Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-P
septembre 3, 2010
Ρ
PAGHIEL,
fils de Hocran, et chef de la
tribu d'Aser dans le désert, Nombres 1:13;
2:27;
— Voir: Tribu.
PAHU,
Genèse 36:39, ancienne ville d'Édom, et chef-lieu de tribu: elle est appelée Pahi, 1 Chroniques 1:50.
PAIN.
Dans les anciens temps,
l'occupation de faire le pain était presque
exclusivement réservée aux femmes, Genèse
18:6; Lévitique 26:26; 1 Samuel 8:13; 28:24;
2 Samuel 13:8; Matthieu 13:33; cf. Jérémie
7:18; 44:19. Plus tard cependant l'on voit
des hommes se livrer à ce travail spécial
sous le nom de fourniers ou boulangers, Osée
7:4,6, et l'on trouve même à Jérusalem une
place ou rue dite des boulangers, Jérémie
37:21. La pâte, de froment, d'orge, ou
d'épeautre, était préparée, aigrie et pétrie
dans des huches (maies) de bois; chaque
maison qui faisait son pain possédait la
sienne, Exode 8:3. Lorsqu'on était pressé,
l'on ne mettait point de levain dans la
pâte, Genèse 19:3; Exode 12:34,39; Juges
6:19; 1 Samuel 28:24. On faisait les pains
tantôt longs, tantôt plus ou moins ronds, de
la grandeur d'une assiette et de l'épaisseur
d'un pouce à peu près; leur peu d'épaisseur
faisait que pour les manger, au lieu de les
couper comme chez nous, on se bornait à les
rompre, Ésaïe 58:7; Jérémie 16:7; Matthieu
14:19; 26:26; Luc 9:16; Actes 20:11; 1 Cor
10:16. Les fours à cuire le pain, dont on
trouve plusieurs qui sont publics dans les
villes orientales, ne différaient pas
essentiellement des nôtres. Il faut
mentionner cependant des fours portatifs,
des cruches de pierre de 1 mètre de hauteur,
ouvertes par en haut, dans lesquelles on
faisait le feu avec du bois ou de la fiente
séchée, Ésaïe 44:15; Ézéchiel 4:12, et dans
lesquelles ou sur lesquelles on faisait
ensuite cuire le pain ou les gâteaux, après
les avoir fermées pour empêcher la chaleur
de se perdre trop rapidement. D'autres fois
on faisait simplement rougir des cailloux
dans une petite fosse d'un demi-pied de
profondeur, puis lorsque la fosse avait été
suffisamment chauffée, on en retirait les
cailloux, on y déposait la pâte, et l'on
recouvrait le trou: on se servait aussi du
même procédé à l'égard des cruches que l'on
chauffait avec des cailloux rougis au feu,
c'est peut-être de ce procédé qu'il est
parlé 1 Rois 19:6. Enfin l'on cuisait encore
le pain sous des cendres chaudes, Genèse
18:6; 1 Rois 17:13, etc.
Dans le langage de l'Écriture le pain
désigne toute sorte de nourriture, la
nourriture en général, Genèse 3:19; 18:5;
28:20; Exode 2:20; Deutéronome 9:9,18; cf.
Psaumes 42:3; 80:5; 127:2; Proverbes 4:17;
20:17; 22:9, etc., Matthieu 6:11. La manne
est appelée le pain du ciel, Exode 16:4, de
même que Jésus-Christ, Jean 6:31, sq..
On peut voir à l'article Levain ce que nous
avons dit des pains sans levain.
Pains de proposition, proprement
pains de la face (de l'Éternel), appelés
aussi pains d'exposition, ou encore pain
continuel, Nombres 4:7. C'étaient douze
pains, selon le nombre des tribus d'Israël,
ou douze gâteaux faits de fine farine et
sans levain, qui étaient placés dans le lieu
saint du temple, en deux rangées, sur une
table d'or mobile, comme symbole de la
nourriture ordinaire et quotidienne de
l'Éternel. La forme et l'usage de ces pains
sont indiqués Lévitique 24:5-9; ils étaient
probablement salés, et peut-être poudrés
d'encens pur, verset 7, à moins qu'on
n'entende ce verset comme Flavius Josèphe,
qui dit que l'encens était placé dans des
vases au-dessus des deux rangées,
— Voir: Exode 25:30; 35:13; 39:36;
Hébreux 9:2.
On les changeait tous les sabbats. Du moment
où ils avaient été enlevés, ils
appartenaient aux sacrificateurs qui seuls
avaient le droit de les manger, mais dans le
lieu saint seulement, Exode 29:32; Lévitique
24:8-9. David nous fournit une exception à
cette règle justifiée par des circonstances
exceptionnelles, 1 Samuel 21:6; cf. Matthieu
12:4; Luc 6:4, sq. L'encens était allumé au
feu sacré de l'autel des holocaustes,
Lévitique 24:7. Quelques prêtres de la
famille des Kéhathites était spécialement
chargés du soin d'apprêter ces pains, 1
Chroniques 9:32, et un Targum ajoute que
l'art de les préparer était devenu un secret
de famille chez ceux qui en avaient la
charge. Dans le second temple, la grandeur
de ces pains fut fixée, la longueur à 10
largeurs de mains, la largeur à 5, et
l'épaisseur à 7 pouces: ces mesures sont
prises dans la Mishna Menach, 11, 4.
— On peut remarquer que c'était chez
plusieurs des anciens peuples un usage
d'offrir à leurs dieux de la nourriture
(lectisternia), Ésaïe 65:11; l'apocryphe de
Daniel 14:6; Baruch 6:26. Diod. de Sicile,
2, 9, etc. Ce pouvait être le symbole de la
reconnaissance, comme aussi un acte
d'anthropomorphisme; dans le premier cas,
l'idée était bonne, mais combien elle était
rare! combien aussi les prêtres en ont abusé
souvent pour s'engraisser aux dépens du
pauvre!
La table des pains de proposition était de
bois de Sittim, couverte et ornée d'or pur,
Exode 37:10: sa longueur était de deux
coudées (1 mètre), sa largeur d'une (0m,50),
et sa hauteur d'une et demie (0 m,75); elle
reposait sur quatre pieds et avait une
bordure d'or tout à l'entour: au-dessous des
quatre coins, étaient les anneaux au moyen
desquels on la portait. Flavius Josèphe en
donne une description assez détaillée,
Antiquités Judaïques 3, 6; 6.
Salomon en fit faire dix d'or massif, comme
il paraît résulter de 2 Chroniques 4:8; cf.
1 Chroniques 28:16; 1 Rois 7:48. Cependant
Winer croit qu'il continua de n'y en avoir
qu'une, cf. 2 Chroniques 29:18, et il est
vrai que dans le passage le plus important
de ceux qui précèdent, 2 Chroniques 4:8, il
n'est parlé que de dix tables sans
indication de l'usage auquel elles pouvaient
être destinées.
Antiochus Épiphanes enleva avec les autres
ustensiles sacrés, la table des pains du
second temple, 1 Maccabées 1:23, et lors de
la restauration du temple on dut en taire
une nouvelle, 4:49; une tradition, mais
quelque peu apocryphe, porte que la table
enlevée par Antiochus avait été donnée au
temple de Jérusalem par Ptolémée
Philadelphe, et Flavius Josèphe la dépeint
comme ayant été très riche et magnifiquement
travaillée:
Enfin la table qui fut enlevée par Titus au
temple des Hérodes était d'or et du poids de
plusieurs talents, dit Flavius Josèphe, mais
il n'ajoute pas d'autres détails. Elle est
représentée sur l'arc de Titus dont
l'exécution appartient aux jours de
Domitien; elle est haute de 12 à 15 pouces;
ses quatre pieds se terminent en pieds
d'animaux; elle est entourée d'une bordure
ciselée, mais qui ne s'élève pas au-dessus
du tablier.
Philon, Clément d'Alexandrie, la plupart des
pères, et la plupart des théologiens
modernes ont examiné la signification
symbolique des prescriptions relatives à
cette table, et des parties dont elle était
composée: on peut voir le Moïse sans voile,
de G, des Bergeries, et surtout Bæhr,
Symb. des Mos. Cuit. I, 433, sq..
Disons encore pour en finir sur ce sujet,
qu'il est difficile de déterminer la nature
des vases d'or destinés au service de cette
table, Exode 25:29. Quatre mots sont encore
employés pour les désigner; on croit que les
deux premiers se rapportaient à des vases,
coupes, ou plats dans lesquels on mettait
des objets solides, tandis que les deux
derniers désignaient des vases plus profonds
destinés à contenir des liquides, du vin ou
de l'huile odoriférante; l'arc de Titus les
représente par deux urnes. En spécifiant
davantage, on croit que sur les premiers de
ces ustensiles on plaçait les pains, dans
les seconds, l'encens, dans les troisièmes,
le vin qui accompagne tout festin, et que le
quatrième terme désigne les coupes ou
gobelets destinés à recevoir le vin versé
des urnes plus grandes.
PALESTINE.
Ce nom, qui ne se trouve pas dans l'Écriture sainte, a été donné à la terre promise par les Grecs et les Romains; il ne désignait proprement que la côte habitée par les Philistins (nos versions, Exode 15:14; Psaumes 60:8; Joël 3:4, traduisent à tort par Palestine l'hébreu Pelèshet, qui désigne le territoire des Philistins). Les païens ne connaissaient que la partie extérieure de ce pays; l'intérieur, avec tout ce qu'il renfermait d'excellent, leur était inconnu. Quant à la description de cette contrée bénie,
(Le
mot Palestine signifie littéralement:
terre des géants.)
— Voir: Canaan.
PALMIER,
— Voir: Dattes.
PALTI ou Paltiel,
fils de Laïs, Benjamite de Gallim; pauvre homme à qui Saül fit épouser sa fille Mical, épouse non divorcée de David. On ne sait si Mical consentit à cette illicite union, ni si Paltiel lui-même s'y prêta de bonne grâce, par amour, par ambition, ou par crainte. En tout cas, il finit par éprouver pour la femme de David un vif attachement, et lorsqu'Abner vint la lui reprendre au nom d'Is-Boseth et de son maître, il la suivit longtemps en pleurant, jusqu'à ce qu'Abner impatienté l'eût prié de s'en retourner, 1 Samuel 25:44; 2 Samuel 3:16.
PAMPHYLIE,
Actes 2:10; 15:38; 27:5,
province de l'Asie Mineure, située vers la
mer, bornée au nord par la province d'Asie
et la Phrygie, à l'orient par la Cilicie, à
l'occident par la Lycie: les limites ne
peuvent en être précisées davantage. Le
Taurus la séparait probablement de la
Cilicie: le sol en était varié, montagneux,
fertile, et bien arrosé: l'on y trouvait
quelques villes assez importantes, Attalie
ou Attalée, Perge où Paul et Barnabas
prêchèrent l'Évangile, Actes 13:13; 14:25,
Side, où naquit le pieux Eustathe, évêque
d'abord de Bérée, puis d'Antioche, l'un des
champions les plus décidés du concile de
Nicée contre l'arianisme.
— Les Pamphyliens tiraient leur origine
d'une colonie composée de différentes
nations qui se réunirent après la guerre de
Troie sous deux chefs, Amphiloque et
Calchas; une partie resta avec eux, d'autres
se répandirent dans divers cantons, le reste
se fixa en Pamphylie. Sous les rois de
Syrie, les bornes de cette province
s'étendirent vers le nord, et sous la
domination romaine elle continua tantôt de
s'administrer elle-même, tantôt de partager
les soins de son gouvernement intérieur avec
la Galatie.
PANNAG,
Ézéchiel 27:17. Nos versions parlent du blé de Minnith et de Pannag, faisant ainsi de ce dernier mot un nom de ville ou de lieu, tandis qu'il faut lire: «en blé de Minnith, en pannag, en miel», etc. Le pannag a été expliqué de différentes manières; les rabbins et la Vulgate l'entendent du baume, mais à tort, puisque cette substance est déjà nommée dans le même verset: la version syriaque le traduit par millet, suivant l'analogie de sa langue. Mais il faut avouer que le sens de ce mot ne peut être déterminé, et il faut s'en tenir à une explication générale telle que celle d'Ewald, qui rend pannag par douceurs, friandises, conformément à l'analogie de ce terme avec quelques racines hébraïques (ce serait le même mot qui est traduit délices, ou viandes délicates, Genèse 49:20; Lamentations 4:5; Jérémie 31:34). Si l'on voulait quelque chose de plus précis, on pourrait penser avec Hævernick au nue) de raisins, qui faisait l'un des principaux objets du commerce des Hébreux, et dont l'omission dans notre verset serait sous ce rapport surprenante.
PANTHÈRE,
— Voir: Léopard.
PAON.
On est assez d'accord à
traduire ainsi l'hébreu thukiim, 1
Rois 10:22; 2 Chroniques 9:21, et le malabar
tokei, qui a la même signification,
peut servir à appuyer cette traduction,
admise par les versions caldéenne, syriaque,
arabe, et latine: les Septante ne l'ont pas
exprimée. Salomon, est-il dit dans les
passages cités, faisait venir cet oiseau de
pays éloignés, soit d'Ophir, soit de ports
intermédiaires, soit de l'Inde, d'où il
paraît être originaire, quoique l'on en
trouve aussi de beaux en Babylonie et même
en Afrique. De nos jours, il n'est plus
nécessaire de faire de si longs voyages pour
s'en procurer, mais dans les anciens temps
le paon était non seulement un objet digne
de la cour de Salomon, mais encore un oiseau
excessivement rare au-delà des tropiques,
tellement qu'en Grèce, aux jours de
Périclès, et même sous Alexandre le Grand,
il était, à cause de son beau plumage, d'un
prix excessivement élevé par rapport à ce
qu'il coûte maintenant, et que c'était chose
fort difficile de s'en procurer.
— Sur Job 39:16;
— Voir: Autruche.
— Quelques auteurs ont voulu rendre thukiim
par singes, ou par perroquets, mais ils ne
s'appuient sur aucune raison solide, et
quant aux singes, comme il en est déjà parlé
dans les mêmes passages, cette opinion ne
saurait se justifier.
PAPHOS,
ville de l'île de Chypre, Actes 13:6,13, vis-à-vis des côtes de la Pamphylie. Il s'agit là de la nouvelle Paphos (Bafo ou Bafa), opposée à l'ancienne (Coclia), qui était située à 4 lieues sud-est. Paphos était un port de mer, chef-lieu et résidence d'un proconsul sous les Romains; elle possédait, comme l'ancienne, un magnifique temple de Vénus, dans lequel la déesse était adorée sous la forme d'un cône de marbre blanc; on brûlait l'encens le plus exquis sur ses autels, qui n'étaient jamais rougis du sang des animaux. Détruite sous Auguste par un tremblement de terre, elle fut rebâtie par cet empereur. C'est à Paphos que Paul convertit le proconsul romain Serge Paul, et qu'il frappa d'aveuglement l'enchanteur juif Élymas.
PÂQUE,
l'une des trois grandes fêtes
des Juifs: Son nom, dérivé de l'hébreu
pèsach, passer, signifie passage, soit
qu'on l'entende du passage de l'ange
exterminateur devant les maisons épargnées
des Hébreux, soit qu'il désigne le passage
de la servitude à la liberté, ou la
traversée de la mer Rouge. Quelques auteurs,
en le faisant venir du grec souffrir, ont
voulu y voir une allusion anticipée aux
souffrances du Messie. Cette grande fête
porte encore dans l'Écriture les noms de
fête des pains sans levain, Luc 22:1; jours
des pains sans levain, Actes 12:4; fête des
sept jours, 2 Chroniques 30:21; Ézéchiel
45:21; les pains sans levain, Matthieu
26:17; ou simplement et par excellence, la
fête, Matthieu 26:5; cf. Jean 5:1.
— Le nom de pâque s'applique, soit au
passage de l'ange exterminateur, soit à
l'agneau pascal, soit au repas où on le
mangeait, soit à la fête proprement dite,
soit aux victimes particulières qui
s'offraient pendant la solennité, soit aux
pains sans levain, soit aux différentes
cérémonies qui précédaient ou accompagnaient
les sacrifices, soit enfin à Jésus-Christ
lui-même, qui en a été la réalisation, Jean
1:29; 1 Corinthiens 5:7. Quelques textes peu
clairs s'expliqueront facilement, si l'on a
soin de se rappeler ces diverses
significations et de les distinguer.
La fête de pâque, dont nous trouvons
l'institution Exode 12; Lévitique 23;
Nombres 9; commençait le 15e jour du mois de
nisan, le premier de l'année sainte; elle
était destinée à rappeler l'heureuse
délivrance des Israélites de la servitude
d'Égypte, Lévitique 23:5-8; Nombres
28:16-25; Deutéronome 16:1-8; cf. Ézéchiel
45:21. Elle durait sept jours, à dater du
soir du 14 nisan, Josué 5:10; Esdras 6:22.
Le 1er et le 7e jour étaient
particulièrement solennels; il y avait alors
de saintes congrégations auprès du
sanctuaire, et le peuple devait s'abstenir
de tout travail servile. Le second des sept
jours était le jour des prémices, auquel le
peuple devait offrir au sacrificateur une
poignée des premiers fruits de la moisson.
Voici quelles étaient les différentes
observances dont la célébration de la pâque
se composait ou était accompagnée:
Le soir du 14 nisan, entre les deux vêpres,
on sacrifiait dans le parvis du sanctuaire
un agneau (ou un chevreau) mâle et sans
tare, âgé d'un an; on le rôtissait tout
entier, et on le mangeait dans la ville
sainte, en famille, ou avec quelques amis du
dehors, mais toujours en société, de manière
qu'il n'en restât rien pour le lendemain. On
le mangeait avec des herbes amères, avec des
pains sans levain, dans l'attitude et le
costume de voyageurs, afin de rappeler
toujours la précipitation de la sortie
d'Égypte. Pendant toute la durée de la fête,
il était défendu, sous peine de mort, de
manger d'autre pain que du pain sans levain,
appelé aussi pain d'affliction, Deutéronome
16:3, à cause des souvenirs de servitude
qu'il rappelait; il n'était pas même permis
de garder dans la maison, sans usage, ou
pour un usage quelconque, du pain levé ou du
levain; et, d'après la tradition, il fallait
même tout consommer ou jeter loin dès la
veille. Chaque jour, au nom de la nation, et
pour l'expiation de ses péchés, les prêtres
offraient des holocaustes, deux jeunes
taureaux, un bélier, sept agneaux d'un an,
avec les offrandes non sanglantes qui
devaient les accompagner, et un bouc en
sacrifice pour le péché, Nombres 28:19; cf.
2 Chroniques 35:1. Quelques Juifs offraient
alors aussi des sacrifices particuliers, en
gros ou menu bétail, mâle ou femelle,
Deutéronome 16:2, suivant l'interprétation
rabbinique, à moins que ce passage se
rapporte, comme il nous paraît plus
probable, aux sacrifices généraux dont on
vient de parler. Le second jour, on
apportait la première gerbe mûre, avec un
holocauste à l'Éternel, Lévitique 23:10, et
ce n'est qu'après cette, cérémonie accomplie
que la moisson des blés était officiellement
ouverte.
On a voulu voir quelques contradictions dans
la manière dont l'institution ou le but de
la fête est raconté, Exode 12, entre les
versets 2-13 et les versets 13-20, parce que
les premiers semblent ne la rapporter qu'au
passage de l'ange exterminateur, et les
derniers en font un mémorial de la sortie
d'Égypte. Mais c'étaient deux souvenirs qui
pouvaient, et devaient se lier étroitement
dans l'esprit des Hébreux; d'ailleurs le
sacrifice de l'agneau, qui est un signe
préservateur dans le premier cas, et pour ce
seul as, n'est point annoncé comme devant
être reproduit dans ce sens à l'avenir. La
première pâque avait un but spécial, celui
de sauver les Israélites dans un danger
particulier; l'institution de la pâque en a
eu un second plus général, dérivé du
premier, celui de leur rappeler l'ensemble
de leur délivrance. Dans le premier cas,
c'était le moyen de salut; dans le second,
ce n'était plus qu'un mémorial, et un
mémorial typique. La première pâque n'a pas
été ce qu'ont été celles qui l'ont suivie:
elle n'a duré qu'un soir, et si, dans les
jours suivants, jours de fuite, les
Israélites ont encore continué de manger des
pains sans levain, c'a été l'effet de leurs
circonstances plutôt que d'un ordre divin;
mais. Moïse a fait de cette circonstance une
ordonnance pour les âges futurs, afin de
leur rappeler vivement, par une semaine
d'une nourriture grossière et fade, les
tribulations de leurs pères.
— Ce n'est pas ici le lieu de reproduire,
encore moins de réfuter, ces opinions
égarées qui ont voulu faire de la fête de
pâque une fête de nouvelle année, parce
qu'elle se célébrait vers le milieu du
premier mois, ou une fête de la moisson, ou
encore une fête du printemps, une fête
équinoxiale (Volney, et toute cette école).
Si l'on voulait abandonner le récit
biblique, on comprendrait, en tout cas,
mieux avec Ewald, une fête des moissons,
qu'une fête astronomique chez le peuple
agriculteur des Hébreux.
La signification des mots «entre les deux
vêpres» a été depuis fort longtemps
contestée. Les Caraïtes et les Samaritains
l'entendent de l'espace de temps compris
entre le coucher du soleil et la nuit close;
c'est le dernier crépuscule du jour, le
commencement de la nuit. Aben Esra l'entend
également ainsi. Les pharisiens et les
rabbanites le comprennent, au con traire, du
temps qui s'écoule entre le moment où le
soleil s'incline sur l'horizon, et celui où
il se couche; ce seraient alors les
dernières heures du jour, depuis deux ou
trois heures environ. La première opinion
est rendue plus vraisemblable par
Deutéronome 16:6, et par l'analogie de Exode
29:39; cependant, la dernière avait prévalu
dans le service du temple, et l'heure de la
mort de Christ, trois heures de
l'après-midi, n'a pas été sans influence sur
les théologiens chrétiens pour leur faire
admettre aussi le calcul des pharisiens.
L'extrême fréquentation de cette fête, et le
grand nombre de victimes que l'on y
sacrifiait (il y eut, d'après Flavius
Josèphe, 256,600 bêtes immolées en une seule
fois), faisaient que chacun, pourvu qu'il
fût pur, était autorisé à sacrifier l'animal
qu'il présentait; cela résulte d'ailleurs de
2 Chroniques 30:17. Les prêtres et les
lévites, quoique nombreux, n'auraient pas
suffi à ce travail, et leur ministère aurait
plutôt fait oublier, qu'il n'aurait rappelé
le repas de: famille primitif. On voit
cependant qu'ils ne restaient pas sans
occupation, et qu'une assez grande partie de
l'ouvrage était fait par eux, soit que le
nombre de ceux qui avaient contracté des
souillures, volontaires ou involontaires,
fut considérable, soit aussi à cause de
l'habitude qu'ils en avaient, soit par
d'autres raisons. Le lieu des sacrifices
était dans les parvis du temple; le sang de
l'agneau était reçu par un prêtre qui en
faisait aspersion sur l'autel: les parties
grasses du corps étaient consumées; le reste
de l'animal paraissait ainsi sur la table,
sans qu'aucun de ses os eût été brisé, Exode
12:46; cf. Jean 19:36, et le 16 du mois de
nisan, tout ce qui n'avait pas été mangé
était brûlé. On ne peut donc être surpris
qu'avec de semblables dispositions, la fête
de pâque soit appelée un sacrifice, Exode
12:27; 34:25, etc.
Tous ceux qui étaient circoncis, fussent-ils
même d'origine étrangère, étaient admis au
repas solennel pourvu qu'ils fussent purs,
Exode 12:44,48. Chaque père de famille
devait célébrer la pâque avec les siens;
lorsqu'ils n'étaient pas assez nombreux pour
manger à eux seuls l'agneau tout entier, ils
pouvaient se réunir à d'autres familles;
selon une tradition, le nombre des convives
ne pouvait pas être inférieur à dix. Les
femmes y prenaient part également, mais,
d'après la Gemara, elles n'y étaient pas
obligées comme les hommes. Les Caraïtes n'y
laissent participer que les adultes hommes,
à l'exclusion des enfants et des femmes. Les
Israélites qui ne résidaient pas à
Jérusalem, avaient le droit d'y demander
gratuitement une chambre préparée pour y
faire la pâque (cf. Matthieu 26:18); ils
abandonnaient au propriétaire en échange de
son hospitalité, la peau de l'agneau et les
vases de terre dont ils s'étaient servis.
Mais le nombre des visiteurs, pendant la
fête, était trop considérable pour que tous
pussent trouver des chambres dans la ville,
et la plupart dressaient leurs tentes et
mangeaient la pâque en dehors des murs de
Jérusalem, comme font de nos jours encore
les pèlerins mahométans autour de la Mecque.
L'agneau pascal devait être rôti au feu, et
non point cuit ou bouilli, apparemment parce
que c'est la manière la plus expéditive et
la moins compliquée, de préparer la viande,
par conséquent celle qui rappelait le mieux
la hâte du premier voyage. Quant à
l'assaisonnement d'herbes arrières,
les commentateurs ne sont pas d'accord sur
le sens de cette expression; les Septante et
la Vulgate traduisent par laitues sauvages,
endives, (lactucæ agrestes), et les
Juifs d'Égypte et d'Arabie confirment de nos
jours encore par leur pratique, cette
interprétation. Un Talmud énumère diverses
espèces de plantes, la chicorée, la
pariétaire, l'ortie, etc., d'autres
l'entendent même de la moutarde. Il était,
du reste, assez ordinaire en Égypte, comme
parfois aussi dans nos contrées, de manger
quelques herbes amères et aromatiques avec
le pain ou la viande (Aben Esra).
On trouve dans les Targums quelques détails
sur le service et le rituel du repas, rituel
conservé par les Juifs actuels en beaucoup
d'endroits. Quatre coupes de vin,
ordinairement de vin rouge, étaient remplies
et faisaient le tour des convives, chaque
coupe étant accompagnée d'une parole
d'action de grâces. À la seconde, le père
racontait à son fils, sur sa demande,
l'histoire de l'institution primitive de la
fête, Exode 12:26; sq., puis on entonnait le
grand Hallel, les Psaumes 113-118. Suivait
la troisième coupe, qui était appelée par
excellence la coupe de bénédiction, cf. 1
Corinthiens 10:16; on entamait alors
l'agneau pascal, et l'on continuait le chant
de l'Hallel jusqu'à ce que la quatrième
coupe fût vidée. Quelquefois on en
remplissait une cinquième, et pendant
qu'elle circulait, on chantait encore les
Psaumes 120-137. On peut lire dans Calmet
quelques détails de plus, extraits des
ouvrages rabbiniques.
Les pains pouvaient être faits de farine de
blé, d'orge, d'avoine, ou d'épeautre;
peut-être étaient-ils le plus ordinairement
pétris de farine d'orge, comme celle qui a
été le plus anciennement et le plus
communément en usage; mais on a eu tort d'en
faire une règle générale, et surtout de le
conclure du rapport accidentel qui se trouve
entre leur nom hébreu mazzoth et le
latin massa.
Lorsque par suite d'une souillure
cérémonielle, ou pour n'être pas arrivés à
temps à Jérusalem, quelques Israélites
n'avaient pu célébrer la fête le 14 nisan,
ils devaient la célébrer le quatorzième jour
du mois suivant, Nombres 9:11. Les
talmudistes appellent cette solennité
tardive la petite pâque, et disent qu'alors
il n'était pas défendu d'avoir du levain
dans la maison, et que le chant des Hallels
n'était pas absolument nécessaire. On trouve
sous le règne d'Ézéchias un exemple de cette
pâque tardive, 2 Chroniques 30:2-15.
C'est au soir du 15 nisan que des délégués
du sanhédrin allaient désigner dans un champ
voisin de Jérusalem, la gerbe des prémices,
et dans la nuit du 16 on venait la couper et
la porter dans la cour du temple. Là on
battait les grains, on les froissait au
moyen d'une meule à bras, on tamisait treize
fois de suite la farine ainsi obtenue, et
l'on en faisait une offrande tournoyée de la
dixième partie d'un épha, mêlée d'huile et
d'encens, dont une poignée était jetée sur
l'autel, et le reste était consommé par les
prêtres. L'institution primitive, racontée
Lévitique 2:14, était un peu différente de
celle que suivirent les Juifs plus tard; les
grains étaient rôtis au feu suivant
l'ancienne coutume.
L'usage rappelé Matthieu 27:15; Luc 23:17;
Jean 18:39, de relâcher un prisonnier le
jour de la fête, quel que fût celui que le
peuple demandât, n'est prescrit ni même
mentionné nulle part ailleurs. Quelques
auteurs, comme Grotius, veulent y voir un
usage emprunté des Romains qui, à certaines
fêtes, aux bacchanales, aux lectisternia,
etc., avaient l'habitude de mettre en
liberté quelques prisonniers, souvent même
tous; les Grecs avaient en plusieurs de
leurs fêtes un usage semblable. Selon
d'autres, et Olshausen paraît pencher vers
cette opinion, c'était une coutume juive que
l'on cherche à faire dériver de l'idée
primitive de la pâque, qui était un
affranchissement. On peut concilier les deux
sentiments en admettant que les Romains,
maîtres de la Palestine, avaient introduit
cet usage pour tempérer l'extrême rigueur du
code criminel des Juifs, et qu'ils avaient
profité, pour le faire, des souvenirs
nationaux qui s'y rattachaient dans l'esprit
des Hébreux. Cette coutume n'a de surprenant
que l'usage qui en a été fait dans cette
circonstance spéciale, car du reste, chez
presque toutes les nations, en Orient et en
Occident, il est assez d'usage lors de
certaines fêtes, à la naissance d'un prince,
ou à son avènement, de proclamer une
amnistie partielle ou entière, mesure tout
ensemble de politique et de générosité.
C'est une question qui n'est point encore
résolue que celle de savoir si notre Sauveur
a célébré la pâque légale et judaïque la
dernière année de sa vie. Les trois premiers
évangélistes semblent la décider
affirmativement, Matthieu 26:17; Marc 14:12;
Luc 22:7, tandis que Jean 13:1; appuie
fortement le sentiment opposé. Sans entrer
ici dans l'examen d'une question qui ne nous
a pas paru résolue, nous indiquerons, comme
résumant la discussion, les trois hypothèses
principales.
-
L'ancienne église grecque admettait, de même que plusieurs modernes, entre autres Lamy, que Jésus, n'avait pas célébré la pâque juive, mais qu'il l'avait comme anticipée en la faisant dans un repas particulier, pour être offert lui-même le lendemain, 14 nisan, comme le véritable agneau pascal. Cette opinion, fondée sur saint Jean, est en contradiction avec les termes des trois autres évangiles.
-
Selon d'autres,
— Voir: Calmet, Dict. III, 546,
Jésus a bien fait la pâque, mais il ne l'a pas célébrée en même temps que les autres Juifs, soit que prévoyant que la méchanceté de ses ennemis lui enlèverait avant le soir du 14 nisan la liberté de se réunir avec ses disciples pour manger l'agneau pascal, il ait en sa qualité de Messie, choisi la veille, le 13, pour faire ce repas; soit au contraire que Jésus, conformément au texte de la loi, ait célébré la fête le soir du 14 nisan, tandis que les Juifs l'auraient renvoyée au lendemain soir, 15 du mois, vendredi, peut-être pour une plus grande exactitude astronomique, et sur les calculs de leur calendrier; c'est l'opinion de Cyrille d'Alex., Chrysostôme, Épiphanes, etc. Ils appuient entre autres sur ce qui est dit, Luc 22:7, que c'était le jour où il fallait sacrifier la pâque, voyant dans ces paroles une présomption que ce n'était pas le jour où on l'avait fait.
-
Enfin ceux qui pensent que Jésus a célébré la pâque juive en même temps que les Juifs, admettent, les uns, que la fête avait été renvoyée du 14 au 15 nisan, et que le 14 (vendredi), qui commençait la veille au soir (jeudi), n'avait été que la préparation de la fête dans laquelle on avait mangé l'agneau pascal, Jean 19:14; explication qui est presque généralement rejetée; les autres donnent aux expressions manger la pâque et préparation de la pâque, Jean 18:28; 19:14, un autre sens que celui dans lequel on les prend ordinairement, expliquant la première de l'un ou de l'autre des différents sacrifices journaliers qui se faisaient dans le courant de la semaine sainte, et la seconde de la préparation qui se faisait la veille du sabbat de pâque: explications un peu dures et contraires à l'usage général.
Au milieu de ces incertitudes, il paraît
plus vraisemblable que Jésus n'a pas fait la
pâque avec ses disciples, d'autant plus que
s'il l'eût faite, il eût agi contre les
observances juives en quittant le même soir,
pendant la nuit, la maison et la ville de
Jérusalem, Matthieu 26:30; Marc 14:26; Luc
22:39
— Voir: sur cette question le
commentaire d'Olshausen sur la Passion de
notre Seigneur, d'après les quatre
évangélistes, traduit de l'allemand par le
professeur Chappuis.
Quoi qu'il en soit, du reste, la pâque
chrétienne à succédé à la pâque juive; elle
a pris sa place dans l'année et dans le cœur
de ceux qui ne sont plus sous la loi, mais
sous la grâce. Il n'importe pas que
Jésus-Christ l'ait célébrée ou indiquée
avant sa mort; il l'a fondée par sa mort,
comme cela ressort non seulement de cette
parole de l'apôtre: «Christ, notre pâque, a
été sacrifié pour nous», 1 Corinthiens 5:7,
mais encore des rapports évidents et
nombreux qui ont fait de son sacrifice
l'accomplissement perpétuel de ceux qui
devaient être offerts par les Juifs. Π
serait trop long d'énumérer ici tous ces
rapports entre le Christ et l'agneau pascal,
de même que ceux que les auteurs sacrés font
ressortir entre le sacrifice de Christ et la
pâque:
— Voir: Moïse sans voile, par Des
Bergeries, p. 112; sq., 219; sq..
Il ressort aussi de l'institution de la
Cène, soit qu'elle ait eu Heu le 14 nisan,
ou le 13, qu'elle était destinée à rappeler
le souvenir de la mort de Christ, et qu'elle
avait sous ce rapport une signification
pascale, réelle, mais plus étendue et moins
cérémonielle que la fête proprement dite. La
Cène est une pâque réitérée et fréquente;
elle est la commémoration de la mort de
celui qui est notre pâque, et ce souvenir
doit accompagner la pensée du chrétien, non
seulement dans la grande solennité que
l'Église a consacrée, mais dans toutes les
occasions où il s'approche de la table du
Seigneur. Il se rappelle alors qu'il a été
délivré comme le Juif, mais d'une servitude
plus terrible, mais par un sang plus
précieux, mais pour un avenir de joies plus
grandes, plus sûres, plus durables, pour la
sainteté et pour la vie éternelle.
Rappelons encore, en terminant, les
querelles qui éclatèrent dans les premiers
siècles de l'établissement du christianisme,
entre les évêques orientaux et les
occidentaux, sur le jour auquel il fallait
célébrer la pâque. Les orientaux voulaient
s'en tenir à l'usage que leur avaient légué
saint Jean et les apôtres, de la célébrer le
quatorzième jour de la lune de mars; les
occidentaux la célébraient le dimanche qui
suivait. Polycarpe et Anicet eurent sur ce
point des conférences qui n'aboutirent à
aucun résultat, l'évêque de Rome ne voulant
pas se plier à l'usage apostolique, et
Polycarpe ne voulant pas y renoncer. Plus
tard, Victor 1er (196) envenima la
discussion, et rompit la communion avec les
évêques d'Orient; Irénée, évêque de Lyon,
réussit à faire entendre raison au pape, qui
rétracta ses mesures anti-chrétiennes. Les
deux Églises ont dès lors continué
d'observer leurs jours particuliers.
PARA,
ville de Benjamin, Josué 18:23.
PARADIS,
nom grec du jardin placé
en Éden, et dont Dieu avait fait
l'habitation bénie du premier homme, Genèse
2:8; 3:8,23; 4:16. L'Écriture nous dit qu'un
fleuve sortait du pays d'Éden, pour arroser
le paradis, et que de là il se divisait en
quatre têtes, le Pison, le Guihon, le
Hiddekel et l'Euphrate: quelques détails
généraux sur chacun de ces fleuves, et la
circonstance qu'Éden était en Orient, sont
tout ce que nous savons sur ce jardin, tout
ce qui peut diriger les recherches des
commentateurs, des théologiens, et des
historiens. Malgré ce peu de données, malgré
leur peu de précision, des travaux immenses
et presque inutiles ou sans résultat, ont
été entrepris pour essayer de déterminer
avec autant de certitude que possible quel
était le pays d'Éden, ou quel était
l'emplacement du paradis, car Ces deux
questions se confondent, et la première est
presque toujours absorbée par la seconde,
qui seule a de l'intérêt. Calvin, Huet,
Bochart, Morin, Grotius, Hottinger,
Rosenmuller et Gesenius, doivent être
comptés au nombre de ceux qui ont fait sur
ce sujet les travaux les plus consciencieux;
mais la fréquente divergence de leurs vues
de détail, et les résultats différents
auxquels ils sont arrivés, disent
suffisamment qu'une base sûre nous manque,
et si l'on continue de s'occuper de cette
recherche, c'est à cause de l'intérêt qui se
rattache à l'examen même de la question,
plutôt que dans l'espérance de la résoudre;
le déluge qui nous sépare de l'ancien monde,
et qui a doublement bouleversé la face du
globe, est la plus sûre garantie de la
complète inutilité de toutes les recherches.
Plusieurs systèmes ont été examinés à
l'article Création, q.v., et l'auteur a
développé le sien de manière à ne laisser
aucun doute dans l'esprit de ceux qui dans
cette question consentiront à se décider, et
à le faire en rompant avec les traditions
scientifiques du passé.
Dans le présent article, nous nous bornerons
à exposer brièvement l'opinion généralement
admise. Ce qui a été dit aux articles
spéciaux sur les quatre fleuves et sur les
pays qu'ils parcourent, a déterminé en
quelque sorte la position du paradis. On
ajoute:
-
que Moïse ne nous présente pas une géographie mythique; il ne parle pas non plus, comme le voudrait Leclerc, d'une contrée qu'il regarde comme perdue, ou qui ne puisse être retrouvée: il parle à ses contemporains, et il veut leur faire connaître la contrée où a été le premier séjour des hommes nouvellement créés; ainsi que le dit Calvin: Topographiam suam Moses ad suæ ætatis tractum accommodavit; non seulement il indique des pays et des fleuves connus, l'Euphrate, l'Assyrie, mais à mesure qu'il parle d'objets plus éloignés, il y ajoute plus d'attributs pour mieux caractériser la contrée.
-
En suivant les indications que donne Moïse, l'Euphrate et le Tigre nous renvoient au plateau de l'Arménie; c'est dans le voisinage du mont Ararat qu'ils prennent leur source, et c'est dans la même contrée aussi que naît l'Araxe que l'on prend pour le Guihon, de même que le Phasis ou Pison. Ce pays est très fertile, et riche sous tous les rapports; il y a plusieurs lacs entre les montagnes, des cimes couvertes de neiges éternelles, des traces d'éruptions volcaniques. Cette manière de voir est entièrement celle de Re-land et de Calmet, en grande partie celle de Jahn, Winer, etc.
-
Si l'on demande maintenant où est ce pays d'Éden, où ce fleuve qui arrosait le jardin, où ce jardin lui-même, où la source commune de ces quatre fleuves qui aujourd'hui sortent bien d'un même plateau, mais non du même bassin, il faut répondre que ce sont précisément ces choses qui ont été détruites. Moïse lui-même parle du chérubin qui défend l'entrée du paradis, il nous raconte le déluge qui a passé par-dessus toutes les hauteurs de la terre; il n'a donc pas voulu nous dire que le pays puisse encore être trouvé. Le paradis n'existe plus, les fleuves coulent encore. L'aveu que nous faisons pour l'ensemble de la question, l'on est obligé de le faire au moins pour les détails, et l'on compromet ainsi ce qu'on avait cru prouver d'abord.
-
Parmi un grand nombre d'opinions sur la situation du paradis, dont la plupart ne méritent pas d'être réfutées, nous mentionnerons cependant encore celle de Calvin, Grotius, Huet, Bochart, qui le placent dans la Babylonie; les quatre fleuves sont alors le Tigre, l'Euphrate, et deux sources du Shat-al-Arab.
Les auteurs arabes ont conservé en la modifiant la tradition biblique; leurs quatre fleuves sont le Tigre, l'Euphrate, le Dschi-Houn (Oxus des anciens), et le Sinon (Iaxartes): ce sont les quatre plus grands de l'Asie, l'Indus et le Gange exceptés.
— D'après le Zend Avesta le paradis, la pure Ivan, serait situé dans ce que nous appelons aujourd'hui Érivan, où coulent encore les fleuves Khur et Arass: une partie de ce paradis, dans laquelle est né Zoroastre, s'appelle Éden, qui signifie dans la langue pehlvi lieu de repos. Les Arméniens sont persuadés que le paradis était situé près de l'Ararat, sinon même sur son penchant méridional, et le couvent d'Etschmiatsim aurait été, selon quelques-uns, construit sur le lieu même de son emplacement.
PARALYSIE,
maladie assez connue et assez
fréquente, qui consiste dans le relâchement
des muscles de certaines parties du corps,
et dans l'incapacité pour le patient de se
servir librement et à sa volonté des membres
ainsi attaqués: malgré cette affection
musculaire les organes conservent en général
la circulation du sang, la chaleur animale,
et leurs sécrétions particulières. La
paralysie frappe les bras, les jambes, la
langue, les yeux, etc., souvent en suite
d'une attaque d'apoplexie. Elle n'est du
reste généralement accompagnée d'aucune
douleur autre qu'un léger picotement facile
à supporter. Sa guérison est toujours
difficile: les frictions, et les remèdes
électriques sont au nombre des moyens dont
on se sert avec le plus de succès.
— Les anciens connaissaient, ou plutôt
distinguaient, une autre espèce de
paralysie; les muscles au lieu d'être
relâchés, sont excessivement tendus, et
n'obéissent plus à la volonté de leur
maître, mais ils n'en sont pas moins dans
une activité constante et convulsive; c'est
à cette classe qu'appartiennent la
catalepsie, l'épilepsie, et les différents
genres de tétanos, tous accompagnés de
violentes douleurs. Le Nouveau Testament
nous présente plusieurs exemples de ces
maladies, et c'est peut-être dans cette
dernière espèce qu'il faut ranger la
paralysie dont il est parlé Matthieu 8:6,
ainsi que le font divers auteurs qui
l'entendent du tétanos, maladie moins rare
dans les pays chauds que chez nous, et si
douloureuse qu'elle précipite rapidement et
presque inévitablement dans le tombeau, tous
ceux qu'elle atteint; le tétanos est
cependant moins fréquent encore en Orient
que dans l'Afrique, qui paraît être sa
patrie originaire. On a voulu reconnaître
aussi le tétanos emprosthetonus dans la
maladie mentionnée Luc 13:11; elle consiste
dans un raidissement des muscles du cou,
accompagné d'une courbure générale du corps
d'arrière en avant; d'autres ont cru qu'il
s'agissait là d'une autre espèce de maladie,
peut-être de douleurs rhumatismales; les
médecins varient beaucoup sur ce qu'ils
entendent par paralysie dans la Bible, mais
il est constant que dans la plupart des cas,
il s'agit de véritables paralysies.
— La main sèche de Jéroboam,
1 Rois 13:4, et celle dont il est parlé
Matthieu 12:10; Marc 3:1, n'étaient
apparemment autre chose que des membres
paralysés; Ackermann pense que dans le cas
de Jéroboam il est question d'une affection
tétanique.
PARAN, ou plutôt Pharan,
désert situé au sud de la
Palestine, Genèse 21:21; cf. verset 14,
entre ce pays et l'Égypte. Les Israélites y
passèrent pendant le voyage du désert, après
qu'ils eurent quitté les solitudes du Sinaï,
trois jours après avoir quitté la montagne
même sur laquelle la loi leur avait été
donnée, Nombres 10:12,33. C'est peut-être
aussi à cause de ce souvenir que le nom de
Paran est resté attaché à celui du Sinaï,
Deutéronome 33:2, d'autant plus que le mont
de Paran était, selon toute apparence,
attenant à la chaîne du Sinaï, cf. Habacuc
3:3. On a cru retrouver Paran dans le Wady
Feiran, belle et fertile vallée, arrosée
d'un ruisseau qui déborde quelquefois, et
renfermée entre des montagnes hautes et
escarpées (Shaw, Niebuhr); mais cette
vallée, proche du Sinaï, est située au
nord-ouest, tandis que celle de Paran était
située entre le Sinaï et la Palestine, du
côté de la frontière iduméenne, et Makrizi
(— Voir: Burckhardt) distingue
positivement le Paran biblique du Wady
Feiran. Il est plus probable qu'une trace de
Paran se trouve dans la mention que font
Eusèbe et saint Jérôme d'une ville de
Pharan, située à trois journées nord-est
d'Élana.
— Voir: aussi Flavius Josèphe, Guerre
de Jud. 4, 9; 4.
— Quant à la ville de Phara, située sur les
rives de la mer Rouge, et mentionnée par
Ptolémée, elle se rapporterait plutôt à la
vallée de Feiran qu'au désert de Paran.
Ce désert est fréquemment nommé dans
l'Écriture sainte; ses confins furent
ravagés par Kédor-Lahomer. Agar s'y retira,
Israël le traversa, et de là Moïse envoya
les espions en Canaan; David y séjourna
quelque temps, Hadad y passa lorsqu'enfant
on le conduisit en Égypte.
— Voir: Genèse 14:6; Nombres 13:4,27;
1 Samuel 25:1; 1 Rois 11:18, etc.
PARENTS.
Ce nom désigne, en premier
lieu, les pères et mères; il s'applique
ensuite à toutes les personnes unies par un
même sang, même à des degrés fort éloignés.
En ordonnant aux enfants d'honorer leurs
parents, Exode 20:12, l'Écriture leur a
imposé non seulement le respect extérieur,
ou même l'obéissance, mais encore le devoir
de les nourrir, de pourvoir à leurs besoins,
de les assister dans toutes les
circonstances où ce pourra être nécessaire.
Une tradition cléricale avait essayé de
détourner cet honneur et cette assistance au
bénéfice des prêtres, en établissant que les
dons faits au clergé pouvaient remplacer,
pour les enfants, les devoirs auxquels la
loi les obligeait envers leurs parents; les
clergés sont toujours les mêmes: le Sauveur
condamne cette interprétation annihilante de
la loi, Matthieu 15:5-6.
— Voir: Corban.
Les mariages entre parents, à un certain
degré, étaient défendus par la loi,
Lévitique 18; ainsi un Israélite ne pouvait
épouser ni sa mère, ni sa belle-mère, ni sa
sœur de père ou de mère, ni sa fille, ni sa
petite-fille, ni la fille de la femme de son
père, ni sa tante, ni la femme de son oncle
paternel, ni sa belle-fille, ni la femme de
son frère (à moins que celui-ci fût mort
sans enfants), ni à la fois, ou
successivement, une mère et sa fille ou
petite-fille, ni la sœur de sa propre femme
pendant la vie de celle-ci. Les quatre vers
suivants renferment tous les degrés
prohibés:
Nata, soror, neptis, matertera fratris et uxor,
Et patrui conjux, mater, privigna, noverca,
Uxorisque soror, privigni nata, nurusque,
Atque soror patris, conjungi lege vetantur.
PARFUMS,
— Voir: Onction.
PARJURE,
— Voir: Serment (faux).
PARMÉNAS, l'un des sept premiers diacres de l'église de Jérusalem, Actes 6:5. Épiphanes le compte an nombre des soixante-dix disciples.
PARPAR,
— Voir: Abana.
PARTHES,
Actes 2:9. Il s'agit
probablement dans ce passage de Juifs
domiciliés chez les Parthes, et
momentanément en séjour à Jérusalem.
— La Parthie ou Parthiène était, dans
l'origine, sous les rois de Perse et sous
les successeurs d'Alexandre, un canton ou
une province subordonnée à l'Hyrcanie, qui
la bornait à l'ouest; la Margiane faisait la
frontière orientale. Les Parthes, chassés de
la Scythie (leur nom même signifie bannis
en langue scythique), vinrent s'établir dans
les solitudes voisines de l'Hyrcanie,
couvertes de forêts et de montagnes, pays si
pauvre qu'il ne pouvait pas nourrir les plus
petites armées. Ces bannis s'accrurent
bientôt à tel point, qu'ils furent en état
de s'emparer des plaines les plus étendues
et des vallées les plus profondes. Ils
étaient adonnés à l'ivrognerie et à
l'impureté; les mariages incestueux
n'étaient pas un scandale dans leurs mœurs,
mais ils avaient horreur du mensonge. Leur
manière de tirer de l'arc par derrière, en
se retirant, rendait souvent leur fuite plus
dangereuse que l'attaque. C'est à cheval
qu'ils combattaient, à cheval encore qu'ils
se rendaient aux repas où on les invitait;
ils ne mangeaient que des viandes de bêtes
prises à la chasse. Par leur élévation à
l'empire d'Orient, le canton resserré qu'ils
habitaient prit une plus grande extension,
et s'étendit jusqu'aux Portes Caspiennes,
ayant pour capitale Hecaton-Pyles (les cent
portes), qui appartenait à l'ancienne Médie.
Après la révolte d'Arsaces, des troubles qui
s'élevèrent dans les autres états du roi de
Syrie, laissèrent à l'usurpateur le temps de
s'affermir dans sa nouvelle domination.
Séleucus-Callinicus ayant tenté un dernier
effort, fut battu et fait prisonnier dans
une grande bataille, 230 avant J.-C. Peu à
peu ce grand empire s'étendit dans toute
l'Asie, et finit par se rendre redoutable
aux Romains. Il dura plus de quatre siècles
sous les successeurs d'Arsaces, qui prirent
le nom d'Arsacides; cette dynastie finit
l'an 223 de l'ère chrétienne, avec Artaban
IV, qui fut détrôné par Artaxercès 1er,
petit-fils de Sassan, qui donna le nom de
Sassanides à la dynastie nouvelle.
PARVAÏM,
2 Chroniques 3:6, contrée qui fournissait un or particulièrement estimé. Plusieurs auteurs regardent ce nom comme synonyme d'Ophir, et cette opinion se recommande lé mieux, si l'on n'admet pas celle de Gesenius, qui, d'après; l'analogie du sanscrit, prend Parvaïm: dans la signification générale d'Orient, Levant; on disait alors l'or du Levant,: comme nous disons le fer du Nord, pour dire de bon or, de bon fer.
PARVARIM,
2 Rois 23:11, faubourg situé à l'occident du temple, cf. 1 Chroniques 26:18. Néthanmélec y demeurait près de l'écurie sacrée des chevaux du soleil.
PAS,
2 Samuel 6:13, la plus petite des mesures de distance. On l'évalue ordinairement à cinq pieds géométriques. Le stade comptait 125 pas, et la lieue 2,500 ou 3,000.
PASDAMMIM,
1 Chroniques 11:13, appelé aussi Éphes Dammim, ou frontière de Dammim, 1 Samuel 17:1, localité inconnue, de la tribu de Juda; c'est près de là que David et Goliath se rencontrèrent.
PASHUR,
-
Sacrificateur, et fils ou descendant d'Immer, était sous Jéhojakim prévôt et directeur de la maison de l'Éternel: cette charge paraît avoir compris entre autres la police du temple, et le soin de prévenir les désordres parmi la foule qui s'assemblait dans le parvis, Jérémie 20:1-6. Faux prophète, et de la faction opposée à Jérémie, il fit enfermer le prophète, qui rendait ses oracles dans le parvis du temple; Pashur outrepassait les limites de sa compétence, il se faisait juge quand il n'était qu'inspecteur. Le lendemain, sentant peut-être qu'il s'était compromis par une mesure trop inique, et par un abus de pouvoir, il rendit la liberté à Jérémie, qui répondit à ses brutalités par un oracle de châtiments. «L'Éternel ne te nomme plus Pashur (sûreté de tous côtés), mais Magor-missabib (frayeur tout à l'entour).» Et il lui annonça la fin de sa prospérité, et des jours de trouble et de tribulations. Nous ignorons comment cette prédiction s'accomplit, car son nom ne se retrouve plus, pas même parmi ceux des premiers sacrificateurs qui furent emmenés à Riblah, où Nébucadnetsar les fit mettre à mort, 2 Rois 25:18. On présume qu'il fut du nombre de ceux qui furent transportés à Babylone sous le roi Jéhojachin. Le Guédalia nommé Jérémie 38:1, était probablement son fils, et partageait sa haine contre le prophète. Ses descendants (fils d'Immer) revinrent de la captivité, 1 Chroniques 9:12. Malgré sa charge ecclésiastique, Pashur apparaît essentiellement revêtu d'un caractère civil, et dans le civil il représente la brutalité d'un absolutisme impie et incrédule, absolutisme démagogique, aristocratique, ou clérical, peu importe, car c'est presque partout le même.
-
Fils de Malkijah, et l'un des serviteurs de Sédécias, Jérémie 21:1; 38:1. Il vint demander avec Sophonie, au nom de son maître, des oracles à Jérémie, n'obtint de lui que des réponses de malheur, et se joignit plus tard à ses ennemis. On peut croire que le Pashur dont un arrière-petit-fils revint de l'exil, Néhémie 11:12, est le même que celui dont nous parlons; cependant le Pashur de Néhémie était sacrificateur, et Jérémie qui n'omet guère de mentionner la charge ecclésiastique des personnages dont il parle, ne dit rien de cette circonstance.
PASSEREAU,
Luc 42:6; Matthieu 10:29;
— Voir: Moineau.
PATARA,
ville maritime de l'Asie-mineure, à 4 l, sud de Xanthus, à l'ouest de l'embouchure du fleuve de ce nom. Saint Paul y aborda en venant de Rhodes, Actes 21:1. Elle appartenait à la Lycie. Apollon y possédait un temple célèbre dans lequel il rendait des oracles pendant les six mois de l'hiver, passant l'été à Délos. Patara se rendit à Brutus à discrétion. Quelques ruines s'en trouvent encore près du bourg de Scamandre.
PATHROS
est évidemment, d'après Ézéchiel 29:14; 30:14, une partie de l'Égypte, et spécialement de la Haute Égypte, la Thébaïde, ou le pays du midi, comme l'appelle Champollion, l'Ég, sous les Phar. II, 187. La circonstance que Pathros est cité à côté de Mitsraïm, Jérémie 44:15; Ésaïe 11:11, ne prouve pas que ce soient deux pays distincts, mais établit plutôt, en réunissant ces noms, qu'il désignent deux parties séparées du même pays. Cette opinion est confirmée encore par le fait que les Pathrusim, qui étaient probablement les habitants de Pathros, sont comptés parmi les descendants de Mitsraïm.
PATMOS,
Apocalypse 1:9, rocher nu et stérile de la mer Égée, au sud-est d'Icaria: cette île, l'une des Sporades, n'est connue que pour avoir été le lieu d'exil de l'apôtre saint Jean; on montre encore dans la baie de Nestia la grotte dans laquelle il doit avoir reçu ses révélations.
PATRIARCHES.
Ce nom, dont la signification
revient en grec à celle de chef de famille,
est employé dans cette signification
générale en parlant de David et des fils de
Jacob dans le Nouveau-Testament, Actes 2:29;
7:8-9. Dans un sens plus restreint, il
désigne les fondateurs de la nation juive,
et les pères du genre humain, ou plutôt
parmi eux et d'une manière plus
particulière, ceux qui appartiennent à la
ligne directe dans laquelle se sont
perpétuées les promesses, ainsi, parmi les
enfants d'Adam, la ligne de Seth, parmi ceux
de Noé, la ligne de Sem, parmi ceux d'Héber,
celle des Hébreux, Tharé, Abraham, Isaac,
etc. Ordinairement, et, d'après une espèce
de convention tacite mais universelle, on
regarde Jacob comme le dernier des
patriarches. Dans ce sens, le Nouveau
Testament ne donne ce nom qu'au seul
Abraham, Hébreux 7:4.
Leur histoire, que l'on trouvera sous chaque
article particulier, ne peut nous occuper
ici, nous nous bornerons à quelques
observations sur le grand âge auquel ils
sont tous parvenus, problème tout ensemble
de physiologie et de chronologie, qu'il ne
s'agit du reste pas de résoudre, mais
d'expliquer. La moyenne de leur vie depuis
Adam jusqu'à Noé, Énoch excepté, est de 900
ans; depuis Sem dont les jours ne sont plus
que de 600 ans, la vie des patriarches va en
diminuant: Joseph meurt à 110 ans.
— Quelques rapprochements ont de l'intérêt:
un seul homme sert de chaînon entre la
création et le déluge, entre Adam et Noé,
c'est Méthusélah qui a vu l'un et l'autre,
qui a vécu 243 ans avec le premier et 600
ans avec le second; ou bien Énos, petit-fils
d'Adam, qui a vécu 695 ans avec son aïeul,
et 84 ans avec Noé; ou bien encore Kénan,
Mahalaléel, Jared, qui tous ont vu le
premier et le dernier homme de l'ancien
monde, ces trois derniers ayant vécu avec
Noé 179, 264 et 366 ans. Dans le nouveau
monde, Noé vit encore 128 ans avec le père
d'Abraham, et ne meurt que 2 ans avant ce
patriarche, de sorte qu'entre Adam le père
des hommes, et Abraham le père des croyants,
pour un espace d'environ 21 siècles, nous ne
trouvons que trois chaînons nécessaires,
Seth, Noé, et Tharé. De ces longues vies, et
de ces synchronismes si étendus, il résulte
évidemment une très grande sûreté pour les
traditions historiques, de grandes garanties
pour l'exactitude de l'histoire des premiers
temps.
La longévité des patriarches a trouvé bien
des incrédules, et ceux qui, respectant
l'autorité de l'Écriture, désirent n'en
admettre que ce qu'ils veulent croire, ont
cherché à concilier leur respect avec leur
raison ou leurs habitudes. De là,
quelques-uns ont entendu de familles
entières les chiffres qui indiquent l'âge
des patriarches; idée malheureuse, car on ne
peut pas dire que la famille d'Adam se soit
éteinte au bout de neuf cent trente ans; que
la famille d'Énoch ait été enlevée tout
entière pour être avec Dieu; que la famille
de Noé, outre ses trois fils, soit entrée
dans l'arche, etc. On a donc cru faire
quelque chose de plus raisonnable en
diminuant la longueur des années, et on les
a prises pour des mois; mais cette hypothèse
arbitraire, que rien ne justifie, amène le
résultat ridicule de Mahalaléel ou de Hénoc,
pères de famille à l'âge de cinq ans et
demi. Il a donc fallu allonger un peu ces
années d'un mois, et on les a faites de
trois mois; mais, d'après ces calculs, on
arrive déjà à des vies de plus de deux
siècles, ce qui répugne moins sans doute,
mais toujours un peu, à ceux qui veulent que
ce qui est maintenant ait toujours été;
d'ailleurs l'histoire du déluge, avec ses
douze mois de trente jours, Genèse 7:11,24;
8:3-5,13-14, renverse complètement toute
hypothèse de cette nature. On n'a donc que
le choix d'accepter les chiffres avec leur
valeur historique, ou de les considérer
comme les rêves mythiques des premiers
poètes qui ont composé les origines du monde
et les premiers temps du genre humain.
— La seule objection qu'on élève contre le
grand âge des patriarches, et contre le
récit biblique, n'est véritablement pas
sérieuse; on n'arrive plus de nos jours,
dit-on, à une pareille vieillesse, on n'y
est donc jamais parvenu. Mais on ne trouve
plus maintenant non plus le mammouth, ni
l'iguanodon avec ses 20 mètres de longueur,
ni la bête de l'Ohio qui était plus grande
que l'éléphant, et avait des défenses de
plus de 4 mètres de longueur, ni cette
espèce de cerfs dont le crâne pesait 40
kilogrammes, et dont le bois, avec ses
ramifications, comptait ο mètres. Et si le
règne animal, avant le déluge, avait des
proportions parfois colossales, et
supérieures à celles auxquelles il a été
réduit dès lors, qu'y aurait-il d'étrange à
ce que la race humaine elle-même eût
participé à ces proportions plus fortes, à
cette constitution plus robuste, à cette vie
plus longue? Ce n'est pas, du reste, que
nous voulions rattacher la longévité à un
plus ou moins grand développement physique
de la taille de l'homme. Faisant abstraction
de l'action de Dieu, qui a certainement dû
intervenir pour faciliter un rapide
accroissement de la population du globe, et
le maintien des vérités traditionnelles, on
peut comprendre qu'une vie dont la longueur
nous surprend, fût le partage d'hommes chez
qui la sève de la création, si l'on peut
s'exprimer ainsi, avait encore quelque chose
de sa force première; d'hommes qui vivaient
dans un milieu plus pur et moins altéré,
dans une atmosphère peut-être moins
corrompue; d'hommes dont la vie était sobre,
et qui ne connaissaient ni le vin, ni la
viande, dont toutes les occupations étaient
saines, et qui vivaient en plein air, au
milieu de leurs champs et de leurs
troupeaux. Si chaque génération perd sur
celle qui la précède quelques mois dans la
moyenne de sa durée, cette perte devait être
beaucoup plus considérable dans les premiers
temps du monde, alors que l'homme passait de
l'immortalité à la mort; par conséquent
aussi, en remontant en arrière, chaque
génération devait avoir une durée plus
longue que celle qui la suivait. Et si les
désordres des pères frappent la santé de
leurs enfants, cette influence devait être
moindre dans un temps où la sensualité ne se
satisfaisait qu'avec peine, dans une famille
surtout dont le caractère était la recherche
de la sainteté, et dont un des membres fut
enlevé avant le temps pour être avec Dieu.
«Jusqu'au déluge, dit Bossuet, toute la
nature était plus forte et plus vigoureuse;
par cette immense quantité d'eaux que Dieu
amena sur la terre, et par le long séjour
qu'elles y firent, les sucs qu'elle
enfermait furent altérés; l'air, chargé
d'une humidité excessive, fortifia les
principes de la corruption, et la première
constitution de l'univers se trouvant
affaiblie, la vie humaine, qui se poussait
jusques à près de mille ans, se diminua peu
à peu.»
Cette tradition de longévité, d'ailleurs,
n'appartient pas à la Bible seule; la
mémoire en a été conservée chez plusieurs
auteurs païens, Hésiode, etc.
PATROBAS,
disciple de Rome, connu seulement par la salutation de saint Paul, Romains 16:14. Les Grecs l'ont fait évêque de Pouzzoles.
PAUL,
-
d'abord nommé Saul, Juif de la tribu de Benjamin, natif de Tarse, en Cilicie, témoin consentant à la mort d'Étienne, persécuteur de l'Église, puis un des plus fidèles apôtres de ce Jésus qu'il persécutait, Philippiens 3:5; Actes 9:11; 21:39; 22:3. Un de ses ancêtres était devenu citoyen romain, et c'est à cela peut-être qu'il faut attribuer le nom latin qu'il prit, assez semblable à son nom hébreu pour le rappeler, assez différent aussi pour faire reconnaître sa bourgeoisie romaine; c'est du moins l'hypothèse la plus simple pour expliquer ce double nom. D'autres ont voulu voir dans Saul le nom du Juif, et dans Paul celui du chrétien, apôtre des gentils, décidé à rompre radicalement avec toutes les formes du judaïsme. On ne connaît rien de sa jeunesse: on a voulu conclure de certains passages qu'il avait acquis la connaissance des lettres grecques, mais c'est incertain, et les preuves ne sont pas concluantes. Sa forme d'esprit, sa dialectique, son style et son érudition sont plutôt juives que grecques. Il est vrai que les lettres florissaient à Tarse comme les arts et les sciences, et qu'il a pu n'y pas rester étranger; mais, dans tous les cas, on s'est fait une trop grande idée de ses connaissances profanes, et l'élève de Gamaliel, le faiseur de tentes, n'aura étudié les lettres et le paganisme que d'une manière secondaire. Zélé pour le culte de ses pères dès sa jeunesse, plus que tous ses compagnons d'âge, il écouta Gamaliel, et fut initié dans le système de la théologie juive.
Sans entrer ici dans les détails d'une vie que le livre des Actes ne fait que résumer, et qui a suffi à remplir les volumes de Witsius, de Paley, de Schrœder, de Neander, et d'autres encore, nous en tracerons rapidement les différentes époques: cette vie est connue, et la plupart des faits ont été expliqués en leur place:
-
Court séjour à Damas, et voyage en Arabie, Actes 9:49; Galates 1:17.
-
Retour à Damas et à Jérusalem au bout de trois ans; il voit Barnabas et Pierre, Galates 1:18; Actes 9:23-29.
-
Voyage à Tarse, et séjour dans cette contrée, Actes 9:30.
-
Barnabas vient le chercher à Tarse, et l'engage à un voyage d'évangélisation; séjour d'une année à Antioche, capitale de la Syrie, Actes 11:25-26.
-
Second voyage à Jérusalem pour les intérêts temporels de l'Église, et retour à Antioche, Actes 11:30; 12:25.
C'est depuis ce moment que Paul commence ses grands voyages missionnaires.
-
Voyage avec Barnabas et Jean Marc:
-
Séjour à Chypre, Actes 13:2-12. Bar-Jésus à Paphos.
-
à Perge, en Pamphylie, où Marc le quitte, et à Antioche, Actes 13:14.
-
à Iconie en Lycaonie, à Lystre et à Derbe, Actes 14; à Lystre, on veut leur sacrifier, et on les lapide.
-
Retour par Lystre, Iconie, Antioche de Pisidie, Perge, Attalie, à Antioche de Syrie, où Paul reste quelque temps, Actes 14:21.
-
-
Troisième voyage à Jérusalem, occasionné par les discussions sur la loi; concile de Jérusalem, Actes 15. Retour à Antioche, dispute avec Barnabas.
-
Second grand voyage missionnaire, toujours depuis Antioche, avec Silas ou Sylvanus.
-
Voyage par la Syrie et la Cilicie, jusqu'à Derbe et Lystre, d'où Paul se fait encore accompagner par Timothée, Actes 15:41; 16:1-3.
-
Voyage par la Phrygie et la Galatie, Actes 16:4-6. Il est vrai que l'apôtre trouva déjà des Églises en Phrygie, mais ce fut lui qui les fonda en Galatie.
-
Voyage à travers l'Asie antérieure; court séjour dans la Troade, où Paul s'associe Luc.
-
Premier voyage en Europe, dans la Macédoine; séjour à Philippes, où il laisse Timothée et Luc, Actes 16:6-40.
-
Voyage et séjour à Thessalonique. Paul et Silas à Bérée. Paul seul quitte la Macédoine, Actes 17:1-15.
-
Séjour à Athènes, 17:15-34.
-
Séjour de dix-huit mois à Corinthe, 18:1-11. Silas et Timothée le rejoignent. Il écrit de là ses premières Épîtres, celles aux Thessaloniciens.
-
-
Retour avec Aquila jusqu'à Éphèse: quatrième voyage à Jérusalem, et séjour à Antioche, 18:18-21.
-
Troisième grand voyage missionnaire.
-
Par la Galatie et la Phrygie, 18:23 (jusqu'à Corinthe?)
-
Séjour à Éphèse, de presque deux années, 19:1-11: c'est de là qu'il écrit l'Épître aux Galates, la 1re aux Corinthiens qui est perdue, et la 1re que nous possédons, 1 Corinthiens 16:8. Timothée est de nouveau auprès de lui, et fait, d'après ses ordres, un nouveau voyage en Europe, 1 Corinthiens 4:17; Actes 19:22.
-
Voyage d'Éphèse à Troas, 2 Corinthiens 2:12, et dans la Macédoine, où il reste quelque temps, 2 Corinthiens 2:13; Actes 20:1-2. Ce voyage est fait avec Timothée: Paul écrit sa 2e aux Corinthiens, 2 Corinthiens 1:1; 2:13; 9:2.
-
Séjour de 3 mois dans l'Achaïe, à Corinthe, Actes 20:2. C'est de là qu'il écrit son Épître aux Romains.
-
-
Retour de Corinthe par Philippes, où il retrouve Luc, par Troas, Chios, Milet, Rhodes, Tyr, Ptolémaïs et Césarée, jusqu'à Jérusalem; cinquième et dernier voyage à cette ville, Actes 20:3-21:17.
-
Paul est conduit prisonnier à Césarée, où il demeure plus de deux ans en captivité, Actes 21:17; 23:31-35; 24:27; 26:32.
-
Paul est amené à Rome, où Luc l'accompagne, et où il reste deux ans encore dans une custodia mililaris liberior, Actes 27:1; 28:30. On se demande si c'est dans la captivité de Césarée ou dans celle de Rome que Paul écrivit aux Colossiens, aux Éphésiens, et à Philémon; mais c'est sans doute vers la fin de la dernière qu'il écrivit sa lettre aux Philippiens. (C'est de plus dans ce temps qu'il faut mettre les autres épîtres de Paul, si l'on admet, comme le font quelques théologiens, que c'est à la fin de cette captivité qu'il a été martyrisé.)
-
Paul est remis en liberté, nous ne savons ni quand, ni comment, et il voyage, à ce qu'il paraît résulter de ses dernières épîtres, dites pastorales, à Éphèse où est Timothée, et dans la Macédoine, d'où il écrit sa 1re à Timothée, 1 Timothée 1:3, puis en Crète, où il fonde une église, et où il laisse Tite, Tite 1:5. Il retourne en Asie, 2 Timothée 1:15, d'où il écrit vraisemblablement à Tite qu'il prie de venir le rejoindre à Nicopolis (en Épire?). Enfin, d'après le témoignage non suspect de Clément de Rome, Paul se rend en Espagne, revient à Rome, est emprisonné comme un malfaiteur, abandonné de tous, même de Tite, sauf de Luc, et il attend sa mort ainsi qu'il l'écrit, 2 Timothée 2:9; 4:8-18. Obéissant à son invitation, Timothée se rend auprès de lui; il est également mis en prison, mais relâché, Hébreux 13:23.
— Paul est décapité dans une des dernières
années de Néron. D'après une tradition peu
certaine, Pierre arrive aussi à Rome, où il
est martyrisé avec Paul; d'après la même
tradition, Marc y vient de même, et
vraisemblablement avec Timothée, depuis
Éphèse. Nous ne savons ce que devint Luc;
Marc passa en Égypte.
Pour montrer combien les difficultés
chronologiques sont grandes, et les opinions
partagées sur la fixation des diverses
époques de la vie de l'apôtre, il suffira de
dire que Bengel met la conversion de Paul en
31, Süsskind en 32, Eusèbe et Vogel en 33,
Baron et Calvisius en 34, Usserius, Pearson,
Olshausen, Rilliet, et Hug en 35, Schott en
37 (ou 40?), Eichhorn en 37 ou 38, Auger en
38, Schrœder en 39, Kuinœl en 40, Schmidt et
Wurm en 41.
— La date de la mort de l'apôtre ne varie
qu'entre les années 64 (Schmidt, Schott,
Schrœder), 65 (Eichhorn et Vogel), 66
(Calmet, Bost), 67 (Bengel, Usserius, Hug,
Olshausen, Coquerel), et 68 (Eusèbe,
Steiger, etc.)
— Quant à la suite de ses Épîtres, bien que
l'ordre que nous avons adopté nous paraisse
se justifier presque eu tous points, nous
rappellerons ce qui a été dit à l'article
Bible, des divergences considérables
d'opinions qui se sont fait jour sur ce
point, depuis Marcion, qui met l'Épître aux
Galates en tête, jusqu'à Schrœder, qui la
met la dernière de toutes celles qui ont été
écrites par saint Paul.
Le caractère de l'apôtre, ardeur pleine de
cœur, impétuosité pleine de raison, sévérité
pleine d'amour, inflexibilité pleine de
support, se manifeste dans ses épîtres comme
dans ses exploits. Une lecture attentive du
livre des Actes et l'étude de ses lettres
font suffisamment connaître son génie
particulier, ses vues, la manière de sa
prédication, sa position, son activité soit
dans l'Église juive, soit dans celle des
gentils; et il faut remarquer que sous tous
ces rapports il y a une harmonie parfaite
entre ses actions et ses lettres. Partout
c'est le même caractère, jusqu'à tel point
que cet accord fournit une preuve puissante
de l'authenticité des documents. Le grand
nombre et la variété des épîtres offrent
encore l'avantage de nous faire connaître
l'apôtre sous plusieurs faces; nous le
voyons dans des positions temporelles ou
spirituelles très différentes, au milieu,
vers la fin, ou à la fin de ses travaux. Le
grand nombre de disciples, ou d'amis et
compagnons d'œuvre ordinairement présents
quand Paul écrivait une lettre, l'habitude
qu'il avait d'envoyer ses lettres par des
personnes de confiance, et les tournées
fréquentes qu'il toisait dans les Églises
ainsi que ses disciples, tout cela nous met
à l'abri des impostures. Une fois cependant
on avait tenté de tromper une Église par une
épître écrite en son nom, mais l'apôtre ne
tarda pas à en être averti et à prévenir les
fidèles contre de telles tentatives; c'était
au début de sa carrière épistolaire, 2
Thessaloniciens 2:2-3. Dès lors il prit des
mesures propres à rendre de pareilles
fraudes impossibles; il ajoutait, par
exemple, à sa lettre dictée, quelques lignes
de sa propre main, 1 Corinthiens 16:21; 2
Thessaloniciens 3:17; Colossiens 4:18;
d'autres fois cette précaution n'était pas
nécessaire, la lettre étant écrite par des
personnes distinguées, Romains 16:1,22; la
2e aux Corinthiens, 1:1, peut avoir été
écrite par Timothée; celle aux Éphésiens,
6:21, fut envoyée par Tychique. D'autres
épîtres, enfin, étaient écrites tout
entières de sa propre main, Galates 6:11;
Philémon 19; il paraît qu'il en fut de même
des épîtres pastorales, d'autant plus que
l'apôtre était alors retenu dans une sévère
captivité.
— Il nous manque une ou deux lettres de
Paul, 1 Corinthiens 5:9; Colossiens 4:16.
Une correspondance de Paul avec les
Corinthiens qui n'existe qu'en araméen, a
été publiée en partie dans l'Histoire
critique de la république des lettres,
Amsterdam, 1714, tome X; puis en entier par
W. Whiston, en appendice à son Historia
Armeniæ Mosis chronensis, Lond. 1736. 4e;
enfin en 1819, le moine arménien Pascal
Aucher du couvent de Saint-Lazare, près de
Venise, en a publié le texte dans sa
grammaire arménienne, Venise, 1819, p. 179.
Rink, en donnant une traduction allemande, a
voulu défendre l'authenticité de cette
correspondance (Heidelberg, 1823), mais il
n'a pas été difficile à Ullmann de montrer
par le silence complet de l'antiquité
chrétienne et par des caractères intérieurs,
que ces deux lettres sont supposées
(Heidelberg, Jahrb., 1823); Carpzov l'avait
déjà fait avant lui (Leipsig, 1776). Il en
est de même de la correspondance latine de
Paul avec Sénèque, et qui n'est citée par
aucun Père plus ancien que Jérôme. La lettre
aux Laodicéens est encore plus moderne.
Quant aux treize épîtres canoniques qui
portent le nom de Paul, elles ont formé une
collection, et elles ont été attribuées sans
aucune contestation à Paul par l'Église
universelle. L'Épître aux Hébreux est
douteuse, et nous en avons parlé en son
lieu. Les treize épîtres doivent avoir été
recueillies assez tôt, et promptement, car
nous voyons par les divers témoignages,
qu'elles furent connues et reconnues partout
dès l'époque des Pères apostoliques. Cette
collection fut jointe à celle des épîtres
catholiques, mais cette dernière ne fut
pendant longtemps pas aussi complète que la
première. Les ébionites, les encratites, les
manichéens n'en révoquaient pas en doute
l'authenticité; Marcion, critique arbitraire
et dogmatique, en retrancha les épîtres
pastorales, et garda les dix autres après
les avoir mutilées. Les notices historiques
qui se trouvent à la fin de chaque épître,
ne font pas partie de l'épître et ne
s'appuient pas toujours sur des autorités
fort respectables; les anciens manuscrits ne
les contiennent pas, les autres diffèrent
pour le texte; souvent l'épître elle-même
accuse l'inexactitude de ces adjonctions, et
les contredit.
Le caractère littéraire des écrits de Paul
dépend en grande partie de son caractère
personnel. Pectus est quod facit oratorem;
or Paul était un homme entier, et il se
montre tel dans toutes ses épîtres. On peut
sans doute en dire autant de tous les
apôtres, mais ce trait est plus saillant
chez lui; il apporte à tout la même ardeur
de l'âme et réalise en lui-même cette parole
célèbre: le style, c'est l'homme. De tous
les sujets qu'il traite, aucun ne lui paraît
trop petit, aucun ne le laisse froid; il les
mène tous d'une manière très variée. Jacques
l'égale quant à l'unité ou à la continuité
de l'ardeur des sentiments, ou de la
véhémence oratoire; Pierre a du rapport avec
lui pour la variété du langage, mais aucun
des auteurs sacrés ne semble réunir au même
degré les deux qualités indiquées. Paul est
plus orateur que Pierre, moins sentencieux,
moins poétique, moins lyrique que Jacques,
dont le style est plus égal et plus soutenu;
il n'a pas le calme sublime et même sévère
de Jean, mais par cela même il remue l'âme
plus puissamment; il fait vibrer toutes les
cordes du cœur. Il paraît vouloir produire
par ses épîtres les mêmes résultats qu'il
produisait de vive voix par ses
exhortations, appropriées chaque fois au
besoin du moment, Galates 4:20. Paul était
profond et doué d'un esprit aussi zélé que
pénétrant, aussi systématique que délié et
agile; il aperçoit les rapports qui unissent
deux objets en apparence très éloignés, et
il les rapproche promptement; en cela il a
quelque chose de commun avec les meilleurs
rabbins; mais tandis que ceux-ci sont brefs
et ne donnent que des indications souvent
énigmatiques, Paul donne des expositions,
des argumentations souvent prolongées; et
tandis que les rabbins, là où Ils veulent
exposer ou prouver, se perdent dans les
minuties des sophistes, dans de vieux et
ennuyeux développements, dans des
raisonnements peu serrés, Paul ne perd pas
de vue l'idée capitale dont il est dominé,
tout en semant son discours de cette foule
d'idées secondaires dont il est toujours
rempli lui-même. Ce caractère du style de
Paul est une des causes des difficultés
qu'il offre à l'interprétation; une autre
cause de ces difficultés provient de
certaines circonstances extérieures, de ce
que tous les écrits de Paul sont des lettres
relatives à des événements ou à des opinions
que nous ne pouvons apprendre à connaître
que par ces lettres mêmes, de ce que
l'apôtre aussi négligeait son style,
peut-être parce qu'il dictait. Outre que le
style n'est ni poli, ni cadencé, les phrases
ne sont ni formées avec précaution, ni
revues avec soin, mais faites ou jetées
suivant l'inspiration du moment.
À ces sources d'obscurité ou de difficultés
exégétiques, il faut en ajouter
quelques-unes qui sont intérieures, et
tiennent à la pensée même de l'apôtre:
-
Sa vivacité le portait à des transitions non préparées, à des combinaisons inattendues, et souvent peu indiquées, de pensées différentes, et lui faisait saisir et présenter avec une égale promptitude certains arguments de son thème dont la vérité et la convenance ne sautent point aux yeux, et qu'il faudrait avoir le temps d'expliquer et d'examiner; enfin cette vivacité lui faisait souvent abandonner un sujet d'importance secondaire, ou une argumentation avant d'être arrivé à l'expression de la conclusion, de sorte que pour comprendre toute la dissertation, il faut en suppléer la fin.
-
L'esprit de Paul n'était pas moins fertile que prompt. La vivacité de l'esprit ne fixe pas l'attention si elle n'est accompagnée d'un fonds de pensées; mais chez Paul, cette richesse de sentiments contribue à l'obscurité du langage de ses écrits en le rendant profond; il y a des parenthèses, des phrases incidentes trop prolongées et qui se mêlent insensiblement avec les suivantes, trop chargées; des constructions diverses, fondues en une seule, parce que les pensées de Paul se poussaient l'une l'autre comme les ondes d'un fleuve. Mais ce qui décèle encore plus la profondeur de son esprit, et ce qui requiert le plus d'attention, c'est la coordination de plusieurs pensées, ou de plusieurs séries de pensées que Paul entrelace, et qu'il poursuit alternativement jusqu'en un point où il laisse tomber l'une ou l'autre, ou bien, où les deux fils du discours se réunissent par un nœud; il arrive aussi qu'une argumentation ou une exposition disparaît pour reparaître ensuite comme une rivière qui a passé par-dessous terre. Une autre propriété de son style, moins étendue que la précédente, consiste, d'une part, dans l'emploi varié des mots et dans l'accumulation des synonymes, afin de faire connaître tout le contenu de la notion sous ses diverses formes, et d'autre part, dans des antithèses tranchantes dont Paul augmente encore quelquefois la pointe par l'emploi antithétique du même mot, afin de bien exprimer la différence et les contrastes, et de marquer ainsi avec exactitude les limites des notions. Sous ce rapport, il arrive que la même qualité par laquelle le style de Paul est obscur et difficile, le rend clair et précis. C'est le cas de bien des écrits émanés d'une intuition profonde et d'une intelligence systématique; étudié à fond, ce qui semblait être dur, obscur, subtil, apparaît lucide et ferme.
-
Agissant sur le sentiment comme sur l'intelligence, Paul sait être populaire, même lorsqu'il fait des expositions dogmatiques; or c'est là ce qui fait l'orateur. Mais cette énergie elle-même exige une attention redoublée. Nous trouvons dans le tissu de la phrase de Paul des questions, des exclamations, des argumentations ex concessis, des raisonnements justes, mais qui partent d'un seul point de vue, et d'une dialectique vigoureuse qui ne finit que par la confusion complète de l'adversaire dont Paul a fixé et poursuivi les fausses idées et les mauvais sentiments.
Le langage de Paul exige une étude scrupuleuse, parce qu'en partie c'est un langage nouveau qu'il a dû créer lui-même ou que le christianisme a créé. Dans l'exhortation, ce langage est approprié au sujet, étant tantôt sévère, tantôt touchant. Le grand talent oratoire de Paul, malgré le peu de soin et d'art qu'il a mis dans ses écrits, est incontestable; il avait dit lui-même qu'il ne voulait pas faire l'orateur, toutefois il produisait de tels effets qu'on le prit un jour pour Mercure, le dieu de l'éloquence. Personne, sous ce rapport, n'a mieux fait l'éloge de Paul que Bossuet; mais avant lui déjà, Longin, littérateur païen, avait compris la puissance de ce génie chrétien, et après avoir énuméré les grands orateurs de la Grèce il dit: «On peut y ajouter Paul de Tarse, le premier qui se soit servi du dogme sans les preuves», jugement assez juste dans la bouche d'un païen; (on a contesté l'authenticité de ce passage, mais Hug l'a démontrée dans son Introduction au Nouveau Testament II, 334)
On peut voir en tête des commentaires de Tholuck et d'Oltramare sur l'Épître aux Romains, un catalogue raisonné assez complet de tous les travaux qui ont été faits sur les Épîtres de saint Paul; dans le nombre, et pour n'indiquer que les plus saillants dans chaque époque, nous citerons Chrysostôme, l'Ambrosiaster (Hilaire de Rome?), Bède le Vénérable, Pierre Lombard, Thomas d'Aquin, Nicolas de Lyre, Laurentius Valla, Lefèvre d'Étaples, Érasme, Luther, qui mérite particulièrement d'être nommé, parce que, semblable à Paul, il a pénétré profondément dans l'esprit de Paul, Mélanchthon, Bucer, Bullinger, Calvin, Bèze, et enfin parmi les modernes Jean-Frédéric Flatt qui, de 1825-1830, a publié des Commentaires sur toutes les Épîtres de Paul, et Olshausen que la mort seule a empêché d'achever entièrement une œuvre si heureusement commencée.
Tholuck dans son Commentaire sur les Romains, et Steiger dans celui sur les Colossiens, renferment ainsi que Hug, dans son Introduction, II, 331, d'excellentes observations sur le style, le langage et le caractère de l'apôtre: nous avons notamment emprunté au travail de Steiger plusieurs des détails qui précèdent.
Ajoutons encore ici quelques réflexions détachées sur la vie de l'apôtre:
-
Quant à sa famille, tout ce que nous savons c'est qu'il avait une sœur et un neveu, et que ce dernier demeurait à Jérusalem, Actes 23:16. Il n'était lui-même pas marié, 1 Corinthiens 7:7; cf. 9:5, mais il maintient à cet égard la liberté dont il aurait pu user comme les autres apôtres: la tradition ajoute, mais d'une manière incertaine, qu'il fut accompagné dans quelques-uns de ses voyages par Thécla, jeune fille qu'il avait convertie au christianisme. Il exerçait le métier de faiseur de tentes qu'il avait appris sans doute dans sa jeunesse, peut-être comme la plupart des rabbins avaient et ont encore l'habitude de joindre à leurs occupations intellectuelles l'exercice d'un travail manuel: les tentes étant d'un besoin constant dans les climats chauds, pour les bergers et les voyageurs, comme pour toutes les personnes exposées à souffrir du soleil ou de la pluie, la profession de saint Paul lui assurait de l'ouvrage aussi souvent qu'il pouvait le désirer ou en avoir besoin; en outre elle n'était pas extrêmement pénible, et l'apôtre aimait mieux en général travailler pour se procurer sa subsistance, que de recourir aux dons des fidèles, Actes 18:3; 1 Corinthiens 4:12; 1 Thessaloniciens 2:9; 2 Thessaloniciens 3:8.
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Sa conversion, dans laquelle les incrédules ont cherché à faire intervenir, comme toujours, à la place du miracle, les phénomènes de l'électricité, l'éclair, le tonnerre, la foudre; sa conversion, dont une explication naturelle ne diminuerait pas l'importance, quoiqu'elle en changeât la nature, nous est racontée comme l'effet direct de l'intervention divine. On peut supposer que la douceur et la persévérance de ses victimes avaient déjà produit, sur l'âme ardente et sensible de l'apôtre, l'impression tout au moins d'une pitié passagère; en les voyant opposer à l'âpreté du fanatisme la confiance de la foi, il avait dû être frappé, et la férocité barbare qui est toujours la conséquence d'une forte conviction lorsqu'elle est erronée, pouvait seule soutenir son cœur et son bras pendant qu'il allait ajouter de nouvelles victimes à celles qu'il avait déjà faites. Un zèle sans connaissance est toujours odieusement persécuteur, et, sur la route de Damas, il ne fallait rien moins en effet que l'action de Dieu pour dessiller les yeux aveuglés du Juif, ennemi de l'Église. Mais une fois que Christ se fut fait connaître à Paul d'une manière aussi extraordinaire, il est hors de doute que toutes ces idées qui étaient restées chez lui comme étouffées dans l'arrière-plan, se réveillèrent et se présentèrent de nouveau à son esprit pour n'être plus repoussées. Les soins et les pieuses directions du sage Ananias achevèrent d'éclairer saint Paul, et de changer pour lui la vérité pressentie en une vérité sentie, comprise et crue. De ce moment, l'ardeur de Paul, toujours impétueuse, mais purifiée, s'appliqua de toutes les forces de son âme à propager le royaume de Celui contre les aiguillons duquel il avait d'abord regimbé. Pour une mission extraordinaire comme la sienne, un appel extraordinaire, une vocation miraculeuse, une consécration comme celle qu'il reçut, n'étaient point de trop; des baptêmes solennels ont presque toujours inauguré la carrière de ceux qui ont dû être des lumières dans l'Église, depuis le buisson ardent de Moïse jusqu'à la vision d'Ésaïe, depuis le chemin de Damas jusqu'à Valdo et Luther.
— Pour un homme comme saint Paul, dit Planck, il ne pouvait être changé que subitement, ou pas du tout; et, si ce jugement est trop absolu au point de vue chrétien, il est vrai psychologiquement. Des caractères comme celui de l'apôtre doivent être puissamment secoués pour être changés, et ces secousses sont nécessairement subites et inattendues, mais elles n'excluent pas quelques luttes intérieures, quelques incertitudes, même au plus fort de la décision, quelques doutes non raisonnes, fugitifs, bien vite repoussés, mais qu'on se rappelle quand on en vient à reconnaître que ces doutes étaient justifiés.
— C'est sans doute, soit à la vision du chemin, soit au séjour de trois jours à Damas, qu'il faut rapporter ce que l'apôtre raconte avec tant de mystère et d'humilité, 2 Corinthiens 12:1, sur l'extase qui l'a transporté au troisième ciel, où il a appris des choses qu'il n'est pas permis de révéler.
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Son séjour de trois ans en Arabie n'a pas été une vie d'oisiveté, mais on ignore comment il l'a employé. L'idée la plus naturelle est sans doute que, ces années ont été un noviciat, et que l'apôtre a pu, dans sa solitude, repasser et méditer en son esprit les révélations divines dont il avait été honoré, mûrir peut-être aussi les connaissances païennes qu'il avait acquises dans sa jeunesse, les compléter, et comparer entre elles les deux alliances, dont la dernière était à la fois l'accomplissement et la destruction de la première, la fin d'un régime caduc, établi de Dieu comme préparation. Aussi, dans la révolution religieuse dont il devait être l'un des chefs les plus ardents et les plus dévoués, on le voit plus hardi novateur que tous les autres apôtres, porter une main radicale sur tout ce que d'autres voulaient encore ménager, et faire table rase de toute la piété traditionnelle, pour substituer aux cérémonies la vie, et à la lettre l'esprit. Le zèle avec lequel il poursuit l'esprit juif jusque dans ses recoins les plus reculés, n'a plus rien de cet esprit persécuteur avec lequel il attaquait le christianisme; Paul fait la guerre à l'erreur, mais il ne lapide plus ceux qui se trompent; ce n'est plus le prosélytisme de l'Inquisition, c'est celui de la vérité, de la raison et de la liberté. Quelques-uns pensent que l'ange de Satan et l'écharde en la chair, 2 Corinthiens 12:7, doivent s'entendre de ce séjour en Arabie, qui était, de la part de Dieu, une épreuve pour l'apôtre, destinée à réprimer l'impatience qu'il pouvait avoir d'entrer dans l'évangélisation, et de communiquer aux hommes le changement qui s'était opéré en lui, et les dons qu'il avait reçus; mais cette interprétation est peu naturelle.
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Parmi les événements de sa vie qui ne sont pas racontés dans les Actes, et dont il rappelle, en quelques mots, le souvenir parfois d'une manière obscure, il faut compter l'allusion faite 1 Corinthiens 15:32: «Si j'ai combattu contre les bêtes à Éphèse...» Faut-il entendre ce passage à la lettre, ou l'entendre, au sens figuré, d'une vive contestation dans laquelle Paul aurait couru le danger de perdre la vie? Faut-il enfin n'y voir qu'un raisonnement hypothétique? C'est ce que l'on ne peut décider, et les trois opinions offrent presque d'égales difficultés. Le sens figuré ne se justifie pas par la langue, et, dans tous les cas, l'image serait trop forte pour toute autre espèce de danger; le sens littéral ne se justifie pas par l'histoire, les Actes ne racontent rien de semblable, les Pères ecclésiastiques n'en parlent pas davantage, et saint Paul, dans l'énumération qu'il fait, 2 Corinthiens 11:23, de tous les dangers qu'il a courus, n'en dit mot; d'ailleurs, comment aurait-il échappé à la mort dans ce terrible combat? Ajoutons que ce supplice destiné aux esclaves et aux prisonniers de guerre ne pouvait être prononcé contre un homme libre et romain, et que Paul n'aurait pas manqué de faire connaître ses titres et de revendiquer ses droits en cette occasion, comme il l'a fait en d'autres circonstances moins critiques. La désignation du lieu, le nom d'Éphèse, ne permettent pas de supposer qu'il y ait ici un simple raisonnement sans allusion à un fait; quand on raisonne sur des hypothèses, on ne leur donne pas les caractères du récit historique.
— La plupart des faits que Paul énumère encore, 2 Corinthiens 11:24, ne peuvent être datés avec certitude; plusieurs appartiennent sans doute à son séjour à Corinthe; quant aux autres, ils ont eu lieu dans la première partie de sa carrière, avant qu'il écrivît cette lettre aux Corinthiens; mais ils ne sont connus que par cette mention rapide et abrégée.
— On peut remarquer que saint Paul, malgré l'excommunication générale prononcée contre ceux qui confesseraient le nom de Christ, Jean 9:22, n'a jamais été excommunié, et qu'il est toujours entré librement dans les synagogues pour enseigner et discuter, liberté qui s'explique peut-être par la circonstance que Paul avait été docteur de la loi, et que, pour ces hommes privilégiés, l'excommunication était toujours une mesure à laquelle on ne se décidait que difficilement.
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Son activité consistait principalement dans la prédication de l'Évangile: il baptisait quelquefois, 1 Corinthiens 1:14, mais, en général, Il abandonnait cette fonction à ses compagnons d'œuvre, dont il avait toujours un certain nombre avec lui, qu'il employait comme aides et émissaires apostoliques, Actes 19:22; 17:16, etc. Après qu'il se fut séparé de Barnabas et de Jean Marc, Actes 15:37, il fut surtout accompagné jusqu'à la fin de sa vie, et tour à tour, par Silas, Timothée, Luc le médecin, Tite, Démas, Éraste, et d'autres encore qui travaillèrent avec lui. Ce fut par Barnabas qu'il fut d'abord mis en contact avec les apôtres immédiats de Jésus, et avec les anciens de l'église-mère de Jérusalem, 15:25, et il eut souvent, dès lors, l'occasion de cultiver leur connaissance dans ses voyages-qui le ramenèrent fréquemment au milieu d'eux, Actes 15:4; 21:18; Galates 2. Ses principes sur les rapports de la loi juive avec le christianisme n'harmonisaient pas toujours avec ceux des apôtres judéo-chrétiens, et il eut même une contestation assez vive avec l'apôtre Pierre sur ce sujet, Galates 2:11. Cette divergence de vues qui ne dura pas longtemps entre les apôtres, mais qui dura longtemps entre leurs disciples, fut toujours, dans l'Église de Jérusalem, une source de méfiance contre Paul, Actes 21:21, et maintint sans doute de la froideur dans leurs rapports, ce qui n'empêcha pas l'apôtre, toutes les fois qu'il le crut nécessaire, de faire où il se trouvait des collectes pour les pauvres de Jérusalem et de la Judée, Romains 15:25; 1 Corinthiens 16, 2 Corinthiens 8, Galates 2:10. Son champ de travail s'étendait depuis la Syrie indéfiniment vers le nord et le nord-ouest; car il choisissait de préférence l'évangélisation dans les lieux où d'autres n'avaient pas encore travaillé, Romains 15:20; 2 Corinthiens 10:15; cependant là même il ne put pas rester à l'abri des intrigues des Juifs de la Palestine, 1 Corinthiens 1:12; 3:32; Galates 2, et 3. En général, on peut dire que sa vie fut une lutte continuelle contre des ennemis aussi malveillants qu'infatigables, non seulement contre les Juifs, ses anciens coreligionnaires, qui le poursuivaient, pour sa conversion au christianisme, avec toute la violence d'une haine religieuse et nationale, mais encore contre les judéo-chrétiens, dont les uns, dans le sein même de l'Église, tantôt ouvertement, tantôt d'une manière indirecte et cachée, cherchaient à faire dominer leurs tendances judéo-chrétiennes; dont les autres essayaient de mêler au christianisme pur des spéculations gnostiques orientales; et, pendant qu'il devait, contre les premiers, empêcher que la liberté de la loi morale du christianisme ne fût transformée de nouveau en un code légal de prescriptions morales, il devait, contre les seconds, maintenir l'importance du christianisme historique, et le sens littéral chrétien des Écritures.
— Au reste, si Paul était décidé et ferme sur la question des principes à l'égard de la fin du judaïsme, il ne se montrait pas rigoriste dans ses rapports avec les faibles, 1 Corinthiens 9:20; non seulement il provoqua la circoncision de Timothée, mais il consentit à faire un vœu pour ne pas scandaliser les Juifs de Jérusalem, Actes 16:3; 21:24. Ce n'est que lorsque le parti juif se montrait audacieux, insolent et provocateur, que Paul lui résistait en face pour l'humilier, Galates 2:4; malgré cela, ses adversaires ne laissaient pas de déprécier son ministère, même par des calomnies, et en l'accusant d'hésitation, de faiblesse et de versatilité, 2 Corinthiens 1:17; 10:10, et ils allèrent jusqu'à attribuera l'apôtre de fausses lettres qu'il n'avait point écrites, 2 Thessaloniciens 2:2, et qu'ils répandirent sous son nom.
-
En dehors du livre des Actes et de ses Épîtres, le nom de Paul ne se retrouve qu'une saule fois. 2 Pierre 3:15, dans un passage dont on a voulu tirer de singulières conséquences dogmatiques; il suffit de remarquer,
-
que saint Pierre ne mentionne dans les épîtres de Paul que quelques points difficiles à entendre;
-
que la difficulté porte non sur la manière dont Paul présente ces points, mais sur la profondeur même des sujets qu'il traite;
-
que malgré ces points difficiles les épîtres avaient été écrites à de simples fidèles, et que saint Pierre ne cherche pas à les détourner de les lire: il n'y a que les ignorants et les mal assurés qui puissent en faire un mauvais usage, mais ceux-là même s'en trouveraient-ils mieux s'ils venaient à ne faire des lettres de Paul et des autres Écritures aucune espèce d'usage? C'est là la question: l'Église romaine qui aspire à faire autrement et mieux que les apôtres, la décide autrement qu'eux; l'Église protestante qui ne reconnaît d'autre modèle que Christ et les apôtres inspirés, suit leur exemple, et recommande aux fidèles de lire des épîtres écrites pour les fidèles, et non pour une caste privilégiée seule.
-
-
Paul.
— Voir: Serge.
PAUVRES.
La loi mosaïque avait sagement et libéralement pourvu, soit à restreindre autant que possible le nombre des pauvres, soit à entretenir et secourir ceux qui avaient eu le malheur de tomber dans l'indigence. Elle leur assurait en effet:
-
À l'époque de la récolte, un glanage suffisant dans les champs, et d'abondants grappillages dans les vignes, dans les plantations d'oliviers, et probablement aussi dans les vergers à fruits, Lévitique 19:9; Deutéronome 24:19; cf. Ruth 2:2. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 4; 8, 21.;
-
Dans l'année sabbatique une libre participation à tous les produits de la terre, croissant sans culture dans les vignes, dans les champs, et dans les jardins en repos, Lévitique 25:5.
-
Tous les trois ans ils venaient s'asseoir à la table des riches, et célébraient le repas des dîmes, q.v. Deutéronome 12:12; 14:22; 16:10; 26:12; cf. Luc 14:13.
-
En l'année jubilaire tous ceux qui avaient été forcés de vendre leurs possessions, redevenaient de droit, eux ou leurs fils, propriétaires des biens qu'ils avaient aliénés, de sorte que les terres restaient non seulement dans les mêmes tribus, mais encore dans les mêmes familles,
— Voir: Année.
En outre, la loi qui recommandait d'une
manière générale la bienveillance et la
bienfaisance envers les pauvres, Deutéronome
24:12; Proverbes 14:31; 22:16; 31:9; etc.,
renfermait aussi des prescriptions
positives, telles que l'ordre de leur prêter
sur gage sans intérêt, même à l'approche de
l'année sabbatique, la défense de retenir
après le soleil couché des objets
indispensables, et que le pauvre aurait été
cependant obligé de mettre en gage, tels que
couverture pour la nuit, meule à moudre le
grain, etc., Deutéronome 24:12-13; 15:7-11;
Lévitique 25:35; sq. L'impartialité la plus
entière était recommandée aux juges dans les
causes des indigents, Exode 23:3,6;
Lévitique 19:15, etc.
Toutefois, il ne paraît pas que ces sages
ordonnances aient été longtemps respectées,
et nous voyons les prophètes faire entendre
des plaintes fréquentes sur la dureté des
riches à l'égard des pauvres, et sur la
vénalité des juges, Ésaïe 10:2; Amos 2:6;
Jérémie 5:28; Ézéchiel 22:29; etc.
La bienfaisance était considérée par les
Juifs comme une des principales vertus,
Tobie 2:16; etc. Luc 19:8, et la sainteté
pharisaïque faisait un grand étalage des
misères qu'elle soulageait, Matthieu 6:2 (on
a voulu rattacher à ce passage l'usage de
certains mendiants orientaux qui soufflent
dans une corne pour exprimer leurs besoins,
mais c'est trop recherché).
— La constitution mosaïque ne reconnaît pas
de mendiants proprement dits; seule elle
avait pu décréter en principe, qu'il n'y
avait point de pauvres dans le pays, parce
qu'elle avait pourvu à ce qu'il n'y en eût
point, et que c'était Dieu, et non les
hommes, qui avait fait la loi.
PAVÉ
(le), Jean 19:13,
— Voir: Gabbatha.
PÉAGE, Péagers.
Depuis que les Romains se
furent emparés de la Palestine, ils y
établirent, comme dans les provinces
voisines de l'Asie, leurs impôts ou droits
d'octroi, qui pesaient essentiellement sur
les importations, parfois aussi sur les
exportations. Sous la république déjà
c'était l'usage, et il fut conservé sous les
empereurs, d'affermer à bail, ordinairement
pour cinq ans, à des chevaliers, ou à des
associations de chevaliers romains,
l'exploitation entière des impôts d'une
province. Ces riches et grands publicains
traitaient ensuite en détail avec des
particuliers, romains ou provinciaux, de
l'exploitation spéciale de certaines villes
frontières, ou ports de mer, et ils
cherchaient naturellement à retirer le plus
grand profit possible de ces espèces de
marchés. Ces subordonnés, que les auteurs
profanes connaissent sous les noms
d'exacteurs, de visiteurs, percepteurs ou
autres, sont appelés dans le Nouveau
Testament des péagers (à Jérico il y avait
un chef des péagers, sans doute à cause du
transit considérable de baume, Luc 19:2).
Leur nom est souvent associé à celui des
gens de mauvaise vie, des femmes de mauvaise
vie, des méchants, et des païens, Matthieu
9:10; 11:19; 18:17; 21:31; Luc 5:30; 7:34.
Les rabbins même les assimilent aux voleurs
de grands chemins et aux meurtriers, et ceux
des Juifs qui embrassaient cette profession
étaient déclarés incapables de témoigner en
public, et chassés de la synagogue. Cette
haine profonde qui a toujours poursuivi et
qui poursuit encore les péagers, les
douaniers et tous les hommes attachés à ce
genre d'occupation, s'explique soit par
l'impatience naturelle avec laquelle on
supporte généralement les systèmes de
douanes et toutes les gênes prohibitives de
la liberté de circulation, soit et surtout à
cause de la brutalité avec laquelle ces
employés bouleversent et maltraitent les
effets des voyageurs ou les marchandises qui
passent par leurs mains, à cause du zèle
souvent plus qu'indiscret qu'ils témoignent
pour les intérêts de l'État, à cause de
leurs estimations souvent arbitraires, et
par conséquent plus difficiles à supporter
et plus équivoques, à cause de leur rapacité
intéressée; enfin, à cause de leurs
extorsions, de leurs concussions et des
fraudes dont ils se rendaient fréquemment
coupables, et contre lesquelles il n'y avait
d'appel qu'auprès d'un pouvoir qui profitait
lui-même de ces vexations et qui se croyait
intéressé à épuiser la fortune particulière
au profit de la fortune publique. D'après
Stobæus (Sermon 2, 34), Théocrite répondit
un jour à une personne qui lui demandait
quels étaient les animaux les plus rapaces
et les plus redoutables: Dans les montagnes,
les ours et les lions; dans les villes, les
péagers et les traîtres (sycophantes).
Matthieu et Zachée étaient péagers avant
leur conversion; ils paraissent s'être
enrichis l'un et l'autre, mais si leur
condition antérieure nous est inconnue, on
peut dire d'une manière générale que ce
n'étaient jamais que des gens du commun
peuple qui s'engageaient dans une occupation
aussi méprisée que haïe, et cette
circonstance ne pouvait qu'empirer avec le
temps la haine et le mépris, en y ajoutant
le préjugé et l'habitude.
PECTORAL de jugement,
— Voir: Prêtres.
PÉDAJA,
— Voir: Zorobabel.
PEINES,
— Voir: quelques idées
générales sur ce sujet à l'article
Châtiments.
Nous détaillerons ici les différentes sortes
de peines qui pouvaient être prononcées
d'après la législation hébraïque.
-
Peines corporelles,
-
De tous temps les coups ont été chez les Hébreux la peine corporelle la plus ordinaire, et, d'après Deutéronome 25:2, le magistrat assistait à la flagellation, notamment lorsqu'elle était ordonnée pour des délits civils. Les coups devaient être donnés avec un bâton, sur le corps et non sur la plante des pieds, comme c'était et c'est encore la coutume en Orient, et ils ne pouvaient dépasser le nombre de quarante; le juge devait être présent. Les fouets ou écourgées (hak'rabbim) de 1 Rois 12:11,14; 2 Chroniques 10:11,14. étaient garnis de pointes ou de nœuds; les Latins les appelaient scorpions, à cause du mal qu'ils faisaient; mais la loi juive ne les reconnaissait pas, et la justice ne pouvait en ordonner l'application. Plus tard l'usage prévalut de se servir de lanières de cuir tressées, dont le valet de justice frappait le condamné; le corps de celui-ci était penché en avant, et recevait, dans les cas les plus graves, le maximum de trente-neuf coups, c'est-à-dire, un de moins que quarante, afin qu'il fût bien constant que le chiffre déterminé par la loi n'avait pas été dépassé, 2 Corinthiens 11:24; cf. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 4, 8, 21. Les cas dans lesquels cette peine était appliquée étaient ordinairement ceux pour lesquels, selon la rigueur de la loi, il y aurait eu condamnation à mort; c'était donc ainsi une commutation. Il résulte de Matthieu 10:17; 23:34, que la flagellation était quelquefois appliquée dans les synagogues,
— Voir:Sanhédrin, et de Actes 5:40,
que le grand sanhédrin était compétent pour ordonner cette peine dans certains cas.
Notre Sauveur, avant sa crucifixion, et les apôtres à Philippes, furent fouettés à la romaine, avec des lanières de cuir, Jean 19:1; Matthieu 27:26; Actes 16:22. Saint Paul protesta contre cette discipline et sut, dans une autre circonstance, s'y soustraire en revendiquant ses droits de citoyen romain, parce qu'en cette qualité, il ne pouvait être frappé qu'avec des verges, Actes 16:37; 22:25; cf. Cicér. Verr. 6, 56.
-
Les blessures faites à un Israélite libre étaient punies par la loi du talion, q.v. Exode 21:23; sq. Lévitique 24:19; sq..
-
Enfin, notons ici encore deux peines étrangères, la mutilation du nez ou des oreilles, d'une main ou des deux, mutilations reconnues en Égypte par les lois, et appliquées surtout aux organes ou aux membres qui avaient servi à commettre le délit; les Hébreux acceptèrent assez tard cette barbare innovation, mais n'en ménagèrent pas beaucoup l'usage, Jos. Vita, 34; 35. La privation de la vue était chez les Perses la peine spéciale réservée aux princes et à tous les prétendants dont le gouvernement voulait se débarrasser; on leur faisait passer devant les yeux, aussi près que possible de la prunelle, un stylet d'acier ou une plaque de cuivre rougie au feu: la cécité produite de cette manière n'est pas complète, mais elle suffit pour paralyser la vie d'un homme; il peut encore distinguer entre la lumière elles ténèbres, mais c'est tout. Jérémie 52:11; 39:7; 2 Rois 25:7. Cette coutume existe encore de nos jours à la cour de Perse,
— Voir: Chardin, Voyages t. 5, p. 243, cf. Hérodote 7, 18.
-
-
Peine capitale.
— Les Hébreux ne connaissaient légalement et officiellement que deux modes d'exécution, la mort par l'épée, et la lapidation: nous avons parlé de ce dernier mode en son lieu. Quant au premier, on aurait tort de l'entendre de la décapitation; on passait les condamnés au fil de l'épée, ou on les taillait en pièces: plus tard cependant, et notamment dans la période romaine, les rois des Juifs ordonnèrent la décapitation, Matthieu 14:10, et probablement aussi Actes 12:2. Si l'on croit trouver le même supplice dans le passage 2 Rois 10:6, il faut remarquer que le cas était extraordinaire et qu'un usurpateur est en général disposé à innover, surtout en matière de peines, de sorte qu'on ne saurait tirer de là aucune conclusion sur la législation des Hébreux; mais il paraît même par la lecture du récit que la décollation n'eut lieu qu'après la mort de ceux qui furent exécutés. D'après quelques interprètes le grand panetier de Pharaon aurait eu la tête tranchée, Genèse 40:19, mais il paraît plutôt d'après les fermes employés qu'il fut pendu vivant au gibet. On ne saurait douter du reste que la décapitation ne fût connue des Égyptiens, comme elle l'était des anciens Perses (Xenoph. Anab. 2, 6; 1; 16).
— Les flèches n'étaient substituées aux pierres que lorsque ceux qui devaient être lapidés se trouvaient hors de portée, et sur un terrain qu'il n'était pas permis de toucher, Exode 19:13.
— On pouvait encore aggraver la peine en ordonnant que les cadavres fussent brûlés ou pendus: le premier cas est mentionné Lévitique 20:14; 21:9; Genèse 38:24; Josué 7:15,25; c'est de ce dernier passage qu'on conclut que ce supplice n'était pas appliqué aux personnes vivantes; d'après la Mishna au contraire (Sanh. 7, 2) on aurait serré le cou du coupable avec un linge, de manière à lui faire tenir la bouche ouverte, dans laquelle on aurait versé du plomb fondu! C'est peu probable, et nous n'en voyons de traces nulle part. Le second cas, celui de cadavres pendus à un arbre ou à un gibet, est mentionné Deutéronome 21:22; Nombres 25:4; cf. Josué 10:26; 2 Samuel 4:12; 1 Samuel 31:8,10; c'était la plus grave injure qu'on pût taire à la mémoire du supplicié; celui qui était pendu était considéré comme maudit, Deutéronome 21:23; cf. Galates 3:13. Son corps ne pouvait rester exposé la nuit, de peur que venant à se décomposer, il n'empestât l'air et ne nuisit aux vivants, Deutéronome ibid, cf. Josué 8:29; 10:26; une exception à cette règle est mentionnée comme un acte d'une dureté particulière, 2 Samuel 21:6,9.
— Quelquefois aussi, comme outrage fait aux corps, on se bornait à les couvrir d'un grand monceau de pierre au lieu de les enterrer, Josué 7:26; 8:29; 2 Samuel 18:17, coutume que l'on retrouve encore dans l'Orient moderne. La peine mentionnée Exode 31:14; Lévitique 17:4; 20:17, «être retranché du milieu de ses peuples», et qui s'employait ordinairement pour des péchés contre la loi religieuse, est simplement une désignation générale de la peine de mort, sans spécification d'un supplice particulier, mais il est évident qu'il s'agit là en effet de la mort et non d'un exil ou d'une excommunication.
— Il faut observer aussi que les exécutions se faisaient très expéditivement, Josué 7:24; 1 Samuel 22:16, parle peuple dans les premiers temps, puis sous les rois par leurs gardes du corps.
L'Écriture mentionne encore comme empruntés à des nations étrangères, et non reconnus par la loi, les modes suivants d'exécution:
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La mort par la scie, q.v., 2 Samuel 12:31.
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La dichotomie ou mise en pièces, 1 Samuel 15:33. Elle était habituelle chez les Babyloniens, Daniel 2:5; 3:29, de même qu'en Égypte, en Perse, et plus ou moins peut-être chez les Romains, cf. Hérodote 2, 139; 3, 13; 7, 39. Horace, Sat. 1; 1, 99 sq. Matthieu 24:51; Luc 12:46; Coran 20:74; 26:49.
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On précipitait le condamné du haut d'un rocher, 2 Chroniques 25:12; cf. Psaumes 141:6; Luc 4:29, etc.: on connaît la roche Tarpéienne des Romains, et les Athéniens avaient quelque chose de semblable,
-
D'autres ont été étendus dans le tourment, dit saint Paul, Hébreux 11:35. L'original porte proprement «ont été tympanisés», mais on ne sait pas au juste de quel supplice il s'agit: le tympan; 2 Maccabées 6:19,28, était-il le bois avec lequel on les frappait jusqu'à la mort, ou le billot auquel on les assujettissait pour les écarteler, ou une espèce de roue sur laquelle on les étendait comme on étend la peau sur le cadre d'un tambour? c'est ce que l'on ne saurait décider, et les diverses conjectures de la Vulgate, d'Hésychius et d'autres, ne jettent pas de lumières sur ce sujet.
-
Nous voyons enfin rappelés dans l'Écriture quelques supplices exercés par les nations païennes, et que les Israélites n'ont jamais connus.
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Des hommes jetés vivants dans une fournaise, Daniel 3; peut-être aussi 2 Samuel 12:31, coutume qui, d'après Chardin et Rosenmuller, existe encore en Perse de nos jours: quelquefois les condamnés étaient brûlés à petit feu, Jérémie 29:22; 2 Maccabées 7:5.
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La fosse aux lions, Daniel 6.
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On étouffait les victimes au moyen de cendres brûlantes, 2 Maccabées 13:5.
-
On broyait les enfants contre des rochers, et l'on éventrait des femmes enceintes, surtout au sac d'une ville, 2 Rois 8:12; 15:16; Ésaïe 13:16,18; Osée 10:14; 13:16; Nahum 3:10; cf. Psaumes 137:9; Amos 1:13.
-
La crucifixion,
— Voir: Croix.
-
Enfin les combats contre les bêtes féroces, et la meule d'âne pendue au cou de ceux que l'on précipitait dans la mer, 1 Corinthiens 15:32; Matthieu 18:6, sont deux supplices qui ne sont mentionnés qu'en passant: les noyades étaient cependant connues déjà fort anciennement en Égypte, Exode 1:22, et les Romains avaient dans l'origine réservé ce genre de mort aux parricides; plus tard, sous les empereurs, on en généralisa l'emploi davantage, en l'appliquant à tous ceux qui, par leurs crimes, avaient mérité une peine sévère, une mort cruelle; on leur pendait alors au col une pierre ou tel autre objet pesant qui assurât leur destruction et empêchât leur corps de revenir flotter à la surface de l'eau, cf. Jérémie 51:63. Quant aux combats contre des bêtes féroces,
— Voir: l'article Jeux.
Nous n'avons pas à examiner ici la question dogmatique de la peine que Dieu a prononcée contre le pécheur, ni la question plus difficile encore des peines éternelles. Bien des doutes ont été soulevés, bien des solutions ont été proposées: la raison, le sentiment ont tour à tour élevé la voix pour adoucir ou changer la révélation: des efforts consciencieux ont été faits pour conserver le respect dû à l'Écriture, tout en rejetant le sens ordinaire et littéral de quelques passages souvent invoqués, tels que Daniel 12:2; Matthieu 18:8; 25:41,46; Apocalypse 20:10; 2 Thessaloniciens 1:9, etc.; mais dans l'examen de cette question, sans doute bien sérieuse, mais qui n'est que secondaire pour le chrétien qu'elle ne concerne pas directement, on a souvent oublié qu'il est des vérités que nous ne pouvons ni ne devons approfondir, notamment toutes celles qui sont relatives à ce qui est éternel ou infini. Adorons un Dieu de justice et d'amour, et attendons que nous puissions connaître parfaitement, comme nous avons été connus; bien des choses alors surprendront nos intelligences bornées, et Dieu sera pour nous sans voile.
PÉKACH,
fils de Rémalia; il était capitaine aux gardes de Pékachia, et devint par le meurtre de son maître le dix-huitième et avant-dernier roi d'Israël. Vingt années de règne n'ont pu donner à cet usurpateur une gloire ou une réputation quelconque, et son caractère, par le fait même qu'il est peu connu, ne paraît pas avoir mérité de l'être. On peut le caractériser un ambitieux d'un génie médiocre, un homme de guerre dont les vues ne vont pas plus loin que le poignard qui le mène au trône. Sa vie dont les fragments sont épars en trois livres différents, 2 Rois 15 et 16, 2 Chroniques 28; Ésaïe 7:1; 8:1-9,6, cf. 17:1-11, ne présente pas un tout bien lié. Idolâtre comme ses prédécesseurs, il fit alliance avec Retsin roi de Syrie, contre Achaz roi de Juda, obtint d'abord de grands succès, fit un grand nombre de prisonniers qui ne durent leur liberté qu'à l'intervention d'Hoded et d'Hazaria, mais dut renoncer au siège de Jérusalem qu'il avait entrepris, pour retourner dans ses états menacés par Tiglath-Piléser, qui ne tarda pas à lui enlever les provinces situées à l'est du Jourdain et au nord de la Palestine. Il mourut bientôt, assassiné par Hosée, après avoir régné de 758-738 avant J.-C.
PÉKACHIA,
fils et successeur de Ménahem, fut le dix-septième roi d'Israël; il monta sur le trône 761 ans avant J.-C. et fut assassiné par Pékach après deux ans d'un règne obscur et idolâtre, 2 Rois 15:22.
PÉLATJA,
fils de Bénaja, un des
principaux du peuple sous Sédécias, et
complice de l'idolâtre incrédulité de
Jaazanja, Ézéchiel 11:1,13, peut-être en
partie adorateur du soleil, cf. 8:16.
Pendant qu'Ézéchiel annonçait à la faction
contraire à Jérémie, dont cet homme était
l'un des conducteurs, les vengeances de
l'Éternel, Pélatja tomba mort subitement;
cette mort était déjà un échec pour son
parti, elle le devenait davantage encore en
ce qu'elle représentait le commencement des
jugements de Dieu, et comme le nom de
Pélatja signifie le secours de l'Éternel,
chacun put dire «le secours de l'Éternel a
pris fin», il n'y a plus de délivrance à
attendre dans les maux dont nous sommes
accablés.
— Les ennemis de Jérémie se moquaient de
l'image d'une chaudière employée par
Jérémie, 1:13; cf. Ézéchiel 11:3, Ézéchiel
la reprend pour son compte et la développe
de nouveau, 11:7; 24:3, comme pour
sanctionner par son témoignage les paroles
d'un prophète persécuté et méprisé.
PÉLEG,
Genèse 10:25; 11:16; 1 Chroniques 1:19,25, appelé Phaleg Luc 3:35. Descendant de Sem, fils d'Héber, et frère de Joktan. Son nom, qui signifie partage, lui fut donné par son père, parce qu'en son temps la terre fut partagée*. Il mourut âgé de deux cent trente-neuf ans. Le nom de Péleg se rapporte sans aucun doute à la confusion des langues qui divisa les hommes, et les partagea non plus en familles seulement, mais en nations;
*
(Selon Alexandre Hislop (Les Deux Babylones),
le nom de Péleg porte un sens de violence
extrême, celui fragmenter un récipient avec
un marteau. En d'autres mots, la Terre, qui
était d'un seul Continent à cet époque, fut
fragmentée violemment pour former les cinq
continents que nous connaissons de nos
jours.)
— Voir: Babel.
PÉLÉTHIENS,
2 Samuel 8:18; 20:23; 1 Rois
1:38; 1 Chroniques 18:17, soldats célèbres
sous le règne de David, de même que les
Kéréthiens: comme ces derniers rappelaient
par leur nom les Crétois ou Caphthorim,
q.v., de même les Péléthiens rappelaient les
Philistins, et il y avait entre ces divers
peuples ou peuplades d'intimes liens de
parenté. Les Péléthiens étaient
originairement de la ville de Gath. Suivant
différentes étymologies possibles de leur
nom, quelques auteurs ont voulu voir en eux,
soit les membres du grand sanhédrin, soit
des destructeurs, des hommes qui brisent,
soit des hommes miraculeux par leur force et
leur courage,
— Voir: Rois.
PÉLICAN.
C'est ainsi que doit être traduit l'hébreu kaath, ainsi qu'on l'a vu à l'article Cormoran. Quant au mot racham, rendu par pélican, il désigne plutôt le vautour percnoptère qui porte encore le même nom chez les naturalistes arabes, et que l'on trouve en Arabie, en Syrie, et surtout en Égypte; sa taille varie entre celle d'une grosse corneille et celle d'un fort aigle commun. D'une vilaine figure et mal proportionné, cet oiseau est lourd, paresseux, lâche, se laissant battre par les corbeaux, toujours criant, lamentant, dit Buffon, toujours affamé, et cherchant les cadavres; il est en outre dégoûtant par l'écoulement continuel d'une humeur qui sort de ses narines. On comprend que Moïse l'ait rangé au nombre des oiseaux impurs, Lévitique 11:18. Deutéronome 14:17; Hasselquist dit de son aspect qu'il est horridus quantum quis videre potest.
PELUSIUM,
— Voir: Sin.
PÉNIEL,
— Voir: Jabbok.
PÉNINNA,
1 Samuel 1, l'une des épouses d'Elkana, mère de plusieurs enfants, et jalouse, malgré ce bonheur, des soins et de l'affection que son mari témoignait à Anne sa stérile rivale. Aigre, dure et méchante, cette femme devait être pour Elkana une épine continuelle, comme elle était pour Anne une tracassière persécutrice; elle était dans son temps une condamnation vivante de la polygamie.
PENTATEUQUE.
Les cinq livres de Moïse
forment un ouvrage unique, que nous nommons
le Pentateuque (d'après le nom que les Grecs
lui donnèrent:
Πεντατεύχος SC. Βίβλος). Les Juifs le
nommaient ordinairement le livre de la loi
(sépher hatthorah), parce que la loi
mosaïque en forme pour ainsi dire le centre.
Les Juifs de Palestine désignaient chacun
des cinq livres qui le composent par le mot
qui les commence; ainsi Beréschith
(la Genèse, littéralement: au commencement),
etc.; mais ceux d'Alexandrie leur donnèrent
des noms en rapport avec leur contenu,
Γένεσις ou Genèse (origine de toutes
choses),
Εξοδος; ou Exode (sortie d'Égypte),
Λευίτικος (lois du culte lévitique), Αρίθμοι
ou Nombres (parce que ce livre commence par
un dénombrement), et
Δευτερονδμιον (répétition de la loi); ce sont ces derniers
noms qui ont passé dans notre langue.
Pour nous convaincre que ces cinq livres
forment un tout bien lié, un ouvrage sorti
de la plume d'un même auteur, et composé
d'après un plan régulier, et non pas, comme
on l'a prétendu, un recueil de fragments,
il suffit de jeter un coup d'oeil sommaire
sur son contenu. On peut y distinguer un
certain nombre de sections principales.
Section I.
— Relation primitive de l'homme avec Dieu;
rupture de cette relation par le premier
péché; développement et châtiment du péché;
premières promesses d'un Rédempteur (Genèse
1-11,).
Section II.
— Préparation du salut annoncé dans la 1re
section, par le choix d'un peuple qui doit
être le dépositaire de la révélation, et
donner naissance au Rédempteur. Cette
section laisse pressentir une suite, car, à
la fin, nous trouvons le peuple d'Israël en
Égypte, hors du pays qui lui a été assigné
par la promesse (Genèse 12-50,).
Section III.
— Dans cette section nous voyons le
commencement de l'accomplissement de la
promesse relative au pays de Canaan.
L'auteur, après avoir montré comment Moïse,
qui devait être l'instrument de la
délivrance, fut préparé pour cette mission,
raconte les miracles qui précédèrent et
déterminèrent la sortie d'Égypte,
l'institution d'un mémorial de ce bienfait
(la pâque), et enfin le voyage jusqu'au mont
Sinaï, où le peuple, maintenant préparé par
l'épreuve et la reconnaissance, doit
recevoir la loi qui fixe ses rapports avec
son Dieu (Exode 1-18,)
Section IV.
— Cette section, qui a pour sujet la
législation, forme proprement le noyau du
Pentateuque. Elle embrasse à peu près les
événements d'une année. L'auteur, après
avoir donné la loi fondamentale (Exode
19-24:11), raconte comment Moïse reçut sur
la montagne des directions très détaillées
sur la construction de l'édifice qui devait
être le centre du culte, et l'habitation
visible du Dieu avec lequel Israël venait de
contracter alliance (Exode 24:12-31,).
Ensuite le récit de la révolte du peuple,
qui vint retarder l'exécution de cet ordre
(Exode 32-34,), devait naturellement
précéder le morceau qui traite de la
construction du tabernacle (Exode 35,
jusqu'à la tin du livre).
— Après la construction du tabernacle,
c'était le lieu de placer les ordonnances
relatives au culte qui devait s'y célébrer,
et c'est ce qui forme le sujet du
Léoitique, dans lequel, avec un peu
d'attention, il ne sera pas non plus
difficile de reconnaître un ordre bien
suivi. Après les lois sur les sacrifices,
signes et gages de la grâce divine (1-7,),
on devait attendre celles sur les personnes
sacrées chargées de les offrir (8,). La
consécration solennelle du tabernacle
accompagnée d'une manifestation sensible de
la divinité, racontée au chapitre 9,
justifie en quelque sorte le sévère
châtiment infligé aux deux fils d'Aaron qui
manquèrent au respect dû à l'Éternel (10,).
Viennent ensuite les lois sur la pureté,
d'après lesquelles devait se régler
l'admission dans l'édifice sacré (11-15,);
et à ce morceau se rattachent très
directement le chapitre 16, contenant la
description de la grande fête annuelle, par
laquelle devaient être expiées toutes les
souillures du peuple, et le chapitre 17, qui
attribue au tabernacle le privilège exclusif
de servir au culte, et défend l'usage
alimentaire du sang, à cause de son emploi
dans les expiations. Suit une énumération
des péchés dont la souillure rendrait les
Israélites indignes de porter le nom de
peuple saint à l'Éternel, et de posséder au
milieu d'eux la demeure du Très-Haut
(18-20,); dans les deux chapitres suivants,
les lois sur la pureté, tant morale
qu'extérieure, sont appliquées
particulièrement aux personnes chargées du
culte (21:22,). Le chapitre 23 contient le
catalogue des fêtes solennelles, qui toutes
devaient se célébrer auprès du tabernacle.
Le chapitre 24, après quelques détails sur
les objets sacrés qui devaient se trouver
dans le tabernacle, raconte un fait qui se
passa dans ce temps-là, la punition d'un
blasphémateur; enfin, les trois derniers
chapitres renferment les lois sur le jubilé,
l'année sabbatique, etc., qui devaient
rappeler aux Israélites les droits de Dieu
sur le pays de Canaan dans lequel ils
allaient entrer.
— Après avoir parlé du tabernacle et du
culte qui s'y rattachait, Moïse était
conduit à indiquer sa place dans le camp et
la manière de le transporter pendant le
voyage (Nombres 1-4,); il raconte comment,
en conséquence des lois sur la pureté
mentionnées dans le Lévitique, un certain
nombre de personnes furent en effet exclues
du camp (5:1-4,); il énumère diverses
ordonnances qui furent données
occasionnellement à cette époque (5:5-31,
6,); puis, comme les dons faits par les
douze chefs de tribus pour le service du
tabernacle, furent alors seulement remis aux
lévites pour cet usage, ils sont inscrits et
énumérés (7,); la consécration solennelle
des lévites et leur entrée en charge trouve
naturellement ici sa place (8,). Le chapitre
9 contient quelques détails sur la
célébration de la pâque et sur la nuée
merveilleuse, et quelques prescriptions
amenées par les circonstances; enfin, comme
les Israélites allaient se remettre en
route, les dix premiers versets du chapitre
10 devaient parler des trompettes sacrées.
(Cette section va ainsi de exode 19, à
Nombres 10:10)
Section V.
— Les événements qui s'écoulèrent depuis le
départ de Sinaï jusqu'au commencement de la
quarantième année du voyage, sont assez
brièvement racontés; le plus saillant est la
révolte du peuple, lors du retour des
espions, pour laquelle, après être arrivé à
la frontière du pays de Canaan, il fut
condamné à errer encore trente-huit ans dans
le désert, et tous les Israélites âgés de
plus de vingt ans exclus du pays promis.
(Nombres 10:11-19,).
Section VI.
— Le récit du voyage de la nouvelle
génération, depuis Kadès-Barné jusqu'aux
plaines de Moab, occupe le reste du livre.
Les deux premiers chapitres nous montrent
que la nouvelle génération, était non moins
que celle qui avait été condamnée à périr
peu à peu dans le désert, l'objet des
manifestations de la justice aussi bien que
de la grâce de Dieu; eaux miraculeuses,
victoires sur les ennemis, serpent d'airain,
etc. (20 et 21,); l'histoire de Balaam est
racontée avec beaucoup de détails pour
montrer comment toutes choses doivent
concourir au bien des enfants de Dieu
(22-24,), mais immédiatement après, Moïse
doit raconter comment Dieu châtie aussi
d'une manière terrible les péchés de son
peuple (25,). Un dénombrement de la nouvelle
génération qui allait entrer en possession
du pays de Canaan, devait naturellement
avoir lieu, et se trouve ici à sa place
(26,). Il fallait raconter encore comment,
dans la prévision de la prochaine mort de
Moïse, Josué fut désigné et consacré comme
son successeur (27,). Les trois chapitres
qui suivent (28-30,), sont consacrés à
l'exposé général de tout ce qui concernait
les sacrifices et les vœux, parce que le
moment approchait où, étant entrés en
possession de la terre promise, les
Israélites pourraient s'acquitter de ces
obligations, là beaucoup plus complètement
qu'ils n'avaient pu le faire dans le désert.
Le chapitre 31 rapporte comment le châtiment
que les Madianites méritaient à cause de
leurs tentatives de séduction, fut exécuté;
le chapitre 32, comment le pays déjà conquis
en deçà du Jourdain, fut partagé entre les
tribus de Gad, Ruben, et la moitié de
Manassé. Le livre des Nombres se termine par
une énumération sommaire des principales
stations du voyage, et quelques ordres
relatifs aux frontières et au partage du
pays de Canaan dans lequel on allait entrer
(33-36,).
Section VII.
— L'ouvrage de Moïse aurait été évidemment
incomplet, s'il ne nous avait pas conservé
le souvenir des derniers efforts qu'il fit
pour le bien spirituel des Israélites, dans
ce moment solennel où ils allaient, après
leur long pèlerinage, voir se réaliser enfin
les promesses faites à leurs pères. C'est
aussi là le but et l'objet du Deutéronome.
Les quatre premiers chapitres sont une sorte
d'introduction, et renferment un discours
dans lequel Moïse récapitule l'histoire des
quarante dernières années, en déduisant des
enseignements et des applications pour la
conduite future du peuple. Nous voyons
ensuite, c'est là le noyau du livre, comment
Moïse rappelle les lois déjà données
précédemment au pied du Sinaï, insistant sur
leur observation, avec de nouveaux motifs
empruntés à l'histoire et aux circonstances,
les appliquant toutes directement au séjour
en Canaan, quelquefois les développant, et
ajoutant de nouvelles directions, ainsi
celles des chapitres 13 et 18 sur la
prophétie qui devait continuer l'œuvre de la
révélation, et celles du chapitre 17 sur le
gouvernement monarchique dont il fallait
prévoir la possibilité (5-27,). Les trois
chapitres suivants contiennent les dernières
et touchantes exhortations du législateur,
dans lesquelles, pénétré de l'esprit
prophétique, il découvre au peuple, d'un
côté les bénédictions, de l'autre les
terribles jugements qui lui sont réservés
dans l'avenir (28-30,). On sent que la fin
de Moïse approche toujours plus; au chapitre
31, il nous raconte comment il transmit
solennellement son office à son successeur
Josué, et remit le livre de la loi entre les
mains des prêtres. Le chapitre 32 nous
conserve le magnifique cantique dans lequel
il prophétise la chute et le rétablissement
final de son peuple, et dans le chapitre 33,
nous lisons les bénédictions qu'il prononça
sur les douze tribus.
Section VIII.
— Le chapitre 34 est un appendice écrit par
une main étrangère, probablement par Josué,
et complète les longs mémoires de la vie de
Moïse, par le récit succinct de sa mort.
Les adversaires de la révélation,
reconnaissant bien que le Pentateuque était
la pierre angulaire de la Bible, ont mis
tout en œuvre pour l'ébranler. Hobbes et
Spinosa avaient déjà dirigé contre lui
quelques attaques partielles; ces attaques
devinrent toujours plus hardies vers la fin
du siècle dernier. On trouva que le moyen le
plus simple était d'en contester
l'authenticité; c'est ce que firent Bauer,
Paulus, Berchtold, encore avec une certaine
modération, et en laissant subsister, comme
authentiques, quelques fragments assez
considérables, jusqu'à ce qu'enfin De Wette
et de Bohlen prirent le parti de tout
contester à Moïse, et d'attribuer la
composition du Pentateuque à un auteur d'une
époque beaucoup postérieure. L'authenticité
du Pentateuque a été, en revanche, défendue
par Jahn, Rancke, et surtout d'une manière
victorieuse par le docteur Hengstenberg
(Beytræge zur Einleitung in das. A. T.), et
par Hævernick (Einleit, in das. A. T.). Vu
la grande importance de cette controverse,
qui n'est, pour ainsi dire, pas connue en
France, nous donnons le résumé des
principaux arguments pour et contre.
L'authenticité s'établit par les
raisons suivantes:
-
Moïse se donne lui-même clairement comme l'auteur de ces livres. Cela est évident d'abord quant à certaines parties de l'ouvrage, Exode 34:27; Nombres 33:2; Deutéronome 31:22; mais il y a, comme nous l'avons montré, une liaison si étroite, si intime, entre toutes ses parties, que de ces passages on peut conclure plus loin. Le passage, Exode 17:14, où il est question du livre, est, aussi à remarquer.
-
Le contenu du Pentateuque ne peut s'expliquer qu'en admettant que Moïse en est l'auteur. En effet, l'auteur montre une si exacte connaissance de l'Égypte, de son sol, de ses mœurs, qu'il faut supposer qu'il y a fait un séjour plus ou moins long, comme c'était le cas pour Moïse. La vérité du Pentateuque, sous ce rapport, a été mise dans tout son jour par les découvertes de Champollion.
— On voit que l'auteur connaissait à fond l'histoire des douze tribus Israélites, et qui était mieux placé pour cela que Moïse?
— Il y a tellement d'allusions au voyage dans le désert, tout est tellement basé sur les circonstances de ce temps-là, qu'il est impossible d'attribuer la composition de ce livre à une époque postérieure.
-
Le Pentateuque est attribué à Moïse par tous les autres livres de l'Ancien Testament. Ici, nous pouvons alléguer d'abord un grand nombre de passages directs, ainsi Josué 1:7; 8:31; 23:6; 2 Rois 14:6; 2 Chroniques 23:18, etc. Quant aux citations d'Esdras et Néhémie, nous pouvons nous dispenser de les énumérer, parce que les adversaires nous accordent que le Pentateuque existait de leur temps. Mais il sera facile de remarquer que tout, dans les livres postérieurs, lois, usages, jugements moraux, etc., est basé sur le Pentateuque; sans le Pentateuque, toute l'histoire d'Israël est inexplicable.
-
Notre Seigneur et les Apôtres attribuent le Pentateuque à Moïse d'une manière si claire, que l'on ne peut plus attaquer l'authenticité de ce livre, sans porter atteinte à leur autorité et à leur infaillibilité. Voyez, par exemple, Matthieu 19:8; Jean 3:45-46, etc. Contre l'authenticité, l'on allègue:
-
Que du temps de Moïse les Hébreux ne connaissaient pas l'écriture. Mais ne pouvaient-ils pas l'avoir empruntée, comme d'autres connaissances, aux Égyptiens ou à quelque peuplade sémitique? Des passages prouvent que cet art (— Voir: Écriture) était non seulement connu du temps de Moïse, mais qu'il avait passé dans la vie ordinaire, Deutéronome 6:9; 11:20; le passage Deutéronome 24:1, où il est question des lettres de divorce, l'existence d'une classe d'employés appelés sopherim, espèce de scribes, etc.
-
Un trouve que la langue du Pentateuque a trop de rapports avec celle des livres postérieurs. Mais observons que cette immutabilité de la langue s'explique d'abord par la structure des langues sémitiques, si différente de celles de l'Occident; puis, par cette circonstance que les Hébreux restèrent, beaucoup plus que d'autres peuples, à l'abri des influences étrangères. D'ailleurs, l'assertion même n'a pas toute la force qu'on lui suppose, témoin le nombre assez grand d'archaïsmes que l'on peut observer; ainsi le mot kèseb (pour agneau), ainsi l'expression: «être recueilli vers ses pères», et beaucoup d'autres encore, de même que certaines formes de langage, ne se trouvent que dans le Pentateuque (— Voir: la Grammaire d'Ewald).
-
On a prétendu trouver, dans beaucoup de passages, des traces d'une époque postérieure; mais quand on y regarde de près, cet argument s'écroule aussi. Nous en citerons quelques exemples: on a dit qu'en nommant la ville de Dan, Genèse 14:14, l'auteur postérieur se trahit, puisque cet endroit ne reçut le nom de Dan que lors de la circonstance mentionnée Juges 18:29; maison n'a pas fait attention qu'il existait une seconde ville de Dan à peu près dans la même contrée, comme on peut le conclure de 2 Samuel 24:6, où l'une des deux villes est appelée Dan-Jahan, pour la distinguer de l'autre.
— On s'est étonné de trouver, Exode 23:19, l'expression: «maison de l'Éternel», qui semble faire allusion au temple de Jérusalem; mais ne peut-elle pas s'appliquer tout aussi bien au tabernacle qui allait se construire?
— On a encore allégué que le chapitre 17 du Deutéronome ne peut pas avoir existé du temps du prophète Samuel, puisqu'il déclare la royauté inconciliable avec la théocratie; mais il faut remarquer que la polémique de Samuel ne se dirige point contre le gouvernement monarchique en général, mais contre son introduction dans les circonstances d'alors, et les dispositions qui le faisaient désirer, etc.
-
On a dit encore que l'état moral du peuple, tel qu'il nous est représenté dans les livres postérieurs, ne peut se concilier avec la supposition que le Pentateuque fût connu. Mais la loi s'accorde-t-elle donc tant avec les inclinations de l'homme naturel, que l'on ne puisse pas comprendre que, tout en étant connue, elle n'était pas mise en pratique? Avec cet argument-là ne pourrait-on pas renverser aussi l'authenticité du Nouveau Testament, et prouver que la chrétienté contemporaine n'en a pas eu connaissance?
-
Enfin, on a fait grand bruit de cet exemplaire du livre de la loi trouvé dans le temple sous le roi Josias, 2 Chroniques 34:14, et l'on en a conclu que ce livre pouvait bien avoir été fabriqué par les prêtres. Mais que le Pentateuque (car c'est de ce livre tout entier qu'il s'agit dans ce passage) existât du temps de Josias et avant, c'est ce que prouvent les nombreuses allusions des prophètes, et en particulier de Jérémie. Il est naturel de supposer que c'était l'exemplaire sacré, écrit de la main même de Moïse, qui avait été égaré sous des rois impies, et l'on comprend que sa découverte, surtout dans les circonstances où se trouvait le royaume, ait dû faire une profonde impression.
Sous le rapport littéraire, nous nous bornerons à citer ici les paroles d'un écrivain qui, sans négliger peut-être le fond, s'attache davantage à la forme, et dont le témoignage, en pareille matière, est intéressant, quoiqu'il ne soit pas neuf: «Il n'est pas nécessaire, dit-il dans sa Bibliothèque sacrée, d'insister sur l'excellence du Pentateuque, à le considérer seulement sous le rapport littéraire. On sait que tous les peuples se sont accordés à y chercher les modèles du sublime, et que l'histoire de Joseph, qui termine la Genèse, est un chef-d'œuvre de naïveté, d'éloquence et de sentiment, auquel rien ne peut être comparé dans l'ancienne littérature.» (Nodier).
M. Grandpierre, dans ses Essais sur le Pentateuque (que leur titre ne caractérise pas d'une manière très exacte), a examiné la plupart des questions qui, dans les livres de Moïse, soulèvent des difficultés morales, historiques ou naturelles. Son travail, sur les points qu'il traite, est bon à consulter comme commentaire; c'est même à peu près le seul ouvrage que nous possédions dans ce genre. -
PENTECÔTE.
C'était la seconde des rois
grandes fêtes solennelles que les Juifs
célébraient à Jérusalem. Son nom vient du
grec, et signifie cinquantième: Elle fut
dans l'origine instituée en mémoire de la
promulgation de la loi sur le mont Sinaï,
qui eut lieu cinquante jours après la sortie
d'Égypte. Elle portait aussi les noms de
fête de la moisson, Exode 23:16; fête des
semaines ou des sept semaines, Exode 34:22;
Deutéronome 16:16; fête des prémices ou des
premiers fruits, Nombres 28:26, parce que,
célébrée cinquante jours après le
commencement de la moisson, ou sept semaines
après le lendemain du sabbat de Pâque, elle
était un service public d'actions de grâces
pour la moisson heureusement terminée,
Lévitique 23:15; Exode 23:16. Outre les
sacrifices et les oblations ordinaires, les
Israélites devaient présenter en ce jour un
gâteau nouveau, deux pains levés, et un bouc
pour le péché, Lévitique 23, Nombres 28,
Deutéronome 16:10. De joyeux repas égayaient
cette fête du bonheur que les Juifs
fréquentèrent toujours avec empressement,
même après que les jours de l'exil eurent
détruit plusieurs de leurs habitudes
religieuses, Actes 2:5; 20:16. Flavius
Josèphe, Antiquités Judaïques 14, 13; 4, et
ailleurs. Un nouveau cinquantième jour, une
nouvelle Pentecôte eut lieu après que les
disciples du Sauveur eurent célébré avec la
dernière Pâque juive la première Pâque
chrétienne; cette Pentecôte a fait oublier
l'ancienne, comme le Saint-Esprit a remplacé
la loi dans le cœur de ceux qui sont devenus
de nouvelles créatures.
— Quelques remarques de détail achèveront de
déterminer le caractère de la Pentecôte
juive, ainsi que ses rapports avec celle des
chrétiens.
-
D'après Lévitique 23:15-16; cf. verset 11, les sept semaines étaient comptées du jour qui suivait le sabbat de Pâque, c'est-à-dire du 16 nisan, de sorte que la fête était célébrée un lendemain de sabbat, cinquante jours après la Pâque; c'est ainsi que les rabbanites l'entendent; les caraïtes comptent au contraire les sept semaines à dater du jour de Pâque, et célèbrent ainsi la Pentecôte le jour du sabbat: il est bien probable en effet que l'oblation des premiers pains devait correspondre à celle des premiers épis, qui avait lieu le jour du sabbat; les sept semaines intermédiaires étaient consacrées à la moisson, Deutéronome 16:9. La loi n'avait déterminé qu'un seul jour pour la fête, mais les Juifs depuis l'exil, et de nos jours encore, célèbrent le lendemain, et donnent deux jours à la Pentecôte.
-
Les pains offerts à l'Éternel étaient faits avec du levain, comme les pains dont on se servait dans l'usage journalier; ils étaient présentés au nom de tout le peuple avec un dixième d'épha de fine farine, Lévitique 23:17: le Talmud ajoute que les pains avaient sept pouces de long et quatre large. Les prêtres devaient les manger de en un seul jour sans en réserver rien pour le lendemain. Ces différentes offrandes étaient toutes tournoyées devant l'autel, Lévitique 23:17.
-
D'après Lévitique 23:18, les offrandes consistaient en sept agneaux d'un an, un veau, deux béliers, avec les aspersions nécessaires, plus un jeune bouc pour le péché, et deux agneaux en sacrifice de prospérité: d'après Nombres 28:27, l'holocauste se composait de deux veaux, un bélier, sept agneaux d'un an, et un jeune bouc de propitiation. Plusieurs auteurs n'ont pas remarqué cette différence; d'autres, et notamment les Juifs, l'expliquent d'une manière assez satisfaisante, en regardant les offrandes du Lévitique comme celles qui devaient accompagner les pains, et celles des Nombres comme addition ou supplément, de sorte qu'il faudrait additionner le nombre des victimes mentionnées; c'est ce que fait aussi Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 3, 10, 6) qui compte quatorze brebis, trois veaux et deux boucs; ce dernier chiffre est probablement mis par erreur au lieu de trois.
-
D'après Flavius Josèphe, le nom de la Pentecôte était de son temps Asartha, ou Hatsartha, fête du rassemblement, fête en quelque sorte par excellence; et ce même nom se retrouve dans le Talmud.
-
La Pentecôte juive n'est pas directement rattachée dans son origine à la promulgation de la loi, mais il est aisé de voir, comme le veut la tradition, qu'elle eut lieu en effet cinquante jours environ après la sortie d'Égypte. Les Israélites furent affranchis le quinzième jour du premier mois ou nisan, Exode 12:6, sq., et ce fut dans les quatre ou cinq premiers jours du troisième mois qu'ils reçurent la loi en Sinaï, Exode 19:1,16, etc. Si la parfaite coïncidence des chiffres ne peut être prouvée, il n'en est pas moins vrai qu'il y a entre les faits mêmes des rapprochements remarquables à faire. La Pâque juive représentait une délivrance matérielle, la Pâque chrétienne une délivrance spirituelle: la Pentecôte juive ou la promulgation de la loi était le fondement de l'ancienne économie, la Pentecôte chrétienne est celui de la nouvelle. Cinquante jours après avoir délivré son ancien peuple, Dieu lui donna la loi; cinquante jours après avoir sauvé l'Église, Jésus lui envoya cet Esprit qui seul peut faire aimer, comprendre, et observer la loi.
-
Le but moral de la fête lévitique était de rappeler aux Israélites les grâces d'un Dieu qui les avait choisis pour être son peuple, et qui leur avait donné en héritage une terre fertile et bénie. Son but typique était de leur rappeler qu'ils étaient l'image de l'Israël selon l'esprit, la figure de l'assemblage des Saints.
-
La première Pentecôte eut lieu hors de la terre promise et dans un désert, juste image des suites et de la nature de cette alliance; la seconde eut lieu à Jérusalem, ville sainte, et sur Sion, montagne de prédilection, Psaumes 87:3; 132:13. La première n'eut pour témoins que des Juifs, la seconde des gens de toutes nations, Actes 2:9; etc. Celle-là fut accompagnée de scènes effrayantes; celle-ci, réalisation des prophéties qui annonçaient d'heureux jours, Jérémie 31, Joël 2, est aussi extraordinaire, mais elle n'a rien qui fasse trembler; on entend bien un son, mais c'est celui de l'Évangile; un vent véhément se fait bien sentir, mais c'est le Saint-Esprit qui manifeste sa vertu efficace et bienfaisante; il apparaît bien un feu, mais c'est celui qui éclaire et qui sanctifie. (— Voir: Girard des Bergeries, Moïse dévoilé.)
PÉNUEL,
— Voir: Jéred #2.
— Voir: aussi 1 Chroniques 4:4; 8:25.
PÉRATSIM,
montagne de la Judée;
— Voir: Bahal-Pératsim.
PERDRIX.
C'est ainsi que l'on traduit
ordinairement l'hébreu khoré, 1
Samuel 26:20; Jérémie 17:11, et non
seulement rien ne contredit ce sens, mais
encore il paraît justifié par la
signification même du nom (celui qui
appelle), semblable peut-être, sous ce
rapport, au nom allemand de Rebhuhn,
où Winer voit Rufhuhn; il est
constant que le cri de la perdrix a souvent
une intonation provocatrice ou plaintive,
qui ressemble à un appel, et que les
chasseurs ont ainsi désignée. Mais si cette
traduction paraît bien établie, comme elle a
été adoptée par les Septante, la Vulgate et
tous les anciens commentateurs, elle est,
d'un autre côté, extrêmement vague, les
anciens, et même Aristote, ayant confondu,
sous ce nom généralement connu, une quantité
d'espèces moins connues et moins observées.
Le passage de Jérémie ne peut servir de
guide, car il donne à cet oiseau un trait de
caractère qui n'est pas le sien; il n'est
pas prouvé que la perdrix enlève des œufs à
d'autres oiseaux pour les couver; souvent,
au contraire, elle les détruit, mais il
suffisait au prophète que l'opinion
populaire attribuât à la perdrix une
pareille habitude, pour lui emprunter une
image. Le passage de Samuel renferme déjà
une indication de plus, c'est que la khoré
est une habitante des montagnes. Et si l'on
tient compte du fait que cet animal était
connu en Palestine, on écartera toutes les
espèces qui n'habitent que les plaines et
les climats tempérés; ainsi notre perdrix
grise ordinaire, et la perdrix
grise-blanche, qui n'en est qu'une variété;
l'une et l'autre sont inconnues en Asie et
n'habitent que les pays à blé, les plaines,
et tout au plus la lisière des forêts. On ne
peut donc guère penser qu'à la petite
perdrix grise de Buffon, qu'Aldovrande
appelle perdrix de Damas, ou à la perdrix
grecque, dite bartavelle; c'est de cette
dernière qu'il s'agit, selon toute
apparence, dans les passages cités; elle
habitait les îles de la Méditerranée, ainsi
que les contrées de l'Asie conquises par
Alexandre, et recherchait de préférence les
montagnes et les rochers. La perdrix rouge,
deux fois aussi grosse que notre perdrix
ordinaire, est fort commune en Grèce, en
Crète et jusqu'en Syrie; elle couve
quelquefois d'autres œufs que les siens,
mais ce n'est qu'à défaut de ceux-ci, soit
qu'elle n'en ait point pondu, soit qu'ils
lui aient été enlevés. Cette espèce est fort
criarde, soit en amour, soit au combat. On a
raconté bien des fables sur la perdrix, mais
l'on a aussi rangé au nombre des fables des
faits bien avérés de son merveilleux
instinct.
— Quelques auteurs, en petit nombre, ont
traduit khoré autrement que nous ne faisons:
outre Faber, qui l'entend de la perdrix de
Damas, d'autres l'ont entendu du coucou,
Bochart de la bécasse, Œdmann de la mésange.
PERDUS
(objets). Celui qui avait trouvé quelque chose devait le relever, le ramasser et chercher à en découvrir le propriétaire, Deutéronome 22:1-3. Cet ordre est spécial à l'égard du bétail qui aurait pu s'égarer, et une disposition de ce genre était d'autant plus nécessaire sur ce point, que l'entretien et la nourriture des bêtes perdues pouvaient être pour celui qui les rencontrait un motif d'hésitation. Celui qui, après l'avoir nié, était convaincu d'avoir trouvé et de s'être approprié quelque chose, devait le restituer en y ajoutant un cinquième de la valeur; il était tenu, en outre, à offrir en sacrifice un bélier sans tare pour l'expiation de son péché, Lévitique 6:3,6.
PERGAME,
ancienne ville de Mysie, située
à 7 lieues d'Élée, sur le fleuve Caïcus.
Capitale d'un royaume fondé par l'eunuque
Philétère, elle avait passé sous la
domination romaine par le testament d'Attale
III Philométor. Eumène II, l'un de ses rois,
voulant rivaliser avec Ptolémée, roi
d'Égypte, avait substitué le parchemin (pergamentum)
au papyrus, et fondé dans sa capitale une
magnifique bibliothèque de 200,000 volumes,
dont Marc Antoine fit plus tard présenta
Cléopâtre, après l'incendie de celle
d'Alexandrie. Esculape avait dans cette
ville un temple célèbre qu'on venait visiter
des parties les plus éloignées de l'Asie.
Pergame devint sous les Romains le chef-lieu
d'une de leurs provinces, et le
christianisme ne tarda pas à s'y établir,
ainsi qu'on le voit Apocalypse 1:11; 2:12:
elle est appelée, dans ce dernier passage,
le siège ou le trône de Satan, ce que
quelques auteurs ont entendu du temple
d'Esculape, qui avait, comme on sait, le
serpent pour emblème; cependant il est plus
probable que l'apôtre prophète avait en vue
soit l'idolâtrie en général, soit des
persécutions auxquelles les chrétiens
auraient été en butte dans cette ville.
L'Église de Pergame est louée pour sa
fidélité, mais le Saint-Esprit lui reproche
les égarements de quelques-uns de ses
membres;
— Voir: l'article Nicolas, et Voyages
de Hartley en Grèce et dans les sept Églises
apocalyptiques.
PERGE,
maintenant Karahisar ou Château noir; ville maritime et métropole de la Pamphylie, située près du Cestrus, à 60 stades de son embouchure, et à 10 lieues nord-est d'Attalée. Elle possédait un temple célèbre d'Artémis. Alexandre s'en empara. Saint Paul y annonça la parole de Dieu, Actes 13:13; 14:25.
PERLES.
Elles sont sans contestation
désignées par le mot
μαργαριτάρι dans le Nouveau Testament,
Matthieu 7:6; 13:45; 1 Timothée 2:9;
Apocalypse 17:4; 18:12, et selon quelques
auteurs, notamment selon les commentateurs
juifs, par l'hébreu peninnim,
Proverbes 3:15; 8:11; 20:15; 31:10; Job
28:18; Lamentations 4:7 (où nos versions ont
mis pierres précieuses): plusieurs rabbins
entendent aussi des perles l'hébreu dar,
d'après l'étymologie de l'arabe, Esther 1:6.
— Voir: Marbre, et le b'dôlach,
— Voir: Bdellion.
On fait observer le rapport qu'il y a entre
l'hébreu peninnim et le latin
pinna, nageoire, poisson, qui désigne
aussi par extension le coquillage qui
produit les perles; la circonstance que le
nom hébreu est toujours au pluriel, et le
contexte qui met toujours les peninnim
à côté des métaux et des pierres précieuses,
sans qu'elles soient ni l'un ni l'autre,
militent en faveur de la traduction adoptée;
enfin, le fait que les perles ont été
connues fort anciennement, et notamment dans
les contrées voisines de la mer Rouge et du
golfe Persique, où elles sont fort
abondantes, mérite d'être pris en
considération. Mais d'un autre côté le
passage des Lamentations, qui donne aux
peninnim la couleur vermeille, ne cadre
guère avec l'idée qu'il s'agisse là de
perles, à moins qu'on n'admette l'assertion
de Calmet, que l'eau des perles de l'Orient
tire sur l'incarnat, ou l'explication de
Bochart qui prend le mot rouge ou vermeil
dans le sens d'éclatant, brillant, ainsi que
cela se fait quelquefois en arabe, et comme
nous en avons un exemple dans les
purpurei olores d'Horace. Gesenius
repousse cette signification secondaire du
mot, et donne avec Michaélis et d'autres à
peninnim le sens de corail, q.v. Il est
difficile de décider.
Quant aux perles, elles ont servi au luxe
dès la plus haute antiquité; elles étaient
un article de commerce fort important que
les Orientaux tiraient assez ordinairement
de l'Arabie, sur les côtes de laquelle on en
péchait en grande abondance; l'île de Tylos
était en particulier renommée pour ses
nombreuses et belles pêcheries de perles et
de nacre, que des plongeurs allaient
chercher aux pieds des rochers; on en
trouvait également en fort grand nombre dans
la mer des Indes, Pline 6, 32; 9, 54.
Strabon 16, 767. Depuis quelques siècles les
côtes du Nouveau Monde ont offert de
nouvelles richesses sous ce rapport; leurs
perles ont une eau verdâtre, qui les fait
moins rechercher peut-être que les perles
gris de lin des mers du Nord, que les perles
rose-rouge de l'Océan des Indes, mais qui
n'en est pas moins pure, délicate, et
souvent préférable et préférée. Le
coquillage qui les sécrète est le mytilus
margaritiferus de Linnée, long et large
parfois de 30 centimètres et de l'épaisseur
d'un doigt; la coquille, sans forme et rude
à l'extérieur, est polie et d'une blancheur
éblouissante en dedans. Les naturalistes ne
sont pas d'accord sur le mode de formation
des perles; on sait seulement que ce sont
des excrétions de l'animal, soit
accidentelles, soit destinées à boucher de
petites cavités formées dans le tissu du
coquillage. La grosseur, la forme et la
beauté des perles qu'on trouve dans un même
individu varient beaucoup: l'on en trouve de
rondes, d'ovales, d'allongées en poire et
d'anguleuses: leur nombre varie également,
et l'on en a découvert jusqu'à cent
cinquante dans une seule mère-perle, mais
elles n'étaient pas toutes achevées au même
degré. Les plus grosses appartiennent aux
îles de Ceylan, de Sumatra et de Bornéo, les
plus fines au golfe Persique» On en trouve
quelques-unes, mais peu appréciées et peu
solides, dans les huîtres communes, et dans
les rivières de l'Europe, en Bohême et en
Silésie.
PERSE.
Cette contrée, si voisine du
berceau du genre humain, et par conséquent
bien connue dès la plus haute antiquité,
n'apparaît dans les premiers écrits de
l'Ancien Testament que sous le nom d'Élam,
q.v. Plus tard seulement, et depuis l'exil,
elle reçoit le nom de Perse qui désigne
alors (outre la Perse proprement dite, le
Persis ou Farsistan) tout l'immense royaume
fondé par Cyrus, qui comprenait la plus
grande partie de l'Asie connue, depuis le
voisinage de l'Indus jusqu'à la mer Égée: à
la Perse qu'il avait héritée de ses
ancêtres, le conquérant avait joint ce que
la domination des Mèdes avait embrassé
jusqu'au fleuve Halys, le royaume de Lydie
au-delà de ce fleuve, et celui de Babylone.
Son successeur, Cambyse, y ajouta l'Égypte.
Cet empire ne subsista que deux siècles, et
fut conquis par Alexandre. Après la mort du
roi de Macédoine, les provinces de l'Orient
tombèrent au pouvoir de Séleucus Nicator,
mais ses successeurs en Syrie perdirent une
partie de ces provinces, qui leur furent
enlevées par les Parthes. Sous la domination
de ces derniers, la Perse eut des rois
particuliers; on a l'énumération des
provinces qui composaient l'empire des
Parthes; la Perse et même la Susiane et la
Carmanie n'y sont pas comprises, et sont
ainsi considérées comme indépendantes. Leurs
princes furent néanmoins dans un état de
dépendance jusqu'au troisième siècle. Un
Persan, qui prit le nom d'Artaxercès, secoua
le joug des Parthes, en anéantissant leur
puissance, la rendit aux Perses qui en
jouirent environ quatre cents ans, jusqu'à
l'invasion des Arabes sous les premiers
califes successeurs de Mahomet; dès lors le
nom de Perse s'est conservé pour désigner
tout le pays compris depuis les limites de
la domination turque jusqu'à l'Indostan.
La grande Perse était divisée en cinq
provinces ou satrapies, la Susiane,
— Voir: Susan;
la Perse proprement dite, la Carmanie et la
Gédrosie (Kerman et Mékran), l'Arie ou
Khorasan, et l'Hyrcanie; on peut y joindre
encore la Margiane, qui a fait partie de
l'empire des Parthes. Chacune d'elles avait
une administration complète et la direction
de ses colonies; mais elles relevaient
toutes aussi du roi, qui était le centre et
le chef du gouvernement.
La Perse proprement dite s'étendait du nord
au sud jusqu'au golfe Persique, entre les
27° et 33° de latitude; elle était séparée
de la Médie au nord par les monts
Parachoatras, maintenant Aprassia, touchant
la Susiane à l'ouest par les monts Baktiori
pleins de passages et de défilés étroits et
dangereux; à l'est était la Carmanie. Le
pays, qui est montueux déjà dans la partie
septentrionale de la Susiane, continue de
l'être dans la Perse et jusqu'au centre de
cette province. La contrée maritime a des
plaines marécageuses et stériles où il règne
des vents impétueux, une chaleur excessive
et des exhalaisons malsaines. Entre le nord
et le milieu du pays, de hautes et rocheuses
montagnes portent des neiges éternelles; le
climat est dur, la terre stérile; on n'y
trouve que des bergers, des nomades, des
voyageurs, et des brigands. Des lacs et des
rivières arrosent et fertilisent les plaines
et les vallées de la Perse centrale, qui
nourrissent beaucoup de bétail,
principalement des chameaux.
C'étaient les habitants de cette province
qui portaient plus spécialement le nom de
Perses; ils étaient parents des Mèdes et se
divisaient en plusieurs hordes ou tribus
dont trois passaient pour nobles, les
Pasargades, les Maraphiens et les Maspiens;
seules elles recevaient une certaine
culture, les autres labouraient les terres,
gardaient les troupeaux, ou étaient
confinées dans les montagnes, sauvages et
sans instruction. La famille royale, et
Cyrus en particulier, appartenait aux
Achéménides, la famille la plus noble des
Pasargades.
La langue perse était proche parente de la
langue zend parlée dans la Médie supérieure,
laquelle, à son tour, tirait ses racines du
sanscrit; elle différait complètement des
langues sémitiques. Nous ne pouvons entrer
ici dans l'examen des rapports qui ont été
remarqués entre le persan, le sanscrit et
l'allemand, soit quant aux mots, soit quant
aux constructions et à la syntaxe; on
trouvera sur ce sujet les indications qu'on
pourra désirer, dans l'ouvrage allemand de
Wahl, Histoire des langues et de la
littérature orientale, p. 129, et suivant.
La constitution politique de la monarchie
perse, comme état indépendant, ressemblait à
celle de la Médie, et en général de tous les
anciens royaumes de l'Asie. La Perse a eu
des rois dès les anciens temps; ils
s'intitulaient eux-mêmes rois des rois, et
vivaient inabordables pour leurs sujets dans
des palais magnifiques et solidement
construits, le printemps à Ecbatane, l'été à
Susan, Néhémie 1:1; Daniel 8:2; Esther
1:2,5, etc., l'hiver à Babylone, q.v. Ils
avaient un harem nombreux et bien choisi,
placé sous la surveillance d'eunuques,
Esther 2:11, une femme principale ou
sultane, qui pouvait quelquefois exercer une
certaine influence sur les affaires
publiques, Esther 7, Néhémie 2:6, une riche
et brillante collection de courtisans, et un
échanson, Néhémie 2:1. Leur table était
naturellement abondante et recherchée,
Esther 1:5, et les provinces du royaume,
devaient tour à tour pourvoir à son
entretien, Hérodote 1, 192; cf. 1 Rois 4:27.
Le mode de gouvernement était éminemment
despotique; la volonté du monarque était la
loi suprême, sa parole était un jugement en
dernière instance. S'il y avait quelquefois
conseil tenu entre le roi et ses ministres
ou ses courtisans, ce n'était;que dans des
circonstances extrêmement graves, et pendant
ou après un repas, Esther 1:10-19; 5:5; 7:2.
Une mesure qui avait été érigée en édit avec
le sceau du roi, sa signature et son nom,
était réputée irrévocable, Esther 1:19;
Daniel 6:8,15. Les provinces, qui sous
Darius Hystaspe s'élevèrent au nombre de
vingt (120 sous Darius le Mède, Daniel 6:1).
étaient gouvernées par des satrapes,
qui souvent appartenaient à la famille
royale; ils tenaient une cour de princes,
avaient sous leurs ordres, pour les
districts de leurs provinces, des employés
spéciaux et s'occupaient du gouvernement
général et de la perception des impôts en
argent et en nature, Esther 3:12-13; 8:9;
Néhémie 2:8,16. Ils n'avaient qu'un pouvoir
administratif et civil, mais des commandants
de troupes étaient mis à leur disposition et
répartis entre leurs divers districts. Des
courriers (q.v.) faisaient le service de
poste entre le roi et les satrapes. Autour
du trône royal se tenait un conseil de sept
princes ou ministres, Esther 1:14; Esdras
7:14, qui étaient probablement les sept
juges inamovibles dont parle Hérodote, 3,
31, mais qu'il ne faut pas confondre avec
les sept eunuques de Esther 1:10,12; 6:14.
L'armée perse, non compris les garnisons,
consistait «n infanterie (notamment en
archers), et surtout en cavalerie; elle
était équipée avec ce luxe qui,
principalement depuis la conquête des
Lydiens, était un des caractères saillants
des mœurs du pays, Hérodote 1, 71; 9, 79.
On n'a pas beaucoup de détails sur la
religion des Perses; on sait seulement d'une
manière générale qu'ils adoraient le soleil,
qu'ils ne lui dressaient ni statues, ni
autels, et qu'ils lui offraient sur des
lieux élevés, des sacrifices, ainsi qu'à la
lune, au feu, etc. Le mage (importation
mède) qui présidait au sacrifice, divisait
l'holocauste en cinq parties; les dieux
n'entraient point dans ce partage, parce
que, disaient les Perses, la divinité ne
veut que l'âme de la victime. On ne peut
déterminer jusqu'à quel point cette
adoration de la lumière et du feu se
combinait avec les doctrines dualistes de
Zoroastre, mais il paraît que ces dernières
n'ont point été étrangères aux Perses.
La Perse, après n'avoir été qu'une satrapie
sous Phraortes, roi de Médie, qui vivait
quatre-vingt-quatorze ou
quatre-vingt-dix-sept ans avant Cyrus, ne
commence à compter comme royaume
indépendant, ayant son histoire, propre, que
sous Cyrus, qui fut son premier roi, au dire
de tous les chroniqueurs historiens, qui, au
milieu de leurs divergences, s'accordent
cependant sur ce point, Hérodote, Ctésias,
Xénophon. Mais Cyrus a-t-il vaincu le
dernier roi des Mèdes, Astyage; ou bien,
gendre de Cambyse II, a-t-il hérité d'une
partie de ses États? C'est ce qui ne peut
être décidé.
Quoi qu'il en soit, Cyrus ne tarda pas à joindre la Babylonie à sa couronne, 539 avant J.-C. Il mourut en 529.
Après lui vinrent Cambyse, 529;
Smerdis, ou plutôt le faux Smerdis, prétendu frère de Cambyse, 522;
Darius Hystaspe, 521;
Xercès, 485, qui fut égorgé la vingtième année de son règne par Artaban, qui lui succéda et ne régna que sept mois;
Artaxercès Longue main, 465 ou 464;
Xercès II, son fils, 424, ne régna que deux mois;
Sogdiane, 424, sept mois;
Darius Nothus (Ochus), 424;
Artaxercès II, 404;
Artaxercès Ochus, 364;
Arsès, 338;
Darius Godoman, 335. Ce fut lui qui, après un règne d'environ six ans, fut vaincu à Arbèles par Alexandre de Macédoine, 330 avant J.-C. Il vit tomber ainsi la monarchie perse après une existence de deux cent dix-neuf années.
Ceux des rois perses dont il est parlé dans
l'Écriture sainte, les seuls dont nous ayons
à nous occuper, portent quelquefois chez les
auteurs sacrés des noms différents de ceux
que leur donnent les historiens profanes,
des noms hébraïsés; d'autres fois leur nom
étant donné sans leur surnom
caractéristique, il est difficile de
reconnaître toujours avec certitude duquel
des successeurs de Cyrus il est question.
Nous avons examiné aux articles Cyrus,
Darius, Artaxercès, etc., ces questions de
détail: rappelons encore ici d'une manière
sommaire les rapports de l'histoire des
Juifs avec celle de leurs conquérants.
Cyrus, après la conquête de. Babylone,
permet aux Juifs exilés de retourner dans
leur patrie, et contribue à la
reconstruction du temple, Esdras 1:2. Sous
Cambyse, après le succès de son expédition
d'Égypte, on cherche à noircir les Juifs
dans l'esprit du roi pour les perdre, Esdras
4:6, mais ce n'est que sous son successeur,
le faux Smerdis, qu'on obtient qu'il fasse
cesser les travaux commencés à Jérusalem,
Esdras 4:7. Darius Hystaspe, mieux disposé
en faveur des Juifs, révoque cet interdit la
deuxième année de son règne, Esdras 5:6: il
commence avec gloire la série des guerres
gréco-perses et continue de témoigner de la
bienveillance à ses sujets hébreux. Les
folles entreprises de Xercès, accompagnées
parfois de sentiments généreux, sont
connues; il ordonne et rétracte aussitôt les
cruelles mesures proposées par Haman et
combattues par Ester. Artaxercès Longue-main
marche contre l'Égypte révoltée, et se voit
contraint de faire la paix avec les Grecs.
La Palestine se ressent d'une manière
fâcheuse des expéditions tentées contre
l'Égypte; la nouvelle colonie juive menace
de tomber en ruine; Néhémie obtient de son
maître la permission de rejoindre ses frères
pour essayer de relever leur courage et leur
foi, et de réorganiser plus fortement
l'ensemble de leur administration
gouvernementale. Sous Darius Nothus, qui a
des ennemis à combattre de tous côtés, la
Phénicie, voisine de la terre sainte,
devient un champ de bataille entre les armes
perses et celles des Arabes et des Égyptiens
réunis. Artaxercès Mnémon, bien que fort
occupé ailleurs, ne perd cependant pas non
plus l'Égypte de vue, et rencontre ses
armées dans des plaines également voisines
des frontières des Juifs, qui ont beaucoup à
se plaindre de la conduite du général perse
Bagoas. Ochus poursuit les entreprises de
son père, humilie les Phéniciens et se
soumet de nouveau l'Égypte. Depuis lors, et
jusqu'à la tin de la monarchie perse, les
Juifs restèrent tranquilles de ce côté.
— Ce fut pendant la durée de cette monarchie
que les Samaritains élevèrent leur temple
sur le mont Guérizim.
PERSÉPOLIS,
ville perse dont Antiochus
Épiphanes essaya vainement la conquête, 2
Maccabées 9:2. Capitale de la Perse
proprement dite, elle était située à 100
lieues de Suse, et bâtie au pied d'une
montagne, non loin du fleuve Araxe. Xercès y
avait fait bâtir un palais magnifique
qu'Alexandre, après la bataille d'Arbèles,
fit brûler sur la suggestion de ses
courtisans, pour venger l'incendie de la
ville d'Athènes. Malgré ce commencement de
destruction, Persépolis continua de demeurer
une ville importante, jusqu'au moment où
elle fut détruite sous le califat d'Ali; ses
débris servirent à bâtir Schiraz. Au sud,
mais à une distance qui n'est pas
déterminée, se trouvait l'ancienne capitale
de la Perse, Pasargades, avec les tombeaux
des rois; Cyrus, dit-on, l'avait fait
construire en mémoire de la défaite
d'Astyage. Toute cette contrée, comprise
entre Persépolis et Pasargades, est encore
couverte de ruines magnifiques et
monumentales, de colonnes encore entières,
de figures d'une élégance et d'une beauté
achevées. Les ruines mêmes de Persépolis,
situées sur une hauteur qui domine la grande
plaine de Merdasht, sont appelées
Tschihl-Minar, ou les quarante colonnes:
elles sont importantes pour l'histoire des
anciens costumes orientaux.
— Le nom de Pasargades signifiant lieu, ou
camp des Perses, c'est-à-dire presque la
même chose que Persépolis, qui en est la
traduction grecque, quelques auteurs, comme
Heeren, ont cru que ce n'était sous deux
noms différents qu'une seule et même ville;
d'autres les séparent par une distance de 36
lieues; il y a de la place entre ces deux
extrêmes pour d'autres variantes: c'est
assez dire qu'il règne sur ce point une
incertitude qu'on ne peut pas espérer de
voir s'éclaircir.
PERSIDE,
Romains 16:12, ou Persis, saluée par saint Paul qui la loue d'avoir beaucoup travaillé en notre Seigneur. Son nom fait supposer qu'elle était une esclave, ou une affranchie, perse d'origine.
PERTE de sang,
— Voir: Hémorrhoïsse.
PESTE,
maladie épidémique fréquente en
Orient, surtout en Égypte et en Turquie,
plus rare déjà en Syrie et dans les contrées
voisines. Elle se propage d'un endroit à un
autre avec une incroyable rapidité, et
enlève des milliers d'hommes avant qu'on ait
seulement une conscience claire de sa
présence. En 1610, elle détruisit le quart
de la population de la Suisse, 4,000
personnes à Bale, 5,000 à Zurich, 2,000 dans
le petit canton de Glaris, 33,584 dans celui
de Thurgovie, etc.; en 1714, Constantinople
vit mourir 300,000 hommes; en 1760,
Saint-Jean-d'Acre perdit en cinq mois 7,000
hommes sur 26,000 habitants; d'autres
exemples pourraient être multipliés. On
connaît les effrayantes descriptions qu'en
ont faites Thucydide, Manzoni, et d'autres.
L'Égypte est en quelque sorte sa patrie,
Exode 9:3: elle gagne de là les contrées
maritimes qui l'avoisinent, la Palestine, la
Syrie, et règne ordinairement depuis
décembre jusqu'à la mi-juin. Il est
plusieurs fois parlé de la peste dans
l'Écriture, 2 Samuel 24:13,15; 1 Rois 8:37;
Jérémie 14:12; 21:6; 24:10; Ézéchiel 5:12;
7:15: elle est dénoncée comme menace et
châtiment, Lévitique 26:23; Nombres 14:12,
et fréquemment réunie à l'épée et à la
famine, comme aussi dans la nature ces trois
fléaux se rencontrent souvent ensemble,
parce que les uns sont les effets des
autres, Matthieu 24:7; Luc 21:11.
Celui qui est atteint de la peste, par le
contact d'une personne ou d'un objet qui en
est infecté, commence par éprouver du dégoût
pour les aliments, des maux de tête et de
reins, un violent besoin de dormir, un
affaiblissement physique, souvent aussi
moral et intellectuel; les yeux
s'obscurcissent, la langue s'appesantit,
quelquefois même elle se paralyse
complètement de même que le sens de l'ouïe;
puis viennent les vomissements, la diarrhée,
une lièvre violente et le délire. Dans les
premiers jours de l'épidémie la maladie ne
dure guère qu'un instant, et elle est
presque aussitôt suivie de la mort; plus
tard le malade vit ordinairement jusqu'à
trois jours; peu à peu le poison perd de sa
force, et le nombre de ceux qui se
rétablissent devient de jour en jour plus
considérable; mais personne ne se guérit
sans avoir eu des tumeurs de peste, espèces
d'ulcères qui sont comme la poussée de la
maladie, son éruption, mais qui ne sont pas
toujours un gage de guérison; car, même dans
les cas les plus favorables, les malades
restent encore quarante jours en danger de
mort. Ces tumeurs apparaissent surtout sur
les parties délicates et tendres de la peau,
sous les aisselles, quelquefois aux
oreilles, aux joues, sur la nuque, etc.;
elles sont rondes ou ovales, d'abord rouges,
puis bleues, et très douloureuses: quand
elles sont mûres, elles percent
d'elles-mêmes, ou bien on les ouvre, et il
en découle une humeur épaisse et infecte.
Quelquefois, mais rarement, elles se
dissipent, et se perdent sans inconvénient
pour le malade. Quand la maladie est
heureuse et qu'au troisième jour une
abondante transpiration a brisé la force de
la fièvre, ces tumeurs et des taches
répandues sur les différentes parties du
corps, sont pour ainsi dire les seuls
symptômes qui subsistent encore, les seules
traces que la peste ait laissées de son
passage. Une diète sévère est alors, comme
pour presque toutes les maladies, la seule
précaution que le malade ait à prendre: les
remèdes de la médecine sont ordinairement
sans emploi, sauf un puissant sudorifique
qu'on lui administre dès le commencement de
l'attaque. La peste peut frapper à plusieurs
reprises, et l'on a des exemples de
personnes qui en ont été atteintes jusqu'à
douze fois.
Le nom de peste, ou pestilentiel, est
employé plusieurs fois d'une manière figurée
dans l'Écriture sainte, comme il l'est chez
nous dans le langage ordinaire pour dire
quelqu'un ou quelque chose de dangereux, de
redoutable, etc., Osée 13:14; Psaumes 91:3;
Actes 24:5.
PETHOR,
ville de la Mésopotamie, située sur l'Euphrate, et patrie de Balaam, Nombres 22:5; Deutéronome 23:4.
PEUPLIER.
Nos versions traduisent ainsi l'hébreu libnéh, Genèse 30:37; Osée 4:13, sur l'autorité des Septante (dans le second passage), de l'arabe, du syriaque, et de l'étymologie; et Celse, dans sa botanique sacrée, accepte cette traduction comme bonne, d'autant plus que l'on trouve en Palestine beaucoup de peupliers blancs, et que cet arbre était déjà estimé dans l'antiquité à cause de son bel ombrage, Théocrit. 7, 8. Ovid. Met. 10, 555, Horace, Od. 2. 3, 9. Cette opinion peut se soutenir; cependant, dans le passage de la Genèse, les Septante et Saadias ont traduit ce mot par storax, q.v.; le rabbin Jona vient encore à l'appui de cette version; l'usage de l'arabe la recommande, et l'étymologie qui n'emporte que l'idée de blancheur, peut aussi bien être invoquée en faveur de la résine blanc de lait du storax, qu'en faveur du peuplier blanc. Entre ces deux traductions il est difficile de prononcer; nous adopterions plutôt la dernière.
PHALEG,
— Voir: Péleg.
PHANUEL,
de la tribu d'Aser, Luc 2:36, père d'Anne la prophétesse; du reste, inconnu.
PHARAON,
nom commun de tous les rois de l'ancienne Égypte, comme Ptolémée fut plus tard le nom des rois égyptiens d'origine grecque macédonienne. Quelquefois, mais rarement, un nom personnel est joint à celui de la royauté, comme pour Pharaon Néco, Hophra, Tirhaca, etc. Le nom de Pharaon signifie roi, ainsi que l'établit déjà Flavius Josèphe, puis Jablonsky, d'après le copte ouro, et avec l'article Pe-ouro ou Ph'ouro; on ne le trouve qu'accidentellement dans les historiens grecs. Hérodote 2, 111; en revanche, il est presque la seule désignation des rois d'Égypte dans l'Histoire sainte; onze personnages de ce nom apparaissent à différentes époques de la vie du peuple juif; l'incertitude de la chronologie amenant de l'incertitude dans les synchronismes, il n'est pas toujours facile de déterminer quels sont, dans l'Histoire profane, les pharaons nommés dans l'Écriture.
-
Pharaon, contemporain d'Abraham, Genèse 12:15. Il fit enlever l'épouse du patriarche que celui-ci donnait pour sa sœur, mais divinement averti de son erreur, il ne tarda pas à la lui renvoyer. C'est presque la même histoire que nous avons vue chez Abimélec, roi des Philistins, et si un troisième enlèvement de ce genre a lieu encore aux jours d'Isaac, la fréquence de ces faits, loin d'en diminuer la vraisemblance, nous montre combien ils étaient conformes aux mœurs d'alors. On voit aussi par ces rapports entre les Égyptiens et la famille d'Abraham, que cette horreur des premiers pour la vie pastorale et nomade n'existait pas encore, et l'histoire nous montre, en effet, qu'elle n'a commencé que sous la 17e dynastie, sous celle des rois pasteurs, conquérants étrangers dont la vie et les mœurs devaient, par une sorte de préjugé naturel, devenir un objet de haine et de mépris pour leurs nouveaux sujets; comme cette aversion paraît déjà aux temps de Joseph, il ne faut pas remonter bien haut en arrière pour trouver le Pharaon d'Abraham, et l'on suppose avec bien de la probabilité, qu'il appartenait à la 16e dynastie, l'une de celles des rois thébains (2272 avant J.-C.), celle qui précéda immédiatement la conquête de l'Égypte par les rois pasteurs. Les découvertes modernes ne nous conduisent pas aussi haut dans l'histoire de l'ancienne Égypte, et ses monuments gigantesques et mystérieux maintenant expliqués, ne nous font remonter qu'aux règnes de la 17e dynastie. D'après la chronologie vulgaire que nous suivons ordinairement, Abraham aurait été contemporain du cinquième et du sixième roi de la dynastie des rois pasteurs (la 17e), mais on ne s'expliquerait plus bien leurs rapports réciproques; et le caractère même d'un Pharaon conquérant serait étrange, tel du moins qu'il se peint dans sa conduite avec Abraham.
-
Pharaon, contemporain de Joseph, Genèse 37:39, et 40. Il fait mettre en prison Joseph; puis, plus tard, deux de ses serviteurs, son échanson et son panetier, pour des crimes qui nous sont inconnus. Sa sévérité, puis sa grâce pour l'un des captifs, et la peine de mort qu'il prononce contre l'autre, ne furent peut-être que des caprices, des suites d'intrigues, quelques changements dans la faveur toujours mobile des cours de l'Orient et de l'antiquité. Deux songes qui le troublent amènent la grâce et l'élévation de Joseph, qu'il fait son premier ministre, et qu'il autorise à appeler auprès de lui, en Égypte, toute sa famille; il leur assigne pour demeure le district de Goscen, pour ménager la susceptibilité des Égyptiens, peut-être aussi pour mettre la famille de Jacob à l'abri des conflits continuels qui devaient avoir lieu entre la nouvelle dynastie et l'ancienne, mécontente, et ambitieuse de reprendre sa place. Deux opinions sont en présence: la chronologie vulgaire fait Joseph contemporain de la 18e dynastie; la chronologie de Champollion le fait vivre au commencement de la 17e de celle des rois pasteurs. Indépendamment des considérations chronologiques, la première opinion s'appuie sur ce que dit Joseph à ses frères, que les Égyptiens ont en horreur les bergers, et elle attribue cet avertissement à la haine profonde que le souvenir de la domination étrangère avait laissée dans le cœur des Égyptiens. Mais les paroles de Joseph doivent s'entendre des nomades, et non des bergers, ce qui serait ridicule, puisque les Égyptiens eux-mêmes étaient bergers, possesseurs de troupeaux. Joseph veut dire à ses frères: «Ne vivez pas en nomades, mais fixez-vous quelque part, «et il choisit pour lieu de leur résidence la terre de Goscen, remplissant ainsi le double but de les soustraire à la haine des Égyptiens, et de les éloigner du théâtre probable de guerres intestines. La chronologie nouvelle s'appuie sur des raisons intérieures qui ne sont pas sans force: il est évident que l'administration de l'Égypte pendant la famine, n'avait rien de national, et qu'elle ressemblait plutôt à une exploitation qu'à un gouvernement. Il n'y avait qu'un étranger qui pût, en échange de la vie, demander à ses sujets leur or, leur argent, leur bétail, puis leurs terres, et enfin leur liberté. Une vente aussi impitoyable ne pouvait être le fait que d'un avide conquérant, sans rapports d'origine avec ses administrés; d'ailleurs il faut ajouter qu'un roi légitime, et véritablement égyptien, n'eût pu acheter la liberté de ses sujets, puisque ceux-ci, en leur qualité de sujets, eussent été déjà ses esclaves. Quelques détails encore trahissent un monarque étranger: cette ombrageuse concentration des Égyptiens dans les villes, mesure peut-être moins générale que le texte ne paraît l'indiquer, et restreinte à certaines familles, à certains individus suspects, espèce d'arrêts domestiques destinés à prévenir des complots, isolement forcé sous la surveillance de la haute police, déplacement des intelligences et des influences, Genèse 47:21; ces complaisances affectées et intéressées pour la caste sacerdotale (41:45; 47:22,26); ces relations suivies et fréquentes, malgré le malheur des temps, des Pharaons avec Canaan, leur première patrie, celle des Hycsos et des rois pasteurs, Genèse 47:14-15. La 18e dynastie, Pharaons égyptiens rétablis sur les ruines des étrangers, n'eut pas mis à la tête de l'État un Joseph étranger, et, jalouse à l'excès de sa nationalité, elle l'eût conservée en acceptant les conseils, peut-être aussi les services, mais non la personne d'un prisonnier venu de Canaan.
— C'est ce Pharaon dont le nom se retrouve Actes 7:10,13.
-
Pharaon, 1 Chroniques 4:18, n'est connu que pour avoir donné sa fille en mariage à Méred, descendant de Juda; mais cette date même est inconnue. Toutefois cette alliance prouve que les Hébreux n'étaient pas encore esclaves sur la terre égyptienne, et ce Pharaon a dû être l'un des premiers successeurs du précédent, par conséquent un roi pasteur; c'est probablement lui aussi qui protégea les travaux de Hel et de Jokim, 1 Chroniques 4:21-23.
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Pharaon, l'un des trois ou quatre rois contemporains de Moïse. On ne peut dire si le «nouveau roi», Exode 1:8, qui se signala par une oppression si impolitique des Hébreux, et qui en donna l'exemple, est le même que celui qui donna l'ordre plus barbare encore de faire périr leurs enfants mâles, Exode 1:16-22, et qui, sans le savoir, servit de père adoptif à l'un d'entre eux, à Moïse, qu'il élevait à sa cour, et qui devait affranchir ses frères captifs. Si ce sont deux personnages distincts, le premier est inconnu; le second serait, d'après la chronologie nouvelle, Thoutmosis II, cinquième roi de la 18e dynastie, qui est monté sur le trône l'an 1736 avant J.-C. Son nom se retrouve Actes 7:18; Hébreux 11:23.
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Pharaon, deuxième contemporain de Moïse, celui sous le règne duquel le futur législateur du peuple juif essaya, pour la première fois, de se faire reconnaître comme tel à ses frères, en tuant un Égyptien, Exode 2:23; 4:19; Actes 7:23. On pense que c'est Aménophis II, huitième roi de la 18e dynastie, 1687 avant J.-C. Les paroles, Exode 4:19: «Tous ceux qui cherchaient ta vie sont morts» se rapportent aux parents de l'Égyptien tué par Moïse, et non à Aménophis, car celui-ci était mort depuis bien des années, au moins dix ans, et s'il ne se fût agi que de lui, Dieu eût pu, longtemps auparavant déjà, faire savoir à Moïse qu'il pouvait quitter Madian pour l'Égypte.
-
Pharaon, troisième contemporain de Moïse, Exode 3:10; 4:21; 5:1, régnait depuis plusieurs années, quand le cri de la liberté vint retentir au sein du peuple juif, dont il avait rendu plus dure encore la captivité. Sommé par les deux frères hébreux, mais .appuyé de Jannès et de Jambrès, il voit successivement dix fléaux ravager son pays, et ne cède enfin que lorsqu'il se voit frappé lui-même dans la personne de son fils aîné; mais il ne cède qu'à la force, et, quand sa douleur commence à se calmer, sa politique reprend le dessus, il se lève avec son armée, et vient périr avec elle dans les flots de la mer Rouge, en essayant de poursuivre les esclaves que Dieu affranchissait, Exode 14:3. Ce Pharaon serait, d'après les calculs modernes, Hor ou Horus, neuvième roi de la 18e dynastie; il a commencé à régner 1657 avant J.-C. Son nom se retrouve fréquemment Exode 15:4; 18:10; Deutéronome 6:21; 7:8; 11:3; 29:2; 34:11; Psaumes 135:9; 136:15; 2 Rois 17:7; Néhémie 9:10; Hébreux 11:27. Sa vie a été, en quelque sorte, une lutte continuelle contre Dieu; mais lui-même n'y a voulu voir qu'une lutte entre ses magiciens et ceux des Hébreux. Il s'est endurci, et Dieu a ôté les roues de ses chariots dans la mer. Quelques auteurs doutent qu'il soit mort avec son peuple, et ils s'appuient sur ce que ce n'est pas dit expressément dans le texte, et sur le silence postérieur des historiens sacrés sur un si grand événement; mais cette mort résulte de la simple lecture du texte, faite sans préoccupation chronologique.
-
Pharaon, contemporain de David, 1 Rois 11:18, et suivant. Il accorda sa protection, et donna sa belle-sœur en mariage à Hadad, roi d'Idumée, dépossédé par les Hébreux. Cette protection était un acte d'hostilité contre David; elle dura pendant toute la vie de ce prince, et prouve combien les Pharaons étaient puissants, puisqu'ils ne craignaient pas de braver le monarque Israélite aux jours de sa plus grande prospérité.
— Ce Pharaon a été l'un des rois de la 21e dynastie, celle des Tanites, qui a duré de 1101 à 971 avant J.-C. On présume qu'il doit être distingué du suivant, et que plusieurs rois tanites se succédèrent avant celui qui fit alliance avec Salomon. Hadad était fort jeune quand il s'enfuit en Égypte, et il avait un fils élevé parmi les fils du roi, lors de la mort de David.
-
Pharaon, contemporain de Salomon, 1 Rois 3:1; 7:8; 11:1; Cantique 1:9; 2 Chroniques 8:11 (1001 ou 1013 avant J.-C.). Il fit alliance avec Salomon, lui donna sa fille en mariage, et donna à celle-ci, pour dot, la ville de Guézer, que ses troupes avaient prise sur les Philistins, et qu'elles avaient incendiée peut-être par vengeance. Dernier roi de la dynastie des Tanites, il fut détrôné, et peut-être tué par Sisac; c'est à lui qu'on pense que Salomon fait allusion, Ecclésiaste 4:14.
-
Pharaon,
— Voir: Tirhaca.
-
— Voir: Néco.
-
— Voir: Hophra.
PHAREZ,
Genèse 38:29; 46:12, un des jumeaux, fils de Juda et de Tamar, et l'un des ancêtres de notre Sauveur, Matthieu 1:3; Luc 3:33. Il n'est connu que par un singulier détail de sa naissance, qui lui assura le droit d'aînesse quand tout pouvait faire croire que Zara son frère viendrait au monde avant lui. Partout ailleurs il n'est mentionné de lui que son nom, Nombres 26:20; Ruth 4:18; 1 Chroniques 2:4; 4:1.
PHARISIENS.
Trois classes, ou sectes, qui
se retrouvent continuellement dans
l'histoire de l'Église chrétienne sous
différents noms, parce qu'elles
correspondent à trois fausses tendances, à
trois principes de corruption du cœur de
l'homme, la superstition, l'incrédulité, et
le mysticisme, trois sectes, disons-nous, se
distinguaient parmi les Juifs au moment de
l'apparition du christianisme; c'étaient les
pharisiens, les sadducéens, et les esséens
ou esséniens: les premiers représentaient la
superstition et la piété cérémonielle,
tendance qui se retrouve dans la communion
romaine; les seconds représentaient
l'incrédulité rationaliste, et le néologisme
est de tous les temps; les derniers
n'étaient sous un autre nom que des
mystiques. Les deux premières classes sont
seules nommées dans l'Écriture; il n'est
parlé de la troisième que dans l'ouvrage
rabbinique Sepher Jouchasin (liber
genealogiæ); nous en dirons cependant
quelques mots.
Le nom d'esséens s'explique de diverses
manières, soit que d'origine syriaque il
signifie bon et pieux, soit que d'origine
caldéenne il rappelle les occupations
médicales des esséens. Leur origine est tout
à fait inconnue; on pense que dans les
guerres des Syriens (Séleucides) contre les
Juifs, des hommes pieux, pour se soustraire
à la tyrannie des ennemis, se retirèrent
dans les déserts, et qu'ils y menèrent une
vie austère et religieuse, à laquelle ils
prirent goût, et qu'ils ne voulurent plus
abandonner, même après que leurs ennemis se
furent retirés D'autres, éprouvant le besoin
de se retirer du monde, se rendirent auprès
d'eux pour servir Dieu dans la retraite. Il
est probable qu'ils ne furent pas sans
rapports avec les mystiques juifs des
siècles précédents, et qu'ils aspirèrent à
imiter, sinon à les remplacer, les
nazariens, les fils des prophètes, les
Récabites, et les Assidéens de 1 Maccabées
7:13; sq. 2 Maccabées 14:6. Nous les
trouvons, d'après le témoignage de Pline
l'Ancien, formant une espèce de colonie
religieuse, sur les rives occidentales de la
mer Morte; cependant ils ne restèrent pas
longtemps dans ces limites, et s'étendirent
de cette partie du pays dans différents
lieux voisins. Ils s'occupaient surtout
d'agriculture et de médecine. Flavius
Josèphe et Philon en parlent avec détail, et
Flavius Josèphe est d'autant plus digne de
foi qu'il avait lui-même vécu parmi eux. Ils
attachaient un prix excessif à certains
usages tout à fait extérieurs: on ne pouvait
être reçu dans leur ordre qu'après un
noviciat de trois années, et alors on devait
prêter un serment solennel de ne révéler à
personne le nom des anges; c'était dans ce
seul cas qu'ils autorisaient le serment. Ils
mettaient aussi une grande importance à une
certaine classification qu'ils avaient
établie entre eux. D'autres détails encore
de leur vie particulière, leurs vêtements
blancs, leur haine du mariage, leur mépris
des richesses, leur obéissance aveugle aux
supérieurs de leur choix, etc., montrent
qu'ils n'étaient pas libres de la véritable
liberté, et qu'ils avaient recherché à
plusieurs égards une sagesse faussement
ainsi nommée.
Avant d'en venir à la secte qui fait le
sujet de cet article, disons encore qu'il y
avait à côté de ces trois classes d'hommes,
une autre classe, le résidu selon l'élection
de grâce, les enfants d'Israël qui avaient
reçu la parole de Dieu, pour qui cette
parole était vivante, et qui marchaient
suivant ses préceptes: sous le nom de
caraïtes, ils ne formaient cependant pas une
secte particulière, mais se trouvaient mêlés
soit au milieu du peuple, soit quelquefois
parmi les pharisiens et les esséens: ils
attendaient la consommation d'Israël; la
parole de Dieu nous en offre quelques
exemples, Siméon, Nicodème, Gamaliel, Paul,
etc.
Quant aux pharisiens, ils étaient les plus
considérés des théologiens juifs, et
représentaient la superstition et la
tradition. Leur nom dérivé de parash,
distinguer, séparer, expliquer, signifie
selon quelques-uns, interprètes,
explicateurs (de la loi), docteurs; mais la
forme du nom ne favorise pas cette
signification, d'autant moins que
l'interprétation de la loi n'occupait pas
les pharisiens plus qu'autre chose, et que
c'était plutôt l'affaire des scribes. Il
vaut donc mieux entendre par pharisiens, des
hommes qui se séparent, qui se distinguent
des autres. Leur origine n'est pas bien
connue; il est probable que bientôt après la
captivité babylonienne, des hommes pieux ou
feignant de l'être, commencèrent à se
distinguer, surtout alors que la grande
synagogue n'existait plus. Le commandement
de la grande synagogue d'entourer la loi
d'une haie (Pirke Aboth. 1), et l'influence
de la civilisation grecque, qui avait gagné
du terrain dans l'Asie Antérieure depuis
Alexandre le Grand, ne pouvaient pas manquer
de provoquer parmi les Juifs, le zèle de
plusieurs individus qui se crurent appelés à
la défense de la vérité révélée à leurs
pères. Il est encore probable que c'étaient
au commencement de vrais fidèles, et les
hommes pieux qui dans la guerre des
Maccabées se sont mis en avant pour
combattre et mourir en l'honneur de la
religion des pères, appartenaient peut-être
à cette secte. Mais en tout temps si une
œuvre de Dieu a grandi, l'orgueil humain et
l'hypocrisie la déshonorent ou la
remplacent, et ceux qui étaient dans
l'origine des hommes pieux, se présentent
plus tard dans l'histoire comme pharisiens,
mettant tous leurs efforts à être distingués
des hommes.
Le caractère principal de leur doctrine
était leur attachement aux traditions de
leurs maîtres, à la Kabbala (on peut voir,
sur la Kabbale, un Discours ou dissertation
du prof. Pétavel de Neuchâtel, 1838); ils en
faisaient plus de cas que de l'Écriture
elle-même: leur système théologique se
composait ainsi de doctrines d'origine
juive, et de doctrines d'origine étrangère,
qu'ils savaient, au moyen d'une méthode
allégorique, trouver, ou, pour mieux dire,
mettre dans l'Ancien Testament. Ils
prétendaient que plusieurs des faits de
l'ancienne alliance n'étaient que des
allégories grossières, qui révélaient à
l'homme spirituel une doctrine d'un ordre
plus élevé. Ils enseignaient, contrairement
à l'erreur saducéenne, l'immortalité de
l'âme, des rétributions et un jugement après
la mort, et la résurrection des corps.
Leur culte était surtout extérieur; c'était
une observation exacte, mais formaliste, de
la loi, des exercices ascétiques minutieux,
des espèces de martyres qu'ils s'imposaient.
La plupart ne cherchaient dans la pratique
de ces minuties qu'une certaine réputation
de sainteté; quelques-uns cependant étaient
sans doute sérieux, et pensaient mériter de
cette manière la faveur divine; mais c'était
une erreur, dans un sens, tout aussi
dangereuse que l'hypocrisie des autres,
puisqu'elle introduisait cette idée de
mérite, de justification propre, si fatale
au salut comme à la sanctification de l'âme.
Il faut reconnaître que les pharisiens ont
formé dans l'Église juive une opposition
absolument nécessaire, d'un côté, contre le
bras séculier, de l'autre, contre l'esprit
mondain et la civilisation incrédule des
Grecs; ils ont été les gardiens fidèles de
la révélation écrite, et c'est à leur
fermeté, à leur opiniâtreté, que nous devons
peut-être en grande partie la conservation
du recueil des auteurs sacrés de l'ancienne
alliance.
Leur autorité était grande auprès du peuple,
et les princes étaient obligés de les
ménager et de compter avec eux.
On voit sous ces rapports que cette secte
occupait au milieu de l'Église juive la même
place que la secte romaine au milieu de
l'Église chrétienne; l'une et l'autre ont eu
les mêmes qualités, les mêmes vices, le même
genre d'influence, comme jusqu'à un certain
point une origine semblable, et une même
mission.
Le Talmud, à sa manière, donne le tableau
suivant des diverses nuances ou subdivisions
du pharisaïsme:
-
Ceux qui ont les épaules inclinées vers la terre;
-
celui qui traîne les pieds à force de piété;
-
celui qui se fait saigner: il ferme toujours les yeux pour ne rien voir qui l'induise en tentation, et souvent il se heurte et se blesse;
-
le pilon: celui qui est tout retiré, recroquevillé sur lui-même;
-
le pharisien sincère, qui ne veut faire autre chose que son devoir;
-
celui qui fait tout pour être récompensé de Dieu;
-
ceux qui craignent l'Éternel: c'est la meilleure classe, (— Voir: Wettstein, Nouveau Testament, 1, 262; 474, Schœttgen, Horæ hebr, etc. 1, 176)
Les pharisiens disparaissent de l'histoire depuis l'époque de la destruction de Jérusalem par les Romains; leur système et leurs doctrines, cependant, paraissent avoir été conservés par les talmudistes.
PHÉBÉ,
diaconesse de l'église de Cenchrée près de Corinthe. Saint Paul, à qui elle avait donné l'hospitalité, la recommande aux chrétiens de Rome, Romains 16:1, et l'on croit que ce fut elle aussi qui fut chargée, ainsi que l'indique la souscription de cette lettre, de porter aux Romains l'épître que l'apôtre leur adressait.
PHÉNICIE.
Ce nom dérive, suivant les uns,
du mot grec φοΐνιξ qui
signifie palmier; suivant d'autres, de
Phénix, frère de Cadmus, lequel, après avoir
en vain cherché sa sœur Europe, que Jupiter
avait enlevée, sous la forme d'un taureau,
se fixa sur cette côte à laquelle il donna
son nom. D'autres disent que des Phéniciens,
qui habitaient d'abord sur les bords de la
mer Rouge, vinrent former plus tard des
établissements sur un point des côtes de la
Méditerranée, auquel ils donnèrent leur nom.
La Phénicie n'est qu'une langue de terre
resserrée entre la mer et les montagnes;
quelques auteurs en prolongent l'étendue
jusqu'aux limites de l'Égypte; mais, depuis
la conquête de la Palestine par les Hébreux,
la Phénicie était assez bornée, et ne
possédait rien dans le pays des Philistins:
elle avait aussi très peu d'étendue du côté
des terres. Avant que Josué eût fait la
conquête de la terre promise, tout ce pays
était habité par les fils de Cam, partagés
en onze familles; celle de Canaan, la plus
puissante, reçut des Grecs le nom de
Phénicie, à cause des nombreux palmiers
qu'ils trouvèrent chez eux. Ce furent les
seuls peuples dont quelques débris
conservèrent leur indépendance sous Josué,
les juges et les rois. Plus tard, sous les
Maccabées, la Phénicie devint une province
de Syrie, unie à la Célésyrie, et gouvernée
avec cette dernière province par un seul et
même chef ou sous-gouverneur, 2 Maccabées
3:5, etc. Dans le livre des Actes 11:19;
15:3; 21:2,3, elle est unie tantôt à Chypre
et à la Syrie, tantôt à la Samarie, et
désignée comme un pays de côtes; elle était
alors romaine, et appartenait à la province
de Syrie.
Les limites de la Phénicie étaient peu
déterminées; elle comprenait les îles
situées près des côtes, telles que celle
d'Aradus. Ses frontières septentrionales
étaient marquées par le fleuve Éleutherus; à
l'orient s'élevait la chaîne du Liban; à
l'occident la mer; au sud peut-être la ville
de Dora et les hauteurs du Carmel. Le nom de
Phénicie était ainsi pris dans un sens
tantôt plus large, et tantôt plus restreint.
Toute la contrée formait une plaine fertile,
bien arrosée, semée de collines, de villes
et de campagnes magnifiques; c'est
maintenant encore une des plus belles
parties de l'Asie Mineure. Tyr et Sidon sont
les villes les plus connues de la Phénicie;
d'autres sont encore nommées, soit dans
l'Écriture sainte, soit dans les apocryphes,
Orthosia (Aradus), Tripolis, Byblos,
probablement aussi Bérytus (— Voir:
Bérothaï).
Les Phéniciens surent mettre à profit toutes
les ressources que leur offrait leur étroit
territoire: le Liban leur fournissait en
abondance du bois de construction; près de
Sarepta, ils trouvaient des mines de fer et
de cuivre; les côtes abondaient en
coquillages à pourpre; l'argile et le sable
servaient à la fabrication du verre. Tout se
réunissait pour faire des Phéniciens le
peuple le plus industrieux et le plus
commerçant de l'ancien monde; ils eurent, en
conséquence, des colonies et des stations de
commerce dans tout l'Orient, dans les îles
de la Grèce, en Italie, en Sicile, en
Espagne, sur les côtes d'Afrique, pour
l'écoulement, soit de leurs propres produits
en verre, en fin lin, en teintures, soit des
produits des nations qu'ils visitaient, et
avec lesquelles ils faisaient des échanges,
Ézéchiel 27:12, sq. Ésaïe 23:1. Ils tiraient
l'ambre du nord de l'Europe, l'étain de
l'Angleterre, et faisaient, du temps de
Salomon, le voyage d'Ophir, 1 Rois 9:27;
10:22. D'après quelques indications de
Diodore de Sicile (4, 23; 5, 19), il
paraîtrait même qu'ils poussèrent jusqu'en
Amérique. La plus célèbre de leurs colonies
fut celle de Carthage. D'après l'historien
Procope, on trouva à Tingis, en Afrique,
deux colonnes de marbre blanc dressées près
de la grande fontaine, où on lisait, en
caractères phéniciens:«Nous sommes des
peuples qui avons pris la fuite devant Jésus
(Josué), fils de Navé (Nun).» Ils se
distinguaient comme architectes et
sculpteurs; on les regarde comme les
inventeurs de la navigation et des voiles de
vaisseaux. Ce fut enfin, dit-on, un
Phénicien, Cadmus, qui porta en Grèce la
connaissance des lettres de l'alphabet.
Phœnices primi, fama si creditur, ausi
Mansuram rudibus vocem signare figuris.
(LUCAIN.)
C'est de lui que nous vient cet art ingénieux
De peindre la parole et de parler aux yeux.
Et par des traits divers de figures tracées,
Donner de la couleur et du corps aux pensées.
(BRÉBEUF.)
Les villes phéniciennes issues de Sidon, la
ville-mère, se rendirent promptement
indépendantes les unes des autres, et
adoptèrent pour gouvernement une monarchie
modérée; cependant Tyr ne tarda pas à faire
sentir sa prépondérance, à grouper les
autres villes autour d'elle et à les
dominer. La Phénicie, perdue au milieu des
immenses monarchies de l'ancien monde, fut
soumise pas les Assyriens, resta sujette des
Babyloniens et des Perses, passa des
Séleucides aux Romains, et fait aujourd'hui
partie de l'empire Ottoman.
Sanchoniathon est le principal auteur connu
qui ait illustré l'ancienne Phénicie, mais
ses ouvrages sont perdus; Philon Byblius les
traduisit dans le second siècle de notre
ère, et cette traduction est également
perdue; nous n'en possédons qu'un fragment
qui nous a été conservé par Eusèbe, Prép.
évang. 1; 10; encore n'est-il peut-être que
de troisième ou quatrième main. On a cru un
moment, il y a une dizaine d'années, avoir
retrouvé en Portugal un manuscrit complet de
Byblius, mais cette découverte n'a pu
soutenir l'examen de la critique.
— On possède encore quelques inscriptions
phéniciennes en Chypre, à Malte, à Athènes,
en Sicile, et ailleurs, soit sur des
monuments, soit sur des médailles; les
caractères ne diffèrent pas essentiellement
de ceux que l'on retrouve sur les monnaies
samaritaines, et paraissent leur avoir servi
de types.
PHÉNIX,
Actes 27:12, port de mer situé sur la côte méridionale de l'île de Crète; un peu plus loin, vers le sud-est, était la ville du même nom dont parlent Strabon et Ptolémée.
PHÉRÉSIENS,
peuplade cananéenne dont il est déjà parlé aux jours d'Abraham, Genèse 13:7. Ils occupaient, à cette époque et encore du temps de Jacob, le centre de la Palestine, 13:7; 34:30; plus tard ils s'avancèrent vers le nord et se fixèrent sur les montagnes d'Éphraïm, Josué 11:3; 17:15. Il en restait encore quelques traces au temps de Salomon, 1 Rois 9:20.
PHILADELPHIE,
Apocalypse 1:11; 3:7, ville de
l'Asie Mineure située dans la Lydie à 12
lieues sud-est de Sardes. On y trouva de
bonne heure une église chrétienne dont le
conducteur est hautement loué et approuvé
par l'apôtre «comme ayant gardé la parole».
Cette ville fut bâtie par Attalus
Philadelphe, roi de Pergame; elle avait peu
d'habitants à cause des fréquents
tremblements de terre auxquels elle était
sujette; les Philadelphiens, livrés
entièrement à l'agriculture, se retiraient
dans la campagne dont le sol est très
fertile; elle tomba avec le reste du pays au
pouvoir des Romains, 133 ans avant J.-C.
— On a fait beaucoup de suppositions sur la
personne du pasteur de cette Église, on a
cru que c'était saint Quadrat, mais rien ne
l'établit. Dans le système d'interprétation
qui voit l'histoire complète de l'Église
chrétienne dans les sept épîtres de
l'Apocalypse, l'Église de Philadelphie
représente l'époque de la Réformation.
Philadelphie est aussi le nom que reçut,
mais assez tard, la ville de Rabbath-Hammon,
q.v.
PHILÉMON,
fidèle de Colosses en Phrygie,
converti peut-être à la foi chrétienne par
un des disciples de Paul ou par Paul
lui-même dans un de ses voyages, mais non à
Colosses. Sa femme était chrétienne comme
lui, et c'est dans leur maison que les
frères se réunissaient pour rendre leur
culte au Seigneur, verset 2. On a voulu
conclure de ce que Paul l'appelle son
compagnon d'œuvre, qu'il était ancien ou
diacre dans l'Église de Colosses; la
tradition le fait même évêque de cette
ville, et rapporte qu'il a souffert le
martyre sous le règne de Néron. D'après le
faux Dorothée il aurait été évêque de Gaza.
On montrait encore sa maison à Colosses au
cinquième siècle. Philémon serait
probablement tout à fait inconnu sans la
lettre que lui écrivit l'apôtre au sujet
d'Onésime son esclave. Cette épître dont
l'authenticité n'est pas contestée, modèle
d'onction et d'éloquence persuasive, fut
écrite de Rome pendant la première captivité
de l'apôtre, verset 23, et portée par
l'esclave repentant qui, sans cette
recommandation, eût pu craindre les
transports phrygiens d'un maître justement
irrité, soit que le christianisme n'eût pas
encore entièrement adouci le caractère de
Philémon, soit qu'Onésime ne fût pas
lui-même assez avancé pour comprendre les
effets de la grâce sur le cœur (Médit, de
Rochat, t. I).
Cette épître qui semble maintenir les droits
d'un maître sur son esclave, est cependant,
à la bien considérer, le premier pas fait
vers l'abolition de l'esclavage. Onésime
avait eu tort de s'enfuir, et il en est
blâmé; Philémon avait acquis des droits
matériels sur cet esclave, et il ne pouvait
en être dépouillé sans être en même temps
indemnisé; c'est ce que l'apôtre paraît
indiquer aussi; mais en réalité quels droits
un homme peut-il avoir sur un autre homme?
Onésime devenu chrétien n'est plus un
esclave, il est au-dessus d'un esclave,
c'est un frère, un frère bien-aimé; l'apôtre
le recommande comme ses entrailles, il
demande qu'il soit reçu comme il le serait
lui-même. C'est le langage d'un
abolitionniste, et il ne saurait en être
autrement; le christianisme émancipe; aussi
partout où la religion chrétienne a été
reçue et comprise, l'esclavage a été flétri
comme il devait l'être; c'est une des
gloires du protestantisme d'avoir le premier
levé le drapeau de l'affranchissement, les
frères Moraves aux Antilles, le quaker
Bénézel (de Saint-Quentin) en Amérique,
Wilberforce, Buxton, Clarkson, partout: le
catholicisme s'est fait traîner à la
remorque, et il ne s'est décidé qu'il y a
peu d'années, lorsqu'il a vu que les
gouvernements marchaient sans lui vers
l'exécution de cette idée chrétienne; et si
quelques missionnaires romains ont
individuellement parlé d'affranchissement au
Paraguay ou dans les Indes, ils l'ont fait
parce que leurs liens avec Rome s'étaient
desserrés; ils ont été seuls, leur Église
n'a rien fait; on connaît la conduite aux
Antilles, de ces prêtres qui n'étaient pas
eux-mêmes affranchis par l'Évangile.
PHILÈTE.
On ne sait rien de positif sur
sa personne;
— Voir: Hyménée.
PHILIPPE.
Les livres apocryphes
connaissent trois hommes de ce nom, que nous
ne rappelons ici que pour mémoire, le père
d'Alexandre-le-Grand, 1 Maccabées 1:1; 6:2,
le roi de Macédoine fils de Démétrius II,
vaincu par le proconsul Quinctius Flaminius;
il y est fait allusion 1 Maccabées 8:5;
enfin un favori d'Antiochus Épiphanes qui
fut nommé gouverneur de la Judée, 2
Maccabées 5:22.
On trouve dans le Nouveau Testament quatre
hommes et une ville de ce nom.
-
Philippe, fils d'Hérode le Grand et de Cléopâtre, qui devint à la mort de son père tétrarque dans la Batanée, la Gaulonite, la Trachonite, la Panéade, l'Auranite et l'Iturée, Luc 3:1. D'un caractère doux et facile, de beaucoup le meilleur des fils d'Hérode, il s'occupa avec zèle des affaires publiques, agrandit la ville de Bethsaïda qu'il nomma Juliade en l'honneur de la fille d'Auguste, embellit et fortifia la ville de Panéade au pied du Panium, non loin des sources du Jourdain, la nomma Césarée en l'honneur de Tibère, et vit son nom réuni à celui de son maître dans la désignation de cette ville qu'il était nécessaire de distinguer de l'autre Césarée, Matthieu 16:13; Marc 8:27. Il mourut à Juliade, la vingtième année de Tibère, l'an 33 ou 34 de l'ère chrétienne, après un règne d'environ trente-cinq ans. Comme il n'avait point d'enfants, ses possessions passèrent à la province romaine de Syrie.
-
Philippe, Luc 3:19, connu dans l'histoire sous le nom d'Hérode, paraît avoir, en effet, porté ces deux noms. Il était frère de père du précédent, fils de Hérode le Grand et de la seconde Mariamne, fille du grand-prêtre Simon. Déshérité par son père, il eut une vie obscure, et n'est guère connu que par sa femme et sa fille. Hérodiade, aigrie peut-être de l'obscurité de son mari, se laissa séduire par Hérode Antipas, frère de celui-ci, Matthieu 14:3; Marc 6:17. Salomé sa fille épousa, dit-on, son oncle, Philippe, celui dont il est parlé ci-dessus,
— Voir: Hérode.
-
Philippe, apôtre, de Bethsaïda, disciple d'abord de Jean-Baptiste, puis de Jésus, Matthieu 10:3; Marc 3:18; Luc 6:14; Actes 1:13. Il fut l'un des premiers à qui le maître dit: Suis-moi. C'est l'Évangile de saint Jean qui nous donne le plus de détails sur sa vie, sans qu'il y en ait assez cependant pour qu'on puisse déterminer bien exactement son caractère. Ainsi sa vocation est racontée 1:43; sq., et d'après les détails qui en accompagnent le récit, d'après la conversation de Philippe avec Nathanaël, on voit que Jésus avait eu déjà un entretien particulier avec son nouveau disciple, et qu'il s'était fait connaître à lui. Les paroles de Philippe à Nathanaël: «Viens et vois» montrent déjà que l'esprit du christianisme est le prosélytisme, et en outre que c'est un prosélytisme chrétien qui repose sur la preuve et la persuasion.
— 6:5. Le Seigneur veut éprouver la foi de Philippe, c'est pour cela qu'il lui dit lors du miracle de la multiplication des pains: «Où achèterons-nous des pains afin que cette multitude ait à manger?» Il est inutile de rechercher si Philippe était chargé de quelques fonctions spéciales dans le collège des apôtres; c'est peu probable, et d'ailleurs ce n'est pas là qu'on doit chercher pourquoi notre Seigneur s'adresse à Philippe plutôt qu'aux autres; l'évangéliste nous explique la demande du Seigneur. L'apôtre ne comprenant pas même que Jésus voulût l'éprouver, lui répond comme ayant oublié les miracles précédents de son maître: Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas, quand chacun n'en prendrait qu'un petit morceau. Sa foi, comme celle de ses collègues, avait encore besoin d'être raffermie.
— 12:21. Quelques Grecs prosélytes, ou des Juifs demeurant parmi les gentils, désirant voir Jésus, s'adressent à Philippe qui n'ose les présenter seul, consulte André, et se rend avec lui auprès du Seigneur: la réponse qu'il leur donna permet de croire que ces Grecs nourrissaient à son sujet quelques-unes des idées alors assez répandues d'une royauté terrestre, cf. Matthieu 20:20; Marc 10:35; ils avaient peut-être été témoins de son entrée triomphale à Jérusalem, ils avaient entendu les cris et les vœux de la multitude, ils désiraient voir pour se le concilier le futur roi du pays. L'historien sacré ne dit pas si la réponse du Seigneur les attira ou si elle les repoussa, s'ils se joignirent à lui ou s'ils s'en éloignèrent. Enfin, 14:8, comme Jésus enseignait ses disciples et qu'il les préparait à une prochaine séparation en leur disant que quiconque le connaissait connaissait aussi son père, Philippe, dont la foi n'était pas encore assez simple pour comprendre le sens naturel des paroles de son maître, ni assez éclairée pour se rappeler qu'il y a dans les révélations de Dieu des mystères insondables, lui dit: «Montre-nous le père, et cela nous suffit;» il reçut pour réponse ces paroles pleines à la fois de douceur et de reproche: Philippe, je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as point connu! celui qui m'a vu a vu mon père. Paroles qui résument toute la doctrine chrétienne sur les rapports du Père et du Fils, en établissant leur inséparable unité sans confusion des deux personnes, et qui devaient en même temps rappeler au chrétien, encore juif par ses habitudes et ses souvenirs, que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ne se manifeste aux yeux de la chair que dans la personne de son fils.
Le caractère de cet apôtre apparaît donc comme un mélange de promptitude et de timidité, de droiture et de simplicité, de respect et de confiance.
Depuis le moment où le récit sacré le nomme pour la dernière fois, Actes 1:13, sa vie est peu connue. La tradition lui donne une femme et des enfants. Il prêcha l'Évangile en Phrygie, et mourut à Hiérapolis; on ignore s'il souffrit le martyre. Un évangile apocryphe a été écrit sous son nom; les gnostiques l'ont reçu comme authentique. On lui a attribué la demande faite à Jésus qu'il lui fût permis d'ensevelir son père avant de le suivre, Matthieu 8:21; Luc 9:59; mais rien ne l'établit, et le silence de saint Jean est une forte présomption contre l'exactitude de cette tradition.
-
Philippe, Actes 6:5; 21:8, un des sept premiers diacres de Jérusalem, appelé aussi évangéliste, cf. Éphésiens 4:11; 2 Timothée 4:5, il prêcha l'Évangile avec succès dans la Samarie; ses paroles, confirmées par ses'miracles, trouvèrent le chemin de bien des cœurs, et le magicien Simon lui-même vint lui demander l'entrée de l'Église. Si ce dernier triomphe dura peu, les fruits du ministère de Philippe furent plus sûrs et plus durables chez un grand nombre de Samaritains, et le bruit de cette belle mission vint jusqu'à Jérusalem. Au milieu de ses travaux, l'évangéliste reçoit, pour un instant, l'ordre de les abandonner; il doit se rendre au midi de la Judée, sur la route (la moins fréquentée) qui conduit à Gaza, et là il fait la rencontre de cet eunuque éthiopien dont la conversion est un des récits les plus touchants du livre des Actes. Il le baptise près d'une source que la tradition nous montre encore à Bethsur, dans les montagnes de Juda; puis il retourne en arrière, s'arrête à Azote, où le Saint-Esprit lui a dit de se rendre (Actes 8), et se fixe enfin à Césarée, où, plus tard, il eut la joie de donner l'hospitalité au grand apôtre des gentils. Une tradition le fait évêque de Tralles, une autre le fait mourir en paix à Césarée. Il eut quatre filles douées du don de prophétie, Actes 21:8-9, circonstance qui est relevée peut-être parce qu'elles rendirent des oracles à saint Paul, oracles dont il n'est rien dit, du reste, dans le livre des Actes, mais qui ne seraient point un fait isolé ni extraordinaire, cf. 20:23.
Quelques détails de l'histoire de Philippe ont besoin d'être éclaircis. Trois fois dans le chapitre 8, versets 26,29,39, le Saint-Esprit agit directement sur sa conduite, et, dans le troisième de ces passages, il est dit que «l'esprit l'emporta, et l'eunuque ne le vit plus;» paroles qui semblent avoir quelque chose de mystérieux, et que l'on comprend ordinairement en ce sens que le Saint-Esprit transporta Philippe mystérieusement dans les airs, et que l'eunuque, qui le cherchait des yeux, fut étonné de sa disparition. On peut les comprendre d'une manière plus simple, sans faire la moindre violence au texte: cette œuvre achevée, l'Esprit conduisit Philippe vers un autre champ de travail, et l'eunuque ne le revit plus, Le Saint-Esprit a agi sur l'esprit de l'évangéliste, et non sur son corps; l'action, pour être spirituelle, n'en a pas moins été réelle, et c'est ainsi que le même Esprit agit encore sur nous. Heureux ceux qui le discernent!
Quoique le texte ne dise pas positivement qu'il s'agisse de l'évangéliste, et non de l'apôtre Philippe, cela ressort de ce qui est dit 8:1, que tous les membres de l'Église furent dispersés par les persécutions, excepté les apôtres, qui restèrent à Jérusalem. Le même fait résulte encore de la comparaison des versets 14 et 16, où nous voyons Philippe baptiser, mais les apôtres seuls imposer les mains, et prier pour l'effusion du Saint-Esprit. Il importe de remarquer aussi que, s'il y avait alors un apostolat, il n'y avait déjà plus de clergé: Philippe le diacre n'était pas ce qu'on appellerait volontiers un ecclésiastique, et cependant il baptise. Il baptise, mais le baptême lui-même n'est qu'un signe extérieur, il n'entraîne pas nécessairement les dons du Saint-Esprit. Le baptême n'est donné qu'à ceux qui confessent leur foi; il n'est donc donné qu'aux adultes. La profession exigée est brève; elle se résume en ces mots: «Croire que le Christ est le fils de Dieu.» Enfin cette profession n'est éprouvée que d'une manière générale, et le premier simoniaque est au nombre des professants, exception peut-être, mais cependant baptisé.
À notre point de vue, il peut sembler étonnant que Philippe soit appelé à quitter une œuvre pleine d'intérêt, un immense champ de travail, une mission bénie, pour se rendre auprès d'une seule âme travaillée, lui adresser quelques paroles, l'éclairer, et abandonner de nouveau cette contrée, témoin d'une conversion isolée. Mais ce récit doit nous être précieux à plus d'un titre: il nous montre d'abord que Dieu dirige les pas de ses serviteurs (s'ils l'écoutent) là où leur ministère peut être utile. Ce n'est donc qu'après de sérieuses prières que chaque pasteur doit chercher une direction nouvelle à ses travaux, ou plutôt il doit être vigilant à consulter sans cesse, non la chair, mais l'esprit de Dieu; à épier les signes qu'il lui donne de sa volonté, de manière à pouvoir dire: l'Esprit m'a enlevé. Les sociétés religieuses ont des devoirs semblables, et il ne suffit pas toujours qu'une œuvre soit plus bénie qu'une autre pour qu'on doive y faire affluer les ouvriers; Philippe devra souvent quitter la Samarie en fleurs pour la route déserte de Gaza. La communion avec Dieu peut seule nous faire connaître la volonté de Dieu. D'ailleurs, si la conversion de l'officier éthiopien nous apparaît comme un fait isolé, elle ne le fut peut-être pas, et nous ne saurons que dans la vie éternelle les conséquences qu'elle a eues sur la conversion de cette Éthiopie si anciennement chrétienne, et qui, sur les confins de l'empire du mahométisme et du paganisme, est encore, à l'heure qu'il est, comme une oasis de lumière au milieu des ténèbres, lumière bien pâle sans doute, lumignon fumant, mais non éteint.
-
Philippes, la première ville d'Europe où saint Paul prêcha l'Évangile, Actes 16:12. Venant de Troas, il aborda à Néapolis, dans le golfe formé par le Strymon, lequel servait de port à Philippes. L'ancien nom de cette ville était Crénidès (κρόναι sources), à cause des nombreuses sources d'eau vive qui jaillissaient de la colline sur laquelle elle était située. Elle avait été fondée en Thrace par des habitants de l'île de Thasos. Philippe de Macédoine ayant réuni à son territoire une partie de la Thrace, fortifia Crénidès, l'agrandit en l'étendant sur toute la hauteur de la colline, et lui donna son nom, 358 avant J.-C. Son territoire renfermait des mines d'or qui contribuaient à la rendre importante et riche en toutes choses. Réduite en province romaine, 148 avant J.-C., illustrée par la triste défaite des chefs du parti républicain, 42 avant J.-C., elle déchut peu à peu de son ancienne grandeur. Auguste, maître de Rome et du monde, 34 avant J.-C., transporta dans cette ville un certain nombre de colons d'entre ses ennemis, les punissant par l'exil de leur attachement à la liberté, et donna à Philippes le droit de bourgeoisie italique, et le nom de colonie romaine, Actes 16:12. La même chose est attestée par des monuments historiques et par diverses monnaies qui portent: Colonia Julia Philippensis. Luc l'appelle la première ville du quartier de Macédoine, non qu'elle fût la capitale de la Macédoine ou de l'un de ses quatre districts, mais comme un nom d'honneur qui lui avait été accordé par Auguste (Hug), ou peut-être parce que ce fut la première ville que Paul toucha dans son voyage, Néapolis n'étant, en quelque sorte, que le faubourg maritime de Philippes (Rilliet). L'arrivée des colons italiens fut, pour cette ville, le commencement d'une ère nouvelle: les circonstances lui étant redevenues favorables, elle se releva de la décadence que la domination romaine lui avait originairement fait subir, et certains indices de commerce et de prospérité semblent annoncer qu'elle avait déjà repris un rang honorable quand saint Paul la visita pour la première fois. Quoique Félibah ne soit plus maintenant qu'un pauvre village, on y retrouve encore en ruines les monuments de sa grandeur. Au seizième siècle, elle était encore la métropole de cent cinquante églises grecques.
Paul vint à Philippes, mû par une apparition: il y trouva un champ qui promettait beaucoup. Quelques Juifs peu nombreux, et privés d'une synagogue, s'y réunissaient en dehors de la ville, près d'une rivière dans un lieu entouré d'un mur mais découvert, et destiné au culte. Lydie, marchande de pourpre, fut convertie et baptisée avec toute sa famille; il en fut de même d'une servante pythonisse. Les apôtres, mis en prison, furent délivrés par l'intervention de la Providence. Paul et Silas quittèrent la ville après avoir reçu dans l'Église leur geôlier et sa famille, Actes 16, cf. 1 Thessaloniciens 2:2. Il y eut donc simultanément à Philippes les cultes les plus divers, un culte romain, un grec, un macédonien, un asiatique, les mystères de Samothrace, une assemblée juive, une église de judéo-chrétiens et de chrétiens d'entre les gentils. Luc et Timothée restèrent à Philippes, comme cela ressort de la forme du récit, le dernier moins longtemps que le premier. Cette église resta en rapports avec l'apôtre et lui envoya des dons pour subvenir à ses besoins à Thessalonique, Philippiens 4:16, et à Corinthe, 2 Corinthiens 11. Saint Paul fait l'éloge de ses membres, 2 Corinthiens 8:1-2. Dans son troisième voyage missionnaire, allant d'Éphèse à Corinthe, il passe pour la seconde fois par la Macédoine; il visite les Philippiens à son retour et célèbre avec eux la Pâque, Actes 20:3-6; c'est alors seulement que saint Luc paraît s'être réuni de nouveau à l'apôtre, et avoir quitté Philippes.
Le livre des Actes ne nous dit rien de plus sur cette église, mais l'Épître aux Philippiens nous montre qu'elle s'était agrandie et qu'elle avait derechef envoyé des dons à Paul par Épaphrodite, un de ses membres, 4:18. Paul avait donc reçu directement de ses nouvelles; il lui donne des siennes dans sa lettre, et annonce à l'Église le prochain retour d'Épaphrodite et l'arrivée de Timothée, 2:19,25. Les circonstances de cette Église, le but dans lequel l'épître a été composée, le temps où elle a été écrite, ne peuvent être compris que par la lettre même;
— Voir: Paul.
Son authenticité est presque incontestée, et dans tous les cas incontestable; les plus anciens témoignages parlent en sa faveur; Ignace, Polycarpe, Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origène et Cyprien la citent directement ou indirectement; les plus anciens canons la contiennent, même le recueil de Marcion; enfin elle porte en elle-même l'empreinte de la spontanéité, le cachet de l'authenticité au plus haut point, repoussant toute apparence même de falsification motivée par l'intérêt d'une secte. L'esprit qu'elle respire, c'est surtout celui de l'humilité, de l'amour, et de l'abnégation chrétienne; l'apôtre y parle à plusieurs reprises de la joie que lui donne l'état spirituel de ce troupeau. On peut indiquer comme un excellent commentaire, celui de M. Rilliet (Genève 1841); à la fois savant, clair, et sobre, il est précédé d'une introduction qui sera lue avec intérêt par des lecteurs de cultures fort diverses. Un commentaire autographié de Steiger (Lausanne 1836) publié après la mort de l'auteur et d'après les notes de quelques-uns de ses meilleurs élèves, se recommande également sous plusieurs rapports, malgré l'imperfection inséparable d'une publication de ce genre. Enfin nous avons lu avec bénédiction les Notes sur cette épître, autographiées à Lausanne 1843, par un frère de l'École de Plymouth. Les ouvrages spéciaux sont au reste nombreux sur cette épître; on en trouvera la liste à la page 96 du commentaire de Rilliet, nous n'y ajouterons que le nom d'Usteri (Zurich), et celui de Storr (Tubingue 1783).
PHILISTINS,
peuplade des bords de la
Méditerranée, Sophonie 2:5 (mer qui est
aussi appelée à cause de cela la mer des
Philistins, Exode 23:31). Ils habitaient au
sud-ouest de la Judée, Ésaïe 11:14, le ruban
compris entre Hékron et le torrent d'Égypte,
le penchant occidental des montagnes de
Juda, touchant aux tribus de Dan, de Siméon
et de Juda, Josué 13:3. Le nom hébreu de ce
pays était Pelèsheth, que nos
versions ont malheureusement rendu par
Palestine, Exode 15:14; Psaumes 60:8; Joël
3:4; en l'absence d'un autre nom, nous le
rendrions plutôt par Philistée; on
l'appelait aussi tout simplement le pays des
Philistins, 1 Samuel 27:1; 29:11; etc. Les
Septante traduisent souvent le nom hébreu
par étrangers, non seulement à cause
des données historiques de Genèse 10:14;
Amos 9:7, mais encore et surtout à cause de
sa signification étymologique, palash
signifiant émigrer, comme en éthiopien
falasa. D'après Genèse 10:14, les Philistins
seraient les descendants des Chasluhim,
tandis que d'après Jérémie 47:4; Amos 9:7,
ils descendraient des Caphthorim; on suppose
que dans le premier de ces passages il y a
eu transposition d'un mot, ce qui serait
rendu assez probable par le fait que Moïse
lui-même les fait ailleurs aussi descendre
de Caphthor, Deutéronome 2:23; mais s'il y a
eu transposition, l'erreur est fort
ancienne, puisqu'elle se trouve, non
seulement dans la version samaritaine, mais
encore dans 1 Chroniques 1:12, où le passage
de la Genèse est répété. Une faute de
copiste ancienne se comprend, du reste,
aussi bien qu'une faute plus moderne; si
l'on veut maintenir la double descendance,
on peut voir, à l'article Caphthor, la
solution la plus probable de cette
difficulté. Quoi qu'il en soit, on ne met
pas en doute que les Philistins ne soient
aussi descendants de Caphthor, et toute la
question est de savoir quel est le pays ou
le peuple ainsi désigné; nous l'avons
examinée à l'article Caphthor.
Les Philistins, qu'Abraham trouva déjà dans
ces contrées, constitués en royaume à
Guérar, Genèse 21:34; 26:1, etc., sont
célèbres dans l'histoire des Israélites
comme leurs ennemis implacables. Affranchi
de la captivité d'Égypte et marchant vers
Canaan, le peuple de Dieu n'osa point
aborder le territoire des Philistins,
quoique ce fût le chemin le plus court,
celui que suivent encore de nos jours les
caravanes qui se rendent d'Égypte en Judée
(— Voir: Journal d'un Voyage au
Levant, III), et Dieu les conduisit par une
route plus longue, afin que leurs troupes
nombreuses, mais embarrassées, ne fussent
pas exposées aux attaques de cette peuplade
forte et courageuse, Exode 13:17. Sous
Josué, les Philistins apparaissent comme une
espèce de confédération d'États réunis sous
cinq chefs dont les résidences sont Gaza,
Asdod, Askélon, Gath et Hékron, Josué 13:3,
cf. Juges 3:3; leur territoire comprend
d'ailleurs d'autres villes non murées, 1
Samuel 6:18. On ne voit pas que Josué ait eu
des conflits avec eux, et la division du
pays telle que ce général l'ordonna, n'était
sans doute qu'un projet dont la réalisation
devait s'effectuer à la longue, au fur et à
mesure que quelques tribus seraient
solidement établies, Josué 15:45; 19:43. La
lutte commença presque avec le gouvernement
des juges, et parcourut bien des phases
diverses; les tribus méridionales eurent
surtout à souffrir de leur belliqueux
voisinage, Juges 3:31; les Philistins
s'avancèrent assez avant dans le pays,
— Voir: Timna,
et asservirent parfois, pour longtemps les
tribus devenues infidèles au vrai Dieu,
Juges 10:7,11; 13:1; 14:1; 15:11. Sous Héli
ils s'emparèrent même de l'arche sainte,
mais une défaite sanglante qu'ils
éprouvèrent à Mitspa mit fin à leur
domination de quarante ans, que les travaux
de Samson n'avaient pu suffire à repousser
complètement, 1 Samuel 4, et 7. Le règne de
Saül n'en eut pas moins à compter avec eux,
et il les vit aussi souvent vainqueurs que
vaincus, 1 Samuel 13:17; 23:28; 24:2; le
courage intelligent de Jonathan son fils, et
la vaillance de David portèrent de rudes
coups aux agresseurs, 14:1, etc. 17:1;
18:27; 19:8. Ce dernier, même après s'être
séparé de Saül, continua de tenir les
Philistins en échec, 23:1, jusqu'au moment
où, contraint de chercher à Gath un refuge,
il fut presque amené à faire cause commune
avec les Philistins contre son roi légitime,
mais abandonné de Dieu, 27:1. Vainqueurs
dans un dernier combat, les Philistins
mirent à mort les fils du roi vaincu, qui
lui-même se tua pour ne point survivre à son
honneur et à sa famille, 31:1. Leurs
attaques ne se ralentirent point sous le
règne de David, mais elles furent
infructueuses; ils furent battus à plusieurs
reprises et perdirent même leur ville de
Gath, 2 Samuel 5:18; et 21; cf. 1 Chroniques
18:1; et 2 Samuel 15:18; des guerriers
Israélites se signalèrent dans ces luttes
par des faits d'armes isolés, rapportés 2
Samuel 23:11. Ils furent tranquilles sous
Salomon et sous le règne des premiers rois
d'Éphraïm, quoique nous les voyions pendant
cette époque résider assez avant sur le
territoire d'Israël, 1 Rois 15:27; 16:15.
Tributaires du vaillant Josaphat, 2
Chroniques 17:11, ils se relèvent sous
Joram, se joignent aux Arabes, marchent
contre Jérusalem, pillent les trésors royaux
et enlèvent le sérail et les enfants de la
famille royale, 2 Chroniques 21:16; cf. Joël
3:4-6; mais Gath est menacée sous Joas par
la Syrie, qui menace aussi Jérusalem, 2 Rois
12:17; les Philistins sont de nouveau
vaincus sous Hozias, 2 Chroniques 26:6, puis
vainqueurs sous Achab, à qui ils enlèvent
quelques villes de la Judée occidentale, 2
Chroniques 28:18, cf. peut-être Ésaïe 14:29.
Ézéchias, dans les premières années de son
règne, regagne le terrain perdu, et reprend
ses avantages, 2 Rois 18:8. Asdod tombe
entre les mains de l'Assyrie qui, préparant
une expédition contre l'Égypte, s'empare de
cette place forte, Ésaïe 20:1, et
Psamméticus, roi d'Égypte, l'arrache à ses
nouveaux possesseurs après un siège de
vingt-neuf ans. La Philistée est en
souffrance pendant tout le temps que
durèrent les luttes de l'Égypte avec les
conquérants asiatiques, qui trouvent sur son
territoire un chemin commode et sûr; Pharaon
Néco, d'abord, puis Alexandre le Grand
s'emparent successivement de Gaza, Jérémie
47:1. Au retour de l'exil enfin, les haines
s'étant apaisées chez les uns, les autres
ayant oublié les défenses de leur Dieu, les
Philistins et les Juifs contractèrent des
alliances qui sont vivement reprochées à ces
derniers, Néhémie 13:23.
Les livres des Maccabées nous montrent
encore les Philistins comme sujets de la
Syrie; quelques-unes de leurs villes sont
conquises par des rois juifs, Pompée les
incorpore à la province romaine de la Syrie,
Auguste les donne à Hérode, et le nom du
pays lui-même se perd, ou plutôt il change
de forme et de signification; la Palestine
désigne dès lors toute la contrée située
entre le Liban et l'Égypte, la mer et le
Jourdain. Ainsi s'éteignit ce petit peuple
de guerriers qui, tantôt vainqueurs
orgueilleux, tantôt vaincus et soumis, mais
jamais domptés et abattus, s'occupèrent
toujours de réparer leurs pertes ou
d'agrandir leurs conquêtes, et revinrent
à la charge contre Israël aussi
longtemps qu'ils existèrent l'un «t l'autre
comme nation, et qu'une occasion favorable
leur partit offrir une chance de succès.
— Nous ne savons que peu de chose de leur
vie intérieure et nationale; ils paraissent
avoir été un peuple cultivé et industrieux,
surtout pour ce qui tient à la guerre; une
tradition leur attribue l'invention de l'arc
et des flèches; ils s'occupaient
d'agriculture et notamment des vignobles,
Juges 15:5; cf. Genèse 26:1; peut-être aussi
faisaient-ils un commerce de transit avec
l'Égypte. Aux jours de Saül leurs fabriques
fournirent aux Israélites des armes et des
instruments d'agriculture, 1 Samuel 13:20,
par où l'on voit qu'ils connaissaient l'art
de travailler le fer. Quant à leur culte, il
ne devait pas être très différent de celui
des Phéniciens; Astarté, et les
dieux-poissons de Dagon et d'Atergatis
(Derceto) paraissent avoir reçu leurs
hommages;
— Voir: ces articles.
Bahal-Zébub résidait à Hékron. Ils
possédaient en assez grand nombre des
prêtres et des devins, 1 Samuel 6:2: leurs
enchanteurs étaient célèbres, Ésaïe 2:6, et
quelques-uns de leurs oracles étaient
visités par des gens du dehors, 2 Rois 1:2.
On voit par 2 Samuel 5:21, qu'ils avaient
l'habitude de porter à la guerre les images
de leurs dieux. La circoncision leur était
étrangère, 1 Samuel 18:25; 2 Samuel 1:20.
Leur langue appartenait à la même famille
que le phénicien et l'hébreu, car tous leurs
noms propres s'expliquent par la
connaissance de cette dernière langue, mais
elle constituait, ou elle constitua
peut-être avec le temps, un dialecte qui en
différait d'une manière assez notable,
Néhémie 13:24.
Les prophètes ont dû s'occuper des
Philistins dans leurs oracles; outre les
passages déjà cités, nous voyons qu'ils leur
reprochent leur haine, leur cruauté, et
leurs superstitions, Ésaïe 2:6; Amos 1:8;
Ézéchiel 25:15, et Michée 1:10,14, qui nomme
pour la dernière fois Gath démolie par
Hozias. Dans un chant guerrier, Jérémie
(47:1) menace les Philistins de la
désolation de leur pays, cf. Sophonie 2:4-7.
Ézéchiel annonce que ces maux leur
arriveront à cause des dispositions hostiles
qu'ils ont manifestées lors de la calamité
qui renversa Juda, et Sophonie promet à sa
nation la possession du pays des Philistins
après leur retour de l'exil; cf. Abdias 19;
Mais Zacharie 9:6; et Psaumes 87:4, donnent
l'espérance que les Philistins se
convertiront au vrai Dieu: l'accomplissement
de cette prophétie appartient aux derniers
temps.
La maladie qui affligea les Philistins
pendant que l'arche séjournait au milieu
d'eux, 1 Samuel 5:6, est difficile à
déterminer: nos versions traduisent l'hébreu
par hémorroïdes, ulcères à l'anas, et
il est assez probable en effet que c'est de
cette affreuse maladie qu'il est question;
la plupart des anciens auteurs l'entendent
ainsi. D'autres cependant traduisent
dysenterie, ténesme, varices, fistules, etc.
On a voulu expliquer d'une manière naturelle
comment cette maladie, quelle qu'elle soit,
a pu atteindre à la fois toute une
population, ou du moins une fort grande
partie d'entre elle. Lichtenstein y voit une
espèce de plaie d'Égypte, la multiplication
prodigieuse d'une sorte d'araignée, la
solpuga fatalis, de la grandeur d'une
musaraigne, dont la morsure est extrêmement
douloureuse: il regarde en même temps cette
plaie comme identique avec celle des souris
qui ravageaient le pays, 6:4; mais outre que
dans ce dernier passage il ne peut être
question que de souris proprement dites, la
solpuge fatale n'a été observée qu'au
Bengale; l'espèce perse et asiatique n'est
point aussi dangereuse que la première, qui
s'en prend surtout aux parties secrètes, et
cause des blessures enflammées, qui
occasionnent souvent la mort. Cette opinion
est donc abandonnée, et l'on ne saurait
trouver aucune autre explication naturelle
du châtiment divin. Que les Philistins aient
fait et suspendu dans leur temple des
représentations des souris et de leurs
hideux ulcères, il n'y a rien là d'étrange:
les païens n'en font pas d'autres, et
Diodore de Sicile, 1:22, nous dit que toutes
les nations de l'antiquité offraient dans
leurs temples, en ex voto, des images
des parties de leur corps qui avaient été
guéries de maladies; on peut voir encore
Aristoph. Acharn. 242 (dans le scholiaste),
et Hérodote 1, 105, des faits qui rappellent
d'une manière frappante l'histoire de la
maladie et de la guérison des Philistins.
PHILOLOGUE,
disciple de Rome, inconnu, Romains 16:15. Son nom (ami de la science), a fait croire que c'était un esclave affranchi et versé dans les lettres. Une tradition le compte au nombre des soixante-dix disciples, et le fait consacrer plus tard par André comme évêque de Sinope dans le Pont.
PHINÉES,
-
fils d'Éléazar et petit-fils d'Aaron, Exode 6:25; 1 Chroniques 6:4,50; Esdras 7:5; 8:2; Nombres 25:7. Du vivant de son père il fut nommé chef supérieur des lévites, Nombres 3:32; 1 Chroniques 9:20, et à sa mort, il lui succéda comme souverain pontife, Josué 24:33; Juges 20:28. Sa famille perdit depuis Héli jusqu'à Abiathar, probablement par l'indignité de l'un de ses membres, l'honneur de fournir des souverains sacrificateurs; elle ne recouvra ce droit que sous Tsadoc. Deux faits nous font seuls connaître la vie et le caractère de Phinées: le premier est rapporté Nombres 31:6; sq. Les Madianites avaient apporté l'impureté dans le camp d'Israël; un ordre divin avait condamné à être pendus tous ceux qui s'abandonneraient à ces désordres (25:4); seuls, Zimri et Cosbi, qui peut-être s'étaient absentés, avaient évité l'exécution de la sentence: ils reviennent dans le camp, ils affrontent à la fois la pudeur et la religion; Phinées, indigné, pénètre dans leur tente, et frappe de sa lance les deux coupables; il dut à son zèle l'honneur d'être choisi par Moïse pour être témoin contre Madian, en accompagnant comme souverain sacrificateur les guerriers qui vont se partager le butin; il lui dut aussi la sacrificature et la promesse qu'elle serait héréditaire dans sa famille. Cette action ne peut être jugée ni par nos mœurs, ni même par nos idées religieuses, elle était orientale et juive. En frappant les fornicateurs, Phinées exécutait une sentence de mort déjà prononcée; il n'était point meurtrier mais bourreau, et cette charge était souvent un honneur en Orient. Il agissait ensuite conformément à l'esprit de la théocratie, en exterminant deux ennemis de Dieu, et son zèle pouvait n'avoir rien de charnel. Pour le comprendre il faut se mettre à la place de Phinées, voir le peuple en deuil, les anciens en prières, Dieu irrité, la conquête de Canaan compromise, et deux coupables impunis, braver ce spectacle et rester indifférents à tant de souffrances et de sérieux appels; l'indignation devait parler, se faire jour, un sang jeune et fidèle ne pouvait rester froid; la vengeance ne fut point calculée, elle fut inspirée.
— Plus tard, après la conquête, Phinées reparaît. Les tribus occidentales craignent que celles qui sont de l'autre côté du Jourdain n'abandonnent le culte de Moïse; un autel qui s'élève justifie leurs craintes, mais avant de prononcer, elles envoient vers ces frères qui paraissent s'égarer, une ambassade à la tête de laquelle on place Phinées. Dans un discours touchant, qui respire le zèle de la maison de Dieu, et l'amour le plus vrai pour ses frères, Phinées (il est du moins probable que c'est lui) expose les craintes d'Israël, et appelle les tribus soupçonnées à se justifier. La réponse qu'il reçoit, calme les inquiétudes qu'il avait conçues, et, plein de joie, il revient à Silo porter à l'assemblée cette heureuse nouvelle. Partout dans sa conduite on sent un caractère généreux, une âme ardente, un cœur aimant; la vivacité et la douceur s'unissent en lui; prompt à craindre le mal, il est prompt à excuser ses frères et à reconnaître une méprise.
-
Fils d'Héli.
— Voir: Hophni.
PHLÉGON,
disciple de Rome, Romains 16:14, inconnu; probablement Grec d'origine.
PHRYGIE,
Actes 16:6; 18:23, petite province de l'Asie Mineure, bornée au nord et à l'est par la Galatie, qui lui appartenait avant l'établissement des Galates: la contrée entière, avant l'époque de ce démembrement, portait le nom de Grande Phrygie. Au sud le Taurus la sépare de la Pisidie; à l'ouest et au nord la Phrygie avoisine, sans frontières naturelles bien marquées, la Carie, la Lydie, la Mysie, et la Bithynie; à l'est est la Cappadoce ou Leuco-Syrie, et la Lycaonie. On appelait Épictetus ou Phrygie d'acquisition, une partie de ce pays qui avait d'abord appartenu à la Bithynie et que les Romains en détachèrent pour la joindre au royaume de Pergame. C'est là que la mythologie a placé plusieurs de ses héros et de ses fables: Arachné changée en araignée, Philémon en chêne, Baucis en tilleul, et Tantale connu par son supplice, non moins que par son crime. La contrée était bien arrosée et fertile; le bétail, et surtout le menu bétail, y prospérait. Les villes phrygiennes nommées dans le Nouveau Testament sont Hiérapolis, Colosses, et Laodicée, q.v.
PHYGELLE,
— Voir: Hermogène.
PHYLACTÈRE,
Matthieu 23:5, nom d'étymologie grecque, et signifiant préservatif. Les Juifs postérieurs à l'exil nommaient ainsi des bandelettes de parchemin sur lesquelles étaient écrits des passages de l'Ancien Testament, et qu'à l'exemple des païens, ils portaient au front ou au bras en guise d'amulettes. Cette coutume se fondait sur une interprétation littérale et mal entendue de Exode 13:9,16, et de Deutéronome 11:18; 6:8. Les Juifs écrivaient sur leurs phylactères les quatre passages suivants:
-
Deutéronome 11:13-22.
-
lbid. 6:4-10.
-
Exode 13:11-17.
-
Ib. 13:1-10, selon l'ordre qu'ils croyaient en avoir reçu. C'étaient surtout les hommes, et au moment de prendre leurs repas, qui s'en servaient. On les mettait au bras gauche, allant du coude jusqu'à l'extrémité du doigt du milieu; c'était le bras du cœur: on les mettait aussi sur le front, les courroies qui les retenaient faisant un nœud derrière la tête, et venant se rejoindre sur le front. Après s'en être servi, on les roulait en pointe, et on les enfermait dans une espèce d'étui de veau noir (Léon de Modène, Cér. des Juifs 1, 2, 4) Les phylactères étaient destinés à rappeler solennellement à ceux qui les portaient, l'observation de la loi, et l'obligation de s'appliquer de tête et de cœur à la connaissance et à la pratique de la vérité: ils ont fini par n'être plus que de vains joujoux, comme les chapelets, les rosaires, etc.; l'esprit de l'institution s'est perdu, la matière est restée; ce ne furent plus des souvenirs, des aides, mais des pénitences, des ornements, ou des symboles de l'orgueil spirituel.
— On a voulu voir à tort dans Proverbes
6:21, une allusion aux phylactères, qui sont
d'une invention plus moderne; nous en disons
autant de l'ornement dont il est parlé,
Ézéchiel 24:17, ornement de tête (peér) que
nos versions traduisent par bonnet; quelques
rabbins ont cru y trouver une trace de
l'usage dont nous parlons (Jarchi, Chald.,
etc.), mais ce sentiment a été réfuté et
rejeté.
— Il paraît que les phylactères étaient
regardés par quelques-uns comme des
préservatifs contre l'influence des démons.
— Les Pères varient du reste beaucoup dans
ce qu'ils disent à ce sujet; les Juifs de
leur temps continuaient de porter ces
bandelettes de parchemin; les chrétiens de
certains lieux commençaient à imiter cet
usage superstitieux; Gélase, évêque de Rome,
l'a condamné pour ce qui le concernait; il
serait à désirer que ses successeurs
l'eussent imité en cela; le dix-neuvième
siècle n'eût pas vu naître la miraculeuse
médaille-phylactère, qui a rapporté 70,000
fr, aux jésuites de Fribourg, et n'a pas
empêché leurs troupes d'être battues, leurs
soldats d'être tués.
PIBÉSETH,
ville nommée Ézéchiel 30:17, à côté de plusieurs autres villes d'Égypte. D'après les Septante et la Vulgate il s'agit de Bubaste, chef-lieu du district de ce nom, dans la partie orientale de la Basse-Égypte, sur un canal dérivé du bras pélusiaque du Nil, à 7 lieues sud-est de Léontopolis. On y voyait un temple célèbre de la déesse Bubastis, que les Grecs identifiaient avec leur Artémis (Hérodote 2, 59; 137; 138) Chaque année de nombreux pèlerinages, environ 700,000 hommes, venaient visiter ce monument; pendant le voyage, des femmes jouaient des castagnettes, des hommes de la flûte; le reste battait des mains: quand on passait devant une ville, les bateaux approchaient du rivage, et l'on criait mille injures aux habitants. Les chats étaient adorés à Bubaste comme des divinités; on les embaumait et on leur donnait une sépulture honorable. Le prophète annonce la destruction de cette ville qui fut en effet prise et démolie par les Perses. Elle existait encore comme souvenir pendant la période romaine, et l'on en trouve maintenant les ruines sous le nom de Tell Basta.
PIERRE, ou Siméon,
apôtre, appelé d'abord Simon ou
Siméon, et souvent de ses deux noms réunis
Simon Pierre, était fils d'un certain Jonas
de Bethsaïda, et s'appelait en conséquence,
suivant un usage des Hébreux, Barjona,
c'est-à-dire fils de Jonas, Matthieu 10:2;
Marc 3:16; Luc 6:14; Jean 21:15. Domicilié à
Capernaüm, il y vivait de son état de
pêcheur, Matthieu 4:18; 8:14; Marc 1:16; Luc
4:38; 5:3. Sa vocation à l'apostolat semble
racontée de trois manières différentes, mais
une lecture attentive, et la comparaison des
passages montre d'abord qu'il y a eu double
vocation, puis, qu'entre les deux autres
versions l'une est plus complète que
l'autre, mais non contradictoire ou
différente. On voit d'abord, Jean 1:40; sq.,
que Pierre, disciple de Jean-Baptiste, fut
instruit de bonne heure par André son frère,
de la venue et de l'œuvre du Messie; Jésus
pénétra le futur apôtre, et lui prédit les
destinées auxquelles il était réservé;
toutefois, il ne l'appela point encore à le
suivre, comme il en avait appelé d'autres.
Un second récit, celui de la vocation
proprement dite de Pierre, se lit Matthieu
4:18; Marc 1:16; mais il est abrégé. Saint
Luc 5:1, sq., le développe et l'étend; c'est
dans sa narration qu'on a voulu trouver une
troisième version d'un même fait (Winer).
Après l'entrevue de l'apôtre avec le
Sauveur, le premier était retourné en
Galilée; il avait repris ses filets. Un
jour, sur les bords du lac, Jésus, pressé
par la foule, demande à Simon le secours de
sa nacelle, et se fait conduire à quelque
distance du rivage; il parle aux troupes, il
les enseigne, puis son instruction achevée,
soit qu'il voulût rendre Simon témoin de ses
œuvres, soit qu'il voulût l'indemniser du
temps qu'il avait perdu, il l'engage à
descendre ses filets dans le lac. En
répondant que la pêche de la nuit n'a rien
rapporté, Simon fait acte de foi et
d'obéissance, car il jette en même temps ses
filets; il veut constater qu'il ne le fait
que par respect pour la parole du maître
dont il vient d'entendre les enseignements,
et qu'on lui a déjà fait connaître comme le
Messie. Les filets rompent sous le poids des
poissons qu'ils ramènent, et tous les doutes
du pêcheur sont dissipés; il s'écrie à
genoux: «Seigneur, retire-toi de moi, car je
suis un homme pécheur.» Et Jésus se
l'attache pour toujours, en lui annonçant
que la pêche qu'il vient de faire n'est que
l'emblème de ses succès futurs; il sera
pêcheur d'hommes vivants.
Son nom se trouve dès lors mêlé, avec celui
de quelques autres apôtres, à l'histoire
presque entière de notre Sauveur: il est un
de ses compagnons, un de ses disciples les
plus assidus et les plus intelligents; il
est témoin de ses miracles, et intervient
fréquemment dans ses conversations avec plus
ou moins de bonheur. Sa belle-mère est
guérie par Jésus, qui était devenu son hôte,
Matthieu 8:14; Marc 1:29; sq. Luc 4:38. Le
lendemain, il va comme les troupes à la
recherche de Jésus qui s'était retiré pour
prier; il a le bonheur d'être le premier à
le rejoindre, Marc 1:35; Luc 4:42. Après le
premier miracle de la multiplication des
pains, la nuit, il voit le Seigneur marcher
sur les eaux, et veut marcher à sa
rencontre, mais sa foi n'est pis à la
hauteur d'une épreuve aussi forte, il doute,
et les eaux s'entr'ouvrent sous ses pieds,
Matthieu 14:22; Marc 6:45; Jean 6:17.
— À Bethsaïda, il fait une profession
éclatante de sa foi en celui qui a les
promesses de la vie éternelle, Jean 6:68: il
la réitère dans une autre circonstance aux
environs de Césarée de Philippe, et reçoit
en récompense de sa foi de mémorables
oracles; mais pour qu'il ne s'élève point
au-dessus de ses frères, le Seigneur lui
fait voir qu'il ne comprend pas encore les
choses qui sont de Dieu, et le repousse en
termes sévères comme un tentateur, Matthieu
16:13; sq. Marc 8:27; Luc 9:18. Témoin de la
transfiguration, il ne la comprend pas et
confond le repos des saints avec la douceur
du repos et de la paix terrestres, Matthieu
17:1; Marc 9:2; Luc 9:28; 2 Pierre 1:16.
— À Capernaüm, il consent à payer pour son
maître l'impôt des didrachmes, Exode 30:13;
Jésus, en lui faisant comprendre, que maître
de toutes choses, il eût pu s'en dispenser,
répond par un miracle, et le statère se
trouve dans la bouche du poisson, Matthieu
17:24. Judas possédait sans doute cette
somme dans la bourse apostolique, mais le
Fils de l'homme devait montrer à tous que
l'or et l'argent lui appartiennent, Aggée
2:8, et que, s'il conteste, c'est sans
intérêt; s'il cède, c'est pour accomplir
toute justice et ne point scandaliser les
faibles.
— Dans les questions relatives au pardon des
offenses, Matthieu 18:21, et à la récompense
que les apôtres pouvaient espérer de leur
fidélité, Matthieu 19:27; Marc 10:28; Luc
18:28, Pierre montre que ses idées sont
encore confuses sur l'a sainteté de la vie
nouvelle et sur la spiritualité du royaume
de Christ.
— Il voit et remarque le miracle du figuier
séché, Matthieu 21:20; Marc 11:21; il prend
part aux entretiens qui suivent les oracles
de Jésus sur la destruction de Jérusalem,
Marc 13:3; il est chargé de faire avec Jean
les préparatifs de la dernière pâque,
Matthieu 26:18; Marc 14:13; Luc 22:8. Et
pendant que le maître veut donner à tous une
leçon d'humilité, peut-être pour répondre à
leurs contestations sur la place qu'ils
occuperaient dans la vie à venir (Matthieu
18:1; Marc 9:33; Luc 9:46; 22:24), Pierre,
toujours vif, refuse par deux fois de se
laisser laver les pieds et ne cède à une
affectueuse injonction, que pour se jeter
alors dans un autre extrême, Jean 13:6, etc.
— Il est moins prompt à juger et à
interroger quand Jésus annonce que l'un des
douze le trahira: soit que Judas eût réussi
à conserver jusqu'alors la confiance de ses
frères, soit que Pierre repoussât des
soupçons qu'il craignait de voir justifiés,
soit qu'il désirât voir le traître démasqué,
soit enfin que l'incertitude leur fût plus
pénible que la réalité, et que devant un
oracle aussi étrange, aussi solennel et
inattendu, ils en fussent tous venus à se
redouter eux-mêmes, à se défier d'eux-mêmes,
Pierre, voulant connaître le nom du traître,
mais n'osant le demander à haute voix, fit
signe à Jean, voisin du Seigneur, de
l'interroger. Il ne se doutait guère que la
peur lui ferait commettre un crime semblable
à celui que la cupidité avait inspiré à
Judas; mais dans la même soirée il reçut par
deux fois des avertissements tout ensemble
sinistres et consolants. «Là où je vais, tu
ne peux maintenant me suivre, mais tu me
suivras ci-après.»
— «Simon, Simon, voici, Satan a demandé à
vous cribler tous comme le blé (Amos 9:9),
et j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne
faiblisse point; toi donc, quand tu seras un
jour converti (relevé de ta chute), fortifie
tes frères», Luc 22:31. Et comme le fidèle,
mais présomptueux apôtre, protestait de sa
confiance en lui-même, son triple reniement
lui fut prédit, Jean 13. Un peu plus tard,
dans la même soirée, comme les apôtres se
rendaient en Gethsémané, Jésus les
enveloppant tous dans une même sentence
prophétique, leur dit: Vous serez tous cette
nuit scandalisés en moi, selon qu'il est
écrit; je frapperai le berger, et les brebis
seront dispersées; cf. Zacharie 13:7; et
Pierre, que la sentence isolée prononcée
contre lui, avait sans doute humilié et
affligé, satisfait de se voir de nouveau
réuni à ses frères, quoique dans la
faiblesse, voulut protester encore de sa
fidélité, mais en vain; il ne reçut pour
réponse que la confirmation de son triple
reniement, Matthieu 26:31; Marc 14:27, etc.
— Témoin de l'agonie de son maître, il ne
peut, non plus que Jacques et Jean, veiller
avec lui; malgré les recommandations de
Jésus, ils s'endorment, et Luc, le médecin,
nous dit que c'était de tristesse qu'ils
dormaient, Luc 22:45. La faiblesse de la
chair succombait aux émotions, et l'esprit
n'était pas assez fort pour en triompher. Il
était plus facile de se battre que de prier,
et Pierre se réveilla quand les soldats
vinrent pour prendre Jésus, Matthieu 26:51;
Marc 14:47; Luc 22:49; Jean 18:10. D'un coup
d'épée il blessa Malchus à l'oreille, ayant
pris à la lettre quelques expressions dont
le Sauveur s'était servi quelques instants
auparavant dans un sens figuré, Luc
22:36,38. Mais ce n'était pas là le courage
que réclamait de ses disciples celui qui
donnait librement sa vie; les soldats
entraînèrent le maître; les disciples
s'enfuirent. Pierre, engagé par ses paroles
à faire mieux que les autres, revint
cependant en arrière; il voulait tenir sa
parole, il allait réaliser celles de son
maître. Arrivé devant la porte de Caïphe, il
la voit s'ouvrir devant lui sur la
recommandation de Jean, mais la cour est
pleine de soldats, d'huissiers, de
domestiques et de curieux. Pendant le
premier interrogatoire du Seigneur, la
portière qui avait ouvert à Pierre, croit
reconnaître en lui un des disciples de
l'accusé et l'interpelle. Saisi, surpris,
étonné d'être reconnu, préoccupé d'autres
pensées qui lui font à la fois oublier
l'oracle du Christ et désirer de couper
court à une conversation qu'il n'a pas envie
de poursuivre, il ment et renie son maître
sans trop songer peut-être a ce qu'il fait.
Une question semblable lui est adressée un
moment après, et déjà il a eu le loisir
d'examiner sa position; la frayeur
l'environne, et les témoins qui l'entourent
de toutes parts, lui semblent autant
d'ennemis; il ment encore et dit: Je ne le
connais point. Mais il est inquiet; il
voudrait sortir, il change de place, il
entre au vestibule, Marc 14:68, et là, une
heure environ après le second reniement, un
parent de Malchus le reconnaît et lui dit:
Ne t'ai-je pas vu au jardin avec lui? Nier
n'eût plus suffi devant une accusation aussi
directe, et Pierre, accablé de frayeur,
était en outre retenu par la honte d'avouer
enfin son maître, en avouant qu'il l'avait
renié deux fois; il ne lui suffisait plus de
reconnaître Jésus, il devait encore
reconnaître sa lâcheté; l'épreuve était trop
forte pour l'homme appuyé sur ses propres
forces; il renie encore, en jurant et en
prononçant des imprécations. Mais la mesure
était comblée, la tentation était terminée;
le disciple pouvait savoir à quoi s'en tenir
sur son courage, sa force, sa fidélité;
c'était le point du jour, le coq chanta; un
regard de Jésus tomba sur son disciple,
l'accusant sans le trahir ni le
compromettre, et Pierre revint à lui-même;
bouleversé de son crime, touché de l'amour
de son maître, il sortit et pleura
amèrement; ces larmes étaient sans doute,
quoique amères, les plus douces et les plus
pures qu'il eût encore versées; sa douleur
était selon Dieu, elle ne pouvait qu'être
heureuse; pour la première fois peut-être,
il avait un pressentiment de la vie
nouvelle, du christianisme.
Trois jours après, averti par Marie
Madeleine, il court au sépulcre avec Jean,
n'arrive qu'après lui, mais entre le premier
dans la grotte, examine, admire, sans
comprendre encore que son maître est
ressuscité, et retourne à Jérusalem, Luc
24:12; Jean 20:2. On conclut presque avec
certitude, de 1 Corinthiens 15:5; cf. Luc
24:34, que le même jour encore, avant son
entretien sur la route d'Emmaüs, le Christ
ressuscité s'est montré à Pierre, et l'on
conjecture qu'il lui a donné, ou réitéré
spécialement, l'ordre de se rendre, avec le
reste des apôtres, en Galilée, où il le
verrait de nouveau: Pierre, qui s'était
exclu lui-même de la société apostolique, ne
pouvait savoir si le maître le reconnaîtrait
encore, ou s'il le renierait à son tour; il
eût hésité peut-être à suivre les apôtres,
s'il n'avait été en quelque sorte
personnellement convoqué. Du reste, aucune
parole, aucun détail de cet entretien n'est
rapporté dans les Évangiles, et 1 on conçoit
qu'il ne concernât que le chef de l'Église
et son disciple relaps; Pierre sans doute
versa de nouvelles larmes, mais il sentit
qu'il était réintégré; il allait reprendre
sa place, mais la remplir plus humblement.
Il se rend à Capernaüm on il possédait une
maison (Matthieu 8:14; Marc 1:29; Luc 4:38),
et après quelques jours d'une attente
inutile, il dit à ceux des apôtres qui
étaient avec lui qu'il s'en allait pêcher,
Jean 21:2. Ils le Suivirent, mais la pêche
de la nuit fut inutile. Au matin, Jésus,
qu'ils ne reconnaissaient point, leur
demanda du rivage s'ils avaient du poisson,
et sur leur réponse négative, il leur dit de
jeter leurs filets du côté droit de la
celle; une pêche abondante vint
miraculeusement récompenser leur obéissance
et leur foi. C'étaient les mêmes questions,
les mêmes réponses, les mêmes merveilles que
les mêmes hommes, les mêmes rivages, les
mêmes nacelles, avaient entendues et vues
quelques années auparavant; il n'en fallait
pas davantage pour parler au cœur de Jean,
qui reconnut aussitôt le Sauveur, et saint
Pierre se jetant à la nage vint bientôt
aborder aux pieds de son maître; ils prirent
tous ensemble un modeste et silencieux
repas, pendant lequel tous reconnaissaient
Jésus sans oser l'interroger. Après le
repas, Jésus s'adressant à Pierre, mais sans
lui donner ce nom qui était comme le signe
de son apostolat, lui dit: Simon, fils de
Jona, m'aimes-tu plus que ne font ceux-ci?
L'apôtre n'en était plus aux jours où il ne
craignait pas de s'élever au-dessus de ses
frères; il répondit humblement: oui,
Seigneur, tu sais que je t'aime. Pais mes
agneaux, dit le Seigneur. Une seconde fois,
puis une troisième, mais sans insister sur
la comparaison avec les autres apôtres, le
Seigneur lui demande: Simon, fils de Jona,
m'aimes-tu? chaque fois la réponse est la
même, et le Seigneur en lui disant: Pais mes
brebis, lui annonce le martyre, et se
l'attache de nouveau, après que par sa
triple confession, l'apôtre eut expié aux
yeux de son maître son triple reniement.
Simon le pêcheur est redevenu Pierre
l'apôtre. Quelle solennité dans cette
réintégration, et pourtant quelle douceur
dans le châtiment, si même on peut donner ce
nom aux interpellations du Sauveur. Saint
Pierre pardonné reprend bientôt ses
anciennes habitudes, et lorsqu'il eut appris
de la bouche du Sauveur le sort qui lui
était réservé, il lui demanda quel serait
celui de l'apôtre Jean qui les suivait; mais
Jésus refusa de répondre à cette question
d'une vaine curiosité, et il ne permit pas
que Pierre oubliât aussi promptement les
avertissements qu'il venait de recevoir.
Nous retrouvons Pierre dans le livre des
Actes; il attend avec les apôtres l'effusion
du Saint-Esprit, et il propose de remplir la
place que Judas a laissé vacante; Matthias
est élu par le sort (1:23). La Pentecôte et
l'effusion du Saint-Esprit viennent étonner
les habitants de Jérusalem, et remplir de
joie les apôtres: l'inimitié honteuse et
jalouse qui poursuit tout réveil, toute
œuvre de l'esprit, s'attache à ternir ce
mouvement, en attribuant à l'ivresse les
merveilles dont tous sont témoins, mais
Pierre prend la parole, la puissance d'en
haut agit en lui, Christ est glorifié, les
âmes sont touchées, et 3,000 personnes se
convertissant à sa prédication viennent
grossir les rangs de l'Église chrétienne,
qui ne comptait encore alors que les apôtres
et quelques femmes. En voyant les doctrines
du crucifié se propager avec tant de succès,
le sanhédrin résolut de prendre des mesures
répressives; un miracle, un bienfait, lui
fournit l'occasion qu'il désirait: un homme
âgé de plus de quarante ans, et boiteux dès
sa naissance, avait été guéri par le
ministère des apôtres. Pierre lui avait dit
comme le maître, et au nom de celui-ci:
Lève-toi et marche, et l'impotent avait
recouvré l'usage de ses membres. Comme
l'apôtre parlait à la foule pour repousser
les hommages qu'on lui adressait, et pour la
persuader de rendre à Jésus l'honneur,
l'obéissance, et l'amour qui lui sont dus,
des officiers chargés de maintenir
l'ordre dans le temple, survinrent et
mirent en prison Pierre et Jean. Traduits
devant le sanhédrin, les apôtres, au lieu de
se défendre, accusèrent ce pouvoir prétendu
religieux, d'avoir mis à mort Jésus le
Nazarien, s'appuyèrent de l'autorité de
celui que Dieu avait ressuscité des morts,
et répondirent à la défense qui leur fut
faite d'annoncer le nom de Christ: Jugez
s'il est juste de vous obéir plutôt qu'à
Dieu. Le miracle était évident, le témoin
marchait, les apôtres furent renvoyés
absous.
C'est encore Pierre dont la parole foudroie
Ananias et Saphira, Actes 5:1. Son ombre
guérit les malades, sa prédication touche
les cœurs; ses succès irritent derechef les
sadducéens qui, dirigés par Caïphe, le
livrent une seconde fois au sanhédrin; mais
une seconde fois l'apôtre répond: Il faut
plutôt obéir à Dieu qu'aux hommes. Caïphe ne
le fait plus trembler.
Les persécutions ayant dispersé les
chrétiens, la Samarie est évangélisée:
Philippe baptise, et Pierre vient avec Jean
imposer les mains aux fidèles et leur
communiquer les dons du Saint-Esprit, Actes
8. Il refuse de vendre au magicien Simon le
pouvoir de transmettre ces dons surnaturels,
et stigmatise ce premier exemple de vénalité
religieuse. Après avoir évangélisé les
bourgades qu'il trouve sur sa route, il
revient à Jérusalem; c'est alors qu'il fait
la connaissance de Paul, à qui il donne une
hospitalité de quinze jours, Galates 1:18.
Il visite les églises naissantes de la
Judée, de la Samarie et de la Galilée, Actes
9; à Lydde, il guérit un paralytique; à
Joppe, il rend Dorcas aux pauvres qui
l'avaient perdue; elle revient à la vie au
milieu de ceux qui la pleuraient. L'apôtre
reste quelque temps dans cette ville: une
vision étrange qui se réitère à trois
reprises, Actes 10, lui apprend que le
mosaïsme a pris fin, que la paroi mitoyenne
est tombée, Éphésiens 2:14, que la
distinction des animaux en purs et impurs
n'existe plus, que le monde n'est plus
divisé extérieurement en bénis et en
maudits, et qu'en toute nation ceux qui
craignent Dieu et qui s'adonnent à la
justice, lui sont agréables. La démarche et
la demande des messagers de Corneille,
centenier romain, achèvent de lui expliquer
ce qu'il y a de mystérieux dans la vision,
et il part pour annoncer Christ aux païens.
À ses amis de Jérusalem qui le blâment, il
expose la vision céleste, et tous glorifient
Dieu en disant: Dieu a donc donné aux
gentils la repentance pour avoir la vie.
De ce moment l'historien sacré'qui s'attache
à nous donner la suite de l'histoire de
Paul, ne nous donne celle de Pierre qu'en
passant. Il paraît que l'apôtre visita
diverses provinces de l'Asie Mineure,
annonçant Christ aux Juifs et aux païens. On
le retrouve à Jérusalem à l'époque du
martyre de Jacques, et lui-même, réservé au
supplice par ordre d'Hérode, est
miraculeusement rendu aux prières de ses
frères qui n'osaient espérer sa délivrance,
Actes 12. On croit qu'il s'éloigna alors de
Jérusalem pour un temps, mais nous l'y
retrouvons lors du concile des apôtres,
15:7; il y revoit saint Paul. Il y prend la
parole, mais sans autre autorité que celle
des choses mêmes qu'il dit: il plaide la
cause des gentils, et rappelle les
instructions qu'il a reçues du Seigneur à
cet égard. Mais bientôt, infidèle à ses
principes, troublé peut-être par les
criailleries de chrétiens judaïsants
exaltés, fatigué de cette lutte, sous
l'impression de reproches qui lui avaient
été adressés, craignant de scandaliser les
faibles, enclin d'ailleurs au formalisme
juif par sa naissance et son éducation, il
en vint à dissimuler, il s'éloigna des
gentils, il en entraîna quelques-uns dans sa
chute, et Paul dut le censurer ouvertement,
Galates 2:11; il est probable qu'il reconnut
la justesse des reproches que sa
dissimulation lui attira, et qu'il se releva
de cette faute avec la généreuse vivacité de
son caractère.
On ne sait plus rien de lui dès lors;
l'histoire sainte se tait, et les Pères ou
se taisent aussi, ou se contredisent à tel
point qu'on ne peut rien établir de positif
sur leur témoignage: on ne sait ni où il se
rendit, ni ce qu'il fit, ni où, ni comment,
ni quand il mourut.
Quelques remarques termineront cette notice,
et achèveront de faire comprendre cette vie
et ce caractère.
-
Les noms de Pierre et de Céphas ont la même signification; Céphas est syriaque ou araméen, et n'entraînait aucune idée particulière; c'était le nom dont on l'appelait quand on s'exprimait dans cette langue, et souvent on employait l'un ou l'autre indistinctement, Galates 2:9,11; 1 Corinthiens 1:12; 9:5. Jusqu'au moment de l'ascension il est presque toujours désigné sous le nom de Simon (ou Syméon); c'est ainsi que l'appellent Jésus et les autres apôtres, Matthieu 17:25; Marc 14:37; Luc 7:40; 22:31; 24:34; Jean 21:15: le même nom se retrouve Actes 15:14, sans doute par un effet de l'habitude prise, cf. 2 Pierre 1:1; le nom de Pierre emporte l'idée de sa vocation, c'est en quelque sorte son nom d'honneur: il le porte Actes 10:5,18, et si quelquefois les deux noms de Simon Pierre sont réunis, celui de Pierre unit par prévaloir, ce qui explique pourquoi les évangélistes, en parlant de lui, l'appellent le plus souvent simplement Pierre.
-
Sa famille est peu connue. Son père, pêcheur comme lui, s'appelait Jonas; la tradition donne à sa mère le nom de Jeanne; l'apôtre André était son frère, probablement plus jeune que lui. Il était marié, comme il ressort de Luc 4:38; 1 Corinthiens 9:5: la tradition est unanime à cet égard, et dom Calmet n'a pas l'air de chercher à s'en cacher. Il avait un fils nommé Marc, 1 Pierre 5:13, et les Pères lui donnent en outre une fille nommée Pétronille; ils varient sur le nom de sa femme, que les uns appellent Concorde, les autres Perpétue. Plusieurs le regardent comme le plus âgé des douze apôtres; les détails qu'ils donnent sur sa figure et sur son apparence ont peu d'autorité.
-
Nous avons vu comment il est facile de concilier les apparentes divergences des évangiles qui racontent l'élévation de Pierre à l'apostolat. Mais la grande divergence, celle qui frappe le moins, parce que l'on y est habitué, c'est celle qui se trouve entre la condition de l'appelé, et la charge à laquelle il est appelé. Un pêcheur de poissons devient pêcheur d'hommes; un batelier devient apôtre; l'ignorance doit instruire le monde, et passer du banc de sa nacelle aux chaires de la vérité. Personne n'eût confié à Simon la charge la moins importante, s'il eût fallu pour la remplir posséder quelques connaissances, et le maître du monde l'appelle, avec onze autres, à la plus sublime des vocations, à faire connaître aux hommes la vraie philosophie et la vraie théologie, le cœur de l'homme et le cœur de Dieu. C'est qu'en effet,
Pour en avoir la connaissance
Il faut être des plus petits,
Laisser là toute autre science,
Devenir de simples brebis.
C'est qu'en effet il a été vrai de tout temps,
Que les sages, les entendus
N'ont point de part dans cette affaire.
C'est que ce sont des choses qu'on ne peut enseigner que lorsqu'on a été soi-même enseigné de Dieu, et pour en venir là les simples et les savants ont le même chemin à faire, et ces derniers y répugnent davantage, embarrassés qu'ils sont du bagage d'une science faussement ainsi nommée. Ce qui a été vrai aux jours du Seigneur est vrai toujours, c'est que ses vrais serviteurs sont ceux qu'il a choisis lui-même, quelle que soit du reste l'estime dont ils jouissent aux yeux de la chair; et l'on est étonné, si l'on veut y faire attention, de trouver souvent des disciples zélés, fidèles, et bénis, bien ailleurs que là où l'on penserait à les chercher.
-
Pierre apparaît dans le collège apostolique revêtu d'une espèce de primauté que les écrivains protestants ont parfois trop méconnue, et que les auteurs catholiques romains ont en revanche exagérée jusqu'à en faire une principauté. Non seulement il était l'un des amis les plus intimes du Seigneur (non le plus intime), comme on le voit par Matthieu 17:1; Marc 9:2; 14:33; et ailleurs, mais encore on le voit tantôt parler au nom des douze, tantôt répondre en leur nom quand ils sont interrogés; Jésus lui-même le nomme quand il s'adresse aux apôtres. Matthieu 16:16; 19:27; 26:40; Marc 8:29; Luc 12:41. Le passage Matthieu 17:24, ne prouve du reste pas, comme on a voulu le croire, qu'en dehors du cercle des douze, Pierre fût considéré comme le chef et le représentant naturel de ses collègues: ce peut n'avoir été qu'un cas fortuit, une circonstance accidentelle, et si l'on voulait donner trop de poids à cette preuve, plusieurs des apôtres, Philippe, André, etc., auraient des titres semblables à faire valoir, Jean 12:21; sq. Le caractère personnel de l'apôtre a pu contribuer pour beaucoup à le faire considérer comme un représentant de tous, non qu'il fût meilleur, mais parce qu'il était plus voyant: il avait été d'ailleurs l'un des premiers appelés, et il était peut-être l'aîné de tous, ce qui explique aussi pourquoi dans toutes les listes il est nommé le premier, sauf Galates 2:9. Après l'ascension, il continue pendant quelque temps de se produire, d'agir, de parler, avec cette promptitude et cette supériorité d'intelligence qui lui avaient donné sur ses collègues une espèce d'autorité morale, que ceux-ci n'avaient jamais contestée parce qu'elle n'avait jamais été formulée, ni affichée: cf. Actes 1:15; 2:14; 4:8; 5:29. Mais bientôt il cesse lentement de briller dans l'histoire apostolique, soit que l'âge ait brisé ou ralenti l'activité de son caractère et l'autorité qui s'y rattachait, soit qu'un homme plus jeune, plus fort, également bien doué, l'ayant remplacé dans la vie active, Pierre ait vu passer naturellement dans les mains de saint Paul une influence qu'ils ne devaient l'un et l'autre qu'aux dons qu'ils avaient reçus et à l'usage qu'ils eu avaient fait.
-
Ce n'est pas ici le lieu de discuter les questions controversées entre l'Église de Rome et l'Église réformée; indiquons-les seulement, et posons quelques principes. Les théologiens romains estiment que Pierre a été mis au-dessus des apôtres, ayant autorité sur eux, autorité sur l'Église, en vertu du passage Matthieu 16:16-18: que le droit de pardonner ou de condamner lui a été également donné, et à lui seul; que la surveillance et la direction de l'Église, des évêques et des troupeaux, du clergé et des laïques, lui a été confiée en vertu des paroles de sa réintégration: «Pais mes agneaux, pais mes brebis», Jean 21:15; que Pierre a été à Rome, qu'il y a été évêque, évêque pendant vingt-cinq ans; qu'il a enfin légué sa puissance aux évêques qui sont montés après lui, quels qu'ils fussent, indépendamment même de leur foi et de la réalité de leur christianisme.
À quoi il a été répondu: que chacun est le fils de ses œuvres; qu'il n'y a plus sous le christianisme d'autorité de droit divin que celle qui prouve sa divinité par sa puissance et par sa sainteté; que, relativement à saint Pierre, les paroles qui lui furent adressées en suite de sa confession du nom de Christ, n'impliquent aucune supériorité de droits; que la pierre sur laquelle l'Église chrétienne devait être bâtie, c'était la confession de foi elle-même, et non celui qui l'avait faite; que le droit de lier et de délier, celui de pardonner et de retenir les péchés, a été donné à tous les chrétiens dans la même mesure qu'à saint Pierre, Jean 20:23, c'est-à-dire qu'il ne constitue pas un pouvoir, mais qu'il n'emporte que le simple droit de déclarer, de constater un fait; que les paroles: pasce oves meos, ou meas, ne sont que la simple réintégration de l'apôtre dans des fonctions dont il s'était lui-même, en quelque sorte, démis, et que notre Sauveur n'a pas été appelé à rendre aux autres apôtres des droits que ceux-ci avaient conservés; que la différence de sexe, meos et meas, ne signifie rien, attendu que ces mots sont, dans le langage biblique, pris fréquemment l'un pour l'autre comme signifiant tous les deux le troupeau, observation qui est renforcée par cette autre, péremptoire, eue sous la nouvelle alliance il n'y a plus la vieille distinction des hommes en ecclésiastiques et laïques, en clergé et troupeau, vu que tous les chrétiens sont à la fois hommes du peuple et hommes de l'Église, laïques et ecclésiastiques; que le Nouveau Testament ne nous montre nulle part saint Pierre revêtu d'une autorité absolue, que s'il est le premier souvent, il n'est jamais primat, il cherche à convaincre par des arguments solides, mais il n'ordonne pas; qu'il ne part jamais de son autorité comme d'un principe, et qu'au concile de Jérusalem il ne préside pas, il ne commence pas, il ne clôt pas la discussion; que les frères ne le reconnaissent nulle part comme ayant une autorité de chef de l'Église, qu'ils se reconnaissent le droit de l'interroger, de le contrôler, de le blâmer; que saint Paul en particulier le censure pour sa conduite peu franche à l'égard des gentils, tellement il est éloigné, et Pierre aussi, d'admettre on ne sait quelle infaillible autorité;
— relativement au voyage de Rome, qu'il est plus que contestable, que rien ne le prouve, que tout établit que Pierre n'y a jamais été; que s'il y a été, ce n'a pas été pendant vingt-cinq ans, mais un moment seulement; qu'il n'y a jamais été évêque, et que l'eût-il été, il n'eût jamais transmis à des successeurs des promesses (quelconques) qui n'avaient été faites qu'à sa personne; que s'il a transmis des droits à l'Église de Rome, cette Église n'en a rien su dans les commencements; que lorsqu'elle a essayé au troisième siècle de les faire valoir, la chrétienté toute entière a protes-lé; qu'au sixième siècle l'évêque de Rome les ignorait encore, ou les repoussait avec indignation, et que ce n'est qu'au onzième siècle qu'un pape ambitieux les a solidement conquis; que si Pierre eût légué des dons à l'Église de Rome, cette Église n'eût pas tardé à les perdre, ayant évidemment prouvé qu'elle était indigne d'être l'héritière de ce saint apôtre; enfin, que si jamais elle a eu des droits à cette succession, elle en a toujours fait un mauvais usage, etc., etc. On ne répond à une erreur raisonnable que par une seule raison; à des échafaudages d'absurdités, il y a des milliers de réponses à faire, et la source n'en tarit point; la primauté de saint Pierre, sa papauté, appartient à cette masse de faits dont l'Église romaine a eu besoin pour établir un pouvoir spirituel immense; et non contente de cette usurpation, elle y a joint, en manière de petits profits ignorés des premiers siècles, le droit de disposer des couronnes, des royaumes et des peuples, droit qu'elle a exercé de la manière la plus barbare et la plus criminelle, et qu'elle exercerait encore si, peu à peu, la lumière n'était venue en bien des lieux protester contre ces ténèbres abrutissantes et rendre à chaque individu les droits qui lui appartiennent par la grâce de Dieu. Que M. de Chateaubriand nous montre donc «ce prince d'une espèce nouvelle dont les successeurs étaient appelés à monter sur le trône des Césars, entrant dans Rome le bâton pastoral à la main», on comprendra son langage comme celui d'un loyal sujet du Saint-Siège, comme une fleur de plus jetée au milieu de ses magnifiques Études Historiques, mais l'on n'y trouvera ni l'exactitude de l'historien, ni l'esprit d'un théologien, ni le langage et la foi d'un chrétien. M. le comte Joseph de Maistre, avec un sérieux parfois héroï-comique, a traité dans son livre du Pape plusieurs des questions relatives à saint Pierre dans ses rapports avec le Saint-Siège; il était difficile de faire avec autant d'esprit un livre aussi peu intelligent, aussi bizarre, aussi faux; et le dix-neuvième siècle a été surpris de cette apparition; c'était comme un revenant du onzième siècle.
— Pour l'examen des prétentions historiques, théoriques et théologiques de l'Église romaine, nous n'avons rien lu de plus solide parmi les ouvrages modernes que les deux Dissertations de A. Bost, père, sur le Droit des Papes, l'Appel à la conscience des catholiques romains du même auteur, l'Anatomie du papisme par N. Puaux, et un sermon de M. Vinet, intitulé Simon Pierre.
— Ajoutons seulement, et c'est une observation dans tous les cas intéressante, que les protestants ont pour saint Pierre un respect plus réel, plus sincère que les papistes; nous croyons, en effet, avec le grand apôtre «qu'il n'y a de salut en aucun autre qu'en Christ, et qu'il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui soit donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés», Actes 4:12; l'Église de Rome pense autrement. Nous disons encore avec saint Pierre: «Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as estimé que le don de Dieu s'acquiert avec de l'argent», Actes 8:20; l'Église de Rome, au contraire, favorise et pratique la simonie. Nous croyons que ce n'est point le baptême qui sauve, mais la recherche que fait de Dieu une conscience pure, 1 Pierre 3:21; l'Église de Rome refuse l'inhumation aux enfants morts sans baptême. Pierre refusa l'adoration de Corneille, Actes 10:26; ses prétendus successeurs la réclament, y compris des baisers pour leurs pantoufles. Nous croyons enfin avec saint Pierre, que dans le temple de Dieu sur la terre, dans son Église, il n'y a qu'une pierre fondamentale qui est Christ, et que tous les chrétiens entrent dans la construction de l'édifice comme autant de pierres vives, 1 Pierre 2:4-5; Rome, au contraire, estime qu'il n'y a qu'une pierre, et que cette pierre c'est Pierre.
— Mais assez.
-
D'après ce qui a été dit plus haut, comme aussi d'après la simple lecture de l'Évangile, on peut se faire une idée assez exacte du caractère de l'apôtre. Vif, bouillant, entreprenant, résolu, dévoué, mais se confiant trop en lui-même, il a trouvé dans ses dispositions naturelles les causes de sa grandeur et de ses chutes. Ces caractères agissent plus qu'ils ne vivent; ils sont plus capables de grandes actions que de persévérance, et la vigilance n'est pas leur côté fort; moins homogène que saint Jean, Pierre a paru davantage, il a peut-être fait davantage, mais il n'a pas été aimé de son maître comme l'apôtre de la charité. Dans une circonstance solennelle, dans un interrogatoire en forme, Pierre n'eût peut-être pas renié son maître; il eût veillé. Devant un simple interrogatoire, devant une servante dont les questions importunes ne lui paraissent pas dignes de réponse, il le renie; il le renie parce qu'il ne veut pas se laisser troubler dans ses tristes pensées par d'indifférents interlocuteurs; il reste pour ne pas abandonner son maître, et il le renie encore: il est sans vigilance. Le chant du coq le réveille, et c'est alors seulement qu'il se rappelle qu'un reniement devant cette foule indifférente, indiscrète, sans droits à le questionner, est cependant aussi un reniement; il pleure alors, parce qu'il comprend la grandeur du péché qu'il a commis, parce qu'il veille. Chrysostôme, Luther, Mélanchthon et Calvin, renferment de belles et touchantes pages sur ce reniement de l'apôtre, et si l'on doit éviter d'être à cet égard plus indulgent que saint Pierre ne l'a été pour lui-même, il ne faut pas non plus se montrer plus sévère que Jésus.
— La conduite de Pierre à Antioche, Galates 2:11, s'explique plus ou moins de la même manière, quoique la position fût loin d'être la même: Pierre avait alors déjà reçu les dons du Saint-Esprit, il était plus éclairé, sa faute était plus grande, et en outre elle était réfléchie. Sans doute bien des excuses pouvaient se présenter à son esprit, pour motiver une conduite si peu conforme à ses antécédents et aux ordres qu'il avait reçus du Seigneur; mais des excuses ne justifient point, et Pierre a passé condamnation. Plusieurs docteurs catholiques romains ont cherché à sauver l'infaillibilité du saint siège et la réputation de saint Pierre, en attribuant cette conduite à un autre Céphas, l'un des soixante-dix disciples, qui doit avoir été plus tard évêque d'Iconium; mais le sentiment général, c'est qu'il s'agit bien ici de saint Pierre lui-même. «Saint Pierre, dit dom Calmet, reçut cette répréhension avec silence et humilité, et ne se prévalut point de sa primauté pour soutenir ce qu'il avait fait.» Je crois bien; et dans tous les cas il n'eut garde de parler d'infaillibilité. Et si l'on objecte que ce n'est là que l'opinion de Calmet, celle d'un particulier, «toute l'Église, dit le pape Pelage, révère l'humilité avec laquelle il a cédé aux raisons de saint Paul, et changé de sentiments.» Oui, mais encore Pelage bat l'infaillibilité dans la personne du premier pape, et il faut avouer qu'alors on n'avait pas encore connaissance de cette absurde prétention dont on a fait depuis une véritable incorrigibilité.
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Le corps de Pierre est à Rome, moitié dans l'église de Saint-Pierre, moitié en celle de Saint-Paul; sa tête est encore à Rome, dans l'église de Saint-Jean-de-Latran, où l'on montre également une dent à part; puis il y a de ses os partout; à Poitiers, la mâchoire avec la barbe; à Trêves, quelques os; ailleurs, plusieurs encore; à Genève, lors de la réformation, l'on montrait, sur le grand autel de la cathédrale, sa cervelle précieusement enchâssée: à l'examen, on vit que c'était une pierre ponce. Sa chaire épiscopale et sa chasuble sont à Rome; l'autel devant lequel il chantait la messe se trouve à la fois à Rome et à Pise; on conserve également le couteau avec lequel il coupa l'oreille de Malchus; sa crosse se voit à Saint-Étienne-des-Grès, à Paris; son bourdon est à la fois à Cologne et à Trêves; on montre enfin à Saint-Anastase (Rome) le pilier sur lequel il fut martyrisé. Sa fille Pétronille a son corps entier à Rome, en l'église de son père; plus, des reliques à part à Sainte-Barbe, plus, derechef le corps entier au Mans, dans le couvent des Jacobins: il guérit des fièvres. Le jour où l'on en finira avec ces pitoyables absurdités n'est pas loin; le mouvement des Ronge et des Czersky ne fait que de commencer; ils ont attaqué les reliques, les baïonnettes étrangères attaquent l'autorité même dont elles sont l'émanation et la raison suprême; c'est le propre des armes de tuer ce qu'elles touchent.
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1re Épître de saint Pierre. Un voit par 5:13, qu'elle a été écrite de Babylone ou des environs; mais les auteurs ne sont pas d'accord sur la signification de ce nom; plusieurs Pères ont pris cette expression comme allégorique, ιt pensent quelle désigne Rome; c'est, en effet, un moyen de faire aller saint Pierre à Rome, mais ces exégètes sont précisément ceux qui repoussent le plus absolument le sens de Rome que l'on veut donner à la Babylone de l'Apocalypse, et cependant, dans le langage mystique et nécessairement obscur de ce dernier livre, on comprend beaucoup mieux qu'une ville soit désignée symboliquement, qu'on ne peut le comprendre dans une épître où toutes les expressions sont prises dans leur sens ordinaire et naturel; rien ne pouvait engager Pierre à cacher à ses lecteurs le nom de la ville où il se trouvait.
— Les chrétiens d'Égypte, jaloux de posséder une trace du passage de l'apôtre au milieu d'eux, ont à leur tour, et déjà avec plus de raison, prétendu qu'il s'agissait ici de la petite forteresse de Babylone qui se trouvait en Égypte; c'était un poste fortifié pour loger une légion romaine; il avait été construit par Cambyse, roi de Perse, lors de la conquête de l'Égypte; mais on ne comprend pas pourquoi l'on irait chercher cette petite station militaire au lieu de la grande Babylone. Celle-ci avait été ruinée en effet, mais sa destruction n'avait pas été si complète qu'il n'y fût resté un certain nombre d'habitants. D'après Flavius Josèphe, les chrétiens y avaient été persécutés, et vingt ans après l'époque fixée pour la composition de cette lettre, la peste y avait fait encore des ravages terribles, surtout parmi les Juifs. Suivant plusieurs auteurs (— Voir: Assemani), Babylone était encore habitée aux temps de Théodose le Grand, 379-395, et selon Abulféda, il y avait encore au quatorzième siècle un bourg appelé Babel sur la place même de l'ancienne Babylone. Tout concourt donc à prouver que Pierre, qui avait visité les Églises nommées au commencement de son épître, et qui avait porté son activité jusque chez les Parthes, n'a pu désigner sous le nom de Babylone que la ville généralement connue sous ce nom. («Celle qui est à Babylone, élue avec vous», désigne, selon quelques-uns, l'Église de cette ville, selon d'autres, et c'est le plus probable, la femme de l'apôtre, comme «Marc mon fils» se prend aussi dans son sens simple et littéral: non seulement la tradition nous montre la femme de Pierre voyageant, avec lui, mais elle rapporte que Pierre lui-même a conduit sa femme au martyre en lui parlant de la gloire à venir, Clem. Alex. Strom. 7, 11. § 63. Néander regarde cette question comme décidée).
— Il est difficile de rien fixer sur la date de cette lettre; elle ne renferme aucun indice suffisant; la seule hypothèse possible repose sur l'état général des églises auxquelles la lettre est adressée; ces églises sont représentées comme existant déjà depuis un certain temps, et l'apôtre cherche à les préparer à de grandes persécutions; on a cru pouvoir en conclure que la composition de cette lettre doit être placée entre 62 et 65.
— Les lecteurs de l'épître étaient, d'après Michaélis, des prosélytes juifs passés au christianisme, d'après Steiger, des pagano-chrétiens, d'après Hensel et d'autres, des judéo-chrétiens; chacune de ces hypothèses semble s'appuyer sur quelques versets, d'où il résulte que nous serons plus près, et de la vérité et de la vraisemblance, si nous admettons que l'épître était adressée aux Églises telles qu'elles existaient, composées des uns et des autres; il ressort cependant de 1:1, que c'étaient es judéo-chrétiens que l'apôtre avait plus particulièrement en vue, comme le tronc sur lequel les autres chrétiens avaient été entés; ni Pierre, ni Jacques ne regardaient l'alliance de Dieu avec Israël comme dissoute; ils estimaient que c'était l'alliance fondamentale, et que les païens y entraient par le fait de leur conversion au christianisme.
— Quant au but et au contenu de l'épître, on voit qu'elle s'adresse aux chrétiens dans une époque où de graves persécutions allaient éclater, où l'Église se trouvait à la veille d'événements sérieux, à la veille des persécutions de Néron, de la destruction de Jérusalem, de la mort des apôtres. Saint Pierre rappelle aux Églises que leur foi est bien fondée, que c'est dans la vraie foi qu'ils ont été instruits, 1:25; 5:12, puis, il les exhorte à persévérer dans la sanctification, à rester fidèles même dans les persécutions, et à ne pas perdre de vue la félicité à venir. Dans le premier chapitre, après la salutation et des exhortations qui se rapportent à la vie intérieure, l'apôtre montre dans la foi en Christ le motif et le mobile de la sanctification. Chapitre 2e. Exhortations relatives à la vie civile; les motifs en sont pris dans notre vocation céleste et dans l'exemple de Christ. Les huit premiers versets du chapitre 3 renferment divers préceptes sur la vie domestique. Jusqu'à la fin du chapitre 4 viennent des exhortations générales qui se rapportent à la position des chrétiens vis-à-vis d'un monde persécuteur. Chapitre 5. La vie dans l'Église, et conclusion.
On a remarqué et exagéré plusieurs rapports qui se trouvent entre les épîtres de Pierre et celles de Paul et de Jacques, mais il n'y a rien là qui ne s'explique très naturellement, soit parce que dans leurs citations les apôtres se servaient souvent des Septante, soit parce qu'ils ont eu connaissance des lettres les uns des autres, soit parce que ces hommes de Dieu, intimement liés par une même foi, avaient eu fréquemment l'occasion de s'entretenir des mêmes vérités.
L'authenticité de cette épître n'a guère été contestée; la plupart des Pères la citent, la plupart des canons la renferment. Les arguments intérieurs et extérieurs de De Wette, qui attaque presque toutes les authenticités, ont ici encore moins de poids qu'ailleurs. Un passage obscur du canon de Muratori, l'appui de Théodore de Mopsueste qui rejette toutes les épîtres catholiques, celui des Pauliciens, sont les seuls témoignages que l'on puisse invoquer; ils ne sont pas considérables.
Deux commentaires distingués, à citer entre plusieurs autres, sur cette épître, sont celui de l'archevêque Leighton de Glasgow, traduit et retouché en français par L. Bonnet, et celui de Steiger, en allemand,
— Voir: aussi Blunt, Méditations.
-
2e Épître de saint Pierre. Adressée aux mêmes églises que la précédente, et dans les derniers temps de la vie de l'apôtre, en 66 ou 67, cette lettre a pour but de fortifier les chrétiens contre la tiédeur et le relâchement, contre les attaques des faux docteurs et contre les doutes qui naissaient chez plusieurs, de ce que le retour du Seigneur sur la terre n'avait pas encore eu lieu. Au 1er chapitre l'apôtre exhorte, et confirme la vérité de l'Évangile. Dans le 2e, il combat directement les faux docteurs, ou pour mieux dire, les faux chrétiens. Dans le 3e, il parle de la venue de Christ, et exhorte les fidèles à ne pas se laisser ébranler par des doutes à cause du retard de l'avènement de Christ. Il y a comme une gradation dans cette épître; ce sont d'abord les doutes eu général que l'apôtre combat, puis il attaque les faux docteurs qui, en flattant la chair, usent d'un redoutable moyen de séduction en disposant l'âme à douter; enfin il combat les doutes sur un point particulier.
— Cette lettre avait une valeur de circonstance; l'apôtre parlait à ses contemporains d'une manière conforme à leurs besoins et à leur position. Mais les maux et les périls contre lesquels il cherchait à armer la foi des fidèles, sont ceux aussi qui ont ravagé l'Église de Christ dans les siècles suivants, et ses exhortations ont quelque chose de prophétique. Cette épître est donc pour l'Église un héritage précieux de l'apôtre mourant; ce sont les dernières paroles d'un homme qui a été l'une des colonnes de l'Église, de Pierre qui marche au martyre. S'il est triste que des doutes se soient élevés sur la valeur de ce document, il faut se rappeler que l'Apocalypse, qui renferme les paroles du Sauveur glorifié, n'a pas eu un meilleur sort.
Si cette épître n'a pas été écrite par saint Pierre, dont le nom est inscrit au premier verset, elle est l'ouvrage d'un imposteur; il ne s'agit donc plus de savoir si elle a été écrite par l'un ou l'autre des apôtres, mais si elle l'a été par Simon Pierre, ou par un faussaire. La question est tout autre que celle que nous avons examinée au sujet de l'Épître aux Hébreux; elle est de la dernière importance, mais on ne saurait ici la traiter en détail, et nous devons nous borner à quelques observations et à l'examen des faits principaux.
Il n'y a pas contre cette épître de témoignages historiques directs, tels que serait celui d'un homme distingué, ou celui de toute une Église. Personne n'a montré, ni dans les anciens temps, ni de nos jours, qu'elle renfermât une doctrine ou même une expression contraire à la vérité, tandis que les Pères de l'Église, en réfutant les écrits apocryphes de leur temps, ne manquent jamais de relever ce qu'il y a de faux dans ces compositions supposées. On remarque au contraire, dans toute l'épître, une parole vraiment apostolique. Et cet argument, déjà fort en lui-même, le devient davantage encore lorsqu'on réfléchit que si ce n'est pas un apôtre, c'est un imposteur qui a dû parler ainsi, avec cette onction, cette pureté d'une âme inspirée de Dieu. Un imposteur n'y aurait-il pas mêlé des erreurs, des hérésies plus ou moins cachées, mais toujours apparentes. L'auteur de l'épître se donne à connaître en plusieurs passages, 1:1,16; 3:1,2,15, de la manière la plus claire, et l'analogie du langage entre la première et la deuxième épître de Pierre, a toujours été remarquée,
— Voir: les Prolég, de Pott sur cette épître, l'Introduction de Hug (traduction par Cellérier), et l'opuscule d'Olshausen, Preuves de l'auth, des écrits du canon du Nouveau Testament, Hambourg 1832.
À ces arguments on oppose:
-
que cette épître n'a été connue que tard, Eusèbe étant le plus ancien témoignage direct, la Peschito ne comprenant pas cette épître, Origène et saint Jérôme exprimant des doutes sur son authenticité. Mais des circonstances, à nous connues ou inconnues, ont pu en empêcher la circulation; une publicité retardée, voilà tout ce que l'on peut conclure de ce demi-silence: l'argument tiré de la Peschito ne prouve pas plus contre 2 Pierre qu'il ne prouve contre Jude, ni contre 2 et 3 Jean, épîtres qui ont peu circulé et que la version syriaque n'a pas connues. Écrite peu avant la mort de Pierre, au milieu des troubles de la persécution de Néron, à des églises de l'Orient, cette épître a pu être pendant un temps cachée et oubliée: à sa réapparition elle a pu rencontrer quelques doutes, parce qu'au milieu des nombreux écrits apocryphes qui se publiaient sous le nom de Pierre, les églises se tenaient sur leurs gardes pour n'être pas trompées. On peut voir d'ailleurs, par 1 Thessaloniciens 5:27, que la publicité donnée aux lettres des apôtres n'était pas une chose qui allât sans dire, puisque saint Paul doit conjurer les anciens, au nom du Seigneur, de faire lire sa lettre à tous les frères.
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On insiste sur la différence de style qu'on trouve entre les deux épîtres du même apôtre. À cette différence on peut opposer au contraire beaucoup de ressemblance, et l'objection se trouve contrebalancée. Mais, en outre, il faut observer que le langage et le style ne peuvent pas porter un caractère très prononcé dans une lettre qui n'est pas composée avec un soin rhétorique, écrite quelques années plus tard, dans un autre endroit, en des circonstances fort différentes, au milieu de la persécution, avec l'empressement et la hâte que provoque toujours un danger imminent, dans une langue qui n'était pas la langue maternelle de l'auteur. La différence de sujet doit surtout être prise en considération; dans la première lettre on voit des exhortations douces et paternelles pour engager les chrétiens à supporter patiemment les épreuves; dans la deuxième, c'est un langage ferme contre les hommes qui corrompent le christianisme. Olshausen ajoute que l'apôtre a peut-être dicté seulement les idées de sa lettre, sans en dicter les expressions.
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On invoque contre l'authenticité les rapports intimes, et l'affinité remarquable qui se trouvent entre le 2e chapitre de, notre épître, et l'Épître de Jude. Cette dernière portant des caractères assez évidents de priorité, on se demande s'il est possible et probable que Pierre ait fait un emprunt aussi considérable aux écrits d'un autre apôtre. Il y a plusieurs réponses à faire à cette objection. Olshausen d'abord ne craint pas de supposer, et cela se rapporte aux deux épîtres de Pierre, que l'apôtre, âgé, et n'ayant pas beaucoup de facilité pour s'exprimer en grec, aimait à se servir des phrases et des expressions allant à son but qui pouvaient se trouver dans d'autres écrits, et cela d'autant plus que le style chrétien grec était une chose toute nouvelle, qui n'avait pris naissance qu'à une époque où l'apôtre était déjà avancé en âge, et où le chemin frayé par saint Paul lui paraissait plus naturel à suivre. Ces considérations peuvent avoir de la valeur, mais elle ne suffisent cependant pas pour rendre compte de la connexion de forme et d'idées qu'il y a entre les deux épîtres qui nous occupent. Il faut supposer qu'avant qu'elles fussent composées, il y avait eu des rapports intimes soit entre les deux apôtres, soit entre les lecteurs des deux épîtres, ou peut-être les deux choses ensemble. Dans le premier cas, Pierre avait parlé à Jude et lui avait communiqué ses idées avant que ce dernier eût composé son épître; Jude, en écrivant, a développé les idées qui avaient fait le sujet de leurs entretiens, et Pierre, en écrivant plus tard sa 2e épître, se sera servi pour rendre ses idées, des expressions dont Jude les avait revêtues. Dans le second cas, Jude aurait écrit une lettre qui aurait été mal reçue, et Pierre, écrivant aux mêmes lecteurs, aurait indirectement soutenu l'autorité de Jude, en faisant passer dans sa lettre le contenu de celle de son collègue. Et si l'affinité des deux épîtres est le résultat d'une sympathie et d'une coopération apostolique et fraternelle, on ne peut voir dans l'emprunt fait de l'un à l'autre, rien qui soit indigne ni de l'activité, ni de l'humilité d'un apôtre: or cette coopération non seulement est possible, mais elle est probable, entre des apôtres qui avaient visité les mêmes Églises.
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Enfin l'on tourne contre Pierre lui-même les efforts qu'il fait pour se faire reconnaître: mais cette preuve n'en est pas une. Vis à vis des faux docteurs et des faux frères, il était nécessaire de faire valoir l'autorité apostolique, et saint Paul dans des circonstances semblables n'agissait pas différemment, comme on peut le voir par les Épîtres aux Corinthiens et aux Galates.
Telles sont les objections les plus importantes. Que prouvent-elles? Que la composition de cette lettre et les circonstances qui l'accompagnèrent ne sont pas bien connues, toute l'antiquité apostolique étant voilée pour nous. Elles ne prouvent pas, comme rien ne prouvera, que l'écrit d'un imposteur ait pris place dans le canon du Nouveau Testament.
-
-
Un Évangile, un livre des Actes, et une Apocalypse apocryphes, ont été attribués à saint Pierre; nous n'avons pas à nous en occuper.
PIERRES.
Elles abondaient en Palestine,
et les Israélites les employaient suivant
leur grosseur, aux différents usages
auxquels elles peuvent servir: on en faisait
des murailles, des bâtiments de luxe, des
autels, des meules à moudre le grain, des
couteaux pour la circoncision, des portes
pour fermer l'ouverture des tombeaux, des
puits, ou des cavernes; elles servaient
aussi, comme chez nous, pour marquer des
limites (lapides terminales), et la loi de
Moïse défendait sévèrement de changer la
place de ces frontières artificielles
(Deutéronome 19:14; 27:17; cf. Proverbes
22:28; Osée 5:10; Job 24:2) cf. Exode 4:25;
Josué 5:2; 10:18,27; 1 Samuel 17:40; Genèse
29:2; 1 Rois 5:17; 6:7; 15:22; 2 Rois 12:12;
22:6; 1 Maccabées 13:27; Matthieu 27:60.
C'était aussi un usage particulier des
anciens, d'élever des pierres monumentales,
destinées à conserver le souvenir
d'événements importants, sur la place même
qui en avait été le témoin, Genèse 28:18;
35:14; Deutéronome 27:2; Josué 4:3,20;
24:26; 1 Samuel 7:12; cf. Hérodote 4, 92; ce
n'étaient le plus souvent que des pierres
brutes, ordinairement placées à l'ombre d'un
chêne ou d'un térébinthe, et rarement
chargées d'une inscription, Deutéronome
27:2. Elles portaient différents noms qui
leur étaient donnés, soit au moment de leur
érection, soit plus fard, Josué 15:6; 1
Samuel 7:12; 20:19; 1 Rois 1:9. Lorsqu'elles
étaient consacrées à la divinité, on les
oignait d'huile, Genèse 28:18; 35:14;
l'antiquité païenne présente des exemples
analogues, Théophr. Caract. 17 (ou 25). On
appelait béthulies (de Beth-El,
maison de Dieu, Genèse 28:19), une espèce de
pierres-fétiches que l'on croyait tombées du
ciel, et qu'on regardait comme des images de
la divinité, Pline 37, 51; à cette classe
appartenaient des pierres consacrées et
conservées dans les temples syriens et
phéniciens du soleil et d'Astarté, comme
aussi les pierres noires que les Mahométans
adorent dans la Kaaba de la Mecque. Des
pierres étaient entassées aussi comme
monument de honte, sur les cadavres de
grands criminels, Josué 7:26; 8:29; 2 Samuel
18:17, et les Arabes ont conservé l'usage de
jeter des pierres en passant, sur les
tombeaux des personnes qu'ils ont haïes ou
méprisées. Certains jeux gymnastiques
consistaient chez les Hébreux, comme de nos
jours encore chez un grand nombre de
peuples, dans le jet de pierres d'une plus
ou moins grande pesanteur. Quelques-uns
voient dans le caillou blanc de Apocalypse
2:17, une allusion à l'emploi de pierres
blanches dans les tribunaux païens comme
vote d'acquittement; d'autres, comme
Eichhorn, pensent à l'usage d'offrir aux
vainqueurs olympiques à leur entrée dans
leur ville natale, une carte d'honneur sur
laquelle étaient écrits les avantages que la
ville garantissait à son enfant
triomphateur; d'autres font un rapprochement
entre ce caillou blanc, et l'Urim et
Thummim.
— Quant aux pierres milliaires,
— Voir: Villes.
Pierres précieuses. Les Hébreux,
comme tous les peuples de l'Asie, en
faisaient un grand usage; elles étaient l'un
des ornements les plus importants et les
plus recherchés de leurs rois, de leurs
sacrificateurs, et des principaux de la
nation, Exode 28:17; 2 Samuel 12:30;
Ézéchiel 28:13; Judith 10:4; 12:15. On les
enchâssait aussi dans des bagues, Cantique
5:14. Les Hébreux les tiraient
principalement de l'Arabie et de l'Inde, par
l'intermédiaire des Phéniciens qui avaient
accaparé le commerce de terre et de mer,
Ézéchiel 27:22; 1 Rois 10:2: sous Salomon,
ils les tiraient directement eux-mêmes du
pays d'Ophir, 1 Rois 10:11. L'art de les
tailler et d'y graver des lettres ou autres
inscriptions, était fort estimé, et les
Juifs ont eu de bonne heure des hommes
habiles dans ce genre de travail. Exode
35:33. On trouve dix-sept ou dix-huit
espèces de pierres précieuses mentionnées
dans la Bible, et un certain nombre d'entre
elles réunies collectivement en plusieurs
passages, notamment, Ex, 28:17; 39:10;
Ézéchiel 28:13; Apocalypse 21:19; sq. Nous
avons parlé de chacune en son lieu et place;
nous avons examiné la signification probable
que l'on doit donner aux termes hébreux par
lesquels elles sont désignées: il ne reste
qu'aies rappeler ici:
-
la sardoine;
-
la topaze;
-
l'émeraude;
-
l'escarboucle;
-
le saphir;
-
l'onyx;
-
l'hyacinthe (ou ligure);
-
l'agate;
-
l'améthyste;
-
la chrysolithe;
-
le béryl;
-
le jaspe;
-
et #14...
-
le rubis, q.v., dont deux espèces différentes sont mentionnées Ésaïe 54:12;
cf. Ézéchiel 27:16.;
-
la chrysoprase;
-
la chalcédoine;
-
le sardonyx;
-
le diamant.
Douze de ces pierres figuraient, enchâssées
dans de l'or, sur le pectoral du grand
prêtre, douze dans les fondements rie la
nouvelle Jérusalem. Dans le passage
d'Ézéchiel, 28:13, le prophète rappelle la
grandeur et la splendeur première du roi de
Tyr, une splendeur qui rappelait la gloire
du paradis: «Tu as été scellé (parfait) en
proportions, plein de sagesse et parfait en
beauté; lu as été (comme) en Éden, le jardin
de Dieu; ta couverture était de (toutes
sortes de) pierres précieuses et d'or; tu as
été un chérubin», etc. Plusieurs auteurs,
tels qu'Ewald, Züllig, Bellermann, ont voulu
voir dans ces pierres précieuses une
allusion au pectoral du grand prêtre, comme
si le roi de Tyr en avait eu, ou avait
prétendu en avoir la dignité; mais outre que
cette interprétation n'aurait pas de sens
dans le contexte, il faut remarquer d'abord
que l'ordre dans lequel ces pierres sont
nommées est tout différent de celui du
pectoral, qu'au lieu de douze pierres il n'y
en a que neuf, et que l'or y est joint comme
un ornement spécial, tandis que dans le
pectoral il ne servait qu'à enchâsser les
pierres précieuses: d'ailleurs l'énumération
des pierres n'eût pas été nécessaire, et
l'idée que l'on veut y voir eût mieux
ressorti d'une indication plus générale. Il
vaut donc mieux avec Hævernick et Kœster,
voir dans cette énumération la continuation
de l'idée qui précède, de la gloire d'Éden
dont jouissait le roi de Tyr; l'or et les
pierreries appartenaient en effet aux
magnificences du paradis, car si l'on voit,
Genèse 2:10-12, une description
géographique, il faut cependant y ajouter
plus que cela; ces versets nous parlent du
paradis comme d'une terre modèle qui
renfermait primitivement dans son enceinte
tous ces trésors qu'on ne trouve plus
maintenant qu'épars dans les diverses
contrées de la terre. On explique mieux
ainsi la gloire du roi de Tyr, le nombre des
pierreries, la présence de l'or, et
l'ensemble de cette phrase qui nous peint
l'orgueil suivi de l'écrasement.
— On sait quel était et quel est encore le
luxe en pierreries des rois de l'Orient, et
ce n'est pas une chose rare ou inouïe de
voir ces monarques donnant audience,
tellement surchargés de joyaux de toutes
espèces, qu'on peut à peine distinguer les
différentes parties des vêtements ainsi
déguisés.
PI-HAHIROTH
(passage de la liberté), campement des Israélites à leur départ de l'Égypte; il était situé entre Migdol et la mer Rouge, Exode 14:2,9. Nombres 33:7; mais on ne peut déterminer davantage sa position. D'après Shaw, il aurait été dans l'étroite vallée de Bédéah, à 5 milles de Suez; d'après Pococke, il serait identique avec la ville d'Arsinoë ou Cléopatris. Si Étham est le Bir-Suez actuel, comme le présume Bois-Aymé dans sa Description de l'Égypte, VIII, 113, Pi-Hahiroth pourrait être le village de Hadjeroth, situé à 3 milles de là; en le faisant précéder de l'article pi, ce serait en effet presque le même nom.
PILATE
(Ponce), que Théophylacte croit
avoir été originaire du Pont, à cause de son
nom de Pontius, que d'autres font natif du
Dauphiné, d'autres enfin de Rome, ou au
moins de l'Italie, fut, selon les uns, le
cinquième, selon d'autres, le sixième
procurateur de la Judée; il succéda à
Valérius Gratus vers l'an 25 ou 26 de l'ère
chrétienne, gouverna pendant dix ans sous le
règne de Tibère, donna, par des mesures
arbitraires et violentes, naissance à
plusieurs émeutes des Juifs, qui crurent
voir leur religion menacée (Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 18, 3, 1; 4, 1. Guerre
des Juifs 2, 9; 2), fit massacrer un grand
nombre de Samaritains dans le village de
Tirabata, à l'occasion d'un rassemblement du
peuple qui, sous la conduite d'un imposteur,
se disposait à monter sur le Guérizim pour y
chercher des trésors enfouis; accusé devant
Vitellius, gouverneur de la Syrie, il fut
suspendu de ses fonctions et envoyé à Rome
pour y rendre compte de sa conduite à
l'empereur; il n'y arriva qu'après la mort
de Tibère, qui eut lieu le 16 mars de l'an
37. Dès lors on n'a rien de certain sur la
fin de sa vie; quelques traditions douteuses
portent qu'il fut envoyé en exil à Vienne,
dans les Gaules, et qu'il s'y donna la mort
en se précipitant; d'autres, plus
incertaines encore, disent qu'il fut
décapité sous Néron; d'autres enfin portent
qu'il se jeta dans un petit lac de la
Suisse, situé sur la montagne à laquelle il
a donné son nom.
Parmi les cruautés qui lui furent
reprochées, l'Évangile n'en rapporte, qu'une
seule, Luc 13:1, la mort de quelques
Galiléens dont il mêla le sang avec leurs
sacrifices. Fut-ce un massacre ou un
supplice? Les termes dont se sert
l'historien sacré favorisent plutôt la
première supposition; mais ils sont trop
vagues pour pouvoir suppléer au silence de
l'histoire contemporaine, et ils ne peuvent
se rapporter ni à l'émeute suscitée par
Judas Gaulonite, qui enseignait que les
Juifs ne devaient pas payer le tribut à des
princes étrangers, ni à celle que fit naître
Pilate par son projet de construire un
aqueduc aux dépens du trésor du temple, ni
au rassemblement de Guérizim, qui n'eut lieu
qu'après la mort de Jésus. Pilate fit tuer
des Galiléens dans le temple pendant qu'ils
sacrifiaient, c'est tout ce que nous apprend
l'énergique et belle expression de saint
Luc; mais cet acte de violence s'est perdu
au milieu de toutes les autres iniquités de
Pilate, dont l'administration, souvent
brutale et tracassière, a continuellement
troublé le repos de la Judée, mais a pu se
justifier parfois en présence des préjugés
et de l'esprit opiniâtre et irritable de la
nation qu'il gouvernait. Du reste, il n'a
rien fait de grand, et son nom serait resté
obscur comme celui de tant d'autres
personnages, sans le rôle qu'il a joué dans
l'histoire de la passion de notre Seigneur.
Il habitait Césarée, mais selon l'habitude
des magistrats romains résidant en
Palestine, de se rendre à Jérusalem aux
époques des fêtes solennelles, soit pour
surveiller les mouvements populaires, soit
pour se procurer le spectacle de ces
solennités, soit simplement pour faire acte
de présence, il s'était rendu à Jérusalem
pour la fête de Pâque. Il se trouvait au
prétoire au moment ou les sacrificateurs et
les anciens, craignant d'entrer dans sa
demeure, lui amenaient Jésus: il sortit
au-devant d'eux, leur demanda quel était le
crime de l'accusé, et ne reçut qu'une
réponse évasive: il ne s'en contenta pas, et
les anciens, obligés de formuler une
accusation, l'accusèrent d'avoir affecté la
royauté, Luc 23, Jean 18, Matthieu 27, Marc
15; les questions de Pilate à Jésus sur la
nature de sa royauté convainquirent le juge
de l'innocence du prévenu, et comme celui-ci
ajoutait: Quiconque est de la vérité entend
ma voix, Pilate lui adressa encore cette
question pleine d'indifférence et de mépris:
Qu'est-ce que la vérité? et sans attendre la
réponse il revint auprès des Juifs et leur
dit: Je ne trouve, aucun crime en lui. Les
Juifs insistèrent de nouveau sur
l'accusation de sédition et de crime de
lèse-majesté; mais Jésus refusa par deux
fois de répondre à Pilate sur ce point. Un
mot échappé à l'impatience des Juifs apprit
à Pilate que Jésus était Galiléen, et
quoique rien ne l'empêchât de poursuivre
cette affaire, il résolut de la renvoyer à
Hérode, soit pour s'en débarrasser, ou pour
traîner en longueur, soit pour renouer avec
le tétrarque de la Galilée des relations qui
avaient été interrompues ensuite peut-être
du massacre des Galiléens; les deux ennemis
se réconcilièrent; mais Hérode renvoya Jésus
devant le tribunal de Pilate. Fort de
l'opinion d'Hérode qui confirmait la sienne,
il le déclare derechef innocent, et propose
aux Juifs de le faire fouetter; il l'absout
et il le condamne tout ensemble, et par
cette concession faite aux Juifs, il leur
prouve que sa conscience de juge a ployé
devant les cris de leur multitude, et les
autorise à pousser leurs prétentions
jusqu'au bout. Sa faiblesse fait la force
des ennemis du Seigneur.
Cette offre est rejetée, et les historiens
sacrés passent sans transition au choix que
Pilate propose à la multitude de leur
relâcher Jésus ou Barrabas, Matthieu 27:15;
Marc 15:6; Luc 23:17; Jean 18:39. Il est
évident que dans l'intervalle, effrayé des
cris et des menaces d'un peuple qui
l'appelle ennemi de César s'il fait grâce à
Jésus, Pilate a cédé, ou paru céder; mais il
tente un nouvel expédient, illusoire à la
vérité, pour procurer la libération de
l'innocent; il propose au peuple d'exercer
son droit de grâce annuel en faveur de cet
homme dont tant de voix réclament le
supplice; il espère peut-être donner une
direction nouvelle aux pensées de
quelques-uns, du courage aux amis de
l'accusé qui, n'osant le défendre
ouvertement, appuieraient sans crainte une
mesure d'indulgence, du temps à d'autres de
venir, car évidemment il a dû y avoir un
intervalle entre la proposition de grâce et
l'espèce de votation qui devait suivre,
attendu que les personnes qui étaient
appelées à se prononcer sur ce point
n'étaient pas nécessairement toutes
présentes. Mais les cris: Ôte, ôte,
crucifie! redoublent avec plus de force
encore. En ce moment, l'épouse de Pilate,
Procla, ou Claudia Procula, lui fait dire de
ne point prendre de part à la condamnation
de ce juste, car, dit-elle, j'ai beaucoup
souffert aujourd'hui à son sujet dans mes
songes, Matthieu 27:19. Cet avis était trop
d'accord avec les sentiments de Pilate pour
qu'il le rejetât; il lutte encore contre la
foule; par deux fois il réitère sa
conviction qu'aucune charge ne s'élève
contre le prévenu, il demande des preuves de
son crime. On n'y répond que par de nouveaux
cris. Las de cette lutte, il fait fouetter
Jésus, espérant satisfaire ainsi à la soif
de sang de cotte multitude sauvage; il
reparaît après l'exécution, il voit Jésus
couvert de sang et des insignes de la
royauté, il le montre à la multitude, et
répète qu'il n'a trouvé aucun crime en lui.
Ce spectacle sanglant porte ses fruits; le
peuple se tait: les sacrificateurs seuls et
leurs employés recommencent leurs
vociférations, et comme Pilate indigné
s'écrie: Prenez-le vous-mêmes et le
crucifiez, ils persistent à vouloir couvrir
leur responsabilité de celle de la
juridiction romaine, et ils articulent un
nouveau sujet de plainte: d'après notre loi
il doit mourir, car il s'est fait fils de
Dieu, cf. Deutéronome 13:5; 18:20.
C'était en effet là leur grief, le grief du
sanhédrin, mais ce ne pouvait en être un
devant une cour romaine: s'ils le formulent,
ce n'est plus pour demander à Pilate un
jugement politique, c'est pour vaincre sa
résistance, et réduire son rôle à la
confirmation d'un jugement ecclésiastique
déjà rendu par l'autorité compétente. À ce
nom de fils de Dieu, qui rappelle au préteur
païen les enseignements de sa mythologie,
des pensées se présentent, des souvenirs se
réveillent peut-être dans l'esprit de
Pilate: il avait remarqué la tenue calme et
extraordinaire du prévenu, et le songe de sa
femme se joignant à la déclaration des
Juifs, il put croire qu'il y avait en effet
quelque chose de surnaturel en Jésus, un
demi-dieu peut-être; on sait combien la
superstition s'allie facilement à
l'irréligion, et chez les plus grands des
Romains, les deux choses souvent n'en
faisaient qu'une. Pilate croit que Jésus
hésite à s'expliquer en public; il va
l'interroger en particulier dans le
prétoire; d'où es-tu? lui dit-il. Pilate
savait qu'il était de Galilée, cette
question ne pouvait donc se rapporter ni à
sa ville, ni à sa patrie; elle se rapportait
à sa naissance, à sa famille, et nous ne
pouvons mieux la comprendre qu'en nous
rappelant ces paroles de Jésus: Vous savez
d'où je suis, Jean 7:28. Es-tu vraiment un
homme du ciel, comme tant de choses semblent
l'indiquer? Tel est le sens de ces paroles
de Pilate, et il faut que l'impression que
l'accusé avait faite sur son juge ait été
bien vive et bien profonde pour amener
celui-ci à croire à la possibilité d'une
origine divine. Toutefois cette impression
n'était ni sérieuse, ni religieuse, et la
preuve s'en trouve, ce nous semble, dans le
silence du Seigneur; il eut répondu à une
âme angoissée et consciencieuse; il ne
répondit pas à Pilate, et comme celui-ci
voulut essayer de la menace, car il ne
voyait déjà plus un demi-dieu dans cet homme
qui se cachait, Jésus lui répondit, à la
fois pour rabattre son orgueil, et pour
l'absoudre d'une portion du crime qu'il
allait commettre: «Tu n'aurais aucun pouvoir
sur moi s'il ne t'était donné d'en-haut;
c'est pourquoi celui qui m'a livré entre tes
mains a commis un plus grand péché que toi;»
paroles qui évidemment ne se rapportent ni à
la puissance impériale de Tibère, ni à celle
de Vitellius, gouverneur de la Syrie, mais
d'un côté à Dieu qui a établi Pilate dans sa
charge, de l'autre aux Juifs qui lui ont
livré le Sauveur. Il semble que Pilate ait
conservé de cet entretien particulier une
impression toujours plus favorable à Jésus,
car il fit de nouveaux efforts pour le
délivrer, Jean 19:12. Mais les ennemis du
juste redoublent leurs cris: Si lu délivres
cet homme, tu n'es point ami de César!
triste et perfide refrain qui devait
ébranler un homme dans un temps où l'on
était coupable dès qu'on était suspect (cf.
Tacit. Annal. 3, 28). Il essaie de montrer
encore aux Juifs l'absurdité de leur
accusation; par un mouvement d'humeur
personnelle, par une ironie dirigée contre
les Juifs, et non contre la victime, il fait
monter Jésus près de son siège judicial, sur
un endroit élevé, et s'écrie: Voilà votre
roi! Voilà cet homme que vous accusez de
conspirer! Crucifierai-je votre roi? Mais le
sort en est jeté. Pilate va livrer
l'innocent au bourreau pour plaire à une
foule fanatisée, pour sauver une réputation
qu'une accusai ion pourrait compromettre,
peut-être pour en finir. Mais auparavant il
se fait apposer un bassin, se lave les mains
solennellement devant tous, et dit: Je suis
innocent du sang de ce juste, vous y
aviserez. La foule accepte la responsabilité
de son crime; mais Pilate n'a pu se
décharger de la sienne, et ses mains lavées
d'eau n'en sont pas moins restées tachées de
sang, Matthieu 27:24. Se condamnant lui-même
en condamnant les sacrificateurs, il pousse
ses protestations jusqu'au bout, et fait
placer sur le haut de la croix un écriteau
qui, devant porter, selon l'usage, le nom et
le crime du condamné, ne renfermait que ces
mots écrits en trois langues: Jésus
Nazaréen, roi des Juifs. C'était dire assez
qu'il était condamné sans cause, que rien de
sérieux n'avait pu lui être reproché, qu'au
milieu de tant de cris et de murmures il
n'avait pas été, possible de produire une
charge positive contre lui, et qu'au point
de vue romain, c'était la seule accusation
un peu plausible qui pût justifier cette
exécution. C'était aussi une ironie contre
les sacrificateurs, et, lorsque ceux-ci
réclamèrent contre la rédaction de
l'écriteau, Pilate qui, d'ailleurs, n'aurait
rien pu y changer, leur fit répondre, san.,
doute avec humeur: Ce que j'ai écrit, je
l'ai écrit. Il permit ensuite, afin que les
corps ne restassent pas exposés le jour du
sabbat. Jean 19:31; cf. Deutéronome 21:23,
que les soldats abrégeassent le supplice des
condamnés en leur brisant les membres; mais
Jésus avait déjà fini de souffrir.
Peu de moments après, comme Joseph
d'Arimathée venait demander le corps de
Jésus pour l'ensevelir, Pilate fit venir le
centenier pour s'assurer si Jésus était, en
effet, déjà mort; sur sa réponse, il accéda
à la demande de Joseph. Le lendemain,
Matthieu 27:62, quelques membres du
Sanhédrin demandèrent encore à Pilate de
faire garder le sépulcre jusqu'au troisième
jour, de peur, dirent-ils, que ses disciples
ne viennent de nuit enlever le corps, et ne
disent au peuple: Il est ressuscité des
morts; car cette dernière imposture serait
pire que la première. Peu importait à
Pilate; qu'était-ce que la vérité pour lui!
Vous avez la garde du temple, dit-il, allez,
et assurez le sépulcre comme vous
l'entendrez. Ici s'arrête son histoire; son
nom est rappelé Actes 3:13; 4:27; 13:28; 1
Timothée 6:13. Le caractère de Pilate
ressort de tous ces faits assez nettement
dessiné, et cependant il a été l'objet des
jugements les plus contradictoires. Les
Juifs qu'il avait opprimés, les chrétiens
dont il avait livré le chef, l'exécrèrent,
et dans la passion manquèrent de justice à
son égard: en revanche, quelques modernes
ont voulu le réhabiliter plus qu'il n'est
possible et juste de le faire. Il est
évident qu'il a regardé Jésus comme
innocent, qu'il a vu en lui une déplorable
victime du fanatisme juif, et qu'il a désiré
de le sauver; il est impossible d'ailleurs
qu'il n'ait rien su, avant cette époque, de
la douce et charitable activité du ministère
de Jésus, et si dans son point de vue il n'a
pas fait grand cas de ses miracles, il aura
pu avoir une conviction pleine et entière du
peu de danger politique que présentait
l'existence de cet homme. Mais il manquait
en général de fermeté dans son caractère,
car l'opiniâtreté qu'il montrait quelquefois
n'est que la force de la faiblesse: les
Constitutions apostoliques, 5:14, lui
reprochent même la lâcheté. Il manquait de
fermeté pour le bien, et les menaces des
Juifs frappaient peut-être d'autant plus
fort que sa conscience n'était pas
entièrement à l'aise. Un grand combat, l'a
agité pendant la courte durée de cette
inique procédure, et la cruauté a chez lui
triomphé de la justice. Son mot fameux:
Qu'est-ce que la vérité? si éloquemment
commenté par M. le professeur Vinet, peint
son caractère tout entier: il a eu la vérité
entre ses mains, et il l'a sacrifiée. Jésus
avait d'ailleurs répondu à cette question
clans sa prière sacerdotale: Ta parole est
la vérité.
— Il est probable que Pilate a adressé à
Tibère un rapport détaillé sur la vie et la
mort de Jésus; Justin Martyr, Tertullien,
Eusèbe, et Orose en parlent, et pendant
longtemps des Actes de Pilate, peut-être
authentiques, circulèrent parmi les premiers
chrétiens: les écrits et lettres que l'on
montre maintenant sous ce nom, sont de
fabrique postérieure. Les commentaires
d'Olshausen et de Tholuck, renferment sur le
caractère et la conduite de Pilate de riches
et bonnes observations, ainsi que des
explications sur les difficultés que
présentent plusieurs des questions qu'il fit
aux Juifs ou à Jésus.
PILLAGE.
Comme les Bédouins du désert
qui trouvent de nos jours encore dans le
dépouillement des voyageurs et des caravanes
leur principale subsistance, et qui ne se
croient pas plus déshonorés par leurs
brigandages que ne l'étaient les chevaliers
du moyen âge par leurs aventureux exploits,
leurs ancêtres les Ismaélites, et les
Caldéens leurs voisins, cherchaient dans le
pillage leur vie et leur gloire, Genèse
16:12; Job 1:17. Il paraît même que quelques
hordes nomades d'Israélites s'abandonnèrent
à des brigandages analogues pendant l'époque
des juges, Juges 9:25; 11:3; cf. 1
Chroniques 7:21; et plusieurs invasions des
Philistins, des Hamalécites, etc., ne
furent, à vrai dire, que des incursions de
brigandage et de pillage, 1 Samuel 23:1;
27:8-9. Le vol ouvert était rare chez les
Hébreux, en raison de la constitution
agraire du pays, et les images que leurs
prophètes et leurs sages tirent de ce crime
contre la société, Proverbes 23:28, sont
généralement empruntées aux mœurs des
nations voisines. Mais après l'exil,
particulièrement sous l'oppressive
domination des Romains et en suite des
guerres presque continuelles dont l'Asie
Mineure fut le théâtre, les bandes de
brigands prirent un essor que ne
favorisèrent que trop les cavernes et les
fentes de rochers si nombreuses dans la
Palestine, et dans la Trachonite qui la
bordait au nord-est; tellement qu'Hérode et
les procurateurs furent souvent contraints
d'envoyer des troupes armées à la rencontre
ou à la recherche de ces pillards, à moins,
comme il arrivait quelquefois, qu'ils ne
préférassent les laisser tranquilles,
moyennant une espèce de tribut ou de
redevance annuelle, Flavius Josèphe
Antiquités Judaïques 20, 6, 1; 20, 9, 9. Le
désert qui sépare Jérusalem de Jérico était
surtout mal famé à cet égard; la route le
traversait, mais en longeant dans sa plus
grande partie, une vallée profonde,
effrayante, crevassée, caverneuse et bordée
des deux côtés de hauteurs de grès arides et
déchirées, propres à servir de retraites aux
brigands dont elles étaient remplies, cf.
Luc 10:30. Même pendant le dernier siège de
Jérusalem, cette malheureuse ville fut la
victime de bandes intérieures qui pillèrent
souvent impunément les maisons et les
édifices publics;
— Voir: Theudas.
— Kœster a cru dernièrement trouver dans une
explication particulière de Job 24:18, une
allusion à la piraterie.
PIN,
— Voir: Buis, et Orme.
PISGA,
plateau, Nombres 23:14.
Deutéronome 3:27, et chaîne de montagnes,
qui se détache du plateau de Galaad, et
borde la vallée du Jourdain et de la mer
Morte, à l'orient de la Palestine,
Deutéronome 3:17; Josué 12:3. Le Pisga,
situé au nord de l'Arnon, formait la
frontière méridionale du royaume de Sihon,
Josué 12:3, qui fut plus tard la tribu de
Ruben, Josué 13:20. Le Nébo, situé à 5
lieues au nord de l'Arnon, en était la cime
principale,
— Voir: Nébo #1.
PISIDIE,
province de l'Asie Mineure,
touchant à la Pamphylie, et comprenant, dans
son territoire, la ville d'Antioche, q.v.,
Actes 13:14; 14:24. Son nom n'appartenait
pas à la statistique, et les limites de la
Pisidie, du côté de la Pamphylie, ne peuvent
être déterminées avec précision. Le peuple
libre et courageux des Pisidiens, que les
Perses essayèrent vainement de soumettre,
habitait le penchant du mont Taurus, au nord
de la Cilicie et des côtes de la Pamphylie;
il conserva son indépendance sous Alexandre
et ses successeurs, et fit de fréquentes et
dévastatrices irruptions sur les habitants
des plaines. Avec la chute du royaume de
Syrie, ils quittèrent leurs hauteurs, se
répandirent dans les plaines environnantes,
s'emparèrent de plusieurs villes, notamment
d'Antioche, et fondèrent, au sein de leur
république, de petits états gouvernés par
des tyrans. Les Romains, dans les armées
desquels ils apparaissent souvent comme
alliés militaires, ne réussirent pas non
plus à les soumettre, mais ils leur prirent
Antioche, où ils fondèrent une colonie de
droit italique, et d'autres villes dans la
plaine.
— Quoique montueuse, la Pisidie (maintenant
Versak et Alanieh) avait cependant des
cantons fertiles. On y trouvait, au dire de
Strabon, quelques montagnes couvertes
d'oliviers et de vignobles, principalement
aux environs de la ville de Serge. Le pays
nourrit une grande quantité de bestiaux. On
y voit de belles forêts. Le storax, petit
arbre odoriférant et à tige droite, y vient
très bien; son bois sert à faire des
javelots qui acquièrent la dureté de la
corne. Il s'engendre, dans le corps de
l'arbre, un ver qui ronge jusqu'à l'écorce;
la sciure qui en tombe, s'amassant au pied
de l'arbre, et se mêlant au suc gommeux qui
en distille et se coagule, s'amalgame avec
la terre qu'elle entraîne; la résine qui
reste sur le tronc se congèle dans le corps
de l'arbre; mêlée avec la terre et la
sciure, cette gomme est plus odoriférante,
mais elle perd une partie de ses autres
qualités (Strabon). Ptolémée joint la
Pisidie tantôt à la Galatie, tantôt à la
Pamphylie.
PISTACHE.
C'est ainsi que le perse et le samaritain, ainsi que plusieurs auteurs modernes, notamment Winer, traduisent l'hébreu bot'nim, Genèse 43:11, que nos versions ont rendu par dattes, q.v. La plupart et les meilleurs des anciens interprètes l'entendent des fruits du térébinthe, mais ces fruits sont à peine mangeables; la confusion peut s'expliquer par la grande ressemblance du térébinthe avec le pistachier; les deux arbres appartiennent au même genre dans le système de Linnée (Pentandrie). Le pistachier croît en Palestine, en Syrie, en Perse; on ne le trouve pas en Égypte (ce qui ajoute une présomption de plus en faveur de cette traduction dans le passage cité de la Genèse); ses feuilles, d'un vert sale, sont inégalement ailées, opposées, et composées de folioles ovées et recourbées; les fleurs sont blanchâtres et réunies en grappes à l'extrémité des branches; les noix mûrissent en octobre; elles sont allongées, de la grosseur d'une noisette; la coque, d'un blanc rougeâtre ou couleur chair, est odorante; l'amande est verte, revêtue d'une peau rouge, huileuse, très agréable au goût, très saine à l'estomac; elle était fort recherchée des Orientaux, qui la recommandaient même comme un remède contre les morsures des serpents, Pline 13, 40; 23, 78. Le tronc a de 4 à 7 mètres de haut, mais n'est pas particulièrement fort.
PITHOM,
Exode 1:11, ville forte d'Égypte, à la construction de laquelle les Israélites esclaves furent appelés à travailler. On pense que c'est la ville de Patumos dont parle Hérodote, 2, 158, et qu'il place sur le canal que les rois Néco et Darius avaient fait creuser pour joindre la mer Rouge au Nil, et par là à la Méditerranée. Le nom de Pithom signifierait, d'après Jablonsky, celle qui est enfermée, c'est-à-dire la ville forte. D'autres, comme le traducteur copte, ont pris cette ville pour Héroopolis; d'autres enfin, Marsham, pour Péluse ou Damiette.
PLAINES.
La Palestine étant une contrée montagneuse n'offre que peu de plaines véritablement dignes de ce nom. Les Hébreux avaient trois mots pour désigner les plaines, suivant la nature de leur sol, leur étendue, leur conformation, leur entourage, etc. Harabah désignait, en général, une surface rase, ardue, et non cultivée, ce que nous appellerions presque un désert; mishôr une plaine, un plateau, fertile ou non, plutôt fertile cependant, et qui n'est terminé nulle part par des montagnes; hémèk, une plaine élevée, bornée par des montagnes, une large vallée, formant une espèce d'arrêt au milieu des montagnes. Les principales plaines que présente la Palestine sont, en allant du nord au sud:
-
Celle de Jizréhel ou d'Esdraelon (hémèk), qui partage le pays de la baie de Ptolémaïs jusqu'au Jourdain, et sépare les montagnes de la Galilée de celles d'Éphraïm; elle était bien arrosée et riche en gras pâturages,
— Voir: Jizréhel.
-
Les côtes de la Méditerranée depuis le mont Carmel jusqu'au fleuve d'Égypte; elles portaient jusqu'à Joppe le nom de plaine de Saron, et, depuis là, celui de Sephélah.
— Voir: ces articles.
Cette partie méridionale communiquait avec les plaines de Juda.
-
La plaine du Jourdain, les deux rives de ce fleuve depuis le lac de Génésareth jusqu'à la mer Morte; près de Jérico cette plaine s'élargit, et prend le nom de harabah de Jérico, désert de Jérico, Josué 4:13; 5:10; 2 Rois 25:5; Jérémie 39:5, comme aussi la mer Morte s'appelle, à cause de cela, la mer du Désert, Deutéronome 3:17; 4:49.
-
Le plateau (mishôr) de Ruben, sur lequel se trouvaient les villes de Bézer et de Médébah, Josué 13:16; 20:8; Deutéronome 4:43; il appartient au grand, mais stérile plateau qui porte aujourd'hui le nom de Belka.
— Les plaines de Moab tombent en dehors du territoire d'Israël; d'autres plaines encaissées dans des montagnes seront indiquées à l'article Vallées.
PLATANE,
— Voir: Châtaignier.
PLOMB,
— Voir: Métaux.
PLONGEON,
Lévitique 11:17,
— Voir: Cormoran.
PLUIE,
— Voir: Température.
POÊLE,
2 Samuel 13:9, instrumenta frire, dont la forme nous est inconnue, mais qui ne peut avoir été essentiellement différent des ustensiles de même nom dont on se sert dans nos cuisines; elle était d'airain, si l'on en juge par son étymologie (massreth).
POÉSIE, Poêles.
Il est peu de sujets sur
lesquels on ait plus écrit que celui de la
poésie des Hébreux. Depuis les temps anciens
jusqu'à nos jours, on a écrit les volumes
sur la métrique, le rythme et la musique de
ces chants; on les a considérés dans le fond
et dans la forme, dans leur contenu et dans
la diction; on a recherché la pensée et son
enveloppe; on a distingué les genres de
poésie, et l'on a pesé es phrases, les mots,
les syllabes, les lettres. Les poètes et les
commentateurs ont consacré, les uns leurs
talents, les autres leurs travaux, à
pénétrer bien des mystères, à signaler bien
des beautés. Et cet ensemble de travaux qui
pourrait faire croire soit à des découvertes
intéressantes, soit à une grande difficulté
de la matière, n'a à peu près rien produit,
rien expliqué de ce qui eût dû être
expliqué.
Ce que l'on connaît généralement sous le nom
de poésie des Hébreux se réduit pour nous au
contenu des livres poétiques de l'Ancien
Testament; si nous les divisons d'après les
formes de notre esthétique, nous y trouvons
des écrits didactiques et des poésies
lyriques, les premiers s'adressant davantage
à la réflexion, les autres au sentiment, au
cœur. Quelques critiques, anciens ou
modernes, ont voulu voir dans le livre de
Job, et dans le Cantique des Cantiques, une
troisième forme de poésie, un germe de
poésie épique ou dramatique; mais ce point
de vue, qui embrassait même le Pentateuque,
ne résiste pas à l'examen, et, réfuté depuis
longtemps, il est presque généralement
abandonné.
— Plusieurs oracles des prophètes sont un
mélange de poésie lyrique et de poésie
didactique, comme aussi dans les écrits à
proprement parler didactiques, on trouve par
intervalles des fragments purement lyriques.
La poésie a été chez les Hébreux ce qu'eue a
été chez tous les peuples du monde; elle a
pris naissance dans de profondes et vives
impressions, et s'est manifestée d'abord
sous la forme qui exprime le mieux les
émotions de l'âme, sous la forme lyrique;
dans le principe, elle s'unissait presque
toujours à la musique, peut être même à la
danse, Juges 16:25; 1 Samuel 18:6. De grands
événements nationaux, de grandes victoires,
de grandes délivrances, turent les premiers
sujets de ses chants, et comme au point de
vue des Hébreux fidèles, toutes choses
procédaient immédiatement de Dieu, la poésie
lyrique prit dès son origine une couleur
théocratique, elle eut une tendance
éminemment religieuse, et avec elle cet
élan, cette hauteur, cette grandeur
saisissante qui la caractérise. Il semble
que des femmes surtout furent dès les
premiers temps remplies de cet esprit
lyrique; nous les voyons, en effet, se
produire au milieu du peuple avec tout
t'enthousiasme de l'inspiration, Exode
15:20; Juges 5:1; 11:34; 21:21; 1 Samuel
18:7; Psaumes 68:25. La poésie lyrique
atteignit sa plus haute perfection sous
David, ce grand maître en qui elle se
personnifia pour ainsi dire, et qui ne fut
sans doute pas sous l'influence des écoles
de prophètes autant qu'on a voulu le croire;
il l'introduisit avec toute sa grandeur et
sa pompe clans le sanctuaire national, où
elle devint un des ornements les plus beaux
et les plus .bénis du culte public. Après
David, il paraît que les prophètes et les
lévites continuèrent seuls de la cultiver,
— Voir: Coré;
mais ils le firent dans le même esprit que
leur maître, et avec le même succès, la même
force et la même fraîcheur, jusqu'aux temps
qui suivirent l'exil, quoique l'on remarque
parmi les grands chantres de cette époque,
ces traces de fatigue ou d'épuisement qui
accompagnent toujours la décomposition d'une
nationalité, l'épuisement d'un pays qui va
mourir.'On ne saurait déterminer jusqu'à
quel point la poésie lyrique fut appliquée
par les Hébreux à des sujets profanes, à
chanter l'amour, la joie ou l'amitié; il
n'est pas même établi qu'elle ait jamais
perdu son caractère purement religieux, et
Winer, qui insiste sur l'existence d'une
poésie profane lyrique des Hébreux, ne nous
parait pas avoir prouvé que Tholuck, en la
niant, soit aveuglé par une «pédantesque
partialité.» Les passages qu'il cite, Ésaïe
9:2; Jérémie 7:34; 25:10; 48:33; Amos 6:5;
ne prouvent pas nécessairement ce qu'il
croit y voir.
Le recueil des poésies appartenant au genre
lyrique comprend:
-
Des chants et des hymnes adressés à Dieu, soit comme dominateur du monde, Psaumes 8 et 104, soit comme chef de la nation, Psaumes 47, 66, 67 et 75, soit comme providence particulière par rapporta quelques événements de l'histoire nationale, Psaumes 46, 48, 75, etc. Un grand nombre de ces chants étaient spécialement affectés au culte public, Psaumes 15:24; 68:81, etc., et l'on a cru pouvoir distinguer, dans plusieurs, des chœurs et des voix seules s'entre-répondant; le psaume 118 serait à cet égard l'exemple le plus frappant, et les divers essais qui ont été faits pour retrouver la suite et le caractère des interlocuteurs (notamment le Cantique de la Victoire, de M. Bost), montrent que c'est un travail à la fois facile, intéressant, utile et instructif. Il faut se rappeler, d'ailleurs, que les psaumes se chantaient ordinairement par le maître-chantre, et que les chœurs, généralement parlant, n'intervenaient que pour certains répons, comme cela se voit encore dans les synagogues, et comme pour les prières on en trouve aussi des exemples dans les Églises romaine et épiscopale.
-
Des complaintes, élégies, et lamentations, ayant pour objet les malheurs des individus, ou ceux de la nation, quelque fois l'un et l'autre ensemble, cf. 2 Samuel 1, Lamentations 1-5,; Psaumes 7, 44, 50, 102, 109, etc. Le recueil des Psaumes peut-être considéré comme une anthologie de la poésie lyrique des Hébreux; il renferme des morceaux des deux genres que nous venons d'indiquer. On a voulu voir la trace d'un troisième genre dans
-
Le Cantique des Cantiques; les rationalistes en ont conclu à l'existence d'une poésie érotique chez les Hébreux, et Winer répète ici l'un de ses mots favoris, c'est que la pédanterie dogmatique ou historique peut seule ne pas admirer dans ce cantique un chant d'amour empreint de toute l'ardeur des passions de l'Orient.
Quant à la poésie didactique, elle paraît
avoir pris naissance dans les proverbes, les
dictons populaires, les sentences profondes,
les énigmes; on a toujours remarqué, en
effet, que ces résumés de la sagesse
universelle affectaient volontiers une forme
figurée et un certain rythme qui les fissent
ressortir dans la mémoire et dans
l'imagination, et nulle part cette sagesse
populaire n'est plus riche, plus ancienne,
plus profonde que dans l'Orient. Le livre de
Job est la plus ancienne apparition de ce
genre de poésie; des sages s'entretiennent
comme dans le Makemath des Arabes; leurs
paroles ne s'élèvent pas toujours fort haut,
mais la conclusion du livre est l'expression
d'une sagesse, peut-être peu étendue, mais
sûre, morale, et ferme. Salomon forme une
seconde époque, 1 Rois 10; ses Proverbes
réunis en recueil, avec les sentences de
quelques autres sages, l'Ecclésiaste, et un
certain nombre de Psaumes, sont ce qu'il y a
de plus caractéristique en ce genre dans la
poésie hébraïque, Psaumes 1, 133, 32, 50,
etc.; on trouve quelquefois aussi dans les
prophètes quelques oracles émis en forme de
sentences, ou de paraboles, 2 Samuel 12:1-4.
Ésaïe 5:1-6. Les discours de Jésus portent
presque tous le même caractère, et montrent
combien ce genre était encore conforme à
l'esprit des Juifs e son temps. Et l'on n'a
pas de peine à comprendre que lorsque la
poésie venait donner une forme vivante,
brillante, à des pensées déjà fortes en
elles-mêmes, pleines dans leur brièveté,
sublimes dans leur simplicité, elles
exaltassent l'enthousiasme religieux, et
produisissent des impressions tout à la fois
rapides et durables, sur le génie des
Hébreux.
On s'est donné beaucoup de peine pour
découvrir dans la poésie hébraïque un mètre,
des pieds, des vers, une rime, un rythme
quelconque, mais tous ces efforts ont
échoué; d'une part, parce que la véritable
prononciation de la langue est perdue, parce
que nous n'avons plus que des données
incomplètes, souvent inexactes, sur les
sons, la ponctuation, et la longueur des
voyelles; de l'autre, parce que ces
ornements de la poésie profane ancienne et
moderne, paraissent avoir en effet manqué
aux règles de la poésie des Hébreux. Ce qui
la distingue en effet de la prose, c'est ce
qu'on est convenu d'appeler le parallélisme
des membres, parallélisme qui réunit pour
les opposer, les comparer, ou les confirmer,
plusieurs idées analogues, dans une seule et
même phrase. Ce parallélisme est appelé
synonyme quand les membres de phrases
qui se correspondent, expriment une même
idée en des termes différents, Genèse 4:23;
Juges 14:14; Psaumes 2:10; Jérémie 2:12,27;
antithétique, lorsque les membres de
la phrase opposent deux idées l'une à
l'autre, Psaumes 20:8. Ésaïe 1:3;
synthétique, lorsqu'ils expriment une
même idée, mais avec une gradation dans le
choix des mots, et d'une manière
progressive, Psaumes 19:8,10; 91:13; dans ce
dernier cas il y a identité quand,
les mêmes mots étant reproduits, la force de
la pensée ne consiste que dans l'addition
d'images ou de définitions supplémentaires,
comme Psaumes 48:11-12; 104:18. Ce
parallélisme des idées est souvent
accompagné de la répétition des mêmes mots,
Genèse 4:23; Job 6:5; Psaumes 19:8; 20:8;
118:2-3; de la rime, Genèse 4:23; Job 16:12:
souvent aussi, la phrase se compose de
plusieurs membres dont les deux premiers
sont opposés au deux derniers, ou plusieurs
à un seul; cf. Psaumes 31:11; 40:16; Michée
1:4; Job 10:1; etc. Pour faire mieux
comprendre l'idée du parallélisme, nous en
citerons un exemple; il est tiré de Jérémie
2:26-27.
De même que le voleur est confus lorsqu'il est surpris,
Telle devrait être la confusion d'Israël,
De ses rois et de ses princes,
De ses sacrificateurs et de ses prophètes,
De tous ceux qui disent au bois: Tu es mon
père!
Et à la pierre: Tu m'as donné la vie.
Les deux premières lignes, dit Dahler, comparent deux objets l'un
à l'autre: l'idée générale, la maison
d'Israël, est ensuite décomposée en cinq
espèces, distribuées dans les quatre lignes
suivantes; mais la cinquième espèce est
distribuée en deux lignes parallèles, et
tout cela forme un ensemble harmonieux et
sans affectation. Ce passage du parallélisme
simple au parallélisme composé, était de
nature à prévenir l'uniformité, et peut-être
la monotonie, qui accompagne souvent la
poésie lyrique.
On découvre sans peine des strophes
distinctes dans plusieurs psaumes, tels que
les 42, 43, 107, etc. Les psaumes mahaloth,
q.v., ont un rythme plus rapide et plus vif
que les autres. Kœster a publié plusieurs
travaux dans lesquels il s'attache à
démontrer que le genre strophique est
beaucoup plus ordinaire dans les psaumes,
qu'on ne le pense d'ordinaire, et que si
l'on ne découvre pas toujours facilement la
division des strophes, c'est que cette
division repose sur le même principe que le
parallélisme des phrases, sur une espèce
d'irrégularité calculée qui souvent déjoue
les recherches, et qui introduit plus de
variété dans l'ensemble. On trouve assez de
strophes variées dans les poésies lyriques
françaises, pour qu'il soit aisé de
comprendre qu'il en ait existé de semblables
dans la poésie hébraïque. La version des
Hagiographes de Perret-Gentil, et la
Paragraphe-Bible de Londres, font ressortir
le parallélisme, et la distinction des
strophes, autant du moins qu'il est possible
de le faire.
Remarquons encore parmi les artifices
poétiques des poètes hébreux, la disposition
acrostiche d'un certain nombre de psaumes;
dans quelques-uns le changement des lettres
a lieu d'un verset à l'autre; ailleurs trois
versets, ailleurs encore huit, forment des
espèces de strophes dont chacune commence
par une des lettres de l'alphabet, depuis la
première jusqu'à la dernière;
— Voir: Psaumes 25, 34, 119, 145;
Lamentations 1:2:4; Proverbes 31:10; et
suivants.
Cet artifice était-il destiné à faciliter la
mémorisation de ces vers? était-ce un jeu de
l'esprit, une entrave que le poète
s'imposait à lui-même? y avait-il là une
signification maintenant perdue? nous
l'ignorons, mais cette dernière supposition
est la moins probable.
En plaçant dans le parallélisme des membres
la principale différence qui distingue la
poésie de la prose, nous ne contestons pas
qu'il ait pu y avoir encore d'autres
différences, un rythme particulier, des
pieds et des rimes; Flavius Josèphe,
Origène, Eusèbe et saint Jérôme, paraissent
avoir connu encore toutes les beautés de la
poésie hébraïque, et avoir possédé le secret
de ses règles: ils parlent, et leur grande
science les mettait à même de parler en
connaissance de cause, de vers héroïques, de
trimètres, et de pentamètres; saint Jérôme
va jusqu'aux vers alcaïques, iambiques, et
saphiques pour les Psaumes; et il voit des
hexamètres et des pentamètres dans les
cantiques du Deutéronome et d'Ésaïe, dans le
livre de Job et dans ceux de Salomon. Quant
à Leclerc (Hist. abrégée de la poésie chez
les Hébreux), il essaie de prouver dans sa
dissertation que la poésie des Hébreux était
rimée à peu près comme la poésie française,
opinion qui n'a pas manqué de partisans.
D'un autre côté, Scaliger et d'autres,
estiment et soutiennent qu'il n'y a ni
mesures, ni pieds, dans les vers hébreux, et
que cette langue, non plus que la plupart
des langues sémitiques, n'est pas
susceptible de cette espèce de gêne
poétique.
Quoi qu'il en soit de cette question, il
faut avouer que le vrai caractère de la
poésie est dans la diction même, et que
celle-ci se distingue par un choix de mots
et de locutions qui ne se rencontrent
jamais, ou du moins fort rarement dans les
ouvrages en prose, ou qui, lorsqu'ils s'y
trouvent, ont dans la prose une
signification et une portée différente que
dans la poésie; la forme grammaticale même
des noms, des pronoms suffixes, des verbes,
et les règles de la syntaxe, s'éloignent
également de la forme ordinaire, et des
règles qui sont constamment observées dans
les ouvrages en prose. La préférence de
certaines expressions est fondée sur la
préoccupation du poète d'éviter les termes
et les formes de langage journalières,
ordinaires et communes; souvent celui-ci
était conduit à se servir de certaines
formes anciennes comme plus simples, plus
grandes, et plus énergiques; peut-être aussi
que son choix était déterminé dans certains
cas, par des considérations de rythme et de
mesure. Sous ce rapport on peut considérer
les poètes hébreux comme les poètes
classiques de l'antiquité profane, parce que
la poésie est la même partout, ses exigences
partout semblables; il a dû y avoir des
licences poétiques chez les uns comme chez
les autres.
Le cercle d'idées des poètes hébreux se meut
principalement dans la sphère de l'Orient,
il touche à la nature et à l'histoire de la
Palestine, aux époques diverses de la vie
nationale, aux grands événements de
l'existence du peuple de Dieu. Un certain
nombre d'images semblables se reproduisent
chez les uns et les autres, et si l'on en
excepte quelques-uns, Job, Amos, Habacuc,
Ézéchiel, on a la clef de tous quand on a la
clef de l'un d'eux: l'intelligence d'Ésaïe,
par exemple, entraîne promptement
l'intelligence des autres prophètes
considérés comme poètes. Il serait
intéressant de comparer sous ce rapport la
poésie hébraïque à la poésie orientale et à
celle de l'Occident, aux classiques anciens
et aux chantres du moyen âge, à Homère et à
Ossian.
L'élévation de la pensée qui atteint chez
plusieurs prophètes la hauteur la plus
sublime, cette simplicité pleine
d'expression, cette variété pleine d'unité,
ces figures, ces sentiments, cette action,
tout cela réuni, qui pourrait se retrouver
chez les poètes profanes, est encore relevé
par l'idée religieuse qui anime, entoure,
vivifie tous ces élans, qui est le centre et
le fond de la poésie elle-même chez les
Hébreux.
Parmi les auteurs qui ont traité ce sujet
nous n'indiquerons que Carpzov, Lowth,
Leclerc, Herder (Esprit de la poésie
hébraïque), et une dissertation spéciale
de Calmet dans son Commentaire.
Saint Paul donne aux poètes païens le nom de
prophètes, parce que chez les païens les
poètes passaient pour inspirés; il en cite
deux, Aratus, Actes 17:28, peut-être aussi
Cléanthe et Épiménide, Tite 1:12. Aratus
était natif de Cilicie, comme saint Paul; il
avait dit: «Nous devons commencer par
Jupiter, qu'il ne nous est pas permis
d'oublier. Tout est plein de Jupiter, il
remplit les rues, les places et les
assemblées des hommes: toute la mer et les
ports sont remplis de ce Dieu, et en tous
lieux nous avons tous besoin de Jupiter.»
Saint Paul, en faisant un extrait de ce
passage lui donne la vérité qu'il n'a pas;
il purifie l'erreur et argue de ces paroles
obscures et fausses, pour démontrer que dans
toute conscience d'homme il reste un
sentiment secret, une croyance confuse, mais
invincible, à l'existence d'un Dieu
tout-puissant et présent partout. Épiménide
jouissait, d'après ce que rapportent
Plutarque et Diogène de Laërte, d'une grande
réputation de prophète, et ils citent de lui
plusieurs prédictions qui, si elles sont
vraies, ont été accomplies d'une manière
remarquable.
POIDS.
Les poids dont les marchands se
servaient ordinairement s'appelaient
pierres, parce qu'ils étaient faits de
pierre, matière plus solide et plus durable
que tant d'autres, même que le fer qui se
laisse user par la rouille; on les portait
dans un sachet, ou bourse, attachée à la
ceinture, cf. Proverbes 16:14, ce qui se
fait encore de nos jours en Perse, et cette
habitude était d'autant plus nécessaire
qu'aucun échange, ni achat, ne se faisait
autrement qu'au poids; l'argent même était
pesé, Jérémie 32:10. De faux poids et de
fausses balances étaient sévèrement punis
par la loi, Lévitique 19:35; Deutéronome
25:14; mais il paraît que malgré ces
rigueurs, les facilités que l'on avait de
commettre ce délit, l'avaient rendu fort
ordinaire, Proverbes 11:1; 20:10,23, cf.
Ézéchiel 45:10; Michée 6:11. Quant au sicle
du sanctuaire, Exode 30:13,24; Lévitique
5:15, etc., appelé aussi le sicle au poids
du roi, 2 Samuel 14:26,
— Voir: Sicle.
Si l'on admet qu'il y avait dans le
sanctuaire des poids spéciaux consacrés à la
vérification des poids généralement en
usage, et un lévite chargé de les conserver,
comme quelques-uns le voient à la fin de 1
Chroniques 23:29, on se rappellera que les
Égyptiens, au dire de Clément d'Alexandrie,
avaient une institution semblable, les
Romains également, et que Justinien, par une
loi expresse, ordonna que les poids et
mesures seraient gardés dans les églises des
chrétiens;
— Voir: Mesures.
POIREAU
(allium porrum), plante potagère bien connue; fleur en ombelle à six feuilles; feuilles grandes, étroites et aplaties; oignon petit et membraneux; on le mange en Égypte soit en salade, soit sans assaisonnement avec du pain; les anciens Égyptiens déjà l'estimaient pour son goût exquis et en faisaient un assaisonnement recherché pour une quantité de plats, Juvén. 15, 9. Horace, Epp. 1; 12, 21. Martial 3, 47; 10, 4. Pline 19, 33. Il est nommé, Nombres 11:5, avec l'ail et l'oignon comme un des aliments que les Israélites regrettaient le plus dans le désert; son nom hébreu est hhatzir, que nos versions rendent ailleurs par herbe, Job 8:12; 40:15, etc., sur le témoignage des Septante, appuyés par d'autres autorités fort anciennes; Ludolph en donne une explication différente qui n'a pas prévalu, et les commentateurs sont d'accord sur ce double sens du même mot suivant le contexte dans lequel il se trouve.
POISON.
Il y a en hébreu deux mots
différents pour désigner le poison, l'un
plus général, rôsh, qui s'applique au
poison animal, Deutéronome 32:33, comme au
poison végétal, plus fréquemment cependant à
ce dernier; l'autre, hhemah, qui ne
se dit que du poison animal, Deutéronome
32:24. Le mot rôsh, que les anciens
traduisent quelquefois par venin,
quelquefois par fiel, désigne dans quelques
passages une espèce de plante vénéneuse qui
croît dans les champs, Osée 10:4, et dont
les fruits ressemblent aux grappes de
raisin, Deutéronome 32:32, et sont amers;
les uns pensent que c'est la morelle,
d'autres le tithymale, d'autres la
coloquinte, d'autres l'ivraie, d'autres
enfin, comme Gesenius, que c'est le pavot,
dont le suc finit par devenir un poison,
l'opium; cf. l'eau de fiel, Jérémie 8:14;
9:15; 23:15. Il est souvent nommé à côté de
l'absinthe; ainsi dans les passages
indiqués, et Deutéronome 29:18. Quant à son
amertume,
— Voir: Psaumes 69:21; Lamentations
3:5.
Des caractères donnés par les livres saints
à cette plante vénéneuse, il est aisé de
conclure au rejet de plusieurs des
suppositions que nous avons indiquées; il
l'est moins de se prononcer définitivement
pour l'une ou pour l'autre.
— Marc 16:18, renferme une allusion à
l'usage d'adoucir ou d'abréger au moyen du
poison les souffrances du condamné.
— 2 Maccabées 10:13, nous offre un cas de
suicide par empoisonnement.
POISSONS.
On voit par Nombres 11:8;
Ézéchiel 29:4-5, que l'Égypte, et notamment
le Nil, abondait en poissons de toute
espèce; cf. Exode 7:18. Hérodote 2, 93.
Strabon 17, 823. La Palestine en possédait
également beaucoup dans ses rivières et dans
ses lacs, et le lac de Génésareth était sous
ce rapport tout particulièrement renommé,
Jean 21:11; cf. Matthieu 14:17; 15:34. Les
habitants de ses rivages vivaient de la
pêche, Luc 5:2, mais travaillaient chacun
pour son compte sans être réunis en
corporation ou en corps de métier. On se
servait pour pêcher, de filets de
différentes grandeurs et de différentes
formes, Matthieu 4:18; Jean 21:6, de
hameçons, Ésaïe 19:8; Habacuc 1:15; et de
crochets, crocs ou sorte de harpons. Amos
4:2; cf. Job 40:20-21. C'était surtout la
nuit, Luc 5:5, ou au matin avant le lever du
soleil, Pline 9:23, que les pêcheurs
vaquaient à leur tranquille et silencieuse
occupation. Les Phéniciens firent connaître
les poissons de mer à la Jérusalem restaurée
et reconstruite, Néhémie 13:16, du moins il
n'en est pas fait mention plus tôt. Il
ressort de plusieurs passages que les Juifs,
surtout les Juifs postérieurs à l'exil,
mangeaient volontiers le poisson, en
comprenant sous ce nom tous les animaux
aquatiques munis d'écaillés et de nageoires,
car les autres, tels que la murène, le
polype, la sèche, étaient déclarés impurs
par la loi, Lévitique 11:9;
— Voir: Nombres 11:5; Néhémie 13:16;
Matthieu 14:17; 15:36; Luc 9:13; 24:42; Jean
6:9, etc.;
mais ils n'en faisaient pas, comme les
catholiques romains, une des délicatesses du
jeûne. Il y avait à Jérusalem un marché
spécial destiné à la vente de la pêche, et
une porte des poissons, 2 Chroniques 33:14.
Néhémie 3:3; 12:39. Cette viande ne figure
jamais dans les sacrifices, non qu'elle fût
souillée, mais parce qu'elle était
considérée comme peu forte, peu
nourrissante, et peu digne d'être offerte à
la divinité; d'après Hérodote 2, 37, il
était même défendu aux prêtres d'Égypte d'en
manger.
Il ne paraît pas que les Hébreux aient su
désigner les différentes espèces de poissons
par des noms particuliers; du moins on n'en
trouve aucun exemple nulle part; le poisson
même qui engloutit Jonas n'est pas désigné
autrement en son lieu que par l'épithète de
grand, Jonas 2:1; il est appelé baleine dans
la mention qui en est faite, Matthieu 12:40,
d'après la traduction des Septante, mais on
est presque généralement d'accord à penser
qu'il ne s'agit pas de la baleine dans ce
passage: Hare l'entend de l'orque, grand
poisson de l'espèce du dauphin; Bochart et
la plupart des commentateurs actuels, du
requin (squamus, ou canis carcharias); ce
grand poisson répond ainsi aux termes
employés dans le livre de Jonas: ses quatre
cents dents placées sur six rangées sont
aiguës et tranchantes comme des rasoirs; sa
gueule est si large qu'un homme peut à son
aise y passer tout entier: on a trouvé
souvent dans son estomac des hommes, des
chevaux, d'autres animaux; et dans un de ces
animaux qui ne pesait que 400 livres, on a
trouvé jusqu'à dix thons. On raconte qu'un
matelot fut un jour avalé vif par un requin,
et que celui-ci ayant été atteint par un
boulet de canon, le rejeta immédiatement,
sans qu'il eût éprouvé le moindre mal.
— Nous avons parlé du poisson de Tobie à
l'article Cécité, et du culte des poissons à
l'article Dagon.
— Voir: aussi Béhémoth et Léviathan.
POITRINE
de tournoiement,
— Voir: Lever.
POIX,
en hébreu zèphèh ou zèpheth, Exode 2:3; Ésaïe 34:9, substance bien connue, susceptible d'être liquéfiée à une chaleur peu considérable, et souvent employée comme enduit. On la tire de certaines résines végétales.
POLITESSE.
Cette forme extérieure de
bienveillance, cette espèce de bienveillance
de surface, provisoire, transitoire, que son
nom caractérise seul parfaitement, et qui
accompagne souvent, et supplée quelquefois,
la bienveillance du cœur, la bonté,
l'amitié, a eu de tout temps chez les
Orientaux un développement et des
proportions beaucoup plus considérables que
chez les Européens, moins formalistes et
plus positifs. Les anciens Hébreux ne
faisaient pas exception sous ce rapport aux
usages des peuples au milieu desquels ils
vivaient isolés, et nous trouvons dans
l'Écriture la trace de la plupart de ces
coutumes qui se sont perpétuées jusqu'à nos
jours en Orient. En se rencontrant ou en se
séparant, 2 Samuel 18:21, les inférieurs
saluaient profondément leurs supérieurs,
quelquefois jusqu'à terre suivant la
distance sociale qui les séparait, Genèse
19:1; 23:7; 2 Samuel 9:8, même à plusieurs
reprises, Genèse 33:3; 1 Samuel 20:41:
devant des princes, des gouverneurs, des
hommes haut placés, on avait même l'habitude
de se jeter par terre, à leurs pieds, ou de
se mettre à genoux, Genèse 42:6; 44:14;
50:18; 1 Samuel 25:23; 2 Samuel 1:2; 14:4;
19:18; 2 Rois 1:13; Matthieu 2:11; 27:29;
etc. On ne voit pas d'exemples de l'usage
actuel démettre la main droite sur la
poitrine, en inclinant la tête devant un
supérieur. Si un inférieur étant à cheval
rencontrait un de ses supérieurs, il
descendait de sa monture pour faire les
révérences d'usage, Genèse 24:64; 1 Samuel
25:23. II n'est pas dit, mais il est
probable qu'en pareil cas les Hébreux de la
classe inférieure, comme les anciens
Égyptiens et les Arabes de nos jours,
sortaient du chemin pour laisser un libre
passage à la personne plus élevée qu'ils
rencontraient. Les formules de la salutation
étaient simples; elles exprimaient des vœux
de bénédiction, Genèse 43:29; 1 Samuel 25:6;
Juges 6:12; cf. Ruth 2:4, où nous voyons à
la fois le salut et sa réponse; ou bien
c'étaient des informations touchant l'état
de la santé, 2 Samuel 20:9; 2 Rois 4:26;
Juges 18:15; 1 Samuel 10:4, et cette
dernière habitude était tellement générale
qu'on disait: demander à quelqu'un comment
il se porte, pour: le saluer. Le salamalec
des Arabes n'est autre sous ce rapport que
le shalom aléka des Hébreux: paix te soit!
On accompagnait les partants d'un souhait de
prospérité, Tobie 5:21. Il arrivait
quelquefois aussi qu'au lieu de se borner à
une simple et courte salutation, les Hébreux
qui se rencontraient s'adressaient de
longues et verbeuses formules de
bienveillance, 1 Samuel 25:6, et c'est à ces
longueurs que font allusion les défenses
mentionnées 2 Rois 4:29; Luc 10:4. Les
voyageurs modernes, Niebuhr, Arvieux,
Russel, racontent que les Orientaux, et, en
général, presque tous les peuples à moitié
civilisés, ont conservé l'usage de ces
salutations circonstanciées, qui sont
inutiles et fastidieuses pour des hommes
occupés, et plus attachés à la réalité
qu'aux formes de la politesse.
— Dans la conversation, l'inférieur parlait
de lui-même à la troisième personne, en se
disant le serviteur de celui à qui il
s'adressait, et en l'appelant mon seigneur,
ou même mon maître, si c'était un prophète
ou quelque personnage très distingué par son
rang, Genèse 18:3; 19:2; 24:18; 43:28; Juges
19:19; 1 Samuel 26:18; 2 Rois 5:13; 6:21;
13:14, etc.; parfois même, pour mieux
marquer son respect, l'inférieur se
rabaissait jusqu'à se donner des titres
injurieux, comme chien, ou chien mort, 2
Samuel 9:8; 2 Rois 8:13. Il paraît que les
Juifs postérieurs poussèrent le scrupule
dans leurs rapports avec les païens jusqu'à
refuser de les saluer, Matthieu 5:47, comme,
en Égypte et en Syrie, les chrétiens et les
mahométans de nos jours passent encore à
côté les uns des autres sans remplir ce
devoir de politesse. Une convention tacite
avait, à la même époque, dispensé de
répondre à un salut certaines personnes, et
presque certaines classes, notamment les
nommes attachés au clergé, et entourés d'une
réputation de vertu et de piété, ce qui
n'empêchait pas ceux-ci de rechercher les
salutations avec une petitesse
d'amour-propre et de vanité qui leur a
mérité les reproches de notre Sauveur, Marc
12:38; Luc 11:43; 20:46. La place de droite,
à table ou ailleurs, était déjà, dans
l'antiquité hébraïque, la place d'honneur, 1
Rois 2:19. Psaumes 45:9; Matthieu 25:33. Les
témoignages du respect, de la joie, ou de la
reconnaissance publique, rendus à un
monarque, consistaient dans des cris
d'allégresse, parmi lesquels on distinguait
celui de: Vive le roi! Lorsqu'on le pouvait,
on y joignait de la musique (instrumentale),
2 Samuel 16:16; 1 Rois 1:40; 2 Rois 9:13;
Judith 3:8; on couvrait le chemin de tapis,
de vêtements, et le peuple qui était trop
pauvre, de branches d'arbres ou de fleurs,
Æschyl. Agam. 909. Tacit. Hist. 2, 70. 2
Rois 9:13; Matthieu 21:8; et, si le
personnage qu'on attendait faisait son
entrée de nuit, on l'escortait avec des
flambeaux, 2 Maccabées 4:22.
On peut voir aux articles Âge, Baiser,
Salive, d'autres préceptes relatifs à la
politesse. Quelques autres détails encore
sont conservés par les rabbins, ainsi
l'habitude de saluer celui qui éternue, et
de lui souhaiter du bien, l'éternuement
étant regardé comme un présage en général
fâcheux. (Dans le texte de 1 Rois 16:11;
21:21, le mot qui a été traduit par homme,
ou, pour mieux dire, qui n'a pas été
traduit, fait allusion à un acte qui dénote
une éducation grossière, et peut-être un
manque affecté de respect; il y a dans
l'hébreu: «depuis celui qui urine contre la
muraille», c'est-à-dire depuis l'homme le
plus commun, ou depuis l'enfant, le gamin,
«jusqu'à un chien.»
POLYGAMIE.
Cette plaie de l'Orient,
nécessitée, disent les uns, par l'influence
d'un climat ardent sur les hommes, par la
grande disproportion, disent les autres, qui
se trouve entre les naissances masculines et
les naissances féminines, mais qui, en
réalité, n'est entretenue que par elle-même,
qui produit elle-même ses causes, cette
plaie n'a pas été inconnue aux anciens
Hébreux, et elle existait longtemps avant
leur constitution comme peuple. Lémec, de la
famille de Caïn, est le premier polygame
connu, et son nom, sa famille, ce qu'on sait
de sa vie, n'est pas une recommandation en
faveur de la polygamie, Genèse 4:19-24. On
croit encore trouver, Genèse 6:2, dans ces
mots: «de toutes celles qu'ils choisirent»,
un second indice de ce genre de désordre
avant le déluge. Il paraît certain, en tout
cas, malgré l'opinion de quelques Pères,
notamment de Tertullien qui dit qu'avant le
déluge personne n'imita Lémec; il paraît
certain, disons-nous, que la polygamie était
devenue presque générale avant Noé; car elle
convenait aux maîtres du monde, et nul frein
ne les retenait plus sur la pente où les
entraînaient leurs passions.
— La polygamie fut-elle permise aux
patriarches? On ne saurait l'affirmer. Ils
la pratiquèrent, mais dans de certaines
limites. Abraham n'eut à la fois qu'une
femme et une concubine, croyant devoir
réaliser dans la chair des promesses qui
étaient faites à l'esprit; Isaac n'eut
qu'une femme; Jacob eut deux femmes, dont la
première lui fut imposée, et deux concubines
qu'il prit pour obéir à ses femmes. Ils ne
trouvèrent, ni les uns ni les autres, le
bonheur dans ces demi-désordres. Les lois de
Moïse supposent cet usage, sans l'approuver
ni le condamner, Deutéronome 21:16-17; Exode
21:8; Lévitique 18:18, et plusieurs exemples
de polygamie sont rapportés, ou du moins
indiqués, dans les livres saints,
principalement sous l'époque des juges,
Juges 8:30; 10:4; 12:9,14; 1 Samuel 1:2; 2
Samuel 3:7; 12:8. Le législateur avait
néanmoins gêné, par diverses restrictions et
prescriptions, l'exercice de la polygamie,
qu'il n'avait pas combattue directement,
peut-être parce qu'elle était le moindre de
plusieurs maux entre lesquels il fallait
choisir pour faire l'éducation du peuple;
elle était une forme adoucie de l'esclavage
des femmes, un remède contre des
abominations communes chez les peuples
orientaux. Les obstacles que la loi opposait
aux excès de la polygamie étaient de trois
sortes:
-
Il ne devait se trouver aucun eunuque dans le pays, Deutéronome 23:1; or, la polygamie sans eunuques ne se rencontre nulle part: lorsque les maîtres sont obligés d'être eux-mêmes les gardiens de leurs harems, ils sont peu tentés de les agrandir, et, lorsque les femmes peuvent toujours espérer de trouver un époux, elles sont moins tentées d'aliéner leur liberté pour partager la couche d'une rivale.
-
La souillure contractée par l'homme, Lévitique 15:18, devenait, pour celui-ci, une incommodité et un fardeau insupportable lorsque le nombre de ses femmes se multipliait.
-
Il était défendu d'avoir une femme privilégiée; l'homme leur devait à toutes, ainsi qu'à leurs enfants, la même bienveillance, Exode 21:8, et, comme le cœur d'un homme ne peut pas facilement flotter entre plusieurs, comme il a besoin de se fixer, comme, par conséquent, cette prescription de la loi ne pouvait être observée que rarement et difficilement, les excès de la polygamie étaient réprimés d'autant.
Ajoutez que les jalouses rivalités des
femmes d'un seul homme, qui sont presque une
suite inévitable de la polygamie, cf. 1
Samuel 1:6; 2 Chroniques 11:21, étaient,
pour celui-ci une cause de chagrins
domestiques presque continuels, qui devaient
lui faire désirer la suppression de la
polygamie elle-même; Elkana en est une
preuve frappante. Il résultait de ces
entraves que les Israélites, malgré l'espèce
de liberté dont ils jouissaient, se
contentaient, en général, d'une seule femme,
Proverbes 12:4; 19:14; 31:10, à laquelle ils
adjoignaient tout au plus, et cela contre la
loi, deux concubines. Après l'exil, la
monogamie devint générale, et elle tendit à
être toujours mieux comprise dans sa portée
et dans son sens moral, Ecclésiastique 26:1.
Quant aux rois, il leur était défendu, par
Deutéronome 17:17, d'avoir plusieurs femmes.
Cependant, nous voyons que la loi fut
fréquemment éludée, et la plupart des rois,
Saül, David, Salomon, Roboam, Abija, jusqu'à
Hérode le Grand, ont eu des sérails,
quelques-uns même extrêmement nombreux,
plusieurs femmes, et un beaucoup plus grand
nombre encore de concubines, 2 Samuel 5:13;
12:8; 1 Rois 11:3; 2 Chroniques 11:21;
13:21. Ils remplaçaient alors par des
eunuques étrangers les hommes qu'ils ne
pouvaient pas se procurer en Judée,
— Voir: Eunuque.
— On peut remarquer la sagesse des entraves
apportées par le législateur à une coutume
qu'il voulait déraciner sans l'arracher; les
résultats ont été obtenus: Mahomet a
combattu les excès de la polygamie de
manière à sanctionner le principe et à
enraciner l'usage, lorsqu'il a limité à
quatre (Coran 4:3) le nombre des femmes
légitimes qu'il est permis d'avoir, sans, du
reste, rien statuer sur le nombre des
concubines.
On appelle, en termes de scolastique,
polygamie successive les secondes noces, et
quelques auteurs, d'accord avec l'Église
grecque, ont cru que les passages 1 Timothée
3:2; Tite 1:6, interdisaient positivement
aux évêques et conducteurs d'églises les
secondes noces. Au lieu de: mari d'une seule
femme, ils lisent alors: n'ayant été le mari
que d'une seule femme; ils s'appuient sur ce
que la polygamie étant interdite aux
chrétiens en général par Jésus, qui a ramené
le mariage à son institution primitive,
Matthieu 19:5; cf. 1 Corinthiens 7:2, elle
l'était, par conséquent, aux évêques, sans
qu'il fût nécessaire de le spécifier. Mais
cette considération qui est la plus sérieuse
de celles qu'on avance, perd de sa valeur si
l'on se rappelle que la polygamie, bien que
peu estimée des Grecs et des Romains,
existait cependant encore chez eux comme en
Orient; or, nous pouvons supposer que des
hommes qui avaient deux ou plusieurs femmes
se soient convertis; rien ne nous autorise à
croire qu'en pareil cas les apôtres aient
contraint le prosélyte à se séparer de ses
femmes. Calvin fait observer avec justesse
que cette séparation, ce divorce, aurait été
un nouveau crime; l'Église ne pouvait donc
faire autrement que tolérer les conséquences
d'un fait qui s'était passé en dehors de
l'Église. Toutefois, et c'est à ces cas que
se rapportent les paroles de l'apôtre, des
hommes dans une position semblable, ne
pouvant jouir de la considération dont un
évêque doit être entouré, étaient exclus de
l'épiscopat, ainsi que ceux qui s'étaient
remariés après un divorce illégitime, ou
ceux qui entretenaient une concubine à côté
de leur femme légitime. Heidenreich, dans
son commentaire sur les épîtres pastorales,
1826-1828, a soutenu l'opinion que nous
combattons, et la plupart des sociétés de
missions agissent dans le même sens, en
contraignant les prosélytes polygames à
renvoyer toutes leurs femmes moins une.
POMMIER.
Hébreux thapouach. Cet arbre si connu, de la famille des rosacées, n'est nommé que Joël 1:12; Cantique 2:3; 8:5, et ses fruits, Cantique 7:8, où leur agréable odeur est comparée au souffle de la bien-aimée. Rosenmuller et d'autres ont cru, à cause de cela, qu'il s'agissait dans ces passages du cognassier et du coing, dont l'odeur est plus forte que celle de la pomme; mais les pommes de Syrie, au rapport d'Avicenne, ont une odeur plus forte que les nôtres, quoique fine et délicate, et la comparaison du Cantique pouvait être facilement comprise. Un argument qui prouverait davantage en faveur de l'opinion de Rosenmuller, c'est que dans le langage de l'amour oriental, le coing joue un rôle plus ordinaire qu'il ne fait et ne pourrait faire chez nous. Il est possible au reste qu'en hébreu comme en grec, un même mot désignât l'un et l'autre fruit; mais il ressort de plusieurs noms de villes, Josué 15:34; 17:7, que le thappuah était un arbre assez commun dans l'ancienne Palestine, et certainement la culture du pommier avec son fruit légèrement acide, mais doux et rafraîchissant, était plus utile, plus recherchée, que celle du rude et âpre cognassier. Le Talmud d'ailleurs, par les détails qu'il donne sur le pommier, appuie suffisamment la traduction généralement adoptée.
PONT,
contrée de l'Asie, nommée à côté de la Cappadoce, Actes 2:9; 1 Pierre 1:1, et qui, d'après ces passages, était habitée par des Juifs. Le Pont, dont le nom, qui signifie mer, venait du voisinage du Pont-Euxin qui baignait au nord ses rivages, était borné au sud par la Cappadoce, à l'est par la Colchide et la Grande Arménie, à l'ouest par la Galatie et la Paphlagonie, dont il était séparé par le fleuve Halys. Il était montagneux vers le sud-est; le reste du pays était plat. Constitué en satrapie par Darius fils d'Hystaspe, le Pont prit le titre de royaume sous Mithridate qui en fut le premier roi. L'avant-dernier des Mithridates, Eupator, fit aux Romains pendant quarante-six ans une guerre acharnée et cruelle; son fils, le parricide Pharnace, soumit sa personne et ses états aux ennemis de son père (66 avant J.-C.), qui partagèrent le pays en plusieurs petites provinces ou royaumes indépendants, connus sous les noms de Pont de Galatie, Pont de Cappadoce, et Pont Polémoniaque, du nom de plusieurs rois Polémon, dont le dernier fit une cession volontaire de ses états à Néron. Cet empereur réunit le Pont et la Cappadoce sous une seule administration.
PORC.
La chair de cet animal était
mise par la loi de Moïse, au nombre des
viandes impures et défendues, Lévitique
11:7; Deutéronome 14:8, et les Juifs ont été
dans tous les temps fidèles à l'horreur
qu'elle leur inspirait, à tel point que
plusieurs d'entre eux aimèrent mieux
souffrir le martyre sous Antiochus
Épiphanes, que de consentir à en manger, ou
même à faire semblant d'en manger, 2
Maccabées 6:18; 7:1, etc. L'épithète de
mangeurs de pourceau désignait les idolâtres
les plus corrompus et les plus endurcis,
Ésaïe 65:4; 66:17. D'après plusieurs
rabbins, les Juifs ne pouvaient pas même
posséder des pourceaux, et les troupeaux
mentionnés Matthieu 8:30; cf. Luc 15:16,
appartenaient sans doute à des étrangers, ou
peut-être à des Galiléens, qui pouvaient
bien sous ce rapport, comme ils l'avaient
fait sous tant d'autres, s'être relâchés de
la sévérité des prescriptions de leur loi,
en nourrissant des animaux qu'ils ne
devaient revendre qu'à des étrangers;
d'ailleurs les Juifs modernes ne se font pas
de scrupule à cet égard, et ils vendent des
porcs aussi bien que des vaches. On peut
croire qu'en interdisant comme impure
l'usage de cette viande, le législateur
avait un but diététique, attendu que cette
nourriture forte et grasse favorise le
développement des maladies de la peau,
auxquelles les habitants de l'Orient ne sont
déjà que trop sujets; on dit en particulier
que le lait de truie engendre la lèpre. Les
habitudes sales de cet animal, 2 Pierre
2:22, et les boutons dégoûtants dont il est
fréquemment affligé, ne pouvaient
qu'augmenter l'horreur des Juifs, en
fortifiant la nécessité de l'interdiction;
il fût resté immonde quand il n'aurait pas
été déclaré tel. Les anciens Égyptiens, les
Arabes, les Éthiopiens, les Phéniciens, et
peut-être en quelques lieux les Indiens,
partageaient le même dégoût, et Mahomet a
imposé à ses sectateurs la même abstinence
que Moïse au peuple de Dieu. Les Égyptiens
cependant, et quelques autres peuples,
offraient des porcs en sacrifice à certaines
divinités, et les Crétois regardaient cet
animal comme sacré.
Le porc sauvage, ou sanglier, est nommé
Psaumes 80:13; terrible au sol, aux arbres,
et aux jardins, il se trouve encore en Syrie
et en Palestine. On a cru aussi que les
bêtes sauvages des roseaux, Psaumes 68:30,
désignaient des sangliers, parce que cet
animal s'établit volontiers dans les
terrains marécageux, au milieu des joncs;
mais la définition est un peu trop vague
pour qu'on puisse en faire un trait
caractéristique.
PORTES, Portiers,
— Voir: Maisons.
POSSESSION.
Le terrain foncier, les
biens-fonds, sont la plus grande richesse
d'un peuple adonné à l'agriculture, comme
l'étaient les Israélites. D'après la
constitution du pays, chaque individu, à
l'exception des membres de la tribu de Lévi,
avait droit à une portion du sol de la terre
sainte, qui était partagée au peuple comme
une propriété de l'Éternel, et ce terrain
appartenait à sa famille en propriété
inaliénable, Lévitique 25:23. (La
constitution de Lycurgue avait introduit
chez les Spartiates une disposition
semblable). Le propriétaire pouvait cesser
un moment d'en être le possesseur; il
pouvait la vendre, l'aliéner pour éteindre
des dettes, mais il conservait toujours le
droit, lui ou ses plus proches parents, de
la racheter quand il le voulait, Lévitique
25:25; cf. Jérémie 32:7, et en outre elle
rentrait de droit dans sa famille l'année du
jubilé, sans qu'il eût à en payer le rachat,
— Voir: Année.
Ce principe prévenait dans le pays, d'un
côté la mendicité, de l'autre l'aristocratie
des richesses, la noblesse des terres avec
ses suites économiques et politiques; il
maintenait, ou ramenait bientôt l'égalité
des citoyens, il stimulait et favorisait
l'agriculture, il détournait le peuple de
l'industrie et du commerce avec les nations
voisines. Le trop grand morcellement des
propriétés, qui devait être la suite de leur
division et subdivision entre les
descendants du propriétaire primitif,
pouvait être retardé, du moins pour un
certain temps, par le fait que lors du
premier partage, il resta dans le pays une
quantité de terres encore incultes qui, ne
pouvant être travaillées par une population
moins nombreuse, purent être cultivées plus
tard, et partagées entre les descendants des
premiers propriétaires. Cet inconvénient
même n'aurait pas existé si, comme Hug le
prétend, les aînés héritaient seuls de la
propriété foncière, mais ce n'est qu'une
hypothèse qui ne s'appuie sur aucun texte,
et qui semble combattue par Deutéronome
21:17. Il pouvait arriver aussi des
translations forcées d'une famille à une
autre famille, lorsqu'un homme mourait sans
enfants, ou ne laissait que des filles qui
en se mariant faisaient nécessairement
passer sous un autre nom, et sans retour, la
possession de leurs ancêtres. Et de toute
manière, si l'on tient compte surtout de la
fécondité hébraïque, cette institution
devait à la longue entraîner bien des
inconvénients, et finir par tomber en
désuétude. Les privilèges accordés au
premier né, qui obtenait la part de deux,
Deutéronome 21:17, mesure qui tendait à
conserver à la famille sa possession,
allaient d'un autre côté à rencontre du but
du législateur en rompant l'égalité de
richesse, et ils contribuèrent pour leur
part à l'abandon du principe constitutif de
la propriété. Aussi voit-on déjà dans
l'Ancien Testament des possessions acquises
ou abandonnées, la suite des héritiers de
familles rompue, les riches entassant
propriété sur propriété, joignant maison à
maison, approchant un champ de l'autre,
Ésaïe 5:8; Michée 2:2; cf. Néhémie 5, et les
rois eux-mêmes s'appropriant par des
confiscations, judiciaires ou arbitraires et
violentes, les propriétés des particuliers,
1 Rois 21:16; cf. 2 Samuel 16:4; Ézéchiel
45:9; 46:18. Après l'exil, après qu'un grand
nombre de familles eurent par leur séjour
prolongé dans la terre de leur captivité,
renoncé de fait à leurs droits sur la terre
d'Israël, après que les limites des tribus
elles-mêmes, et bien plus encore celles des
héritages de familles, eurent été effacées,
oubliées, transposées, les lois relatives à
la fixité des possessions devinrent en
plusieurs lieux impossibles, partout
difficiles à exécuter; elles furent presque
généralement abandonnées, des métiers
s'établirent, l'industrie rapportée de
Babylone s'éleva à côté de l'agriculture, et
de nombreux mendiants couvrirent le pays.
— Pour plusieurs détails,
— Voir: encore Héritages, Lévirat,
Vœux, etc.
POSSESSIONS, Possédés.
Ces affections malheureuses,
affligeantes, effrayantes, dont les
Évangiles renferment divers exemples,
appartiennent au nombre des faits qui ont
suscité le plus de débats dans l'Église
chrétienne, et parmi les théologiens. Il est
impossible d'approfondir ici tout ce qu'il y
a de grave dans les questions qui ont été
soulevées à ce sujet; l'essentiel, les
traits généraux devront suffire. L'Écriture
nous montre partout que la source du bien et
du mal n'est pas dans l'humanité elle-même.
Elle montre le bien comme quelque chose
d'absolu, le mal comme étant seulement
relatif, quoique réel: le principe du bien
existe seul, le mal n'est pas un principe,
mais une position, une opposition, une
négation. La rédemption n'est possible
qu'autant que le mal est en dehors de
l'humanité, dans une sphère d'esprits plus
élevée; si l'humanité était elle-même le
mal, le péché, la corruption, il n'y aurait
plus lieu à restauration, à rédemption; on
ne rachète que ce qui est perdu, mais non le
principe même de la destruction. De même que
le principe du bien se manifeste dans les
anges de lumière, le mal s'individualise
dans les esprits de ténèbres, et l'influence
pernicieuse de ces forces occultes se révèle
dans ceux que l'Écriture appelle possédés,
comme il se manifeste aussi d'une manière
plus spirituelle, plus intérieure dans ceux
qui sont appelés d'une manière générale les
méchants. Les représentants du mal dans le
monde sont d'une part les faux prophètes,
les anti-Christs, les méchants, qui ne sont
jamais appelés des possédés, quoiqu'il soit
dit de Judas Iscariot que Satan entra en
lui, Jean 13:27; de l'autre, les possédés.
Chez ces derniers le mal moral est toujours
accompagné de certaines affections
maladives, principalement de crampes
épileptiques, en même temps que la
conscience qu'ils ont d'eux-mêmes est
émoussée ou détruite. Ces affections ne
constituent cependant, pas le caractère
exclusif, ni même distinctif, de la
possession, car elles peuvent se reproduire
en d'autres circonstances purement
accidentelles, sans qu'il s'y joigne aucune
influence morale: un possédé est muet, Luc
11:14, mais il peut se rencontrer des muets
qui ne soient pas possédés, des hommes à qui
l'on a coupé la langue, d'autres encore qui
ont cette infirmité de naissance et qui
glorifient Dieu dans leur vie: un possédé
est fou, maniaque, mais un autre peut l'être
aussi, peut avoir eu l'esprit dérangé par un
accident, une peur, sans qu'on puisse
conclure à une possession chez lui.
Si l'on rassemble les traits communs aux
démoniaques dont parle l'Écriture, on y voit
le résultat d'un singulier mélange
d'affections morales, et d'affections
physiques antécédentes. La possession
apparaît comme un châtiment.
En premier lieu, elle présuppose toujours un
certain degré de culpabilité morale, de
désordre, non que l'âme ait par méchanceté
recherché le mal comme mal, mais asservie à
un corps sensuel, elle s'est adonnée sous
son empire aux plaisirs des sens et
particulièrement à la volupté, tout en
résistant intérieurement à des péchés qui
lui répugnaient, qui la dégoûtaient.
L'étincelle du bien n'était point éteinte;
profondément ensevelie, elle fumait encore
et n'attendait pour se rallumer que le
moment où l'âme, retrouvant la conscience de
son affreux état, soupirerait après la
délivrance.
— Il résultait de cet état moral, et c'est
un second trait caractéristique des
démoniaques, un affaiblissement général de
l'organisme et notamment du système nerveux;
et plus l'influence des nerfs sur les
facultés est grande, plus cet
affaiblissement devait réagir d'une manière
fâcheuse sur l'organisme intellectuel, et
sur l'harmonie de la vie intérieure tout
entière. Ce désaccord moral, cette
désorganisation, devait se produire avec
d'autant plus de force que le malheureux
avait davantage le sentiment qu'il était la
seule cause de son malheur, qu'il était
l'auteur de son mal, et que ce qu'il avait
fait, il ne lui était pas possible de le
défaire. Le méchant, celui qui a vécu dans
des péchés extérieurs plutôt qu'intérieurs,
qui n'a pas ruiné son corps par le mal,
conserve un certain équilibre de ses
facultés; il peut, comme Judas, être poussé
au désespoir et au suicide, mais non à la
folie qui suppose de violents combats entre
la conscience et l'esprit de ténèbres.
— À côté de cet état de faiblesse morale et
physique, on remarque chez les possédés les
maladies qui découlent ordinairement d'un
état semblable: des crampes, des
courbatures, Luc 13:11; cf. 16; des attaques
épileptiques, Luc 9:39; Matthieu 17:15; le
mutisme et la surdité, Matthieu 9:32; 12:22,
provenant, non d'une destruction des
organes, mais de la paralysie continue, ou
momentanée, des nerfs ou des muscles qui
communiquent à la langue ou à l'oreille;
surtout enfin une mélancolie touchant à la
folie et parfois à la fureur, Matthieu 8:28;
Marc 5:2; Luc 8:27: après leur guérison, ils
sont appelés sages, en bon sens, Marc 5:15;
Luc 8:35. À ce point de vue, l'opinion
rationaliste qui voit dans les possédés des
malades, Matthieu 4:24; 8:16; 15:22; Actes
8:7; Luc 8:2, se justifie parfaitement sans
qu'il soit même nécessaire de recourir à
toutes les citations de la médecine ancienne
et moderne; mais elle est fausse en ce
qu'elle ne considère que le côté extérieur,
matériel du mal, tandis que l'Écriture va
jusqu'à la cause première de la maladie, la
possession du pécheur par un esprit malin,
impur.
— En quatrième lieu, tous ces démoniaques
semblent aspirer vers la délivrance, ils
semblent attendre même la guérison; ils se
présentent, non comme les plus méchants,
mais comme les plus malheureux des hommes,
et s'il n'y a en eux qu'une étincelle de
désir, d'espérance ou de foi, elle suffit à
les rendre capables de recevoir les forces
d'en haut que Jésus est venu leur apporter.
Chez le méchant endurci, qui a laissé le
péché prendre possession de son âme et de
son corps, on ne trouve pas cette
réceptivité; le lieu de la guérison n'existe
plus. Chez les possédés, on voit la lutte
entre le bien et le mal sous sa forme la
plus hideuse, mais enfin c'est une lutte, et
jusqu'à ce qu'elle soit terminée, il n'y a
ni vainqueur, ni vaincu. La foi reste donc
en germe dans leur cœur, et c'est à ce germe
que peut se rattacher leur guérison.
— Remarquons encore que la conscience
individuelle semble par moments se fondre
chez eux sous l'influence ennemie de
l'esprit des ténèbres. Ils parlent du point
de vue des démons; le possédé parle comme
s'il était possesseur, ou plutôt celui-ci
parle par l'organe du premier, sans
toutefois pouvoir jamais étouffer sans
retour la conscience individuelle du
malheureux, qui continue de se faire
entendre par moments. Cet état rappelle
l'extase, la plénitude de l'esprit, les
langues étrangères de saint Paul, 1
Corinthiens 14, où l'individualité était
nécessairement effacée par l'influence
puissante de l'esprit de vérité et de
sainteté. On ne doit donc pas se représenter
le possédé comme une espèce d'être double,
mais plutôt comme un individu en la
puissance d'un autre, se débattant sous sa
main malfaisante et obtenant quelques
moments lucides où il reparaît comme libre
avec son individualité personnelle.
— Sixièmement enfin, la possession est
toujours accompagnée, chez ses victimes,
d'une espèce de seconde vue, d'une capacité
de pressentiment plus grande, d'une
clairvoyance somnambule, qui leur fait
reconnaître en Jésus l'influence qu'il doit
exercer sur le règne des esprits, Luc 8:38;
cf. 8:2; 11:24; ce phénomène concorde avec
l'idée que nous avons admise, que les
affections nerveuses sont le fondement, la
Base de la possession en tant que maladie et
dans sa partie physique, et l'histoire du
magnétisme animal montre combien la faculté
de seconde vue s'unit facilement et
naturellement à une grande surexcitation
nerveuse. On comprend aussi de cette manière
les divers langages des possédés, qui tantôt
jettent un coup d'oeil vif et profond dans
le sanctuaire de la vérité, tantôt mêlent à
leurs paroles de grossières rêveries, des
mots qui n'ont point de sens; ils
rappellent, par le décousu de leurs
discours, ces fous dont quelques sentences,
pour être frappantes de vérité, brillantes
dans une nuit de ténèbres, n'en sont pas
moins, au milieu de toutes celles qui les
entourent, un douloureux témoignage du
désordre affreux qui règne dans leur
intelligence.
Les Juifs rapportaient comme Jésus, à
l'influence de mauvais esprits, plusieurs de
ces cas de maladie, Actes 5:16; 10:38.
Flavius Josèphe, pour sa part, mais ce n'est
qu'une opinion individuelle, pensait que
c'étaient les âmes des méchants qui,
craignant de se rendre au lieu de leur
supplice, cherchaient à s'emparer du corps
d'un vivant pour y habiter. Chasser les
démons hors du corps des possédés, les
exorciser, était le seul remède à ces
terribles affections, cf. Matthieu 12:27;
Luc 9:49; Actes 19:13. Jésus, par une
parole, opérait le miracle, mais les Juifs
avaient aussi des exorcistes, et ceux-ci, au
dire de Flavius Josèphe, se servaient de
formules magiques qu'ils disaient avoir été
données par Salomon, et qui étaient en
rapport avec certaines racines ou certaines
pierres. Comme on avait remarqué que les
crises de la possession variaient avec les
phases de la lune, au moins chez certaines
personnes, et qu'elles paraissaient se
rattacher à la lunaison, l'on avait donné à
ces malheureux le nom de lunatiques, cf.
Matthieu 4:24; 17:15.
On distinguait l'obsession de la possession,
la première étant une action extérieure et
non intérieure du démon sur le corps ou sur
l'esprit: à peu près, dit Calmet, comme un
importun qui suit et fatigue un homme dont
il a résolu de tirer quelque chose. Ainsi
Saül, qui était de temps en temps animé d'un
mauvais esprit, était regardé comme obsédé
et non comme possédé, 1 Samuel 16:23; c'est
également une obsession du démon Asmodée qui
faisait mourir les maris de Sara, fille de
Raguel, Tobie, 3:7-9. Cependant cette
distinction des Juifs est peut-être
arbitraire, et les caractères qui
distinguent l'obsession de la possession, ne
sont pas tellement définis, qu'on puisse
décider à laquelle de ces deux affections
doivent appartenir certains faits où l'on
reconnaît cependant l'influence du mauvais
esprit; si l'intermittence constituait
l'obsession, elle se retrouvait pourtant
chez des hommes que l'Évangile appelle
possédés, Matthieu 4:24; 17:15.
La frappante analogie qui se présente entre
les cas de possession rapportés par
l'Évangile et plusieurs maladies connues, a
séduit bien des théologiens et leur a fait
admettre une explication dite naturelle, la
négation de la possession. Les forces
prodigieuses de certains fous dans leurs
moments de folie, la misanthropie d'autres
individus qui ne veulent se laisser
approcher de personne, tant de gens qui se
croient changés en loups, en chapeaux, en
beurre, qui se croient rois ou princes, d'un
autre côté, les épileptiques avec toutes les
horreurs de leur mal, toutes ces choses dont
on peut trouver la cause prochaine dans un
dérangement physique, un échauffement des
intestins, une irritation de la bile, une
lésion du cerveau, une affection des nerfs,
paraissent tenir de si près à l'organisme
qu'on en est venu à méconnaître l'action,
plus éloignée parce qu'elle est plus
profonde, des méchants esprits.
D'un autre côté, l'on s'est demandé comment
il se fait qu'il n'y ait plus de possédés.
Avant de répondre, posons une question, et
demandons-nous: N'y a-t-il en effet plus de
possédés? La question peut évidemment se
poser ainsi, mais nous n'essaierons pas de
la résoudre pour le moment; rappelons
seulement que plusieurs médecins distingués
renoncent à expliquer, comme à guérir,
certaines maladies qu'ils ne comprennent
pas, et dont ils disent qu'elles ne sont pas
naturelles; rappelons une possession
racontée par le missionnaire Rhénius aux
Indes Orientales, 1818, et demandons-nous
quels noms les apôtres, s'ils entraient, de
nos jours, dans quelques-uns de nos hospices
d'aliénés, donneraient à plusieurs d'entre
eux.
— Mais, acceptant la question comme on la
pose, pourquoi n'y a-t-il plus de possédés?
l'acceptant avec nos réserves, c'est-à-dire,
pourquoi en voit-on moins maintenant qu'au
temps de Jésus, nous répondrons:
-
Il est sûr que, sous ce rapport, comme sous tant d'autres, l'esprit de l'Évangile a exercé une influence bénie sur l'humanité, et que les manifestations du mal, sous sa forme la plus repoussante, paraissent avoir été adoucies et modifiées: par une interprétation à la fois fausse et exagérée de 1 Jean 3:8, on a été jusqu'à prétendre que le diable ne pouvait plus exercer aucune influence sur l'Église de Christ, ce qui ne pourrait être vrai tout au plus que des vrais membres de cette Église, et encore! Mais, si l'on repousse l'exagération, la vérité reste vérité, et, dans la lutte entre le bien et le mal, qui se livre sur la terre, le mal a perdu du terrain.
-
La croyance aux mauvais esprits est moins répandue, moins vivante qu'elle ne l'était aux jours de Jésus, et tel malheureux, épileptique ou fou, sera sous l'influence d'un démon sans que la pensée lui en vienne, non plus qu'au médecin qui le soigne. Ce qu'il dira ou fera sera mis sur le compte d'un cerveau dérangé. Lorsqu'on est sous l'influence de certaines préoccupations, on rapporte tout à un seul centre, à une même idée, comme, au contraire, on attend une évidence palpable pour arriver à d'autres idées étrangères à l'esprit, inconnues ou inattendues. Pendant le règne du choléra, la plus légère indisposition pouvait être envisagée comme un symptôme de la maladie; en dehors de son règne, et lorsqu'on n'y pense plus, on attend qu'il soit entièrement déclaré pour commencer à y croire. Il en est de même des causes de la possession: dans l'ancienne alliance, on ne voit guère de cas de démoniaques non qu'ils fussent plus rares peut-être, mais parce que l'idée des esprits infernaux n'avait pas été mise en aussi grande évidence qu'elle le fut plus tard; les Juifs y pensaient moins, et ne donnaient pas à la maladie dont ils ne supposaient pas la cause un nom tiré de cette cause même. Dans la chrétienté moderne, l'incrédulité a jeté de si profondes racines, l'erreur a prévalu en tant de lieux, que la croyance aux esprits de ténèbres a été comme voilée, et ceux mêmes qui en sont possédés n'en ont qu'imparfaitement la conscience; or, ce n'est pas le méchant esprit lui-même qui se révélera, son triomphe est de rester ignoré. Nous reconnaissons do ne que le nombre des possessions a diminué, qu'il est peut-être rare, et nous voyons dans ce fait la salutaire influence de ce rédempteur qui doit un jour rétablir entièrement l'harmonie dans le monde moral et dans le monde physique; mais nous ne pensons pas que le mal ait cessé: il ne cessera que lorsque sa cause même, le péché, aura disparu,
— Voir: Olshausen, Comment, sur Matthieu 8:28. Meyer, Blætter für hœhere Wahrheit, VII, 199.
POSTE,
— Voir: Courriers.
POTIPHAR,
Genèse 37:36; 39:1; 40:3, officier des gardes de Pharaon, acheta Joseph aux marchands madianites, et, satisfait de ses talents et de sa fidélité, il lui confia l'administration de ses biens. Avec Joseph, la bénédiction divine entra dans sa maison; avec elle la prospérité, et la confiance de Potiphar en son serviteur s'accrut au point, dit l'Écriture, qu'il n'entrait plus en connaissance d'aucune chose, sinon du pain qu'il mangeait. Mais, cédant aux suggestions calomnieuses de son infâme épouse, il crut Joseph coupable, le fit charger de fers, et l'enferma dans la prison d'état dont il avait la surveillance. Il ne tarda pas cependant à reconnaître que celui qui avait laissé son manteau entre les mains de son épouse ne pouvait être un séducteur; il rendit à Joseph sa confiance, mais, au lieu de sa première place que la prudence ne lui permettait pas de lui rendre, il lui confia le gouvernement intérieur de la prison. Quelques auteurs croient que Potiphar doit être distingué du gouverneur de la prison, attendu que ce dernier n'est pas nommé, et que la double charge d'officier de Pharaon et de geôlier n'aurait pu être remplie par la même personne. Le fait ne peut être établi d'une manière positive, et nous avons suivi l'opinion la plus simple, et le plus généralement admise.
POTIPHÉRAH,
gouverneur sacrificateur d'On, et beau-père de Joseph, Genèse 41:45; 46:20. Ce nom, qui signifie «appartenant au soleil», a été retrouvé et déchiffré sur un manuscrit funéraire hiéroglyphique. Sa signification convient parfaitement aux fonctions d'un homme qui était sacrificateur dans On, ou Héliopolis, la ville du soleil. C'est une preuve intérieure en faveur de l'antiquité et de l'authenticité des livres de Moïse.
POULES.
Il n'est parlé nulle part, dans
l'Ancien Testament, de poules, ni de coqs,
bien qu'il semble évident que les
Israélites, qui avaient longtemps habité
l'Égypte où elles se trouvent en si grande
abondance, dussent les connaître, et même en
posséder. On ne comprend pas surtout que la
loi si détaillée sur les animaux purs et
impurs, ne fasse aucune mention du plus
connu de nos animaux domestiques; ce
silence, au reste, ne peut être interprété
qu'en faveur de la chair de cet animal. Un
grand nombre d'interprètes ont cependant cru
trouver la poule, les uns dans un nom, les
autres dans un autre. Ainsi l'hébreu
zarzir, Proverbes 30:31, que nos
versions ont traduit par cheval, et qu'on
est d'accord à entendre du cheval de
bataille (Bochart, Gesenius, Winer,
Umbreit), a été entendu du coq par les
anciens commentateurs; d'autres le
traduisent encore par léopard, abeille,
lévrier, zèbre; il signifie proprement celui
qui est ceint, retroussé, préparé.
— Ainsi le mot sèkevi, Job 38:36, que
nos versions rendent par cœur, avec la
plupart des interprètes, a été également
entendu du coq, et de son intelligence à
marquer, par son chant, les heures de la
nuit; les Septante semblent l'entendre d'une
femme habile dans l'art de broder.
— De même Jérémie 17:11, «une perdrix
couve et n'a point pondu», le mot hébreu
dagâr, que Jahn, entre autres, paraît
prendre pour le nom d'une espèce de poule,
est simplement un verbe.
— Le mot gober, qui signifie vaillant
homme, a été traduit, Ésaïe 22:17, par coq:
Voici, l'Éternel te transportera comme on
transporte un coq (au marché). La traduction
de nos versions est bonne; seulement le mol:
O homme! doit être entendu d'un vaillant
homme, d'un guerrier.
— Enfin, les barburim de 1 Rois 4:23,
qui apparaissent partout où il y a des
difficultés zoologiques, ont été entendues
par des poules, après l'avoir été des
canards, des oies, des faisans, etc.; nos
versions, en le traduisant par le terme
général de volailles, conservent jusqu'à un
certain point l'incertitude du mot, quoique
cette traduction paraisse indiquer plutôt
des poules que d'autres oiseaux; mais, dans
le doute, on ne saurait indiquer aucune
expression préférable. Les anciens
interprètes ne connaissaient déjà plus le
sens de ce mot, et ils l'entendaient
d'oiseaux en général, d'après l'analogie du
syriaque et du samaritain. Mais à côté de ce
silence de l'Écriture qui étonne, sans rien
prouver, le Talmud présuppose, en plusieurs
passages, que l'habitude d'élever des poules
était fort commune parmi les Juifs, et le
Nouveau Testament parle, en divers endroits,
de coqs, Matthieu 26:34 (Marc 14:30; Luc
22:34; Jean 18:27), et de poules, Matthieu
23:37; Luc 13:34. Cependant la Mishna Baba
Kama, 7:7, parle d'une exception à cet
égard, et dit que les habitants de
Jérusalem, non plus que les prêtres,
n'avaient pas le droit de nourrir des
poules, et les interprètes qui ont cru à
cette exception, ou qui admettent qu'elle
existait déjà du temps de Jésus, ont
appliqué ce qui est dit du chant du coq lors
du reniement de saint Pierre, soit au cri du
guet, soit au cri du héraut chargé de
convoquer le peuple pour le jugement, soit à
l'appel des gardiens du temple qui devaient,
chaque matin, réveiller les prêtres en
frappant à la porte de Beth-Moked; d'autres
encore ont pensé que la maison de Caïphe
était près des murs de la ville, et que de
là, pendant le silence de la nuit, on
pouvait facilement entendre le cri du coq
dans la campagne. Mais ces suppositions,
d'ailleurs si peu vraisemblables, ne sont
même pas nécessaires; Reland avait émis déjà
l'opinion que cette exception talmudique
était postérieure à l'ère chrétienne, et
Schulz a prouvé qu'elle n'avait même
probablement jamais existé.
POURCEAU,
— Voir: Porc.
POURPRE,
belle couleur de teinture que
la plus haute antiquité paraît avoir déjà
connue, et dont la légende raconte qu'elle
fut découverte par Hercule Tyrien, dont le
chien, ayant mangé d'un poisson à écailles,
revint auprès de son maître les lèvres
teintes de pourpre. Mais ici l'histoire
remonte plus haut encore que la légende, et
la pourpre fut employée par les Israélites
avant d'avoir été connue des Tyriens. On
distingue principalement deux espèces de
pourpre, la rouge et la violette, l'une et
l'autre se subdivisant en plusieurs nuances
et qualités différentes. La première, hébreu
argaman, se tire du coquillage à
pourpre proprement dit, le
πόρφυρος ou άροργή des
Grecs, le purpura des Latins, qui se prend
dans la mer au moyen d'amorces. La seconde,
hébreu thekèleth, est le produit
d'une espèce d'escargot qui s'attache aux
rochers, et qui portait chez les Romains le
nom de buccinum, murex, ou conchylium. L'un
et l'autre coquillage est tordu en spirale,
mais le premier se termine en pointe; le
second est arrondi en trompette ou en forme
de cor. Les naturalistes modernes, et
notamment Lamark dans son Histoire naturelle
des animaux sans vertèbres, ont observé et
décrit plusieurs coquillages à pourpre, chez
lesquels la sécrétion colorante, située dans
une espèce de sac ou de réservoir, près de
l'estomac, est d'abord jaune, puis verte, et
ne devient rouge que lorsqu'elle a été
exposée à l'air et au soleil, circonstance
qui ne s'accorderait pas tout à fait avec
les observations des anciens. Mais les
classifications des différentes espèces de
coquillages dans les systèmes modernes, chez
Lamark et chez Cuvier, varient tellement,
qu'on ne peut encore déterminer exactement
quel était le coquillage dont les anciens
tiraient leurs belles couleurs. C'est
principalement sur les côtes de la Phénicie,
du Péloponèse et de l'Afrique
septentrionale, qu'on faisait la pêche de la
pourpre, et, comme chaque coquillage ne
fournissait que quelques gouttes de couleur,
la pêche ne pouvait jamais être fort
abondante; aussi la pourpre se vendait-elle
fort cher, à l'égal des métaux les plus
précieux, et ce n'étaient, en thèse
générale, que les princes et les statues des
dieux qui pouvaient porter des vêtements de
cette couleur, Jérémie 10:9; Ézéchiel 23:6;
Cantique 7:5; Jonas 3:6, comme aussi, chez
les Hébreux, il entrait beaucoup de pourpre
dans les tapisseries du tabernacle et dans
les ornements du grand-prêtre, Exode 25, sq.
Les rois donnaient des vêtements de pourpre
comme la récompense de services signalés,
Daniel 5:7,16,29, ou comme preuve d'une
bienveillance particulière, 1 Maccabées
10:20,62,64, cf. 11:58. À Rome, une loi
impériale restreignait à certaines classes
le droit de porter de semblables vêtements,
Suéton. Ces. 43. Néron 32.
— On teignait de pourpre les étoffes de
laine, quelquefois aussi du lin et du coton,
et c'étaient les Phéniciens qui faisaient ce
travail avec le plus de perfection, Ézéchiel
27:16, et qui possédaient les établissements
de teinture les plus importants. Les
Lydiens, Actes 16:14, avaient aussi acquis
dans ce genre de travail une réputation
méritée.
— On a vu, à l'article Cramoisi, les
différentes espèces de rouge connues des
Hébreux; mais, dans le langage ordinaire, on
nommait souvent l'un pour l'autre, lorsqu'il
n'importait pas d'apprécier la nuance; les
anciens confondaient surtout fréquemment le
pourpre et le cramoisi, comme on peut le
voir encore dans la comparaison de Marc
15:17; Jean 19:2; avec Matthieu 27:28.
POUSSINIÈRE,
— Voir: Astres.
POUX,
— Voir: Mouches #2.
POUZZOLES,
ville maritime de l'Italie Inférieure, à 4 lieues sud-ouest de Naples: Saint Paul y descendit en venant de Reggio, et y séjourna sept jours, Actes 28:13. Elle tirait son nom de Puteoli, soit du grand nombre de puits qui étaient dans ses environs, soit de la puanteur de ses eaux sulfureuses. Pouzzoles avait été fondée et peuplée par une colonie de Samiens, et appartenait à la Campanie; les Romains s'en emparèrent de bonne heure et y envoyèrent à diverses reprises des colons. Son port était un des plus animés de l'Italie, et un entrepôt de première classe. C'était là en particulier que débarquaient et que déchargeaient ordinairement les vaisseaux venant d'Alexandrie; c'était là aussi que descendaient le plus volontiers les Syriens qui faisaient le voyage de Rome, car c'était le dernier port parfaitement sûr où ils pussent aborder jusqu'à l'embouchure du Tibre.
PRÉMICES.
De même que la nation d'Israël
toute entière offrait une gerbe et des
gâteaux de fine farine en prémices à
l'Éternel, comme symbole de la
reconnaissance nationale, Lévitique 23:10,
la gerbe à Pâque et les pains à la
Pentecôte, chaque Israélite individuellement
était tenu d'offrir à l'Éternel pour sa part
des prémices de tous les produits de la
terre, soit bruts, comme du blé, des fruits,
des raisins, soit travaillés, comme du moût,
de l'huile, de la farine, même du levain,
avant de pouvoir user du reste de la
récolte, Exode 23:19; Nombres 15:20; 18:12;
Deutéronome 26:2; Néhémie 10:38; cf.
Proverbes 3:9; Tobie 1:6. Ces prémices
n'étaient cependant pas déposées sur
l'autel, mais remises aux prêtres pour leur
usage, Nombres 18:12; Deutéronome 18:4; cf.
Ézéchiel 44:30. La quantité de l'offrande
n'est déterminée nulle part, elle était
abandonnée à la bonne volonté de chacun; le
Talmud fixe pour les prémices des produits
déjà travaillés, la 60e partie comme
minimum; donner le 30e était se montrer
libéral.
On distinguait deux espèces de prémices, les
biccourim, et les therouphoth,
qui étaient comprises l'une et l'autre sous
le nom général de réshith
(commencement). Les biccourim ne se
prélevaient que sur les produits entièrement
naturels, nommés Deutéronome 8:8, savoir le
blé, l'orge, les raisins, les figues, les
grenades, et les olives, et seulement sur
ceux qui avaient crû dans la Terre Sainte:
les Israélites qui habitaient fort loin de
Jérusalem pouvaient envoyer ces prémices
sèches, mais elles devaient toujours être
choisies parmi ce qu'il y avait de meilleur
(Mishna). On ne les offrait jamais avant
Pentecôte, ni après la fête de la dédicace.
Le cérémoniel qui accompagnait leur
perception et leur translation, est décrit
Deutéronome 26:2; les Juifs postérieurs y
Rajoutèrent quelques formalités, quelques
détails qu'on peut lire, si l'on veut, dans
la Mishna Biccour. 3, 2.
— Les therouphoth étaient les prémices des
produits travaillés; destinés aux prêtres,
ils n'étaient pas portés au temple, mais
remis aux prêtres eux-mêmes, peut-être dans
les villes qui leur étaient assignées pour
demeures; ils se prélevaient sur les
produits de toutes les propriétés juives,
qu'elles fussent situées en Égypte, en
Syrie, en Moab, Hammon, ou en Babylonie. Les
biccourim qui rappelaient les droits de Dieu
sur la terre, ne pouvaient être perçus que
sur cette terre elle-même; les autres qui
étaient destinées à l'entretien des
ministres du culte, devaient se payer
partout où il y avait un culte. Les laïques
qui mangeaient les prémices avec intention
ou même par inadvertance, étaient soumis à
des peines plus ou moins sévères. On donnait
aussi les prémices du miel, et de la laine
des moutons, 2 Chroniques 31:5; Deutéronome
18:4, chacun selon ses facultés et sa bonne
volonté. La fête de Pentecôte était appelée
fête des prémices, Nombres 28:26, comme
celle des tabernacles fête de la récolte,
Exode 23:16.
— Le but politique de cette institution
était l'entretien des sacrificateurs; son
but moral était de rappeler aux Israélites
que tous les biens viennent de Dieu seul;
son but typique ou mystique, de tourner les
regards des fidèles vers Jésus, les prémices
de l'Église, celui en qui seul nous pouvons
être agréables à Dieu, les prémices de ceux
qui dorment, 1 Corinthiens 15:20, celui qui
nous demande aussi nos premières années, et
les premiers moments de chacune de nos
journées, Psaumes 119:147; 57:8; Ecclésiaste
12:3.
L'usage de ces prémices explique des façons
de parler assez communes dans l'Écriture, et
qui marquent comme les premiers fruits et
les premières productions d'une chose (g,
des Bergeries). Ainsi Paul appelle prémices
de l'Esprit, Romains 8:23, le commencement
de joie et de paix qui donne aux fidèles
l'assurance que Dieu achèvera en eux la
bonne œuvre qu'il a commencée; ainsi encore
il appelle Épaïnète et Stéphanas les
prémices de l'Achaïe, parce qu'ils avaient
été les premiers qui s'y étaient donnés à
Dieu, 1 Corinthiens 16:15. Romains 16:5;
ainsi encore saint Jean qualifie du titre de
prémices à Dieu et à l'Agneau ceux qui sont
déjà glorifiés dans le ciel, Apocalypse
14:4.
PRÉPARATION.
On appelait ainsi le jour, ou
tout au moins le soir qui précédait le
sabbat, Matthieu 27:62; Marc 15:42; Luc
23:54; lors de la passion de notre Seigneur,
il coïncidait avec le premier jour de Pâques
et des pains sans levain, Matthieu 26:17. On
l'appelait préparation parce qu'il était
tout naturel que la veille du sabbat chacun
s'y préparât d'avance, soit en multipliant
ses occupations pour en décharger le jour
suivant, soit au contraire, quand on le
pouvait, en donnant déjà quelques moments de
plus au recueillement. Il en était de toutes
les autres fêtes comme du sabbat, elles
étaient précédées d'une soirée de
préparation, cf. Jean 19:14, alors même
qu'elles tombaient sur l'un des jours
ouvrables.
— Voir: Pâques.
PRÉSENTS,
— Voir: Dons.
PRÊT,
— Voir: Dettes.
Le prêt à intérêt était défendu, et l'usure
inspirait le plus profond mépris, quoique du
reste aucune peine civile ne fût portée
contre ce délit, Proverbes 28:8; Ézéchiel
18:8,13,17; 22:12; Psaumes 15:5; 109:14; cf.
Luc 7:42, — excepté sans doute la
restitution lorsqu'une plainte était portée
(Talmud). Des créances et obligations
étaient écrites en pareil cas, et
régulièrement signées par l'emprunteur,
depuis les jours de l'exil, Luc 16:6. Le
prêteur avait le droit d'exiger un gage,
mais avec plusieurs restrictions, Exode
22:25; Deutéronome 24:6; sq. cf. Ézéchiel
18:7; Job 24:3. Toutes ces mesures étaient à
l'avantage du pauvre, mais malheureusement
elles ne furent pas toujours pratiquées, et
souvent le créancier traitait son débiteur
d'autant plus durement que la loi ne
statuait rien directement à l'égard de ceux
qui étaient insolvables, Job 22:6; 24:3;
elle semblait seulement impliquer
l'esclavage momentané du débiteur trop
pauvre, Lévitique 25:39, et c'est de ce
passage où la loi recommande au riche
l'humanité, qu'ils se servaient, ainsi que
de quelques autres encore, pour dépouiller
les malheureux de leurs biens, de leurs
familles, de leur liberté, Proverbes 22:27;
27:13; Job 24:3; 2 Rois 4:1; Néhémie 5:5;
Ésaïe 50:1; Matthieu 18:25: ceux qui avaient
cautionné le débiteur étaient poursuivis
comme lui, Proverbes 20:16; 22:26; 27:13.
PRÉTOIRE.
On nommait ainsi le palais où
résidaient et jugeaient en province les
gouverneurs romains: ils y demeuraient avec
leurs familles, et tous les employés de leur
administration. C'est au prétoire de
Jérusalem que Jésus fut conduit pour y être
jugé par Pilate, Jean 18:28,33; Matthieu
27:27; Marc 15:16; c'était l'ancien palais
des Hérodes, un magnifique bâtiment, au dire
de Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 15,
9; 3, devant lequel était le siège judicial,
orné d'un de ces pavés en mosaïque que l'on
trouve presque partout où les Romains ont
passé. Le prétoire avait une vaste cour dans
laquelle se tenait une cohorte de soldats
romains, Matthieu 27:27; Marc 15:16; une
espèce de loge ou de vestibule ouvrant sur
la rue donnait l'entrée de la cour; c'est là
que les Juifs refusèrent d'entrer, craignant
de se souiller; ils aimaient mieux rester à
la rue pour crier: Crucifie, crucifie!
— Le même nom de prétoire est employé dans
le sens de palais, Actes 23:35, où il n'est
pas parlé de la demeure officielle du
procurateur romain. Et saint Paul dit,
Philippiens 1:13, que ses liens en Christ
ont été rendus célèbres dans tout le
prétoire, et partout ailleurs. On a entendu
ce mot diversement dans ce passage.
-
Les uns, comme Périzonius, Beausobre et Lenfant, pensent qu'il se rapporte au camp des soldats prétoriens établi par Séjan sous Tibère, en dehors des murs de Rome, et sous les ordres du préfet du prétoire de cette ville. Paul, pendant sa captivité, avait un logement particulier dans lequel il était gardé par un prétorien, Actes 28:16; les soldats alternaient dans cette surveillance, et il est fort possible que l'Évangile ait ainsi pénétré peu à peu toute la garnison.
-
Œder l'explique du palais de Gallion à Corinthe, mais on ne saurait plus ce que signifie la salutation de 4:22.
-
Paulus de Heidelberg, et Rilliet, entendent le prétoire du palais d'Hérode à Césarée, où Paul fut écroué sur l'ordre de Félix, Actes 23:35.
-
Enfin l'on peut entendre par là le palais impérial de Néron; le prétoire signifierait la même chose que la maison de César, 4:22. C'est l'opinion de Chrysostôme, Huber, Grotius, Wolff, Steiger. On objecte que cette signification n'est pas prouvée, que la maison de César s'appelait palais, et non prétoire. Mais les provinciaux habitués à donner le nom de prétoire au palais des commissaires impériaux, pouvaient bien, par ignorance ou par habitude, conserver ce nom au palais de l'empereur lui-même. D'ailleurs il est bien prouvé que le nom de prétoire commençait dans ce temps à être employé dans le sens plus général de palais,
— Voir: Juvén. 10, 161. Suet. Oct. 72. Calig. 37.
Paul entendrait alors les habitants de la maison impériale, et non les soldats qui y faisaient le service; on peut le conclure des derniers mots du verset, car le prétoire était plus important comme palais que s'il ne se fût agi que des soldats.
PRÊTRES.
Ce fut, pendant la période
patriarcale et jusqu'à Jéthro, le père de
famille qui fut prêtre et sacrificateur dans
sa maison; Caïn et Abel les premiers, puis
Noé, Abraham, Melchisédec, Abimélec, Laban,
Isaac, Jacob, Job, Jéthro, Moïse même, nous
apparaissent les uns après les autres dans
l'histoire, tour à tour princes et pontifes.
Mais après que les descendants d'Abraham
eurent pris la consistance d'un peuple, une
tribu d'entre les douze fut choisie de Dieu
et mise à part pour le service du
sanctuaire, et dans cette tribu, qui se
composait de trois familles principales, une
caste sacerdotale fut choisie d'entre les
Kéhathites; tous les autres enfants de la
tribu furent destinés d'une manière générale
au service du tabernacle comme aides,
serviteurs, frères laïques (— Voir:
Lévi); les Kéhathites, et parmi eux la
famille d'Aaron seulement, Nombres 4:2;
Exode 28:1, furent appelés à fournir des
pontifes à la nation, et la peine de mort
fut prononcée contre tous ceux qui,
appartenant à une autre famille, tenteraient
de remplir les fonctions sacerdotales,
Nombres 3:6,38; 16:40. Hozias, roi de Juda,
qui voulut offrir l'encens à l'Éternel, fut
frappé de la lèpre, mis hors de son palais
et exclu des affaires publiques jusqu'à sa
mort, 2 Chroniques 26:19. On voit cependant
que dans certaines occasions, mais seulement
en rase campagne et toujours hors du temple,
des hommes non prêtres, des juges et des
rois d'Israël, surtout avant que le
tabernacle eût été fixé dans Jérusalem, ont
offert des sacrifices à l'Éternel, 1 Samuel
7:9; 9:13; 16:5; 2 Samuel 6:13; 24:24; 1
Rois 18:33; 2 Chroniques 1:5, ou porté
l'éphod, consulté le Seigneur et béni le
peuple, 2 Samuel 6:14,18; 1 Samuel 23:9;
30:7; 1 Rois 8:55-56. Les interprétations
données pour expliquer ces faits autrement
que d'une part active, mais partielle et
momentanée, prise par ces personnages au
sacerdoce public, sont forcées et presque
toutes inadmissibles, tandis qu'il est assez
naturel de croire qu'en faveur de quelques
élus, tels qu'Élie et David, Dieu ait
autorisé des cérémonies qui étaient
peut-être calculées pour préparer les Juifs
à l'idée du sacerdoce universel.
L'Écriture ne fixe pas l'année en laquelle
les prêtres pouvaient entrer en fonctions;
d'après les Guémaristes, ce n'était qu'après
l'âge de vingt ans, mais comme plus tard on
voit l'exemple d'un jeune homme déjà
souverain sacrificateur (Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 12, 3, 3), il est
évident qu'avec les simples prêtres on avait
fini par devenir moins sévère encore. Ils
étaient tenus de prouver leur filiation
directe de la famille sacerdotale, et ils
attachaient à cause de cela une grande
importance à leurs registres généalogiques,
Esdras 2:62. Néhémie 7:64. La première
consécration des prêtres fut faite par Moïse
en la personne d'Aaron et de ses fils, Exode
29, Lévitique 8; on ignore si une cérémonie
semblable se renouvelait à l'entrée en
fonctions de chaque prêtre, ou si elle fut
faite une fois pour toutes, les prêtres
n'ayant plus qu'à faire constater leurs
droits et leur aptitude, ou si enfin ils
étaient tenus à l'offrande du gâteau,
Lévitique 6:12,14, mais à cela seulement.
Quant au souverain sacrificateur dont la
consécration était plus solennelle que celle
des simples prêtres, on doute qu'elle se
renouvelât à chaque élection nouvelle, telle
qu'elle avait eu lieu en la personne
d'Aaron, et l'on croit que l'on se
contentait de revêtir le nouveau pontife des
habits de son prédécesseur, comme cela se
fit à la mort d'Aaron, Nombres 20:25-26; cf.
1 Maccabées 10:21.
Les prêtres portaient pendant qu'ils
officiaient, et peut-être toutes les fois
qu'ils étaient dans le temple, des vêtements
de fin lin, décrits d'une manière générale
Exode 28, cf. Lévitique 6:10. Flavius
Josèphe donne quelques détails sur les
diverses pièces de cet habillement,
Antiquités Judaïques 3, 7, 1; 2; 3; sur les
caleçons, espèce de large pantalon comme en
portent généralement les Orientaux; sur la
tunique, qui était sans couture; sur la
ceinture, de diverses couleurs, tissu fort
lâche, large de trois doigts, creuse comme
la peau d'un serpent; sur le bonnet ou
turban, composé de plusieurs tours d'une
bande de lin repliée et cousue, avec une
toile qui enveloppe le tout et descend
jusque sur le front pour cacher la
difformité des coutures. Les rabbins et
saint Jérôme varient sur quelques détails
peu importants.
Le souverain sacrificateur se distinguait
des autres prêtres par plus de richesse dans
ses vêtements, et par quelques pièces
accessoires. Le rocket était une robe
qui tenait depuis le cou jusqu'aux genoux
tout autour du corps; elle était composée de
filets très déliés, de couleur hyacinthe; au
bas étaient des figures de grenades, de lin
retors et de pourpre, entre lesquelles
pendaient de petites clochettes d'or afin
qu'on en entendît le son lorsque le
sacrificateur entrait dans le sanctuaire ou
en sortait; ce qui signifie que le chrétien,
en marchant dans ce monde, doit porter des
fruits et faire entendre le bruit de
l'Évangile, joindre la pratique à
l'enseignement. Les fruits marquaient aussi
tout ce qu'il y a de doux et de
rafraîchissant dans les paroles de la vie
éternelle; les clochettes d'or, le son de la
prédication de l'Évangile qui doit se faire
entendre en temps et hors de temps.
— Nous avons parlé de l'éphod en sa
place.
— Le pectoral de jugement était un
drap doublé, de même matière et de même
travail que l'éphod. Il était carré, de la
grandeur d'une palme (9 centimètres) de
chaque côté, ayant à ses coins quatre
anneaux d'or, attachés en haut par deux
chaînes d'or et en bas par deux bandes de
pourpre qui tenaient le pectoral lié de tous
les côtés. Sur ce pectoral étaient quatre
rangs de pierres précieuses, et a chaque
rang trois sortes de pierres sur chacune
desquelles était gravé le nom d'une des
tribus d'Israël; il renfermait l'Urim et le.
Thummim, q.v.
— La tiare ou mitre du
souverain sacrificateur était non seulement
plus riche et plus façonnée que le bonnet
des simples prêtres, mais elle portait
encore une forme de couronne à l'entour, et
sur une bande d'hyacinthe une bande d'or qui
ceignait le front, avec ces mots gravés: La
sainteté à l'Éternel! symbole de la sainteté
que nous devons toujours poursuivre, et que
nous ne pouvons trouver que dans la justice
de Jésus-Christ.
— Il ne paraît pas que les prêtres
portassent de souliers; il n'en est fait
mention nulle part, et l'on croyait en
général qu'on ne pouvait fouler que pieds
nus une terre sacrée, cf. Exode 3:5; Josué
5:15; les rabbins, d'ailleurs, affirment
positivement que les prêtres officiaient
sans chaussures et ils trouvent dans ce fait
une des cause, principales des maladies
d'entrailles auxquelles les prêtres étaient
sujets. On sait que chez les Égyptiens, les
prêtres ne pouvaient non plus célébrer leurs
mystères que nu-pieds.
Quant à leurs fonctions, les prêtres étaient
appelés à instruire le peuple dans la loi de
Dieu, Lévitique 10:11; Deutéronome 33:10;
Ézéchiel 3:17; à le bénir selon l'ordre du
Seigneur, Nombres 6:23; Deutéronome 21:5; à
distinguer suivant l'ordonnance lévitique ce
qui est pur et ce qui est impur, Lévitique
10:10; Deutéronome 17:18, les différentes
sortes de lèpres, les causes de divorce, les
souillures légales et cérémonielles; ils
administraient les eaux de jalousie à la
demande d'un mari soupçonneux, Lévitique 13
et 14, Nombres 5:11; sq..
— Dans les parvis du temple ils égorgeaient
et préparaient les victimes pour les offrir
en sacrifice selon l'ordre et les cérémonies
que Dieu lui-même avait prescrites, et c'est
de cette fonction, qui était la plus commune
et la plus apparente de leur charge, qu'ils
avaient reçu le nom de sacrificateurs.
— Dans le lieu saint ils devaient allumer
tous les jours les lampes, y conserver
l'huile, et les faire luire depuis le soir
jusqu'au matin, Lévitique 24:2; faire tous
les jours le parfum devant l'Éternel, Exode
30:7; cf. Luc 1:10; poser les pains de
proposition sur la table qui y était
dressée, et les changer à chaque sabbat,
Lévitique 24:5; 2:9.
— Le souverain sacrificateur qui était
appelé à faire toutes ces choses dans le
lieu saint lorsqu'il le pouvait, avait en
outre des fonctions particulières; il
devait, une fois l'an, faire une solennelle
expiation pour le sanctuaire, pour lui-même,
et pour toute l'assemblée; il entrait dans
le lieu très saint; il priait, il
intercédait pour le peuple, enfin il
bénissait solennellement l'assemblée.
— Il est parlé encore de quelques autres
occupations moins spécialement en rapport
avec la charge des prêtres; ils devaient en
certains moments déterminés sonner de leurs
trompettes d'argent, Nombres 10:8; 2
Chroniques 5:12; 7:6; 29:26; Néhémie 12:41;
faire l'estimation des vœux, Lévitique 27;
rendre la justice dans les causes
difficiles, Deutéronome 17:8; 19:17; 21:5; 2
Chroniques 17:8; le roi Josaphat établit
lui-même à Jérusalem un tribunal supérieur
de prêtres et de lévites, 2 Chroniques 19:8.
Quant à leur rôle dans les armées,
— Voir: Guerre.
Ils avaient aussi quelques occupations
particulières à remplir pour lesquelles ils
alternaient, se distribuant parle sort leurs
jours de fonction, la garde du temple
pendant la nuit (on en trouve probablement
une trace, Actes 4:1; 5:24; Luc 22:52?
peut-être aussi Jérémie 20:1), la
surveillance des trésors du temple, des
vases sacrés, du vestiaire, etc.
Pour l'accomplissement de leurs fonctions,
les prêtres devaient être dans les
conditions de la pureté légale et
cérémonielle, et il leur était interdit de
prendre du vin, ou tout autre breuvage
enivrant, quand ils entraient dans le
tabernacle, et pendant qu'ils y officiaient,
Lévitique 10:9; Ézéchiel 44:21. Flavius
Josèphe, Antiquités Judaïques 3, 12, 3. Ils
devaient s'abstenir de mener deuil pour un
mort s'il n'était leur proche parent, et
même le souverain sacrificateur ne pouvait
le faire pour qui que ce fût, Lévitique
21:11; 10:6. Il ne devait y avoir en eux
aucun défaut corporel, ni mutilation de
membres, comme aussi leur réputation devait
être sans tache, Lévitique 21:17. Flavius
Josèphe, Antiquités Judaïques 3, 12, 2.
Leurs femmes mêmes devaient répondre à cette
idée de sainteté dont toutes les
prescriptions précédentes étaient des
conditions; ils ne pouvaient épouser aucune
personne de mauvaise vie, ou répudiée, ou de
réputation équivoque, Lévitique 21:7. Les
veuves n'étaient point exclues de leur
choix, sinon pour le souverain
sacrificateur, qui devait épouser une
vierge, Lévitique 21:13; du reste, ils
avaient le droit de choisir dans toute la
nation, sans être limités par des
considérations de famille ou de tribu; les
étrangères seules leur étaient défendues,
Esdras 10:18; mais, en général, ils se
mariaient plus volontiers entre eux, et ils
épousaient des filles de race sacerdotale,
cf. Luc 1:5. Les préceptes d'une pureté
parfaite s'étendaient jusqu'aux filles des
prêtres, qui étaient punies de mort
lorsqu'elles manquaient aux lois de la
chasteté, Lévitique 21:9. L'institution du
sacerdoce était ainsi recommandée au respect
et à la vénération publique, non seulement
par la grandeur même de ses fonctions, mais
encore par l'auréole de sainteté et de
pureté qui en entourait l'exercice et les
ministres, cf. Jérémie 18:18; ces derniers,
malheureusement, voulurent allier le
sanctuaire et l'esprit du monde: on les vit
souvent manquer à tous leurs devoirs, et
opprimer le peuple qu'ils devaient paître;
ils recherchèrent les biens terrestres et la
satisfaction de la chair, et compromirent,
avec leur ministère, leur religion, Jérémie
5:31; 6:13; 23:11; Lamentations 4:13;
Ézéchiel 22:26; Osée 6:9; Michée 3:11;
Sophonie 3:4; Malachie 2.
Treize villes, d'entre les quarante-huit qui
avaient été données aux Lévites, étaient
spécialement destinées à être la résidence
des prêtres; elles étaient réunies dans le
voisinage de Jérusalem, dans les tribus de
Juda, de Benjamin et de Siméon, Josué
21:4,10; c'étaient Hébron, Libna, Jathir,
Estemoab, Holon, Débir, Hajin, Jutta,
Beth-Sémès, Gabaon, Guébah, Hanathoth, et
Halmon; plusieurs d'entre elles furent
encore après l'exil la demeure de quelques
prêtres, Néhémie 7:25, et le sacrificateur
de Luc 10:31, faisait sans doute pour
affaires d'office le voyage de sa ville à
Jérusalem, ou le retour; cependant le plus
grand nombre des prêtres paraissent, Néhémie
11:10, s'être fixés définitivement à
Jérusalem, le centre de leur travaux.
Il était pourvu de diverses manières à
l'entretien des prêtres; les restes des
sacrifices, et c'étaient souvent des restes
fort considérables, étaient pour eux,
Lévitique 2:3,10; 5:13; 6:16; 7:6; etc.,
10:12; Nombres 6:20; Deutéronome 18:3; les
prémices, les offrandes tournoyées, une
portion des dîmes, les pains de proposition,
leur appartenaient encore, Nombres 31:29;
Lévitique 24:9; Matthieu 12:4, ainsi que
l'argent provenant d'amendes pour cause de
souillure, du prix de rachat des vœux ou des
premiers-nés, Lévitique 27, Nombres
18:14-15. En outre, ils étaient exempts des
impôts et du service militaire, immunités
dont ils continuèrent de jouir après l'exil
et sous la domination étrangère, Esdras
7:24. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques
12, 3, 3.
Ils étaient partagés déjà du temps de David
en vingt-quatre classes ou éphéméries, qui
avaient chacune leur chef, et vaquaient
alternativement au service public pendant
sept jours, d'un sabbat à l'autre, 1
Chroniques 9:25; 24:3; 2 Chroniques 8:14;
23:4; 35:4; Néhémie 12:7; Esdras 10:5; 2
Rois 11:9; Luc 1:5.
— Après le schisme des dix tribus, ils ne
continuèrent à fonctionner que dans le
royaume de Juda, 1 Rois 13:33; 2 Chroniques
11:13.
C'est ainsi que jusqu'à la destruction de
Jérusalem et de son temple par les Romains,
cette caste subsista comme un corps respecté
et généralement respectable, exerçant sur le
peuple une influence utile, et dirigeant ses
pensées vers la vérité par des rites
symboliques, lui rappelant toujours l'unité
de Dieu, la condamnation du péché, et la
réconciliation avec Dieu par l'expiation.
S'ils exercèrent parfois une espèce
d'influence politique, si même ils prirent
quelque part au gouvernement général du
pays, ce fut comme une conséquence de leur
caractère et de leur position, et non un
oubli de leurs fonctions, Nombres 27; 31:12;
32:2; Deutéronome 27:9; Josué 17:4. Sous les
rois ils apparaissent comme médiateurs entre
le peuple et son chef, 2 Samuel 19:11; mais
plus tard; et lorsque la corruption fut
devenue toujours plus manifeste et plus
générale, ils se joignirent aux rois et aux
princes pour essayer de mettre un frein à la
liberté de langage du ministère prophétique,
Jérémie 20:1; 26:7, ce qu'ils étaient
d'autant plus portés à faire que leur amour
pour la forme et les cérémonies du culte ne
pouvait que leur faire redouter tout ce qui
tendait à donner de l'esprit et de la vie à
la foi.
La construction du temple avait puissamment
contribué à rendre solide et ferme la
constitution et l'organisation sacerdotale.
Jusqu'alors, et malgré les prescriptions
positives de la loi, il semble qu'il y ait
eu plus d'arbitraire et d'indécision dans
les rapports du peuple avec le sanctuaire;
sous les juges, des maisons particulières
louaient des prêtres pour leur service;
après eux, des rois et des prophètes
paraissent remplir quelques fonctions
exclusivement réservées aux prêtres; des
hommes sans caractère public offrent des
sacrifices; à côté du tabernacle de Silo on
se rend sur les hauteurs et dans les bois
pour adorer; David, et même Salomon,
empiètent sur les fonctions des prêtres,
sans en être repris ni punis, cf. Juges
6:18; 17:5; 18:27; 1 Samuel 30:7; 2 Samuel
6:18; 1 Rois 9:25. Comme les familles
lévitiques formaient environ la treizième
partie de la population totale, leur
entretien par le peuple pourrait être
considéré comme ayant dû être pour celui-ci
une charge extrêmement lourde, en admettant
même que le sort des Lévites n'ait jamais
rien eu que de bien modeste. Cependant il
faut remarquer:
-
d'abord, que dans une contrée agricole et fertile, la remise des prémices et des dîmes ne pouvait être onéreuse, là surtout où la propriété du sol était garantie aux familles propriétaires;
-
que la plupart des offrandes, vœux, sacrifices de prospérité, etc., n'étaient point imposées, mais laissées à la libre volonté, à la piété des donateurs;
-
qu'à l'exception des prêtres et des rois, tous les Israélites étaient producteurs, et qu'ainsi le nombre des consommateurs non producteurs était extrêmement restreint; il n'y avait ni milices régulières, ni corporations savantes à entretenir;
-
que les redevances en nature ne dépendaient point de l'augmentation de la famille lévitique, mais qu'elles étaient fixées pour toujours au dixième de la moisson;
-
que la tribu de Lévi avait les mêmes droits que les autres au partage du sol, et que si elle en avait été dépouillée, il n'était que juste de l'en dédommager en lui assurant une partie des produits recueillis; les dîmes étaient donc plus qu'un salaire, elles étaient un intérêt, une rente.
Il n'est pas facile de donner une suite
claire et complète des souverains
sacrificateurs qui se sont succédé en Juda
dans l'exercice de ces hautes fonctions. La
facilité avec laquelle on néglige des noms
peu connus, le fréquent usage de deux noms
pour un seul personnage, peut-être des idées
différentes sur la nature du sacerdoce, la
distinction entre le droit et le fait, ont
pu influer sur les divergences qu'on
remarque entre les différentes listes de ces
pontifes. Nous donnons ci-dessous la
succession pontificale, telle qu'elle
ressort de différents endroits des livres
sacrés, comparée à celle qui se trouve 1
Chroniques 6:3; sq..
1. Aaron. |
1. Aaron. |
2. Éléazar. |
2. Éléazar. |
3. Phinées |
3. Phinées. |
4. Abisuah sous les juges |
4. Abisuah. |
5. Bukki sous les juges |
5. Bukki. |
6. Huzi sous les juges |
6. Huzi. |
7. Héli. |
7. Zérahja. |
8. Ahitub. |
8. Mérajoth |
9. Ahija. |
9. Amaria. |
10. Abiathar (ou Ahimélec). |
10. Ahitub. |
11. Abiathar, ou Achimélec, |
11. Tsadoc. |
12. Tsadoc. |
12. Ahimahats. |
13. Ahimahats. |
13. Hazaria I. |
14. Hazaria I. |
14. Johanan. |
15. Johanan. |
15. Hazaria II. |
16. Hazaria II. |
16. Amaria. |
17. Amaria. |
17. Ahitub. |
18. Ahitub. |
18. Tsadoc. |
19. Tsadoc. |
19. Sallum. |
20. Urie. |
20. Hilkija. |
21. Sallum. |
21. Hazaria IV. |
22. Hazaria III. |
22. Sérajah. |
23. Hilkija. |
23. Jéhotsadac. |
24. Éliakim, ou Jéhojakim. |
24. Jésuah. |
25. Hazaria IV. |
|
26. Sérajah. |
|
27. Jéhotsadac. |
|
28. Jésuah. Esdras 2:2. |
Dans ces deux listes, on remarque les analogies et les dissemblances suivantes:
-
Les six premiers noms sont les mêmes et ne font pas difficulté.
-
Les #7 à 11 de la première sont les noms des pontifes qui ont exercé, quoiqu'ils appartinssent à la branche cadette d'Ithamar, tandis que les #7 à 10 de la seconde disent la suite de la postérité d'Éléazar, quoique ces hommes n'aient pas fonctionné: les deux listes se rejoignent à Tsadoc, qui réunit la qualité de pontife à celle de membre de la branche aînée,
-
Les #12 à 19 de la première liste correspondent exactement aux #11 à 18 de la seconde,
-
L'omission du nom d'Urie dans la seconde liste entre 18 et 19, tient peut-être au rôle honteux qu'il a joué sous Achaz, 2 Rois 16; c'est, une disgrâce: le petit-fils de Tsadoc est nommé au lieu de son fils; la génération idolâtre n'est pas comptée comme sacerdotale,
-
L'omission d'Hazaria III, entre Sallum et Hilkija, dans la seconde liste, ne peut guère s'expliquer que par le peu d'importance que les généalogies donnent souvent aux détails, pourvu que l'ensemble et la filiation soient exactes; cependant Hazaria s'est distingué comme réformateur sous Ézéchias.
-
Éliakim, le #24 de la première liste, mais inconnu, est également omis dans la seconde,
-
Depuis Hazaria IV, les deux listes sont les mêmes.
On voit, d'après ce qui précède, que la
première est une liste pontificale, la
seconde un tableau généalogique de la
famille d'Aaron par Éléazar: la première
était incomplète s'il y manquait un nom; la
seconde reste exacte malgré quelques
omissions: celle-là nous dit la suite des
grands prêtres telle qu'elle a eu lieu,
celle-ci nous dit ce qu'elle aurait dû être,
ce qu'elle aurait été sans la circonstance
qui fit sortir le sacerdoce de la branche
d'Éléazar pendant un temps.
Flavius Josèphe et la Seder Olam des Juifs
nous ont conservé deux autres listes des
grands prêtres hébreux depuis Aaron jusqu'à
la captivité; elles diffèrent entre elles et
s'éloignent l'une et l'autre des deux que
nous avons rapportées; du reste elles sont
sans intérêt.
Quant aux souverains sacrificateurs qui
succédèrent à Jésuah après le retour de la
captivité, nous trouvons dans les livres
d'Esdras, de Néhémie et de Flavius Josèphe,
les noms suivants, que nous rattachons à la
première de nos listes.
29. Jéhojakim (483 avant J.-C.), Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 11, 5. Néhémie 12:10. |
30. Éliasib (453), Néhémie 12:10; sq.. |
31. Jojadah (413), ibid. |
32. Jonathan (373), ibid. |
34. Onias I (321). |
35. Simon I, dit le Juste (300). |
36. Éléazar (292). |
37. Manassé (276). |
38. Onias II (250). |
39. Simon II (217), père des quatre suivants. |
40. Onias III (195). |
41. Jason, ou Jésus (175). |
42. Ménélas, ou Onias IV (172). |
43. Lysimaque, lapidé comme
sacrilège. |
44. Alcime, ou Éliakim: il n'est pas de la branche sacerdotale. |
45. Onias V, n'exerce pas le pontificat; il se retire en Égypte. |
46. Judas, ou Jadduah Maccabée (166 avant J.-C.). |
47. Jonathan son frère (161). |
48. Simon (143). |
49. Jean Hyrcan (135). |
50. Aristobule (107). |
51. Alexandre Jannée (106). |
52. Hyrcan (78), qui est dépossédé par son frère. |
53. Aristobule (69); mais après
plusieurs combats |
54. Antigone (40), fils d'Aristobule; usurpateur. |
55. Hananéel de Babylone, descendant des anciens pontifes (36). |
56. Aristobule, le dernier des
Maccabées; mort subite, arrangée par
Hérode. |
57. Jésus fils de Phabis. |
58. Simon fils de Boéthus, élevé à cette haute dignité par Hérode, qui s'est fait son gendre. |
59. Matthias, fils de Théophile, remplacé pour un jour par Ellem. |
60. Joatsar, fils de Simon le pontife. |
61. Éléazar son frère. |
62. Jésus fils de Siah. |
63. Ananus fils de Seth. |
64. Ismaël fils de Phabi. |
65. Éléazar fils d'Ananus. |
66. Simon fils de Camithe. |
67. Caïphe, ou Joseph, témoin et complice de la mort du Christ. |
68. Jonathas fils d'Ananus. |
69. Théophile son fils. |
70. Simon, dit Canthare, fils de Simon Boéthus. |
71. Matthias fils d'Ananus. |
72. Élioneus. |
73. Joseph fils de Canée. |
74. Ananias fils de Nébédée. |
75. Ismaël fils de Phabée. |
76. Joseph, surnommé Cabéï. |
77. Ananus fils d'Ananus. |
78. Jésus fils d'Ananus. |
79. Jésus fils de Gamaliel. |
80. Matthias fils de Théophile. |
81. Phannias fils de Samuel, établi en 70, l'année de la ruine du temple de Jérusalem. |
L'ancien sacerdoce prend fin quand le nouveau commence, universel et plus spirituel, celui de la sacrificature royale: Jésus en est le souverain pontife.
PRÉVÔTS,
— Voir: Baillis. Daniel
3:2-3.
C'étaient dans le sens le plus général du
mot, et autant qu'on peut le conclure de
l'étymologie, des hommes de loi, des juges:
on ne saurait rien dire de plus.
PRIÈRE.
Cet acte tout spirituel, qui
forme l'essence du culte, et qui comprend
sous toutes ses formes l'élévation de l'âme
vers Dieu, pour l'adorer, implorer ses
grâces, ou le remercier de ses faveurs, cet
acte sans lequel il ne peut y avoir ni
piété, ni religion, ce premier besoin de la
foi et de l'amour, cette première aspiration
vers le ciel d'une âme qui commence à sentir
qu'elle existe, mais qu'elle n'existe pas
pour la terre; la prière que recommandent,
si même ils ne la commandent pas, tous les
fondateurs d'une religion, tous les
philosophes qui ont essayé de donner au
monde des croyances religieuses, depuis
Confucius jusqu'à Mahomet; la prière qui a
sa place dans tous les systèmes et dans
toutes les organisations du culte rendu à la
divinité, n'est ni commandée, ni même, chose
presque étrange, recommandée par Moïse, le
législateur des Hébreux, qui a cependant
prescrit de la manière la plus minutieuse et
la plus scrupuleuse, jusqu'aux plus petits
détails du culte, public ou particulier. Un
seul acte de ce genre parait indiqué,
Deutéronome 26:13, comme souvenir d'actions
de grâces pour les récoltes, mais ce n'est
qu'en passant, et l'on peut y voir une
profession de foi, une reconnaissance des
droits de Dieu comme propriétaire du sol,
aussi bien qu'une prière. Cette grave lacune
dans l'organisation du culte juif, cet oubli
de Moïse serait étrange, si par son
étrangeté même il ne laissait pas entrevoir
une intention bien marquée, bien positive et
réfléchie. On sent que Moïse n'a pu oublier
la prière, et il n'est pas difficile de se
rendre compte des motifs qui l'ont empêché
de la prescrire au peuple. C'est précisément
parce qu'il savait ce que c'est que la
prière, qu'il n'a pu songer à en faire
l'objet d'ordonnances spéciales. La prière
ne se commande pas, et le Juif pieux devait
puiser dans son cœur des actions de grâces
pour le Dieu qui l'avait tiré d'Égypte, et
cette confiance en lui qui porte à la
prière: la prière ne pouvait être que
naturelle chez lui; elle ne pouvait au
contraire exister pour celui qui n'avait ni
reconnaissance, ni amour, ni foi, et la lui
imposer, comme on imposait à tous des
purifications, des ablutions, ou des
sacrifices, c'eût été n'en faire plus qu'une
formalité, une cérémonie, un opus
operatum. Moïse laissa à la prière son
caractère de spontanéité pour le culte
particulier comme pour le culte public, et
ne régla rien de ce qui la concernait, parce
qu'il n'y avait rien à régler. Les
Israélites récitèrent peut-être moins de
prières, mais ils prièrent davantage. Au
dire de quelques rabbins, les sacrifices
journaliers qui se faisaient matin et soir
dans le temple, auraient été, même avant
l'exil, accompagnés de prières, et quoiqu'on
ne puisse guère regarder cet usage comme
fort ancien, l'on trouve cependant en effet
quelques traces de son existence, 1
Chroniques 23:30; cf. Néhémie 11:17. Après
l'exil, l'usage semble en être devenu plus
ordinaire; Esdras a composé, dit-on,
dix-huit prières, auxquelles Gamaliel en a
joint une dix-neuvième, et toutes célèbrent
Dieu, en le glorifiant et le suppliant: quoi
qu'il en soit de l'authenticité de ces
prières plus que douteuses, plusieurs sont
belles, et elles firent partie de la
liturgie publique après le retour de la
captivité. Le peuple restait dehors en
prière pendant le sacrifice, Luc 1:10, soit
en gardant le silence du recueillement, soit
en se joignant aux prières du sacrificateur.
Le plus bel exemple que l'Ancien Testament
ait conservé d'une prière officielle, est
celle que prononça le roi Salomon lors de la
dédicace du temple, 1 Rois 8:22; plusieurs
des psaumes de David sont également des
prières, et ils étaient destinés au culte
public.
L'Ancien Testament, et surtout l'histoire
des anciens temps de la nation juive, ne
nous fournit pas beaucoup d'exemples de
prières particulières, et c'est assez facile
à comprendre; la vie particulière de chacun
appartient peu à l'histoire. Il résulte
cependant de Ésaïe 1:15 (et cela résulterait
déjà de la nature des choses), que la prière
était un des actes ordinaires du culte
individuel;
— Voir: aussi 1 Rois 18:42.
Plus tard, vers les temps de l'exil, depuis
l'exil, et aux jours de Jésus-Christ, à
mesure que l'histoire des temps et des
hommes prend un caractère plus biographique,
et détaillé, on trouve des mentions plus
fréquentes de la prière individuelle;
Néhémie en est un exemple frappant, ainsi
que Daniel, David déjà dans plusieurs de ses
psaumes, et d'autres encore. La prière et le
jeûne étaient devenus deux des caractères
les plus saillants de la vie religieuse de
chacun, Tobie 12:8; Judith 4:12. On
invoquait le secours de Dieu avant de se
mettre en voyage, avant une déclaration de
guerre, avant une bataille, en général avant
de commencer une entreprise quelconque un
peu importante, 1 Maccabées 5:33; 11:71; 2
Maccabées 15:26; cf. 8:29; Judith 13:7;
Actes 9:40. D'ordinaire on se recueillait
trois fois le jour pour adresser à Dieu une
prière spéciale, indépendamment de la prière
continuelle d'un cœur pieux, Daniel 6:10;
Psaumes 55:17. Les heures fixées étaient: le
moment du sacrifice du matin dans le temple,
la troisième heure du jour, 9 heures d'après
notre manière de calculer le temps; la
sixième, ou midi, le milieu du jour; et la
neuvième, ou 3 heures de l'après-midi,
lorsqu'on offrait le sacrifice du soir,
Actes 2:15; 3:1; 10:9,30. On prononçait
aussi avant et après chaque repas une prière
d'actions de grâces, Matthieu 15:36; Jean
6:11; Actes 27:35. Les pharisiens et les
esséens tenaient beaucoup à la prière, mais
les premiers s'y livraient avec une
ostentation qui est sévèrement blâmée par
notre Seigneur, Matthieu 6:5,7, et l'oraison
dominicale qu'il donne pour modèle à ses
disciples est, par sa riche brièveté, une
censure des longues et vaines redites que
les pharisiens avaient inventées, et qu'ils
avaient enseignées à leurs sectateurs. On
voit par Luc 11:1, que Jean-Baptiste avait
aussi donné à ses disciples des modèles de
prières toutes faites, et Jésus eut moins
dans l'esprit de donner aux siens une prière
à réciter, qu'un exemple de prière
chrétienne, et l'idée de la marche à suivre,
des demandes à faire, de l'esprit qui doit
régner dans l'âme lorsqu'elle s'élève à
Dieu. L'oraison dominicale est en plusieurs
points l'abrégé d'une prière qui se
prononçait dans les synagogues, et qui selon
toute apparence fut composée pendant la
captivité; elle commençait ainsi: O Dieu,
que ton nom soit magnifié et sanctifié dans
le monde que tu as créé selon ton bon
plaisir; fais régner ton règne; que la
rédemption fleurisse, que le Messie vienne
promptement et que son nom soit célébré,
etc. Le peuple répondait Amen.
Les Israélites choisissaient, pour prier,
des endroits retirés et solitaires, dans
leurs maisons des cabinets particuliers, une
chambre haute, le toit; dans la campagne,
ils montaient, lorsque cela pouvait se
faire, sur une petite hauteur; à Jérusalem,
ils se rendaient volontiers dans les parvis
du temple; et d'après les rabbins, mais cela
a une couleur toute formaliste, celui que
l'heure de la prière surprenait au milieu de
son chemin, s'arrêtait tout court pour
remplir son devoir; cf. Matthieu 6:6; 14:23;
Marc 6:46; Luc 6:12; 18:10; Actes 1:13; 3:1;
10:9; Daniel 6:11; Judith 8:5; Tobie 3:11;
cf. 1 Rois 18:42; Ésaïe 56:7. Il paraît que
c'était une habitude assez ordinaire aux
Juifs, quoique ce ne fût point une
obligation, de tourner leur visage vers la
sainte montagne où se trouvait le sanctuaire
du Dieu qu'ils invoquaient; on le voit par
Daniel 6:10; 2 Chroniques 6:34; 1 Rois 8:44;
cf. Psaumes 5:7; les Samaritains se
tournaient vers le mont Guérizim. Quant à la
posture, elle n'importait pas plus que le
reste; elle était dictée par les besoins de
l'âme, et ne se commandait pas; on se tenait
debout ordinairement, 1 Samuel 1:26; 1 Rois
8:22; Daniel 9:20; Matthieu 6:5; Marc 11:25;
Luc 18:11. Dans l'humiliation, ou dans de
plus vifs sentiments de piété et de besoin,
on s'agenouillait, 2 Chroniques 6:13; 1 Rois
8:54; Esdras 9:3; Daniel 6:10; Luc 22:41;
Actes 9:40; quelquefois même on se
prosternait en terre dans de grandes
douleurs, Néhémie 8:6; Judith 9:1; Matthieu
26:39. Tantôt on élevait vers le ciel ses
mains après les avoir lavées, 1 Rois 8:22;
Néhémie 8:6; Lamentations 2:19; 3:41; 2
Maccabées 3:20, et saint Paul, insistant sur
la nécessité d'une purification spirituelle
représentée par la purification matérielle,
veut que celui qui prie élève vers Dieu des
mains pures, 1 Timothée 2:8. (Quicunque
manibus sordidis orat, mortis reus est,
dit un rabbin; cf. aussi Odyss. 2, 261);
d'autres fois on étendait les mains, Ésaïe
1:15, ou bien on les croisait sur la
poitrine en se frappant, Luc 18:13; on
baissait la tête en signe d'humiliation; on
la plaçait entre ses genoux, ce qui ne se
faisait que dans un grand deuil, ou dans une
fervente prière, 1 Rois 18:42.
L'intercession, la prière pour d'autres que
pour soi, étaient fréquentes, et l'on voit
souvent des personnes se recommandera
d'autres, notamment à des hommes connus par
leur sainteté; on attachait à leurs prières
une importance quelquefois exagérée, cf.
Genèse 20:7,17; Exode 32:11; 1 Rois 17:20; 2
Corinthiens 1:11; Philippiens 1:19; 1
Timothée 2:1; 1 Thessaloniciens 5:25; 2
Thessaloniciens 3:1; Hébreux 13:18; Jacques
5:16. Notre Seigneur lui-même nous a donné
l'exemple de l'intercession dans sa prière
sacerdotale, comme nous voyons aussi que
l'Esprit prie pour nous par des soupirs qui
ne se peuvent exprimer, Jean 17, Romains
8:25. Deux espèces d'intercessions, en usage
dans l'Église romaine, sont les seules
défendues et inutiles, celle des vivants
pour les morts, celle des morts pour les
vivants; elles ne reposent sur aucun
précepte de la parole de Dieu, et sont
contraires à tout son esprit. La première
cherche à s'appuyer d'un passage apocryphe,
2 Maccabées 12:43, où nous voyons Judas
Maccabée offrir un sacrifice pour des
soldats morts, qui avaient violé la loi par
une espèce de sacrilège, en prenant des
choses consacrées aux idoles: cette prière
«pour un péché mortel qui ne s'expie pas par
ces sortes de choses», dit Calmet, est déjà
fort embarrassante pour l'Église romaine, et
cependant, c'est le seul passage qui puisse
un peu servir de point d'appui à cette
fatale doctrine; il ne serait pas étonnant
que tous les livres apocryphes en masse
aient été canonisés par le concile de
Trente, en faveur de ces quelques lignes,
qui n'en resteront pas moins apocryphes.
L'opinion de Judas Maccabée n'est pas même
prouvée, puisque son historien n'est pas une
autorité, mais le fut-elle, à son tour elle
ne prouverait rien. Si dom Calmet ajoute:
«Nous n'en demandons pas davantage ici», on
peut conclure qu'il n'est pas difficile en
matière de preuves. Il argue encore d'une
notice sur la maison d'Onésiphore, dont nous
avons parlé à cet article, et il termine en
disant: Si cela est, voilà la prière
des morts bien établie par saint Paul même.
Oui, si. On pourrait se procurer pour toutes
les doctrines des preuves de cette force.
La même Église a hérité des pharisiens leurs
vaines redites, et quand on peut croire que,
dans la catholicité tout entière, il se
prononce chaque jour des cent millions de
Pater incompris, sous toutes les formes,
comme devoirs, comme tâches, comme
punitions, par zèle sans connaissance, par
vanité, par crainte, par habitude, on ne
peut que penser à ce que disait le chef de
l'Église en parlant de ces vaines redites:
Malheur à vous! Qu'attendre, en effet, de
pareilles prières, sinon le sommeil et la
mort des âmes, leur endurcissement. Pourquoi
dégrader ainsi l'homme et la prière tout
ensemble, et faire de Dieu même une espèce
de teneur de livres qui enregistre en débit
et crédit les prières émises par la bouche
des pécheurs? Il est triste, pour la plus
grande secte de la chrétienté, d'être ainsi
descendue au-dessous du judaïsme, au niveau,
même au-dessous du mahométisme, et ce
reproche qui tombe, non point sur tous ses
prêtres, ni sur tous ses fidèles, mais sur
tout son système, suffit à lui seul pour le
caractériser et le stigmatiser.
PRIMOGÉNITURE.
Les premiers-nés des hommes et
des animaux étaient saints à l'Éternel; ils
lui étaient consacrés, et devaient lui être
présentés dans le temple ou devant le
tabernacle, Exode 13:2,15; Nombres 8:17. Les
enfants mâles, premiers-nés des Israélites,
et primitivement destinés au service du
sanctuaire, mais dispensés de cette charge
par la vocation de la tribu de Lévi, Nombres
3:12, devaient être présentés à Dieu, un
mois après leur naissance, dans le temple,
où ils étaient rachetés d'après une
estimation fixée par les prêtres, et qui ne
pouvait pas dépasser cinq sicles, Exode
13:13; Nombres 18:16; cf. Luc 2:27. Les
premiers-nés des animaux impurs qui ne
pouvaient point être offerts en sacrifice,
étaient également rachetés, d'après leur
valeur, à laquelle il fallait encore ajouter
un cinquième en sus; s'ils n'étaient pas
rachetés, ils étaient vendus par les
prêtres, suivant l'estimation qui en était
faite, Nombres 18:15; Lévitique 27:26. Les
premiers-nés, mâles, des animaux purs,
lorsqu'ils étaient sans défaut et sans
tache, devaient être sacrifiés dans les huit
jours qui suivaient leur naissance;
lorsqu'ils avaient quelque défaut, ils
étaient abandonnés aux prêtres comme leur
propriété, Nombres 18:17; Lévitique 27:26;
Deutéronome 15:19; sq. Les Targums donnent
des directions sur ce qu'il fallait entendre
par des défauts chez un animal nouveau-né,
comme sur tout le reste de ces prescriptions
relatives à la primogéniture. Michaélis,
Jahn et Rosenmuller, ont conclu de
Deutéronome 15:19; cf. 12:6; 14:23, que,
dans ces derniers passages, il était
question d'une seconde offrande des
premiers-nés; Winer pense qu'il ne s'agit là
que des animaux offerts dans les festins qui
suivaient certains sacrifices, et dont on
mangeait une partie.
Le fils aîné d'un père, quelle que fut sa
mère, jouissait d'une grande considération
dans sa famille, et recevait en héritage une
portion double de celle de ses frères et de
ses sœurs, sur lesquels il exerçait,
lorsqu'ils n'étaient pas mariés, une espèce
de tutelle et d'autorité, Deutéronome
21:15-17; aussi ce titre d'honneur de
premier-né était-il rarement omis dans les
généalogies et les registres de familles,
Genèse 22:21; 25:13; 35:23; 46:8; Nombres
3:2; 26:5; 1 Samuel 8:2, etc. C'est
également ensuite de ce privilège que le
fils aîné du roi lui succédait ordinairement
sur le trône,
— Voir: l'article Rois, et 2
Chroniques 21:3.
Il était défendu à un père de faire passer à
un fils plus jeune, en faveur d'une mère
plus aimée, les droits de primogéniture, à
moins de circonstances qui motivassent une
substitution d'un frère à son frère aîné,
par suite de l'indignité de celui-ci, comme
ce fut le cas pour Ruben, 1 Chroniques 5:1.
Isaac a été trompé par Jacob, et lui a
donné, par erreur, une bénédiction qui était
irrévocable; d'ailleurs, il y avait eu de la
part d'Ésaü abandon de son droit d'aînesse,
Genèse 25:31. Jacob, en assurant à Éphraïm
des droits qui appartenaient à Manassé, l'a
fait comme prophète; d'autres motifs que
nous expliquons en leur place, donnèrent
également à Jéhoachaz le trône qui revenait,
par droit de naissance, à son frère aîné
Jéhojakim; de même encore probablement
Sédécias, q.v., succéda à son frère plus
jeune Jéhojachin. Salomon, enfin, fut
substitué à Adonija.
L'expression de premier-né se prend, dans
l'Écriture, en divers sens figurés; elle est
appliquée à Jésus, Colossiens 1:15.
Apocalypse 1:5, et signifie, dans ces
passages, qu'il a été engendré du Père avant
qu'aucune créature eût été produite, et
qu'il est le premier qui soit ressuscité par
sa propre vertu. Dans Ésaïe 14:30, les
premiers-nés des misérables (texte hébreu)
signifie les plus misérables; et le
premier-né de la mort, Job 18:13, désigne,
soit la plus terrible des morts, soit la
plus terrible des maladies.
PRISCE ou, plus ordinairement, Priscille,
femme d'Aquilas, qu'elle accompagnait dans ses voyages, et quelquefois nommée avant lui, mais jamais sans lui, Actes 18:2; Romains 16:3; 1 Corinthiens 16:19; 2 Timothée 4:19. Quelques-uns croient qu'elle était diaconesse.
PRISON.
Fort connue des Égyptiens,
comme on peut s'en convaincre par l'histoire
de Joseph chez Potiphar, la prison était
inconnue des anciens Hébreux; il n'en est
pas parlé dans toute la législation de
Moïse, et ce n'est que plus tard qu'elle
devint un châtiment assez ordinaire, cf.
Esdras 7:26. Quelques passages du livre de
Job ne peuvent rien prouver, malgré son
ancienneté, parce qu'il décrit des mœurs
étrangères à la Palestine. Deux exemples
d'arrestations préventives, celui d'un
Israélite lapidé pour avoir ramassé du bois
le jour du sabbat, Nombres 15:32-36, et
celui du fils de l'Égyptien, lapidé aussi
pour avoir blasphémé, Lévitique 24:10-12,
non seulement ne prouvent rien, puisque le
mot de prison, employé par quelques
traducteurs, signifie proprement garde,
ainsi que l'ont rendu nos versions, et que
rien n'indique qu'il soit question du dépôt
dans un lieu spécial, plutôt que d'un simple
état de surveillance et d'arrêt; mais
encore, ils ne peuvent rien prouver si l'on
se rappelle que ces deux scènes se passent
dans les campements du désert, où certes on
ne supposera pas que les Israélites
traînassent une prison après eux. Lors donc
que M. Pastoret (dans son Moïse considéré
comme législateur, p. 342), dit que dès
qu'un homme était soupçonné ou accusé d'un
forfait, on s'assurait de lui par
l'emprisonnement, et que l'Écriture en offre
plusieurs exemples, il parle d'une manière
un peu hasardée, et M. Cellérier (Espr. de
la Lég. Mos. II, 325) n'a fait que justice
en lui reprochant un esprit superficiel. La
prison préventive peut toujours être
remplacée par un cautionnement, et la
prison, comme peine, par une amende. Or, au
milieu d'un peuple agriculteur, où chacun
possédait un bien de terre, chacun pouvait
être puni par une amende; la prison n'était
pas indispensable, et, d'un autre côté, elle
eût pu être nuisible en arrachant aux
travaux de la terre les hommes qui devaient
la travailler; elle eût été pour eux tout à
la fois une privation de la liberté, et une
amende souvent considérable, en occasionnant
un temps plus ou moins long de jachère, et
une diminution dans le revenu.
Sous les rois, alors que par l'accumulation
des richesses entre certaines mains, la
pauvreté, qui devait être inconnue dans le
pays, avait fini par se montrer, la prison
put être aussi substituée à l'amende, mais
ce ne fut pas législativement; ce fut plutôt
arbitrairement, sous de méchants rois, et
contre des hommes de Dieu trop libres dans
leurs censures, 2 Chroniques 16:40; Jérémie
20:2; 32:2; 33:1; 37:15. Après l'exil, elle
devint beaucoup plus habituelle, notamment
sous la domination étrangère, Matthieu 11:2;
Luc 3:20, et on l'appliqua soit à ce que les
Juifs appelaient des délits religieux, la
prédication de l'Évangile, Actes 5:18,21;
8:3; 12:4; 22:4; 26:10, soit à
l'insolvabilité des débiteurs, Matthieu
18:30.
Les plus anciennes prisons consistaient
simplement parmi les Juifs en des citernes
sans eau, dont la profondeur et l'étroite
ouverture suffisaient pour empêcher les
détenus de s'échapper sans un secours du
dehors, Genèse 37:20,22; quelquefois une
vase épaisse, comme celle dans laquelle
Jérémie enfonça, 38:6, rendait
l'emprisonnement une peine beaucoup plus
grave et plus douloureuse. Il y avait des
espèces de prisons d'état souterraines comme
celle de Jérémie 37:16, d'autres aux portes
des villes, ou au-dessus de ces portes,
Jérémie 20:2, comme on en trouve de nos
jours encore dans plusieurs de nos villes
fortifiées, et qui servent à détenir
préventivement pendant la nuit ceux qui ne
justifient pas suffisamment de leurs
personnes ou de leurs intentions; il y en
avait d'autres attachées aux palais des
rois, Jérémie 32:2, dans les loges des
gardes royaux: d'autres enfin dans la maison
du chef des gardes du roi, qui servait en
même temps d'exécuteur des hautes œuvres,
Genèse 39:20; 40:4; Jérémie 37:15,21.
Les prisonniers étaient serrés de chaînes,
Juges 16:21; 2 Samuel 3:34; Jérémie 40:1, et
sous la domination romaine ils étaient
attachés par une ou par les deux mains, aux
soldats chargés de les garder, Actes 12:4;
21:33; quelquefois leurs pieds étaient
enfermés dans des ceps de bois, quelquefois
aussi les pieds et le cou, Job 13:27; 33:11;
Actes 16:24, quelquefois encore les pieds et
les mains; ils étaient traités comme le sont
les esclaves dans les colonies où
l'émancipation n'a pas encore eu lieu:
Jérémie fut mis aux ceps, 20:2. Une
nourriture maigre et rare était une
aggravation de peine, 2 Chroniques 18:26.
Simhi est un exemple d'arrêts privés, 1 Rois
2:37.
— On peut conclure de Matthieu 25:36; cf.
Jérémie 32:8, que les visites aux
prisonniers étaient, en Orient, moins
difficiles, moins entourées de formalités
qu'elles ne le sont chez nous.
PROCHORE
n'est connu que pour avoir été l'un des sept premiers diacres, Actes 6:5. D'après Dorothée, après avoir été l'un des soixante-dix disciples, il serait devenu plus tard évêque de Nicomédie en Bithynie.
PROCURATEURS.
Espèce de sous-officiers
chargés, dans les provinces, de
l'administration des revenus impériaux, et
des cas de justice qui pouvaient surgir à ce
sujet: c'étaient, pour ainsi dire, des chefs
d'administration adjoints aux gouverneurs
des provinces impériales ou sénatoriales;
(Auguste, ayant fait un nouveau partage des
provinces, avait conservé sous le nom de
sénatoriales celles qui étaient paisibles et
peu exposées aux attaques des ennemis, et
s'était attribué le gouvernement des autres
sous le nom d'impériales: sous prétexte de
délivrer le sénat et le peuple de soins
importants, il s'était ainsi arrogé le
commandement suprême de toutes les armées de
l'empire.) Ces gouverneurs étaient
ordinairement des chevaliers. Les
procurateurs remplaçaient même entièrement
les gouverneurs dans de petites provinces,
ou dans des districts qui, bien que joints à
une province plus grande, en étaient séparés
géo-graphiquement, ou possédaient une
administration à part; ils avaient le
commandement des troupes, et rendaient la
justice, même la justice criminelle, quoique
en bonne règle le gouverneur en chef de la
province eût la haute main dans toutes ces
affaires, et qu'il fût appelé à examiner,
lorsqu'il y avait lieu, les sujets de
plaintes contre le procurateur: les
proconsuls pouvaient renvoyer à Rome et
casser les procurateurs qui s'étaient rendus
coupables.
Des procurateurs furent envoyés en Palestine
après que, par l'éloignement de l'ethnarque
Archélaüs (6 ans avant J.-C.), la Judée et
la Samarie eurent été réunies à la province
de Syrie qui existait déjà, et ils
établirent leur résidence ou quartier
général à Césarée sur les bords de la mer.
Après Coponius, chevalier romain, Marcus
Ambivius, Annius Rufus, et Valerius Gratus,
Ponce Pilate, le seul nommé dans les
Évangiles, occupa cette charge. Puis la
Judée et la Samarie ayant été réunies au
royaume d'Hérode Agrippa, ce ne fut que l'an
44, à la mort de ce prince, que de nouveaux
procurateurs furent donnés à la Palestine,
Cuspius Fadus, Tibère Alexandre, Cumanus,
Félix, et Festus: ces deux derniers seuls
sont nommés dans le livre des Actes.
C'étaient généralement des hommes cruels,
arrogants, avides jusqu'au point de faire
des accords avec des chefs de brigands, et
de leur assurer moyennant un tant pour cent
une libre carrière. Ils suçaient le pays
systématiquement, et l'irritaient encore par
leur justice toute vénale. Leur avidité et
leur arbitraire despotisme ne respectaient
pas même la dignité sacerdotale; les
installations, nominations, ou dépositions
de souverains sacrificateurs étaient à
l'ordre du jour. Les sujets de plaintes, les
griefs, les accusations même ne manquaient
pas contre eux, mais ils savaient en
paralyser les effets, la crainte faisait
abandonner les poursuites, et les appels à
Rome ne parvenaient pas à dominer les cris
des factions qui se déchiraient.
Lorsqu'ils venaient à Jérusalem pour y faire
un séjour plus ou moins prolongé, ils
descendaient ordinairement au palais
d'Hérode, sur le pavé duquel, en plein air,
ils étaient censés rendre la justice;
— Voir: Pavé, Prétoire.
PRONOSTIQUEURS,
— Voir: Devins.
PROPHÈTES.
Le judaïsme, charnel et
matériel, même imparfait, renfermait
cependant, du moins en germe, toute l'idée
de la religion divine et véritable. L'esprit
pouvait circuler dans ses formes; elles
n'étaient pas l'esprit, elles ne le
supposaient pas, mais elles ne le
repoussaient pas non plus, et plusieurs
l'annonçaient. Le sacerdoce était comme la
charpente osseuse du mosaïsme, et le résumé,
le dessin de ses formes. Le prophétisme en
était le cœur, le sang qui circule dans les
veines, qui vivifie tout sur son passage et
qui laisse dans la mort les organes dont il
s'éloigne. Ou si l'on aime mieux, le
sacerdoce était le canal, mais le
prophétisme était l'eau qui le remplit et
qui fertilise les champs qu'il parcourt. La
mission des prêtres était permanente et
suivie, celle des prophètes était
momentanée, temporaire, individuelle; les
premiers enseignaient par leurs actions, les
seconds par la parole; les uns regardaient
davantage à l'extérieur, les autres à
l'intérieur; la correction des mœurs était
confiée au sacerdoce, les prophètes
demandaient le renouvellement du cœur,
Deutéronome 10:16; 30:2, sq. La loi de Moïse
n'avait pas eu pour but unique ou principal
de faire d'Israël un État, ni même un État
théocratique, quelque spirituel qu'on se le
représente. La loi tendait à la circoncision
du cœur, elle voulait remplir l'âme d'amour
pour Dieu, la sanctifier, la rendre
semblable à ce qu'elle était avant la chute,
la former ou la reformer à l'image de Dieu.
Cet esprit régénérateur perce à travers
toutes les prescriptions, à travers tous les
détails nombreux et variés du mosaïsme,
comme s'il voulait se graver dans les cœurs
de tous en traits de vie, et son expression
la plus pure, la plus vraie, la plus
fécondante, mais ce n'est pas la seule, se
trouve dans le prophétisme. La loi ne donne
pas sans doute aux prophètes une position
absolument et rigoureusement légale; elle
n'établit pas cette institution, mais elle
la suppose comme elle-même en émane, comme
elle fut proclamée par l'activité et le
ministère prophétique. Moïse apparaît sous
l'ancienne économie comme un prophète qui
n'a plus retrouvé son égal jusqu'au jour où
le Christ, son supérieur, est venu
accomplir, achever, plutôt que détruire son
œuvre, Deutéronome 34:10. La prophétie
existait avant la loi, cf. Jude 14; et déjà
plusieurs manifestations prophétiques
avaient eu lieu, Nombres 11:17; 12:6; 23:23;
Exode 15:20, lorsque la loi dut intervenir
pour fixer les caractères qui distinguaient
les vrais des faux prophètes, Deutéronome
13:2; 18:15. La prophétie est plutôt une des
promesses qu'une des prescriptions de la
loi; les prophètes sont annoncés comme un
libre don de la grâce divine, comme une
bénédiction promise à la théocratie, comme
un instrument de Jéhovah et un signe de sa
bienveillance particulière pour un peuple
qu'il veut conduire à la sainteté. La
liberté de l'esprit succède à la servitude
de la chair; et quand des lois minutieuses
règlent la naissance, l'extraction,
l'onction, la personne, la vie, le costume
des prêtres, rien de pareil ne préside au
ministère des prophètes; leur sexe même
n'est pas une des conditions de leur
activité, et des femmes prophétisent, Exode
15:20; Juges 4 et 5, 2 Rois 22:14.
Trois noms différents, ayant chacun une
signification spéciale, désignaient en
hébreu la charge des messagers
extraordinaires de l'Éternel, roèh, nâbi
et hhosèh; tous les trois sont réunis
dans le même passage, 1 Chroniques 29:29, et
appliqués à des individus différents,
Samuel, Gad et Nathan. Celui qui voit, celui
qui parle, celui qui a des visions, tel est
le sens littéral des termes hébreux. Le
premier et le troisième ne se distinguent
que par des nuances, et le premier
semblerait indiquer, si l'on peut se
hasarder sur le terrain des hypothèses, un
état prophétique plus habituel, le dernier,
quelque chose de plus temporaire, en quelque
sorte de plus accidentel; l'un est celui qui
voit, qui a pour ainsi dire la vue
prophétique, l'autre, c'est celui qui a
quelquefois des visions. L'expression
nâbi, celui qui parle, qui se répand en
paroles, est celle qui caractérise le mieux
la mission du prophète, et son activité
comparée à celle du sacerdoce. En effet, le
prêtre ne parlait pas, ou du moins, chez lui
la parole était subordonnée à
l'accomplissement des cérémonies du culte;
son ministère était éminemment symbolique,
cf. Lévitique 10:10-11. Le prophète, au
contraire, parlait. Et il se distinguait
d'autres hommes de Dieu, pieux, sages et
savants, en ce qu'il ne proposait pas ses
propres idées, mais que ce qu'il disait lui
était communiqué immédiatement de Dieu par
son saint Esprit. Par la même raison, les
prophètes se distinguaient des magiciens,
des enchanteurs, des diseurs de bonne
aventure, des esprits de Python et des
autres faux prophètes païens, dont la
mission n'était que de prédire l'avenir et
de prêter un secours surnaturel à des
entreprises mondaines et à des intérêts
matériels.
Les prophètes de Dieu surgissent surtout
dans des temps où la connaissance du
Seigneur a été altérée par des erreurs, et
où les erreurs ont gagné assez de force pour
séduire même les élus, si c'était possible.
C'est pour de pareils temps, pour de
pareilles ténèbres, que Dieu a posé les
prophètes comme des lumières, avant que les
ténèbres aient atteint assez d'intensité
pour ébranler et obscurcir la foi des
fidèles, conformément à ce que notre
Seigneur lui-même dit à ses apôtres,
Matthieu 24:24. Les prophètes étaient dans
la main de Dieu des moyens extraordinaires,
lorsque les moyens ordinaires ne suffisaient
plus. Leur parole était une épée à deux
tranchants, et le chapitre, Deutéronome 18,
surtout les versets 15 et 18-22, nous
donnent sur ce point de précieux
éclaircissements, dont l'étude n'est pas
sans fruit lorsqu'on veut essayer de lire et
de comprendre les prophètes.
C'est à tort qu'on a voulu conclure de Actes
3:24, que le ministère prophétique ne datait
que des jours de Samuel, comme aussi l'on a
donné aux écoles dont ce prophète était le
chef, peut-être le fondateur, une importance
qu'elles n'avaient point, et une
organisation trop compliquée, dont les
détails ne reposent d'ailleurs que sur des
hypothèses: le passage 1 Samuel 2:27, suffit
à montrer que, même aux jours de Samuel, on
voyait des hommes inspirés de Dieu,
indépendants de l'action de ce prophète, et
avant que son ministère public eût commencé.
La vision et la prophétie dont parle Daniel,
9:24, remontent aux premiers âges du monde,
et si à cause de l'obscurité de leur foi,
l'on veut contester à Énoch, à Noé, à
Abraham, à Jacob le titre de prophètes, on
ne pourra du moins pas méconnaître que Moïse
et Marie ne l'aient mérité. Évidemment un
esprit et une vie prophétiques ont présidé à
la formation du système théocratique, et
pendant cette période cet esprit a soufflé
sur plusieurs, comme l'importance des temps
le ferait déjà supposer, et comme le
prouvent des passages tels que Nombres 11,
et Deutéronome 13. Sous les juges quelques
voix prophétiques se font entendre encore,
mais elles sont isolées, 1 Samuel 3:1. Le
cantique de Débora est un écho des beaux
temps qui ne sont plus; les autres oracles
ne sont que des annonces de châtiments; les
prophètes ne sont pas nommés, Juges 2:1-5;
6:8; 1 Samuel 2:27. La conquête de Canaan
avait tourné les cœurs vers la possession
des biens de la terre; des juges avaient
remplacé les prophètes.
— Une époque nouvelle commence avec Samuel;
sa naissance, son éducation, sa destinée,
les grâces que Dieu lui accorde, les ordres
qu'il lui donne, font de lui un nouveau
législateur, un second Moïse, Jérémie 15:1.
Psaumes 99:6; il doit montrer que la
conduite extérieure du peuple de l'alliance
ne peut reposer que sur une base intérieure
et morale. Il prépare la prospérité que le
culte et la royauté atteignent sous David et
sous Salomon. Il rompt en visière avec la
sacrificature corrompue de la famille
d'Héli, qui ne tarde pas à être réorganisée
en rentrant dans la branche aînée. Saül
mérite par moments le titre de nâbi. Gad et
Nathan sont la continuation de Samuel, et
tous ensemble contribuent à remettre la
royauté entre des mains aimées de Dieu.
— Le schisme d'Israël, et la division en
deux royaumes, est une crise dans la vie du
peuple, par conséquent une époque nouvelle
dans l'activité prophétique. Les hommes de
Dieu ont pour mission de faire envisager
cette catastrophe sous son vrai point de
vue. La maison de David a les promesses,
mais une grande partie de son territoire est
donnée à Jéroboam, qui la conservera avec la
bénédiction de l'Éternel s'il marche dans la
piété, lui et ses descendants, 1 Rois
11:29-39. Cet oracle d'Ahija est le thème de
tous ceux qui se reproduisent dans le cours
de cette période, 1 Rois 12:15; 13:1; sq.
14:7; 2 Chroniques 11:2. Dans le royaume des
dix tribus les prophètes forment presque une
corporation, une chaîne non interrompue,
comme s'ils devaient remplacer une
sacrificature qui n'existe pas: Élie
consacre solennellement son successeur, 1
Rois 19:16, et c'est sous les yeux des
prophètes que la portion pieuse du peuple
célèbre les fêtes de la loi; c'est entre
leurs mains qu'ils déposent les offrandes
dues aux prêtres, 2 Rois 4:23,42. Jérico,
Béthel, Guilgal, et d'autres lieux qui
étaient saints avant que le tabernacle eût
été fixé à Jérusalem, sont leurs demeures
habituelles. Ils sont pour Israël un
souvenir des temps passés, et les fonctions
qu'ils remplissent tendent à faire revivre
la loi dans les cœurs, et à rappeler l'image
de Dieu. Telle est jusqu'à la fin, et même
pendant la captivité, leur mission de paix
et de sainteté, de lumière et de vérité.
Mais elle doit s'étendre au-delà du moment
présent; l'impiété gagne du terrain, les
cœurs se durcissent, et les prophètes dont
les paroles ne sont plus écoutées de leurs
contemporains, doivent annoncer des
châtiments et servir de témoins aux
générations suivantes; leurs oracles sont
déposés par écrit; ils serviront de
commentaire à la loi quand le jour sera
venu; la littérature prophétique prend
naissance,
— Voir: pour les détails les
différents articles.
C'est vers le neuvième siècle avant Christ
que commence ce qu'on peut appeler dans le
sens le plus restreint du mot, la
littérature prophétique. Cependant les
prophètes écrivaient même avant ce temps,
mais ils s'adonnaient surtout à des ouvrages
historiques; comme ils parlaient pour le
présent, ils écrivaient aussi pour le
présent. Lorsqu'ils parlèrent pour l'avenir,
leurs écrits prirent un caractère analogue,
et il faut remarquer avec quel soin ils
rappellent souvent que c'est par la volonté
de Dieu, d'après son ordre, qu'ils déposent
leurs prophéties par écrit, Jérémie 29:4;
30:2-3; 36:1; Ésaïe 8:1-16; 30:8; Daniel
7:1; 12:4,9; leur intention formelle était
donc que leurs oracles fussent soigneusement
conservés, et on les réunit au fur et à
mesure qu'ils les prononçaient, au recueil
des livres historiques existants. Il est
aisé de reconnaître que la collection des
prophètes, et notamment des douze petits
prophètes, est arrangée chronologiquement,
sauf quelques détails (nous parlons de
l'ordre des livres dans le canon hébreu);
quant aux différents oracles d'un même
prophète, cet ordre n'existe pas toujours,
et Jérémie offre de nombreux exemples de
morceaux transposés; on y reconnaît plutôt
un ordre des matières et des sujets, qu'un
ordre des temps; cela se voit pareillement,
et d'une manière frappante, chez les petits
prophètes.
La question de l'inspiration des prophètes,
du mode et du degré de cette inspiration,
appartient à la dogmatique, de même que la
question, plus grave encore, du degré de
cette inspiration chez les saints hommes de
Dieu qui ne sont pas ordinairement
considérés comme prophètes. Nous restons
dans les limites de notre travail en
rappelant les faits suivants.
-
Toute l'Écriture est divinement inspirée. 2 Timothée 3:16. (peu importe, quelque traduction que l'on donne de ce passage).
-
Aucune prophétie ne procède d'aucun mouvement particulier, mais les saints hommes de Dieu, étant poussés par le saint Esprit, ont parlé, 2 Pierre 1:20-21.
-
Il n'est fait nulle part ni réserve, ni restriction, ni exception à l'inspiration des livres de l'Écriture, ni différence quant à la nature de cette inspiration.
-
Les difficultés ne sont jamais des objections en présence d'un principe reconnu juste.
-
L'individualité qu'on remarque chez les historiens et chez les auteurs dogmatiques, se remarque également chez les prophètes.
-
Quant aux prophètes en particulier, comme ils revendiquent pour eux-mêmes une inspiration pleine et entière, ou plutôt, comme ils ne donnent jamais leurs paroles comme les leurs, mais comme celles de l'Éternel, on ne peut méconnaître ce caractère de leur inspiration sans leur refuser en même temps toute créance.
— Voir: la Théopneustie de M. Gaussen.
Quant au nombre des prophètes, comme il y a
beaucoup d'arbitraire dans l'idée qu'on
s'est faite de cette charge, il y a eu
également des différences dans les listes
qu'on a faites des hommes et des femmes qui
l'ont remplie. Outre les quatre grands et
les douze petits prophètes, d'autres, comme
nous l'avons vu, doivent être comptés:
Énoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse,
Aaron, Josué, Job, Débora, Nathan, David,
Gad, Jiddo, Jéduthun, Élie, Élisée, les
apôtres, les évangélistes Philippe, Étienne,
Barnabas, etc., Clément d'Alexandrie, Strom.
I, en a voulu compter dans l'Ancien
Testament cinq avant Moïse, trente-cinq
depuis Moïse et cinq prophétesses. Épiphanes
en compte soixante-treize outre dix
prophétesses, tant dans l'Ancien que dans le
Nouveau Testament; mais ces calculs sont
incomplets et arbitraires.
L'étude des prophéties, bien négligée par
beaucoup de chrétiens, est un devoir; rien
ne peut nous en dispenser, ni l'obscurité
des oracles non accomplis, ni la pensée que
d'autres parties de l'Écriture nous offrent
une nourriture plus facile et en quelque
sorte une lecture plus édifiante. La
meilleure nourriture de l'âme, c'est
l'obéissance, c'est de faire la volonté de
Dieu, et plus la tâche est ardue, plus le
Seigneur est près de nous. On exagère
d'ailleurs les difficultés de cette étude,
et l'on oublie que trop souvent la première
cause de cette obscurité vient de ce qu'on
n'étudie pas, de ce qu'on ne lit pas, ou de
ce qu'on lit mal et avec indifférence. Il
faut avouer, qu'en français, nous ne
possédons que peu d'ouvrages qui puissent
aider à la lecture des prophètes (dans le
nombre, quelques publications de MM. Digby,
Darby, Basset, Vivien, Barbey, Fivaz,
Gaussen, Newton, l'histoire ecclésiastique
de M. Guers, etc.), et en outre, que cette
portion des études théologiques est
complètement perdue de vue dans l'éducation
de ceux qui se destinent au ministère de la
parole; il devrait y avoir des cours de
Prophétique comme il y a des cours
d'Apologétique, de Polémique, etc., et s'il
est vrai qu'à propos d'Eschatologie on dise
quelques mots de millénium, etc., ce n'est
guère, et ce ne peut être que d'une manière
fort superficielle, parce que l'étude de la
prophétie forme tout un ensemble dont il est
impossible de traiter un détail isolément.
Mais n'oublions pas que c'est par la
prophétie que la prophétie s'éclaircit,
comme la Bible par la Bible, et que la plus
ou moins grande abondance de livres ou de
secours humains ne doit ni ne peut augmenter
ou diminuer pour nous le devoir de sonder
les prophéties,
— Voir: Apocalypse.
— L'Écriture donne quelquefois le nom de
prophètes à des personnages qui ne le
méritent pas dans le sens religieux du mot,
à des imposteurs, à de faux prophètes, à des
poètes païens; dans ces cas elle ne fait que
se conformer soit à l'usage, soit aux
prétentions de ceux qui revendiquaient un
titre qu'une foule aveuglée leur laissait
prendre sans contestation.
PROPOSITION
(pains de),
— Voir: Pain.
PROSÉLYTES,
nom grec qui signifie étranger, comme l'hébreu ger. C'est le nom par lequel les Juifs désignaient les gentils qui s'étaient convertis au judaïsme. On distinguait, d'après les rabbins, deux espèces, ou deux degrés de prosélytes: ceux de la porte, et ceux de la justice.
-
Les prosélytes de la porte étaient ces étrangers, esclaves ou libres, qui, pour avoir le droit de résider en Palestine au milieu des Israélites, étaient obligés d'adorer le vrai Dieu et de souscrire aux sept préceptes donnés à Noé, lesquels comprenaient, au dire des rabbins, le droit naturel commun à tous les hommes indifféremment. Ces préceptes défendaient le blasphème contre Dieu, le culte des astres et des divinités étrangères, la désobéissance aux magistrats, l'inceste et les crimes contre nature, le meurtre, le vol et le manger de viandes sanglantes ou de bêtes étouffées (cf. Actes 15:20,29; 21:25). Rien ne prouve que ces préceptes aient été donnés à Noé, et l'on n'en trouve aucune trace, ni dans l'Ancien, ni dans le Nouveau Testament, ni chez Flavius Josèphe, ni dans Philon, Onkélos, Origène, Jérôme, ni dans aucun des Pères. Ces préceptes sont connus d'ancienneté, mais leur origine noachique n'est rien moins qu'assurée. Quoi qu'il en soit, les prosélytes de la porte étaient tenus de les observer, et à ces conditions ils pouvaient non seulement habiter dans le pays, mais encore travailler comme manœuvres pour le service du temple et de la religion, Exode 12:19; Lévitique 17:12; 24:16; Ézéchiel 14:7. Ils n'étaient pas considérés comme Juifs, cependant ils n'étaient déjà plus païens; ils formaient une espèce de classe intermédiaire; ils étaient encore impurs, mais pas assez pour que des rapports avec eux fussent de nature à souiller les Juifs. Leur nom venait de ce qu'ils avaient le droit de demeurer dans le pays et chez les Hébreux; ils étaient appelés: «l'étranger qui est dans tes portes», Exode 20:10, etc, cf. Lévitique 25:47. En bornant provisoirement ses exigences à l'observation des commandements noachiques, la loi avait peut-être pour but de leur frayer doucement et sans les effaroucher, la voie à l'acceptation pleine et entière du judaïsme. C'est des prosélytes de la porte qu'il s'agit probablement lorsqu'il est parlé de prosélytes qui servaient ou qui craignaient Dieu, Actes 13:43; 16:14; 17:4,17; 18:7, etc.. Le syrien Naaman, le général Nébuzar Addan, l'eunuque de Candace, le centenier Corneille, et d'autres encore, appartenaient probablement à cette classe de prosélytes.
-
Les prosélytes de la justice devenaient de vrais Juifs; ils s'engageaient à recevoir la circoncision, et à observer tous les usages et toutes les lois de l'alliance divine: ils étaient solennellement admis dans la théocratie, et on les appelait de parfaits Israélites. La circoncision, le baptême, et une offrande (pour les femmes le baptême et l'offrande seulement), étaient les cérémonies de la réception. Le baptême s'administrait après que la plaie de la circoncision était guérie; on plongeait tout le corps dans un bassin d'eau en présence de trois juges appelés comme témoins, car cet acte était considéré comme appartenant à l'ordre judiciaire: cette cérémonie ne se réitérait jamais ni à l'égard du prosélyte, lors même qu'il aurait apostasie depuis sa conversion, ni à l'égard de ses enfants, à moins qu'ils ne fussent nés d'une mère païenne, auquel cas on les baptisait comme païens de naissance; car on partait de l'idée, si généralement admise partout, excepté chez les peuples très civilisés, qui cependant seraient le mieux en position de l'admettre, que l'enfant suit la condition de sa mère: partus sequitur ventrem. La Gemara, du reste, est la source la plus ancienne qui parle du baptême des prosélytes; Philon, Flavius Josèphe, et les plus anciens targumistes qui auraient eu cependant l'occasion d'en parler, n'en disent mot, de sorte que c'est encore une question de savoir si la Gemara parle d'un usage antérieur à l'établissement du christianisme, ou d'un usage qui se serait introduit plus tard. Mais l'amour des purifications par l'eau était tellement invétéré chez les Israélites, qu'il est très possible qu'ils aient soumis à des lustrations de ce genre les païens impurs qui demandaient l'entrée de leur sanctuaire; le silence de Flavius Josèphe et de Philon s'expliquerait par le fait même qu'il n'était pas besoin de mentionner quelque chose d'aussi naturel. Il est plus probable toutefois que le baptême a été emprunté des chrétiens, et qu'il a été introduit obligatoirement après la destruction du temple, lorsque le règne des offrandes cessant, une nouvelle cérémonie dut remplacer celle qui venait d'être forcément abolie.
On a cru que «le grand nombre de toutes
sortes de gens» qui suivirent les Israélites
à leur sortie d'Égypte, Exode 12:38, étaient
des prosélytes de la justice; de même encore
Jéthro, Exode 18:10-12. Il est évident aussi
que les Sichémites auxquels Jacob imposa la
circoncision, devinrent par ce fait des
prosélytes de la justice, Genèse 34:14-15,
bien que l'on ne puisse pas donner à cette
expression le sens précis qu'elle eut plus
tard. L'esprit de prosélytisme, qui est
inséparable de toute conviction profonde,
religieuse ou autre, ne faisait pas défaut
aux Juifs, notamment aux Pharisiens,
Matthieu 23:15. Ils étaient autorisés à
travailler dans ce sens par des oracles de
Dieu, Ésaïe 9:2; 42:7; 56:6; Michée 4:2,
mais comme ils méconnaissaient l'esprit de
leur religion, ils méconnaissaient la
mission du prosélytisme, et ils
travaillaient avec zèle à augmenter le
nombre des professants, peu scrupuleux sur
les moyens qu'ils employaient, peu soucieux
des motifs qui leur amenaient de nouveaux
convertis; la ruse ou la violence étaient
leurs moyens, la cupidité, la pauvreté,
l'orgueil ou l'intérêt, la nationalité ou
des alliances en perspective, l'espérance ou
la peur étaient les mobiles de la conversion
de ces nouveaux Juifs, et il n'est pas
étonnant qu'après avoir «couru la mer et la
terre pour faire un prosélyte», de pareils
convertisseurs ne le rendissent «fils de la
géhenne deux fois plus qu'eux-mêmes;» c'est
de l'histoire ancienne et de l'histoire
moderne.
— Il est parlé, Néhémie 10:28; Esther 8:17,
de quelques conversions isolées; mais depuis
l'époque des Maccabées, le judaïsme, tout à
la fois mort spirituellement, et mourant
comme théocratie, aspira à faire les choses
plus en grand, pour, essayer de se maintenir
comme puissance et comme nationalité. Des
tribus entières furent converties de force,
les Iduméens sous Jean Hyrcan, les Ituréens
sous Aristobule. Les femmes, qui n'avaient
pas à se soumettre à une opération
douloureuse, étaient en général plus
accessibles à l'action du prosélytisme,
Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 18, 3,
5, cf. Actes 13:50; 16:14. Les païens qui
habitaient au milieu des Juifs avaient assez
de raisons pour désirer d'être reçus dans
leur assemblée. C'était d'abord pour eux
l'acquisition d'une bourgeoisie. C'était
aussi l'échange de l'opprobre contre
l'honneur et le respect. C'était l'exemption
du service militaire, Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 14, 10, 13. C'était la
faculté de se marier avec des femmes du
pays. Mais pour plusieurs aussi qui étaient
dégoûtés du paganisme et du scepticisme,
c'était un besoin profond d'une foi positive
qui satisfit aux besoins de leur cœur, et
souvent de leur intelligence, comme le
montre l'exemple de ceux qui, lors de
l'apparition du christianisme, n'hésitèrent
pas à se joindre à la nouvelle Église, Actes
6:5; 13:43; 16:14; 17:4.
Cependant dans la pratique, et même devant
la loi, il paraît que les prosélytes ne
furent jamais mis sur le même rang que les
Juifs de naissance, et, pendant plusieurs
générations, les Juifs bien bigots
continuaient de regarder les prosélytes avec
le même mépris que les païens, hélas! comme
on fait encore de nos jours, en bien des
lieux, à l'égard des Juifs qui se
convertissent. On les nommait la lèpre
d'Israël, et l'on disait, par manière de
proverbe, qu'il ne fallait pas se fier à un
prosélyte avant la vingt-quatrième
génération. Ce mépris n'était, au reste, pas
général, et, dans tous les cas, si la
position des prosélytes n'était guère
améliorée sur la terre, un grand résultat
était obtenu aux yeux de tous, la
participation des païens convertis aux
bienfaits de l'alliance divine pour
l'éternité.
Avec l'introduction du christianisme, le
prosélytisme prit naturellement une
direction plus spirituelle; on ne fit plus
de prosélytes pour grossir le nombre des
adhérents d'un système, mais pour sauver les
pécheurs, et ceux-là seuls qui sont sauvés
sont les vrais prosélytes de l'Évangile.
PROSTITUTION.
Cette lèpre de presque toutes
les sociétés, de tous les temps, et de tous
les peuples, était bannie d'Israël par la
loi,
— Voir: Deutéronome 23:17-18;
Lévitique 19:29; cf. 21:9.
Comme métier, elle était interdite aux
femmes et aux hommes, à ces derniers en vue
du voisinage de la Phénicie. Le salaire de
la prostitution ne pouvait même être accepté
des prêtres comme offrande pour le service
du sanctuaire, Deutéronome 23:18; Ézéchiel
16:33. Mais la passion ne reconnaît pas plus
de lois que de frein, et certains
gouvernements du monde moderne ont fléchi
devant la force du mal; ils ont sanctionné
le péché pour éviter le crime; ils ont
légalisé la prostitution, croyant devoir
faire le mal pour qu'il en résulte le bien,
ou du moins autorisant un mal pour essayer
d'en conjurer un plus grand. Le législateur
des Hébreux, dont la loi devait être la
sainteté à l'Éternel, n'ignorait pas sans
doute qu'il est des misères que la loi ne
peut guérir, et des passions que rien
n'effraie; mais il n'a pas cru pouvoir
parlementer avec le mal, ni devoir le
flatter pour l'adoucir. Il a défendu la
prostitution là où cependant un climat plus
ardent et des habitudes plus libres
semblaient la rendre une nécessité publique;
mais, en faisant cela, il n'a pas espéré la
détruire et la supprimer. En la défendant,
il rendait la conscience attentive, et
pouvait, au besoin, la convaincre de péché;
la loi a fait abonder l'offense, Romains
5:20; elle a été une manifestation, un
témoignage. Peut-être, pour quelques-uns,
a-t-elle été davantage, mais, en général,
elle n'a pu être que cela. Aussi Moïse
n'a-t-il pas même prononcé de pénalité
contre cette pratique immorale, et des
courtisanes Israélites ou étrangères
vivaient notoirement dans la prostitution,
sans que la société eût contre elles d'autre
garantie que sa propre moralité, et la
réprobation dont l'opinion publique frappe
toujours la femme qui se vend. Les Hébreux
eurent, dans tous les temps, des prostituées
ou bayadères, qui vraisemblablement, comme
de nos jours en Perse, en Arabie et dans
l'Inde, se faisaient connaître en dansant et
s'accompagnant au son de la musique, Juges
16:1; 1 Rois 3:16; Proverbes 2:16; 5:3;
6:26; 7:10; 23:27; Amos 2:7; 7:17, etc.;
c'étaient d'ordinaire des étrangères. Elles
se promenaient ou s'asseyaient sur les
places publiques ou dans les rues, attirant
les passants par des gestes ou des propos
séducteurs, Proverbes 7:11. Parfois elles
étaient voilées, Genèse 38:14, et gardaient
l'anonyme que leur complice respectait.
Depuis le schisme des deux royaumes, lorsque
l'idolâtrie se fut établie en Israël, la
prostitution se fit souvent, et notamment en
Éphraïm, au nom des divinités dont le culte
avait envahi les autels du Dieu vivant, au
nom d'Astarté en particulier, Osée 4:14; 1
Rois 14:24; 15:12; 22:47; 2 Rois 23:7.
— Au dire de Flavius Josèphe, tout mariage
avec une prostituée était déclaré contraire
à la loi, ce qui était d'autant plus naturel
que les enfants de la prostitution ou du
désordre étaient, jusqu'à la dixième
génération, exclus de l'assemblée de
l'Éternel, Deutéronome 23:2. Jephthé semble
avoir fait exception devant Dieu, Juges
11:1, puisque son nom est rappelé avec
honneur, Hébreux 11:32; mais la conduite de
ses frères à son égard prouve que cette loi
d'exclusion était en vigueur de son temps.
Lors de l'apparition du christianisme, la
prostitution régnait en maîtresse à Rome et
en Grèce: elle n'était ni le résultat
absolu, ni le monopole de certaines
religions et de certains cultes (Sapience
14, 26), mais la conséquence de la frivolité
et de la corruption qui s'étaient
introduites dans les mœurs publiques avec la
prospérité matérielle. La mollesse est la
mère de l'impureté. Les femmes de mauvaise
vie étaient légalement établies à Rome. Plus
les principes de la pureté étaient foulés
aux pieds, plus les maximes corruptrices
étaient avouées, professées avec audace (—
Voir: par exemple, Térence, Adelph.
1, 2. 21. Eunuq. 3, 5. 34), plus aussi les
apôtres devaient protester avec force contre
ce relâchement général qui avait gagné la
société chrétienne, 1 Corinthiens 5:1; 2
Corinthiens 12:21; 1 Thessaloniciens 4:3; 1
Timothée 1:10, et le décret du concile de
Jérusalem, Actes 15:20,29; cf. 21:25,
s'explique amplement par la nécessité
d'opposer une barrière puissante aux
débordements du paganisme. On voit par
Romains 2:22; Jean 8:7, que l'impureté
régnait aussi parmi les Juifs, tant dans les
basses que dans les hautes classes;
— Voir: aussi Luc 7:37,
et les fréquentes mentions qui sont faites
de gens de mauvaise vie dans le Nouveau
Testament.
PROVERBES.
Le livre de l'Ancien Testament
qui porte ce nom, ne renferme pas des
proverbes proprement dits, mais plutôt,
comme l'indique son nom hébreu Mischlé,
des sentences plus ou moins longues sur la
vertu et le vice, sur le péché en général,
des règles et des préceptes divers,
applicables aux différentes circonstances de
la vie humaine, des conseils détaillés sur
la conduite et la manière de vivre. C'est un
genre d'écrire ou de parler que Cicéron
attribue aux Asiatiques, et qu'il appelle: «Genus
dicendi sententiosum et argutum, sententiis
non tam gravibus et severis, quam concinnis
et venustis.» De Clar. Orat. 9. D'autres
littératures ont été également riches en
productions du même genre, celle des Arabes,
par exemple, et celle des Perses, dont le
Pend-Nameh, ou Livre du Conseil,
attribué à Férideddin-Attar, a été publié en
français par Sylv, de Sacy; mais les
proverbes hébreux qui, pour la richesse de
la pensée et la finesse de l'expression, ne
le cèdent à aucun, se distinguent en outre
par une psychologie profonde, et par un
caractère universel et populaire qu'on ne
trouve nulle part ailleurs. Les sentences
arabes sont ordinairement locales, et ne
peuvent être comprises qu'à l'aide de très
bons scholiastes. La vie, telle qu'elle est
dépeinte par Salomon, apparaît comme
pénétrée de la religion et des effets de la
loi divine.
Les Proverbes se divisent en cinq parties,
par les inscriptions qui indiquent les
différents morceaux:
-
Chapitres 1-9; le titre attribue ces neuf chapitres à Salomon, fils de David, roi d'Israël; ils contiennent une exhortation à la sagesse.
-
10-24:22. Chapitres également attribués à Salomon; ils renferment des morceaux assez longs, bien liés, et très beaux, surtout celui qui traite de la sagesse divine, depuis 22:17.
-
Un fragment de douze versets, 24:23-34, recueillis par des sages (et non pour les sages, comme le traduisent nos versions); la tradition avait probablement conservé les noms de ces hommes, de sorte qu'ils étaient connus des Hébreux, mais ils sont perdus pour nous.
-
Chapitres 25-29. Proverbes de Salomon, recueillis par les hommes d'Ézéchias, c'est-à-dire par une commission qu'Ézéchias avait chargée de ce travail, peut-être par Éliakim, Sebna et Joach, 2 Rois 18:26.
-
Les deux derniers chapitres ont été composés par des auteurs inconnus. Le 30e est attribué à un certain Agur, q.v., et forme une espèce d'entretien, de discussion, ou de dialogue religieux entre Agur et deux amis, ou disciples, Ithiel et Ucal; ces personnes étaient peut-être du nombre des sages dont il est parlé 24:23. Quant au dialogue lui-même, il doit être regardé naturellement comme une fiction, une invention poétique. Le chapitre 31e renferme des préceptes qui furent communiqués au roi Lémuel, q.v., par sa mère; dans les neuf premiers versets, le sage dessine l'idéal d'un roi; dans les derniers, celui d'une femme vertueuse. Quoi qu'il en soit de la personne de Lémuel, la forme de ce chapitre paraît être, comme le précédent, une fiction poétique.
L'antiquité tout entière a regardé Salomon
comme l'auteur de la plus grande partie de
ce recueil, de toute celle au moins qui
porte son nom, et rien ne contredit cette
opinion. Quelques différences de style et de
méthode, quelques répétitions assez
nombreuses,
— Voir: par exemple, 17:1; 19:13;
21:9,19; 25:24,
prouveraient tout au plus que Salomon n'a
pas publié lui-même ses maximes dans l'ordre
dans lequel elles nous sont parvenues, et
rien n'oblige à le croire. On voit par 25:1,
qu'une partie de ces sentences ont été
recueillies au temps d'Ézéchias, et il est
probable aussi que le livre entier a reçu sa
forme actuelle à la même époque. Les
inscriptions sont trop précises pour laisser
subsister des doutes sur la connaissance
exacte que les auteurs du recueil doivent
avoir eue de l'auteur et des auteurs des
Proverbes. L'opinion de Grotius, qui pensait
que Salomon, comme plus tard plusieurs
empereurs byzantins, avait fait faire pour
son usage une collection ou compilation des
meilleures maximes des auteurs contemporains
ou antérieurs, est abandonnée. Celle de De
Wette, qui s'appuie sur Théodore de
Mopsueste seul, et sur le scepticisme le
plus radical, n'a guère de partisans: le
principal argument qu'il oppose à
l'unanimité de la tradition, se rapporte à
la description de la vie privée et de la vie
champêtre que l'on trouve dans plusieurs
morceaux de ce livre, vie que Salomon,
dit-il, ne pouvait pas connaître, Einl. §
281. Mais, outre que les sujets de ses trois
mille paraboles et de ses cinq mille
cantiques durent être extrêmement variés,
outre que le cœur plein de sagesse et de
génie dont Dieu l'avait doué, devait faire
de lui un des hommes les plus versés dans
toutes les connaissances humaines qui furent
jamais, il est fait une mention spéciale de
ses études en histoire naturelle, et, dans
la pratique, l'histoire naturelle n'est pas
loin de la vie champêtre. Le Cantique des
Cantiques, que nous avons reconnu être de
Salomon, est une nouvelle preuve de la
facilité avec laquelle le puissant monarque
de Juda savait descendre aux détails de la
vie des champs.
On ne saurait déterminer avec certitude à
quelle époque de sa vie Salomon a prononcé
ces sentences. Les Hébreux disent que le
Cantique est l'ouvrage du jeune homme, les
Proverbes celui de l'homme fait,
l'Ecclésiaste celui du vieillard. Jérôme et
Cyrille veulent que ces deux derniers
ouvrages aient été composés après sa chute
et son relèvement. Ce qui est probable,
comme le dit Heidegger, c'est que les
Proverbes ne furent l'ouvrage ni d'un mois,
ni d'une année; et peut-être vers la fin de
sa vie mit-il lui-même en ordre de sa propre
main les 24 premiers chapitres, comprenant
des maximes qu'il avait énoncées et
peut-être écrites en divers temps.
Luther fait remarquer combien c'était un
homme «excellent, sage et fin, «que ce roi
Salomon, qui, au milieu de toutes les
occupations que lui imposaient les affaires
de son royaume, ne dédaignait pas
d'entreprendre l'œuvre d'un instituteur de
la jeunesse, et de donner à celle-ci des
directions dans l'étude de la plus
nécessaire de toutes les sciences. Un autre
homme pieux disait que chaque fois qu'il se
trouvait dans quelque circonstance difficile
où son devoir ne lui paraissait pas
clairement tracé, il se mettait à lire les
Proverbes d'un bout à l'autre, bien sûr d'y
trouver le conseil dont il avait besoin.
Le livre des Proverbes est fréquemment cité
dans Je Nouveau Testament; plusieurs
passages lui sont empruntés, Luc 4:8,10;
Romains 12:20; Jean 1:1; Jacques 1:19; 2:1;
4:6,13; 5:1,20; Hébreux 12:5-6; 1 Pierre
4:8,18; 5:5.
Parmi les commentaires à consulter, on peut
indiquer surtout celui de Mélanchthon, et
celui d'Umbreit; C. B. Michaélis et
Rosenmuller renferment aussi de bonnes
explications. M. Vivien a donné une
traduction française du livre des Proverbes.
PSAUMES,
(hébreu Sépher Thehillim,
livre des hymnes, ou des louanges). Cet
admirable ouvrage, dont l'éloge épuiserait
toutes les épithètes, si celle d'ouvrage
inspiré de Dieu ne faisait pas sa plus
grande beauté, et ne résumait pas tout ce
que l'on peut dire et sentir de plus
profond, a été dans tous les siècles lob-jet
d'un amour et d'un respect tout particulier
clans l'Église. C'est une bibliothèque
spirituelle, dit Cassiodore, où l'on
rencontre tout ce qui est nécessaire pour le
salut. Il contient un abrégé de tout ce que
l'on trouve dans les autres livres, dit
saint Augustin. Et Ambroise: L'histoire
sacrée nous instruit, la prophétie annonce
l'avenir, les corrections répriment les
méchants, la morale persuade; mais les
Psaumes produisent tous ces effets à la
fois: l'utile et l'agréable y sont partout
si sagement mêlés qu'il est difficile de
décider lequel des deux l'emporte sur
l'autre. Saint Athanase écrivant à
Marcellin, et lui recommandant la lecture
des Psaumes, dit que telle partie des
Écritures nous porte à imiter le bien dont
telle autre nous donne l'exemple ou le
précepte, mais qu'en lisant les Psaumes, il
semble que ce soient nos propres prières et
nos propres désirs que nous exprimions; ce
volume, ajoute-t-il, est comme un paradis
dans lequel on trouve toutes les espèces
d'arbres et de plantes. Saint Basile: Le
livre des Psaumes contient tout; il annonce
les choses futures par des oracles non
équivoques; il rappelle l'histoire des temps
passés; il sanctionne les lois d'une vie
sainte; il renferme les préceptes et les
exhortations les plus admirables, et pour
tout dire en un mot, il abonde en toute
bonne doctrine (bonæ omnis doctrinæ
uberrimum quoddam est), rappelant et
développant avec un soin plein de grâce et
d'intelligence tout ce qui peut le plus nous
conduire au salut. Luther, dans son langage
si simple et si plein, appelle les Psaumes
une petite Bible, un manuel, un abrégé de
tout ce qu'il y a de plus beau; et Calvin
dit qu'ils sont comme une anatomie de toutes
les parties de l'âme, tellement qu'il n'est
aucun de nos besoins auquel ils ne
répondent, aucune de nos dispositions
intérieures qu'ils ne reflètent; de sorte
que ce livre peut servir à l'étude de la
plus belle et la plus difficile de toutes
les sciences, celle que Socrate résumait en
ces mots: Connais-toi toi-même.
Les Psaumes ne sont pas tous du même auteur,
quelque grande que soit à cet égard
l'autorité de saint Augustin, d'Aben Esra,
d'Euthymius, qui les attribuent tous à
David. David, l'homme qui composait les doux
cantiques d'Israël, 2 Samuel 23:1, en est,
il est vrai, le principal auteur; c'est lui,
dit Athanase, qui reçut le premier le don de
psalmodier à l'Esprit, d'écrire et de
composer des psaumes; c'est encore lui qui a
composé le plus grand nombre de ceux qui se
trouvent dans le recueil qui porte son nom,
2 Chroniques 7:6; 29:30; Amos 6:5: mais il
ressort des inscriptions mêmes de plusieurs
de ces psaumes, qu'ils ont été écrits par
d'autres que lui. Cinq auteurs sont nommés
outre David. Le psaume 90 est de Moïse; le
127 de Salomon; le 88 de Héman, Ezrahite,
peut-être un petit-fils de Samuel, 1
Chroniques 6:33; 2 Chroniques 5:12; le 89
est d'Éthan, Ezrahite, et Asaph, un
prophète, 1 Chroniques 25:2, a composé le
psaume 50, et les psaumes 73 à 83. On a
discuté beaucoup sur le sens de la
préposition hébraïque qui sert à désigner
l'auteur (le Lamed auctoris). On peut
traduire en effet: psaume d'Asaph, ou psaume
pour Asaph; mais comme c'est la même formule
ordinairement employée pour les psaumes de
David, et que d'ailleurs on se sert d'une
autre tournure pour indiquer les cantiques
destinés à Asaph, comme fait la tradition
qui donne les psaumes 96, 105 et 106 comme
devant être chantés par Asaph, sans que les
titres indiquent qu'ils soient d'Asaph, on
peut ne pas attacher une grande importance à
cette controverse philologique. Les noms de
Jéduthun, et des trois fils de Coré (Asir,
Éléanah, et Abiasaph) sont encore en tête de
quelques psaumes, non qu'ils en soient les
auteurs, mais parce qu'ils devaient en être
les chantres; c'est pour eux que ces psaumes
avaient été composés, comme d'autres le
furent aussi pour le maître-chantre,
c'est-à-dire pour celui qui dirigeait dans
le temple les chœurs des chantres lévites.
Vingt-cinq psaumes environ sont sans aucune
inscription; on peut croire qu'ils sont de
David, quoique saint Jérôme pense qu'ils
appartiennent plutôt au même auteur que
celui ou ceux qui précèdent; d'autres, et
spécialement les commentateurs anglais,
attribuent le psaume 44 à Ézéchias, le 102 à
Daniel, le 1 et le 119 à Esdras, le 129 à
Néhémie, le 137 à Aggée ou à Zacharie, etc.;
mais, non seulement ce n'est pas prouvé,
c'est encore peu probable.
Les Psaumes n'ont tous été, ni composés dans
les mêmes circonstances, ni destinés au
culte public. Souvent le roi-prophète ne
chante que ses propres impressions, celles
du moment, l'effet que produit sur lui la
pensée de Dieu contemplé dans ses ouvrages,
ou celle des dispensations de Dieu à l'égard
de ses enfants, et de ses ennemis; ailleurs
il se réjouit dans l'attente d'un Sauveur,
et dans la perspective du règne messianique.
Il a composé plusieurs de ses psaumes
pendant son séjour à la cour de Saül,
d'autres pendant qu'.il fuyait devant ce roi
qu'il avait déjà remplacé, d'autres à
Hébron, d'autres à Jérusalem, plusieurs
pendant qu'il fuyait devant les troupes de
son fils Absalon; quelques-uns de ses
cantiques appartiennent à la partie la plus
agitée de sa carrière, d'autres ont été
composés dans le calme et la tranquillité
d'un règne heureux; toute la vie de David
est rappelée dans ses hymnes, et souvent cet
homme élu de Dieu, ce type de Jésus-Christ,
parle de lui-même en termes qui annoncent un
autre roi d'Israël, un autre règne, un autre
temps, et que le Saint-Esprit rapporte à
celui qui devait venir de la tribu de Juda
et de la famille de Jessé; l'image et la
réalité se confondent dans la perspective
prophétique; les douleurs et le triomphe de
David disent les douleurs et le triomphe de
Jésus.
On a fait différentes tables des psaumes par
ordre de matières, mais la nature même du
psaume qui embrasse souvent plusieurs sujets
et passe de l'un à l'autre, ne permet pas
toujours d'insister beaucoup sur une
division de ce genre. Quelques psaumes s'y
prêtent, d'autres s'y refusent. Une division
générale en prières, actions de grâces,
cantiques d'adoration, psaumes sentencieux,
psaumes prophétiques, psaumes historiques,
est naturelle; c'est à peu près la division
d'Athanase; Bickersteth subdivise encore
chacune de ces parties en plusieurs autres,
et alors sa table n'est plus un guide très
sûr.
— On a fait également quelques essais de
classification des psaumes par ordre
chronologique, mais comme la date d'un assez
grand nombre est inconnue et fort douteuse,
il est inutile de s'y arrêter; il faut se
contenter d'un à peu près. Nous ne
reproduirons donc pas des listes de ce
genre; on les trouvera dans l'Introduction
de Home, dans l'ouvrage anglais, Companion
to the Bible (traduction par Mme
Rilliet-Constant), et dans plusieurs
commentaires français sur les Psaumes. La
Polyglotte française de Bagster, et la
Concordance de Mackenzie, indiquent aussi
l'ordre chronologique.
Les Juifs divisaient les Psaumes comme la
loi de Moïse, en cinq livres qui unissaient
aux psaumes 41, 72, 86, 106, et 150. Les
quatre premiers se terminent par les mots
Amen, Amen, le cinquième par Alléluia!
Épiphanes, en conséquence de cette division,
appelait les Psaumes un second Pentateuque.
À ce propos encore, on a voulu parler de
tables des matières, et l'on a dit que le
premier de ces cinq livres chantait des
sujets tristes, le second des sujets de
joie, le troisième des sujets tristes, le
quatrième des sujets de joie, et le
cinquième la tristesse et la joie tout
ensemble: mais il y a une futilité qui saute
aux yeux de tout lecteur attentif dans cette
manière de parquer les psaumes. On
admettrait plus volontiers le sentiment
d'Augustin qui, divisant les Psaumes en
trois cinquantaines, voit dans la première
la vocation, dans la seconde la
justification, dans la troisième la
sanctification et la glorification des
saints. Au reste la division du Psautier en
cinq livres n'est pas même prouvée; Eusèbe
et Ambroise l'admettaient comme fort
ancienne, mais Hilaire, Jérôme et Augustin
la repoussaient comme contraire à l'Écriture
qui ne cite jamais les Psaumes que comme
formant un seul livre. Quoi qu'il en soit de
cette division, qu'elle remonte aux auteurs
de la collection, ou qu'elle soit d'une date
plus moderne, le recueil des Psaumes n'a
jamais compté que comme un seul livre dans
l'énumération des livres canoniques de
l'Écriture.
Les versions grecque et romaine ont réuni en
un seul les psaumes 9 et 10, séparés dans le
texte hébreu, de sorte qu'à partir de ce
psaume, il y a entre ces versions et les
nôtres traduites sur l'original, une
différence dans la manière de noter les
psaumes. Pour retrouver les 150, ceux qui
ont réuni deux psaumes en un, ont dû en
dédoubler un en deux, et ils ont choisi le
147e (leur 146e) qu'ils partagent au verset
12. Les catholiques réunissent encore les
Psaumes 114 et 115 en un seul, et partagent
le 116e en deux au verset 10.
Plusieurs psaumes portent en hébreu des
inscriptions qui leur servent de titre, et
que nos versions ont quelquefois
transcrites, quelquefois traduites (plus ou
moins bien): l'édition française de Bagster
les a même supprimées. Voici les
principales.
Mictam. Psaumes 16, 56, 57, 58, 59,
60. On a donné à ce mot obscur bien des
significations. Les Juifs entendent:
cantique de David qui a été humble et
intègre; ce sens obtenu à grand'peine
par la décomposition du mot, n'est qu'un
expédient rabbinique. D'autres, tels que les
Septante et la Vulgate, traduisent
inscription, titre qui ne signifierait
rien. D'autres encore, dont Heidegger, le
rendent par cantique d'or, cantique
précieux, en s'appuyant sur un sens possible
de son étymologie. Nos savants modernes
enfin, lisant Mictab, comme Ésaïe
38:9, le traduisent simplement par écrit.
L'opinion de Heidegger nous paraîtrait le
plus conforme au génie de l'hébreu, et ne
serait pas en désaccord avec le contenu de
ces psaumes. La dernière est cependant plus
simple.
Héduth (témoignage), Psaumes 80,
— Voir: Musique #2, g.
Le Lammed. Nos versions le rendent
par «propre à enseigner», Psaumes 60: c'est
en effet sa signification, comme celle de
Maskil, Psaumes 32, que nos versions ne
traduisent pas.
Mismor, Psaumes 3, 4, 5, 6, 8, 9, que
nos versions traduisent par psaume, et
Siggajon, Psaumes 7, (chant,
cantique), cf. Habacuc 3:1; Jérémie 7:16.
— On ne connaît pas la différence qu'il y
avait entre ces deux mots.
Muth-Labben, Psaumes 9; Psaume donné
au maître chantre sur Muth-Labben,
littéralement en hébreu: «sur la mort de
Labben.» On a voulu lire Natal au lieu de
Labben, par la transposition des lettres;
d'autres lisent Halamoth Labben, ce qui
signifierait: pour être chanté par les
filles de Ben (cf. 1 Chroniques 15:18), etc.
— Voir: aussi plus bas.
Altascheth, Guittith.
— Voir: ces mots.
Ajeleth-Hassachar, Psaumes 22, (la
biche de l'aurore), peut-être le
commencement d'un ancien cantique sur l'air
duquel ce psaume devait être chanté.
Néhiloth, Psaumes 5, Mahalath,
53 et 88,
— Voir: Musique #2, d. Nehil.
Néguinoth, Psaumes 6,
— Voir: Musique #3.
Le Hannoth, Psaumes 88, Halamoth,
46, Séminith, 6, et 12, désignaient
peut-être des modulations de la voix, des
modes de chanter, des voix particulières; le
premier de ces mots indiquerait des
entre-répons, le second des voix de jeunes
filles, ou de soprano, le dernier des voix
grasses, ou basses. Selon
quelques-uns Muth-Labben serait le ténor.
Le maître-chantre, ou Menazéach,
— Voir: Chantres.
Mahaloth, Psaumes 120-134. Cantiques
des degrés, ou des montées. On
ne saurait pas dire au juste ce que signifie
ce titre, au milieu de tous les essais
d'explication que l'on a mis en avant. Les
uns ont cru que c'étaient les cantiques que
l'on chantait sur les quinze degrés du
temple, dont parle Flavius Josèphe, degrés
qui conduisaient de l'enclos des femmes dans
le grand parvis; d'autres entendent ces
degrés de ceux qui conduisent du parvis des
prêtres au vestibule qui était devant le
lieu saint, mais on ne voit nulle part qu'il
y en eût quinze; le contraire ressort de
Ézéchiel 40:22,26,31,37,49. On ne voit
d'ailleurs nulle part non plus que les
lévites chantassent sur les degrés du
temple.
— D'autres pensent qu'on chantait ces
cantiques sur la tribune de laquelle les
lévites faisaient quelquefois la lecture de
la loi, Néhémie 9:4; mais ce n'est qu'une
conjecture, et rien ne lui donne un air de
vraisemblance.
— Quelques rabbins, et quelques
commentateurs traduisent mahaloth par
cantiques d'élévation, soit qu'on les
chantât sur un ton élevé, soit qu'à chaque
psaume on élevât la voix d'un ton.
— Calmet enfin et beaucoup d'autres avec
lui, traduisent cantiques de la montée,
ou du retour de la captivité de
Babylone: on voit en effet par plusieurs
passages, Esdras 1:3,5; 2:1; 7:6-7; Néhémie
7:5-6; Jérémie 27:22; Ézéchiel 39:2; Psaumes
122:4, que pour exprimer l'idée du retour de
Babylone, on se servait souvent de
l'expression monter, et comme ces quinze
psaumes ont presque tous un rapport direct
avec ce grand événement de l'histoire juive,
il est bien possible que ce soit à cette
opinion que l'on doive s'arrêter. Heidegger
la spiritualise en l'appliquant à l'Église
chrétienne qui s'élève au-dessus de toutes
les autres; il dit que ces psaumes sont
ainsi nommés à cause de l'excellence
de l'Église.
Le Hazkir (pour réduire en mémoire),
Psaumes 38, et 70. Ce titre peut avoir
plusieurs sens, cantique destiné à être
appris par cœur, cantique destiné à rappeler
certain événement ou certaine époque de la
vie, etc.
Thephiloth (requête), Psaumes 17, 86,
90, et 102.
Thodah (confession ou action de
grâces), Psaumes 100.
Thehillah (louange), Psaumes 145.
Halléluiah (louez l'Éternel), Psaumes
106, 111, 112, 113, 135, etc.
Yedidoth (cantique nuptial), Psaumes
45. D'autres psaumes enfin ont des
inscriptions plus développées, disant les
circonstances dans lesquelles ils ont été
composés. On a discuté longuement sur la
date, la valeur et l'autorité de ces
inscriptions. Augustin, Hilaire, Théodoret
estiment, que non seulement chaque titre
correspond exactement au sujet du psaume,
qu'il en est en quelque sorte la clef, mais
encore que ces titres sont inspirés comme Je
reste du psaume, quoiqu'ils aient été
ajoutés peut-être après coup par les auteurs
inspirés de la collection, notamment par
Esdras; les Juifs, les Septante, la Vulgate
et nombre d'autres traducteurs ou
commentateurs de la Parole divine, ont parlé
à peu près de la même manière. Origène parle
autrement; il ne conteste pas l'utilité de
ces titres en général, mais il estime qu'il
y a eu diverses transpositions, «que chaque
pièce de ce grand appartement a une clef à
sa porte, mais que cette clef n'est pas
celle qui convient, et qu'il faut souvent la
chercher ailleurs. Calmet, cherchant un
juste milieu entre les opinions contraires
des Pères, dit qu'il faut parler des titres
des psaumes avec beaucoup de respect,
quoiqu'on ne puisse pas les regarder tous
comme canoniques. Mais en parlant ainsi, il
parle des Septante et de la Vulgate qui ont
souvent ajouté quelques mots, quelques
explications aux paroles du texte hébreu, et
sa réserve ne saurait porter sur les titres
de l'original, tels que nous les avons
conservés dans nos versions. Nous pouvons
donc nous borner dans cette discussion, à
reconnaître comme authentiques et inspirés
les titres hébreux, laissant le champ libre
sur l'exactitude des additions et
changements ajoutés par voie de commentaires
dans les versions grecque et latine.
Mentionnons encore, comme se distinguant par
un caractère extérieur, les psaumes
acrostiches dont chaque pause, verset ou
demi-verset commence par une des lettres de
l'alphabet, rangées selon l'ordre
alphabétique; ce sont les Psaumes 25, 34,
37, 111, 112, 119 et 145. Sur cet
arrangement, qui se reproduit ailleurs
encore,
— Voir: ce que nous avons dit à
l'article Jérémie (Lamentations).
Les psaumes sont des poésies, mais dont la
forme est perdue pour nous,
— Voir: à l'article Poésie.
On y reconnaît d'une manière générale des
vers, quelquefois des strophes, un certain
parallélisme de pensées et même
d'intonations, mais il faut renoncer à y
trouver des pieds et ce qu'on appelle même
la quantité dans les syllabes. Les
découvertes que l'on a cru faire sous ce
rapport, n'ont pas résisté à un examen plus
approfondi, et si l'on se rappelle que la
véritable prononciation hébraïque est encore
un problème, on comprendra que la
versification, le rythme, la prosodie des
Hébreux, le soit également.
L'authenticité et la canonicité du livre des
Psaumes ont toujours été reconnues par les
Juifs et par les chrétiens; quelques sectes,
les nicolaïtes, les gnostiques, les
manichéens, parfois des anabaptistes, ont
seuls contesté que David ait été prophète,
et que les psaumes soient l'ouvrage du saint
Esprit. L'une des raisons que l'on a fait
valoir avec une apparence de solidité contre
l'inspiration de quelques psaumes, ce sont
les imprécations du prophète contre ses
ennemis et contre les méchants. Les Pères
expliquent ordinairement ces passages comme
ne contenant que de simples prédictions des
maux que Dieu réserve à ceux qui font le
mal; Chrysostôme dit que le prophète
n'exprime pas ses propres sentiments, mais
ceux des autres; Athanase spiritualise ces
ennemis et pense qu'il ne s'agit pas des
hommes, mais des démons. Cette opinion n'est
pas un expédient, mais une vérité peut-être
trop spiritualisée; il est probable que
David pensait aux hommes visibles et non à
des ennemis invisibles, mais pour le roi
théocratique, les ennemis de la théocratie
étaient les ennemis de Dieu, les agents et
les représentants du malin, et celui qui,
vivant, pardonnait comme individu à Simhi,
prophète, sur son lit de mort, ne lui
pardonnait plus. Au point de vue de la
théocratie, et il importe que l'on s'y
place, les paroles du prophète ont, non pas
une signification, mais une portée toute
différente de celle qu'elles auraient dans
le langage ordinaire; elles partent de la
glorification de Dieu, et lui subordonnent
tout; l'établissement du règne de Dieu a une
bien autre importance que la vie ou la mort
de ses ennemis, et d'ailleurs, ce n'est pas
de leur mort qu'il s'agit, mais de leur
cessation, de leur destruction, sous quelque
forme qu'elle se présente; ce peut être la
mort, ce peut être la conversion, ce doit
être une fin d'opposition et d'antagonisme.
Nous n'oublions pas que l'Église romaine,
qui confond habituellement sa cause avec la
plus grande gloire de Dieu, a pris
l'habitude aussi, depuis qu'elle s'est
manifestée, de vomir la mort contre ses
ennemis et qu'elle conclut facilement de
l'usage à l'abus, en matière d'autorité.
Mais Dieu et l'Église romaine sont deux
choses distinctes, et les droits de l'un ne
font pas les privilèges de l'autre. Nous ne
pouvons confondre l'Église avec son chef
sous aucun rapport, et celui-ci peut, seul
mettre toutes choses sous ses pieds.
L'Église chrétienne même ne saurait adopter
à son usage une pareille doctrine, et elle
l'a répudiée depuis qu'elle a répudié le
moyen âge, Rome et ses traditions. Il
suffirait, d'ailleurs, de voir l'usage que
le papisme a fait de la formule ad
majorem Dei gloriam, pour être bien
persuadé que l'Église de Rome n'a rien à
démêler avec le sainte indignation du
psalmiste contre ses ennemis.
On trouve des difficultés de plus d'un genre
dans l'étude des psaumes, mais ce n'est pas
à ces difficultés qu'il faut attribuer,
comme le fait Calmet, le grand nombre de
commentaires qui ont paru sur ce livre. S'il
a mérité de fixer l'attention des
théologiens de tous les temps, c'est, non
point à cause de ce qu'on n'en comprend pas,
mais à cause de ce qu'on en comprend. Ce
livre est unique, seul de son espèce dans la
Parole de Dieu. Tous les autres nous
représentent Dieu parlant à l'homme,
celui-ci nous montre l'homme parlant à Dieu.
Les psaumes sont en quelque sorte la réponse
de l'homme aux révélations divines, à la
loi, à la grâce, à la sainteté, à l'amour, à
la justice, et à la vérité de Dieu. Et
chaque homme peut trouver dans chaque psaume
l'expression de ses sentiments chrétiens, de
ses désirs, de ses actions de grâces. De là
vient cette vénération, cet amour universel,
presque exclusif chez quelques-uns, que l'on
rencontre pour cette portion de l'Ancien
Testament; et plus le fidèle croît dans la
grâce et dans l'expérience, plus il ajoute
de prix à la méditation de ces pensées de
Dieu, devenues les pensées de l'homme
régénéré.
Parmi les deux mille commentaires, et plus,
qui ont été faits sur les Psaumes, nous
n'indiquerons que ceux d'Ambroise,
d'Athanase, de Basile, entre les Pères,
celui de Luther, et ceux de Bucer.
Bullinger, Calvin, Étienne et Zwingle, entre
les réformateurs. Les commentaires modernes
les plus estimés sont, en anglais, Henry et
Scott, en allemand, Stier et surtout
Hengstenberg. M. A, de Mestral annonce une
traduction française de cet important
travail.
On a essayé, à diverses reprises, de mettre
les Psaumes en vers français. Le psautier,
tel qu'on le chante maintenant dans nos
églises, a paru, pour la première fois, en
1562, avec privilège du roi, «traduit selon
la vérité hébraïque, et mis en rime
française et bonne musique, comme il a esté
veu et cognu par gens doctes en les S.
Escriptures et ès dites langues, et aussi en
l'art de musique.» Les cinquante premiers
ont été traduits par Marot, les cent autres
par Théodore de Bèze (Crottet, Chronique
prot., p. 130). Le dernier essai qui a été
fait en ce genre, est la traduction de M.
Malan, publiée sous le titre de Chants
d'Israël. La réputation des Chants de Sion,
du même auteur, a jeté de l'ombre sur son
dernier recueil.
— On peut recommander aussi les traductions
en prose de Vivien, et de Perret-Gentil.
PTOLÉMAÏS,
— Voir: Hacco.
PUBLIUS,
gouverneur de Malte, lorsque
saint Paul fut jeté sur les côtes de l'île
par un naufrage, Actes 28:7-8. II ne
demeurait pas loin du lieu où le navire
avait échoué, et il fut des premiers à
pourvoir aux besoins de Paul et des siens,
qui trouvèrent dans sa maison, pendant les
trois premiers jours, une hospitalité que
Publius continua sans doute jusqu'à la fin à
l'apôtre qui avait guéri son père d'une
maladie, dangereuse.
— Saint Luc donne au gouverneur de Malte le
titre de premier ou de principal,
que l'on a retrouvé dans une inscription
antique, comme désignant la charge du
magistrat exerçant dans cette île l'autorité
suprême.
PUDENS,
2 Timothée 4:21; Inconnu.
— Voir: Claudia.
PUHA,
Exode 1:15,
— Voir: Siphra.
PUITS,
— Voir: Citernes, et
Maisons.
Ils servaient souvent de retraites ou de
magasins, et cet usage s'est conservé chez
plusieurs peuples et peuplades de l'Orient.
«Les habitants du Caucase qui, pour la
plupart, sont à demi nomades et souvent
exposés aux incursions de leurs voisins, ont
toujours, auprès de leurs maisons, des
souterrains dans lesquels ils cachent leurs
provisions et leurs effets. Ces magasins, de
la forme d'un puits étroit, sont fermés avec
une planche, ou une large pierre recouverte
soigneusement de terre, et sont toujours
placés dans des endroits où le gazon manque,
de peur que la couleur de l'herbe ne
trahisse le dépôt. Malgré ces précautions,
les soldats russes les découvrent souvent;
ils frappent la terre avec la baguette de
leurs fusils, dans les sentiers battus qui
sont près des habitations, et le son leur
indique les cavités qu'ils recherchent. Ivan
en découvrit une sous un hangar attenant à
la maison, dans laquelle il trouva des pots
de terre, quelques épis de maïs, un morceau
de sel gemme et plusieurs ustensiles de
ménage.» Xavier De Maistre, les Prisonniers
du Caucase.
PUL, ou Phul,
-
2 Rois 15:19, le premier roi d'Assyrie dont il soit parlé dans la Bible. Il envahit Israël sous le règne de Ménahem, peut-être pour venger les revers que l'Assyrie avait éprouvés sous Jéroboam II; mais un tribut de 1,000 talents, que Ménahem perçut sur les plus riches de son royaume, apaisa le roi conquérant, qui l'affermit sur le trône qu'il venait d'usurper par la violence et le meurtre. Pul devait voir avec joie le renversement de la 5e dynastie, qui l'avait vaincu, et il croyait laver sa honte en appuyant l'avènement d'une dynastie nouvelle. Il ne laissa pas cependant que d'emmener en captivité les habitants des tribus transjourdaines, 1 Chroniques 5:26. On pense que Pul est l'Anacindaraxès ou Anabaxarès des historiens profanes, le père de Sardanapale, appelé, selon la coutume des Orientaux, Sardan-Pul, c'est-à-dire Sardan, fils de Pul (Calmet, Bossuet); cette opinion est peu probable. On ajoute que Pul est ce roi de Ninive qui fit pénitence avec tout son peuple à la prédication de Jonas, et si l'on se rappelle que Jonas était contemporain de Jéroboam II, on peut croire que, dans sa jeunesse, Pul a entendu la voix du prophète. D'autres croient que Pul est Sardanapale lui-même; d'autres enfin qu'il fut son fils et successeur, Sardanapale II. Le nom de Sardanapale, en caldéen, signifie encore: donné de Dieu.
-
Pul, Ésaïe 66:19, peuplade nommée à côté de Lud, au milieu d'autres contrées éloignées d'Israël. Bochart pense à la petite île de Philœ située sur le Nil, entre l'Égypte et l'Éthiopie, au sud d'Éléphantine, et commune aux habitants de ces deux pays, Strab. 17, 818. Diod. de Sicile, 1, 22. Pline 5, 10. La position de cette île frontière cadrerait assez bien avec le contexte.
PUNITIONS,
— Voir: Peines, et Châtiments.
PURAH,
Juges 7:10-11, serviteur de Gédéon, choisi de Dieu pour accompagner son maître jusqu'aux avant-postes des Madianites, et partager ses dangers.
PURETÉ, Purifications.
La malpropreté du corps est
plus commune et plus dangereuse dans les
pays chauds de l'Orient, que dans nos
climats froids ou tempérés, plus ordinaire
parce qu'elle résulte de la transpiration,
plus dangereuse parce qu'elle engendre
facilement ces maladies de la peau dont la
lèpre est le dernier terme. De là ces
nombreux usages et observances des
Orientaux, ces préceptes de leurs lois,
cette sanction que leurs religions donnent
aux habitudes de propreté pour leur imprimer
un caractère d'impérieuse nécessité.
— Comme tous les peuples de l'Orient, comme
les Égyptiens en particulier (Hérodote 2,
37), les Israélites ont eu des lois de
propreté qui étaient tout ensemble pour eux,
des lois sanitaires et des lois morales;
Mahomet les leur a presque toutes
empruntées. Les ablutions et le bain étaient
naturellement au premier rang de ces
mesures; on se baignait notamment lorsqu'on
se disposait à visiter un supérieur, Ruth
3:3; Judith 10:3. On fut particulièrement
exact à observer toutes ces formalités dans
la période qui suivit l'exil, et les
pharisiens s'étaient fait, à cet égard, une
réputation de minutie qui touchait au
ridicule pour les petites choses, et qui
était bien loin d'être méritée pour les plus
importantes, Matthieu 15:2; Marc 7:3; Luc
11:38.
La propreté du corps étant le symbole, bien
souvent méconnu, de la pureté intérieure, il
en résultait pour le culte, d'abord que
personne ne pouvait se présenter dans le
temple ou dans une synagogue, ni remplir un
acte de culte quelconque, prière ou
sacrifice, sans s'être auparavant lavé, ou
même baigné, suivant l'importance de ce
qu'il allait faire, 1 Samuel 16:5; cf. Josué
3:5; 2 Chroniques 30:17; Exode 19:10. Il en
résultait ensuite que cette pureté
extérieure était plus rigoureusement exigée
à mesure qu'on avait le droit d'approcher de
plus près de l'Éternel, et que les prêtres,
à leur entrée en fonctions, ou lorsqu'ils
étaient sur le point de vaquer à certains
offices, devaient se purifier avec soin,
Exode 29:4; Lévitique 8:6; des cuves
spéciales, destinées à ces lustrations,
étaient placées dans les parvis du temple,
— Voir: Prêtres.
Les idées de pureté et de souillure
portaient sur les animaux et sur les choses,
aussi bien que sur les personnes. Certains
animaux étaient déclarés impurs par la loi,
et il était défendu d'en manger. Les habits,
les maisons, les lits, et quelques
ustensiles de ménage, étaient susceptibles
de certaines impuretés, et il était défendu
de s'en servir aussi longtemps qu'ils
n'avaient pas été purifiés; on appelait
encore impures, d'une manière générale,
toutes les choses dont les Israélites ne
pouvaient user ou s'approcher sans être
souillés. Les motifs qui avaient dicté au
législateur ces interdictions étaient, la
plupart, fondés sur la nature même des
choses; ils étaient à la fois hygiéniques,
politiques, symboliques et religieux, et ne
tenaient, ni les uns ni les autres,
exclusivement de l'un de ces caractères pris
à part. Prévenir certaines maladies, isoler
le peuple des peuples voisins, lui rappeler
la pureté du cœur, et le maintenir dans la
dépendance de l'Éternel, tel était le but de
la loi de Moïse, et chacune de ses
prescriptions sur la pureté légale et sur
les purifications, tendait au même résultat.
On peut dire que les défenses sur le toucher
ou sur le manger étaient toutes fondées,
sans aucun caractère arbitraire, sur des
impuretés réelles, sur une insalubrité
constatée, et sur un dégoût naturel à
l'homme pour les objets dont il avait à
s'abstenir; ainsi les cadavres des animaux
ou des hommes, Nombres 19:11, les maisons et
les vêtements atteints de la lèpre, les
lépreux, les hommes et les femmes souillés
de diverses infirmités, dont plusieurs
étaient une suite du péché, Lévitique 11-15,
Nombres 19, les femmes nouvellement
accouchées, etc. À l'exception des animaux
dont la chair était impure, mais que l'on
pouvait cependant toucher sans en être
souillé, le contact avec les personnes ou
objets qui viennent d'être énumérés,
suffisait pour procurer une souillure plus
ou moins longue; dans plusieurs cas, celui
qui était devenu impur communiquait son
impureté à ceux qui l'approchaient et à ce
qu'il touchait; dans d'autres, sa souillure
demeurait individuelle, et n'était pas
contagieuse. On peut voir, aux articles
spéciaux, quelques détails sur les
principales causes d'impureté légale; nous
rappellerons seulement encore la souillure
que la loi imposait, en les obligeant de la
contracter, à ceux qui sacrifiaient la vache
rousse, et qui en répandaient les cendres,
Nombres 19, et à ceux qui devaient conduire
au désert le bouc Hazazel, et brûler au feu
la chair des deux victimes pour le péché,
dans le jour des expiations, Lévitique
16:26,28. Cette dernière souillure était la
moindre de toutes, et il suffisait de se
baigner et de laver ses vêtements pour en
être immédiatement purifié.
Dans la plupart des cas, les souillures
contractées duraient, les moindres un jour,
c'est-à-dire jusqu'au soir, les autres sept
jours, ou une semaine; les habits devaient
être lavés aussitôt, et un bain pris au
troisième jour rendait au septième la pureté
légale à celui qui l'avait perdue. Lorsque
les souillures tenant à des causes
naturelles, étaient à la fois plus graves et
plus longues, des sacrifices de purification
devenaient nécessaires. Deux tourtereaux
sont mentionnés Lévitique 15. Une mère,
trente-trois jours après la naissance d'un
fils, soixante-six après celle d'une fille,
devait présenter au sacrificateur un agneau
d'un an en holocauste, et un pigeonneau ou
une tourterelle, Lévitique 12:6,8; si elle
était trop pauvre, deux pigeonneaux, l'un
pour l'holocauste, l'autre en offrande pour
le péché, pouvaient suffire. Quant aux
offrandes du lépreux nettoyé,
— Voir: Lévitique 14.
Sa purification devait se faire en deux
fois: la première il apportait deux
passereaux, dont l'un était égorgé au-dessus
d'un vaisseau de terre plein d'eau vive,
dont l'autre, trempé dans le sang du
passereau mis à mort, avec un bouquet de
cèdre, d'hysope, et de laine écarlate,
servait à faire aspersion par sept fois sur
le lépreux, puis était rendu à la liberté,
comme s'il devait emporter la souillure; le
lépreux se lavait alors, rasait tout son
poil, était déclaré net, rentrait dans la
ville, mais ne pouvait pas encore habiter sa
maison. La seconde fois, au septième jour,
il se lavait et se rasait de nouveau; puis
au huitième, après avoir offert deux agneaux
et une brebis d'un an sans tare, avec de
l'huile et trois dixièmes de fine farine, il
se présentait devant le sacrificateur, qui
le touchait avec du sang en trois endroits
et répandait de l'huile sur sa tête, faisant
propitiation pour lui devant l'Éternel. Un
holocauste était offert, et le lépreux
purifié recouvrait toute la pureté légale.
Celui qui était dans un état d'impureté
légale était exclu du culte, des repas
eucharistiques, et de la libre communication
avec les autres Hébreux. Son état ne
constituait pas un délit, pourvu qu'il fît
ce qui dépendait de lui pour le faire
cesser, mais s'il restait volontairement
impur, s'il cachait son état, ou s'il en
bravait les conséquences, il devenait
d'autant plus criminel que la loi, plus
facile à violer, exigeait davantage le
concours de la conscience pour conserver son
action. L'Hébreu, et l'Hébreu fidèle, étant
seul pur devant la loi, tout autre étant
nécessairement impur, les Israélites étaient
isolés au milieu des autres peuples, et
considéraient leur pureté comme une
décoration extérieure, comme un privilège,
comme un titre de gloire, auquel ils
s'attachaient d'autant plus qu'il était
comme le signe de la faveur divine.
— C'en était le signe en effet; le
pharisaïsme a voulu en faire la réalité, et
la lettre a tué l'esprit.
PURIM ou Pur,
mot persan plutôt qu'hébreu, et
qui signifie le sort ou les sorts. Haman
voulant faire périr la nation juive, mais
n'ayant pas la résolution qui parfois mène à
bien les projets les plus criminels, s'en
remit au sort pour fixer l'époque de cette
horrible exécution, Esther 3:7. Il ignorait
que l'homme met la main au giron, mais que
ce qui en sort est de par l'Éternel,
Proverbes 16:33. Le sort jeté au premier
mois décida, puisque Dieu l'avait ainsi
décidé, que l'entreprise tentée contre les
Juifs ne serait pas exécutée avant le
douzième mois, celui d'adar. Ce long délai
permit aux Juifs de détourner le coup qui
les menaçait, et à Ester d'effacer dans
l'esprit d'Assuérus les mauvaises
impressions qu'on lui avait données contre
Israël. Haman tomba victime de sa cruelle et
trop confiante vanité. Les Juifs, heureux et
reconnaissants de cette délivrance toute
miraculeuse, instituèrent la fête des sorts
ou de Purim pour en conserver le souvenir.
On la célèbre le 14 adar, Esther 9:21, et
par deux fois si l'année complémentaire
compte les deux mois d'adar et de beadar,
mais alors la seconde fêle n'est qu'un
souvenir de la première, et porte le nom de
petit Purim par opposition au grand Purim
qui est la fête véritable. La veille on
observe un jeune rigoureux, si c'est un jour
où l'on puisse jeûner; si c'est un sabbat ou
une veille de sabbat, on anticipe le jeune;
on observe pendant vingt-quatre heures
l'abstinence la plus complète, et les
enfants y sont astreints déjà depuis l'âge
de treize ans: on fait des aumônes
abondantes pour que les pauvres puissent
participer à la joie générale, et le jour de
la fête on leur fait part des biens dont
Dieu a couvert les tables de ceux qui vivent
dans l'aisance. Le soir du 13, la veille
encore, on se réunit dans les synagogues, et
à la lueur des lampes, au moment où les
étoiles commencent à se montrer, on fait la
lecture du livre d'Ester sans en rien
omettre; ce livre ou rouleau de vélin, est
appelé le livre par excellence. Le lendemain
matin, jour de la fête, on retourne à la
synagogue, où après avoir lu la déroute
d'Hamalec dans l'Exode, on recommence la
lecture de l'histoire d'Ester; puis chacun
retourne dans sa maison, et le jour se passe
dans le jeu et dans toutes sortes de
réjouissances; la dissolution va jusqu'aux
déguisements les plus sévèrement défendus,
Deutéronome 22:5, et les rabbins enseignent
qu'il est permis de boire du vin jusqu'à ne
plus pouvoir distinguer entre maudit soit
Haman, et maudit soit Mardochée. Véritables
bacchanales! Les Juifs ajoutaient à la fête
l'érection d'une croix ou gibet; on y
suspendait un homme de paille que l'on
nommait Haman, et que l'on finissait par
brûler. Cette portion de la fête qui parut
plus tard une insulte faite aux chrétiens,
fut supprimée en 408 par ordre de Théodose
II, et quelques Juifs ayant non seulement
bravé cette défense, mais attaché au gibet
un jeune chrétien qu'ils fouettèrent jusqu'à
la mort, furent punis du dernier supplice.
— La fête qui se célébrait le 14 à Suse, et
dans les villes murées, se célébrait le 15
dans les bourgs et les villes non murées,
Esther 9:18-21,24,26. Elle est appelée le
jour de Mardochée, 2 Maccabées 15:37; et
plusieurs commentateurs pensent que la fête
des Juifs mentionnée Jean 5:1, n'est autre
que celle des sorts ou de Purim, Lücke,
Olshausen, Tholuck.
PUT ou Phut,
peuple camite que Moïse place, Genèse 10:6, entre Mitsraïm et Cus, et qui est nommé encore ailleurs avec Cus, Ludim, et Lubim, Jérémie 46:9; Ézéchiel 27:10; 30:5; 38:5; Nahum 3:9. Flavius Josèphe (Antiquités Judaïques 1, 6, 2) pense qu'ils habitaient la Mauritanie (le Maroc), et il cite un fleuve de cette contrée qui portait le même nom; Pline appelle ce fleuve Fut, et Ptolémée Phtuth; il se jetait dans l'Atlantique. Selon l'interprète alexandrin et la Vulgate, Put désignerait les Lybiens (Dahler, Hævernick). On ne peut rien fixer de précis, mais on peut croire d'une manière générale que Put avait peuplé le nord, le nord-est, et le centre de l'Afrique, et que ses descendants sont nègres. Les habitants de Put servaient comme soldats dans la marine tyrienne, et dans l'armée d'Égypte; ils sont même indiqués comme faisant partie de l'armée de Gog. On sait que les Mauritaniens étaient aussi de bons soldats, et qu'ils servaient dans les troupes de Carthage, Tite-Live 21, 22.
PYTHON, Pythonisse.
Apollon, le dieu de la
divination, avait reçu des Grecs le nom de
Python, en souvenir du fameux serpent qu'il
avait tué; ce nom ou surnom fut appliqué
plus tard à ceux en qui l'on croyait
reconnaître des dons divinatoires, et qui
avaient été nommés d'abord ventriloques
parce qu'on estimait qu'un démon renfermé
dans leur corps parlait par leur bouche,
puis eurycléites du nom d'Euryclès, en qui
le premier l'on avait remarqué ce phénomène.
Le Nouveau Testament nous parle d'une femme
qui avait l'esprit de Python et qui
rapportait un grand profit à ses maîtres,
Actes 16:46-18. Dans l'Ancien Testament nos
versions ont traduit l'hébreu oboth
par python, esprit de python,
pythonisse, qui ne correspond pas exactement
au sens de l'original, Lévitique 19:31;
20:6; Deutéronome 18:11. Les esprits de
python annonçaient les choses futures, les
oboth étaient les âmes des morts revenant à
la surface de la terre; on appelait maîtres
et maîtresses des oboth ceux qui avaient la
puissance de les faire revenir, et il est
remarquable que des femmes seules soient
mentionnées comme exerçant ce métier. La loi
de Moïse interdisait sous peine de mort de
les consulter, mais comme on en trouvait en
Égypte, Ésaïe 19:3, on en trouva toujours
aussi dans le royaume d'Israël, surtout aux
époques où des rois idolâtres occupèrent le
trône de David, 1 Samuel 28:3; sq. 2 Rois
21:6; 2 Chroniques 33:6; Ésaïe 8:19; 29:4.
Saül qui avait chassé ou exterminé toutes
les espèces de sorciers, et qui s'était
rendu redoutable à ces industriels par la
guerre qu'il leur avait faite, passa par une
transition naturelle de l'intolérance à la
superstition, et se rendit auprès d'une
femme célèbre dans l'art de conjurer et
d'évoquer les morts. Samuel apparut et
prédit à Saül sa mort prochaine et la
défaite d'Israël. C'est une controverse déjà
bien ancienne que celle qui a été soulevé
par ce récit, et nous ne pouvons pas y
entrer. Samuel est-il réellement apparu, ou
n'a-ce été qu'une tromperie de la
magicienne, une illusion de Saül? Si Samuel
est apparu, a-ce été en suite de l'évocation
de la femme, par la puissance du démon, ou
par la puissance et la volonté de Dieu? Le
démon a-t-il de la puissance sur l'âme des
morts, et notamment sur l'âme de ceux qui
sont morts au Seigneur? A-t-il eu cette
puissance au moins jusqu'aux jours où notre
Seigneur étant descendu aux enfers a vaincu
l'esprit malin? Et si Satan a cette
puissance, peut-il la mettre au service de
créatures humaines, de conjureurs et de
conjureuses? Autant de questions, autant de
doutes. Il parait cependant par le récit
biblique que l'ombre de Samuel est
réellement apparue, et qu'elle a fait
entendre les paroles prophétiques qui
renversèrent Saül. Mais quant à la force qui
a fait sortir du tombeau l'âme du prophète,
nous repoussons d'abord la pensée que ce
puisse être une force infernale, puis celle
que les conjurations de la femme aient été
de nature à produire cet étrange phénomène,
et nous pensons que pour punir Saül de son
impie curiosité, Dieu a permis, à l'occasion
des paroles de la magicienne, que l'esprit
du vieux prophète, troublé dans la paix du
sépulcre, retrouvât quelque forme et
quelques accents pour déclarer encore une
fois la déchéance de celui qu'il avait sacré
roi quarante ans auparavant.
— Tous les peuples de l'antiquité étaient
d'accord à attribuer une voix extrêmement
faible à ces esprits revenant sur la terre,
et cela est naturel; la voix tient du corps:
on peut citer la vocem exiguam de
Virgile, Æneid. 6, 493, cf. 3, 39. Iliad.
23, 101.
— Voir: aussi Ésaïe 8:19; 29:4.
La ventriloquie venait pour cela
merveilleusement en aide aux imposteurs,
qui, par un murmure à peine sensible,
savaient faire parler les morts qu'ils
prétendaient faire apparaître dans l'ombre,
et visibles seulement pour une imagination
déjà frappée.
PYTHONISSE.
Le jugement de M. Haldane sur l'évocation de l'ombre de Samuel, ne diffère de l'opinion que nous avons exprimée que par quelque chose de plus absolu pour la forme et pour le fond. Il n'est point à supposer, dit-il, que cette femme eût le pouvoir d'évoquer Samuel, que Saül désirait de consulter; et cela ne paraît en aucune manière par la narration. Mais avant que la sorcière eût préparé ses enchantements dans la vue d'adoucir et de flatter Saül, le prophète Samuel, à qui Dieu en avait donné la commission, apparut, ce qui la frappa également de surprise et de terreur, et il dénonça son jugement de mort à Saül. Nous sommes certains que, dans cette circonstance, Samuel fut envoyé par Dieu-même, parce que le message dont il était chargé regardait un événement à venir. Il n'appartient qu'à Dieu seul de prévoir ce qui doit arriver. Ésaïe 41:22-23; 45:21.