Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-I
septembre 3, 2010
I
IBTSAN,
le dixième des Juges d'Israël, 1182 avant J.-C., Juges 12:8. Il était de Bethléhem en Zabulon, et jugea le pays pendant sept années; il maria ses trente fils et ses trente filles, et mourut en paix dans sa ville natale. On l'a pris, mais sans preuve, pour le même que Booz.
ICHABOD,
(sans gloire, ou bien, où est la gloire?) pauvre enfant dont toute l'histoire est dans sa naissance. Petit-fils d'Héli, et fils de l'impie et débauché Phinées, il était encore dans le sein de sa mère lorsque la nouvelle des malheurs d'Israël la surprit: l'arche sainte venait de tomber entre les mains des Philistins, l'armée était défaite, son père et son oncle étaient morts sur le champ de bataille, son grand-père et tuteur naturel venait de mourir à l'ouïe de tant de désastres; il ne restait à l'enfant que sa mère, elle mourut en lui donnant le jour. Surprise par les douleurs, elle ne trouva pas de consolations ni de soulagement dans la naissance d'un fils; elle n'eut que le temps de le nommer Ichabod en ajoutant: «car la gloire de l'Éternel est transportée d'Israël», et elle expira, 1 Samuel 4:49. Ichabod entra dans la vie n'ayant qu'un frère pour toute parenté, 14:3, mais il ne devait pas être abandonné de celui qui s'est appelé le Père des orphelins.
ICONIE,
antique, célèbre et populeuse
ville de l'Asie Mineure; elle appartint à la
Phrygie pendant le règne des Perses, plus
tard elle passa à la Lycaonie dont elle
devint la capitale. Elle était située dans
une fertile plaine au pied du mont Taurus,
et comptait un certain nombre de Juifs parmi
ses habitants, Actes 14:1,19. Abulfeda la
nomme Kunijah; aujourd'hui Conie, 30,000
habitants.
— Paul y convertit des juifs et des gentils,
mais quelques Juifs incrédules ayant soulevé
les païens contre Paul et Barnabas, les
apôtres durent se retirer. Paul y repassa
plus tard, mais l'Écriture ne donne aucun
détail sur ce second voyage, Actes 13:51;
16:2; 2 Timothée 3:11.
IDDO,
Esdras 8:17 (467 avant J.-C.), chef des Juifs établis à Casiphia pendant l'exil; on ne sait pas bien jusqu'où pouvait aller sa compétence et son pouvoir, niais on voit qu'il avait tout au moins une intendance administrative sur la communauté de sa nation. La fin du verset indiquerait presque qu'il était Néthinien, ce qui se concilierait mal avec le titre qu'Esdras lui donne. Esdras lui ayant fait demander quelques Néthiniens et quelques lévites pour accompagner à Jérusalem ceux qui voulaient profiter de la permission accordée par Cyrus, Iddo lui envoya Sérébia.
IDOLÂTRIE.
Parlons d'abord de celle des Hébreux: c'était la plus déplorable, parce que lorsqu'ils tombaient, ils tombaient de haut, et qu'ils n'avaient pas l'excuse de l'ignorance. L'idolâtrie se manifestait chez eux sous deux formes différentes:
-
L'adoration de dieux autres que Jéhova, c'est-à-dire de créatures divinisées. Ces fausses divinités que l'on confondait le plus souvent avec leurs images mêmes, Deutéronome 4:28; Psaumes 115:4; 135:15; cf. 1 Samuel 31:9; Osée 4:17, sont appelées dans la langue sainte des idoles, Lévitique 19:4; 26:1; Habacuc 2:18,
— des vanités, Jérémie 2:5; 8:19; 10:15,
— des vanités fausses, Jonas 2:9,
— des choses vaines, Actes 14:15,
— des abominations, 1 Rois 11:5; 2 Rois 23:13,
— des dieux de fiente, Ézéchiel 6:13,
— des scandales d'iniquité, Ézéchiel 14:4,7. Enfin l'ensemble de l'idolâtrie est appelé un adultère, cf. Osée 1 et 2.
— L'Éternel, par opposition à ces images, est appelé le Dieu de vérité, le Dieu vivant, Jérémie 10:10; Daniel 6:20,26 (cf. les sacrifices des morts, Psaumes 106:28), Actes 14:15; 2 Corinthiens 6:16, et le Dieu du ciel, cf. Jérémie 10:11.
La loi de Moïse avait défendu l'idolâtrie sous les peines les plus sévères; c'était par sa nature le plus grand des crimes dans une législation dont Dieu était le centre et le but; la lapidation était prononcée contre le transgresseur. Et non seulement les Hébreux devaient extirper dans leur intérieur, comme peuple, toute trace d'idolâtrie, mais ils devaient encore, dans toutes leurs guerres, détruire chez leurs ennemis les bocages, les hauts lieux, les idoles, et toute marque d'un culte païen. Quant aux païens, les Hébreux ne pouvaient leur accorder le séjour dans le pays qu'à titre d'étrangers et sous certaines conditions particulières; on devait les tolérer et exercer à leur égard les devoirs de l'hospitalité, mais toute alliance proprement dite, soit par mariage, soit autrement, était expressément interdite; les alliances politiques devaient causer la ruine du pays, comme les alliances privées la mort des individus. Dieu devait être la tête du culte et de l'État: l'abandonner comme Dieu, c'était l'abandonner comme roi; les alliances politiques devaient entraîner une fusion des cultes, et toute fusion est une idolâtrie. Malgré ces menaces cependant, l'idolâtrie s'établit de toutes manières en Israël, et sous toutes les formes; elle ose lever la tête sous Moïse, Nombres 25:2; Deutéronome 13:13, elle se montre sous Josué, elle se remontre sous les juges, elle s'assied sur le trône des rois; chaque fois après quelques années d'idolâtrie les châtiments tombent sur le pays, on pleure, on crie, le peuple est délivré, puis il retombe; sa piété est comme; une nuée du matin qui se dissipe (Sermon de Saurin). Les servitudes des juges, suivies d'autant de délivrances et d'autant de rechutes, en sont une preuve. Samuel réorganise le culte de Jéhovah, mais après lui, le mal regagne du terrain; David de nouveau lutte contre l'idolâtrie, mais Salomon, après avoir aimé la sagesse, prend des centaines de femmes païennes et adore avec elles leurs idoles; les réformateurs succèdent aux idolâtres, les idolâtres aux réformateurs, et l'exil vient enfin réveiller ce peuple prévaricateur pour lequel ces soixante et dix années furent un sérieux avertissement, car dès lors il est resté juif théocratique sans le plus petit penchant pour l'idolâtrie, sauf l'exception, contemporaine de l'exil, rapportée Jérémie 44:8, où des Juifs se jettent entre les bras des divinités égyptiennes; mais alors le châtiment n'avait pas encore porté ses fruits.
Le passage Juges 3:19. (cf. 2:19) est cité comme preuve que Guilgal fut sous les juges le principal siège de l'idolâtrie; cette citation ne s'explique pas avec la traduction ordinaire de nos Bibles; au lieu de carrières, il faut, en effet, lire idoles,
— Voir: Guilgal.
Sous quelques rois, ce furent Dan et Béer-Sébah. Les idoles principales qui furent reçues en Israël sont Bahal, Astarté, Moloc, Kémos, Thammuz, etc., q.v. L'idolâtrie qui pénétra dans le pays à l'époque de Salomon, et par le moyen de son sérail, ne fut jamais complètement déracinée; on y avait pris goût, et les rois qui suivirent, trop faibles peut-être, ou sans volonté, la laissèrent prévaloir. Asa la réprima d'une manière énergique, mais déjà sous Joram elle reparut à la suite d'une alliance entre la dynastie de Juda et la maison d'Israël: ce fut l'idolâtrie cananéenne, 2 Rois 8:18,27; ailleurs, c'est celle des Ammonites, 16:3, ailleurs encore, c'est celle de la Phénicie et la Syrie, 21:3. La réforme de Josias même, quoique large et vigoureuse, ne dura pas; le roi réformateur avait entrepris plus qu'il ne pouvait faire, et l'on voit par quelques passages des prophètes, qu'à la fin de son règne, le culte païen avait repris la place du vrai culte, Sophonie 1:4. Jérémie 2:20; 3:6; 5:7, etc.; Ézéchiel 7:20; 16:15. Avec l'idolâtrie marchaient les sciences occultes, la magie, les enchantements, 2 Rois 23:24; et les faux prophètes, luttant contre les messagers de l'Éternel, soutenaient avec quelque succès les impostures et les superstitions du paganisme, Jérémie 29:8; Osée 9:7; Michée 5:12. Le culte de Bahal, amené en Israël par une princesse sidonienne, s'y organisa pareillement et dura plusieurs générations, 1 Rois 16:31, etc., 2 Rois 10:25.
Le culte rendu à ces divinités étrangères consistait en des vœux, des encensements, des offrandes sanglantes et non sanglantes, peut-être même des sacrifices humains, 1 Rois 11:8; 2 Rois 22:17; Jérémie 1:16; 7:9. Les hauts lieux et les bocages étaient plus particulièrement affectés à ce culte; cependant on l'exerçait aussi sur les toits, sous des arbres touffus, dans les jardins et dans les vallées, Jérémie 19:13; 1 Rois 14:23; Jérémie 2:23; Ésaïe 65:3; 1:29. L'impureté et des débauches effrénées présidaient à la plupart de ces impies cérémonies, et ne contribuaient pas peu à concilier à ces cultes étrangers les voluptueux et charnels Hébreux, cf. encore. Ésaïe 65:4; 66:17. Les prêtres étaient en général nombreux, et se soignaient bien, 1 Rois 18:22; 2 Rois 10:21; Osée 10:5.
-
À côté du culte des faux dieux, les Hébreux pouvaient être exposés à la tentation d'adorer Jéhovah, le vrai Dieu, sous une forme matérielle, celle d'images peintes ou sculptées. Dieu, qui avait tant accordé à la faiblesse humaine, ne voulut cependant pas accorder les images à son peuple, précisément parce qu'elles sont tout à fait humaines, et que bien loin d'élever la piété, et de faciliter l'intelligence des choses saintes, elles dénaturent le culte, l'abaissent, matérialisent la Divinité et arrêtent les regards au lieu de les diriger. Et cette défense, non seulement d'adorer, mais même de se faire des images était si sévère, si expresse, qu'elle est répétée à plusieurs reprises dans la loi, et qu'elle a même sa place dans le décalogue, Exode 20:4; Deutéronome 4:16; 5:8; 27:15. Les Hébreux ne s'en laissèrent pas moins entraîner à suivre le penchant naturel de leurs cœurs et l'exemple des autres nations. Ils avaient vu les Égyptiens adorer des dieux visibles, animaux ou végétaux, ou tout au moins des représentations de la Divinité, et ce culte extérieur leur paraissait plus séduisant et plus commode que le saint et solennel Jéhovisme, si l'on peut s'exprimer ainsi; ce n'est qu'avec peine qu'ils supportaient un Dieu-esprit, même avec toutes les manifestations extérieures et les cérémonies qui accompagnaient la célébration de son culte. Ce Dieu s'étant manifesté d'une manière visible en Sinaï, les Hébreux en furent épouvantés, mais cela dura peu: on cesse bien vite de craindre celui qu'on ne voit plus, et quelques semaines s'étaient à peine écoulées qu'ils dansaient autour d'une image. Aaron lui-même donna les mains à cet acte incroyable d'idolâtrie, Exode 32. Le serpent d'airain dont l'élévation fut ordonnée de Dieu pour un temps, ne peut être rangé au nombre des actes de l'idolâtrie des Hébreux, Nombres 21, cf. Jean 3:14, mais il prouve combien l'usage de ces signes matériels était dangereux, puisque pendant des siècles ce morceau d'airain fut conservé pour être en scandale et en pierre d'achoppement aux faibles qui s'en firent une relique, 2 Rois 18:4. Sous les juges, on voit de même plusieurs fois ce besoin d'images. Juges 17:4; 18:17, besoin d'autant plus facile à comprendre que dans ce temps il ne paraît pas qu'il y ait eu aucun service public organisé. David et Salomon, rois théocratiques, ne permirent pas cette infraction à la loi divine; mais aussitôt après le schisme, le premier roi d'Israël qui sent le besoin d'affermir par de nombreuses concessions sa nouvelle dynastie et son nouveau royaume, établit le culte des images; des veaux d'or sont placés aux frontières du pays, à Dan et à Béthel; ces deux sièges de l'idolâtrie résistent à tous les efforts des rois pieux qui plus tard veulent restaurer le culte de Jéhovah, et qui réussissent par tout ailleurs à détruire les autels et à arracher les bocages, 1 Rois 12:28; 2 Rois 10:25,29; 17:2; Amos 8:14. De là ces menaces fréquentes prononcées contre Béthel qui était le plus rapproché de Juda, et où les rois idolâtres paraissent avoir eu l'habitude de se rendre, 1 Rois 13:1; Amos 3:14; Osée 10:15; Jérémie 48:13. Même après la ruine d'Israël, Béthel continua de subsister comme siège de l'idolâtrie, jusqu'à ce que le roi Josias en eût extirpé les emblèmes impies, 2 Rois 17:28; 23:15.
Depuis la captivité, les Hébreux ont renoncé aux images comme aux dieux étrangers, et il est surprenant qu'une grande secte de l'Église chrétienne ait cru devoir recueillir ce déplorable héritage. L'Église occidentale, ou du moins une partie de cette Église, essaya, vers le septième siècle, d'introduire les tableaux et les statues dans les églises; c'était du paganisme réchauffé. Sérénus de Marseille combattit cette innovation; l'Orient la combattit; Léon III l'Isaurien (717) s'opposa aux iconolâtres; on connaît les suites de la lutte entre Rome et Constantinople sur ce sujet, le schisme affreux qui en résulta, et la ruine de l'Église d'Orient que l'on peut attribuer à la division de l'Église en deux camps ennemis, et notamment à l'infidélité de la secte, païenne de la veille, chrétienne du lendemain, toujours romaine et réactionnaire, qui n'embrassa l'Évangile que pour mieux l'étouffer.
On pourrait essayer d'excuser cette idolâtrie, on pourrait la représenter comme un enfantillage qui doit être pardonné, comme un culte peu intelligent du beau, comme une concession peu sage à la faiblesse humaine, mais faite à bonne intention; on pourrait dire comme Grégoire le Grand (591), que ces images ne sont que pour l'ornement des églises, et pour la conservation de la mémoire des grandes actions. Peut-être un chrétien pourrait-il céder à tous ces petits arguments de théorie, s'il ne se rappelait qu'en pratique il en est tout autrement, et que le peuple n'a jamais tardé à abuser de ces dessins ou de ces sculptures pour les adorer; s'il ne se rappelait surtout, avec une sainte horreur, que pour faire place aux images, l'Église idolâtre a dû ôter de la Bible et du décalogue un commandement spécial qui les condamne.
Quant au culte des peuples païens,
— Voir: Astres, Caldée, etc.
Les prophètes y font de fréquentes allusions, et décrivent avec véhémence l'impiété de ces cérémonies; leur vanité, leur impuissance, la fabrication des petits dieux, etc., 1 Rois 18:27; Ésaïe 2:8,20; 44:10; 48:5; Jérémie 10:14; Osée 13:2; Psaumes 115:4-5; Habacuc 2:18; Deutéronome 4:28; 28:36. Ces idoles étaient tantôt fondues, tantôt taillées; on les assujettissait avec des chaînettes pour qu'elles ne tombassent pas, et qu'on ne pût pas les dérober, et les aller revendre ailleurs; Ésaïe 41:7; Jérémie 10:4. Les plus belles étaient plaquées d'or ou d'argent, et couvertes de riches vêtements, Ésaïe 2:20; 30:22; 31:7; Jérémie 10:4; Osée 8:4. On les menait à la guerre, 2 Samuel 5:21, et les vainqueurs faisaient prisonniers les dieux des nations vaincues, en gage de la fidélité de celles-ci, Ésaïe 46:1; Jérémie 48:7; 49:3; Osée 10:5; Daniel 11:8. Les temples d'idoles étaient ornés des trophées et des armes qu'on avait enlevées aux nations voisines, 1 Samuel 31:10.
IDUMÉE,
— Voir: Édom.
IMMORTALITÉ.
Ce mot, et l'adjectif immortel,
qui se rencontrent six fois dans le Nouveau
Testament (Romains 2:7; 1 Corinthiens
15:53-54; 1 Timothée 1:17; 6:16; 2 Timothée
1:10), ne se trouvent nulle part dans
l'Ancien Testament. Est-ce à dire que l'idée
n'y soit pas? Plusieurs, à commencer par les
sadducéens, l'ont prétendu. Les sadducéens
(— Voir: cet article) qui
reconnaissaient certainement, non seulement
le Pentateuque, ainsi qu'on l'affirme
souvent, mais encore l'Ancien Testament tout
entier, niaient l'immortalité de l'âme et la
résurrection; s'appuyaient-ils réellement
sur l'Écriture inspirée pour défendre leur
matérialisme et leur incrédulité? Peut-être,
mais le rationalisme de leur interprétation
pouvait les aveugler, et notre Seigneur a
fait justice de leurs théories, Matthieu
22:23. Il faut reconnaître cependant que
l'Ancien Testament, que les livres de Moïse
en particulier, sont très peu explicites sur
la doctrine de l'immortalité, de la vie
future. Ce dogme, comme tant d'autres, ne
pouvait mûrir que lentement dans la pensée
de l'humanité. On a connu le mouvement bien
avant d'en formuler l'existence, et il est
une foule de faits ou d'idées dont on ne
parle pas, qu'on ne raisonne, qu'on ne
discute pas, bien qu'on en ait la
conscience. La révélation, qui suit une
marche presque uniformément progressive, et
dont la lumière va croissant (cf. 2 Pierre
1:19), ne proclame jamais l'erreur, mais
n'établit la vérité que d'une manière lente
et graduée, en attendant que la suite des
siècles et le développement moral et
intellectuel des Hébreux appelle un
développement ultérieur plus complet de la
vérité comme doctrine et système. Dans le
Pentateuque, on peut dire que la vie humaine
est en général restreinte et limitée à cette
terre, entre les limites de la naissance et
de la mort physiques, et que le bonheur
suprême est placé dans le fait d'une longue
vie; cf. Genèse 47:9; Exode 20:12;
Deutéronome 4:40; 6:2; 11:9 (Éphésiens
6:2-3): on n'y trouve aucune allusion claire
et positive à une existence quelconque de
l'âme après la mort. Pourquoi? Deux opinions
contraires, et cependant toutes les deux
justes, cherchent à expliquer ce
matérialisme de la révélation mosaïque.
«Ainsi, dit M. de Rougemont, tandis que les
Égyptiens et les Grecs, les Perses et les
Indiens, et tous les peuples païens et
polythéistes de l'antiquité admettaient, non
seulement la vague possibilité d'une
existence des âmes après la mort, mais un
lieu de châtiments et de souffrances, et un
lieu de récompenses et de bonheur qu'ils
décrivaient comme d'incontestables réalités,
les Hébreux, la seule nation monothéiste, la
seule qui rapportait au Dieu vivant toutes
ses actions et toutes ses pensées, auraient
cru qu'il en est de l'homme comme de la
bête, et que tout finit pour lui avec cette
terre. Nous confessons ici l'absolue
incapacité où nous sommes, de concevoir
l'état d'une âme qui se saurait mortelle et
qui croirait néanmoins fermement en Dieu; et
Moïse, écrivant le commandement sublime
d'aimer Dieu de tout son cœur, et ne croyant
pas à une vie après la mort, nous paraît un
bien autre miracle que tous ceux qu'il a
faits. La foi à l'immortalité est une partie
intégrante de notre être, nous pouvons aussi
peu nous en séparer que de notre volonté ou
de nos sens; elle se retrouve jusque chez
les peuples les plus sauvages, même chez les
habitants abrutis de la Nouvelle Hollande;
il n'est pas un tombeau qui ne la proclame,
car sans elle nous devrions jeter à la
voirie les corps de nos femmes et de nos
enfants avec ceux de nos bœufs et de nos
chiens. L'immortalité n'a jamais été révélée
aux Hébreux, parce que nul d'entre eux ne la
mettait en doute, et si leurs législateurs
ainsi que les prophètes ont cherché à
diriger leur attention sur la venue du
Messie plutôt que sur la vie future, c'est
que l'homme pécheur est un naufragé qui va
périr, à qui l'on ne parle du ciel que sur
le rivage et après l'avoir sauvé d'une mort
imminente.» (Explication de l'Ecclésiaste,
p. 22, sq.).
Olshausen pense au contraire que l'idée de
l'immortalité manquait en effet, non point
sans doute chez Moïse ni chez les hommes les
plus spirituels et les plus développés de la
nation, mais chez ceux qui formaient la
masse du peuple, et que Moïse a dû ainsi
rattacher toute ses idées de peines et de
récompenses à la vie présente, qui seule
apparaissait comme réelle à leurs
intelligences encore charnelles et
grossières.
L'un et l'autre de ces points de vue peut se
justifier et se défendre; mais il est
évident aussi que si la notion de
l'immortalité de l'âme n'est point enseignée
explicitement dans les écrits de Moïse, elle
s'y trouve d'une manière implicite et
latente. Ainsi, lorsqu'il est dit Genèse
5:24, qu'Énoch ne parut plus parce que Dieu
le prit; ainsi, l'expression «être recueilli
vers ses peuples, ou vers ses pères», Genèse
15:15; 25:8; 49:29-33; cf. 37:35; Nombres
20:24; Deutéronome 31:16; 32:50. (qui,
d'après Gesenius lui-même, n'implique pas
seulement l'idée de sépulture, mais encore
celle de réunion); ainsi, le mot sheôl,
Genèse 37:35; 42:38; 44:29; Nombres 16:30,
qui emporte l'idée d'un état quelconque des
âmes après la mort, et suffirait à prouver
que les Juifs du temps de Moïse avaient déjà
la conscience ou la conviction que l'âme ne
mourait point avec le corps, mais continuait
de vivre d'une vie indépendante; ainsi le
vœu de Balaam, Nombres 23:10, qui n'aurait
guère de sens s'il n'avait connu que la mort
physique; ainsi les promesses d'avenir
faites à la nation, Deutéronome 26:19; 28:1;
sq., etc., qui semblent supposer une vie
s'étendant au-delà des limites d'une
génération, et une âme capable de jouir
après la dissolution du corps; ainsi encore,
la confiance avec laquelle Abraham offre son
Isaac en sacrifice, Genèse 22, ayant estimé
que Dieu le pouvait même ressusciter d'entre
les morts, Hébreux 11:19. (Le chapitre 11 de
l'Épître aux Hébreux, qu'on ne cite ici que
comme renseignement et non comme argument,
renferme d'ailleurs, même sous ce dernier
rapport, la preuve que, en dehors de la foi
à l'immortalité, la plupart des actes des
patriarches ne sauraient être compris, le
sacrifice d'Abel, etc.) Enfin notre Seigneur
lui-même, dans une de ses luttes avec les
sadducéens, va chercher dans le Pentateuque
un des arguments les plus puissants en
faveur de la doctrine de l'immortalité de
l'âme, Matthieu 22:31-32; cf. Exode 3:6.
«Quant à la résurrection des morts, dit-il,
n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a
déclaré en disant: Je suis le Dieu
d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de
Jacob. Dieu n'est pas le Dieu des morts,
mais des vivants.» Il est facile de voir
que, dans ce passage, le nom de Dieu
n'emporte pas seulement l'idée de
Providence, dans le sens général du mot;
Dieu n'est pas appelé le Dieu d'Adam, ni le
Dieu de Moïse, ni, dans le Nouveau
Testament, le Dieu de Pierre ou de Paul,
comme aussi nous ne pourrions pas dire dans
un sens spécial le Dieu de Luther et de
Calvin; il est à remarquer que, dans le
Nouveau Testament, Dieu est appelé le Dieu
(et père) de Jésus-Christ, Romains 15:6;
Éphésiens 1:3, et que, dans l'Ancien, cette
expression n'est employée qu'en parlant de
Sem, Genèse 9:26. Si Dieu est le Dieu de
tous les hommes, comme leur Créateur et
Providence, il ne l'est plus, dans un sens
particulier, que de ceux qui lui
appartiennent par le lien de la vie
nouvelle, il eût pu être appelé Dieu de Noé,
puisque Noé était le prédicateur de la
justice, mais Noé représentait plus
l'humanité tout entière, bonne et mauvaise,
que la portion sainte de l'humanité, et Sem
son fils, comme chef de la branche bénie, a
seul pu voir son nom uni à celui de Dieu.
Cette locution renferme donc l'idée de
rapports plus intimes, et, en se proclamant
le Dieu d'Abraham et celui de sa postérité
par Isaac et Jacob, le Dieu de l'Ancien
Testament établissait une alliance entre lui
et le chef de l'Israël selon la chair,
alliance éternelle qui devait survivre à
Abraham lui-même, et qui, en conservant son
nom, même après sa mort, aux jours de Moïse,
devait rappeler qu'Abraham n'était point
tout entier descendu dans la tombe, car Dieu
n'est pas le Dieu des morts. C'est ainsi
beaucoup plus l'idée de l'immortalité des
rachetés, que celle de l'immortalité en
général, qui est relevée dans ces passages;
mais cela suffisait à l'argumentation du
Sauveur, qui voulait seulement établir
vis-à-vis des sadducéens, que l'immortalité
qu'ils niaient était déjà annoncée dans les
livres de leur loi. Le peuple était frappé
de sa doctrine, non que cette doctrine fût
quelque chose de nouveau, mais parce que le
sens que Jésus donnait à ce passage de
Moïse, la présentait sous une forme nouvelle
à laquelle la sèche scolastique des
pharisiens n'avait pas habitué ses
auditeurs.
En dehors du Pentateuque, il est facile de
multiplier des citations de passages, qui
établissent combien Je dogme de l'éternité
de l'âme était, sinon familier aux Hébreux,
du moins inhérent à leur théologie et à leur
morale. Déjà l'antique livre de Job,
contemporain de Moïse, si même il n'est son
ouvrage, renferme cette célèbre parole: «Je
sais que mon vengeur est vivant, et qu'il
viendra enfin sur la terre. Et après ma
peau, quand ceci (ma chair) aura été rongé,
je verrai Dieu de ma chair (la résurrection
du corps). Je le verrai moi-même, et mes
yeux le verront, et non comme un
adversaire., Mes reins se consument (tant je
soupire après ce bonheur). Car alors vous
direz: Pourquoi», etc. Job 19:25-27 (mal
traduit dans nos versions).
Dans les Psaumes: 12:7. Toi, Éternel,
garde-les, et préserve à jamais
chacun d'eux;
— 16:10. Tu n'abandonneras point mon âme au
sépulcre;
— 17:15. Je serai rassasié de ta
ressemblance, quand je serai réveillé;
— 23:6. Mon habitation sera dans la maison
de l'Éternel pour longtemps;
— 30:12. Je te célébrerai à toujours;
— 49:15, sq. Dieu rachètera mon âme de la
puissance du sépulcre quand il me prendra à
soi;
— 73:24, sq. Tu me recevras dans la gloire.
Quel autre ai-je au ciel?... Dieu est mon
partage à toujours, etc., etc. Cf. 2 Samuel
12:23.
L'histoire de la pythonisse et de l'ombre de
Samuel, 1 Samuel 28:41; sq., montre que la
croyance à l'immortalité était générale,
même aux plus mauvais temps du règne de
Saül, et l'ascension d'Élie au ciel, 2 Rois
2:11; sq., en fut plus tard une vivante
démonstration.
Il importe de noter encore les passages
suivants: Ecclésiaste 12:1-16. «Sache que,
pour toutes ces choses, Dieu t'amènera en
jugement... Dieu amènera toute œuvre en
jugement, touchant tout ce qui est caché,
soit bien, soit mal.» (cf. verset 9).
— Ésaïe 26:19; 66:24. «Tes morts vivront,
même mon corps mort; ils se relèveront,
etc.:... leur ver ne mourra point, et leur
feu ne sera point éteint.»
— Toute la vision des os secs, d'Ézéchiel
37;
— Daniel 12:2. «Plusieurs de ceux qui
dorment dans la poussière de la terre se
réveilleront, les uns pour la vie éternelle,
et les autres pour les opprobres et pour
l'infamie éternelle;»
— Malachie 4:5. «Voici, je vais vous envoyer
Élie le prophète, avant que le jour grand et
terrible de l'Éternel vienne», etc.
Ces passages suffisent à prouver que la foi
à l'immortalité existait chez les anciens
Hébreux; mais ils ne parlent guère de leurs
espérances, et la vie future ne se
présentait chez eux que sous des couleurs
plus ou moins lugubres. Le Sheôl était une
puissance béante qui ne disait jamais: C'est
assez! Proverbes 30:16; une espèce de règne
des ombres, douloureux, sombre et
silencieux, Genèse 37:35; 42:38; 44:29;
Nombres 16:30; Deutéronome 32:50; Job
3:13-14 (ces versets, le repos dans la mort,
sont d'une ironie sublime, qui rappelle
l'ordre politique régnant dans
l'écrasement des peuples vaincus), 10:21;
sq. 30:23; Psaumes 6:5; 18:4; sq. Ésaïe
14:9; sq. etc. Ce n'est point là le point de
vue de l'Évangile, Jean 11:25-26;
Philippiens 1:21; sq.; mais cette différence
tient à la nature même des deux économies.
Jésus, en effet, la véritable lumière, était
annoncé aux Juifs; mais il n'était pas
encore venu briller dans les ténèbres, et
éclairer les sombres profondeurs de la mort.
Qu'il y ait eu, ou non, une victoire
immédiate de Jésus sur l'enfer, sur le
sépulcre; que sa mort ait été, ou non,
immédiatement suivie d'un changement, d'un
bouleversement dans l'ordre infernal;
qu'elle ait été un signal de délivrance pour
les âmes des justes, et comme la réalisation
des anciennes promesses non encore
accomplies (et nous croyons qu'il en a été
ainsi); que le lieu obscur ait tressailli,
ou que toutes choses soient restées comme
elles étaient auparavant, le point de vue a,
dans tous les cas, dû changer pour ceux qui,
vivants, ont pu connaître que la mort et le
sépulcre avaient été vaincus, et cette
connaissance aura exercé sur leur foi une
toute autre influence que les simples
pressentiments, à bien des égards obscurs,
de ceux qui se bornaient à attendre. Avant
Christ, l'Israël selon la chair représentait
l'Église sous tutelle et encore mineure,
presque dans l'enfance, et par conséquent
ignorante de bien des choses: la mort ne
pouvait pas lui paraître désirable, et le
Saint-Esprit envoyé par Jésus a seul pu
illuminer la dissolution du corps et
l'émancipation de l'âme comme le seul moyen
de réunir la créature à son Créateur, le
pécheur à son Sauveur, et de préparer en
même temps la restauration complète de
l'homme tombé, mais régénéré. Pour les
Israélites, l'âme seule continuait de vivre
après la mort, et cet état, nécessairement
incomplet, ne pouvait leur apparaître que
comme une immortalité tronquée, et
nous-mêmes ne saurions davantage comprendre
cette existence incorporelle que comme un
état de transition, relativement heureux
peut-être, mais qui ne saurait être
définitif.
Les sadducéens niaient la résurrection et
l'immortalité. Les esséens croyaient à
l'immortalité sans résurrection. Les
pharisiens admettaient l'une et l'autre. On
peut voir, à ce sujet, l'ouvrage posthume de
Hævernick sur la théologie de l'Ancien
Testament; Olshausen, Antiquiss, eccl,
patrum de immortalitate animæ sententiæ;
en français, un travail spécial de feu M.
Combe d'Ounous, de Montauban, et le traité
de Calvin (la condition et la vie des âmes
après la vie présente). Calvin, après avoir
combattu avec plus de rudesse que de force
l'opinion de «messieurs les dormeurs», qui
estiment que les âmes dorment en attendant
le jour de la résurrection, conclut ainsi
sur cette question spéciale: «L'esprit est
l'image de Dieu, à la similitude duquel il a
vigueur et intelligence, et est éternel; et,
tandis qu'il est en ce corps, il montre ses
vertus, et, quand il sort de cette prison,
il s'en va à Dieu, du sentiment duquel il
jouit, cependant qu'il repose en l'espérance
de la résurrection bienheureuse, et ce repos
lui est un paradis. Mais, quant à l'esprit
de l'homme réprouvé, cependant qu'il attend
le terrible jugement sur soi, il est
tourmenté de cette attente, laquelle
l'apôtre, pour cette cause, appelle
redoutable. S'enquérir plus outre, c'est se
plonger dedans l'abîme des secrets de Dieu,
vu que c'est assez d'apprendre ce que le
Saint-Esprit, qui est un très bon maître,
s'est contenté d'enseigner, lequel dit
ainsi: «Écoutez-moi, et votre âme vivra!»
IMPÔTS.
On a vu ailleurs que les
impositions de tous genres qui pesaient sur
les Hébreux faisaient annuellement un total
assez considérable, qui dépassait de
beaucoup le tiers des revenus; cependant les
Hébreux ne pensaient pas à s'en plaindre, et
n'hésitaient pas à payer; ils le faisaient
même de bon cœur, soit à cause de la
répartition habile, naturelle, et
fractionnée, de ces diverses obligations,
soit parce qu'elles leur étaient demandées
sous la forme d'offrandes volontaires, soit
enfin parce qu'une partie de ces dons
étaient destinée à des festins ou à des
réjouissances auxquelles tous avaient part.
Les impôts étaient de deux sortes,
religieux, et civils. Impôts religieux.
Le principal était le demi-sicle du
sanctuaire, que chaque Israélite, âgé de
vingt ans et au-dessus, devait apporter en
tribut pour le tabernacle du témoignage.
Exode 30:13; 2 Chroniques 24:6;
— Voir: Cens.
Cette obligation continua de subsister après
le retour de l'exil, Matthieu 17:24 (selon
d'autres elle ne commença qu'alors), et
pesait sur tous les Juifs de la Palestine et
de la dispersion. Après la destruction de
Jérusalem, Vespasien ordonna que la même
somme serait perçue annuellement pour le
temple de Jupiter Capitolin. On ignore si,
dans le passage Néhémie 10:32-33, le tiers
de sicle qui fut imposé aux Israélites fut
une contribution supplémentaire, motivée par
la pauvreté du tabernacle, ou une réduction
de l'impôt ordinaire d'un demi-sicle, fondée
sur la pauvreté des fidèles: Winer pense
successivement l'un et l'autre dans ses deux
articles Abgaben et Tempel, et
chaque fois il motive son opinion, ce qui
prouve tout au moins que le texte n'est pas
positif.
— Voir: Aumône, Culte, et Offrandes.
Impôts civils. Ils étaient
complètement inconnus avant l'établissement
de la royauté, et quand le peuple avait
contribué pour le culte, il avait tout fait;
avec les rois cela changea, Samuel l'avait
prédit: il y eut non seulement des corvées
et des travaux publics, 1 Samuel 8:12,16,
mais encore des impôts en nature, et même
dans les cas extraordinaires des impositions
personnelles, 1 Samuel 8:15; 17:25; 2 Rois
3:4; 15:20; 23:35; Ésaïe 16:1; Amos 7:1. Les
rois s'arrangèrent en outre pour obtenir des
présents volontaires de la part de leurs
sujets, 1 Samuel 10:27; 16:20; 1 Rois 10:25;
2 Chroniques 17:5, ce qui se voit encore de
nos jours. Ils paraissent aussi avoir eu des
apanages, une liste civile, 1 Rois 4:27; des
droits de transit paraissent indiqués 1 Rois
10:15, et l'on voit une régie 1 Rois 10:28;
cf. 9:26; 22:49. Les rois étrangers qui
assujettirent le peuple juif se gênèrent
encore moins, et les Perses firent peser sur
les colonies exilées des taxes, des gabelles
et des péages, Esdras 4:13,20; 7:24. Il
paraît même que les gouverneurs particuliers
se permirent maintes et maintes concussions,
qui finirent par devenir pour le peuple de
véritables charges fort onéreuses, Néhémie
5:15; 9:37. Les prêtres et les lévites
cependant restèrent francs de toute
imposition sous le règne de Xercès, Esdras
7:24.
INCESTE,
— Voir: Parents.
INDES,
Esther 1:1; 8:9 (hébreu
Hoddou pour Hondou); sans doute
la même contrée que nous connaissons encore
sous ce nom, et dont les limites touchent
aux frontières méridionales de la Perse. Les
Juifs ne commencèrent à connaître les Indes
d'une manière positive que depuis l'exil,
quoiqu'ils en connussent et même qu'ils en
exploitassent les produits longtemps
auparavant, cf. Exode 30:23; 1 Rois 10:22;
— Voir: aussi Cus, et Ophir.
On sait quelles sont les richesses
naturelles de ce pays, et comment elles ont
toujours excité la cupidité des peuples
commerçants.
INSCRIPTIONS.
-
— Voir: Dénombrement.
-
C'était une habitude des anciens de mettre au-dessus de la tête des condamnés à mort un écriteau portant la cause de la condamnation et le crime du coupable: on voulut suivre à l'égard de Jésus la même coutume, et l'on écrivit au-dessus de sa tête en grec, en latin et en hébreu (syriaque ou caldéen): «Jésus Nazarien, roi des Juifs.» Socrate parle de cet écriteau, mais sans dire ce qu'il est devenu; faites à la hâte et sans être destinées à servir de reliques, la plupart de ces inscriptions étaient bientôt détruites, soit par le bourreau, soit par le temps ou par accident. Les catholiques n'en ont pas moins su conserver l'original, sans qu'on puisse dire comment ils se le sont procuré; ils prétendent même en avoir deux exemplaires, l'un à Toulouse, l'autre à Rome en l'église de Sainte-Croix; nous laissons ces deux originaux débattre entre eux la question d'authenticité,
— Voir: Calvin.
INSECTES.
Ces malheureux petits animaux, l'un des tourments de la vie humaine, semblent être (comme les poisons) le fruit de la malédiction prononcée centre la terre après la chute, Genèse 3:17; la théorie longtemps admise de leur génération spontanée, attribuait également leur naissance à la matière inanimée, à la terre elle-même. Ils se développent particulièrement dans les climats chauds, et se multiplient par myriades innombrables sous le soleil ardent du Midi: la Palestine n'a pas été plus privilégiée que tous les pays situés sous la même latitude, elle a eu ses frelons et ses sauterelles de toutes espèces, dont nous traiterons aux articles spéciaux.
INTERDIT, ou anathème.
Ces deux mots signifient, le
premier (hébreu chérem) perdre,
détruire, vouer à l'extermination, le
second, en grec, ce qui est mis à part,
séparé, dévoué. L'un et l'autre s'emploient
pour indiquer un retranchement quelconque,
physique ou moral, et particulièrement le
retranchement d'un homme, repoussé soit de
la société par la mort, soit de l'Église par
l'excommunication. Des animaux, des villes,
des peuplades, pouvaient être vouées à
l'interdit, et cette peine emportait
toujours dans le style de l'Ancien Testament
la mort des personnes; quant aux animaux et
autres objets de valeur, ils étaient
quelquefois également détruits, d'autres
fois ils devenaient l'apanage du sacerdoce,
cf. Lévitique 27:28-29. Nombres 18:14; 1
Samuel 14:44; Ézéchiel 44:29. L'interdit
était considéré comme la propriété de
l'Éternel, comme un don irrévocable offert
en hommage au roi du peuple, et il est
appelé à cause de cela une chose sainte,
Lévitique 27:21. Ces sortes de vœux étaient
prononcés par la libre volonté du peuple qui
voulait se rendre Dieu favorable dans une
entreprise importante. Quelquefois,
cependant, un vœu était imposé à l'armée par
son chef, qui le croyait nécessaire au
succès de son expédition, Nombres 21:2; 1
Samuel 14:24; mais souvent aussi l'interdit
perdait son caractère de vœu pour prendre
celui de châtiment théocratique, cf. Esdras
10:8, et comme tel il rentrait dans
l'ensemble des lois pénales d'Israël: ainsi,
dans les cas d'idolâtrie, l'Israélite qui
s'était laissé entraîner au culte des faux
dieux, était voué à la mort, Exode 22:20;
les villes même qui s'étaient laissé séduire
n'étaient pas épargnées, le feu et l'épée en
faisaient justice, Deutéronome 13:13-16.
L'apostasie était punie comme une rébellion
politique, et c'en était une dans le
principe de la loi. C'est par le même
principe sans doute, quoiqu'il s'y joignît
encore d'autres considérations, que la
conquête de Canaan dut être accompagnée de
l'extermination de ses habitants; les
Israélites devaient s'habituer à l'idée de
voir en Dieu le roi des rois et le maître de
la terre, en même temps que le chef de tout
culte, de toute religion, de toute morale;
pour les Israélites la mort devait être la
conséquence naturelle et nécessaire de
l'abandon du vrai Dieu, et l'extermination
des Cananéens devait dire aux nouveaux
possesseurs du pays qu'un sort pareil serait
la récompense d'une idolâtrie pareille, cf.
Deutéronome 2:34; 3:6; Josué 6:17;
10:28,35,37,40; 11:11. L'interdit emportait
la destruction de tout se qui se trouvait
dans ces villes coupables; les hommes et le
bétail étaient misa mort, brûlés, lapidés ou
passés au fil de l'épée, les maisons étaient
rasées et les murs démolis, mais l'or et
l'argent, ainsi que les vaisseaux d'airain
et de fer, étaient mis à part pour le trésor
de la maison de l'Éternel, Josué 6:21,24.
Quelquefois, cependant, l'interdit n'était
prononcé que contre les habitants de la
ville, tandis que le bétail était épargné,
et se distribuait avec le reste du butin
entre les soldats du parti vainqueur, Josué
8:26-27. Deutéronome 2:34; 3:6.
— Celui qui violait un interdit était
lui-même mis à l'interdit, Josué 6:18; Hacan
fut assommé de pierres et brûlé, 7:25, et
Saül fut rejeté de Dieu pour avoir épargné
Agag, roi des Hamalécites, 1 Samuel 15:23;
cf. Deutéronome 13:17.
Après le retour de l'exil, Esdras excommunia
tous les Israélites qui, ayant pris des
femmes étrangères, ne voudraient pas les
renvoyer, et leurs biens furent mis à
l'interdit, Esdras 10:8, ce qui paraît avoir
été la conséquence ordinaire de
l'excommunication: l'on ignore si cet
interdit amenait la destruction des biens,
ou leur simple confiscation au profit du
sanctuaire; le premier cas paraîtrait plus
probable, d'après Deutéronome 13:16.
L'excommunication était un interdit purement
ecclésiastique,
— Voir: Bannissement.
IONIE,
— Voir: Javan.
ISAAC,
Genèse 17:19; 21:3; 22:2 (1896
avant J.-C.), fils d'Abraham et de Sara; il
fut pour son père le fils de la promesse et
de la foi. Son nom indique le rire, et lui
fut donné, soit parce que Sara avait souri
d'incrédulité lorsque la naissance d'un fils
lui avait été annoncée, soit à cause de la
joie que lui causa la naissance de ce fils
si longtemps désiré, 18:13; 21:6,
— Voir: encore 17:17.
Il fut circoncis au huitième jour, et passa
ses premières années sous le toit paternel.
Au dire des Hébreux, son éducation aurait
été commencée par les patriarches Sem et
Héber, dont il fut contemporain, du premier
pendant cinquante ans (1896-1846), du second
pendant soixante-dix-neuf ans (1896-1817),
du moins d'après la chronologie reçue, Sa
naissance augmenta les dissensions qui
existaient entre les deux épouses, et Ismaël
dut s'éloigner avec Agar sa mère. Quelques
années après, lorsque Isaac eut atteint, à
ce que l'on croit, sa vingt-deuxième ou
vingt-cinquième année, il accompagna son
père sur le mont Morija. Familier avec
l'idée des sacrifices, il vit sans
étonnement le bois et le feu destinés au
bûcher, mais il ignorait quelle devait être
la victime; il l'apprit et se résigna sans
murmurer, parce que la même foi qui
consolait son père, le fortifiait lui-même
et le soumettait captif à la volonté de
Dieu. Vrai type de notre Sauveur immolé par
son père, «il a été mené à la boucherie
comme un agneau et comme une brebis muette
devant celui qui la tond, et il n'a point
ouvert sa bouche.» Mais Isaac devait
survivre à l'épreuve, et le sanglant
sacrifice ne s'accomplit point; un bélier
remplaça sur l'autel le fils d'Abraham, et
des bénédictions temporelles nombreuses
furent la récompense de la foi. Isaac vécut
nomade comme son père; il parcourut les
plaines et les vallées de Canaan et de la
Philistie, où Dieu le bénit abondamment,
surtout dans la culture de la terre, 26:12.
À l'âge de quarante ans il épousa sa parente
Rébecca, qu'Élihézer avait été chercher pour
lui en Caldée. Au bout de vingt ans de
mariage, elle lui donna deux enfants, Ésaü
et Jacob, qui naquirent quinze ans seulement
avant la mort d'Abraham, et qui se
partagèrent diversement l'affection de leurs
parents, le tranquille Jacob étant le
bien-aimé de sa mère, Ésaü, le fougueux
chasseur, faisant les délices de son père,
parce que celui-ci aimait fort la venaison.
Bientôt une famine força Isaac de quitter
les lieux où il habitait; il projeta d'abord
de se rendre en Égypte, mais Dieu l'en
détourna. L'on peut remarquer que c'est à
peu près à cette époque qu'eut lieu
l'invasion de l'Égypte par les rois
pasteurs. Isaac se rendit à Guérar, où
régnait Abimélec, 26:1, et tomba par la même
tentation dans le même mensonge qu'Abraham
avait déjà fait à un autre roi du même nom.
Pour sauver sa vie, il risqua de
compromettre l'honneur de son épouse; mais
Dieu veillait sur la mère de Jacob, et
Isaac, convaincu de mensonge, avoua ses
craintes et son incrédulité. Dieu continua
de le bénir dans ses champs, et il
recueillit dans une seule année le centuple
de ce qu'il avait semé. Cependant les
Philistins, voyant la multitude des
serviteurs et des troupeaux d'Isaac,
devinrent jaloux de cette fortune toujours
croissante: ils comblèrent les citernes
qu'avait creusées Abraham, et Abimélec
lui-même, entraîné par son peuple, conseilla
ou ordonna à Isaac de se retirer. Isaac
obéit et se rendit d'abord dans la vallée de
Guérar, non loin des plaines de ce nom; il
nettoya et rouvrit les puits que ses ennemis
avaient comblés, et leur conserva les noms
qu'Abraham leur avait donnés; il en creusa
de nouveaux et trouva des eaux vives pour
ses troupeaux. Mais ces puits furent une
source intarissable de querelles, et, après
bien des contestations, Isaac prit le parti
de s'éloigner encore davantage et se rendit
dans les plaines de Béer-Sébah. Là Dieu lui
apparut, la nuit même de son arrivée, et lui
confirma les promesses qu'il avait faites à
son père; un autel fut élevé, le nom de
l'Éternel fut invoqué et les bénédictions
abondèrent. Abimélec s'empressa de revenir
auprès d'Isaac, avec son plus intime
conseiller et son général d'armée, et comme
Isaac se montrait surpris de les voir le
rechercher, Abimélec lui répondit: Nous
avons vu clairement que l'Éternel est avec
toi, et nous avens dit: «Qu'il y ait
maintenant un serment solennel entre nous,
et traitons alliance avec toi.» Isaac reçut
avec joie cette proposition, il offrit un
festin à ses nouveaux alliés, et le
lendemain ils se séparèrent en paix.
Isaac étant devenu vieux, Genèse 27:1, et
ses yeux s'étant fermés tellement qu'il ne
pouvait plus voir, il sentit qu'il devait
s'attendre à une mort prochaine, et ne
voulut pas différer davantage de donner sa
bénédiction à l'aîné de ses fils. Ignorant
la cession du droit d'aînesse faite par Ésaü
à Jacob, ignorant aussi, et peut-être par un
manque de foi, que Dieu avait aimé Jacob et
haï Ésaü, il allait bénir l'enfant qu'il
préférait, et voulut d'abord se procurer
encore une fois cette sensuelle jouissance
qui influençait peut-être chez lui
l'affection paternelle: il fit venir Ésaü et
lui commanda d'aller à la chasse chercher
quelque pièce de gibier. «Apprête-moi des
viandes d'appétit, comme je les aime, et
apporte-les-moi afin que j'en mange.» Mais
Dieu avait réservé à Jacob les droits de
primogéniture. Jacob se les était acquis en
abusant de la fatigue et de l'impétuosité de
son frère: ces droits étaient à lui, mais au
lieu de s'en remettre à celui qui est
fidèle, au lieu de laisser Dieu agir, il
voulut intervenir, et sa mère, plus rusée
encore, hâta, par un mensonge sans excuse,
l'exécution du plan divin. Jacob, âgé de
soixante-dix-sept ans, se moqua d'un vieux
père aveugle et lui soutira par son
déguisement la grande bénédiction qu'Isaac
voulait donner à Ésaü. Isaac, trop confiant,
soupçonna une ruse, et se laissa néanmoins
convaincre: il entendait la voix de Jacob et
touchait la barbe du velu chasseur; mais les
plats étaient là, et pendant qu'Ésaü courait
après le gibier, son frère cadet, dont le
nom en hébreu signifie supplantent,
recevait les bénédictions paternelles.
Grande fut la douleur du père en découvrant
qu'il avait été trompé, mais il ne pouvait
retirer sa bénédiction: «J'ai béni ton
frère, dit-il, et aussi il sera béni.»
— «Et ne m'as-tu point réservé de
bénédiction? s'écria Ésaü, plein de
désespoir et d'amertume: n'as-tu qu'une
bénédiction, mon père? Bénis-moi aussi,
bénis-moi, mon père!» Dieu permit qu'Isaac
pût encore donner à son fils bien-aimé
quelques promesses de consolation:» Ton
habitation sera en la graisse de la terre,
lui dit-il, et en la rosée des deux d'en
haut: tu vivras par ton épée, et tu seras
asservi à ton frère; mais il arrivera
qu'étant devenu maître, tu briseras son joug
de dessus ton cou.»
Isaac comprit cependant qu'il n'avait été
que l'instrument de la volonté du Dieu des
cieux; il se soumit à cette dispensation
providentielle, et conserva toute son amitié
à Jacob. La colère d'Ésaü était à craindre
pour le frère supplanteur, et Isaac, soit
pour ce motif, soit pour éviter que Jacob
épousât des païennes et amenât dans la
maison des germes de querelles, comme avait
fait Ésaü «26:35, engagea le fils béni à se
rendre en Mésopotamie auprès des parents de
Rébecca. Cette absence dura plus de vingt
ans; mais Isaac eut encore avant de mourir
la joie de revoir ce fils qui était devenu
pour lui un successeur théocratique, et le
chef de sa postérité; il mourut entre ses
bras à l'âge de cent quatre-vingts ans, et
fut recueilli avec ses peuples. Ésaü et
Jacob l'ensevelirent dans la grotte de
Macpéla, 35:27-28; 49:31.
Abraham, Isaac et Jacob sont trois figures
d'élection qui sont fréquemment rappelées
ensemble dans l'Écriture: celle d'Abraham
est la plus belle, celle de Jacob ne peut
être comprise que par la foi, par le sens
chrétien; celle d'Isaac est davantage
passive. Ce qu'il y a de grand en lui, c'est
sa naissance miraculeuse, c'est aussi
l'ordre donné à Abraham de le sacrifier sur
Morija; c'est enfin, si l'on ose le dire, sa
bénédiction surprise et déplacée. Dans ces
trois faits il est passif, dans tout le
reste de sa vie il paraît nul. Dieu veut que
les colonnes de son édifice visible n'aient
pas d'autre gloire, pas d'autre action que
la sienne; et comme la force des fidèles est
de se tenir tranquilles pendant que
l'Éternel combat pour eux, leur gloire est
aussi de disparaître derrière l'image de
celui dont ils ne doivent que refléter les
vertus et la splendeur. La passivité d'Isaac
fut de celles que chacun doit envier;
partout ce patriarche se montre humble,
simple, tranquille et calme; jamais il ne
résiste, il se laisse immoler par son père,
marier par Élihézer, chasser par Abimélec,
vexer par des bergers, tromper par sa femme,
tromper par son fils, inquiéter par ses
belles-filles; une seule fois il pèche par
timidité: partout ailleurs il se fait
admirer par sa douceur et sa résignation,
partout il accepte l'Éternel comme
Providence, et reconnaît la sagesse de celui
qui mène les hommes et les choses. Il a une
vie de famille toute particulière, aimant sa
Rébecca malgré ses torts, et n'ayant qu'elle
pour épouse; il vit avec elle et avec ses
deux fils, sans paraître rechercher beaucoup
des relations extérieures; ses goûts sont
dans la maison, casaniers et parfois un peu
sensuels, comme ceux des hommes doux et sans
ambition. Sa piété paraît avoir été plus
juive que chrétienne, il a moins de
confiance et plus de crainte qu'Abraham, et
Jacob jure par la frayeur d'Isaac, 31:42,
qui est le commencement de la sagesse. Il
est le symbole de la douceur et de l'amour.
Son nom se retrouve fréquemment dans les
livres saints, 1 Chroniques 1:28; Matthieu
1:2; Luc 3:34; Romains 9:7; Galates 4:28;
Hébreux 11:18:20, et ailleurs.
ISAÏ ou Jessé,
Ruth 4:17; 1 Chroniques 2:12;
Matthieu 1:5; Luc 3:32; Actes 13:22; 1
Samuel 17:12,17, Bethléémite, fils d'Obed et
petit-fils de Booz et de Ruth; il fut père
de huit fils et de deux filles (— Voir:
ce pendant 1 Chroniques 2:15); le plus jeune
était David. Après la réjection de Saül,
Samuel apprit de Dieu qu'un des fils d'Isaï
était désigné pour le remplacer sur le
trône; aussitôt il convie à Bethléem toute
cette famille pour sacrifier à l'Éternel:
les sept fils aînés d'Isaï passent
successivement devant le prophète, tous
jeunes, grands, forts et beaux; mais Dieu
dit à Samuel: «L'homme a égard à ce qui est
devant les yeux, mais l'Éternel regarde au
cœur.» Isaï dut faire chercher encore le
plus jeune qui était aux champs, gardant les
brebis, et il le vit avec joie et surprise
proclamer roi d'Israël par le prophète, qui
l'oignit d'huile au milieu de ses frères.
Peu de temps après, Saül ayant demandé un
joueur d'instruments, et ayant appelé à sa
cour David qui était habile musicien, Isaï
le lui envoya en le chargeant de présents
pour ce roi dont il devait bientôt hériter,
1 Samuel 16:19. Isaï cependant continua de
voir son fils, et le retint même fréquemment
auprès de lui, lorsque le service de Saül
n'exigeait pas sa présence, (cf. 1 Samuel
17:17); il l'envoya une fois visiter ses
frères qui avaient suivi Saül dans son
expédition contre les Philistins. Plus tard,
pendant les rivalités de Saül et de David,
ce dernier obtint du roi de Moab un asile
pour son père, 22:3; c'est la dernière trace
de l'histoire d'Isaï.
Le nom de fils d'Isaï servit quelquefois
comme terme de mépris pour désigner David,
ainsi que Jésus était dédaigneusement appelé
le fils de Joseph, le fils du charpentier, 1
Samuel 20:27; 22:7; 25:10; 2 Samuel 20:1; 1
Rois 12:16; 2 Chroniques 10:16; mais lorsque
David fut devenu un roi de gloire, le nom de
son père ne fut plus qu'un jalon
généalogique, destiné à rappeler aussi la
race de laquelle devait naître le Sauveur,
Ésaïe 11:1; Romains 15:12.
ISBI-BÉNOB, ou Jisbi,
des un Réphaïms, géant d'entre les Philistins. Il avait résolu, dans une guerre contre David, de, frapper ce chef lui-même: armé tout à neuf, et portant une lance d'un poids énorme, il fondit, en effet, sur David qui, vivement pressé par ce puissant ennemi, ne dut son salut qu'au secours que lui apporta son cousin Abisaï. Les amis et les guerriers de David jurèrent alors: «Tu ne sortiras plus avec nous en bataille, de peur que lu n'éteignes la lumière d'Israël», paroles qui feraient supposer que cet événement eut lieu dans la dernière guerre où David combattit en personne, 2 Samuel 21:16.
IS-BOSETH, ou Esbahal,
fils cadet de Saül et d'Ahinoham, 1 Chroniques 8:33; 9:39; 2 Samuel 2:8, etc. Son vrai nom était Esbahal ou Isbahal, mais les Hébreux, à cause de l'horreur que leur inspiraient les dieux étrangers, et pour éviter de prononcer le nom de Bahal, le surnommèrent Is-Boseth, homme de honte ou de confusion. Son père et ses frères ayant succombé dans la bataille de Guilboah, il se trouva, avec son neveu Méphiboseth, seul héritier du nom de Saül et de sa couronne, mais l'un et l'autre successeur étaient incapables par eux-mêmes de rien oser pour reconquérir un trône qui leur avait échappé. Abner osa seul; mais pour couvrir d'un voile de légitimisme ses desseins ambitieux, il ne voulut régner que sous un nom reconnu, et Is-Boseth, âgé de quarante ans, fut la poupée qui porta la couronne. Reconnu roi des dix tribus, il régna sept ans à Mahanajim, luttant avec désavantage contre les troupes de David, et s'affaiblissant de jour en jour. La conduite d'Abner à l'égard d'une des femmes de Saül donna de l'ombrage à Is-Boseth, soit qu'il y vît une injure à la mémoire de son père, soit qu'il crût y trouver l'indice de vues ambitieuses, soit enfin que, las d'avoir un maître, il s'estimât heureux de trouver un prétexte pour montrer à son tour qu'il avait de la volonté et du caractère. Blessé des reproches d'Is-Boseth, Abner l'abandonna, et résolut d'appuyer la nouvelle dynastie. En même temps, David fit demander à Is-Boseth Mical son épouse, et comme Is-Boseth voyait ses affaires s'embrouiller toujours davantage, il ne voulut pas les compliquer encore par un nouveau refus, et accorda à David ce qu'il désirait. Il ignorait les négociations du perfide Abner, et lorsque ce traître eut été mis à mort par Joab, ses mains devinrent lâches; Is-Boseth crut avoir perdu le meilleur de ses capitaines, et dans son bonheur il se désespéra. Ce fut sa dernière faiblesse; bientôt deux de ses officiers, Récab et Bahama, l'assassinèrent dans son palais pendant qu'il dormait; sa tête sanglante fut portée en hommage à David qui n'apprécia jamais la lâcheté, et récompensa les meurtriers par le dernier supplice.
ISMAËL,
-
fils d'Abraham et d'Agar, Genèse 16:15; 17:23; 21:14; 1 Chroniques 1:28. Ce n'était pas l'enfant de la promesse, mais Dieu ne lui en prédit pas moins de grandes destinées et d'abondantes bénédictions temporelles: «Voici, je l'ai béni, dit-il, et je le ferai devenir une grande nation.» Fort jeune encore, Ismaël se montra ce qu'il devait être plus tard, bruyant, gai, fier et violent, grand par lui-même, comme son frère Isaac était grand par la grandeur de Jéhovah. Vers sa dix-septième ou dix-huitième année, à ce que l'on pense, à l'époque du sevrage d'Isaac, Ismaël dut quitter la maison paternelle avec sa mère, Genèse 21:9, parce que celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l'esprit, Galates 4:29. Dieu protégea dans sa fuite Ismaël, et continua de le bénir dans le désert de Paran, où il habita. Le jeune homme devint fort, vaillant, habile chasseur, et sa mère lui donna pour épouse une de ses compatriotes, Égyptienne comme elle. Il eut quatorze enfants, dont douze fils, qui furent autant de princes et chefs de tribus, selon les promesses faites à Abraham, et deux filles, dont l'une épousa Ésaü, son cousin. Ismaël rendit avec Isaac les derniers devoirs à son père, et mourut âgé de cent trente-sept ans. Genèse 25:17; 28:9; 36:3.
Les douze fils d'Ismaël furent, sous le nom d'Ismaélites, les pères de douze tribus arabes qui subsistent encore aujourd'hui, mais que l'on distingue cependant avec soin des Arabes primitifs et authentiques, les Joktanides; quelques auteurs arabes appellent même les Ismaélites des Arabes fabriqués. Plusieurs de ces tribus sont bien connues et auront leurs articles spéciaux: ainsi les Nabathéens, les Kédaréniens, etc. Saint Jérôme dit que de son temps les douze noms subsistaient encore. Le territoire d'Ismaël s'étendait depuis Havila, à l'orient, jusqu'à Sur, en Égypte. Vers le septième siècle, la plupart des Ismaélites embrassèrent l'islamisme, et sont encore maintenant plongés dans les ténèbres de cette dégoûtante morale, et de ce monothéisme sec et absurde. C'est ce que M. Coquerel appelle «le milieu entre l'erreur et la vérité», comme si ce milieu n'était pas l'erreur elle-même.
-
Ismaël, fils de Néthania, descendant de David, fut du nombre de ceux qui restèrent en Judée après que Nébucadnetsar eut emmené captifs la plus grande partie des habitants de ce pays. Poussé par la jalousie, à ce qu'il paraît, parce qu'étant du sang royal il n'avait pas été nommé gouverneur du pays, il refusa d'obéir à Guédalia, et se ligua contre lui avec Bahalis, roi de Hammon; puis, abusant d'une confiance qu'il avait acquise par la dissimulation, il se jette sur Guédalia, au milieu d'un festin, et le tue; il égorge ensuite ceux des adhérents de Guédalia qu'il rencontre, et les Caldéens qui sont en garnison à Mitspa. Quelques hommes de Sichem, de Silo, de Samarie, en tout quatre-vingts, allaient ayant la barbe rasée et les vêtements déchirés, offrir de l'encens et des dons en la maison de l'Éternel. Ismaël en est instruit; il comprend que ces pieux Israélites seront les amis de Tordre, et, par conséquent, ses ennemis à lui-même; il les attire par ruse à Mitspa, où il les fait égorger et précipiter dans une fosse. Dix d'entre eux s'échappent seuls, en promettant de livrer à Ismaël ce qu'ils possèdent de provisions en froment, orge, huile et miel, cachées au milieu des champs. Il emmène ensuite captifs avec lui une partie des habitants de Mitspa, et les filles du roi qui avaient été confiées à Guédalia, et prend le chemin du pays de Hammon, où il espère être suffisamment protégé contre la vengeance probable de Nébucadnetsar. Mais Johannan et d'autres capitaines des villes de Judée, ayant appris les crimes d'Ismaël, mettent sur pied leurs gens de guerre, le poursuivent et l'atteignent près des grosses eaux de Gabaon. Les prisonniers reprennent courage et s'enfuient auprès de Johannan, qui vient à leur aide, et Ismaël, avec huit hommes qui lui restent, gagne au plus vite les terres de Bahalis, affligé sans doute que tant de crimes aient été inutiles. On ignore où et comment il mourut, 2 Rois 25:23; Jérémie 40, et 41.
ISRAËL.
Ce nom, qui signifie
vainqueur de Dieu, fut d'abord donné en
surnom à Jacob par Dieu lui-même, lors de la
rencontre du Jabbok et de la lutte de Jacob
avec l'Éternel, parce que, dit l'ange, tu as
été le maître en luttant avec Dieu et avec
les hommes, et tu as été le plus fort,
Genèse 32:28; 35:10. Le nom d'Israël devint
ensuite celui de la postérité bénie, et les
douze tribus le portèrent en commun. Lors de
la première division du royaume, après la
mort de Saul, sous David et Is-Boseth, les
onze tribus qui marchaient sous les armes de
ce dernier, conservèrent le nom d'Israël,
qui était celui de la nation tout entière,
dont elles formaient la plus grande partie,
tandis que la douzième tribu, celle de Juda,
qui marchait avec David, resta tout ensemble
tribu et royaume de Juda, 2 Samuel 2:9-10;
cf. 19:40. Ces deux noms de Juda et d'Israël
servirent donc à désigner en quelque sorte,
dans les temps de trouble, la minorité et la
majorité du royaume, et après la mort de
Salomon, lorsque le pays tout entier se
partagea (975 avant J.-C.), les tribus de
Juda et de Benjamin gardèrent le nom de
royaume de Juda, tandis que les dix autres
prirent le nom de royaume d'Israël, qu'elles
méritaient moins que les deux premières,
puisqu'elles s'éloignaient de la branche
théocratique, abandonnant le roi que le Dieu
d'Israël leur avait donné. Ces dix tribus
sont Éphraïm, Dan, Siméon, Manassé, Issacar,
Zabulon, Aser, Nephthali, Gad et Ruben,
auxquelles il faut joindre la partie
tributaire de Moab et les autres peuplades
et terres qui avaient été conquises par
Salomon. La capitale de ce royaume fut
d'abord Sichem, 1 Rois 12:25, puis Tirtsa, 1
Rois 14:17; 15:21, et enfin, depuis Homri,
Samarie. La puissante et toujours jalouse
tribu d'Éphraïm (cf. 1 Chroniques 5:1;
Genèse 48:17; Juges 8:1; 12:1) fut sans
doute à la tête de ce mouvement de
séparation; elle se glorifiait d'avoir donné
le jour à Josué, et Jéroboam, qui sépara le
royaume, était Éphraïmite: aussi le nom de
royaume d'Éphraïm serait-il beaucoup plus
justifié que celui de royaume d'Israël, et
les auteurs sacrés l'emploient-ils
quelquefois, Psaumes 78:9,67-68; Osée 6:4;
Ésaïe 11:13. Neuf révolutions successives,
toujours accompagnées de leurs calamités
ordinaires, amenèrent sur le trône neuf
dynasties différentes qui ne comptèrent pas
plus de dix-huit rois, et ne durèrent
ensemble que 240 ans à peu près (975-729),
ce qui donne pour chaque roi une moyenne de
13 ans, et pour chaque dynastie une moyenne
de 26 ans et demi.
1re dynastie |
Jéroboam |
règne de 22 ans |
Nadab |
règne de 2 ans |
|
2e dynastie |
Bahasa |
règne de 24 ans |
Élah |
règne de 2 ans |
|
3e dynastie |
Simri |
règne de 7 jours |
4e dynastie |
Homri |
règne de 12 ans |
Achab |
règne de 22 ans |
|
Achazia |
règne de 2 ans |
|
Joram |
règne de 12 ans |
|
5e dynastie |
Jéhu |
règne de 28 ans |
Joachaz |
règne de 17 ans |
|
Joas |
règne de 16 ans |
|
Jéroboam II |
règne de 41 ans |
|
Zacharie |
règne de 6 mois |
|
6e dynastie |
Sallum |
règne de 1 mois |
7e dynastie |
Manahem |
règne de 10 ans |
Pékachia |
règne de 2 ans |
|
8e dynastie |
Pékach |
règne de 20 ans |
9e dynastie |
Hosée |
règne de 9 ans |
Total |
241 ans, 7 mois, 7 jours. |
Les années étant exprimées en nombres ronds, on ne doit pas s'étonner que dans les détails, les fractions négligées amènent une différence de quelques années en plus, et le synchronisme des rois de Juda compte, pour le même espace de temps, 260 années. Sans entrer dans des discussions chronologiques qui pourraient nous mener loin sans nous mener nulle part, nous nous bornerons pour le moment aux observations suivantes:
-
On doit admettre que les années sont indiquées d'une manière générale, sans égard aux fractions, et le récit sacré l'indique lui-même en plusieurs endroits, comme on peut s'en convaincre par la comparaison des passages suivants, 1 Rois 15:9; et 25; 15:25 et 33; 2 Rois 14:1; cf. 14:17; 13:1; et ailleurs.
-
Quelquefois un fils a commencé à régner pendant les dernières années de son père, et les années de cette association sont quelquefois attribuées à l'un et à l'autre tout ensemble, et par conséquent doublées.
-
Il y a eu des interrègnes qui, n'étant pas comptés dans la chronologie des rois, diminuent d'autant les années de cette époque, et doivent y être ajoutées pour les compléter; c'est ce qu'a fait Des Vignoles dans sa chronologie de l'histoire sainte. Ajoutons encore que, lorsqu'il y a désaccord, il faut donner la préférence aux dates du royaume de Juda, parce que l'histoire de ces deux tribus est plus simple, mieux suivie, moins compliquée d'anarchie, d'interrègnes et de révolutions, et par conséquent moins sujette à erreurs.
— Les suites de la scission furent, pour Israël, sa décadence comme nation, l'abaissement de sa puissance politique, l'anéantissement de son commerce et de sa prospérité intérieure, la démoralisation du peuple par les guerres intestines. Le principe de la révolution porta ses fruits, et huit usurpations successives furent autorisées par l'usurpation de Jéroboam. En religion ce fut pire encore, cf. 1 Rois 15:34; 16:2; 22:53; 2 Rois 3:3; 10:29; 13:2; 14:24; 15:9; 17:22; le culte du veau d'or ayant été établi par Jéroboam, et celui de Bahal par la maison d'Achab, les prêtres, les lévites, et tous les hommes pieux et zélés pour le culte du vrai Dieu abandonnèrent Israël et se réfugièrent en Juda, 2 Chroniques 11:13-46. Les prophètes de l'Éternel cependant ne manquèrent jamais en Israël, même dans les périodes de la plus sombre idolâtrie et des plus profondes ténèbres, et il se rencontra toujours, même à la cour des rois, quelques hommes qui ne fléchirent point le genou devant un autre que Jéhovah, 1 Rois 18:4. Dans les premiers temps de son existence, Israël fut quelquefois inquiété par Juda, mais sans succès; les entreprises des Philistins furent également passagères et n'amenèrent pas de résultat, 1 Rois 16:15. Bientôt la séparation des deux royaumes fut si bien reconnue que les deux cours rivales, se regardant comme indépendantes, en vinrent à contracter des alliances, soit politiques, 1 Rois 22:2; 2 Rois 3:7; 8:28, soit même domestiques, 2 Rois 8:18,27. Mais Israël trouva un ennemi opiniâtre et puissant dans les rois de la Syrie de Damas, qui, à diverses reprises, passèrent les frontières, 1 Rois 20:34; 22:3, et réduisirent Éphraïm à la dernière extrémité, 2 Rois 13:7; cependant, sous Jéroboam II, grâce à la puissance assyrienne qui s'élevait, et qui affaiblissait ainsi par son voisinage le royaume de Syrie, les Israélites redressèrent la tête, repoussèrent vigoureusement le Syrien, s'emparèrent d'une portion de son territoire, et s'élevèrent à une hauteur de prospérité que jusqu'alors ils ne connaissaient point. Cela dura peu; le bien-être engendra le luxe, la volupté, le relâchement: ce furent les délices de Capoue; les querelles de parti se renouvelèrent, une fausse politique commença à prédominer. Osée 5:13, et Israël, devenu tributaire d'Assyrie, 2 Rois 15:19, vit bientôt une partie de ses habitants conduits en captivité, 2 Rois 15:29; cf. Ésaïe 8, et 9. Dès lors il n'y eut plus rien que de précaire dans l'existence de ce pauvre pays, sa ruine parut inévitable, et la malheureuse alliance d'Osée avec le roi d'Égypte fut le dernier acte politique de ce royaume; Israël tout entier fut déporté et mené en exil, 2 Rois 18:9, environ 131 ans avant la chute du royaume de Juda. Aussitôt après avoir raconté cette catastrophe, l'historien sacré énumère les causes qui l'ont amenée, et met en première ligne l'idolâtrie intellectuelle et morale de ce peuple. Les Israélites qui demeurèrent dans le pays se mêlèrent peu à peu avec les colons qui y furent envoyés d'Assyrie pour le cultiver et le défendre; ils retournèrent cependant au culte de l'Éternel, et plusieurs d'entre eux se réunirent à Juda pour l'exercice de ce culte, 2 Rois 23:15,19; 2 Chroniques 34:33; 35:19.
— Voir: Exil.
ISSACAR,
neuvième fils de Jacob,
cinquième de Léa, Genèse 30:18. Son nom
signifie prix ou récompense, et Léa le lui
donna, «car, dit-elle, Dieu m'a récompensée
parce que j'ai donné ma servante à mon
mari.» Il naquit 1749 ans avant J.-C., et
eut quatre fils: Tolah, Puva, Job et Simron,
46:13. Sa vie est peu connue, et ne parait
pas avoir rien présenté de saillant. La
bénédiction de Jacob mourant lui prédit un
avenir matériel et peu honorable: «Issacar,
dit-il, est un âne essu, couché entre les
barres des étables; il a vu que le repos
était bon et que le pays était beau, et il a
baissé son épaule pour porter, et s'est
assujetti au tribut.» Moïse annonce qu'il
vivra paisible dans ses tentes, qu'il
partagera avec Zabulon l'abondance de la mer
et les richesses du commerce, Genèse
49:14-15. Deutéronome 33:18-19. Lors du
dénombrement d'Israël dans le désert,
Issacar comptait 54,400 hommes en état de
porter les armes. Cette tribu est louée dans
le cantique de Débora pour son zèle à
prendre les armes. Juges 5:15. Elle a donné
naissance au juge Tolah, qui gouverna le
pays pendant vingt-trois ans, sans autre
gloire que celle de la paix, Juges 10:1-2.
La tribu d'Issacar reçut en partage, lors de
la division du pays, les meilleurs endroits
de la terre, la belle et riche plaine de
Jizréhel, s'étendant depuis la chaîne du
Carmel jusqu'au lac de Génésareth, ayant au
midi la demi-tribu de Manassé, au nord celle
de Zabulon, à l'occident la Méditerranée, à
l'orient le Jourdain et l'extrémité de la
mer de Tibériade. Elle occupait avec Zabulon
le grand pays de passage de Canaan, et les
habitants de ces deux tribus comptèrent, à
l'époque de Jésus-Christ, parmi les plus
civilisés des Galiléens; la plupart des
apôtres appartenaient à l'une ou à l'autre
de ces tribus, et par le message de
l'Évangile ils accomplirent entièrement la
prophétie de Moïse: «Ils appelleront les
peuples en la montagne, ils offriront là des
sacrifices de justice.» Deutéronome 33:19.
L'auteur du livre des Chroniques dit des
Issacariens qu'ils étaient «fort
intelligents dans la connaissance des temps
pour savoir ce que devait faire Israël»,
éloge qui ne se rapporte probablement ni à
des connaissances astronomiques, ni à la
science des saisons par rapport à
l'agriculture, mais à une certaine habileté
pratique ou politique, qui du reste ne peut
être précisée davantage par l'histoire.
ITHAMAR.
quatrième fils d'Aaron et
d'Élisébah (1490 avant J.-C.) Exode 6:23. Il
fut consacré avec ses fils, Nombres 3:2,
mais il n'exerça jamais la souveraine
sacrificature, qui, après la mort de Nadab
et d'Abihu, fut donnée à la famille
d'Éléazar. Lui-même fut chargé dans le
désert de surveiller les travaux du
tabernacle et de diriger les Guersonites et
les Mérarites dans le transport de l'arche
de l'alliance. Exode 38:21. La souveraine
sacrificature entra, l'on ne sait comment,
dans sa famille par Héli, juge d'Israël, et
en sortit de nouveau par la déposition
d'Abiathar, après avoir fourni, outre ces
deux pontifes, Ahitub, Ahija, et Ahimélec,
q.v.
— cf. 1 Chroniques 6:3; 24:1; Nombres 4:28;
26:60.
ITHIEL et Ucal,
inconnus. C'est à eux qu'Agur adressa les maximes contenues dans le 30e chapitre des Proverbes; on peut supposer qu'ils étaient fils, amis ou disciples de ce sage.
ITTAÏ,
-
guerrier benjamite de Guibha, l'un des trente-sept hommes vaillants de David, 2 Samuel 23:29; 1 Chroniques 11:31.
-
Ittaï, Philistin de Gath, peut-être prosélyte, avait mis à la disposition de David 600 hommes de ses compatriotes dont il était le chef. Après la révolte d'Absalon, David ne voulant astreindre personne à partager sa mauvaise fortune, offrit à Ittaï de lui rendre sa parole, mais ce généreux guerrier refusa de la reprendre et jura par le nom de l'Éternel: «En quelque lieu où le roi mon seigneur sera, soit à la mort, soit à la vie, son serviteur y sera aussi.» David ne résista pas à tant de dévouement; Ittaï se donna à lui sans réserve et le servit avec ses troupes et sa famille; il commandait un tiers de l'armée à la bataille qui fut si funeste à Absalon, 2 Samuel 15:19; 18:2.
ITURÉE,
contrée au nord-ouest de la
Palestine. Luc 3:1, dit que Philippe était
tétrarque dans la contrée de l'Iturée et de
la Trachonite, et comme Flavius Josèphe
donne à Philippe la Trachonite, la Batanée
et l'Auranite, on a cru que ces deux
dernières provinces portaient ensemble le
nom d'Iturée. Cette conclusion n'est pas
nécessaire, car saint Luc a parfaitement
bien pu ne pas indiquer les possessions
moins importantes de Philippe, et omettre
l'un ou l'autre de ces districts, comme dans
le même passage il ne donne à Hérode Antipas
que la Galilée quoiqu'il possédât aussi la
Pérée. Strabon et Pline placent l'Iturée en
Cœlésyrie, et Strabon ajoute qu'elle était à
l'ouest de Damas, tirant vers le sud du côté
de l'Arabie Déserte. C'était, au dire du
même auteur, une contrée crevassée et riche
en cavernes, dont les habitants, favorisés
par les accidents du terrain, se livraient
en masse au brigandage et rendaient
dangereuse et redoutée la grande route de
Damas. Virgile (Georg. 2, 448) vante
l'habileté des Ituréens dans le maniement de
l'arc et des flèches.
Aristobule, environ un siècle avant Christ,
conquit et réunit à la Judée une partie
considérable de l'Iturée, dont il
contraignit les habitants à se faire
circoncire sous peine d'exil; mais bientôt
les Ituréens passèrent en Phénicie et se
soumirent à Rome sous Pompée, tout en
conservant des princes choisis du milieu
d'eux. Claude réunit plus tard l'Iturée à la
Syrie.
L'Iturée tirait probablement son nom de
Jétur, le dixième fils d'Ismaël, Genèse
25:15; 1 Chroniques 1:31; cf. 5:19; et la
position de ce pays sur les confins de
l'Arabie justifie ce sentiment. Il
paraîtrait alors que les Ituréens auraient
abandonné la pratique de la circoncision,
puisque Aristobule dut la leur imposer de
nouveau, à moins qu'on n'entende
qu'Aristobule les obligea à circoncire les
enfants le huitième jour, tandis que les
Ismaélites ne le faisaient que dans la
douzième ou quinzième année.
IVOIRE.
Les défenses d'éléphant, que
les anciens prenaient pour des cornes, ont
été connues en Europe et dans l'Asie
occidentale bien longtemps avant l'éléphant
lui-même. L'ivoire est pour la première fois
nommé dans le Cantique des Cantiques, ou au
Psaumes 45, suivant l'époque que l'on
assigne à la composition de ce psaume. Il
est probable que Salomon, qui faisait le
commerce des Indes, fut aussi le premier qui
fit connaître à la Judée l'ivoire et
l'animal qui le donne, cf. 1 Rois 10:22; 2
Chroniques 9:21. Son troue était d'ivoire
incrusté d'or, 1 Rois 10:18; et l'on voit
Achab, 22:39, employer l'ivoire à beaucoup
d'autres usages et ne l'épargner ni dans ses
meubles ni dans ses appartements, cf.
Apocalypse 18:12, et Amos 6:4. Les marchands
de Tyr poussèrent le luxe jusqu'à plaquer
d'ivoire les bancs de leurs vaisseaux, si
même ils n'employèrent pas de l'ivoire
massif. Ézéchiel 27:6; cf. 15. Dans ce
dernier passage, le prophète appelle les
défenses de l'éléphant des cornes de dents,
unissant ainsi l'apparence à la réalité.
— Voir: dans Harris,
plusieurs citations des auteurs profanes qui
montrent combien cette substance a été
connue et appréciée des Grecs et des
Romains, et comment on la travaillait.
IVRAIE,
le lolium temulentum de Linnée, herbe vénéneuse qui croît souvent en Orient au milieu des champs de blé, d'orge ou d'avoine, Matthieu 13:25. Virgile l'appelle infelix lolium, Georg. 1, 153. Elle ressemble beaucoup à l'orge, surtout quand elle est jeune. Ses grains sont cependant plus foncés, parfois jaunâtres, allongés, plus épais à une extrémité et couverts de bourre. Mêlée avec du pain, l'ivraie est dangereuse pour la santé, elle gâte l'estomac et porte à la tête; elle enivre, et c'est même de là que lui vient son nom, comme peut-être en allemand celui de Tollkorn. Il n'en arrive pas moins que, vu la difficulté du triage, on pétrit quelquefois l'ivraie avec le blé, lorsque la proportion du mauvais grain n'est pas considérable. Selon quelques auteurs, l'ivraie ne serait qu'un blé dégénéré, susceptible même de redevenir froment, si elle est semée en bonne terre.
IZÉBEL,
— Voir: Jésabel.