Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-O
septembre 3, 2010
O
OBED,
Ruth 4:17; 1 Chroniques 2:12; Matthieu 1:5; Luc 3:32, fils de Booz et de Ruth, père d'Isaï, et grand-père de David, si toutefois aucune génération n'est passée sous silence. Il se trouve sur les deux listes généalogiques de notre Sauveur, mais sa personne ne nous est connue que par la joie que sa naissance causa à ses pieux parents.
OBLATION,
nom général qui, dans le
gouvernement théocratique de la Judée,
pouvait s'appliquer aux impôts civils, aussi
bien qu'aux dons volontaires des fidèles,
— Voir: Impôts, et Offrandes.
OBOLE,
signifie littéralement une
barre de fer, puis une monnaie grecque de la
valeur de 45 centimes environ, parce que,
dans leurs temps primitifs, les Grecs
s'étaient servis de fer en guise de monnaie,
comme les Latins aussi disaient: œs
libratum, de l'airain pesé (on en a
récemment découvert un monceau: ce sont des
pièces presque cubes d'airain, et qui ne
portent point de coin ni aucune marque, —
Voir: Bulletin archéol, de Rome). Six
oboles formaient une drachme,
littéralement une poignée (de fer), et 4,000
drachmes, ou à peu près 3,600 fr., un
talent, c'est-à-dire un bassin de
balance (plein de fer). Hug fait remarquer
(Einl. in die BB. des N. T.) que la mention
de la monnaie grecque, dans la Bible, est
une preuve de la véracité et de l'exactitude
de ses auteurs, parce que, en effet, du
temps de Jésus-Christ, trois systèmes
monétaires différents avaient cours en
Palestine: la monnaie juive, la grecque et
la romaine, systèmes correspondant ainsi aux
trois langues parlées, et employées dans
l'inscription de la croix. La monnaie
grecque avait été introduite par les rois de
Syrie, successeurs d'Alexandre le Grand,
dont le premier, Antigonus, père de
Démétrius Poliorcète, avait été l'un de ses
généraux.
Il n'est pas parlé de l'obole dans le.
Nouveau Testament (— Voir: Monnaie),
et nous ne trouvons ce nom que dans
l'Ancien, employé comme mesure de pesanteur,
Exode 30:13; Lévitique 27:25; Nombres 3:47.
— Voir: à l'article Gousse,
ce que nous avons dit de l'origine de cette
unité de poids. Le mot guérah, que l'on a
traduit par obole dans ces passages,
pourrait être conservé dans nos versions,
— Voir: Mesures.
OBOTH,
l'un des campements des Israélites dans le voyage du désert, duquel ils partirent pour se rendre aux monts Abarim, Nombres 33:43; cf. 21:10. Il faut le placer à l'est de l'Idumée, mais sans cherchera le déterminer davantage, ni à en retrouver le nom.
OFFRANDE.
-
Élevée, volontaire, ou tournoyée, Exode 29:24.
— Voir: Lever.
-
Offrande non sanglantes.
— Voir: Libations.
-
Entièrement consumée.
— Voir: Holocauste.
Pour toutes les autres espèces d'offrandes, fort nombreuses, qui étaient prescrites aux Hébreux, nous en parlerons d'une manière générale à l'article Sacrifices.
OIGNON,
Nombres 11:5, l'allium cepa, de la famille des liliacées, du genre ail. Il est fort abondant en Égypte, où il atteint une grandeur et une saveur peu communes. On le cultivait aussi sur les côtes de la Philistée, et notamment près d'Askélon, d'où probablement l'une de ses espèces, l'échalote, a tiré son nom. Les voyageurs modernes, Arvieux, Hasselquist, vantent beaucoup le goût prononcé, mais délicat et moelleux, de l'oignon d'Égypte, et admirent son énorme volume; il se multiplie par le moyen des soboles que fournit sa tige. Les oignons de l'Asie Mineure sont également meilleurs et plus gros que ceux de l'Europe. Ils constituent, sur les marchés orientaux, l'un des principaux objets de consommation.
OISEAUX.
Plusieurs d'entre eux étaient
regardés comme impurs,
— Voir: Nourriture, et Aliments.
Sur ceux qui pouvaient ou devaient être
offerts devant l'Éternel,
— Voir: Sacrifices.
La loi de Moïse renfermait plusieurs
dispositions relatives aux oiseaux: si, par
exemple, quelqu'un trouvait un nid sur son
chemin, il lui était défendu de le détruire
ou de l'enlever entièrement, Deutéronome
22:6-7; on pouvait s'en approprier les œufs
ou les petits fraîchement éclos, mais on
devait laisser le nid et la mère. Cette
défense, qui ne s'appliquait, du reste,
qu'aux nids des champs, et non à ceux qu'un
propriétaire pouvait trouver sur sa
propriété ou dans sa maison, avait pour but
de préserver d'une extinction totale
plusieurs espèces d'oiseaux, utiles soit à
cause de la guerre acharnée qu'ils font aux
insectes, soit parce qu'en dévorant les
corps morts qu'ils trouvent dans les champs
ou dans les forêts, ils sont de vrais
préservatifs contre la peste et
l'empoisonnement de l'air, considération
qui, dans les pays chauds de l'Orient, est
d'une importance bien plus grande et mieux
sentie que dans nos climats tempérés. Des
motifs d'humanité appuyaient également cette
défense qui, non seulement laissait la vie
aux oiseaux déjà formés, mais tendait
encore, par sa nature, à diminuer de
beaucoup l'intérêt de la chasse en lui
enlevant son meilleur butin: des œufs ou une
couvée sans mère, et sans nid, restaient
presque sans valeur.
— Les Talmudistes avaient borné cette
interdiction à la classe des oiseaux purs,
laissant la chasse entièrement libre à
l'égard des autres, mais là encore, en
voulant être sages au-delà de ce qui est
écrit, ils avaient à la fois faussé le texte
de la loi et trompé le double but qu'elle
devait atteindre.
Les Orientaux aimaient en général à voir les
oiseaux fixer leurs nids dans leurs temples
ou lieux de prières, ils y voyaient un
augure favorable et se gardaient avec soin
de chasser ou même d'effrayer des hôtes qui
s'étaient mis en quelque sorte sous le
patronage de leurs dieux. Chez les Hébreux,
nous ne voyons rien de semblable, quoiqu'on
ait cherché à entendre de cette manière
Psaumes 84:3; les Juifs croyaient même avoir
découvert dans la construction du temple de
Salomon, des détails destinés à en éloigner
les oiseaux,
— Voir: Temple.
Les Israélites tenaient des pigeons et des
poules dans leurs cours, mais nulle part il
n'est fait mention d'oies ni de canards,
sauf peut-être 1 Rois 4:23, mais on ne
saurait le prouver. Les oiseaux de passage
sont nommés, Jérémie 8:7, d'une manière
générale, avec leur instinct des saisons: on
voit par 1 Rois 10:22. Jérémie 5:27, que les
grands personnages juifs se procuraient,
pour l'agrément de leur bassecour, des
oiseaux remarquables par leur plumage ou la
beauté de leur chant.
Les oiseaux du ciel sont plusieurs fois
employés dans des paraboles pour désigner
les puissances de l'air et des ténèbres,
Matthieu 13:4; Marc 4:4, etc. On peut voir
aux articles spéciaux ce qui concerne ceux
dont les noms se trouvent dans la Bible.
OLIVIER,
arbre fruitier de la famille
des jasminées, touffu, à rameaux cendrés, à
feuilles sessiles, lancéolées, entières,
coriaces, d'un vert-foncé en-dessus,
blanchâtres en-dessous, persistantes, à
petites fleurs odorantes et disposées en
grappes dans les aisselles des feuilles; ses
fruits sont composés d'une amande centrale
contenu dans un noyau osseux très dur,
enveloppé d'une pulpe charnue, ferme, très
huileuse; toutes les autres parties du fruit
le sont également; les olives se mangent
crues ou assaisonnées, et fournissent en
abondance une des meilleures huiles connues.
Mal fait, sans élégance et d'un aspect fort
triste, l'olivier est très sensible aux
gelées; il ne donne jamais de fruit
lorsqu'il est éloigné de plus de 30 lieues
de la mer; il réussit avec peine dans le
midi de la France, et réclame un terrain sec
et des climats chauds tels que ceux de
l'Orient. Ses fruits formaient l'une des
branches principales de la richesse des
Hébreux, et ils figurent souvent à côté du
blé, de la figue et du vin, parmi les plus
excellents produits de la Palestine, Exode
23:11. Deutéronome 6:11; 8:8; 28:40; 24:20;
Josué 24:13; Juges 15:5; 2 Rois 5:26; 18:32;
Michée 6:15;
— Voir: aussi quelques prescriptions
de charité publique relatives à la moisson
des olives, Deutéronome 24:20.
On cultivait l'olivier dans des jardins et
sur le penchant des montagnes; et il parait,
d'après 1 Chroniques 27:28, que la couronne
possédait des parcs d'oliviers assez
considérables pour devoir être confiés à un
intendant spécial, chargé en même temps de
livrer au commerce l'huile qu'ils
produisaient. Jérémie, 11:16, fait allusion
au long âge de cet arbre et à la générosité
avec laquelle il récompense les soins peu
nombreux qu'il demande. Avant que les olives
soient mûres on les abat, soit en secouant
l'arbre, soit en frappant avec précaution
les branches que l'on veut dépouiller, Ésaïe
17:6; 24:13; cf. Deutéronome 24:20. On les
presse alors et l'on en retire une huile
extrêmement fine, blanche et délicate,
l'huile vierge de Lévitique 24:2; Exode
27:20; 29:40, l'huile toute fraîche de
Psaumes 92:10, l'oleum omphacium de Pline
12, 60; 15, 3. Si au lieu d'une simple
pression des olives, on les foule au
pressoir ou dans des cuves, Michée 6:15,
l'huile qu'on obtient est moins pure, plus
mélangée, parfois un peu amère; cependant
elle suffit aux usages ordinaires, et les
pressoirs d'olives étaient assez nombreux
aux environs de Jérusalem, pour que le
jardin de Gethsémané en ait tiré son nom.
Des olives mûres ou charnues ne donnent pas
de bonne huile, et sous ce rapport celles de
Palestine avaient sur celles d'Égypte une
telle supériorité, que les Juifs en
exportaient et en vendaient beaucoup aux
marchands égyptiens, Osée 12:2. Les
Phéniciens en venaient aussi chercher en
Judée, Ézéchiel 27:17; cf. 1 Rois 5:11;
Esdras 3:7, et les rois d'Israël, notamment
Ézéchias, avaient de riches magasins
destinés à recevoir des huiles qu'on leur
payait comme impôts, 2 Chroniques 32:28. Les
meilleures olives croissaient dans les
environs de Tékoah; on les mangeait
quelquefois crues ou assaisonnées avec du
sel, ou confites de toute autre manière.
L'olivier sauvage dont il est parlé Romains
11:17,24 (oleaster), fournit des fruits
moins savoureux et une huile passablement
mauvaise; on n'en emploie guère que le bois.
Ses rameaux sont garnis d'épines à leurs
extrémités; ils portent des feuilles plus
courtes et plus larges, blanchâtres à leur
partie inférieure. On greffait quelquefois
l'olivier sauvage sur l'olivier franc,
lorsque les branches de ce dernier
commençaient à se dessécher, et cet usage
existe encore en Orient. (Je n'ai pu
vérifier si ce mode de greffe, contraire à
ce que l'on pratique ordinairement, est
réellement justifié en botanique; plusieurs
commentateurs, Winer, Reiche, le contestent
faiblement; d'autres Olshausen, Schulz,
affirment que les choses se passent ainsi,
mais ils sont plus forts en théologie qu'en
histoire naturelle, et leur témoignage n'est
pas en cette matière d'un fort grand poids.
Dans tous les cas, l'idée est la même).
L'idée que saint Paul veut amener ou
expliquer par la similitude tirée de cet
arbre, est que les gentils ont pris dans
l'organisme de la synagogue ou de l'Église,
la place que les Juifs n'étaient plus
propres à occuper; ils ont été entés à
l'endroit même de la blessure, là où finit
le tronc et ou commencent les branches; les
païens, pas plus que les Juifs, n'ont en
eux-mêmes la source de la vie, mais ils sont
mis à même par la greffe, de participer aux
propriétés du tronc. Les enfants de Japhet
sont venus se loger dans les tabernacles de
Sem; pour eux c'est un don tout gratuit, qui
leur sera retiré bien plus facilement qu'il
ne l'a été aux Juifs, s'ils s'en rendent
indignes.
Les rameaux d'olivier servaient à faire des
tabernacles dans les jours de fêtes
solennelles, Néhémie 8:15, et le bois de
l'olivier franc, qui est ferme, dur, et
susceptible d'un fort beau poli, était
employé dans la construction des palais ou
des temples, 1 Rois 6:23. Le feuillage et
les branches de l'olivier (franc) étaient un
symbole de la joie, 2 Maccabées 14:4.
Montagne des Oliviers, Zacharie 14:4.
Elle était située au nord-est de l'ancienne
Jérusalem, à un quart de lieue environ de
ses murailles extérieures, et en était
séparée par la vallée du Cédron: d'après
Actes 1:12, elle était éloignée de Jérusalem
le chemin d'un sabbat. Les nombreuses
plantations d'oliviers qui avaient donné le
nom à cette montagne n'existent plus: le
côté oriental est complètement nu; sur le
côté occidental, les arbres sont rares; on y
trouve cependant encore de la vigne, des
figuiers, des amandiers et des dattiers;
c'est sur ce penchant que se trouvait le
jardin de Gethsémané. Le mont des Oliviers
se dirige du nord au sud, et il est surmonté
de trois sommets, dont le septentrional
(d'après Maundrell, d'autres disent celui du
milieu) est le plus élevé: la cime
méridionale est célèbre par l'apostasie de
Salomon, qui y éleva des autels aux idoles
de ses femmes, 1 Rois 11:7; 2 Rois 23:13;
elle fut appelée pour cette raison
mashchith, c'est-à-dire montagne de la
perdition ou du scandale. C'est sur le
penchant oriental que la tradition place
l'ascension de notre Sauveur, non loin de
Béthanie, et si ce n'est pas dit
expressément Actes 1:12; Luc, 24:51,
cependant toutes les probabilités appuient
cette tradition.
Le mont des Oliviers serait à peine une
colline en Suisse, par exemple; mais il
s'élève de beaucoup au-dessus des petites
montagnes qui l'entourent en Juda, et son
élévation est double de celle de Morija et
de Sion: de son sommet l'on jouit d'une vue
aussi remarquable par sa beauté que par son
étendue, et il n'est sur la terre aucun
endroit qui réunisse un tel spectacle à
d'aussi grands souvenirs. De la même place
on peut tour à tour porter ses regards sur
la mer Morte ou sur la Méditerranée, sur les
plaines de Moab ou sur les déserts de la
Quarantaine, sur les monts Hébal et
Guérizim, ou sur Jérusalem, qui se montre
dans toute sa magnificence, et présente au
spectateur ses places, ses rues, ses
collines, ses vallées, et l'édifice musulman
bâti sur les ruines du temple de l'Éternel.
Le mont des Oliviers était l'une des
promenades ordinaires de Jésus, Matthieu
24:3; Marc 13:3; Luc 19:37-44: c'est de là
qu'il pleura sur la ville, et qu'il en
annonça la prochaine et inévitable
destruction.
OLYMPE ou Olympias,
disciple de Rome, salué par l'apôtre Paul, Romains 16:15; inconnu.
OMÉGA,
la dernière lettre de
l'alphabet grec, employé proverbialement
pour dire la fin d'une chose, comme l'alpha
ou première lettre désignait le
commencement, Apocalypse 1:8,11; 21:6;
22:13;
— Voir: Alpha.
ON.
-
Fils de Péleth, descendant de Ruben, nommé Nombres 16:1, parmi les principaux membres de la conspiration de Coré; comme il ne reparaît plus dans la suite de cette histoire, on a cru qu'il avait renoncé, pour sa part, à cette coupable rébellion, et les anciens interprètes ajoutent que ce fut sur le conseil de sa femme. On peut supposer aussi qu'il a continué d'y prendre part, mais sans y jouer un rôle très actif.
-
Ville d'Égypte, Genèse 41:45; 46:20, et apparemment de la Basse Égypte, Ézéchiel 30:17. Elle est appelée Aven dans ce dernier passage, différence qui, en hébreu, n'est qu'une affaire de ponctuation, mais qui a, par cela même, une certaine importance, car alors le nom propre porte en lui la signification de ville criminelle; la ville porte sa condamnation dans son nom même. Les Septante ont rendu ce nom, dans ces différents passages, par Héliopolis, ville du soleil, ce qui est la traduction littérale de On, qui signifie, en égyptien, lumière, soleil. C'est la même ville aussi qui est traduite par Beth-Sémès, ou maison du soleil, Jérémie 43:13, que Pline, 5, 11, appelle oppidum solis, et que les Arabes nomment encore Ain-Shemes, fontaine du soleil. Héliopolis était une vieille et sainte ville de la Basse Égypte, bâtie sur une digue, et chef-lieu d'un district situé du côté de l'Arabie. Il s'y trouvait un célèbre temple du soleil et un clergé nombreux et instruit. Le beau-père du patriarche Joseph, gouverneur de cette ville, appartenait à la caste sacerdotale. De riches et vastes bâtiments étaient la demeure des prêtres. Près du temple, on nourrissait un taureau comme symbole du dieu Mnevis, qu'on y adorait. Jérémie, 43:13, mentionne ce temple du soleil. Au temps de Strabon, Héliopolis était détruite, les armées perses y avaient passé; cependant l'on y remarquait encore quelques ruines magnifiques que les siècles ont laissé parvenir jusqu'à nous, près du village de Matarée, à 2 lieues nord-est du Caire, et à 6 lieues de l'ancienne Memphis.
Le superbe obélisque qui décore la place du Peuple, à Rome, fut fait à Héliopolis par ordre de Psamménite, 522 ans avant J.-C. Ce fut Auguste qui le fit transporter dans la capitale de l'empire.
ONAGRE,
— Voir: Âne sauvage.
ONAN,
second fils de Juda et de la Cananéenne Suah. Ce malheureux jeune homme a légué son nom à l'un des actes les plus dégradants de l'impureté, et l'on peut cependant conclure de son histoire qu'il y avait, dans ses intentions, moins d'impureté que d'envie et d'égoïsme. Contraint, par son père et par l'usage, d'épouser la veuve de son frère mort sans enfants, mais sachant que les enfants qui lui naîtraient de cette femme ne lui appartiendraient pas, il trompait l'espoir de ce mariage, et commettait une faute d'autant plus grave qu'il était libre d'épouser en même temps une autre femme dont les enfants seraient à lui. Le péché d'Onan, qui commençait par la haine et finissait par la souillure, était, en outre, sans excuse, et ne pouvait se justifier d'aucune manière, pas même par une prétendue nécessité, Genèse 38:4; 46:12; Nombres 26:19; 1 Chroniques 2:3. Il mourut d'une mort prématurée, suite peut-être naturelle de ses désordres, peut-être châtiment subit et providentiel d'un crime aussi odieux.
ONCTION.
Il ne peut être parlé ici de
l'onction morale, de ce trait du caractère,
de la parole ou de la vie, mélange de
tendresse et de sévérité, d'amour et de
sainteté, qui doit être un des traits
principaux, mais qui est aussi l'un des
traits les plus rares, parce qu'il se
compose de qualités contraires, de la
personne du chrétien, et du prédicateur en
particulier, caractère si frappant dans tous
les enseignements du maître, si frappant
encore chez l'apôtre de la charité qui
était, en même temps, un fils du tonnerre,
de même que dans plusieurs épîtres de saint
Paul.
Nous ne parlerons que de l'onction
matérielle, de l'onction d'huile, renvoyant,
pour plusieurs détails, aux articles
spéciaux. L'habitude de se frotter d'huile,
de se répandre de l'huile sur le corps, ou
sur quelques parties du corps, a été de tous
temps, comme elle l'est encore de nos jours,
fort connue dans les climats chauds de
l'Orient, et chez les peuples du midi de
l'Europe, chez les Grecs et chez les
Romains; elle est, en quelque sorte, une
nécessité de ces pays où la chaleur produit
sur les corps animaux une transpiration
souvent accompagnée d'une odeur désagréable
et malsaine. Si les pauvres sont obligés de
supporter toujours cette incommodité, les
personnes aisées ne pouvaient se dispenser,
surtout lorsqu'elles donnaient des repas, on
qu'elles recevaient des personnes de
distinction, ou enfin lorsqu'elles
accordaient l'hospitalité à quelqu'un, de
fournir des huiles excellentes à leurs
hôtes, et de s'en servir elles-mêmes,
Proverbes 27:9; Ézéchiel 16:9; Ruth 3:3;
Cantique 1:2; Judith 10:3. Les huiles, les
graisses parfumées, les pommades,
appartenaient donc aux objets de luxe, mais
de luxe nécessaire, des Israélites,
Ecclésiaste 7:1. Sapience 2, 7. Ce n'était
que dans les temps de deuil, dans les fêtes
solennelles, et notamment au grand jour des
expiations, qu'on s'abstenait de toute
espèce d'onction, Daniel 10:3; 2 Samuel
14:2; cf. 12:20; Matthieu 6:17, etc. On
oignait les cheveux et la barbe (le Psaumes
133:2; montre que cela se faisait
quelquefois si richement, que l'huile
répandue ruisselait jusque sur les
vêtements); les mains, le visage,
quelquefois les habits et les lits, étaient
oints de la même manière, et, lorsqu'on
voulait donner à quelqu'un une grande marque
de respect ou d'affection, l'on allait
jusqu'à oindre ses pieds, Psaumes 45:8;
Proverbes 7:17; Jean 12:3; Luc 7:38,46;
— Voir: ailleurs, ce qui regarde
l'onction des malades, Marc 6:13; Jacques
5:14, et celle des boucliers, 2 Samuel 1:21.
Les prêtres, quelquefois les prophètes, 1
Rois 19:16, et les rois, même des rois
païens, étaient ordinairement consacrés par
l'huile aux fonctions qui leur étaient
conférées. Les ustensiles du lieu saint des
Hébreux avaient été inaugurés de la même
manière, avant d'être mis en usage, Exode
30:26.
Les parfums dont on se servait étaient
quelquefois, mais rarement, simples, tels
que l'huile de nard; le plus souvent ils se
composaient d'un mélange d'huile d'olive
fine, et de quelque autre produit
odoriférant, indigène ou étranger, huile ou
résine, tel que du nard, de la myrrhe, etc.,
Michée 6:15; Deutéronome 28:40; Ézéchiel
27:22; 1 Rois 10:10. En général, de pareils
parfums étaient fort chers, Amos 6:6, et
prouvaient un grand luxe et une grande
richesse chez leurs possesseurs; les rois
avaient des cabinets de parfumeries, comme
ils avaient des garde-robes et des arsenaux,
Ésaïe 39:2. C'étaient surtout les Phéniciens
qui faisaient ce genre de commerce; ils
expédiaient presque toujours leurs parfums
et leurs huiles dans des flacons d'albâtre,
estimés ceux qui conservent le mieux, le
plus purement et le plus longtemps, les
odeurs délicates. La préparation de ces
huiles exigeait une certaine habileté, et
l'on trouve de bonne heure des hommes qui
faisaient de ce travail leur métier, Exode
30:25,35; Ecclésiaste 10:1; Cantique 3:6;
les riches avaient des esclaves habiles dans
l'art de faire des parfums, 1 Samuel 8:13.
De toutes les huiles, la plus précieuse
était celle du sanctuaire, l'huile pour
l'onction sainte, dont on oignait les
prêtres et les vases sacrés. Il était
interdit de s'en servir pour des usages
particuliers; sa composition est indiquée
Exode 30:22, sq. (cf. 35:15; 37:29; Nombres
4:16). Ézéchiel, 23:41, reproche aux Juifs
l'emploi qu'ils ont fait sur leurs tables
des parfums de l'Éternel, et de l'huile
sainte du tabernacle.
ONÉSIME,
esclave de Philémon. S'étant
enfui d'auprès de son maître, il se rendit à
Rome; la curiosité peut-être, ou le
repentir, le conduisit vers saint Paul, qui
était alors prisonnier, et il fut converti
par la prédication de la parole. Dès lors,
honoré par l'apôtre d'une tendre affection,
Onésime reconnut, par des soins et des
services, le bien que saint Paul lui avait
fait; mais ces soins ne pouvaient pas durer
longtemps: Onésime, devenu chrétien, devait
retourner auprès de son maître, et reprendre
les chaînes qu'il portait avant sa
conversion. C'était s'exposer à de mauvais
traitements, surtout si, comme on peut le
conclure de quelques versets, Philémon
18,19, l'esclave, en s'enfuyant, avait volé
son maître (peut-être aussi ces paroles ne
se rapportent-elles qu'au tort que l'absence
prolongée d'un esclave devait causer à son
propriétaire). Toutefois, le chrétien
n'examine pas les conséquences que peut
avoir la réparation d'un tort; saint Paul
est sans ménagement pour son ami; Onésime
lui-même ne regarde pas au danger, mais au
devoir. Il part, accompagné de Tychique,
porteur d'une lettre de l'apôtre à Philémon,
dans laquelle saint Paul recommande
l'esclave à l'indulgence du maître. Les deux
voyageurs sont en outre chargés de lettres
pour les églises d'Éphèse et de Colosses. On
peut croire qu'Onésime obtint facilement son
pardon demandé par saint Paul, et que le fer
rouge dont les anciens marquaient les
esclaves fugitifs, ne passa pas sur son
front.
Onésime était de Colosses, comme on le voit
par la comparaison des textes Philémon 1,2;
Colossiens 4:9,17. (Sermon de Rochât, i. I.)
La tradition ajoute qu'il fut affranchi, que
saint Paul le consacra lui-même évêque de
Bérée en Macédoine, et qu'Onésime finit par
souffrir le martyre à Rome. Dans le chapitre
1 de la lettre d'Ignace aux Éphésiens, il
est fait mention d'un Onésime, évêque
d'Éphèse et successeur de Timothée, mais
rien n'oblige à croire qu'il s'agisse là de
l'esclave de Philémon.
ONÉSIPHORE,
Mêle d'Éphèse, ami de saint Paul; étant venu à Rome, soit pour des affaires de commerce, soit pour d'autres affaires particulières, il chercha l'apôtre avec grand soin jusqu'à ce qu'il l'eût trouvé. Il ne faut pas conclure de la peine qu'eut le disciple à trouver l'apôtre, que celui-ci eût été jeté dans une misérable prison, dans un cachot secret; on peut, sans cette hypothèse, comprendre qu'en arrivant de l'étranger dans la vaste ville de Rome, Onésiphore n'ait pu trouver facilement le prisonnier qu'il cherchait, et dont le délit n'était pas de nature à le faire classer dans une prison d'un ordre particulier. On a voulu conclure aussi de 2 Timothée 1:16; cf. versets 18, et 4:19, qu'Onésiphore était déjà mort au moment où Paul écrivait sa lettre: mais il est fort possible qu'Onésiphore ne fût pas encore de retour à Éphèse, et cela expliquerait pourquoi Paul ne salue que sa famille, en même temps qu'il lui adresse indirectement des remerciements pour l'affection que son chef lui a témoignée. À supposer même qu'Onésiphore fût mort, le passage 1:18; ne justifierait ni le droit, ni le devoir de prier pour les morts, tel que l'enseigne l'Église romaine; car selon les papistes, prier pour les morts, c'est demander qu'une personne morte dans la foi, mais dont les œuvres n'ont pas été suffisantes pour la laver entièrement, puisse passer du purgatoire au ciel, tandis que l'apôtre parle ici d'un homme qui a eu la foi, et qui par ses œuvres en montre la réalité: ces paroles n'expriment donc que la reconnaissance de Paul qui, ne pouvant récompenser Onésiphore, prie Dieu de le faire selon sa promesse, ce qui est tout à fait conforme à la doctrine de Christ et des apôtres, cf; Matthieu 5:7; 25:36,39-40; Jacques 2:13.
ΟΝΟ,
ville bâtie par les Benjamites, 1 Chroniques 8:12, et habitée par eux après l'exil, Néhémie 11:35. Dans ces deux passages elle est immédiatement précédée du nom de Lod (Lydde), cf. aussi Esdras 2:33; Néhémie 7:37, ce qui fait penser qu'elle était située dans son voisinage, et que la vallée d'Ono était une continuation de la plaine de Saron.
ONYX.
-
C'est ainsi que saint Jérôme, nos versions et beaucoup d'autres, de même que Michaélis, Eichhorn, etc., traduisent l'hébreu shoham, Genèse 2:12; Exode 28:9; Job 28:16; Ézéchiel 28:13. Onkélos et les autres targummim le rendent par béril, de même que les Septante; Reland et Calmet le traduisent par émeraude. Tout ce qu'on peut dire sur cette pierre n'est qu'incertitude et hypothèse. L'onyx est une espèce d'agathe rayée de blanc et de noir, et comme le blanc tire sur l'ongle, on lui a donné le nom d'onyx ou ongle. L'onyx était la onzième pierre du pectoral du grand-prêtre: sur deux pierres d'onyx étaient gravés aussi les noms des douze tribus. Par extension, le nom d'onyx a pu signifier un vase ou flacon de cette matière, comme dans ces paroles si connues d'Horace, nardi parvus onyx.
-
Le même mot est employé dans un autre sens, et comme traduction de l'hébreu shehheleth, Exode 30:34. Saint Jérôme d'après les Septante le rend par ongle aromatique; d'autres par laudanum; d'autres, comme Bochart, par bdellion. L'onyx marinus, blatta Byzantia, est un coquillage univalve semblable au poisson à coquille nommé purpura: le nom d'onyx lui a été donné à cause de la couleur de sa coquille, qui ressemble à la teinte, rosaire de l'ongle. On le pêche dans les marais de l'Inde où croît le spica nardi dont cet animal se nourrit, et c'est ce qui rend son écaille si odorante: on va recueillir ce coquillage, lorsque la chaleur a desséché les marais: les Indiens, les Perses et les Arabes en font l'un des ingrédients principaux d'un parfum extrêmement estimé. Le meilleur onyx se trouve dans la mer Rouge; il est blanc et gros: le babylonien, au dire de Dioscoride, est moins estimé; il est noir et plus petit.
-
Yahalom, Exode 39:10; Ézéchiel 28:13;
— Voir: Sardonyx.
OPHIR,
pays compté, Genèse 10:29,
parmi les Joktanides (qui habitaient pour la
plupart des districts de l'Arabie), et à
destination duquel Salomon faisait partir,
des ports édomites, des vaisseaux qui ne
revenaient qu'au bout de trois ans, chargés
d'or, de poudre d'or, de pierres précieuses,
d'argent, de singes, de paons, et de bois
précieux, 1 Rois 9:28; 10:11; cf. 22:49.
L'or d'Ophir était regardé comme le plus pur
et le plus fin qui existât, Job 28:16;
Psaumes 45:10; Ésaïe 13:12.
Les interprètes sont loin d'être d'accord
sur la contrée désignée sous le nom d'Ophir,
et il est difficile de se prononcer au
milieu des différentes opinions, qui
s'appuient toutes sur des arguments
plausibles, mais dont aucune ne peut offrir
de preuve décisive.
Quelques-uns ont cherché Ophir en Amérique,
et notamment dans l'île nommée Espagnole
(Haïti) par Colomb; on sait qu'en parlant de
l'or de cette île il avait coutume de dire
qu'il avait trouvé l'or d'Ophir. D'autres
prennent Ophir pour le Pérou. Cette manière
de voir, quelque peu anticipée, n'a guère
pour partisans que les Jésuites ses auteurs,
Postel, Genébrard, Vatabre. Elle s'appuie
sur l'abondance de certaines mines d'or de
l'Amérique, et sur la supposition que la
flotte qui partait pour Ophir, faisait en
même temps le voyage de Tarsis (Cadix), et
franchissait le détroit de la Méditerranée.
D'autres pensent qu'Ophir désigne l'Arabie,
et ils présentent deux arguments; le premier
est tiré du fait qu'Ophir est compté au
milieu des fils de Joktan qui ont occupé
l'Arabie, mais il n'y a rien là de
concluant, puisque Genèse 10:4, Tarsis, qui
est situé en Espagne, est nommé parmi des
peuplades qui appartiennent évidemment à la
Grèce.
La seconde preuve mise en avant, c'est le
nom d'Ophir, El Ophir ou Ophar, que Seetzen
a trouvé dans la province d'Oman, au sud-est
de l'Arabie. On peut ajouter que selon
Eupolemus dont un fragment nous a été
conservé par Eusèbe (Prép. évang. 9:30),
Ouphré (Calmet porte Durphé) serait une île
de la mer Rouge, et cet auteur la regarde
comme une partie du pays d'Ophir.
Selon d'autres commentateurs c'est dans les
Indes qu'il faut aller chercher cette
contrée. Ils s'appuient sur ce que les
Septante écrivent toujours Sophir, nom que
les Cophtes donnent encore aux Indes; sur ce
que la version arabe traduit Ophir par El
Hend; sur ce que dit Flavius Josèphe (Arch.
8, 20, 4) que Sophira est une contrée de
l'Inde; sur ce que les objets que Salomon
tira d'Ophir sont des produits que l'on
trouve en effet dans les Indes; et que les
noms donnés aux singes et aux paons sont des
noms indiens (koph est le sanscrit kapi,
thukiim est le tokei de Malabar); sur le
temps que prenait ce voyage, puisque le
retour n'avait lieu qu'au bout de trois ans,
ou si l'on veut, dans le cours de la
troisième année; enfin sur ce qu'il y avait
près de Goa dans l'Inde, un endroit nommé
Suppara, et chez les Arabes Souphara, ce qui
expliquerait l'orthographe suivie par les
Septante.
D'autres ont cru qu'il s'agissait de
l'Afrique, et ils trouvent Ophir sur la côte
orientale, à Sofala, vis-à-vis de l'île de
Madagascar; on assure que les habitants de
cette contrée ont des traditions et même des
livres qui portent que Salomon y envoyait
une flotte tous les trois ans pour chercher
de l'or; le portugais Jean dos Santos ajoute
qu'il y a, non loin de là, une montagne
abondante en minerai d'or et qui porte le
nom d'Afura. Si l'on pouvait se fier à ces
données, elles seraient certainement
intéressantes; toutefois le nom de Sofala
dans lequel on pourrait, à toute rigueur,
trouver celui d'Ophir, rappelle plutôt dans
les langues sémitiques le nom de shephélah
qui signifie côte, rivage; ce serait ainsi
une désignation tout à fait générale, un nom
que tous les pays maritimes pourraient
revendiquer.
Au milieu de ces incertitudes, il faut
commencer par réduire à leur juste valeur
deux données dont on a exagéré l'importance.
Ophir pouvait fort bien n'être qu'une ville,
de commerce abondamment pourvue de tous les
produits de l'Orient et du Midi, et dans
laquelle Salomon envoyait régulièrement et à
des époques déterminées, des vaisseaux pour
approvisionner sa cour, son harem et son
royaume. L'or d'Ophir (évidemment déjà
travaillé, ou tout au moins épuré), pouvait
avoir reçu ce nom, sans être un produit du
pays, mais parce que c'était là qu'il était
le mieux purifié et le mieux mis en œuvre.
D'ailleurs, comme on l'a vu plus haut, le
nombre des pays où l'on trouve de l'or est
assez grand pour que ce caractère doive
cesser d'être un guide dans les recherches.
— En second lieu, la durée du voyage ne peut
pas non plus servir à fixer même d'une
manière approximative la distance à laquelle
Ophir devait être de Jérusalem, car l'or
arrivait dans le pays chaque année, 1 Rois
10:14; 2 Chroniques 9:13; il n'est pas dit
que le voyage de trois ans fût le voyage
d'Ophir, 1 Rois 10:22; quand cela serait
encore, cela ne prouverait rien, attendu
l'extrême lenteur de la navigation des temps
anciens, les détours possibles, les séjours
plus ou moins prolongés que les vaisseaux
pouvaient faire dans les ports
intermédiaires pour attendre soit des vents
favorables, soit des vaisseaux en retard ou
n'arrivant qu'une fois par année. Saint
Jérôme nous dit (Ep. 95), que dans le cas le
plus favorable, un vaisseau avait besoin
d'au moins six mois pour parcourir le golfe
arabique dans sa plus grande longueur, et de
nos jours encore, les vaisseaux marchands ne
font qu'une fois par année le voyage de Suez
à Jidda.
— Il résulte de ces observations, que si les
produits retirés d'Ophir ne peuvent servir à
faire reconnaître ce pays, sa distance
elle-même reste problématique; il faut donc
s'en tenir à son nom et à ce que la
tradition nous donne comme le plus probable.
Sous ce rapport, nous nous rapprocherons
volontiers de l'opinion de Bochart, modifiée
par Heeren et par quelques autres modernes.
Bochart croit que le nom d'Ophir a été donné
à deux pays dont l'un serait l'Arabie,
l'autre les Indes. Heeren prend Ophir comme
un nom général désignant les riches contrées
des côtes méridionales de l'Arabie, de
l'Afrique et des Indes; Volney compare l'île
d'Ofor à l'entrée du golfe Persique. Il est
possible qu'Ophir, fils de Joktan, se soit
établi en Arabie, et que parmi ses
descendants il y ait eu des émigrations et
des colonies fondées par eux dans les Indes,
à Ceylan, peut-être plus loin encore. Si
l'on pouvait établir l'authenticité de
plusieurs fragments de Sanchoniathon,
découverts il n'y a pas longtemps, la
question ferait un grand pas; on y lit, en
effet, le récit d'une expédition faite par
Joram (Hiram), roi de Tyr, et Irenius
(Salomon, roi de paix), roi des Juifs, vers
une île fort éloignée qui, d'après les
caractères indiqués et la comparaison de
Pline 6, 24, ne peut être autre que
Taprobane ou Ceylan; et Heeren, dans un
article spécial sur cette île, a montré
quelle a été son importance dans l'histoire
du commerce de l'ancien monde. Dans
l'incertitude où l'on est sur l'authenticité
de ce morceau, on s'abstient de s'en servir
comme d'un argument, mais si la donnée qu'il
renferme n'a pas beaucoup plus de garanties
que les hypothèses qu'on a faites, en tout
cas elle n'en a pas moins.
Notons encore, avant de terminer, l'opinion
qui cherche Ophir en Espagne, celle qui le
place à Carthage (qui n'a été fondée que
longtemps après Salomon), et le travail que
Calmet se donne pour établir (avec Eustache
d'Antioche), qu'Ophir était dans l'Arménie,
dont l'une des quatre parties s'appelait
Sophara sous Justinien; quoi qu'on pense de
son point de vue, on peut lire avec fruit sa
dissertation sur ce sujet.
OR,
— Voir: Métal, et Monnaie.
ORGE,
hébreu sehorah. Les
Égyptiens et les Hébreux cultivaient en
assez grande abondance ce genre de céréales
et notamment, l'orge à six files, Exode
9:31; Lévitique 27:16; Deutéronome 8:8; Ruth
2:17; 2 Samuel 14:30; 2 Chroniques 2:10,15;
Ésaïe 28:25; Jérémie 41:8; Joël 1:11. Les
orges se semaient en automne et se
moissonnaient au printemps, au mois d'abib
(mars, avril), presque aussitôt après la
fête de Pâques; déjà le lendemain de Pâques
on en offrait au temple les prémices qu'on
allait cueillir exprès dans les champs,
Lévitique 23:10-12; 2 Samuel 21:9; Ruth
1:22. L'orge est de tous les grains le
premier mûr, et l'on voit que lorsque la
grêle tomba sur l'Égypte à la voix de Moïse,
l'orge fut perdu parce qu'il commençait à
former son épi, tandis que le blé et les
grains plus tardifs ne furent pas endommagés
parce qu'ils étaient encore en herbe, Exode
9:31. Les rabbins appelaient l'orge la
nourriture des animaux, parce qu'on en
nourrissait en effet les chevaux et les
ânes, 1 Rois 4:28, comme on peut le voir
aussi dans Homère. C'était, en tout cas, la
nourriture des pauvres, une nourriture
commune et peu estimée, citée Ézéchiel
13:19, comme exemple d'une denrée vile et de
petite valeur;
— Voir: encore Ruth 3:15; 1 Rois
4:22; 2 Samuel 17:28; Jean 6:9,
où l'orge apparaît comme l'un des produits
les plus abondants de la Palestine, l'un de
ceux qui se pouvaient exporter le plus
facilement sans danger pour les
consommateurs. Chez les Romains, du pain
d'orge était imposé aux soldats comme
punition, Tite-Live 27, 13, et ailleurs; les
Arabes du Maroc ne mangent encore que du
pain d'orge, et s'il est inférieur au blé,
on ne doit pas non plus exagérer sa
grossièreté comparative.
ORGUES,
Genèse 4:21.
— Voir: Musique #2
ORIENT.
Les Hébreux appelaient ainsi d'une manière spéciale les districts de l'Arabie qui les avoisinaient à l'est et au sud-est, Genèse 25:6, et dune manière générale les différents peuples ou peuplades situés plus à l'est, ainsi les Hamalécites et les Madianites, Juges 7:12; il pouvait même comprendre l'Arabie entière et les districts araméens de la Mésopotamie, 1 Rois 4:30; Genèse 29:1; Matthieu 2:1,9. (Job 23:8, il faut traduire à l'Orient et à l'Occident au lieu de en avant et arrière). Quelquefois il se prend comme chez nous, simplement pour exprimer la direction, Genèse 2:8; 12:8; 3:24; Job 23:8. Les fils de l'Orient, ou Orientaux, désignent assez ordinairement les bédouins du désert, Job 1:3; Ésaïe 11:14; Jérémie 49:28; Ézéchiel 25:4; 1 Chroniques 5:9; Juges 6:3, etc.; de là les montagnes d'Orient, Genèse 10:30; Nombres 23:7, peuvent signifier tantôt les montagnes de l'Arabie, tantôt celles de la Mésopotamie ou d'autres encore.
(Le
terme «Orient» signifie littéralement
«au soleil levant». Ce terme porte la notion
«d'être au devant» et dans certains cas
«d'être contre».)
— Le sens de ce mot est plus difficile à
expliquer, Ésaïe 2:6: «ils se sont remplis
d'Orient.» Le prophète se plaint des
superstitions idolâtres auxquelles se sont
adonnés les Juifs, et l'Orient se rapporte,
soit aux superstitions orientales en
général, soit plus particulièrement au culte
des astres venu de la Caldée, des Syriens et
des Babyloniens.
ORION,
— Voir: Astres.
Les Orientaux se le représentaient comme un
géant enchaîné, comme un fou qui aurait
voulu attaquer Dieu, et se serait fait
mettre les ceps aux pieds, cf. Proverbes
7:22. Les Perses ajoutent que ce géant était
Nimrod. Quelques rabbins traduisent par
Canopée l'hébreu K'sil, Job 38:31,
que nous rendons par Orion.
ORME,
Ésaïe 41:19; 60:13. C'est par
ce mot que nos versions traduisent l'hébreu
theashur; on peut voir à l'article
Buis, le sens que nous avons cru devoir lui
donner avec Winer, Hævernick, etc. Le
passage d'Ézéchiel, 27:6, dans lequel nos
versions, trompées par les mots bathashurim,
font intervenir la troupe des Assyriens,
doit, en conséquence de ce que nous avons
dit à l'article Buis, se traduire: «Ils ont
fait tes rames de chênes de Basan; ils ont
fait tes bancs (ou tes vergues, ta mâture)
d'ivoire incrusté dans le pin des îles de
Kittim.»
— L'ashurim rappelle le theashur,
avec une nuance qui se trouve, non seulement
dans le mot lui-même, mais surtout dans la
circonstance relevée par Hævernick, que
l'ashurim était un arbre étranger à la
Palestine, indigène et abondant dans l'île
de Chypre. La traduction de ce mot par pin
de Chypre, est appuyée par ce que dit
Théophraste dans son histoire des Plantes
(5:8), que les Syriens et les Phéniciens se
servaient de cèdre pour l'équipement de
leurs vaisseaux, parce qu'ils n'avaient pas
de pins, tandis que les habitants de Chypre
se servaient des pins qui croissent dans
leur île plus nombreux et meilleurs qu'en
terre ferme.
— Il n'est, du reste, pas question d'orme
dans la Bible.
ORNAN,
le même que Arauna, q.v.
OSÉE.
-
— Voir: Josué.
-
Dernier roi d'Israël,
— Voir: Hosée.
-
Le premier en rang des douze petits prophètes, et aussi l'un des trois plus anciens dans l'ordre chronologique. Quant à sa personne, tout ce que l'on en sait, c'est qu'il était fils d'un certain Bééri qui, du reste, est complètement inconnu. L'ingénieux rapprochement de ce nom avec celui de Bééra, Rubénite, 1 Chroniques 5:6, ne peut rien démontrer. On ignore même si Osée appartenait au royaume de Juda ou à celui des Dix tribus; les arguments pour ou contre ces deux hypothèses se contrebalancent à peu près, comme le font remarquer Winer et De Wette; cependant, l'opinion qui fait d'Osée un sujet du roi d'Israël, se justifierait plutôt par les considérations suivantes, développées par Hævernick (Einl. II, § 234). D'abord il est rare qu'un prophète de Juda ait été envoyé auprès des Dix tribus; les seuls exemples connus sont ceux de 1 Rois 13, Amos 7, et, dans ces deux cas, il y a, en quelque sorte, une justification, une explication de ce fait, ce qui n'a pas lieu pour Osée. Puis le langage de ses oracles, un peu rude et semé d'araméismes, semble indiquer que l'auteur appartenait aux districts septentrionaux de la Palestine. Enfin, la connaissance détaillée que le prophète possède des diverses localités du royaume schismatique, 5:1; 6:8-9; 12:12; 14:6., etc., et surtout certaines expressions, comme le pays, 1:2, notre roi, 7:5, ne s'expliquent guère que dans la bouche d'un natif du pays, d'un sujet de Jéroboam II.
Le temps auquel vécut Osée est indiqué dans le premier verset de son livre, qui sert de titre à tout le recueil. Il a prophétisé sous le règne des rois de Juda, Hozias, Jotham, Achaz et Ézéchias, et du roi d'Israël Jéroboam II. Les époques extrêmes de son ministère ont donc été Jéroboam qui mourut 784 avant J.-C., et Ézéchias qui monta sur le trône en 725, ce qui constitue une activité prophétique d'au moins soixante années; si l'on prend, au contraire, pour extrêmes l'avènement de Jéroboam et la mort d'Ézéchias, on atteint le chiffre de cent vingt-deux ans; mais il est clair que le premier est plus près de la vérité que le second. Sous ce rapport, Osée rappelle Jérémie et Daniel, qui commencèrent dès leur jeune âge, et poursuivirent, pendant leur longue carrière, leur laborieuse mission. Osée et Jérémie apparaissent comme les anges gardiens de leur patrie, se voilant la face parce que leurs paroles ne peuvent réveiller leurs compatriotes, ni les sauver de la destruction qui les menace.
Osée vivait pendant l'époque la plus sombre de la politique d'Israël. Avec Jéroboam, la maison de Jéhu se précipitait vers sa ruine. Des troubles intérieurs, des attaques du dehors sous Phul et Tiglath-Piléser, menaçaient l'indépendance et l'existence même du pays. Après la chute de la maison de Jéhu, sous Zacharie, quelques aventuriers heureux, Sallum, Manahem, Pékach, réussirent à s'emparer, les uns après les autres, du trône, mais sans pouvoir tenir les rênes de l'État, qui était réellement livré à l'anarchie sous l'apparence de la royauté. Au point de vue religieux, les Éphraïmites faisaient au prophète la position la plus difficile; s'ils eussent été complètement idolâtres, Osée eût pu directement s'élever en témoignage contre leur abandon du vrai Dieu; si, tout en se livrant aux désordres de la vie, de la chair et du péché, ils eussent conservé, pur et sans mélange, le culte de l'Éternel, le prophète eût pu en appeler de leurs œuvres à leur foi, et les convaincre de péché par leur propre profession; mais ils avaient adopté un mélange philosophique de judaïsme et de paganisme, un amalgame du culte de Bahal avec la religion de leurs pères, qui les relevait à leurs propres yeux, les endurcissait dans leur demi-erreur, et semblait leur permettre de croire que, pourvu qu'ils restassent attachés à l'Éternel, il n'était point nécessaire qu'ils renonçassent au culte de Bahal et des veaux de Dan et de Béthel. Dans la supposition la plus favorable, Osée ne pouvait leur apparaître que comme un enthousiaste, un fanatique bien intentionné.
— Les mœurs devaient naturellement se ressentir et de l'anarchie politique, et de l'apostasie religieuse. La puissance que le royaume avait un instant recouvrée sous Jéhu, n'avait servi qu'à frayer la voie à tous les vices: en s'enrichissant, le peuple s'était corrompu; avec le relâchement des liens civils, les autres liens s'étaient également relâchés; la religion n'avait plus d'influence sur les cœurs, parce que ceux qui l'avaient faite l'avaient, comme toujours, modelée sur les passions de la multitude, et façonnée au gré du grand nombre. La mesure était comble. De là le caractère particulier des oracles du prophète. S'il rappelle Amos en plusieurs passages (cf. Osée 4:15; Amos 5:5; Osée 5:5; 7:10; Amos 6:8; Osée 10:4; Amos 6:12; 5:7; Osée 8:14; Amos 2:5), c'est comme Ésaïe 2, rappelle Michée 4; comme 2 Pierre rappelle Jude; son individualité, son caractère ne disparaît pas sous ces rapprochements. Il ne vient pas tant pour consoler son peuple et lui ouvrir des perspectives de bonheur, que pour l'instruire, l'avertir et le censurer; car l'homme enflé de sa propre sagesse n'aspire pas vers des temps meilleurs; il faut surtout chercher à le convaincre de l'immoralité de ses actions, afin d'en déduire clairement son appauvrissement spirituel sur lequel il se fait illusion. C'est probablement avec Osée que commence la transition de la prophétie parlée, à la prophétie écrite, et l'on a tout lieu de croire qu'il est le premier qui ait rédigé et recueilli ses oracles. Tout chez lui semble indiquer non le commencement d'une ère nouvelle, mais la fin de l'ancienne. Il reste éminemment juif; sa mission se borne au royaume d'Éphraïm; ce n'est qu'en passant qu'il parle de celui de Juda, et, quant aux nations étrangères, il n'a rien pour elles, pas même des menaces. Des menaces seraient, en effet, déjà un avertissement, par conséquent une marque d'intérêt, et les prophètes postérieurs s'occupent des païens sous ce rapport; puis, après les menaces, viennent aussi peu à peu les promesses. La transition est à la fois naturelle, intelligible, et bien appropriée aux besoins et aux préjugés des Juifs. Mais les oracles relatifs aux Gentils ne pouvaient leur être adressés de vive voix; ils devaient être écrits. Osée, en écrivant ses prophéties pour les Juifs, prépare ainsi la voie à ceux qui écriront pour Tyr, l'Arabie, et les nations plus éloignées.
Il embrasse moins l'avenir que le présent, dont il fait un tableau varié, vivant, et remarquablement coloré. Son style lyrique est obscur et difficile, composé de phrases sentencieuses, courtes et saccadées, qui indiquent plutôt qu'elles n'expliquent la pensée du prophète. Il semble parler parfois en hiéroglyphes, et l'on se surprend souvent à désirer qu'il développe et coordonne les idées qu'il ne présente que détachées et comme voilées. Le recueil de ses prophéties se divise en deux parties principales: la première, chapitres 1-3, est en prose: elle date du commencement de son ministère, 1:2, et contient l'histoire de ses rapports avec deux femmes, dont l'une, Gomer, fille de Diblajim, fut son épouse légitime, et lui donna plusieurs fils; l'autre, femme d'une conduite irrégulière, conclut avec lui un marché par lequel elle consentait à habiter dans sa maison, mais sans aucun autre rapport que celui de la protection qu'Osée lui promettait. La signification symbolique de cette double relation devait rappeler aux Juifs, d'une manière frappante, les rapports de Dieu avec eux, et leur défection représentée souvent comme un adultère dans les oracles des prophètes. Un grand nombre d'auteurs, Calvin entre autres, scandalisés de l'interprétation littérale de ces premiers chapitres, ont voulu n'y voir qu'une simple parabole. Hengstenberg et Hævernick vont un peu plus loin, et pensent que ces faits ont dû se passer réellement, mais pas extérieurement, dans l'esprit et non dans la vie du prophète, qui raconte ici des expériences intimes, et les développe à l'usage du peuple. II serait trop long d'entrer ici dans la réfutation de ces systèmes allégoriques; nous renvoyons aux articles de Preiswerk dans le Morgenland (1841, p. 129 et suivant, 161 et suivant), et traduits en français sous le titre de: «Les douze petits prophètes», par la Société de Neuchâtel; nous nous bornerons à faire remarquer que si le fait lui-même était de toute autre nature, on n'aurait pas eu l'idée d'en nier la réalité; qu'il s'agit pour Osée d'un mariage réel; que Gomer peut aussi bien avoir été une femme idolâtre, païenne ou juive, qu'une femme débauchée; que, dans les rapports d'Osée avec la seconde femme, rien n'indique qu'il y ait eu commerce intime et illégitime; que les détails donnés par le prophète sur le nom de la première femme et de son père, le prix de la seconde, le sexe des enfants, seraient tout à fait oiseux si l'histoire, n'était qu'une allégorie; qu'enfin un ordre de Dieu enlève à une action quelconque tout caractère d'immoralité.
— Quant au sens de cette première partie, l'auteur a pour but de faire considérer les maux d'Israël comme un châtiment de son schisme et de son idolâtrie; il annonce la ruine de la maison de Jéhu et la chute des dix tribus, les compassions de Dieu pour le royaume de Juda, les jours heureux qui recommenceront à luire sur Israël dès qu'il sera revenu pour toujours à ses rois légitimes et à son Dieu.
La 2e partie du livre comprend les chapitres 4-14: le style en est poétique et lyrique, et semble préparer le langage prophétique. On peut dire d'une manière générale que ces onze chapitres appartiennent à la dernière moitié du ministère d'Osée, mais on n'en fixe pas l'époque; on ignore même s'ils appartiennent à divers temps, ou s'ils ont été rédigés par le prophète au même moment: dans ce dernier cas ils seraient postérieurs à la prise d'Arbélah par Salmanassar (10:14), qui eut lieu sous Hosée roi d'Israël, et en la sixième année d'Ézéchias, roi de Juda, c'est-à-dire en 719 (ce qui porte à soixante-cinq ans au moins la vie prophétique d'Osée). Le prophète développe ici ce qu'il a dit dans ses trois premiers chapitres; sa parole sévère ne s'adresse qu'au présent, et n'empiète qu'à peine sur les temps futurs: ce n'est qu'au dernier chapitre qu'il jette comme un regard furtif sur les jours du salut; alors il ne sera plus question de recourir aux puissances temporelles de l'Égypte et de l'Assyrie (14:3); l'idolâtrie aura pris fin, verset 8, Israël converti de cœur se réjouira en l'Éternel seul, 1,2,4. Osée n'en dit pas davantage sur ce sujet: il annonce des malheurs prochains, mais le moment n'est pas venu d'annoncer clairement les promesses; d'ailleurs qui les comprendrait? qui est celui qui est sage? C'est avec cette parole plaintive qu'il se retire de la scène prophétique, laissant à ses successeurs le bonheur de faire connaître à un peuple châtié et mieux préparé, les moyens de grâce que l'Éternel a en réserve pour ceux qui le craignent.
Plusieurs passages d'Osée sont rappelés dans le Nouveau Testament; ainsi Matthieu 2:15; 9:13; Luc 23:30; 1 Corinthiens 15:55; etc.: le prophète est nommé Romains 9:25-26.
OSNAPAR,
appelé le grand et glorieux Osnapar, Esdras 4:10, dans un rapport de la chancellerie perse. Il transporta des colons étrangers en Samarie, et dans les contrées voisines de l'Asie antérieure; toutefois on ne sait pas qui il était. Quelques-uns, dont Grotius, en comparant 2 Rois 17:24, ont cru qu'Osnapar était un nom ou surnom de Salmanassar; d'autres, comme Rosenmuller, l'ont pris pour Ésar-Haddon, Esdras 4:2. Mais il n'est pas appelé roi, et il est probable que ce n'était qu'un satrape assyrien, qui avait mérité par sa pacifique expédition le titre de grand et de glorieux; peut-être aussi (Gesenius) ces épithètes étaient-elles un des titres ordinaires des satrapes.
OURS,
animal assez commun en un grand
nombre de pays. On en distingue trois genres
ou espèces, suivant que la fourrure est
noire, brune ou blanche. Les ours noirs sont
doux de caractère, et ne mangent pas de
chair; les bruns et les blancs sont
sauvages, carnivores, et souvent dangereux.
Les bruns habitent seuls les contrées
méridionales (sauf peut-être quelques ours
blancs qu'on dit avoir été vus en Perse,
mais qui ne seraient alors que des individus
maladifs et exceptionnels, des albinos):
dans tous les temps ils ont été communs en
Arabie et en Palestine. Lorsqu'ils sont
irrités ou affamés, ils attaquent des
taureaux, des troupeaux entiers, et même des
hommes, 1 Samuel 17:34; 2 Rois 2:24: ils
deviennent furieux, les femelles surtout,
quand on leur enlève leurs petits, 2 Samuel
17:8; Proverbes 17:12; Osée 13:8: un ours à
jeun, quêtant sa proie, est pris pour
emblème de ce qu'il y a de plus terrible,
Proverbes 28:15. La voix de l'ours, dit
Buffon, est un grondement, un gros murmure,
souvent mêlé d'un frémissement de dents
qu'il fait surtout entendre lorsqu'on
l'irrite. Il faut qu'il y ait quelque chose
de plus que ce gros murmure, pour expliquer
le rugissement plaintif dont il est parlé
Ésaïe 59:11; Horace nous dit aussi, Epod. 16
(11), 51:
Nec vespertinus circum gémit ursus ovile.
et Ovide, Métam. 2, 485, rappelle son
gemitus assiduus.
On peut remarquer sur 1 Samuel 17:35, que la tête de l'ours étant
sa partie la plus faible, il est aisé,
pourvu qu'on ait force et courage, comme
l'avait David, de tuer cet animal d'un fort
coup de bâton appliqué sur cette partie.
— Ésaïe, 11:7, décrivant le paisible bonheur
du règne du Messie, dit qu'alors on verra le
bœuf et l'ours paître ensemble dans les
champs, et leurs petits vivre en paix dans
la même étable: Calmet ajoute que l'ours
désigne les païens, et le bœuf les Juifs!
— L'ours figure dans la description des
quatre grandes monarchies, Daniel 7:5, comme
représentant l'empire des Perses, et Cyrus
en particulier: et il est dit de la bête de
l'Apocalypse. 13:2, qu'elle avait les pieds
d'un ours.
OUTRE.
Les Juifs et les Orientaux en
général, ne se servaient pas comme nous de
bouteilles de verre, ou de vaisseaux de
bois, pour le transport ou la conservation
des liquides, mais de sacs de cuir ou de
peau désignés dans nos versions, tantôt sous
les noms de bouteilles, vases ou vaisseaux,
tantôt sous leur nom véritable d'outrés,
Genèse 21:14; Josué 9:4,13; Juges 4:19; 1
Samuel 16:20; 25:18; Matthieu 9:17; cf. Marc
2:22; Luc 5:37. Les outres étaient faites
tantôt avec des peaux de bœufs (les gerba
des Arabes sont, au rapport de Bruce, les
plus grandes qui existent; elles contiennent
250 litres), tantôt avec des peaux d'ânes ou
de chameaux, le plus ordinairement avec des
peaux de boucs; ces dernières sont petites
et servent pour les usages domestiques:
quand la peau est préparée, on la coud
solidement à la place qu'occupaient les
jambes de l'animal, et le cou sert
d'ouverture. Quelquefois elles sont enduite
de poix à l'intérieur, d'autres fois elles
sont ointes de graisse au dehors, soit pour
empêcher l'eau de suinter au travers, soit
pour l'empêcher de s'évaporer par l'effet de
la chaleur du soleil. Les outres sont
indispensables aux voyageurs du désert;
encore faut-il qu'ils aient bien soin de les
remplir ou d'en renouveler l'eau à chaque
source qu'ils rencontrent. Le passage
Psaumes 119:83, marque la fidélité du
psalmiste au milieu des épreuves les plus
desséchantes; «comme une outre exposée à la
fumée se rétrécit et se ride, de même mon
corps est tout consumé par les chagrins;
mais je ne t'ai point oublié, et je
chercherai du secours là où je suis sûr d'en
trouver.»
— Élihu se compare, Job 32:19, à une outre
de vin toute neuve, mais près d'éclater à
cause de la fermentation du liquide privé
d'air. Bien que le cuir ait jusqu'à un
certain point la propriété de s'étendre, il
se rompt lorsque la pression devient trop
forte; le Dr Walsh, dans le récit de son
voyage sur les côtes de la Grèce, raconte
qu'une outre avait éclaté par suite de la
fermentation du vin nouveau, et parce qu'on
avait oublié de la laisser ouverte: à cela
se rapportent ces paroles de notre Sauveur,
Luc 5:38, sur la nécessité de mettre le vin
nouveau dans des vaisseaux neufs,
c'est-à-dire d'avoir un cœur nouveau pour
saisir la nouvelle doctrine. Lorsque David
s'écrie Psaumes 56:8: «Mets mes larmes dans
tes vaisseaux», il veut dire, «qu'elles
soient continuellement devant toi, daigne en
conserver le souvenir», faisant allusion
peut-être à une coutume qui se retrouvait
chez les Romains, et qui existe encore de
nos jours en Perse, celle de remplir de
larmes de petites urnes ou bouteilles, de
différentes formes et couleurs, et de les
placer sur des tombeaux comme signe
d'affliction.
Les Persans ajoutent que ces larmes ont le
pouvoir de guérir des maladies pour
lesquelles tous les autres remèdes sont
inutiles.
— On se servait quelquefois d'outrés, ou de
vessies remplies d'air, pour faciliter la
traversée des fleuves, ou la navigation de
canots qui en étaient entourés, mais on ne
trouve aucune trace de cet usage dans la
Bible, et l'allusion qu'on a voulu y voir
dans Job 9:26, est non seulement forcée,
mais contraire aux termes mêmes de ce
passage.