:4, et
finiront par éprouver un terrible jugement,
car Christ est apparu pour renverser et
détruire l'empire de Satan, 1 Jean 3:8.
— Voir: aussi Apocalypse 20.
Noter encore les passages Zacharie 3:1, et
surtout 1 Rois 22:21.
— Il est probable que Milton, dont le génie
ne regardait pas de très près à l'exactitude
historique (son sujet, d'ailleurs, ne le
comportait pas), a puisé dans Apocalypse
12:4, sq., l'idée de Satan entraînant avec
lui dans sa révolte la troisième partie du
ciel. Peut-être aussi n'y a-t-il eu que
simple réminiscence, car cette idée était
naturelle et simple; Satan ne pouvait être
ni égal, ni trop inférieur à Dieu. Égal,
c'eût été le placer trop haut; trop
inférieur, c'eût été rendre la lutte
illusoire et nuire à l'intérêt de l'action.
(Le nom grec de l'ennemi du genre humain,
διαβοίος, de
διαβαλλω, qu'on traduit ordinairement par adversaire, ne
serait-il pas mieux rendu par le vieux mot
français traversier, celui qui
traverse? Il y aurait, pour cette
traduction, l'analogie du serpent
traversant de nos versions.)
SATRAPES,
— Voir: Perse.
SATURNE,
— Voir: Kijun, Caldée, Caldéens.
SAÜL,
— Voir: Paul.
SAÜL.
-
Fils de Siméon et d'une Cananéenne, Nombres 26:13; 1 Chroniques 4:24; Genèse 46:10; Exode 6:15. La mention spéciale qui est faite de sa mère est un blâme contre ces unions mixtes avec des femmes païennes.
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Saül, premier roi des Hébreux, était fils de Kis, de la tribu de Benjamin, et régna quarante ans, 1 Samuel 9, et suivant; 1 Chroniques 8:33; 9:39. Distingué par sa beauté et par la grandeur de sa taille, il avait ce qu'il fallait pour plaire au peuple sur lequel il devait régner; il fut choisi par Samuel, oint d'huile, puis solennellement présenté aux Israélites à Mitspa, après que le sort, dirigé de Dieu, eut ratifié le choix que le dernier des juges avait fait du premier des rois; Saül dut octroyer préalablement une espèce de charte constitutionnelle à son peuple, qui le salua par des acclamations de joie que le mécontentement de quelques-uns ne réussit pas à troubler; Saül fit le sourd aux murmures des mécontents, et resta d'abord modestement dans la vie privée, pour laisser aux animosités le temps de se calmer, et pour ne pas alimenter par sa présence et l'exercice de ses droits, l'aigreur qu'avait produite chez quelques-uns sa subite élévation. Sa première expédition fut dirigée contre les Hammonites; elle réussit, et ce succès ramena les mécontents, 1 Samuel 11. Dès lors Saül dut mettre tous ses soins à protéger le pays contre les attaques incessantes des Philistins, 13:1; mais le peu d'esprit militaire des Israélites, et le manque d'armes, 13:6,19, auraient suffi à paralyser ses efforts, si Jonathan son fils, par un acte héroïque, n'eût mis en fuite l'armée des Philistins qui ne tarda pas à être complètement défaite, 1 Samuel 14. Les Philistins revinrent cependant à la charge, ainsi que d'autres peuples du voisinage, les Moabites, les Édomites, les Syriens de Tsoba, etc. Saül triomphait parce que Dieu était avec lui, mais il perdit ce secours par sa faute dans une guerre d'extermination dirigée contre les Hamalécites, il désobéit aux expresses injonctions de Samuel, il épargna le roi et les bêtes grasses (15), et le prophète irrité prononça sa déchéance, et nomma pour lui succéder un jeune homme de la tribu de Juda, David, qui fut placé à la cour, jouit, de la faveur particulière du roi pendant quelque temps, mais finit par être l'objet de sa jalousie et de sa haine. Les exploits du jeune guerrier, que Saül exposait aux plus grands dangers, et qui se tirait avec honneur des plus mauvais pas, méritèrent à David la faveur populaire, et cette faveur causa sa disgrâce (16). Accablé d'une noire mélancolie, Saül essayait de se distraire en écoutant de la musique, ou en poursuivant ce David qu'il croyait son ennemi (17-20), mais rien ne pouvait rendre la paix à son cœur ulcéré; deux fois ses jours furent épargnés par David, et il s'attendrit un moment à la vue de tant de générosité, mais ses remords sans repentance ne suffirent pas à retenir ses poursuites, et Saül fut malheureux jusqu'à la fin sous le poids de la colère divine. Il finit par perdre les traces du prétendant réfugié à Gath (27), et les Philistins s'étant de nouveau levés contre Israël, Saül marcha à leur rencontre, consulta une devineresse la veille de la bataille, reçut d'elle un déplorable oracle que le lendemain devait voir s'accomplir: la bataille fut perdue, ses fils furent tués, et lui-même fatigué de la vie se jeta sur son épée, et termina par le suicide une vie commencée sous de meilleurs auspices, un règne que l'obéissance à Dieu eût rendu à la fois glorieux et tranquille (28-31).
C'est une étrange histoire que celle de Saül; l'homme et le roi sont étranges, et l'on ne saurait dire lequel l'est le plus. Le début de la royauté devait la compromettre dans l'esprit du peuple dont elle fil le malheur; Dieu donnait à Israël un roi dans sa colère. Et cependant Samuel avait pris toutes les précautions destinées à prévenir ou à diminuer les maux qu'Israël amassait sur sa tête: non seulement il avait cherché à détourner le peuple du caprice qui le portait à demander un roi, mais une fois la chose décidée, il avait posé des limites à la puissance et aux prétentions du monarque; il l'avait choisi membre d'une tribu qui, par sa petitesse, n'avait pas de rivales; il l'avait choisi beau de visage et de haute stature, afin que, sans éveiller les jalousies, il sût captiver l'attention et les regards bienveillants de ses futurs sujets; il l'avait choisi vaillant et courageux afin que, bon capitaine, il offrît au peuple la seule qualité dont le besoin se fît sentir, la garantie nécessaire au maintien de l'intégrité du territoire; il l'avait choisi après que Saül, ayant prophétisé, eut donné à tout Israël le spectacle d'un jeune homme qui se laisse diriger par les conseils de la sagesse divine; il lui avait imposé enfin une constitution qui devait mettre le peuple à l'abri des empiétements du pouvoir royal. Tout cela ne servit de rien; Saül ayant atteint à une hauteur qu'il ne rêvait peut-être pas lorsqu'il cherchait les ânesses de son père, fut saisi de ce vertige qui tourne les têtes trop faibles à une certaine élévation; il oublia qu'il était le serviteur de Dieu, pour se rappeler seulement qu'il était le roi du pays, et sans s'en rendre compte, mais entraîné par le manque de foi, il secoua le joug de l'Éternel et voulut régner par lui-même. Au sacrifice de Guilgal, sa déchéance fut annoncée, elle fut arrêtée et décidée après que, par ses ménagements envers Agag, il eut prouvé que la parole de l'Éternel ne lui était pas sacrée. Ce ne sont pas les détails, ce n'est pas même l'ensemble des faits que le prophète lui reproche; c'est le manque de foi, le manque de respect pour un ordre divin, le manque de confiance en celui qui peut d'un mot remplacer les troupes qui désertent, la désobéissance à celui qui aime mieux obéissance que sacrifice. La dynastie de Saül est déshéritée du trône parce que Saül a oublié qu'il n'était pour ainsi dire roi qu'en second. Et si l'on regrette que l'aimable et généreux Jonathan porte la peine des fautes de son père, il faut se rappeler que cette solidarité du péché était générale à cette époque et dans ces pays, qu'elle a été longtemps sanctionnée de Dieu d'une manière générale, et que dans l'espèce le péché de Saül entraînait nécessairement cet ordre de châtiment; c'est moins l'homme que le roi qui a péché, et la peine que Dieu inflige, comme les peuples, aux rois coupables, c'est la déchéance de leur dynastie. Saül aurait eu les qualités d'un bon capitaine, il a de la grandeur, il ne manque pas de générosité, il est courageux, prompt, mais il n'a pas les qualités d'un roi, bien moins encore celles d'un roi d'Israël.
Quelques détails de sa vie nécessitent des observations spéciales.
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Les circonstances de son élection sont d'une simplicité tout à fait antique et patriarcale, bien en rapport avec la vie presque idyllique de ces temps reculés. Le but de son voyage, sa visite à Samuel, les signes qu'il reçoit, sa rentrée dans la vie privée, tout porte le cachet de l'époque, et pour se moquer de ces détails, il faut, comme dit Winer, ne pas connaître l'antiquité et ne pas savoir s'y reporter en esprit. L'élection de Saül est racontée de deux manières; Gramberg y a naturellement vu la preuve de deux documents compilés par l'auteur; il eût été facile cependant de se rendre compte de cette double élection sans recourir à une hypothèse aussi dénuée de vraisemblance. La première fois Samuel oint Saül et lui déclare, mais en secret, les desseins de Dieu à son égard; évidemment cela ne pouvait pas suffire; le choix devait être rendu public, et Samuel, pour écarter toute idée de préoccupation personnelle, en appelle publiquement à la voie du sort, persuadé que le résultat était entre les mains de l'Éternel; le sort se prononce en faveur de Saül. Ce n'est pas une seconde relation, c'est un second fait.
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L'âge de Saül n'est indiqué nulle part, non plus que la durée de son règne. Flavius Josèphe le fait régner quarante ans, d'après une fausse traduction de 2 Samuel 2:10; cependant le chiffre en lui-même n'a rien d'invraisemblable. Quant à son âge, on peut remarquer seulement que, dès les premières années de son règne, il avait déjà un fils en état de porter les armes et même de commander, 1 Samuel 13:2, de sorte qu'on ne pouvait pas lui donner, à l'époque de son avènement, moins de trente ou trente-cinq ans. Le passage 1 Samuel 13:1, omis dans les Septante, doit se traduire littéralement: «Saül était fils de — an, quant à son règne;» les uns suppléent le chiffre, et disent: Saül avait régné un an (nos versions); d'autres traduisent par:
— chargé d'ans, âgé; d'autres enfin (Heine) supposent que l'écrivain sacré a laissé en blanc le chiffre de l'âge de Saul qu'il ignorait et qu'il se proposait d'intercaler plus tard, et que cette lacune n'a jamais été comblée. Quoi qu'il en soit, si l'on admet la traduction de nos versions, il faut en changer la ponctuation, autrement le verset n'aurait aucun sens; la première partie du verset se reporterait à ce qui précède, la seconde à ce qui suit immédiatement.
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Saül a prophétisé à plusieurs reprises, non seulement à son avènement, mais encore après sa déchéance, 10:11; 11:6; 19:24. Il a été nâbi (— Voir: Prophètes), et quoi que l'on veuille entendre par ce genre de prophétie, on est contraint d'avouer que c'était plus que le langage ordinaire des hommes pieux d'Israël. L'étonnement public, lorsqu'on apprend que Saül est aussi au nombre des prophètes, prouve surabondamment que ce n'était pas une chose commune, et si l'on ne veut pas admettre cette inspiration accompagnée de visions qui caractérisait les prophètes d'un ordre supérieur (hhosé), on doit admettre au moins que Saül était animé de l'esprit de Dieu, plongé dans une extase surnaturelle, ravi hors de lui-même, dans un état d'exaltation involontaire, dans laquelle il parlait et enseignait, louait et bénissait Dieu, avec une force et une effusion intérieure que l'Esprit d'en haut pouvait seul produire. Son esprit, son cœur, sa conscience étaient réveillés; Saül n'était plus Saül, il était un autre homme, l'intermédiaire de la pensée divine qui se révélait à lui, et qu'il ne pouvait méconnaître. Alors il s'oubliait lui-même, et son ravissement était tel qu'il fut une fois, une nuit et un jour entier, couché sur la terre et dépouillé de ses vêtements. Mais on se demande comment un homme, animé de pareilles dispositions, a pu être en même temps un homme sans foi et rejeté de Dieu. La réponse est aisée: sa piété s'évanouissait avec les circonstances extraordinaires qui en avait provoqué les mystérieux élans, Osée 6:4; au lieu de retenir dans son cœur les enseignements qu'une faveur singulière de Dieu lui envoyait par intervalles, il laissait s'éteindre le lumignon qui fume, il contristait, il repoussait le Saint-Esprit; et notre Seigneur, en parlant de ceux qui ont prophétisé en son nom, quoiqu'il ne les ait jamais connus, Matthieu 7:22, nous montre la possibilité de cette existence du caractère prophétique chez des hommes voués à la réprobation. C'est une grâce extérieure que Dieu leur accorde, ils la repoussent en faisant usage de leur liberté morale; ils se montrent des exemples vivants et terribles de ce mystérieux antagonisme entre la volonté de Dieu et celle de l'homme, dans lequel la volonté de l'homme peut encore triomphera force d'endurcissement. Saül rejeté, et cependant prophétisant en la présence de Samuel, c'est le remords se réveillant dans le cœur à la vue d'un homme qui lui rappelle de beaux jours et de grandes grâces; mais les passions, l'envie, la haine sont plus fortes, et elles étouffent les semences du bien.
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La mélancolie de Saül est la suite naturelle de sa réjection. Il y avait là en effet de quoi troubler le cœur et l'esprit d'un homme. C'est la tristesse du remords. Il n'est pas nécessaire d'y voir autre chose. Abandonné de Dieu, abandonné de Samuel, contraint de s'avouer que c'est par sa faute, il sent trembler dans ses mains le sceptre qui déjà n'est plus à lui; l'image de David le poursuit partout comme une ombre; il veut la frapper et la faire disparaître; l'amitié de Jonathan pour son rival lui paraît une révolte dénaturée, l'enthousiasme du peuple pour le jeune guerrier lui paraît une rébellion, les succès d'autrui lui semblent une injure, l'asile donné par un sacrificateur au capitaine qui se dit envoyé de sa part, lui apparaît comme une conjuration; il voit un complot dans l'absence de David, une ruse de guerre dans sa fuite, peut-être même une insulte dans sa pitié. Son esprit est perdu, son jugement est égaré, sa vue se trouble, les faits les plus simples sont grossis et dénaturés, les objets ne lui apparaissent plus sous leur aspect ordinaire; alors on le voit tour à tour se faire le bourreau de son fils que le peuple lui arrache, l'assassin de son gendre que sa fille lui dérobe, le meurtrier des sacrificateurs de Nob que Doëg lui livre et met à mort, le meurtrier des Gabaonites que Dieu venge plus tard, l'insensé conjureur d'une pythonisse, et enfin le suicidé de Guilboah. Rien dans sa conduite ne trahit une folie proprement dite, mais depuis sa désobéissance, tout en lui porte le caractère d'une mélancolie noire; il est sombre comme Charles IX après la Saint Barthélemy; c'est un phénomène physiologique fréquemment observé, et les moyens employés pour calmer le malheureux sont plutôt destinés à le distraire qu'à l'exorciser; l'emploi de la musique dans des cas de ce genre est général, et ses heureux succès ont été constatés toutes les fois qu'il en a été fait usage. Le terme de malin esprit envoyé par l'Éternel, 1 Samuel 19:9, ne contredit en rien cette explication, car nous ne nions nullement que cette maladie noire ne fût l'œuvre d'un malin esprit, et qu'elle ne le soit en général, comme nous admettons que les bonnes dispositions du cœur sont l'œuvre du bon esprit de Dieu.
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— Voir: à l'article Samuel
ce que nous avons dit sur les mobiles de la conduite du prophète à l'égard du roi déchu.
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Quant à la consultation de la pythonisse d'Endor,
— Voir: Pythonisse.
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La mort de Saül est racontée de deux manières différentes, 1 Samuel 31, 2 Samuel 1. Dans le premier passage, Saül se tue, dans le second, il est tué par un jeune Hamalécite; Gramberg y trouve une nouvelle preuve à l'appui de son hypothèse des deux documents. Le récit prouve que le jeune Hamalécite a fait un conte dont il espérait une autre récompense que celle qu'il a reçue, de sorte qu'un second document n'a rien à faire ici; dans le cas où cette explication ne suffirait pas entièrement, rien de plus simple que d'admettre avec Flavius Josèphe une fusion des deux récits; Saül a essayé de se tuer, et comme il n'avait plus la force d'achever son crime, il a prié le jeune Hamalécite qui passait de mettre un terme à ses souffrances.
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L'extermination des Gabaonites n'est connue que par l'allusion renfermée 2 Samuel 21:1. Les uns supposent que Saül fit égorger avec les prêtres de Nob les Gabaonites employés au service du temple; d'autres pensent que les Gabaonites, n'ayant rien à perdre et tout à gagner à une révolution, prirent le parti de David contre Saül, ce dont celui-ci se serait vengé par leur complète extermination. L'on ne peut rien affirmer à cet égard si ce n'est que Saül a commis le crime, et que ses enfants l'ont expié.
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Le nom de Saül est rappelé plusieurs fois dans les livres historiques et dans les Psaumes de David;
— Voir: en particulier 2 Samuel 1:17; 2:4; 5:2; 7:15; 12:7; 16:8; 22:1; 1 Chroniques 26:28; Psaumes 18, 32, 54, 57, 59, (suscr.).
Sa résidence est quelquefois désignée par son nom, 1 Samuel 15:34; Ésaïe 10:29. Le seul passage du Nouveau Testament qui en fasse mention est Actes 13:21.
SAULES
(Sauces). C'est la traduction
généralement admise de l'hébreu érèb,
ou arab. Il en est parlé Lévitique
23:40; Job 40:17, comme d'un arbre touffu et
d'un ombrage agréable, Ésaïe 44:4, et
ailleurs, comme d'un arbre croissant le long
des eaux (amnicolæ salices, Ovid. Met. 10,
96, umbrosæ, Fast. 3, 17). C'est du saule
pleureur qu'il est sans doute question
Psaumes 137:2; il vient naturellement en
Babylonie et a reçu le nom technique de
salix babylonica. Le zaphzepha de Ézéchiel
17:5, désigne aussi une espèce particulière
de saule différente de celle qui précède;
mais les descriptions qu'ont données du
safsaf les rabbins et les voyageurs modernes
ne s'accordent pas assez pour qu'on ait pu
le classer d'une manière définitive; d'après
Rauwolf cet arbre aurait même beaucoup de
rapport avec le bouleau par la longueur, la
finesse, et le jaune mat de ses feuilles;
les descriptions des talmudistes se
rapporteraient au salix caprea.
— Le torrent des Saules que nos
versions ont, d'après les Septante, traduit
par torrent des Arabes, Ésaïe 15:7, est le
Wady el Ahsa qui arrose la frontière
méridionale du pays des Moabites: il prend
sa source près du château d'El Ahsa sur le
chemin de la Syrie, et coulant au
nord-ouest, va se jeter à l'extrémité sud de
la mer Morte. Hitzig a traduit le torrent de
la plaine (ou du désert) en comparant le
passage Amos 6:14. Dans ce dernier passage
quelques commentateurs, notamment
Rosenmuller, pensent qu'il s'agit du Cédron,
parce que le nom de plaine s'appliquait
spécialement à la contrée des environs de
Jérico; mais comme il est opposé à Hamath la
frontière septentrionale, il doit
nécessairement signifier la frontière
méridionale, et désigner le même torrent que
celui dont il est parlé dans le passage
d'Ésaïe.
SAUTERELLES.
Leur incroyable fécondité fait
de ces insectes un des fléaux les plus
redoutés et les plus terribles des pays
chauds, de l'Orient en particulier, Exode
10:4; 1 Rois 8:37; 2 Chroniques 6:28; 7:13.
Elles sortent de terre au printemps, surtout
dans les années dont la sécheresse a
favorisé la maturité des innombrables œufs
qu'elles déposent toujours dans la terre;
c'est de l'Arabie qu'elles sortent en plus
grand nombre, et portées sur les ailes des
vents, elles viennent s'abattre en
tourbillonnant et comme d'épais nuages sur
les plaines de l'Égypte, de la Palestine ou
de la Syrie. Ces nuages ont quelquefois de 4
à 6 lieues de longueur, de 2 à 3 lieues de
largeur. Elles sont encore loin que déjà le
bleu sec du ciel se nuance d'un jaune fade
et mat; lorsqu'elles approchent elles
voilent le ciel, couvrent la terre de leur
ombre, et font entendre le dur et
assourdissant frôlement d'un million d'ailes
et de pieds. Où elles s'arrêtent, et on
chercherait vainement à les en empêcher,
elles forment sur la terre qu'elles cachent,
une couche épaisse qui parfois dépasse la
hauteur d'un mètre; elles rongent alors en
un clin d'œil, de leurs dents aiguës, et
avec un bruit qui, au dire de Volney,
rappelle la marche rapide de la cavalerie,
l'herbe, les feuilles, les fruits, surtout
les raisins, et jusqu'à l'écorce et à la
racine des arbres; leurs goûts et leur
nourriture varient; chez les unes le goût
est plus fin, chez les autres il est plus
grossier; cf. Joël 1:4. Lorsqu'elles ont
tout dévasté, elles se remettent en marche,
ne laissant derrière elles que leurs œufs,
leurs excréments, et quelques cadavres qui
produisent une odeur d'une telle infection,
que la peste se déclare souvent après leur
passage; cf. Juges 6:5; Joël 1, et 2;
Jérémie 46:23; 51:14; Nahum 3:17; Psaumes
109:23; 78:46; 105:34; Ésaïe 33:4. Leur
marche est très régulière, Proverbes 30:27;
Joël 2:8,25; elles volent par colonnes, de
jour seulement, et avec des intervalles de
repos; le soir elles s'établissent sur la
terre, repartent le matin si elles n'ont
rien à manger, volent, ou marchent si la
rosée de la nuit a mouillé leurs ailes,
Nahum 3:17; elles vont droit devant elles,
et presque toujours du sud au nord. Aucun
mur, aucune haie, aucun fossé, ne les
arrête; c'est en vain qu'on met le feu aux
herbes et aux broussailles, c'est en vain
même qu'on envoie contre elles des troupes
de soldats (Pline 11, 35); elles évitent
tous les dangers, et ne sauraient être
évitées. Elles pénètrent jusque dans les
habitations, et en rongent non seulement les
ustensiles de bois, mais encore les
boiseries, les planches et les poutres,
Pline 11, 29. Exode 10:6; Joël 2. Quelques
oiseaux leur font une guerre redoutable, qui
en fait périr un grand nombre, mais c'est
surtout la mer qui est chargée de leur
donner la mort. Fatiguées de leur vol, elles
s'abattent sur les eaux comme sur la terre,
Exode 10:19; Joël 2, et leurs légers
cadavres, entraînés vers les rivages,
viennent bientôt y apporter la peste, et les
désoler par leur mort, après les avoir
désolés par leur vie.
On a remarqué que les sauterelles
dépouillées de leurs accessoires, avaient en
petit une forme assez semblable à celle des
chevaux, Joël 2:4; Apocalypse 9:7. Leurs
ailes sont d'ordinaire vertes ou jaunâtres,
quelquefois rouges ou brunes. Leur longueur
varie entre 3 et 15 centimètres.
Il était permis aux Hébreux de s'en nourrir,
Lévitique 11:22. (Oken prétend à tort que ce
sont quatre espèces d'oiseaux qui sont
désignées dans ce passage); cependant elles
ne passaient guère pour un aliment délicat,
Matthieu 3:4; Marc 1:6. D'autres peuples de
l'ancien Orient les mangeaient de même, au
rapport de Strabon, de Diodore de Sicile, de
Pline, etc., et de nos jours encore on les
porte par voitures sur les marchés de
l'Arabie (Tavernier, Niebuhr, Joliffe,
Burckhardt; d'après Gobât, Voyage en
Abyssinie, p. 392, on les entasse dans des
tonneaux). On les fait bouillir dans de
l'eau, quelquefois on les rôtit, après leur
avoir arraché les pieds et les ailes, on les
saupoudre de sel, et on les mange. Elles
doivent être meilleures que des pigeonneaux,
et aussi bonnes que des écrevisses.
Il est parlé dans la Bible de plusieurs
espèces de sauterelles; les principales sont
l'arbéh, le solham, l'hargol, le kagab (ou
hhagab), le tsaltsal, le yélèk, le hhasil,
et le gazam, Lévitique 11:22; Joël 1:4.
L'arbéh est l'espèce la plus connue et le
plus souvent mentionnée; c'est le gryllus
gregarius de Linnée: le poitrail vert et
fortement bombé, une tête aplatie, des yeux
rouge-brun, des antennes de 3 centimètres de
long, des ailes supérieures d'un jaune gris
et tachetées de jaune à la partie
inférieure, et des ailes de dessous vertes
et très larges, caractérisent cette espèce.
Ce sont les ailes supérieures, et les pattes
de derrière, qui produisent le bruit
qu'elles font en volant. Le hhargol est
peut-être la jeune sauterelle qui ne vole
pas encore; les Septante traduisent
chenille. Quant aux autres espèces, il n'est
pas possible de les déterminer exactement;
les termes hébreux sont diversement traduits
par les anciens interprètes, qui seuls
auraient pu fixer leur signification, et les
indices étymologiques sont trop vagues pour
qu'on essaie d'en tirer parti. La sauterelle
à tête pelue (Dahler), le gryllus cristatus,
ou Kammheuschrecke, qui se rencontre souvent
en Orient, et qui est mangeable, doit être
l'une de ces espèces, cf. Apocalypse 9:8, et
Œdmann la voit dans le yélèk à cause de
Jérémie 51:27, où l'épithète de samar qui
signifie chevelue lui est donnée: le
tsaltsal, d'après Tychsen, serait le gryllus
stridulus. Le nom de gob, Amos 7:1; Nahum
3:17, semble être le nom générique de
l'espèce entière.
L'examen de Apocalypse 9:3; et suivant
appartient aux commentaires;
— Voir: Ewald, Vivien, Digby, etc.
Les passages Apocalypse 9:3-12; et Joël 2:4,
ont été cités à l'article Sauterelles comme
ne se rapportant qu'à l'insecte proprement
dit, mais il est bien évident, et tous les
commentateurs sont d'accord sur ce point,
qu'on doit les entendre d'une manière
figurée. «Je pense, dit Newton (Pensées),
que comme les chérubins, les sauterelles qui
sortent de l'abîme sont des représentations
symboliques d'un caractère de pouvoir dont
certains agents vivants vont être revêtus.
Ceux-ci paraissent avoir le même rapport à
l'abîme que les chérubins au ciel. Les
chérubins représentent le pouvoir qui est
sous le contrôle suprême de Christ, et dont
les serviteurs de Dieu et de Christ seront
revêtus pour tout ce qui appartient à la
vie, à la gloire, et à la bénédiction. Les
sauterelles, semblables à des scorpions, et
dont la forme est plus compliquée que celle
des chérubins mêmes, sont sous la direction
d'Apollyon leur chef, et elles représentent,
à mon avis, le pouvoir dont ses serviteurs
seront revêtus pour l'œuvre qui leur est
assignée, de tourmenter d'un tourment
infernal.»
— Vivien va plus loin (Essai): «Évidemment
nous avons ici l'emblème d'une armée qui
envahit la Palestine sous la conduite du
Destructeur. Nous trouvons dans Joël une
prophétie tout à fait parallèle, et par
conséquent bien propre à confirmer notre
interprétation. Au chapitre 1:2-7, le
prophète prédit un jugement terrible qui
doit tomber sur la nation juive; il
l'annonce sous l'emblème des sauterelles, et
il dit que cette nation a des dents
comme des dents de lion, 1:6; cf. Apocalypse
9:7-8. Après avoir exhorté le peuple au
jeûne et au deuil, il décrit ce jugement
2,1-11. Qu'on lise attentivement cette
description, et l'on ne pourra s'empêcher de
remarquer l'analogie frappante qui existe
entre la prophétie de Joël et la première
trompette de malheur (la cinquième). Le
texte même de cette prophétie suffit de plus
pour prouver qu'elle n'a point encore été
accomplie. Il suit de là que cette cinquième
trompette, comme les quatre premières, ne
concerne directement que la nation juive,
conclusion qui se déduit naturellement de la
transaction qui a précédé l'ouverture du
septième sceau, et de ce qui est dit ici de
l'ordre donné aux sauterelles de ne nuire
qu'aux hommes qui n'ont pas le sceau de Dieu
sur le front.»
Ceux qui regardent la plus grande partie des
prophéties apocalyptiques comme accomplies,
voient dans les sauterelles de la cinquième
trompette les Sarrasins du septième siècle,
et si, à d'autres égards, on peut avoir des
doutes légitimes quant à la valeur de leur
système d'interprétation, il faut avouer que
sur ce point, du moins, leurs raisons ne
manquent pas de vraisemblance. Les
sauterelles sont originaires de l'Arabie;
sur leur tête, est-il dit, sont des
couronnes semblables à de l'or (les turbans
jaunes des Sarrasins); à les voir il semble
qu'on voie des chevaux (et ils courent comme
des cavaliers), des visages comme des
visages d'hommes, des cheveux comme des
cheveux de femmes, des dents comme des dents
de lions, des cuirasses comme des cuirasses
de fer, et le bruit de leurs ailes est comme
un bruit de chariots à plusieurs chevaux qui
courent au combat; leur puissance de nuire
est dans leur queue, et Ésaïe nous dit: La
queue, c'est le prophète qui enseigne le
mensonge, 9:14. Ces sauterelles ne feront de
mal ni à l'herbe, ni à la verdure, ni aux
arbres, mais aux hommes, et à ceux-là
seulement qui n'ont point la marque de Dieu
sur leurs fronts. Gibbon, et ce n'est pas
une autorité suspecte, rapporte qu'Abubeker,
successeur de Mahomet, donna à ses
sectateurs cet ordre remarquable: «Ne faites
aucun mal à l'herbe de la terre, ni aux
arbres, au-delà de ce qui est nécessaire; et
quand vous trouverez des hommes qui, comme
simples chrétiens, adorent Dieu, laissez-les
et ne leur faites aucune violence. Mais
quant à ceux qui ont la tête rasée,
qui se prosternent devant les saints et les
idoles, ayez soin de leur fendre la tête, et
ne les laissez vivre qu'à condition qu'ils
se soumettent et qu'ils paient le tribut.»
— Cette nuée de sauterelles couvrit et
ravagea pendant un siècle et demi la
chrétienté tout entière, soit en Orient,
soit en Occident; mais deux pays, ceux dans
lesquels étaient cachées les vraies Églises
du moyen âge, les Albigeois et les Vaudois,
furent presque exemptés de cette plaie, et
si les Sarrasins, ayant franchi les
Pyrénées, s'abattirent un moment sur le
centre de la France, les Pauvres de Lyon
sauvèrent le royaume par leurs prières et
leur fidélité. Charles-Martel, suscité de
Dieu, remporta sur les Sarrasins une
victoire décisive sous les murs de Poitiers.
Digby fait observer encore «qu'il ne fut pas
permis à ces sauterelles de tuer les hommes,
mais seulement de les tourmenter», et qu'en
effet, après avoir tourmenté pendant
longtemps les états de la chrétienté qui
étaient tombés dans l'apostasie, ils
finirent par se retirer sans avoir pu, ni
renverser l'empire romain, ni établir (comme
les Turcs le firent plus tard) un empire
mahométan sur les ruines d'un empire
chrétien. La durée du pouvoir de ces
sauterelles symboliques devait être de cinq
mois prophétiques, c'est-à-dire de cent
cinquante ans, et l'histoire nous apprend
que cent cinquante ans après le commencement
de la carrière de Mahomet (612), les
Sarrasins, fatigués de la guerre et las
d'errer depuis si longtemps, se tournèrent
vers l'agriculture, et bâtirent sur les
bords du Tigre, en 762, la ville de Bagdad,
à laquelle ils donnèrent le nom de Cite
de la Paix, en témoignage de leur
nouvelle résolution. Quant au roi de ces
sauterelles, Digby le voit naturellement
dans Mahomet lui-même.
SAVON,
— Voir: Nitre.
SCEAU,
— Voir: Cachet.
Les sceaux de l'Apocalypse 5:9; sq., qui
tiennent fermé le livre de l'avenir,
désignent le mystère dont les choses futures
sont encore enveloppées, et que Jésus-Christ
seul a acquis le droit de connaître et de
pénétrer.
SCEAUX.
L'explication suivante des sept
sceaux apocalyptiques a de l'intérêt comme
résumé des vues d'une école, l'école
allégorique ou école des prophéties
accomplies. Nous ignorons si son auteur, M.
Guers, persiste dans ce point de vue qui, à
bien des égards, nous paraît trop spirituel.
La deuxième édition de son histoire de
l'Église, qui est annoncée, nous dira ce qui
en est. Dans tous les cas, l'auteur ferait
bien de justifier par une introduction sur
l'étude de la prophétie, un système qui a
été bien des fois attaqué et qui n'a pas
encore été solidement défendu.
Les sceaux apocalyptiques, dit-il,
paraissent se rapporter à de grands
jugements que Dieu déploie, dès les premiers
siècles de l'Église, contre Rome idolâtre et
persécutrice, et les autres ennemis de sa
parole et de son nom. Au milieu de ces
jugements, l'Église a beaucoup à souffrir;
mais les justes fléaux qui châtient le
monde, servent à la purifier.
Le premier sceau:
Jésus, vainqueur miséricordieux, étend
partout sa domination spirituelle. Rome
païenne voit ainsi se miner le ténébreux
empire de l'idolâtrie. Bientôt elle recevra
des échecs d'un autre genre.
Le deuxième sceau:
le cheval rouge, emblème de l'effusion du
sang. Jésus, Don plus dans sa grâce, mais
dans sa providence, frappe Rome
persécutrice.
— Insurrections, batailles sanglantes,
massacres affreux, dévastations inouïes
entre l'an 100 et l'an 138 de notre ère.
Cinq-cent quatre-vingt mille Juifs sont
exterminés par les gentils; un plus grand
nombre de gentils le sont par les Juifs.
Le troisième sceau:
le cheval noir, emblème de deuil et de
calamité. La balance, signe de la rareté des
vivres. On pèsera à chacun sa nourriture
exactement, comme cela se fait dans une
compagnie réduite à l'extrémité. Le denier
était la journée de l'esclave, et le chénix,
ce qu'il lui fallait, à lui seul, de pain
pour un jour; à présent, qu'aura sa famille?
— Grande famine de 138 à 193.
Le quatrième sceau:
le cheval fauve porte la mort, suivie de
l'enfer ou sépulcre (hadès).
— De 193 à 270, l'empire a plus de vingt
chefs qui, pour la plupart, le gouvernent
avec une tyrannie révoltante. En outre, plus
de trente usurpateurs périssent dans le même
intervalle avec des multitudes de leurs
partisans. La guerre est suivie de la famine
et la famine de la mortalité, qui règne
pendant quinze ans avec une fureur presque
sans exemple. Les bêtes sauvages désolent
les terres, les hommes se battent avec des
lions, des loups et des tigres.
Le cinquième sceau:
grande persécution dioclétienne. Le sang des
âmes sous l'autel crie vengeance: «Jusques à
quand, Seigneur, supporteras-tu ces crimes?
jusques à quand tarderas-tu de venger le
sang de tes élus, coulant à flots dans tout
l'empire?»
Encore un peu de temps, le sixième sceau
sera brisé, Rome idolâtre tombera. Enfin, le
septième sceau, renfermant les sept
trompettes et les sept fioles, ou sept
plaies, comprend tous les fléaux qui doivent
châtier le monde et toutes les épreuves
paternelles qui doivent épurer l'Église,
depuis la chute de Rome idolâtre jusqu'à la
grande délivrance des élus, c'est-à-dire
jusqu'au millénium.
(Il faut veiller pour ne pas tomber dans l'hérésie des sectes millénaristes. Le millénium est spirituel et se rapporte au temps de la grâce entre les deux avènements de Christ, et non à un règne littéral de mille ans sur la terre.)
SCÉBA, ou Sheba.
-
Descendant de Cam et de Cus par Rahma, nommé à côté de Dedan, Genèse 10:7; cf. 1 Chroniques 1:9.
-
Descendant de Sem et de Héber par Joktan, Genèse 10:28; cf. 1 Chroniques 1:22. La tradition arabe a conservé cette origine pour une de ses peuplades.
-
Fils de Joksan, et petit-fils d'Abraham et de Kétura, Genèse 25:3. Il est également nommé à côté de Dédan. (Quant à Séba, fils aîné de Cus, — Voir: Séba.) Ces trois hommes du nom de Sheba sont-ils différents? sont-ils des chefs d'autant de peuplades différentes? Rosenmüller le pense, et il retrouve la troisième famille Job 1:15, où cependant il est plus naturel de l'entendre des Arabes en général, de troupes d'Arabes. L'identité de nom des deux frères pourrait faire penser à une identité des individus, #1 et #3, si la descendance n'était pas différente, la première étant camite et la troisième sémite. Quant aux deux premiers chefs, Michaélis essaie de les fondre en une seule famille, ou plutôt en une alliance de familles, tellement que le pays de Sheba aurait été habité en partie par des Cusi-tes, en partie par des Joktanides; Vater et Bohlen y voient au contraire deux traditions différentes sur l'origine d'une même peuplade; Schrœder tient le milieu entre ces deux opinions, mais inclinant davantage vers la première: les Sabéens, dit-il, ont dans cette table généalogique, un double élément d'origine, ils remontent par une fusion de races à Cam et à Sem, et peut-être les uns à Cam, les autres à Sem, mais habitant le même territoire et ne formant plus qu'un seul peuple, sinon une même famille. On ne doute pas qu'il ne s'agisse sous le nom de Sheba, des célèbres Sabéens de l'Arabie Heureuse, habitant le nord de l'Yémen actuel, selon d'autres une partie de l'Arabie méridionale, Joël 3:8; Psaumes 72:10; Jérémie 6:20. Leurs caravanes traversaient les déserts, et portaient jusqu'aux ports marchands de la Méditerranée, les trésors de leur riche végétation et de leurs précieuses mines, de l'or, des pierreries, des épices, de l'encens, de la casse, etc. Ézéchiel 27:22; 38:13; Job 6:19; Ésaïe 60:6. Cette peuplade riche et belle, la plus grande de l'Arabie, devait à ses richesses la considération générale dont elle était entourée, et les parfums aromatiques de ses rivages donnaient lieu aux récits les plus exagérés, aux légendes les plus fabuleuses. Ils faisaient le commerce de transit entre l'Asie et l'Europe, et leurs caravanes allaient jusqu'en Syrie et en Mésopotamie; ils paraissent même avoir été en relations d'affaires avec les Indes. Leur capitale, bâtie sur une colline, portait le nom de Sabas, et resplendissait de palais et de temples aux colonnes plaquées d'or; des travaux d'art, gigantesques, et de la plus haute antiquité, réunissaient au-dessus de la ville les eaux des montagnes voisines, et formaient un lac artificiel dont les eaux, en s'écoulant par un nombre considérable de petits canaux, assuraient aux jardins, aux prairies, et aux plantations d'arbres, une fertilité digne du paradis. Descendants de Cus, les Sabéens, déjà grands, trouvèrent un nouvel élément de grandeur et de puissance dans leur fusion avec les Sabéens joktanides, auxquels se joignirent plus tard encore, comme troisième élément d'une nationalité qui grandissait en se mélangeant, les Sabéens issus d'Abraham et de Kétura. Ils paraissent avoir fait un commerce d'esclaves, Joël 3:8.
La reine de Sheba qui visita Salomon, 1 Rois 10, était selon toute apparence originaire de cette contrée, et c'est à tort que Flavius Josèphe la fait venir d'Éthiopie; les détails qui accompagnent le récit de sa visite s'accordent mieux avec la première supposition qu'avec la seconde. Les Abyssins, du reste, ont accepté la tradition de Flavius Josèphe comme donnant un certain lustre a leur histoire; ils ajoutent qu'elle se nommait Maqueda, et qu'elle eut de Salomon un fils qui ressemblait tellement à son père que celui-ci, jaloux, le renvoya; le jeune Menihélec emporta l'arche de l'alliance, qui l'aida un jour de sabbat à traverser une rivière, et ce miracle le convertit (Gobât, p. 322); la reine elle-même aurait aussi embrassé le judaïsme.
Preiswerk, dans le cinquième volume du Morgenland, p. 50, voit dans Sheba et Dedan, les deux familles principales de l'Inde, unies ou séparées par le Gange, et place Sheba à l'orient; cette opinion ne peut guère se soutenir, quoiqu'elle ait aussi pour elle l'appui de Bohlen.
SCEPTRE,
bâton de bois de la hauteur d'un homme, que déjà les rois de l'antiquité portaient comme les insignes de leur autorité, Amos 1:5; Zacharie 10:11; Ézéchiel 19:11; cf. Genèse 49:10; Nombres 24:17; Ésaïe 14:5, et Iliad. 1, 234; 2, 183. D'après Flavius Josèphe ils emportaient même leur sceptre dans la tombe, vrai symbole de la vanité des gloires et des puissances de ce monde, qui sont enterrées avec ceux qui en ont joui sur la terre. La houlette du berger a peut-être donné naissance à l'idée du sceptre royal, car les premiers rois ne furent que des princes nomades, cf. Psaumes 2:9, et le sceptre ne devait être en effet qu'une houlette, l'emblème du gouvernement, de la direction. Il n'a pas lardé à devenir une verge. D'après Diodore de Sicile, le sceptre des rois d'Égypte aurait rappelé par sa forme un instrument d'agriculture, le grand bras de la charrue. Le sceptre d'Assuérus était d'or, ou plaqué d'or, Esther 4:11, ainsi que celui de plusieurs rois absolus de l'antiquité, Iliad. 1, 15. Cyrop. 8, 7, 13. Strabon parle des autres ornements dont le sceptre est susceptible, et qui étaient particulièrement recherchés des Orientaux. Abaisser son sceptre était de la part d'un roi un acte de grâce, un signe de pardon; en baiser l'extrémité était de la part d'un sujet, un acte de soumission et de dévouement, Esther 5:2. Saül, roi militaire, paraît avoir porté avec lui sa hallebarde en guise de sceptre, 1 Samuel 18:10; 22:6, et Justin raconte qu'aux premiers temps de la fondation de Rome, les rois portaient des lances au lieu de diadème, comme signe caractéristique de leur dignité, et que les Grecs donnèrent à ces lances le nom de sceptre (43:3).
SCÉVA,
principal sacrificateur, ou plutôt rabbin principal d'Éphèse, et père de sept jeunes gens qui faisaient de ville en ville le métier d'exorcistes, Actes 19:14. Jaloux de saint Paul qui faisait plus de miracles qu'eux, et ne voyant en lui qu'un concurrent plus heureux, ils essayèrent de lui emprunter sa formule, et invoquèrent contre le malin esprit dont un homme était possédé, le nom «de ce Jésus que Paul prêche.» Mais cette invocation du nom de Jésus n'étant pour eux qu'une formule, elle ne servit qu'à provoquer encore plus le malin esprit, qui ne leur reconnaissait aucune puissance; il se jeta sur eux, les maltraita et les chassa honteusement. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit ailleurs des possessions, et par conséquent des exorcismes: que toutes les maladies, ou qu'un certain nombre d'entre elles seulement soient produites par l'habitation d'un malin esprit, et deviennent susceptibles d'être guéries par des prières pleines de foi, par des secrets diaboliques, ou par des influences humaines d'un ordre surnaturel, peu importe; l'histoire des fils de Scéva nous montre un homme malade, dont la maladie a résisté aux paroles sans foi de quelques charlatans, et qui a reconnu la puissance de Paul par Jésus.
SCHIBBOLETH,
mot hébreu qui signifie fleuve, ou épi de blé. Il a pris dans notre langue le sens de «signe de reconnaissance», à cause du rôle qu'il a joué à la suite d'une bataille entre Jephthé et les hommes d'Éphraïm, Juges 12:6; sq. Les Éphraïmites avaient été défaits, et Jephthé qui s'était emparé des gués du Jourdain, coupa le passage à tous ceux qui furent reconnus comme membres de cette tribu. Les Éphraïmites avaient à ce qu'il paraît, un défaut de prononciation; ils ne pouvaient pas dire schibboleth, mais sibboleth, et comme ce mot, à cause de sa signification, devait se reproduire naturellement dans la conversation de gens en fuite qui ont un fleuve devant eux, qu'il s'agit de traverser pour sauver sa vie, ils se trahissaient involontairement, sans qu'il soit nécessaire de supposer que leurs ennemis les obligeassent à le prononcer, comme un signe spécial de reconnaissance.
SCIE.
Les Hébreux connaissaient l'usage des scies à marbre, 1 Rois 7:9. Malheureusement ils paraissent avoir fait de cet instrument un usage dont rien ne justifie la cruauté; à l'instar des Égyptiens, des Perses, des Thraces, et même des Romains, ils ont pratiqué à l'égard de leurs prisonniers de guerre, et notamment des chefs, le supplice de la scie, 2 Samuel 12:31; 1 Chroniques 20:3, et l'allusion de Hébreux 11, 37, semble se rapporter au genre de mort qu'Ésaïe selon la tradition, souffrit sous Manassé; cf. Hérodote 2, 137. Val. Max. 9, 2. Sueton. Calig. 27, etc. On regrette que le nom du roi David soit taché du souvenir d'aussi atroces barbaries, et l'on ne peut comprendre de pareils actes qu'en se rappelant qu'ils furent contemporains de ses crimes et de ses remords, antérieurs à sa réconciliation avec Dieu. Il se vengea par des cruautés nouvelles, des cruautés que lui avait fait commettre son coupable amour, et il s'en vengea sur ceux-là même qui en avaient été la cause certes fort innocente, sur les habitants de la ville qu'assiégeait le généreux Une, trop confiant pour prendre garde à sa femme, et se méfier de son roi.
SCILO,
Genèse 49:10;
— Voir: Silo.
SCORPION,
mauvais petit insecte des
climats chauds, particulier à l'Orient, mais
bien connu partout pour le danger mortel que
présentent ses piqûres. Il en est parlé dans
la Bible, tantôt dans le sens matériel du
mot, tantôt d'une manière figurée pour
représenter les méchants, Deutéronome 8:15;
Ézéchiel 2:6; Luc 10:19; 11:12; Apocalypse
9:3, etc. Le scorpion a beaucoup de rapports
avec l'écrevisse des rivières, et n'est
guère plus petit; il se tient volontiers
dans les lieux humides, sous les pierres,
dans des caves, dans des trous de murailles;
dans les nuits d'été il se promène sur les
escaliers et dans les rues. Sa tête et sa
poitrine semblent ne faire qu'un; son front
est orné de deux grosses pinces, et de six
ou huit yeux; de sa poitrine, sortent huit
jambes qui se divisent en six parties
couvertes de poils, dont la dernière est
munie d'un petit ongle. Son ventre est une
grosse queue composée de six anneaux qui
sont liés comme des grains de chapelet
(Calmet); du dernier, sortent un et
quelquefois deux aiguillons creux qui
laissent échapper, d'une glande sise à leur
origine, un venin froid très acre qui
pénètre dans la partie blessée; à moins d'un
prompt secours, une fièvre ardente conduit
rapidement le malade à la mort. On dit que
le meilleur remède consiste à écraser
immédiatement le scorpion sur la plaie;
c'est qu'entre la piqûre et l'injection du
venin il se passe toujours un instant,
quelque court qu'il soit, et la mort
immédiate de l'animal peut souvent
l'empêcher de consommer ce dernier acte. On
sait que les orties, froissées avec force,
ne font aucun mal, parce que la glande ne
peut s'ouvrir; c'est peut-être le même fait
qui se produit, quoique sous une autre
forme, dans ce qu'on appelle l'application
du scorpion en emplâtre. Les scorpions
d'Europe (Italie) sont du reste innocents en
comparaison du scorpion oriental, qu'on a
appelé scorpio afer à cause de sa couleur
noir-suie. Il y avait beaucoup de scorpions
en Palestine, notamment dans les montagnes
de Juda et dans les plaines du Jourdain, et
c'est à leur abondance sans doute que cette
contrée (de Sichem à Sephna) a reçu le nom
d'Acrabatène (de l'hébreu hakkrab)
Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2, 12,
etc.: de même l'Acrabatène d'Idumée, 1
Maccabées 5:3, et enfin la montée des
Scorpions, ou des Hakkrabbim, q.v., à la
frontière sud de la Palestine, Nombres 34:4;
Josué 15:3; Juges 1:36.
— Les scorpions que nos versions ont rendus
par écourgées, 1 Rois 12:11; 14:2 Chroniques
10:11; 14; étaient une espèce de fouet ou de
knout armé de pointes.
— L'instrument désigné 1 Maccabées 6:51;
sous le nom de scorpion, était une machine
de guerre avec laquelle on lançait des
flèches; elle est décrite par Tertullien.
SCRIBE,
en hébreu sopher, en
grec γραμματεύς,
littéralement écrivain. C'était, comme le
doctorat de nos jours, une espèce de titre
d'honneur qui impliquait certaines
connaissances, celle de la loi en
particulier, mais qui n'était pas
incompatible avec d'autres fonctions d'une
nature toute différente, et qui laissait les
opinions religieuses et la position
ecclésiastique presque entièrement libres.
Esdras est appelé scribe, Esdras 7:6,11.
Néhémie 8:4,9,13, Tsadoc de même, Néhémie
13:13. Ce mot se trouve deux fois Ésaïe
33:18; la première fois, il désigne celui
qui écrit (les impôts); la seconde,
celui qui fait le compte des châteaux du
pays, espèce de commissaire des guerres.
L'officier, chef de l'armée, qui tenait les
rôles des soldats du pays, Jérémie 52:25,
est aussi un écrivain, un scribe, un sopher;
quelques-uns ont pris ce nom de sopher pour
le nom propre de cet officier (Luther). Le
titre de scribe donné à Esdras signifie un
homme versé dans la connaissance de la loi;
c'était la philosophie de cette époque;
depuis l'exil, tout le culte se réduisait à
l'observation de la loi, la conscience se
mesurait à la loi pour le peuple; l'esprit
s'en allait, les prophètes s'en allaient, le
canon se fermait, le culte perdait le
prestige d'une splendeur terrestre, la
nationalité ne se rattachait plus au
territoire, et tout concourait à relever la
loi, à lui rendre sa majesté, à en faire
l'objet exclusif du respect des Juifs pieux;
son étude fixa l'attention des sages, et la
science remplaça la sagesse, l'élude
remplaça la philosophie. Cette science
tourna, chez le grand nombre, à un puéril
scolasticisme; chez quelques-uns, elle resta
une science selon Dieu. Quelque défaveur qui
s'attache au nom de scribe, il y eut des
scribes pieux et respectables; ils se mirent
à enseigner le peuple, et l'on trouve déjà,
Ecclésiaste 12:11, une allusion à des écoles
de ce genre. La sagesse se manifestait sous
la forme de proverbes, d'énigmes, Proverbes
1:6, de poèmes sentencieux, tels que Job,
les Proverbes, l'Ecclésiaste, et un certain
nombre de Psaumes; ce sont des
considérations générales sur la vie, les
leçons de l'expérience reproduites par
l'imagination, d'une manière courte,
saillante et facile à retenir. La crainte de
l'Éternel était le principal de la sagesse;
mais, peu à peu, le principal se déplaça, et
les sages commencèrent à faire de l'esprit
en épiloguant sur la lettre. On les
reconnaît toujours là.
Du temps de Jésus, les scribes portaient
aussi le titre de docteurs de la loi: c'est
même le nom que leur donnent le plus
ordinairement Luc et Paul. Ils sont
fréquemment nommés à côté des pharisiens,
Matthieu 5:20; 12:38; 15:1; 23:2.
Quelques-uns d'entre eux étaient réellement
pharisiens, Actes 23:9; d'autres étaient
sadducéens, Marc 12:28, et il ressort de la
comparaison de ces deux passages que les
scribes étaient les savants des partis, mais
qu'ils n'en constituaient pas un à eux
seuls. On les voit en relation avec le
souverain sacrificateur, Matthieu 21:15;
27:41,
— Voir: aussi Sanhédrin.
Ce corps célèbre se composait du souverain
sacrificateur et de pharisiens, au nombre
desquels on comptait des scribes. Ces trois
puissances étaient liguées contre le Sauveur
du monde; les scribes, pour leur part,
l'observaient pour avoir l'occasion de
l'accuser et de le faire condamner, Luc 6:7;
11:54, commentaient publiquement ses
discours, blâmaient ses actes, décriaient
ses mœurs, cherchaient à le surprendre par
des questions artificieusement posées, et à
le mettre dans l'embarras, Matthieu 9:3;
12:38; 22:38; Luc 5:30; 10:25,11,53; 15:2;
20:21, mais le Seigneur leur fermait la
bouche, et sa pure intelligence, la divinité
de sa morale, lui dictaient des réponses qui
les contraignaient de se retirer contus. Les
scribes, plus aigris sans doute du ridicule
qui rejaillissait sur eux dans ces luttes
inutiles, que zélés pour la défense des
dogmes juifs ou de leur propre incrédulité,
jurèrent sa mort, Luc 20:19; ce fut le seul
argument qui leur réussit. Quant à leur
position officielle, on voit, par plusieurs
passages, que Jésus même leur reconnaissait
une sorte d'autorité légale, Matthieu 23:2;
ils veillaient de concert avec les
pharisiens et les principaux sacrificateurs,
aux observances de la loi, faisaient la
police du temple et des synagogues, Matthieu
15:1; Luc 20:1; Actes 6:11, et réclamaient
du peuple de grandes marques de respect, Luc
20:46. On trouvait des scribes jusqu'en
Galilée, Luc 5:17, d'où il ressort que leur
activité ne se bornait pas à Jérusalem
seulement, mais s'étendait à tout le pays;
d'après Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 18, 3, 5, il y avait des docteurs
de la loi même à Rome.
Les scribes étaient ainsi les savants du
judaïsme, les docteurs, les professeurs de
théologie, et en cette qualité ils formaient
une espèce de caste avec des intérêts
communs. La loi de Dieu étant le centre de
toute science juive, le trésor de la vérité,
le palladium de leur nationalité, surtout
depuis l'exil, c'est comme docteurs de la
loi que les scribes se distinguaient
surtout, et c'est dans ce sens qu'Esdras est
appelé scribe. La loi ayant un côté
religieux et un côté civil ou politique,
l'éducation des scribes était à moitié
théologique, à moitié juridique, et l'étude
théorique et pratique de la loi était le
champ, le vaste champ, sur lequel ils
s'exerçaient avec leurs interprétations
allégoriques ou les élucubrations de leur
casuistique appropriée à tous les cas et à
tous les besoins de la vie. Mais si l'on se
rappelle les observances nombreuses et
diverses, et les traditions nouvelles qui
surgirent après l'exil, et qui, du temps de
notre Seigneur, étaient généralement crues
et admises même des savants, on comprendra
quelle a dû être l'élasticité de leur
exégèse, et par quel procédé ils réussirent
à trouver dans la loi ce qui ne s'y trouvait
pas. Ils surent de cette manière se rendre
précieux, non seulement à cause de la
profondeur de leurs aperçus théologiques,
mais aussi par le droit qu'ils avaient de
résoudre les difficultés pratiques, et de
décider des cas de conscience.
Ils pouvaient se diviser en trois classes
d'après la nature de leur activité. Les uns
appartenaient au sanhédrin avec les
sacrificateurs; les autres étaient voués à
l'enseignement public, et s'occupaient
surtout des jeunes gens qui voulaient
devenir rabbins; les autres enfin se
livraient à l'enseignement privé, servaient
parfois de suppléants aux précédents, ou
enseignaient pour leur compte d'une manière
non officielle, et dirigeaient les jeunes
élèves-rabbins dans certains actes
particuliers de leur vie, dans le choix
d'une vocation, par exemple, car tout rabbin
qui se respectait devait apprendre un état
qui le mil à même de gagner sa vie. Le
célèbre Gamaliel appartenait à la seconde
classe, et il est connu sous le nom de
docteur de la loi, Actes 5:34. Deux autres
scribes de la seconde classe sont nommés
Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 17, 6,
2, et le nom plus grec de sophistes paraît
avoir été réservé aux membres enseignants de
cette caste. On a du reste fort peu de
détails sur la nature de leurs écoles. Dans
les parvis du temple se trouvaient plusieurs
salles qui servaient d'auditoires, et c'est
apparemment dans l'une d'elles que Jésus,
âgé de douze ans, enseignait les sages qui
l'entouraient, et les étonnait par ses
réponses, Luc 2:46. Maîtres et élèves
étaient assis, Actes 22:3; Luc 2:46. On
suppose que l'enseignement se composait
moins de discours suivis, que de questions
et de discussions, et dans tous les cas il
n'est pas douteux que les disciples
n'eussent le droit d'interroger leurs
maîtres et de leur poser des questions. Ces
écoles, du reste, n'acquirent toute leur
importance qu'après la ruine de Jérusalem,
et la plupart des données historiques qui se
rapportent à leur organisation, la promotion
des rabbins, etc., sont postérieures à
l'époque du Nouveau Testament, et n'ont pas
à nous occuper.
SCYTHES.
Chez les anciens géographes, la
Scythie était un immense pays aux limites
passablement indéterminées, et l'on paraît
avoir successivement désigné sous ce nom
tous les pays compris entre la mer Noire, la
mer Caspienne et la Grande Tatarie actuelle.
Peuple nomade, les Scythes n'eurent
longtemps qu'une histoire confuse: on les
perd au milieu de leurs migrations
continuelles; on les voit naître au centre
de l'Asie; on les retrouve ensuite à
l'orient de l'Europe, près du Palus-Méotide,
puis en Syrie, en Égypte; puis, vainqueurs
des Mèdes et de Cyrus, ils s'emparent de
l'empire de la Haute Asie, le laissent
échapper au bout de vingt-huit ans, et
finissent par se retrouver dans les
montagnes qui furent le berceau de leurs
pères. Leur nom ne se rencontre pas dans
l'Ancien Testament. Quelques auteurs pensent
que le nom de Magog, q.v., désigne les
Scythes et la Scythie. Dans le Nouveau
Testament, Colossiens 3, 11, cf. 3 Maccabées
7:5, le nom de Scythes désigne simplement un
barbare, sans acception de lieu.
— L'invasion des Scythes en Égypte, au temps
de Psamméticus, 656-617 avant J.-C., est
suffisamment connue par le récit d'Hérodote
1, 103. Il est probable qu'ils touchèrent en
passant la Palestine, aussi bien que les
côtes des Philistins, et qu'ils y laissèrent
des traces de leur passage. Scythopolis, nom
donné plus lard à Bethséan, en serait une
preuve; mais les historiens sacrés n'en font
aucune mention. L'idée que Joël ou Sophonie
auraient fait une allusion à cet événement
est une malheureuse hypothèse de Cramer; il
serait plus vraisemblable d'admettre avec
Eichhorn, Bohlen, Dahler, que l'oracle de
Jérémie 4:5-6:30, se rapporte à cette
invasion, quoique Rosenmuller hésite même à
se prononcer dans ce sens.
SÉARJASUB
(ce qui reste se convertira,
ou retournera), nom d'un fils du
prophète Ésaïe, 7:3; cf. 10:21. Il
accompagna son père auprès d'Achaz,
lorsqu'Ésaïe vint annoncer au roi qu'il
n'eût rien à craindre de la ligue des rois
d'Israël et de Syrie; ce jeune homme devait
être, en quelque sorte, le témoin du
prophète au nom des fidèles.
— Il n'est pas dit que le nom de Séarjasub
fût symbolique, et, dans la seule
circonstance où nous le voyons figurer, la
signification de ce nom n'est pas mise en
saillie; mais on sait qu'Ésaïe donnait
volontiers à ses fils des noms symboliques
en rapport avec ses idées, cf. Lemahersalal
8:3, et le verset 18. Or, l'idée qu'il n'y
en aurait qu'un petit nombre de sauvés, un
résidu, est fondamentale chez ce prophète,
et Séarjasub le caractérise sous ce rapport;
le fils rappelle le père.
SÉBAH.
-
Fils de Bicri, Benjamite, 2 Samuel 20:1. Il succéda à Absalon dans le commandement des rebelles qui s'étaient levés contre David, et, comme Absalon, il paya de sa tête sa criminelle entreprise. Une jalousie de tribus fut peut-être encore à la base de ce mouvement: David avait passé le Jourdain avec la tribu de Juda, et le Benjamite profita de la jalousie que cette préférence apparente avait réveillée chez les autres tribus; mais le temps n'était pas mûr encore. Assiégé dans Abel par Joab, Sébah allait être la cause de bien des souffrances pour la ville qui l'avait reçu: une femme inconnue excita le peuple à livrer le traître, et la tête de Sébah, jetée par dessus la muraille, fut le gage de paix donné aux troupes de David.
-
Séba, ou Sébah, Genèse 10:7, fils aîné de Cus. Son nom s'écrit différemment en hébreu que les trois autres auxquels nos versions donnent la même orthographe,
— Voir: Scéba.
La racine de ce nom, saba, signifie
homme en éthiopien; plusieurs des noms de la
liste généalogique de Genèse 10 commencent
par le même mot seb ou sab, et l'on trouve
de fréquentes traces de noms semblables dans
les noms propres de l'Arabie et de
l'Éthiopie, de sorte que les hypothèses
relatives à la direction qu'auraient prise
les descendants de Sébah sont douteuses.
Cependant, celle qui porte le plus de
caractères de probabilité, et qui est le
plus généralement admise (Schrœder), c'est
que les Sabéens, dont il est ici question,
auraient occupé une grande presqu'île formée
par le Nil et l'Astaboras, sous le 16° ou
17° de latitude, à laquelle Cambyse aurait
donné plus tard le nom de sa sœur, d,'autres
disent de sa femme, Méroé (Flavius Josèphe,
Strabon, Diod. de Sicile, etc.) Les anciens,
qui n'en connaissaient que le nord,
pensaient que c'était une île, et Winer est
tombé dans la même erreur. Sébah était le
centre d'un grand commerce qui se faisait
entre l'Éthiopie, l'Égypte, l'Arabie,
l'Afrique septentrionale et l'Inde,
— Voir: Heeren, Idées sur la
politique et le commerce des anciens, II,
371.
Hérodote dit que les Éthiopiens (et les
Sabéens appartenaient à ce peuple) étaient
célèbres par leur haute stature, et par la
longue durée de leur vie (120 ans); ils
avaient même reçu, pour cette dernière
qualité, le nom de Macrobiotes. Leur taille
était évaluée à 12 pieds: Ethiopes
duodecim pedes longi (Solinus 30).
Inutile d'ajouter que l'imagination de
l'auteur était fort grande, ou que les pieds
étaient fort petits. Il y a de même de
l'exagération dans ce que dit Hérodote, que
les captifs mêmes portaient des chaînes
d'or, parce qu'on n'avait pas d'autre métal;
mais cette tradition prouve au moins que les
Sabéens étaient fort riches, et qu'ils
avaient la réputation de l'être.
— La capitale du pays portait aussi le nom
de Méroé; le trône était électif; il était
donné au plus riche, à celui qui se
distinguait le plus par la manière d'élever
les troupeaux. Les prêtres tenaient le
premier rang dans l'État; leur pouvoir était
si grand qu'on les a vus ordonner la mort
d'un roi et désigner son successeur.
Ergamène, par la suite, leur résista, mais
ne trouva moyen de se soustraire à leur
despotisme qu'en détruisant le temple, et
les prêtres qui furent égorgés, environ 300
ans avant J.-C., sous Ptolémée II.
— Les passages, Ésaïe 43:3; 45:14. Psaumes
72:10, qui nous montrent les descendants de
Séba en rapport avec les Égyptiens et les
Arabes, et distingués par leur stature,
permettent d'adopter l'opinion que nous
venons d'émettre, et la confirment plutôt
qu'ils ne la contrediraient.
— Méroé, dont il reste de belles ruines,
porte maintenant le nom d'Atbarah.
SEBNA,
trésorier du palais sous Ézéchias, n'est connu que par les reproches du prophète, Ésaïe 22:15. La destitution et l'exil lui sont annoncés, comme châtiment de ses malversations, de son orgueil, peut-être aussi d'autres faits plus graves encore qui ne sont pas racontés. On ignore si c'est le même dont il est parlé, Ésaïe 36:3; 37:2; 2 Rois 18:18; dans ce cas, son remplacement aurait déjà eu lieu, son exil serait terminé, et il ne serait rentré en grâce que pour remplir la place plus modeste de secrétaire. Il fut député avec Éliakim qui l'avait remplacé, pour entendre les propositions de Rabsaké.
SÉCANIA.
-
Fils de Jéhiel, de la famille d'Hélam, une des plus distinguées de Jérusalem du temps d'Esdras, 10:2. Il seconda avec énergie les mesures du chef d'Israël contre les mariages mixtes, et montra dans cette circonstance autant de résolution que d'intelligence; sa parole porta coup. On ignore s'il était lui-même au nombre des coupables; il semble s'humilier avec les autres, 10:2; peut-être s'humiliait-il au nom des autres, car son nom ne se trouve pas dans la liste de ceux qui renvoyèrent leurs femmes étrangères, 10:26.
-
Fils d'Arah, Néhémie 6:18; 7:10; Esdras 2:5. Beau-père de Tobija, il trempa dans la trahison de son gendre et dans les complots de Samballat contre Néhémie; qui se ressemble s'assemble. On ne sait si le gardien de la porte orientale, Néhémie 3:29, était fils de celui-ci ou du précédent.
SECOND,
de Thessalonique, compagnon de saint Paul dans quelques-uns de ses voyages, n'est connu que par la mention qui en est faite Actes 20:4.
SÉDÉCIAS
(jugement, ou justice de l'Éternel).
-
Vingtième et dernier roi de Juda, fils de Josias et d'Hamutal, Jérémie 37:1; 52:1. Il s'appelait d'abord Matthania (don de Dieu), mais son nom fut changé par Nébucadnetsar, lorsqu'en 598, il l'éleva sur le trône vassal de Juda, à la place de Jéojachin (— Voir: Jéchonias), qui l'avait précédé contrairement à l'ordre naturel de la succession. Les rapports de parenté, du reste, ne sont pas nettement établis, Sédécias, étant tour à tour appelé oncle, frère et fils de Jéchonias, 2 Rois 24:17; 2 Chroniques 36:10; 1 Chroniques 3:16; quant au mot fils, il signifie quelquefois successeur, ou bien l'on pourrait admettre dans ce dernier passage, qu'il est parlé d'un Sédécias, fils inconnu de Jéchonias, ce qui est peu probable; les noms de frère, ou d'oncle (frère du père), se prenaient quelquefois l'un pour l'autre, et les relations de neveu et d'oncle paraissent les plus vraisemblables entre Sédécias et son prédécesseur. Sédécias, que Flavius Josèphe nous dépeint comme un homme qui ne manquait pas d'une certaine bonté naturelle, fut un des plus mauvais rois de Juda; pour mieux dire, il ne régna pas lui-même, il n'eut de roi que le nom, et encore pas toujours; des intrigants gouvernèrent pour lui: les grands du royaume tenaient en mains les rênes de l'État, Jérémie 38:5. De faux prophètes, des piètres oublieux de leurs devoirs, des sujets rebelles étaient ligués avec les grands, pour troubler le pays, le corrompre et le jeter dans le précipice, Jérémie 28 et 34. Nul n'osait parler ouvertement, et Jérémie, aux jours de la catastrophe, expia par la prison le tort d'avoir dit la vérité. Le roi lui-même était gêné; il tenait secrètes ses convictions et ses démarches, 38:25,27. Cependant les événements marchaient; se fiant sur l'assistance de l'Égypte, Sédécias crut pouvoir secouer le joug des Caldéens à l'instigation de ses courtisans, et malgré les remontrances de Jérémie, 37:5; Ézéchiel 17:15; cf. 2 Chroniques 36:13. Les Caldéens s'avancèrent alors contre le pays, et après divers succès ils mirent le siège devant Jérusalem; averti de l'approche des Égyptiens, ils marchèrent à leur rencontre, les battirent (sous Hophra), et revinrent assiéger Jérusalem, Jérémie 37:11; cf. 8; et 34:21. C'était au dixième mois de la neuvième année de ce règne. Après dix-huit mois de siège, au quatrième mois de la onzième année, les Caldéens entrèrent dans la ville sainte (588 avant J.-C.), Jérémie 39:2; 52:5. Sédécias s'enfuit du côté de Jérico, mais il ne tarda pas à être arrêté; traduit devant un conseil de guerre, il fut jugé et chargé de fers; il vit mettre à mort sous ses yeux ses fils et ses principaux officiers, puis il ne vit plus rien; on lui creva les yeux, il fut conduit à Babylone et jeté en prison où il resta jusqu'à sa mort. Nébucadnetsar lui fit faire des obsèques royales, sans doute afin de relever sa gloire de toute celle de son illustre prisonnier, 2 Rois 25, Ézéchiel 19, Jérémie 39 et 52. Bientôt Jérusalem ne fut plus qu'un monceau de ruines. Tous ces événements, jusqu'aux plus petits détails, cf. Ézéchiel 12:13; Jérémie 34:4, avaient été prédits parles prophètes.
— Sédécias ne fut pas un roi théocratique; il fit ce qui déplaît à l'Éternel, et sans atteindre à la perversité de ses prédécesseurs, il combla la mesure; il laissa faire le mal; son trône, son sceptre, ses conseillers, son peuple, tout était vermoulu; Jérémie était une pièce de drap neuf à un vieux habit; il ne servait qu'à faire ressortir le mal. Sédécias ne causa pas la chute du trône de David, mais il le laissa tomber et tomba avec lui.
-
Sédécias, faux prophète, Jérémie 29:21;
— Voir: Achab, #2.
-
Fils de Hanania, Jérémie 36:12.
SÉÉRA,
fille de Béhira et petite-fille d'Éphraïm, n'est connue que par la mention qui en est faite, 1 Chroniques 7:24. Elle fonda des établissements en Israël avant que le peuple entier s'y fût établi.
SÉGUB,
second fils d'Hiel, q.v.
SÉHALIM,
1 Samuel 9:4, probablement un
district du centre de la Palestine,
— Voir: Salim.
Eusèbe parle d'un bourg de ce nom, situé à 7
milles ouest d'Éleuthéropolis.
SÉHIR,
Genèse 36:20; 1 Chroniques
1:38, chef des Horiens, antérieur sans doute
à Abraham, et le premier habitant de
l'Idumée. La contrée, connue dans l'histoire
sous le nom de monts de Séhir, Genèse 33:14;
36:30; Ézéchiel 35:3, etc., était située
dans la partie méridionale de la Palestine,
non loin de la vallée du Sel, et voisine des
Amorrhéens, Josué 11:17; Deutéronome 1:44; 2
Chroniques 25:11. Primitivement habitée par
les Horiens, qui laissèrent à ses montagnes
le nom de leur chef Séhir, Nombres 24:18,
elle fit ensuite partie du territoire des
enfants d'Ésaü, ou Iduméens, Genèse 32:3;
33:14; 36:8; Deutéronome 2:29; cf. 2
Chroniques 25:14. Le district que la vallée
d'EI Ahsa sépare de la province de Kérek, au
sud-est de la Palestine, porte aujourd'hui
le nom de Dshebal (la regio Gebalena
des anciens); toutefois l'ancien Séhir
embrassait encore les monts d'El Sherah, qui
se prolongent jusqu'au golfe élanitique, et
qu'un simple wady sépare du Dshebal
(Burkhardt). Il importe de se rappeler pour
l'intelligence de Nombres 20, et suivant,
que cette chaîne, la demeure des Édomites,
se jetait à l'ouest dans les sables du Ghor,
et à l'est dans les déserts de l'Arabie. On
comprend aussi que les monts de Séhir soient
nommés dans un même contexte avec les monts
de Paran et de Sinaï, également situés dans
l'intérieur de l'Arabie Pétrée, Deutéronome
33:2; Juges 5:4. Le nom de Séhir (roux,
sauvage, velu) est aussi bien justifié par
la désolante sécheresse de la contrée, que
par le nom de ses fondateurs, Séhir, ou
Ésaü.
— La montagne de Halak, ou montagne chauve,
pelée, de Josué 11:17; 12:7, qui semble être
désignée comme l'avant-poste des monts de
Séhir, serait, d'après Rosenmuller, le mont
Madare, que Seetzen a vu sur le chemin
d'Hébron à Sinaï, à une journée sud-ouest
environ de la mer Morte; mais rien n'est
plus arbitraire que de semblables
suppositions; ce peut être celle-là, ce peut
en être une autre.
Le mot dshebal ou djebel, noté
dans cet article ainsi que dans plusieurs
autres, signifie en arabe montagne, et entre
dans la composition d'un grand nombre de
noms propres, même en Europe où il est resté
comme un souvenir du passage des Sarrasins;
Gibr-al-Tar n'est autre chose que
Djebel-al-Tharik, montagne de Tharik; de
même Gibraléon en Espagne, etc. L'Etna porte
aussi le nom de Gibel.
SÉHIRA,
Juges 3:26, bourg ou village des montagnes d'Éphraïm.
SEL.
Ce savoureux minéral, cet
assaisonnement cristallin était fort connu
des Hébreux qui le recueillaient en
abondance sur les rives desséchées de la mer
Morte, dont les eaux débordées chaque année,
laissaient, en se retirant, des flaques
qu'une rapide évaporation ne tardait pas à
réduire en lits de sel, cf. Sophonie 2:9;
Ézéchiel 47:11. Ils en trouvaient aussi
beaucoup dans la vallée du Ghor (ou du sel),
et sur les flancs d'une montagne longue de 3
lieues qui en forme le flanc occidental. Ces
deux mines sont loin d'être épuisées; c'est
là que les Arabes vont de nos jours encore
chercher le sel nécessaire à leurs besoins
personnels, et ils font de cette denrée un
article de commerce fort lucratif qu'ils
exportent principalement en Syrie.
Le sel ne servait pas seulement
d'assaisonnement pour les mets, Job 6:6,
mais toutes les offrandes végétales offertes
à l'Éternel devaient en être saupoudrées,
Lévitique 2:13, soit que, par un
anthropomorphisme un peu fort, le
législateur voulût dire aux Juifs qu'ils ne
devaient offrir à Dieu que ce qu'ils
pourraient eux-mêmes manger avec plaisir,
des plats, des gâteaux tout apprêtés, soit
que l'idée de la pureté, de
l'incorruptibilité, de la durée, dont le sel
était un emblème, eût dicté ce détail des
prescriptions mosaïques; on ne risque rien
d'adopter, avec Meyer et Tholuck, une partie
au moins de cette explication, malgré les
persiflages de Winer sur la profondeur de
cette symbolique. Il n'est pas dit
expressément que les pains de proposition
fussent aussi offerts avec du sel, mais cela
ressort de l'analogie. Le sel entrait donc
pour une grande part dans les besoins du
culte, Esdras 6:9; 7:22, et il se vendait
sur le marché du temple, où l'on en trouvait
toujours une abondante provision; il
paraîtrait même qu'il y aurait eu dans le
second temple une place spéciale appelée la
chambre du sel. Le sel de Sodome (de la mer
Morte) que plusieurs pensent à tort être de
l'asphalte, était généralement employé dans
le sanctuaire.
D'après une tradition juive qui semble
confirmée par Ézéchiel 43:24; Marc 9:49; cf.
Lévitique 2:13, les offrandes animales
étaient aussi présentées avec du sel, comme
chez les Grecs et les Romains. Il y avait
aussi du sel jusque dans le parfum
aromatique, Exode 30:35.
Le sel était le symbole:
-
De la durée, de la perpétuité, de la sincérité, car le sel préserve de la corruption et de la dissolution; ainsi l'on disait une alliance de sel, Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5; cf. Lévitique 2:13, soit que les contractants missent quelques grains de sel dans leur bouche en gage de leur sincérité, soit que cet acte extérieur n'eût pas lieu.
-
De l'hospitalité. Il y avait un engagement moral contracté entre ceux qui avaient mangé le même sel, maîtres et serviteurs, hôtes et voyageurs, cf. Esdras 4:14, et les Arabes modernes ont conservé la même tradition d'inviolable dévouement à ceux qui ont mangé leur sel ou leur pain (Niebuhr, Rosenmuller, Lamarline, Voyage en Orient, etc.)
-
De la sagesse, de la pureté dans la vie et dans la conversation, Marc 9:49; Colossiens 4:6.
-
De la stérilité; on saupoudrait de sel les terrains maudits et condamnés à rester toujours déserts et stériles, Juges 9:45; Sophonie 2:9; cf. Deutéronome 29:23; Psaumes 107:34 (Job 39:9; l'hébreu porte salée au lieu d'inhabitée);
— Voir: aussi Pline, H. N. 31, 7, 39. Virgile, Géorg. 2, 238-240.
Ces passages semblent ainsi offrir une contradiction avec Matthieu 5:13, où les fidèles sont appelés le sel de la terre. Calmet résout cette difficulté en changeant la signification du mot; il pense qu'il s'agit là de la marne avec laquelle on fume les terres dans certains pays. On peut l'expliquer aussi dune manière peut-être plus simple en donnant au mot terre le sens de monde, cf. verset 14: le sel serait alors le symbole de la pureté; c'est aux fidèles de préserver le inonde de la corruption.
Quant à la statue de sel de la femme
de Lot,
— Voir: Lot.
Mer de sel, ou mer Salée,
Genèse 14:3.
— Voir: mer Morte.
D'après le Dr Daubeny, les eaux de la mer
Morte ne contiennent d'autres substances que
le sel muriatique, circonstance en harmonie
avec l'origine volcanique du pays
environnant.
Ézéchiel 16:4. Sur l'usage de frotter de sel
les enfants nouveau-nés,
— Voir: le commentaire de Hævernick.
Cet usage reposait sur des considérations
médicales (saint Jérôme, Gallien, etc.),
mais il s'y rattachait sans doute aussi une
pensée symbolique, celle de la pureté à
laquelle nous sommes appelés, peut-être
celle de l'incorruptibilité, de
l'immortalité, de l'éternelle durée de
l'homme. La salis sparsio qui
accompagne le baptême dans l'Église romaine,
se rattache peut-être, comme tant d'autres
cérémonies, à cette coutume des Juifs, que
d'autres peuples de l'antiquité
connaissaient du reste également.
Le sel que le prophète Élisée jette dans la
fontaine de Jérico pour adoucir l'amertume
de ses eaux, 2 Rois 2:21, ne peut avoir été
un moyen naturel d'assainissement; les eaux
de Jérico se ressentaient du voisinage de la
mer Morte, et le moyen employé par Élisée
allait plutôt à rencontre du but qu'il se
proposait: ce moyen devait faire ressortir
avec d'autant plus d'évidence la mission
divine du prophète.
Vallée du Sel.
Célèbre par une victoire de David sur les
Syriens, 2 Samuel 8:13; 1 Chroniques 18:12;
cf. Psaumes 60, (suscr.), cette
vallée, large d'environ 3 kilomètres, est
située à l'extrémité sud de la mer Morte;
elle ne présente pas le moindre vestige de
végétation, mais abonde en couches salines.
Maundrell, dans ses voyages, cite un fait
qui sert à nous faire comprendre ce que
c'est que le sel qui a perdu sa saveur,
Matthieu 5:13. Dans la vallée du Sel, près
de Gebul (à environ 4 journées d'Alep), il y
a un petit précipice causé par de continuels
éboulements de sel. J'en brisai un morceau,
dit-il, dont la partie qui avait été exposée
à la pluie, au soleil et à l'air,
quoiqu'elle eût le brillant du sel et des
particules salines, en avait cependant
complètement perdu la saveur. L'intérieur,
qui tenait au roc, conservait le goût salé,
comme j'en fis l'épreuve. Dans un des
historiens byzantins, on trouve un
commentaire vivant et frappant de ce texte.
Échabolius avait fait profession d'être
chrétien sous le règne de l'empereur
Constantin, mais sous celui de Julien
l'Apostat il était retombé dans le
paganisme. Poussé plus tard à la repentance,
il se déclara de nouveau chrétien, et se
prosternant sur le seuil de l'église, il
s'écria: Foulez-moi aux pieds, car je suis
du sel qui a perdu sa saveur.
SÉLA.
-
Ancêtre de notre Seigneur par Marie,
— Voir: Sala.
-
Fils de Juda et d'une Cananéenne, Genèse 38:5; 1 Chroniques 2:3. Il ne contracta probablement jamais l'union dont il est parlé Genèse 38:11; cf. 26. Il est nommé Nombres 26:20, et sa famille fut une des plus industrieuses d'Israël, 1 Chroniques 4:21.
SÉLAH
(rocher, petra), ville édomite, située au midi de la vallée du Sel; le roi Amatsia la conquit, 2 Rois 14:7, mais plus tard il paraît que les Moabites s'en emparèrent à leur tour, Ésaïe 16:1. Elle est bien connue sous le nom de Pétra, comme capitale des Nabathéens, dans l'Arabie Pétrée. Elle est située à 40 lieues de Jérusalem, dans une petite vallée, fertile, bien arrosée, et entourée de rochers escarpés. Sa position était aussi avantageuse au point de vue militaire que sous le rapport du commerce: deux roules principales s'y croisaient, et la ville renfermait des dépôts considérables à l'usage des caravanes, et les trésors d'or et d'argent qu'elles y déposaient en échange de leurs marchandises. Les rocs infranchissables qui l'entouraient en faisaient une place forte, et le désert qui séparait Pétra de la Judée en rendait, de ce côté du moins, l'abord presque impossible pour une armée. Pendant la période romaine Pétra fut une résidence royale; elle fut en particulier la demeure d'Arétas, roi de l'Arabie Pétrée. Trajan la soumit, ainsi que la contrée environnante, et Adrien paraît, d'après quelques médailles, l'avoir honorée de son nom. Burckhardt a retrouvé ses ruines dans le Wady Mousa, à deux journées nord-est d'Akaba. Un passage très étroit, arrosé d'un ruisseau qui coule entre des rochers de 80 pieds de hauteur, semés de tombeaux et de monuments, conduit, à l'ouest, dans une plaine qui va en s'élargissant, et où l'on trouve les ruines nombreuses et imposantes de l'ancienne Pétra; à l'ouest et au nord, des rochers à pic semblent les protecteurs naturels de cette solitude; deux cents hommes pourraient défendre, à l'est, le passage qui conduisait dans la ville.
SÉLAH
(l'orthographe de ce nom n'est pas la même en hébreu que celle du nom qui précède). Terme hébreu qui se rencontre soixante-treize fois dans les Psaumes, et trois fois dans Habacuc. Les anciens interprètes, les Septante, Théodotion, le, traduisent par pause. De Wette et Winer pensent qu'il indiquait un changement de mesure, ou la répétition de l'air sur un ton plus élevé, da capo (Suidas, Hesychius). D'autres, et quelques-unes des plus anciennes versions, Aquila, Symmaque, le Targ, de Jonathan, traduisent, mais sans justifier étymologiquement leur traduction, par: toujours, éternellement, aux siècles des siècles. Il est difficile de se décider lorsqu'on a perdu tous les éléments d'une décision, la connaissance des secrets de la langue et celle de la musique hébraïque. Herder n'éprouve aucun embarras: le mot sélah, dit-il, ne saurait être ni une pause, ni un signe de répétition, mais un avertissement pour changer de ton, changement qui se manifestait par une augmentation de force, ou par le passage d'un mouvement, d'un mode, à un autre mouvement, à un autre mode. (Les Orientaux aiment encore aujourd'hui une musique monotone que les Européens trouvent triste, et qui, à certains passages des paroles, change tout à coup de mesure et de mode. Le mot sélah indiquerait ces brusques variations). Quand le contenu ou l'expression du chant se modifiait, on se servait sans doute de ce signe pour avertir le musicien qu'à cette place, il fallait varier la mélodie, qui n'était jamais définitivement arrêtée. Cette opinion paraît d'autant plus fondée que le mot sélah se trouve souvent dans les chants passionnés, et jamais dans les psaumes didactiques. Quand il se trouvait à la fin d'un psaume, c'était pour avertir qu'il fallait y en ajouter un autre, car il est certain qu'on aimait ces sortes d'additions et d'enchaînements. Cette opinion qui est aussi, plus ou moins, celle d'Ewald, a été combattue par Gesenius au point de vue de la langue, et par Hengstenberg quant au sens. L'étymologie la plus simple et la plus naturelle de ce mot se trouve dans le verbe syriaque shala, qui a aussi, en hébreu, la signification de reposer; sélah serait alors ou un substantif, repos, pause, ou un impératif, arrête, repose-toi. Cette pause, se rapportant aux paroles, était en même temps un signe musical, parce que la musique s'accordant avec les paroles doit s'arrêter, et rester, en quelque sorte, suspendue, là où le sens de la phrase fixe l'esprit, provoque la méditation, et demande un moment de repos. L'examen des différents passages où sélah est employé, rend cette explication très vraisemblable, et nous l'adoptons comme la plus probable et la mieux justifiée de toutes les hypothèses et opinions produites jusqu'ici.
SÉLAH,
fils d'Arpacsad et petit-fils de Sem, Genèse 10:24. Inconnu.
SÉLEPH,
Genèse 10:26; 1 Chroniques 1:20, peuplade arabe dont le chef est compté parmi les descendants de Joktan. Bochart pense que cette peuplade pourrait désigner les Salapéniens qui, selon Ptolémée 6:8, étaient une des tribus habitant l'intérieur de l'Yémen.
SÉLEUCIE.
Il y avait plusieurs villes de ce nom dans l'Orient ancien. Celle dont il est parlé dans le Nouveau Testament, Actes 13:4, appartenait à la Syrie: elle était située sur la Méditerranée près de l'embouchure de l'Oronte, à 7 lieues sud-ouest d'Antioche à qui elle servait de port. Elle était très forte et passait pour imprenable. Fondée par Séleucus-Nicanor, capitaine d'Alexandre, qui devint après la mort de ce prince roi de Syrie et fut le chef de la dynastie des Séleucides, elle fut la capitale de la province de Séleucie sous les rois de Syrie, et fut déclarée ville libre sous Pompée. Elle portait le surnom de Pieria, du mont Pierius au pied duquel elle était bâtie; on l'appelait aussi Séleucie près la mer (ad mare) pour la distinguer d'autres villes du même nom qui se trouvaient en Syrie. Séleucus y fut enseveli. On en retrouve aujourd'hui les ruines près d'un village nommé Kapse.
SÉLOMITH,
mère d'un homme Israélite qui fut lapidé pour avoir blasphémé, Lévitique 24:11,14. Elle avait épousé quelqu'un de ces Égyptiens qui avaient quitté Israël avec le peuple de Dieu; peut-être même que cet homme ne s'était décidé à ce voyage que parce qu'ils étaient déjà mariés, Exode 12:38. Il ne paraît pas que Moïse énonce un blâme contre Sélomith en rappelant cette union avec un étranger; de pareils mariages dans les premiers temps de l'existence du peuple juif n'étaient peut-être pas encore flétris, et l'on voit Deutéronome 23:7, que des relations intimes avec les Égyptiens sont moins sévèrement interdites qu'avec d'autres nations païennes. Le nom du blasphémateur n'est pas prononcé; le crime en ces temps reculés n'avait pas le privilège de faire des réputations: le blasphème lui-même n'est pas rapporté, parce que c'eût été un appel indirect à l'imitation, tant est grande la force provocatrice du mal: d'ailleurs, s'il est des choses qui ne doivent pas être nommées, un blasphème, une malédiction lancée contre l'Éternel, ne pouvait passer sous la plume d'un écrivain inspiré.
SÉLUMIEL,
préposé de la tribu de Siméon pour faire avec Moïse et Aaron le premier dénombrement d'Israël, Nombres 1:6; 2:12; du reste inconnu.
SEM,
second fils de Noé, Genèse
5:32; 6:10; 7:13; 9:23; 1 Chroniques 1:4;
Luc 3:36. Sauvé du déluge, il montra du
respect pour son père plongé dans l'ivresse,
et fut béni avec Japhet au nom de
«l'Éternel, Dieu de Sem»; le nom de Jéhovah,
l'Éternel, indiquait une protection plus
tendre, plus paternelle que le seul nom de
Dieu, d'Élohim, et ce titre annonçait des
grâces toutes particulières pour ses
descendants. Deux ans après le déluge, Sem,
âgé de cent ans, eut un fils, Arpacsad, le
premier enfant peut-être du nouveau monde.
Il mourut âgé de six cents ans (2446—1846
avant J.-C.).
Voici, d'après Genèse 10, le tableau de sa
postérité:
Sem|
1 |
2 |
3 |
4 |
5
Aram |
| |
||||
| |
| |
Ses descendants s'établirent ainsi dans les plus belles provinces
de l'Orient, ils dépossédèrent les enfants
de Cam et s'emparèrent de la Palestine; ils
furent la famille bénie de laquelle devait
naître le Christ selon la chair, et leurs
tabernacles furent le berceau du judaïsme
d'abord, puis du christianisme: les
prophéties étaient accomplies au-delà de ce
qu'elles semblaient promettre.
Cinq peuples célèbres appartenaient ainsi à
la postérité de Sem, les Hébreux, les
Araméens, les Assyriens, les Élamites
(Perses), et les Lydiens;
— Voir: ces articles.
On s'étonne que les langues de ces cinq
peuples n'aient pas un caractère commun qui
permette de les rattacher à une même
famille, et d'un autre côté, que parmi les
peuples issus de Cam il s'en trouve
plusieurs dont les langues ne sont pas sans
rapports avec les langues sémitiques, celle
des Phéniciens et des Cananéens, par
exemple. La difficulté, car c'en est une
dans l'état actuel de la science, n'est pas
encore résolue, mais on ne saurait rien en
conclure.
Sem est ordinairement nommé avant Japhet,
comme Isaac avant Ismaël, Jacob avant Ésaü,
parce qu'il était le chef de la famille
théocratique. Il portait le nom de la
famille (Sem signifie nom), et c'était aussi
parmi ses descendants que Dieu voulait faire
demeurer son nom; les enfants de Sem
devaient porter le témoignage du vrai Dieu,
et c'est parce que cette charge passa d'une
manière spéciale dans la famille d'Héber que
Sem est aussi appelé le père de tous les
enfants d'Héber, 10:21.
Une foule de traditions, les unes curieuses
et intéressantes, les autres absurdes, se
rattachent au nom de Sem; les uns voient en
lui Typhon, le géant de la fable, d'autres
Pluton, d'autres Uranus (Shem,
pluriel Shamayim, les cieux):
d'autres se bornent à le retrouver au temps
d'Abraham, sous le nom de Melchisédec,
donnant au patriarche les leçons qu'il avait
lui-même reçues de Méthusélah, sur la
tradition historique, et la doctrine de
Dieu. Sem aurait aussi reçu de Noé le
testament et le corps d'Adam. D'autres en
font un roi, ou un prophète, ou un fondateur
de villes. Quelques-uns lui attribuent le
Psaumes 110, et un vieux livre hébreu sur la
médecine, qui se trouvait en manuscrit dans
la bibliothèque de l'électeur de Bavière. Il
paraît qu'il fit des observations
astronomiques, qu'il remarqua le premier
certains mouvements des astres, et qu'il
enseigna la manière de compter les mois et
les années, avec les mois intercalaires.
SÉMAH,
— Voir: Bériha.
SÉMAHIA
(obéissant à l'Éternel).
-
Lévite, chargé sous David d'enregistrer la division des vingt-quatre familles sacerdotales, 1 Chroniques 24:6. Son nom est inscrit en tête de la liste, comme garantie d'authenticité.
-
Faux prophète, transporté à Babylone probablement avec Jéchonias, et qui, irrité des oracles de Jérémie sur la durée de la captivité, le dénonça comme imposteur aux Juifs de Jérusalem par une lettre écrite en son propre nom, et reçut pour réponse un nouvel oracle, annonçant que ni lui, ni personne de sa famille, ne verrait la fin de cette captivité, Jérémie 29:24-32. Il est appelé Néhélamite, soit que ce nom désigne le village d'où il était originaire (Jérôme), mais on ne connaît aucun village, de ce nom, soit que ce fût un nom de famille, mais il serait également inconnu. Quelques Hébreux voient dans ce surnom un appellatif, signifiant le rêveur, et pensent qu'il l'aurait reçu à cause des rêveries qu'il avait coutume de débiter pour des oracles.
-
Faux prophète, à la solde de Samballat et de Tobija, Néhémie 6:10-14; retenu dans sa maison, il tendit à Néhémie un piège dans lequel un lâche seul pouvait tomber; le noble courage du gouverneur le sauva du danger. Si, pour fuir les assassins, Néhémie avait cherché un refuge dans les parvis du temple, lui qui n'était pas sacrificateur, on pouvait ensuite lui faire son procès et le faire mourir légalement, cf. Nombres 3:38; le bourreau remplaçait les assassins. Sémahia ne laissait que le choix à Néhémie; Néhémie ne choisit ni l'un ni l'autre; méfiance ou courage, il refusa le secours, et évita le piège.
— On n'est pas d'accord sur le sens du mot retenu, employé en parlant de Sémahia,
— Voir: 10.
Était-il retenu par quelque infirmité ou maladie? Vivait-il habituellement dans la retraite, pour se faire une réputation de sainteté? Ou bien voulait-il, en restant caché dans sa maison et s'enveloppant de mystères, frapper l'imagination de Néhémie, et le mieux persuader.
SÉMAHJA,
prophète contemporain de Roboam. Il eut le bonheur de prévenir la guerre civile entre les deux royaumes, 1 Rois 12:22; 2 Chroniques 11. Plus tard, lors de l'invasion de Sisak roi d'Égypte, il eut une mission pénible à remplir auprès de Juda; il vint lui dire au nom de l'Éternel: Vous m'avez abandonné, et je vous abandonne au roi d'Égypte. Le peuple et le roi se repentirent alors, et détournèrent une partie des menaces divines: Jérusalem fut épargnée, mais le reste du royaume fut asservi pour un temps, 2 Chroniques 12:5. Sémahja est nommé, 2 Chroniques 12:15, comme auteur d'une vie de Roboam.
SEMAILLES,
— Voir: Semence.
SEMAINE
(hébreu Shebouah, sept,
une septaine). Pour les juifs comme pour les
chrétiens, la division de l'année et des
mois en semaines est d'origine divine; elle
remonte à la création. Dieu créa l'univers
en six jours, et non seulement il se reposa
le septième, mais encore il le bénit pour
qu'il fût célébré d'âge en âge. Les Hébreux
comptèrent par semaines longtemps avant
Moïse; et sans parler de plusieurs passages
de la Genèse, 4:3 (— Voir: les
commentaires); 8:10; 29:27, on pourrait le
déduire du décalogue, dans lequel Dieu ne
prescrit pas l'observation du sabbat comme
une loi nouvelle, mais comme une loi
ancienne qu'il confirme. Cette ancienne loi
fut d'abord respectée dans tout l'Orient.
Les rois de la Chine faisaient au septième
jour, appelé le grand jour, fermer les
portes des maisons; on ne faisait en ce
jour-là aucun commerce, et les magistrats ne
jugeaient aucune affaire. Les Perses avaient
donné un nom spécial aux premier, huitième,
quinzième et vingt-deuxième jours du mois,
etc. Mais lorsque les peuples de l'Orient
eurent oublié l'origine du monde, et
qu'abandonnant le culte du vrai Dieu ils
furent tombés dans l'idolâtrie, ils
oublièrent la cause de la division du temps
en sept jours, et s'imaginèrent que ce
nombre avait été indiqué à leurs ancêtres
par le cours de la lune, dont chaque
quartier ne dure qu'environ sept jours (7 et
3/8). Ideler, et après lui Winer, adoptèrent
volontiers cette origine naturelle de la
semaine. Dion Cassius prétend que les
Égyptiens furent les premiers qui divisèrent
les mois en semaines, et que les sept
planètes leur en donnèrent l'idée, et
Blondel cherche à expliquer par un calcul
fait d'après les planètes dominantes de
chaque jour et de chaque heure, pourquoi les
noms des jours ne sont pas rangés dans
l'ordre des planètes considérées par rapport
à leurs distances. Court de Gébelin établit
que le nom des jours est indiqué dans
l'ordre harmonique des différentes planètes.
Quoi qu'il en soit du plus ou moins grand
degré d'antiquité de la semaine chez les
Égyptiens, ils professaient une grande
vénération pour le nombre sept et ses
multiples. Quant aux Grecs, ils divisaient
le mois en trois décades; cependant ils
regardaient chaque septième jour comme un
jour saint, et dans Hésiode, le premier, le
septième et le quatorzième jour du mois sont
indiqués comme des jours heureux.
La semaine s'appelle, en hébreu, une
septaine et quelquefois aussi un
sabbat: Je jeûne deux fois par sabbat,
dit le pharisien orgueilleux, Luc 18:12. Les
Juifs n'ont aucun nom particulier pour
désigner les jours de la semaine, à
l'exception du mercredi qu'ils appelaient
meoroth (les luminaires), en souvenir du
quatrième jour de la création; quant aux
autres, ils les désignent par la place
qu'ils occupent relativement au sabbat passé
ou prochain, comme font les quakers. Les
auteurs du Nouveau Testament font de même,
Marc 16:2; etc. (— Voir: Bridel, de
l'Année juive.)
Les Hébreux avaient, outre la semaine de
sept jours, la semaine prophétique qui était
de sept ans, qui allait d'une année
sabbatique à une autre année sabbatique, cf.
Genèse 29:27, et la semaine jubilaire qui
était de sept fois sept années, et allait
d'un jubilé à l'autre. (Les Romains
connaissaient aussi des annorum hebdomades,
Gell. 3, 10; etc.) C'est dans cette
catégorie que se rangent les fameuses
semaines de Daniel, 9:24-27.
Sans entrer dans des détails qui ressortent
des commentaires, il suffira de dire que,
dans notre opinion, le commencement des
soixante-dix semaines doit être daté du
moment où Esdras a commencé son œuvre
réformatrice, la vraie reconstruction de la
vraie Jérusalem, de la Jérusalem spirituelle
et théocratique (457 avant J.-C., 483 ans
avant la prédication de Jean-Baptiste). Les
travaux préparatoires du rétablissement de
Jérusalem, l'ordre de Cyrus, 536 avant
J.-C., l'ordre de Darius Hystaspe, 520 avant
J.-C., le secours accordé par Artaxercès à
Esdras, vers 457, l'autorisation de partir
accordée par le même monarque à Néhémie vers
445, sont des faits extérieurs qui ne
concernaient que la Jérusalem matérielle, le
berceau de la Jérusalem vivante, de la Sion
sainte; le prophète a plutôt en vue une
restauration spirituelle, non celle des rues
et des murailles, mais celle du culte; ce
rétablissement spirituel coïncide d'ailleurs
avec le départ d'Esdras sous Artaxercès, et
à peu près avec celui de Néhémie. Le verset
25 parle de la sortie de la parole, d'un
ordre donné: par qui? Plusieurs interprètes
ont pensé à quelque roi perse; mais la
comparaison du verset 23 prouve que c'est de
Dieu qu'il s'agit. Ces soixante-dix semaines
sont divisées en trois termes de sept,
soixante-deux, et une semaines. Pendant les
sept premières, c'est-à-dire pendant une
cinquantaine d'années à peu près, Dieu
continua de se manifester encore par les
saints hommes qu'il avait choisis, les
Esdras, les Néhémie, les Malachie; puis vint
une longue et sombre période de soixante
semaines, où la parole écrite remplaça la
parole parlée, et où se forma la triste
théologie des scribes et des pharisiens; ces
soixante-neuf semaines finissent avec
l'arrivée de Jean-Baptiste, l'an 26 ou 28 de
notre ère, l'an 30 de Jésus, et alors
commence la dernière semaine à la fin de
laquelle l'alliance doit être confirmée à
plusieurs; c'est au milieu de cette semaine
que, par la mort de Christ, cesse le régime
des sacrifices et des oblations. Après cela
(la date n'est pas indiquée d'une manière
précise) vient la ruine de Jérusalem et du
temple: sous les ailes de l'horreur (est)
celui qui désole; (mais) la destruction et
la fin (l'extermination) atteindra le
dévastateur. Verset 27.
SÉMED,
Benjamite, fondateur de deux villes situées non loin du Jourdain, 1 Chroniques 8:12. Du reste inconnu.
SÉMÉI,
inconnu; l'un des ancêtres de Jésus par Marie, Luc 3:26.
SEMENCE.
La loi défendait de semer dans
un même champ deux sortes de graines,
Lévitique 19:19. Les uns ont vu dans cette
interdiction une mesure tout à fait
théologique,
— Voir: Accouplements;
les autres n'y ont vu qu'un précepte
agricole, et s'appuient sur l'expérience
d'anciens agronomes, cf. Virgile, Géorg. 1,
193. Varron, R. Rust. 1, 52: ils pensent que
Moïse avait pour but d'engager les
Israélites à trier soigneusement leurs
grains avant de les confier à la terre, et
qu'il rendait ainsi indirectement impossible
l'introduction des mauvaises herbes, de
l'ivraie, du lolium temulentum en
particulier. D'après Lévitique 11:37, un
corps mort qui tombait par accident sur des
graines destinées à être semées ne les
souillait pas, à moins que ces graines ne
fussent mouillées, parce que l'humidité
absorbe beaucoup plus facilement les gaz et
les particules impures que ne font les corps
secs.
— Il paraîtrait, d'après les Targums, que
les Hébreux avaient déjà découvert une
espèce de semoir, ou de machine à semer, et
que l'honneur de l'invention n'appartient
pas à notre siècle.
SEMER,
possesseur de la montagne de Samarie, la vendit pour deux talents d'argent à Homri roi d'Israël, qui y bâtit sa capitale, et lui conserva le nom de son ancien propriétaire, 1 Rois 16:24. Comme la vente des héritages de famille était défendue aux Israélites, Lévitique 25:23, on a supposé que Semer était un descendant de ces Cananéens qui n'avaient pas été dépossédés lors de l'entrée de Josué dans le pays, d'autant plus que son nom, contrairement à l'usage, n'est accompagné d'aucune notice généalogique. D'un autre côté, les lois de Moïse étaient assez oubliées et violées en Israël, pour que l'on puisse admettre aussi que la loi des héritages n'ait pas été respectée par Semer et Homri dans le contrat de vente.
SÉMINITH.
Ce mot qui est traduit par
octave, 1 Chroniques 15:21, signifie le
huitième, ou les huit. Il est employé dans
l'inscription des Psaumes 6 et 12, et a été
diversement interprété: les uns y ont vu un
instrument à huit cordes, une espèce de lyre
ou de guitare, ce qui est d'autant moins
probable qu'un autre instrument, le
néguinoth, est indiqué comme devant
accompagner le Psaumes 6. D'autres, comme
Hengstenberg, pensent que c'est l'indication
du ton.
— Voir: Musique, et Psaumes.
On pourrait traduire l'inscription du
Psaumes 6: «Psaume de David, donné au maître
chantre, air de basse, avec accompagnement
d'un instrument à cordes.»
SÉNEVÉ,
— Voir: Moutarde, et dans cet article, Sinapi, lisez: Sinapis.
SÉNIR,
— Voir: Hermon.
SENNACHÉRIB,
— Voir: Sanchérib.
SÉPHAR,
montagne, ou plutôt ville, qui servait de frontière orientale aux Joktanides, Genèse 10:30. Selon quelques-uns, Bochart, Gesenius, ce serait Taphar, ou Dâfar, située sur les frontières de Hadramaouth. Il est plus probable cependant (Winer, Preiswerk), qu'il s'agit de la ville désignée par Pline et Ptolémée, sous le nom de Saphar, à l'extrémité sud de l'Arabie Heureuse,-à quelque distance de la mer. Le mot montagne d'orient est probablement une indication générale de la contrée, comme le nom d'un département ajouté à la suite d'un nom de ville ou de village. On suppose qu'il s'agit ici de la chaîne qui traverse l'Arabie depuis les environs de la Mecque jusqu'au golfe Persique. Les deux noms de ville marqueraient les limites nord et sud du pays; les montagnes indiqueraient la position de Testa l'ouest: c'est aussi plus ou moins ce que la tradition nous a laissé sur le pays de Joktan.
SÉPHARAD.
Cette ville ou contrée était
habitée par des Juifs exilés, Abdias 20,
mais elle est inconnue, et les commentateurs
sont loin de s'entendre sur la valeur de ce
nom, qui ne se trouve qu'ici. Les Septante
et la version arabe portent Éphrata; le
syriaque et le caldéen ont Ispania,
l'Espagne, ce qui est très improbable. Saint
Jérôme pense au Bosphore en suivant une
étymologie assyrienne; Hardt à Sipphara en
Mésopotamie, mais cette ville avait un autre
nom en hébreu,
— Voir: l'article suivant.;
d'autres enfin pensent à Sparte, q.v.
SÉPHARVAJIM.
District d'abord indépendant, 2 Rois 19:13, puis assujetti à la domination syrienne, et d'où une colonie fut envoyée en Israël pour repeupler le territoire de Samarie, 2 Rois 17:24; cf. 18:34; Ésaïe 36:19. D'après Rosenmuller, ce serait la Sipphara de Ptolémée, située au sud de la Mésopotamie sur la rive orientale de l'Euphrate, la même que la ville des Sipparéniens d'Eusèbe, et peut-être que l'Hipparenum de Pline. Vitringa et d'autres, concluent au contraire de ce que, dans Ésaïe 36:19, cette ville est nommée avec deux autres villes syriennes, qu'elle doit être cherchée en Syrie même, mais ils pensent que la place exacte ne saurait en être déterminée. Schulthess la voit dans le Seidenaïa du pachalik de Damas. Mais la ville de Hénah mentionnée Ésaïe 37:13. à côté de Sépharvajim, nous ramène en Mésopotamie, et probablement à l'explication de Rosenmuller.
SÉPHATIA,
Jérémie 38:1;
— Voir: Guédalia #2.
SÉPHÉLAH,
mot hébreu qui est traduit par plaine, Josué 9:1; 10:40; 11:16; Jérémie 32:44; 33:13; Zacharie 7:7, et par plat pays, 1 Maccabées 12:38. On suppose généralement que ce nom désignait tout le littoral de la Palestine, ou du moins une partie des côtes baignées par la Méditerranée, et le plus souvent d'une manière spéciale la partie des côtes possédée par les Philistins, depuis la plaine de Saron.
SÉPHORA,
Madianite, fille de Jéthro, et
femme de Moïse, Exode 2:21; 4:25; etc. La
scène mystérieuse de l'hôtellerie a beaucoup
tourmenté les interprètes; de toutes les
explications, la plus simple nous paraît
être celle qui est aussi le plus
généralement admise. Moïse tombe gravement
malade dans une hôtellerie (l'Éternel
cherche à le faire mourir); cette maladie
peut n'être que la suite naturelle de ses
fatigues et de ses travaux; sa femme,
conformément à l'idée alors généralement
répandue, que les épreuves sont des
châtiments (Genèse 42:21-22; Job), se
demande avec inquiétude quel crime ou quelle
faute a pu attirer sur eux la colère divine;
elle se rappelle que son second fils n'a pas
encore revêtu le sceau de la famille
d'Abraham, elle le circoncit, et à la vue du
sang qu'elle fait couler, elle jette avec
dépit ou frayeur son couteau aux pieds de
Moïse, et s'écrie: Tu m'es un époux de sang.
Moïse se rétablit, et à tort ou à raison,
elle établit entre son obéissance et la
guérison une relation qui pouvait exister
dans la pensée de Dieu, ou n'être
qu'accidentelle. Peut-être Séphora s'était
elle opposée à la circoncision de son fils,
peut-être trahit-elle trop de vivacité dans
cette circonstance; elle dut se séparer de
son époux qui continua seul son voyage: plus
tard elle vint le rejoindre en Horeb, Exode
18:2, et le suivit avec ses fils dans les
campements du désert. On ignore quand elle
mourut. On ignore également si c'est d'elle
qu'il est question Nombres 12:1, mais c'est
probable: le sujet de la querelle n'est pas
indiqué; peut-être sa qualité d'étrangère
faisait-elle l'objet du débat, mais après
quarante ans et plus, c'eût été s'y prendre
bien tard pour critiquer la convenance de ce
mariage; peut-être Séphora s'était-elle
glorifiée des faveurs que Dieu accordait à
Moïse, et Aaron en avait-il été blessé? La
réponse de Marie et d'Aaron infirmerait
qu'il y avait quelque chose de semblable,
mais Séphora eût été blâmable dans ce cas,
et l'on ne s'explique pas la Condamnation
dont Marie fut frappée. Il est plus probable
qu'Aaron et Marie eurent les premiers torts
envers elle,
— Voir: Marie.
SEPT,
— Voir: Nombres.
SÉPULCRES, Sépultures.
Les Hébreux, comme de nos jours
encore les Orientaux, avaient l'habitude
d'enterrer leurs morts hors des villes, et
loin des habitations, Genèse 23:9; Josué
24:33; Luc 7:12; Jean 11:30. Les rois seuls,
et les prophètes, paraissent avoir eu
quelquefois le privilège d'avoir leurs
tombeaux dans des villes, 1 Samuel 25:1;
28:3; 1 Rois 2:10; 2 Rois 10:35; 12:21; 2
Chroniques 16:14; 28:27. D'ordinaire ces
tombeaux étaient des grottes ou des
cavernes, et l'on choisissait de préférence
des endroits ombragés, des jardins entourés
d'arbres, Genèse 23:17; 35:8; 1 Samuel
31:13; 2 Rois 21:18,26; Jean 19:41; la
Palestine contient beaucoup de grottes
naturelles, cependant on aimait mieux en
général en construire d'artificielles, faire
creuser dans un rocher une chambre, ou un
caveau régulier, parfois très étendu,
comprenant plusieurs compartiments réunis
par des galeries, et destiné soit à une
famille entière, soit à des personnes
privilégiées. Ésaïe 22:16; 2 Chroniques
16:14; Matthieu 27:60; Jean 11:38; Luc
23:53. Quelquefois aussi ces tombeaux
étaient placés sur des montagnes, 2 Rois
23:16; cf. Virgile Æneid. 11, 849. On voit
par Ésaïe 14:18; 1 Rois 2:34; 2 Chroniques
33:20, que des personnes pouvaient obtenir
l'autorisation de se faire enterrer dans
leurs maisons, c'est-à-dire sur leur
propriété, dans le jardin attenant à leur
maison. Les princes et les grands n'étaient
pas seuls à posséder des tombeaux de
famille, 2 Rois 9:28; 2 Chroniques 32:33;
35:24, mais on en trouvait dans presque
toutes les familles aisées et respectables,
Genèse 23:20; Juges 8:32; 2 Samuel 2:32; 1
Rois 13:22; Tobie 14:13, et c'était un vœu
naturel des mourants d'être ensevelis dans
les sépulcres de leurs pères, Néhémie 2:3;
Genèse 47:29; 50:5; 2 Samuel 19:37; 1 Rois
13:22,31, et l'on voit par Jérémie 26:23,
que c'était pour les grands une grave peine
que d'être ensevelis dans le cimetière
commun. Ceux qui n'avaient pas de tombeaux
de famille, désiraient au moins d'être
ensevelis dans leur patrie, en terre sainte.
On fermait les sépulcres avec de grosses
portes, ou en roulant une pierre à leur
ouverture, surtout pour les préserver du
carnassier chacal, Matthieu 27:60; 28:2. On
les reblanchissait à neuf après la saison
des pluies, au mois de mars, Matthieu 23:27,
et les rabbins ajoutent que c'était pour
prévenir les nombreux voyageurs qui se
rendaient à Jérusalem pour la pâque, de ne
pas se souiller en s'arrêtant trop près de
la demeure des morts. La Palestine, la
Syrie, et le vieux Édom, renferment encore
un grand nombre de ces monuments: les uns
sont creusés perpendiculairement dans la
terre, et l'on y descend par des degrés; les
autres sont placés horizontalement, et l'on
y entre de plain-pied: à l'intérieur on
trouve le plus souvent deux ou trois pièces
ou divisions, dont la seconde est plus basse
que la première: la plupart ont dans la
muraille des niches ou enfoncements de 6 à 7
pieds de long, dans lesquels on déposait les
cadavres.
Parmi les tombeaux qui entourent Jérusalem,
les plus remarquables sont les sépulcres des
rois, 2 Chroniques 21:20; 28:27; Néhémie
3:16. Ils sont situés au nord de la ville,
se composent d'un vestibule et de sept
chambres, et paraissent réellement être des
tombeaux de rois; mais il est peu probable
que ce soient ceux des anciens rois de Juda.
Les tombeaux des juges (des membres du
sanhédrin), au nord-ouest de Jérusalem, sont
moins remarquables et encore plus entourés
de mystère quant à leur authenticité.
De bonne heure l'usage s'introduisit
d'élever des monuments sur les tombeaux: ce
ne furent d'abord que des pierres brutes ou
grossièrement travaillées, cf. Job 21:33.
Iliad. 23, 255. Virgile Æneid. 6, 365; plus
tard, ce furent de magnifiques mausolées,
souvent enrichis d'inscriptions, de
sculptures ou de bas-reliefs symboliques, 2
Samuel 18:18; 1 Maccabées 13:27-28. La
violation des sépulcres, le vol des
ornements, des armes, Ézéchiel 32:27, et, en
général, de ce qu'on pouvait avoir déposé
avec les morts dans la tombe, la sacrilège
exhumation des ossements, passait déjà, dans
l'antiquité, pour une honteuse et barbare
profanation, Jérémie 8:1; Baruc 2:24.
Quelquefois on dérobait les cadavres pour
les employer à des sortilèges, et l'on a cru
voir Ésaïe 65:4, une allusion à cette
coutume; mais il est plus probable qu'il
s'agit, dans ce passage, ou de sacrifices
superstitieux offerts sur les tombeaux pour
apaiser les mânes des morts, ou d'une espèce
de nécromancie qu'on pratiquait la nuit sur
les tombeaux. Après l'exil, on rechercha
soigneusement les tombeaux des prophètes et
des saints hommes de l'ancienne alliance, on
rétablit ceux qui tombaient en ruines, et on
les embellit de divers ornements, Matthieu
23:29, signe de respect que l'antiquité
grecque connut aussi, mais qui ne sauva pas
les Juifs des accusations méritées de Notre
Seigneur et du reproche de persécuter les
prophètes vivants et de les honorer morts.
— Voir: Mort, Synagogues, etc.
SÉRAH,
fille d'Aser, et petite-fille de Jacob, nommée on ne sait pourquoi, et contre l'habitude des généalogistes juifs, dans le recensement de Nombres 26:46. Les rabbins n'ont pas manqué de raconter un tissu de fables plus ou moins merveilleuses sur son compte, mais on ne sait réellement pas à quel fait elle doit son illustration et la place qu'elle occupe dans le dénombrement.
SÉRAÏA.
-
Le dernier grand-prêtre d'Israël avant la captivité, 1 Chroniques 6:14; 2 Rois 25:18; Jérémie 52:24; Esdras 7:1. Le roi de Babylone le fit égorger à Ribla, c'est tout ce que nous savons de lui, mais la mort d'un martyr permet de soupçonner sa vie, et la conduite qu'il a tenue au milieu des troubles de son pays.
-
Fils de Nérija et frère de Baruc, Jérémie 51:59. La charge qu'il occupait à la cour de Sédécias est diversement expliquée par les interprètes: chef de la prophétie (Vulgate), maréchal des voyages (syriaque), chef des largesses ou présents (alexandrin et caldéen), grand chambellan (Dahler); cette dernière explication est la plus probable. Envoyé à Babylone par Sédécias, il reçut de Jérémie l'ordre de faire connaître aux Juifs les oracles écrits du prophète contre Babylone, et il remplit ainsi à la fois deux missions opposées, l'une de dépendance au nom de son roi, l'autre d'espérance et de liberté au nom de l'Éternel.
-
Complice d'Ismaël, 2 Rois 25:23; Jérémie 40:8.
-
Fils de Hazriel, chargé d'arrêter Baruc et Jérémie, Jérémie 36:26.
SÉRAPHINS.
Êtres mystérieux qui ne sont nommés que Ésaïe 6:2-6. Ils entourent l'Éternel et célèbrent ses louanges; ils ont la forme humaine, et six ailes; de deux ils couvrent leur face en témoignage de respect, de deux ils couvrent leurs pieds, de deux ils volent. Des nombreuses hypothèses qui ont été faites pour expliquer leur nature, voici les trois plus importantes:
-
On déduit le mot de l'hébreu saraph, qui signifie brûler; ce seraient des êtres brillants, et comme de feu (Gesenius); il est bien possible qu'ils aient été nommés ainsi comme les serviteurs de celui qui est un feu consumant, Deutéronome 4:24. Hébreux 12:29.
-
On compare le titre arabe de shérif, qui désigne un noble, un chef de tribu, et comme tels les séraphins seraient les puissances des cieux.
-
Les serpents brûlants (et volants) du désert, Nombres 21:6, ont été aussi pris comme terme d'analogie et de comparaison (Valke); on allègue ensuite le culte rendu aux serpents dans plusieurs religions orientales, et la divinité égyptienne Sérapis (Hitzig), et l'on en conclut que les séraphins étaient des figures qui avaient quelque ressemblance avec les serpents par leur forme, avec l'homme par leur figure, avec les oiseaux par leurs ailes; d'autres pensent que c'étaient des corps d'homme, avec des têtes de serpents. D'autres supposent que les séraphins ne sont qu'un autre nom des chérubins. D'après Michaélis enfin, ce seraient des prêtres célestes offrant l'encens sous la forme des chérubins.
SÉRÉBIA,
fils de Mahli, lévite, homme intelligent, établi à Casiphia pendant la captivité, se décida, à l'instigation de Iddo, à retourner à Jérusalem avec Esdras et sa caravane; les ustensiles sacrés et les présents qu'Esdras emportait, furent, pendant le voyage, confiés à ses soins et à ceux de ses amis, Hasabia et Ésaïe, Esdras 8:18,24. On le retrouve encore, sous Néhémie, parmi les prêtres qui font dans le temple l'explication de la loi et les prières solennelles, Néhémie 8:7; 9:5.
SERGE-PAUL,
Actes 13:7, sénateur romain, préteur de l'île de Cypre. Homme intelligent, dégoûté des erreurs du paganisme, désireux de connaître la vérité, il avait admis auprès de lui Bar-Jésu, l'enchanteur, espérant que peut-être sa doctrine satisferait les besoins de son âme. L'arrivée de l'apôtre Paul excita de nouveau sa religieuse curiosité; Serge assista à une entrevue qui eut lieu entre l'apôtre et le magicien, et, plein d'admiration pour la doctrine chrétienne, qu'un éclatant miracle confirma en sa présence, il crut et embrassa l'Évangile.
SERMENT.
Moyen assez ordinaire chez les
Hébreux d'établir, soit dans les affaires
publiques, soit dans la vie privée, soit en
présence des tribunaux, la vérité de ses
paroles passées ou présentes, Genèse 24:37;
50:5; Exode 22:11; Lévitique 6:3-5; Juges
21:5; 1 Samuel 19:6; 20:17; 2 Samuel 19:23;
15:21; 1 Rois 18:10; Esdras 10:5; Matthieu
26:74. Nous voyons confirmés par serment un
traité d'alliance, Genèse 31:53; Josué 9:15;
2 Rois 11:4, et une promesse de secours et
d'assistance à la vie et à la mort, 2 Samuel
15:21. Le serment reposait sur une idée
éminemment religieuse; son nom hébreu (une
septaine) indique déjà qu'une pensée de
perfection dans la vérité présidait à son
usage; c'était dire sept fois la vérité.
Quant à sa valeur juridique et à sa forme,
la législation mosaïque ne nous a donné
aucun détail, et ce fait semble en faire une
œuvre de conscience et de bonne foi,
échappant aux prescriptions légales. Le plus
souvent, on jurait par l'Éternel, Juges
21:7; Deutéronome 6:13; 1 Samuel 24:7; 2
Samuel 19:7; 1 Rois 1:29; 2:23; Ésaïe 19:18;
65:6; Jérémie 38:16, etc.; les Israélites
idolâtres juraient par de faux dieux,
Jérémie 5:7; 12:16; Amos 8:14; Sophonie 1:5.
On jurait aussi par la vie de la personne à
laquelle on s'adressait, 2 Rois 2:2; 1
Samuel 1:26; 20:3; par la vie du roi, 1
Samuel 17:55; 25:26; 2 Samuel 11:11; plus
rarement par sa propre vie, Matthieu 5:36;
quelquefois, chez les païens, par un des
membres les plus précieux du corps, par ses
yeux, Ovid. Amor. 3, 3, 13; par la terre,
Matthieu 5:35; par le ciel ou le soleil,
Matthieu 5:34. Virgile Æneid. 12, 176; par
les anges, par le temple, ou par quelqu'une
de ses parties, Matthieu 23:16; par
Jérusalem enfin, la sainte ville, Matthieu
5:35, cf. encore l'adjuration de Cantique
2:7. Quant aux cérémonies qui accompagnaient
la prestation du serment, elles étaient
simples et peu nombreuses; dans l'époque
patriarcale, il paraît que l'on plaçait sa
main sous la cuisse de celui à qui l'on
prêtait serment, Genèse 24:2; 47:29; plus
ordinairement, on étendait sa main vers le
ciel, Genèse 14:22-23; cf. Deutéronome
32:40; Exode 6:8; Ézéchiel 20:5. Plus tard,
à ce que dit Maïmonides, mais on ne saurait
préciser à quelle époque remonte cette
coutume, les Juifs jurèrent en touchant les
phylactères. Devant la justice, le serment
consistait à répondre amen! à une formule
d'adjuration qui était lue à celui qui
devait jurer, 1 Rois 22:16; cf. Nombres
5:19; Matthieu 26:63. Les femmes et les
esclaves n'étaient pas admis à prêter
serment. Les principes relâchés des
pharisiens, à l'endroit du serment, sont
relevés Matthieu 23:16, et les Juifs
paraissent avoir eu généralement une assez
mauvaise réputation sous ce rapport, Martial
11, 95; 7. D'après Philon, quelques docteurs
luttaient contre cette tendance à jurer
toujours, pour peu de chose, et, par
conséquent aussi, sans respect pour le
serment prêté. Philon lui-même désirait la
suppression du serment, cf. Matthieu 5:34,
et les esséens l'avaient réellement
supprimé, comme les quakers l'ont fait de
nos jours.
— Le parjure était défendu au point de vue
religieux, puisque c'est sur ce point de vue
que reposait le serment, Exode 20:7;
Lévitique 19:12; cf. Matthieu 5:33; Zacharie
8:17. On ne voit, du reste, que deux espèces
de faux serments mentionnés, l'un relatif au
témoignage, l'autre à la négation d'un dépôt
ou d'une trouvaille, Lévitique 5:1;
Proverbes 6:2; 29:24. Pour les deux cas, un
sacrifice expiatoire est ordonné, et de
plus, pour le dernier cas, une restitution
supérieure à la valeur reçue ou dérobée. La
peine paraît légère, parce que les
traditions papales nous ont habitué à toute
autre chose; mais la législation juive, plus
avancée que celle du moyen âge qu'on a
essayé de ressusciter sous Charles X, mais
sans succès, ne punissait que le délit
humain, et laissait à Dieu le soin de venger
son nom faussement invoqué. L'ancienne Rome,
la ville païenne, l'avait aussi compris,
Cicer. Legg. 2, 9; aux dieux seuls
appartenait la peine du faux serment, le
censeur se bornait à noter les parjures.
Plus tard, à mesure qu'elle perdait l'esprit
et devenait charnelle, la synagogue
introduisit des peines corporelles, le fouet
et l'amende, pour punir ce péché contre
Dieu.
— Jésus-Christ paraît avoir défendu le
serment, Matthieu 5:33-37; du moins, s'il
eût voulu le défendre, il n'eût pu se servir
d'expressions plus claires et plus
positives.
SERPENT.
La Palestine et les contrées qui l'avoisinent, surtout les lieux déserts de l'Égypte et de l'Arabie, étaient, dans les temps anciens, fort riches en serpents, gros et venimeux. Forskal a distingué, en Égypte et en Arabie seulement, huit espèces de couleuvres. Les serpents de Syrie ont, d'après Russel, la réputation de n'être que peu ou point malfaisants. Toute cette espèce d'animaux fut naturellement classée parmi les viandes dont l'usage était interdit aux Israélites, Lévitique 11:10,41. On compte au moins huit noms hébreux pour désigner différentes sortes de serpents. Calmet va jusqu'à onze; mais il met dans cette catégorie le képhir, qui signifie jeune lion, Ézéchiel 19:2-3, le tsabouah, c'est-à-dire la hyène, ou des bêtes sauvages en général, Jérémie 12:9, le tsimmaôn, un lieu désert et aride, Ésaïe 35:7, et le shachal, qui est encore un lion. II convient, du reste, pour ces quatre mots, que la traduction de sa Vulgate est fort loin d'être sûre. Quant à une désignation bien claire des sept ou huit espèces mentionnées dans la Bible, on ne saurait la donner, et l'on doit se borner à des présomptions, les noms de ces espèces n'étant généralement pas accompagnés de détails qui les fassent reconnaître; cependant, lorsqu'à ces détails qui mettent sur la voie, se joint une analogie du nom dans les langues voisines, l'arabe surtout, la présomption devient vraisemblable, et la possibilité devient probabilité.
-
Le tsèphah ou tsiphehoni, et
-
Le shephiphon, désignent le céraste ou couleuvre cornue, q.v.
-
Le péthen,
— Voir: Aspic.
-
Le kippoz, que le prophète représente comme pondant des œufs et les couvant, Ésaïe 34:15. On a cru d'abord que c'était une espèce d'hirondelles; nos versions même l'ont traduit par martinet. On est d'accord maintenant à penser qu'il s'agit du serpent que les Grecs nommaient άκοντιάς (le dard), et les Latins anguis jaculus: il est très commun en Arabie et en Afrique; il se jette sur sa proie avec la rapidité de la flèche. Les Septante, le caldéen et saint Jérôme, traduisent par hérisson.
-
Le haksoub, Psaumes 140:3, serpent venimeux, dont l'espèce ne saurait être déterminée de plus près.
-
Le ephehéh, serpent venimeux, Job 20:16; Ésaïe 30:6; 59:5. On le trouve, entre autres, en Égypte. D'après Avicenne, le mot arabe correspondant désigne la vipère à tête plate, au col étroit, à la queue émoussée, qui fait du bruit en rampant, et fait entendre un léger sifflement; c'est le coluber vipera d'Égypte, de Hasselquist, et l'animal nommé dans le Nouveau Testament, Matthieu 3:7; 12:34; 23:33; Luc 3:7; Actes 28:3.
-
Le nachash, Genèse 3:1; Exode 4:3; 7:15; d'après l'étymologie, ce serait un serpent qui siffle; d'après le contexte des divers passages où il est nommé, ce serait un serpent en général, sans désignation spéciale; il est probable que c'était en effet le nom de l'espèce et non celui d'un genre en particulier. Il rappelait cependant l'idée de grandeur, et a donné son nom à la constellation du serpent,
— Voir: Astres. Cf. aussi Ésaïe 27:1,
et ce qui en sera dit plus loin.
-
Le saraph, ou serpent brûlant, que les Israélites rencontrèrent dans les déserts de l'Arabie, Nombres 21:6,8; Deutéronome 8,15. Le même saraph est désigné comme un animal qui vole, Ésaïe 14:29; 30:6, mais par le contexte même, on doit reconnaître dans ces mots une image poétique plutôt qu'une description zoologique; car, bien que plusieurs auteurs, les anciens surtout, Hérodote, Élien, et même quelques modernes, aient soutenu l'existence de serpents volants en Arabie et en Égypte, cet animal n'a pas été vu de ceux en l'assertion desquels on pourrait avoir le plus de confiance; et comme les plus dignes de foi de ces témoins ajoutent expressément que ces serpents ailés ont des pieds, il est fort à croire qu'ils auront confondu des serpents avec des lézards. Il paraît, en effet, que dans certaines parties du sud de l'Asie, on trouve une espèce de lézards volants, dont les pattes parallèles sont unies par une fine membrane semblable à celle des ailes de la chauve-souris. Les théologiens ne sont pas d'accord sur l'espèce de serpents désignée sous le nom de serpents brûlants. Le voyageur Laborde pense que les Israélites furent mordus par des scorpions, fort abondants dans cette contrée, où ils ont même donné leur nom à la vallée d'Hakrabbim, et que ces scorpions furent nommés brûlants (saraph), à cause de la douleur cuisante que causaient leurs morsures; mais cette explication est inadmissible, et l'on doit se contenter de l'idée générale exprimée par saraph, de serpents très venimeux.
Le serpent d'airain, que sur
l'ordre de Dieu, Moïse dressa à la vue de
tout le camp, afin que ceux qui le
regarderaient fussent guéris, a
naturellement fort préoccupé les
interprètes. Les uns ont mis la force
curative du remède dans la force
d'imagination du malade, aidée de quelques
herbes ou potions administrées conjointement
avec la foi au serpent; d'autres ont pensé
que c'était un échantillon, un modèle
destiné à faire connaître aux Israélites la
forme de l'animal, de manière à ce qu'ils
pussent le distinguer et l'éviter; pour
d'autres, le mouvement que se donnaient les
Israélites mordus dans la campagne pour
arriver au plus tôt en présence de l'image,
était le véritable remède; la course faisait
transpirer, et le venin sortait avec la
sueur, comme on dit en Italie que le
mouvement de la danse guérit de la tarentule
celui que la piqûre de cette araignée a
affligé de la rage de la danse. D'autres,
beaucoup plus simplement encore, prétendent
que le serpent d'airain était l'enseigne de
l'hôpital général où ceux qui avaient été
mordus, étaient sûrs de trouver tout ce dont
ils avaient besoin, médecins, médecines,
infirmiers, etc. On voit que ces
explications sont tout à fait naturelles et
passablement ridicules. Quelques Juifs en
ont donné de plus recherchées, et ils
expliquent la vertu du serpent d'airain par
l'influence des constellations sous
lesquelles il avait été fondu et travaillé.
Mais la vraie vertu du remède, le vrai sens
dans lequel doivent être prises les paroles
de Moïse, nous est indiqué dans le chapitre
même; le peuple s'était repenti, Moïse avait
supplié l'Éternel, et Dieu, pour guérir des
blessures inguérissables, devait intervenir
miraculeusement; il ne mettait à la guérison
de tous qu'une condition, la foi; il
guérissait par sa puissance tous ceux qui,
en faisant acte de confiance, montraient
qu'ils regrettaient leurs rébellions et
leurs murmures passés. Le serpent d'airain
n'était qu'une image, un signe visible; mais
comme il a plu à Dieu, même sous la nouvelle
alliance, de rattacher à des signes visibles
des grâces réelles, de même, la
contemplation de ce signe, acte d'obéissance
et de foi, procurait aux malades croyants la
guérison de leurs corps. Le signe n'était
rien en lui-même, et les Juifs, en s'en
faisant une relique,
— Voir: Néhuslan,
se sont montrés infidèles à leur foi;
Ézéchias a brisé la relique, Rome l'a
raccommodée.
Saint Jean, 3:14-15, nous apprend, quant à
ce détail de l'histoire juive, ce que saint
Paul nous dit de l'histoire juive tout
entière, 1 Corinthiens 10:11. Hébreux 3:4,
que le serpent d'airain était un type de
Jésus-Christ. Le venin est le symbole du
péché qui donne la mort; les serpents
brûlants rappellent le serpent ancien qui
est Satan, et Jésus, comme le serpent
d'airain, de même forme et non de même
nature, a dû être élevé, crucifié pour être
vu de tous, et guérir tous ceux qui auraient
confiance en lui;
— Voir: Moïse dévoilé, et le sermon
de Gaussen sur ce sujet.
Ajoutons encore ici quelques observations
détachées.
-
Satan est appelé le serpent ancien, le dragon, Apocalypse 20:2, parce qu'il prit la forme d'un serpent pour séduire nos premiers parents. La condamnation qui frappa l'animal est-elle juste? Quelle est-elle? Le serpent avait-il des pieds avant cette époque? Le serpent se nourrit-il réellement de terre, etc.? Bien des questions curieuses ont été faites, et il n'est pas nécessaire d'y répondre. Quant à la justice de la condamnation, l'on ne discute pas avec Dieu; pourtant on peut dire que la complicité la plus indirecte établit déjà parmi les hommes une solidarité, et que Satan choisit le serpent, parce qu'il était le plus rusé des animaux; être distingué par le diable, c'est une condamnation, comme être reconnu de Dieu c'est une grâce. Quant à la nature de la peine, il est probable que le serpent avait avant cette époque ses quatre pieds, dont on peut encore reconnaître les rudiments sous sa peau; il ne paraît pas, quoique ce fût une opinion répandue chez les Grecs et les Romains, qu'aucun serpent mange de la terre; dans sa condamnation, Genèse 3:14; Michée 7:17; cf. Ésaïe 65:25, il n'est pas dit qu'il mangera volontiers de la terre; on peut entendre, au contraire, que la privation de ses pieds, le forçant de ramper, l'obligera souvent à avaler de la poussière malgré lui; il y a cependant aussi une terre grasse et argileuse que certaines espèces de serpents aiment à manger.
-
La ruse et la prudence du serpent sont indiquées dans l'Écriture comme des qualités qui le distinguent de tous les autres animaux, Genèse 3:1; Matthieu 10:16, et l'ancien Orient a développé cette même idée sous toutes les formes; il n'est sorte de fables qu'on n'ait inventées: le serpent a l'art de se rajeunir; quand il boit, il jette sa première gorgée de peur de s'empoisonner; il se bouche les oreilles pour ne pas entendre la voix de l'enchanteur, cf. Psaumes 58:4-5, etc. Dans ce dernier passage, le psalmiste fait allusion aux préjugés reçus, sans entendre ni les partager, ni les confirmer.
— La docilité du serpent entre les mains des enchanteurs de l'Orient, aura aussi contribué à lui donner cette merveilleuse réputation de prudence et d'habileté.
-
Le serpent a été autrefois l'un des principaux objets du culte et des superstitions païennes; les Égyptiens l'employaient dans tous leurs symboles, dans la coiffure d'Osiris, autour de son sceptre, dans leurs représentations de l'Être suprême, etc. De même, chez les Grecs et les Romains, Anchise, devenu dieu, envoie un serpent goûter aux oblations mortuaires que lui offre son fils, le pieux Énée; et deux serpents annoncent la ruine de Troie, puis se retirent sous le bouclier de Minerve après la mort de Laocoon. Esculape, le dieu de la médecine, était représenté sous la forme d'un serpent; et le caducée, emblème de la paix, était un bâton, ou une croix, autour de laquelle deux serpents entrelaçaient leurs corps annelés. On a voulu faire intervenir la fable du dieu de la médecine dans l'explication des motifs qui dictèrent à Moïse le symbole destiné à guérir les Israélites mordus par les serpents du désert. Trop de gens sont encore tentés d'expliquer la Bible par la mythologie plutôt que par la Bible elle-même.
-
La secte des ophites, ou serpentiniens, qui parut vers l'an 150 après Christ, adoraient Christ dans le serpent qui avait le premier affranchi l'humanité. Le Dzaldabaoth avait créé l'homme pour l'aider dans sa lutte contre les puissances supérieures; mais il ne voulut pas que l'homme s'émancipât, il voulait le maintenir sous tutelle et lui avait interdit le fruit de l'arbre de la science; l'âme du monde, Christ, se servit du serpent pour pousser l'homme à secouer le joug d'un créateur indigne, et le Dzaldabaoth irrité renferma l'homme dans une écorce terrestre qui devait, en gênant ses mouvements, lui ravir les dons précieux de l'esprit. Le Christ céleste, ne voulant pas laisser incomplète son œuvre d'affranchissement, redescend sur la terre, et se sert pour son incarnation de l'homme Jésus. Cette secte avait donc entrepris l'œuvre immense d'unir Christ et Bélial, et le démon, qui avait séduit nos premiers parents, a réussi à faire diviniser, comme un trophée de sa victoire, l'animal maudit sous la forme duquel il a triomphé des hommes et de Dieu pour un temps.
-
Le passage Ésaïe 27:1; est traduit d'une manière peu claire et peu littérale dans nos versions, qui ont ajouté les mots dis-je pour donner de la clarté au sens, et n'ont fait que l'obscurcir. L'Éternel, y est-il dit, punira de sa forte épée trois nations qui, selon l'usage prophétique, sont représentées par autant d'animaux, le léviathan, serpent traversant (le crocodile qui désigne l'Égypte), le léviathan, serpent tortu (le serpent en général, qui paraît désigner l'Assyrie ou la Babylonie), et il tuera la baleine qui est dans la mer (ou à l'Occident, car le même mot désigne les deux choses; ce serait l'empire d'Occident, la Rome païenne, et la Rome papale). Le mot léviathan est pris ici dans son sens le plus général, puis, il est déterminé deux fois par le mot serpent avec deux épithètes dont la seconde est facile à comprendre, mais dont la première n'a pas toujours été bien saisie: l'hébreu bariach signifie selon les uns s'enfuir, s'étendre, et on a traduit serpent fugitif, ou droit, ou encore traversant: selon d'autres il se rapporte au mot verrou qui marque en général la raideur et l'inflexibilité, et il renfermerait une allusion aux mouvements gênés et raides du crocodile.
SÉRUG,
— Voir: Sarug.
SÉSAÏ,
fils de Hanak, q.v.
SÉSAK,
Jérémie 25:26;
— Voir: Babylone.
SÉSAN,
— Voir: Jarhah.
SESBATSAR,
— Voir: Zorobabel.
SETH,
Genèse 4:25; 5:3,6-7, etc.; 1
Chroniques 1:1; Luc 3:38. Troisième fils
d'Adam, il compte parmi les ancêtres de
Jésus, et parmi les nôtres, puisque Noé qui
était de sa race, échappa seul au déluge. Il
fut père d'Énos, et vécut neuf cent douze
ans. Ses descendants sont comptés comme une
famille élue qui conserve la connaissance et
le service du vrai Dieu: ils eurent avec
Adam cette ressemblance en bien, 5:3, comme
la famille de Caïn représenta les péchés de
ses premiers parents. Quelques-uns des
descendants de Seth se détournèrent
cependant de la foi pour suivre les voies
des voluptés charnelles, 6:2,
— Voir: Géants.
Un grand nombre de fables rayonnent autour
de l'antique figure de ce patriarche; on lui
a attribué des révélations, une ascension au
ciel, des visions, des prophéties, plusieurs
écrits, entre autres un sur l'astronomie, un
autre encore dans lequel il serait parlé de
l'étoile qui apparut aux mages de l'Orient,
etc. La tradition la moins invraisemblable,
quoiqu'elle le soit encore un peu, est celle
que rapporte Flavius Josèphe, de deux
colonnes, l'une de briques, l'autre de
pierres, sur lesquelles auraient été
consignées certaines observations
astronomiques et peut-être aussi quelques
lois morales.
La secte des séthiens qui parut au deuxième
siècle, prétendait que deux couples
primitifs avaient été créés, l'un par les
anges de ténèbres, Caïn en descendait,
l'autre par le démiurge; ce dernier couple
fut vaincu en la personne d'Abel: la sagesse
aurait alors créé, pour le remplacer, Seth,
qui serait le père des spirituels, par
opposition aux charnels; mais la lutte
aurait continué entre ces deux races, et
Seth, pour assurer le triomphe de sa
postérité, aurait cru devoir paraître de
nouveau dans la personne du Messie.
— La secte opposée avait pour héros Caïn
dans l'Ancien Testament, et Judas Iscariot
dans le Nouveau. Telles sont les ruses de
l'enfer que des hommes tordent les Écritures
à leur propre perdition.
SÉTHARBOZNAÏ,
— Voir: Tattenaï.
SÉVA,
fils de Sahaph, continua ses travaux, et fut nommé père ou prince de Macbéna et de Guibba, en Juda, Josué 15:57; 1 Chroniques 2:49.
SHÉIKH.
C'est ainsi que doit être
traduit, d'après Schrœder, l'hébreu
alouph, Genèse 36:15; sq. que nos
versions ont rendu par le mot si ridicule de
duc, q.v. Le mot chef serait, dans
notre langue, celui qui rendrait le mieux
l'idée exprimée par le terme hébreu. Aleph
est la première lettre, la tête, le chef de
l'alphabet; alouph, non point comme simple
assonance, mais comme dérivé, renferme la
même idée. D'autres (Court de Gébelin, par
exemple), ont été chercher leurs analogies
plus loin; du mot arabe alaph,
s'accoutumer, on a fait dériver éleph,
bœuf bétail apprivoisé, puis le taureau par
excellence, le chef du troupeau. Mais c'est
trop recherché.
— Outre le passage cité plus haut, alouph
est employé dans le sens de chef, en parlant
des Édomites, Exode 15:15, où nos versions
l'ont rendu par princes, 1 Chroniques 1:51;
sq., où nous retrouvons le titre de ducs;
rarement il se dit des chefs des familles
Israélites;
— Voir: cependant Zacharie 9:7;
12:5-6, où nos versions l'ont rendu une fois
par chef et deux fois par conducteurs. (Il y
a ainsi quatre mots français pour la
traduction de ce seul mot hébreu).
L'idée de filiation est d'ailleurs toujours
censée unir le chef de la tribu avec ses
administrés; c'est l'aïeul, ce n'est point
un conquérant.
SIBBOLETH,
— Voir: Schibboleth.
SIBBÉCAÏ
de Husa, l'un des chevaliers de l'ordre de Jasobham, chef lui-même de 24,000 hommes, n'est connu que par sa victoire sur Saph ou Sippaï, géant philistin, 2 Samuel 21:18; 1 Chroniques 11:29; 20:4; 27:11.
SIBHA,
Genèse 26:33, puits que les serviteurs d'Isaac creusèrent, et qu'ils appelèrent sept ou serment, shibeah. La ville porta le nom de Béersébah, ou puits du serment, q.v.
SIBMA,
ville de Ruben, située au-delà du Jourdain, Nombres 32:38; Josué 13:19. On y cultivait la vigne, Ésaïe 16:8. Après la destruction du royaume d'Israël, les Moabites s'en emparèrent et l'habitèrent, Jérémie 48:32. D'après saint Jérôme, elle n'aurait guère été éloignée d'Hesbon que de cinq cents pas.
SIBRAJIM,
ville qui n'est nommée que Ézéchiel 47:16, entre Damas et Hamath, et dont on ne trouve d'ailleurs aucune trace; la version syriaque l'a confondue avec Sépharvajim.
SICHEM.
-
Fils d'Hémor, enleva Dina, fille de Jacob, la fit ensuite demander en mariage à son père, et périt victime de la violence et de la perfidie de Siméon et de Lévi, Genèse 34, cf. Actes 7:16. La ville de Sichem existait probablement déjà, et l'on suppose que les noms d'Hémor et de Sichem s'étaient conservés dans cette famille.
-
Sichem, hébreu Shekem, ville d'Éphraïm, située entre l'Hébal et le Guérizim, dans une étroite vallée, au milieu d'une belle et fertile contrée. La vallée, avec ses nombreux jardins qu'arrosent des sources abondantes, apparaît au voyageur comme une épaisse forêt d'arbres fruitiers: elle s'ouvre tout près de la ville, sur la campagne de Jacob, qui forme une plaine agréable et fertile, arrosée par un ruisseau limpide, et entourée de toutes parts de collines verdoyantes. C'est là probablement la plaine où Abraham habitait dans le bois de More, où Jacob fut troublé en voyant ses fils attaquer et piller Sichem, où il fut affligé à cause de l'idolâtrie de sa famille, Genèse 34, et 35. Le champ qu'il y avait acheté resta sa propriété, 33:18-20; ses fils y paissaient leurs troupeaux, 37:12-13. Plus tard, il le reconquit sur les Amorrhéens avec l'arc et l'épée, et, près de mourir, en Égypte, il le donna, plein de foi, à son fils Joseph, en demandant d'y être enseveli, 48:21-22. La dépouille de Joseph y rejoignit plus tard celle de ses pères, Josué 24:32; cf. Genèse 50:25. Sous Josué, Sichem entendit les bénédictions et les malédictions solennellement prononcées du haut des monts, Deutéronome 27:12; puis elle fut déclarée ville de refuge et ville lévitique, Josué 20:7; 21:21, et servit, pendant sa vie, de centre aux douze tribus, 24:1,25. Pendant la période des juges, elle fut quelque temps la résidence de la royauté improvisée par Abimélec, qui, après avoir perdu sa couronne, détruisit la ville qui lui avait donné une assistance passagère, Juges 9; ainsi, la méchanceté des hommes de Sichem, Dieu la fit retourner sur leurs têtes. Du reste, elle ne tarda pas à être rebâtie, cf. Psaumes 60:6. Roboam y convoqua cette assemblée populaire qui fut si fatalement décisive pour le royaume, 1 Rois 12:1, et la scission s'étant opérée, Sichem passa avec sa tribu à Jéroboam, qui en fit longtemps sa résidence royale, 1 Rois 12:25; 14:17. Elle échappa aux désolations de l'exil, Jérémie 41:5, et fut, après le retour, le centre principal du culte samaritain, cf. Jean 4:20. Jean Hyrcan la conquit, et en détruisit le temple situé sur le mont Guérizim. Depuis les temps apostoliques, le nom de Sichem est remplacé par celui de Naplouse ou Néapolis, et l'on trouve sur des médailles ce dernier nom, et le nom plus complet de Flavia Néapolis, qui lui fut donné en l'honneur de Flavius Vespa-sien, qui la rétablit après qu'elle eut été presque détruite pendant la guerre des Juifs. Elle ne paraît pas, du reste, avoir été reconstruite à la même place, ou du moins elle n'occupe plus tout l'espace qu'elle occupait anciennement; Flavius Josèphe même donne à la nouvelle ville le nom de Mabortha, et Pline celui de Mamortha, qu'on essaie de rattacher au nom du val More, qui était près de là. Elle était située à 12 milles nord de Silo, à 28 milles de Béthel, à 390 stades de Jérusalem. Mieux protégée par sa situation contre les attaques imprévues des Arabes que beaucoup d'autres villes de la Palestine, Sichem, aujourd'hui Nablus, a conservé jusqu'à nos jours une assez grande importance; entourée de toutes parts d'arbres fruitiers, au-dessus desquels brillent ses dômes et ses minarets, elle fait un commerce assez actif; on y trouve encore une soixantaine de Samaritains, qui vivent tranquilles et sans bruit. D'après Keith (les Juifs d'Eur., etc., p. 205), leur nombre s'élèverait à 150.
On a beaucoup discuté sur le nom de Sichar, ou Sychar, que Jean, 4:5, donne à cette ville. Les uns pensent que ce sont les Samaritains eux-mêmes qui ont occasionné ce changement de lettre en substituant l'r à l'm, comme on cite d'autres changements analogues entre les lettres liquides, Béliar pour Bélial, Nébucadretsar, Jérémie 46:13, etc. D'autres pensent que ce sont les Juifs qui ont changé le nom de Sichem en Sychar, soit pour rappeler l'hébreu sheker, qui signifie menteur, ville idolâtre, apostate, soit en souvenir de Ésaïe 28:1., ou les habitants d'Éphraïm sont appelés des ivrognes (hébreu shikkor); les Juifs se seraient ainsi vengés des Samaritains, qui donnaient à Jérusalem la sainte (mik'dash) le nom de Mik'thash, ville de percussion, de meurtriers (Lightfoot, Reland, etc.). Hengstenberg pense que c'est Jean lui-même qui, en passant, aura cru devoir protester par ce nom ironique contre l'ensemble trompeur du culte samaritain; c'est peu probable.
— Voir: encore Jacob, Samarie, etc.
SICLE.
Le sicle a été, dès les plus
anciens temps, l'unité de poids des Hébreux,
comme chez nous la livre d'abord, puis,
aujourd'hui, le gramme. C'est au poids
qu'ils mesurèrent longtemps la valeur des
objets, des marchandises, du blé, des
épices, mais surtout des métaux, de l'or, de
l'argent et du fer, Genèse 24:22; Exode
38:24; Nombres 31:52; Josué 7:21; Juges
8:26; 2 Samuel 14:26; Ézéchiel 4:10. Ce
poids déterminé, et qui variait peu, ce
poids ordinairement d'argent, ne tarda pas à
acquérir une valeur courante, et il finit
par devenir également une unité monétaire,
avant même que la monnaie existât, et le
même mot servit à désigner deux unités
différentes, comme chez nous aussi la livre
a longtemps servi d'unité de poids et de
valeur tout à la fois; le mot pound
en anglais, et quelquefois pfund en
allemand, réunissent encore les deux
significations. On ne pesa plus seulement,
on compta en sicles. Les prestations des
Israélites pour le sanctuaire, les amendes,
les dédommagements, les estimations
sacerdotales, les impôts civils, les
marchandises, tout fut évalué en sicles,
Exode 30:13; Lévitique 5:15; 27:3; Nombres
18:16; Néhémie 5:15; 2 Samuel 24:24; 2 Rois
7:1; etc. Toutefois, même avec la valeur
reconnue du sicle, on continua de peser,
comme on pèse encore quelquefois certaines
monnaies d'or, Genèse 23:16. Jérémie 32:9,
quoiqu'il paraisse que, pour le commerce de
détail, de petites pièces d'argent de la
valeur d'un sicle, et ses fractions,
peut-être frappées, aient été mises en
circulation. Outre le sicle vulgaire, on
comptait encore le sicle du sanctuaire,
d'après lequel étaient perçus les impôts
ecclésiastiques, Exode 30:13; Lévitique
5:15, etc., et, sous David, le sicle royal,
2 Samuel 14:26, qui servait de mesure pour
la perception des impôts civils. On suppose
que ces deux derniers ne faisaient qu'un
seul et même poids, et qu'ils ne se
distinguaient du sicle ordinaire que par un
peu plus de pesanteur, et par conséquent de
valeur; ils étaient la mesure officielle,
normale, qui est toujours un peu plus élevée
que la valeur courante,
— Voir: Mesures, et Poids.
Ce serait se donner une peine inutile que
d'essayer de déterminer plus exactement la
valeur relative des différents sicles, comme
aussi de traduire en valeurs modernes la
valeur exacte de l'ancien sicle. Calmet
l'évalue à 32 sous 1/2 de notre monnaie;
Winer, Eisenmenger, à 7 gros; De Wette à 8
gros; dans le système philétérien (—
Voir: Concordance de Mackenzie), le
poids du sicle serait de grammes 11,667. On
ne peut décider non plus si le sicle d'or
avait la même valeur ou le même poids que le
sicle d'argent; dans le premier cas, il
aurait été plus petit; dans le second, il
aurait valu davantage. La dernière
supposition paraît plus vraisemblable,
d'autant plus que le sicle d'or n'est
employé que comme mesure de pesanteur, et
l'on peut parfaitement comprendre une
cuillère d'or pesant 10 sicles, Nombres
7:14, et une couronne d'or en pesant 3,000,
2 Samuel 12:30, sans admettre un sicle plus
petit.
— Le mot sicle est souvent omis, précisément
parce qu'il était l'unité courante, comme on
omet en français le mot francs quand on dit:
cet homme possède plusieurs millions.
Après l'exil, le prince Simon ayant obtenu
de la Syrie le droit de battre monnaie, l'an
173 ou 174 de l'ère des Séleucides, donna
aux Juifs leur première monnaie proprement
dite, 1 Maccabées 15:6, et fit frapper des
sicles, des demi-sicles, et des quarts de
sicles en argent, Matthieu 26:15; 27:3; on
trouve encore plusieurs de ces pièces dans
nos cabinets de numismatique. Les légendes
sont écrites en hébreu avec les vieux
caractères samaritains, et portent la valeur
de la pièce, l'année de l'émission, parfois
le nom du prince, et pour empreinte tantôt
une coupe, tantôt une palme, ou l'urne où la
manne était renfermée. Les successeurs de
Simon et les Hérodes firent faire toutes les
inscriptions en grec.
Quanta Ézéchiel 45:12,
— Voir: Mine.
SIDDIM,
charmante vallée du sud-est de la Palestine, qui faisait autrefois la gloire et les délices de ses habitants, et que Dieu détruisit en la recouvrant des lourdes eaux de la mer Morte. Genèse 14, et 19.
SIDON,
ancienne et célèbre ville des
Phéniciens, fondée par Sidon, le fils aîné
de Canaan, Genèse 10:15. Son nom, qui
signifie la pêche, ou la pêcheuse, se
rattachait sans doute à l'abondance de
poissons (sid, sidôn) que l'on trouve dans
ses eaux jusqu'à nos jours. Située au bord
de la Méditerranée, dans une plaine étroite,
à 3 lieues nord de Tyr, à 12 de Béryte
(Baïruth), à 22 de Damas, avec un bon port
naturel, elle ne tarda pas à mériter le
premier rang parmi les villes de la
Phénicie, et fonda des colonies au près et
au loin. Le nom de Sidon la grande lui est
déjà donné Josué 11:8; 19:28. On croit même
que Tyr, qui effaça bientôt la gloire de sa
rivale, était primitivement une colonie
sidonienne. Lors de la conquête de Canaan
elle échut en partage à la tribu d'Aser, et
dut servir de limite septentrionale à la
terre promise, Josué 19:28; mais cette tribu
ne sut ni la conquérir, ni la conserver,
Juges 1:31; 3:3, et l'on serait plutôt en
droit de conclure, de 10:12, que les
Sidoniens opprimèrent pendant un temps les
habitants de cette tribu, ou du moins,
qu'ils eurent le dessus dans une rencontre.
Ce passage est d'ailleurs le seul qui nous
montre cette paisible cité en lutte avec le
royaume d'Israël. Les habitants de Sidon
avaient un commerce fort étendu par terre et
par mer, comme en général les Phéniciens,
q.v., Ésaïe 23:2; Ézéchiel 27:8; cf. Diod.
de Sicile, 16, 41; 45. Leurs fabriques de
verre, leurs manufactures en tous genres, en
lin, étoffes précieuses, objets d'art, etc.,
étaient renommées dans l'antiquité païenne,
— Voir: Iliade 6, 289; 23, 743.
Æneid., 4, 75.
Leurs architectes étaient fort recherchés, 1
Rois 5:6; 1 Chroniques 22:4; Esdras 3:7,
— Voir: Temple.
— Aux jours de David, cette peuplade
industrieuse paraît être sous la dépendance
de Tyr (1015 avant J.-C.), mais elle secoue
le joug de sa rivale lors de l'invasion de
Salmanéser, et elle se soumet au vainqueur:
il paraît cependant qu'elle conserva ses
rois nationaux sous la domination des
Syriens, comme plus tard sous celle des
Caldéens et des Perses, Jérémie 25:22; 27:3.
Sous cette dernière, sa marine paraît avoir
pris un développement considérable. Elle
s'émancipe sous Artaxercès Ochus, qui la
reprend malgré une opiniâtre résistance, et
la détruit. Ses habitants la relèvent de ses
ruines; après la bataille d'Issus, les
Sidoniens se placent sous le protectorat,
c'est-à-dire sous la dépendance d'Alexandre,
qui dépose Straton, offre inutilement la
couronne à deux jeunes frères, et la place
enfin sur la tête d'Abdolonyme, qu'il retire
de son obscurité, pauvre, et vivant du
travail de ses mains: en récompense de ses
vertus il augmente même ses états d'une
partie des dépouilles des Perses. Ce petit
royaume partage néanmoins les vicissitudes
de la Syrie, et finit par tomber avec elle
sous la domination romaine.
— Il n'en est parlé qu'incidemment dans
l'Évangile, et toujours conjointement avec
Tyr, Matthieu 11:21; Marc 3:8; Luc 4:26,
etc. Dans les Actes 12:20; 27:3, nous voyons
la communauté d'intérêt des Tyriens et des
Sidoniens, menacés par Hérode, et une visite
de Paul aux chrétiens de Sidon, ce qui
montre que l'Évangile y avait pénétré.
— C'était encore une ville importante du
temps de Méla. Aujourd'hui Saïda ou Seyde,
peuplée de 8000 habitants, appartient au
pachalik turc d'Acre; elle n'est pas tout à
fait sans importance pour le commerce, bien
que son port, recouvert de sable, n'offre
plus de grande garantie aux vaisseaux: du
côté de l'est ses fortifications subsistent
encore; deux mosquées aux minarets élancés,
sont les seuls édifices qui dominent ses
autres constructions; un pont de neuf
arches, souvenir des croisades, unit la
ville à la forteresse, bâtie sur un rocher
dans le port: derrière la ville, jusqu'au
pied des montagnes, il y a des jardins
magnifiques et très productifs, arrosés par
une rivière considérable qui descend du
Liban et se jette dans la mer. L'ancienne
magnificence de Sidon a disparu,
conformément aux prophéties, Ézéchiel
28:21,23, et ses marchands ont cessé de
sillonner les mers, Ésaïe 23:4.
Le nom de Sidon a continué de désigner la
Phénicie tout entière, dont cette ville fut
si longtemps le plus glorieux représentant
sous le rapport des arts et du commerce,
même après qu'elle eut perdu sa
prépondérance et sa richesse; et c'est dans
ce sens qu'on doit entendre ce qui est dit
des marchands de Sidon, Ésaïe 23:2, des
dieux de Sidon, 1 Rois 11:5,33; 16:31; 2
Rois 23:13, des femmes de Sidon, 1 Rois
11:1, de la langue sidonienne, Deutéronome
3:9. Quant au nom de roi de Sidon qui est
donné à Ethbahal roi de Tyr, 1 Rois 16:31,
il s'explique par le fait que ces deux
villes n'étaient régies que par un seul et
même roi. Les poètes grecs employaient de
même dans son sens le plus absolu l'épithète
et le nom de sidonien.
— Voir: encore les articles Tyr et
Phénicie.
SIHON,
roi des Amorrhéens, refusa à Moïse le passage sur son territoire, mais fut complètement défait, et vit sa capitale réduite en cendres, Nombres 21:21; 32:33. Deutéronome 1:4, etc. Cette victoire célébrée par un chant de triomphe, est rappelée en plusieurs passages des Écritures et plus souvent que son importance apparente ne semblerait le comporter, ce qui tient sans doute à ce qu'elle est un des premiers exploits du peuple devenu libre, Josué 2:10; 9:10; 12:2; 13:10; 1 Rois 4:19; Psaumes 135:11; 136:19; Néhémie 9:22. Le nom de Sihon est toujours joint à celui de Hog son contemporain, sauf Juges 11:19.
SIHOR.
-
Le fleuve ainsi nommé Ésaïe 23:3; Jérémie 2:18, est, de l'accord de tous les interprètes, le Nil, de même que 1 Chroniques 13:5; et Josué 13:3, où sont indiquées non les limites historiques de la Palestine, cf. Nombres 34:5, mais les limites qui lui avaient été promises, Genèse 15:18. L'hébreu sichor signifie noir (trouble) et se rapporte au limon noirâtre (nigra arena, Virgile) que le Nil en se retirant laisse déposé sur ses bords; les Grecs appelaient ce fleuve Mêlas, le Noir, et d'après Bohlen le mot Nil aurait en sanscrit la même signification, celle de noir ou de bleu foncé.
-
Sihor, Josué 19:26,
— Voir: Libnah.
SIKRON
(ivresse), Josué 15:11, ville frontière septentrionale de la tribu de Juda.
SILAS
(hébreu trois), Actes 15:22; sq., appelé Silvain dans les épîtres de Paul, fut le compagnon des voyages de l'apôtre depuis le concile de Jérusalem. Citoyen romain comme lui, et exerçant le ministère prophétique dans l'église de Jérusalem, il le suivit dans son second voyage missionnaire en Asie Mineure, passa avec lui en Macédoine, partagea sa prison à Philippes, resta quelque temps seul à Bérée, et ne rejoignit Paul qu'à Corinthe, où il se distingua par son zèle évangélique, Actes 15:18; 1 Thessaloniciens 1:1; 2 Thessaloniciens 1:1; 2 Corinthiens 1:19. C'est probablement le même dont il est parlé 1 Pierre 5:12. La tradition grecque le fait évêque de Corinthe sous le nom de Silas, et de Thessalonique sous celui de Silvain.
SILO ou plutôt Shilôh,
Genèse 49:10, mot difficile, et sur la signification duquel les interprètes ont beaucoup varié (— Voir: Grandpierre, Essais, etc.). Voici les principales explications qu'on en a données. Le sceptre, est-il dit, ne se départira pas de Juda, jusqu'à ce que le Shilôh vienne, et que les peuples lui obéissent.
-
Quelques commentateurs, les plus anciens, lisent shélôh, qui d'après un caldaïsme signifie à qui il (c'est-à-dire appartient); ils traduisent en conséquence: Le sceptre ne se départira point de Juda jusqu'à ce que vienne celui à gui il (appartient): selon les uns le Messie, ce serait alors une prophétie messianique, et le Messie appartenant à la tribu de Juda, la phrase reviendrait à dire que le sceptre ne sortira jamais de cette tribu; selon les autres, Salomon, et alors la promesse ne s'étendrait que jusqu'à ce monarque, le sceptre ayant été brisé sous son successeur.
— Cette explication, sous cette forme du moins, est presque généralement abandonnée.
-
Shilôh signifierait dans ce passage, le seul où il aurait ce sens, repos. C'est ainsi que l'entendent Herder, Gesenius, Hofman, etc., mais avec des nuances dans leurs interprétations. Le bâton de conducteur en chef ne quittera jamais Juda, le bâton de héros le suivra dans tous ses voyages (ses pieds), jusqu'à ce qu'il soit arrivé au lieu de repos, etc. (Herder); ce dernier mot, le même que Silo, paraît une allusion à l'arrivée des Israélites en Canaan, à Silo, mais on peut objecter avec raison que jusqu'à cette époque Juda n'a pas eu le bâton de commandement, et qu'il n'eût pu par conséquent le déposer en mettant le pied sur la terre promise. Gesenius entend que Juda ayant la prééminence sur les autres tribus, fera respecter son droit d'aînesse, et n'abaissera son sceptre qu'après avoir obtenu d'une manière générale la paix et le repos. Dans ce sens, et quoique ce ne soit pas l'intention de Gesenius, les paroles de Jacob sont encore une prophétie messianique.
-
Tuch traduit librement: Le sceptre restera entre les mains de Juda jusqu'à ce que la conquête de Canaan soit achevée et que le sanctuaire national soit élevé à Silo; littéralement, jusqu'à ce qu'on soit venu à Silo. Shilôh n'est donc pour lui qu'un nom géographique. Mais le motif allégué ci-dessus contre la simple allusion à Silo, reste le même quand l'allusion se change en affirmation directe; Juda n'a pas eu la conduite du peuple jusqu'à ce moment; ni Moïse, ni Aaron, ni Josué n'appartenaient à cette tribu. D'ailleurs, comme le fait remarquer Hengstenberg, Silo ne nous apparaît, Josué 16:6; 18:1, que comme un lieu de campement et non comme une ville; ce n'est que peu à peu que Silo grandit et paraît dans l'histoire; aux jours de Jacob, il n'était rien encore, et rien ne pouvait faire présager au patriarche que l'arrivée de ses descendants en cet endroit serait pour eux une époque décisive. On peut même se demander avec Hofman, si en effet Silo a jamais été pour Israël, et pour Juda en particulier, une époque décisive, quand et comment?
-
En laissant à Silo le sens de repos, Bengstenberg, Hævernick et Schrœder, qui varient pour les détails, s'accordent à lui donner une signification appellative et personnelle; «jusqu'à ce que vienne le repos, c'est-à-dire, celui qui donnera le repos, le pacificateur, le prince de paix.» L'abstrait est employé pour le concret, ce qui est parfaitement autorisé par le génie de la langue hébraïque. On peut rapprocher de ce passage, Ézéchiel 21:32, où des calamités sont annoncées jusqu'à ce que vienne celui à qui appartient le gouvernement (le droit), c'est-à-dire, le Messie à qui appartient le droit de juger sur la terre, le véritable réparateur et dispensateur de la justice dans le monde, Ésaïe 9:6; 42:1; Jérémie 23:5; Psaumes 72:11. Les idées de droit et de repos sont corrélatives; celui qui amène l'un, amène l'autre, et l'on est d'autant plus fondé à croire qu'Ézéchiel a en vue le passage de la Genèse, qu'il fait de fréquentes allusions à la prophétie de Jacob sur Juda, 19:2,10; 21:15. Cette analogie nous montre en outre comment Ézéchiel expliquait le Silo; non-seulement il nous donne la plus ancienne explication de ce mot dans le sens messianique, mais encore il nous y fait voir l'idée d'un Messie personnelle, et l'idée abstraite de repos exprimée par Jacob est traduite par Ézéchiel en l'idée personnelle d'un individu ayant des droits et exerçant le gouvernement. Le sceptre restera dans la tribu de Juda jusqu'à ce que soit venu le (prince du) repos, issu de Juda, mais élevé au-dessus de toute tribu et de tout peuple; alors ce ne sera plus à Juda, mais à son enfant comme souche d'un nouveau pouvoir, que sera due l'obéissance des peuples. Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'au moment de mourir, le patriarche ait jeté un regard prophétique sur l'avenir, et qu'il ait entrevu l'objet des promesses faites à ses pères. II serait surprenant, au contraire, qu'un fait aussi important que celui de la venue d'un réparateur, eût été omis au milieu des autres événements que Jacob entrevoit. Abraham, en léguant à Isaac, Isaac à Jacob, le droit de primogéniture, avaient tracé la ligne de leur postérité dans laquelle le Christ apparaîtrait; Jacob fait de même, il désigne Juda comme le premier-né de droit, c'est à Juda qu'appartiendra l'autorité jusqu'au moment où la nation, cessant d'exister comme théocratique, verra son sceptre devenir un pouvoir spirituel et passer entre les mains de celui qui donne la paix en faisant régner le droit. La paix, qui est le triomphe du Messie, est aussi le triomphe de l'humanité; le monde cessera d'être travaillé et tourmenté; il aura trouvé le repos.
SILO,
ville d'Éphraïm, située sur une hauteur au nord de Béthel, au sud de Libona, Juges 21:19, à 4 lieues de Sichem, presque au centre du pays, ce qui lui valut d'être considérée sous Josué comme l'endroit le plus favorable pour les con vocations du peuple, et en fit pendant trois siècles, depuis Josué jusqu'à Héli et Samuel, le siège du tabernacle, Josué 18:1,9; 19:51; 21:2; 22:9,12; 1 Samuel 1:3, etc.; 2:14; 3:21; 4:3; 14:3; cf. Psaumes 78:60; Jérémie 7:12. Silo apparaît encore aux jours de Jéroboam comme ville d'Israël, 1 Rois 11:29; 14:2,4, mais paraît avoir souffert lors de la destruction de ce royaume, Jérémie 7:12,14; 26:6,9. Elle subsistait cependant encore pendant l'exil, Jérémie 41:5. Saint Jérôme y trouva les restes d'un autel, et de nos jours encore Schubert croit en avoir vu les ruines.
SILOÉ
(envoyé), village, réservoir,
et source célèbre des environs de Jérusalem,
Jean 9:7. Le village est situé à droite
quand on remonte la vallée de Josaphat, et
il est comme suspendu sur le sommet escarpé
du mont du Scandale, sur lequel Salomon
avait bâti un temple à ses dieux étrangers.
La source, appelée aussi fontaine de la
Vierge, jaillit au fond d'une vaste caverne
taillée en partie par la main des hommes
dans les flancs rocailleux du mont Morija,
dans la vallée de Josaphat; deux rampes de
degrés, aussi unis et aussi blancs que du
marbre, conduisent à la source, dont les
eaux qui coulent doucement, Ésaïe 8:6, se
réunissent par une pente presque
imperceptible dans un canal souterrain qui,
après avoir traversé toute la colline,
reparaît dans la vallée des Tyropéens, et
dépose ses eaux dans le réservoir du même
nom. Ce réservoir a la forme d'un
parallélogramme, les murs en sont de pierres
de taille; après avoir grimpé un moment dans
une grotte taillée dans le roc, on descend
quelques degrés pour arriver à l'endroit où
l'eau se jette dans le réservoir; elle y
arrive, non point en se versant par-dessus
l'ouverture de la grotte, mais en filtrant
secrètement par dessous: une grande
abondance de fleurs sauvages croissent sur
ses bords. De là, par un petit canal creusé
dans le rocher, l'eau du réservoir va
arroser les jardins situés plus bas sur des
terrasses (cf. Cantique 4:15), et connus
sous le nom de jardins du roi, Néhémie 3:15.
En ne distinguant pas toujours la source de
son réservoir, on est arrivé, soit à
confondre la source de Siloé avec la
fontaine du Foulon,
— Voir: Roguel,
soit à voir des contradictions dans les
données bibliques, soit à changer la
position du réservoir; Gesenius, Tholuck,
Hitsig, d'après quelques anciens, placent
cette source à l'angle sud-ouest de Sion;
Winer la confond avec le bassin inférieur du
Guihon.
Il faut remarquer que la source de Siloé,
qui n'est nommée qu'une ou deux fois dans
l'Ancien Testament, et trois fois dans le
Nouveau, n'est jamais accompagnée du moindre
renseignement topographique, de sorte que
c'est à la tradition seule qu'on doit en
appeler pour la fixation de son emplacement,
comme nous l'avons fait. Il en résulte aussi
que la grande réputation que ces eaux ont
acquise, n'est qu'une renommée légendaire et
traditionnelle, qui n'a rien de biblique; le
doux murmure d'une source tranquille, ornée
d'un beau nom, et quelques moines intéressés
à la faire valoir, ont fait de Siloé un
poste important, que les anciens habitants
de Jérusalem seraient étonnés de voir si
grandement apprécié.
Abandonnée pendant la captivité, la porte de
Siloé (?) fut reconstruite ou réparée par
Sallum, Néhémie 3:15. Il y avait une tour
au-dessus de la source, dans le village de
Siloé, et son écroulement, qui écrasa
dix-huit personnes, donna lieu à Jésus de
redresser les fausses idées des Juifs sur la
relation des châtiments avec le péché, Luc
13:4. C'est au réservoir de Siloé que Jésus
envoya l'aveugle-né laver ses yeux qu'il
avait guéris avec de la boue, un jour de
sabbat, Jean 9:7.
— Voir: Salive.
Sans qu'il y ait intermittence complète, les
eaux de cette source sont par moments, et
tour à tour, beaucoup plus rares et beaucoup
plus abondantes; Robinson a constaté ce
phénomène, qui avait déjà été attesté par
Chateaubriand et par d'autres; l'eau est
troublée subitement par les eaux nouvelles
qui se précipitent, et peut-être que la
vertu du réservoir de Béthesda, Jean 5:7,
provenait d'un fait analogue qui mettait en
mouvement des matières ayant des propriétés
curatives spéciales. L'eau de Siloé a été
goûtée et diversement appréciée par presque
tous les voyageurs; Chateaubriand l'a
trouvée saumâtre; Lamartine, limpide et
savoureuse; Richter, bonne; Robinson lui a
trouvé un goût un peu salé, mais point du
tout désagréable; du reste il avoue qu'en de
certaines saisons, elle a un mauvais goût.
De nos jours encore, les plus incrédules ne
manquent pas de s'y laver les yeux pour se
préserver d'ophthalmies. Winer pense que le
fons perennis aquæ de Tacite, Hist.
5, 12, est le même que Siloé.
SILYAIN,
— Voir: Silas.
SIMÉON
(exaucement).
-
Fils de Jacob et de Léa, Genèse 29:33; Exode 6:15; 1 Chroniques 2:1 (1757 avant J.-C.). D'accord avec Lévi, il vengea par la violence et fa perfidie l'injure faite à Dina sa sœur, que Sichem le ravisseur voulait réparer d'une manière plus douce et plus naturelle. La religion servit de prétexte et de moyen à leur vengeance, et le pillage couronna dignement cette œuvre sanglante. Ce crime fit tache sur toute la vie de Siméon, et sur l'avenir de sa postérité, Genèse 34:25; 49:5,7. Plus tard, il fut choisi comme otage par Joseph en Égypte, et ne fut délivré qu'au retour de ses frères ramenant avec eux Benjamin, 42:24; 43:23. On a voulu voir dans le choix que fit Joseph de cet otage, un indice que Siméon avait été le plus coupable dans la vente de Joseph, qu'il en avait pris peut-être l'initiative; mais ce n'est pas prouvé. Joseph voulait s'assurer de la personne d'un des aînés, mais laisser l'aîné à la tête de la famille; l'aîné était pour lui une personne sacrée; d'ailleurs Ruben lui avait sauvé la vie: il prend le second.
Siméon fut le chef d'une des douze tribus, mais d'une tribu «divisée en Jacob, et dispersée en Israël», Genèse 49:5-7. Depuis le dénombrement de Sinaï jusqu'à la fin des voyages du désert, elle avait diminué de plus de moitié; de 59,300 hommes elle était descendue à 22,200, Nombres 1:23; 26:14. Elle ne reçut que dix-sept villes (dont deux lévitiques), éparses au milieu du territoire de Juda, vers les frontières de l'Idumée et du désert d'Arabie, et en majeure partie dans les montagnes, Josué 19. Elle ne fait la guerre que de concert avec Juda son frère, quand les autres tribus la font séparément, Juges 1, et lors du partage des douze tribus en deux royaumes, elle paraît s'être unie au royaume de Juda, sous la dépendance et sur le territoire duquel elle se trouvait; ainsi Béersébah et Tsiklag sont nommées, 1 Rois 19:3; 1 Samuel 27:6, comme appartenant à Juda; cf. 1 Samuel 30:30; et Josué 19:4. Elle possédait de nombreux troupeaux, et du temps d'Ézéchias, comme elle s'était beaucoup multipliée, grâce peut-être à l'air salubre de ses montagnes, et que ses limites primitives n'étaient plus assez grandes pour la contenir, une colonie s'avança vers l'est, traversa la vallée du Sel, et trouva de gras pâturages dans les montagnes de Séhir, où elle s'établit après avoir détruit les Hamalécites qui y demeuraient, 1 Chroniques 4:34-48. L'accroissement de Juda avait peut-être aussi empiété sur le territoire de Siméon, et motivé cette émigration. Le nom de Siméon est omis dans la bénédiction de Moïse, Deutéronome 33; le législateur du peuple ne connaît pas, ou du moins ne veut pas reconnaître, cette faible tribu que le péché de son fondateur a flétrie et réduite à presque rien: ce silence est une sentence de destitution. Son nom est cependant rappelé Ézéchiel 48:24. Apocalypse 7:7, parce que l'Éternel ne tient point à toujours sa colère; le fils de Jacob est rentré en possession des promesses; sa place lui est rendue en Israël.
-
Siméon, ancêtre de Marie et de Jésus, Luc 3:30; inconnu.
-
Siméon, le pieux témoin de la présentation de Jésus dans le temple, Luc 2:25. Une révélation intérieure lui fit reconnaître dans ses langes et dans son humilité celui qui devait être la gloire d'Israël; son cantique, sa prière, les paroles qu'il adresse prophétiquement au Messie et à sa mère, fixent l'attention sur cette scène imposante et simple qui se dessine comme au frontispice de la vie de Jésus; on aime et l'on vénère cet homme si plein de foi qui, ayant vu la journée de l'Éternel, est prêt à s'endormir en paix, avant d'avoir vu se réaliser toutes les espérances que la venue de Christ devait faire naître en lui pour la terre. Les Juifs attendaient le Messie depuis bien des années, et sa venue faisait sans doute l'objet de leurs conversations quand ils se réunissaient chaque jour dans les parvis du temple; mais ils l'attendaient sous une forme glorieuse. Le témoignage d'un pharisien, d'un homme pieux, d'un homme universellement estimé, devait contribuer à renverser ce funeste préjugé, et Jésus fut dès sa naissance proclamé roi sauveur dans le temple de Jérusalem, par la voix d'un Israélite non suspect et qui savait fixer l'attention: cet événement ne put rester secret, et la ville put apprendre que le libérateur était venu.
— On a voulu honorer Siméon en le faisant fils du célèbre Hillel, et père de Gamaliel, mais la tradition ne nous fournit que son assertion. L'âge de Siméon ne peut même être déterminé, et l'on a tort peut-être d'en faire un vieillard.
-
Siméon, ou Syméon, 2 Pierre 1:1, ou Simon, surnom de Pierre, q.v.
-
Siméon, prophète et docteur de l'Église d'Antioche, Actes 13:1. Le surnom de Niger qu'il avait reçu, semble indiquer qu'il avait de fréquents rapports avec Rome et l'Italie.
SIMHI.
-
Benjamite, fils de Guéra et parent de Saül, n'est guère connu que par les lâches insultes dont il poursuivit David fugitif, et par les lâches excuses qu'il lui fit après la défaite d'Absalon, 2 Samuel 16:5; 19:16. David légua à Salomon par son testament, le soin de venger une injure qu'il avait laissé impunie, 1 Rois 2:8; etc., et Simhi fut consigné dans l'enceinte de Jérusalem; il savait que la mort punirait la rupture de son ban, et pendant trois ans il fut fidèle à son serment; mais soit imprudence, soit sécurité, soit cupidité, il se mit à la poursuite de deux de ses esclaves qui s'étaient enfuis à Gath, et à son retour il périt d'une mort violente, selon la sentence de David. Simhi est une âme basse, qui s'attache au vainqueur, qui fait le brave en présence d'un ennemi faible ou désarmé, et qui rachète par la violence de ses injures la lâcheté de ses procédés. Mais lâche, il était redoutable, parce que son honneur perdu n'avait plus rien à perdre, et Salomon crut devoir Je garder sous sa surveillance à Jérusalem, au lieu de lui permettre de vivre sur ses terres. Lorsqu'il maudissait David, il jetait de la poussière en l'air, selon l'usage des Orientaux actuels qui, lorsqu'ils maudissent un homme, lui crient encore: Tu seras bientôt comme cette poussière. David lui pardonna de son vivant comme homme et comme roi; il le fit punir comme roi théocratique après sa mort, lorsqu'il n'avait plus de vengeance à savourer, de rancune à garder: ce point de vue est essentiel à rappeler pour tout l'ensemble du testament de David.
-
Officier de David, 1 Rois 1:8. II ne prit point de part à la révolte d'Adonija. Quelques-uns l'ont confondu avec le précédent. Il est plus probable que c'est le même, fils d'Éla, qui fut chargé sous Salomon d'administrer les revenus de Benjamin, 1 Rois 4:18.
-
La famille de Simhi, nommée Zacharie 12:13, représente selon les uns les familles des docteurs de la loi, selon d'autres les premières familles de Jérusalem à cette époque. La tradition montre qu'un grand nombre de docteurs célèbres ont porté ce nom.
SIMON.
-
Père de Judas Iscariot, n'est nommé que dans saint Jean 6:71; 12:4; 13:2,26, sans doute après sa mort. Il est du reste inconnu.
-
Simon Pierre,
— Voir: Pierre.
-
Simon Cananéen, surnommé aussi Zélotes, fils de Cléopas et de Marie, frère de Jacques, de Jude, et de Joses, l'un des douze apôtres, Matthieu 10:4; 13:55; Marc 3:18; 6:3; Luc 6:15; Actes 1:13. On ne connaît rien de lui, ni action, ni parole. Le surnom de Zélotes qui lui était donné, le même que Cananéen qui dérive de l'hébreu kana (avoir du zèle), prouve qu'il avait appartenu à cette secte des zélotes dont parle Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, IV, 3. 9, laquelle se distinguait par son zèle pour la patrie et la religion. Ce zèle de libéralisme, Simon l'appliqua plus tard à son propre affranchissement spirituel. Quelques-uns dérivent le nom de Cananéen de Cana, et font Simon combourgeois de Nathanaël. D'autres distinguent Simon Zélotes de Simon de Cana, et en font deux individus. Les traditions varient: les unes le font évêque de Jérusalem, et martyr sous Trajan; d'autres disent qu'après avoir évangélisé l'Égypte, la Cyrènaïque, la Mauritanie, et la Libye, il finit par se rendre en Angleterre où il fut crucifié; d'autres enfin le font voyager en Perse et en Babylonie, et mourir à Suanyr (Sunir).
-
Simon le pharisien, Luc 7:40, de Naïn. Il invite Jésus à prendre un repas chez lui, soit pour lui donner un témoignage de respect, soit pour satisfaire sa curiosité. On ne peut soupçonner ses intentions d'être mauvaises, mais la réception qu'il fait à son hôte est digne de l'orgueil pharisaïque; croyant avoir assez fait en l'invitant à sa table, il se dispense non seulement de toute bienveillance, mais encore de toute politesse à son égard. Une femme, une ancienne pécheresse, entre dans la salle, et fait avec amour et dévouement ce que Simon n'a pas voulu faire; Simon comprend cette leçon plus qu'indirecte, mais elle est pour lui une offense, et comme les orgueilleux, il élude la leçon et ne cherche à s'excuser qu'en accusant intérieurement, et la femme, et Jésus dont ce contact doit, selon lui, compromettre la dignité prophétique. Jésus alors prend la parole, et par une comparaison claire, mais embarrassante, oblige Simon à reconnaître que cette femme, beaucoup pardonnée, aime plus que lui dont les vertus n'ont pas demandé de pardon. La femme se retire avec l'assurance de son salut, et Simon reste avec le désagrément d'une scène qui l'a pris à l'improviste et dont l'issue n'a pas tourné à l'avantage de son amour-propre. On ne sait pas si Jésus avait eu des rapports antérieurs avec Simon; on ne sait pas davantage si la leçon que Jésus lui donne était d'une manière générale une leçon d'humilité, ou si elle se rapportait à quelque circonstance secrète de la vie de Simon; on ignore enfin si cette leçon a produit de l'effet, ou si au contraire le pharisien, enfoui dans son orgueil, n'aura pas profité de l'évidente supériorité que la parabole lui accordait sur la pécheresse, pour s'endurcir dans son impénitence, (— Voir: Sermon de Saurin.)
— C'est à tort qu'on a voulu le confondre avec le suivant.
-
Simon de Béthanie, Matthieu 26:6; Marc 14:3; cf. Jean 12:1. Il était surnommé le lépreux, à ce qu'on croit, parce que Jésus l'avait guéri de cette maladie. C'est dans sa maison qu'eut lieu, peu après la résurrection de Lazare, et quelques jours avant Pâque, le repas qui devait célébrer le retour de Lazare à la vie. Marthe servait, ce qui semble indiquer des rapports de parenté ou d'intimité entre sa famille et celle de Simon; la liberté d'action de Marie, la présence de Lazare, confirmeraient cette idée. Quelques traditions font en effet de Simon le père de Lazare, d'autres le font le mari de Marthe; c'est possible, mais ce n'est pas prouvé. Ce n'était peut-être qu'un ami de la famille. La présence de Lazare au festin devait témoigner de sa complète guérison. (Sermons de Bonnet.)
-
Simon le Cyrénéen, Matthieu 27:32; Marc 15:21; Luc 23:26, était originaire de Cyrène où se trouvaient un grand nombre de Juifs. On pense qu'il était déjà disciple de Christ, quant des soldats brutaux, prophétisant sans le savoir, le contraignirent, par un acte arbitraire que rien ne justifiait, à porter la croix de Jésus, cf. Matthieu 10:38, etc. Simon devait éprouver autant de joie à soulager son maître, que de douleur à porter l'instrument de son supplice, et sa famille tout entière fut bénie avec lui; ses fils, et sa femme, que Paul chérissait comme sa mère, Romains 16:13, durent conserver longtemps le souvenir de cet épisode déplorable, et ils comprirent dans toute son étendue la portée de cette parole de Jésus que les bourreaux avaient matérialisée avec tant d'ironie: Celui qui veut me suivre doit porter ma croix.
-
Simon le magicien, Actes 8:9; etc. Il était suivant la tradition natif de Gitta ou Gittim en Samarie, selon d'autres de l'île de Chypre. Il étudia de bonne heure la philosophie platonicienne, et les sciences qui d'après les Orientaux conduisaient à la philosophie; un peu d'astronomie, de médecine, de physique, et beaucoup d'adresse, en firent un célèbre charlatan prestidigitateur. Il se faisait passer pour un grand personnage, et le peuple disait de lui qu'il était la grande vertu de Dieu. Mais une vertu plus grande et plus vraie vint le confondre. Il entendit Philippe, il vit ses miracles, et mieux que personne il fut à même de reconnaître dans les apôtres la puissance de Dieu; il fut baptisé, et demanda pour de l'argent les dons du Saint-Esprit; Pierre lui répondit par une foudroyante apostrophe, et flétrit en Simon la simonie que celui-ci a léguée à une secte célèbre, qui prétend compter au nombre des siens celui qui l'a le plus vigoureusement condamnée. Sous l'empire d'une émotion pleine de honte, Simon se recommande aux prières des apôtres, mais il ne paraît pas qu'il comprît lui-même la portée de ses paroles et de ses vœux; il a peur, et la peur n'a jamais été de la piété. Dès ce moment, la tradition ne nous le montre plus qu'au nombre des ennemis du christianisme. Il se rend de la Samarie à Antioche, où il épouse une femme nommée Hélène; il passe avec elle à Rome, où une inscription mal comprise par Justin martyr a fait croire qu'il avait été reçu au nombre des dieux. Il renverse tous les esprits par ses sortilèges; il se fait fort de s'élever dans les cieux; il monte au Capitule, se jette dans les airs, vole un moment avec des ailes factices, mais à la prière de saint Pierre ses ailes se détachent, et le malheureux se précipite et meurt. Cette tradition peut avoir quelque chose de vrai, mais elle est compromise par le nom de Pierre, qu'on y fait intervenir si mal à propos, et la plupart des historiens se montrent un peu incrédules sur cette fable. Ce qui est plus probable, c'est que Simon a voulu fonder une religion nouvelle qui aurait été, comme celle de Mahomet, un mélange de judaïsme, de christianisme, et de paganisme. Irénée lui fait dire qu'il avait paru parmi les Samaritains comme Père, parmi les Juifs comme Fils (Messie; c'est peu probable), et parmi les païens comme Saint-Esprit. Il prétendait que son corps était uni à l'un des plus nobles et des plus sublimes Éons, et que Dieu l'avait envoyé dans le monde pour amener les hommes à la vérité; il ajoutait que sa femme avait également en elle un Éon femelle, appelé Ennoga, qui avait enfanté les esprits, et qui avait précédemment habité plusieurs corps, notamment celui de la fameuse Hélène de Troie.
— Ses disciples s'adonnèrent à l'impureté.
-
Simon le corroyeur, hôte de saint Pierre à Joppe, probablement disciple, Actes 9:43; 10:6. Un voyageur raconte qu'il a logé à Jaffa dans une maison que l'on assure être bâtie sur les ruines de celle du corroyeur; on montre même un vieux pan de mur qui en faisait partie, dit-on.
SIMRI
(ma vigne).
-
Lévite de la branche de Mérari, fut nommé chef de la famille par son père, quoiqu'il ne fût pas l'aîné, 1 Chroniques 26:10. On ignore les motifs de cette infraction à la loi, Deutéronome 21:17.
-
Roi d'Israël,
— Voir: Zimri #2.
SIMSAÏ,
secrétaire de Réhum, q.v.
SIN
(boue).
-
Ville d'Égypte nommée Ézéchiel 30:15, avec Thèbes et Memphis, et surnommée à bon droit, à cause de sa position, la force, le rempart de l'Égypte: c'est Péluse, dont le nom copte, Ph-er-omi, a, comme en hébreu, le sens de ville boueuse, ou marécageuse; elle était située sur le bras oriental de l'embouchure du Nil, et sur la rive orientale, à 20 milles de la Méditerranée. Les marais dont elle était entourée en faisaient, autant que ses puissants remparts, la clef de l'Égypte vers l'orient, et toutes les armées d'invasion qui essayèrent de pénétrer en Égypte de ce côté commencèrent en effet par l'assiéger et la réduire. Non loin de son emplacement se trouve encore le village de Tinèh (ou Sinèh), appelé en Égypte Pérémoun, ou Péromi, d'après son ancien surnom.
-
Sin, désert situé entre Élim et le mont Sinaï, ou plus exactement entre la mer Rouge et Daphka, Exode 16:1; 17:1. Nombres 33:12. On suppose que c'est le Whadi Gharendel, et c'est à tort que l'on dérive son nom de la ville de Sin située à 1,500 stades de l'extrémité nord de la mer Rouge. D'après Rosenmuller, ce serait le wadi Esscheickh, c'est-à-dire, la partie sud du Gharendel, que les Israélites auraient traversé, et l'on y trouve une quantité d'arbustes dont le suc abondant et aromatique donne une espèce de manne, cf. Exode 16.
SINAÏ
(Tur Sina; pleine de
broussailles). C'est le nom général que
l'Écriture donne au désert et au massif de
montagnes, formant une espèce de triangle
compris entre le désert de Tsin ou Paran (El
Tyh) au nord, et les deux bras de la mer
Rouge. Au sud du plateau El Tyh, commencent
à s'élever ces montagnes si célèbres de
l'ancien monde juif. La crête des hauts
sommets court du nord au sud dans la même
direction que le Liban; le Sinaï n'est en
quelque sorte que le prolongement de la
longue chaîne du Soristan, se précipitant
dans la mer Rouge pour y former une
presqu'île, et reprenant la hauteur de ses
cimes les plus élevées. Ce massif granitique
et schisteux a de 16 à 20 lieues de
circonférence; il comprend au pied de ses
sommets escarpés de hautes plaines et des
vallées d'une belle végétation, qui
produisent des arbres à fruits, orangers,
citronniers, amandiers, mûriers,
abricotiers, pêchers, oliviers, ainsi que
toute espèce de légumes et de plantes
odoriférantes. Sur les hauteurs vivent des
chèvres et du gibier. Les côtes sont en
plusieurs districts ombragées par de
nombreux palmiers. Des sources d'eau vive
jaillissent des rochers, même dans les étés
les plus chauds, et le versant est, qui
descend vers le golfe d'Akaba, et qui est le
plus rapide et le plus aride, présente des
vallées dont les voyageurs ne peuvent assez
louer la beauté,
— Voir: F. Strauss, Sinaï und
Golgotha.
Cependant ce pays a évidemment été plus
fertile qu'il ne l'est aujourd'hui, et il
devient de plus en plus aride à mesure que
les hommes en font disparaître les arbres.
Les hauts sommets sont fréquemment entourés
de nuages, et le tonnerre retentit d'une
manière terrible entre les parois des
rochers et dans les vallées profondes
(Brœm).
— Deux ou trois sommets principaux dominent
tout le massif, l'Horeb, le Sinaï, et le
mont Sainte-Catherine. Le mont Horeb à
l'est, faisant face à l'Arabie, est comme le
premier étage du groupe; sur son sommet se
trouve le couvent d'Élie, bâti au milieu
d'une petite plaine. On y monte en un quart
d'heure. De là, après une courte descente,
on commence à monter de nouveau pendant une
demi-heure (Burckhardt), et l'on atteint un
sommet plus élevé, le Djebel Musa, ou mont
de Moïse, qui est le Sinaï proprement dit;
son sommet n'a guère que 60 pieds de tour.
En face du Sinaï se trouve le mont
Sainte-Catherine, ainsi nommé d'un couvent
voisin qui est à 3,500 pieds au-dessus de la
mer; son sommet, chauve et nu, est le plus
élevé des trois; pour y arriver, on prend,
en redescendant par l'Horeb, une vallée à
l'ouest dans laquelle s'élève le monastère
d'El Erbaïn. Ruppel a, pour la première fois
en 1831, mesuré avec un baromètre la hauteur
de ces montagnes: le mont Saint-Catherine a
2,814 mètres de haut, le Djebel Musa environ
2,470. C'est dans la vallée que domine
l'Horeb (Réphidim) que Moïse vit le buisson
ardent, qu'il garda les troupeaux de Jéthro,
et qu'il fit jaillir l'eau du rocher, Exode
3:1-2; 17:6; cf. 19:2. On prétend encore
montrer près de là ce rocher miraculeux, un
bloc granitique de 4m,48 carrés, avec une
rigole et quelques stries ou coupures
formées par l'écoulement des eaux. C'est
peut-être sur l'Horeb aussi que Moïse pria
pour le succès des armes de Josué, lors de
l'attaque des Hamalécites, 17:8. D'après la
tradition, ce serait également sur l'Horeb,
et non sur le Sinaï, que la loi aurait été
promulguée, Exode 20; mais divers auteurs
chrétiens, d'accord à repousser cette
tradition, pensent que ce doit avoir été sur
l'un ou l'autre des deux sommets plus
élevés, sans que rien puisse trancher la
question d'une manière absolue. Aujourd'hui,
le nom de Sinaï s'applique d'une manière
générale à tout le groupe, et il est
possible qu'il en fût de même dans
l'antiquité; Horeb serait alors le nom de la
moins élevée des trois cimes principales.
Le nom de Sinaï est rappelé Juges 5:5;
Psaumes 68:8,17; Néhémie 9:13; cf. Hébreux
12:18, comme ayant été le théâtre d'une des
manifestations les plus solennelles et les
plus redoutables de la grandeur divine. La
mention faite de cette montagne, Galates
4:25, la circonstance que le Sinaï était
appelé Hagar par les descendants mêmes de la
servante d'Abraham, ce que Paul pouvait
avoir appris pendant son long séjour en
Arabie, et l'usage que fait l'apôtre de
cette circonstance, offrent des difficultés
qu'il n'appartient qu'aux commentaires de
résoudre,
— Voir: Olshausen, Sardinoux, etc.
SINGES.
Il n'en est parlé que 1 Rois 10:22; 2 Chroniques 9:21. Les anciens en connaissaient plusieurs espèces et les avaient classés d'après divers caractères, singes à queue, singes sans queue, etc. On les tirait surtout des Indes et de l'Éthiopie, parfois aussi de la Mauritanie. De leur nom indien kapi est venu leur nom hébreu koph, qui se retrouve aussi presque sous la même forme en grec.
SINHAR,
nom primitif de la plaine de Babylone, Genèse 10:10; 11:2; 14:1; Josué 7:21; Daniel 1:2. On y trouvait, non seulement Babylone, mais encore Érek, Akad, Calné: d'où il résulte que cette contrée désignait, non seulement l'ancienne Babylonie, mais encore une partie de la Mésopotamie orientale. Le nom actuel de Sinsjara, ou Singara, est le seul souvenir qui reste de cet ancien nom si célèbre; il désigne, d'après Niebuhr, une chaîne de montagnes qui s'élève au sud de la route de Mossoul à Merdin, au milieu d'une plaine fertile, et qui est la seule chaîne un peu importante qui se trouve sur toute l'étendue de l'ancien territoire de Sinhar.
SINIENS,
Sinim, deux pays ou
peuplades dont l'orthographe est la même en
hébreu, sont nommées, l'une Genèse 10:17, où
il s'agit d'une race cananéenne habitant le
Liban, probablement le sud-ouest, et où l'on
retrouve encore un bourg Sinnas (Syn), déjà
mentionné par Strabon et par saint Jérôme;
— l'autre, Ésaïe 49:12. Il ressort du
contexte même que ce peuple ne saurait être
confondu avec la peuplade cananéenne; les
Siniens y sont représentés comme les
habitants d'une contrée fort éloignée qui
doit être cherchée à l'orient; les
commentateurs, depuis Arias Montanus, sont
presque tous d'accord à reconnaître qu'il
est question de la Chine dans ce passage.
Les Chinois portent un nom semblable déjà
dans Abulféda, et il n'est pas étonnant que
le nom de ce peuple immobile se retrouve
partout et toujours le même, comme celui des
Indous; dans les livres saints des
bouddhistes, la Chine est appelée Dschina;
en chinois, dschin signifie homme. L'opinion
de Bochart, ressuscitée des anciens qui
faisaient des Siniens les habitants de Sin
(Pelusium), q.v., est généralement
abandonnée, de même que celle qui confond
les Siniens avec la peuplade issue de
Canaan; cette dernière était au nord, Péluse
au sud, et c'est à l'orient qu'il faut
chercher les Siniens de la prophétie. Le
règne de Dieu est venu jusqu'à eux.
SION,
dont le nom signifie un lieu
sec et haut, ou exposé au soleil, était la
plus élevée des quatre collines sur
lesquelles était construite l'ancienne
Jérusalem; Robinson lui donne 2,360 pieds
au-dessus de la mer; d'autres 2,475. Elle
était située au sud-sud-ouest de la ville;
la vallée des Tyropéens la séparait de
Morija, d'Ophel et d'Acra. Le mont de Sion
s'abaisse rapidement à l'ouest et au sud
vers les profondes vallées de Gihon et de
Ben-Hinnom; son sol, comme celui des trois
autres collines, est calcaire et blanchâtre.
La montagne, du reste, est rarement citée
comme telle; sa position n'est indiquée
nulle part d'une manière positive, et
Flavius Josèphe, on ne sait pourquoi, non
seulement ne donne aucun détail précis sur
la situation de la colline, mais semble même
éviter de prononcer son nom. L'incertitude
qui règne sur l'identité des noms actuels
avec les lieux anciennement désignés par les
mêmes noms, n'a pas épargné la montagne de
Sion, et Lightfoot (de même que Calmet),
suivant les traces d'Aben Esra, et
s'appuyant sur une fausse interprétation de
Psaumes 48:2; Ézéchiel 40:2, l'a placée au
nord de Jérusalem. Mais sauf cet essai
malheureux, l'on est d'accord à reconnaître
que la Sion actuelle est bien la même que
l'ancienne.
— Après que Jérusalem eut été conquise par
les Jébusiens, la citadelle de Sion, élevée
sur la colline de ce nom, fut fortifiée
davantage encore, et devint le principal
boulevard de la terre sainte, 2 Samuel 5:7;
1 Chroniques 11:5. Jérusalem, située au
nord-est, fut appelée la fille de Sion, et
ce nom, dans le langage des prophètes
désigne souvent la ville sainte tout
entière; on dit aussi la montagne de Sion, 2
Rois 19:31; Psaumes 48:2; 78:68; 133:3;
Ésaïe 4:5; 29:8; Abdias 17, Hébreux 12:22;
— la montagne sainte, Psaumes 2:6; Joël
3:47;
— la demeure du Dieu d'Israël, Psaumes 9:11;
74:2; Ésaïe 8:18; 24:23; Jérémie 8:19, etc.;
et le nom du mont Morija sur lequel le
temple était construit, disparaît ainsi
devant le nom plus solennel de la Sion
sainte. Plusieurs auteurs, Olshausen entre
autres, étonnés de ce fait, en sont venus à
conclure contre toute la tradition que les
deux noms de Sion et de Morija ne
désignaient qu'une seule et même colline,
celle du temple.
— Des caveaux creusés dans les flancs du
mont de Sion renfermaient les sépulcres de
David et de plusieurs de ses successeurs,
dont il est écrit qu'ils furent ensevelis
dans la cité de David, 1 Rois 2:10; 14:43,
etc. Jean Hyrcan, puis plus tard Hérode le
Grand, firent ouvrir ces tombeaux et en
arrachèrent tout ce qu'ils renfermaient de
précieux; au dire de Dion Cassius, une
partie du tombeau de Salomon s'écroula, sous
Adrien, pendant le second siège de
Jérusalem. Quoi qu'il en soit, ces monuments
existaient encore au temps des apôtres,
Actes 2:29, et il est probable que des
fouilles faites dans le mont de Sion les
feront découvrir et reconnaître tôt ou tard;
une petite mosquée est aujourd'hui bâtie sur
la place où la tradition prétend que se
trouve le tombeau de David.
— Sion, dont la moitié seule est encore
comprise dans les murailles de la Jérusalem
moderne, est véritablement désolée; ses
tours et ses forteresses sont détruites,
sauf la tour d'Hippicus qui s'élève sur la
place même du fort de David, et en présence
de tant de ruines, quand la montagne reste
seule debout, on comprend l'exclamation du
psalmiste, 125:1; la charrue se promène sur
ces mêmes terrains où s'agitaient jadis les
bannières des guerriers, et la prophétie
s'est accomplie, Michée 3:12.
Sion est aussi le nom d'une ville
d'Issachar, Josué 19:19, que l'on trouvait
encore au temps d'Eusèbe et de Jérôme sous
le nom de Séon.
— Il résulterait enfin de Deutéronome 4:48;
cf. Psaumes 133:3, que le mont Hermon était
quelquefois appelé Sion.
SIPHRA
(éclat, beauté), et Puah (la brillante, d'après Simonis; sifflante, d'après Mackensie), sages-femmes qui, ayant reçu l'ordre de Pharaon de mettre à mort tous les fils qui naîtraient aux Hébreux, éludèrent cet ordre et répondirent par un mensonge aux reproches qui leur furent faits par le roi au sujet de leur désobéissance. Elles craignaient le Dieu d'Israël, et Dieu les récompensa, non pour leur mensonge, mais pour leur foi; Dieu leur donna des maisons, Exode 1:15, etc.
SIPPAÏ,
— Voir: Saph.
SIRA,
2 Samuel 3:26, citerne située près d'Hébron.
SIRJON,
— Voir: Hermon.
SISAK,
roi d'Égypte, contemporain des
dernières années de Salomon et des premières
de Roboam, 1 Rois 11:40; 14:25 (environ 980
avant J.-C.). Il fournit un asile à Jéroboam
compromis, et favorisa plus tard
l'établissement de son protégé, comme roi
des dix tribus, en faisant, autant par
calcul que par amitié, une invasion dans le
royaume de Juda (vers 970); à la tête d'une
nombreuse armée, il s'empara de plusieurs
places fortes, et ne se retira qu'après
avoir contraint le monarque hébreu de
capituler et de se reconnaître son
tributaire.
— Sisak est le Sesonchis, ou Sesonchusis de
l'histoire profane, le premier roi de la 22e
dynastie égyptienne (les Bubastides),
quoique Eusèbe fasse de Sesonchis le
contemporain de Joas, et que d'autres
fassent de Sisak le Psusennes de la 21e
dynastie (tanitique), qui régna quarante-un
ans, ou le Psosennus qui régna trente-cinq
ans; quelques nouveaux chronologistes ont
même confondu Sisak avec Sésostris.
Dans le palais de Karnak, à Thèbes, se
trouve un immense bas-relief qui représente
Sesonchis traînant aux pieds des dieux les
chefs des nations vaincues; le royaume de
Juda y est distinctement représenté par un
personnage à barbe longue et pointue: ce
bas-relief a trois mille ans.
SISÉRA,
chef des troupes du roi cananéen Jabin, Juges 4:2, etc. Vaincu par Barac, il dut s'enfuir; il implora l'hospitalité de Jahel, se cacha dans sa tente, et en reçut le coup de mort. Son nom est rappelé dans le cantique de Débora, Juges 5:20,26, puis par Samuel et par Asaph, 1 Samuel 12:9; Psaumes 83:9.
SITHRI,
fils d'Huziel et cousin d'Aaron, Exode 6:22. Son nom n'est pas rappelé avec ceux de ses frères lors de la sépulture de Nadab et d'Abihu, Lévitique 10:4, soit qu'il fût mort, soit pour tout autre motif.
SITNAH,
Genèse 26:21. Ce nom, dérivé de satan, discuter, quereller, fut donné par les bergers d'Isaac à un puits dont les bergers cananéens leur disputèrent la possession.
SITTIM.
-
Campement des Israélites, connu par de grands péchés et de grandes plaies, Nombres 25:1; 33:49; cf. Michée 6:5. Il était situé dans les plaines de Moab, à l'est de la mer Morte. Josué envoya de là des espions à Jérico, Josué 2:1. Une journée suffit à l'armée pour se rendre de Sittim aux bords du Jourdain, 3:1. D'après Flavius Josèphe, la distance ne serait que de 60 stades. La vallée de Sittim nommée Joël 4:18, est un nom appellatif qui doit être traduit par vallée des acacias, c'est-à-dire vallée aride et stérile, parce que l'acacia préfère, en général, un terrain sec à un terrain humide. C'est en deçà du Jourdain qu'il faut chercher cette vallée qui, du reste, ne peut être déterminée de plus près; quelques-uns la placent dans les environs de Jérusalem; peut-être est-ce une partie de la vallée de Cédron.
-
Il est souvent parlé dans l'Écriture du bois de sittim (shitta, shittim), employé pour la construction du tabernacle, de l'arche de l'alliance, de la table des pains de proposition, etc., Exode 25:5; sq. 26:15; sq. 27:1; 30:1; 35:7,24; 37:1; 38:1; Deutéronome 10:3. Le mot sittim est d'origine égyptienne; mais, sauf Luther qui le traduit par pin (Fœhrenholz), on est généralement d'accord à l'entendre de l'acacia. Il y en a plusieurs espèces, sans compter l'acacia de nos contrées, qui n'a rien à faire avec l'acacia véritable, et qui est connu sous le nom de faux acacia, ou robinia pseudoacacia. Les espèces principales sont originaires de l'Égypte et de l'Arabie, et l'on ne peut pas déterminer de laquelle il est plus spécialement question dans les livres de Moïse,
-
L'acacia véritable (vera, ou mimosa nilotica de Linnée), est un grand arbre dicotylédone, à forts et nombreux rameaux, à écorce rougeâtre, dont les épines sont noires, longues d'un demi-doigt, et unies par paires; les feuilles sont divisées en folioles qui se terminent en pointes; les fleurs sont jaunâtres, odorantes, formées en épis; elles donnent une cosse d'un brun-noirâtre. La gomme qui découle de cet arbre est bien connue sous le nom de gomme arabique.
-
L'acacia arabica ressemble beaucoup au précédent; il a, comme lui, des épines, une écorce brunâtre, des feuilles disposées par paires, et une cosse de la grosseur d'une groseille.
— Le bois de l'acacia est extrêmement dur, et résiste même à l'action de l'eau; il est en même temps fort léger, et brunit avec le temps; lorsqu'il est vieux, il est presque aussi noir que de l'ébène; aussi était-il très estimé des anciens, et l'on s'en servait en particulier pour la construction des vaisseaux.
-
SMYRNE,
ville de l'Ionie, célèbre surtout comme place de commerce. Elle était située à 15 lieues nord d'Éphèse, à l'embouchure du Mélès, sur un golfe de la mer Égée, à laquelle elle avait donné son nom. Fondée, dit-on, par l'amazone Smyrna, elle était peu de chose dans les commencements; détruite par les Lydiens, elle resta presque déserte pendant quatre cents ans, se releva sous Alexandre le Grand, ou, d'après Strabon, sous Antigone (à 20 stades de son ancien emplacement), fut renversée par un tremblement de terre en 178 ou 180, fut restaurée par Marc Aurèle, et atteignit sous les empereurs romains le plus haut degré de prospérité; ses rues étaient pavées et coupées à angle droit. Le christianisme y fut annoncé de bonne heure, et une église s'y fonda, Apocalypse 1:11; 2:8. La Smyrne actuelle est encore la place la plus commerçante de l'Asie Mineure; elle compte environ 120,000 habitants, dont 9,000 Juifs, 1,000 Européens, 8,000 Arméniens, et 20,000 Grecs.
SO,
roi d'Égypte, dont Osée rechercha l'alliance, mais qui ne sut pas défendre son protégé contre Salmanéser, roi d'Assyrie, 2 Rois 17:4. On peut même conclure de Ésaïe 20, que Sargon, l'un des princes assyriens, aurait remporté sur lui de grands avantages. So est ou le Sabacon de l'histoire profane, de race éthiopienne, chef de la 25e dynastie, ou Sévéchus, son fils, ou, selon Hitzig, Set ou Séthon, de la 23e dynastie, dite tanitique. La seconde opinion serait rendue plus vraisemblable par l'orthographe orientale des noms.
SOBAC, ou Sophach,
2 Samuel 10:16, ou Sophach, 1 Chroniques 19:16, chef des armées d'Hadadhéser, marcha contre David jusqu'à Hélam, où il fut défait; il mourut sur le champ de bataille, tué peut-être de la main même de David.
SOBAL,
père ou prince de Kiriath-Jéharim, où l'arche fut longtemps déposée, 1 Chroniques 2:50. On trouve aussi ce nom répété parmi les descendants d'Ésaü, Genèse 36:20,23,29, etc., et l'histoire des croisades nous parle d'une Syrie de Sobal, située au sud de la Palestine, dans l'Arabie Pétrée, et d'une ville forte de ce nom.
SOBI,
fils de Nahas, et frère ou neveu du dernier roi des Hammonites, désapprouva sans doute l'outrage fait aux ambassadeurs de David, et contribua à soutenir, en lui envoyant des provisions, le monarque hébreu fuyant devant son fils. Sobi continua de vivre paisiblement à Rabba, où il exerça peut-être même quelque autorité sur les débris soumis de son peuple, 2 Samuel 17:27.
SODOME,
ville de la vallée de Siddim,
dans laquelle Lot s'était établi, attiré par
la beauté et la fertilité de ses environs,
plus sans doute que par l'hospitalité et les
mœurs de ses habitants, Genèse 13:12; 14:12;
19:1. Elle était gouvernée par ses propres
rois, Genèse 14:2,8, etc. Elle partagea le
sort de Gomorrhe et des autres villes de la
plaine, Genèse 18, et 19; le feu du ciel
embrasa son sol bitumineux, qui se fondit,
s'abîma dans les eaux souterraines qu'il
recouvrait, et la mer Morte occupe depuis
cette époque la place d'une vallée qui avait
la réputation d'être une espèce de paradis
terrestre.
— Flavius Josèphe, et depuis lui quelques
voyageurs, parlent d'une espèce de fruit
auquel ils donnent le nom de pomme de
Sodome, beau à voir, et en apparence bon à
manger, mais qui se réduit en cendres quand
on le touche pour l'ouvrir. Il serait
difficile de contester d'une manière absolue
l'existence de produits analogues à celui
dont on parle, mais c'est à l'histoire
naturelle d'en établir et surtout d'en
expliquer la nature et l'existence.
— Les auteurs sacrés rappellent souvent le
nom de Sodome pour montrer que, de tout
temps, le jour du Seigneur vient sur ceux
qui se croient en sûreté dans l'oubli de
Dieu et au sein de leurs péchés, Ésaïe 1:9;
13:19; Jérémie 49:18; 50:40; Sophonie 2:9;
Ézéchiel 16:46; Deutéronome 29:23; Matthieu
10:15, etc. Au temps de notre Seigneur, et
même à une époque moins ancienne, on doit
avoir vu, près des bords de la mer Morte,
des ruines de murs et de palais dans
l'emplacement des villes détruites;
plusieurs notices parlent même de Sodome
comme d'une ville épiscopale, et c'est un
Sévère, évêque de Sodome, qui souscrivit
l'un des premiers au symbole du synode de
Nicée.
— Cette contrée doit être un jour
renouvelée, Ézéchiel 16:53; 47:8, etc.
SOIE.
Cette substance précieuse que l'Orient vendait aux Grecs et aux Romains au poids de l'or, et qui paraît originaire de la Chine et du Thibet, où du moins on commença de la travailler, n'est nommée d'une manière positive et incontestée que Apocalypse 18:12. On n'oserait affirmer qu'elle soit nommée dans l'Ancien Testament, quoique Luther, Calmet et d'autres auteurs, aient cru la trouver dans certains passages, tels que Exode 25:4; Esther 1:6; 8:15; Ésaïe 19:9; Lamentations 4:5; Ézéchiel 16:10,13; 27:16. Il serait possible cependant qu'elle fût désignée par le meshi de Ézéchiel 16:10,13. (Gesenius, Hævernick). Au temps des Ptolémée, la soie était l'un des articles les plus importants du commerce alexandrin, et les Israélites peuvent l'avoir reçue d'eux, soit directement, soit par l'intermédiaire des Phéniciens.
SOLEIL,
— Voir: Création.
Ce grand luminaire, dont la lumière et la
chaleur répandent sur le monde entier tant
de bienfaits, est l'une des créations qui
ont été l'une des premières, et bien
naturellement, substituées au créateur dans
le culte impur d'une humanité remplie de
ténèbres, Hérodote 1, 212. 216, etc. Ce
culte du soleil, familier aux Sabéens, aux
Égyptiens, aux Perses, aux Grecs et aux
Romains, qui l'adoraient sous les noms
d'Apollon, Osiris, On, Mithra, etc., ne fut
pas étranger aux Cananéens, quoique
l'identification de Bahal et du soleil,
affirmée par quelques auteurs, ne puisse pas
être prouvée; mais les fêtes d'Adonis, et
les célèbres temples du soleil élevés à
Héliopolis, Émèse, Palmyre, Hiérapolis, sont
des preuves du culte que les Syriens, les
Phéniciens, et sans doute aussi d'autres
peuplades cananéennes, rendaient à cet agent
vivificateur de la nature. Les tribus
égarées loin du vrai Dieu glissèrent au bord
du précipice, et diverses traces nous
montrent qu'au milieu de leurs autres
idolâtries, elles surent donner une place au
culte du soleil. Nous voyons en effet, 2
Rois 23:11, le char d'Apollon et les quatre
chevaux blancs que les Perses attelaient au
blanc chariot du soleil; ce furent des rois
de Juda qui se rendirent coupables de ce
crime. Ailleurs, Jérémie 19:13; Sophonie
1:5; cf. 2 Rois 23:5, c'est une allusion à
la coutume d'offrir à l'armée des cieux, aux
astres, des parfums du haut des toits,
coutume empruntée aux Nabathéens. Les
paroles d'Ézéchiel 8:17: «Ils mettent une
écharde à leurs nez», ont aussi été, par
quelques commentateurs, rapportées au culte
du soleil. Winer, par exemple, en modifiant
la traduction et en lisant: «Ils tiennent
des épines devant eux», voit dans ce passage
une allusion à la coutume des Perses de
saluer le soleil en tenant à la main un
barsom, un faisceau de branches de palmiers
ou de grenadiers; mais cette explication est
forcée, et il vaut mieux entendre la phrase,
soit proverbialement avec Lightfoot, dans le
sens de: ils jettent de l'huile sur le feu,
soit avec Hævernick comme une allusion à la
coutume païenne de se déchirer le visage
dans le deuil,
— Voir: encore Deutéronome 4:49;
17:3; Job 31:26; sq. Ézéchiel 8:16;
enfin Lévitique 26:30, et Ésaïe 17:8, où le
mot hammanim, traduit par tabernacles,
signifie probablement statues du soleil; le
dieu du soleil est appelé Bahal Hamman sur
des inscriptions phéniciennes.
— Le soleil sert, dans les écrivains sacrés.
à la plupart des plus nobles similitudes,
Ésaïe 13:10; 24:23; Jérémie 15:9; Ézéchiel
32:7; Joël 2:31; Amos 8:9. Trois miracles
extraordinaires dont cet astre fut l'objet,
sont rapportés dans l'histoire sainte: le
soleil s'arrête à la voix de Josué, son
ombre recule sur le cadran d'Achaz, il perd
sa lumière à la mort du Sauveur, Josué
10:12; 2 Rois 20:11; Matthieu 27:45; on
verra, aux articles spéciaux, les essais
d'explication qui en ont été donnés. Jésus
est appelé le soleil de justice, Malachie
4:2. (Un beau sermon de M. Laget sur ce
texte mérite d'échapper à l'oubli). Le
soleil est considéré comme l'emblème de
l'éternité, Psaumes 72:5; 89:36; cf. Ésaïe
30:26. La femme revêtue du soleil,
Apocalypse 12:1, c'est l'Église
personnifiée.
SOLHAM,
Lévitique 11:22,
— Voir: Sauterelles.
SONGES.
Indépendamment de ces rêveries sans valeur, qui peuvent provenir d'un état maladif, ou d'un accident quelconque, et qui sont le symbole du néant, Job 20:8; Ésaïe 29:7; Ecclésiaste 5:3; Psaumes 73:20, les Hébreux, comme tous les peuples de l'antiquité, et comme les Orientaux en particulier, comptaient des songes significatifs et prophétiques. Ces songes, songes du matin surtout, ne seraient autre chose que le développement d'une faculté que personne ne pense à méconnaître entièrement, celle du pressentiment; elle se développerait d'une manière plus active, lorsque le corps ayant cessé ses fonctions laisse le système nerveux, et l'âme, plus libres d'agir. L'Écriture, Job 33:15, et l'observation se réunissent pour lever un coin du voile qui recouvre les mystères du sommeil, et les explications les plus naturelles n'empêcheront pas que les songes ne soient dans certaines circonstances ce qu'ils ont déjà été, des instructions et des avertissements. Les païens, vivant sans Dieu, mais ne pouvant se passer de directions supérieures, avaient multiplié les signes et symboles de, l'avenir; tout servait à des divinations; les songes ne furent pas négligés, et les auteurs profanes sont remplis d'allusions à ces légères divinités que les dieux envoyaient aux hommes pour les sauver ou pour les perdre, cf. Cic. Divin. 1, 43, etc.; des hommes spéciaux étaient chargés d'expliquer les songes dans les cas difficiles, et nous voyons cet usage régner déjà chez les Égyptiens, Genèse 40:5,8. 41:8,15. Joseph seul comprend des avertissements envoyés de Dieu, et que les habiles du pays se sont déclarés incapables d'expliquer. Les rois cananéens, les patriarches, les juges, offrent aussi de fréquents exemples de ce mode de révélation, Genèse 20:3; 31:10,24; 37:5; Juges 7:13; 1 Samuel 28:6; 1 Rois 3:5; cf. Matthieu 27:19. Chez les prophètes, les songes étaient souvent accompagnés de visions, Nombres 12:6; Joël 2:28, et pendant la période de la captivité babylonienne, ce fut surtout par des songes que Dieu découvrit l'avenir, soit à ses prophètes, soit aux rois païens victimes de leur vain orgueil, Daniel 2:2,4-5; 5:12; 7:1, etc. C'était tantôt une manifestation claire et parlée de la volonté divine, Genèse 20:3; 1 Samuel 28:15; Matthieu 1:20; 2:12,19, tantôt une image symbolique dont il fallait rechercher la signification, Genèse 37:7; Juges 7:13. Dans ce dernier cas, l'on s'adressait à ceux qui faisaient profession d'expliquer les songes, et qui étaient en général des personnages très recherchés et très considérés, Genèse 41, Daniel 1. Les mages de la Caldée s'étaient en particulier acquis dans ce genre d'exercice une grande réputation, comme les esséens parmi les Juifs. Mais s'il est vrai qu'il y ait, ou qu'il puisse y avoir dans les songes des indices des choses futures, le chrétien ne saurait leur accorder qu'une faible et prudente attention; plus que le Juif, il est à même de consulter le grand prophète suscité de Dieu, Deutéronome 18:15-18. La loi et le témoignage doivent lui suffire, et il n'est aucun de nos intérêts, comme aucun de nos devoirs, que la sagesse éternelle n'ait parfaitement prévu, cf. Lévitique 19:26; Deutéronome 18:10. Les faux prophètes avaient aussi leurs songes, et ils en abusaient pour séduire le peuple, Jérémie 23:25,27; le succès même et la réussite de leur divination étaient un piège de plus tendu aux simples, et la peine de mort était prononcée contre ceux qui, s'appuyant sur l'accomplissement de leurs prédictions, cherchaient à semer l'idolâtrie en Israël, Deutéronome 13:1-3. Satan fait aussi des miracles.
SONNETTES des chevaux.
On a parlé, à l'article Prêtre,
des sonnettes d'or (72, disent les Juifs)
que les prêtres portaient à la frange
inférieure de leur rochet, Exode 28:33;
39:25. Il résulte aussi de Zacharie 14:20,
que les chevaux, comme dans l'Orient
moderne, étaient souvent ornés de petites
clochettes. Ce sont les seuls cas où
l'Ancien Testament en fasse mention.
Quand il est dit, Zacharie 14, «En ce
temps-là, il sera écrit sur les sonnettes
des chevaux: Sainteté à l'Éternel»,
cela signifie que, dans le monde à venir,
toutes choses, jusqu'aux plus modestes,
seront consacrées à Dieu. (Guers)
SOPATER,
Actes 20:4, probablement le même que Sosipater, Romains 16:21, était parent de saint Paul, natif de Bérée, et, selon la tradition, fils d'un nommé Pyrrhus. Il suivit l'apôtre de Grèce en Asie Mineure.
SOPHACH,
— Voir: Sobac.
SOPHONIE
(Tsephanyah; celui que l'Éternel a caché, ou, celui à qui l'Éternel a révélé les choses cachées, ou encore, guérite de l'Éternel).
-
Le neuvième des petits prophètes, fils de Cusi, appartenait à une grande famille, et remontait par quatre générations au roi Ézéchias: il prophétisa sous Josias, après Habacuc, et avant la destruction de Ninive, 2:13-15, deux dates bien vagues qu'indique le livre lui-même, probablement avant la dix-huitième année de Josias, et l'achèvement des réformes opérées par ce prince, cf. 1:4; 3:4; 2 Rois 23:4-5. Il a concentré dans la courte prophétie qui nous reste de lui, le résumé des prophéties qu'il dut prononcer pendant l'époque de son ministère publie, la censure des vices de son temps, des avertissements aux pécheurs endurcis qui marchent sans crainte à la rencontre d'une vie qu'ils ignorent, des avertissements à ceux dont la conscience n'est pas encore endurcie aux appels de Dieu, l'assurance donnée aux justes qu'ils seront épargnés au jour de la vengeance, et l'espérance glorieuse réservée à la fille de Sion. La promesse succède à la menace, la grâce vient après la justice, ou pour mieux dire, là, comme partout, en petit comme en grand, l'Évangile succède à la loi. Il n'est pas nécessaire d'admettre pour cela, comme le font la plupart des modernes, que le livre se divise en deux oracles distincts; car d'abord, la limite qui sépare les deux oracles, n'est pas bien déterminée, puisque ceux qui l'admettent, diffèrent sur l'endroit où commence le second, puis il est très naturel que dans le même oracle, le prophète, après avoir censuré les pécheurs, console les justes, et encourage ceux qui s'amendent.
— Il y a peu de commentaires spéciaux sur ce livre; l'un des meilleurs parmi les modernes, est l'ouvrage latin de Strauss (F. Α.), Berlin 1843.
-
Sophonie, Zacharie 6:10,14, père de Josias, inconnu.
-
Sophonie, fils de Mahaséja, sagan ou second sacrificateur (vicaire, Jérémie 52:24, c'est le seul passage de l'Écriture, où cette charge soit mentionnée; le sagan suppléait le souverain sacrificateur dans les cas où celui-ci était empêché de fonctionner.) Sophonie, vicaire de Séraja, paraît avoir été au nombre des ennemis cachés de Jérémie; ayant reçu de Sémahja de Babylone une lettre où Jérémie lui était dénoncé comme faux prophète, il en fit publiquement la lecture en présence du prophète, qui n'hésita pas à répondre immédiatement par une lettre dans le sens de ses précédents oracles, Jérémie 29:25. II avait été deux fois chargé par Sédécias d'aller demander les conseils de Jérémie, 21:1; 37:3, mais on n'a aucun détail sur la manière dont il remplit son message. Il fut mis à mort à Ribla par ordre de Nébucadnetsar, 2 Rois 25:18; Jérémie 52:24.
SOREK,
vallée située entre Askélon et Gaza, et traversée par un torrent du même nom, le plus grand de toute la côte jusqu'au Carmel, le Bésor excepté; les auteurs ne sont cependant pas d'accord sur le torrent désigné parce nom; les uns disent qu'il se jette dans la mer près d'Askélon, les autres entre Asdod et Hékron. Délila, maîtresse de Samson, était native d'un petit bourg situé près de là, Juges 16:4, et Eusèbe dit que de son temps on voyait au nord d'Éleuthéropolis un village nommé Kaphar Sorek (village de Sorek) où la tradition portait que Samson avait vécu habituellement. Il n'y a nul doute que ce bassin auquel appartenaient la vallée des Térébinthes et celle d'Escol ou des Raisins, n'ait reçu son nom des belles vignes qui croissaient sur son terroir; c'était une petite espèce de raisins fort doux, et dont la graine est si molle qu'on a dit quelquefois qu'ils n'avaient pas de pépins; ce plant originaire de Syrie, où il porte encore le nom de serki, serait nommé Ésaïe 5:2; Jérémie 2:21; Genèse 49:11.
SORT.
L'usage du sort est fort ancien
chez les peuples orientaux, comme chez tous
les peuples primitifs dont l'intelligence
n'a pas encore été développée par la
connaissance. Non seulement il plaît à
l'imagination en lui fournissant une
préoccupation vive et facile, mais encore il
ne fatigue pas le jugement, il le laisse
reposer, et décharge de toute responsabilité
celui qui s'abandonne en aveugle à l'aveugle
destin, ou le fidèle qui dévotement pense
avoir le droit de s'en remettre à Dieu seul
pour les décisions importantes de sa vie.
L'Ancien Testament nous fournit plusieurs
exemples de païens consultant le sort; Haman
le consulte, Esther 3:7, pour fixer le jour
où les Juifs devront être exterminés; les
nautonniers l'interrogent, Jonas 1:7, pour
connaître quel est au milieu d'eux le
coupable que poursuit sur la mer la
vengeance céleste; Nébucadnetsar le jette
sur deux flèches pour savoir le chemin qu'il
doit prendre, Ézéchiel 21:26, etc. Les
Hébreux aussi le consultent, d'après l'ordre
de Dieu, pour le partage de Canaan conquis,
Nombres 26:55; 33:54; 34:13; 36:2; Josué
14:2; 18:6; 19:51. C'est le sort qui assigne
à chaque famille son héritage, et aux
Lévites les villes de leur possession; de
même au retour de l'exil, Néhémie 11:1. Le
sort décide, au temps de David, de l'ordre
dans lequel les vingt-quatre classes de
prêtres doivent servir dans le temple, 1
Chroniques 6:54,61; cf. Néhémie 10:34; Luc
1:9. Il désigne ceux des hommes du pays, dix
sur cent, qui doivent prendre part à
l'expédition contre les Benjamites, Juges
20:10. Il préside au partage du butin, 1
Chroniques 24, et 25, et les vêtements de
notre Sauveur sont jetés au sort, Matthieu
27:35; Jean 19:24; cf. Psaumes 22:18. Dans
les enquêtes criminelles, et en l'absence de
témoins suffisants, on procède de la même
manière: Hacan, Jonathan, Jonas sont
découverts, Josué 7:14; 1 Samuel 14:42;
Jonas 1:7. Saül enfin est nommé roi, et
Matthias apôtre par le sort, 1 Samuel 10:20;
Actes 1:26.
— La législation mosaïque ne fournit qu'un
seul exemple où l'emploi du sort soit
commandé, c'est celui de la mise en liberté
d'un des boucs offerts pour le peuple en
expiation de ses péchés, Lévitique 16:8-10,
et les passages Proverbes 16:33; 18:18, sont
les seuls où la sagesse divine semble
accorder une espèce d'approbation à cette
manière hasardée de trancher les questions
difficiles, Dieu lui-même décidant toujours
des événements, quels que soient les moyens
qu'on emploie. La Bible ne donne pas de
détails sur la manière dont le sort était
jeté; on suppose que c'était de dés (une
fois de flèches) qu'on se servait
habituellement; quelques-uns pensent aussi,
mais à tort, que l'Urim et le Thummim était
une espèce de sort.
— Quant à la fête des sorts,
— Voir: Purim.
Les chrétiens ne sont pas d'accord sur la
légitimité actuelle de l'emploi du sort;
quelques-uns, les frères Moraves surtout (—
Voir: Bost, Hist. des Moraves, II, p.
74, et ailleurs) l'emploient sans scrupule,
et peut-être trop souvent, là même où les
directions ordinaires de l'Évangile
devraient suffire; d'autres regardent comme
un péché d'y avoir recours: c'est un point
sur lequel nous croyons que la conscience
chrétienne doit rester libre, Le sort n'est
pas défendu, et nous voyons le collège
apostolique nous donner le premier l'exemple
non seulement de la tolérance, mais de
l'usage même. Il peut se présenter des cas
décidément douteux, et dans ces cas s'en
remettre au sort avec un esprit de prière,
c'est s'en remettre au Seigneur.
SOSANNIM,
— Voir: Musique.
SOSIPATER,
— Voir: Sopater.
SOSTHÈNES.
Successeur de Crispus comme chef de la synagogue de Corinthe, à l'époque de Gallion et du second voyage missionnaire de Paul, Actes 18:17. Compromis dans l'émeute provoquée par son troupeau contre les chrétiens, et le tribunal ayant décliné sa compétence en matière de controverses religieuses, il fut battu par les Grecs, qui voulaient peut-être faire leur cour au président du tribunal, en protestant de cette manière contre l'appel au bras séculier que les Juifs avaient inutilement tenté. D'autres leçons, moins probables, portent que ce furent les Juifs qui battirent leur chef, soupçonné d'être favorable à l'apôtre. Il paraît en effet, qu'à l'exemple de son prédécesseur, il se joignit plus tard aux disciples, 1 Corinthiens 1:1. (Michaélis, Winer, etc., pensent qu'il ne s'agit pas de la même personne dans ce dernier passage). Eusèbe le range au nombre des soixante-dix disciples, et le fait devenir évoque de Colophon.
SOULIERS.
Les Grecs, les Romains et les
Orientaux de tous les temps, portaient, au
lieu de souliers, des sandales, ou simples
semelles de cuir ou de bois, rattachées sur
le coude-pied par des courroies, Genèse
14:23; Ésaïe 5:27; cf. Luc 3:16, et
plusieurs bas-reliefs ou sculptures de
Persépolis nous ont conservé l'image de
cette ancienne chaussure aussi simple que
conforme aux besoins des climats
méridionaux. Les sandales des femmes étaient
en général ornées avec beaucoup de luxe,
Judith 16:11; Ézéchiel 16:10; cf. Cantique
7:1. Virgile Æneid. 1, 335, etc.; elles
étaient teintes en pourpre ou de plusieurs
couleurs, soit que cet ornement ne fût donné
qu'aux courroies, soit qu'elles eussent déjà
un léger rebord qui en aurait fait des
espèces de pantoufles et aurait servi
d'acheminement aux souliers proprement dits,
que les riches et les nobles d'entre les
Perses ne tardèrent pas à substituer aux
simples semelles du soulier primitif. Les
derniers des esclaves avaient à s'occuper de
la chaussure de leurs maîtres, pour la lier,
la détacher ou la porter, Matthieu 3:11;
Marc 1:7; Jean 1:27; Actes 13:25. On ne
portait pas de souliers dans les
appartements; aussi, lorsqu'on rendait une
visite, avait-on soin de se déchausser avant
d'entrer. Ce n'était qu'au festin pascal,
par exception, que les Israélites gardaient
leur chaussure, afin de mieux figurer les
préparatifs du voyage que ce repas leur
rappelait, Exode 12:11, car en voyage, tous
ceux qui en avaient les moyens marchaient
chaussés, Actes 12:8. C'est les pieds nus
que de bonne heure on aborda les lieux
consacrés à la divinité, Exode 3:5; Actes
7:33; Josué 5:15, et la tradition juive
porte que c'est aussi nu-pieds que les
prêtres remplissaient leurs saintes
fondions, soit qu'il s'y mêlât une idée de
macération, soit que ce fût par une idée de
pureté, soit enfin qu'il n'y eût là qu'une
marque conventionnelle de respect, comme
dans la mode européenne de se découvrir la
tête; Dans un grand deuil, on marchait aussi
déchaussé, 2 Samuel 15:30; Ézéchiel
24:17,23; Ésaïe 20:2. La coutume juridique,
d'ôter le soulier de celui qui refusait
d'épouser sa proche parente, veuve sans
enfants, Deutéronome 25:9,10; Ruth 4:7,
s'explique peut-être par l'idée assez
naturelle, que toucher la terre de son
soulier, c'est en prendre possession, que ce
que l'on lient sous son pied, sous sa
pantoufle, on le possède; le refus de
posséder se constaterait alors par le
dépouillement de la chaussure; on a rattaché
à cet usage les passages Psaumes 60:8;
108:9, et l'on se rappelle que les rois
d'Orient jetaient leur soulier sur un objet
comme signe de leur souveraineté; quoique
ces passages soient obscurs, et que d'autres
explications aient encore été essayées,
c'est cependant autour de cette idée que
leur vraie signification doit être cherchée.
— Quant aux mesures de propreté nécessitées
par l'usage d'une chaussure qui laissait une
partie du pied exposée à la poussière,
— Voir: Purification.
SOURCES,
— Voir: Ruisseaux, Puits, Fontaines.
SOURIS.
La famille entière des souris,
les rats y compris, était déclarée impure
dans la loi de Moïse, Lévitique 11:29.
Quelques-unes des espèces ont cependant été
regardées comme un mets délicat par les
Arabes, et par les Romains mêmes, qui
élevaient des loirs pour leurs tables. Le
nom hébreu hak'bar (mange-champ,
ou mange-blé), désignerait plus
spécialement le rat des champs, si
tristement célèbre dans les campagnes; c'est
l'espèce mentionnée 1 Samuel 6:4; sq., parmi
les tributs que les Israélites imposèrent
aux Philistins, et Ésaïe 66:17, parmi les
objets d'un culte impur. On ne voit nulle
part que les souris aient été réellement
adorées, ni même offertes en sacrifices,
mais comme c'est un animal qui demeure sous
terre et dans l'obscurité, il n'y a rien
d'étrange à ce que son nom soit mêlé aux
cérémonies de magie nocturne censurées par
le prophète. Quant à Ésaïe 2:20,
— Voir: Taupes.
SPARTE.
Cette célèbre capitale de la Laconie, au sud-est du Péloponèse, cette capitale de la république lacédémonienne, cette ville si irrégulièrement bâtie sur plusieurs collines, qui n'eut jamais d'autres remparts que sa situation et le courage de ses habitants, et dont il ne reste plus maintenant que des ruines, n'est nommée nulle part dans l'Écriture sainte. Elle ne trouve de place ici que parce que quelques auteurs ont voulu l'identifier avec Sépharad, Abdias 20, et parce que une tradition juive fait descendre les Spartiates d'Abraham, 1 Maccabées 12:21. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 13, 5; 8; 12, 14; 9. Grotius et Calmet, sont parmi les modernes, les plus fortes autorités qui aient pris cette parenté sous leur patronage; Bochart, Huet et Michaélis, se donnent en revanche beaucoup de peine pour expliquer comment un malentendu a pu donner lieu à cette tradition. Quant au fond de la question, nous n'avons pas à l'examiner.
STACHYS,
disciple de Rome, ami de Paul, Romains 16:9, probablement Grec d'origine; du reste, inconnu. La tradition le fait évêque de Constantinople.
STACTE,
gomme odoriférante qui découle
naturellement de l'arbre de myrrhe, et à
laquelle aucune autre ne saurait être
préférée, Pline 12, 75. On a cru, d'après
les Septante, qu'elle était désignée par
l'hébreu nataph, Exode 30:34, et nos
versions ont suivi cette traduction. Mais la
myrrhe a déjà un autre nom hébreu, et
d'ailleurs il ne paraît pas qu'elle fût
employée sèche et froide, tandis que c'est
après avoir été pilée que la substance
mentionnée dans l'Exode, entrait dans la
composition du parfum du sanctuaire. On
croit plutôt que le nataph désignait la plus
fine gomme du storax, et que l'arbre
lui-même est désigné Genèse 30:37. Osée
4:13, sous le nom de libneh (le blanc), que
nos versions ont rendu par peuplier, q.v. Le
storax croît en Syrie, en Arabie, dans
l'Asie Mineure, en Éthiopie, et même dans
les contrées méridionales de l'Europe; il
atteint une hauteur de 4 à 7 mètres et
ressemble sous quelques rapports au
cognassier; il jette une quantité de petites
branches; ses feuilles, ovées et pétiolées,
ont 6 à 8 centimètres de long, sur 4 à 5 de
large; ses fleurs sont d'un blanc de neige
et terminent en bouquet l'extrémité des
branches; elles répandent une odeur fort
agréable; le fruit est une espèce de petite
noix qui contient deux graines, dures,
lisses et d'un goût très acre. Une résine
transparente, blanchâtre ou d'un rouge brun,
tendre, plus agréable à l'odorat qu'au goût,
découle de cet arbre, soit naturellement,
soit par le moyen d'incisions qui, en
rendant le produit plus abondant, nuisent
cependant au développement et à la vie de
l'arbre.
— On a cri aussi que l'hébreu nekoth,
traduit par drogues, Genèse 37:25; 43:11,
désignait le stacte ou le storax; les
Septante l'ont rendu par aromates en
général; le sens n'en est pas exactement
déterminé; l'analogie de l'arabe fait
supposer qu'il s'agit d'une espèce
d'astragale, le tragacanthe, qui produit une
gomme blanche et dure, sans goût ni odeur,
que l'on trouve sous ce nom dans nos
pharmacies.
— C'est aussi par stacte que Luther a
traduit à tort l'hébreu shehheleth.
— Voir: Onyx.
STADE.
-
Mesure de chemin, grecque d'origine, et qui depuis Alexandre le Grand, fut généralement admise en Orient; elle est souvent employée dans les Apocryphes, régulièrement dans Flavius Josèphe, et quelquefois dans le Nouveau Testament, Luc 24:13; Jean 6:19; 11:18; Apocalypse 14:20; 21:16. Le stade olympique comptait 600 pieds grecs, ou 125 pas romains (625 pieds), environ 220 mètres; 8 stades faisaient un mille, soit la 4e partie d'une lieue géographique, ou la 60e partie d'un degré.
-
Le mot lice, 1 Corinthiens 9:24; cf. Hébreux 12:1, devrait proprement se traduire par stade. On appelait ainsi le lieu où se faisaient les exercices publics de la course, parce que la longueur était précisément d'un stade. Celui qui arrivait le premier, recevait du juge des jeux le prix de la course, une couronne, 1 Corinthiens 9:25; de verdure. Chaque ville un peu considérable de la Grèce, et des colonies grecques de l'Asie, avait un Heu destiné à ces exercices, indépendant ou agrégé au gymnase. Le Nouveau Testament renferme plusieurs allusions aux jeux publics, et à celui-là en particulier.
STATÈRE,
Matthieu 17:27, pièce de
monnaie de la valeur d'un sicle, q.v.
— v, aussi Monnaie.
— Le statère d'or valait près de 20 fr. (19
fr. 82 c.); le statère d'argent, Matthieu
17:24, valait 1 fr. 66 c.
STÉPHANAS,
disciple de Corinthe, dont Paul avait baptisé la famille, la première de l'Achaïe qui se fût convertie au christianisme, 1 Corinthiens 1:16; 16:15. Cette famille se distingua par sa piété et son hospitalité, et Paul en recommande l'exemple aux fidèles de Corinthe; quelques-uns de ses membres remplissaient, à ce qu'on suppose, des charges importantes dans l'Église. On croit que Stéphanas était mort lorsque saint Paul écrivait aux Corinthiens.
STOÏCIENS.
Cette secte que l'Évangile
rencontra de bonne heure sur son chemin, et
contre laquelle Paul fut appelé à lutter à
Athènes, Actes 17:18; cf. versets 22-31,
représentait la propre justice, et
correspondait ainsi aux pharisiens d'entre
les Juifs, comme les épicuriens (ibid.)
répondaient aux sadducéens par le
sensualisme et le matérialisme de leurs
doctrines. La philosophie avait alors rempli
le cercle de la pensée humaine livrée à
elle-même, et tout ce qu'elle a enseigné
depuis ne sont que les mêmes idées sous
d'autres formules avec des lambeaux de
vérité arrachés au christianisme (Gerlach);
elle oscille sans cesse, et ne connaît que
deux pôles extrêmes. La vérité ne peut être
saisie que par l'esprit de vérité.
Zénon fut le fondateur de cette secte. Né en
Chypre vers 340 ans avant J.-C. (la même
année qu'Épicure, d'autres disent en 362),
il se retira du commerce après y avoir
éprouvé des pertes considérables. À Athènes,
il se mit en relation avec le cynique
Cratès, le mégarique Stilpon, et d'autres
philosophes, et ne tarda pas à se vouer
lui-même à la philosophie. Il s'établit dans
un local nommé Στόα ποικιλή
c'est de là que son école fut nommée le
Portique, et ses partisans stoïciens.
Il réunit autour de lui un grand nombre de
disciples, et captiva même le roi de
Macédoine, Antigone Gonatas, qui l'honora
toujours d'une estime particulière. Son but
était de rendre à l'homme Sa vigueur
première qui tendait à s'énerver par le luxe
et la mollesse. Il parvint à un âge très
avancé, et ayant fait une chute, il pensa
que la terre le rappelait, et il donna
l'exemple du suicide. Il était matérialiste.
La nature, qui dicte à l'homme ses devoirs,
était pour lui un enchaînement de lois
immuables qui régissent l'homme
invariablement; le fatalisme en devait
découler, et, comme Zénon maintenait le fait
de la volonté individuelle, il ne pouvait se
tirer de cette contradiction entre ses
dogmes que par un sophisme. Sa logique était
trop subtile; Sénèque, qui était lui-même
stoïcien, blâmait leur genre de dialectique,
et l'a parodiée dans le raisonnement bien
connu: Mus est animal, sed mus etiam
syllaba, igitur animal est syllaba. La
théologie de Zénon était le panthéisme, sans
que peut-être il s'en rendît bien compte à
lui-même. En morale, et c'était la partie
principale de sa philosophie, Zénon voulait
que la vertu (sequi naturam) fût le
seul mobile de la conduite de l'homme. Il
n'admet d'autre bien que la vertu, d'autre
mal que le vice, et trace du vrai sage un
tableau idéal qui le place bien au-dessus de
l'humanité; il condamne toutes les passions
comme autant de faiblesses et de maladies de
l'âme, et donne ainsi à sa morale quelque
chose de paradoxal et de farouche.
M. Vinet, dans ses Essais de Philosophie, p.
30 et suivant, tout en reconnaissant qu'on
peut «s'humilier devant le stoïcisme, et
l'admirer, mais avec effroi, avec
compassion», le juge et le condamne en ces
termes: Le stoïcisme, c'est l'homme qui,
pour avoir un Dieu, se fait dieu lui-même.
Le stoïcien, à la vérité, parle quelquefois
des dieux, mais dans un sens sur lequel il
ne faut pas se tromper. Ils sont un autre
nom de son idéal, non la règle ni la raison
première de sa volonté. Le stoïcien a conçu
la vertu sous la notion de la force, non
sous celle de l'obéissance. Elle ne se
présente pas à lui sous l'aspect du devoir,
mais sous celui de la dignité, soit
personnelle, soit collective. Sans doute que
dans le lointain, le sentiment obscur du
devoir se décèle comme la source de cette
notion de la vertu; mais le stoïcien se
cache à lui-même cette origine; et si, dans
cette religion de l'orgueil, le mot devoir
se prononce encore, c'est d'un devoir envers
soi-même qu'il est question, et le respect
envers soi-même est le motif et la substance
de tout bien. Il y a dans cette religion les
apparences d'une hostilité permanente, d'une
guerre à mort contre la volonté, mais
seulement les apparences; car s'obéir à
soi-même ce n'est pas obéir, et des devoirs
dont on est le premier et le dernier terme,
ne sont pas des devoirs. Encore ici, la
volonté propre est déifiée; on l'exalte, à
la vérité, on l'élève en quelque manière
au-dessus d'elle-même, afin de pouvoir plus
convenablement l'adorer; on la rend presque
inaccessible, afin de pouvoir se figurer,
dans la volonté, quelque chose d'autre et de
plus grand que la volonté; mais tous ces
artifices involontaires sont inutiles; et
voici ce qui arrive: ou l'on rabaisse enfin
jusqu'à soi la règle afin de pouvoir y
atteindre; ou bien on la maintient à sa
première hauteur, et l'orgueil, sévèrement
averti de son impuissance, devient du
désespoir. On s'avoue que Dieu n'aurait pas
mis la règle si haut qu'on l'a mise; que
Dieu qui a fait la nature, n'aurait pas tué
la nature: il n'en avait pas besoin; le
sacrifice implicite de la volonté est tout
ce qu'il aurait demandé; dès lors plus de
tension, plus d'efforts démesurés; une
disposition tranquille et sereine, fondée
sur la confiance en Dieu et sur la promesse
de son secours; et, dans les grandes
occasions, la certitude que la force
viendra, l'humble appel au donateur de cette
force, l'amour, dont le ressort n'a point de
limites connues, l'amour qui transforme
toutes choses, jusqu'à se faire de la
souffrance un aliment exquis, l'amour enfin,
qui veut un objet hors de l'âme, et qui, par
conséquent, est étranger au principe
d'action du stoïcien, dont la vertu n'est
qu'un mouvement de rotation sur son axe.
Quelle que soit la valeur rationnelle et
morale du stoïcisme, il a ses hommes, et,
dans chacun d'eux, son domaine et son temps,
Il est moins un système et une foi que le
tempérament de quelques âmes fortes; et dans
ces âmes, il ne s'applique pas à tout, comme
fait l'amour; il ne cultive qu'une portion
du champ de l'âme; il est ordinairement
obligé de se faire dur pour être fort; et
surtout, viennent des moments inattendus, il
apprend enfin à se mesurer; après avoir
brisé des rochers, il se brise contre un
grain de sable; il n'avait pas recouvert
uniformément et également l'âme entière; sa
cuirasse d'airain, son æs triplex, fait
toujours défaut quelque part; il se donne de
terribles démentis; il ne plie pas
peut-être, mais il rompt; il ne se courbe
jamais, mais il tombe, et ses chutes sont
d'autant plus éclatantes qu'il tombe de plus
haut; car le stoïcisme est la forme la plus
spirituelle de l'orgueil: et l'orgueil, dit
l'éternelle sagesse, marche devant
l'écrasement.»
STORAX,
— Voir: Stacte.
STRYMON.
La plupart des commentateurs voient dans le Strymon qui coule à 14 lieues de Philippes, le fleuve désigné Actes 16:13, mais il est évident que c'est l'aller chercher beaucoup trop loin. Rilliet pense, avec beaucoup plus de vraisemblance, qu'il s'agit dans ce passage, d'un courant d'eau formé par la réunion des sources qui s'échappaient du pied de la colline sur laquelle Philippes était bâtie, ou de la rivière Gangitès, qui n'était qu'à 18 stades (3 kilomètres) de la ville; Comment., p. 12.
SUAH,
fils d'Abraham par Kéturah,
Genèse 25:2. Bildad était originaire du lieu
peuplé par les descendants de Suah, Job
2:11; 8:1; 25:1, c'est-à-dire de la Saccaïa
à l'est de la Batanée, ou plutôt (Raumer) de
Szychan dans les monts de Séhir, au sud de
Dhana;
— Voir: Huz.
SUCCOTH
(tentes, cabanes).
-
Premier campement des Israélites dans le désert, Nombres 33:5; Exode 12:37. C'était un campement, ou un village nomade, et l'on ne saurait par conséquent en déterminer la position.
-
Ville de la tribu de Gad située au-delà du Jourdain dans une vallée, Josué 13:27; Psaumes 60:6; Juges 8:5; 1 Rois 7:46; cf. Genèse 33:17. Elle existait encore du temps de Jérôme dans la Scythopole, et Burckhardt croit en avoir retrouvé les ruines au sud de Bysan.
SUCCOTH-BÉNOTH,
2 Rois 17:30. Ce nom hébreu qui signifie tentes des filles, est donné à l'un des objets du culte idolâtre des Babyloniens, que les colons de Babylone transportèrent en Samarie. Comme les mots parallèles sont des noms de faux dieux, on a cru que ce mot devait être aussi le nom d'une divinité païenne, et les rabbins le rendant par la poule et ses poussins, l'entendent de la Poussinière (ou des Pléiades), de sorte que nous aurions ici le nom, conforme à la théologie de Babel, d'une divinité astrologique. Winer, d'après Selden et Grolius, pense qu'il s'agit de tentes dans lesquelles les filles se prostituaient en l'honneur de la Vénus babylonienne, Milytta, et le parallélisme ne combat pas d'une manière absolue cette interprétation, que recommandent d'ailleurs plusieurs autorités, et notamment Hérodote 1, 199. Hengstenberg traduit par: petits temples des filles (de Bel et de Milytta). Gesenius enfin modifie le texte, et lit: les tentes des hauteurs, ou des hauts lieux.
SUKIENS,
2 Chroniques 12:3, peuplade africaine qui, avec les Libyens et les Cusites, prit part à l'expédition de Sisak; elle est du reste inconnue. Les Septante et la Vulgate traduisent par Troglodytes, et pensent sans doute à ces Troglodytes éthiopiens qui habitaient la côte occidentale de la mer Rouge, et étaient célèbres par la rapidité de leur course et leur habileté à manier la fronde. D'après Pline 6:29, il y aurait eu dans cette contrée une ville nommé Suché, peut-être le Suaken d'aujourd'hui.
SULAMITHE.
Selon quelques-uns, nom propre; selon d'autres, désignation du lieu d'origine de la bien-aimée que Salomon célèbre dans son Cantique, 5:13; l'article favorise davantage cette dernière opinion. Sunem, q.v., portait aussi le nom de Sulem. (La citation des Sermons de Krummacher est mal placée, II, p. 374; elle doit l'être plus bas; ces Sermons ont pour objet l'épouse du Cantique.)
SUNEM,
Sunamite. Ville d'Issacar, située sur le chemin de Guilgal au Carmel, non loin de Guilboah, Josué 19:18; 1 Samuel 28:4; 1 Rois 1:3; etc., 4:8. C'est surtout par l'histoire de l'heureuse et pieuse Sunamite (Sermons de Krummacher) que cet endroit a été rendu célèbre. L'épouse du Cantique, à cause d'une fausse leçon, a aussi été nommée la Sunamite, au lieu de la Sulamite. D'après Eusèbe, Sunem ou Sulem aurait été située à 5 milles sud du Tabor; il y avait encore une autre Sonam dans l'Acrabatène, aux environs de Samarie.
SUPPLICES,
— Voir: Peines.
SUR,
Genèse 16:7; 25:18; Exode 15:22; 1 Samuel 15:7; 27:8. Désert qui va depuis le sud de la Palestine (El Arisch), jusqu'au golfe de Suez et au Nil, et qui sur une étendue de trente-six heures de route ne présente ni terres labourables, ni pâturages, ni habitations: c'est le désert avec ses sables mouvants et tout ce qu'il a d'effrayant. Des dunes bordent la côte de la Méditerranée, et le sol est tellement bas que les vents du nord font avancer les eaux de la mer de plusieurs lieues dans les terres. Cependant, comme cette contrée présente la communication par terre la plus directe entre l'Égypte et la Palestine, elle a été traversée depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours, par les caravanes, les armées et les peuples.
SUSAN,
ville principale de la province
de la Susiane, située entre la Babylonie et
la Perse, résidence des rois perses, qui au
printemps venaient y faire un séjour dans le
château-fort qu'ils y avaient fait
construire, Néhémie 1:1; Daniel 8:2; Esther
1:2,5. On en attribuait la fondation à
Memnon. La ville était située au bord du
fleuve Choaspes, ou Eulæus (— Voir:
Ulaï, Daniel 8:2), à 450 milles romains
d'Ecbatane, et à la même distance environ de
Séleucie: elle était ornée de magnifique
monuments, et c'était le dépôt central des
trésors des rois perses. Il n'en reste plus
que des ruines, à 2 milles ouest de Desphul.
Elle est célèbre par les révélations de
Daniel, l'histoire d'Ester, et ledit de
Darius autorisant le rétablissement du
temple.
— Les chaleurs y étaient fort grandes en
été, l'hiver y était doux, et le printemps
délicieux.
SUZANNE
(lys), une des saintes femmes qui accompagnaient notre Seigneur, n'est connue que par la mention de Luc 8:3.
SYCHAR,
— Voir: Sichem.
SYCOMORE
(ficus egyptia, ou ficus sycomores, hébreu shikemim). Cet arbre appartient à la famille du figuier, mais ressemble plutôt au mûrier blanc par son feuillage et son apparence extérieure. L'Égypte est sa patrie, on le trouvait cependant en Palestine et sous des climats plus doux, Psaumes 78:47; 1 Rois 10:27; 1 Chroniques 27:28; Amos 7:14; Ésaïe 9:9; Luc 19:4. Il croît volontiers dans les plaines et dans les vallées, mais demande un sol sec. Son tronc est très noueux, et atteint une grande hauteur, il pousse un grand nombre de branches qui s'étendent au loin, et forment une masse épaisse de feuillage qui a souvent jusqu'à 40 pieds de diamètre: les feuilles sont taillées en cœur, et garnies de petits poils par-dessous; le fruit, sans noyau, ne vient ni en graines, ni à l'extrémité des rameaux, mais attaché par le pétiole au tronc et aux plus grosses branches; il est jaunâtre, et ressemble aux figues sauvages pour la forme et l'odeur. Le goût en est doux, et assez agréable, quoiqu'il n'approche pas du goût des figues, et ce ne sont en général que les pauvres gens qui s'en nourrissent. Ce fruit ne mûrit que si on le pique ou l'égratigne avec des peignes de fer: cette occupation était une des industrie d'Amos, 7:14. Quatre ou cinq jours après cette opération, la figue est mangeable. L'arbre lui-même est rendu plus fécond lorsqu'on en incise l'écorce; de chaque incision découle une espèce de lait qui se coagule, et finit par former un rameau; l'on peut y recueillir en son temps de quatre à sept figues; mais l'arbre s'épuise. À la place de chaque fruit que l'on cueille il en naît un nouveau, et l'arbre toujours vert peut donner quelquefois jusqu'à sept récoltes dans l'année. Le bois du sycomore est léger, mais solide et presque indestructible; aussi les Israélites le recherchaient-ils de préférence comme bois de construction. Ésaïe 9:9.
SYÉNE,
la ville la plus méridionale de l'Égypte, située dans la Thébaïde, non loin de l'Éthiopie, sur la rive est du Nil, ou suivant Pline, sur une presqu'île formée par ce fleuve, à égale distance d'Alexandrie et de Méroé, Ézéchiel 29:10; 30:6. Les anciens avaient déjà remarqué que dans les longs jours, le soleil y tombait perpendiculairement, et que les corps droits ne donnaient pas d'ombre. On croit en reconnaître les ruines, au nord-est desquelles s'élève maintenant Assvan ou Assouan, qui était au moyen âge une ville assez importante. La contrée est riche en rochers de granit. Juvénal y fut exilé. Davoust y battit les Mamelouks en 1799.
SYMÉON,
— Voir: Pierre.
SYNAGOGUES,
mot grec signifiant réunions,
assemblées, par conséquent aussi églises.
C'est le nom que l'on donna depuis l'exil
aux lieux où les Juifs se rassemblaient pour
l'exercice public de leur culte. La
tradition assignait à l'origine des
synagogues une très haute antiquité, cf.
Actes 15:21, et les rabbins allaient même
jusqu'à en faire une institution
patriarcale; les tentes de Jacob, Genèse
25:27, leur faisaient l'effet de synagogues.
On s'appuyait surtout sur Deutéronome 31:11,
et Psaumes 74:8, pour prouver cette
ancienneté de l'institution; mais l'un de
ces passages ne se rapporte qu'à la lecture
de la loi, l'autre aux lieux saints où
l'Éternel s'était manifesté, sans que l'idée
de synagogue y soit même exprimée (nos
versions ont traduit le général par le
particulier). C'est surtout pendant l'exil,
alors qu'Israël n'avait plus de centre
religieux, plus de terre sainte, plus de
sanctuaire, que le besoin de réunions
d'édification se fit sentir plus vivement
aux Juifs; il est fort probable que ce fut
alors que prit naissance l'institution des
synagogues, ce culte sans sacrifices, dont
ils durent se contenter, et auquel ils
finirent par s'attacher tellement qu'ils en
transportèrent l'idée dans leur patrie dès
qu'il leur fut permis d'y retourner, cf.
Néhémie 8:1. Au temps de Jésus, on trouve au
moins une synagogue dans toutes les villes
un peu importantes de la Palestine, à
Nazareth, Luc 4:16, à Capernaüm, Marc 1:21;
Luc 7:5; Jean 6:59, ainsi que dans les
villes de la Syrie, de la Grèce, ou de
l'Asie Mineure, Actes 9:2; 13:5; etc., 14:1;
17:1; 18:4; 19:8. Dans les villes plus
considérables on trouvait un plus grand
nombre de synagogues, proportionnellement
aux besoins de la population, et Jérusalem
en eut jusqu'à 460, ou 480; chaque
corporation, chaque nationalité, paraît
avoir eu la sienne, cf. Actes 6:9. Les
proseuques, maisons de prière, ou oratoires,
ne doivent pas être confondus avec les
synagogues (— Voir: Rilliet, Comment,
sur l'Épître aux Philippiens, Introduction
p. 12, sq.); c'étaient des lieux de réunion,
ordinairement non couverts, et situés près
d'une eau courante, à cause de l'habitude
des Juifs de se laver avant de faire leur
prière, Actes 16:13. Il est probable que ces
proseuques, premier et modeste essai de
culte des Juifs dispersés dans les centres
païens, prirent souvent une consistance plus
forte, et se changèrent avec le temps en de
véritables synagogues, tout en conservant
leur nom primitif. Les synagogues étaient le
plus souvent bâties dans l'intérieur des
villes, et presque toujours en un lieu
élevé; ce n'est que plus tard qu'on en éleva
aussi dans le voisinage des cimetières. Les
frais de construction et d'entretien étaient
à la charge de la communauté, mais on voit
aussi que souvent de simples particuliers,
parfois même des païens, Luc 7:5,
contribuaient pour une forte part à ces
dépenses, qui n'eussent pu être couvertes
par les contributions volontaires de
l'assemblée. Les Juifs se faisaient une très
haute idée de la sainteté de ces lieux de
culte, et ils en respectaient la place alors
même que le culte avait été transféré
ailleurs. On se réunissait dans les
synagogues les sabbats, les jours de fêle,
et plus tard le deuxième et le cinquième
jour de chaque semaine, les femmes ayant des
places séparées, et fermées par des
jalousies. Ces réunions étaient consacrées à
la prière en commun, et à la lecture d'une
portion de la loi ou d'un livre quelconque
de l'Ancien Testament, Actes 13:15; 15:21,
faite par un des membres de l'assemblée, Luc
4:16, par un prêtre ou par un ancien,
d'après Philon: quelques paroles
d'édification, simples et libres, sur la
lecture qui venait d'être faite,
complétaient ce genre de culte, qui se
rapproche à tant d'égards des habitudes
religieuses de nos Églises. Un passage de
Philon fait supposer que le lecteur et celui
qui expliquait la lecture n'étaient pas
ordinairement la même personne. L'assemblée
se retirait ensuite après avoir répondu par
un amen solennel à la bénédiction donnée par
un prêtre, 1 Corinthiens 14:16.
Les employés de la synagogue (officiers du
culte) étaient:
-
le chef, ou κρχισυναγωγος, qui exerçait en général les fonctions de président, veillant à l'ordre, dirigeant l'assemblée, et s'occupant de tout ce qui concernait le culte, Luc 8:49; 13:14. Marc 5:35. Actes 13:15. 18:8,17. C'était lui qui donnait la parole à ceux qu'il en jugeait capables, et aux étrangers dont on pouvait attendre de l'édification.
-
Les anciens, Luc 7:3, appelés aussi les principaux, Marc 5:22; Actes 13:15, et en hébreu les pasteurs, ou les présidents. Ils formaient, sous la présidence du chef, un conseil de délibération, une espèce de consistoire.
-
Le légat de l'Église, son envoyé, qui faisait les prières, servait de secrétaire, et parfois de messager au conseil des anciens; sa charge n'est pas bien défraie.
-
Le bedeau ou marguillier, Luc 4:20, qui ouvrait et fermait la synagogue, pourvoyait à la propreté du local, prenait soin des livres du culte, et peut-être quelquefois entonnait et dirigeait le chant. Il y avait peut-être aussi des collecteurs, chargés de réunir les aumônes de la congrégation en faveur des pauvres, mais ce n'est pas Matthieu 6:2, qui suffirait à le prouver, et ce que les rabbins nous disent des synagogues en général ne doit pas être entendu d'une manière absolue quant à l'antiquité des usages; les synagogues dont ils parlent ne sont pas celles que l'on trouvait du temps de Jésus, et dans les jours des apôtres; et sous le rapport des ornements matériels, la beauté des descriptions qu'ils en donnent, contraste singulièrement avec la simplicité qui caractérisait les lieux de culte, dans les âges plus anciens et dans les dernières années de Jérusalem. Ainsi l'on ne voit mentionnés, Matthieu 23:6; Jacques 2:3, que des sièges; c'était en quelque sorte la partie constituante du matériel de la synagogue; les premiers étaient réservés aux anciens et aux scribes; on peut croire cependant que même à cette époque il y avait en outre une espèce de tribune, ou de siège plus élevé pour le président, et une armoire pour les saints rouleaux de la loi.
— Certaines peines disciplinaires, et pour
ainsi dire ecclésiastiques, étaient subies
dans les synagogues, en particulier la
flagellation, Matthieu 10:17; 23:34; Marc
13:9; Luc 12:11; cf. 21:12; Actes 22:19;
26:11; 2 Corinthiens 11:24. Mais autant le
fait est constaté, autant les motifs et les
circonstances qui l'accompagnaient restent
obscurs pour nous; selon quelques auteurs,
la flagellation, quarante coups moins un,
était une commutation de la peine capitale;
selon d'autres, elle remplaçait
l'excommunication pour les savants et les
étudiants; elle s'appliquait dans les cas
d'hérésie, ou de péché scandaleux,
— Voir: Peines;
l'un des fonctionnaires de la synagogue
remplissait les fonctions d'exécuteur,
— Voir: Fouet.
Le mot grec synagogue est employé dans son
sens étymologique pour désigner des
assemblées chrétiennes, Hébreux 10:25;
Jacques 2:2.
— Voir: encore les articles Écoles,
Libertins, Satan, etc.
SYMTICHE,
— Voir: Évodie.
SYRACUSE,
Actes 28:12, célèbre ville de la côte orientale de la Sicile: fondée par Archias de Corinthe, elle comprenait primitivement cinq villes qui, avec le temps, ne formèrent plus que cinq quartiers réunis par un mur d'enceinte de 180 stades de longueur (Strabon). Célèbre comme berceau de Théocrite et comme tombeau d'Archimède, elle finit sous Auguste par n'être plus qu'une colonie romaine. Saint Paul y aborda dans son voyage en Italie, et y demeura trois jours, Actes 28:12. Siragossa n'est plus maintenant, comparativement à son ancienne grandeur, qu'un bourg qui s'honore de quelques ruines qu'où trouve dans son voisinage; il compte 14,500 habitants, et ne possède aucun monument moderne.
SYRIE.
Hérodote dit que c'est le nom
d'Assyrie, abrégé par les Grecs (7:63);
d'autres pensent que c'est une corruption de
l'hébreu Tsor, Tyr. Quoi qu'il en
soit, la Syrie est l'ancien Aram, passé
entre les mains des Grecs et des Romains,
avec ses incertitudes géographiques. Dans
les Apocryphes, ce nom désigne
essentiellement le royaume des Séleucides,
dont Antioche était la capitale; dans le
Nouveau Testament, la Syrie est une province
romaine, qui comprenait la Phénicie, Actes
21:3, et à laquelle, sauf de courts
intervalles, la Judée se rattachait depuis
six ans avant la naissance de Christ. Si ce
nom se rencontre quelquefois dans nos
traductions de l'Ancien Testament, il n'y a
été introduit que par la substitution des
noms nouveaux aux noms anciens, car
l'original désigne uniformément la Syrie et
ses subdivisions par le nom d'Aram, q.v. Les
données des anciens géographes sur les
limites de la Syrie, varient
considérablement. Les limites les plus
probables et les plus constantes seraient au
nord le Taurus, à l'ouest la Méditerranée,
au sud l'Égypte et les déserts de l'Arabie,
à l'est des plaines arides et monotones
s'étendant jusqu'à l'Euphrate, la Phénicie
et la Judée étant exceptées, et demeurant
indépendantes à côté de ce puissant et
redoutable voisinage. Au nord du Liban, des
chaînes de montagnes couvrent en se
ramifiant la partie haute du pays, et vont
s'abaissant d'un côté vers l'étroite côte de
la Phénicie, de l'autre vers les vastes
déserts qui se maintiennent longtemps à une
hauteur considérable avant de s'incliner
vers l'Euphrate. Une vallée profonde sépare
la Syrie occidentale et maritime de la Syrie
orientale et intérieure; elle est arrosée
par l'Oronte qui, prenant sa source dans la
contrée du Liban, court au nord-ouest et se
jette dans la Méditerranée un peu au-dessous
de Séleucie, après avoir baigné les murs
d'Antioche; le Chrysorrhoas fertilise les
environs de Damas, et ces deux fleuves,
fécondant les prairies et les rendant
propres à l'élève des bestiaux, tempèrent en
même temps l'ardeur du climat, qui est doux
et salubre. Les tremblements de terre et les
nuées de sauterelles sont malheureusement
deux plaies qui, tour à tour, visitent la
Syrie, et mettent à néant les espérances que
ce beau pays serait par lui-même de nature à
faire concevoir.
La Syrie a été de tout temps la grande voie
de communication entre l'Orient et
l'Occident, et Damas, le principal entrepôt
du commerce entre les deux mondes.
Strabon divise la Syrie en un certain nombre
de provinces, qui sont, en venant du nord,
la Comagène, la Séleucie, la Cœlésyrie, la
Phénicie et la Judée; Ptolémée en compte
davantage, mais omet les deux dernières. La
Bible mentionne les subdivisions suivantes,
sans que rien indique qu'elles forment un
tout complet: Aram-Mahaca, c'est-à-dire les
contrées voisines de l'Hermon, 2 Samuel
10:6-8; Deutéronome 3:14; Aram-Dammések (la
Syrie de Damas), 2 Samuel 8:5-6;
Aram-Beth-Réhob, ou la Syrie dans la contrée
du passage (qui conduit à Hamath), 2 Samuel
10:6-8; Aram-Tsoba, ibid.; etc.
Quant à l'histoire de ce royaume jusqu'à
Alexandre le Grand,
— Voir: Aram, et Damas.
Après la domination caldéenne,
la Syrie passa avec la Judée et la Phénicie
sous la domination perse, puis sous celle
des Grecs au temps d'Alexandre, 330 avant
J.-C. On se rappelle comment la mort
soudaine de ce conquérant, 323 avant J.-C.,
fut l'occasion de luttes acharnées entre ses
généraux, comment la possession de la Syrie
fut longtemps disputée, comment enfin, après
la bataille d'Ipsus (301 avant J.-C.), elle
passa, moins la Cœlésyrie et la Palestine,
sous le sceptre de Séleucus Nicator, qui
l'occupait déjà depuis vingt ans comme
gouverneur, avec la Mésopotamie, la
Babylonie, et toutes les conquêtes
orientales des armes macédoniennes. La Syrie
proprement dite fut dès lors, pendant une
période assez longue, le noyau d'une grande
monarchie, qui reçut le nom des Séleucides
ses maîtres, et eut Antioche pour capitale.
Les puissants et rapides progrès de ce
royaume (qui ne tarda pas à former des
relations avec la Judée), et les premiers
symptômes de sa décadence, sont compris
entre Séleucus, son fondateur, et Antiochus
III, dit le Grand (301-187 avant J.-C.).
Antiochus II avait déjà perdu les Parthes
(256), qui s'étaient constitués en un
royaume séparé; Antiochus III, après avoir
donné la Palestine et la Cœlésyrie en dot à
sa fille Cléopâtre, épouse de Ptolémée V roi
d'Égypte, succomba dans la bataille de
Magnésie (189), sous les armes romaines
qu'il avait inconsidérément provoquées, et
dut abandonner toutes les provinces situées
en deçà du Taurus. Un grand nombre de Juifs
s'étaient déjà établis en Syrie, notamment à
Antioche, où ils éprouvèrent, comme en
Palestine, la protection des maîtres du
pays.
La seconde période de
l'histoire de ce royaume va de Séleucus
Philopator à Démétrius Soter (187-151): la
Cœlésyrie et la Palestine sont de nouveau
provinces syriennes; le cruel Antiochus
Épiphanes (175) opprime les Juifs, et les
pousse à cette résistance désespérée dont
les Apocryphes ont essayé d'esquisser le
tableau. La guerre de succession qui
commence à sa mort, finit par assurer la
victoire aux patriotes juifs, qui érigent
leur pays en une principauté libre, 1
Maccabées 13. Les rois de Syrie la flattent
et cherchent à se la rendre favorable.
L'influence croissante de la politique
romaine, des luttes intérieures sans cesse
renouvelées, la couronne toujours disputée,
toujours des prétendants en présence pour
recueillir la couronne au moment où elle
tombera, des conflits continuels et sans
résultats avec l'Égypte, tels sont les
traits principaux qui caractérisent cette
période de la domination séleucide. Le
royaume marchait à sa ruine, mais son agonie
fut longue.
La troisième période, depuis
151, nous montre dans un jour plus vif
encore ces déchirements intérieurs, cette
agonie politique; aucun roi qui n'ait son
compétiteur, et souvent des prétendants
divers, ayant chacun leurs partisans,
occupent des lambeaux de territoire, et se
livrent des guerres d'escarmouches; le pays
s'affaiblit, et la Judée y trouve son
compte, Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 13, 11; 3. Las enfin de toutes ces
dissensions, le peuple appelle à son secours
Tigrane d'Arménie, qui monte sur le trône,
règne quatorze (ou dix-huit) ans,
s'embarrasse dans une guerre avec les
Romains, et doit abandonner la Syrie à ses
vainqueurs; Pompée déclare le pays une
province romaine, 64 ou 63 avant J.-C. Les
proconsuls, gouverneurs de la Syrie,
intervinrent dès lors assez fréquemment dans
les affaires de la Palestine, et surtout
dans celles de la dynastie régnante de
Judée. La Palestine eut beaucoup à souffrir
des guerres qui se livraient ainsi dans son
voisinage avec tant de chances diverses, et
ce fut presque un bonheur pour ce pauvre
pays qu'Hérode le Grand, protégé par
Auguste, pût occuper le trône en paix,
pendant un certain temps, et libre de toute
dépendance à l'égard des provinces voisines
(37-4 avant J.-C.). Mais, peu après sa mort,
6 ans avant J.-C., la Judée et la Samarie
furent formellement annexées à la Syrie, et
des procurateurs romains, sous la direction
des proconsuls de la Syrie, furent chargés
de l'administration dans ces fragments de
province. La Batanée, la Gaulonite et la
Trachonite subirent le même sort, l'an 33.
Hérode Agrippa, par une faveur spéciale de
Caligula et de Claude, réunit pendant
quelque temps, sous son sceptre, tout le
pays qui avait appartenu à Hérode le Grand;
mais, déjà en 44, la Judée vit recommencer
le régime des procurateurs et de leurs
concussions, qui dura jusqu'à la tin du
siècle, sauf pour quelques parties de la
Palestine transjourdaine, qui furent données
à Hérode Agrippa II (52-99).
Les dialectes parlés en Syrie, le syrien ou
syriaque, le syrocaldéen, le samaritain et
le phénicien, avaient beaucoup de rapports
entre eux, et appartenaient à la famille
sémitique. Le syriaque lui-même, une branche
de l'araméen, était parlé dans la Syrie
proprement dite et dans la Mésopotamie; le
grec cependant prévalut à la cour des
Séleucides et dans les villes les plus
importantes, de sorte que plusieurs termes
grecs, et même des tournures de phrases,
s'introduisirent dans la langue syriaque,
comme précédemment sous la domination perse
des mots persans y avaient également
pénétré. Le syriaque est maintenant une
langue morte, car on ne saurait accorder une
grande créance aux récits de quelques
voyageurs incompétents, qui racontent qu'à
deux journées de Médine, en Mésopotamie, ils
ont trouvé cent mille Syriens qui parlent
encore la langue de leurs pères.
SYROP,
— Voir: Miel.
SYROPHÉNICIE.
C'est le nom qui, dans la période romaine, fut donné à la Phénicie, réunie à la Syrie, pour la distinguer de la Syrie propre. La femme nommée Cananéenne, Matthieu 15:22, parce que la Phénicie faisait partie de l'ancien territoire des Cananéens, est nommée de son nouveau nom, Marc 7:26. Elle avait droit aux deux: Jésus lui en donna un plus beau.
SYRTES.
C'est le nom qu'on donne à deux
golfes de la côte septentrionale d'Afrique,
entre Cyrène et Carthage, et qui, l'un et
l'autre, la grande et la petite Syrte, le
golfe de Sidra et celui de Gabès, tirent
leur nom du grec
συρώ, traîner, non seulement parce que la mer y jette sans
cesse une grande quantité de limon, de sable
et de pierres, mais encore parce que les
vagues semblent y entraîner les vaisseaux
qui, une fois engagés dans ces bancs de
sable, courent risque d'y périr. Ce sont des
bas-fonds qui ne peuvent recevoir que des
chaloupes. Le danger est encore augmenté par
les atterrissements qui changent de place,
et par les écueils dont le milieu du golfe
est semé, comme la côte qui le borne. C'est
dans la petite Syrte que le vent d'est
poussa les vaisseaux d'Énée,
— Voir: aussi Horace, Od. I, 22, 5.
On pense que c'est de la grande Syrte qu'il
est question Actes 27:17 (où nos versions
ont traduit par bancs de sables), attendu
que le navire de Paul étant dans le
voisinage de la Crète, pouvait craindre
d'être entraîné par le vent du nord vers ces
dangereux bas-fonds.