Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-C
septembre 3, 2010
Préface — A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
C
CAB ou Kab,
2 Rois 6:25, mesure qui
contenait la dix-huitième partie de l'Épha,
ou du Bath, la sixième partie d'un sat, ou
environ 24 coquilles d'œuf (près de deux
litres),
— Voir: Mesures.
CABUL.
-
Ville sur les frontières de la tribu d'Aser, Josué 19:27.
-
Nom que Hiram, roi de Tyr, donna dédaigneusement aux pays que Salomon lui offrit en récompense des services qu'il lui avait rendus pendant la construction du temple, en charrois, métaux et bois précieux, 1 Rois 9:13. Cabul signifie déplaisant, aride. Il faut chercher ce district dans les parages rudes et peu fertiles qui se trouvent au nord-ouest de la chaîne des montagnes galiléennes, qui séparent la Phénicie de la Palestine.
CACHET.
Les Orientaux ont de tout temps regardé les cachets ou sceaux munis d'un petit manche bien élégant, comme un des ornements les plus agréables et les plus nécessaires pour l'homme. Les Hébreux n'ont point fait exception à cette règle, Cantique 8:6; Aggée 2:23; Jérémie 22:24. Hérodote raconte la même chose des Babyloniens. De nos jours encore les Persans portent des cachets, ou à leurs doigts, ou suspendus à leur cou et retombant avec grâce sur la poitrine. L'empreinte consiste ordinairement non dans une figure, mais simplement dans le nom du propriétaire entouré d'une maxime de Mahomet, comme d'une auréole favorable. On se sert pour cire d'une espèce d'encre de Chine résineuse, ou de terre sigillée pour des objets un peu considérables, tels que scellés sur les portes, etc. C'est en leur remettant le sceau ou l'anneau de l'État, que les princes orientaux avaient coutume d'élever à quelque charge ou dignité ceux de leurs sujets qu'ils croyaient devoir honorer de cette faveur. Genèse 41:42; Esther 3:10; 8:2.
CADAVRES.
La manière dont les anciens
Hébreux préparaient les morts pour la
sépulture, et dont ils les ensevelissaient,
nous est à peu près entièrement inconnue:
tout ce que nous en savons, c'est que dans
les temps primitifs et de l'antique
simplicité, c'étaient les plus proches
parents, fils et frères, qui pourvoyaient
eux-mêmes directement à la sépulture de
celui qu'ils venaient de perdre, Genèse
25:9; 35:29; Juges 16:31. Plus tard,
d'autres restèrent chargés de ces soins
funéraires, et Amos, 6:10, semble même
compter au nombre de ses menaces les plus
redoutables, le fait que les morts n'auront
pour les porter au sépulcre, que leurs plus
proches parents. La coutume de fermer les
yeux aux morts et de les embrasser, remonte
à la plus haute antiquité, Genèse 46:4;
50:1; cf. Iliad. 11, 452. Æneid. 9, 487;
Pline 11, 55. Dans les temps postérieurs
nous voyons le cadavre lavé aussitôt après
la mort, Actes 9:37, puis enveloppé dans un
grand linceul, Matthieu 27:59; Marc 15:46;
Luc 23:53, ou, plus ordinairement, tous les
membres enveloppés de langes, Jean 11:44, et
des aromates interposés entre le corps et
ces tissus, Jean 19:39; cf. 12:1,7.
Aux funérailles des princes, ou des
seigneurs juifs, le mort était revêtu de ses
habits les plus précieux, et l'on faisait
autour de lui des fumigations abondantes des
parfums les plus exquis.
Le prompt ensevelissement des morts, que
l'on trouve avoir été en usage chez les
Juifs d'un âge subséquent, Actes 5:6,10, se
fondait sur les idées de souillure et de
pureté légales, exposées Nombres 19:11; les
patriarches et les Orientaux de cette époque
ne se pressaient pas autant, Genèse 23:2;
sq. Le mort était ordinairement déposé dans
une bière (peut-être ouverte), et porté sur
un brancard, suivi de ses parents et de ses
amis, 1 Samuel 25:1; 2 Samuel 3:31; Luc
7:12,14; Actes 5:6,10. Avant le départ du
convoi la maison était remplie de cris de
deuil, d'hymnes funèbres, et de bruits
d'instruments, Matthieu 9:23; Marc 5:38; cf.
Jérémie 9:17; 2 Chroniques 35:25;
quelquefois même, d'après la Mishna, les
Juifs avaient, comme les Grecs et les
Romains, des femmes salariées pour pleurer.
— Après l'ensevelissement venaient les repas
de deuil, 2 Samuel 3:35; Jérémie 16:5,7;
Osée 9:4; Ézéchiel 24:17, et ces repas qui
se faisaient d'abord dans l'intimité,
devinrent plus tard, chez les familles
riches, des repas d'apparat, auxquels était
convié tout le public, à l'honneur du
défunt.
— Les guerriers étaient ensevelis avec leurs
armes. Ézéchiel 32:27; cf. Virgile Æneid. 6,
233.
— Voir: encore Sépulture et Tombeau.
Nous avons dit un mot de la souillure légale
qu'entraînait le contact des cadavres
d'hommes, Nombres 19, ou d'animaux,
Lévitique 11:24. Quel but le législateur
a-t-il eu en vue en promulguant cette
disposition? D'accord avec l'ensemble de son
œuvre législative, il a voulu préserver les
Hébreux de maux matériels, et leur donner
des idées saines; les préserver des maux
matériels, en les engageant à ensevelir le
plus tôt possible ces cadavres d'animaux que
les mœurs orientales jettent volontiers à la
voirie, les exposant à la voracité des
chiens et des vautours, aux intempéries de
l'air, et à la putréfaction, coutume dont
les conséquences ordinaires sont des
exhalaisons empoisonnées, des maladies
contagieuses et la peste. Ainsi, par une loi
dont il ne comprenait pas toujours la
portée, chacun se trouvait intéressé à faire
disparaître, en les cachant sous le sol, des
corps sans vie, dont le contact, même
involontaire, eût entraîné pour lui toutes
les obligations gênantes d'une souillure
légale. Ces considérations qui se rapportent
surtout aux cadavres des animaux, sont les
mêmes encore pour ce qui regardait les corps
des suppliciés, qui longtemps, même chez des
peuples plus civilisés que les Orientaux,
ont menacé la santé publique. Par là encore,
et par l'horreur que devait inspirer le
contact des cadavres, cette loi servait à
prévenir la contagion de certaines maladies,
et chacun sait combien le corps de l'homme,
son sang et ses os, renferment de germes
destructeurs lorsque la vie, cette force
mystérieuse, n'est plus là pour en
contrebalancer et en anéantir les effets
pernicieux.
— Puis, sous le rapport moral, le
législateur avait su prémunir son peuple,
soit contre la profanation des débris
humains, soit contre une folle adoration,
contre un culte insensé qu'heureusement on
n'avait pas encore imaginé de leur rendre,
mais que l'homme animal est peut-être tenté
de rendre au corps animal, oubliant que ce
qui est né de la chair est chair, et doit
retourner en la poudre de laquelle il a été
tiré.
— Quant à la question spéciale du cadavre de
Moïse, Jude 9, nous en reparlerons à
l'article de Moïse.
CADRAN SOLAIRE.
Qu'est-ce que le cadran d'Achas
dont il est parlé Ésaïe 38:8, et sur les
degrés duquel le prophète fit reculer
l'ombre du soleil? Les Septante et Flavius
Josèphe le prennent simplement pour un
escalier quelconque le long duquel l'ombre
descendait par hasard; d'autres y voient
aussi un escalier, mais qui aurait été
construit exprès dans le but de servir de
cadran solaire. Les interprètes juifs,
cependant, sont en général d'accord à voir
dans ces degrés un véritable cadran solaire,
un lapis horarum d'après le Targum,
un horologium d'après Symmachus et
Jérôme. Il est probable, en effet, que les
Juifs connaissaient les cadrans; car nous
savons que Achaz, amateur de nouveautés et
d'inventions, 2 Rois 16:10; sq., était en
relation avec les Assyriens, et c'est des
Babyloniens, d'après Hérodote 2, 109, que
les Grecs eux-mêmes avaient appris l'art des
cadrans et la division du jour en douze
parties.
Quant à la forme de ces cadrans, il y en
avait de deux espèces; les uns, selon le
rabbin Élia Chomer, consistaient en une
demi-sphère creuse, au milieu de laquelle
était une boule dont l'ombre indiquait les
heures, en tombant sur les lignes gravées
dans l'intérieur de la sphère, au nombre de
28; cette espèce de cadran fut inventée,
selon Vitruve, par le caldéen Bérosus, et
était connue des Grecs sous le nom de
σκαφίς (vaisseau), ou d'hémisphère;
les autres, et c'étaient les plus connus de
l'antiquité, consistaient en des obélisques
placés au centre d'une plaine circulaire
plus ou moins grande, dont la circonférence
était divisée en parties égales; c'est ce
que les Grecs nommaient un gnomon
indicateur.
Les interprètes, et surtout les
rationalistes, ont cherché une explication
physique du miracle rapporté dans l'histoire
d'Ézéchias; le philosophe juif Spinosa
voulait l'expliquer par un parhélie: c'était
se donner une peine inutile et compliquer le
miracle en pure perte; d'autres n'y ont vu
qu'une illusion d'optique opérée par la
réfraction des rayons solaires dont les
vapeurs de l'atmosphère auraient été la
cause: pour cela, ils reproduisent
l'anecdote qui s'est passée à Metz, en
Lorraine, le 27 mars 1703, où le prieur du
couvent, le père Romuald, observa un
changement, une rétrogradation de plus dune
heure et demie dans l'ombre du soleil.
Gesenius dit que cette anecdote ne prouve
rien, et Winer convient que si l'on veut
ajouter foi au récit du prophète, il faut se
contenter de la phrase banale des
orthodoxes, que «Dieu peut à sa volonté, et
selon son bon plaisir, modifier ou suspendre
les lois de la nature.» Nous n'essaierons
pas d'expliquer le miracle, mais voici
comment nous croyons que le texte expose
qu'il s'est passé. Il ne paraît pas qu'il y
ait eu sur le corps même du soleil aucune
espèce d'altération; il ne paraît pas non
plus que le miracle se soit fait sentir sur
une étendue quelconque du globe, ni même
ailleurs que sur le cadran d'Achas; de sorte
qu'à cet égard on peut s'abstenir de parler,
comme on le fait quelquefois, d'un grand
dérangement qui serait arrivé dans toute la
nature pour satisfaire à la simple et vaine
curiosité d'un prince. Les choses ont suivi
leur cours naturel, et pour donner un signe
à Ézéchias, Dieu a fait dévier d'une manière
extraordinaire l'ombre du cadran, sans que
rien ait été changé d'ailleurs.
Parmi tous les au très signes que le
prophète aurait pu donner au roi, il a
choisi celui-ci, peut-être parce que les
signes donnés dans le ciel étaient regardés
comme plus frappants et moins exposés à
l'erreur ou à l'influence des démons
inférieurs; c'est pour la même raison que
les pharisiens demandaient au Seigneur un
signe dans le ciel. Matthieu 16:1, et la
bête de l'Apocalypse, au milieu de ses
épouvantables miracles, va jusqu'à faire
tomber le feu du ciel. Apocalypse 13:13.
Il est probable que le cadran d'Achas était
placé de telle sorte que le roi malade put
aisément de son lit y fixer ses regards.
CAILLES.
Ce nom ne se rencontre qu'en
Exode 16:13; Nombres 11:31; et Psaumes
105:40, et quoique les caractères indiqués
dans ces passages ne soient pas très
significatifs, il ressort de la comparaison
avec l'arabe, que c'est bien par cailles que
doit se traduire le mot hébreu Slav.
Les voyageurs et les auteurs anciens parlent
tous de l'abondance de cailles que l'on
trouve dans les déserts de l'Arabie Pétrée
et dans les contrées qui avoisinent
l'Égypte. Comme le vol de ces oiseaux est
fort peu élevé, les habitants peuvent les
saisir à la main, ou les tuent en frappant
au hasard l'air avec leurs bâtons; ils en
font, au dire d'Hérodote, un mets très
recherché. Cependant il paraît, d'après les
observations qui ont été faites, que les
cailles qui furent envoyées dans le camp des
Israélites ne sont point la caille commune
(tetrao coturnix), mais une espèce
particulière que les Arabes distinguent sous
le nom de Kata, et qui a passé dans
le système de Linnée sous celui de tetrao
Alchata (Israelitarum). Cette
caille vit dans l'Arabie Pétrée, en Judée,
dans l'ancienne Idumée, en Moab, en Syrie,
et jusqu'à Alep; elle est de la grosseur
d'une tourterelle; elle a le bec court,
jaune, recourbé, et marqué au bout d'une
tache blanche; le cou et la tête
gris-cendré, le ventre et le dos gris-rouge
tirant sur la souris, la queue en forme de
coin et les jambes garnies de plumes par
devant; par tous ces caractères elle
appartient à la famille des perdrix. Quoique
ferme et sèche, sa chair offre aux indigènes
une nourriture agréable, d'autant plus
précieuse qu'elle n'est point rare, car cet
oiseau va par troupes nombreuses et se
laisse facilement attraper.
Quant à la mort soudaine dont furent frappés
un grand nombre de ceux qui, dégoûtés de la
manne, avaient demandé avec violence une
nourriture plus ordinaire et plus forte,
Nombres 11:33, elle fut sans doute dans la
pensée divine, mais il n'est pas nécessaire
d'invoquer ici l'intervention d'un miracle;
les anciens prétendent que les cailles se
nourrissent quelquefois d'ellébore et
d'autres plantes vénéneuses, ce qui ne
laisse pas de rendre leur viande un aliment
dangereux; en tout cas elle est indigeste,
et l'excès de cette nourriture, l'usage
immodéré qu'en firent sans doute les plus
impatiens des Israélites, aura chargé leurs
estomacs désaccoutumés depuis longtemps de
viandes et d'autres aliments solides; le
brûlant climat du désert d'Arabie aura rendu
leur indigestion plus dangereuse, et l'on
sait que dans ces zones ardentes un excès
dans le manger et le boire se trahit bien
vite par des symptômes dangereux, qui
souvent mènent à la mort. Les Israélites
furent punis pour avoir obtenu de Dieu ce
que Dieu avait déclaré ne pas vouloir leur
accorder; souvent Dieu cède à d'injustes
prières, mais c'est dans sa colère; il donna
Saül aux Juifs pour les punir.
Quelques auteurs pensent qu'au lieu de
cailles il faut lire sauterelles, mais ils
ne s'appuient que sur le simple fait qu'on
lit sécher ces animaux au soleil, Nombres
11:32, comme si l'on n'avait pas pu faire
sécher aussi les cailles.
CAÏN
(possession), le premier homme qui fut conçu et qui eut un père et une mère pécheurs. Lorsque Ève l'eut mis au monde, elle parut croire que c'était là l'homme de la promesse qui devait briser la tête du serpent: c'est du moins le sens que plusieurs personnes donnent aux paroles qu'elle prononça: J'ai acquis un homme de par l'Éternel, Genèse 4:1.
— Voir: Abel,
— Caïn étant devenu grand, se mit à cultiver
la terre, tandis que son frère Abel prenait
soin des troupeaux; ils avaient d'ailleurs
une grande quantité de frères et de sœurs,
nés, comme eux, d'Adam et d'Ève.
Au bout de quelques années, 4:3 (d'autres
traduisent: à la tin des jours, c'est-à-dire
le septième de la semaine;
— Voir: Wilson,
Sept discours sur l'autorité divine du
Seigneur; le passage 1 Samuel 2:19, parle en
faveur du sens que nous adoptons); au bout
de quelques années, en un jour de fête, Caïn
offrit à l'Éternel des fruits de la terre,
et Abel des premier-nés de son troupeau.
Abel, nous dit le Saint-Esprit, Hébreux 11,
était dans la foi, et ses œuvres étaient
justes; mais celles de Caïn étaient
mauvaises, 1 Jean 3:12. C'est pourquoi son
offrande ne fut pas reçue comme le sacrifice
d'Abel. Peut-être s'en aperçut-il en voyant
la paix que le Saint-Esprit avait versée
dans le cœur de son frère, tandis que sa
conscience à lui, demeurait agitée;
peut-être aussi qu'alors, comme en d'autres
occasions, Dieu lit tomber du ciel le feu
sur les victimes d'Abel, tandis qu'aucune
manifestation de ce genre n'eut lieu en
faveur des oblations de Caïn. Celui-ci,
instruit parle Seigneur de la raison pour
laquelle son sacrifice n'avait point été
agréé, s'en prit à son frère au lieu de se
corriger, et l'ayant rencontré dans les
champs, il le tua. Ainsi, devenu meurtrier
par haine et par jalousie, Caïn étouffe par
les insolences de l'impiété le cri de sa
conscience, et repousse la voix du Seigneur
qui voudrait l'amener à la confession de son
crime; la malédiction divine repose sur sa
tête coupable; il part et fuit dans le pays
de Nod* avec sa femme, qui est en même temps
la sœur de sa victime et la sienne propre;
et soit qu'il en eût déjà des enfants, soit
que, peut-être, ces scènes de meurtre se
soient passées au commencement de son
mariage, il nous est dit que c'est là, dans
le lieu de son exil, qu'elle lui enfanta
Hénoc, le père d'une postérité qui semble
avoir marché sur les traces impies de son
aïeul. Ainsi, dès l'entrée du péché dans le
monde, nous voyons la famille humaine
poussée par Satan aux plus grands crimes, et
plongée dans la plus affreuse misère. Adam,
le premier transgresseur de la loi divine,
se voit frappé dans ses deux fils: le
meilleur périt d'une mort violente, et
l'autre doit s'enfuir loin des lieux
qu'habitent les malheureux auteurs de ses
jours, qui lui ont transmis le péché avec la
vie!
* (L'Écriture nous dit que le lieu de l'exil de Caïn et de sa descendance est un monde du nom de Nod (Gen. 4:16). L'étymologie du nom nous indique la possibilité que le pays ou le monde de Nod fut une planète perdue qui aurait existée à l'aube de l'humanité. Ceci est indiqué dans le Hébreu où nous voyons que Nod signifie «errer», et que dans le Grec le mot «errer» est «planète» qui souvent est traduit par «astre errant». L'existence d'une planète entre Mars et Jupiter, détruite d'une manière mystérieuse, est confirmé par plusieurs scientifiques de nos jours qui lui ont donné le nom de Héphaïstos ou Vulcain. Il est intéressant de remarquer que le dieu Vulcain de la Mythologie antique porte les mêmes traits ou caractéristiques que ceux de Caïn. La Mythologie nous dit que Vulcain construisit des robots et des chars volants pour les dieux de l'Olympe. Dans cette optique il est fascinant de voir que la science de la métallurgie trouve sa source dans les descendants de Caïn (Gen. 4:22). L'ancien historien Juif, Joseph Flavius, que nous avons déjà mentionné, a écrit que les premiers hommes d'avant le déluge possédèrent des sciences prodigieuses dans l'astronomie, la biologie, et plusieurs autres. Des anciens écrits comme la Mahabarrata qui datent de plusieurs millénaires avant Jésus-Christ, mentionnent qu'en ce temps là les hommes volaient dans les airs dans des vaisseaux lumineux nommés des Vimanas. Considérant que les hommes de ce temps vivaient de huit à neuf cent ans, on ne peut être surpris que cette ancienne civilisation était avancée au niveau de la technologie au point que nous ne pouvons même pas nous imaginer, et que le voyage interplanétaire était une réalité. Oserions-nous penser que notre civilisation dite moderne serait la seule dans l'histoire à posséder une telle connaissance qui est en voie de progression pour notre destruction ? Si oui, nous serions surpris par la Parole de Dieu qui nous dit dans l'Ecclésiaste: «Ce qui a été, c'est ce qui sera; ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, et il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Y a-t-il une chose qu'on puisse dire: Voici ceci, c'est nouveau ? Elle a déjà été dans les siècles qui furent avant nous» (Ecc. 1:9, 10). Le moyen par lequel Caïn se rendit sur la planète Nod ou Vulcain nous est révélé dans la science du magnétisme (anti-magnétisme selon certains), science qui est convoitée fortement par les scientifiques de nos jours et qui fut utilisé par les Égyptiens pour construire leurs pyramides en faisant flotter dans les airs d'énorme bloque de granite. Même que l'attraction du champ magnétique de cette planète mystérieuse aurait déterminé la stature des habitants sur notre monde, ce qui fait que le gigantisme était l'état normal des choses sur la face de la terre en ce temps. En fait, une version française du livre d'Énoch mentionne même que Noé et ses fils étaient des géants, ce qui expliquerait très bien pourquoi il y avait encore des géants après le déluge, comme nous voyons dans Énoch 105:13-16:
13- Alors, moi, Énoch, je lui répondis : Le Seigneur est sur le point de faire une nouvelle œuvre sur la terre. Je l’ai vu dans une vision. Je t’ai parlé du temps de mon père Jared, de ceux qui, nés du ciel, avaient cependant transgressé la parole du Seigneur. Voici : Ils commettent l’iniquité, et ils ont transgressé les ordonnances, et habitaient avec les femmes des hommes, et engendraient avec elles une postérité infâme.
14- Pour ce crime, une grande catastrophe surviendra sur terre ; un déluge l’inondera et la dévastera pendant une année.
15- Cet enfant qui vous est né survivra seul à ce grand cataclysme avec ses trois fils. Quand tout le genre humain sera détruit, lui seul sera sauvé.
16 Et ses descendants enfanteront sur la terre des géants, non pas nés de l’esprit, mais de la chair. La terre sera donc châtiée, et toute corruption sera lavée. C’est pourquoi, apprends à ton fils Lamech, que le fils qui lui est né est véritablement son fils ; qu’il l’appelle du nom de Noah, parce qu’il vous sera survivant. Lui et ses fils ne participeront point à la corruption, et se garderont des péchés qui couvriront la face de la terre. Malheureusement, après le déluge, l’iniquité sera encore plus grande qu’auparavant ; car je sais ce qui doit arriver ; le Seigneur lui-même m’en a révélé tous les mystères, et j’ai pu lire dans les tables du ciel.
Tout semble indiquer que la destruction de la planète Nod ou Vulcain joua un rôle important dans le déluge. Des calculs récents de certains scientifiques indiquent que Mars aurait été une des lunes ou satellites de cette planète perdue. Mars aurait même été habitée en cette période par la descendance de Caïn. Ce qui semble être des ruines d'une ancienne civilisation à sa surface dans la région de Cydonna, la cité des anges, et celle de la Cité des Étoiles, indiqueraient la présence possible d'une race intelligente qui l'habita lorsqu'elle fut couverte d'océans et d'un sol fertile.
Les circonstances qui sont reliées à la destruction de Nod, se rapportent à une tentative d'invasion et d'infiltration des Néphilims sur la terre, dont le but fut de corrompre l'esprit des fils de Dieu et de semer la débauche. Que l'Écriture se donne la peine de souligner le fait «qu'il y avait des Néphilims (disgraciés) sur la terre en ce temps là» (Gen. 6:4) indique clairement qu'ils n'étaient point sur la terre avant cela. Le livre d'Énoch mentionne que «les fils des cieux» descendirent sur la terre sur le sommet du mont Hermon dans le temps de Jéred. Ils étaient deux-cent qui descendirent et vinrent enseigner aux hommes toutes sortes de sciences cachées comme l'art de la guerre, les complots, le retentissement des sons, les plaisirs de la sensualité, et la propriété des plantes, comme nous voyons aussi avec une traduction étymologique de Gen. 5:16-24:
16 ¶ Alors Caïn renonça à la présence de l'Éternel, et habita dans l'astre errant de Nod (errer, planète), et s'éleva contre la Grâce de Dieu.
17 Puis, en ce lieu, Caïn réalisa son existence, qui conçut et engendra une initiation à une nouvelle naissance; et il érigea une vengeance terrible contre Dieu, qu'il appela Hénoc, du nom de sa condition de disgrâce
18 Puis Irad (la séquestration) naquit à Hénoc, et Irad engendra Mehujaël (affligé de Dieu), et Mehujaël engendra Methushaël (l'homme divinisé), et Methushaël engendra Lémec (le renversement de l'être).
19 ¶ Et Lémec prit deux femmes: le nom de l'une était Ada (plaisir), le nom de l'autre Tsilla (protection).
20 Et Ada enfanta Jabal (fastueux); il fut père de ceux qui demeurent dans des sanctuaires et près des rachetés.
21 Et le nom de son frère était Jubal (une source); il fut père de tous ceux qui manipulent le retentissement (harpe) de la sensualité (chalumeau).
22 Et Tsilla, elle aussi, enfanta Tubal-Caïn (le producteur), qui affinait (forgeait) tous les complots et les enchantements qui se transpirent; et la sœur de Tubal-Caïn fut Naama (séduisante).
23 ¶ Et Lémec dit à ses femmes: Ada et Tsilla, écoutez ma voix; femmes de Lémec, prêtez l'oreille à ma parole: Oui! j'ai tué un homme pour ma séparation d'avec Dieu, et un jeune homme pour mon attachement à Cain.
24 Car si Caïn est vengé sept fois contre Dieu, Lémec le sera soixante-dix-sept fois.
Or, Jéred (Gen. 5:15-20), signifie littéralement «la descente» ou «l'abaissement», car en ce temps, les hommes de la lignée de Seth tombèrent dans l'abaissement moral. C'est exactement cela que nous voyons dans Gen. 6:5 où il est dit «que la malice des hommes était très-grande sur la terre, et que toute l'imagination des pensées de leur cœur n'était que mal en tout temps». C'est la raison pour laquelle Dieu décida d'exterminer la race des hommes de dessus la terre (Gen. 6:7). Il est important de comprendre que pour les anciens, le mot «terre» détenait souvent un sens cosmique plutôt que local. C'est à dire qu'il ne se rapporte pas toujours à notre monde que nous nommons «la Terre», mais à tous corps de matière solide dans notre système planétaire où il y avait de la vie, de l'eau, et de la végétation. Si tel est le cas ici, et tout semble indiquer que ce l'est, nous faisons face à une extermination universelle de la race humaine, autant des hommes qui vivaient sur notre terre que ceux qui vivaient sur d'autres corps célestes à l'intérieur de notre système planétaire. Le retour de Caïn sur notre terre d'où il avait été banni, engendra ainsi une catastrophe cosmique universelle. Selon plusieurs scientifiques, la planète Vulcain (ou Nod) entra en collision avec un autre corps céleste qui en toute probabilité fut une de ses lunes. L'explosion de la planète déstabilisa l'équilibre de l'ordre dans les sphères célestes et détruisit le système écologique de tous les mondes habités. Des fragments énormes frappèrent Mars et plusieurs autres mondes, mais aussi notre Terre bouleversant son axe de positionnement spatial et occasionnèrent le déluge. Tout ce qui avait souffle de vie dans la création entière, incluant le Néphilims qui habitèrent Nod, fut exterminé, sauf les Chérubins qui habitent une dimension d'existence différente de la nôtre. Mais Dieu se garda huit personnes dans le but de restaurer la création et sauvegarder la promesse du salut en Jésus-Christ.)
Il est possible que Caïn n'ait pas voulu
tuer son frère; il ne savait peut-être pas
même bien ce que c'est que la mort. Il a
voulu le frapper, le blesser, le faire
souffrir, lui faire autant de mal que
possible, mais sans penser que sa vie dût
s'écouler par ses blessures et par ses
souffrances; la haine a causé la mort sans
peut-être même la soupçonner, et notre
Sauveur l'a répété plus tard par la bouche
d'un de ses apôtres: celui qui hait son
frère est un meurtrier, 1 Jean 3:15.
Quant au signe que Dieu mit sur Caïn afin
qu'on ne le tuât pas, nous ne le connaissons
pas; ce pouvait être simplement l'air de son
visage; il est d'ailleurs beaucoup plus dans
l'analogie de la langue hébraïque de
traduire «Dieu donna un signe à Caïn», lui
garantissant sa protection contre la
vengeance des autres hommes. La crainte
qu'éprouvait ce meurtrier nous est une
révélation bien remarquable de ce que
devient un homme lorsque sa conscience est
troublée; il perd cette dignité qui est
l'apanage du maître du monde, il craint tous
les êtres créés, parce que Dieu lui a ôté
l'assurance intime de sa protection. Les
promesses que Dieu fait au fugitif nous
montrent aussi la longue patience de Dieu,
qui garantit même au pécheur son existence,
et qui ne veut pas faire tomber tous ses
jugements sur sa tête coupable, avant
d'avoir épuisé les trésors de sa
miséricorde. On peut dire aussi, avec
Schrœder, que ces promesses de Dieu ne
s'adressaient pas à Caïn lui-même; elles
avaient pour but d'empêcher le développement
de l'esprit de vengeance humaine.
CAÏNAN ou Kenan,
fils d'Énos, naquit l'an du
monde 325; à l'âge de 70 ans il eut
Mahalaléel, ce qui ne veut pas dire que ce
fut là son fils aîné, car l'Écriture ne
nomme que les patriarches desquels descendit
Noé. Caïnan eut encore beaucoup d'autres
enfants, Genèse 5:13, puis il mourut, à
l'âge de 910 ans, Genèse 5:9-14. Il est
nommé dans la généalogie de Marie, Luc 3:37.
— Dans la même généalogie, au verset 36e, on
retrouve un autre Caïnan, évidemment
distinct du premier; fils d'Arphaxad, est-il
dit, et père de Sala, le père d'Héber; mais
dans toute la généalogie de l'Ancien
Testament, Arpacsad est nommé, sans
intermédiaire, père de Sélah (ou Sala),
Genèse 10:24; 11:12; 1 Chroniques 1:24, sans
que ce Caïnan soit même indiqué dans aucune
des anciennes versions, grecque,
samaritaine, chaldaïque, syriaque, ni dans
Philon, ni dans Flavius Josèphe, ni dans
Jérôme. On pourrait expliquer ce fait en
supposant, ce qui est possible aussi, que
les anciennes généalogies ont omis le nom de
ce Caïnan comme elles omettaient fréquemment
des générations peu importantes; mais alors
on devrait se demander pourquoi Luc l'a
donné, et surtout comment il se l'est
procuré. L'explication la plus simple et la
plus vraisemblable, c'est que Helléniste
lui-même, et écrivant son Évangile pour des
Grecs, saint Luc aura suivi la version
grecque des Septante, qui ajoute le nom de
Caïnan dans la généalogie de Sem, Genèse
10:22; 11:13. On ne sait, du reste, pas
comment ce nom a pu se glisser ou
s'introduire dans cette dernière traduction.
CAÏPHE,
successeur de Simon fils de
Camith, exerça la souveraine sacrificature
dès l'an 25 de l'ère chrétienne, pendant les
dernières années de notre Sauveur, et dans
la première période de l'âge apostolique. Il
était redevable de la noble charge qu'il
exerçait à un fonctionnaire païen, le
procurateur romain Valerius Gratus, et l'on
peut dire qu'il l'exerça en païen, dévoué au
pouvoir qui l'avait élevé. Il était
Sadducéen, Actes 5:17, et avait épousé la
fille de l'ancien sacrificateur Anne. Il fut
l'un des plus ardents ennemis du
Christianisme, et lorsque les sacrificateurs
et les pharisiens, effrayés de l'effet que
produisait la résurrection de Lazare,
consultèrent entre eux pour faire mourir
Jésus, Caïphe prononça ce mot bien connu,
qui n'était dans son esprit que le fruit de
sa politique toute romaine, mais qui, dans
la pensée du Seigneur, était une prophétie:
Il est de notre intérêt qu'un seul homme
meure pour le peuple, Jean 11:49-50. Deux
jours avant Pâques, nous le retrouvons
réunissant le sanhédrin dans sa maison, pour
délibérer sur la manière de se saisir de
Jésus par finesse, car ils craignaient le
peuple, Matthieu 26:5; Marc 14:1; Luc 22:2.
Puis, le matin de la nuit où notre Sauveur
fut arrêté, le même Caïphe, attendant
peut-être la convocation du sanhédrin,
commence un interrogatoire privé de Jésus,
et permet à ses valets de le frapper; mais
il ne peut rien trouver chez le roi de paix
qui trahisse un révolutionnaire, prêt à
s'insurger contre Rome pour se faire
couronner roi de Juda, Matthieu 26:57; Marc
14:53; Luc 22:54; Jean 18:15. Le sanhédrin
se rassemble, Jésus comparaît, on remplace
l'illégalité par des formes légales; faute
de témoins, l'on en suborne; à défaut de
bons, l'on en prend de mauvais; on
transforme en blasphème contre le temple de
Dieu quelques paroles que Jésus a dites
touchant le temple de son corps; et quand
notre Seigneur dédaigne de répondre à des
questions inutiles, on s'irrite, on menace.
Enfin, interrogé sur sa divinité, notre
Sauveur la proclame; et trop heureux d'une
réponse qui lui fournit un si spécieux
prétexte, le vil Caïphe affecte de déchirer
ses vêtements à l'ouïe de ce qu'il estime
être un blasphème, et la sentence de mort
coule sans peine de son cœur plein de fiel
et d'envie, Matthieu 27:2; Jean 18:28.
Mais, comme le sang irrite encore la soif du
tigre au lieu de le désaltérer, Caïphe de
même, non content de la mort du Juste,
insensible aux miracles qui l'accompagnent,
insensible à sa résurrection, peu soucieux
de croire aux gloires de l'Ascension et de
la Pentecôte, recommence à persécuter les
disciples, auxquels le Maître a communiqué
ses vertus; Pierre et Jean doivent
comparaître devant lui pour la guérison d'un
impotent, Actes 3; 4:6. Relâchés avec
menaces, les apôtres continuent à dire les
merveilles de la croix, et ils doivent de
rechef se présenter devant l'assemblée des
iniques, 5:17; ils sont jetés eu prison,
puis délivrés par un ange. 5:18-19; saisis
de nouveau, ils se justifient devant le
sanhédrin: Caïphe et les siens, grinçant des
dents, consultent pour les faire mourir,
5:33; mais l'avis de l'honorable Gamaliel
prévaut, les apôtres sont sauvés, et Caïphe
n'a pour toute consolation que la ressource
de les faire fouetter avant de les relâcher.
C'est ici que s'arrêtent pour nous les
données de l'Écriture Sainte sur la vie de
Caïphe; peu après l'éloignement de Pilate,
Caïphe fut également déposé par le proconsul
Vitellius, 36 après J.-C., et remplacé par
Jonathan, fils d'Ananus. Quelques membres de
l'ancienne église le confondent avec Flavius
Josèphe l'historien, et ont cru, mais à
tort, qu'il s'était converti plus tard au
christianisme.
Il est peu de ligures dans la Bible qui
présentent à un si haut degré la haine pour
la vérité, la bassesse, la violence et la
ruse; Caïphe persécuta l'Évangile et resta
sourd et aveugle en présence de tous les
faits qui pouvaient le rendre attentif à la
divinité de celui qu'il persécutait.
CAÏUS,
3 Jean 1;
— Voir: Gaïus.
CALAH,
ancienne ville d'Assyrie, fondée peu après le déluge par Assur, Genèse 10:11-12, ou, comme d'autres le pensent, par Nimrod. On ne sait rien de sa situation exacte; quelques-uns comparent Chalach, q.v.
CALCOL,
1 Rois 4:31; 1 Chroniques 2:6;
— Voir: Éthan.
CALDÉE.
Caldéens. On appelait Caldéens
les habitants de la Babylonie, et du royaume
de Babylone, q.v. Daniel 9:1; 2 Rois 25:4;
Ésaïe 13:19; 23:13; 48:14; Jérémie 21:4;
32:4; Ézéchiel 23:14; Habacuc 1:6; cf.
Genèse 11:28; Job 1:17. Ils n'étaient
cependant point originaires de cette
contrée, et ne doivent pas être confondus
avec ses anciens habitants; la langue des
Babyloniens était une sœur de celle des
Hébreux, tandis que celle des Caldéens en
différait complètement, comme on le voit par
les noms propres Nabopolassar,
Nébucadnetsar, Belsatsar, etc., qui n'ont
aucun rapport avec la langue hébraïque, et
que l'on a essayé avec succès d'expliquer en
les comparant avec les restes de l'ancien
persan. Les Caldéens paraissent avoir eu
pour berceau les montagnes Carduchi, qui
séparent l'Arménie de l'Assyrie; Xénophon
(Cyrop. III, et dans plusieurs endroits de
son Anabasis) parle d'eux comme d'un peuple
pauvre et barbare, courageux et jaloux de sa
liberté, vivant de rapines, et fournissant
quelquefois des troupes mercenaires aux rois
de la Médie et des Indes: c'est ainsi que
nous en rencontrons dans l'armée des
Assyriens, Ésaïe 23:13. On peut supposer
qu'un roi d'Assyrie avait accordé une
portion de territoire, dans la Babylonie, à
une troupe de Caldéens qu'il avait à sa
solde, et que ceux-ci, peut-être sous la
conduite de Nabopolassar leur chef, se sont
rendus maîtres de la province et maintenus
indépendants. Depuis ce temps la province de
Babylonie, qui anciennement s'appelait
Sinhar, a reçu le nom de Caldée: mais une
partie des Caldéens proprement dits,
restèrent dans leur montagneuse patrie, où
ils furent visités par Xénophon; d'autres
encore ont pu s'établir dans d'autres pays.
Ceux qui ont occupé la Babylonie y ont
adopté la culture et les mœurs des
habitants, et ayant été amollis par le luxe,
ils ont succombé sous les Perses.
Le nom de Caldéens n'a pas seulement été
étendu aux Babyloniens leurs sujets, mais il
a encore été employé dans une acception tout
à fait particulière, pour désigner les
savants de Babylone, et plus tard ceux-là
seulement qui s'adonnaient à l'astrologie, à
la magie et aux sciences occultes, Daniel
2:2,10; 4:4; 5:7,11; Quint. Curt. 5, 1; 22.
Hérodote 1, 181, et ailleurs,
— Voir: plus bas.
Après Nimrod
(Nemrod), Genèse 10:9-10; et Amraphel,
roi de Sinhar, dont il est parlé en passant,
Genèse 14:1, le premier roi des Caldéens que
nous trouvons dans la Bible, est Mérodac,
fils de Baladan, 2 Rois 20:12; Ésaïe 39:1;
il eut avec Ézéchias des rapports de
bienveillance mutuelle, et vécut vers l'an
713 avant J.-C. Cent ans plus tard environ,
Nabopolassar occupe le trône pendant
vingt-et-un ans (626-604); les prophètes
(Jérémie, Habacuc) annoncent l'approche
d'une armée envahissante, et l'on voit
apparaître Nébucadnetsar, que le livre
d'Esdras appelle plus particulièrement le
Caldéen, 5:12; 2 Rois 24; cf. Jérémie
39:5,8. Son fils Évilmérodac lui succède, 2
Rois 25:27; Jérémie 52:31. Il est tué par
son beau-frère Nériglissar qui, après quatre
ans, perd la vie dans une bataille contre
Cyrus, en 556. Laboroso-Archod, mauvais roi
et cruel tyran, ne règne que neuf mois; il
est assassiné, et a pour successeur
Nabonedus qu'Hérodote appelle Labynetus, 1,
188, et que l'Écriture sainte nous fait
connaître sous le nom de Belsatsar; il clôt
la série des rois caldéens qui régnèrent sur
Babylone; l'empire fut ensuite donné aux
Perses, Daniel 5.
Disons maintenant quelques mots de la
religion des Caldéens. Comme l'origine de ce
peuple semble se perdre dans une antiquité
voilée à nos regards, il en est à peu près
de même de son système religieux: nous avons
cependant des raisons de croire que les
connaissances religieuses des Caldéens, dans
le principe, n'étaient pas dépourvues de
toute vérité; car dans la prophétie
remarquable de Daniel, 2, où les quatre
monarchies du monde sont placées selon leur
valeur morale et religieuse, la puissance
des Assyriens, des Caldéens et des
Babyloniens, est représentée sous l'image de
la tête d'or, tandis que les Perses ne sont
que la poitrine d'argent, les Grecs et les
Romains, les hanches et les jambes d'airain
et de fer.
Dans les temps postérieurs, la religion des
Caldéens fut un culte des astres, autant du
moins que nous en pouvons juger; leur
théologie était devenue astrologie: au lieu
du Dieu des cieux, ils adoraient les cieux,
comme d'autres plus tard ont rendu leur
culte aux hommes sanctifiés, plutôt qu'à
celui qui les a sanctifiés. L'observation
des astres avait toujours été une de leurs
principales occupations, et ils y avaient
fait des progrès remarquables. Callisthènes,
philosophe et savant grec, trouva à
Babylone, lorsque la ville fut prise par
Alexandre, un grand nombre de calculs
astronomiques, dont il donna connaissance à
Aristote, calculs qui embrassaient une
période de 1933 ans, remontant jusqu'en 2233
avant J.-C., c'est-à-dire jusqu'à 115 ans
seulement après le déluge (2348), à peu près
à l'époque de la confusion des langues. En
se perfectionnant, l'astrolâtrie en est
venue à accorder une attention spéciale aux
sept corps suivants, le Soleil, la Lune,
Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, à
ces cinq derniers surtout, dont on regardait
deux comme bienfaisants et favorables,
Jupiter et Vénus, et deux comme sinistres,
d'une influence pernicieuse, Mars et
Saturne: quant à Mercure, il était considéré
comme neutre, ou plutôt il pouvait être bon
ou mauvais, suivant les circonstances.
La planète de Jupiter était appelée
Bel dans les livres saints des Sabéens, et
selon quelques auteurs (Gesenius) c'est
cette planète qui était adorée en Phénicie
sous le nom de Bahal, à Babylone sous celui
de Bel: les classiques latins et grecs
rapportent aussi que le dieu des Babyloniens
a porté ce nom; on connaît le Jupiter Belus,
Pline Hist. Nat. 37, 10. Cicer. De Nat.
Deor. 3, 16. Hérodote 1, 181, etc. C'est
aussi d'après quelques interprètes le dieu
Gad mentionné, Ésaïe 65:11, dans le texte
hébreu, et que nos traductions ont rendu par
«l'armée des cieux».
— Voir: Gad #3.
Vénus semble avoir été dans tout
l'Orient l'objet du même culte voluptueux;
elle portait aussi le nom de Bahalt comme la
déesse, l'épouse, le complément féminin du
Bahal: c'est probablement elle encore qu'il
faut chercher dans la Hastoreth, Hastaroth
ou Astarté des Sidoniens, 1 Rois 11:5,33. Ce
dernier nom qui fait de Vénus la reine des
étoiles, renferme sous le rapport
étymologique les consonnes qui, dans la
plupart des langues connues, servent à
désigner ces joyaux du firmament. Dans
Astarté se trouve le grec sider,
le latin sidéra et astrum, le
français astre, l'anglais star,
l'allemand stem, l'italien Stella,
etc. Et l'un des Targummims, dans la
paraphrase de Esther 2:7, dit que Ester
signifie de même étoile du matin.
— Les Arabes appelaient Vénus fortuna
minor, comme ils appelaient Jupiter
fortuna major.
Mercure s'appelait Nebou chez
les Sabéens; c'était la planète divine, la
messagère des dieux; elle n'est pas sans
rapport avec le Hermès des Grecs et le
Mercure des Romains: son nom même de Nebou
ressemble au Nabi des Hébreux, qui signifie
prophète. Beaucoup de noms propres assyriens
et babyloniens sont composés de ce mot,
Nébucadnetsar, Naboned, Nabopolassar;
et le mont Nébo sur lequel Moïse est mort
prenait son nom de cette même idole, d'après
Jérôme qui dit dans son commentaire sur
Jérémie 48:7. «Sur le mont Nabo se trouvait
Kémos, idole consacrée qui est encore
connue sous le nom de Belphégor, ou
Bahal-Péhor». Nombres 25:3,5;
— Voir: Kémos.
La planète de Saturne passait pour
exercer une mauvaise influence; les Arabes
l'appelaient magnum infortunium, et
les classiques latins aussi bien que les
Orientaux nous ont conservé comme tradition
la mauvaise renommée qu'elle avait. Propert.
4, 1; 84; Lucain 1, 650. Pline, Hist. Nat.
2, 8. Les Sabéens rappelaient Kivan,
et les Arabes Kirén, deux noms qui
correspondent tout à fait en hébreu, à celui
de Kijun, divinité qu'adorèrent,
selon Amos 5:26, les Israélites dans le
désert. Les Septante l'ont expliqué par
Remphan, cf. Actes 7:43, mot qui encore
aujourd'hui dans la langue copte, sert à
désigner la planète Saturne. Le caldéen
Kivan signifie ferme, droit, juste; et l'on
sait que les classiques nous représentent
l'âge de Saturne comme l'âge d'or, et qu'ils
font l'éloge de la justice qui régnait
alors. Le nom de Saturne, qui dérive de
l'hébreu, signifie l'éternité, car Saturne
est l'éternité personnifiée, en grec
chronos, le temps infini.
— Le Moloch auquel on sacrifiait des
enfants, en les faisant passer par le feu,
était encore le même, Amos 5:26. Diod. de
Sicile 20, 14. Les anciens Arabes faisaient
son culte le samedi dans un temple
sexangulaire noir, et habillés de noir;
l'antiquité lui a consacré le septième jour
de la semaine, et le samedi porte encore son
nom chez les Latins, saturni dies, et
chez les Anglais saturday. Les
rabbins, pour désigner cette planète,
l'appellent la sabbatique, shabtaï.
Mars avait reçu des Arabes le nom d'infortunimm
minus; il était moins pernicieux que
Saturne, quoique cependant malfaisant. Son
temple était rouge, ses vêtements étaient
ronges, et ceux qui lui offraient des
sacrifices arrosaient leurs habits de sang.
Comme il est appelé Nirig dans la
langue araméenne, Gesenius l'a comparé à
Nergal, l'idole des Cuthéens, 2 Rois
47:30, qui entre aussi dans la composition
de plusieurs noms propres assyriens,
Nériglissor dont parle Flavius Josèphe,
Nergal-Saréetser, Jérémie 39:3, etc.
Mirrick est une autre forme de Nirig;
Mirrick se prononçait aussi quelquefois
Mirdik, et de là est venu le nom de Mérodac,
Jérémie 50:2; Ésaïe 39:1, qui désigne le
dieu Mars avec tout son entourage militaire
et meurtrier; c'est encore le même nom qui a
passé dans les langues occidentales et
modernes, avec la finale de moins; en latin
Mars, Martis; mors, Mortis; en
allemand Mord; en français mort,
meurtre, etc. Et comme les noms de Bel
et de Nébo entraient souvent dans la
composition des noms propres, celui du dieu
Mérodac fait partie du nom de Évil-Mérodac,
2 Rois 25:27, et de Mérodac-Baladan, Ésaïe
39:1.
Cette vénération des planètes chez les
anciens Caldéens, marchait de pair avec
l'astronomie et l'astrologie. Quant à la
première de ces sciences, elle avait fait
des progrès considérables. Ptolémée nous a
conservé des calculs d'éclipsés de lune qui
ont eu lieu le 19 mars 721 avant J.-C., dans
la nuit du 8 au 9 mai 720, le 22 avril 621,
etc., et les calculs de nos savants ne
diffèrent que de quelques minutes de ces
anciennes données. Le temple de Bel, qui
servait d'observatoire, avait ses quatre
côtés tournés vers les points cardinaux.
Leur astrologie se fondait sur la croyance
que les forces des astres et des planètes,
dans leurs conjonctures, influaient
essentiellement sur les destinées des
hommes; toutes leurs connaissances
astrologiques furent transmises de
génération en génération, par tradition, au
sein des familles et des castes. Les membres
de ces dernières portaient le titre de
Caldéens par excellence. Ils croyaient le
monde composé d'atomes impérissables, et
tout ce qui arrivait dans la voûte céleste
était, selon eux, l'effet d'une résolution
immuable de la destinée. Selon Diodore, ils
ont prédit à Alexandre qu'il mourrait à
Babylone, et à Antigone qu'il succomberait
dans la guerre contre Séleucus-Nicator.
— Les astres dont les combinaisons étaient
essentielles pour faire un horoscope étaient
les planètes avec leurs différentes
qualités, et les douze signes du zodiaque
qui exerçaient aussi, à ce que l'on croyait,
une grande influence, selon la manière dont
ils se combinaient avec les planètes.
Jusqu'à nos jours encore, on trouve dans
l'opinion vulgaire quelques restes de ces
superstitions.
Avant de terminer, et quoique cela sorte un
peu des bornes de notre article, nous
ajouterons quelques mots sur les erreurs
astrologiques et sur les superstitions qui
se sont glissées à cet égard chez les
Hébreux, et dont nous trouvons des traces
dans la sainte Écriture. Il est parlé, 2
Rois 23:11, de chevaux consacrés au soleil à
Jérusalem; d'encensements aux signes du
zodiaque, 2 Rois 23:5, (en français
astres); d'un culte astronomique à une
reine des cieux, Jérémie 7:18; (cette
dernière idolâtrie, ainsi que l'adoration du
soleil, est encore indiquée Job 31:26-27) Et
le Seigneur lui-même prend le nom de
l'Éternel des armées (des cieux) pour
indiquer qu'il est au-dessus de toutes les
autres divinités: il s'appelle aussi celui
qui habite au-dessus des chérubins, 2 Samuel
6:2, pour indiquer sa puissance: les
chérubins étaient probablement les symboles
de la nature créée dans ses diverses
qualités.
CALEB,
-
fils de Jéphunné, frère de Kénaz, et descendant de Juda, l'un des douze Israélites envoyés pour l'exploration du pays de Canaan, fut le seul avec Josué, qui, au retour, loin d'effrayer le peuple, chercha à lui inspirer cette confiance en l'Éternel dont il était animé lui-même. Caleb, dont le nom signifie plein de cœur, les encouragea fortement à ne pas craindre, et à croire aux paroles de Celui qui ne leur avait jamais manqué, Nombres 14. Mais les Israélites crièrent, versèrent des larmes, voulurent se choisir un guide pour retourner en Égypte, et furent sur le point de lapider ceux qui parlaient de courage et de conquête. L'Éternel alors, jura que tous ces hommes de col roide périraient au désert, et Caleb seul, avec Josué, reçurent la promesse qu'ils entreraient en Canaan. Plus tard, il fut désigné pour faire le partage du pays, Nombres 34:19; il est probable que ce partage se fit au fur et à mesure que le peuple avançait. Caleb obtint pour sa part la possession de Kiriath-Sepher ou Hébron, que Dieu lui avait promise quarante-cinq ans auparavant; plein de reconnaissance, il rendit grâces à l'Éternel pour toutes ses faveurs, en particulier pour cette vigueur de corps et d'âme qu'il lui avait conservée, quoique il eût alors quatre-vingt cinq ans. Il ne tarda pas à montrer, par le fait, que ses forces n'avaient en rien diminué, car il repoussa les Hanakins qui s'étaient emparés de la montagne de Hébron, et les déposséda. Son neveu Hothniel, fils de son frère cadet Kénaz, le seconda puissamment dans cette entreprise, et mérita par sa valeur la main de sa fille Hacsa, Juges 1:12, qu'il avait promise au héros qui se distinguerait le plus; ce héros devint plus tard le premier des Juges d'Israël,
— Voir: Nombres 26:65; 32:12; 34:19; Deutéronome 1:36; Josué 14:6; 15:13; 21:12; 1 Chroniques 6:56.
-
Caleb, 1 Chroniques 2:9,18, épousa Éphrat, qui lui enfanta Hur; il était fils de Hetsron, et portait encore le nom de Celubaï, verset 9.
-
Caleb, 1 Chroniques 2:50, fils de Hur, et petit-fils du précédent; il fut père de Sobal, de Hareph, et de Salma père de Bethléhem.
-
Ville ou district de la tribu de Juda, 1 Samuel 30:14. C'est dans ses environs que se trouvait Hébron; mais l'on ne sait pas si c'est du fils de Jéphunné ou du fils de Hetsron qu'elle avait pris son nom.
CALNÉ,
ville bâtie par Nimrod, au pays de Sinhar, Genèse 10:10; Amos 6:2; Calno, Ésaïe 10:9, peut-être aussi Canneh, Ézéchiel 27:23: selon les Targums et saint Jérôme ce serait Ctésiphon sur la rive orientale du Tigre, vis-à-vis de Séleucie; les anciens appelaient Chalonitis le pays qui environnait cette ville; la contrée avait conservé l'ancien nom.
CALVAIRE ou Golgotha, place du crâne,
ainsi nommée ou de sa
ressemblance avec le haut de la tête d'un
homme, ou de ce que c'était là qu'on
exécutait les malfaiteurs, ou enfin à cause
de la tradition qui veut que le crâne du
premier homme ait été enterré dans cet
endroit. Sem, dit-on, aurait reçu ce crâne
de Noé, et, doué d'un esprit prophétique,
l'aurait enseveli à l'endroit même où il
savait que le sang du second Adam coulerait
pour le salut de l'humanité.
C'était une petite colline ou une hauteur à
l'ouest de Jérusalem, et hors des murs,
selon la loi de Moïse, Matthieu 27:33; Jean
19:17; cf. Hébreux 13:12. C'est probablement
dans la vallée de Guihon qu'il faut la
chercher, mais on n'en connaît pas la place
exacte; les orientalistes, amateurs et
poètes, se contentent de la tradition qui
met le Calvaire dans l'enceinte même de
Jérusalem; c'est plus commode pour les
pèlerins sans doute, mais c'est contraire
aux données bibliques; et quoi que M. de
Lamartine puisse nous dire de ce grand dôme
blanc, noyé dans un dédale de rues et
d'édifices qui l'environnent, nous trouvons,
comme lui, «qu'il est difficile de se rendre
compte ainsi de l'emplacement du Calvaire.»
On peut dire, il est vrai, que la ville,
rétrécie du côté de Sion, se sera agrandie
du côté du nord, pour embrasser dans son
enceinte un site aussi grand de souvenirs;
mais à tous égards cette supposition est
inacceptable; si le dôme qu'on montre
aujourd'hui pour le Calvaire l'était
effectivement, le lieu d'exécution n'aurait
été éloigné du temple que d'un demi
kilomètre, ce qui est peu probable; en outre
cette colline de Golgotha se serait trouvée
dominer du dehors les retranchements de
Jérusalem, et les dominer de fort près,
puisqu'ils devaient passer entre le temple
et le Calvaire; ce n'eût guère été habile,
sous le point de vue stratégique, c'eût été
donner aux assiégeants une position
militaire trop précieuse, et le génie des
Hébreux n'autorise pas la supposition d'une
faute semblable. Le Golgotha que l'on montre
n'est donc pas le véritable; il faut le
chercher hors des murs de la ville, du côté
du nord-ouest.
CAM,
l'un des trois fils de Noé, et
probablement le plus jeune, échappa au
déluge avec son père, mais ne fut sauvé des
flots que pour tomber d'une autre manière
sous la pesante malédiction du péché: l'état
d'ivresse du patriarche était pour ses fils
un spectacle nouveau; pour Cam ce fut un
sujet de plaisanterie; il découvrit la honte
paternelle et voulut associer ses frères à
ses railleries. Il fut maudit, Genèse 9:25.
Quelques-uns ont trouvé le jugement trop
sévère; et il le serait peut-être si l'on ne
considérait ce crime que comme un acte de
légèreté; mais il paraît que, dans cette
occasion, se manifesta un esprit d'impiété
et d'impureté qui méritait complètement la
punition que Noé annonçait au nom de Dieu.
On se demande encore comment, au lieu de
tomber sur Cam ou sur tous ses fils, cette
malédiction ne paraît avoir été adressée
qu'au seul Canaan. Mais il est permis de
croire d'abord que Canaan a pris part au
péché de son père, qu'il a peut-être exprimé
une joie maligne, une satisfaction perverse
du spectacle qui lui était offert, et que le
mauvais trait du caractère de son père se
reproduisait en lui dans toute sa force.
— Déplus, comme ces premières pages de nos
saints livres ont été écrites de manière à
faire ressortir les traits qui concernent
plus particulièrement Israël et son
histoire, il était important, pour le peuple
d'Israël, de connaître à l'avance le
jugement de son Dieu contre les Cananéens
qu'il devait plus tard exterminer, tandis
que c'était plutôt une affaire de curiosité,
et par conséquent moins utile, de connaître
les oracles de Dieu relativement aux
habitants de l'intérieur de l'Afrique; il
est donc possible que l'historien sacré se
soit borné à mentionner Canaan, sans nous
rien dire de la malédiction également
prononcée contre les autres. Il faut, du
reste, ajouter que, selon toute apparence,
quelques-uns des fils de Cam n'ont pas été
atteints de la même malédiction; car les
descendants de Cus et de Mitsraïm (les
Éthiopiens et les Égyptiens) ont formé des
nations puissantes et florissantes, tandis
que les fils de Canaan ont été exterminés,
et que l'autre branche, celle de Put (les
Nègres), gémit sous le poids de sa
condamnation depuis plus de 4,000 ans.
(De toutes
évidences la race noire souffre d'une triple
malédiction: 1- En provenance de Caïn qui
serait l'origine ou père de la race noire de
par la marque que Dieu mit sur lui pour sa
rébellion (sa peau prit la couleur de son
cœur ténébreux); 2- En provenance de Cam
(Cham) qui est une malédiction de servitude
aux autres races; 3- En provenance du péché,
malédiction qui touche toutes les races et
tous les peuples sans exception. La race
noire est marquée par les excès de toutes
sortes et surtout par sa rébellion,
spirituelle et sociale. L'état actuel des
Africains est le résultat directe de la
malédiction de Noé. Plusieurs donnent une
différente interprétation de ces textes car
la vérité les frustre au plus haut point,
mais la Bible est claire sur ce sujet. Il
est écrit nul part que la malédiction était
limitée ou cessa après un certain point,
elle n'est pas seulement relié au peuple
mais aussi à la terre, car l'Afrique à un
certain point, au temps de Sodomme et
Gomorhe, était comme un paradis, tandis
qu'aujourd'hui elle est presque entièrement
un désert. Où se trouve le Sahara il y avait
de nombreuses rivières, des fleuves, des
villes et des terres fertiles, mais tout fut
détruit dans une catastrophe apocalyptique
au temps de Péleg lorsque la terre (le
Continent) fut divisée ou plutôt fragmentée
(Gen. 10:25), formant ainsi les cinq
continents que nous voyons de nos jours.
Tant qu'au peuple Africain, la malédiction
demeurera toujours, ils ne pourront jamais
en échappé, mais cela ne veut pas dire
qu'aucun d'eux ne peut être sauvé, le
Seigneur a des élus partout et dans tous les
peuples. Toutefois les élus sont très peu,
comme nous le savons, surtout parmi les
Africains qui sont triplement maudits au
niveau charnel, spirituel, et social. Que ce
soit où ils sont, dans les différentes
nations qu'ils habitent et où ils ne
devraient pas être, en Orient comme en
Occident, les noirs amènent avec eux leurs
misères et leur malédiction. Ce n'est pas
pour rien que le crime est plus élevé dans
des villes où les noirs se trouvent. Dans
les années 1950, plusieurs villes, en Europe
comme en Amérique du Nord, n'avaient pas de
noirs qui y habitaient et les gens vivaient
relativement en paix avec leurs problèmes,
mais depuis que nos gouvernement crapuleux
leurs ont ouvert les portes de
l'immigration, ces villes sont remplies de
violence, de vols, de meurtres, de
prostitution, de drogues, etc. Les
gouvernements n'ont pas respecté les bornes
que Dieu a établit pour tous les peuples, et
nous en subissons tous les conséquences. Les
noirs appartiennent en Afrique et devraient
y demeurer pour contribuer à la construction
et au développement de leur propre société,
plutôt que de se sauver dans d'autres
nations lorsque des problèmes surgissent.
Mais que ce soit un peuple noir, jaune,
blanc, bleu ou vert, tous sont sous la
malédiction du péché.)
— On a dit qu'il était indigne de Dieu de
faire peser son courroux sur des nations
entières pendant une longue suite de
siècles, sans autre motif qu'un crime commis
par un de leurs ancêtres. À cette objection,
il n'y a qu'une réponse à faire; elle
ressort de l'objection elle-même. Le fait
existe. L'histoire entière rend témoignage
de ce fait que les nègres ont été un objet
de commerce pour tous les pays qui les
entouraient; ils se sont trouvés sur tous
les marchés de l'ancienne Asie, de l'austère
Sparte, de la légère et voluptueuse Athènes,
comme ils se trouvent aujourd'hui dans les
plantations des États du sud de l'Amérique.
Et si ce fait existe encore après quarante
siècles, la Parole de Dieu qui l'annonce,
car c'est bien à elle qu'on en veut, n'en
est plus responsable; elle reste un livre de
prophètes, un livre inspiré: Dieu seul est
en cause, lui qui a créé le fait. Le
reproche qu'on essayait de diriger contre la
Parole a forcément dévié et viendrait
frapper celui qui sait réduire au silence
les plus obstinés et les plus audacieux.
Quant à la Parole, elle reste debout,
intacte; ses funestes prophéties se montrent
toujours vraies après un grand nombre de
siècles; sa solidité n'est pas ébranlée par
les assauts de ses adversaires: le passé est
un témoignage pour l'avenir.
Voici, d'après Genèse 10:6; et suivants, le
tableau de la postérité de Cam:
CAM
1. Cus |
2. Mistraïm |
3. Put |
4. Canaan |
1. Seba |
1. Ludim |
1. Sidoniens |
|
2. Havila |
2. Hanamim |
2. Héthiens |
|
3. Sabtah |
3. Lehabim |
3. Jébusiens |
|
4. Rahma |
4. Naphtuhim |
4. Amorrhéens |
|
a. Seba |
5. Pathrusim |
5. Guirgasiens |
|
b. Dedan |
6. Chasluhim |
6. Héviens |
|
5. Sebteca |
a. Philistins |
7. Harkiens |
|
b. Caphtorim |
8. Siniens |
||
6. Nimrod |
9. Arvadiens |
||
10. Tsemariens |
|||
11. Hamathiens |
Cam a plusieurs fois donné son nom à la terre de son fils Mitsraïm, à l'Égypte; Psaumes 78:51; 105:23; 106:22.
D'après un auteur arabe, Cam, l'inventeur de la magie et le fauteur des superstitions et de l'idolâtrie, ne serait rien moins que Zoroastre, ou Adris le prophète. (Sur ce sujet intriguant, voir le livre d'Alexandre Hislop «Les Deux Babylones».
CAMÉLÉOPARD,
— Voir: Chameaupard.
CAMP.
Les tentes des Israélites dans le désert étaient organisées comme le serait le camp d'une grande armée, Nombres 2. La tente de Jéhovah, ou le Tabernacle, en occupait le centre, ayant à l'est, et tout près, celles de Moïse, d'Aaron et de leurs familles; au sud les Kéhathites, à l'ouest les Guersonites, au nord les Mérarites; de sorte que le tabernacle était de tous côtés entouré des lévites qui devaient en faire le service. Devant le tabernacle, vers l'orient, se trouvaient les 186,400 guerriers de Juda, Issachar et Zabulon; au sud, la division de Ruben, Gad et Siméon, 151,400 hommes; à l'ouest, près du lieu très-saint, les enfants de Rachel, 108,100 hommes, propres à lai guerre; au nord, Dan, Aser, Nephthali,; 157,600 hommes. On peut voir le tableau de ce camp dans mes Voyages des enfants d'Israël, p. 96.
— Les camps des Grecs, et surtout ceux des Romains, ressemblaient beaucoup, dans leur ordonnance, au camp du désert: c'est du reste le seul sur lequel la Bible nous donne quelques détails. D'après 1 Samuel 26:5, il paraîtrait que les camps des Hébreux étaient formés en rond, comme ceux des Arabes, des Bédouins et des anciens Grecs; ils étaient gardés par des avant-postes, Juges 7:19; et pendant la bataille, une certaine garde restait auprès des bagages, 1 Samuel 30:24.
CANA, ou Kana.
-
Ville de la tribu d'Aser, non loin de Sidon, Josué 19:28.
-
Ville ou bourgade, à 2 lieues nord-est de Nazareth, tribu de Zabulon, où Jésus-Christ fit son premier miracle, Jean 2:1, et où, à son retour de la Judée et de la Samarie, il guérit le fils d'un employé royal qui habitait Capernaüm, Jean 4:46. Le village actuel, Kefer Kenna, est assis sur une pente douce, dans une petite vallée qui débouche sur la haute plaine de Zabulon; il compte 300 habitants, est entouré de vergers et de plantations d'oliviers, et possède une source abondante où a été probablement puisée l'eau que Jésus changea en vin. Un voyageur moderne, M. De Laborde, a trouvé parmi les ruines de ce lieu de grandes auges en pierre, creusées dans le sol des habitations.
-
Cana, ou Kana, le principal ruisseau des plaines de Saron; il descend des montagnes de Samarie et formait la limite entre Éphraïm et la demi-tribu de Manassé, Josué 16:8; 17:9. Son nom hébreu signifie les roseaux; les Romains le nommaient la rivière des Crocodiles, et l'on assure qu'il existe en effet des crocodiles dans le lac ou marais qu'il forme près de son embouchure.
CANAAN,
le plus jeune des fils de Cam,
petit-fils de Noé. Nous avons dit à
l'article de Cam, quelques mots sur la
malédiction divine qui frappa Canaan pour la
faute de son père. Rien n'est plus hors de
contestation que la parfaite justice de
Dieu, comme rien n'est plus évident que la
punition des pères sur les enfants.
L'histoire des Cananéens vient à l'appui de
cette double vérité, et, en l'étudiant, nous
ne pouvons pas oublier que Dieu est juste
quand il punit.
Il est probable que Canaan, descendu des
hauteurs de l'Ararat, vécut et mourut dans
le pays qui porta son nom, et qui devait
échoir à l'une des branches de la postérité
de Sera. Ses descendants furent en grand
nombre. Les Sidoniens, les Tyriens, les
Héthiens, les Jébusiens, les Amorrhéens, les
Guirgasiens, les Héviens, les Harkiens, les
Siniens, les Arvadiens, les Tsemariens, les
Hamathiens, les Phérésiens et les Cananéens
proprement dits, furent tout autant de
tribus issues d'une même souche, Genèse
10:15; 1 Chroniques 1:15. Sept d'entre elles
peuplèrent dans l'origine la terre promise;
les autres occupèrent la Phénicie et une
portion de la Syrie. Selon la coutume
d'alors, elles formèrent une multitude de
petits royaumes, chaque ville ayant son
monarque. Moïse en subjugua deux, Josué
trente et un, et Adonibézek soixante et dix;
d'où il résulte que les Cananéens étaient
divisés en plus de cent royaumes. C'était
une race impie et dépravée; les habitants de
Sodome, de Gomorrhe, d'Adama, de Tseboïm et
de Tsohar en faisaient partie, et l'on sait
à quel degré d'immoralité ils en étaient
venus. Kedor-Lahomer, roi d'Hélam, se les
rendit tributaires vers l'an 2078. Après
douze années d'asservissement, ils se
révoltèrent, furent repoussés de nouveau par
le roi d'Hélam et se virent à deux doigts de
leur ruine. Abraham les délivra en fondant
sur les rois alliés qui avaient emmené
prisonnier son neveu Lot. Mais seize années
s'étaient à peine écoulées, que l'Éternel
les frappa, eux et toute leur contrée, d'une
entière destruction: Tsohar seule fut
épargnée, en considération de Lot. Genèse 9,
10, 14, 18, 19; Ézéchiel 16:49-50.
Environ l'an 2514, les Cananéens des
frontières du sud, assistés par les
Hamalécites, firent dans le désert éprouver
aux Hébreux, révoltés contre l'Éternel, une
terrible défaite en Hormah. Trente-huit ans
après, les royaumes florissants de Hog et de
Sihon, sur la rive orientale du Jourdain,
ayant refusé le passage aux Israélites,
furent complètement défaits par Moïse,
Nombres 21:21,31. À l'ouest du Jourdain,
Josué en détruisit plus tard trente et un,
sans compter les Gabaonites, qui se
soumirent; on peut voir leurs noms Josué
12:9-24. Tout ce territoire fut alors
partagé entre les tribus d'Israël. Après la
mort de Josué, les tribus de Juda et de
Siméon achevèrent d'expulser ou de réduire
les Cananéens demeurés de reste dans leurs
cantons; celles d'Éphraïm et de Manassé en
firent à peu près autant; mais dans la
plupart des autres tribus, les Cananéens
restèrent en possession de plusieurs villes
considérables, d'où ils purent souvent
diriger des attaques contre les Israélites,
en même temps que, par leur mélange avec
eux, ils leur donnaient l'exemple de
l'idolâtrie et de l'immoralité. Après de
pénibles luttes, la plupart des tribus
finirent cependant par se les assujettir
tout à fait; mais dans la partie
septentrionale de la terre promise, un
résidu de ces malheureux Cananéens
parvinrent à former un royaume puissant,
celui de Hatsor, et vers l'an 2720, leur roi
Jabin sut tenir pendant vingt années les
Hébreux dans la sujétion. Débora et Barac
délivrèrent leur patrie et portèrent à ce
royaume cananéen un tel coup, que l'on n'en
entendit plus parler dans la suite.
Plus tard, deux cent quarante ans après
environ, David acheva presque la conquête du
pays, et prit Jébus ou Jérusalem, une des
fortes places qui fussent demeurées entre
les mains des Cananéens. Pharaon roi
d'Égypte, réduisit Guézer, et la donna à
Salomon son gendre. Salomon employa plus de
150,000 Cananéens à la construction du
Temple, et frappa de lourds impôts tous ceux
qui restaient de cette race. Jamais,
d'ailleurs, ce peuple ne jouit d'aucune
liberté parmi les Israélites, au milieu
desquels il en subsista toujours un très
grand nombre, même après la captivité.
Les Guirgasiens, et peut-être encore
quelques autres tribus cananéennes, fuyant
devant l'épée de Josué, se retirèrent dans
le nord de l'Afrique, et furent suivies par
un grand nombre d'autres qui émigrèrent de
Tyr. Là, sous le nom de Carthaginois, ils
jetèrent autour d'eux un certain éclat, mais
qui dura peu; dès lors, et pendant près de
deux mille ans, ce pays a été le théâtre des
plus tristes événements, successivement
réduit en servitude et dévasté par les
Romains, les Vandales, les Sarrasins et les
Turcs. Les Cananéens de Tyr, de Sidon, et
autres lieux de la Phénicie, qui
s'établirent sur les rivages de la
Méditerranée, n'ont pas eu un meilleur sort.
Ceux enfin qui échappèrent aux armes du roi
David, les Héviens, etc., s'enfuirent dans
la Béotie au sud de l'Europe, où ils ne
purent échapper non plus à la terrible
malédiction de servitude qui pesait sur
leurs têtes.
Cependant Canaan, cet enfant maudit, a donné
son nom à la portion la plus bénie de
l'ancien monde. Canaan qui réveille dans le
cœur la pensée de la désolation, réveille
aussi celle de la promesse; sur le même nom
se rencontrent la paix et l'extermination;
d'abord l'idolâtrie et les turpitudes du
péché, puis le règne du Messie avec
l'alliance de grâce. Il fallait que la
prophétie de Noé fût accomplie en tout
point, que Canaan fût le serviteur de ses
frères, qu'après avoir baigné de ses sueurs
une terre fertile, il la livrât ainsi
travaillée, à la postérité bénie de Sem, et
qu'après l'avoir défrichée comme un homme
libre, il l'abandonnât comme un esclave; il
fallait que le nom du premier possesseur
demeurât à cette terre, afin que ses
nouveaux habitants comprissent et se
rappelassent toujours qu'elle avait
appartenu d'abord à une race maudite, et que
cette malédiction seule, venant de
l'Éternel, les en avait rendus les maîtres.
Une description détaillée de la terre de
Canaan ne saurait être donnée ici: nous nous
bornerons à indiquer les traits généraux;
quant aux détails, on peut voir les articles
spéciaux;
— Voir: aussi la Palestine de
Raumer, et en français la
Description de la Terre Sainte de
Rougemont, et le Journal d'un Voyage
au Levant, t, m.
Canaan avait près de 400 kilomètres du nord
au midi, et près de 200 de l'est à l'ouest
dans sa plus grande largeur; il présentait
une surface d'à peu près 30,000 kilomètres
carrés; et comme le peuple hébreu comptait
601,730 hommes de guerre lors de la
conquête, il y avait pour chacun d'eux
environ 5 hectares. Ce pays est compris
entre le 31e et le 34e degré de latitude
nord, et s'étend du 32e au 34e degré de
longitude est (Paris). La mer Méditerranée
le borne à l'ouest, le Liban et la Syrie au
nord; l'Arabie déserte, Hammon, Moab et
Madian à l'est, l'Idumée et le désert de
Paran au sud, enfin l'Égypte au sud-ouest.
C'était le pays dont la possession avait été
promise aux Hébreux, et dont il leur avait
été ordonné de s'emparer, Nombres 34:1-12;
Josué 11:13-21; Juges 1; mais il faut y
ajouter les contrées sur lesquelles ils
pouvaient dominer, qu'ils pouvaient avoir
l'espérance de conquérir un jour, celles
dont la possession leur était permise plutôt
qu'ordonnée, depuis l'Euphrate au nord-est
jusqu'au Nil vers le sud-est, Genèse
15:18-21; Exode 23:31; Deutéronome 11:24;
Josué 1:3-4. Et, en effet, les tribus
transjourdaines chassent devant elles les
peuplades arabes, et poussent jusqu'à
l'Euphrate, 1 Chroniques 5:9,18-23. David,
plus tard, soumet la Syrie, Damas, Hammon,
Moab, l'Idumée, 2 Samuel 8:2,6,12-13; 10;
12:26; sq. 1 Chroniques 18:6-13; 19:20.
Salomon fait bâtir Tadmor bien à l'orient de
Damas, construit une flotte à Hetsion-Guéber
sur la mer Rouge, possède Thiphsak sur
l'Euphrate, et Hamath sur le versant
septentrional du Liban, 1 Rois 4:24;
9:18,26; 2 Chroniques 8:3-4,17.
— Voir: Cellérier. Esp. de la Légis
l, mos. II, p. 275.
Tout le territoire de Canaan proprement dit,
est actuellement sous la malédiction à cause
de l'incrédulité de l'Israël moderne; il est
presque abandonné, sans culture, en sorte
qu'on ne pourrait juger de ce qu'il fut
jadis, par ce qu'il est maintenant. Il n'en
est pas moins vrai qu'il n'y eut point
anciennement de contrée plus riante et plus
fertile. Le Jourdain, coulant du nord au
sud, forme sur son chemin les lacs de Mérom
et de Génézareth; une multitude de ruisseaux
et de torrents viennent s'y jeter,
traversant le pays dans tous les sens. Des
vallées et de charmants coteaux, moins
heureux aujourd'hui, embellissaient jadis et
variaient le paysage. Des pâturages nombreux
et féconds produisaient en abondance de
l'herbe pour les troupeaux, des fleurs pour
les abeilles; le lait et le miel y coulaient
et répondaient aux vœux de l'avide habitant
des campagnes. D'après le témoignage
d'Hécatée, très ancien auteur; la terre
labourable formait le tiers du territoire,
et donnait sur les coteaux de magnifiques
moissons, des ligues, des grenades, la vigne
avec ses raisins, l'olivier avec son huile.
Au sommet du Liban, des cèdres magnifiques;
dans le sein des montagnes, des mines
considérables de fer et de cuivre. On
conçoit que lorsque l'Éternel y envoyait des
pluies et les saisons fertiles, ce pays
cultivé par des mains laborieuses, ait pu
nourrir les millions d'habitants qui le
peuplaient autrefois, Deutéronome 11:11;
6:10; 8:7-9.
CANDACE,
Actes 8:27, était, non point le nom propre seulement de la reine dont il nous est parlé dans le Nouveau Testament, mais un nom commun à toutes les reines d'Éthiopie; ce nom signifie chef des esclaves, et rappelle celui de servorum princeps que les marchands orientaux donnent encore au roi d'Abyssinie. On dit que cette reine fut amenée à la foi chrétienne par celui de ses serviteurs que Philippe l'évangéliste avait baptisé sur le chemin de Gaza (Irénée, Eusèbe); quant à ce serviteur lui-même, la tradition raconte qu'il prêcha l'Évangile, et qu'il souffrit le martyre dans l'île de Ceylan.
CANNE
-
odoriférante, Cantique 4:14;
— Voir: Roseau aromatique;
-
— Voir: Mesures.
CANNEH,
Ézéchiel 27:23;
— Voir: Gainé.
CANNELLE,
— Voir: Cinnamome.
CANTIQUES.
Il est dans la nature de
l'homme de chanter les impressions qu'il
éprouve, ses joies et ses douleurs, et de
célébrer par des hymnes vifs ou funèbres les
moments importants de sa vie. Les Hébreux
n'ont pas fait exception à la règle générale
de l'humanité; nous voyons déjà, dans les
temps les plus reculés, Moïse et Marie la
prophétesse, consacrer par un saint cantique
les merveilles du passage de la mer Rouge,
Exode 15:1,20. Moïse en indique d'autres
encore qu'il marque par le premier vers,
parce que le peuple en savait la fin,
Nombres 21:14,17-18,27, etc.; et, près de
mourir, il célèbre les bontés et les
merveilles de Dieu, Deutéronome 32. À la
mort de Saül et de Jonathan, David compose
un cantique funèbre, 2 Samuel 1:17; il en
consacre un autre à la mémoire d'Abner, 2
Samuel 3:33, et l'on peut croire que la
douleur qu'il éprouva à la mort d'Absalon se
manifesta aussi par des chants plaintifs,
18:33. Barac et Débora nous offrent un hymne
de victoire, Juges 5:1, etc.; Anne, la mère
de Samuel, un chant d'actions de grâces, 1
Samuel 2:1, etc. Le psaume 45 et le cantique
de Salomon sont peut-être des épithalames
prophétiques; Salomon avait fait cinq mille
cantiques, 1 Rois 4:32. Les lamentations de
Jérémie sont un hymne funèbre sur la ruine
de Jérusalem. L'Écriture mentionne encore du
même auteur un cantique sur la mort de
Josias roi de Juda, 2 Chroniques 35:25; un
cantique d'actions de grâces du roi
Ézéchias, 2 Chroniques 30:18; enfin des
chants de Marie la mère de Jésus, de
Zacharie père de Jean-Baptiste, et du vieux
Siméon, Luc 1:46,68; 2:29.
Quel est le cantique dont il est dit que
Jésus et les siens le chantèrent après la
cène et avant de se rendre à la montagne des
Oliviers, Matthieu 26:30, Marc 14:26? Le
texte original porte simplement ayant
chanté; le plus probable c'est qu'ils
chantèrent les psaumes dont les Juifs
faisaient la lecture ordinaire à la fin du
repas de Pâques, et qui étaient connus sous
le nom commun du grand Hallél (Alléluia);
c'étaient les psaumes
113:114,115-118,120-137;
— Voir: Pâques.
— Cantique des Cantiques. C'est le
nom que les Hébreux ont donné (shir
hashirim) à un cantique de Salomon qu'ils
regardaient comme le plus excellent des
cantiques. Quelques auteurs disent que
Salomon le composa à l'occasion de son
mariage; suivant les uns, ce serait à
l'occasion de son premier mariage; suivant
les autres, plus tard, lors de son mariage
avec la fille d'Égypte, en guise
d'épithalame (Calmet). On regarde souvent le
Cantique comme le premier des trois ouvrages
qui nous restent de Salomon, un ouvrage de
jeunesse, presque une chanson d'amour; les
Proverbes seraient alors l'ouvrage de l'âge
mûr, et l'Ecclésiaste celui du vieillard
dégoûté des vanités de la vie. Il paraît
cependant, et une lecture attentive de ce
cantique sublime confirme cette manière de
voir, que lorsque Salomon le composa, il
savait déjà surabondamment ce que c'est que
l'amour. L'opinion peu connue de Heidegger
(Enchiridion Bibl.) est à la fois pleine
d'intérêt et de vérité: «L'on trouve,
dit-il, dans ce cantique un cœur de
vieillard usé, cassé, blasé sur les
agitations, les troubles intérieurs et
autres passions de l'âme; et c'est
probablement après s'être lassé de l'amour
peu chaste des femmes qui l'avaient fasciné,
que son esprit s'est tourné vers la
méditation plus pieuse de l'amour spirituel
du Christ et de ceux qui lui appartiennent.»
Comme on s'est beaucoup occupé de ce livre
en diverses manières, on l'a aussi
diversement divisé en petits chants,
couplets ou chapitres. Calmet y trouve sept
nuits ou sept jours marqués assez
distinctement, parce qu'on célébrait les
noces pendant sept jours chez les Hébreux (—
Voir: Genèse 29:27). Nos Bibles, et
Heidegger, ont divisé le Cantique en huit
parties; enfin le Docteur John Mason l'a
partagé en douze couplets ou idylles, à
l'imitation de quelques poètes arabes. Voici
quels seraient ces morceaux:
-
1:1-8;
-
1:9-2:7;
-
2:8-17;
-
3:1-5;
-
3:6-4:7;
-
4:8-5:1;
-
5:2-6:10;
-
6:11-13;
-
7:1-9;
-
7:10-8:4;
-
8:5-7;
-
8:8-14.
— «Ce poème, dit Ch. Nodier (Bibl. sacr.),
est le modèle et le désespoir à la fois de
tous ceux qui seraient tentés de s'exercer
dans le même genre, si de pareilles
inspirations pouvaient jamais se
reproduire.»
Saint Jérôme nous apprend que les Hébreux
avaient interdit la lecture du Cantique aux
hommes âgés de moins de trente ans; ils
craignaient les abus d'une interprétation
particulière mal comprise; cependant
l'estime qu'ils avaient pour le Cantique
était telle qu'ils en faisaient une lecture
publique à la fête de Pâques, et qu'ils le
comprenaient, avec Ruth, Ester,
l'Ecclésiaste et les Lamentations, dans le
recueil d'hagiographes appelé les cinq
volumes, dénomination empruntée des cinq
livres de Moïse. De même que la synagogue,
l'Église chrétienne a toujours reçu ce livre
dans le Canon; Théodore de Mopsueste seul
dans l'antiquité, et quelques auteurs
modernes d'une morale sévère, en ont nié la
canonicité. Les raisons qu'on allègue pour
le faire rejeter, sont d'abord que le nom de
Dieu ne s'y trouve pas, puis, que ce livre
n'est jamais cité par les auteurs sacrés du
Nouveau Testament. À ce double égard nous
répondrons que le Cantique étant une
allégorie, il n'était pas nécessaire, il eût
même été singulier de nommer par son nom
celui qui était représenté sous la figure
d'un époux aimable et aimant, dans tout le
cours de ce petit poème; et s'il est vrai
que les écrivains du Nouveau Testament ne
l'aient pas cité, il y a bien d'autres
livres aussi, qu'ils n'ont pas nommés
expressément, et qui n'en sont pas moins
reconnus comme inspirés; il y est fait
d'ailleurs plusieurs allusions qui, si elles
ne sont pas directes, montrent au moins que
l'allégorie du Cantique a été reconnue et
sanctionnée par le Sauveur et par ses
apôtres; on peut voir Matthieu 9:15; 22:2;
25:1-11; Jean 3:29; 2 Corinthiens 11:2;
Éphésiens 5:23,27; Apocalypse 19:7,9;
21:2,9; 22:17, et ailleurs, cf. encore Ésaïe
5:1-7; 52:7.
Il est impossible qu'un homme irrégénéré
puisse lire ce livre et en comprendre le
sens spirituel; ceux-là seuls peuvent le
lire avec fruit qui disent de tout leur
cœur de Jésus-Christ ce que l'épouse dit de
son fiancé: C'est ici mon bien-aimé; c'est
ici mon ami, 5:16. Le Cantique est écrit de
telle sorte qu'il offre une espèce de sens à
chacun: c'est comme une glace polie, comme
une eau pure et transparente qui monte ou
descend, et qui reste toujours au niveau de
l'œil qui la contemple; à celui dont le cœur
est impur, elle apparaît impure aussi: elle
est basse pour celui qui est bas, elle
s'élève à mesure que l'homme s'élève, et
celui qui a compris le Christ, son amour et
son sacrifice, saura voir dans l'épouse une
âme fidèle qui rend amour pour amour,
dévouement pour dévouement, et
reconnaissance pour sacrifice.
Un beau commentaire dont je n'ai eu
connaissance que dernièrement, et que les
théologiens ne sauraient dédaigner malgré sa
forme, a paru à Halle, de 1845 à 1847, sous
le titre: Das Hohelied. In Liedern, von G.
Jahn. Il est divisé en trois parties,
répondant à trois manifestations de la grâce
divine: l'œuvre dans la foi, Cantique
1:1-2:7; le travail dans l'amour, 2:8-3:11;
la conservation dans la grâce, 4:1-8:4.
L'épilogue, le oui de l'époux et l'amen de
l'épouse, 8:5-14, répond au prologue qui
dédie ces poésies à l'Allemagne souffrante,
comme la lumière véritable qui doit faire
ressortir les ténèbres des lumières
faussement ainsi nommées. Ce volume renferme
soixante-quatre délicieuses poésies, qui
sont autant de développements spirituels des
versets qui en for ment le thème; il est
difficile de préférer l'une à l'autre, et
plus difficile encore de les traduire en
français. Voici, par exemple, et en
réservant les imperfections de la
traduction, comment l'auteur paraphrase le
verset 4 du chapitre 1er: «0 filles de
Jérusalem, je suis brune, mais de bonne
grâce, comme les tentes de Kédar, comme les
courtines de Salomon.» Ce morceau est
intitulé Selbstbeschauung, Contemplation,
Examen de soi-même:
Du cabinet de mon roi,
Comme épouse de mon roi,
Je suis sortie Et me suis regardée,
Et me suis vue
Noir le visage, noires les mains.
C'est mon roi, mon soleil
Qui m'a ainsi brunie.
Car ma vie tout entière,
Aux rayons de ce soleil,
Ma volonté, mes désirs,
Tout parait noir.
Ce que je fais et touche,
C'est d'une main noircie.
Les traces de mes pas,
Je les vois noires aussi.
Vous, filles de ma mère.
Noire je suis tout entière,
Et pourtant l'épouse du roi,
(Mon bonheur est certain):
Belle et de bonne grâce,
Parée pour la noce.
Afin qu'en ma beauté
Se réjouisse mon époux.
Il m'a préparé
Un merveilleux vêtement,
Avec cris, avec larmes,
Dans une ardente lutte de mort.
C'est la robe du salut;
Je m'en enveloppe tout entière.
Elle m'étreint de tous les côtés,
Et me fait blanche et pure;
Car on ne voit plus rien
De ma peau brune et noire;
Et ainsi j'apparais belle
Comme l'épouse d'un roi.
Noire je suis de moi-même,
Et pauvre, et faible, et nue,
Pourtant aimable par la grâce.
Glorieuse, riche et grande;
Noire je suis de naissance,
Mais blanche par la grâce.
Blanche je ne suis devenue
Que lorsque noire je me suis reconnue.
Le noir est condamné de Dieu,
Car Dieu est vêtu de lumière.
Je puis me dire blanche,
Mon Seigneur ne me laisse pas noire.
Chaque soir je suis noircie
Des péchés de la journée.
De mon Seigneur la patience
M'a blanchie chaque matin.
C'est quand je me reconnais noire
Que je plais à mon ami.
Et plus je suis noire à mes yeux,
Plus je suis agréable aux siens.
Oui, plus ma peau est brune,
Plus ressort la blancheur de sa robe.
De la tête jusqu'aux pieds
La justice m'enveloppe.
Ο filles de ma mère!
Je suis brune, c'est vrai;
Mais néanmoins de bonne grâce,
Et l'épouse du roi éternel.
Ce petit morceau donnera peut-être une idée
du genre et de l'esprit du livre. On
trouvera bien rarement un pareil mélange de
la grâce naturelle et de la grâce divine, de
l'esprit humain et de l'esprit de Dieu.
— «L'amour est le sujet du Cantique des
Cantiques, que la tradition attribue à
Salomon, et qui suppose chez son auteur une
âme éminemment mystique, ou du moins
susceptible des affections terrestres les
plus vives et les plus délicates. On peut y
voir, soit une allégorie orientale et une
peinture figurée de l'amour de l'Église ou
de l'âme individuelle pour son Dieu, soit un
tableau de l'amour de l'homme pour la femme,
qui était alors généralement traitée comme
un être subalterne, et que cette affection
profonde remettait à sa vraie place en lui
rendant sa dignité morale et sa liberté.
Mais, en tout cas, on ne peut nier que ces
chants ne correspondent exactement à ce que
nous savons, soit de Salomon aimant
l'Éternel, soit de Salomon aimant la fille
de Pharaon. Ils sont d'ailleurs un ouvrage
de sa jeunesse, et des juges impartiaux les
ont déclarés le chef-d'œuvre de la poésie
lyrique orientale» (Rougemont.)
CAPERNAÜM
(ville agréable, ou beau
village), une des principales villes de la
Galilée, qui, selon toute apparence, ne fut
bâtie qu'après la captivité de Babylone.
Elle était située à 5 kilomètres environ de
l'embouchure du Jourdain, sur la rive
occidentale (h la mer de Tibériade,
aux confins de Zabulon et de Nephthali. La
plaine basse qui s'étend vers le sud, sur
une longueur de dix kilomètres, et une
largeur de cinq, est d'une ravissante
beauté; c'est la partie la plus fertile de
tout ce magnifique bassin, et elle portait
le nom de Gennésar, jardins de la richesse.
Aujourd'hui encore sa fécondité est
proverbiale chez les peuples voisins.
Flavius Josèphe parle d'une source nommée
Capernaüm, célèbre par son extraordinaire
abondance, qui a probablement donné son nom
à cette ville. Riche des produits du sol,
Capernaüm l'était encore par la pêche et par
le commerce; elle était sur la grande route
qui unit Damas à la Phénicie, et dans un
défilé entre le lac et les montagnes; aussi
les Romains y avaient-ils établi un bureau
de douanes et placé une garnison, Matthieu
9:9-11; Luc 5:27-30.
— Ce fut là que Jésus descendit et qu'il
passa quelques jours, après avoir quitté
Nazareth et ses arides montagnes; il en fit
longtemps son principal séjour, demeurant
chez la belle-mère de Pierre, et c'est de là
qu'il partit pour son premier voyage à
Jérusalem, Matthieu 4:13; 9:1; 8:14; 11; 17;
Marc 1:2; Luc 4:10; Jean 2:4,6. Il reste de
cette florissante cité plusieurs ruines
nommées Tel Hum.
CAPHTOR,
Jérémie 47:4, île dont il est
dit que les Philistins sont les restes,
— Voir: l'article suivant.
CAPHTORIM,
Genèse 10:14, les descendants de Caphtor, un des fils de Mitsraïm. Selon les anciennes versions et selon Bochart, le pays auquel ils donnèrent leur nom serait la Cappadoce; mais le passage de Jérémie 47:4, indique assez clairement que Caphtor doit être une île, ou tout au moins un pays maritime; Michaélis et Dahler ont, en conséquence, proposé d'y voir l'île de Chypre, opinion qui avait déjà été émise, puis plus tard réfutée par Calmet; Gesenius et Hævernick, d'accord avec les dernières dissertations de ce savant catholique, admettent avec lui que l'île désignée sous le nom de Caphtor est celle de Crète ou Candie. D'après Jérémie, l, c., et Amos 9:7, les Philistins auraient passé en Palestine de l'île de Caphtor, et plusieurs fois ailleurs, Deutéronome 2:23; etc., le nom de Caphtorim est mis pour désigner les Philistins. Ces données ne s'accordent pas beaucoup avec le passage de la Genèse qui fait descendre les Philistins des Chasluhim. La supposition la plus probable, sans être forcée, c'est que les Philistins sont partis d'Égypte en se détachant de la nation des Chasluhim, pour se rendre à l'île de Caphtor, et que de là ils ont émigré plus tard et sont venus occuper les côtes sud de la Palestine. On peut opposer sans doute à l'opinion de Calmet, que les habitants de la Crète ont déjà un nom dans l'Ancien Testament, celui de Kérétiens, 1 Samuel 30:14; Ézéchiel 25:16; Sophonie 2:5, et qu'il est peu probable que la même contrée ait eu deux noms si différents; mais de ce que ce n'est pas ordinaire, cela ne prouve pas que cela n'ait pu arriver cependant; en outre, le premier nom est beaucoup plus ancien que le second, et les caractères historiques ou géographiques de la Crète sont tellement d'accord avec ce que l'Écriture nous dit de Caphtor, qu'il est difficile de ne pas admettre l'identité de ces deux contrées. La Crète était déjà très peuplée à l'époque de la guerre de Troie, puisque Homère l'appelle l'île aux cent villes, et Hérodote reconnaît que ses habitants, originairement barbares, ne venaient pas de la Grèce. Homère dit qu'on parlait différentes langues en Crète, à cause de la diverse origine des peuples qui s'y trouvaient, les uns Grecs, les autres vrais et anciens Crétois, antiques habitants de la contrée et qui se prétendaient eux-mêmes nés du sol de la Crète.
CAPPADOCE,
contrée de l'Asie mineure qui,
depuis Tibère, passa exclusivement sous la
domination romaine. Elle est séparée au sud
par le Taurus de la Cilicie et de la Syrie
septentrionale; au nord, une chaîne
parallèle au Taurus la sépare du Pont; à
l'occident, elle touche à la Phrygie et à la
Galatie; à l'orient, à la petite Arménie,
mais sans frontières naturelles. Quoique
bien arrosée, elle est peu fertile; les
montagnes sont nues, et les plaines
n'offrent que des pâturages. La Cappadoce
s'étendait primitivement jusqu'au Pont; mais
sous Alexandre une satrapie s'établit en
cette contrée, et la Cappadoce rentra dans
les limites indiquées ci-dessus. La langue
des Cappadociens n'offrait aucun rapport
avec les langues sémitiques, et bien qu'ils
portent chez Hérodote le nom de Syriens (1,
72; 5, 49; 7, 72), on ne peut leur chercher
une origine sémitique,
— Voir: encore le commencement de
l'article Caphtorim.
— Ils ne jouissaient pas, non plus que les
habitants de l'île de Crète, d'une
excellente réputation; ils passaient en
particulier pour perfides et lâches, au
point que l'expression cappadociser
était devenue proverbiale pour désigner ces
vices de caractère. Un bon nombre de Juifs
étaient établis au milieu d'eux. Actes 2:9;
1 Pierre 1:1.
CÂPRE.
C'est ainsi qu'on appelle les fruits d'un arbrisseau, le câprier épineux, qui se rencontre fréquemment en Asie, en Afrique et dans le sud de l'Europe: les jeunes boutures de cet arbre et ses fleurs en bourgeons se mangeaient, soit crues, soit assaisonnées de vinaigre, et avaient, dit-on, la propriété d'aiguiser l'appétit et de pousser à la volupté. Le câprier atteint dans les jardins la hauteur d'un petit arbre; ses rameaux sont armés d'épines, et ses feuilles ovées, non dentelées, et presque sans pétiole. C'est au mois de mai que la floraison est la plus forte; les fleurs, qui portent une soixantaine d'étamines de couleur rouge, durent presque tout l'été, et donnent ensuite naissance à une baie allongée, comme l'olive, munie d'une chair épaisse, et renfermant une graine dure, en forme de rognons, et d'un goût fort et piquant. Le câprier se cultivait en Palestine, et portait en hébreu, au dire des rabbins, le nom Tsèleph ou Nitzbah; son fruit (hébreu Abiônah) n'est nommé que Ecclésiaste 12:7, où nos versions ont traduit «quand l'appétit s'en ira;» et Luther: «Wenn aile Lust vergeht;» remplaçant ainsi l'image par la chose représentée. Le texte porte proprement: «quand la câpre se rompt, ou est rendue nulle;» et le sens de cette figure est, ou bien: lorsque la câpre, malgré sa saveur, n'a plus d'effet sur le vieillard; ou bien: quand le vieillard, semblable à la câpre à la fin de l'été, se rompt parce qu'il est mûr, et perd sa graine et sa force.
CAPTIFS, Captives,
— Voir: Esclaves.
CAPTIVITÉ,
— Voir: Exil.
CARAN, ou Haran, ou Charran,
ancienne ville de Mésopotamie, célèbre déjà comme la première retraite d'Abraham, après qu'il eut quitté le pays des Caldéens, Genèse 11:31. Le patriarche eut la douleur d'y voir mourir Taré, son père, et il dut l'y ensevelir (verset 32). C'est à Caran que demeurait Laban, frère de Rébecca, et lorsque le rusé Jacob se fut emparé de la bénédiction paternelle, ce fut à Caran qu'il se réfugia, d'après le conseil de sa mère. 27:43; 28:10; 29:4. À l'époque d'Ézéchias, cette ville, ainsi que bien d'autres, était tombée sous la domination assyrienne, 2 Rois 19:12; Ésaïe 37:12. Elle était (Haran?) en rapports de commerce avec les Tyriens, Ézéchiel 27:23. C'est la même ville sans doute qu'il faut voir dans le nom de Charræ, où Crassus, consul et général de l'armée romaine, fut défait et mis à mort par les Parthes, 52 avant J.-C. Elle était située entre l'Euphrate et le Chaboras, à deux journées environ de la jonction de ces deux fleuves: d'après Basnage et le père Hardouin, il faudrait au contraire la chercher en deçà de l'Euphrate et plus près de Canaan; Hardouin même veut confondre Caran avec Palmyre, mais les conjectures de ces deux savants ne sont pas appuyées de raisons suffisantes, et le texte de l'Écriture, qui place Caran en Mésopotamie, est clair et positif.
CARKÉMIS,
ville fortifiée de la Mésopotamie, située sur la rive orientale de l'Euphrate, à l'endroit où ce fleuve reçoit les eaux du Chaboras. Les Assyriens s'en étaient emparés. Ésaïe 10:9. Néco roi d'Égypte, un Pharaon, la conquit sur le roi d'Assyrie, 2 Chroniques 35:20; cf. 2 Rois 23:29; mais il en fut dépossédé par Nébucadnetsar, en la quatrième année de Jéhojakim, fils de Josias, roi de Juda, Jérémie 46:2. Carkémis était probablement le Cercusium, Circesium, ou Circessum des Grecs, à mi-chemin d'Antioche à Séleucie, aujourd'hui appelé Karkisia; selon d'autres (Paulus), ce serait la ville appelée par les Syriens Pérath-Maïsan, ou Mésène, la capitale du gouvernement de Bassora. Dioclétien en fit un des boulevards de l'empire romain.
CARMEL.
-
Chaîne de montagnes entre Aser et Issacar, Josué 19:26, qui s'étend le long du rivage sur une distance de 30 kilomètres, avant que de faire saillie dans la mer et d'y former un promontoire; la beauté et la fertilité de ces montagnes leur ont fait donner le nom de Carmel, qui signifie vigne de Dieu. Le Carmel est élevé de 1000 mètres au-dessus de la mer; il est plus haut au nord-est qu'au sud-ouest; les eaux y sont abondantes, l'air y est sain, toute espèce de culture y prospère; les pâturages sont encore aujourd'hui couverts de fleurs odoriférantes dont on fait une espèce de thé; dans la région supérieure croissent des pins et des chênes, plus bas des oliviers et des lauriers. Ésaïe 35:2. Du sommet, on jouit d'une vue magnifique et fort étendue sur les côtes et la Méditerranée; le pays environnant est frais et verdoyant; au pied de la montagne coule vers le nord le torrent de Kison. Le côté occidental est remarquable par un grand nombre de cavernes spacieuses, qui peut-être furent habitées jadis par les Cananéens, et qui plus tard l'ont été par des solitaires; elles servaient aussi de lieux de refuge et de places de sûreté. Amos 9:3. Le séjour d'Élie sur le Carmel est bien connu; on se rappelle sa lutte avec le roi Achab et avec les prêtres de Bahal, lorsque seul il put faire descendre le feu du ciel sur les holocaustes qu'il avait préparés, 1 Rois 18; on se rappelle les trois cinquantaines d'Achazia, dont les deux premières furent foudroyées pour avoir parlé au prophète avec un ton inconvenant vis-à-vis d'un envoyé de l'Éternel, 2 Rois 1. Élisée fit aussi du Carmel sa demeure, après que son maître eut été enlevé au ciel, 2 Rois 2:25; 4:25. On montre encore la grotte où Élie doit avoir enseigné les mystères de la prophétie; évidemment taillée de main d'homme dans le roc le plus dur, c'est, dit Lamartine, une salle d'une prodigieuse élévation; elle n'a d'autre vue que la mer sans bornes, et l'on n'y entend d'autre bruit que celui des flots qui se brisent continuellement contre l'arête du cap. Sur le sommet le plus aigu du cap du Carmel, se trouve maintenant un beau monastère, tout construit à neuf, tout éblouissant de blancheur, et bien plus confortable que les cavernes des prophètes.
— Ésaïe, 33:9,10; Amos, 1,2; Nahum, 1:4; et Jérémie, 50:19, annoncent la désolation de cette montagne et son rétablissement futur.
-
Le Carmel de Juda, Josué 15:55, ville située sur une montagne calcaire du même nom, riche en pâturages, au sud-ouest de la vallée d'Hébron; c'est là que demeurait Nabal, mari d'Abigaïl, 1 Samuel 25:5, et que Saül, au retour de son expédition contre Hamalec, érigea un arc de triomphe, 1 Samuel 15:12. Les Romains y avaient une garnison du temps de saint Jérôme; les croisés trouvèrent encore cette ville, et le voyageur Seetzeri raconte qu'on lui a montré, sur les bords de la mer Morte, une montagne nommée El Carmel, sur ou près de laquelle cette ville doit avoir existé.
CARPUS ou Carpe,
disciple de saint Paul, demeurant à Troas, dont les Grecs ont fait l'un des soixante-et-dix disciples, évangéliste de leur pays, et enfin évêque de Bérée. Paul, passant à Troas, avait laissé chez lui un manteau de voyage, quelques livres et des parchemins, qu'il redemanda plus tard avec instance, 2 Timothée 4:13. Le verset 21 nous montre que l'hiver était proche, et que Timothée devait retourner à Rome avant cette époque; l'on comprend que Paul en prison sentît le besoin d'avoir quelques vêtements plus chauds, et ce détail prouve à la fois la pauvreté de Paul et son peu de prétentions à l'endroit des macérations inutiles; il n'est pas négligent pour les choses extérieures de la vie, et il ne vise pas à rendre sa situation plus pénible afin de pouvoir s'en glorifier. Quant aux livres qu'il réclame, et surtout quant aux parchemins, on se demande quels ils étaient: c'est sur parchemin qu'on écrivait les livres importants, et l'on pense que c'était le Code de l'Ancien Testament; cependant il serait au moins singulier que Paul eût laissé quelque part sa Bible comme un bagage embarrassant; quelques auteurs ont en conséquence supposé qu'il s'agissait de copies de lettres; d'autres enfin (Steiger), que c'étaient des papiers importants dont l'apôtre avait besoin pour son procès.
CARQUOIS,
— Voir: Flèches.
CARTES de géographie.
La première trace que l'on trouve, soit dans l'histoire profane, soit dans l'histoire sacrée, des cartes géographiques, est dans ces mots de Josué 18:8-9: «Ces hommes-là donc s'en allèrent, et passèrent par le pays, et en firent une ligure dans un livre (ou rouleau) selon les villes, en sept parties.»
CASIPHIA,
Esdras 8:17, ville ou contrée du royaume de Perse, dans laquelle se trouvaient, un assez grand nombre de lévites, d'autres exilés juifs, et de Néthiniens. Il faut la chercher près des montagnes caspiennes, au nord-est de la Médie.
CASSE.
La casse mentionnée, Exode 30:24; Psaumes 45:8; Ézéchiel 27:19, porte en hébreu différents noms. C'est l'écorce d'une plante aromatique que Moïse fait entrer dans la composition de l'huile sainte, et qui devait servir à la consécration des vases du tabernacle. On en compte trois espèces, qui croissent toutes en Orient sans culture, et qui ont quelques rapports avec la cannelle, quoique plus foncées, moins odorantes, et d'un goût moins agréable. Longtemps les naturalistes ont cru qu'il fallait chercher la vraie casse dans le Laurus cassia de Linnée, qui croît aux Indes et au Malabar, mais des travaux plus modernes ont démontré que cette espèce de Laurus cassia n'était autre que l'espèce ou primitive, ou dégénérée, du Cinnamomurn zeylanicum; d'où il résulterait que la casse ne serait autre chose en effet, qu'une espèce de cannelle. Les anciens en faisaient grand usage; Pline, Hérodote, Théophraste, Virgile, Perse, Diodore de Sicile, et d'autres auteurs en parlent comme d'un parfum des Indes très estimé des Romains et des Grecs.
CASTOR et POLLUX, ou les Dioscures,
fils mythologiques de Jupiter
et de Léda, s'étaient, dit la fable, rendus
si recommandables par leur valeur, et
surtout par la guerre d'extermination qu'ils
firent aux écumeurs de mer et aux pirates,
qu'ils méritèrent les honneurs divins, et
furent choisis par les navigateurs comme
leurs patrons et les protecteurs des
vaisseaux. Ils eurent une place dans les
Gémeaux du firmament, et des autels sur les
rivages des mers;
— Voir: Théocrite, 22, 17; Horace,
Od. I. 3, 2. IV. 87, 31. Ovide, etc.
Les feux errants que les matelots
apercevaient parfois pendant la tempête,
leur étaient comme des messagers de Castor
et Pollux, et le présage d'une prochaine
délivrance; et jusqu'à nos jours la même
superstition s'est encore propagée, même
jusque sur les vaisseaux chrétiens ou turcs
de la Méditerranée. Le vaisseau que saint
Paul prit à Malte pour se rendre en Italie,
avait pour enseigne les Dioscures, soit que
ces figures fussent peintes ou gravées sur
la proue, soit pour d'autres motifs à nous
inconnus.
CATHOLIQUE.
Ce nom qui signifie universel,
général, a été donné aux épîtres de Jacques,
Pierre, Jean et Jude, parce qu'elles étaient
adressées, non point à une certaine
congrégation particulière, mais à un grand
nombre de congrégations, ayant des besoins
généraux;
— Voir: les différents articles.
— De la signification du mot catholique, il
faut conclure que toute congrégation
spécialement désignée ne mérite pas cette
épithète; l'épître aux Romains, par exemple,
n'est pas catholique, par le fait même
qu'elle est particulière, et l'Église de
cette ville n'eût pu prendre le nom de
catholique sans commettre la méprise la plus
bizarre; aussi ne l'a-t-elle pas fait. Il y
a aujourd'hui une congrégation qui se donne
le nom de catholique-romaine, ce qui étant
traduit signifie église
universelle-particulière: si c'est la
moins grave et la plus innocente de ses
contradictions, c'est bien loin d'être la
seule.
CAVERNES.
Les rochers des montagnes
calcaires ou crayeuses de la Palestine,
principalement ceux du mont Carmel q.v., de
la Trachonite, de la Galilée, de la Batanée,
et des contrées voisines de l'Idumée,
renfermaient un nombre considérable de
cavernes, grandes, sèches et commodes, qui
pouvaient servir soit de retraite à l'ermite
solitaire, soit de refuge à des populations
de brigands ou d'opprimés; cf. Juges 20:47.
Tavernier en a vu une qui pouvait contenir
jusqu'à 3,000 chevaux, et Pococke, II, 61,
une autre dans laquelle 30,000 hommes ont pu
s'abriter;
— Voir: Hadullam.
Elles furent peut-être les premières
habitations des hommes; on y voit les
Troglodytes renfermés par peuplades, et
l'Ancien Testament nous parle des Horiens
comme habitant les cavernes; cf. Job 30:6.
Quant aux Hanakins et aux Réphaïms, on
présume que c'était aussi là leur demeure,
mais l'on n'a rien de positif à ce sujet;
— Voir: ces articles.
À l'époque de la conquête, et plus tard, les
cavernes sont signalées comme des espèces
d'abris ou de forteresses, Josué 10:16;
Juges 6:2; 15:8; 20:47; 1 Samuel 13:6; 22:1;
Ézéchiel 33:27; Ésaïe 42:22, comme ermitages
pour les anachorètes, comme auberges pour
les voyageurs, comme repaires pour les
brigands, comme étables pour les
agriculteurs et pour les bergers des
montagnes; (c'est ce qui explique pourquoi
la tradition a voulu faire une caverne de
l'étable dans laquelle naquit notre Sauveur,
Luc 2:7) Elles servaient enfin de tombeaux
q.v. Bien qu'elles fussent assez spacieuses,
on avait l'habitude d'en régulariser la
forme afin de les rendre plus commodes,
lorsqu'on se proposait de s'y établir pour
un certain temps; et plusieurs de ces
grottes que l'on trouve encore maintenant,
ont évidemment été travaillées par la main
de l'homme, taillées dans le roc, agrandies
et embellies pour son usage.
CÉCITÉ,
maladie beaucoup plus commune
dans l'Orient que chez nous. Elle est
produite soit par un sable très fin que
l'ardente chaleur du soleil pulvérise d'une
manière extraordinaire, et que le vent
chasse dans les yeux, soit surtout par le
contraste habituel et journalier de la
température brûlante du jour, avec le froid
glacé des nuits, de la forte évaporation de
la journée, et de la rosée qui tombe au soir
et vers le matin, sur ceux qui viennent
imprudemment pour jouir d'un peu d'air, se
reposer la nuit sur les toits de leurs
habitations;
— Voir: Voyages de Volney 1, 186.
Ce voyageur assure que l'on peut compter 20
aveugles sur 100 hommes; un autre a calculé
qu'il se trouve au Caire plus de 4,000
aveugles. Ces cas sont plus rares en Syrie,
à l'exception des côtes, et cependant
l'Écriture nous parle fréquemment d'hommes
affligés de cette infirmité, soit dans les
Évangiles, Matthieu 9:27; 12:22; 20:30;
21:14, Jean 5:3, où nous les voyons presque
toujours dans une position extérieure bien
malheureuse, soit dans la loi mosaïque,
Lévitique 49:14. Deutéronome 27:18, où Dieu,
dans les préceptes qu'il donne à leur égard,
se montre comme toujours, le Dieu de
l'infortune, la providence du malheur.
La cécité se développe le plus souvent à la
suite de maladies peu graves, mais qui ont
été négligées dans le principe; ce n'est
d'abord qu'un mal, un picotement des yeux,
que de simples applications d'eau fraîche,
commencées à temps, pourraient le plus
souvent faire disparaître; mais grâces à
l'idée mahométane d'un fatalisme auquel rien
ne peut échapper, ces populations méprisent
les précautions, et ne font rien pour
détourner les fâcheuses conséquences dont
est menacée leur incurie; l'aveuglement de
l'esprit produit celui du corps, et la folle
erreur se punit elle-même.
Cette maladie est souvent aussi le simple
effet de la vieillesse, 1 Samuel 4:15; cf.
3:2; 1 Rois 14:4; Genèse 27:1.
L'aveuglement soudain dont furent frappés
les Sodomites cherchant la porte de Lot pour
en faire sortir les deux étrangers, Genèse
19:11, peut s'entendre d'un simple
éblouissement, de cette confusion dans
l'organe de la vue qui est bien souvent la
suite et la peine du péché. Les Syriens qui
assiégeaient Samarie, et qui étaient
descendus auprès d'Élisée, furent également
frappés d'éblouissement par le prophète, et
conduits ainsi jusque dans le camp d'Israël,
2 Rois 6:18-22; dans le même chapitre il est
parlé de cet aveuglement naturel à l'homme
pécheur, et qui l'empêche de voir autour de
lui l'armée de l'Éternel, 6:17. Le Nouveau
Testament nous mentionne encore la cécité
momentanée de saint Paul, Actes 9:9, et
celle du mage Bar-Jésus, 13:6. On ne peut
dire avec certitude de quelle manière se
manifesta cet aveuglement; un miracle en fut
certainement la cause, mais il est possible
que l'effet ait été naturel, et que cette
cécité ait eu du rapport avec des cas plus
ordinaires, qui tiennent tantôt à
l'obscurcissement de la cornée transparente,
tantôt à la paralysie de la rétine, tantôt
encore à l'épaississement du cristallin. On
peut comparer aussi l'histoire de Tobie,
11:10, qui ayant perdu la vue par un
épaississement de la cornée transparente,
fut guéri par une application de foie de
poisson.
Les anciens attribuaient en effet au foie de
poisson, et surtout au foie du
callionymus et du silurus, la
propriété de guérir les maladies des yeux,
et même la cécité; maintenant encore, en
quelques pays on se sert du même remède
comme d'une pommade excellente pour ce genre
de maux. Notre Seigneur s'est toujours borné
à toucher de ses mains les yeux des aveugles
qu'on lui présentait; une seule fois il les
a mouillés de boue faite avec la salive,
Marc 8:25; Jean 9:1; Matthieu 9:29; 20:34;
— Voir: Salive.
Il est parlé dans l'Écriture d'une autre
espèce d'aveuglement plus dangereux encore
que celui du corps, celui du cœur.
L'endurcissement des Juifs leur est plus
d'une fois reproché sous cette figure, et le
prophète Ésaïe avait même annoncé qu'en
suite de son aveuglement volontaire et
prolongé, ce peuple malheureux deviendrait
tellement la victime de ses péchés, qu'alors
même qu'il voudrait enfin ouvrir les yeux
pour voir, il ne le pourrait plus, Ésaïe
6:10, et ailleurs. C'est dans le même sens
que les prophètes prédisent aussi la
guérison des aveugles, comme un des
caractères principaux et bénis qui
accompagneront la venue du Christ sur la
terre, Ésaïe 29:18; 35:5; 42:16; cf.
Matthieu 11:5. C'est qu'en effet la lumière
de la nouvelle alliance, plus brillante que
celle des prophètes, a pu ouvrir les yeux de
ceux qui ne comprenaient pas encore la
splendeur divine de l'ancienne économie; les
nations et les gentils ont cru à salut.
CÈDRE,
le plus célèbre des arbres
mentionnés dans l'Écriture sainte, l'emblème
de la beauté, de la force et de
l'immortalité, Juges 9:15; 1 Rois 5-6; 2
Rois 14:9; Esdras 3:7; Psaumes 104:16; Ésaïe
14:8; Ézéchiel 27:5; Zacharie 11:1, etc.
Élégant dans ses grandioses proportions, il
est svelte et fort élevé, 1 Rois 4:33; Job
40:12; Ésaïe 2:13; Jérémie 22:23; Ézéchiel
17:22; Amos 2:9; Psaumes 92:13. Le Liban
était sa patrie, mais il paraîtrait, d'après
Pline, que l'on en trouvait aussi sur les
monts du Taurus et de l'Amanus. Le cèdre
appartient à la famille des conifères; il
porte de petites feuilles de 4 à 5
centimètres de longueur, raides, dures,
persistantes, et vertes encore au milieu de
l'hiver; elles sortent par vingtaines
environ, de petites gaines en faisceaux, et
contribuent ainsi à donner au cèdre beaucoup
de ressemblance avec le mélèze (larix) de la
même famille: les étamines forment des
espèces de chatons jaunes, de la grosseur du
petit doigt, et allongées; les fleurs
femelles, réunies en chatons ovoïdes,
d'abord rouge pourpre, deviennent ensuite
rouge pâle, puis d'un vert sale, et enfin
d'un jaune clair. Les pommes, assez
semblables à celles du pin, sont cependant
plus délicates, plus unies et moins
ouvertes; longues de 15 centimètres, et
larges de 12, elles sont solidement
attachées à l'écorce; leur couleur est un
gris brun très brillant. Les branches du
cèdre lancées d'espace en espace, et presque
perpendiculaires au tronc, sont grandes et
éloignées les unes des autres; elles
diminuent toujours jusqu'au haut, et forment
comme une espèce de roue qui s'élève en
pyramide. On en trouve au Jardin des plantes
de Paris un bel échantillon, qui pourrait
être le roi des végétaux connus en Europe,
mais qui dans son ancienne et patriarcale
famille, n'est qu'un jeune et petit sujet,
digne à peine de trois siècles. Le cèdre
croît lentement, et préfère les terrains
gras, les lieux froids et les montagnes; il
ne porte guère de fruit avant l'âge de
quarante-cinq ou cinquante ans. Son bois est
incorruptible, sauf à l'humidité; il est
beau, solide, sans nœuds, d'un brun rayé de
rouge, et odoriférant comme toutes les
portions de l'arbre, Cantique 4:11; Osée
14:6; cf. Virgile Æneid. 7, 13. Par ces
divers avantages, il était extrêmement
recherché comme bois de construction, 2
Samuel 7:2. Jérémie 22:14; on en faisait les
balcons sur les terrasses, et toutes les
charpentes un peu délicates, 1 Rois 6:10;
7:2; Sophonie 2:14; Cantique 1:16; 3:9, de
même que les lambris du temple, 1 Rois 6:9.
18; 7:7, ou des palais de Jérusalem, 1 Rois
7; Esdras 3:7, etc. C'est à cause de ses
matériaux que le temple est appelé Liban,
Zacharie 11:1, et le palais de Salomon
maison du parc du Liban, 1 Rois 7:2. Nous
voyons encore de faux dieux et des mâts de
vaisseaux faits de ce bois précieux, Ésaïe
44:14; Ézéchiel 27:5.
Les cèdres tendent à diminuer de jour en
jour sur le mont Liban, et bien qu'il en
reste encore au-dessus du village d'Éden, un
bouquet de quelques centaines, 360 environ
d'après une correspondance du Morgenland,
ou 300 d'après le professeur Schubert, il
n'en est qu'un fort petit nombre que leur
grosseur puisse permettre de croire
contemporains du roi Salomon, 24 d'après
Rauwolf, 16 d'après Maundrell, 15 d'après
Pococke, 9 d'après le voyageur suisse Mayer,
7 d'après Lamartine, enfin 5 d'après
Schubert; on conçoit qu'un pareil calcul ne
soit pas facile à faire. Leurs vieux troncs
sont souvent déchirés en trois ou quatre
divisions bien marquées, dont chacune est
égale à la circonférence de nos chênes les
plus vénérables. Ils sont en outre lacérés
par les innombrables inscriptions des
glorieux voyageurs, qui se plaisent à y
graver leurs noms en grosses majuscules sur
l'écorce et même jusqu'à l'aubier, et qui ne
désirent pas avec moins d'ardeur d'en
emporter quelques fragments pour mémoire.
Ibrahim Pacha, pour remédier à un abus si
fâcheux, avait donné l'ordre aux Maronites
inspecteurs de ces montagnes, de veiller à
l'intègre conservation de la petite forêt
qui subsiste encore, mais il ne paraît pas
que, les soins de ce ministre aient grande
chance de succès, et l'un des gardes
forestiers s'est permis de détacher lui-même
pour l'offrir à M. Schubert, un rameau de
ces jeunes cèdres.
Chaque année, au mois de juin, les
populations de Beschieraï, d'Éden, de
Kanobin, et de tous les villages des vallées
voisines, montent aux cèdres, et font
célébrer une messe à leurs pieds (Lamartine,
Schubert et le Morgenland de 1840).
CÉDRON,
torrent dont le nom hébreu
rappelle ces «torrents qui coulent noirs
sans glace», Job 6:16. Quelque rapport qu'il
ait avec le mot français cèdre, et quoiqu'on
ait voulu faire dériver son nom d'une
certaine quantité de cèdres qui auraient été
plantés jadis sur son rivage, le rapport
n'est qu'accidentel, et le fait n'est pas
prouvé. Le Cédron coule à l'est de
Jérusalem, entre la ville et le mont des
Oliviers: son lit peu large, mais profond,
est creusé dans une vallée du même nom;
après un cours tortueux de 30 à 40
kilomètres, il se jette dans la mer Morte.
C'est en hiver et par les temps d'orage que
le Cédron coule avec le plus d'impétuosité;
ses vagues vont alors jusqu'à déborder; mais
dans la saison sèche, il n'est pas rare de
voir ses eaux presque entièrement taries, et
son lit servir de route aux voyageurs. Le
roi David et notre Sauveur l'ont traversé,
tous les deux affligés, tous les deux
éprouvés, l'un fuyant la révolte de son
fils, l'autre sous la colère et la
malédiction paternelle, l'un et l'autre
injustement accusés, l'un et l'autre
accompagnés d'un petit nombre d'amis
fidèles, et refusant de se défendre ou de se
venger, quoiqu'ils eussent pu d'un mot se
créer des légions, l'un de soldats, et
l'autre d'anges, 2 Samuel 15:23; Jean 18:1.
— La vallée du Cédron était, surtout dans sa
partie méridionale, comme la voirie de
Jérusalem; on y jetait les entrailles des
victimes égorgées dans le temple; et les
rois Asa, Ézéchias et Josias y ont brûlé les
abominations et les idoles qui avaient servi
au culte des Juifs prévaricateurs, 1 Rois
15:13; 2 Rois 23:4,6,12; 2 Chroniques 29:16.
Les égouts de la ville s'y déchargèrent dans
les temps postérieurs.
CEINTURE,
l'une des parties du vêtement à
laquelle les Hébreux, et en général les
Orientaux, attachaient la plus grande
importance, soit comme ornement, soit aussi
pour son utilité. Jamais ils n'en portaient
dans leurs maisons, et ils ne s'en
servaient, lorsqu'ils sortaient, que pour
travailler ou pour faire une course un peu
longue, afin de retenir les pans de leur
tunique flottante, et de n'être point
entravés dans leurs mouvements par les
replis mobiles de cette robe entr'ouverte:
c'est ainsi que voulant laver les pieds de
ses disciples, notre Sauveur se ceignit d'un
linge, Jean 13:4-5. Les soldats aussi se
ceignaient pour la bataille, et David
s'écrie, Psaumes 18:39: «Tu m'as ceint de
force pour le combat», cf. Proverbes 31:47.
— En suite de leur valeur, les ceintures
étaient fréquemment offertes en présents, 2
Samuel 18:11, et jouaient un certain rôle
dans le commerce des objets de luxe et de
toilette, Proverbes 31:24. Elles étaient
communes aux hommes et aux femmes, un peu
plus fines pour ces dernières, mais
variaient beaucoup dans leur forme et dans
leur tissu, suivant la richesse et la
condition des personnes: pour les pauvres
elles étaient simplement de cuir, et fort
larges, de près d'un demi-pied, 2 Rois 1:8;
Matthieu 3:4; Marc 1:6; pour les riches,
elles étaient de fin lin, Jérémie 13:1, de
coton, Ézéchiel 16:10, et quelquefois de
soie, larges seulement de quatre doigts, et
précieusement ornées d'or et de pierreries,
Daniel 10:5, surtout les ceintures de
femmes, qui sont comptées au nombre des plus
beaux objets de la toilette féminine, Ésaïe
3:20,24. Les hommes portaient ordinairement
la ceinture à la hauteur des reins, 1 Rois
2:5; 18:46; Jérémie 13:11; Apocalypse 1:13;
15:6; les prêtres la portaient volontiers
plus haut, sur la poitrine, et les femmes un
peu plus bas et moins serrée, sur les
hanches, comme cela se voit encore en
Orient. La ceinture des prêtres avait un nom
particulier, et s'attachait par-devant de
manière que ses deux extrémités tombaient
presque à terre.
C'est à la ceinture que les anciens
attachaient, comme on le fait encore de nos
jours, leur épée, Juges 3:16; 2 Samuel 20:8;
etc., en sorte qu'une ceinture ferme et
solide pouvait être regardée comme faisant
partie de l'équipement militaire, Ésaïe
5:27. On y portait encore les matériaux
nécessaires pour écrire, Ézéchiel 9:2, et de
l'argent, Matthieu 10:9; Marc 6:8; cf. 2
Samuel 18:11. Remettre à quelqu'un sa
ceinture était à la fois une marque de
confiance et d'amitié, 1 Samuel 18:4;
c'était aussi le symbole de l'entrée en
charge d'un fonctionnaire militaire ou
civil, Ésaïe 22:21 (Sebna remplacé par
Éliakim).
Nos traductions françaises, dans plusieurs
des passages que nous avons cités, ont
traduit le mot hébreu par baudrier au
lieu de ceinture, se conformant à
l'usage de notre langue, et au sens de la
phrase, qui indiquait en effet un baudrier
militaire; il faut observer seulement que ce
baudrier n'était autre chose qu'une
ceinture, et qu'il s'attachait autour des
reins au lieu de pendre à l'épaule.
CENCHRÉE,
port de Corinthe, assez éloigné de cette ville, dont il était comme un faubourg. C'est là que saint Paul, avant de s'embarquer pour Jérusalem, se fit couper les cheveux à cause d'un vœu qu'il avait fait, Actes 18:18. La diaconesse Phœbé qui figure en tête des personnes que saint Paul fait saluer à Rome, appartenait à l'église de cette petite ville, Romains 16:1.
CENDRES.
«Je ne suis que poussière et
que cendres», dit Abraham, Genèse 18:27,
pour exprimer le sentiment qu'il a de son
néant, cf. Job 34:15. S'asseoir sur la
cendre était une marque de deuil et de
repentance, Jonas 3:6; 2 Samuel 13:19;
Psaumes 102:9; Lamentations 3:16. Dieu
menace de faire tomber des cendres au lieu
de pluie sur les terres d'Israël, si son
peuple est infidèle aux lois qu'il lui a
données, Deutéronome 28:24. À côté de ces
diverses significations qui toutes ont un
caractère de douleur et d'affliction, la
cendre avait encore une signification
symbolique tirée des propriétés purifiantes
dont elle jouit; on composait une espèce
d'eau lustrale avec les cendres de la vache
rousse qu'on immolait dans le grand jour des
expiations, Nombres 19:17; cf. Hébreux 9:13.
— Voir: Deuil et Purifications.
CÈNE. Repas
Repas institué par notre
Sauveur, en souvenir de sa mort; simple
institution de Jésus, qui est devenue l'acte
principal d'un culte redescendu jusqu'à la
plus flagrante des idolâtries! Pour revenir
à son établissement primitif, il faut
recourir à l'Évangile de saint Jean 13:1;
sq. et à 1 Corinthiens 11:23. Le sujet a
depuis trop longtemps perdu sa fraîcheur, et
avec elle sa simplicité, pour que nous
puissions facilement invoquer ici
l'impression d'une première lecture. Et
cependant c'est ce qu'il faudrait avant
tout.
Il serait même convenable d'user, ici comme
en tant d'autres questions, des termes les
plus simples que comporte le sujet, et de
quitter des expressions tirées des langues
étrangères, pour nous servir des termes plus
clairs de notre langue habituelle. Cène
signifie souper, repas: lisez l'institution
elle-même, et vous y retrouverez un souper,
un repas, celui que tous les Juifs faisaient
et avaient fait depuis des siècles pour
célébrer la Pâque,
— tandis que le mot de Cène, et bien plus
encore celui d'Eucharistie, réveillent des
idées, ou vagues ou fausses, qui peuvent
être venues après coup, et qui permettent de
parler de «mystères», et de «terribles
mystères», puis d'une sainteté
extraordinaire des prêtres qui doivent les
célébrer, et de cent autres superstitions
semblables.
Notre Sauveur, en instituant cette cérémonie
qui n'est nulle part, non plus que le
baptême, appelée un sacrement, semble avoir
usé de cette largeur divine, de cette
absence de précision, qui ne diffère de la
négligence qu'en ce qu'elle a été
volontaire, et qu'elle paraît avoir eu pour
but de laisser, dans certaines bornes, les
esprits divers envisager l'institution sous
diverses faces. C'est le caractère constant
du langage et l'action de Dieu dans les
choses de ce genre. Cependant il doit y
avoir dans cette institution une vérité
fondamentale, et selon nous la voici: Comme
un apôtre nous dit plus tard que, soit que
nous mangions, soit que nous buvions, nous
devons tout faire à la gloire du Seigneur, 1
Corinthiens 10:31, ainsi, depuis la mort
expiatoire de Jésus, ses disciples ne
devaient plus perdre de vue ce grand
sacrifice: tout devait le leur rappeler; et
toutes les fois en particulier qu'ils
prendraient leur repas, qu'ils rompraient le
pain, ou qu'ils boiraient à la coupe comme
ils le faisaient en ce moment, ils devaient
se souvenir de la mort que le Rédempteur
avait subie, et l'annoncer jusqu'à ce qu'il
revînt, Luc 22:19. Sans doute la Cène prit,
dès les premiers moments de la pratique, une
forme un peu différente, mais ce fait n'est
point en contradiction avec l'institution
telle que nous venons de la définir. Les
développements ou les modifications que les
apôtres ont pu apporter à une institution du
Christ, ont d'après les propres paroles du
Seigneur, autant d'autorité que les siennes
mêmes. N'a-t-on pas vu déjà, sous l'ancienne
alliance, une foule de lois données par
l'Éternel, subir au bout d'un temps plus ou
moins long, des modifications, quelques-unes
assez importantes sans doute provoquées par
l'Esprit même de Dieu, mais qui ne se
présentent que comme des faits, ou comme les
idées du peuple, d'un roi, ou d'un prophète,
auxquelles Dieu donne après coup son
approbation et le sceau d'une institution
divine? Il y aurait une foule d'exemples à
citer ici; nous n'alléguerons que les
modifications considérables que subirent
nécessairement, soit le culte depuis
l'érection d'un temple, soit plusieurs lois
civiles depuis l'établissement de la
royauté. Disons encore le fait singulier
que, sous Moïse et en la présence de Moïse,
le peuple entier des Israélites reste 38 ans
sans donner à ses enfants cette circoncision
qui lui était si positivement commandée
Josué 8:5!
Or ne serait-il pas permis de penser que
Jésus ayant donné la règle générale et
fondamentale, les apôtres chargés de
l'application, et les fidèles qui voulaient
y participer, se sentirent pressés, dans le
cas dont il s'agit, de se réunir entre eux
seuls, pour prendre en paix et sans
obstacles ce repas commémoratoire, et pour
pouvoir célébrer sans trouble le bienfait de
leur rédemption? Le pouvaient-ils toujours
dans leur repas ordinaire? Un mari chrétien
avec une femme païenne, ou l'inverse; des
enfants ou des parents, les uns convertis,
les autres non, n'auraient-ils pas été mille
fois empêchés de prendre leur repas de la
manière que Jésus avait indiqué,
c'est-à-dire de prendre le repas du
Seigneur? Ils se réunirent donc à cet effet;
et différents endroits du livre des Actes
nous le prouvent jusqu'à l'évidence. Les
apôtres allaient de maison en maison rompant
le pain, tous les jours, 2:46. Les
Corinthiens de même faisaient un repas
commun, et saint Paul ne blâme point chez
eux ce fait, mais uniquement la manière dont
il se passait, en leur disant que s'ils se
réunissaient uniquement pour manger, ils
pouvaient le faire chez eux, tandis qu'ici
c'était le repas du Seigneur,
— mais un repas, 1 Corinthiens 11:20-22. De
là les agapes ou repas de charité. Peut-être
aussi la modification apostolique eut-elle
pour motif notre légèreté naturelle et ce
besoin que l'homme, même le plus pieux,
éprouve d'être rappelé au sérieux par une
cérémonie rare et imposante.
Sans doute, la Cène modifiée de bonne heure
par des raisons du genre de celles qu'on
vient d'indiquer, n'est plus qu'un semblant
de repas: mais cela suffit, l'idée est
conservée. Seulement il faut que cette idée
primitive ne soit jamais perdue de vue, afin
qu'on ne tombe pas dans les diverses
superstitions, parfois bien grossières, qu'a
enfantées une interprétation littérale,
matérielle de l'institution du Sauveur. Ce
principe est le seul qui unisse, et qui
sépare dûment le symbole et son objet. On a
vu, à l'article Baptême, combien les
symboles étaient naturels et parlants; on a
vu en même temps qu'il ne fallait pas les
confondre avec l'objet même qu'ils
représentent. La Cène n'a par elle-même
aucune vertu intrinsèque: elle a une
profonde réalité à cause de la foi qu'elle
nourrit et qu'elle ranime; par contre elle
peut aussi très bien produire des effets
factices et trompeurs, à cause des idées
dont l'imagination ou la superstition l'ont
entourée; voilà la messe.
Les mots de Jean, 6:48-58, n'ont aucun
rapport à cette cérémonie. Jésus lui-même,
après avoir parlé de manger sa chair, et de
boire son sang, ajoute que «ses paroles sont
esprit et vie», et que «la chair ne sert de
rien», 6:63.
La communion indigne, 1 Corinthiens
11:27,29, consiste simplement à se rendre à
cette cérémonie en oubliant le but, ou en y
apportant de mauvaises dispositions, de
bravade ou d'hypocrisie. Celui qui y reçoit
sa condamnation serait déjà condamné sans
cela.
Disons enfin que c'est bien à tort qu'on
applique généralement à la seule cène le
commandement que Dieu nous donne de laisser
là noire offrande quand nous avons
quelque chose contre notre frère, ou plutôt
«quand il a quelque chose contre nous», et
que nous n'avons pas fait notre possible
pour l'apaiser, Matthieu 5:23-24. Il s'agit
là de tout acte de culte quelconque,
lecture, prédication, chant, prière même et
autres. La cène n'est ni notre offrande, ni
une offrande ou un sacrifice; elle en est
simplement la commémoration. «Non que Christ
s'offre plusieurs fois lui-même; mais ayant
été offert une seule fois pour ôter les
péchés», etc. Hébreux 9:25-28; cf. 10:10:
«l'oblation qui a été faite une seule fois
du corps de Christ.»
(Sous la loi, la Pâque est liée avec l’élément central de l’agneau pascal. Le pain sans levain était mangé avec des herbes amers et l’agneau, et fut consacré par son caractère prophétique qui trouvait son accomplissement en Jésus-Christ qui est «le pain du ciel» (Jean 6:32-35) et «l’Agneau de Dieu» (Jean 1:29). Toute la cérémonie de la Pâque était une célébration qui anticipait la venue du Messie pour le rachat des péchés de son peuple. En d’autres mots, la Pâque était une cérémonie prophétique et vicariale, prophétique car elle annonçait la venue de Christ, vicariale car Christ nous inclus en son sacrifice expiatoire sur la croix où il est mort comme notre substitut. En ce sens, le pain rompu et le vin (non du jus de raisin) représentaient le corps brisé du Seigneur et son sang versé. Cette cérémonie pascale était désigné uniquement pour le temps de la loi. En aucune façon elle anticipait une continuité sous la grâce pour se reproduire dans un mémorial symbolique. Les représentations du corps et du sang de Christ, même au moment où le Seigneur et ses disciples participèrent à la Pâque, étaient uniquement des anticipations du drame de la croix qui était pour se produire le lendemain de leur célébration prophétique. Jésus n’a jamais ordonné l’observation d’un rituel de la loi à perpétuité comme mémorial de son sacrifice. En fait cela irait à l’encontre de son œuvre achevée dans son sacrifice parfait qui ne peut se répéter, et du fait qu’il a accompli la loi dans sa totalité pour nous.
Le Repas du Seigneur n’est pas un signe visible perpétuel de manger et de boire des éléments symboliques, ni est-il un acte de profession de foi et d’obéissance de la part de ceux qui y participent. Il n’est point un sceau attaché à la chose signifiée, ni une garantie de la réalisation de celle-ci pour donner aux croyants l’assurance qu’ils sont l’objet du grand amour de Christ dans son don de soi. Mais le Repas du Seigneur est beaucoup plus que cela. Pour en pénétrer le mystère, il suffit de savoir quelle est la signification des paroles de Jésus «faites ceci en mémoire de moi» (Luc 22:19; 1 Corinthiens 11:23-26). Il ne s’agit pas de s’arrêter sur les paroles «Prenez, mangez : ceci est mon corps» et «ceci est mon sang», car comme nous avons vu, le pain et le vin furent des éléments anticipatoires dans la Pâque depuis Moïse jusqu’à Jésus. En faisant un rapprochement de sa personne avec les éléments du pain et du vin, Jésus confirmait qu’il était le Messie longuement attendu, et qu’il était l’Agneau de Dieu désigné à la boucherie du sacrifice expiatoire. Mais les paroles «faites ceci en mémoire de moi» ont une portée plus vaste et un sens plus profond de l’union mystique. Chose certaine, Jésus ne signifiait pas par ces paroles de prendre littéralement un morceau de pain et un peu de vin en mémoire de Lui. Le Seigneur connaît très bien nos faiblesses humaines et ne mettrait point devant nous des éléments qui risqueraient de nous faire tomber dans l’idolâtrie. Le sens de ces paroles se trouve dans Jean 13:15 dont les évènements du contexte se déroulent dans la même célébration de la dernière Pâque: «Car je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez de même». L’Écriture nous indique clairement que ces paroles furent prononcées dans le contexte de la Pâque (Jean 13:1) «après le souper» (Jean 13:2). Dans son enseignement à ses disciples lors de la célébration de la Pâque, Jésus confirme la signification de ses paroles «faites ceci en mémoire de moi» en disant: «Nul n’a un plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis» (Jean 15:13). Voici donc le sens réel de ses paroles, «faites ceci en mémoire de moi», non un rituel de la loi dans lequel nous mangeons un morceau de pain et buvons un peu de vin, mais «un exemple» que nous devons suivre et appliquer premièrement envers Lui et deuxièmement envers les frères dans la foi. Comme il a renoncé à tout pour nous, nous devons renoncer à tout pour Lui: «Ainsi quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple» (Luc 14:33). Ces paroles sont d’une intensité vaste et profonde qui débordent par-dessus la coupe céleste qui les contient pour répandre sur les frères les bénédictions de la grâce dans un exemple pratique. L’enseignement central des paroles «faites ceci en mémoire de moi» est l’amour sacrificiel dont le nom en Grec est «l’AGAPÉ». Comme nous devons renoncer à tout pour Christ, nous devons renoncer à tout pour les frères en qui Christ demeure par sa Sainte et Brillante Présence. Ceci est la seule ordonnance ou le seul commandement que Jésus a donner à ses disciples lors de la Pâque: «C’est ici mon commandement : Que vous vous aimiez l’un l’autre, comme je vous ai aimés» (Jean 15:12). Ceci est l’exemple du témoignage vivant que nous devons porter devant le monde: «En ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour l’un pour l’autre» (Jean 13:35). C’est ici le vrai Repas du Seigneur et celui qui n’y participe pas ou qui rejette cet enseignement n’est pas chrétien et n’a point la vie éternelle en lui (Jean 6:53,54).
Sous la Nouvelle Alliance, il n’existe plus aucun signe matériel visible qui transmet la grâce ou fortifie la foi, choses qui n’étaient que «l’ombre des biens à venir» (Hébreux 10:1) et qui furent «abolies» (Hébreux 12:27). Tous les éléments cultuels qui servaient de signes visibles sous l’Ancienne Alliance de la loi, étaient d’un caractère prophétique comme des préfigurations qui indiquaient la venue du Messie. Une fois le ministère vicarial de Christ accomplit, tous les éléments de la loi n’étaient plus nécessaires, ayant réalisés leur but ils furent abolis et remplacés par la liberté de la grâce qui détient uniquement un caractère spirituel de la Sainte Présence de Christ en nous. Puisqu’il n’y a aucune ordonnance de la loi qui est valide sous la grâce, nous réalisons que Jésus n’a jamais institué aucun sacrement ou ordonnance comme le Baptême d’eau et le Repas du Seigneur, et que ces choses ne sont que les fruits de l’imagination maladive du raisonnement humain qui désire monopoliser la grâce dans le but de remettre les croyants sous la servitude de la loi. Ils ne sont donc pas des Moyens de Grâce mais des moyens d’exploitation qui servent aux dirigeants spirituels des différentes religions dites chrétiennes, dans le but de justifier leur existence inutile et de remplir les coffres et les poches de ceux qui manipulent les gens et les circonstances en leur faveur.
Sachant ces choses, nous pouvons maintenant procéder à regarder l’enseignement de l’apôtre Paul concernant le Repas du Seigneur. Paul affirme que sous la grâce «nous ne connaissons plus Christ selon la chair» (2 Corinthiens 5:16), c’est à dire qu’il n’y a rien qui soit charnelle qui puisse prétendre donner une connaissance de Christ qui soit valide. Précisons immédiatement que la Parole de Dieu ou la Bible, quoique écrite et imprimée sur du papier matériel ou physique, ne peut être considérée comme un élément charnel mais spirituel, car elle respire de la Présence de Dieu même, et les mots qu’elle contient, c’est à dire la structure grammaticale, sont des paroles vivantes et éternelles déterminées par Dieu de toute éternité. Elle nous a été donnée dans le temps, elle sera présente au jugement dernier, et elle sera pour toute l’éternité servant de témoignage à la gloire de Dieu en Jésus-Christ qui en est l’Auteur par son Saint-Esprit qui l’habite. Cela dit, selon l’enseignement de l’apôtre Paul dans 2 Corinthiens 5:16, les éléments de l’eau dans le Baptême, le pain et le vin dans le Repas du Seigneur, utilisés par les religions, ne sont d’aucune utilité pour nous donner une représentation de Christ, «car les choses anciennes sont passées et toutes choses sont devenues nouvelles» (2 Corinthiens 5:17). Ces éléments nous donne plutôt une fausse représentation de Christ que l’apôtre Jean nomme de l’idolâtrie (1 Jean 5:20,21). Dans un contexte où Paul nous parle de l’idolâtrie pour nous aviser de la fuir, il souligne ce changement «des choses anciennes qui sont devenues nouvelles» en disant: «La coupe de bénédiction, laquelle nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang de Christ? Et le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps de Christ?» (1 Corinthiens 10:16). Éloignons de nous le faux concept religieux de la communion qui consiste à manger un morceau de pain et boire un peu de vin, car le mot «communion» signifie «être associé, être uni dans une même foi». Par ces paroles, Paul ne confirme pas ici l’institution d’un sacrement, il ne donne aucune approbation à une ordonnance qui consisterait en des éléments matériels ou physiques, il établit plutôt un parallèle ou une comparaison entre une chose ancienne et une chose nouvelle. Même plus, il souligne fortement que les choses anciennes de «l’Israël selon la chair» sont «des idoles» qui ont un rapport avec «des démons», et il ne veut absolument pas qu’un chrétien sous la grâce «participe à la Table du Seigneur et à la table des démons» (1 Corinthiens 10:18-21). Il avait souligné ce point du changement des choses anciennes à des choses nouvelles, en disant: «Nettoyez donc le vieux levain, afin que vous deveniez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain; car Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous. C’est pourquoi, célébrons la fête, non avec le vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité» (1 Corinthiens 5:7,8). Dans l’essence de son message du changement de toutes choses, Paul fait ressortir deux aspects importants qui soulignent l’amour de Dieu ou l’Agapé: la communion avec Christ, et la communion avec les frères dans l’amour sacrificiel de Dieu qui est «le renoncement à soi-même». Il élabore ceci dans ses reproches aux Corinthiens qui se réunissaient pour célébrer l’Agapé dans une attitude d’hypocrisie qui ne manifestait point l’exemple du renoncement que Christ avait ordonné (1 Corinthiens 11:17-34). Ils avaient remplacés les signes extérieurs de la loi par la manifestation extérieur des dons miraculeux de l’Esprit, laissant ainsi de côté l’amour sacrificiel de Dieu dans leurs agissements envers l’un l’autre, et Paul devait corriger cette déviation atroce par rapport à la foi. Il importe de souligner de nouveau que les dons miraculeux de l’Esprit étaient seulement pour cette période transitoire dans laquelle la loi et la grâce coexistèrent lors de l’enfance de l’Église, et que par après, ayant accomplit leur but, ils cessèrent et furent remplacés par la révélation totale de l’amour sacrificiel de Dieu dans l’achèvement parfaite des écrits du Nouveau Testament (1 Corinthiens 13:8-10). Ce fait est souligné par la permanence de l’amour sacrificiel qui est le plus grand don que nous puissions avoir (1 Corinthiens 13:13), car le renoncement à soi est la révélation de Christ en nous et en sa Parole écrite. Les reproches de Paul sont justifiés, car chacun se pressait de prendre son repas en particulier afin de ne pas partager avec ceux qui n’avaient rien (1 Corinthiens 11:21,22). Le partage est la conséquence directe et logique du renoncement, il est l’évidence de la Présence de Christ en action, le témoignage de la mort et de la résurrection de Christ qui, par son ascension, est venu habiter en nos cœurs par l’Esprit de sa Brillante Présence. Le refus de partager porte des conséquences désastreuses et n’est point acceptable dans le corps de Christ. En se référant à la Pâque que le Seigneur célébra avec ses disciples, Paul souligna dans le chapitre 11 de 1 Corinthiens l’importance capitale du renoncement en montrant qu’il fut un commandement direct du Seigneur (1 Corinthiens 11:23-25) qui avait renoncé à toutes choses pour nous. C’est en effet par le renoncement que «nous annonçons la mort du Seigneur», car le renoncement est une mort en soi-même, et le partage en est l’évidence aux yeux du monde (1 Corinthiens 11:26; Jean 13:35). «C’est pourquoi» celui qui participe au renoncement de Christ en offensant les frères «est coupable envers le corps et le sang du Seigneur.» (1 Corinthiens 11 :27), car il «ne discerne point» que nous sommes «le corps du Seigneur» (1 Corinthiens 11:29) par la Sainte Présence de Christ en chacun de nous. Le refus de partager dans l’église des Corinthiens fut la cause pour laquelle il y avait «beaucoup d’infirmes et de malades, et qu’un grand nombre sont morts» (1 Corinthiens 11:30). «C’est pourquoi», lorsque les frères s’assemblent, ils doivent s’attendre (1 Corinthiens 11:33), c’est à dire qu’ils doivent compter sur l’un et l’autre dans l’entre aide mutuel pour donner l’évidence de l’union mystique en chacun d’eux. Sans entre aide plusieurs frères et sœurs sont condamnés à la misère, à la pauvreté, à la privation, à la détresse, et même périssent par l’attitude abominable et scandaleuse de ceux qui refusent de partager. C’est ici, en effet, que se trouve le vrai repas du Seigneur dans le renoncement à soi pour Christ et le partage entre les frères. Celui qui n’y convient point ne fait pas parti du corps de Christ, et ce n’est point en mangeant un morceau de pain ou en buvant une coupe de vin que sa condamnation va être enlevée.)
— Voir: encore articles Coupe, et Pâques.
CENS ou Capitation,
impôt d'un demi-sicle (1 fr. 65
c.) que chaque Israélite devait payer en
passant par le dénombrement. Exode 30:13.
Quelques-uns pensent que c'était un impôt
annuel, d'autres que chaque Israélite le
payait une fois dans sa vie, pour «faire le
rachat de leurs personnes;» d'autres croient
qu'on n'était tenu de le payer qu'aux
époques de dénombrement, et que ce fut pour
y avoir manqué que David vit son peuple
atteint de mortalité; d'autres enfin croient
que cet impôt fut ordonné à Moïse, par
extraordinaire, et qu'il devait être décrété
de nouveau à des époques indéterminées, sans
avoir été jamais un impôt régulier. Le
revenu de cet impôt était affecté au service
du temple.
— Au retour de la captivité, un impôt annuel
d'un tiers de sicle fut établi pour les
frais du culte. Néhémie 10:32.
— Après la ruine du temple de Jérusalem, les
Romains obligèrent les Juifs à payer un
demi-sicle par tête pour l'entretien du
temple de Jupiter Capitolinus.
CÉPHAS,
— Voir: Pierre.
CERCUEIL.
Les Égyptiens et les Hébreux
s'en servaient même lorsqu'ils embaumaient
leurs morts. Les cercueils étaient
proportionnés à la taille du défunt, à sa
qualité, et au prix que l'on voulait y
mettre. Quelquefois le dessus du cercueil
indiquait le nom et les titres de la
personne qui y était renfermée, et si
c'était un homme ou une femme, etc. Des
figures, des peintures ou d'autres ornements
accompagnaient les couvercles du cercueil
des grands personnages.
— Voir: Sépulcres.
CERF,
animal que les Hébreux désignaient ordinairement sous les noms de ayal, ayalah, ayèleth, sans en distinguer, comme nous, les différentes espèces et familles; c'est ainsi que les antilopes et les gazelles étaient probablement comprises sous le même nom général, quoique la gazelle, q.v., eût aussi le nom particulier de Tsebi. Le cerf est très connu; il se rencontre jusque dans les forêts de l'Asie méridionale. Les Hébreux le comptaient au nombre des animaux purs, de même que le daim, Deutéronome 12:15; 14:5; 1 Rois 4:23. La course rapide de ce gracieux animal, Genèse 49:21, est souvent célébrée par les poètes sacrés. Psaumes 18:34; 2 Samuel 22:34; Cantique 2:9,17; 8:14; Ésaïe 35:6, cf. Virgile Æneid. 6, 802.
CERVOISE,
boisson dont le nom se trouve toujours joint à celui du vin. Lévitique 10:9; Nombres 6:3; Deutéronome 29:6; Juges 13:4; 1 Samuel 1:15; Proverbes 20:1; 31:4. Un des vœux du Nazaréat était l'abstinence de cette boisson comme de toute autre boisson fermentée. On ne sait pas exactement ce qu'était la cervoise, probablement une espèce de vin falsifié dont les anciens fabriquaient diverses sortes; Pline parle (14:19) de vin d'orge, et d'un vin de dattes que l'on préparait dans tout l'Orient, en laissant infuser quelque temps des dattes dans une quantité d'eau suffisante, et en les pressant ensuite comme des raisins dans la cuve; cette boisson ne paraît pas cependant avoir été très saine; elle causait d'assez fréquents maux de tête. Les Talmudistes mentionnent encore un vin de miel dont le mode de fabrication est inconnu. C'est entre le vin d'orge et le vin de dattes qu'il faut probablement opter pour trouver la cervoise. Saint Jérôme qui parle des diverses boissons que nous venons de nommer, ne se prononce pour aucune, et définit en général la cervoise (sicera) toute boisson enivrante. Le passage Ésaïe 5:22, doit se traduire: «Malheur à ceux qui sont... vaillants à mêler la cervoise!» La question est de savoir si le prophète a voulu dire mettre de l'eau dans la cervoise, ou l'assaisonner d'épices fortes et savoureuses, de myrrhe, etc.; le contexte de la phrase favoriserait cette dernière explication (Winer, Gesenius,); mais on sait aussi que les Orientaux avaient coutume de mêler d'eau leurs boissons fortes pour les rendre plus douces, plus agréables, et plus appropriées à leurs besoins.
CÉSAR,
nom commun aux empereurs de
Rome, et un de leurs titres depuis Jules
César jusqu'à la ruine de l'empire romain;
c'est probablement le même mot que le Czar
des Russes, et le Kaiser des Allemands.
Quoique l'Écriture sainte mentionne
quelquefois les empereurs sous leur propre
nom, elle les appelle plutôt et généralement
Césars, parce que ce qu'elle en dit se
rapporte aux empereurs comme tels, plutôt
qu'aux individus: ainsi dans Matthieu 22:21,
«Rendez à César ce qui est à César», il
s'agit de Tibère; Actes 25:11, lorsque Paul
en appela à César, il s'agit de Néron; les
ordonnances de César de Actes 17:7; se
rapportent à Claude. Ce dernier empereur est
nommé de son nom Actes 11:28; Auguste, Luc,
2:1; et Tibère, Luc 3:1. Néron n'est jamais
nommé directement.
— Voir: ces différents articles.
CÉSARÉE.
Il y avait deux villes de ce nom en Palestine,
-
La première, qu'on appelait simplement Césarée, ou aussi Césarée de Palestine, était située au bord de la Méditerranée, non loin du promontoire du mont Carmel. Primitivement connue sous le nom de Tour de Straton, elle fut nommée Césarée par Hérode le Grand, qui retendit considérablement en l'honneur d'Auguste, l'embellit, lui donna à grands frais un port sûr, et la fortifia pour se» protéger contre les Juifs qu'il gouvernait. Un certain nombre de Juifs s'y étaient établis, qui vivaient en dissensions continuelles avec les Grecs et les Syriens qui s'y trouvaient. Les Romains en firent, avant la destruction de Jérusalem, la résidence du gouverneur de la Palestine, qui montait à Jérusalem lors des fêtes solennelles (ainsi qu'on le voit par la vie de Pilate); c'était aussi le point central de leurs forces militaires dans ce pays, et le siège principal de l'administration et de la justice. Cette ville n'est plus maintenant, sous le nom de Kaisarié, qu'un grand amas de ruines inhabitées; ses murailles, relevées par saint Louis pendant sa croisade, sont néanmoins intactes et bien conservées; des sangliers et des chacals seuls en font leur repaire; une source abondante qui se trouve au milieu de la ville, y attire encore quelquefois les troupeaux voisins, qui viennent s'y abreuver d'une distance de près de dix kilomètres.
Un des chefs de la garnison de Césarée, Corneille, fut le premier des païens qui fut amené à la connaissance de l'Évangile, Actes 10 et 11. Ce fut aussi dans cette ville qu'Hérode Agrippa, petit-fils d'Hérode 1er, se rendit, après avoir fait mourir les gardes de la prison d'où Pierre était sorti miraculeusement, et qu'il fut frappé de l'ange du Seigneur, pour avoir souffert que les ambassadeurs des Tyriens et des Sidoniens l'appelassent un Dieu, 12:19-23. Paul aussi vînt plusieurs fois à Césarée: poursuivi, peu de temps après sa conversion, par les Juifs hellénistes, il fut conduit par les frères à Césarée, d'où ils l'envoyèrent à Tarse, 9:29-30. Au retour de son second voyage de mission, il débarqua à Césarée, se rendant à Jérusalem pour la fête, 18:22. Enfin il v aborda encore au retour de son dernier voyage; à Jérusalem, il n'échappa à la fureur des Juifs que par la protection divine, et fut conduit par le tribun romain à Antipatris, puis à Césarée où il resta deux ans, 23:33; 24:27; 27:1. Philippe, l'un des sept diacres, était de Césarée où il était établi, 21:8.
-
Césarée de Philippe, Matthieu 16:13; Marc 8:27, ville au pied du Liban, près de l'Hermon, non loin des sources du Jourdain, à une journée de Sidon, et à une journée et demie de Damas. Située près de la montagne du Panius, consacrée au dieu Pan, elle portait anciennement le nom de Panéade, et reçut du tétrarque Philippe, en l'honneur de l'empereur, le nom de Césarée, auquel on ajouta celui de Philippe pour la distinguer de l'autre Césarée; elle ne tarda pas à reprendre son ancien nom après la mort de celui qu'elle devait célébrer, et l'on voit dans cette circonstance une preuve de plus que les écrivains sacrés étaient contemporains de l'époque dont ils parlent: un auteur postérieur eût ignoré ou oublié ce changement de nom. C'est là que le Seigneur, après avoir admiré la foi de la Cananéenne, eût aussi la joie d'entendre Pierre lui répondre ce que l'Esprit seul avait pu lui révéler: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant», Matthieu 16, Marc 8, Luc 9. C'est peut-être encore sur une des sommités de l'Hermon, et dans le voisinage de cette ville, qu'eut lieu la transfiguration.
CHABOR,
est le nom d'une rivière, et
c'est un fait remarquable qu'une rivière,
sortant des montagnes centrales de
l'Assyrie, retient invariablement ce même
nom jusqu'à nos jours. Gesenius traduit
ainsi le passage de 2 Rois 17:6: «Il les fit
habiter en Chalites (Halah), et sur le
Thabor (Habor), une rivière de Gozan, et
dans les cités des Mèdes.» La version
anglaise admet le même sens, si l'on
retranche seulement la particule by,
(by a river of Gozan) laquelle est
imprimée en italiques pour montrer qu'elle
n'existe pas dans l'original. Habor, comme
nous le voyons, est une rivière de Gozan. Le
Zab en est une aussi; et se trouvant la plus
considérable, elle peut bien être appelée
par excellence la rivière de Gozan,
q.v. (Grant.)
2 Rois 17:6; 18:11; 1 Chroniques 5:26.
Contrée ou, d'après une autre construction,
fleuve du pays de Gozan. Dans le premier
cas, ce seraient peut-être les alentours des
monts Chaboras, placés par Ptolémée (6, 1)
entre la Médie et l'Assyrie; dans l'autre
cas, le fleuve Chaboras qui descend de ces
monts et se jette dans le Tigre. Peut-être
aussi faut-il l'identifier avec le Kébar de
Ézéchiel 1:3, qui se jette dans l'Euphrate,
— Voir: Kébar.
CHACAL,
nom turc et persan d'un animal
qui tient une espèce de milieu entre le
renard et le loup; c'est le lupus aureus
des Latins, et le loup doré des Allemands.
On le trouve en Perse, en Arménie, en
Arabie, et jusqu'en Syrie et en Palestine;
sa longueur, la queue comprise, est de 1
mètre 25 c.; il ressemble par sa forme et
par son poil, au renard, avec lequel on le
confondrait aisément au premier coup-d'œil;
sa tête cependant, fauve comme celle du
loup, se rapproche davantage de la tête du
chien de berger; elle est allongée, et
compte jusqu'à 10 ou 12 centimètres. La
queue est ronde, roide, très-fournie, et
noire à son extrémité. Les yeux sont grands.
Le jour cet animal se tient tranquille dans
sa caverne, ou dans son bois; mais la nuit
on le voit courir au pillage, et souvent par
bandes d'environ 200, jusque dans le
voisinage des villes. Il se nourrit de
volaille, de charognes déterrées, et attaque
les enfants qui sont sans défense. On
prétend que son hurlement nocturne a
beaucoup de rapport avec les cris d'un
enfant.
Au milieu de toute l'obscurité qui règne sur
l'histoire naturelle des Hébreux, et sur la
manière dont on doit traduire les noms
hébreux désignant des animaux sauvages et
peu connus, les naturalistes et les
théologiens ont cru devoir entendre le
chacal par le mot Yim des passages
Ésaïe 13:22; 34:14; Jérémie 50:39, que nos
versions traduisent par «les bêtes sauvages
des îles ou des déserts.» L'animal
appelé Thannim ou Thannin, Job 30:29; Michée
1:8; Ésaïe 43:20, et qui se traduit par
dragons dans nos Bibles, est peut-être
aussi le chacal, mais c'est très incertain;
quelques-uns le rendent par chien sauvage,
d'autres par loup, et l'analogie de l'arabe
favoriserait cette dernière traduction. Il y
a cependant en Orient une autre espèce de
chien-loup appelé le chien de Syrie, qui
ressemble encore plus au renard que le
chacal, mais avec le museau moins allongé,
les pieds plus courts; la peau brune,
blanchâtre sur le cou; les oreilles courtes,
presque blanches en dedans; sa tête tient de
celle du loup; son cri féroce et plaintif
exprime la joie et la volupté plus que la
faim. Il serait possible que ce fût là
l'animal dont parlent les auteurs sacrés
sous le nom de Thannim; c'est l'opinion d'un
savant allemand, Ehrenberg, devant laquelle
Winer reste sans oser se décider.
CHAIR.
Le mot chair se prend dans
l'Écriture sainte dans différentes
acceptions. Il signifie l'homme, les hommes,
l'humanité, Josué 23:14; Genèse 6:12;
— les êtres vivants et les animaux, Genèse
7:15-16;
— des relations de parenté, Genèse 29:14;
37:27; 2 Samuel 5:1; 1 Chroniques 11:1. La
chair est souvent opposée à l'esprit,
Galates 5:16-17,19,24. Dans ces passages
elle est représentée comme ayant des
appétits à elle, ses passions, ses voluptés;
ses œuvres, ses fruits sont les impuretés,
l'orgueil et la haine. Ces questions de
psychologie semblent résolues par la Bible
dans un sens presque matérialiste. Sans
entrer à cet égard dans un examen épineux,
qui appartient d'ailleurs à la dogmatique
plus qu'à notre travail, nous nous bornerons
à faire remarquer le passage Éphésiens 2:3,
où saint Paul distingue entre les désirs de
la chair et ceux de l'esprit. Il semble
qu'il y ait, Job 19:22; 31:31; cf. Psaumes
27:2; Jérémie 19:9; Lamentations 2:20; 4:10;
Ézéchiel 5:10, une allusion à l'ancien
cannibalisme, coutume barbare dont le pieux
affligé craint d'être la victime, et dont
les prophètes annoncent que les habitants de
Jérusalem assiégés par leurs ennemis y
seront réduits, au point qu'ils dévoreront
la chair de leurs propres enfants.
— La chair des impudiques est comparée à
celle des ânes, elle est dure comme celle
des chevaux, Ézéchiel 23:20. Dans Proverbes
5:11, ce mot a peut-être une signification
plus particulière; en parlant des hommes qui
commettent le péché d'impureté, le Sage dit
que leur chair est consumée par les
maladies.
Quant à la chair des animaux, la loi de
Moïse avait sans doute, sous le double point
de vue hygiénique et moral, déclaré
certaines viandes impures, et d'autres pures
et propres à être mangées, Lévitique 11. Les
Hébreux se nourrissaient volontiers de
brebis, Ésaïe 53:7; Amos 6:4; de veaux, 1
Samuel 28:24; Genèse 18:7; Amos 6:4; Luc
15:23; de bœufs, Ésaïe 22:13; Proverbes
15:17; 1 Rois 4:23; Matthieu 22:4; de jeunes
chèvres, 1 Samuel 16:20; de gibier et de
volaille, 1 Rois 4:23 (le mot hébreu
barburim, employé dans ce dernier
passage, signifie selon les uns des chapons,
selon d'autres des oies). Cependant les
riches seuls faisaient de la viande un usage
habituel, 1 Rois 4:23; Néhémie 5:18. Les
pauvres n'en mangeaient que les jours de
fête, ou dans des occasions solennelles, Luc
15:23, ainsi que font encore aujourd'hui les
Arabes. L'épaule était la partie la plus
recherchée. Les Hébreux n'avaient pas le
droit de manger des viandes dans lesquelles
se trouvait du sang, parce que, dit le
législateur, l'âme de la bête est dans son
sang, Genèse 9:4; Lévitique 3:17; 7:26;
17:10; Deutéronome 12:27; cette défense
semble avoir été reproduite par les apôtres
pour les membres de la nouvelle alliance,
Actes 15:20,29. Ils ne pouvaient pas toucher
non plus à des viandes qui avaient été
d'abord sacrifiées à des idoles, et les
judéo-chrétiens continuèrent d'observer
cette règle, mais ils en furent dispensés
pour les cas où ces viandes leur seraient
présentées dans des repas ou à la boucherie,
sans qu'ils en pussent connaître l'histoire
et l'origine; ils ne durent s'en abstenir
que lorsque des frères faibles leur feraient
observer qu'elles avaient servi à des
sacrifices, et cela à cause de la conscience
de leurs frères, qui pourrait en être
blessée, 1 Corinthiens 8; 10:25. Dom Calmet
fait observer à ce sujet qu'en effet «le
royaume de Dieu ne consiste pas dans la
nourriture, ni dans le choix des viandes et
des boissons», Romains 14:17; 1 Corinthiens
8:8, et les chrétiens savent qu'à cet égard
aucune règle ne leur est imposée de la part
de Dieu, mais bien de la part de quelques
hommes qui «se sont révoltés de la foi,
s'adonnant aux esprits séducteurs et aux
doctrines des démons, enseignant des
mensonges par hypocrisie, et ayant une
conscience cautérisée, défendant de se
marier, commandant de s'abstenir des
viandes que Dieu a créées pour les
fidèles.» 1 Timothée 4:1-3.
Le passage Jean 1:13, où il est dit de ceux
qui croient, «qu'ils ne sont point nés de
sang, ni de la volonté de la chair, ni de la
volonté de l'homme (άνδρος),
mais ils sont nés de Dieu», a beaucoup
embarrassé les interprètes. Les difficultés
sont dans les détails. Ce passage est
composé de trois propositions qu'il est
difficile d'accorder entre elles et de
coordonner. Si l'un des membres de cette
trilogie manquait (la chair, comme dans le
manuscrit Ε et dans trois autres, ou la
volonté de l'homme, comme dans B), la
difficulté disparaîtrait, mais la critique
les maintient tous les trois, et l'on doit
se demander quels sont les rapports de ces
trois termes:
Le sang,
La volonté de la chair,
Et la volonté de l'homme.
Quelques-uns, comme Bleek, et même Tholuck,
y voient les trois phases de la génération
naturelle: la concupiscence sans conscience
d'elle-même, la chair avec la conscience
d'elle-même, et la volonté;
— Augustin: la semence, la femme (la chair,
cf. Matthieu 19:5; Éphésiens 5:29), et
l'homme;
— Tholuck: la semence, l'appétit sensuel en
général (Éphésiens 2:3), et la passion de
l'homme; il s'appuie sur d'autres passages
qui opposent également la chair à l'esprit,
Jean 3:6, ou la semence de Dieu à la vie du
péché, 1 Jean 3:9.
D'autres introduisent dans leur explication
des allusions ou un sens figuré, qui
s'écartent des idées relatives à la
naissance naturelle de l'homme. Origène: les
sacrifices (le sang), la circoncision (la
chair), et le zèle pour la loi (la volonté
de l'homme);
— Leclerc; ils ne sont point nés d'Abraham,
ni d'esclaves étrangères alliées au peuple
de Dieu (Deutéronome 21:11), ni même de
prosélytes;
— Benzel: les ancêtres, les parents, le
père. C'est trop recherché.
D'autres enfin voient, dans les deux
premiers termes, deux périphrases de la
génération humaine, et, dans le troisième,
la volonté de l'homme en général. Lampe:
generatio secundum ordinem naturæ, libido
lasciva (1 Jean 2:16; 2 Corinthiens 7:1;
Éphésiens 2:3), adoptio (Genèse 17:12-13.;)
— Henry: une famille spéciale (opposée à 1
Pierre 1:23), la naissance naturelle,
indiquant la filiation (Genèse 6:3), la
volonté humaine, Romains 9:16. Il est prouvé
par Jacques 1:20, que le mot
άνηρ peut se prendre, même au singulier,
dans le sens de homme, sans l'idée du sexe.
Et c'est à ce sens qu'il nous parait le plus
simple de s'attacher; il est indiqué dans la
traduction paraphrastique de Beausobre: «Ils
ne tirent leur naissance ni du sang, ni du
désir de la chair, ni de la volonté
humaine.» Ce passage est ainsi parallèle de
1 Pierre 1:23: «Vous avez été régénérés, non
par une semence corruptible, mais par une
semence incorruptible.» Ils sont nés, non de
l'amour humain, mais de l'amour de Dieu, cf.
encore Éphésiens 2:3; 5:25; sq. 1 Jean 3:1;
Jacques 1:18.
Gerlach l'entend à peu près de la même
manière. L'apôtre, dit-il, veut, par toutes
ces expressions accumulées, exprimer
vivement et fortement cette pensée,
qu'aucune origine charnelle, aucun effort de
la nature corrompue de l'homme, livrée à
elle-même, ne peut engendrer des enfants de
Dieu. Il y a même une progression dans les
termes: d'abord, en général, ils ne sont pas
nés du sang (grec: des sangs),
c'est-à-dire des familles, quelles qu'elles
soient, contrairement à la fausse sécurité
que les Juifs fondaient sur leur origine
(8:33); ils ne sont pas nés non plus «de la
volonté de la chair», c'est-à-dire de
la nature humaine corrompue, infirme,
mortelle, portant en elle toutes les suites
du péché; enfin, d'une manière plus précise
encore, ils ne sont pas nés de la volonté
de l'homme (littéral, du mari), mots qui
marquent l'impossibilité absolue où est tout
nomme de produire des êtres qui, par
naissance, méritent le titre d'enfants de
Dieu.
— Les deux dernières expressions feraient
peut-être aussi penser à un sens spirituel,
et indiqueraient que la volonté de la nature
humaine, ni celle d'aucun homme, ni l'emploi
de toutes ses facultés, ne suffira jamais
pour régénérer l'homme et le rendre enfant
de Dieu. Dans ce sens aussi ce qui est né
de la chair est (et reste) chair,
3:6. (Bonnet et Baup).
— Galates 5:17. Quand saint Paul dit que
l'esprit convoite contre la chair, il
n'entend pas que l'âme bataille contre la
chair, ou la raison contre la sensualité;
mais l'âme même, en tant qu'elle est
gouvernée par l'esprit de Dieu, combat
contre-soi, en tant qu'elle est encore vide
de l'esprit de Dieu, et adonnée à ses
cupidités. (Calvin).
CHALACH,
2 Rois 17:6; 18:11. Peut-être
le même endroit que Calah q.v.; mais l'un et
l'autre sont peu connus. On compare la
province de la Calachène dont parlent
Ptolémée et Strabon, qui était située entre
les sources du Lycus et du Tigre;
— ou encore la ville arabe de Cholwan,
ancienne résidence d'été des califes, à cinq
journées de Bagdad, située d'après d'Anville
entre le 63° et 64° longitude et le 34° et
35° latitude. Il y a de la marge pour
choisir.
CHALCÉDOINE,
le troisième fondement de la nouvelle Jérusalem, Apocalypse 21:19. C'est une pierre précieuse, à moitié transparente, bleu de ciel, nuancée d'autres couleurs; elle correspond à l'agathe, Exode 28:19, et l'on trouve une agathe-chalcédoine qui semble être une forte combinaison des deux substances.
CHAMBRE
haute,
— Voir: Maisons.
CHAMEAU.
Cet animal, maigre sans
finesse, élancé sans élégance, léger sans
grâce, est trop connu pour que nous ayons à
parler de son gros dos, de son cou sec et
long, de sa petite tête, de ses courtes
oreilles, de son poil gris ou fauve. Il a de
2 mètres à 2 mètres 1/2 de hauteur.
L'excroissance grasse, glanduleuse et
charnue qu'il porte sur le dos fournit aux
Arabes une nourriture succulente et
recherchée, aux voyageurs un siège sûr et
solide. Les noms de dromadaire et de chameau
n'indiquent pas deux espèces différentes,
mais seulement deux familles distinctes
subsistant de temps immémorial dans l'espèce
du chameau. Le dromadaire n'a qu'une bosse,
et se trouve en Syrie et en Palestine sous
le nom de chameau turcoman, chameau arabe:
il ne porte que 3 à 400 kilogrammes Le
chameau proprement dit, ou chameau à deux
bosses, est plus grand et plus fort; il
porte jusqu'à 800 kilogrammes; on le
distingue du dromadaire par les noms de
chameau bactrien ou chameau turc; mais il
est plus délicat, il craint davantage la
chaleur, et l'on ne peut pas s'en servir
dans les mois les plus chauds de l'année.
L'espèce du dromadaire est beaucoup plus
nombreuse et plus répandue que celle du
chameau; mais l'une et l'autre sont
circonscrites entre la Chine et l'Arabie,
sans s'élever plus au nord ni descendre
jusqu'aux Indes.
Si pendant sa vie le chameau peut remplacer
à la fois, et avantageusement, le cheval
pour la course et le trait, la vache pour le
lait, l'âne par sa sobriété, la brebis par
son poil qui tombe chaque année, et enfin le
bois par sa fiente, que les Arabes font
sécher au soleil et qu'ils font brûler
ensuite, il sert encore après sa mort, et
aucune partie de cet utile animal ne se
perd. Quand on le tue, sa chair nourrit les
Arabes, ou bien les caravanes altérées
trouvent dans ses quatre estomacs de l'eau
pour apaiser la soif qui les dévore; souvent
même, au milieu des déserts, on le tue tout
exprès pour boire cette eau, lorsque rien ne
fait espérer qu'on en puisse trouver
ailleurs. Sa peau sert à faire des sandales
ou des outres solides et d'une grande
capacité, dans lesquelles on conserve et
transporte de l'eau, du beurre, des grains
et tels autres objets de commerce ou
d'utilité particulière. On en fait aussi des
courroies et des cordelettes dont on se sert
en attachant cinq ou six les unes aux
autres, pour puiser l'eau des citernes.
Quelquefois encore, on étend des peaux tout
entières, dans lesquelles on recueille la
rosée et la pluie du ciel, et ces citernes
artificielles servent à abreuver les
troupeaux.
Les patriarches regardaient déjà le chameau
comme une de leurs principales richesses,
Genèse 12:16; 24:10; 30:43; 31:17; 32:7.
Job, dans le temps de sa prospérité,
possédait 3,000 chameaux; plus tard il en
eut jusqu'à 6,000, Job 1:3; 42:12. Les
Madianites, les Hamalécites et les peuplades
voisines des Hébreux possédaient des
chameaux aussi nombreux que le sable qui est
au bord de la mer, Juges 6:5; 7:12; 1 Samuel
15:3; 27:9; Genèse 37:25; Jérémie 49:32. Les
Israélites des temps postérieurs ne firent
pas moins de cas de ces utiles animaux, 1
Chroniques 27:30; Esdras 2:67; cf. Tobie
9:1. Sa chair leur était interdite comme
impure, Lévitique 11:4; Deutéronome 14:7;
mais il paraît que son lait ne l'était pas.
On se servait des chameaux pour le transport
des marchandises ou des bagages militaires,
Genèse 37:25; Juges 6:5; 1 Rois 10:2; 2
Chroniques 9:1; 2 Rois 8:9; Ésaïe 21:7;
30:6; 60:6, à cause de leur force, de leur
sobriété, et de la sûreté de leur pas dans
les sables ou sur les montagnes; ils
servaient aussi de montures, Genèse 24:64; 1
Samuel 30:17; les femmes s'asseyaient dans
des espèces de corbeilles ou paniers,
solidement attachés des deux côtés de
l'animal, couverts d'un dais et garnis de
tentures, souvent magnifiques; on en voit un
exemple, Genèse 31:34; les hommes cependant
montaient plus ordinairement, comme cela se
fait encore en Arabie, sur des selles
légères, ou sur le poil nu de l'animal,
comme sur nos chevaux. On employait aussi
les chameaux dans les guerres; ils étaient
ornés et équipés somptueusement. Ceux qui
parurent dans les guerres des Madianites
portaient des croissants autour du cou,
comme si le croissant eût déjà dû par avance
être le signe symbolique des infidèles de
l'Orient, Juges 8:21,26. Cyrus avait
également une cavalerie d'archers montés sur
des chameaux, Ésaïe 21:7, et les historiens
Hérodote et Xénophon racontent que les
chevaux de Crésus, effrayés à la vue de ce
spectacle inattendu, se ruèrent sur leurs
cavaliers et donnèrent ainsi la victoire à
Cyrus. Les Arabes, de nos jours, montent des
chameaux aussi bien que des chevaux
lorsqu'ils se mettent en campagne.
Ainsi qu'on vient de le dire, cet animal mue
chaque printemps, et perd en un ou deux
jours tout son poil, qu'on recueille avec
soin, et dont on fait des couvertures, des
tapis, des sacs, ou de grossiers vêtements.
L'apôtre de la solitude et de la repentance,
Jean-Baptiste, dont notre Sauveur a dit
qu'il n'était point vêtu d'habits précieux.
Matthieu 11:8, était en effet couvert d'un
manteau de poil de chameau, Matthieu 3:4.
Nous trouvons, Matthieu 19:24; Marc 10:25;
Luc 18:25, un proverbe cité par notre
Seigneur, et qui n'est pas toujours bien
compris: «Je vous dis qu'il est plus aisé
qu'un chameau passe par le trou d'une
aiguille, qu'il ne l'est qu'un riche entre
dans le royaume de Dieu.» Cette figure, peu
en rapport avec celle que nous emploierions,
a paru à quelques interprètes si forcée,
qu'ils ont cru devoir substituer au mot grec
camélos le mot camilos qui se
prononce à peu près de même, et qui signifie
une grosse corde, un câble de vaisseau; rien
n'empêche que cette variante ne soit admise,
rien, excepté cependant l'accord des
manuscrits. Mais comme cette variante, qui
s'accommode assez avec nos usages, ne
s'accommode pas avec ceux de l'Orient, il
faut s'en tenir au texte ordinaire; c'était
une habitude orientale, pour exprimer la
difficulté d'une chose, de dire qu'il serait
plus facile de faire passer un chameau, ou
un éléphant, par le trou d'une aiguille.
CHAMEAUPARD, ou Caméléopard,
hébreu Zémèr, animal
dont Moïse permet l'usage aux Hébreux. Les
uns font du chameaupard le produit d'une
panthère et d'un chameau, ou plutôt d'une
chamelle et d'une panthère mâle; mais outre
que ce produit serait un animal fabuleux, on
ne peut admettre que Moïse ait donné comme
une viande pure, celle d'une bête issue de
deux bêtes impures. D'autres pensent que par
chameaupard ou Zémèr, il faut entendre la
girafe (Ostervald, Sacy); mais il est peu
probable que Moïse ait donné une place dans
la loi sur les viandes à cet animal qui
appartient exclusivement aux régions
brûlantes de l'Inde au-delà du Gange. Luther
enfin traduit Zémèr par élan; cette
espèce de cerf n'appartient point non plus
aux latitudes de l'Asie mineure, il habite
les pays froids, et rien ne vient à l'appui
de cette interprétation (Bochart, Gesenius,
Winer, Rosenmuller). L'opinion moderne est
que le Zémèr doit signifier une espèce
particulière de gazelle ou d'antilope, sans
que l'on puisse préciser laquelle.
— Ce nom ne se trouve que Deutéronome 14:5,
version de Martin.
CHAMOIS,
Deutéronome 14:5; Job 39:4;
Psaumes 104:18; 1 Samuel 24:3. D'après ces
divers passages, l'animal hébreu Ackô
ou Yahel habite les rochers et les
hautes montagnes; on le trouvait en
abondance dans les environs de Hen-Guédi; sa
chair était pure, et il appartenait à la
famille des ruminants, avec l'ongle séparé
et le pied fourchu. Ce sont les seuls
caractères auxquels nous puissions essayer
de le reconnaître; nos versions françaises
ont traduit par chamois les deux noms
hébreux; Luther a fait une différence en
traduisant Ackô, Deutéronome 14:5, par
bouquetin, et Yahel dans les autres passages
par chamois. Il est évident par le contexte,
comme par ce qui nous en est dit, que c'est
dans ces familles de chèvres sauvages que
nous devons chercher l'animal dont il
s'agit, mais il est difficile d'en préciser
l'espèce; l'analogie de l'arabe favorise
davantage l'opinion qui traduit Yahel par
bouquetin, et le plus simple serait
d'admettre peut-être que le nom de Yahel se
rapportait à l'espèce tout entière, et que
le féminin Yahaleh désignerait le chamois,
que l'on aurait regardé comme la femelle du
bouquetin (Gesenius). On trouve maintenant
encore des bouquetins dans les montagnes du
Liban et de l'Antiliban, même aussi dans
l'Arabie Pétrée, et des chamois sur le mont
Carmel.
— Le proverbe arabe «plus beau qu'un
bouquetin», s'appliquerait mieux au gracieux
chamois qu'à cet animal grand-cornu; il
rappelle aussi la comparaison de Salomon,
Proverbes 5:19, où il est question de la
femelle du chamois plutôt que de celle du
cerf. On trouve encore, sur le mont Sinaï,
une troisième espèce de chèvre de montagne,
que les Arabes appellent Bedden, et qui
paraît particulière à cette contrée.
CHANDELIER.
Le chandelier sacré,
entièrement d'or, Exode 25:31-40, était
placé dans le lieu saint; il était
continuellement allumé, et nulle autre
lumière n'éclairait le tabernacle; on peut
ajuste titre le considérer comme un symbole
de la Parole de Dieu, sans laquelle
l'Église demeurerait dans les ténèbres, cf.
Psaumes 119:105; 2 Pierre 1:21. Il était
formé d'un piédestal surmonté d'une lampe,
et duquel partaient six autres bras, trois
de chaque côté, qui portaient six lampes
semblables à la première, toutes ornées de
fleurs, de calices d'amandiers et de pommes.
Son apparence avait donc quelque rapport
avec la forme d'un arbre, et nous voyons
aussi les effets de la Parole de Dieu
comparés au développement d'une plante,
Jacques 1:21; Psaumes 1:2-3. Les fleurs
représenteraient alors la sainte joie
produite par la Parole divine, les pommes
ses qualités vivifiantes. Proverbes 25:11;
Cantique 2:5, et l'amandier son prompt
accomplissement, Jérémie 1:11-12; (—
Voir: Amandier), Nombres 17:8-10.
Dans le temple de Salomon, au lieu d'un seul
candélabre, il y en avait dix, également
d'or pur, et de forme semblable, cinq au
nord et cinq au midi, 1 Rois 7:49; 2
Chroniques 4:7, qui furent tous transportés
en Caldée, Jérémie 52:19.
Il paraît que, dans le temple de Zorobabel,
il n'y en avait de nouveau qu'un seul, 1
Maccabées 1:23, de même que plus tard dans
le temple d'Hérode, Flavius Josèphe, Bell.
jud. 7, 5. Ce chandelier, ainsi que la table
sainte, fut mis, après la destruction de
Jérusalem, dans le temple que Vespasien fit
bâtir à la paix; sur l'arc de triomphe de
cet empereur, au mont Palatin, l'on voit
encore parmi les monuments de sa gloire, le
chandelier des Juifs.
CHANGEURS,
Matthieu 21:12; Jean 2:15; L'impôt du temple, Exode 30:13, qui devait se payer annuellement pour les frais de culte et d'entretien, se percevait chaque année à époque fixe. D'après un ouvrage talmudique, on annonçait publiquement le 1er Adar (15 à 20 février) que le moment du payement était venu; le 15 Adar, les changeurs ouvraient leurs bureaux dans les villes du pays, et se transportaient pour le 25 du même mois à Jérusalem. Il fallait que les Juifs soumis à l'impôt eussent occasion de se procurer l'ancienne monnaie dans laquelle ils étaient obligés de s'acquitter, et les changeurs n'avaient guère autre chose à faire qu'à la leur fournir contre une espèce d'agio. Ce métier chez les Juifs remonte à une haute antiquité.
CHANTRES.
Ce fut sous les règnes de David
et de Salomon que des chantres furent
établis pour le service de l'autel et du
temple, 1 Chroniques 25:1; sq.; ils furent
choisis parmi les Lévites qui, étant devenus
fort nombreux et n'ayant plus à s'occuper du
désassemblement du tabernacle, pouvaient
s'adonner à la musique avec d'autant plus de
facilité qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter
de leur subsistance. Il y eut dès le
commencement 4000 chantres, conduits et
dirigés par Asaph, Héman et Jéduthun, chefs
de la musique. Les vingt-quatre fils de ces
trois Lévites étaient à la tête de
vingt-quatre compagnies de chanteurs, et
chacun d'eux avait encore sous sa direction
onze maîtres d'un rang inférieur, sans doute
pour conduire les chœurs et faire des
répétitions partielles: il n'y avait pas de
femmes au milieu d'eux (— Voir:
cependant 1 Chroniques 25:5) Dans les
cérémonies solennelles, les Kéhathites
occupaient le milieu du temple, les
Mérarites la gauche, et les Guersonites la
droite. Ils ne portaient pas ordinairement
de costume particulier; cependant lors de la
translation de l'arche dans le temple de
Salomon, ils parurent vêtus de tuniques de
fin lin, 2 Chroniques 5:12.
— Le maître-chantre (Menazéach) auquel un
grand nombre de Psaumes sont consacrés ou
dédiés, n'était probablement pas ce que nous
appelons chez nous un chantre, celui qui
donne le ton et qui conduit le chant, mais
un chef de musique, chargé de faire répéter
et exécuter les morceaux qui lui étaient
confiés; et cette inscription semble
désigner les psaumes qui étaient plus
particulièrement destinés à être chantés, et
qui avaient un caractère public.
CHARS, Chariots.
Nous trouvons déjà dans
l'ancienne histoire d'Israël les chariots
employés comme moyens de transport pour les
vases du tabernacle, Nombres 7:3, pour
l'arche, 1 Samuel 6:7-8; 2 Samuel 6:3, pour
fouler le grain, Amos 2:13, ou pour conduire
des princes et des rois: dans ce dernier
cas, c'étaient plutôt des équipages
d'apparat, 1 Samuel 8:11; 2 Samuel 15:1, que
des voitures de voyage; on en trouve
cependant, Genèse 45:19; 1 Rois 12:18;
22:35; 2 Rois 9:27; Actes 8:28. La Palestine
étant peu propre, à cause de ses montagnes,
à la circulation des chars, les Israélites
préféraient les montures aux attelages, et
se servaient ordinairement d'ânes, de
chevaux et de mulets -, les chariots
n'apparaissent que rarement dans leur
histoire, et presque toujours dans des
occasions solennelles ou dans des moments
extraordinaires; ils formaient presque un
apanage des riches.
Les chariots dont l'Écriture parle le plus
souvent sont les chariots de guerre; ils
étaient de deux sortes, ceux qui servaient
aux princes et aux généraux, et ceux que
l'on envoyait, armés de fer, pour briser les
rangs des ennemis, et ravager leurs armées;
on trouve même, 2 Maccabées 13:2, des
chariots armés de faux, que le roi de Syrie
amenait contre la Judée. Les auteurs
profanes, Diodore de Sicile, Quinte-Curce,
Xénophon, racontent combien étaient
effroyables dans leurs effets, ces machines
roulantes, hérissées de piques et de lances
de tous les cotés; au timon, des piques avec
des pointes de fer qui regardaient en avant;
au joug des chevaux, deux pointes longues de
trois coudées; et partout des crocs de fer.
Quelquefois on mettait encore sur ces
chariots plusieurs hommes bien armés, qui
combattaient à coups de dards et de flèches.
L'essieu était plus long que celui des chars
ordinaires, et les roues plus larges et plus
fortes, pour pouvoir résister à l'effort du
mouvement, et afin que le chariot fût moins
sujet à verser, au milieu des heurts et des
chocs que sa forme irrégulière pouvait lui
faire rencontrer. Le siège du cocher était
une espèce de petite tour de bois bien
solide, à hauteur d'appui, et le cocher s'y
tenait, armé de toutes pièces et couvert de
fer.
Les plus anciens chariots de guerre dont on
ait connaissance sont ceux de Pharaon, qui
furent submergés dans la mer Rouge. Nous en
voyons encore dans l'armée des Cananéens,
Josué 11:4, dans celle des habitants de la
vallée que la tribu de Juda ne put
déposséder, Juges 1:19, dans celle de
Siséra, Juges 4:3, chez les Philistins qui,
dans leur guerre contre Saül, ne comptèrent
pas moins de 30,000 chariots attelés et
6,000 chevaux de cavalerie, 1 Samuel 13:5,
et, enfin, dans l'armée de Hadarhéser, à qui
David prit mille chariots, dont il conserva
cent pour son usage; mais il ne paraît pas
que ni lui, ni aucun autre roi hébreu, se
soient jamais servis de chariots pour la
guerre, et nous ne voyons aucune expédition
dans laquelle Salomon ait employé un seul
des 1,400 chariots et des 12,000 chevaux
qu'il possédait, 1 Rois 10:26; aussi
l'inégalité du terrain en eût-elle rendu
l'usage fort inutile et fort embarrassant.
Quant aux chars que montaient les rois et
les généraux dans les batailles, on n'en
connaît pas bien la forme; mais on peut
croire qu'à l'exception des accessoires
meurtriers, elle se rapprochait assez de
celle des autres chariots de guerre par la
longueur de l'essieu et le peu de hauteur
des roues; ils étaient ordinairement suivis
d'un autre chariot vide, afin que s'il
arrivait un accident au premier, la course
et les travaux du roi ne fussent pas
interrompus, 2 Chroniques 35:24; cf., Genèse
41:43.
C'est dans un chariot de feu que le prophète
Élie fut enlevé de la terre, 2 Rois 2:11, et
le prophète Élisée, voulant fortifier la foi
de son serviteur (ce n'était plus Guéhasi)
contre les entreprises du roi de Syrie, lui
fit voir la montagne pleine de chevaux et de
chariots de feu, l'armée de l'Éternel, qui
entouraient Élisée. Soit que l'Écriture ait
voulu descendre aux formes humaines pour
expliquer la présence et la force divines,
soit que les choses du ciel ne diffèrent des
choses humaines que par leur perfection et
par leur sainteté consumante, soit enfin
que, dans un moment donné, l'armée céleste
ait revêtu l'apparence des armées
terrestres, mais pour se montrer en même
temps une armée foudroyante, nous devons
admettre les faits tels qu'ils nous sont
racontés, sans nous arrêter à des
considérations ou à des hypothèses plus ou
moins légères ou frivoles, sur la nature de
ces chariots, ou plutôt sur la question de
savoir s'ils ont été réels ou s'ils n'ont
été qu'apparents. Il y a des chariots de feu
dans l'armée qui veille autour des rachetés
de Jésus. Et le paganisme qui, souvent,
n'est qu'une grossière défiguration de la
vérité, avait aussi consacré à ses divinités
des chars et des chevaux; Hérodote, Xénophon
et Quinte-Curce parlent des chariots blancs,
traînés par de magnifiques chevaux de la
même couleur et couronnés de guirlandes, que
les Perses consacraient au soleil dans leurs
cérémonies solennelles. Le roi Josias fit
brûler des chariots que ses prédécesseurs
avaient voué au culte de cet astre, 2 Rois
23:11.
L'Écriture parle encore d'une autre espèce
de chariots, ceux des aires, dont on se
servait pour briser la paille ou pour
séparer le grain de l'épi,
— Voir: Ésaïe 25:10; 28:27; 41:15;
Amos 1:3; 2:13.
Ils étaient portés sur des roues fort
basses, garnies de fer, qu'on roulait sur la
paille; d'autres fois même c'étaient de
simples rouleaux de bois armés de crocs, des
espèces de herses, 2 Samuel 12:31, que l'on
faisait passer sur les gerbes; cf. Virgile;
Géorg. 1, 163; 164. (Dans ce passage de
Virgile trahea est un chariot sans
roues, et tribula une espèce de
chariot armé de dents de toutes parts). Ces
chariots champêtres ont une fois, et à la
honte d'un grand roi, été employés à broyer
des ennemis vaincus: David s'étant emparé de
Rabba, ville de Hammon, en prit les
habitants et les mit sous des scies et sous
des herses de fer, etc., 2 Samuel 12:31. Ces
scies n'étaient probablement pas autre chose
que les chariots à roues, appelés scies par
les Septante et par saint Jérôme (plaustrum
habens rostra serrantia), et les herses
étaient les traîneaux sans roues, l'autre
espèce de char à battre le blé. Amos, 1:3,
dit que les Israélites de Galaad ont éprouvé
un traitement semblable de la part du roi de
Damas, et l'on sait que les anciens
Germains, les Carthaginois et les Romains
avaient imaginé de faire mourir les hommes
sous des claies chargées de pierres.
CHASLUHIM.
descendants de Mïtsraïm, Genèse 10:14, et par conséquent peuplade émigrée d'Égypte. Les uns veulent y voir les Pentapolitains, habitants de la Cyrénaïque; d'autres l'entendent des habitants de Pentaschœnos, dans la Basse-Égypte; d'autres cherchent les Chasluhims dans la Thébaïde; d'autres comparent encore la province de Casiotis entre Pelusium et Gaza; Dom Calmet suppose qu'ils se seront établis sur la côte occidentale de la mer Rouge, vis-à-vis de la ville de Coloca. Dans ce conflit d'opinions contradictoires, celle de Bochart paraît encore la plus probable, c'est qu'il s'agit de la Colchide, sur les bords orientaux de la mer Noire; Hérodote, Diodore, Amm. Marcellin affirment que ces Colchiens étaient des émigrés d'Égypte, et les deux noms Colchi, Chaslchim, sont à peu près les mêmes, à l'exception de l'S.
CHASSE, chasseur.
L'exercice de la chasse, dit
Buffon, doit succéder aux travaux de la
guerre, il doit même les précéder; c'est
l'école agréable d'un art nécessaire.»
(Article du Cerf.) Lorsque l'Écriture parle
du premier chasseur, elle nous le montre
aussi comme un puissant conquérant, Genèse
10:9. La chasse, dans les premiers temps du
monde, n'était pas un amusement, elle était
un mérite, une occupation: c'était subir des
dangers pour le bien de la société; aussi,
dans toute l'antiquité et en Asie surtout,
les chasseurs étaient-ils très respectés.
La chasse était déjà connue des Hébreux à
l'époque de leur vie patriarcale et nomade,
quoique peut-être elle ne fut pratiquée que
par les branches moins bénies des familles
sémitiques, Genèse 25:28; 27:3. Plus tard
elle devint une habitude, Lévitique 17:13;
Proverbes 12:27, destinée soit à la prise du
gibier, soit à la destruction des animaux
malfaisants et dangereux qui n'étaient point
rares en Canaan. Les armes des chasseurs
étaient l'arc, Genèse 27:3, la lance, le
javelot, les filets (même pour de gros
animaux comme la gazelle (ou bœuf sauvage),
Ésaïe 51:20, et le lion, Ézéchiel 19:8; cf.
Ecclésiaste 9:12; Psaumes 91:3), et des
fosses dans lesquelles on attirait par
surprise les animaux dont on voulait
s'emparer, surtout les lions, cf. Ézéchiel
19:4; 2 Samuel 23:20. Il ne paraît pas que
les Israélites se servissent de chiens, ni
de faucons dressés, quoique ces auxiliaires
aient été et soient encore fort en usage en
Orient; le gibier qu'auraient abattu ces
animaux eût été souillé pour les
observateurs de la loi mosaïque, Lévitique
17:15, à moins cependant qu'on ne les eût
dressés à saisir seulement la proie sans la
tuer. (A remarquer
que le mot «chasseur» porte aussi la
signification «d'agresseur», ainsi nous
voyons dans une traduction étymologique de
Gen. 10:8, 9: «Et
Cush (Chaos, Cheops) engendra Nimrod
(le Rebelle), qui commença à être le
grand Souverain de la terre. Il fut un
puissant agresseur contre YEHOVAH. C'est
pour cela qu'on dit: Comme Nimrod, puissant
agresseur contre YEHOVAH.)
— Nous voyons, Juges 14:6; 1 Samuel 17:35,
quelques exemples d'hommes vaillants qui,
sans le secours d'aucune arme, ont su faire
leur chasse et tuer de redoutables bêtes
féroces.
Les prophètes représentent quelquefois la
guerre sous l'emblème de la chasse. Jérémie
16:16, annonce les veneurs (ou chasseurs)
qui viendront contre Israël, sans doute les Caldéens et les Perses, cf. Ézéchiel 32:3;
13:20; Lamentations 3:52; Psaumes 91:3;
Michée 7:2.
CHAT-HUANT.
Les deux premiers animaux
indiqués Lévitique 11:16; Deutéronome 14:15,
et traduits par nos versions «le
chat-huant et la hulotte», doivent se
traduire plutôt par «l'autruche femelle
et l'autruche mâle.» C'est le même mot,
B'noth-Yaaneh, que nos versions ont partout
traduit par chat-huant (sauf Job 30:29,
hibous), et qui doit partout aussi se
traduire par autruche, Ésaïe 13:21; 34:13;
Michée 1:8. Les animaux mentionnés dans
l'Écriture sainte et qui, d'après quelques
versions, appartiendraient à la famille des
chats-huants sont les suivants:
Le Tin'chimeth, oiseau impur,
Lévitique 11:18; Deutéronome 14:16. Bochart,
d'après Onkélos, le traduit par noctua;
les Septante par porphyrio, espèce de
mouette ou poule d'eau; la Vulgate et nos
versions par cygne; cette dernière
traduction serait favorisée par le contexte.
Le Yanschouph, Lévitique
11:17; Deutéronome 14:16; Ésaïe 34:11.
Luther et nos versions le traduisent par
hibou, de même que Bochart. Les Septante et
la Vulgate ont Ibis. Gesenius, s'appuyant
sur l'étymologie de ce nom, qui vient de
naschaph (souffler), pense à une espèce
de héron, le butor, qui pousse un bruit
éclatant comme celui d'un instrument à vent.
Il est difficile de rien prononcer.
Le shahaph, Lévitique 11:16,
traduit hibou cornu par Œdmann; coucou par
nos versions; mouette par les Septante et la
Vulgate, et en partie par Bochart; ce
dernier sens est peu probable, à cause du
contexte, qui ne parle que d'oiseaux de
terre; on ne peut rien décider.
Le Kôs, Lévitique 11:17;
Deutéronome 14:16; Psaumes 102:7, Martin et
Ostervald le traduisent par chouette, de
même que Luther; la plupart des traducteurs
le rendent par hibou. L'accord des
interprètes et des talmudistes, ainsi que le
passage du psaume indiqué, qui nous montre
le Kôs habitant au milieu des ruines, vient
à l'appui de cette traduction. Bochart veut
au contraire y voir le pélican, par des
motifs étymologiques.
Le Tachmass, Lévitique 11:16;
Deutéronome 14:15. Les Septante, Onkelos et
la Vulgate traduisent chat-huant; cette
version peut être soutenue mieux que celle
de nos Bibles qui lisent hulotte; mais la
plupart des commentateurs se sont prononcés
d'après une étymologie un peu vague (chamass,
être violent) pour la traduction autruche
mâle.
Quant au chat-huant proprement dit, il n'en
est pas question dans la Bible.
CHATAIGNIER.
Le mot Harmon que nos
versions et Luther ont traduit par
châtaignier, Genèse 30:37; Ézéchiel 31:8,
indique plutôt une espèce d'érable ou de
platane, le platanus orientalis, très
commun en Orient, mais qui croît aussi
naturellement chez nous dans les terrains
humides: son tronc est droit et élevé, son
écorce grise et fine tombe chaque année, le
bois est d'un très beau blanc, et sert en
Asie à la construction des vaisseaux; ses
rameaux et ses branches s'étendent assez
loin et donnent beaucoup d'ombrage, ses
feuilles ressemblent à celles de la vigne,
laineuses et sises sur un long pétiole, ses
fleurs sont réunies en de petites touffes
rondes et verdâtres, elles commencent à
paraître avant les feuilles. C'est à la fin
de l'automne que mûrit sa semence, renfermée
dans de petites loges garnies d'une espèce
de laine.
— Les arbres nommés, Genèse 30:37, sont donc
le peuplier (ou storax), l'amandier et le
platane.
CHÂTIMENTS.
Tout le système pénal de la
législation mosaïque reposait sur l'idée du
talion, idée ancienne, Genèse 4:14; 9:5,
simple et naturelle; expression exacte et
vraie de la justice. En l'introduisant dans
sa loi, Moïse n'a fait que la conserver, en
la restreignant et la réglant par une foule
de dispositions de nature à lui ôter le
caractère de la haine et de la vengeance,
— Voir: Talion.
Les peines capitales, q, v., jouaient un
grand rôle dans cette législation, soit
comme châtiments, soit comme moyens
d'intimidation, Deutéronome 17:13. Puis
venaient les peines corporelles, le fouet et
la prison, q.v.; enfin des amendes, fixées
dans certains cas par la loi, Deutéronome
22:19,29, dans d'autres abandonnées à la
discrétion de l'offensé, Exode 21:22, ou
destinées à remplacer pour le coupable les
peines corporelles auxquelles il était
condamné, Exode 21:29. La restitution était,
en tout cas, la première peine du dommage
causé, si tant est qu'on puisse l'appeler
une peine, mais cette restitution, simple
dans le cas de dommage involontaire, Exode
21:33-34, montait jusqu'au quintuple dans le
cas d'un dommage fait avec intention, ou
pour une chose volée, 22:1; sq..
— L'exil, l'augmentation de la peine en cas
de récidive, et les supplices étaient
inconnus à la législation mosaïque; plus
tard ils furent introduits dans les mœurs et
dans les traditions rabbiniques: l'ancienne
coutume de l'imputation, par laquelle on
enveloppait toute une famille dans la peine
d'un coupable, n'est point sanctionnée dans
la loi; elle y est même interdite,
Deutéronome 24:16; cf. 2 Rois 14:6; Dieu
s'était réservé de juger des cas dans
lesquels elle devrait être pratiquée, Josué
7:15,24, parce que seul il peut juger de la
participation morale d'une famille au crime
d'un de ses membres.
— L'ensemble des peines marquées dans la loi
mosaïque, comme toutes les autres
dispositions de cette loi, est empreint d'un
caractère de douceur bien rare dans les
temps anciens, et chez les nations policées,
ou sauvages, de cette époque reculée. Les
châtiments sont proportionnés aux délits, la
faute est punie, l'offensé est satisfait, et
l'injustice évitée autant que possible;
toutes les précautions sont prises pour
abriter l'innocent, et dans plusieurs cas où
la perspicacité humaine n'aurait pu se
prononcer avec certitude, le jugement de
Dieu intervient, Nombres 5:11, etc. Mais,
douces dans la répression des délits contre
la société et contre des citoyens, les
peines sont d'une sévérité frappante pour
les délits religieux, et pour de légères
infractions aux lois sur la police, ou sur
la pureté légale. Ce contraste est du même
genre à peu près que celui que nous trouvons
dans le fait que deux chapitres seuls sont
consacrés à l'immense récit de la création,
tandis qu'il y en a plus de vingt pour la
description des différentes pièces du
tabernacle. Même contraste encore entre les
neuf chapitres consacrés à l'histoire des
premiers patriarches, et les trente et un
qui nous racontent l'histoire de la seule
famille d'Abraham jusqu'à Joseph. C'est que
la partie intellectuelle, spirituelle,
vivante de l'homme considéré comme individu,
est de beaucoup plus réelle et sérieuse que
son existence matérielle, ou même que la vie
de l'humanité tout entière. Ce qui est le
plus important, Dieu le raconte avec le plus
de détails, il développe ce qui doit être
développé, et laisse dans l'ombre ce qu'il
n'est pas nécessaire de connaître; ainsi le
chef de la théocratie a dû faire ressortir
avec une force toute particulière, et
frapper de peines extraordinaires, les plus
petites infractions à la loi divine, les
moindres manquements à la sainteté, les
déviations même extérieures, même
cérémonielles, même physiques, de la loi
sainte, juste et pure, qui devait régir le
peuple théocratique. Il fallait avant tout
que les Hébreux eussent en horreur le mal,
la souillure; et pour que cette nation peu
intelligente comprit la nature de la
sainteté, il fallait que des châtiments
sévères servissent, par leur influence
menaçante, à préserver les Israélites des
moindres impuretés légales, des choses qui
n'étaient même impures que typiquement et
parce que le législateur les avait déclarées
telles. Il fallait, pour ainsi dire,
demander le plus pour avoir le moins; comme
on interdit à un enfant l'entrée d'un
jardin, lorsqu'on veut seulement l'éloigner
des fruits qu'il renferme.
CHAUVE.
Les têtes chauves pour lesquelles le monde moderne professe une espèce de respect facile à comprendre, à cause des idées de méditations profondes, ou de grands et intéressants malheurs dont elles semblent être le symbole, ne jouissaient pas du même privilège chez les anciens. César se trouvait trop heureux de pouvoir dissimuler à force de lauriers, son front chauve et nu; et les Juifs, en particulier, voyaient quelquefois dans cette infirmité un avant-coureur de la lèpre, rien moins que cela, cf. Lévitique 13:40 et suivant; 21:5; à tel point qu'un homme chauve était regardé comme incapable de remplir les fonctions de prêtre. Le prophète Élisée fut insulté par une troupe d'enfants, parce que sa tête était nue, 2 Rois 2:23; et Ésaïe, parmi les humiliations dont il menace les filles de Sion, annonce que l'Éternel découvrira le sommet de leur tête, 3:17,24, cf. Jérémie 47:5; Amos 8:10.
CHAUVE-SOURIS
(hébreu Hatalleph). Animal impur, nommé Lévitique 11:19; Deutéronome 14:18; Ésaïe 2:20. Quelques auteurs, d'après les rabbins, ont voulu y voir l'hirondelle, et Luther l'a ainsi traduit dans les deux premiers des passages indiqués, quoique, dans celui d'Ésaïe, il ait mis chauve-souris. Cet animal, souris par son corps, et presque oiseau par ses ailes, cependant sans plumes, appartient à la classe des mammifères: c'est une des familles les plus variées qui existent; on en compte plus de trois cents espèces différentes qui se distinguent par leur grosseur, la grandeur, l'étendue, la finesse de leurs membranes, par le nombre de leurs oreilles, etc. On en trouve en Orient, et jusqu'en Chine et sur les côtes du Malabar, qui sont beaucoup plus grosses que les nôtres, que l'on engraisse, que l'on sale, et dont on fait un mets, à ce que l'on assure, fort délicat.
CHEMIN d'un sabbat.
La montagne des Oliviers, dit saint Luc, est près de Jérusalem le chemin d'un sabbat, Actes 1:12. Il est évident que par cette expression l'on doit entendre la portion de chemin qu'il était permis aux Israélites de faire le jour du sabbat hors de leurs demeures. La loi de Moïse, Exode 16:29, défend aux voyageurs du désert de sortir au sabbat pour aller recueillir la manne; et les Juifs postérieurs, si attachés à la lettre de la loi, avaient conclu de ce passage que la plus grande course qu'ils pussent faire dans le jour du Seigneur, devait être calculée d'après la distance qui se trouvait entre le tabernacle et les rangs les plus éloignés du camp d'Israël au désert, distance qu'ils avaient calculée être de 2000 coudées environ; ils avaient donc établi pour règle que personne ne pourrait s'éloigner des murs de la ville, ou des frontières de son territoire, de plus de 2000 coudées. Il est assez remarquable que cette défense, relative au chemin d'un sabbat, ne se trouve nulle part ailleurs que dans le verset indiqué, lequel même n'est pas très direct; mais tout l'ensemble des autres lois sabbatiques était tel, que les Juifs en avaient dû conclure qu'il leur était défendu de voyager, ou de se fatiguer par de trop longues promenades dans le jour du Seigneur: et nous pouvons penser que, sans autre détermination plus précise ou plus minutieuse, ce qu'on appelait chemin d'un sabbat n'était pour les Juifs pieux et fidèles, qu'une promenade hors de l'enceinte de leur endroit, plus ou moins longue, selon les forces et l'âge de chacun, de nature à reposer le corps plus qu'à le fatiguer, et toujours en harmonie avec la sainteté divine de ce jour. Le traité talmudique Érubin donne quelques détails sur les limites imaginées par les rabbins, et sur les cas où il pouvait être permis d'outrepasser ces limites; il se range à l'opinion des 2000 coudées. D'autres rabbins parlent de trois distances différentes, permises suivant les personnes et leurs circonstances; la grande distance, de 2800 coudées (1440 mètres, probablement Actes 1:12); la distance moyenne ou sacrée, de 2000 coudées (1050 mètres), et la petite ou le chemin naturel d'un sabbat, 1800 coudées (900 mètres). Les Grecs estimaient à six stades le chemin d'un sabbat, et si l'on compte le stade à 400 au degré (— Voir: Stade), le chemin d'un sabbat équivaudrait à un bon quart de lieue (1292 mètres); c'est en effet la distance que les voyageurs comptent entre Jérusalem et le mont des Oliviers; quelques-uns comptent une demi-lieue; mais on sait combien les distances sont en général sujette à des évaluations différentes, et d'ailleurs ces derniers paraissent avoir compté la distance jusqu'au sommet de la colline, tandis que dans le passage des Actes il s'agit plutôt du pied.
CHEMISE,
— Voir: vêtements.
CHÊNE.
C'est par ce mot que nos
versions traduisent le plus souvent les noms
hébreux Eil, Élah, Allah, Élan et
Allôn, bien qu'elles rendent aussi
quelquefois les trois premiers par le mot
Térébinthe q.v. Sous le point de vue
étymologique, ces différents noms indiquent
tous en général un arbre fort, dur et
solide, quoique probablement, dans les
usages de la langue, ils eussent chacun leur
signification spéciale, et l'on ne se
trompera guère en admettant que par Élon et
Mon il faille entendre le chêne.
Cet arbre se trouvait en abondance en
Palestine, et particulièrement dans les
forêts du territoire de Basan, Ésaïe 2:13;
Ézéchiel 27:6; Zacharie 11:2; les Tyriens
s'en servaient pour faire les rames de leurs
vaisseaux. Il y en avait aussi sur la rive
occidentale du Jourdain, Juges 9:6,37, et
ils étaient l'objet d'un certain culte
d'affection: sous l'un de ces arbres fut
ensevelie Débora, la nourrice de Rébecca,
Genèse 35:8, sous un autre, plus tard, Saül
et ses fils, 1 Samuel 31:13; 1 Chroniques
10:12; on y sacrifiait aux dieux païens,
Osée 4:13, et des forêts de chênes servirent
de lieux de réunion à des assemblées
nationales, Juges 1, c. La longue vie de ces
arbres les rendait propres à servir de
désignations topographiques, 1 Samuel 10:3,
et souvent ils prenaient le nom des lieux où
ils étaient plantés, Genèse 13:18;
Deutéronome 11:30; (mal traduit plaines).
On en faisait aussi des idoles, Ésaïe 44:14.
L'espèce de chêne mentionnée dans ce dernier
passage, et appelée en hébreu Thirzèh,
est beaucoup plus dure encore que le chêne
ordinaire; ses feuilles sont indivises,
obovées, dentées et couvertes de petits
poils à la partie inférieure; son nom même,
en arabe, signifie très dur.
CHENIX
(grec χοίνιξ), Apocalypse 6:6, mesure de capacité pour les choses sèches; il contenait deux setiers, le quart d'un batli, d'après Hésychius (9 litres); selon Boeckh, la quantité de froment nécessaire à la nourriture d'un homme pour un jour; ce serait bien vague, et la mesure serait susceptible de varier beaucoup.
CHÉRUBINS.
Ils sont nommés dans plusieurs
passages de la Bible; déjà dans la Genèse
3:24, comme gardiens du chemin qui conduit à
l'arbre de la vie; puis ils sont représentés
en or massif sur le propitiatoire, Exode
25:18, en broderie sur les couvertures et
les voiles du tabernacle. Exode 26:1;
36:8,35, en relief sur les lambris du temple
de Salomon, 1 Rois 6:32,35, et sur la cuve
d'airain, 1 Rois 7:29. Les prophètes les
voient dans leurs visions, entourant le
trône de Dieu, Ézéchiel 1:5; 10:1;
Apocalypse 4:6.
Quant à la figure de ces êtres mystérieux,
les premiers livres nous apprennent qu'ils
avaient à la fois des mains d'hommes, Genèse
3:24, et des ailes, Exode 25:20; 1 Rois
6:24; mais des passages d'Ézéchiel et de
l'Apocalypse, nous pouvons conclure qu'ils
réunissaient en eux la figure de l'homme, du
lion, du laureau et de l'aigle. Partant de
ces données, on pourrait, avec Bœhr
(Symbolik des mos. Cul tus), considérer les
chérubins comme les représentants les plus
élevés de la création, réunissant en leur
personne quatre perfections principales de
Dieu en tant qu'elles se reflètent dans les
créatures, savoir: la sagesse, représentée
par l'homme; la force productrice,
représentée par le taureau; la majesté, par
le lion, et la toute science, par l'aigle.
Comme les représentants les plus parfaits de
la création, des forces divines, il est
naturel que nous les trouvions placés aussi
près que possible du trône de Dieu, et que
leurs images se retrouvent dans le
tabernacle, et ailleurs, comme une
prédication silencieuse de la gloire de
Dieu. D'après Rind, ils seraient les
emblèmes de l'Église. Rien n'oblige à douter
qu'ils ne soient des êtres réellement
existants.
(Il n'y a aucun doute que le terme «Chérubins» invoque des mystères difficiles à résoudre et à comprendre. Le point de vue que nous présentons ici n'est qu'une tentative de résoudre ce mystère, nous l'avançons non comme un dogme mais comme une hypothèse d'un sujet très mystérieux. L'énigme de ces créatures fantastiques est une vérité de la foi inaccessible à la seule raison humaine et, du fait qu'ils sont enrobés d'un symbolisme qui réagit contre le réalisme naturaliste s'attachant à l'essence spirituelles des choses et des êtres, ils ne peuvent être connus que par une révélation divine. Dans l'Écriture, les Chérubins sont généralement accompagnés du terme descriptif «d'animaux» (Ézch. 1:5; 10:14, 15). Or, il est évident ici qu'il ne s'agit point d'animaux naturels tels que nous les connaissons. La révélation se trouve donc dans l'étymologie du mot animaux qui, dans le Hébreu signifie littéralement «êtres vivants», terme qui s'applique aussi bien aux animaux qu'aux hommes, mais avec cette distinction que les Chérubins ont la capacité de raisonner et de s'exprimer. Il importe aussi de remarquer que les Chérubins apparaissent pour la première fois dans le Texte Sacré au début de l'histoire de la race humaine dans Gen. 3:24. Nous voyons ainsi que les Chérubins se trouvent dans le jardin d'Éden avec le premier homme et la première femme. Mais où dans le texte trouvons-nous leur origine ? En regardant attentivement Gen. 2:19, 20, nous voyons que le terme «animal» est utilisé pour décrire «les bêtes des champs, les oiseaux des cieux, et tout le bétail». Aurions-nous ici un indice de l'origine des Chérubins ? Le fait que les animaux naturels ont été créés avant l'homme dans Gen. 1:20, 21 et non après comme l'indique Gen. 2:19, 20, nous donne l'impression qu'il y a plus dans ces passages énigmatiques que l'on puisse s'imaginer. En fait, le mot «animal» qui s'y trouve signifie précisément «êtres vivants». Puisqu'il n'y a aucune contradiction dans la Parole de Dieu, l'auteur utiliserait-il ici un style imagé pour nous présenter une vérité spirituelle qui a échappé longtemps à la raison humaine ? L'ancien historien Juif, Joseph Flavius, semble le penser car il affirme qu'à partir de Gen. 2:4, Moïse commença à s'exprimer d'une manière figurative. Ceci semble être supporter dans ce passage par l'inversion de l'expression «des cieux et de la terre» à celle «la terre et les cieux», nous indiquant que l'auteur passe d'une description littérale à une description figurative ou spirituelle. Cela devient encore plus évident lorsque nous considérons l'étymologie des mots. En utilisant cette approche on voit par analogie que l'arbre de la connaissance du bien et du mal dans le Jardin d'Éden serait nul autre que le cerveau humain. Dans cette optique étymologique, nous trouvons dans les passages de Gen. 2:19, 20, la révélation que Dieu créa une race «d'êtres vivants» à l'image d'Adam qui en fut le roi. L'existence d'une telle race de Chérubins nommés les Vigilants ou les Perceptifs semble indéniable dans ces passages.
Mais qui sont les Chérubins, comment pouvons-nous les décrire, où résident-ils, et quelle est leur fonction ? Éloignons immédiatement le concept populaire que Lucifer aurait été un Chérubin, concept que nous savons être faux de par ses exagérations d'une théologie chimérique qui a introduit dans le Texte Sacré entre Gen. 1:1 et Gen. 1:2 la création d'un monde pré-Adamique peuplé d'anges. Nous savons d'ailleurs que Satan, une des désignations de Lucifer qui signifie «celui qui brille» est simplement un terme translitéré qui signifie «l'esprit de la chair», c'est à dire l'intellect ou le raisonnement. Gardons-nous aussi de l'hypothèse que les Chérubins seraient des entités éthérées que la théologie traditionnelle nomme des anges. Si on peut les caractériser par le mot «anges», c'est seulement dans le sens que ce mot signifie «messagers». Le fait qu'un homme soit le messager d'un autre ne signifie pas qu'il est une créature spirituelle incorporelle. Les anges de la cours céleste ne sont pas des créatures, mais des émanations individuelles des différents caractéristiques de l'Esprit de Dieu. Mais les Chérubins sont tout autre, ils sont une race complètement à part. Quoique cela puisse être surprenant pour la grande majorité des savants bibliques et du commun des chrétiens, les Chérubins sont des êtres humains, une race qui brille des révélations de la connaissance de Dieu. Ils sont des êtres de sang créés à l'image d'Adam, et comme tels ils sont des reproductions du modèle primaire. Ils sont reliés à Adam par l'esprit et non par la chair. En d'autres mots, comme des entités individuels hermaphrodites, dont le nombre est fixe, ils sont l'expansion de la conscience d'Adam dans les diverses sphères de l'existence de la révélation de la gloire de Dieu. Plus précisément, il sont le rassemblement de ses forces ou énergies qui transforment et soulèvent sa perception au-delà du voile de la matière et du temps. Ainsi le mot «Chérubins» peut se traduire légitimement aussi par «les Voyants» ou «les Perceptifs». Pour utiliser un style imagé, nous pouvons dire qu'ils sont les yeux de Dieu et de l'homme fait à l'image de Dieu avant que le péché fasse son entrée dans le monde. Ils sont des êtres incandescents qui brillent de la gloire de Dieu, ce qui leur donne une apparence lumineuse. Ils ont la capacité de se changer ou de se transformer par leur perception exceptionnelle de l'essence des choses, et de cela ils ont une porte ouverte à tout l'univers et à tous les mystères de Dieu. Le fait qu'ils sont souvent représentés avec des ailes, indique simplement la rapidité de se projeter dans l'enthousiasme qu'ils ont pour accomplir la volonté de Dieu aux quatre coins de l'univers. Leur quatre faces (Ézch. 1:10) représentent les quatre caractéristiques essentiels à leur existence, c'est à dire les quatre facultés de la conscience du cœur de l'homme avant le péché: 1) la face d'homme, c'est à dire la réalisation ou l'exécution de la révélation de Dieu; 2) la face de lion, c'est à dire l'accumulation ou le rassemblement des perceptions de la révélation de Dieu; 3) la face de bœuf, c'est à dire l'orientation des perceptions de la révélation de Dieu; 4) la face d'aigle, c'est à dire l'investigation ou la précision des perceptions de la révélation de Dieu.
Cette race distincte d'êtres humains, douée d'une grande intelligence, fut donnée par Adam, leur roi, la surveillance de la création entière duquel il avait été fait le maître (Gen. 1:26-28). Leur attention aux moindres détails et leur soumission parfaite à leur souverain, fit qu'ils furent nommé les Vigilants, ceux qui gardent le silence respectueux devant leur roi. Bref, les Chérubins sont ceux qui voient au-delà des perceptions du voile de la conscience, qui percent la façade de la réalité pour entrer dans la réalisation de son essence.
Des spéculations sans nombre ont été montées sur le Chariot des Chérubins, le Merkabah, avec lequel ils volent à travers les différentes dimensions de l'existence. Ce Chariot est mentionné à plusieurs reprises dans l'Écriture (2 Sam. 22:11; 1 Chr. 28:18; Ézch. 1:15-21). Toutefois, il faut dire que le Chariot des Chérubins dans Ézéchiel est une vision spirituelle de la gloire de Dieu qui réside au-delà du voile de la conscience charnelle, et non un vaisseau spatial pour voyager dans l'espace sidérale. Le mot «Merkabah» traduit par le terme «chariot» est un mot composé qui provient de «MAR» dont les significations sont «grand, élevé, immense, excellent, illustre, splendide, beauté, et merveille»; et de «KABÔWD» qui signifie «gloire, éloge, honneur, immortalité, splendeur, rayonnement, et louange». Le mot au complet est souvent traduit par «siège, trône, couvert, couverture, vêtu, vêtir, caché, et nuageux». Nous obtenons ainsi que le Chariot des Chérubins est un style imagé qui représente «la grande gloire de Dieu duquel le Seigneur Jésus est revêtu, les nuées de son rayonnement glorieux qui couvrent sa Présence derrière le voile de la conscience charnelle, la maison de Dieu et la demeure éternelle des élus qui se nomme la Jérusalem céleste. Le mot «chariot» est aussi merveilleusement relié à celui de «roues» dont la signification est «réflexion», c'est à dire la réflexion de la foi par laquelle nous sommes introduit dans tous les mystères de Dieu. Quoique nous savons que les hommes d'avant le déluge avaient de grandes connaissances au niveau de diverses sciences, le Chariot des Chérubins n'a aucun rapport avec la science technologique que possédèrent les Néphilims de ce temps.
En ce qui concerne la demeure des Chérubins, le livre de l'Exode nous les montre brodés sur le voile du Tabernacle qui sépare le lieu saint du lieu très-saint. Or il est très significatif que le Tabernacle fut divisé en trois parties: 1) la cours extérieur; 2) le lieu saint; 3) le lieu très-saint. Ces trois parties correspondent exactement au corps humain, à savoir: 1) la chair; 2) l'âme; 3) l'esprit. Dans cette optique nous voyons que les Chérubins ou les Voyants, résident entre l'âme et l'esprit, une dimension intermédiaire entre le temps et l'éternité qui ne peut être perçue de l'œil humain. Ceci se voit davantage dans l'étymologie du mot «voile» qui signifie «dimension, immensité, extension, imperceptible, invisible, et incompréhensible». Le fait que le mot voile est relié à celui de «voler» qui signifie «être exalté» ou «être transporté d'extase» nous indique que la demeure des Chérubins est «un état d'être» et non une localité concrète. L'état d'être des Chérubins nous révèle leur fonction par rapport aux hommes qui descendent du sang d'Adam, fonction qui est celle de bloquer l'accès à la révélation du salut en la présence de Dieu à cause du péché. Le péché est donc la cause principale pour laquelle les Chérubins ne peuvent plus être vu de l'homme. Nous pouvons seulement les voir lorsque Dieu ouvre la perception de notre conscience à leur présence. C'est pourquoi ils manifestent leur présence de nos jours uniquement dans des songes et des visions accordés seulement aux élus, car en Christ le voile est enlevé et le chemin est ouvert à la révélation de la grâce de Dieu. Il importe donc aux élus de pénétrer par la foi au-delà du voile de la conscience de leur existence charnelle, et de percevoir l'essence de la réalité de toutes choses manifesté dans la gloire et la majesté de Jésus-Christ qui est le Dieu Tout-Puissant, notre Sauveur et notre Roi. En Christ nous recevons donc un don particulier que l'on peut nommer «la voyance de la gloire» (Héb. 11:13-16; 12:18, 22-24).
Puisque telle est la condition des Chérubins, il est légitime de se demander comment se fait-il qu'ils ne furent point affecté par le péché lors de la chute d'Adam ? Or, ayant été créés à part de l'homme comme des créations distinctes, des créatures hermaphrodites qui ne peuvent se reproduire, les Chérubins ne pouvaient être responsable des actions de leur chef qui s'écarta de la direction du commandement de Dieu. Le péché d'Adam ne pouvait les affecter car ils n'avaient pas été créé de son sang. Leur état de pureté demeura donc intact lors de la chute de l'homme. En fait, nous voyons qu'ils furent utilisé de Dieu pour barrer le chemin à l'arbre de la vie, lorsque l'homme fut chassé de la présence édénique de Dieu pour avoir déclaré son indépendance (Gen. 3:24). En d'autres mots, les Chérubins sont les protecteurs de la révélation de Dieu en Jésus-Christ pour le salut des élus.
CHEVAL.
Cet animal était bien connu de
l'ancienne Égypte, où il se faisait déjà
remarquer par ces belles proportions, cette
vivacité, cette force et cette légèreté qui
caractérisent encore aujourd'hui, suivant
les rapports de Sonnini et des autres Æneid,
— Voir: voyageurs,
les chevaux de cette contrée,
— Voir: Genèse 47:17; 50:9; Exode
9:3.
On s'en servait pour la guerre, Exode
14:9,23.
— Les Cananéens, qui demeuraient en
Palestine, avaient aussi une cavalerie, et
ils l'employèrent contre les Israélites; qui
venaient chez eux pour les déposséder, Josué
11:4; Juges 4:3,7,13; 3:22,28.
Il en fut de même, plus tard, des Syriens 2
Samuel 8:4, qui laissèrent 1,700 hommes de
cavalerie au pouvoir de David, lorsqu'ils se
furent levés pour aller recouvrer leurs
frontières vers l'Euphrate.
Les Israélites, au contraire, ne connurent
que tard l'usage du cheval: au milieu de
leurs plaines, les patriarches nomades ne
virent jamais paître que des animaux humbles
et débonnaires, et le coursier qui semble
provoquer aux combats n'y frappa jamais la
terre de son pied, ni l'air de son
hennissement. Puis la loi de Moïse, qui
constituait Israël en république, interdit
positivement les «amas de chevaux», défense
nécessaire après le séjour d'Égypte, où les
Hébreux avaient appris à connaître et sans
doute à admirer ce noble animal, mais
défense qui devait tomber d'elle-même,
aussitôt que les Israélites, par leur
incrédulité et leur ambition, auraient amené
un changement dans leur constitution, établi
la royauté, et ouvert la voie des conquêtes
que la loi mosaïque avait elle-même prévue.
Aussi voyons-nous déjà le second des rois,
David, se monter une cavalerie, modeste
encore, avec les dépouilles syriennes; et
Salomon, par son alliance avec l'Égypte,
multiplier d'une manière inouïe, et en bien
peu de temps, l'usage du cheval dans ses
états: il eut bientôt 4,000 étables pour ses
chevaux de trait, 12,000 hommes de cavalerie
et 1,400 chariots, 1 Rois 4:26; 10:26. Ce
commerce était l'un des revenus royaux les
plus considérables, car Salomon percevait
sur chaque attelage un droit d'entrée de 600
pièces d'argent (prés de 2,000 fr., si l'on
doit entendre par pièces d'argent des
sicles, ce qui serait exorbitant; mais c'est
peu probable: quelques auteurs pensent qu'il
s'agit du prix de l'attelage), et sur chaque
cheval 150 pièces; aussi faisait-il de ses
innombrables chevaux, plus une affaire de
richesse, de luxe et de pompe, qu'une
affaire de guerre, et nous ne voyons pas
qu'il les ait employés dans aucune de ses
expéditions militaires. Les cours voisines
et les seigneurs des royaumes étrangers, qui
voulaient cultiver son amitié, lui
envoyaient aussi chaque année, à côté de
beaucoup d'autres présents, des mulets et
des chevaux; les rois qui lui succédèrent
continuèrent d'avoir leurs équipages et leur
cavalerie: Achab, 1 Rois 22:35; 2 Rois 9:25;
Joram, 2 Rois 3:7; Jéhu, 2 Rois 9:16, etc,
cf. 2 Rois 14:16; Jérémie 17:25. Il y avait
même à Jérusalem une porte qu'on appelait la
porte des Chevaux. Il ressort des passages 1
Rois 18:5; Amos 4:10; Ésaïe 30:16, que non
seulement les rois, mais aussi les
particuliers possédaient des chevaux,
lesquels on employait même à fouler le blé,
Ésaïe 28:28. On les nourrissait d'orge et de
paille, 1 Rois 4:28.
Les conquérants de l'Asie orientale
s'avancèrent souvent contre Israël avec de
nombreuses troupes de cavalerie bien
montées, Ésaïe 5:28. Et lorsque les
prophètes parlent de l'armée des Caldéens en
particulier, ils ne négligent jamais de
mentionner les chevaux de combat qui
devaient en faire la force, Jérémie 6:23;
8:16; 50:37; 51:21; Ézéchiel 26:7,10. À ces
armées les Israélites, peu confiants dans
leur chef céleste, voulurent en opposer
d'autres du même genre, et se cherchèrent
des auxiliaires dans la cavalerie renommée
de l'Égypte, Ésaïe 31:1; 36:9; Jérémie 4:13;
Habacuc 1:8; Ézéchiel 17:15; cf. Jérémie
46:4; 47:3: ils oublièrent que l'Éternel
avait dit: «Maudit soit l'homme qui se
confie en l'homme, et qui fait de la chair
son bras», Jérémie 17:5. Et ils furent
emmenés en captivité, malgré les roseaux du
Nil dont ils avaient espéré se faire une
arme et un bouclier.
L'Arménie et la Médie étaient célèbres pour
la bonté de leurs chevaux; quant à l'Arabie,
elle ne promettait rien encore de tout ce
qu'elle a tenu depuis à cet égard.
On ne ferrait pas les pieds des chevaux
comme on le fait de nos jours, mais on
cherchait à rendre leur corne aussi dure que
possible, Ésaïe 5:28; ou bien on l'entourait
quelquefois de semelle sou de sandales,
comme celle des chameaux. L'équipement des
chevaux se composait d'un mors, Psaumes
32:9, d'une housse ou d'une selle, Proverbes
30:31, quelquefois d'une sonnette, Zacharie
14:20. On se servait de fouets pour les
presser, Proverbes 26:3. Les chevaux blancs
étaient regardés comme les plus magnifiques;
on les donnait aux généraux victorieux, cf.
Apocalypse 6:2; 19:11,14. Virgile Æneid. 3,
537. Des chevaux d'autres couleurs sont
mentionnés, Apocalypse 6; Zacharie 1:8;
6:2-3,6-7.
— La scène de Haman, conduisant Mardochée
sur le cheval du roi et le promenant en
triomphe par la ville de Susan, rappelle les
honneurs dont Pharaon combla Joseph,
lorsqu'il le fit conduire sur un chariot
royal, en l'établissant le second personnage
de toute l'Égypte, Genèse 41:43.
Quant aux chevaux du soleil, et aux chevaux
de feu qui enlevèrent Élie dans le ciel,
— Voir: l'article Chariots.
On ne peut terminer cet article sans
rappeler au moins la sublime et poétique
description que l'on trouve de cet animal
dans le discours de l'Éternel, Job 39:22-28.
CHEVELURE, cheveux.
Une longue et forte chevelure
passait chez les Hébreux pour un des plus
beaux ornements de l'homme, Juges 16:22; cf.
Ézéchiel 8:3; mais il paraît que les jeunes
gens seuls avaient coutume de la laisser
flotter, 2 Samuel 14:26, tandis que les
hommes plus âgés la rasaient davantage et la
coupaient avec des rasoirs, à l'exception
des Nazaréens qui ne la coupaient pas, et
des sacrificateurs qui se servaient de
ciseaux, cf. Ézéchiel 44:20. Plus tard on
regarda les longs cheveux chez un homme
comme l'indice d'un caractère efféminé, 1
Corinthiens 11:14, et il fut défendu aux
prêtres de les laisser croître sans les
couper fréquemment. Ce ne fut plus qu'en
suite d'un vœu que les hommes purent, et
seulement momentanément, laisser s'allonger
leur chevelure, Actes 18:18. Les femmes, en
revanche, y attachaient un grand prix, 1
Corinthiens 11. Elles les arrangeaient en
tresses, Cantique 4:1; 1 Timothée 2:9; ou
les frisaient, Ésaïe 3:24; 1 Pierre 3:3, et
souvent les ornaient de pierreries ou
d'autres joyaux précieux. Les femmes qui se
respectaient ne sortaient guère avec des
cheveux flottants, que lorsqu'elles étaient
dans le deuil ou dans une grande affliction,
Luc 7:38. Les cheveux noirs passaient pour
les plus beaux, Cantique 5:11.
Dieu avait aussi défendu aux prêtres de se
couper les cheveux en rond, Lévitique 19:27,
défense qui se rapporte sans doute à quelque
usage païen que nous ne connaissons plus.
CHÈVRE.
Les chèvres, comprises avec les
moutons sous le nom général de Tsôn,
formaient le menu bétail en opposition avec
le gros bétail, Bakhar, ouïes bœufs.
Les patriarches en possédaient, comme de nos
jours encore les Bédouins, de nombreux
troupeaux, Genèse 15:9; 32:14; 37:31, et les
Israélites postérieurs firent également
consister une grande partie de leur fortune
dans le nombre de ces animaux, 1 Samuel
25:2; Cantique 6:5; Proverbes 27:26. La
chèvre était un animal pur; on s'en servait
pour les repas et pour les sacrifices,
Deutéronome 14:4, et l'on choisissait de
préférence, comme encore maintenant, les
jeunes chevreaux, Genèse 27:9; 38:20; Juges
6:19; 13:15; cf. 1 Samuel 16:20. On en
estimait beaucoup le lait, Proverbes 27:27,
que l'on regardait comme plus sain que celui
de la brebis. Les prophètes, les
prédicateurs de la repentance, et en général
les hommes à principes sévères, ainsi que
les nécessiteux, se couvraient ordinairement
de peaux de chèvres: on se servait encore du
poil de ces animaux pour en faire des
couvertures de tentes, Exode 26:7; 35:6;
36:14, peut-être aussi des matelas. Les
chèvres des Bédouins sont communément
noires; dans la Syrie et la Basse-Égypte
elles sont plus grosses que les nôtres, d'un
rouge clair, et les oreilles pendantes. Il
ne paraît pas que la chèvre angora soit
jamais désignée dans la Bible.
La défense de cuire le chevreau dans le lait
de sa mère, Exode 23:19; 34:26, c'est-à-dire
dans du beurre, pouvait avoir pour but de
favoriser l'agriculture par l'obligation de
se servir d'huile pour l'assaisonnement des
viandes: le législateur, qui voulait fixer
au sol la nation juive, devait multiplier
les occasions qui en rendissent les produits
nécessaires. Mais il est difficile de n'y
pas voir aussi, ne fût-ce que dans
l'expression, une de ces prescriptions
touchantes qui, en inspirant la pitié et la
sympathie pour les animaux, devaient adoucir
le cœur de l'homme.
L'empire macédonien est représenté, Daniel
8:5, sous l'emblème d'un «bouc sortant
d'entre les chèvres», et l'on remarque que
la Macédoine, dans les premiers temps de son
histoire, possédait une telle multitude de
chèvres, que plusieurs villes prirent ces
animaux pour leurs symboles, et les
frappèrent sur leurs monnaies: les habitants
même prirent le nom d'Égéens
(chevriers), qui s'est conservé jusqu'à nos
jours dans le nom de la mer Égée.
CHEVREUIL,
— Voir: Gazelle.
CHIEN,
animal déclaré impur par la loi
juive, et méprisé de tout l'Orient. Les
anciens ne s'en servaient guère que pour la
garde des maisons, des champs ou des
troupeaux, Job 30:1; il ne paraît pas qu'on
s'en servît pour la chasse,
— Voir: cet article.
On trouve cependant dans l'histoire de
Tobie, 5:23; 11:3; et Matthieu 15:27, une
preuve que les chiens dits d'agrément,
n'étaient pas tout à fait inconnus aux
Hébreux. L'Ancien Testament nous montre
parfois les chiens comme on les voit encore
de nos jours dans les pays chauds, courant
par bandes, sans maîtres, altérés et avides,
1 Rois 14:11; 16:4; 24:19,23; 2 Rois 9:36;
cf. Psaumes 59:14; Luc 16:2, se nourrissait
même de cadavres, 1 Rois 21:23; 22:38;
Jérémie 15:3. Sauvages et presque féroces,
on les a vus quelquefois, pressés par la
faim, se jeter sur les hommes; et la mesure
commandée, Exode 22:31, semble se justifier
autant comme affaire de prudence (une
nourriture assurée aux chiens), que comme
précepte de pureté légale. Comme la
vigilance et le cri d'avertissement sont le
caractère qui les distinguait le plus chez
les Hébreux, Ésaïe a pu appeler des chiens
muets, 56:10, les faux prophètes qui,
dormant eux-mêmes, laissent les peuples
s'endormir dans leurs fautes et dans leurs
péchés.
On a vu en quelle basse estime ces animaux
étaient auprès des Juifs, et l'on ne
s'étonnera pas que le nom de chien ait été
l'injure la plus humiliante qu'ils aient su
inventer. Job se plaint de se voir insulter
par des jeunes gens dont il n'aurait pas
voulu admettre les pères parmi les chiens de
ses troupeaux, Job 30:1. David s'abaissant
devant Saül et voulant lui faire sentir que
son injuste persécution ne peut en aucune
manière l'honorer, lui dit: «Qui
poursuis-tu, roi d'Israël? un chien mort,
une puce!» 1 Samuel 24:15; la même
expression se retrouve plus d'une fois dans
l'histoire de David, 1 Samuel 17:43; 2
Samuel 9:8; 16:9; cf. 2 Rois 8:13. Le nom de
chien, comme le ternie correspondant
«cynique», venu du grec, se prend souvent
aussi pour désigner des hommes sans pudeur
et sans retenue; et c'est dans ce sens que
plusieurs interprètes entendent les mots «le
prix d'un chien» qui se trouvent,
Deutéronome 23:18, dans un contexte qui
vient à l'appui de cette opinion. L'apôtre
saint Paul, en disant prenez garde aux
chiens, Philippiens 3:2, semble vouloir
indiquer à la fois de faux docteurs et des
hommes immoraux, comme il s'en trouve
souvent parmi ceux qui falsifient la
doctrine de Christ, cf. Matthieu 7:6. Notre
Sauveur, en excluant de sa maison les
chiens, les empoisonneurs, les impudiques,
etc., Apocalypse 22:15, a pris ce mot dans
le même sens. Saint Pierre, et déjà Salomon,
comparent les pécheurs dans leurs rechutes,
aux chiens qui retournent à ce qu'ils ont
vomi. 2 Pierre 2:22; cf. Proverbes 26:11.
Enfin David représente comme des chiens
dévorants les ennemis qui ne cessent de le
persécuter, Psaumes 22:16,20; et si l'on
prend ce psaume dans son sens prophétique,
on retrouvera cette idée que les plus grands
ennemis de Christ et du christianisme, sont
les chiens spirituels, l'incrédulité et
l'immoralité.
CHIFFRES,
— Voir: Nombres.
CHINE,
— Voir: Sinim.
CHIOS,
Actes 20:15, île de l'Archipel, très fertile, située entre Samos et Lesbos, et dépendante de l'Ionie dans l'Asie mineure; maintenant Scio, appelée par les Turcs Saki-Adassi, ou île du Mastic. Ses principales productions sont le mastic et le vin. La ville principale, qui porte le même nom que l'île, a un bon port; il a joui d'une certaine importance; au temps des Romains elle comptait encore comme ville libre.
CHLOÉ,
1 Corinthiens 1:11, femme de Corinthe, disciple du Sauveur. Ce fut sa famille qui avertit saint Paul des désordres qui régnaient à Corinthe, et des rivalités qui existaient entre les disciples d'Apollos, de Céphas et de Paul. Quelques-uns pensent qu'elle fit écrire elle-même, et qu'elle employa pour cela Stéphanas, Fortunat et Achaïque, «les prémices de l'Achaïe.» C'est à cette lettre que paraît répondre l'apôtre dans les six premiers chapitres de son Épître; il en avait reçu une autre des Corinthiens eux-mêmes qui le consultaient sur des objets moins importants que l'union fraternelle, et ce n'est qu'après leur avoir adressé les sévères avertissements qu'exigeait la lettre de Chloé, qu'il passe enfin, 7:1, à la réponse directe aux Corinthiens. Quant à la personne même de Chloé, elle est tout à fait inconnue, au point que quelques-uns ont cru pouvoir en faire un nom d'homme.
CHONJA,
Jérémie 22:24,28; 37:1, un des noms de Jéchonias, q.v.
CHORAZIN,
village ou bourg, nommé deux fois à côté de Bethsaïda. Matthieu 11:21; Luc 10:13, et probablement situé, comme cette ville, dans la Galilée et sur la rive occidentale de la mer de Tibériade, mais du reste inconnu. Saint Jérôme le met à 2000 pas de Capernaüm, et Eusèbe, mais certainement par erreur, à 12,000. Quelques-uns comparent le «Haroseth des nations», Juges 4:2, d'autres le nom hébreu Choraschim (lieux escarpés, 2 Chroniques 27:4, inexactement traduit forêts); d'autres lisent en deux mots Chora Zin, la contrée de Zin; quelques voyageurs modernes enfin (Seetzen, etc.) comparent des ruines qu'ils ont trouvées sur la rive orientale du lac de Génésareth, sous le nom de Kalathel-Hœrsa, ou, d'après Burkhardt, Kalat el Hossn; mais outre que ce rapprochement de noms est bien vague, bien insignifiant, la donnée elle-même est en contradiction avec le peu que saint Jérôme nous en a laissé. Il faut donc s'en tenir à cette simple indication que Chorazin était dans le voisinage de Bethsaïda. Cette malheureuse ville n'existe plus; elle a vu s'accomplir les menaces du Seigneur, qui l'avait honorée de sa présence, de ses discours et de ses miracles, qui n'y a recueilli aucun fruit de ses travaux, et qui lui a déclaré avec douleur et indignation que si les villes païennes de Tyr et de Sidon eussent vu ses œuvres et entendu ses paroles, elles se seraient depuis longtemps repenties avec le sac et la cendre. Le sort de ces sièges du paganisme sera moins cruel au dernier jour, que celui des villes juives qui ont été illuminées et sont restées impies.
CHOUETTE,
Lévitique 11:17;
— Voir: Chat-huant.
CHRONIQUES.
Le nom actuel de ces livres
leur a été donné par saint Jérôme; les Juifs
les nommaient Diberé hayamim,
journaux, paroles des jours; et les Grecs
leur avaient donné le nom que les Latins
leur conservent encore, de Paralipomènes
ou choses omises , qui correspond à
ce que dans notre langue nous appellerions
un supplément. Les neuf premiers
chapitres contiennent des tables
généalogiques, documents auxquels les
Israélites devaient attacher beaucoup
d'importance, soit à cause de l'attente du
Messie, soit parce que toutes les propriétés
foncières étaient inséparablement liées à
l'existence de la famille. Le reste du
premier livre et les neuf premiers chapitres
du second, contiennent l'histoire de David
et de Salomon; et la tin du deuxième livre,
l'histoire du royaume de Juda depuis le
schisme jusqu'à l'exil. Les livres des
chroniques ne sont cependant pas une simple
répétition des livres de Samuel et des Rois.
On remarquera facilement des différences
notables dans la manière dont les faits sont
présentés dans les Rois et dans les
Chroniques, même des contradictions
apparentes. Les livres des Chroniques
donnent beaucoup plus de détails sur tout ce
qui tient au culte, (par exemple lorsqu'il
s'agit des préparatifs que lit David pour la
construction du temple, 1 Chroniques 22, 28,
29) sur l'organisation des classes
sacerdotales, 1 Chroniques 23, 24, 26, sur
la musique sacrée, ibid. 26. Ce caractère
pour ainsi dire ecclésiastique des livres
des Chroniques, s'explique facilement, si
l'on réfléchit qu'à l'époque où ils furent
selon toute probabilité composés (après le
retour de l'exil), tout ce qui tenait à la
religion était l'objet d'un intérêt beaucoup
plus vif. Les rapports qui se trouvent entre
les livres des Chroniques et les livres des
Rois, s'expliquent par le fait que les deux
auteurs ont consulté les mêmes sources,
savoir les annales des rois de Juda et
celles des rois d'Israël; seulement il
paraît que l'auteur des Chroniques avait
sous les yeux un recueil contenant ces deux
ouvrages réunis, et il le nomme tantôt avec
le titre complet: Livre des rois de Juda et
d'Israël, 2 Chroniques 25:26, tantôt en
abrégeant, Livre des Rois, 2 Chroniques
24:27, ou Livre des rois d'Israël, 2
Chroniques 20:34, ou Actions des rois
d'Israël, 2 Chroniques 33:18. Quant aux
différences, elles proviennent de ce que
l'auteur des Chroniques a consulté, outre
ces documents généraux, quelques
monographies particulières composées par des
prophètes, et dont les annales des royaumes
ne contenaient que des extraits fort courts;
ainsi, par exemple pour le règne de Roboam,
les monographies des prophètes Semahia et
Hiddo, 2 Chroniques 12:15; pour l'histoire
d'Hozias, la monographie d'Ésaïe, 2
Chroniques 26:22, etc.
On a tout lieu de penser que les livres des
Chroniques furent composés du temps
d'Esdras, après le retour de la captivité
(ainsi 1 Chroniques 9:17, nous voyons nommés
les mêmes personnages que Néhémie 12:25-26),
et même d'admettre avec la tradition qu'ils
le furent par Esdras lui-même. Il y a un
rapport très intime entre la tin du livre
des Chroniques et le commencement du livre
d'Esdras, comme si le deuxième de ces
ouvrages était destiné à être une
continuation du premier.
Pour se débarrasser de la preuve très forte
que les livres des Chroniques fournissent en
faveur de l'authenticité du Pentateuque, on
a attaqué, comme tant d'autres, la
crédibilité de cette partie de l'Ancien
Testament. L'attaque, faite principalement
par De Wette et Berthold, a été repoussée
avec habileté par les ouvrages de Keil
(Berlin, 1833), et de Movers (Bonn, 1834) Le
principal reproche que l'on dirige contre
l'auteur du livre des Chroniques, c'est sa
prétendue partialité pour le culte mosaïque,
et pour la tribu de Lévi; mais on a vu déjà
que son but était simplement de combler les
lacunes des autres livres historiques sur ce
sujet, et l'on ne peut pas prouver que ce
point de vue l'ait jamais entraîné à
sacrifier la vérité. Si on remarque des
différences entre les livres des Rois et
ceux des Chroniques, sous le rapport des
nombres et des noms, il faut observer que
comme les nombres se représentaient par des
lettres, quelque erreur pouvait facilement
se glisser dans les copies,
— Voir: Nombres,
et quant aux noms de lieux et de personnes,
on a vu ailleurs combien chez les Orientaux
les noms étaient sujets à des changements,
et combien souvent aussi ils étaient
doubles.
— La crédibilité du livre des Chroniques est
suffisamment attestée, soit par les morceaux
parallèles dans le livre des Rois, soit,
pour les morceaux qui appartiennent
spécialement au premier de ces ouvrages, par
les autres livres du Canon. Nous n'en
citerons que deux exemples: on a beaucoup
attaqué le récit qui est donné, 2 Chroniques
20, de la victoire de Josaphat sur les rois
alliés; mais si on lit attentivement le
psaume 48, on voit que c'est un cantique
d'actions de grâce qui ne peut se rapporter
à aucun autre événement. Le récit du grand
deuil occasionné par la mort du roi Josias
dans la vallée de Méguiddo, 2 Chroniques
35:22-24, est également confirmé par
Zacharie 12:11. — (Rochat, Sermons, t. V)
CHRYSOLITHE,
pierre précieuse, qui occupait la dixième place dans le pectoral du grand-prêtre, et sur laquelle se trouvait gravé le nom de Zabulon, Exode 28:20; 39:13. Elle est aussi indiquée comme le septième fondement de la nouvelle Jérusalem, Apocalypse 21:20; cf. Ézéchiel 1:16; Daniel 10:6. La chrysolithe, ou pierre d'or, car c'est là ce que son nom signifie, est ordinairement cristallisée, d'un vert pâle, et transparente, semée de quelques veines. Les anciens paraissent l'avoir confondue quelquefois avec la topaze, les rabbins avec le béryl, quelques-uns avec l'ambre. D'après Pline, la chrysolithe était de couleur d'or, d'une très belle eau, et se tirait principalement d'Éthiopie.
CHRYSOPRASE,
le dixième fondement de la nouvelle Jérusalem, Apocalypse 21:20, pierre précieuse d'un vert pâle et brunâtre. Pline la comptait au nombre des béryls dont la meilleure espèce était, selon lui, couleur vert d'eau; puis venait le chrysobéryl, plus pâle et tirant sur le jaune or; enfin la chrysoprase plus pâle encore, et tirant, dit Calmet, sur la couleur du poireau.
CHUZAS,
intendant de la maison d'Hérode Antipas, et mari de Jeanne, l'une des femmes pieuses qui assistaient notre Seigneur de leurs biens; mais du reste inconnu, Luc 8:3. Quelques-uns pensent qu'il était déjà mort à l'époque où il nous en est parlé; mais cette opinion que rien ne nécessite, ne paraît même pas probable d'après le texte du verset indiqué.
CHYPRE,
— Voir: Cypre.
CIDRE,
— Voir: Cervoise.
CIEL, Cieux.
Dans la Bible, comme dans le langage ordinaire, ce mot a plusieurs significations entièrement distinctes. C'est ainsi qu'il signifie:
-
L'étendue, Genèse 1:8; cf. 2 Pierre 3:12-13; les cieux des cieux, Deutéronome 10:14; 1 Rois 8:27; Néhémie 9:6, ne sont qu'un développement de la même idée, une façon de parler pour désigner l'univers jusque dans ses limites les plus reculées.
-
L'atmosphère qui entoure notre planète, Deutéronome 28:23; Jacques 5:18; Aggée 1:10; Lévitique 26:19; Psaumes 68:8; Marc 1:10.
-
L'espace en tant que séjour des puissances spirituelles, Juges 5:20; Actes 4:12; Philippiens 2:10. (l'air est opposé aux cieux lorsqu'il est question des puissances des ténèbres, Éphésiens 2:2; 6:12).
-
La demeure de l'Éternel; c'est là qu'il habite, c'est de là qu'il répand sur tous les hommes ses grâces, ses faveurs; c'est là que fut préparé et que s'achève le mystère de la Rédemption; là que s'enregistrent les noms des bienheureux, les fautes et les vertus des hommes, leurs aumônes, Psaumes 73:25; 103:19; 139:8; Matthieu 6:20; 18:18; Luc 24:51; Jean 6:41; Hébreux 4:14, etc., etc.
-
Le séjour futur des rachetés, Matthieu 19:21; 2 Corinthiens 5:1; 1 Pierre 1:4. C'est même le sens dans lequel s'emploie le plus habituellement le mot ciel. Le paradis dont parlent Jésus, Luc 23:43, saint Paul, 2 Corinthiens 12:4, et saint Jean, Apocalypse 2:7; la vie, Marc 9:43,45; la gloire à venir, Romains 8:18; Hébreux 2:10; la vie éternelle, Jean 3:15, etc. Actes 13:48; Matthieu 25:46; le royaume de Dieu, Marc 9:47, d'autres expressions encore, sont synonymes du ciel, et expriment la même idée sous d'autres formes, ou plutôt donnent une forme à une idée qui n'exprime que l'espace. L'Écriture ne nous donne, du reste, aucune indication sur ce que sera la vie éternelle bienheureuse; les épithètes qui la caractérisent ne peuvent aider à l'imagination. Ce sera une gloire souverainement excellente, un bonheur sans mélange, mais de quelle nature? On ne saurait le dire.
De ce vague, de cette ombre qui entoure l'avenir, de ce mystère qui l'environne, et qui, s'interpose comme un nuage entre nous et le bonheur, on a bien vue conclu au vague du bonheur lui-même, et l'on a fait du ciel quelque chose de vaporeux, d'éthéré, de vague. On en est venu, involontairement, à identifier le ciel des rachetés avec le ciel des astres et avec celui de l'atmosphère: les âmes nageront ou voleront dans l'immensité. Le nuage qui nous sépare du ciel est devenu le ciel lui-même; le vague qui l'environne est presque devenu la réalité. On a paru oublier la résurrection de la chair, du corps. Élie et Jésus s'élevant dans les airs et montant aux deux, 2 Rois 2:11; Marc 16:19, Étienne voyant les cieux ouverts. Actes 7:55, les fidèles enlevés au-devant du Seigneur en l'air, 1 Thessaloniciens 4:17, on a été conduit naturellement à placer le ciel en l'air, et l'on a oublié d'abord, quant au langage, et vu les conditions actuelles de l'existence de notre globe, qu'il était difficile de parler autrement; puis, et surtout, que la vie à venir ne commencera que lorsque la terre et les cieux auront été détruits et renouvelés. Il va sans dire que nous n'avons pas la prétention d'aborder ici un sujet trop fécond en hypothèses de tout genre; mais il peut être utile de protester contre un point de vue qui ne tend à rien moins qu'à dissoudre complètement l'homme et la vie éternelle à force de les spiritualiser. Ce ne sont évidemment pas là les idées que nous donnent les saints livres, ni saint Paul quand il parle de la résurrection de la chair, ni saint Pierre quand il parle des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, ni saint Jean, dans les deux derniers chapitres de l'Apocalypse, lorsqu'il décrit le séjour dés bienheureux dans la vie future. Que l'espace puisse servir de demeure aux âmes en attendant la résurrection, c'est possible, nous ne pouvons rien en savoir; mais qu'après la résurrection, lorsque les âmes auront revêtu de nouveaux corps, il continue d'en être de même, c'est ce qui ne paraît pas sérieux. Il est à remarquer que si le paradis, le jardin d'Éden, n'est jamais appelé ciel, le ciel, en revanche, est trois fois appelé paradis dans le Nouveau Testament,
— Voir: plus haut, et cf. surtout 2 Corinthiens 12:2,4; (où le troisième ciel est appelé paradis).
Et, si quelque chose nous paraît probable, c'est que la terre renouvelée sera le séjour de l'homme renouvelé, comme la terre primitive a été le séjour de l'homme primitif, et la terre maudite celui de l'homme maudit. Cette terre renouvelée (un autre astre si l'on veut, une autre planète, mais pas d'air, pas de nuages), sera appropriée aux besoins de l'homme dans lequel l'image de Dieu aura été restaurée; cette terre renouvelée sera ce qu'on appelle ordinairement le ciel, et les nouveaux cieux se rapporteraient à l'espace, à l'atmosphère, ou aux rapports nouveaux dans lesquels cette terre bénie se trouvera avec les astres du nouveau firmament. La mer n'existe plus, Apocalypse 21:1; avec un peu de géologie, on comprend combien ce seul fait changera tout le mode de vivre actuel; une pareille terre mérite bien le nom de nouvelle terre. Le soleil et la lune ne luisent plus sur la terre, 21:23; 22:3, il n'y aura plus là de nuit, voilà les nouveaux cieux. La sainte Jérusalem descend du ciel, de devers Dieu, sur cette nouvelle terre, qui nous est ainsi dépeinte comme le futur séjour de l'homme, et la clarté de Dieu l'éclairé, l'Agneau est son flambeau. La main de Dieu qui a lancé la terre actuelle dans l'orbite qu'elle parcourt aujourd'hui, peut-être au troisième jour de la création, peut-être après la chute, et qui, par deux fois déjà, au déluge, et lors de la victoire de Josué, a modifié son cours, saura bien, quand l'accomplissement des temps sera venu, l'arrêter de nouveau dans sa course, et d'un mot la placer ailleurs, et faire toutes choses nouvelles.
C'est à cette vision de la gloire éternelle qu'il faut rapporter ce que dit saint Paul, Romains 8:17-22, cf. aussi Matthieu 19:28; Actes 3:21. Quant à ceux qui n'y verraient qu'une description de la splendeur du millénium, ils pourront s'édifier sur ce sujet en lisant dans l'Essai de Vivien sur l'Apocalypse les pages 142 et suivant.
Le mot royaume des cieux est employé dans le Nouveau Testament dans deux sens différents; quelquefois il désigne la prédication de l'Évangile et son résultat mélangé dans ce monde, c'est-à-dire l'Église extérieure, l'amalgame de bons et de méchants qui professent la foi en Christ; d'autres fois, il ne s'applique qu'au règne de Dieu considéré dans sa gloire future, ou dans sa pureté et sa spiritualité; de sorte que, dans ce dernier sens, il ne comprend que les enfants de Dieu, et présente un tout autre assemblage que dans la première acception de ce mot.
— Voir: A. Bost, Recherches, p. 51 et suivant: «Matthieu est le seul des écrivains du Nouveau Testament qui emploie l'expression de royaume des deux; les autres disent toujours royaume de Dieu. Les deux expressions reviennent au même; mais il semble que celle de Matthieu a quelque chose de plus doux, et que Dieu ait voulu que le livre de la nouvelle alliance s'ouvrît par cette manière si attrayante de représenter le but divin de l'Évangile dans ce monde, et répandit ainsi sur le début de cette économie comme une teinte d'aurore qui contraste admirablement avec l'économie sévère de la loi, qui pesait encore sur le genre humain».
CIGOGNE,
hébreu Hhasidah (pieuse,
miséricordieuse). Oiseau impur nommé à côté
du héron, Lévitique 11:19; Deutéronome
14:18, renommé pour la beauté de ses plumes,
Job 39:16; (— Voir: Autruche), pour
la rapidité de son vol, Zacharie 5:9, et
pour son intelligence à connaître les
saisons, Jérémie 8:7. Il se loge sur les
hautes branches des sapins, Psaumes 104:17.
Ces caractères se rapportent très bien à ce
que l'on sait de la cigogne, et le nom même
de cet oiseau rappelle en hébreu l'épithète
de avis pia, sous laquelle les latins
aimaient à le désigner, l'oiseau connu pour
sa piété filiale, pour les soins qu'il donne
à sa progéniture comme à ses parents, les
nourrissant et les défendant jusqu'à la
mort. (Les noms allemands et anglais storch
et stork ne viendraient-ils pas du grec
στόργη, affection?)
— Quelques auteurs, cependant pensent qu'au
lieu de la cigogne il faut entendre le héron
(Dahler Winer, etc.).
La cigogne est un oiseau de passage assez
commun dans nos climats, et même à des
latitudes plus élevées; on sait qu'elle aime
à construire son nid sur les toits près des
cheminées, ou sur les églises, et que les
habitants des campagnes, en Allemagne et en
Hollande, se regardent comme honorés et
protégés par la présence de cet animal à
moite sauvage, à moitié domestique. Dans
l'Orient où les maisons sont plates, et où
les toits sont souvent habités, les cigognes
font plus de difficultés pour s'y établir,
et gîtent plus volontiers sur des arbres
hauts et élevés, les pins, les sapins, les
cyprès. Le prophète Jérémie en appelle à
l'instinct de cet animal, peu doué sous le
rapport de l'intelligence, et qui cependant
sait distinguer les saisons et leur retour,
pour reprocher aux Juifs l'endurcissement de
leur cœur, et leur peu d'intelligence pour
les choses divines, Jérémie 1, c, cf. Ésaïe
4:3.
CILICIE,
Actes 15:23,41; 27:5; Galates 1:21, province sud-est de l'Asie Mineure, séparée de la Syrie par les monts Amanus, mais souvent nommée à côté de cette dernière, avec laquelle elle se trouvait en fréquents rapports de voisinage; elle était entourée à l'ouest et au nord par le mont Taurus comme d'une ceinture, et communiquait par des défilés avec l'Isaurie, la Pisidie, et la Paphlagonie. La partie orientale de cette province, se composait de plaines fertiles et riches en vignobles; à l'ouest, au contraire, le terrain était plus montagneux, et les belles chèvres de la Cilicie, déjà distinguées par Aristote, y trouvaient de féconds pâturages. Les premiers habitants de cette contrée furent des Syriens et des Phéniciens, mais au temps d'Alexandre, il s'y établit des colonies grecques et macédoniennes. D'abord sous le joug des Séleucides, la Cilicie passa au pouvoir de l'Arménie, et finit par devenir sous Pompée une province romaine; mais les habitants des montagnes restèrent toujours indépendants, et ne relevant que de leurs chefs particuliers. Il se trouvait aussi des Juifs établis dans cette contrée, Actes 6:9. La ville principale était Tarse, bien connue comme patrie de saint Paul.
CIMETIÈRE.
Institution longtemps inconnue
aux Orientaux, et qui paraît l'avoir été
toujours aux Hébreux.
— Voir: Sépulture, Tombeaux, etc.
CINNAMOME,
Exode 30:23; Cantique 4:14,
substance dont Dieu ordonne de la joindre
avec d'autres aromates, et d'en faire une
huile sainte pour le service du tabernacle.
Selon toute apparence, c'est une espèce de
cannelle. Quelques auteurs veulent faire de
la casse, du cinnamome et de la cannelle,
trois plantes ou arbrisseaux différents;
mais le plus probable est que les Hébreux
désignaient par ces différents noms trois
nuances ou familles différentes d'une même
espèce d'arbre, dont le cinnamome aurait été
la plus rare et la plus précieuse, et la
casse, la moins fine et la moins estimée. Le
cannelier, ou laurus cinnamomum de
Linnée (monogynie, 9e classe) est un
arbrisseau qui, près des côtes, atteint déjà
une hauteur de 8 à 9 mètres, avec une
circonférence de 1 mètre environ, mais qui
dans les forêts et dans un terrain favorable
s'élève beaucoup plus haut, et prend plus de
consistance. Ses nombreux rameaux sont ornés
de feuilles semblables à celles du laurier,
longues de 12 à 18 centimètres, d'un vert
clair; de jolies fleurs blanches, mais peu
odoriférantes, se forment au mois d'avril,
en baies à noyaux, dans le genre des grains
de genièvre. Le tronc, et les branches âgées
de trois ans au moins, sont également
recouverts d'une double écorce dont la plus
extérieure, grisâtre, est presque sans
odeur, tandis que l'autre, longue, mince,
roulée et d'un rouge brun, nous donne, après
avoir été séparée de l'aubier et séchée au
soleil, cette cannelle que nous connaissons
tous, d'un goût piquant, aromatique, et si
agréable. Les marchands orientaux en
faisaient un grand commerce, Apocalypse
18:13, et les hommes riches qui s'en
servaient soit pour l'assaisonnement, soit
en guise de parfums, allaient jusqu'à en
bassiner leurs divans et leurs lits de
repos, Proverbes 7:17.
Le cinnamome dont il est parlé dans les
livres saints se tirait probablement de
l'Arabie ou de l'Éthiopie; on en trouvait
aussi dans l'île de Ceylan une espèce très
estimée,
— Voir: Casse.
Outre ces différentes espèces, on connaît
encore la cannelle giroflée de Madagascar,
la cannelle blanche qui croît en Amérique, à
la Jamaïque et à Saint-Domingue, enfin
l'écorce d'un arbre nommé katoukarva sur les
côtes du Malabar.
CIRCONCISION.
Cérémonie religieuse qui
consistait à couper le prépuce à tous les
enfants mâles. Dieu lui-même ordonna à
Abraham de faire subir cette opération à
tous les mâles de sa famille; il en fit même
une loi pour tous ses descendants, et la
circoncision devint la marque distinctive du
peuple de Dieu, le signe de l'alliance, le
symbole des rapports intérieurs et
extérieurs établis entre Dieu et les Juifs.
Le nom de circoncis ou de circoncision fut
dès lors employé pour désigner le peuple de
Dieu, la nation sainte, tandis que les Juifs
appliquèrent aux infidèles le nom
d'incirconcis, pour rappeler qu'ils ne
portaient point en leur corps le signe
glorieux de l'adoption divine qui était le
privilège de leur nation seule.
Quelque respect que l'on doive avoir pour le
témoignage d'Hérodote, et quelque haute
antiquité que l'on puisse accorder, d'après
cet historien, à la pratique de cette
cérémonie chez les Syriens, chez les
Phéniciens, chez les Éthiopiens, et surtout
chez les Égyptiens; quel que puisse être en
outre l'accord d'un certain nombre de
théologiens (Celse, Julien l'Apostat,
Michaélis, Bauer, Winer, Cellérier fils), et
tout en admettant, avec Hævernick
(Einleitung, p. 320), que les Égyptiens,
surtout dans la caste sacerdotale, connurent
de bonne heure la circoncision, il nous est
impossible d'admettre non seulement ce que
prétend Winer, qu'Abraham et Moïse aient
emprunté cette coutume aux Égyptiens (!),
mais même ce qu'affirme Cellérier, que la
circoncision fût déjà connue sur la terre à
l'époque où l'Éternel l'imposa à son peuple,
comme marque particulière et distinctive.
«L'Écriture, dit Calmet, nous parle de
l'institution de la circoncision d'Abraham
comme d'une chose toute nouvelle. Elle nous
dit que c'est le sceau de l'alliance que
Dieu fait avec ce patriarche.» Et comment la
circoncision aurait-elle été un caractère
qui distinguât Abraham et sa race du reste
des peuples, si elle eût été commune aux
Égyptiens et aux Éthiopiens, aux Phéniciens
et à tant d'autres peuples qui l'ont
pratiquée autrefois?
— On comprend que les Arabes, les Sarrasins,
les Ismaélites, tous issus d'Abraham et
jaloux sans doute de la prospérité qui
semblait s'attacher à la branche d'Isaac,
aient adopté par esprit d'imitation, par une
fausse dévotion, ou par un faux calcul
d'intérêt, une cérémonie matérielle qui ne
leur devait apporter aucune des bénédictions
divines dont elle était le garant, mais qui
a pu non seulement ne pas leur nuire, mais
même avoir pour eux quelqu'un de ces
avantages charnels qui la font encore
estimer en Orient, et qui furent
probablement aussi présents à l'esprit du
divin Législateur qui l'établit. Les
Samaritains s'y soumirent en acceptant le
joug de la loi mosaïque, et c'est d'eux sans
doute que veut parler Hérodote lorsqu'il
mentionne les Phéniciens comme se faisant
circoncire, car cette dernière petite nation
que l'on pouvait facile confondre avec
quelqu'une de celles qui l'entouraient, ne
paraît pas avoir jamais connu cet usage. Les
Édomites, quoique descendants d'Abraham, ne
reçurent la circoncision que lorsque vaincus
par Jean Hyrcan, ils reçurent en même temps
la loi de Moïse. Quant aux Égyptiens, nous
l'avons dit déjà, la circoncision leur fut
connue de bonne heure, mais elle ne fut
jamais chez eux d'un usage général et
indispensable; les prêtres seuls y étaient
obligés. Quelques-uns (Cellérier) répugnent
à croire que les Égyptiens aient emprunté
une cérémonie aussi importante au peuple
pauvre et méprisé qui lui construisait ses
pyramides, ses palais et ses temples; mais
l'on sait que souvent le vainqueur emprunte
au vaincu ses mystères comme sa langue; et
d'ailleurs, si l'on ne veut pas admettre
cette supposition, rien n'empêche de penser
avec Bochart que c'est des Arabes que les
Égyptiens ont reçu la circoncision.
— De nos jours encore cette coutume est
généralement répandue dans presque tous les
pays chauds, et sans faire une longue
énumération des rapports des voyageurs
modernes, nous nous bornerons à mentionner
les divers faits suivants auxquels on
pourrait aisément en joindre beaucoup
d'autres. La circoncision est en usage dans
tous les pays musulmans. Les nègres
mahométans de l'intérieur de la Guinée la
pratiquent vers l'âge de quatorze ou quinze
ans, dans un jour solennel où sont appelés
comme à une revue tous les jeunes gens qui
doivent la subir. Chez les Galles, voisins
de l'Abyssinie, on ne circoncit que les
hommes faits. À Madagascar, la solennité de
la circoncision est (ou était) la plus
grande fête de toute l'île, accompagnée de
sacrifices, d'abstinences, de jeux, de
combats, déjeunes et de processions. À
Socotora, un natif que l'on aurait trouvé
incirconcis eût été condamné à avoir les
doigts coupés. Les Abyssins, bien qu'ils
soient depuis des siècles passés à un
christianisme qui depuis longtemps n'existe
plus guère qu'à l'état de mort, ont conservé
la circoncision, soit comme ancienne
coutume, soit comme précaution hygiénique.
Les filles sont en diverses contrées
circoncises comme les hommes, en Abyssinie,
dans le royaume de Bénin, en Guinée, dans le
Pégu, au-delà du Gange, chez les Cophtes et
chez les Hottentots. Il serait trop long de
raconter en détail, ou même en abrégé, tout
ce que font encore tant d'autres peuples
païens, blancs, rouges ou noirs, habitants
des Philippines ou du Mexique, sauvages ou
demi-civilisés; se disant sages ils sont
devenus fous, et l'on aurait peine à croire
en combien de façons ils ont modifié
l'institution primitive donnée aux Hébreux;
la contrefaçon des choses saintes n'est
jamais chose sainte.
C'est le huitième jour après leur naissance
que devaient être circoncis les descendants
d'Abraham, Genèse 21:4; Lévitique 12:3; Luc
1:59; 2:21; toutefois Moïse lui-même semble
présenter à ce fait une première exception
dans l'histoire de son propre fils, Exode
4:25; cf. 2:22, et nous en trouvons une
seconde bien plus frappante dans le peuple
du désert, dont aucun de ceux qui naquirent
pendant le voyage ne furent circoncis que
lorsqu'ils eurent pris possession de la
terre promise, Josué 5:2,5. D'autres que les
Juifs pouvaient être soumis à la
circoncision, et ils étaient par le fait
même incorporés au peuple de Dieu; c'étaient
les prosélytes de la justice qui désiraient
obtenir le sceau de l'alliance, Exode 12:48,
et les esclaves, achetés, faits prisonniers,
ou nés dans la maison, auxquels leurs
maîtres devaient faire subir cette
opération, afin de les mettre par là, même
malgré eux, sous la juridiction
théocratique, Genèse 17:12. Cette opération
n'était point considérée comme un travail,
et pouvait se faire le jour du sabbat, Jean
7:22; c'était même un proverbe reçu que la
circoncision chasse le sabbat. Un Israélite
quelconque, ordinairement le chef de la
famille, Genèse 17:23, était chargé de
l'exécution, cf. Exode 4:24; les païens
seuls ne pouvaient naturellement pas s'en
mêler; pour les adultes, on requérait
cependant volontiers l'assistance d'un
médecin: l'on se servait d'un couteau
tranchant d'acier, ou plus ordinairement de
pierre, estimant que cette dernière sorte
était moins douloureuse, moins dangereuse,
et causait moins d'inflammation. Exode 4:25;
Josué 5:2. L'enfant peut se guérir de la
plaie en vingt-quatre heures; pour les
adultes, il paraît, d'après Genèse 34:25,
qu'au troisième jour la douleur est encore
vive et la fièvre assez ardente. C'est au
moment de la circoncision, comme chez nous
au moment du baptême, que le nom était
imposé à l'enfant,
— Voir: Nom, et cf. Luc 1:59; 2:21.
Nous avons indiqué déjà l'une des raisons
qui concoururent à faire introduire la
circoncision chez les Hébreux. La première
et la plus importante fut sans doute le
choix de Dieu, libre, simple, spontané, sans
que nous ayons à sonder ses desseins; ce fut
le sceau sanglant de son alliance avec
Abraham et Moïse, comme l'arc-en-ciel fut le
sceau de son alliance avec Noé, comme la
croix de Christ l'est de son alliance avec
nous. Mais si l'on peut découvrir, à côté de
ce grand motif, quelques autres traits
accessoires, et les avantages extérieurs qui
devaient en résulter pour le peuple de
l'alliance, nous essaierons de les indiquer
par un mot. Comme le symbole du baptême
représente l'homme perdu pour le monde et
enseveli aux vanités et aux péchés de cette
terre, la circoncision était le signe le
mieux choisi pour marquer la pureté, le
renoncement à toute souillure, qui devait
être le grand caractère et le point dominant
de toute la loi judaïque. Le jeune enfant
était censé rejeter loin de lui toute chose
impure, et semblait accomplir par avance le
commandement de notre Sauveur: «Si tel ou
tel de tes membres te fait broncher,
coupe-le;» Matthieu 5:29; 18:8-9. La
circoncision, par son étrangeté même, était
en outre destinée à séparer toujours plus
les Hébreux des peuples voisins, en leur
inspirant les uns pour les autres un mépris
réciproque. Enfin, sous le point de vue de
la santé, il paraît que cette opération
était de nature à prévenir un grand nombre
de maladies qui se développent
particulièrement dans les pays chauds, et
que l'on trouve plus fréquemment chez les
peuples qui de nos jours ne pratiquent pas
la circoncision, que chez les autres.
On a vu déjà que chez les Hébreux le terme
d'incirconcis ou prépuce, 1 Samuel 17:26,
était une des plus grandes insultes qu'on
pût adresser à un homme; à Rome, au
contraire, c'était le nom de circoncis, ou
de verpus, qui tenait lieu d'injure.
À l'époque d'Antiochus Épiphanes, qui voulut
ramener tous ses sujets au paganisme par le
ridicule et la persécution, plusieurs
Israélites prirent tellement à honte leur
circoncision, qu'ils cherchèrent à en faire
disparaître les traces par des moyens
extérieurs, des remèdes et de nouvelles
opérations, 1 Maccabées 1:16. Sur l'horreur
des Juifs pour l'incirconcision, cf. encore
Juges 14:3; 15:18; 1 Samuel 14:6; 2 Samuel
1:20; Ésaïe 52:1; Ézéchiel 28:10; 31:18.
Saul, voulant se défaire de David, lui fit
demander comme douaire, pour obtenir la main
de sa fille, cent prépuces de Philistins, 1
Samuel 18:25. David en apporta deux cents.
On se rappelle l'usage des Turcs et d'autres
peuples orientaux, de compter les morts de
leurs ennemis par les têtes, les nez ou les
oreilles qu'on en apporte; mais comme
souvent les serviteurs de ces despotes
asiatiques, pour mieux mériter de leurs
chefs, vont jusqu'à faire subir ces tristes
opérations aux morts mêmes de leur parti,
afin d'avoir plus d'organes à présenter, les
calculs sont sujets à de bien graves
erreurs. Saül n'avait rien de pareil à
craindre, et ce qu'il demandait ne pouvait
se trouver que chez les ennemis de son
peuple.
La circoncision du cœur, dont parle l'apôtre
saint Paul aux Romains, 2:29, n'était point
quelque chose de nouveau; ce n'était point
une spiritualité de la nouvelle alliance,
comparée au matérialisme de l'ancienne;
l'ancienne aussi était spirituelle, comme
elle était sainte, pure, salutaire; c'était
déjà l'ancienne qui pressentait l'inutilité
de la circoncision faite de main en la
chair; c'était déjà l'ancienne, et Moïse
lui-même, qui de la part de l'Éternel
appelait les Hébreux à la véritable
sainteté, lorsqu'il leur dit: «Circoncisez
donc le prépuce de votre cœur. Deutéronome
10:16.
Après la mort de Jésus, et dès les premiers
temps de l'établissement de son Église sur
la terre, des disputes s'élevèrent entre ses
disciples sur la nécessité d'assujettir ou
non à cette cérémonie les païens qui
passaient au christianisme: nous aurons à en
reparler ailleurs; rappelons seulement ici
que saint Paul déclara d'une manière
générale et positive «que celui qui se
circoncit reste sous l'obligation
d'accomplir toute la loi», Galates 5:3, et
que le concile de Jérusalem délivra
officiellement les fidèles d'entre les
païens de toutes les cérémonies mosaïques,
et en particulier de celle de la
circoncision. Actes 15:24,28-29.
Reste enfin le cas de Timothée, Actes 16:3,
la circoncision que saint Paul donna à ce
disciple, et qui paraît contradictoire avec
la conduite qu'il tint plus tard avec Tite,
Galates 2:3. Il n'y a aucune contradiction
dans la manière dont les deux récits nous
sont présentés; dans les Gala-tes, il est
dit qu'on n'obligea point Tite, et dans les
Actes rien ne semble indiquer que Timothée
ait manifesté quelque répugnance à se
soumettre à cette cérémonie: s'il y était
volontairement disposé, il n'y avait rien
dans le système de Paul qui pût l'empêcher
d'y consentir; cet apôtre disposé à se faire
tout à tous, et Juif aux Juifs, 1
Corinthiens 9:20, devait plutôt saisir avec
joie l'occasion qui lui était offerte de
faire aux hébraïsants une légère concession
pour leur prouver son peu d'entêtement, son
laisser-aller dans les choses secondaires,
sa tolérance et son amour pour la paix, qui
le faisait céder lorsqu'il ne s'agissait que
de vues personnelles, particulières, sur des
points peu importants, mais qui ne l'amenait
cependant à aucune concession sur les
articles mêmes de la foi.
CITERNES.
Comme les pluies ne tombent que
deux fois l'an en Palestine, que les sources
y sont rares, et que les villes sont presque
toutes bâties sur des hauteurs, il faut par
divers moyens obvier au manque d'eau qui se
fait si généralement sentir. Les citernes
sont des réservoirs destinés à recueillir
les eaux du ciel. Les Orientaux, et les
Hébreux en particulier, en avaient creusé un
grand nombre dans les plaines et sur les
montagnes, et l'on montre encore dans les
environs de Nablus (Sichem) la fontaine de
Jacob, Jean 4:6, au bord de laquelle s'assit
notre Sauveur parlant avec la Samaritaine.
Ces citernes prenaient en général le nom de
la ville la plus voisine, ou le nom de leurs
propriétaires, comme, Deutéronome 10:6, les
citernes (Bééroth) des fils de Jaliakan.
Assez étroites à leur ouverture, elles
s'élargissaient ordinairement à mesure
qu'elles étaient plus profondes, et cette
forme, qui les rendait peu propres à
recueillir en abondance l'eau du ciel,
empêchait du moins l'évaporation trop
abondante des eaux renfermées dans le
réservoir. On les fermait au moyen d'une
pierre, Genèse 29:2, pour les abriter contre
le sable mouvant du désert, ou contre la
soif des étrangers et de leurs troupeaux; et
les Bédouins savent si bien encore fermer
l'ouverture de leurs citernes, qu'il est
presque impossible de les découvrir, cf. 2
Samuel 17:19. À l'approche d'un ennemi, ou
pour se venger de quelqu'un, l'on comblait
les puits et les citernes, pour essayer de
faire périr par la soif, ou du moins pour
faire souffrir cruellement ceux qui auraient
compté s'y désaltérer, Genèse 26:15; 2 Rois
3:25; 2 Chroniques 32:3; Ésaïe 15:6. Les
nomades regardent la propriété de ces puits
comme un bien précieux dont on ne cède pas
facilement l'usage à d'autres tribus, ainsi
qu'il paraît d'après Nombres 21:22. Il
résulte, de là que ces citernes devaient
être des occasions de rixes et de combats
fréquents, soit entre tribus, soit entre
particuliers, Genèse 21:25; 26:15.
Dans la saison chaude de l'année, et en
général quand les citernes sont vides, elles
servent de prisons; Joseph, et Jérémie y
furent enfermés, Genèse 37:22; Jérémie 38:6,
et les prophètes emploient des images de
cette nature pour exprimer les angoisses de
leur âme ou les maux qui les oppressent,
Psaumes 55:24; 69:15; 88:7. L'ne citerne est
mentionnée en passant, 2 Samuel 17:18, comme
ayant servi de cachette et de lieu d'abri.
Il y avait ordinairement dans les villes des
citernes publiques et banales, de la
grandeur moyenne desquelles on peut juger
par le fait qui nous est rapporté, Jérémie
41:6-8, de soixante et dix hommes dont
Ismaël fit jeter les cadavres dans la
citerne (Martin, mal traduit, une fosse).
Elles étaient tantôt carrées, tantôt
cylindriques, et solidement enduites de
mortier et de chaux, afin d'empêcher l'eau
de fuir et de se perdre; quelques-unes
cependant n'étaient que creusées dans la
terre, et présentaient, lorsqu'elles
venaient à être à sec, un fond de vase et de
boue, Jérémie 38:6. On les couvrait d'une
pierre, Exode 21:33, ou bien on les
entourait d'une barrière, soit comme
garde-fou, pour prévenir des accidents, soit
surtout pour les préserver elles-mêmes. Les
particuliers opulents avaient dans la cour
de leurs maisons des citernes pour leur
usage particulier, 2 Samuel 17:18, et ce
n'était pas pour eux un médiocre sujet de
satisfaction intérieure.
De nos jours encore on trouve bon nombre de
puits ou citernes dans les plaines et dans
les villes à moitié désertes de l'ancienne
Canaan; c'est là qu'à la tête de leurs
troupeaux, et montés sur quelqu'une de leurs
bêtes, on voit s'avancer vers le soir les
bergers, les chevriers, les âniers ou les
chameliers, qui seuls entre eux, ou avec
leurs bergères, font, pendant que leurs
bestiaux s'abreuvent, bourdonner les airs
d'un murmure de conversations vives,
piquantes, animées, relatives sans doute aux
anecdotes qu'ils ont pu recueillir pendant
le jour, ou aux besoins des animaux dont la
garde leur est confiée; c'est alors une
ville bruyante et gaie, puis au bout de deux
heures, lorsque le bruit des sonnettes s'est
éteint peu à peu, ce n'est plus qu'un
désert, c'est un cimetière; on y vit au
milieu des morts, et les souvenirs d'un
passé, bien passé, animent seuls pour le
voyageur la citerne, les palmiers et les
blocs de marbre qui se trouvent sur ce
théâtre abandonné. Alors on se transporte à
l'époque des patriarches, et l'on voit, dans
ces jours où les pasteurs jouissaient d'une
estime si générale, la scène d'Élihéser et
de Rébecca, Genèse 24:11,13, celle de la
première rencontre de Jacob et de Rachel, et
leurs pleurs au bord de la citerne, 29:3-11,
et la scène, moins naïve mais plus sérieuse,
du premier roi d'Israël qui, la veille de
son sacre, prie les jeunes filles
rassemblées autour de la fontaine de vouloir
bien lui indiquer la demeure du prophète
Samuel, 1 Samuel 9:11.
C'est volontiers auprès des sources que les
guerriers et les voyageurs aimaient à
s'établir pour y passer la nuit, 1 Samuel
29:1; 2 Samuel 2:13; et la preuve qu'un
grand nombre de villes s'établissaient dans
le voisinage des sources, se trouverait au
besoin dans le fait même de la composition
de leurs noms.
— Voir: toutes celles qui commencent
par Béer, etc.;
cf. les noms allemands Geisselbronn,
Niederbronn, Heilbronn, Brunnen,
Lauterbrunnen; et en français, Aubonne,
Bordeaux, Fontainebleau, etc.
Il y avait d'autres puits qui n'étaient
point de simples citernes ou réservoirs,
mais qui, élevés sur des sources d'eaux
vives, avaient une eau toujours nouvelle,
fraîche et pure: ils étaient plus
recherchés, mais aussi bien plus rares,
Lévitique 14:5; 15:13; Nombres 19:17.
CLAUDE, et Clauda.
-
César, Actes 11:28; 17:7; 18:2, le quatrième empereur de Rome, et le premier que les gardes placèrent sur le trône: il ne demandait pas la puissance; caché derrière une porte pendant le tumulte qui suivit l'assassinat de Caïus, il y fut découvert par un soldat et proclamé empereur. Claude consterné, dit Chateaubriand, ne demandait que la vie, on y ajoutait l'empire, et il pleurait du présent. S'il fût resté dans une condition privée, il eût été sans doute un honnête citoyen, car il était généreux par nature, et savait ce que c'est que la justice; mais empereur,1 il se laissa entraîner à beaucoup de crimes, par ses femmes et ses favoris. Le principal fait militaire de son règne fut une descente victorieuse en Bretagne, qui lui valut les honneurs d'un triomphe et le surnom de Britannicus, qu'il légua à son fils. Ayant fait assassiner sa femme Messaline, qui le couvrait do honte par sa conduite scandaleuse, il épousa sa nièce Agrippine: celle-ci exerça sur lui la plus funeste influence, et en particulier lui fit adopter le jeune Domitius (Néron), qu'elle avait eu d'un premier mariage, et qui fut ainsi préféré à Britannicus, le propre fils de l'empereur. Cette méchante impératrice finit par faire empoisonner son mari, pour éviter elle-même le sort de Messaline. Claude mourut le 13 octobre 54 après J.-C., âgé de soixante-quatre ans, après en avoir régné près de quatorze. De même que tous les empereurs romains, il fut après sa mort mis au nombre des dieux. Parmi les travaux considérables qu'il fit exécuter pendant sa vie, il faut remarquer l'agrandissement de la circonférence de Rome, la construction d'un port à l'embouchure du Tibre, et l'achèvement d'un magnifique aqueduc commencé par son prédécesseur Caligula. La Judée fut réduite par lui en province romaine. C'est sous lui qu'eurent lieu la famine annoncée par le prophète juif Agabus, la persécution dont l'apôtre saint Paul faillit être victime à Thessalonique, et l'expulsion des juifs de la ville de Rome. C'est encore sous son règne que Chateaubriand et d'autres poètes placent la fiction de saint Pierre arrivant à Rome en 42, «le bâton pastoral à la main; prince d'une nouvelle espèce, dont les successeurs sont destinés à monter un jour sur le trône des Césars.»
-
Claude Lysias.
— Voir: Lysias.
-
Surnom que Flavius Josèphe donne à Félix, gouverneur de la Judée, Actes 23:26;
— Voir: Félix.
-
Clauda, Actes 27:16, très petite île près de la pointe sud-ouest de la Crète, maintenant appelée Gozzo, et habitée seulement par une trentaine de familles.
CLAUDIA,
2 Timothée 4:21, chrétienne de Rome, apparemment convertie par saint Paul, niais du reste inconnue. On a voulu la faire, à cause d'une épigramme de Martial qui réunit ces deux noms, la femme de Pudens, dont le nom précède le sien; mais outre que la preuve n'est pas forte, le nom de Linus, intercalé par saint Paul entre ceux de Pudens et de Claudia, n'appuierait pas cette conjecture. D'autres ont voulu la faire Anglaise de nation; d'autres enfin Gauloise, et veuve chrétienne de Pilate. Toutes ces suppositions reposent sur le désir de deviner des énigmes. Claudia est inconnue.
CLÉMENT,
Philippiens 4:3, compagnon d'œuvre de saint Paul à Philippes, que Grotius et Steiger supposent avoir été l'un des anciens de cette ville; quoiqu'il soit inconnu, et que l'on ne puisse rien affirmer de positif sur son compte, l'ancienne église paraît avoir regardé ce Clément comme identique avec le Clément de Rome, connu par ses deux lettres aux Corinthiens, et par la tradition qui en fait Je troisième pape, successeur supposé de Linus et de Pierre, évêques supposés d'une ville qui n'était rien dans le monde religieux d'alors. Ou peut accepter cette identité, tout en se rappelant qu'il est arrivé bien des fois que l'on a attribué à un personnage connu, divers faits et gestes qui appartenaient à un personnage plus obscur, mais du même nom.
CLÉOPAS ou Clopas,
(toute gloire) ou Clopas, Jean 19:25, époux de Marie, sœur de la mère de Jésus; cette Marie, dans le passage parallèle, Marc 15:40, est appelée mère de Jacques le mineur, lequel Jacques est ainsi nommé pour le distinguer du fils de Zébédée. Ce Jacques le mineur est donc fils d'Alphée, et comme il est aussi fils de Marie, femme de Cléopas, il en résulte que Alphée et Cléopas ne sont qu'un seul et même nom, comme le prouve; d'ailleurs leur presque identité de forme et de signification dans les langues originales (Alphée signifie instruit, chef.). Cléopas est encore le nom de l'un des deux disciples que notre Sauveur rencontra sur la route d'Emmaüs, Luc 24:18; est-ce le même que l'époux de Marie? rien ne le prouve; et comme il y a dans ] les deux noms une légère différence (le premier est proprement Clôpas), il est plus probable qu'il faut les distinguer; cette seule différence d'une lettre est d'ailleurs plus importante qu'il ne le semble d'abord, et, comme Winer le fait observer, Cléopas est davantage un nom grec et la contraction de Cléopatros, de même que Antipas est la contraction d'Antipatros, tandis que Clôpas est plutôt le nom d'Alphée passé à la forme grecque. Toutefois Tholuk et Olshausen ne voient dans ces deux passages qu'un même individu.
CLIMAT,
— Voir: Température.
CLOCHETTE,
— Voir: Sonnette.
CLOUS.
Outre le clou de Jahel, Juges
4:21, et le passage prophétique Psaumes
22:17, il n'est guère parlé de clous dans
l'histoire Sainte que lors de la crucifixion
de notre Sauveur, Luc 24:39; Jean 20:25. On
se demande si les deux pieds ont été percés
du même clou comme le disent les Latins, ou
si chaque pied a été percé à part comme le
veulent les Grecs et Grégoire de Tours; on
n'en sait rien, et cela ne fait rien non
plus.
— Quant à l'histoire de ces trois ou quatre
clous, voici ce qu'on en dit: l'un fut mis à
la couronne de Constantin, deux autres
servirent à faire le mors de son cheval, un
quatrième fut jeté par l'impératrice Hélène
dans la mer Adriatique pour en calmer les
agitations. On en montre maintenant quatorze
autres, tous avec des certificats d'origine;
deux à Rome, un à Milan, autant à
Carpentras, à Sienne, à Venise, à Cologne, à
Trêves, deux à Paris, un à Saint-Denis, à
Bourges, à Draguignan, etc., etc.
— Fraudes pieuses!
COCHON,
— Voir: Porc.
COLLIER,
— Voir: Boucles.
COLOMBE,
oiseau trop connu pour qu'il
soit nécessaire de le décrire; nous nous
bornerons aux observations que nous
fournissent sur cet animal les données
bibliques.
— La colombe qui est répandue dans tout
l'Orient, où elle niche dans de vieux murs,
sur des rochers ou dans le creux des arbres,
s'appelle en hébreu, Iona, nom qui ne
dérive point, ainsi que le veut Bochart, de
l'Ionie, mais d'un mot arabe qui indique la
douceur, la grâce. C'est à l'aube du nouveau
monde et sur les flots du déluge, qu'elle
apparaît pour la première fois dans
l'Écriture, Genèse 8:8-12, comme si cet
animal, dont l'apparition précéda celle de
l'arc-en-ciel, devait déjà nous annoncer par
avance que la terre serait gouvernée par des
lois plus douces, et sauvée par la bonté du
Créateur, malgré les péchés des hommes; la
branche d'olivier qu'elle rapporte semble
renfermer la même pensée et dire aux hommes
que «Dieu ne frappera plus toute chose
vivante comme il l'a fait» (8:21), et qu'il
attendra le jugement final avant d'accabler
de son juste courroux les pécheurs
impénitents.
Elle joue le même rôle encore dans la loi
mosaïque où, déclarée animal pur, elle se
trouve mêlée à tous les sacrifices, et sert
à remplacer, pour les pauvres, les victimes
plus considérables exigées en holocaustes
pour le péché, Luc 2:24; cf. Lévitique 1:14;
5:8; 12:8; Nombres 6:10. À cause de la
grande consommation de colombes qui devait
se faire pour le service du temple, et comme
il n'était pas toujours facile à ceux qui
devaient en offrir, de se les procurer et
surtout de les apporter à Jérusalem s'ils en
étaient éloignés, les prêtres avaient permis
qu'on vendît de ces oiseaux dans les parvis
du temple; c'est à cause des abus et des
illégalités de ce trafic que notre Sauveur
chassa un jour ceux qui faisaient ce
commerce d'une manière indigne, ne voulant
pas qu'on fit de la maison de son père une
caverne de voleurs, Matthieu 21:12. Le nom
de la fille aînée de Job, 42:14, Jémima,
vient probablement d'un mot arabe qui
signifie colombe. En Orient, on donne ce nom
aux femmes de la plus grande beauté.
Sémiramis fut appelée Sémir Jemamah, la
colombe brune, ou, selon Hésychius, la
colombe de la montagne, et les Babyloniens
portaient une colombe sur leurs enseignes en
l'honneur de cette princesse.
Quant aux retraites choisies par ces
oiseaux, on peut voir Ézéchiel 7:16; Jérémie
48:28; Cantique 2:14; Psaumes 11:1.
Le vol de la colombe est quelquefois
considéré par les poètes comme l'image de la
rapidité, Psaumes 55:7; Osée 11:11; Ésaïe
60:8 (cf. Sophocle, Œdip. à Colon. 1081); la
colombe, en effet, dépasse au vol tous les
animaux de sa taille et de sa grandeur, et
c'est ainsi que, sans défense, elle peut
échapper fort souvent à ses persécuteurs.
Salomon, dans le Cantique 1:14; 4:1; 5:12,
compare à des colombes les yeux innocents et
tendres de celle qu'il aime: «ils sont
comme des colombes sur les ruisseaux
d'eaux, baignées dans du lait, se reposant
au milieu de la plénitude de la beauté.»
Chacun sent tout ce qu'il y a de gracieux
dans cette image, qui s'attache cependant de
si près à la réalité, en nous montrant les
prunelles nageant dans le blanc de l'œil
comme dans des flots de lait, et si
fraîchement entourées d'un cadre de visage
au milieu duquel elles reposent comme dans
le sein de la beauté. Nos versions ont mal à
propos, dans ces trois passages, mis «tes
yeux sont comme ceux des colombes:»
ceux n'est pas dans le texte, et ne
fait que nuire à l'idée.
Le roucoulement de la colombe est dans
presque toutes les langues appelé un
gémissement (en latin, gemere, en
grec,
στένειν, etc.), et les prophètes hébreux ont exprimé la même
pensée, Ésaïe 38:14; 59:11; Nahum 2:7; cf.
Ézéchiel 7:16. On se rappelle le vers de
Virgile, Églog. 1:59:
Nec gemere aeria cessabit turtur ab ulmo.
Cet animal est le symbole de la candeur et de la simplicité,
Matthieu 10:16, quelquefois aussi du peu
d'intelligence, Osée 7:11-12.
Il reste encore quatre passages qui ont
besoin d'une explication particulière, et
qui, ordinairement mal traduits, plus
souvent encore mal compris par certains
interprètes, ont donné lieu à diverses
méprises.
— Psaumes 68:14.
— Martin: Quand vous auriez couché
entre les chenets arrangés, vous seriez
comme les ailes d'un pigeon couvert
d'argent, et dont les ailes sont comme la
couleur jaune du lin or.
— Luther: Quand vous êtes aux champs,
cela resplendit comme les ailes des pigeons
qui brillent comme l'argent et l'or.
— Anglais: Quoique vous ayez été au
milieu des pots (en Égypte, cf. Psaumes
81:6), cependant vous serez comme les ailes
des colombes, recouvertes d'argent, etc.
— Enfin Calvin: Quand bien vous
seriez entre les pots aux cendres,
si (cependant) serez-vous comme
les ailes de la colombe couverte d'argent,
et laquelle par derrière est comme
le fin or bien jaune.
Quelque différentes que puissent paraître
ces traductions, elles se réduisent
pourtant, une fois qu'on peut les
comprendre, à une même signification
générale que voici: «Quand vous seriez
couchés entre des chenets (marmites, objets
qui ont senti la suie), vous n'en sortiriez
pas moins blancs comme les plumes argentées
d'une colombe, comme leurs ailes dorées.»
Quelles que soient vos afflictions, quelles
que soient les ténèbres dans lesquelles vous
gisez, vous ne cesserez jamais de reluire,
de briller, d'être heureux: la délivrance
dissipera toujours les taches que vous aurez
contractées dans l'adversité. Celui qui
gouverne l'Église la tirera de tous les
dangers auxquels elle sera exposée. On peut
citer comme parallèle à ce passage le verset
d'Ésaïe 1:18: «Quand vos péchés seraient
rouges comme le cramoisi, ils seront
blanchis comme la neige.»
— 2 Rois 6:25. Il est dit que lors de la
famine de Samarie, le quart d'un cab de
fiente de pigeon se vendait cinq pièces
d'argent. Le savant Bochart, qui a consacré
dix-sept pages à l'examen de cette question,
pense qu'il faut entendre par les mots
fiente de pigeon une espèce de légume, de
pois chiches, qui porte encore un nom
semblable en arabe; mais il paraît que
Bochart a fait une confusion de mots, et que
ses conclusions d'analogie doivent être
abandonnées. D'autres, surtout des
interprètes anglais, ont essayé de
paraphraser, en disant que l'on vendait pour
cinq pièces d'argent un cab de balayures, de
rebuts, d'ordures, de débris réservés aux
pigeons, etc.; mais c'est forcé, et l'on
doit conserver la version ordinaire, qui est
appuyée par toutes les traditions juives, et
par le fait bien connu, qu'en maint et maint
cas de siège, les habitants au désespoir ont
été réduits à se nourrir de fiente
d'animaux.
— Jérémie 23:38; 46:16; 50:16. On lit dans
le premier de ces passages, en parlant des
ravages que Nébucadnetsar fera dans la
Judée, que la terre sera dévastée «à cause
de l'ardeur de la fourrageuse;» les
deux autres versets indiqués finissent par
«l'épée de l'oppresseur.» Dans ces
trois passages, on peut traduire par colombe
les mots marqués en italiques: c'est ainsi
qu'a fait la Vulgate, et ceux qui adoptent
cette manière de voir, l'expliquent en
rappelant que les Assyriens et les
Babyloniens avaient sur leurs drapeaux une
colombe en souvenir de Sémiramis, et qu'ils
sont fréquemment désignés sous l'emblème de
cet animal. On peut comparer encore les
passages du Nouveau Testament qui parlent de
la colère de l'agneau, et penser que le
prophète annonce aux Hébreux, que le
Seigneur, doux comme une colombe, finira par
s'embraser dans sa colère contre eux.
Cependant, quoiqu'à la rigueur cette
traduction et ces interprétations soient
possibles, elles ne sont pas probables, et
les auteurs catholiques eux-mêmes traduisent
par oppresseur, ravageur, ou four-rageur,
laissant au masculin ce dernier nom que
Martin a mis au féminin sans trop de raison.
On comprend comment l'épithète de ravageur
pouvait bien se rapporter à l'ennemi de la
Judée, Nébucadnetsar.
— Matthieu 3:16; Marc 1:10; Jean 1:32. Au
baptême de Jésus-Christ il est dit que le
Saint-Esprit descendit sur lui comme une
colombe, et saint Luc 3:22, nous dit plus
positivement encore: «Le Saint-Esprit
descendit sur lui sous une forme corporelle,
comme celle d'une colombe.» On peut admettre
que le Saint-Esprit qui, dans d'autres
occasions, se présentait sous d'autres
formes, cf. Actes 2:3, ait, cette fois
peut-être, pris en effet la forme matérielle
d'une colombe; et les rabbins, dans leurs
explications de Genèse 1:2; Cantique 2:12,
ont toujours représenté l'Esprit de Dieu
sous cette image: le symbolique Orient
devait représenter le Saint-Esprit sous la
figure d'un oiseau, comme descendant du
ciel, et la colombe devait être choisie
naturellement à cause de son innocence et de
sa pureté. Cependant la plupart des
interprètes modernes, surtout les
protestants, repoussent cette idée comme
trop matérialiste, et ne considèrent dans
l'image que l'image seule, c'est-à-dire la
vitesse, la douceur et la grâce. Pour
pouvoir obtenir un résultat quelconque, une
solution quelconque aux questions que
soulève cette descente du Saint-Esprit, il
faut remarquer que non seulement Jésus, mais
Jean-Baptiste lui-même (au moins lui), a
vu descendre le Saint-Esprit, que, par
conséquent, le Saint-Esprit a dû revêtir une
forme: on ne saurait admettre une vision,
une vue, sans que l'objet vu ait des
contours, un dessin, une forme: quelque
vague qu'on veuille se le représenter,
quelque nuageux, quelque vaporeux qu'on
veuille supposer le Saint-Esprit dans cette
occasion, encore faut-il qu'il ait eu une
forme; et l'on doit se demander maintenant
s'il a une forme ordinaire, habituelle,
constante, ou si, son essence étant
invisible, il prend quelquefois, pour se
manifester, des apparences terrestres: il
nous semble que la première hypothèse est
bien plus matérialiste que la seconde, et
nous croyons beaucoup plus naturel, comme
aussi beaucoup plus d'accord avec le texte
sacré, d'admettre que le Saint-Esprit,
impalpable sans doute, mais visible, a
revêtu ostensiblement l'apparence de la
colombe. (Il s'agit
ici plutôt d'une forme d'expression
figurative qui représente l'Esprit
d'humilité en Jésus-Christ qui s'abaissa
comme une colombe dans l'acceptation de son
ministère de Souverain Sacrificateur qui
débuta par le baptême de Jean et se termina
par son sacrifice expiatoire et substitutif
sur la croix.)
COLONIE.
Actes 16:12;
— Voir: Philippes #5.
COLONNE.
Il est souvent parlé, Exode
13:21; 14:24; Nombres 14:14; Néhémie
9:12,19, de la colonne de nuée et de la
colonne de feu qui accompagnaient les
Israélites dans le désert, leur montrant la
route et leur servant de fil directeur,
l'une les éclairant la nuit, l'autre leur
donnant de l'ombre pendant le jour et
servant de retraite à l'Éternel qui y
habitait. Quoiqu'il ne soit pas dit en quel
endroit elle commença, et en quel endroit
elle cessa d'accompagner les Israélites, on
peut croire que le passage de la mer Rouge
et le passage du Jourdain furent les termes
extrêmes de son voyage. Elle se tenait
ordinairement à la tête du peuple; une seule
fois elle vint se placer entre eux et les
Égyptiens qui les poursuivaient. Exode
14:19-20, de manière à les séparer pendant
toute la nuit. C'est du sein de la même nuée
que le Seigneur apparut aux Hébreux en
Sinaï, quand il leur donna sa loi.
— Mais qu'était-ce matériellement que cette
nuée miraculeuse? C'est ce que nous ne
savons pas. Quelques rationalistes, avec
l'esprit qui les caractérise, ont imaginé
que c'était un tas de bois que l'on faisait
brûler à l'entrée du camp par manière de
signal; on en voyait la fumée le jour, et la
flamme la nuit; mais il faut avouer
-
que, pendant quarante ans, cela aura fait une consommation de bois prodigieuse;
-
que dans le désert on aurait eu un peu de peine à s'en procurer autant, et
-
que ce devait être bien mal commode de charrier, devant soi, jour et nuit, ce foyer ambulant.
— D'autres ont imaginé que c'étaient deux
immenses drapeaux, sur l'un desquels était
peint un nuage, et sur l'autre une flamme.
Il n'est pas nécessaire de faire remarquer
au chrétien qui lit la Bible avec un cœur
honnête et pur, combien toutes ces
divagations sont impies et ridicules. Cf.
Psaumes 78:14; 105:39.
— Les colonnes de la terre, Job 9:6, les
piliers du pays, Psaumes 75:3, et les
colonnes des deux, Job 26:11, sont des
expressions métaphoriques qui représentent
le ciel et la terre comme des édifices bâtis
parla main de l'Éternel, comme des temples
du Dieu vivant, taillés à la ressemblance
des ouvrages de l'homme, et soutenus comme
ces derniers par des colonnes, cf. Job
38:4-6.
L'Éternel, en envoyant Jérémie prêcher aux
Gentils, lui annonce qu'il lui a donné les
forces et la consistance d'une colonne de
fer, Jérémie 1:18; dans le Nouveau
Testament, Jacques, Céphas et Jean sont
appelés les colonnes de l'Église, Galates
2:9; et Apocalypse 3:12, l'Esprit dit
encore: «Celui qui vaincra, je le ferai être
une colonne dans le temple de mon Dieu.» Le
sens est le même dans ces trois passages; la
colonne désigne des hommes forts, qui sont
les fermes soutiens de l'œuvre du Christ, la
force et l'ornement de la maison de Dieu.
Enfin l'Église elle-même est nommée de ce
nom par saint Paul, 1 Timothée 3:15, parce
qu'elle est le gardien extérieur des vérités
divines et des oracles de Dieu.
Quant aux colonnes du temple,
— Voir: Temple.
COLOQUINTE.
2 Rois 4:39. Élisée étant venu
à Guilgal à l'époque d'une grande famine,
voulut faire préparer un repas pour les
prophètes de l'endroit, mais ils furent
presque empoisonnés avec un plat de
coloquintes sauvages que quelqu'un avait
cueillies et mises dans la chaudière sans
savoir ce que c'était. L'homme de Dieu prit
un peu de farine, la jeta dans le potage et
le rendit mangeable et sain.
— Les coloquintes sont une espèce de courge
ou de concombre sauvage, dont la tige jette
autour d'elle des sarments et des feuilles
semblables à celles des concombres de nos
jardins, ou à celles de la vigne: le fruit,
dont l'enveloppe charnue est d'un
jaune-vert, est de la grosseur d'une orange,
mais allongé comme le concombre, et si amer
qu'on l'a surnommé le fiel de la terre;
lorsqu'il est mûr, il éclate à la moindre
pression. La ressemblance de la coloquinte
avec le concombre a facilement pu faire
cueillir l'une pour l'autre, d'autant plus
qu'en temps de famine on n'y regarde pas
toujours de très près. Quant au moyen
employé par le prophète pour assainir ce
mets affreux, on n'y peut voir qu'un
miracle; cependant on sait que certains
légumes, d'un goût amer, perdent cette
amertume quand on y mêle de la farine.
COLOSSES.
Située sur le Lycus, à 8
parasanges (environ 50 kilomètres) du
Méandre, et à 35 kilomètres de Laodicée,
cette ville était une des plus considérables
de la Phrygie au temps d'Hérodote. Xéno-phon
encore l'appelle une cité peuplée, prospère
et grande. Au temps de Strabon ce n'était
plus qu'une ville médiocre, un bourg,
quoique Pline ait pu la classer encore au
nombre des villes célèbres de
l'Asie-Mineure. Elle fut renversée par un
tremblement de terre la septième année de
Néron, 60-61, mais reconstruite
immédiatement. Au onzième siècle, et déjà du
temps de Théophylacte, on l'appelait Chônaï
(fentes, fissures), peut-être à cause de la
nature de son sol limoneux, qui sèche en été
et se crevasse au point que, près de
Colosses, le Lycus disparaît sous terre
comme englouti. Au douzième siècle elle
avait recouvré quelques traces de sa
première grandeur. Elle fut longtemps une
résidence épiscopale. Maintenant ce n'est
plus qu'un gros village qui porte encore le
nom de Chonus, avec un château-fort dans le
voisinage. On a varié sur l'orthographe de
ce nom, les uns voulant l'écrire Colasses;
mais les meilleurs manuscrits, de même qu'un
grand nombre de médailles, l'écrivent comme
nous faisons, et leur autorité l'emporte.
Pour la géographie de cette contrée, il faut
consulter surtout le commentaire de Steiger
sur l'épître aux Colossiens, p. 13 et 368.
Il ne paraît pas, ni d'après les Actes des
apôtres, ni d'après l'épître aux Colossiens,
que Paul ait lui-même visité ces contrées,
ou qu'il y ait fondé des Églises; mais
pendant le séjour prolongé de Paul à Éphèse,
et à cause des communications faciles du
Méandre et du Lycus, on peut croire que des
disciples de cet apôtre, ou d'autres fidèles
portèrent l'Évangile dans l'intérieur du
pays, et y établirent quelques assemblées
chrétiennes. On croit même, d'après l'épître
à Philémon, et par plusieurs passages de
celle aux Colossiens 4:7,10,14. 15,47, que
Paul connaissait diverses personnes de cette
contrée, et que ces Églises connaissaient
plusieurs des compagnons de Paul. Du reste
la plupart des noms d'origine grecque,
Nymphas, Archippe, Philémon, Appia,
Épaphras, Onésime, etc., rendent probable
l'opinion que les troupeaux de cette vallée
étaient composés en très grande partie,
sinon exclusivement, de païens convertis, et
non de judéo-chrétiens.
Quant à l'Épître aux Colossiens, il
est évident non seulement qu'elle a été
écrite en vue de certains faux docteurs,
mais encore que ces docteurs avaient une
doctrine d'un caractère particulier et même
systématique: les uns ont voulu y voir des
pharisiens, d'autres des philosophes
platoniciens, ou même pythagoriciens,
d'autres des disciples de Jean-Baptiste.
Avant tout il faut remarquer, d'abord, que
ces faux docteurs étaient des Juifs
d'origine, des docteurs de la loi,
recommandant les cérémonies, les sabbats,
les jeûnes, etc.; ensuite que ce n'étaient
pas des Juifs ordinaires, se bornant à
conserver la loi et à la répandre au sein
des Églises, mais des Juifs qui
philosophaient d'une manière ou de l'autre
sur les objets de la loi. Ces deux
caractères sont si frappants que quelques
commentateurs ont pensé que Paul s'adressait
alternativement, dans cette épître, à deux
classes de docteurs; mais Calvin et d'autres
ont établi qu'il ne s'agissait ici que d'une
seule classe joignant à l'attachement à la
loi l'amour d'une certaine philosophie. On
peut supposer, ou que ces docteurs juifs
avaient fait profession de christianisme, ou
qu'ils ne l'avaient pas fait; mais cette
dernière supposition est peu vraisemblable:
on admettra difficilement que des Juifs non
baptisés aient trouvé accès auprès des
membres d'une Église surtout composée en
majorité de chrétiens d'entre les gentils,
et que saint Paul ne les ait pas combattus
d'une manière franche et directe. L'opinion
la plus probable est donc celle du critique
anglais Hammond qui, avec sa malheureuse
habitude de voir partout des gnostiques,
s'est trouvé cette fois avoir rencontré
juste. Ce n'étaient point les écoles
gnostiques qui furent fondées plus tard,
mais c'était la même direction d'esprit, la
même philosophie presque traditionnelle, la
philosophie orientale appliquée par les
Juifs à leur croyance paternelle, puis au
christianisme, lorsqu'ils se faisaient
baptiser. Leur philosophie, ou plutôt leur
théosophie, leur théurgie s'était humanisée,
pour ainsi dire, en se fondant avec les
idées grecques, et surtout en empruntant à
l'esprit grec une certaine volubilité des
idées, et l'apparence d'une philosophie
didactique. Ces théosophes, également
attirés par le christianisme, étaient assez
impartiaux pour reconnaître que
l'intelligence des choses célestes était
supérieure à leurs propres idées; désirant
d'y prendre part, ils entrèrent dans
l'Église, mais n'ayant pas été convertis de
cœur, l'amour de la sagesse charnelle
prévalut bientôt; ils donnèrent au
christianisme et à Christ une place dans
leur système, mais n'abandonnèrent pas leurs
erreurs. D'autres hommes qui s'étaient faits
chrétiens, entraînés par un besoin du cœur
plutôt que par curiosité, retournant plus
tard à des idées de propre justice,
s'efforcèrent d'accorder le christianisme
qu'ils aimaient, avec la loi qu'ils aimaient
également, et pour les cimenter ils se
servirent de l'ancienne philosophie. On peut
consulter avec fruit sur ce sujet
l'excellent commentaire de Steiger sur les
Colossiens (Erlangen 1836), ainsi que ceux
de Bæhr (1833) et de Mélanchthon (1577). Le
peu que nous avons dit suffira peut-être
pour faciliter l'intelligence de l'épître si
difficile dont nous parlons. «Après avoir
réfuté ces fausses doctrines, ajoute Calmet,
l'apôtre débite aux Colossiens la
plus belle et la plus sublime morale.»
— On se demande si cette épître a été écrite
pendant la captivité de Rome, ou pendant
celle de Césarée: il est probable qu'elle
fut datée de Rome, et écrite peu de temps
avant celle aux Éphésiens avec laquelle elle
a beaucoup de rapports, et dont elle semble
même n'être guère qu'un extrait destiné
spécialement à l'Église de Colosses, tandis
que l'épître aux Éphésiens serait une
circulaire pour toutes les églises
environnantes; elles s'expliquent l'une
l'autre, et peuvent avec avantage être lues
ensemble. Voici quelques-uns des parallèles
du 1er chapitre de l'épître aux Colossiens.
Colossiens.
|
Éphésiens. |
Les chapitres suivants présentent un parallèle également remarquable que le lecteur attentif trouvera seul, sans qu'il soit nécessaire de prolonger ces citations.
COMMERCE.
On comprend que le commerce
soit une chose aussi vieille que le inonde,
et que les échanges aient commencé dès les
premiers temps entre les bergers, les
laboureurs, et les fabricants. Aux jours des
patriarches ce mode d'échange subsistait
encore; mais il avait déjà pris un caractère
plus mercantile que lorsque l'humanité ne
formait qu'une famille, dont les divers
membres travaillaient les uns pour les
autres, se communiquant mutuellement, sans
les mesurer, les produits de leur travail ou
de leur industrie; on voit déjà des
marchands proprement dits; mais comme
l'argent monnayé n'existe pas, on donne des
denrées pour d'autres denrées, chacune ayant
une valeur déterminée; les caravanes
ismaélites traversent Canaan pour se rendre
en Égypte, leurs chameaux portent des
drogues, du baume, de la myrrhe; elles
achètent un homme esclave, et le payent
vingt pièces d'argent, Genèse 37:25,28, car
l'argent aussi était une marchandise qui se
pesait, et que l'on estimait selon son plus
ou moins grand degré de pureté. Ce sont
probablement encore des caravanes marchandes
que nous trouvons Job 6:19.
Puis, pendant la servitude d'Égypte, les
Hébreux, quoique simples ouvriers esclaves,
se trouvèrent plus ou moins mêlés au
commerce actif de cette riche contrée; mais
ce goût qui n'eut pas de peine à se
développer chez eux, fut comprimé par la
législation mosaïque, soit directement, soit
indirectement par la nature peu maritime,
quoique littorale, du pays qui leur avait
été donné, par l'obligation qui leur était
imposée de diverses manières, de cultiver le
sol afin d'en consacrer les produits à
l'Éternel, par les avantages mêmes qu'ils
retiraient de la culture de ce sol, enfin,
par les barrières que la loi établissait
entre le peuple saint et les peuples
environnants. Il paraît toutefois que les
habitants du nord du pays ne laissèrent pas
que de faire un petit commerce avec les
Phéniciens leurs voisins, Genèse 49:13;
Deutéronome 33:18. Sous les rois, le
commerce s'agrandit et devient royal.
Salomon lui-même est à la tête des plus
grandes entreprises; il fait le commerce des
chevaux entre l'Égypte et la Syrie, 1 Rois
10:26; 2 Chroniques 1:16-17; il s'associe au
roi de Tyr pour l'exploitation des mers, 1
Rois 9:26. Après lui, les expéditions
maritimes cessent de faire partie des
revenus royaux, et même, sauf quelques
essais tentés par Josaphat, 1 Rois 22:49, le
commerce par mer est interrompu, les ports
d'Élath et de Hetsjon-Guéber conquis par
David, étant tombés de rechef entre les
mains des Édomites. Mais le commerce par
terre avec Tyr continue de fleurir. Ézéchiel
27:17; Néhémie 13:16. Les Hébreux achètent
aux Phéniciens de magnifiques bois de
construction, 1 Chroniques 14:1; 1 Rois
5:10, du poisson, Néhémie 13:16; (cf.
Ézéchiel 26:5,14), divers objets de luxe,
des étoffes brodées de diverses couleurs,
des parfums, de l'encens, de la pourpre, et
d'autres marchandises tirées pour la plupart
de l'Arabie, de la Babylonie, ou des Indes;
ils fournissent en échange du blé, de
l'huile (cf. 1 Rois 5:11; Actes 12:20) du
miel, des dattes, du baume, Osée 12:2, des
objets de toilette brodés par les mains de
leurs laborieuses épouses, Proverbes 31:24,
enfin quelques espèces de fines pâtisseries.
On ne voit nulle part que, malgré les
guerres nombreuses qu'eurent à soutenir les
deux royaumes, les revenus de l'État en
aient souffert d'une manière notable: on
trouve même au milieu de leurs revers des
périodes, Ésaïe 2:7, ou des tribus, Osée
12:9, qui se font remarquer par leurs
richesses et l'abondance de toutes sortes de
biens.
L'exil étendit naturellement beaucoup la
sphère du commerce hébreu; les exilés ne
voulant se fixer nulle part, et restant
partout étrangers, n'avaient de ressource
que dans le commerce, mais ils surent en
profiter; ils se dispersèrent dans les
différentes villes de la Babylonie, puis
ailleurs, dans les provinces de l'Asie
mineure, en Égypte, et jusqu'en Europe.
Cependant toujours un peu gênés par leur
loi, les Juifs de la Palestine hésitèrent à
se vouer au commerce, et laissèrent occuper
par des étrangers les ports de Joppe et de
Césarée que leurs rois leur avaient donnés;
puis, sous la domination romaine, plusieurs
objets de commerce ou d'industrie, passèrent
à l'état de régie, et furent enlevés à
l'activité individuelle.
Quant au petit commerce, pour lequel on
trouve des préceptes particuliers, Lévitique
19:36; Deutéronome 25:13; cf. Osée 12:8, les
grandes fêtes lui étaient surtout
favorables; les marchands étalaient alors
leurs marchandises sur les places près des
portes, et les Tyriens mêmes savaient encore
dresser leurs bancs sur les marchés de
Jérusalem, cf. Néhémie 13:16. On trouvait en
outre dans les parvis du temple des
changeurs et des vendeurs d'animaux pour les
sacrifices. C'étaient des objets de première
nécessité; les Juifs étant forcés d'acheter,
le commerce des vendeurs tourna au vol: ils
justifièrent les doubles attributions que le
paganisme donnait à Mercure, et ils furent
chassés par notre Sauveur, Jean 2:14;
Matthieu 21:12.
CONCOMBRES,
seulement Nombres 11:5; (cf. Ésaïe 1:8, un champ de concombres.), plante et fruit bien connu dans nos jardins et sur nos marchés. Tourne-fort en compte six espèces, dont la blanche et la verte sont le«plus estimées. C'est en Orient, et surtout en Égypte, qu'ils acquièrent leur plus grande beauté. On assure que le concombre, dans ces pays méridionaux, forme avec le melon et l'oignon une des nourritures les plus délicates du peuple, et qu'il est à la fois plus agréable au goût et moins indigeste que le concombre européen.
CONCUBINES.
Il y avait chez les Hébreux
divers ordres d'épouses, toutes considérées
comme telles, mais occupant une place plus
ou moins élevée dans la famille, et
jouissant de privilèges plus ou moins
grands. Michaëlis (Mos. Recht) en compte
trois degrés: d'abord les femmes libres et
légitimes, épousées et non achetées, comme
Sara femme d'Abraham; ensuite les épouses
légitimes, mais achetées, comme Léa et
Rachel, Genèse 29:18,27; enfin les
concubines, femmes esclaves, qui, sans être
légitimes, étaient cependant unies à l'époux
d'une manière légale et régularisée, sans
que leur état les avilit, et sans qu'elles
fussent coupables de mauvaise conduite. À
côté d'une, et même de plusieurs femmes
légitimes, un homme pouvait avoir plusieurs
concubines, surtout s'il n'avait point
d'enfants de sa première épouse, Genèse
16:3; 30:3. C'était ordinairement parmi ses
esclaves, ou parmi celles de la femme et du
consentement de celle-ci, qu'il choisissait
celle qu'il voulait élever à ce rang
secondaire, qui était plutôt un privilège
qu'une honte.
Dans cette coutume si contraire à
l'institution primitive du mariage, il faut
reconnaître une déviation de la droite voie,
moins coupable peut-être chez les hommes qui
avaient à la fois beaucoup de besoins et peu
de lumières, mais coupable cependant, et qui
ne fut jamais en bénédiction à ceux qui s'y
livrèrent. Le grand Abraham, polygame, fut
obligé de la part de Dieu à répudier la
femme qu'il avait prise pour en avoir des
enfants en dehors de la promesse; Jacob fut
malheureux dans l'intérieur de sa famille,
il vit ses quatre femmes se quereller, et
l'une d'elles se livrer à Ruben, l'aîné de
ses fils; David s'en trouva mal, et Salomon
s'égara loin de Dieu au milieu des voluptés
de son sérail.
Quoi qu'il en soit, ce fut une coutume qui
commença de bonne heure à se répandre, que
les hommes les plus fidèles acceptèrent, qui
passa presque à l'état de règle, et qui
semble sanctionnée par un détail de la loi
mosaïque, Exode 21:8; cf. Genèse 22:24;
36:12; Juges 8:31; 2 Samuel 3:7; 1
Chroniques 1:32. Les enfants issus de
pareilles unions n'étaient point considérés
comme fils légitimes; et quoiqu'ils pussent
habiter avec leurs frères légitimes, ils
n'avaient aucun droit à l'héritage du père
de famille; celui-ci pourvoyait par des dons
volontaires et de son vivant à leur assurer
une condition avantageuse, Genèse 25:6;
21:10; 24:36.
Une esclave, par le fait de son alliance
avec son maître, ne pouvait plus disposer
d'elle-même pour appartenir à un autre,
Juges 19:2; 2 Samuel 3:7; elle était sa
femme, quoique moins honorée, et ses
infidélités devenaient adultères, mais
passibles des peines ecclésiastiques
seulement, et non point des peines
criminelles, Lévitique 19:20. Moïse présente
le servage et les rapports de maître à
esclave-femme sous un point de vue assez
particulier, lorsque, Exode 21:7-11, il
maintient la servitude de la jeune esclave
dans l'année sabbatique, contrairement aux
dispositions qui rendaient cette année la
liberté à ceux qui l'avaient perdue d'une
manière ou de l'autre. Il part de la
supposition qu'une esclave n'est jamais
achetée qu'à titre de concubine; il la
considère donc comme telle, et regarderait
son affranchissement comme une espèce de
divorce. Mais comme il arrivait fréquemment
qu'une esclave n'était pas concubine, elle
était alors en droit ou d'être rachetée, ou
d'être affranchie, ou de passer à un autre
maître, afin de n'être pas vouée à un triste
et honteux célibat par l'indifférence de son
maître. Quelquefois un père achetait une
jeune fille pour la donner à son fils,
jugeant convenable de prévenir ainsi de plus
grands désordres; et quand ce fils venait à
prendre une épouse légitime, l'esclave était
en droit d'exiger de son jeune maître les
mêmes traitements qu'avant son mariage.
Ce régime de relâchement répugne à tout ce
que nous pouvons avoir d'idées sévères, et
sur la sainteté du mariage, et sur la
sainteté de l'individu, et sur la dignité de
la femme, et sur la grandeur et la pureté
des exigences mosaïques. Il faut admettre
que Dieu a voulu faire des concessions à
l'endurcissement du coeur, aux passions qui
l'agitent et à la violence de ses désirs: ne
voulant pas exterminer son peuple, et
sachant que les peines les plus sévères
n'empêcheraient point des transgressions
constantes, il a mieux aimé régulariser le
cours des passions, les limiter par des
lois, leur accorder quelque chose, et punir
d'autant plus sévèrement les infractions aux
lois subsistantes, que ces lois elles-mêmes
avaient été adoucies, autant qu'il était
possible de le faire. Et si l'idée de ces
concessions est rejetée de quelques
théologiens, si on y voit le germe ou
l'indice d'une morale relâchée, nous
répondrons en citant ces paroles de notre
Sauveur, Matthieu 19:8, qui prouvent
évidemment un système de concession dans la
législation de Moïse: «C'est à cause de la
dureté de vos cœurs que Moïse vous a permis
de répudier vos femmes; mais au commencement
il n'en était pas ainsi.» Nous demanderons
encore si le fait même de ces lois sur les
esclaves concubines n'était pas une
concession; s'il y aurait une autre manière
de l'expliquer; ce que l'on aurait pu
substituer à ces lois: nous demanderons si
même maintenant Dieu n'accorde rien à la
faiblesse de notre nature, si le mariage
lui-même ne nous sera peut-être pas dans
l'Éternité représenté comme une
condescendance divine, cf. 1 Corinthiens
7:2; et enfin si, le mariage une fois admis,
Dieu ne peut pas, lorsqu'il le juge
convenable, permettre à un homme deux femmes
aussi bien qu'une, et un plus grand nombre
aussi bien que deux? Il est évident que nous
n'avons point à résoudre ici ces questions,
ni à examiner les raisons d'économie morale,
civile ou politique, qui appuient en général
l'établissement de la monogamie primitive.
Ajoutons encore que la polygamie prit un
développement effrayant sous quelques-uns
des rois de Juda: David avait sept femmes et
dix concubines, 2 Samuel 3:2-5; 20:3.
Salomon eut jusqu'à sept cents femmes ayant
train de reines, et trois cents concubines,
1 Rois 11:3; (elles firent égarer son cœur,
ajoute l'historien sacré); et Roboam, son
fils, dix-huit femmes et soixante
concubines, 2 Chroniques 11:21.
La venue du Christ a ramené le mariage a sa
première institution, et a condamné l'usage
des concubines «quoique, ajoute Calmet, on y
ait toléré assez longtemps les mariages
clandestins, dans lesquels on appelait assez
souvent la femme du nom de concubine;»
phrase mystérieuse dont nous laissons à
chacun de débrouiller le sens.
CONJURER LES MORTS,
— Voir: Python.
CONSEIL DES ANCIENS,
— Voir: Sanhédrin.
COOS,
Actes 21:1, petite île de la
mer Égée, à 16 kilomètres des côtes de
l'Asie Mineure, près de Cnide et
d'Halicarnasse. Ses vignes sont célébrées
dans Pline, 15, 18, etc, et ses tissus
magnifiques le sont par Horace, Od. 4, 13;
7, et par Tibulle. Le chef-lieu de l'île, du
même nom, avait un temple d'Esculape très
fameux, et un autre de Vénus. Hippocrate et
Apelles y étaient nés.
— Son nom actuel est Stanchio.
COQ,
— Voir: Poule.
CORAIL, coraux.
Production marine, dure, solide, et s'élevant du fond de la mer comme un arbre aux gracieux rameaux. On trouve du corail noir, du blanc, et du rouge. Cette dernière sorte est celle qui porte par excellence le nom de corail. à cause de sa plus grande valeur et de l'usage qu'on en fait pour la parure des dames, soit en l'incrustant dans des métaux, soit en en formant des colliers. Quoique ce ne soit pas une pierre précieuse, l'auteur du livre de Job, 28:18, le nomme à côté de l'onyx et du saphir. Il faisait partie des objets du commerce syrien, Ézéchiel 27:16. Cette substance est connue depuis les temps les plus anciens. Pline nous apprend qu'elle était très estimée, d'abord à cause de sa beauté, puis à cause des idées superstitieuses que l'on y rattachait: on croyait que celui qui portait un morceau de corail sur lui ne pouvait jamais courir aucun danger Naguère encore, dans la même contrée, un collier de corail rouge se vendait aussi cher qu'un collier de perles. Le nom hébreu que l'on a traduit par corail est Ramoth. D'autres ont voulu voir le corail dans l'Almughim, q.v. On se demande enfin si le mot Peninim, Proverbes 3:15; 8:11; 20:15; 31:10; Job 28:18; Lamentations 4:7, ne désigne pas la même substance; nos versions portent quelquefois pierres précieuses, quelquefois perles, ce qui est peu probable, soit à cause du passage des Lamentations qui donne au Peninim la couleur rouge ou vermeille, soit à cause de l'analogie de l'arabe. Il est bien possible qu'un objet de luxe aussi recherché ait eu chez les Hébreux deux noms différents; mais l'on ne peut rien décider.
CORBAN,
Marc 7:11; (cf. Matthieu 15:5)
Ce mot hébreu signifie, ainsi que cela est
indiqué dans le texte même, un don, une
offrande; il est employé dans l'Ancien
Testament, Lévitique 2:1; 4:12; 10:17, et
ailleurs, pour désigner de simples
offrandes, celles pour le péché. Les Juifs
juraient quelquefois par ces dons offerts
sur l'autel, Matthieu 23:18.
— Dans le passage de Marc, notre Sauveur
reproche aux prêtres leur fausseté
intéressée, aux Juifs leur dureté envers
leurs parents. Pour accroître le trésor du
temple, et par là leurs richesses
particulières, les prêtres disaient aux
enfants d'Israël que tout don (ou corban)
fait au temple, les dispensait de soutenir
leurs parents et les personnes de leur
famille (cf. 1 Timothée 5:4). Et il paraît
que cet abus impie était devenu assez
général à l'époque où parlait notre Sauveur,
et qu'un grand nombre de Juifs se croyaient
déliés de leurs devoirs domestiques au moyen
des offrandes qu'ils avaient faites pour le
service du sanctuaire. Cependant, pour
comprendre une pareille aberration de
l'esprit filial, il faut supposer que
l'intérêt se joignait chez les enfants à
l'adoption de cette maxime cléricale, et que
les prêtres, ou bien exigeaient pour le
temple une portion moins forte que celle qui
aurait du revenir aux parents, ou bien
qu'ils séduisaient les Juifs par certaines
promesses illusoires, en leur représentants
les offrandes faites au temple comme plus
méritoires, et comme entraînant des
bénédictions et des avantages particuliers.
CORBEAU.
Oiseau appelé en hébreu
horeb, et en syriaque croac; de
même croak dans le vieux anglais. Il
était déclaré impur par la loi de Moïse,
Lévitique 11:15; Deutéronome 14:14. Il
habite les lieux solitaires, sauvages et
désolés, Ésaïe 34:11. Salomon, dans le
Cantique 5:11, compare les boucles noires de
l'épouse au plumage brillant et noir de cet
oiseau.
Le corbeau apparaît pour la première fois
dans l'Écriture, Genèse 8:7. Les eaux du
déluge commençant à baisser, et le sommet
des montagnes à sortir de l'Océan, l'homme
de l'ancien et du nouveau monde envoie sur
la terre, ou plutôt sur les flots, cet
oiseau dont il risque la vie pour un essai
d'exploration,-et qui prend ainsi le premier
possession de la terre sauvée; mais l'animal
va et vient ne trouvant pas à se poser, puis
il quitte l'arche pour n'y plus revenir, et
va sans doute sur les montagnes se nourrir
des victimes dont le déluge avait parsemé
l'univers. C'est après le départ définitif
de l'aventureux oiseau que Noé laisse
échapper une colombe; mais plus timide, elle
rentre dans l'arche d'abord, puis ressort
huit jours après et rentre une dernière
fois, apportant dans son bec l'emblème de la
paix et du salut, une branche d'olivier.
— Nos versions portent, conformément au
texte hébreu, au caldéen, à l'arabe et au
samaritain, que «le corbeau sortit
allant et revenant, jusqu'à ce que
les eaux se fussent desséchées sur la
terre», tandis que les Septante, le syriaque
et la Vulgate, ainsi que bon nombre de Pères
et de commentateurs, portent que «le corbeau
sortit et ne revint point.» De
fortes raisons parlent sans doute en faveur
de cette dernière leçon: on se demande
pourquoi, si le corbeau était rentré, Noé ne
l'aurait pas lâché de nouveau, ainsi qu'il
fit plus tard avec le pigeon, et pourquoi il
crut nécessaire de lâcher le pigeon lorsque
l'absence prolongée du corbeau devait lui
indiquer suffisamment que cet animal avait
su trouver un abri et de la nourriture sur
la terre. Mais, outre que les pourquoi
ne sont guère une autorité, il est bien
difficile d'accepter des variantes au texte
hébreu, et de s'éloigner ainsi de
l'original.
Le corbeau joue encore un rôle dans
l'histoire d'Élie. Ce prophète s'étant
retiré par l'ordre de Dieu sur les bords du
Kérith, 1 Rois 17:3-5, il y fut nourri par
des corbeaux «qui lui apportaient du pain et
de la chair le matin, du pain et de la chair
le soir, et il buvait du torrent.» Mais
toutes sortes d'explications, toutes plus
singulières les unes que les autres, et plus
singulières que le fait même qu'elles
voulaient expliquer, ont été mises en avant
pour ôter à cette histoire ce qu'elle a de
surnaturel. Quelques-uns, comparant le
rocher de Horeb, Juges 7:25; Ésaïe 10:26,
qui se trouvait dans la contrée de Bethsan à
l'ouest du Jourdain, et non loin du Kérith,
ont supposé que les corbeaux (Horebim)
d'Élie, n'étaient autres que les habitants
d'une ville de Horeb qui aurait existé près
du rocher de ce nom, et que c'était à ces
habitants que Dieu aurait donné l'ordre de
nourrir son prophète. D'autres, lisant
Arabim au lieu de Horebim, pensent que ce
sont des Arabes du voisinage, qui, ignorant
les persécutions d'Achab,'ou les bravant,
auraient apporté deux fois par jour au
prophète, la nourriture dont il avait
besoin. D'autres encore traduisent Horebin
«des marchands», des passants, des
étrangers, qui irrégulièrement, et à mesure
qu'ils arrivaient, auraient fourni quelques
vivres au vénérable et pieux solitaire.
Toutes ces explications sont réfutées par ce
seul fait, qui semble mentionné tout exprès,
que le prophète n'avait pour se désaltérer
que l'eau du torrent, et que lorsque le
torrent fut à sec, le prophète dut se rendre
ailleurs, chez une pauvre veuve païenne,
pour s'y mettre à la fois à l'abri des
persécutions et à l'abri de la soif; si
c'eussent été des hommes qui eussent fourni
à Élie le pain et la viande, ils auraient pu
tout aussi bien, et sans plus de peine, lui
apporter de l'eau; des corbeaux ne le
pouvaient pas.
On en doit donc rester à la traduction toute
simple et tout ordinaire de nos versions, et
l'on peut de deux manières comprendre que
des corbeaux aient été en effet les
pourvoyeurs de l'homme de Dieu. Supposons
que l'asile du prophète fût un lieu de
rochers, de montagnes et de solitudes: c'est
là que les oiseaux de proie font leurs nids,
et qu'ils élèvent leur couvée, qu'ils
nourrissent leurs petits; le prophète aura
pu sans peine s'emparer pendant leur
absence, des provisions qu'ils apportaient
deux fois par jour à leur nichée, et Dieu
aura employé un moyen naturel pour fournir à
Élie une nourriture abondante et régulière.
L'histoire profane présente des exemples du
même genre;
— Voir: Tite-Live 1, 4; Diod. de
Sicile 2, 4; Justin 1, 4, et ailleurs.
Mais si l'on se rappelle que le Dieu du ciel
est aussi le Dieu de la terre, de la nature,
de l'homme et de tous les êtres vivants,
qu'il fait des vents ses anges et des
flammes de feu ses ministres, qu'il tient
dans sa main les instincts et les volontés
de tous les animaux, qu'il les dirige comme
il le veut, et les fait agir en maître,
qu'il les conduisit dans l'arche, qu'il
envoya un bélier pour remplacer Isaac, un
lion pour déchirer le vieux prophète, des
ours pour venger Élisée, une baleine pour
sauver Jonas, un poisson pour payer le
tribut, un âne pour l'entrée dans Jérusalem,
on ne pourra méconnaître que
l'approvisionnement miraculeux d'Élie
n'appartienne à cette classe de miracles.
Nous lisons, Job 39:3: «Qui est-ce qui
apprête la nourriture au corbeau, quand ses
petits crient au Dieu fort, et qu'ils vont
errants, parce qu'ils n'ont point de quoi
manger?» et Psaumes 147:9. «Dieu donne la
pâture au bétail, et aux petits du corbeau
qui crient vers lui.» Quelques auteurs ont
pensé que ces deux passages étaient une
allusion à ce que l'on dit que le corbeau,
lorsqu'il voit ses petits nouvellement,
éclos, et couverts d'un poil blanc, les
prend en dégoût, les abandonne, et ne
retourne à eux que lorsque ce premier duvet
étant tombé, ils commencent à se revêtir
d'un plumage noir. La mue et le changement
de couleur sont un fait, mais quant à cette
aversion c'est une fable. «Dans les premiers
jours, dit Buffon, la mère semble un peu
négliger ses petits; elle ne leur donne à
manger que lorsqu'ils commencent à avoir des
plumes; et l'on n'a pas manqué de dire
qu'elle ne commençait que de ce moment à les
reconnaître à leur plumage naissant, et à
les traiter véritablement comme siens. Pour
moi, je ne vois dans cette diète des
premiers jours que ce que l'on voit plus ou
moins dans presque tous les animaux, et dans
l'homme lui-même: tous ont besoin d'un peu
de temps pour s'habituer à un nouvel
élément, à une nouvelle existence, etc.» Les
deux passages dont nous parlons ont fait
naître beaucoup d'autres conjectures: on a
supposé que les corbeaux abandonnaient
quelquefois leurs petits, ne pouvant suffire
à leur extrême voracité; on a dit que
quelquefois ils les oubliaient, sans y
mettre de malveillance; d'autres encore,
s'appuyant de l'autorité d'Aristote, de
Pline, etc., ont avancé que les corbeaux
chassent leurs petits de très bonne heure,
et les obligent ainsi de chercher fort
jeunes leur pâture; et c'est ainsi que l'on
a voulu s'expliquer l'intervention directe
de Dieu que Job et le prophète paraissent
admettre dans l'alimentation des petits
corbeaux. Mais la paraphrase la plus vraie
de ces deux passages nous paraît être dans
ces beaux vers de Racine:
Aux petits des oiseaux il donne la pâture,
Et sa bonté s'étend sur toute la nature.
C'est ce que dit Calmet, en d'autres termes:
«Il y en a qui, sans y chercher plus de
finesse, tiennent que la Providence s'étend
sur les animaux à quatre pieds, et sur les
oiseaux, qui crient à lui à leur manière, et
que les corbeaux sont mis dans les endroits
que nous avons cités, au lieu des oiseaux en
général.» Jésus rappelle la même chose
lorsqu'il dit: Considérez les corbeaux, ils
ne sèment, ni ne moissonnent, et cependant
Dieu les nourrit, Luc 12:24. Dans le passage
parallèle, Matthieu 6:26, il y a l'idée
générale, au lieu de l'exemple particulier:
Considérez les oiseaux du ciel.
Agur, dans le 30e chapitre du livre des
Proverbes, verset 17, dit que les corbeaux
du torrent crèveront les yeux du mauvais
fils qui se moque de son père et qui méprise
l'enseignement de sa mère, voulant annoncer
peut-être qu'il sera privé de sépulture,
jeté aux champs, et livré à la voracité des
corbeaux qui, dit-on, commencent toujours
par crever les yeux des cadavres qu'ils
dévorent.
Les Septante et la Vulgate, dans Sophonie
2:14, au lieu de désolation, lisent: «Le
corbeau sera au seuil», par où les uns
entendent qu'on nourrissait des corbeaux
dans la maison, et d'autres, avec plus de
raison, que Ninive sera tellement désolée
que ses ruines serviront de retraites aux
corbeaux; mais cette traduction ne peut être
admise.
CORE,
— Voir: Homer.
CORÉ.
-
Un des descendants d'Ésaü, Genèse 36:16, nommé Korah dans nos versions, quoique son nom s'écrive dans le texte hébreu de la même manière que celui de Coré le lévite.
-
Coré, fils de Jitshar, fils de Kéath, fils de Lévi, Exode 6:21, cousin de Moïse, dont le père, Hamram, était frère de Jitshar, verset 18, nous est connu par son ambition, ses intrigues, sa révolte et sa mort. Lévite, et jaloux d'Aaron le souverain pontife, et de Moïse le chef du peuple, il se joignit à d'autres, Dathan, Abiram et On, de la tribu de Ruben, qui voyaient avec peine que le gouvernement d'Israël ne fût pas en entier dans les mains de la postérité du premier-né de Jacob. À cette jalousie de tribu se joignait l'ambition personnelle, et nul doute qu'ils n'aspirassent, l'un à la souveraine sacrificature, les autres au pouvoir civil et militaire.
Ils firent donc une entreprise, est-il dit, Nombres 16:1, et suivant, et s'élevèrent contre leurs chefs, leur reprochant de prendre une trop grande part au gouvernement du peuple. Moïse s'étant prosterné devant l'Éternel, le visage contre terre, se releva, fit observer à Coré que chacun avait sa tâche et ses droits; que lui, Coré, avait reçu de l'Éternel une charge honorable, puisqu'il était employé au service de l'Éternel, quoiqu'il n'exerçât pas la sacrificature; que si, cependant, il voulait une nouvelle manifestation de l'Éternel, il n'avait qu'à apporter le lendemain, lui et ses deux cent cinquante complices, des encensoirs et de l'encens pour l'offrir sur l'autel, qu'Aaron de son côté ferait la même chose, et que celui que l'Éternel choisirait serait le saint. Un temps leur était offert pour la repentance; ils en profitèrent pour chercher à soulever le peuple. Le lendemain, les rebelles se rendirent à l'entrée du tabernacle d'assignation, suivis d'une portion du peuple qui les soutenait. Mais la gloire de l'Éternel apparut et fut sur le point de les consumer tous. Les deux frères intercédèrent, pensant que cette première et menaçante manifestation suffirait; ils se rendirent auprès de la foule assemblée, et cherchèrent à l'éloigner de ce lieu qui bientôt devait n'être plus qu'un gouffre dévorant: plusieurs crurent et obéirent; les plus mutins, quelques familles rubénites, Dathan, Abiram et les leurs persistèrent: ils restèrent debout à l'entrée de leurs tentes, comme pour continuer de braver l'Éternel; mais la menace s'accomplit, la terre ouvrit sa bouche sur eux, les engloutit corps et biens, et se referma sur ces cadavres vivants. En même temps le feu du ciel descendit sur les lévites rebelles qui offraient le sacrifice de Gain, et les dévora, tandis qu'Aaron, qui se trouvait avec eux, fut conservé comme le saint qui devait seul apporter l'encens à l'autel.
Quoique nous n'ayons aucune date, ni indication précise sur le lieu où se passa cet événement, il paraît qu'on doit le placer à Kadès-Barné ou à Rithma, peu après la rentrée des Israélites dans le désert, (— Voir: Voyage des Enfants d'Israël, p. 117-122).
Les familles rubénites périrent avec leurs chefs; celle de Coré ne périt point, et nous trouvons parmi les descendants de cet ambitieux, des employés au service du temple, chargés de garder les vaisseaux du tabernacle, 1 Chroniques 9:19, des portiers, 26:1, et des chantres, 2 Chroniques 20:19; Psaumes 88:1. Les Psaumes 42, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 84, 85 et 87, sont indiqués comme ayant été composés par quelques-uns de ces Corites; cependant l'on n'est pas d'accord sur ce point, et plusieurs auteurs pensent que, composés par David ou par d'autres prophètes, ils ont été simplement remis aux chantres de la maison de Coré pour être chantés par eux;
— Voir: Psaumes.
La punition de ces chefs, rappelée Psaumes 106:17; et Jude 11, trouve des parallèles dans l'histoire de Nadab et Abihu, Nombres 3:4, dans celle des capitaines d'Achazia qui sommaient Élie de descendre du Carmel, 2 Rois 1:9,11, et dans celle d'Ananias et de Saphira, Actes 5:1. On peut rappeler ici l'idée ancienne, que lorsqu'un homme de bien prononçait une malédiction, elle ne manquait pas d'avoir son accomplissement, cf. Luc 9:54.
CORIANDRE.
Plante annuelle que l'on trouve abondamment en Égypte; tige cylindrique et élancée; feuilles à large pédicule, dont les inférieures sont dentées et ne présentent qu'une seule division, tandis que les supérieures, dentées également et plus petites, offrent deux divisions. Les fleurs sont blanches, en ombelles, et donnent une graine jaunâtre, creuse et très odorante, dont on se sert comme assaisonnement. C'est à cette graine qu'est comparée la manne pour sa forme, Exode 16:31; Nombres 11:7. Quant à la couleur, la manne était blanche comme le bdellion.
CORINTHE
(Éphyra chez les poètes,
Ovid. Met. 2, 240, Virgile, Géorg. 2, 464)
Une des villes les plus peuplées, les plus
commerçantes et les plus riches de
l'ancienne Grèce, et capitale de l'Achaïe
propre sous la domination romaine. Elle
était située entre la mer d'Ionie et la mer
Égée (de là le surnom de bimaris,
Hor. Od. 1, 7. 2) et au pied d'un rocher qui
portait la citadelle d'Acro-Corinthe. Elle
avait 40 stades (8 à 9 kilomètres) de tour,
et trois ports; celui de Lechæon sur la mer
d'Ionie, à 12 stades (2 ou 3 kilomètres) de
la ville; celui de Cenchrée sur la mer Égée,
et celui de Schænos: non loin de là se
trouvait le bois de Cranion. La position de
Corinthe, entre les deux Grèces comme entre
les deux mers, lui procurait des avantages
commerciaux dont elle sut profiter, et qui
ne contribuèrent pas peu à l'enrichir. Les
arts et les sciences y fleurirent également,
et Corinthe jouit ainsi d'une double
réputation dans le monde intellectuel et
dans le monde commerçant. Mais avec les
richesses le luxe se développa, et avec lui
les plus grands débordements et la plus
hideuse corruption, au point que les païens
eux-mêmes en étaient frappés, et que l'un
d'eux inventa le verbe corinthiser,
comme synonyme de vivre dans la débauche.
Après que Mummius s'en fut emparé, 147 avant
J.-C., et qu'il l'eut dévastée, Jules-César
la rétablit, 43 avant J.-C.; elle ne tarda
pas à recouvrer son importance et sa
grandeur première, tellement qu'à l'époque
de saint Paul, nous la retrouvons de nouveau
résidence du proconsul romain en Achaïe,
Actes 18:12. Saint Paul y passa dix-huit
mois, environ l'an 52. La philosophie et
l'impureté furent les grands ennemis que
l'apôtre eut à combattre; l'impureté surtout
y était tellement honorée, et presque
consacrée par le culte de Vénus et par les
prostitutions publiques des infâmes
prêtresses de cette divinité, que l'inceste
même y était toléré, et qu'un chrétien fut
trouvé entretenant avec la femme de son père
un commerce criminel.
Saint Paul logeait chez les époux Aquila et
Priscille, Actes 18:1; sq., faiseurs de
tentes, au travail desquels il s'associa
pour n'être à charge à personne; il prêchait
tous les jours de sabbat dans la synagogue;
il fit d'abord quelques prosélytes parmi les
Juifs; mais bientôt voyant que la plupart
d'entre eux, au lieu de recevoir ses
instructions, se détournaient de lui avec
des paroles de blasphème, il secoua contre
eux ses vêtements, et leur dit: «Que votre
sang soit sur votre tête, j'en suis net!» et
il se tourna vers les gentils. Il alla loger
chez un païen converti, Juste, surnommé
Tite, et un grand nombre de païens crurent à
sa parole et embrassèrent la foi. C'est de
cette ville que Paul, rejoint par Silas et
par Timothée, écrivit successivement les
deux lettres aux Thessaloniciens.
Après une longue mission, l'apôtre quitta
Corinthe; mais il y revint plus tard, Actes
20:2; 1 Corinthiens 16:3, et écrivit de là à
d'autres églises, à Rome, etc. Apollos le
remplaça, Actes 19:1. 1 Corinthiens 1:2;
Aquilas et Sosthènes, fidèles et puissants
ministres de la parole, y annoncèrent aussi
l'Évangile, Actes 18; 1 Corinthiens 1:1;
16:19).
Épîtres aux Corinthiens. Paul écrivit
trois lettres à cette église; la première
mentionnée 1 Corinthiens 5:9,11, est perdue,
et semble avoir été dirigée principalement
contre les habitudes d'impureté auxquelles
plusieurs membres de l'église se livraient.
La seconde est la première de celles
que nous possédons. L'apôtre était à Éphèse,
1 Corinthiens 16:8, vers l'an 56; c'est là
qu'ayant appris par les gens de la maison de
Chloé les querelles de partis qui divisaient
l'Église, il écrivit aux Corinthiens pour
essayer de ramener la paix parmi eux, en les
réunissant autour du seul chef qui a été
crucifié pour les siens, et au nom duquel
ils avaient été baptisés, 1 Corinthiens
1:13. Il cherche ensuite à les mettre en
garde contre ces philosophes à pompeuse
parole, qui veulent tout embrouiller pour
tout éclairer, et qui veulent faire dépendre
la foi de la sagesse des hommes; puis il se
plaint des désordres qui existent dans leurs
repas de charité, de leur tolérance pour le
vice et le péché. Dans les chapitres 7 à 15,
il répond à diverses questions que les
Corinthiens lui avaient faites sur le
mariage, sur les choses consacrées aux
idoles, sur la cène, sur la vraie charité,
sur la résurrection de la chair, sur les
dons spirituels.
Il paraît, en effet, que peu d'églises
avaient été favorisées autant que celle de
Corinthe, par des dons miraculeux; mais ces
dons même étant devenus une occasion
d'orgueil et de chute, cette église se
corrompit plus que toutes les autres.
Apprenons de là, dit Bickersteth, la
différence qu'il y a entre les dons et la
grâce, et ne soyons pas abattus si les
premiers nous manquent, pourvu que nous
ayons celle-ci, qui est infiniment plus
nécessaire et plus précieuse. L'apôtre,
chapitre 16, leur rappelle les collectes qui
se font pour les saints, leur annonce sa
prochaine visite, et termine par des
salutations.
— Cette lettre eut tout le succès que
l'apôtre en pouvait désirer; elle produisit
une tristesse salutaire, une plus grande
crainte de Dieu et une sainte vigilance
contre les désordres qu'il avait signalés.
Seconde épître. Peu de temps après le
départ de la première lettre survint
l'émeute de Démétrius, qui obligea Paul à
quitter Éphèse. Il se rendit en Macédoine,
Actes 19:20, espérant apprendre là quels
étaient les résultats que sa lettre avait
obtenus à Corinthe; il avait envoyé Timothée
dans cette ville, 1 Corinthiens 4:17; mais
soit que Timothée fut déjà parti à l'arrivée
de la lettre, soit autre motif, il n'apprit
rien par ce disciple, et envoya Tite,
pendant que lui-même s'occupait encore à
évangéliser autour de lui en Macédoine.
C'est après le retour de ce dernier qu'il
rédigea sa seconde lettre (qui est la
troisième), pour les féliciter du succès de
sa première, et pour les mettre toujours
plus dans la disposition d'esprit dans
laquelle il désirait les trouver lorsqu'il
arriverait, 2 Corinthiens 7:7.
— Tite et deux frères qui ne sont point
nommés, 8:16,18,22, furent chargés de porter
cette lettre; il est probable que Luc était
l'un des deux, versets 18 et 19, soit parce
que ce qui en est dit se rapporte
parfaitement à lui, soit parce qu'il est
nommé dans une apostille à cette épître,
addition inauthentique sans doute, mais fort
ancienne; soit enfin parce que saint Luc
qui, dans les Actes a jusque là parlé à la
première personne, se met subitement à
parler de saint Paul à la troisième, Actes
20:1, comme n'étant plus lui-même compagnon
de voyage de l'apôtre: et comme c'est à cet
endroit des Actes que l'on doit placer la
deuxième aux Corinthiens, on peut supposer
que Luc fut un de ceux qui la portèrent à sa
destination. Elle fut écrite un an environ
après la première, et, à ce que l'on croit,
de Philippes.
L'apôtre commence par remercier les
Corinthiens de la consolation que leurs
prières lui ont fait éprouver dans ses maux;
puis satisfait de leur conduite sévère à
l'égard de l'incestueux, il les engage à le
recevoir de nouveau et à le consoler.
Passant à ses rapports personnels avec les
Corinthiens, il est amené à parler de la
différence du ministère dans les deux
économies, et à glorifier l'alliance
nouvelle du christianisme. Ce sont les trois
premiers chapitres.
— Dans la seconde partie (chapitres 4-9),
appelé à défendre son caractère et sa
mission, il se montre comme ambassadeur de
la réconciliation, comme affligé souvent,
mais se consolant par la certitude qu'il a
de la résurrection de la chair; il engage
les Corinthiens à se fortifier par la même
foi pour renoncer au monde et à ses
convoitises; il leur rappelle de nouveau les
collectes qui se font pour les saints, et se
réjouit de la libéralité qu'ils ont toujours
montrée à cet égard.
— Il termine en se tournant de rechef contre
les faux docteurs, et en particulier contre
ceux qui veulent accaparer seuls le titre de
chrétiens, et nuire à l'autorité de saint
Paul; il se défend contre eux et prouve
qu'il a plus qu'eux tous des titres à la
confiance générale, par sa naissance, par sa
conversion, par ses travaux, par ses
souffrances, par les révélations qu'il a
obtenues; il ajoute cependant que s'il a de
quoi se glorifier, il se glorifiera plutôt
dans sa faiblesse et dans son infirmité. Ses
dernières paroles sont des exhortations à la
repentance, à la paix et à l'amour
fraternel.
— Commentaire de Heidenreich (1825-1828),
Pott (1826), Flatt (1827), Billroth (1833),
et Olshausen.
Il existe encore aujourd'hui deux lettres,
l'une des Corinthiens à saint Paul, l'autre
de saint Paul aux Corinthiens, toutes deux
en langue arménienne; mais leur authenticité
ne saurait être prouvée, bien qu'on ait
voulu les faire passer pour ces lettres
perdues dont on a parlé plus haut. Celle que
l'on attribue à saint Paul a paru pour la
première fois en français dans l'Histoire
critique de la république des lettres,
Amsterd., t. X, puis en arménien, à Venise,
en 1819.
CORMORAN.
C'est ainsi que nos versions
traduisent l'hébreu Kaath, Lévitique
11:18; Deutéronome 14:17; Psaumes 102:6;
Ésaïe 34:11; Sophonie 2:14; mais les
Septante et la Vulgate lisent pélican, et
cette version doit être préférée, si l'on
peut préférer quelque chose dans ce dédale
d'animaux inconnus dont le nom revient si
rarement, et chaque fois avec des caractères
si généraux, qu'ils peuvent s'appliquer à un
grand nombre d'espèces différentes. Le
pélican, déclaré impur par la loi de Moïse,
habite les contrées chaudes et maritimes;
c'est un oiseau de la grosseur du cygne,
assez lourd dans sa forme et dans sa
démarche, mais remarquablement léger quand
il étend ses grandes ailes pour prendre son
vol; sa couleur est d'un blanc grisâtre
parsemé de petites plumes rose-tendre; la
queue et les grosses plumes des ailes sont
noires. Ce qui le distingue surtout, c'est
la grande poche qu'il porte sous le bec, et
dont il se sert pour pêcher et pour faire
des provisions; elle peut contenir, dit-on,
une dizaine de litres (Adanson dit 22
pintes, Voyage au Sénégal, p. 136); son nom
hébreu vient du verbe kô, qui
signifie vomir, et se rapporte sans doute à
l'habitude qu'a cet oiseau soit de rejeter
devant ses petits, pour les nourrir, le
revenu de sa pêche, soit de rejeter pour son
propre compte les moules et les huîtres
qu'il a avalées et réchauffées dans son
estomac, afin d'en manger la chair
lorsqu'ils se sont entr'ouverts. Il pèse
jusqu'à 12 et 15 kilogrammes; sa voix
rappelle, dit-on (Buffon), le cri de l'âne,
selon d'autres le cri d'un homme dans
l'angoisse et la douleur, cf. Psaumes 102:6.
Le nid du pélican se trouve communément au
bord des eaux, à plate terre et plutôt dans
des endroits déserts et isolés, Ésaïe 34:11;
Sophonie 2:14.
Quant au cormoran proprement dit, s'il en
est parlé dans la Bible, c'est sous le nom
de Shalak, Lévitique 11:17;
Deutéronome 14:17, que nos versions ont
traduit par plongeon. (Au chapitre 11 du
Lévitique, au lieu de: 17. «La chouette, le
plongeon, le hibou, 18, le cygne, le
cormoran, le pélican;» nous traduirions
conformément aux travaux des savants
modernes: «17. La chouette, le plongeon, le
butor (?), 18. le cygne, le pélican, le
vautour (percnoptère?).»)
— Le nom du cormoran ne se trouverait donc
pas dans la Bible, à moins que l'on ne
veuille entendre par plongeon le cormoran
lui-même, et notamment cette espèce qui est
connue en grec par le nom de cataractes qui
désignerait (comme fait aussi le nom hébreu)
l'impétuosité avec laquelle cet animal fond
sur sa proie: on peut d'autant mieux adopter
cette manière de voir que le plongeon
appartient plutôt aux régions tempérées ou
froides, tandis que le cormoran habite les
pays plus chauds et plus méridionaux; et les
traducteurs n'ont guère pensé au nom de
plongeon que parce qu'il leur était présenté
par le sens même étymologique du nom hébreu
shalak. Le cormoran a, comme le
pélican, les quatre doigts assujettis par
une membrane d'une seule pièce; il a de même
le bec garni en dessous d'une peau d'une
belle couleur orangée, qui s'étend sous la
gorge de quelques lignes, et s'enfle à
volonté, mais sans acquérir la capacité de
celle du pélican. Le cormoran, quoique bon
plongeur et bon nageur, reste moins dans
l'eau que plusieurs autres oiseaux
aquatiques; il prend fréquemment son essor
et se perche sur les arbres ou sur des
rochers, d'où il guette sa proie et s'élance
avec la rapidité de l'éclair aussitôt qu'il
l'aperçoit: il est d'une telle adresse et
d'une telle voracité, que lorsqu'il se jette
sur un étang, il y fait seul plus de dégât,
dit Buffon, qu'une troupe entière d'autres
oiseaux pêcheurs.
CORNE.
On se servait de cornes,
principalement de cornes de bœuf, comme de
verres pour boire, ou plus fréquemment
encore, comme de vases pour conserver les
liquides, le fard, l'huile, etc., 1 Samuel
16:1,13; 1 Rois 1:39. Une des filles de Job
est appelée Kéren-Happouk, corne d'antimoine
42:14. On les employait aussi, dans
l'antiquité, comme instruments à vent, ainsi
que le font encore les bergers des Alpes,
quoique les instruments de cuivre, ou
d'autre métal, fussent aussi déjà fort
anciennement connus, cf. Josué 6:5; Juges
7:16.
L'autel des holocaustes avait à ses quatre
coins des cornes de bois recouvertes
d'airain, Exode 27:2. L'autel des parfums
avait aussi quatre cornes, mais recouvertes
d'or, Exode 30:2; cf. Jérémie 17:1; Amos
3:14. Dans le second temple elles étaient,
de pierre, et avaient une coudée de
longueur. On n'en connaît pas exactement la
destination; peut-être, d'après Psaumes
118:27, servaient-elles à retenir les
victimes. Le souverain pontife les arrosait
du sang des sacrifices, Exode 29:12;
Lévitique 4:7-18; cf. 8:15; 9:9; 16:18;
Ézéchiel 43:20. Chez les Juifs comme chez
les païens, les criminels se réfugiaient
auprès des autels dont ils empoignaient les
cornes, et qu'ils regardaient comme des
asiles sacrés, 1 Rois 1:50; 2:28.
La corne est souvent prise pour le symbole
de la force, en allusion à la force du
taureau qui réside dans son front. Ainsi
dans l'original de Jérémie 48:25, on lit: la
corne de Moab a été rompue: de même,
Lamentations 2:3, la corne d'Israël. Tu.
élèveras ma corne comme celle d'une licorne,
dit le Psalmiste, 92:10. Et la corne du
juste sera élevée en gloire, 112:9.
L'Éternel fera germer la corne de la maison
d'Israël, Ézéchiel 29:21.
— Quoique les dignitaires de l'Orient aient
encore aujourd'hui l'habitude d'orner leur
coiffure d'une espèce de corne avancée, ce
serait aller trop loin que d'y chercher
l'origine de cette manière de parler; le
rapprochement indiqué plus haut est à la
fois plus clair et plus simple. Les Latins
avaient la même expression; ainsi nous
trouvons dans Horace, Od. 3; 21 (15), 18:
Et addis cornua pauperi; les Arabes
appelaient Alexandre le Cornu, pour indiquer
sa puissance; et une superstition chrétienne
s'est plu à donner des cornes à Moïse (on
les montre encore à Gènes). David appelle
Dieu la corne de son salut, Psaumes 18:2.
Enfin les puissances des Perses, des Grecs,
de la Syrie et de l'Égypte, sont
représentées dans le livre de Daniel (7 et
8) comme autant de cornes; Daniel et
Alexandre sont un bouc et un bélier qui se
heurtent violemment de leurs cornes,
l'anti-Christ est la petite corne.
CORNEILLE
(Actes 10:1 et sq.), centenier
d'une cohorte de la légion appelée italique,
habitait à Césarée sur les bords de la
Méditerranée. C'était un homme dévot et
craignant Dieu, ainsi que toute sa famille,
faisant beaucoup d'aumônes, et priant Dieu
continuellement; mais il était païen de
naissance, et jusqu'alors il ne paraît pas
qu'il eût eu connaissance de la vérité.
Quelques-uns veulent qu'il ait été prosélyte
de la porte, mais dans ce cas saint Pierre
ne l'eût pas regardé comme un étranger impur
(10:28), et les frères de la Judée n'eussent
pas été non plus scandalisés que Pierre fût
entré chez cet incirconcis (11:3). Corneille
était donc bien disposé pour le royaume des
cieux, mais il n'était que cela, quand un
jour, vers les neuf heures, à l'heure du
culte lévitique, il vit clairement un ange
de Dieu qui vint à lui et qui l'appela par
son nom. Effrayé de la vision céleste, le
pauvre centenier tenait les yeux arrêtés sur
l'ange, et il s'écria: Qu'y a-t-il,
Seigneur? Des paroles de paix lui furent
annoncées: «Tes prières et tes aumônes sont
montées en mémoire devant Dieu; et après
lui avoir ordonné de faire venir l'apôtre
Pierre dont il lui indiqua la demeure,
l'ange se retira d'auprès de lui. Corneille
aussitôt appelle deux de ses serviteurs, et
un soldat craignant Dieu, qu'il charge
d'aller trouver saint Pierre à Joppe, chez
Simon le corroyeur. Ce que durent être,
pendant deux jours d'attente, les sentiments
intérieurs du pieux mais ignorant capitaine,
on ne saurait le dire: mais l'apparition de
l'ange semblait lui indiquer que la visite
de Pierre serait aussi quelque chose de
surnaturel, de divin; il attendait cet homme
miraculeux qui devait lui indiquer le chemin
du salut, et il l'attendait avec une sorte
de vénération, bien légitime à quelques
égards, puisque lui, païen, n'était que
ténèbres en comparaison du messager de
lumière, mais vénération qui devait se
rapporter à la lumière elle-même et point à
l'humble et timide porteur du flambeau
sacré. Aussi lorsqu'arriva l'apôtre que Dieu
lui-même, par une vision correspondante,
avait préparé à descendre sans hésiter chez
le centenier de Césarée, il trouva la salle
remplie des parents et des amis de
Corneille, et celui-ci venant au-devant de
Pierre, se jeta à ses pieds et l'adora.
L'apôtre, dont les soi-disant successeurs
exigent pour eux-mêmes l'adoration des
fidèles (voir l'ouvrage catholique de M.
Magnin, sur la Papauté, p. 434, 435), releva
Corneille en lui disant: Lève-toi, et moi
aussi je suis homme. Puis s'étant informé du
motif pour lequel ils l'avaient fait venir,
saint Pierre ayant confessé ses répugnances
particulières, et la crainte qu'il avait eue
de mal faire en descendant auprès d'eux,
mais la manifestation divine qui l'y avait
décidé, leur raconta en peu de mots
l'histoire pour eux inconnue, du Christ qui
était venu sur la terre, naître, vivre,
souffrir et mourir pour réconcilier avec
Dieu son père les pécheurs condamnés, pour
les sauver par son sang, et pour être au
dernier jour le juge des vivants et des
morts. Pendant que l'apôtre parlait, les
païens qui l'écoutaient reçurent la foi; ils
crurent aux merveilles de la miséricorde
divine, ils acceptèrent le salut gratuit que
Jésus leur avait mérité sur la croix; le
Saint-Esprit descendit alors sur eux; ils
parlèrent diverses langues et glorifièrent
Dieu. Les chrétiens d'entre les Juifs qui
avaient accompagné Pierre à Césarée, furent
étonnés de voir les grâces divines être
accordées à ces étrangers en la même mesure
qu'elles l'étaient aux chrétiens de l'ancien
peuple; mais Pierre comprit que la paroi
mitoyenne était rompue, que dès ce moment la
circoncision ou l'incirconcision n'était
plus rien; il ne se fit donc aucun scrupule
de les baptiser, et de demeurer avec eux
plusieurs jours. Ce fut la première église
d'entre les païens, le premier pas du
Christianisme en dehors du cercle judaïque,
en dehors des limites du peuple extérieur
dont Dieu, pendant quelques siècles, avait
fait le dépositaire de ses oracles, et
l'objet visible de ses soins et de son
amour; ce fut un moment solennel que celui
où le vase de l'ancienne sacrificature
déborda pour la première fois, pour se
répandre en torrents de bénédictions sur les
peuples qui n'étaient point appelés du nom
de l'Éternel; et certes les anges du ciel
s'en réjouirent.
Quant à Corneille lui-même, l'histoire
sainte n'en reparle plus, et les traditions
qui le font évêque, les unes de Césarée, les
autres d'Ilion, les autres de Scepsis, ne
nous apprennent rien, non plus que celles
qui le font martyr.
(De toutes évidences, Corneille, qui était
«d'une cohorte de la légion appelée
italique», retourna chez-eux en Italie, qui
en ce temps était un territoire situé au
Nord-Ouest du pays moderne, et fonda
l'Église Italique d'où sont sortit les
Vaudois. L'Épitre aux Hébreux semble avoir
été écrite par Timothée dans le district de
l'Italie, lorsque l'apôtre Paul s'y rendit
lors de son voyage vers l'Espagne et la
Grande Bretagne. Le manuscrit de Sonnini du
chapitre 29 du livre des Actes, récemment
découvert, indique que Paul fut capturé par
les Romains lors de son retour de Grande
Bretagne et amené à Rome pour être exécuté.
Il y a aussi la forte possibilité que
l'Église Italique était impliquée
directement vers l'an 160 dans la traduction
en Latin des textes originaux Grec
d'Antioche dans ce qui est devenu l'ancienne
version latine dite Vestus Itala, dont le
texte fut corrompu partiellement par après
par Jérôme dans sa Vulgate Latine avec des
lectures en provenances des Codex
d'Alexandrie des œuvres d'Origène dans son
Hexaples ou Bible à six colonnes.)
CORROYEUR,
Actes 9:43; 10:6,32. Le travail du cuir était un métier généralement peu estimé des Juifs, en grande partie à cause de l'odeur qu'exhale la matière travaillée; ceux qui s'y vouaient se logeaient ordinairement en dehors des villes, près des rivières, ou sur les bords de la mer. Ce fut chez l'un de ces humbles ouvriers que saint Pierre passa plusieurs jours, et que l'Esprit lui annonça qu'il ne devait plus regarder comme impur ce que Dieu lui-même avait purifié.
COSAM,
fils d'Elmodam, et l'un des ancêtres de notre Sauveur par Marie, Luc 3:28. Du reste inconnu.
COSBI,
fille de Tsur, l'un des principaux d'entre les Madianites. Balaam n'ayant pu maudire les enfants d'Israël, avait voulu les faire maudire de Dieu même, en les entraînant dans le mal. Sur son conseil, les Madianites avaient invité les Israélites à une grande fête païenne des plus dissolues; ceux qui se rendirent à cet appel et qui participèrent aux impurs divertissements des païens furent frappés d'une fort grande plaie, et 24,000 d'entre eux succombèrent. Moïse menaça de mort ceux qui continueraient à pécher, et la sentence fut exécutée par Phi-nées, qui frappa de sa lance le juif Zimri et cette Cosbi, qui, joignant l'impudence à l'impureté, s'étaient présentés publiquement, en compagnie l'un de l'autre, devant Moïse et devant l'assemblée des enfants d'Israël, comme ils pleuraient à la porte du tabernacle. L'infâme machination de Balaam échoua donc contre la fermeté des chefs d'Israël, et les Madianites apprirent par leur expérience que le crime est un mauvais allié: Dieu qui avait ordonné à Israël de les épargner, Deutéronome 2:9, leur retira cette protection et commanda à Moïse de les exterminer, Nombres 31:2-3.
COTON,
produit d'un arbre ou d'un
arbrisseau qui se trouve principalement aux
Indes, en Égypte et en Chypre, mais qui peut
aussi croître et être cultivé en Syrie et en
Palestine, Ézéchiel 27:16; 1 Chroniques
4:21. On distingue souvent l'arbre et
l'arbuste (le gossypium arboreum et
le gossypium herbaceum), mais les
deux espèces n'en font cependant qu'une
seule. L'arbuste à coton, qui croît
spontanément dans les contrées de l'Asie
antérieure, est une plante annuelle qui
s'élève à 1 mètre environ, et même jusqu'à
2, quand elle est cultivée et soignée: la
tige est rougeâtre dans sa partie
inférieure; les rameaux sont courts,
couverts de poils et semés de taches noires;
les feuilles grandes, molles, vert foncé, et
à cinq lobes: les fleurs prennent naissance
à l'origine des feuilles; elles sont en
forme de cloches, jaune pâle et couleur
pourpre vers le bas; le fruit est une
capsule, d'abord de la grosseur d'une
noisette; il devient bientôt aussi gros
qu'une noix et s'ouvre de lui-même en
octobre; le peloton de laine végétale qu'il
renferme se développe à la chaleur et n'est
pas moins grand qu'une pomme; il contient
sept petites graines grisâtres ou brunes,
cotonneuses et ovées, dont le noyau donne
une huile qui n'est pas sans utilité.
— L'arbre à coton est plus méridional; c'est
aux Indes surtout qu'on le trouve; il
atteint deux hauteurs d'homme et ne diffère
guère de l'arbuste que par la taille. Quant
à la connaissance que les Juifs avaient du
coton, et à l'usage qu'ils en faisaient,
— Voir: Lin.
COUDÉE,
mesure naturelle, usitée chez
tous les anciens peuples, comme le pied l'a
été chez les peuples modernes. La coudée est
la longueur comprise entre le coude replié
et l'extrémité du doigt du milieu,
Deutéronome 3:11. Selon notre manière de
compter, ce serait 0m,54 (1 pied, 7 pouces,
10 lignes et demie). D'après Origène et
saint Augustin, la coudée dont Noé se servit
pour la construction de l'arche était six
fois aussi grande que la coudée ordinaire;
mais ce système est inadmissible. Une
hypothèse du même genre est celle de Louis
Capelle et de quelques autres, qui
prétendent que chez les Hébreux il y avait,
à côté de la coudée ordinaire, la coudée
sacrée, qui était double de la première. Ils
s'appuient sur ce que, Nombres 35:4, les
faubourgs des villes lévitiques ont, au
premier verset, 1,000 coudées de longueur,
et au verset suivant, 2,000; et sur ce que,
1 Rois 7:15, les deux colonnes de bronze du
temple de Salomon ont 18 coudées de hauteur,
tandis que 2 Chroniques 3:15, elles en ont
35, à peu près le double.
— D'autres encore, admettant la même
distinction, ne donnent à la coudée sacrée
qu'une palme de plus qu'à la coudée
ordinaire, se fondant sur Ézéchiel 40:5;
43:13; mais, dans ces deux passages, il est
question de la coudée hébraïque, comparée à
la coudée de Babylone (0m,45), à laquelle
les Juifs s'étaient accoutumés pendant la
captivité, et le prophète a bien soin
d'indiquer que la coudée dont il parle est
la vraie, l'ancienne coudée, plus grande
d'une palme que la coudée à laquelle ces
Hébreux modernes étaient habitués. Il ne
paraît donc pas qu'il faille admettre que
les Hébreux aient eu pour leur usage
ordinaire, en Palestine, deux coudées
différentes; aussi, rien ne nécessite cette
supposition, bien que les uns trouvent
l'arche trop petite avec ses 300 coudées de
longueur, et que d'autres ne trouvent pas
non plus Goliath assez grand avec ses six
coudées et une paume de hauteur.
COUDRIER.
C'est ainsi que nos versions traduisent l'hébreu Louz, Genèse 30:37; il doit se rendre plutôt par amandier, q.v.
COULEURS.
Le blanc, le noir, le jaune et quelques autres couleurs sont mentionnées dans l'Écriture, Cantique 5:11; Psaumes 68:13; Zacharie 6:2-3; Apocalypse 6:2,4-5,8, etc.; les principales sont le pourpre, l'écarlate et le cramoisi, dont nous parlerons en leur place.
COULEUVRE,
Genèse 49:17. Shephiphon,
probablement la couleuvre dite cornue, ou
céraste: elle se trouve en Égypte et en
Palestine; elle a un peu plus de 2
centimètres de largeur sur une longueur de
0m,40 environ. La couleur de son dos et de
ses flancs est brune; elle est blanche sous
le ventre: sur sa tête sont deux espèces
d'antennes ou de cornes sensibles, en forme
de nœuds. Elle se cache ordinairement dans
le sable où sa couleur la rend assez
difficile à apercevoir: au moindre
mouvement, au moindre bruit qui se fait
autour d'elle, elle s'élance de sa retraite
avec impétuosité, et fond sur sa proie,
attaquant également les hommes, les chevaux,
et d'autres grands animaux. En comparant les
Danites à la couleuvre, le patriarche
voulait donc annoncer que cette tribu
s'agrandirait et ferait des conquêtes sur
ses ennemis par la ruse, plus que par la
force et la valeur.
— Voir: Serpents.
COUPE.
La coupe de Joseph, dont il est
parlé Genèse 44:5; sq., a passablement ému
les interprètes, à cause des paroles de
Joseph qui charge son maître d'hôtel de
poursuivre les onze frères accusés de vol:
mais l'on n'est pas même d'accord sur la
traduction exacte de ces paroles; nos
versions lisent: «N'est-ce pas là la coupe
dans laquelle mon seigneur boit, et par
laquelle très assurément il devinera?»
D'autres (Luther, Vulgate, etc.) traduisent
ces derniers mots par ceux-ci: «dont il
se sert pour prédire l'avenir», pour
deviner avec certitude. La première
traduction est plus simple, et chacun la
comprend; elle a même le défaut d'être trop
simple: en s'apercevant que vous lui avez
pris sa coupe, mon seigneur devinera que
vous la lui avez volée; c'est trop clair: on
doit suppléer quelques mots pour lui donner
un sens passable, et l'on dit, par exemple:
Est-ce que par cette iniquité mon maître ne
devinera pas les autres? Cette paraphrase
pouvait signifier quelque chose pour Joseph,
elle ne signifiait rien pour le maître
d'hôtel; mais il est possible que Joseph, en
lui ordonnant de tenir ce langage, voulût
parler à la conscience de ses frères, et
certes ceux-ci étaient à même de comprendre.
Toutefois paraphraser n'est pas traduire, et
l'on doit ici ajouter tout un sens pour en
trouver un.
— En admettant la seconde version, l'on se
demande si Joseph se serait en effet servi
de sa coupe pour prédire l'avenir, ou si ses
gens le croyaient ainsi, ou si le maître
d'hôtel ne tient ce langage que pour
s'accommoder à la croyance commune des
Égyptiens qui regardaient Joseph comme un
très habile magicien, ou enfin s'il veut
seulement intimider les frères de Joseph, en
leur faisant croire que celui-ci est très
versé dans l'art de la divination. Il y a
des défenseurs pour chacune de ses opinions,
et l'on doit se rappeler que les anciens
reconnaissaient une sorte de divination par
la coupe; ils prétendaient, entre autres,
qu'Alexandre-le-Grand avait une coupe au
moyen de laquelle il voyait dans l'avenir
des choses naturelles et surnaturelles (et
plusieurs traits de sa vie prouvent qu'en
effet il trouvait quelquefois la double
vision au fond de sa coupe). On devinait,
soit en jetant dans l'eau de la coupe des
lames de métal sur lesquelles étaient gravés
certains caractères mystérieux, soit en y
laissant tomber des gouttes de cire fondue,
qui, d'après la manière dont elles se
groupaient, donnaient la réponse aux
questions présentées. Nous savons jusqu'à
quel point l'on peut accorder créance à
toutes ces ressources de la science magique
ancienne; mais, quoi qu'il en soit, il est
évident que si Dieu avait accordé à Joseph
le don d'interpréter les songes, il n'était
pas un mage ou un devin oriental livré à la
merci de son verre. On peut supposer, si
l'on veut, que les Égyptiens, ignorants et
païens, ne sachant à quoi attribuer les
vertus et la science surnaturelle de leur
gouverneur, les aient attribuées à quelqu'un
des meubles dont il se servait, et à sa
coupe en particulier. Mais l'on peut adopter
aussi l'une des deux traductions suivantes,
autorisées par l'original: N'est-ce pas la
coupe... que mon seigneur cherche avec
beaucoup de soin; ou... par laquelle il a
voulu vous éprouver?
La coupe (nos versions ont breuvage) est
employée quelquefois dans l'Écriture pour
signifier le partage, le lot, l'héritage de
quelqu'un: c'est ainsi que David s'écrie:
L'Éternel est la part de mon héritage et de
mon breuvage, Psaumes 16:5; soit qu'il
veuille dire: Il me suffit, et je ne veux
point de part aux festins des méchants; soit
qu'il fasse allusion à ces mêmes festins où
l'on remplissait les coupes aussi souvent
que les conviés le désiraient.
Le même psalmiste s'écrie encore: Je
prendrai la coupe des délivrances, et
j'invoquerai le nom de l'Éternel, Psaumes
116:13, cérémonie qui paraît avoir été
pratiquée réellement chez les Juifs, et dont
on retrouve un exemple dans un livre de
beaucoup plus moderne, et tout-à-fait
apocryphe, le troisième des Maccabées, 6:27,
où l'on voit les Juifs d'Égypte offrir à
l'Éternel des coupes dans les festins qu'ils
firent pour leur délivrance. Quelques
interprètes croient cependant qu'il faut
entendre par là le vin que l'on répandait
sur les victimes d'action de grâce, Exode
29:40; Nombres 15:5; 28:7,14.
La coupe est encore mentionnée dans le
dernier repas que Jésus fit avec ses
disciples, et dans la solennelle institution
de la Cène, Luc 22:20; 1 Corinthiens 41:25,
de même que dans ces paroles de notre
Sauveur aux fils de Zébédée: «Pouvez-vous
boire la coupe que je dois boire?»
— Cf. encore la coupe d'étourdissement,
Ésaïe 51:22, et Psaumes 75:8: «Il y a une
coupe en la main de l'Éternel, tous les
méchants en suceront et en boiront les
lies.»
On sait comment l'Église romaine s'est
permis de retrancher la coupe aux fidèles,
de son autorité privée, il y a quatre ou
cinq cents ans; nous n'avons point à
remontrer ici toute l'impiété de cette
innovation, non plus que ce qu'elle a de
diamétralement opposé à l'institution de la
Cène par notre Sauveur, qui dit lui-même, en
parlant du vin: «Buvez-en tous.» Sans doute
avec les idées magiques que l'ont veut
rattacher à ces simples symboles, et par
suite des doctrines mystérieuses qui furent
échangées pendant l'époque de ténèbres qui
précéda la réformation, l'on vint à dire:
Puisque le corps de Christ est tout entier
et matériellement compris sous chacune des
deux espèces, il n'est pas nécessaire de le
donner à double aux simples fidèles, comme
si notre Sauveur, en donnant ce
commandement, n'avait pas su ce qu'il
faisait: d'ailleurs, ajoutent les ennemis de
la coupe, on pourrait, par accident, laisser
tomber à terre quelques gouttes du sang
sacré, en le donnant soit aux malades, soit
aux enfants, soit même à tous les autres
fidèles; on dirait que notre Sauveur n'ait
pas prévu ce cas, et que les prêtres du
moyen âge aient dû, sous la conduite de
celui qui demeure à Rome, réparer cette
inadvertance.
— Mais nous n'avons point à régler ce compte
ici; d'autres l'ont déjà fait et bien fait.
COUR.
Les riches maisons de l'Orient
avaient ordinairement une espèce
d'avant-cour, porche, ou portique servant de
vestibule, Jérémie 32:2; Marc 14:68; Jean
18:16. On passait de là dans les
appartements supérieurs par un escalier
construit en dehors de la maison, conduisant
jusqu'au toit et souvent fait de bois
très-précieux, 2 Chroniques 9:11; 1 Rois
6:8. Cette avant-cour conduisait aussi dans
la cour proprement dite qui communiquait
avec les étages inférieurs et le
rez-de-chaussée. La cour était en général
nue, et les riches, pour tout meuble, ne
savaient y établir autre chose qu'une
citerne, qui était un grand objet de luxe.
— Voir: Maisons.
Cour de justice,
— Voir: Juges, Jugements.
COURGE.
Quelques-uns ont pensé que le
kikajon de Jonas 4:6, était une courge;
mais,
— Voir: Kikajon.
COURONNE.
L'usage des couronnes était
fort commun chez les Hébreux, comme chez les
Orientaux en général; presque chaque livre
de la Bible en parle. La plus ancienne dont
nous ayons connaissance est celle du
souverain sacrificateur, qui se composait
d'une lame d'or pur, s'attachant par
derrière avec un ruban bleu-céleste, et sur
laquelle étaient gravés les mots: «La
sainteté à l'Éternel;» elle se plaçait sur
la tiare du pontife, Exode 28:36-37. Il
semble, d'après Ézéchiel 24:17,23, que les
simples prêtres portaient aussi des espèces
de couronnes, puisque dans ces passages Dieu
défend au prophète d'ôter sa couronne ou de
mener deuil en aucune façon, afin de montrer
aux Israélites qu'eux aussi, dans la
captivité, ne pourront mener deuil, ni
s'abandonner à leur douleur, même quand
leurs plus proches parents seront passés au
fil de l'épée: peut-être aussi s'agit-il
simplement de bonnets ou de turbans que
chacun portait comme couverture de tête,
sans y rattacher du reste aucune autre idée.
Mais lorsque Moïse ordonne aux Juifs,
Deutéronome 6:8, de porter les paroles de la
loi comme une couronne sur leur tête, et
comme un bracelet à leurs bras (c'est le
sens du texte), il insinue assez clairement
que les couronnes et les bracelets étaient
fort en usage chez eux.
Une couronne était la parure nuptiale de la
vierge et de son époux, Ésaïe 61:10;
Cantique 3:11; c'est ainsi que l'Éternel,
regardant la nation juive comme son épouse,
lui met une couronne d'or sur la tête,
Ézéchiel 46:12; cf. 23:42.
— Le diadème était encore l'ornement des
rois et des princes, comme la marque
principale de leur dignité, soit chez les
Hébreux, soit chez les païens; et quand
David se fut emparé de Rabbath-Hammon, il
prit la couronne de leur roi qui pesait un
talent (35 kilogrammes), et qui était toute
garnie de pierres précieuses. La couronne de
Saul est mentionnée 2 Samuel 1:10; parmi les
objets que l'Hamalécite, qui se vantait de
l'avoir tué, apporta à David; le diadème de
Salomon, que sa mère Bathsébah lui avait
brodé pour le jour de ses noces, est nommé
Cantique 3:11; celui de Josias, 2 Chroniques
23:11. Les rois qui possédaient plusieurs
royaumes ceignaient autant de diadèmes,
comme on peut le voir par Apocalypse 12:3;
13:1; et le roi des rois, qui domine sur
l'univers entier et sur les peuples de
toutes langues, a sur sa tête plusieurs
diadèmes, nous dit le même apôtre, 19:12.
Les reines de Perse portaient une couronne
que le roi leur accordait quand il voulait
les honorer. Vasti jouissait de ce
privilège, Esther 1:11, lorsqu'ayant eu le
malheur de déplaire à son époux Assuérus,
elle vit la couronne royale passer sur la
tête de la Juive, parente de Mardochée,
2:17. Haman, racontant comment il pense que
le roi doit traiter la personne qu'il veut
honorer, n'oublie pas la couronne royale,
6:8. Mardochée en fut effectivement revêtu,
dans la course triomphale qu'il fit au
travers de la ville de Susan, 8:15.
Mais la couronne biblique dont le souvenir
est le plus cher aux chrétiens, parce
qu'elle a ceint la tête du Prince de paix,
c'est la couronne d'épines, bel emblème de
la royauté qu'il devait trouver dans ses
souffrances, mais triste anneau qui doit
s'ajouter à la chaîne des perversités
humaines. On s'est demandé, par curiosité,
de quelles épines était composée cette
couronne; les uns ont répondu d'aubépine,
les autres d'acacia, les autres de
groseillier, les autres de jonc marin, les
autres d'épine-vinette, etc. L'on n'en sait
évidemment rien. Ce qu'il y a de plus
curieux dans cette discussion, c'est que
ceux qui se tourmentent ainsi après ces
épines, devraient être mieux à même que
personne de répondre d'une manière
satisfaisante. N'ont-ils pas en effet
conservé cette couronne? N'ont-ils pas en
effet conservé ces épines? N'y en a-t-il pas
un tiers en la Sainte-Chapelle de Paris? à
peu près autant à Notre-Dame? puis à Rome
six épines partagées entre les églises de
Sainte-Croix et de Saint-Eustache; à Sienne
quelques-unes; à Bourges cinq; à Bezançon
trois; à Vienne une; à Mont-Royal trois; à
Alby trois; à Toulouse, à Mâcon, à Alby, à
Noyons, etc., etc., etc.? sans parler de
toutes les autres épines qui sont dans le
monde. «Par quoi il est aisé de conclure,
ajoute Calvin, que la première plante a
commencé à jeter longtemps après la passion
de notre Seigneur Jésus-Christ.» La
conclusion est juste; elle donne en même
temps la clé des divisions qui existent
entre les papistes sur l'espèce d'épines
dont il s'agit: on n'a pas pu vérifier sur
la sainte couronne qui se conserve à la
Sainte-Chapelle de Paris, parce qu'elle n'a
plus d'épines, dit Calmet, depuis qu'on en a
arraché la dernière du temps de Louis XIII.
Le même bénédictin ajoute: «L'histoire
ancienne ne nous a rien appris sur la
manière dont la sainte couronne s'est
conservée et est venue jusqu'à nous. Il est
même assez difficile de croire que toutes
les épines et toutes les parties de la
sainte couronne que l'on montre en
différents endroits, ne viennent que de la
seule couronne du Sauveur.»
COURRIER.
L'institution des courriers
faisant le service de poste est très
ancienne, et paraît avoir pris naissance en
Perse. Ce furent d'abord des sentinelles
qui, placées de distance en distance, se
criaient l'une à l'autre les nouvelles
publiques, et les faisaient ainsi parvenir
avec une très-grande rapidité de toutes les
parties du royaume à la capitale. Puis
Cyrus, autant pour accélérer le service que
pour tenir secrètes les nouvelles qu'il ne
voulait pas voir proclamées par les
sentinelles, établit des courriers à cheval
sur toutes les grandes routes, de telle
sorte que les paquets et les lettres
changeaient à la fois de cheval et de
courrier à chaque nouvelle station, sans que
ni la nuit, ni le mauvais temps pussent
jamais arrêter les porteurs. Hérodote dit
qu'en fait de voyage par terre on ne connaît
rien de plus rapide, et Xénophon assure que
ces courriers allaient plus vite que le vol
des grues. Xercès, dans sa fameuse
expédition contre les Grecs, avait établi ce
moyen de communication entre lui et Suse, la
capitale de ses états. Ces courriers sont
nommés dans l'histoire d'Ester; c'est par
eux qu'Haman fit porter l'ordre de mettre à
mort tous les Juifs du royaume, 3:13; c'est
par eux aussi, et par des courriers
extraordinaires et plus nombreux, que le
contre-ordre fut expédié, sur l'intervention
d'Ester et de Mardochée, 8:10.
Les Grecs adoptèrent le même système à
l'imitation des Perses, mais en y joignant
la corvée, c'est-à-dire l'obligation pour
les villes de fournir à l'État des chevaux
et des hommes pour faire ce service. On
pense que les paroles de notre Sauveur,
Matthieu 5:41, renferment une allusion à
cette charge, lorsqu'il dit: «Si quelqu'un
veut te contraindre de faire avec lui une
station, fais-en deux.»
Parmi les Romains, ce fut Auguste qui
institua les postes réglées. Adrien les
perfectionna, mais elles tombèrent avec
l'empire; elles se relevèrent un instant
sous Charlemagne, et ne s'établirent
définitivement dans l'Europe moderne que
sous Louis XI, roi de France.
COUTEAUX.
Les couteaux des anciens Hébreux étaient de pierre, comme ils le sont maintenant encore chez tous les peuples sauvages, et dans plusieurs parties de l'Orient, là où l'on a besoin d'instruments tranchants, et où l'on ne connaît pas l'art de travailler le fer. On ne s'en servait point à table, puisque les viandes arrivaient toutes découpées, et que le pain, en forme de gâteau très mince, pouvait facilement se rompre avec les doigts, Marc 6:41; et ailleurs. Les mêmes usages, ou la même absence d'usage, comme on dirait chez nous, se pratiquent encore en Orient jusque dans les festins des princes et des rois. Les couteaux étaient employés principalement dans les sacrifices, et dans les boucheries, Genèse 22:6,10, etc.; ils servaient aussi pour la circoncision, Exode 4:25; Josué 5:2; ceux de pierre étant regardés comme moins dangereux et causant moins d'inflammation que ceux de métal.
OUVERTURES
du tabernacle,
— Voir: Tabernacle.
CRAMOISI,
hébreu Karmil, 2
Chroniques 2:7,14; 3:14. Selon Bochart, le
cochlea purpurata, pourpre tirée
d'une espèce de crustacé des environs du
mont Carmel. Selon quelques auteurs, ce
Karmil serait un mot de la langue
postérieure, équivalant à Tholahat que nous
traduisons par écarlate, q.v.
— Parmi les différentes espèces de rouge
indiquées dans la Bible, il est un peu
difficile de déterminer la nuance exacte des
mots employés; voici, cependant, comment
nous croyons pouvoir essayer de les
traduire.
Karmil, cramoisi, ou écarlate.
Tholahat, Shani, Shanim,
écarlate, Ésaïe 1:18;
Argaman, pourpre rouge, Exode
25-27.
Thekéleth, pourpre violet,
tirant sur le bleu, Ézéchiel 23:6.
Shasher, rouge cinabre ou
garance, Jérémie 22:14.
Chamoutz, rouge brillant,
écarlate, Ésaïe 63:1.
CRÉATION.
Acte du Dieu éternel et tout
puissant, par lequel il appelle à
l'existence des choses visibles et
invisibles, matérielles ou spirituelles,
Apocalypse 4:11; Psaumes 148:5, sq. Ce mot
s'entend aussi, par extension, de l'univers,
de l'ensemble des choses créées; mais nous
n'avons à le considérer ici que dans le
premier de ces deux sens, c'est-à-dire comme
acte créatif. L'homme, être borné et déchu,
ne peut pénétrer les conseils mystérieux de
l'Éternel, et découvrir par lui-même la
date, le mode, ni les raisons de la
formation de l'univers; Job 11:7-8. Et si
quelque téméraire se permet dans son orgueil
de disserter sur ces choses d'une manière
contraire à la Bible, ou cherche à découvrir
ce qu'il a plu à Dieu de nous cacher,
l'Éternel lui-même confond son audace et le
fait rentrer dans la poussière, Job 38.
Mais si par nous-mêmes nous ne pouvons
découvrir les choses cachées de Dieu, nous
pouvons et devons chercher à connaître ce
qu'il lui a plu de nous en révéler. Pour
cela nous avons deux sources d'instruction à
étudier: la Bible et la nature. «Les œuvres
de Dieu et la parole de Dieu sont les deux
portes du temple de la vérité; comme elles
proviennent d'un même auteur souverainement
sage et tout-puissant, il est impossible
qu'il y ait entre elles aucune
contradiction; mais elles doivent, pour ceux
qui les comprennent dans leur vrai sens,
s'expliquer et se confirmer réciproquement,
quoique d'une manière et par des voies
différentes.» (Gaede, prof. d'hist. nat. à
Liège.) Et de même que les œuvres visibles
de la création de Dieu nous sont données
pour nous apprendre à connaître ses
perfections invisibles, Romains 1:20, ainsi,
c'est en prenant la Bible pour guide que
nous devons étudier cette création visible
et les œuvres merveilleuses de l'Éternel;
sans cela nous sommes exposés à tomber dans
les systèmes les plus faux et les plus
absurdes, comme il est déjà arrivé à
plusieurs savants, auxquels on peut bien
appliquer le reproche que Jésus adressait
aux Juifs: «Vous êtes dans l'erreur parce
que vous n'entendez pas les Écritures ni
quelle est la puissance de Dieu», Matthieu
22:29. Il est une science en particulier,
qui résume à elle seule presque toutes les
sciences naturelles, et qui, quoiqu'elle
n'existe que depuis peu d'années, remonte
par ses découvertes jusqu'aux premiers âges
du monde; une science remplie d'attrait pour
ceux qui en ont fait l'objet de leurs
études, et qui plus que toute autre
peut-être, a conduit à des résultats erronés
et anti-scripturaires, ceux qui n'étaient
pas soutenus par une foi ferme à la parole
de Dieu. Nous voulons parler de la géologie,
dont l'incrédulité a si souvent essayé de se
faire une arme contre la Bible. Mais à
mesure qu'elle a été mieux étudiée, et que
les faits et les monuments qu'elle présente
ont été examinés de plus près, l'on a
reconnu que loin d'ébranler en aucune
manière l'autorité de la Bible, elle n'a
fait que confirmer le récit de Moïse d'une
manière frappante et inattendue. C'est ainsi
que les calculs remarquables du célèbre
Cuvier pour connaître l'âge du monde et
l'époque du déluge, ont offert un résultat
qui coïncide exactement avec la Genèse
(Discours sur les révolutions de la surface
du globe).
— Mais cette science est encore dans son
enfance, et s'il nous est permis de donner
un conseil, nous voudrions engager ceux de
nos lecteurs qui auraient à s'en occuper,
premièrement à n'étudier la géologie qu'avec
humilité et respect, en pensant que la
nature est comme la Bible, mais pas plus que
la Bible, le livre de Dieu; ensuite à ne pas
s'effrayer, ni se laisser ébranler dans leur
foi, par des découvertes futures qui
sembleraient en contradiction avec la
révélation écrite, ou avec des systèmes
cosmogoniques proposés même par des hommes
pieux. Il ne peut, nous le répétons, y avoir
contradiction réelle, et l'on trouvera
toujours que lorsqu'il y en aurait une
apparente, cela vient de ce que nous n'avons
pas compris l'un ou l'autre de ces livres;
mais la vérité est une, et le Dieu fort est
vérité, Deutéronome 32:4.
Après ces remarques préliminaires, l'on nous
comprendra lorsque nous dirons que ce n'est
qu'avec crainte et tremblement que nous
osons hasarder quelques explications sur
l'œuvre de la création, telle qu'elle est
rapportée dans le premier chapitre de la
Genèse, car ce sont là les choses difficiles
et mystérieuses de l'Éternel, et connaissant
à peine «les bords de ses voies», Job 26:14,
nous craignons, nous aussi, «d'obscurcir son
conseil par des paroles sans science.»
«Dieu créa au commencement le ciel et la
terre», Genèse 1:1.
— La signification propre du mot créer est:
tirer du néant, faire une chose de rien;
c'est pourquoi les traducteurs de la Bible
s'en sont servis pour rendre le mot hébreu
bara qui n'a pas tout à fait la même
portée; mais la langue hébraïque n'en
possédant point d'autre qui pût indiquer
exactement l'acte par lequel Dieu produit
une chose, sans la former d'une substance
déjà existante, les écrivains sacrés ont dû
employer ce mot bara, qui signifie
proprement former, mettre en ordre (Calmet),
mais dont la racine primitive semble plutôt
contenir le sens de séparer, (Simonis,
Lexique Hébreu) C'est peut-être à cette idée
que correspond l'expression française: Dieu
débrouilla chaos. En effet, nous
voyons que l'œuvre des trois premiers jours,
dans le récit de Moïse, est en grande partie
une œuvre de séparation: Dieu sépare la
lumière d'avec les ténèbres, il sépare les
eaux supérieures des eaux inférieures, il
sépare la terre sèche d'avec la mer, il
sépare le jour d'avec la nuit. Et lorsque
Moïse emploie le mot créer, cela ne signifie
point toujours tirer une chose du néant,
mais souvent tirer une chose d'une autre
substance pour lui donner une forme
nouvelle; ainsi, par exemple, Dieu crée
l'homme à son image, Genèse 1:27, et
cependant il le tire de la poudre de la
terre, 2:7. Malgré cette double
interprétation dont le mot bara est
susceptible, nous savons positivement que la
matière n'a pas toujours existé, qu'elle a
eu une origine, car l'Esprit-Saint nous le
déclare, soit, Genèse 1:1, en nous disant
que les cieux et la terre ont eu un
commencement, cf. 2:4, soit dans le
commentaire qui nous en est donné ailleurs
par le même Esprit, Hébreux 11:3; Psaumes
33:9. Et la sagesse de Dieu qui est, la même
chose que sa parole éternelle, le verbe
incréé «qui était au commencement avec Dieu
et qui était Dieu», nous parle d'un temps
antérieur à l'existence de notre globe, où
elle était ses délices «lorsqu'il agençait
les cieux et qu'il traçait le cercle
au-dessus des abîmes, lorsqu'il n'avait
point encore fait la terre, ni le
commencement de la poussière du monde»,
Proverbes 8:22-30.
«C'est donc le contexte», dit un savant
professeur anglais, le docteur Pusey, (—
Voir: Buckland Bridgewater Treatise,
vol. I, p. 22) «qui doit décider du sens du
mot bara, et nous indiquer s'il faut
le traduire par: tirer du néant, ou par:
donner une nouvelle forme à une substance
qui existait déjà.
«Quoique Moïse se serve, en parlant des
œuvres de Dieu, tantôt du mot bara,
tantôt du mot hazah (il fit), il
paraît cependant que la première de ces
expressions a une énergie particulière, et
ne peut s'employer que pour décrire l'action
de Dieu, tandis que la seconde peut
s'appliquer aussi à l'action des hommes.
«Après avoir soigneusement comparé un grand
nombre de passages (Ésaïe 43:1,15; Nombres
16:30; Psaumes 104:30; sq.), et avoir fait
une étude attentive de ce sujet, je suis
arrivé à cette conclusion, que les mots
créer et faire, employés en parlant de Dieu,
sont synonymes, avec cette différence que la
première de ces expressions est la plus
forte des deux, quoique Moïse semble
quelquefois les employer indifféremment:
Ainsi, Genèse 1:21. Dieu créa les grands
poissons; verset 25, Dieu fit les
bêles de la terre; verset 26, faisons
l'homme à notre image; verset 27, Dieu créa
donc l'homme.
M. de Rougemont (Fragments d'une Histoire de
la terre, p. 113) voit quelque chose de plus
dans la manière dont Moïse se sert de ces
mots; il dit que «créer signifie former un
type nouveau, tandis que faire est restreint
au développement d'un type déjà existant:
ainsi, dit-il, Dieu crée l'animal, l'homme,
1:20-27; mais une fois les animaux
aquatiques existants, il ne crée pas les
animaux terrestres, il les fait.»
Nous ne prétendons pas décider quelle peut
être la valeur de cette observation, mais
nous croyons devoir ajouter en développement
de l'idée de cet auteur, que les eaux et les
airs contenant parmi leurs habitants des
créatures qui appartiennent aux quatre
grands embranchements du règne animal, les
types existaient tous avant la formation des
animaux terrestres, qui n'étaient pour ainsi
dire qu'un développement de ceux qui avaient
été créés le cinquième jour; tandis que
l'homme étant non seulement un animal plus
parfait que les autres par les organes dont
il était doué, mais encore le seul habitant
de la terre auquel Dieu eût donné une âme de
la même nature que l'Essence divine, pouvait
bien être considéré, quant à son corps,
comme un développement d'un type antérieur,
mais quant à cette âme vivante, faite à
l'image de Dieu, c'était bien réellement
comme une création nouvelle; ce qui
expliquerait pourquoi la Genèse se sert des
deux expressions faire et créer, quand il
s'agit de l'homme.
«Ce qui est bien plus important pour
l'interprétation du premier chapitre de la
Genèse, c'est de savoir si les deux premiers
versets contiennent une espèce
d'introduction, un simple résumé de ce qui
va être dit plus en détail dans le reste du
chapitre, ou s'ils sont l'expression d'un
acte de création distinct de ceux dont il
est parlé dans les versets suivants.
«Cette dernière interprétation paraît être
la véritable comme la plus naturelle. En
effet, nous n'avons dans la Bible aucun
autre récit d'une création primitive, et de
plus il semble que le deuxième verset soit
une description de la matière créée, avant
l'arrangement qui en allait être fait en six
jours; ainsi la création du commencement
doit être distinguée de la création des six
jours; d'autant plus que le récit de ce qui
s'est passé dans chacun de ces jours est
précédé de la déclaration que «Dieu dit», ou
voulut l'événement qui suit immédiatement;
par conséquent il semble que la création du
premier jour doit avoir commencé lorsque ces
mots: «Et Dieu dit», sont employés pour la
première fois, c'est-à-dire pour la création
de la lumière. De même, si c'est bien là le
commencement de l'œuvre des six jours, il
est clair que cette création ne fait que
donner une nouvelle forme, un nouvel
arrangement, et pour ainsi dire, meubler
d'une manière nouvelle un monde qui existait
déjà, car nulle part dans le récit des six
jours il ne nous est dit que Dieu fit, ou
créa l'eau, ni la terre, ni les ténèbres,
choses déjà existantes (résultat d'une
création précédente), les quelles il ne
fait, dans les premiers jours, que séparer
les unes des autres et les mettre dans un
ordre nouveau.» (Buckland's I, 22).
Nous croyons donc que le verset 1 nous parle
d'une création primitive des choses
matérielles, sans en indiquer l'époque qu'il
ne nous importe probablement pas de savoir.
Ceci n'est point une opinion nouvelle; c'est
celle de plusieurs pères de l'Église (—
Voir: Pétavius, Dogm. Theol., tom. III.
De opificio sex Dierum, Lib. 1. Cap. 1, § 8,
et cap. 11, § 1-8). Les uns voyaient dans
les deux premiers versets de la Genèse le
récit de la création d'un monde primitif;
d'autres, comme saint Augustin, Théodoret, y
voyaient la première formation de la
matière; d'autres, celle des éléments;
d'autres croient que les cieux dont il est
question au verset 1 sont, non le ciel
atmosphérique de notre terre qui ne fut créé
que le deuxième jour, mais ce qui est appelé
ailleurs les cieux des cieux.
Nous voyons, en effet, que quoique la Genèse
emploie le même mot Shamayim pour
désigner ces deux choses, la Bible les
distingue ailleurs, comme Néhémie 9:6.
La racine du mot hébreu qui signifie ciel,
étant le prétérit inusité shamah,
être élevé, le mot shamayim
signifierait les hauteurs, ou les espaces
élevés, et shemé hasshamayim (les
cieux des cieux), seraient les espaces
infiniment élevés, ou l'immensité avec tout
ce qu'elle contient, et par conséquent cette
multitude innombrable d'étoiles ou de
mondes, qui feraient ainsi partie de la
première création, indiquée Genèse 1:1, et
que le verset 16 ne fait que rappeler en
passant, en parlant du moment où le soleil
devint lumineux pour la terre.
Le fameux passage de saint Pierre, 3:5-13,
qui résume en quelques mots les destinées de
notre planète, autorise la différente
interprétation du mot cieux dans les versets
1 et 8, et montre que le ciel du deuxième
jour, c'est-à-dire l'atmosphère, suit le
sort de notre globe et de ses révolutions.
Il est évident, en effet, que les cieux
antédiluviens qui ont été détruits, ne
comprenaient pas les astres, car alors le
soleil, la lune, et les étoiles qui
existaient avant le déluge auraient aussi
péri; la future destruction par le feu, des
cieux et de la terre d'à présent, n'est donc
point non plus une catastrophe qui doive
envelopper tout l'univers, mais seulement
une grande révolution qui doit changer
l'état et l'apparence de notre globe; un feu
purifiant qui le nettoiera de sa souillure
comme l'or fondu dans le creuset est dégagé
par le feu des matières impures qui le
ternissent; révolution après laquelle le
monde et ses habitants seront rétablis dans
l'état de pureté et d'innocence, d'où le
péché d'Adam les avait fait déchoir.
L'interprétation que nous venons de donner
du verset 1 semble confirmée aussi par
l'expression remarquable qui termine le
verset 3 du deuxième chapitre: «Dieu se
reposa de toute l'œuvre qu'il avait créée
pour être faite.»
— Ne semble-t-il pas que ce passage est un
de ceux dans lesquels le Tout-Puissant
soulève à nos yeux un coin du voile qui nous
cache la profondeur de ses conseils? Ne
semble-t-il pas nous dire qu'il avait de
longue main préparé une demeure aux hommes,
qu'il avait créé cette terre dans les jours
d'autrefois pour être faite,
c'est-à-dire pour être façonnée plus tard,
de manière à ce qu'elle pût être habitée par
des créatures dans lesquelles il voulait
mettre son plaisir? Proverbes 8:31.
Il fit toutes ces choses par degrés,
ajoutant une bonne chose à une autre bonne
chose, jusqu'à ce qu'il jugeât que tout
était très bon, Genèse 1:31, afin d'y rendre
heureux des êtres formés à son image, à qui
il voulait remettre la domination sur toutes
les merveilles qu'il venait d'appeler à
l'existence.
Quand il ne nous resterait d'autre partie de
la révélation que les premiers chapitres de
la Genèse, n'aurions-nous pas là une preuve
éclatante de la bonté infinie de notre
Créateur et du soin paternel que sa
Providence prend des hommes? Oui, cet Être
tout puissant qui s'occupait de notre
bonheur, tant de siècles avant l'existence
de notre race, ne peut pas nous avoir
délaissés, et si le mal est entré dans le
monde, et a gâté cette terre très bonne où
Dieu avait placé Adam, soyons sûrs que celui
qui a mis tant de soin à nous former pour le
bonheur, aura aussi mis à notre portée un
remède à nos maux, un moyen de relèvement
après notre chute, un sauveur enfin assez
puissant pour empêcher que cette terre et
ses habitants qui étaient sortis très
bons de la main de Dieu, ne continuent à
être entraînés à jamais dans le chemin du
mal.
Mais pour cela, il faut qu'une création
nouvelle s'opère en nous, et que cette
parole divine par qui et pour qui toutes
choses ont été faites, renouvelle en nous
l'image de Dieu que le péché a détruite, 1
Corinthiens 45:47,49; 2 Corinthiens 5:17;
Éphésiens 4:24;
verset 2. «Et la terre était sans forme et
vide; les ténèbres étaient sur la face de
l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait sur
les eaux.»
— (Le mot abîme semble être synonyme des
eaux sur lesquelles se mouvait l'Esprit de
Dieu; — Voir: Job 38:30; Psaumes
42:8; 104:6; Jonas 2:6; sq.)
Si le verset 1 se rapporte à la première
création de toutes choses, dont rien ne peut
nous faire même deviner l'époque, il se peut
que des millions d'années se soient écoulées
entre ce moment et la création de la lumière
sur notre terre. (Dans la Bible de Luther,
imprimée à Wittenberg, en 1557, on trouve le
chiffre 1, marqué en tête du verset 3, comme
étant le commencement de l'histoire de la
création. Dans d'anciennes éditions
anglaises où la division en versets n'était
pas encore adoptée, il y a un double
interligne entre les versets 2 et 3.
Pusey.)
Le verset 2, décrit l'état du globe
immédiatement avant le commencement du
premier des six jours, c'est-à-dire sur le
soir du premier jour; car, suivant la
computation mosaïque, chaque jour commence
avec le soir, et dure jusqu'au soir du jour
suivant. Le premier jour serait donc la fin
de la période indéfinie de la première
existence du monde. Dans ce verset 2, il est
fait une mention spéciale de la terre et des
eaux comme existant déjà, mais enveloppées
de ténèbres. Les mots thohou vabohou
décrivent cet état de confusion et de
vacuité que les Grecs représentent par le
mot Chaos. Ils sont encore employés
dans le même sens, Ésaïe 34:11; Psaumes
107:40.
Le mot vide, de nos traductions françaises,
ne rend pas très bien la signification, car
il donne l'idée d'un corps creux, tandis
qu'ici il faudrait exprimer un vide
extérieur: la terre était vide d'habitants,
vide de parure, aride et dépouillée. D'où
provenait cet état chaotique? Était-ce ainsi
que la terre était sortie des mains du
Créateur? Étaient-ce les ruines d'un monde
antérieur? Nous l'ignorons; peut-être Dieu
avait-il dit d'un ordre de choses plus
ancien ce qu'il dit plus tard du monde
moderne, par la bouche de son prophète,
Jérémie 4:23; sq.: «La terre sera dans le
deuil, les cieux seront noirs au-dessus;...
j'ai regardé la terre, et voici, elle est
sans forme et vide, etc.»
(Les mots thohou vabohou
signifie plutôt «fluide et sans forme»,
indiquant l'état de la matière primordiale
avec laquelle Dieu (Élohim) forma les cieux
et la terre. L'hypothèse d'un monde
pré-adamique antérieur n'est pas soutenable
dans le contexte général des
Saintes-Écritures.)
Ne semble-t-il pas que l'Esprit saint ait
voulu nous représenter par ces paroles une
effrayante révolution de notre globe dont le
chaos aurait été le résultat? S'il était
permis de traduire en langage non inspiré
les paroles de l'écrivain sacré, nous
croirions pouvoir paraphraser ainsi les
premiers versets de la Genèse: «Toutes les
choses que nous voyons et dont nous pouvons
connaître l'existence, soit sur la terre que
nous habitons, soit au-delà, doivent leur
être à un Dieu souverainement bon, sage et
puissant, qui a fait sortir la matière du
néant, dans des temps infiniment reculés et
dont la date nous est inconnue. Ce Dieu tout
bon jugea à propos de créer une race d'êtres
intelligents auxquels il donna le nom
d'hommes, et voulant leur préparer une
demeure, il choisit pour cela un de ces
globes qu'il avait faits pour se mouvoir
dans l'espace, et qui était alors inculte et
désert, recouvert de liquide et d'obscurité.
Le moment où l'Esprit de Dieu s'en rapprocha
et plana, pour ainsi dire, à sa surface,
pour y faire pénétrer l'ordre et la vie, fut
pour le globe le commencement d'une création
nouvelle qui devait avoir six degrés, ou se
faire en six époques de progrès successifs.
«Tout était prêt pour cette nouvelle
création, la matière à laquelle une autre
forme devait être donnée, l'Esprit divin qui
devait la vivifier; il ne fallait plus que
la parole du commandement pour appeler à
l'existence ce monde nouveau; et Dieu dit...
que la lumière soit, et l'ordre naquit au
milieu de la confusion.»
Ainsi, nous voyons apparaître dès la
fondation du monde cette Trinité dans
l'unité de Dieu: «Le Père qui habite une
lumière inaccessible et que nul œil n'a vu
ni ne peut voir», 1 Timothée 6:16; cf.
Apocalypse 15:3; Psaumes 18:29; 36:10; «le
Fils, qui est la véritable lumière qui a
resplendi dans les ténèbres et qui éclaire
tout homme en venant au monde», Jean 1:9;
cf. verset 2. Colossiens 1:16; Éphésiens
3:9; «enfin l'Esprit de Dieu planant sur la
face des eaux, pénétrant le globe d'une
force vitale, et qui nous est représenté
comme présidant à la création et y prenant
la part la plus directe», Psaumes 33:6; cf.
Genèse 2:1; Psaumes 104:29-30; Jean 20:22;
Genèse 2:7; cf. Job 33:4 (La Bible de
Genève, édition de 1805, ainsi que celle qui
a été publiée plus récemment par les
pasteurs et professeurs de cette ville,
traduit au verset 2: «Et Dieu fit souffler
un vent qui agita la surface de l'eau.» Mais
si le mot rouach peut, en effet,
signifier esprit ou vent,
selon la place où il est employé, comme le
grec πνεύμα et le latin
spiritus, est-il raisonnable de le
traduire par vent, lorsque Dieu
n'avait pas encore créé l'air? Autant
vaudrait, par exemple, remplacer Esprit par
courant d'air dans des passages tels que
celui-ci: «Caches-tu ta face, elles (les
créatures) sont troublées; retires-tu leur
souffle, elles défaillent et retournent en
leur poudre. Mais si tu renvoyés ton courant
d'air (Esprit), elles sont créées de
nouveau!» Psaumes 104:29-30; cf. enc. Job
26:13) Et afin de montrer évidemment que ces
trois personnes ne sont pas trois Dieux,
mais un seul Dieu, manifesté de trois
manières, l'écrivain sacré qui se sert pour
désigner le Créateur du mot Élohim,
Seigneurs, fait suivre cette désignation
plurielle d'un temps de verbe au singulier,
comme s'il y avait Dieux dit que la
lumière soit; Dieux vit que cela
était bon. Puis, après nous avoir montré les
personnes divines conférant ensemble (—
Voir: 26, faisons l'homme à notre
image), il lui donne (2:4) le nom
incommunicable et singulier de Jéhovah,
joint à celui d'Élohim, Seigneurs,
qui est, qui était et qui sera, ou Seigneurs
Éternel.
Durée des jours de la création.
Pendant longtemps, personne dans les pays où
le christianisme était professé, ne mit en
doute que les jours de la création ne
dussent s'entendre à la lettre d'espaces de
vingt-quatre heures, mais à mesure que l'on
étudia plus attentivement les sciences
naturelles, on trouva des preuves de
l'existence d'un ordre de choses antérieur à
la création de l'homme, ordre de choses qui
avait dû continuer pendant des temps fort
longs; l'on se hâta de rejeter alors le
récit de Moïse et ses six jours, comme une
chose absurde et contraire aux lois de la
nature. Puis vinrent d'autres naturalistes
plus religieux, qui comprirent que l'homme
ne pouvait ainsi limiter la puissance de
Dieu, et Que celui qui avait fait le temps
pouvait créer un monde non seulement en six
mille ans, mais en six ans, en six jours, en
six minutes, en un clin d'œil, s'il l'eût
voulu; il leur parut que sans nier les
découvertes des sciences naturelles, l'on
pouvait fort bien les concilier avec le
récit mosaïque, en supposant que toutes les
plantes et animaux fossiles étaient les
restes d'un monde antérieur au verset 3, de
la Genèse, détruit nous ne savons à quelle
époque, ni pour quelle cause, et que Dieu
établit réellement l'ordre de choses actuel
en six jours de vingt-quatre heures. Mais
cette hypothèse, quelque plausible qu'elle
paraisse au premier abord, n'explique point
suffisamment comment il se fait, par
exemple, que l'ordre des animaux fossiles,
selon leurs couches, se rapporte si bien à
ce que nous enseigne la Genèse sur l'ordre
de leur formation; l'examen de leurs yeux,
même de ceux des plus anciens, comme, par
exemple, des Trilobites, dans les terrains
de transition (Buckland's vol. I, p. 396),
prouve que ces animaux ont vécu dans une
lumière semblable à celle qui nous sert à
distinguer les objets, une lumière solaire
en un mot, et qu'ils ont été créés après que
Dieu avait établi cet astre pour éclairer
notre globe, ainsi qu'il est dit aux versets
14 à 18. On reconnut aussi que la Bible
elle-même donne aux mots qui désignent les
divisions du temps, comme jour, semaine, des
sens divers et plus ou moins étendus, (—
Voir: Ésaïe 34:8; Ézéchiel 4:6; Daniel
9:24; 1 Corinthiens 3:13; 5:5; 2 Pierre
3:10, etc.), et l'on en vint à traduire les
six jours de la création par six époques.
C'est à cette opinion que se sont arrêtés
presque tous les théologiens et les
géologues les plus distingués de notre
temps; pour eux les jours de la création ne
sont pas des jours solaires comme ceux
d'à-présent, mais des époques cosmogoniques
d'une longue durée, des temps de progression
et de formation alternant avec des temps de
trouble et de révolutions telluriques. Sans
énoncer une opinion positive sur ce sujet,
nous devons convenir que les probabilités
sont en faveur de l'opinion qu'il s'agit non
d'espaces de vingt-quatre heures, mais de
périodes considérables, de mille ans
peut-être; en effet, il est remarquable que
dans les deux passages de la Bible où il est
dit qu'aux yeux de Dieu, mille ans sont
comme un jour, et un jour comme mille ans,
cette déclaration de l'Esprit saint se
trouve placée en relation directe avec les
événements de la Création, et avec ce
jour du Seigneur qui, comme le dit saint
Jean, doit durer mille ans, cf.
Psaumes 90:2,4; avec 2 Pierre 3:5-10; et
Apocalypse 20.
Les plus anciens livres des nations prennent
aussi, comme la Bible, dans des sens plus ou
moins étendus les mots qui désignent les
divisions du temps.
Plutarque dit que les Égyptiens, voulant
prétendre à une plus haute antiquité que les
autres peuples de la terre, comptaient dans
leur chronologie chaque mois pour une année.
Les calculs des Indiens et des Chinois ont
des bases tout à fait semblables; (—
Voir: Doct. Nares, Man considered
theologically and geologically, p. 192)
Zoroastre, en parlant de la création, dit
qu'elle se fit en six époques ou temps
inégaux, distribués de la manière suivante:
Le premier temps fut employé à créer le
ciel, ce qui prit 45 jours; dans le deuxième
temps, qui dura 60 jours, Dieu créa les
eaux; la terre fut créée dans le troisième,
qui fut de 75 jours; le quatrième, de 30
jours, vit éclore les plantes; le cinquième,
de 80 jours, tous les animaux; et le
sixième, de 75 jours, fut consacré à la
création de l'homme. La somme de ces nombres
est 365 jours ou une année, (Hyde. De
religione veterum Persarum, Cap. 9). On
reconnaît dans cette narration le récit de
la Genèse défiguré, et combiné avec l'idée
traditionnelle de la longueur considérable
des jours de la création, tradition qui
existait déjà, à ce que l'on prétend, chez
les Juifs, et aussi chez les Étrusques (F.
de Rougemont, Fragments, etc.)
Quelques auteurs ont cru en trouver une
preuve implicite dans le langage même du
texte, et de même que la forme participiale
du verbe qui exprime l'action de la force
créatrice, l'esprit de Dieu, se mouvant
sur la surface de l'abîme, indique non un
acte subit et momentané, mais une force
s'exerçant d'une manière continue (Doct.
Wiseman, Lectures on Science and revealed
Religion, vol. I, p. 295), ainsi l'on a cru
reconnaître dans ces six jours non seulement
une suite de perfectionnements, mais aussi
des intervalles de révolutions et de
bouleversements dont l'idée serait renfermée
dans la signification la plus étendue du mot
Éreb, soir. Le premier chapitre de
l'Ecclésiaste et le Psaumes 104 (en
particulier les versets 29 et 30) avaient
fait pressentir la possibilité d'une
semblable progression dont diverses
traditions fort anciennes contiennent des
traces remarquables.
— La cosmogonie indienne qui se rapproche
beaucoup de la Bible, parle «d'un grand
nombre de créations et de destructions de
mondes, provenant de la volonté d'un Être
suprême qui ne le fait que dans le but de
rendre ses créatures heureuses.» (Institues
of Hindu Law. London, 1825, chapitre 1) Nous
ne pouvons nous empêcher de transcrire ici
deux passages très remarquables de ce livre,
cités par Lyell, Principles of Geology, vol.
1 chapitre 2, avec l'indication des textes
bibliques correspondants: «L'Être dont la
puissance est incompréhensible, m'ayant
créé, moi (Menou) et tout cet univers, fut
de nouveau absorbé dans l'Être suprême,
faisant succéder au temps de l'énergie
l'heure du repos.» Cf. Hébreux 1:3,10; 4:4;
Jean 17:5.
— Et plus loin: «Quand cette puissance agit,
alors ce monde reçoit son plein
développement; quand il sommeille, tout le
système déchoit. Car pendant qu'il se
repose, ou cesse d'agir, les esprits revêtus
de formes matérielles, et doués de principes
d'action, se détournent peu à peu de leur
tâche, et l'intelligence elle-même devient
inerte.» (Cf. Psaumes 104:27-30)
Telle est aussi la tradition des Birmans, et
celle des anciens Égyptiens; on la retrouva
même dans les ouvrages de quelques Pères de
l'Église, saint Augustin, Orat. II, saint
Basile Hexaëmeron, hom. 2.
Les découvertes récentes de la géologie sont
venues, bien des siècles après, éclaircir
cette hypothèse, et la confirmer à ce qu'il
semble. Cuvier, dans son Discours sur les
révolutions de la surface du globe, établit
par des preuves irrécusables, que ces
révolutions ont été nombreuses, subites,
antérieures à l'apparition de l'homme sur la
terre, et même qu'il y en a eu d'antérieures
à l'existence d'êtres vivants quelconques.
«L'histoire des six jours, ainsi que celle
de l'humanité, a ses puits cosmogoniques,
dont la première est le chaos, et dont le
caractère est la mort, le désordre, les
ténèbres; par une concordance imprévue et
inexplicable, les géologues d'une part,
Moïse de l'autre, admettent un développement
ou une création de la terre tout à fait
extraordinaire, qui s'opère par une
alternative de temps d'ordre et de création,
de temps de désordre et de destruction.
«La géologie ne fait ici que préciser,
expliquer, commenter le texte biblique, qui
accepte en plein tous ces résultats de la
science.
«Les soirs (Éreb) sont donc les temps de
désordre; le premier soir n'est autre chose
que le chaos lui-même; les suivants sont des
invasions du chaos au milieu de l'œuvre
lumineuse de Dieu. Les matins sont des temps
d'ordre, de vie, de création. L'œuvre de
Dieu pendant les six jours consiste à former
la terre dévastée, et la dégager du chaos,
de l'abîme et des ténèbres qui disparaissent
successivement.
«Ainsi les eaux de l'abîme, 1:2, qui
recouvraient au deuxième jour encore la
terre entière, en partagent au troisième la
surface avec les continents, et elles
n'existeront plus sur la terre nouvelle,
Apocalypse 21:1. Ainsi les ténèbres,
éclairées dès le premier jour par la
lumière, sont transformées en soirs
cosmogoniques, et au quatrième jour en nuits
de douze heures. Les soirs cosmogoniques
précèdent chacun des six jours, et cessent
avant la création de l'homme, aucun ne
s'interpose entre le sixième jour et celui
du repos, et la dernière des grandes époques
de désordre est celle qui sépare le
cinquième jour du sixième. L'alternative des
jours et des nuits de vingt-quatre heures
cessera à la fin des temps, et la terre sera
éclairée par une lumière continue, Zacharie
14:7; Apocalypse 21:23. C'est ainsi que les
complètes ténèbres du chaos se transforment
peu à peu en complète lumière.
«Le premier chapitre de la Genèse est une
vision des temps antérieurs à l'homme, et
doit s'expliquer d'après les mêmes principes
que les prophéties.
«En comparant l'œuvre de Dieu dans la
réorganisation du chaos et dans la création
du monde, à celle de Dieu dans le cœur des
fidèles et dans l'Église, selon l'indication
que nous en donne saint Paul, 2 Corinthiens
4:6, on remarque bientôt que les six jours
cosmogoniques sont une espèce de prophétie
de l'histoire de l'humanité, ou, en d'autres
termes, que les faits physiques de
l'histoire de la terre ont un sens analogue
aux faits moraux de l'histoire de l'homme.
Ainsi les ténèbres du chaos se reproduisent
dans les ténèbres morales de l'âme déchue et
pécheresse; les nuits cosmogoniques dans les
époques historiques de corruption et de
ruines; les jours cosmogoniques, dans celles
de paix, d'ordre et de vie religieuse; la
formation du soleil au quatrième jour, dans
l'apparition du soleil de justice vers l'an
4,000, etc.» (Rougemont, Fragments, etc., p.
8)
Avant de nous occuper spécialement de
l'œuvre de chacun des six jours de la
création, nous devons indiquer une autre
partie de l'Écriture qui nous en donne un
commentaire remarquable: nous voulons parler
des chapitres 38 à 41 du livre de Job. Ce
n'est pas ici le lieu d'examiner en détail
cette portion sublime et mystérieuse de la
Parole, nous nous bornerons à quelques
versets du chapitre 38. En interrogeant Job
sur les merveilles de l'univers, l'Éternel
condescend jusqu'à raisonner avec sa
créature; il lui montre que la souveraine
sagesse qui a présidé à l'arrangement de la
terre, des cieux et de tout ce qui s'y
trouve, préside également aux événements de
la vie des hommes, et que par sa direction,
toutes choses concourent ensemble au bien de
ceux qui aiment Dieu, Romains 8:28. Mais,
outre ce but principal d'instruction, nous
trouvons encore des allusions à l'histoire
de la création, qui peuvent éclaircir pour
nous quelques passages du 1er chapitre de la
Genèse.
En effet, nous croyons voir, dans le verset
4, une indication de cette création
primitive qui eut lieu au commencement,
Genèse 1:1; puis au verset 7, nous voyons
les intelligences célestes se réjouissant de
l'ordre et de l'arrangement que Dieu venait
d'y établir, versets 5 et 6, et chantant en
triomphe à cause de cette nouvelle
manifestation de la puissance de Dieu,
verset 7. Mais une au moins de ces étoiles
du matin (Lucifer), était déjà tombée,
peut-être même plusieurs, et le mal vint
bientôt gâter l'œuvre du Créateur. Il semble
qu'une irruption des eaux troubla l'ordre
nouvellement établi, verset 8, et ce fut
alors que Dieu donna à l'abîme la nuée pour
couverture et l'obscurité pour ses langes,
verset 9; peut-être les ténèbres furent
elles ordonnées alors comme punition et
comme demeure des anges déchus, par
opposition à la lumière éternelle, qui est
représentée comme l'habitation de Dieu, Jean
3:19-21; Éphésiens 6:12. C'est à ce
moment-là que semble se rapporter le premier
soir de la création; c'est là le chaos
décrit au deuxième verset de la Genèse, et
dont Dieu va tirer la terre par six époques
de progression, six jours. Le verset 10
semble indiquer l'action de Dieu par
laquelle il opère la séparation des eaux
inférieures et supérieures, et le verset 11
correspondrait au verset 9 de la Genèse où
Dieu fixe à la mer la place qu'elle doit
occuper. Les versets 8-11 pourraient, il est
vrai, se rapporter à quelques égards au
déluge du temps de Noé; mais ce qui nous
fait préférer l'autre interprétation, c'est
que le verset 9 semble nous indiquer que le
cataclysme dont il est parlé au verset 8
doit avoir été antérieur au chaos, et que
l'obscurité et le désordre du chaos en
auraient été le résultat.
— Au verset 12 nous voyons paraître la
lumière, mais non comme lumière solaire:
c'est l'aube du jour, le point du jour, ou
la lumière éclairant simultanément tous les
points de la terre, verset 13, et faisant
fuir de partout les ténèbres et les esprits
de ténèbres. Puis plus tard, verset 14,
cette lumière prend une nouvelle forme et se
concentre pour ainsi dire dans une apparence
ou un moule matériel, le soleil. (Le verset
14 n'est pas bien rendu dans Ostervald: il a
ajouté les mots la terre, qui ne se
trouvent ni dans l'hébreu, ni dans plusieurs
autres versions. Le verbe thitehapphek
qui commence le verset 14, se rapporte
d'ailleurs mieux au substantif masculin
shachar, l'aube du jour, verset 12,
qu'au substantif commun, mais ordinairement
féminin érèts, la terre.
Premier jour. Nous avons déjà
remarqué que dans le calcul de chaque jour
cosmogonique le soir précède le matin: le
soir du premier jour fut donc l'obscurité
qui le précéda, c'est-à-dire le chaos. «Dans
ce moment là», dit Buckland, «une nouvelle
ère allait commencer pour le monde, et la
terre allait être tirée des ténèbres dans
lesquelles elle n'avait peut-être été
enveloppée que temporairement: car les mots,
«que la lumière soit», ne signifient point
implicitement qu'elle n'eût jamais existé
précédemment.
Il était étranger au plan de Moïse de
rechercher si la lumière avait déjà lui sur
cette terre, ou si elle existait dans
d'autres parties de l'univers; la narration
ne s'occupe que de notre planète, et la
prend dans un moment où elle était plongée
dans l'obscurité.
Le premier effet de l'action de l'Esprit sur
le chaos fut donc l'éveil de la lumière, qui
brilla dans le sein même de la masse informe
dont elle fut séparée, Psaumes 104:5-6; Job
36:30. «Dans toutes les cosmogonies païennes
qui parlent d'un chaos, dit M. de Rougemont,
les ténèbres, la nuit, sont l'état primitif,
la lumière apparaît ensuite, et plus tard
les astres. Moïse, sans aucun doute,
n'entendait pas que la lumière provînt du
soleil déjà créé, mais encore voilé à la
terre par les nuages; de concert avec toute
l'antiquité, il faisait la lumière plus
ancienne que les astres.»
— En effet, il n'y avait point alors de
nuages, puisque les eaux supérieures
n'avaient point encore été séparées des eaux
inférieures. Asaph en parle de même,
lorsqu'il dit, Psaumes 74:16: «Tu as établi
la lumière et le soleil.» Dans plusieurs
autres endroits de la Bible, elle est
également représentée comme existant avant
le monde, et comme étant la demeure de
l'Éternel, l'image même de son essence, 1
Timothée 6:16; 2 Corinthiens 4:6; Psaumes
104:2; Ésaïe 60:19; Habacuc 3:4; Jean 1:4,9;
8:9; 12:36,46; 1 Jean 1:5, etc.
Les philosophes incrédules du siècle
dernier, voulant attaquer l'inspiration du
récit sacré, ont tourné Moïse en ridicule
pour avoir parlé de la lumière comme
existant avant le soleil: les découvertes
modernes de l'optique dont Moïse n'a pu
avoir aucune connaissance, sont venues
justifier l'inspiration de l'écrivain sacré,
en prouvant que la lumière est un fluide qui
pénètre d'autres corps, et qui existe
indépendamment des corps lumineux. Ceux-ci
ne la rayonnent ou ne l'émettent pas par une
sorte d'émanation, comme on l'a cru
longtemps: ils ne font que la mettre en
mouvement par ondulations, en telle sorte
qu'elle frappe les organes de la vue de la
même manière que les vibrations de l'air
communiquent le son à ceux de l'ouïe. Par
conséquent, il n'y a rien de contraire aux
lois physiques de la nature dans l'assertion
de Moïse, qui nous représente la lumière
comme créée avant tel ou tel corps lumineux.
L'œuvre du premier jour fut, comme nous
l'avons remarqué, une œuvre de séparation.
Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres,
et Dieu vit que la lumière était bonne; elle
fut donnée non seulement pour éclairer les
hommes d'une manière physique, mais aussi
pour leur être un type de la sagesse, de la
connaissance et des perfections invisibles
de Dieu. Nous voyons en effet qu'elle fut
ainsi considérée par les Juifs, et que même
chez tous les peuples, et surtout en Orient,
elle a toujours été l'emblème de la
divinité, de la vertu et de toutes les
bénédictions temporelles.
Second jour. Au second jour Dieu fit
l'étendue (rakiah), non point une
voûte ferme et solide, firmamentum,
comme le traduit saint Jérôme. (Il dit aussi
dans sa traduction de Job 37:18: Tu
forsitan cum eo fabricatus es cœlos qui
solidissimi quasi aère fusi sunt?); mais
l'air, le ciel des oiseaux, des
tempêtes, des puissances de l'air et des
malices spirituelles, Psaumes 148:4;
Matthieu 6:26; Éphésiens 2:2; 6:12;
l'atmosphère dans laquelle et au haut de
laquelle devaient planer les nuages;
l'élément enfin qui devait soutenir un
nombre immense de créatures que Dieu allait
placer sur la terre, et dans lesquelles il
mettrait une respiration de vie. «Quand
l'Écriture sainte parle de l'air, dont la
pesanteur était méconnue avant Galilée, elle
nous dit qu'à la création Dieu donna à l'air
son poids et aux eaux leur juste mesure, Job
28:25. Quand elle parle de notre atmosphère
et des eaux supérieures, elle leur donne une
importance que la science des modernes a
seule pu constater, puisque d'après leurs
calculs la force employée annuellement par
la nature pour la formation des nuages, est
égal à un travail que l'espèce humaine tout
entière ne pourrait faire qu'en deux cent
mille années. Quand elle sépare les eaux
supérieures des inférieures, c'est par une
étendue et non par une sphère solide, comme
voulaient le faire ses traducteurs.»
(Gaussen, Théopneustie, 176, 183)
Troisième jour. Au troisième jour la
création se développe, pour ainsi dire; dans
les deux premiers, il y avait eu
principalement création de séparation ou de
distinction: dans celui-ci il y a deux actes
créatifs, l'un de séparation, l'autre de
formation. Dans la première partie de cette
période, Dieu tire de l'eau la terre qui
subsistait parmi l'eau. Il fait surgir les
continents et les îles; il forme la terre
habitable et tout ce qu'elle contient,
Néhémie 9:6. Le Dieu qui a formé la terre et
qui l'a faite, ne l'a point créée pour être
une chose vaine (le même mot thohou rendu
par sans forme dans nos versions,
Genèse 1:2), mais il l'a créée afin qu'elle
fût habitée, Ésaïe 45:18.
Le neuvième verset de la Genèse indique
l'existence antérieure de cette ancienne mer
et de cette ancienne terre, en disant
simplement, non qu'elles furent créées
alors, mais que le sec parut, et cette terre
qui, avant de paraître, subsistait déjà
parmi l'eau, est la même dont la création
avait été racontée au verset 1. La mer aussi
ne fit que changer de place par le
rassemblement en un même bassin des eaux
déjà existantes.
La terre au troisième jour n'est point
encore éclairée par le soleil; elle a sa
lumière propre dont nous ne connaissons pas
bien la nature, mais qui établit une
distinction essentielle entre la terre
photosphérique des trois premiers jours et
la terre planétaire des trois derniers.
C'est sous l'action de cette lumière propre
que parurent les végétaux pendant la
deuxième partie du troisième jour: alors la
terre produisit d'elle-même premièrement
l'herbe, ensuite l'épi, puis le grain tout
formé dans l'épi, Marc 4:28. Nous ne savons
si ce serait par un souvenir traditionnel de
la plus grande activité créatrice déployée
au troisième jour, que les livres zends lui
donnent une durée beaucoup plus longue
qu'aux deux premiers.
Jusqu'à une époque très récente, la géologie
n'avait pas découvert de traces des plantes
qui furent créées au troisième jour; tous
les végétaux fossiles connus se trouvaient
dans des couches placées au-dessus des
terrains de transition où sont incrustés
d'innombrables animaux aquatiques, les
premiers êtres vivants qui habitèrent notre
terre. (Le système carbonifère qui comprend
les bancs de houille, et dans lequel on
trouve des fougères, des palmiers, des
conifères, est placé par-dessus la grauwacke
ou système silurien, qui contient un nombre
immense de zoophytes, et de mollusques, des
articulés et des poissons.) M. de Rougemont,
surpris de ce manque apparent de coïncidence
entre le livre de la révélation et le livre
de la nature, supposa que la nuit
cosmogonique qui avait séparé le troisième
du quatrième jour, ou le quatrième du
cinquième, pourrait avoir été accompagnée
d'une conflagration de notre globe qui
aurait détruit la végétation primitive dans
le temps où la terre devenait planète. Cette
hypothèse, qui coïncide assez bien avec
celle qui fait des soirs cosmogoniques des
époques de bouleversement, semblait
confirmée par les découvertes géologiques
sur la nature des roches primitives; les
granits et les gneiss qui forment la couche
inférieure de la croûte de notre globe, ne
sont pas, comme les schistes et les
calcaires, le résultat d'un sédiment boueux
déposé par les eaux, puis durci peu à peu
par la pression, la chaleur et
l'évaporation: ils paraissent, au contraire,
avoir été formés par le feu dont ils portent
les traces, ou en avoir subi l'action. «Une
telle conflagration de la terre
photosphérique pendant que le système
solaire était organisé, a naturellement dû
faire disparaître toutes les plantes du
troisième jour. Mais la Genèse ne fait pas
mention de cette révolution par le feu,
parce que le point capital de l'œuvre du
quatrième jour était la formation du système
solaire. «Toutefois, ajoute notre auteur, je
suis le premier a reconnaître combien sont
hypothétiques tous les rapprochements de
détail entre la Bible et la géologie,
relatifs aux époques antérieures à l'homme.»
(Fragments, p. 111).
Malgré le profond respect que nous éprouvons
pour les lumières et la piété de cet
écrivain, nous nous permettons de différer
un peu de ses vues sur ce point; son
hypothèse d'une conflagration ne nous paraît
pas nécessaire pour expliquer la disparition
de la flore primitive. Nous avons, en effet,
remarqué que dans la création et dans
l'histoire de la terre, depuis le
commencement jusqu'au moment où Jésus
remettra le royaume à Dieu le Père, 1
Corinthiens 15:24, il y a progrès et
développement successif; depuis la terre
entièrement couverte d'eau pendant le chaos,
jusqu'à l'entière destruction de la mer,
Apocalypse 21:1, le globe passe par un état
intermédiaire, sa surface étant composée en
partie d'eau, en partie de terres sèches. Si
donc nous admettons une marche progressive,
interrompue par une succession de
bouleversements (les soirs cosmogoniques),
il n'y a rien de contraire à l'analogie des
lois de la création, à supposer que les
premiers continents auront été beaucoup
moins étendus que ceux qui existent
actuellement: par conséquent la flore
primitive qui a végété sur ces premiers
continents, n'aurait occupé qu'un espace
proportionnellement très petit de la surface
du globe, et pourrait se retrouver dans des
terrains actuellement submergés. Mais il y a
plus: les géologues n'ont examiné jusqu'à ce
jour qu'une bien faible portion de la
superficie de la croûte solide du globe, et
de ce qu'on n'a pas trouvé jusqu'à présent
en Europe (la seule partie du monde où l'on
ait pu faire sur les fossiles des recherches
un peu générales) des restes des premiers
végétaux, il ne s'ensuit pas qu'on ne puisse
le découvrir un jour ailleurs. Il paraît
même qu'on commence à en retrouver les
traces, et que les immenses végétaux
fossiles récemment découverts dans le Canada
et la baie de Baffin, doivent avoir crû sous
des conditions de chaleur, d'humidité et de
lumière, qui n'étaient point celles où
vivent actuellement nos plantes. L'état de
la terre, sortant à peine de l'eau et
environnée de sa lumière propre, tel qu'il
est décrit Genèse 1:9-12, explique la
croissance de ces plantes d'une manière bien
plus satisfaisante que toutes les autres
hypothèses.
Il n'est pas nécessaire non plus de recourir
à une conflagration pour expliquer la
formation des roches primitives. Presque
tous les chimistes, les physiciens, les
géologues et les géographes modernes,
reconnaissent que la terre doit être
composée d'un noyau de métaux et de
métalloïdes en incandescence, entouré d'une
croûte des mêmes substances à l'état
d'oxydes diversement combinés entre eux. Le
savant Fourier a déterminé les lois du
refroidissement graduel du globe et de sa
couche extérieure, et les expériences
nombreuses et intéressantes de M. Cordier
(Essai sur la température de l'intérieur de
la terre, dans le Mémoire du Muséum
d'histoire naturelle, 1827) sont venues
pleinement confirmer la justesse des
observations de Fourier sur l'existence d'un
feu ou d'une source de chaleur centrale. Ce
système qui explique et la forme sphéroïdale
de la terre, et l'action des volcans, et la
chaleur des eaux thermales, et bien d'autres
phénomènes encore, explique aussi comment la
première croûte solide de notre globe (les
roches primitives) doit porter des marques
de l'action du feu, comment une température
jadis beaucoup plus élevée, peut avoir donné
à la terre une force végétative bien plus
considérable que celle que nous lui
connaissons maintenant, et comment enfin
Dieu peut s'être servi des forces naturelles
de l'eau réduite à l'état de vapeur, pour
soulever en divers endroits de sa surface
une portion de sa croûte solide sous la
forme d'îles et de continents, et les
laisser retomber ensuite au-dessous du
niveau des eaux.
Quatrième jour. Ici, comme le
remarque M. de Rougemont, la progression
dans la création n'est plus la même; il y a
un saut, une interruption. «De même qu'à la
fin du quatrième jour de l'humanité la
lumière divine qui éclairait dès l'origine
tous les hommes, se concentra en un
individu, Jésus-Christ, communiqua à
l'humanité des forces inconnues, et par la
création de l'Église fit toutes choses
nouvelles, ainsi, au quatrième Jour
cosmogonique la lumière diffuse du premier
jour se concentra dans le soleil, dont la
chaleur pénétra et transforma la terre
devenue planète, et la prépara à devenir la
demeure d'animaux, d'âmes vivantes. Ce fut
alors que le système solaire fut achevé, et
que notre terre, en devenant planète, reçut
aussi son satellite.» Il semble, en effet,
que les grands luminaires des cieux dont il
est parlé versets 14-18, ne sont nommés que
dans leurs nouveaux rapports avec notre
planète. Le texte ne dit point que la
substance du soleil et de la lune ait été
créée le quatrième jour; mais il donne à
entendre que ces corps célestes furent alors
chargés de remplir à l'égard de notre globe
des fonctions importantes pour ses futurs
habitants, de luire sur la terre, pour
dominer sur le jour et sur la nuit, etc. Le
fait de leur création était déjà
implicitement contenu dans le verset 1. Il
est aussi fait ici mention des étoiles,
1:16, mais en deux mots seulement: Veeth
haccochabim, presque en façon de
parenthèse, et comme pour indiquer qu'elles
avaient été formées par la même
toute-puissance qui avait ordonné au soleil
et à la lune de luire sur notre terre. En
passant si légèrement sur la création de ces
innombrables corps célestes qui brillent
dans l'espace, et dont la plupart sont
probablement des soleils, centres d'autres
systèmes planétaires, tandis qu'il place la
lune, ce petit satellite de notre terre,
comme tenant le second rang après la soleil,
l'écrivain sacré nous montre clairement
qu'il n'a point voulu nous donner une leçon
d'astronomie, et qu'il ne parle ici des
astres que dans leurs rapports immédiats
avec notre terre et ses habitants, et non
point eu égard à leur importance relative
dans le vaste système de l'univers. Il
semble impossible de comprendre les étoiles
dans le nombre des luminaires que Dieu plaça
dans les cieux pour luire sur la terre,
1:17, et pour dominer sur le jour et la
nuit; car la plus grande partie des étoiles
fixes n'est visible qu'à l'aide d'un
télescope, et celles que nous pouvons
discerner à l'œil nu ne donnent qu'une bien
faible lumière en proportion de leur
grosseur et de leur multitude (Buckland's I,
p. 27). Il nous paraît donc que le sens des
versets 17 et 18 doit être restreint aux
deux corps célestes, qui sont en réalité les
grands luminaires de la terre. Leur office,
en tant que servant à nous éclairer et à
mesurer pour nous les temps et les saisons,
doit durer autant que notre terre, Genèse
8:22; et de même que l'arc-en-ciel fut donné
à Noé comme un signe de l'alliance que Dieu
traita avec lui et avec toute chair, avec
promesse de ne plus envoyer de déluge sur la
terre, et de ne plus faire périr par les
eaux tout ce qui a en soi respiration de
vie, ainsi les grands luminaires des cieux
sont proposés aux fidèles comme signes de
l'alliance que Dieu a traitée avec David, en
promettant que de sa postérité sortirait le
soleil de justice, le Messie qui sauverait
de la mort seconde les âmes de tous ceux qui
croiraient en lui; cf. Jérémie 33:20-21.
Cela ne signifie pas cependant qu'ils
doivent durer à toujours, car lorsque le
Messie, fils de David, viendra s'asseoir sur
son trône et régner sur son peuple, la chose
promise étant donnée, ce qui lui servait de
type et de signe sera aboli. La loi
s'accomplira jusqu'à ce que le ciel et la
terre passent, Matthieu 5:18; mais lorsque
viendra le jour du courroux de l'Éternel, il
fera crouler les cieux, et la terre sera
ébranlée de sa place (peut-être transportée
hors de la place qu'elle occupe actuellement
dans le système solaire), Ésaïe 13:13; cf.
encore Aggée 2:6; 2 Pierre 3:10; Apocalypse
6:12-14,21, passim 22:5; Ésaïe 60:19;
sq. 65:17; 66:22.
Ces passages remarquables, considérés non
dans leur but moral et prophétique quant à
l'humanité et à l'Église en particulier,
mais simplement dans leur rapport avec
l'histoire de notre terre, semblent
autoriser la supposition que notre globe,
transporté au quatrième jour dans le système
solaire, doit lui être enlevé à la fin de
l'économie actuelle, sortir de son orbite,
être soustrait à l'action du soleil et de la
lune, et subir alors une nouvelle révolution
par laquelle il atteindra un degré de
perfection et de lumière dont nous ne
pouvons nous faire maintenant aucune idée,
mais qui sera en rapport avec les corps
glorieux et incorruptibles dont nous serons
revêtus à la résurrection.
La manière dont se suivent les passages
relatifs à la catastrophe qui doit détruire
l'ordre actuel, et ceux qui se rapportent à
la destruction finale du globe, ne contribue
pas peu à jeter de l'obscurité sur ce sujet;
mais on peut remédier en partie à cette
obscurité en faisant attention aux
considérations suivantes.
Dans les prophéties de l'Ancien Testament
qui annoncent la venue du Messie, on voit
entremêlées celles qui parlent de ses types,
avec celles qui l'annoncent lui-même
paraissant dans l'abaissement et
l'humiliation, et celles qui décrivent le
second et glorieux avènement du Messie, roi
d'Israël, entouré de ses milliers d'anges et
de tout l'éclat de sa puissance. Ces
prophéties ne sont point rangées
chronologiquement, mais elles se pénètrent
et s'entrelacent comme feraient les dessins
de plusieurs tableaux transparents, placés
les uns derrière les autres. De même, dans
les parties de l'Écriture qui annoncent le
sort futur de notre terre et les révolutions
qu'elle devra subir, on voit aussi
entremêlées, sans égard à l'ordre des temps,
des choses qui se rapportent aux événements
plus rapprochés, et d'autres qui parlent de
catastrophes plus éloignées; des prédictions
relatives au jugement des nations
immédiatement avant la période millénaire,
et celles qui se rapportent au jugement
dernier, lors de la consommation de
toutes choses; des prophéties qui décrivent
la transformation que subira le globe lors
du millénium, lorsque le bien régnera sur la
terre, et celles qui se rapportent à la
destruction finale, à l'annihilation du
globe, annoncée Apocalypse 20:11. Si l'on
imite les disciples qui demandaient dans la
même phrase les signes de trois événements
bien différents qu'ils paraissaient
confondre (la ruine de Jérusalem, la seconde
venue du Christ, et la fin du monde),
Matthieu 24:3, l'on n'obtiendra de la Parole
de Dieu qu'une réponse aussi peu
intelligible que le fut alors pour les
Apôtres ce que leur dit le Seigneur qui leur
parle, dans la même prophétie, de choses qui
se rapportaient à ces trois époques
distinctes. Ainsi, pour interpréter ce qui
nous est prophétisé sur les destinées de
notre globe, nous devons aussi distinguer
avec soin les divers chefs sous lesquels
nous devons les ranger, et apprendre à
reconnaître dans une même prophétie les
parties qui doivent avoir un plus prochain
accomplissement et celles qui ont une portée
plus éloignée.
Cinquième jour. C'est en ce jour que
les premières créatures vivantes apparurent
sur la terre, et c'est aussi à cette époque
de la création seulement que l'on trouve des
faits géologiques nombreux et détaillés, qui
concordent avec l'interprétation proposée
des jours cosmogoniques de la Genèse.
Nous ferons remarquer que la division
biblique des animaux, lors de la création,
est très différente de la classification des
sciences modernes. Dans la Genèse, les
animaux sont distingués d'après les milieux
dans lesquels ils vivent, ou plutôt d'après
les substances sur lesquelles doivent
s'exercer leurs forces locomotrices, en
aquatiques, atmosphériques, et terrestres.
Les aquatiques comprennent les types des
quatre grands embranchements, et la géologie
retrouve aussi des vertébrés, des
mollusques, des articulés et des zoophytes
existant simultanément dans les couches
fossilifères les plus anciennes. Plusieurs
cosmogonies païennes qui entreprennent de
raconter l'ordre de la création, font naître
les oiseaux et les poissons dans deux jours
différents; mais les naturalistes, après
avoir pendant longtemps partagé cette
opinion, ont enfin constaté entre ces deux
classes d'animaux des rapports intimes que
rien n'indique à l'œil, mais qui se révèlent
dans leur anatomie, et jusque dans la forme
microscopique dos globules de leur sang. Il
y a peu d'années encore que les plus anciens
oiseaux ne remontaient qu'aux terrains
tertiaires, et les géologues faisaient
observer combien il était rationnel que les
oiseaux à sang chaud apparussent en même
temps que les mammifères à sang chaud. La
géologie contredisait alors la Bible, qui
place les oiseaux, non au sixième jour avec
les quadrupèdes, mais au cinquième avec les
poissons.
La contradiction était palpable, insoluble;
mais depuis lors, on a retrouvé des races
d'oiseaux, des empreintes de pattes
d'échassiers, dans le grès bigarré, près de
ces terrains de transition où la vie
commence par des êtres aquatiques. Ainsi les
oiseaux à sang chaud ont été créés à une
époque ou les géologues a priori ne
les auraient jamais fait remonter; à une
époque où il n'y avait pas trace de
mammifères terrestres, et où les animaux
aquatiques prédominaient encore en plein.
Or, comment Moïse a-t-il encore ici deviné
si juste? — (Rougemont, Fragments, p. 114).
Sixième jour. Ce jour contient aussi
deux parties comme le troisième et le
cinquième; les quadrupèdes et les animaux
terrestres apparurent sur les continents et
les îles qui étaient sortis de dessous l'eau
au troisième; «et de même que la seconde
création du troisième jour (les végétaux)
avait été la plus parfaite de la terre
photosphérique, ainsi la seconde création du
sixième jour (l'homme) fut la plus parfaite
de la terre planétaire.»
Il est probable que Dieu ne créa alors comme
pour le cinquième jour que les types ou
genres (nommés espèces dans la
Bible), et que ce que nous appelons
maintenant sous-genres, espèces, variétés
dans les animaux, se sont manifestés plus
tard par l'action de causes naturelles
subséquentes, ou de dispositions chez des
individus qui se sont développées ensuite et
propagées dans la postérité de ces mêmes
individus. (On trouvera des exemples
remarquables de l'action de ces causes dans
l'ouvrage de M. Laurence, Lectures on
Physiology, Zoology and the natural History
of Man, en particulier, p. 448 à 451, sur la
propagation d'une race d'hommes porcs-épics.
— Voir: aussi Lectures on the
connexion between science and revealed
Religion, by Dr Wiseman. Lect. III et IV).
Il n'est pas dit si Dieu fit simultanément
plusieurs animaux ou paires d'animaux de
chaque espèce, mais comme une seule famille
humaine devait suffire pour peupler toute la
terre, ainsi une seule paire de chaque
espèce d'animaux peut bien avoir aussi suffi
pour remplir les bois, les campagnes, et
tous les espaces habitables, dans les eaux
et sous les cieux. Il n'y a donc rien de
difficile à comprendre dans la revue que fit
Adam de tous les animaux, lorsqu'il leur
donna leurs noms; et lors même qu'il y
aurait eu un grand nombre de paires de
chaque espèce, il n'est point dit que Dieu
les fit toutes comparaître devant le premier
homme; tel ne paraît pas du moins devoir
être le sens du mot tout animal, Genèse
2:19.
Un caractère remarquable de cette époque,
c'est l'absence de férocité; les animaux
étaient herbivores, au moins ceux qui
vivaient sur la terre et dans les airs, car
il n'est point parlé des aquatiques, 1:30,
et cela a fait supposer que les eaux seules,
et peut-être leurs rivages étaient habités
en partie par des carnivores. L'expérience a
prouvé qu'il est possible, même de nos
jours, de nourrir de végétaux les animaux
les plus carnassiers de leur nature, comme
par exemple le lion; par conséquent ce fait
peut avoir eu lieu d'une manière beaucoup
plus générale lors de la création. C'est en
vain qu'on objecterait le peu de probabilité
que des animaux carnassiers se soient
contentés avant la chute de l'homme de
manger de l'herbe et des fruits; c'est en
vain qu'on prouverait par la conformation
des mâchoires, des dents, des griffes, de
tous les muscles et de toute la charpente
osseuse, qu'ils étaient faits pour saisir
une proie et pour la déchirer de leurs dents
ou de leurs becs crochus: si tels étaient
leurs appétits naturels, il n'était
cependant pas plus difficile au Créateur de
les restreindre en Éden, que d'empêcher à
Babylone les lions affamés de Nébucadnetsar
de suivre leurs féroces penchants, de mettre
en pièces Daniel et de le dévorer. La
géologie d'ailleurs nous montre dans les
terrains de l'époque myo-cène, un nombre
proportionnellement très grand des
pachydermes et des ruminants; c'est
probablement pendant cette époque géologique
que fut créé le premier homme (Rougemont,
Fragments, etc.).
Ici vient une pause dans le récit de
l'historien sacré. Après avoir décrit la
manière dont Dieu a peu à peu préparé cette
terre, après l'avoir montrée graduellement
revêtue d'un tapis de verdure et de fleurs,
couverte de riches ombrages et d'arbres
chargés de fruits, animée par les chants des
oiseaux qui célèbrent dans les airs la
gloire de leur Créateur; après avoir décrit
ces milliers de créatures vivantes, se
mouvant dans les eaux et sur la terre,
jouissant de leur nouvelle existence et de
la lumière du soleil, il nous dit que le
Créateur de toutes ces merveilles s'arrêta
pour contempler son ouvrage et pour le
bénir: et Dieu vit que tout cela était bon.
L'œuvre de la création n'était cependant pas
encore complète; mais avant de placer dans
cette magnifique demeure celui qui devait en
avoir la souveraineté, le Tout-Puissant
semble se consulter lui-même, comme pour une
chose plus importante, et pour une création
d'un ordre plus relevé que toutes les autres
choses qu'il avait créées pour être faites.
Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image
et à notre ressemblance, et qu'il domine sur
les poissons de la mer, sur les oiseaux des
cieux, sur les animaux domestiques et sur
toute la terre, et sur tout reptile qui
rampe sur la terre.
— Jusqu'à présent, le texte hébreu a
toujours désigné la terre par le mot
érets; mais dans le verset 25, où il est
parlé des reptiles de la terre, Moïse se
sert du mot adamah, qui signifie
terre, en tant que sol, et surtout
sol rouge, quoiqu'il soit aussi pris
dans une signification plus étendue; et
c'est dans le verset suivant qu'il dit:
Faisons Adam (l'homme) à notre image,
Adam étant mis ici comme nom générique de
l'espèce humaine; on dirait que, par ce
changement d'expression, l'auteur sacré
cherche à faire mieux ressortir l'origine à
la fois terrestre et céleste de cette
nouvelle créature, rattachant à ce nom
symbolique l'idée de sa faiblesse naturelle
et de sa haute vocation, cf. 2 Corinthiens
4:7.
Ajoutons encore ici que ce nom d'Adam semble
indiquer que la couleur primitive de la race
humaine aurait été le rouge, comme on le
retrouve encore chez les races indigènes de
l'Amérique; la tradition des Juifs, des
Américains et des habitants des îles de la
mer du Sud a conservé le même souvenir.
L'homme n'ayant trouvé parmi les êtres
vivants aucun être qui lui fût semblable,
Dieu lit tomber sur lui un profond sommeil,
prit une de ses côtes, en forma une femme,
et la présenta à Adam à son réveil, 2:18-22.
On a quelquefois prétendu que les
ressemblances frappantes qui se rencontrent
dans les cosmogonies des différents peuples,
ainsi que dans celles de leurs traditions
qui se rapportent à l'origine du genre
humain, ne pouvaient provenir que de la
similarité de l'esprit humain dans tous les
pays, similarité qui, à l'égard de certaines
choses, devait nécessairement conduire
partout à un même résultat. Cette théorie
est assez vraie pour tout ce qui est du
ressort de la réflexion et de la méditation;
mais quand les traditions ne peuvent
s'expliquer, ni par le raisonnement, ni par
l'expérience, il est clair qu'elles doivent
provenir d'une même source, et qu'elles nous
indiquent une commune origine pour les
peuples chez qui elles sont nationales. Qu'y
a-t-il, par exemple, dans la forme de la
femme, qui ait jamais pu donner l'idée
qu'elle ait été primitivement tirée de
l'homme et formée d'un de ses os? Or, cette
tradition se retrouve chez les peuples les
plus éloignés et sans communication les uns
avec les autres. En Chine, la femme du
premier homme est «la fille de la côte
d'Occident», et son nom signifie «la grande
aïeule qui entraîne au mal.» Les
Groënlandais disent que la première femme
fut formée du pouce de l'homme. Les Indiens
de l'Essequebo prétendent qu'après que le
Grand-Esprit eut créé tous les animaux, il
finit par former un homme qui tomba bientôt
dans un profond sommeil; le Grand-Esprit
l'ayant touché, il se réveilla et vit à ses
côtés une femme. Chez les Indiens, Il est
question d'un premier homme, Viradj, créé
sans femme; puis regardant autour de lui, se
voyant seul, il se plaint de sa solitude, il
se divise lui-même en mâle et femelle et
donne naissance à toute la race humaine.
Chez les habitants de la Nouvelle Zélande,
le mot Iwi (Ève) signifie os, et la
première femme a été formée, selon eux, du
corps de l'homme et dune de ses côtes. À
Tahiti, le Dieu créateur, après avoir fait
le monde, forma l'homme avec de la terre
rouge: un jour il plongea l'homme dans un
profond sommeil et en tira un os (Ivi,
ioui) dont il fit la femme (Rougemont,
p. 56).
Mais si les païens eux-mêmes ont conservé
d'une manière si admirable, à travers
cinquante-huit siècles, l'histoire de ce
sommeil mystérieux d'Adam, ce n'est qu'à
l'Église chrétienne que le sens moral et
symbolique de cet événement a été révélé.
Dans ce premier Adam encore sans péché, nous
voyons le type de ce deuxième Adam qui a été
fait semblable à nous en toutes choses, sans
péché (grec), Hébreux 2:17; 4:15. Ce
sommeil, ce côté entr'ouvert, cette épouse
qui en est Urée, nous sont des emblèmes de
la mort de Christ et de son côté percé, de
cette mort qui donne naissance à son Église,
de cette «Église qu'il s'est acquise par son
sang» pour en faire son épouse bien-aimée,
Actes 20:28. Ce n'est qu'après la mort de
Jésus, que les disciples commencèrent à se
rassembler en son nom sans lui, mais la
nouvelle Église fut cachée et n'exista pour
ainsi dire qu'en germe et sans
développement, jusqu'à la Pentecôte,
— Voir: encore 1 Corinthiens 11:8-9;
Éphésiens 5:23-32. Si, confondus par la
force de ces images, nous avons peine à
croire à une telle condescendance de notre
Dieu; si, considérant nos faiblesses et nos
misères, il nous semble impossible que
l'Église puisse être l'objet d'un tel amour,
et que nous soyons portés à demander, comme
Nicodème: Comment cela peut-il se faire?
Dieu nous répond par ces glorieuses
promesses: «Christ s'est livré pour son
Église, afin qu'il la sanctifiât après
l'avoir nettoyée en la lavant d'eau et par
sa parole, pour la faire paraître devant lui
une église glorieuse, n'ayant ni tache, ni
ride, ni rien de semblable, mais étant
sainte et irrépréhensible», Éphésiens
5:25-27; Colossiens 1:18,22; cf. 1
Corinthiens 1:30.
Après que l'homme eut été formé, la création
fut terminée; le temps naturel commença, et
les secousses, ou nuits cosmogoniques,
cessèrent; aussi ne voyons-nous pas que la
Bible en fasse plus mention; il n'est plus
dit «ainsi fut le soir, ainsi fut le matin,
ce fut le septième jour», parce qu'entre le
sixième et le septième il n'y eut qu'une
nuit naturelle de douze heures, et c'est
probablement pendant cette nuit et le
sommeil d'Adam, sur la dernière heure du
sixième jour, qu'Ève fut formée, car il est
dit, 2:2: que «Dieu eut achevé au septième
jour toute l'œuvre qu'il avait faite.»
Septième jour. Ce fut au septième
jour que Dieu se reposa de toute l'œuvre
qu'il avait créée pour être faite; il semble
donc que nous devrions terminer ici le récit
de la création, mais comme ce premier sabbat
appartient encore à l'histoire de la
première semaine du monde, nous croyons
devoir ajouter encore quelques réflexions,
sans lesquelles l'histoire de cette semaine
de création serait incomplète.
Nous avons vu que les six jours précédents
étaient, non des espaces de temps de
vingt-quatre heures, mais de longues
époques; le septième aurait donc dû leur
être proportionné. Lorsqu'il commença, Dieu
n'avait point dit: «Tu travailleras six
jours; tu mangeras ton pain à la sueur de
ton visage, tu retourneras en la terre d'où
tu as été tiré.» L'homme avait été placé
dans le jardin d'Éden pour le soigner et le
garder: non pour bêcher péniblement la terre
et lui faire produire à force de sueurs les
céréales et les autres graines dont il fut
condamné à faire sa nourriture après la
chute, 3:18-19; cf. 1:29-30, mais pour se
nourrir sans peine des fruits de «tout arbre
désirable à la vue et bon à manger» que
l'Éternel avait fait germer dans le jardin.
C'était là le repos sans oisiveté des
enfants de Dieu sur cette terre, et il est
probable qu'il aurait duré un temps plus ou
moins long, mille ans peut-être, après
lequel ils auraient été recueillis auprès de
Dieu, comme Hénoc, sans passer par la mort,
sans que leur corps fut obligé de retourner
dans la poudre.
La durée de la vie humaine avant le déluge
était de près de mille ans, et nous avons
lieu de croire que c'est à cause du péché
qu'elle fut abrégée. Selon la tradition
juive, égyptienne, persane, assyrienne et
indienne, qui fait des jours de la création
des espaces de mille ans, nous aurions du
nous attendre à voir le jour de l'homme créé
à l'image de Dieu, le septième jour, durer
aussi mille ans, et se terminer par sa
translation dans le ciel; mais de même que
les soirs cosmogoniques avaient bouleversé
l'ordre établi par Dieu dans la création
matérielle, ainsi le péché vint renverser
l'ordre moral et physique dans cette
nouvelle créature de Dieu, et par suite dans
le reste de la création. La terre, de très
bonne qu'elle était, devint maudite à cause
de l'homme, 3:17. Le jour du repos, au lieu
de durer mille ans, fut changé en un temps
de peine et de fatigue, où il ne resta plus
que des sabbats hebdomadaires de
vingt-quatre heures, monument remarquable et
aussi ancien que la race humaine, conservé
pour lui rappeler sa destination primitive,
et le but auquel elle doit tendre, sa chute
et la miséricorde de Dieu, qui ne l'a point
entièrement rejetée; moyen de grâce pour les
générations futures, et image, pour ceux qui
ont appris à en faire leurs délices, du
bonheur saint et pur que l'Éternel réserve à
ses enfants. Ce sabbat primitif se trouvant
ainsi réduit à vingt-quatre heures, devint
pour le monde le commencement d'une nouvelle
semaine millénaire; suivant les traditions
mentionnées plus haut, il devrait aussi
s'écouler six mille ans depuis Adam jusqu'à
la fin de l'économie actuelle. Le sabbat de
cette nouvelle semaine serait alors l'époque
glorieuse du millénium, de quelque manière
qu'on l'entende; puis, au lieu de la mort
naturelle de l'homme, fruit de la chute et
du péché, viendrait au bout d'un peu de
temps, Apocalypse 20:3,7, la destruction de
la mort elle-même, ce dernier ennemi de
l'homme, 1 Corinthiens 15:26; Apocalypse
21:4.
Ceci n'est, à la vérité, qu'une hypothèse;
cependant nous croyons pouvoir en trouver
une confirmation, Hébreux 3, et 4; en
commentant le sens du Psaumes 95:11,
l'apôtre nous montre que la menace de Dieu
aux Israélites, de les exclure de son repos,
menace oui avait trait à la Canaan
terrestre, se rapportait aussi, et dans un
sens plus élevé, à la Canaan céleste, après
laquelle doivent soupirer les enfants de
Dieu; puis il rattache cette même idée au
premier sabbat, 4:3-4, et montre, verset 6,
que ceux à qui ce premier sabbat avait été
«premièrement annoncé» n'y purent entrer «à
cause de leur incrédulité», Adam et Ève
ayant ajouté foi aux paroles du serpent
plutôt qu'à l'ordre positif de Dieu. Ce
premier sabbat tel que Dieu le leur
destinait n'exista donc pas pour eux, ils
n'y entrèrent pas. C'est pourquoi Dieu
«détermine de nouveau un certain jour de
repos», versets 7 et 9. Le premier sabbat
millénaire ayant été abrégé, Dieu en prépare
un autre pour son peuple, lorsque l'Éternel
régnera en Sion et que le Roi de paix
entrera dans son royaume, Ésaïe 32:17-18.
CRÈCHE.
L'humble et premier berceau du Fils de Dieu qui s'est fait fils de l'homme, Luc 2:7. Si l'étable dans laquelle naquit notre Sauveur, était en effet pratiquée dans le roc, ainsi que le disent la plupart des anciens pères, il est possible que la crèche ait aussi été taillée dans les flancs de la caverne, mais on peut croire qu'une auge de bois la garnissait intérieurement, et que c'est dans cette auge que Jésus fut placé. D'autres prétendent que cette crèche était de terre, et qu'elle fut remplacée par une crèche d'argent. Même observation ici que sur la couronne d'épines, il suffit d'aller voir sur les lieux; cette crèche miraculeuse se trouve à Rome dans l'église Santa-Maria Maggiora; elle est de bois. Est-elle authentique, c'est une autre question: on ne risque rien de la mettre avec les saints langes que l'on montre à Saint Paul, quoiqu'il y en ait aussi quelques fragments en Espagne; avec le saint berceau et la sainte chemise que l'on montre en la même ville de Rome, tous menus fatras dont les pères ne disent mot. Bien sûr est-il que si ces objets étaient à Jérusalem lorsque cette ville fut détruite, ils furent détruits avec elle; que s'ils n'y étaient plus, et qu'ils fussent déjà à Rome, il n'en est toutefois point encore question du temps de saint Grégoire, à la lin du sixième siècle, et dès lors cette ville a été mainte et mainte fois prise, pillée et saccagée. «Il n'y a nul de si petit jugement qui ne voie la folie.» Calvin.
CRESCENS,
2 Timothée 4:10. Disciple inconnu, qui quitta Paul vers la fin de sa dernière captivité pour se rendre en Galatie, tandis que Tite passait en Dalmatie. Les traditions le font les unes évêque de Mayence, les autres évêque de Vienne en Dauphiné; plusieurs s'accordent à dire qu'il a évangélisé les Gaules, mais rien n'est plus incertain que tout cela. Les uns en font encore un affranchi de Néron, d'autres un des septante disciples; la première supposition serait plus probable à cause du nom latin de ces évangélistes.
CRÈTE.
Cette île mentionnée dans
l'Ancien Testament sous le nom de Caphtorim,
est désignée plusieurs fois dans le Nouveau
sous le nom de Crète. Homère l'appelle l'île
aux cent villes, ce qui peut nous donner une
idée de sa prodigieuse population dans cette
époque reculée: Horace et Virgile en parlent
dans le même sens. Elle est au sud de
l'Archipel, dans la mer Méditerranée; sa
longueur est d'environ 265 kilomètres, sa
plus grande largeur de 57. C'est, après la
Sicile, la plus belle des îles de la
Méditerranée; elle est traversée par une
chaîne de montagnes, dont la cime la plus
élevée, le Psiloriti, l'Ida des anciens, a
plus de 2,000 mètres de hauteur. Quoique
montueuse, elle est fertile, surtout en vins
excellents, en miel, en huile et en blé.
(La Crète,
civilisation fondée par les Caphtorims (Gen.
10:14), un peuple de géants, fut l'endroit
de l'ancien Continent d'Atlantide.
Nous
avons certains indices d'un ancien empire
d'une race de géants qui était situé sur un
vaste continent qui existait dans la
Méditerranée en ce temps. Selon Paul Ulrich
(Les Grands Énigmes des Trésors Perdus), cet
ancien empire fut fondée par une déesse dont
le nom égyptien est Neith, mais en Grec
Athéna. Celle-ci devint connue en Égypte
comme Isis, la femme d'Osiris; et en Inde
comme Sati, la femme de Shiva. Or selon les
recherches minutieuses de Hislop, les noms
de Athéna, Sati, et Isis, se rapportent
directement à Séminaris, la femme de Nemrod.
C'est ici que nous trouvons l'ancien
continent légendaire de l'Atlantide. Ceci
est confirmé d'avantage par le nom du
premier roi d'Atlantide qui fut Atlas, et
qui selon Hislop fut nul autre que Nemrod.
Ce continent perdu avait pour capitale la
ville de Poséidon qui fut une
matérialisation terrestre du Jardin d'Éden.
Dans les dialogues de Platon, "le Timée et
le Critias", la race qui occupait ce
continent fut considéré la meilleure et la
plus belle parmi les hommes. Il nous est dit
que Poséidon, le dieu de la mer ou Nemrod,
fortifia l'île et l'isola en cercle. Ainsi
Nemrod fut déifié comme Melkart, roi de la
cité fortifié, et devint le dieu des Tyriens.
Il embellit l'île d'Atlantide et fit jaillir
d'elle deux sources d'eaux, l'une chaude et
l'autre froide; et fit pousser sur la terre
des plantes nourricières de toute sorte. Il
engendra et éleva cinq générations d'enfants
mâles et jumeaux et divisa l'île d'Atlantide
en dix parties. Platon nous dit que les rois
avaient des richesses en telle abondance que
jamais sans doute avant eux nulle maison
royale n'en posséda de semblables et que
nulle n'en possédera aisément de telles à
l'avenir. Mais après la splendeur, la
décadence, nous dit Ulrich, citant 'Platon:
«Pendant de nombreuses générations, les rois
écoutèrent les lois et demeurèrent attachés
au principe divin auquel ils étaient
apparentés... mais quand l'élément divin
vint à diminuer en eux... ils tombèrent dans
l'indécence» et l'Atlantide sombra sous les
eaux du jugement de Dieu.)
— Voir: Actes 27:12-13,21.
Le promontoire de Salmone, Actes 27:7, était
à l'orient, vis à vis de Gnide. Les villes
principales étaient Gnossus (aujourd'hui
Énadieh), où se trouvait le fameux
labyrinthe: elle avait 30 stades de tour;
puis Lasée, Actes 27:8, qui n'est nulle part
citée par les anciens géographes; Phénix,
port au sud-ouest, Actes 27:12; Beaux-Ports,
qui porte maintenant encore le nom de
Limenes-Kali.
Les Crétois, bons archers du reste, avaient
une réputation incontestée de mensonge, de
perfidie, d'égoïsme, d'avarice et de
sensualité, de telle sorte que le verbe
crétiser s'appliquait presque également
à tous ces vices différents. Polybe,
Tite-Live, Pausanias, Ovide, Xénophon, tous
les auteurs de toutes les époques sont
d'accord là-dessus, et saint Paul cite ce
vers d'un de leurs propres poètes
(prophètes, Tit. 1, 12): «Les Crétois sont
toujours menteurs, de mauvaises bêtes, des
ventres paresseux.» Ce poète, au dire de
saint Jérôme, est Épiménide, qui vivait 600
ans avant l'ère chrétienne. Selon
Chrysostôme et d'autres, ce serait
Callimaque, qui dit, en effet: «Les Crétois
sont toujours menteurs.»; mais la citation
d'Épiménide est plus complète et plus
ancienne.
Saint Paul qui avait eu l'occasion de
visiter la Crète et d'y annoncer l'Évangile,
y laissa Tite son compagnon de voyage, Tite
1:5, afin qu'il achevât de régler les
affaires de l'Église, et qu'il établît des
anciens de ville en ville. L'épître de Paul
à cet apôtre est un document intéressant
pour l'histoire de ce pays.
CRISPE.
Principal de la synagogue de Corinthe, Actes 18:8. Il fut converti avec toute sa famille, presque seul entre les Juifs de cette ville, et fut lui-même l'instrument d'un grand nombre de conversions. Son histoire nous est du reste inconnue; on dit qu'il fut plus tard évêque de l'île d'Égine près d'Athènes.
CRISTAL,
substance transparente et bien connue, appartenant à la même famille que le quartz. Le mot grec de cristal, et le nom hébreu de Kérach, Ézéchiel 1:22, indiquent l'un et l'autre, par leur composition, l'analogie que les anciens trouvaient entre cette pierre des montagnes et la glace, à la fois froide, polie et transparente. Le cristal est mentionné dans l'Écriture en divers passages, où il peut se traduire également par glace, ainsi que l'ont fait nos versions, Psaumes 147:17; cf. encore Apocalypse 4:6; 22:1.
CROCODILE.
L'animal mentionné Lévitique
11:30, entre le hérisson et le lézard, porte
en hébreu le nom de koach. Ce n'est
pas le crocodile véritable, mais peut-être
une espèce de grand lézard
(un dinosaure), appelé par les
Septante crocodile de terre; il vit
également dans l'eau et sur la terre; ses
quatre jambes sont courtes et menues, ainsi
que sa queue; ses brillantes écailles,
dorées sur le dos, brunes sur les flancs,
argentées sous le ventre, sont petites et
bien arrangées; il se nourrit des plus
odorantes fleurs qu'il puisse trouver, ce
qui fait estimer extrêmement sa chair et
même ses intestins. On le trouve dans les
parages de l'Égypte et aux Indes.
— D'autres interprètes pensent que c'est le
mot hébreu choled, Lévitique 11:29,
qui signifie crocodile de terre: nos
versions le traduisent par belette.
— Quant au crocodile proprement dit, la
Bible l'appelle Léviathan;
— Voir: cet article.
CROIX, crucifixion.
Le supplice de la croix fut
chez les Romains, jusque sous le règne de
Constantin, l'infamante et cruelle peine des
condamnés à mort, des esclaves, des
criminels, des brigands, des émeutiers. Il
fut établi en Judée à l'époque de la
domination romaine, et, bien que Flavius
Josèphe en cite un exemple antérieur, il n'y
fut légalisé comme peine que dès ce moment.
Après avoir été d'abord fouettés
d'étrivières, Matthieu 27:26, ce que l'on
considérait comme plus dur et plus infamant
que les verges, les condamnés devaient
porter jusqu'au lieu du supplice la croix à
laquelle ils allaient être attachés,
Matthieu 27:32; Jean 19:17. Ce lieu était
ordinairement situé hors de la ville, et
près d'une route fréquentée: là on les
dépouillait de leurs vêtements, Matthieu
27:28; Jean 19:23-24, et après leur avoir
donné un breuvage enivrant, cf. Matthieu
27:34, on les élevait sur la croix où des
bourreaux armés de marteaux et de clous leur
perçaient les mains, et les attachaient: on
leur clouait aussi quelquefois les pieds,
quoique ce ne fût pas général, et tantôt
ensemble, tantôt séparément. Quelques
auteurs pensent que pour empêcher le corps
de s'affaisser sous sa pesanteur, on plaçait
une espèce de marche-pied sous les pieds du
patient, mais l'on ne voit aucune trace de
cet usage dans les descriptions que les plus
anciens auteurs nous ont données de la
croix; en revanche, ils nous parlent d'une
sorte de chevalet ou grosse cheville fichée
au milieu de la croix et sur laquelle le
malheureux se tenait comme à cheval.
— Cet affreux supplice était aussi long
qu'il était cruel; aucun organe important
n'était attaqué; le sang ne coulait pas avec
abondance, et la douleur partant des
extrémités ne devait parvenir au centre que
lentement, par degrés, mais toujours en
augmentant. On peut croire que la posture
peu naturelle et toujours la même du
crucifié n'était pas un de ses moindres
supplices; un sang enflammé se portant à la
tête et à la poitrine, et produisant de
vives douleurs et de vives angoisses,
l'excitation des muscles et des nerfs, puis
peu à peu le tétanos, voilà ce que l'on peut
supposer et dire sur un supplice que l'on ne
connaît plus maintenant que par ouï-dire;
mais en décrire l'horreur comme on la sent,
c'est impossible. Ce n'était ordinairement
qu'au troisième jour que le malheureux
expirait, et même on en a vu, doués d'une
forte constitution, surmonter les douleurs
de la croix, et ne mourir que de faim sur
l'instrument de leur supplice. Chez les
Juifs cependant, le supplice était abrégé
par les lois toujours humanisantes de cette
législation: le crucifié devait être
enseveli le soir même du jour où il avait
été pendu au bois, Deutéronome 21:23; c'est
à cause de cela, et pour hâter la mort des
condamnés, qu'on leur brisait les os avant
le coucher du soleil, Jean 19:31-32, cf.
Josué 8:29. Les anciens laissaient les
cadavres sur la croix, exposés aux appétits
des oiseaux de proie, et à toutes les
intempéries d'un climat qui ne tardait pas à
les décomposer et à en infecter l'air. Il
n'y a guère qu'un demi-siècle que le même
usage subsistait encore en Angleterre et
dans quelques parties de l'Allemagne, et
même afin que les parents ne vinssent pas
enlever les corps de leurs proches, on
plaçait des gardes autour de la croix. Les
Juifs, au contraire, soit dans un intérêt
hygiénique, soit surtout par respect pour la
dignité humaine, ensevelissaient
immédiatement leurs condamnés, Matthieu
27:60, mais ils ne leur accordaient le
privilège de reposer dans les sépulcres de
leurs familles, que lorsque leurs chairs
avaient été déjà consumées dans les
sépulcres publics; c'est pour épargner à
Jésus ce dernier déshonneur que Joseph
d'Arimathée demanda la permission de
l'ensevelir dans un sépulcre neuf de sa
possession.
La crucifixion était un supplice bien connu
des anciens; on en trouve des traces chez
les Égyptiens, Genèse 40:19, chez les
Perses, Esther 7:10; Esdras 6:11, et chez
les Juifs, Nombres 25:4; Josué 8:29; 2
Samuel 21:6. Les Grecs, les Carthaginois et
les Romains nous en fournissent aussi des
exemples nombreux. Flavius Josèphe raconte
qu'Alexandre roi des Juifs, ayant fait
crucifier huit cents de ses sujets rebelles,
ordonna, par surcroît de cruauté, que l'on
mît à mort au pied de leur croix, sous leurs
yeux, et pendant qu'ils respiraient encore,
leurs femmes et leurs enfants.
Il y avait des croix de différentes formes:
c'étaient toujours deux pièces de bois
croisées l'une sur l'autre, mais quelquefois
comme un X, quelquefois comme un T, le plus
fréquemment dans la forme la plus connue,
celle que l'on donne aux crucifix et que
l'on trouve sur presque toutes les gravures
†. C'est cette dernière forme que les
anciens monuments et les médailles du temps
de Constantin donnent à la croix sur
laquelle fut glorifié le Sauveur des hommes.
Saint Jérôme la compare à un oiseau qui
vole, à un homme qui nage ou qui prie ayant
les mains étendues horizontalement. Outre le
tronc et les bras, elle avait donc une pièce
qui était le prolongement du tronc, et qui
s'élevait derrière la tête du crucifié;
c'est à cette pièce que fut attaché
l'écriteau de Pilate: «Jésus, de Nazareth,
roi des Juifs.» La croix avait, dit-on, 15
pieds de hauteur, et 7 ou 8 d'envergure;
mais l'on n'en sait rien.
Voici maintenant quelques petites fables qui
ont été inventées par une partie de l'église
romaine, et qui sont désavouées par l'autre.
Seth, le troisième fils d'Adam, ayant obtenu
de l'ange qui gardait le paradis terrestre
trois graines de l'arbre de vie, les planta
sur le tombeau de son père; il en sortit
trois petites verges qui se joignirent,
s'élevèrent en arbre, survécurent au déluge,
furent abattues sous le règne de Salomon, et
firent une poutre dans la maison du Liban.
La reine de Séba y étant entrée, remarqua
cette poutre, et annonça qu'elle servirait
au supplice d'un homme qui détruirait le
royaume d'Israël. Pour détourner l'oracle,
Salomon fit enterrer cette poutre à
l'endroit du lavoir de Béthesda (au lieu de
la brûler!) Elle y fut découverte, quelque
temps avant la passion du Sauveur, et servit
à faire la croix.
Autre fable. On dit qu'elle était faite de
quatre bois différents, de cyprès, de cèdre,
d'olivier et de buis; selon saint Bernard,
les bras en étaient de palmier, le cyprès en
formait la base, le cèdre la hauteur, et
l'olivier le chapiteau.
— D'autres disent tout simplement qu'elle
était de chêne.
Autres fables et fraudes pieuses. On dit que
sainte Hélène, mère de Constantin, trouva la
vraie croix et en envoya une partie en
présent à son fils, qui la mit à
Constantinople sur une colonne de porphyre;
l'autre partie, elle la renferma dans un
étui d'argent, et la donna en garde à
l'évêque de Jérusalem. «Or, avisons d'autre
part, ajoute Calvin, combien il y en a de
pièces par tout le monde. Si je voulais
réciter seulement ce que j'en pourrais dire,
il y aurait un rôle pour remplir un livre
entier. Il n'y a si petite ville où il n'y
en ait, non seulement en église cathédrale,
mais en quelques paroisses. Pareillement il
n'y a si méchante abbaye où l'on n'en
montre. Et en quelques lieux, il y en a de
bien gros éclats: comme à la Sainte Chapelle
de Paris, et à Poitiers et à Rome, où il y a
un crucifix assez grand qui en est fait,
comme l'on dit. Bref, si on voulait ramasser
tout ce qui s'en est trouvé, il y en aurait
la charge d'un bon gros bateau. L'Évangile
testifie que la croix pouvait être portée
d'un homme; quelle audace donc a-ce été de
remplir la terre de pièces de bois en telle
quantité, que trois cents hommes ne les
sauraient porter! Et de fait, ils ont forgé
cette excuse que, quelque chose qu'on en
coupe, jamais elle n'en décroît. Mais c'est
une bourde si sotte et lourde, que même les
superstitieux la connaissent.»
— Quant à l'écriteau, on le montre à Rome et
à Toulouse.
Tout chrétien doit être affligé de voir
ainsi profaner le sang de l'alliance, et
faire un pareil trafic de choses saintes. On
a tout voulu convertir en musée, en
curiosités, en marchandises, et devant la
croix on fait oublier aux pécheurs le salut
de la croix; la lettre tue l'esprit, et l'on
ensevelit la pensée sous la forme. Nous ne
blâmerons point ici la profusion des croix
que l'on trouve dans les pays catholiques à
tous les embranchements de routes, sur tant
de maisons, dans tant de chambres: nous nous
rappelons même avec émotion l'effet que
produisit sur nous, il y a quelques années,
la vue d'une croix que nous trouvâmes au
bord d'un chemin, dans le voisinage
d'Orléans, et sur laquelle étaient écrites
ces paroles, pauvres de poésie, mais riches
de sens et de piété:
Passant, devant la croix de ton Sauveur,
Pense qu'il est mort pour toi, pécheur.
Nous reconnaissons que plus d'une fois,
assistant à de malheureuses messes et à de
malheureux prônes, gémissant sur l'idolâtrie
des prêtres aveugles que nous entendions, et
des brebis égarées qui s'agenouillaient à
certains signaux, nous nous consolions en
regardant une croix qui s'élevait sur
l'autel, et qui semblait protester contre
tout cet appareil de superstitions et de
séductions. C'est avec une double sympathie,
mais avec les mêmes restrictions, que nous
nous associons à ces paroles d'un théologien
de la langue française: «Aussi longtemps que
nous ne pouvons, chrétiens plus éclairés,
pénétrer jusque dans le dernier hameau et
dans la dernière chaumière des contrées qui
professent la foi, pour y prêcher l'Évangile
en esprit et en vérité, bénissons Dieu de ce
qu'il s'y trouve encore quelques hommes qui
appliquent sur la bouche de chaque mourant
un crucifix... Si, pour plusieurs, des
cérémonies de ce genre ne sont que des
amulettes, également ces peuples en auraient
eu d'autres, et d'autres plus mauvaises; et
pour plusieurs, aussi, ce sera la
prédication de la vie.» (A. Bost, Recherches
sur la constitution, et sur les formes de
l'Église chrétienne, p. 85)
— Mais il n'en reste pas moins vrai que ces
croix sont, avec les autres symboles et
reliques de l'Église de Rome, le pis dans le
bien; que partout où l'on peut avoir mieux
elles sont un piège et un mal; qu'elles
tendent à ramener Christ sur la terre, et à
ôter à la vérité sa vie et son esprit;
qu'elles matérialisent la religion pure de
la nouvelle alliance; qu'elles paralysent
les efforts vers la sainteté; qu'elles
entravent les progrès de l'Esprit; qu'elles
retiennent les fidèles dans l'enfance, et
que souvent elles les repoussent dans les
ténèbres de l'ignorance et de la
superstition.
Comme le chrétien doit suivre sur la terre
les traces de son divin modèle, Jésus dit
souvent que celui qui veut être son disciple
doit porter sa croix après lui, Matthieu
10:38; paroles qui sont expliquées ailleurs
par celles-ci, que tous ceux qui voudront
vivre selon la piété souffriront
persécution, 2 Timothée 3:12. Saint Paul
nous dit encore qu'il est crucifié avec
Christ, Galates 2:20; qu'il ne se glorifie
qu'en la croix du Seigneur, par laquelle le
monde lui est crucifié, et lui au monde,
6:14; que ceux qui sont au Christ ont
crucifié la chair avec ses affections et ses
convoitises, 5:24; que le vieil homme a été
crucifié avec Christ, afin que le corps du
péché soit détruit, Romains 6:6.
CUB,
Ézéchiel 30:5, contrée méridionale, nommée à côté de l'Égypte et du pays de Cus; c'est peut-être la ville de Coba dans la Mauritanie, ou Cobie dans la Maréotide, ou Cobé en Éthiopie, à moins que l'on ne veuille lire Nub, auquel cas ce serait la Nubie (favorisé par la traduction arabe), ou Lud, qui serait la Lydie (une supposition de Hitzig.)
CUISINE.
La cuisine orientale, quelque
bizarre qu'elle nous paraisse quelquefois,
n'est pas essentiellement différente de la
nôtre. Nous en reparlerons aux articles de
détail. Quant à la manière de cuire les
mets, voici pourtant quelques traits
particuliers: au lieu de poêle et de
fourneaux, on se contente le plus souvent
d'un simple trou pratiqué dans la terre, que
l'on remplit de bois et de fumier sec et
très combustible,
— Voir: Chameau.
Au lieu de beurre ou de graisse, on se
servait d'huile chez les Hébreux, en vertu
de cette loi générale qui tendait à
naturaliser l'agriculture et à en rendre les
produits nécessaires aux habitants de la
Palestine. On peut remarquer aussi l'usage,
passablement oriental, de faire cuire le
lait et autres substances liquides, en
jetant simplement dans le vase une pierre
rougie au feu. Parmi les ustensiles
employés, on remarque le chaudron ou
chaudière, Ézéchiel 11:3,7; Ecclésiaste 7:6
(traduit «potées de chair» Exode 16:3); le
pot, Juges 6:19; une autre espèce de
chaudière, Ézéchiel 24:6, plus ronde et plus
vaste; une autre encore, Michée 3:3; la
marmite, 1 Samuel 2:14, et la fourchette
(ibid) pour servir la viande.
CUISSE.
On trouve dans la Genèse, 24:2;
47:29, le serment des anciens patriarches
exprimé sous une forme qui doit nous
paraître d'autant plus singulière, que dès
lors on n'a plus d'exemples d'une semblable
cérémonie. C'est Abraham qui, envoyant le
plus ancien de ses serviteurs chercher une
femme pour son fils, lui dit: Mets ta main
sous ma cuisse, et jure-moi, par l'Éternel,
que tu ne prendras point de femme pour mon
fils d'entre les filles des Cananéens, etc.;
puis Jacob, à son lit de mort, demande à
Joseph, avec le même serment, de ne point
permettre que ses os reposent en Égypte,
mais de le transporter dans les sépulcres de
ses pères. On ignore la signification de cet
acte; les uns y voient une allusion à la
circoncision, les autres croient qu'Abraham
et Jacob ont voulu faire jurer par le Messie
qui devait, selon le langage des Juifs,
sortir de la cuisse des patriarches;
peut-être était-ce un symbole destiné à
rappeler la qualité de père au fils qui
plaçait sa main sous la hanche dont il était
sorti. L'historien Flavius Josèphe dit que
cette pratique se faisait encore de son
temps.
Les Juifs portaient l'épée sur la cuisse,
Psaumes 45:3; Cantique 3:8, et du côté
gauche, comme on le voit par l'exception
mentionnée Juges 3:16.
Frapper sur la cuisse, était le signe
naturel de l'étonnement ou de la douleur,
Jérémie 31:19; Ézéchiel 21:17. Dans le livre
des Juges, 15:8, il est dit que Samson
battit les Philistins «la jambe sur la
cuisse», expression proverbiale que nos
versions ont rendue par «entièrement»: le
sens littéral est peut-être qu'il les mit en
pièces tellement, qu'on trouvait tous leurs
membres pêle-mêle; mais l'idée du proverbe
est la même que celle de l'expression
française «il leur coupa bras et jambes»,
soit que l'on doive entendre le carnage
qu'en fit le vengeur d'Israël, soit que ces
mots signifient seulement que les Philistins
furent épouvantés, surpris, et comme
interdits de la violence et de la force
prodigieuse de leur vainqueur.
CUIVRE,
— Voir: Airain.
CULTE.
Le culte qui dans son
expression la plus simple est l'adoration
que l'homme rend à la Divinité, prend une
acception plus large et plus étendue à
mesure que l'homme s'élève lui-même
davantage; et depuis la religion naturelle
jusqu'à la religion chrétienne, en passant
par le monothéisme juif, on peut voir se
développer l'idée du culte au point que ce
mot finit par désigner presque tous les
rapports de l'homme avec Dieu, son
adoration, ses prières, la constitution
extérieure de son Église, et jusqu'à la foi
qu'il professe, jusqu'à la manière dont il
conçoit des vérités révélées.
Il n'est que deux cultes successivement
reconnus par l'Écriture sainte, le culte
préparatoire du judaïsme, et le culte
spirituel du chef de l'Église: le premier
était ordonné dans tous ses détails, le
second abandonné à l'âme pieuse du fidèle
converti, et guidé par les directions de
l'Écriture et du Saint-Esprit; dans le
premier la forme dominait, dans le second
l'idée et l'amour; le premier était un
pédagogue pour l'homme irrégénéré, le second
est la conversation du chrétien avec Dieu:
dans l'un et dans l'autre on voit le même
homme et le même Dieu, mais dans le culte
ancien l'homme est séparé de Dieu, dans
l'alliance nouvelle Dieu et l'homme sont
réconciliés. Ces deux cultes sont divins
dans leur institution, et l'Écriture appelle
tout autre culte un culte étranger, sous
quelque forme que se présente l'idolâtrie,
et quels que soient les objets auxquels elle
se rapporte.
Le chef de l'ancienne Alliance, Abraham, fut
choisi de Dieu pour être le dépositaire
privilégié des vérités éternelles: c'est en
lui que fut incarnée, pour ainsi dire, la
doctrine de l'unité de Dieu, du monothéisme;
une portion seulement de sa famille et de sa
descendance fut appelée à jouir des mêmes
grâces, tandis que nous voyons clairement
l'idolâtrie régner dans les autres branches,
Genèse 31:19,30; 35:2; Josué 24:2,14. Le
culte des patriarches était aussi simple que
possible, et consistait presque
exclusivement dans la prière, Genèse 24:63,
et dans les sacrifices. Il n'y avait pas de
lieu spécialement destiné au culte, et le
croyant pouvait prier et offrir ses victimes
partout où il se sentait disposé à le faire,
quoique l'on choisît préférablement, soit
des hauteurs solitaires où l'on pensait
pouvoir communiquer plus directement avec
Dieu, Genèse 22:2; 31:54, soit des lieux où
la Divinité s'était manifestée visiblement à
quelqu'un des membres de la famille; on y
élevait alors un autel hâtivement et
simplement travaillé, Genèse 12:7-8; 13:4;
26:25; 46:1, ou même une simple pierre que
l'on consacrait par des libations d'huile,
28:18; 35:14. Quelquefois c'était un
bosquet, ou la réunion de quelques arbres,
qui servait de temple à ces premiers
croyants, Genèse 13:18; 21:33: nous voyons
même Isaac sortir et se rendre dans les
champs pour prier, 24:63. Il ne paraît nulle
part que ni l'une ni l'autre de ces deux
formes du culte eussent été prescrites aux
patriarches: la prière sortait de leur cœur
comme un besoin bien naturel, ou comme
l'expression de leur reconnaissance; les
sacrifices étaient comme une prophétie
intérieure, comme le pressentiment, vague
mais réel, du sacrifice qui devait un jour
les réconcilier entièrement avec Dieu; il y
avait plus de foi que d'intelligence dans la
pratique de cette cérémonie, et si les
patriarches ne s'avouaient pas à eux-mêmes
les idées de condamnation et d'expiation,
c'est qu'ils étaient encore des enfants dans
la foi, peu formés, peu susceptibles de
recevoir et de supporter des doctrines plus
avancées, plus profondes, plus mystérieuses;
mais comme des enfants ils aimaient leur
Père céleste et lui offraient les dons que
leur cœur leur inspirait. C'est là ce que
l'apôtre entend quand il dit en parlant des
anciens, Hébreux 11:13: «Ils ont vu ces
choses de loin, ils les ont crues, ils les
ont saluées.» À cette époque il n'y avait
point encore de clergé; le chef de la
famille en était aussi le pontife: la seule
exception qui semble contredire ce fait,
c'est l'exemple de Melchisédec, q.v.
Puis, par une suite de dispensations
célestes, et qui avaient sans doute pour but
de préparer les enfants d'Abraham, d'Isaac
et de Jacob, à porter plus facilement le
joug de l'Éternel, nous voyons cette famille
toute entière transportée en Égypte, et
subissant là le pesant et cruel joug des
Pharaons: c'est bien la postérité d'Abraham,
mais on cherche la religion d'Abraham, et
sauf de rares exceptions l'on n'en trouve
plus les traces: les esclaves sont livrés à
la sensualité; ce qu'ils aiment avant tout
ce sont leurs concombres, leurs aulx, leurs
oignons, leurs marmites de viande: ce qu'ils
adorent c'est la nature, ce sont les dieux
de leurs maîtres, un veau d'or et d'autres
divinités diaboliques, Exode 32, Lévitique
17:7; Nombres 25:2; Amos 5:25-26. Ils ont
changé la gloire de Dieu, dit le Psalmiste,
106:20, en la figure d'un bœuf qui foule le
grain.
— Mais cette idolâtrie ne pouvait durer plus
longtemps, Dieu ne pouvait oublier ses
promesses: après le retour des ténèbres
devait venir le retour de la lumière: le
culte spirituel et libre des patriarches
n'ayant pas suffi aux Israélites charnels,
un culte de cérémonies et de formes allait
succéder, revêtu d'une majesté foudroyante;
des menaces allaient se joindre aux
promesses; le premier anneau de cette
alliance allait être pour les Israélites la
délivrance de la servitude; en échange de
cette délivrance ils promettraient de se
soumettre à la loi divine. Toutefois, pour
le peuple de Dieu, ce changement extérieur
de culte devait amener une constitution plus
sévère, au lieu de l'ange de l'Éternel,
c'était Moïse, qui serait le chef du peuple,
et comme l'intermédiaire entre eux et le
ciel.
Ce nouvel ordre de choses a pour base le
monothéisme et le culte de Jéhovah, seul
légal, et ordonné par la Loi. Des cérémonies
nombreuses sont établies; elles enlacent le
peuple dans un long réseau de symboles qui
s'emparent de tous les détails de sa vie
publique et particulière, et l'instruisent
malgré lui en lui communiquant et en le
forçant à recevoir des idées et des
impressions nouvelles. Leur Dieu est en même
temps leur roi; c'est le même qui leur donne
à la fois des lois spirituelles et des lois
matérielles, les lois du culte et les lois
de la vie civile, les lois saintes et les
lois sanitaires, les lois pour le ciel et
les lois pour la terre: il n'y a pas deux
consciences, pas deux morales, pas deux
règles de conduite: il n'y pas les péchés
connus de Dieu seul, et ceux qui ne relèvent
que de la justice humaine. Tout ce qui est
délit sera découvert et puni. Des directions
positives, et négatives, des vœux, des
offrandes, des sacrifices, des ablutions,
des jeunes, des fêtes, entrent dans la
composition du nouveau culte, et doivent,
tout ensemble, humilier et sanctifier les
Israélites: une pureté légale est établie,
exigée, sans laquelle aucun acte du culte ne
saurait être admis; la circoncision
appartient à l'ensemble de ces règles, et
les domine; elle signifie le retranchement
du mal, et rappelle aux Juifs la sainteté de
leur vocation. Les solennités religieuses
sont en même temps des fêtes nationales,
servant à fondre toujours plus en un seul
peuple les douze familles. Une caste de
prêtres appartenant à la famille de Lévi
sert d'intermédiaire entre le peuple et
Dieu. Un seul sanctuaire est établi au
centre du pays, Deutéronome 12:5, pour
proclamer l'unité divine et protester contre
le polythéisme païen; c'est là seulement
qu'on pouvait adorer et sacrifier: les
besoins religieux ne pouvaient pas être
facilement satisfaits; c'était une lacune,
semble-t-il, et d'autant plus grande que le
culte intérieur était dépassé par le culte
extérieur, et comme assujetti à des formes
matérielles: mais cette unité, cette
centralisation, outre son importance pour le
dogme, avait encore l'avantage d'exciter les
besoins religieux, et de rendre les
impressions de l'âme plus profondes et plus
durables, lorsque trois fois par année les
Israélites se rendaient régulièrement à la
ville sainte pour y jouir de la présence
invisible de leur Dieu. D'ailleurs la
spiritualité de ce culte, celle surtout de
ce Dieu qui ne devait résider nulle part
corporellement, dont il était défendu de
faire des représentations matérielles,
peintes ou taillées, que d'ailleurs il était
impossible de faire, son invisibilité qui
semblait consacrer sa toute-présence,
étaient de réelles compensations pour les
âmes fidèles qui auraient pu regretter
l'institution d'un seul autel, d'un seul
tabernacle, d'un seul temple. Ceux qui
cherchaient Dieu sincèrement savaient qu'ils
pouvaient le trouver partout, et rien à cet
égard ne pouvait plus leur manquer. Pour les
autres, le centre religieux était un appel,
une prédication.
Les frais du culte, le grand nombre des
victimes, et l'entretien d'une nombreuse
catégorie de prêtres et de lévites,
n'étaient point aussi onéreux qu'on pourrait
le croire au premier abord: il faut
réfléchir en effet, et se transporter dans
ce pays agricole, à cette époque, chez ce
peuple. Sauf une très légère contribution en
argent, Exode 30:13, tout l'ensemble des
offrandes se composait des produits de la
terre ou des troupeaux, et l'on sait que ce
genre d'impôt est celui qui se perçoit le
plus facilement chez tous les peuples. On
pourrait presque dire des Lévites qu'ils ne
recevaient point de traitement fixe, mais
qu'ils étaient nourris par les personnes
qu'ils visitaient, et à la table desquelles
ils s'asseyaient comme des amis de la
maison: ce n'était évidemment pas une charge
publique, chacun s'estimait heureux et
honoré de recevoir ces messagers bénis,
personne n'eût voulu spéculer sous ce
rapport, ni refuser d'échanger une faible
partie de ses aliments journaliers contre
les bienfaits religieux que ces hommes
apportaient. On ne voit nulle part de
plaintes à cet égard. Quant aux offrandes du
temple, on peut dire à peu près la même
chose: quelques victimes succombaient chaque
jour, mais réparties sur un peuple riche en
troupeaux, elles n'étaient guère remarquées,
guère senties: et si parfois, bien rarement,
nous voyons ce nombre devenir considérable,
p. ex. 2 Chroniques 35:7-9, c'étaient des
exceptions motivées, et qui par là même
permettaient d'exiger du peuple des
sacrifices plus grands qu'à l'ordinaire.
On est indécis sur la question de savoir
s'il y avait dans le culte juif une partie
correspondante à ce que nous appelons la
prédication; aucun texte bien précis ne le
dit positivement; d'un autre côté les
visites journalières de lévites, et les
réunions des Israélites pour les solennités,
semblent indiquer assez qu'il y avait des
exhortations et des instructions, soit
particulières, soit générales: et les
derniers chapitres du Deutéronome ne sont
pas autre chose qu'une puissante et
magnifique prédication.
Mais une lacune que l'on remarque avec
étonnement dans toute l'institution du culte
mosaïque, c'est l'absence de préceptes
relatifs à la prière (— Voir: cet
article). Nulle part elle n'est prescrite,
lorsque tant d'autres formes sont si
minutieuse-détaillées; il n'en est pas dit
un mot, pas une allusion n'y ramène. C'est
que précisément la prière n'est pas une
forme; et sans doute que dans cette économie
toute préparatoire, matérielle, et l'on peut
dire presque mécanique, Dieu ne voulait pas
risquer de confondre dans l'esprit des
Israélites ce qu'il y a de plus intérieur et
de plus sacré avec ce qui n'est
qu'observances légales. Le réformateur
Mahomet a pu faire cela; au milieu de toutes
les cérémonies et prescriptions de son
culte, il a pu dire aussi: vous prierez
trois fois le jour en vous tournant du côté
de la Mecque; ce n'était pour lui qu'un
anneau dans la chaîne qu'il imposait à ses
sectateurs. Jéhova ne l'a pas fait; les
prières eussent été un piège pour ceux qui
n'en auraient pas compris la nature; pour
les autres il était superflu de les
ordonner; de l'abondance du cœur la bouche
parle, et nous voyons par un grand nombre
d'exemples que les fidèles savaient à qui
s'adresser, et comment ils devaient le faire
dans le besoin, dans la détresse, dans la
reconnaissance.
Du reste, il faut le dire, le culte tel
qu'il fut institué par Moise, ne fut presque
jamais observé dans son intégrité:
l'histoire juive nous montre dans chaque
période de nombreuses déviations, plus ou
moins grandes, mais provenant toutes de
l'immoralité, de la sensualité, qui semble
avoir distingué particulièrement le peuple
juif, et qui trouvait encore à s'alimenter
dans le voisinage de certaines peuplades
environnantes, ou par le contact avec le
reste de ces nations que les Hébreux avaient
épargnées, malgré l'ordre positif de leur
Dieu. Cette immoralité même était peut-être,
chez plusieurs, entretenue par le culte
mosaïque, où le cérémonial semblait
l'emporter sur le fond de la religion, et
les observances remplacer la moralité,
expier les désordres de la vie. Les
prophètes combattirent toujours ce penchant
à la fois incrédule et pervers. Après
l'exil, différentes sectes se formèrent.
Pendant que la grande masse du peuple
s'attachait de plus en plus à la lettre,
inventant chaque jour de nouvelles minuties,
et qu'une certaine classe d'hommes,
soi-disant éclairés ou esprits forts,
cherchaient à allier la philosophie à la
religion, en retranchant de la religion tout
ce qui ne pouvait être compris de leur
pauvre intelligence, un petit nombre
d'hommes vraiment pieux cherchaient à
maintenir l'esprit du véritable culte divin,
s'adonnant à la pratique des bonnes œuvres,
de la pureté et de l'humilité; on les
nommait Esséens. Quelques siècles après que
ces sectes eurent pris naissance dans le
sein du peuple qui devait être un dans son
culte, on vit naître dans un petit village
de Juda, celui qui devait ramener l'unité
sur la terre, mais une unité de cœur et
d'esprit, reposant non plus sur le même
culte ou sur les mêmes cérémonies, mais sur
la même, foi, sur des espérances communes.
C'est aussi pour le culte une ère
entièrement nouvelle, parce que le culte est
le reflet de la doctrine et des dispositions
intérieures; mais on ne peut plus le décrire
comme on a décrit le culte ancien; c'est
quelque chose de moins tranché dans les
formes, de plus vague, de plus libre. Le
jeûne est maintenu comme bon, la confession
mutuelle des péchés est introduite, le
dévouement au règne de Dieu, les visites des
malades, des pauvres, des prisonniers, sont
recommandées; le chant, la conférence des
Écritures, la prière sont appelés à jouer un
rôle plus capital et plus régulier dans le
service divin; mais l'observation des jours
et des nouvelles lunes, les pratiques
extérieures sont abolies: à la circoncision
le baptême est substitué, mais avec une idée
plus large et plus spirituelle; à la Pâque
succède un repas fraternel également
commémoratif, mais rappelant un salut plus
cher, plus grand, éternel. Il n'y a plus de
castes sacerdotales; tout fidèle est prêtre,
chacun appartient à la sacrificature royale:
plus de centralisation dans le lieu du
culte; les pères ont adoré à Jérusalem, le
moment est venu où les vrais adorateurs
adoreront le Père en esprit et en vérité,
partout où ils se rencontreront: il n'y a
plus d'Église visible, mais une Église
invisible, et des réunions visibles dans
lesquelles le bon et le mauvais grain seront
plus ou moins mélangés: à cette Église
aucune forme n'est imposée, aux Églises de
détail aucune forme non plus. Partout éclate
la vie, et la vie seule a droit de régner
désormais sur les hommes: on ne leur
imposera plus de lourds fardeaux, et si des
séducteurs sont venus ordonner le célibat et
l'abstinence des viandes, l'Esprit les
appelle expressément des révoltés de la foi,
adonnés aux doctrines des démons, 1 Timothée
4:1.
CUMIN,
sorte de plante ombellifère,
qui a quelque analogie avec le fenouil, mais
un peu plus petite; sa graine a une saveur
et une odeur très forte et passablement
amère; les anciens s'en servaient en guise
d'épices pour assaisonner leurs mets. On
trouve le cumin en Syrie, dans l'Asie
mineure et en Égypte. Ésaïe 28:25,27, dit
qu'on le sème dans un terrain bien nivelé,
et que lorsqu'il est mûr on ne se sert pas
de la herse ou de la roue du chariot pour en
recueillir la graine, mais qu'on emploie des
moyens plus doux et qu'on l'abat avec le
bâton: le Seigneur de même réserve aux plus
grands pécheurs les plus grands châtiments,
et ne brise point le roseau cassé.
— Le sens de Matthieu 23:23, est facile à
comprendre: «Malheur à vous, Pharisiens
hypocrites, vous observez scrupuleusement
les ordonnances dont l'exécution ne vous
coûte que peu de chose, vous payez la dîme
de ces petites plantes qui croissent dans
vos jardins et dans vos prairies, et vous
négligez les choses plus importantes de la
loi.»
CUN.
1 Chroniques 18:8, ville phénicienne, appelée Berothaï dans le passage parallèle, 2 Samuel 8:8.
CUS,
-
Genèse 10:6-8, fils aîné de Cam et père de Nimrod. Il a donné son nom à une contrée qui est citée fréquemment dans l'Écriture, même avec quelques détails assez précis, et sur la situation exacte de laquelle il règne cependant encore, chez les interprètes, bien des incertitudes. L'Écriture semble donner à ce nom une signification tantôt plus étendue, tantôt plus restreinte, mais toujours avec l'idée générale que les Cusites sont des peuples de couleur, habitant vers le Sud. La traduction ordinaire est l'Éthiopie: elle est exacte si l'on veut donner au mot Éthiopie le même sens que lui donnaient déjà les anciens. Un Éthiopien signifie, dans son étymologie grecque, un homme brûlé par le soleil. Avant que le nom grec eût prévalu, et même longtemps après, au temps de Flavius Josèphe, les Éthiopiens portaient le nom de Cuséens, nom que l'on retrouve encore chez quelques auteurs syriens du cinquième siècle. Dans son sens le plus restreint, le pays de Cus comprenait donc ce qu'on pourrait appeler l'ancienne Éthiopie, savoir toute la contrée située entre la haute Égypte, depuis Syène jusqu'à l'entrée de la mer Rouge dans l'Océan indien, la Nubie, l'Abyssinie et le royaume d'Adel. C'est le sens qu'il faut donner au mot Cus, Ésaïe 18:1: «Malheur au pays qui fait ombre des deux côtés (entre les tropiques), qui est au-delà des fleuves de Cus!» De même, 2 Rois 19:9, le royaume de Tirhaca ne peut être Cus que dans le sens moins étendu, cf. encore Daniel 11:43. Ézéchiel 29:10. Dans son acception plus générale Cus, ou l'Éthiopie, comprend toute la partie sud et sud-est de l'ancien monde, et a pu s'appliquer à plusieurs de ces contrées en particulier, Genèse 2:13; Nombres 12:1; Psaumes 87:4; 2 Chroniques 14:9; Jérémie 13:23. Cus est appelé Cusan, Habacuc 3:7. Dans le passage de la Genèse, nous voyons un des quatre fleuves du paradis tournoyer par tout le pays de Cus; évidemment ce ne peut être en Afrique; nous verrons ailleurs quel était ce fleuve, et comment le nom de Cus se rapporte aux contrées situées au sud-est de la mer Caspienne et de l'Asie.
— Nombres 12:1. Séphora, la femme de Moïse, originaire de Madian en Arabie, est appelée Cusite ou Éthiopienne par Moïse lui-même, cf. Habacuc 3:7. En suivant la marche de la postérité de Cus, on la verra se répandre en rayonnant depuis l'Indu-Cus sur toutes les vallées et les hauteurs de la Chine, sur les deux presqu'îles de l'Inde, et jusqu'aux îles de l'Océan pacifique.
— Il est à remarquer que les auteurs profanes ont, aussi bien que la Bible, distingué deux classes de Cusites ou d'Éthiopiens: «Ils demeurent séparément, dit Homère (Odys. 1, 23), aux frontières les plus éloignées, les uns au couchant, les autres à l'orient.»
— Voir: encore Hérodote 1, 201; 4, 11.
— Si donc nous voulions établir cette grande famille sur une carte géographique, nous lui donnerions toutes les contrées comprises entre l'Abyssinie, l'Arabie, la Perse méridionale, les monts Thibet, l'Himalaya, et le Yantsé-Kiang pour frontière nord, et l'Océan pour frontière sud, en laissant ici et là quelques districts plus ou moins grands, qui furent occupés par d'autres branches des descendants de Noé. (— Voir: les articles spéciaux, et en particulier Éthiopie).
-
On trouve encore dans l'épigraphe du Psaumes 7; le nom d'un homme appelé Cus, et qui a donné beaucoup à faire aux interprètes. Qui est ce Cus, benjamite, ce violent persécuteur du roi David, ce fléau dont il demande d'être délivré? Les uns ont pensé à Simhi, 2 Samuel 19:16, qui est appelé, 16:11, fils de Jémini, en hébreu benyemini, et dont on a cru qu'il était Benjamite à cause de cela. D'autres ont pensé à Saül, mais on ne sait pas pourquoi il serait appelé Cus; d'autres enfin, rapportant également ce psaume à l'époque des persécutions de Saül, entendent par Cus un individu inconnu, peut-être un parent de Saül.
CUSAÏ,
2 Samuel 15:32, éphraïmite, de
la ville d'Arki, dont l'histoire offre un
épisode politique bien rafraîchissant au
milieu des guerres civiles qui
ensanglantèrent une partie du règne de
David. Fidèle sujet de son roi, Cusaï vint
pendant les troubles de la conjuration
d'Absalon, se prosterner devant David, en
lui exprimant la vive douleur que lui
causait la révolte de son fils, la désertion
de ses braves, l'abandon du lâche et
ambitieux, mais habile Achithophel: en même
temps, il fait à son roi ses offres de
service, et se déclare prêt à le suivre
partout. Mais David qui redoute plus encore
les perfides conseils d'Achithophel que ses
troupes désertées, renvoie Cusaï à
Jérusalem, lui enjoint d'affecter un grand
attachement à la cause d'Absalon, d'offrir à
ce rebelle ses services, de chercher à
gagner sa confiance pour obtenir une part
dans ses conseils, et d'user ensuite de son
influence, soit pour déjouer les plans
d'Achithophel, soit pour faire connaître à
David, par le moyen des sacrificateurs
Tsadok et Abiathar, les résolutions
auxquelles on se serait arrêté.
— Cusaï qui ne craint pas de se mesurer avec
le vieux conseiller, obéit; il se rend à
Jérusalem et crie vive Absalon! Le jeune
rebelle qui connaît l'affection de Cusaï
pour son père, s'étonne d'abord; mais les
succès qu'il a déjà obtenus l'aveuglent, et
le disposent à croire à de nouveaux succès,
à de nouvelles conquêtes; chaque jour, il
voit grossir les rangs de son armée, et
Cusaï n'a pas de peine à le persuader que
lui aussi se range à la bonne cause,
acceptant pour maître celui que Dieu a
désigné, que le peuple a choisi, et qui
d'ailleurs appartient à la famille royale, à
la dynastie reconnue. Un premier conseil
d'Achithophel relativement aux femmes de
David, passe sans contestation, soit que
Cusaï n'ait pas été consulté, soit qu'il ait
cru devoir, dans l'intérêt même de son roi,
se joindre à une mesure dont le résultat
était de rendre toute réconciliation
impossible. Achithophel propose ensuite à
Absalon, de fondre immédiatement avec 12,000
hommes sur la petite troupe de David, encore
faible en nombre, fatiguée, et sans doute
facile à intimider. Mais un autre conseil
intervient: c'est Cusaï qui parle: «Le
conseil qu'Achithophel t'a donné maintenant,
dit-il, n'est pas bon. Tu connais ton père
et ses gens, que ce sont des gens forts, et
qui ont le cœur outré, comme une ourse des
champs à qui l'on a pris ses petits: et ton
père est un homme de guerre, qui ne passera
point la nuit avec le peuple. Voici il est
maintenant caché dans quelque fosse ou dans
quelque autre lieu; s'il arrive qu'au
commencement on soit battu par eux,
quiconque en entendra parler, l'ayant su,
dira: Le peuple qui suit Absalon a été
défait. Alors le plus vaillant, celui-là
même qui avait le cœur comme un lion, se
fondra;... mais je suis d'avis qu'en
diligence on assemble vers toi tout Israël
depuis Dan jusqu'à Béer-Sébah, lequel sera
en grand nombre comme le sable qui est sur
le bord de la mer, et que toi même en
personne marches en bataille. Alors nous
viendrons à lui en quelque lieu que nous le
trouvions, et nous nous jetterons sur lui,
comme la rosée tombe sur la terre, et il ne
lui restera aucun de tous les hommes qui
sont avec lui. Que s'il se retire en quelque
ville, tout Israël portera des cordes vers
cette ville-là, et nous la traînerons jusque
dans le torrent, en sorte qu'il ne s'en
trouvera plus même une petite pierre.»
— Cet avis prévalut; Absalon et les siens le
préférèrent à celui du vieux ministre. David
fut averti par les sacrificateurs. Le
conseil de Cusaï amena et devait amener la
défaite d'Absalon. Une insurrection ne peut
triompher que par l'audace et la
promptitude. Laisser aux esprits troublés le
temps de réfléchir, à un roi comme David le
loisir de rassembler les adhérents nombreux
que son règne lui avait faits, c'était tout
perdre. Cusaï était digne de lutter contre
Achithophel; il perdit son rival, se montra
son maître en diplomatie, et sauva le roi.
CUSAN,
Habacuc 3:7. Même pays que Cus, q.v.
CUSAN-RISCHATHAJIM,
Juges 3:8,10, roi de Mésopotamie, fut, après la captivité d'Égypte, le premier oppresseur des Israélites établis dans le pays de Canaan. Il les tint assujettis pendant huit ans, jusqu'à ce qu'enfin Hothniel, le premier des juges, se leva et les délivra.
CUSI, ou Cusci,
2 Samuel 18:21,32,
-
l'un des messagers qui apportèrent à David la nouvelle de la mort d'Absalon; on craignait de faire connaître à David cet événement qui, en le réjouissant comme roi, devait l'affliger comme homme et comme père: e premier des messagers, Ahimahats, n'avait pas osé révéler cette mort, et l'avait fait pressentir: «J'ai vu un grand tumulte, mais je ne sais pas exactement ce que c'était:» Cusi n'osa pas davantage dire «Il est mort, «mais à la question de David, il répondit: «Que les ennemis du roi mon Seigneur, et tous ceux qui se sont élevés contre toi pour te faire du mal, deviennent comme ce jeune homme!»
-
Cusi ou Cusci, Jérémie 36:14, père de Sélemja; inconnu.
-
Sophonie 1:1, père de Sophonie, et arrière petit-fils d'Ézéchias.
CUTH,
2 Rois 17:24,30, district de l'Asie, et la principale d'entre les peuplades dont Salmanéser, roi d'Assyrie, envoya les habitants peupler la contrée dévastée de la Samarie. Du mélange de ces colons avec les Juifs demeurés de reste dans le pays, naquirent les Samaritains, que les Talmudistes continuèrent d'appeler Cuthéens. On ne sais pas exactement dans quelle partie de l'Asie il faut chercher ce district ou cette ville. Les uns, s'appuyant sur la ressemblance de ce nom avec celui de Cus, ressemblance beaucoup plus frappante encore lorsque l'on connaît les langues sémitiques, pensent au pays de Cus, dans les environs de l'Araxe: d'autres, avec l'historien Flavius Josèphe, le placent dans la Perse méridionale ou centrale, d'autres près du Tigre, d'autres enfin (Michaëlis) mais contre toute vraisemblance, dans le voisinage de Sidon en Syrie. L'opinion la plus probable, c'est que les Cuthéens sont les mêmes que les Cosséens dans la Susiane en Babylonie; les deux noms sont presque identiques en Caldéen.
CUVE d'airain.
Il y avait dans le parvis du
tabernacle une cuve d'airain ou mer de
fonte, destinée aux ablutions des prêtres,
Exode 30:28. Il n'est rien dit de bien
positif quanta sa forme; cependant, par
l'analogie de celle qui fut placée plus tard
dans le parvis du temple de Salomon, 1 Rois
7:23, l'on peut supposer qu'elle était
ronde. Les ablutions des mains et des pieds,
auxquelles elle était destinée, étaient un
symbole de la pureté que le Dieu saint exige
de ceux qui s'approchent de lui.
Dans le portique du temple de Salomon, il y
avait, au lieu de cette cuve unique, une
grande cuve appelée mer d'airain,
particulièrement destinée aux ablutions des
sacrificateurs, et dix cuviers plus petits,
destinés à laver les victimes pour les
holocaustes, 2 Chroniques 4:6. La mer
d'airain est spécialement décrite 1 Rois
7:23-26; 2 Chroniques 4:2-5; et par Flavius
Josèphe (Antiquités Judaïques 8, 3, 5); elle
avait cinq coudées de hauteur (2m720), et
environ dix de diamètre; elle reposait sur
douze taureaux également d'airain; ses côtés
et ses bords étaient ornés de fleurs
sculptées.
Lors de la prise de Jérusalem par les
Babyloniens, la mer d'airain fut brisée par
les Caldéens et ses débris emportés à
Babylone ainsi que les soubassements des dix
cuviers 2 Rois 25:13-16; Jérémie 52:17.
D'après les rabbins, le temple de Zorobabel
ne contenait plus qu'un seul cuvier, et
Flavius Josèphe, dans sa description du
temple d'Hérode, n'en mentionne aucun (Bell.
Jud. 5, 5).
CYGNE.
C'est ainsi que la Vulgate et
nos versions traduisent l'hébreu
Tinchimeth, Lévitique 11:18; Deutéronome
14:16, et, comme nous l'avons dit à
l'article Chat-huant, cette traduction non
seulement n'a rien contre elle, mais est
encore favorisée par le contexte. Luther a
traduit par cygne, Lévitique 11:17, le mot
shalak, que nos versions ont rendu
par plongeon; mais,
— Voir: Cormoran.
Calmet veut aussi rendre par cygne l'hébreu
Bath Yaaneh, que nous traduisons par
autruche. Mais il n'y a que deux passages
qui puissent à la rigueur se rapporter au
cygne, et encore n'est-ce qu'en procédant
par voie d'hypothèse. Ce bel animal, si
connu dans nos pays et dans des climats plus
chauds, est mis par Moïse au nombre des
animaux impurs. Les païens l'avaient
consacré à leur Apollon, sans doute à cause
des sons harmonieux et poétiques qu'il rend,
dit-on, lorsqu'il va mourir; Horace
l'attelle au char de Vénus.
CYMBALES.
2 Samuel 6:5; 1 Chroniques 13:8; 16:5,42; Esdras 3:10; Psaumes 150:5; 1 Corinthiens 13:1. L'un des plus anciens instruments connus, fort aimé des Orientaux en général, et employé par les Hébreux soit dans leurs réjouissances publiques, soit dans la musique du temple. Il y en avait, comme de nos jours encore, de deux espèces différentes; les unes plus petites, en bois, en ivoire, quelquefois en métal, que l'on prenait entre le pouce, l'index et le doigt du milieu, et que l'on frappait en mesure, comme les castagnettes espagnoles ou arabes; les autres, plus grandes et tout à fait semblables aux nôtres; cette distinction est marquée Psaumes 150:5, Hébreux Tseltselim ou Metsillayim.
CYPRE
(aujourd'hui Chypre), une des
îles de la Méditerranée, située au sud de
l'Asie mineure et non loin des côtes de la
Syrie. Grande, riche et fertile, elle
donnait en abondance de l'orge, de l'huile,
des grenades, des figues et du vin; ses
montagnes recelaient des pierres précieuses
et des métaux recherchés, et c'est de cette
île que le cuivre (æs cyprium) a reçu
son nom. La position de Cypre était une des
plus avantageuses pour le commerce, et
toutes ses villes s'enrichissaient par ce
moyen, Salamis, Paphos, Citium, Amathus,
Arsinoé, Soli, etc. Les Juifs n'avaient pas
été des derniers à s'y établir pour y faire
des spéculations, et ils s'y trouvaient en
grand nombre lors du passage de saint Paul.
Les Cypriens avaient une réputation bien
établie de mollesse, de volupté, de luxe et
de débauche: l'extrême douceur du climat
favorisait chez eux tous ces penchants, et
c'était à Vénus qu'ils rendaient leurs
hommages. Les voyageurs modernes parlent
encore avec enthousiasme de ce petit paradis
terrestre, et c'est là, si nous ne nous
trompons, que M. Lamartine aurait voulu
finir ses jours, si la patrie ne l'avait pas
réclamé.
Jusqu'au règne d'Alexandre, l'île fut
divisée en neuf petites principautés,
d'abord sous la domination perse, puis sous
celle des Macédoniens. Sous les Maccabées
elle devint l'apanage de Ptolémée; Caton
l'Ancien la soumit à Rome; Auguste en fit
d'abord une province de son vaste empire,
gouvernée par un préteur, puis il finit par
l'émanciper, et nous la voyons, Actes 13:7,
gouvernée par un proconsul cyprien.
Paul, Marc et Barnabas y arrivèrent de
Séleucie, prêchèrent à Salamis, dans les
synagogues, et se répandirent de là dans
toute l'île pour annoncer l'Évangile aux
païens. Ils trouvèrent à Paphos, résidence
du proconsul Serge Paul, un enchanteur ou
faux prophète juif nommé Bar-Jésus, qui
voulut s'opposer à la doctrine chrétienne,
et tâchait de détourner Serge de la foi;
mais saint Paul frappa ce malheureux d'un
aveuglement momentané, ce que le proconsul
ayant vu, il crut et fut rempli d'admiration
pour la doctrine du Seigneur.
Plus tard, Barnahas retourna en Cypre avec
Marc, Actes 15:39; la tradition porte même
qu'après avoir été évêque de cette île, il y
trouva le martyre, qu'il fut lapidé par les
Juifs de Salamis, et que son corps fut
retrouvé sous le règne de l'empereur Zénon,
ayant sur la poitrine un Évangile de saint
Matthieu, qu'il avait copié lui-même de sa
propre main.
Conquise par les Arabes, reprise par
Richard-Cœur-de-Lion, Cypre fut, pendant
plusieurs siècles, gouvernée par des rois de
la famille des Lusignan, jusqu'en 1489; elle
fut ensuite vendue aux Vénitiens, et
appartient aux Turcs depuis 1571; ils l'ont
réduite à l'état le plus déplorable.
CYPRE,
— Voir: Troëne.
CYPRÈS,
arbre toujours vert, massif,
élancé, aux feuilles foncées, étroites,
pointues, et dont le bois, sans être lourd,
n'est jamais pourri ni vermoulu, résiste aux
vers et à l'action de l'eau. On distingue le
cyprès mâle aux branches horizontales, et le
cyprès femelle dont les branches s'élèvent
obliques ou droites; c'est de ce dernier que
l'on se sert le plus ordinairement pour les
travaux de charpente et de menuiserie. Il ne
vient que difficilement, dit Pline; son
fruit est inutile, ses feuilles sont amères,
son odeur est trop forte, son ombre même est
dangereuse; superbe et triste à la fois, il
était regardé par les Romains comme un arbre
de deuil, qu'on ne pouvait employer qu'aux
funérailles, ou dans d'autres solennités
lugubres. C'est du cyprès qu'il s'agit,
selon quelques-uns, dans les passages,
Genèse 6:14; Exode 2:3, où il est parlé de
la construction de l'arche, et du berceau de
Moïse. Le nom hébreu est Gopher, et
l'analogie de ce nom avec le nom latin
cupressus, appuierait cette traduction; le
cyprès était d'ailleurs tout à fait bien
choisi pour la construction de ces objets,
destinés à subsister dans l'eau pendant un
temps plus ou moins long; il vaut cependant
mieux, dans ces deux passages, s'en tenir à
l'idée générale d'arbre résineux, car gopher
s'applique à d'autres objets qui ne sont pas
le cyprès; il signifie poix; gopherith
signifie soufre, et le mot allemand Kiefer
signifie un pin sauvage.
— La Vulgate traduit encore par cyprès le
mot Beroth, Cantique 1:16, que Luther et
Martin ont rendu mal à propos par sapin
(Tanne). Il est bien probable, en effet, que
ce mot Beroth ou sa forme plus ordinaire
Berosch, Ésaïe 37:24; 55:13; 60:13, désigne
le cyprès; le cyprès seul pouvait être mis
en parallèle avec le cèdre, Ésaïe 14:8;
Zacharie 11:2; le sapin ne le pouvait guère;
cf. surtout l'emploi qui est fait de ce
bois, soit pour les lambris du temple, 1
Rois 5:8; 6:15,34, soit pour des mâts de
vaisseaux, Ézéchiel 27:5, soit pour la
confection de lances, Nahum 2:3 (il s'agit
évidemment d'une arme dans ce verset); soit
enfin pour des instruments de musique, 2
Samuel 6:5: il ne peut être question du
sapin dans ces passages, non plus que
Cantique 1:16; il faut penser à quelque bois
noble, solide et beau, qui puisse rivaliser
avec le cèdre; la plupart des arbres ont
déjà un nom en hébreu; le cyprès seul ne
serait nommé nulle part, s'il ne l'était
dans ces passages, et l'on ne comprendrait
guère qu'un arbre aussi remarquable ne fût
pas mentionné dans la Bible, quoiqu'il fût
très abondant en Palestine, et
particulièrement sur le mont Hermon.
CYRÈNE,
ville importante de la Libye
supérieure ou Pentapolitaine, située à 16
kilomètres de la mer, sur une plage
africaine, presque en face des trois
promontoires du Péloponèse, à 320 kilomètres
environ de la capitale de l'Égypte. Ses
ruines subsistent encore sous le nom de
Caïroan, et ne comptent qu'un fort petit
nombre d'habitants. Sous les Ptolémées, les
Juifs formaient le quart de la population de
Cyrène, et jouissaient des mêmes droits que
les Cyréniens eux-mêmes. C'est là qu'était
né Simon, le père d'Alexandre et de Rufus,
qui eut le bonheur de soulager le Christ
dans sa marche vers Golgotha, Matthieu
27:32; Marc 15:21; Luc 23:26. Plusieurs de
ces Juifs de la Cyrénaïque embrassèrent la
foi chrétienne, Actes 11:20; 13:1, mais un
grand nombre aussi furent comptés dans les
rangs des adversaires de l'Évangile, et
saint Luc les cite parmi les plus violents
de ceux qui s'élevèrent contre Étienne,
Actes 6:9.
— Après la destruction de Jérusalem par
Titus, les Juifs de Cyrène se soulevèrent
contre Catulle, gouverneur de cette
province; mais il furent facilement réduits
et écrasés.
CYRÉNIUS,
forme grecque du nom de Publius Sulpicius Quirinus, sénateur romain, que l'histoire profane nous apprend avoir été consul l'an 742 de Rome, puis 758, cinq ans au moins après la naissance de Jésus, gouverneur de la Syrie, et de la Judée qui y était annexée. Après l'exil d'Archélaüs, il fut chargé de faire un recensement ou dénombrement du peuple. Jésus était peut-être alors âgé de dix ans. Ces données semblent en contradiction avec ce qui est dit, Luc 2:2, que le premier dénombrement (celui pendant lequel naquit notre Sauveur) fut fait lorsque Cyrénius avait le gouvernement de Syrie. Il y aurait, en effet, une faute de chronologie à rectifier,
-
si l'on ne pouvait pas traduire: ce dénombrement se lit avant celui qui arriva lorsque Cyrénius avait le gouvernement de la Syrie; ou encore: ce dénombrement se fit avant que Cyrénius, etc.;
-
si l'on ne pouvait pas admettre que Cyrénius, alors gouverneur de la Cilicie, ait été envoyé en Syrie avec mission extraordinaire, pour présider à un dénombrement de la Syrie et de la Judée (Pétau, Grotius, Ussérius), pendant que Sentius Saturninus était gouverneur de la Syrie (Tertullien);
-
si enfin il n'y avait pas des doutes sur l'authenticité de ce verset (Théodore de Bèze dans ses trois premières éditions, Olshausen, et d'autres commentateurs).
Ce ne sont pas même là toutes les
explications que l'on peut donner, et la
première seule suffirait; on en trouvera
d'autres encore à l'article Quirinus, dans
Winer, qui du reste ne les admet ni les unes
ni les autres, et conclut simplement pour
son compte à un lapsus memoriœ chez
saint Luc: il y avait plus de soixante et
dix ans que les choses s'étaient passées, et
rien n'était plus facile que de confondre
deux recensements si rapprochés, et dont la
distinction ne pouvait pas avoir un bien
grand intérêt pour l'histoire sacrée et pour
l'édification des fidèles.
De ces deux dénombrements, le premier fut
plus général, et pour tout l'empire; le
second ne regardait que la Judée: c'est à ce
dernier que Gamaliel fait allusion, Actes
5:37.
CYRUS,
fils de Cambyse, roi de Perse,
et de Mandane, fille d'Astyage, roi des
Mèdes. Il existe une demi-douzaine
d'histoires et de biographies, toutes
différentes de ce prince fameux, par
Hérodote, Xénophon, Ctésias, Justin, Valère
Maxime, Diodore de Sicile, etc., sans parler
de toutes les fables et traditions
orientales auxquelles sa prodigieuse
carrière a donné naissance. Nous nous en
tiendrons pour le moment aux données de
Xénophon (Cyrop. 1, 107; sq.). D'après cet
historien, Cyrus vécut jusqu'à sa douzième
année à la cour de son aïeul maternel, fut
mis, à l'âge de seize ans, à la tête d'une
armée envoyée contre le roi d'Assyrie qui
avait fait une irruption dans les états
d'Astyage, et remporta la victoire après une
suite de brillants succès. Rappelé par son
père, il rentra en Perse et devint général
en chef des troupes de Cambyse; il fit la
guerre tantôt pour son compte, tantôt pour
celui de son oncle Cyaxare II, fils et
successeur d'Astyage, qui venait de mourir;
il vainquit successivement le roi de
Babylone et ses nombreux alliés, puis
Crésus, roi de Lydie, ce malheureux qui
s'estimait le plus fortuné des mortels, et
qui sur le bûcher fatal s'écria par trois
fois: Solon! Solon! Solon! se rappelant que
ce sage Athénien lui avait dit un jour qu'on
ne pouvait se prononcer sur le bonheur de
personne avant que sa carrière fût
entièrement terminée. Cyrus ayant appris ce
fait rendit à l'illustre captif la vie avec
la liberté, et se fit un ami d'un ennemi.
Après avoir porté ses armes triomphantes
dans presque toute l'Asie Mineure, il
repasse l'Euphrate, marche contre l'Assyrie
et vient assiéger Babylone. Cette ville est
imprenable, ses murailles n'ont rien à
redouter, ses habitants ont des provisions
pour plus de vingt années, le siège est
inutile; Cyrus alors conçoit le projet
gigantesque de détourner le cours du fleuve:
les eaux vont se perdre dans les marais et
les plaines voisines, et pendant que
Nabonned (Belsatsar) s'abandonne avec tout
l'orgueil de la sécurité aux débauches
orientales, Cyrus s'avançant par le lit de
l'Euphrate pénètre dans la ville (538 avant
J.-C.) et brise à jamais la puissance
babylonienne, la monarchie des Caldéens, la
tête d'or qui va être remplacée dans
l'empire universel par la poitrine et les
bras d'argent, Daniel 2:32; 38:39. Il fait
en même temps préparer un palais pour son
oncle Cyaxare, et reçoit de lui en
récompense de ses longs et nombreux services
la main de sa fille unique (sa cousine
germaine), et avec elle le droit de
succession à l'empire. Cambyse meurt,
Cyaxare meurt, et Cyrus, le puissant bélier
à deux cornes, Daniel 8:3,20, monte sur
leurs deux trônes, et règne à la fois sur la
Perse et sur les États médo-babyloniens, 536
avant J.-C.
— À peine investi de l'empire, l'un des
premiers usages qu'il fait de son autorité,
c'est de publier un édit par lequel il
permet aux Juifs de retourner dans leur
patrie, Esdras 1:1; 5:13; 6:3; 2 Chroniques
36:22; cf. Daniel 1:21; il dit à Jérusalem:
Sois rebâtie! et au temple: Sois refondé!
Ésaïe 44:28.
Il entreprit encore diverses guerres en
Syrie et du côté de la mer Rouge, et mourut
enfin en 530, à l'âge de soixante et dix
ans, selon les uns de vieillesse, selon les
autres dans un combat contre les Scythes;
leur reine Thomiris l'ayant attiré dans une
embuscade, lui aurait fait trancher la tête.
D'autres disent qu'il fut attaché à une
potence, d'autres enfin qu'il mourut d'une
blessure reçue à la bataille.
L'histoire sainte nous donne naturellement
beaucoup moins de détails sur Cyrus que
l'histoire profane, mais ce sont des détails
bien autrement grands et solennels. Déjà 240
ans avant la naissance de ce puissant
monarque, elle l'appelle par son nom, elle
annonce la grande œuvre de restauration dont
il sera le ministre; il est dit de lui qu'il
accomplira tout le bon plaisir de l'Éternel;
Dieu dit: Il est mon berger: Dieu l'appelle
son oint, Ésaïe 44:28; 45:1,
l'assimilant ainsi aux rois d'Israël (1
Samuel 24:7,11; 2 Samuel 1:14, etc.), soit
pour indiquer qu'il avait lui-même consacré
Cyrus à la royauté, soit parce que Cyrus
devait être chargé de ramener le peuple de
Dieu dans son pays. Et lorsqu'après une
longue attente, cet oint du Seigneur, ce
Cyrus de la délivrance fut venu au monde, et
qu'il eut accompli une partie de sa
destinée, il semble avoir reconnu lui-même
ce Dieu qui l'avait nommé et surnommé
(désigné) lorsqu'il n'existait pas encore:
son langage, Esdras 1:2, ne permet pas de
douter qu'il n'ait reconnu le Dieu d'Israël
pour le vrai Dieu. L'Éternel, le Dieu des
cieux, dit-il, m'a donné tous les royaumes
de la terre, et lui-même m'a ordonné de lui
bâtir une maison à Jérusalem. D'après le
livre apocryphe du Dragon, 1:40, il aurait
dit comme Darius (#1, q.v.): Que tous les
habitants de la terre craignent le Dieu de
Daniel, parce que c'est le Dieu sauveur, qui
fait des prodiges et des merveilles sur la
terre, et que c'est lui qui a garanti Daniel
de la gueule des lions. Suivant le livre de
Bel 1, Cyrus aurait toujours eu pour Daniel
une estime et une affection toute
particulière, cf. Daniel 6:28; quoique ces
détails ne nous soient connus que par des
livres apocryphes, rien ne les contredit, et
les déclarations de la parole de Dieu
rendent fort probables des rapports de cette
nature entre ces deux hommes. Il paraît
d'ailleurs, par Flavius Josèphe (Antiquités
Judaïques 11, 1), que Cyrus a eu
connaissance des prophéties d'Ésaïe, et que
le passage qui le concernait a été un des
moyens dont Dieu s'est servi pour l'amener à
sa connaissance.
Dans le passage Ésaïe 21:7,9, qui se
rapporte à Cyrus, et où il est question d'un
attelage mixte d'ânes et de chameaux,
quelques-uns ont voulu voir la réunion des
troupes de la Médie et de la Perse; d'autres
interprètes ont mis en avant l'opinion
suivante, que nous ne citons que pour son
originalité, sans qu'il puisse être question
de lui accorder aucune valeur: c'est que le
conquérant dont il est parlé devait être une
espèce de métis, issu de deux animaux
différents, ainsi que Cyrus en effet naquit
de deux sangs différents, du sang des Perses
par son père, du sang des Mèdes par sa mère.
À l'appui de ce sens, l'on cite deux
exemples où le nom de mulet est donné
à Cyrus: Craignez, dit un oracle à Crésus,
lorsqu'un mulet commandera aux Mèdes; et
Eusèbe (Prépar. 9, 41) rapporte, d'après un
ancien auteur, que Nébucadnetsar, quelque
temps avant sa mort, rempli de l'esprit
prophétique, dit aux Babyloniens: Je vous
annonce un malheur qu'aucune de vos
divinités ne pourra détourner; il viendra
contre vous un mulet persan qui, aidé du
secours de vos dieux, vous réduira en
servitude. Ce sont des jeux de mots, et le
texte cité d'Ésaïe ne s'y prête pas même
dans le cas actuel.
Admirons cette bonté divine qui, dans l'exil
de son peuple, et par cet exil même, s'est
rendu captive l'âme du grand Cyrus. Après
l'avoir connu guerrier et héros dès nos
premières études classiques, nous le
trouvons maintenant roi théocratique, et
nous le verrons un jour simple fidèle dans
le royaume des cieux, avec bien d'autres
encore auxquels nous sommes peut-être loin
de penser.
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