Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-T
septembre 3, 2010
T
TABBAT,
ville de Palestine, qui fut le terme de la fuite des Madianites, Juges 7:22. Elle n'est connue que par cette mention.
TABÉAL,
Ésaïe 7:6, père de l'homme à qui les rois alliés de Syrie et d'Israël se proposaient de donner la couronne de Juda, après avoir détrôné Achaz. On suppose, à cause du verset 5, et à cause des prétentions bien connues d'Éphraïm, que Tabéal était Éphraïmite, et quelques auteurs pensent que son fils était l'ambitieux Zicri.
TABÉEL,
— Voir: Bislam.
TABERNACLE.
Ce mot qui a fini par prendre,
dans notre langue, une signification, ou,
pour ainsi dire, une couleur particulière,
n'est autre que le mot latin qui signifie
tente, et nous réunissons, dans un même
article, ce qu'il y a à dire sur les tentes
des Hébreux, et sur les divers tabernacles
dont il est parlé dans l'Écriture.
Les tentes sont le plus ancien système
d'habitations que la civilisation ait donné
aux hommes; comparées aux cavernes des
hommes primitifs, elles sont le premier pas
vers le progrès, et les peuplades nomades,
les Arabes en particulier, en conservèrent
l'usage longtemps après l'introduction d'un
mode d'habitation plus solide, Habacuc 3:7.
Les soldats, les bergers et les voyageurs de
l'Orient, continuèrent également de s'en
servir, et ces derniers, au temps de Jésus,
portaient souvent avec eux des tentes
légères et faciles à transporter, n'étant
pas toujours assurés de trouver pour la nuit
un abri ou un gîte hospitalier. Les
patriarches demeuraient dans des tentes,
Genèse 13:3,12; 18:1; 26:25, et plusieurs
expressions du Pentateuque, qui n'ont pas
dans nos traductions la même valeur, sont
empruntées à la manière de planter, de
dresser ou d'enlever les tentes. Elles
étaient d'abord couvertes de, peaux; plus
tard on y substitua des couvertures de laine
ou de poil de chameau, ordinairement noires,
ou du moins foncées, Cantique 1:4; celles
qui étaient tissées avec du poil de chèvre
passaient pour les meilleures contre la
pluie; les chèvres de Cilicie fournissaient,
sous ce rapport, les matières les plus
estimées, et l'on croit que c'est à faire
des étoffes de ce genre que s'occupait
l'apôtre Paul de Tarse. La couverture,
supportée par une ou plusieurs perches,
était assujettie dans la terre par des
pieux, et fortement tendue. La forme des
tentes de l'Orient moderne, est ronde, ou
ovale comme la coque renversée d'un
vaisseau; l'intérieur est divisé, par des
rideaux ou tapis, en trois compartiments,
dont le premier est réservé aux animaux
délicats (les autres restent dehors), le
second aux hommes, le troisième aux femmes.
Les riches avaient même pour les femmes, et
spécialement pour les veuves, des tentes
séparées, Genèse 24:67,31,33, comme les
émirs de nos jours en Arabie. La première
division même, au lieu d'être affectée au
bétail, sert quelquefois de vestibule chez
les grands personnages, et de chambre pour
les gens de service. Le sol est garni de
tapis ou de nattes, qui font, la nuit,
l'office de lits. L'ameublement de ces
tentes est toujours fort simple: une lampe
pour éclairer l'intérieur, et un tapis de
cuir, coupé en rond, pour servir de nappe à
l'occasion. Les villages nomades campent
ayant leurs tentes disposées circulairement,
et gardées par de gros et mauvais chiens
(Arvieux). Il est parlé de villages
semblables, Genèse 25:16; Ésaïe 42:11: ce
sont plutôt des campements.
Le tabernacle d'assignation, appelé
aussi tabernacle de l'assemblée, ou
tabernacle de Dieu, parce que c'était là
qu'Israël s'assemblait dans le désert pour
le service divin, était une grande tente
mobile, garantie des injures du temps par
plusieurs couvertures que Moïse construisit
d'après le modèle que Dieu lui-même lui en
avait donné sur le Sinaï, Hébreux 8:5; Exode
25-27, surtout 26:15-30; et 36:3; sq..
Le tabernacle était un rectangle dont la
largeur et la longueur étaient entre elles
comme 8 à 20; il était fermé de trois côtés,
au nord, au sud, et à l'ouest, par des ais
d'acacia couverts de lames d'or, avec des
bases d'airain, hauts de 10 coudées, larges
de 1 coudée 1/2, emboîtés l'un dans l'autre
par deux tenons, l'un en haut, l'autre en
bas, et portés par deux bases l'une
supérieure, l'autre inférieure, où il y
avait deux mortaises dans lesquelles ils
s'emboîtaient: pour soutenir le tout, comme
le tabernacle devait être souvent démonté et
remonté, il y avait à chaque ais cinq
anneaux d'or à égales distances, dans
lesquels on passait cinq bâtons de bois
d'acacia, plaqués en or. La longueur du
tabernacle était de 30 coudées (vingt ais de
1 coudée 1/2) 16m,20; sa largeur de 12 (huit
ais de 1 1/2) 6m,48: l'intérieur n'avait que
10 coudées de large, 15m,40, soit que l'on
admette avec Bæhr que l'épaisseur des ais
fut de 1 coudée, ce qui n'aurait pas rendu
le tabernacle très portatif, soit que les
ais du plus petit côté fussent posés
horizontalement, et protégeassent par une
saillie de 1 coudée de chaque côté les coins
du tabernacle,
— Voir: Exode 26:24.
L'entrée, tournée vers l'orient, se fermait
par un magnifique voile ou tapis de tin lin,
teint en pourpre, et brodé, attaché par des
anneaux d'or à cinq colonnes de bois
plaquées d'or.
Le tabernacle n'avait aucun jour; d'épaisses
tentures le recouvraient de toutes parts; la
première de ces draperies, celle de dessous,
était la plus précieuse; c'était un tapis de
fin coton retors, bleu foncé, pourpre, et
cramoisi, semé de figures de chérubins; il
garnissait l'intérieur du tabernacle, et
retombait des deux côtés jusqu'à environ une
coudée du sol; il n'était visible au dehors
que du côté de l'orient, fermant l'entrée du
sanctuaire; sa longueur était de 28 coudées
(15m,12), sa largeur de 40 (21m,60). Par
dessus ce premier voile s'étendait, pour le
préserver de la pluie, une tenture en poils
de chèvre, ayant 30 coudées de long, et 44
de large; puis une troisième couverture en
peaux de moutons teintes en rouge, et enfin
une quatrième, couleur de terre, de peaux de
blaireaux, ou taissons, q.v. Les deux
premiers tapis étaient fixés au tabernacle
par des crochets ou agrafes d'or; les autres
couvertures étaient superposées, et
n'avaient d'autre but que de protéger les
premières contre les intempéries de l'air.
On y a vu cependant un type, la protection
dont Christ couvre son Église, Christ aux
enfers, Christ sur la croix, et Christ dans
la gloire, successivement figuré par la
couleur de terre, par le rouge, et par le
bleu; ou encore Christ (le rouge) servant
d'intermédiaire entre Dieu et la terre, le
bleu et le tais-son. L'intérieur du
tabernacle était divisé en deux
compartiments, le lieu saint, long de 20
coudées, et au fond Je saint des saints,
long, large, et haut de 10 (5m,40), séparé
du lieu saint par un voile de pourpre, orné
de figures de chérubins, supporté par quatre
piliers d'acacia plaqués en or. Le lieu
saint contenait la table des pains de
proposition, le chandelier d'or, et l'autel
des parfums; dans le saint des saints était
l'arche de l'alliance. (Mon frère, le
pasteur J. Bost, de La Force, a reconstruit
d'après les données bibliques, et en
réduisant la coudée à 1 centimètre, le plan
complet du tabernacle, avec tous ses
accessoires, couleurs, boiseries, tentures,
etc. C'est la meilleure manière de se former
une idée exacte et précise de ce monument du
mosaïsme il serait utile de le reproduire,
et peut-être sur une échelle un peu plus
grande. Je crois qu'on pourrait, malgré
quelques difficultés d'exécution, faire un
travail analogue pour le temple de Salomon.)
Le tabernacle était entouré d'une grande
cour, le parvis des lévites et des
sacrificateurs, qui seuls avaient le droit
d'y entrer. Ce parvis avait 100 coudées de
long, et 50 de large; il était fermé par des
courtines de fin coton retors, attachées à
des colonnes, 20 dans la longueur, 15 dans
le fond: quatre piliers avec leurs
soubassements d'airain servaient de porte
sur le devant, et supportaient une
tapisserie plus fine que le reste, Exode
27:9-18. Dans cette cour étaient la mer
d'airain, les cuviers, l'autel des
holocaustes, et quelques ustensiles destinés
aux sacrifices,
— Voir: la gravure qui est en tête
des Méditations de Rochat sur les
Chroniques.
On appelait enfin parvis du peuple tout
l'espace environnant le parvis des prêtres,
parce qu'il était permis au peuple d'aller
jusque-là. Dans les campements, la tribu de
Lévi entourait de tous côtés le parvis qui
était son apanage, Moïse, Aaron et ses fils
étant près de l'entrée, les Mérarites, les
Guersonites, et les Kéhathites occupant les
trois autres côtés. Les douze tribus avaient
chacune leur place déterminée; Juda était
vis-à-vis de l'entrée; les enfants de Rachel
étaient derrière, etc, les Lévites étaient
chargés d'assembler, de désassembler et de
transporter les diverses pièces du
tabernacle, Nombres 3:21; 10:17: nul autre
qu'eux seuls n'eût osé y toucher.
Après que les Israélites furent établis en
Palestine, le tabernacle fut d'abord fixé à
Silo, Josué 18:1; 19:51, jusqu'au temps de
Saül, Juges 18:31; cf. 20:18; 21:2; 1 Samuel
1:3; 2:14; 3:3; 4:3; 14:3. Cependant il
n'était pas considéré comme unique
sanctuaire, et d'autres lieux, tels que Nob
et Sichem, Josué 24:26; 1 Samuel 21; Juges
17:5, servirent successivement ou
simultanément de lieux de culte. Dès ce
moment, l'arche paraît seule; elle est
portée à Kirjath-Jéharim, puis à Jérusalem,
sans que les historiens sacrés nous disent
positivement ce qu'est devenu le tabernacle.
Peut-être était-il encore sous Saül à Nob
dans la tribu de Benjamin, et fut-il
transporté à Gabaon lors de la destruction
de cette ville, 1 Samuel 22. Il ressort en
effet de 1 Chroniques 16:39; 21:29, qu'aux
jours de David le pavillon de l'Éternel
était encore à Gabaon; d'après 1 Rois 8:4,
il aurait été déposé dans le temple de
Jérusalem; c'est la dernière notice biblique
sur le sort de ce célèbre monument du
désert.
Le rationalisme a voulu voir dans la
description biblique du tabernacle une
description faite après coup, ornée et
embellie dans un temps où les pièces du
procès avaient disparu, et où l'on ne
pouvait plus en vérifier l'exactitude; on
s'appuie pour cela sur la magnificence de
cette construction, la masse de métaux
précieux qu'elle eût dû absorber, la rareté
de plusieurs substances qu'on y a employées,
la pourpre en particulier, et la difficulté
de se les procurer dans le désert, le peu de
temps employé à l'achèvement de tous ces
travaux, neuf ou dix mois, les difficultés
enfin du transport, si le tabernacle était
tel qu'il est décrit. Il est aisé de
répondre à toutes ces objections: le génie
des chefs de travaux, l'or et l'argent
emporté d'Égypte, les caravanes du désert,
le grand nombre d'ouvriers mis en œuvre,
toute une tribu employée au service matériel
de transport et d'assemblement, font
disparaître la plupart des difficultés, et
Winer lui-même, qui les explique d'une
manière naturelle et en faisant abstraction
de Dieu, les trouve exagérées,
— Voir: aussi Hævernick, Introduction
II, 460 et suivant, g, des Bergeries,
p. 180 et suivant, Grandpierre, Essais sur
le Pentateuque, E. Guers, le Camp et le
Tabernacle, etc.
Fête des Tabernacles. C'était l'une
des trois grandes fêtes des Hébreux, l'une
de celles que les Israélites devaient
célébrer par leur présence personnelle à
Jérusalem, Deutéronome 16:15; 31:10; cf.
Zacharie 14:16; Jean 7:2. C'était aussi la
plus réjouissante de ces fêtes annuelles.
Comme elle était instituée en mémoire du
voyage dans le désert, les Israélites
quittaient leurs maisons, et s'établissaient
pendant sept jours, le huitième était un
sabbat, sous des tentes de feuillage et de
peaux, qu'ils dressaient soit hors de la
ville, soit dans les rues, dans les cours,
ou même sur les toits, Lévitique 23:42;
Néhémie 8:15. C'était aussi la fête de la
récolte, parce qu'elle venait après que les
Israélites avaient heureusement recueilli
les fruits de leurs jardins, de leurs
vignes, et de leurs champs; on la célébrait
en conséquence par des actions de grâces
publiques, et des réjouissances auxquelles
étaient invités les pauvres, les étrangers,
les serviteurs et les orphelins, Deutéronome
16:14; Exode 23:16; Nombres 29:12. Outre les
sacrifices ordinaires qui sont indiqués dans
les passages ci-dessus, on devait prendre
des fruits des plus beaux arbres, des
branches de citronniers, de palmiers ou de
saules (d'où son nom de fête des palmes),
des rameaux d'arbres branchus, et les porter
en signe de réjouissance, Lévitique 23:40.
Les Juifs du temps de notre Seigneur
chantaient aussi dans ces jours-là, des
cantiques entremêlés d'Hosannas
(sauve, je te prie!). La tradition ajoute
que, depuis l'exil, les Juifs allaient,
pendant les jours de cette fête, puiser de
l'eau à la fontaine de Siloé, et qu'ils
venaient en faire aspersion dans le temple,
en chantant les paroles de Ésaïe 12: Vous
puiserez de l'eau avec joie des sources de
cette délivrance; peut-être le passage Jean
7:37, renferme-t-il une allusion à cette
coutume.
— La fête commençait au milieu du septième
mois (tisri), le quinzième jour après la
nouvelle lune de septembre; les travaux de
la campagne étaient finis, et la fraîcheur
de la saison n'était pas encore assez
sensible pour rendre incommode ou
désagréable le séjour des pavillons de
feuillage.
TABITHA,
— Voir: Dorcas.
TABLES
de proposition,
— Voir: Pain.
TABOR, ou Thabor,
aujourd'hui Djebel-Tor, belle
et grande montagne calcaire, entièrement
isolée, qui s'élève comme un cône tronqué, à
environ 1,000 mètres au-dessus du niveau de
la mer, et à 366 mètres au-dessus du niveau
de la plaine de Jizréhel, au nord-est de
laquelle elle est située. Ses flancs
uniformes et rapides sont, grâces à
d'abondantes rosées, fertiles jusqu'au
sommet, et sont aujourd'hui couverts en
partie de bois de chênes et de pistachiers,
en partie de bons pâturages, semés de mille
fleurs. Le sommet, souvent garni de nuages
au matin, est plat et a une demi-lieue de
circonférence; on y trouve les ruines d'une
muraille qui en faisait le tour, d'une
forteresse, et de deux églises,
constructions qui datent probablement du
temps des croisades. La vue s'étend au loin
sur les montagnes de la Samarie; on voit le
Carmel, les monts de Guilboah, Basan,
l'Hermon, et les montagnes de la Galilée, la
Méditerranée, le Kison, la plaine de
Jizréhel, et selon quelques auteurs, le lac
de Tibériade. Au pied du Tabor, entre les
collines qui l'entourent, sont plusieurs
vallons boisés où se tiennent des panthères
et des sangliers: non loin de là, vers le
sud, s'élève le petit Hermon. Le Tabor
formait la limite des tribus d'Issacar et de
Zabulon, Josué 19:22; cf. Juges 4:6,12,14.
Il s'élevait au centre de la Galilée, entre
la plaine de Jizréhel et Scythopolis, à 5
stades du Jourdain, à deux journées de
Jérusalem, à 11 kilomètres sud-est de
Nazareth. Les voyageurs s'accordent dans les
éloges qu'ils font de son aspect enchanteur,
de la magnificence du spectacle que l'on
découvre de son sommet. Il en est parlé
plusieurs fois dans l'Ancien Testament,
Jérémie 46:18; Osée 5:1; Psaumes 89:12. La
tradition ajoute que c'est la montagne
sainte, 2 Pierre 1:18, sur laquelle a eu
lieu la transfiguration, Matthieu 17, Marc
9. Les catholiques et les Grecs y célèbrent
encore aujourd'hui une espèce d'anniversaire
de ce merveilleux événement; mais cette
tradition ne repose sur aucun fondement
sérieux.
— La ville de Tabor, ou Kisloth-Tabor, 1
Chroniques 6:77; Josué 19:12,22, appartenait
à Zabulon, et fut donnée aux Mérarites; on
ne la connaît pas autrement.
TABRIMON,
1 Rois 15:18;
— Voir: Hezjon.
TACHPÉNÈS,
reine d'Égypte, femme de Pharaon, contemporaine de David, n'est connue que pour avoir élevé un fils de sa sœur, femme de Hadad l'Iduméen. On ignore si cette adoption, qui rappelle celle de Moïse, fut dictée par l'amour d'une tante, ou par la politique: ce dernier cas serait beaucoup plus probable, par le fait même que cette mention n'aurait aucune importance s'il ne s'agissait que d'une affaire de famille; 1 Rois 11:19.
TADMOR, ou Thadmor
ou Thadmor (palmier), en grec Palmyre, ville du désert syrien, que Salomon fit bâtir (ou agrandir) et fortifier, comme un boulevard contre les invasions des Syriens et des Arabes, 2 Chroniques 8:4; 1 Rois 9:18. Elle était située dans une oasis, qui devint dès lors non seulement un lieu de repos, mais un lieu de protection pour les marchands qui se rendaient d'Orient à Damas par la grande route des caravanes. Ses ruines, à 268 kilomètres nord-est de Damas, sont au nombre des plus vastes et des plus magnifiques que l'on connaisse; elles ont été éloquemment décrites par Volney.
TANANAK,
ville cananéenne située en-deçà du Jourdain, non loin de Méguiddo; elle fut donnée à la tribu de Manassé, qui à son tour dut la céder aux Lévites, Josué 12:21; 17:11; 21:25; Juges 5:19. Les Cananéens continuèrent de l'habiter pendant la période des juges (1:27); mais elle apparaît sous Salomon comme entièrement conquise, 1 Rois 4:12.
TAHANATH-SILO,
Josué 16:6, ville des frontières d'Éphraïm, située, d'après Eusèbe, à 10 milles est de Sichem, vers le Jourdain.
TAISSON.
C'est le mot par lequel Martin
a rendu dans nos versions l'hébreu
thachash, Exode 25:5; 26:14; 35:23;
36:19; 39:34. Ostervald traduit, avec les
Septante, par peaux de couleur hyacinthe;
Sacy, par violet; Luther a peaux de
blaireau; les versions varient beaucoup, et
l'on a peu de chances de trouver la
signification exacte de ce mot. Le contexte
n'est pas d'un grand secours; il s'agit de
la quatrième couverture du tabernacle, de
celle qui recouvrait et cachait les autres:
si l'on s'attache à l'idée qu'elle devait
servir à protéger les autres contre les
intempéries de l'air, on penche vers
l'opinion qui fait de cette couverture
quelque chose de grossier, mais'de solide:
si l'on s'attache au contraire à l'idée que
c'était une couverture extérieure, et par
conséquent, la seule visible, du tabernacle,
on penche vers l'opinion qui en fait un
ornement, un objet de luxe. D'après Nombres
4:6,8,10, où l'on voit les vases sacrés
enveloppés pour le voyage dans des peaux de
thachash, il semble de nouveau que ce ne
devaient être que des couvertures solides;
puis, Ézéchiel 16:10 (ou Martin a adopté la
traduction hyacinthe), on voit qu'on en
faisait des chaussures précieuses.
— La plupart des anciens interprètes voient
dans thachash une couleur, les Septante
l'hyacinthe, le syriaque et le caldéen une
nuance entre le pourpre et l'écarlate,
l'arabe le noir ou le bleu foncé, couleur du
dauphin; Niebuhr raconte qu'un juif d'Arabie
lui a dit que le thachash n'était autre
chose qu'une peau de mouton teinte en rouge.
D'autres interprètes entendent ce mot d'un
animal, et l'emploi du pluriel le rendrait
vraisemblable, mais ils ne sont pas d'accord
sur la nature de cet animal. La traduction
du rabbin Salomon, adoptée par Luther, et
appuyée par une ressemblance de nom
(allemand, Dachs), doit être abandonnée:
quelques-uns pensent à une espèce de syrène,
le trichechus manatus de Linnée, d'autres à
une espèce de chien marin, le phoca
vitulina, très abondant dans la mer Rouge,
et dont la peau, qui passait pour écarter la
foudre, servait souvent à faire des tentes;
mais cette peau est trop rude pour qu'on
puisse en offrir des souliers de luxe à une
femme; d'autres pensent à une espèce de rat
(Iltis, — Voir: Bochart); d'autres
enfin, sur les traces de Rüppel, à un animal
nommé dugong, qu'il a trouvé en
Afrique, et auquel, dans la persuasion où
était ce savant que c'est là le vrai
thachash, il a donné le nom de halicorus
tabernaculi: mais il faut attendre de
nouveaux renseignements avant de se
prononcer sur l'identité de cet animal qui
doit appartenir à l'espèce syrène.
TALION.
Les lois égyptiennes, comme les
lois de tous les anciens peuples, jusqu'aux
Grecs et aux Romains, jusqu'aux lois
ecclésiastiques et canoniques, admettaient
la loi du talion, au moins en principe, et
très souvent dans l'application. Moïse l'a
également conservée dans sa législation,
mais en l'adoucissant, en la restreignant au
meurtre, aux lésions corporelles des hommes
libres, et au cas de faux témoignage, et en
plaçant l'exercice entre les mains, non de
l'offensé, mais des juges. Cette loi, dit
saint Augustin, est la justice d'hommes
injustes. Notre Seigneur l'a solennellement
condamnée, Matthieu 5:38, et le
christianisme seul pouvait venir à bout de
remplacer la vengeance par le pardon; car si
le talion, quant à l'offenseur, n'est que la
justice sous sa forme la plus simple, quant
à l'offensé, ce n'est autre chose que la
vengeance sous sa forme la plus hideuse; ce
n'est pas une peine moralisante, ce n'est
pas une garantie pour la sécurité publique,
ce n'est pas une satisfaction donnée à la
morale ou à l'opinion publique, c'est la
jouissance de se venger octroyée à
l'offensé, le droit de faire du mal à celui
qui a fait du mal. Le maintien de cette
peine dans la législation mosaïque, Exode
21:23-25; Lévitique 24:19-20; Deutéronome
19:19, n'est donc, malgré toutes ses
restrictions, qu'une concession faite à des
mœurs et à des opinions à demi-barbares, qui
ne pouvaient s'élever d'un seul bond à la
perfection chrétienne; le mosaïsme tout
entier n'était qu'un premier pas vers
Christ, le pédagogue qui devait lentement
conduire les Juifs à l'Évangile, Galates
3:24, d'un côté en les convainquant de
péché, de l'autre en leur apprenant à mieux
faire,
— Voir: Cellérier, Espr. de la Lég,
mos. II, 89.
TALMAÏ.
-
— Voir: Hanak.
-
Roi de Guésur, fils d'Dammihud. Sa fille Mahaca devint l'épouse de David, soit que le roi d'Israël ait, par politique, recherché cette alliance, soit que la fille de Talmaï, faite prisonnière à la guerre, et devenue prosélyte pendant son séjour à Jérusalem, ait réussi à captiver le cœur du monarque, 2 Samuel 3:3; 1 Chroniques 3:2. Elle devint mère de Tamar et d'Absalon, et, lorsque ce jeune homme, après le meurtre d'Amnon, son frère, dut fuir la colère paternelle, ce fut à la cour de son aïeul Talmaï qu'il se retira pendant trois années.
TAMAR.
-
Cananéenne; selon les Juifs, fille de Melchisédec; deux fois belle-fille de Juda, et deux fois veuve sans enfants; frustrée injustement de l'espoir d'épouser celui que la loi lui donnait pour époux, elle se fit justice elle-même par un stratagème où il y avait plus d'impudeur que d'impureté, et eut de Juda, son beau-père, deux jumeaux, Pharez et Zara, dont le premier compte parmi les ancêtres de Jésus, Genèse 38, 1 Chroniques 2:4; Ruth 4:12; Matthieu 1:3. Son nom signifie palmier, et Schrœder pense qu'il lui fut donné à cause de la grandeur et de l'élégance de sa taille. Quant aux réflexions que suggère ce honteux épisode,
— Voir: Schrœder, Comment., et Grandpierre, Essais, etc.
-
Tamar, fille de David et de Mahaca, violée par Amnon, son frère de père, et vengée par Absalon, n'est connue que par cette mention; aucun blâme ne pèse sur sa mémoire, 2 Samuel 13, 1 Chroniques 3:9.
-
Tamar, fille d'Absalon, 2 Samuel 14:27. On s'étonne qu'Absalon ait donné à sa fille le nom de sa sœur; peut-être était-ce une protestation?
TAMBOUR,
— Voir: Musique.
TAPHATH,
— Voir: Basémah.
(La Concordance porte par erreur Taphaph).
Cette fille de Salomon avait épousé un des
douze pourvoyeurs de vivres de la maison de
son père.
TAPHNÈS, ou plutôt Tachpanchès,
ville d'Égypte, dans laquelle s'était réfugiée une colonie de Juifs; elle possédait un palais royal, et paraît, en général, avoir été une ville assez considérable, Jérémie 2:16. On ne doute pas que ce ne soit la ville que les Grecs appellent Daphné, située sur la frontière de l'Égypte, vers la Syrie, à 16 lieues romaines (6 lieues) sud-ouest de Pélusium, parce que c'était une des premières villes de l'Égypte où arrivèrent les Juifs qui émigrèrent après la prise de Jérusalem, Jérémie 43:7,9; 44:1; 46:14; Ézéchiel 30:18. Ce n'est plus qu'une ruine.
TAPPUAH, et Hen-Tappuah,
deux villes appartenant, l'une aux frontières d'Éphraïm et de Manassé, l'autre, ancienne cité royale des Cananéens, aux plaines de Juda, Josué 17:8; 12:17; 15:34.
TARÉ
(odoriférant), fils de Nacor, et père d'Abraham, voit mourir un de ses fils au lieu de sa naissance, prend ensuite avec lui Abram, Lot et Sara, quitte la Caldée pour se rendre en Canaan, s'arrête à Caran, en Mésopotamie, et y meurt, âgé de deux cent cinq ans, Genèse 11:24; 1 Chroniques 1:26; Luc 3:34. Bien que le récit semble supposer qu'il émigra de son propre mouvement et comme chef, les passages Genèse 12:1; Actes 7:2, montrent qu'il ne se mit en route que pour accompagner son fils à qui Dieu s'était révélé, et à qui il se manifesta de nouveau après le séjour de Caran. Taré, comme presque tous les hommes de son temps, était idolâtre, Josué 24:2,14; il est probable cependant, puisqu'il suivit son fils, qu'il accepta ses motifs, et qu'il se convertit de l'idolâtrie au culte du vrai Dieu. Lorsqu'il mourut, il avait à peine parcouru le quart de la carrière de ses pères, et la vie qu'il légua à ses fils ne tarda pas à être encore abrégée de moitié.
TARPÉLIENS
(violateurs), Esdras 4:9, colons assyriens qui furent transportés en Samarie pour y remplacer les Éphraïmites emmenés en captivité. Ptolémée parle de Tapuriens, et Strabon de Tapyriens, peuple grossier de la Médie; mais ces deux noms ne peuvent être rapprochés de celui des Tarpéliens que par une ressemblance peu marquée, et qui ne prouve rien.
TARSE,
grande et populeuse ville de la Cilicie, capitale de cette province pendant la période romaine, située dans une plaine fertile, sur les rives du Cydnus, et fondée, les uns disent par les Syriens, d'autres par Persée, d'autres par Sardanapale. Elle est célèbre par un séjour de Cyrus, par la première entrevue de Marc-Antoine et de Cléopâtre, et plus encore comme lieu de naissance et première résidence de l'apôtre Paul, Actes 9:11; 11:25; 21:39; 22:3. Ses habitants, descendants d'une colonie grecque, n'oublièrent pas leur origine, et, tout en s'adonnant avec succès au commerce, ils continuèrent de cultiver les lettres et les sciences. Les écoles de Tarse pouvaient être comparées aux plus célèbres écoles d'Athènes et d'Alexandrie. Le luxe régnait partout, et, pour l'éclipser, il fallut que Cléopâtre avalât, dissoute dans du vinaigre, une perle estimée un million. Tarse était une ville libre en ce sens que, tout en appartenant à l'empire romain, elle s'administrait par ses propres lois, et élisait elle-même ses magistrats, faveur qui lui avait été octroyée par Antoine, mais qui n'emportait pas plus le droit de cité qu'il n'imposait les charges de colons; ce n'est donc pas comme natif de Tarse que Paul pouvait se dire Romain de naissance. Tarse compte encore aujourd'hui 7 à 8,000 habitants, pendant l'hiver environ 30,000, mais renferme beaucoup de ruines.
TARSIS
(pierre précieuse, ou selon
d'autres, et plus probablement, soumission,
vasselage, pays conquis). Les notices
bibliques sur cette ville, ou contrée, sont
de deux sortes: les unes sont générales,
telles que Genèse 10:4; Psaumes 72:10; Ésaïe
66:19, et dirigent les recherches vers les
côtes et les îles éloignées du nord et de
l'ouest de la Palestine; les autres sont
spéciales, précises, telles que Ézéchiel
27:12,25, où l'on voit Tyr s'approvisionner
à Tarsis d'argent, de fer, d'étain, de
plomb, etc. (cf. 38:13; Jérémie 10:9); Ésaïe
23:10, où Tarsis paraît placée sous la
domination tyrienne, et Jonas 1:3; 4:2, où
l'on voit un vaisseau partir de Joppe pour
Tarsis. Il ressort enfin de 1 Rois 10:22;
cf. 22:49, que Tarsis était une place de
commerce très fréquentée par les Phéniciens;
car les vaisseaux qui, sous Salomon et
Josaphat, faisaient le service
d'Hetsjon-Guéber à Ophir, portent le nom de
vaisseaux de Tarsis, comme une espèce de
litre d'honneur désignant de grands
bâtiments de commerce. Cependant, les
Phéniciens ayant eu de tous côtés des
établissements maritimes, les notices qui
précèdent ne suffisent pas pour déterminer
l'emplacement de Tarsis, et les opinions les
plus divergentes se sont fait jour. Les uns,
sur les traces de Flavius Josèphe, ont
confondu cette ville avec Tarse de Cilicie,
ou avec la Cilicie elle-même; mais Tarse n'a
pas été une place de commerce assez
importante pour justifier une aussi grande
célébrité, et Jonas, fuyant Ninive, n'aurait
pas pris le chemin de la Cilicie pour s'en
éloigner. D'autres, surtout à cause de 2
Chroniques 9:21; 20:36, ont placé Tarsis en
Éthiopie. Le besoin de trouver un pays
produisant les divers objets énumérés, a
fait oublier le moyen de s'y rendre; car, à
moins de supposer que la flotte tyrienne fît
le tour de l'Afrique en doublant le Cap, il
faut renoncer à cette hypothèse: la seule
force de cette opinion se trouve dans les
deux passages indiqués des Chroniques; mais
les passages parallèles, 1 Rois 10:22;
22:49, peuvent expliquer une méprise de
l'auteur des Chroniques, qui aura pris pour
vaisseaux partant de Tarsis des vaisseaux
qui n'en avaient que le nom, et se rendaient
en Ophir (cf; 9:28; 10:11). D'autres auteurs
mettent Tarsis sur la côte septentrionale de
l'Afrique, baignée par la Méditerranée, à
Carthage, par exemple, toujours par rapport
aux produits présumés du pays. Cette
hypothèse, plus vraisemblable que la
précédente, est cependant, comme elle,
combattue par la table des peuples de Genèse
10, qui se distingue par une grande
précision et un grand ordre géographique, et
qui, après avoir compté Tarsis parmi les
peuples de l'Europe descendants de Japhet,
ne passe aux Africains descendants de Cam
qu'au verset 6.
— D'autres, également à cause du passage des
Chroniques, ont pensé aux Indes Orientales,
et ils s'appuient sur son rapprochement de
Scéba, Psaumes 72:10; mais, outre que dans
ce verset le rapprochement peut n'établir
qu'un contraste, ce que le texte rend assez
probable, l'embarquement de Jouas à Joppe,
Jonas 1:3, suffit à renverser cette opinion.
L'hypothèse la plus généralement admise,
parce que c'est celle qui présente le plus
de preuves et soulève le moins d'objections,
voit dans la Cadix moderne, dans le
Tartessus des anciens, le Tarsis des Hébreux
et des Phéniciens. Le vieux Emporium
Tartessus, situé au-delà des colonnes
d'Hercule, dans la partie sud-ouest de
l'Espagne, non loin de l'embouchure du Bétis
(Guadalquivir, le grand fleuve), offrait
dans son voisinage d'abondantes mines
d'argent, et, comme le nom de Tartessus
désignait l'ensemble des colonies
phéniciennes de cette contrée, il est
probable que le nom de Tarsis avait aussi,
pour les Hébreux, une signification
générale. Cette identité de lieu est appuyée
d'abord sur l'identité de nom, plus
frappante en hébreu avec la prononciation
araméenne; puis, sur le fait bien connu que
la partie sud-sud-ouest de l'Espagne,
particulièrement Tartessus, était le
principal lieu de commerce des Phéniciens,
qui en rapportaient à chaque voyage de
riches trésors; enfin, sur ce que tous les
produits mentionnés dans Ézéchiel et Jérémie
s'y rencontraient. L'Espagne renfermait
d'abondantes mines d'or et d'argent, ces
dernières dans le voisinage de Tartessus; on
y trouvait du plomb, au dire de Pline, et
l'airain y était apporté des Îles
Britanniques, pour être de là transporté sur
les marchés de l'Asie par les vaisseaux de
Tyr; il parait même que la contrée
renfermait de l'airain, et ce métal y était
si abondant qu'on s'en servait pour les
constructions.
TARTA, 2 Rois 18:17, lieutenant de Sanchérib, et l'un de ceux qui accompagnèrent Rabsaké à Jérusalem. On ignore si c'est le même que Tartan qui, sous le règne de Sargon, assiégea et prit Asdod pour le compte de son maître, Ésaïe 20:1. Gesenius l'affirme.
TARTAC
(Tharthak), 2 Rois 17:31, idole des Haviens. D'après les rabbins, elle aurait eu la figure d'un âne. On suppose que c'était un mauvais génie, le dieu des ténèbres, qui, dans le système de l'astrologie assyrienne, serait représenté par les planètes de malheur, Mars ou Saturne. Son nom même, en langue pehlvi, signifie épaisses ténèbres, ou héros des ténèbres.
TARTAN,
— Voir: Tarta.
TATOUAGE.
On en trouve quelques traces dans l'antiquité; quelquefois les esclaves portaient, gravé sur le corps, le nom de leurs maîtres; les soldats, celui de leurs chefs, ou tel autre signe caractéristique; les idolâtres, le nom ou l'image de leur idole, et quelques auteurs ont cru voir des allusions à cet usage dans Ésaïe 44:5; Zacharie 13:6; (?) Galates 6:17; Apocalypse 13:16; 14:1. II ne faut pas confondre avec le tatouage proprement dit les signes de reconnaissance ordinairement imprimés par le feu aux criminels, aux prisonniers de guerre, aux esclaves, ni les incisions que les anciens se faisaient en signe de deuil, Jérémie 16:6; 41:5; 47:5,8,37, et qui étaient sévèrement interdites aux Israélites, comme un acheminement à l'idolâtrie, Lévitique 19:28; Deutéronome 14:1. Quant aux incisions des prophètes de Baal, 1 Rois 18:28, elles appartenaient à leur culte, et constituaient un moyen apparent de contraindre la divinité à se montrer.
TATTENAÏ
(offrande, présent?), successeur de Réhum dans l'administration des provinces samaritaines du nord de la Judée, se montra par sa justice, plus favorable aux Juifs que son prédécesseur. Cependant lorsque, sous la direction de Zorobabel, ceux-ci voulurent poursuivre la construction du temple, il intervint avec ses collègues, et fit momentanément interrompre les travaux, dans l'incertitude où il était sur la portée de l'autorisation accordée aux Juifs. Il écrivit en conséquence à Darius pour connaître sa volonté; son rapport est exact et modéré: la réponse ayant été favorable, il n'hésita pas à laisser les Juifs reprendre leurs travaux, et mérita la réputation d'un sujet fidèle, d'un magistrat intègre, d'un administrateur bienveillant; Esdras 5, et 6.
TAUPE.
Cet animal paraît désigné par
le nom de hholed, il est rangé, Lévitique
11:30, au nombre des animaux impurs. Il ne
s'agit pas là cependant de notre taupe
européenne, quoique celle-ci se trouve aussi
en Syrie, mais de la taupe asiatique, spalax
microphthalmus, qui a les paupières
entièrement fermées. Elle creuse dans la
terre des galeries horizontales, rejette
au-dehors des taupinières, comme nos taupes,
et se nourrit surtout de plantes aromatiques
à fortes odeurs.
— Luther et d'autres commentateurs ont
encore traduit par taupes les mots
thinshèmeth, Lévitique 11:30.
— Voir: Lézard., et hheparpéroth,
Ésaïe 2:20 (d'après Jérôme et Théodotion);
Gesenius entend par ce dernier mot, des
rats, Hitzig, des moineaux; Winer, d'après
l'étymologie, traduirait d'une manière
générale: des animaux qui creusent la terre
(pour y chercher leur nourriture); la
traduction qui donnerait le meilleur sens,
est celle qui s'attache à la langue arabe:
«dans des trous de souris.»
TÉBETS,
ville du centre de la Palestine, située non loin de Sichem, Juges 9:50; 2 Samuel 11:21. On en trouvait encore les restes au temps d'Eusèbe.
TÉHINNA,
de la tribu de Juda, descendant de Pharez, n'est connu que comme fondateur de Hirnahas en Juda, 1 Chroniques 4:12.
TEIGNE,
Luc 12:33. L'hébreu et le grec désignent souvent le même insecte, que nos versions traduisent tantôt par teigne, tantôt par ver ou par vermisseau, Job 4:19; 13:28; Ésaïe 50:9; 51:8; cf. Matthieu 6:19. Il s'agit probablement dans ces passages de la phalæna tinea sarticella, de ce ver qui ronge les vêtements de laine, et qui est si universellement connu et redouté.
TÉKOAH
(son de la trompette), ville située au sud-est de Bethléem, sur le sommet d'une montagne (Jérémie 6:1) allongée, sur laquelle se voient encore des ruines considérables, et qui produit des olives et du miel. Amos, le berger de Tékoah, promenait ses troupeaux dans la grande et solitaire contrée de pâturages qui s'étend de là au sud du Cédron, Amos 1:1; 7:14; 2 Chroniques 20:20. Roboam fit fortifier la ville, 2 Chroniques 11:6.
TÉLABIB
(du blé nouveau), sur le Chaboras en Mésopotamie: une colonie de Juifs y était établie, Ézéchiel 3:15. C'est peut-être le Thalaban de la carte de d'Anville.
TÉLAJIM
(agneaux), 1 Samuel 15:4, non loin de la frontière hamalécite, peut-être le même endroit que Télem, Josué 15:24, qui appartenait à Juda vers Édom.
TÉLAZAR, ou Thélassar,
2 Rois 19:12; Ésaïe 37:12, province inconnue, placée sous la domination assyrienne. On compare ce nom avec celui d'Ellasar, Genèse 14:1,9, qui se trouve en connexion avec Élam et Sinhar, et que le Targum de Jonathan a rendu par Thélassar; la version arabe le rend par Arménie. Dans la version de Luther, Judith 1:6, le roi Arioc Ellasar est fait seigneur de Ragau (Rages), dans les Septante, il est roi des Élyméens (Élam), et dans la Vulgate, rex Élicorum. Toutes les notices indiquent donc d'une manière générale un pays situé vers la mer Caspienne, au nord de la Médie.
TÉLHARSA et Telmélah,
Esdras 2:52,59; Néhémie 7:61, villes inconnues de la Babylonie.
TÉMOINS.
La loi de Moïse avait consacré
et reconnu l'importance et la nécessité du
témoignage oculaire en matière pénale ou
criminelle, et dans la pratique de la vie
ordinaire (des témoins étaient fréquemment
appelés dans les cas où chez nous la
signature et le cachet suffisent. La
condamnation d'un homme accusé de meurtre ne
pouvait avoir lieu que sur l'accusation de
deux ou de trois témoins, Nombres 35:30;
Deutéronome 17:6; cf. Hébreux 10:28. Et en
général pour tout crime ou délit, ce nombre
de témoins devaient être entendus,
Deutéronome 19:15; cf. Matthieu 18:16; 1
Timothée 5:19; Jean 8:17. Les témoins
devaient être Israélites, hommes, et libres:
les femmes, les enfants, les étrangers, les
esclaves ne pouvaient témoigner. Les
témoins, cités devant le juge, étaient
assermentés, et ne pouvaient se refusera
porter témoignage, Lévitique 5:1; et afin
qu'il sentissent dans tous les cas la
gravité de leurs paroles, pour qu'ils
fussent solennellement responsables du sang
versé sur leur déclaration, ils devaient
mettre la main sur la tête de l'accusé, et
lui jeter la première pierre s'il était
condamné, Deutéronome 17:7; cf. Jean 8:7;
Actes 7:58. Celui qui avait sciemment porté
un faux témoignage, et chargé un innocent,
était puni avec toute la rigueur du talion,
et subissait la peine qu'avait encourue et
peut-être subie sa victime, Deutéronome
19:16. Ces précautions, le serment,
l'exécution, le talion, cf. encore Exode
23:1, n'étaient que des mesures extérieures;
elles n'avaient de garantie que dans la
conscience des individus; là où cette
conscience manquait, les mesures étaient
inefficaces, et dès les temps de la royauté,
lorsque la piété était sur son déclin, on
vit souvent les témoins se faire un jeu de
leur parole et de leur serment, Proverbes
6:19; 12:17; 14:5; 19:5; 24:28; Psaumes
27:12. On voit enfin par Ruth 4:9; Jérémie
32:10, que même en dehors des questions
judiciaires, le témoignage était employé
pour la conclusion d'affaires particulières,
contrats, ventes, etc. Le Talmud renferme
encore beaucoup de détails secondaires qui
ne sont pas mentionnés dans la Bible, sur la
qualité des témoins, les peines des faux
témoins, les épreuves auxquelles ceux-ci
étaient soumis, etc.
Les deux témoins de l'Apocalypse, 11:3-10,
sont expliqués dans chaque système d'après
l'analogie du système. Il y en a deux, parce
que le Seigneur envoie toujours ses
serviteurs deux à deux pour se fortifier
mutuellement, Moïse et Aaron, Eue et Élisée,
Zorobabel et Jéhosuah, etc.; et aussi parce
que toute parole sera confirmée par la
bouche de deux ou de trois témoins. Ils
représentent l'Église fidèle en général,
pendant les 1260 ans du règne de
l'Anti-Christ (Guers), et spécialement les
Vaudois et les Albigeois (Digby): ce seront
deux individus (Newton, Pensées), et
probablement Moïse et Eue, ou Énoch et Élie.
Les deux systèmes, ainsi qu'il a été dit
ailleurs, nous paraissent devoir être
conciliés; l'Église rendra témoignage
pendant toute la durée de la lutte, et quand
l'Anti-Christ personnel viendra résumer
toute la haine du monde contre Christ, deux
témoins, personnels aussi, résumeront par
leur mort la fidélité de l'Église, et par
leur résurrection, la puissance et la
fidélité de Jésus, le chef de l'Église.
TEMPÉRATURE.
Le climat de la Palestine,
comme celui de tous les pays qui s'étendent
sur plusieurs degrés de latitude, et qui
renferment des hauteurs et des vallées, des
montagnes et des côtes maritimes, est
extrêmement varié; dans les vallons et les
plaines, il est chaud en été, doux en hiver;
sur les montagnes, il est doux en été, rude
en hiver. En général, cependant, on peut
dire que la température est modérée, et plus
régulière que chez nous. Arago, dans
l'annuaire du Bureau des Longitudes de 1834,
compte que la température moyenne du Caire
étant de 22°, celle de Jérusalem qui est
située à 2° plus au nord doit être de 21°
environ, et les observations la portent en
effet à 21 1/2°. Il en résulterait que
depuis trois mille trois cents ans le climat
de la Palestine n'a pas beaucoup changé, car
la culture de l'orge ne comporterait pas une
chaleur de plus de 23°-25° en moyenne, et la
limite inférieure est fixée par la
production de l'arbre à baume, qu'on
trouvait à Jérico, et qui exige une
température d'au moins 21°-22°. En outre les
Juifs célébraient la fête des Tabernacles
après la vendange, en octobre, et de nos
jours c'est encore à la fin de septembre, ou
au commencement d'octobre, qu'on cueille le
raisin dans la contrée de Jérusalem. La
moisson se faisait anciennement entre la
mi-avril et la fin de mai, et des voyageurs
modernes ont vu les épis déjà mûrs en avril
dans le midi de la Palestine, le 13 mai aux
environs de Saint-Jean-d'Acre. En Égypte, où
le climat est un peu plus chaud, on coupe
les blés vers la fin d'avril et au
commencement de mai. La chaleur qui devrait
être insupportable en été, d'après la
latitude de la Palestine, puisqu'en juin, à
midi, le soleil n'est qu'à 9° ou 10° du
zénith, est considérablement combattue par
la brièveté des jours. Le plus long jour
d'été n'a que 14 heures 12 minutes, le
soleil se levant vers 5 heures, et se
couchant déjà vers 7 heures du soir. Le plus
court jour d'hiver a encore 9 heures 48
minutes. L'année se divise en deux saisons,
la pluie et le beau temps, l'hiver et l'été.
L'hiver commence en octobre et finit en
avril: des pluies presque continuelles le
caractérisent, parfois aussi de la grêle, ou
de la neige pendant les plus grands froids,
en janvier et en février; mais cette neige,
comme les glaces de la nuit, se fond
ordinairement pendant le jour; cf. Esdras
10:9. Le froid n'est jamais excessif, mais
il est suffisant pour que les personnes qui
le peuvent, s'en garantissent encore
quelquefois par des feux de cheminée, ou des
brasiers, Jérémie 36:22.
La mention faite de l'hiver, Matthieu 24:20,
se rapporte plus au mauvais état des chemins
qu'à l'idée du froid. L'hiver légal, tel
qu'on pouvait l'entendre pour les contrats,
loyers, etc., allait, d'après le Talmud,
depuis la fête des Tabernacles jusqu'à
Pâques. L'été comprenait le reste de
l'année; une chaleur toujours croissante, un
ciel pur et sans nuages, d'abondantes rosées
pendant la nuit, des orages, mais très
rares, cf. Proverbes 26:1; 1 Samuel 12:17,
sont dans tout l'Orient, et dans la
Palestine en particulier, les caractères de
la bonne saison. C'est à la fin d'octobre,
lorsque les jours étant encore agréables,
les nuits commencent à devenir froides, que
surviennent les pluies de la première
saison, Deutéronome 11:14; Jérémie 3:3;
5:24; elles augmentent en novembre, le mois
des semailles, et, en décembre, elles
deviennent toujours plus fortes et plus
abondantes, se changent quelquefois en neige
dans le mois de janvier, mais laissent
apercevoir déjà en février l'approche du
printemps. Dès lors, jusqu'à la mi-avril,
c'est la pluie dite de la dernière saison,
cf. Jacques 5:7, qui vient féconder la
terre; la chaleur devient plus sensible,
mais les nuits sont encore froides, cf. Jean
18:18. Quelques orages épurent l'atmosphère.
Vers la fin d'avril, le ciel achève de se
découvrir presque entièrement; l'air devient
sec et chaud, les rosées commencent. C'est
le temps de la moisson. Le tonnerre et la
grêle ne sont pas rares en mai. Dans les
trois mois suivants, la chaleur devient
souvent insupportable, les nuits même sont
ardentes, et beaucoup de ruisseaux
tarissent. Septembre prépare le retour de
l'hiver.
TEMPLE.
Ce mot qui, dans le Nouveau
Testament et dans quelques passages de
l'Ancien, se prend dans un sens spirituel,
pour désigner tantôt l'Église de
Jésus-Christ, 2 Thessaloniciens 2:4,
Apocalypse 3:12, tantôt le ciel, Psaumes
11:4 (mal traduit palais), Apocalypse
7:15, tantôt l'âme du croyant, 1 Corinthiens
3:16; 6:19, signifie généralement un lieu de
culte consacré au service d'une divinité
quelconque. On trouve mentionnés dans
l'Écriture les temples païens, de Dagon à
Gaza, Juges 16:23; de Dagon à Asdod, 1
Samuel 5:1-2; cf. 1 Maccabées 10:84; de
Bahal à Samarie, 1 Rois 16:32; le temple de
Hastaroth, 1 Samuel 31:10; celui de Rimmon,
2 Rois 5:18; celui de Nisroc à Ninive, Ésaïe
37:38; ceux de Kémos et de Molec, 1 Rois
11:7; le temple de Babylone, Daniel 1:2;
ceux du veau d'or à Dan et à Béthel, 1 Rois
12:28; sq. (d'après Flavius Josèphe, on
aurait encore trouvé les restes du temple de
Dan près du petit Jourdain); le temple de
Diane à Éphèse, Actes 19:27; enfin le temple
des Samaritains à Guérizim, 2 Maccabées 6:2;
cf. 5:23; celui de Nanéa, 2 Maccabées 1:13,
et celui de Bel, Histoire de Bel et du
dragon, 1:9. Mais le plus célèbre de tous,
sans contredit, celui dont le nom revient le
plus souvent dans les Écritures, celui dont
nous avons aussi plus spécialement à nous
occuper, c'est le temple de Jérusalem,
ordinairement désigné sous le nom de temple
de Salomon, son premier fondateur. Dans
l'Écriture, il est aussi appelé maison de
Dieu, Esdras 5:13,16; Ecclésiaste 5:1;
maison de l'Éternel, sanctuaire, 1
Chroniques 22:19; temple de l'Éternel,
Esdras 3:6; Jérémie 7:4; tabernacle du
Seigneur, Apocalypse 21:3; cf. Psaumes 76:2;
palais de la sainteté de l'Éternel, Psaumes
5:7; 138:2; cf. Jonas 2:8. (Le mot de
temple, ou maison de l'Éternel, est même
employé par les auteurs sacrés pour désigner
le tabernacle à une époque où les Hébreux
n'avaient pas encore de temple à Jérusalem,
Exode 23:19; Josué 6:24, 1 Samuel 1:24)
Avant d'en essayer la description, il
convient de retracer rapidement les
différentes phases de son histoire; les
faits étant à leur place, on pourra mieux se
rendre compte de la valeur des témoignages
qui se rapportent à l'architecture du
temple, on ne confondra pas, comme l'ont
fait quelques auteurs, le passé, le présent
et le futur, et l'on trouvera la clef des
différences, et même des contradictions
apparentes, qui se trouvent dans les récits
des historiens sacrés, relativement aux
ornements, à la disposition, et aux
dimensions du temple.
David en eut la première idée, mais il ne
lui fut pas donné de l'exécuter: Dieu lui
permit seulement de tout préparer pour cette
construction, matériaux et ouvriers, 2
Samuel 7; 1 Chroniques 17; 18:1-8; quel que
fût le rôle que Dieu avait assigné à la
guerre dans les rapports d'Israël avec les
autres peuples, il la déclarait cependant
lui-même inconciliable avec l'édification de
son Église. Un prince pacifique pouvait seul
ériger un temple au Dieu de paix: ce fut
l'œuvre de Salomon. Il jeta les fondements
du temple 1012 ans avant J.-C., l'an 2994 du
monde, au second mois (zif); l'ouvrage fut
achevé l'an 1006, et la dédicace eut lieu
l'année suivante, 1005 avant J.-C., après
sept années de travail, 1 Rois 6:38, la
onzième année du règne de Salomon. Des
ouvriers étrangers, spécialement des
Phéniciens fournis par le roi Hiram de Tyr,
furent presque exclusivement chargés de
cette construction; ils apportèrent avec eux
du bois du Liban, 1 Rois 5:18.
Depuis sa solennelle consécration, le temple
eut à subir diverses révolutions: en 971
avant J.-C., Sisak, roi d'Égypte, enlève les
trésors qui y sont renfermés, 1 Rois 14:26;
2 Chroniques 12:9.;
— de 858 à 856, Joas le répare et y fait de
nouveau amasser de l'argent, 2 Rois 12:7; 2
Chroniques 24:8 (Hatalie et la famille
d'Achab avaient achevé l'oeuvre de Sisak, 2
Chroniques 24:7);
— en 740, Achaz dépouille le temple, pour
payer des alliés païens, le roi d'Assyrie,
qui le, trompe; il y place un autel sur le
modèle de celui de Damas; il fait reculer
l'autel d'airain, il ôte la mer d'airain de
dessus les bœufs qui la supportent, il
enlève les cuviers d'airain, brise les vases
sacrés, supprime la tribune du roi, et finit
par faire fermer le temple, 726 avant J.-C.,
2 Chroniques 28:21; 2 Rois 16:10;
— en 726, Ézéchias rouvre le temple et le
répare, 2 Chroniques 29:3; puis, en 713,
pour payer Sanchérib, il le dépouille de
nouveau, 2 Rois 18:15; on croit qu'il le
rétablit plus tard;
— Menasse profane le temple et y met des
idoles, 2 Rois 21, sq. 2 Chroniques 33:5-15;
mais, à son retour de la captivité (676), il
répare le mal qu'il a fait, et retourne au
culte du vrai Dieu;
— en 624, Josias travaille à rétablir et à
restaurer le temple, 2 Rois 22, 2 Chroniques
34 et 35;
— Nébucadnetsar le pille, le dépouille, en
fait enlever les vases et les trésors,
d'abord sous Jéhojakim, puis sous
Jéhojachin, et enfin le ruine complètement
sous Sédécias, en 588, 2 Chroniques
36:6,10,18; 2 Rois 25.;
— le temple reste abandonné et en ruines
pendant cinquante-deux ans, jusqu'à la
première année de Cyrus, qui en autorise la
reconstruction (536), 2 Chroniques 36:23;
Esdras 1:2; c'est dans cet intervalle, entre
la ruine du premier temple et l'édification
du second, que se place la description
prophétique d'Ézéchiel, 40-48;
— en 535, Jésuah et Zorobabel jettent les
fondements du second temple, mais l'année
suivante, 534, les travaux sont interrompus
par ordre supérieur, Esdras 3 et 4;
— en 519, sous Darius fils d'Hystaspe, les
travaux de reconstruction sont repris; le,
second temple, ou temple de Zorobabel,
est achevé et consacré en 515, Esdras 6:15;
— il est profané par Antiochus Épiphanes qui
le pille et le consacre aux idoles, 1
Maccabées 1:23:49; 4:38; 2 Maccabées 6:2-5
(175-163); Judas Maccabée, après l'expulsion
des Syriens, l'an 165, le rétablit, le
purifie, le restaure, et y ajoute un grand
nombre d'ornements nouveaux, 1 Maccabées
4:43; 2 Maccabées 1:18; 10:3; le temple est
même fortifié de divers côtés pour être mis
à l'abri de nouvelles attaques et de
profanations ultérieures, 1 Maccabées 4:60;
6:7; cf. 13:53;
— plus tard, Alexandre Jannée, 106 avant
J.-C., sépare le parvis des prêtres du
parvis extérieur;
— Pompée, 63, arrose de sang les parvis,
profane le saint lieu, pénètre même dans le
lieu très saint, mais laisse intact le
trésor;
— en 37, lorsque Hérode le Grand s'empare de
Jérusalem, le temple éprouve de nombreux
dommages; quelques-unes de ses cours et de
ses galeries sont dévastées;
— Hérode, qui veut plaire aux Juifs et qui
trouve le temple de Zorobabel trop mesquin
pour sa royale résidence, le rebâtit à neuf,
au moins dans quelques-unes de ses parties;
les travaux sont commencés 13 ans avant
Christ, selon d'autres 20 ou 21 ans avant
l'ère chrétienne, 46 ans avant la première
pâque de Christ, Jean 2:20. Le temple fut
achevé en un an et demi, les parvis en huit
ans; mais on continua d'y travailler pour
l'embellir et en mieux terminer les détails.
Le temple d'Hérode, ou troisième
temple, subsista soixante-dix-sept ans,
jusqu'en l'an 73 de Jésus-Christ; Flavius
Josèphe en a laissé une description
détaillée.
On connaît les nombreux essais que l'on a
faits pour reconstruire, au moyen des
indications que nous ont données les
historiens sacrés et Flavius Josèphe, le
plan du célèbre temple de Jérusalem; on
connaît les travaux du doyen Prideaux, et
les trois in-folio du savant jésuite
Villalpande (mort le 22 mai 1608) sur ce
sujet; il est peu d'auteurs qui n'aient
essayé de jeter quelques lumières sur ce
point enveloppé de tant d'obscurités, et
avec les mêmes données on est arrivé aux
résultats les plus différents: soit parce
que l'imagination a dû suppléer à plusieurs
lacunes, et que chacun s'est cru libre
d'imaginer quelque chose de neuf
(Villalpande surtout s'est distingué à cet
égard comme inventeur et comme architecte);
soit parce que l'on n'a pas suffisamment
distingué, non seulement les trois temples
différents, mais encore les restaurations
successives de chacun d'eux; soit enfin
parce qu'on a voulu donner à la vision
d'Ézéchiel une valeur matérielle et
monumentale que la simple lecture de ces
huit ou neuf chapitres condamne et réfute
cependant de la manière la plus péremptoire;
nous reviendrons plus loin sur le caractère
de cette vision; pour le moment, nous nous
bornerons à rassembler les détails
historiques qui peuvent servir de guide pour
la construction du plan de ces trois
temples.
TEMPLE DE SALOMON.
Il s'élevait sur le haut de la colline de
Morija, 2 Chroniques 3:1: cela n'est dit
expressément que dans ce seul passage,
tandis qu'en plusieurs autres il est parlé,
mais d'une manière, ou vague, ou poétique,
du mont de Sion comme étant la montagne de
l'Éternel; le passage cité est, dans tous
les cas, formel, et il a pour but spécial de
désigner l'emplacement. Vu la grandeur du
temple et de ses abords, il fallut commencer
par déblayer et niveler le terrain;
lorsqu'on eut ainsi créé sur le sommet de la
montagne une plaine artificielle, on dut,
pour la maintenir et la rendre capable de
supporter le poids énorme dont elle devait
être chargée, l'entourer d'épaisses
murailles de revêtement, faites avec les
pierres de taille que l'on trouvait en
abondance dans la vallée; ces travaux furent
surtout importants sur le côté oriental;
Flavius Josèphe dit même que Salomon ne fit
fortifier ainsi que le flanc est de Morija,
et que les autres côtés ne furent construits
qu'au fur et à mesure que le besoin s'en fit
sentir, Guerre des Juifs 5, 5, 1; mais dans
un autre passage il attribue tous ces
travaux à Salomon, Antiquités Judaïques 15,
11, 3. L'Écriture se tait entièrement sur ce
point.
Les chapitres qui seuls renferment une
description proprement dite du temple,
quoiqu'on trouve ailleurs encore quelques
détails épars, sont: 1 Rois 6 et 7; 2
Chroniques 3 et 4. Ces chapitres disent fort
peu de chose sur le plan général; ils
s'attachent en revanche beaucoup à décrire
certains détails, et varient ou se
contredisent sur le chiffre de quelques
dimensions, erreurs qui s'expliquent
aisément par la méthode défectueuse de la
numération écrite chez les Hébreux,
— Voir: Nombres;
les deux relations renferment beaucoup de
termes obscurs, beaucoup de lacunes; et
celle des Chroniques, en outre, en qualité
de relation postérieure, et peut-être aussi
de relation sacerdotale, contient des
détails étrangers à la première, et fait
mention d'ornements et de dorures qui
n'appartenaient peut-être pas aux premières
années de l'existence du temple, mais qui y
furent ajoutés plus tard par la piété des
fidèles, ou par la libéralité des rois qui,
appelés à restaurer un édifice pillé à
diverses reprises, ne se bornèrent pas à
ramener les choses dans leur ancien état,
mais profitèrent de l'occasion pour faire
mieux. L'historien Flavius Josèphe, qui a
ajouté à la description biblique des détails
nouveaux, quoiqu'il n'eût pas plus que nous
le temple de Salomon sous les yeux,
Antiquités Judaïques 8, 3, est souvent en
contradiction avec la Bible; et lorsqu'il en
supplée les lacunes, il parait le faire par
de simples conjectures architectoniques, ou
en puisant ses renseignements dans Ézéchiel,
ce qui ôte à son travail descriptif une
partie de sa valeur.
On distingue dans le temple de Salomon
plusieurs parties principales,
concentriques, indépendantes: le temple
proprement dit, les bâtiments du temple, le
parvis des prêtres, et le parvis d'Israël.
De grands murs ou des galeries couvertes
séparaient ces divers compartiments.
-
Le temple proprement dit se divisait lui-même en trois parties, le vestibule, le lieu saint, et le lieu très saint; il avait 60 coudées (32m,40) de long, 20 (10m,80) de large, et 30 (16m,20) de haut, 1 Rois 6; 2 Chroniques 3.
— Le portique, porche, ou vestibule, était à l'orient; il avait ainsi 20 coudées de long; sa profondeur était de 10 coudées (5m,40); d'après 2 Chroniques 3:4, suivi par Flavius Josèphe, sa hauteur était de 120 coudées (64m,80), ce qui aurait formé une tour non seulement fort considérable, mais encore hors de proportion avec les autres dimensions du bâtiment. Stieglitz y a vu deux tours de 60 coudées chacune (32m,40), mais cette manière de résoudre la difficulté n'a pas trouvé de partisans; d'autres voient dans ce chiffre une exagération ou une erreur; Hirt supprime le chiffre 100, et ne laisse subsister que 20 coudées, mais comme les deux colonnes qui sont devant le portique, Jakin et Boaz, ont avec leurs chapiteaux, 23 coudées de hauteur, on ne saurait raisonnablement supposer le portique moins élevé; Winer pense arbitrairement que le porche avait 25 coudées de hauteur; Meyer, que le temple était bâti sur un terre-plein à 3 coudées au-dessus du sol, que le portique avait comme le reste du temple, 20 coudées de hauteur, plus les 3 coudées du remblai, et que les colonnes situées sur le sol même, n'atteignaient avec leurs 23 coudées que le niveau même de la hauteur du temple. On ne saurait choisir entre ces diverses hypothèses; les anciens connaissaient, comme nous, l'usage des tours s'élevant au-dessus des temples, comme on le voit par les médailles du temple de Paphos, mais le chiffre paraît cependant trop considérable, et le livre des Chroniques renferme sous ce rapport plus d'une difficulté, l'on peut dire plus d'une erreur de chiffres. Le porche était garni dans sa partie intérieure de nombreuses dorures (de pur or, 2 Chroniques 3:4).
— Le lieu saint avait 40 coudées (21m,60) de long, 20 (10m,80) de large, et probablement 30 (16m,20) de haut, (1 Rois 6:2); les murailles et la voûte étaient lambrissées intérieurement d'ais de cèdre; le sol était planchéié de lattes de cyprès,
— Voir: Sapin;
l'extérieur était tout bâti de pierres fines, semblables au marbre blanc: les lambris intérieurs étaient ornés de diverses figures en relief, couvertes de lames d'or jusqu'à la hauteur de 20 coudées. Dans le lieu saint se trouvaient l'autel du parfum, les tables des pains de proposition, les chandeliers d'or et quelques autres ustensiles, Hébreux 9:2.
— Le lieu très saint, appelé aussi le saint des saints, le sanctuaire, et l'oracle, avait 20 coudées dans toutes ses dimensions; il avait ainsi 10 coudées de moins en hauteur que le lieu saint, mais on ignore si cette différence se faisait apercevoir par l'abaissement de la toiture (comme dans les temples égyptiens), ou si, avec un toit d'égal niveau, il y avait au-dessus du lieu très saint un espace vide de 10 coudées formant une espèce de grenier; mais dans ce dernier cas, la hauteur de la muraille qui séparait le lieu saint du très saint n'étant que de 20 coudées, 1 Rois 6:16, ce vide aurait été visible à l'intérieur et n'aurait été dissimulé que par les chaînettes d'or et le voile, ou réseau, dont il est parlé verset 21. Quelques auteurs pensent que la hauteur intérieure du lieu saint n'était que de 20 coudées (6:16) comme celle du très saint, et que au-dessus de l'un et de l'autre se trouvait un espace vide de 10 coudées; le toit, dans ce cas, serait supposé incliné, et il aurait recouvert également, et sans différence de niveau, les deux bâtiments intérieurs du temple. La hauteur de 30 coudées serait la hauteur du temple vu de dehors (Hirt pense que l'espace de 10 coudées compris entre le toit et le lieu très saint contenait une machine électrique, destinée aux opérations divines; Winer trouve cette idée malheureuse; il y a là en effet de quoi compromettre un homme et un parti). Le lieu saint et le saint des saints étaient séparés par une porte à deux battants de bois d'olivier, chacun des battants se pliant lui-même en deux, et étant orné de diverses figures en relief, 1 Rois 6:31; on ne sait pas au juste ce qu'était ce voile de l'oracle, ni quel était son usage, si c'était un simple ornement, ou un réseau à larges mailles étendu au-dessus de la porte pour laisser s'échapper la fumée du sacrifice.
— Quant aux deux colonnes, il en a été parlé à l'article Boaz; on n'est pas d'accord sur leur position; elles étaient devant le portique, mais s'élevaient-elles indépendantes? c'est ce qui semblerait le mieux justifier la solennelle importance que leur donne l'écrivain sacré; ou supportaient-elles une espèce de toit plat, à l'ombre et à l'abri duquel on pouvait se réfugier (Meyer)? d'autres enfin les placent à l'entrée même du temple, derrière la porte, et adossées aux murailles latérales.
Les murs du temple étaient, selon toute apparence, de pierres massives, comme ceux du palais de Salomon, 1 Rois 7:10. C'est à tort, et par suite de fausses interprétations ou de vagues conjectures, que quelques auteurs ont pensé que les fondements seuls étaient de pierre, et que le corps de l'édifice était en bois. La toiture seule, comme les parois intérieures, étaient faites de bois de cèdre, 1 Rois 6:9,15, la charpente de même; rien n'indique si le toit était plat ou incliné. La porte d'entrée, dont la largeur ni la hauteur ne sont marquées, était en cyprès plaqué d'or, avec diverses figures en relief, des fleurs, des palmes, des chérubins; d'après le passage correspondant, Ézéchiel 41:2-3, la porte du lieu saint aurait eu 10 coudées de large, celle du lieu très saint 6 coudées. Le saint des saints ne contenait que l'arche de l'alliance.
-
Les bâtiments du temple étaient trois étages de chambres qui entouraient le temple au sud, à l'ouest et au nord, communiquant ensemble par des portes, et destinées aux provisions, aux vases sacrés et aux trésors du lieu saint, 1 Rois 7:51; 15:15; 2 Rois 11:10; La hauteur de ces chambres, ou appentis, étaient uniformément de 5 coudées (2m,70), leur profondeur augmentait d'une coudée par étage, de 5 coudées au premier, de 6 au second, de 7 au troisième, l'épaisseur des murs diminuant à mesure qu'ils s'élevaient et qu'ils avaient une moindre charge à supporter, 1 Rois 6:6. Les rétrécissements dont il est parlé dans ce passage (mig'raoth) s'expliquent d'une manière à la fois claire et simple par le passage correspondant de Ézéchiel 41:6; il en résulte que pour que le lieu saint ne servît pas en quelque sorte d'appui matériel aux bâtiments qui l'entouraient, un contre-mur était adossé à la muraille du temple, et que les soliveaux des chambres entraient dans cette muraille extérieure sans toucher les murs mêmes du temple. D'autres, cependant, entendent que le mur du temple était, à l'extérieur, construit en forme d'escalier (trois différences d'épaisseur), et que les solives des chambres s'appuyaient sur ces espèces de degrés extérieurs, sans qu'il eût été nécessaire de faire des trous dans la muraille pour y faire entrer les solives. La longueur des chambres n'est pas déterminée; Ézéchiel parle de trente chambres, dix par étage, ce qui ferait quatre pour chaque côté de la longueur, et deux pour la largeur derrière le lieu très saint; avec les dimensions admises plus haut, ces chambres auraient eu ainsi, les plus grandes, 15 coudées (8m,10) de long, les deux autres, 10 coudées.
— L'entrée de ces chambres était au côté droit sud de la maison; l'on montait par une vis, ou escalier tournant, au deuxième étage, et de là au troisième.
— La hauteur de ces bâtiments était de 15 coudées; il restait ainsi de la place pour les fenêtres du temple, même dans la supposition, peu admissible, que le temple n'eût que 20 coudées de hauteur au-dedans. Les fenêtres étaient larges à l'intérieur, et rétrécies par dehors, comme les fenêtres de nos vieux châteaux, et les meurtrières de nos forteresses. On n'en connaît au reste ni la grandeur, ni le nombre, ni la forme (peut-être étaient-elles treillissées?); elles servaient plutôt à rafraîchir l'air qu'à donner du jour. Le lieu très saint n'en avait point.
-
Immédiatement autour du temple était le parvis intérieur, 1 Rois 6:36, qui est appelé parvis des prêtres, 2 Chroniques 4:9, parce qu'il n'était accessible qu'à eux et aux lévites. C'est là qu'ils offraient les sacrifices et accomplissaient la plupart de leurs fonctions; c'est là qu'étaient l'autel des holocaustes, la mer d'airain, les cuves et les deux colonnes. C'était un carré de, 100 coudées (54m) de côté; il avait trois portes, une à l'orient, une au sud, une au nord. On descendait de là par huit marches dans l'enceinte extérieure, appelée:
-
Le parvis d'Israël ou parvis du peuple; il avait 500 coudées de côté (270m), et quatre portes d'airain aux quatre vents; il était sans toiture, et pavé de marbres de différentes couleurs.
Ces deux parvis étaient séparés par une muraille de trois rangées de pierres polies, et d'une rangée de poutres de cèdre, 1 Rois 6:36. Flavius Josèphe dit que sa hauteur n'était que de 3 coudées (1m,62), afin que le peuple, de son parvis, pût voir ce qui se faisait dans celui des sacrificateurs, Antiquités Judaïques 8, 2 (détail qui ne s'accorderait pas avec une différence de niveau marquée par les huit marches). De chaque côté de la muraille étaient des portiques et des loges pour les lévites et les sacrificateurs, des réduits pour divers ustensiles, pour le bois et pour les provisions nécessaires, 1 Chroniques 28:12. Le mur extérieur du parvis du peuple était en outre bordé de galeries magnifiques, soutenues par deux ou trois rangs de colonnes, sous lesquels on pouvait s'abriter et se promener.
— On ne saurait nier que ces deux parvis ne fussent l'œuvre de Salomon, 2 Rois 21:5; 23:12; Ézéchiel 9:7; mais il est plus difficile de déterminer jusqu'à quel point leurs ornements et leurs dépendances, bâtiments, chambres, réduits, et autres, dont quelques-unes furent assez considérables pour avoir un nom spécial, appartiennent à son règne;
— Voir: Jérémie 38:2,4; 36:10,20,21; 2 Rois 23:11; cf. 11:19,6; 15:35; 2 Chroniques 24:8; 35:15; Jérémie 20:2; 26:10; Ézéchiel 8:3,5; 9:2; 10:19; 11:1.
Il ressort même de plusieurs de ces passages que des changements et des modifications eurent lieu sous les rois suivants, et l'histoire du temple nous a montré en quelles circonstances ces adjonctions ont pu être nécessitées, et quelles causes les ont produites.
D'après ce qui précède, on peut se faire une idée assez juste, peut-être assez claire, de ce qu'était le temple de Salomon: plus riche que majestueux, plus magnifique que grandiose, fait pour Dieu plutôt que pour les hommes, bien proportionné dans son ensemble, mais petit en comparaison de la multitude de peuple qui ne devait avoir que ce seul sanctuaire; sacerdotal et non populaire, puisque les simples Israélites ne pouvaient pas même pénétrer jusqu'au parvis qui l'entourait immédiatement. Son espèce de clocher, ses appentis latéraux et la dépression de la partie occidentale du bâtiment, ont été sinon copiés, du moins imités dans la construction de plusieurs temples catholiques, et l'église de Dresde est citée par Winer, comme répondant assez exactement à l'idée qu'on doit se faire du temple de Salomon par les récits bibliques.
À peine le temple fut-il achevé que Salomon y fit transporter l'arche de l'alliance, et qu'il le consacra lui-même d'une manière solennelle, comme le temple de tout le peuple. Mais peu d'années après la mort de son fondateur, les changements politiques qui survinrent, détachèrent du temple de Jérusalem la plus grande partie des ressortissants des dix tribus schismatiques, et le temple de Salomon ne fut plus que le centre religieux du petit royaume de Juda; encore fut-il à plusieurs reprises profané et consacré aux idoles par des rois de la famille de David, 2 Rois 21:4; 23:4, etc. Lorsque Nébucadnetsar le détruisit et le brûla, il comptait environ quatre cent dix-huit années d'existence.
Dom Calmet, dans son dictionnaire, entasse sur un seul temple tous les détails relatifs aux trois temples qui se succédèrent, et au temple d'Ézéchiel. De là des contradictions sans nombre. C'est la science du pèle mêle.
VISION D'ÉZÉCHIEL.
Avant de passer à la description du temple
de Zorobabel, c'est ici le lieu de dire
quelques mots de la vision renfermée dans
les neuf derniers chapitres d'Ézéchiel, et
spécialement des chapitres 40:1-43:12. Le
prophète, qui, malgré les malheurs de sa
patrie, attend la restauration d'Israël, et
qui termine son livre par ce long cri
d'espérance, de joie et de triomphe, voit en
vision le saint lieu rétabli, le sacerdoce
réintégré dans ses fonctions, le culte
renouvelé, Jérusalem restaurée, une source
de bénédictions nouvelles descendre sur un
peuple longtemps coupable, mais puni et
pardonné, et l'Église sortie de ces ruines,
se partager de nouveau Canaan pour y servir
à toujours l'Éternel. Si l'on oublie le sens
de cette vision, l'on tombe aussitôt dans le
non sens; Villalpande, en voyant dans ce
temple symbolique une réminiscence du temple
de Salomon (ce qui est cependant contredit
par la différence des détails), Grotius, en
y voyant une réminiscence du temple tel
qu'il était lorsqu'il fut détruit par
Nébucadnetsar, méconnaissent le caractère
spirituel de la prophétie. Dœderlein, au
contraire, en ne voyant que le côté idéal de
cette vision, en n'y voyant qu'une
description poétique, une œuvre de
fantaisie, un élan d'imagination, ou bien
encore une œuvre d'art, un plan médité à
loisir, méconnaît la mission religieuse du
prophète et de la prophétie en général,
mission positive, pratique, féconde,
messianique. Herder, Eichhorn et d'autres
n'ont ni mieux compris, ni mieux réussi en
cherchant à réunir ces deux points de vue
différents, et en disant qu'Ézéchiel voulait
laisser à la génération nouvelle le modèle
d'un temple à reconstruire lorsqu'ils
seraient rentrés dans leur patrie, et qu'il
a fait ce plan moitié de souvenir, moitié
d'imagination. Les commentateurs juifs se
rapprochent de l'idée messianique, mais ils
la présentent, comme toujours, sous un point
de vue charnel; Ézéchiel a vu le temple tel
qu'il existera matériellement lors de la
venue du Messie. Ewald, qui partage en
quelque sorte cette manière de voir, ajoute
que si le prophète décrit si minutieusement
certaines parties du temple et de l'autel,
maintenant détruits et perdus, c'est pour
que du moins le souvenir en reste, et qu'on
puisse les reproduire et les reconstruire
lorsqu'Israël sera délivré et rétabli. La
conscience chrétienne a si formellement
protesté contre cette interprétation
judaïque, que par réaction sans doute, et
par un excès de spiritualisme, on en est
venu à appliquer généralement et
exclusivement toute cette vision à l'Église
du Nouveau Testament. Quelques théologiens
ont essayé de tempérer cette vue exagérée,
en admettant qu'Ézéchiel a bien voulu faire
la description d'un temple matériel que les
Juifs devraient bâtir un jour, mais que ce
temple serait l'image et la représentation
de, l'Église. Il y a dans toutes ces
interprétations quelque chose de trop
arbitraire ou de trop dogmatique. La vision
d'Ézéchiel ne peut être prise ni comme une
description matérielle, ni comme un travail
d'imagination, ni comme un composé de l'une
et de l'autre, ni comme un simple type; elle
est un symbole. Il importe en effet, de
remarquer:
-
que le temple de Zorobabel n'a pas été construit d'après les données d'Ézéchiel, quoique les contemporains du prophète fussent encore vivants; preuve qu'on n'estimait pas qu'il eût voulu imposer de la part de Dieu la forme du nouveau temple,
-
Plusieurs détails de la description étaient d'une exécution matériellement impossible, n'ayant qu'une valeur symbolique; ainsi, l'étendue de l'enclos autour du temple, 500 cannes de côté (1800 mètres), 42:16; sq.; la gloire de Dieu qui se manifeste, 43:2; les eaux qui sortent de dessous le seuil de la maison, qui augmentent en volume jusqu'à devenir un torrent que le prophète traverse à la nage, quoiqu'elles n'aient point d'affluent, qui finissent par se jeter dans la mer d'Orient, la mer Morte, et qui en assainissent les eaux, 47:2; sq.; le nouveau partage du pays entre les douze tribus, partage qui n'a jamais eu lieu, 47:13, etc.
-
Ézéchiel, le lévite, avec son caractère sacerdotal et mosaïque, si attaché à la loi de l'Éternel, d'ordinaire si attaché à la lettre du Pentateuque, l'abandonne ici à plusieurs reprises, n'en conservant que l'esprit, et semble entrer dans une voie nouvelle de développement, comme s'il pressentait celui qui n'est pas venu abolir la loi, mais l'accomplir; comme s'il pressentait l'ère nouvelle de la loi parfaite, Moïse remplacé par Jésus, la synagogue par l'Église,
-
La prophétie est présentée sous la forme d'une vision, et c'est le propre d'une vision de présenter des idées abstraites sous des formes concrètes, matérielles, physiques; le prophète se voit lui-même transporté dans un temps nouveau, il participe aux bénédictions que la vision lui montre; il ne pouvait pas voir l'ère de Christ sous une forme spirituelle,
-
Le prophète lui-même en plusieurs autres passages, notamment 20:40 (cf. aussi 11:19; 36:26, et surtout 37:26-28), semble déjà fixer notre attention sur une époque ou le culte sera esprit et vie, où Dieu sera le sanctuaire de son peuple comme il l'a déjà été, 11:16.
-
L'analogie des autres prophètes appuie le sens symbolique de ce passage; ainsi Jérémie, 31:38, représente la restauration du culte et de la théocratie sous l'emblème de la reconstruction de Jérusalem;
— Voir: aussi 33:17; cf. encore Aggée, 2:7; Ésaïe 60:10; Zacharie 2:2; sq.; 4; 6:13; 14.
-
Le Nouveau Testament, et spécialement les deux derniers chapitres de l'Apocalypse, confirme pleinement et péremptoirement l'explication symbolique de la vision d'Ézéchiel, comme étant la seule juste, la seule conforme à l'analogie de la foi.
-
La lecture enfin de cette prophétie reste obscure à quelque point de vue qu'on se place, mais elle acquiert une entière clarté si l'on abandonne le sens matériel, ou simplement poétique et prophétique, pour ne voir dans ces magnifiques descriptions que le langage symbolique du chrétien à qui Dieu révèle une économie nouvelle, une dispensation nouvelle de grâces, de bénédictions, de joie, de paix et de fidélité.
Il appartient aux commentaires d'entrer à
cet égard dans des développements; ce qui
précède suffit pour montrer que le temple
symbolique du prophète ne peut servir que
par d'incertaines analogies à la
reconstruction du temple de Salomon ou du
temple de Zorobabel. On peut lire dans
l'excellent commentaire de Hævernick les
détails exégétiques que notre travail ne
comporte pas.
TEMPLE DE ZOROBABEL.
On n'a pas de détails sur la forme, la
grandeur et l'architecture de ce temple; on
suppose qu'il était construit à l'instar du
premier, sur l'emplacement duquel il
s'élevait; mais il n'en égala ni la
richesse, ni la splendeur, Esdras 3:12;
Aggée 2:3. Il avait des parvis, des
portiques, et quelques bâtiments ou cellules
dans leur enceinte, 1 Maccabées 4:38,48. Les
vieillards qui avaient vu le premier temple
pleurèrent en voyant combien le second lui
était inférieur; mais Aggée les consola en
prophétisant que la gloire de cette seconde
maison serait plus grande que celle de la
première, car le maître de cette maison
devait un jour l'honorer de sa présence,
Aggée 2:9; cf. Malachie 3:1. (Les Juifs ne
savent comment expliquer cette supériorité,
puisqu'ils n'admettent pas que la présence
de Jésus en a été le plus bel ornement.) Les
docteurs juifs disent qu'il manquait à ce
temple cinq choses qui étaient dans celui de
Salomon: l'esprit de prophétie, l'oracle, le
feu sacré qui devait brûler continuellement
sur l'autel, l'Urim et le Thummim. Dieu
voulait que, peu à peu, ces types fissent
place à la réalité, Jérémie 4:4.
TEMPLE D'HÉRODE.
Il est quelquefois appelé second,
quelquefois troisième temple; ceux qui lui
donnent ce dernier nom veulent faire mentir
la prophétie d'Aggée relative à la gloire du
temple de Zorobabel; c'est donc plutôt une
question dogmatique qu'une affaire de
chiffres qui distingue ces deux titres, l'un
et l'autre, du reste, également justifiés.
Hérode fit faire au temple de Zorobabel de
tels changements, que l'on put l'appeler un
nouveau temple; mais ces changements qui ne
détruisirent à peu près rien de ce qui
existait déjà, ne furent, dans un autre
sens, que la continuation des travaux
commencés au retour de l'exil. Le nom
importe peu, pourvu qu'on se rappelle que le
temple d'Hérode ne fut que celui de
Zorobabel enrichi et augmenté. Flavius
Josèphe, dans la Guerre des Juifs 5, 5, et
dans ses Antiquités 15, 11, 3, le Talmud
dans le traité de Middoth (Mishna 5, 10),
nous en ont conservé la description; cette
dernière autorité est moins sûre, et
quelquefois suspecte.
Le temple, avec ses abords, avait quatre
stades de tour (864m), un stade (216m) par
côté. Il s'élevait par une suite de
terrasses, chaque parvis intérieur étant
plus élevé que celui qui l'entourait
immédiatement, et le temple couronnant et
dominant ses parvis et la ville tout
entière. Le parvis extérieur avait plusieurs
portes, quatre à l'ouest, une à chaque autre
côté (selon d'autres, deux au sud); ce
parvis était entouré, au moins de trois
côtés, d'un double rang de galeries en bois
de cèdre, larges de 30 coudées, et soutenues
par des colonnes de marbre hautes de 25
coudées: là se trouvait, à ce qu'on pense,
le portique de Salomon, Jean 10:23; Actes
3:11. La porte surnommée la Belle,
Actes 3:2,10, était probablement la porte
orientale, dite porte de Susan, parce qu'un
tableau de la ville de ce nom y était
représenté. Une synagogue, Luc 2:46, des
chambres pour les lévites, une maison de
change et un marché s'abritaient sous les
colonnes de cette galerie; là on vendait les
objets nécessaires aux sacrifices sanglants
et non sanglants, de la farine, de l'huile
et des animaux. Le marché était
naturellement plus fréquenté à certaines
époques de l'année; à Pâques, par exemple,
une hausse artificielle pouvait se faire
sentir dans le prix des marchandises, et les
cris des acheteurs, des vendeurs et des
animaux ne pouvaient que troubler la
dévotion des Israélites pieux qui visitaient
le temple, cf. Matthieu 21:12; Jean 2:14.
C'est sur ce portique, bâti au bord d'un
précipice, que quelques auteurs pensent que
Jésus fut mené par le diable (De Wette);
d'autres croient que ce fut sur le portique
du roi, d'autres, enfin, sur le temple même,
construit en plateforme et garni d'une
balustrade. Le sol de ce parvis était pavé
de pierres plates de différentes couleurs;
une balustrade de fer, avec des colonnes de
distance en distance et des inscriptions
grecques et latines, marquait le point
au-delà duquel il était défendu aux gentils,
sous peine de mort, de pénétrer. Ce premier
parvis est appelé, par les archéologues
chrétiens, le parvis des Gentils,
d'après l'analogie de Apocalypse 11:2.
On montait de là, par quatorze degrés, à une
espèce de petite terrasse large de 10
coudées, que l'on traversait pour arriver au
parvis proprement dit. La muraille qui
l'entourait, avait 40 coudées de haut; mais
elle paraissait moins élevée à cause des
degrés, qui en dissimulaient une partie, un
entrait dans ce parvis par neuf portes
(quatre au sud, quatre au nord et une à
l'est), auxquelles conduisaient cinq degrés.
À lest était le parvis des femmes, séparé
par une muraille du parvis des hommes, et
moins élevé. Quinze degrés conduisaient dans
le parvis des Israélites par la porte
orientale, qui formait l'entrée principale.
Cinq degrés seulement, mais plus élevés,
aboutissaient du parvis des hommes à la même
entrée. Des appartements étaient construits
au-dessus des portes, jusqu'à la hauteur de
40 coudées; deux colonnes de 4 coudées de
diamètre étaient placées comme ornement
devant chacun de ces vastes bâtiments. Les
portes proprement dites étaient à deux
battants; elles avaient 30 coudées de haut
et 15 de large; l'or et l'argent les
recouvraient du haut en bas. Une simple
galerie supportée par de hautes et belles
colonnes, courait le long des murs
intérieurs du parvis. C'était le parvis
d'Israël.
Le mur qui le séparait du parvis des
prêtres, n'avait qu'une coudée de hauteur.
Ce dernier entourait immédiatement le temple
de tous les côtés. L'un et l'autre étaient
pavés de dalles plates, et comme les prêtres
devaient remplir leurs fonctions nu-pieds,
ils étaient assez fréquemment exposés à des
indispositions plus ou moins graves; un ou
plusieurs médecins étaient, en conséquence,
attachés au service du temple. Dans le
parvis des prêtres était l'autel des
holocaustes; c'est là qu'on sacrifiait,
qu'on priait, qu'on bénissait, et que les
lévites chantaient les doux cantiques
d'Israël.
Enfin, à 12 coudées au-dessus du parvis,
s'élevait le temple lui-même, ayant 100
coudées de haut, autant de long, et autant
de large par devant, son immense portique
faisant saillie des deux côtés, et
s'avançant de 15 à 20 coudées à droite et à
gauche. Ce portique avait également 100
coudées de haut; le fronton en était couvert
de dorures; un cep de vigne colossal, d'or
ou doré, s'élevait au côté de la porte, et
laissait retomber à profusion des grappes
d'or de hauteur d'homme, symboles du bonheur
promis par les prophètes, Jérémie 2:21;
Ézéchiel 19:10; cf. Joël 1:7; occasion
peut-être du discours de Jésus. Jean 15;
(c'est à ce fait qu'il faut probablement
rattacher la tradition qui porte que les
Juifs adoraient Bacchus). Sous le portique
on trouvait deux tables, l'une de marbre,
l'autre d'or, sur lesquelles le
sacrificateur déposait, en entrant dans le
temple et en en sortant, les pains de
proposition. Deux portes d'or à deux
battants, hautes de 55 coudées et larges de
16, devant lesquelles pendait, à
l'intérieur, un riche rideau de broderie,
ouvraient sur le lieu saint, haut de
soixante coudées, large de 20, long de 40;
il renfermait le chandelier d'or à sept
branches, la table d'or des pains de
proposition, et l'autel d'or des parfums, un
rideau magnifique, celui qui se déchira à la
mort du Sauveur, Matthieu 27:51, (les
rabbins disent deux rideaux éloignés d'une
coudée l'un de l'autre) conduisait au lieu
très saint, qui était vide, l'arche ayant
disparu lors de la captivité de Babylone; au
dire des Juifs, une pierre massive en
occupait la place. Le saint des saints avait
20 coudées de long, 20 de large et 60 de
haut. Le toit était probablement plat,
quoique Flavius Josèphe n'en dise rien, et
que De Wette pense le contraire. Il était
garni de flèches d'or ou dorées (d'une
coudée de haut), qui devaient empêcher les
oiseaux de s'y établir, et qui purent aussi
faire l'effet de paratonnerres à l'insu de
ceux qui les avaient imaginées. L'espace
compris entre le toit et la hauteur du
temple était occupé par des appartements et
des chambres pour les prêtres, les
provisions et les vaisseaux du temple. De
même que l'intérieur, l'extérieur du
bâtiment était couvert d'or, et brillait au
soleil du plus vif éclat; tout ce qui
n'était pas dorure était marbre, et ces
énormes blocs d'une blancheur éclatante
donnaient de loin au temple l'apparence d'un
monticule couvert de neige.
Ce temple, dans les parvis duquel notre
Seigneur se promenait ordinairement pendant
ses séjours à Jérusalem, et où il prononça
quelques-uns de ses plus beaux discours aux
nombreux rassemblements de peuple qui s'y
formaient naturellement chaque jour, était
en contact immédiat avec la basse ville, et
il se reliait à la haute ville bâtie sur
Sion, au moyen d'un pont à plusieurs arches.
Il était lui-même dominé par le fort
Antonia, qu'Hé-rode fit construire au
commencement de son règne, à l'extrémité
nord-ouest de la montagne du temple, et qui
communiquait avec ce bâtiment par le moyen
de souterrains inconnus. De l'une des tours
de la forteresse on pouvait voir tout ce qui
se passait dans le temple, et une garnison
romaine l'occupait habituellement, pour
comprimer de là toute espèce de tentative
que pourraient faire les Juifs pour procurer
leur émancipation. Plusieurs mouvements
eurent lieu en effet, mais ils restèrent
infructueux et ne produisirent que des
dévastations partielles. Le lieu saint resta
intact sous Hérode et sous ses fils; on
songeait même, sous Hérode Agrippa II, à
reprendre quelques réparations; mais le
dernier soulèvement qui eut lieu, et la
manière dont les Romains s'en rendirent
maîtres, rendirent inutile ce projet; la
dernière heure avait sonné. Des troupes
juives furent caser-nées dans les parvis du
temple, et leurs armes furent suspendues aux
portes mêmes du saint lieu; c'était là le
dernier boulevard de l'indépendance
nationale. Les Romains (l'an 70), sous
Titus, s'y précipitèrent du fort Antonia;
les Juifs, au désespoir, mirent le feu au
parvis; un soldat romain jeta un tison
ardent contre les bâtiments qui tenaient au
temple vers le nord; la flamme s'élança,
Titus essaya en vain d'arrêter les progrès
de l'incendie, et tout fut dit. Les
vainqueurs n'eurent plus qu'à réunir sur un
char de triomphe, les débris qu'ils purent
arracher à l'incendie, la table des pains de
proposition, le chandelier d'or, le livre de
la loi, et deux trompettes; ces insignes de
la victoire furent plus tard représentés en
relief sous la voûte de l'arc de Titus, et
l'on en possède plusieurs copies.
Les fondements du temple avaient été
épargnés; quelques murailles sans doute
restaient encore debout, et pouvaient servir
de centre de ralliement aux Juifs fanatisés.
Adrien (136), en élevant sur la place de
l'ancienne Jérusalem la ville nouvelle
d'Ælia Capitolina, construisit un temple de
Jupiter sur la place et avec les débris du
temple de l'Éternel, et interdit aux Juifs
l'entrée de la ville. Quelques tentatives
malheureuses de ces derniers méritent à
peine d'être mentionnées, et lorsque Julien,
en 368, voulut essayer lui-même cette œuvre
d'hostilité contre Dieu, des flammes sorties
des fondements découverts, le forcèrent
d'abandonner cette entreprise. Aujourd'hui
c'est une mosquée magnifique, l'une des
trois plus belles des mahométans, qui
s'élève au sommet de la ville sainte; elle
fut construite en 636 par le calife Omar,
avec les débris d'une église chrétienne.
Quant au sicle du sanctuaire,
— Voir: Impôt, et Sicle.
La perception de cet impôt était proclamée
le 1er adar; les bureaux des changeurs
s'ouvraient le 15 dans les provinces, et le
25 à Jérusalem. Il fallait en effet que les
Juifs sujets à l'impôt, pussent se procurer
au lieu, de la monnaie courante, la monnaie
ancienne dans laquelle l'impôt était perçu,
et le change se faisait contre un certain
agio. Il y avait une amende pour celui qui
ne s'était pas acquitté au 25. Les villes
éloignées envoyaient leur recette en or pour
la facilité du transport. Un évalue à près
de 2 millions de francs le produit annuel de
cet impôt, du temps de Christ. Les sommes
reçues étaient déposées dans deux troncs du
parvis des femmes; dans l'un on mettait le
produit de l'année, dans l'autre les
paiements arriérés de l'année précédente.
Ces richesses accumulées, et parfois
exagérées, attirèrent souvent l'attention
des généraux et des princes qui s'emparèrent
de Jérusalem, 1 Maccabées 1:24, etc. Les
chambres du trésor furent brûlées par
l'armée romaine, mais Titus ne put se rendre
maître des richesses qu'elles renfermaient.
On infère de plusieurs passages, Deutéronome
31:26; 2 Rois 22:8; 2 Maccabées 2:13, qu'il
y avait dans le temple, ou plutôt dans un
des bâtiments voisins, des archives
ecclésiastiques et nationales; mais ces
passages ne suffisent pas à le prouver,
quoique le fait n'ait en lui-même rien
d'invraisemblable; 1 Maccabées 14:49, et
Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques 5, 1.
17. Guerre des Juifs 7, 5, 5, ne sont pas
davantage des témoignages péremptoires.
Ce fut toujours une coutume, dès la plus
haute antiquité, chez les Juifs comme chez
les païens, d'offrir au temple des présents,
soit de prières, soit d'actions de grâces,
lorsqu'on partait pour une expédition, ou
qu'on en revenait. Les Philistins firent une
offrande de ce genre lorsqu'ils renvoyèrent
l'arche de l'alliance, 1 Samuel 6. Les
livres apocryphes citent d'autres exemples
de princes païens, ou de riches prosélytes
qui prirent plaisir à orner le temple. Ces
sortes d'ex voto qui n'étaient pas en
numéraire, étaient publiquement exposés,
soit dans l'intérieur du temple, soit dans
le portique ou dans les parvis, et leur
nombre était si considérable qu'il ne
pouvait manquer d'attirer l'attention des
promeneurs, cf. Luc 21:5. Ptolémée
Philadelphie en particulier, témoigna par la
richesse de ses dons, sa reconnaissance pour
la traduction grecque des Septante qui lui
fut envoyée. Quelques trophées se trouvaient
aussi mêlés aux ornements du temple, 2 Rois
11:10; cf. 1 Samuel 21:9.
Un nombreux personnel était naturellement
attaché au service de bâtiments aussi vastes
et aussi nombreux. La police du temple avant
l'exil était spécialement confiée aux
lévites, q.v.; cf. aussi 2 Chroniques 23:19;
cependant nous n'avons aucun détail sur
l'organisation de ces services.
Après l'exil, au dire de Flavius Josèphe,
les gardiens du temple furent placés sous
les ordres d'un chef spécial; l'ouverture et
la fermeture des portes exigeait le travail
de vingt hommes, et se faisait par les soins
des prêtres. Le chef des gardiens est
quelquefois cité à côté du souverain
sacrificateur; il avait un secrétaire, et
veillait à l'ordre, à la propreté, et à la
tranquillité des parvis: on suppose qu'il
était choisi parmi les prêtres du premier
rang. Les prêtres avaient trois postes
autour du temple, les lévites en avaient
vingt-un aux portes des parvis; ils devaient
veiller à ce qu'aucun homme impur, ou femme
souillée, ne dépassât les limites qui lui
étaient posées; on ne pouvait aborder le
temple avec un bâton à la main, ni avec des
souliers, ni avec des pieds non lavés; on ne
pouvait non plus, comme cela se pratique de
nos jours encore en plusieurs lieux,
traverser avec une charge, corbeille ou
autre, les parvis du temple pour abréger son
chemin.
Un temple juif avait été construit, 180-145
avant J.-C., à Léontopolis, en Égypte, par
le souverain sacrificateur Onias, sous le
règne de Ptolémée Philométor, sur le modèle
de celui de Jérusalem, mais en petit. Le
décrire serait sortir des limites de notre
plan. Il fut détruit sous Vespasien.
TENTES,
— Voir: Tabernacle.
TÉRÉBINTHE,
le pistacia terebinthus de
Linnée, probablement désigné par les mots
hébreux allah et élah, bel
arbre au tronc vigoureux, aux branches
nombreuses et fortes (Sirach 24, 22),
originaire du Levant, et que l'on trouve
dans presque toute l'Asie Mineure, mais
particulièrement dans les îles de Chypre et
de Chios: il paraît être devenu rare en
Palestine, quoiqu'on l'y rencontre encore,
de même qu'en Syrie. Son écorce est
grisâtre, gercée; ses feuilles, roides, d'un
vert lustré, longues de 1 pouce et 1/2 à 2
pouces, ressemblent à celles de l'olivier,
et persistent en hiver. Ses fleurs se
montrent à la fin d'avril, au bout des
branches, et ressemblent à celles de
l'olivier; les fruits, groupés en forme de
grappes ou de bouquets, sont durs, résineux,
gros comme les grains du genièvre, et
renferment une petite amande blanche et
charnue, mangeable, mais d'une digestion
difficile. Le bois de l'arbre est blanc et
dur. Le tronc donne une espèce de résine que
l'on rend plus abondante au moyen
d'incisions artificielles; mais l'on n'en
retire jamais une bien grande quantité:
quatre térébinthes de soixante ans donnent
environ 1 kilogramme 1/2 à 2 kilogrammes, et
l'île de Chios tout entière n'en rapporte
guère annuellement que 600. La vraie
térébenthine était en conséquence comptée au
nombre des essences les plus précieuses de
l'Orient; la médecine en tirait un grand
parti. On dit que le térébinthe atteint un
âge fort avancé, environ mille ans, cf.
Ésaïe 6:13, et Flavius Josèphe raconte que
l'on en montrait de son temps à Hébron un
aussi vieux que le monde! C'est le cas, ou
jamais, de passer au moins au déluge.
Les voyageurs s'arrêtaient volontiers sous
l'ombrage touffu et bienveillant de cet
arbre, Juges 6:11,19; 1 Rois 13:14; on y
adorait des idoles, Ézéchiel 6:13; Osée
4:13: on y élevait des monuments, Josué
24:26, on y enterrait ses morts, 1
Chroniques 10:12.
— Nos versions, à l'imitation des anciennes,
et sans doute à cause de la ressemblance des
noms hébreux, ont presque toujours confondu
le térébinthe avec le chêne, q.v.
— Voir: aussi Vallée.
TÉRÈS,
— Voir: Bigthan.
TERRE.
Ce mot a dans l'Écriture, comme
dans le langage ordinaire, plusieurs
significations différentes: il désigne le
sol sur lequel nous marchons, Genèse 1:10:
toute la matière grossière qui fut créée au
commencement, Genèse 1,1; le globe terrestre
avec tout ce qu'il contient, hommes,
animaux, plantes, métaux, etc., Psaumes
24:1; 115:15-16; Genèse 8:17; il désigne
aussi les habitants de la terre, Genèse
6:13; 11:1. Quelquefois il se dit d'une
contrée particulière, le plus souvent de la
Palestine, à moins qu'un autre pays ne soit
spécialement désigné, la terre d'Égypte,
d'Assyrie, de Moab; il s'applique à tout
l'empire de Caldée et d'Assyrie, Esdras 1:2.
Dans les Psaumes, la terre signifie en
premier lieu le pays d'Israël, et ensuite
prophétiquement le monde entier, Psaumes
33:8,14; 45:16; 48:2; 57:5,11, etc. La terre
des vivants marquait dans l'esprit des
Juifs, soit la Palestine, par opposition aux
lieux de leur captivité, soit la vie à
venir, par opposition à la vie présente,
Psaumes 27:13; 52:5; Ésaïe 38:11; 53:8. La
terre d'oubli, c'est le tombeau, Psaumes
88:42; Job 10:21,22. Dans Je sens moral, la
terre est opposée à l'esprit, elle est
l'emblème de la matière, le mot terrestre
est opposé à céleste, Jean 3:34; Colossiens
3:5; 1 Corinthiens 15:47-48; 2 Corinthiens
5:4; la terre représente la corruption, la
décomposition, Psaumes 103:14. Dans le
langage prophétique, dans Daniel, et dans
l'Apocalypse en particulier, le mot terre
désigne encore d'une manière spéciale le
territoire des quatre monarchies, l'Asie
Mineure, et toute la portion de l'Europe
comprise entre la Méditerranée au sud, le
Rhin et le Danube au nord (— Voir:
Gaussen). Newton y ajoute encore
l'Angleterre. On multiplierait à l'infini
l'énumération des acceptions diverses dans
lesquelles ce même mot est pris dans la
Bible; ce travail n'est pas nécessaire.
Quant à la terre proprement dite, il a été
parlé aux articles Genèse et Création de ce
qui concerne son origine et du récit que
nous en font les historiens sacrés; de
l'aveu même des théologiens les moins
suspects d'enthousiasme, de Winer, par
exemple, le récit biblique de Genèse 1, est
si sage, si bien conçu, si naturel, et
raconté dans un style si beau, si élevé,
qu'il n'est aucune autre cosmogonie de
l'ancien monde qui puisse lui être comparée
sous ce rapport,
— Voir: aussi Cuvier, Discours, etc.;
Chaubard, Éléments de Géologie, etc.
Il est difficile de se former une idée des
opinions des Hébreux relativement à la
structure de la terre; il est probable même
qu'ils ne s'étaient pas posé la question.
Les descriptions poétiques de Psaumes 104:5;
Job 9:6; 38:6; Psaumes 75:3, qui nous
parlent des bases et des piliers de la
terre, ou de Psaumes 24:2; 136:6, qui nous
représentent la terre comme fondée sur
l'Océan, ne doivent pas plus être prises à
la lettre que celle de Ésaïe 11:12, qui
semble indiquer une terre carrée (Gesenius);
de Job 26:7, qui la représente planant dans
l'espace, soutenue par la puissante main de
Dieu, ou de Proverbes 8:27; Job 26:10; Ésaïe
40:22, qui la représentent comme une sphère,
ou comme une circonférence, dont Jérusalem
serait le centre, Ézéchiel 5:5; cf. 38:12.
(Le
mot «terre» ou «ERETS» en Hébreu signifie
proprement «ce qui est stable ou fixe», nous
indiquant que la Terre n'est pas en motion,
elle ne tourne pas sur elle-même ni ne
tourne-t-elle autour du soleil. Elle est le
centre même de l'univers et tout est en
rotation perpétuelle autour d'elle.)
Avant l'exil, les Juifs ne connurent guère
que les pays qui les avoisinaient
immédiatement, et avec lesquels ils avaient
des occasions de contact, l'Égypte,
l'Arabie, la Syrie et la Phénicie; niais
leurs connaissances géographiques
s'étendirent avec la captivité; ils
apprirent à connaître l'Assyrie, la Médie,
la Babylonie, et peut-être leurs rapports
avec les Phéniciens leur firent-ils
connaître aussi les îles, les pays de
l'ouest, et même le nord de l'Asie, Gog et
Magog, Ézéchiel 27, Jérémie 51:27; cf. Ésaïe
14:13. Les premiers essais d'une géographie
datent de cette époque, et Flavius Josèphe
(Antiquités Judaïques 1, 6) nous fait part
des travaux de celui qui, le premier sans
doute, essaya de résoudre les difficultés et
les obscurités généalogiques de Genèse 10,
par les traditions des peuples sur leurs
origines. Depuis les Maccabées, les Juifs
entrèrent en rapport avec la Grèce et
l'Italie; lé commerce et la politique
agrandirent de ce côté leur horizon.
— On a cru trouver, Josué 18:9, la première
trace de cartes géographiques, mais on peut
l'entendre aussi d'une description des
lieux, d'une topographie; en Égypte,
cependant, Sésostris aurait eu, d'après la
tradition, la première idée de planés et de
cartes du pays.
TERTIUS
n'est connu que parce qu'il servit de secrétaire à saint Paul, lorsque celui-ci écrivit son épître aux Romains, Romains 16:22, soit qu'il ait recopié la lettre autographe de l'apôtre, soit plutôt qu'il ait écrit sous sa dictée. Lightfoot suppose que Tertius est le même que Silas, ce dernier nom pouvant signifier, en hébreu, le troisième. Quelques éditions grecques portent Térentius. On ne sait, du reste, rien de positif sur sa vie.
TERTULLE,
orateur, rhéteur ou avocat, dont le nom signifie imposteur. II ne doit sa réputation qu'à son plaidoyer contre saint Paul à Césarée, devant Ananias et le gouverneur Félix, Actes 24:1. Quoique son discours ne nous soit rapporté qu'en extrait, on y reconnaît, soit pour le fond, soit pour la forme, tout ce qui caractérise les époques de décadence, des précautions oratoires stéréotypées, de la violence et de l'exagération dans la plainte, et ce système d'intimidation qui provient de la peur que causent à ceux qui gouvernent les moindres innovations, et surtout les mouvements de la piété. C'est au nom de la tranquillité publique qu'il combat la liberté des cultes; c'est au nom de l'ordre qu'il demande le châtiment d'un apôtre. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
TESTAMENT,
— Voir: Alliance, et Bible.
TÉTRARQUE,
nom sous lequel régnèrent en
Palestine, et dans son voisinage, plusieurs
princes vassaux de Rome, notamment Hérode
Antipas, fils d'Hérode le Grand, tétrarque
de Pérée et de Galilée, Luc 3:1, qui fit
trancher la tête de Jean-Baptiste; Philippe,
également fils d'Hérode le Grand, et
tétrarque de la Trachonite, Luc 3:1, de la
Batanée et de la Gaulonite; enfin Lysanias,
prince d'Abilène.
— Voir: leurs articles.
Le premier est nommé roi, Matthieu 14:9; cf.
2:22, par suite de l'extension donnée à la
signification primitive de tétrarque, ou,
pour mieux dire, ce mot qui signifiait
d'abord chef d'un quart du pays, avait
complètement perdu sa signification pour ce
qui concerne les princes de la famille
d'Hérode, comme chez nous plusieurs titres
subsistent encore, qui n'ont plus de
réalité, duc de Dalmatie, prince de la
Moskowa, duc d'My, comte de Montebello, etc.
C'est au démembrement de la Thessalie en
quatre tétrarchies, par Philippe de
Macédoine, qu'il faut remonter pour trouver
l'origine de ce mot et son véritable sens.
Puis trois tribus galliques ayant émigré de
Thrace en Galatie, partagèrent chacune leur
territoire en quatre cercles ou districts,
dont les chefs reçurent le nom de
tétrarques. Dès lors ce titre s'est conservé
jusque dans la période romaine, quoiqu'il
n'y eût plus à cette époque qu'un seul
tétrarque, Déjotarus. En Palestine, ce
furent d'abord les fils d'Antipater, Hérode
et Phasaël qui, après avoir été longtemps à
la tête des provinces, reçurent d'Antoine
moins les fonctions que le nom de
tétrarques. Plus tard Hérode, devenu chef de
toute la Palestine et de l'Idumée, reçut le
titre de roi. Mais, après sa mort, le
royaume fut de nouveau partagé entre deux de
ses fils, Antipas et Philippe, qui furent
appelés tétrarques, tandis que le troisième,
Archélaüs, régna sous le nom d'ethnarque.
Avec eux s'éteignit pour la famille d'Hérode
la charge du tétrarchat; mais elle reparut
dans la personne de Lysanias. D'après
Flavius Josèphe et Pline, il y avait encore
des tétrarchies aux environs du Liban et
dans la Cœlésyrie, comme, en général,
pendant la fin de la république et sous les
empereurs, le nom de tétrarque fut donné à
de petits princes vassaux, auxquels on ne
voulait pas laisser le titre de rois.
— Voir: Sallust. Catil. 20, 7. Tacit.
Ann. 15, 25.
THABOR,
— Voir: Tabor.
THADDÉE,
— Voir: Jude.
THADMOR,
Thamar, etc.
— Voir: Tadmor, Tamar, etc.
THAMMUS.
Ce mot ne se trouve que Ézéchiel 8:14. Au milieu des visions qui lui montrent l'idolâtrie ravageant le pays et souillant l'autel du Seigneur, le prophète voit des femmes assises qui pleurent Thammus. C'était le dieu du deuil, une divinité qu'adoraient les femmes dans les larmes de leur douleur, l'Adonis des Phéniciens; tous les commentateurs sont d'accord à cet égard. Son culte principal se célébrait à Byblos; il était aussi adoré en Syrie et en Chypre, et de bonne heure, quoique avec des modifications, ce culte passa en Grèce. L'Adonis de nos mythologies ne doit donc pas être confondu avec l'Adonis de l'Orient. Chez les Phéniciens, la fête d'Adonis se célébrait au mois de juin, qui fut peut-être, à cause de cela, nommé Thammuz par les Israélites après le retour de l'exil; elle commençait par le deuil, et finissait par la joie. Les femmes poussaient des cris plaintifs, se rasaient la tête, et allaient jusqu'à offrir leur virginité dans le temple en l'honneur du dieu qu'elles avaient perdu; l'on enterrait ensuite solennellement l'idole, avec toutes les cérémonies en usage. Alors venait la seconde partie de la fête: le dieu était retrouvé, ressuscité, et des réjouissances sans nombre succédaient aux lamentations et au désespoir. Le sens de cette fête était clair et simple. Adonis était le symbole du soleil, tour à tour perdu et retrouvé, et, sous ce rapport, il n'est autre que l'Osiris des Égyptiens. Il résulte de la vision d'Ézéchiel que cette idolâtrie avait aussi ses sectateurs à Jérusalem; mais on se demande d'où vient ce nom de Thammus qui, nulle part ailleurs, n'est employé dans ce sens. Hævernick est peut-être le seul commentateur qui ait convenablement résolu cette question: selon lui, le prophète évite de prononcer le nom d'Adonis, qui a trop de rapport avec le nom de l'Éternel, Adonaï, et il le remplace par un mot appellatif composé, qui rappelle l'idole d'une manière assez claire pour être comprise. Thammus qui, selon saint Jérôme, signifie abstrus, caché, conviendrait assez au secret dont on enveloppait les mystères de ce dieu; mais une autre étymologie, développée par Hævernick, semble meilleure encore: Thammus serait une contraction de Tham'sus ou de Thanmus, qui signifie celui qui s'en va, qui s'évanouit, qui meurt.
(Thammuz est un des noms de Nemrod sous lequel il fut adoré. Sa mort violente fut pleurée par les anciens qui virent en lui un bienfaiteur et un sauveur.)
THÉÂTRE,
— Voir: Jeux.
Il n'en est parlé qu'une seule fois dans
l'Écriture, à l'occasion du tumulte
d'Éphèse, Actes 19:29.
THÉMAN
(parfait, sud).
-
Chef édomite, fils d'Éliphas et petit-fils d'Ésaü, Genèse 36:11,15,42.
-
Ville et district de l'Idumée, Jérémie 49:7,20; Ézéchiel 25:13 (opposé à Dédan), Amos 1:12; Habacuc 3:3; Abdias 9. Au temps d'Eusèbe et de Jérôme, Théman avait encore une garnison romaine. Les Thémanites, Genèse 36:34, partageaient avec les autres Iduméens la réputation d'une grande sagesse, et passaient pour ne s'exprimer qu'en un langage sentencieux, Abdias 8; Jérémie 49:7; le plus sage des trois consolateurs de Job, Éliphas, est Thémanite, 2:11; 4:1.
THÉOPHILE
(ami de Dieu), personnage qui n'est absolument connu que par la mention qu'en fait saint Luc en lui dédiant ses deux ouvrages, Luc 1:3; Actes 1:1. On suppose, par le titre de très excellent, qui lui est donné dans l'Évangile, qu'il était un homme de distinction, cf. Actes 23:26; 24:3; 26:25, où cette épithète n'est donnée qu'à de hauts personnages; peut-être occupait-il un poste éminent a cette époque, et le perdit-il plus tard; peut-être l'intimité qui s'établit entre lui et Luc permit-elle à celui-ci de supprimer dans son second ouvrage un titre que l'étiquette lui imposait dans le premier. On n'en sait rien; on ignore si Théophile était païen ou juif d'origine, gouverneur romain ou souverain sacrificateur juif, quand, comment et par qui il fut converti; on ignore tout, et l'on n'a pas même quelque vague tradition à invoquer. Cependant, comme il est dans la nature des interprètes de vouloir tout savoir, et il faut le leur pardonner, les suppositions se sont multipliées autour de ce personnage; Morus en fait un Athénien, Hase un Alexandrin, Eichhorn un Italien, etc. D'autres pensent que Luc désigne par un faux nom un homme qu'il ne veut pas nommer, gouverneur ou autre, qui penchait vers le christianisme, que son Évangile décida, et qui dès lors se lia d'une amitié intime avec lui; d'autres enfin croient que le nom de Théophile, ami de Dieu, désigne d'une manière générale tous les chrétiens. L'opinion qui se recommande le plus au milieu de toutes ces hypothèses, est celle d'Eichhorn, que Théophile habitait l'Italie, elle se fonde sur ce que Luc, ordinairement si exact dans ses détails géographiques, pour la Palestine, l'Asie et la Grèce, se borne pour la Sicile et l'Italie à la simple mention des noms, comme si Théophile devait suffisamment connaître ces contrées; la fin subite du livre des Actes qui s'arrête en quelque sorte au moment le plus intéressant, aux luttes de Paul avec les puissances de Rome, fortifie ce sentiment; Luc ne dit plus rien, parce que Théophile était là qui pouvait suivre par lui-même l'histoire de l'apôtre.
THÉRAPHIMS,
sans doute des dieux domestiques, une espèce de pénates, que les premières générations de la famille d'Abraham paraissent avoir hérités de leurs ancêtres, Genèse 31:19,34; cf. Ézéchiel 21:26, et qu'ils consultaient comme des oracles, Juges 18:5; cf. 17:5; Zacharie 10:2. Pour les croyants, ce culte était une idolâtrie, 2 Rois 23:24; Osée 3:4. Il y avait des théraphims de toute grandeur, depuis ceux que Rachel déroba et cacha, jusqu'à celui que Mical plaça dans le lit de David, 1 Samuel 19:13,16. Ils avaient des visages humains. Quelques auteurs ont cru que c'étaient des cadrans solaires, des anneaux constellés, des espèces de silènes, etc.; il n'est naturellement pas d'absurdités que les rabbins n'aient accueillies ou du moins recueillies sur ce sujet.
THESSALONIQUE
(victoire des Thessaliens),
ville importante, qui était au temps des
Romains la capitale du second district de la
Macédoine, et la résidence du præses et du
questeur, les deux premiers magistrats
romains. Appelée d'abord Émathia, puis
Halia, puis Therma, elle reçut, à ce qu'il
paraît, son nouveau nom de Philippe, père
d'Alexandre (les anciens géographes et
scoliastes varient cependant sur ce point),
ou de son gendre Cassandre, soit en
l'honneur de Thessalonique, fille de
Philippe, épouse de Cassandre, soit en
l'honneur d'une victoire remportée sur les
Thessaliens. Située au fond du golfe qui
porte son nom, sinus Thermæus, la ville
faisait un grand commerce par lequel elle
s'enrichissait de plus en plus; au temps de
Pline, elle avait le titre de ville libre,
plus tard elle devint métropole; au
cinquième siècle, grande, populeuse, riche,
elle était la capitale d'un pays d'une très
grande étendue; maintenant elle s'appelle
Salonichi, et compte environ 70,000
habitants, qui vivent en grande partie du
commerce. D'après le récit de Strabon,
Philippe, en renouvelant la ville, y fit
entrer les habitants des petites villes
voisines, ce qui augmenta singulièrement sa
population; plus tard, un assez grand nombre
de Romains vinrent s'y fixer aussi, comme
dans toutes les villes considérables de
l'empire; enfin, le commerce y attira encore
des Juifs. Le nombre paraît en avoir été
assez considérable, car ils y possédaient
même une synagogue, ou plutôt, pour rendre
précisément l'expression des Actes, la
synagogue, ce qui implique que c'était la
synagogue, non seulement de la ville, mais
encore des environs, la synagogue dont la
proseuque de Philippes pourrait n'avoir été
qu'une simple annexe. C'est dans cette
synagogue que Paul commença à prêcher,
lorsque après avoir passé pour la première
fois par la Phrygie et la Galatie, il eut
été poussé par l'Esprit à porter l'Évangile
en Europe. Forcé de quitter Philippes, il
avait pris la grande route le long de la
côte, et il était arrivé à Thessalonique par
Amphi-polis et Apollonia. Il prêcha pendant
trois sabbats consécutifs, et gagna à Christ
quelques Juifs et un grand nombre de païens
attachés au culte juif, Actes 17:1-4; mais
les Juifs incrédules, qu'on voit avoir été
nombreux, riches et influents, causèrent un
tumulte en se servant, comme de juste, des
hommes oisifs et fainéants qu'ils trouvèrent
sur la place publique; le mot de saint Luc,
αγοραίοι, devrait proprement se traduire par
flâneurs (Steiger, notes manuscrites); ils
rassemblèrent la populace, en grande partie
sans doute composée de leurs débiteurs, et
qui, par ce motif, était d'autant mieux
préparée à suivre l'impulsion qu'ils leur
donneraient; suivis de cette foule, ils
cherchèrent Paul et Silas dans le dessein de
les faire paraître en jugement devant
l'assemblée populaire, Actes 17:5. Ne les
ayant pas trouvés, ils s'en prirent à Jason
et à ses amis, tous hommes de distinction,
qu'ils n'osèrent pas juger sommairement et
qu'ils traduisirent devant le sénat en
formulant une accusation bien propre à
effrayer une autorité municipale soumise au
joug des Romains. Jason et les siens ne
furent point incarcérés, mais durent fournir
un cautionnement. Saint Paul dut fuir; il se
retira d'abord à Bérée, puis à Athènes, et
enfin à Corinthe. C'est de là, qu'après
avoir travaillé avec bien du succès, il
écrivit sa
1re aux Thessaloniciens,
— Voir: 1 Thessaloniciens 1:8; 3:6.
L'occasion de cette lettre se trouve dans
l'arrivée de Timothée auprès de saint Paul;
il lui apporte des nouvelles du beau réveil
de la Macédoine, de ce réveil dont Paul
n'avait vu que les premiers moments, mais
qui s'était développé après son départ sous
la direction de Silas et de Timothée, non
seulement dans la ville même de
Thessalonique, mais aussi dans les environs,
parmi les Juifs et au milieu des païens,
réveil qui fournit plus tard à l'apôtre des
collaborateurs et des aides, Actes 20:4.
Paul loue les Thessaloniciens pour leur foi
et leur charité, il les exhorte à la
persévérance, leur donne quelques préceptes
généraux, et s'attache à combattre des vues
fausses qui s'étaient introduites dans
l'Église sur divers points, spécialement sur
le retour du Seigneur et le jugement
dernier. On peut diviser cette épître en
cinq parties:
-
1-2:16. Paul rappelle aux Thessaloniciens leur histoire spirituelle, la manière dont l'Évangile fut reçu dans leur ville, l'impression qu'a produite sur d'autres leur conversion, etc.
-
L'amour de l'apôtre pour cette Église, et sa sollicitude pour les fidèles depuis son départ, 2:17-3:13.
-
4:1-12. Exhortations morales, de la conduite des chrétiens en général, et de l'amour fraternel,
-
4:13-5:11 . Réponse aux doutes, aux erreurs, et aux préoccupations des Thessaloniciens sur le second avènement de Christ, consolations, et exhortations à la vigilance,
-
5:12-24. Exhortations relatives à l'Église et à la morale.
2e aux Thessaloniciens.
Elle fut écrite également de Corinthe, et
peu de temps après la première, pour
rassurer ses amis qu'une fausse
interprétation de sa première lettre, ou
qu'une lettre supposée, et exploitée dans de
mauvaises intentions, avait alarmés et
troublés. Il censure avec plus de force
encore ceux qui vivent dans l'oisiveté et
dans une curiosité inquiète; il exhorte
l'Église à s'attacher toujours plus à la
saine doctrine, et à surmonter avec
constance les persécutions présentes ou
futures, 1:1-12; il leur annonce l'homme de
péché, le mystère d'iniquité, 2:1-12, et les
engage à se garder de toute séduction,
2:13-3:1-6, et à éviter tous ceux qui ne se
conduisent pas d'une manière régulière,
3:7-18.
L'authenticité de ces deux épîtres, prouvée
par les témoignages des Pères, Polycarpe,
Justin martyr, Irénée, Tertullien, Clément
d'Alexandrie, n'a guère été révoquée en
doute que par quelques savants tout à fait
modernes, qui n'ont pas même trouvé du
crédit auprès de leurs collègues, les autres
rationalistes. La seconde épître a en sa
faveur des témoignages encore plus anciens
que la première. Quant aux commentaires, on
peut citer celui de Turretin (1739), ceux de
Koppe, Flatt, Pelt, Schott, et surtout celui
d'Olshausen.
THÉUDAS ou Théodas,
(ou Théodas, contracté de Théodore), célèbre émeutier juif, nommé dans le discours de Gamaliel, Actes 5:36, comme ayant réussi à se mettre à la tête de 400 hommes, qui du reste ne tardèrent pas à être défaits. Son histoire se place donc avant Gamaliel qui la raconte, et avant celle de Judas le Galiléen, ainsi qu'il résulte du verset 37, par conséquent avant Tibère, ou au plus tôt sous son règne. C'est donc à tort qu'on a voulu le confondre avec un autre factieux du même nom dont la révolte, arrivée sous le règne de Claude, et sous le gouvernement de Cuspius Fadus, vers 44, est racontée par Flavius Josèphe. Pour les confondre on est obligé de recourir à trop de subterfuges, jusqu'à supposer que Luc met dans la bouche de Gamaliel un anachronisme, et lui prête un discours qui n'a pu sans doute être prononcé à cette époque, mais qui du moins renfermait pour les lecteurs des Actes une allusion facile à comprendre. L'interrègne qui suivit la mort d'Hérode le Grand fut fécond en émeutes, moitié politiques, moitié religieuses, et le nom de Theudas était assez commun pour qu'on puisse admettre, à quelques années d'intervalle, deux chefs de ce nom.
THOMAS,
surnommé Didyme, deux noms qui,
l'un en hébreu, l'autre en grec, signifient
jumeau; (d'après la tradition, sa
sœur jumelle s'appelait Lysia): apôtre de
Jésus, Matthieu 10:3; Marc 3:18; Luc 6:15;
Actes 1:13, que l'on suppose avoir été
originaire de la Judée, cf. Jean 21:2.
L'Évangile de saint Jean est celui qui nous
le fait le mieux connaître, quoiqu'il ne
mentionne que des faits relatifs aux
derniers temps de la vie de Jésus, et l'on
peut dire qu'il est peu d'apôtres dont le
caractère soit généralement plus mal connu
et plus faussement apprécié. Thomas est
presque toujours pris pour le symbole du
doute, du manque de foi; et si une
circonstance de sa vie, Jean 20:24; cf.
14:5, semble indiquer en lui un homme
positif, qui ne se paie pas de paroles, il
faut ajouter que ses doutes furent partagés
par tous les disciples, que ses doutes ne
forment pas non plus l'unique trait, ni le
trait distinctif de son caractère. C'est lui
qui, voyant Jésus partir pour la Judée où
l'attendait la famille de Lazare, s'écrie en
songeant aux dangers que son maître allait
courir: Allons-y aussi, et mourons, avec
lui, Jean 11:46: ce fait seul montre que
Thomas était dévoué, chaleureux, mais d'une
vivacité d'esprit semblable à celle de
Pierre, souvent peu réfléchie; comme Pierre
l'aurait fait, il interrompt Jésus, qui
préparait ses disciples à sa lin prochaine,
par cette exclamation: Seigneur nous ne
savons où tu vas, comment pourrions-nous en
savoir le chemin? Jean 14:5. Et lorsque le
berger eut été frappé, lorsque les brebis se
trouvèrent dispersées, Thomas éloigné des
autres apôtres par un motif quelconque,
ayant quitté peut-être, comme les disciples
d'Emmaüs, un théâtre de deuil et d'amers
souvenirs, ne put assister à la première
apparition du Sauveur à ses disciples.
Ceux-ci n'avaient pas cru à la parole des
femmes qui étaient venues leur annoncer la
résurrection du maître; ils rie crurent que
lorsqu'ils l'eurent vu. Thomas n'eut pas
plus de foi qu'eux, mais il n'en eut pas
moins, et lorsqu'il eut entendu leur récit,
il s'écria comme, eux, mais dans un langage
plus expressif: «Si je ne, vois les marques
de ses clous en ses mains, et si je ne mets
mon doigt dans la plaie des clous, et si je
ne mets la main dans son côté, je rie
croirai point.» te dimanche suivant il
obtint la preuve qu'il demandait, et Jésus
faisant allusion à ses paroles, l'engagea à
vérifier par lui-même la réalité de sa
résurrection. Thomas, confus, et transporté,
ne put que s'écrier dans l'élan de sa joie:
Mon Seigneur et mon Dieu! Jésus n'ajouta pas
un mot de blâme, et tes paroles: «Ne sois
pas incrédule, mais fidèle,» sont plus une
exhortation qu'une censure. De même les
paroles qui suivent: «Bienheureux ceux, qui
n'ont pas vu mais qui ont cru», sont à,
l'adresse des disciples de tous les temps;
ce qu'elles avaient d'actualité se
rapportait aux autres apôtres comme à
Thomas, et ce qu'elles avaient de général
n'est qu'une déclaration des promesses
faites à tous ceux qui ont dû croire sans
voir, depuis les patriarches qui ont dû
espérer, jusqu'aux futurs membres de cette
Église chrétienne qui ne pouvait reposer que
sur la foi.
— Si quelque chose distingue Thomas de saint
Pierre, c'est plus de modestie, moins de
confiance en lui-même; il a moins promis, et
sa chute n'a été que celle des autres
disciples; à cela près on trouvé eh lui la
même droiture et la même chaleur.
Il assista à la réintégration de saint
Pierre, Jean 21:2, et aux assemblées qui
suivirent l'Ascension, Actes 1:43; dès lors
on perd ses traces, et l'on en est réduit
aux traditions qui le font, les unes
évangéliser les Parthes et mourir à Édesse,
les autres passer aux Indes et y mourir
martyr. L'existence des chrétiens de
Saint-Thomas, sur la côte de Malabar, a
donné à cette dernière opinion quelque
probabilité, et elle est presque
généralement admise. En revanche son
Évangile et ses Actes, mentionnés par les
Pères et déjà condamnés par Gélase, sont
rejetés comme apocryphes.
— (Sermon de Saurin.)
THRACE.
On suppose que cette contrée, à
peu près la Turquie actuelle, anciennement
si fertile, si populeuse et si riche, est
désignée par le mot Thiras ou Tiras, q.v.,
Genèse 10:2. Il n'en est, du reste, parlé
nulle autre part dans l'Écriture, et aucune
de ses nombreuses villes n'y est mentionnée,
— Voir: 2 Maccabées 12:35.
THUMMIM,
— Voir: Urim.
THYATIRE,
Actes 16:14; Apocalypse 1:11;
2:18. Ville de la province de Lydie, plus
anciennement nommée Pélopia, et Évippia,
située sur le Lycus, à 33 milles nord de
Sardes, frétait une colonie macédonienne,
assez importante sous le double point de,
vue militaire et commercial. Ses habitants
s'occupaient surtout de fabriquer des
étoffes de pourpre. Il se trouvait dans
cette ville une petite communauté chrétienne
à laquelle saint Jean reproche de s'être
laissée envahir par les mœurs païennes.
— C'est maintenant un bourg nommé Akhissar,
où, l'on trouve encore quelques vieilles
ruines, et des monuments grecs.
TIBÈRE,
Luc 3:1, fils adoptif de
l'empereur Auguste, et second empereur de
Rome. D'abord juste et modéré, comme le sont
presque toujours les monarques au début de
leur règne, il ne tarda pas à donner essor à
son caractère sombre, égoïste, défiant et
cruel. Il supprima les assemblées du peuple
romain, et réduisit le sénat au rôle
d'exécuteur servile de ses volontés. Toute
plainte était un crime que la mort devait
expier. La délation était encouragée par la
protection et les récompenses du tyran. Il
fit empoisonner Germanicus son neveu, jeune
guerrier qui s'était signalé par de
nombreuses et brillantes victoires en
Germanie; la jalousie lui dicta cet arrêt,
qui enveloppa la famille presque entière de
cette noble victime. L'infâme Séjan était
son favori et le docile exécuteur des hautes
œuvres: après avoir versé des flots de sang,
Séjan eut soif du sang de son maître, porta
ses vues jusqu'au trône et fut mis à mort.
Tibère, devenu vieux, quitta le monde, et se
retira dans l'île de Caprée, d'où chaque
jour il envoyait au sénat la liste des
victimes qui devaient lui être immolées.
Saint Luc fixe à la quinzième année de son
règne le commencement du ministère de
Jean-Baptise. Ce fut également sous son
règne que le Christ souffrit. C'est de lui
qu'il est parlé, Matthieu 22:17; Marc 12:14;
Luc 20:22;; 23:2; Jean 19:12. Il mourut âgé
de soixante-dix-huit ans, le 16 mars de l'an
37; Néron seul a pu briguer l'honneur de
l'égaler en cruautés.
— Tertullien raconte que Tibère ayant
entendu parler des miracles de Jésus, aurait
conçu l'idée de le faire admettre au nombre
des dieux; ce fait qui n'est du reste pas
prouvé, serait en opposition avec ce que
rapporte Tacite, que Tibère fit chasser de
Rome 4,000 Juifs, et proscrivit les cultes
venus d'Égypte et de Judée. II est vrai que
Tibère n'était pas homme à reculer devant
une contradiction.
TIBÉRIADE.
Il a été parlé du lac de ce nom à l'article Génésareth. Quant à la ville de Tibériade, elle était bâtie sur la rive occidentale du lac, vers le midi, resserrée entre l'eau et la montagne: elle possédait un palais et un stade assez remarquables. Hérode Antipas, son fondateur, l'avait nommée Tibériade en l'honneur de l'empereur Tibère; elle fut la capitale de la Galilée avant Diocésarée. Si c'est la même que Kinnéreth, Josué 19:35, elle avait appartenu primitivement à la tribu de Nephthali, mais c'est peu probable, le lot de cette tribu commençant à Capernaüm, Matthieu 4:13; Josué 19:34. La contrée environnante, qu'entourent de hautes montagnes, est très chaude et très fertile, mais malsaine et fiévreuse; il y existe plusieurs sources thermales qui contiennent du soufre, du sel et du fer, et forment un dépôt tantôt blanc, tantôt jaune. Jésus-Christ n'est jamais entré dans cette ville, dans la demeure du renard, Luc 13:32, du meurtrier de Jean-Baptiste. La pêche, et le service du lac, formaient la principale occupation de cette population, presque tout entière grecque et païenne. Néron donna Tibériade à Hérode Agrippa II, et pendant la dernière guerre des Juifs, elle joua un rôle important; sa défense fut longue et désespérée; Vespasien, pour la punir, fit abattre une partie de ses murailles. Dès lors elle devint, et pour assez longtemps, une ville de savants: ce fut là que se rassemblèrent, après la ruine de Jérusalem, quelques Juifs et quelques-uns de leurs prêtres les plus distingués; ils y jetèrent les fondements d'une académie, qui devint célèbre par la composition de la Mishna, la fixation des points-voyelles, et la réputation des docteurs qui y professèrent: elle passait avec Saphet, Hébron et Jérusalem, pour l'une dés quatre villes où, d'après les traditions talmudiques, le Messie devait séjourner et régner. Elle porte le nom de Claudia Tiberias sur plusieurs médailles; sur d'autres qui datent du règne de Trajan, elle représente, à cause de ses sources, la déesse de la santé, ceinte d'un serpent, et assise sur une montagne d'où sort une grande abondance d'eaux; sur d'autres enfin une barque lui sert d'exergue. Tabarié n'est plus aujourd'hui qu'un gros bourg de 4,000 habitants, dont un quart de Juifs; il paraît ne pas occuper tout à fait la même place que la Tibériade historique, dont on trouve encore des ruines assez considérables près de là. Tabarié fut presque détruite par un tremblement de terre le 1er janvier 1837; les murailles et une partie de l'ancienne ville résistèrent seules à cette catastrophe; les habitants se sont en hâte rebâti des maisons ou des huttes de bois. Les sources sont à trente-cinq minutes de là, et à vingt pas du lac.
TIBNI
(foin, paille), 1 Rois 16:21, fils de Guinath, convoita le trône d'Israël que la mort d'Éla rendait vaquant; il le disputa trois ans à Homri avec un succès partagé, mais il finit par être vaincu, et sa mort, en laissant les siens sans chef, assura le succès de son rival.
TIDHAL,
Genèse 14:1, l'un des rois alliés de Kédor-Lahomer qui furent défaits par Abraham; il est appelé roi de Gojim (des nations), soit que ce fût le nom de sa peuplade et de sa ville, soit que, par suite de victoires, il se fût mis à la tête de quelques peuplades, dont la réunion lui aurait assuré une certaine prépondérance.
TIGLATH-PILÉSER (ou Tillegath-Pilnéeser dans les Chroniques),
2 Rois 16:7; 15:29; 1 Chroniques 5:26; 2 Chroniques 28:20, 747 avant J.-C., roi d'Assyrie, fit alliance avec Achaz, roi de Juda, lui prit son or et son argent, jusqu'à dépouiller le temple, s'en servit pour envahir la Syrie et le royaume d'Israël, mit à mort Retsin après avoir pris Damas, et conduisit en Assyrie les dix tribus vaincues, accomplissant sans le savoir les oracles d'Ésaïe, 7:17; 8:4. Il se montra diplomate habile; sous le nom de protecteur, il fit payer à Juda les frais de ses campagnes, et s'enrichit avec l'argent d'autrui, se délivrant de ses ennemis et peuplant ses états de sujets industrieux. On croit qu'il est désigné, Osée 5:13; 10:6, sous l'épithète de Jareb. On ignore sous quel nom il est connu dans l'histoire profane, mais il paraît que c'est à peu près à l'époque du démembrement de l'ancien royaume assyrien, sous Sardanapale, qu'il faut placer ces événements, alors que des ruines de l'empire surgissaient les trois monarchies nouvelles des Assyriens, des Babyloniens et des Mèdes.
TIGRE.
-
Fleuve, le Hiddekel du paradis, q.v. Genèse 2:14; Daniel 10:4.
-
Animal qui n'est pas mentionné dans l'Ancien Testament, quoique quelques versions aient cru le trouver dans l'hébreu laïsh, Job 4:11, qui signifie lion, q.v.
TILLÉGATH-PILNÉESER
(celui qui délivre les
captifs),
— Voir: Tiglath-Piléser.
TILLEUL.
Luther a cru que le élon de
Ésaïe 6:13, et le libneh de Osée 4:13,
signifiaient le tilleul, mais,
— Voir: Chêne, et Stacte.
TIMÉE
(honorable), père du célèbre aveugle de Jérico, Marc 10:46, est inconnu.
TIMNA
(défendu), ville de Juda, située à la frontière septentrionale, mais conquise sous Achaz, par les Philistins, Josué 15:40,57; 2 Chroniques 28:18. On la distingue peut-être à tort de Timnatha, Genèse 38:12, qui est indiquée, Josué 19:43, comme appartenant à la tribu de Dan; plusieurs villes qui avaient été d'abord données à Juda, passèrent, dans une seconde répartition à la tribu voisine. Timna est connue surtout par les exploits de Samson, Juges 14:1, et l'on voit qu'à cette époque déjà les Philistins s'en étaient emparés. Eusèbe mentionne un bourg de ce nom, Tamna, qui existait encore de son temps entre Jérusalem et Diospolis; il paraît n'avoir pas été sans importance sous les Romains, 1 Maccabées 9:50. Jos. Guerre des Juifs 3, 3, 5. Pline 5, 15.
TIMNATH-HÉRÈS, et Timnath-Sérah,
ville des montagnes d'Éphraïm, où demeurait et où fut enseveli Josué, 19:50; 24:30; Juges 2:9.
TIMON
(honorable), Actes 6:5, un des sept premiers diacres de l'Église de Jérusalem, inconnu. Les uns le font évêque de Bostra en Arabie, les autres de Bérée, ou de Tyr et Sidon.
TIMOTHÉE,
(craignant Dieu), évangéliste,
et l'un des plus fidèles compagnons de Paul,
2 Timothée 4:5, était probablement
Lycaonien, natif de Derbe, fils d'une femme
juive, Eunice, et d'un père païen, Actes
16:1,3; 20:4; 2 Timothée 1:5. Sa Mère; et
son aïeule Lois, furent probablement
converties lors du second séjour de Paul en
Lycaonie, et peut-être que lui-même, quoique
fort jeune, reçut à cette époque, des
impressions sérieuses que les soins pieux de
sa famille n'eurent pas de peine à
développer, 2 Timothée 1:5; 3:15. Les
passages 1 Timothée 1:2; 2 Timothée 1:2; 1
Corinthiens 4:17, n'indiquent pas
nécessairement que Paul ait été l'instrument
de la conversion de son jeune ami; elles
peuvent se rapporter à l'influence qu'il
exerça sur lui en le formant à
l'évangélisation. Timothée justifiait, par
une bonne réputation, sans doute aussi par
des dons naturels, les prophéties positives
qui avaient été faites à son sujet, 1
Timothée 1:18; 4:14, et il se recommandait
ainsi à l'attention de l'apôtre qui n'hésita
pas à se l'attacher. Après l'avoir circoncis
et lui avoir donné l'imposition des mains
(l'an 52), Paul le prit avec lui pour se
rendre par Troas en Macédoine, Actes 16:1,3;
1 Timothée 4:14; 6:12; 2 Timothée 1:6. Il le
laissa d'abord à Bérée, l'envoya peu de
temps après à Athènes, puis à Thessalonique
pour avoir des nouvelles de cette Église, au
sujet de laquelle il était inquiet, Actes
17:14,15; 1 Thessaloniciens 3:2. Timothée,
apportant des nouvelles de Thessalonique,
rejoint Paul à Corinthe (52 ou 53), et
signe, avec lui, ses deux lettres aux
Thessaloniciens, 1 Thessaloniciens 1:1; 3:6;
cf. Actes 18:5; 2 Thessaloniciens 1:1. Ici
nous perdons de vue Timothée; la narration
des Actes est interrompue quant à ce qui le
concerne, et ce n'est qu'après un certain
temps que nous le retrouvons; il est à
Éphèse, Actes 19:22. Paul l'envoie de là en
Macédoine et à Corinthe, Actes 19:22; 1
Corinthiens 4:17; 16:10 (l'an 56 ou 57);
cependant, en écrivant sa première lettre
aux Corinthiens (16:10), Paul ne sait encore
rien de l'arrivée de Timothée au milieu
d'eux; les résultats de ce voyage, comme en
général plusieurs points de la vie de
Timothée, restent assez obscurs, et l'on a
de la peine à découvrir comment cadrent
ensemble les récits des Actes et des
Épîtres, la vie de Paul et celle de
Timothée. Nous trouvons de nouveau ce
dernier en Macédoine, auprès de Paul, lors
de l'envoi de la seconde aux Corinthiens,
1:1, et l'on suppose que retenu par diverses
occupations, Timothée n'a pu aller jusqu'à
Corinthe, ce qui expliquerait le silence que
garde l'apôtre, 2 Corinthiens, sur la
présence et l'activité de Timothée dans
cette ville. Mais lorsque, plus tard, Paul
écrit de Corinthe aux chrétiens de Rome
(58), Timothée paraît être auprès de lui,
Romains 16:21. Paul, revenant par la
Macédoine, envoie Timothée à Troas, Actes
20:4, et nous le perdons de vue encore une
fois. Puis vient la captivité de Paul à
Rome, et dès lors il devient toujours plus
difficile de raconter la vie de Timothée;
des faits sont indiqués çà et là, mais
aucune date ne les lie; peut-être est-il à
Rome avec son maître. Quoi qu'il en soit,
après cette première captivité, l'on peut
supposer (tous les interprètes en sont
réduits à des suppositions sur ce point) que
Paul, passant à Éphèse ou près de là, y
laissa Timothée muni de quelques
instructions qui cependant n'étaient point
suffisantes, 1 Timothée 1:3; qu'il poursuit
son voyage par Philippes, jusqu'à Troas, 2
Timothée 4:13; qu'il revient de la Macédoine
dans l'Asie-Mineure pour y voir Timothée,
ainsi qu'il le lui avait promis dans sa
première épître; qu'il lui fait des adieux
solennels, 2 Timothée 1:4, comme s'il allait
entreprendre un voyage long et dangereux;
que dans ce voyage il laisse Trophyme malade
à Milet, et Éraste à Corinthe, 2 Timothée
4:20; qu'il pousse peut-être jusqu'en
Espagne, et qu'enfin il arrive à Rome, soit
libre, soit prisonnier; qu'il envoie de là
quelques-uns de ses compagnons comme
missionnaires, 2 Timothée 4:10; qu'il fait
peut-être prévenir verbalement Timothée de
venir le joindre (supposition nécessaire
pour expliquer sa seconde Épître, où il
s'adresse à Timothée comme si celui-ci
connaissait déjà son emprisonnement);
qu'ayant été entendu par le juge, et
n'espérant plus recouvrer sa liberté, Paul
presse Timothée de venir le voir avant
l'hiver, et d'amener Marc avec lui, 2
Timothée 4:11,21. La seconde Épître à
Timothée aurait donc été écrite de Rome en
67, et adressée au disciple à Éphèse. Quant
à la première, elle se place naturellement
pendant le voyage que fit Paul en Macédoine
après qu'il eut établi Timothée à Éphèse, de
sorte que la notice ajoutée dans les
éditions ordinaires à la fin de l'épître est
fausse, comme d'autres qui font dater la
lettre d'Athènes. L'Épître à Tite fut écrite
à la même époque, ainsi que cela résulte de
sa grande ressemblance avec la première à
Timothée. La tradition ajoute à ces données
du récit biblique, que Timothée fut évêque
d'Éphèse, et qu'il souffrit le martyre sous
Domitien (81-96 avant J.-C.). On suppose que
le Timothée de Hébreux 13, est le même que
le disciple de Paul, mais ou ne sait à quel
événement de sa vie l'apôtre fait allusion
en parlant de sa mise en liberté, si
toutefois cette traduction doit être admise,
ce qui est contesté par plusieurs
commentateurs.
— Le caractère de Timothée est assez relevé
parla confiance et l'amitié de saint Paul;
on peut dire qu'il est sans tache; pur,
égal, aimant et doux pour les autres, il ne
se ménageait pas assez lui- même, et
l'apôtre ne lui reproche que trop de
sobriété, un ascétisme trop rigoureux et
trop austère, 1 Timothée 5:23. Heureux les
pasteurs qui ne méritent pas d'autre
censure! Le ministère si fécond de Timothée
n'est connu que par les lettres qu'il a
reçues d'un apôtre; sa carrière si
importante serait entièrement oubliée sans
cette circonstance, et l'on-peut se faire
une idée, par ce seul exemple, de ce que
doit avoir été l'activité des premiers
apôtres et missionnaires, sur la vie
desquels nous n'avons aucun détail. Il
semble aussi qu'on doive se réjouir de ce
qu'au milieu de toutes les peines de sa vie,
Paul ait eu la douceur de rencontrer un ami
comme Timothée, qui pouvait si bien le
comprendre et sympathiser avec lui, 2
Timothée 3:10. Dépareilles amitiés ne
peuvent s'établir qu'entre chrétiens; elles
sont durables et parfaites, parce qu'elles
unissent la connaissance et le sentiment, la
vérité et la charité; cf. 2 Jean 2.
Épîtres pastorales.
On désigne sous ce nom les deux Épîtres à
Timothée, et l'Épître à Tite. Elles se
distinguent de toutes les lettres de Paul
qui nous sont parvenues, en ce qu'elles sont
les seules qu'il ait adressées à des
compagnons de service; elles se distinguent
aussi par là de l'Épître à Philémon, qui
n'est qu'une simple lettre de particulier,
et qui ne traite que d'un seul objet de la
plus grande simplicité, d'une demande pour
laquelle une exposition longue et variée
était moins nécessaire qu'une manière
persuasive de la présenter. Dans les épîtres
pastorales, au contraire, Paul est convaincu
d'avance que son lecteur est disposé à
recevoir les préceptes qu'il lui donne. Ce
sont des lettres d'amitié, mais ce sont
aussi des lettres d'affaires; elles ont ce
double caractère, et il est évident qu'elles
étaient destinées à recevoir une certaine
publicité. Ce qui a été dit plus haut sert à
fixer les dates de ces lettres, les lieux
d'où elles furent écrites et leurs
circonstances: il faudrait un livre spécial
pour résoudre les doutes et prouver les
assertions; ce n'est point ici notre tâche.
Il n'est aucune épître dont l'authenticité
ait éprouvé de plus rudes attaques que la
première Épître à Timothée; c'est
Schleiermacher qui lui a porté les premiers
coups, s'appuyant de la logique, de la
philologie et de l'histoire. On lui prouva
(Planck) que la plupart de ses arguments
s'appliquaient avec la même force aux deux
autres épîtres pastorales, et Eichhorn,
profitant de la leçon, ne tarda pas à
attaquer les trois épîtres ensemble;
d'autres ont suivi leurs traces, mais Ils
ont été; réfutés à plusieurs, reprises par
Bœhm, Heidenreich, Schneckenburger, etc. La
violence des attaques a fait faire des
recherches consciencieuses qui ne sont pas
restées sans résultat.
Il est difficile de donner une analyse de
ces épîtres, surtout de la première à
Timothée, où il y a plus d'abondance que
d'ordre, où toute disposition oratoire est
négligée, plus encore que dans les autres
épîtres de Paul, et où l'apôtre semble avoir
jeté, au fur et à mesure qu'ils se
présentaient à lut, les préceptes, les
sentences, les souvenirs, l'expression de
ses sentiments personnels, des directions
générales, des détails intimes, les conseils
de l'apôtre et les conseils de l'ami. Les
docteurs et les doctrines que Paul s'attache
à combattre, ou qu'il signale à l'attention
du pasteur d'Éphèse, sont les mêmes
tendances qu'on a vu combattues dans les
Épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens; il
lui recommande de les combattre surtout en
proclamant l'Évangile, en opposant aux
erreurs les vérités Contraires, l'autorité
de son ministère au charlatanisme des faux
docteurs.
La seconde à Timothée parle
également des faux docteurs, mais d?une
manière plus vague, moins circonstanciée,
3:1-5; 4:3; etc.; c'est, en quelque sorte,
un supplément d'instructions; elle est, du
reste, plus personnelle, plus intime, et,
comme on l'a dit, elle reflète les
dispositions de l'âme de l'apôtre, qui
s'attendait à un prochain délogement, et qui
fait son testament avant de mourir,
instituant, en quelque sorte, Timothée pour
son héritier et exécuteur testamentaire.
L'Épître à Tite ne traite,
pour ainsi dire, qu'un seul sujet, la
nécessité de nommer des anciens dans les
villes de l'île de Crète; il ne s'agit pas,
comme dans les précédentes, de redresser ou
de compléter un ordre de choses déjà
existant, mais en partie affaibli ou
corrompu; il ne s'agit, par conséquent, pas
de combattre: aussi les préceptes donnés par
Paul sont-ils tout à fait simples. Le reste
de l'épître traite de la doctrine et de
l'enseignement. L'Évangile avait pénétré en
Crète d'assez bonne heure, mais d'une
manière en quelque sorte privée; on y voyait
des croyants, on n'y trouvait pas d'Église,
et Tite fut chargé d'organiser ces
troupeaux. L'absence de conducteurs
spirituels et le contact des idées juives
avaient pu favoriser l'action du principe
judaïsant, et l'antique mauvaise renommée
des Crétois, justifiée par leur immoralité,
continua de subsister même après
l'établissement partiel du christianisme
dans cette île.
Chacune des trois épîtres pastorales a donc
son caractère, chacune forme un ensemble
dont les différentes parties se lient, d'une
manière conforme au but particulier de
l'apôtre, et aux circonstances dans
lesquelles elle a été composée.
— Comment. Heidenreich.
TIPHSAH,
1 Rois 4:24, ville frontière du
royaume de Salomon, vers le nord-est. Son
nom signifie passage, et elle était, en
effet, la clef militaire et commerciale de
l'Euphrate. C'est le Thapsacus des anciens,
grande et populeuse cité, bâtie sur la rive
occidentale de l'Euphrate, à une forte
journée à l'est de Palmyre. Elle reçut,
depuis Séleucus Nicator, le nom
d'Amphipolis, et s'appelle maintenant
El-Déir.
— Il ne faut pas la confondre avec la ville
nommée 2 Rois 15:16; car, à cette époque, la
frontière du désert n'appartenait plus aux
successeurs de Salomon, et, vu sa
signification, le même nom a pu être donné à
bien des villes différentes.
TIRAS,
Genèse 10:2. Depuis les
Targumistes, tous les interprètes croient
retrouver les descendants de Tiras dans les
Thraces, les habitants actuels de l'Albanie.
Tyras était l'ancien nom du Dniester, et
l'affinité de nom devient plus frappante
encore quand on se rappelle que le
ξ des Grecs (Thrax) se trouve dans
l'alphabet à la place de l's des Hébreux,
— Voir: Thrace.
— Il y avait aussi une ville de Thyrée dans
le Péloponèse, et, comme Tiras était frère
de Javan, cette parenté pourrait établir le
voisinage de leurs descendants. Schrœder,
enfin, pense aux Tyrrhéniens (Tyrséniens est
probablement une faute d'impression), qui
étaient unis ou identiques aux Pélasges, et
célèbres comme navigateurs et comme pirates.
Les noms de Toersha (Tiras), et de Mashoach
(Mésec), se retrouvent à côté l'un de
l'autre sur diverses inscriptions
égyptiennes, comme les noms de peuples ou
peuplades qui ont été en guerre avec
l'Égypte.
TIRHACA,
le Taracus de Manéthon, le Téarcon de Strabon, le troisième roi de la 25e dynastie égyptienne (l'éthiopienne), dont le nom est confirmé par les monuments et les inscriptions de l'Égypte, n'est connu que par l'alarme qu'il jeta dans le camp de Sanchérib, et l'heureuse diversion qu'elle fit en faveur d'Ézéchias, 2 Rois 19:9; Ésaïe 37:9 (714 ou 712 avant J.-C.). On ignore si ce fut une panique imaginaire, ou si Tirhaca porta réellement ses armes en Assyrie. D'après Strabon, ce prince, plus fort que ses prédécesseurs, aurait, dans ses expéditions, poussé jusqu'aux colonnes d'Hercule. Il doit avoir régné dix-huit ans, de 714-696. C'est peut-être lui qui est désigné Ésaïe 30:2, si ces oracles se rapportent à Ézéchias, et l'on croit que Ésaïe, 19, annonce les événements qui suivirent sa mort, et l'avènement d'une dynastie nouvelle.
TIRTSA
(grâce, beauté), ville cananéenne et résidence royale, Josué 12:24, devint, par la suite, la capitale du royaume d'Israël, depuis Jéroboam jusqu'à Homri, 1 Rois 14:17; 15:21,33; 16:8. Son palais fut brûlé dans une des dernières guerres de succession, 1 Rois 16:15,17,23, et Homri choisit Samarie pour sa résidence. Tirtsa est célébrée à cause de la beauté de ses environs, Cantique 6:4, mais on ne connaît plus au juste son emplacement; on croit qu'elle était située au nord-est de Sichem, sur le plateau d'une belle montagne. Quelques voyageurs du treizième et du quinzième siècle pensent en avoir trouvé les ruines, sous le nom de Tersa, à 3 lieues est de Samarie.
TISBÉ,
ville de la tribu de Nephthali, en Galilée, Tobie 1:2; d'autres, à cause de 1 Rois 17:1, croient que Tisbé était en Galaad. Elle n'est connue que comme patrie d'Élie; mais il suffit de cette mention pour réfuter l'assertion des pharisiens, Jean 7:52, car il n'est pas de ville aussi petite qui puisse revendiquer l'honneur d'avoir donné le jour à un prophète plus grand qu'Eue le Tisbite.
TISSERAND.
L'art de faire des tissus est
fort ancien. On peut croire qu'il fut l'une
des premières découvertes de l'esprit
humain, car il était pour l'homme une
nécessité, et s'il est compliqué dans son
exécution, il est du moins tellement simple
dans son idée première, que cette idée,
fécondée par le besoin, ne dut pas tarder à
porter ses fruits et à donner aux hommes,
avec un art nouveau, des ressources
nouvelles. Hérodote nous montre déjà les
Égyptiens travaillant le lin et le coton; la
Bible, confirmant les assertions de
l'histoire profane, parle de magnifiques
tissus blancs de fin lin travaillés en
Égypte, Genèse 41:42; Ésaïe 19:9, et plus
tard de tapis de fin lin moires ou semés de
dessins, dont l'Égypte faisait le commerce,
Ézéchiel 27:7; cf. Proverbes 7:16. C'est là
probablement que les Israélites avaient fait
leur apprentissage, puisque dans le désert
ils avaient déjà des ouvriers assez habiles
pour confectionner tous les tapis et
tentures du tabernacle, Exode 35:35. Chez
eux cependant, c'étaient plutôt les femmes,
même les princesses, et souvent les
esclaves, qui s'occupaient de tisser comme
de filer, Proverbes 31:13,19; cf. 21,22,24.
Exode 35:25; 2 Rois 23:7. Cependant cette
règle avait ses exceptions, Exode 35:35; cf.
1 Chroniques 4:21. En Égypte au contraire,
c'étaient les hommes qui tissaient, Hérodote
2, 35, cf. Ésaïe 19, 9. Le métier du
tisserand était chez les anciens assez
élevé, de telle sorte que l'ouvrier
travaillait debout.
Les diverses pièces nommées dans l'Écriture
sont la navette, Job 7:6; l'ensuble, 1
Samuel 17:7; 2 Samuel 21:19; la cheville du
métier avec la chaîne, Juges 16:14 (mal
traduit dans Martin, l'attache de la tissure
avec l'ensuble); la chaîne et la trame,
Lévitique 13:48; les pesnes, Ésaïe 38:12,
etc. La fréquence de ces expressions et
l'usage qu'en font les prophètes dans leurs
poétiques comparaisons, montrent que le
métier du tisserand était assez général
parmi les Israélites, quoique l'on puisse
conclure de Proverbes 7:16, qu'ils
continuèrent de tirer d'Égypte leurs tissus
les plus estimés. Ils travaillaient surtout
le coton, le lin et la laine, peu ou point
la soie; ils faisaient entre autres des
étoffes grossières de poil de chèvre et de
poil de chameau qui servaient d'habits de
deuil, de vêtements pour les pauvres, ou de
garnitures de tentes, Matthieu 3:4; Exode
26:7; 35:6; Cantique 1:5. On sait qu'il
n'entrait jamais deux matières différentes
dans un même tissu, Lévitique 19:19. Il est
difficile de déterminer exactement la nature
des diverses étoffes mentionnées dans
l'Écriture; on voit seulement qu'il y en
avait de plusieurs sortes, des quadrillés,
des croisés, des espèces de damas avec des
dessins symboliques en broderies, etc. La
robe sans couture, Jean 19:23, quelque
simple qu'on l'imagine, montre à quel haut
degré de développement ils avaient déjà
porté le travail de la fabrication.
ΤΙΤΕ,
aide et compagnon de Paul,
était païen d'origine, et ne revêtit point,
même après sa conversion, le signe de la
nationalité juive, Tite 1:4; Galates 2:3.
Les Actes ne le nomment nulle part, et il
n'est un peu connu que par l'épître qu'il a
reçue de Paul, et par la mention qui est
faite de lui à plusieurs reprises dans la 2e
aux Corinthiens. C'est à Antioche que nous
le trouvons d'abord; député par cette église
au concile de Jérusalem, il s'y rend avec
Paul, son père spirituel, Galates 2:3; cf.
Actes 15. Paul l'envoie plus tard d'Éphèse à
Corinthe sur les traces de Timothée, pour
travailler à rétablir l'ordre troublé dans
cette Église. Tite y est bien reçu, remplit
avec succès la mission qu'il a acceptée, et
refuse toute espèce de don ou de récompense,
2 Corinthiens 7:13; 12:18. Il rejoint en
Macédoine, peut-être à Philippes, son
maître, qui l'a vainement attendu à Troas, 2
Corinthiens 2:12-13; 7:6. Paul le renvoie de
nouveau à Corinthe pour y organiser ou y
presser des collectes, 2 Corinthiens 8:6,
etc. On croit que ce fut lui qui porta la
seconde lettre de Paul aux Corinthiens. Dès
lors on a plus de peine à suivre sou
histoire. Après sa première captivité. Paul
laisse Tite en Crète avec la mission
spéciale d'organiser les troupeaux en
mettant des anciens à leur tête; là, Tite
reçoit la lettre de l'apôtre qui lui demande
de venir le trouver à Nicopolis, Tite 1:5;
3:12. II accompagne Paul dans son second
voyage à Rome, mais le quitte au bout de
quelque temps pour se rendre en Dalmatie, 2
Timothée 4:10. Les plaintes de l'apôtre qui,
après avoir dit: Tous m'ont abandonné,
mentionne spécialement l'absence de Tite,
peuvent être aussi bien un regret qu'un
reproche, et rien, ni dans les paroles de
Paul, ni dans la vie de Tite, ne permet de
croire que le voyage de Dalmatie fût pour
Tite une affaire d'intérêt ou de peur. La
tradition ajoute que Tite devint évêque de
Crète et qu'il mourut dans cette île à un
âge fort avancé.
— Quant à son épître, voyez Timothée.
TOB,
district situé au-delà du Jourdain, dans le voisinage d'Hammon et de la Syrie, Juges 11:3; 2 Samuel 10:6, peut-être le même que le Tubin ou Tubius de 1 Maccabées 5:13. Ptolémée compare Thauba dans l'Arabie Déserte, d'autres pensent à Tabaï en Pérée.
TOBIJA.
-
vil intrigant hammonite qui, d'esclave affranchi, était devenu chef d'une tribu samaritaine, et n'usa de son influence que pour se faire le complice de Samballat et son agent dans toutes ses perfidies contre les Juifs et contre Néhémie en particulier. Il avait épousé la fille de Sécania, son fils était gendre de Messullam, et par ces relations avec deux des premières familles de Jérusalem, il pouvait se tenir facilement au courant de tout ce qui se faisait. Longtemps la présence de Néhémie déjoua ses projets; une absence de ce gouverneur l'enhardit, il s'établit à Jérusalem, et profita de son intimité avec le souverain sacrificateur Éliasib pour se faire concéder l'usage d'un des appartements du temple. Néhémie, de retour, le fit honteusement chasser et jeter ses meubles hors des parvis: ce fut là sans doute ce qui lui fut le plus sensible. Cette âme basse et inconséquente ne connaissait que deux passions, l'envie et la cupidité, Néhémie 2:10; 4:3; 6:1; 13:4.
-
contemporain d'Esdras,
— Voir: Heldaï.
TOGARMA,
Genèse 10:3. D'après une ancienne tradition qui s'est conservée en Arménie, Togarma serait le père des Arméniens. Comme les Septante traduisent constamment Togarma par Thorgama, d'autres ont cru voir dans ces peuples les Turcomans ou les Turcs. Les deux opinions peuvent être vraies, et il est difficile de décider entre elles. La mention de Ézéchiel 38:6; 27:14, montre que cette peuplade ou nation s'occupait surtout de l'élève des chevaux, des mulets, et par conséquent des ânes. La tradition arménienne nomme, comme souche de ce peuple, Haïk, fils de Thorgom, petit-fils de Gamer (Schrœder).
TOHI,
2 Samuel 8:9; 1 Chroniques 18:9, roi de Hamath, ville de Syrie, fut heureusement débarrassé par David de Hadadhéser, son puissant voisin, avec lequel il était toujours en guerre. Il envoya son fils Joram féliciter le vainqueur et lui porter des présents, démarche qui doit être placée non après la première victoire de ce prince, mais après la seconde, qui consomma sans retour la ruine totale de son adversaire; il eût été imprudent, en effet, de se réjouir avec trop d'éclat lorsque toute chance de salut n'était pas encore perdue pour le roi de Syrie.
TOIT.
On sait que les toits de
l'Orient sont plats, comme ils l'ont
toujours été: la sécheresse habituelle du
climat permet ce genre de construction, qui
chez nous compromettrait la solidité des
maisons par le long et fréquent séjour de
pluies sans écoulement. Il était du reste
pourvu, par une légère inclinaison du
plancher, partant du milieu ou de l'un des
côtés, à ce que l'eau, pendant la saison des
pluies, pût s'écouler facilement; elle était
conduite de là par des tuyaux dans les
citernes destinées à la recevoir. Un parapet
peu élevé courait autour du toit, servant de
barrière et d'appui, Deutéronome 22:8; 2
Rois 1:2 (?). Le toit était fait d'une
espèce de bousillage à peu près imperméable,
sur lequel on trouvait quelquefois, comme
sur nos toits, une espèce d'herbe qui,
presque sans racines, ne tardait pas à
sécher, Psaumes 129:6; 2 Rois 19:26; Ésaïe
37:27. Parfois aussi, mais rarement, le toit
était formé de dalles de pierres. Il servait
à différents usages: on s'y rendait pour se
reposer, pour se distraire, pour prendre
l'air frais du soir, 2 Samuel 11:2; Daniel
4:29; on y dormait l'été; on s'y retirait
pour des entretiens intimes, ou pour
s'abandonner librement à sa douleur, 1
Samuel 9:25,26; Ésaïe 15:3; Jérémie 48:38;
on y dressait des tentes, on y célébrait la
fête des Tabernacles et d'autres solennités
religieuses, 2 Rois 23:12; Jérémie 19:13;
Sophonie 1:5; Actes 10:9, comme si l'on y
était plus près de Dieu; on y faisait aussi
des choses que l'on désirait voir connues du
public, 2 Samuel 16:22, telles que des
proclamations, Matthieu 10:27; Luc 12:3; on
observait ce qui se passait au dehors, Juges
16:27; Ésaïe 22:1; on s'y défendait contre
des attaques, Juges 9:51; 2 Maccabées 5:12;
on y exposait les ustensiles et objets de
ménage que l'on voulait sécher, etc., Josué
2:6; en un mot, l'on s'en servait comme de
véritables terrasses, pour tous les usages
possibles; mais l'on n'y demeurait pas
d'habitude, et l'image de Proverbes 21:9;
cf. 25:24, dit assez combien c'eût été une
triste existence que de vivre sur un toit et
exposé aux intempéries de l'air.
On montait sur le toit par deux escaliers,
l'un intérieur, l'autre extérieur; il était
en outre facile d'enjamber d'un toit sur le
toit voisin et d'aller ainsi d'un bout de la
rue à l'autre, Matthieu 24:17; Marc 13:15;
Luc 17:31.
D'après ce qui précède, on comprend comment
les amis du paralytique purent porter leur
malade sur le toit quand la foule les
empêchait d'entrer par la porte, Marc 2:3-4.
Quelques observations du révérend Hartley
compléteront ce qu'il y a à dire sur ce
sujet: Quand j'étais à Égine, dit-il,
j'étais souvent occupé à regarder le toit
au-dessus de ma tête, et j'admirais combien
l'action des amis du paralytique était
facile. Au-dessus des poutres était une
couche de grands roseaux; ces roseaux
étaient couverts de broussailles, et par
dessus tout cela était une couche de terre,
battue au point de former une masse solide.
Il leur fut très aisé de remuer la terre,
puis les broussailles, et enfin les roseaux;
cela ne leur eût pas été plus difficile lors
même que la terre eût été couverte de
tuiles, cf. Luc 5:19; ils ne pouvaient
incommoder en aucune manière les personnes
qui étaient au-dessous dans la maison en
enlevant les tuiles et la terre, ces
personnes étant garanties par les
broussailles et les roseaux qui devaient
être remués les derniers.
— Le même missionnaire explique encore Ésaïe
22:4, par la coutume turque de monter sur
tes toits quand on entend crier au feu! pour
voir de quel côté l'incendie s'est déclaré.
— Voir: Maisons.
TOKEN,
Tolad, villes inconnues, de Siméon, 1 Chroniques 4:29,32.
TOLAH.
-
Fils aîné d'Issacar, Genèse 46:13; Nombres 26:23; 1 Chroniques 7:1.
-
Le septième des juges d'Israël, de la tribu d'Issacar, peut-être d'une famille distinguée; il gouverna le pays pendant vingt-trois ans après la mort d'Abimélec, et profita sans doute des douceurs de la paix pour réparer le mal qu'avaient fait les guerres précédentes, et l'usurpation d'Abimélec, Juges 10:1. Il mourut à Samir, lieu de sa résidence.
TOMBEAUX,
— Voir: Sépulcres.
TOPAZE,
hébreu pitdah, Exode 28:17; Ézéchiel 13:28, Job 28:19. Les traducteurs sont en général d'accord sur la traduction du mot, mais ils ne s'entendent plus sur la couleur de la topaze; les Grecs disent qu'elle est d'un jaune d'or, Pline la fait verte, ce qui a porté les modernes à penser que l'ancienne topaze est la chryso-lithe d'à présent; la mention de Job est, du reste, d'accord avec celle de Pline, Job cherche la belle topaze en Éthiopie, Pline la trouve dans une île de la mer Rouge. Ce qu'on appelle aujourd'hui topaze, est une pierre transparente d'un jaune citron, ou tirant sur la couleur du vin; on en connaît aussi de Manches.
TOPHETH
(horreur), entrée de la partie
inférieure de la vallée de Hinnom, près de
Jérusalem,
— Voir: Hacel-Dama et Hinnom.
TORRENTS,
— Voir: Ruisseaux.
TOURNOIEMENT,
— Voir: Lever.
TOURTERELLE,
— Voir: Colombe.
La tourterelle proprement dite, Jérémie 8:7.
(Septante τρυγών), est un
oiseau de passage qui apparaît en Palestine
avec le printemps, Cantique 2:12, et qui
devait être offert par les pauvres en
holocauste et dans les sacrifices d'actions
de grâces, Lévitique 1:14; 5:7. Il était
offert aussi comme sacrifice de
purification, Lévitique 12:6,8; cf. Luc
2:24, et par le nazarien après une violation
de son vœu, Nombres 6:10. D'après Sonnini,
il y a en Égypte une espèce de tourterelle
qui y habite toute l'année, dont l'espèce
est très nombreuse, et qui peut être celle
dont parle Moïse dans ses préceptes de
purifications; cf. encore Lévitique 14:22;
15:14,29. La tourterelle, columba turtur de
Linnée, est un peu plus petite que le
pigeon, le dos gris, le poitrail rose-chair,
des taches noires avec des raies blanches au
cou, et pareillement à la queue, dont les
extrémités sont blanches. Cet animal, au
dire de Buckingham, est encore très commun
en Palestine. Dans le second temple il y
avait toujours une très grande provision de
tourterelles, que chacun pouvait acheter
pour les sacrifices; elles étaient confiées
aux soins d'un præfectus turturum; Mishna
Shekal. 7, 7.
TRACHONITE,
Luc 3:1, district qui, après
avoir appartenu d'abord à Hérode le Grand,
passa à la tétrarchie de Philippe son fils,
puis à Hérode Agrippa. Elle était située
entre l'Anti-Liban et les montagnes de
l'Arabie, à l'est de la Batanée et un peu au
sud de Damas, entre la Déca-pole et Bostra,
sans que ses limites fussent bien définies.
Le nom même de Trachonite, qui est grec,
exprime l'âpreté d'un pays montagneux,
qu'habitaient les Trachones, excellents
tireurs adonnés au brigandage, qui se
retiraient dans des cavernes profondes où
ils passaient leur vie comme des bêtes.
L'entrée en était si étroite qu'il n'y
pouvait passer qu'une personne à la fois.
Ils se volaient entre eux, lorsqu'ils ne
trouvaient pas à piller les étrangers;
— Voir: Flavius Josèphe Antiquités
Judaïques 15, 10, 1
TRAÎNEAU,
— Voir: Char.
TREMBLEMENTS de terre.
La Palestine, comme presque
tous les pays de montagnes bordés par la
mer, était exposée à des tremblements de
terre. Il en est mentionné deux dans
l'Ancien Testament, l'un qui arriva sous
Achab (918-897 avant J.-C.) 1 Rois 19:11,
l'autre sous Hozias (811-759), Amos 1:1;
Zacharie 14:5. Flavius Josèphe fait de ce
dernier une description effrayante et sans
doute exagérée, lorsqu'il dit que la moitié
de la montagne qui était à l'occident de
Jérusalem se détacha, roula l'espace de 4
stades, 500 pas, et ne fut arrêtée que par
la muraille qui est à l'orient de Jérusalem,
qu'elle combla le chemin et couvrit les
jardins du roi. La destruction de Sodome et
Gomorrhe, Genèse 19:24; sq., fut
probablement aussi accompagnée de phénomènes
de ce genre.
Des tremblements de terre, au reste, sont
souvent annoncés lorsqu'il est parlé de la
venue du Seigneur, et il semble qu'ils
fassent partie intégrante de toutes les
théophanies, Psaumes 18:7; 104:32; Habacuc
3:6; cf. Nahum 1:5; Ésaïe 5:25; 6:4. La
destruction du globe par le feu, 2 Pierre
3:7; sq., peut fort bien, lorsqu'on a
quelques idées sur la constitution actuelle
de la terre, être regardée comme devant être
produite par des causes naturelles, surtout
si l'on se rappelle que des tremblements de
terre isolés, mais nombreux, préluderont à
cette dernière catastrophe, Matthieu 24:7-8.
Il est évident que dans tous les cas, la
mention de ce phénomène a pour but de faire
d'autant mieux sentir la grandeur, la
puissance et la majesté de celui qui tient
dans sa main les forces les plus redoutables
de la terre, et si ces expressions ne sont
quelquefois qu'une image, cette image est
belle parce qu'elle est simple et naturelle.
Plusieurs interprètes ont inutilement
multiplié les tremblements de terre, et
c'est par des phénomènes de ce genre, qu'ils
essaient d'expliquer un grand nombre de
miracles, les scènes de Sinaï, la traversée
de la mer Rouge, la prise de Jérico, etc,
cf. aussi 1 Rois 20:30. Le seul tremblement
de terre qui soit indiqué dans le Nouveau
Testament, est celui qui arriva à la mort de
Jésus, Matthieu 27:51. Il fut accompagné
d'épaisses ténèbres, comme cela arrive
souvent lors des éruptions volcaniques, sans
que l'on puisse dire cependant que ces deux
faits aient été nécessairement liés l'un à
l'autre. Flavius Josèphe raconte encore un
autre tremblement de terre qui ravagea la
Judée à l'époque de la bataille d'Actium;
des accidents semblables ont continué
jusqu'à nos jours de désoler de siècle en
siècle un pays du reste si favorisé;
Jérusalem doit à sa position physique
d'avoir presque toujours été épargnée.
TRIBUS.
C'est le nom sous lequel on
désigne ordinairement les familles
descendues de Jacob par ses douze fils, et,
dans ce sens, on compte douze tribus,
savoir: celles de Juda, Ruben, Gad, Aser,
Nephthali, Dan, Siméon, Lévi, Issacar,
Zabulon, Joseph, et Benjamin. Cette division
est, en quelque sorte, la division de
famille, une liste généalogique et
historique; on la trouve indiquée Genèse 49.
Cette division était naturelle, conforme aux
usages de tous les anciens peuples nomades:
des Édomites, Genèse 36; des Ismaélites,
Genèse 25:12; cf. 17:20; des Perses, cf.
Hérodote 1, 125. On la retrouve encore chez
les Bédouins arabes de nos jours, et les
voyageurs modernes en font foi. Elle ne fut
cependant pas acceptée au point de vue
théocratique, ou, pour mieux dire, elle fut
modifiée et restreinte, comme si l'esprit de
Dieu eût voulu maintenir et constater, dès
les temps les plus anciens, sa liberté
d'action, et rappeler, au sein de la
postérité d'Abraham, que les dons de Dieu ne
sont pas des accidents de la naissance, mais
des bienfaits de sa grâce. Dans la nation
constituée, une tribu fut mise à part,
l'aînée perdit son droit de primogéniture,
une des plus jeunes obtint deux portions, la
sixième partie de l'héritage général. Lévi
fut supprimé dans la répartition du
territoire conquis en Canaan, et Joseph fut
chef de deux tribus, celles de ses deux
fils, Éphraïm et Manassé, qui furent
elles-mêmes des plus considérables (Genèse
48). La division territoriale, au moyen de
cette double modification, conserva encore
le chiffre de douze tribus; on trouve dans
le livre de Josué les détails de la
répartition, et les limites des territoires.
En refusant à la tribu sacerdotale une part
dans le pays, Dieu rappelait même, sous
cette économie visible et charnelle, que
ceux qui s'occupent des choses de son règne
ne doivent pas être tentés d'y mêler des
préoccupations politiques et temporelles; il
repoussait, en principe, les États de
l'Église; d'un autre côté, en assurant aux
Lévites des villes, des villages, des
habitations sur le territoire de leurs
frères, il pourvoyait aux besoins légitimes
des uns et des autres, aux besoins temporels
de ceux qui travaillaient pour l'autel, aux
besoins spirituels des tribus, et de tous
les Israélites qui devaient avoir à leur
portée l'instruction et les secours
religieux nécessaires, Josué 21. Il résulte
de ces changements opérés que les noms des
douze tribus varient suivant le point de vue
auquel on se place; ils varient encore par
le fréquent échange des noms de Joseph,
d'Éphraïm et de Manassé, qui sont presque
indistinctement mis à la place les uns des
autres, et par suite de l'omission
intentionnelle tantôt d'un nom, tantôt d'un
autre. C'est ainsi que, sur les treize ou
quatorze noms (les douze noms des fils de
Jacob, et les deux des fils de Joseph) qui
sont employés pour désigner les tribus, il
n'y en a que huit qui se trouvent
régulièrement sur toutes les listes; ce sont
les noms de Ruben, Juda, Gad, Aser, Issacar,
Nephthali, Zabulon et Benjamin;Dan manque,
Apocalypse 7:5; Siméon, Deutéronome 33;
Lévi, Nombres 1, et 13, et, en général,
partout où l'énumération se fait, en quelque
sorte, dans un point de vue temporel; 1
Chroniques 12, il y a treize noms parce
qu'il s'agit du pays réel, et non pas du
pays territorial, et les Lévites sont nommés
au milieu des autres sans avoir une place à
part; ils sont portés comme hommes, tandis
que Nombres 26, où l'on trouve également
treize noms, ils sont relégués à la fin et
comme en appendice; dans ce dénombrement des
plaines de Moab, ils ne sont pas comptés
avec les autres tribus comme hommes d'armes,
mais leur chiffre est indiqué comme faisant
partie du peuple, ou comme prêtres; de même
Ézéchiel 48, les sacrificateurs et les
lévites sont nommés au milieu des douze
tribus, non comme tribu, mais comme prêtres,
— Voir: 10 et 11.
Éphraïm est appelé Joseph, Apocalypse 7:8,
tandis que c'est au contraire Manassé qui
porte le nom de son père, Nombres 13:12. Les
deux frères sont nommés, Nombres 1, comme
chefs de deux tribus, et Joseph n'est
rappelé que pour mémoire; mais Genèse 49,
Joseph seul est nommé; il remplace ses deux
fils; de même Ézéchiel 48:32. Quant aux
détails, on les trouvera à chaque article.
La famille araméenne de l'illustre Abraham
se constitua donc en tribus à la quatrième
génération, et ces tribus parentes restèrent
distinctes, et formèrent comme des
corporations les unes à côté des autres.
Chaque tribu se divisa en outre elle-même en
groupes moins nombreux, qui sont appelés
familles et maisons (des pères), comme on
dit chez nous aussi une maison pour désigner
une branche d'une race, la maison de
Lorraine, la maison de Bourgogne; Nombres
1:2,18; Josué 7:14; 1 Samuel 10:19,21; cf.
Tobie 5:12 (17). La maison des pères
comprenait toutes les familles fondées par
les fils du chef de la tribu; les familles
elles-mêmes étaient une subdivision des
maisons, et présentaient une idée moins
étendue; elles ne comprenaient, en quelque
sorte, que les parents à un degré
reconnaissable, cf. Nombres 1:2; Josué 7:14;
1 Chroniques 6:4; 24:4, et le registre
généalogique de 1 Chroniques 8. Au reste,
ces deux subdivisions sont quelquefois
prises l'une pour l'autre; parfois elles
sont identiques, Exode 6:14; ailleurs la
famille est plus grande que la maison. Le
mot de millier quelquefois employé, Michée
5:2, l'est, en général, comme synonyme de
familles, Juges 6:15; 1 Samuel 10:19; cf.
verset 21. À la tête de chaque tribu était
son chef naturel, le chef de la maison de
ses pères, et au-dessous de lui, sur chaque
millier, le chef de ce millier, Nombres
1:4,16,44; 2:3; 10:4; 1 Chroniques 27:16;
Esdras 1:8; cf. Exode 6:14; 1 Chroniques
5:15,24; 2 Chroniques 5:2. Les tribus
étaient représentées tantôt par leurs douze
chefs, Nombres 1:44; 7:2, tantôt par les
chefs des milliers, Josué 22:21,30, tantôt
par les chefs des maisons des pères, Josué
14:1; 2 Chroniques 1:2; 1 Rois 8:1, tantôt
enfin par là réunion des anciens, q.v.,
librement élus par le peuple; ce dernier
mode représenterait une chambre des députés
par opposition aux trois premiers systèmes
qui, reposant sur l'hérédité, rappelleraient
nos anciennes chambres des pairs ou la
chambre des lords. Cette organisation de la
nation juive, que Diodore de Sicile attribue
à tort à Moïse, existait déjà en Égypte;
elle était simple et naturelle: Moïse n'eut
qu'à l'accepter et à la mettre en harmonie
avec la constitution qu'il donna au peuple.
Pendant la période des juges, le lien qui
unissait les tribus, la religion de leurs
pères, s'étant excessivement relâché, les
tribus cessèrent, en quelque sorte, de
former une confédération, et non seulement
elles pourvurent isolément à leur sûreté
personnelle, mais encore elles en vinrent à
des hostilités ouvertes, dans lesquelles la
jalousie politique des grandes tribus se
déploya sans réserve, Juges 8:1-2; 12:4;
20:11. L'établissement de la monarchie
semblait devoir fondre tous les intérêts en
un seul; mais la constitution ancienne ne se
laissa pas absorber par la nouvelle forme du
gouvernement: les représentants des tribus
continuèrent de se réunir comme les États de
la nation, et intervinrent parfois avec une
grande énergie dans les affaires du pays, 1
Samuel 10:20; 2 Samuel 3:17; 5:1; 1 Rois 12,
2 Chroniques 24:17. Il paraîtrait même,
d'après 1 Chroniques 5:19-20, que, pendant
le règne de Saül, une tribu fit, tout à fait
isolée, et pour son propre compte, la guerre
à un état voisin; de même pendant le règne
d'Ézéchias, 1 Chroniques 4:41. L'influence
de l'esprit de tribu était surtout évidente
dans les élections des rois, et cet esprit
surexcité à la mort de Salomon, sans que
rien le retint, perdit à la fois le royaume
et les tribus; il n'y eut plus un royaume,
il n'y eut plus douze tribus, il y eut deux
royaumes, représentant chacun le principal
fragment dont ils étaient composés, Éphraïm
et Juda; c'est à ce dernier que se réunirent
les Lévites; ils suivirent la légitimité, et
dans une théocratie, ils eurent raison, 2
Chroniques 11:13; cf. 1 Rois 12:31.
La séparation des tribus parait être
demeurée entière pendant l'exil, et les
Israélites pieux semblent avoir désiré ne
contracter d'alliances qu'avec des membres
de leurs tribus, Tobie 1:9; 4:13; 6:12;
7:14; cependant cf. 3:15. En l'absence d'un
territoire qui garantissait l'existence et
l'intégrité de la tribu, la pureté des
mariages pouvait suppléera cette lacune et
amener un résultat semblable. L'attachement
à cette antique séparation était si profond
en Israël, que dans les premières années de
l'exil, un prophète annonçant la
restauration du pays et le rétablissement de
sa nationalité, pose la division du nouveau
territoire en douze portions comme un des
faits fondamentaux de ce nouvel ordre de
choses, Ézéchiel 47 et 48. Mais lorsque le
décret royal eut été promulgué, il n'y eut
guère, outre les Lévites, que des hommes de
Juda et de Benjamin qui en profitèrent,
Néhémie 11:4: ce furent eux qui restèrent
chargés du poids de la nationalité tout
entière, et comme ils ne représentaient pas
les douze tribus, l'idée même de la tribu
commença à déchoir, d'autant plus que depuis
longtemps les Benjamites avaient dû
s'habituer à n'être traités que comme une
fraction de la tribu de Juda; c'est de là
que vint, pour désigner le peuple entier, le
nom de Judéen ou de Juif. Dès lors aussi,
les familles et non plus la tribu, devinrent
la base des généalogies, Esdras 8, Néhémie
7, et les chefs de ces familles furent
nécessairement considérés comme des
représentants du peuple, Néhémie 10.
Cependant les familles conservèrent encore,
soit par leurs anciennes tables
généalogiques, soit par la tradition, le
souvenir des tribus dont elles étaient
originaires, cf. Luc 2:36; Actes 13:21;
Romains 11:1; Philippiens 3:5, et les
espérances d'Israël se rattachent encore
comme à une base nécessaire, au type
primitif des douze tribus, Apocalypse 5:5,9;
7:4.
Quant aux dix tribus dont le retour en
Palestine n'est pas raconté par les
historiens sacrés, leur sort est inconnu,
mais les hypothèses pour le découvrir, n'ont
pas manqué. Les uns pensent qu'elles ont
Uni, petit à petit et lentement, par rentrer
clans leur pays, tellement qu'aux jours de
saint Pierre, 1 Pierre 1:1, il n'en restait
plus qu'un petit nombre dispersés dans
l'exil; d'autres croient qu'elles ont fini
par se fondre dans les familles des
vainqueurs; d'autres, qu'elles habitent
encore les montagnes de la Perse, ou
qu'elles se sont répandues dans l'Inde, dans
la Chine, qu'elles ont passé en Amérique où
l'on peut retrouver leurs traces chez les
Indiens du Nord et chez les Mexicains. Ces
suppositions auxquelles Calmet a consacré un
article intitulé Transmigrations, et
que plusieurs auteurs modernes ont
développées avec plus ou moins de talent, et
souvent dans un but dogmatique, ne sont que
des hypothèses, et ne valent pas une sincère
déclaration d'ignorance.
Les registres généalogiques avaient pour les
tribus juives une plus haute importance que
pour tous les autres peuples de l'Orient; ce
n'était pas seulement un souvenir
historique, une filiation qu'ils étaient
destinés à maintenir, c'était l'intégrité
des territoires, à cause du droit d'héritage
qui, chez eux, se rattachait essentiellement
à la propriété foncière. Les terres
restaient, ou devaient rester, dans les
familles; celui qui prouvait sa filiation
était par cela même propriétaire. En vertu
de la constitution du pays, les tribus
furent également intéressées à tenir en
ordre des registres qui leur assuraient des
hommes et des terres, et à ne se laisser
entamer d'aucun côté. Il y eut donc des
généalogies de familles et des généalogies
de tribus faites ensuite de dénombrements
authentiques. Aux unes et aux autres on
ajoutait quelquefois, comme commentaire
historique, le récit de certains faits
remarquables, cf. Genèse 4:17,20; 1
Chroniques 2:3,7; 4:9-10,14,38, et peu à
peu, ces additions devenant plus
considérables ou plus détaillées, changèrent
les registres en de véritables chroniques.
L'auteur de 1 Chroniques, suivant l'usage de
son temps, fait précéder son histoire
proprement dite d'un coup d'oeil
généalogique ou d'un extrait du registre des
familles (1-8,). Dans le Pentateuque, les
généalogies forment les jalons de
l'histoire, et comme des espèces de
sommaires, Genèse 4:17; 5:3; 9:18, etc.
Exode 6:14; Nombres 3:17, et outre tous ces
tableaux de détail relatifs à la famille
juive et aux branches collatérales
descendues d'Abraham, l'auteur sacré
présente en raccourci le registre
généalogique de tous les peuples issus de
Noé et répandus autour de lui dans le monde.
Pour les Juifs, en tant que nation, les
tableaux les plus importants étaient
naturellement ceux qui concernaient les
sacrificateurs et la famille royale; les
premiers même furent rapportés de l'exil,
Esdras 2:62; Néhémie 7:64, soigneusement
conservés et continués, car les Lévites qui
désiraient devenir prêtres, devaient avant
tout, prouver leur filiation, Esdras 2:61;
Néhémie 7:64. Quant aux listes royales, nous
en trouvons deux fragments, Ruth 4:17;
Matthieu 1, Luc 3, qui ont pour but
d'établir la généalogie de Jésus, comme issu
de la famille de David.
L'exil de Babylone a dû jeter bien de la
perturbation dans l'état civil des Hébreux,
et comme on l'a dit, il n'y eut que les
familles vraiment attachées à la foi de
leurs pères, qui se donnèrent de la peine
pour maintenir intacts et complets leurs
arbres généalogiques, la pureté de leur race
et de leur tribu.
On n'insérait en général, sur ces registres,
que les noms des descendants mâles, de ceux
qui perpétuaient le nom et le souvenir de la
famille (mâle et souvenir
s'expriment en hébreu par le même mot,
zacar); il n'y avait, à cette règle,
d'exception que pour les héritières, quand
il n'y avait pas d'héritiers, ou pour les
femmes qu'un fait spécial signalait à
l'attention de la postérité, Matthieu 1:3.
Les premières tables n'étant point écrites,
mais confiées à la mémoire des fils et
transmises de bouche en bouche, il put
arriver dans plusieurs familles, que
plusieurs chaînons intermédiaires furent
oubliés, et que lors de la première
confection de listes écrites, on dut se
contenter des ancêtres dont le noms vivaient
encore, en unissant par les rapports de père
et de fils des hommes séparés par une ou
deux générations; d'autres fois, comme chez
les Arabes, on condamna expressément à
l'oubli des noms mal famés, et ils furent
rayés des registres; d'autres fois encore,
dans l'intérêt d'une mémorisation facile, ou
pour procurer une régularité factice, on
omit quelques noms moins célèbres, comme
Matthieu 1, où la généalogie de Jésus est
réduite en trois périodes de quatorze
membres chacune. D'autres noms ont été omis
sans qu'on en sache le motif; par exemple,
Zorobabel, fils de Salathiel, d'après Aggée
1:1; Esdras 5:2, n'était que son petit-fils,
d'après la liste plus détaillée de 1
Chroniques 3:17,19; cf. aussi 1 Chroniques
7:14; avec Nombres 26:29-30, etc. Enfin,
certaines familles remontant par deux
branches à une source primitive, pouvaient,
suivant les cas, se rattacher à l'une ou à
l'autre de ces branches, ou confirmer
péremptoirement par cette double généalogie
une filiation importante ou contestée.
Plusieurs de ces explications jetteront du
jour sur les deux listes de Matthieu 1, et
Luc 3, sans que nous puissions entrer dans
des détails qui sont du ressort d'un
commentaire;
— Voir: aussi les différents
articles.
Les généalogies, à la recherche desquelles
s'adonnaient les Juifs d'Éphèse et de Crète,
1 Timothée 1:4; Tite 3:9, sont: ou bien une
filiation que, dans un orgueil de
judaïsants, les Juifs convertis cherchaient
encore à établir entre eux et Abraham pour
bien démontrer qu'ils étaient Juifs pur
sang, par opposition aux païens, recherche
que Paul condamne comme impossible ou comme
oiseuse, même en cas de réussite;
— ou bien, plus probablement, il est
question dans ces passages de la doctrine
gnostique des émanations, des Éons, des
vertus célestes qui s'engendrent les unes
les autres (Irénée, Tertullien), recherche
absurde et fastidieuse, comme le savent tous
ceux qui s'en sont occupés, et de laquelle
Paul pouvait bien dire qu'elle était de
nature à produire des disputes plutôt que
l'édification de Dieu.
Les douze tribus d'Israël doivent être un
jour rétablies de Dieu dans le pays qui fut
promis à leur père Abraham. Cette doctrine a
été professée de tout temps dans l'Église
chrétienne; elle fut celle de tous les
Pères, soit grecs, soit latins. Elle est de
la plus haute importance pour l'Église des
gentils, comme pour celle des Juifs; car
elle se lie d'une manière intime et
nécessaire à toutes les espérances des
enfants de Dieu sur le règne de
Jésus-Christ, sur la résurrection des
saints, sur l'avènement du Sauveur; en un
mot, elle se rattache à toutes les gloires
futures du peuple de Dieu. S'il fallait en
venir à des témoignages pour la justifier,
nous aurions bientôt cité: dans l'Ancien
Testament, le 30e chapitre du Deutéronome,
le 11e, le 43e et 49e d'Ésaïe; le 23e, le
31e, le 33e de Jérémie; le 1er et le 3e
d'Osée; le 12e de Daniel; les déclarations
d'Ésaïe dans son 28e chapitre et dans les
onze suivants; et dans le Nouveau Testament,
le 23e de Matthieu, le 1er des Actes, le 11e
des Romains. Cependant toute la force de
l'argument qu'on lire de ces nombreux
passages en faveur d'un retour, encore à
venir, des Israélites au pays de leurs
pères, est dans le double fait que voici:
«Les dix tribus d'Israël ne furent jamais
rétablies, et elles existent encore quelque
part.»
Il faut donc établir:
-
Que le retour des Juifs à Jérusalem, après les soixante-dix ans de captivité à Babylone, ne les a point concernées; et
-
qu'elles vivent encore en quelque contrée du globe sous des conditions telles qu'on puisse y reconnaître un jour leur identité nationale.
Le fait de la restauration future de
toute la maison d'Israël (y compris
Éphraïm, aussi bien que Juda), est attesté
par les prophéties les plus claires (—
Voir: plus particulièrement Jérémie
3:18,23; Ézéchiel 39:25,40; Osée 1:14). Et
ce qui prouve incontestablement que cette
prédiction n'eut point son accomplissement
alors que les Juifs des deux tribus
revinrent de Babylone, c'est
-
que le prophète Zacharie, qui n'écrivit qu'après ce retour des Juifs à Jérusalem, prédit lui-même une restauration de la maison de Joseph (père d'Éphraïm) avec celle de Juda (chapitre 10).
-
C'est qu'Ézéchiel a soin de mentionner ce petit nombre d'Israélites des dix tribus, qui se joignirent aux Juifs revenant de Babylone, et de nous dire qu'il s'agira de bien autre chose dans la restauration dernière. Il prend un bâton, et il écrit dessus: «Pour Juda, et pour les enfants d'Israël, ses compagnons.» Voilà pour le premier. Mais il reçoit l'ordre aussi d'en prendre un autre, et d'écrire dessus: Pour Joseph le bâton d'Éphraïm, et pour toute la maison d'Israël, ses compagnons.» Voilà donc les deux nations qui, dans l'avenir, doivent ne former qu'un seul et même peuple; c'est, d'un côté, Juda, avec le petit nombre des Éphraïmites qui se joignirent à lui; c'est, de l'autre, Éphraïm, avec tout le reste des dix tribus.
— «Ils ne seront plus deux nations; ils ne se souilleront plus par leurs infamies; je les retirerai de toutes les demeures dans lesquels ils ont péché» (verset 22), dit l'Éternel. Ézéchiel 37:16.
-
Enfin, c'est que les Israélites rétablis n'auront alors qu'un seul et même roi de la maison de David (Ézéchiel 37:22,24; Jérémie 30:3,9; Ézéchiel 34, Osée 3:4-5; Zacharie 12:10). Ce fait n'a jamais eu lieu depuis le temps de Cyrus jusqu'à celui de Titus: il est donc encore à venir.
Mais, si les dix tribus doivent être rétablies dans les derniers temps, et si leur identité nationale doit être alors reconnue, où sont-elles aujourd'hui? Voilà la grande question.
Nous croyons que le livre de Grant vient y donner une réponse satisfaisante, et c'est une des principales considérations qui nous ont inspiré le désir de le faire connaître aux Églises de notre langue.
Jérôme (qui mourut vers l'an 420) disait les dix tribus encore établies de son temps aux régions où le roi d'Assyrie les avait transportées.
Nous apprenons aussi par divers témoignages qu'elles y étaient nombreuses encore au moyen âge, au onzième siècle, au douzième et même au quatorzième.
Où sont-elles aujourd'hui?
On avait répondu jusqu'ici par des conjectures de deux espèces. Les premières désignaient, comme originairement descendues des dix tribus, des nations ou des races d'hommes qui ne s'en doutaient plus, les Américains, les Welches ou Bretons, et les Irlandais; les autres alléguaient des peuples dont certaines traditions, et peut-être des tables généalogiques, paraissent attester une origine éphraïmite, les Juifs blancs de Cochin, les Afghans surtout, (— Voir: sir H. Jones, Asiatic Researches, vol. I, p. 336).
D'autres contrées, telles que le Cachemire et l'intérieur de l'Afrique, avaient été désignées comme le séjour actuel des dix tribus; mais nous avons l'espérance que les découvertes de Grant vont enfin jeter un grand jour sur cette intéressante question.
Cependant, il importe encore de faire observer que l'obscurité répandue depuis plusieurs siècles sur l'existence de ce peuple prophétique ne devait nullement ébranler notre foi sur l'accomplissement littéral des prédictions qui le concernent, il fallait plutôt y voir, au contraire, une confirmation de leur vérité. Les Écritures elles-mêmes nous parlent de la nuit où seront cachées ces populations miraculeuses jusqu'au jour de leur restauration. C'est une observation de M. Brooks, dans ses «Éléments d'interprétation prophétique» (p. 267-277), (— Voir: dans Ésaïe, chapitre 11, qu'il a soin de distinguer les rejetés d'Israël d'avec les dispersés de Juda. — Voir: Ésaïe 49:21-22; 16:3-4; — Voir: enfin les observations de M. Keith sur Daniel, 11:41).
Le livre du docteur Grant (les Nestoriens,
ou les Tribus perdues), à la préface duquel
nous avons emprunté les lignes qui
précèdent, établit l'identité des dix Tribus
et des Nestoriens par des preuves plutôt
morales et traditionnelles, que positives et
écrites. Cependant, elles ne manquent pas
d'une certaine force, surtout si l'on
réfléchit que chez ces pauvres Nestoriens
l'instruction est nulle; que, par
conséquent, des documents écrits ne
sauraient avoir pour eux une grande valeur,
et si l'on se rappelle ensuite qu'ils sont
d'autant moins intéressés à revendiquer une
communauté d'origine avec les Juifs, qu'ils
ne sont pas, en général, en très bons termes
les uns avec les autres. Les Juifs qui sont
au milieu d'eux ne nient point le fait de
leur parenté avec les Nestoriens; mais ils
sont profondément humiliés de voir une
pareille apostasie au sein de leur nation,
et ils évitent, le plus qu'ils peuvent,
d'avoir à se prononcer sur ce point.
Voici comment Grant (p. 102 et suivant)
établit l'identité, depuis longtemps
soupçonnée, de ces deux peuples si distincts
maintenant:
-
Je remarque d'abord, dit-il, que cette tradition est généralement répandue et reçue parmi les Nestoriens de l'Assyrie et de la Médie. Ils en parlent volontiers en tout lieu et en toute occasion. Smith et Dwhigt, dans leur courte visite aux Nestoriens, furent frappés de les entendre affirmer qu'ils étaient les descendants des dix tribus. Ils reconnaissent ce fait dans leurs conversations entre eux, aussi bien que vis-à-vis des étrangers. Un de leurs prêtres reprochait à son peuple les fautes et la responsabilité qui se trouvaient accumulées sur eux à cause de leur étroite relation avec ceux «à qui appartiennent l'alliance et les promesses», et son langage était celui de la réprimande, bien plus que celui de la flatterie. Souvent j'ai entendu leurs ecclésiastiques faire la remarque qu'ils étaient un peuple de col roide, comme leurs pères de l'Ancien Testament. Ces allusions accidentelles à leurs ancêtres hébreux, prouvent d'une manière victorieuse que leur tradition est généralement reçue comme une vérité. Quoique cela tourne à leur confusion, pas un d'entre eux ne nie qu'il ne soit enfant d'Israël. Le savant et l'ignorant, le jeune homme et le vieillard, tous reconnaissent cette relation.
-
La haine qui existe entre les Nestoriens et les Juifs écarte toute idée d'une tradition fabriquée. Quel motif pourrait les conduire à vouloir s'affilier à leurs plus implacables ennemis? Est-il croyable qu'une tradition, dénuée de fondement, et prétendant les lier à un peuple avec lequel ils ne veulent pas même manger, eût été universellement adoptée parmi les diverses tribus des Nestoriens? Par qui, et À quelle époque de leur histoire, leur aurait-elle été imposée? Comment aucune réclamation ne se serait-elle élevée au milieu d'une nation si nombreuse? Là, comme partout ailleurs, les Juifs sont les plus méprisés et les plus persécutés de tous les peuples: la haine est donc attachée à tout ce qui s'allie à eux. Par crainte de cette haine, j'ai vu des Nestoriens hésiter à répondre quand on les interrogeait sur leurs ancêtres, et cependant ils finissaient tous par convenir de leur origine juive.
-
Leur ignorance des prophéties ne permet pas non plus de supposer que cette tradition ait pris sa source chez les conducteurs religieux, en vue des grandes bénédictions temporelles promises aux Juifs. Ils n'ont aucune idée de bénédictions de ce genre pour les Israélites en particulier; ils croient au triomphe final du christianisme dans le monde, mais ne réclament pour eux-mêmes aucune prééminence sur les autres chrétiens. Ils lisent peu les prophètes, et les comprennent encore moins; leur interprétation des écrits prophétiques est, en général, mystique et confuse.
-
La situation écartée du grand corps de l'Église nestorienne s'oppose presque entièrement à ce que l'idée de leur origine juive leur ait pu être suggérée par les nations voisines. Ils habitent principalement des montagnes presque inaccessibles, dans lesquelles ils sont tenus à l'abri de toute influence du dehors. Les étrangers n'ont que bien rarement pénétré jusqu'à eux, et je ne connais aucun peuple qui entretienne aussi peu de rapports avec ceux qui l'entourent; bien plus, si leurs voisins les avaient assimilés aux Juifs, n'auraient-ils pas repoussé jusqu'à la pensée d'une semblable connexion? Est-il croyable qu'ils l'eussent reçue comme base d'une tradition générale? et, quand il serait probable qu'une pareille falsification se fût introduite en quelque localité, comment aurait-on pu induire la nation tout entière à admettre une imposture contre laquelle se révoltaient tous leurs sentiments naturels?
Plus loin, au chapitre 12, page 110 et suivant, M. Grant s'attache à prouver que les lieux habités aujourd'hui par les Nestoriens, sont précisément ceux dans lesquels les dix tribus furent transportées, et c'est une chose assez remarquable que, quoique emmenées captives par différents conquérants, et à quatre-vingt-dix ans d'intervalle, toutes les tribus furent établies dans la même contrée; rien ne prouve ou ne fait même supposer qu'elles aient été déplacées; au cinquième siècle, dans tous les cas, elles habitaient encore la terre de la captivité.
TRIBUT,
tributaires,
— Voir: Impôts.
Le tribut, qui implique la reconnaissance
d'une souveraineté, se dit ordinairement de
l'impôt payé à une puissance étrangère;
cependant le mot s'emploie quelquefois aussi
des impôts payés au maître légitime. Dieu
étant le vrai souverain d'Israël, avait la
première part dans les tributs prélevés sur
le pays; les rois eurent la seconde, et ils
se la firent large, au point que les
murmures du peuple, après le règne do
Salomon, finirent par provoquer la scission
du royaume. On fait souvent une révolution
pour obtenir une réduction dans les impôts,
et l'on est souvent trompé. Les dix tribus
en firent l'expérience. Quant aux tributs
étrangers, les Israélites tour à tour les
imposèrent et durent les payer. Sous
Salomon, les Cananéens furent rendus
tributaires, 1 Rois 9:21-23. 2 Chroniques
8:8; sous d'autres princes, et surtout vers
les temps qui précédèrent l'exil, ce furent
au contraire les Israélites qui, tantôt à la
suite d'une conquête, tantôt en vue dune
alliance à obtenir, payèrent des tributs aux
rois étrangers, d'Égypte, de Syrie ou
d'Assyrie. Les Romains furent les derniers
auxquels ils furent tributaires, et l'on
trouve, Luc 2:1-2, la mention d'un
dénombrement qui eut lieu sous Auguste par
Cyrénius (Quirinius), dans le but de baser
le tribut sur un nouveau recensement des
personnes et une nouvelle estimation des
biens. Les passages Matthieu 22:17;
17:24-27, renferment les déclarations les
plus positives de notre Seigneur sur le
paiement du tribut: les gens de ce siècle le
doivent à ceux qu'ils reconnaissent pour
légitimes souverains; les enfants de Dieu,
les fils du vrai roi de la terre, ne le
doivent pas à des rois qui ne sont rois que
par un malentendu; mais ils sont tenus de le
payer, pour ne pas scandaliser un monde qui
pourrait les accuser de cupidité ou de
rébellion, ne comprenant pas la grandeur de
leurs motifs;
— Voir: encore Jean 8:33; Romains
13:1-8; 1 Pierre 2:13.
TROAS,
ville de Phrygie ou de Mysie, sur l'Hellespont, à 6 lieues sud-ouest de l'ancienne Troie et à 7 lieues nord-ouest d'Assos, entre les promontoires de Rhœtée, où fut enterré Ajax, et de Sigée, le tombeau d'Achille. Antigone l'avait surnommée de son nom, Lysimaque lui donna plus tard le nom d'Alexandrie, en l'honneur d'Alexandre le Grand; Auguste lui accorda le titre de colonie de droit italien (juris italici). Saint Paul y passa au moins deux fois, et c'est là qu'il eut sa vision d'un homme macédonien (l'ange de la Macédoine, d'après Calmet), Actes 16:8,11; 20:5; cf. 2 Corinthiens 2:12. Dans un de ses voyages, il y laissa, chez Carpe, son manteau, ses livres et ses parchemins, 2 Timothée 4:13. Elle s'appelle maintenant Eski Stamboul, et ses ruines, que l'on regarde à tort comme celles de Troie, sont assez considérables pour établir l'ancienne importance de cette colonie italienne.
TROËNE.
C'est ainsi que nos versions traduisent l'hébreu kopher, Cantique 1:13; 4:13. Luther, dans le premier passage, a conservé le mot hébreu; dans le second, il l'a rendu par cypre, la fleur de Chypre, Cyperblume, et la plupart des commentateurs, depuis les Septante, sont d'accord à le traduire ainsi; c'est l'alhenna des Arabes. Cet arbrisseau est fort abondant en Chypre; on prétend même que c'est la plante qui a donné le nom à l'île. On en trouve cependant aussi en Égypte et en Palestine, particulièrement aux environs d'Askélon et d'Hen-Guédi. Il atteint, quand on ne le coupe pas, une hauteur de 3 ou 4 mètres; ses feuilles sont lancéolées, courtes, lisses, semblables à celles de l'olivier, réunies en touffes autour des rameaux. Ses fleurs, très odoriférantes et réunies en grappes, Cantique 1:13, s'ouvrent en mai et durent jusqu'au mois d'août; elles sont d'un blanc jaunâtre et sont d'une forme très gracieuse. Les femmes égyptiennes en font des bouquets et les portent sur leur cœur. Délayées dans de l'eau, les feuilles de cet arbre séchées et réduites en poudre, font une espèce de teinture jaune-orange dont le goût oriental se sert pour orner les ongles, les pieds, les lèvres et les cheveux de ses beautés; avec une décoction de séné, cette teinture est d'un brun foncé; l'on s'en sert pour se noircir les cheveux et la barbe. Les fruits sont renfermés dans des capsules d'abord vertes, puis rougeâtres, à quatre loges; les grains sont bruns, durs et triangulaires. Calmet appelle cet arbuste souchet. C'est la lawsonia spinosa inermis de Linnée.
TROGYLE,
Actes 20:15, ville et promontoire de l'Ionie, située entre Éphèse et l'embouchure du Méandre, au pied du mont Mycale.
TROIS-BOUTIQUES,
— Voir: Forum d'Appius.
TROMPETTES,
— Voir: Musique.
TRÔNE,
le siège officiel sur lequel,
revêtus de vêtements magnifiques,
s'asseyaient les rois, soit à leur
avènement, soit dans des audiences
solennelles, ou lorsqu'ils rendaient la
justice, 1 Rois 2:19; 22:10; 2 Rois 11:19;
Esther 5:1; Proverbes 20:8. C'était un grand
fauteuil avec un marchepied, parfois aussi
avec plusieurs degrés, Ésaïe 6:1. Le trône
de Salomon est célébré dans l'Écriture comme
une merveille, 1 Rois 10:18, et les rois de
l'Orient en général ont toujours attaché une
grande importance à la beauté et au luxe des
ornements de ce siège; le trône des Hérodes
était d'or ou doré, Flavius Josèphe, Guerre
des Juifs 2, 1, 1;
— Voir: aussi Odyss., 1, 130; 4, 136,
la description que fait Homère des trônes de
ses princes.
Le trône était l'un des signes distinctifs
du pouvoir royal, Genèse 41:40; les
expressions: être assis sur le trône, ou
s'asseoir sur le trône de quelqu'un, sont
souvent prises dans un sens figuré, pour
régner ou succéder à un roi, Deutéronome
17:18; 1 Rois 1:13; 16:11; 2 Rois 10:30.
L'Écriture contient un grand nombre d'images
empruntées à cet emblème de la royauté: les
cieux sont le trône de l'Éternel, et la
terre est le marchepied de ses pieds, Ésaïe
66:1; cf. Psaumes 89:14; 110:1; Luc 22:69;
Actes 7:49. Jésus lui-même et les vieillards
de l'Apocalypse sont assis sur des trônes
pour juger le monde, Apocalypse 3:21; 4:4.
TROPHIME,
disciple d'Éphèse, païen de naissance, qui accompagna Paul dans son troisième voyage missionnaire, d'abord de Troas en Macédoine, puis à Jérusalem où il fut l'occasion des persécutions qu'éprouva l'apôtre et qui le conduisirent à Rome, Actes 20:4; 21:29. On ne le retrouve plus dès lors que malade à Milet, 2 Timothée 4:20, et ceux qui, comme Winer, n'admettent pas deux captivités de Paul à Rome, avouent qu'ils ne peuvent expliquer ce détail; Trophime ne fut laissé malade à Milet par l'apôtre que lorsqu'ils y passèrent une seconde fois, c'est-à-dire après la délivrance de la première captivité, puisqu'après y avoir passé une première fois ils continuèrent ensemble leur voyage jusqu'en Judée. La tradition porte qu'il souffrit le martyre à Rome avec saint Paul. Incertain.
TRYPHÈNE et Tryphose,
Romains 16:12, peut-être deux sœurs, disciples de Rome, qui travaillaient pour le service du Seigneur; elles ne sont connues que par cette honorable mention, et par des traditions sans valeur.
TSAANAN,
Michée 1:11, ville de Palestine que Bochart et Michaélis identifient avec le Tsénan de Josué 15:37.
TSADOC,
fils d'Ahitub, descendant d'Ithamar, 1 Chroniques 6:8; 18:16; 2 Samuel 8:17; 20:25, connu par sa fidélité à David. Il régla, de concert avec Abiathar, tout ce qui concernait le transport de l'arche à Jérusalem, 1 Chroniques 15:11, obéit à David lors de la révolte d'Absalon, resta dans la ville sainte auprès du traître, et fit passer à David par l'intermédiaire de son fils, de sages et précieux avis, 2 Samuel 15:24; 17:15. Il calma l'effervescence populaire après la mort d'Absalon, 2 Samuel 19:11, prit parti contre Adonija, et sacra Salomon roi d'Israël pendant que la conspiration se tramait. Ses services furent récompensés par la collation de la souveraine sacrificature, qui fut enlevée à Abiathar exilé, et qui rentra ainsi dans la branche aînée, 1 Rois 1:8; 2:35; 4:4 (sans que l'on sache comment elle en était sortie). Quelques auteurs pensent qu'Abiathar et Tsadoc avaient exercé simultanément la sacrificature, l'un à Jérusalem, l'autre à Gabaon, 1 Chroniques 16:39; d'autres, que Tsadoc était sagan ou vicaire d'Abiathar; mais la déposition de ce dernier et son remplacement par Tsadoc, montre évidemment qu'ils se sont succédé, et l'historien sacré a pu dire, sans se contredire, qu'ils avaient tous deux exercé la sacrificature de leur temps.
TSAHANNAJIM,
Juges 4:11, et Tsahanannim,
Josué 19:33 (par erreur Tsahannim dans
quelques éditions françaises), une des
villes frontières de Nephthali, probablement
vers le nord; quelques auteurs ont traduit
le Alôn de Tsahanannim de Josué 19:33, par
le chêne des nomades,
— Voir: Rosenmuller;
mais si cette traduction est possible, il
est cependant peu vraisemblable que, dans
une délimitation de frontières, un chêne
serve de limites, et que deux noms soient
ainsi pris dans un sens appellatif.
— On a cru que cette ville est le Saana de
Ptolémée, entre Abila et Ina (?).
TSALMUNAH
(ombre),
— Voir: Zébah.
TSARTHAN
(détresse), en deçà du Jourdain, Josué 3:16, et non loin de ses rives, vis-à-vis de Succoth, 1 Rois 7:46; probablement le même endroit que Tsarthana, 1 Rois 4:12, ou Tseredatha, 2 Chroniques 4:17 (dans l'hébreu), ou Tséréra, Juges 7:22, ou Tséréda, 1 Rois 11:26 (lieu de naissance de Jéroboam): dans ce cas elle aurait appartenu à la tribu d'Éphraïm. Presque toutes ces légères différences ne proviennent que de la facile confusion des lettres hébraïques r et d, et des finales locales.
TSÉBOIM
(chèvres, biches).
-
Ville de Benjamin située dans une vallée, Néhémie 11:34; 1 Samuel 13:18.
-
Une des villes de la plaine, qui furent détruites avec Sodome et Gomorrhe, dans la vallée de Siddim, Genèse 10:19; 14:2,8; Deutéronome 29:23; Osée 11:8.
TSÉLAH
(côte), ville de Benjamin, dans laquelle furent enterrés Saül et son père, 2 Samuel 21:14; Josué 18:28.
TSÉLOPHCAD
(ombre de la crainte), 1 Chroniques 7:15; Nombres 26:33; 27:1; Josué 17:3, était fils d'Hépher, de la tribu de Manassé, resta en dehors de la conspiration de Coré, mais mourut au désert conformément à la condamnation divine prononcée contre la génération du désert. Il ne laissait après lui que cinq filles, qui se trouvèrent déshéritées en vertu de la loi des héritages qui n'accordait de terres qu'aux enfants mâles; le nom de leur père allait s'éteindre, celui de leur aïeul périssait, si l'on n'établissait qu'en l'absence d'enfants mâles les filles devenaient aptes à hériter. Leur réclamation, portée devant Moïse, fut trouvée juste, et elles eurent un territoire assuré. Mais la tribu de Manassé réclama à son tour, craignant que le mariage de ces filles avec des hommes d'une autre tribu ne diminuât son territoire, et un second décret statua qu'une fille, après avoir hérité des biens de son père, ne pourrait se marier que dans sa tribu, Nombres 36:6. Les filles de Tsélophcad s'v conformèrent.
TSÉMARAJIM.
-
Ville de Benjamin, Josué 18:22.
-
Une des montagnes d'Éphraïm, 2 Chroniques 13:4, peut-être celle sur laquelle fut bâtie la ville de ce nom.
TSÉMARIENS,
Genèse 10:18, peuplade cananéenne, nommée entre les Arvadiens et les Hamathiens: on croit en retrouver les traces (Schrœder) dans la ville phénicienne de Simyra, située au pied du Liban, sur le fleuve Éleutherus, Ptolém. 5, 15. Pline 5, 17. Shaw en a vu les ruines à environ 8 ou 10 lieues sud-est de Tortosa. L'opinion de Hamaker qui place les Tsemariens sur les bords du Tamyras entre Béryte et Sidon, ne s'appuie que sur cette analogie de nom; et les rabbins, suivis par Jérôme, qui pensent à la ville d'Émesa ou Émissa, magnifique ville située sur l'Oronte en Syrie, avec un temple du soleil, nous transportent trop loin, et oublient que cette ville ne fut construite que beaucoup plus tard.
TSÉRÉRA,
— Voir: Tsarthan.
TSÉRUIA,
sœur de David, fille de sa mère, d'un premier mari nommé Nahas, n'est connue que par ses trois fils Joab, Abisaï, et Hazaël, 2 Samuel 2:18; 17:25; 1 Chroniques 2:16. Elle est souvent nommée avec eux; son mari est complètement inconnu.
TSIBA
(soldat, guerrier), 2 Samuel 9:2, ancien serviteur de Saül, se distingua plus sous le nouveau régime par son habileté, que par sa fidélité. Nommé par David intendant des domaines restitués à Méphiboseth, il goûta les douceurs de l'indépendance, et ne rêva rien moins que de devenir le propriétaire des biens qu'il administrait; lors de la révolte d'Absalon, il vint au-devant de David sur le mont des Oliviers, lui offrit quelques provisions, et fut naturellement interrogé sur ce qu'il savait; il dénonça son maître, Méphiboseth, comme aspirant à la couronne, et cette infâme calomnie, quoique mal inventée et mal racontée, lui assura la possession de ces domaines qu'il convoitait, 2 Samuel 16. Lorsque la victoire fut assurée à David, et qu'il eut repris le chemin de Jérusalem, Tsiba, craignant que la lumière ne se fît jour pendant la paix, vint avec ses quinze enfants et vingt serviteurs, se mit à la suite de Simhi qui sollicitait son pardon, ne vit ses intrigues qu'à moitié déroulées, et n'eut à restituer que la moitié des biens qu'il avait si honteusement acquis. Il eut tous les dons qu'il faut pour réussir par le mal, et n'eut aucune des qualités qui font une bonne réputation; de l'esprit, mais point de cœur.
TSIDKIJA
(justice de l'Éternel), fils de Kénahana, 1 Rois 22:11; 2 Chroniques 18:10, imposteur et chef d'une école de faux prophètes. Le front armé de cornes de fer, symboles d'une puissance extraordinaire, Michée 4:13, il se présenta devant Achab qui le consultait sur la guerre qu'il allait porter en Ramoth de Galaad, et flattant ses désirs, il lui annonça une victoire éclatante, au nom de l'Éternel. Le prophète Michée ayant osé lui répondre par des oracles plus vrais, Tsidkija s'emporta violemment contre lui jusqu'à le frapper; Michée en appela à l'accomplissement, et annonça à cet imposteur une honte et une fuite prochaine. L'accomplissement de cet oracle ne nous est pas raconté. Tsidkija et les siens paraissent n'avoir pas été compris dans l'exécution des faux prophètes ordonnée par Élie, cette dernière n'ayant porté apparemment que sur les prêtres de Banal, 1 Rois 22:6; cf. 18:19. Il fallait que l'imposteur jouît à la cour d'Achab d'une bien grande faveur pour avoir osé s'emporter devant le roi, et cette colère qui à elle seule eût suffi pour prouver l'imposture, prouve aussi que la majesté d'Achab était complice des fourberies du faux prophète.
TSIHOR
(petit), Josué 15:54, ville des montagnes de Juda, située, d'après Eusèbe qui croit en avoir retrouvé les restes, entre Jérusalem et Éleuthéropolis.
TSIKLAG
(mesure pressée), ville cananéenne, qui, après avoir appartenu successivement aux tribus de Juda et de Siméon, Josué 15:31; 19:5, était retombée entre les mains des Philistins, et se trouvait, aux jours de David, sous la dépendance du roi de Gath, 1 Samuel 27:6. Elle fut assignée pour demeure à David qui en fit le centre de ses expéditions militaires, 1 Samuel 30:1,14,26; 2 Samuel 1:1; 4:10. Dès cette époque, elle redevint Israélite, et après l'exil on la retrouve habitée par des Juifs, Néhémie 11:28. Elle était située au sud du pays, au pied des montagnes de Juda, et sur un torrent qui se jette dans le Bésor.
TSIN
(bouclier), désert de l'Arabie Pétrée. Les Israélites du désert y arrivèrent de Hetsjon-Guéber, Nombres 33:36, espérant de là pénétrer en Canaan en traversant le pays des Édomites qui l'avoisine, Nombres 34:3. C'est un plateau dont la partie la plus élevée (1,500 à 2,000 pieds au-dessus de la mer) est située vers le sud et vers l'est, et qui s'abaisse au nord vers les montagnes de Juda, et surtout à l'ouest vers la Méditerranée, Nombres 13:22; Josué 20:1. Le sol est d'une extrême aridité; à peu près aucune source; rien que des réservoirs et des puits taillés dans le rocher; pas un seul ruisseau qui atteigne la mer; des rochers nus et inhabités; des serpents et des scorpions. Kadès est la seule ville nommée comme appartenant à cette solitude désolée, Nombres 20:1; 27:14. Le désert de Tsin et celui de Paran qui le touche, portent aujourd'hui le nom de Djebel el Tyh Beni Israjël, la montagne des errements des fils d'Israël. Il ne faut pas le confondre avec le désert de Sin, q.v.
TSINNA,
ville de Juda, située probablement au midi, Nombres 34:4; Josué 13:3.
TSOBA, ou plus complètement Aram Tsoba,
la Syrie de Tsoba, 2 Samuel 10:6; Psaumes 60, petite monarchie syrienne dont les rois, sous Saül d'abord, puis sous David, s'unirent fréquemment avec des puissances voisines, les Araméens, les Hammonites, pour faire la guerre à Israël, mais furent défaits par David en deux rencontres, 1 Samuel 14:47; 2 Samuel 8 et 10. D'après le nombre de leurs troupes, et la richesse du butin qu'ils laissèrent entre les mains des Israélites, on peut conclure qu'ils étaient assez puissants, et le pays paraît leur avoir offert assez de ressources pour que bientôt après une défaite importante ils aient pu de nouveau se remettre en campagne, 2 Samuel 8:3; 10:6. Peut-être avaient-ils au-dessous d'eux des rois vassaux, 2 Rois 10:6. Le nom d'Hadadhéser, q.v., était commun, probablement héréditaire chez les Rois de Tsoba. Malgré l'espèce d'importance de ce petit pays, ou ne sait au juste ou il était situé; d'après 1 Samuel 14:47, il aurait été proche voisin de la Palestine, tandis que 2 Samuel 8:3; 10:6, le renvoie aux rives de l'Euphrate, et que 2 Samuel 8:5,9, le place dans le voisinage de Hamath et de Damas: les deux noms Bétah et Bérothaï, 2 Samuel 8:8, sont trop peu connus pour fournir une indication, et l'on peut supposer que David n'aura pas poussé beaucoup plus loin que les villes frontières. Le plus probable c'est que la Syrie de Tsoba s'étendait au nord-est de Damas, entre l'Oronte et l'Euphrate, peut-être jusqu'à ce dernier fleuve. Les rabbins pensent qu'il s'agit de la contrée d'Alep, d'autres à Accad, Genèse 10:10, d'autres au pays de Nisibis, Bochart enfin à la partie de l'Arabie la plus voisine de Damas vers le sud.
TSOHAN,
ville d'Égypte, Nombres 13:23, de la Basse-Égypte, Psaumes 78:12,43, qui paraît être devenue une des capitales de ce pays aux jours d'Ésaïe, 19:11,13; 30:4, et d'Ézéchiel 30:14. Elle porte dans les Septante et dans les historiens profanes le nom de Tanis, et paraît avoir été, avant Psammétique, le siège d'une dynastie royale. Elle était située au milieu du lac Manzalé ou Tanis, formé par trois bouches du Nil, et l'on en trouve encore sous le nom de Zôn ou Tsôn des ruines assez considérables sur le bord oriental du bras tanitique de ce fleuve, à quelques lieues de Manzalé (Diospolis).
TSOHAR,
d'abord nommée Bélah, Genèse 14:2; cf. 19:22, ville située à l'extrémité sud de la mer Morte, Genèse 13:10; cf. Deutéronome 34:3; Ésaïe 15:5; Jérémie 48:34, dans une plaine fertile et très large. Elle était gouvernée par ses rois propres au temps d'Abraham, Genèse 14:2, et fut épargnée lors de la catastrophe qui abîma les autres villes de la plaine, Genèse 19:22. Elle n'appartint jamais aux Israélites; les Moabites la possédèrent, Jérémie 48:34. Après l'exil, ce furent les Arabes qui s'en emparèrent, et ce sont encore eux qui la possèdent aujourd'hui; elle est habitée par 300 pauvres familles de paysans, qui montrent aux voyageurs, pour de l'argent, les prétendus restes de la statue de la femme de Lot. D'après Eusèbe, les Romains y auraient eu une garnison, et la contrée environnante aurait produit du baume.
TSOPHAR,
Job 2:11, Nahamathite, soit que ce nom désigne sa famille ou sa patrie, est le plus obscur des trois amis de Job; il est à la fois le plus violent et le plus faible; il parle dans un langage affecté, et, à la fin de son discours, il ne sait que se répéter lui-même. Ses reproches roulent surtout sur la prétention de Job d'être innocent. En ne parlant que deux fois, il se rend justice, Job 11:1; 20:1. Il assiste au sacrifice qui termine le livre Job 42:9, et, selon le système de quelques commentateurs, il est lui-même la victime expiatoire.
TSORHA,
ville située dans les plaines de Juda, dans la partie septentrionale de Sephéla, Josué 15:33, mais appartenant à la tribu de Dan, Josué 19:41. Voisine d'Estaol, elle est célèbre comme lieu de naissance, et comme séjour habituel de Samson, Juges 13:25; cf. 18:2,8,11. Dans la suite, elle devint forteresse frontière du royaume de Juda, 2 Chroniques 11:10, et fut, après l'exil, encore habitée par des Juifs, Néhémie 11:29.
TSUR,
l'un des cinq rois de Madian, sans doute le chef d'une des cinq branches de cette famille (Genèse 25:4) Nombres 31:8. Père de l'impudique Cozbi, il périt dans la guerre qui suivit les désordres de sa fille, Nombres 25:15; 31:8.
TUBÂL ou Thoubal
(la terre, le monde), l'un des descendants de Japhet, nommé Genèse 10:2, entre Javan et Mésec; et il est encore nommé avec ces deux peuplades Ézéchiel 27:13, avec Mésec seulement, Ézéchiel 32:26; 38:2-3; 39:1, avec Javan seul, Ésaïe 66:19. La peuplade à laquelle il donna son nom était représentée dans ces passages comme une race belliqueuse, soumise à Gog, et qui amenait sur le marché de Tyr du cuivre et des esclaves, Ézéchiel 27:13. On a vu à l'article Mésec que ce sont probablement les Tibaréniens qui représentent l'ancienne race de Tubal; c'est l'opinion de Bochart et de Michaélis, et elle s'accorde parfaitement avec ce que l'Écriture nous dit des produits de Tubal, car on sait que dès les plus anciens temps les montagnes de l'Arménie et du Caucase ont été riches en métaux, surtout en cuivre, et que, de nos jours encore, les esclaves de la Mingrélie et de la Géorgie sont très recherchés. Les Tibaréniens et les Méséchiens étaient administrativement et militairement unis au temps des Perses.
TUBAL-CAÏN,
fils de Lémec et de Tsilla, inventa l'art de travailler les métaux, Genèse 4:22, comme semble même l'indiquer, d'après l'étymologie perse et arabe, son nom, dont la forme hébraïque primitive est Twalkan ou Twalkin. C'est le dernier rejeton de la famille de Caïn dont la Bible fasse mention, et elle s'arrête sur son nom, comme s'il devait essentiellement caractériser la famille entière. Son nom, qui, d'après les uns, signifie possession terrestre, et, d'après les autres, forgeron, ouvrier en métaux, doit rappeler, d'après Schrœder, une sorte de restauration de Caïn, l'éloge du premier fratricide. Quoi qu'il en soit du sens, ce nom a été conservé, avec peu de modifications, dans presque toutes les traditions profanes: Vulcain, Telchines, chez les Grecs, Dvalinn dans la mythologie du Nord, passent pour les premiers forgerons, et des armes sortirent de leurs ateliers en même temps que les instruments pacifiques de l'agriculture. L'art de forger les métaux est si précieux, qu'il n'est pas étonnant que le nom du premier inventeur ait échappé à l'oubli, et que la plupart des peuples païens l'aient divinise.
TUNIQUE,
— Voir: Vêtements.
TURBAN.
C'était la coiffure ordinaire des anciens Hébreux des deux sexes; mais on ne saurait en déterminer la forme qui, d'ailleurs, devait varier beaucoup suivant les goûts des individus. Quatre noms différents sont employés dans l'Écriture:
-
Tsaniph paraît avoir désigné la coiffure en général, celle des hommes, Job 29:14; des femmes, Ésaïe 3:23, et du souverain sacrificateur, Zacharie 3:5. Nos versions l'ont traduit par tiare, un peu au hasard.
-
Mitsnépheth, également traduit par tiare, était la coiffure du souverain sacrificateur, Exode 28:4,37,39; 29:6; Lévitique 16:4. Il n'est employé que Ézéchiel 21:31, en parlant d'une coiffure royale.
-
Le migbahah (calottes), la coiffure des simples prêtres, Exode 28:40; 29:9; Lévitique 8:13.
-
Le peér, traduit par magnificence, Ésaïe 61:10; par bonnet, Ézéchiel 24:17, et par atours, Ésaïe 3:20, était une coiffure de luxe pour les hommes (les époux) et les femmes; selon Schrœder, un turban dressé sur la tête comme une petite tour, et qui servait de décoration. Ces deux derniers noms sont employés Exode 39:28, en parlant des prêtres (les ornements des calottes), cf. Ézéchiel 44:18.
Le tsephira de Ésaïe 28:5,
signifiant une couronne, n'appartient pas
ici.
Les Arabes et les Persans de nos jours
portent des turbans souvent magnifiques,
ordinairement entourés d'une large pièce de
mousseline; mais il ne paraît pas que ces
turbans modernes aient été connus des
anciens; on ne voit sur les ruines de
Persépolis que des espèces de bonnets plats
ou pointus, et des turbans formés de
bandelettes entrelacées, qui se terminent en
pointe. C'est probablement cette dernière
coiffure qui faisait l'ornement des riches
Israélites. Quant aux pauvres, ils se
bornaient à rattacher leurs cheveux avec un
ruban, ou même une ficelle, pendant leur
travail, ou bien ils les retenaient avec un
linge, un mouchoir quelconque, noué sur la
tête.
— On croit trouver les turbans des Caldéens
mentionnés Ézéchiel 23:15, et ceux des
Perses, Esther 8:15; Daniel 3:21; d'autres
pensent qu'il s'agit là de manteaux.
TYCHIQUE,
chrétien de l'Asie Mineure, et l'un de ses disciples à qui saint Paul témoigna le plus de confiance; il accompagna l'apôtre dans son cinquième voyage, de Troas à Jérusalem, en passant par la Macédoine, Actes 20:4, le rejoignit ou l'accompagna à Rome, ou Paul le chargea de porter à Éphèse, à Laodicée et aux Églises des environs, l'Épître aux Éphésiens, Éphésiens 6:21, pendant qu'Onésime en portait une autre à peu près semblable aux fidèles de Colosses, Colossiens 4:7. Tychique n'arriva dans cette dernière ville qu'après Onésime. Puis il rejoignit Paul, qui l'envoya d'abord en Crète remplacer Tite qu'il rappelait, Tite 3:12; puis à Éphèse, 2 Timothée 4:12. Sa vie, si bien remplie, fut, jusqu'à la fin, honorée de la confiance de l'apôtre. La tradition fait de Tychique un évêque de Chalcédoine en Bithynie.
TYPE.
Ce mot grec, τύπος, dérivé du verbe τύπτω qui signifie frapper, est employé dans divers sens par les auteurs du Nouveau Testament. Il désigne:
-
L'effigie, l'empreinte, l'impression que fait une chose dure sur une autre qui l'est moins, par exemple l'empreinte d'un cachet sur la cire; Jean 20:25, les marques des clous sur les pieds et sur les mains du Sauveur.
-
Toute ressemblance entre deux objets, modèle, image, simulacre, plan, Philippiens 3:17; 1 Thessaloniciens 1:7; 1 Corinthiens 10:11; Actes 7:43, contenu exact (d'une lettre), Actes 23:25.
-
Un modèle à suivre, un exemple dont nous devons tirer des leçons, 2 Thessaloniciens 3:9; Tite 2:7, etc.
-
Ce mot désigne encore dans l'Écriture certaines choses qui appartenaient à l'économie de l'Ancien Testament, lesquelles en figuraient d'autres qui devaient se réaliser dans le Nouveau. C'est en ce sens qu'il est dit, par exemple, qu'Adam était le type de celui qui devait venir, savoir de Jésus-Christ, Romains 5:14. (Les mots ombre et figure, σκιά ύπόδειγμα, sont quelquefois synonymes du mot type, Colossiens 2:17; Hébreux 10:1, et l'accomplissement du type, sa réalisation, est appelée anti-type, ou Corps, τό άντίτυπον, σώμα.)
C'est ce dernier sens que la théologie
dogmatique donne le plus habituellement au
mot type, et ce sens étant convenu, il reste
encore à s'accorder sur ce qu'il signifie;
car, bien que l'on soit d'accord d'une
manière générale, on ne l'est plus quand on
en vient aux détails. La doctrine, la
théorie, et à certaines époques la manie des
types a pris des développements si
considérables, qu'on a fini par tomber, d'un
côté dans les jeux d'esprit, de l'autre dans
la négation même des types, et dans leur
rejet absolu.
Il est extrêmement difficile, si même c'est
possible, de donner une définition exacte
des types, de manière à les distinguer
nettement des symboles, des allégories, et
même des rapports accidentels. Où commencer?
ou s'arrêter? Quel sera le juste-milieu
entre ceux qui, avec quelques théologiens
modernes, ne voient de types que dans les
sacrifices, l'agneau pascal, et la grande
fête des expiations, et ceux qui prétendent,
avec Philon, que laver le ventre de la
victime signifiait se nettoyer de toute
souillure, que laver les pieds des victimes
c'était se détacher de la terre et tendre
vers les cieux, et avec Augustin, que le
serpent d'airain a été fait, non de pierre
ou de bois, mais de métal travaillé au feu,
parce que Jésus-Christ n'a pas été, comme
les autres hommes, le fruit d'une union
conjugale, mais a dû la naissance au feu du
Saint-Esprit. Les définitions les plus
simples, comme les plus compliquées,
laissent à l'arbitraire une marge
considérable.
On peut se borner à dire avec M. Guers que:
«nul type ne doit être reçu que sur
l'autorité de la parole de Dieu; tout
symbole qu'elle ne sanctionne pas doit être
rejeté; tout symbole qu'elle admet doit être
reçu avec une entière soumission de foi;
ainsi, par exemple, celui du tabernacle.»
On peut avec g, des Bergeries,
réduire à quatre les marques d'un véritable
type. La première, si l'Écriture
prononce quelque part que telle chose
charnelle est le type, le signe ou l'ombre
d'une chose spirituelle. La seconde,
si le nom ou la description d'une chose
décrite, prédite ou instituée sous l'Ancien
Testament, est appropriée à une chose
spirituelle sous le Nouveau. La troisième,
si l'on ne peut apercevoir aucune raison
pour laquelle une chose est instituée, si ce
n'est en ayant recours à quelque mystère de
type. La quatrième, si la chose
instituée dans le Vieux Testament a une
belle et naturelle analogie avec une autre
chose spirituelle qui appartienne à
l'Évangile.
Malgré la forme, tout cela est
singulièrement vague.
On peut encore dire avec le ministre
Reymond, éditeur du livre de Bergeries:
«Sans être de ceux qui voient des types
partout, qui poussent la manie des types
jusqu'à la licence, nous pensons cependant
que nous pouvons et devons chercher un sens
mystique et figuratif dans bien des faits,
dans bien des récits et dans maintes
circonstances où nous ne soupçonnons pas de
sens caché. Qui aurait vu et trouvé, avant
l'apôtre Paul, une institution typique dans
la défense d'emmuseler le bœuf qui foule le
grain? Il en est de même de l'allégorie
qu'il tire d'Agar et de Sara: le plus
spirituel des chrétiens n'aurait osé voir
dans ces deux femmes l'alliance des œuvres,
et l'alliance de grâce. Nous ne nous serions
pas avisés davantage de chercher des types
dans ce qui arriva aux enfants d'Israël au
désert, et cependant le même apôtre nous
apprend que «ces choses leur arrivaient en
figures, et qu'elles sont écrites pour notre
instruction (1 Corinthiens 10).» Les types
de Jonas, de Jérusalem et de son temple, ne
se seraient pas d'abord présentés à notre
esprit, et cependant le Nouveau Testament ne
laisse pas la moindre incertitude à cet
égard.»
Toutes ces assertions, car on ne saurait les
appeler autrement, ne font pas avancer la
question, et ces définitions ne définissent
rien.
On peut, comme on le fait habituellement,
distinguer les types en personnels,
sacramentels, rituels, lévitiques,
dogmatiques, locaux, etc., ou bien admettre
avec Bickersteth des personnes typiques
(Adam, Melchisédec), des choses typiques
(l'arche de Noé, la manne), des institutions
(la circoncision), des lieux (les villes de
refuge), des instruments (le chandelier
d'or), des offrandes et sacrifices (presque
tous), des époques (la pâque, la pentecôte),
et enfin des purifications typiques (la
purification de la lèpre); l'admission ou le
rejet de tous ces types dépendra évidemment
de la définition même qu'on donnera du mot
pour commencer. Car tout est là.
Ce sont les Pères de l'Église qui, les
premiers, et par une fausse spiritualité
dont ils ont donné d'autres preuves encore,
ont ouvert cette abondante carrière de
types; c'était dans leur caractère et dans
la nature de leur foi. Leur maxime était que
«les paroles des livres saints signifient
tout ce qu'elles peuvent signifier», et
Augustin ne s'est pas rappelé cette autre
maxime si sage, qu'il avait lui-même
formulée: «En pressant le raisin, on obtient
du vin, mais en le pressant trop, on obtient
une piquette amère. «Ils ont voulu aller
au-delà de ce qu'avaient fait les apôtres,
et pour les imiter et perfectionner leur
ouvrage, ils ont cherché et trouvé partout
des sens typiques et allégoriques.
Ainsi le pressoir où Gédéon battait son blé,
le blé qu'il battait, l'ange qui lui
apparaît, l'arbre sous lequel se fit cette
apparition, tout enfin, dans l'Ancien
Testament, est devenu pour eux des types.
Justin et Clément d'Alexandrie ont frayé
cette voie dans laquelle se sont jetés plus
ou moins Chrysostôme, Bernard, Ambroise,
Grégoire, Jérôme même, et pardessus tous
Augustin et Origène. «Le fils de Dieu, dit
Augustin, est appelé la vigne, car c'est lui
qui était figuré par la grappe de raisin que
les deux espions rapportèrent de Canaan,
suspendue à un bâton, pour marquer le
Sauveur suspendu à la croix. Les deux hommes
qui portaient la grappe représentaient les
Juifs et les païens; celui qui allait le
premier tournant le dos au raisin, est
l'emblème des Juifs qui ont précédé
Jésus-Christ, et lui ont tourné le dos et
non le visage, comme Dieu s'en plaint,
Jérémie 2:27; les païens, au contraire, qui
ont embrassé le christianisme, sont figurés
par celui qui marchait le second en
regardant la grappe.» Il serait aisé de
citer un grand nombre d'exemples de ce
genre, les écrits de ce père en fourmillent.
Pour Origène, se fondant sur ce que le culte
lévitique était une figure du christianisme,
il a voulu voir des types jusque dans les
moindres ustensiles employés au service du
temple.
Après les Pères sont venus les scholastiques
qui, appliquant cette méthode aux sentences
de Moïse et des prophètes, ont ainsi tâché
de justifier des cérémonies et des dogmes
qui n'avaient point de fondement dans la
Bible; c'est ainsi qu'ils ont fondé le
pouvoir temporel et spirituel du pape sur
les deux épées que Pierre présente au
Sauveur: les sandales et souliers que l'on
voit aux pieds des prélats chantant la
messe, n'y sont que parce qu'il est écrit au
Psaumes 60: «Je jetterai mes souliers contre
Édom»; leurs gants viennent de ce qu'il est
écrit: «Que votre main droite ne sache pas
ce que fait votre main gauche» (Matthieu
6:3); et ces gants sont de peau, et non pas
de soie ou de filoselle, parce que Jacob
avait les mains couvertes de peaux quand il
surprit la bénédiction d'Isaac (Innocent
III, liv. I des Myst., chapitre 41 et 57, —
Voir: Puaux, Anat. du Papisme, p.
265)
De pareilles aberrations font naturellement
réfléchir. On aurait tort sans doute de
conclure de l'abus contre l'usage, mais on
est conduit à examiner les titres mêmes de
l'usage, et la question se pose encore ici:
que faut-il entendre par un type?
Lorsque nous examinons nos saints livres,
nous trouvons un assez grand nombre de
comparaisons que Jésus-Christ et les apôtres
ont établies entre certains objets des deux
alliances, qui paraissent renfermer des
figures de Christ et de ses bienfaits. C'est
ainsi que par rapport à la personne de
Jésus-Christ, on voit expliqués typiquement:
Jonas (Matthieu 12:39),
— le serpent d'airain (Jean 3:14), Adam
(Romains 5:14), Melchisédec (Hébreux 7,)
auquel plusieurs veulent qu'on ajoute
Salomon (Matthieu 12:42; Hébreux 1:8-9),
— David (Romains 1:4; Hébreux 1:5), ainsi
que les rois, les sacrificateurs et les
prophètes. Par rapport aux bienfaits du
Messie, on trouve l'agneau pascal (1
Corinthiens 5:7; Jean 19:36),
— tout l'appareil des sacrifices, et, en
particulier, la fête des Expiations (Hébreux
9, et 10,),
— l'arche de Noé (1 Pierre 3:20),
— la terre de Canaan (Hébreux 4),
— Sara et Agar (Galates 4:22),
— Jacob et Ésaü (Romains 9:10),
— l'union d'Adam et d'Ève (Éphésiens 5:31).
Tous ces objets sont liés avec leurs
analogues par des rapports plus ou moins
étroits. Les uns, tels que l'agneau pascal,
la fête des Expiations, nous offrent des
analogies si belles et si frappantes avec la
doctrine chrétienne, leur qualité typique
rend si bien raison de leur institution, que
nous ne pouvons nous empêcher d'y voir
l'empreinte de l'intervention divine, et
qu'il ne nous paraîtrait point étrange qu'on
classât ces objets parmi les types,
fussent-ils dépourvus de tout témoignage
biblique. Les autres, au contraire, malgré
ces témoignages, n'inspirent que des doutes
sur leur nature emblématique. Ils offrent,
avec les objets chrétiens, des ressemblances
tellement accidentelles, qu'ils donnent
naissance à une forte objection, non
seulement contre leur qualité de types, mais
encore contre celle des objets de la
première classe, par la difficulté apparente
de poser entre eux une ligne de démarcation.
Si l'on savait mieux distinguer entre types
et comparaisons, on limiterait rapidement le
nombre des premiers, et l'on serait plus
libre de donner, en bonne conscience,
carrière à son imagination pour ce qui
concerne les autres. Le Nouveau Testament
lui-même, qu'on invoque, serait interprété
d'une manière plus judicieuse et plus
simple, et l'on ne se heurterait plus contre
certaines comparaisons que les plus
intrépides défenseurs des types
reconnaissent qu'ils n'auraient eux-mêmes
pas eu le courage de considérer comme tels;
ainsi Galates 4,
— Voir: plus haut.
La Bible ne donne pas des directions très
précises sur le sujet des types, qui est
bien loin de jouer chez elle le même rôle
que dans quelques-uns des ouvrages de notre
littérature religieuse, ancienne et moderne.
L'Ancien Testament garde sur ce point un
silence complet (sauf peut-être Deutéronome
10:16; Jérémie 4:4, qui donnent un sens
figuré à la circoncision, et Psaumes 110, où
le sacerdoce de Jésus-Christ est comparé
avec celui de Melchisédec). Quant au Nouveau
Testament, il renferme quelques passages peu
nombreux qu'on a l'habitude d'invoquer, et
qui méritent d'être examinés sous ce point
de vue.
Le passage classique, fondamental, est 1
Corinthiens 10:6: «Ces choses ont été des
exemples (grec, types) pour nous.» Il
s'agit des Corinthiens, dont la vie n'était
pas en harmonie avec la doctrine chrétienne,
et qui pensaient qu'après avoir reçu le
baptême et la sainte cène, ils étaient
enfants de Dieu, indépendamment de la
réalité de leur foi. Saint Paul leur
rappelle des faits analogues de l'Ancien
Testament, la traversée de la mer Rouge, le
séjour sous la nuée, la manne du désert,
l'eau du rocher, et il conclut: «Malgré ces
grâces signalées, nos pères n'en ont pas
moins péri à cause de leurs péchés... Ces
choses sont pour nous des exemples (types),
afin que nous ne nous abandonnions pas à nos
mauvais désirs, comme ils firent.» L'idée
d'exemple domine évidemment: les types
regardent l'avenir et l'annoncent. Paul, ici
du moins, ne considère pas les faits sous ce
rapport; il voit dans le passé des souvenirs
qui doivent être utilisés dans le présent.
Le mot type importe peu.
Colossiens 2:17. La loi est appelée par
l'apôtre l'ombre, la figure des choses à
venir. De même encore Hébreux 10:1. (σκία
τών μελλοντων). Mais la simple lecture
de ces deux passages prouve que, si l'idée
de ressemblance entre pour quelque chose
dans la pensée de l'apôtre, cependant c'est
l'idée d'infériorité surtout à laquelle il
s'attache. La circoncision, la distinction
des mets, différents jours de fêtes
institués par Moïse, sont les faibles et
pauvres rudiments de Galates 4:9, une ombre
en comparaison du corps, de la réalité qui
est Christ, cf. encore Tite 3:9; Hébreux
7:18; 8:6. Paul rabaisse évidemment la loi
de Moïse pour relever celle de Christ.
Hébreux 8:5; 9:23. Le tabernacle et les
objets du culte sont appelés une image et
une ombre des choses du ciel. La fin du
premier de ces deux versets (le second n'est
qu'un parallèle du premier) explique le sens
de l'image: le tabernacle n'est pas appelé
l'ombre de quelque chose à venir, mais la
simple et grossière copie du modèle que
Moïse avait vu, l'imparfaite imitation de
quelque chose de plus relevé: c'est donc
moins un type qu'une copie, un souvenir, et
ces passages ne sauraient suffire à fonder
une doctrine.
Nous ne prétendons pas que l'économie juive
n'ait aucun rapport avec le christianisme,
car presque partout leurs rapports généraux
sont indiqués d'une manière générale; mais
ces rapports, selon nous, tiennent plus à la
nature des choses qu'à une institution, ou
intention proprement dite, et sont tels
qu'on doit les attendre de deux révélations
données par le même Dieu, et qui ne
diffèrent qu'en ce que l'une est plus
étendue et plus parfaite que l'autre. Il y a
d'ailleurs une similitude générale dans
toutes les opérations de la Providence, et
une analogie des choses, dans le monde moral
aussi bien que dans l'ordre naturel, d'où il
est aisé d'argumenter par forme de parité,
et il est même très commun de le faire.
Ainsi la chenille, tour à tour ver,
chrysalide et papillon, peut très bien
représenter la vie, la mort, et la
résurrection de l'homme, sans qu'on veuille
affirmer, pour cela, que les chenilles ont
été créées spécialement pour préfigurer
notre destinée. De même encore les livres
saints comparent la fragilité de la vie et
de la gloire de l'homme aux fleurs qui se
fanent, sans qu'on imagine de voir là autre
chose qu'une comparaison pure et simple.
Les deux révélations, qui ont la même
origine et qui tendent vers un même but, ne
sauraient autrement que d'avoir de nombreux
points communs; mais vouloir que chaque
détail de l'une soit l'annonce d'un détail
analogue dans l'autre, c'est à la fois
puéril et dangereux.
Les types, comme on l'a dit plus haut, ne
peuvent exister pour nous que s'ils
existaient déjà pour ceux à qui ils étaient
nécessaires. À nous, ils ne nous importent,
non plus que les prophéties, que comme les
détails de ce vaste ensemble préparatoire
qu'on appelle le mosaïsme; les types ne nous
annoncent rien, les prophéties déjà
accomplies ne nous annoncent rien. Pour les
Juifs au contraire, les types, comme les
prophéties, devaient être une révélation de
l'avenir dans un sens spécial; c'était là
leur but; ils n'avaient par conséquent pas
le droit de se cacher: c'était une des
conditions de leur existence. M. Robert
Haldane, dans un de ses meilleurs ouvrages
(Évid. de la div. Rév., p. 227 et suivant),
a pressenti, sans la formuler, une règle
qu'il n'a pas suivie lui-même, et qui
renferme le germe de la doctrine sur ce
point: «Le plan préparatoire de la venue du
Messie, dit-il, était amené à sa fin... par
une série de phénomènes typiques et
paraboliques qui frappaient les sens, par
lesquels l'œuvre de la rédemption était
figurée et restait sous les yeux des
hommes.» C'est en effet l'idée de la
rédemption que nous devons surtout
rechercher dans les types; mais il ne faut
pas oublier, et cela ressort de ce que dit
M. Haldane, que c'est en nous plaçant au
point de vue des Juifs que nous devons faire
cette recherche. Ce qui peut être frappant
pour nous ne l'était pas nécessairement pour
eux; ce que nous découvrons, ils ne
pouvaient pas toujours le comprendre; et il
est impossible qu'il ne se soit pas trouvé
entre le Fils de l'homme et les hommes pieux
qui ont été avant lui, une foule de rapports
de vie, de position, de naissance, de
caractère, de souffrance, etc., qui peuvent
parler à notre esprit, mais qui ne disaient
rien à l'esprit des Juifs. Après
l'accomplissement, on remarque toujours des
coïncidences que l'on ne pouvait pas
soupçonner auparavant, et qui doivent
prendre alors le nom de rapports, de
ressemblances, d'analogies, et non celui de
types, de présages, de prédictions.
À moins qu'on ne veuille dire que rien
n'arrive sans la volonté de Dieu, ce qui est
vrai, et conclure que tout ce qui ressemble,
de près ou de loin, à l'un des traits de la
vie de Jésus, fut destiné à l'annoncer, ce
qui serait faux, et d'ailleurs prouverait
trop.
Deux grands caractères doivent donc être
réunis pour qu'il y ail type: il faut
-
que le symbole annonce Jésus-Christ, et
-
qu'il l'annonce assez clairement pour que les Juifs aient pu le comprendre.
C'est presque dire: il faut que les types aient été utiles. Avec cette définition sur la rédaction de laquelle nous ne voulons pas insister, mais qui nous paraît tout comprendre, on n'acceptera guère comme types véritables que
-
les sacrifices en général,
-
l'agneau pascal,
-
la grande fête des Expiations, et peut-être
-
la vache rousse,
-
le sabbat,
-
le tabernacle dans son sens le plus général.
(M. Guers qui, dans son ouvrage Le Camp et
le Tabernacle, paraît avoir eu pour but de
combattre les exagérations des frères de
Plymouth, a lui-même encore poussé le
figurisme un peu loin; par exemple, dans ses
réflexions sur «la position du propitiatoire
entre le coffre de l'arche et la gloire de
Dieu», p. 286, sq. Et nous-mêmes, dans le
cours de ce long ouvrage, nous avons fait
bien des concessions à l'habitude, mais on
verra plus bas dans quel sens.)
On objectera peut-être, la Bible à la main,
les longues énumérations de types indiqués
dans le Nouveau Testament;
— Voir: G, des Bergeries, qui
en énumère environ quatre-vingts sans les
détails, et Haldane, Évid., etc. À ces
catalogues, nous répondrons:
-
qu'il faut en retrancher d'abord un certain nombre d'individus, tels que Abel, Énoch, Noé, Joseph, Samson, etc., qui ne sont nulle part cités comme types;
-
quant aux autres (auxquels nous ajouterions Daniel, si nous acceptions ce point de vue), que ce sont des comparaisons frappantes de justesse, mais qui n'ont pu avoir de signification typique au moment où les événements se passaient. Pour les mariniers qui jetèrent Jonas à l'eau, pas plus que pour Jonas lui-même, cet événement ne pouvait annoncer la mort et la sépulture du Seigneur; et Jésus-Christ, en s'adressant aux pharisiens, se borne à les comparer aux Ninivites, en annonçant que le seul miracle qu'il fera pour eux sera celui de Jonas le prophète: «Car, dit-il, comme Jonas fut dans le ventre de la baleine trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.» De même l'histoire de Sara et d'Agar, d'Isaac et d'Ismaël, n'était point une action destinée à en figurer une autre, et saint Paul appelle allégorique, Galates 4:24, l'application qu'il en fait à l'ancienne et à la nouvelle alliance. Qu'est-ce que l'Écriture nous dit de Melchisédec, Genèse 14:18; sq.? Qu'il était roi de Salem, en même temps que souverain pontife, suivant la coutume de ce temps; il va au-devant d'Abraham victorieux, suivant la même coutume, et donne quelque nourriture à ses troupes, en reconnaissance de quoi le patriarche lui offre la dîme du butin, et reçoit la bénédiction de ce vieillard, adorateur du Très-Haut. Rien de plus simple, rien de plus concis; la famille même de Melchisédec est passée sous silence, parce qu'il n'appartenait pas à la race élue. Dans l'Épître aux Hébreux, au contraire (chapitre 7), tout revêt une autre couleur, tout devient emblème et mystère: le sacerdoce lévitique, qui n'existait point encore, est béni cependant en la personne d'Abraham, parce qu'il était en germe dans les reins du patriarche; Melchisédec est sans père, sans mère, sans commencement de jours et sans fin de vie, etc. Les contemporains de Melchisédec n'ont évidemment pas pu voir en lui un type du Sauveur; pour eux il avait père et mère, pour eux il est né et il est mort: pour eux aussi Abraham ne pouvait supposer Lévi; mais l'étrange et pieuse sacrificature du roi de Salem avait quelque chose d'assez frappant, elle était assez hors ligne pour que le souvenir s'en fût conservé parmi les descendants d'Abraham, et pour que David, voulant caractériser une sacrificature nouvelle, d'un ordre nouveau, non lévitique, lui donnât le nom du premier prince et pontife de Salem, Psaumes 110.
-
Quant aux instruments, ustensiles, vases, couleurs, etc., nulle part l'Ancien Testament ne fait la plus petite allusion à une signification, même symbolique, de ces objets; bien moins encore les présente-t-elle comme des types ou institutions; et c'est à peine si, sur quelques points, le Nouveau Testament laisse apercevoir quelques rapports éloignés entre quelques objets du culte mosaïque, et quelques faits du christianisme.
-
La comparaison rend aussi bien compte que le type de la pensée du Sauveur et des apôtres, dans tous les passages indiqués. Nous ne voudrions pas froisser le sentiment chrétien par tout ce qui précède; nous ne voudrions pas surtout paraître innover, car nous n'avons aucune vocation pour cela; mais il nous a paru que, par plusieurs points, l'esprit humain avait cherché à se mettre à la place de l'esprit de Dieu parmi les pères du dernier réveil religieux aussi bien que parmi les Pères de l'Église; que le figurisme a quelque chose de faux, qui devient quelquefois bizarre et même ridicule, et qu'il a donné lieu à bien des accusations contre le christianisme; bien des gens, en effet, ne jugeant que sur les apparences, ont été jusqu'à dire que le christianisme n'avait d'autre fondement qu'une explication allégorique et mystique des prophéties; les incrédules du siècle dernier sont partis de cette doctrine pour soutenir que les miracles de Jésus-Christ n'étaient pas réels, mais de simples emblèmes des effets spirituels que l'Évangile produit dans les âmes; Strauss lui-même, le célèbre Strauss, n'est parvenu à d'étranges conséquences que par la rigoureuse application du système des types, système qui aboutit bien vite aux mythes, et qui peut sublimer tout ce qui est forme, éthériser tout ce qui est matière, vaporiser, en quelque sorte, toute une existence, et ne laisser après lui que de l'air. Napoléon a été annoncé longtemps à l'avance par le soleil, qui en est, dans l'histoire, le type le plus exact et le plus circonstancié.
Rappelons encore que les théologiens
réformés, Calvin, Leclerc, etc., ont attaqué
avec vigueur cette manière d'interpréter
l'Écriture, et qu'ils ont posé cette maxime:
Ultra scripturam sapere non licet:
«Ne pensez pas, dit Calvin, dans son
Commentaire sur 1 Corinthiens 9:9, où il
s'agit de l'allégorie du bœuf qui foule le
grain, ne pensez pas que saint Paul dise que
ce passage du Deutéronome soit un précepte
allégorique,
quemadmodumnonnullivertiginosi spiritus
occasionem hinc arripiunt omnia ad
allegorias transferendi; ces esprits
voient des allégories partout; pour eux, des
chiens sont des hommes; ils changent les
arbres en anges, et ils pervertissent toute
l'Écriture avec leurs jeux.» Ailleurs ses
expressions sont plus fortes encore: ad 1
Corinthiens 10:11. «Putare, dit-il,
quicquid Deus promisit vel prœstitit
Israelitis, tantum prœfigurasse quod reverà
post adventum Christi impleri debebat,
pestilentissimum est delirium.»
— Et Saurin: «Ceux qui ont fait attention à
l'origine des hérésies dans la théologie et
la morale, reconnaîtront sans peine que ce
même esprit, qui a porté à établir la
religion sur de faux arguments, fournit des
armes pour la combattre, et que l'erreur
reprend insensiblement sur la vérité par
cette façon de raisonner, plus que la vérité
n'avait pris sur l'erreur.»
Mais si l'on doit rejeter, comme n'étant pas
d'institution divine, la plupart des
rapprochements auxquels on a donné le nom de
types dans le sens qu'on attache d'ordinaire
à ce mot, on n'en a pas moins le droit de
faire, pour son usage personnel, des
rapprochements et des comparaisons qui,
souvent, peuvent être utiles à la foi et
développer la piété, pourvu que là encore on
évite l'exagération. Il est évident que
l'Ancien Testament, qui était une économie
charnelle, renferme bien des choses, des
faits, des récits, des exemples, qui étaient
de nature à élever l'esprit des Juifs vers
un ordre d'idées plus spirituel. À cet
égard, nous accepterions volontiers une
théorie qui, en classifiant les types
d'après leur degré, ferait ressortir ce
qu'il y avait de caché, de symbolique, dans
l'ensemble de la législation et de
l'histoire des Hébreux. Aux types
sacramentels qui, outre les deux
caractères indiqués plus haut, emportaient
encore l'idée d'obligation, de devoir, tels
que le sabbat, les sacrifices, nous
joindrions, comme formant une seconde
catégorie, les types spirituels
destinés à élever l'âme au-dessus de la loi
vers l'idée de la foi; le serpent d'airain
serait au premier rang de cette classe;
peut-être aussi la manne, le tabernacle, le
nazaréat; et les types libres, ou
accidentels, dont la signification,
peut-être nulle dans le moment, a été mise
en évidence après que Jésus fut venu tout
résumer en sa personne. Les premiers
représenteraient la morale, les œuvres; les
seconds la foi, la doctrine; les derniers
l'histoire, le témoignage.
C'est ainsi, mais de cette manière
seulement, que nous pouvons comprendre
l'extension donnée au système des types;
c'est dans ce sens que nous y avons adhéré
en plusieurs endroits, et que nous pouvons
accorder à la typologie une certaine
influence sur la vie religieuse. L'étude en
est intéressante, et, puisque l'histoire
juive a été écrite pour nous, afin qu'elle
nous fournît des exemples (la seule
histoire, sans doute, qui ait été écrite
dans ce but), nous ne pouvons pas trop
l'étudier sous ce rapport. Le Nouveau
Testament, d'ailleurs, nous y convie; ce qui
était le premier n'était pas ce qui est
spirituel, 1 Corinthiens 15:46. Le
développement successif de la même vérité
sous diverses formes, les résultats divers
des divers états de développement, les
nombreuses comparaisons de l'Ancien
Testament avec le Nouveau, tout nous montre
d'abord un but immédiat d'instruction, puis
l'acheminement graduel à un ordre de choses
supérieur, et enfin un plan unique,
profondément médité, et parfaitement
d'accord avec lui-même. L'histoire, les
hommes, les institutions du judaïsme,
sollicitent notre attention autant que les
prophéties, et prouvent que ce qui a fini
par être, Jésus-Christ, n'était que la
grande consommation de ce qui avait été
longtemps préfiguré d'avance, le corps de
l'ombre, l'accomplissement parfait de
pressentiments imparfaits, la concentration
de tant de rayons épars, la clef de tant
d'énigmes, l'explication et la réalisation
de faits isolés, qui n'eussent, sans ce
grand fait, jamais été compris, jamais été
dignes de l'être.
TYR,
la plus méridionale, la plus
grande, la plus puissante des villes
phéniciennes, déjà nommée Josué 19:29; cf. 2
Samuel 24:7; 1 Rois 9:12; Ésaïe 23:1; Osée
9:13. Les déclarations de l'Écriture à son
égard sont remarquables: quelques-unes de
ses prophéties sont obscures, et le rôle de
cette célèbre cité a été assez important
pour que Hengstenberg ait consacré à son
histoire un ouvrage spécial.
II y avait, à proprement parler, deux villes
de ce nom: Tyr ou Turza, Turos, en hébreu
Tsor (rocher, Sarranus, dans Virgile,
désigne un Tyrien, Géorg. 2, 506; le
changement de l's en t étant
facile et fréquent chez les Arméniens).
L'ancienne Tyr, ou Palæo-Tyrus, était à une
lieue environ de la nouvelle. Elle fut bâtie
par les Sidoniens, ce que rappelle Ésaïe
23:12, en l'appelant fille de Sidon; mais
elle devait éclipser sa mère. Construite sur
le continent, au sommet d'un rocher de 50
pieds de hauteur et dans une position très
forte, elle était la première ville de
commerce et la plus grande ville maritime de
l'ancien monde. Elle s'enrichissait par le
négoce et par ses fabriques, dont les
principales étaient celles de verre, de fin
lin et d'étoffes teintes en pourpre; elle
était puissante par ses nombreuses colonies;
elle était le marché des productions
d'Israël. Ses ouvriers étaient habiles dans
l'art de tailler les pierres, de travailler
le bois, et de mettre en œuvre les métaux.
David et Salomon eurent des rapports
d'amitié avec Hiram, roi de Tyr, qui
contribua directement à la construction du
palais royal et du temple de Jérusalem,
ainsi qu'à l'extension de la marine juive, 2
Samuel 5:11; 1 Rois 9:11,27; 10:22; 2
Chroniques 2:3,11. Cinquante ans plus tard,
Achab, roi d'Israël, épousa une princesse
tyrienne, Jésabel, qui est appelée
sidonienne, 1 Rois 16:31, parce que Ethbahal,
son père, régnait à la fois sur Tyr et sur
Sidon (Ménandre). Après plusieurs siècles de
prospérité, la cupidité tyrienne, ne
connaissant plus de bornes, s'imposa d'une
manière intolérable aux Israélites
eux-mêmes: Tyr se mit à acheter et à
revendre des prisonniers Israélites faits
par d'autres peuples, et s'attira par là la
colère du Dieu d'Abraham, qui lui fit
adresser de sévères avertissements, Amos
1:9; Joël 3:4-8, et finit par la frapper;
Nébucadnetsar marcha contre elle et
l'assiégea; le siège dura treize ans, et
l'ancienne Tyr fut détruite. Mais ses
habitants, avant d'être réduits à la
dernière extrémité, s'étaient retirés dans
une île voisine de la côte: le manque
d'espace les obligea de donner aux
habitations une hauteur considérable; ce fut
Tyr la nouvelle; l'ancienne, rasée jusqu'aux
fondements, ne présenta plus qu'un village.
La jeune ville qui s'élevait du milieu des
flots, raide et fière, riche et populeuse,
avait atteint au même degré de puissance et
de gloire que la première ville, quand
Alexandre le Grand vint, à son tour, en
faire le siège. Désespérant de l'atteindre
par mer, il résolut de la réunir à la terre,
et se servit des matériaux de l'ancienne Tyr
pour construire un môle ou une chaussée, qui
donnât passage à ses troupes. Au bout de
sept mois la ville fut prise. Cependant elle
redevint encore florissante, et fut pendant
longtemps une ville chrétienne. Mais les
oracles de Dieu sont accomplis: la
domination destructive des Turcs a exécuté
les jugements annoncés par les prophètes,
Ésaïe 23, Jérémie 25 et 27, Ézéchiel 26-28.
On a suivi dans ce qui précède l'opinion la
plus répandue et la plus généralement reçue;
mais il y a des contradicteurs importants
sur presque tous les points de cette grande
existence si mystérieusement détruite. Sans
les discuter, nous indiquerons, en
terminant, les opinions divergentes.
Hengstenberg, Hævernick, et d'autres,
soutiennent que l'ancienne Tyr fut bâtie
dans l'île; son nom, quelques détails,
l'antiquité du temple d'Hercule qui s'y
trouvait, une correspondance de Hiram et de
Salomon, quelques passages de Flavius
Josèphe, de Ménandre et de Bius, sont les
autorités dont ils s'appuient: l'ancienne
Tyr, ou Paléotyr, le Tsor de Josué 19:29,
qui marque la frontière septentrionale
d'Israël, remonterait également à des temps
fort recules, soit comme ville indépendante,
soit comme annexe ou banlieue de la ville
insulaire: leurs destinées auraient été
différentes; l'île aurait été vainement
assiégée pendant cinq ans par Salmanéser,
qui, en définitive, aurait été obligé de se
contenter de Paléotyr. Les difficultés de
cette opinion ont amené Hitzig, et presque
Hævernick, à reconnaître que Paléotyr est
plus ancienne, mais qu'une ville ayant
ensuite été bâtie sur l'île, et ayant reçu
de cette île le nom de Tsor, rocher,
Paléotyr aurait pris le même nom; d'où il
résulterait que Paléotyr serait la vieille
ville, mais que la ville insulaire aurait eu
la première et le plus anciennement le nom
de Tyr.
Une seconde divergence porte sur la
formation de la digue; les uns pensant,
comme Hengstenberg, que ce sont les Tyriens
eux-mêmes qui l'ont formée pour se mettre en
rapport direct avec la terre ferme, les
autres estimant avec les plus anciennes
données historiques que cette digue fut une
oeuvre ennemie; d'autres enfin pensant
— ou que l'œuvre ennemie d'Alexandre étant
pour les Tyriens un précédent
indestructible, ils n'avaient qu'à en tirer
le meilleur parti possible, soit pour leurs
relations avec le continent, soit au point
de vue militaire,
— ou qu'une digue naturelle ayant été formée
avec le temps par les flots de la mer,
Alexandre n'eut qu'à profiter de cette
facilité inattendue pour achever un travail
si bien commencé.
Une troisième divergence se rapporte à
l'accomplissement des prophéties. Nous avons
vu l'ancienne Tyr frappée par Nébucadnetsar
à la suite des oracles de Joël et d'Amos, et
la nouvelle par Alexandre et par les siècles
à la suite des prophéties d'Ésaïe, de
Jérémie et d'Ézéchiel. D'autres pensent que
Salmanéser accomplit les premières
prophéties (Grotius et Gesenius), et
Nébucadnetsar les secondes. Ces deux
opinions sont également erronées: les
oracles sont accomplis aujourd'hui, mais ils
ne le furent à aucune de ces deux ou trois
époques. Le siège de Salmanéser, qui dura
cinq ans, ne fut pas couronné de succès; ce
fut un blocus qui n'eut d'autre résultat que
d'entraver quelque temps le commerce tyrien,
comme le blocus général de Napoléon gêna le
commerce de l'Angleterre. Le siège de
Nébucadnetsar dura treize ans, mais le
résultat ne paraît pas en avoir été fort
satisfaisant, Ézéchiel 29:18. Tyr ne fut pas
détruite; car après la mort du roi Ithabal,
qui mourut la dernière année du siège,
l'histoire énumère encore des rois et des
juges de Tyr. Sans doute Nébucadnetsar
n'était pas homme à se retirer après des
efforts de treize années, n'emportant que la
honte de son expédition; sans doute il
obtint quelque satisfaction; sans doute il
avait gravement compromis la prospérité
tyrienne: mais enfin Tyr était encore là,
debout, et elle sut si bien reconquérir tout
ce qu'elle avait perdu, qu'à l'approche
d'Alexandre le Grand elle osa résister seule
au conquérant de l'Asie, et ne fut prise
qu'après un siège de sept mois, en 332.
Alors encore elle ne fut pas détruite; elle
ne perdit son importance commerciale que peu
à peu, surtout par suite de la concurrence
d'Alexandrie en Égypte; elle n'entassa plus
de trésors, elle ne fonda plus de colonies;
elle déclina lentement, pour mourir de
vieillesse.
On voit par Actes 21:3, qu'il s'y forma de
bonne heure une Église chrétienne.
Guillaume, archevêque de Tyr vers 1180,
auteur d'un ouvrage historique sur les
Croisades, dépeint Tyr comme une ville
encore riche et florissante. Ce ne fut
qu'après la défaite des chrétiens dans
l'Orient qu'elle tomba entre les mains des
mahométans et qu'elle fut définitivement
détruite. Cette histoire peut se lire
presque entière, verset par verset, Ésaïe
23. Ce n'est plus aujourd'hui, sous le nom
de Sour, qu'un misérable village de 1500
habitants, vivant de la pêche et du
cabotage; et encore à peine est-on sûr qu'il
soit bien situé sur l'emplacement de
l'ancienne reine des mers.
TYRANNUS,
Actes 19:9, Éphésien qui, pendant deux ans, prêta ou loua à Paul une salle d'école dans laquelle celui-ci continua ses instructions après s'être retiré de la synagogue. On ne sait n'en de sa personne. Quelques-uns ont même cru que ce n'était pas un nom propre, mais un vrai tyran (prince) ou seigneur qui avait de l'attachement pour Paul ou pour sa doctrine: c'est peu probable; le nom de Tyrannus n'est pas rare comme nom propre; c'est en particulier celui d'un rhéteur ou sophiste qui a écrit un ouvrage de rhétorique et de logique en dix livres (date inconnue). On ne sait s'il était païen, juif (rabbin), ou disciple, et si l'hospitalité qu'il accorda à l'apôtre fut le fruit de son indépendance d'esprit, de son indifférence, ou de son attachement à l'Évangile; ce dernier cas est le plus probable, car la tolérance du monde pour Christ ne dure guère deux ans; elle se change en amour si elle ne devient pas de la haine.