Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-G


septembre 3, 2010



G


GABAON,


en hébreu Gulb'hon, dérivé de guib'hah, colline. Il est naturel, à cause de son étymologie, qu'il y ait eu plusieurs villes ou bourgs en Palestine qui aient porté un nom semblable, Guibhah, Guébah, Guibbethon, etc.

— Gabaon était située sur une hauteur, à 40 ou 50 stades au nord de Jérusalem (8 ou 10 kilomètres), à 4 milles romains de Béthel; c'était la principale ville de ces Gabaonites, Héviens d'origine, républicains à ce qu'il paraît, qui surprirent la bonne foi et la religion de Josué et des anciens d'Israël, en se donnant pour venus d'un pays éloigné, et en demandant d'être admis dans l'alliance du peuple de Dieu, Josué 9:3-16. Leurs autres villes étaient Képhira, Bééroth et Kirjath-Jéharim; cette dernière fut donnée en partage à la tribu de Juda, les trois autres à Benjamin. Trois jours après l'alliance conclue (sans que l'Éternel eût été consulté) les autres Cananéens, jaloux et irrités, montèrent contre Gabaon pour l'assiéger, Josué 10:3; sq.; cinq rois prirent part à cette expédition; les Gabaonites s'adressèrent à Josué, qui étant devenu leur allié, et engagé par sa parole, quoique par ruse, dut courir à leur secours; il marcha toute la nuit avec l'élite de ses troupes, attaqua les cinq rois de grand matin, et les mit en fuite; il les poursuivit jusqu'au soir: Dieu lui-même combattit des cieux, une grêle de pierres écrasa un grand nombre de Cananéens, le soleil s'arrêta vis-à-vis de Gabaon, la lune sur la vallée d'Ajalon; les ennemis succombèrent, les cinq rois furent pris et enfermés dans une caverne, puis à l'arrivée de Josué on les égorgea et on les pendit à des poteaux.

— Les Gabaonites ne gagnèrent du reste que la vie dans leur alliance avec Israël, car ils furent assujettis aux plus humbles travaux, 9:21; mais ils furent toujours fidèles et soumis aux dures conditions qui leur furent imposées. Saül qui avalait le chameau, voulut couler le moucheron, se montrer plus que fidèle là où rien ne l'y obligeait: il persécuta les Gabaonites et en lit périr un grand nombre. Cette cruauté de luxe fut punie sous le règne de David, par trois ans de famine; Israël dut expier cette faute. Les Gabaonites demandèrent qu'on leur livrât sept fils de Saül, cinq de Mical et deux de Ritspa, et les ayant reçus, ils les crucifièrent «devant l'Éternel», 2 Samuel 21:1-14. Dès ce moment les Gabaonites ne paraissent plus dans l'histoire, au moins sous ce nom; mais on les retrouve probablement plus tard sous celui de Néthiniens (les donnés), occupés au service du temple, Esdras 2:70; 8:17; Néhémie 7:73; 3:26; 11:21; 1 Chroniques 9:2. Parmi ces Néthiniens doivent être rangés sans doute ceux des Cananéens qui furent assujettis par David et Salomon, et épargnés, 1 Rois 9:20-21; Esdras 8:20.

Gabaon, qui appartenait à la tribu de Benjamin, Josué 18:25, fut donnée à la famille d'Aaron avec ses faubourgs, 21:17. Dans les premières années du règne de Salomon elle fut le siège principal du culte, 1 Rois 3:4; 2 Chroniques 1:3. Près de là se trouvait un étang considérable, 2 Samuel 2:13; Jérémie 41:12.

— Il existe encore un petit bourg ou village, Geb ou Dschib, qui, par sa position, pourrait bien être un débris de l'ancienne Gabaon; sa position et sa distance de Jérusalem permettent de le croire.

La comparaison de 2 Chroniques 1:13; avec 2 Rois 23:8 prouve que Guébah était aussi un autre nom de Gabaon, la signification comme l'assonance étant la même.


GABBATHA


(hébreu hauteur, élévation), peut-être une terrasse, une galerie, un balcon: c'est de là que Pilate, après quelque hésitation, livra Jésus à ses ennemis. Le mot grec, traduit par pavé, signifierait plutôt une espèce de mosaïque, qui servait de plancher au siège judicial, Jean 19:13.


GABRIEL,


un des principaux messagers célestes chargés de protéger les hommes, et de faire parvenir leurs prières au pied du trône de la grâce; on en comptait sept d'après Tobie 12:15, mais les noms de Micaël, de Gabriel et de Raphaël sont les seuls qui nous soient connus, encore ce dernier ne l'est-il que par les Apocryphes, Tobie 3:17; 12:15. Gabriel, dont le nom signifie force de Dieu, ou homme de Dieu (mais dont on a voulu faire à tort l'homme-Dieu), représente la vertu créatrice de Jéhovah; il fut envoyé à Daniel pour lui expliquer la vision du bélier et du bouc, et le mystère des soixante-dix semaines, Daniel 8:16; 9:21; à Zacharie pour lui annoncer la naissance de Jean-Baptiste, Luc 1:11,19; à Marie pour lui dire qu'elle serait la mère du Sauveur, et qu'elle avait trouvé grâce devant Dieu, Luc 1:26,30-31. On peut croire que c'est le même ange qui apparut trois fois à Joseph, pour l'empêcher de répudier sa femme, pour lui recommander de fuir en Égypte, et pour lui annoncer que les ennemis de l'enfant étaient morts, Matthieu 1:20; 2:13,19. Quant au nom de ces anges, il ne faut pas s'étonner, dit Olshausen, que ce soient des noms hébreux; car le nom en lui-même ne doit être autre chose que l'expression de la nature et des qualités de celui qui le porte, le nom doit être significatif dès qu'il désigne un individu revêtu d'une certaine charge ou d'un certain caractère, et il pourra varier suivant les langues dans lesquelles il devra se manifester; l'ange dut aux Hébreux se nommer en hébreu: chez d'autres peuples son nom, toujours le même quant au sens, eût été différent quant à la forme; grec aux Grecs, et latin aux Romains. On peut s'expliquer en même temps par là comment il se fait que des noms d'anges n'apparaissent que tard dans l'histoire israélitique; c'est qu'il est beaucoup plus facile de se faire du règne supérieur une idée vague et générale, que d'en individualiser les habitants et de leur donner des caractères précis et positifs; ce n'est que lorsque, avec une plus grande lumière, les Juifs eurent fait ce dernier pas, que le trône de Dieu leur parut entouré d'anges, et le ciel peuplé d'individus saints, et capables de se manifester au-dehors par leurs bienfaits et la grandeur de leur intelligence.

 

(Selon l'étymologie du nom Gabriel qui signifie «la force de Dieu», nous voyons que les anges ne sont pas des créatures, mais des émanations des différents caractères et attributs de Dieu.)

Voir: les Commentaires.


GAD


(bonheur).

  1. Premier fils de Jacob par sa concubine Zilpa, Genèse 30:11. Il eut sept fils, nommés Genèse 46:16, mais qui sont du reste inconnus. La tribu de ses descendants comptait, lors de la sortie d'Égypte, 45,650 hommes en état de porter les armes; après la débauche de Sittim elle n'en comptait plus que 40,500, Nombres 1:25; 26:18. Gad, recevant la bénédiction paternelle de Jacob mourant, put lire une partie de sa destinée dans ces brèves paroles: «Des troupes viendront le ravager, niais il ravagera à la fin», Genèse 49:19, et Moïse dit de lui: «Il habite comme un vieux lion et déchire bras et tête. Il a pris pour lui-même l'entrée du pays, parce que c'était là qu'était cachée la portion (les restes) du législateur: Il est venu avec les principaux de son peuple, il a exécuté les jugements de Dieu avec Israël», Deutéronome 33:20-21. Enfin nous trouvons 1 Chroniques 12:8, ce jugement porté sur les Gadites: «Leurs visages étaient comme des faces de lions, et ils semblaient des daims tant ils couraient légèrement.» La fable du testament des douze patriarches donne sur Gad une indication du même genre, en lui attribuant une force corporelle extraordinaire. On voit par l'histoire de l'Ancien Testament comment furent accomplies ces différentes prophéties. Les Gadites, avec les tribus de Ruben et de Manassé, riches en bétail, ayant vu combien les contrées de Jahzer et de Galaad possédaient d'excellents pâturages, désirèrent de s'y établir, et en obtinrent de Moïse la permission, à condition, toutefois, qu'ils aideraient les autres tribus à conquérir la terre promise, ce qu'ils firent de fort bonne grâce et en marchant à la tête des autres tribus, Josué 4:12. Puis craignant que plus tard on ne vînt à leur refuser le titre de fils d'Israël, les tribus transjourdaines élevèrent un autel de grande apparence sur les bords du Jourdain; accusées de vouloir se faire un culte à part, elles se justifièrent devant les tribus, qui se réjouirent et bénirent Dieu de ce qu'une même foi continuait de les réunir autour du même trône, Josué 22,

    Voir: Hed.

    Quoiqu'elles eussent été autorisées par Moïse à s'établir en dehors des limites du pays de Canaan, ces tribus ne furent pas bénies, et se virent les premières emmenées en captivité, 2 Rois 15:29.

    — Le pays de Gad, Josué 13:24-28, était situé au nord de Ruben, en Galaad, Nombres 32:26,29,34, borné à l'est par le ruisseau d'Hammon, au nord par le Jabbok, à l'ouest par le Jourdain depuis la mer Morte jusqu'au lac de Génézareth: la prophétie Genèse 49:19, fut accomplie dans la lutte entre les Hammonites et Galaad, Juges 10 et 11, qui se termina à l'avantage du peuple de Dieu.

    — Torrent de Gad, 2 Samuel 24:5;

    Voir: Haroher.
     

  2. Gad, prophète qui était le voyant de David, 2 Samuel 24:11, resta toujours fermement attaché à son maître, et le suivit dans ses disgrâces sous Saül: il lui conseilla de quitter le pays de Moab où il s'était retiré, et de revenir en Juda où il pourrait réunir quelques partisans,

    1 Samuel 22:5; sq. Ce fut encore Gad qui vint trouver David après que celui-ci eut ordonné le dénombrement de son peuple; et il lui offrit, de la part de Dieu, le choix entre trois fléaux, la famine pendant sept ans, la fuite pendant trois mois, ou la peste pendant trois jours. David choisit la peste; Dieu abrégea encore le châtiment, mais envoya de nouveau Gad auprès de David, pour lui ordonner de dresser un autel dans l'aire d'Arauna,

    2 Samuel 24:11,18; 1 Chroniques 21:9,18. Gad fut, ainsi que Nathan, chargé de faire connaître à son roi les ordres divins sur le culte des lévites dans la maison de l'Éternel, 2 Chroniques 29:25. On ne sait rien de plus sur l'activité de ce prophète, on ne connaît rien de sa personne, ni de son caractère, mais il paraît d'après 1 Chroniques 29:29, qu'il appartenait à la classe lettrée; on y voit du moins qu'il écrivit une vie de David: on présume qu'il appartenait à l'école de Samuel.
     

  3. Le passage, Ésaïe 65:11, dont la fin doit se traduire: «Qui dressez une table à Gad, et qui versez des libations à Meni», mentionne deux divinités sur le rôle desquelles on n'est pas d'accord. Les Israélites leur rendaient un culte de lectisternia (tables dressées devant les idoles). Comme ces deux noms ne se trouvent que dans ce seul passage, il est très difficile de rien préciser sur les idoles qu'elles désignent, si même il s'agit d'idoles proprement dites. Gesenius et Winer prétendent que Gad, qui signifie fortune, bonheur, est ici la planète de Jupiter, Bel, ou l'astre de la fortune dans les religions astrolâtres de l'Asie antérieure (Rabbi Mose et tous les autres rabbins après lui); ce serait la fortuna major,

    Voir: Caldée:

    d'après les mêmes auteurs, Meni (de manah, compter, ranger, ordonner) serait la planète de Vénus, fortuna minor: d'autres pensent qu'il s'agit peut-être du zodiaque, d'autres du système planétaire en entier; Calmet, enfin, traduit Gad par le soleil et Meni par la lune. Peut-être ne faut-il pas chercher un objet général et déterminé pour ces deux divinités; le culte auquel le prophète fait allusion pouvait être un simple culte domestique, un hommage rendu au génie de la maison et de la famille; Gad, chez les Juifs postérieurs, exprime ce que nous appellerions un génie, tandis que la planète de Jupiter a un nom particulier, Tsèdek; on trouve mentionnée dans le Lexic, talmudic, de Buxtorf, f° 387, une habitude qui semble avoir tiré son origine de la même cérémonie contre laquelle le prophète adresse aux Juifs ces reproches: «Ils avaient anciennement, dit-il, dans leurs maisons, un lit splendide (pour se mettre à table), qui ne servait absolument à personne qu'au chef de la maison, ou à la constellation de la fortune, pour se la rendre favorable; on l'appelait en conséquence lit de la bonne fortune».

    — Dans ces deux chapitres d'Ésaïe, 65 et 66, le culte illicite reproché aux Juifs ne paraît pas être l'idolâtrie proprement dite, mais un culte extérieur de Jéhova, 66:1,3, entremêlé de cérémonies païennes, et un commerce avec les démons, défendu par la loi, 65:3-4; 66:17; mais aucun de ces passages ne parle explicitement de fausses divinités ou idoles. D'après l'étymologie de Gad et de Meni, il paraîtrait donc que la meilleure traduction de ces deux mots serait la fortune et le destin.

    — L'opinion de Calvin, du reste, est bonne à enregistrer comme toujours: traduisant Gad par troupes, cf. Genèse 30:11 (dans Martin), il lit: Vous dressez la table à une multitude (de divinités), vous offrez des libations à un grand nombre; c'est-à-dire, vos superstitions n'ont pas de fin, ceux qui abandonnent le vrai Dieu ne savent plus où s'arrêter. On voit la même chose chez les papistes, ajoute le réformateur.


GADARA,


ville fortifiée, et d'après Flavius Josèphe, chef-lieu de la Pérée, située sur une montagne, à 60 stades de la mer de Galilée; il s'y trouvait des bains chauds, et dix sources d'eau chaude entre elle et le lac. Pline dit qu'elle était située sur le fleuve Hiéromax, mais elle était plus au midi. Détruite par quelques rois juifs, elle fut rétablie par Pompée, en considération de son affranchi Démétrius, qui en était originaire. Auguste la donna à Hérode, et après la mort de ce dernier, elle échut à la Syrie, selon quelques-uns à la Cœlésyrie, selon d'autres à la Décapole. Seetzen et Burkhardt croient en avoir trouvé les restes dans le village d'Omkeis.

— C'est dans cette contrée que, d'après Marc 5:1; Luc 8:26, notre Seigneur arriva après avoir passé la mer de Tibériade, et qu'il guérit un possédé dont il envoya les démons dans un troupeau de pourceaux. D'après Matthieu 8:28, ce n'est pas dans le pays des Gadaréniens, mais dans celui des Gergéséniens qu'il arriva; et une troisième variante porte dans celui des Géraséniens. Gergésa était située, selon Origène, sur le bord de la mer de Tibériade, près d'un précipice, mais c'est le seul auteur qui en fasse mention, et elle est complètement inconnue. Gérasa était encore plus au sud-ouest du lac que Gadara, entre la Pérée et l'Arabie, entre Gadara et Rabbath-Hammon (ou Philadelphie); d'après Ritter le géographe, elle porterait aujourd'hui le nom de Dscherasch.

— Origène préféra la leçon Gergésa, parce que, selon lui, Gérasa et Gadara étaient trop éloignées; il avoue cependant que Gérasa était de son temps la leçon la plus répandue pour le passage de Matthieu, et c'est la même qui se trouve encore dans nos manuscrits occidentaux; quant à la leçon Gadaréniens, elle se trouve dans les manuscrits B, C, M, les meilleurs instruments, et dans les versions syriaques, et doit être préférée, soit pour le sens, puisque Gergésa est inconnu et que Gérasa est trop loin, soit à cause de l'importance des autorités.


GAGES.


Le pauvre qui empruntait devait donner un gage à son créancier (— Voir: Dettes), mais il était libre de choisir dans sa maison ce qu'il voulait offrir, et le prêteur ne pouvait pas même entrer pour voir ce que possédait l'emprunteur; si le pauvre avait donné en gage un vêtement, le riche devait le lui rendre pour la nuit, et personne ne pouvait accepter le vêtement d'une veuve, ou l'une des meules qui servaient à moudre le blé, car c'est sa vie, dit Moïse, Exode 22:25-26; Deutéronome 24:6,10-12,17. C'est toujours l'intérêt du malheureux que le législateur veut protéger.


GAHAL,


Juges 9:26, chef de famille riche et puissant, hâbleur maladroit et ambitieux, se mit à la tête des seigneurs de Sichem, révoltés contre Abimélec: on mange, on boit dans un temple de Sichem, on s'encourage mutuellement à faire bonne résistance, et Gahal, entre deux vins, promet monts et merveilles. Mais quand au lever du soleil, Abimélec, averti par un traître, s'avance avec ses bandes, Gahal se laisse battre et disparaît.


GAHAZ,


montagne de la Palestine, appartenant au plateau d'Éphraïm, non loin de Timnath-Sérah, où fut enseveli Josué, Josué 24:30; Juges 2:9. Des vallées du même nom sont mentionnées 2 Samuel 23:30; 1 Chroniques 11:32.


GAÏUS ou Caïus,


  1. disciple de saint Paul, macédonien d'origine, derbien de naissance, Actes 19:29; 20:4. Compagnon de voyage de l'apôtre, il fut enlevé par la foule, lors du tumulte d'Éphèse: quelques mois plus tard il suivit Paul en Asie avec Aristarque, Timothée et d'autres.
     

  2. Disciple de Corinthe, un de ceux qui avaient été baptisés par Paul lui-même, 1 Corinthiens 1:14; c'est dans sa maison que se tenaient les assemblées religieuses, et Paul logeait chez lui, ainsi qu'on le voit par Romains 16:23 (l'Épître aux Romains fut écrite de Corinthe). D'après Origène, ce serait le même qui fut dans la suite pasteur de Thessalonique.
     

  3. Disciple bien-aimé de l'apôtre Jean, 3 Jean 1; une tradition porte qu'il logea chez lui à Éphèse, et qu'il fut chargé de donner le style à son Évangile, et de le faire connaître aux églises: ce dernier détail serait moins invraisemblable que le précédent. Quelques-uns le confondent, mais à tort, avec le Gaïus de Corinthe.

    — D'après Winer, il y aurait:
     

    1. un Gaïus de Derbe, Actes 20:4, le même que 3 Jean 1;
       

    2. Gaïus de Macédoine, Actes 19:29;
       

    3. Gaïus de Corinthe, 1 Corinthiens 1:14; Romains 16:23: ces distinctions nous paraissent un peu forcées.


GALAAD,


  1. fils de Makir, le premier né de Manassé, naquit pendant l'esclavage d'Égypte, Nombres 26:29; Josué 17:1; 1 Chroniques 2:21; 7:14. Ses enfants s'emparèrent d'une contrée à l'est du Jourdain, habitée par des Amorrhéens qu'ils dépossédèrent, et déjà nommée par Jacob Gal-Hed, monceau du témoignage; ils l'appelèrent Galaad, du nom de leur père, Nombres 32:39; Genèse 31:47.
     

  2. Contrée de Galaad. Ce nom est employé par anticipation dans l'histoire des patriarches, Genèse 31:21,23,26; il s'applique tantôt à la contrée elle-même, tantôt à la chaîne de montagnes qui s'y trouvait. Le pays de Galaad, au sud de la vallée de Jabbok, et par conséquent au sud du pays de Basan et à l'est du Jourdain, est ordinairement distingué du pays de Basan, auquel il était du reste uni par une assez grande conformité de nature, Deutéronome 3:10,13; Josué 12:5; 13:11; 17:1; 2 Rois 10:33; 1 Chroniques 5:16; Michée 7:14. Il semble désigner le pays de Gad, Juges 5:17, et en être distingué, 1 Samuel 13:7. Cependant, d'après la plupart des données que nous possédons, il paraît que Galaad comprenait le territoire des tribus de Gad et de Ruben, et la partie méridionale de Manassé, Nombres 32:26,40; Deutéronome 3:12-13; Josué 17:1,6; cf. 12:2; 1 Chroniques 6:80. Ses villes principales étaient Ramoth, Jahzer et Jabès, qui sont presque toujours suivies de la désignation de Galaad (cependant — Voir: Nombres 32:1). Sa surface forme une espèce de triangle de 8 à 10 lieues de côté: au nord, où il est le plus large, il possède de belles forêts, un air pur et sain, des plaines fertiles et de gras pâturages où paissent des troupeaux très estimés de bêtes à corne et à laine; vers le sud, au contraire, la contrée se change en une campagne sans arbres, mais très fertile, sur laquelle s'élèvent un grand nombre de collines crétacées, isolées et de forme arrondie. Toute cette région est si riche, les pâturages, en particulier, y sont si bons, que de nos jours encore les Bédouins ont coutume de dire: Tu ne saurais trouver un pays comme le Belka (nom moderne de Galaad). Le baume et les plantes aromatiques de Galaad étaient renommés, Jérémie 8:22; 46:41.

    — Le nom de Galaad paraît désigner aussi quelquefois tout le pays au-delà du Jourdain, Deutéronome 34:1; cf. 2 Rois 10:33; Juges 20:1. Après l'exil le même nom continua d'exister, mais il ne se donna plus qu'à la partie la plus méridionale de l'ancien pays, aux frontières de l'Arabie: le nom de Pérée le remplaça, et comprit une plus grande étendue de pays, quoiqu'il ne désignât pas non plus toute la contrée au-delà du Jourdain. La ville principale était Gadara.

    Les montagnes de Galaad, occupant le nord du pays, étaient couvertes de riches prairies et de gras pâturages, Deutéronome 3:12; Abdias 19; Cantique 4:1; 6:5; Jérémie 50:19. Elles s'étendaient au travers des tribus de Gad et Ruben, et s'avançaient même jusque dans celle de Manassé: c'était une contrée montagneuse comme les montagnes d'Éphraïm, sans être exclusivement une chaîne de montagnes. Les sommets les plus élevés sont au nord-est; ils ont vue d'un côté sur la plaine d'Hauran jusqu'à l'Hermon, de l'autre sur les montagnes de Sichem: c'est cette partie qui fut donnée à la moitié de la tribu de Manassé; elle est située vis-à-vis des montagnes occupées par l'autre moitié de la même tribu, Nombres 32:39-40; Deutéronome 3:15; Josué 17:1; Juges 5:17. Le pays jusqu'au Jabbok est d'une telle beauté, dit Bræm, que l'Europe méridionale possède bien peu de contrées qui puissent lui être comparées. Le climat y est excellent, les collines sont couvertes de vignes, et les montagnes des plus belles forêts; des chênes toujours verts croissent sur leurs flancs, et diverses espèces de pins en couronnent les cimes. En hiver, il y tombe beaucoup de neige. Dès l'antiquité la plus reculée, les gommes odoriférantes de ces forêts de montagnes étaient bien connues, et on les recherchait aussi pour leurs propriétés médicinales; des caravanes arabes les transportaient de Galaad par la plaine de Jizréhel, et le long des côtes de la Méditerranée, en Égypte, où elles les échangeaient contre du blé. D'après Eusèbe, le mont de Galaad s'étendait depuis le Liban au nord, jusqu'au pays de Sihon roi des Amorrhéens, ce qui donnerait à la chaîne une longueur de 60 à 70 lieues.

    — Quelques-uns ont cru, à cause de Juges 7:3, que les montagnes de Galaad s'étendaient aussi sur la rive droite, occidentale, du fleuve; mais la traduction est fautive, il faut lire: quiconque a peur, qu'il s'en aille dès le matin «de la montagne de Galaad», qu'il s'en éloigne: c'est de ce côté qu'étaient venus les Madianites, c'est vers ce côté qu'ils devaient être repoussés, et ceux qui avaient peur n'avaient qu'à s'éloigner de ce but. Il est vrai que de nos jours on trouve encore à l'occident du Jourdain une chaîne de montagnes appelée Dschabl Dschelaad, ou Dscheland, mais l'identité n'est rien moins que démontrée.

    On a voulu conclure de Juges 12:7; Jérémie 22:6, et surtout Osée 6:8, qu'il y avait aussi une ville de Galaad; mais les deux premiers passages ne peuvent rien prouver, et celui d'Osée peut se traduire «Galaad est comme une ville d'ouvriers d'iniquité.» Le prophète le compare à une ville plutôt qu'à un pays, parce qu'une ville représente davantage un rassemblement d'hommes; les traces que l'on trouve encore de bourgs ou village nommés Dschelaad, sont insuffisantes.


GALATIE,


province montueuse et fertile de l'Asie-Mineure, bornée au nord par la Bithynie et la Paphlagonie, à l'orient par le Pont et la Cappadoce, au midi par la Phrygie et la Cappadoce, à l'occident par la Phrygie et la Bithynie: le beau fleuve Halys la séparait du Pont et de la Cappadoce, et répandait une grande fertilité sur ses rives. Les villes principales étaient Ancyre, dont Auguste lit la métropole, Gordium, Tavium et Pessinonte, villes commerçantes.

Quelques tribus gauloises, envahies par les Cimbres (Kymry) et les Bolg, émigrèrent, 594 avant J.-C., sous les deux frères jumeaux, Sigovèse et Bellovèse, et se dirigèrent vers l'Italie sous les ordres du premier, en Bohème et en Silésie sous le second. Alors, pendant trois siècles, eurent lieu des émigrations périodiques des Galls, des Kymrys, des Bolgs et des Germains vers l'Orient leur primitive patrie. Ils touchent le Danube près de la Macédoine, et s'allient à Alexandre, puis à sa mort fondent sur la Grèce et l'Asie; recrutés de 300,000 hommes et dirigés par un de leurs brenns (ou chefs, mot dont on a fait Brennus), ils s'étendent en Grèce, mais sont repousses à Delphes et refoulés vers le Danube et les Gaules: trois hordes galliques s'enfoncent dans V Asie-Mineure, où Nicomède roi de Bithynie les appelle contre Zypoélas son frère, 279, et leur donne des terres; Attale 1er les défait et les repousse dans les limites du pays qui prend le nom de Galatie, des Galls ou Gaulois ses nouveaux habitants, 240 avant J.-C. Ils sont de nouveau défaits par Eumène II, roi de Pergame, puis en 189, par le consul Manlius Vulso, qui leur laisse leur gouvernement particulier sous les yeux d'un tétrarque romain. L'an 26, la domination romaine se fait sentir davantage et donne un procurateur à la Galatie; Amyntas, favori d'Antoine puis d'Auguste, réunit à la Galatie proprement dite, la Pisidie, la Pamphylie et la Lycaonie: après sa mort, la Galatie n'est plus qu'une province romaine.

Les habitants continuèrent de parler longtemps la langue de leurs ancêtres, et saint Jérôme trouve à leur dialecte beaucoup de rapports avec l'allemand des environs de Trêves; ils apprirent cependant aussi le grec, et furent à cause de ce mélange, comme à cause de leurs mariages avec des habitants de la Grèce, appelés Gallo-grecs. Leur caractère gaulois se modifia par le contact d'éléments plus civilisés, ils élevèrent des temples, et leurs mœurs s'adoucirent. Outre les indigènes et les Galates, on trouvait encore dans cette province beaucoup de Juifs qui y étaient attirés par le commerce; Auguste y favorisa leur établissement, et même le provoqua par des mesures tout à fait avantageuses.

Les premiers missionnaires n'oublièrent pas ces contrées parmi celles qu'ils évangélisèrent, 1 Corinthiens 16:1; 1 Pierre 1:1; plusieurs églises prirent naissance, et Paul en fut le premier fondateur, Galates 4:13,19; Actes 16:6. Crescens lui succéda, 2 Timothée 4:10. Quant à l'époque de la fondation, les commentateurs ne sont pas d'accord; Koppe et d'autres voient un premier voyage de l'apôtre en Galatie dans Actes 14:6, où il n'est parlé que des villes de la Lycaonie, Derbe et Lystre; Pline donne en effet ces villes à la Galatie, de même que Dion Cassius; mais Luc les en sépare positivement, d'abord dans le passage indiqué, puis 16:1,6. Les deux autres voyages seraient indiqués 16:6, et 18:23. Mais la plupart des interprètes, notamment Hug, De Wette, et Neander n'admettent que ces deux derniers voyages, et rapportent en conséquence la fondation des églises de Galatie à Actes 16:6; on voit qu'il y eut alors déjà des conversions obtenues, puisqu'à son retour, 18:23, Paul s'occupa de fortifier les disciples. La plupart d'entre eux étaient des païens convertis, Galates 4:8,10; 5:4; cependant il y en avait aussi d'entre les Juifs, 5:2; 6:12-13. Saint Paul nous les montre comme heureux, zélés, instruits par l'évangélisation, et ayant reçu Dieu, 4:13-15,18; 5:7; 6:1; 1:13-14; 6:9, etc.

Épître. Elle fut provoquée comme l'indique son contenu, par la conduite des Judaïsants qui ayant été battus en 52 à Jérusalem, irrités contre Paul, allèrent partout sur ses traces le calomniant; Paul ayant appris à Éphèse les menées de ses ennemis, écrivit aux Galates troublés pour les avertir et les raffermir: on voit par 1:6, qu'il venait à peine de les quitter après sa seconde visite, et c'est pendant son séjour de deux ans à Éphèse, Actes 19:1, après son quatrième voyage à Jérusalem, qu'il faut placer l'envoi de cette lettre, Actes 19:1, vers l'an 56 environ (la subscription qui se trouve à la fin de l'épître doit être effacée comme fausse, et comme l'ouvrage postérieur d'un ignorant, quoiqu'elle soit appuyée de saint Jérôme et de Théodoret). Saint Paul voulant répondre aux calomnies de ses adversaires, commence par l'exposé historique de sa vocation (1 et 2), et prouve qu'il n'a pas été appelé par les hommes, ni de la part d'aucun homme, mais par Dieu directement; il s'humilie, mais relève sa mission, il raconte comment lui-même, quoique le plus jeune dans l'apostolat, bien loin de se laisser instruire par les autres, a été à même de les instruire et de les reprendre, et comment il a dû censurer Pierre qui ne marchait pas de droit pied et qui en entraînait d'autres dans son hypocrisie; la grandeur de sa charge étant clairement établie en réponse aux accusations des Judaïsants, il passe à l'édification directe; il expose le dogme de la justification par la foi (3 et 4), il dit la valeur secondaire, temporaire de la loi, son harmonie avec les promesses, l'actualité de la foi, sa puissance, la finalité et la liberté de l'Église chrétienne. La partie morale comprend enfin les deux derniers chapitres (5 et 6), où Paul montre la toute puissance de la liberté chrétienne et de la foi, la différence entre la vie selon la chair et la vie selon l'esprit. Le but de sa lettre est le rapport de la loi à l'Évangile, traité polémiquement.

L'authenticité de cette épître n'a jamais été révoquée en doute d'une manière un peu sérieuse. Un grand nombre de commentateurs l'ont expliquée; outre Calvin et Olshausen, nous ne citerons que Schott, Usteri, et en français Sardinoux.


GALBANUM,


(hébreu Hhelbna), Exode 30:34. On le fait quelquefois dériver de hheleb et laban, lait blanc, jus blanc, gomme blanche, comme on sait que dans plusieurs langues le mot lait s'applique également au suc des plantes. (Lamina mollis adhuc tenero est in lacté, quod intra est. Ovid.) Le galbanum est le suc épaissi d'une ombellifère, appelée metopion, qui croît sur le mont Amanus en Syrie, de même que dans quelques parties de l'Afrique et en Perse: elle a une tige ligneuse qui s'élève à environ 3 mètres de hauteur, et qui est garnie de feuilles à chaque articulation. Le sommet de la tige est garni d'une ombelle à fleurs jaunes, lesquelles sont remplacées lorsqu'elle tombent, par des graines oblongues et cannelées, garnies de petites membranes très fines sur leurs côtés. À quelque endroit que l'on coupe ou brise cette plante, on voit sortir de la blessure un suc d'un très beau blanc laiteux; pour se le procurer en plus grande abondance, on entame le tronc au-dessus de la racine à l'époque de la sève montante, et l'on recueille cette gomme, que l'on conserve dans des vases faits exprès. Elle est d'une saveur acre et peu agréable, surtout quand elle est pure; mais on peut la mêler avantageusement avec d'autres parfums. Elle entrait dans la composition de l'encens sacré qui devait être brûlé sur l'autel d'or dans le lieu très saint.


GALILÉE.


  1. Ce nom se trouve déjà dans l'Ancien Testament avant les temps de l'exil, Josué 20:7; 21:32; 1 Rois 9:14; 2 Rois 15:29. C'est proprement un nom appellatif; il signifie cercle, district, quartier, et Ésaïe 8:23, parlant de la Galilée des Gentils, désigne cette portion du pays, non seulement qui était le plus rapprochée du territoire païen, mais de laquelle les peuplades païennes n'avaient jamais été expulsées entièrement, c'est-à-dire le nord de la Palestine, la portion de la tribu de Nephthali la plus rapprochée du territoire phénicien, celle dont Salomon donna vingt villes à Hiram, 1 Rois 9:41, celle où se trouvaient Kédès et Haroseth des Gentils, Josué 21:32; Juges 4:2; 1 Chroniques 6:76. La Galilée d'alors n'était donc point ce qu'elle fut plus tard, elle n'était qu'un cercle sans autre nom propre que celui des païens qui l'habitaient.
     

  2. Après l'exil, le nom de Galilée fut donné à l'une des quatre grandes divisions de la terre des Juifs, la partie septentrionale, comprise entre le Jourdain et la Méditerranée, s'étendant au sud-ouest jusqu'au promontoire de Carmel exclusivement, au sud-est jusqu'à Scythopolis, au nord jusqu'à Tyr et à la Pérée. On la divisait en haute et basse Galilée: la Haute Galilée, qui renfermait le territoire de l'ancienne Galilée ou Galilée des Gentils, était habitée par des Phéniciens, des Syriens, des Arabes, et même des Grecs; cf. Matthieu 4:15; elle se divisait en partie septentrionale, large chaîne de montagnes en Nephthali, Josué 20:7; Juges 4:6, haute d'environ 1,000 mètres, calcaire avec quelque peu de basalte, et partie méridionale, plus basse, ornée de riches campagnes et de collines verdoyantes; c'est là que se trouve la haute plaine de Zabulon qu'entoure une ceinture de collines; la végétation y est pleine de force, les prairies sont semées de fleurs, surtout de cactus qui y atteignent une grosseur extraordinaire; le sol en est maintenant jonché de ruines inconnues, et les prairies sont désertes. La Basse Galilée comprenait les tribus d'Aser, de Zabulon, de Nephthali et une portion d'Issachar, depuis Tibériade jusqu'à Ptolémaïs, depuis la plaine de Jizréhel jusqu'à Béersébah. Le chemin de la mer, Matthieu 4:15, traversait le milieu du pays.

    À l'époque où Jésus parut, la Galilée comptait un nombre presque incroyable de villes et de bourgs; au dire de Flavius Josèphe deux-cent-quatre villes et villages, dont le moins considérable avait 15,000 habitants, ce qui faisait une population d'au moins 3 millions d'habitants.

    Les Phéniciens en avaient toujours occupé les côtes et quelques hautes vallées du Liban; ils purent librement s'établir dans les villes données à Hiram, et arrivèrent sans doute en plus grand nombre encore lorsque Tiglath-Piléser eut conduit les légitimes possesseurs du pays en captivité, 2 Rois 15:29. On y trouve maintenant quelques rares habitants, mélange de Juifs, de Druses, de Maronites, de Motualis, d'Arabes et de Turcomans, qui adorent pêle-mêle Astaroth, Mahomet, et les prophètes hébreux.

    Par suite de leur position qui les mettait en contact fréquent avec les païens, le langage des Galiléens s'était altéré, ils parlaient un dialecte rude et lourd qui les faisaient facilement reconnaître des habitants de la Judée, Matthieu 26:73; ils changeaient par exemple Alfaï en Chlofa, Alphée en Cléopas. Leur état religieux et moral laissait beaucoup à désirer; corrompus par le voisinage des Phéniciens, ils étaient trop éloignés du centre théocratique pour pouvoir y trouver un contre-poids suffisant, et plusieurs passages du Nouveau Testament prouvent assez combien ils étaient méprisés, Matthieu 26:69; Jean 1:46; Actes 2:7-8, au point que les pharisiens en étaient venus à vouloir cacher ou faire oublier l'origine galiléen-ne de quelques prophètes: Élie, Jonas, Nahum (?). Cependant notre Sauveur a honoré cette contrée en prenant le nom de Jésus de Nazareth, en y habitant, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre, à Capernaüm surtout, et en y choisissant la plupart de ses disciples; les anges appelèrent aussi de ce nom, hommes galiléens, les apôtres qui cherchaient à suivre dans les cieux le maître qui leur était enlevé, Actes 1:11. Ce fut pour les habitants de la Galilée l'accomplissement littéral de Ésaïe 9:1-6; ils virent se lever les premiers la lumière du monde, parce que leurs ténèbres étant plus épaisses, ils arrivèrent aussi plus vite au sentiment de leur éloignement de Dieu. Ils servirent en même temps d'intermédiaire entre les Juifs et les païens, et préparèrent la grande idée de l'unité religieuse et spirituelle, que le christianisme a créée entre tous les enfants d'Adam; ils accomplirent la prophétie de Moïse, Deutéronome 33:18-19. Les Galiléens passaient pour courageux, inquiets, turbulents, Luc 13:1; c'est chez eux que prit naissance sous les auspices de Judas le Galiléen, Actes 5:37, la secte des Zélotes à laquelle avait appartenu d'abord un des disciples de Jésus, Luc 6:15, et qui se caractérisait par un inébranlable amour d'indépendance, n'ayant de dévouement que pour la patrie, ne reconnaissant que Dieu pour chef et pour maître. Judas prétendait que la taxe établie par les Romains et réglée par Quirinius à l'occasion du dénombrement, Luc 2:1; Actes 5:37, était un nouvel esclavage, une servitude manifeste, à laquelle les Israélites devaient s'opposer de toutes leurs forces; le peuple approuva ces discours, on prit les armes, et cette petite guerre domestique grandit bientôt et ne se termina qu'avec là ruine de Jérusalem et du temple: les habitants de la Galilée furent les plus fermes soutiens de cette révolte commencée par un des leurs; d'après Flavius Josèphe ils étaient en tous points d'accord avec les pharisiens, et n'en différaient que par leurs principes relativement à l'autorité de Dieu seul sur les hommes et surtout sur les Juifs. Calmet pense que les Hérodiens sont les mêmes que ces Zélotes ou Galiléens;

    Voir: Hérodiens.

    Quelques auteurs, Calmet, Ligthfoot, Cellarius, combattus par Reland, Winer, etc., estiment que la Galilée s'étendait encore à l'orient du Jourdain; mais leurs preuves nous paraissent peu solides et reposent plutôt sur des présomptions, et quelquefois sur des inexactitudes de traduction; les Septante, disent-ils, traduisent Basan par Galilée, Ésaïe 33:9,; Eusèbe, in Es. 9, dit clairement que la Galilée était au-delà du Jourdain; Bethsaïda, ville galiléenne, était de même à l'orient; enfin Judas le Galiléen était de Gaulon, d'après Flavius Josèphe, c'est-à-dire encore d'au-delà le Jourdain. Il vaut cependant la peine de peser ces arguments.


GALLIM,


1 Samuel 25:44, village qui paraît avoir appartenu à la tribu de Benjamin, Ésaïe 10:30. Eusèbe parle encore d'un bourg de ce nom près d'Hékron.


GALLION,


frère du philosophe L. An. Sénèque, s'appelait d'abord Marcus Annæus Novatus, mais ayant été adopté par la famille du rhéteur L. Junius Gallio, il prit le nom de sa nouvelle famille. Claude César le fit proconsul d'Achaïe, et Néron le maintint dans sa dignité. Son frère lui dédia son traité sur la Colère, lui rendant en même temps ce beau témoignage qu'il était le plus pacifique et le plus doux des hommes. Les Juifs de Corinthe voulurent faire comparaître Paul devant son siège judicial, mais comme l'apôtre ouvrait la bouche pour se défendre, Gallion ayant su qu'il ne s'agissait que d'une question juive, refusa d'entendre la cause, et les laissa s'arranger entre eux. Les Grecs qui étaient présents, irrités contre ces importuns accusateurs, s'emparèrent du principal, d'entre eux, Sosthènes, chef de la synagogue, et le frappèrent de coups, sans que Gallion s'en mît en peine. Quelques années après, Gallion partagea la disgrâce de ses frères, et fut mis à mort avec eux par ordre, de Néron.


GAMALIEL


(récompense de Dieu),

  1. Nombres 1:10; 2:20; 7:54, chef de la tribu de Manassé, dans le désert.
     

  2. Pharisien célèbre, que l'on croit avoir été fils du rabbin Siméon, et petit-fils de Hillel. Il présida le sanhédrin sous Tibère, Caïus et Claude, mais pas Actes 5:34, et doit être mort dix-huit ans après la destruction de Jérusalem. Saul s'honore devant les Juifs d'avoir été l'élève de ce grand maître, Actes 22:3, mais il le devança dans la vérité, et se déclara pour l'Évangile, lorsque Gamaliel se contentait d'accorder aux chrétiens et aux apôtres une protection de prudence et de politique. Les apôtres ayant été appelés à paraître devant le conseil, comme les pharisiens grinçaient des dents, et ne s'occupaient qu'à chercher un moyen de les faire mourir, Gamaliel, honteux pour le corps dont il faisait partie, d'en voir les membres se montrer ainsi pleins de passion devant les prévenus, demanda le huis-clos, et se prononça pour le laisser-faire: il s'appuya sur l'histoire, et proposa à ses collègues ce dilemme: Si c'est l'œuvre de Dieu, vous ne la pourrez détruire, et prenez garde même que vous ne soyez trouvés faire la guerre à Dieu; si c'est une œuvre d'hommes, au contraire, elle se détruira d'elle-même, elle ne mérite pas de votre part une si grande haine, et ne doit pas vous préoccuper si vivement. On se contenta donc de les faire fouetter.

    — Ce discours était-il celui d'un homme qui s'achemine vers le christianisme, sans oser se prononcer encore, ou celui d'un homme qui cherche sa réputation dans la prudence, la sagesse et la modération? Cette dernière opinion se prouverait, selon quelques auteurs, parle fait que Gamaliel a laissé persécuter l'Évangile par son disciple Saul, et n'a rien fait pour l'en empêcher; mais ce n'est qu'une assertion: l'autre opinion nous paraîtrait pouvoir se justifier par la solennité des paroles qu'il prononce: «Prenez garde que vous ne soyez trouvés faire la guerre à Dieu. «On ne doute pas, dit Calmet, que Gamaliel n'ait embrassé la foi de Jésus-Christ, mais on ne sait en quel temps il se convertit, ni par qui il fut baptisé.

    — Une vie de saint Étienne donnerait à cette tradition quelque vraisemblance.


GANGRÈNE,


2 Timothée 2:17;

Voir: Maladies.


GARIZIM,


Voir: Guérizim.


GASMU,


Néhémie 6:6, le même que Guésem, 2:19; 6:1-2, Arabe, ou peut-être Samaritain, se montra l'un des plus lâches ennemis des Juifs au retour de l'exil, joignit l'ironie à la calomnie contre ce peuple malheureux, et entra dans un complot contre la vie de Néhémie.


GÂTEAU.


Outre les pains qui avaient assez ordinairement la forme de gâteaux, les Israélites avaient diverses espèces de gâteaux proprement dits, dont nous n'énumérerons pas les noms hébreux, et dont les nuances ne sont pas toujours bien connues,

  1. Genèse 18:6; 19:3; 1 Rois 17:13; Ézéchiel 4:12, il s'agit de gâteaux cuits sous la cendre, ou entre deux pierres brûlantes; ils étaient faits quelquefois de fleur de farine, quelquefois d'orge.
     

  2. Des gâteaux à l'huile cuits sur le gril, Lévitique 2:7.
     

  3. Une espèce de pouding ou beignets, cuits dans la poêle, 2 Samuel 13:6-8.
     

  4. Des gâteaux cuits au four, arrosés d'huile, et offerts d'ordinaire en sacrifices, 2 Samuel 6:19; Exode 29:2; Lévitique 2:4; 7:12; 8:26; Nombres 6:15.
     

  5. Des beignets ou gâteaux très minces, rissolés, faits de fine farine et oints d'huile, Exode 29:2; Lévitique 8:26; 1 Chroniques 23:29.
     

  6. Des gâteaux de miel, Exode 16:31, encore maintenant en usage; ce sont peut-être des gâteaux de cette espèce qu'il faut voir dans les passages mal traduits, 2 Samuel 6:19; 1 Chroniques 16:3; Cantique 2:5; Osée 3:1, au lieu de flacons de vin; ce seraient des gâteaux de raisins,
     

  7. Jérémie 7:18; 44:19, gâteaux offerts à la reine des cieux, et dont on ignore la composition.

    La plupart de ces gâteaux étaient destinés à être offerts dans les temples, ils appartenaient aux offrandes non sanglantes, ou minhha, et remplaçaient pour les pauvres des sacrifices d'une plus grande valeur, du moins pour ce qui regarde les offrandes volontaires, car pour les sacrifices d'obligation la loi ne permettait que l'échange d'un animal contre un autre, cf. Lévitique 14:21. Les gâteaux devaient toujours être salés et sans levain, cuits au four et arrosés d'huile, Lévitique 2:4-5; le prêtre en prenait ce qui devait être brûlé sur l'autel et gardait le reste pour lui.

    Voir: Libations.

— Le gâteau des jalousies que le prêtre devait offrir pour la femme soupçonnée d'adultère, Nombres 5:15, devait être fait avec la dixième partie d'un épha de farine d'orge, sans huile ni encens; le prêtre devait le tournoyer et en offrir une poignée sur l'autel, versets 25 et 26. L'orge, au lieu de fine farine, marquait l'humiliation de la femme soupçonnée.


GATH


  1. (pressoir). Une des cinq grandes villes des Philistins, Josué 13:3; 1 Samuel 6:17; 21:10; 27:2; 2 Samuel 1:20, célèbre comme lieu de naissance et principale habitation de Goliath, 1 Samuel 17:4. Elle fut conquise par David au commencement de son règne, 2 Samuel 8:1; 1 Chroniques 18:1, et fortifiée par Roboam, 2 Chroniques 11:8. Le roi de Gath, Akis, qui vivait sous Salomon, 1 Rois 2:39, était probablement tributaire du monarque hébreu, cf. 4:24. Cette ville tomba sous Joachaz entre les mains des Syriens, 2 Rois 12:17. Joas en fit de nouveau la conquête, 2 Rois 13:25; puis encore Hozias, 2 Chroniques 26:6, après qu'elle se fut un moment émancipée, Amos 6:2. Elle recouvra de rechef sa liberté, Michée 1:10; mais Ézéchias se la soumit encore, et il paraît qu'elle fut dès lors pour longtemps assujettie.

    — Elle n'est pas comprise dans la distribution des villes que Josué donna aux tribus d'Israël, mais, d'après Flavius Josèphe, elle appartenait au territoire de Daniel Gath étant la plus méridionale des villes des Philistins, comme Hékron en était le plus septentrionale, on disait de Gath à Hékron pour dire d'un Bout du pays à l'autre, 1 Samuel 7:14; 17:52. Au temps d'Eusèbe, c'était un gros bourg à 5 milles d'Éleuthéropolis, sur la route de Diospolis; les voyageurs modernes n'en font pas mention.
     

  2. Gathépher (qui creuse le pressoir), 2 Rois 14:25, ou Guitta Hépher, Josué 19:13, dans la tribu de Zabulon, lieu de naissance de Jonas, à 2 milles de Sepphoris, sur le chemin de Tibériade en Galilée.
     

  3. Gath Rimmon; il y avait plusieurs villes de ce nom:
     

    1. Josué 19:45; 21:24, dans la tribu de Dan; elle fut donnée aux Kéhathites;
       

    2. Josué 21:25, tribu de Manassé, donnée aux Kéhathites;
       

    3. 1 Chroniques 6:69, tribu d'Éphraïm, donnée aux Kéhathites. Quelques auteurs pensent toutefois que c'est une seule et même ville, et regardent l'indication c) comme insuffisante, celle de b) comme faute de copiste. La ville étant peu connue, il est difficile de prononcer.


GAZA


(fort), une des cinq principales villes des Philistins, Josué 15:47, à la frontière méridionale de Canaan, Genèse 10:19, située sur une hauteur entre Raphia et Askélon, à 20 stades environ (4 kilomètres) de la Méditerranée, à 5 stades d'Askélon, à 600 milles de Pétra en Arabie (52° 24' longitude 31° 37' latitude), et jouissant d'un port distant seulement de 7 stades. Sa situation avantageuse a été pour elle la cause de destinées bien variées et de diverses révolutions: elle passa successivement des Philistins aux Hébreux, et des Hébreux aux Philistins. Josué la conquit et la donna à la tribu de Juda, Josué 15:47; Juges 1:18, elle recouvra sa liberté, à ce qu'il paraît, sous le règne de Jotham ou d'Achaz, peut-être encore plus tôt, Juges 3:3; 46:1; 1 Samuel 6:17; 2 Rois 18:8; Amos 1:6:7; Sophonie 2:4; Zacharie 9:5, puis fut reprise par Ézéchias, 2 Rois 18. Elle obéit encore aux Caldéens vainqueurs de la Syrie, et aux Perses, puis tomba au pouvoir d'Alexandre le Grand après une résistance de cinq mois. Elle ne fut détruite que sous le roi juif Alexandre Jannæus, 96 ans avant J.-C., après un siège d'un an: Gabinius, général romain, la releva, Auguste la donna à Hérode; après la mort de celui-ci, elle fut agrégée à la Syrie. D'après Méla, Eusèbe et saint Jérôme, c'était encore une ville très considérable et bien fortifiée au temps de l'empereur Claude. Maintenant elle est sans muraille, et ne compte que 2,000 habitants.

À l'époque dont il est parlé, Actes 8:26, Gaza n'était point déserte, quoiqu'un grand nombre de ses habitants l'eussent abandonnée: plusieurs essais ont été faits pour expliquer ce qui paraît être une inexactitude de l'historien; on a dit que ces mots sont une addition de lui, une détermination qu'il ajoute aux discours de l'auge, et qui se trouvait être vraie au moment où Luc écrivait, tandis qu'elle ne l'était pas à l'époque où la scène se passa; ou a voulu distinguer encore deux Gaza (Calmet), la petite, Majuma, qui était fort peuplée, et la grande, qui l'était moins; d'autres ont dit que déserte doit s'entendre dans le sens de démantelée, ayant perdu ses murs; c'est aller chercher bien loin ce qu'on a sous la main; d'après le texte, le mot désert peut s'appliquer à la route aussi bien qu'à la ville, et, d'après le sens, il le doit; une route nouvelle pouvait avoir été construite, laissant l'autre moins fréquentée; c'est cette dernière que suivait l'eunuque d'Éthiopie, et l'apôtre devait l'y aller rejoindre.


GAZELLE,


gentil animal qui est nommé plusieurs fois dans la Bible comme symbole de la grâce, Cantique 2:9,17; 4:5, quelquefois de la légèreté à la course, 2 Samuel 2:18; 1 Chroniques 12:8, ou de la fuite rapide, Proverbes 6:5; Ésaïe 13:14. L'adjuration au nom de la gazelle ou du chevreuil est fréquente en Orient, Cantique 2:7; 3:5. La gazelle proprement dite (hébreu tsebi, que nos versions traduisent ordinairement par daim), est l'antilope dorcas de Linnée; c'est la plus commune; elle a un peu moins de 1 mètre de hauteur; ses cornes ont près de 30 centimètres de long, elles portent des anneaux entiers à leur base, et ensuite des demi-anneaux jusqu'à une petite distance de leur extrémité, qui est lisse et pointue; ces anneaux, dont on compte douze ou treize, marquent les années de l'accroissement, les cornes sont en outre sillonnées longitudinalement par de petites stries (Buffon); elles sont permanentes; ces caractères appartiennent en propre aux gazelles: elles en ont d'autres en commun avec le chevreuil, et surtout avec la chèvre, dont la gazelle est une variété: le poil est brun clair, tirant sur le blanc vers le ventre, aux pieds et sur le haut des cuisses; les oreilles, d'un gris cendré, sont longues de 18 centimètres; les yeux, d'un noir brillant, sont grands et pleins de feu; la queue, de 30 centimètres de long à peu près, est redressée; les jambes sont fortes et solides, capables de faire des bonds de 2 à 3 mètres, et d'une vitesse incroyable. Cet animal se trouve en Syrie, en Mésopotamie et dans les autres provinces du Levant, aussi bien qu'en Barbarie et dans les parties septentrionales de l'Afrique; il vit par troupeaux de centaines et de milliers. Les Orientaux et principalement les poètes, l'ont pris en grande affection, et ne manquent jamais de lui donner une place dans leurs vers, quand ils célèbrent les belles et l'amour. La chair de la gazelle est d'un goût agréable; la loi de Moïse en avait autorisé l'usage comme viande pure, Deutéronome 12:15,22; 14:5; 1 Rois 4:23.

Le nombre des espèces de gazelles est fort considérable, Buffon en comptait déjà treize: outre la tsebi, l'Écriture parle encore de plusieurs autres, qu'il n'est pas possible de déterminer; le dischon, Deutéronome 14:5, que nos versions rendent par chevreuil (Septante et Vulgate, pygargue), le même probablement que le strepsicore et l'addace des anciens, et que le lidmée des Africains. Le nom de pygargue signifie cul-blanc, et l'animal indiqué serait remarquable par ce signe, comme aussi par des taches cendrées sur les côtes. D'après Buffon, ce serait l'algazel ou pasan, dit la gazelle d'Égypte, que les traducteurs des Septante étaient en effet bien à même de connaître: elle est beaucoup plus grande que la précédente et a le col rouge.

Le tho ou theo, Deutéronome 14:5; Ésaïe 51:20, traduit par bœuf sauvage: quelques-uns l'entendent du buffalo; mais Aben Ezra assure qu'aucune espèce de bœuf sauvage ne se trouve en Palestine. Il parait plus probable qu'il faut l'entendre, avec saint Jérôme, de l'oryx des Grecs, ou chèvre sauvage (le bekkar el wash du Dr Schaw); l'oryx habite les solitudes de l'Afrique et les confins de l'Égypte, et l'on peut comprendre aisément qu'il se soit jeté quelquefois dans les déserts qui entourent Canaan; d'ailleurs les Israélites auront pu apprendre à le connaître pendant leur séjour en Égypte.

Quant au zémer,

Voir: Chameaupard;

pour acko et yael,

Voir: Chamois et Cerf.

Le yachmour, Deutéronome 14:5; 1 Rois 4:23, traduit par buffle, par bubalus, dans les Septante et la Vulgate, est peut-être l'antilope bubalis, animal au poil roux, du genre de la gazelle, qui se trouve en Syrie et sur les bords de l'Euphrate; on ne peut du reste pas le déterminer; quelques-uns pensent au daim, et s'appuient sur l'analogie de l'arabe, qui est assez concluante en effet: leur bois solide et plein tombe chaque année.


GÉANTS.


Tous les peuples tiennent à honneur d'avoir eu leurs géants, et rendent témoignage par leur accord à l'existence d'hommes d'une taille considérablement au-dessus de la taille ordinaire actuelle. Depuis les géants d'Homère, Othus, Éphialte, les Cyclopes et les Titans, jusqu'aux héros du Mexique et du Pérou, aux genoux desquels atteignaient à peine la plupart des hommes de leur temps, il y a large place pour bien d'autres géants encore, et l'on en connaît de toutes les mesures, depuis 10 pieds jusqu'à 60, 100, et même au-delà: l'Inde en connaît même qui avaient plusieurs lieues de hauteur. Quoi qu'il en soit, de tous les contes qui ont été recueillis, et qui se trouvent soigneusement consignés dans Calmet, y compris une dent de 15 livres et un crâne qui contenait 15 boisseaux de blé, il est incontestable non seulement qu'il y a eu des géants, mais même qu'il a existé des races, des familles de géants, et qu'en général les hommes des premiers siècles de notre monde étaient bien plus grands qu'ils ne le sont aujourd'hui, sans toutefois qu'on puisse établir pour la taille le même rapport qui existe entre l'ancienne et la nouvelle longévité. Certains restes colossaux d'animaux qu'on trouve à la surface de la terre autorisent à croire qu'il existait une race d'hommes proportionnée; et plusieurs monuments d'architecture sauvage, qu'on retrouve dans différents pays, sont évidemment l'ouvrage d'hommes d'une taille et d'une force prodigieuses.

Il est parlé de géants avant le déluge, Genèse 6:4; mais on peut croire que l'idée fondamentale qui s'attache à ce mot dans ce passage n'est pas celle de la grandeur corporelle, et qu'il faut, comme ordinairement en hébreu, s'attacher au sens moral: la traduction littérale du mot nephilim, rendu par géants, est «les déchus» (selon la tradition rabbinique les géants étaient tombés du ciel), «les réprouvés»; d'après Schrœder, «les assaillants» (ceux qui tombent sur). La manière dont il est parlé de ces géants dans le contexte semble indiquer qu'ils étaient issus des fils de Dieu et des filles des hommes (— Voir: Enfants); du moins on peut l'entendre ainsi, comme on peut également ne voir dans l'indication de Moïse qu'une parenthèse: si les géants sont identiques avec les puissants hommes de renom, il y a plus d'unité dans la phrase, mais il serait singulier que le mariage des fils de Dieu avec les filles des hommes n'eût produit que des géants, et l'on serait presque forcé, par cette supposition, d'admettre chez les fils de Dieu quelque chose de surnaturel, de les regarder comme des êtres différents des hommes. Le plus simple nous paraît, en conséquence, de regarder comme incidente la mention des géants, de ne voir dans les fils de Dieu que des membres de la famille de Seth, se détournant de la vérité et du culte du vrai Dieu pour suivre les idoles et s'abandonner aux passions de la chair, et les hommes célèbres et puissants seraient les fils de ces mariages, qui auraient eu une influence d'autant plus considérable qu'ils appartenaient à des familles différentes, à la race de Seth par leurs pères, à celle de Caïn par leurs mères. Suivant Schrœder, le fait significatif de ce passage serait, non point l'existence de géants (il y en avait déjà), mais leur production, leur naissance dans la famille de Seth.

 

(Dans Gen. 6:4, le mot nephilim signifie proprement «les disgraciés» et se rapporte à la lignée de Caïn qui avait été bannie de la terre pour aller habiter dans le monde de Nod. Ils revinrent se mélanger avec les habitants de la Terre et prirent des femmes pour engendrer des enfants dans une tentative de déjouer le plan de Dieu et forcer son bras à les sauver. Tout semble indiquer que le gigantisme était l'état normal des choses à cette période, des plantes, des animaux, et de l'homme.)

L'Écriture mentionne encore comme races géantes les Réphaïms et les Hanakins. Les Réphaïms (q.v.) habitaient, avant l'arrivée des Israélites, les contrées transjourdaines de la Palestine; Hog, roi de Basan, était un dernier reste de cette famille; il fut vaincu par Israël, Deutéronome 3:3,11; cf. Josué 12:4; 13:12: les Émins, qui partageaient avec les Réphaïms une commune origine, habitaient le pays qui fut plus tard celui de Moab, Deutéronome 2:10, et les Zamzummins, le pays de Hammon, 2:20. Les Hanakins, ou fils de Hanak, Nombres 13:33; Deutéronome 9:2, étaient si grands, que les espions d'Israël déclarèrent qu'ils n'étaient que des sauterelles auprès d'eux (on peut croire que la peur entrait pour quelque chose dans l'hyperbole): leur stature était devenue proverbiale, et servait de mesure de comparaison, Deutéronome 2:10-11,21. Ils occupaient au temps de Moïse tout le pays depuis Hébron jusqu'aux montagnes de Juda et d'Israël, Josué 11:21. Quoique vaincus et chassés, plusieurs d'entre eux reparurent plus tard dans l'histoire des Hébreux,

Voir: Goliath, 1 Samuel 17:4; 1 Chroniques 20:4,6,8;

mais ils se maintinrent toujours dans les quartiers des Philistins, à Gaza, Gath, Azot, etc. Josué 11:22.

On peut voir, par la comparaison de l'Écriture sainte avec les ouvrages profanes, combien la première se distingue par sa sobriété et toute absence d'exagération dans ce qu'elle rapporte des géants; elle se distingue encore en ce qu'elle signale comme une monstruosité, une dégénérescence, un fruit du péché (l'union des Séthites et des Caïnites), ce que les païens regardaient comme une gloire; cf. Odyss. 10, 119, suivant, Ænied. 12, 900. Juvénal 15, 69. Pline 7, 16. Augustin., De Civit. 15, 9, etc.


GÉDÉON ou Jérubbahal,


(destructeur), Juges 6-8; ou Jérubbahal, le cinquième des Juges d'Israël (1245 avant J.-C.), délivra son peuple de l'oppression des Madianites. Ce chef, de la tribu de Manassé, battait le grain à Hophra avec son père, lorsque l'ange de l'Éternel lui apparut et lui annonça que Dieu l'avait choisi pour juge. Il dut commencer par détruire dans sa propre maison toutes les traces de l'idolâtrie qui avait envahi le pays. Les tribus de Manassé, de Zabulon, d'Aser et de Nephthali, se réunissent sous ses ordres au nombre de 32,000 hommes contre une armée innombrable; mais l'armée d'Israël est trop nombreuse encore, et sur une proclamation de Jéhovah qui permet à tous ceux qui sont timides de s'en retourner, cf. Deutéronome 20:1-8, 22,000 quittent les rangs et s'en vont; 10,000 hommes restaient; c'était peu, pour Dieu c'était trop encore; une nouvelle épreuve fut ordonnée, et la petite armée fui réduite à 300 hommes seulement: Gédéon les divisa en trois bandes, et ne leur donna d'autres armes qu'une trompette et un flambeau; puis, au milieu de la nuit, ils fondent sur le camp des Madianites qui s'enfuient et s'entre-tuent; ils passent le fleuve, où plusieurs périssent sous les coups des Éphraïmites; Gédéon poursuit jusqu'à Hobah les 15,000 hommes qui restent, les défait entièrement, et venge sur les deux chefs Zébah et Tsalmunah ses frères égorgés par ces princes. Les Israélites lui offrent, à lui et à ses enfants après lui, la couronne royale, mais il la refuse et se borne à répondre: Que l'Éternel règne sur vous. Un nuage ternit la gloire de sa victoire: des dépouilles ennemies qui s'élevaient à 1,500 livres d'or, il fait une image qu'il recouvre de l'éphod; il veut rappeler au peuple les gratuités de l'Éternel, et il sanctionne par son action même l'idolâtrie qu'il veut condamner: le nom de Jérubbéseth qu'il reçut plus tard, 2 Samuel 11:21, et qui signifie «il a combattu pour la honte» se rapporte peut-être à cette faute. Le reste de sa vie fut paisible, il eut soixante-dix fils, et mourut dans un âge fort avancé.

Voir: pour les détails mes Juges d'Israël, p. 49-60.

L'histoire profane semble avoir conservé le nom de Gédéon. Sanchoniathon, qui vivait à la même époque à peu près, doit s'être servi pour la composition de son histoire, de documents qui lui auraient été fournis par Jérombal (Jérubbahal), prêtre de Jao (Jéhovah).

— Serin, de Gaussen.


GÉHENNE,


Voir: Hinnom.


GÉNÉALOGIES,


Voir: Jésus et Tribu.


GÉNÉSARETH,


lac de Génésareth, Luc 5:1; mer de Tibériade, Jean 21:1; appelée aussi mer de Galilée, Jean 6:1, et dans l'Ancien Testament mer de Kinnéreth, Josué 13:27; Nombres 34:11, ou de Kinnaroth, Josué 11:2; 12:3. Cette belle nappe d'eau que Ritter et Tholuck comparent au lac de Genève pour la pureté de ses eaux et la richesse de ses bords, que d'autres comparent à la partie septentrionale du lac Majeur, à cause de sa majesté sauvage jointe aux beautés d'une nature douce et riante, est située dans un profond bassin entre deux plateaux de montagnes; de forme à peu près ovale, allongé du nord au midi, il a environ 140 stades de longueur sur 40 de largeur d'après Flavius Josèphe, 30 kilomètres sur 8 ou 9; les estimations modernes lui donnent a peu près la même étendue. Ses eaux bleues, profondes, douces et transparentes, sont constamment renouvelées par les flots du Jourdain qui le traversent dans sa longueur; elles ne sont troublées que lorsque des ouragans sortant subitement des gorges des montagnes, menacent les navigateurs. Il était jadis sillonné par un grand nombre de bateaux, et comme il est très poissonneux, la pêche était une occupation importante pour les habitants de ses bords, Matthieu 4:18; Luc 5:4; Jean 1:44; 21:3. La contrée est d'une merveilleuse beauté; le climat de ce bassin profond dont la chaleur est tempérée par la fraîcheur des eaux, y produisait une végétation aussi abondante que variée; les fruits de divers climats y croissaient non loin les uns des autres, les dattiers des tropiques près des arbres d'une zone plus tempérée: on y trouvait réunis la vigne, le citronnier, l'oranger, et le figuier, qui mûrissaient sans interruption, pendant six mois de l'année. Aussi les mahométans en faisaient-ils avec Damas, Samarcande, et une contrée voisine de Ragdad, un de leurs paradis terrestres. À l'est s'élèvent hors du lac des rochers basaltiques, et de sombres montagnes qui se terminent en sommets arrondis; à l'ouest le terrain s'élève par des gradins ou des vallées étagées jusqu'à la hauteur du plateau; cette côte occidentale était jadis couverte d'un grand nombre de villes et de bourgades populeuses: aujourd'hui ses rives sont presque désertes, et l'on n'y trouve pas même un bateau.

Le voyageur Russegger (1838) regarde sa course au lac de Génésareth comme une des plus intéressantes qu'il ait faites en Palestine; et trouva, dit-il, dans la magnificence de cette vue une compensation plus que suffisante aux fatigues de cette excursion ajoutée à tant d'autres. Il a calculé, par l'emploi du baromètre, que la surface de ce lac devait être de 625 pieds (203 mètres) au-dessous du niveau de la Méditerranée; Schubert n'avait compté qu'une différence de 535 pieds (162 mètres) entre les deux niveaux.

L'Ancien Testament fait mention de ce lac comme d'une frontière, Nombres 34:11., etc. Les faits qui s'y sont passés au temps de notre Seigneur, le rendent particulièrement cher aux chrétiens;

Voir: Matthieu 4:18-22; 8:23-27; 11:20-24; 14:24-33; Marc 4:36-41; 6:31,56; Luc 5:1-11,8:23-25. Jean 6:18-21; 21, etc.

Quant à la ville de Kinnéreth qui appartenait à la tribu de Nephthali, Josué 19:33, on pense que c'est la même que Tibériade, q.v.


GENÈSE,


le premier livre de la Bible en général, et du Pentateuque en particulier; il s'appelle en hébreu Bereshith (au commencement), selon les mots par lesquels il commence, et en grec Genesis (origine, naissance), nom tiré de son contenu. L'auteur en est Moïse selon l'ancienne tradition, et d'après les traces qui se trouvent dans le Pentateuque lui-même. Le but du livre est d'exposer l'origine du peuple de Dieu, en la rattachant à l'origine du monde. La Genèse est une introduction, une tête nécessaire à l'intelligence des autres livres de la Bible, qui, sans elle, seraient un acéphale.

— Après nous avoir donné sur la création quelques idées claires, précises et succinctes (— Voir: cet article), la Genèse nous dit le commencement de la vie sur la terre, le premier homme et le premier péché, la première famille et la première dispersion, la première chute et la première promesse. Elle pose les jalons de l'histoire du genre humain pendant les vingt premiers siècles (Genèse 1-11,) en nous faisant suivre les traces des idées théocratiques et des révélations divines, jusqu'au moment où elle vient à s'occuper d'une manière plus particulière de la famille d'Héber et de son illustre descendant Abraham (11-50). Elle raconte alors l'histoire des trois grands patriarches Abraham, Isaac, Jacob; elle est plus circonstanciée sur la vie de Joseph, et sur ses destinées qui sont d'une grande importance pour l'histoire de la théocratie. Elle finit en rapportant les paroles de bénédiction adressées par Jacob mourant à ses fils, l'ensevelissement de ce patriarche et la mort de Joseph.

— Quant à la langue, c'est l'hébreu le plus pur et le plus uni, avec quelques archaïsmes témoins de l'antiquité du livre; il peut être regardé comme la base et le modèle de la formation de cette langue sainte, dans tous les autres livres du code sacré.

La Genèse avait joui dans tous les siècles de ce respect qu'exigent les livres de Dieu, et que l'on accorde généralement à ces vieux monuments d'une ère qui n'est plus, lorsque dans la moitié du siècle passé un médecin hollandais nommé Astruc, sans doute malheureux dans l'exercice de son art, eut l'idée de consacrer ses loisirs à démolir ce qui était sacré en théologie, et tomba sur la Genèse, dont il révoqua en doute l'authenticité et l'intégrité (Bruxelles, 1753). Son livre, intitulé: «Conjectures sur les mémoires originaux dont il paraît que Moïse se servit pour composer le livre de la Genèse», réussit auprès de certains théologiens qui en adoptèrent et en développèrent les idées, Eichhorn, Ilgen (1798), puis Vater (1801-1805), De Wette, Gramberg (1828). Même l'idée se développa et s'étendit sous le marteau; selon ces auteurs d'hypothèses, non seulement le contenu de la Genèse serait tiré de deux anciens documents, mais dans sa forme actuelle ce livre ne serait pas même le travail d'un rédacteur unique qui aurait composé son ouvrage suivant un plan prémédité; ce serait un recueil de morceaux, d'anciennes traditions mal arrangées et augmentées par la fantaisie des narrateurs. Il n'appartient pas à notre plan d'entrer dans des détails sur cette controverse, mais nous devons au moins en indiquer les éléments.

L'hypothèse du morcellement repose:

  1. sur ce qu'il y a dans la Genèse plusieurs relations d'un seul fait, par exemple 12:10-20; 20:1; sq. 26:6-12; mais il ressort du texte même que ce sont des faits tout différents;
     

  2. sur ce que l'origine d'un même nom est racontée de différentes manières, le nom d'Isaac, 17:17,19; 18:12-15; 21:3,6, celui de Béersébah, 21:30-31; 26:33, de Béthel, 28:19; 35:15; mais de ce qu'un même nom a pu se trouver vrai dans plusieurs sens, il n'en résulte pas la nécessité de penser à deux récits dont l'un exclurait l'autre;
     

  3. sur ce qu'il y a de fréquentes répétitions; niais c'est dans le style oriental, et d'ailleurs l'objection n'aurait de force que si les mêmes faits étaient racontés chaque fois sans des détails nouveaux, dans la même connexion, tandis que c'est le contraire qui a lieu; la répétition se justifie d'elle-même par le but du narrateur, et elle ne porte que sur des faits importants.
     

  4. Il y a des morceaux isolés et décousus; mais dans un récit aussi succinct les transitions seraient souvent des hors-d'œuvre, l'antiquité du livre et son caractère oriental ne les auraient pas supportées,
     

  5. On s'appuie enfin sur la présence de certains titres comme indiquant le commencement de nouvelles péricopes; ainsi 5:4; 6:9; 10:1; sq. 25:12; etc. Mais ces titres, qui sont en quelque sorte des sommaires de chapitres, indiqueraient plutôt le contraire; ils servent de transitions naturelles, et indiquent le plan de l'auteur et le soin avec lequel il coordonne ses généalogies.

L'hypothèse des deux documents repose sur la manière dont les noms de Dieu et de l'Éternel sont employés (Élohim et Jéhovah); les inventeurs de l'idée pensent que le rédacteur s'est servi de deux sources ou documents, dont l'un aurait tout rapporté à Dieu, l'autre tout à l'Éternel. Si l'on y fait attention, l'on trouvera qu'en effet il y a des chapitres, ou fragments de chapitres, dans lesquels l'un des deux noms est employé à l'exclusion de l'autre, quelquefois aussi les deux noms concurremment. Remarquons d'abord que si l'on veut conclure quelque chose, il faudra appliquer la même conclusion à l'Ancien Testament presque tout entier, où les noms de Dieu et de l'Éternel sont alternativement employés: qu'on lise par exemple le prophète Jonas, on y trouvera la même observation justifiée, et cependant personne n'osera ou n'a osé faire de ce petit livre une mosaïque composée de divers documents. Mais une explication très simple et tirée de l'observation donnera la clé de l'emploi de ces deux noms, dans la Genèse comme ailleurs: c'est que le nom de Dieu, Élohim, s'applique presque partout au Créateur, juge de l'univers, maître de la race humaine, dans ses rapports avec le monde; l'Éternel, Jéhovah, au contraire, est le Dieu de son peuple, le père de ses enfants, le Sauveur qui se manifeste. On peut lire, en prenant garde à cette distinction, l'histoire du sacrifice d'Isaac, 22:1, celle du déluge, 6-9, et surtout celle de la création, 1-3, qui semble prêter le plus à l'hypothèse et même lui avoir donné naissance: elle se divise en deux parties, 1-2:3; et 2:4-3:1. La première est le récit général: l'auteur nous fait connaître l'origine du monde, il énumère les créatures, il nomme le créateur, c'est Élohim; dans la seconde, l'auteur reprend son sujet, mais sous le point de vue spécial de l'homme considéré comme être moral: c'est là qu'il est question du péché, de la loi, du jugement, de l'Évangile qui sauve: c'est alors Jéhovah qui paraît, c'est l'Éternel; le nom de Dieu lui est joint pour bien montrer qu'il ne s'agit pas d'un autre Dieu, mais du même considéré sous un autre point de vue, précaution bien nécessaire dans un temps où l'on pouvait être porté à croire à une pluralité de dieux.

— Voilà tout le secret de l'emploi alternatif de ces deux noms, non pas seulement dans des morceaux différents, mais aussi dans un même morceau, et c'est faute d'avoir compris leur grandeur et leur signification qu'on en est venu à la supposition de deux documents primitifs. Cette hypothèse, déjà bien ébranlée, tombera comme est tombée celle d'un Évangile primitif qu'on défendait il y a quelques années encore avec tant de suffisance.

Voir: Umbreit, Theol. Stud, und Kritik, 1831, p. 412, Ranke, Recherches sur le Pentateuque, Hævernick, Introduction à l'Ancien Testament, et l'excellent Commentaire de F. W. J. Schrœder (Das erste Buch Moses, ausgelegt, Berlin 1486),

dont on annonce une traduction française par M. le pasteur Bastie; cet ouvrage a démontré, selon nous d'une manière évidente, l'unité du livre et du narrateur.


GENÊT, genièvre, genévrier.


  1. Le mot hébreu rothem se trouve 1 Rois 49:4-5; Job 30:4; Psaumes 120:4, et les Septante l'ont traduit de quatre manières différentes, ce qui prouve qu'ils n'avaient pas une connaissance bien claire et précise de l'arbre indiqué: Flavius Josèphe lui-même, en parlant de l'arbre sous lequel s'assit Élie dans le désert, 1 Rois 19, se borne à dire: «sous un certain arbre.» Jérôme, d'après Aquila, l'a traduit par genévrier, le syriaque par térébinthe, et le caldéen par genêt: nos versions ont conservé genêt dans le passage des Rois et ont mis genévrier dans les deux autres; il est très difficile de décider; Calmet pense qu'il faut l'entendre d'une manière générale de tout arbuste sauvage; Winer penche pour le genêt d'après l'analogie de l'arabe ratam (cf. l'espagnol rétama, venu des Maures). Le genêt, genista rœtem, est un arbuste peu considérable des plaines de l'Arabie, avec des rameaux petits, cannelés, opposés, feuilles simples, fleurs blanches, fruit en cosse, allongé, avec deux rangs de graines. La racine est extraordinairement amère et ne peut servir de nourriture qu'en cas d'extrême besoin; la fin de Job 30:4, peut se traduire, ou bien comme nos Bibles l'ont rendu «pour se chauffer», ou bien «la racine des genêts pour leur pain (nourriture);» cette dernière traduction est favorisée par le contexte. Le genêt servait aussi comme moyen de chauffage; il donnait des charbons très ardents et d'une combustion lente et durable; la langue du méchant leur est comparée pour ses effets désastreux, difficiles à réparer, Psaumes 120:4. Grêle et sec, cet arbuste donne peu d'ombre, toutefois on sait encore l'apprécier sous ce rapport dans les landes de sa patrie, et le prophète fuyant les fureurs de Jésabel, recherche dans le désert son ombrage protecteur, 1 Rois 19:4.
     

  2. Genêt, employé dans le sens de coursier par quelques-unes de nos versions, 1 Rois 4:28, est un vieux mot français que Martin a trouvé bon pour éviter de répéter deux fois dans un verset le mot cheval.


GÉOGRAPHIE.


Les Hébreux n'avaient des idées ni bien claires, ni bien étendues sur la configuration de la terre et sur les pays dont elle était couverte. Ils étaient cependant bien plus avancés que tous les peuples de l'antiquité sur la grandeur et sur la forme de notre globe. Gesenius a voulu conclure de Ésaïe 11:12, qu'ils se figuraient la terre carrée, mais il n'est pas nécessaire d'une supposition semblable pour comprendre une expression que nous pourrions employer nous-mêmes. On peut comparer d'ailleurs les passages tels que Ézéchiel 5:5; Proverbes 8:27; Job 26:7,10; Ésaïe 40:31, pour se convaincre combien étaient exactes, justes et conformes aux vérités découvertes seulement plus tard, les doctrines des prophètes juifs sur ce point. Quant à la géographie même, les Hébreux ne connurent d'abord que les pays qui les entouraient de plus près ou avec lesquels ils avaient des rapports réguliers, la Syrie, l'Égypte, l'Arabie, la Phénicie: peu à peu, naturellement, ce cercle s'agrandit par les relations d'Israël avec l'Assyrie, la Médie et la Babylonie; ils connurent, par ouï-dire sans doute, peut-être par les Phéniciens, l'existence de contrées et d'îles plus éloignées à l'est, et même au nord de l'Asie, Gog et Magog, cf. Ézéchiel 27, Jérémie 51:27. La dispersion augmenta leurs connaissances, et l'on peut croire qu'ils connurent tout l'ancien monde, tel du moins que le connaissaient les anciens eux-mêmes, surtout la Grèce et l'Italie. Ils regardaient Jérusalem comme le centre du monde connu, Ézéchiel 5:5; 38:12.


GERBOISE,


Voir: Saphan.


GERGÉSÉNIENS,


Voir: Gadara.


GETHSÉMANÉ,


village ou jardin sur le penchant occidental du mont des Oliviers: c'est là que notre Sauveur lutta pour nous contre la mort, Matthieu 26:36-50; Marc 14:32-52; il avait l'habitude de s'y rendre, Jean 18:2, et Judas Iscariot, qui connaissait cette sainte retraite, y conduisit la troupe qui devait s'emparer de son maître. Jésus suait des grumeaux de sang en attendant l'heure fatale, et un ange vint des cieux pour le fortifier, Luc 22:39-53. Un mur élevé désigne et entoure ce lieu, où sont encore huit oliviers d'une extrême vieillesse, et qui portent le nom de Dschesmanije. Géthsémané signifie pressoir à olives (selon quelques-uns champ d'olives, selon d'autres encore, pressoir des signaux?).


GIRAFE,


Voir: Chameaupard.


GOB,


ville ou plaine dans laquelle les Israélites eurent deux combats à soutenir contre les Philistins, 2 Samuel 21:18-19. Elle est appelée Guéser dans le passage parallèle, 1 Chroniques 20:4, peut-être par erreur.


GOG,


roi de Magog, q.v., Ézéchiel 38:2; 39:1.


GOJIM ou Goyim.


Ce nom signifie en hébreu les peuples, les nations, par conséquent, pour les Juifs, les païens. C'est encore de ce nom qu'ils appellent aujourd'hui tous les peuples de la terre qui ne descendent pas d'Abraham par Isaac et Jacob. Une des peuplades païennes chassées par les Israélites portait ce nom, et son roi demeurait à Guilgal, q.v., Josué 12:23. C'est peut-être la même qui est indiquée Genèse 14:1, et qui était gouvernée par Tidhal, roi des nations ou des Goyim.

 

(Goyim est le terme utilisé par les Judéens (les Juifs) pour décrire ceux des nations étrangères à la leur. Il est généralement utilisé d'une façon péjorative pour insulter ceux qu'ils considèrent comme des chiens et non des hommes.)

Voir: aussi Galilée.


GOLAN,


ville libre et sacerdotale, située en Basan, dans la demi-tribu de Manassé, Deutéronome 4:43; Josué 20:8; 21:27; 1 Chroniques 6:71. Elle était encore assez considérable à l'époque d'Eusèbe, et avait donné naissance à ce Judas le Galiléen, dont il est parlé Actes 5:37. Son exacte position n'est pas connue: on appelait Golanite ou Gaulonite la contrée qui l'entourait depuis la Pérée jusqu'au Liban.


GOLGOTHA, ou Golgatha, ou plutôt Golgoltha,


de l'hébreu gulgoleth, qui signifie crâne, et qui est employé dans ce sens, 2 Rois 9:35.

Voir: ce que nous en avons dit à l'article Calvaire, qui est la traduction latine du mot hébreu.

Les Syriens et les Arabes appellent encore cette colline Cranion, à cause du crâne d'Adam qu'ils y croient enseveli; c'est aussi la tradition de tout l'Orient, et les mahométans eux-mêmes ont un livre dans lequel se trouve un dialogue entre Jésus-Christ et le crâne du premier homme. D'Herbelot, Bibl. orient., Cranion, p. 278.


GOLIATH,


1 Samuel 17:4; sq., géant de la race des Philistins, de la ville de Gath, défia pendant quarante jours les guerriers israélites à un combat singulier, qui devait décider du sort des deux armées, selon l'usage de quelques peuples anciens dont nous trouvons un exemple dans la lutte des Horaces et des Curiaces. À la fin, un jeune homme se présenta; il portait des vivres à ses frères, et quelques fromages en cadeau à leur capitaine; mais ayant appris l'insulte faite au peuple du vrai Dieu, il posa son bagage et courut au combat. Le géant méprisa la jeunesse de son adversaire, car il ignorait combien est fort celui qui vient au nom de l'Éternel, mais la victoire ne resta pas un instant indécise, et un caillou lancé par une fronde habile renversa le géant, frappé au front. Le vainqueur lui trancha la tête comme les anciens faisaient à leurs ennemis vaincus, Hérodote 4, 6. Xénophon, Anab. 5, 4. 17.

— On a vu, à l'article Géants, que de pareilles races n'étaient point rares dans les anciens temps, et que si la fable a un peu exagéré, le fait n'en reste pas moins vrai: quant à la stature de Goliath, cependant, nous ne pouvons rien préciser; elle était de six coudées et une paume, est-il dit; et entre les différentes coudées qui étaient connues des Hébreux, il convient de choisir la moindre; car nous voyons que David put se servir aisément de l'épée du géant, non seulement lorsqu'il lui trancha la tête, mais encore dans sa fuite, 1 Samuel 21:9; 22:10, ce qu'il n'eût pas fait si elle eût été proportionnée à la taille que certains calculs donnent à Goliath. En prenant donc la dimension la plus petite de la paume et de la coudée, Goliath aurait eu 3m,30 de hauteur; (selon un autre calcul, — Voir: Coudée, Goliath aurait eu 4m,40) Le poids de ses armes doit être calculé dans la même proportion. Quant à 2 Samuel 21:19,

Voir: l'article Élhanan.


GOMER.


  1. Fils de Japhet et père d'Askénaz, de Riphath et de Thogarma, Genèse 10:2-3.

    Voir: encore Ézéchiel 38:6.

    Son nom se retrouve dans les Cimmerii des anciens qui habitaient la Crimée et les bords du Don, du Niéper et du Danube inférieur, dans les Cimbres qui ont attaqué l'empire romain deux siècles avant Christ, et dans Kymr, ancien nom d'une tribu celtique. Les Arabes donnent aux peuples qui habitent le territoire des anciens Cimmerii le nom de Kirim, avec une légère transposition des lettres, et dans ce nom de Kirim on trouve la Crimée et les Germains. D'après des traditions orientales, Gomer habitait sur les bords du Volga. Bochart cherche Gomer en Phrygie, parce que Ce dernier pays est quelquefois appelé terre brûlée, et que l'une des significations de Gomer peut aussi rappeler cette idée; mais c'est faible et forcé.

    — Les Bretons français, qui sont Kimris, comme on sait, et dont la langue est la même que le kimraig ou celle des Gallois d'Angleterre, disent «qu'ils viennent de Gomer.» (Gomr, Komr, Kimr, Cimr, sont, étymologiquement, les formes diverses d'un même mot primitif.) C'est là, en Bretagne, une tradition tout à fait du peuple et non point de savants et de lettrés: les paysans, les bergers qui l'ont conservée, ne savent pas même si Gomer est un homme, une contrée, ou une ville. On trouvera certainement bien remarquable la concordance de cette tradition, encore vivante aujourd'hui, avec l'indication première de la Genèse sur Gomer et ses descendants, entre lesquels «furent divisées les îles des nations», ou l'ancien monde occidental. Nous devons la connaissance de ce fait à l'homme le mieux capable de le bien constater, à M. Émile Souvestre; Breton lui-même, comprenant et parlant le dialecte celtique de ses compatriotes, il a longuement étudié leurs mœurs, leurs souvenirs populaires, et a recueilli de leur bouche ce trait singulier, que nous avons tenu à enregistrer.
     

  2. Fille de Diblajim, et femme débauchée, celle dont le prophète Osée s'approcha pour obéir au commandement de l'Éternel, et pour faire comprendre à Israël son idolâtrie: les enfants qu'il en eut reçurent des noms symboliques destinés à marquer les châtiments qui sont le gage et le fruit d'un culte adultère, Osée 1:3; sq. On a, pour des raisons faciles à comprendre, voulu ne voir ici qu'une allégorie, mais cette explication est plus difficile à comprendre encore que le texte.


GOMORRHE,


une des cinq villes de la Pentapole, et probablement la plus septentrionale; elle était située dans la belle et fertile vallée de Siddim, Genèse 13:10, et avait un roi particulier, Genèse 14:2-3,10. On sait comment ses mœurs hideuses et corrompues attirèrent sur elle le feu du ciel, 19:24. Son histoire, ses crimes et sa destruction sont fréquemment rappelés dans l'Écriture, Ésaïe 1:10; 13:19; Jérémie 23:14; Matthieu 10:15; Marc 6:11.

Voir: Sodome.


GOPHER


(bois de),

Voir: Cyprès.


GOSCEN,


  1. province d'Égypte que Pharaon, sur la demande de Joseph, donna à Jacob et à ses fils pour y demeurer avec leurs troupeaux, Genèse 45:10; 46:28; 47:27; 50:8. Elle fut habitée quatre cent trente ans par la postérité du patriarche. On ne peut pas déterminer sa situation d'une manière exacte, et l'historien sacré se bornant à quelques indications générales, laisse, pour le reste, le champ ouvert aux conjectures. Il est évident que Goscen était à l'orient du Nil, puisqu'il n'est question nulle part que cette grande famille ait jamais traversé ce fleuve; on voit de plus, par Exode 13:17; 1 Chroniques 7:21, que cette contrée était limitrophe de l'Arabie et de la Palestine, et enfin l'histoire du voyage dans le désert prouve qu'elle n'était pas fort éloignée de la mer Rouge. C'est donc dans la Basse-Égypte qu'il faut la placer, à l'est du bras le plus oriental du Nil, et dans les environs d'Héroopolis: on y trouve encore quelques traces probables du séjour des Israélites dans ce pays, entre autres un monceau de ruines à une lieue nord-est du Caire, que les Arabes appellent Tell el Jhud (colline des Juifs) ou Turbet el Jhud (tombeaux des Juifs). Il paraît, dans tous les cas, que cette contrée était une des plus fertiles de toute l'Égypte, peut-être à cause du voisinage de la Méditerranée.
     

  2. Le pays et la ville de Goscen, contrée montagneuse, donnée par Josué à la tribu de Juda, ne peut être confondue avec la province de l'Égypte, comme le veut Calmet, Josué 10:41; 11:16; 15:51.


GOUSSES.


Les gousses dont il est parlé Luc 15:16, sont le fruit du caroubier, arbre qui se rencontre assez communément en Orient, en Palestine, et surtout aux environs de Bethléem: c'est le ceratonia siliqua de Linnée. On le trouve aussi en Barbarie, en Grèce, en Italie et en Provence. Ces cosses sont séchées et se mangent sans leurs fèves; elles forment dans leur saison la nourriture des pauvres et des porcs, Hor. Ep. 2, 1. 123. Juvén. 11, 58. Pers. 3, 55. Colum. R. R. 7, 9. Luc 15:16. Les riches en font un mets de luxe qu'ils mangent avec mesure. Ces cosses, en forme de croissant, longues de 30 cent., et larges de 3, renferment une liqueur épaisse, et douce comme du miel, qu'on emploie quelquefois au lieu de sucre: les fèves ou graines sont d'un brun brillant et d'une pesanteur tellement uniforme, qu'on a pu les prendre comme mesure de la plus petite unité de poids, le guérah, qui est traduit par oboles, Exode 30:13; Lévitique 27:25; Nombres 3:47.

— Le caroubier a le tronc épais, l'écorce gris cendré, et des rameaux arrondis, qui s'étendent au loin: ses feuilles, toujours vertes, sont divisées et se composent de deux à quatre paires de folioles unies et ovées; les fleurs, en forme de grappes, naissent avant les feuilles et sortent immédiatement du bois; elles sont rouge pourpre, et leur calice est garni à l'intérieur de légers filaments.


GOUVERNEMENT.


Les Israélites eurent, comme on sait, bien des formes de gouvernement: après l'autorité des patriarches vint le joug de l'Égypte, puis le gouvernement théocratique, Moïse gouvernant au nom de Dieu; puis l'autorité dictatoriale et provisoire des Juges, enfin, après la république, la monarchie;

Voir: les différents articles.

Disons seulement, quant au pouvoir royal, qu'il était absolu, tel qu'il se trouve encore aujourd'hui dans les cours orientales: les rois n'étaient pas le centre et les représentants du pouvoir, ils étaient le pouvoir lui-même, les propriétaires, en quelque sorte, de la puissance et du royaume. Ce n'est que depuis l'établissement de la royauté qu'Use forma, en Israël, une machine politique régulière, avec ses rouages et ses employés ordinaires. Le roi, qui régnait et gouvernait tout ensemble, était secondé, dans son travail administratif, par des conseillers de cour qui n'avaient que voix consultative, sans pouvoir, par un vote, s'opposer à la volonté royale, 2 Samuel 15:12; 1 Rois 12:6; 1 Chroniques 27:32. À leur tête, se trouvait le chancelier qui était, à ce que l'on peut croire, plus qu'un simple historiographe, et qui remplissait véritablement le rôle de premier ministre, 2 Rois 18:18,37; puis le secrétaire, 2 Samuel 8:17,20,25; 2 Rois 18:18; 19:2; 22:3,10; Jérémie 36:10, ou les secrétaires, car il y en avait quelquefois plusieurs ensemble, 1 Rois 4:3, dans un même bureau, Jérémie 36:12. L'intendant de la maison royale, maire du palais, était aussi quelquefois appelé à s'occuper des affaires publiques, 1 Rois 18:3; 2 Rois 18:18, et pouvait acquérir une grande influence, Ésaïe 22:15. Heureux les rois quand, parmi leurs conseillers, se trouvaient des hommes pieux et des prophètes tels que Nathan, l'ami de David, et Ésaïe, l'ami d'Ézéchias. Ces conseillers ou ministres étaient préposés, en général, à l'administration extérieure et financière du pays; le droit de rendre la justice était dévolu aux prêtres et aux lévites, Deutéronome 17:9;

Voir: Justice;

mais lé roi lui-même prononçait en dernière instance, ou même il jugeait seul lorsqu'il s'agissait de causes importantes. Il y avait dans chaque province des pourvoyeurs de la cuisine royale, et des receveurs généraux; Salomon comptait jusqu'à douze de ces derniers: toutes les parties de l'administration, du reste, avaient leurs chefs spéciaux, 1 Chroniques 27:25, et nous voyons parmi les officiers de la cour de Salomon, 550 employés, au nombre desquels il faut sans doute compter les subalternes d'un certain rang, 1 Rois 9:23. Les valets des provinces qui apparaissent pour la première fois sous Achab, 1 Rois 20:14, étaient apparemment des prévôts élevés au-dessus des municipalités de provinces, et qui transmettaient à ces dernières les ordres du roi, 1 Rois 22:9; 2 Rois 10:1. On peut voir encore à l'article Tribu, la part qu'avaient dans le gouvernement d'Israël les chefs de ces tribus.

Plus tard, pendant la captivité de Babylone, Guédalia, d'origine juive, fut établi comme Sar ou chef (cf. César, Czar) sur la contrée désolée, 2 Rois 25:22, pendant que les satrapes des provinces persanes, assistés d'une chancellerie composée d'un secrétaire et de ses assesseurs, servaient d'intermédiaires entre la cour de Perse et la colonie israélite, Esdras 4:8-9; 8:36; Néhémie 2:9; cf. encore Esdras 5:6; 6:6,7; Néhémie 5:14,18; Aggée 1:1,14; 2:2,21, etc.


GOUVERNEUR.


C'est par ce mot, assez vague peut-être, que nos versions ont traduit:

  1. l'hébreu péchah qui désignait en général un chef de province dans la Babylonie et la Perse, mais différent des satrapes, Daniel 3:2; Esther 3:12; 8:9. Zorobabel et Néhémie reçurent aussi le même nom, Esdras 5:14; 6:7; Néhémie 5:14; 12:26, comme gouverneurs de la Judée. Sur les honoraires de ces chefs,

    Voir: Néhémie 5:14,18.
     

  2. Dans le Nouveau Testament, il désigne soit le gouverneur romain de la Syrie, soit les procurateurs de la Judée; cf. Actes 25:12;

    Voir: Procurateurs.


GOZAN,


2 Rois 19:12; Ésaïe 37:12; contrée située dans le nord de la Mésopotamie, et traversée par le fleuve Chaboras, 2 Rois 17:6; 18:11. Ptolémée, 5, 18, l'appelle Gauzanite, et, de nos jours encore, elle porte le nom de Kauschan.

Gozan selon Truden, Holden et d'autres, signifie pâturages. En consultant le lexicon hébreu de Gesenius, on voit que le g et le z varient souvent entre eux, tandis que les mots dans lesquels ces lettres sont employées, conservent la même signification après que la mutation a eu lieu. Ainsi, Gozan peut se changer en Zozan sans altérer le sens. Zozan est le nom donné par les Nestoriens à tous les plateaux élevés de l'Assyrie, qui leur offrent des pâturages pour leurs nombreux troupeaux. La région dans laquelle le Chabor et le Zab prennent leur source, et celle qu'ils arrosent ensuite, a particulièrement ce caractère. En considérant la similitude de ces noms et l'identité de Gozan et Zozan, on ne peut douter qu'il ne s'agisse ici du Gozan des Écritures, d'autant plus qu'il se trouve en Assyrie et dans le voisinage de la rivière Chabor. Si nous lisons dans le deuxième livre des Rois, 19:12, et dans Ésaïe, 37:12, la manière orgueilleuse dont Sennachérib exalte les conquêtes de ses pères, il semble que les rois d'Assyrie avaient détruit les habitants de Gozan avant que les Israélites y fussent transportés, en sorte qu'ils se trouvaient les maîtres du pays. «Les dieux des nations que mes ancêtres ont détruits, Gozan, Haran, les ont-ils délivrés?» Ce fut sans doute un grand exploit de détruire les barbares habitants de cette contrée sauvage et mon tueuse; il est donc très naturel que les rois d'Assyrie aient désiré les remplacer par une population industrieuse, telle que celle des captifs Israélites, et formée comme eux aux habitudes de la vie pastorale. Nous ignorons si en d'autres localités ils furent appelés à s'établir au milieu de la race indigène; mais, comme les natifs de Gozan et de Haran ou Hara (car les mots ont le même sens) n'existaient plus alors, il est naturel de supposer que les dix tribus prirent possession entière de cette région, et que leur grande force leur permit de conserver une position complètement distincte des nations païennes qui les entouraient. (Grant.)


GRÈCE.


Ce pays est désigné dans la table des peuples et ailleurs, Genèse 10:2; Ésaïe 66:19; Ézéchiel 27:13; Joël 3:6, sous le nom de Javan, q.v.; c'est proprement l'Ionie. Plus tard, dans les livres apocryphes et dans le Nouveau Testament, les Grecs sont appelés du nom d'Hellènes, 1 Maccabées 8:18; Actes 19:10; 20:21; 21:28; Romains 2:9; 1 Corinthiens 1:24; 12:13; Galates 3:28; Colossiens 3:11, quelquefois de Barbares, Romains 1:14; Colossiens 3:11. Les Juifs, depuis Alexandre le Grand, donnèrent le nom de Grecs à tous les peuples païens en général, soumis à l'empire des Grecs, et ce nom devint, dans le style du Nouveau Testament, synonyme de Gentils.

La langue grecque, si glorieusement immortalisée par Homère, Sophocle et Platon, est tombée aux jours d'Alexandre le Grand; elle avait fait son effort, et ne fut plus, pour ainsi dire, qu'une langue de la conversation, un amalgame de dialectes jusqu'alors distincts. Elle prit une teinte plus judaïsante, plus orientale, dans la traduction des Septante et dans les livres apocryphes; la plume des Israélites lui donna un coloris nouveau, et la langue profane succéda à la langue sainte pour dire aux hommes que le voile était déchiré, que la paroi mitoyenne était rompue. Il ne paraît pas que les Juifs de la Palestine s'en servissent régulièrement; cependant on voit par Marc 7:24,26; Jean 7:35; 12:20, et ailleurs, que Jésus la connaissait et pouvait même enseigner dans cette langue.

Voir: sur le grec du Nouveau Testament la grammaire allemande de Winer.

On annonce depuis longtemps une traduction française de cet important ouvrage.

Quant aux Grecs, Actes 6:1; 9:29,

Voir: Hellénistes.


GRENADE, Grenadier.


Hébreux rimmon. Nombres 13:24; 20:3; 1 Samuel 14:2, et ailleurs. On distingue le grenadier sauvage et le grenadier domestique; ce dernier, haut d'environ trois mètres, a des rameaux menus, anguleux, armés de quelques épines, et revêtus d'une écorce rougeâtre; ses feuilles, semblables à celles du myrte, sont moins pointues, et d'un vert tirant sur le rouge; la fleur est grande, belle, rouge pourpre et d'une forme élégante; le calice est dur, oblong, et en forme de cloche; le fruit est une espèce de pomme couverte d'une écorce rougeâtre en dehors, et rouge en dedans, il s'ouvre en long, et ses neuf ou dix loges renferment des grains pleins de pépins et d'une espèce de jus rouge comme du vin. La grenade participe à toutes les qualités des fruits d'été, elle rafraîchit, et apaise la soif; le moût de grenadier, Cantique 8:2, désigne ou un véritable vin fait de ce fruit, ou plutôt un vin acidulé avec du jus de grenade, selon l'usage que l'on trouve maintenant encore en Orient.

Le grenadier sauvage est plus rude et plus épineux que le précédent, ses fleurs sont astringentes, et sont employées utilement dans les pharmacies. On le trouve en Palestine, en Syrie, en Arabie, et dans la plupart des contrées du midi; c'est l'arbor punica de Pline, le punica granatum de Linnée.

Les espions du désert, en rapportant de Canaan des grenades avec des figues et des raisins, prouvent combien ce fruit était estimé, Nombres 13:24; 20:5, et expliquent les regrets des Hébreux au souvenir de l'Égypte, où ce fruit se trouvait en abondance. Moïse lui-même, dans l'énumération qu'il fait des richesses de Canaan, mentionne expressément la grenade à côté du blé, de l'orge, de l'olive et des autres produits de la terre, Deutéronome 8:8. La forme et la beauté de la grenade l'ont fait mettre comme frange à la robe du souverain sacrificateur, avec des clochettes d'or, les clochettes alternant avec les grenades brodées des couleurs les plus éclatantes, bordure qui signifiait peut-être que le ministre du Seigneur doit, en marchant, porter des fruits excellents et faire retentir le message dont son maître l'a chargé, Exode 28:34; cf. Ecclésiastique 45:9; 1 Rois 7:18,20,42; 2 Rois 25:17, où l'on voit que des grenades étaient l'un des principaux ornements des colonnes du temple de Salomon. Une tranche de grenade est employée, dans le style oriental et poétique, comme le plus bel emblème d'une joue rose et fraîche, Cantique 4:3.


GRENOUILLES,


Exode 8:2-14; Psaumes 78:45; 105:30; Apocalypse 16:13. Quelques auteurs (— Voir: Aben-Ezra) ont cru que l'hébreu tsephardeah, dans ces passages, devait être entendu du crocodile; mais on est généralement d'accord maintenant à regarder la traduction de grenouille comme seule vraie et bien prouvée. Cet animal si peu redoutable devait devenir une plaie pour l'Égypte. Dieu eut pu envoyer des tigrés, des lions, ou seulement des chacals, pour punir le rebelle Pharaon; mais en de si grandes calamités on eût sans doute oublié la cause première, pour ne penser qu'à ces bêtes féroces: on eût organisé des parties de chasse pour les repousser; les chefs du peuple auraient moins souffert que le peuple lui-même, et se seraient aventurés peut-être à chercher un divertissement dans le malheur public. Dieu envoya les grenouilles, race toute inoffensive, mais qui, par sa prodigieuse multiplication, devait être une plaie importune et dégoûtante. Il n'est pas nécessaire de penser à une création surnaturelle de grenouilles; ces animaux, assez nombreux sur les bords du Nil, y déposent chaque année des milliards d'œufs, dont un grand nombre périssent, et les autres viennent éclore dans les marais fangeux que le fleuve laisse chaque fois derrière lui après ses inondations périodiques; il suffit donc de penser qu'en cette année aucun des embryons ne périrent, et qu'ils servirent tous à endurcir le cœur de Pharaon et à préparer l'affranchissement des Israélites.

— Les magiciens imitèrent le miracle comme ils purent, et sur une toute petite échelle; ils se fussent montrés plus habiles et plus puissants s'ils avaient détruit l'œuvre de Moïse et rendu la paix au pays: ils ne le purent, et Pharaon, qui comprit la vanité de cette science mondaine, dut recourir à celui qui avait fait venir le mal sur le pays.

— La circonstance que les grenouilles purent pénétrer partout, dans les maisons, dans les chambres à coucher, dans les fours et dans les huches, s'explique par la construction même des maisons orientales, q.v. (Bochart a consacré soixante-dix pages à la grenouille et aux différentes questions que soulève son histoire, et le rôle qu'elle jouait en Égypte. Hieroz. III, p. 563)

Un auteur anglais, M. Bryant, a cru pouvoir conclure de ce qui est dit Apocalypse 16:13, que la grenouille était anciennement le type hiéroglyphique des magiciens et des prêtres égyptiens.


GRÉSIL,


Exode 16:14; Psaumes 147:16; Job 38:29, phénomène assez commun chez nous dans les froides matinées du printemps et de l'automne. Il est plus remarquable dans les climats du Midi, où des nuits plus fraîches succèdent à des jours plus chauds: la manne du ciel est comparée à ces perles argentées.


GRUAU,


Voir: Froment.


GRUE,


Ésaïe 38:14; Jérémie 8:7; c'est l'hébreu hagour, que nos versions ont rendu par hirondelle, q.v.


GUÉBAH,


Voir: Gabaon.


GUÉBAL


(la fin), Psaumes 83:7; Ézéchiel 27:9, district nommé avec Hammon, Hamalek, et le pays des Philistins; il se trouve probablement sur les confins de l'Arabie Pétrée; de nos jours encore un canton séparé du district de Kérek par la vallée de El Ahsa, porte le nom de Dschebal. La ville de ce nom, appelée Byblos chez les Grecs, Josué 13:5, faisait partie de la terre promise; ses habitants étaient connus comme de bons marins et d'habiles architectes; elle était célèbre par son temple et était le siège du culte d'Adonis: on y trouve encore de nombreuses ruines de tours remarquables, des colonnes, etc.


GUÉBIM


(sauterelles), Ésaïe 10:31, ville inconnue-de la Palestine, située, à ce qu'il paraît, dans les environs de Jérusalem.


GUÉDALIA


(la grandeur de l'Éternel),

  1. fils d'Ahikam, et gouverneur de la Judée au nom du royaume de Babylone, après la destruction de Jérusalem, 2 Rois 25:22; Jérémie 40:3. Il demeurait à Mitspa, où se trouvait une petite garnison babylonienne, 2 Rois 25:25; Jérémie 40:6,8. Il eut des relations d'amitié avec le prophète Jérémie, selon l'exemple de son père, et fut chargé, par Nébucadnetsar, de veiller à sa sûreté. Il rappela un grand nombre de Juifs qui s'étaient enfuis dans les contrées d'Hammon et de Moab, favorisa de nouveau leur établissement, leur assura une vie tranquille et paisible, mit ses efforts à les rendre heureux, tout en leur conseillant la soumission, et leur procura même les moyens d'élever un autel sur les ruines du temple: c'est du moins ce qui paraît résulter de Jérémie 41:5. Il fit donner des champs et des vignes aux pauvres qui étaient demeurés de reste dans le pays, et l'on pouvait espérer que sous cet humble mais digne successeur des rois d'Israël, le pays ne tarderait pas à recouvrer quelque prospérité. Un meurtre empêcha la réalisation de ces espérances. Prévenu, par le fidèle Johannan, des coupables projets d'Ismaël, Guédalia refusa d'y croire, défendit à Johannan de prévenir le coup fatal, et fut assassiné, victime de sa trop généreuse confiance, deux mois à peine après la ruine de Jérusalem (Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 10, 9; 3. Jérémie 40:14) Ce fut le dernier coup porté aux espérances des Juifs. Un jeûne solennel fut institué en mémoire de cet événement, Zacharie 8:19, et beaucoup de Juifs, effrayés, émigrèrent pour l'Égypte, Jérémie 42 et 43,.
     

  2. Guédalia, fils de Pashur, Jérémie 38:1, et officier de Sédécias, exerçait avec Séphatia, Jucal et Pashur, une grande et fâcheuse influence sur l'esprit du roi: ils incitèrent, à différentes reprises, le faible monarque contre le prophète Jérémie, qui conseillait à la ville de se rendre, et obtinrent la permission de le transférer de sa prison dans une fosse profonde et boueuse, où il eût péri si Dieu n'eût envoyé à son secours Hébed Mélec. Guédaliah, dans ses persécutions, ne fit qu'imiter la haine de son père. Cf. 1 Chroniques 9.
     

  3. Grand'père du prophète Sophonie, Sophonie 1:1.
     

  4. Lévite, 1 Chroniques 25:3.


GUÉHAZI


(vallée de vision), 2 Rois 4:12, serviteur d'Élisée, suivit son maître chez la Sunamite, jouit de la confiance de l'un et de l'autre, et obtint du prophète, pour son hôtesse, la promesse qu'un fils lui serait donné; mais bientôt ce fils fut enlevé à l'amour maternel, et la pieuse femme, pleine de foi, comprit que celui qui le lui avait donné et qui le lui avait ôté, pourrait aussi le lui rendre: elle courut vers Élisée, et celui-ci envoya Guéhazi; mais, soit manque de foi chez ce serviteur, soit que la mère elle-même ne vît qu'avec défiance le départ de ce messager bien indigne de son maître, Guéhazi posa en vain le bâton du prophète sur le visage de l'enfant, l'enfant ne revint pas à la vie; Guéhazi avait plus de foi en son maître qu'en Dieu, et son incrédulité ne pouvait opérer des miracles.

— Plus tard, Naaman ayant été guéri de sa lèpre par le prophète hébreu qu'il était venu consulter, Guéhazi courut après le général syrien pour lui demander la récompense qu'avait refusée son maître; il mentit pour l'avoir, mentit pour cacher son mensonge, puis mentit au prophète en disant: Ton serviteur n'a été nulle part. Mais la lèpre de Naaman s'attacha à lui avec ses richesses, et lui fut donnée en souvenir éternel de son avarice et de sa fausseté, 2 Rois 5. Nous retrouvons encore Guéhazi, mais on ne sait en quelle occasion, racontant à Joram les grandes choses qu'avait faites Élisée, 2 Rois 8:4; la Sunamite étant survenue pour présenter une requête au roi, le serviteur la reconnut, raconta son histoire, et intéressa tellement le monarque en sa faveur, qu'il lui fit rendre ses champs et tout ce qui lui avait appartenu. Il est évident que Joram, pendant tout cet entretien, observa les prescriptions cérémonielles exigées à l'égard des lépreux: d'autres pensent que les faits sont intervertis, et que cette conversation eut lieu avant la guérison de Naaman; d'autres, enfin, supposent, mais sans fondement, que Guéhazi repentant aurait reçu du prophète son pardon et sa guérison, et que c'est lui déjà que l'on voit, 2 Rois 6:15, à côté de son maître à Dothan.


GUÉ-HINNOM,


Voir: Hinnom.


GUÉMARIA


(achevé par l'Éternel), fils de Saphan, secrétaire du temple sous Jéhojakim, Jérémie 36:10. C'est dans sa chambre, près de la porte du temple, que Baruch fit d'abord lecture des paroles de Jérémie contre le roi; Guémaria fut également présent à la lecture qui en fut faite à Jéhojakim, et joignit ses efforts à ceux d'Elnathan et de Delaïa pour obtenir que le roi respectât le précieux rouleau.

— Il ne faut pas le confondre avec celui dont il est parlé Jérémie 29:3;

Voir: Élhasa.


GUÊPES.


Ésaïe 7:18;

Voir: Frelons.


GUÉRAR


(pèlerinage), Genèse 10:19, ville des Philistins, située près de Béersébah dans une fertile plaine basse; elle servit de refuge à Abraham et à Isaac pendant une famine, et fut pour l'un et l'autre un lieu d'humiliations et d'épreuves, Genèse 20 et 26; elle était entre les déserts de Kadès et de Sur, à trois journées de Jérusalem. Elle marqua plus tard le terme des poursuites triomphales d'Asa, vainqueur de l'armée d'Éthiopie commandée par Zérah, 2 Chroniques 14:13.

— Des sources d'eau se trouvaient dans son voisinage, Genèse 26:17, et sont mentionnées par Sozomène, 6:32; 9:17.


GUÉRIZIM.


Le mont Garizim ou Guérizim et le mont Hébal, sont deux sommets des montagnes d'Éphraïm, situés vis-à-vis l'un de l'autre en demi-cercle, et formant l'étroite vallée au fond de laquelle se trouve la ville de Sichem ou Naplouse. Le mont Hébal, le plus septentrional, est un rocher désert et aride, d'un aspect triste et sévère; aucune herbe ne croît sur ses flancs désolés, et les sombres cavernes y abondent. Le Guérizim, qui s'élève au midi, est au contraire fertile, d'un aspect riant, riche en verdure, émaillé de fleurs et abondant en fruits de toute espèce. Ces deux montagnes avaient été choisies par le législateur mourant pour y célébrer la fête sérieuse et solennelle de l'alliance de l'Ancien Testament, Deutéronome 11:29; 27:12. Sur le mont Hébal, dont le front portait déjà l'empreinte sinistre de la ruine, six tribus durent répondre: Amen! aux malédictions qui devaient être prononcées contre les transgresseurs de la loi; ce fut aussi là qu'on érigea l'autel et qu'on offrit les holocaustes et les sacrifices, sur la même montagne où le péché devait être montré et représenté avec ses terribles conséquences; le remède devait se trouver à côté du mal et les promesses à côté de la transgression, à côté de grandes malédictions un grand sacrifice. Une scène bien différente se passait au même moment sur le mont Guérizim dont déjà la nature avait fait un emblème de bénédiction; là, les six autres tribus répondaient: Amen! aux promesses de bénédiction faites à ceux qui auraient accompli les exigences de la loi divine. L'ordonnance de la solennisation de cette grande fête était comme le sommaire de la législation mosaïque, le point dans lequel se trouvait concentrée et le plus fortement prononcée la profonde signification de cette ancienne économie, le cadre, le miroir dans lequel se reflétait par avance le but de tout ce système préparatoire.

Il y a entre le texte hébreu et le texte samaritain, au sujet de la célébration de cette fête nationale, une différence de version sur laquelle on a beaucoup écrit et beaucoup discuté. Dans le samaritain de Deutéronome 27:4, on lit Garizim, tandis que l'hébreu, appuyé de toutes les anciennes versions, porte Hébal. Mais les Samaritains sont à juste titre suspects d'avoir altéré sciemment le texte sacré pour le mettre d'accord avec leurs coutumes; en effet, après le retour de l'exil, ils bâtirent sur le mont Guérizim un temple qui fut détruit deux siècles plus tard par Jean Hyrcan: cet endroit n'en continue pas moins d'être regardé par eux comme sacré et béni; et le petit reste de Samaritains qui sont encore actuellement à Naplouse, l'appellent toujours le mont sacré, et y tournent leur visage quand ils font leur prière. Il y a plusieurs autres traditions sur ce sujet: quelques-uns disent que les Samaritains, outre le vrai Dieu, adoraient des idoles qu'ils tenaient cachées sur cette montagne, cf. 2 Rois 17:33. Les Samaritains prétendent aussi que Jacob construisit des autels sur le Guérizim, et que c'est là qu'Abraham se rendit pour sacrifier Isaac; mais,

Voir: Morija.

Eusèbe et saint Jérôme placent ces deux montagnes beaucoup plus loin, à l'orient de Jérico et de Guilgal; et Épiphane va jusqu'à les mettre au-delà du Jourdain; ces opinions ne sont pas soutenables; Guérizim était si près de Sichem que Joatham, fils de Gédéon, parla du haut de la montagne aux Sichémites assemblés dans la vallée. Juges 9:7.


GUERRE.


C'est les armes à la main que les Israélites commencèrent leur existence comme peuple; c'est dans une guerre de conquête qu'ils entreprirent pour la première fois de faire connaître qu'ils n'étaient plus seulement une famille, mais une nation. Lorsqu'ils quittèrent l'Égypte, ils étaient sans patrie, mais leurs ancêtres avaient habité la terre qu'occupaient maintenant les tribus cananéennes, et ils résolurent, sous la conduite de Moïse, d'aller s'y établir et d'en chasser les propriétaires légitimes et naturels; d'esclaves ils se firent soldats; Dieu légitimait pour eux cette conquête, qui eût été sans cela aussi odieuse que le sont toujours les expropriations des peuples. Devenus maîtres du pays, les Israélites durent encore, pendant plusieurs siècles, rester sur la défensive, continuellement exposés aux attaques de leurs ennemis vaincus mais non anéantis; ce fut la période des juges. Les guerres n'étaient alors que des successions de petits combats sans ordre ni plan; chaque roitelet s'insurgeait dès qu'il avait quelques soldats disponibles, sans chercher à s'entendre avec ses voisins. L'art de la guerre ne fit des progrès que sous les rois, sous Saül d'abord, puis surtout sous David, et les Israélites furent bientôt en mesure d'opposer à leurs ennemis des troupes aussi régulières et aussi bien disciplinées que pouvaient l'être celles de ces ennemis eux-mêmes.

Avant d'ouvrir une campagne, ce qui avait lieu ordinairement au printemps, 2 Samuel 11:1, on commençait par consulter l'Urim et le Thummim, Juges 20:27; 1 Samuel 14:37; 23:2; 28:6; 30:8, ou quelqu'un des prophètes, 1 Rois 22:6; 2 Rois 19:2; 2 Chroniques 18:4. Puis venait la proclamation faite par les officiers du camp aux hommes timides, aux nouveau-propriétaires, aux nouveau-mariés, etc., qu'ils eussent à se retirer. Suivait la déclaration de guerre: on s'approchait de la ville ou du camp ennemi, et l'on demandait la paix, une explication, ou la réparation des torts suivant les cas: la paix entraînait nécessairement pour le peuple ennemi son assujettissement à Israël; si la paix n'était pas acceptée la guerre commençait, guerre d'extermination dans laquelle les deux combattants cherchaient mutuellement à s'anéantir, Deutéronome 20. On voit des exemples de déclarations de guerre, Juges 11:12; 1 Rois 20:2; 2 Rois 14:8. Une fois en présence de l'ennemi, un sacrifice était offert pour l'heureux succès de l'entreprise, et un prêtre ou le général en chef lui-même adressait aux soldats une allocution militaire de nature à stimuler leur courage et leurs forces; 1 Samuel 7:9; 13:8; Deutéronome 20:2; 2 Chroniques 20:20. Les trompettes donnaient le signal de l'attaque, et ce signal était chez les Hébreux comme chez tous les peuples de l'antiquité, et même chez quelques peuples modernes, suivi d'un cri effroyable poussé par l'armée entière, 1 Samuel 17:20; Ésaïe 42:13; Sophonie 1:14; Jérémie 50:42; Ézéchiel 21:22 (cf. Iliad. 3, 3; 4, 452; 2, 144; 394. Tite-Live 5, 39. Tacit. Germ. 3. — Voir: encore la plupart des anciennes batailles de la Suisse, Morgarten, Sempach, etc.)

— L'ordre de bataille était tout à fait simple, et la tactique n'avait guère d'autre complication que la division de l'armée en trois corps ou ailes, Juges 7:16,19; 1 Samuel 11:11; 2 Samuel 18:2 (cf. Ésaïe 8:8; et Job 1:17), quelque fois quatre, 2 Maccabées 8:21. Après quelques flèches tirées, le combat commençait corps à corps, les guerriers retroussaient leurs vêtements et mettaient leurs bras à découvert, Ézéchiel 4:7; Ésaïe 52:10.

On voit une fois deux guerriers décider en combat singulier du sort des armées dont ils sont les représentants, David et Goliath, 1 Samuel 17; cf. encore 2 Samuel 2:14. Les ruses de guerre sont peu nombreuses et peu variées dans l'histoire juive; on remarque l'attaque subite de Gédéon, Juges 7:16, les embûches, Josué 8:2,12; Juges 20:36; 1 Samuel 15:5, les surprises, 2 Samuel 5:23, enfin l'espionnage, Josué 6:22; Juges 7:10; 1 Samuel 26:4; etc. (cf. 2 Rois 7:12). Les Hébreux avaient de plus l'habitude, pour assurer le succès de leurs armes, de porter avec eux l'arche de leur alliance, 1 Samuel 4:4; cf. 1 Samuel 5:11.

L'antiquité tout entière s'est montrée barbare à l'égard des vaincus, les Hébreux n'ont pas fait exception à cette règle; on tranchait la tête au général ennemi, Juges 7:25; 1 Samuel 17:54; 31:9, on pillait et saccageait tout ce que l'on pouvait atteindre, 1 Samuel 31:8, les prisonniers étaient, ou emmenés en esclavage, Deutéronome 20,14; ou mis à mort, Juges 9:45, et quelquefois d'une manière cruelle, 2 Samuel 12:31; 2 Chroniques 25:12; cf. Juges 8:7, ou enfin mutilés, Juges 1:6; 1 Samuel 11:2. On exerçait les mêmes rigueurs contre les femmes et contre les enfants, même contre les tout petits enfants, que l'on écrasait et broyait sur des rochers ou au coin des maisons, 2 Rois 15:16; cf. 8:12; Ésaïe 13:16; Amos 1:13; Osée 10:14; 13:16; Nahum 3:10. On coupait les jarrets des chevaux, 2 Samuel 8:4. Les villes étaient brûlées ou détruites, Juges 9:45, et les temples des dieux étrangers anéantis, 1 Maccabées 5:68; même les champs et les campagnes étaient ravagés, 1 Chroniques 20:1; 2 Rois 3:19,25. Puis on célébrait la victoire par des cris de joie, des chants de triomphe et des danses, Juges 5; 1 Samuel 18:6; 2 Samuel 22:1; Juges 16:24, et l'on dressait quelque monument commémoratif, 1 Samuel 15:12; 2 Samuel 8:11. Il paraît même que l'on déposait dans le temple en guise de trophées, et comme mémorial de l'assistance du Très-Haut, les armes enlevées à l'ennemi, 1 Samuel 21:9; cf. 13:10; 2 Rois 11:10; 1 Chroniques 10:10; cf. Virgile Æneid. 7, 183. Tacit. Ann. I, 59, 2. Des récompenses étaient accordées à ceux qui s'étaient distingués par des faits d'armes, Josué 15:16; 1 Samuel 17:25; 18:17; 1 Chroniques 11:6; cf. 2 Samuel 18:11. La garde de David paraît avoir été un poste d'honneur accordé aux plus vaillants, 2 Samuel 23:8. L'armée honora de bonne heure par un deuil officiel, ses chefs tombés dans la bataille, 2 Samuel 3:31, on les ensevelissait avec leurs armes (Ézéchiel 32:27); en général c'était aux soldats survivants de donner la sépulture à ceux de leurs camarades qui avaient succombé, 1 Rois 11:15.

Voir: encore Armée, Armes, Camp, Forteresse. Nombres, Sabbat, etc.

Il y a quelque chose de choquant pour la piété, dans le nombre et le caractère des guerres des Israélites. On peut les expliquer, on peut même les justifier, puisque la plupart de ces guerres ont été commandées de Dieu même; elles avaient un caractère théocratique; c'était le règne du Seigneur que les Israélites établissaient, en défendant leur territoire, et en détruisant leurs ennemis; ils se battaient, à leur point de vue, pour la bonne cause. Mais quoi qu'on dise et qu'on fasse, la guerre, ce meurtre en grand, ce meurtre organisé, la guerre qui représente en morale la haine, et en justice le droit du plus fort, la guerre n'a pu être, même pour Israël, qu'une concession divine, aux circonstances peut-être, ou à l'endurcissement et au matérialisme d'un peuple charnel et peu développé. La religion qui a pu en être le prétexte, n'a été que cela. Et pour tout dire en un mot, si Dieu a permis la guerre aux Juifs, c'est parce qu'ils étaient Juifs, et non chrétiens. Ils représentaient un peuple, et non l'humanité, la secte, et non l'Église; secte, ils devaient être intolérants, et l'on sait combien peu la religion a de part, même dans les guerres dites de religion. Le christianisme, d'accord avec la logique, le bon sens, et l'instinct de l'humanité, flétrit l'idée qui préside à la guerre; le chrétien ne peut être rendu complice des haines ou des ambitions de ce monde, et la loi de Dieu reste supérieure à la loi des hommes, en ce point comme en tout autre. Le travail de M. Rochat ne nous a pas convaincu que le chrétien puisse rejeter sur l'État la responsabilité de son service militaire.


GUERSOM ou Guerson, et Élihézer,


fils de Moïse et de Séphorah, Exode 2:22; 18:3; 1 Chroniques 23:15. Ils sont peu connus, et paraissent être restés toute leur vie d'humbles et simples lévites, pendant que leurs cousins, fils d'Aaron, brillaient au sommet de la hiérarchie pontificale. C'est probablement de Guerson, fils de Moïse qu'il est parlé Juges 18:30, quoique le texte porte fils de Manassé; la différence n'est que d'une N dans l'original (Mshé, Mnshé), et cette N aura été ajoutée par les copistes pour éviter de compter dans la postérité du législateur, et à la seconde génération déjà, le premier prêtre idolâtre, Jonathan.


GUERSON


fils aîné de Lévi, Genèse 46:11, a donné son nom à l'une des grandes familles des Lévites. Les Guersonites comptaient 7,500 hommes au moins après la sortie de l'Egypte, Nombres 3:21. Ils étaient chargés de soigner et de porter les voiles et les draperies du pavillon, et avaient dans le camp leur place à l'occident du tabernacle. Nombres 3:23,25; cf. Exode 6:16; 1 Chroniques 6:1.


GUÉRUTH,


Jérémie 41:17;

Voir: Kimham.


GUÉSUR ou Gessur,


(pont) ou Gessur.

  1. District au-delà du Jourdain dans la demi-tribu de Manassé, Deutéronome 3:14; Josué 12:5; 13:13, et dans le voisinage de Mahacath et de la Syrie, ce qui explique comment cette contrée peut être appelée Guésur de Syrie, 2 Samuel 15:8 (quoique quelques auteurs, Jahn et Gesenius, aient voulu voir là un autre Guésur que celui dont il est parlé dans le Deutéronome). Guésur, à l'époque de Salomon, formait encore un petit État monarchique indépendant, dont le roi était beau-père de David et grand-père d'Absalon, 2 Samuel 3:3; 13:37; 14:23; 15:8;

    Voir: encore 1 Chroniques 2:23.

    Les Gessuriens, dit Bræm, sont, à ce qu'on suppose, des Ismaélites qui, par des circonstances inconnues, se seraient établis dans les montagnes qui forment le bras sud-est de l'Hermon. Ce sont les Ituréens, que les auteurs grecs et romains disent être un peuple de brigands, la plus barbare de toutes les nations. Manassé ne les a pas soumis sans de grands efforts, et Rome dans toute sa puissance leur a fait longtemps la guerre avant de les dompter. On les croit ancêtres des Druses, peuple belliqueux et passionné de sa liberté, dont la religion est un mélange de l'idolâtrie syrienne et du mahométisme.
     

  2. Une autre peuplade de ce nom est mentionnée, 1 Samuel 27:8, comme habitant le sud de la Palestine avec les Guirziens et les Hamalécites; ils étaient sans doute voisins des Philistins, tirant du côté de l'Égypte, mais on ne peut déterminer au juste leur territoire, d'autant moins que l'historien des livres de Samuel semble indiquer que de son temps déjà les Guésuriens avaient changé de demeure.


GUÉTHER,


Genèse 10:23, peuplade araméenne complètement inconnue. Saint Jérôme a pensé aux Cariens, Flavius Josèphe aux Bactriens, Saadias à une peuplade qui du temps de Mahomet occupait la contrée de Mosul; Bochart a regardé vers le fleuve Centrites qui séparait les Carduchiens des Arméniens; Leclerc, enfin, songe à la ville de Carthara sur le Tigre, dont il est parlé dans Ptolémée 5, 18.


GUÉZEM,


Voir: Gasmu.


GUÉZER,


ville royale des Cananéens, Josué 10:33; 12:12; 16:3,10; 21:21, située entre Beth-Horon et la mer Méditerranée, plus tard frontière occidentale de la tribu d'Éphraïm, et ville lévitique; elle continua cependant toujours d'être habitée par les Cananéens, Juges 1:29; 1 Rois 9:16, et nous la trouvons, aux jours de David, entre les mains des Philistins, 2 Samuel 5:25; 1 Chroniques 20:4. Pharaon l'ayant prise sur ces derniers, la donna à Salomon en présent de noces, et Salomon la fortifia, 1 Rois 9:16-17. On ignore pourquoi Pharaon la fit réduire en cendres, puisqu'il voulait l'offrir au roi d'Israël; peut-être avait-elle été incendiée par un de ses prédécesseurs; peut-être aussi n'y a-t-il eu là qu'une vengeance à l'orientale. Elle porta plus tard le nom de Gazara ou Gazera, Gazer chez Eusèbe, et Gadaris chez Strabon.


GUIBHA, ou Guibhath-Saül,


  1. ou Guibhath-Saül, ville de la tribu de Benjamin. La première fois qu'elle apparaît dans l'histoire, c'est comme le théâtre d'un grand crime commis dans ses murs, et par ses habitants, sur la personne d'une femme qui tomba morte à la suite de leurs outrages, Juges 19:14. Les chapitres 20 et 21 renferment la guerre des tribus contre Benjamin, qui refusa de punir ses ressortissants, et la presque complète extermination de la tribu tout entière. Le nom de Guibha, qui signifie colline, étant fort répandu, cette ville se distinguait des autres villes du même nom par l'addition du nom de la tribu à laquelle elle appartenait, 1 Samuel 13:2; 14:16; 2 Samuel 23:29. Guibha ne tarda pas à être rebâtie; mais elle resta toujours un petit bourg. Elle donna le jour à Saül, dont elle prit le nom, et fut la résidence ordinaire de ce premier roi, 1 Samuel 10:26; 11:4; 15:34; 23:19; 26:1; Ésaïe 10:29.

    — Elle était située à 20 ou 30 stades (5 ou 6 kilomètres) au nord de Jérusalem, près de Rama.
     

  2. Ville de Juda, Josué 15:57.
     

  3. Guibhath de Phinées, dans la montagne d'Éphraïm. Éléazar, fils d'Aaron, y avait son tombeau, Josué 24:33 (au lieu de coteau il faut lire Guibhath). Quelques-uns la confondent avec la première. D'après Eusèbe, elle était à 12 milles d'Éleuthéropolis, et renfermait le tombeau du prophète Habacuc.


GUIBBÉTHON,


ville des Philistins, située sur le territoire de Dan, Josué 19:44. Elle fut donnée à la tribu de Lévi, Josué 21:23, mais les Philistins continuèrent d'en demeurer les maîtres, malgré les efforts des Israélites, qui cherchèrent à s'en emparer comme d'une ville frontière, importante parce qu'elle était fortifiée, 1 Rois 15:27; 16:15.


GUIDHOM,


Juges 20:45, ville inconnue.


GUIHON,


  1. Genèse 2:13, un des quatre fleuves du paradis, celui qui coule en tournoyant par tout le pays de Cus. Quel est-il maintenant? Les uns en ont voulu faire le Nil (!), d'autres l'Oxus, d'autres l'Oronte, d'autres l'Araxe. La première de ces suppositions est inacceptable, et l'on ne comprend pas comment les Pères de l'Église, Flavius Josèphe, les mahométans, et de nos jours encore Gesenius, ont pu penser à faire du Nil un des fleuves du paradis, en lui donnant une source commune avec l'Euphrate: une interprétation trop étroite du nom de Cus, q.v., aura amené ce résultat bizarre. Quant aux autres fleuves que l'on a voulu entendre par le Guihon, nous avons vu, à l'article Déluge, combien ce grand bouleversement avait dû changer l'état de choses indiqué par Moïse. L'Oxus porte en effet, encore de nos jours, le nom de Guihoun ou Djihoun, mais cela ne suffit pas à établir une preuve; car la racine de ce mot, giah, signifiant jaillir avec impétuosité, bondir (c'est le terme employé en parlant du cheval, Job 39:23), et conservant cette signification dans presque tous les dialectes sémitiques, il est clair que ce nom, ou un nom semblable, a dû être donné à beaucoup de fleuves en Asie; ainsi, le Volga s'appelle en perse Gihun Atel, le Gange Gihun Kank, l'Araxe Gihun Elras, l'Oxus Gihun, et la fontaine de Siloé Guihon, à cause de l'abondance de ses eaux, 1 Rois 1:33,38. Le Guihon ne pouvant ainsi se retrouver ni par son étymologie, ni par les anciennes autorités, ni par l'usage de la langue de nos temps, nous sommes réduits à des conjectures. Dans le système que nous avons exposé (— Voir: Déluge), la difficulté n'en est pas une; si, au contraire, on se rattache à l'opinion qui place le paradis dans le voisinage de l'Ararat actuel, si l'on croit que les fleuves du paradis puissent encore se retrouver, quoique bouleversés, sur un même plateau, l'Araxe est celui dont l'identité se justifierait le mieux. C'est, entre autres, l'opinion de Winer et de Preiswerk. Ajoutons que les Arabes, en appelant l'Araxe Gihun Elras (Erras ou Arras), ont réuni le nom ancien et le nom moderne, ont ajouté au nom hébreu sa traduction grecque, puisque le grec άράσσω a la même signification que l'hébreu giah, circonstance qui semblerait prouver qu'originairement l'Araxe a porté de préférence le nom de impétueux, de Guihon.
     

  2. Montagne au dos large et rocailleux, du haut de laquelle on domine Jérusalem.
     

  3. Vallée à l'ouest de Jérusalem; elle va du nord au sud, entre le mont Guihon et le promontoire de la ville; son inclinaison est considérable, et sa profondeur augmente rapidement; elle contient plusieurs étangs; vers le sud sa largeur s'accroît jusqu'à 2,700 pieds, et elle débouche dans la vallée de Josaphat.

    Voir: Topheth, Hinnom, Haceldama, etc.

    — Ce nom s'applique d'une manière spéciale à la partie septentrionale de la vallée de Hinnom; c'est là que fut proclamé Salomon, 1 Rois 1:33,38,45; cf. 2 Chroniques 32:30.


GUILBOAH,


montagne de la tribu d'Issacar, à l'extrémité sud-est de la plaine de Jizréhel, selon Jérôme et Eusèbe, à 6 milles de Bethsan (Scythopolis). C'est sur cette montagne que Saül et Jonathan perdirent la vie, en combattant contre les Philistins, 1 Samuel 28:4; 31:1; David, dans l'hymne funèbre qu'il composa sur cet événement, semble indiquer que cette montagne était fertile, 2 Samuel 1:6,21; il la maudit pour avoir été le théâtre d'une scène de deuil si affligeante, et de nos jours elle est sèche et stérile (Keith, Juifs d'Eur. etc., p. 267). Au temps d'Eusèbe, on y voyait encore un gros bourg nommé Gelbos, et près delà la source Tubania.


GUILGAL,


  1. Josué 12:23. Quelques-uns pensent que cette ville est la même que celle qui est indiquée Josué 4:19, et dont nous allons parler; d'autres confondent Guilgal des Gentils avec la Galilée des Gentils, Ésaïe 9:1, en supposant une erreur de copistes. Il paraît plus probable que c'était une ville à part, à 6 milles au nord d'Antipatris, appelée Galgule par Eusèbe.
     

  2. Guilgal, la première station des Israélites après la traversée du Jourdain, Josué 4:19. Elle était située entre le fleuve et Jérico, à 10 stades (2 kilomètres) sud-est de cette ville: elle se trouvait ainsi probablement sur le territoire de Benjamin. Une ville y fut bâtie, et prit le nom de Guilgal, à cause de la circoncision que le peuple reçut en cet endroit, parce qu'après cette opération le Seigneur dit: J'ai roulé (enlevé) de dessus vous l'opprobre d'Égypte (de galal, rouler) Josué 5:1-9. Il n'existe plus aucune trace de cette ville, et cependant elle a été célèbre dans l'histoire juive: c'est de là que les Israélites firent la conquête de Canaan, 9:6; 10:6; sq. Samuel en fit le siège du tabernacle jusqu'au temps où on le transporta à Silo, et lui-même s'y fixa pour y rendre la justice, 1 Samuel 7:16; 10:8; 11:14; 15:21,33. Les Israélites y avaient célébré leur première Pâque en Canaan, et le blé du pays y remplaça la manne, du désert, Josué 5:11. Sous la domination des Moabites, elle devint un siège de l'idolâtrie, Juges 3:19 (il faut lire idoles au lieu de carrières, dans ce passage; c'est du moins le sens ordinaire du mot phesil, employé, par exemple, Deutéronome 7:25; Jérémie 8:19); le culte du vrai Dieu y est rétabli sous Samuel, Saül y est sacré roi, 1 Samuel 13:7-9. Puis, sous Hozias, Jotham et Achaz, elle redevient pour la seconde fois le centre de l'idolâtrie, et les prophètes montent à la brèche pour combattre l'erreur, Osée 4:15; 9:15; 12:12; Amos 4:4; 5:5.

    — Guilgal devait son importance, dit Brœm, à sa situation près de la porte sud-est du pays occidental (Bethséan en est la porte nord-est, Acre la clef nord-ouest, Joppe la clef sud-ouest); elle a remplacé Jérico détruite par Josué, et elle disparaît à mesure que la nouvelle Jérico se relève, s'accroît et reprend une place dans l'histoire; «elle a été entièrement transportée», Amos 5:5. Au temps d'Eusèbe, on en trouvait encore quelques ruines, et les Arabes, de nos jours, donnent le nom de Galgala à une colline qui est près des bords du Jourdain, et qui est couverte de pierres; mais Guilgal devait être plus éloigné de ce fleuve, au moins à 50 stades (10 ou 11 kilomètres).


GUIRGAZIENS ou Gergésiens,


peuplade cananéenne, Genèse 10:16; 15:21; Deutéronome 7:1; cf. Josué 24:11, qui paraît avoir habité la partie nord-est du lac de Génésareth, si du moins on en croit ce que dit Origène d'une ville de Gergésa située sur les bords de ce lac;

Voir: Gadara.

Du reste, complètement inconnue. On suppose qu'ils émigrèrent en masse à l'approche des Israélites.


GUIRZIENS,


1 Samuel 27:8, peuplade au sud de la Palestine. Le Keri (notes en marge) lit Guizériens, ce qui ferait penser à des colons de la ville de Guéser; mais c'est incertain.


GUITTITH.


Ce mot, qui se trouve en tête des psaumes 8:81 et 84, a été interprété de diverses manières, ou comme le nom d'un instrument de musique, ou comme l'indication de l'air sur lequel le psaume devait se chanter, ou comme sommaire du psaume. Ces deux dernières suppositions s'appuient sur la signification de gath, pressoir, et l'on a eu l'idée que c'étaient des psaumes à chanter en automne, lorsqu'on fait la vendange; mais rien, ni dans le contenu de ces psaumes, ni dans l'analogie de la langue, ne justifie cette hypothèse. Ceux qui veulent y voir le nom d'un instrument pensent, les uns, que cet instrument avait quelque ressemblance dans sa forme avec celle d'un pressoir, les autres, qu'il s'agit d'un instrument de musique dont la fabrique était à Gath; faute de mieux, il convient peut-être de s'arrêter à cette dernière manière de voir, qui est celle des interprètes juifs, de De Wette et de Stier.


GUR-BAHAL,


2 Chroniques 26:7, ville ou district inconnu de l'Arabie Pétrée, sur les limites méridionales de la Palestine.