Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-L
septembre 3, 2010
L
LABAN,
Genèse 25:20; 24:29 (1856 avant
J.-C.), riche propriétaire de troupeaux dans
les plaines de la Mésopotamie, fils de
Béthuel, petit-fils de Nacor le frère
d'Abraham, et ainsi petit-neveu de ce
patriarche. Il consentit avec empressement
au mariage de sa sœur Rébecca avec le fils
unique du riche Abraham, avec Isaac, cousin
germain de son père Béthuel. Plus tard,
c'est chez lui que le fils de sa sœur,
Jacob, vient chercher un asile contre la
colère d'Ésaü qu'il redoute. Ces deux hommes
rusés se font pendant une vingtaine d'années
une sourde guerre, qui préluda de la part de
Laban, par la substitution de Léa à Rachel
dans le mariage de Jacob, Genèse 29. Le
missionnaire Hartley, dans son voyage en
Grèce, rapporte un exemple analogue d'un
jeune Arménien à qui l'on donna, grâce au
voile nuptial qui couvre presque entièrement
la personne, une sœur aînée au lieu de la
cadette qu'il avait demandée en mariage, et
des faits de ce genre ne sont pas
précisément rares en Orient.
Après que Jacob eut gagné ses deux femmes
par quatorze années de travail, Laban
s'arrangea avec lui de manière à ce que l'un
et l'autre trouvassent leur avantage à cet
accord mutuel; mais Jacob, par des
subterfuges dont nous avons parlé à cet
article, s'enrichissait chaque année au
détriment de son beau-père, ce qui
mécontenta bientôt et les fils de Laban et
Laban lui-même. Les rapports des deux
familles s'aigrissaient et s'envenimaient;
la confiance avait disparu, l'amitié avec
elle, et dans cet état de rivalité jalouse
et de tension continuelle, Jacob Unit par
comprendre qu'il devait partir. Il profite,
pour l'exécution de son dessein, d'une
absence de Laban, et celui-ci, à son retour,
ne trouve plus ni son gendre, ni ses filles,
ni ses petits-fils; aussitôt il assemble ses
parents et ses serviteurs, et plein de
colère, se met à la poursuite des fugitifs.
Mais en chemin une vision l'arrête: Dieu lui
défend de nuire à Jacob qu'il protège, et
lorsque, près des montagnes de Galaad, les
deux familles se rencontrent, la colère de
Laban est apaisée; il reproche seulement au
patriarche son départ précipité et
l'enlèvement de ses dieux, et finit par lui
proposer une solennelle alliance d'amitié.
Un simple monument de pierres fut élevé en
souvenir de cette journée qui se termina par
un sacrifice et un festin offert par Jacob.
Laban jura l'alliance par les dieux
d'Abraham, de Nacor et de Taré, Jacob par le
Dieu redoutable que craignait Isaac son
père, et les deux familles se séparèrent;
Laban partit de grand matin et s'en retourna
en son pays. Son histoire s'arrête-là.
Quelle était sa religion? Il reconnaissait
l'Éternel (24:50; 30:27) et jurait par les
dieux de Nacor, 31:53, même il rendait un
culte à des théraphims. C'était un
commencement de paganisme et d'idolâtrie.
Toujours membre de la grande famille des
patriarches, et descendant d'Héber, il
n'était cependant pas descendant d'Abraham;
sa foi s'était obscurcie, ou plutôt sa foi
était morte, et il n'avait conservé que le
nom du vrai Dieu. Homme de la terre, il lui
fallait un dieu de terre pour représenter le
céleste qu'il ne pouvait voir; et bientôt le
dieu de terre était devenu son dieu unique,
il l'avait multiplié pour suppléer par le
nombre à l'insignifiance. Le paganisme, chez
Laban comme chez tous ceux qui ont connu la
vérité et qui en ont renié la force, a
toujours commencé par le cœur; et quand on
jette les yeux sur ce qu'on appelle
maintenant la chrétienté, on ne trouvera que
trop de chrétiens, ou plutôt de païens comme
Laban, qui ont leurs dieux et leurs déesses,
à côté du grand Dieu de la Loi et de
l'Évangile. La doctrine des images et le
culte des saints sont, dans l'église
romaine, un acheminement bien clair vers
cette foi double et bâtarde qui veut allier
Dieu et le monde, la religion et
l'idolâtrie, le christianisme et le
paganisme; et, sans qu'on s'en doute, la
religion de Laban a pour partisans tous ceux
dont les œuvres ne correspondent pas à la
profession qu'ils font d'être chrétiens;
Dieu est dans leur bouche, mais ils
cherchent les idoles du monde, et, comme
Laban, ils ne les trouveront point.
LAC,
— Voir: Mer, et les articles spéciaux.
LADHA,
— Voir: Hel.
LAHMAS,
ville des plaines de Juda, Josué 15:40. Quelques manuscrits portent Lahmam.
LAHMI,
1 Chroniques 20:5, frère de Goliath, et digne de lui: la hampe de sa hallebarde était comme l'ensuble d'un tisserand. Il fut tué par El-Hanan. Dans le passage parallèle, 2 Samuel 21:19, le texte est corrompu et porte, au lieu de Lahmi, Bethhallahmi, que nos versions ont traduit par bethléémite, et qu'elles ont dû joindre au nom du vainqueur, en sous-en-tendant alors frère de devant le nom de Goliath.
LAIS,
ville de l'extrême frontière nord de la Palestine, Juges 18:7; Jérémie 8:16; Deutéronome 34:1. D'abord colonie sidonienne qui portait aussi le nom de Lésem, Josué 19:47, au pied du Liban, dans une contrée fertile, près des sources du Jourdain, elle fut plus tard appelée Dan par les Danites qui s'y établirent, et bâtirent une nouvelle ville sur les décombres de l'ancienne qu'ils avaient détruite, Josué 19:47; Juges 18:29; ce dernier nom lui est déjà donné par anticipation, Genèse 14:14. Laïs fut, sous tous ses noms, un siège célèbre d'idolâtrie, et Jéroboam y institua le culte d'un veau d'or, 1 Rois 12:29.
LAIT,
— Voir: Bœuf, et Nourriture.
LAKIS,
résidence d'un roi cananéen,
ville située dans les plaines de Juda. Josué
la conquit et la donna à la tribu de Juda,
Josué 10:3,31; 15:39. Elle fut fortifiée par
Roboam contre les Philistins, 2 Chroniques
11:9, assiégée plus tard par Sanchérib dans
sa campagne contre l'Égypte, 2 Rois 18:14;
Ésaïe 36:2; 37:8 (— Voir: encore 2
Rois 14:19), et enfin détruite par
Nébucadnetsar dans la guerre d'extermination
des Caldéens contre le royaume de Juda,
Jérémie 34:7. Elle reparaît encore après
l'exil, Néhémie 11:30. Le prophète Miellée,
1:13, semble faire de cette ville le centre
de l'idolâtrie de Bahal qui couvrit le
royaume.
— Lakis subsistait encore sous le même nom
au temps d'Eusèbe et de Jérôme, qui la
mettent à 7 milles d'Éleuthéropolis vers le
sud, dans le district de Daromas.
LAMEC,
Luc 3:36,
— Voir: Lémec #2.
LAMENTATIONS,
— Voir: Jérémie.
LANCE,
— Voir: Armes.
LANGUE.
Lors de la construction de la
tour de Babel Dieu confondit les langues
pour séparer les hommes, comme aux jours de
la Pentecôte il donna miraculeusement de
nouvelles langues pour recueillir son
peuple. Mais l'un et l'autre de ces
événements remarquables donne lieu à une
série de questions épineuses qu'il n'est ni
facile ni même possible de résoudre toutes.
Pour traiter ce sujet, il faudrait en avoir
fait une étude longue et spéciale; peu
d'hommes font ce travail et nous devons nous
borner à des généralités.
La confusion des langues est-elle la
conséquence immédiate de l'intervention
divine, et fut-elle la cause de la
dispersion? ou bien, au contraire, la
différence des langues a-t-elle été la suite
naturelle de la dispersion des hommes? Cette
dernière manière de voir n'appartient pas
aux rationalistes seuls, mais aussi à
beaucoup de théologiens chrétiens très
respectables, à Grégoire de Nysse en
particulier, qui ne voit dans le récit de
Moïse, Genèse 11, qu'une chose fort simple
et fort naturelle, savoir, que les hommes
s'étant séparés pour un motif quelconque, il
résulta de leur dispersion que, chacun
faisant quelques changements à la langue
qu'il avait apprise de ses pères, ils
finirent par ne plus pouvoir s'entendre.
D'un autre côté, le texte littéral du récit
sacré semble favoriser davantage l'autre
opinion, que Dieu, par un effet subit de sa
toute-puissance, fit oublier aux hommes, ou
à la plus grande partie d'entre eux, leur
langue primitive, et leur en apprit de
nouvelles, ou les força de s'en créer
d'autres par le besoin de se comprendre et
l'impuissance où ils se trouvaient de se
servir de la langue qu'ils avaient parlée
précédemment.
À cette question se rattache celle de savoir
quelle est la langue primitive, celle que
tous les hommes parlaient avant le jour de
la confusion. Nous laissons entièrement de
côté toutes les théories et tous les débats
relatifs à l'histoire de la langue
naturelle de l'humanité, de cette langue
innée que quelques savants idéologues
prétendent devoir exister au moins
virtuellement, bien que personne ne la
connaisse: la langue étant une affaire de
convention, et, dans tous les cas, le
langage naturel ne pouvant plus se retrouver
nulle part ni jamais, à cause de l'existence
actuelle des langues connues, la question
serait pour le moins nécessairement sans
solution, et il y a peut-être quelque
avantage à n'y pas perdre son temps.
— Il y a peu de langues qui n'aient
revendiqué l'honneur d'être la langue
primitive, l'hébreu, le caldéen, l'arabe, le
syriaque, le chinois, et jusqu'au flamand (—
Voir: Gorope Becan, Origines, etc.,
Anvers), etc.; et devant cette concurrence
d'ambitions, on se demande avant tout si
cette langue primitive n'est peut-être pas
éteinte, et si nous la connaissons encore.
Voici comment Preiswerk résout cette
question dans sa grammaire hébraïque,
Introduction, XX. «Nous devons admettre,
dit-il, que l'ancienne langue des pieux
ancêtres du genre humain s'est conservée
dans la famille d'Héber, fidèlement
et indépendamment de la confusion de langage
des autres peuplades, et que la langue que
nous connaissons sous le nom de langue
hébraïque remonte jusqu'aux premiers
jours de l'humanité. Entre plusieurs raisons
qui prouvent que l'hébreu était la langue
des patriarches, nous n'en citerons qu'une:
c'est que les noms propres des patriarches
jusqu'à Adam sont évidemment hébreux.» La
même thèse a été soutenue et savamment
traitée d'abord par Calmet, puis, de nos
jours, par Hævernick, Einleit. § 26, p.
145-155. Winer et d'autres savants
n'hésitent pas, en revanche, à se prononcer
fortement en faveur de la priorité du
sanscrit. On comprend que, pour discuter
cette question, il faudrait entrer dans des
développements que le travail actuel ne
permet pas, dans des recherches et des
digressions de philologie et de linguistique
qui n'intéresseraient que fort peu de
lecteurs, pas même tous ceux qui pourraient
les comprendre. L'ouvrage de Hævernick est
celui qui se recommande le plus aux savants
sous ce rapport, et plusieurs rationalistes,
ordinairement assez injustes pour ceux qui
ne partagent pas leurs idées, ont parlé de
ce travail avec grande estime.
Outre l'hébreu, 2 Rois 18:26; Néhémie 13:24;
Esther 8:9, la Bible fait encore mention de
quelques autres langues, le cananéen, Ésaïe
19:18, le caldéen, Daniel 1:4, l'araméen,
que les mages parlaient à la cour de
Babylone, Daniel 2:4, et qui est aussi
employé dans quelques édits des gouverneurs
perses en Palestine, Esdras 4:7; cf. 2 Rois
18:26, l'asdodien, Néhémie 13:24, et dans le
Nouveau Testament le syro-caldéen, le grec,
le latin et le lycaonien, Jean 19:20; Actes
14:11; 21:37; Apocalypse 9:11; Luc 23:38,
sans parler des langues qui furent parlées
le jour de la Pentecôte, Actes 2:8.
— On ne trouve du reste chez les Juifs
aucune trace d'interprètes, sauf le seul cas
Ésaïe 36:11; où il ne s'agissait pas même
d'une langue différente, mais seulement d'un
autre dialecte de la même langue. De cette
absence de truchemans on peut conclure,
semble-t-il, que l'étude des langues
étrangères ait été assez cultivée des Juifs,
sinon par goût, du moins par nécessité, car
ils avaient de continuels rapports de
commerce avec les Égyptiens, par exemple, et
avec les Assyriens; le grec cependant paraît
avoir fait exception, et l'on raconte que
Jérusalem étant un jour assiégée par les
Asmonéens, fut livrée par un Juif qui
parlait grec, et que depuis ce temps on
maudit quiconque parlerait cette langue
perfide et traîtresse.
La question du don des langues ne peut être
traitée par la science; elle ressort de la
foi. L'on ne peut rien ajouter ni retrancher
à tout ce qui est raconté Actes 2, et 1
Corinthiens 14; et pour celui qui se tient à
cette révélation avec un cœur simple et pur,
la lumière ne lui manquera pas. Ce miracle
subsista dans l'Église aussi longtemps qu'il
le fallut pour la conversion et
l'affermissement des païens; il subsistait
encore aux jours d'Irénée. Dieu seul connaît
à cet égard ce qu'il doit donner à son
Église, mais chaque fidèle doit savoir ce
qu'il doit demander.
— Voir: Babel
— Voir: Néander, le Siècle apostol.,
traduction par Fontanès, et une thèse
intéressante de Le Fort.
LAODICÉE,
ville de l'Asie Mineure, qui
fut des premières évangélisée, et dans
laquelle on trouva de bonne heure une église
chrétienne, mais qui s'endormit dans le
relâchement, Apocalypse 1:11; 3:14. Saint
Paul adressa à cette église, Colossiens
4:16, une lettre qui, selon les uns, s'est
perdue; ou plutôt (— Voir: ce que
nous avons dit à l'article Éphèse) c'était
la même que la lettre aux Éphésiens, et elle
devait servir d'encyclique à plusieurs
églises de l'Asie Mineure. Laodicée était
dans le voisinage d'Hiérapolis et de
Colosses, à 7 lieues de cette dernière
ville, Colossiens 4:13,15. On trouve encore
sur une inscription Laodicée, Lycus,
Caprus; et sur d'autres, Laodicée
sur te Lycus, pour la distinguer
d'autres villes ou endroits du même nom.
Laodicée était en effet située non loin du
Cadmus, où le fleuve assez considérable du
Lycus prend sa source, et près du confluent
du Caprus et du Méandre. C'était une ville
fort commerçante; on y trouvait surtout des
changeurs d'argent. Elle porta d'abord le
nom de Diospolis, plus tard celui de Rhoas;
celui de Laodicée lui fut donné en l'honneur
de Laodice, épouse d'Antiochus II le Divin.
Une source considérable d'eau chaude se
trouvait entre Laodicée et Apamia, exhalant
une espèce de fumée qui planait sur sa
surface. Quelques-unes des eaux de Laodicée
même avaient la vertu de pétrifier les
objets. Strabon dit que les murs dont on
entourait ces sources, se faisaient en bois,
et qu'ils ne tardaient pas à être pétrifiés
par la source. L'an 66 de Christ, sous
Néron, cette ville fut détruite par un
tremblement de terre, mais déjà rétablie
sous Marc Aurèle. Tacite place ce
tremblement de terre dans la septième année
de Néron, c'est-à-dire entre 60 et 61, en
ajoutant que, malgré la grandeur du
désastre, les riches habitants de Laodicée
la firent reconstruire, au moins en grande
partie, dans la même année,
— Voir: Phrygie.
On en voit encore des ruines assez
considérables sous le nom d'Eskihissar.
LAPIDATION.
Ce supplice (— Voir:
Jugements, Peines) était infligé, d'après
les lois israélitiques, à tous ceux qui
avaient outragé la majesté de Jéhovah, aux
idolâtres, séducteurs, blasphémateurs,
violateurs du sabbat, faux prophètes,
devins, pronostiqueurs, etc., comme à ceux
qui avaient soustrait ou dérobé une chose
vouée à l'interdit, Lévitique 20:2,27;
24:14; Deutéronome 13:1,6; cf. 18:20; 17:2;
Nombres 15:32; 1 Rois 21:10; Josué 7:25;
Actes 6:13; 7:58, à des fils notoirement et
obstinément rebelles, vicieux et
désobéissants, Deutéronome 21:18, à des
fiancées ou à des épouses infidèles, et à
leur séducteur, Deutéronome 22:20,23.
— D'après les rabbins (— Voir: Mishna
Sanhed. 7:4), les enfants qui avaient maudit
leurs parents, et ceux qui avaient commis un
inceste, les pédérastes et ceux qui
s'étaient souillés par la bestialité,
étaient également lapidés; Moïse les
condamne d'une manière générale à la peine
de mort, Lévitique 20, sans indiquer leur
genre de supplice, mais les termes dont il
se sert «son sang est sur lui». (9,11-13,16)
ont fait penser aux talmudistes que le
législateur avait implicitement indiqué la
lapidation. La même peine est aussi
prononcée une seule fois contre un animal,
le taureau qui aurait tué un homme, Exode
21:28; cf. Lévitique 20:15.
L'Écriture sainte ne décrit nulle part la
manière dont la sentence était exécutée: on
voit seulement que c'était sur la place
publique, en dehors de la ville, Lévitique
24:14,23; Nombres 15:36; 1 Rois 21:10,13;
Actes 7:56, et que les témoins devaient les
premiers jeter la pierre au condamné,
Deutéronome 17:7; Actes 7:57; cf. Jean 8:7.
D'après les rabbins, il y avait deux sortes
de lapidation, l'une consistant simplement à
accabler de pierres le coupable, l'autre
d'après laquelle on le conduisait sur une
hauteur escarpée élevée d'au moins deux
longueurs d'homme; un des témoins le
précipitait et l'autre, pour l'achever, lui
roulait une grosse pierre sur le corps; si
cela ne suffisait pas, la multitude
elle-même achevait le malheureux.
— La lapidation servait aussi, dans certains
cas, à l'exécution d'une prompte justice ou
d'une vengeance populaire, la multitude
grossière sachant se débarrasser ainsi de
ceux qui avaient eu le malheur de lui
déplaire, Exode 8:26; 17:4; Matthieu 21:35;
Luc 20:6; Jean 10:31; 11:8; Actes 5:26;
7:57; 14:19, non seulement chez les Juifs,
mais chez d'autres peuples, depuis les jours
de Moïse jusqu'à ceux de Jésus.
LAPIN,
— Voir: Shaphan.
LAPPIDOTH.
Débora est appelée épouse de Lappidoth, Juges 4:4, et il est assez probable en effet que c'est là le nom de son mari: quelques-uns cependant ont voulu y voir le nom de son village, et d'autres le nom de sa profession, faiseuse de lampes.
LASÉE,
— Voir: Crète.
LAUDANUM.
C'est probablement là la
substance qu'il faut entendre par le mot
hébreu lot, Genèse 37:25; 43:11, que
nos versions ont traduit par myrrhe.
L'analogie entre les noms grecs et
orientaux, lorsqu'il s'agit de certains
produits naturels rares et précieux, est
toujours un guide probable, surtout lorsque
le contexte tend à confirmer la
signification donnée, et ne l'infirme pas.
Aucun des anciens interprètes ne paraît
avoir connu le laudanum, et ils ont mis en
avant diverses traductions et hypothèses en
désaccord les unes avec les autres; parmi
les modernes, le voyageur Burkhardt voit
dans lot la plante du loto, ce qui ne
peut concorder avec les passages ci-dessus;
et Michaélis y a voulu voir la pistache,
mais l'hébreu a déjà pour cela un autre nom.
— Le laudanum est une espèce de résine bien
connue des anciens naturalistes, Hérodote,
Dioscoride, Pline. Odoriférante, molle et
onctueuse, on s'en servait pour des
fumigations, on en faisait aussi des huiles
pour oindre à l'orientale les personnes
qu'on voulait honorer; et la médecine
elle-même en faisait un grand usage. On le
recueillait des feuilles d'un arbrisseau
(cistus labdaniferus. Cl. XIII, Monogynie),
qui croît en Arabie, en Chypre et en Syrie;
il s'élève à environ 60 centimètres de
hauteur, avec des feuilles lancéolées,
lisses et d'un vert foncé à la partie
supérieure, blanchâtre à la face inférieure;
les fleurs, à cinq lobes, sont de couleur
purpurine, et la capsule, de cinq à dix
loges, est presque ronde. La résine, que
quelques-uns ont prise pour une espèce de
rosée, se recueille avant le lever du
soleil, au moyen de bandelettes de cuir
auxquelles elle s'attache facilement; on
promène avec soin ces lanières sur les
feuilles de l'arbre, et lors qu'elles sont
bien chargées de résine on les dépouille, et
on recueille le parfum en petites plaques ou
gâteaux (Tournefort). Un procédé plus
ordinaire, en Arabie, consiste simplement à
pousser des chèvres dans ces buissons; les
poils de leur barbe balayent les feuilles et
recueillent en abondance le jus visqueux
qu'elles distillent; il n'y a plus alors
qu'à détacher soigneusement ces
gouttelettes, que l'on pétrit ensemble en
gâteaux. Il est possible que la chèvre, qui
a fait tant d'autres découvertes, ait aussi
fait celle-là; tout au moins l'existence de
poils de chèvre dans le laudanum avait-elle
fait l'objet de plusieurs discussions et
commentaires.
LAVAGE
des pieds,
— Voir: Purification.
LAVOIR,
— Voir: Béthesda.
LAZARE,
ami et disciple du Sauveur,
frère de Marthe et de Marie, demeurait à
Béthanie. Il tomba dangereusement malade et
mourut pendant un voyage de Jésus à
Béthabara, et déjà depuis quatre jours il
était enseveli quand Jésus, de retour avec
ses disciples, le ramena à la vie par une
parole aussi puissante et aussi simple que
celle de la création: «Lazare, sors dehors!»
Jean 11:1; 12:1. Ce miracle si grand irrita
d'autant plus les principaux sacrificateurs
contre celui qui l'avait fait, et détourna
en même temps une partie de leur haine
contre celui qui avait été ressuscité: ils
cherchèrent à faire mourir Lazare, offrant
par leur conduite insensée un vrai type de
la colère des hommes irrégénérés contre ceux
en qui se manifeste une vie nouvelle.
D'après la tradition, Lazare était alors âgé
de trente ans, et il vécut encore, depuis
trente autres années; il est donc probable
qu'il vivait encore lorsque les trois
premiers évangélistes composèrent leur
travail, et c'est peut-être par cette
circonstance, à cause de la haine que les
Juifs portaient à cet irrécusable témoin,
qu'ils ont passé sous silence ce miracle
qu'ils devaient bien connaître, mais dont le
récit eût troublé et compromis de nouveau la
vieillesse et la vie de ce disciple. Une
autre tradition porte que Lazare et Marthe,
après la mort de Jésus, sont venus dans les
Gaules, en Provence, et qu'il a prêché
l'Évangile à Marseille. En 870, on prétendit
avoir trouvé ses os en Chypre, mais on sait
tout le cas qu'on peut faire des os de
l'Église romaine.
— Le nom de Lazare se trouve encore Luc
16:20; employé dans une touchante parabole
du Sauveur; le malheureux couvert d'ulcères
est devenu un type de ce genre d'infortune,
et a donné son nom, celui de lazaret, aux
premières léproseries françaises; en hébreu
déjà, Lazare (Loezer) signifie celui
qui est sans secours, indigent, malheureux.
On ne peut douter que dans la bouche de
Jésus le fait qu'il raconte ne soit une
parabole, bien que quelques auteurs se
soient demandé si la scène s'était passée à
Jérusalem ou à Babylone; mais cette parabole
toute morale, qui devait porter les Juifs à
la générosité, renfermait aussi pour eux une
leçon dogmatique bien importante, c'est
qu'on peut être fils d'Abraham selon la
chair, et ne pas reposer dans le sein
d'Abraham: on en peut tirer aussi cette
autre terrible conclusion qui a été
développée dans un sermon de M. de Félice,
c'est que ceux qui ne sont pas touchés et
convertis par la lecture de la Parole,
resteraient également insensibles aux
manifestations les plus magnifiques de la
puissance divine.
LÉA,
fille aînée de l'araméen Laban,
sœur de Rachel, Genèse 29:16. Plus âgée et
moins belle que sa sœur, Léa n'avait pas
inspiré à Jacob les mêmes sentiments, et ne
devint son épouse que par une ruse de son
père. Moins aimée, elle donna cependant plus
d'enfants à Jacob, d'abord Ruben, Siméon,
Lévi et Juda, Genèse 29:32, puis Issacar et
Zabulon, Genèse 30:17; 35:23, et enfin une
fille, Dina, 34:1. Elle eut encore par sa
servante Zilpa, qu'elle donna à son mari,
Gad et Aser, Genèse 30:9. Ce fut là toute sa
vie; on ignore l'époque de sa mort, qui eut
lieu en Canaan, où elle fut ensevelie dans
les sépulcres de sa famille, près d'Hébron,
là où reposaient déjà Sara, Abraham et
Isaac, 49:31.
— On s'étonne de ne pas la trouver
mentionnée dans le voyage de Jacob en
Égypte, 46:5, mais du fait même du lieu de
sa sépulture on peut croire qu'elle était
déjà morte à cette époque.
— Son nom est rappelé Ruth 4:11, parmi les
vœux adressés à Booz par le peuple et par
les anciens.
— Léa, est-il dit, avait les yeux tendres.
Le mot hébreu n'exprime pas précisément
l'idée de tendresse, mais plutôt celle de
mollesse, de faiblesse, opposée à celle de
vivacité, peut-être à celle de grandeur.
Dans les rivalités et les luttes de jalousie
qui ont eu lieu entre elle et sa sœur, elle
a dû avoir toujours le sentiment de ses
torts, la conscience qu'elle était entrée
dans la maison de Jacob par une usurpation;
elle avait sans doute consenti à la
tromperie qui lui donnait un époux,
cependant Laban prend la faute sur lui,
comme il est probable aussi que c'était lui
qui avait imaginé l'échange et qui l'avait
fait exécuter; peut-être Léa n'a-t-elle fait
qu'obéir à la volonté paternelle. Mère de
Juda, elle compte parmi les ancêtres de
Jésus.
LEBBÉE,
— Voir: Jude.
LÉBONA,
ville au nord de Silo, Juges 21:19. Maundrell la retrouve dans le village de Leban, à 4 lieues sud de Naplouse, du côté de Jérusalem, ce qui est assez possible. Burckhardt nomme ce village Lemna, et fait l'éloge de sa grande beauté.
LÉHABIM,
Genèse 10:13, peuplade probablement identique avec les Lubim ou Lybiens, 2 Chroniques 12:3. La Lybie s'étendait depuis Alexandrie jusqu'à Cyrène, et peut-être encore plus loin; elle servait à désigner d'une manière générale le nord de l'Afrique, comme la Scythie le nord de l'Asie, et les Indes le centre et le sud de cette partie du monde.
LÉHI, ou Ramath-Léhi,
et plus complètement Ramath-Léhi (hauteur, coteau de la mâchoire), Juges 15:17,19. C'est le nom que Samson donna d'abord au lieu qui avait été témoin de sa victoire sur les Philistins. Plus fort que mille, le nazaréen s'était cru un Hercule; mais bientôt la fatigue et la chaleur l'épuisèrent; aucune source ne se trouvait dans le voisinage: il se rappela qu'il dépendait de Dieu, et l'invoqua. Dieu l'exauça et, au lieu d'un nom destiné à célébrer sa victoire, Samson donna à la source un nom qui devait rappeler sa faiblesse, celui de Hen-Hakkoreh (la source de celui qui crie). Un miracle lui avait donné de l'eau, une dent s'était ouverte, une source limpide en jaillissait. On croit généralement que c'est une des dents de la mâchoire d'âne qui se partagea pour livrer le passage à l'eau qui devait désaltérer le grand juge, et le texte, comme le génie de l'hébreu, appuie cette manière de voir. Cependant la version de nos Bibles contient un mot de trop: «Dieu fendit une des grosses dents de cette mâchoire d'âne»; l'hébreu porte simplement: «Dieu fendit une grosse dent de la mâchoire (ou de Léhi)»; et en hébreu, comme chez nous, le mot dent peut signifier un rocher élevé, un pic (la Dent du Midi, les Dents d'Oches); on peut donc traduire, sans faire aucune violence au texte: «Dieu fendit un des rochers de Léhi», un des rochers de cette élévation sur laquelle était le vainqueur des Philistins. Que l'on choisisse maintenant entre les deux miracles, cela importe peu, le miracle n'en reste pas moins grand: l'eau jaillissant du rocher a quelque chose de plus naturel; l'eau sortant de la mâchoire avait peut-être plus d'à-propos, et Dieu disait par là que seul il pouvait donner à cet instrument de carnage la force dont s'était glorifié Samson comme s'il l'eût trouvée en lui-même. (M. Coquerel affirme «qu'un enfoncement du sol s'ouvrit aux pieds de Samson», et il donne son idée comme la seule version que le texte autorise. C'est une erreur: à peine cette traduction peut-elle être acceptée en seconde ou troisième ligne; dans tous les cas elle est moins probable et moins justifiée que celles que nous avons indiquées, et d'autres rationalistes, comme Winer et Gesenius, ne mentionnent pas même, ou repoussent fortement, la traduction qu'on veut faire croire seule autorisée).
LÉMEC, ou Lamec.
-
Cinquième descendant de Caïn, le premier polygame connu, Genèse 4:19,23, épousa Hada et Tsilla, qui, d'après Flavius Josèphe, lui donnèrent soixante-dix-sept fils; la Bible ne nomme que Jabal, Jubal, Tubal-Caïn et Nahama. «Épouses de Lémec, dit-il un jour à ses femmes, entendez ma voix, écoutez ma parole; je tuerai un homme, s'il me fait une blessure, même un jeune homme, s'il me fait une meurtrissure, car si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept fois.» Qu'est-ce que ce chant énigmatique? Les interprètes s'y sont perdus. Quelques-uns pensent qu'un double meurtre l'accable, celui de Caïn qu'il aurait tué par inadvertance, dit la tradition, et celui de son fils Tubal-Caïn, qu'il aurait tué comme l'auteur involontaire de ce premier meurtre: il cherche alors à se consoler au sein de sa famille par l'espérance que la miséricorde divine qui a protégé Caïn lui serait aussi accordée, et même en proportion de ses crimes; ou bien il veut amuser ses femmes en leur chantant ses crimes, et en se moquant de la vengeance céleste; il y ajoute l'ironie, et suppose que Dieu, l'amateur du crime, lui saura plus gré encore de son double meurtre, et le protégera davantage. D'autres pensent que Lémec, voyant ses femmes effrayées de toutes les armes inventées par ses fils, leur dit pour les rassurer: «Ai-je donc tué quelqu'un? et d'ailleurs Dieu ne me le pardonnerait- il pas?» D'autres, enfin, supposent que ces paroles n'expriment que les projets d'une fierté féroce. «Je me sens plus fier et plus méchant que Caïn; si quelqu'un me touche, je le tue, quand il ne me ferait qu'une légère blessure.» Peut-être le plus simple est-il de prendre le chant de Lémec comme une composition poétique d'un mauvais genre que la tradition aurait conservée, et que Moïse rappelle en y rattachant en même temps la peinture du caractère de son auteur. «Ce Lémec est celui qui a composé le méchant et sanguinaire couplet bien connu: «Écoutez, etc.»
(Selon l'étymologie, le nom de Lémec
signifie «le renversement de l'être», une
chute dans la décadence, plaisir charnel qui
servait à fortifier l'esprit de rébellion en
l'homme.)
— Voir: le Commentaire de
Schrœder.
-
Lémec ou Lamec, Genèse 5:25; 1 Chroniques 1:3; Luc 3:36, descendant de Seth et fils de Méthusélah, vécut sept cent cinquante-trois ans. Il devint père de Noé à l'âge de cent quatre-vingt-huit ans, et lui donna son nom, qui emporte l'idée de repos, «parce que, dit-il, celui-ci nous soulagera de notre œuvre et du travail de nos mains sur la terre que l'Éternel a maudite.» Ces paroles, qui dans leur sens le plus simple pourraient ne se rapporter qu'à la joie de Lémec d'avoir un fils pour aide et compagnon de sa vie, renferment aussi une première trace des espérances messianiques: Lémec voyait que le péché était arrivé à son comble, et que le jugement de Dieu ne pouvait se faire attendre; il prévoyait que son fils serait un instrument remarquable dans la main de Dieu, et il aura, comme tant d'autres, rapproché dans la perspective prophétique des événements qui devaient être séparés par des siècles, la délivrance de Noé, la délivrance du monde par Jésus.
LÉMUEL,
Proverbes 31:1. Selon les uns
c'est un nom symbolique, mais il ne
présenterait comme tel aucun sens
convenable; d'autres y voient, au moyen de
quelques changements de lettres, le nom de
Salomon; d'autres, en recourant à l'arabe, y
trouvent le nom d'Ézéchias; et la mère de ce
roi serait, ou bien Bathsébah, ou bien Abi;
d'autres pensent enfin à quelqu'un de ces
petits rois inconnus, voisins de la Judée,
mais c'est encore moins vraisemblable.
L'opinion la plus générale, qui prend Lémuel
pour Salomon, a quelque chose de naturel
quand on considère l'ensemble du recueil des
Proverbes; elle se justifie aussi par le
contenu de ce 31e chapitre, qui renferme de
si beaux conseils à un jeune roi, versets
2-9, et de si sages avertissements d'une
mère pieuse à son jeune fils, une
description si pleine de grâce et de vérité
du caractère d'une épouse vertueuse, 10-31;
et l'on comprend parfaitement ces paroles
dans la bouche de Bathsébah, qui, enlevée à
son premier époux, aurait dû partager le
repentir du séducteur si elle avait été
complice, et dans tous les cas se rattacher
toujours plus fortement à la vertu
conjugale, qui seule peut assurer le bonheur
de l'époux et de l'épouse. Mais on se
demande pourquoi et à quel propos Salomon
aurait pris ici le pseudonyme de Lémuel; on
ignore pourquoi Salomon se serait caché sous
un faux nom, et il suffit de cette
improbabilité pour faire rejeter cette
supposition. On doit admettre que Lémuel
était peut-être, comme Agur, un des sages
dont il est parlé 24:23; ou bien que c'est
un nom fictif, et que Salomon, ou un autre
auteur inspiré, aura mis dans la bouche
d'une mère, également fictive, les conseils
qu'il fait adresser au jeune roi.
— Les deux fragments de ce chapitre sont
complètements indépendants l'un de l'autre,
pour la forme comme pour le fond.
LENTILLES,
l'eruum lens de Linnée (Cl. XVII, 3), petit légume bien connu, et dont il est parlé Genèse 25:34; 2 Samuel 17:28; 23:11; Ézéchiel 4:9. Les lentilles d'Égypte était fort estimées des anciens, principalement celles d'Alexandrie; on les cultivait également en Palestine, 2 Samuel 23:11, où elles étaient, comme aujourd'hui encore en Orient, une nourriture sans doute toujours frugale, mais appétissante, et que ne dédaignent pas même les riches et les grands. D'après le voyageur Shaw, on fait bouillir un plat de lentilles avec de l'huile et de l'ail; ainsi apprêtées, elles forment une espèce de bouillie couleur chocolat, qu'Ésaü a bien pu appeler «de ce roux», et qui est encore la nourriture la plus habituelle de presque toutes les classes. En Arabie, on mêle du riz et des lentilles par portions égales, on arrose le tout de beurre fondu, et c'est pour la classe moyenne son principal et presque unique régal, surtout pour le repas du soir (Burckhardt). Diogène de Laerte, comme Ésaü, a nommé ce potage un plat roux, et cette dénomination lui convient d'autant mieux qu'en Orient les lentilles ont une cosse rouge-brun. Il résulte du passage d'Ézéchiel qu'on faisait aussi du pain de lentilles; Athénagore et Celse disent la même chose, et Sonnini l'appuie de son témoignage pour l'Égypte actuelle, mais seulement dans les temps de famine et pour les classes pauvres.
LÉOPARD,
Cantique 4:8; Ésaïe 11:6;
Jérémie 5:6; 13:23; Osée 13:7; Habacuc 1:8;
Daniel 7:6; Apocalypse 13:2. C'est par ce
mot que nos versions traduisent partout
l'hébreu namer: d'autres, comme
Luther, Winer, etc., le traduisent par
panthère. Il n'est pas facile de décider
laquelle de ces deux traductions doit être
préférée, vu que tous les détails que
l'Écriture sainte donne de cet animal
conviennent aussi bien à l'un qu'à l'autre:
la seule chose qui prouverait en faveur de
la panthère, c'est qu'elle paraît avoir été
connue en Palestine (— Voir: Seetzen
et Burckhardt), tandis que le léopard y
aurait été rare et peut-être même inconnu.
D'un autre côté, l'analogie du caldéen, du
syriaque, de l'arabe et de l'éthiopien
(Bochart), de même que l'uniformité de
traduction des Septante, de Jérôme et des
anciens, sembleraient militer fortement en
faveur de nos versions. Mais à la base de
tout cela règne une confusion d'histoire
naturelle, la confusion de trois espèces
voisines et différentes, la panthère,
l'once, et le léopard. La pardalis
des Grecs a eu successivement en latin les
noms de panthère, de pard, et de léopard;
c'est la panthère proprement dite, que les
Arabes nomment encore aujourd'hui alnemr ou
nemer, et que Bochart a nommée léopard tout
en voulant désigner la panthère. La
petite panthère d'Oppien est sans doute
l'animal que les voyageurs modernes ont
appelé once, plus petit que la panthère et
que le léopard. Enfin le léopard est
un animal de la Guinée, du Sénégal, et
d'autres pays méridionaux, que les anciens
paraissent n'avoir pas connu du tout; son
nom, qui faisait alors double emploi avec
celui de panthère, a été depuis déterminé
d'une façon plus spéciale, et appliqué au
léopard proprement dit. Il n'y a donc rien
d'étonnant à ce que les anciennes
traductions, qui étaient exactes vu le sens
que l'on donnait à ce mot, ne le soient plus
maintenant, et leur accord prouve d'autant
mieux que ce que les Hébreux nommaient namer
est la panthère de nos jours. Le corps de
cet animal (felis pardus, L.), lorsqu'il a
pris son entier accroissement, a environ
deux mètres de longueur, outre la queue, qui
est longue de plus de 70 centimètres; la
peau est d'un fauve plus ou moins foncé sur
le dos et sur les côtés, blanchâtre sous le
ventre; elle est marquée de taches noires en
grands anneaux ou en forme de roses, vides
au milieu, parfois avec une tache au centre;
il n'y a que des taches pleines sur la tête,
la poitrine, le ventre et les jambes; cf.
Jérémie 13:23. La panthère vit en Afrique et
en Arabie, sur le Liban et aux Indes. Elle
est ordinairement nommée à côté du lion dans
l'Écriture. Fière, sauvage, indomptable,
elle ne redoute aucun animal, et ne craint
pas d'attaquer l'homme lui-même, ce que le
tigre et le lion n'osent faire que
lorsqu'ils sont pressés par la faim ou
provoqués au combat. Sa course est rapide,
ses yeux sont vifs et continuellement en
mouvement, son expression est cruelle et
méfiante; elle a les oreilles courtes et le
cou épais; ses pieds de devant ont cinq
doigts, ceux de derrière n'en ont que
quatre, mais tous armés de griffes fortes et
aiguës, qui lui servent à retenir sa proie
aussi solidement que les dents. Carnivore,
et dévorant énormément de nourriture, elle
est néanmoins toujours maigre. Cet animal
est d'une remarquable fécondité, mais il a
pour ennemis le tigre et le lion, et ces
races terribles se font la guerre les unes
aux autres; c'est ainsi que Dieu a pourvu à
ce que, pour un temps du moins, leur
multiplication ne fût ni trop rapide, ni
trop grande.
Plusieurs passages prouvent que les
panthères étaient très nombreuses en
Palestine, et nous trouvons des lieux dont
le nom indique qu'ils étaient primitivement
fréquentés par ces féroces animaux; ainsi
Nimra au-delà du Jourdain (de nemer),
Nombres 32:3, Beth-Nimrah, ibid. 36. Josué
13:27, les eaux de Nimrim, Ésaïe 15:6;
Jérémie 48:34 (Il serait possible cependant
que ces noms, — Voir: Nimrah, eussent
une autre étymologie); enfin la montagne des
panthères, Cantique 4:8.
Ésaïe, faisant la description du règne
glorieux du Messie sur la terre (11:6) dit
qu'alors la panthère gîtera avec le
chevreau, bel emblème, si ce n'est qu'un
emblème, de la paix qui animera le monde, et
du changement qui se sera opéré dans les
cœurs violents, haineux, durs et passionnés,
à l'égard des faibles et des débonnaires.
LÈPRE, Lépreux.
Cette impure et désolante
maladie, endémique en Égypte et dans la
partie méridionale de l'Asie mineure, était
aussi l'un des fléaux les plus redoutés des
Juifs, chez qui elle était assez fréquente;
c'était une épouvantable calamité,
Deutéronome 24:8; on la regardait comme
envoyée de Dieu, Nombres 12:10; 2 Chroniques
26:19, et on ne la souhaitait comme
malédiction qu'à un ennemi mortel, 2 Samuel
3:29; 2 Rois 5:27.
La lèpre se manifeste d'abord à l'épiderme,
mais elle ne tarde pas à attaquer le tissu
cellulaire, les membranes graisseuses, les
os, la moelle et les articulations; ses
progrès sont lents, mais elle se communique
très facilement, surtout par la
cohabitation, et le père la lègue à ses
enfants jusqu'à la troisième et quatrième
génération, s'affaiblissant à mesure, et
perdant de son intensité de telle sorte que
chez le fils de l'arrière-petit-fils, sa
présence ne se constate plus que par des
dents gâtées et tartreuses, une haleine
fétide, et une apparence débile et maladive.
Le développement de la lèpre est favorisé
par une atmosphère humide et malsaine, par
la malpropreté, et par une nourriture grasse
et huileuse; ses indices avant-coureurs sont
de petites taches de la grosseur d'une
pointe d'épingle, qui atteignent bientôt la
dimension d'un grain de lentille; d'autres
fois ce sont des dartres et des croûtes, qui
se distinguent de l'exanthème de la lèpre
apparente en ce qu'elles s'étendent
continuellement, et que les poils ou les
cheveux (car c'est ordinairement par les
parties velues du corps qu'elle commence)
changent de couleur et perdent leur force et
leur vie. Avec les progrès de la maladie,
les taches et les dartres dévorent la chair
peu à peu et s'étendent sur tout le corps:
les parties attaquées par les taches, molles
et de diverses couleurs, jaunâtres,
noirâtres ou plombées, sont ordinairement le
visage, la poitrine, le bas-ventre, le
bassin, et les extrémités; la peau est alors
inégale, rude et insensible; on peut arriver
jusqu'à l'os avec une épingle ou avec un
couteau, sans que le malade éprouve la
moindre douleur: les parties attaquées par
des croûtes ou des dartres sont plus
sensibles, mais tourmentées de violentes et
continuelles démangeaisons.
On distingue plusieurs espèces de lèpres;
nous ne mentionnerons que les suivantes. La
lèpre blanche: c'est celle qui
régnait le plus parmi les Juifs, 2 Rois
5:27; Exode 4:6; Nombres 12:10; elle
s'annonçait par des taches et des pustules
blanches, les cheveux blanchissaient à
l'endroit suspect, la place s'agrandissait
promptement, la chair vive était mise à nu,
Lévitique 13:3,8,10,14,20,25,30; les parties
chevelues en étaient ordinairement les
premières attaquées, 13:29 (cf. 2 Chroniques
26:19); d'autres fois c'était aux places où
il y avait eu précédemment quelque ulcère ou
blessure, que le bouton de lèpre
apparaissait, 13:18. Une fois la lèpre
déclarée, toute la peau devient d'un blanc
luisant sur le nez, sur le front, et par
tout le visage; elle s'enfle, s'étend et se
durcit; parfois elle crève, et des boutons
pleins de pus se forment près de ces
crevasses; les extrémités s'enflent, les
ongles tombent des pieds et des mains, les
yeux sont fixes, mats et enflammés; les
oreilles sont rongées d'ulcères vers la
base; le nez s'enfonce, parce que le
cartilage se pourrit; au fond des narines
sont des boutons qui dégouttent
continuellement; les cheveux tombent, ou
s'emmêlent dans la teigne qui les entoure,
et se collent par mèches; tous les sens sont
émoussés; enfin le malheureux meurt, à la
fois de consomption et d'hydropisie. Dans
d'autres cas, la lèpre blanche se manifeste
subitement, ses germes longtemps cachés
éclatent tout-à-coup, et le malade devient
blanc de la tête aux pieds, Lévitique 13:12;
cf. 2 Rois 5:27.
L'éléphantiasis est
probablement cette autre espèce de lèpre qui
est mentionnée Deutéronome 28:27,35, sous le
nom d'ulcère d'Égypte; car cette maladie, au
dire de Pline et de Lucrèce, était endémique
dans la contrée où les Juifs furent si
longtemps retenus comme esclaves; elle a, de
même que la précédente, sa source dans la
malpropreté et dans l'absence de soins
donnés à des plaies ou à des boutons d'abord
peu considérables; elle se manifeste aussi
par des taches au visage et ailleurs, ou par
des dartres qui commencent par la grosseur
d'un pois, et atteignent bientôt celle d'une
noix ou d'un œuf; la peau se crevasse.
L'éléphantiasis n'est pas ordinairement très
douloureuse, il y a peu de boutons, et ce
n'est que lorsque la maladie est assez
avancée qu'une espèce de suppuration
commence à s'établir; les extrémités meurent
peu à peu et se séparent du corps les unes
après les autres; le visage enfle, se
bouffit, et paraît comme gras de suif; le
regard est sauvage et dur, l'œil s'arrondit,
il sort de son orbite, et ne peut plus se
mouvoir à droite et à gauche; il pleure
continuellement (cf. Job 16:16); la voix
s'affaiblit et devient nasillarde, ou même
se perd tout-à-fait; dans cet
affaiblissement général les besoins seuls
deviennent plus vifs, la gourmandise et la
volupté; une profonde mélancolie accompagnée
d'angoisse s'empare du malheureux; son
sommeil est troublé, il fait des rêves
effrayants (Job 7:14); il se relève, ses
pieds et ses genoux se heurtent dans ses
frissons, ils enflent, se durcissent au
point de résister à la pression de la main,
et se recouvrent d'une peau crevassée et
comme couverte d'écaillés. Cependant aucun
organe vital n'est attaqué, et le malade
peut vivre encore vingt ans et plus, comme
il peut aussi être enlevé subitement par une
légère fièvre, ou succomber à une
suffocation violente. Oh ne connaît pas de
remède à cette maladie qu'il est toujours
facile de prévenir en suivant les règles les
plus élémentaires de l'hygiène.
C'est l'éphantiasis que plusieurs savants
(Michaélis, Reinhard), croient reconnaître
dans la maladie de Job, dans cet ulcère
malin, 2:7, qui rappelle l'ulcère d'Égypte
par son nom et par ses caractères. D'autres,
comme Jahn, pensent à la lèpre noire
qui, du reste, ne diffère guère de la
précédente que parce qu'elle est accompagnée
d'une démangeaison plus vive et plus
constante. La peau devient rude et inégale,
elle se crevasse et se pèle en écailles d'un
rouge noirâtre; la teigne s'y joint et
attaque principalement les bras et les
jambes; les doigts se racornissent et
refusent de procurer aux démangeaisons du
malade un soulagement même momentané; toutes
les extrémités se gangrènent, meurent et
tombent, l'haleine est empoisonnée. On ne
peut nier que ces caractères ne conviennent
parfaitement à la maladie de Job; mais, d'un
autre côté, ceux de l'éléphantiasis s'y
rapportent également, et comme ces deux
maladies ont bien des points de contact et
qu'on peut aisément les confondre, il n'est
pas facile, comme il n'importe pas non plus,
de décider de laquelle des deux il s'agit
dans le récit sacré, d'autant plus qu'on ne
saurait prendre littéralement, ni comme
exacte description pathologique, tous les
détails que le livre de Job renferme sur sa
maladie, détails dont plusieurs se
rapportent plutôt à l'état de son âme qu'à
celui de son corps.
Enfin Moïse distingue soigneusement encore
une espèce de lèpre apparente qu'il
déclare sans contagion et sans danger,
Lévitique 13:39; Niebuhr l'a retrouvée en
Égypte sous le même nom et avec le même
caractère inoffensif; c'est une sorte de
teigne blanchâtre qui passe d'elle-même
après avoir duré de deux mois à deux ans,
sans laisser ni dans le corps ni sur la peau
aucune trace fâcheuse.
Manéthon, prêtre égyptien, Lysimaque, Molon,
Tacite et Justin racontent gravement que les
esclaves hébreux furent chassés d'Égypte à
cause de la lèpre dont ils étaient infectés;
Tacite ajoute (Hist. 5, 3) que ces
malheureux, abandonnés dans de vastes
solitudes, se laissaient aller aux larmes et
aux plaintes, lorsque Moïse, plus résolu que
les autres, leur dit qu'ils ne devaient
attendre de secours ni de Dieu ni des
hommes, et leur conseilla de l'accepter pour
chef et guide, ce qu'ils firent. Peu importe
le plaisir que cette anecdote a pu faire à
tous les ennemis des Hébreux depuis Manéthon
jusqu'à Shaftesbury, depuis Tacite jusqu'à
Bolingbroke; ce qu'il y a de mieux prouvé,
c'est que la lèpre appartient à la terre
d'Égypte, c'est que tous les anciens,
Romains et autres, Pline et Lucrèce, sont
d'accord à regarder cette maladie comme
naturelle au pays, favorisée par les
débordements du Nil; c'est que, par
conséquent, les Égyptiens étaient lépreux
par eux-mêmes sans que les Israélites leur
aient apporté ce fléau, qu'ils n'ont appris
à connaître eux-mêmes que depuis leur séjour
en Égypte; et comme le dit Cellérier (Espr.
de la Lég. Mos. II, 320), si les Égyptiens
voulaient se délivrer radicalement de la
lèpre, il était inutile de faire partir les
Hébreux, ils auraient dû partir eux-mêmes.
Le récit de Tacite n'est donc qu'une
évidente fausseté, y compris les absurdités
qui l'accompagnent et que nous nous sommes
dispensés de reproduire.
On peut croire qu'à leur sortie d'Égypte, un
assez grand nombre d'Israélites étaient en
effet souillés de cette maladie, jusqu'alors
inconnue pour eux, et de laquelle ils
n'avaient pas su se garantir; elle joue dès
lors un grand rôle, non seulement dans la
législation, mais même dans les miracles du
législateur, Exode 4:6-8; Nombres 12:10-15.
Les lois de Moïse relativement aux lépreux,
sont un développement des lois sur la pureté
légale, en même temps qu'elles tendaient à
prévenir la contagion de cette hideuse
maladie. Aucun remède n'est indiqué; les
sacrificateurs sont chargés d'examiner les
premières traces du danger, et l'exactitude
des distinctions établies par Moïse, la
sagesse des diagnostics qu'il indique pour
mettre les prêtres à même de prononcer avec
connaissance sur l'existence du mal comme
sur sa guérison, font encore aujourd'hui
l'admiration des gens de l'art,
— Voir: Lévitique 13:1; sq. 14:1; sq.
Nombres 5:1-4; Deutéronome 24:8-9.
Lorsqu'un homme était reconnu lépreux, le
sacrificateur le déclarait impur, l'excluait
du commerce des hommes, le reléguait à la
campagne dans la société d'autres lépreux, 2
Rois 7:3; Luc 17:12, ou dans des lieux
inhabités; on lui déchirait ses vêtements en
signe de deuil, et s'il voyait quelque
étranger s'approcher de lui sans défiance,
il était tenu de l'avertir en lui criant de
loin, Souillé! souillé! Aucun rang ne
pouvait soustraire à cet isolement; la sœur
de Moïse dut sortir du camp, Nombres 12:15,
et Hozias demeurait dans une maison écartée,
2 Chroniques 26:21. Cette solitude n'était
cependant pas un emprisonnement, et on les
voit dans l'Évangile, comme de nos jours
encore en Arabie, se promener librement; il
paraîtrait même, d'après Lightfoot, qu'ils
étaient admis dans les synagogues. Lorsqu'un
lépreux se croyait guéri, il allait se
montrer au sacrificateur, sans la permission
duquel il ne pouvait rentrer chez lui, et
s'il était véritablement reconnu net, il
passait par diverses cérémonies et
purifications destinées à représenter la
purification de l'âme par l'aspersion du
sang de Christ, puis il rentrait dans la
société des hommes purs, et dans l'usage des
choses saintes.
Cette maladie, apportée en Europe par les
saints et galants chevaliers des croisades,
a été dans un temps tellement commune, que
l'on comptait jusqu'à 19,000 ladreries,
lazareries, lazarets ou léproseries;
maintenant elle a presque disparu de chez
nous, ou du moins elle a changé de nature,
et quelques habiles médecins veulent en
reconnaître une variété dans les maux
secrets; mais on la retrouve en Égypte et
dans les deux Indes avec tous les caractères
que nous avons mentionnés. Le voyageur
Caunter raconte, dans les termes suivants,
la rencontre qu'il fit un jour d'un lépreux
dans l'Inde: «Pendant que je me promenais un
soir sur le rivage de la mer, je vis venir
vers moi un être si extraordinaire que je ne
pus en détacher mes yeux; c'était un homme
vêtu seulement d'un morceau d'étoffe autour
du corps (c'est le vêtement des castes
inférieures de l'Inde). Il avait la peau
tout-à-fait blanche, comme si elle avait été
brûlée avec un fer rouge. Il avait la tête
nue, et ses cheveux, absolument de la
couleur de sa peau, tombaient en longues
mèches» sur ses épaules décharnées. Ses
yeux, à l'exception de la prunelle, étaient
d'un rouge foncé; il les tenait constamment
fixés vers la terre comme s'il lui eût été
douloureux de regarder en l'air; il marchait
avec lenteur et faiblesse, et sa maigreur
était aussi effrayante à voir que celle d'un
squelette vivant. Il s'arrêta à quelques pas
de moi; je m'avançai, mais il recula. Alors
il nie supplia de lui donner quelque chose
pour l'empêcher de mourir, parce qu'il était
pour tous un sujet de mépris et qu'il ne
pouvait aller ni chez lui, ni chez ses amis.
Il me dit de ne pas m'approcher d'une
créature souillée, objet d'aversion pour
tout le monde, contre laquelle chacun levait
la main et qui n'inspirait de pitié à
personne. Je le questionnai: il me dit qu'il
avait souffert de la lèpre pendant plusieurs
années d'une manière horrible, et que le
mal, quoique guéri maintenant, lui avait
laissé ces marques de souillure qui
l'empêchaient de retourner vers ses
semblables. En effet, la couleur de sa peau
était aussi blanche que celle d'un cadavre,
et en le voyant, personne ne pouvait douter
qu'il n'eût eu la lèpre.»
Le christianisme prend soin des lépreux; le
paganisme des Indes les brûlent vivants.
— Moïse parle encore de la lèpre des
maisons et de celle des étoffes,
Lévitique 13:47-59; 14:33-53; mais la
science moderne n'est pas encore fixée sur
la solution de ce problème d'histoire
naturelle; quelques savants (Michaélis,
Winer, Volney, I, 55) voient dans la lèpre
des maisons l'effet du salpêtre sur les
murs, taches d'un rouge verdâtre qui rongent
peu à peu les pierres et la chaux, et qui,
sans endommager peut-être d'une manière
notable les bâtiments, corrompent
l'atmosphère et peuvent menacer la santé des
habitants; Calmet croit que cette espèce de
lèpre est causée par de petits vers qui
rongent la pierre, longs d'environ deux
lignes, grisâtres et munis de quatre
mâchoires; les rabbins ne s'expliquent pas
sur ce point, ils y voient d'une manière
générale une plaie divine. II est probable
que l'on ne tardera pas à obtenir plus de
lumières sur ce sujet par les études qui
sont commencées en Égypte, où ce curieux
phénomène a encore été remarqué par Volney.
La lèpre des étoffes est aussi peu
connue; on l'a remarquée, non seulement sur
des draps de laine, mais encore sur des
peaux et sur du cuir; elle se trahit comme
celle des maisons par des taches rouge-vert,
et Michaélis l'attribue à des insectes fort
petits qui se développent plus facilement
dans les laines de mauvaises qualités,
notamment dans la laine de moutons morts de
maladies. Il faut attendre des
renseignements ultérieurs sur cette lèpre
qui s'attache à des objets inanimés. Quant
aux prescriptions de Moïse à cet égard, la
destruction des maisons et des étoffes
lépreuses, elles avaient pour but, d'abord
de prévenir des maladies contagieuses et
d'empêcher les miasmes provenant d'une
fermentation putride, ensuite d'affermir la
loi principale en l'entourant, comme d'un
rempart, de toutes ces lois secondaires
relatives à la souillure légale.
La lèpre était un emblème du péché; pour
exprimer la délivrance du lépreux, c'est
toujours le mot nettoyé, jamais celui de
guéri dont se servent les auteurs sacrés; la
lèpre était considérée comme une souillure
encore plus que comme une maladie.
LÉSA,
Genèse 10:19, dans les environs de la mer Morte sur ses bords orientaux, est, d'après saint Jérôme, la ville de Callirhoé où se trouvaient des eaux thermales.
LÉTHEK,
mesure valant Un demi-homer, Osée 3:2, ou cinq baths, environ 175 litres.
LETTRES.
-
La correspondance n'a jamais été aussi active en Orient qu'en Occident; dans l'antiquité, elle était presque nulle; de nos jours encore elle est assez rare. Les messages ordinairement se faisaient de bouche; cependant on trouve çà et là dans l'Ancien Testament des traces de lettres écrites, cf. 2 Samuel 11:14; Esdras 4:8, qui étaient portées ou par des courriers exprès, 2 Chroniques 30:6, ou par des voyageurs en passage, Jérémie 29:3. Les rois hébreux envoyaient des courriers extraordinaires toutes les fois qu'ils avaient un ordre à expédier ou une communication à faire connaître; c'était un service du moment et non régularisé; les rois perses, au contraire, avaient déjà un commencement d'organisation des postes, et des angares ou courriers, disposés par stations, Esther 8:10.
— Les lettres n'étaient et ne sont presque jamais cachetées en Orient; cependant, lorsqu'elles sont adressées à des personnages distingués, on les place dans de magnifiques bourses que l'on scelle avec de l'argile; cette coutume est fort ancienne, mais d'origine inconnue. Il semble que les Hébreux aient fait exception à la règle; dans l'Ancien Testament il est, en effet, encore parlé de lettres cachetées, 1 Rois 21:8; une lettre décachetée est mentionnée comme exception, Néhémie 6:5, et l'on peut croire que Samballat a voulu donner à Néhémie une marque de mépris par cette façon d'agir. L'usage de lettres circulaires, ou du moins copiées à un grand nombre d'exemplaires, est indiqué 2 Rois 10:1-6, et nous voyons, Esdras 4:6,17, un rapport écrit adressé à Artaxercès et un édit royal également envoyé sous forme de lettre; cf. Actes 23:25, et les épîtres du Nouveau Testament qui témoignent du développement qu'avait pris la correspondance à cette époque de renaissance et de réveil.
-
Lettres,
— Voir: Écriture.
LEVAIN,
pâte aigrie en usage dans
toutes les maisons, et déjà bien connue dans
l'antiquité, qui en comptait de diverses
espèces, Pline 18, 26; il sert à faire lever
et fermenter la pâte en même temps qu'il lui
donne plus de goût, et même, suivant
quelques auteurs, une saveur irritante et
sensuelle. Les Hébreux le préparaient comme
on le fait ordinairement chez nous, en
laissant reposer la pâte deux ou trois jours
jusqu'à ce qu'elle s'aigrît; d'autres fois,
et pour obtenir plus vite du levain, ils
pétrissaient la farine avec de la lie ou du
moût de vin. S'ils étaient extrêmement
pressés, ils faisaient leurs pains sans
levain, Genèse 19:3; Juges 6:19, comme le
font encore de nos jours les Arabes
bédouins. L'emploi du levain était
expressément interdit aux Hébreux pendant
les sept jours de la Pâque, Exode
12:8,15,20; 13:3,6, et ils ne pouvaient pas
même offrir à Dieu des gâteaux levés ou
miellés, Lévitique 2:11; Amos 4:5; il leur
était même défendu d'avoir du levain dans
leurs maisons, et le soir du 14 nisan tous
les Juifs veillaient soigneusement à ce que
tout levain et toute chose levée fût
emportée et brûlée, sans qu'ils pussent même
s'en servir pour leurs fourneaux, et en
tirer ainsi quelque profit. D'après les
rabbins, la même défense s'appliquait encore
aux animaux. La Pâque passée, ils pouvaient
recommencer à faire du levain, et les
prêtres avaient droit aux prémices de tout
ce qui se pétrissait, Nombres 15:20.
— Il est évident que dans la symbolique
juive cette substance, qui n'était qu'une
corruption de la pâte primitive, et une
corruption corruptrice, était considérée
comme l'emblème du péché, qui peut être peu
de chose en apparence, mais qui envahit, qui
se propage, qui entraîne les masses dans la
corruption et dans la perdition. On trouve
la même idée exprimée dans Plutarque, et
chez Aulu-Gelle qui dit: Farinam fermento
imbutam attingere flamini diali fas non est
(— Voir: Casaubon, sur la 1re satire
de Perse). Les pains du cinquantième jour,
ou de Pentecôte, qui devaient représenter la
nourriture ordinaire de l'homme (et
spirituellement le péché), étaient en
conséquence pétris avec du levain, Lévitique
23:17, de même que les gâteaux d'actions de
grâces qui accompagnaient les tourteaux sans
levain, et qui devaient leur servir comme
d'assiettes, Lévitique 7:12-13, c'est-à-dire
être à leur égard dans une position
d'infériorité et de moins grande pureté.
1 Corinthiens 5:6, Paul s'adresse à une
communauté chrétienne qui paraissait
s'enorgueillir de ce que tout n'était pas
corrompu dans son sein, et supposer que la
pureté pourrait se maintenir à côté de
l'incestueux. Vous n'avez pas sujet de vous
glorifier, leur dit-il, ne savez-vous pas
qu'un peu de levain fait lever toute la
pâte? Puis il les exhorte (versets 7 et 8) à
faire disparaître, comme les Juifs aux
approches de la Pâque, le vieux levain, soit
qu'on doive entendre par là les méchants et
les impies qui se trouvaient au milieu
d'eux, soit que cette expression se rapporte
aux mauvais désirs et aux inclinations
corrompues qui n'occupent souvent que trop
de place dans le cœur même de l'homme
régénéré. L'une et l'autre de ces
explications se justifient par le contexte
et par l'analogie de la foi. L'apôtre
appelle levain la méchanceté et la malice,
et il appelle la sincérité et la vérité des
pains sans levain.
Matthieu 16:6, Jésus engage ses disciples à
se garder du levain des pharisiens et des
sadducéens; dans Marc 8:15, c'est du levain
d'Hérode, c'est-à-dire de cette incrédulité
commune au parti soi-disant religieux et
rationaliste des sadducéens, et au parti
religieux politique des hérodiens; le levain
des pharisiens était la propre justice, ou,
comme dit saint Luc, l'hypocrisie, la vertu
extérieure, 12:1. Le mauvais levain, c'est
la mauvaise doctrine, Matthieu 16:12, une
prétendue morale, une prétendue raison.
C'est à tort que l'exégèse ordinaire du
passage Matthieu 13:33; Luc 13:21, prend le
mot levain en bonne part, comme désignant
l'Évangile, tandis que le mot pâte
signifierait le monde. Le mot pâte est
toujours pris en bonne part, et dans ce
passage il désigne l'Église; le mol levain
qui est toujours pris en mauvaise part, se
rapporte au monde; on peut s'étonner qu'une
exégèse aussi absurde ait pu prévaloir si
longtemps. Notre Seigneur raconte dans les
sept paraboles de Matthieu 13, les destinées
de l'Église, et il veut la mettre en garde
contre l'erreur et l'infidélité en apparence
les moins graves et les moins dangereuses;
un peu de levain fait lever toute la pâte,
cf. 1 Corinthiens 5:6.
LEVER.
L'élévation et le tournoiement
étaient deux cérémonies que l'on rencontre
quelquefois parmi celles qui accompagnaient
les sacrifices lévitiques. Le sacrificateur
levait en mémorial l'offrande du
gâteau, Lévitique 2:8-9; il levait de même
une poignée de fleur de farine, l'offrande
étant alors de nature à ne pouvoir être
tenue à la main dans son entier, 6:15, et
enfin toute la graisse des sacrifices, pour
le péché ou des sacrifices de prospérité,
4:8,10; c'est-à-dire que toutes les choses
qui étaient destinées à être consumées sur
l'autel étaient d'abord levées, et ce n'est
qu'après cette cérémonie qu'on y mettait le
feu. Le tournoiement avait lieu non
seulement pour les offrandes non sanglantes,
Exode 29:24; Lévitique 8:27; Nombres 5:25,
huiles, farines, gâteaux, prémices des
fruits et des blés, Lévitique 23:11-12,20,
mais encore pour les victimes sacrifiées; et
alors tantôt on ne faisait tournoyer,
notamment dans les sacrifices d'actions de
grâces, que quelques parties du corps de
l'animal, la poitrine ou l'épaule droite,
Exode 29:26; Lévitique 7:30,34; 9:21; 10:14;
Nombres 6:20, tantôt on faisait tournoyer la
victime entière, Lévitique 14:12; 23:20; et
les lévites eux-mêmes paraissent avoir été
soumis à cette cérémonie lors de leur
consécration, Nombres 8:11,15. La partie
tournoyée appartenait aux prêtres, mais ne
pouvait être mangée que par eux et leurs
enfants, et cela dans un lieu pur et
consacré, Lévitique 10:14. C'était une
portion de leurs revenus, et de la part de
ceux qui l'offraient c'était moins un
sacrifice qu'une contribution pour les
besoins du culte.
— On n'a que peu ou même point d'indications
précises sur la nature de ces cérémonies
qui, dans tous les cas, étaient fort
différentes l'une de l'autre dans leurs
formes comme dans leur but. L'élévation
s'explique d'elle-même, et cette figure
judaïque a été imitée par l'église romaine
dans ce qu'elle appelle l'élévation de la
messe; l'offrande est élevée devant l'autel,
en sacrifice au Dieu qui trône dans le ciel.
Le tournoiement, qui se faisait sur les
paumes des mains, avant le sacrifice et
devant l'autel, Exode 29:24; Lévitique 8:27,
était une élévation accompagnée de
mouvement, soit de droite à gauche, soit
d'avant à arrière, soit aussi, comme les
Juifs le prétendent, vers les quatre points
cardinaux du ciel, lorsqu'il ne s'agissait
que de brebis, ou de pièces peu
considérables. Quant au tournoiement des
lévites et à leur présélection comme
offrande, on peut croire que-e mouvement qui
leur était imprimé par le souverain
sacrificateur était un va et vient dirigé
vers l'autel, rappelant le porricere
des Romains.
LÉVI,
-
troisième fils de Jacob et de Léa, Genèse 29:34; 35:23 (Exode 6:16; 1 Chroniques 2:1), se joignit à Siméon pour venger d'une manière perfide et violente l'injure qui avait été faite à leur sœur Dina, Genèse 34:25. Lorsqu'il descendit en Égypte avec son père, il avait déjà ses trois fils Guerson, Kéhath et Mérari, 46:11, qui furent chefs d'autant de familles, Exode 6:16, et une fille, Jokébed, qui épousa Hamram son neveu, fils de Kéhath, et fut la mère de Moïse, Nombres 26:59. Il mourut à l'âge de cent trente-sept ans; sa postérité devait être dispersée en Israël, suivant la sentence prophétique du vieux Jacob, Genèse 49:7, mais cette menace fut changée en bénédiction: les liens intimes qui unissent en Orient les membres d'une famille de bergers furent brisés pour cette famille; mais le sacrifice des affections domestiques fut compensé par la gloire du sacerdoce, et Moïse mourant annonça les hautes et saintes destinées qui continueraient d'honorer la tribu de Lévi, honneur et charge tout ensemble, Deutéronome 33:8. Avant sa consécration publique, et dans le voyage du désert, cette tribu était déjà comme préparée à ses fonctions futures par le soin du tabernacle et de ses ustensiles, qui lui était confié; ils devaient assembler et désassembler le pavillon à chaque départ et à chaque campement, et veiller à ce que personne n'en approchât, Nombres 1:50. Peu nombreuse relativement aux autres, la tribu de Lévi comptait cependant déjà dans le désert 22,000 mâles dont 8,580 entre trente et cinquante ans. Ces 22,000 furent appelés à remplacer, dans le service des choses saintes, les premiers-nés des fils d'Israël qui avaient été primitivement consacrés à ce service, et dont le nombre s'élevait, lors du même recensement, à 22,273. La cérémonie de consécration est racontée, Nombres 3, cf. Deutéronome 10:8. Plus tard, dans le dénombrement qui fut fait à Sittim aux plaines de Moab, le chiffre des Lévites s'élevait à 23,000; mais ils ne furent pas compris dans le recensement général, la tribu étant devenue une caste, Nombres 26:62. Ils n'eurent en conséquence, aucun territoire, mais quarante-huit villes avec leur banlieue leur furent assignées pour y habiter, dispersées au milieu des douze tribus, Josué 21, et ils eurent droit à des dîmes et redevances en nature pour leur subsistance journalière, cf. Deutéronome 10:9; 14:29; Josué 13:14,33. Privés de capitaux, ils ne devaient avoir que des revenus; leur sort fut en quelque sorte assuré sur la piété des fidèles. Ils avaient de plus l'avantage de pouvoir, dans les villes qui leur appartenaient, racheter en tout temps, sans même attendre l'année jubilaire, les maisons qu'ils avaient pu être forcés d'aliéner un instant, Lévitique 25:32, tandis que d'un autre côté la maison ou le champ qui avait été voué au temple, et qui pouvait être racheté, devenait, en cas de non rachat, propriété lévitique et inaliénable en l'année du jubilé, 27:16-21,
— Voir: Lévites.
-
et #3...
-
Luc 3:29,24, ancêtres inconnus de Marie.
-
— Voir: Matthieu.
LÉVIATHAN.
Cette expression hébraïque
emporte avec elle l'idée de mouvements
sinueux et tortueux; elle dirige l'attention
vers ces grands amphibies qui s'ébattent à
l'aise au milieu des eaux, les serpents et
le crocodile. C'est, il paraît aussi, la
signification générale de ce mot, et selon
quelques auteurs il aurait tour à tour l'une
et l'autre signification; il faudrait
l'entendre plus spécialement des serpents,
Job 3:8; Ésaïe 27:1, du crocodile, Job
40:20, et des monstres marins en général,
Psaumes 104:26; 74:13, pris dans ce dernier
passage comme symboles de redoutables
ennemis. (La dernière partie de Job 3:8,
doit se traduire «ceux qui sont habiles à
conjurer les léviathans.») Si l'on peut
admettre ces divers sens d'un même mot,
— Voir: Serpent,
il est un passage au moins dans lequel on
doit le préciser davantage, c'est dans la
description qui est faite de cet animal, Job
40:20-41:25. Et d'abord Il est évident que
ce morceau qui célèbre la grandeur de Dieu
dans la création, contient la description
d'un animal réellement existant, et non
point d'un être fabuleux et chimérique,
ainsi que l'ont supposé quelques auteurs. Un
assez grand nombre d'idées ont été émises
sur cette question, et plusieurs, notamment
Schultens dans son commentaire, ont soutenu
qu'il fallait entendre par léviathan les
plus grosses espèces de serpents marins;
mais depuis Bochart presque tous les
interprètes sont d'accord à y voir le
crocodile (Rosenmuller, Gesenius, Winer,
Preiswerk, Hævernick), et cette opinion se
justifie amplement par l'accord des détails
du livre sacré avec tout ce que nous
connaissons de cet animal. Le morceau de Job
se divise en deux parties; la première
(40:20-41:2) est destinée à montrer, à faire
ressortir la faiblesse de l'homme en
présence de ce redoutable animal, si fort et
si bien armé pour résister et se défendre;
elle amène naturellement la conclusion:
Comment celui qui ne peut lutter contre la
créature, essaierait-il de le faire contre
le créateur? La seconde (41:3-25) est une
description des différentes parties de
l'animal, de son caractère, de sa force et
de sa férocité, description si vivante qu'il
semble qu'on ait le léviathan devant les
yeux, la gueule ouverte, jetant des flammes.
«Tireras-tu le léviathan avec un hameçon? Prendras-tu sa langue avec une ligne?
Lui passeras-tu une corde de jonc dans le nez? et lui perceras-tu d'un croc les mâchoires?
T'adressera-t-il beaucoup de prières? Te dira-t-il de belles paroles? (s'humiliera-t-il devant toi?)
Fera-t-il une alliance avec toi, que tu le prennes pour serviteur à toujours?
T'en amuseras-tu comme d'un oiseau, et l'attacheras-tu pour tes jeunes filles? (comme en Orient les enfants aiment à jouer avec de petits animaux, dont un léger fil suffit pour assurer la captivité.)
Les associés pêcheurs en font-ils commerce? le partagent-ils entre les marchands?
Rempliras-tu de pointes sa peau? (de manière qu'il y en ait assez pour le tuer), et du harpon des pêcheurs sa tête?
Mets sur lui ta main, essaie la lutte; tu n'y reviendras plus.
Voici, l'espérance de celui gui l'essaierait s'évanouira: est-ce qu'à sa vue déjà il n'est pas atterré?
Il n'en est pas d'assez vaillant pour l'éveiller. Et qui est celui qui se présenterait devant moi (pour me résister)?
Qui m'aurait fait des avances que je doive les lui rendre? Tout sous tout le ciel est à moi.
Je ne me tairai point de ses membres, l'expression de ses forces, la beauté de son armure.
Qui découvrira le dessus de son vêtement (la cuirasse qui recouvre sa peau)? Qui s'aventurera dans sa double denture?
Qui ouvrira les portes de son visage? Ses dents tout à l'entour sèment l'épouvante.
Fières sont les rangées de sa cuirasse, serrées comme d'un étroit cachet.
L'une touche à l'autre, un souffle ne passerait pas entre elles.
Chacune est collée à sa voisine; elles tiennent l'une à l'autre, et ne peuvent être séparées.
Ses éternuements rayonnent la lumière, ses yeux sont comme les paupières de l'aurore (c'est-à-dire comme les premiers rayons du jour. Les anciens avaient déjà remarqué que lorsque le crocodile sort du fond des eaux, on voit briller, avant même de voir son corps, ses yeux qui annoncent ainsi sa venue, comme l'aurore annonce le soleil.)
De sa bouche sortent comme des flambeaux; des étincelles de feu en jaillissent. De ses narines sort une fumée, comme d'un pot bouillant ou d'une chaudière.
Son souffle flambe comme un brasier (ou allumerait des charbons), et une flamme sort de sa gueule.»
Ces versets se rapportent au crocodile sortant du fleuve et chassant avec violence par les naseaux et par la bouche l'eau qui s'oppose à ses mouvements impétueux; ce sont des jets qui rayonnent dans tous les sens, et qui ont, selon quelques auteurs, une lumière phosphorescente quand l'animal est échauffé ou irrité; le voyageur Bartram parle aussi de cette vapeur qui sort de ses narines comme une fumée.
«En son cou repose la force, et devant lui danse l'effroi.
Les fanons de sa chair sont fermes, coulés (ou fondus) en lui, rien ne bouge. (L'image de la fonte exprime la dureté et l'adhésion des parties entre elles.)
Son cœur est dur (de fonte) comme une pierre, dur (de fonte) comme une pierre de meule de dessous.
Quand il se lève, des héros s'épouvantent; ils sont hors d'eux-mêmes d'effroi.
L'attaque-t-on avec l'épée, elle ne prend pas; ni dard, ni lance, ni cuirasse ne servent.
Il estime le fer comme de la paille, l'airain comme du bois pourri.
Le fils de l'arc (la flèche) ne le fait pas fuir, en chaume se changent pour lui les pierres de la fronde.
La massue lui semble comme du chaume; il rit du sifflement du javelot.
Sous lui sont des têts aigus (les écailles de son ventre); il traîne sur la vase une herse à battre le blé (c'est-à-dire il laisse dans la vase, partout où il se repose, des traces de son passage et l'empreinte de ses dures et fortes écailles qui labourent le terrain, comme si la herse y avait passé.)
Il fait bouillonner la profondeur comme un chaudron, et rend la mer semblable à un parfum (ou à un vase de parfumeur. Cette partie de la comparaison n'est pas claire; l'auteur veut dire que le léviathan agite et trouble les flots: mais quel rapport cette agitation a-t-elle avec du parfum?)
Derrière lui brille son chemin; l'abîme apparaît comme une tête blanchie (à cause de l'écume que la rapidité de ses mouvements forme autour de lui).
Rien sur la terre ne l'égale; il a été fait pour ne rien craindre.
Il voit au-dessous de lui (ou il fixe) tout ce qui est élevé; il est roi sur tous les orgueilleux (animaux).»
Tous les détails de cette poétique description concordent avec ce que les naturalistes et les voyageurs, anciens et modernes, nous disent du crocodile. Cet animal, géant dans la famille des lézards, habite particulièrement les bords du Nil, et devait être bien connu d'un auteur qui avait vécu en Égypte, comme celui du livre de Job. C'est là qu'il atteint sa plus grande longueur, qui va jusqu'à 10, et même 12 mètres; en Amérique, il n'en dépasse pas 6 ou 8. Son corps est vert, tacheté de noir; le ventre est d'un blanc jaunâtre. La tête est au moins deux fois aussi longue que large, et sa gueule, garnie à la mâchoire supérieure de trente-six, à l'inférieure de trente dents, longues et pointues, s'ouvre jusque derrière les yeux et les oreilles. Ses mâchoires sont extrêmement fortes; mais, comme elles ne peuvent se mouvoir que du haut en bas, et nullement de droite à gauche, le crocodile ne peut rien mâcher, et doit avaler sa nourriture telle qu'elle entre dans sa gueule; il y joint quelquefois des pierres pour faciliter la digestion. Ses yeux et ses oreilles se recouvrent, quand il est dans l'eau, de peaux très fines qui ne gênent pas les fonctions de ces organes, et servent à les protéger. Son cou est court, et son dos si raide que tous les mouvements de côté, un peu rapides, lui sont impossibles, ce qui permet facilement à ceux qui sont poursuivis de lui échapper. Les écailles de son dos, toutes égales entre elles, sont rangées sur dix-sept bandes, et se distinguent par leur forme carrée et régulière. Ce que l'on a dit des larmes et du ton plaintif de cet amphibie, n'est qu'une fable: sa voix (s'il en a une, ce qui est nié par quelques-uns), serait une sorte de mugissement rauque et élevé, sans rapport avec les cris d'un enfant. Il a le sang froid, et en petite quantité, rougeâtre, et il peut en perdre la plus grande partie sans en être sensiblement éprouvé. La femelle dépose dans le sable de trente à soixante œufs, légèrement plus grands que ceux de nos poules, et les laisse éclore au soleil, se bornant à les surveiller pour les défendre au besoin. Quand les petits brisent leur coquille, ils ont déjà 20 à 25 centimètres de longueur; leur peau est tendre, mais ils n'en sont pas moins vifs et voraces.
(Il
faut considérer aussi que le
Léviathan était une
espèce de dinosaures qui survécut les eaux
du déluge. Nous savons d'après des fouilles
et découvertes archéologiques que les
dinosaures et les hommes vécurent dans une
même période de l'histoire. Plusieurs
monstres marins ont aussi été rapporté qui
entre dans le contexte de cette
description.)
Le crocodile passe volontiers ses journées
sur terre, étendu sur le sable aux brûlants
rayons du soleil africain, et sommeillant;
le soir, il retourne à l'eau. Sa pâture, il
la cherche partout, mais s'attache de
préférence aux êtres vivants; des enfants,
des femmes, des hommes même, deviennent
victimes de sa férocité; il fond sur eux à
l'improviste, et les entraîne dans le
fleuve. Quelques peuplades africaines se
nourrissent de sa chair et la regardent
comme un morceau délicat; mais elle est duré
et répand une forte odeur de musc.
— On peut voir de très intéressants détails
et des extraits du voyage de Bartram, dans
le Morgenland de Preiswerk, 1839,
avril.
LÉVIRAT.
Le mot ne se trouve pas dans
l'Écriture, mais la chose s'y trouve.
Levir, en latin, signifie le frère du
mari, (lege vir, comme en anglais
in law, désigne les parentés acquises
par le mariage), et ce nom a été donné à la
loi de Moïse qui obligeait un frère à
épouser la veuve de son frère mort sans
enfants, de telle sorte que l'aîné des
enfants qui naîtraient de cette union
nouvelle héritât des biens et du nom du
défunt, Deutéronome 25:5-10; cf. Marc 12:18;
sq. Cet usage, particulier, à ce qu'il
semble, à la famille des Hébreux, était
antérieur à Moïse, Genèse 38:6-8, et n'a été
peut-être conservé par lui qu'à cause du
sentiment national, qui regardait comme un
devoir de ne pas laisser éteindre la race et
le nom d'un homme mort prématurément, ou
privé de descendance. Cette loi favorisait
d'ailleurs l'esprit de famille, la division
des fortunes et la perpétuité des héritages;
elle était une exception formelle et motivée
aux lois sur l'inceste,
— Voir: Lévitique 18:16.
Le droit ouïe devoir d'épouser pouvait se
transmettre à un parent plus éloigné; mais
le frère qui renonçait à la main de la veuve
pour se soustraire à cette charge,
quelquefois gênante et coûteuse, était
flétri officiellement et publiquement,
flétrissure qui, du reste, fondée sur le
préjugé, devait s'affaiblir avec lui; c'est
ainsi que, dans le livre de Ruth, on voit
déjà l'opinion modifiée, et la cérémonie
destinée d'abord à jeter un blâme sur celui
qui refuse, n'est plus qu'un moyen
judiciaire de faire constater son refus,
Ruth 4:1-10.
— Les prêtres étaient dispensés d'obéir au
lévirat, Lévitique 21:13, ainsi que
probablement les hommes hors d'âge d'avoir
des enfants, et les prosélytes. C'était le
frère le plus âgé du défunt qui était le
premier obligé, et il ne paraît pas que la
circonstance qu'il aurait été marié lui-même
fût un motif suffisant de refus.
— Le lévirat, au surplus, a été retrouvé aux
Indes et en Perse, à Siam, à Pégu, chez les
Afghans; Niebuhr l'a découvert chez les
Circassiens; Bergeron chez les Tartares;
Bruce chez les Gallas, en Abyssinie.
LÉVITES.
Dans son acception la plus
générale, ce nom comprend tous les
descendants de Lévi, fils de Jacob, Exode
6:25; Lévitique 25:32; Josué 3:3; Ézéchiel
44:15. Dans le sens plus restreint et aussi
plus ordinaire, il sert à désigner tous ces
descendants, moins la famille d'Aaron, qui
était de la branche de Kéhath, et
spécialement destinée à la sacrificature, —
Voir: Prêtres. Nombres 3:6-18:2. Il
désigne donc, dans le premier cas, la tribu,
pauvre et dépossédée en Israël, dans le
second, la partie inférieure de la caste
sacerdotale, la postérité de Guerson et de
Mérari, celle de Jitshar et de Huziel,
enfants de Kéhath, et celle de Hamram par
Moïse, cf. Exode 6:16; sq. C'est de ceux-là
seulement que Dieu pouvait dire: «J'ai
entièrement donné les lévites à Aaron»,
Nombres 8:19; 18:6; 3:6. Ils étaient ainsi
les serviteurs naturels du sanctuaire, les
aides des prêtres et des sacrificateurs,
obligés de les servir ou de les remplacer
partout où la sainteté des cérémonies
n'exigeait pas la présence exclusive du
sacerdoce supérieur, comme l'exigeait le
service de l'autel et de ce qui était
au-dedans du voile. Dans le désert, ils
devaient monter et démonter le tabernacle à
chaque station, Nombres 1:51, couvrir et
porter l'arche du témoignage et les vases
sacrés, Nombres 4, Deutéronome 31:25; cf. 1
Samuel 6:15; 1 Chroniques 15:2,27; 2
Chroniques 5:4; Lorsqu'un centre plus stable
eut été donné au culte, et que Jérusalem fut
de venue le siège de la théocratie, ils
furent chargés de la garde du temple et du
soin d'en ouvrir et d'en fermer les portes,
1 Chroniques 9:27; 23:32; 26:12, des vases
sacrés et de leur entretien, 1 Chroniques
9:28; 2 Chroniques 29:16, de là préparation
des pains de proposition et des autres
offrandes de farine pétrie, 1 Chroniques
9:32; 23:29, du chant et des instruments de
musique pour le service du temple, 1
Chroniques 15:19; 23:5; 25:1; 2 Chroniques
5:12; 7:6; Esdras 3:10; Néhémie 12:27. Ils
eurent, de concert avec les prêtres, la
surveillance des trésors du temple et
l'inspection des lépreux, Deutéronome 24:8;
1 Chroniques 26:20; 2 Chroniques 31:12;
Néhémie 13:13; ils assistaient les prêtres
dans le sacrifice et le dépouillement des
victimes, dont ils recueillaient le sang, 2
Chroniques 29:34; 30:17; 35:11; ils
faisaient les collectes pour les réparations
du temple, et dirigeaient les ouvriers dans
les travaux de construction, 2 Chroniques
34:9,12; ils devaient enfin pourvoir au bois
du sacrifice, et faire respecter le jour du
sabbat, Néhémie 10:34; 13:22. Cependant ils
furent remplacés dans plusieurs de ces
fonctions, et notamment dans les plus
pénibles ou les plus abjectes, par les
Gabaonites ou Néthiniens, q.v. Depuis les
jours de David, plusieurs Lévites furent
appelés aussi à remplir des fonctions
publiques, judiciaires ou municipales, 1
Chroniques 23:4; 2 Chroniques 19:11; cf.
Deutéronome 17:9; 21:5 (c'est du moins
l'opinion de Michaélis, combattue par
Cellérier, II. 294, sq.), et le roi Josaphat
paraît leur avoir confié l'enseignement
religieux du peuple dans tout le pays, 2
Chroniques 17:9.
Lorsqu'ils furent mis à part et
solennellement consacrés au service du
sanctuaire, Nombres 3:4, les Lévites
n'avaient pas encore des fonctions aussi
définitivement arrêtées qu'elles le
devinrent par la suite; ils étaient les
serviteurs du tabernacle d'une manière
générale, mais le temps seul pouvait
régulariser leur activité; ils ne prirent de
consistance et de corps, ils ne
s'organisèrent que sous David et Salomon. À
cette époque, ils étaient 38,000, dont
-
24,000 servaient dans le temple,
-
6,000 étaient prévôts et juges,
-
4,000 portiers, et
-
4,000 musiciens.
Les premiers portaient par excellence le nom
de lévites; ils étaient, comme les prêtres,
divisés en vingt-quatre éphéméries, chacune
ayant son chef, qui se relevaient tous les
huit jours, entrant en semaine le jour du
sabbat, et en sortant au sabbat suivant. Les
lévites étaient appelés à servir depuis
trente jusqu'à cinquante ans, Nombres
4:3,23,30,47. 1 Chroniques 23:3,24. (il faut
probablement lire trente au lieu de vingt),
cf. Nombres 8:23,26; ce dernier passage fait
commencer le service à l'âge de vingt-cinq
ans, ce que l'on a essayé d'expliquer soit
en admettant cinq années préparatoires
(Rosenmuller), soit en supposant qu'au
chapitre 4, il ne s'agit que du transport
des pièces du tabernacle (Maïmonides), soit
enfin (Kanne) en regardant le chapitre 4
comme parlant de ce qui doit se faire dans
les besoins actuels du service, et le
chapitre 8, comme prévoyant les besoins plus
grands du peuple quand les douze tribus
seront établies dans leurs territoires
respectifs, disséminées et non plus
groupées. Plus tard, quand les travaux des
lévites furent devenus moins pénibles, et
qu'ils n'eurent plus à porter le tabernacle
et les ustensiles pour son service, ils
entrèrent en fonctions plus jeunes, et dans
les derniers jours de David, ils sont
dénombrés depuis l'âge de vingt ans, 1
Chroniques 23:27; 2 Chroniques 31:17, cf.
Esdras 3:8.
— On ne voit pas dans la loi que des défauts
corporels les aient rendus inhabiles, comme
cela avait lieu pour les prêtres, à remplir
les fonctions de leur charge, et un seul
motif de dispense aurait été, selon les
Juifs, un vice dans l'organe de la voix.
Sur leur première consécration,
— Voir: Nombres 8:6, et l'article
Lever.
La loi ne leur prescrivait pas un costume
particulier, et les vêtements de fin lin
dont ils sont revêtus 1 Chroniques 15:27. 2
Chroniques 5:12, ne sont pas mentionnés
comme uniformes. Ce n'est que beaucoup plus
tard, sous Agrippa II, six ans avant la
ruine de Jérusalem, que les lévites
musiciens, qui par leur présence habituelle
dans le temple, et par la beauté de leur
emploi, avaient plus que les autres gagné en
considération, obtinrent la permission de
porter la tunique de lin; Flavius Josèphe, à
ce sujet, fait remarquer qu'on n'avait
jamais impunément abandonné les anciennes
coutumes du pays.
Leurs revenus consistaient dans les dîmes de
toutes les récoltes et les premiers-nés des
troupeaux, que les Hébreux étaient tenus
d'abandonner aux serviteurs du temple, mais
les Lévites devaient eux-mêmes payer la dîme
de cette dîme à la famille d'Aaron, aux
sacrificateurs, Nombres 18:24-28; 2
Chroniques 31:4; Néhémie 10:37-38; 12:44;
13:10; ils avaient, en outre, leur part aux
repas de dîmes qui se faisaient après les
récoltes, et à d'autres repas d'actions de
grâces, Deutéronome 14:29; 12:18; 16:11;
même une fois on les voit participer au
partage du butin, après la défaite des
Madianites, Nombres 31:30. Il semble que ces
dîmes aient dû leur assurer une assez grande
aisance, mais d'un côté ils étaient
nombreux, de l'autre, ils avaient des
familles à entretenir; en outre le paiement
des dîmes et des prémices était laissé
presque entièrement à la bonne volonté des
propriétaires, il dépendait en grande partie
de leur régularité à faire trois fois par an
le voyage de Jérusalem, et souvent la
négligence venait se joindre à la mauvaise
volonté: les choses étaient arrangées de
telle sorte que les Lévites eussent besoin
de l'estime et de l'affection de leurs
concitoyens; cette dépendance était à la
fois un bien et un mal, mais elle existait,
et si les sacrificateurs nous apparaissent
en général comme étant dans une position
plutôt riche que moyenne, les Lévites nous
sont au contraires représentés comme
pauvres, assimilés à la veuve, à l'étranger,
à l'orphelin, presque recommandés à la
charité des agriculteurs.
— La loi leur avait encore donné en toute
propriété quarante-huit villes ou villages,
ou plutôt trente-cinq, car ils devaient en
abandonner treize aux prêtres; c'était en
quelque sorte la dîme des villes ou des
maisons, et dans un pays où chacun était
agriculteur et propriétaire, et où l'on ne
trouvait par conséquent pas d'appartements à
louer, cette disposition de la loi était
absolument nécessaire pour fournir des
demeures à tous les membres de la tribu de
Lévi: quand ils étaient de service à
Jérusalem, ils habitaient les appartements
réservés près du tabernacle et du temple,
mais lorsqu'ils n'y étaient plus, ils
devaient avoir un abri assuré pour eux et
leurs familles; Nombres 35:1-5. Ces villes,
avec un faubourg de mille ou deux mille
coudées en dehors des murs, étaient
dispersées sur le territoire de neuf tribus
en deçà et au-delà du Jourdain; Juda, Siméon
et Benjamin n'avaient pas de villes
lévitiques, mais les treize villes
sacerdotales étaient renfermées dans leurs
frontières. Il est sûr que cette dispersion
dut influer avantageusement sur la culture
et l'instruction religieuse des tribus;
quant au nom des villes
— Voir: Josué 21:20;
sq.; dix d'entre elles appartenaient aux
Kéhathites, treize aux Guersonites, et douze
aux Mérarites.
Les Lévites étaient, d'après Flavius
Josèphe, dispensés du service militaire, et
ils obtinrent aussi, des gouverneurs
étrangers après l'exil, l'exemption des
impôts et péages, Esdras 7:24.
Il est assez remarquable que le Deutéronome
n'indique nulle part que les sacrificateurs
dussent appartenir à une famille
particulière de la race de Lévi, et même il
semblerait, par 18:6, que le corps
sacerdotal se composât et se recrutât de
tous ceux des Lévites qui sentaient en
eux-mêmes une vocation intérieure spéciale
pour le service du sanctuaire; ceux-là,
comme véritables ministres de l'autel,
avaient seuls le droit d'être nourris de
l'autel, tandis que les autres Lévites, non
fonctionnant, étaient simplement recommandés
à la générosité des Israélites. Si c'est en
effet ainsi que l'on doit entendre le
passage indiqué du Deutéronome, il serait un
premier pas vers une manière plus
spirituelle de comprendre le sacerdoce, et
l'on doit se rappeler que ce livre a été
écrit environ quarante ans après la première
institution, et qu'il a pu modifier déjà
quelques-unes des lois, quelques-uns des
principes existants. Toutefois la chose est
incertaine, elle doit être examinée, mais ne
peut se décider.
LÉVITIQUE.
C'est le nom qui a été donné au
troisième livre de Moïse, parce qu'il traite
de l'institution des lévites, et des lois et
ordonnances qui devaient les régir. Dans les
sept premiers chapitres, il décrit les
sacrifices de divers genres qui devaient
être offerts par le peuple, et la manière
dont ils devaient être présentés. Le
paragraphe suivant (chapitres 8-10) est
plutôt historique; il raconte la
consécration des prêtres et le châtiment que
subirent Nadab et Abihu pour avoir offert
devant l'Éternel un feu étranger. Les
chapitres 11-22 contiennent les lois sur la
pureté légale et cérémonielle; enfin, la fin
du livre, 23-27, renferme des prescriptions
sur les fêtes, les vœux et les dîmes. (Le
chapitre 26 renferme des prophéties qui se
sont accomplies d'une manière bien explicite
à l'égard des Juifs, cf. verset 22 avec
Nombres 21:6; 2 Rois 2:24; 17:25; Ézéchiel
5:17; et la conservation de ce peuple comme
peuple distinct est encore un commentaire
vivant du verset 44, une preuve de plus de
la vérité des prophéties).
Le Lévitique comprend l'histoire du premier
mois de la seconde année que les Israélites
passèrent dans le désert, et il s'arrête au
premier jour du deuxième mois, Nombres 1:1;
cf. Exode 40:2,17; c'est du moins dans
l'intervalle de ces deux dates que tous les
événements qu'il rapporte se sont passés,
sans que l'on puisse déterminer au juste
combien de jours ils ont duré. On ignore
l'époque de la rédaction, mais il est
probable qu'elle a ordinairement accompagné,
ou suivi de très près la promulgation des
lois ou la célébration des solennités,
— Voir: Pentateuque.
Le meilleur commentaire du Lévitique est
celui qu'en donne l'apôtre dans l'Épître aux
Hébreux; ce n'est que par cette épître qu'on
peut comprendre tant de préceptes qui sans
cela n'auraient aucune signification;
— Voir: aussi g, des
Bergeries, Moïse dévoilé, et Guers, le Camp
et le Tabernacle.
Le Lévitique nous montre dans toutes ses
pages la haine de Dieu pour le péché, et le
sacrifice comme seul moyen de salut; c'est
la lumière, mais encore faible, et un auteur
anglais, Boyle, dit très bien que la loi
cérémonielle, avec tous ses rites
mystérieux, nous montre l'enfant Jésus
enveloppé de langes, comme la crèche le
montra aux bergers.
LÉZARD,
animal dont on connaît plusieurs espèces de diverses grandeurs, et que, selon quelques commentateurs, on retrouve dans l'Écriture sous six noms différents, qui sont traduits dans nos versions, Lévitique 11:29-30, par les noms de tortue, hérisson, crocodile, lézard, limace, taupe. Disons quelques mots sur chacun de ces animaux, en réservant toujours l'incertitude qui règne sur tous ces noms, dont la plupart ne se trouvent qu'une seule fois dans l'Écriture:
-
Hébreux tzâb (Martin, tortue); l'animal désigné par nos versions est un amphibie dont le nom est tout à fait déplacé au milieu de ceux qui l'entourent, et que la plupart des commentateurs, déjà les Septante, Damir, Avicenne, puis Bochart, Hasselquist, Léon l'Africain, Shaw, Winer, Gesenius, Harris, sont d'accord à traduire par lézard d'Égypte (cauda verticillata); cet animal, qui porté encore le nom de dab ou dsab, a environ 35 à 40 centimètres de long, et 10 à 42 de large sur le dos; il ne boit pas d'eau; ses écailles sont dentelées, sa peau jaunâtre et ses formes assez agréables à la vue; non venimeux; très vif; ovipare.
-
Anakah (hérisson). D'après la version anglaise, ce serait le furet; d'après Bochart, l'espèce de lézard tacheté, appelée par Pline stellio; d'autres (le docteur James), remontant à l'étymologie du mot hébreu, qui indique un cri plaintif ou un grognement, pensent à la grenouille; Hasselquist, au lézard du Nil; Harris, au lézard gecko, couvert de taches rouges, et dont le cri aigu lui aurait valu son nom égyptien, et aux Indes celui de tockaï, qui correspondent à la signification du nom hébreu; Winer enfin voit l'anakah dans l'ouaral ou guaral des Arabes: laid, méchant, venimeux, redoutable, long de 80 centimètres, il ne craint ni le crocodile, ni les plus gros serpents; sa peau est brun-rouge, semée de taches noires; sa force a fait penser à plusieurs auteurs (Bochart, Léon l'Africain, Harris) qu'on devait le voir dans l'animal nommé en hébreu co'ach, qui signifie force; mais cette étymologie n'est pas une preuve absolue, car, ainsi que l'ont déjà démontré Michaélis et Rosenmuller, le nom de co'ach peut avoir encore d'autres significations.
-
Co'ach (crocodile); les Septante et l'anglais, caméléon; Harris, guaral; Winer le traduit par lézard stellion: brun, avec des taches, les unes blanches, les autres noires; le corps est plus court que la queue, qui a 10 centimètres de long.
— Voir: ci-dessus #2.
-
Letaah (lézard); Vulgate, stellion; tous les interprètes reconnaissent que c'est une espèce de lézard, mais ils varient sur l'espèce. Winer, d'après Castellion, y voit la salamandre, de 9 ou 10 centimètres de long, large de trois, noire et tachetée de raies jaune-orange, avec deux rangs de glandes sur le dos, qui suintent une humeur laiteuse suffisante pour éteindre un très petit feu; de là la fable de la salamandre qui peut vivre dans le feu. D'après Bochart, ce serait une autre espèce de lézard, venimeux, et qui peut se coller à la terre de manière à ce qu'on ne puisse l'en arracher qu'avec beaucoup de peine (de l'arabe atah).
-
Chomet (limace). D'après Bochart, qui s'appuie d'une étymologie vague et incertaine, ce serait une espèce de lézard; c'est aussi l'opinion de Harris, et la nature des animaux dont il est parlé avant et après, semble justifier cette interprétation; cependant l'hébreu chamat, qui signifie sable, permet de voir dans cet animal la limace ou l'escargot, ainsi que le font nos versions et Winer; ce serait alors le même que l'on trouve, Psaumes 58:8, sous le nom de shabeloul (Bochart). Dieu a donné à ce pauvre animal une peau dure et visqueuse, qui doit lui servir de moyen de locomotion par le mouvement de contraction dont elle est douée; en même temps il peut s'attacher à toute espèce de surface, soit par la viscosité même de son ventre, soit par la pression atmosphérique et le vide que l'animal fait entre son corps et l'objet sur lequel il rampe. La coquille de l'escargot lui est aussi une protection contre les intempéries de l'air; il peut s'y retirer et se mettre à l'abri contre les petits dangers qui menacent incessamment sa frêle existence. Le psalmiste eu a fait l'emblème du méchant qui se consume lui-même dans ses entreprises, laisse partout des traces de son passage, mais se détruit, se fond en son chemin, en perdant à mesure et ses forces et sa substance.
-
Thinshémeth (taupe). C'est le même mot qui sert, Lévitique 14:18; et Deutéronome 14:16, à désigner un oiseau impur,
— Voir: Cygne.
Ici on le traduit de deux manières différentes, sans compter celle de la Vulgate, acceptée parles versions française et anglaise; Saadias, puis Hasselquist, Golius, Winer, entendent par cet animal le lézard gecko (— Voir: #2), petit, à queue courte et ronde, venimeux, mais avec cette singularité que c'est par les lobes de ses doigts de pied qu'il laisse échapper son venin; il recherche les lieux où se trouvent des dépôts de sel marin, il s'y promène plusieurs fois de suite et y laisse après lui son venin, d'autant plus dangereux qu'il rend le sel amer, et le corrompt de telle manière que son usage peut engendrer la lèpre. D'après Bochart, Geddes et Harris, et cette opinion se recommande davantage selon nous, il faut traduire thinshémeth par caméléon: ce petit animal atteint une longueur de 25 centimètres; sa queue est longue, plate et flexible; il s'en sert quelquefois pour s'attacher aux branches d'un arbre et reste ainsi suspendu: il n'a pas de cou visible; sa tête est unie au corps comme chez les poissons, sans séparation; elle a deux ouvertures qui lui servent de narines, et pas d'oreilles; le caméléon ne rend aucun son, ni cri, ni grognement; ses yeux sont extrêmement mobiles, beaux et d'un jaune d'or; il les promène à droite et à gauche sans avoir besoin de tourner la tête, ce qui lui serait assez difficile; ordinairement ses yeux sont obliques et regardent de deux côtés à la fois. Sa couleur est gris d'acier, mais devient facilement jaune ou noire quand il sort de son état naturel et qu'une passion l'anime. Une ancienne tradition porte qu'il se nourrit d'air, sans boire ni manger (Pline 8, 33. Ovid. 15; 4, 411). Ce qui est vrai c'est qu'il peut rester longtemps sans nourriture. Hasselquist raconte qu'il en a gardé un trente-deux jours sans lui rien donner, et que c'est dans les derniers jours seulement qu'il parut un peu éprouvé de ce régime; il se nourrit, principalement d'insectes. Son nom hébreu thinshémeth, dont la racine est nasham (respirer), rappellerait l'ancien préjugé d'après lequel le caméléon ne serait ni herbivore, ni Carnivore, mais un simple respirateur.
LIBAN.
Le nom de cette montagne vient
de l'hébreu laban, qui signifie
blanc, soit qu'il se rapporte aux neiges
éternelles dont est couvert son sommet
(comme le nom de nos Alpes rappelle le latin
albus, blanc), soit qu'il vienne de
la roche blanchâtre et crayeuse dont se
compose presque toute la chaîne. Non loin de
la rive phénicienne, à peu de distance dans
l'intérieur des terres, s'élève au-dessus
d'avant-monts un long rempart de montagnes
escarpées, dont aucune pointe saillante ne
domine de beaucoup la crête uniforme, et qui
ne peut, à cet égard, nullement être comparé
aux Alpes crénelées de la Suisse. Le sommet
le plus élevé de la chaîne, celui qui porte
proprement le nom de Liban, est situé eu
dehors des limites de la terre promise, au
sud d'Antioche, au nord de Nazareth, à
l'occident de Damas, à l'orient de Tyr et de
Sidon; il a environ 4,800 mètres de hauteur,
et la neige n'y fond jamais; on y jouit
d'une vue fort étendue sur la mer et sur les
montagnes environnantes. Le versant
occidental s'incline doucement vers la mer,
tandis que le versant oriental est fort
roide, comme le versant oriental de toutes
les montagnes calcaires de la Syrie; il
conduit en deux heures, par une pente
rapide, dans la vallée qui sépare le Liban
de l'Anti-Liban, vallée que les Grecs
connaissaient sous le nom de Cœlésyrie, ou
Syrie creuse, et qui porte en hébreu le nom
de Bikeath ou campagne du Liban,
Josué 11:17; 12:7. D'autres cependant,
Winer, Rosenmuller, pensent que la Cœlésyrie
est le Bikkath-Aven de Amos 1:3; tandis que
la plaine du Liban serait plus près des
sources du Jourdain, au pied du
Djebel-Heisch. Le sol en est fertile et sans
pierres; ses heureux habitants, longtemps
ignorés et tranquilles, ont échappé aux
orages des guerres qui désolaient leurs
voisins, mais cette prospérité a eu son
terme; la fertile Cœlésyrie est devenue
déserte, et l'on ne peut plus admirer
maintenant que les belles et gigantesques
ruines de Bahalath qu'elle renferme.
— Quatre fleuves sortent du Liban: le
Jourdain, qui coule au sud et va se jeter
dans la mer Morte; l'Amana, vers l'est; le
Léontés, vers l'ouest; l'Oronte, au nord,
vers la Méditerranée. Le Kadisha suit
pendant dix lieues, de l'est à l'ouest, le
pied de la chaîne, et se jette dans la mer
non loin de Tripoli; c'est près de la source
de cette rivière, dans le voisinage du
village montagneux de Bschirraï, que se
trouve l'antique forêt de cèdres, si
renommée et si déchue de sa gloire et de sa
beauté. Les flancs escarpés du Liban, jadis
si richement boisés, ne comptent plus que
quelques forets de chênes et quelques
bouquets de cèdres; mais dans les nombreuses
vallées qui sillonnent les deux versants de
la chaîne, croissent en abondance les fruits
du Midi, les figues, les amandes, les
grenades, les citrons, les oranges (Bræm);
plus haut encore sont des plantations
d'oliviers, et jusqu'au pied des sommets les
plus élevés, des noyers, des mûriers, de la
vigne et des champs de blé. Le vin du Liban
n'a pas perdu son ancienne réputation (Osée
14:7). Les pâturages des montagnes
nourrissent un grand nombre de bêtes à
cornes, de chèvres à longs poils, des
moutons et de beaux mulets, cf. Ésaïe 40:16.
Nulle part sur la terre les sources ne sont
plus abondantes qu'au Liban, et une
multitude de ruisseaux, qui fertilisent les
champs et les prairies, se précipitent par
des gorges, et en formant de nombreuses
cascades, dans la mer ou dans les vallées
principales. La Bible parle souvent de la
magnificence du Liban, de ses cèdres, de ses
forêts, de ses champs fertiles, de ses doux
parfums et de ses riches vignobles, de la
neige qui recouvre ses cimes, des eaux qui
arrosent ses vallées, Osée 14:7; Cantique
4:11,15, et des animaux qui peuplent ses
solitudes, les perdrix, les sangliers, les
chacals, les panthères. Le Liban est une
image du Seigneur, de ses dons spirituels et
de son Église, Psaumes 133:3 (Hermon),
Cantique 4:11,15; 5:15. Osée 14:5; Ésaïe
35:2; de l'orgueilleux Assyrien et de ses
destinées, Ésaïe 10:5,17-18,34; en général
des choses grandes et puissantes, Psaumes
29:6; Ésaïe 40:16. Son nom a été donné au
temple de Jérusalem, qui était construit de
bois de cèdre, Zacharie 11:1; Ézéchiel 17:3,
ainsi qu'au palais de Salomon, 1 Rois 7:2.
— La tour du Liban qui regarde vers Damas,
Cantique 7:4, paraît avoir été fort haute;
Benjamin de Tudéla en a vu les restes, et
assure que les pierres dont elle était
construite avaient jusqu'à 20 palmes de long
et 12 de large; Maundrel ne l'a vue que de
loin.
Damas était le centre principal de toutes
les caravanes de l'Asie occidentale; les
villes de la côte phénicienne étaient le
port général d'où les marchands exportaient
les marchandises venues d'Orient; la double
chaîne du Liban et de l'Anti-Liban séparait
Damas de la mer. La route de communication
la plus directe entre ces deux grands
entrepôts et débouchés, traversait
l'Anti-Liban, la Cœlésyrie et le Liban; mais
pénible et dangereuse, elle n'a jamais été
très fréquentée; la voie ordinaire et
principale évitait les montagnes au moyen
d'un grand détour vers le sud; elle se
dirigeait vers le bras est du mont Hermon,
en traversait aisément les hauteurs peu
considérables et peu escarpées, descendait
vers le Jourdain qu'elle passait
probablement au pont de Jacob (— Voir:
Jourdain), suivait les bords du lac de
Génésareth par Capernaüm et Bethsaïda
jusqu'à Magdala, montait par une vallée sur
le plateau, et s'élevait plus haut encore
vers la plaine de Zabulon, au-delà de
laquelle elle descendait à Akko. C'est là le
chemin de la mer qui vient d'au-delà du
Jourdain, Ésaïe 8:23; Matthieu 4:15. C'est
sur cette route, à Capernaüm, où le chemin
passe dans un défilé entre le lac et la
montagne, que les Romains avaient établi un
péage.
LIBATIONS, ou aspersion,
(ou aspersion sur le sacrifice.
Philippiens 2:17; 2 Timothée 4:6),
expression usitée dans l'Écriture sainte
comme chez les auteurs profanes, pour
désigner l'effusion de liqueurs que l'on
répandait sur les victimes offertes à la
divinité. D'après la loi juive, les
libations se composaient ordinairement de
vin (Deutéronome 32:38; Osée 9:4), que l'on
versait sur l'autel d'après Flavius Josèphe,
et non dans un de ses canaux seulement.
Elles étaient presque toujours accompagnées
d'offrandes de pain, de farine et de sel,
Nombres 6:15,17; Joël 1:9,13; 2:14, et
quelques auteurs ont réuni sous un même nom,
et souvent confondu, les libations sèches
avec les libations proprement dites; nous
parlerons des unes et des autres,
— Voir: Offrandes.
— Aucun holocauste ne pouvait être offert
sans qu'il s'y joignît l'une et l'autre
espèce de libations, comme aussi l'homme
lui-même ne mange pas volontiers de la
viande sans pain et sans vin, cf. Nombres
7:87. Les libations accompagnaient également
les sacrifices d'actions de grâces, mais
jamais les offrandes pour le péché, Nombres
6:17; 15:5; 1 Chroniques 29:21; 2 Chroniques
29:35. Elles étaient présentées soit au nom
de personnes isolées, soit au nom du peuple
entier, tous les jours, Exode 29:40,
d'autres aux jours de sabbat, d'autres
enfin, lors des fêtes solennelles, Nombres
28:7,9,14; 29:4. La libation qui
accompagnait le sacrifice d'un agneau était
1/10 d'épha de farine, 1/4 hin d'huile, 1/4
hin de vin; pour un bélier, 2/10 épha de
farine, 1/3 hin d'huile, 1/3 hin de vin;
pour un veau ou pour un taureau, 3/10 épha
de farine, 1/2 hin d'huile et autant de vin,
Nombres 15:4; 28:14; sq. 29:9; Lévitique
14:21. Dans les temps de leur égarement les
Israélites faisaient des libations
semblables aux faux dieux qu'ils adoraient,
Ésaïe 57:6; 65:11; Jérémie 7:18-19,13;
44:17; Ézéchiel 20:28, usage qui n'avait
rien d'étrange pour les païens, et qu'on
retrouve dans Virgile, quand Sinon parle du
sort qu'on lui réservait:
Jamque dies infanda aderat, mihi sacra parari,
Et salsæ fruges, et circum tempora vittæ.
(Æneid. II. 132; 133)
et lorsque Didon s'apprête à faire un sacrifice:
Ipsa tenens dextrà pateram pulcherrima Dido
Candentis vaccæ media inter cornua fundit.
(IV, 60; 61)
Des libations
(ou baptême)
d'eau étaient faites pendant
la fête des tabernacles, q.v., cf. 1 Samuel
7:6. On en retrouve encore d'autres exemples
avant l'exil, 2 Samuel 23:16. Quant au fait
rapporté 1 Rois 18:34, sq., l'eau qu'ÉIie
répandit sur l'autel était une libation
extraordinaire, dont le but était symbolique
en ce qu'il devait annoncer la pluie de
bénédiction qui allait venir sur le pays, en
même temps que cette profusion d'eau que le
feu du ciel allait bientôt consumer, était
destinée à mettre en évidence le ministère
divin du prophète.
Sur une libation d'huile, Genèse 35:14,
— Voir: Pierres.
On sait que les païens avaient coutume de
boire du vin mêlé de sang lorsqu'ils se
réunissaient par serment pour une entreprise
importante, dangereuse et non avouée, par
exemple pour une conjuration (Sallust.
Catil. 22); on a cru trouver des allusions à
cet usage, Psaumes 16:4; Zacharie 9:7.
LIBERTINS ou affranchis
(ou affranchis). Il y avait à
Jérusalem, au temps des apôtres, une
synagogue dans laquelle se réunissaient
ordinairement, outre les Juifs de Cyrène et
d'Alexandrie, les Juifs appelés libertins,
Actes 6:9. La synagogue avait reçu le triple
nom de ceux qui avaient l'habitude de la
fréquenter; c'est de son sein que sortit la
première opposition au ministère d'Étienne,
que furent jetées les premières attaques,
les premières accusations, les premières
pierres. Quelques interprètes (Bèze,
Valkenaer), ont cru qu'il fallait lire
Libistiniens au lieu de libertins, estimant
que les trois noms de la synagogue dans le
passage cité devaient avoir un caractère
géographique; ce serait une forme rare,
sinon précisément poétique, du nom de
Libyens; mais cette supposition ne repose
sur aucun fondement critique, et n'est
appuyée sur aucun manuscrit. D'autres
conservent le nom de Libertins, mais lui
font signifier habitants de la ville ou
contrée (inconnue) de Libertum, qu'ils
supposent avoir existé dans l'Afrique propre
ou proconsulaire, parce qu'au synode de
Carthage, 411, se trouvait un évêque ayant
pour titre Libertinensis. L'opinion
généralement reçue, c'est que les libertins
étaient des esclaves libérés qui avaient
conservé ce nom, eux et leurs descendants,
soit des affranchis romains qui auraient
passé au judaïsme, soit des Juifs que Pompée
et Sosius auraient emmenés captifs de
Palestine en Italie, et qui, ayant obtenu
leur liberté (Tacit. Annal. 2, 85), se
seraient établis à Rome jusqu'au moment où
Tibère chassa de ses états les superstitions
étrangères; il est naturel que dans ce cas
ils se soient retirés à Jérusalem, et en
assez grand nombre pour y posséder en tiers
une des quatre cent quatre-vingts synagogues
qui s'y trouvaient au dire des rabbins.
— On ne peut dire avec certitude si, Actes
6:9, il est question de trois synagogues, ou
d'une seule avec trois noms; mais ce qui est
probable, c'est que ces noms n'étaient que
des noms, et que la synagogue des libertins
ne comprenait pas des libertins à
l'exclusion des autres Juifs, et qu'elle ne
les comprenait pas tous non plus.
LIBNA.
-
Ville sacerdotale et ville de refuge dans les plaines de la tribu de Juda, ancienne résidence royale des Cananéens, Josué 10:29; 12:15; 21:13; 1 Chroniques 6:57. Elle se détacha du royaume de Juda sous l'infidèle Joram, et, à ce qu'il paraît, par attachement à la foi de ses pères, 2 Rois 8:22; 2 Chroniques 21:10, mais plus tard elle rentra dans l'obéissance; au temps d'Ézéchias, Sanchérib l'assiégea, 2 Rois 19:8; Ésaïe 37:8; on ignore s'il réussit à s'en emparer,
— Voir: encore 2 Rois 23:31; 24:18.
Eusèbe la place dans la contrée d'Éleuthéropolis sous le nom de Lobana.
-
Campement des Israélites au désert, Nombres 33:20.
-
Sihor Libnat (et non Sihor vers Benath), Josué 19:26, rivière qui servait de limites à la tribu d'Aser; son nom peut se traduire ruisseau de verre. C'est probablement le Bélus ou Béleus des anciens; non loin de son embouchure, il coule à travers des sables très Ans. On raconte que des vaisseaux sidoniens chargés de salpêtre y abordèrent, et que les gens de l'équipage, voulant préparer leur repas et ne trouvant point de grosses pierres pour construire leur foyer, se servirent à cet effet de grands morceaux de salpêtre, qui se fondirent au feu et se mêlèrent avec les cendres et le sable: il en résulta une matière transparente; c'était du verre. Dès lors le sable du Bélus fut transporté à Sidon, où l'on perfectionna l'art de travailler le verre; et aujourd'hui encore les Vénitiens en chargent leurs vaisseaux pour les belles fabriques de leur patrie (Rougemont).
LIBYE,
contrée de l'Afrique septentrionale. Les Grecs, depuis Homère et Hérodote, désignaient par ce nom la race inculte et cuivrée qui habitait les côtes sablonneuses et stériles de l'Égypte; ces peuplades furent plus tard chassées et repoussées vers l'intérieur encore peu connu du pays, par l'arrivée d'une colonie grecque à Cyrène, et d'une colonie phénicienne à Carthage. Les Libyens s'enrôlèrent dans le service étranger sous Xercès (Hérodote 7, 71; 86), sous Sésak, roi d'Égypte et sous Sérah, roi d'Éthiopie, 2 Chroniques 12:2; 16:8; cf. 14:9; il paraît même, d'après Nahum 3:9, que la célèbre Thèbes (— Voir: No.) fut aussi défendue par les armées libyennes. Daniel 11:43, prouve que des rapport ethnographiques existaient entre les Égyptiens, les Lybiens et les Cushites; et les Léhabim nommés Genèse 10:13, parmi les descendants de Mitsraïm (l'Égypte), sont, sans aucun doute, les mêmes que les Lubim ou Lybiens. Chez les Romains ce nom n'avait qu'une portée ethnographique et non point géographique; il indique vaguement la contrée, Actes 2:10; et désigne plutôt les habitants. La côte d'Afrique, depuis l'Égypte jusqu'à Carthage, se divisait en trois districts principaux, la Marmarique, la Cyrénaïque et l'Afrique propre; cependant Ptolémée nomme le premier de ces districts Marmarique libyenne, et comprend les deux autres sous le nom général et commun de Lybie propre ou intérieure. Pline appelle Libye le district Maréotis.
LICORNE.
C'est par ce mot que nos
versions ont traduit l'hébreu reém;
les Septante, monocéros. La première
question qui se présente regarde l'existence
même de cet animal; les anciens l'ont admise
sans hésitation, mais paraissent avoir plus
d'une fois confondu dans leurs descriptions
la licorne et le rhinocéros (Pline 8, 30.
Ænlian. Anim. 16, 20); un bon nombre de
voyageurs plus modernes semblent avoir
commis une méprise du même genre; d'autres,
distinguant bien ces deux espèces de
mammifères, ont cru pouvoir établir
l'existence de l'un et de l'autre, mais
varient dans la description qu'ils font de
la licorne, que la plupart d'entre eux
avouent n'avoir pas vue de leurs propres
yeux et ne connaître que par ce que leur ont
dit les naturels des pays qu'ils ont
visités. Le portugais Jean Gabriel raconte
pour sa part qu'il a vu dans le royaume de
Damor une licorne qui avait une belle corne
blanche au front, longue d'un pied et demi,
poil de la queue et du cou noir et court,
forme et grandeur d'un cheval bai. Vincent
le Blanc en a vu une autre dans le sérail du
roi de Pégu, elle avait la tête plutôt d'un
cerf que d'un cheval; et Louis Barthémo
(XVIe siècle), dit qu'il en a vu, chez le
sultan de la Mecque, deux qui lui avaient
été envoyées par un roi d'Éthiopie; la plus
grande des deux avait sur le front une corne
de trois aunes (?!) de long, la tête
ressemblait à celle d'un cerf, la peau était
brun foncé, le pied fendu et l'ongle d'une
chèvre. Ne seraient-ce pas là de véritables
antilopes qui auraient perdu une corne par
accident? Enfin, pour ne pas tout citer,
Hodgson, président de la Compagnie des Indes
à Nepal, reçut de la ménagerie du raja un
animal qu'on lui dit habiter les parties
méridionales du Thibet, qu'il reçut comme
licorne et dont il envoya la peau au musée
de Calcutta; la peau était fauve et blanche
sous le ventre; au milieu du front s'élevait
une longue corne pointue, noire, formant
trois légers coudes, avec des anneaux
circulaires à la base; l'animal avait en
outre deux petites touffes de poils aux
narines, passablement de soies autour du nez
et de la bouche, et la chevelure épaisse
comme ne formant qu'une seule masse, autant
de caractères qui donnaient à la tête
quelque chose de lourd et de repoussant:
cette peau serait un témoignage décisif,
s'il était prouvé que l'animal était une
licorne et non point une antilope monstre.
Dans cette incertitude, plusieurs hésitent,
pendant que d'autres ont embrassé plus ou
moins chaudement, soit l'affirmative
(Bochart, Ludolf, Meyer, Rosenmuller),
d'autres la négative (Cuvier). Disons
seulement que l'existence d'une licorne ne
serait nullement impossible, qu'elle
pourrait se justifier en anatomie, et que si
l'animal que l'on dit avoir habité l'Égypte
et l'Éthiopie ne s'y trouve plus, cela
provient peut-être de ce qu'il a été refoulé
dans les déserts plus intérieurs de
l'Afrique, comme cela est arrivé pour
d'autres espèces d'animaux. Quoi qu'il en
soit, les voyageurs et les naturalistes qui
croient encore à l'existence de la licorne,
lui assignent pour séjour les montagnes du
Thibet où elle marche par grandes bandes, et
l'Afrique, depuis le grand désert jusqu'aux
confins de la Cafrerie; elle ressemble au
cheval, a 48-52 pouces de hauteur, sur le
front une longue corne un peu recourbée vers
le milieu; son caractère est sauvage et
indomptable.
Après cette question préalable, et dont la
solution n'est pas sans importance, on doit
se demander si, en admettant même
l'existence de la licorne, c'est bien de cet
animal qu'ont voulu parler les auteurs
sacrés sous le nom de reém. Pour cela,
voyons les caractères qu'ils lui donnent, et
examinons brièvement chacun des passages où
il en est parlé:
-
Nombres 23:22; et 24:8, il n'est question que des forces du reém;
-
Deutéronome 33:17, les forces de Joseph sont comme les cornes d'un reém, ou plutôt comme des cornes de reém, sans que rien soit préjugé sur le nombre qu'en porte chaque individu (de même Psaumes 22:21); le reém est mis en parallélisme avec le taureau, probablement sous le rapport de la force et de la puissance; cf. aussi Psaumes 29:6.;
-
Job 39:12-13, le reém ne se laisse pas attacher à la charrue comme fait l'âne et le bœuf, il rompt ses liens; on ne peut ni l'apprivoiser, ni le dompter;
-
Psaumes 22:21, le reém est dangereux, sa corne ou ses cornes lui servent d'armes;
-
Psaumes 29:6, le petit du reém est nommé à côté du veau, comme animal aux ébats joyeux et légers;
-
Psaumes 92:10, la corne du reém est élevée, ce qui implique tout ensemble une certaine longueur, sa position à peu près perpendiculaire sur la tête, sa direction vers le ciel, et sa force; le singulier ne prouve rien, pas plus que lorsque nous disons: «la corne du taureau est plus courte que celle du bœuf;»
-
Ésaïe 34:7 (grande hécatombe offerte en l'honneur du Seigneur), les reéms descendront avec les béliers (verset 6), et les veaux avec les taureaux, c'est-à-dire les forts et les sauvages avec les faibles et les inoffensifs; le caractère du reém est ici d'une manière générale la force, peut-être la férocité.
— Il résulte de ces sept ou huit passages
que le reém est sauvage, cornu, vif,
indépendant et dangereux; cela peut
s'appliquer à la licorne si elle existe
(ainsi font Meyer, Schmidt, et presque
Rosenmuller), mais cela peut aussi se
rapporter à beaucoup d'autres animaux; c'est
ainsi, que suivant les traces d'Aquila et de
Saadias, Michaélis, Bruce et Harris pensent
qu'il s'agit du rhinocéros; Schultens,
Bridel, Gesenius, De Wette, Hitzig, du
buffle; Bochart, Rosenmuller (?), Winer, de
l'oryx des anciens, opinion peut-être
appuyée par la tradition juive, et qui se
justifierait aussi par le nom de réim
que les arabes donnent encore, d'après
Niebuhr, à cette espèce de gazelle. L'oryx,
appelé par Linnée antilope leucoryx, ou
gazelle blanche, est représenté par Oppien
comme sauvage et indomptable, par Pline
comme n'ayant souvent qu'une corne, par
Hérodote comme atteignant à peu près la
taille du bœuf; il habite particulièrement
l'intérieur de l'Afrique, mais il se
trouvait aussi anciennement en Égypte où les
auteurs sacrés auront pu en avoir
connaissance. S'il faut se décider, nous
nous rangerons volontiers à cette opinion
tout en reconnaissant qu'elle n'est pas
sûre, et en avouant que plusieurs
considérations recommanderaient aussi
l'opinion de Harris, car d'après Good, le
rhinocéros porte encore en Arabie le nom de
reém, et il serait étonnant qu'un animal
aussi remarquable et aussi connu de l'Égypte
et des côtes de la mer Rouge n'eût été
mentionné en aucune manière dans l'Ancien
Testament. Quant au buffle, la raison
principale qui soutient cette traduction,
c'est que le reém paraît être plusieurs fois
mis en comparaison du bœuf et du taureau,
Deutéronome 33:17; Psaumes 29:6; en suivant
le même principe on pourrait aussi chercher
cet animal dans la famille du lion, Psaumes
22:21, ou dans celle du bélier, Ésaïe
34:7-8, et l'on mettrait le léviathan avec
les oiseaux comme un gros parmi les petits,
Job 40:24.
Chacun décidera dans cette question suivant
que l'un ou l'autre argument lui paraîtra le
plus fort; disons seulement que l'objection
tirée de ce que les poètes hébreux ne
pouvaient avoir connaissance de l'existence
de la licorne, si elle existait, parce
qu'elle ne vivait certainement pas en
Palestine, ressemble à l'assertion
d'Eichhorn, qu'Ésaïe ne pouvait connaître
l'Égypte puisqu'il n'y avait pas encore
d'itinéraires à cette époque.
LIERRE,
— Voir: Kikajon.
LIEUTENANTS
(s'ganim). Daniel 3:2-3,
traduit par magistrats, Néhémie 2:16; 4:19;
5:7, espèce d'employés municipaux;
— Voir: Baillis.
LIEUX
(Hauts). On appelait ainsi les hauteurs sur lesquelles des autels étaient élevés soit à l'honneur de Jéhovah, soit en l'honneur de divinités païennes, chez les païens ou chez les Israélites eux-mêmes, Nombres 22:41; 33:52; 1 Rois 11:7; 2 Rois 17:9,29; 21:3; 23:5,13; Jérémie 19:5; 48:35; Ézéchiel 6:3; 20:29. Ces autels, qui correspondaient aux chapelles que les catholiques élèvent en tant de lieux déserts, dans les bois et sur les montagnes, étaient d'invention païenne; les anciens avaient choisi de préférence des collines, Jérémie 2:20, parce que la vue étendue dont on jouit lorsqu'on domine un vaste horizon, élève l'âme esthétiquement, et la dispose à l'adoration de l'idée divine; Moïse ordonna à son peuple de détruire les autels qu'ils trouveraient sur les collines dans le pays de Canaan, Nombres 33:52; Deutéronome 12:2, et leur défendit même, pour maintenir intact le principe du monothéisme, d'en élever au vrai Dieu pour leur usage particulier, Lévitique 26:30; Deutéronome 12:4-5. Mais les Israélites se laissèrent entraîner par l'exemple du mal, et l'on trouve déjà avant Salomon des exemples isolés de hauts lieux construits, et en quelque sorte desservis par des prophètes, 1 Samuel 9:12,14; 2 Samuel 15:32; 1 Rois 3:2; puis plus tard, après le schisme, ce culte d'encens et de sacrifices offerts en dehors du temple, apparaît comme formellement organisé, dans le royaume d'Israël surtout, 1 Rois 12:31; 13:32; 2 Rois 17:32, et même dans celui de Juda, où tous les rois (sauf Ézéchias, 2 Rois 18:4) favorisèrent où du moins tolérèrent cet acte défendu, mais qu'ils croyaient justifié par le fait que c'était Jéhovah que l'on y adorait, 1 Rois 15:14; 22:44; 2 Rois 12:3; 14:4; 2 Chroniques 33:17. Dans l'un et dans l'autre royaume, des prêtres particuliers étaient chargés de ce service, 1 Rois 13:33; 2 Rois 17:32; 23:9,20. Avec le temps l'expression de hauts lieux prit une acception plus générale, et s'appliqua à des autels construits dans des villes et même dans des vallées, 2 Rois 17:9; cf. Ézéchiel 16:24; 20:29; Jérémie 7:31; 32:35; peut-être aussi peut-on conclure d'Ézéchiel 16:16, qu'il y avait quelquefois des espèces de hauts lieux portatifs que les personnes riches faisaient et défaisaient à volonté, comme le tabernacle dans le désert, et qu'elles ornaient de riches tapisseries.
LIÈVRE
(hébreu arnébeth, de arahnib, tondre les produits du sol, d'après Bochart); cet animal était rangé par la loi mosaïque au nombre des viandes impures, Lévitique 11:6; Deutéronome 14:7. Les Turcs et les Arméniens détestent le lièvre, que les Arabes au contraire, ainsi que les Grecs et les Romains, regardaient comme un manger très délicat. C'est peut-être à cause de ses habitudes de lasciveté bien connues que Moïse l'a déclaré souillé; quant à sa chair, elle avait parmi les anciens médecins la réputation d'épaissir le sang et de rendre mélancolique. Le lièvre a quatre doigts de pieds derrière, et cinq devant, avec des ongles, et le dessous des pieds garni de poils; s'il ne rumine pas, puisqu'il n'a qu'un seul estomac et assez vaste, cependant il paraît ruminer, et plusieurs auteurs sont même dans le doute à cet égard. Quelques-uns pensent que le lièvre dont parle Moïse est celui que les Arabes nomment encore de nos jours arneb, erneb ou eraneb. Fort abondant en Syrie, il l'est cependant moins que dans nos contrées.
LIGURE,
Exode 28:19; 39:12;
— Voir: Hyacynthe.
LIMACE,
— Voir: Lézard #5.
LIN.
Il y a en hébreu quatre ou cinq expressions différentes qui sont toutes rendues par lin ou fin lin dans nos traductions; disons d'abord quelques mots de chacune d'elles.
-
Bad; les sacrificateurs ont des caleçons de lin, Exode 28:42; 39:28; Lévitique 6:10; au pluriel, un ange est vêtu de lin. Ézéchiel 9:2-3; Daniel 10:5; la plupart des commentateurs maintiennent cette signification, et Winer pense qu'il s'agit du lin le plus On, ce qui semble assez probable puisque l'Écriture en fait le vêtement des anges et celui des sacrificateurs; Harris au contraire voit le très fin Fin dans le shesh.
— Le bad était encore l'étoffe de l'éphod dont David était vêtu lors du solennel transport de l'arche, 2 Samuel 6:14; 1 Chroniques 15:27, tandis que le manteau dont il était ceint était de bouz, apparemment moins fin. (Winer se trompe, I, 167, en affirmant que dans 1 Chroniques 15:27; le bouz a été substitué au bad de 2 Samuel 6:14; dans ce dernier passage, il n'est question que de l'éphod, et dans les deux l'étoffe indiquée est la même, du fin lin, du bad, et non du coton ou bouz.)
-
Bouz, le byssus des Grecs et des Latins; c'est l'étoffe du manteau de David, 1 Chroniques 15:27; elle se travaillait dans des fabriques juives en Palestine, 1 Chroniques 4:21; c'est le fin lin de 2 Chroniques 2:14, du voile du temple, 3:14, et des lévites-chantres, 5:12. Le même mot se retrouve Esther 1:6; 8:15; Ézéchiel 27:16; cf. Apocalypse 19:8,14; Luc 16:19. Il appartient dans tous les cas à l'hébreu postérieur et a une origine étrangère. Luther l'a traduit soie, de même que shesh. Winer, Gesenius, Parkhurst, Harris (dans son Appendice), et d'autres le rendent par coton, et le font synonyme de l'expression shesh plus ancienne; quelques-uns entendent par bouz exclusivement le coton de l'arbuste, et par shesh celui de l'arbre, ce dernier étant plus commun en Égypte, et l'autre en Syrie, cf. Ézéchiel 27:7; et 16; mais il ne faut pas trop presser ces finesses d'histoire naturelle (— Voir: Coton).
-
Shesh, étoffe dont fut revêtu Joseph lorsqu'il fut établi gouverneur en Égypte. Genèse 41:42. Le pavillon et ses courtines étaient également de shesh retors, Exode 26:1; 27:9,18, ainsi que les deux pièces de vêtements indiquées 28:39, et la robe dont s'habille la vaillante femme, Proverbes 31:22; Ézéchiel 16:10,13; 27:7; cf. Luc 16:19. C'était une étoffe précieuse dont les riches seuls pouvaient faire usage. Elle est suffisamment déterminée par ce qui a été dit plus haut; ajoutons seulement que le nom de shesh s'appliquait probablement aussi par extension à d'autres étoffes, et notamment au fin lin égyptien, qui pour la douceur et la délicatesse pouvait b<en souvent se comparer au coton, ainsi Exode 39:28; cf. 28:42; Lévitique 16:4 (dans l'original). Il faut remarquer d'ailleurs, que dans plusieurs dialectes de l'Orient un même mot sert souvent encore pour désigner le lin et le coton.
— Quant à la traduction soie, elle doit être repoussée (— Voir: Harmer), par le fait que ce tissu qui de nos jours est abondant et presque commun, était alors si rare et si précieux qu'il se vendait son pesant d'or, et que l'empereur Aurélien dut en refuser une robe à l'impératrice, qui la lui demandait avec instances; on ne peut donc croire que treize siècles avant lui, aux jours de Salomon, les soieries aient pu être comprises au nombre des objets dont s'occupait l'industrie féminine des Hébreux.
-
Pishthah ou pishthéh (de pashath, carder), est l'expression propre qui est le plus ordinairement employée dans l'Ancien Testament pour désigner le lin; elle se trouve Exode 9:31; Lévitique 13:47-48,52,59; Deutéronome 22:11; Josué 2:6; Juges 15:14; Proverbes 31:13; Ésaïe 19:9; 42:3; 43:17 (traduction: lumignon); Jérémie 13:1; Ézéchiel 40:3; 44:17-18; Osée 2:5,9.
— et λένον dans le Nouveau Testament, Matthieu 12:20; Apocalypse 15:6. Cette plante bien connue était cultivée avec beaucoup de succès en Égypte, notamment dans le Delta et aux environs de Pelusium, de même qu'en Palestine: sa tige y atteint encore une hauteur d'un mètre et l'épaisseur du roseau. Les Hébreux s'en faisaient des vêtements, des cordes, et même des mèches ou lumignons, et chacun de ces objets fabriqués pouvait prendre le nom de la substance dont il était fait. Les riches se servaient de bad ou fin lin, dont la plus grande partie venait d'Égypte, tandis que les pauvres se contentaient souvent de lin grossier et non roui. L'étoupe (neoleth) est mentionnée Juges 16:9; Ésaïe 1:31, à moins qu'il ne s'agisse dans ces passages de cette espèce de chaume qui tombe à terre quand on teille le lin, et qui n'est bon qu'à être brûlé.
— D'après Forster, (De bysso) et Michaélis, le pishthah aurait aussi en hébreu, comme il l'a en copte, la signification accessoire de coton, et ils s'appuient sur ce qu'il est dit, Josué 2:6, que Rahab cacha les espions Israélites sous des tiges qui, selon eux, ne peuvent avoir été que des tiges de coton et non des tiges de lin, mais la preuve manque à cette assertion.
Enfin il est parlé, Lévitique 19:19; Deutéronome 22:11, d'une étoffe nommée sha'atnez, nom étranger à la langue hébraïque, et que nos versions ont traduit par «de laine et de lin; «il résulte, en tout cas, du contexte, que ces étoffés devaient être un composé, un mélange; mais quelques auteurs pensent qu'il s'agit aussi bien d'une bigarrure de couleurs que d'un mélange de matières différentes,
— Voir: Calmet, ad h. 1, et notre article Accouplements.
LINUS,
2 Timothée 4:21, chrétien inconnu, était, selon quelques-uns, fils de Claudia, dont il est parlé dans le même verset. On veut qu'il ait été évêque de Rome pendant douze ans et quelques mois; mais, selon les uns, il aurait succédé immédiatement à Pierre, qui n'a jamais été dans cette ville; selon les autres, il aurait été évêque de Rome déjà du vivant de l'apôtre; d'où il résulte qu'on ne sait rien de positif, et que la seule chose probable ou possible, c'est que Linus ait été pasteur de ce petit troupeau.
LION.
Ce vaillant et fier monarque
des déserts, ce roi de la création sauvage,
qui n'a pour rivaux que le tigre et
l'éléphant, pour maître que l'homme seul,
n'est connu que lorsqu'on l'a contraint
d'abdiquer, lorsqu'il n'est plus lui-même,
et que sa couronne a été changée en un licol
de fer: sa crinière, longue, abondante et
fine, flotte alors sur des épaules esclaves;
mais son rugissement, qui n'est plus celui
de la menace et de la liberté, jette dans
l'âme une terreur secrète et involontaire,
comme celle du tonnerre qui gronde dans le
lointain, qui ne menace plus, et qui ne
laisse pas que de remuer et de saisir.
Vaincu, il reconnaît son vainqueur, et peut
se laisser frapper par une femme ou par un
enfant; mais libre il ne reconnaît personne;
il règne pour lui-même; sans haine comme
sans pitié, inaccessible à la peur, mais
sans cruauté, il tue, parce qu'il ne trouve
sa vie que dans la mort des autres, mais il
ne tue pas pour tuer, il tue pour vivre; on
dit l'avoir vu généreux, épargner des
victimes, et, moins sanguinaire que le tigre
et d'autres animaux carnassiers moins
terribles, laisser la vie à ceux dont la
mort ne lui était pas nécessaire. «Son
extérieur, dit Buffon, ne dément point ses
grandes qualités intérieures; il a la figure
imposante, le regard assuré, la démarche
fière, la voix terrible; sa taille n'est
point excessive comme celle de l'éléphant ou
du rhinocéros; elle n'est ni lourde comme
celle de l'hippopotame ou du bœuf, ni trop
ramassée comme celle de l'hyène ou de
l'ours, ni trop allongée, ni déformée par
des inégalités comme celle du chameau; mais
elle est au contraire si bien prise, si bien
proportionnée, que le corps du lion paraît
être le modèle de la force jointe à
l'agilité; aussi solide que nerveux, n'étant
chargé ni de chair ni de graisse, et ne
contenant rien de surabondant, il est tout
nerfs et tout muscles.»
Son caractère participe à celui des contrées
qu'il habite; indomptable sous les climats
brûlants et dans les déserts qu'il regarde
comme son fief naturel, il s'adoucit avec
des climats plus doux, et perd de son audace
dans les lieux habités, car il sait que
l'homme peut le vaincre, et sa force ne
tient pas contre l'adresse du Nègre ou du
Hottentot, qui souvent l'ose attaquer
tête-à-tête avec des armes assez légères,
cf. Juges 14, et 1 Samuel 17; aussi l'a-t-on
vu se retirer peu à peu là où l'homme
avançait, et sa race diminuer à mesure que
celle de l'homme augmentait. Les Romains,
dit M. Shaw (Voyages, I, 315), tiraient de
la Libye, pour l'usage des spectacles,
cinquante fois plus de lions qu'on ne
pourrait y en trouver aujourd'hui, et la
même diminution de quantité a été remarquée
en Turquie, en Perse, et dans les Indes; le
centre de l'Afrique semble être maintenant
la vraie patrie du lion féroce et terrible,
et les missionnaires français le comptent au
nombre de leurs plus redoutables ennemis
(voir en particulier le Voyage d'Arbousset,
passim, et plusieurs lettres de
Pfrimmer dans le Journal des Missions
Évangéliques de 1843). On le trouvait
autrefois en Syrie, en Palestine, et jusque
sur les bords du Jourdain, Juges 14:8; 1
Rois 13:24; 20:36; Cantique 4:8; Jérémie
5:6; 49:19; 50:44; Zacharie 11:3, mais il a
quitté ces contrées et s'est retiré dans les
déserts de l'Arabie centrale.
Le lion, qui a selon quelques auteurs cinq
cents noms différents en arabe, en a dans
l'Écriture six ou sept qui se rapportent
soit à son âge, soit aux divers traits de
son caractère.
-
Gour, Genèse 49:9; Deutéronome 33:22; Ézéchiel 19:2, ou gor, Jérémie 51:38; Nahum 2:13, le petit lion qui tette encore.
-
Képhir, le jeune lion qui est assez grand déjà pour aller à la chasse, Juges 14:5; Psaumes 17:12; 91:13; Proverbes 19:12; Ézéchiel 19:2-3; etc.
-
Ari ou ariéh, Genèse 49:9; Deutéronome 33:22; Psaumes 7:3; 22:13; Osée 13:7; Michée 5:8; etc., le lion en général, grand et vigoureux, emblème du courage héroïque, 2 Samuel 17:10; Nombres 23:24; Nahum 2:12 (de là Ariel, q.v.).
-
Shachal (le rugisseur), expression poétique, le lion dans toute sa force et dans toute sa beauté (selon Bochart, d'après une étymologie douteuse, le lion noir dont l'existence est plus douteuse encore, malgré le témoignage d'Ælien et d'Oppien seuls); Job 4:10; 10:16; Psaumes 91:13; Proverbes 26:13; Osée 5:14; 13:7.
-
Laïsh (le fort), autre expression poétique, peut-être le lion furieux, Job 4:11; Proverbes 30:30.
-
Labîh (probablement aussi le rugisseur) lion, ou seulement la lionne d'après Bochart: le mot correspondant en arabe n'a que la terminaison féminine, et dans l'Ancien Testament labîh est tantôt joint à ariéh, qui dans ce cas serait le mâle, Genèse 49:9; Nombres 24:9, tantôt accompagné de l'idée de petits, Job 4:11; 39:1, ce qui s'appliquerait aussi mieux à la lionne.
-
Quelques auteurs enfin, comme Calmet, traduisent encore par lion l'hébreu shachatz, qui emporte seulement l'idée de fierté et doit se prendre dans un sens tout à fait général.
Trois de ces noms se trouvent employés Nahum
2:11-12 (ariéh, képhir et labîh); nos
versions les ont bien traduits, à
l'exception de labîh qu'elles ont rendu par
vieux lions, et, verset 12,
vieilles lionnes, et que nous traduisons
simplement lionnes; ce sont les habitants de
Ninive qui sont, dans ce passage,
représentés sous l'image de lions, et la
figure est pleine d'énergie. Éliphaz parlant
à Job 4:10-11, et voulant lui faire sentir,
peut-être d'une manière indirecte, que lui
et les siens, d'une manière ou de l'autre,
ont probablement fait tort à leur prochain,
usé d'exaction, abusé de leurs forces, se
sert de l'image du lion et emploie pour le
désigner cinq expressions différentes,
destinées à comprendre ainsi toute la
famille de Job, jeunes et vieux, hommes et
femmes. «Le rugissement du lion, dit-il, le
cri du rugisseur, et les dents des lionceaux
sont brisés; le fort lion a péri faute de
proie, et les petits de la lionne sont
dispersés.» (Ariéh, képhir, shachal, laïsh,
labîh.)
Le vieux Jacob, qui prophétise peut-être
sans le savoir la venue du Messie appelé le
lion de Juda, Genèse 49:9; cf. Apocalypse
5:5, se sert de trois de ces expressions
pour désigner son fils Juda: c'est un faon
de lion, un lion vigoureux, une lionne. Ces
nuances sont très difficiles à rendre dans
nos langues; nous n'avons pas beaucoup de
mots pour exprimer des objets rares dans nos
contrées et qui ne se retrouvent pas souvent
dans la conversation; mais l'hébreu a une
force, une beauté toute particulière, et les
auteurs sacrés ont tiré un riche parti de
tout ce qui rend le lion terrible et
effrayant à voir, son regard, sa démarche,
son rugissement, ses dents, ses griffes. Le
lion a rugi, qui ne craindra? dit Amos 3:8,
et il ajoute: le Seigneur a parlé, qui ne
prophétisera?
Bochart a consacré quatre-vingt dix pages à
la caractéristique du lion, et, malgré
quelques erreurs de détail, son travail
mérite d'être attentivement étudié à cause
de la lumière qu'il jette sur certains
passages.
LITS.
Notre système de lits n'est pas connu en Orient, ni en général dans les pays méridionaux; les pauvres couchent sur des nattes, ou revêtus de manteaux, Exode 22:27; Deutéronome 24:13; une pierre leur sert de chevet, cf. Genèse 9:21,23; 28:11, Arvieux, III, 216, Gobat, Séj, en Abyssin.; les plus riches ont des espèces de longs coussins ou de matelas, garnis intérieur-renient de laine ou de coton, que l'on ne met pas dans des bois de lit, mais sur des appuis placés à une certaine hauteur, fixés à la paroi, et qui servent de chaises ou de divans pendant le jour. On ignore si les lits des Hébreux, qui portaient différents noms (miltah, Genèse 47:31; 1 Samuel 19:13; 2 Samuel 4:7; 2 Rois 1:4, mishcab, Exode 21:18; 2 Samuel 13:5; Cantique 3:1, hérès, Job 7:13; Cantique 1:15), étaient en général des lits fixés comme ceux des Orientaux de nos jours, ou bien des lits mobiles; ce dernier cas paraîtrait plus probable par 1 Samuel 19:15, et l'on s'en servait le jour comme de sophas, 1 Samuel 28:23; Ézéchiel 23:41; Amos 6:4; cependant cf. 2 Rois 4:10. Un cadre de lit (en fer) est mentionné, Deutéronome 3:11. Les riches les ornaient de magnifiques tapis, Proverbes 7:16; Ézéchiel 23:41, et ceux qui se couchaient s'enveloppaient eux-mêmes de tapis, et plaçaient sous leur tête pour oreiller une peau travaillée, 1 Samuel 19:13. On croit trouver l'idée d'un hamac dans l'hébreu melounah, Ésaïe 24:20, et l'usage de ciels de lit, Judith 16:23. Les lits dont il est parlé dans le Nouveau Testament étaient mobiles, Matthieu 9:6; Marc 2:4; 6:55; Luc 5:18; Actes 5:15.
LIVRE.
On peut voir, à l'article
Écriture, ce qui a été dit sur la forme des
livres chez les Hébreux et chez les anciens
en général: aux lames de cuivre et de plomb,
aux pierres et aux briques, succédèrent
bientôt des matières moins dures, du bois et
des écorces d'arbres; puis vinrent les
feuilles de palmier, puis la Une écorce
appelée liber, l'écorce intérieure du
frêne, de l'érable, du tilleul. Pour une
plus grande facilité de transport, ces
écorces furent roulées comme on roule encore
chez nous des cartes et des gravures, et ces
rouleaux furent appelés en latin volumen,
en hébreu megillah. Le papyrus,
ou roseau d'Égypte, paya ensuite son tribut
à l'art et à la science, et donna son nom à
la composition pâteuse qui a été adoptée
définitivement pour l'écriture, à notre
papier. Les rois d'Égypte, jaloux de leur
belle et nombreuse bibliothèque, et
craignant que ceux de Pergame ne leur
fissent, en les imitant, une redoutable
concurrence, défendirent l'exportation du
papyrus. Ceux de Pergame, animés d'une noble
émulation, ne se laissèrent pas détourner,
par cet obstacle, du but qu'ils s'étaient
proposé; ils substituèrent au papyrus des
peaux travaillées, auxquelles ils donnèrent
le nom de leur ville, pergamenum,
d'où est venu le nom de parchemin, plus
beau, plus solide, plus durable que les
feuilles du roseau. Il paraît, d'après
Pline, que les anciens écrivaient aussi
quelquefois sur du linge; mais le papier
fait de linge bouilli et étendu est bien
loin de remonter à une époque aussi
ancienne; il n'a guère qu'un peu plus de
sept siècles de date, quoiqu'on ne puisse
déterminer l'époque précise de son invention
(— Voir: Montfaucon, Charta
bombycina).
Nous renvoyons aux articles spéciaux pour ce
qui regarde les différents livres de
l'Écriture sainte, et à l'article Bible, où
l'on trouvera les noms des livres perdus qui
sont rappelés dans l'Ancien Testament.
Les desseins de la volonté divine, et les
noms des fidèles élus, sont représentés en
divers passages, comme étant inscrits dans
le livre de la sagesse éternelle, ou au
livre de vie; on peut comparer, sous ce
rapport, Exode 32:32; Ésaïe 4:3; Ézéchiel
13:9; Psaumes 69:28; Daniel 12:1; Luc 10:20;
Philippiens 4:3; Apocalypse 3:5; 13:8;
20:15; 22:19. Les livres scellés dont il est
parlé Ésaïe 29:11; Apocalypse 5:1, ne sont
autres que les prophéties d'Ésaïe et de
saint Jean.
LOD,
1 Chroniques 8:12; Esdras 2:33; Néhémie 11:35, paraît avoir été habitée parles Benjamites au retour de la captivité. C'est la même ville qui est appelée Diospolis par les Grecs, et Lydde dans le Nouveau Testament, que Pierre visita, et où il guérit le paralytique Énée, Actes 9:32-35. Elle est située à 4 ou 5 lieues est de Joppe, sur le chemin de Jérusalem à Césarée de Philippe. À l'époque de la domination syrienne, elle appartenait à la Samarie, mais en fut démembrée, avec deux autres toparchies, pour être donnée aux Juifs par Démétrius Soter. Réduite en cendres par le général romain Cestius, lors de la dernière guerre des Juifs, elle se releva de ses décombres, et fut quel que temps le siège d'une académie. Ce n'est plus maintenant, sous le nom de Lud ou Lidda, qu'un petit village presque entièrement en ruines, et qu'on aperçoit, à peu de distance de la routa de Joppe à Jérusalem, au milieu d'une forêt d'oliviers.
LODÉBAR.
2 Samuel 9:4-5; 17:27. Situation inconnue, mais probablement au-delà du Jourdain et non loin de Mahanajim: c'est là que demeurait Méphiboseth, fils de Jonathan, lorsque David le fit appeler à sa cour, «pour lui faire du bien.»
LOG,
Lévitique 14:10,12,24, mesure pour les objets liquides, le douzième du hin, équivalent, en conséquence, au contenu de six coquilles d'œufs, d'après les rabbins: c'est la même quantité que le quart du cab dont il est parlé 2 Rois 6:25, qui ne s'employait que pour les objets solides.
LOI.
Le judaïsme est essentiellement
une loi, et le Nouveau Testament qualifie
souvent de cette manière, soit l'économie
elle-même, soit les livres qui en sont les
documents, Jean 7:49; 10:34; 12:34; 13:25; 1
Corinthiens 44:21; Hébreux 7:12; 10:1 (prof.
S. Chappuis, De l'Ancien Testament dans ses
rapports avec le christianisme, p. 71, sq.)
Tout, en effet, se résume en lois chez les
Juifs, à tel point que le nom même de la
Thorah (la loi) était révéré chez eux
presque à l'égal du nom de Jéhovah lui-même.
En groupant autour du nom d'Abraham une
portion déterminée de la famille de ce
patriarche, en faisant de cette famille un
peuple, et de ce peuple le dépositaire de la
vérité, en leur accordant ainsi des
privilèges inappréciables. Dieu leur
imposait des devoirs adéquats aux droits
qu'il leur concédait. La loi était, en
quelque sorte, le prix de leur privilège:
bénédictions d'une part, obéissance de
l'autre, tels étaient les termes de ce
contrat, de cette alliance. De la part des
Juifs, tout devait donc aboutir à Dieu; Dieu
était leur chef, leur maître, un maître
absolu; Dieu était comme la base même de
leur nationalité: leur législation devait
porter l'empreinte de cette situation
exceptionnelle. Israël ne pouvait être ni
monarchie, ni république, ni aristocratie;
c'était en principe, ce devait être en fait,
une théocratie. Le Dieu d'Israël se
proclamait l'auteur des institutions
politiques, comme celui des institutions
religieuses. La charte du pays était le
décalogue; toutes les autres lois n'en
étaient que le développement. Il n'y avait
point là d'Église à côté de l'État, l'État
n'était point juxtaposé à l'Église,
au-dessus, au dissous, ou au dedans; l'État
et l'Église n'étaient qu'un; rien ne les
distinguait. Il n'y avait pas un domaine
religieux et un domaine politique; on ne
pouvait pas plus faire abstraction de l'un
que de l'autre. Dieu était roi et souverain
sacrificateur; tout se réunissait en lui,
comme ces deux ordres d'idées et de choses
ne peuvent, en effet, se réunir qu'en lui,
sous peine de se compromettre l'un l'autre.
Le monothéisme n'était point une abstraction
pour Israël; il se révélait d'une manière
patente, visible, extérieure; il portait ses
fruits, et se manifestait par des
conséquences; il donnait des lois, lui seul,
toujours, partout. Quoique les lois
mosaïques puissent se diviser en catégories,
elles tendaient toutes également vers le
même but, comme elles partaient du même
principe. Elles avaient pour but de
constater le mal, d'opposer à ses progrès
une barrière, de le condamner toujours, et
de préparer les esprits à l'attente du
Messie, qui devait le vaincre, et en
détruire les funestes effets.
Le mot loi est pris dans des sens
très divers. Il semble désigner d'une
manière spéciale le décalogue, Romains 7:7;
cf. Matthieu 19:17; Marc 10:49; Luc 18:20.
Il désigne les cinq livres de Moïse, Luc
24:44; Jean 7:49, etc. Il se rapportée
l'Ancien Testament, comme livre, Luc 4:20;
16:17; Actes 24:14; Romains 2:23; et comme
économie, dans presque toutes les épîtres,
par opposition à l'économie de la grâce.
Ailleurs, il est pris dans un sens spécial
pour désigner une loi particulière, Jean
19:7, ou bien encore, il signifie la loi
morale, la loi de la conscience gravée dans
le cœur, la loi de la morale universelle,
Romains 13:8,10. Le péché originel, cette
inclination au mal qui est dans nos membres,
est appelée une loi, Romains 7:23, la loi du
péché. L'économie nouvelle est appelée la
loi de la liberté, loi parfaite, loi royale,
Jacques 1:25; 2:8,12.
Le décalogue (mot grec qui signifie les dix
paroles, cf. Exode 34:28; Deutéronome 10:4)
se divise, conformément à la signification
de son nom, en dix parties séparées qui,
d'après la manière habituelle de les
distinguer, portent le nom de commandements,
et sont précédées d'une préface ou prologue:
«Écoute, Israël, je suis l'Éternel, ton
Dieu», etc., Exode 20:2; Deutéronome 5:6.
Dans ce cas, le décalogue proprement dit ne
commence qu'au verset suivant. Cependant,
comme ces tables sont quelquefois appelées
«paroles de l'alliance», Exode 34:28; cf.
Deutéronome 4:13, etc., et qu'une loi pure
et simple qui ne lie qu'une partie, ne
saurait être appelée de ce nom, il paraît
plus convenable de faire, de ce qu'on
appelle ordinairement la préface, la
première des dix paroles; elle est, en
effet, d'une importance particulière; ce
n'est point une simple introduction, ni un
simple exposé des motifs, mais une partie
intégrante de ce traité d'alliance que Dieu
contracta avec son peuple. Supprimez cet
article, ou laissez-le dehors, le reste perd
toute sa signification. La seconde parole,
ou le premier commandement, se composerait
alors de ces deux commandements qu'on a si
mal a propos séparés, et qui n'en font
absolument qu'un seul, relatif à l'adoration
de ce Dieu qui est jaloux, et qui a droit de
l'être. Depuis la troisième parole, ou
second commandement, il n'y a plus de
difficultés. L'église romaine, seulement,
pour supprimer, sans que ce fût trop
sensible, la défense relative aux images
taillées, a partagé en deux la dixième et
dernière parole.
— Voir: Preiswerk, l'Orient ancien et
moderne, 1838, numéro de novembre.
On peut diviser le code entier des lois
hébraïques, outre le décalogue, en cinq
classes ou catégories. Il en est parlé
ailleurs en détail; nous ne ferons que les
indiquer ici:
-
Lois relatives au culte et aux cérémonies, comprenant tout ce qui concernait la hiérarchie sacerdotale, les fonctions, le pouvoir, les revenus des prêtres, sacrificateurs et lévites; le lieu de la célébration du culte, les prescriptions relatives aux sacrifices, leur nombre, la valeur des offrandes, l'espèce des victimes, le mode particulier, les cas dans lesquels ils devaient être offerts; enfin, la fixation des fêtes qui devaient être célébrées, et leur organisation.
-
Lois politiques, militaires et civiles. L'autorité de Moïse, celle de Josué, et celle des juges qui lui succédèrent, étaient dictatoriales; il y avait peu de politique à faire sous un souverain absolu. Mais Moïse, dans le conseil d'anciens dont il s'entoura, jetait déjà le germe du libéralisme, et cette, assemblée, d'abord modeste, devint plus tard le grand sanhédrin. La loi prévoyait la royauté. Elle renfermait quelques dispositions fiscales touchant l'impôt, les amendes, les rachats pécuniaires et la capitation; il n'est pas probable qu'il y eût, pour le culte et pour l'État, deux trésors séparés.
— Tout Israélite de vingt ans était soldat, sauf les exceptions prévues par la loi. La guerre était supposée, parfois ordonnée; mais elle est toujours considérée comme souillant l'homme; le soldat ne peut rentrer dans ses foyers avant de s'être purifié. Les prescriptions de Moïse offrent, sous ce rapport, un singulier mélange: on y voit, à côté de l'ancien droit des gens, barbare et reculé, l'esprit d'humanité et de douceur que devait apporter sur la terre la religion divine. Souvent tous les ennemis doivent être passés au fil de l'épée; d'autres fois, Moïse s'occupe avec sollicitude du sort des captives, et défend qu'on touche aux arbres fruitiers des villes assiégées.
— Les lois civiles sont, avant tout, des lois agraires dans le vrai sens du mot. Moïse veut changer une horde, une tribu nomade, en un peuple sédentaire et agricole; tout converge vers ce but; il n'y aura pas de pauvres dans le pays, Deutéronome 15:4; les terres sont distribuées par le sort entre les familles, proportionnellement au nombre de leurs membres, et cela d'une manière défini-live que ne modifieront point les ventes temporaires qu'en pourraient faire leurs premiers possesseurs, Nombres 26:53; Lévitique 25:23. De là l'institution du jubilé; de là encore la loi du lévirat, la loi sur les héritages, les lois sur les dettes, la difficulté pour les étrangers d'obtenir le droit de cité, etc. Les mariages mixtes (avec des païens) et les mariages incestueux étaient sévèrement interdits; la polygamie est tolérée, mais réglée et gênée; le divorce est toléré, mais dans des conditions qui le rendent difficile. Il est pourvu au sort des étrangers; ils ne font point partie de l'assemblée de l'Éternel, mais ils seront traités humainement; des distinctions sont faites entre les uns et les autres, Deutéronome 23:3; sq. 25:17. La loi règle encore les rapports des maîtres avec les esclaves, et proclame d'une manière absolue l'autorité des pères sur les enfants, ne réservant à la justice que le droit de vie et de mort.
-
Lois morales. Elles forment le code le plus parfait qui ait jamais été donné à aucun peuple: il suffit de lire Exode 21-23, Lévitique 19, Deutéronome 15:24-25. Il est pourvu au sort de la veuve, de l'orphelin, du lévite, du pauvre, de l'étranger, de l'esclave; (lu ne livreras point l'esclave échappé, mais tu le traiteras avec bonté). Moïse se préoccupe même des animaux, des nids d'oiseaux, etc.
-
Lois sanitaires. Elles sont présentées comme des lois de pureté, et tendaient indirectement à rappeler la pureté morale intérieure que Dieu exige de ceux qui le servent. Mais elles sont réellement toutes calculées sur l'ardeur du climat de l'Orient, sur la nécessité d'une propreté constante, sur le danger de certains aliments, sur la fréquence des maladies de la peau, et surtout de la lèpre, sur le vif et dangereux penchant des Orientaux pour la volupté, etc. On comprend, dans cette classe:
-
les lois relatives à la distinction des animaux purs et impurs, lois alimentaires;
-
celles qui tendaient à préserver les Hébreux de la lèpre, à constater le mal, etc.;
-
toutes celles qui traitaient des ablutions, purifications et autres cérémonies destinées à effacer les souillures, physiques ou légales, que pouvaient avoir contractées, volontairement ou involontairement, hommes et femmes, telles que le contact d'un cadavre, etc.
— La propreté était une religion.
-
-
Lois judiciaires et pénales. Elles étaient remarquables par leur grande douceur. Les législations antiques n'ont jamais approché d'une perfection semblable; les modernes n'ont pas fait mieux. L'accusé était entouré de foutes les garanties désirables. Un témoin ne suffisait pas pour une condamnation à mort; les faux témoins étaient épouvantés; les témoins véritables étaient même retenus par la crainte de devoir servir de bourreaux si leur témoignage entraînait la peine de mort, Les jugements étaient publics et oraux, habituellement sommaires, toujours sans frais. Les villes de refuge offraient un sûr asile aux meurtriers involontaires. La question, la torture, ces raffinements de la justice sacerdotale du moyen âge, étaient inconnues; les épreuves (le sacrifice de jalousie) étaient innocentes en elles-mêmes. Les peines étaient à la fois modérées et proportionnées aux délits; le talion pouvait être prononcé par le juge. Les crimes commis contre Dieu, contre la religion, l'idolâtrie, le blasphème, la violation du sabbat, étaient punis de mort, et cette sévérité n'étonne que lorsqu'on oublie que le Dieu des Juifs n'était pas un être de convention, mais la vérité même, et le roi souverain auquel tout le peuple devait rendre une obéissance absolue. Les crimes contre les mœurs étaient aussi sévèrement punis.
— Voir: articles spéciaux.
Ce rapide aperçu, cette aride nomenclature, suffit cependant à rappeler d'une manière générale les détails qu'on a lus ailleurs, il est impossible de n'être pas frappé de deux choses: d'un côté Moïse fait des concessions à l'esprit de son temps, de l'autre il lui résiste et le fronde avec une énergie surprenante. Cette apparente contradiction dans le système provient de ce que, si Moïse veut isoler les Hébreux des nations voisines, il sait qu'il ne pourra pas les isoler d'eux-mêmes. Il commence d'abord par couper les communications avec l'ennemi, puis il le combat à l'intérieur, et il compte pour cela non sur une destruction immédiate, mais sur le temps, sur ces moyens dilatoires, sur ces réserves nombreuses, sur ces gênes cachées qu'il introduit partout, et qui d'abord ne paraissent pas avoir une grande portée. Cependant le père ne tuera pas son enfant, parce qu'il faut que ce soit la mère de l'enfant qui l'accuse, les voisins qui le tuent; le divorce demandé n'aura pas lieu, parce que le mari ne sait pas écrire; le meurtrier involontaire est livré au vengeur du sang, mais il ne mourra point, les villes de refuge sont là, et bientôt il se sera mis à couvert.
On a été trop loin dans les deux sens, les uns en prétendant que la législation hébraïque avait été calquée d'après les autres législations alors existantes, que Moïse pouvait avoir étudiées; les autres en niant d'une manière absolue toute influence des lois de l'Égypte, sanitaires et autres, sur telle ou telle partie des prescriptions mosaïques. Tout ce recueil est divinement inspiré, mais la personnalité de Moïse se montre partout, ses souvenirs, ses expériences, ses impressions. Il importe peu, d'ailleurs, que Moïse ait ramené d'Égypte ses prescriptions contre la lèpre, et l'interdiction de la viande de porc, si l'Esprit lui a révélé ces mesures comme bonnes à conserver. Il importe peu que des lois agraires, qu'une caste sacerdotale, aient été établies à l'imitation de l'Égypte, si Dieu a montré à Moïse que c'était provisoirement ce qu'il y avait de mieux à faire pour la formation et le développement de la nationalité juive. Moïse a suffisamment montré, cf. Lévitique 18:3, qu'il n'entendait point faire une copie du paganisme, et l'esprit de sa législation porte assez le caractère de l'indépendance, pour qu'à cet égard il ne soit pas suspect, même lorsqu'il paraît emprunter. Les absurdités de Bolingbroke et de Voltaire sous ce rapport, se réfutent d'elles-mêmes. Ce qu'ils ont dit de plus sérieux se rapporte à cet isolement national que Moïse établit, à ce cordon sanitaire dont il entoure son jeune peuple, à ce particularisme étroit qu'il prêche et qu'il commande. En théorie, le reproche est fondé; Dieu a fait d'un même sang tout le genre humain: qui comprend l'humanité perd peu à peu l'idée de la nationalité; mais en pratique le peuple juif était non seulement un peuple à part, mais un peuple mis à part, choisi, élu de Dieu dans un but spécial, une exception dans le monde, et son histoire n'a que trop bien montré combien les barrières de la loi étaient même insuffisantes pour le préserver du mal. Le reproche d'ailleurs aurait une plus grande portée si, en lui imposant le particularisme, Dieu avait aussi imposé à son peuple l'égoïsme; mais bien loin de là, les étrangers peuvent s'établir sur ce territoire d'Israël, partout ils sont recommandés à la bienveillance publique, et lorsqu'ils jouissent de tous les avantages, ils n'ont pas même à supporter toutes les charges.
On peut consulter utilement sur ce qui fait l'objet de cet article, E, de Bonne-chose, Hist. sacrée, p. 125, sq.; Cellérier, Esprit de la Législ. Mos., deux vol.; les ouvrages plus spéciaux de Pastoret (Paris 1817) et de Salvador (Paris 1828), et la dissertation du prof. S. Chappuis, citée plus haut (Lausanne 1838); en allemand on a les ouvrages classiques de De Wette (Archæologie), Tholuck (Beil. zum Hebræerbrief), Bæhr (Symb. des Mos. Cultus), et quelques travaux de Nitsch, Sack, Hengstenberg, Twesten, Néander, dont la portée est tout à la fois dogmatique et scientifique.
Le Nouveau Testament nous apprend à considérer la loi sous un double point de vue. Elle était caduque et périssable, dans ce qu'elle avait de particulier, de spécial, de local; elle était faite pour un temps, pour un peuple, pour un pays. D'un autre côté elle est éternelle dans ce qui en fait l'idée fondamentale, et Jésus n'est point venu pour l'abolir, mais pour l'accomplir. Avant Jésus, elle servait d'instituteur, de pédagogue, pour conduire les hommes, par le sentiment de leurs péchés, au Messie qui devait apporter le salut. Depuis Jésus, elle subsiste, mais gravée sur les tables charnelles du cœur. On peut la considérer, soit comme le fondement caché en terre sur lequel s'élève l'édifice de l'Église chrétienne, soit comme l'échafaudage qui a servi à son élévation, échafaudage qui n'a plus maintenant aucune valeur. On peut la considérer comme le commencement de l'œuvre que Jésus est venu unir, ou comme un système provisoire qui n'était là qu'en attendant, occupant et préparant le lieu pour le Sauveur. Les deux points de vue ont leurs défenseurs; les uns et les autres ont raison; la loi est tout ensemble un fondement et un échafaudage; cette double idée se rencontre partout dans le Nouveau Testament. On ne saurait en dire autant de ceux qui voient un antagonisme réel entre la loi et la grâce; c'est aller trop loin, au moins dans la forme de l'expression. Le chrétien n'est sans doute plus sous la loi, mais c'est qu'il est devenu loi à lui-même. Rien ne lui est plus défendu, mais l'Esprit qui est au dedans de lui, et qui ne parle pas deux langages, lui sert de règle et de loi. Quant à celui qui n'est pas converti, comme il n'a pas l'Esprit, comme il n'est pas sous la grâce, il reste sous la loi, et les difficultés pratiques qu'on a soulevées sur cette question, sont d'une solution facile dès qu'on se place à ce point de vue. Ces questions, du reste, appartiennent à la dogmatique.
LOT,
fils de Haran et neveu
d'Abraham, Genèse 11:27, accompagna son
oncle d'Ur et de Caran en Canaan, et
partagea d'abord sa vie nomade dans les
contrées méridionales de la terre promise,
11:31; 12:4; mais, comme l'un et l'autre
avaient de grands troupeaux, et que leurs
bergers se querellaient souvent au sujet des
puits et des citernes du désert, ils durent
se séparer, et Lot choisit pour demeure la
verte et riante vallée de Sodome, arrosée
par les flots du Jourdain, 13:11 (1920 avant
J.-C.). Quelques années après, le roi de
Sodome ayant été attaqué et pillé par
Kédor-La-homer, et Lot fait prisonnier avec
tous les siens, Abraham vint au secours des
vaincus, les délivra et leur rendit à tous,
et à son neveu en particulier, les biens
dont ils avaient été dépouillés. Lot
continua dès lors d'habiter Sodome; il y
fiança ses filles, et vivait en plus ou
moins bonne harmonie avec ses impies et
impurs voisins, lorsque deux anges vinrent,
et l'engagèrent à fuir le feu du ciel qui
allait fondre sur la ville. On connaît
l'accueil hospitalier qu'il fit à ces
messagers du ciel, bien qu'il ne les connût
pas, et le dévouement lâche et faible par
lequel, pour sauver ses hôtes de l'opprobre,
il offrit ses propres filles à la brutalité
de ses concitoyens. Le lendemain, de bonne
heure, réveillé par les anges, il part, sous
leur protection, avec sa femme et ses deux
filles, laissant en arrière les époux de
celles-ci, que leur incrédulité avait
aveuglés, comme le reste des Sodomites, sur
les malheurs qui leur étaient divinement
annonces. Toute la plaine devait être
engloutie, et les fuyards devaient se rendre
sur la montagne de Tsohar; mais, sur leur
route, se trouvait la ville de Bélah,
petite, et par cela même peut-être moins
corrompue que les autres; Lot demanda
qu'elle fût épargnée, afin qu'elle pût lui
servir de retraite, et sa prière fut
exaucée. C'est de Bélah, devenue Tsohar,
qu'il put contempler l'affreux spectacle
d'une plaine entière détruite par le feu et
le soufre; mais déjà sa femme n'était plus
avec lui: ménagère, peut-être avare,
peut-être incrédule, et, dans tous les cas,
désobéissante aux ordres célestes, elle
s'était retournée, et elle avait péri. Après
un séjour dont la durée n'est pas
déterminée, mais qui ne fut, sans doute, pas
bien long, Lot et ses filles quittèrent
Bélah, et se réfugièrent sur la montagne
voisine de Tsohar pour y demeurer. La
solitude pouvait convenir au vieillard,
veuf, sans fils, dépouillé de tous ses
biens, et témoin récent d'un déluge de feu,
vengeur de l'immoralité d'une plaine
dépravée; mais ses filles, plus frappées que
lui de la destruction de leurs villes et de
leur isolement présent, faisant vivre et
périr le monde tout entier avec le monde de
leur vallée, privées de leurs époux avant de
les avoir possédés, condamnées, selon toute
prévision, à un célibat perpétuel, et bien
instruites dans le mal par les leçons de
Sodome, enivrèrent leur père (singulier,
mais touchant témoignage rendu indirectement
à la pureté de ses mœurs), et l'entraînèrent
au crime; c'est de ce double inceste que
sortirent les Moabites et les Hammonites.
Cette tache est le dernier trait que
l'Écriture nous rapporte de la vie de Lot;
mais le nom de ce patriarche est rappelé
ailleurs comme celui d'un juste, honorable
devant Dieu, 2 Pierre 2:7; cf. Luc 17:28,32;
Deutéronome 2:9,19; Psaumes 83:9.
Quel a été le crime de la femme de Lot, et
quel a été son châtiment? La concision de
l'écrivain sacré autorise l'interprétation
littérale, mais ne l'exige pas: «La femme de
Lot regarda en arrière, et elle devint une
statue (ou un monument) de sel.» On peut
croire, et même traduire sans faire violence
au texte, qu'elle resta en arrière, qu'elle
retourna peut-être, se confiant en ce
qu'avaient dit les anges, que le malheur ne
commencerait que lorsque Lot et les siens
seraient arrivés à Tsohar, et qu'elle fut
surprise dans ses délais, ses lenteurs et
ses regrets. Quant à sa mort, une quantité
d'opinions et de fables se sont fait jour.
La statue de sel a pour elle la lettre, quoi
qu'on en dise, et l'ancienne tradition: le
sel pouvant se prendre pour sel de roche, on
ne peut pas objecter qu'elle a dû se fondre
tout entière aux premières pluies, comme
aussi rien n'indique qu'elle ne se soit pas
fondue. Toutefois, le texte peut se traduire
dans un sens plus large, et la tradition ne
mérite guère de confiance à cause de son
caractère exagéré. La statue a été vue,
dit-on, par beaucoup de voyageurs; mais ils
ne sont pas d'accord sur sa position, les
uns la plaçant au nord, les autres au midi,
à l'orient ou à l'occident; ils auront pris
pour statue de la femme de Lot quelqu'une de
ces créations bizarres de la nature, comme
on en rencontre en divers lieux, et qui
affectent tantôt une forme, tantôt une
autre. Ce rocher de sel conservait, selon
eux, toutes les infirmités féminines: il
pleurait en certains temps, et il avait ceci
de singulier, qu'il conservait toujours la
même grandeur, quoiqu'on en arrachât souvent
des morceaux pour souvenir et par curiosité.
D'autres auteurs pensent qu'il faut entendre
que la femme de Lot étant retournée en
arrière (elle périt et) devint un monument
de sel (éternel, impérissable) du courroux
divin contre les rebelles et les incrédules;
d'autres encore, qu'elle fut étouffée, et
que, par l'abondance des matières salines
renfermées dans l'air et dans le sol, son
corps fut comme pétrifié ou embaumé, de
manière à ne pouvoir être atteint par la
corruption, comme cela arrive des corps qui
sont soumis à l'action des flots de la mer
Morte, ou d'une source pétrifiante
quelconque. D'autres, enfin, ne prennent que
l'idée générale du verset: la femme de Lot
resta attachée au sol, morte et sans
mouvement; mais c'est l'explication qui se
justifie le moins, bien qu'elle renferme
pour nous la même leçon d'obéissance à la
parole du maître.
- l'éblouissement dont furent frappés les
Sodomites, et qui sous bien des rapports
était une conséquence presque naturelle et
souvent observée de débauches pareilles aux
leurs, peut être comparé à celui dont Dieu
frappa les soldats syriens descendus vers
Élisée, 2 Rois 6:18; cf. aussi Jean 8:59;
10:39.
LOUP.
Cet animal, bien connu dans nos
climats, l'est également en Orient, où son
nom rappelé comme chez nous des idées de
voracité, de violence et de lâche cruauté:
c'est aux brebis surtout qu'il se rend
redoutable, c'est à la poursuite des faibles
qu'il s'attache, Matthieu 7:15; 10:16; Luc
10:3; Jean 10:12; Actes 20:29. Il est
représenté comme altéré de sang, Ézéchiel
22:27, et les principaux d'Israël lui sont
comparés pour leur avidité. Ses déprédations
nocturnes l'ont peut-être fait appeler loup
du soir, Habacuc 1:8; Sophonie 3:3; Genèse
49:27; Jérémie 5:6, quoique selon quelques
auteurs (les Septante) il faille traduire
loup d'Arabie, ce qui n'est guère probable.
La prophétie nous annonce pour l'époque
messianique, qu'alors on verra paître dans
les mêmes pâturages, le loup et l'agneau
conduits par un enfant, promesse que l'on
prend assez généralement dans un sens
purement symbolique en la rapportant à la
réconciliation des Juifs et des païens, des
fidèles et des infidèles, mais qui paraît se
rapporter d'une manière plus entière aux
jours à venir où le Seigneur Jésus, régnant
lui-même sur la terre, soumettra au même
sceptre les hommes et toute la nature, Ésaïe
11:6; 65:25. Benjamin est appelé par le
vieux Jacob un loup qui déchire, Genèse
49:27; les interprètes caldéens entendent
cette figure du grand nombre d'holocaustes
qui étaient continuellement offerts sur
l'autel de Jérusalem, ville de Benjamin;
d'autres la rapportent à la violence des
Benjamites, Juges 21, d'autres encore à
Ehud, à Saül ou à saint Paul, qui
appartenaient à cette même tribu.
Le nom hébreu du loup est zeéb, dont
on a cru trouver la racine dans l'arabe zaab
ou daaba (effrayer), et d'où dériverait
peut-être aussi l'allemand dieb,
l'anglais thief.
LUC
(abrégé pour Lucain, comme
Silas pour Sylvain), l'auteur de l'Évangile
et des Actes, était d'après Eusèbe, Jérôme
et Nicéphore, natif d'Antioche en Syrie, et
médecin de profession. Juif de religion,
mais païen par sa naissance (cf. Colossiens
4:14; 2 Timothée 4:11), il avait une culture
lettrée qui se montre soit par la pureté de
son style, soit par quelques réminiscences
des profanes. On ignore comment il vint à la
connaissance de la vérité, mais on peut
croire que ce fut par le ministère de saint
Paul, dont il fut toujours l'ami et le
compagnon de travail. Parmi les traditions,
il en est qui le font ami de la Vierge,
vierge lui-même, peintre, l'un des
soixante-dix disciples, et le compagnon de
Cléopas sur la route d'Emmaüs; c'est
possible comme sont possibles toutes les
choses dont on ne sait rien, mais c'est peu
probable, et notamment sa mission au nombre
des soixante-dix disciples paraît contredite
par Luc 1:1-3; c'est encore moins probable,
s'il est vrai qu'il fût d'origine païenne:
on ajoute qu'après avoir entendu les
enseignements du Christ, il s'en détourna,
scandalisé des paroles du maître: «Celui qui
ne mange pas ma chair et ne boit pas mon
sang, n'est pas digne de moi;» mais il
revint plus tard à la foi, à la suite d'une
prédication de saint Paul. Son histoire ne
commence pour nous qu'au voyage de Troas,
Actes 16:10, probablement le premier qu'il
fit avec l'apôtre, car ce n'est qu'alors
qu'il commence à parler à la première
personne; il suit Paul à Philippes dans la
maison de Lydie, et paraît avoir séjourné
quelque temps dans cette ville, malgré la
persécution qu'y essuyèrent Paul et Silas;
nous l'y retrouvons encore plusieurs années
après, Actes 20:6. Il reprend alors avec
l'apôtre le cours de ses voyages, et
l'accompagne par Troas, Assos, Mitylène,
Rhodes, Tyr, et Césarée, à Jérusalem, Actes
21:15, ou il resta probablement jusqu'au
départ de Paul pour Rome, 27:1. Fidèle à son
ami, Luc partagea tous les dangers et toutes
les fatigues de cette périlleuse navigation;
et, arrivé au terme du voyage, il continua
de lui donner ses soins et demeura au moins
quelque temps avec lui, comme on le voit par
la mention qui en est faite deux épîtres
écrites de cette ville, Philémon 24;
Colossiens 4:14; enfin dans le moment
suprême, lorsque Paul écrit sa dernière
épître, son testament, il peut dire: «Luc
est seul avec moi.» 2 Timothée 4:11. C'est
ici que s'arrêtent les indications de
l'Écriture sur l'histoire du pieux médecin,
du modeste et constant ami de saint Paul; la
tradition ne fournit que des données
incertaines sur le reste de sa vie et sur,
sa mort. Saint Jérôme le fait mourir à l'âge
de quatre-vingt-quatre ans; d'après
Épiphane, il aurait prêché l'évangile en
Dalmatie et dans les Gaules, et d'après
Nicéphore il aurait souffert le martyre en
Grèce. Les pères de l'Église lui
connaissaient déjà passablement de tombeaux,
à Thèbes, en Béotie, en Bithynie, à Éphèse,
à Élée, dans le Péloponèse, etc.; on sait
l'estime qu'on devra faire de ces reliques.
C'est probablement à Rome, avant la
rédaction des Actes, et par conséquent dans
les deux premières apnées de son séjour, que
Luc aura écrit l'évangile auquel la
tradition unanime a donné son nom. On le
conclut de ce que les deux ouvrages sont
adressés à la même personne, Théophile
(q.v.), qui était Romain, et dont saint Luc
avait sans doute fait la connaissance à Rome
même; l'auteur entre dans beaucoup de
détails sur la géographie et l'archéologie
juives, qu'il paraît supposer peu connues de
son lecteur, tandis qu'il passe en courant
et sans explications ni indications aucunes,
sur tout ce qui regarde la topographie de
l'Italie, comme étant trop connu pour qu'il
faille caractériser ou préciser: arrivé au
séjour de Paul à Rome, le narrateur s'arrête
et ne dit presque rien des épreuves, de
l'action et de la vie de Paul, ce qui n'eût
pas manqué d'intéresser les lecteurs de
Jérusalem si Luc eût écrit pour eux, mais ce
qui était aussi superflu pour des lecteurs
romains qui étaient autant que Luc au
courant des affaires de Paul. Nous avons
parlé des Actes à leur article; quant
à l'évangile, bien qu'il ait assez de
rapports avec ceux de Matthieu et de Marc
déjà composés, pour que l'on puisse
apercevoir l'usage que Luc en a fait, il
diffère de l'un et de l'autre par une
tendance éminemment catholique, générale,
universelle. Saint Marc est à cet égard sans
caractère bien prononcé, bien qu'il ait été
écrit sous l'influencé de saint Pierre; mais
l'évangile de Matthieu porte le cachet juif
à chaque passage, tandis qu'on trouve dans
saint Luc le caractère de Paul, le Christ de
l'humanité, l'alliance de Dieu avec la terre
toute entière. On aperçoit déjà cette
différence dans leurs généalogies du
Sauveur, Matthieu faisant remonter les
ancêtres de Jésus jusqu'à Abraham, le père
des Juifs, Luc les comptant jusqu'à Adam, le
père des hommes; Matthieu ne parle que des
douze apôtres représentants des douze
tribus, tandis que Luc y joint les
soixante-dix disciples représentants de
l'humanité; Matthieu insiste partout sur le
caractère juif du Messie, Luc sur son
caractère humain, évitant de raconter ce qui
aurait pu faire de son œuvre une œuvre
particulière, une mission juive. Saint Luc a
aussi dans la forme, quelque chose de plus
intime, de plus affectueux, son Messie est
plus un Sauveur qu'un Roi; il raconte
volontiers ses conversations plutôt que ses
discours, et fait parler les interlocuteurs,
enregistrant leurs questions et leurs
réponses; il s'attache aux détails, il
raconte la naissance de Jean-Baptiste et
celle du Sauveur, le premier entretien de
Jésus dans le temple, la résurrection du
jeune homme de Naïn, l'envoi des
soixante-dix, la parabole du Samaritain
miséricordieux, l'histoire de Marthe et
Marie, la guérison des dix lépreux, la
visite de Jésus à Zachée, la conversion du
brigand sur la croix, la rencontre qui eut
lieu sur le chemin d'Emmaüs; il donne un
récit circonstancié et suivi d'un grand
voyage missionnaire de Jésus, et parle
souvent de la miséricorde divine et de
l'efficacité de la prière.
L'authenticité de cet évangile n'a guère été
contestée, et même les hérétiques
anti-mosaïques, tels que Marcion, l'ont
reconnue, comme cela était assez naturel à
cause de sa tendance anti-judaïque, tandis
qu'ils rejetaient les trois autres
évangiles; mais encore l'ont-ils tronqué en
plus d'un endroit, comme l'ont remarqué
Tertullien et Épiphane, partout où les
paroles du Messie étaient en désaccord avec
leurs vues exagérées sur la loi et l'Ancien
Testament, (— Voir: Olshausen, uber
die Evang.)
Les Actes des apôtres sont la suite
immédiate et naturelle des Actes du maître;
saint Luc les a écrits sans doute peu de
temps après son premier ouvrage, et a réuni
l'un à l'autre par le court avant-propos qui
est en tête du second livre.
Outre ces deux ouvrages, on a attribué à ce
disciple la composition de l'épître aux
Hébreux, q.v., ainsi que celle d'autres
écrits que nous ne possédons plus.
LUCHITH.
Ville des Moabites, Ésaïe 15:5; Jérémie 48:5; suivant Eusèbe et saint Jérôme, elle était située dans une contrée montagneuse, entre Aréopolis et Tsohar, et portait encore de leur temps son ancien nom.
LUCIUS
de Cyrène, prophète et docteur de l'Église d'Antioche en Syrie, Actes 13:1, et parent de Paul, Romains 16:21; selon quelques auteurs, il aurait été l'un des soixante-dix disciples. Origène, Calmet, et d'autres encore, distinguent deux Lucius, et croient que celui dont il est parlé dans les Romains est le même que saint Luc l'évangéliste; mais rien ne justifie cette opinion, le nom de Lucius n'était pas de nature à être abrégé, et si Luc est une abréviation, il dérive de Lucain et non de Lucius; d'ailleurs au moment où Paul écrivait de Corinthe aux Romains, Luc n'était pas avec lui, mais plutôt à Philippes, Actes 20:2,6; de plus, si Luc est appelé compagnon d'œuvre de saint Paul, Philémon 24, Lucius n'est appelé que son parent, dans l'épître aux Romains, où il eût pu être appelé son compagnon d'œuvre comme l'est Timothée; enfin pourquoi Paul caractériserait-il la même personne de deux manières si différentes dans le passage des Romains, et Colossiens 4:14?
LUD, et Ludim,
le pays, et Ludim, les habitants.
-
Genèse 10:13, le premier des descendants de Mitsraïm, nommé à côté de Put frère de Mitsraïm, Ézéchiel 27:10; 30:5; ils font la guerre au service des Tyriens, et Jérémie 46:9, à la solde des Égyptiens: Ésaïe les appelle gens tirant de l'arc, 66:19, c'est pourquoi Bochart les prend pour les Éthiopiens qui, selon les anciens auteurs (Hérodote 7:69), avaient pour arme principale un arc de 4 aunes de longueur, au moyen duquel ils tiraient des flèches courtes, munies de pierres aiguës. Cependant leur demeure ne peut être déterminée avec parfaite certitude; Michaélis compare les Luday, sur la côte occidentale de l'Afrique au sud de Maroc, et le fleuve Laud qui coule vers la Tingitane (Tanger); cette opinion, et celle de Hitzig, qui voit dans les Ludim les Lybiens, sont moins probables que celle de Bochart, adoptée par Calmet, Winer, Dahler, Preiswerk (Morgenl.), Schrœder, etc.
-
Genèse 10:22, peuplade sémite nommée entre Arpacsad et Aram, selon toute probabilité les Lydiens (Flavius Josèphe, Eusèbe, saint Jérôme, Bochart, Calmet, Winer, etc.). La Lydie, royaume célèbre sous Crésus, est une province de l'Asie Mineure; Sardes en était la métropole, et l'on y trouvait encore Éphèse et Smyrne.
LUNATIQUES,
— Voir: Possession.
LUNE.
Ce grand luminaire fut créé au
quatrième jour pour dominer sur la nuit, et
pour servir de signe pour les saisons, les
jours et les années, Genèse 1:16. Servante
de la terre, elle fut bientôt érigée en
maîtresse et reine du ciel par l'idolâtrie;
on lui attribua une puissante influence sur
la fécondité du sol et sur le sort des
hommes, et dans les siècles de la plus haute
antiquité elle était déjà l'objet d'un culte
impie,
— Voir: Job 31:26.
Les Égyptiens l'adorèrent d'abord sous le
nom d'Io, et plus tard sous celui d'Isis; et
les Israélites malgré la défense formelle de
la loi, Deutéronome 4:19; 17:3, lui firent
aussi des offrandes, Jérémie 8:2; 19:13; 2
Rois 21:3, qui consistaient principalement
en encensements, en libations et en gâteaux
de miel ayant la forme de croissants,
Jérémie 7:18; 44:17,19; cf. Hérodote 8:41.
La lune comptait aussi des adorateurs en
Arabie (Bochart, Phaleg 2, 19); les Romains
lui rendaient un culte sous le nom d'Hécate,
la même que Diane, avec cette seule
exception que Diane était chaste, tandis que
la première était réputée pour ses aventures
galantes. Macrobe, dans ses Saturnales,
affirme que pour sacrifier à la lune les
hommes se déguisaient en femmes et les
femmes en hommes, et Maïmonides croit que
c'est une des raisons pour lesquelles Dieu
avait défendu aux Juifs ce double
travestissement. Sur les rapports de la lune
avec Astarté,
— Voir: Banal et Caldée.
Quant à la reine des cieux dont parle
Jérémie, 44:18, il paraît, malgré
l'opposition de quelques savants (— Voir:
Gesenius), que c'est de la lune qu'il est
question, et non point de la brillante
planète de Vénus, ou de l'armée des cieux en
général. Le passage, Psaumes 121:6, semble
se rapporter à l'influence maligne, ou
réputée maligne, de la lune sur ceux qui
dorment en plein air, sous le ciel pur et
serein de l'Orient, ou sur la vue de ceux
qui la fixent trop souvent lorsqu'elle
brille de tout son éclat. «L'astrologie
naturelle, dit Calvin, montrera bien que les
corps d'ici-bas prennent quelque influxion
de la lune, parce que les huîtres se
remplissent ou se vident avec icelle;
pareillement, que les os sont pleins de
moelle ou en ont moins selon qu'elle croit
ou diminue.» Dans tous les cas, et quoi
qu'il en soit, le psalmiste annonçant que le
soleil ne donnera pas sur l'homme pieux de
jour, ni la lune de nuit, parle le langage
de son pays et de son temps, et veut
indiquer d'une manière générale, qu'il sera
préservé de tout accident fâcheux, de toute
influence malveillante, soit que cette
influence existe, soit qu'il y crût
lui-même, soit qu'il eût simplement égard à
une certaine crainte populaire mais
indéterminée, comme le sont presque toutes
les superstitions, soit enfin qu'il eût le
pressentiment de cette nouvelle terre où il
n'y aura plus ni jour ni nuit.
— L'obscurcissement du soleil et de la lune
(et il n'est pas nécessaire d'entendre par
là des éclipses), est fréquemment indiqué
comme devant accompagner de grands
événements, la chute de l'empire assyrien,
de Babylone, et la fin du monde, Ésaïe
13:10; 24:23; Ézéchiel 32:7; Joël 2:10;
3:15.
Les Juifs célébraient les nouvelles lunes;
c'étaient des jours de fête et de repos qui
avaient leur place au commencement de chaque
mois, l'année juive étant supputée en mois
lunaires; elles étaient en quelque sorte des
sabbats de mois, comme le samedi était le
sabbat de la semaine. Les Juifs se
reposaient alors de leur travaux, et
consacraient en entier ces jours au service
de Dieu. On offrait au sanctuaire des
sacrifices spéciaux, Nombres 10 et 28:11-15;
cf. 1 Chroniques 23:31; 2 Chroniques 2:4;
8:13; 31:3; Esdras 3:5; Néhémie 10:33; le
peuple se rassemblait en assemblée
solennelle, Ésaïe 1:13; Ézéchiel 46:1, et
les sacrificateurs sonnaient des trompettes
sur les holocaustes, Nombres 10:10; cf.
Psaumes 81:4. On faisait des banquets
sacrés, et l'on se réjouissait d'une sainte
joie; un festin avait lieu à la cour de
Saül, 1 Samuel 20:5,24, et les plus pieux
cessaient de jeûner; il n'y avait ni travail
ni commerce, Amos 8:5; Néhémie 10:31. On
faisait la lecture de la parole de Dieu, 2
Rois 4:23. Cette fête, à cause de son
importance, et peut-être aussi à cause de
son analogie éloignée avec le sabbat, est
souvent nommée à côté du jour du Seigneur, 2
Rois 4:23; Amos 8:5; cf. Osée 2:11;
Colossiens 2:16. Chaque septième néoménie
(nouvelle lune), comme le sabbat d'une
semaine de mois, était célébrée d'une
manière plus solennelle, avec un holocauste
de plus; c'était un mémorial de jubilation,
Lévitique 23:24; Nombres 29:1.
— Tacite (Germ. 11), et d'autres auteurs
parlent d'un usage pareil chez quelques
peuples de l'antiquité, de prières adressées
à la nouvelle lune, et de festins joyeux,
célébrés le jour où le sacrificateur chargé
de cet office annonçait publiquement que la
reine des cieux recommençait à croître; il
ne s'agissait évidemment pas de la
détermination mathématique de la conjonction
de la lune et du soleil, mais de la phase
apparente et du croissant visible.
— Les Juifs modernes n'ont pas abandonné
cette tradition de la loi, mais ils
n'interrompent pas pour cela leurs travaux
ni leurs affaires; les femmes seules ne font
rien ce jour-là: le soir après le
renouvellement de la lune, dès qu'ils
aperçoivent le croissant, ils se rassemblent
pour faire une prière à Dieu, dans laquelle
ils rappellent créateur des planètes, et
restaurateur de la nouvelle lune; ils font
en même temps une commémoration de David, et
se séparent après s'être salués.
LUZ, ou Béthel,
ancien nom de Béthel (q.v.), Genèse 28:19; 35:6; Josué 18:13; Juges 1:23, située sur les frontières de la tribu de Benjamin, mais sans qu'on en puisse déterminer la position. C'est la famille de Joseph qui la conquit après l'avoir fait explorer; une famille de Luzites ayant été épargnée dans le massacre général, à cause d'un service que son chef avait rendu aux espions de Joseph, elle se retira au pays des Héthiens, et y bâtit une ville qui fut nommée Luz en souvenir de l'ancienne, mais on ne sait où il faut la chercher; Rosenmuller pense à Luza, qu'Eusèbe place à 3 milles de Sichem; l'opinion de Studer qui la cherche sur les côtes de la Phénicie, quoique non prouvée, serait plus probable.
LYCAONIE,
province de l'Asie Mineure,
dans laquelle se trouvaient, d'après Actes
14:6,11, les villes de Lystre et de Derbe,
qui, cependant, appartenaient alors d'une
manière plus exacte à la Galatie; car cette
dernière province en avait absorbé quelques
autres plus petites, et le nom de Lycaonie
n'avait conservé aucune valeur politique ou
diplomatique; il s'employait dans les
relations ordinaires et dans la
conversation, comme renfermant une idée
géographique connue et déterminée, de même
qu'on dit en France le Languedoc, la
Provence ou le Limousin, et surtout comme on
emploierait les noms des départements si
l'ancienne division géographique venait à
être rétablie. La Lycaonie appartenait au
plateau dit Taurus qui la séparait, au midi,
de la Cilicie; c'était une longue plaine
accidentée, située entre deux chaînes de
montagnes, et dont le sol, fortement
imprégné de matières salines, n'offrait que
fort peu de sources potables, au point que,
dans quelques endroits, l'eau était devenue
une marchandise; mais les pâturages y
étaient d'autant meilleurs, et le commerce
du menu bétail y avait acquis une grande
importance. On trouvait beaucoup d'ânes
sauvages errants dans les districts
montagneux. La langue lycaonienne, Actes
14:11, était, d'après Jablonsky, une espèce
d'assyrien; d'autres croient que c'était un
grec corrompu; le problème n'est pas résolu,
et ne se résoudra pas.
— Selon Pline, un petit district à l'orient
du pays, du côté de la Cappadoce, aurait
cependant conservé le nom politique de
Lycaonie; il y place Thebasa sur le Taurus,
et Hyde sur les frontières de la Galatie et
de la Cappadoce; Ptolémée y ajoute encore
Iconium.
LYCIE,
Actes 27:5, province de l'Asie
Mineure, sur la côte sud-ouest, et vis-à-vis
de Rhodes; elle appartenait encore à la
région du mont Taurus, qui formait sa
frontière nord-ouest, et la séparait, en
allant vers le sud, de la Pisidie et de la
Pamphylie; un bras de cette chaîne
s'avançait dans l'intérieur du pays, sous le
nom de Kragus, parallèlement au Taurus;
entre les deux, coulait le Xanthe, célébré
par les poètes de l'antiquité. La Lycie
était donc une contrée montagneuse, malgré
quelques plaines et quelques ports; à
l'ouest, elle avait la Carie; Telmesse était
la dernière ville dans cette direction; au
nord et au nord-est, la Phrygie et la
Pisidie; à l'est, la Pamphylie; au sud, la
Méditerranée, appelée aussi mer Lycienne
près des côtes, qui sont escarpées et rudes,
mais munies de ports commodes. Son sol et
son climat sont à peu près les mêmes qu'en
Cilicie: la terre n'était pas sans
fertilité; cependant, c'est du voisinage de
la mer, plus que de la culture du sol, que
les Lyciens, toujours réputés bons marins,
au dire d'Hérodote, tiraient les plus grands
avantages. Parmi les villes assez nombreuses
de cette contrée, le Nouveau Testament nomme
Patara, la capitale, Phaselis et Myra, q.v.
— Longtemps cette peuplade républicaine sut,
par sa conduite sage et les alliances que
ses villes avaient formées entre elles,
défendre sa liberté contre les tentatives
des Romains; mais l'empereur Claude réussit
enfin à la soumettre à son sceptre, et la
fit administrer par un président ou légat,
conjointement avec la Pamphylie.
LYDDE,
— Voir: Lod.
LYDIE.
-
Province de l'Asie Mineure qu'Antiochus-le-Grand, vaincu par les Romains, dut abandonner à leur allié, Eumènes, roi de Pergame. Elle avait été le centre d'un grand empire, dont le dernier roi, Crésus, vaincu par Cyrus, 548 avant J.-C., est, bien connu. À la mort d'Attalus III Philométor (133 avant J.-C.), la Lydie, avec toute la contrée circonvoisine soumise à la couronne de Pergame, passa sous la domination immédiate des Romains, et fut dès lors considérée comme une partie de la province d'Asie. Son territoire s'étendait, à l'exception des villes de la côte ionienne, depuis le promontoire de Mycale jusqu'à l'embouchure de l'Hermus; sa frontière septentrionale naturelle était un bras de la chaîne du Taurus, tandis qu'à l'orient et au midi, un autre embranchement de la même chaîne, longeant la rive droite du Méandre, séparait la Lydie de la Phrygie et de la Carie. Une autre montagne, le Tmolus, traversait la contrée, qui avait cependant aussi quelques plaines considérables, et jouissait d'un climat agréable et d'une grande fertilité. Parmi les villes lydiennes, le Nouveau Testament nomme Sardes, Thyatire et Philadelphie. Les Lydiens apparaissent déjà dans l'Ancien Testament sous le nom de Lud; très réputés pour leur habileté industrielle, pour leurs magnifiques travaux de pourpre et pour l'étendue de leur commerce, ils s'amollirent et s'efféminèrent sous la domination des Perses (Hérodote).
-
Nom propre d'une marchande de pourpre de Thyatire, établie à Philippes, en Macédoine. Païenne de naissance, mais prosélyte juive, elle suivait assidûment le culte du vrai Dieu: c'était hors de la ville, dans un lieu sans doute modeste, et près du fleuve Strymon; car les Juifs de la dispersion, souvent persécutés ou difficilement tolérés, n'avaient pas partout, dans les villes, des synagogues Ou des lieux de culte réguliers; ils se réunissaient comme ils pouvaient, en plein air, peut-être dans des lieux consacrés à d'autres objets, et recherchaient volontiers le voisinage des rivières plus favorable aux ablutions. C'est dans une de ces réunions que Lydie entendit saint Paul; le Seigneur lui ouvrit le cœur: elle fut convertie et baptisée avec toute sa famille. Unie ainsi aux apôtres par le lien de la foi, elle insiste auprès d'eux (Paul, Luc et Silas), pour qu'abandonnant le logis mercenaire qu'ils occupent dans Philippes, ils viennent demeurer chez elle, et y goûter les douceurs de l'hospitalité chrétienne. Sa maison paraît être devenue le centre du petit troupeau qui se forma dans cette ville, et conserva pour saint Paul un vif sentiment d'affection, qui se perpétua chez tous ceux qui se joignirent plus tard à cette première famille chrétienne. (— Voir: Rilliet, Commentaire aux Philippiens, p. 17-20).
LYRE,
— Voir: Musique et Harpe.
LYS.
C'est de cette fleur magnifique
et pure qu'il est sans doute parlé 1 Rois
7:19,22,26; 2 Chroniques 4:5; Cantique
2:2,16; 4:5; 5:13; 6:2-3; 7:2. (mal traduit
muguet dans nos versions). Osée 14:5;
Matthieu 6:28; Luc 12:27; elle a fourni au
Cantique de Salomon de belles images, et aux
ornements du temple de beaux modèles. Le lys
(Cl. VI. Monogynie de Linnée) a un périgone
de six feuilles qui, soudées par le bas en
forme de cloche, se séparent, en s'évasant
vers les bords, comme une couronne. Il
croît, sans culture, dans les campagnes de
la Judée, où il a fourni à notre Sauveur une
de ses plus touchantes comparaisons sur la
sollicitude universelle de la Providence
divine. On en trouve de blancs, de rouges,
de jaunes et d'orangés. Il y a des lys de
jardins et des lys de montagnes, des lys de
neige et des lys de feu.
— Selon quelques auteurs cependant
(Souciet), c'est de la couronne impériale
(fritellaria) qu'il serait parlé dans
l'Écriture, autrement nommée encore lys
royal, lys persique, le tusaï ou tusac des
Perses, dont la fleur ne diffère guère de
celle du lys que par sa couleur rouge-brun,
et parce qu'elle s'incline, et se renverse
presque comme une couronne, à l'extrémité de
la tige qui est surmontée par un toupet de
feuilles; la tige est environ de la grosseur
du doigt, ronde, d'un pourpre foncé, et
haute d'un mètre. La fleur est souvent
double, et le nombre, comme l'ordre de ses
feuilles, est assez variable dans ce cas.
Chaque feuille de cette fleur a, dans le
fond, une glande qui sécrète une humeur
aqueuse, laquelle se forme ordinairement,
vers le milieu du jour, en une perle très
blanche, et distille peu à peu des gouttes
d'eau très pures et très claires; c'est à
cause de cette particularité, comparée avec
Cantique 5:13 (elles distillent la myrrhe
franche), que quelques auteurs, notamment
Rosenmuller, ont cru devoir traduire
l'hébreu shushan par couronne
impériale. Cette traduction convient dans
tous les passages cités, mais le lys va
également bien; peut-être le même mot
peut-il s'appliquer aux deux fleurs, à cause
de leurs divers rapports extérieurs; mais
l'accord des anciens favorise davantage la
traduction lys: on sait, d'ailleurs, combien
cette fleur était recherchée, ainsi que la
rose (— Voir: Virgile Egl. 10:25), et
l'excellent parfum que les anciens savaient
en préparer (Pline 15, 7). Le nom hébreu de
cette plante signifie six, et vient
peut-être du nombre de ses feuilles,
peut-être aussi de la Susiane, province
persane, d'où les lys paraissent avoir été
importés en Palestine; ce peuvent aussi
n'être là que des rapports accidentels
d'assonance. Quelques psaumes, 45:1, etc.,
portent pour épigraphe: «pour le chanter sur
sosannim;» Jérôme et Aquila
traduisent ce mot par lys; il vaut
mieux, peut-être, entendre par là un
instrument à six cordes,
— Voir: cet article.
LYSANIAS,
gouverneur ou tétrarque de l'Abilène lorsque Jean-Baptiste commença sa mission, n'est nommé que Luc 3:1, et nulle part dans l'histoire profane; on pense qu'il était fils ou petit-fils d'un autre Lysanias qui fut mis à mort par Marc Antoine (34 avant J.-C.), et donna une partie de son royaume à Cléopâtre. Paulus et d'autres rationalistes ont voulu conclure du silence de l'histoire et de Flavius Josèphe en particulier, que le nom de Lysanias dans le passage de saint Luc, était une erreur, une faute de copiste, et qu'il fallait lire: «Philippe, tétrarque de l'Iturée, de la Trachonite et de l'Abilène de Lysanias, c'est-à-dire de l'ancienne Abilène;» mais ce n'est qu'une supposition, et l'accord des manuscrits la repousse; il n'y avait aucune raison pour que Flavius Josèphe parlât de ce Lysanias, et le témoignage de saint Luc peut et doit suffire, quand on se rappelle son exactitude ordinaire et la facilité avec laquelle, originaire d'Antioche et voisin d'Abilène, il aura pu connaître en détail l'histoire de cette petite tétrarchie.
LYSIAS
(Claude), Actes 23:26.
Chiliarque romain, tribun commandant de la
garnison qui se trouvait à Jérusalem dans la
forteresse Antonia, et à la tête de laquelle
il était placé en l'absence du gouverneur
Félix, lorsque au cinquième voyage de Paul
dans cette ville, il fut appelé à intervenir
entre lui et le peuple. Il s'empara de
l'apôtre et le fit charger de chaînes, puis
l'interrogea sur les motifs de son
arrestation; il croyait tenir un prisonnier
célèbre, un Égyptien qui, quelques jours
auparavant, avait excité une sédition et
emmené au désert 4,000 hommes. La défense de
l'accusé n'ayant pas répondu à l'attente du
tribun, celui-ci allait lui faire donner la
question quand il apprit que Paul était
Romain; le lendemain il le fit comparaître
devant le sanhédrin; mais ces magistrats
comme le peuple ne trouvèrent que des cris,
des vociférations, des menaces et des
violences à opposer à la vérité. Lysias dut
derechef faire protéger Paul militairement.
Une seconde comparution devait avoir lieu,
mais ce n'était qu'un prétexte pour fournir
à une quarantaine d'assassins l'occasion
d'enlever et de tuer Paul; Lysias fut averti
de ce complot par le neveu de l'apôtre et
prit ses mesures en conséquence: 470 hommes,
archers et cavaliers, furent commandés pour
conduire l'apôtre en sûreté à Césarée
Stratonis au bord de la mer, et le remettre
entre les mains de Félix à qui Lysias
écrivit une lettre favorable à l'accusé.
— Toute la conduite de Lysias est digne d'un
brave soldat; ignorant de bien des choses,
il ne comprend rien aux questions
théologiques juives, il prend Paul pour un
révolutionnaire égyptien, il s'étonne
d'apprendre qu'il sait le grec, il ne
s'informe pas même si son prisonnier est
Romain, et veut procéder avec lui de la
manière ordinaire dont on traitait les
étrangers; mais tout est chez lui ferme,
juste et loyal; il s'assure du prévenu
autant pour le protéger que pour s'en
emparer, et toujours il le traite avec
convenance, le soustrait à la fureur du
peuple, à celle du conseil, à celle des
conjurés; il traite amicalement le neveu du
prisonnier, l'écoute, prend d'énergiques
mesures pour que la justice puisse avoir son
libre cours, et recommande, dans son préavis
à Félix, le prévenu qu'il regarde comme
innocent. Quelle différence entre cette
conduite et celle d'un Hérode, d'un Pilate,
ou d'un membre du sanhédrin! c'est parmi les
païens que l'apôtre de la vérité, persécuté
par les siens, a trouvé les protecteurs les
plus fermes et les plus honorables, Lysias
et Jules le centenier; toutefois il ne
paraît pas que ces hommes si honorables
selon le monde, aient recherché ou goûté la
vérité, car hélas! dans ce monde, l'honneur
et les vertus naturelles ne tiennent que
trop souvent lieu de religion.
LYSTRE.
Ville de Lycaonie, lieu de naissance de Timothée, non loin de Derbe et d'Iconium, Actes 14:6,21; 16:1; 2 Timothée 3:11. C'est là que Paul et Barnabas, ayant guéri un homme impotent de ses pieds dès sa naissance, furent adorés à l'égal des dieux par la foule, qui voyait en eux Mercure et Jupiter, puis bientôt après lapidés sur la suggestion de quelques Juifs Pline joint cette ville à la Galatie; on trouve maintenant à sa place un petit bourg nommé Latik.
FIN DU PREMIER VOLUME.