Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-E
septembre 3, 2010
E
EAU.
L'eau a dans l'Écriture
diverses acceptions figurées. Elle se prend
d'abord pour toute espèce de boisson en
général, Deutéronome 23:4; 1 Samuel 25:11; 1
Rois 13:18. Elle indique la famille,
ascendante ou descendante, les ancêtres ou
la postérité, Ésaïe 48:1 (cf. Psaumes
68:26), Nombres 24:7; Proverbes 5:15-16: ce
dernier verset doit se traduire par le
futur; le bonheur d'une femme fidèle y est
représenté sous l'image d'une fontaine
abondante dont les eaux se répandent
richement au dehors et dans les rues.
Ailleurs, les eaux marquent des peuples
nombreux, Apocalypse 17:15. Elles signifient
aussi des malheurs, Lamentations 3:54;
Psaumes 69:1; 124:4-5, ou les larmes,
Psaumes 119:136; Jérémie 9:1, et la sueur,
Ézéchiel 21:12; 7:17. Dieu compare son culte
à des eaux vives, Jérémie 2:13; Jean 4:10,
et le culte des idoles, comme celui des
femmes débauchées, à des eaux dérobées et
étrangères, Proverbes 9:17.
— Dans le passage Jérémie 15:1,18, les «eaux
qui trompent» sont une allusion au phénomène
du mirage, alors que le voyageur altéré
croit voir dans le lointain un lac au milieu
des sables, et hâte sa marche sans pouvoir
approcher de cette eau qui n'en est pas une;
des eaux plus fidèles sont mentionnées Ésaïe
33:16, et pour le chrétien ce sont les mêmes
que celles de Jean 4:10.
Il est parlé fréquemment des eaux
supérieures et des eaux inférieures, de
celles d'en haut et de celles d'en bas, des
eaux de l'abîme, du grand abîme, etc.,
Genèse 1:6-7; 7:11; Exode 15:5; Deutéronome
8:7; 33:13; Ésaïe 51:10. C'est à l'époque de
la création que les eaux de la terre et
celles du ciel furent séparées; au moment du
déluge elles se réunirent pour noyer et
détruire l'ancien monde;
— Voir: ces deux articles.
Les eaux de la contestation de Kadès sont le
nom historique d'un lieu qui fut pour Aaron
et Moïse une occasion de chute; ce nom fut
donné à l'endroit pour perpétuer le souvenir
du péché de ces deux grands hommes de Dieu.
Elles s'appellent en hébreu
Mé-Méribah-Kadès, Deutéronome 32:51, et
sont diversement traduites dans nos
versions;
— Voir: Méribah, Mara, Mérom, etc.
On trouve au chapitre cinquième des Nombres,
versets 12-31, l'institution des eaux amères
ou eaux de jalousie, destinées à faire
reconnaître au mari soupçonneux la faute ou
l'innocence de sa femme (— Voir:
Adultère). Cette épreuve était une espèce de
jugement de Dieu, mais différait des
épreuves du moyen âge en ce que par sa
nature elle était inoffensive et qu'il
fallait un miracle pour punir, tandis que
ces dernières étaient toujours dangereuses
par elles-mêmes et que le miracle était
nécessaire pour sauver; la loi divine, comme
toujours, était davantage protectrice,
l'épreuve des hommes était plus cruelle.
— L'intervention constante de l'Éternel
était dans cette épreuve, plus peut-être que
dans toutes les autres, une nécessité, parce
que si la femme coupable ne succombait
point, elle et son complice pouvaient dès ce
moment regarder tout le système de Moïse
comme une dérision, et tourner sans crainte
en ridicule toutes les superstitions d'une
religion faussement ainsi nommée,
impuissante à découvrir le mal, impuissante
à se faire obéir: tout tombait à la première
épreuve manquée. La longueur de ces
opérations était d'ailleurs destinée à
obtenir des aveux, et nous ne voyons nulle
part d'exemple où l'épreuve ait été exécutée
(— Voir: Cellérier, Législ. mos. H).
— Quant à l'eau de séparation,
— Voir: Vache rousse.
— Nos versions ont rendu par le mot propre,
Ésaïe 36:12, ce que les Hébreux, par
euphémisme, appelaient l'eau des pieds.
ÉBÈNE.
L'ébène n'est nommé que
Ézéchiel 27:15, où il est mis, avec
l'ivoire, au nombre des principaux objets de
commerce de la ville de Tyr. C'était un des
bois les plus recherchés, à cause de sa
beauté, de sa rareté, et de sa dureté qui le
rend susceptible du plus beau poli.
Solalndia nigrum fert ebenum, dit
Virgile (Georg. 2, 117), et c'est de l'Inde,
en effet, qu'on l'a fait venir pendant
longtemps; il se trouve aussi à l'Île de
France, de même qu'en Éthiopie (Hérodote 3,
114. Pline 12, 8). L'ébénier a environ o
mètres de hauteur, l'écorce blanche, les
feuilles grandes, longues et fortes,
blanchâtres du côté inférieur, les fleurs
petites, réunies en bouquet et d'une
agréable odeur, le fruit ressemblant à la
nèfle; l'aubier est blanc; le bois
proprement dit, qui seul est noir et forme
l'ébène, n'occupe que le tiers intérieur de
l'arbre, de telle sorte que, sur un diamètre
de six pouces, un tronc n'offre que deux
pouces d'ébène. Les anciens estimaient
extrêmement ce bois; ils en faisaient des
incrustations dans l'ivoire, et quelquefois
de petites déesses, des espèces de vierges
éthiopiennes.
— Le nom hébreu hob'nim est au
pluriel (comme ceux de sittim, almuggim,
etc.), non point parce qu'il y a deux
espèces d'ébène, l'ebenus cretica de Linnée,
et le Diospyros ebenus, mais parce que ces
bois précieux se vendaient par pièces qui
chacune portaient, comme marchandises, le
nom même de l'arbre d'où elles étaient
tirées; on disait un, deux, trois Ébènes, de
la même manière qu'on dit un Gobelin, un
Sedan, un Rubens, pour dire un ouvrage de
ces manufactures, ou un chef-d'œuvre de ce
grand maître.
ÉBETS,
Josué 19:20, ville de la tribu d'Issacar.
ÉCARLATE,
Genèse 38:28; Exode 25:4, et
ailleurs; quelquefois confondu avec le
pourpre, cf. Marc 15:17, Jean 19:2; avec
Matthieu 27:28. Le mot hébreu que l'on a
traduit ainsi est tholahat ou
sheni tholahat, qui signifie ver en
général, puis spécialement ver du coccus. On
s'est demandé longtemps, et l'on se demande
encore si, par tholahat, il faut entendre
l'écarlate ou le cramoisi. Gesenius et Winer
penchent pour ce dernier; Harris, au
contraire, et Tyschen (d'après les Septante
et la Vulgate), traduisent écarlate; les uns
et les autres produisent des arguments
passables. Voici ce que dit Harris: «Le
cramoisi proprement dit est d'un rouge
foncé, et se fabrique avec la cochenille,
qui était complètement inconnue aux anciens;
l'écarlate est d'un rouge plus vif et plus
clair, tirant sur le feu; son nom même
explique son origine; elle est faite avec
les petits vers du coccus: cependant les
anciens ne savaient pas la travailler aussi
bien qu'on le fait aujourd'hui, et cette
couleur était moins éclatante que ce que
nous appelons maintenant écarlate.»
— Le nom hébreu rappelle, sous le rapport
étymologique, notre vermillon,
quoique nous appliquions à une substance
minérale ce dernier mot qui, d'après son
origine (vermiculus), appartiendrait plutôt
au règne animal. L'écarlate se tire, comme
on sait, d'un insecte qui se trouve en
abondance en Palestine et dans l'île de
Crète, sur une espèce de petit chêne, haut
de 1 mètre environ, dont les feuilles sont
épineuses et chargées de grains de la
grosseur d'un petit pois: ces grains sont
pleins de vers rouges (coccus), gros comme
une lentille: on détache ces grains des
feuilles, les petits vers en sortent par un
trou du côté par lequel ils tenaient à la
feuille; on les sépare avec soin de toute
matière étrangère, et après les avoir
légèrement écrasés, on en fait des boules de
la grosseur d'un œuf.
L'écarlate était fort estimée des anciens,
et c'est probablement en Égypte que les
Hébreux avaient appris à la connaître; on en
teignait des rideaux, des draperies et des
tapis de luxe que les riches seuls pouvaient
se procurer, 2 Samuel 1:24; Proverbes 31:21;
Jérémie 4:30; Lamentations 4:5 (Jérémie
22:14; se rapporte aux boiseries, qui
souvent étaient enduites de riches couleurs,
et peintes en écarlate). Chez les Romains
les rois, les princes et les généraux
revêtaient des manteaux de cette couleur,
Matthieu 27:28. Plusieurs pièces du
tabernacle et des vêtements sacerdotaux
étaient issues de fils écarlates, Exode
25:4; 28:5; 36:8; 38:18; 39:1; Nombres 4:8;
Josué 2:18; peut-être aussi le voile du
temple de Salomon, 2 Chroniques 3:14.
ECBATANE,
ville de Médie, que quelques
interprètes croient être désignée, Esdras
6:2, par le nom caldéen Achmetha, que
nos versions ont traduit par «dans un
coffre;» cette traduction est possible,
comme aussi l'opinion de ceux qui rendent
Achmetha par Ecbatane. Cette ville est
plusieurs fois rappelée dans les Apocryphes.
Elle fut fondée par Déjocès, roi des Mèdes
(705 avant J.-C.), et entourée de sept
murailles, qui s'élevaient par étages du
dehors an dedans de la ville, et dont les
créneaux, au dire d'Hérodote (1, 98),
étaient de sept couleurs différentes,
blancs, noirs, rouges, bleus, rouge foncé,
argentés et dorés: le mur extérieur avait
près de 38 kilomètres de tour, 178 stades.
Depuis Cyrus elle fut pendant deux mois
d'été la résidence des rois de Perse, qu'y
attirait la fraîcheur de son climat. Elle
renfermait un palais magnifique, un vaste
temple et de riches aqueducs. C'est là
qu'Antiochus Épiphanes apprit la déroute des
armées qu'il avait envoyées en Palestine, 2
Maccabées 9:3. Plusieurs voyageurs assurent
qu'on en voit encore quelques chétives
ruines dans le voisinage de Hamadan, sous
les 34° 53' de latitude et 65° 24' de
longitude (Morier, Voyage en Perse).
— Hérodote et Pline mentionnent une autre
Ecbatane en Phénicie, non loin du mont
Carmel, du côté de Ptolémaïs, où Cambyse
mourut, s'étant blessé à la cuisse avec son
cimeterre, comme il montait à cheval; auj.
Caïffa.
ECCLÉSIASTE.
C'est ainsi que s'appelle
l'auteur d'un des livres sentencieux de
l'Ancien Testament. Son recueil de pensées
est intitulé: «Paroles de l'Ecclésiaste,
fils de David, roi de Jérusalem;» c'est un
des livres qui ont donné le plus de travail
aux interprètes. Que signifie d'abord le nom
même d'Ecclésiaste, ou plutôt le nom hébreu
de Kohéleth? La traduction la plus
simple en apparence, et le plus généralement
admise, est celle de Prédicateur (Luther:
Prediger); Horne l'applique soit à la
personne chargée de convoquer le
peuple, soit à celle qui doit le
haranguer. La racine kahal est
employée, 1 Rois 8:1, pour dire que Salomon
assembla les anciens; c'est aussi là
sa signification particulière,
correspondante à celle du mot grec
ίκκλησία, d'où nous avons fait les
mots Ecclésiaste et Église.
D'autres traduisent un rassembleur ou
collecteur, et l'entendent de celui
ou de ceux qui auraient rassemblé et rédigé
des paroles prononcées par le fils de David:
l'Ecclésiaste serait alors, non pas
l'auteur, mais le rédacteur du livre. La
forme du mot Kohéleth est féminine
(proprement la prédicatrice), mais on
l'emploie fréquemment en hébreu, même en
parlant d'hommes, lorsqu'on veut désigner
plus particulièrement une charge, une
dignité, un office. Eu égard à cette forme
féminine, quelques docteurs distingués,
Carthwight, Heidegger, etc., ont cependant
présenté une interprétation différente;ils
voient dans Kohéleth la forme hébraïque du
Pohel, et traduisent ce mot par «une âme
rassemblée»; selon eux Salomon, après
avoir été rejeté de l'Église, chassé de la
synagogue à cause de ses désordres, y serait
rentré par sa repentance, serait redevenu
membre de cette assemblée, et lui aurait été
agrégé de nouveau: le féminin marquerait la
profondeur de sa conversion, ce ne serait
pas un homme, un roi, Salomon, son corps qui
aurait été rassemblé, mais son âme;
quelques rabbins appuient cette manière de
voir en expliquant Kohéleth par un homme
doué d'une âme réintégrée. Entre ces
deux explications principales, dont l'une
fait de l'auteur un maître qui enseigne, et
de l'autre un fidèle qui se repent et
s'humilie, on peut choisir; la seconde a
peut-être quelque chose de plus séduisant;
la première réclame en sa faveur un plus
grand nombre d'autorités et l'analogie de la
langue.
Quant à la personne désignée par le nom
d'Ecclésiaste, il est difficile de s'y
méprendre, et il faut beaucoup de bonne
volonté pour y voir autre chose que Salomon.
Ceux mêmes qui veulent, comme Luther, n'y
voir qu'une collection, reconnaissent que
les paroles sont des sentences prononcées
par ce sage monarque, quoique recueillies
par d'autres; rien ne justifie, du reste, ce
système. Au premier verset, l'Ecclésiaste se
donne comme roi de Jérusalem et fils de
David; ailleurs (2:4; sq. 1:46; cf. 1 Rois
4,), il parle de ses richesses immenses, de
ses maisons, de ses campagnes, de ses
vignes, des aqueducs qu'il a fait bâtir, de
ses viviers, de ses esclaves, de ses trésors
en or et en joyaux, de sa grandeur, qui a
été plus élevée que celle de tous ceux qui
ont été à Jérusalem avant lui, de sa sagesse
divine; il parle encore des sentences et des
proverbes qu'il a mis en ordre, Ecclésiaste
12:11-12; cf. 1 Rois 4:32, etc.; il n'y a
qu'un type qui réponde à tous ces
caractères. Toutefois, nous devons
mentionner pour mémoire l'opinion des
Talmudistes, qui attribuent cet ouvrage au
roi Ézéchias; celle de Grotius, qui
l'attribué à Zorobabel; celle de Kimchi, qui
l'attribue à Ésaïe.
Au dire des rabbins, confirmé par saint
Jérôme, quelques-uns de ceux qui
recueillirent les livres saints après la
captivité, furent d'avis de ne pas insérer
l'Ecclésiaste dans le Canon, de peur que des
esprits faibles ne fussent scandalisés de
certains passages obscurs qui s'y trouvent,
et qu'ils pourraient mal interpréter, par
exemple, 3:18-22; 4:1-3; 9:2, etc.
Effectivement, ces versets trahissent un
matérialisme et un athéisme révoltants; ils
rappellent dans leur genre ce passage des
Romains 6:1: «Péchons, afin que la grâce
abonde»; et ces paroles du même apôtre, 1
Corinthiens 15:32: «Mangeons et buvons, car
demain nous mourrons»; si les unes et les
autres de ces paroles impies se trouvent
dans l'Écriture, celles du Nouveau Testament
pourront nous expliquer celles de l'Ancien;
dans l'un et l'autre cas, ce„ sont les
raisonnements du pécheur reproduits par
l'Esprit saint pour être combattus. Le but
de l'auteur a été de démontrer la vanité des
choses de la terre comme telles, et
l'excellence de la sagesse et de la vraie
religion; son ouvrage présente une espèce de
dialogue dont les rôles sont quelquefois
assez difficiles à distinguer, parce que les
interlocuteurs se rencontrent en plusieurs
points, et que celui qui relève la grandeur
divine s'accorde avec l'autre à dire que
tout n'est que vanité. On peut supposer avec
Grotius un homme de bien discutant avec un
impie ou un Sadducéen; c'était une forme
qu'affectionnaient volontiers les anciens,
Platon, Xénophon, etc.; cependant le
dialogue n'est pas aussi marqué que dans les
ouvrages de ces philosophes. Il paraîtrait
plutôt que Salomon discute avec lui-même,
soit qu'il reproduise les arguments
sadducéens que sa profonde science lui avait
certainement fait connaître, soit aussi que
le roi pénitent raconte ses erreurs passées,
et le matérialisme insensé qui avait été
pour lui le fruit de ses débauches et de son
idolâtrie. Quoi qu'il en soit, on voit dans
ce livre des opinions contraires mises en
présence; il y a donc deux hommes qui
parlent, fictifs peut-être, et les doutes de
l'un ne sauraient pas plus être comptés au
nombre des paroles sacrées, que les discours
des rois impies, des faux prophètes, et de
Satan lui-même, qui sont reproduits en maint
endroit par l'Esprit saint.
On a souvent remarqué la solennité avec
laquelle s'ouvre le chapitre 5e; l'impie,
dégoûté, mais non désabusé, a critiqué tout
ce qui se fait sur la terre; il s'est plaint
de voir prospérer le méchant, le faible
tomber sans consolateur; le Sage lui répond:
«Quand tu entreras dans la maison de Dieu,
prends garde à ton pied; ne te précipite pas
à parler; Dieu est au ciel et toi sur la
terre; c'est pourquoi use de peu de
paroles.» Homme chétif! tu veux critiquer
cet univers, qui marche, conduit par la
puissante main de Dieu; tu veux aborder le
temple mystérieux de la Providence; tu veux
sonder la profonde sagesse; eh bien, sois au
moins prudent, ne te hâte pas de juger, et
regarde.
Il est difficile de donner une idée exacte
du plan de cet ouvrage; on peut le diviser
en trois parties:
-
la thèse 1:1-3;
-
le développement, 1:4-12:8;
-
la conclusion 12:8-16.
Le développement lui-même comprend deux
parties principales: l'une négative, sur la
vanité des choses de la terre; elle va
jusqu'à 6:9; l'autre, positive, sur la
nature, l'excellence et les effets
bienfaisants de la révélation divine,
jusqu'à 12:7. Quanta l'ordre des idées, on
ne peut pas le déterminer, et malgré tous
les efforts qu'on a faits, on n'a pas réussi
à exposer l'enchaînement méthodique des
arguments, soit que l'âme trop pleine du
prophète ait débordé de tous les côtés,
versant à la fois le désespoir et
l'espérance, les plaintes et le repentir,
les vieilles erreurs et la nouvelle
intelligence; soit, comme le dit naïvement
Heidegger, soit que nos humbles esprits ne
soient pas capables de suivre la logique
subtile et déliée d'un si grand roi.
— Le dernier chapitre présente à un haut
degré ce caractère d'autorité que les païens
remarquaient dans les discours de Jésus; le
sage ne discute plus, il affirme; il ne
raisonne plus, il impose: «Jeune homme,
marche comme ton cœur te mène, mais sache
que pour toutes ces choses Dieu t'amènera en
jugement.
— Crains Dieu, et garde ses commandements,
car c'est là le tout de l'homme; parce que
Dieu amènera toute œuvre en jugement,
touchant tout ce qui est caché, soit bien,
soit mal.»
Personne n'était mieux qualifié que Salomon
pour dire: Vanité des vanités, tout est
vanité! Il avait joui de tout, abusé de
tout! Richesses, amour, sagesse, il avait vu
une lin à toutes ces choses, et plusieurs
l'avaient trompé. D'autres témoignages que
le sien eussent été moins forts.
Quant à l'époque de la composition de ce
livre, ceux qui supposent un autre auteur
que Salomon, la fixent naturellement de très
diverses manières, suivant l'auteur qu'ils
donnent à l'Ecclésiaste; nous n'avons pas à
nous en occuper. Pour les autres, ils sont
divisés selon qu'ils admettent ou non que
Salomon s'est relevé de sa chute et de son
idolâtrie; il a composé l'ouvrage avant sa
chute, s'il est mort impénitent; il l'a
écrit après, s'il s'est repenti, et cette
dernière opinion qui semble ressortir de la
lecture même de l'ouvrage, nous paraît de
beaucoup la plus probable; c'est presque une
œuvre de pénitence, et l'on ne peut guère
supposer que celui qui l'a écrite, ait pu
faire plus tard une chute éternelle. Qui
voudrait admettre que nous eussions dans
l'Écriture l'ouvrage d'un apostat, d'un
réprouvé! L'inspiration n'y perdrait rien,
si l'on veut, mais bien le lecteur.
D'ailleurs il est difficile de croire qu'un
homme aussi privilégié de Dieu, en ait été
dans la suite complètement abandonné (v.
Salomon).
On lit dans Calmet: «Luther a dit avec sa
liberté, ou plutôt son insolence ordinaire,
que l'Ecclésiaste lui paraissait un auteur
plat, qui marchait sans bottes ni éperons,
ce sont ses termes; qu'il ressemblait au
Talmud et était un ramas de plusieurs
ouvrages; que l'on avait recueilli les
maximes de table que Salomon prononçait dans
la débauche et dans la bonne chère, et qu'on
les avait écrites dans ce livre.»
L'opinion de Luther a été si souvent citée,
que nous croyons ne pouvoir faire mieux que
de laisser parler Luther lui-même. Entre son
jugement authentique et l'autorité plus que
douteuse de ses Propos de table, on
ne peut hésiter: «Je puis dire en toute
vérité, écrit-il en tête de son Commentaire,
que j'eus une grande joie lorsque, pour la
première fois, je saisis et découvris
quelque peu le sens de l'original; car j'ai,
pendant ma vie entière, essayé mes forces
sur ce livre, à plusieurs reprises et avec
grand travail et grande application; mais je
n'ai pu tirer aucun profit de tous les
commentaires et ouvrages des anciens,
jusqu'à ce que j'aie en quelque sorte
conquis l'intelligence du texte hébreu. Tout
ce livre avait été interprété faussement,
contre le texte et contre la doctrine
chrétienne, et gâté de fond en comble (au
temps de la Réforme, les docteurs
catholiques appliquaient d'une voix unanime
à la société même, telle que Dieu l'a
réglée, au mariage, aux diverses vocations
de l'homme, aux biens terrestres, ce que
Salomon dit des abus par lesquels l'homme
pécheur et insensé altère l'ordre divin des
choses et les dons de la Providence, et ils
déclaraient vanité l'œuvre de Dieu aussi
bien que l'humaine folie. Rougemont)...
Je recommande cet écrit, continue Luther, à
tous les chrétiens pieux... L'Ecclésiaste
est un livre tout particulièrement utile aux
rois, princes et seigneurs, à leurs
conseillers et à tous ceux qui sont dans le
gouvernement, ainsi qu'à ceux qui ont femme
et enfants à élever... On pourrait encore
nommer ce livre l'écrit de Salomon sur les
Églises et les écoles, etc.»
M. de Rougemont, dans son Explication de
l'Ecclésiaste, a fait un rapprochement très
remarquable entre ce livre et les écrivains
profanes. Nous en reproduirons ici la
première partie (la seconde est une analyse
du poème de Pétrarque intitulé les
Triomphes):
«L'Ecclésiaste, dans sa triple recherche du
bonheur terrestre, passe par les états de
l'âme les plus divers, et il expose ainsi
les bases de tous les systèmes principaux de
morale.
Il commence et finit, comme Héraclite, par
considérer toutes choses sous le jour le
plus sombre. Mais dans le cours de ses
recherches il lui vient plusieurs fois à
l'esprit que la vraie sagesse pourrait bien
être d'être toujours gai et joyeux, 9:7-9;
3:22; sq..
On a dit avec raison que Faust et Don Juan
résumaient l'humanité pécheresse et
inconvertie. Le premier se perd par les
jouissances intellectuelles, le second par
les plaisirs des sens. L'Ecclésiaste a dit
avec Faust: «J'appliquerai mon cœur à
savoir;» et avec Don Juan:
«Allons, mon cœur, que je t'éprouve par la
joie, et jouis du bien», 1:16-18; 2:1-2. Six
siècles avant Aristippe et Épicure,
l'Ecclésiaste, fils de David, érigeait en
système et mettait en pratique la morale du
plaisir allié à la vertu, chapitre 3. Mais
bientôt le voilà qui s'écrie, à la vue du
sage qui meurt comme l'insensé: C'est
pourquoi j'ai haï la vie j'ai haï tout mon
travail... j'ai désespéré de tout; et ces
accents d'une insondable tristesse
traversent tous les siècles sans être
répétés par un seul écrivain, jusqu'au jour
où le plus grand poète de la France actuelle
dit à son tour:
Mais quand ces biens que l'on envie
Déborderaient dans un seul cœur,
La mort, au terme de la vie,
Fait un supplice du bonheur.
...
Voilà pourquoi mon âme est lasse
Du vide affreux qui la remplit
(LAMARTINE, Harm., III, 9)
À peine l'Ecclésiaste a-t-il fait taire sur
ses lèvres le murmure du désespoir, à peine
a-t-il entrevu un éclair de bonheur, 2:24,
qu'il se transforme sous nos regards en un
dur stoïcien qui ne demande la joie qu'à la
vertu, et qui baisse, en résistant, la tête
sous le joug d'une immuable et insensible
fatalité, qui lui distribue la souffrance et
le plaisir sans lui permettre même de la
fléchir par la prière, 3:14.
Mais bientôt il tombe plus bas encore; la
vue des désordres de la société lui inspire
la plus ancienne profession de scepticisme
qui se lise dans les fastes de l'histoire,
et, jusqu'aux encyclopédistes du siècle
passé, personne ne niera l'immortalité de
l'âme en termes aussi rudes et durs,
3:18-22. (Notons toutefois que l'Ecclésiaste
ne met nulle part en doute l'existence de
Dieu. La démence seule peut dire: Il n'y a
point de Dieu, Psaumes 53:1, et le sage
n'aurait plus mérité ce nom s'il eût mis en
doute la plus incontestable de toutes les
réalités.)
Cependant il se relève de cet abîme, il
prêche la crainte de Dieu et le contentement
d'esprit, et déjà, s'élevant vers les
sublimes hauteurs de l'Évangile, il proclame
le néant de tous les biens terrestres, 6:7,
et la béatitude de la souffrance, 6:12,
7:1-7.
Mais il ne se soutient que peu d'instants à
ces hauteurs, et il s'abat sur l'humble
colline qu'Aristote choisira plus tard pour
sa demeure: La vertu, dit-il, est le milieu
entre deux extrêmes, 7:11-22.
Son cœur, sa conscience, l'avertit de son
erreur, et le voilà, comme Diogène le
cynique, cherchant partout un homme et ne le
trouvant pas, 7:28.
L'impunité du crime, l'adversité des gens de
bien, la parfaite indifférence avec laquelle
Dieu traite les justes et les injustes, font
de lui un déiste qui se persuade que Dieu ne
peut qu'approuver tout ce que font les
hommes, et que la pensée de l'immortalité ne
doit influer en rien sur notre conduite et
ne troubler aucune de nos joies, chapitre 8
et 9.
Enfin, après bien des doutes encore et des
hésitations, il croit que la sagesse est
préférable à tout, parce qu'elle contient
les plus grandes chances de bonheur, et il
anticipe de vingt-sept siècles sur
l'utilitarisme moderne, chapitre 10 et 11.
Cependant les accents qui dominent dans le
discours philosophique de l'Ecclésiaste,
sont ceux de l'eudémonisme. Aussi cet écrit
n'offre-t-il que fort peu de points de
comparaison avec les autres livres inspirés
(tandis que sa conclusion est le résumé de
tout l'Ancien Testament), et ses vrais
parallèles se trouvent dans les ouvrages
des philosophes païens, et en particulier
chez les Épicuriens et chez Horace.
L'Ecclésiaste et Horace recommandent
constamment de modérer et restreindre ses
désirs, et l'un comme l'autre fait l'éloge
de la vie des champs, et décrit toutes les
inquiétudes des grandes richesses, cf.
Ecclésiaste 4:4,8; 5:9-12, Épodes 2, Sat. 2,
6; Odes 2, 18; 16; 3:1; 16.
Pour être heureux, dit l'Ecclésiaste, il
faut saisir la joie quand elle se présente
et ne pas regimber contre l'adversité, 2:24;
5:18; 7:14, etc. Horace parle de même: «Le
seul mortel heureux est celui qui, maître de
soi, peut dire chaque jour: J'ai vécu.» Odes
3, 29; puis 1, 9; 11.
Tu quameumque Deus tibi fortunaverit horam,
Gratâ sume manu, nec dulcia differ in annom.
...
... Quod petis, hic est,
Est Ulubris, animus si te non déficit œquus.
(Epist. 1, 11)
Omnem crede diem tibi diluxisse supremum:
Grata superveniet, quæ non sperabitur, hora.
(Epist. 1, 4)
L'Ecclésiaste dit: «Ne sois ni trop sage ni trop méchant», 7:16-17. Prends le juste milieu: Inter utrumque tene; ne quid nimis; ou avec Horace:
Insani sapiens nomen ferat, æquus iniqui,
Ultra quam satis est virtutem si petat ipsam.
Virtus est médium vitiorum et utrimque reductum.
(Epist. 1, 6)
Horace veut des vêtements blancs aux jours de fête, Sat. 2, 2, et l'Ecclésiaste en tout temps, 9:8. L'Ecclésiaste sait que l'argent répond a tous nos désirs, 10:19, et Horace paraphrase ainsi cette pensée, Éphésiens 1:6:
Scilicet uxorem cum dote fidemque et amicos
Et genus et formam regina pecunia donat.
Mais l'un et l'autre n'ignorent point que
l'âme n'est pas rassasiée par les biens de
la terre, 6,7, et
Crescunt divitiæ, tamen
Curtæ nescio quid semper abest rei.
L'Ecclésiaste revient constamment sur cette mort qui pèse sur les bons comme sur les méchants, à laquelle nul ne peut se soustraire, qui empoisonne toutes les joies et qui jette l'homme dans le sépulcre ténébreux on il n'y a ni œuvre, ni discours, ni science, 2:14; 3:18; 6:2; 8:8-14; 9:1-12; 11:8. Et c'est là encore une des pensées qui préoccupent le plus habituellement Horace, Odes 1, 28; 2, 3; 3, 1:
Eheu fugaces, Posthume, Posthume,
Labuntur anni...
(Odes 2, 14)
Nos ubi decidimus
Quo pius Æneas, quo Tullus dives, et Ancus,
Pulvis et umbra sumus.
(Odes 4, 7)
Horace aussi songe souvent avec chagrin à
ces héritiers auxquels passeront ses biens,
Ecclésiaste 2:18-26; 4:8. Horace, Odes 4, 7;
2, 3. Ep. 1, 4; etc.
Il se plaint avec l'Ecclésiaste, 7:10, des
temps présents, qui sont pires que les jours
passés.
Au-dessus des grands est le roi, dit
l'Ecclésiaste, et au-dessus d'eux tous est
Dieu, 5:8.» Et Horace, Odes 3, 4:
Regum timendorum in proprios greges,
Reges in ipsos imperium est Jovis.
Ces parallèles, auxquels on pourrait en
ajouter bien d'autres, prouveraient à eux
seuls que le livre de l'Ecclésiaste ne peut
contenir dans tous ces passages la pensée
définitive d'un sage inspiré. Mais quand
bien même on voudrait ne voir en lui que le
prédicateur de la joie mondaine, encore
diffère-t-il totalement d'Horace en ce qu'il
connaît une jouissance des biens terrestres
qu'accompagne, purifie, accroît la pensée et
la crainte de Dieu. D'ailleurs ce n'est que
pendant de courts instants qu'il parle comme
Horace a fait toute sa vie, et l'Hébreu qui
s'abaisse de temps en temps jusqu'à donner
la main à l'épicurien du siècle d'Auguste, a
l'âme assez grande pour embrasser tous les
contraires, assez haute et noble pour ne
voir que vanités dans toutes les joies de la
terre, assez forte, assez passionnée pour
haïr la vie telle que le péché l'a faite,
assez sérieuse pouf préférer le deuil aux
rires, et c'est enfin lui qui, sur les
ruines de tout espoir de bonheur, plante le
céleste étendard de la crainte de Dieu.»
On possède en français une bonne traduction
de l'Ecclésiaste, par M. Vivien, et un
commentaire explicatif, simple, profond et
précieux, de M. F. de Rougemont.
ÉCOLES.
Quelques rabbins parlent
d'écoles antédiluviennes, dirigées
successivement par Adam, Énos et Noé; puis
par Melchisédec à Kiriathsépher; il ajoutent
qu'Abraham donnait des leçons d'arithmétique
et d'astronomie en Caldée; qu'il en donna
plus tard en Égypte, et que Jacob lui
succéda dans l'art d'enseigner. Fis ne
disent pas à quelles sources ils ont puisé
ces traditions, plus qu'incertaines. Les
écoles proprement dites, destinées à la
culture intellectuelle du peuple, ne furent
pas plus connues des Israélites avant
l'exil, qu'elles ne le furent des premiers
Romains, ce qui n'a rien qui doive
surprendre puisque l'antiquité n'avait pas
un cercle de connaissances élémentaires bien
étendu, la lecture, et surtout l'écriture
étant l'apanage presque exclusif des riches.
On ne saurait douter que les enfants ne
reçussent une instruction religieuse, mais
les parents seuls en étaient chargés,
Proverbes 6:20; déjà Moïse avait ordonné aux
Hébreux d'élever leurs enfants dans la
connaissance de leur loi et de leur
histoire, Deutéronome 6:7,20; 11:19.
Peut-être les rois avaient-ils pour leurs
fils des gouverneurs particuliers. Mais ce
ne sont pas là des écoles; il n'en faut pas
voir davantage dans les enseignements que
Moïse, Aaron et les anciens d'Israël
donnaient au peuple dans le désert. Après
l'exil même nous voyons encore les mères
soigner l'instruction de leurs enfants,
Susan. 3, 2 Timothée 3:15; la religion forme
toujours la partie la plus importante de
cette éducation, parce que la religion est
intimement liée à l'état civil, et qu'elle
est aussi indispensable au citoyen qu'au
fidèle. étant à la fois politique et
théocratique. Cependant c'est à cette époque
à peu près, que prirent naissance les
premières écoles juives, qui ne furent dans
le principe qu'une espèce de dépendance des
synagogues. Les jeunes garçons destinés à la
carrière des saintes lettres recevaient sans
doute une instruction préparatoire, avant
d'être confiés au scribe qui devait les
former. On n'enseignait que rarement les
langues étrangères dans les écoles de la
Palestine; cependant, d'après le Talmud, ce
n'est que de la dernière guerre des Juifs
que date la défense positive d'enseigner le
grec aux enfants.
Écoles de prophètes. Il y en avait
dans différents endroits du pays, notamment
à Rama, 1 Samuel 19:19-20, à Jéricho, 2 Rois
2:5, à Béthel et à Guilgal, 2 Rois 2:3;
4:38. Quelques-uns prétendent qu'Élie avait
aussi une école de ce genre dans les grottes
du Carmel. Les jeunes gens qui faisaient
partie de ces assemblées étaient appelés
fils des prophètes; ils n'étaient pas
nécessairement jeunes, et pouvaient être
mariés, 2 Rois 4:1; ils vivaient ensemble,
quelquefois en nombre fort considérable, 2
Rois 2:16; 6:1, (peut-être aussi 1 Rois
18:4,13) et prenaient leurs repas en commun,
2 Rois 4:38. La musique et le chant jouaient
un grand rôle dans leurs exercices
religieux, comme on peut le voir par 1
Samuel 10:5, mais l'Écriture ne nous donne
aucun détail sur l'ensemble de leurs travaux
et sur l'objet même de l'institution: la
prophétie, comme don miraculeux, ne pouvait
pas se communiquer par l'enseignement; d'un
autre côté, lorsqu'on voit Saül se joindre
tout-à-coup aux jeunes gens qui
prophétisent, 1 Samuel 10:10, on est presque
obligé d'admettre qu'une grande puissance de
l'Esprit se manifestait au milieu d'eux. Le
plus naturel est, ce nous semble, de voir
dans ces écoles des associations de jeunes
gens pieux, réunis autour d'un prophète pour
s'instruire et s'édifier, et saintement
électrisés par la parole noble et divine de
leur maître, qui les élevait dans une sphère
plus haute de la vie religieuse, et leur
communiquait ainsi des dons qui étaient
refusés aux âmes moins pieuses, moins
constamment sous l'influence d'en-haut. Il
paraît, d'ailleurs, que les prophètes
avaient en effet des réunions régulières
d'instruction qu'ils tenaient les jours de
sabbat, les jours de nouvelle lune, et à
d'autres moments déterminés; on peut le
conclure de 2 Rois 4:23.
Ces réunions subsistèrent jusqu'à la
captivité de Babylone; on en trouve
peut-être encore quelques traces, Ézéchiel
14:1; 20:1; 8:1; etc., puis elles furent
remplacées par les synagogues, dont le
nombre se multiplia tellement au retour de
l'exil, que dans la seule ville de Jérusalem
on en compta jusqu'à 394 ou 400: chaque
corps de métier avait la sienne, les
étrangers même en possédaient plusieurs.
ÉCRITURE.
L'écriture fut de bonne heure
connue des Hébreux; cependant l'on n'est pas
d'accord sur l'époque où elle fut introduite
d'une manière générale, et deux opinions
passablement tranchées sont encore en
présence aujourd'hui. Hengstenberg et
Hævernick réclament déjà pour les
patriarches la connaissance de l'art
d'écrire; Winer ne la fait remonter qu'aux
jours de Moïse; Hartmann et Bohlen veulent
même ne lui donner qu'une origine beaucoup
plus récente. Nous ne dirons rien de cette
dernière opinion qui n'a pour elle qu'une
volonté et des préoccupations dogmatiques,
non plus que de celle qui attribue à Adam
l'invention de l'écriture et la composition
d'un livre; quant aux prophéties d'Énoch,
dont il est parlé Jude 14.
— Voir: Énoch.
En faveur de la première opinion, Hævernick
(Einleit, in die BB. des Ancien Testament,
p. 269 sq.) a réuni un grand nombre de
passages et de présomptions diverses, qui ne
sont pas tous également probants, mais dont
l'ensemble milite avec beaucoup de force à
l'appui de sa thèse. Les rapports fréquents
des Hébreux avec les Phéniciens, les
richesses et la prospérité de Sidon, ses
vaisseaux bien connus des patriarches,
Genèse 49:13, les relations du Mord avec le
Sud, les marchands madianites venant de
Galaad pour se rendre en Égypte, Deutéronome
3:12; Genèse 37:25, les ornements et autres
articles de luxe, mentionnés dans l'histoire
des patriarches, Genèse 43:11; 24:22; 37:3,
les échanges, et l'emploi de l'argent comme
valeur déterminée, 20:16, tout indique un
degré de civilisation tellement avancé,
qu'il est difficile de croire que la culture
intellectuelle n'ait pas marché de pair avec
un pareil développement, et que l'écriture
ne soit pas devenue une nécessité.
— L'histoire de Juda et Thamar, Genèse
38:18, nous présente une autre trace qui
semble indiquer la connaissance de
l'écriture; il y est parlé d'un cachet (cf.
Hérodote I, 195); or un cachet suppose l'art
de graver, qui suppose à son tour
l'écriture.
— Le mot hébreu employé Genèse 41:8; pour
magicien, est un composé du mot
hhéret, Ésaïe 8:1, qui signifie un burin
à graver (une touche de fer, Job 19:24);
nouvel indice.
— Enfin le mot shoterim, traduit par
commissaires, Exode 5:6, et ailleurs, et qui
se rencontre fréquemment dans le
Deutéronome, même en parlant de temps
antérieurs à Moïse, signifie proprement
écrivains, inscripteurs; c'étaient peut-être
des espèces de commis teneurs de livres,
comme il y en eut plus tard, surtout parmi
les Lévites, un grand nombre, chargés des
registres généalogiques et des
dénombrements.
À ces traces antémosaïques on objecte, que
les patriarches sont représentés dans la
Genèse comme se faisant des monuments
naturels, des autels, des monceaux de
pierres, des arbres, pour suppléer à
l'absence de l'écriture et pour seconder la
mémoire. On voit en effet plusieurs
mémoriaux de ce genre; mais d'abord nous
ignorons s'ils ne portaient pas quelques
inscriptions, et ensuite il est peu probable
que leur simple existence secondât
suffisamment la mémoire, si du reste aucun
signe caractéristique ne venait rappeler
l'événement: ces monuments d'ailleurs se
retrouvent même après les temps mosaïques,
et même de nos jours, sans qu'on puisse nier
l'art d'écrire.
À l'époque de Moïse on ne peut plus douter
que l'écriture ne soit bien connue; Moïse
écrit la loi, la fait lire par le
Lévite, copier pour l'usage des rois,
Deutéronome 31:9,11; 17:18; les anciens
d'Israël sont convoqués par écrit,
Nombres 11:24,26; les imprécations
prononcées contre la femme soupçonnée
d'adultère, au cas qu'elle soit coupable,
sont écrites dans un livre,
Nombres 5:23, les pierres sont sculptées,
même on y grave des noms, Exode
35:33; 28:36; Deutéronome 27:8; en lettres
tantôt fines, tantôt fort grandes; des
passages écrits doivent servir de
fronteaux aux Israélites au lieu des
amulettes égyptiennes, Exode 13:16;
Deutéronome 6:8; 11:18; les poteaux des
maisons sont recouverts d'inscriptions
pareilles, 6:9; enfin l'époux qui veut
répudier sa femme doit lui donner une
lettre de divorce, Deutéronome 24:1-4.
— On peut voir ensuite, pour l'époque qui
suivit Moïse, Josué 24:26; 8:32,34,35;
18:4,6,9; Juges 5:14; 8:14; Jérémie 52:25;
etc., Ézéchiel 9:2.
— Dans les premiers temps, et pour les actes
d'une certaine importance, des masses
solides, des rochers, sont les matériaux
dont on se sert, Exode 24:12; 31:18; 34:1;
Deutéronome 10:1; 27:8; de lourds et
puissants burins de fer sont les plumes des
écrivains, Job 19:24; Jérémie 17:1. Des
plaques de métal, et quelquefois de bois,
servent cependant aussi à recevoir les
caractères, Exode 28:36; Nombres 17:2; on
trouve encore mentionnés parmi les objets en
usage l'encre, Jérémie 36:18; cf. 2 Jean 12;
3 Jean 13; 2 Corinthiens 3:3; un canif,
Jérémie 36:23; une pointe de diamant pour
graver, Jérémie 17:1; cf. Ésaïe 8:1; des
plumes, Jérémie 8:8; cf. 3 Jean 13. Du
papier égyptien semble mentionné 2 Jean 12,
et des feuilles de parchemin 2 Timothée
4:13. On se servait aussi de tablettes
légères pour l'usage journalier, Luc 1:63.
Les ouvrages un peu volumineux étaient
écrits sur des feuilles réunies en rouleaux,
Jérémie 36:14; Ézéchiel 2:9; Zacharie 5:1;
Psaumes 40:8; cf. Luc 4:17; 2 Rois 19:14;
Apocalypse 6:14, et divisées en colonnes,
Jérémie 36:23.
ÉDEN, ou Héden.
(Contrairement à l'opinion simpliste populaire, le Jardin d'Éden n'était pas un jardin littéral mais un état d'être, celui d'être d'un cœur innocent sous la grâce de Dieu dans un état d'existence qui ne connaissait pas encore le péché. L'expression «Jardin d'Éden» porte un sens figuratif et peut se traduire par «Enclos de la Grâce», nous indiquant que la grâce de Dieu est limité à ceux qu'il a choisi pour le salut avant la fondation du monde. En fait, tout le récit du Jardin d'Éden et de la chute doit être interprété d'une manière spirituelle, même que le grand historien juif, Joseph Flavius, dit qu'à partir de Gen. 2:4, Moïse commença à s'exprimer figurativement. Dans cet optique, l'étymologie et l'analogie viennent à notre secours pour nous donner le sens réel de l'enseignement qui nous y est donné. Par analogie, nous voyons que le Jardin d'Éden ou Enclos de la Grâce, correspond à l'Église spirituelle qui est le Corps de Christ dans lequel tous les élus sont membres. Une des choses particulièrement intéressante est que le mot «arbre» ou «ETS» en Hébreu, porte le sens «d'être fermé», c'est à dire «d'être assuré» nous indiquant le décret divin de l'assurance de la grâce pour les élus, et celui de l'assurance de la condamnation pour les réprouvés.)
-
Genèse 2:8.
— Voir: Paradis.
-
Amos 1:5, ou Beth-Éden, maison de plaisance des rois de Damas, située sur le Liban. Selon Gesenius, une ville de ce nom existerait encore à la même place.
-
Les enfants d'Éden ou Héden, 2 Rois 19:12; Ésaïe 37:12, habitaient le pays de Télasar, q.v. D'après Ézéchiel 27:23, ils faisaient le commerce avec Tyr, et comme ce nom est lié avec Haran dans tous ces passages, on voit que c'est dans la direction est ou nord-est, sur les bords de l'Euphrate ou du Tigre, qu'il faut l'aller chercher.
— Le mot Éden ou Héden, qui rappelle le grec ήδονή, signifie plaisir, délices.
ÉDOM. Édomites ou Iduméens,
peuplade issue d'Ésaü, q.v. Ils
s'établirent dans les montagnes de Séhir,
après en avoir exterminé ou subjugué les
anciens habitants, Deutéronome 2:12; ils
étaient divisés par tribus et gouvernés par
des chefs, Genèse 36:15; sq. (mal traduit
ducs). Moïse demanda au roi d'Édom la
permission de traverser son pays pour entrer
en Canaan, mais Édom refusa, Nombres 20:14,
et les Israélites se détournèrent de leur
chemin, parce que Dieu leur avait défendu de
traiter hostilement cette peuplade,
Deutéronome 2:4. Ils demeurèrent
indépendants jusqu'au temps de David qui les
assujettit et accomplit la prophétie
d'Isaac, que Jacob asservirait Ésaü. Les
Édomites ne supportèrent qu'impatiemment le
joug des rois de Judée, et dès la fin du
règne de Salomon. Hadad, iduméen, beau-frère
de Pharaon, qui avait été transporté en
Égypte fort jeune, revint dans son pays et
fut proclamé roi, 1 Rois 11:17-22; sa
domination ne s'étendit probablement que sur
l'Idumée orientale, car les autres Iduméens
qui étaient au midi de la Judée demeurèrent
dans l'obéissance des rois de Juda jusqu'au
règne de Joram, fils de Josaphat; ils
essayèrent alors de secouer le joug, et
réussirent pour un temps, 2 Chroniques 21.
Amatsia, fils de Joas les soumit de nouveau,
se rendit maître de Pétra, et précipita dix
mille d'entre eux du haut d'une roche dans
la mer, 2 Chroniques 25. Hozias (Hazaria)
prit sur eux la ville d'Élath sur la mer
Rouge, 2 Rois 14; mais Retsin la reprit,
16:6, et ces conquêtes n'eurent pas de
suite. Les prophètes reprochent fréquemment
aux Édomites leur jalousie et leur haine
contre Israël, Joël 3:19; Amos 1:11; Psaumes
137:7; Lamentations 4:21; Ézéchiel 25:12;
35:15. Cette inimitié se manifesta surtout
lors du siège de Jérusalem par
Nébucadnetsar, quoiqu'ils n'aient pas pris
alors une pari active aux combats. Abdias
leur annonça que leur joie maligne serait
punie, et cinq années après la prise de
Jérusalem, Nébucadnetsar, jaloux, et se
méfiant d'un peuple qu'il connaissait
perfide, tomba sur Édom et le ravagea; ainsi
font les alliés de ce monde. Pendant l'exil,
un grand nombre d'entre eux vinrent habiter
la partie méridionale de Juda qui était
déserte (cf. Ézéchiel 35:10; 36:5); expulsés
de nouveau de ce pays, ils méditèrent d'y
rentrer, Malachie 1:4, mais sans succès.
Plus tard, Judas Maccabée les attaqua et les
battit à plusieurs reprises; Jean Hyrcan les
subjugua de même; il leur imposa
l'obligation de se faire circoncire, et de
se soumettre aux autres lois de Moïse. Dès
lors ils furent en quelque sorte incorporés
à la nation juive; ils restèrent soumis aux
derniers rois de Judée, et vinrent défendre
Jérusalem contre les Romains; mais bientôt
ils quittèrent la ville, et repartirent pour
l'Idumée chargés de butin.
— Hérode le Grand était Iduméen, et
l'empereur Philippe, dit l'Arabe, l'était
pareillement, étant né à Botsra.
Les Édomites étaient adonnés an commerce par
mer et par terre, à l'agriculture et à
l'élève des bestiaux, Nombres 20:17. Quant à
leur religion, elle est peu connue; nulle
part l'Écriture ne leur reproche l'idolâtrie
ou ne mentionne leurs idoles; il est à
croire que la connaissance du vrai Dieu se
conserva parmi eux pendant les premières
générations depuis Ésaü; une tradition porte
même qu'ils adoraient Moïse (Épiphane), et
ce qui fortifierait cette opinion, c'est que
Flavius Josèphe appelle Kosé, ou
Chosé l'une de leurs divinités. Ce nom
qui signifie en hébreu un voyant, un
prophète, s'applique parfaitement au
législateur des Hébreux. En tout cas, leur
religion n'était pas identique avec celle
des Juifs, puisque Hyrcan ne put les v
amener que par la force.
ÉDUCATION.
-
— Voir: Écoles.
-
L'éducation ou élève des bestiaux a toujours été en Orient, surtout dans l'antiquité, une occupation importante et très respectée; les Hébreux, en particulier, faisaient remonter jusqu'à Abel le Juste la généalogie des bergers. Pareils aux Bédouins d'aujourd'hui, les patriarches et les Israélites voyageaient en hordes nomades, cherchant des pâturages vastes et fertiles dans les plaines méridionales de Canaan, de l'Arabie Pétrée, et des contrées qui avoisinent l'Égypte, Genèse 12:10; 13:9; ils y passaient ainsi des années sous des lentes, vêtus et nourris du produit de leurs troupeaux, faisant venir leur blé d'Égypte, Genèse 42, et achetant parfois aux caravanes en passage quelques-unes de leurs marchandises précieuses, 37:25. Ils avaient des troupeaux de bœufs, de chèvres, et de moutons, puis des ânes et des chameaux pour le transport, 12:16; des esclaves des deux sexes étaient chargés des soins matériels du troupeau, et pouvaient, en cas de danger, former de petites armées, 14:14.
— Après que les Hébreux se furent établis dans des villes fortifiées, ils continuèrent encore de s'occuper de leurs troupeaux, et plusieurs des lois de Moïse sont dirigées dans ce sens, celles sur les viandes défendues ou permises, celles en faveur des animaux, Exode 23; Deutéronome 25, etc. On comptait en Palestine de fort riches propriétaires de bestiaux, 1 Samuel 25:2, principalement dans les tribus transjourdaines qui, libres de s'étendre avec leurs troupeaux jusque sur les bords de l'Euphrate, retiraient le plus grand profit de cette vie nomade, Nombres 32; Jérémie 50:19; Michée 7:14. Les tribus cisjourdaines s'étendaient aussi quelquefois vers le sud au-delà des limites de Canaan, et conduisaient leurs troupeaux dans ces forêts et ces plaines inhabitées qui portaient le nom de déserts (— Voir: cet article). Des rois eux-mêmes eurent des troupeaux considérables, 1 Chroniques 27:29.
Le bétail passait tout l'été en plein air, et se rassemblait la nuit dans des parcs, comme chez nous; il pouvait, en conséquence, facilement arriver que quelques pièces de ces nombreux troupeaux s'égarassent, 1 Samuel 9:3; Matthieu 18:12. Lorsqu'approchait la saison des pluies, c'est-à-dire au commencement du mois de marchesvan (novembre), les troupeaux rentraient dans leurs écuries où ils restaient jusqu'à Pâques.
Voyez encore ce qui a été dit aux articles Berger, Bœuf, Brebis, etc., de même que l'observation que nous avons faite sur le fumier de ces animaux, dont on se servait comme combustible, après l'avoir séché an soleil.
ÉGLAJIM, ou Églayim
(les veaux), Ésaïe 13:8, ville peu connue; on trouve Ézéchiel 47:10, Henéglajim, ville des Moabites, qui, d'après saint Jérôme, aurait été située à l'embouchure du Jourdain, au nord de la mer Morte; il n'est pas probable, quoique possible cependant, que l'une et l'autre soient la même. Eusèbe nomme une ville, Agalléim, et Flavius Josèphe, Agalla, à 8 milles (14 kilomètres) sud d'Aréopolis, qui peut être Églayim, mais serait trop loin de la mer Morte pour être Henéglajim; les villes d'Ésaïe 13; et Ézéchiel 47, seraient alors différentes. Douteux.
ÉGLISE.
On s'accorde de plus en plus en
nos jours, à reconnaître que la parole de
Dieu n'a mis aucune précision dans ses
ordres relatifs aux formes extérieures et à
l'administration de l'Église.
— Voir: Baptême et Cène.
C'est ce que nous retrouvons lorsque nous
cherchons la définition même de ce qu'est
cette Église. La Bible n'est positive que
sur deux grands sens généraux de ce mot. Il
désigne primitivement, et en droit,
l'ensemble ou l'assemblée de tous les
vrais fidèles, et d'eux seuls, Éphésiens
5:25-32; puis, dans la pratique ou en fait,
comme il est impossible de distinguer
ici-bas les vrais fidèles d'avec ceux qui ne
font qu'une profession extérieure, et les
vierges folles d'avec les sages, il désigne
tout ce qui porte ou prend le nom de
chrétien, et par conséquent les deux
extrêmes de l'idée dont il s'agit,
c'est-à-dire ou l'Église, pure, abstraite et
parfaite, ou l'assemblée telle quelle, de
tout ceux qui professent être de Christ,
tant profond que puisse être d'ailleurs leur
égarement ou leur décadence. C'est ainsi
que, d'un côté, le passage aux Éphésiens
cité plus haut, nous représente l'Église
comme sans tache, tandis qu'ailleurs il est
dit, en parlant de l'Église, que dans une
grande maison il n'y a pas seulement des
vases à honneur, mais d'autres à déshonneur,
2 Timothée 2:20. La preuve que les vases à
déshonneur désignent ici des hommes
étrangers à la vraie Église, se trouve dans
les versets qui précèdent, comme dans ceux
qui suivent immédiatement. C'est encore dans
ce dernier sens qu'il est dit de l'Église de
Sardes, que ce n'étaient qu'un petit nombre
de ses membres qui étaient vivants,
Apocalypse 3:4, etc. Par conséquent, toute
congrégation qui s'établit entre ces deux
extrêmes, et qui se donne pour un fragment
de la vraie Église, de l'Église normale, est
par cela même dans l'erreur: elle est trop
pure pour être composée selon les règles de
la vraie Église visible, qui admet tout;
elle n'est pas assez pure pour être composée
comme l'Église parfaite, puisqu'elle
renferme encore beaucoup de péché, et
qu'elle est toujours sujette à receler des
hypocrites. Mais comme professant le
christianisme, elle appartient néanmoins au
grand ensemble et à cette Église générale
qu'elle méprise.
(Que
le mot «Église» signifie «assemblée» ou
«congrégation» et tous les termes connexes
qui s'y apparentes, est une pure conjecture,
un sophisme artificieusement monté par une
théologie putride et stagnante qui se veut
dominatrice sur la foi des gens. La
signification d'un mot est toujours établie
par sa racine, et dans le cas du mot
«Église», terme non traduit mais translitéré
du Grec dans notre langue, ce terme est un
mot composé de EK et de Klesia dont la
signification littérale est «appelé hors
de». Il est clair que le mot Église signifie
«un appel» et non «une assemblée», et qu'il
s'agit ici de l'appel de la grâce
irrésistible «à sortir» de notre état de
pécheur à un état de délivrance en Christ,
délivrance occasionnée par notre
régénération d'en haut par la puissance de
Dieu ou nouvelle naissance selon le décret
d'élection divin. En ce sens le mot «Église»
se traduit justement par «l'appel à
renaître» et dans un contexte collectif il
peut aussi se traduire par «Convocation».
Nous sommes loin d'une institution ou
organisation conventionnelle avec ses
ministres, ses disciplines, ses ordonnances,
et ses bâtiments. L'Église de Christ est
spirituelle et elle le demeurera toujours.
Elle se rapporte à l'élu individuel comme à
la collectivité des élus qui forment le
Corps de Christ. En ce sens très réel,
l'Église visible est l'élu même et l'Église
invisible est Christ en lui, de même pour
l'ensemble de tous les élus qui est la Cité
du Dieu Vivant, la Jérusalem céleste - Héb.
12:22.)
Nous n'avons point à répéter ici des
réflexions qui se trouvent ailleurs, et qui
repoussent au rang des absurdités ces
prétentions d'une portion quelconque de
l'Église universelle à former seule l'Église
visible de Christ. Cette observation
s'applique par excellence à la secte
catholique romaine qui, par son idolâtrie et
ses nombreuses impiétés, ainsi que par le
caractère charnel de sa puissance, constitue
plutôt l'un des éléments les plus prononcés
du règne de Satan dans le inonde. Cependant,
elle aussi, elle appartient à l'Église
générale, puisqu'elle professe le
christianisme.
Notre Seigneur n'a établi aucun pouvoir
central sur l'Église extérieure: les
apôtres, lorsqu'ils furent appelés à décider
pour la première fois une grande question de
foi et de discipline, s'adjoignirent les
membres les plus âgés de l'Église de
Jérusalem (ce qu'on a appelé les prêtres),
et même la masse des fidèles, Actes
15:22-23. Tout le Nouveau Testament nous
annonce l'égalité des fidèles entre eux,
quoique dans les choses d'administration, et
comme principe d'ordre, ils doivent une
déférence particulière à leurs conducteurs
spirituels. Quant au pouvoir proprement dit
de l'Église, il ne réside absolument
que dans l'ensemble des fidèles,
comme les termes seuls suffiraient pour
l'indiquer, puisque le dernier de ces mots
n'est que la traduction du premier.
— La vieille folie d'une principauté de
saint Pierre n'existe plus qu'à l'état de
fiction, comme la pierre angulaire d'une
société vermoulue qu'on voudrait renouveler
et qu'on craint de démolir; ce n'est plus
une affaire religieuse, c'est une affaire
politique et presque sociale, où l'Église
n'a rien a démêler.
On a tenté dernièrement (version suisse du
Nouveau Testament) de traduire le mot Église
par le mot correspondant français que nous
avons employé nous-même, assemblée; cette
traduction est fort utile et fort importante
lorsqu'il s'agit des églises particulières,
mais le mot ne va plus dans la plupart des
cas, lorsqu'on l'applique à l'Église en
général; on éprouve alors une espèce de
repoussement instinctif qui indique assez
que le mot ne correspond plus à l'idée; et
de fait, quoi qu'il en soit de l'étymologie,
le mot Église a pris dès l'origine, et a
acquis dans le cours des siècles, une
signification plus ample, plus large et
aussi plus spéciale, plus religieuse, que le
sens qu'on donne au mot assemblée. L'usage
étant «le maître souverain des langues», il
n'est pas toujours permis d'innover, et l'on
ne peut changer le sens de certains mots une
fois qu'il est admis et déterminé depuis
longtemps.
L'Église de Jésus a reçu la promesse que les
portes de l'enfer ne prévaudront point
contre elle, Matthieu 16:18; cette promesse
ne se rapporte qu'à elle et non à aucune
église particulière, toujours frappée au
coin de l'homme, et par là même incomplète
et périssable. L'Église romaine renouvelle
de nos jours de grands efforts pour rétablir
son règne qui s'en va; elle sait braver à la
fois le ridicule et l'indignation publique:
le protestantisme lui-même est dans un état
de crise qui l'affaiblit sous quelques
rapports, et présidera peut-être à sa
régénération; l'Église ne subsiste que par
la vérité, la victoire restera à la fraction
de l'Église qui sera le plus près de la
vérité. Des douleurs attendent ce petit
troupeau, mais il triomphera par son chef,
et régnera éternellement.
Les diverses questions soulevées par l'idée
d'Église, sur les rapports des fidèles entre
eux, des fidèles avec leurs pasteurs, des
pasteurs entre eux-, de l'Église avec
l'État, etc., ont été examinées avec soin et
sous différents points de vue ces dernières
années. Quelques livres et de nombreuses
brochures ont été publiés; outre les travaux
de MM. Bauty, Grandpierre, Burnier, Rochat,
Guers, F. Olivier, Panchaud, Moulinié,
Monsell, Darby, van Muyden, etc., nous
citerons spécialement la Théorie de
l'Église, du docteur Schérer, traitée au
point de vue scientifique; les Recherches de
A. Bost, relatives à l'organisation de
l'Église, ouvrage qui renfermait en germe la
formation de l'Alliance évangélique; l'Essai
de Vinet, où le plus puissant talent vient
en aide à la conviction la plus arrêtée
quant à la nécessité de maintenir
l'autonomie de l'Église, en la séparant de
l'État; enfin la Réponse de M. de Rougemont
au livre de M. Vinet, la plus solide des
nombreuses réfutations que ce travail a fait
surgir, et l'une des meilleures sous le
rapport de J'esprit chrétien.
Les questions d'Église ne peuvent avoir de
gravité qu'autant qu'elles impliquent des
questions de foi, de fidélité et de liberté;
en dehors de là tout est volontaire, parce
que les Églises sont des associations
librement consenties qui doivent travailler,
chacune pour sa part et suivant les
circonstances dans lesquelles elle se
trouve, au plein développement de la vie
spirituelle de leurs membres. Il ne peut pas
plus y avoir un moule pour les Églises,
qu'il n'y en a pour l'individualité humaine.
À tout être vivant sa forme et son élément,
mais à tous la vie.
ÉGYPTE,
en hébreu Mitzrayim (le
second fils de Cam, Genèse 10:6), et dans la
langue poétique Matsor, Ésaïe 19:6;
37:25 (mal traduit digues ou
forteresses), Michée 7:12 (mal traduit
villes fortes), quelquefois terre
de Cam, Psaumes 78:51; 105:23, ou
Rahab, Ésaïe 30:7; 51:9; Psaumes 87:4.
L'Égypte porte encore de nos jours le nom de
Misr.
Cette contrée, célèbre par le rôle
merveilleux et presque énigmatique qu'elle a
joué dans l'histoire du développement de
l'humanité, est située entre les 24° et 31°
30' de latitude nord, et les 22° et 33° 21'
de longitude est. Elle est bornée au nord
par la Méditerranée; à l'orient, par
l'Arabie et la mer Rouge; au sud, par la
Nubie; à l'occident, par les déserts de
Barca et de Lybie. La vallée du Nil est
longue d'environ 900 kilomètres, et large de
15 à 20, entre les collines arides de la
chaîne lybique à l'ouest, et la chaîne
arabique à l'est; des montagnes granitiques
s'étendent le long de la mer Rouge, et
renferment des carrières de porphyres. On
l'a toujours divisée en trois parties
principales, la Haute-Égypte ou Thébaïde (—
Voir: Pathros); la Moyenne-Égypte, ou
Heptanomis, dans laquelle se trouvaient les
lacs de Mœris et de Menis, et la
Basse-Égypte, qui renfermait les bouches du
Nil ou Delta. Par les inondations
périodiques du grand fleuve, que l'on sut de
fort bonne heure utiliser au moyen de
canaux, Ésaïe 7:18; Ézéchiel 30:12; 32:14,
et de machines, Deutéronome 11:10, et dont
on conduisait ainsi le limon dans des
districts qui fussent restés stériles sans
ces irrigations factices, l'Égypte est
devenue une des contrées les plus fertiles
de la terre, et une source inépuisable
d'approvisionnements pour l'Europe et
l'Asie, Genèse 12:10; 41:57; Exode 16:3.
Tacit. Hist. 3, 8; 3;
— Voir: Fleuve.
Outre le blé qui était son principal revenu,
l'on y trouvait encore en abondance des
oignons, des aulx, des haricots, des
courges, des concombres, des melons, des
poireaux, du lin, du coton, du vin, le
palmier, le figuier, le sycomore et
l'acacia, cf. Nombres 11:5; Exode 9:31, et
les auteurs profanes; le bois cependant y
était rare, soit bois de construction, soit
combustible. Le Nil produisait encore le
papyrus, et nourrissait toutes sortes de
poissons. Nombres 11:5; Ésaïe 19:8; sur ses
bords habitaient l'hippopotame et le
crocodile. Les volailles y étaient
prodigieusement nombreuses; le bétail, et
principalement les bêtes à cornes, étaient
fort estimées; les chevaux y abondaient,
forts, souples et bien faits, 1 Rois 10:28;
Ésaïe 31:1; 36:9; Jérémie 46:4; Ézéchiel
17:15. Le pays était riche en pierres de
construction, granit, grès et calcaire; on y
trouvait même des mines d'or dans la partie
supérieure.
L'Égypte, dit Hérodote, est un don du Nil;
c'est à lui qu'elle doit son existence. Et
Napoléon, dans ses Mémoires, présente sur
ces inondations les observations suivantes:
«Elles sont régulières et productives;
régulières, parce que ce sont les pluies du
tropique qui les causent; productives, parce
que ces pluies, tombant par torrents sur les
montagnes de l'Abyssinie, couvertes de bois,
entraînent avec elles un limon fécondant que
le Nil dépose sur les terres. Les vents du
nord règnent pendant la crue de ce fleuve,
et par une circonstance favorable à la
fertilité, en retiennent les eaux... Le Nil
commence à s'élever au solstice d'été;
l'inondation croit jusqu'à l'équinoxe, après
quoi elle diminue progressivement. C'est
donc entre septembre et mars que se font
tous les travaux de la campagne. Le paysage
est alors ravissant: c'est le temps de la
floraison et celui de la moisson. Après le
mois de mars, la terre se gerce si
profondément, qu'il est dangereux de
traverser les plaines à cheval, et qu'on ne
peut le faire à pied qu'avec une extrême
fatigue. Un soleil ardent, qui n'est jamais
tempéré ni par des nuages, ni par de la
pluie, brûle toutes les herbes et les
plantes, hormis celles qu'on peut arroser.
C'est à cela qu'on attribue la salubrité des
eaux stagnantes qui se conservent en ce pays
dans les bas-fonds. En Europe, de pareils
marais donneraient la mort par leurs
exhalaisons; en Égypte, ils ne causent pas
même des fièvres.»
— Le même auteur ajoute plus loin: «L'Égypte
a, de tout temps, excité la jalousie des
peuples qui ont dominé l'univers.»
À ce jugement d'un grand juge, nous
ajouterons quelques paroles d'un de ses
contemporains, roi comme lui, dans un autre
domaine, M. de Chateaubriand. «C'est dans ce
pays dont tout amant des lettres ne doit
prononcer le nom qu'avec respect, que nous
trouvons les premières bibliothèques. Comme
si la nature avait destiné cette contrée à
devenir la source des lumières, elle y avait
fait croître exprès le papyrus pour y fixer
les découvertes fugitives du génie. C'est de
ce coin du monde que l'aurore des sciences
commença à poindre sur notre horizon, et
l'on vit bientôt les lumières s'avancer de
l'Égypte vers l'Occident, comme l'astre
radieux qui nous vient des mêmes rivages.»
Une forte rosée remplace le bienfait des
pluies du ciel.
— Le chamsin, vent brûlant qui souffle du
sud à l'équinoxe du printemps; les
moustiques, Ex: 8:21; cf. Ésaïe 7:18; les
sauterelles, Exode 10, les grenouilles,
Exode 8:6; Psaumes 78:45; enfin la peste, la
lèpre, des pustules et l'éléphantiasis, sont
les plaies principales qui affligent
l'Égypte, et qui tempèrent les autres
avantages que Dieu lui a accordés.
Les Égyptiens, qui atteignent en général un
âge avancé, n'ont jamais passé pour beaux:
leurs pieds, en particulier, sont
quelquefois difformes; leur peau est brune,
leur front plat, leurs pommettes saillantes,
leur bouche large, leurs lèvres épaisses;
les hommes avaient la réputation d'être
grands, Ézéchiel 16:26, et leur crâne était
extrêmement dur. Les femmes étaient et sont
encore d'une fécondité remarquable.
Nous trouvons l'Égypte déjà peuplée dans les
temps les plus reculés auxquels nous
ramènent les documents des nations. Diodore
de Sicile nous y montre des enfants de
l'Éthiopie (3:3), Heeren une colonie de
prêtres, partout des cultivateurs. Dans
l'Ancien Testament (cf. surtout Jérémie
44:1; Ézéchiel 30:13), plusieurs grandes
villes égyptiennes sont mentionnées, On ou
Héliopolis, Rahmésès, Pithom, Tsoan ou
Tanis, Noph (Memphis), Bubaste, Sin
(Pelusium), Daphné, Noammon (Thèbes), et
quelques autres,
— Voir: ces articles.
Les arts et les sciences y fleurirent
bientôt, quoiqu'on ne puisse admettre pour
ces dernières, qui ne furent pas d'abord un
privilège de la caste sacerdotale, toutes
les merveilles que les Grecs en ont
rapportées, soit quant à leur degré de
perfectionnement, soit quant à leur nombre:
il paraît que la physique et les
mathématiques furent plus particulièrement
étudiées, et avec le plus de succès;
peut-être aussi la médecine, q.v. Les ruines
de ses temples, les obélisques, les canaux,
les impérissables pyramides, sépulcres de
tant de rois, et en général tous les
produits artistiques qui nous ont été
conservés de ce peuple, témoignent que le
zèle et la persévérance jouèrent un plus
grand rôle dans ses arts que le goût. Le
fameux zodiaque du temple de Dendérah,
transporté en France en 1821, et déjà
signalé en 1806 par le ridicule mémoire de
Du-puis, ne ferait pas, s'il était
authentique, l'éloge de l'astronomie
égyptienne. Il représente l'état du ciel à
une époque où le point équinoxial coïncidait
avec le signe de la Vierge, et qui remonte à
15 ou 16 mille ans. S'il avait été fait
de visu, d'après nature, l'astronomie
égyptienne serait plus vieille que le globe.
On a reconnu depuis qu'il était de fabrique
romaine, fait sous Néron ou sous Domitien;
selon d'autres, il remonterait au temps des
Ptolémées.
La caste des prêtres tirait, à ce qu'on
croit, son origine de quelque tribu plus
civilisée venue des contrées méridionales,
peut-être aux beaux jours des Pharaons; elle
se divisait elle-même en plusieurs classes,
auxquelles appartenaient les sages et les
magiciens nommés dans l'Écriture, Genèse
41:8; Exode 7:11; 8:18; 9:11. Les autres
castes indiquées par Hérodote (plus
subdivisées que dans Diodore et Strabon),
sont celles des soldats, des bergers, des
gardeurs de pourceaux, des merciers, des
interprètes et des bateliers (sur le Nil).
C'est de la caste des guerriers, placée sous
la dépendance des prêtres, que sortaient
ordinairement les rois dans les changements
de dynastie. Les prêtres et les guerriers
seuls pouvaient être propriétaires du sol.
Le métier des pères passait aux enfants,
sans que personne pût changer de profession;
l'artiste ne pouvait cultiver qu'une
spécialité, le médecin qu'une branche de son
article. La classe des artisans était fort
nombreuse; outre la culture du sol, elle
s'occupait encore de broderies, de tissage,
de diverses fabrications, et faisait un
commerce étendu que les eaux faciles du
fleuve contribuaient beaucoup à favoriser,
Proverbes 7:16; Ésaïe 19:9; Ézéchiel 27:7.
C'est surtout avec les Indes que l'Égypte
faisait de nombreux échanges: ses vaisseaux
allaient par les mers de l'Arabie et de la
Perse chercher les épices, l'ivoire et les
soies de ces régions lointaines. Ils
s'avançaient jusqu'à la Taprobane, la Ceylan
des modernes. Sur cette côte, les Chinois et
les nations situées au-delà du cap Comorin
apportaient les marchandises à l'époque du
retour périodique des flottes égyptiennes,
et recevaient en échange l'or de l'Occident.
Quant à la religion, Exode 12:12, c'était
une espèce de culte symbolique de la nature,
qui n'était pas le même non plus dans toutes
les parties du pays; l'astrolâtrie dominait;
Osiris, Ammon, Isis, et d'autres divinités
du ciel étaient adorées; à côté d'elles on
trouvait des veaux, des bœufs, des
crocodiles, d'autres animaux encore que la
zoolâtrie avait divinisés comme
représentants des forces de la nature. Des
temples grandioses et magnifiques leur
étaient élevés dans les principales villes,
Jérémie 43:12; Ézéchiel 30:13; Thèbes
renfermait un oracle célèbre du dieu des
sables, Jupiter Ammon, Jérémie 46:25; cf.
Ésaïe 19:1.
La langue égyptienne n'avait pas de point de
contact avec les langues sémitiques; elle
s'est peu à peu ramifiée et fondue dans
trois dialectes coptes, et maintenant elle
est entièrement perdue, depuis près de deux
siècles. Les noms propres de l'Égypte, et
quelques noms communs, nous sont conservés
par la Bible dans leur langue originale, le
Nil, Yeôr, Pharaon, etc. Le copte actuel est
un mélange du grec avec l'ancien égyptien.
La classe des lettrés comptait deux espèces
d'écritures, l'une commune, pour le peuple
et pour le commerce de la vie; l'autre
hiéroglyphique, sainte, indéchiffrable, dont
M. Champollion a le premier retrouvé la clef
depuis longtemps perdue;
— Voir: Quatremère, Recherches sur la
langue et la littérature de l'Égypte, Paris
1808.
L'histoire ancienne de cette contrée se perd
dans les nuages de la poésie et de
l'imagination des peuples enfants. Quelques
hordes venues de l'Orient, quelques Arabes
dirigés par des chefs nommés Hyksos,
passèrent l'isthme de Suez, et chassèrent
devant eux les premiers occupants, qui
s'arrêtèrent dans la Thébaïde, et y
demeurèrent près de deux siècles, battus,
mais insoumis, jusqu'au moment où leurs
tribus diverses s'étant réunies sous
l'influence de Diospolis, la plus puissante
d'entre elles, et guidées par Thoutmosis III
ou Mœris, elles purent secouer le joug des
rois pasteurs. C'est donc avant l'invasion
des Hyksos, qu'Abraham, Isaac, Jacob et
Joseph auraient visité cette contrée.
— Mais ce n'est guère que depuis Sésostris
(1491 avant J.-C.), que l'histoire d'Égypte
perd ce qu'elle a de fabuleux et
d'incertain; elle commence dès lors à se
mêler au mythe, la vérité au roman; c'est
l'époque des constructions gigantesques et
des révolutions. Le pouvoir de Sésostris
offusque le parti prêtre qui, humilié de
n'occuper que le second rang dans la nation,
prépare ses mesures, laisse passer avec
calme quelques générations, puis enfin,
secondé par les Éthiopiens de Méroë,
s'élance sur le trône dans la personne de
Séthos, et en précipite le dernier roi de la
caste guerrière, Sabakon. Le prêtre-roi
gouverne avec habileté, mais les guerriers
qu'il a refoulés au second rang
l'abandonnent, et son autorité s'éteint avec
lui. À cet usurpateur succède l'anarchie,
puis la dodécarchie, et Psamméticus après
avoir supplanté par la ruse et la force ses
onze collègues, devient, en 650, maître de
toute l'Égypte; sa famille occupe le trône
encore trois générations, Nécho, Psammis et
Apriès, (c'est apparemment pendant le règne
de l'un d'entre eux que Nébucadnetsar fait
la conquête de l'Égypte annoncée par les
menaces des prophètes, Jérémie 43:12; 46:13;
Ézéchiel 29:19; 30:4): Apriès est tué dans
une émeute populaire, et un homme nouveau,
Amasis, est revêtu de la royauté par la
volonté nationale; son règne fut le dernier
moment de l'indépendance de l'Égypte; son
fils Psamménite (526) n'hérita pas de ses
talents, et laissa tomber sa couronne entre
les mains de Cambyse, roi des Perses (521).
L'histoire nomme encore les rois Inarus,
Achoris, Tuchos, Nectanebus qui fut
dépouillé par Artaxercès Ochus (346). Dix
neuf ans après c'est Alexandre le Grand qui
vient y planter ses armes (327), et qui la
livre pendant trois siècles aux Ptolémées,
descendants d'un de ses généraux: Soter,
Philadelphe, Évergète, Philopator,
Épiphanes, Philométor, Évergète II ou
Physcon, Lathure, Cléopâtre 1er, sa fille,
femme d'Alexandre 1er, neveu de Lathure,
Alexandre II, Ptol. Nothus ou Aulétés, Ptol.
Dénys ou Bacchus, Cléopâtre II sa sœur. La
bataille d'Actium met (in à cette dynastie.
À l'exception des Pharaons pasteurs dont il
est parlé dans la Genèse et l'Exode,
l'Écriture sainte ne nous a conservé les
noms propres que de quatre de ces rois
d'Égypte, savoir Sisak, 1 Rois 11:40;
(Sesonchis ?), Nécho, 2 Chroniques
35:20; Jérémie 46:2; So, 2 Rois 17:4;
et Hophra, Jérémie 44:30.
— Voir: ces différents articles.
Les dates égyptiennes sont le labyrinthe de
la chronologie; Manéthon, Hérodote, Diodore
de Sicile varient dans leurs données et ne
s'accordent que rarement sur les chiffres,
ce qui semble indiquer déjà que le
calendrier égyptien était jugé diversement
chez les divers peuples; d'ailleurs le
nombre prodigieux d'années du règne de
certains rois, et même de plusieurs suites
de rois, milite passablement en faveur de
l'opinion que les années de l'Égypte
n'étaient point les mêmes que les nôtres;
enfin, nous avons le témoignage de Diodore
de Sicile qui dit que de son temps déjà l'on
se méfiait de ces années, et que
quelques-uns les réduisaient à un mois
suivant le cours de la lune; les années des
Égyptiens auraient subi diverses
modifications: d'un mois d'abord, elles
auraient été ensuite de deux mois, puis de
quatre. C'est dire qu'il n'y a pas moyen de
s'en tirer, car l'embarras serait, en
admettant même ces suppositions, de fixer
quelles années auront été d'un mois, ou de
deux, ou de quatre. Le plus sûr est par
conséquent de s'en tenir pour la chronologie
égyptienne à quelques dates générales, et
notamment aux synchronismes qui sont
indiqués dans la Bible: ainsi la
contemporanéité de Nécho et de Josias et
Jéhojakim, 2 Rois 23:29 (cf. Ézéchiel 19),
celle de Sédécias et de Apriès (Hophra),
Jérémie 44:30, celle de l'éthiopien Tirhaca
et d'Ézéchias, 2 Rois 19:9; Ésaïe 36:6,
celle de So et de Hozée, roi d'Israël, 2
Rois 17:4, celle de Sisak et de Salomon et
Jéroboam, 1 Rois 11:40, puis en remontant
encore plus loin, celle de David et des
Pharaons, 1 Rois 3:1; 7:8; 9:16; 11:18;
enfin celle des Hyksos et de Moïse; Joseph
aurait alors vécu en Égypte avant l'invasion
des peuplades orientales.
Il ne paraît pas que depuis Moïse jusqu'à
Salomon les Israélites aient eu aucune
relation avec les Égyptiens; c'est à ce
dernier monarque qu'était réservé le
déshonneur de former une alliance avec les
ennemis de son Dieu, et cette alliance ne
fut préjudiciable ni à son trésor, ni à sa
sensualité, 1 Rois 3. Cependant il en fut
puni, 1 Rois 11:40, comme ses descendants
après lui; il dut comprendre déjà que
l'Égypte est un roseau qui se brise entre
les mains de celui qui veut s'en faire un
appui, et qui lui perce l'épaule, Ézéchiel
29:6; cf. Ésaïe 36:6. L'Égypte continua de
rester l'ennemie du peuple qui s'était
soustrait à son joug quelques siècles
auparavant, et qui avait voulu ensuite
traiter avec elle d'égal à égal; et nous la
voyons, Joël 3:19, se liguer avec Édom
contre Israël au huitième siècle. Plus tard,
sous Ézéchias, l'Égypte menacée par les
armes assyriennes recherche l'alliance des
Hébreux; les prophètes la déconseillent, la
repoussent, mais les politiques la désirent
et la font accepter, Ésaïe 30:2; 31:1; 36:6;
cf. 18:2; cette démarche, dangereuse parce
qu'elle est impie, porte un coup fatal au
peuple de Dieu qui se trouve à deux doigts
de sa perle, 2 Rois 18:19. Sous Josias,
nouvelle lutte entre l'Égypte et Juda, 2
Rois 23:29. Juda succombe et reste sous la
domination de cet ennemi, 2 Rois 23:33,
jusqu'à ce qu'il passe sous celle de la
Caldée. Une nouvelle alliance du dernier roi
de Juda avec l'Égypte, porte à ce malheureux
monarque le coup fatal, et Juda a cessé
d'exister, Jérémie 44:30; Ézéchiel 17:15. Un
grand nombre de Juifs s'enfuient en Égypte,
Jérémie 41:17, où ils trouvent un nombre
également considérable d'Israélites,
Zacharie 10:10. Hosée, roi d'Israël, trouve
sa ruine dans la même alliance, 2 Rois 17:4;
Osée 5:13; 7:11. Après l'exil, les Ptolémées
sont seigneurs de la Palestine, (301 à 180
avant J.-C.); les livres apocryphes nomment
Philopator, 3 Maccabées, Philométor, 1
Maccabées 10:57; 11:3,8; 2 Maccabées 4:21,
et Physcon ou Évergète, 1 Maccabées 15:16.
Sous leur gouvernement les Juifs domiciliés
en Égypte obtiennent des franchises, et
peuvent se construire à Léontopolis un
temple suivant le modèle de celui de
Jérusalem, dans lequel ils sont libres de
célébrer leur culte selon les rites de la
loi; les Juifs persécutés en Palestine sont
heureux de pouvoir se réfugier dans un pays
si tolérant, et Joseph, le père putatif de
Jésus, s'y réfugie avec l'enfant et sa mère
pour échapper aux fureurs d'Hérode, Matthieu
2:13.
L'Égypte a été le sujet d'un grand nombre de
prophéties qui ont reçu maintenant leur
accomplissement (— Voir: Keith, Évid.
des prophéties), et l'on peut comparer avec
Ézéchiel 29:14-15; 30:7,12-13; 32:15, ce que
dit Volney dans son voyage en Syrie, t. I,
chapitre 6: «Enlevée depuis 23 siècles à ses
propriétaires naturels, elle a vu s'établir
successivement dans son sein des Perses, des
Macédoniens, des Romains, des Grecs, des
Arabes, des Géorgiens, et enfin cette race
de Tartares connus sous le nom de Turcs
ottomans.»
Son histoire moderne, comme théâtre
d'agitations, et de bouleversements ne le
cède en rien à son histoire ancienne, et le
dernier mot n'est pas encore prononcé.
ÉHUD
(louant).
-
Le second des juges d'Israël (1325 avant J.-C.), Juges 3:15, de la tribu, de Benjamin. Habile et fort quoique gaucher, il résolut de délivrer son peuple asservi depuis dix-huit ans à Héglon, roi de Moab; il obtint par la ruse un entretien particulier avec cet oppresseur et le frappe de son poignard; puis il retourne vers les siens, se place à leur tête, et met en pièces les Moabites qui n'ont pas eu le temps de se reconnaître et de se donner un chef. Quatre-vingts ans de repos sont le résultat de cet exploit. L'action d'Ehud, à notre point de vue, est un meurtre politique; tout peut le justifier ou l'expliquer, mais non l'excuser: c'est Guillaume Tell tuant Gessler. Au point de vue théocratique, il se comprend mieux. L'Écriture ne le blâme ni ne l'approuve,
— Voir: Juges d'Israël, p. 34-37.
-
Éhud, 1 Chroniques 7:10; 8:6, arrière-petit-fils de Benjamin, se transporta, peut-être par défaut de place, de Guéba à Manahath dans la tribu de Juda, avec quelques autres familles de sa tribu. On l'a confondu quelquefois avec le précédent, mais leur identité n'est rien moins que prouvée.
ÉLA
(chêne).
-
Successeur d'Aholibama dans le gouvernement de l'Idumée, Genèse 36:41. Du reste inconnu.
-
Fils et successeur de Bahasa sur le trône d'Israël, 930 avant J.-C., régna deux ans à Tirtsa, et fut tué par Zimri, l'un de ses capitaines, pendant un repas que lui donnait Artsa, son maître-d'hôtel. Hosée son fils tua Pékach l'usurpateur, 2 Rois 15:30.
ÉLAM, Élamites,
— Voir: Hélam.
ÉLATH ou Éloth
(force) ou Éloth, 2 Chroniques 8:47, chez saint Jérôme Aliath, chez les Grecs et les Romains Élana, maintenant Akabael-Mesrim, ville édomite avec un port sur le golfe élanitique ou sinus oriental de la mer Rouge; d'après Eusèbe, à 10 milles est de Pétra, d'après Pline, à 150 milles rom, de Gaza, d'après Albufeda, au 55° longitude 29° latitude, d'après des calculs plus exacts entre le 57° 19' longitude et 28° 45' latitude. David se la soumit, 2 Samuel 8:14, et Salomon y construisit une flotte destinée à faire le commerce avec le pays d'Ophir, 1 Rois 9:26; 2 Chroniques 8:17. Son cinquième successeur, Joram, perdit cette place importante, avec le reste de ses possessions en Édom, 2 Rois 8:20; mais Hozias la rebâtit et la réunit de nouveau à son royaume, 2 Rois 14:22; enfin Retsin roi de Syrie s'en empara, 2 Rois 16:6, et y établit une colonie syrienne. Plus tard, elle passa au pouvoir des Romains, qui y mirent une forte garnison, et l'agrégèrent à la Palestine devenue aussi leur province. Après l'apparition du christianisme, elle devint une résidence épiscopale, et plusieurs de ses évêques figurèrent dans les premiers conciles. Ce n'est plus aujourd'hui qu'une tour flanquée de quelques maisons, et dans le voisinage de laquelle se trouve une forêt de palmiers. Ruppel croit avoir trouvé les ruines de l'ancienne Élath sous le nom de Gelena.
ELDAD
(aimé de Dieu) et Medad (mesurant), Nombres 11:26, deux des anciens d'Israël, qui furent choisis par Moïse dans le désert pour l'assister avec soixante-huit autres dans la conduite si difficile de ce peuple toujours sourd à la voix de l'Éternel, aveugle à ses miracles. Ils ne se trouvaient pas avec leurs collègues, lorsque Moïse les réunit autour du tabernacle pour qu'ils reçussent le Saint-Esprit, mais retenus au camp par d'autres soins, ils n'en eurent pas moins part aux bénédictions qui furent implorées et répandues sur les soixante-dix, et ils se mirent à prophétiser. Un jeune garçon vint en hâte le dire à Moïse; Josué qui était encore assez jeune alors, fougueux, inexpérimenté, et qui ne comprenait pas, sans doute, ce qu'il y avait de spirituel et de céleste dans leur mission, craignant que ce qu'il regardait comme une illégalité, ne portât préjudice à la gloire de Moïse, pria celui-ci d'y mettre ordre et de les empêcher de continuer. Mais Moïse, animé du vrai zèle pour la maison de Dieu, et faisant toujours abnégation de lui-même à l'honneur de son divin maître, lui répondit: Es-tu jaloux pour moi? Plut à Dieu que tout le peuple de l'Éternel fût prophète, et que l'Éternel mît son esprit sur eux! Touchant exemple d'humilité, et bonne leçon pour les ministres du Très-Haut, qui trop souvent voient avec peine d'autres ouvriers travailler dans leur champ, et semer la Parole avec plus de succès qu'ils ne le font eux-mêmes. C'est la même leçon que nous donne encore saint Paul, Philippiens 1:14-18.
ÉLÉAZAR
(secours de Dieu).
-
Troisième fils d'Aaron et d'Élisébah. Exode 6:23; 28:1; Nombres 3:2; 26:60; 1 Chroniques 6:3; 24:1; il fut appelé au sacerdoce en même temps que son père, et ses trois frères. Par la mort de ses deux aînés, Lévitique 10, il se trouva le premier successeur désigné de son père, et forma la branche aînée. Le jour même de leur mort, encore affligé et troublé, il négligea, ainsi qu'Ithamar son frère, de manger la viande du sacrifice. Aaron les excusa sur la violence de leur douleur, et Moïse qui leur avait fait à ce sujet d'amers reproches, comprit leur motif et s'apaisa. Éléazar, le chef des chefs des Lévites, fut mis à la tête de ceux qui devaient avoir la charge du sanctuaire et de ses ustensiles, huile du luminaire, parfum des drogues, gâteau continuel, huile de l'onction, etc., Nombres 3:32; 4:16. Il dut relever du feu les encensoirs d'airain qui avaient servi à Coré et à ses complices, et il en fit des plaques pour en recouvrir l'autel, Nombres 16:39. Ce fut lui qui le premier offrit le sacrifice de la vache rousse, Nombres 19:3.
— À la mort de son père, il lui succéda, ayant été revêtu de la robe sacerdotale sur la montagne de Hor, où il laissa les cendres du premier grand prêtre, Nombres 20:25; sq. Deutéronome 10:6. Nous le voyons ensuite présider au second dénombrement, 26:1, ordonner avec Moïse la destruction des Madianites et la purification par le feu ou par l'eau, des dépouilles de ce peuple, 31:12-51, arrêter les conditions entre les tribus transjourdaines et cisjourdaines, lorsque les premières (Ruben, Gad et Demi-Manassé) eurent résolu de s'établir sur la rive gauche du fleuve, 32:2. Puis il passe le Jourdain, fait avec Josué le partage de la terre promise, Nombres 34:17; Josué 14:1; 17:4; 19:51; 21:1, et meurt peu après dans la montagne d'Éphraïm, Josué 24:33.
— Le sacerdoce resta dans sa maison jusqu'aux jours d'Héli qui était de la maison d'Ithamar; on ignore comment la sacrificature passa de la branche aînée dans la branche cadette.
-
Éléazar, fils d'Abinadab, 1 Samuel 7:1. C'est à lui que fut confiée la garde de l'arche sainte lorsqu'elle eut été renvoyée par les Philistins. Il est dit qu'il fut consacré à cette charge, soit qu'il faille l'entendre d'une simple destination, soit qu'il ait effectivement reçu l'onction sainte, ce qui semble plus probable à raison de l'importance du dépôt qui lui était remis.
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Éléazar, fils de Dodo, fils d'Ahohi, l'un des trois braves de David qui passèrent au travers du camp des Philistins pour aller puiser de l'eau à leur maître au puits qui est à l'entrée de Bethléem: il est raconté de lui qu'un jour il battit les Philistins et en fit un tel carnage que son épée demeura collée à sa main, 2 Samuel 23:9,16; 1 Chroniques 11:12-14.
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Un des ancêtres de Jésus, fils d'Éliud, Matthieu 1:15. Du reste inconnu.
ÉLHALÉ
(holocauste de Dieu), bourg assigné à la tribu de Ruben et situé sur une colline, Nombres 32:3,37; Ésaïe 15:4; 16:9; Jérémie 48:34. Il est toujours cité avec Hesbon, dont il n'était éloigné que d'une lieue romaine, ou d'une demi-lieue suivant Seetzen. Ses ruines portent encore aujourd'hui le nom de El'Haal, d'après Burkhardt.
ÉLHANAN
(grâce de Dieu), fils de Dodo, 1 Chroniques 11:26, ou de Jahir, 20:5; 2 Samuel 23:24, de la troisième classe des officiers de David, qui comptait trente guerriers. Il se distingua dans un fait d'armes qui nous est raconté 2 Samuel 21:19, en ces mots: «Élhanan fils de Jaharé Oréguim, bethléhémite, frappa Goliath Guittien, etc.» Le texte de ce passage est altéré, et nos versions ont dû lire: «le frère de Goliath» pour ne pas mettre ce passage en désaccord avec l'histoire du géant vaincu par David. L'auteur du livre des Chroniques, 1 Chroniques 20:5, qui avait sans doute connaissance du texte original, a rétabli le fait en rapportant que Élhanan, fils de Jahir, frappa Lahmi, frère de Goliath, etc.
ÉLHASA
(que Dieu a fait), fils de Saphan, et Guémaria (achevé par l'Éternel), fils de Hilkija, furent chargés par Sédécias, roi de Juda, de porter aux Juifs de Babylone des lettres de Jérémie, Jérémie 29:3. Élhasa n'est connu que par cette ambassade; mais son père peut être pris pour le même qui avait été secrétaire du roi Josias, 2 Rois 22:3. Quant à Guémaria, il est inconnu, et ne doit pas être confondu avec un autre du même nom, fils de Saphan, et probablement frère d'Élhasa, Jérémie 36:10.
ÉLIAB
(mon Dieu est un père).
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Fils de Hélon et chef de la tribu de Zabulon, Nombres 1:9.
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Fils de Pallu, rubénite, et père de Dathan et Abiram, Nombres 26:8-9; 16:1.
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Fils d'Isaï et frère aîné de David, 1 Samuel 16:6; 1 Chroniques 2:13. Samuel sachant que c'était dans la famille d'Isaï qu'il devait choisir le successeur de Saül sur le trône d'Israël, et frappé du visage et de la grandeur de la taille d'Éliab, pensa d'abord que ce jeune homme était l'oint de l'Éternel: c'est alors que Dieu prononça ces solennelles paroles: «L'Éternel n'a point égard à ce à quoi l'homme a égard, car l'homme a égard à ce qui est devant les yeux, mais l'Éternel regarde au cœur.» La royauté fut donnée au plus jeune, et l'aîné, resté subalterne, montra par sa jalousie contre son frère que son cœur n'était point fait pour le rendre digne d'occuper le trône théocratique; il s'enflamma contre David de ce que celui-ci, descendu pour porter des vivres à ses frères, s'enquérait des récompenses promises à celui qui frapperait Goliath, 1 Samuel 17:28.
— Une de ses descendantes, Abihaïl, devint l'épouse de Roboam, 2 Chroniques 11:18.
-
1 Chroniques 6:27, inconnu.
ÉLIAKIM.
-
Fils de Hilkija, maître d'hôtel de la maison d'Ézéchias, fut envoyé avec Sebna et Joah vers Rabsaké, général de Sanchérib, pour entendre les propositions de ce roi d'Assyrie. Accablés de douleur à l'ouïe des insolentes paroles du païen, ils déchirèrent leurs vêtements, et vinrent rapporter à Ézéchias ce qu'ils avaient entendu; ils se rendirent ensuite auprès d'Ésaïe et le supplièrent d'aider Ézéchias de ses conseils et de ses prières. Ils revinrent consolés et fortifiés. Ésaïe 36:3; 37:2; 2 Rois 18:18; sq. Est-ce le même que celui qui est indiqué Ésaïe 22:20? On ne saurait ni l'affirmer ni le nier, mais l'identité est probable, et, dans ce cas, Éliakim aurait succédé à Sebna dans la charge de maître du palais.
-
Éliakim,
— Voir: Jéhojakim;
dix-huitième roi de Juda. Les deux noms ont en hébreu la même signification: «celui que Dieu établit;» l'un composé du mot Jéhovah, l'autre du mot Élohim, ou Éli.
-
et #4...
-
Deux Éliakim sont nommés dans la généalogie de notre Sauveur, l'un fils d'Abiud, Matthieu 1:13, l'autre fils de Melca, tous deux inconnus.
ÉLIASAPH,
fils de Dénuël, chef de la tribu de Gad, Nombres 1:14.
ÉLIASIB,
fils de Jojakim, et souverain
sacrificateur de la race d'Éléazar: il
succéda à son père sous Xercès, d'après,
Flavius Josèphe. Il commença la
reconstruction de Jérusalem après l'exil, et
sanctifia les travaux qui furent faits,
Néhémie 12:10; 3:1. Plus tard, et pendant
l'absence de Néhémie, peu encouragé par ses
grossiers et charnels compatriotes, il se
relâcha, contracta alliance avec l'ammonite
Tobija et lui fit même préparer dans le
temple une vaste chambre, espèce de
trésorerie où l'on mettait auparavant les
dîmes des lévites, des chantres, des
portiers et des sacrificateurs. Néhémie, de
retour, mit fin à cette profanation, et jeta
les meubles du païen hors de la maison.
— Quelques-uns ont douté, mais sans motif
suffisant, que cet Éliasib fût le même que
le souverain sacrificateur.
ÉLIE
(hébreu Éliyahou, mon
Dieu l'Éternel), prophète israélite, que
Dieu appela à exercer son ministère sous le
règne de l'impie Achab, dans un temps où,
sans une intervention divine, le peuple tout
entier semblait près de tomber dans
l'idolâtrie. La Bible ne nous dit rien sur
sa famille, si sur la première partie de sa
vie. Nous savons seulement qu'il était
originaire de Thisbé, en Galilée, 1 Rois
17:1; cf. Jean 7:52. Dieu l'ayant chargé
d'un message qui devait lui attirer la
colère d'Achab, la prédiction d'une grande
sécheresse, lui ordonna ensuite de se
retirer dans une partie reculée du pays, au
bord du Kérith, où il fut nourri d'une
manière miraculeuse, par des corbeaux, parce
que le lieu de sa retraite devait être
ignoré. Cependant, au bout d'un an, le
Kérith ayant été mis à sec par cette
sécheresse qui ravageait le pays, Élie reçut
l'ordre de se rendre à Sarepta en Phénicie,
où une veuve devait pourvoir à son
entretien; il fallait de la foi certainement
pour se hasarder ainsi à entrer dans le pays
de Jésabel, mais la foi d'Élie avait été
affermie par les expériences qu'il venait de
faire auprès du torrent, et son espérance ne
fut point trompée: non seulement il trouva
un sûr asile dans la maison de cette femme,
mais il devint pour elle un instrument de
bénédiction; il la sauva de la famine,
rendit la vie à son fils et lui fit
connaître le Dieu d'Israël, 1 Rois 17:2; sq.
cf. Luc 4:25. Vers la fin de la quatrième
année depuis le commencement de la famine,
Élie se rendit auprès du roi, et lui offrit
de lui prouver par une épreuve solennelle
que ce malheur devait être considéré comme
un juste châtiment de l'idolâtrie. Plusieurs
centaines de prêtres de Bahal furent
rassemblés sur le promontoire de Carmel, en
présence du roi et de sa cour, et là le
prophète commença par représenter au peuple
l'inconséquence dont il se rendait coupable
en cherchant à allier le service de Banal
avec celui du vrai Dieu, et la nécessité de
prendre parti pour l'un ou pour l'autre.
L'événement devait déterminer ce choix. Les
faux prêtres prient, crient, sacrifient, et
se font des incisions dans la chair; mais
aucun dieu n'est là pour répondre. Élie
supplie l'Éternel de se manifester, et sa
prière est exaucée; le feu du ciel, que les
prêtres idolâtres n'ont pu obtenir par
toutes leurs processions et leurs
macérations, descend sur l'autel, et le
peuple entier tombe à genoux en s'écriant:
«C'est l'Éternel qui est Dieu, c'est
l'Éternel qui est Dieu», 1 Rois 18. Ce
chapitre peut être appelé l'Histoire de la
Réformation d'Israël; on y trouve chez les
idolâtres et chez le prophète les caractères
qu'on a remarqués dans le mouvement du
seizième siècle. Cependant Élie ne devait
pas s'enorgueillir de ce triomphe; le
Seigneur le fit bientôt après passer de
nouveau par de grandes tentations qui
devaient le maintenir dans l'humilité; c'est
ainsi qu'il agit toujours avec ses plus
illustres serviteurs. Forcé de fuir devant
une nouvelle persécution de Jésabel, Élie se
rend dans le désert de Sinaï, où il est
saisi d'un profond découragement; mais le
Seigneur le relève par une action
symbolique, et lui ordonne d'oindre Hazaël
pour roi de Syrie, Jéhu pour roi d'Israël,
et de choisir Élisée pour son successeur
dans l'office prophétique; ces ordres
impliquaient la promesse que ces trois
personnages seraient les instruments de la
miséricorde comme de la justice divine
envers son peuple, 1 Rois 19:1; sq. Un peu
plus tard, nous trouvons encore le prophète
chargé de la pénible tâche d'annoncer à
l'impénitent Achab les châtiments nouveaux
qu'il s'est attiré par le meurtre de Naboth;
il s'en acquitte avec une entière fidélité,
1 Rois 21:17; sq. Sous le règne d'Achazia,
il sort de la retraite qu'il s'était
choisie, et fait annoncer au monarque malade
et à moitié idolâtre, l'issue fatale de la
maladie dont il est atteint: c'est dans
cette occasion qu'à sa prière le feu du ciel
consuma les gens de guerre envoyés pour le
saisir, 2 Rois 1:3; sq. Élie agit en cela
comme exécuteur de la justice divine; agent
d'une théocratie, il frappe de peines
ecclésiastiques sévères ceux qui
l'outragent, comme fit plus tard Élisée;
c'est l'esprit de la loi; les paroles de
Jésus, Luc 9:55, ne font rejaillir aucun
blâme sur Élie, elles déclarent seulement
ces peines, ce zèle, ce mode d'agir
incompatible avec l'esprit de la nouvelle
économie. Peu après la mort d'Achazia, Élie
fut aussi appelé à quitter ce monde; mais
Dieu, voulant ratifier et glorifier de
nouveau son ministère, le retira à lui avec
des circonstances surnaturelles, et sans le
faire passer par la mort. Élisée, son
disciple et son successeur, fut cependant le
seul témoin de son enlèvement, 2 Rois 2:1;
sq..
Cette ascension était le chant de
l'immortalité. Neuf siècles plus tard, ce
même homme glorifié, le représentant de la
prophétie, s'entretenait avec son Sauveur
sur le mont Thabor, de même que Moïse le
représentant de la loi: ils parlaient de la
Rédemption,
— Voir: Sermon de Krummacher.
L'Ancien et le Nouveau Testament sont pleins
de la gloire d'Élie: celui qui devait
annoncer aux hommes la venue prochaine du
Messie, Jean Baptiste, porte par avance le
nom du grand prophète, Malachie 4:5;
— Voir: encore Jean 1:21; Luc 1:17,
etc. Romains 11:2; Jacques 5:17; et
ailleurs.
ÉLIHAM,
père de Bathsébah, la femme d'Urie, 2 Samuel 11:3, et fils d'Achitophel, 23:34. Il porte le nom de Hammiel, 1 Chroniques 3:5, où la mère de Salomon est appelée Bathsuah.
ÉLIHÉZER
(secours de Dieu).
-
Le serviteur d'Abraham, bien connu par la touchante et noble simplicité de son histoire, quoiqu'il ne soit nommé qu'une fois, Genèse 15:2. II était de Damas, et fort attaché à son maître, dont il était l'héritier naturel avant la naissance d'Isaac. C'est lui sans doute qui fut chargé par Abraham d'aller en Mésopotamie chercher une épouse au fils de la promesse: plein de confiance dans le plus ancien serviteur de sa maison, Abraham lui remet le soin de régler seul cette affaire importante, de choisir l'épouse et de fixer les conditions du mariage; Élihézer part accompagné des vœux de la famille patriarcale, et se rend en Caldée, auprès de Na-cor, parent d'Abraham. On sait quelle fut sa conduite, ses prières, le signe qu'il demanda à Dieu, et la manière dont il fut exaucé; on se rappelle qu'avant de rien faire il prie, qu'avant de prendre aucun aliment il veut s'acquitter de son message, et qu'il se jette à genoux pour rendre grâce à Dieu du succès qu'il vient d'accorder à ses recherches. Il suffit, pour être ému, de lire le récit qui nous est fait de ces pourparlers entre Élihézer et la jeune fille, entre Élihézer et les parents de Rébecca, pourparlers dans lesquels le serviteur représente le maître avec le zèle le plus dévoué et le plus éclairé, et mène à bonne fin, en un seul jour, une transaction pour laquelle on demande maintenant des mois. Quelle confiance et quelle simplicité!
-
Fils de Moïse et de Séphora, Exode 18:4;
— Voir: Guersom.
-
Fils de Dodava, 2 Chroniques 20:37, n'est connu que par une prophétie menaçante contre Josaphat, à qui il annonça la destruction de sa flotte sur la mer Rouge, à cause de son alliance avec l'impie Achazia, qui ne s'employait qu'à faire du mal. La prédiction fut bientôt accomplie.
-
Plusieurs autres personnages de ce nom sont encore nommés, 1 Chroniques 15:24; 27:16; Esdras 10:23; Luc 3:29.
ÉLIHU,
Job 32:2, fils de Barakéel, descendant de Buz, second fils de Nacor frère d'Abraham, Genèse 22:21, le plus jeune et le plus sage des amis de Job; il prend le dernier la parole. Son caractère est celui de la jeunesse, vif, ardent; mais il est en même temps profond, et considère la position de Job sous le point de vue dogmatique. Il insiste sur la nécessité d'être humble en toute circonstance, à cause du péché qui est en l'homme. Le chapitre 32 est à la fois une introduction à ce qu'il va dire, et son excuse de ce qu'il ose parler après les hommes sages et expérimentés dont il vient d'entendre les discours. Puis il s'adresse à Job comme à un adversaire vaillant, dont il tâche de gagner la confiance en l'assurant de la sincérité de son affection: il est homme comme Job, et lui parle par expérience et en ami. Quelquefois obscur, son discours est admirable par la beauté, la grandeur et la profondeur des idées; il est évident que c'est l'auteur lui-même qui exprime par la bouche d'Élihu son opinion sur ce qu'il croit être la vérité. Le discours de Dieu qui suit celui d'Élihu n'est que le développement plus grandiose et divin de ce que vient de dire le sage jeune homme.
ÉLIM,
septième campement des Israélites dans le désert; ils y trouvèrent douze sources et soixante et dix palmiers, Exode 15:27. Élim est probablement le El Tor actuel.
ÉLIMÉLEC
de Bethléem, mari de Nahomi, Ruth, 1:2. Chassé de Juda par la famine, il se rendit dans le pays de Moab avec sa femme et ses deux fils, Maillon et Kiljon, dont l'un, probablement le dernier, épousa Ruth la Moabite (Calmet fait Mahlon mari de Ruth, et Ruth femme de Kiljon, puis Kiljon, à l'article de Horpa, est encore mari de cette dernière. Voilà ce que c'est que les conjectures! La Bible dit seulement que Mahlon et Kiljon épousèrent Horpa et Ruth). Élimélec mourut sur la terre étrangère, à une date incertaine.
ÉLIPHAZ.
-
Fils d'Ésaü, par Hada fille d'Élon, Héthien, Genèse 36:2,4.
-
Le premier des amis de Job qui prit la parole, Job 2:11; 4:1. Il était de Théman, une des principales villes de l'Idumée, Amos 1:12, et descendait peut-être du précédent Éliphaz. C'est le plus modéré des trois premiers interlocuteurs, quoiqu'il ait pu être appelé aussi un consolateur fâcheux. Il se distingue par sa profondeur et son éloquence; il exprime son étonnement de voir au désespoir un homme si pieux, et lui conseille d'avoir recours à sa piété pour y puiser des consolations. Dans ses trois discours, chapitres 4 et 5, chapitre 15, chapitre 22, on remarque facilement une progression. Bien disposé d'abord, il s'irrite peu à peu de voir Job rester sourd aux conseils et persister dans sa propre justice; mais il exagère à son tour les reproches, et il doit entendre avec ses deux compagnons les paroles sévères que l'Éternel leur adresse à cause de leur dureté, 42:7. Un sacrifice d'holocauste leur est ordonné en expiation.
ÉLISA,
nommé avec Tarsis, Kittim, et
Dodanim, parmi les enfants de Javan, le
quatrième fils de Japhet, Genèse 10:4.
Flavius Josèphe cherche les descendants
d'Élisa en Éolie, le Targum caldéen en
Italie, et Schulthess à Carthage, dont,
d'après les anciens, une Élisa fut la
fondatrice et la patronne (Élisa était un
surnom de Didon, Æneid. 4, 335). Ces trois
explications, la dernière surtout, sont
inacceptables. Il est beaucoup plus naturel
de voir dans Élisa le père des anciens
habitants de la Grèce, et Bochart compare le
nom d'Élis ou Élide, une
ancienne partie du Péloponèse; on peut aussi
rappeler le nom de l'Éolie, mais dans un
sens plus large que ne fait Flavius Josèphe,
le nom d'Hellas, et enfin celui des champs
Élysées. On sait que les Orientaux et les
Grecs regardaient comme le plus grand
bonheur d'être recueilli avec ses pères, et
c'est là où étaient les pères qu'était pour
eux le paradis; pour les Grecs descendants
d'Élisa, le lieu de repos devait ainsi
s'appeler l'Élysée.
— Les îles (ou côtes, contrées maritimes)
d'Élisa sont renommées, Ézéchiel 27:7, pour
leur pourpre bleue et rouge; et les anciens
auteurs, Pline 9, 40; Hor. Od. 2, 48; 7, et
autres, parlent également de la grande
richesse de moules et coquilles de pourpre
que l'on trouvait sur les côtes du
Péloponèse.
ÉLISABETH,
-
ou en hébreu Élisébah (serinent de Dieu), femme d'Aaron, Exode 6:23.
-
Élisabeth, de la famille d'Aaron, femme du sacrificateur Zacharie, et mère de Jean-Baptiste, Luc 1:5. Stérile et vieille, elle enfanta le précurseur du Messie, selon la promesse qui en fut faite par l'ange à son époux, dans le temple. Ayant reçu la visite de sa cousine Marie, elle pressentit en elle la mère du Sauveur, et s'écria, dans son cantique (1:42): «Tu es bénie entre les femmes», la saluant des mêmes paroles qui furent également dites de Jahel, Juges 5:24, de Judith, Judith 13:23, et surtout, mais dans une plus grande mesure, d'Abraham, Genèse 22:18, salutation dont Rome a voulu faire une adoration; passe encore s'il y avait: Tu es bénie entre les anges! Mais pour la femme du pontife, la fiancée de l'artisan n'était qu'une femme plus privilégiée qu'une autre, et qui n'avait pas cessé d'être femme.
ÉLISAMAH,
Jérémie 41:1, de la race royale, un des principaux de chez le roi; peut-être le même que le secrétaire de Jéhojakim, que nous voyons, 36:12, assistant à la lecture du livre contenant l'oracle de Jérémie. Quelques-uns, rendus sérieux, s'opposèrent à ce que le roi déchirât le rouleau, mais Élisamah ne fut pas du nombre, et paraît avoir été dévoué à son maître jusque dans le mal: triste dévouement qui nuit à l'un sans jamais servir à l'autre.
ÉLISAMATH.
fils de Hammiud, chef de la tribu d'Éphraïm, Nombres 1:10.
ÉLISÉBAH,
Exode 6:23;
— Voir: Élisabeth.
ÉLISÉE
(Dieu qui sauve), prophète
israélite, qui exerça son ministère dans le
royaume des dix tribus, sous les règnes de
Joram, Jéhu, Joachaz et Joas. Il était
originaire d'Abel-Méholah, 1 Rois 19:16, où
il cultivait ses terres au moment où Élie
vint le chercher et l'appeler aux fonctions
de prophète, 903 avant J.-C. Il fut témoin
de la glorieuse ascension de son maître, et
demanda deux fois l'esprit d'Élie. Les eaux
du Jourdain s'arrêtant et se divisant à sa
voix, furent en quelque sorte le premier
encouragement qu'il reçut, le premier gage
de la puissance qui agissait en lui. Il se
fait reconnaître ouvertement à Jéricho, en
assainissant par un prodige les eaux de la
ville. L'école des prophètes reconnaît en
lui le successeur d'Élie. À Béthel, des
enfants impies insultent à son infirmité: le
front dégarni du prophète est l'objet de
leurs moqueries; deux ours lui servent de
vengeurs, 2 Rois 2:23; sq. Les rois alliés
d'Israël et de Juda étant venus à manquer
d'eau dans leur expédition contre les
Moabites, le prophète, en faisant creuser la
vallée, leur fournit de quoi désaltérer
leurs armées, et leur assure en outre une
victoire éclatante, 3:9; sq. Peu après, il
multiplie l'huile de la veuve d'un prophète,
et il rend la vie au fils de l'hospitalière
sunamite, 4:1; sq. Il vient encore au
secours de l'école des prophètes de Guilgal,
dans une famine, et remédie par un procédé
simple et miraculeusement béni, à l'accident
causé par une plante vénéneuse;
— Voir: Coloquinte.
Bientôt après on le voit nourrir cent
personnes avec une vingtaine de pains,
miracle que l'on peut considérer comme le
type de la multiplication des pains opérée
par notre Sauveur.
Cependant les Israélites ne devaient pas
être les seuls objets des bienfaits divins
dont il était le dispensateur et
l'instrument. Naaman, général syrien,
atteint de la lèpre, recourt à ce qu'il
croit être son art ou ses talents. Le
prophète s'efface; il ne veut pas agir:
c'est Dieu seul qui guérit; l'eau du fleuve
suffira; elle suffit, en effet, malgré
l'humeur et l'incrédulité du général,
— Voir: Naaman.
Élisée qui n'a pas voulu s'attribuer
l'honneur du miracle, en refuse également la
récompense: son désintéressement devait
égaler son humilité aux yeux des idolâtres.
Il doit donc punir sévèrement l'avare
cupidité de son serviteur Guéhazi: ce
châtiment exemplaire était indispensable
pour effacer dans l'esprit du prosélyte
Naaman le scandale qu'avait dû lui causer
cette conduite d'un Israélite.
Ses pouvoirs miraculeux se déployèrent
encore à l'occasion des nouvelles
constructions que nécessita l'accroissement
de l'école des prophètes, et le fer de la
hache surnagea, 6:1; sq. Il fut une seconde
fois appelé à rendre des services signalés à
son roi pendant une invasion des Syriens,
dont l'esprit prophétique lui révélait les
plans; et ceux-ci ayant voulu assouvir leur
ressentiment sur sa personne, il les frappa
d'éblouissement, au moment où ils
s'approchaient de Dothan pour le saisir.
Lorsque Ben-Hadad vint mettre le siège
devant Samarie, Élisée releva le courage des
assiégeants, déjà en proie aux horreurs de
la famine, par la promesse d'une prochaine
délivrance. Effectivement, les Syriens
saisis d'une terreur panique, levèrent
subitement le siège (Serra, de Croll). Le
calme admirable que le prophète montra dans
ces deux circonstances, ne pouvait être le
fruit que d'une foi bien vivante, 2 Rois 6,
et 7.
Peu de temps après, il dut se rendre à
Damas, pour exécuter l'ordre donné à son
maître d'oindre comme roi de Syrie cet
Hazaël qui devait être contre le peuple élu
un si puissant instrument de la justice
divine. Nous le voyons également,
continuateur de l'œuvre d'Élie, faire oindre
Jéhu roi d'Israël, et lui confier
l'exécution de la sentence de mort prononcée
contre l'impie famille d'Achab. Sur son lit
de mort il reçoit la visite du roi d'Israël
Joas, et par une action symbolique, lui
promet la victoire sur les Syriens qui
faisaient alors beaucoup souffrir le
royaume. Dieu continua de glorifier ce grand
et fidèle serviteur, même après sa mort, en
lui donnant le pouvoir de ressusciter un
mort dont on venait de jeter le cadavre dans
le sépulcre où il reposait, 2 Rois 13.
— Voir: Sermon de Krummacher.
Son nom ne se retrouve que Luc 4:27.
Si Élie, son maître, rappelle la foi,
l'énergie, l'activité de Paul, Élisée
rappelle davantage la douceur et la sainteté
de Jean.
ÉLITSUR,
fils de Sedéur, chef de Ruben,
Nombres 1:5;
— Voir: Tribu.
ÉLIUD,
Matthieu 1:14, fils d'Achim, un des ancêtres de notre Sauveur; inconnu.
ELJADAH,
— Voir: Rézon.
ELKANA, ou Elcana,
-
lévite, fils de Jéroham, demeurant à Rama, 1 Samuel 1:1. Époux d'Anne et de Péninna; il était surtout attaché à la première, quoiqu'elle ne lui eût pas donné d'enfants; il cherchait à la consoler dans sa douleur, la protégeait contre l'aigreur de sa féconde rivale: «Ne te vaux-je pas mieux que dix fils», lui disait-il. Cet homme pieux devint le père de Samuel, qu'il eut de la femme honorable qu'il aimait.
-
Elcana, 2 Chroniques 28:7, homme inconnu, qui tenait le second rang après le roi à la cour d'Achaz, ami, favori, confident ou ministre.
ELKOS.
Il est dit, Nahum 1:1, que Nahum était Elkosien, ce que quelques-uns ont traduit par fils d'Elkos; mais il vaut mieux entendre Elkos d'une localité; ce serait ou bien Elkesei, petit bourg sur la rive occidentale du Jourdain, en Galilée; ou bien, ce qui est moins probable, Alkush, en Assyrie, sur la rive occidentale du Tigre; on y montre encore le tombeau prétendu du prophète. Si Elkos est le même que Elkesei, Nahum le Galiléen dément, comme Élie et Jonas, la grossière ignorance, ou l'impudente fourbe des pharisiens de Jérusalem, Jean 7:47,52.
ELLASAR,
Genèse 14:1,9, contrée dont Arioc, l'allié de Kédor-Lahomer, était roi. Il faut la chercher probablement du côté d'Élam et de Sinhar, auxquels son nom se trouve lié, et en tout cas dans les environs et vers le sud de la mer Caspienne; la version arabe traduit Ellasar par Arménie. C'est peut-être la même contrée que Thélasar, Ésaïe 37:42; 2 Rois 19:12, et le Targum de Jonathan ad Gènes, appuie cette opinion.
ELMODAM,
Luc 3:28, fils d'Er, un des ancêtres de Jésus par Marie; inconnu.
ELNATHAN,
fils de Hacbor, Jérémie 26:22, peut-être le beau-père de Jéhojakim et le grand-père de Jéhojakim, 2 Rois 24:6,8. Sur l'ordre du roi son gendre, il poursuivit en Égypte le prophète Urie, et le livra pour être mis à mort; puis, dans une autre circonstance, il résista au monarque et voulut l'empêcher de détruire les prophéties de Jérémie. Après avoir causé la mort d'un homme de Dieu, il voulut respecter des paroles: serait-ce une simple contradiction du cœur humain? serait-ce que repentant d'avoir persécuté, il se soit plus tard converti? ou enfin que les menaces prophétiques eussent trouvé le chemin de son cœur agité?
ÉLON.
-
Beau-père d'Ésaü, Genèse 26:34, où sa fille s'appelle Basmath; elle s'appelle Hada, Genèse 36:2, et Basmath est fille de Tsibhon; cette différence s'explique ou par une différence dans la tradition, ou par un double nom.
-
Fils de Zabulon, Genèse 46:14.
-
Ville danite, Josué 19:43.
-
Zabulonite, onzième juge d'Israël, gouverna le pays pendant dix ans, Juges 12:11.
ELTSAPHAN,
cousin de Moïse, Nombres 3:30;
— Voir: Misael.
ÉLUL,
Néhémie 6:15, dernier mois de
l'année civile des Hébreux, sixième de
l'année sainte; il n'a que 29 jours et
correspond à une partie du mois d'août. Ce
fut le 25 de ce mois que fut achevée la
muraille de la nouvelle Jérusalem; les Juifs
maintenant encore en célèbrent le 26 la
dédicace, suivant ce qui est raconté Néhémie
12:27.
— Le 7 ou le 9 du mois, les Juifs jeûnent en
mémoire des châtiments annoncés contre la
génération du désert, après l'exploration de
Canaan, Nombres 13 et 14. Le 22 est la fête
de la Xylophorie, en laquelle on portait le
bois au temple.
ÉLYMAS,
— Voir: Bar-Jésus.
EMBAUMER.
On voit par Genèse 50:2, et par
d'autres passages, que c'était la coutume
des Égyptiens d'embaumer les morts. Quelques
auteurs prétendent même que c'est une chose
nécessaire, vu l'impossibilité d'ensevelir
les morts dans toute la longueur de la
vallée du Nil, puisque si l'on enterrait
quelque corps dans les terres, l'inondation
qui survient ne tarderait pas à l'en faire
sortir comme plus léger que le sable.
Il y avait trois espèces d'embaumement,
suivant le prix: le plus cher coûtait un
talent (3,794 fr.); le second, vingt mines,
et le troisième tort peu de chose.
— Un dessinateur venait d'abord marquer la
place et la longueur de l'incision, un
disséqueur l'exécutait ensuite avec une
pierre d'Éthiopie, et s'enfuyait aussitôt en
toute hâte de devant les parents qui
l'auraient poursuivi et lapidé comme impie;
après ces deux opérations, les embaumeurs,
qui appartenaient à la classe lettrée et que
l'on considérait comme des personnes
sacrées, entraient pour faire leur office:
ils tirent d'abord par le nez, avec un fer
recourbé fait exprès, tout le cerveau du
mort, et le remplacent par des drogues
astringentes; ils sortent par l'ouverture
faite au côté tous les viscères, à
l'exception du cœur et des reins, et les
lavent avec soin dans du vin de palmier, ou
dans d'autres liqueurs également
astringentes; puis on oint tout le corps
d'huile de cèdre, de myrrhe, de cinnamome et
d'essences pareilles pendant environ trente
jours. L'embaumement étant ainsi terminé
quant a ce qui regarde les parfums, on
dépose encore le corps pendant quarante
jours dans du sel de nitre. On le retire
alors, on le lave, on l'enveloppe de
bandelettes de lin trempées dans la myrrhe,
et on le frotte d'une espèce de gomme
odorante.
— On trouve de nos jours encore des momies
qui paraissent avoir été embaumées d'après
ce procédé.
Un mode d'embaumement plus simple consistait
à injecter dans les intestins une liqueur
tirée du cèdre, puis à laisser reposer le
cadavre dans le nitre. Au bout d'un certain
temps, les intestins étant rongés et
complètement desséchés, on les retirait par
le même canal, et comme le nitre avait
fortement agi sur les chairs, il ne restait
plus au mort que la peau sur les os.
Enfin, ceux qui devaient se contenter à
meilleur marché, injectaient dans
l'intérieur une liqueur qui le lavait, puis
déposaient le corps dans le nitre pendant
soixante-dix jours pour le dessécher.
Jacob fut évidemment embaumé d'après le
premier procédé; il est dit qu'on mit
quarante jours à cette opération, soit qu'on
n'ait compté que l'embaumement proprement
dit, sans parler du séjour dans le nitre,
soit au contraire qu'on n ait parlé que de
ce séjour, sans parler du temps que prirent
les opérations préliminaires. Moïse, du
reste, marque bien que l'on fut soixante-dix
jours à faire son deuil entier, Genèse 50:3.
L'Écriture mentionne encore l'embaumement de
Joseph, Genèse 50:26, celui d'Asa, 2
Chroniques 16:14, qui peut-être fut brûlé,
et celui de Jésus, qui fut enseveli au
milieu des aromates, sans qu'on ait eu le
temps de l'embaumer intérieurement, Jean
19:40.
ÉMERAUDE,
pierre précieuse mentionnée, Exode 39:10-11. Ézéchiel 28:13, à ce que l'on suppose; mais les interprètes ne sont pas d'accord sur le mot qu'il faut traduire ainsi; quelques-uns voient l'émeraude dans nophek, les autres dans barèketh, ce qui est plus probable, et appuyé des Septante, de Flavius Josèphe et de la Vulgate: nophek serait alors l'escarboucle. L'émeraude (barèketh) est nommée encore, où-trêves passages cités, Exode 28:17, et Apocalypse 4:3; 21:19. C'est une des pierres précieuses les plus admirables par sa fraîcheur et son brillant; Pline (H. N. 37, 5) en fait un pompeux éloge. «Aucune couleur, dit-il, ne charme autant la vue que le vert; nous ne reposons nulle part nos yeux avec autant de jouissance que sur la verdure des prairies et des forêts; mais de toutes les espèces de vert, aucune n'égale la beauté de l'émeraude.»
ÉMINS,
peuple fort et nombreux d'une
haute stature, habitants primitifs du pays
qui fut plus tard habité par les Moabites.
Deutéronome 2:10. Il paraît dans l'histoire
aux premiers jours d'Abraham, Genèse 14:5;
il subit une défaite, et dès lors il
disparaît et se fond dans quelque autre
peuplade. Leur nom signifie les
épouvantables, les effrayants, et
le caldéen l'a traduit par des hommes
courageux;
— Voir: Géants.
— Ils appartenaient à la grande famille
cananéenne des Réphaïms, qui paraît ainsi,
dit Schrœder, avoir occupé primitivement la
presque totalité du pays situé à l'orient du
Jourdain, depuis l'Arnon jusqu'au-delà des
montagnes de Galaad.
EMMANUEL,
Ésaïe 7:14; 8:8; Matthieu 1:23, Dieu avec nous; nom bien significatif du médiateur de la nouvelle alliance, annoncé déjà par un prophète, et compris de tous ceux qui l'ont adopté pour leur maître; Jésus est doublement Emmanuel, d'abord comme notre ami, étant descendu jusqu'à nous; puis dans un autre sens, parce qu'il est dans sa nature, la réunion de la divinité à l'humanité.
EMMAÜS,
ville ou bourgade à 60 stades
(13 kilomètres) de Jérusalem vers le nord;
quelques voyageurs veulent en trouver les
restes dans le village actuel de Cubeïbi au
nord-ouest de la ville. Ce bourg est célèbre
par la rencontre que fit Jésus de deux de
ses disciples le jour de sa résurrection,
l'un desquels s'appelait Cléopas, Luc 24:13,
l'autre Emmaüs, au dire de saint Ambroise.
II s'y trouvait des eaux thermales.
Vespasien y laissa en demeure huit cents
hommes de ses troupes, lorsqu'il quitta la
Judée; et plus tard, on construisit une
église sur l'emplacement même de la maison
de Cléopas.
Deux autres endroits de ce nom sont encore
nommés: l'un dans la plaine de la Judée où
Judas Maccabée battit le général syrien
Gorgias, 1 Maccabées 3:40,57, riche en
sources d'eau chaude, à 22 milles de
Jérusalem, et qui porta plus tard le nom de
Nicopolis; l'autre près de la mer de
Tibériade, également avec des eaux
minérales, Flavius Josèphe, Guerre des
Juifs, 4:1,3.
EMMOR,
Actes 7:16;
— Voir: Hémor.
ENCENSOIR,
vase dans lequel s'allumait le
parfum sacré. Il est mentionné Lévitique
16:12; 2 Chroniques 26:19; Ézéchiel 8:11,
mais n'est pas décrit en détail, comme les
autres objets appartenant au culte. Il y a
quelque difficulté à concilier Hébreux 9:4;
avec Lévitique 16:12; cependant les
expressions de l'auteur de l'Épître
n'obligent pas d'admettre que l'encensoir se
trouvât habituellement dans le lieu
très-saint; on pourrait restreindre à la
durée de la cérémonie expiatoire les
expressions qui lui assignent sa place
derrière le voile dans le Saint des saints;
— Voir: Fumigations.
ENCHANTEURS.
Les devins, les magiciens, les
Caldéens et les enchanteurs avaient beaucoup
de caractères communs; tous ils s'adonnaient
aux sciences occultes, tous ils ne
craignaient pas d'user d'artifices pour
suppléer à la faiblesse de leur art, tous
enfin conduisaient à l'idolâtrie, et ils
étaient tous en conséquence sévèrement
proscrits par Moïse. Nous les voyons de
bonne heure mentionnés dans l'Écriture; la
première fois que nous les voyons paraître,
c'est dans l'histoire des magiciens
d'Égypte, Exode 7 et 8, (dont deux sont
nommés Jannès et Jambrès, 2 Timothée 3:8),
qui imitèrent les miracles de Moïse,
jetèrent leurs verges qui devinrent des
dragons, changèrent les eaux en sang, firent
monter des grenouilles sur le pays, et ne
reconnurent enfin le doigt de Dieu que
lorsqu'ils y furent contraints par leur
impuissance à imiter la création des poux.
Quelques théologiens nous expliquent comment
les enchanteurs s'y sont pris pour
contrefaire les miracles de Moïse et
d'Aaron. Nous ne prétendons pas à la même
sagacité. Tout ce que nous savons, c'est que
l'Écriture prend les enchanteurs au sérieux.
Le Pentateuque déjà renferme des directions
positives contre ceux qui pourraient
s'adonner aux arts occultes, ou les
rechercher dans autrui, Exode 22:18;
Lévitique 20:27; Deutéronome 18:10-11. Les
termes employés pour désigner les diverses
nuances du métier, sont ceux de devin,
pronostiqueur, augure, sorcier et sorcière,
enchanteur, homme qui consulte Python, homme
qui consulte les morts, diseur de bonne
aventure, etc. Cette funeste industrie,
comme on le voit, avait déjà tous ses degrés
et ses subdivisions. Les noms par lesquels
sont caractérisés les enchanteurs de toutes
espèces, sont, outre ceux que nous avons
déjà marqués à l'article Divination:
-
Mecasheph, Exode 7:11; Deutéronome 18:10; Daniel 2:2, ou Cashaph, Jérémie 27:9; cf. 2 Chroniques 33:6; Matthieu 3:5; Exode 22:18; 2 Rois 9:22; Michée 5:12; Nahum 3:4; Ésaïe 47:12. Quelques-uns entendent par là ceux qui sont habiles dans l'art de calculer les éclipses, et qui les annoncent pour certaines époques comme des effets de leur propre volonté (Virgile Æneid. 4, 489). Il est plus probable cependant qu'il faut avec Rosenmuller prendre ce mot dans une acception tout à fait générale, et le dériver du mot syriaque correspondant qui signifie prier à voix basse, rendre un culte; puis, adorer, et être idolâtre: l'enchanteur aurait reçu ce nom soit à cause de sa relation avec l'idolâtrie, soit parce qu'il murmure des formules au moyen des quelles il donne ou enlève les charmes.
-
Hhober hhabarim, Psaumes 58:6; Deutéronome 18:11; Ésaïe 47:13 (?) et Ashaph, Daniel 1:20; 2:2,10; 4:6 (?) On l'entend ordinairement des charmeurs de serpents (le verbe Hhabar signifie lier, associer, réunir), qui rendent doux et sociables des animaux en général farouches et sauvages;
— Voir: Aspic.
D'autres donnent à Hhabar la signification (arabe) de partager, couper, trancher, et l'entendent des astrologues qui, divisant le ciel en zones, vont chercher leurs horoscopes dans les positions relatives des astres dans ces différentes bandes. Les ashaph (mot parent de cashaph, — Voir: plus haut) étaient essentiellement des conjureurs d'animaux, scorpions, serpents, etc.
-
Les Oboth, ou conjureurs de morts, Ésaïe 8:19, nécromanciens qui interrogent les tombeaux;
— Voir: Python.
-
Latim est le nom que donne Moïse aux enchantements dont se servirent les magiciens hébreux pour contrefaire ses miracles, Exode 7:11,22; 8:7,18. Ce mot signifie secret, mystérieux, occulte, et se rapporte parfaitement aux procédés secrets par lesquels ils réussissaient à forcer la nature.
-
Les Onenim, Ésaïe 2:6; 57:3, ou Meonenim, Lévitique 19:26; Deutéronome 18:10; 2 Rois 21:6. Les Talmudistes font dériver ce mot, de On, ou plutôt Eyn, qui signifie œil, et ils le traduisent par: ceux qui enchantent avec l'œil; on compare alors le mauvais œil si célèbre chez tous les peuples, cet œil qui jette des sorts fâcheux, que les Grecs redoutaient, et que presque toutes nos populations redoutent encore (Calmet, Winer). D'autres comparent le mot anan, nuage, et pensent à ces magiciens qui vont chercher dans le cours des nuages l'histoire des hommes et des événements.
— La forêt de chênes dont il est parlé Juges 9:37, appartenait à des devins de cette catégorie.
Répétons encore, après ces énumérations, ce
qu'on aura déjà pu voir a leur simple
lecture, qu'il règne beaucoup d'incertitude
sur l'exacte définition de plusieurs de ces
artifices; il est même évident que plus
d'une fois un terme est employé pour un
autre, et dans une acception tout-à-fait
générale.
La règle que l'Écriture nous donne, pour
distinguer les vrais miracles des faux, est
la même que pour distinguer la saine de la
fausse doctrine, à savoir les bonnes œuvres,
Deutéronome 13:1-2; Jean 7:17.
Il est souvent parlé des charmeurs de
serpents, soit dans la Bible, Psaumes 58:5;
Job 40:24; Ecclésiaste 10:11; Jérémie 8:17,
soit dans les auteurs profanes. Saint
Augustin va même plus loin, bien loin, quand
il raconte les métamorphoses orientales
d'hommes changés en ânes, en chameaux, etc.
La musique a été employée quelquefois comme
charme contre les maladies de l'esprit, et
son influence n'est point douteuse, comme
elle n'a rien non plus qui doive surprendre,
1 Samuel 16:14,15; Gallien (De sanitate
tuendà, 1, 8) met en avant son autorité,
qu'il appuie de celle encore plus grande
d'Esculape.
Il paraît que le serpent d'airain, longtemps
conservé en Israël, servit à favoriser le
penchant du peuple juif pour le merveilleux,
et le roi Ézéchias dut le mettre en pièces
pour faire cesser l'abus, 2 Rois 18:4.
À l'époque de notre Sauveur, la magie
couvrait une partie de l'Orient; enchanteurs
vrais et faux spéculaient sur le peuple;
païens et juifs couraient cette carrière, et
ces derniers prétendaient tenir leurs
secrets des révélations du roi Salomon
(Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 8, 2,
5); Simon le mage et Bar-Jésus, Actes 8:9;
13:6,8, appartenaient à cette classe. Dans
l'Asie mineure, Éphèse était le centre des
enchantements et de la magie, Actes 19:19;
on ne peut douter que les livres que les
nouveaux convertis de cette ville brûlèrent
en si grande abondance, ne fussent des
livres traitant des sciences occultes.
ENCRE,
Jérémie 36:18; 2 Corinthiens 3:3; 2 Jean 12; 3 Jean 13. Nous ne savons rien sur la préparation particulière de cette liqueur, qui paraît cependant avoir été noire, chez les Juifs comme chez les Romains, et assez persistante; l'étymologie du mot hébreu permet de supposer que pour les manuscrits de luxe l'encre était quelquefois dorée, surtout dans les premiers temps, et Flavius Josèphe semble le confirmer, Antiquités Judaïques 12, 2; 10.
ÉNÉE,
homme peut-être Grec d'origine, paralytique depuis huit ans, et demeurant à Lydde, où il fut guéri par saint Pierre, Actes 9:33.
ENFANTS.
À l'époque où la vie des hommes
était dix fois ce qu'elle est à présent, et
plus tard encore lorsque, moins longue, elle
n'était pourtant pas encore réduite aux
étroites limites que lui assigne Moïse,
Psaumes 90:10, le nom d'enfants se donnait à
des personnes que maintenant nous
appellerions des jeunes gens ou des hommes
faits. Joseph a seize ans, Isaac en a vingt,
Benjamin en a plus de trente lorsqu'ils sont
désignés de ce nom, Genèse 22:5; 37:2-4;
44:20.
— Les Hébreux donnaient aussi, comme les
Grecs et les Romains, ce nom à leurs
serviteurs de tout âge. Et dans plusieurs
passages, Psaumes 33:13; Ésaïe 2:6; 65:20,
des hommes, même le centenaire, sont appelés
enfants, sans doute par rapport à l'éternité
du Créateur et Père des hommes. Le mot
enfants se prend souvent dans une acception
tout-à-fait générale, pour désigner la
nature, l'origine ou la destination dernière
de quelques hommes: enfants d'iniquité,
enfants du malin, enfants de perdition. Les
juges et les magistrats sont appelés enfants
du souverain, Psaumes 82:6, comme les
prêtres, Psaumes 29:1. Enfin l'expression
enfants de Dieu, qui se trouve fréquemment
dans le Nouveau Testament, 1 Jean 3:1-2;
Romains 8:14; Galates 3:26, s'applique aux
rachetés que Jésus n'a point pris à honte
d'appeler ses frères, et auxquels Dieu, dans
sa grande charité, a bien voulu donner le
droit de s'appeler ses enfants, privilège
malheureusement inapprécié comme il est
inappréciable, et dont l'habitude ne paraît
que trop souvent avoir émoussé le charme
excellent. Un pauvre sauvage converti nous a
donné une leçon à cet égard lorsque, à la
lecture du passage 1 Jean 3:1-2, il s'écria
en se tournant vers le missionnaire: «Non,
non, ce n'est pas possible! mais il veut
bien permettre que nous lui baisions les
pieds!»
Les anges sont appelés enfants de Dieu, Job
1:6; 2:1; Psaumes 89:7, de même que les
juifs opposés aux gentils, Osée 1:10; cf.
Jean 11:52.
Le passage Genèse 6:2; où les fils de Dieu
sont opposés aux filles des hommes, a donné
naissance à bien des interprétations; nous
en relevons ici les trois principales,
laissant au lecteur le soin de se décider:
-
Les fils de Dieu seraient les mêmes que Job 1:6; 2:1, c'est-à-dire les anges. C'est l'opinion de Rabbi-Éliézer et des premiers pères de l'Église, développée dans Lactance II, 4. L'idée que les géants étaient le produit d'une alliance entre les anges et les femmes, se retrouve dans toutes les traditions de l'antiquité, et joue encore un rôle important dans le système des Indous. Les grands docteurs de l'Église chrétienne ne tardèrent pas à s'élever contre cette opinion, Augustin, Chrysostôme, Cyrille d'Alexandrie, et Théodore. Calvin prétend qu'elle se réfute d'elle-même, et s'étonne que des hommes savants aient pu être éblouis par des radotages si grossiers et si monstrueux;
-
les fils de Dieu seraient les hommes nobles, fils de magistrats et de princes, opposés aux hommes d'une condition inférieure; c'est l'opinion des Juifs Onkelos, Jarchi, Aben-Ezra. On peut combiner cette explication avec la suivante;
-
les fidèles, les enfants de Dieu, la famille de Seth, opposée à celle de Caïn. Le contexte, et l'usage de la langue favorisent cette dernière opinion; tout indique d'ailleurs que l'Église commençait à déchoir: quant à la difficulté qui résulte des géants issus de ces unions,
— Voir: Géants.
On verra aux articles fils, fille, mariage, etc., ce qui concerne les enfants des Hébreux et leurs rapports avec leurs parents. Disons seulement que les enfants illégitimes étaient flétris jusqu'à la dixième génération, Deutéronome 23:2, mesure bien propre à combattre l'impureté et la prostitution, et que nécessitait d'ailleurs la constitution théocratique du peuple juif.
ENFER,
littéralement lieux
inférieurs, Luc 16:23, est le nom qui
est donné au lieu où les méchants subiront
les peines qu'ils ont méritées, et dont ils
n'ont pas voulu être exemptés par la foi en
Jésus le Sauveur des pécheurs,
— Voir: Peines.
Ce mot ne se trouve que sept fois dans
l'Écriture, et il n'a jamais le sens que lui
a donné la théologie du moyen âge. Job 14:8.
Ostervald a rendu par enfers le mot
sheôl (Martin, abîmes), qu'il traduit
ailleurs par sépulcre, Ésaïe 5:14. Dans le
Nouveau Testament, ce mot se trouve Matthieu
11:23; 16:18; Luc 10:15; 16:23; Apocalypse
1:18; 6:8. Le grec porte Αδης
ou άίδης qui signifie
littéralement lieu invisible; c'est ainsi
que l'a partout traduit la version de
Lausanne. Mais une traduction est plus
facile qu'un commentaire, et le lieu
invisible, sans autre détermination, ne dit
absolument rien à l'esprit. Le mot enfer
(inférieur) avait été préféré, parce qu'il
renfermait une idée, peut-être fausse. En
tout cas, il est toujours pris dans un
mauvais sens, comme puissance ennemie de
l'Église, comme lieu du séjour des
réprouvés, comme compagnon de la mort, et
l'idée de lieu inférieur ressort de Matthieu
11:23: «Tu seras abaissé jusque dans le lieu
invisible», cf. Ésaïe 14:13-15; Psaumes
139:8. Ce lieu invisible est généralement
considéré comme le lieu ou les âmes
attendent le grand jour du jugement de
l'Éternel, et si les âmes ne dorment point,
il est dans l'analogie de la foi de croire
que l'état d'attente est pour elles la
continuation de la vie présente et le
commencement de la vie à venir. De là les
limbes et le purgatoire de l'Église romaine,
avec cette différence que, d'après cette
Église, on peut sortir du purgatoire pour de
l'argent, tandis que, d'après la Bible, «il
y a un grand abîme», tellement que ceux qui
veulent passer de l'un à l'autre, du lieu
invisible au sein d'Abraham, ne le peuvent,
Luc 16:26.
L'enfer, dans le sens théologique du mot,
est appelé dans la Bible le feu éternel, la
géhenne du feu, Matthieu 18:8-9; la géhenne,
le feu inextinguible, où le ver ne meurt
point et où le feu ne s'éteint point, Marc
9:43; sq. (d'après Ésaïe 66:24, à qui déjà
les apocryphes ont emprunté cette
expression, Ecclésiastique 7:17; Judith
16:21); la mort, 1 Corinthiens 15:55-56; 1
Jean 5:16; la punition éternelle, Matthieu
25:46; le jugement ou la ruine éternelle,
Marc 3:29; 2 Thessaloniciens 1:9; l'étang
ardent de feu et de soufre, Apocalypse
19:20; la mort seconde, Apocalypse 20:14;
des liens éternels, Jude 6; les ténèbres du
dehors, où seront les pleurs et les
grincements de dents, Matthieu 8:12; un
opprobre et une infamie éternelles, Daniel
12:2, etc.
Il est évident que ces expressions sont,
sous la plume des écrivains inspirés, des
figures, des images humaines, dont le sens
général est que l'enfer sera un séjour
affreux. Mais est-ce que sous la figure on
doit voir aussi la réalité, le ver, le feu,
les ténèbres, le soufre, les liens? Il
serait certainement aussi téméraire de le
nier que de l'affirmer, et nous n'oserions
aller jusque-là; mais il n'est pas sans
intérêt de remarquer que plus on a
spiritualisé le ciel, plus on a matérialisé
l'enfer. Serait-ce que l'homme comprend
mieux la douleur que le bonheur? Serait-ce
que dans son état actuel, déchu, l'homme
puisse mieux se représenter le malheur que
la joie infinie? Il en résulterait alors
qu'il faudrait prendre le contre-pied de
l'imagination des hommes, et spiritualiser
le mal, comme nous avons vu (article Ciel)
que le bien avait été trop idéalisé.
(Le mot enfer porte
la notion de solitude et d'éloignement. Il
désigne plus précisément une attitude de
mépris qui dévore comme un feu rugissant
celui qui porte seul la culpabilité de ses
péchés pour l'éternité. Tel est le lot de
tous les réprouvés que Dieu a déterminé de
juger et de condamner dans sa justice selon
son décret de Prétérition.)
«Ubi est infernus? Quales futuri sunt
cruciatus isti?» dit Hutterus. Où est
l'enfer? Quels en seront les tourments? Et
après avoir posé cette double question, il
refuse d'y répondre. L'Écriture ne nous en
dit rien, sinon que notre intelligence ne
les saurait concevoir ni aucune langue les
décrire.
La rage aux yeux hagards, le délire effréné,
Le vertige troublant l'esprit désordonné,
La colique tordant les entrailles
souffrantes,
Les ulcères rongeurs, les pierres
déchirantes,
Et la triste insomnie au teint pâle, à l'œil
creux,
Et la mélancolie au regard langoureux,
La toux, l'asthme essoufflé, dont la
fréquente haleine
Par élans redoublés entre et sort avec
peine;
Et l'enflure hydropique, et l'étique
maigreur,
Et des accès fiévreux la bouillante fureur;
L'évanouissement, la langueur défaillante,
Et la goutte épanchant son âcreté brûlante,
Et du catarrhe affreux les funestes dépôts,
Et la peste qui, seule, égale tous ces maux.
Est-ce l'enfer dont Milton offre ici le
désolant tableau? (Paradis perdu, XI,
traduction Delille.) Non, il ne s'agit que
de la vie présente, d'une partie seulement
des maux physiques de l'humanité. Que sera
donc l'enfer! et comment le décrire,
lorsqu'on peut à peine décrire tout ce que
notre monde recèle de douleurs et
d'angoisses?...
Les deux premiers chants de Milton, bien
dignes de ce vaste et noble génie, suffisent
cependant à prouver l'insuffisance même du
génie et de l'imagination la plus colorée
pour dire les horreurs de l'existence
infernale.
Aucun auteur moderne, à ma connaissance, n'a
touché ce sujet, au moins directement. Je
n'ai pas de système, ni même de vues
générales, à présenter sur une matière où
l'Écriture, en empruntant aux hommes leur
langage, semble par là même refuser de les
initier aux secrets de l'avenir. Mais quand
l'enfer ne serait qu'une peine négative, la
privation de la vue du Seigneur, avec la
conscience d'avoir mérité cette peine,
l'enfer justifierait déjà l'horreur que son
nom seul inspire. Les réprouvés seront comme
oubliés de Dieu; leur nom ne passera plus
par ses lèvres, Psaumes 16:4. Il est
lumière, ils seront dans les ténèbres. Il
est la source de la vie, il ne sera plus
rien pour eux. Ils ont refusé de porter son
joug, son joug ne pèsera plus sur eux; celui
qui était souillé se souillera toujours
davantage; ils iront en empirant, creusant
toujours plus l'abîme qui les sépare de
celui sans qui ils ne sauraient vivre; et
s'en-fonçant toujours plus dans la fange de
l'étang bourbeux où ils sont plongés,
progressant dans la mort comme les rachetés
dans la vie, ils se seront vus privés par
leur faute des biens que Dieu leur avait
offerts, et souffriront de cette décadence
morale et intellectuelle que l'Écriture
appelle la seconde mort. Sera-ce
l'anéantissement?
Quelques personnes, qui attachent à la
doctrine de l'éternité des peines, comme
dogme, une grande importance (et elles ont
raison), trouveront peut-être hardi,
peut-être hérétique, le simple doute de la
possibilité d'un anéantissement. Il ne nous
paraît positivement contredit par aucun
passage, mais comme ce n'est qu'un doute, il
y aurait mauvaise grâce à y insister, et
nous nous rapprocherons de la doctrine reçue
en disant: sera-ce l'abrutissement? la
dégradation de l'être tout entier poussée à
sa dernière limite?
Nous ferons encore un pas, et laissant
subsister l'être moral, nous demanderons:
Sera-t-il simplement privé de la conscience
de soi-même? de l'idée de temps? de l'idée
d'éternité?
Doutes et questions qui nous paraissent
légitimes, et dont nous hésitons d'autant
moins à nous occuper que la doctrine des
peines éternelles nous paraît plus
clairement, plus positivement établie par la
lettre de l'Écriture. Il n'y a pas
d'exégèse, en effet, ni d'interprétation qui
puisse ôter à des passages tels que Ésaïe
66:24; Daniel 12:2; Matthieu 3:12; 12:32;
18:8; 25:41,46; 26:24; Marc 9:43; sq. Jean
3:36; 2 Thessaloniciens 1:9; Apocalypse 9:6;
20:10 (Jude 6:7), le sens simple et naturel
que l'église chrétienne de tous les temps
leur a toujours reconnu. C'est une chose
hors de question; la réjection des réprouvés
sera éternelle. Nous n'épiloguerons pas sur
les mots, quoique ce soit ici que se posent
les questions: que signifie le mot
éternel? quelle sera la nature de
la réprobation? Les partisans de la doctrine
du rétablissement final, peuvent aspirer à
la restauration harmonique de toutes choses;
ils peuvent en trouver une preuve morale
dans l'idée, juste d'ailleurs, qu'ils se
font de la bonté de Dieu; une preuve
philosophique dans l'instinctive répulsion
qu'on éprouve pour un bonheur éternel fondé
sur des débris toujours palpitants et
souffrants, pour l'idée d'une paix éternelle
en présence d'un dualisme toujours
subsistant, d'une lutte noyée dans la
victoire, mais se montrant encore dans les
imprécations des vaincus, et dans cette
fumée qui s'élève de l'étang ardent où ils
maudissent encore et toujours le vainqueur;
on l'établira avec plus ou moins de sagesse
sur l'apparente disproportion qui se
trouverait entre l'offense et la peine
(argument que les éternitaires ont toujours
éludé ou faiblement combattu); on en
trouvera d'autres preuves enfin, dans une
interprétation équivoque de quelques
passages douteux, Ésaïe 45:23; Romains
14:11; Philippiens 2:10; Actes 3:21; 1
Pierre 3:18, et surtout: Romains 5:12-21...
«Par une seule justice justifiante, le don
est venu sur tous les hommes», etc.; 1
Timothée 4:10: «Le Dieu vivant, qui est le
sauveur de tous les hommes, et
principalement des fidèles», etc.; 1
Corinthiens 15:28 «Après que toutes choses
lui auront été assujetties, alors aussi, le
Fils lui-même sera assujetti à celui qui lui
a assujetti toutes choses, afin que Dieu
soit tout en tous.»
Quelle que soit la valeur de ces preuves,
elles ne peuvent détruire ni l'évidente
clarté des passages indiqués plus haut, ni
cet autre sentiment instinctif que corrobore
l'expérience, que celui qui est plongé dans
le mal, s'y enfonce toujours plus, à moins
du secours d'en haut, qu'il s'y dégrade sans
retour, et que son abrutissement ne saurait
avoir d'autre ternie que sa vie.
Mais c'est précisément à cause de l'évidence
de cette doctrine, et parce que le
rétablissement final des réprouvés nous
paraît impossible à établir par l'Écriture,
que nous croyons pouvoir, soit à cause de la
bonté de Dieu, soit à cause de l'impérieux
besoin d'harmonie qu'on éprouve, quoiqu'on
en veuille, à la pensée du bonheur à venir,
laisser une porte ouverte au doute sur la
nature même de la peine. L'anéantissement
n'exclut pas l'éternité, et c'est une chose
au moins remarquable, non seulement que la
condition des réprouvés soit appelée la mort
seconde, ainsi qu'on l'a vu, mais qu'elle
soit encore appelée la mort par opposition à
la vie, Romains 6:21-23, et que la
condamnation de ceux qui désobéissent au
Fils soit prononcée en ces mois: «Ils ne
verront point la vie», Jean 3:36.
Si Dieu nous a tracé la ligne des pensées et
des paroles dont nous devons nous servir en
parlant du jugement, des pécheurs, il est
évident aussi qu'il ne nous a pas tout dit,
et que la clef de ces effrayants mystères
est encore entre ses mains.
ÉNIGMES.
Les Hébreux, comme tous les peuples orientaux, aimaient les jeux d'esprit, et se plaisaient à assaisonner leurs repas et leurs festins de quelque piquante question dont la solution était demandée aux assistants. C'était même parfois un jeu de prince, comme on le voit par les rapports de Salomon avec la reine de Séba, 1 Rois 10:1. Les principales énigmes dont le souvenir nous ait été conservé par l'Écriture sont celles de Samson, Juges 14:14, celles d'Agur, Proverbes 30:12; sq., celle d'Ézéchiel, 17:2; sq..
ÉNOCH ou Hénoc, et Hanoc,
-
le septième homme après Adam, descendant de ce patriarche à la sixième génération, fils de Jéred, père de Méthusélah, vit ses jours abrégés sur la terre, et ne compta que trois cent soixante-cinq années, pendant lesquelles il marcha avec Dieu, puis il disparut, «parce que Dieu le prit», Genèse 5:21-24. Un voile est jeté sur la nature de l'intime communion de cet homme pieux avec son père céleste; le chrétien seul peut comprendre ce que c'est que vivre avec Dieu, et il n'y a qu'un bien grand développement de la vie nouvelle, un développement extraordinaire, qui puisse en donner une idée exacte; c'est la perfection dans la sainteté qui seule peut faire jouir de la communion parfaite. Un voile est également jeté sur sa disparition. L'auteur sacré ne dit que juste ce qu'il faut pour nous apprendre qu'Énoch n'a point passé par la mort, cf. Hébreux 11:5. Il ne se trouva plus, de la même manière que, Genèse 37:30, Joseph ne se trouva plus dans la fosse lorsque Ruben voulut l'en retirer: les mêmes expressions sont employées pour la disparition d'Énoch et pour l'enlèvement d'Élie, 2 Rois 2:3. C'est tout ce que l'Écriture nous dit sur la vie sainte et l'enlèvement glorieux de ce témoin de la vérité. Le Nouveau Testament le ramène sur la terre, Jude 14 et 45, pour faire entendre de lui quelques solennels avertissements aux fils des hommes, sur les jugements que l'Éternel prononcera contre les impies. On se demande où saint Jude a puisé cette citation, et quel degré d'authenticité elle peut avoir. La réponse n'est pas facile. De fait, il existait dans les premiers siècles de l'Église chrétienne un livre ou recueil de prophéties, attribué à Énoch, tissu de fables et d'absurdités dont quelques pères, Justin, Athénagore, Irénée, Clément d'Alexandrie, Lactance, Tertullien, faisaient assez de cas, mais auquel Origène, Jérôme et Augustin n'accordaient aucune autorité. On l'a cru perdu fort longtemps, et le seul fragment qu'on en possédât avait été publié par Scaliger (mort en 1609), d'après l'ancienne chronographie de George Syncellus. L'original devait avoir été écrit en hébreu ou en caldéen, puis traduit en grec; mais l'on n'en trouvait plus aucun exemplaire, lorsqu'on apprit au dix-septième siècle qu'il en existait une traduction éthiopienne, et que cet ouvrage était lu et fort estimé des Églises de l'Abyssinie. Longtemps les essais que l'on fit pour se le procurer échouèrent, lorsqu'enfin, en 1773, le voyageur Bruce réussit à s'en procurer trois exemplaires, qui furent promptement traduits en anglais et publiés. En 1834, l'allemand Ruppel en rapporta également d'Éthiopie un exemplaire dans son pays, et une traduction allemande a paru en 1838, peu différente d'une autre publiée en 1833, d'après l'anglais. On a tout lieu de croire que l'ouvrage éthiopien est le même que celui dont parlent les pères de l'Église, et le passage cité par Jude s'y trouve presque littéralement, quoiqu'un peu abrégé, au commencement du second chapitre: «Voici, il vient avec des myriades de ses saints pour juger le monde, pour détruire les méchants et pour punir toute chair, à cause de tout ce que les pécheurs et les impies auront fait et commis contre lui.»
Mais, malgré cette identité, et quoique plusieurs raisons militent en faveur de l'opinion (Calmet, etc.) qui pense que Jude a transcrit sa citation du livre indiqué, bien qu'on puisse admettre encore que cet ouvrage apocryphe contienne des vérités dont saint Jude, éclairé d'une lumière surnaturelle, a pu faire usage pour l'édification des fidèles; bien qu'une citation de cet ouvrage n'ait rien qui doive surprendre plus que les citations d'Épiménide et de Ménandre, faites par saint Paul, nous ne saurions souscrire à cette manière de voir. Le témoignage de saint Jude, exprimé comme il l'est dans son Épître, serait en effet non seulement une garantie de la vérité des paroles citées, mais encore, comme le fait remarquer saint Jérôme, un témoignage rendu à l'authenticité du livre lui-même. Il nous paraît beaucoup plus naturel et plus vrai d'admettre que l'auteur du faux livre d'Énoch, et Jude, auront l'un et l'autre puisé à une source commune, maintenant perdue, source qui pourrait n'être autre que la tradition; et si l'on réfléchit que le fils d'Énoch, Méthusélah, après avoir vécu trois cents ans avec son père, est venu toucher ensuite à l'année même du déluge, il n'est point difficile de comprendre que les paroles d'un si grand prophète, à qui la communion de Dieu devait avoir révélé sans doute bien des choses à venir sur la corruption des hommes et les châtiments qui les attendaient (peut-être le déluge sur le premier plan de sa perspective prophétique, et le jugement final sur le dernier plan), que ses paroles, disons-nous, aient été religieusement conservées parmi les Juifs pendant une longue suite de générations,
— Voir: sur ce livre, et pour plus de détails, Preiswerk, Morgenland, IV, 271.
-
Hénoc, fils aîné de Caïn, donna le nom à une ville que son père bâtit, Genèse 4:17. Dans les anciens temps la grandeur ne faisait pas la ville; on appelait de ce nom tout enclos entouré de murailles. C'est dans la famille de Caïn que commença à se développer le goût d'une vie aisée et artificielle, avec les craintes, l'inquiétude, et le besoin de s'abriter, qui en sont toujours la suite. Si les traces de cette ville n'ont pas entièrement disparu sous les flots du déluge, elles se retrouvent peut-être dans le nom de Chanogé, ancienne et célèbre ville de commerce, au nord des Indes, déjà chantée dans les plus anciens poèmes épiques des Indous; Huet voit les débris de la ville d'Énoch dans Anuchtha, ville de l'ancienne Perse, citée par Ptolémée; le tha ne serait alors qu'une terminaison araméenne. D'autres enfin comparent la peuplade caucasienne des Heniochiens. Mais comme le mot hanak, qui est la racine de tous ces autres noms, signifie lui-même commencer, on comprend qu'un grand nombre de familles et de villes ont pu porter un nom semblable, puisque chaque homme pouvait appeler ainsi son fils aîné, ou la première ville d'une contrée.
-
Énoch est encore le nom du fils aîné de Ruben, Genèse 46:9.
-
Enfin, Énoch, ou plutôt Hanoc, Genèse 25:4, fils de Madian, petit-fils d'Abraham par Kétura.
ÉNON,
près de Salim, Jean 3:23, lieu où Jean baptisait parce qu'il y avait là beaucoup d'eau. Le nom même d'Énon indique une source abondante; mais il est difficile de rien préciser sur l'endroit où cette source existait. D'après Eusèbe et saint Jérôme, c'aurait été à huit milles de Scythopolis, entre Salim et le Jourdain.
ÉNOS,
petit-fils d'Adam par Seth,
naquit l'an du monde 235 et mourut en 1140,
âgé de neuf cent cinq ans; Adam, Seth et
Énoch moururent avant lui; il fut
contemporain de Méthusélah et même de Noé,
avec qui il vécut encore quatre-vingt-quatre
ans. C'est depuis Énos qu'on commença
«d'appeler du nom de l'Éternel», ce qui
signifie, en comparant Ésaïe 12:4; 44:5, «se
réclamer publiquement du nom du Dieu fort»,
c'est-à-dire, soit prendre le nom d'enfants
de Dieu par opposition aux enfants du monde,
soit rendre un culte public à Jéhovah.
— cf. Genèse 4:26; 5:6; 1 Chroniques 1:1;
Luc 3:38.
ENSEIGNES.
Dans le voyage du désert chaque
troisième tribu avait une enseigne ou
drapeau, Nombres 1:52; 2:2; 10:4; l'Écriture
ne nous donne aucun détail sur la forme, la
couleur, la grandeur et les inscriptions de
ces enseignes. Les rabbins, en revanche, se
sont chargés de combler la lacune au moyen
de leur imagination; ils ont mis un jeune
lion sur le drapeau de Juda (Issachar et
Zabulon), cf. Genèse 49:9; un homme sur
celui de Ruben (Siméon et Gad); d'après
Jonathan, un cerf au lieu du bœuf, Genèse
49:6, qui aurait trop rappelé l'idolâtrie du
veau d'or; sur celui d'Éphraïm (Manassé,
Benjamin), un taureau; d'après Jonathan, un
garçon; sur celui de Dan (Aser et
Nephthali), un aigle; d'après Jonathan, une
couleuvre, Genèse 49:17.
— De plus petites bannières servaient à
distinguer les familles, mais on n'en
connaît pas non plus la forme.
— Le mot rendu par enseignes, Ésaïe 5:26;
11:12; 13:2; 18:3; 62:10; Jérémie 4:6, etc.,
serait plus exactement traduit par
«signaux»; le mot hébreu qui y est employé
est nés, différent de déguel,
grand drapeau, et de othoth, petit
drapeau: ces signaux étaient élevés sur de
hautes montagnes dans des circonstances
extraordinaires, lorsqu'il s'agissait, par
exemple, d'appeler sous les armes les hommes
en état de servir; les uns se représentent
ces signaux comme des feux allumés, d'autres
comme d'immenses drapeaux plantés en terre.
ENSUBLE.
Cette partie d'un métier est
nommée en hébreu menor orguim, et se
trouve employée, 1 Samuel 17:7; 2 Samuel
21:19, comme terme de comparaison pour
désigner la grosseur de la hampe de la
hallebarde de deux géants. Le mot
masseket, Juges 16:13-14, traduit par
ensuble, signifie des fils tissés, une
tresse, la chaîne,
— Voir: Tisserand.
ÉPAINÈTE,
Romains 16:5, n'est connu que par ce passage. Saint Paul l'appelle son disciple bien aimé, et les prémices de son œuvre en Asie (le mot Achaïe qui est dans nos versions ne se trouve pas dans les meilleurs manuscrits, et serait en contradiction avec 1 Corinthiens 16:15, où Stéphanas est appelé les prémices de l'apôtre en Achaïe); par Asie il faut entendre naturellement l'Asie proconsulaire.
ÉPAPHRAS,
Colossiens 1:7; 4:12. Philémon 23, fidèle de Colosses, que saint Paul recommande à l'église de cette ville comme son compagnon de service, comme son compagnon de captivité, et surtout comme un fidèle ministre, digne de remplacer l'apôtre absent. Épaphras paraît avoir été le fondateur de l'église de Colosses; il ne doit pas être confondu avec Épaphrodite, comme font Grotius et Winer; Olshausen et Steiger ont parfaitement démontré la non identité.
ÉPAPHRODITE,
Philippiens 2:25; 4:18. Saint Paul nous le montre comme un membre de l'église de Philippes, collaborateur de l'apôtre dans le bon combat, député auprès de lui par les Philippiens pour subvenir à ses besoins et lui porter le produit d'une collecte dans la grande ville où il était prisonnier. Épaphrodite fut longtemps le compagnon du captif; mais ayant fait une grave maladie, suite peut-être de ses soins dévoués, et affligé de savoir que l'église de Philippes, dont il était apparemment le pasteur, était inquiète à son sujet, partagé entre l'apôtre et l'église, qui, l'un et l'autre, avaient besoin de sa présence, il ne put cacher à Paul son déchirement intérieur, et celui-ci n'hésita pas à le renvoyer auprès de son église, à la grande joie de tous, lui remettant en même temps pour les Philippiens une lettre dont il fut le porteur.
ÉPAULE,
expression qui se trouve plusieurs fois dans l'Écriture au propre et au figuré; trois mots hébreux sont rendus en français par épaule, quoiqu'ils aient des nuances de signification différentes: shokh, quelquefois la cuisse, quelquefois la jambe, aussi le péroné, en parlant des hommes et des animaux, Ésaïe 47:2; Cantique 5:15; Lévitique 7:34; katheph, l'épaule proprement dite, Nombres 7:9; Ésaïe 46:7; shekem, l'arrière-partie de l'épaule, la nuque: ces deux derniers termes sont employés Job 31:22, au commencement du verset, qui doit être traduit par «Que mon épaule se détache de ma nuque», etc. Le shekem sert à désigner:
-
la partie du corps qui porte, Genèse 9:23; Ésaïe 9:5; 22:22; Job 31:36; Sophonie 3:9 (servir l'Éternel d'un même esprit; en hébreu, le servir d'une même épaule, allusion au joug);
-
la partie sur laquelle on fouettait les criminels, les omoplates et le dos jusqu'à la ceinture, Ésaïe; 9:3;
-
enfin il s'emploie dans la phrase tourner le dos, fuir, abandonner, 1 Samuel 10:9; et l's. 21:12, où au lieu de «Tu les mettras en butte», il faut lire: «Tu les mettras en dos, en épaule», c'est-à-dire, tu leur feras tourner le dos.
C'est le mot shokh qui est employé en
parlant de l'épaule d'élévation, Lévitique
7:34; Nombres 6:20; 18:18; l'épaule droite
des victimes revenait de droit aux prêtres
dans les sacrifices d'action de grâce et de
prospérités, et ne pouvait être mangée que
dans un lieu pur et saint, Lévitique 10:14.
Quant aux cérémonies de l'élévation et du
tournoiement,
— Voir: Lever et Offrande.
ÉPEAUTRE,
Exode 9:32; Ésaïe 28:25; Ézéchiel 4:9, hébreu cussèmeth, dérive peut-être de casam être tondu, désigne en tout cas une espèce de céréales sans barbe; il y a de l'incertitude sur la traduction exacte de ce mot, mais on est en général d'accord à l'entendre de l'épeautre, le triticum spelta de Linnée.
ÉPÉE,
— Voir: Armes.
ÉPERVIER.
Le mot hébreu netz, Lévitique 11:16; Deutéronome 14:15; Job 39:29, désigne comme son étymologie et comme le passage de Job l'indiquent, un oiseau de proie au vol rapide; il appartient aux animaux impurs: la Vulgate et Luther traduisent comme nos versions par épervier, d'autres (Winer) par autour. Le passage de Job a trait à l'instinct de cet oiseau qui le pousse à l'approche de l'hiver vers les climats plus chauds.
ÉPHA.
-
Ésaïe 60:6; Genèse 25:4;
— Voir: Hépha.
-
Mesure des Hébreux pour les choses sèches, équivalente au bath qu'on employait pour les liquides (environ 35 litres), Ézéchiel 45:11; Exode 16:36; Juges 6:19; Ruth 2:17; Zacharie 5:6-7. Dans ce dernier passage, une femme (l'impiété) est enfermée dans un épha, et transportée au pays de Sinhar, qui doit être le terme extrême de la manifestation du mal dans les derniers temps.
ÉPHÈSE,
ville importante de l'Ionie et,
sous les Romains, de l'Asie proconsulaire,
sur les bords du Cayster, non loin de la mer
d'Icarie, entre Milet et Smyrne, à 320
stades (70 kilomètres) de cette dernière
ville. Grâce à sa position elle faisait un
commerce de transit fort considérable; mais
ce qui lui assurait le plus une haute
célébrité, c'était son temple de Diane.
Détruit par un fou, ce bâtiment que deux
siècles avaient à peine suffi à construire,
périt dans une seule nuit, mais il fut
rebâti plus somptueux encore, et conservait
toute sa magnificence au temps de saint
Paul, Actes 19:24.
— Voir: Diane.
Lorsque l'apôtre y arriva pour la première
fois, il y trouva un certain nombre de Juifs
qui reçurent l'évangile, Actes 18:19,20; il
n'y fit d'abord qu'un court séjour, et
pendant son absence le juif Apollos le
remplaça avec beaucoup de succès. Puis Paul
revint, et continua d'accomplir pendant
trois ans, 20:31, son œuvre
d'évangélisation, parmi les Juifs d'abord,
puis parmi les païens, chez qui il trouva
des amis, même d'entre les Asiarques, 19:31,
de sorte que son église fut un mélange de
Juifs et de Grecs, 20:21. C'est de là qu'il
écrivit son épître aux Galates et la 1re aux
Corinthiens. Il dut quitter la ville en
suite de l'émeute de Démétrius, et au retour
de son voyage en Macédoine, passant par
Milet, il fit appeler auprès de lui les
pasteurs d'Éphèse, auxquels il donna de vive
voix de nouvelles instructions, 20:17; il ne
paraît pas qu'il y soit retourné depuis,
20:38, quoiqu'on ait voulu le conclure d'une
certaine interprétation de 1 Timothée 1:3. À
son départ il établit et consacra Timothée
pasteur d'Éphèse; plus tard la tradition
nous montre aussi l'évangéliste saint Jean
pasteur de la même ville: Jean doit y être
mort, ainsi que Marie, la mère de Jésus,
dont ce disciple bien-aimé s'était chargé,
et Marie Madeleine. L'épître écrite à l'ange
de cette église, Apocalypse 2:1-7, nous la
montre dans un état spirituel en général
assez prospère, quoiqu'il lui soit reproché
en même temps d'avoir abandonné sa première
charité; il ne paraît pas que saint Jean ni
Timothée s'y trouvassent encore à cette
époque: Timothée y avait souffert le martyre
peut-être quelque temps auparavant, et Jean
était exilé.
— La ville d'Éphèse était l'un des plus
grands sièges de la magie orientale; cf.
Actes 19:13-20; là aussi nous la voyons
succomber devant les témoins de la vérité;
son développement, puis sa chute éclatante
et rapide, rappellent les succès et la
confusion des magiciens de l'Égypte.
Épître aux Éphésiens. Elle fut écrite
de Rome, et probablement à la même époque
que celle aux Colossiens, puisque l'une et
l'autre furent envoyées par Tychique, qui
avait ordre de donner en même temps de vive
voix aux églises des nouvelles de l'apôtre.
Cette épître ne renferme de polémique contre
aucune erreur déterminée; elle ne contient
presque rien que l'expression des sentiments
de l'apôtre, des exhortations pratiques, et
un exposé de la doctrine évangélique, tel
qu'on pouvait le présenter à tous les païens
nouvellement convertis. La seule partie
spéculative est formée par l'exhortation à
l'union entre les chrétiens-païens et les
judéo-chrétiens, exhortation fondée sur la
doctrine de l'économie divine. L'apôtre ne
parle nullement à ses lecteurs comme à des
personnes qu'il connaisse personnellement,
puisqu'au contraire il leur fait connaître
sa vocation, 3:2-4. Il les salue d'une
manière générale, et il est remarquable
qu'il ne les salué pas au nom d'un seul de
ses nombreux compagnons, pas même de
Timothée. Il est donc évident que cette
épître ne peut avoir été adressée à l'église
que Paul avait fondée lui-même à Éphèse;
Grotius a cru pouvoir en conclure,
conformément à quelques manuscrits, qu'elle
fut écrite aux Laodicéens, cf. Colossiens
4:16, mais la grande majorité des manuscrits
s'oppose à cette manière de voir, et
l'opinion d'Usserius, appuyée par Hug,
Olshausen, Harless, Steiger, nous paraît
beaucoup plus probable, savoir que c'était
une lettre encyclique adressée entre autres
aux Éphésiens, aux Laodicéens et aux églises
environnantes; arrivée à destination et
copiée, il a pu facilement arriver que dans
quelques exemplaires on ait mis le nom de
Laodicée au lieu de celui d'Éphèse, et le
caractère général de la lettre s'explique.
— Comment. Harless. Erlangen 1834;
Passavant, Stier.
ÉPHOD,
large ceinture magnifiquement
brodée que les sacrificateurs portaient
autour de leur robe, Exode 28. Elle
consistait en deux rubans d'une matière
précieuse qui, prenant sur le cou et
descendant de dessus les épaules, venaient
se croiser sur la poitrine, puis retournant
en arrière servaient à ceindre la robe,
absolument comme une écharpe. L'or et les
plus riches couleurs distinguaient l'éphod
du souverain sacrificateur de celui des
simples prêtres qui n'était fait que de lin.
Par devant, à l'endroit où les rubans se
croisaient, était le pectoral, q.v. L'éphod
était regardé comme l'accompagnement
indispensable du culte, faux ou vrai.
Gédéon, vainqueur des idolâtres de Madian,
se fit un éphod de leurs dépouilles, voulant
élever un monument au vrai Dieu et
sanctionnant par le fait une nouvelle
idolâtrie, Juges 8:27. Mica donne également
un éphod à l'idole de son culte, Juges 17:5;
— Voir: encore Osée 3:4.
Quoique l'éphod fût l'apanage des prêtres,
on le voit quelquefois aussi porté par des
laïcs ou des lévites, par Samuel encore
enfant, 1 Samuel 2:18, par David, 2 Samuel
6:14; etc.
— Le mot hébreu éphod a été pris par
quelques interprètes comme signifiant
idole dans les passages d'Osée et des
Juges.
ÉPHRAÏM,
-
Genèse 41:52; 46:20; 48:1; 1 Chroniques 5:1, le second fils de Joseph et d'Asénath, reçut par la bénédiction de Jacob le droit et les avantages de la primogéniture, au détriment de son frère aîné Manassé. Plusieurs de ses fils ayant fait pendant son séjour en Égypte, une sortie contre ceux de Gad ou Gath, pour leur enlever leur bétail, furent mis à mort; il mena deuil sur eux pendant longtemps, et ses frères vinrent pour le consoler, 1 Chroniques 7:22. Cependant sa famille bénie s'accrut considérablement, et comptait au sortir de l'Égypte 40,500 hommes en état de porter les armes, Nombres 2:18,49, qui tous se réclamaient, comme tribu, du nom de leur père Éphraïm.
Lors de la division du pays de Canaan, Josué, qui était de cette tribu, lui donna en partage une contrée vaste et fertile, Osée 9:13; elle occupait toute la largeur du pays depuis le Jourdain jusqu'à la Méditerranée, entre les tribus de Dan, de Benjamin et la demi de Manassé, et fut pendant longtemps le siège du tabernacle (à Silo), Josué 16:8; 17:10. On trouvait même encore des Éphraïmites en dehors des limites marquées, Juges 19:16. Ainsi furent accomplie sur ce fils de Joseph, les bénédictions du vieux Jacob, qui lui annonçait de la part du Tout-Puissant qu'il serait fait aussi le pasteur et la pierre d'Israël, Genèse 49:24, et qu'il contrebalancerait le pouvoir de Juda, 1 Chroniques 5:1; 2, cf. encore Deutéronome 33:13, et les riches promesses de Moïse.
— À la mort de Saül cette tribu, par esprit de rivalité contre Juda, se ligua en faveur d'Is-Boseth avec les dix autres tribus, 2 Samuel 2:9, mais après la défaite de son prétendant elle suivit le parti du vainqueur et se soumit à David 5:1. Ce ne fut pas pour longtemps; bientôt, fidèle à sa jalousie, elle releva la tête après Salomon et fut la principale cause de la division du royaume en deux moitiés, dont la plus grande, qui prit mal à propos le nom d'Israël q.v., eut sans interruption sa résidence principale dans cette tribu, et fut au commencement gouvernée par une dynastie éphraïmite, 2 Samuel 19:41; sq. Aussi, bien souvent les prophètes donnent-ils à ce royaume des dix tribus le nom plus exact d'Éphraïm, Ésaïe 7:2; Osée 4:17; 5:9; 6:4; 12:1. Elle fut emmenée en captivité avec les autres tribus d'Israël par Salmanassar.
— Le nom d'Éphrat, Psaumes 132:6, et celui d'Éphratien, 1 Samuel 1:1; 1 Rois 11:26, signifient probablement Éphraïm, Éphraïmite.
-
Montagnes d'Éphraïm; région montagneuse au centre de la Palestine, au sud de celles de Guilboa, formant la principale partie du territoire qui prit plus tard le nom de Samarie. Elle touche aux montagnes de Juda. Ses sommets détachés de la masse y sont nombreux et presque tous égaux (mais d'une élévation peu considérable), ce qui donne à cette contrée le caractère d'un vrai pays de montagnes. Elle était extrêmement fertile comme elle paraît l'être encore de nos jours. Au sud se trouve Guérizim, la montagne des bénédictions, le point le plus élevé de la contrée; puis le mont Hébal (800 pieds), Deutéronome 11:29, le Tsalmon, Juges 9:48, le Gahas, Josué 24:30, le Tsémarajim, 2 Chroniques 13:4, et beaucoup d'autres montagnes, de même que le champ et le puits de Jacob, Jean 4:5-6; Genèse 33:18-20. On connaît du reste fort peu cette contrée, qu'aucune roule ne traverse et qui est passablement infestée de brigands à l'affût des voyageurs qui se rendent de Sichem à Jérusalem, de sorte qu'il n'est pas possible de déterminer l'emplacement exact des différents lieux indiqués.
— Cette même contrée porte quelquefois aussi le nom de montagnes d'Israël.
-
La forêt d'Éphraïm, qui fut le théâtre de la victoire de David sur son fils rebelle, et de la mort de ce dernier embarrassé dans les branches d'un arbre, est, soit une contrée inconnue de Galaad, peut-être celle où Jephthé avait battu les Éphraïmites, Juges 12, soit plutôt la partie des montagnes d'Éphraïm qui est vis-à-vis de Galaad, et qu'on appelait déjà auparavant la forêt, à cause de ses bois épais, Josué 17:15-18.
ÉPHRAT ou Éphrata.
-
Femme de Caleb ou Célubaï, 1 Chroniques 2:9,19,50,51; 4:4, donna son nom au village de Bethléem, où s'établirent son fils Hor, et son arrière petit-fils Salmo.
-
Éphrat est le village nommé ailleurs Bethléem, Genèse 35:19; Ruth 4:11, et dont le nom complet se trouve Michée 5:2, de sorte que Éphratien est synonyme de Bethléhémite, Ruth 1:2; 1 Samuel 17:12.
-
Éphrat, nom d'Éphraïm, Psaumes 132:6, et Éphratien, synonyme d'Éphraïmite, 1 Samuel 1:1; 1 Rois 11:26.
ÉPICURIENS,
Actes 17:18. Secte philosophique bien connue, et dont la sensualité avait pris pour règles les quatre canons suivants:
-
Recherchez la volupté qui n'est accompagnée d'aucun déplaisir;
-
fuyez tout déplaisir qui n'est accompagné d'aucune jouissance;
-
fuyez toute volupté qui en empêche une plus grande, ou qui engendre un plus grand déplaisir;
-
recherchez tout déplaisir qui en évite un plus grand, ou qui engendre une plus grande volupté.
— Épicure, du reste, n'attachait au mot
volupté que le sens général de repos, et
quelquefois même il y joignait celui de
devoir accompli. Son Dieu, car Épicure en
avait pris un pour se soustraire à
l'accusation d'athéisme, n'était pas une
providence: c'était un être d'une félicité,
d'un repos, d'une insouciance, d'une
inutilité sans bornes, et complètement
incapable de gêner qui que ce fût. L'âme de
l'homme était corporelle pour ces
philosophes, et cessait d'exister en même
temps que le corps.
— Cette doctrine, qui changea peu, et à
laquelle on ajouta peu, car elle était
parfaite une fois le genre admis et le
principe accepté, se répandit dans tout le
monde, gagna des sectateurs, et se trouvait
solidement établie à Athènes et à Rome,
comme ailleurs, lors de la venue de
Jésus-Christ.
ÉPINES.
Les plantes ou buissons
épineux, et les épines de divers genres sont
si nombreux en Orient, que l'hébreu ne
comptait pas moins de seize mots pour les
désigner, plus ou moins synonymes, mais
exprimant sans doute aussi diverses nuances
du genre, quoiqu'il ne nous soit guère
possible maintenant de les déterminer d'une
manière exacte,
— Voir: Winer, Realw., et les
dictionnaires.
L'agriculture avait de la peine à lutter
contre la multitude et la ténacité de ces
plantes inhospitalières, Genèse 3:18;
Jérémie 42:13; Job 31:40; Matthieu 13:7;
Hébreux 6:8, et souvent on prenait le parti
d'y mettre le feu avant le labour, soit pour
les exterminer d'une manière plus
expéditive, soit pour fournir à la terre un
engrais, Ésaïe 10:17; mais la racine restait
toujours dans le sol.
— Quant aux épines de la couronne de Jésus,
— Voir: Couronne.
ÉPOUX, épouse.
Les rapports conjugaux ont
toujours été chez le peuple de Dieu, avant
et après Moïse, bien différents de ce qu'ils
étaient chez les autres peuples de l'Orient.
Si la polygamie existait sans être
formellement défendue, elle ne constituait
pas cependant une vie de harem, ni
l'esclavage pour les femmes. Le mari avait
les garanties qu'il pouvait désirer quant à
leur fidélité; mais les femmes avaient les
leurs pour elles et pour leurs enfants.
Elles ne pouvaient être répudiées si, avant
le mariage, leur époux avait déjà habité
avec elles, ou si, après, il les avait
calomniées, Deutéronome 22:19,29; il est
assez probable aussi qu'elles ne pouvaient
être renvoyées étant enceintes. Quelquefois,
en Orient, les préférences entre les femmes
en amenaient entre leurs enfants; la loi de
Moïse ne le permettait pas; elle rendait
inamovible le droit de primogéniture, et ne
permettait pas qu'un père élevât le fils
d'une mère préférée au détriment de l'aîné,
Deutéronome 21:15-17.
— Voir: Femmes, Mariage, etc.
ÉPREUVES judiciaires.
Ces moyens, imaginés par
l'ignorance et la superstition pour
découvrir la vérité dans les cas douteux,
ont joué un grand rôle chez les peuples et
dans les siècles barbares. On les appelait
jugements de Dieu, et toujours ils étaient
ordonnés de manière à ce qu'un miracle fût
nécessaire pour sauver l'innocent, car le
prévenu était censé coupable jusqu'après
l'épreuve. L'eau froide, l'eau bouillante,
le fer rouge, certaines boissons, des sauts
dangereux, étaient les moyens le plus
ordinairement employés; quelques-uns étaient
connus déjà de l'antiquité la plus reculée
(Sophocle, Antig. 264). Les Juifs n'avaient
de cérémonie pareille que pour un seul cas,
et encore l'épreuve était-elle en elle-même
innocente, redoutable seulement pour la
femme adultère,
— Voir: Eau de jalousie.
— On peut trouver dans le Dictionnaire
historique des cultes, des détails curieux
sur les épreuves admises chez les différents
peuples.
ER,
un des ancêtres de Marie, Luc 3:28. Inconnu.
ÉRASTE,
disciple que saint Paul envoya d'Éphèse en Macédoine, avec Timothée, Actes 19:22, pour préparer les aumônes des fidèles. On peut supposer qu'il accompagna longtemps l'apôtre dans ses voyages, et c'est le même sans doute que l'on retrouve, 2 Timothée 4:20, demeurant à Corinthe, éloigné de Paul qui le regrette. Il était ou avait été trésorier, Romains 16:23 (si toutefois ce ne sont pas deux personnages différents, comme Winer le suppose), et aurait donné sa démission de sa charge en se décidant à suivre l'apôtre. Il était apparemment de Corinthe, ainsi que l'indiquent et le passage de Timothée, et celui des Romains, «le procureur de la ville» celle d'où écrivait saint Paul, et qui était selon toute probabilité Corinthe.
ÉREC,
Genèse 10:10. Une des villes bâties par Nimrod; il y a deux opinions:
-
Bochart pense que c'est Arecca, dont parlent Ptolémée et Ammien Marcellin, située sur les bords du Tigre, entre la Susiane et Babylone, opinion que Winer (Realw.) trouve plus probable à cause de la place qu'occupent les Arkéviens, Esdras 4:9.
-
Ce serait Édesse, d'après le témoignage positif de Jérôme, d'Éphrem et de quelques rabbins.
ÉSAÏE.
-
Lévite, Esdras 8:19;
— Voir: Sérébia.
-
Prophète hébreu, fils d'Amots. On n'a que fort peu de notices positives sur sa vie et sur sa personne. Son nom signifie aide de Dieu. D'après un» tradition, son père aurait été frère du roi Amatsia, et lui-même aurait été de la famille royale. Plusieurs circonstances nous font croire qu'il avait reçu, dans sa jeunesse, une éducation distinguée; son style orné et majestueux, qui décèle une grande étendue de connaissances, et ses relations avec la cour viennent à l'appui de la tradition. Il commença les fonctions de prophète vers la fin du règne d'Hosias, probablement la dernière année de ce roi, si, comme on peut le croire, le chapitre 6 indique la consécration d'Ésaïe; et il les poursuivit sous les règnes de Jotham, d'Achaz et d'Ézéchias. Il paraît même, d'après 2 Chroniques 32:32, qu'il a survécu à ce dernier, et, selon une tradition des Juifs et de l'ancienne Église chrétienne, if aurait vécu jusqu'à l'époque de Manassé, qui l'aurait fait mettre à mort. Il aurait donc fourni une carrière prophétique de plus de soixante ans (mort d'Hosias 759, avènement de Manassé 698 ou 97), et aurait atteint un âge fort avancé, au moins quatre-vingt-dix ans; la tradition même lui en donne cent vingt, et porte qu'il aurait été scié en deux par les ordres de Manassé; le passage Hébreux 11:37; semble se rapporter à cette tradition et la confirmer. Ésaïe demeura toujours à Jérusalem, où il était marié, et où il avait au moins deux enfants, Ésaïe 7:3; 8:3-4.Il est encore nommé comme auteur de deux ouvrages historiques, l'un sur Hozias, l'autre sur Ézéchias, 2 Chroniques 26:22; 32:32.
La mission de ce prophète s'explique par
l'histoire des règnes sous lesquels il
vécut. Il devait surtout combattre le
formalisme et l'hypocrisie, insister sur le
sens spirituel de la loi, annoncer les
terribles jugements que le peuple
s'attirerait par son impénitence; mais aussi
consoler et encourager le résidu fidèle par
les promesses d'un meilleur avenir, et tout
particulièrement diriger leurs regards vers
le Sauveur qu'il annonce à la fois comme
docteur, comme victime expiatoire, et comme
roi. Ses prédictions messianiques ont une si
grande clarté qu'on a nommé quelquefois ce
livre un cinquième Évangile; le Nouveau
Testament l'appelle le prophète par
excellence (à δ προφήτης),
et le cite très souvent. Et déjà chez les
Juifs il jouissait d'un grand crédit; les
prophètes suivants, en particulier Jérémie,
s'appuient constamment sur lui.
Voici un sommaire de son contenu:
Ch. 1-12; prophéties contre Juda.
Ch. 13-23; prophéties contre des peu-pies
étrangers, à l'exception du chapitre 22.
Ch. 24-35; prophéties contre Juda
(promulguées probablement du temps
d'Ézéchias).
Ch. 36-39; narration des principaux
événements du règne d'Ézéchias, presque
identique avec 2 Rois 18-20.
Ch. 40-66. Cette seconde partie du livre a
été probablement composée vers la fin de la
carrière d'Ésaïe, sous le règne de Manassé.
Le prophète se transporte par la pensée
jusqu'aux temps de l'exil; et sur ce terrain
idéal il annonce la délivrance de la
captivité de Babylone, et désigne même deux
siècles d'avance, par son nom, le prince qui
en sera l'instrument. Mais en même temps il
porte ses regards sur une délivrance bien
plus importante encore, sur la rédemption
spirituelle, sur lé Messie; et, par cela
même qu'ils sont très analogues, ces deux
sujets apparaissent tour à tour sur le
premier plan, ou semblent quelquefois se
confondre l'un avec l'autre.
L'authenticité de cette dernière partie a
été fortement attaquée par les
rationalistes, qui sentaient combien des
prophéties aussi claires, aussi détaillées,
pouvaient fournir d'armes contre eux. Ils
ont présenté leurs doutes sous différentes
formes. L'hypothèse qui paraît réunir le
plus d'opinions est celle de De Wette et de
Gesenius, qui pensent que ces vingt-sept
derniers chapitres ont été composés du temps
de l'exil. Mais ce système a été abondamment
réfuté par Jahn, Mœller Kleinert,
Hengstenberg (Christologie), Hævernick, etc.
Contre l'authenticité on allègue:
-
que l'auteur semble avoir vécu dans le temps de la captivité, puisqu'il la suppose constamment; pour lui Jérusalem est détruite, la Judée désolée, le peuple de Dieu rejeté. Mais il est très ordinaire que les prophètes se transportent dans l'avenir et le décrivent comme s'ils l'avaient sous les yeux. C'est ce que font Moïse, Deutéronome 32, Joël 1:2:15, et Ésaïe lui-même plus d'une fois dans la partie du recueil qu'on ne lui conteste pas, par exemple à l'égard de Tyr, chapitre 23,
-
On dit qu'avant d'annoncer le retour de l'exil, il aurait dû annoncer l'exil lui-même; mais c'est ce qu'il a fait, 5:6,11; sq., et surtout au chapitre 39, avec lequel toute la dernière partie est intimement liée.
-
On fait remarquer que le style de ces derniers chapitres est assez différent de celui des trente-neuf premiers, plus ample, plus diffus. Mais ces nuances s'expliquent facilement par l'âge plus avancé de l'auteur, par la différence des sujets, etc.
-
On a prétendu encore relever un certain nombre de chaldaïsmes. Cet argument a été réfuté par les plus habiles connaisseurs de la langue hébraïque, Ewald par exemple, qui ne saurait être suspect en pareille matière.
-
On a même soutenu que la désignation de Cyrus par son nom est un fait sans analogie chez les prophètes. Mais cette assertion est facile à réfuter; nous ne citerons que 1 Rois 13:2, où le roi Josias est annoncé par son nom trois siècles à l'avance.
Remarquons encore en terminant, que c'est
précisément de ces vingt-sept derniers
chapitres contestés par une science
incrédule, que le Nouveau Testament cite le
plus grand nombre de passages, en les
attribuant clairement à Ésaïe.
Les commentaires les plus utiles à consulter
pour l'étude de ce prophète sont celui de
Calvin, celui de Gesenius qu'il ne faut lire
qu'avec précaution, ceux d'Umbreit et de
Hitzig, et la Christologie de Hengstenberg.
ÉSAR-HADDON,
roi d'Assyrie, fils et
successeur de Sennachérib, Ésaïe 37:38; 2
Rois 19:37; Esdras 4:2, indiqué encore, sans
être nommé, 2 Rois 47:24, que Calmet et
d'autres veulent voir aussi désigné sous le
nom de Sargon, Ésaïe 20:1, mais à tort. Il
commença de régner l'an 681 avant J.-C., et
occupa le trône pendant vingt-neuf ans. Il
lit transporter dans les contrées désolées
de la Samarie, privée de ses habitants en
exil, des colonies de gens de Babel, de
Cuth, et d'autres villes babyloniennes; ces
colonies ayant beaucoup à lutter dans leurs
premiers travaux d'établissement contre les
bêtes féroces, qui s'étaient d'abord
emparées de ces lieux, crurent que les dieux
de ces localités ne leur étaient pas
favorables parce qu'elles ne connaissaient
pas la manière de les adorer, et sur leur
demande, Ésar-Haddon leur envoya un des
sacrificateurs exilés; mais cette expédition
ecclésiastique fut sans résultat réel, et le
prêtre en fut pour ses leçons de religion:
les colons apprirent bien la foi juive, mais
ils n'en continuèrent pas moins de se faire
leurs dieux, qui Nergal, qui Asima, qui
Tartac; ce fut le commencement de la
religion des Samaritains, q.v.
— C'est probablement encore Ésar-Haddon qui
fit la guerre à Manassé et l'emmena captif à
Babylone, chargé de doubles chaînes, 2
Chroniques 33:11-12.
— Quelques-uns pensent que c'est lui qui est
connu dans l'histoire profane sous le nom de
Sardanapale; mais,
— Voir: Pul.
ÉSAÜ ou Édom,
premier-né d'Isaac et de
Rébecca, Genèse 25:25, fut un homme des
champs, s'adonnant au labourage et aux
travaux de la chasse. Au retour d'une de ses
violentes excursions, accablé de fatigue et
dévoré par la faim, il parla légèrement de
ses lèvres, et céda son droit d'aînesse pour
un plat de lentilles, tombant par son
impétuosité dans les filets d'une mère et
d'un frère dont il eût dû se méfier. Il
oublia bientôt cette imprudence; il en fit
une autre en épousant deux Cananéennes
(Héthiennes), Genèse 26:34; 36:1,
— Voir: Élon.,
et se compromit lui-même gravement par cette
infidélité, compromettant en même temps la
paix de la famille patriarcale. Puis son
père étant devenu vieux, et voulant donner
sa bénédiction au fils aîné qu il
chérissait, Genèse 27:1, Jacob l'enfant de
la ruse le supplanta par un habile
déguisement, et accomplit par un péché les
plans éternels de la Providence: Ésaü ne
reçut que les restes de la bénédiction
paternelle, la promesse d'une nombreuse
postérité, puissante, belliqueuse et riche,
mais parfois soumise à celle de l'aîné béni.
Justement indigné, Ésaü croyait pouvoir se
faire justice à lui-même, et ne cachait pas
son intention de tuer son frère après la
mort d'Isaac; mais Jacob ayant disparu
d'après les conseils de sa mère, Ésaü,
espérant de rentrer dans la faveur
paternelle, et peut-être dans celle de Dieu,
par une alliance avec la famille d'Abraham,
épousa une fille d'Ismaël; ce fut en vain;
lorsque le cœur n'est pas sain, l'esprit ne
peut l'être non plus. La famille d'Ismaël
n'appartenait pas à la promesse, et ne fit
venir aucune bénédiction sur celui que
l'Éternel avait rejeté hors du peuple qui
devait être le dépositaire de la vérité,
Malachie 1:2; Hébreux 12:16. Les années
s'écoulèrent, la haine s'éteignit dans le
cœur d'Ésaü, et lorsque Jacob revint de la
Caldée, dans l'entrevue qui eut lieu entre
l'usurpateur et la victime, Genèse 32, Ésaü
se montra bien au-dessus de son frère par la
chaleur de son affection, la noblesse de sa
conduite, et son oubli du passé; car,
évidemment, tout ce que Jacob pouvait lui
offrir n'était rien en comparaison de la
bénédiction dont il l'avait dépouillé. Les
deux frères se revirent encore une fois à la
mort de leur père, Genèse 35:29. Ésaü
continua d'habiter au pays de Séhir, dont
Dieu avait assuré la possession à sa
postérité, Deutéronome 2:5. On ne sait rien
sur sa mort.
Le nom d'Ésaü signifie velu (comme un
manteau de poil), Genèse 25:25, et lui fut
donné à sa naissance; celui d'Édom signifie
roux, et lui fut donné peut-être aussi à sa
naissance, à cause de la couleur de son
poil, mais plus probablement à cause du plat
de lentilles, Genèse 23:30. Ces deux noms
sont employés l'un et l'autre pour désigner
les tribus iduméennes et la contrée
qu'habitèrent les descendants d'Ésaü, mais
ce dernier s'emploie surtout dans les livres
prophétiques, Jérémie 49:8,10; Abdias
6,8,9,19.
Pour les trois femmes d'Ésaü,
— Voir: Genèse 26:34; 28:9; cf. 36:2;
sq..
Il existe une tradition assez singulière sur
la descendance d'Ésaü, et qui excite
fortement l'indignation du père Calmet,
c'est qu'Ésaü aurait eu un fils nommé Roum,
duquel serait descendu Romulus et les rois
de Rome; voici du reste ce qu'il dit: «C'est
une tradition commune à toutes les nations
du Levant qui ont quelque connaissance des
livres sacrés, que du temps d'Habdon, juge
des Hébreux, une colonie d'Iduméens passa en
Italie où elle s'établit, que Latinus régna
parmi eux, et que Romulus fondateur de Rome
tirait d'eux son origine. Tout cela est une
fable mal inventée par les Juifs pour faire
tomber contre les chrétiens (de Rome) tout
ce qui est dit dans l'Écriture contre
l'Idumée, et les Iduméens. Les plus fameux
rabbins soutiennent opiniâtrement cette
impertinente tradition. Le Talmud
appelle l'Italie et Rome «le cruel empire
d'Édom;» Édom signifie roux; les empereurs
romains étaient vêtus de rouge; les
cardinaux portent encore la même couleur.
Les belles raisons!»
— Nous comprenons l'indignation de Calmet,
toutefois il ne nous paraît pas que
l'interprétation de toute les nations du
Levant, appuyée de celle de tous les
interprètes juifs et d'un fort grand nombre
d'interprètes chrétiens, doive être rejetée
entièrement. Les Édomites sont dans leur
origine, comme dans leur histoire, un type
frappant des nations anti-chrétiennes qui
touchent au peuple de Dieu, qui sont à même
de connaître la vérité, qui sont placées,
pour ainsi dire, sur les frontières de la
terre sainte, et qui cependant n'emploient
les avantages spirituels qui leur sont
accordés, que d'une manière égoïste et
perverse, se mettant en opposition directe
avec le vrai peuple de Dieu. Le passage,
Ésaïe 63:1-2, n'a certainement pas été
indifférent à la tradition qui s'est formée;
la solennité des menaces contenues Ésaïe 34,
et la grandeur des promesses Ésaïe 35,
montrent qu'il s'agit de bien autre chose
que de la simple chute d'Édom, et
l'Apocalypse, en parlant de Babylone et de
la bête, emprunte les images employées par
Ésaü parlant d'Édom, 34 et 63,. Saint Jean
paraît même avoir en vue le nom et la
signification d'Édom en donnant la
description de la Rome anti-chrétienne: le
dragon est rouge, Apocalypse 12:3; la femme
est ivre du sang des saints, habillée de
rouge, assise sur une bête rouge, 17:3-4,6;
cf. 14:20; Ésaïe 34:3; 63:1.
— Apocalypse 19:3; Ésaïe 34:10; Apocalypse
19:13,15; Ésaïe 63:1-2; Apocalypse 19:18;
Ésaïe 34:6-7; L'ancienne tradition nous
paraît ainsi fondée en elle-même,
c'est-à-dire que les passages relatifs aux
iniquités commises par la postérité d'Ésaü,
et les menaces prononcées contre ce pays, se
rapportent en première ligne à Édom, mais
d'une manière beaucoup plus générale aux
peuples anti-chrétiens qui, portant le nom
du Père des croyants, retiennent la vérité
captive sous le boisseau, et aiment à
s'enivrer de sang.
ESBAHAL,
1 Chroniques 8:33; 9:39, le même que Is-Boseth, q.v.
ESCARBOUCLE
(nophek), Exode 28:18; 39:11; Ézéchiel 28:13; 27:16. Les anciens désignaient sous ce nom plusieurs pierres précieuses d'un rouge extrêmement vif comme des charbons ardents, le grenat et le rubis, surtout le rubis des Indes; l'escarboucle est moins dure que le saphir et supporte comme lui la gravure. Le mot même d'escarboucle (carbunculus) indique la vivacité de son éclat. Elle occupait la quatrième place sur le pectoral, c'est-à-dire la première du second rang. En voyant ce que nous avons dit à l'article Émeraude on se convaincra de l'impossibilité où sont les savants d'arriver à quelque chose de bien clair sur plusieurs parties de l'histoire naturelle, puisque les uns font rouge ce que les autres font vert, et vice versa.
ESCARGOT, ou limaçon,
Psaumes 58:9. «Puisse-t-il s'en aller comme un escargot qui se fond», manière de parler reposant sur l'opinion populaire que la trace que l'escargot laisse après lui et qui doit lui faciliter la marche, le ruine et le consume.
ESCLAVE.
Il y avait chez les Hébreux
deux classes d'esclaves, les indigènes et
les étrangers; mais les uns et les autres
étaient soumis à un régime bien plus doux
que les esclaves des Orientaux et des
modernes en général; on peut même dire que
l'esclavage n'était qu'une espèce de
domesticité à long bail, et Moïse dans sa
législation paraît avoir eu en vue une
transaction entre l'esclavage et le principe
de la liberté individuelle; s'il reconnaît,
d'un côté, que l'esclave appartient au
maître, «car c'est son argent» Exode 21:21,
de l'autre, il limite par de nombreuses
restrictions les droits du maître, et donne
à l'esclave ses droits et ses garanties.
L'esclave étranger, fait prisonnier de
guerre, acheté à prix d'argent, ou né dans
la maison, Nombres 31:26; Genèse 17:23;
Lévitique 25:44, devait être naturalisé et
circoncis; il était tenu à toutes les
ordonnances cérémonielles: enlevé à sa
patrie sans espoir de retour, il devait
adopter en entier l'esprit et les
affections, comme les obligations de sa
nouvelle patrie. La captive que les chances
de la guerre avaient mise au pouvoir d'un
Hébreu, pouvait devenir son épouse ou celle
de son fils; mais un mois lui était donné
pour pleurer son père et sa mère,
Deutéronome 21:10-13. Si son jeune maître
venait à se marier, elle ne devait rien
perdre de ses avantages, en aliments,
vêtements et cohabitation; si même elle
cessait de plaire, et que son maître n'eût
plus d'égards pour elle, elle devenait libre
aussitôt, et sortait sans rançon. Les femmes
esclaves ne pouvaient jamais être renvoyées
étant enceintes,
— Voir: Concubines.
Les Hébreux pouvaient devenir esclaves de
diverses manières:
-
en cas d'extrême misère, ils pouvaient aliéner leur liberté, Lévitique 25:39;
-
les enfants pouvaient être vendus par leurs parents, Exode 21:7;
-
les débiteurs insolvables étaient vendus à leurs créanciers, 2 Rois 4:1; Ésaïe 50:1; Néhémie 5:5; Matthieu 18:25;
-
les voleurs, en cas de non restitution, devenaient la propriété de celui qu'ils avaient volé, Exode 22:3;
-
quelquefois ils devenaient prisonniers à la suite de guerres intérieures;
-
ou bien ils étaient volés et vendus comme le fut Joseph;
-
enfin, rachetés d'un païen par un Hébreu, ils pouvaient être revendus par celui-ci à un autre Hébreu.
Dans tous les cas, la loi leur accordait une
telle protection, qu'après six ans de
service au plus, ils recouvraient leur
liberté dans l'année sabbatique, et ils ne
devaient point être renvoyés à vide,
Deutéronome 15:13-14. Mais si l'esclave,
incapable de profiter de sa liberté, ou
satisfait de son maître, refusait son
affranchissement, son maître le conduisait
devant les juges, et lui perçait l'oreille
avec une alêne, Exode 21:6; Deutéronome
15:17; dès lors son affranchissement
définitif ne pouvait plus avoir lieu qu'en
l'année du jubilé, Lévitique 25:41; Jérémie
34:8. Le droit d'affranchissement
n'emportait pas pour l'esclave le droit
d'emmener avec lui sa femme, s'il l'avait
épousée parmi les esclaves de son maître, ni
les enfants qu'il pouvait en avoir eus.
Pendant toute la durée de la servitude les
esclaves avaient droit, comme leurs maîtres,
au repos du septième jour. Exode 20:10.
L'esclave pouvait être puni et même battu
pour négligence ou désobéissance; mais des
limites étaient posées pour le protéger
contre la brutalité d'un maître violent ou
barbare. Si l'esclave périssait sous les
coups, ou qu'il mourût dans la journée, le
maître était puni comme meurtrier (on ne
sait de quelle peine, et si c'était la
mort); si l'esclave était estropié, qu'il
perdît un de ses membres, ne fût-ce qu'une
dent, il obtenait la liberté, qui était une
peine pour son maître, une compensation pour
lui. Mais s'il ne mourait que quelques jours
après les mauvais traitements de son maître,
la loi ne sévissait plus, et le maître était
regardé comme suffisamment puni par la perte
même de son esclave, Exode 21:20-27, qui
équivalait, par la valeur de celui-ci, à une
amende de trente sicles d'argent en moyenne,
Exode 21:32; cf. Lévitique 27:3; Matthieu
26:15.
Quelques faits prouveront encore combien la
position de l'esclave était douce sous la
loi de Moïse:
-
il avait le droit de faire des économies, et jouissait des fruits de la terre en l'année sabbatique, comme il avait sa place marquée aux festins d'actions de grâce, Exode 20:10; Lévitique 25:6; Deutéronome 12:18; 16:11; il était libre au point de pouvoir lui-même avoir des esclaves, 2 Samuel 9:10;
-
il travaillait avec ses maîtres, il avait même avec eux des rapports de peine et de fatigue qui devaient disposer ceux-ci à le traiter en ami plutôt qu'en mercenaire, en homme plutôt qu'en objet;
-
il travaillait un sol destiné à produire des objets de première nécessité qui devaient servir à la consommation, et non point au commerce; or, il est facile de comprendre comment ils devaient être mieux traités et mieux nourris que s'ils eussent été de simples instruments producteurs, à l'alimentation desquels le maître eût du pourvoir par des dépenses effectives, par l'achat de rations.
On peut consulter sur cette partie si compliquée de la législation des Hébreux, et sur l'esprit de concessions qui y a présidé, Cellérier, Lég. Mos. 1, 284; 2, 147, et ailleurs.
ESCOL.
-
Un des alliés d'Abraham dans son expédition contre Kédor Lahomer, Genèse 14:13.
— Voir: Mamré;
-
vallée d'Escol (du raisin), d'où les espions israélites emportèrent un sarment avec sa grappe, qu'ils étaient deux à porter, Nombres 13:24; 32:9; Deutéronome 1:24. Le torrent qui la traversait était, selon les uns, le Sorek, selon d'autres une rivière distincte qui se jette dans la mer près d'Askélon: Winer pense que le torrent d'Escol ne pouvait se jeter que dans la mer Morte.
— Saint Jérôme parle d'une ville de ce nom.
ESDRAS
(secours), scribe, 7:6,11, qui en sa qualité de descendant du sacrificateur Séraja, 7:1, dont il est parlé 2 Rois 25:18, était aussi sacrificateur, se trouvait à la tête de la seconde colonie qui revint en Judée, la septième année du règne d'Artaxercès, roi de Perse, 7:8. Par zèle pour la gloire de Dieu et par amour pour son peuple, il travailla pendant de longues années à la restauration temporelle et spirituelle du peuple et de la nationalité juive, d'abord seul, puis conjointement avec Néhémie. C'est lui qui est l'auteur du livre qui se trouve sous son nom dans l'Ancien Testament; mais les 3e et 4e livres d'Esdras qui sont parmi les Apocryphes, sont d'une époque de beaucoup postérieure. Il paraît aussi à peu près certain que c'est lui qui a formé la collection définitive des livres sacrés, et ainsi fixé le canon de l'Ancien Testament (— Voir: Hævernick, Mél. de Théol. réf., 174-185). La Bible ne nous apprend rien sur le temps et le lieu de sa mort, mais Flavius Josèphe nous dit (Antiquités Judaïques 11, 5, 5) qu'il atteignit un âge fort avancé, et qu'il fut enseveli à Jérusalem. Son livre se compose de douze parties principales. Les six premiers chapitres contiennent le récit d'événements qui s'étaient passés avant son retour en Judée, pendant un espace d'environ vingt ans, depuis le commencement du règne de Cyrus, jusqu'à la sixième année de celui de Darius, fils d'Hystaspe; parmi ces événements, le retour de la première colonie sous Zorobabel, et la construction du nouveau temple, occupent la principale place. Une partie considérable de ce morceau (4:8—6:18) est écrite en caldéen, probablement parce que Esdras a rédigé sa narration en Caldée, et d'après des documents écrits par quelque témoin oculaire. Dans les quatre derniers chapitres il raconte les événements postérieurs à son retour. Mais entre les deux parties il y a une lacune de quarante-sept ans, dont trente appartiennent au règne de Darius, onze à celui de Xercès, et six à celui d'Artaxercès.
ESPAGNE.
L'antiquité comprenait sous ce
nom la péninsule des Pyrénées toute entière,
qui renferme maintenant l'Espagne et le
Portugal. Au temps de saint Paul elle était
province romaine, et comptait un grand
nombre de Juifs parmi ses habitants, ce qui
avait donné à l'apôtre la pensée d'y aller
faire un voyage missionnaire: il paraît peu
probable qu'il ait exécuté ce projet, du
moins aucun des auteurs des trois premiers
siècles n'en fait-il mention,
— Voir: Paul.
— Des mines de fer, de plomb, d'or et
d'argent constituaient la plus grande
richesse de cette presqu'île.
— Voir: Sépharad et Tarsis.
ESROM,
Matthieu 1:3; Luc 3:33, fils de Phares et petit-fils de Juda, né, par conséquent, pendant le séjour en Égypte. Il est appelé Hetsron, Ruth 4:18; 1 Chroniques 2:5-9. Du reste inconnu.
ESTAOL,
Josué 13:33; 19:41, ville de la tribu de Dan non loin de laquelle Samson, fort jeune encore, eut la première impression de la mission à laquelle il était appelé; c'est aussi près de là qu'il fut enseveli, Juges 13:25; 16:31. Les Estaoliens sont encore nommés 1 Chroniques 2:53.
ESTER,
jeune fille israélite de la
tribu de Benjamin, fut, dans la main de la
providence, un instrument pour sauver d'une
complète destruction une grande partie de
ceux de ses compatriotes qui, au lieu de
retourner en Judée après la captivité de
Babylone, étaient restés en Perse. Sa beauté
fit tomber sur elle le choix du roi
Assuérus, q.v. Elle devint son épouse, et
lorsque les Juifs du royaume furent sur le
point d'être sacrifiés à la vengeance de
l'orgueilleux Haman, elle s'exposa pour eux
de la manière la plus généreuse: elle
profita de sa haute position pour intercéder
en leur faveur, quoiqu'elle sût bien que sa
démarche pouvait lui coûter le trône et même
la vie. La conduite d'Ester, en cette
circonstance, est un beau commentaire de 1
Jean 3:16.
— C'est le récit de cette délivrance
remarquable qui forme le sujet du livre de
l'Ancien Testament qui porte le nom de
l'héroïne, et le souvenir en fut consacré
chez les Israélites par la fête de Purim,
q.v.
Les détails que nous trouvons dans le livre
d'Ester sur les mœurs, les lois, la
constitution du royaume de Perse, sont
confirmés par les historiens profanes; ainsi
nous lisons, 2:18, qu'Assuérus diminua les
impôts à l'occasion de son mariage, et
Hérodote (3:66) nous apprend que c'était, on
effet, un usage des rois de Perse en de
semblables occasions. Nous voyons, 4:11;
5:2, que toute personne qui paraissait
devant le roi sans y être appelée, était
punie de mort, à moins que le roi n'étendît
vers elle son sceptre d'or en signe de
pardon, et Hérodote confirme ce fait, 1, 99,
etc. L'ouvrage de Brisson, De regio
Persarum principatu, fournit matière à
beaucoup de rapprochements semblables; et le
grand historien Heeren a été tellement
frappé du caractère de vérité empreint sur
les pages du livre d'Ester, qu'il le
considère comme l'une des principales
sources pour l'histoire de ce temps (Ideen
I, p. 65). La fête de Purim, qui est
mentionnée 2 Maccabées 15:37, est encore un
témoignage vivant de la crédibilité de ce
récit; car il fallait de bien puissants
motifs pour engager les Juifs à ajouter une
nouvelle fête nationale à celles qui étaient
instituées par le Pentateuque.
Quelques auteurs, et même des chrétiens, ont
remarqué avec étonnement l'absence complète
du nom de Dieu dans ce livre; mais cette
circonstance s'explique si, comme cela est
très probable, l'ouvrage a été composé
d'après des matériaux tirés des annales du
royaume de Perse. D'ailleurs, si le nom de
Dieu n'y paraît pas, l'action de la
providence y est tellement sensible d'un
bout à l'autre, on y voit avec tant
d'évidence que tous les événements sont
disposés par la souveraine sagesse, et que
ce que les hommes appelleraient hasard,
circonstance fortuite, sont les moyens que
Dieu a choisis, qu'on pourrait dire que ce
livre lui-même est un nom perpétuel de Dieu;
c'est le livre de la justice distributive
par excellence; on pourrait lui donner pour
épigraphe, 2 Pierre 2:9: «Le Seigneur sait
délivrer de la tentation ceux qui
l'honorent, et réserver les injustes pour
être punis au jour du jugement.»
— L'auteur est inconnu, mais l'on a supposé
avec beaucoup de vraisemblance que ce
pouvait être Mardochée lui-même, le parent
et tuteur d'Ester.
ÉTAIN
(b'dil), Nombres 31:22; Ésaïe
1:25; Ézéchiel 22:18,20; 27:12, métal bien
connu, plus dur que le plomb. Son alliage
avec d'autres métaux plus précieux leur est
préjudiciable, non seulement sous le rapport
de la beauté, mais surtout pour la solidité,
et les rend excessivement cassants. L'argent
paraît souffrir particulièrement de cet
alliage, et c'est dans ce sens que l'on peut
comprendre le passage cité d'Ésaïe; au
verset 22, le peuple juif est comparé à de
l'argent, au verset 25 il est dit: «Je
t'ôterai tout ton étain», ce qui signifie:
je te délivrerai de tout ce qui t'est
nuisible. D'autres ont entendu ce verset
différemment, et traduisent étain par
matières impures, alliage, sans la nuance
que nous avons indiquée: les deux sens
reviennent au même, mais le premier présente
une figure plus riche, comme il est aussi
plus conforme à la langue: il se
paraphraserait: «Je purifierai d'entre les
Juifs tous ceux qui pourront être purifiés,
je détruirai les incorrigibles dont la
présence pourrait t'être en scandale.»
— D'après Ézéchiel 27:12. Tarsis faisait un
grand commerce d'étain; Pline, Diodore de
Sicile et d'autres auteurs disent la même
chose de l'ancienne Espagne, où il faut,
selon Bochart, chercher la Tarsis de la
Bible.
ÉTANGS, ou réservoirs
ou réservoirs destinés à recevoir et à conserver l'eau de pluie ou de source. Il y en avait dans le voisinage de plusieurs villes Israélites, et l'on trouve encore les restes de plusieurs de ces bassins, avec leurs murs et leurs degrés, à Hesbon, Hébron, Samarie, 2 Samuel 4:12; 1 Rois 22:38; Cantique 7:4; et ailleurs. Il est parlé encore de l'étang de Gabaon, 2 Samuel 2:13. La ville de Jérusalem en possédait seule un assez grand nombre, soit dans l'intérieur de ses murailles, soit en dehors:
-
Le lavoir de Béthesda, q.v.
-
L'étang du roi Ézéchias, 2 Rois 20:20, grand bassin destiné à alimenter un aqueduc qui arrivait jusque dans la ville; il recevait peut-être lui-même les eaux du Guihon, 2 Chroniques 32:30; 33:14, qu'Ézéchias détourna de leur cours primitif pour les diriger vers l'occident, et selon quelques-uns par un canal souterrain. La tradition en montre encore les restes au nord-ouest du mont de Sion et de l'ancienne ville supérieure.
-
L'étang du roi, prés de la porte de la fontaine, au sud-ouest, Néhémie 2:14, et le réservoir de Siloé, paraissent avoir servi à arroser les jardins royaux,
— Voir: Siloé.
-
L'étang d'en haut, et l'étang d'en bas. L'étang supérieur était non loin du chemin qui conduisait au champ du Foulon, Ésaïe 7:3; 36:2; 2 Rois 18:17; l'on pense généralement que c'est le même qui porte, Ésaïe 22:11, le nom de vieux étang, et qui est opposé à l'étang d'en bas, verset 9; si c'est le même en effet, sa place sera à peu près déterminée par ce qui est dit, verset 11, de sa position entre les deux murailles; elles se trouvaient d'après 2 Rois 25:4; Jérémie 39:4, près des jardins du roi; et ceux-ci, d'après Néhémie 3:15, au pied occidental de la montagne de Sion, vers les degrés qui descendent de la cité de David.
— Hitzig combat cette opinion; il cherche
l'étang supérieur au nord de la ville, qui
était plus exposé aux attaques de l'ennemi,
et qui n'était pas fort éloigné du champ du
Foulon, q.v., deux circonstances qui
concordent bien avec ce que dit Ésaïe; on en
aurait la trace dans un bassin encore
existant, de 150 pieds de longueur et large
de 40, au nord de Jérusalem; mais la
démonstration du commentateur est un peu
trop laborieuse, et repose sur trop
d'hypothèses pour qu'on puisse l'adopter. Il
vaut mieux regarder l'étang du roi comme
identique avec l'étang supérieur et avec
l'étang de Salomon dont parle Flavius
Josèphe.
— Cet historien nomme encore l'étang des
moineaux, vis-à-vis la tour d'Antoine, celui
des amandes, à l'est, et celui des serpents,
au nord ou nord-ouest.
— Jérico avait aussi des réservoirs, au
service de ses palais.
ÉTERNEL, éternité.
-
Le nom hébreu par lequel l'Éternel est si souvent désigné dans l'Ancien Testament, est Jéhovah, Yehovah, celui qui est; une fois Eheyèh, celui qui suis, Exode 3:12,14; cf. Jean 8:58. Mais ce nom de Jéhovah n'est en quelque sorte qu'un nom de convention, les véritables voyelles qui doivent en accompagner les consonnes ayant été perdues de bonne heure, à ce que disent les Juifs, et les prêtres les ayant remplacées par les voyelles du nom de Adonaï, Seigneur. Les quatre lettres subsistent seules incontestées, IHVH, et encore la première et la troisième sont-elles, en hébreu, beaucoup plus vagues que chez nous, le I ni le V ne pouvant être prononcés sans une voyelle. C'est le ίερον τετραγράμματον les saintes quatre lettres du nom essentiel et incommunicable de Dieu. Les Juifs disent, que comme il est impossible de «voir Dieu et vivre», celui qui réussirait à prononcer le vrai nom de l'Éternel, mourrait sur le champ, et que ce nom ne sera révélé que lorsque l'Éternel lui-même se manifestera au monde, à la dernière crise.
— Quant à la signification de ce nom et à ses rapports avec le nom plus personnel d'Élohim,
— Voir: ce qui a été dit à l'article Genèse.
-
Le mot éternité, et l'adjectif éternel (en hébreu holam, en grec αίών ou αίώνιος), représentent une idée absolue dans le passé comme dans l'avenir (æternitas a parte ante, et æternitas a parte post). Les termes grecs et hébreux ne sont cependant pas toujours pris dans un sens aussi absolu qu'ils le sont dans notre langue; ils peuvent signifier, et dans certains passages ils signifient positivement un espace de temps considérable, mais limité. La Bible ne connaît pas les termes abstraits, métaphysiques; il en est une foule que la théologie a pu, peut-être dû, inventer ou accepter. Il est nécessaire de se le rappeler pour ne pas abuser du mot éternel dans tous les passages où il est employé, mais on se tromperait si l'on croyait pouvoir tirer de cette réserve des inductions relatives à la non éternité des peines: les passages sur lesquels se fonde cette doctrine (— Voir: Enfer) ne renferment pas tous ce mot, et il ne constitue pas la force de ceux dans lesquels on le trouve. D'un autre côté, tout ce qui touche à l'infini échappe à notre conception s'il n'échappe pas à nos définitions, et c'est là peut-être que nous devons prendre la plus grande leçon de prudence. On pourra définir l'éternité, c'est même très facile, mais on ne pourra la concevoir; l'imagination peut accumuler les années, entasser les siècles, mettre à la suite les uns des autres autant de chiffres qu'elle voudra, elle n'atteindra que le fini, le temps, une portion infiniment petite de cette éternité que trop souvent elle aspire à comprendre, et dont elle croit disposer. La meilleure preuve de l'impossibilité où l'on est de se rendre compte de l'idée d'éternité, et de la facilité avec laquelle le relatif peut à cet égard remplacer l'absolu, c'est l'usage qu'on fait tous les jours dans la conversation ordinaire, des roots éternels, éternité: il y a une éternité qu'on ne vous a vu; c'est un éternel causeur. Si donc on a pu traduire αίών par siècle, Matthieu 12:32, et ailleurs, on peut traduire le mot par séculaire, aussi bien que par éternel, Matthieu 25:46, et ailleurs. L'expression même «à la fin des siècles» τά τέλη τών αίώνων, qui paraîtrait avoir une portée plus grande que le seul mot «les siècles», est employée, 1 Corinthiens 10:11, en parlant de l'époque apostolique, ou, dans un sens plus général, de l'économie évangélique.
ÉTHAM, ou Hétham.
-
Troisième station des Israélites après leur sortie d'Égypte, maintenant Etti, Exode 13:20; Nombres 33:6.
-
Hétham, rocher où se retira Samson après avoir brûlé les moissons des Philistins, Juges 15:8.
-
2 Chroniques 11:6; 1 Chroniques 4:3,32, ville de la tribu de Juda, célèbre par ses belles eaux et ses beaux jardins, à 60 stades de Jérusalem, vers le midi, dans une contrée riante et fertile. Roboam la fortifia.
— On trouve encore, à 20 ou 25 kilomètres de Jérusalem, de belles eaux avec les ruines d'un aqueduc qui les conduisait dans cette ville: on pense que c'est le même que Pilate fit construire (Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2, 13).
ÉTHAN, Héman, Calcol et Dardah,
-
1 Rois 4:31; 1 Chroniques 2:6, quatre frères, fils de Zara et de Mahol, petits-fils de Juda, jouissaient d'une telle réputation de sagesse que Salomon leur est comparé. Ils eurent un cinquième frère, Zizim selon les chroniques, Zabdi selon Josué 7:1, qui n'est pas nommé dans les Rois, sans doute parce qu'il n'était pas aussi célèbre que les quatre autres.
-
Éthan, Ezrahite, Psaumes 89:1, ne doit pas être confondu avec Éthan, fils de Zara, qui est aussi nommé Ezrahite; c'est probablement le même que le fils de Kisi, Mérarite, nommé 1 Chroniques 6:44. On voit par Psaumes 89:39-40, qu'il a vécu longtemps après David, quoique avant la captivité; ce Psaume paraît se rapporter aux derniers temps du royaume de Juda. On a voulu à tort le confondre avec Jéduthun.
ÉTHANIM
(mois des fleuves abondants). Avant l'exil, les mois étaient souvent désignés par de simples chiffres, avant d'avoir reçu des noms définitifs; quelquefois, cependant, on les appelait du nom de leurs attributs. Ethanim en est un exemple. C'est dans ce mois qu'eut lieu la dédicace du temple de Salomon, 1 Rois 8:2. Plus tard il reçut le nom de Tisri.
ETHBAHAL,
1 Rois 16:31, roi des Sidoniens, beau-père d'Achab roi d'Israël (918-897 avant J.-C.). D'après Flavius Josèphe, il aurait été d'abord prêtre d'Astarté, et serait monté sur le trône de Tyr et de Sidon par le meurtre de Phéles (Sidon était alors tributaire de Tyr). Il régna trente-deux ans, et mourut âgé de soixante-huit ans.
ÉTHIOPIE,
Actes 8:27, contrée africaine
qui dans les temps les plus anciens portait
le nom de Cus, q.v., et qui comprend ce que
nous appelons maintenant ï'Abyssinie, avec
une partie assez considérable de la Nubie.
Elle était bornée à l'est par l'Arabie et la
mer des Indes, au sud par les contrées
intérieures et presque inconnues de
l'Afrique, à l'ouest par les déserts et la
Lybie, au nord par les hauteurs de l'Égypte,
depuis Syène environ. Pour la géographie de
ce pays, on peut consulter le journal du
missionnaire Gobât pendant son séjour en
Abyssinie, source récente et sûre, pleine
d'intérêt à tous égards. D'arides chaînes de
montagnes, et des côtes sablonneuses, sont
coupées par des contrées plus fertiles et
arrosées de fleuves nombreux, Ésaïe 18:1,
Sophonie 3:10. Le Nil y prend sa source,
ainsi que l'Astaboras (maintenant Tacazza)
qui s'y jette, et forme avant sa jonction
une île considérable, qui était déjà peuplée
fort anciennement par des hommes ayant un
gouvernement à part.
— Voir: Séba.
— L'Éthiopie était, quant à sa population,
le centre de peuples de mœurs et d'usages
très divers, parmi lesquels se trouvaient
plusieurs colonies égyptiennes: les côtes
étaient habitées comme les montagnes par des
chasseurs et des bergers; le Nil avait la
pêche et le commerce, et Méroé expédiait en
Égypte et en Arabie les produits du sol
éthiopien, l'ébène, l'ivoire, l'encens,
l'or, et grand nombre de pierres précieuses
qui faisaient de ce pays un symbole
personnifié de la richesse, Ésaïe 43:3;
45:14. Le commerce unit bientôt étroitement
l'Égypte et l'Éthiopie, et les descendants
de Cus, s'avançant vers le nord, peuplèrent
une partie de la Haute Égypte, la
cultivèrent en hommes libres, et finirent
par changer de patrie en devenant
tributaires et presque indigènes du pays où
ils avaient émigré. C'est ainsi qu'on les
voit, 2 Chroniques 12:2-3, marcher sous les
ordres de Sisak, roi d'Égypte, sans doute le
fameux Sésonchis de la vingt-deuxième
dynastie. Ailleurs, c'est l'Égypte qui obéit
à l'Éthiopie, sous les rois Sabacon, So et
Tirhaca, pendant une quarantaine d'années,
jusqu'à l'avènement de Psamméticus. C'est
pendant cette période qu'eut lieu la
conquête de Thèbes, Nahum 3:8.
— Voir: No.
Puis une partie de la caste des guerriers,
mécontente, émigra d'Égypte en Éthiopie, s'y
établit, et finit par devenir dominante.
— Pour 2 Chroniques 14:9,
— Voir: Zéraph.
ETHNARQUE,
2 Corinthiens 11:32, ou gouverneur, préfet militaire du roi arabe Arétas. Ce mot, qui signifie chef d'une nation, s'emploie toujours en parlant d'un employé supérieur, qui n'a de compte à rendre qu'au roi lui-même, auquel il est assujetti. C'est le nom que porte le grand prêtre Simon, prince vassal de la Syrie, 1 Maccabées 14:47; de même encore Archélaüs, fils d'Hérode le Grand, obtint d'Auguste, après la mort de son père, le titre d'ethnarque de l'Idumée, de la Judée et de la Samarie, en attendant qu'il pût recevoir le titre de roi, Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 17, 11; 4.
ÉTIENNE,
Actes 6:5; 7:1-60, premier
martyr de l'Église chrétienne, probablement
grec d'origine, si l'on en juge par son nom,
et le premier des sept diacres nommés pour
aider les apôtres dans le service des tables
et des pauvres. Plein de foi et de
puissance, il faisait des miracles et des
prodiges parmi le peuple, ayant reçu
l'imposition des mains. Son activité allait
plus loin que sa charge, telle du moins
qu'on l'entend à présent, et son amour pour
son maître lui mérita l'inimitié du monde;
quelques habitués de la synagogue, irrités
de voir leurs lieux de culte toujours moins
fréquentés et même abandonnés par un grand
nombre de sacrificateurs, irrités surtout de
ne pouvoir résister à la sagesse et à
l'esprit par lequel il parlait, soulevèrent
contre le disciple, comme on avait fait
contre le maître, de faux témoins, subornés
à prix d'argent, pour l'accuser de
blasphème. Le peuple fut soulevé, une
instruction judiciaire commença, le saint
dut comparaître, et le chapitre 7 des Actes
nous donne la première partie du discours
qu'il prononça pour sa défense. Dans ce
discours l'homme de Dieu, plus jaloux des
intérêts de son maître qu'attentif à la
conservation de sa vie, au risque de
déplaire aux émeutiers qui l'entourent,
cherche à montrer à ses juges et à ses
auditeurs que la religion chrétienne n'est
que le développement du mosaïsme qu'ils
aiment, et l'accomplissement des prophéties
contenues dans les saints écrits qu'ils
vénèrent; mais en même temps il leur montre
que, dans tous les temps, sous les
patriarches, aux jours de Moïse, dans le
désert, et toujours, les Juifs se sont
montrés incrédules aux manifestations
divines, rebelles au salut, durs de cœur à
croire, et charnels: cédant alors à
l'émotion comme à l'indignation qui le
remplit, craignant de ne pouvoir achever de
développer sa pensée, voyant peut-être
l'agitation du peuple et l'irritation de
ceux qui l'écoutent, il éclate et s'écrie:
«Gens de col roide, et incirconcis de cœur
et d'oreille, vous vous obstinez toujours
contre le Saint-Esprit, vous faites comme
vos pères ont fait. Lequel des prophètes vos
pères n'ont-ils pas persécuté? Ils ont même
tué ceux qui ont prédit l'avènement du
Juste, duquel maintenant vous avez été les
traîtres et les meurtriers, vous qui avez
reçu la loi par la disposition des anges, et
qui ne l'avez pas gardée». Conclusion
foudroyante qui achève d'irriter la populace
et cause la mort du prophète; on se met à
crier, on se bouche les oreilles, on fond
sur le prophète qui voit avec ravissement
les cieux ouverts pour le recevoir, et qui
se livre à eux sans résistance; il s'endort
au milieu des pierres qui l'accablent, et sa
dernière pensée est une intercession pour
ses assassins.
Le sang des martyrs est la semence de
l'Église, a dit un père (Tertullien); celui
qui jaillit des membres meurtris du diacre
vint tomber sur un jeune homme qui gardait
les habits de ses meurtriers; cette plante
amère devint plus tard un arbre de vie, et
Saul fut le grand apôtre des Gentils.
Le discours d'Étienne ne nous est évidemment
rapporté qu'en partie, et cette partie même
est abrégée; le fil n'est pas toujours
facile à suivre, comme aussi personne ne
pouvait rapporter d'une manière exacte les
paroles mêmes qui avaient été prononcées;
d'ailleurs, interrompu brusquement, il ne
laisse que pressentir la marche de son
discours; plusieurs auteurs ont essayé de
diverses manières de suppléer ce qui manque:
il nous semble que ce que nous avons dit est
ce qui cadre le mieux soit avec la position
du diacre accusé, soit avec la partie connue
de son discours. Il faut y voir une
prédication plutôt qu'une défense, une
accusation plus qu'une justification; et le
visage du martyr resplendit d'une joie
sainte, comme le visage d'un ange, quand il
se vit appelé à rendre publiquement
témoignage de son amour et de sa foi.
ÉTOILES,
— Voir: Astres, Kijun,
Remphan, Zodiaque, etc.
Étoile des mages. Il est bien
difficile de trouver une explication
quelconque, un peu naturelle, du miracle qui
annonça aux mages d'Orient la naissance du
roi de Bethléhem, Matthieu 2:2-12. La plus
ancienne hypothèse, qui se trouve déjà chez
les pères grecs, c'est que cette étoile
n'était qu'un simple phénomène lumineux dans
l'atmosphère, lequel, n'étant pas soumis aux
mouvements qui règlent le cours des étoiles,
pouvait avoir sa marche à lui, s'avancer,
reculer, s'arrêter et s'éteindre: un
évangile apocryphe raconte même que cette
lumière entra dans retable avec les mages,
et se posa sur la crèche.
— Une seconde opinion (Ideler, Handb. d.
Chron. 2, 410) ne voit dans ce phénomène ni
une étoile, ni une simple lumière
atmosphérique, mais une conjonction de
planètes, la même qui fut observée en 1827;
cette hypothèse n'explique rien, et pour
l'admettre il faudrait supposer que la
marche toute entière de cette étoile a été
mal comprise, et qu'elle est mal présentée
dans l'Évangile; d'ailleurs un phénomène
astronomique est vu de tout le monde, et
celui-ci ne l'a pas été, verset 7. Il faut
donc renoncer à toute hypothèse de ce genre,
et par conséquent à une troisième, celle de
Michaëlis, qui voit dans l'étoile une
comète, dont les mages auraient pu calculer
d'une manière sûre la marche non point
apparente, mais réelle, et le moment où elle
se serait arrêtée, arrivée à son périhélie.
C'est ingénieux, mais cette explication
partage avec la précédente le défaut de
faire du miracle un fait naturel, tandis que
le phénomène nous est donné comme
merveilleux. Quant à la première hypothèse,
elle est mesquine dès qu'on reconnaît le
miracle, car il était aussi facile à Dieu de
créer ou conduire une étoile que de faire
marcher un feu errant; et il paraît beaucoup
plus digne et de Dieu et de l'occasion, de
supposer que la naissance du Messie fut
annoncée par une étoile, que par un corps
brûlant dans l'air avec du gaz enflammé.
Toute la difficulté est dans le verset 9.
Mais l'idée principale est la station de
l'étoile plus que la désignation du lieu où
elle s'arrêta; or il est facile de se
représenter les mages sortant de Jérusalem
vers la nuit; ils voient une étoile qui suit
une marche différente de la marche apparente
des étoiles fixes; elle est à leur zénith
quand ils arrivent à Bethléhem, et les
mages, instruits, comprennent et s'arrêtent.
— Nous n'avons pas besoin d'ajouter que,
dans un pareil domaine, tout ne peut être
que supposition, quant aux détails, mais il
faut se rappeler aussi que Dieu fait des
flammes de feu ses ministres, Psaumes 104:4.
ÉTRANGERS.
La loi de Moïse, en prenant
toutes les précautions possibles pour
préserver les Israélites de l'influence des
étrangers, se montrait cependant favorable à
ceux-ci partout où elle le pouvait; elle les
recommandait à la bienveillance des Hébreux,
Exode 22:21; 23:9; Lévitique 19:33-34;
Deutéronome 10:18; cf. Jérémie 7:6; Malachie
3:5; elle leur accordait plusieurs des
prérogatives dont jouissaient les pauvres,
notamment une part aux repas des dîmes et
des fêtes, Deutéronome 14:29; 16:10,14;
26:11, et aux récoltes de l'année jubilaire,
Lévitique 25:6, préceptes fondés sur les
devoirs généraux d'humanité, et sur la
fraternité des fils d'Adam. Ils avaient
devant la loi les mêmes droits que les
habitants du pays, Exode 12:49; Lévitique
24:22; Nombres 15:15; Deutéronome 1:16;
24:17; cf. Nombres 35:15, mais ils avaient
les mêmes devoirs en matière de culte, du
moins les mêmes devoirs négatifs, et
devaient s'abstenir de tout ce qui était
défendu aux Hébreux, Exode 20:10; Lévitique
17:10; 18:26; 20:2; 24:16; Deutéronome 5:14;
Ézéchiel 14:7, avec la seule exception
mentionnée Deutéronome 14:21. Il était
permis de leur prêter à intérêt (à usure?),
ce qui n'était pas permis pour les
Israélites eux-mêmes, Deutéronome 23:20. Ils
pouvaient être naturalisés à certaines
conditions et obtenir les droits de
bourgeoisie en Israël, à condition toutefois
qu'ils se fissent circoncire; les Égyptiens
et les Édomites acquéraient ces droits à la
troisième génération, Deutéronome 23:7-8;
cf. 1 Samuel 21:7; pour les autres peuples
un plus long séjour était exigé. Les
Hammonites seuls et les Moabites, de même
que les eunuques et les descendants de
femmes de mauvaise vie, étaient complètement
exclus du bénéfice de la naturalisation,
Deutéronome 23:3; cf. Néhémie 13:1. Cette
défense, tombée en désuétude à une époque de
relâchement, fut remise en vigueur lorsque
la vie rentra en Israël, Néhémie 13:3.
— On voit par ces dispositions que
l'intention de Moïse n'avait pas été
d'isoler hermétiquement Israël des autres
nations; un dénombrement fait par Salomon, 2
Chroniques 2:17, constata la présence de
153,600 étrangers en Palestine. Aussi,
quelque graves que fussent sous le point de
vue théocratique les motifs d'exclusion
contre les étrangers, l'on peut dire que ces
derniers étaient traités chez les Hébreux
d'une manière plus noble et plus conforme à
la dignité humaine, que chez les peuples de
l'antiquité, les Romains et les Grecs y
compris, avec leur fin vernis de
philanthropie et de civilisation.
EUBULUS,
disciple inconnu dont saint Paul envoie les salutations à Timothée, 2 Timothée 4:21.
EUNICE,
fille de Lois et mère de Timothée, 2 Timothée 1:5; juive d'origine, elle s'était de bonne heure convertie au christianisme: son époux était un prosélyte d'entre les Grecs, Actes 16:1. On ne sait par qui elle avait été amenée à la connaissance de l'Évangile, mais lorsque Paul la vit pour la première fois à Lystra, elle avait déjà le témoignage d'être une femme croyante, mère d'un fils également dans la foi.
EUNUQUE,
signifie littéralement un homme
qui a la garde du lit, et cette expression
qui marque un homme mutilé, soit
naturellement, soit par la main des hommes,
se prend aussi dans un sens beaucoup plus
général pour désigner un officier de cour
quelconque, servant dans l'intérieur du
palais, comme Potiphar, eunuque de Pharaon,
qui avait femme et enfants, Genèse 39:17.
C'est dans ce sens qu'il faut entendre (à
moins qu'ils ne fussent étrangers) les
eunuques nombreux que les rois d'Israël et
de Juda avaient à leur cour, 1 Samuel 8:11;
1 Rois 22:9; 2 Rois 9:32; 24:12,15; 1
Chroniques 28:1, car la loi de Moïse avait
défendu expressément à son peuple de faire
des eunuques, et même de mutiler des
animaux, Lévitique 22:24; Deutéronome 23:1;
ceux qui étaient ainsi mutilés étaient
exclus de l'assemblée du Seigneur. Cette
défense avait d'abord un grand but
d'humanité, elle maintenait à chaque homme
le droit d'être ce qu'il est, et ne de point
devoir se dire: Voici, je suis un arbre sec,
Ésaïe 56:3. Elle tendait ensuite à entraver
la polygamie, à la rendre de fait plus
difficile, à empêcher l'établissement des
sérails par l'impossibilité de se procurer
des hommes sûrs.
— C'est dans le même sens encore qu'il faut
entendre l'eunuque de la cour de Candace,
seigneur commis sur les richesses de la
reine d'Éthiopie, prosélyte juif qui fut
converti au christianisme par Philippe q.v.,
Actes 8:27.
— Le passage Matthieu 19:12, se rapporte aux
ascètes qui se faisaient eunuques pour
gagner le ciel, exemple qui fut suivi par
Origène dans une intention moins
prétentieuse, et pour se délivrer seulement
des tentations charnelles; on peut aussi
prendre ce verset comme indiquant le simple
renoncement au mariage et aux plaisirs de la
chair, sans opération corporelle; ce serait
le cas de Paul, et les promesses de
Apocalypse 14:4; seraient faites pour eux.
EUTHRATE,
hébreu Ph'rath, Genèse
2:14; 15:18; Josué 1:4; Apocalypse 9:14,
appelé simplement le fleuve, Exode 23:31;
Ésaïe 8:7; 7:20; Jérémie 2:18; Michée 7:12,
ou le grand fleuve, Deutéronome 1:7. De tous
les noms géographiques, l'Euphrate est
certainement le plus ancien, puisqu'il est
le seul qui nous ramène aux jours du paradis
terrestre. Ce fleuve, un des plus
considérables de l'Asie, prend sa source au
plateau de l'Arménie, et sort de la chaîne
de montagnes dont l'Ararat est le sommet le
plus élevé. À trois journées d'Erzeroum, les
deux premiers affluents du fleuve se
rencontrent, l'un, le Frat, plus court et
venant de l'ouest;l'autre, le Mourad-Tchaï,
venant d'orient, plus long et prenant
naissance au pied des monts Alma-Dagh, dans
les environs de la ville de Rayazad. À leur
jonction, les deux rivières réunies prennent
le nom de Mourad-Sou, ou Euphrate, et
présentent une masse d'eau pareille à celle
de nos fleuves les moins considérables, tels
que la Moselle. L'Euphrate coule d'abord
vers le sud et sépare l'Arménie de la
Cappadoce, puis bientôt chassé par les
racines du Taurus, il tourne à l'ouest et
descend par d'étroits passages et de
nombreuses chutes, jusqu'à ce qu'il arrive
dans la plaine non loin de Samosate, où sa
course se ralentit et continue d'abord au
sud, puis à l'est et au sud-est, ayant à sa
droite la Syrie et l'Arabie déserte, à
gauche la Mésopotamie. À la latitude de
Bagdad il se rapproche du Tigre, dont il
n'est plus éloigné que de 200 stades à
Séleucie, et de nombreux canaux permettent
une communication libre et facile entre les
deux fleuves. Il s'éloigne de nouveau du
Tigre, passe devant Babylone, envoie une
partie de ses eaux se perdre dans les marais
sablonneux de l'Arabie, puis revient en
serpentant vers l'est, et se perd à Kornah
dans le Tigre; là les deux fleuves, sous le
nom de Schat-al-Arab (fleuve des Arabes),
traversent encore 32 lieues d'un pays noyé,
et se jettent finalement dans le golfe
Persique par plusieurs embouchures.
Le cours de l'Euphrate est d'environ 1850
kilomètres; il est accessible à de petits
bateaux pendant la première partie de son
cours jusqu'à son arrivée dans les chaînes
du Taurus, puis il cesse de l'être jusqu'à
quelques lieues au-dessus de Samosate, où sa
course longtemps accidentée redevient plus
douce et plus unie; la vallée s'élargit et
les pentes s'affaiblissent; la largeur du
fleuve est de 800 pieds; mais sa profondeur
varie encore et ne dépasse jamais dans les
eaux basses 10 à 12 pieds, quoique dans la
saison des pluies elle s'élève jusqu'à 24.
La navigation n'y est jamais sûre, et tous
les essais qui ont été faits jusqu'à ce jour
ont échoué contre les caprices du fleuve
indompté, cf. Ésaïe 8:7. Les bateaux à
vapeur, le Nitocris et le Nimrod, dans leur
navigation du mois de mars 1841, n'ont fait
que constater les difficultés qui restent
encore à lever pour la navigation régulière
de ce fleuve.
— Son eau est presque toujours trouble, mais
ne laisse pas que d'être saine et d'un goût
agréable quand elle est clarifiée. Les
Arabes l'estiment extrêmement.
EUROCLYDON,
Actes 27:14, vent du sud-est, irrégulier et tourbillonnant.
EUTYCHE,
Actes 20:9, jeune homme de
Troas, qui, s'étant endormi sur l'embrasure
d'une fenêtre pendant un discours de saint
Paul, tomba dans la rue et fut relevé mort;
mais l'apôtre s'étant approché se pencha sur
lui, l'embrassa, et annonça aux assistants
que le jeune homme était revenu à la vie. La
réunion ne fut ainsi interrompue qu'un
instant, puis les frères s'assemblèrent de
nouveau en attendant le départ de Paul,
prirent la cène, et s'entretinrent jusqu'au
jour.
— On a révoqué en doute le miracle, par
conséquent la mort et la résurrection
d'Eutyche, et l'on s'appuie sur le peu de
cérémonies que fait l'apôtre, qui ne prie
pas même; on dit encore que le jeune homme,
n'ayant éprouvé qu'une violente secousse, a
bien eu besoin du reste de la nuit pour se
remettre, ce qui explique pourquoi au lieu
de remonter immédiatement dans la salle, il
ne reparut qu'après le départ de Paul. Nous
répondons: le verset 9 est positif; même
s'il n'y a eu que secousse violente on ne se
remet pas en quelques heures d'une chute de
trois étages; les paroles du verset 10 ont
le même sens que celles de Matthieu 9:24;
saint Paul s'est penché sur le jeune homme
comme le firent Élie et Élisée en pareille
occasion, 1 Rois 17:21; 2 Rois 4:34. «Enfin,
ajoute M. Coquerel, s'il n'y a point ici de
miracle, l'accident était trop peu important
pour être rapporté par saint Luc Depuis
Éphèse jusqu'à Milet, Actes 20:1,15, le
récit ne s'arrête point et n'offre aucun
intérêt; l'historien aurait-il interrompu la
rapidité de son narré pour raconter
seulement qu'un dormeur était tombé par une
fenêtre sans se tuer. Saint Luc, présent à
toute cette scène, était médecin; s'il
s'agit d'un évanouissement et non d'une
résurrection, c'est de son aide et non de
celle de Paul que l'on avait besoin, et en
se rappelant que le récit est d'un homme de
l'art, il est impossible de ne pas y voir un
prodige divin et non un accident vulgaire.»
Il est intéressant de voir avec quelle bonté
et quelle compassion saint Luc rapporte le
fait de ce jeune homme qui s'endort pendant
que le grand apôtre parle aux âmes; Eutyche
ne cède qu'à un profond sommeil, il
faisait une chaleur étouffante, et la fumée
des lampes nombreuses y ajoutait son
influence engourdissant; c'était extrêmement
tard, minuit; enfin Paul avait fait
un long discours, de l'aveu même de
saint Luc: toutes les circonstances se
réunissaient pour faire succomber la chair,
et là où bien des formalistes se seraient
indignés, le Saint-Esprit n'exprime pas un
seul mot de blâme. Chacun sait que ce n'est
pas bien de dormir au culte, et l'on peut
même dire qu'une âme pieuse n'en éprouvera
jamais le besoin. Voilà la règle, puis vient
l'exception, c'est que la chair est toujours
chair avec une faiblesse insurmontable,
inhérente à sa nature; s'il y a des cas où
la faiblesse est péché, il y en a d'autres
où la faiblesse n'est qu'un malheur et doit
être pardonnée, et le tact chrétien joint à
la charité pure saura toujours faire
distinguer les uns des autres.
ÉVANGILE, Évangélistes.
L'Évangile, cette clef de voûte
d'une économie nouvelle où le mystère est
remplacé par l'amour, l'Évangile, mot
sacramentel que les anges proclamèrent du
haut des cieux, Luc 2:10, en annonçant aux
hommes un grand sujet de joie, l'Évangile,
cette épigraphe de la religion chrétienne et
d'elle seule, ce résumé des gratuités
divines, ce nom que chacun réclame dans
l'Europe chrétienne et qui s'avance en
conquérant dans toutes les parties du monde,
sur les côtes de l'Amérique, dans les
déserts de l'Afrique, au bord des fleuves de
l'Asie, et dans les îles de l'Océanie,
jusqu'à ce qu'il ait gagné des hommes de
toute tribu, langue, peuple et nation,
l'Évangile n'est dans son origine comme dans
sa signification littérale, ni un système de
philosophie, ni un système de devoirs, ni
une prédication de morale, mais la
publication simple d'un fait, d'une
nouvelle, d'une «bonne nouvelle», ainsi que
le marque son nom même, dérivé des deux mots
grecs Εύ, άγγέλιον, qui
ont cette signification.
(Le mot Évangile
signifie proprement: le message de la grâce,
bonne nouvelle pour les élus, méchante
nouvelle pour les réprouvés.)
Ce fait, c'est que Jésus est venu chercher
et sauver ce qui était perdu, Matthieu
18:11; c'est qu'il n'y a point sous le ciel
d'autre nom qui soit donné aux hommes par
lequel il nous faille être sauvés, Actes
4:12; c'est que Dieu a tant aimé le monde,
qu'il a donné son fils au monde, afin que
quiconque croirait en lui ne pérît pas, mais
qu'il eût la vie éternelle, Jean 3:16.
Fait historique, il repose sur un fait moral
qu'il suppose, celui de la corruption
entière du cœur humain, corruption telle
qu'il ne peut plus être question pour
l'homme d'un simple changement, d'une
amélioration, d'un mieux-aller, mais d'une
métamorphose totale, d'une transformation,
d'une conversion, d'une rétrogradation
complète et sans restriction aucune. Cette
base posée, cette corruption reconnue, dont
les conséquences naturelles sont une
éternelle condamnation, Dieu a opposé comme
remède la mort de son fils éternel dont le
sang doit à la fois expier et purifier. Ce
plan, conçu dès avant la fondation du monde
a été dévoilé à l'homme aussitôt après la
chute; et dès lors, développé de plus en
plus clairement par les sacrifices, par le
mosaïsme, par les prophéties, et par la foi
des Juifs craignant Dieu, il a pris place
dans l'histoire de l'humanité il y a 1849
ans, le Verbe s'étant incarné, ayant
souffert, étant mort, étant ressuscité,
s'étant montré publiquement, ayant été vu,
entendu et touché pendant plusieurs années,
ayant prêché dans les plaines et sur les
montagnes, dans les villes et dans les
déserts. Puis son œuvre étant accomplie, il
est retourné dans le sein de son Père.
Tous ces faits avaient pour but unique le
salut des hommes, et c'est leur ensemble qui
constitué l'Évangile, la bonne nouvelle.
Il importe donc extrêmement pour ce mot
comme pour tous les autres, et plus encore,
d'en conserver présente à la pensée la
signification historique et salutaire, afin
de ne se pas fourvoyer comme on le fait
souvent, dans des phrases creuses et sonores
qui n'ont aucun sens; pratiquer l'Évangile,
la loi de l'Évangile, les menaces, les
foudres de l'Évangile, autant de formules
qui dénotent chez ceux qui les emploient
l'ignorance la plus triste et la plus
déplorable de ce qui fait le fondement de la
religion chrétienne.
— Nous ne pouvons développer, ni même
indiquer ici toutes les idées également
importantes, qu'entraîne après elle, et
comme conséquence, la bonne nouvelle
annoncée aux hommes: l'inutilité d'œuvres
supplémentaires à la mort de Christ qui a
pleinement accompli le salut, en même temps
que la nécessité des œuvres produites par
une foi opérante dans la charité, ou plutôt
la production même de ces œuvres qui sont la
conséquence naturelle de la véritable foi,
du véritable amour pour le Dieu-Sauveur. (A.
Bost, Qu'est-ce que l'Évangile? 4e édition.)
On a étendu plus tard, ou restreint, le nom
d'Évangile aux livres inspirés qui nous
racontent l'histoire de cette bonne
nouvelle, et dont nous reparlerons aux
articles de ceux qui les ont écrits, et qui
sont appelés évangélistes. Ce dernier nom se
donne encore dans l'Écriture aux hommes
chargés de faire connaître la mort et la
résurrection bénie du fils de Dieu; ils sont
distingués, Éphésiens 4:11, des apôtres, des
prophètes, et des pasteurs et docteurs,
parce que leur mission était plus
spécialement la prédication, plutôt que la
cure d'âmes ou l'enseignement proprement
dit. C'étaient des missionnaires chrétiens,
comme paraissent l'avoir été Philippe, Actes
8:5; 21:8, Timothée, 2 Timothée 4:5, etc.,
sans doute aussi tous les autres apôtres,
quoiqu'ils ne soient pas désignés sous ce
nom. Cette charge, la plus grande et la plus
belle de celles qui se trouvent sous le
ciel, ne prend vie dans l'Église que lorsque
l'Église elle-même a de la vie. Aujourd'hui
un grand nombre de ces saints messagers
parcourent la France, envoyés par des
sociétés fondées dans ce but à Genève, à
Paris, à Lyon, à Bordeaux, et dans un grand
nombre de villes. Les chrétiens ne peuvent
faire mieux que de les assister de leurs
dons et les soutenir de leurs prières: c'est
l'œuvre directe du Seigneur. On donne plus
ordinairement le nom de missionnaires aux
évangélistes envoyés chez les peuples non
chrétiens, quoiqu'au berceau du
christianisme cette distinction n'existât
point, et ne pût même pas exister. Cette
œuvre de l'évangélisation qui a fait des
prodiges, excite naturellement les cruelles
antipathies de ceux pour qui la bonne
nouvelle n'est qu'un système entre plusieurs
autres, une théorie bonne entre plusieurs
autres, et Jésus-Christ un saint et un ange,
mais point l'incarnation de la divinité:
tous ceux qui n'auront connu véritablement,
ni Jésus, ni le Père, feront souffrir
persécution à ceux qui voudront vivre selon
la fidélité, et les ténèbres seront toujours
ennemies de la lumière.
ÈVE,
Genèse 3:20; 1:27; 2:18; 3:1;
etc. 2 Corinthiens 11:3; 1 Timothée 2:13, la
première femme et la première pécheresse.
L'homme ayant par la chute perdu
l'immortalité, donna à sa femme le nom de
vie, Ζωή, (Sept.), hébreu
Hhivvah, puisque son existence devait
se continuer infiniment par sa descendance;
cette espèce d'immortalité remplaça pour lui
l'immortalité corporelle qu'il avait perdue;
il devait encore trouver dans la postérité
de sa femme une immortalité plus précieuse
et plus glorieuse, mais il ne put la
comprendre qu'en partie lorsqu'elle lui fut
annoncée. L'histoire de la chute et de la
peine prononcée contre la femme est trop
connue pour qu'il y ait lieu à la répéter,
on peut se borner à quelques observations.
La femme fut créée pour l'homme, mais tirée
de l'homme; ce double fait établit de la
manière la plus claire les rapports qui
doivent exister entre eux, rapports que les
peuples non éclairés de la lumière d'en haut
ont vainement cherché à déterminer, les uns
ayant fait de la femme la reine de la
société, les autres l'ayant ravalée au
niveau de la brute. Dieu ayant destiné
l'homme et la femme à vivre ensemble, a dû
les faire dissemblables et inégaux en force
afin d'empêcher les luttes et les
frottements; il a fait l'homme le chef pour
commander, et il lui a donné une aide formée
après lui et pour lui, 1 Corinthiens 11:8-9,
mais à son image et à sa ressemblance, afin
d'effacer ainsi ou de diminuer la distance
qui les eût séparés autrement. Ils sont de
même essence et de même nature, ils sont
égaux; mais la femme est venue après, elle
est plus faible, elle doit obéir. Cette
inégalité de forces a si bien été reconnue
déjà dès le commencement, que c'est à elle
que le tentateur s'adresse en premier lieu,
c'est contre elle qu'il dresse ses premières
embûches, et il la séduit en flattant sa
sensualité, son orgueil, et son amour pour
ce qui est beau à voir.
— La peine imposée à la femme a paru grande
à ceux qui regardaient sa faute comme
petite, mais il n'est aucune femme
chrétienne qui ne comprenne cette parole du
livre de Job, que Dieu exige de nous
beaucoup moins que notre iniquité ne mérite
(11:6). Saint Paul, dans un passage bien
connu et souvent mal compris, envisage comme
moyen de salut ce que Dieu infligea à la
femme comme peine, lorsqu'il dit: «Elle sera
néanmoins sauvée en mettant des enfants
au monde», ou plutôt, «par
l'enfantement», 1 Timothée 2:15. Pour
l'intelligence de ce passage, il faut
reconnaître que l'apôtre qui a parlé d'Ève
en passant, généralise cependant ce qu'il a
à dire de son sexe: l'idée qu'il développe,
c'est que la femme ne doit pas enseigner;
elle est par nature plus susceptible pour
les impressions qui viennent du dehors; Adam
ne fut pas tenté par le serpent, il le fut
par Ève qu'une séduction extérieure fit
tomber; la femme donc doit s'abstenir
d'enseigner; cependant elle sera sauvée,
mais le salut qui lui a été promis après la
chute ne détruit pas sa position inférieure,
ni même les douleurs de l'enfantement qui
lui furent imposées comme peine naturelle
extérieure. Dans l'idée de l'apôtre la femme
chrétienne ne peut pas dire; «Il est vrai
que c'est la femme qui est tombée la
première, et que c'est elle qui est en
général la partie la plus faible, mais il
n'y a pas de différence dans le règne de la
grâce.» C'est aux paroles de Genèse 3:15-16,
que se rapportent les exhortations de saint
Paul, et les douleurs de l'enfantement
peuvent être considérées comme un exercice
de la foi. On peut ajouter comme une idée
secondaire peut-être et cachée dans
l'arrière-plan, le salut qui devait sortir
pour la femme comme pour l'homme de la
malédiction elle-même reposant dans
l'enfantement, c'est que de la semence de la
femme devait naître Celui qui briserait la
tête du serpent, et rendrait à l'humanité le
bonheur éternel qu'il avait perdu par la
chute. Mais il faut repousser toute une
série d'interprétations sensuelles, qui sont
contraires à l'analogie de la foi comme au
sens naturel du passage, celle qui met le
salut de la femme dans la vie de famille, et
dans l'éducation de ses enfants, celle qui
prend le texte à la lettre (et quelle
lettre!), à savoir que la femme sera sauvée
en faisant des enfants, excluant de, fait
celles qui restent vierges ou qui sont
stériles, l'idée qu'elle sera sauvée malgré
l'enfantement, celle que les douleurs de
l'enfantement ne seront pas mortelles pour
elle et qu'elle y résistera (Benson et
quelques Anglais), etc.
Toutefois, à l'interprétation que nous avons
donnée, il ne faut pas oublier de joindre
les réserves mises par Paul lui-même à la
fin du verset: «Pourvu qu'elle persévère
dans la foi, dans la charité, et dans la
sanctification avec modestie.»
ÉVÊQUE,
en grec έπισκοπος,
surveillant, inspecteur. Employés
ecclésiastiques, institués, à une époque et
d'une manière inconnue, mais déjà du vivant
des apôtres; ils portaient encore le nom de
πρεσβύτεροι (prebtres, prêtres),
ainsi qu'on le voit dans plusieurs passages
où les deux mots sont employés l'un pour
l'autre; Paul étant à Milet fait venir les
prêtres (ou anciens) de la ville, et leur
dit: «Prenez garde à vous-mêmes, et à tout
le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous
a établis évêques.» Actes 20:17,28;
— cf. encore Tite 1:5 et 7, où l'apôtre, en
engageant Tite à ne choisir pour anciens que
des hommes recommandâmes, ajoute: «car il
faut que l'évêque soit irrépréhensible, etc.
«Cela ressort également du nombre d'évêques
qui se trouvaient à Philippes, Philippiens
1:1, où saint Paul en salue plusieurs, avec
les diacres. Depuis qu'on a établi une
hiérarchie il faut plusieurs villes pour un
évêque; aux jours apostoliques il y avait
plusieurs évêques pour une ville. On le
prouve encore par le fait que lorsque les
employés de l'Église sont classés et
énumérés, comme 1 Timothée 3:1,8.
Philippiens 1:1, les évêques seuls sont
nommés à côté des diacres, sans aucun
dignitaire intermédiaire. Les pères de
l'Église sont d'ailleurs tellement d'accord
sur ce point, Clément Romain, Irénée,
Théodoret et Jérôme (olim idem erat
presbyter, qui et episcopus), que les
catholiques-romains, au moins plusieurs
d'entre eux, reconnaissent ce fait, et
Calmet le dit positivement dans son
Commentaire sur Philippiens 1:1.
«Anciennement le nom d'évêque et celui de
prêtre étaient communs et réciproques.» Il
paraît que le titre d'évêque n'était pas
extrêmement en usage dans les temps
primitifs, et qu'on distinguait ces ouvriers
par les fonctions plus extérieures de leur
activité, par les noms de pasteurs et
docteurs, Éphésiens 4:11, de présidents
d'église, 1 Thessaloniciens 5:12, etc.,
quoiqu'il y eût aussi des anciens (ou
évêques) non enseignants, 1 Timothée 5:17.
Il n'y a rien, du reste, dans les qualités
exigées des évêques, qui les distingue des
autres saints sous le rapport
religieux, 1 Timothée 3:1-11. Tite 1:5-9; et
ces derniers conservaient le droit d'accuser
leurs évêques dont les fautes bien
constatées devaient être reprises
publiquement, 1 Timothée 5:19-20. Les
évêques étaient établis par les apôtres et
les autres anciens, Actes 14:23; 1 Timothée
5:22; Tite 1:5, de la part du Saint-Esprit,
Actes 20:28, mais rien n'indique comment
leurs pouvoirs devaient se transmettre, ni
même quelle était l'étendue de ces pouvoirs:
ce qui est sûr, c'est qu'ils n'étaient
accordés qu'à ceux qui avaient des dons
particuliers pour remplir dignement les
nouvelles fonctions auxquelles ils étaient
appelés.
Reste à savoir comment cette humble charge a
pu grandir jusqu'à envahir des palais, de
riches vêtements et de considérables
honoraires, souvent peu honorables. Cette
marche progressive a été lente; on a
commencé par vouloir introduire les formes
de la hiérarchie juive dans une économie où
tous ceux qui croient sont égaux; puis le
besoin de l'unité a rassemblé quelquefois
les pasteurs d'une même contrée, et comme
pour se réunir il faut un centre, on a
choisi tout naturellement le centre
politique existant, la ville la plus
importante des environs et, dans cette ville
peut-être la demeure du pasteur; puis, à
cause de l'importance de fait donnée à ce
pasteur, et à cause de son poste et de ses
charges plus considérables, on s'est mis à
choisir, pour remplir les fonctions
ecclésiastiques dans un chef-lieu ou dans
une capitale, l'un des plus anciens, des
mieux doués, des plus pieux; on lui a
accordé peut-être un subside pour subvenir
aux dépenses plus considérables auxquelles
il était appelé. Jusque-là tout était
naturel, tout était bien; puis la vie ayant
disparu, et les postes étant devenus dignes
d'envie, on les a accordés à l'intrigue, à
la vanité, aux protections: on les a
toujours plus embellis, on a renchéri
encore, et par dessus les évêques on a
entassé des archevêques, sur lesquels on a
mis des cardinaux, et pour finir dignement,
on a essayé de couronner le tout avec un
pape implanté en Italie; mais cela n'a
réussi qu'à moitié, et la plus grande partie
de la chrétienté s'est refusée à porter ce
joug pyramidal, lourde imitation des
monuments de l'Égypte. Voilà où l'on est
arrivé au bout de mille ans, pour s'être
écarté de la ligne pure et jalouse de la
vérité; des inspecteurs de paroisses ont
voulu devenir les dominateurs du monde
entier; ils en recueillent aujourd'hui les
fruits amers.
ÉVIL-MÉRODAC,
2 Rois 25:27; Jérémie 52:31, roi de Babylone, fils et successeur de Nébucadnetsar, 561 avant J.-C., succomba après un règne de deux ans, sous les coups de son beau-frère Nériglissar; selon Flavius Josèphe, il aurait régné dix-huit ans; dans ce chiffre seraient alors comprises les années qu'il aurait régné avec son père et pendant sa folie, ou bien la vice-royauté de quelque province. Dès la première année de son règne il tira de prison Jéhojachin, qui y languissait depuis trente-sept ans, le traita avec douceur, l'admit à sa table, et lui accorda une pension jusqu'à la fin de sa vie. L'histoire profane qui a conservé le nom de ce monarque, n'en parle pas d'une manière toujours fort honorable, et raconte qu'il livra aux corbeaux les restes de son père, pour l'empêcher de ressusciter du tombeau, comme il était ressuscité de son délire.
ÉVODIE et Syntiche,
Philippiens 4:2, deux femmes,
peut-être diaconesses, de l'église de
Philippes, que saint Paul exhorte à vivre
dans l'union chrétienne, soit qu'il veuille
les encourager à y persévérer, soit plutôt
qu'elles aient été divisées sur quelques
points particuliers de la doctrine
évangélique. Elles avaient combattu avec
Paul, pour l'avancement du règne de Dieu,
comme on voit que d'autres femmes
chrétiennes l'avaient fait, Priscille,
Phébé, Lydie, Marie de Rome, Junie,
Tryphène, Tryphose, Perside, et les quatre
filles de l'évangéliste Philippe (— Voir:
Rilliet, sur Philippiens 4:2).
— Le compagnon d'œuvre que Paul invite à les
aider, verset 3, nous est inconnu; peut-être
était-ce un de leurs parents.
EXCOMMUNICATION,
— Voir: Bannissement et Interdit.
EXIL et Captivité.
Outre la servitude de l'Égypte, et les asservissements successifs des Hébreux à l'époque des Juges, on compte ordinairement deux captivités plus connues sous ce nom et sous celui d'exil.
-
Israël. Déjà, sous le règne de Pékach, 741 avant J.-C., une partie des habitants de la Galilée et des tribus transjourdaines furent emmenés, par Tiglath-Pilézer, en Assyrie, 2 Rois 15:29. Après la destruction de Samarie et de tout le royaume d'Israël par Salmanéser, 722 avant J.-C., sous le règne d'Hosée, le reste des dix tribus fut également transporté, 2 Rois 17:6; 18:9-10. On leur donna, pour s'y établir, le territoire du fleuve Chabor ou Chaboras, et quelques villes des Mèdes, ainsi que d'autres petites provinces dans lesquelles ils furent disséminés.
-
Judo. Les habitants de ce royaume se virent à différentes reprises et successivement emmenés en captivité.
-
Sous Jéhojakim d'abord (606), Jérusalem fut prise par Nébucadnetsar, qui se contenta d'emmener des otages, parmi lesquels se trouvait Daniel, Daniel 1:1,6.
-
La ville fut prise de rechef sous Jéhojachim (598), et Nébucadnetsar emmena une partie considérable de ses habitants, au nombre de dix mille au moins, hommes de guerre et artisans, 2 Rois 24:14, probablement sans compter leurs femmes et leurs enfants.
-
Sous Sédécias (587), la ville révoltée fut de nouveau reprise par le vainqueur, qui la livra aux flammes, emmena le reste de ses habitants, et n'y laissa que les plus pauvres, ouvriers, vignerons et laboureurs, pour entretenir le pays, 2 Rois 25:12. D'après Jérémie 52:29, il n'y aurait eu que 832 Juifs emmenés, sans doute leurs femmes et leurs enfants non compris. Le livre des Rois ne parle pas d'autres déportations que de ces deux dernières; le livre des Chroniques, 2 Chroniques 36:10,20, qui raconte la prise de la ville sous Jéhojachin et sous Sédécias, ne mentionne de déportation que celle qui eut lieu sous ce dernier roi. En revanche, le prophète Jérémie, 52:28-30, parle d'une troisième déportation, la première que nous avons mentionnée n'étant point regardée comme telle.
-
Jérémie 52:30, cinq ans plus tard (582), Nébucadnetsar aurait fait transporter de nouveau 745 personnes des Juifs.
Il y a, du reste, plusieurs difficultés chronologiques à résoudre ou à accepter dans cette histoire de l'exil. L'historien (probablement Esdras) qui a écrit le 52e chapitre de Jérémie, appelle l'année où Sédécias fut emmené, à la fois la dix-neuvième et la dix huitième du règne de Nébucadnetsar, versets 12 et 29. De même l'année où commença la captivité de Jéchonias, et que le livre des Rois nomme la huitième, 2 Rois 24:12, est appelée la septième, Jérémie 52:28, différences qui tiennent à une différence dans le principe du calcul, l'habitude générale des historiens sacrés étant de prendre pour point de départ le commencement naturel de l'année, et l'auteur de Jérémie 52, ayant dérogé à cette règle, et comptant depuis l'avènement de Nébucadnetsar au trône.
L'exil partiel aurait donc commencé pour
Juda en 598, et il aurait été à peu près
total en 587.
La position des exilés n'était, du reste,
pas aussi défavorable qu'on le pense
quelquefois; ils purent s'établir à leur
aise sur la terre étrangère, bâtir, planter,
se marier, ainsi qu'on le voit Jérémie 29:5;
le livre de Tobie nous le montre jouissant
d'une certaine aisance, même de quelque
prospérité; l'histoire de Susanne, et les
passages Ézéchiel 14:1; 20:4, nous font voir
qu'ils avaient des anciens de leur nation et
une juridiction indépendante. Plusieurs
d'entre eux étaient revêtus de fonctions
très honorables, Daniel et Néhémie étaient
employés à la cour au service du roi.
Toutefois plusieurs psaumes montrent combien
les cœurs pieux étaient déchirés par le
poids du malheur, et le désir d'une
restauration (— Voir: en particulier
Psaumes 137). Un pieux écrivain fait au
sujet de la captivité les intéressantes
observations que voici: «Les divers lieux où
ils se trouvaient exilés, Babylone, les
plaines de la Mésopotamie et d'Égypte
étaient précisément les lieux où avaient
séjourné Abraham et les enfants d'Abraham;
Dieu avait comme replacé la famille du
patriarche dans la condition d'où il l'avait
tirée, dans le pays de ténèbres où elle
avait pris naissance. Mais aussi la vue de
ces mêmes pays, en lui rappelant ce que Dieu
avait jadis fait pour elle, lui disait ce
qu'il pouvait faire encore, et était pour
elle un gage de l'accomplissement de ses
promesses. Ajoutons qu'en dispersant ainsi
ce qu'il y avait de Juifs les plus influents
et les meilleurs, et avec eux tous ses
prophètes, Dieu répandait dans le monde des
semences de vérité, et le préparait de loin
pour les temps de l'Évangile.» (G. Monod,
Essai d'une Hist. univ., p. 148).
L'histoire du retour est également hérissée
de difficultés chronologiques dès qu'on
entre dans les détails; mais les traits
généraux peuvent être déterminés. Cyrus
monta sur le trône d'Assyrie en 537, et la
première mesure de son gouvernement fut la
permission donnée aux Juifs de retourner
dans leur patrie. Selon Flavius Josèphe,
Arch. 11, 1; 32, ce fut la lecture du
prophète Ésaïe, et l'impression qu'il en
reçut qui détermina Cyrus à publier l'édit
de délivrance. Les soixante-dix années
prédites par Jérémie s'étaient précisément
écoulées, et quoiqu'on ne puisse pas dire à
la lettre que Juda eût été captif pendant
soixante-dix ans, ni surtout que Jérusalem
eût été en ruines aussi longtemps, on peut
faire dater le commencement de la captivité
de la première prise de Jérusalem par
Nébucadnetsar, en laquelle Daniel fut emmené
comme otage ou captif (606), et les
soixante-dix années se trouvent accomplies à
la lin de la première année de Cyrus, en
536. Environ 50,000 Juifs, hommes et femmes,
Esdras 1:1, composèrent la première caravane
d'émigrants; à leur tête se trouvait, comme
chef politique, Zorobabel, fils de
Salathiel, fils de Jéojachin,
l'avant-dernier roi de Juda, Esdras 3:2; 1
Chroniques 3:17; Matthieu 1:12. Le pontife
qui les accompagnait était Jésuah, fils de
Jotsadak, de la souche d'Aaron et d'Éléazar,
1 Chroniques 6:14. Esdras 3:2. Les peines et
les dépenses de premier établissement furent
facilitées par les ordres du roi, qui
assigna aux émigrants un secours sur les
fonds publics, en invitant en même temps ses
sujets à les assister par des dons
volontaires. Beaucoup de Juifs préférèrent
des établissements avantageux formés à
Babylone, en Mésopotamie et en Perse, à une
patrie qu'ils n'avaient jamais vue, et qui
ne leur offrait pas alors beaucoup de
ressources; d'autres purent être retenus par
des obstacles réels et insurmontables;
Daniel lui-même, quoiqu'il fût l'âme de tout
ce qui se faisait pour la restauration de sa
patrie, resta à Babylone, retenu peut-être
par son grand âge (plus de quatre-vingts
ans), peut-être par la pensée que sa
présence à la cour, auprès de Cyrus, serait
plus utile à ses frères; peut-être enfin par
le désir de ne pas laisser sans prophètes
les Juifs restés en arrière.
— Sous les successeurs de Cyrus, l'empire de
Perse était rempli de Juifs, et nous en
trouvons encore un grand nombre à Babylone,
au temps des apôtres.
À leur retour dans leur patrie, les Juifs y
trouvèrent, outre ceux de leurs frères qui
n'avaient pas quitté la Judée, une
population païenne, reste des Cananéens, et
mélange de Babyloniens qui s'y étaient
établis pendant la dévastation du pays,
Esdras 6:21; 9:1; Néhémie 1:4,13. Réunis à
leurs concitoyens, les Juifs revenus de
Babylone parvinrent sans peine, à ce qu'il
semble, à rentrer dans leurs droits de
propriétaires, Esdras 2:70. Chacun d'eux, à
peu d'exceptions près, avait des pièces qui
constataient le nom de l'ancienne famille à
laquelle il appartenait, ou au moins celui
du lieu d'origine de ses aïeux, Esdras 2:59,
ce qui pouvait l'aider à faire reconnaître
ses titres légitimes. Chacun d'eux se fixa
dans la même ville ou dans le même village
que ses ancêtres, Esdras 2:70; 1 Chroniques
9:14.
— Cf. encore articles Juda, Israël, Temple,
etc.; et, pour cette période en général, le
Comment, de Hævernick sur Daniel.
EXODE.
Le second livre de Moïse et de la Bible, appelé en hébreu Ellé schemolh (voici les noms), des deux premiers mots par lesquels il commence, porte en français le nom d'Exode, tiré de la version des Septante, et signifiant la sortie, espèce de résumé de son contenu. Il contient la persécution des Israélites en Égypte sous un roi qui n'avait pas connu Joseph, la merveilleuse délivrance qu'ils obtinrent par Moïse, et le commencement de leur voyage dans le désert, la traversée de la mer Rouge, la victoire remportée sur les Hamalécites, la manne descendue du ciel, l'institution de chefs judiciaires ou magistrats, l'arrivée au pied du Sinaï, la Loi promulguée, enfin diverses ordonnances relatives au culte et à l'érection du tabernacle. Il renferme une période de 145 années (Ussérius), soit depuis l'an du monde 2369, date de la mort de Joseph, jusqu'à la sortie d'Égypte, 2513, plus la première année du séjour dans le désert jusqu'au départ de Sinaï, 2514, et à l'érection du tabernacle. L'Exode se divise, d'après son contenu, en trois parties principales:
-
La servitude et les préparatifs du départ, 1-12:37.
-
La délivrance et le voyage jusqu'au pied du Sinaï, 12:38-19.
-
La loi et les ordonnances, 20-40. Cette dernière partie renferme en outre, 32-34, l'idolâtrie du veau d'or et les tables rompues.
On ne sait à quelle époque de sa vie Moïse
écrivit l'Exode, mais on peut croire que ce
ne fut qu'après l'érection du tabernacle, et
dans l'un ou l'autre des campements
tranquilles où, pendant 38 ans, les
Israélites attendirent leur mort.
Le Nouveau Testament fait de fréquentes
allusions aux faits rapportés dans l'Exode;
Étienne les résume, Actes 7:17-45, et saint
Paul les rappelle, en développant le sens
typique et prophétique, dans l'Épître aux
Hébreux 11:23-30; cf. Galates 3:19; 1
Corinthiens 10, et ailleurs. Le but du livre
de l'Exode est de montrer l'accomplissement
des promesses faites à Abraham, que sa
postérité posséderait la terre de Canaan; il
montre la fidélité de Dieu envers les
ennemis de son peuple, sa bonté envers les
fidèles; il montre le gouvernement de
l'Église et le salut par la foi en Christ,
par le ministère de la loi qui a été donnée
aux hommes comme pédagogue, Galates 3:24,
pour les amènera Christ qui est justice à
tout croyant, Romains 10:4; il montre la
faiblesse de la chair à faire la volonté de
Dieu, même après avoir été comblée de biens
par lui; il dit enfin à l'Église: Sois
fidèle, supporte patiemment les épreuves et
les tribulations, obéis à ton maître dans
les plus petites choses, et tu verras le
salut luire sur toi, tes ennemis s'évanouir,
et l'Éternel te couvrir de sa gloire et de
sa bonté.
EXORCISTES,
proprement conjureurs,
nom qui était donné à ceux d'entre les Juifs
(ou des autres nations) qui avaient le don
de chasser les démons hors des possédés,
soit d'une manière naturelle, par des
médicaments et des parfums, soit par des
formules ou par la puissance qui était en
eux, Matthieu 12:27; Marc 9:38; Actes 19:13.
Ils étaient extrêmement considérés chez les
Juifs, et plusieurs parcouraient le pays ou
les contrées environnantes pour exorciser;
ils faisaient remonter à Salomon leurs
livres magiques,
— Voir: Enchanteurs et Possessions.
EXPIATIONS
(Fête des). Quand on voit la place importante que l'idée d'expiation tenait dans le culte israélitique et comment toutes ses parties tendaient à réconcilier l'homme pécheur avec la sainteté de Dieu, on comprend que la fête des expiations dût en être en quelque sorte le centre, le cœur; c'était alors que se faisait une expiation générale, pour le peuple, pour le sacerdoce, et pour le sanctuaire; c'était ainsi la plus solennelle de toutes les fêtes de l'année, la fête israélitique par excellence; on l'appelait le jour des expiations, ou même simplement le jour. C'était le seul jour de l'année où le jeûne fût de rigueur, la mortification de la chair devant accompagner la pénitence; et tous les travaux étaient interrompus, comme au jour du sabbat. Elle se célébrait dans le septième mois, le dixième jour de ce mois, et ce choix était certainement en rapport avec la valeur des nombres 7 et 10, symboles, l'un de l'alliance, l'autre de la perfection. C'était essentiellement le souverain sacrificateur qui officiait, et il se dépouillait pour cela de ses vêtements pontificaux pour ne se vêtir que d'une simple tunique blanche. Il commençait par offrir un veau pour ses propres péchés, conformément à Lévitique 4:3; avec le sang de ce veau il entrait dans le lieu très saint, ce qu'il n'avait le droit de faire que ce seul jour-là, et faisait aspersion par sept fois (encore ici le nombre de l'alliance) sur le propitiatoire, comme étant tout particulièrement le siège de la sainteté divine. Puis un bouc ayant été égorgé pour les péchés du peuple, la même cérémonie se répétait avec son sang, et cette expiation s'appliquait alors au tabernacle même et à ses ustensiles, qui étaient censés souillés aussi par le contact des pécheurs. Ensuite avait lieu une autre cérémonie qui a donné beaucoup à faire aux interprètes. Un bouc tout semblable à celui qu'on avait immolé, était amené au souverain sacrificateur, qui, posant ses mains sur sa tête, confessait les péchés du peuple, puis le bouc était emmené au désert. Il est évident que par l'acte symbolique de l'imposition des mains, le bouc vivant était censé chargé des péchés du peuple, mais la difficulté gît dans les versets 8,9,10 et 26; de Lévitique 16, et dans l'interprétation du mot Hazazel. Plusieurs commentateurs ont cru pouvoir conclure de l'opposition qui existe entre les deux parties du verset 8, que le mot Hazazel devait désigner un être personnel (comme Dieu), et pouvait s'appliquer au malin esprit, au Diable; alors il ne s'agirait pas sans doute d'un sacrifice fait à Satan (idée complètement anti-biblique), mais le sens serait que, tandis que l'un des boucs était offert en sacrifice expiatoire à Dieu, l'envoi du bouc vivant, chargé des péchés dans le désert, représentait que les péchés étaient renvoyés au démon, leur auteur, car on sait que les déserts étaient censés être l'habitation des mauvais esprits, (— Voir: Christologie de Hengstenberg, I. 1, 36). Mais quoique la doctrine de Satan entrât bien certainement dans le cercle des croyances israélites, elle n'y était cependant pas assez prononcée pour être reproduite dans le culte; c'est pourquoi il paraît préférable de se joindre à ceux qui (comme Ewald. Tholuck, Bsæhr), prennent le mot Hazazel, non comme un nom propre, mais comme la forme Pealpel (avec valeur intensive) du verbe hazal, éloigner; ils traduisent alors Le Hazeazel pour le complet éloignement, c'est-à-dire des péchés. Les péchés étaient ainsi censés tout à fait soustraits aux yeux du Dieu saint, voués à l'oubli, et cette seconde cérémonie était le complément de l'expiation déjà opérée par le premier bouc; ce qui confirme cette interprétation, c'est que le sort devait être jeté entre les deux animaux; ils étaient ainsi censés ne former qu'un seul tout, seulement il en fallait nécessairement deux pour représenter les deux parties de l'idée: de même pour les deux passereaux, Lévitique 14. Il faut en outre bien remarquer que ce qui constituait essentiellement la fête, c'était l'entrée du souverain sacrificateur dans le lieu très saint avec le sang expiatoire, et c'est sous ce rapport que l'auteur de l'Épître aux Hébreux, chapitre 9, nous enseigne à la considérer comme un type de l'œuvre expiatoire de Christ.
ÉZÉCHIAS
(la force de Jéhovah),
-
fils et successeur d'Achaz, régna vingt-neuf ans sur le royaume de Juda (725-696). Les livres des Bois et des Chroniques et les chapitres qui le concernent dans le livre d'Ésaïe, nous le présentent comme un prince très pieux et zélé pour la gloire de Dieu, quoique peut-être un peu enclin à l'orgueil et à la présomption, et qui s'efforça d'abolir l'idolâtrie dans toute l'étendue de son royaume, et d'y rétablir le culte du vrai Dieu; mais ce qu'il ne put déraciner entièrement, c'était l'esprit d'incrédulité, d'immoralité, de propre justice, qui s'était emparé surtout des classes supérieures. Le succès couronna ses armes et ses négociations politiques: il humilia les Philistins, 2 Rois 18:8, et par une alliance avec l'Égypte parvint à s'affranchir de la dépendance dans laquelle son prédécesseur avait vécu à l'égard de l'Assyrie, 2 Rois 18:7,24. Mais cette alliance lui fut reprochée par le prophète Ésaïe comme un signe de défiance envers l'Éternel, Ésaïe 30:1; sq. 36:6, et il en fut bien cruellement puni, lorsque le roi d'Assyrie Sanchérib, commença par employer une armée qu'il envoyait en Égypte, à prendre les principales forteresses de la Judée, et lui imposa un nouveau tribut, pour le paiement duquel Ézéchias dut avoir recours aux trésors du temple, 2 Rois 18:13; sq. Sanchérib ne fut même pas apaisé par sa soumission; il est probable qu'il avait au fond l'intention de détruire entièrement la puissance des rois de Juda, qui pouvaient devenir pour lui des rivaux dangereux, 2 Rois 18:32, et il vint avec une nombreuse armée mettre le siège devant la capitale. Ézéchias et son peuple se trouvaient dans le plus grand danger, mais ils en furent délivrés par une intervention miraculeuse due aux prières du prophète: un ange destructeur vint exterminer la plus grande partie de l'armée assyrienne et forcer ainsi Sanchérib à la retraite, 2 Rois 19:35; 2 Chroniques 32:21; Ésaïe 37:36. Il est à remarquer que cette grande défaite de Sanchérib est aussi mentionnée par Hérodote (2, 141).
— Quelque temps après, Ézéchias fut atteint d'une maladie qui d'abord parut mortelle, mais dont il fut guéri, Dieu exauçant ses ferventes prières. Pendant cette maladie, le prophète Ésaïe exerça son ministère auprès de lui. Comme signe et gage de la guérison qui lui fut promise, l'Éternel permit que l'ombre de son cadran solaire rétrogradât de dix degrés, 2 Rois 20; Ésaïe 38,;
— Voir: Cadran.
À l'occasion de sa guérison, il reçut les félicitations des ambassadeurs de Mérodac-Baladan, roi de Babylone; Ésaïe lui fit comprendre que dans l'empressement avec lequel il fit voir à ces étrangers ses trésors et les magnificences de son palais, il y avait autant d'orgueil que d'imprudence,
— Voir: Rochat, Médit, sur Ézéchias.
-
2 Chroniques 28:12;
— Voir: Hazaria.
ÉZÉCHIEL
(la force de Dieu), prophète hébreu, fils du prêtre Busi. Il fut emmené en exil lors de la première déportation, avec le roi Jéhojachin et plusieurs autres Juifs de race illustre, et se fixa près du fleuve Chaboras. Son ministère prophétique commença sept ans avant la destruction de Jérusalem, et avait surtout pour but, d'un côté, de combattre les fausses espérances des captifs, en leur enseignant à ne pas s'appuyer sur des secours humains, de l'autre, de les préserver du désespoir en leur promettant le secours de Dieu. Suivant la tradition, il périt assassiné par un de ses compatriotes, et dans le moyen âge on montrait encore son tombeau à quelque distance de Bagdad, Son livre peut se diviser en trois parties principales:
-
Les vingt-quatre premiers chapitres contiennent des prophéties contre le royaume de Juda, promulguées avant la destruction de Jérusalem, et accompagnées d'appels à la repentance.
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Les chapitres 25 à 32 sont des prophéties contre des peuples étrangers.
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Depuis le chapitre 33, nous avons de nouveau des prophéties qui ont pour objet le peuple juif, mais promulguées depuis la destruction de Jérusalem, et dans lesquelles l'espérance et la consolation dominent. Les neuf derniers chapitres (40-48) paraissent annoncer, sous l'emblème d'un temple magnifique, décrit dans tous ses détails, la restauration et l'état glorieux du royaume de Dieu, qui a commencé après le retour de l'exil, qui s'est davantage encore développé par la venue du Messie, mais dont le plein accomplissement est sans doute réservé à l'avenir. En général, ce livre se distingue par une grande abondance d'images, par un style énergique et fortement coloré, par des expressions hardies, et souvent extraordinaires, qui le rendent assez difficile à comprendre pour nous, mais qui étaient bien appropriées au génie des Orientaux et aux circonstances du temps. Il a des visions plus que des inspirations; il voit la ruine de Jérusalem, il voit la restauration du temple. Le caractère éminemment poétique de ces prophéties a fait dire à Herder qu'Ézéchiel était le Shakespeare des Hébreux. Lamartine l'appelle le poète des vengeances. Il est à remarquer encore qu'Ézéchiel, dans ses prophéties, s'appuie souvent sur celles que Jérémie adressait de son côté aux Juifs restés en Judée (Comment, de Hævernick).