Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-I


septembre 3, 2010 avec la gracieuse permission du site GoDieu



I


IBTSAN,


le dixième des Juges d'Israël, 1182 avant J.-C., Juges 12:8. Il était de Bethléhem en Zabulon, et jugea le pays pendant sept années; il maria ses trente fils et ses trente filles, et mourut en paix dans sa ville natale. On l'a pris, mais sans preuve, pour le même que Booz.


ICHABOD,


(sans gloire, ou bien, où est la gloire?) pauvre enfant dont toute l'histoire est dans sa naissance. Petit-fils d'Héli, et fils de l'impie et débauché Phinées, il était encore dans le sein de sa mère lorsque la nouvelle des malheurs d'Israël la surprit: l'arche sainte venait de tomber entre les mains des Philistins, l'armée était défaite, son père et son oncle étaient morts sur le champ de bataille, son grand-père et tuteur naturel venait de mourir à l'ouïe de tant de désastres; il ne restait à l'enfant que sa mère, elle mourut en lui donnant le jour. Surprise par les douleurs, elle ne trouva pas de consolations ni de soulagement dans la naissance d'un fils; elle n'eut que le temps de le nommer Ichabod en ajoutant: «car la gloire de l'Éternel est transportée d'Israël», et elle expira, 1 Samuel 4:49. Ichabod entra dans la vie n'ayant qu'un frère pour toute parenté, 14:3, mais il ne devait pas être abandonné de celui qui s'est appelé le Père des orphelins.


ICONIE,


antique, célèbre et populeuse ville de l'Asie Mineure; elle appartint à la Phrygie pendant le règne des Perses, plus tard elle passa à la Lycaonie dont elle devint la capitale. Elle était située dans une fertile plaine au pied du mont Taurus, et comptait un certain nombre de Juifs parmi ses habitants, Actes 14:1,19. Abulfeda la nomme Kunijah; aujourd'hui Conie, 30,000 habitants.

— Paul y convertit des juifs et des gentils, mais quelques Juifs incrédules ayant soulevé les païens contre Paul et Barnabas, les apôtres durent se retirer. Paul y repassa plus tard, mais l'Écriture ne donne aucun détail sur ce second voyage, Actes 13:51; 16:2; 2 Timothée 3:11.


IDDO,


Esdras 8:17 (467 avant J.-C.), chef des Juifs établis à Casiphia pendant l'exil; on ne sait pas bien jusqu'où pouvait aller sa compétence et son pouvoir, niais on voit qu'il avait tout au moins une intendance administrative sur la communauté de sa nation. La fin du verset indiquerait presque qu'il était Néthinien, ce qui se concilierait mal avec le titre qu'Esdras lui donne. Esdras lui ayant fait demander quelques Néthiniens et quelques lévites pour accompagner à Jérusalem ceux qui voulaient profiter de la permission accordée par Cyrus, Iddo lui envoya Sérébia.


IDOLÂTRIE.


Parlons d'abord de celle des Hébreux: c'était la plus déplorable, parce que lorsqu'ils tombaient, ils tombaient de haut, et qu'ils n'avaient pas l'excuse de l'ignorance. L'idolâtrie se manifestait chez eux sous deux formes différentes:

  1. L'adoration de dieux autres que Jéhova, c'est-à-dire de créatures divinisées. Ces fausses divinités que l'on confondait le plus souvent avec leurs images mêmes, Deutéronome 4:28; Psaumes 115:4; 135:15; cf. 1 Samuel 31:9; Osée 4:17, sont appelées dans la langue sainte des idoles, Lévitique 19:4; 26:1; Habacuc 2:18,

    — des vanités, Jérémie 2:5; 8:19; 10:15,

    — des vanités fausses, Jonas 2:9,

    — des choses vaines, Actes 14:15,

    — des abominations, 1 Rois 11:5; 2 Rois 23:13,

    — des dieux de fiente, Ézéchiel 6:13,

    — des scandales d'iniquité, Ézéchiel 14:4,7. Enfin l'ensemble de l'idolâtrie est appelé un adultère, cf. Osée 1 et 2.

    — L'Éternel, par opposition à ces images, est appelé le Dieu de vérité, le Dieu vivant, Jérémie 10:10; Daniel 6:20,26 (cf. les sacrifices des morts, Psaumes 106:28), Actes 14:15; 2 Corinthiens 6:16, et le Dieu du ciel, cf. Jérémie 10:11.

    La loi de Moïse avait défendu l'idolâtrie sous les peines les plus sévères; c'était par sa nature le plus grand des crimes dans une législation dont Dieu était le centre et le but; la lapidation était prononcée contre le transgresseur. Et non seulement les Hébreux devaient extirper dans leur intérieur, comme peuple, toute trace d'idolâtrie, mais ils devaient encore, dans toutes leurs guerres, détruire chez leurs ennemis les bocages, les hauts lieux, les idoles, et toute marque d'un culte païen. Quant aux païens, les Hébreux ne pouvaient leur accorder le séjour dans le pays qu'à titre d'étrangers et sous certaines conditions particulières; on devait les tolérer et exercer à leur égard les devoirs de l'hospitalité, mais toute alliance proprement dite, soit par mariage, soit autrement, était expressément interdite; les alliances politiques devaient causer la ruine du pays, comme les alliances privées la mort des individus. Dieu devait être la tête du culte et de l'État: l'abandonner comme Dieu, c'était l'abandonner comme roi; les alliances politiques devaient entraîner une fusion des cultes, et toute fusion est une idolâtrie. Malgré ces menaces cependant, l'idolâtrie s'établit de toutes manières en Israël, et sous toutes les formes; elle ose lever la tête sous Moïse, Nombres 25:2; Deutéronome 13:13, elle se montre sous Josué, elle se remontre sous les juges, elle s'assied sur le trône des rois; chaque fois après quelques années d'idolâtrie les châtiments tombent sur le pays, on pleure, on crie, le peuple est délivré, puis il retombe; sa piété est comme; une nuée du matin qui se dissipe (Sermon de Saurin). Les servitudes des juges, suivies d'autant de délivrances et d'autant de rechutes, en sont une preuve. Samuel réorganise le culte de Jéhovah, mais après lui, le mal regagne du terrain; David de nouveau lutte contre l'idolâtrie, mais Salomon, après avoir aimé la sagesse, prend des centaines de femmes païennes et adore avec elles leurs idoles; les réformateurs succèdent aux idolâtres, les idolâtres aux réformateurs, et l'exil vient enfin réveiller ce peuple prévaricateur pour lequel ces soixante et dix années furent un sérieux avertissement, car dès lors il est resté juif théocratique sans le plus petit penchant pour l'idolâtrie, sauf l'exception, contemporaine de l'exil, rapportée Jérémie 44:8, où des Juifs se jettent entre les bras des divinités égyptiennes; mais alors le châtiment n'avait pas encore porté ses fruits.

    Le passage Juges 3:19. (cf. 2:19) est cité comme preuve que Guilgal fut sous les juges le principal siège de l'idolâtrie; cette citation ne s'explique pas avec la traduction ordinaire de nos Bibles; au lieu de carrières, il faut, en effet, lire idoles,

    Voir: Guilgal.

    Sous quelques rois, ce furent Dan et Béer-Sébah. Les idoles principales qui furent reçues en Israël sont Bahal, Astarté, Moloc, Kémos, Thammuz, etc., q.v. L'idolâtrie qui pénétra dans le pays à l'époque de Salomon, et par le moyen de son sérail, ne fut jamais complètement déracinée; on y avait pris goût, et les rois qui suivirent, trop faibles peut-être, ou sans volonté, la laissèrent prévaloir. Asa la réprima d'une manière énergique, mais déjà sous Joram elle reparut à la suite d'une alliance entre la dynastie de Juda et la maison d'Israël: ce fut l'idolâtrie cananéenne, 2 Rois 8:18,27; ailleurs, c'est celle des Ammonites, 16:3, ailleurs encore, c'est celle de la Phénicie et la Syrie, 21:3. La réforme de Josias même, quoique large et vigoureuse, ne dura pas; le roi réformateur avait entrepris plus qu'il ne pouvait faire, et l'on voit par quelques passages des prophètes, qu'à la fin de son règne, le culte païen avait repris la place du vrai culte, Sophonie 1:4. Jérémie 2:20; 3:6; 5:7, etc.; Ézéchiel 7:20; 16:15. Avec l'idolâtrie marchaient les sciences occultes, la magie, les enchantements, 2 Rois 23:24; et les faux prophètes, luttant contre les messagers de l'Éternel, soutenaient avec quelque succès les impostures et les superstitions du paganisme, Jérémie 29:8; Osée 9:7; Michée 5:12. Le culte de Bahal, amené en Israël par une princesse sidonienne, s'y organisa pareillement et dura plusieurs générations, 1 Rois 16:31, etc., 2 Rois 10:25.

    Le culte rendu à ces divinités étrangères consistait en des vœux, des encensements, des offrandes sanglantes et non sanglantes, peut-être même des sacrifices humains, 1 Rois 11:8; 2 Rois 22:17; Jérémie 1:16; 7:9. Les hauts lieux et les bocages étaient plus particulièrement affectés à ce culte; cependant on l'exerçait aussi sur les toits, sous des arbres touffus, dans les jardins et dans les vallées, Jérémie 19:13; 1 Rois 14:23; Jérémie 2:23; Ésaïe 65:3; 1:29. L'impureté et des débauches effrénées présidaient à la plupart de ces impies cérémonies, et ne contribuaient pas peu à concilier à ces cultes étrangers les voluptueux et charnels Hébreux, cf. encore. Ésaïe 65:4; 66:17. Les prêtres étaient en général nombreux, et se soignaient bien, 1 Rois 18:22; 2 Rois 10:21; Osée 10:5.
     

  2. À côté du culte des faux dieux, les Hébreux pouvaient être exposés à la tentation d'adorer Jéhovah, le vrai Dieu, sous une forme matérielle, celle d'images peintes ou sculptées. Dieu, qui avait tant accordé à la faiblesse humaine, ne voulut cependant pas accorder les images à son peuple, précisément parce qu'elles sont tout à fait humaines, et que bien loin d'élever la piété, et de faciliter l'intelligence des choses saintes, elles dénaturent le culte, l'abaissent, matérialisent la Divinité et arrêtent les regards au lieu de les diriger. Et cette défense, non seulement d'adorer, mais même de se faire des images était si sévère, si expresse, qu'elle est répétée à plusieurs reprises dans la loi, et qu'elle a même sa place dans le décalogue, Exode 20:4; Deutéronome 4:16; 5:8; 27:15. Les Hébreux ne s'en laissèrent pas moins entraîner à suivre le penchant naturel de leurs cœurs et l'exemple des autres nations. Ils avaient vu les Égyptiens adorer des dieux visibles, animaux ou végétaux, ou tout au moins des représentations de la Divinité, et ce culte extérieur leur paraissait plus séduisant et plus commode que le saint et solennel Jéhovisme, si l'on peut s'exprimer ainsi; ce n'est qu'avec peine qu'ils supportaient un Dieu-esprit, même avec toutes les manifestations extérieures et les cérémonies qui accompagnaient la célébration de son culte. Ce Dieu s'étant manifesté d'une manière visible en Sinaï, les Hébreux en furent épouvantés, mais cela dura peu: on cesse bien vite de craindre celui qu'on ne voit plus, et quelques semaines s'étaient à peine écoulées qu'ils dansaient autour d'une image. Aaron lui-même donna les mains à cet acte incroyable d'idolâtrie, Exode 32. Le serpent d'airain dont l'élévation fut ordonnée de Dieu pour un temps, ne peut être rangé au nombre des actes de l'idolâtrie des Hébreux, Nombres 21, cf. Jean 3:14, mais il prouve combien l'usage de ces signes matériels était dangereux, puisque pendant des siècles ce morceau d'airain fut conservé pour être en scandale et en pierre d'achoppement aux faibles qui s'en firent une relique, 2 Rois 18:4. Sous les juges, on voit de même plusieurs fois ce besoin d'images. Juges 17:4; 18:17, besoin d'autant plus facile à comprendre que dans ce temps il ne paraît pas qu'il y ait eu aucun service public organisé. David et Salomon, rois théocratiques, ne permirent pas cette infraction à la loi divine; mais aussitôt après le schisme, le premier roi d'Israël qui sent le besoin d'affermir par de nombreuses concessions sa nouvelle dynastie et son nouveau royaume, établit le culte des images; des veaux d'or sont placés aux frontières du pays, à Dan et à Béthel; ces deux sièges de l'idolâtrie résistent à tous les efforts des rois pieux qui plus tard veulent restaurer le culte de Jéhovah, et qui réussissent par tout ailleurs à détruire les autels et à arracher les bocages, 1 Rois 12:28; 2 Rois 10:25,29; 17:2; Amos 8:14. De là ces menaces fréquentes prononcées contre Béthel qui était le plus rapproché de Juda, et où les rois idolâtres paraissent avoir eu l'habitude de se rendre, 1 Rois 13:1; Amos 3:14; Osée 10:15; Jérémie 48:13. Même après la ruine d'Israël, Béthel continua de subsister comme siège de l'idolâtrie, jusqu'à ce que le roi Josias en eût extirpé les emblèmes impies, 2 Rois 17:28; 23:15.

    Depuis la captivité, les Hébreux ont renoncé aux images comme aux dieux étrangers, et il est surprenant qu'une grande secte de l'Église chrétienne ait cru devoir recueillir ce déplorable héritage. L'Église occidentale, ou du moins une partie de cette Église, essaya, vers le septième siècle, d'introduire les tableaux et les statues dans les églises; c'était du paganisme réchauffé. Sérénus de Marseille combattit cette innovation; l'Orient la combattit; Léon III l'Isaurien (717) s'opposa aux iconolâtres; on connaît les suites de la lutte entre Rome et Constantinople sur ce sujet, le schisme affreux qui en résulta, et la ruine de l'Église d'Orient que l'on peut attribuer à la division de l'Église en deux camps ennemis, et notamment à l'infidélité de la secte, païenne de la veille, chrétienne du lendemain, toujours romaine et réactionnaire, qui n'embrassa l'Évangile que pour mieux l'étouffer.

    On pourrait essayer d'excuser cette idolâtrie, on pourrait la représenter comme un enfantillage qui doit être pardonné, comme un culte peu intelligent du beau, comme une concession peu sage à la faiblesse humaine, mais faite à bonne intention; on pourrait dire comme Grégoire le Grand (591), que ces images ne sont que pour l'ornement des églises, et pour la conservation de la mémoire des grandes actions. Peut-être un chrétien pourrait-il céder à tous ces petits arguments de théorie, s'il ne se rappelait qu'en pratique il en est tout autrement, et que le peuple n'a jamais tardé à abuser de ces dessins ou de ces sculptures pour les adorer; s'il ne se rappelait surtout, avec une sainte horreur, que pour faire place aux images, l'Église idolâtre a dû ôter de la Bible et du décalogue un commandement spécial qui les condamne.

    Quant au culte des peuples païens,

    Voir: Astres, Caldée, etc.

    Les prophètes y font de fréquentes allusions, et décrivent avec véhémence l'impiété de ces cérémonies; leur vanité, leur impuissance, la fabrication des petits dieux, etc., 1 Rois 18:27; Ésaïe 2:8,20; 44:10; 48:5; Jérémie 10:14; Osée 13:2; Psaumes 115:4-5; Habacuc 2:18; Deutéronome 4:28; 28:36. Ces idoles étaient tantôt fondues, tantôt taillées; on les assujettissait avec des chaînettes pour qu'elles ne tombassent pas, et qu'on ne pût pas les dérober, et les aller revendre ailleurs; Ésaïe 41:7; Jérémie 10:4. Les plus belles étaient plaquées d'or ou d'argent, et couvertes de riches vêtements, Ésaïe 2:20; 30:22; 31:7; Jérémie 10:4; Osée 8:4. On les menait à la guerre, 2 Samuel 5:21, et les vainqueurs faisaient prisonniers les dieux des nations vaincues, en gage de la fidélité de celles-ci, Ésaïe 46:1; Jérémie 48:7; 49:3; Osée 10:5; Daniel 11:8. Les temples d'idoles étaient ornés des trophées et des armes qu'on avait enlevées aux nations voisines, 1 Samuel 31:10.


IDUMÉE,


Voir: Édom.


IMMORTALITÉ.


Ce mot, et l'adjectif immortel, qui se rencontrent six fois dans le Nouveau Testament (Romains 2:7; 1 Corinthiens 15:53-54; 1 Timothée 1:17; 6:16; 2 Timothée 1:10), ne se trouvent nulle part dans l'Ancien Testament. Est-ce à dire que l'idée n'y soit pas? Plusieurs, à commencer par les sadducéens, l'ont prétendu. Les sadducéens (— Voir: cet article) qui reconnaissaient certainement, non seulement le Pentateuque, ainsi qu'on l'affirme souvent, mais encore l'Ancien Testament tout entier, niaient l'immortalité de l'âme et la résurrection; s'appuyaient-ils réellement sur l'Écriture inspirée pour défendre leur matérialisme et leur incrédulité? Peut-être, mais le rationalisme de leur interprétation pouvait les aveugler, et notre Seigneur a fait justice de leurs théories, Matthieu 22:23. Il faut reconnaître cependant que l'Ancien Testament, que les livres de Moïse en particulier, sont très peu explicites sur la doctrine de l'immortalité, de la vie future. Ce dogme, comme tant d'autres, ne pouvait mûrir que lentement dans la pensée de l'humanité. On a connu le mouvement bien avant d'en formuler l'existence, et il est une foule de faits ou d'idées dont on ne parle pas, qu'on ne raisonne, qu'on ne discute pas, bien qu'on en ait la conscience. La révélation, qui suit une marche presque uniformément progressive, et dont la lumière va croissant (cf. 2 Pierre 1:19), ne proclame jamais l'erreur, mais n'établit la vérité que d'une manière lente et graduée, en attendant que la suite des siècles et le développement moral et intellectuel des Hébreux appelle un développement ultérieur plus complet de la vérité comme doctrine et système. Dans le Pentateuque, on peut dire que la vie humaine est en général restreinte et limitée à cette terre, entre les limites de la naissance et de la mort physiques, et que le bonheur suprême est placé dans le fait d'une longue vie; cf. Genèse 47:9; Exode 20:12; Deutéronome 4:40; 6:2; 11:9 (Éphésiens 6:2-3): on n'y trouve aucune allusion claire et positive à une existence quelconque de l'âme après la mort. Pourquoi? Deux opinions contraires, et cependant toutes les deux justes, cherchent à expliquer ce matérialisme de la révélation mosaïque.

«Ainsi, dit M. de Rougemont, tandis que les Égyptiens et les Grecs, les Perses et les Indiens, et tous les peuples païens et polythéistes de l'antiquité admettaient, non seulement la vague possibilité d'une existence des âmes après la mort, mais un lieu de châtiments et de souffrances, et un lieu de récompenses et de bonheur qu'ils décrivaient comme d'incontestables réalités, les Hébreux, la seule nation monothéiste, la seule qui rapportait au Dieu vivant toutes ses actions et toutes ses pensées, auraient cru qu'il en est de l'homme comme de la bête, et que tout finit pour lui avec cette terre. Nous confessons ici l'absolue incapacité où nous sommes, de concevoir l'état d'une âme qui se saurait mortelle et qui croirait néanmoins fermement en Dieu; et Moïse, écrivant le commandement sublime d'aimer Dieu de tout son cœur, et ne croyant pas à une vie après la mort, nous paraît un bien autre miracle que tous ceux qu'il a faits. La foi à l'immortalité est une partie intégrante de notre être, nous pouvons aussi peu nous en séparer que de notre volonté ou de nos sens; elle se retrouve jusque chez les peuples les plus sauvages, même chez les habitants abrutis de la Nouvelle Hollande; il n'est pas un tombeau qui ne la proclame, car sans elle nous devrions jeter à la voirie les corps de nos femmes et de nos enfants avec ceux de nos bœufs et de nos chiens. L'immortalité n'a jamais été révélée aux Hébreux, parce que nul d'entre eux ne la mettait en doute, et si leurs législateurs ainsi que les prophètes ont cherché à diriger leur attention sur la venue du Messie plutôt que sur la vie future, c'est que l'homme pécheur est un naufragé qui va périr, à qui l'on ne parle du ciel que sur le rivage et après l'avoir sauvé d'une mort imminente.» (Explication de l'Ecclésiaste, p. 22, sq.).

Olshausen pense au contraire que l'idée de l'immortalité manquait en effet, non point sans doute chez Moïse ni chez les hommes les plus spirituels et les plus développés de la nation, mais chez ceux qui formaient la masse du peuple, et que Moïse a dû ainsi rattacher toute ses idées de peines et de récompenses à la vie présente, qui seule apparaissait comme réelle à leurs intelligences encore charnelles et grossières.

L'un et l'autre de ces points de vue peut se justifier et se défendre; mais il est évident aussi que si la notion de l'immortalité de l'âme n'est point enseignée explicitement dans les écrits de Moïse, elle s'y trouve d'une manière implicite et latente. Ainsi, lorsqu'il est dit Genèse 5:24, qu'Énoch ne parut plus parce que Dieu le prit; ainsi, l'expression «être recueilli vers ses peuples, ou vers ses pères», Genèse 15:15; 25:8; 49:29-33; cf. 37:35; Nombres 20:24; Deutéronome 31:16; 32:50. (qui, d'après Gesenius lui-même, n'implique pas seulement l'idée de sépulture, mais encore celle de réunion); ainsi, le mot sheôl, Genèse 37:35; 42:38; 44:29; Nombres 16:30, qui emporte l'idée d'un état quelconque des âmes après la mort, et suffirait à prouver que les Juifs du temps de Moïse avaient déjà la conscience ou la conviction que l'âme ne mourait point avec le corps, mais continuait de vivre d'une vie indépendante; ainsi le vœu de Balaam, Nombres 23:10, qui n'aurait guère de sens s'il n'avait connu que la mort physique; ainsi les promesses d'avenir faites à la nation, Deutéronome 26:19; 28:1; sq., etc., qui semblent supposer une vie s'étendant au-delà des limites d'une génération, et une âme capable de jouir après la dissolution du corps; ainsi encore, la confiance avec laquelle Abraham offre son Isaac en sacrifice, Genèse 22, ayant estimé que Dieu le pouvait même ressusciter d'entre les morts, Hébreux 11:19. (Le chapitre 11 de l'Épître aux Hébreux, qu'on ne cite ici que comme renseignement et non comme argument, renferme d'ailleurs, même sous ce dernier rapport, la preuve que, en dehors de la foi à l'immortalité, la plupart des actes des patriarches ne sauraient être compris, le sacrifice d'Abel, etc.) Enfin notre Seigneur lui-même, dans une de ses luttes avec les sadducéens, va chercher dans le Pentateuque un des arguments les plus puissants en faveur de la doctrine de l'immortalité de l'âme, Matthieu 22:31-32; cf. Exode 3:6.

«Quant à la résurrection des morts, dit-il, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a déclaré en disant: Je suis le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob. Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants.» Il est facile de voir que, dans ce passage, le nom de Dieu n'emporte pas seulement l'idée de Providence, dans le sens général du mot; Dieu n'est pas appelé le Dieu d'Adam, ni le Dieu de Moïse, ni, dans le Nouveau Testament, le Dieu de Pierre ou de Paul, comme aussi nous ne pourrions pas dire dans un sens spécial le Dieu de Luther et de Calvin; il est à remarquer que, dans le Nouveau Testament, Dieu est appelé le Dieu (et père) de Jésus-Christ, Romains 15:6; Éphésiens 1:3, et que, dans l'Ancien, cette expression n'est employée qu'en parlant de Sem, Genèse 9:26. Si Dieu est le Dieu de tous les hommes, comme leur Créateur et Providence, il ne l'est plus, dans un sens particulier, que de ceux qui lui appartiennent par le lien de la vie nouvelle, il eût pu être appelé Dieu de Noé, puisque Noé était le prédicateur de la justice, mais Noé représentait plus l'humanité tout entière, bonne et mauvaise, que la portion sainte de l'humanité, et Sem son fils, comme chef de la branche bénie, a seul pu voir son nom uni à celui de Dieu. Cette locution renferme donc l'idée de rapports plus intimes, et, en se proclamant le Dieu d'Abraham et celui de sa postérité par Isaac et Jacob, le Dieu de l'Ancien Testament établissait une alliance entre lui et le chef de l'Israël selon la chair, alliance éternelle qui devait survivre à Abraham lui-même, et qui, en conservant son nom, même après sa mort, aux jours de Moïse, devait rappeler qu'Abraham n'était point tout entier descendu dans la tombe, car Dieu n'est pas le Dieu des morts. C'est ainsi beaucoup plus l'idée de l'immortalité des rachetés, que celle de l'immortalité en général, qui est relevée dans ces passages; mais cela suffisait à l'argumentation du Sauveur, qui voulait seulement établir vis-à-vis des sadducéens, que l'immortalité qu'ils niaient était déjà annoncée dans les livres de leur loi. Le peuple était frappé de sa doctrine, non que cette doctrine fût quelque chose de nouveau, mais parce que le sens que Jésus donnait à ce passage de Moïse, la présentait sous une forme nouvelle à laquelle la sèche scolastique des pharisiens n'avait pas habitué ses auditeurs.

En dehors du Pentateuque, il est facile de multiplier des citations de passages, qui établissent combien Je dogme de l'éternité de l'âme était, sinon familier aux Hébreux, du moins inhérent à leur théologie et à leur morale. Déjà l'antique livre de Job, contemporain de Moïse, si même il n'est son ouvrage, renferme cette célèbre parole: «Je sais que mon vengeur est vivant, et qu'il viendra enfin sur la terre. Et après ma peau, quand ceci (ma chair) aura été rongé, je verrai Dieu de ma chair (la résurrection du corps). Je le verrai moi-même, et mes yeux le verront, et non comme un adversaire., Mes reins se consument (tant je soupire après ce bonheur). Car alors vous direz: Pourquoi», etc. Job 19:25-27 (mal traduit dans nos versions).

Dans les Psaumes: 12:7. Toi, Éternel, garde-les, et préserve à jamais chacun d'eux;

— 16:10. Tu n'abandonneras point mon âme au sépulcre;

— 17:15. Je serai rassasié de ta ressemblance, quand je serai réveillé;

— 23:6. Mon habitation sera dans la maison de l'Éternel pour longtemps;

— 30:12. Je te célébrerai à toujours;

— 49:15, sq. Dieu rachètera mon âme de la puissance du sépulcre quand il me prendra à soi;

— 73:24, sq. Tu me recevras dans la gloire. Quel autre ai-je au ciel?... Dieu est mon partage à toujours, etc., etc. Cf. 2 Samuel 12:23.

L'histoire de la pythonisse et de l'ombre de Samuel, 1 Samuel 28:41; sq., montre que la croyance à l'immortalité était générale, même aux plus mauvais temps du règne de Saül, et l'ascension d'Élie au ciel, 2 Rois 2:11; sq., en fut plus tard une vivante démonstration.

Il importe de noter encore les passages suivants: Ecclésiaste 12:1-16. «Sache que, pour toutes ces choses, Dieu t'amènera en jugement... Dieu amènera toute œuvre en jugement, touchant tout ce qui est caché, soit bien, soit mal.» (cf. verset 9).

— Ésaïe 26:19; 66:24. «Tes morts vivront, même mon corps mort; ils se relèveront, etc.:... leur ver ne mourra point, et leur feu ne sera point éteint.»

— Toute la vision des os secs, d'Ézéchiel 37;

— Daniel 12:2. «Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les opprobres et pour l'infamie éternelle;»

— Malachie 4:5. «Voici, je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que le jour grand et terrible de l'Éternel vienne», etc.

Ces passages suffisent à prouver que la foi à l'immortalité existait chez les anciens Hébreux; mais ils ne parlent guère de leurs espérances, et la vie future ne se présentait chez eux que sous des couleurs plus ou moins lugubres. Le Sheôl était une puissance béante qui ne disait jamais: C'est assez! Proverbes 30:16; une espèce de règne des ombres, douloureux, sombre et silencieux, Genèse 37:35; 42:38; 44:29; Nombres 16:30; Deutéronome 32:50; Job 3:13-14 (ces versets, le repos dans la mort, sont d'une ironie sublime, qui rappelle l'ordre politique régnant dans l'écrasement des peuples vaincus), 10:21; sq. 30:23; Psaumes 6:5; 18:4; sq. Ésaïe 14:9; sq. etc. Ce n'est point là le point de vue de l'Évangile, Jean 11:25-26; Philippiens 1:21; sq.; mais cette différence tient à la nature même des deux économies. Jésus, en effet, la véritable lumière, était annoncé aux Juifs; mais il n'était pas encore venu briller dans les ténèbres, et éclairer les sombres profondeurs de la mort. Qu'il y ait eu, ou non, une victoire immédiate de Jésus sur l'enfer, sur le sépulcre; que sa mort ait été, ou non, immédiatement suivie d'un changement, d'un bouleversement dans l'ordre infernal; qu'elle ait été un signal de délivrance pour les âmes des justes, et comme la réalisation des anciennes promesses non encore accomplies (et nous croyons qu'il en a été ainsi); que le lieu obscur ait tressailli, ou que toutes choses soient restées comme elles étaient auparavant, le point de vue a, dans tous les cas, dû changer pour ceux qui, vivants, ont pu connaître que la mort et le sépulcre avaient été vaincus, et cette connaissance aura exercé sur leur foi une toute autre influence que les simples pressentiments, à bien des égards obscurs, de ceux qui se bornaient à attendre. Avant Christ, l'Israël selon la chair représentait l'Église sous tutelle et encore mineure, presque dans l'enfance, et par conséquent ignorante de bien des choses: la mort ne pouvait pas lui paraître désirable, et le Saint-Esprit envoyé par Jésus a seul pu illuminer la dissolution du corps et l'émancipation de l'âme comme le seul moyen de réunir la créature à son Créateur, le pécheur à son Sauveur, et de préparer en même temps la restauration complète de l'homme tombé, mais régénéré. Pour les Israélites, l'âme seule continuait de vivre après la mort, et cet état, nécessairement incomplet, ne pouvait leur apparaître que comme une immortalité tronquée, et nous-mêmes ne saurions davantage comprendre cette existence incorporelle que comme un état de transition, relativement heureux peut-être, mais qui ne saurait être définitif.

Les sadducéens niaient la résurrection et l'immortalité. Les esséens croyaient à l'immortalité sans résurrection. Les pharisiens admettaient l'une et l'autre. On peut voir, à ce sujet, l'ouvrage posthume de Hævernick sur la théologie de l'Ancien Testament; Olshausen, Antiquiss, eccl, patrum de immortalitate animæ sententiæ; en français, un travail spécial de feu M. Combe d'Ounous, de Montauban, et le traité de Calvin (la condition et la vie des âmes après la vie présente). Calvin, après avoir combattu avec plus de rudesse que de force l'opinion de «messieurs les dormeurs», qui estiment que les âmes dorment en attendant le jour de la résurrection, conclut ainsi sur cette question spéciale: «L'esprit est l'image de Dieu, à la similitude duquel il a vigueur et intelligence, et est éternel; et, tandis qu'il est en ce corps, il montre ses vertus, et, quand il sort de cette prison, il s'en va à Dieu, du sentiment duquel il jouit, cependant qu'il repose en l'espérance de la résurrection bienheureuse, et ce repos lui est un paradis. Mais, quant à l'esprit de l'homme réprouvé, cependant qu'il attend le terrible jugement sur soi, il est tourmenté de cette attente, laquelle l'apôtre, pour cette cause, appelle redoutable. S'enquérir plus outre, c'est se plonger dedans l'abîme des secrets de Dieu, vu que c'est assez d'apprendre ce que le Saint-Esprit, qui est un très bon maître, s'est contenté d'enseigner, lequel dit ainsi: «Écoutez-moi, et votre âme vivra!»


IMPÔTS.


On a vu ailleurs que les impositions de tous genres qui pesaient sur les Hébreux faisaient annuellement un total assez considérable, qui dépassait de beaucoup le tiers des revenus; cependant les Hébreux ne pensaient pas à s'en plaindre, et n'hésitaient pas à payer; ils le faisaient même de bon cœur, soit à cause de la répartition habile, naturelle, et fractionnée, de ces diverses obligations, soit parce qu'elles leur étaient demandées sous la forme d'offrandes volontaires, soit enfin parce qu'une partie de ces dons étaient destinée à des festins ou à des réjouissances auxquelles tous avaient part. Les impôts étaient de deux sortes, religieux, et civils. Impôts religieux. Le principal était le demi-sicle du sanctuaire, que chaque Israélite, âgé de vingt ans et au-dessus, devait apporter en tribut pour le tabernacle du témoignage. Exode 30:13; 2 Chroniques 24:6;

Voir: Cens.

Cette obligation continua de subsister après le retour de l'exil, Matthieu 17:24 (selon d'autres elle ne commença qu'alors), et pesait sur tous les Juifs de la Palestine et de la dispersion. Après la destruction de Jérusalem, Vespasien ordonna que la même somme serait perçue annuellement pour le temple de Jupiter Capitolin. On ignore si, dans le passage Néhémie 10:32-33, le tiers de sicle qui fut imposé aux Israélites fut une contribution supplémentaire, motivée par la pauvreté du tabernacle, ou une réduction de l'impôt ordinaire d'un demi-sicle, fondée sur la pauvreté des fidèles: Winer pense successivement l'un et l'autre dans ses deux articles Abgaben et Tempel, et chaque fois il motive son opinion, ce qui prouve tout au moins que le texte n'est pas positif.

Voir: Aumône, Culte, et Offrandes.

Impôts civils. Ils étaient complètement inconnus avant l'établissement de la royauté, et quand le peuple avait contribué pour le culte, il avait tout fait; avec les rois cela changea, Samuel l'avait prédit: il y eut non seulement des corvées et des travaux publics, 1 Samuel 8:12,16, mais encore des impôts en nature, et même dans les cas extraordinaires des impositions personnelles, 1 Samuel 8:15; 17:25; 2 Rois 3:4; 15:20; 23:35; Ésaïe 16:1; Amos 7:1. Les rois s'arrangèrent en outre pour obtenir des présents volontaires de la part de leurs sujets, 1 Samuel 10:27; 16:20; 1 Rois 10:25; 2 Chroniques 17:5, ce qui se voit encore de nos jours. Ils paraissent aussi avoir eu des apanages, une liste civile, 1 Rois 4:27; des droits de transit paraissent indiqués 1 Rois 10:15, et l'on voit une régie 1 Rois 10:28; cf. 9:26; 22:49. Les rois étrangers qui assujettirent le peuple juif se gênèrent encore moins, et les Perses firent peser sur les colonies exilées des taxes, des gabelles et des péages, Esdras 4:13,20; 7:24. Il paraît même que les gouverneurs particuliers se permirent maintes et maintes concussions, qui finirent par devenir pour le peuple de véritables charges fort onéreuses, Néhémie 5:15; 9:37. Les prêtres et les lévites cependant restèrent francs de toute imposition sous le règne de Xercès, Esdras 7:24.


INCESTE,


Voir: Parents.


INDES,


Esther 1:1; 8:9 (hébreu Hoddou pour Hondou); sans doute la même contrée que nous connaissons encore sous ce nom, et dont les limites touchent aux frontières méridionales de la Perse. Les Juifs ne commencèrent à connaître les Indes d'une manière positive que depuis l'exil, quoiqu'ils en connussent et même qu'ils en exploitassent les produits longtemps auparavant, cf. Exode 30:23; 1 Rois 10:22;

Voir: aussi Cus, et Ophir.

On sait quelles sont les richesses naturelles de ce pays, et comment elles ont toujours excité la cupidité des peuples commerçants.


INSCRIPTIONS.


  1. Voir: Dénombrement.
     

  2. C'était une habitude des anciens de mettre au-dessus de la tête des condamnés à mort un écriteau portant la cause de la condamnation et le crime du coupable: on voulut suivre à l'égard de Jésus la même coutume, et l'on écrivit au-dessus de sa tête en grec, en latin et en hébreu (syriaque ou caldéen): «Jésus Nazarien, roi des Juifs.» Socrate parle de cet écriteau, mais sans dire ce qu'il est devenu; faites à la hâte et sans être destinées à servir de reliques, la plupart de ces inscriptions étaient bientôt détruites, soit par le bourreau, soit par le temps ou par accident. Les catholiques n'en ont pas moins su conserver l'original, sans qu'on puisse dire comment ils se le sont procuré; ils prétendent même en avoir deux exemplaires, l'un à Toulouse, l'autre à Rome en l'église de Sainte-Croix; nous laissons ces deux originaux débattre entre eux la question d'authenticité,

    Voir: Calvin.


INSECTES.


Ces malheureux petits animaux, l'un des tourments de la vie humaine, semblent être (comme les poisons) le fruit de la malédiction prononcée centre la terre après la chute, Genèse 3:17; la théorie longtemps admise de leur génération spontanée, attribuait également leur naissance à la matière inanimée, à la terre elle-même. Ils se développent particulièrement dans les climats chauds, et se multiplient par myriades innombrables sous le soleil ardent du Midi: la Palestine n'a pas été plus privilégiée que tous les pays situés sous la même latitude, elle a eu ses frelons et ses sauterelles de toutes espèces, dont nous traiterons aux articles spéciaux.


INTERDIT, ou anathème.


Ces deux mots signifient, le premier (hébreu chérem) perdre, détruire, vouer à l'extermination, le second, en grec, ce qui est mis à part, séparé, dévoué. L'un et l'autre s'emploient pour indiquer un retranchement quelconque, physique ou moral, et particulièrement le retranchement d'un homme, repoussé soit de la société par la mort, soit de l'Église par l'excommunication. Des animaux, des villes, des peuplades, pouvaient être vouées à l'interdit, et cette peine emportait toujours dans le style de l'Ancien Testament la mort des personnes; quant aux animaux et autres objets de valeur, ils étaient quelquefois également détruits, d'autres fois ils devenaient l'apanage du sacerdoce, cf. Lévitique 27:28-29. Nombres 18:14; 1 Samuel 14:44; Ézéchiel 44:29. L'interdit était considéré comme la propriété de l'Éternel, comme un don irrévocable offert en hommage au roi du peuple, et il est appelé à cause de cela une chose sainte, Lévitique 27:21. Ces sortes de vœux étaient prononcés par la libre volonté du peuple qui voulait se rendre Dieu favorable dans une entreprise importante. Quelquefois, cependant, un vœu était imposé à l'armée par son chef, qui le croyait nécessaire au succès de son expédition, Nombres 21:2; 1 Samuel 14:24; mais souvent aussi l'interdit perdait son caractère de vœu pour prendre celui de châtiment théocratique, cf. Esdras 10:8, et comme tel il rentrait dans l'ensemble des lois pénales d'Israël: ainsi, dans les cas d'idolâtrie, l'Israélite qui s'était laissé entraîner au culte des faux dieux, était voué à la mort, Exode 22:20; les villes même qui s'étaient laissé séduire n'étaient pas épargnées, le feu et l'épée en faisaient justice, Deutéronome 13:13-16. L'apostasie était punie comme une rébellion politique, et c'en était une dans le principe de la loi. C'est par le même principe sans doute, quoiqu'il s'y joignît encore d'autres considérations, que la conquête de Canaan dut être accompagnée de l'extermination de ses habitants; les Israélites devaient s'habituer à l'idée de voir en Dieu le roi des rois et le maître de la terre, en même temps que le chef de tout culte, de toute religion, de toute morale; pour les Israélites la mort devait être la conséquence naturelle et nécessaire de l'abandon du vrai Dieu, et l'extermination des Cananéens devait dire aux nouveaux possesseurs du pays qu'un sort pareil serait la récompense d'une idolâtrie pareille, cf. Deutéronome 2:34; 3:6; Josué 6:17; 10:28,35,37,40; 11:11. L'interdit emportait la destruction de tout se qui se trouvait dans ces villes coupables; les hommes et le bétail étaient misa mort, brûlés, lapidés ou passés au fil de l'épée, les maisons étaient rasées et les murs démolis, mais l'or et l'argent, ainsi que les vaisseaux d'airain et de fer, étaient mis à part pour le trésor de la maison de l'Éternel, Josué 6:21,24. Quelquefois, cependant, l'interdit n'était prononcé que contre les habitants de la ville, tandis que le bétail était épargné, et se distribuait avec le reste du butin entre les soldats du parti vainqueur, Josué 8:26-27. Deutéronome 2:34; 3:6.

— Celui qui violait un interdit était lui-même mis à l'interdit, Josué 6:18; Hacan fut assommé de pierres et brûlé, 7:25, et Saül fut rejeté de Dieu pour avoir épargné Agag, roi des Hamalécites, 1 Samuel 15:23; cf. Deutéronome 13:17.

Après le retour de l'exil, Esdras excommunia tous les Israélites qui, ayant pris des femmes étrangères, ne voudraient pas les renvoyer, et leurs biens furent mis à l'interdit, Esdras 10:8, ce qui paraît avoir été la conséquence ordinaire de l'excommunication: l'on ignore si cet interdit amenait la destruction des biens, ou leur simple confiscation au profit du sanctuaire; le premier cas paraîtrait plus probable, d'après Deutéronome 13:16.

L'excommunication était un interdit purement ecclésiastique,

Voir: Bannissement.


IONIE,


Voir: Javan.


ISAAC,


Genèse 17:19; 21:3; 22:2 (1896 avant J.-C.), fils d'Abraham et de Sara; il fut pour son père le fils de la promesse et de la foi. Son nom indique le rire, et lui fut donné, soit parce que Sara avait souri d'incrédulité lorsque la naissance d'un fils lui avait été annoncée, soit à cause de la joie que lui causa la naissance de ce fils si longtemps désiré, 18:13; 21:6,

Voir: encore 17:17.

Il fut circoncis au huitième jour, et passa ses premières années sous le toit paternel. Au dire des Hébreux, son éducation aurait été commencée par les patriarches Sem et Héber, dont il fut contemporain, du premier pendant cinquante ans (1896-1846), du second pendant soixante-dix-neuf ans (1896-1817), du moins d'après la chronologie reçue, Sa naissance augmenta les dissensions qui existaient entre les deux épouses, et Ismaël dut s'éloigner avec Agar sa mère. Quelques années après, lorsque Isaac eut atteint, à ce que l'on croit, sa vingt-deuxième ou vingt-cinquième année, il accompagna son père sur le mont Morija. Familier avec l'idée des sacrifices, il vit sans étonnement le bois et le feu destinés au bûcher, mais il ignorait quelle devait être la victime; il l'apprit et se résigna sans murmurer, parce que la même foi qui consolait son père, le fortifiait lui-même et le soumettait captif à la volonté de Dieu. Vrai type de notre Sauveur immolé par son père, «il a été mené à la boucherie comme un agneau et comme une brebis muette devant celui qui la tond, et il n'a point ouvert sa bouche.» Mais Isaac devait survivre à l'épreuve, et le sanglant sacrifice ne s'accomplit point; un bélier remplaça sur l'autel le fils d'Abraham, et des bénédictions temporelles nombreuses furent la récompense de la foi. Isaac vécut nomade comme son père; il parcourut les plaines et les vallées de Canaan et de la Philistie, où Dieu le bénit abondamment, surtout dans la culture de la terre, 26:12. À l'âge de quarante ans il épousa sa parente Rébecca, qu'Élihézer avait été chercher pour lui en Caldée. Au bout de vingt ans de mariage, elle lui donna deux enfants, Ésaü et Jacob, qui naquirent quinze ans seulement avant la mort d'Abraham, et qui se partagèrent diversement l'affection de leurs parents, le tranquille Jacob étant le bien-aimé de sa mère, Ésaü, le fougueux chasseur, faisant les délices de son père, parce que celui-ci aimait fort la venaison. Bientôt une famine força Isaac de quitter les lieux où il habitait; il projeta d'abord de se rendre en Égypte, mais Dieu l'en détourna. L'on peut remarquer que c'est à peu près à cette époque qu'eut lieu l'invasion de l'Égypte par les rois pasteurs. Isaac se rendit à Guérar, où régnait Abimélec, 26:1, et tomba par la même tentation dans le même mensonge qu'Abraham avait déjà fait à un autre roi du même nom. Pour sauver sa vie, il risqua de compromettre l'honneur de son épouse; mais Dieu veillait sur la mère de Jacob, et Isaac, convaincu de mensonge, avoua ses craintes et son incrédulité. Dieu continua de le bénir dans ses champs, et il recueillit dans une seule année le centuple de ce qu'il avait semé. Cependant les Philistins, voyant la multitude des serviteurs et des troupeaux d'Isaac, devinrent jaloux de cette fortune toujours croissante: ils comblèrent les citernes qu'avait creusées Abraham, et Abimélec lui-même, entraîné par son peuple, conseilla ou ordonna à Isaac de se retirer. Isaac obéit et se rendit d'abord dans la vallée de Guérar, non loin des plaines de ce nom; il nettoya et rouvrit les puits que ses ennemis avaient comblés, et leur conserva les noms qu'Abraham leur avait donnés; il en creusa de nouveaux et trouva des eaux vives pour ses troupeaux. Mais ces puits furent une source intarissable de querelles, et, après bien des contestations, Isaac prit le parti de s'éloigner encore davantage et se rendit dans les plaines de Béer-Sébah. Là Dieu lui apparut, la nuit même de son arrivée, et lui confirma les promesses qu'il avait faites à son père; un autel fut élevé, le nom de l'Éternel fut invoqué et les bénédictions abondèrent. Abimélec s'empressa de revenir auprès d'Isaac, avec son plus intime conseiller et son général d'armée, et comme Isaac se montrait surpris de les voir le rechercher, Abimélec lui répondit: Nous avons vu clairement que l'Éternel est avec toi, et nous avens dit: «Qu'il y ait maintenant un serment solennel entre nous, et traitons alliance avec toi.» Isaac reçut avec joie cette proposition, il offrit un festin à ses nouveaux alliés, et le lendemain ils se séparèrent en paix.

Isaac étant devenu vieux, Genèse 27:1, et ses yeux s'étant fermés tellement qu'il ne pouvait plus voir, il sentit qu'il devait s'attendre à une mort prochaine, et ne voulut pas différer davantage de donner sa bénédiction à l'aîné de ses fils. Ignorant la cession du droit d'aînesse faite par Ésaü à Jacob, ignorant aussi, et peut-être par un manque de foi, que Dieu avait aimé Jacob et haï Ésaü, il allait bénir l'enfant qu'il préférait, et voulut d'abord se procurer encore une fois cette sensuelle jouissance qui influençait peut-être chez lui l'affection paternelle: il fit venir Ésaü et lui commanda d'aller à la chasse chercher quelque pièce de gibier. «Apprête-moi des viandes d'appétit, comme je les aime, et apporte-les-moi afin que j'en mange.» Mais Dieu avait réservé à Jacob les droits de primogéniture. Jacob se les était acquis en abusant de la fatigue et de l'impétuosité de son frère: ces droits étaient à lui, mais au lieu de s'en remettre à celui qui est fidèle, au lieu de laisser Dieu agir, il voulut intervenir, et sa mère, plus rusée encore, hâta, par un mensonge sans excuse, l'exécution du plan divin. Jacob, âgé de soixante-dix-sept ans, se moqua d'un vieux père aveugle et lui soutira par son déguisement la grande bénédiction qu'Isaac voulait donner à Ésaü. Isaac, trop confiant, soupçonna une ruse, et se laissa néanmoins convaincre: il entendait la voix de Jacob et touchait la barbe du velu chasseur; mais les plats étaient là, et pendant qu'Ésaü courait après le gibier, son frère cadet, dont le nom en hébreu signifie supplantent, recevait les bénédictions paternelles. Grande fut la douleur du père en découvrant qu'il avait été trompé, mais il ne pouvait retirer sa bénédiction: «J'ai béni ton frère, dit-il, et aussi il sera béni.»

— «Et ne m'as-tu point réservé de bénédiction? s'écria Ésaü, plein de désespoir et d'amertume: n'as-tu qu'une bénédiction, mon père? Bénis-moi aussi, bénis-moi, mon père!» Dieu permit qu'Isaac pût encore donner à son fils bien-aimé quelques promesses de consolation:» Ton habitation sera en la graisse de la terre, lui dit-il, et en la rosée des deux d'en haut: tu vivras par ton épée, et tu seras asservi à ton frère; mais il arrivera qu'étant devenu maître, tu briseras son joug de dessus ton cou.»

Isaac comprit cependant qu'il n'avait été que l'instrument de la volonté du Dieu des cieux; il se soumit à cette dispensation providentielle, et conserva toute son amitié à Jacob. La colère d'Ésaü était à craindre pour le frère supplanteur, et Isaac, soit pour ce motif, soit pour éviter que Jacob épousât des païennes et amenât dans la maison des germes de querelles, comme avait fait Ésaü «26:35, engagea le fils béni à se rendre en Mésopotamie auprès des parents de Rébecca. Cette absence dura plus de vingt ans; mais Isaac eut encore avant de mourir la joie de revoir ce fils qui était devenu pour lui un successeur théocratique, et le chef de sa postérité; il mourut entre ses bras à l'âge de cent quatre-vingts ans, et fut recueilli avec ses peuples. Ésaü et Jacob l'ensevelirent dans la grotte de Macpéla, 35:27-28; 49:31.

Abraham, Isaac et Jacob sont trois figures d'élection qui sont fréquemment rappelées ensemble dans l'Écriture: celle d'Abraham est la plus belle, celle de Jacob ne peut être comprise que par la foi, par le sens chrétien; celle d'Isaac est davantage passive. Ce qu'il y a de grand en lui, c'est sa naissance miraculeuse, c'est aussi l'ordre donné à Abraham de le sacrifier sur Morija; c'est enfin, si l'on ose le dire, sa bénédiction surprise et déplacée. Dans ces trois faits il est passif, dans tout le reste de sa vie il paraît nul. Dieu veut que les colonnes de son édifice visible n'aient pas d'autre gloire, pas d'autre action que la sienne; et comme la force des fidèles est de se tenir tranquilles pendant que l'Éternel combat pour eux, leur gloire est aussi de disparaître derrière l'image de celui dont ils ne doivent que refléter les vertus et la splendeur. La passivité d'Isaac fut de celles que chacun doit envier; partout ce patriarche se montre humble, simple, tranquille et calme; jamais il ne résiste, il se laisse immoler par son père, marier par Élihézer, chasser par Abimélec, vexer par des bergers, tromper par sa femme, tromper par son fils, inquiéter par ses belles-filles; une seule fois il pèche par timidité: partout ailleurs il se fait admirer par sa douceur et sa résignation, partout il accepte l'Éternel comme Providence, et reconnaît la sagesse de celui qui mène les hommes et les choses. Il a une vie de famille toute particulière, aimant sa Rébecca malgré ses torts, et n'ayant qu'elle pour épouse; il vit avec elle et avec ses deux fils, sans paraître rechercher beaucoup des relations extérieures; ses goûts sont dans la maison, casaniers et parfois un peu sensuels, comme ceux des hommes doux et sans ambition. Sa piété paraît avoir été plus juive que chrétienne, il a moins de confiance et plus de crainte qu'Abraham, et Jacob jure par la frayeur d'Isaac, 31:42, qui est le commencement de la sagesse. Il est le symbole de la douceur et de l'amour.

Son nom se retrouve fréquemment dans les livres saints, 1 Chroniques 1:28; Matthieu 1:2; Luc 3:34; Romains 9:7; Galates 4:28; Hébreux 11:18:20, et ailleurs.


ISAÏ ou Jessé,


Ruth 4:17; 1 Chroniques 2:12; Matthieu 1:5; Luc 3:32; Actes 13:22; 1 Samuel 17:12,17, Bethléémite, fils d'Obed et petit-fils de Booz et de Ruth; il fut père de huit fils et de deux filles (— Voir: ce pendant 1 Chroniques 2:15); le plus jeune était David. Après la réjection de Saül, Samuel apprit de Dieu qu'un des fils d'Isaï était désigné pour le remplacer sur le trône; aussitôt il convie à Bethléem toute cette famille pour sacrifier à l'Éternel: les sept fils aînés d'Isaï passent successivement devant le prophète, tous jeunes, grands, forts et beaux; mais Dieu dit à Samuel: «L'homme a égard à ce qui est devant les yeux, mais l'Éternel regarde au cœur.» Isaï dut faire chercher encore le plus jeune qui était aux champs, gardant les brebis, et il le vit avec joie et surprise proclamer roi d'Israël par le prophète, qui l'oignit d'huile au milieu de ses frères. Peu de temps après, Saül ayant demandé un joueur d'instruments, et ayant appelé à sa cour David qui était habile musicien, Isaï le lui envoya en le chargeant de présents pour ce roi dont il devait bientôt hériter, 1 Samuel 16:19. Isaï cependant continua de voir son fils, et le retint même fréquemment auprès de lui, lorsque le service de Saül n'exigeait pas sa présence, (cf. 1 Samuel 17:17); il l'envoya une fois visiter ses frères qui avaient suivi Saül dans son expédition contre les Philistins. Plus tard, pendant les rivalités de Saül et de David, ce dernier obtint du roi de Moab un asile pour son père, 22:3; c'est la dernière trace de l'histoire d'Isaï.

Le nom de fils d'Isaï servit quelquefois comme terme de mépris pour désigner David, ainsi que Jésus était dédaigneusement appelé le fils de Joseph, le fils du charpentier, 1 Samuel 20:27; 22:7; 25:10; 2 Samuel 20:1; 1 Rois 12:16; 2 Chroniques 10:16; mais lorsque David fut devenu un roi de gloire, le nom de son père ne fut plus qu'un jalon généalogique, destiné à rappeler aussi la race de laquelle devait naître le Sauveur, Ésaïe 11:1; Romains 15:12.


ISBI-BÉNOB, ou Jisbi,


des un Réphaïms, géant d'entre les Philistins. Il avait résolu, dans une guerre contre David, de, frapper ce chef lui-même: armé tout à neuf, et portant une lance d'un poids énorme, il fondit, en effet, sur David qui, vivement pressé par ce puissant ennemi, ne dut son salut qu'au secours que lui apporta son cousin Abisaï. Les amis et les guerriers de David jurèrent alors: «Tu ne sortiras plus avec nous en bataille, de peur que lu n'éteignes la lumière d'Israël», paroles qui feraient supposer que cet événement eut lieu dans la dernière guerre où David combattit en personne, 2 Samuel 21:16.


IS-BOSETH, ou Esbahal,


fils cadet de Saül et d'Ahinoham, 1 Chroniques 8:33; 9:39; 2 Samuel 2:8, etc. Son vrai nom était Esbahal ou Isbahal, mais les Hébreux, à cause de l'horreur que leur inspiraient les dieux étrangers, et pour éviter de prononcer le nom de Bahal, le surnommèrent Is-Boseth, homme de honte ou de confusion. Son père et ses frères ayant succombé dans la bataille de Guilboah, il se trouva, avec son neveu Méphiboseth, seul héritier du nom de Saül et de sa couronne, mais l'un et l'autre successeur étaient incapables par eux-mêmes de rien oser pour reconquérir un trône qui leur avait échappé. Abner osa seul; mais pour couvrir d'un voile de légitimisme ses desseins ambitieux, il ne voulut régner que sous un nom reconnu, et Is-Boseth, âgé de quarante ans, fut la poupée qui porta la couronne. Reconnu roi des dix tribus, il régna sept ans à Mahanajim, luttant avec désavantage contre les troupes de David, et s'affaiblissant de jour en jour. La conduite d'Abner à l'égard d'une des femmes de Saül donna de l'ombrage à Is-Boseth, soit qu'il y vît une injure à la mémoire de son père, soit qu'il crût y trouver l'indice de vues ambitieuses, soit enfin que, las d'avoir un maître, il s'estimât heureux de trouver un prétexte pour montrer à son tour qu'il avait de la volonté et du caractère. Blessé des reproches d'Is-Boseth, Abner l'abandonna, et résolut d'appuyer la nouvelle dynastie. En même temps, David fit demander à Is-Boseth Mical son épouse, et comme Is-Boseth voyait ses affaires s'embrouiller toujours davantage, il ne voulut pas les compliquer encore par un nouveau refus, et accorda à David ce qu'il désirait. Il ignorait les négociations du perfide Abner, et lorsque ce traître eut été mis à mort par Joab, ses mains devinrent lâches; Is-Boseth crut avoir perdu le meilleur de ses capitaines, et dans son bonheur il se désespéra. Ce fut sa dernière faiblesse; bientôt deux de ses officiers, Récab et Bahama, l'assassinèrent dans son palais pendant qu'il dormait; sa tête sanglante fut portée en hommage à David qui n'apprécia jamais la lâcheté, et récompensa les meurtriers par le dernier supplice.


ISMAËL,


  1. fils d'Abraham et d'Agar, Genèse 16:15; 17:23; 21:14; 1 Chroniques 1:28. Ce n'était pas l'enfant de la promesse, mais Dieu ne lui en prédit pas moins de grandes destinées et d'abondantes bénédictions temporelles: «Voici, je l'ai béni, dit-il, et je le ferai devenir une grande nation.» Fort jeune encore, Ismaël se montra ce qu'il devait être plus tard, bruyant, gai, fier et violent, grand par lui-même, comme son frère Isaac était grand par la grandeur de Jéhovah. Vers sa dix-septième ou dix-huitième année, à ce que l'on pense, à l'époque du sevrage d'Isaac, Ismaël dut quitter la maison paternelle avec sa mère, Genèse 21:9, parce que celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l'esprit, Galates 4:29. Dieu protégea dans sa fuite Ismaël, et continua de le bénir dans le désert de Paran, où il habita. Le jeune homme devint fort, vaillant, habile chasseur, et sa mère lui donna pour épouse une de ses compatriotes, Égyptienne comme elle. Il eut quatorze enfants, dont douze fils, qui furent autant de princes et chefs de tribus, selon les promesses faites à Abraham, et deux filles, dont l'une épousa Ésaü, son cousin. Ismaël rendit avec Isaac les derniers devoirs à son père, et mourut âgé de cent trente-sept ans. Genèse 25:17; 28:9; 36:3.

    Les douze fils d'Ismaël furent, sous le nom d'Ismaélites, les pères de douze tribus arabes qui subsistent encore aujourd'hui, mais que l'on distingue cependant avec soin des Arabes primitifs et authentiques, les Joktanides; quelques auteurs arabes appellent même les Ismaélites des Arabes fabriqués. Plusieurs de ces tribus sont bien connues et auront leurs articles spéciaux: ainsi les Nabathéens, les Kédaréniens, etc. Saint Jérôme dit que de son temps les douze noms subsistaient encore. Le territoire d'Ismaël s'étendait depuis Havila, à l'orient, jusqu'à Sur, en Égypte. Vers le septième siècle, la plupart des Ismaélites embrassèrent l'islamisme, et sont encore maintenant plongés dans les ténèbres de cette dégoûtante morale, et de ce monothéisme sec et absurde. C'est ce que M. Coquerel appelle «le milieu entre l'erreur et la vérité», comme si ce milieu n'était pas l'erreur elle-même.
     

  2. Ismaël, fils de Néthania, descendant de David, fut du nombre de ceux qui restèrent en Judée après que Nébucadnetsar eut emmené captifs la plus grande partie des habitants de ce pays. Poussé par la jalousie, à ce qu'il paraît, parce qu'étant du sang royal il n'avait pas été nommé gouverneur du pays, il refusa d'obéir à Guédalia, et se ligua contre lui avec Bahalis, roi de Hammon; puis, abusant d'une confiance qu'il avait acquise par la dissimulation, il se jette sur Guédalia, au milieu d'un festin, et le tue; il égorge ensuite ceux des adhérents de Guédalia qu'il rencontre, et les Caldéens qui sont en garnison à Mitspa. Quelques hommes de Sichem, de Silo, de Samarie, en tout quatre-vingts, allaient ayant la barbe rasée et les vêtements déchirés, offrir de l'encens et des dons en la maison de l'Éternel. Ismaël en est instruit; il comprend que ces pieux Israélites seront les amis de Tordre, et, par conséquent, ses ennemis à lui-même; il les attire par ruse à Mitspa, où il les fait égorger et précipiter dans une fosse. Dix d'entre eux s'échappent seuls, en promettant de livrer à Ismaël ce qu'ils possèdent de provisions en froment, orge, huile et miel, cachées au milieu des champs. Il emmène ensuite captifs avec lui une partie des habitants de Mitspa, et les filles du roi qui avaient été confiées à Guédalia, et prend le chemin du pays de Hammon, où il espère être suffisamment protégé contre la vengeance probable de Nébucadnetsar. Mais Johannan et d'autres capitaines des villes de Judée, ayant appris les crimes d'Ismaël, mettent sur pied leurs gens de guerre, le poursuivent et l'atteignent près des grosses eaux de Gabaon. Les prisonniers reprennent courage et s'enfuient auprès de Johannan, qui vient à leur aide, et Ismaël, avec huit hommes qui lui restent, gagne au plus vite les terres de Bahalis, affligé sans doute que tant de crimes aient été inutiles. On ignore où et comment il mourut, 2 Rois 25:23; Jérémie 40, et 41.


ISRAËL.


Ce nom, qui signifie vainqueur de Dieu, fut d'abord donné en surnom à Jacob par Dieu lui-même, lors de la rencontre du Jabbok et de la lutte de Jacob avec l'Éternel, parce que, dit l'ange, tu as été le maître en luttant avec Dieu et avec les hommes, et tu as été le plus fort, Genèse 32:28; 35:10. Le nom d'Israël devint ensuite celui de la postérité bénie, et les douze tribus le portèrent en commun. Lors de la première division du royaume, après la mort de Saul, sous David et Is-Boseth, les onze tribus qui marchaient sous les armes de ce dernier, conservèrent le nom d'Israël, qui était celui de la nation tout entière, dont elles formaient la plus grande partie, tandis que la douzième tribu, celle de Juda, qui marchait avec David, resta tout ensemble tribu et royaume de Juda, 2 Samuel 2:9-10; cf. 19:40. Ces deux noms de Juda et d'Israël servirent donc à désigner en quelque sorte, dans les temps de trouble, la minorité et la majorité du royaume, et après la mort de Salomon, lorsque le pays tout entier se partagea (975 avant J.-C.), les tribus de Juda et de Benjamin gardèrent le nom de royaume de Juda, tandis que les dix autres prirent le nom de royaume d'Israël, qu'elles méritaient moins que les deux premières, puisqu'elles s'éloignaient de la branche théocratique, abandonnant le roi que le Dieu d'Israël leur avait donné. Ces dix tribus sont Éphraïm, Dan, Siméon, Manassé, Issacar, Zabulon, Aser, Nephthali, Gad et Ruben, auxquelles il faut joindre la partie tributaire de Moab et les autres peuplades et terres qui avaient été conquises par Salomon. La capitale de ce royaume fut d'abord Sichem, 1 Rois 12:25, puis Tirtsa, 1 Rois 14:17; 15:21, et enfin, depuis Homri, Samarie. La puissante et toujours jalouse tribu d'Éphraïm (cf. 1 Chroniques 5:1; Genèse 48:17; Juges 8:1; 12:1) fut sans doute à la tête de ce mouvement de séparation; elle se glorifiait d'avoir donné le jour à Josué, et Jéroboam, qui sépara le royaume, était Éphraïmite: aussi le nom de royaume d'Éphraïm serait-il beaucoup plus justifié que celui de royaume d'Israël, et les auteurs sacrés l'emploient-ils quelquefois, Psaumes 78:9,67-68; Osée 6:4; Ésaïe 11:13. Neuf révolutions successives, toujours accompagnées de leurs calamités ordinaires, amenèrent sur le trône neuf dynasties différentes qui ne comptèrent pas plus de dix-huit rois, et ne durèrent ensemble que 240 ans à peu près (975-729), ce qui donne pour chaque roi une moyenne de 13 ans, et pour chaque dynastie une moyenne de 26 ans et demi.
 

1re dynastie

Jéroboam

règne de 22 ans

 

Nadab

règne de 2 ans

2e dynastie

Bahasa

règne de 24 ans

 

Élah

règne de 2 ans

3e dynastie

Simri

règne de 7 jours

4e dynastie

Homri

règne de 12 ans

 

Achab

règne de 22 ans

 

Achazia

règne de 2 ans

 

Joram

règne de 12 ans

5e dynastie

Jéhu

règne de 28 ans

 

Joachaz

règne de 17 ans

 

Joas

règne de 16 ans

 

Jéroboam II

règne de 41 ans

 

Zacharie

règne de 6 mois

6e dynastie

Sallum

règne de 1 mois

7e dynastie

Manahem

règne de 10 ans

 

Pékachia

règne de 2 ans

8e dynastie

Pékach

règne de 20 ans

9e dynastie

Hosée

règne de 9 ans

 

Total

241 ans, 7 mois, 7 jours.


 

Les années étant exprimées en nombres ronds, on ne doit pas s'étonner que dans les détails, les fractions négligées amènent une différence de quelques années en plus, et le synchronisme des rois de Juda compte, pour le même espace de temps, 260 années. Sans entrer dans des discussions chronologiques qui pourraient nous mener loin sans nous mener nulle part, nous nous bornerons pour le moment aux observations suivantes:

  1. On doit admettre que les années sont indiquées d'une manière générale, sans égard aux fractions, et le récit sacré l'indique lui-même en plusieurs endroits, comme on peut s'en convaincre par la comparaison des passages suivants, 1 Rois 15:9; et 25; 15:25 et 33; 2 Rois 14:1; cf. 14:17; 13:1; et ailleurs.
     

  2. Quelquefois un fils a commencé à régner pendant les dernières années de son père, et les années de cette association sont quelquefois attribuées à l'un et à l'autre tout ensemble, et par conséquent doublées.
     

  3. Il y a eu des interrègnes qui, n'étant pas comptés dans la chronologie des rois, diminuent d'autant les années de cette époque, et doivent y être ajoutées pour les compléter; c'est ce qu'a fait Des Vignoles dans sa chronologie de l'histoire sainte. Ajoutons encore que, lorsqu'il y a désaccord, il faut donner la préférence aux dates du royaume de Juda, parce que l'histoire de ces deux tribus est plus simple, mieux suivie, moins compliquée d'anarchie, d'interrègnes et de révolutions, et par conséquent moins sujette à erreurs.

    — Les suites de la scission furent, pour Israël, sa décadence comme nation, l'abaissement de sa puissance politique, l'anéantissement de son commerce et de sa prospérité intérieure, la démoralisation du peuple par les guerres intestines. Le principe de la révolution porta ses fruits, et huit usurpations successives furent autorisées par l'usurpation de Jéroboam. En religion ce fut pire encore, cf. 1 Rois 15:34; 16:2; 22:53; 2 Rois 3:3; 10:29; 13:2; 14:24; 15:9; 17:22; le culte du veau d'or ayant été établi par Jéroboam, et celui de Bahal par la maison d'Achab, les prêtres, les lévites, et tous les hommes pieux et zélés pour le culte du vrai Dieu abandonnèrent Israël et se réfugièrent en Juda, 2 Chroniques 11:13-46. Les prophètes de l'Éternel cependant ne manquèrent jamais en Israël, même dans les périodes de la plus sombre idolâtrie et des plus profondes ténèbres, et il se rencontra toujours, même à la cour des rois, quelques hommes qui ne fléchirent point le genou devant un autre que Jéhovah, 1 Rois 18:4. Dans les premiers temps de son existence, Israël fut quelquefois inquiété par Juda, mais sans succès; les entreprises des Philistins furent également passagères et n'amenèrent pas de résultat, 1 Rois 16:15. Bientôt la séparation des deux royaumes fut si bien reconnue que les deux cours rivales, se regardant comme indépendantes, en vinrent à contracter des alliances, soit politiques, 1 Rois 22:2; 2 Rois 3:7; 8:28, soit même domestiques, 2 Rois 8:18,27. Mais Israël trouva un ennemi opiniâtre et puissant dans les rois de la Syrie de Damas, qui, à diverses reprises, passèrent les frontières, 1 Rois 20:34; 22:3, et réduisirent Éphraïm à la dernière extrémité, 2 Rois 13:7; cependant, sous Jéroboam II, grâce à la puissance assyrienne qui s'élevait, et qui affaiblissait ainsi par son voisinage le royaume de Syrie, les Israélites redressèrent la tête, repoussèrent vigoureusement le Syrien, s'emparèrent d'une portion de son territoire, et s'élevèrent à une hauteur de prospérité que jusqu'alors ils ne connaissaient point. Cela dura peu; le bien-être engendra le luxe, la volupté, le relâchement: ce furent les délices de Capoue; les querelles de parti se renouvelèrent, une fausse politique commença à prédominer. Osée 5:13, et Israël, devenu tributaire d'Assyrie, 2 Rois 15:19, vit bientôt une partie de ses habitants conduits en captivité, 2 Rois 15:29; cf. Ésaïe 8, et 9. Dès lors il n'y eut plus rien que de précaire dans l'existence de ce pauvre pays, sa ruine parut inévitable, et la malheureuse alliance d'Osée avec le roi d'Égypte fut le dernier acte politique de ce royaume; Israël tout entier fut déporté et mené en exil, 2 Rois 18:9, environ 131 ans avant la chute du royaume de Juda. Aussitôt après avoir raconté cette catastrophe, l'historien sacré énumère les causes qui l'ont amenée, et met en première ligne l'idolâtrie intellectuelle et morale de ce peuple. Les Israélites qui demeurèrent dans le pays se mêlèrent peu à peu avec les colons qui y furent envoyés d'Assyrie pour le cultiver et le défendre; ils retournèrent cependant au culte de l'Éternel, et plusieurs d'entre eux se réunirent à Juda pour l'exercice de ce culte, 2 Rois 23:15,19; 2 Chroniques 34:33; 35:19.

    Voir: Exil.


ISSACAR,


neuvième fils de Jacob, cinquième de Léa, Genèse 30:18. Son nom signifie prix ou récompense, et Léa le lui donna, «car, dit-elle, Dieu m'a récompensée parce que j'ai donné ma servante à mon mari.» Il naquit 1749 ans avant J.-C., et eut quatre fils: Tolah, Puva, Job et Simron, 46:13. Sa vie est peu connue, et ne parait pas avoir rien présenté de saillant. La bénédiction de Jacob mourant lui prédit un avenir matériel et peu honorable: «Issacar, dit-il, est un âne essu, couché entre les barres des étables; il a vu que le repos était bon et que le pays était beau, et il a baissé son épaule pour porter, et s'est assujetti au tribut.» Moïse annonce qu'il vivra paisible dans ses tentes, qu'il partagera avec Zabulon l'abondance de la mer et les richesses du commerce, Genèse 49:14-15. Deutéronome 33:18-19. Lors du dénombrement d'Israël dans le désert, Issacar comptait 54,400 hommes en état de porter les armes. Cette tribu est louée dans le cantique de Débora pour son zèle à prendre les armes. Juges 5:15. Elle a donné naissance au juge Tolah, qui gouverna le pays pendant vingt-trois ans, sans autre gloire que celle de la paix, Juges 10:1-2.

La tribu d'Issacar reçut en partage, lors de la division du pays, les meilleurs endroits de la terre, la belle et riche plaine de Jizréhel, s'étendant depuis la chaîne du Carmel jusqu'au lac de Génésareth, ayant au midi la demi-tribu de Manassé, au nord celle de Zabulon, à l'occident la Méditerranée, à l'orient le Jourdain et l'extrémité de la mer de Tibériade. Elle occupait avec Zabulon le grand pays de passage de Canaan, et les habitants de ces deux tribus comptèrent, à l'époque de Jésus-Christ, parmi les plus civilisés des Galiléens; la plupart des apôtres appartenaient à l'une ou à l'autre de ces tribus, et par le message de l'Évangile ils accomplirent entièrement la prophétie de Moïse: «Ils appelleront les peuples en la montagne, ils offriront là des sacrifices de justice.» Deutéronome 33:19.

L'auteur du livre des Chroniques dit des Issacariens qu'ils étaient «fort intelligents dans la connaissance des temps pour savoir ce que devait faire Israël», éloge qui ne se rapporte probablement ni à des connaissances astronomiques, ni à la science des saisons par rapport à l'agriculture, mais à une certaine habileté pratique ou politique, qui du reste ne peut être précisée davantage par l'histoire.


ITHAMAR.


quatrième fils d'Aaron et d'Élisébah (1490 avant J.-C.) Exode 6:23. Il fut consacré avec ses fils, Nombres 3:2, mais il n'exerça jamais la souveraine sacrificature, qui, après la mort de Nadab et d'Abihu, fut donnée à la famille d'Éléazar. Lui-même fut chargé dans le désert de surveiller les travaux du tabernacle et de diriger les Guersonites et les Mérarites dans le transport de l'arche de l'alliance. Exode 38:21. La souveraine sacrificature entra, l'on ne sait comment, dans sa famille par Héli, juge d'Israël, et en sortit de nouveau par la déposition d'Abiathar, après avoir fourni, outre ces deux pontifes, Ahitub, Ahija, et Ahimélec, q.v.

— cf. 1 Chroniques 6:3; 24:1; Nombres 4:28; 26:60.


ITHIEL et Ucal,


inconnus. C'est à eux qu'Agur adressa les maximes contenues dans le 30e chapitre des Proverbes; on peut supposer qu'ils étaient fils, amis ou disciples de ce sage.


ITTAÏ,


  1. guerrier benjamite de Guibha, l'un des trente-sept hommes vaillants de David, 2 Samuel 23:29; 1 Chroniques 11:31.
     

  2. Ittaï, Philistin de Gath, peut-être prosélyte, avait mis à la disposition de David 600 hommes de ses compatriotes dont il était le chef. Après la révolte d'Absalon, David ne voulant astreindre personne à partager sa mauvaise fortune, offrit à Ittaï de lui rendre sa parole, mais ce généreux guerrier refusa de la reprendre et jura par le nom de l'Éternel: «En quelque lieu où le roi mon seigneur sera, soit à la mort, soit à la vie, son serviteur y sera aussi.» David ne résista pas à tant de dévouement; Ittaï se donna à lui sans réserve et le servit avec ses troupes et sa famille; il commandait un tiers de l'armée à la bataille qui fut si funeste à Absalon, 2 Samuel 15:19; 18:2.


ITURÉE,


contrée au nord-ouest de la Palestine. Luc 3:1, dit que Philippe était tétrarque dans la contrée de l'Iturée et de la Trachonite, et comme Flavius Josèphe donne à Philippe la Trachonite, la Batanée et l'Auranite, on a cru que ces deux dernières provinces portaient ensemble le nom d'Iturée. Cette conclusion n'est pas nécessaire, car saint Luc a parfaitement bien pu ne pas indiquer les possessions moins importantes de Philippe, et omettre l'un ou l'autre de ces districts, comme dans le même passage il ne donne à Hérode Antipas que la Galilée quoiqu'il possédât aussi la Pérée. Strabon et Pline placent l'Iturée en Cœlésyrie, et Strabon ajoute qu'elle était à l'ouest de Damas, tirant vers le sud du côté de l'Arabie Déserte. C'était, au dire du même auteur, une contrée crevassée et riche en cavernes, dont les habitants, favorisés par les accidents du terrain, se livraient en masse au brigandage et rendaient dangereuse et redoutée la grande route de Damas. Virgile (Georg. 2, 448) vante l'habileté des Ituréens dans le maniement de l'arc et des flèches.

Aristobule, environ un siècle avant Christ, conquit et réunit à la Judée une partie considérable de l'Iturée, dont il contraignit les habitants à se faire circoncire sous peine d'exil; mais bientôt les Ituréens passèrent en Phénicie et se soumirent à Rome sous Pompée, tout en conservant des princes choisis du milieu d'eux. Claude réunit plus tard l'Iturée à la Syrie.

L'Iturée tirait probablement son nom de Jétur, le dixième fils d'Ismaël, Genèse 25:15; 1 Chroniques 1:31; cf. 5:19; et la position de ce pays sur les confins de l'Arabie justifie ce sentiment. Il paraîtrait alors que les Ituréens auraient abandonné la pratique de la circoncision, puisque Aristobule dut la leur imposer de nouveau, à moins qu'on n'entende qu'Aristobule les obligea à circoncire les enfants le huitième jour, tandis que les Ismaélites ne le faisaient que dans la douzième ou quinzième année.


IVOIRE.


Les défenses d'éléphant, que les anciens prenaient pour des cornes, ont été connues en Europe et dans l'Asie occidentale bien longtemps avant l'éléphant lui-même. L'ivoire est pour la première fois nommé dans le Cantique des Cantiques, ou au Psaumes 45, suivant l'époque que l'on assigne à la composition de ce psaume. Il est probable que Salomon, qui faisait le commerce des Indes, fut aussi le premier qui fit connaître à la Judée l'ivoire et l'animal qui le donne, cf. 1 Rois 10:22; 2 Chroniques 9:21. Son troue était d'ivoire incrusté d'or, 1 Rois 10:18; et l'on voit Achab, 22:39, employer l'ivoire à beaucoup d'autres usages et ne l'épargner ni dans ses meubles ni dans ses appartements, cf. Apocalypse 18:12, et Amos 6:4. Les marchands de Tyr poussèrent le luxe jusqu'à plaquer d'ivoire les bancs de leurs vaisseaux, si même ils n'employèrent pas de l'ivoire massif. Ézéchiel 27:6; cf. 15. Dans ce dernier passage, le prophète appelle les défenses de l'éléphant des cornes de dents, unissant ainsi l'apparence à la réalité.

Voir: dans Harris,

plusieurs citations des auteurs profanes qui montrent combien cette substance a été connue et appréciée des Grecs et des Romains, et comment on la travaillait.


IVRAIE,


le lolium temulentum de Linnée, herbe vénéneuse qui croît souvent en Orient au milieu des champs de blé, d'orge ou d'avoine, Matthieu 13:25. Virgile l'appelle infelix lolium, Georg. 1, 153. Elle ressemble beaucoup à l'orge, surtout quand elle est jeune. Ses grains sont cependant plus foncés, parfois jaunâtres, allongés, plus épais à une extrémité et couverts de bourre. Mêlée avec du pain, l'ivraie est dangereuse pour la santé, elle gâte l'estomac et porte à la tête; elle enivre, et c'est même de là que lui vient son nom, comme peut-être en allemand celui de Tollkorn. Il n'en arrive pas moins que, vu la difficulté du triage, on pétrit quelquefois l'ivraie avec le blé, lorsque la proportion du mauvais grain n'est pas considérable. Selon quelques auteurs, l'ivraie ne serait qu'un blé dégénéré, susceptible même de redevenir froment, si elle est semée en bonne terre.


IZÉBEL,


Voir: Jésabel.