Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-U
septembre 3, 2010
V
VACHE,
— Voir: Bœuf.
Elles sont le symbole des femmes riches,
délicates, voluptueuses qui font de leur
plaisir leur dieu, Osée 4:16; Amos 4:1.
Le sacrifice de la vache rousse, était l'un
des plus remarquables sacrifices
expiatoires, Nombres 19. Cette vache, ou
génisse, devait être prise du bétail des
Israélites et amenée au sacrificateur; elle
devait être rousse, entière, sans tare, et
n'ayant jamais porté le joug, Deutéronome
21:3; il fallait qu'elle fût égorgée par le
peuple hors du camp, que le sacrificateur
prît du sang avec le doigt, et en jetât par
sept fois contre l'entrée du tabernacle;
qu'on brûlât sous ses yeux sa peau, sa
chair, son sang, tout ce qui lui
appartenait; qu'après cela le sacrificateur
prît du bois de cèdre, de l'hysope et de
l'écarlate, et jetât le tout au milieu du
feu qui avait consumé la génisse; qu'un
homme net ramassât les cendres de la génisse
pour les mettre en réserve hors du camp,
dans un lieu pur; enfin, que de ces cendres,
mêlées avec de l'eau, on fit une eau appelée
eau de séparation, et dont on se servait,
avec de l'hysope qu'on y trempait, pour
arroser la tente, les ustensiles, les
vêtements et le corps de ceux qui avaient
été souillés, afin de les purifier et de les
mettre en état d'assister à la sainte
congrégation avec le reste du peuple. Ceux
qui avaient pris part à ce sacrifice étaient
souillés jusqu'au soir, et ils devaient
laver leurs vêtements et leur chair, avant
de rentrer dans le camp. La vache rousse
était un type de Jésus-Christ, Hébreux 9:13,
et les analogies sont nombreuses et faciles
à trouver;
— Voir: G. Des Bergeries, p. 143
etc., E. Guers, Le Camp etc., p. 56 et
suivant.
Selon Spencer, ce sacrifice aurait été
établi par opposition aux superstitions des
Égyptiens qui ne tuaient jamais d'animaux
femelles, et qui avaient le poil roux en
horreur; Reland croit au contraire que les
vaches rousses étaient plus rares et plus
estimées. On ignore si ce sacrifice était
annuel, c'est peu probable; quelques auteurs
juifs prétendent même qu'on ne brûla qu'une
vache rousse depuis Moïse jusqu'à Esdras, et
seulement six à neuf jusqu'à la destruction
du temple par les Romains.
— Les Malabares, les Perses, les Grecs et
les Romains avaient aussi une espèce d'eau
sainte faite avec de la fiente pulvérisée
d'une vache sainte, ou avec l'urine d'un
taureau.
VAISSEAUX,
flotte, marine. La position de
la Palestine, baignée par les flots d'une
mer aussi fréquentée que la Méditerranée, et
la circonstance qu'elle possédait encore sur
son territoire un lac navigable, le lac de
Tibériade, sont deux causes qui expliquent
la fréquente mention de vaisseaux et de
flottes dans l'Ancien Testament. Il n'y est
du reste question que de la navigation
extérieure, et des vaisseaux qui faisaient
le service de la Palestine et des côtes
voisines, car dès les temps les plus
anciens, Joppe de la contrée des Philistins,
et Tyr de Phénicie, étaient des ports
célèbres desquels partaient des vaisseaux de
long cours, 2 Chroniques 2:16; Jonas 1:3;
cf. 2 Maccabées 12:3; Ésaïe 23:1; Ézéchiel
27, Actes 21:7. Leur marine mit de bonne
heure les Tyriens en communication avec le
pays d'Israël, et l'on peut conclure de
Genèse 49:13, que la tribu de Zabulon ne fut
pas des dernières à entrer dans la marine
marchande. Lorsque les ports d'Élath et de
Hetsjon-Guéber eurent été conquis par les
armes, et annexés au royaume d'Israël,
Salomon établit aux frais de la couronne, et
avec le concours des mariniers de Phénicie,
un service de navigation, qui cependant ne
lui survécut pas, et que Josaphat essaya en
vain quelques années plus tard de relever, 1
Rois 9:26; 10:22; 22:49-50. À l'époque des
Maccabées, Joppe était un port juif, 1
Maccabées 14:5, mais Hérode le Grand en fit
construire un beaucoup plus considérable à
Césarée, quoique le commerce maritime juif
ne fût pas assez florissant pour pouvoir le
demander; c'est dans ce port que Paul mit à
la voile pour Rome, Actes 27:2. On
considérait la voie par Alexandrie comme
plus sûre et même plus courte que le trajet
direct par Brindes, pour se rendre de Syrie
ou de Palestine en Italie; Pouzzoles était
le lieu de débarquement. Il n'est parlé
qu'en passant de la flotte marchande de
Babylone Ésaïe 43:14. Quant aux vaisseaux de
Tarsis, du Nil, etc.
— Voir: ces articles.
Dans le Nouveau Testament, outre les voyages
de Paul, qui tant de fois sillonna les eaux
de la Méditerranée, nous voyons les rives
romantiques du lac de Génésareth, et ses
eaux claires, mais orageuses, devenir le
théâtre de scènes entièrement nouvelles, ou
la tribune de laquelle descendent les
paroles d'une sagesse et d'une doctrine
jusqu'alors inconnue. Tour à tour Jésus
monte sur une nacelle de pêcheurs pour
enseigner le peuple qui l'écoute du rivage,
Matthieu 13:2; Luc 5:3, ou pour traverser ce
lac, seul, ou dans la compagnie de ses amis,
Matthieu 8:23; 9:1; 14:13; Jean 6:17. Des
souvenirs l'attachaient à ces rives sur
lesquelles il avait trouvé ses premiers
disciples, péchant ou raccommodant leurs
filets, Matthieu 4:21; Jean 21:3; Luc 5:5.
Les vaisseaux tyriens étaient les mieux
construits et le plus richement ornés, les
boiseries étaient en cyprès, la mâture en
cèdre, les voiles en fin lin d'Égypte brodé,
les rames en chêne, tenues par des rameurs
assis sur des bancs ornés d'ivoire. Ézéchiel
27:1-7. Il n'est parlé expressément ni des
cordages, ni du gouvernail, quoique Umbreit
ait cru voir ce dernier désigné Proverbes
23:34 (traduction qui offre des difficultés
étymologiques, mais qui irait bien pour le
sens). Le gouvernail est nommé dans le
Nouveau Testament, Actes 27:40; il y en
avait quelquefois deux, ou même quatre, pour
les gros bâtiments, à la poupe, à la proue,
et aux deux côtés (Tacit. Annal. 2, 6). Les
chapitres 27 et 28 des Actes, renferment au
reste presque tous les détails relatifs à la
construction, aux agrès, et à la manœuvre
d'un vaisseau marchand, pendant la période
romaine. Les vaisseaux marchands étaient
plus profonds et moins allongés que les
vaisseaux de guerre; ils allaient plutôt à
la voile qu'à la rame, tandis que ceux-ci
comptaient souvent de deux à cinq rangs de
rameurs (birèmes, trirèmes, etc.). À la
proue était l'enseigne qui donnait son nom
au bâtiment, Actes 28:11: l'effigie de la
divinité tutélaire était à la poupe (Virgile
Æneid. 10, 11); quelquefois les deux images
n'en faisaient qu'une seule, et le navire
portait le nom de son dieu protecteur.
Chaque vaisseau avait un canot de sauvetage,
plusieurs ancres, et une sonde, Actes
27:16-40. La voile d'artimon, ou selon
d'autres du perroquet, est nommément
désignée Actes 27:40; on la déployait pour
modérer la violence du vent. L'opération de
Actes 27:17, qui consistait à lier le
vaisseau par-dessous comme avec une
ceinture, pour l'empêcher de s'entr'ouvrir
s'il venait à heurter contre un écueil, est
souvent mentionnée chez les anciens (Horace,
Od. 1, 14, 6). En cas de danger, on jetait à
la mer la charge du navire pour l'alléger,
et si l'on échouait, on essayait de gagner
le rivage à la nage ou en canot. Chaque
vaisseau avait un capitaine et un pilote;
c'est du premier qu'il est question Jonas
1:6. Les anciens suivaient en général les
côtes autant que possible (comme le font
encore aujourd'hui les vaisseaux de la mer
Rouge), ce qui rendait les navigations très
longues, 1 Rois 10:22. S'ils étaient obligés
de gagner la pleine mer, ils se dirigeaient
en l'absence de boussole, d'après les
étoiles, les Pléiades, les deux Ourses,
Orion, etc. Les Dioscures, q.v., étaient les
divinités privilégiées qu'ils invoquaient
dans le danger. Les tempêtes étant plus
fréquentes ou plus redoutables en hiver, les
anciens, Grecs et Romains, ne naviguaient
guère que l'été; la saison marine commençait
en mars et finissait en novembre; un
vaisseau retardé, et surpris par les vents
au milieu d'une navigation un peu longue,
cherchait un port pour y passer l'hiver,
Actes 27:12.
On a cru trouver une trace de la piraterie
dans une traduction nouvelle de Job 24:18.
VALLÉES.
Une contrée aussi montagneuse
que la Palestine, aussi accidentée, devait
renfermer un nombre considérable de vallées,
de bas-fonds, de ravins, et s'il en est
nommé quelques-unes dans la Bible, il en
existait certainement un beaucoup plus grand
nombre encore.
Les Hébreux avaient, pour exprimer ces
enfoncements de terrain, quatre expressions
différentes: nachal, gaye ou gué,
hémek, et bik'hah, qui
exprimaient autant de nuances différentes
que nous ne pouvons cependant saisir que
d'une manière approximative. Nachal semble
désigner une vallée arrosée par un ruisseau,
gaye un bas-fond sans irrigation régulière,
hémek une plaine basse pouvant servir de
campement ou même de champ de bataille, 1
Samuel 17:2; 2 Samuel 23:13, bik'hah une
plaine entourée d'une couronne de montagnes.
La plupart des vallées nommées dans
l'Écriture ne peuvent pas être décrites
d'une manière exacte, soit parce que le
terrain n'a pas été exploré dans toutes les
directions, les voyageurs suivant en général
les routes tracées, et ne visitant que les
lieux célèbres déjà explorés avant eux, soit
parce que les bourgs et les localités qui
donnaient leur noms à la vallée, ayant été
détruits, il n'est pas toujours possible de
constater à quelle vallée se rapporte
l'ancien nom des Écritures. Nous nous
bornerons donc à nommer, en allant du sud au
nord, les principales vallées auxquelles se
rattachent des souvenirs bibliques:
-
Au sud-est, la vallée d'Hébron (hémek), près de la ville du même nom, célèbre par le séjour de Jacob, Genèse 37:14. La moderne Hébron est adossée à une montagne ou colline, mais aucun voyageur n'a donné une description exacte de la contrée qui l'entoure.
-
Non loin de là, le nachal Escol, probablement à l'ouest de la ville; le torrent ne pouvait se jeter que dans la mer Morte; cette vallée était célèbre par ses vignobles, Nombres 13:24; 32:9; Deutéronome 1:24; cf. Hen-Guédi.
-
Au sud-ouest, le gué Tsiphthah, près de Marésa, vallée assez spacieuse qui fut le témoin d'un engagement meurtrier; elle aboutissait du côté de Guérar, et ouvrit à une armée égyptienne le chemin de la Judée, 2 Chroniques 14:9.
-
À peu près dans la même contrée, au nord d'Éleuthéropolis, était le nachal Sorek, Juges 16:4.
-
Le hémek Élah, ou vallée des Térébinthes, n'était pas éloignée de la précédente, au nord-ouest de la route de Ramla à Jérusalem, au sud-ouest de cette ville, entre Soco et Azéka, avec un ruisseau qu'un pont traverse aujourd'hui.
-
Autour de Jérusalem, et communiquant l'une avec l'autre, la vallée du Cédron, le gué Hinnom et le hémek Réphaïm; cette dernière, très fertile, était sur les frontières de Juda, Josué 15:8; 18:16, non loin de Banal Pératsim, 2 Samuel 5:20, et de Bethléem, 2 Samuel 23:13; elle s'ouvrait du côté du pays des Philistins et était assez vaste pour renfermer tout un camp, 2 Samuel 23. On la montre aujourd'hui au sud-ouest de Jérusalem, à gauche du chemin qui mène à Bethléem.
-
Au nord de Jérusalem on trouve la vallée royale, ou vallée du roi (hémek), Genèse 14:17; 2 Samuel 18:18.
-
Au nord-est de Jérusalem, la vallée de Hacor, sur la frontière de Juda vers Benjamin, Josué 7:26; 15:7.
-
Dans la tribu de Benjamin, au nord-ouest de la précédente, près de Micmas et probablement à l'est, était la vallée des Hyènes ou de Tsébohim, Néhémie 11:34. C'est également près de là que devait être la vallée des Harashim, ouvriers ou manœuvres, Néhémie 11:35; cf. 1 Chroniques 4:14, où se trouvait une colonie d'artisans fondée par Joab.
-
Près de Haï, vers la frontière nord de Benjamin, était un gué, qui probablement portait le nom de la ville, Josué 8:11.
-
La vallée de Gabaon, près de la ville de ce nom, à la frontière ouest de Benjamin, Ésaïe 28:21, assez spacieuse pour qu'une armée pût la traverser et se rendre par Bethléem dans la vallée d'Ajalon, Josué 10:12.
-
Au centre de la Palestine on trouvait la célèbre vallée de Jizréhel, q.v.
-
Au nord, sur la frontière d'Aser et de Zabulon, la vallée de Jiphtahel, Josué 19:14,27.
-
Au-delà du Jourdain, la vallée de Succoth (hémek), près de la ville du même nom, dans la vallée de Gad, Josué 13:27, probablement celle que parcourt le Jabbok, cf. Genèse 33:17; Psaumes 60:6.
-
La vallée des Passants, Ézéchiel 39:11, à l'est du lac de Génésareth; on croit que c'est la vallée située au sud de ce lac, près du village actuel de Szammagh, où la rivière est guéable.
Il est parlé avec plus de détails, à chaque
article, de celles de ces vallées qui sont
le plus connues;
— Voir: aussi Méguiddo, Liban, etc.
En dehors du territoire de la terre sainte,
il est parlé de la vallée du Sel,
de celle de Sittim, et d'une
vallée en Moab;
— Voir: ces articles et Netopha.
VASIN,
— Voir: Abija #1.
VASTI,
reine perse, sultane favorite
d'Assuérus (Xercès), qui fut disgraciée pour
avoir noblement résisté à une sotte et
honteuse prétention de son époux exalté par
les vapeurs du vin, Esther 1. Elle donnait
un festin à ses femmes pendant qu'Assuérus
avait réuni ses gentilshommes, et le dernier
jour, le tyran ivre, ayant voulu montrer son
épouse aux hommes de sa cour pour leur faire
admirer sa beauté, elle refusa de paraître,
ne doutant pas qu'Assuérus à jeun ne lui sût
gré de sa conduite et ne se repentît
lui-même d'avoir oublié à ce point
l'étiquette orientale et l'honneur de sa
femme. Mais les seigneurs prirent, séance
tenante, contre elle, une résolution extrême
à laquelle Assuérus adhéra; elle fut
déclarée rebelle à son mari, et indigne
d'être plus longtemps son épouse. Assuérus
ne tarda pas à la regretter, Esther 2:1,
mais il était déjà trop tard pour revenir en
arrière, et des ordres furent donnés pour le
choix d'une nouvelle sultane. La juive Ester
succéda à la généreuse Vasti.
— Flavius Josèphe et Justinien l'absolvent
en s'appuyant sur les coutumes de l'Orient;
Rosenmuller et d'autres, s'appuyant d'un
passage d'Hérodote, 5, 18, pensent au
contraire, qu'elle a violé ces coutumes et
qu'elle eût dû paraître pour faire honneur
aux assistants. Chacun cependant se sent
pressé de l'absoudre intérieurement: on
admire sa conduite, et si l'on en croit
quelques interprètes juifs, tout ce qui
pourrait excuser Vasti n'est pas consigné
dans le livre d'Ester; l'antiquité profane
offre d'autres exemples de fantaisies
pareilles, et des abominations ou des
cruautés qui en ont été les suites.
VAUTOUR.
La nombreuse famille des
oiseaux de proie semble désignée en hébreu
sous le nom général de nésher, qui
cependant s'applique le plus habituelle-mens
à l'aigle, parce que c'en est l'espèce la
plus répandue et la mieux connue. Les
Hébreux avaient en outre, pour chaque
espèce, des noms particuliers, et l'on croit
que le mot daïah désigne une espèce
de vautour. Cet oiseau est classé,
Deutéronome 14:13, au nombre des viandes
impures; Ésaïe, 34:15, le distingue d'autres
oiseaux d'une espèce voisine, et le dépeint
comme vivant par troupes. Les anciennes
versions, qui, du reste, ne sont pas
d'accord entre elles, ne favorisent guère
cette interprétation, mais leur témoignage
sur ce point n'a pas une grande portée, et
ce qui appuierait la traduction du daïah par
vautour, c'est ce fait, déjà remarqué par
Aristote (Anim. 6, 5; 9, 31), que le vautour
est de tous les oiseaux de proie le seul qui
se distingue par des habitudes un peu
sociables; il ne lui faut pas à lui seul,
comme à l'aigle, un grand espace de terrain
à exploiter; il vole par bandes, et quelques
naturalistes modernes ont relevé ce trait
particulier dont ils font même un des
caractères distinctifs de l'espèce. Quant au
genre il y a naturellement plus
d'incertitude encore; on pense, et c'est le
plus probable, qu'il s'agit du vautour
commun, ou cendré (vultur cinereus),
oiseau plus gros que l'aigle ordinaire, au
plumage brun foncé, dont les grosses plumes
seules sont entièrement noires. Au bas de la
nuque, il a comme une large tache bleuâtre,
presque dégarnie; autour du col, une espèce
de collier de plumes grisâtres qui
s'avancent jusque sur la poitrine.
D'après les Septante et Saadias, le daah
de Lévitique 11:14, désignerait aussi le
vautour, mais ce n'est pas probable.
VEAU,
— Voir: Bœuf.
Le veau d'or, adoré par les Israélites, au
pied même du Sinaï, et peu de jours après la
promulgation de la loi, Exode 32:4;
Deutéronome 9:21; cf. Néhémie 9:18; Psaumes
106:19; Actes 7:41, et dont le culte fut
renouvelé par Jéroboam après son retour
d'Égypte et son avènement au trône d'Israël,
1 Rois 12:28,32; 2 Rois 10:29; cf. 17:16;
Osée 8:5; 10:5; Tobie 1:5, fut véritablement
une importation égyptienne, une imitation du
bœuf Apis, symbole d'Osiris, ou du bœuf
Mnévis, symbole du soleil, dont l'un était
adoré à Memphis, l'autre à Héliopolis. Ce
fut sans doute l'image d'un de ces bœufs,
probablement celle d'Apis, qui servit de
modèle au veau d'or, quoique Philon estime,
par des raisons théologiques plutôt
qu'historiques, que le veau représentait le
Typhon égyptien. On a fait de vains efforts
pour disculper Aaron de sa participation à
ce dieu de fonte; on a dit qu'il avait voulu
faire l'image (théocratique) des chérubins,
et que le peuple, se méprenant à cette
ressemblance, crut retrouver ses souvenirs
d'Égypte et l'adora; d'autres estiment
qu'Aaron, ayant voulu fondre en lingot l'or
apporté par les Israélites, ce lingot se
trouve accidentellement avoir une forme de
veau, que le peuple y vit un miracle, et
adora; d'autres encore disent qu'Aaron,
voyant le peuple entraîné par ses souvenirs,
réclamer le culte d'Apis, le trompa en lui
faisant de fausses concessions, qu'il lui
donna une apparence de veau, mais qu'il prit
soin de bien rappeler que c'était l'Éternel
qu'il fallait adorer. Concession ou non, ce
qui est sûr, c'est qu'Aaron fut coupable, et
que cette idolâtrie, qui poussait
l'impudence jusqu'à s'étaler devant le
Sinaï, fut, non seulement blâmée, mais
sévèrement punie par la mort de 3,000
hommes; Aaron lui-même reconnut son crime,
et n'échappa que par l'intercession de
Moïse, à cette juste exécution.
La plus grande difficulté de toute cette
histoire se trouve Exode 32:20, dans la
pulvérisation du veau d'or (massif), qui fut
brûlé au feu, moulu jusqu'à ce qu'il fût
réduit en poudre, puis cette poudre répandue
dans de l'eau, et donnée à boire au peuple.
On ne peut guère s'expliquer ce fait qu'en
supposant à Moïse des connaissances
chimiques très étendues, qu'il pouvait avoir
puisées dans l'étude des mystères et des
sciences de l'Égypte. On connaît, en effet,
plusieurs moyens d'obtenir ce résultat, soit
la calcination de l'or par le natron, soit
sa dissolution par trois parties de sel de
tartre et deux parties de soufre, soit sa
fusion qui s'obtient à 32° du pyromètre de
Wedgwood, soit sa dissolution provoquée par
du chlore dissous dans de l'eau. On peut le
dissoudre encore en versant dans un matras
deux parties d'acide hydrochlorique et une
partie d'acide azotique, et en plongeant de
l'or solide dans le produit ainsi obtenu; la
présence du métal détermine aussitôt un
dégagement d'oxyde d'azote, et le produit de
la réaction est un chlorure d'or ou la
liquéfaction du métal (Berzélius). Selon M.
Orfila, 8 parties d'acide hydrochlorique à
22° de concentration, et 2 parties d'acide
azotique à 4°, ajoutées l'une à l'autre,
peuvent dissoudre, à l'aide d'une légère
chaleur, 1,9 partie d'or (Traité de chimie,
II, 273).
— Voir: encore Lettres de quelques
Juifs portugais, I, p. 80; Grandpierre,
Essais sur le Pentat., p. 410 et suivant.
— L'or, rendu potable par le soufre ou le
natron, est détestable au goût, et, en
faisant boire aux coupables ces débris du
veau d'or, Moïse associait, en quelque
sorte, à la condamnation de l'idolâtrie des
souvenirs désagréables qui, par liaison
d'idées, devaient rendre odieuse toute
réminiscence de ce culte. L'amère libation
couronnait dignement des fêtes impies.
Le culte du veau d'or est fréquemment
rappelé dans Osée, et sous différentes
formes, 8:5-6; 10:5; 13:2; 14:2, etc.
Plusieurs de ces passages ont même exercé la
sagacité des interprètes, qui y ont vu des
sens nouveaux et des choses nouvelles,
— Voir: les Commentaires.
Jérémie 34:18-19, renferme une allusion à un
usage dont nous trouvons déjà les traces
Genèse 15:9-17. En passant par les deux
moitiés des victimes placées l'une vis-à-vis
de l'autre, les parties contractantes
déclaraient leur intention de perdre la vie
comme la victime, si elles violaient leur
foi.
— Voir: Alliance.
On ne sait quand fut jurée l'alliance dont
il est parlé dans ce passage; mais elle
n'était pas fort ancienne, puisque ceux qui
l'avaient contractée étaient encore vivants.
VEILLES de la nuit.
Les Hébreux, comme les Grecs et
les Romains, partageaient les nuits en
veilles de plusieurs heures, d'après les
moments de relevée des gardes de nuit. Avant
l'exil, les Hébreux ne comptaient que trois
veilles, dont la première est nommée le
commencement des veilles, Lamentations 2:19;
la seconde est appelée la seconde garde,
Juges 7:19, et la troisième la veille du
matin, Exode 14:24; 1 Samuel 11:11. Pendant
la période romaine, les Juifs reçurent de
leurs maîtres la division de la nuit en
quatre veilles égales, indiquées Marc 13:35,
par ces mots: le soir, minuit, l'heure que
le coq chante, et le matin. Les rabbins ont
continué de n'admettre que trois divisions,
et ils regardent la quatrième comme
appartenant au jour; mais il ressort de
Actes 12:4, que le système romain était
admis, au moins militairement, par les
Hérodes. La nuit étant tantôt plus courte,
tantôt plus longue, et les veilles
s'adaptant par quarts à sa longueur, elles
étaient elles-mêmes plus ou moins longues,
suivant la saison, quoique toujours elles
fussent divisées en trois heures.
— Il est parlé, Cantique 3:3; 5:7; cf.
Psaumes 127:1, de gardes de nuit faisant le
guet; cette institution, d'ailleurs, est si
naturelle chez un peuple policé, qu'on
l'aurait devinée en l'absence de tout
témoignage.
VENGEANCE.
C'est sous ce nom qu'il est parlé, Actes 28:4, de la déesse grecque et romaine de la Justice (Δίκς), fille de Jupiter et de Thémis, presque égale au premier, à la puissance (c'est, en germe, la distinction des pouvoirs, la justice indépendante de l'État). Comme puissance vengeresse, elle est souvent confondue avec Némésis; on lui attribuait spécialement la punition du meurtre, Eurip., Médée, 1390. Sophoc., Œdip. à Col., 1384. Les Hébreux et les chrétiens ne connaissent pas cette divinité; ils se rappellent qu'elle n'est qu'un attribut de Dieu, que c'est à Dieu seul que la vengeance appartient, que l'homme ne saurait se faire justice à lui-même. Le chrétien reconnaît cette vérité sans restriction, le Juif l'admettait comme règle générale, à deux exceptions près: le talion légal qui reconnaît le droit de vengeance, mais pour le modérer, et le droit du goël, ou vengeur, q.v.
VENGEUR du sang.
C'est ainsi que l'on désignait (en hébreu, goël) le plus proche parent d'un homme assassiné, parce que la loi lui accordait le droit de venger la mort du défunt dans le sang du meurtrier partout où il le rencontrerait, sauf dans les lieux consacrés sous le nom de villes de refuge, q.v., 2 Samuel 14:7,11. La justice restait inerte dans ces cas; elle se taisait, et laissait faire; le vengeur tâchait de venger, le coupable tâchait de fuir; l'un et l'autre étaient protégés, ou, pour mieux dire, abandonnés à eux-mêmes. Cette coutume, déjà fort ancienne parmi les Hébreux, Genèse 27:45; cf. 4:14, et maintenant encore en usage chez un grand nombre de peuples de l'Orient, les Arabes, les Perses, les Abyssins, les Druses, les Circassiens, présente de trop graves inconvénients, et donne trop de facilités aux vengeances particulières pour que Moïse ne sentît pas le besoin de restreindre considérablement l'exercice d'un pareil droit. C'est ce qu'il fit par l'établissement des villes de refuge. Le meurtrier qui pouvait en atteindre une avant d'avoir été frappé, retombait sous le pouvoir de la justice ordinaire; coupable d'un meurtre commis avec intention, il était puni par les lois; coupable d'inadvertance ou d'imprudence, il échappait encore au vengeur aussi longtemps qu'il restait dans la ville, Exode 21:13; Nombres 35:9; Deutéronome 19:1. Mais le vengeur conservait ses droits jusqu'au moment où le meurtrier entrait dans la ville, et il les recouvrait si le coupable quittait la ville avant la mort du souverain sacrificateur.
VENIN,
— Voir: Poison.
VENT.
Dans un pays situé comme la
Palestine, entre la mer et le désert, garni
de montagnes et de vallées, les vents jouent
un rôle assez considérable, soit par leurs
rapports avec la température en général,
soit par leur influence sur l'agriculture,
pour qu'on ait examiné de bonne heure leurs
caractères, et recherché leur périodicité.
Bien qu'on puisse compter en Palestine des
vents venant de plusieurs directions
différentes, les Israélites, s'en tenant à
une division facile et grossière, n'ont
jamais compté que quatre espèces de vents
différents, correspondant aux quatre points
cardinaux, Jérémie 49:36; Daniel 7:2; 8:8;
Zacharie 2:6; Matthieu 24:31; Apocalypse
7:1, d'où l'on aurait tort cependant de
conclure, comme l'ont fait assez légèrement
quelques théologiens, qu'ils aient regardé
la terre comme carrée, puisque nous-mêmes
qui admettons sa rotondité, nous tenons un
langage semblable au leur. Les vents sont
assez réguliers en Palestine quant à leur
direction, leur durée et leur influence,
quoique l'on ne possède pas encore
d'observations météorologiques suffisantes
qui permettent d'indiquer, mois par mois,
l'ordre de leur succession. Lèvent d'ouest,
ou sud-ouest, qui souffle de la
Méditerranée, est humide et amène
ordinairement la pluie, 1 Rois 18:44; Luc
12:54; il règne de novembre en mars, et
préside à l'hiver. Lèvent du sud, ou sud-est
(théman), apporte les chaleurs du désert
d'Arabie qu'il vient de traverser, et donne
à l'équinoxe du printemps une chaleur de
16°-36°; il souffle d'ordinaire en mars
pendant trois jours, et s'affaiblit à mesure
qu'il s'avance vers le nord ou qu'il s'élève
sur les montagnes. Le vent d'est (kadim)
sort des steppes de l'Arabie déserte et des
sables de la Syrie, Jérémie 13:24; il est
particulièrement violent, Job 1:19; 27:21;
Ésaïe 27:8; cf. Psaumes 48:7; Ézéchiel
27:26, et, par sa sécheresse, exerce une
action délétère sur la végétation, Ézéchiel
17:10; 19:12; Osée 13:15; Jacques 1:11; cf.
Jonas 4:8. Il n'est pas sans quelques
rapports avec le terrible simoun de
l'Arabie, et quoique celui-ci ne souffle pas
d'ordinaire en Palestine, quelques auteurs
croient qu'il est indiqué Psaumes 11:6;
91:6; Nombres 11:1. Le vent d'orient règne
pendant les mois d'été jusqu'en juin. La
bise, ou vent du nord (tsaphôn), ou
nord-ouest, apporte avec elle la fraîcheur,
Cantique 4:16, et même le froid, Siracide
43:22; elle chasse la pluie, Proverbes
25:23, et dessèche la terre et la
végétation; c'est souvent à l'équinoxe
d'automne qu'elle se lève, et elle règne
d'ordinaire pendant trois jours consécutifs.
L'Écriture mentionne encore la brise du
matin et du soir, qui vient assez
régulièrement tempérer les trop grandes
chaleurs des jours de l'Orient, Genèse 3:8;
Cantique 2:17, et les tourbillons de la
Palestine (soupha), qui soulèvent des nuages
de poussière, et obscurcissent l'atmosphère,
Ésaïe 17:13; Job 21:18. Le lac de Tibériade
est exposé à de fréquents orages qui
semblent sortir des montagnes, et qui,
parleur violence, ne déjouent que trop
souvent les efforts et les prévisions des
mariniers, Jean 6:18; Matthieu 8:26; 14:24.
La soudaineté de ces orages, que rien n'a pu
expliquer encore, est un phénomène que l'on
remarque sur un grand nombre de lacs
entourés de hautes montagnes; il est
frappant à l'extrémité orientale du lac de
Genève, et sur le lac des Quatre-Cantons en
Suisse. Les deux vents nommés Actes 27:12
(en grec
λίψ et χώρος), sont ceux du sud-ouest et du
nord-ouest. L'Euroclydon de Actes 27:14,
n'est pas un vent régulier, mais une espèce
de vent orageux soufflant du sud-est (et non
du nord-est, comme le portent quelques
versions),
— Voir: Pline 2, 48.
Un vent du sud-ouest poussa le vaisseau de
Paul de Reggio à Pouzzoles.
Un même mot, rouach, désigne, en
hébreu, l'esprit et le vent (le
souffle); dans la plupart des passages,
le sens de la phrase explique suffisamment
le sens du mot; dans d'autres, comme Genèse
1:2. (— Voir: Schrœder), Ésaïe 40:7;
cf. 1 Pierre 1:24; Jacques 1:11, les
interprètes ne sont pas d'accord s'il s'agit
de l'Esprit de l'Éternel ou d'un vent
violent envoyé de Dieu.
VÉNUS,
— Voir: Méni.
VER, vermisseau.
Image de ce qu'il y a de plus
chétif et de plus misérable; c'est l'image
de l'homme et du fils de l'homme, Psaumes
22:6; Job 25:6. Ce fut aussi l'image des
Hébreux menacés et envahis par l'étranger,
Ésaïe 41:14. C'est enfin l'une des images
employées pour dépeindre les peines à venir,
Ésaïe 66:24; Marc 9:44,46, Origène et
Ambroise pensent que ce ver n'est qu'une
métaphore qui représente les remords de la
conscience; Augustin, Chrysostôme, Cyrille,
Théophylacte, Anselme, etc., sans condamner
l'opinion contraire, se prononcent pour un
ver physique, corporel; Bernard hésite, ou
plutôt favorise alternativement l'une et
l'autre manière de voir.
Actes 12:23. Hérode Agrippa I meurt rongé
des vers. Pareille chose était arrivée à
Antiochus Épiphanes, 2 Maccabées 9:5, et
arriva plus tard, selon Lactance, à
l'empereur romain Maximin. Au dire de
Flavius Josèphe, la dernière maladie
d'Hérode le Grand aurait présenté des
caractères analogues. Enfin il est parlé
dans Hérodote 4, 205, d'une princesse
africaine qui mourut de la même manière. Il
est difficile d'expliquer ce genre de mort,
car il est complètement inconnu de la
médecine moderne, et les anciens n'en font
pas davantage mention. On ne saurait voir
dans les prodiges qui frappèrent Hérode un
simple développement en nombre et en
grosseur, des vers intestinaux qui, dans
certains cas, pourraient aller jusqu'à
ronger les entrailles, ce que quelques
médecins regardent tout au plus comme
possible, et d'autres comme fort douteux. On
n'a jamais vu ces vers intestinaux ronger
les muscles et paraître du dedans au dehors;
ils n'ont jamais traversé une charpente
humaine vivante. Il serait plus simple
peut-être de rapprocher la maladie d'Hérode
d'un phénomène qui a déjà été remarqué. À la
suite d'ulcères et d'abcès fort douloureux,
on a vu quelquefois des vers très petits se
former en fort grand nombre et ronger la
peau et les chairs tout à l'entour; d'autres
fois des animalcules se sont engendrés dans
un sang fort corrompu et se sont fait jour
par toutes les ouvertures, par le nez, les
yeux, la vessie, etc.: ce dernier cas est
toujours mortel. Mais ce ne sont là que des
analogies dont on ne peut rien tirer de
certain pour le passage des Actes.
L'entendre de la maladie pédiculaire, c'est
substituer une hypothèse à une incertitude.
Nous hésitons d'autant moins à regarder ces
cas de maladie comme des phénomènes
providentiels, que l'on compte parmi les
victimes de cette maladie un grand nombre de
ceux qui ont persécuté l'Église, notamment
parmi les bourreaux des réformés en France,
entre le règne de François 1er et celui de
Henri IV.
— Voir: Jurieu, Apol, pour la
Réforme. T. I.
VERGE,
mesure de longueur, q.v.
— On a beaucoup parlé de la verge de Moïse
qu'on a voulu retrouver clans le caducée de
Mercure, et de la verge d'Aaron que des
savants, guidés par un mot d'Euripide, ont
cru être devenue le thyrse de Bacchus. La
verge de Moïse, instrument de ses premiers
miracles, Exode 4:2; 14:16; 17:5, n'a pas
laissé de traces historiques; dom Calmet
lui-même, tout en supposant que Moïse l'a
léguée à Josué, reconnaît qu'on n'en a pas
de preuves, et la regarde comme perdue. La
verge d'Aaron, qui fleurit miraculeusement
lors de la rébellion de Coré, Nombres 17:8,
fut placée dans le tabernacle, peut-être
dans l'arche, en souvenir de cet événement,
Nombres 17:10; Hébreux 9:4; cf. 1 Rois 8:9.
On l'adore à Rome dans Saint-Jean-de-Latran
comme une précieuse relique; mais elle ne
porte plus ni feuilles, ni fleurs, ni
boutons; les Égyptiens ont également
prétendu en posséder les restes dans le
temple d'Isis, et lui ont pareillement rendu
un culte religieux.
VERRE.
Il n'est pas douteux que les Israélites n'aient appris de bonne heure à connaître ce produit de l'industrie phénicienne; leurs relations de voisinage et de commerce ne purent leur laisser ignorer longtemps une découverte aussi remarquable qu'utile, et nous voyons déjà le verre mentionné dans Job 28:17, sous le nom de zekoukith, quoique quelques interprètes pensent que ce nom désigne le cristal de roche, et que nos versions (et Luther) l'aient rendu par diamant. Les Arabes actuels n'ont qu'un mot pour désigner le cristal et le verre, et il est possible qu'il en ait été de même des Hébreux. D'après le Targum de Jonathan, c'est aussi au verre que Moïse fait allusion dans la bénédiction de Zabulon et d'Issacar, lorsqu'il dit qu'ils suceront l'abondance de la mer, et les choses les plus cachées dans le sable, Deutéronome 33:19. Il est enfin parlé de verre dans le Nouveau Testament, Apocalypse 21:18,21; cf. 4:6; 15:2. Les anciens ne s'en servirent pendant longtemps que pour faire des vaisseaux à boire et des vases à liqueur: l'usage des fenêtres et des miroirs ne fut introduit que plus tard.
VESCE,
plante traînante dont les feuilles sont longuettes et étroites, les fleurs rougeâtres et quelquefois blanches, les gousses semblables à celles des pois, mais plus courtes et plus grêles; ses grains ronds et noirâtres servent à la nourriture des pigeons. C'est par ce mot que nos versions ont traduit l'hébreu kètsach, Ésaïe 28:25,27; mais il est plus probable que ce mot désigne la nielle, le nigella melanthium.
VÊTEMENTS.
On peut voir les articles
spéciaux pour les détails; ici quelques
remarques générales suffiront. L'Écriture
qui nomme diverses pièces de vêtements, ne
parle nulle part de leur forme et de leur
coupe, à l'exception de ce qui concerne les
prêtres et le souverain sacrificateur; mais
on peut conclure de l'usage général de
l'Orient ancien et moderne, et des besoins
du climat, que les vêtements des Juifs
étaient amples et à larges replis: les modes
changent peu, lorsqu'elles sont indiquées ou
commandées par la nature; et quelques
bas-reliefs retrouvés à Babylone, à
Persépolis, et dans les nécropoles de
Thèbes, confirment ce que l'induction fait
soupçonner. Le costume des femmes ne
différait pas essentiellement de celui des
hommes; quelques pièces de plus, quelques
ornements, peut-être une étoffe plus fine et
plus riche, servaient à distinguer les deux
sexes, et la défense faite aux hommes de se
déguiser en femmes, ou l'inverse,
Deutéronome 22:5, ne porte que sur ces
quelques caractères extérieurs, et non sur
un costume complet: cette défense n'avait
d'autre but que de prévenir les désordres
que provoquent si souvent les méprises et
les quiproquos des mascarades.
La confection des habits fut dans presque
tous les temps l'une des occupations des
femmes, et même des plus distinguées par
leur rang, 1 Samuel 2:19; Proverbes 31:21;
Actes 9:39. L'exemple de Pénélope montre
qu'il en était de même chez d'autres peuples
de l'ancien monde. Chez les Juifs,
l'ensemble du costume se composait de deux
parties principales:
-
le vêtement de dessous, espèce de robe ou de tunique, nommée en hébreu k'toneth, que l'on retenait autour du corps au moyen d'une ceinture, et qui recouvrait quelquefois une chemise de lin (hébreu, sadin), Juges 14:12; Proverbes 31:24; Ésaïe 3:23, passages qui sont les uns et les autres traduits dans nos versions de manière à écarter ce dernier mot; les riches n'étaient pas seuls à posséder ce vêtement nécessaire: la classe ouvrière, les pêcheurs en particulier, portaient aussi des chemises, de manière à pouvoir au besoin jeter la tunique en arrière pour faciliter les mouvements, sans être tout à, fait nus; dans ce dernier cas, cependant, lorsqu'un homme n'avait plus que sa chemise, on disait souvent qu'il était nu, 1 Samuel 19:24; 2 Samuel 6:20; Ésaïe 20:2; Jean 21:7. Les grands et les hommes en voyage portaient quelquefois aussi deux tuniques, dont l'une supérieure et avec des manches (mahatapha) était toujours plus grande que celle de dessous, qui était sans manches (mehil), 1 Samuel 15:27; 18:4; 24:5; Ésaïe 3:22; mais cette habitude fut toujours considérée comme une affaire de luxe, Matthieu 10:10; Marc 6:9; Luc 3:11; 9:3.
-
Un vêtement de dessus, ou manteau (simla, bèged, etc.). Cette pièce, qui était la plus apparente, variait aussi le plus dans sa forme, et avait différents noms suivant sa coupe, sa finesse, le sexe qui devait s'en servir, etc. En général, c'était un vêtement très ample, mais qu'on a eu tort de croire régulièrement doublé de fourrures, d'après Genèse 25:25; Zacharie 13:4, quoique aujourd'hui encore, même en été, les Orientaux, et notamment les Turcs, aiment à se couvrir de riches pelisses. Ces deux passages citent un vêlement particulier qui, bien loin de faire règle, semble précisément n'être indiqué que comme exception. L'ampleur du manteau pouvait, à l'occasion, servir de poche ou de sac, Ruth 3:15; Psaumes 79:12; Luc 6:38. La robe qui fut donnée à Joseph par son père, et celle que portait Tamar, Genèse 37:3; 2 Samuel 13:18 (hébreu passim), étaient probablement des manteaux bigarrés de diverses couleurs et de broderies; ils étaient extrêmement recherchés, Juges 5:28; 8:26; 2 Samuel 1:24; Proverbes 31:22; Esther 8:15; Ézéchiel 16:10. On les faisait, en partie, venir du dehors, Sophonie 1:8. Les vêtements blancs, de lin ou de coton, étaient également considérés comme très précieux, et cette couleur, le symbole de l'innocence, est recommandée par Salomon, dans un sens figuré, à celui qui veut vivre justement, Ecclésiaste 9:8. Le vêtement du Christ transfiguré devint tout blanc, Luc 9:29, et les anges qui apparurent aux femmes, après la résurrection, sont représentés comme vêtus de robes blanches, Matthieu 28:3; mais, dans ces deux cas, la couleur exprime plutôt la splendeur, le rayonnement de la pure lumière du ciel, cf. Luc 24:4. D'après la loi de Moïse, les prêtres seuls pouvaient être vêtus de blanc. Il paraît que, sous les derniers rois, un luxe dévergondé s'introduisit dans l'habillement, Jérémie 4:30; Lamentations 4:5; Sophonie 1:8; c'est un caractère de toutes les époques de décadence, et il durait encore parmi les Juifs au temps des apôtres, 1 Timothée 2:9; 1 Pierre 3:3; Jacques 2:2. Des personnes soi-disant pieu ses suivaient la mode à cet égard, et ne faisaient disparate que par leur mise recherchée, Luc 20:46; cf. Matthieu 23:5.
Les Orientaux ont toujours aimé changer
fréquemment d'habits, Genèse 41:14; 1 Samuel
28:8; 2 Samuel 12:20; les riches Hébreux
avaient ordinairement une garde-robe bien
montée et un grand nombre de vêtements de
rechange, Ésaïe 3:6-7; Job 27:16; Luc 15:22.
Les rois, en particulier, avaient, comme ils
ont encore aujourd'hui, des provisions
d'habits de cérémonie destinés à être
offerts en cadeaux, 1 Samuel 18:4; 2 Rois
5:5; Esther 4:4; 6:8,11. La souillure légale
motivait un changement de vêtements,
Lévitique 6:11,27; 11:25; 15:13; cf. Genèse
35:2.
Pendant le deuil, les Juifs s'habillaient de
vêtements grossiers, de couleur foncée et
sans ampleur. Les prophètes portaient un
costume analogue, à cause du sérieux de leur
vie, 2 Rois 1:7-8; Matthieu 3:4.
— Voir: encore Accouplement, Lèpre
(des étoffes), Rois, Soulier, Turban, etc.
Deutéronome 8:4, peut s'entendre
littéralement d'une miraculeuse préservation
des vêtements des Israélites dans le désert,
ou, d'une manière plus simple, du soin
merveilleux avec lequel Dieu pourvut à cette
partie des besoins d'Israël. La première
interprétation, quoique plus simple en
apparence, offre plusieurs difficultés de
détail: les vêtements grandissaient-ils,
grossissaient-ils avec ceux qui les
portaient? Comment les enfants nouveau-nés
étaient-ils vêtus? Que devenaient les habits
de ceux qui mouraient? etc. La seconde
opinion n'est pas contraire au texte, et se
rapproche davantage, quant à l'esprit, de ce
qu'on remarque dans la conduite ordinaire de
Dieu envers son peuple.
Jean 19:23. La robe sans couture a beaucoup
préoccupé les interprètes, mais à tort; elle
avait été faite au métier, et l'art du
tisserand était déjà assez perfectionné
anciennement pour que de pareils travaux
qui, aujourd'hui, ne sont qu'un jeu, pussent
être exécutés. Flavius Josèphe décrit, comme
étant sans couture, la robe du souverain
sacrificateur (Antiquités Judaïques 3, 6),
et l'on en connaissait de diverses espèces,
les unes n'ayant d'ouverture que pour passer
la tête, d'autres en ayant aussi pour les
bras.
— Cette fameuse robe, que Calvin appelle
saye ou hoqueton, est présentement à Trêves
et à Argenteuil: le premier de ces deux
exemplaires a déchiré la grave Allemagne, et
le nom de Ronge lui est associé pour
toujours par contraste. La robe de Trêves
n'est d'ailleurs pas une tunique, mais une
chasuble, ce qui ajouterait à
l'invraisemblance de l'imposture s'il était
nécessaire d'y ajouter quelque chose.
En fait de vêtements grecs et romains, nous
ne trouvons mentionné dans les Apocryphes,
que la chlamys, vaste manteau dont se
servaient les chasseurs, les soldats, et
surtout les cavaliers, 2 Maccabées 12:35;
dans le Nouveau Testament, un manteau de
voyage, 2 Timothée 4:13, que les Romains
mettaient par dessus la tunique, et qui
était garni d'un capuchon pour préserver la
tête de la pluie ou du froid, et le manteau
d'écarlate, Matthieu 27:28, manteau de laine
teinte que portaient ordinairement les
généraux et les officiers romains, et même
les empereurs jusqu'au temps de Dioclétien.
VEUVES.
Outre l'obligation pour un
frère d'épouser la veuve de son frère mort
sans enfants,
— Voir: Lévirat,
la loi de Moïse renfermait encore en faveur
des veuves les prescriptions suivantes:
-
Comme les étrangers et les orphelins, les veuves devaient être invitées aux festins d'actions de grâces et au repas des dîmes, Deutéronome 16:11; 12:18; 26:12.
-
Il leur revenait de droit quelques glanures de la moisson, Deutéronome 24:19.
-
Leur vêtement, comme aucun ustensile nécessaire, ne pouvait être pris pour gage, Deutéronome 24:17; cf. Job 24:3,21.
Le veuvage, de même que la stérilité,
étaient peu estimés en Israël, Ésaïe 54:4, à
moins d'être volontaire et de provenir de
l'affection d'une veuve pour la mémoire de
son époux décédé. On supposait qu'une femme
qui ne trouvait pas un second mari, avait
quelque défaut secret, ou une réputation
équivoque. La loi cependant recommandait les
veuves au respect public, et à la justice
des magistrats, Exode 22:22; Deutéronome
10:18; 27:19; Zacharie 7:10. Mais les Juifs
ne tinrent pas longtemps compte d'une
recommandation qui froissait leurs préjugés,
et ils méritèrent plus d'une fois les
reproches des prophètes, Job 22:9; 24:3,21;
Ésaïe 10:2; Jérémie 7:6; 22:3; Ézéchiel
22:7; Malachie 3:5; Matthieu 23:14; cf. Luc
18:3; sq..
Il était défendu au souverain sacrificateur
d'épouser une veuve, Lévitique 21:14, parce
qu'une idée de pureté et de virginité devait
l'entourer dans sa personne et dans tous ses
actes. Il semblerait même résulter de
Ézéchiel 44:22, que par la suite cette
interdiction s'étendit également aux simples
prêtres, ce qui n'est pas absolument prouvé,
mais ce qui cadrerait assez avec l'esprit
généralement rigoriste des Juifs des
derniers temps. La tradition tendait à
remplacer la loi.
On ne saurait conclure de Genèse 38:24,
comme on l'a voulu faire, que les veuves qui
tombaient sous la loi du lévirat, mais qui,
n'en admettant pas les bénéfices, se
livraient à un autre homme que leur
beau-frère, fussent condamnées au feu comme
adultères, et que la loi de Moïse ait, par
son silence, sanctionné cette barbare
coutume. Il est vrai qu'en renonçant aux
avantages du lévirat, elles ne remplissaient
pas le but de la loi, et qu'elles méritaient
un châtiment sévère en anéantissant ainsi le
nom de leur époux, mais c'était aux parents
de ce dernier qu'était donné l'ordre de
veiller à perpétuer la race de leur frère;
la veuve était, pour ainsi dire, hors de
cause, elle était passive, et quand la loi
ne la frappe pas solennellement, on ne peut
supposer qu'elle la frappe sans l'avertir,
et de la peine la plus cruelle.
Les veuves des rois ne pouvaient pas se
remarier, et ceux qui aspiraient à les
épouser passaient pour candidats au trône,
et risquaient leur tête, 1 Rois 2:13-17; cf.
2 Samuel 16:21; 20:3.
Job 27:15; et Psaumes 78:64, représentent
comme un grand malheur pour un homme de
mourir sans être pleuré par sa femme; on
sait que les lamentations des veuves
faisaient une partie importante des
funérailles chez les anciens.
Le Nouveau Testament perpétue les traditions
de l'Ancien quant au soin à prendre des
veuves, 1 Timothée 5:3-9. Celles qui sont
vraiment veuves doivent être assistées par
l'Église; elles doivent en même temps se
rendre utiles par leurs conseils, et faire
participer les jeunes femmes aux fruits de
leur expérience, cf. Tite 2:3-4.
Il a été dit quelques mots, à l'article
Mariage, du veuvage et des secondes noces.
Toutes les questions morales qui se
rattachent à ce sujet sont traitées de main
de maître, et avec un tact parfait, dans
l'ouvrage intitulé Veuvage et Célibat
(Genève, 1848); c'est, malgré son intérêt
comme lecture, un bon traité de théologie
sur la matière.
VIANDE,
— Voir: Chair.
VIGNES.
La vigne était l'un des
principaux objets de la culture Israélite,
comme on trouvait également, dans les
contrées environnantes, des vignobles
estimés: dans le pays des Philistins, Juges
14:5; 15:5; en Édom, Nombres 20:17; 21:22;
en Moab, Nombres 22:24; cf. Ésaïe 16:8; en
Hammon, Juges 11:33; en Égypte, Nombres
20:5; en Phénicie, Pline 14, 9; en Syrie,
Strabon 13, 735. Le sol de la Palestine, ses
coteaux tournés vers le soleil, son climat,
étaient particulièrement favorables à la
culture de la vigne, dont le fruit se
distinguait autant par la douceur et la
qualité, que par l'abondance et la grosseur
des grains. La vigne est en conséquence
nommée très souvent au nombre des principaux
produits de la Palestine, Genèse 49:11;
Deutéronome 6:11; 8:8; Nombres 16:14; Josué
24:13; 1 Samuel 8:14, à côté du figuier,
Jérémie 5:17; Osée 2:12; 2 Rois 18:32, et de
l'olivier, Josué 24:13; 1 Samuel 8:14; 2
Rois 5:26; elle ne manque presque jamais
d'être mentionnée dans les prophéties qui
promettent le bonheur au pays, ou qui le
menacent d'être désolé;
— Voir: encore Ésaïe 7:23; 61:5;
Zacharie 8:12; Malachie 3:11.
L'expression être assis sous sa vigne, ou
manger du fruit de sa vigne, est l'image de
la paix et de la prospérité, 1 Rois 4:25;
Michée 4:4; Zacharie 3:10.
On comptait un grand nombre de vignobles
dont quelques-uns ont conservé jusqu'à nos
jours des droits à une bonne réputation; les
plus célèbres étaient ceux de Hen-Guédi,
ceux d'Hébron situés dans la vallée des
Raisins, ceux de Sichem, de Carmel, du
Liban, ceux de la contrée transjourdaine,
Ésaïe 16:8; Jérémie 48:32, ceux des rives du
lac de Génésareth, etc.
— Voir: ces différents articles; cf.
encore 1 Samuel 8:14; Jérémie 39:10; 2 Rois
25:12; Néhémie 5:3-5,11.
Plusieurs villes avaient même tiré leur nom
des vignobles (kérem) qui les entouraient,
Abelkeramim, Rethkérem, etc. C'était
ordinairement sur des hauteurs que l'on
plantait la vigne, Ésaïe 5:1; Jérémie 31:5;
Amos 9:13. Virgile, Géorg. 2, 113;
quelquefois cependant on en trouvait aussi
dans les plaines. Chaque vignoble était
entouré d'une haie ou même d'un mur destiné
à le protéger contre les animaux des champs,
sauvages ou non, renards, lièvres, chèvres,
chacals, etc., Cantique 2:15; Ésaïe 5:5;
Matthieu 21:33; Nombres 22:24; Proverbes
24:31; Psaumes 80:12; cf. Virgile, Géorg. 2,
371; 380. Theocrit. 1, 48; 5, 112. Une ou
plusieurs tours servaient de logement soit
aux vignerons, soit aux maîtres, Ésaïe 1:8;
5:2; Matthieu 21:33; on veillait de là à ce
qu'il ne se fît aucun dégât dans la vigne,
Cantique 1:6, mais on n'avait pas le droit
d'empêcher les passants de cueillir autant
de raisin qu'ils en pouvaient manger,
Deutéronome 23:24. Les ceps de la Palestine
se distinguaient, et se distinguent encore
aujourd'hui par leur hauteur et leur force,
Psaumes 80:11; un voyageur moderne trouva
sur le versant méridional du Liban, un cep
de vigne qui avait 10 mètres de hauteur, et
0m,50 de diamètre; ses rameaux s'étendaient
tout autour, et couvraient de leur ombre un
espace de 16 à 18 mètres de terrain en
longueur et en largeur. Les ceps de la
Cœlésyrie atteignent, d'après Belon, une
hauteur moyenne de 4 mètres. Ils portent
pour la plupart des grappes rouges,
Proverbes 23:31; cf. Genèse 49:11;
Deutéronome 32:14, et en général fort
grosses, Nombres 13:24; on en voit même
encore qui ont jusqu'à 1 mètre de longueur,
qui pèsent 6 kilogrammes, et dont les grains
sont comme de petites prunes; Schulz raconte
que quelquefois, surtout vers le sud, on
coupe une grappe, qu'on la pose sur une
planchette, et que les amis, assis autour,
en cueillent les fruits, qu'ils mangent avec
un peu de pain pour leur repas. L'espèce de
raisin le plus estimé paraît avoir été le
sorek ou soreka, Genèse 49:11; Ésaïe 5:2;
Jérémie 2:21. Kimhi, dans son livre des
racines, dit que c'est une espèce de raisin
dont les grains sont fort petits et fort
doux; on assure même qu'ils ne contiennent
point de pépins, ce qui doit être entendu en
ce sens que ces pépins sont si petits et si
tendres qu'on ne les aperçoit pas. C'est
apparemment la même espèce qui porte encore
aujourd'hui au Maroc le nom de serki; on la
trouve également en Syrie et en Arabie sons
un nom semblable. On a fort peu de détails
sur la manière dont les Hébreux cultivaient
la vigne, comment ils en augmentaient et
multipliaient les plants, s'ils la
laissaient traîner à terre comme cela se
fait dans presque tout l'Orient, s'ils la
dressaient en huttins ou cordons, ou
s'ils la soutenaient par des appuis donnés à
chaque cep. Il résulterait de Ézéchiel 17:7;
Psaumes 80:11, que la vigne était souvent
soutenue, soit par un échalas, soit par un
arbre autour duquel elle entrelaçait ses
sarments, comme cela se voit encore parfois
en Palestine, et au sud de l'Europe. On
émondait les ceps avec une serpe, on
retournait la terre, on l'épierrait, Jean
15:2; Luc 13:8; Ésaïe 5:2. La vendange
commençait en septembre et finissait en
octobre, et donnait lieu, comme dans tous
les pays de vignobles, à de grandes
réjouissances, Juges 9:27; Ésaïe 16:10;
Jérémie 25:30. On cueillait les raisins, que
l'on déposait d'abord dans des corbeilles;
puis on les portait au pressoir, avec des
chants et des cris de jubilation, Jérémie
6:9. On prélevait les prémices et la dîme
sur le moût, Deutéronome 18:4; Néhémie
10:37; 13:5,12, que l'on enfermait dans des
outres de peaux, Job 32:19; Matthieu 9:17;
Marc 2:22, ou dans de grandes cruches de
grès, dont on se sert encore en Orient; on
l'y laissait fermenter, quelquefois on le
cuisait en sirop;
— Voir: Miel.
On buvait aussi le moût avant qu'il eût
fermenté, Osée 4:11; Joël 1:5. Quand le vin
était bien cuit, on avait l'habitude de le
transvaser pour le purifier et l'améliorer;
Jérémie 48:11, renferme une allusion à cet
usage.
La loi contenait, au sujet de la vigne, les
prescriptions suivantes:
-
Tout vignoble était soumis au repos de l'année sabbatique, Exode 23:11; Lévitique 25:3.
-
Il était défendu de semer aucune espèce de grain au milieu d'un vignoble, soit qu'il s'agisse, dans ce passage, d'un enclos de blé renfermé dans un plant de vigne, soit plutôt qu'il soit question d'épuiser la terre en semant du blé dans les chemins de la vigne, entre les lignes des huttins, comme cela se fait en diverses contrées, Deutéronome 22:9. La confiscation de la récolte punissait tout délit de cette nature. Outre l'idée générale du législateur, qui voulait prévenir des mélanges hétérogènes,
— Voir: Accouplements,
le but de cette défense était de ménager le sol, de ne pas l'épuiser, de ne pas nuire non plus à l'un des produits en détournant une partie des sucs de la terre vers un autre travail. Spencer croit, d'après un passage de Maïmonides, que Moïse voulait prémunir les Juifs contre l'idolâtrie, les Sabéens, et les Arabes ayant coutume de mêler ainsi dans leurs champs la vigne et le blé, pour les mettre sous le patronage réuni de Cérès et de Bacchus; mais c'est une supposition aussi hasardée qu'inutile.
-
Le propriétaire n'avait pas le droit de faire une vendange minutieuse, il devait abandonner les grappillages aux pauvres et aux étrangers, Lévitique 19:10; Deutéronome 24:21.
-
Les passants avaient le droit de cueillir pour leur usage et pour les consommer en chemin, les fruits qui bordaient la route, Deutéronome 23:24.
-
Celui qui avait planté une vigne, mais qui n'en avait pas encore recueilli du fruit, était dispensé du service militaire, Deutéronome 20:6; cf. 1 Maccabées 3:56. Or, d'après Lévitique 19:23, il était défendu de manger du fruit des trois premières années d'un plant, verger ou autre, probablement aussi de la vigne, et il eût été trop dur d'enlever pour le service celui qui, après quatre années d'un travail inutile, pouvait espérer enfin de recueillir quelque fruit de ses peines; la législation mosaïque tenait compte du droit individuel comme du droit public.
La vigne fournit, non seulement des détails
à bien des comparaisons, Juges 8:2; Ésaïe
1:8; 34:4; Jérémie 6:9; Osée 14:7, mais
souvent le thème même d'une parabole tout
entière, d'une allégorie, d'une fable ou
d'un apologue, Matthieu 20:1; 21:28; Jean
15; Juges 9:12. C'est surtout le peuple de
Dieu qui est habituellement représenté sous
l'image d'une vigne que Dieu a tirée
d'Égypte, établie en Palestine, entourée
d'une barrière (la loi, et aussi l'isolement
produit par les frontières naturelles); une
vigne dont il espérait de bons fruits, et
qui n'a produit que des grappes sauvages,
Ésaïe 5, cf. 3:14; Psaumes 80:8; Jérémie
2:21; Ézéchiel 17:6; Osée 10:1; Matthieu
20:1. Jésus-Christ lui-même se compare à un
cep, dont les sarments sont les hommes, les
uns sont émondés, les autres rejetés, Jean
15.
Le plant de Sodome,
Deutéronome 32:32, était connu pour son
amertume, comme tous les autres fruits qui
s'aventuraient à croître sur les bords
maudits de la mer Morte; ses grappes étaient
de fiel et son vin un venin de dragon. Que
tous ces fruits tombassent en poussière
quand on les ouvrait, c'est ce qu'on ne
saurait garantir, malgré le témoignage de
Tacite, Hist. 5.
On appelle lambrusques une espèce de raisins
sauvages qui croissent sans culture le long
des chemins, au bord des haies ou dans les
champs en friche; leurs grains sont petits,
et deviennent noirs lorsqu'ils mûrissent, ce
qui est rare;
— Voir: Ésaïe 5:2,4.
La vigne de Naboth est devenue l'image de
tout bien enlevé au pauvre par la puissante
méchanceté du riche, 1 Rois 21:1.
VILLES.
C'est de ce nom, trop pompeux
dans l'origine, qu'on décora d'abord, dès
les temps des patriarches, les
établissements fixes des familles agricoles,
par opposition aux camps volants des
nomades. Ces établissements étaient entourés
de murailles ou de murs, et chaque ville
était une forteresse, Nombres 32:17, ce qui
explique les sièges nombreux dont il est
parlé dans le livre de Josué. On choisissait
d'ordinaire une hauteur, une montagne, ou
tout au moins un mamelon, pour y fonder une
ville; la place était plus facile à
défendre, et d'ailleurs, en beaucoup de cas,
il n'était guère possible de faire
autrement, car, à cause des mouvements du
terrain, on n'avait de choix qu'entre la
hauteur et le ravin. C'est à peu près là
tout ce qu'on sait sur la construction des
villes de la Palestine, Jérusalem seule,
q.v., étant exceptée.
Les villes modernes de l'Orient sont bâties
largement, sans économie de terrain, et
renferment dans leur intérieur de grandes
places et de vastes jardins; un voyageur à
cheval a besoin d'une journée pour faire le
tour d'Ispahan. Il est probable qu'il en
était de même des villes de l'ancienne Asie,
dont l'étendue, d'après le témoignage des
historiens les plus dignes de foi, était
presque fabuleuse,
— Voir: Babylone, Ninive, etc.
Les portes des villes étaient des lieux de
rendez-vous; on s'y entretenait des affaires
publiques et particulières, et l'on y
rendait la justice; elles donnaient
ordinairement sur une place plus ou moins
grande qui servait aussi de marché, Néhémie
8:1,16; Job 29:7; Cantique 3:2; Esdras 10:9;
2 Samuel 21:12; 2 Rois 7:1; 2 Chroniques
32:6. Les rues n'étaient sans doute pas
aussi étroites qu'elles le sont aujourd'hui
(à Saint-Jean-d'Acre, deux chameaux chargés
ne sauraient passer l'un à côté de l'autre,
même dans les rues les plus larges). Elles
avaient souvent, surtout dans les grandes
villes, des noms empruntés aux denrées,
marchandises, objets quelconques qui s'y
fabriquaient ou s'y vendaient, Jérémie
37:21, car chaque rue avait souvent sa
spécialité, comme à Londres Paternosterrow
est la rue des libraires, comme en Orient
les rues larges (ou bazars), ne sont souvent
occupées que par un seul genre d'industrie
ou de négoce. Les rues de Jérusalem étaient
pavées dans la dernière période de son
existence, probablement déjà avant Hérode
Agrippa II, puisque celui-ci fit paver une
grande rue à Antioche, dans une ville qui
lui était étrangère, ce qu'il n'eût pas fait
sans doute si Jérusalem n'avait pas joui du
même avantage; mais il est probable que les
autres villes de la Palestine n'étaient pas
pavées, ce qui, d'ailleurs, était peu
nécessaire dans un pays où plusieurs d'entre
elles étaient bâties sur le roc, et
d'autres, surtout au nord-est, sur du
basalte. La mention la plus ancienne qui
soit faite d'une espèce de pavé, est celle
des dalles dont Salomon fit garnir le parvis
du temple.
— 1 Rois 20:34, nous montre des concessions
de terrain faites dans des villes
étrangères, comme conditions de la paix.
Jérusalem avait déjà des aqueducs avant
l'exil, Ésaïe 7:3; 22:9; 2 Rois 20:20,
tandis que les autres villes se contentaient
de puits et de citernes construites à grands
frais.
On n'a que des données incertaines et
incomplètes sur la statistique des villes de
Canaan jusqu'à l'exil. Plusieurs de ces
villes furent détruites au temps d'Abraham,
Genèse 19:24. D'autres furent renversées
sous Josué, lors de la prise de possession
du pays, et mises à l'interdit, Josué
6:24,26; 11:11, puis en partie reconstruites
plus tard; et dans presque tous les passages
où il est parlé de villes fondées par des
Israélites, il faut l'entendre plutôt de
villes rétablies, agrandies, embellies et
surtout fortifiées, Juges 1:26; 18:28; 1
Rois 12:25; 15:17,21; 16:24; cf. 2
Chroniques 8:5. Les invasions successives
des Caldéens détruisirent un grand nombre de
villes, d'autres tombèrent en ruines pendant
l'exil, et les rois de Syrie, dans leurs
luttes avec les Maccabées, ne firent que
continuer cette œuvre de désolation, 1
Maccabées 5:65; 9:62. En même temps, à cause
des terreurs de la guerre, on se mit à
fortifier celles des villes encore
existantes qui semblaient avoir le plus de
chances de pouvoir se défendre. Jérusalem en
particulier, devint une place de guerre, et
l'on bâtit même des tours et des forts
isolés, 1 Maccabées 9:50; 12:36,38. Pendant
la période romaine, et surtout par les soins
des Hérodes, des villes nouvelles
s'élevèrent en Palestine, d'autres furent
agrandies et embellies; les maîtres
donnèrent des théâtres, des gymnases, des
stades, des temples et d'autres monuments à
leurs sujets, pour adoucir le joug de leur
esclavage; les citadelles, les forts de
montagnes furent également multipliés, comme
on le voit par divers passages de Flavius
Josèphe; et la topographie nouvelle de la
Palestine compta un grand nombre de lieux
qui ne sont pas mentionnés dans l'Ancien
Testament; tandis que d'autres lieux,
anciennement célèbres, avaient complètement
disparu. La Galilée était particulièrement
riche en villes et villages; elle en
comptait, au rapport de Flavius Josèphe,
environ 204.
Les noms des villes de la Palestine avaient
presque tous, comme dans tous les pays
primitifs, une signification particulière,
tirée de leur situation, de leurs alentours,
ou de leur histoire; Rama, Gabaon, Jérico,
Bethléem, etc.
— Voir: ces articles.
Plusieurs étaient composés, commençant par
beth (maison), hir ou kiriath (ville),
hatsar (la terminaison correspondante,
cour, est très fréquente en France,
notamment en Picardie, Hargicourt,
Achicourt, Jancourt, etc.), hémek (vallée,
vallon), abel (pré, prairie), beér (puits,
comme en français Fontainebleau), hen
(source), — et après l'exil, surtout par
kephar, ou capher (village, Capernaüm). Les
noms commençant par bahal trahissent une
origine cananéenne, comme on trouve dans
tous les pays quelques restes de leurs
anciens habitants païens (Templeux, Templum
Esi, etc.). Quelques noms affectaient la
terminaison du duel, d'autres celle du
pluriel; ailleurs,
— Voir: Bethhoron,
on distinguait par supérieure et inférieure
deux villes voisines du même nom (chez nous
Aizecourt-le-Haut, Aizecourt-le-Bas): si ces
villes du même nom étaient éloignées l'une
de l'autre, on les distinguait par le nom de
tribu, ou par tel autre caractère
distinctif, comme on dit Châlons-sur-Saône
ou Châlons-sur-Marne, Francfort-sur-le-Mein,
ou Francfort-sur-l'Oder. Les Hérodes
changèrent plusieurs noms anciens, et les
remplacèrent par des noms romains en
l'honneur des maîtres du pays, Césarée,
Sébaste, Néapolis, Diospolis, mais il n'est
que peu de ces noms qui aient réussi à
déposséder l'ancien; Neapolis ou Naplouse
est presque le seul que l'on connaisse
généralement, mais on n'a pas oublié Sichem,
et les habitants du pays ont jusqu'à nos
jours conservé en partie les noms primitifs
des lieux qu'ils occupent.
On ne sait que fort peu de chose de la
population des villes Israélites,
— Voir: Jérusalem,
et les chiffres épars desquels on pourrait
essayer de tirer une conclusion, sont si
rares qu'on ne saurait s'y attacher. La
différence entre les villes (fortifiées), et
les bourgs ou villages (sans murailles),
n'est pas marquée dans l'Ancien Testament;
ce n'est que vers la fin que l'on commence à
l'apercevoir, Ézéchiel 38:11; Néhémie 11:25.
Le Nouveau Testament distingue en revanche
les villes des bourgs ou bourgades, Matthieu
10:11; Marc 1:38; 6:56; 8:27; Luc 8:1;
13:22; Actes 8:25. Les bourgs sont par
exemple Bethphagé, Emmaüs, Bethléem.
Cependant cette différence n'est pas
toujours rigoureusement maintenue, ni dans
le Nouveau Testament (— Voir:
Bethsaïda), ni dans Flavius Josèphe, qui
donne une fois le nom de bourg à une ville
très peuplée et entourée de murailles. La
plupart des endroits dont le nom commence
par Caper étaient des bourgs, quoique Caper
signifie village, et l'on doit supposer
qu'après n'avoir été d'abord que des
villages, ils s'étaient petit à petit
agrandis, comme tant de villes en Allemagne
dont le nom se termine par dorf
(village).
Nous n'avons pas de détails non plus sur les
autorités locales, ou municipales, si l'on
peut employer ces mots en parlant de la
nation juive. Il est parlé de juges
Deutéronome 16:18; (shôterim), mais
l'expression est douteuse, et Hengstenberg y
verrait plutôt une espèce de greffier ou
d'écrivain public: les anciens paraissent
avoir été les conseillers de ville, comme
juges et comme administrateurs, et avoir
formé un véritable conseil municipal, sans
le nom. Depuis l'exil, il est parlé de
magistrats présidés ou dirigés par un
archonte, ou chef (Flavius Josèphe), et de
chefs, surveillants, ou commissaires de
districts, dont les attributions ne sont pas
déterminées;
— Voir: aussi Sanhédrin.
Aux portes des villes se tenaient des
sentinelles qui faisaient le guet, et
donnaient des avertissements, soit en
criant, soit au moyen d'une trompette ou
d'un cor, 2 Samuel 18:24; 2 Rois 9:17; cf.
Ésaïe 21:11; Psaumes 127:1; Jérémie 6:17;
Ézéchiel 33:6. Des gardes de nuit sont
mentionnés Cantique 3:3.
Quant aux communications des villes entre
elles,
— Voir: Routes.
Des pierres milliaires marquant la distance
qui les séparait furent posées pendant la
période romaine. On n'a presque pas de
données, soit sur la distance, soit sur la
position respective des différentes villes;
les indications ne sont qu'approximatives,
et se rapportent au cours du soleil, Genèse
12:8; Juges 21:19. Les travaux de Flavius
Josèphe, d'Eusèbe, surtout de Jérôme, les
vieux itinéraires, les tables d'Abulféda,
sont particulièrement précieux à consulter.
Les travaux modernes, en revanche, ne
peuvent être lus qu'avec beaucoup de
précautions, la manie de l'ignorance étant
de deviner, le danger des hypothèses étant
de flatter l'amour-propre, et de convaincre
leur auteur plus que ne ferait souvent la
certitude, et l'Orient ancien ne pouvant
plus guère être que deviné. Le Voyage de
Schubert est parmi ceux qui renferment le
plus d'observations importantes, et le moins
d'hypothèses affirmées. Les Français sont
restés bien en arrière des Allemands sous le
rapport des recherches consciencieuses, et
sauf l'Itinéraire de Chateaubriand, leurs
ouvrages sont plutôt des affaires de poésie
ou d'impressions.
Pour ce qui concerne les villes de refuge et
les villes des Lévites,
— Voir: ces articles.
VIN.
Quant à sa fabrication,
— Voir: Vignes.
Quant à son usage dans les
festins et dans les sacrifices,
— Voir: ces articles et Libations.
— Actes 2:13, mentionne une espèce
particulière de vin, renommée par sa
douceur, et non du vin nouveau, car ce
n'était pas la saison; il est possible que
chez les Juifs ce nom s'appliquât par
excellence au vin de sorek (ci-dessus, p.
442).
On ignore si les Juifs avaient, comme les
Grecs et les Romains, l'habitude de mettre
de l'eau dans leur vin; Ésaïe 1:22; 2
Corinthiens 2:17, parlent de vin frelaté.
Les Orientaux modernes boivent le vin à
part, et l'eau à part. Quoique le Talmud
parle de vin mêlé d'eau, il est probable que
les anciens Israélites cherchaient plutôt à
augmenter la force du vin au moyen de
diverses épices, de la myrrhe, de l'opium,
etc. Ésaïe 5:22; Psaumes 75:8; Cantique 7:9.
D'après Hitsig cependant, Ésaïe parlerait
d'un mélange du vin avec de l'eau, mais avec
de l'eau chaude. Le vice de l'ivrognerie
était commun chez les Hébreux, et soit que
Noé connût déjà l'usage du vin, soit qu'il
l'ait inventé ou expérimenté le premier (ce
qui n'est pas constant), il en a légué les
dangers à tous ceux à qui il a légué le vin;
les prophètes en parlent fréquemment, Ésaïe
5:22; 19:14; 28:1; Osée 7:5; Jérémie 23:9;
cf. Proverbes 23:20, et les livres
historiques en rapportent quelques exemples,
1 Samuel 25:36; 1 Rois 16:9. La loi même y
fait une allusion, Deutéronome 21:20.
— Le vin était défendu aux nazariens et aux
prêtres, pendant tout le temps qu'ils
étaient occupés au service de l'autel,
Nombres 6:3; Lévitique 10:9. Les Récabites
avaient reçu et accepté de leur père la même
défense, Jérémie 35.
Genèse 49:14, annonce que la tribu de Juda
sera une terre abondante en bon vin, et
c'est sur son territoire, en effet, qu'on
remarque les meilleurs vignobles.
Ézéchiel 27:18, parle d'un vin de Helbon (ou
gras, onctueux), que l'on vendait aux foires
de Tyr, et qui était particulièrement
recherché. Le vin du Liban, Osée 14:7 (mal
traduit dans Martin, celle du Liban),
était célèbre par son arôme (ou bouquet);
peut-être était-il fabriqué.
On s'est beaucoup trop préoccupé du passage
Juges 9:13, où il est parlé du vin qui
réjouit Dieu et les hommes. Outre qu'on
pourrait l'expliquer des libations qui sont
faites en l'honneur de Dieu, il faut
remarquer que, dans ce passage, c'est la
vigne qui parle, un être imaginaire,
mythologique, sans aucune prétention à
devenir une autorité dogmatique. Sa
déclaration n'est pas plus bonne à croire
que son égoïsme à imiter.
Proverbes 31:4-6, parle d'un vin que l'on
donnait à ceux qui étaient affligés, et,
selon les rabbins, il s'agirait dans ce
passage d'un vin falsifié, ou d'une liqueur
forte, qu'on faisait boire à ceux qui
étaient condamnés au dernier supplice pour
les étourdir moralement, ou même pour les
engourdir physiquement, et provoquer une
sorte d'insensibilité semblable à celle que
produit l'éther ou le chloroforme. C'est de
ce vin qu'on aurait offert à Jésus sur le
lieu de son supplice, Marc 15:23, et
quelques-uns le distinguent du vinaigre mêlé
de fiel qu'on lui aurait offert d'abord, et
qu'il aurait également refusé, Matthieu
27:34; Luc 23:36. Cependant, il ne s'agit
dans ces passages que dune seule et même
boisson, dont l'amertume était le caractère
principal, Psaumes 69:21. Jésus la refusa,
non parce qu'elle était amère, mais parce
qu'il voulait mourir avec la conscience du
supplice et de la mort, et vider la coupe
jusqu'au bout. Il ne faut pas confondre ce
vin amer avec le vinaigre qu'on approcha
plus tard de ses lèvres, Marc 15:36, soit
pour le soulager, soit pour raviver ses
douleurs en ranimant ses forces.
Vin artificiel,
— Voir: Cervoise.
VINAIGRE.
Il y en avait apparemment de
deux sortes: l'une dont les gens du peuple
buvaient ordinairement pour se désaltérer,
en le mélangeant d'eau ou d'huile, Ruth
2:14, l'eau ne pouvant désaltérer à la
longue sous ce soleil ardent: c'était une
espèce de piquette, ou de petit vin, que les
nazariens devaient s'interdire comme le vin
véritable, Nombres 6:3.;
— l'autre était plus acide, et ne se buvait
que difficilement, Psaumes 69:21; Proverbes
10:26; 25:20. On faisait du vinaigre avec du
vin, de la bière, du cidre, et même avec de
l'eau; le vin de palmier s'aigrit si on le
garde trois ou quatre jours. Les Orientaux,
jusqu'à nos jours, aiment à se rafraîchir
avec de bon vinaigre étendu d'eau, et les
soldats romains ne buvaient guère autre
chose dans leurs expéditions. Si le vinaigre
qu'on offrit à Jésus sur la croix, Matthieu
27:48, est le même que celui qu'on lui avait
offert avant le supplice, on peut voir ce
qui a été dit à l'article Vin. On y faisait
dissoudre du fiel ou de la myrrhe, qui en
augmentaient l'amertume. Dissoute dans de
bon vin, la myrrhe lui donnait un fort goût
aromatique (laudatissima); le vin de myrrhe
était exquis, et il n'est guère probable
qu'au milieu de tant d'ignominie, ce soit du
vin qu'on ait offert au Sauveur; il a goûté
le vinaigre amer.
VIOLON,
— Voir: Musique.
VIPÈRE,
serpent vivipare,
— Voir: Serpent.
VISIONS,
— Voir: Prophètes.
VISITES.
La Bible ne donne que peu de
détails sur le cérémonial des visites que
les Israélites se faisaient entre eux. Le
lavage des pieds paraît avoir été l'une des
parties les plus essentielles et les plus
ordinaires de ce cérémonial, Genèse 18:4;
24:32; Juges 19:21; 1 Samuel 25:41; Luc
7:44. De nos jours encore, ce devoir
subsiste. On brûle de l'encens devant son
hôte, Daniel 2:46, ou l'on arrose sa barbe
d'une huile odoriférante, cf. Luc 7. Après
ces témoignages d'affection, l'on se hâte de
lui fournir de la nourriture, et l'on prend
soin de sa monture, s'il y a lieu, cf.
Genèse 18:4; 24:32; Juges 19:21. Des
présents réciproques étaient également chose
ordinaire dans les visites faites ou reçues.
Les épreuves et les afflictions sont souvent
appelées des visites ou visitations de Dieu,
Exode 20:5; 32:34; Lévitique 18:25,
expression bien surprenante dans un livre
qui nous parle d'un Dieu d'amour; mais c'est
aussi un Dieu de justice, et le même mot se
prend ailleurs en bonne part, Genèse 21:1;
Exode 3:16; 1 Samuel 2:21; Luc 1:68. L'idée
fondamentale qui justifie l'emploi de ce
mot, c'est que rien ne se fait sans la
volonté de Dieu; tout ce qui arrive, bien ou
mal, doit rappeler à l'homme que Dieu a
passé par là, que Dieu est là, qu'il se
manifeste; ce qui nous paraît douloureux ne
l'est que d'une manière relative; l'action
de Dieu sur l'homme a pour objet, non le
temps qui nous échappe, mais l'éternité
qu'il nous offre, et les épreuves sont des
appels au bonheur; l'affligé est rappelé
tout ensemble au sérieux et à l'espérance;
l'homme heureux, est appelé à la
reconnaissance et à la foi.
VŒUX.
On en distinguait de deux
sortes chez les Hébreux: les vœux positifs,
et les vœux négatifs, ou la promesse faite à
Dieu de s'abstenir de certaines choses; le
nazaréat était le plus important de ces
derniers, parmi lesquels on peut compter
aussi l'interdit, q.v. Quant aux vœux
positifs, c'est-à-dire la promesse de faire
une chose à l'honneur de l'Éternel, on en
retrouve la trace dès les temps les plus
anciens: Jacob promet à Dieu la dîme de ses
biens, si Dieu bénit son voyage en
Mésopotamie, Genèse 28:20. Tous les peuples
de l'antiquité ont connu cette espèce
d'engagement de l'homme vis-à-vis de Dieu
(Iliad. 6, 308. Odyss. 3, 382. Virgile,
Enéid. 5, 234, etc.), et la cause s'en
trouve dans les idées anthropomorphiques et
anthropopathiques qu'on se faisait de Dieu,
comme s'il ne consentait à accorder
certaines choses que sous condition, et en
réclamant pour sa part quelques avantages
correspondants. Ce point de vue n'est pas
contraire à la piété, mais il est contraire
à la vérité, et des idées saines sur Dieu et
sur l'homme ne s'accorderont jamais avec une
théorie des vœux, souvent fatale, toujours
inintelligente. On faisait des vœux
lorsqu'on se trouvait dans une position
pénible ou désespérée, Juges 11:30. Jonas
1:16, quelquefois pour obtenir la possession
d'une chose désirée, 1 Samuel 1:11; 2 Samuel
15:8, et leur accomplissement était
considéré comme un des plus impérieux
devoirs, Juges 11:39; Ecclésiaste 5:4; cf.
Psaumes 66:13; 76:11; 116:18. Moïse ne
combattit pas les vœux en théorie, quoiqu'il
ne les recommandât pas non plus; mais, comme
toujours, il en restreignit l'usage par des
prescriptions de nature à prévenir, autant
que possible, les inconvénients domestiques
ou publics qui pouvaient en résulter. Un vœu
devait immanquablement et entièrement être
rempli, Deutéronome 23:21; Nombres 30:3;
aussi Salomon recommande-t-il de n'en faire
jamais qu'avec circonspection, Proverbes
20:25.
Des personnes non indépendantes, telles que
des esclaves, des femmes, des filles (il
n'est pas parlé des fils qui, cependant, ne
sauraient être absolument exceptés),
n'avaient pas le droit de faire un vœu sans
le consentement formel de leurs supérieurs,
maîtres, parents ou tuteurs, Nombres 30:4.
Un vœu fait intérieurement ne suffisait pas:
pour lier, il devait avoir été fait à haute
voix, Deutéronome 23:23. Il va sans dire
qu'on ne pouvait pas vouer à Dieu quelque
chose d'imparfait, lorsqu'on était en état
de faire mieux; mais il résulte de Malachie
1:14, que la lésinerie s'en était mêlée, et
qu'avec le temps les vœux ne comportaient
plus un bien grand renoncement; c'était un
moyen de se débarrasser pieusement de ce
dont on ne pouvait plus faire usage
soi-même.
Tout ce qui avait été voué pouvait se
racheter, moyennant un certain prix fixé
d'avance, même les personnes (les enfants
par exemple) qui s'étaient vouées, ou
avaient été vouées à l'Éternel par leurs
parents, pour le service du tabernacle,
Lévitique 27, cf. 1 Samuel 1:11. Des animaux
impurs, des maisons, des héritages pouvaient
être rachetés; l'estimation en était faite
par le prêtre, et il fallait payer un
cinquième en sus de leur valeur. Celui qui
ne rachetait pas son champ en était
légitimement et pour toujours dépossédé; en
l'année jubilaire ce champ était réuni aux
domaines du temple, si celui qui l'avait
voué en était le vrai possesseur par
héritage; s'il n'en était propriétaire que
par achat, ce champ retournait à son maître
primitif, pour que la succession des
héritages ne fût pas interrompue,. On ne
voit du reste aucun exemple de vœux pareils,
et il paraît que les réserves et les
restrictions imposées par la loi étaient
assez gênantes pour équivaloir dans ces cas
à une interdiction réelle.
— Il n'était pas permis de vouer à l'Éternel
ce qui lui appartenait naturellement, comme
les premiers-nés. Le salaire de la débauche
ne pouvait non plus être affecté aux choses
saintes, qu'il s'agît d'une femme ou d'un
homme, Deutéronome 23:18 (dans ce passage le
mot chien a le même sens que Apocalypse
22:15; cf. Romains 1:24): cette défense
était une condamnation formelle des mœurs
païennes, notamment de celles des
Phéniciens, qui déposaient dans les temples
de leurs dieux le prix de la prostitution.
— L'accomplissement d'un vœu était souvent
accompagné de sacrifices et de festins,
comme aussi un sacrifice pouvait avoir été
lui-même l'objet d'un vœu, Lévitique 7:16;
22:18; 21; Nombres 15:3; Deutéronome 12:17;
1 Samuel 1:21; 2 Samuel 15:7.
Quant au vœu de Jephthé,
— Voir: cet article.
Dans le Nouveau Testament il n'est parlé de
vœux que deux fois, et, chose singulière,
c'est à propos de l'apôtre des gentils, de
Paul, de celui qu'on accusait de renverser
la loi. On ne sait à quelle occasion il fit
son premier vœu, Actes 18:18: on suppose
qu'il avait couru quelque grand danger, et
que selon l'usage juif il fit un vœu, non
point de nazaréat proprement dit, comme le
pensent certains auteurs, mais de
purification ou d'actions de grâce, de
nazaréat temporaire. Ce vœu consistait à
promettre un sacrifice, à s'abstenir de vin
trente jours à l'avance, et à se faire
couper les cheveux. On s'explique ainsi la
hâte avec laquelle, venant de Cenchrée, Paul
traversa Éphèse pour se rendre à Jérusalem.
Il n'est pas probable que ce vœu ait aucun
rapport avec celui dont il est parlé plus
tard, Actes 21:24; ce dernier fut fait à
l'instigation de Jacques et des chrétiens de
Jérusalem, qui désiraient que Paul prouvât
par un acte public, qu'il était encore
attaché aux formes et aux habitudes du
judaïsme; la cérémonie qu'on lui demandait,
était de ces choses qu'il pouvait faire sans
mentir à ses principes; en contribuant à la
dépense de la purification de quatre
chrétiens juifs, il montrait sa largeur
d'esprit et sa tolérance pour les formes. Ce
vœu néanmoins laisse quelque trouble dans
l'esprit; Dieu ne le bénit point; une émeute
éclata, Paul fut arrêté, incarcéré, conduit
à Rome, et s'il eut l'occasion d'y rendre
témoignage à l'Évangile, ce fut au prix de
sa vie.
VOILE,
— Voir: Tabernacle.
Dans l'Orient, ancien et moderne, le voile a
toujours été l'une des parties les plus
importantes de la toilette d'une femme; les
esclaves seules, et les danseuses qui
étaient en même temps filles publiques,
faisaient exception à cette règle,
quelquefois aussi les femmes de la dernière
classe. Le même usage régnait également
parmi les Juifs, quoique chez eux, notamment
à l'époque patriarcale, l'étiquette fût en
général moins sévère. On voit chez leurs
familles nomades, des filles, et même des
femmes, sortir sans voile; mais la fiancée
se voilait devant son époux (nubere viro),
Genèse 12:14; 20:16; 24:65. Le voile dont
s'enveloppa Tamar, Genèse 38:15, était
plutôt un déguisement que l'enseigne d'une
prostituée. Ésaïe 3:22; Cantique 5:7,
montrent combien les voiles étaient
recherchés; ils étaient à la fois l'ornement
de la pudeur et celui de la beauté; les
femmes de distinction en portaient souvent
plusieurs les uns sur les autres. Les
différents noms sous lesquels ils sont
désignés, ne peuvent suffire à caractériser
leur nature ou leurs différences;
l'étymologie même, dans des affaires de
mode, n'est presque jamais un guide auquel
on puisse se fier, ou dont on puisse
attendre des éclaircissements. Le rahal
était probablement une espèce de voile
composé de deux pièces réunies près des
yeux, de manière à les laisser libres; lune
des pièces était rejetée en arrière sur le
dos, l'autre retombait en avant sur la
poitrine, Ésaïe 3:19. Le radid, Ésaïe
3:23; Cantique 5:7, était un grand voile de
gaze qui enveloppait la tête entière, et
redescendait assez bas de tous les côtés,
comme les voiles des mariées ou des
catéchumènes. On trouve encore en Syrie et
en Égypte, une troisième espèce de voile qui
part des yeux, et ne couvre que le bas du
visage, le cou et la poitrine; il est
probable qu'il était connu des Israélites,
et quelques bas-reliefs des ruines de
Persépolis prouvent qu'il est fort ancien;
mais ce serait trop hasarder que de
prétendre, comme on l'a fait, le retrouver
dans le tsahiph de Genèse 24:65;
38:14, ou dans le tsamma de Cantique
4:1; Ésaïe 47:2, la signification de ce
dernier mot n'étant même pas assurée.
Voiles de vaisseau,
— Voir: Vaisseau.
VOL.
Les lois de Moïse sur le vol,
Exode 20:15, avaient pour le moins autant
pour objet d'indemniser le volé que de punir
le voleur; elles étaient basées sur le
principe de la restitution, et de cette
manière elles agissaient aussi efficacement
que des mesures plus répressives. La
constitution du pays, où chaque individu
était propriétaire foncier, rendait ce
système plus applicable qu'il ne le serait
dans nos sociétés modernes, où une partie de
la fortune consiste souvent dans des
créances insaisissables.
— Le vol simple était puni d'une restitution
double, si l'objet volé n'avait été ni
dénaturé, ni vendu; dans le cas contraire,
la restitution était quintuple pour un vol
de bœufs, quadruple pour un vol de brebis,
Exode 22:1,4,7,9. (Les bœufs et les brebis
expriment ici des objets d'une valeur plus
ou moins considérable; le concret est mis
pour l'abstrait, selon l'habitude de la loi;
le juge devait suivre l'esprit et ne pas
s'en tenir à la lettre). Le vol du bétail
était puni plus sévèrement que celui
d'autres objets, soit à cause de son
importance chez les Hébreux, soit à cause
des facilités qu'on avait pour en détourner
quelques pièces. Celui qui ne pouvait payer
l'amende devenait l'esclave de son
créancier, si toutefois l'amende équivalait
au prix d'un esclave, Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 16, 1, 1. D'après
Proverbes 6:31, la restitution aurait été
portée au septuple au temps de Salomon,
modification qui, d'après Michaélis et
Cellérier, s'expliquerait par l'insuffisance
de la règle ancienne quand le luxe et le
commerce vinrent, sous les rois, changer la
nature de la propriété: toutefois ce passage
est susceptible d'une interprétation plus
large, et le chiffre indiqué serait un
nombre rond souvent employé. Le voleur de
nuit pouvait être tué s'il était surpris en
flagrant délit, Exode 22:2-3, soit parce
qu'on était censé ne pas connaître ses
intentions et sa force, soit parce que la
difficulté de le reconnaître diminuait les
chances d'une restitution.
— Les lois de Solon et des anciens Romains
avaient plus d'un rapport avec celle des
Juifs sur le vol; elles admettaient la
restitution multiple, et le droit de tuer un
voleur nocturne.
— Le vol d'hommes était impitoyablement puni
de mort, Exode 21:16; Deutéronome 24:7; cf.
1 Timothée 1:10. C'était une espèce de
traite fort facile dans un pays dont presque
la moitié des frontières étaient maritimes;
on pouvait aisément se débarrasser de celui
dont on faisait un esclave, et le séparer
pour toujours des siens: la peine ne pouvait
être trop sévère; les rabbins disent que le
coupable était étranglé.
Le vol ne paraît pas avoir emporté chez les
Hébreux une infamie particulière; c'était un
acte coupable, mais pas honteux, surtout
lorsqu'il se faisait en grand. Il semble
qu'on le considérât comme une industrie
chanceuse pour celui qui l'exerçait,
préjudiciable à celui contre qui on
l'exerçait, mais comme une industrie.
C'était bien l'idée païenne, et dans tous
les temps, on a plus ou moins respecté le
vol heureux; de nos jours encore, on
respecte la contrebande et l'agiotage,
pourvu qu'ils réussissent. Jephthé était
plus ou moins chef de voleurs, Juges 11:3.
Les gens de David en fuite n'avaient guère
d'autre métier, 2 Samuel 3:22, et les
pillages nombreux qu'on trouve dans sa vie,
touchent de plus près au brigandage qu'à la
guerre, 1 Samuel 30:8,23; cf. 2 Samuel 4:2;
1 Rois 11:23-24. Job 1:17.
— Il semblerait que Salomon excuse le vol
commis par besoin, Proverbes 6:30; il ne le
dispense pas de la peine, mais il
l'affranchit de la honte, et en fait dans
tous les cas une chose à part, un vol d'une
nature particulière. «On ne méprise point un
larron s'il dérobe pour remplir son âme
quand il a faim.» Ce passage, d'ailleurs,
n'a pas un caractère législatif, ainsi que
le prouve le verset suivant; il exprime
simplement ce qui est dans le cœur de
chacun, c'est qu'il y a une différence
morale énorme entre celui qui vole par
cupidité et celui qui dérobe un pain pour
satisfaire sa faim et celle de ses enfants.
Dans ce dernier cas, la société a sa part de
responsabilité.
VOLAILLES,
— Voir: Poules.
VOYAGES.
Les Orientaux ont toujours
beaucoup moins voyagé que les peuples de
l'Europe, et ils ne le font jamais que pour
affaires. Ils ne voyagent pas pour leur
plaisir, leur plus grande jouissance
consistant à rester tranquilles chez eux.
Outre le caractère souvent mou des
Orientaux, diverses raisons contribuent à
rendre les voyages difficiles dans ces
contrées, l'ardeur du climat, les déserts à
traverser, le mauvais état des chemins, le
manque d'hôtelleries, la crainte des bandes
de voleurs, etc. Ceux qui sont obligés de se
mettre en route, se réunissent ordinairement
en caravanes, souvent aussi nombreuses
qu'une petite armée, et pourvues de toutes
les provisions nécessaires. Une avant-garde
et une arrière-garde armées, protègent la
marche. Dans les déserts on prend volontiers
un guide qui puisse, à de vagues indices,
reconnaître le chemin, cf. Nombres 10:31.
Dans les pays habités, comme la Palestine,
on peut se hasarder à voyager seul. Les
riches voyageaient en voiture, les autres
sur des ânes ou à pied; ceux-ci portaient
ordinairement avec eux, dans des sacs, leurs
provisions de route, Matthieu 10:10, et
souvent une tente légère, sous laquelle ils
campaient quand ils ne pouvaient atteindre
une hôtellerie. Lors des grandes fêtes, les
Juifs de toutes les parties du pays
montaient à Jérusalem, réunis en caravanes,
et poussant des cris d'allégresse, Luc 2:42.
Les voyageurs trouvaient partout une
hospitalité affectueuse (à l'exception de
Juifs chez les Samaritains, ou l'inverse);
cependant, il paraît que dans les derniers
temps, des espèces d'auberges, tenues par
des étrangers et non destinées aux Juifs,
s'établirent sur quelques-unes des routes
les plus fréquentées de la Palestine.
Lorsqu'on savait l'arrivée d'étrangers de
distinction, on allait à leur rencontre, et
on les recevait avec toutes sortes d'égards,
2 Maccabées 4:22.
— Voir: Hospitalité.
On faisait de même la conduite aux
hôtes qui partaient, Actes 13:13; 20:38;
21:5; Romains 15:24, etc. Lorsque les Juifs
de la Galilée se rendaient aux fêtes de
Jérusalem, ils passaient par la Pérée, pour
éviter la Samarie; cependant, comme c'était
un détour considérable, ils étaient
quelquefois obligés de prendre ce dernier
chemin, Luc 17:11; Jean 4:4; mais ils se
munissaient alors de provisions suffisantes
pour n'être pas obligés de rien demander aux
Samaritains, ce qui ne les empêchait pas
d'avoir quelquefois des difficultés et des
altercations avec ceux-ci.
— Voir: Routes. Hôtelleries, etc.