Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-B
septembre 3, 2010
B
BABEL
(confusion), Genèse 11. Un
siècle environ après le déluge, au temps de
Péleg, les hommes qui composaient la famille
humaine s'étant insensiblement éloignés du
mont Ararat, arrivèrent dans les plaines de
Sinhar. Plusieurs des descendants de Cam
voulant, à ce qu'il paraît, échapper aux
menaces divines dirigées surtout contre
Canaan, cherchèrent à se procurer un
ascendant sur les autres membres de la
famille. Abandonnant, en conséquence, la
droite voie, et refusant de se conformer aux
pieux conseils de leur aïeul, qui leur avait
recommandé un attachement sincère au vrai
Dieu, ils se mirent à construire une ville
avec une tour énorme. Leur vrai motif était
l'orgueil, l'ambition, le désir de régner;
le moyen par lequel ils espéraient parvenir
à ce résultat était la concentration de
l'humanité dans un même système politique et
hiérarchique, moyen infaillible pour
éteindre à jamais la lumière divine, et pour
étouffer tout développement de l'Église du
Seigneur. En général on peut dire que c'est
dans la famille de Cam que le gouvernement
patriarcal a le premier et le plus
anciennement été remplacé par une
organisation politique sociale et
monarchique; voyez les Égyptiens, les
Indous, les Chinois.
On suppose que c'est Nimrod qui conçut le
premier l'idée de cette entreprise. Comme
ils ne connaissaient pas de carrières dans
le sol fertile où ils s'étaient établis, ils
cuisirent des briques, et se servirent de
bitume en guise de mortier. La tradition
porte que, pendant trois ans, ils ne firent
autre chose que de préparer leurs matériaux;
et déjà, depuis vingt-deux ans, ils
s'occupaient de l'œuvre de leur
construction, lorsque l'Éternel, qui ne
voulait pas cette agglomération du genre
humain sur un seul point de la terre, et qui
voyait les sentiments d'orgueil, d'impiété,
de stupidité qui présidaient à l'érection de
cette tour gigantesque, interrompit les
travaux brusquement, et, par sa
toute-puissance, fit échouer le premier
essai d'une monarchie universelle, qui ne
réussira jamais que sous l'économie
spirituelle du Sauveur du monde. La
dispersion des peuples et la confusion des
langues furent le moyen dont Dieu se servit
pour dissiper le conseil des méchants; mais
l'on se demande si cette confusion des
langues fut elle-même la conséquence
naturelle de la dispersion des chefs, ou si,
miraculeuse et subite, ce fut elle qui
obligea les travailleurs à se séparer. Les
rationalistes et quelques docteurs, même
orthodoxes, ont admis la première hypothèse;
mais il faut avouer que le texte biblique
favorise davantage la seconde. Quoi qu'il en
soit, il paraît que ceux dont l'esprit et la
langue étaient le plus troublés
s'éloignèrent davantage de la Mésopotamie,
et l'on peut croire que ceux qui demeurèrent
sur l'emplacement après la confusion sont
aussi ceux dont la langue a conservé le plus
de rapports avec la langue primitive. La
famille de Sem n'ayant pas pris part au
péché des Camites, n'aura pas non plus
partagé leur châtiment; et c'est chez eux,
dans les langues sémitiques, et surtout dans
celle du pieux Héber (l'hébreu), que nous
trouverons la langue dont doivent s'être
servis les hommes depuis la création jusqu'à
Babel. (Le mot tour
ou MIGDAL en Hébreu porte aussi la notion
d'une Pyramide, ce qui entre pleinement dans
le contexte historique des anciennes
nations, particulièrement dans la période de
l'ancienne Babylone et l'Égypte. Alexandre
Hislop, dans son livre remarquable «Les Deux
Babylones», nous indique qu'elle a été
construite par Cush, le faux prophète, et
son fils Nemrod, le Rebel et Grand Souverain
des nations de cette période. Il est
intéressant de remarquer que le nom Cush en
Chaldéen signifie chaos et que traduit en
Égyptien ce nom devient Chéop, ce qui nous
indique fortement que la Pyramide de Chéop
serait nulle autre que l'ancienne tour de
Babel. Ceci nous indique aussi qu'il y a une
différence entre les noms Babel et Babylone,
les deux ne seraient pas nécessairement
identique. Babel était située dans le pays
de Shinear (Gen. 11:2,3) et Hislop nous dit
que «Shinear» signifie «terre régénérée». Il
ajoute que l'ancienne Égypte, fondée par
Mitsraïm, frère de Cush, était à ce temps un
vaste marais et qu'il détourna les eaux du
Nil en construisant des digues pour faire
sécher les terres d'où son nom Mitsraïm qui
signifie «constructeur de digues». De ce
fait le sol du pays de Mitsraïm ou Égypte
devint très fertile, sa terre fut ainsi
régénérée. Les anciens Égyptiens
pratiquaient un culte de régénération qui
fut associé à ce fait, déifiant le soleil
qui assécha les terres. Cet ancien culte du
soleil avait deux aspects, un externe qui se
rapportait aux symboles physiques, et
l'autre interne qui se rapportait au culte
de l'intelligence, ce dernier étant encore
en vigueur de nos jours à tous les niveaux
de la société, particulièrement dans les
nations dites démon-cratiques. Les Saintes-Écritures
nous indiquent clairement que la région de
l'ancienne Égypte et ses environs étaient
sous le domaine de la famille de Cham, fils
de Noé, et que ces gens étaient de race
noire. Nous sommes loin de la tour
traditionnelle et du pays de Babylone. Une
traduction étymologique de Gen. 10:6-10 nous
éclaire davantage:
6 Et les fils de Cham, sont Cush, Mitsraïm (Égypte), Put et Canaan.
7 Et les fils de Cush, Seba, Havila, Sabta, Raema et Sabteca. Et les fils de Raema, Sheba et Dedan.
8 Et Cush (Chaos, Cheops) engendra Nimrod (le Rebelle), qui commença à être le grand Souverain de la terre.
9 Il fut un puissant agresseur contre YEHOVAH. C'est pour cela qu'on dit: Comme Nimrod, puissant agresseur contre YEHOVAH.
10 Et le commencement de son royaume fut Babel, Érec, Accad et Calné, dans le pays de la régénération (Shinear).
Concernant la confusion des langues, nous avons l'indice dans les Deux Babylones d'Alexandre Hislop, qu'il s'agit d'une catastrophe apocalyptique dans laquelle le Continent Terre, car en ce temps la Terre fut d'un seul Continent, fut fragmenté violemment pour forme les cinq continents que nous connaissons de nos jours. Encore ici l'étymologie vient à notre secours dans les passages suivant de Gen. 10:25; 11:7,8:
10:25 Et à Héber il naquit deux fils: le nom de l'un est Péleg (fragmenter), car en son temps le Continent fut fragmenté; et le nom de son frère, Jockthan.
11:7 Allons, descendons, et débordons leur rive, en sorte qu'ils ne comprennent plus le langage l'un de l'autre.
11:8
Et YEHOVAH fracassa en fragments toute
la face du Continent, et ils cessèrent
d'étendre leur empire.
Il est ainsi
légitime de penser que la confusion des
langues fut occasionnée par la séparation
des continents, la relation entre les
pyramides du Mexique et de l'Égypte en est
une indication. D'ailleurs le Popol Vuh ou
Bible des Mayas indique que ce peuple vint
d'Égypte et se rendit dans les terres du
Mexique à pied, démontrant que les Amériques
étaient encore reliés à l'Afrique d'une
certaine façon avant la catastrophe qui
transforma toute la géographie de la Terre.
Ce fut en ce temps que l'ancien Continent
d'Atlantide des Caphtorims «île en forme de
couronne» (Gen. 10:14) fut submergé sous les
eaux.)
Le même Dieu qui, dans cette occasion,
multiplia les langues pour séparer les
pécheurs et les empêcher de s'entendre, est
venu plus tard, aux jours de la Pentecôte,
rendre toutes les langues communes à ceux
qui avaient reçu le Saint-Esprit, afin de
recueillir le peuple de ses fidèles.
BABYLONE, ou Babel,
capitale de la Caldée. On la
comptait au nombre des sept merveilles du
monde, et l'Écriture l'appelle la cité d'or,
la gloire des royaumes, la reine des
royaumes, la beauté de l'excellence des
Caldéens, le marteau de toute la terre, la
hache de bataille qui brise en pièce les
nations, Ésaïe 13:49; 14:4; Jérémie 50:23,
etc. Les historiens profanes ne sont pas
moins positifs dans ce qu'ils nous racontent
de cette ville; si Hérodote, Xénophon,
Strabon, Pline, Diodore de Sicile et
Quinte-Curce ne sont pas entièrement
d'accord sur les détails, c'est que leurs
descriptions se rapportent à des époques
différentes: mais ils s'accordent tous sur
son étonnante magnificence, qu'atteste
encore aujourd'hui l'immense étendue de ses
ruines. Le témoignage d'Hérodote, en
particulier, nous est d'autant plus précieux
qu'il visita lui-même Babylone, un siècle à
peu près après la mort de Belsatsar, et
qu'il ne rapporte que ce qu'il a vu de ses
yeux et bien examiné.
Située dans une vaste plaine, Babylone
formait un carré parfait dont chaque côté
avait une étendue de 10 kilomètres; d'autres
disent 25. Le mur dont elle était entourée
avait environ 126 mètres d'élévation sur 32
d'épaisseur; il était surmonté de 250 tours
(d'autres disent 316), construites, aussi
bien que la muraille, en grandes briques
cimentées avec du bitume. Entre le mur et la
ville était un large fossé plein d'eau, dont
les berges étaient également revêtues de
briques; c'est de là qu'on avait extrait
toute la terre qu'on avait, dû cuire pour la
construction des murailles, en sorte que ce
canal devait être assez large et assez
profond. Entre les maisons et la muraille,
il y avait un espace de 80 mètres environ.
Cent portes d'airain massif, vingt-cinq de
chaque côté, s'ouvraient sur la campagne; du
nord au sud vingt-cinq rues, d'orient en
occident vingt-cinq rues, larges de 54
mètres et longues de 8 kilomètres,
traversaient la ville dans toutes les
directions, et la partageait en 629 espèces
d'îles carrées, dont l'intérieur était
destiné aux jardins et dépendances.
L'Euphrate, qui traversait la ville du nord
au sud, était également resserrée entre des
murailles aussi hautes que celles mêmes de
la ville; d'immenses escaliers, fermés par
des portes d'airain, permettaient de
descendre jusqu'au fleuve. Les quais étaient
magnifiques; leur plus bel ornement
consistait dans les jardins suspendus,
établis sur des terrasses voûtées qui
s'élevaient jusqu'au niveau des murailles,
immenses parterres du sein desquels on
voyait s'élancer des arbres de la plus haute
dimension; puis, sur la plate-forme la plus
élevée, un vaste réservoir dans lequel le
jeu d'une puissante machine hydraulique
amenait les eaux de l'Euphrate.
— On y remarquait encore le temple de Bélus
(Bel, ou Bahal), le palais de Nébucadnetsar,
qu'environnait un triple mur de 10
kilomètres de tour, d'autres disent qu'il
avait deux lieues et demie de longueur;
enfin le fameux tunnel construit en
briques et en bitume sous l'Euphrate,
galerie qui servait à lier les deux moitiés
de la ville, et qui était un objet de luxe
et de magnificence, plutôt qu'il n'avait une
utilité réelle, vu les ponts nombreux qui
facilitaient toutes les communications
au-delà du fleuve.
Le temple consacré au dieu Bel était une
tour colossale, composée de huit tours,
s'élevant les unes au-dessus des autres, en
diminuant de grandeur. Celle qui servait de
base formait un carré régulier dont chaque
côté avait 216 mètres de long: l'ensemble
offrait l'aspect d'une pyramide grandiose;
on y montait du dehors par un chemin en
spirale. Au sommet du temple était une
chambre ou chapelle sans images, où il n'y
avait pour tout meuble qu'une table et un
lit; une prêtresse y passait la nuit,
parfois même on y faisait des observations
astronomiques. À l'étage inférieur de la
tour était une autre chambre ou chapelle,
mais plus vaste et mieux décorée; l'image de
Bel s'y trouvait en or, derrière une table
d'or. Heeren, d'accord avec les traditions
arabes et juives, pense que cette tour est
l'ancien édifice construit par Nimrod. Des
huit étages trois se sont conservés jusqu'à
présent; les matériaux dont ils sont
construits sont les mêmes que ceux qui sont
indiqués Genèse 11, et la qualité des
décombres est de beaucoup supérieure aux
autres restes d'architecture que l'on trouve
au même endroit, de même que la solidité et
le grandiose de cette composition
gigantesque. Toutefois il paraît peu
probable que les habitants de cette contrée
aient essayé de reconstruire un temple de
Bel au même endroit et sur les ruines de
l'orgueilleuse tour, dont la tradition
portait qu'elle avait été renversée par Dieu
lui-même. Le professeur Schubert qui, dans
son voyage en Orient, incline à croire que
la tour de Babel est effectivement celle qui
porte encore le nom de Birs-Nimrod, à 12 ou
15 kilomètres ouest de l'Euphrate, pense
qu'il faut voir le temple de Bel dans une
ruine située sur la rive orientale, et qui
s'appelle maintenant la colline d'Amran.
Le Birs-Nimrod présente dans la partie qui
est encore debout, des caractères qui
semblent devoir remonter immédiatement à
l'époque de la tour de Babel, et qui
excluent par là même la supposition qu'on
ait essayé de construire un autre édifice en
cet emplacement: ce sont d'énormes fragments
de constructions en briques, qui ont été
complètement fondus et vitrifiés; ils
sonnent comme du verre; et pour que la
brique ait pu devenir sonore à un degré
pareil, il faut qu'elle ait été exposée à
une chaleur égale à celle de la plus ardente
fournaise. Le feu du ciel a pu produire ce
résultat, et l'on pourrait voir dans le
passage Genèse 11:5 (l'Éternel descendit)
l'intervention sublime d'un Dieu qui
s'avance entouré des éléments, des flammes
de feu ses ministres, qui doivent le venger.
L'historien Flavius Josèphe nous a conservé,
à cet égard, une vieille tradition qui dit
positivement que la dispersion des hommes et
la confusion des langues a été accompagnée
d'orages effrayants, et de grands
bouleversements dans la nature.
Bélus, le premier homme qui ait porté le
titre de roi de Babylone, et qu'on estime
avoir été contemporain de Samgar, juge
d'Israël, Bélus et Sémiramis agrandirent
considérablement la ville de Babylone, et
l'embellirent; mais ce fut surtout
Nébucadnetsar, seul, ou de concert avec sa
belle-fille Nitocris, qui y mit la dernière
main, et qui en fit une des merveilles du
monde. C'était alors le beau temps pour le
prince de ce siècle et pour les puissances
de l'air; la grande cité, l'orgueil du
monde, était le jouet de Satan, qui se
faisait adorer sous les figures différentes
de Bel, de Nébo, de Nergal, de Mérodach, de
Succoth-Bénoth, etc., tour à tour, et tout à
la fois, séduisant les Babyloniens par la
crédulité et par l'incrédulité, par
l'idolâtrie, par la superstition, par les
plaisirs de la chair. Ils adoraient le feu,
et s'estimaient très habiles dans
l'astrologie, la magie, et l'art de la
divination, Daniel 2:2; 4:7; 5:7; Ésaïe
47:12. C'est de chez eux que cette prétendue
science s'introduisit dans le pays de
Canaan, Ésaïe 2:6, et peut-être même en
Égypte.
Puis Cyrus vint, et Babylone fut prise, 538
ans avant J.-C. Plus tard Xercès pilla le
temple et le détruisit. Alexandre le Grand,
qui voulut le rétablir, 320 ans avant J.-C.,
employa dix mille soldats à en déblayer les
ruines; mais il mourut au milieu de ses
débauches sans avoir achevé ses travaux.
Enfin Séleucus, un de ses successeurs,
voulant s'illustrer, fonda, près de
Babylone, une ville qui devait s'appeler
Séleucie d'après son nom; pour la peupler,
il força cinq cent mille Babyloniens à se
transporter dans sa nouvelle capitale. C'est
alors que fut consommée la ruine définitive
de cette cité.
— Voir: Ésaïe 13:19-22; Jérémie, 51,
etc.,
— Voir: Pierre h.
Nous parlerons, à l'article Caldée, de la
religion des habitants de la contrée dont
Babylone était la capitale. Les prophéties
annonçant la chute complète et la
dévastation d'une des merveilles du monde
qui semblait devoir durer toujours, se sont
réalisées d'une manière étonnante; les
voyageurs les plus incrédules ne peuvent,
lorsqu'ils ont visité ces ruines fameuses,
employer, dans leurs descriptions, d'autres
mots ni d'autres phrases que celles mêmes
des prophètes,
— Voir: Keith, Accompliss, des
Proph..
Le roi de Sésac dont il est parlé,
Jérémie 25:26, ne saurait être autre que
celui de Babel ou Babylone, cf. 51:41; mais
l'explication étymologique de ce mot a
longtemps embarrassé les interprètes.
L'opinion la plus probable est celle de
saint Jérôme qui pense que, de peur
d'offenser les Caldéens, le prophète aura
formé ce nom mystérieux du nom même de la
ville de Babel, en comptant les lettres
depuis la fin de l'alphabet au lieu de les
prendre depuis le commencement (les voyelles
ne comptent pas); ainsi les deux B de Babel
auront été remplacés par l'avant-dernière
lettre S, et la onzième depuis le
commencement, L, aura été remplacée par la
onzième depuis la fin, K; Bbl aura fait Ssk,
Sésak. Pour d'autres explications,
— Voir: Dahler, Commentaires sur
Jérémie, sect. 18, t. II, p. 201, 202.
BABYLONIE,
province d'Asie, bien connue,
dont Babylone était la capitale, mais qui ne
doit pas être confondue avec la terre des
Caldéens Jérémie 24:5; 25:12; Ézéchiel
12:13. (Cette dernière, d'après Ptolémée, 5,
20, ne comprenait que la partie méridionale
de la Babylonie, tandis que la province
entière portait le nom de Sinhar.) Elle
était bornée au nord par la Mésopotamie, à
l'orient par le Tigre, au midi par le golfe
Persique, à l'ouest par le désert de
l'Arabie. Son territoire, situé sous un ciel
pur et salubre, n'était parcouru par aucune
montagne un peu haute. La fertilité du sol
était fabuleuse et dépassait tous les
prodiges de l'Égypte et du Nil; Pline,
Hérodote et Strabon en racontent des
merveilles; Hérodote même commence par dire
qu'il n'ose en parler parce qu'on ne le
croira pas, et qu'il faut avoir vu les
phénomènes de cette terre pour y croire; il
ajoute qu'elle ne rapporte jamais moins de
200 pour 1; et Strabon assure que la récolte
atteint souvent le chiffre de 300 pour 1,
sans parler de la grosseur extraordinaire
des grains. C'était surtout en blé et en
palmiers, que la Babylonie était riche; on y
trouvait peu de dicotylédones, et les arbres
de nos climats, notamment le bois de
construction, y étaient rares. Cette
exubérante fertilité provenait d'abord de la
bonté du sol et du climat, puis des
irrigations produites par les crues
annuelles du Tigre et de l'Euphrate,
irrigations que les habitants avaient
régularisées à grands frais, et mises à
profit au moyen d'écluses et de canaux, dont
un grand nombre étaient même navigables, et
qui s'étendaient sur toute la surface du
pays.
Les Babyloniens étaient célèbres par leur
habileté dans les arts, par la perfection de
leurs tapis et autres objets de luxe. Ils
avaient accaparé une grande partie du
commerce de l'Asie, et leur réputation comme
marchands et négociants était universelle,
Ézéchiel 17:4. Tandis qu'ils remplissaient
par terre toutes les routes un peu
fréquentées des caravanes, Ésaïe 43:14, nous
les montre faisant aussi le commerce des
mers, mais à ce qu'il paraît avec des
vaisseaux étrangers, surtout phéniciens.
Leurs richesses devinrent immenses et ne
furent surpassées que par leurs vices et
leurs débordements de tous genres.
Le christianisme s'y introduisit de bonne
heure, essentiellement, à ce qu'il paraît,
au milieu des familles juives dispersées qui
s'y trouvaient depuis la captivité, et dont
les ancêtres n'avaient pas voulu jouir du
privilège qui leur était accordé de pouvoir
rentrer dans leur patrie,
— Voir: 1 Pierre 5,13; cf. Psaumes
87:4.
L'apôtre Pierre écrivit de Babylone la
première de ses épîtres, et peut-être aussi
la seconde. Ce fut aussi là que les Juifs
comptèrent leurs plus fameuses synagogues
depuis la dernière destruction de Jérusalem;
et c'est d'elles que sortit cette vaste
compilation rabbinique connue sous le nom de
Talmud.
BACA,
nom d'une vallée qui se
trouvait sur le chemin de Jérusalem. Ce mot
signifie mûrier; il signifie aussi les
pleurs, et c'est à cette dernière étymologie
qu'il est fait allusion Psaumes 84:6.
«Passant dans la vallée de Baca, ils la
réduisent en fontaines (de réjouissances).»
Il est possible que cette vallée fût la même
que celle de Réphaïm.
— Voir: ce mot.
BAGUE.
Les Orientaux d'autrefois,
comme ceux d'aujourd'hui, aimaient à se
parer d'un grand nombre de bagues. Les
hommes n'en portaient généralement qu'aux
doigts; ces anneaux renfermaient en même
temps leur cachet. Les femmes, en revanche,
et les enfants des deux sexes, en portaient
à profusion, aux doigts, au nez, aux
oreilles, aux bras et aux pieds,
— Voir: articles Boucles, et Cachet.
BAHAL,
(seigneur ou mari.) Ce fut
peut-être dans les premiers temps le nom
qu'on donnait au vrai Dieu. Du moins est-il
sûr que c'était le nom générique de tous les
faux dieux de l'Orient, comme Hastaroth
était celui de leurs déesses. Les Moabites,
les Phéniciens, les Assyriens, les Caldéens
et souvent les Hébreux, eurent leur Bahal,
qui, suivant les circonstances, s'appelait
Bahal-Bérith, Bahal-Péhor, Bahal-Zébub, etc.
De là aussi la terminaison Bal qui
caractérise beaucoup de noms d'origine
phénicienne, tels que Annibal, Abibal,
Asdrubal, Adherbal; etc.;
— Voir: encore Eth-Bahal, 1 Rois
16:31.
Ce mot de Banal entrait souvent dans la
composition des noms de personnes ou de
villes, et alors les Hébreux pieux le
changeaient en béseth ou boseth
qui signifie honte. Ainsi de
Jérubbahal ils avaient fait Jérubbéseth,
Juges 6:32; 2 Samuel 11:21; d'Esbahal
Is-Boseth, et de Merib-Bahal, Méphiboseth, 1
Chroniques 8:33-34; 2 Samuel 2:12; 9:6.
— Banal est quelquefois féminin (p. ex.
Romains 11:4; dans le grec), de même que
Hastaroth sert parfois à désigner un dieu.
D'autres fois on lit Bahalim, pluriel de
Bahal, soit parce qu'il y avait plusieurs
divinités de ce nom, soit seulement parce
qu'on le représentait sous diverses images.
Le culte de Bahal et de son épouse Hastaroth
était accompagné de toutes sortes
d'abominations. On entretenait toujours un
feu allumé dans leurs temples, et on leur
élevait des autels dans les bocages, sur les
lieux élevés, et même sur les toits des
maisons. Jérémie 32:29; 2 Rois 17:16;
23:4-13; Juges 2:13.
Si ce fut Nimrod, ou Bélus, ou Hercule le
Tyrien, qui le premier reçut les honneurs
divins, c'est ce qu'on ne peut établir
positivement; mais il paraît constaté que
les Phéniciens adoraient sous ce nom le
soleil, et la lune sous celui de Hastaroth.
Les Moabites commencèrent avant le temps de
Moïse à rendre un culte à Bahal, et les
Hébreux s'y livrèrent déjà du temps de ce
législateur et prophète, Nombres 22:41;
Psaumes 106:28; ils retombèrent dans cette
idolâtrie après la mort de Josué et sous les
juges Ehud, Gédéon et Jephthé, Juges 2:13;
3:7; 6:25; 10:6. Samuel paraît l'avoir
entièrement fait disparaître pendant le
temps de son administration, mais deux cents
ans plus tard, Achab et Jézabel la
réintroduisirent avec toutes ses
abominations: quatre cent cinquante prêtres
furent consacrés à Bahal, et presque autant
à Hastaroth. Couverts de honte par Élie sur
le mont Carmel, et l'impuissance de leurs
dieux ayant été démontrée, ils furent saisis
et mis à mort par l'ordre du prophète.
Joram, fils d'Achab, n'adora pas Bahal sans
doute, mais le peuple continua de demeurer
dans l'idolâtrie. Après sa mort, Jéhu,
feignant une grande vénération pour l'idole,
convoqua devant ses autels tous les prêtres
de mensonge dévoués au culte de Bahal, et il
les fit passer tous au fil de l'épée. Peu de
temps après, le souverain sacrificateur
Jéhojada, tuteur de Joas, supprima le culte
de Bahal dans le royaume de Juda, mais Achaz
et Manassé l'y restaurèrent. Josias l'abolit
de nouveau, et de nouveau ses fils le
rétablirent dans toute sa force, 1 Rois
16:31; 18:18; 2 Rois 10:21; Jérémie 19:5.
BAHALA et Bahalé,
— Voir: Kiriath-Jéharim.
BAHALATH,
— Voir: Bahah-Gad.
BAHAL-BÉRITH,
nom de l'idole qu'on adorait à Sichem, et dont les Israélites firent leur dieu après la mort de Gédéon, Juges 8:33. Peut-être était-ce la Bérith ou Bore des Phéniciens, fille de leur Vénus et d'Adonis, ou seulement Bahal envisagé comme garant des alliances (Bérith, alliance); ce serait alors le Orkios des Grecs et le Jupiter Sponsor, ou Fidius-Ultor des Romains.
BAHAL-GAD,
ville située au pied nord-ouest
du mont Hermon, dans la vallée du Liban, à
l'extrême frontière nord-est de la terre
promise; peut-être aussi le nom d'une des
sommités de l'Hermon, Josué 11:17; 12:7;
13:5. Elle possédait un temple dédié au
soleil ou à Bahal, dont la célébrité remonte
à des temps très anciens: de là son nom grec
d'Héliopolis, ses noms hébreux de
Beth-Sémès, Josué 19:38; Juges 1:33, de
Baal-Hammon, Cantique 8:11, de
Bahalath, 1 Rois 9:18, si toutefois ces
divers noms désignent bien la même ville
dont les ruines étonnent encore les
voyageurs par leurs proportions
gigantesques.
— Quelques-uns comparant 1 Rois 9:18; 2
Chroniques 8:6, et Josué 19:14, pensent
qu'il faut chercher le Bahalath que fortifia
Salomon, dans le voisinage de Guézer et de
Beth-Horon, par conséquent dans la tribu de
Dan: ces trois villes auraient été bâties et
fortifiées pour prévenir une irruption des
Égyptiens; mais dans 1 Rois 9:17-18, on voit
au contraire que Guézer et Beth-Horon sont
liées l'une à l'autre, tandis que Bahalath
paraît l'être davantage à Tadmor (Palmyre).
Le nom moderne de Bahalath est Baalbeck, si,
comme nous le pensons, on doit la chercher
sur les frontières de la Syrie; là, dans un
petit village à peine habité maintenant,
l'on trouve comme monuments d'une grandeur
passée, les ruines du temple du Soleil, les
blocs les plus lourds qui aient été jamais
remués par la main des hommes, des blocs de
23 mètres de longueur, larges de 4 et épais
d'autant, présentant ainsi des masses de
plus de 350 mètres cubes; et cette ville,
ajoute Bræm, est à peine mentionnée dans
l'histoire! Elle sert aujourd'hui de
capitale aux Moutoualis, montagnards
farouches et pillards qui rôdent aux
environs.
BAHAL-HANAN
(grâce de Bahal), fils de Hacbor, septième roi des Édomites. Son nom donnerait lieu de croire que le culte de Bahal avait alors prévalu chez les descendants d'Ésaü, comme chez ceux de Canaan. Genèse 36:38.
BAHAL-HATSOR,
ville près d'Éphraïm, à 15 kilomètres environ nord-est de Jérusalem, entre Béthel et Jérico. Il y en a qui croient que c'est Hatsor de la tribu de Juda, Josué 15:25. Mais alors il faudrait la placer plus au midi. C'est là qu'Absalon lit le festin qu'il ensanglanta par le meurtre de son frère Amnon. 2 Samuel 13:23.
BAHAL-HERMON,
Juges 3:3; 1 Chroniques 5:23. Une partie du mont Hermon; peut-être la même que Bahal-Gad.
BAHALIS,
roi des Hammonites, qui envoya Ismaël, fils de Néthania, pour assassiner Guédalia, commissaire de Nébucadnetsar auprès des Juifs restés en Canaan, Jérémie 40:14. Cette mission ne pouvait avoir d'autre motif que la haine enracinée des Hammonites contre les Juifs, et l'espoir de profiter ensuite des troubles qui résulteraient de la mort du gouverneur: aussi paraît-il bien que les Juifs regardèrent la mort de Guédalia comme une calamité publique. Ismaël, de son côté, se prêta de fort bonne grâce à la mission de meurtre dont il était chargé, poussé par la jalousie, parce qu'étant de sang royal, il n'avait pas été nommé gouverneur.
BAHAL-MÉHON,
Nombres 32:38, Beth-Bahal-Méhon, Josué 13:47, Beth-Méhon, Jérémie 48:23, Béhon, Nombres 32:3. Probablement ce n'était qu'une même ville avec différents noms; elle appartenait à la tribu de Ruben. Les Hébreux l'enlevèrent à Sihon, qui l'avait peut-être conquise lui-même sur les Moabites: ceux-ci la reprirent, mais elle fut plus tard détruite par les Caldéens, cf. Ézéchiel 25:9. Il paraît cependant qu'elle fut rebâtie de nouveau, et qu'elle existait sous les Maccabées.
BAHAL-PÉHOR,
Nombres 25:3. Idole des Moabites et des Madianites; quelques-uns pensent que c'était le Mitsraïm, ou l'Osiris des Égyptiens, ou le Priape des Grecs: elle s'appelait Péhor du lieu où était son temple, comme Jupiter fut appelé Olympien, du mont où il était adoré. Ce lieu a pris ensuite le nom de Bahal-Péhor, et plus tard nous le retrouvons aussi sous celui de Beth-Péhor, Deutéronome 4:46. Le changement de Bahal en Beth se retrouve également dans quelques-uns des noms qui suivent.
BAHAL-PÉRATSIM,
endroit qui se trouvait dans la vallée des Réphaïm, où David mit en déroute les Philistins, 2 Samuel 5:20; 1 Chroniques 14:11, cf. Ésaïe 28:24. Il pouvait être à 5 kilomètres sud-ouest de Jérusalem.
BAHALSALISA,
2 Rois 4:42, ville ou village de la Palestine, probablement dans le pays de Salisa, 1 Samuel 9:4, mais du reste, inconnu. Eusèbe et Jérôme font mention d'un Beth-Salisa, ville à 25 ou 26 kilomètres au nord de Diospolis: ce pourrait bien être la même.
BAHAL-THAMAR
(Baal des palmiers), Juges 20:33, lieu près de Guibha. Peut-être que les Cananéens y adoraient Bahal dans un bocage planté de palmiers. C'est là que la tribu de Benjamin fut presque entièrement détruite par les autres tribus, à cause du crime des Benjamites contre la femme d'un lévite d'Éphraïm.
BAHAL-TSÉPHON
(Bahal du Nord), Exode 14:2; Nombres 33:7. Était-ce une idole placée à l'extrémité nord de la mer Rouge, comme pour garder l'entrée de l'Égypte, ou bien une place fortifiée? c'est ce qu'on ne saurait décider: cette dernière opinion est cependant la plus probable, mais elle peut se concilier avec l'autre, en admettant que la ville avait pris son nom de l'idole même qui s'y trouvait placée.
BAHAL-ZÉBUB,
(Bahal des mouches), 2 Rois 1:2-3, dieu de Hékron. Il paraît, ou qu'on le représentait sous l'image d'une mouche, ou qu'on le regardait comme appelé à garantir de la piqûre des mouches malfaisantes: peut-être était-ce le même que le Hacor de Cyrène à qui l'on attribuait un semblable pouvoir, et que le Jupiter chasse-mouche (apomuïos) des Grecs. Le culte de cette fausse divinité était encore en usage au temps de notre Sauveur, puisque les Juifs l'accusèrent de chasser les démons par Béelzébub le prince des démons, c'est-à-dire par Satan, comme le montre la réponse de Jésus, Matthieu 12:24; cf. 10:25; Marc 3:22; Luc 11:15,18; mais en passant dans la langue hébraïque, le nom du Dieu païen fut défiguré de diverses manières, conformes au mépris que les Hébreux professaient pour tout ce qui venait du dehors, en religion surtout. Les uns l'appelèrent Béelzebul (ou Zéboul), dieu du fumier, surnom dont le sens n'avait pas besoin d'explication sans doute, mais dont la formation grammaticale n'était pas tout à fait conforme au génie de la langue hébraïque, puisque fumier se dit Zébel, et non Zéboul; cependant chacun sait que lorsqu'il s'agit d'un jeu de mots, l'on ne se montre pas trop exigeant quant à l'exactitude et à la précision linguistique. D'autres, à ce qu'il paraît, appelèrent ce faux dieu Banal ou Béelzébuth, soit qu'on veuille y voir un pluriel abrégé de Bahal-Zébub pour Bahalzébuboth, soit que les habitants d'Hékron aient eux-mêmes voulu donner, au nom de leur divinité, cette terminologie qui la faisait ressembler un peu à celle de Bahalzébaoth, l'Éternel des armées, des Hébreux, soit qu'ils aient cherché auprès des nations étrangères à cacher ce qu'il y avait de puéril dans l'image et dans les attributions de leur dieu, en déroutant par un simple changement de lettres, les recherches qu'on eut pu faire à ce sujet; soit enfin que les Hébreux eux-mêmes se tissent scrupule de nommer par son nom une divinité païenne. À côté de ces diverses explications sur le nom de Béelzébuth, il en resterait encore une, c'est que cette manière d'écrire ne serait autre chose qu'une faute d'orthographe: on ne peut guère se prononcer d'une manière absolue, et chacun peut choisir l'explication qui lui paraît le plus probable.
BAHANA et Récab,
fils de Rimmon, Benjamites, officiers dans l'armée de Saül. Désespérant, après la mort de leur maître, de voir réussir son parti et celui de son fils leur nouveau roi Is-Boseth, ils se défirent de lui pendant son sommeil, lui tranchèrent la tête, et s'en furent la porter au prétendant, dans l'espoir d'en obtenir une riche récompense. Mais David, après leur avoir reproché vivement l'horreur de leur trahison, ordonna qu'on les mît à mort, qu'on leur coupât les mains et les pieds, et qu'on les suspendît au-dessus de l'étang de Hébron, 2 Samuel 4, ce qui fut immédiatement exécuté.
BAHASA,
1 Rois 15:27; 2 Chroniques
16:1; etc., fils d'Ahija, de la tribu
d'Issacar, général en chef des armées de
Nadab, conspira contre son maître, le
vainquit, le mit à mort, et monta sur le
trône à sa place. Il fut ainsi le troisième
roi d'Israël, 953 avant J.-C. À peine établi
sur le trône, il fit égorger toute la
famille de Jéroboam, selon l'usage des
usurpateurs d'exterminer les dynasties
qu'ils veulent remplacer par la leur; il
choisit Tirtsa pour sa résidence, et voulut
fortifier Rama, ville frontière située entre
ses États et ceux de Juda; mais Asa, roi de
Juda, traita avec Ben-Hadad, roi de Syrie,
qui rompit son alliance avec Bahasa, et
sortit contre lui; il attira son ennemi vers
le Nord et le vainquit. Bahasa fut de même
en hostilités constantes avec Asa, mais ne
put rien entreprendre contre ce monarque
aimé de Dieu. Il régna vingt-quatre ans; sa
longue administration montra sa prudence et
son habileté, comme son usurpation même
avait prouvé son courage: mais ces vertus
toutes terrestres, si même le monde consent
à les décorer de ce nom, ne purent le
préserver des châtiments d'en haut. Après
avoir servi de verge à l'Éternel pour punir
la famille de Jéroboam, il entendit le
prophète Jéhu prononcer contre sa race les
mêmes malédictions que le prophète Ahija
avait prononcées contre la maison de
Jéroboam. Éla son fils lui succéda, mais
deux ans après sa dynastie n'existait plus;
Zimri l'usurpateur avait assassiné le fils
d'un usurpateur impie, et mis à mort toute
sa maison.
Le nom de Bahasa se retrouve 1 Rois 21:22; 2
Rois 9:9; Jérémie 41:9.
BAHURIM,
ville de la tribu de Benjamin, à 2 kilomètres environ nord-est de Jérusalem; 2 Samuel 3:16; 16:5; 17:18. On croit que c'est la même que Halmon.
BAILLIS,
Daniel 3:2. Les différents noms donnés dans ce passage aux officiers de la cour et du royaume de Nébucadnetsar, sont difficiles à traduire, et n'expriment pas tous des idées qui puissent nous être claires, parce que plusieurs des charges désignées ne nous sont pas connues, et que d'autres se rapportent à des fonctions qui sont sans analogie parmi les peuples de l'Occident, soit anciens, soit modernes? Nous en donnerons ici la traduction aussi exacte que possible, et si nous avons quelque chose à ajouter sur quelques-unes de ces fonctions, nous le ferons à leurs articles spéciaux. «Nébucadnetsar fit convoquer les satrapes, les gouverneurs lieutenants (du roi), les gouverneurs de provinces (militaires?), les juges supérieurs (au lieu de baillis), les trésoriers, les juges, les hommes de loi, et tous les fonctionnaires (sous-gouverneurs, ou employés) des provinces», etc.
BAINS.
Les bains sont en Orient plus
nécessaires que partout ailleurs à cause de
l'ardeur du climat, soit sous le point de
vue de la propreté, soit sous le rapport
sanitaire, comme mesure de précaution contre
les maladies de la peau si répandues dans
les pays chauds, où la poussière, les
miasmes et la transpiration se réunissent
pour les rendre redoutables. Aussi les bains
étaient-ils regardés chez les Hébreux comme
un objet de première nécessité, cf. Néhémie
4:23, et dans certains cas la loi même les
prescrivait en guise de purification pour
ceux qui étaient entachés de quelque
souillure, cérémonielle ou légale, de telle
sorte qu'ils étaient, à cet égard, en
relation intime avec la religion mosaïque.
Des ablutions étaient ordonnées pour les
lépreux, Lévitique 14, pour celui qui avait
mangé d'une bête morte de mort naturelle
17:15-16, pour celui qui avaient touché un
reptile 22:6; cf. encore 15:5; 13:58;
Nombres 19:19; Deutéronome 23:11.
— On ne se baignait pas seulement dans les
fleuves, Lévitique 15:13; 2 Rois 5:10; il y
avait aussi dans les maisons des grands, et
dans leur cour, des salles de bains 2 Samuel
11:2, et même, plus tard, les Juifs eurent,
comme les Grecs et les Romains, des bains
publics dans leurs principales villes. Hors
de leur pays, et là où les populations
juives et païennes se trouvaient mélangées,
les Juifs ne craignaient pas de se
rencontrer aux mêmes bains avec les gentils.
Les femmes se servaient quelquefois de son
en guise de savon. Parmi les bains naturels
que l'on trouvait en Palestine, et qui
étaient considérés comme ayant une influence
favorable sur les maladies, il faut
remarquer ceux de Tibériade, de Gadara et de
Béthesda,
— Voir: ces articles.
Flavius Josèphe mentionne encore celui de
Kalirrhoon. Les Arabes de nos jours, n'ayant
pas toujours à leur portée des sources ou
des rivières pour accomplir les lustrations
qui leur sont prescrites par le Coran,
remplacent parfois l'eau par du sable ou de
la terre dont ils se frottent le corps au
lieu de se baigner; quelques interprètes ont
essayé de voir une allusion à cet usage dans
le passage 2 Rois 5:17, où Naaman demande la
permission d'emporter de la terre sacrée la
charge de deux mulets.
BAISER.
Outre le baiser d'amour, dont quelques rabbins ont voulu faire abstraction complète, la Bible nous montre encore le baiser,
-
comme marque d'amitié au moment de l'arrivée, Luc 7:45; 15:20; au moment du départ, Ruth 1:14; Actes 20:37, ou dans une rencontre Matthieu 26:48; 2 Samuel 20:9. On baisait le visage, Genèse 29:13; 33:4; Exode 4:27; 18:7; 1 Samuel 20:41; etc., ou bien la barbe, qu'on prenait avec la main droite, 2 Samuel 20:9. Dans l'Église primitive le baiser fraternel était considéré comme signe de l'union sainte qui liait les frères les uns aux autres, Romains 16:16; 1 Corinthiens 16:20; 2 Corinthiens 13:12; 1 Thessaloniciens 5:26. Les frères se le donnaient dans les assemblées publiques, comme cela se pratique encore dans quelques-unes des églises de nos jours qui aiment à conserver avec l'ancien amour les anciennes formes par lesquelles il se manifestait. Ce baiser était aussi le signe de la réconciliation entre des personnes ennemies jusqu'alors. Genèse 33:4.
-
C'était une marque de vénération, d'hommage et de respect rendu d'abord
-
à la Divinité, au Dieu d'Israël et des chrétiens, Psaumes 2:12. (baisez le Fils de peur qu'il ne s'irrite), et aux divinités étrangères par leurs adhérents, 1 Rois 19:18; Osée 13:2. (qu'on baise les veaux); ces derniers baisaient les statues de leurs dieux quand ils le pouvaient, et leur envoyaient des baisers quand le dieu était trop loin, comme par exemple le soleil levant,
— Voir: Pline 28, 5; cf. Job 31:27;
-
puis aux princes que l'on voulait honorer et se rendre favorables. Samuel baisa Saül en l'oignant roi sur Israël, 1 Samuel 10:1. Dans l'Orient moderne on baise les mains, les genoux ou les pieds des rois (comme du pape); tous ne sont pas même admis à cet honneur insigne; cf. Ésaïe 49:23; Michée 7:17; Psaumes 72:9. Nous voyons encore Ester (5:2) baiser le bout du sceptre que lui tend son royal époux.
-
BAJITH.
Ésaïe 15:2. C'était, ou bien un simple temple, ou bien une ville du pays de Moab, dans laquelle se trouvait un temple. C'est là que le roi de Moab se rendit pour adressera son idole de vaines supplications contre les Assyriens. Il serait possible que ce Bajith ne fût autre que Bahal-Méhon.
BALAAM,
fils de Béhor ou Bosor, fameux
prophète ou devin de la ville de Péthor sur
l'Euphrate, espèce d'astrologue ou de mage,
parfois même prophète; car, livré à toutes
les bassesses de l'avarice et à toutes les
souillures du paganisme, Balaam n'ignore pas
les traditions des ancêtres, des patriarches
et du Dieu de Noé. Il appelle encore Jéhovah
son Dieu, sans doute parce qu'il appartenait
à la postérité de Sem, dans la famille
duquel la connaissance et le culte du vrai
Dieu s'étaient conservés avec le plus de
pureté. Il paraît même, d'après le conseil
abominable que Balaam donna à Balac, qu'il
se formait une juste idée de la sainteté de
l'Éternel. Le roi moabite, espérant de
vaincre Israël, avait essayé de le faire
maudire par le Dieu même qui protégeait ce
peuple. Séduit par de riches présents,
Balaam part malgré les avertissements d'une
voix intérieure, et malgré le sentiment
qu'il a de l'œuvre inique dont il se charge.
Il selle son ânesse, il se met en route;
mais déjà il doit s'arrêter, la bête qui le
porte refuse d'avancer; elle voit un ange
que le regard obscurci du cupide prophète
n'aperçoit pas, et Balaam, sourd à la voix
de la conscience, doit entendre la voix
d'une bête de somme qui l'humilie, celle
d'un messager céleste qui l'effraye. Ces
graves reproches le font rentrer en
lui-même; mais sa repentance est hypocrite
comme l'ont été ses prières et sa
désobéissance. Toutefois l'ange ne lui
ordonne pas de retourner en arrière; il lui
annonce au contraire des prophéties du ciel:
Tu ne diras que ce qui te sera inspiré. Dieu
va se créer un prophète dans la personne de
Balaam, comme il a fait de l'ânesse une
prophétesse, et le peuple de Dieu se voit
béni par la bouche de celui-là même qui,
séduit par l'or, venait pour le maudire.
Balaam ne prononce que des bénédictions; il
annonce l'étoile qui doit venir, et ses
paroles mystérieuses touchant le Messie sont
recueillies avec empressement par les païens
avides d'un Sauveur. Il annonce encore le
bonheur et la prospérité dont jouiront les
enfants d'Israël dans la terre promise,
comment ils se soumettront toutes les
nations environnantes, et celle même du roi
que le faux prophète voudrait servir; il dit
aussi que les Juifs seront toujours un
peuple à part qui ne se confondra pas avec
les autres peuples. Puis dans le sentiment
de son péché, mais sans repentance, le
malheureux s'écrie: Que je meure de la mort
des justes, et que ma fin soit semblable à
la leur. Nombres 23:10. Ce désir ne fut pas
exaucé, parce que Balaam demandait mal; et
quand les douze mille d'Israël se furent
avancés contre Moab et contre les
Madianites, cinq rois furent tués et Balaam
avec eux, Nombres 31:8. Le nom de ce faux
prophète est rappelé Néhémie 13:2; 2 Pierre
2:15; Jude 11; Apocalypse 2:14; et Michée
nous parle encore (6:5) d'un conseil que
Balac avait pris contre Israël, et d'une
réponse remarquable que lui fit Balaam.
Cette histoire présente plusieurs
difficultés dont quelques-unes sont
heureusement résolues par M. Grandpierre,
dans son Essai sur le Pentateuque, d'après
l'ouvrage allemand de Hengstenberg sur
Balaam. Comme on trouve dans les paroles et
la conduite du faux prophète un mélange
d'erreur et de vérité, il est probable qu'il
y avait aussi dans son origine quelque chose
de louche; il est à la fois juif et païen.
Nous sommes plutôt disposé à croire qu'il
était Hébreu de naissance, et que, toujours
poussé par la cupidité et l'ambition, il a
préféré mettre ses dons et ses lumières au
service du plus offrant. La Caldée était
pour lui un meilleur terrain que le désert
du voyage, et il ne risquait pas d'y
rencontrer un Moïse. Comme les prophètes, il
était quelquefois maître de son inspiration;
il ne le fut pas toujours: il dut obéir
quand Dieu ordonna. Le discours de l'ânesse
a égayé bien des incrédules, mais ce n'est
pas une preuve; le fait n'est pas plus
extraordinaire que bien d'autres, et ne
demande pas d'explications.
— Son histoire est racontée Nombres 22 à 24.
BALAC,
fils de Zippor, roi des Moabites. Effrayé de voir sur ses frontières ces Israélites dont la réputation belliqueuse et conquérante était parvenue à sa connaissance par la défaite de Sihon et de Hog, il sentit la nécessité de s'appuyer sur un secours puissant et eut recours à Balaam. C'est donc par des malédictions qu'il voulait préluder à cette guerre; mais le refus de Balaam, et la prophétie solennelle qu'il prononça sous l'impulsion du Saint-Esprit détournèrent Balac de son premier dessein. Les Moabites cependant, comme les Hammonites, n'avaient rien à craindre de l'approche d'Israël, Deutéronome 2:9; mais la terreur de ces peuples n'en était pas moins légitime, puisqu'ils ne connaissaient rien, ni des plans de Dieu, ni des desseins des Israélites.
BALADAN,
2 Rois 20:12; Ésaïe 39:1, père de Mérodac-Baladan, q.v.
BALATH-BÉER, ou Bahal,
Josué 19:8; 1 Samuel 30:27, ou Bahal, 1 Chroniques 4:33, ville des Siméonites, située probablement vers les frontières sud-ouest du territoire appartenant à cette tribu. Elle est encore appelée Rama du midi, et peut-être aussi n'est-elle autre que cette Ramoth à laquelle David envoya une partie des dépouilles enlevées sur les Hamalécites.
BALEINE.
Le nom de cet animal se trouve dans nos traductions, Genèse 1:21; Job 7:12; Psaumes 74:13; Matthieu 12:40. La version anglaise l'a encore Ézéchiel 32:2; la Bible de Luther l'a comme la version française. Le mot hébreu est Than ou Thannin; les Septante l'ont traduit par Kétos, qui signifie effectivement baleine, et notre traduction de Matthieu 12:40; est exacte; mais l'hébreu doit-il se rendre par Kétos? signifie-t-il une baleine? C'est extrêmement peu probable. On ne saurait croire que les écrivains sacrés aient eu connaissance de cet animal, qui n'a jamais paru ni sur les côtes de la Palestine, ni sur celles de l'Égypte, soit du côté de la Méditerranée, soit du côté de la mer Rouge, et les rapports des voyageurs à cette époque n'avaient pas encore atteint le Groenland, le Spitzberg, ou les mers qui sont le séjour des baleines. Mais si l'on est d'accord à penser qu'il ne s'agit pas de ce gros cétacé dans les passages cités, ni dans l'histoire de Jonas, les opinions varient beaucoup lorsqu'il s'agit de déterminer d'une manière positive quel était ce poisson; il paraît que le même mot doit se traduire diversement dans les différents passages. On pense qu'il s'agit du crocodile dans le verset de la Genèse. (Harris, Natural Hist. of the Bible. Hurdis, Critical Dissert, on the word wahle in Genesus 1:24, etc.) Quant au grand poisson de Jonas, les uns ont prétendu que c'était l'orca de Pline, espèce de dauphin (Hase, etc.); d'autres (Calmet, Bochart, Linnée, Winer) pensent, et c'est l'opinion la plus probable, que c'est le chien marin (canis carcharias, ou squamus carcharias, de Linnée), le requin, dont la mâchoire est armée de quatre cents dents aiguës, rangées sur six rangs, et dont la gueule est si vaste qu'elle peut, fort à son aise, engloutir un homme tout entier. Il n'est pas rare de voir ce monstre avaler des hommes et même des chevaux, et l'on a trouvé jusqu'à dix thons dans l'estomac d'un requin dont le poids s'élevait à peine à quatre cents livres. On dit que lorsqu'un de ces poissons tiendrait la gueule ouverte un moment, un chien pourrait descendre jusqu'au fond de son estomac pour y chercher la nourriture qui s'y trouve.
BALTHASAR,
— Voir: Belsatsar.
BAMOTH,
Nombres 21:19. Ville située au-delà du Jourdain, sur les frontières du pays de Moab; d'après Eusèbe, elle aurait été située sur l'Arnon: c'est la même que Bamoth-Bahal, Josué 13:17.
BANNISSEMENT.
Le Nouveau Testament nous
présente dans l'interdiction, ou expulsion
de la synagogue, une espèce de peine
ecclésiastique, et comme une excommunication
juive; elle était prononcée, en général,
dans les cas d'hérésie, Luc 6:22; Jean 9:22;
12:42; 16:2. On faisait couvrir de pierres,
par jugement, le corps de celui qui mourait
interdit. Pendant tout le temps que durait
la peine, le condamné ne pouvait se raser,
ni se couper les cheveux, et il ne pouvait
entrer dans le temple que par une porte
faite exprès. La Gémara, du reste, et les
rabbins parlent de deux espèces
d'excommunications différentes, la petite et
la grande. Cette dernière, accompagnée de
malédictions, pouvait être plus ou moins
longue; elle empêchait toute espèce de
rapports et de communications avec le
dehors, et ne pouvait être prononcée par
moins de dix membres de la synagogue.
L'autre, moins sévère, pouvait être
prononcée par un seul homme, le rabbin, par
exemple; sa durée ne pouvait excéder trente
jours, et celui qui était ainsi exclu de la
synagogue continuait de vivre avec sa
famille sans en être empêché, même il
pouvait traiter ou converser avec d'autres,
moyennant qu'il y eût entre eux et lui la
distance de quatre coudées, un peu plus de
deux mètres.
C'est de cette excommunication que fut puni
l'aveugle-né dont Jésus avait opéré la
guérison, Jean 9:34.
Quelques rabbins parlent encore d'une
troisième espèce d'excommunication plus
sévère que les deux autres, et qui aurait
consisté à livrer un homme à tous les maux,
à le livrer à Satan, cf. 1 Corinthiens 5:5;
1 Timothée 1:20. On pourrait y joindre
encore cette exécration de la part de
Christ, dont il est parlé Romains 9:3. Mais
tout en admettant comme un fait très naturel
qu'il y ait eu divers degrés
d'excommunication, il n'est rien moins que
prouvé que les expressions sus-mentionnées
renferment des allusions à quelques usages
juifs, et l'on ne peut rien préciser au-delà
de ce que nous avons dit sur la grande et la
petite excommunication.
Quant au bannissement comme peine politique,
nous en trouvons une trace dans le passage
Esdras 10:8.
BAPTÊME.
Ce mot indique primitivement
l'acte de plonger, de tremper, puis de laver
et de nettoyer. Dans l'original du passage
Marc 7:8, il y a «le baptême des pots et des
coupes.»
— Pris dans le sens religieux, ce mot
n'implique pas nécessairement, quoique
certaines congrégations le prétendent,
l'idée d'une immersion totale. Tous les
passages allégués en faveur de cette
assertion peuvent admettre une
interprétation moins littérale, et indiquer
seulement que celui qui devait recevoir le
baptême, et celui qui devait l'administrer,
entraient l'un et l'autre des pieds dans
l'eau à une hauteur indéterminée, et que ce
dernier répandait peut-être avec la main de
l'eau sur la tête du néophyte,
— Voir: Actes 8:38.
Le mot de l'Évangile, que Jean baptisait à
Énon «parce qu'il y avait là beaucoup
d'eau», Jean 3:23, ne prouve pas davantage
cette immersion absolue. Dans ces pays
brûlants, les torrents, et jusqu'à un
certain point les rivières, sont sujets à se
dessécher presque entièrement dans certaines
saisons de l'année; on vit un roi, Achab, et
l'un de ses principaux officiers, se mettre
personnellement en chemin pour aller
chercher des endroits un peu arrosés, 1 Rois
18:5-6.
— Voir: encore 2 Rois 3:9, etc.
Dans le passage de l'Évangile qu'on vient de
citer le mot beaucoup pourrait donc
parfaitement signifier ce qu'ici, dans la
zone tempérée, nous appellerions un peu,
d'autant plus que le mot eaux est
dans le grec au pluriel; ce qui semblerait
indiquer, presque avec certitude, non pas
une eau profonde, mais une grande
ramification du torrent, qui permettait
peut-être à Jean-Baptiste de faire baptiser
simultanément en plusieurs endroits.
— La raison la plus puissante peut-être pour
repousser l'idée des baptêmes par immersion
totale, c'est l'obligation absolue où aurait
été la multitude qui venait se faire
baptiser par Jean au désert, Marc 1:5,
d'apporter des vêtements de rechange et de
se déshabiller ainsi complètement, hommes et
femmes. La chose semble inadmissible et
impraticable. À combien plus forte raison
dans nos climats, et dans les profondeurs du
Nord! On allègue que le baptême chrétien
devant être l'image d'un ensevelissement, et
de la mort à une vie précédente, à laquelle
succède une résurrection, l'immersion totale
représente mieux la chose. Mais l'Évangile
n'est pas si matériel qu'il s'asservisse à
représenter à ce point-là les idées qu'il
veut figurer. Il donne quelques signes, et
celui qui a de l'intelligence comprend.
Nous venons de dire quel est le sens du
baptême, du moins du baptême chrétien; et
pour nous borner à ce qui regarde l'Écriture
sainte, il nous semble que c'était même la
signification de toutes les espèces de
baptêmes religieux dont nous parle la Bible;
car elle en indique plusieurs à différentes
époques de la vie théocratique, et
différents peut-être dans les cérémonies qui
en accompagnaient l'application. Jacob et sa
famille se lavèrent avant de s'approcher de
Dieu à Béthel, Genèse 35:2. Les Hébreux en
firent autant avant d'entrer dans l'alliance
de l'Éternel en Sinaï, Exode 19:14; 1
Corinthiens 10:2. Aaron et ses fils se
lavèrent également lorsqu'ils furent initiés
à la sacrificature, Exode 29:4. Enfin, sous
le ministère de saint Jean, même avant le
baptême chrétien proprement dit, le baptême
devint le sceau de la nouvelle alliance,
ayant alors déjà la même signification qu'il
eut plus tard, bien qu'il n'annonçât pas
aussi clairement la doctrine du Père, du
Fils et du Saint-Esprit, Actes 19:3.
— Dans ces différents cas, et quel que soit
le sens spécial que pourraient donner à la
chose ceux qui étaient lavés, le baptême
était toujours un rite d'initiation.
Quant au baptême chrétien, la belle
signification dont nous venons de parler est
positivement indiquée par saint Paul,
Romains 6:3-11; elle est pleine de grandeur
et correspond exactement aux idées que se
faisaient déjà les esséniens, et que se sont
faites, après eux, les moines catholiques
romains, du renoncement au monde qui doit
caractériser toute âme vraiment pieuse.
Seulement les deux sectes que nous indiquons
ici bornaient ce renoncement à quelques
individus dont elles faisaient une sorte
d'élite, tandis que Jésus et son Évangile
imposent cette sainte et douce obligation à
tout fidèle. Dans ce sens-là, le baptême
d'un homme qui embrasse la foi correspond
presque en tout point à ce qu'est la prise
du voile chez une religieuse, l'endossement
de l'uniforme chez un militaire, la robe
virile chez les Romains. Ce n'est qu'un
type, un symbole, mais un symbole parlant.
Et c'est par ces considérations qu'on doit
expliquer ce qui est dit dans l'endroit de
l'épître aux Romains, indiqué plus haut,
«que nous sommes ensevelis avec Christ par
le baptême:» c'est évidemment par la foi en
Christ, et par le don que nous lui faisons
de nous-mêmes, que nous sommes ensevelis
avec lui, et non par la cérémonie même. Mais
comme le symbole se liait étroitement, pour
ceux à qui Paul écrivait, à la foi dont il
s'agit, l'apôtre argumente de l'un comme de
l'autre. Cela se lait tous les jours: il
n'est pas un militaire à qui l'on ne puisse
dire: Tes épaulettes, ta cocarde, ton
uniforme t'ont fait renoncer à ton père et à
ta mère, au foyer de ta famille, et à ses
douceurs; tu es mort à la vie civile, tu né
vis plus que pour défendre ta patrie et pour
obéir à tes nouveaux supérieurs.
Sans doute cette signification symbolique du
baptême s'applique bien plus naturellement
et plus réellement à ceux qui ont reçu le
baptême après avoir embrassé l'Évangile par
conviction, qu'à ceux qui l'ont reçu
enfants. Mais, dans les deux cas, elle reste
pourtant. Et peut-être, ce qu'on peut dire
de plus sage en faveur du baptême des
enfants (la Bible laissant cette question
pour le moins indécise), c'est que la foi
étant un devoir aussi bien que le moyen du
salut, l'enfant du chrétien peut être
consacré au Seigneur, même avant son
consentement, comme on voit un enfant né
dans la troupe, porter dès ses plus jeunes
années le costume de soldat, quitte à lui de
refuser plus tard, ou même de déserter. Ce
n'est du reste pas ici le lieu d'examiner la
question difficile et délicate du baptême
des enfants.
Un passage assez obscur, relatif à ce sujet,
et qui est, selon nous, généralement mal
traduit, est celui où saint Pierre dit que
le baptême qui nous sauve n'est pas celui
par lequel sont nettoyées les impuretés de
la chair, 1 Pierre 3:21. On ajoute ensuite:
«Mais c'est la promesse faite à Dieu d'une
conscience pure» (ou quelque autre version
semblable). Il faut traduire: Mais c'est
la recherche que fait de Dieu une
conscience pure.»
Le baptême n'est qu'un symbole, mais ce
serait se tromper grandement que d'en
conclure qu'il peut être négligé ou aboli,
comme chez les quakers, par exemple. Les
symboles sont une des choses qui ont les
racines les plus profondes dans la nature
humaine; le peuple est plein de cette idée.
Des barbares font un pacte, et ils élèvent
une pierre sur le lieu de la transaction,
«afin qu'elle soit témoin de leurs
promesses.» Un juge prononce une sentence de
mort, il brise un bâton en la prononçant;
tous les assistants frémissent. Un manœuvre
revêt l'uniforme, c'est un homme nouveau. Un
prêtre romain élève son idole, et chacun
peut apercevoir le frémissement qui parcourt
l'église au moment où la foule adore, sans
s'en douter, le Numen..., Satan, qui
s'est mis sous le symbole à la place de
Dieu!
Les symboles, la représentation des choses
spirituelles par des objets ou des actes
matériels, se retrouvent dans l'Écriture,
comme ils se trouvent dans la nature. Ils
sont un besoin, et souvent un moyen, un
secours, une obligation; ils sont aussi une
profession, un acte public, et c'est dans ce
sens, mais dans ce sens seulement, que Jésus
parlant à Nicodème, Jean 3:3, met le baptême
d'eau sur la même ligne que le baptême
d'esprit. (Le
discours de Jésus avec Nicodème ne mentionne
aucunement le baptême d'eau, mais la
régénération d'en haut ou nouvelle
naissance. Dans ces passages le mot eau
détient un sens figuratif et se rapporte à
la Parole et à l'Esprit. Il faut remarquer
que les symboles étaient utilisés uniquement
sous l'Ancienne Alliance et ne sont plus
d'utilité sous la Nouvelle Alliance de
liberté du sang de Christ versé sur la
croix. Sous l'Ancienne Alliance les symboles
faisaient partie des ordonnances qui furent
abolies par le sacrifice de Christ - Col.
2:14.)
La controverse relative au baptême des
adultes, toujours fort vive en Angleterre,
aux États-Unis et aux Indes Orientales, n'a
jeté qu'une lueur fugitive sur le continent,
où des questions malheureusement bien plus
graves, ont dû forcément accaparer et
absorber l'attention des chrétiens. C'est à
Genève, en 1825, que cette question a été le
plus chaudement discutée (la Famille
Baptiste, la Famille Baptisée, etc.); dès
lors les baptistes suisses, tout en
conservant leurs principes, se sont fondus
dans les troupeaux déjà existants; quelques
Églises pédobaptistes ont même pris des
mesures spéciales, destinées à faciliter aux
baptistes leur admission sans gêner en rien
leur conscience. Parmi les rares ouvrages
publiés en France en faveur du baptême
exclusif des adultes, nous citerons, comme
complet et curieux, le Catéchisme du Baptême
d'après les saintes Écritures et un grand
nombre d'auteurs pédobaptistes (Douai 1843),
Des rapports entre le Baptême et la Cène
(1849), Recherches sur le Baptême, par J.-B.
Crétin.
Au reste, la question de fond ne peut
sérieusement souffrir de difficultés; le
baptême des petits enfants est la
conséquence logique du système des Églises
nationales; le baptême des adultes, des
adhérents, des professants, est la
conséquence logique du système des Églises
de professants, quelque nom qu'on leur donne
d'ailleurs, Églises indépendantes, libres,
dissidentes ou autres. L'Église primitive
baptisait ceux qui croyaient, parce
qu'alors, l'accession à l'Église était un
fait individuel et volontaire; si l'on fait
de l'Église, en dénaturant la notion, un
établissement d'évangélisation et d'appel,
point de vue qui peut se soutenir par des
raisons spirituelles et morales plutôt que
scripturaires et ecclésiastiques, le baptême
des enfants est justifié; les baptisés sont
les appelés; mais si l'Église ne comprend
que les adhérents ou les élus, le baptême
n'appartient plus qu'aux adultes.
L'honorable B. Noël, en quittant l'Église
anglicane, s'est fait rebaptiser; il a été
plus logique dans sa conduite que ceux qui
l'ont précédé ou suivi en Suisse, en Écosse
et en France; il n'a pas quitté un
nationalisme pour un autre.
(On dit qu’après sa résurrection, Christ a institué le baptême d’eau. Les passages principaux utilisés pour légitimer le rituel du baptême d’eau sont : Matt. 28 :19; Marc 16 :16. Il est dit que dans ces passages Jésus a chargé ses disciples de baptiser d’eau ceux qui venaient à la foi. Mais, comme il fut démontré souvent auparavant, on a beau regarder ces passages dans le Français, l’Anglais, le Grec, et l’Araméen et on y trouve aucune goutte d’eau. Pour voir un baptême d’eau dans ces passages il faut l’introduire dans le texte sous la base d’une conjecture, en d’autres mots il faut faire dire à la Bible ce qu’elle ne dit pas. A vrai dire, la théologie des diverses églises et dénominations est remplie de telles conjectures. La subtilité de la légitimation du Baptême d’eau se trouve dans l’affirmation de plusieurs qu’il remplace la circoncision sous la loi (Col. 2 :11,12). Ici les embûches sont les mots «ensevelis» et «baptême». Le mot «ensevelis», que nous retrouvons aussi dans Rom. 6 :4, en porte plusieurs à la confusion et les prétentions sont nombreuses à ce niveau. Dans le Grec, le mot «ensevelis» est «SUNTHAPTÖ» et signifie «être enveloppé, caché en, unir avec, assimilé, être incorporé, être intégré, être absorbé, être identifié». Ces passages n’indiquent pas que nous avons été ensevelis avec Christ dans le tombeau, mais que nous avons été unis à Lui ou intégré en sa mort et sa résurrection. Nous avons été «incorporé» dans la mort de Christ, et Christ est mort sur la croix et non dans la tombe. Inverser cela serait renverser l’Évangile, et c’est exactement cela que font ceux qui pratiquent le baptême d’eau par immersion. Le gros du problème réside avec l’interprétation du mot «baptême». Le fait aussi que le mot «baptême» est un mot translittéré et non une traduction n’aide pas le cas. Nous avons tellement été conditionnés depuis des siècles par différentes religions à tendances chrétiennes, que notre esprit associe inconsciemment le mot baptême avec l’eau. Aussi, un des facteurs importants dans ce contexte est l’indolence de ceux qui se disent chrétiens. Ils veulent à tout prix éviter de se donner la peine de vérifier de tels sujets, et préfèrent suivre aveuglement l’enseignement de leur église ou de leur pasteur. Ils refusent de penser pour eux-mêmes de crainte d’offenser leurs dirigeants spirituels avec la vérité, ou d’être exclus de leur église pour avoir pris position contre leurs doctrines. Une telle indolence fait lever le cœur et plusieurs seront vomis de la bouche du Seigneur à cause de cela (Apoc. 3 :16). Or quand l’Écriture parle d’un baptême d’eau, elle ne manque pas de l’indiquer clairement (Luc 3 :16). Ce qui veut dire que l’expression «baptiser» n’implique pas toujours que de l’eau soit présente. Ce qui veut dire aussi que le mot «baptiser» détient une autre signification que celle qui lui est généralement attribuée. L’apôtre Pierre décrit clairement la signification du mot baptême comme «l’engagement d’une bonne conscience» (1 Pierre 3 :21), et non point un rituel de purification par l’eau. Comme nous voyons, les mots «baptême» et «engagement» sont interchangeables. Dans le Grec, la racine du mot «baptême» qui est «BAPTO» porte différentes nuances dont «ablution, blanchir, innocenter, expier, consacrer, laver, mouiller, tremper, plonger, immerger, baigner, noyer, abîmer, remplir, teindre». Mais dans le contexte de l’évidence que nous apporte l’apôtre Pierre, nous obtenons la réalisation que le mot «BAPTO» est un mot composé de «BA» et «APTO». Ce fut la pratique courante en utilisant des mots composés d’enlever une voyelle si celle-ci était suivie immédiatement d’une voyelle similaire. Ainsi «BA-APTO» devient «BAPTO», et il est intéressant de voir que «BA» signifie littéralement «un appel» et que «APTO» signifie «engager». Ce dernier porte aussi les nuances de «cri, allumer, enflammer, nouer, attacher, fixer, accrocher, lier, prendre, s’emparer, saisir». Nous entrons ainsi dans l’essence réelle du mot baptême, et nous voyons que le Seigneur Jésus n’a pas chargé ses disciples de baptiser d’eau «les nations» (Matt. 28 :19,20), ce qui serait un non-sens, mais de «les appeler à s’engager» dans la foi en son sacrifice expiatoire vicarial et en sa résurrection. En faisant ainsi, nous voyons que Marc 16 :16 dit : «Celui qui aura cru, et qui aura été ENGAGÉ, sera sauvé…». La structure grammaticale de ce passage nous indique que la foi est relié intrinsèquement à l’engagement, car c’est par la foi que nous sommes ENGAGÉS dans les mérites du sacrifice de Christ; nous avons été ENGAGÉS ou INTRODUIT dans sa mort et dans sa résurrection (Rom. 6 :3-5), nous sommes LIÉS à Lui par le fait qu’il est notre substitut.
Puisque tel est le cas, le baptême d’eau n’est plus d’aucune utilité, en fait, il n’a plus sa place dans l’économie de la grâce, rituellement ou symboliquement. Pour faire le point, il est important de remarquer que le baptême d’eau n’est pas un nouvel élément dans le Nouveau Testament qui apparaît à l’improviste comme le poil proverbial dans la soupe du Texte Sacré. Le fait que les pharisiens reprochèrent à Jean le Baptiste de baptiser (Jean 1 :24-26) est l’évidence qu’ils connaissaient déjà cette pratique. En plus, leur question, «Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es point le Christ, ni Élie, ni le prophète?», est l’indication que le baptême d’eau était déjà connu des prophètes de l’Ancien Testament. En fait, le contexte de Jean 3 :23-26 indique clairement que le baptême d’eau faisait partie des rituels de purification de la loi. La preuve de ceci se trouve dans Héb. 9 :10 où nous voyons dans le Grec que le mot «BAPTISMOÏS» ou «baptême» a été traduit par «ablutions», le terme étant au pluriel pour indiquer qu’il y avait plusieurs différents baptêmes ou ablutions sous la loi, comme l’indique aussi Héb. 6 :2. La forme ou mode d’application de l’eau est aussi décrite dans l’Ancien Testament. Dans la prophétie d’Ézéchiel, le mode est l’effusion (verser de l’eau), «je répandrai (verserai) sur vous des eaux nettes» (Ézch. 36 :25); dans la loi, le mode est l’aspersion, «tu feras aspersion sur eux de l’eau de purification» (Nom. 8 :5-7), les deux formes étant valides sous l’Ancienne Alliance. Le baptême par immersion n'est pas soutenu par les Saintes-Écritures, ceux qui disent que Jésus a été baptisé par immersion font de lui un pécheur qui aurait brisé la loi et ainsi un faux Messie. Le baptême d’eau détenait un caractère prophétique dont le but était d’annoncer la manifestation du Messie à Israël, et c’est exactement cela que Jean le Baptiste, le dernier des prophètes de l’Ancienne Alliance, déclare dans Jean 1 :31. En d’autres mots, à la manifestation de Jésus, le baptême d’eau avait accompli son but et n’était plus nécessaire. Que les premiers disciples continuèrent pour un temps à utiliser cette pratique, est tout simplement du au fait que la loi resta en vigueur du temps que le temple demeurait, jusqu’à sa destruction finale en l’an 70. Pour une période transitoire de quarante ans après la résurrection et l’ascension du Seigneur Jésus, la loi et la grâce coexistèrent ensemble pour servir de signe aux Juifs que le Royaume de Dieu traversait les frontières d’Israël pour être annoncé aux Gentils. Les Juifs qui se convertissaient sous la grâce continuèrent quand même à observer la loi, mais ils n’imposèrent point cette pratique aux Gentils qui n’avaient aucun rapport avec la loi donnée à Moïse (Ac. 15 :4-29). Or, puisque Jésus a accompli parfaitement la loi pour nous comme notre substitut, et qu’il a aboli toutes ses ordonnances par son sacrifice sur la croix (Col. 2 :13-15), il est évident que le baptême d’eau qui faisait parti des ordonnances fut aboli aussi. Que le baptême d’eau continua d’être pratiqué après le départ des apôtres, fait parti de l’avertissement de l’apôtre Paul contre les faux docteurs et les fausses doctrines qu’il avait prévu (Ac. 20 :28-31). Paul déclare qu’il y a maintenant «un seul baptême» (Éph. 4 :5), celui d’être ENGAGÉ dans la mort et la résurrection de Christ (Rom. 6 :3-5; Col. 2 :11,12). Ainsi coule à pic le sacrement ou ordonnance du baptême dans les eaux stagnantes de son inconsistance.
Considérant tout ce qui vient d’être dit, il n’y a aucun doute que le baptême d’eau, tel que pratiqué par les églises, les dénominations, et les groupes dissidents, sert à remettre le croyant sous la loi après lui avoir annoncé la grâce. Dans ces milieux, le baptême d’eau n’est pas un moyen de grâce mais un moyen d’exploitation. Tout chrétien réel doit être conscient du danger qu’encours une telle perversion de la foi (Gal. 1 :6,7; 2 :4; 3 :2,3; 5 :4). Mais il y a plus à cette perversion que l’on puisse s’imaginer. Non seulement elle est une attaque à l’union mystique du salut qui annule les mérites du sacrifice de la croix, elle est marquée aussi par la déviation du cléricalisme qui dérobe le croyant de sa liberté en Christ. Les Protestants, tout comme les Catholiques Romains et plusieurs autres sectes, considèrent le baptême d’eau comme légitime seulement lorsqu’il est administré par un ministre dûment accrédité, sauf dans quelques exceptions rares. Non seulement une telle position ne se trouve nul part dans la Bible, mais elle contredit catégoriquement le ministère spirituel ou universel de tous les croyants «d’annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière» (1 Pierre 2 :9). Aussi, cela va contraire à l’enseignement de Jésus qui dit : «Quiconque voudra être le premier entre vous, qu’il soit votre serviteur» (Matt. 20 :27). Or, les ministres accrédités ne sont pas des serviteurs mais des administrateurs. Leur autorité administrative n’est donc point légitime mais usurpatrice. Les premiers disciples n’avaient aucune accréditation d’une université ni d’un séminaire, et pourtant ils baptisaient plusieurs personnes (Jean 4 :1,2). Nous ne disons point ceci pour légitimer le baptême d’eau que nous savons aboli, mais pour condamner ceux qui dominent sur la foi des fidèles (1 Pierre 5 :2,3). Nous ne sommes point appelé à la servitude mais à la liberté, ne laissez donc personne dominer sur votre foi par la ruse des accréditations, car le simple disciple vaut plus que tous les administrateurs prétentieux qui s’établissent comme médiateurs de la grâce de Dieu. Ils sont accrédités des hommes et non de Dieu, mais «nous avons reçu l’onction de la Brillante Présence de Christ qui nous enseigne toutes choses, et en laquelle il n’y a point de prétentions» (1 Jean 2 :27).)
Les baptistes compromettent souvent leur
cause par l'étroitesse et l'exclusisme avec
lequel ils s'attachent, non seulement à leur
point de vue quant au baptême des adultes,
mais encore au baptême par immersion. Une
forme n'est pas un dogme fondamental. À cet
égard, ils subiront aussi l'influence de
l'alliance évangélique.
BAPTISTE,
surnom de Jean le précurseur, et parent du Messie»,. Jean, et Baptême.
BARABBAS.
Son histoire se lit en Matthieu 27:16; sq. Jean 18:40.
BARAC,
fils d'Abinoam, de Kédès, dans
la tribu de Nephlhali, général Israélite,
fut chargé par Débora de lever une armée de
10,000 hommes dans les tribus de Zabulon et
de Nephthali, et d'attaquer Sisera. Il
témoigna d'abord quelque hésitation,
craignant que les tribus ne refusassent de
le suivre si rien n'appuyait son appel aux
armes. Débora consentit à l'accompagner,
mais le punit de son manque de foi en lui
annonçant que le général ennemi tomberait
sous les coups d'une femme. Barac n'hésite
plus, il part, et campe sa petite armée sur
les hauteurs du mont Thabor, inaccessibles
aux chariots et à la cavalerie du roi de
Hatsor. L'Éternel combattit des cieux,
Israël remporta la victoire; mais lorsque
Barac arriva, cherchant son ennemi pour le
mettre à mort, la prophétie de Débora était
accomplie: une femme lui avait ravi la
dernière gloire du combat; Jahel courut à sa
rencontre et lui dit: Viens, et je te
montrerai l'homme que tu cherches.
Saint Paul loue la foi de Barac, Hébreux
11:32, et Débora le chante aussi dans son
sublime cantique; d'ailleurs l'ensemble de
la vie de ce général (dont il ne faut pas
faire un juge comme quelques personnes
estiment qu'il le fut), nous montre en lui
un véritable Israélite, soumis à la volonté
de son Dieu. Il eut cependant, comme Aaron,
comme Moïse, comme David, comme Pierre, ses
doutes et son incrédulité; les incrédules
seuls, qui ne savent pas ce que c'est que la
foi, peuvent prétendre qu'il n'y eût chez
lui ni lâcheté ni défiance, et que sa
désobéissance fût très légère. Il refusa de
croire à la prophétesse; ce péché ne paraît
pas grand à ceux qui refusent de croire aux
prophètes, mais Dieu châtia Barac par où il
avait péché, et lui enleva l'honneur qu'il
avait d'abord voulu lui accorder.
— Voir: Bedan.
BARACHIE.
«Afin que vienne sur vous, dit Jésus en pariant des scribes et des pharisiens, tout le sang juste qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l'autel.» Matthieu 23:25. Quel est ce Barachie? c'est une question qui est toujours restée pendante depuis Origène et les Pères, et qui l'est encore maintenant. Quelques-uns ont pensé à Jébérecja, père de Zacharie, Ésaïe 8:2, d'autres à Barachie, père du prophète Zacharie, Zacharie 1:1, d'autres au père de Zacharie, père de Jean-Baptiste; mais ce sont de pures hypothèses qui ne reposent que sur une ressemblance de nom, sans que l'histoire nous fournisse aucune preuve que ces différents Barachie soient morts de mort violente. Il reste enfin deux suppositions qui, l'une et l'autre, se rapportent au passage 2 Chroniques 24:20-23. Là nous lisons que Zacharie, fils de Jéhojadah, ayant reproché au peuple leurs transgressions, fut assommé de pierres par l'ordre du roi, au parvis de la maison de l'Éternel. Selon les uns, Barachie serait un second nom de Jéhojadah, et c'est un moyen souvent employé et souvent justifié de concilier d'apparentes contradictions; il n'était pas rare, en effet, qu'un homme portât des noms différents. Selon d'autres, Jéhojadah serait le père de Barachie, et l'aïeul de Zacharie; il y aurait donc une génération omise dans le récit des chroniques, mais il arrivait assez fréquemment que dans la généalogie d'un homme on ne comptât que ceux de ses ancêtres qui étaient le plus connus. Cette dernière manière de voir paraît plus vraisemblable, et peut s'appuyer encore sur le fait de la longue vie de Jéhojadah qui atteignit l'âge de 130 ans, 2 Chroniques 24:15. Jésus, en choisissant cet exemple au milieu de tant d'autres, aurait voulu faire sentir aux pharisiens que l'Écriture sainte tout entière, d'un bout à l'autre, rend témoignage à leur endurcissement; car l'exemple d'Abel est tiré de la Genèse, et celui de Zacharie serait tiré du second livre des Chroniques qui, dans le texte hébreu, est placé à la fin du volume sacré.
BARBARE.
On sait que les Grecs donnaient ce nom aux hommes de toutes nations qui ne parlaient pas leur langue, les regardant par cela même comme ignorants, et peu civilisés. Avec le temps cette expression devint donc synonyme du mot étranger, et perdit tout ce que d'abord elle pouvait avoir d'offensant: être barbare pour quelqu'un ne signifiait plus que lui être étranger, parler une langue différente de la sienne, et qu'il ne comprend pas. C'est dans ce sens que les apôtres ont pu se servir de ce mot, Actes 28:2,4; Romains 1:14; 1 Corinthiens 14:11; Colossiens 3:11.
BARBE.
Les Hébreux se la laissaient croître, comme faisaient et comme font encore presque tous les Orientaux (à l'exception cependant des Égyptiens; car Joseph fut rasé pour être rendu digne de paraître en la présence de Pharaon, Genèse 41:14). Parfois ils l'écourtaient, ou même la rasaient entièrement en certaines places, suivant des formes régulières. Mais les coins de la barbe (Lévitique 19:27, probablement les favoris) que les Arabes rasent habituellement, ne devaient jamais tomber. Quelques-uns des Juifs modernes, par principe, conservent encore un léger filet de barbe depuis l'oreille, et au menton la barbe entière. Les Hébreux soignaient particulièrement cette partie de leur figure qu'ils regardaient comme leur plus bel ornement, et ils l'oignaient d'huiles odoriférantes, Psaumes 133:2; Daniel 10:3. Raser quelqu'un malgré lui, c'était lui faire un affront sanglant, et 2 Samuel 10:4, nous montre une guerre contre Hanun, résultant d'un traitement de ce genre fait aux envoyés du roi David. Niebuhr et Tavernier rapportent des faits semblables; cf. Ésaïe 7:20; 50:6, etc. Moïse prescrit une tonsure complète comme mesure de santé, Lévitique 14:9; mais, à l'exception de ce seul cas, ce n'était jamais que dans un deuil profond que les Israélites se rasaient ou s'arrachaient la barbe, Ésaïe 15:2; Jérémie 41:5; 48:37; Esdras 9:3, ou négligeaient d'en prendre soin, 2 Samuel 19:24. Néhémie, dans sa fureur contre ceux des Juifs qui avaient contracté des alliances étrangères, en battit quelques-uns et leur arracha les cheveux, Néhémie 13:25. Les esclaves n'avaient pas le droit de se laisser croître la barbe, que les Orientaux considéraient et considèrent encore comme l'apanage exclusif de l'homme libre et fort. On baisait la barbe de celui qu'on voulait honorer ou se rendre favorable, 2 Samuel 20:9. Enfin cette excroissance capillaire était si considérée, elle jouait un tel rôle, qu'on mettait à part tous les poils qui tombaient sous le peigne, et qu'on les conservait avec beaucoup de soin.
BAR-JÉSUS.
Bar signifie fils. C'était un
homme juif d'origine, qui s'adonnait à la
magie, et qui avait pris un nom arabe en
rapport avec ses occupations ordinaires, le
nom d'Élymas qui veut dire enchanteur. Il
était placé dans l'île de Chypre, à Paphos,
auprès du proconsul Serge Paul, qui lui
accordait une grande confiance. Les apôtres
Paul et Barnabas ayant été appelés auprès de
Serge qui désirait d'ouïr la parole de Dieu,
Bar-Jésus qui craignait de perdre son crédit
si les deux étrangers réussissaient auprès
du proconsul, leur résistait ouvertement,
cherchant à détourner Serge de la foi. Mais
Paul le frappa d'aveuglement, tellement
qu'il ne put pas même voir le soleil, et
Bar-Jésus sortit, cherchant quelqu'un pour
le conduire. Son châtiment ne devait être
que pour un temps, mais nous ignorons quand
et comment il recouvra la vue. Actes 13:6;
et sq..
— Voir: Ananias.
BAR-JONA,
fils de Jona ou de Jonas,
surnom syriaque de l'apôtre Pierre dont le
père s'appelait effectivement Jonas,
— Voir: Matthieu 16:17; Jean 1:42;
21:15-17.
Comme Jona signifie une colombe,
quelques-uns ont cru voir une allusion à ce
sens dans les paroles de notre Sauveur, Jean
1:42: «Tu es Simon, fils d'une colombe, tu
seras appelé un rocher.» Mais s'il y a dans
le surnom donné à Pierre une allusion
effective, elle ne se rapporte point au
caractère de Pierre lors de sa vocation,
puisqu'il était plutôt bouillant que ferme
(et son reniement a bien montré qu'il
n'était pas un rocher); mais à son caractère
futur, à ce qu'il devait être un jour. Du
reste il n'est pas nécessaire de voir une
allusion dans le mot de Bar-Jona, puisqu'il
désigne déjà par lui seul un titre réel de
Pierre, sa naissance, et que les anciens et
les Orientaux, lorsqu'ils font un appel
solennel à quelqu'un, ont coutume de le
nommer par tous ses titres, et de lui donner
tous ses noms. Les contes arabes fourmillent
d'exemples de ce genre.
BARNABAS.
Ses ancêtres, de la tribu de
Lévi, s'étaient retirés dans l'île de
Chypre, peut-être lors de l'invasion de la
Judée par les Syriens, ou par les Romains.
C'est dans cette île qu'il naquit; il y
reçut le nom de Joses, mais après sa
conversion à la foi chrétienne, on l'appela
Barnabas, ce qui peut se traduire, ou fils
de prophétie, à cause des dons éminents
qu'il avait reçus du Saint-Esprit, ou plutôt
fils de consolation, à cause de l'assistance
qu'il prêta à l'Église par ses grands biens,
et par son ministère. On sait qu'il vendit
le premier une possession dont il déposa le
prix aux pieds des apôtres; et, selon toute
probabilité, ce fut la considération qui en
rejaillit sur lui qui engagea Ananias et
Saphira au mensonge. Il demeurait à
Jérusalem, quand il fut amené à l'Évangile,
Actes 4:36-37. Lorsque saint Paul converti
vint à Jérusalem après trois ans de séjour
en Arabie, Barnabas fut le premier à le
reconnaître comme un frère, et il le
présenta comme tel aux fidèles de Jérusalem
qui accueillaient avec méfiance leur ancien
ennemi.
Vers l'an 41 de notre Seigneur, Barnabas fut
député par les frères de Jérusalem vers ceux
d'Antioche: il partit de là pour Tarse, d'où
il ramena Paul avec lequel il prêcha
l'Évangile à Antioche, durant toute une
année; puis, avec ce même apôtre, il porta
aux fidèles de Judée le produit de la
collecte qu'on avait faite pour eux.
Barnabas et Paul étant retournés à Antioche,
furent envoyés par les chrétiens de cette
ville pour prêcher l'Évangile aux gentils.
Ce pouvait être vers l'an 45. Ils
s'embarquèrent donc, séjournèrent dans l'île
de Chypre, lieu d'origine de Barnabas, y
rencontrèrent le magicien Bar-Jésus, et
convertirent le proconsul romain Serge Paul.
De là ils se rendirent à Antioche de Pisidie
où ils essuyèrent une persécution qui les
contraignit de se rendre à Iconie, puis à
Lystre, où les païens prirent les deux
apôtres pour deux de leurs dieux revêtus
d'une forme humaine, appelant Barnabas
Jupiter, et Paul Mercure. Un moment après,
les apôtres faillirent être lapidés, et
s'enfuirent à Derbe; ils revinrent en
Pisidie, allèrent en Pamphylie, et se
retrouvèrent enfin à Antioche, après une
absence d'environ quatre ans. C'est alors
que s'éleva la grande question qui divisait
l'Église chrétienne naissante, à savoir si
les païens qui venaient à se convertir,
devaient être circoncis, et en général
astreints aux observances mosaïques.
Barnabas, par faiblesse peut-être, inclinait
pour l'affirmative, tandis que Paul, plus
avancé dans la foi à la nouvelle alliance,
était prononcé pour l'opinion contraire. Il
fut résolu qu'ils iraient l'un et l'autre en
conférer avec l'Église de Jérusalem. Après
que cette affaire eut été terminée, ces deux
serviteurs de Dieu reprirent le chemin
d'Antioche où ils rendirent compte aux
frères de ce qui avait été dit et décidé.
Ils résolurent ensuite d'aller visiter et
encourager les Églises qu'ils avaient
réunies dans leur précédent voyage
missionnaire; Barnabas aurait voulu que Jean
surnommé Marc, et selon toute apparence son
neveu, les accompagnât dans cette tournée;
mais Paul qui se rappelait qu'une précédente
fois déjà Marc, après s'être mis en route
avec eux, les avait abandonnés pour
retourner chez lui, refusa de le prendre, et
les deux apôtres se séparèrent aigris l'un
contre l'autre: Paul partit avec Silas, et
Barnabas prit une autre direction dans la
compagnie de Marc. Ils se rendirent en
Chypre, et dès lors nous ne connaissons plus
rien, du moins par la Bible, de la vie et
des travaux de cet homme auquel le
Saint-Esprit a accordé le titre d'apôtre.
Cependant, environ huit ans après cette
séparation, saint Paul, écrivant aux
Corinthiens, leur parle de son ancien
collègue dans l'apostolat, comme on parle
d'un homme qui est encore vivant et dont on
connaît bien la situation,
— Voir: Actes 11:22; 18:37; Galates
2:1,9,13; Colossiens 4:10; 1 Corinthiens
9:6, et les articles Paul et Marc.
— Voir: encore Cypre.
L'antiquité nous a conservé une lettre «lui
porte le nom de Barnabas; l'auteur y expose
que le culte lévitique n'est pas essentiel
pour les chrétiens. Cette épître tient le
milieu entre le christianisme judaïque et
les vues philosophiques de l'école
d'Alexandrie. Il faut d'après l'auteur
qu'une gnôsis découvre le sens de
l'Ancien Testament et convainque les Juifs
de leur erreur; il faut que les Juifs
apprennent que les cérémonies ne sont que
des symboles. La tendance gnostique de cette
lettre l'a fait attribuer à un docteur
d'Alexandrie; d'un autre côté, il s'y trouve
beaucoup de traits chrétiens qui montrent un
homme qui a habité avec les apôtres. Néandre
la refuse à Barnabas, mais la plupart des
anciens Pères la lui attribuent, et les
arguments semblent, en effet, pencher de ce
côté.
BARRABAS,
brigand fameux qui était avec
ses complices en prison à Jérusalem, pour
crime de sédition et de meurtre, lorsque
notre Seigneur y fut jugé et condamné au
supplice de la croix. Le peuple, invité à
choisir entre Jésus et Barrabas, à l'un
desquels Pilate offrait de faire grâce
suivant un usage qui avait prévalu, demanda,
à l'instigation des principaux
sacrificateurs, que Barrabas fût relâché et
Jésus-Christ crucifié.
Cette petite histoire, si effroyable dans sa
simplicité, se présente comme une muette
condamnation de l'humanité prononcée par
elle-même contre elle-même. Barrabas
portait, lui aussi, le nom de Jésus, et ce
n'est que par un sentiment de convenance
charnelle qu'on l'a fait disparaître du
texte sacré. Son nom même de Barrabas
(Bar-Abba) signifie le Fils du Père,
et c'est entre ces deux Jésus, entre ces
deux Fils du Père, que le peuple ayant eu à
se prononcer, a condamné le juste et relâché
l'assassin. Le professeur Tholuck a tiré un
grand parti de ce rapprochement, et s'est
attaché, dans un de ses sermons académiques,
à montrer combien il y a d'hommes, de nos
jours encore, qui, au lieu de s'attacher au
Jésus Dieu, lui préfèrent un Jésus homme et
pécheur comme nous: ce sont les ariens et
les sociniens, ceux qui le sont par système,
et ceux qui le sont par indifférence.
BARSABAS.
-
Joseph Barsabas, surnommé le Juste, fut un des premiers disciples de Jésus-Christ, et probablement un des soixante et dix qu'il envoya devant lui, Actes 1:21-23. Ce fut entre lui et Matthias que les apôtres jetèrent le sort pour remplacer Judas le traître, mais le sort ne le favorisa pas. Nous ne connaissons d'ailleurs rien de particulier sur sa vie. La tradition porte qu'il mourut en Judée, après avoir beaucoup souffert pour l'Évangile.
-
Judas Barsabas, que l'Église de Jérusalem députa avec Paul, Barnabas et Silas, auprès des autres Églises, pour leur faire connaître les résolutions qui venaient d'être prises par le concile de la métropole judéo-chrétienne, sur la conduite à tenir à l'égard des païens convertis, Actes 15:22; sq. Il était peut-être parent du précédent, de Joseph Barsabas; en tout cas l'Église de Jérusalem le comptait au nombre de ses membres les plus distingués, et il portait, avec Silas, Agabus et d'autres, le titre de prophète, verset 32.
-
Le seul fait de sa présentation montre de quelle estime il jouissait dans l'Église.
BARTHÉLEMI,
Matthieu 10:3; un des douze
apôtres du Seigneur. Jean, dans son
Évangile, ne fait jamais mention de
Barthélemi; en revanche il compte Nathanaël
au nombre des douze, tandis que les autres
évangélistes ne parlent pas de Nathanaël,
mais bien de Barthélemi. De plus, Jean parle
de Philippe et de Nathanaël dans l'ordre où
les trois autres placent Philippe et
Barthélemi. Nathanaël ligure d'ailleurs au
nombre des apôtres qui se rendirent vers la
mer de Tibériade, auprès de notre Sauveur
ressuscité, et qui virent la réintégration
de saint Pierre. Enfin le nom même de
Barthélemi n'est qu'un surnom signifiant
fils de Thalmaï, comme Bar-Jonas
signifie fils de Jonas. Il résulte de ces
considérations que, selon toute apparence,
Barthélemi l'apôtre est le même que
Nathanaël, q.v.
— D'après la tradition, Barthélemi aurait
prêché l'Évangile aux Indes (peut-être sur
les côtes occidentales de l'Arabie); puis il
serait retourné dans les contrées
occidentales et septentrionales de l'Asie,
où il aurait travaillé quelque temps avec
Philippe. Il doit être mort en Arménie, à
Albanople, du supplice de la croix, en
recommandant aux païens, jusqu'à son dernier
soupir, l'Évangile qu'il leur avait prêché.
BARTIMÉE.
Simple et touchante histoire
d'un aveugle devenu voyant! Il se tenait
assis aux portes de Jérico, demandant
l'aumône. Son nom signifie fils de Timée; et
comme on ne prenait guère le nom de son père
que lorsque celui-ci avait occupé un certain
rang dans le inonde, il paraîtrait que ce
malheureux était né dans une position bien
différente de celle où il se trouvait alors;
c'est peut-être à cause de cela que Marc ne
fait mention que de lui, bien qu'il y eût là
deux aveugles en même temps.
Cette histoire nous est racontée par trois
évangélistes, Matthieu 20:29; Marc 10:46;
Luc 18:35; sq., et par chacun avec quelques
détails différents. Quelques auteurs
appellent ces divergences des contradictions
inconciliables; ils sont heureux d'y voir
une preuve de l'authenticité des livres
saints, une preuve que les évangélistes ne
sont pas des faussaires qui se soient
concertés. Ce raisonnement, s'il était
juste, ne serait certainement pas sans
valeur au point de vue apologétique. Quant à
nous, pour la première fois que cette
question se rencontre sur notre chemin, nous
le dirons franchement: à supposer qu'il y
eût dans les livres saints quelques erreurs
de dates, d'histoire, de géographie,
d'histoire naturelle, ou autre de ce genre,
cela ne nous émouvrait nullement, parce que
ce que nous cherchons dans la Parole de
Dieu, c'est une parole de salut, et
l'annonce d'une économie de grâce: nous n'y
cherchons pas autre chose. Dieu même, en
nous donnant son livre, n'a voulu que nous
éclairer sur les grandes questions qui se
rattachent à notre Âme, à notre Sauveur, à
l'Éternité. Toutefois, et quoiqu'il nous
importe fort peu, dans un sens, qu'il y ait
ou non des erreurs matérielles dans la
Bible, nous avouons que nous n'en avons pas
découvert une seule qui fût bien constatée.
On trouve sans doute ici et là quelques
faits racontés sous des points de vue
différents, et avec d'autres détails; on
trouve bien encore des expressions employées
dans un sens large et étendu: mais des
contradictions, et des contradictions
inconciliables, non. Puisqu'on en voit de
telles dans l'histoire de Bartimée,
examinons-les. Marc et Luc ne parlent que
d'un aveugle, tandis que Matthieu en
mentionne deux. Marc et Matthieu placent le
miracle au moment où Jésus sortait, tandis
que Luc semble le mettre au moment où il
s'approchait de Jérico. La difficulté n'est
pas très grande quant au nombre des
aveugles; l'apôtre Matthieu qui a été témoin
de la guérison, n'a pu se tromper; Marc et
Luc, qui n'y ont pas assisté, parlent de
celui dont il a été le plus question, qui
paraît avoir porté la parole, et qui a le
plus frappé; c'est Bartimée. Quant à la
seconde difficulté, elle est plus grande;
mais rien n'empêche d'admettre que Luc a
réuni en une seule narration deux phases, ou
circonstances différentes, du même fait; il
est en effet le seul qui fasse mention de la
première question de l'aveugle «il demanda
ce que c'était.» Cette question, Bartimée la
fit avant l'entrée dans Jérico; ce qui
arriva ensuite dans cette ville, l'histoire
de Zachée, etc, excita la confiance de cet
aveugle en Jésus: un autre aveugle s'étant
joint à lui, ils s'adressèrent ensemble au
Maître, comme celui-ci quittait de nouveau
la ville. Contre cette explication, qui
concilie tout, il n'y a pas de raison bien
forte à faire valoir.
BARUCH,
-
prince ou grand seigneur juif, fils de Nérija, frère de Séraja, l'un des courtisans de Sédécias, Jérémie 32:12; 51:59; sq. Ami, et peut-être parent de Jérémie, il fut pendant quelque temps son secrétaire ou scribe, 36:4, et écrivit sous sa dictée les paroles que l'Éternel prononça contre Juda, la quatrième année du roi Jéhojakim. Puis il fut chargé par son maître de les lire au peuple dans le temple, en un jour de jeûne, qui avait été ordonné tout récemment en commémoration, dit-on, de la prise de Jérusalem par Nébucadnetsar. D'après nos versions, il semblerait que Baruch en fît la lecture par deux fois, ainsi que le veulent Prideaux et Ussérius, mais il faut lire au verset neuvième: «Et cela arriva», etc, et verset 10, «ce fut ce jour-là que Baruch lut» etc. Le texte, en effet, ne parle que d'une seule lecture, et si le moment où furent rédigés les discours du prophète, est éloigné de celui où ils furent lus au public, c'est qu'il fallait un certain temps pour le travail même de la rédaction, et qu'il importait, dans l'intérêt de la lecture, qu'on la fît en un jour solennel où une foule de Juifs, de toutes les parties du royaume, rempliraient le temple. Plus tard, Baruch fut encore appelé par devant les principaux officiers du roi, qui lui demandèrent de leur relire ce même rouleau dont il avait donné lecture au peuple. Effrayés des menaces qu'ils entendirent alors, et ayant appris qu'elles avaient été prononcées par le prophète Jérémie, ils résolurent d'en instruire le roi, et conseillèrent à Baruch de se cacher ainsi que son maître; précaution qui ne leur fut pas inutile, car Jéhojakim ayant entendu la lecture de ces oracles, les mit en pièces et les jeta dans le brasier qui brûlait devant lui, puis il donna l'ordre qu'on recherchât ces deux hommes et qu'on s'en rendît maître, mais «l'Éternel cacha Baruch et Jérémie.»
— Baruch fut chargé d'écrire, sous, la dictée de son maître, un second rouleau semblable au premier qui avait été détruit, et sans doute plus sévère encore. Mais ce fidèle serviteur, attaché à Jérémie par l'harmonie des sentiments religieux et patriotiques, partageant avec lui les persécutions et les peines qu'il avait à endurer, affligé des nouvelles menaces qu'il devait écrire contre sa patrie, et craignant peut-être de voir encore augmenter ses douleurs par cette publication, s'écria: «Malheur à moi! car l'Éternel a ajouté la tristesse à ma douleur!» Pour le consoler, 45:1-5. Jérémie lui annonça la protection divine durant toute sa vie, mais lui représenta que si Dieu lui-même, qui voudrait voir ce peuple heureux, était obligé de le punir, lui, Baruch, ne pouvait prétendre à recueillir la gloire et la prospérité. Nous retrouvons Baruch dans la dixième année de Sédécias, pendant le siège de Jérusalem, 32:12. Jérémie lui confie le contrat de l'acquisition qu'il a faite du champ de Hanaméel, son parent. Plus tard encore, 43:3, dans l'année qui suivit la prise de Jérusalem, nous le voyons injustement soupçonné d'animer Jérémie contre les déplorables et impies débris de Juda; ses accusateurs se saisissent de lui et l'entraînent de force en Égypte, ainsi que Jérémie, comme s'ils voulaient encore, dans leur rébellion, conserver au milieu d'eux les représentants de ce Dieu auquel ils ne craignaient pas de désobéir.
C'est à ce Baruch que la fable attribue le livre apocryphe qui porte son nom; mais on peut voir à l'article Apocryphes ce que nous en avons dit.
-
Baruch, fils de Zaccaï, Néhémie 2:20, releva une partie des murs de Jérusalem, sous la direction de Néhémie.
BARZILLAÏ.
-
Siméonite, de Méholah, et père de Hadriel, 2 Samuel 21:8.
-
Galaadite, riche propriétaire de Roguelim (2 Samuel 17:27; 49:31,39; 2 Rois 2:7), fournit d'abondants secours de vivres à David et à sa petite armée fuyant devant Absalon. La révolte apaisée, David voulut récompenser son bienfaiteur et l'emmener avec lui à Jérusalem; mais le vieillard octogénaire refusa des jouissances qui n'étaient plus de son âge. «Ton serviteur, dit-il, pourrait-il savourer ce qu'il mangerait et boirait, ou entendre la voix des chanteurs et des chanteuses? Et pourquoi serait-il à charge au roi, mon seigneur?» Il se borna donc à accepter pour son fils (ou petit-fils) Kimham, la protection royale, puis il retourna en son lieu. David mourant recommanda à Salomon les enfants de celui qui l'avait secouru dans sa fuite, 1 Rois 2:7. Le nom de Barzillaï se retrouve, Esdras 2:61; Néhémie 7:63, où l'on peut voir combien sa mémoire s'était conservée en Israël, même après la captivité.
BASAN,
l'une des plus fertiles
contrées du monde, à l'est du Jourdain et de
la mer de Tibériade, au nord du Jabbok, au
sud du mont Hermon et du Gessur. C'est un
pays de collines et de gras pâturages; entre
ses montagnes calcaires sont d'étroites et
fertiles vallées, et les cavernes qui s'y
trouvent répandues en abondance servent
encore de nos jours à loger un grand nombre
d'habitants. La contrée de Basan était
autrefois célèbre par son bétail, et surtout
par ses taureaux et ses béliers; il est
aussi fait souvent mention de ses beaux
chênes, qui, maintenant encore, sont
l'ornement de ses montagnes. On y comptait,
outre les villages, soixante villes fermées.
Moïse prit ce territoire sur Hog, et le
donna à la tribu de Manassé,
— Voir: Nombres 21:33; Deutéronome
1:4; 3:1; 32:14; Josué 12:4-5; Psaumes
22:12; 135:11; 136:20; Ésaïe 2:13; 33:9;
Ézéchiel 27:6; 39:18; Amos 4:1; Nahum 1:4;
Zacharie 11:2.
— Dans les temps postérieurs à l'exil, cette
contrée reçut le nom de Batanée, qui ne se
trouve, du reste, nulle part dans le Nouveau
Testament; les limites n'en sont pas faciles
à déterminer, mais il paraît qu'elles
s'étendaient moins au nord que celles du
royaume de Basan.
— De nos jours on l'appelle El-Bottein.
BASÉMATH,
une des filles de Salomon, 1 Rois 4:15. Elle avait épousé Ahimahats, un des principaux officiers de la cour de son père, alliance qui n'était point une mésalliance dans l'antiquité, et dont tous les temps ont offert des exemples chez les Orientaux. Basémath, Taphath sa sœur (4:11) et Roboam sont, de tous les enfants de Salomon, les seuls dont l'Écriture sainte nous ait conservé la mémoire.
BASILIC
(proprement basilisc). Ce
serpent est mentionné dans cinq passages de
l'Ancien Testament, Proverbes 23:32; Ésaïe
11:8; 14:29; 59:5; Jérémie 8:17, et
plusieurs fois dans le Nouveau Testament,
Matthieu 3:7; 12:34; 23:33; Luc 3:7; Actes
28:3.
— Selon les anciens, le basilic vit en
Afrique; il est de couleur jaune, ayant
trois légères bosses et une tache blanche
sur sa tête effilée: c'est le plus venimeux
de toute la race, tellement que les autres
serpents même s'enfuient à son approche. Sa
morsure cause une inflammation subite et
générale, et tue en très peu de temps. Le
corps d'un animal mordu par le basilic
exhale une odeur si infecte, que les animaux
carnassiers n'osent même y toucher. On
croyait autrefois que la belette seule
savait tuer le basilic, et que les coqs lui
inspiraient de la terreur. Dans les temps
postérieurs, on se représenta le basilic
avec le corps d'un coq et la tête d'un
serpent, ou quelquefois seulement comme un
serpent muni d'ailes, et l'on croyait qu'il
provenait de l'œuf qu'un vieux coq aurait
pondu et couvé. Les anciens croyaient aussi
que son simple regard et son haleine
étourdissaient et tuaient les animaux.
— La science moderne n'a pas encore pu
déterminer quel serpent il faut entendre
parle basilic des anciens.
— Proverbes 23:31-32, le vin est comparé au
basilic, à cause de ses propriétés
destructives, parce qu'il peut étourdir
l'homme, le priver de sa raison, et à la
longue, ou même en peu de temps, ruiner son
corps et son esprit.
Dans sa description du millénium, Ésaïe
(11:8) pour montrer la différence entre
l'économie des temps actuels et celle des
temps futurs, dit qu'alors toute la nature
aura subi une régénération telle qu'il n'y
aura plus de mal, ni rien de nuisible sur la
terre: le basilic même aura perdu ses
qualités dangereuses.
BATH,
mesure de liquides, qui
correspondait à l'épha, mesure de capacité
pour les matières sèches. C'était la dixième
partie du homer, qui était la plus grande
des mesures. Le bath contenait environ 35
litres (432 coquilles d'oeuf, — Voir:
Cab). Quelques-uns pensent qu'il y avait
deux baths, l'un vulgaire, et l'autre pour
les usages sacrés: ce dernier étant d'un
tiers plus grand que le premier. On l'infère
de ce que 1 Rois 7:26, il est dit que la mer
de Salomon contenait 2,000 baths, tandis
que, d'après 2 Chroniques 4:5, elle en
aurait contenu 3,000. Cependant il est
possible que le premier de ces passages se
rapporte à la contenance de la cuve seule,
tandis que l'autre y joindrait encore la
capacité des soubassements et des dix
cuviers plus petits qu'ils supportaient.
— Voir: encore Esdras 7,22; Ézéchiel
45:11.
BATHSÉBAH ou Bathsuah,
fille d'Éliham ou Hammiel, 2
Samuel 11:3; cf. 23:34; 1 Chroniques 3:5, et
probablement petite-fille d'Achitophel. Ce
fut la femme d'Urie le Héthien, que David
fit enlever, et qu'il épousa après avoir
fait périr son mari, 2 Samuel 12. Elle donna
à son nouvel époux cinq enfants, dont l'aîné
mourut peu après sa naissance; Salomon fut
le plus célèbre de ceux qui vécurent.
— Femme habile, ou peut-être simple
instrument de Tsadok, elle découvrit à David
la conspiration d'Adonija, qui revendiquait
son droit d'aînesse au préjudice de Salomon.
Le rebelle vaincu, ne laissa pas d'aspirer
encore au trône qu'il venait de perdre; mais
au lieu d'employer la force ouverte, il
imagina la ruse et intercéda auprès de
Bathsébah pour obtenir la main d'Abisag, la
jeune veuve du défunt roi. Bathsébah n'osa
pas refuser; elle dit à son fils la démarche
ambitieuse d'Adonija, mais ce tut la
sentence de mort du jeune prince; Salomon le
fit exécuter le même jour.
— Le nom de Bathsébah se retrouve Psaumes
51:1, où David mène deuil sur son péché;
elle est aussi rappelée Matthieu 1:6, parmi
les ancêtres de notre Seigneur.
BATHSUAH,
— Voir: l'article précédent.
BAUME.
Cette substance résineuse est
nommée parmi les épices que les marchands
arabes, auxquels Joseph fut vendu,
apportaient de Galaad en Égypte, Genèse
37:25. Jacob en envoie comme présent à son
fils, à la cour de Pharaon, 43:11. Le
prophète Ézéchiel, 27:17, nomme le baume
parmi les marchandises que les Juifs
portaient au marché de Tyr, et Jérémie en
parle comme d'un remède apporté de Galaad,
et dont on se servait pour la guérison des
blessures, 8:22; 46:11; 51:8. Les habitants
de la Palestine emploient, en effet, pour ce
but l'huile extraite du fruit d'un certain
olivier sauvage (Elaeagnus angustifolia,
Linnée), appelé Tsakkum par les Arabes. Cet
arbre, qui croît dans la vallée du Jourdain
et dans l'Arabie Pétrée, abondait autrefois
dans la Palestine transjourdaine; il
ressemble au prunier; il est muni de grandes
épines, et son bois est jaune comme le buis;
son écorce est toujours verte; ses feuilles,
semblables à celles de l'olivier, sont plus
minces et plus allongées; il porte des
fleurs blanches, et son fruit ressemble au
gland: c'est du noyau que les Arabes tirent
une huile dont ils font grand cas pour la
guérison des blessures et qu'ils préfèrent
même au baume de La Mecque. Ce baume était
anciennement connu sous le nom de baume de
Galaad ou baume juif, parce que les Juifs le
préparaient presque seuls, et qu'ils en
faisaient un commerce très étendu. Plusieurs
historiens grecs et romains, Pline, Diodore
de Sicile, etc., en parlent avec éloge.
Bochart pense que ce baume de Galaad
provenait de la térébenthine.
Il y avait encore une autre sorte de baume,
ou de drogue aromatique, appelée Bosem
ou Bosam en hébreu (le premier
s'appelait Tzeri), mentionné Exode
35:28; 1 Rois 10:10; Cantique 5:1,13; 6:2.
On le tirait d'un arbuste appelé encore
aujourd'hui Basam par les Arabes, en taisant
des incisions dans son écorce pendant les
plus grandes chaleurs de l'été; la sève qui
en découlait, après avoir été purifiée et
préparée, donnait ce baume excellent. Le
voyageur Burckhardt croit avoir trouvé cet
arbuste dans les environs du lac de
Tibériade, et il ajoute que ses fruits,
semblables aux cornichons, fournissent aussi
du baume.
— Dans les environs de La Mecque et dans
l'Arabie Heureuse, il y a un autre
arbrisseau qui fournit également un baume
très estimé.
— Ces trois espèces différentes de
baumiers étaient déjà connues des
anciens.
BDELLION.
Ce mot (hébreu B'dôlach)
ne se trouve que deux fois dans la Bible,
Genèse 2:12; Nombres 11:7. Dans le premier
de ces passages, il est nommé à côté de l'or
et de la pierre précieuse de Shoham
(— Voir: Onyx), comme une production
du pays de Havilah, qu'entourait ou
traversait un des fleuves du paradis; dans
le second, la manne lui est comparée.
Plusieurs savants, des commentateurs juifs,
Bochart et d'autres, pensent que le bdellion
désigne des perles, et cette explication
s'accorderait bien avec la comparaison
établie entre cette substance et la manne
qui était ronde, blanche et en petits
grains; de plus, d'après les mêmes
interprètes, le sens étymologique du mot
B'dôlach doit signifier «une chose
précieuse», sens qui s'appliquerait
également bien à la perle; enfin il faut
convenir que le passage de la Genèse ne
présente aucun empêchement à cette
explication. Il est à observer, néanmoins,
qu'aucune des anciennes versions ne traduit
ce mot par perle; les Septante le rendent
par escarboucle ou rubis dans Genèse 2:12,
et par cristal dans les Nombres; les autres
versions grecques anciennes le traduisent
par bdellion, mot qui désigne une résine
transparente et odoriférante qui découle
d'un certain palmier sur les bords, du golfe
Persique, en petits morceaux assez ronds,
comme des larmes; cette résine, d'une
couleur foncée ou jaunâtre, et d'un goût
amer, répand une odeur très agréable
lorsqu'on la brûle. Il est bien possible que
ce soit en effet là le B'dôlach mentionné
dans les deux passages de la Bible, du moins
l'affinité du nom grec avec l'hébreu ne
saurait être méconnue; et d'ailleurs il faut
observer que la langue hébraïque a un mot
particulier pour désigner les perles. La
manne peut être comparée au bdellion en tant
que c'est un jus résineux épaissi en
globules. Mais d'un autre côté, on ne
conçoit pas pourquoi cette résine, le
bdellion, aurait été nommée dans la Genèse à
coté de l'or et d'une pierre précieuse, vu
qu'elle n'était pas très estimée et
peut-être pas même connue des anciens.
D'autres savants, les plus anciens
commentateurs juifs et d'autres, pensent
enfin qu'au lieu de lire B'dôlach, il
faut lire B'rôlach, changement de
lettre qui a très facilement pu se faire en
hébreu, et qui serait appuyé du témoignage
des Septante, qui, dans un des deux
passages, ont rendu le mot par cristal.
B'rôlach désignerait alors le bérylle, sorte
de cristal, auquel la manne peut aussi être
comparée. Exode 16:14,31.
BEAUX-PORTS,
Actes 27:8, ville de Crète, près de Lasée, deux villes également peu connues. Beaux-Ports devait probablement son nom à l'agrément de sa situation, qui offrait aux vaisseaux un mouillage assuré; il porte encore aujourd'hui le nom grec de Limenes Kali, dont notre nom français n'est que la traduction.
BEDAN,
juge d'Israël, dont le nom est cité 1 Samuel 12:11, entre Gédéon et Jephté. Le livre des Juges n'en fait aucune mention; quelques-uns croient que ce mot signifie Danite, de Dan, et que c'est un surnom de Samson qui appartenait à cette tribu; d'autres lisent Barac; on suppose encore que c'est le nom d'un juge inconnu, différent des autres; il est possible, enfin, que Bedan ne soit qu'un autre nom de Jaïr: c'est même le plus probable.
BÉELZÉBUB,
— Voir: Bahal-Zébub.
BÉER
(un puits).
-
Station des Israélites au désert, sur les confins de la contrée de Moab, Nombres 21:16; peut-être le même endroit que Béer-Élim, Ésaïe 15:8.
-
Ville à 20 kilomètres nord de Jérusalem, sur la route de Sichem. C'est là que Jotham, fils de Gédéon, se réfugia pour échapper à Abimélec. Juges 9:21.
BÉÉRA,
1 Chroniques 5:6, le principal chef des Rubénites, qui fut transporté en Assyrie par Tiglath-Piléser, roi de cette contrée.
BÉER-ÉLIM
(le puits des princes),
— Voir: Béer.
BÉÉRI,
père du prophète Osée, 1:1; du reste, complètement inconnu.
BÉER-LACHAÏ-ROÏ.
C'est le nom hébreu du puits auprès duquel Agar en fuite, eut la vision de l'ange qui la ramena auprès de Saraï sa maîtresse: il se traduit «le puits du vivant qui me voit.» Genèse 16:14.
BÉÉROTH
(les puits), villes des Gabaonites, donnée à la tribu de Benjamin, Josué 9:17; Esdras 2:25; Néhémie 7:29. C'est là que naquirent Récab et Bahana, les deux meurtriers d'Is-Boseth, 2 Samuel 4:2,5.
BÉERSÉBAH, ou Sébah.
-
Le puits du serment, ou des sept, ainsi nommé de l'alliance qu'Abraham contracta avec Abimélec roi de Guérar, laquelle fut confirmée par un serment et par le don de sept jeunes brebis, Genèse 21:31-33. L'alliance fut renouvelée plus tard par Isaac, qui donna aux puits les mêmes noms qu'ils avaient portés au temps de son père, 26:18,33. Les deux patriarches habitèrent longtemps la contrée où se trouvaient les puits qu'ils avaient eux-mêmes creusés. Béersébah était à 35 kilomètres sud d'Hébron, à l'extrême frontière méridionale du pays de Canaan, de sorte que l'on disait: «de Dan à Béersébah», 2 Samuel 17:11; Juges 20:1; 1 Chroniques 21:2, pour exprimer la longueur de tout le pays, et «de Béersébah à la montagne d'Éphraïm», pour désigner la longueur du royaume de Juda, 2 Chroniques 19:4.
— Dans le partage de la terre de Canaan, Béersébah fut donnée à la tribu de Juda, Josué 15:28. C'est là que résidèrent les fils de Samuel, Joël et Abija, lorsque leur père eut partagé avec eux ses fonctions, 1 Samuel 8:2. Au temps d'Hozias roi de Juda, l'ancienne demeure d'Abraham fut souillée par le culte des idoles, Amos 5:5; 8:13-14.
— Après le retour de la captivité, Béersébah fut de nouveau habitée par les Juifs, Néhémie 11:27,30.
-
Béersébah, ou simplement Sébah, dans la tribu de Siméon, Josué 19:2. Peut-être qu'une partie de Béersébah dépendait de Juda et l'autre de Siméon; peut-être aussi, qu'il y avait deux endroits de ce nom.
BÉHÉMOTH,
Job 40:10; sq. Le mot hébreu
Béhémoth est un mot pluriel qui signifie
littéralement «de grands animaux
quadrupèdes; «mais tous les savants de nos
jours s'accordent à admettre que ce mot,
dans le passage de Job, désigne un animal
qui, d'après la belle et poétique
description de ce chapitre, ne peut être
autre que l'hippopotame. Son nom est
d'origine égyptienne et s'écrit proprement
Péhémout, bœuf marin (P est
l'article, Éhé signifie bœuf, et
moût eau); le mot grec hippopotame
signifie cheval du fleuve. Cet animal
formidable se trouvait autrefois en très
grand nombre jusqu'aux bouches mêmes du Nil,
mais il s'est retiré depuis vers le sud, et
habite surtout au-delà des cataractes de ce
fleuve, et dans d'autres rivières de
l'Afrique. Son corps est une masse énorme,
longue de 6 mètres environ, haute de 2 et
1/2, et d'une circonférence de 5. Sa tête
difforme a 1 mètre et plus de longueur, et
renferme une bouche énorme, garnie de
grosses dents et qui, lorsqu'elle est
ouverte, présente une ouverture de 70
centimètres à peu près. Sa peau est
noirâtre, presque sans poil, comme celle de
l'éléphant; elle est si dure et si épaisse,
que ni coup de sabre ni coup de fusil ne
saurait la traverser; même au bas-ventre, où
pourtant la peau est en général le moins
dure, elle est également impénétrable; elle
ne peut être entamée que près des oreilles,
et à la jointure de la tête au corps. On en
fait des boucliers qui joignent à une grande
légèreté une impénétrabilité parfaite. Sa
queue est comparativement très petite, ses
jambes sont courtes et massives, et le pied
ressemble à un gros sabot garni de quatre
orteils.
L'hippopotame se meut et nage dans l'eau
avec une grande facilité; il s'y tient la
majeure partie du jour, ou se couche dans
les endroits marécageux du rivage; cependant
il ne peut rester longtemps sous l'eau, car
le besoin de respirer le ramène bientôt à la
surface. Heureusement pour les habitants de
ces pays chauds, sa nourriture ne consiste
qu'en plantes et herbages, autrement il
serait un fléau trop redoutable; il
affectionne surtout les pois verts.
Lorsqu'il sort la nuit de sa retraite, il
parcourt les campagnes pour aller à la
recherche de sa nourriture; il n'est pas
rare qu'il détruise un champ de blé ou de
trèfle tout entier, soit en le foulant de
ses larges pieds, soit en le broutant de sa
large gueule. Il ne marche qu'avec
difficulté sur la terre ferme, et lorsqu'il
appréhende quelque danger, il se hâte de
gagner l'eau dans laquelle il peut déployer
sa gigantesque force. Quoique paisible de
son naturel, cet animal, quand il est
irrité, ne craint et n'épargne ni homme, ni
animal quelconque. Sa force est
extraordinaire, et lorsqu'il se voit attaqué
dans son élément, il arrive souvent qu'il
renverse les canots, et autres petits
bateaux, et qu'il les met en pièces en les
saisissant et les broyant entre ses
mâchoires, ou en les soulevant sur son dos.
Quand il élève hors du fleuve sa tête
énorme, il repousse et fait jaillir l'eau du
souffle de ses narines et fait entendre en
même temps un cri perçant et fort, semblable
au bruit du hennissement d'un cheval ou d'un
mulet, ou au bruit que fait une énorme porte
qui tourne lourdement sur ses gonds
rouilles. Les indigènes cherchent à le
prendre dans des fosses profondes, mais le
prudent animal est sur ses gardes, et devine
fréquemment les pièges qu'on lui tend; et
alors même qu'il est pris, il se défend avec
fureur,'et ne se livre qu'après avoir
rudement combattu.
— Pour l'éloigner de leurs plantations, les
indigènes ne connaissent d'autre moyen que
d'entretenir des feux de distance en
distance, et de battre le tambour. Plusieurs
de ces traits aideront à l'intelligence de
la description que le livre de Job donne de
l'hippopotame, et feront comprendre pourquoi
il est représenté comme une preuve
remarquable de la sagesse et de la puissance
du Créateur.
— Pour plus de détails, — Voir: le
Morgenland de Preiswerk, 1838, p. 343 et
suivant.
BÉHESTÉRA,
Josué 21:27, ville des lévites, dans la tribu de Manassé au-delà du Jourdain. Quelques-uns l'ont, à cause de la ressemblance du nom, confondue, mais à tort, avec Botsra.
BÉHOR,
nom que Moïse donne au père de Balaam, Nombres 22:5. La traduction grecque l'a rendu par Bosor, ainsi que nous le trouvons dans le Nouveau Testament, 2 Pierre 2:15.
BEL,
le Banal des Caldéens.
Qu'adoraient-ils sous ce nom? Était-ce
Nimrod leur premier seigneur, ou Bahal, ou
Pul roi d'Assyrie, ou quelque autre
monarque, ou le soleil, ou toutes ces choses
à la fois? C'est ce qu'il est impossible de
déterminer. Ésaïe 46:1; Jérémie 50:2; 51:44.
— Voir: Bahal.
BÉLAH.
-
1 Chroniques 5:8; sq. Nous ne connaissons de ce chef rubénite que ce qui en est dit dans ces trois versets. Il habitait d'abord dans les limites de Galaad à l'orient du Jourdain, depuis Haroher jusqu'à Néco; mais son bétail ayant fort multiplié dans les gras pâturages de cette contrée, la famille de Bélah s'avança vers l'orient jusqu'à l'Euphrate, se rappelant peut-être et s'appliquant certaines prophéties de Moïse qui donnaient à la postérité d'Abraham tout le pays situé entre le Nil et l'Euphrate, Genèse 15:18; Deutéronome 1:7. Cette hardie expédition, conforme aux mœurs antiques, exigeait dans tous les cas un certain degré de force et de puissance, et nous donne une idée avantageuse de l'accroissement que devait avoir pris la tribu de Ruben.
-
Genèse 14:2, ville de Canaan, qui prit plus tard le nom mieux connu de Tsohar, q.v.
BELETTE,
Lévitique 11:29;
— Voir: Crocodile et Taupe.
BÉLIAL, ou plutôt Béliar,
2 Corinthiens 6:15, nom donné à Satan, et qui signifie en hébreu: inutile, méchant, qui ne rapporte aucun profit. Ce mot se trouve aussi quelquefois dans l'Ancien Testament, précédé du mot fils, Deutéronome 13:13; 1 Samuel 2:12:» Or les fils d'Héli étaient des fils de Reliai», mais au lieu de traduire littéralement cette expression, on l'a ordinairement rendue, d'après le sens, par «de méchants hommes.»
BÉLIER.
-
— Voir: Brebis.
-
Machinerie guerre bien connue; on ne la trouve mentionnée dans l'Écriture sainte que Ézéchiel 4:2; 21:27. (dans le premier de ces passages, nos traductions ont rendu ce mol par «machines pour la battre»). Ézéchiel est probablement le plus ancien auteur qui en parle.
BELSATSAR,
Daniel 7 et 8, roi de Babylone,
est désigné par le prophète comme le fils de
Nébucadnetsar, quoiqu'il ne fût peut-être
qu'un de ses descendants; car, entre son
règne et celui de Nébucadnetsar, il y eut
trois règnes, très courts à la vérité, ceux
d'Évilmérodac, de Nériglissor et de
Laboroso-Achod, que Daniel ne mentionne pas;
et l'on sait que dans l'Écriture, comme dans
presque tous les livres de l'Orient, le mot
fils n'indique souvent que la filiation,
sans égard au nombre des anneaux
intermédiaires. Ce misérable prince portait
encore les noms de Nabonédus et de
Labynitus.
Babylone était alors assiégée par Cyrus,
général en chef des armées de son oncle
Darius, roi des Mèdes, connu dans l'histoire
profane sous le nom de Cyaxare II.
Belsatsar, à l'abri des remparts
fabuleusement énormes de sa capitale, se
livrait à une vie de délices, de débauches
et de fêtes. Dans une de ses orgies, il se
fit apporter les vaisseaux d'or et d'argent
que Nébucadnetsar avait enlevés du temple de
Jérusalem, Daniel 5:2. Il y but lui-même, et
poussa la profanation jusqu'à les présenter
à ses courtisans et à ses concubines, qui y
burent aussi. Et tous ensemble chantèrent
leurs dieux de métal, de bois et de pierre.
Mais tout à coup le roi vit sortir de la
muraille les doigts d'une main humaine,
traçant des caractères mystérieux: il fut
bouleversé, il changea de visage, ses reins
frissonnèrent, ses genoux s'entrechoquèrent
d'épouvante; il jeta un cri de terreur. Il
fait appeler aussitôt les sages du monde,
les astrologues, les caldéens, les devins;
mais malgré les magnifiques promesses qui
leur furent faites, aucun d'eux ne put
expliquer ou comprendre l'écriture divine.
Belsatsar était dans le plus grand trouble à
ce sujet, lorsque la reine, veuve de
Nébucadnetsar, et connue dans l'histoire
profane sous le nom de Nitocris, se présenta
à lui. Elle lui conseilla de consulter un
homme «en qui reposait l'esprit des dieux
saints» et que Nébucadnetsar avait trouvé si
plein de sagesse et de lumière, qu'il
l'avait établi chef des mages et des
astrologues; c'était Daniel, le prophète des
Hébreux. Daniel parut et donna au roi
l'interprétation qu'il demandait, non sans
lui avoir premièrement rappelé la conduite
coupable et le, châtiment de son
prédécesseur, puis son propre orgueil à lui,
Belsatsar, et l'acte sacrilège qu'il venait
de commettre. Les signes mystérieux étaient
la condamnation du roi, et la ruine du
royaume: Mene, mene, thekel, upharsin,
ce qui signifiait: Pesé, tu as été trouvé
léger, et ton royaume (sera) divisé et donné
aux Mèdes et aux Perses. Ce fut la réponse
du prophète, et Belsatsar, soit ironie et
incrédulité, soit qu'il n'osât pas manquer
de parole à un homme qui semblait lui parler
au nom de la Divinité, et qui lui annonçait
sa tin prochaine, accomplit envers Daniel
les promesses qu'il lui avait faites
solennellement, à lui aussi bien qu'aux
devins; il lui fit donner un vêtement
écarlate et un collier d'or, et le proclama
le troisième du royaume.
La menace n'avait pas précédé de beaucoup
l'exécution, car, en cette même nuit, Cyrus,
ayant détourné les eaux de l'Euphrate,
faisait entrer son armée dans la ville par
le lit desséché du fleuve. Babylone fut
prise, ses habitants massacrés, et Belsatsar
lui-même égorgé au milieu de son orgie, l'an
538 avant J.-C.
BELTÉSATSAR
(qui amasse des trésors), surnom qui fut donné à Daniel par l'officier du roi Nébucadnetsar, Daniel 1:7.
BÉNAJA
(fils de l'Éternel), fils de
Jéhojadah, l'un des plus vaillants guerriers
de David, et le capitaine de ses gardes, 2
Samuel 23:20; 1 Chroniques 11:22. Célèbre
par sa force et par son courage, il avait de
sa propre main tué un lion et combattu avec
un bâton contre un Égyptien armé d'une
hallebarde. En un temps où la force physique
jouait un si grand rôle, il était assez
ordinaire de voir ceux qui en étaient doués,
avancer promptement dans les grades et les
honneurs, surtout militaires. Bénaja obtint
à la cour les plus grandes faveurs: au
moment de la révolte d'Adonija, il fut
chargé de protéger le sacre de Salomon
contre tout mouvement populaire en faveur du
rebelle, 1 Rois 1:32. Puis, après la mort de
David, le nouveau roi lui confia l'exécution
de trois sentences de mort, contre Adonija,
contre Joab (qu'il remplaça dans le
commandement de l'armée), et contre Simhi, 1
Rois 2:25,29,46.
— Bénaja fut un des plus fidèles serviteurs
de la maison de David, qu'il servit de ses
vœux, comme de son bras et de son épée.
BEN-HADAD
(fils du bruit). L'Écriture mentionne sous ce nom trois rois différents:
-
le fils de Tabrimon, que Asa, roi de Juda, gagna et fit marcher contre Bahasa, roi d'Israël. Cette expédition fut fatale aux dix tribus, et notamment à celle de Nephthali, dont plusieurs villes furent surprises et pillées, 1 Rois 15:18; sq..
-
1 Rois 20:1; Ben-Hadad, roi de Syrie, fils et successeur du précédent, marcha contre Samarie, accompagné de trente-deux autres rois, et, suivi d'une nombreuse armée, il fit le siège de cette ville. Puis il fit orgueilleusement sommer Achab de se rendre à lui à discrétion, corps et biens. Mais Achab, appuyé sur l'avis des anciens du pays, lui fit répondre: «Que celui qui endosse le harnais ne se glorifie pas comme celui qui le quitte. «Le sens était clair: Ben-Hadad comprit le défi; la bataille s'engagea, les Syriens furent mis en déroute, et le roi lui-même s'enfuit avec toute sa cavalerie. Ben-Hadad, cependant, ne se tint pas pour battu; il attribua sa défaite à la protection des dieux d'Israël, et comme on avait combattu sur les montagnes, il s'imagina que c'était là peut-être la résidence de ces dieux, et que dans la plaine ils ne seraient plus d'aucun secours à leurs adorateurs. En conséquence, il se remit de rechef en campagne, au bout d'une année, avec une armée formidable, auprès de laquelle, dit l'écrivain sacré, les enfants d'Israël ne paraissaient pas plus que «deux troupeaux de chèvres.'» Les deux armées demeurèrent sept jours en présence dans les plaines de Jizréhel, après quoi elles en vinrent aux mains, et les Israélites tuèrent cent mille hommes aux Syriens: le reste s'enfuit dans la ville d'Aphek, dont la muraille s'écroula sur eux et les écrasa au nombre de vingt-sept mille. Caché dans la ville, Ben-Hadad envoya quelques-uns des siens auprès du vainqueur pour demander sa grâce. Il l'obtint; il fut épargné, malgré l'ordre contraire qu'Achab avait reçu de l'Éternel, et il fit alliance avec Achab, s'engageant à lui rendre les places conquises par son père, et à lui livrer quelques villes frontières.
Après une paix de trois ans, 1 Rois 22:1, la guerre fut reprise entre le roi de Syrie et les deux rois alliés d'Israël et de Juda, qui voulaient s'emparer de la ville de Ramoth, que Ben-Hadad, contrairement à la foi des traités, refusait de livrer. Ben-Hadad avait donné l'ordre à ses capitaines de ne viser que sur Achab; et quoiqu'on ne pût le reconnaître, à cause de son déguisement et de la lâcheté avec laquelle il avait voulu exposer Josaphat seul aux traits de l'ennemi, il fut mortellement blessé par une flèche tirée comme au hasard. L'armée israélite reçut l'ordre de battre en retraite; la campagne était terminée.
Sous le règne de Joram on vit de nouveau Ben-Hadad reparaître en Israël, 2 Rois 6:8; sq. Comme tous les plans et projets du Syrien étaient connus de Joram avant même qu'ils fussent exécutés, Ben-Hadad fut fort irrité, pensant qu'il avait un traître auprès de lui; mais ayant appris que c'était le prophète Élisée qui déjouait ainsi sa lactique, il envoya des gens à Dothan pour s'emparer de lui: mesure inutile, car l'Éternel sauva le prophète en frappant d'éblouissement les messagers de Ben-Hadad.
Quelque temps après, le roi de Syrie ayant rassemblé son armée, vint de nouveau mettre le siège devant Samarie. Comme le blocus se prolongeait, il y eut une grande famine dans la ville, 2 Rois 7:4. Ben-Hadad espérait les soumettre par ce moyeu; il était près de réussir, les assiégés, à la dernière extrémité, commençaient à se livrer au désespoir, lorsque l'Éternel les visita d'une délivrance miraculeuse. Les troupes syriennes entendirent pendant la nuit un bruit de chariots et de chevaux, comme le bruit d'une grande armée (sans doute celle qu'Élisée avait fait voir à son serviteur sur la montagne, 6:17), et croyant que c'étaient les rois des Héthiens et des Égyptiens, qui venaient au secours d'Israël, ils s'enfuirent précipitamment, saisis d'épouvante, en laissant tout leur bagage et leurs vivres dans le camp.
De retour à Damas, Ben-Hadad tomba mal; de, et ayant appris l'arrivée d'Élisée dans cette ville, il envoya auprès de lui avec de riches présents Hazaël, un de ses officiers, pour lui demander s'il pourrait se relever de cette maladie. Précédemment déjà, d'après le conseil d'une jeune esclave israélite, il avait envoyé son serviteur Naaman, atteint de la lèpre, auprès du roi d'Israël, en le priant de le faire guérir par Élisée, qui n'était apparemment autre chose, pour lui, qu'un habile magicien dont le roi pouvait disposer à sa guise.
— Voici la réponse que le prophète fit reporter à Ben-Hadad: «Vas, et dis-lui: certainement tu en pourrais relever; toutefois l'Éternel m'a montré que certainement il mourra.» En effet, bien que sa maladie ne fût pas mortelle, Ben-Hadad fut le lendemain trouvé mort dans son lit: Hazaël l'avait étouffé pour régner à sa place. (884 avant J.-C.)
Riche, puissant et fort, ce monarque ambitieux, trois fois se leva contre Israël, et trois fois dut s'enfuir; c'est que le Dieu qui protégeait les tribus n'était pas seulement le Dieu des montagnes, c'était encore le Dieu des plaines. Le petit royaume d'Israël ne fut point redevable de son salut à ses propres forces, mais à la présence et aux prières du prophète Élisée. Dieu avait choisi les choses faibles de ce monde pour rendre confuses les fortes «afin que nulle chair ne se glorifiât devant lui.» 1 Corinthiens 1:27,29.
-
Fils de Hazaël le meurtrier du précédent. Il opprima les dix tribus sous Joachaz, roi d'Israël, mais fut vaincu et chassé sous Joas, roi de Juda, 2 Rois 13. Il reçut de son père, ou il prit lui-même le nom de Ben-Hadad, qui, étant commun à un grand nombre de rois syriens, Jérémie 49:27; Amos 1:4, pouvait cacher son usurpation et faire oublier la nouveauté de la dynastie parvenue.
BENHAJIL,
un des principaux gouverneurs du royaume de Juda sous le bon roi Josaphat; il fut chargé par son maître de parcourir le pays avec quatre autres chefs, sept lévites et deux sacrificateurs, pour instruire le peuple et lui faire connaître le livre de la loi de l'Éternel qu'ils portaient avec eux.
BEN-HAMMI,
un des fils de Lot., Genèse
19:38;
— Voir: Hammon.
BENJAMIN,
fils de Jacob et de Rachel, le
plus jeune de la famille, né 1736 avant
J.-C. Sa naissance coûta la vie à sa mère,
qui voulut en mourant l'appeler Benoni, fils
de ma douleur; mais Jacob l'appela Benjamin,
fils de ma droite, (et aussi fils de
bonheur, ou, selon d'autres, fils de ma
vieillesse), ou Jémini, ma droite. Il est
superflu de répéter ici toute l'histoire qui
se rattache au nom de Benjamin: l'amour de
son père pour cet enfant, ce fils de Rachel
expirée, le frère de Joseph exilé, les
scènes de l'Égypte, la coupe trouvée dans le
sac, la dureté simulée du grand gouverneur
d'Égypte, enfin la reconnaissance des
frères, sont connus de chacun, et ne
présentent aucune difficulté. Benjamin se
maria fort jeune, car à peine était-il âgé
de trente-deux ans, qu'il avait déjà dix
fils; cinq d'entre eux moururent sans
postérité. Genèse 33:16,18; 46:21.
Toutefois les prédictions de Jacob, Genèse
49:27, et celles de Moïse, Deutéronome
33:12, touchant ce jeune homme et la tribu
dont il fut le père, sont de nature à lui
ôter cette teinte de fraîche adolescence et
de virginité candide que semble respirer son
histoire. «C'est un loup qui déchirera; le
matin il dévorera la proie, et le soir il
partagera le butin; il reposera entre de
fortes épaules.» Ce n'est plus là le
Benjamin du vieux Jacob et du tendre Joseph;
aussi devons-nous remarquer combien, dans sa
première histoire, le rôle de Benjamin est
un rôle passif: on l'aime, on le trouve
charmant; mais qu'a-t-il fait? Rien; ce
n'est que sa position seule qui nous
intéresse, qui nous émeut; il n'a rien fait,
il a seulement été; il est né de Rachel, il
est né frère de Joseph, il est né le
dernier, il est jeune: voilà sa vie, voilà
ses titres. Il est aimable pour nous parce
qu'il est tant aimé, et, sans le connaître,
nous lui sommes attachés parce que nous
voyons l'amour que lui portèrent ceux qui
vécurent avec lui. Mais s'il ne nous en est
rien raconté qui puisse le faire distinguer
en bien, aucune tache non plus ne vient
déshonorer sa mémoire: il reste chaste et
pur à côté de Ruben, sans violence à côté de
Siméon et de Lévi, et la bénédiction de
l'Éternel est promise à sa postérité. «Le
bien-aimé de l'Éternel, dit Moïse,
Deutéronome 33:12, habitera sûrement avec
lui; il le couvrira tout le jour, et il se
tiendra entre ses épaules.»
Il reçut son héritage entre de puissants
voisins: il eut au nord la tribu d'Éphraïm,
à l'orient celle de Ruben dont il était
séparé par le Jourdain et la mer Morte, au
midi celle de Juda, à l'occident celle de
Daniel Peu étendu, mais très fertile, son
territoire subvenait amplement aux besoins
d'une population fort nombreuse. Placé au
centre de la terre sainte, il fut aussi
comme le centre de, l'histoire juive, et
Jérusalem lui appartenait, de même que
Jérico, Béthel, Mitspa, Micmas, Ramathajim
et Gabaon. Ehud, le second des juges, Saül,
le premier des rois de Juda, Mardochée et
l'apôtre Paul, étaient Benjamites. Le
caractère principal de cette portion de la
famille d'Israël fut un courage indomptable
qui allait jusqu'à la férocité; il soutint
plusieurs guerres contre les Cananéens,
Juges 3:15; 1 Samuel 4, et nombre de
batailles auxquelles il ne resta pas
étranger, se livrèrent dans l'étendue de son
territoire. Il fut presque anéanti sous les
juges, par les Israélites indignés d'un
crime odieux qui s'était commis dans une de
ses villes, et dont il avait refusé de
livrer les auteurs.
— Sa destinée fut de partager avec Juda la
gloire de conserver plus fidèlement et plus
longtemps la connaissance de l'Éternel, sous
la dynastie des descendants de David,
— Voir: Juda;
et c'est une chose digne d'être remarquée,
que lors du grand schisme des dix tribus, ce
fut celle de Benjamin, celle qui avait été
dépouillée de la royauté, qui resta seule
fidèle à la nouvelle dynastie que Dieu avait
donnée à son peuple dans la famille de
David.
BÉRACA.
nom hébreu de la vallée qui est appelée 2 Chroniques 20:26, vallée de bénédiction; elle était située non loin de Hen-Guédi, dans le désert de Tékoah. C'est là que se rassemblèrent, sous le règne de Josaphat, tous les habitants de Juda, pour bénir l'Éternel de la victoire inattendue qu'il leur avait fait remporter sur les enfants de Hammon et sur les Moabites.
BÉRÉCIA,
2 Chroniques 28:12,
— Voir: Hazaria #4.
BÉRED,
Genèse 16:14, ville du désert en Arabie, au sud de Kadès-Barné, du côté de Sud, verset 7.
BÉRÉE,
ville de Macédoine, sur le chemin qui mène de Thessalonique à Athènes, et non loin de la ville de Pella, où naquit Alexandre le Grand. Ce fut à Bérée que saint Paul prêcha l'Évangile, après avoir été chassé de Thessalonique par la persécution. Un assez grand nombre de personnes y furent converties, entre autres un nommé Sopater, qui accompagna Paul lorsque celui-ci dut retourner en Asie. Saint Luc loue les habitants de cette ville, pour le zèle avec lequel ils se mirent à lire les Écritures, afin de savoir si les choses qu'on leur annonçait étaient conformes à la Parole de Dieu, Actes 17:10; 20:4.
BÉRÉNICE ou Bernice,
fille aînée d'Hérode Agrippa
dit le Grand, celle que la poésie a si
habilement transfigurée. Elle fut d'abord
fiancée à Marc, fils d'Alexandre, gouverneur
des Juifs à Alexandrie; puis elle épousa
Hérode, roi de Chalcis, son propre oncle.
Après la mort de celui-ci, elle se maria
avec Polémon, roi du Pont; mais elle ne
demeura pas longtemps, avec lui: elle
retourna auprès de son frère Agrippa, avec
lequel il paraît qu'elle entretenait des
relations criminelles. Ils étaient venus
l'un et l'autre à Césarée, pour complimenter
le gouverneur Festus, lorsque celui-ci, pour
leur complaire, lit comparaître devant eux
l'apôtre Paul. Actes 25:23.
— Plus lard, Bérénice fut encore la
maîtresse de Vespasien (Tacit. Hist. 2, 81),
et celle de son fils Titus (Sueton., Tit.,
7), qui l'aurait épousée, dit-on, si elle
n'eût été reine et étrangère, deux qualités
qui rendaient impossible toute union avec un
Romain.
BERGERS.
Les patriarches et les premiers
Hébreux furent nomades et bergers; Abraham,
Isaac, Jacob et ses douze fils voyagent
conduisant après eux de nombreux troupeaux
de chèvres, de brebis, de bœufs, d'ânes et
de chameaux, qu'ils mènent paître dans les
steppes solitaires de Canaan, de l'Égypte ou
de l'Arabie. Cette vie nomade cessa plus ou
moins généralement, lorsque les Israélites
se furent emparés de la terre promise, et
que la culture du sol fut devenue leur
principale richesse; mais on continua de
trouver, surtout chez les tribus
transjordaniennes, bon nombre d'hommes qui
conservèrent, au milieu de leurs villes
fortifiées, des habitudes plus en rapport
avec celles de leurs ancêtres; Nabal en est
un exemple, 1 Samuel 25:2; cf. 2 Rois 3:4.
Ces riches propriétaires avaient sous leurs
ordres des centaines de serviteurs qu'ils
pouvaient au besoin transformer en soldats,
soit pour des haines et des vengeances
personnelles, Genèse 14:14, soit pour la
garde des troupeaux et des citernes, 13:7;
26:20. Bergers, nomades ou sédentaires, ils
habitaient sous des tentes. Cantique 1:7; 2
Chroniques 14:15; Ésaïe 38:12; Jérémie 6:3.
Ils étaient ordinairement munis d'un bâton
recourbé vers le bout, 1 Samuel 17:40;
Michée 7:14, d'une poche ou bissac, et d'un
chien, pour repousser les bêtes féroces
contre lesquelles ils luttaient parfois, et
souvent avec avantage, Amos 3:12; Ésaïe
31:4; 1 Samuel 17:34. Du reste, ils avaient
rarement des armes proprement dites, même
des frondes. Ils se construisaient des
guérites ou de petits observatoires, au haut
desquels ils montaient pour découvrir les
pièces de bétail égarées, ou pour prévenir
de plus loin les dangers dont ils pouvaient
être menacés, Michée 4:8: c'est peut-être à
cette circonstance qu'ils doivent d'avoir
été cités comme types de la vigilance, Nahum
3:18.
— Voir: Luc 2:8.
Ils ne devaient rien négliger pour recouvrer
un animal perdu, Ézéchiel 34:12; Luc 15:5;
ils portaient dans leurs bras ceux qui
étaient faibles et malades, Ésaïe 40:11, et
prenaient garde de les échauffer ou de les
fatiguer par des marches forcées, Genèse
33:13. Leur principal vêtement était un
manteau dont ils s'enveloppaient tout le
corps, Jérémie 43:12; ils se nourrissaient
de fruits sauvages, de figues, Amos 7:14,
et, au besoin, de carouges, Luc 15:16; ils
ne recevaient point de gages en argent, mais
ils avaient une certaine part aux produits
du troupeau, aux petits qui naissaient
pendant le temps de leur service, Genèse
30:32, et au lait dont ils pouvaient faire
leur nourriture, 1 Corinthiens 9:7. Il est
évident, d'après 1 Samuel 16:17-18, que la
musique était un délassement ordinaire des
bergers hébreux, comme elle l'est des
gardeurs de troupeaux dans tous les pays.
Sous les rois, la charge d'inspecteur en
chef des troupeaux était un emploi
considérable, 1 Samuel 21:7: et l'on peut
dire, en général, que la condition de berger
était fort considérée: les fils et les
filles de riches propriétaires ne craignent
pas de s'occuper eux-mêmes de ces soins; les
prophètes, les rois, et Dieu lui-même,
prennent et acceptent le titre honorable de
pasteurs et bergers, cf. Psaumes 23,1; Jean
10:1; Hébreux 13:20, titre qui joue comme
symbole un grand rôle dans les livres
saints. Les récits des voyageurs modernes en
Perse reproduisent trait pour trait le
tableau des soins pastoraux de Ésaïe 40:11;
et ailleurs.
Quant à la grotte des bergers dont
parlent certains voyageurs, amateurs de
reliques à tout prix,
— Voir: l'article Bethléem.
BÉRIHA et Sémah,
1 Chroniques 8:13, descendants de Benjamin; ils furent chefs de quelques familles qui habitèrent Ajalon; ils repoussèrent de Gath les Philistins qui y demeuraient: ces deux faits par lesquels seuls nous connaissons cette branche de la famille benjamite, doivent s'être passés à l'époque de la conquête de Canaan, puisque d'après ce passage Ajalon devait se trouver dans la tribu de Benjamin, tandis que plus tard, après le partage, il appartint à celle de Dan.
BÉRIL,
Apocalypse 21:20; Ézéchiel
28:13, pierre transparente, d'un vert
bleuâtre; il y en a de très foncées, et
d'autres qui sont très claires; on en voit
qui sont de la grosseur d'une fève; elle est
d'ailleurs presque aussi dure quelquefois
que le grenat: on la trouve surtout dans les
Indes orientales, et près des mines d'or du
Pérou. La Silésie en fournit également, mais
d'une qualité très inférieure.
— Le béril est le huitième fondement de la
nouvelle Jérusalem; c'était la onzième
pierre du pectoral du souverain
sacrificateur, Exode 28:20.
BÉRODAC,
2 Rois 20:12,
— Voir: Mérodac.
BÉROTHAÏ, ou Cun,
2 Samuel 8:8, ou Cun, 1 Chroniques 18:8, ville de Syrie, près des frontières septentrionales de la Palestine, qui fut conquise par David; peut-être la même que l'ancienne et opulente Béryte qui vit encore sous le nom de Bayrouth, cf. Ézéchiel 47:16.
BÉSOR,
ruisseau ou torrent du pays de Canaan, coulant de l'est à l'ouest, non loin de la frontière méridionale, pour se jeter dans la Méditerranée. C'est sur ses bords que 200 hommes de David s'arrêtèrent, harassés de fatigue, tandis que 400 autres poursuivirent et taillèrent en pièces les Hamalécites qui avaient brûlé Tsiklag. 1 Samuel 30:9.
BÉTAH, ou Tibbath,
2 Samuel 8:8, ou Tibbath, 1 Chroniques 18:8, ville que David prit sur Hadarhéser, roi de Syrie, et qui partagea le sort de Bérothaï, q.v. Sa position est complètement inconnue; quelques-uns la regardent comme identique avec Béten.
BÉTEN,
de la tribu d'Aser, Josué 19:25.
BÊTES sauvages,
Ésaïe 13:22;
— Voir: Chacal, et Animaux.
BÉTHABARA
(maison de passage), dans la tribu de Ruben, sur la rive orientale du Jourdain, près de l'endroit où les Israélites le passèrent sous la conduite de Josué. Ce fut là que Jean, fils de Zacharie, baptisa une multitude de Juifs, en signe de repentance, et pour les préparer à recevoir le Messie, Jean 1:28. Dans ce dernier passage, la plupart des manuscrits portent Béthanie, au lieu de Béthabara.
BÉTHANIE
(maison de chant, ou maison d'affliction, ou encore maison de la grâce du Seigneur).
-
Village considérable, au pied du mont des Oliviers, à 2 ou 3 kilomètres est de Jérusalem, dans la tribu de Benjamin. C'est là que demeuraient Lazare et ses sœurs, Jean 11:4-5,11; c'est là probablement que demeurait Jésus, lorsque les fêtes saintes l'appelaient à Jérusalem, Matthieu 21:17; c'est enfin là qu'il se fit voir pour la dernière fois à ses disciples, Luc 24:50; Jean 11:18. Il s'éleva aux cieux dans le voisinage de cette bourgade qu'il aimait, Actes 1:1-12. Béthanie n'est plus maintenant qu'un chétif village de ruines et de décombres; les maisons, où vivent quelques familles arabes, en sont si misérables que nous ne voudrions pas y loger nos bestiaux. On montre encore les débris supposés de la maison de Lazare, et son tombeau dans une grotte profonde.
-
Béthanie, endroit près duquel Jean baptisait, si en effet l'on doit accepter cette leçon, Jean 1:28, au lieu de Béthabara q.v. Cet endroit était situé au-delà du Jourdain dans la tribu de Ruben.
BETH-AVEN
(maison de vanité); dans la tribu de Benjamin. C'est, ou Béthel ainsi nommée à cause de l'idole qu'on y adorait, Osée 4:15; 10:5, ou plutôt quelque localité voisine, Josué 7:2. C'est près de là que l'armée de Saül, victorieuse des Philistins par la bravoure de Jonathan, réussit à les mettre en déroute, 1 Samuel 14:23.
BETH-BARA,
passage au gué du Jourdain, dont Gédéon donna l'ordre aux Éphraïmites de s'emparer, pour arrêter dans leur fuite les chefs de Madian et les mettre à mort, Juges 7:24. Beth-Bara était dans le voisinage de Béthabara, ou Béthabara lui-même.
BETHCAR
(maison de science), 1 Samuel 7:11, ville de la tribu de Dan, non loin de Milspa: ce fut jusque-là que Samuel poursuivit les Philistins, et près de là qu'il érigea son Ében-Hézer.
BETH-DIBLATHAJIM, ou simplement Diblathajim,
ville des Moabites qui subsistait encore aux jours de saint Jérôme, Nombres 33:46; Jérémie 48:22; probablement la même que Dibla, Ézéchiel 6:14.
BÉTHEL
(maison de Dieu), d'abord appelé Luz: c'est là que Jacob s'arrêta dans son voyage vers Padan-Aram, et il nomma ce lieu Béthel, à cause de la vision qu'il y avait eue. Trente ans après environ, il y plaça ses tentes, et y demeura un certain temps, Genèse 12:8; 13:3; 28:19. Ville cananéenne d'abord, elle fut adjugée par Josué à la tribu de Benjamin, Josué 18:22; cf. 12:9, puis conquise par les Éphraïmites, Juges 1:22. Elle fut quelque temps la résidence du tabernacle, Juges 20:18; 1 Samuel 10:3 (nos versions traduisent le mot hébreu Béthel par «la maison du Dieu fort»), et finit par être sous Jéroboam un des deux sièges principaux de l'idolâtrie, 1 Rois 12:29. Aussi les prophètes sont-ils remplis de menaces contre cette ville si déchue, Amos 3:14; 7:10,13; Jérémie 48:13; et la prophétie d'Amos, que Béthel serait réduite à rien, a si bien été accomplie, que maintenant on ne peut plus en déterminer la place d'une manière positive. Elle était située à 15 ou 20 kilomètres nord-ouest de Jérusalem, non loin de la ville de Haï.
BÉTHESDA
(maison de miséricorde), bain
public, situé dans la partie orientale de
Jérusalem, au nord du temple, près de la
vallée de Josaphat; les malades y venaient,
d'après le texte de l'Évangile, chercher un
remède à leurs souffrances dans les eaux
qu'un ange troublait à certaines heures,
Jean 5:2. On montre encore en cet endroit
une espèce de carré long dont la terre
éboulée et les arbustes cachent la
profondeur; les parois portent par places
des plaques d'enduit qui indiquent sa
destination, mais il ne s'y trouve plus
d'eau.
— On a contesté l'authenticité du passage,
Jean 5:2-4, en partie sans doute pour
échapper aux difficultés qu'offre son
explication. Il paraît que saint Jean cite
sans la juger l'opinion populaire que la
source d'eau minérale de Béthesda guérissait
presque toutes les maladies. Cette source
était intermittente, ou entrait en
ébullition à de certains moments déterminés.
Quant à l'intervention d'un ange, d'abord il
n'est point dit que cet ange fût visible;
puis, l'idée populaire qui le faisait
intervenir, reposait, quoique confuse, sur
la connaissance certaine que la Parole de
Dieu nous donne, que le Seigneur appelle les
anges à l'administration des choses
d'ici-bas. Hébreux 1:7. 14.
BETH-GAMUL
(maison du chameau), ville de la tribu de Ruben, qui plus tard fut prise par les Moabites, et ravagée par les Caldéens, Jérémie 48:23.
BETH-HARAM, et Beth-Haran,
Josué 13:27, et Beth-Haran, Nombres 32:36, ville forte des Rubénites, au nord de la mer Morte; elle fut appelée plus tard Livias, en l'honneur de l'épouse d'Auguste.
BETH-HOGLA,
ville de Benjamin, sur les frontières de Juda, à moitié chemin environ du Jourdain à Jérico, Josué 18:21.
BETH-HORON
(maison de colère), ville de la tribu d'Éphraïm, qui se divisait en deux portions, la basse ville, Josué 16:3; 18:13, sise dans la vallée, et la ville haute située sur une colline assez élevée, 16:5; cf. 10:11. Elle appartenait aux lévites, Josué 21:22. D'après 1 Chroniques 7:24, les deux portions de cette ville auraient été construites par une fille d'Éphraïm, Sééra.
BETH-JÉSIMOTH,
ville rubénite, à 15 kilomètres environ du Jourdain, du côté de la mer Morte, Nombres 33:49; Josué 12:3; 13:20. Les Moabites s'en emparèrent; elle fut plus tard détruite par les Caldéens, Ézéchiel 25:9.
BETH-KÉREM
(maison de vignes), située sur une montagne entre Jérusalem et Tékoah: elle paraît avoir été renommée pour son vignoble, Néhémie 3:14; Jérémie 6:1.
BETH-LÉBAOTH,
Josué 19:6, appelée aussi simplement Lébaoth, 15:32, ville de Siméon, situation inconnue. Quelques-uns (Reland) comparent ce nom avec le Bethleptéphène de Flavius Josèphe et de Pline, au sud de, Jérusalem, vers l'Idumée; mais c'est fort incertain, et la ressemblance des deux noms très insuffisante pour établir une analogie.
BETHLÉEM
(maison de pain).
-
Ville de la tribu de Juda, située sur le penchant d'un coteau, à environ 10 kilomètres sud de Jérusalem; on l'appelait aussi Éphrata, Michée 5:2, ou Éphrath, la fructueuse, et ses habitants Éphratiens. Cette ville n'a été considérable ni en étendue, ni en richesses, mais il est cependant peu de contrées dans la terre sainte qui soient aussi pleines de souvenirs que celle de Bethléem. Rachel y mourut en donnant le jour à Benjamin, et elle y fut ensevelie, Genèse 35:16,19. Un lévite de Bethléem devint le premier sacrificateur des Danites qui venaient de s'établir dans la vallée des sources du Jourdain, Juges 17:18. Ce fut une femme de Bethléem qui fut la cause de cette guerre sanglante dans laquelle la tribu de Benjami fut presque anéantie (id. 19); Nahomi était de Bethléem, elle y revint avec Ruth la Moabite. Bethléem eut enfin la gloire de voir naître Ibtsan, Élimélech, Booz, David, et par-dessus tout Jésus, le Messie promis. Genèse 48:7; Ruth 1:2; Psaumes 132:6; Michée 5:2; Juges 12:8; Matthieu 2:1.
Sur le même terrain existe encore aujourd'hui une petite ville à laquelle on a conservé le nom de Bethléem, mais qui est devenue le théâtre de bien des superstitions. Au fond d'une vallée assez triste, mais dont le sol est excellent, s'élève un monticule sur lequel se trouve la bourgade; elle est composée d'environ deux cents maisons, la plupart taillées dans le roc, habitées par des chrétiens et des musulmans qui vivent en bonne harmonie et qui jouissent d'une certaine indépendance. Non loin de la ville se voit la fameuse église de la Nativité, et le couvent des Franciscains qui la touche. Une chapelle souterraine de cette église passe pour avoir été l'étable où notre Sauveur est né; du moins on la montre pour telle sous le nom de chapelle de la Crèche, et madame de Lamartine, dans une note fournie au journal du poète, après avoir parlé du «long labyrinthe de corridors souterrains qu'il faut parcourir pour arriver à la grotte sacrée» ajoute: «En passant sous ces voûtes et ces enfoncements dans le roc, l'on comprend sans peine qu'ils ont dû servir d'étables aux troupeaux que les bergers gardaient dans la plaine.» Heureux ceux qui peuvent s'abandonner à l'illusion; mais une étable dans le roc vif, sous terre, ne peut guère obtenir de créance parmi nous, d'autant moins que ces sortes de reliques vivantes ont été tellement multipliées au profit du parti catholique romain, qu'on ne sait plus ce qu'il faut croire et rejeter. On peut voir, à ce sujet, le Traité des reliques de Calvin, un des chefs-d'œuvre littéraires du seizième siècle, après lequel il ne reste plus rien à dire.
— Quoi qu'il en soit de cette grotte, trente-deux lampes y brûlent jour et nuit; des tableaux, un orgue, et deux autels la décorent. Cette grotte naturelle a été revêtue de marbre afin d'en soustraire les parois à l'indiscrète piété des pèlerins qui les déchiraient pour en emporter des fragments.
Une autre chapelle souterraine est appelée l'Oratoire de saint Jérôme: c'est là qu'on prétend qu'il a travaillé à sa traduction de la Bible, et l'on y montre son tombeau.
Outre le monastère des Franciscains, il y a à Bethléem un couvent arménien et un couvent grec.
Au nord-ouest de Bethléem est un tombeau qu'on assure être celui de Rachel; et du côté de l'est, on montre une plaine peu considérable, mais agréable et fertile, où les bergers, dit-on, paissaient leurs troupeaux lorsque la naissance du Rédempteur leur fut annoncée par les anges. Près de là se trouve la Grotte des Bergers, dans laquelle ils passaient la nuit, puis les ruines d'une église bâtie en mémoire de cet événement, par Hélène, femme du grand Constantin.
Au midi sont trois piscines ou réservoirs, qu'on pense être ceux dont parle Salomon Ecclésiaste 2:6. Creusées dans le roc vif, et suivant la pente de la montagne, ces citernes ont encore les parois aussi nettes et les arêtes aussi vives que si elles venaient d'être terminées: de grandeur inégale, elles varient entre 400 et 600 pieds (140-215 mètres) pour la longueur, sur une largeur de 70 à 100 mètres, et une profondeur de 30. «Ces beaux bassins, remplis d'une eau diaphane, sur le sommet d'une montagne aride, étonnent et inspirent une haute idée de la puissance qui a conçu et exécuté un si vaste, projet; aussi sont-ils attribués à Salomon.» Lamartine.
-
Ville de la tribu de Zabulon; inconnue. Josué 19:15.
BETH-MÉHON,
— Voir: Bahal-Méhon.
BETHPHAGÉ,
petit village appartenant aux sacrificateurs, tout près de Béthanie, sur la route qui conduit à Jérusalem. Il devait son nom (lieu des ligues mal mûres), à sa position entre deux montagnes qui le privaient des rayons du soleil, et qui empêchaient ainsi les figues d'y mûrir. C'est là que Jésus, le, roi débonnaire, fit chercher l'âne sur lequel il voulait faire son entrée dans la ville, Matthieu 21:1; Luc, 19:29.
BETH-RÉHOB,
2 Samuel 10:6,
— Voir: Aram et Réhob.
BETHSAÏDA.
-
Village ou ville à l'est du Jourdain, au nord-est de la mer de Galilée, sur une petite hauteur qui domine une plaine fertile et couverte d'aloès. Elle appartenait à la tribu de Manassé. Jésus s'y retira plusieurs fois pour trouver du repos et de la solitude. Un jour, en débarquant, il vit la foule déjà réunie pour l'attendre, et il y rassasia 5,000 hommes, Matthieu 14:13; Marc 6:31; Luc 9:10,17; Jean 6:1. Philippe le tétrarque transforma ce bourg en ville et lui donna le nom de Juliade, en l'honneur de Julia, tille de l'empereur Auguste.
-
Autre endroit du même nom, au bord de la mer de Galilée, Matthieu 11:21-24; Luc 10:13; Jean, 1:44. Ce fut la patrie des apôtres Philippe, André et Pierre, qui étaient pêcheurs. Bethsaïda signifie maison de la chasse, ou de la pêche, et ce nom pouvait naturellement s'appliquer et se donner à plusieurs localités sur les bords d'un lac poissonneux; il rappelle la Poissine du lac de Neuchâtel, et le Fischhausen de Saint-Gali. La position de, Bethsaïda n'est pas bien connue; on a trouvé, mais à une assez grande distance du lac, quoique encore dans la plaine basse, un village nommé Baitsida, qui pourrait bien être le même.
BETU-SÉAN, ou Bethsan,
Josué 17:11; Juges 1:27, ou Bethsan, 1 Samuel 31:10, ville de Manassé, à l'ouest du Jourdain.
BETH-SÉMÈS
(maison du soleil).
-
Bahalath.
-
Ville de la tribu de Juda donnée aux Lévites, Josué 21:16. Elle était environ à 50 kilomètres sud-ouest de Jérusalem, près du pays des Philistins, et non loin de la tribu de Dan, 15:10; 1 Samuel 6:12. L'arche sainte y fut déposée par les Philistins, qui s'en étaient emparés comme d'un talisman, et qui s'en débarrassèrent comme d'un fléau; les Bethsémites, à leur tour, frappés d'une grande plaie pour avoir voulu regarder dans l'arche, la conduisirent à Kiriath-Jéharim.
-
Ville de Nephthali, Josué 19:38. Elle continua encore quelque temps d'être habitée par les Cananéens, Juges 1:33.
-
Ville d'Issacar, Josué 19:22.
-
Peut-être Héliopolis en Égypte, Jérémie 43:13;
— Voir: On #2.
BETH-SUR
(maison du rocher), 2 Chroniques 11:7, ville de la partie méridionale de Juda, près d'Hébron. C'est près de là, sur le plateau, qu'une tradition fort ancienne place le lieu où Philippe baptisa l'eunuque de la reine Candace, Actes 8:26; sq..
BÉTHUEL ou Béthul
-
(filiation de Dieu), Josué 19:4; 1 Chroniques 4:30, ville de la tribu de Siméon, peut-être la Béthulie de Judith, si tant est que cette ville ait jamais existé.
-
Béthuel, fils de Nacor et de Milca, cousin, par conséquent, d'Abraham, dont le père, Taré, était frère de Nacor; il fut père de Laban et de Rébecca. Lorsque Élihézer fut venu, de la part d'Abraham, demander Rébecca pour Isaac, il n'hésita pas à la laisser partir, et son exemple nous montre que si Abraham fut choisi de Dieu, lui et sa descendance, pour être le dépositaire de ses oracles, cependant la foi en Jéhovah n'était point entièrement perdue, quoique altérée, dans les branches latérales.
BETSALÉEL
(sous l'ombre de Dieu), fils
d'Uri, de la tribu de Juda, et Aholiab
(tabernacle du père), fils d'Ahisamac,
danite, furent suscités de Dieu et chargés
de veiller à la construction du tabernacle;
c'était dans le désert, et Dieu avait
commandé un travail magnifique, dont la
confection eût exigé, en des temps
ordinaires, toutes les ressources d'une
ville grande et riche; mais quand Dieu
commande, il donne aussi les moyens
d'exécuter. Il remplit d'intelligence
Betsaléel et Aholiab, pour inventer toutes
sortes d'ouvrages de dessins, de broderie et
de sculpture, et les matériaux ne manquèrent
point. Il est évident, d'après Exode 31:3,
que, dans cette circonstance, Dieu travailla
lui-même avec ses chefs-ouvriers, en leur
donnant de son esprit une mesure plus forte
d'intelligence et d'habileté; mais l'on sait
aussi qu'à cette époque déjà, l'Égypte avait
atteint un haut degré de perfection dans un
grand nombre d'arts mécaniques et
industriels, et l'on peut supposer que ces
deux hommes, venant d'Égypte, en avaient
peut-être aussi rapporté quelques
connaissances effectives, quoique, du reste,
les Israélites n'y fussent guère initiés à
d'autres mystères qu'à ceux de broyer la
paille et le mortier pour en faire des
briques,
— Voir: encore Exode 35:30; 36:1;
37:1; 38:22; 1 Chroniques 2:20; 2 Chroniques
1:5.
BETSER,
— Voir: Botsra.
BEURRE.
On voit clairement par
Proverbes 30:33, que chez les Juifs le
beurre était ce qu'il est chez nous, et non
pas seulement de la crème, comme c'était
ordinairement le cas en Orient. Les Grecs
d'alors étaient encore bien éloignés de
connaître la fabrication de cet utile
aliment; jusqu'à l'arrivée des Hollandais
aux Indes orientales, le beurre y était
pareillement inconnu; mais dans le pays de
Canaan, le miel et le beurre étaient des
mets fort communs, Ésaïe 7:15,22. Chez les
Arabes, on les envisage comme des raretés,
propres seulement à la table des princes, et
dont assurément les enfants ne goûtent
guère. Laver ses pas dans le beurre, Job
29:6, c'est jouir d'une grande prospérité.
Les paroles d'un flatteur, dit le Psalmiste,
55:22, sont plus douces que le beurre,
— Voir: Bœuf.
BÉZEK
(éclair), ville de la tribu de Juda, sur le penchant oriental d'une montagne, à 3 kilomètres de Bethsur. On suppose qu'Adoni-Bézek, qui fut pris et mutilé par les enfants de Juda, Juges 1:4-7, était roi de Bézek. C'est là que Saül, voulant marcher contre Jabès de Galaad, fit la revue de son armée, qu'il trouva composée de 330,000 hommes, 1 Samuel 11:8.
BIBLE.
C'est le nom qu'on donne au livre des livres, au livre par excellence, au volume sacré qui renferme l'unique règle de notre foi, de nos mœurs, et de notre conduite. Les juifs l'appellent le Mikra ou la Leçon. Les chrétiens la désignent par les noms suivants, à l'exemple des saints auteurs:
-
L'Écriture, 2 Timothée 3:16; Actes 8:32; 2 Pierre 1:20; ou Les Écritures, Matthieu 22:29; Actes 18:24;
-
Les Saintes Écritures, Romains 1:2, ou les Saintes Lettres, 2 Timothée 3. 15;
-
La Loi, pour tout l'Ancien Testament, Jean 10:34; 12:34; 1 Corinthiens 14:21;
-
L'Ancien Testament, 2 Corinthiens 3:14.
La Bible a toujours été divisée en plusieurs
livres, mais la division par chapitres et
versets est d'origine assez récente. Il
paraît, d'après Clément d'Alexandrie,
Athanase, et quelques autres Pères, que dans
les premiers temps du christianisme, les
saintes Écritures étaient divisées en courts
paragraphes, dits parasch's et haphtar's
pour l'Ancien Testament, stiques et
péricopes pour le Nouveau (— Voir:
Steiger. Introduction au Nouveau
Testament, p. 73 et suivant); la division
actuelle en chapitres est attribuée par les
uns à Arlott, moine toscan, par d'autres,
avec plus de probabilité, au cardinal Hugo
de Sainte Chair, qui vivait au treizième
siècle; par d'autres enfin à Étienne
Longton, archevêque de Cantorbéry, vers l'an
1250. Quant à la division par versets, elle
ne fut peut-être fixée telle qu'elle est
maintenant que vers l'an 1450 pour l'Ancien
Testament, et vers l'an 1551 pour le
Nouveau. C'est en 1450 que parut la
Concordance hébraïque du Juif Mardochée
Nathan; et, en 1551, ce fut l'imprimeur
genevois Robert Étienne qui divisa le
Nouveau Testament en 7956 versets; il
modifia aussi la division de l'Ancien
Testament, qui compta 23,205 versets.
La Bible entière se compose de l'Ancien et
du Nouveau Testament; tous les livres du
premier furent écrits avant l'incarnation de
notre Sauveur, ceux du second le furent tous
après sa résurrection. Ceux de l'Ancien
Testament sont écrits en hébreu, sauf
quelques chapitres d'Esdras et de Daniel, et
un verset de Jérémie, qui sont écrits en
caldéen; ceux du Nouveau Testament sont en
grec, mais d'un grec fortement mêlé
d'hébraïsmes. Il est à remarquer d'ailleurs
qu'ils lurent tous écrits, les uns comme les
autres, dans la langue au moyen de laquelle
ils pouvaient le mieux être compris par
l'Église d'alors; ce qui montre aussi qu'à
mesure que la Bible parvient à de nouveaux
peuples, il faut, par des traductions,
mettre ce peuple en état de la lire et de la
comprendre; il faut qu'il y ait
effectivement partout des traductions
vulgates, c'est-à-dire pour le
vulgaire, pour le peuple; c'est ce que
l'Église romaine a très bien compris dans le
temps Où on parlait latin. Depuis lors il y
a eu, à cet égard comme à tant d'autres, une
variation dans sa manière de voir, à tel
point que les mandements de quelques évêques
proscrivent maintenant la Bible; quelques
curés la brûlent; M. Joseph de Maistre a pu
dire: «Sans notes et sans explications
l'Écriture sainte est un POISON»
(Soirées de St. Pétersbourg, T. 2, p. 343,
fin du dernier entretien).
Vers le temps de notre Seigneur, les Juifs
partageaient leur Bible en vingt-deux
livres, selon le nombre des lettres de
l'alphabet hébreu. C'étaient:
Les cinq livres de Moïse, dits la Loi.
Treize livres des Prophètes, savoir:
-
Josué;
-
Les Juges et Ruth;
-
Les deux livres de Samuel;
-
Les Rois et les Chroniques;
-
Ésaïe;
-
Jérémie et les Lamentations;
-
Ézéchiel;
-
Daniel;
-
Les douze Petits Prophètes;
-
Job;
-
Esdras;
-
Néhémie;
-
Ester.
Enfin quatre livres, dits hagiographes ou
écrits saints: les Psaumes, les Proverbes,
l'Ecclésiaste, et le Cantique des Cantiques.
Ce dernier recueil portait encore le nom
général de Psaumes. Ainsi, qui
disait: «La loi, les prophètes et les
psaumes» disait la Bible tout entière, Luc
24:44.
Les Juifs modernes comptent vingt-quatre
livres, auxquels ils assignent une autorité
inégale. Avant tous marchent les cinq livres
de Moïse; puis viennent les livres de Josué,
des Juges, de Samuel, des Rois, d'Ésaïe, de
Jérémie, d'Ézéchiel et des douze petits
prophètes; ils sont inspirés aussi, mais
d'une inspiration et d'une autorité
inférieure à celle des premiers. Quant aux
autres, c'est à peine s'ils daignent
admettre quelque intervention surhumaine
dans leur composition; Daniel est en
complète défaveur auprès d'eux: on conçoit
que la clarté des soixante et dix semaines
ne soit pas de nature à les prédisposer à le
reconnaître pour authentique.
La manière dont les chrétiens ont divisé les
livres de l'Ancien Testament est bien plus
rationnelle. En tête se trouvent les livres
historiques, plus faciles à comprendre, et
dont il est nécessaire de connaître et
d'avoir compris le contenu, pour
l'intelligence des doctrines et des
prophéties; puis les livres sentencieux, de
doctrine, ou d'instruction; enfin les
Prophètes. Si l'on voulait les ranger dans
l'ordre des temps, le livre de Job
occuperait peut-être la première place; puis
la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les
Nombres, etc., jusqu'à 2 Samuel; puis les
Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le
Cantique de Salomon, Jonas, Amos, Osée,
Joël, Nahum, Ésaïe, Michée, Sophonie,
Habacuc, Jérémie, Lamentations, Abdias,
Ézéchiel, 1 et 2 Rois, Daniel, Aggée,
Zacharie, Esdras, 1 et 2 Chroniques, Ester,
Néhémie et Malachie. Nous aurons du reste à
revenir sur toutes ces questions. à mesure
que nous traiterons de chaque livre en
détail.
Les livres du Nouveau Testament, comme ceux
de l'Ancien, se divisent en historiques,
dogmatiques et prophétiques; ils disent la
fondation de l'Église, la foi de l'Église,
et les destinées de l'Église; l'amour de
Christ, la pensée de Christ et les jugements
de Christ. Les quatre Évangiles et les Actes
racontent l'histoire du salut et la
fondation de l'Église; les Épîtres,
au'nombre de vingt-et-un, appartiennent à la
seconde classe; l'Apocalypse est le seul
livre de la troisième, le seul
essentiellement et entièrement prophétique.
Quant à leur classement chronologique, il
règne à cet égard une incertitude complète,
et il n'y a pas deux auteurs d'accord sur ce
point.
Voici, en effet, l'ordre dans lequel les
classe Bickersteth (Considérations sur
l'Écriture sainte): An 38, Évangile de saint
Matthieu; 52, 1 et 2 Thessaloniciens,
Galates; 56, 1 Corinthiens; 57, 2
Corinthiens; 58, Romains; 61, Éphésiens,
saint Jacques; 62, Philippiens, Colossiens,
Philémon; 63, saint Luc, Hébreux, Actes; 64,
1 Timothée, Tite, 1 Pierre; 65, saint Marc,
2 Timothée; 66, 2 Pierre; 70, saint Jude;
90, 1, 2 et 3 Jean; 95, Apocalypse; 97,
Évangile de saint Jean.
Voici maintenant Horne (Introduction to the
Study of the Bible): An 37 ou 38 (ou 61),
Matthieu; 52, 1 et 2 Thessaloniciens et
Galates; 56, 1 Corinthiens; 57, Romains; 58,
2 Corinthiens; entre 60 et 63, saint Marc;
61, Éphésiens, et saint Jacques; 62.
Philippiens, Colossiens, Philémon; 63,
Hébreux, saint Luc, Actes; 64, 1 Timothée,
Tite, 1 Pierre; 65, 2 Timothée, 2 Pierre,
Jude; 68 ou 69, 1, 2 et 3 Jean; 97.
Apocalypse; 98, saint Jean.
D'après Archibald Alexander, il faudrait les
classer de la manière suivante, les livres
historiques n'étant pas comptés: 1 et 2
Thessaloniciens, Galates, 1 Corinthiens, 1
Timothée, Jacques, Romains, 2 Corinthiens, 1
et 2 Pierre, Éphésiens, Colossiens,
Philémon, Philippiens, Hébreux, Tite, 2
Timothée, Jude, 1, 2, 3 Jean, Apocalypse.
D'après Olshausen, pour quelques épîtres
seulement: 1 et 2 Thessaloniciens, Galates,
4 et 2 Corinthiens, Romains, Éphésiens,
Colossiens, Philémon, Philippiens.
D'après A. Bost enfin: 1 Pierre, 1 et 2
Thessaloniciens, Galates, 1 et 2
Corinthiens, Romains, Jacques, Philémon,
Philippiens, Éphésiens, Colossiens, Hébreux,
1 Timothée, Tite, 2 Pierre, 2 Timothée,
Jude, 1, 2, 3 Jean, Apocalypse.
Il n'y a pas besoin d'un plus grand nombre
d'exemples pour prouver que la solution
exacte de cette question de chronologie est
impossible. Depuis Marcion, qui met l'épître
aux Galates en tête, jusqu'à Schrader qui la
met en queue de toutes celles qui ont été
écrites par saint Paul, il y a ample marge
pour les variantes, et elles n'ont pas
manqué.
Plusieurs livres mentionnés dans l'Ancien
Testament sont perdus. Ce sont:
-
le livre des guerres de l'Éternel, Nombres 21:14;
-
le livre de Jahzer, ou du droiturier, Josué 10:13; 2 Samuel 1:18;
-
le droit du royaume, 1 Samuel 10:25, ouvrage de Samuel sur la Constitution hébraïque;
-
le livre des faits de Salomon. 1 Rois 11:41;
-
un livre des Chroniques des rois de Juda et d'Israël, 1 Rois 14:19,29; 15:7;
-
les divers livres scientifiques et poétiques de Salomon, 1 Rois 4:31-33;
-
les Chroniques du roi David, 1 Chroniques 27:24;
-
Vie de David, écrite par Samuel, Gad et Nathan, 1 Chroniques 29:29;
-
Vie de Salomon, par Nathan, Ahija et Jeddo, 2 Chroniques 9:29;
-
Vie de Roboam, par Sémahia et Hiddo, 2 Chroniques 12:15;
-
Vie d'Abija, par Hiddo, ib. 13, 22;
-
Vie de Hozias, par Ésaïe, 2 Chroniques 26:22;
-
Vie d'Ézéchias, par Ésaïe, 2 Chroniques 32:32;
-
une Vie de Manassé, par Hosaï (ou par quelques prophètes), 2 Chroniques 33:18;
-
des Lamentations, ou chants funèbres, sur Josias, 2 Chroniques 35:25;
-
les Paroles anciennes, 1 Chroniques 4:22.
Est-ce un livre ou la tradition?
— Ajoutons qu'au temps de Salomon l'habitude
d'écrire était déjà si répandue, que le Sage
a pu dire «qu il n'y avait point de fin à
faire beaucoup de livres.» Ecclésiaste
12:14.
Il ne paraît du reste pas que ces livres,
quelle que soit l'autorité personnelle de
leurs auteurs, aient jamais été regardés
comme inspirés et jouissant de l'autorité
divine; cependant ils sont cités par les
écrivains sacrés comme utiles à consulter et
dignes de confiance.
Quant au Nouveau Testament, si dans les
premiers siècles du christianisme divers
hérétiques tentèrent d'introduire de faux
Évangiles, de faux Actes et de fausses
Épîtres, la fraude fut bientôt découverte et
jugée par l'Église,
— Voir: Apocryphes.
Il paraît qu'avant le règne de Josias les
saints livres s'étaient presque entièrement
perdus; ce qui explique à la fuis la joie et
la surprise pleine de crainte qu'éprouvèrent
ce pieux monarque et ses courtisans lorsque
Hilkija le sacrificateur eut trouvé dans la
maison de l'Éternel le livre de la Loi
(quelques-uns pensent l'autographe de
Moïse), comme enseveli sous la poussière ou
sous les ornements du temple, 2 Rois 22:8.
Jusqu'à cette époque, les livres saints
avaient été déposés successivement devant
l'Éternel, près de l'arche de l'alliance,
Deutéronome 17:18, 31:9,26; Josué 24:20; 1
Samuel 10:25, usage que l'on retrouve chez
presque tous les anciens peuples de
l'Orient, et notamment en Égypte et à
Babylone. Dès lors ils continuèrent d'être
lus et conservés; mais au temps de la
captivité des Juifs, de leur retour et de la
construction du second temple, des
circonstances nouvelles rendirent nécessaire
un nouveau mode de conservation pour les
livres saints. C'est à Esdras que les Juifs
attribuent l'honneur d'avoir, sous la
direction de l'Esprit d'en haut, recueilli
et rédigé les livres du canon actuel, ou les
trois parties du code sacré, en retranchant
les écrits inauthentiques, en comparant les
manuscrits les uns avec les autres, en
corrigeant les inexactitudes qui, avec le
temps, avaient pu se glisser dans l'une ou
l'autre des copies. Il fut secondé dans ce
travail par une réunion d'hommes savants et
pieux, Josué, Zorobabel, Aggée, Zacharie,
Malachie, Néhémie, Simon le juste, etc.,
qui, au nombre de cent-vingt, formèrent le
grand collège ou la grande synagogue. De là
vient le profond respect et la vénération
que les Juifs ont pour Esdras; ils aiment à
le comparer avec Moïse: «Moïse, disent-ils,
a donné la loi, mais Esdras l'a restaurée.»
(— Voir: Hævernick, Hist. du canon de
l'Ancien Testament, Mél. de Théol. réf., 2e
cahier, 1834).
Quant à la collection des livres du Nouveau
Testament, il est bien naturel de supposer
que les Églises primitives, liées entre
elles par les liens d'une même foi et d'un
même amour, se soient communiqué les unes
aux autres les ouvrages, lettres ou autres
écrits, qu'elles possédaient et qu'elles
avaient reçus des apôtres et des
évangélistes. Rien de plus naturel encore
que la supposition qu'on copiait souvent
dans les Églises chrétiennes des ouvrages
d'une telle importance. De cette manière,
les exemplaires se répandirent promptement,
et les collections se multiplièrent. Il s'en
fit un grand nombre, mais elles conservèrent
un caractère privé, inofficiel, jusqu'à ce
qu'enfin, lors du concile de Nicée, la
collection que nous possédons actuellement
reçut le caractère d'autorité et
d'authenticité nécessaire pour la constituer
en canon inspiré. Il n'est pas nécessaire de
supposer qu'il y ait eu sur ce sujet des
délibérations régulières, en forme, ni un
arrêté exprès, et l'on comprend que la
réunion des évêques et des théologiens les
plus distingués de tous les pays de l'empire
pouvait par elle-même conduire à ce résultat
(— Voir: pour plus de détails
l'ouvrage de Steiger cité plus haut).
C'est ici que s'arrête notre tâche; elle a
été ingrate et sèche. Il en resterait une
plus belle, mais qui n'appartient plus au
plan de notre Dictionnaire: ce serait de
dire les beautés innombrables que renferme
ce livre dont nous n'avons touché que la
forme matérielle. C'est avec regret que nous
devons abandonner à d'autres ce beau
travail: à d'autres, le soin d'en montrer la
divinité; à d'autres, démontrer la richesse
de l'ensemble et la richesse des détails; à
d'autres, de faire ressortir cette empreinte
céleste et ce parfum d'antique sainteté; à
d'autres, d'en faire voir la majesté pleine
d'onction, la douceur sérieuse, la tendre
sévérité, l'inépuisable profondeur et
l'éblouissante clarté. Disons seulement que
ce livre, riche de faits et de poésie,
sublime de morale, le seul exact et vrai
dans ses prophéties, présente le phénomène
remarquable d'un recueil dont les fragments,
composés à plus de mille ans d'intervalle,
ne laissent en aucune manière apercevoir la
différence des dates, et consacrent par-out
une seule et même doctrine: l'harmonie la
plus parfaite se rencontre depuis la Genèse
jusqu'à Malachie, dans les dogmes, dans
l'élévation et dans la direction d'esprit de
ces écrivains: c'est que le vrai beau, le
vrai bon, le vrai grand, est le même
toujours comme chez tous les peuples, car il
ne peut venir directement que de Dieu.
Aussi la Bible a-t-elle eu toujours ses
admirateurs en dehors même du peuple des
croyants, mais des admirateurs de divers
genres. Tous ont compris au moins une des
faces du livre sacré, et l'ont mise en
saillie, au détriment peut-être de ce qui
fait l'essence même de la Révélation. La
morale en a paru sublime à Jean-Jacques, et
la poésie à Chateaubriand; l'un et l'autre
de ces deux grands écrivains ont cru rendre
hommage à la vérité divine, mais leur
intelligence ne l'avait pas comprise, l'un
admirait les résultats, l'autre la forme
extérieure; ils ont loué le christianisme et
la révélation, en partant du point de vue de
l'homme, du bon humain, du beau humain, et
c'est en le comparant avec ces notions
terrestres, avec les maximes, avec
l'esthétique humaine, qu'ils ont pu le
trouver divin, mais d'une divinité relative,
et non point absolue Ce volume de la loi
sainte n'a pas eu force de loi pour eux,
leur théologie et leur morale sont connues.
On ne doit pas s'étonner, toutefois, de voir
les hommages rendus à ce livre par ceux-là
même qui lui refusent obéissance; il est
fait pour captiver, pour enchaîner les plus
grands génies. Universel, à la portée de
chacun, simple parce qu'il est élevé, ce
volume peut intéresser tout fils et toute
fille d'Adam, parce qu'il embrasse les
intérêts de l'humanité toute entière, dans
ses rapports avec un avenir voilé à tous,
éternel pour tous, et dont il est la
préparation. Est-il besoin de dire que c'est
le livre que la tendre enfance comprend et
dévore avec le plus d'avidité? Joseph,
Moïse, Samuel, Samson, David, Daniel, le
petit Jésus, n'est-ce pas là une littérature
pour l'enfance; et depuis Pascal jusqu'à
Lamartine, ne vous ont-ils pas tous raconté
les impressions profondes qu'ils
conservaient dans l'âge mûr, de ces lectures
faites sur les genoux de leur mère? N'est-ce
pas encore le livre des femmes, et
l'histoire ne montre-t-elle pas à tous les
moments de réveil religieux, les femmes
émues à la vue de ces pages tendres et
solennelles? C'est que la Bible leur dit
l'origine de leurs douleurs, elle leur
montre Ève, et Rachel, et Ruth, et la mère
de Moïse, et les femmes pieuses qui
assistaient notre Sauveur de leurs biens, et
Dorcas la mère des pauvres. C'est aussi le
livre des serviteurs et des esclaves, un
livre qui, en leur enjoignant l'obéissance
la plus rigoureuse, adoucit leur sort de
bien des manières, et parle au cœur de leurs
maîtres pour les disposer à la bienveillance
et au support. Combien l'Ancien Testament
n'a-t-il pas pris soin d'alléger la pénible
condition des esclaves, en leur offrant des
garanties contre la violence et la brutalité
de leurs maîtres qui ne pouvaient plus s'en
regarder comme les propriétaires! C'est le
livre des rois, comme celui des peuples,
celui des grands et des petits, celui des
riches et des pauvres; à chacun il balance
avec tant d'équilibre les droits et les
devoirs, que l'on ne peut rien imaginer de
plus parfait, de plus exact, de plus
rationnel, de plus saint.
Mais par-dessus tous ses autres titres, la
Bible est le livre des âmes, un livre
intime, intérieur, qui raconte l'histoire du
cœur, lui parle de malheur et de salut,
dépeint les luttes du péché, les combats,
les tentations, les chutes, les maladies
morales, et les remèdes du ciel. C'est d'une
autre vie qu'elle parle; elle donne à l'âme
une individualité sensible, capable
d'éprouver des besoins; l'âme est un
individu comme le corps, il faut soigner la
première, et soigner le second; mais pour le
corps les moyens sont connus, pour l'âme ils
doivent être révélés; l'âme tend aux choses
qui sont invisibles, à celles qui sont
éternelles, à celles qui sont spirituelles.
C'est vers un avenir de l'âme que la Bible
nous mène, elle nous le montre, elle nous le
fait connaître, elle répond ainsi aux
soupirs secrets et mystérieux, aux désirs
qui ne se prononcent pas; elle comble les
vides, elle donne des forces, de la joie, de
la santé, de la vie; elle apprend un salut
inimaginable que la pensée de Dieu, pleine
d'amour et de sagesse, a seule pu concevoir
dès l'Éternité, 1 Corinthiens 2:19.
Les plus grands génies se sont tous humiliés
devant la croix et devant la Bible; Pascal
et Descartes, en France, Newton en
Angleterre, Leibnitz en Allemagne, et si
tous n'ont pas cru de cœur, tous ont vénéré
ce document merveilleux, jusqu'à ces deux
grands écrivains dont nous parlions tout à
l'heure, le philosophe de Genève et le poète
de Saint-Malo. Sans doute l'on trouvera des
noms qui se sont raidis contre le livre
saint, mais s'ils l'ont rejeté, c'est qu'ils
affectaient de rejeter toute divinité; on a
déjà nommé Voltaire et les siens; mais la
fin de cet homme reste comme un épouvantail
pour ceux qui seraient tentés de vivre de la
même vie, de suivre le même chemin, de se
repaître de la même incrédulité.
Ce n'est plus le temps de défendre
l'authenticité des livres saints, et de
prouver qu'ils ne sont point l'ouvrage de
l'imposture. Assez longtemps on l'a dit, on
l'a crié; maintenant on ne le crie plus, on
le murmure, et peu de personnes osent encore
avouer un système qui ne repose que sur la
corruption du cœur. Toutefois, à cause du
grand bruit qu'ont fait les adversaires, il
peut être utile de rappeler quelques-uns des
ouvrages qui leur ont été répondus, et qui,
sous diverses faces, ont abordé la même
question, et l'ont traitée soit avec les
armes du sérieux, soit avec celles de
l'ironie. Nous citerons seulement: les
Pensées de Pascal; l'ouvrage d'Abbadie, si
remarquable par la méthode et le
raisonnement que des évêques l'ont
recommandé, mais, cela va sans dire, en
négligeant d'ajouter qu'Abbadie était un
ministre protestant (— Voir:
Bungener, Trois Sermons sous Louis XV, t.
II, p. 95); Lardney; le Tableau des preuves
évidentes du Christianisme, de Paley;
Massillon, Sermon sur l'évidence de la loi
de Dieu (Rien ne paraît clair, dit-il, à
ceux qui voudraient que rien ne le fut,
comme tout parait droit à ceux qui ont
intérêt que tout le soit); Erskine,
Addisson, Haldane, Chalmers; les Lettres de
quelques juifs portugais par Guénée, et
enfin les Lettres Helviennes, provinciales
philosophiques du Jésuite Barruel, ouvrage
admirable, mais écrit parfois avec trop
d'exagération, dans lequel on trouve tracé,
de main de maître, le tableau vivant et
parlant de ces folies auxquelles on ne
croirait pas si elles n'étaient autant de
faits.
Après la question d'authenticité vient celle
de l'inspiration des saints écrits: peu
d'ouvrages ont paru en France sur cette
matière; nous ne saurions en indiquer de
meilleur que la Théopneustie de M. Gaussen,
quoique nous ne puissions en accepter les
conclusions, ni même en admettre tous les
raisonnements; c'est du moins un ouvrage
complet, intéressant, et qui respire et
inspire le respect et l'amour de la Parole
de Dieu.
Parmi les livres les plus utiles pour
faciliter la lecture de la Bible nous
signalerons, en finissant, l'ouvrage de
Bickersteth, déjà cité; l'Histoire sacrée de
E. Bonnechose, le Morgenland de Preiswerk,
dont deux volumes sont traduits en français;
l'abrégé des livres historiques de l'Ancien
Testament par Jérémie Risler; la Lucile
d'Ad. Monod; plusieurs ouvrages de Roussel,
Oster, Malan; Boucher, sur le droit qu'a
tout homme de lire la Bible; le Commentaire
de Gerlach sur le Nouveau Testament
(traduction par Bonnet et Baup); enfin et
surtout l'importante Concordance de M.
Mackenzie, et le nouveau recueil de
parallèles que nous annonce ce consciencieux
et infatigable écrivain. Quant aux travaux
sur des parties spéciales de la Parole de
Dieu, nous les indiquerons au fur et à
mesure que l'occasion s'en présentera.
La langue française ne possède aucune
traduction, pour ainsi dire officielle, de
la Bible; nos meilleures versions sont
celles de Martin et d'Ostervald, qui toutes
les deux devraient être refaites en partie,
et celle de Genève, 1712, qui leur est
préférable. Celle de 1805 ne vaut pas grand
chose. La nouvelle version des Hagiographes
par M. Perret-Gentil de Neuchâtel, est tout
ensemble un beau monument de science
théologique et une œuvre littéraire
remarquable. La traduction du Nouveau
Testament qui a paru à Genève en 1835, n'est
pas toujours fidèle. Une traduction du
Nouveau Testament faite par une société de
ministres vau-dois, et publiée en 1839, se
caractérise par son exactitude et souvent
par le bonheur avec lequel sont rendues les
tournures mêmes de l'original; quelquefois
cependant elle est, obscure: la 2e édition
qui vient de paraître (Lyon, 1849) est
accompagnée de parallèles.
La langue anglaise possède une version
authentique excellente qui est une des
meilleures qui existent; il en a été publié,
en 1848, une édition avec cartes, notes et
parallèles, par la Tract Society de Londres,
sous le nom de Paragraphe Bible, parce que
les strophes des livres poétiques y sont
indiquées, autant du moins qu'on peut les
reconnaître dans l'original. Le docteur
Conquest a publié une version nouvelle avec
vingt mille corrections; il y en a beaucoup
de superflues.
L'Allemagne a celle que lui a donné le
fécond et puissant génie du grand Luther,
chef-d'œuvre de science, de travail et de
piété; celle de Meyer de Francfort, enrichie
de notes précieuses, courtes et complètes;
enfin celle du professeur De Wette, qui
jouit d'une réputation justement méritée.
Aux éditions françaises du Nouveau
Testament, nous devons ajouter celle qui a
été faite à Genève (imprimée à Bruxelles,
1843), à l'usage des catholiques romains.
Elle restera comme un monument de l'activité
des pasteurs de Genève, et du zèle avec
lequel les dames de cette ville ont su
faire, pour la parole de Dieu, ce que leurs
mères avaient déjà fait pour conserver à
leur patrie une précieuse collection
d'histoire naturelle. Dans cette édition,
tous les chapitres et passages dont la
lecture est plus particulièrement
recommandée, sont notés d'une raie bleue,
parallèle à la marge; les passages qui
réfutent d'une manière directe les erreurs
de l'Église romaine, sont soulignés à
l'encre rouge, et de nombreuses notes,
toutes de controverse, sont collées en
regard des versets auxquels elles servent de
commentaires, ou dont elles sont destinées à
faire ressortir le sens. Ce travail, fait à
la main, a dû exiger un temps considérable,
et fait l'éloge de ceux qui l'ont conçu et
de celles qui l'ont exécuté. On peut
regretter cependant que les auteurs de ce
commentaire d'un nouveau genre, n'aient pas
utilisé davantage les passages relatifs au
salut par la foi.
Parmi les commentaires allemands, nous
citerons encore la Haus-Bibel de Richter.
C'est par une méprise inexplicable que les
publications de MM. Bagster and Son ont été
oubliées. Les travaux bibliques de cette
librairie, ses nombreuses et élégantes
éditions, ses polyglottes, ses commentaires,
ses cartes, son atlas biblique, lui ont fait
une réputation plus qu'européenne, et
placeront son nom dans l'histoire à coté de
celui des Étienne pour le zèle chrétien, des
Elzévirs pour la perfection typographique.
— Notons aussi The Domestic Bible du
révérend Ingram Cobbin (Partridge et Oakey),
avec commentaires, parallèles, plusieurs
centaines de gravures, etc.; et la nouvelle
édition illustrée du commentaire de Matthieu
Henry, faite par les soins des révérends E.
Bickersteth, docteur Steane, Brown, Cobbin,
Leifchild, Forsyth, et Bunting.
Les Septante et la Vulgate
sont les traductions les plus célèbres,
sinon par leur mérite, au moins par leur
antiquité, et le rôle qu'elles ont joué. Il
y a diverses traditions sur l'origine des
Septante, et leur histoire, qui se perd dans
la nuit qui sépara les derniers prophètes de
l'ancienne alliance et les jours
apostoliques, présente plus d'une obscurité.
D'après Aristobule, le Pentateuque aurait
déjà été traduit en grec avant Ptolémée
Philadelphe et Démétrius de Phalère; ce
dernier aurait conçu le plan de la
traduction de tout l'Ancien Testament, il
l'avait conseillée à Ptolémée Lagus, et le
successeur de celui-ci, Philadelphe,
l'aurait exécuté. On connaît l'ardeur avec
laquelle les rois d'Égypte cherchaient à
enrichir leur fameuse bibliothèque
d'Alexandrie, et l'on comprend facilement
qu'ils aient désiré avoir aussi un
exemplaire du code sacré des Hébreux; les
Juifs exilés se sont empressés de procurer à
l'Académie un exemplaire authentique et
reconnu par le sénat (sanhédrin) de
Jérusalem, composé de soixante-dix, ou
soixante-douze membres (de là, peut-être, le
nom de version des Septante?) Ce code,
composé dans une langue inconnue, fut
traduit en grec. Le Pentateuque est
peut-être le seul morceau qu'on envoya au
roi; il fut traduit avec plus d'intelligence
et de soin; cependant il prouve encore que
les traducteurs n'étaient pas des docteurs
de la loi, connaissant le texte, sa lecture,
son interprétation et la théologie judaïque;
c'étaient des Juifs, instruits peut-être
dans l'érudition grecque de ce temps, mais
c'est la seule garantie qu'ils offrent, et
elle n'est pas considérable. Les Juifs de
l'Égypte, cependant, qui avaient à peu près
oublié l'hébreu, se servirent de préférence
de la traduction grecque qui venait de leur
être donnée, et l'on voit par un grand
nombre de passages du Nouveau Testament, que
cette version était encore en usage au temps
de notre Seigneur, qui paraît l'avoir lue
lui-même. Mais après Christ, les Juifs
l'abandonnèrent, soit à cause de ses
défauts, soit par esprit de contradiction,
parce que les chrétiens en faisaient grand
cas. Ils la remplacèrent par celle d'Aquila,
et plus tard ils renoncèrent même à toute
traduction, bannirent de leur culte les
langues païennes, et reprirent en hébreu,
mais non sans y mêler du caldéen et des
expressions rabbiniques, leurs lectures et
leurs prières, comme ils font encore
aujourd'hui.
La version de la Vulgate fut commencée (385
après J.-C.) par saint Jérôme, qui avait
reconnu les fautes de la version latine
Itala, traduite sur le texte déjà défectueux
des Septante; mais quoiqu'il eût été
encouragé dans son travail par quelques-uns
de ses amis les plus distingués, entre
autres l'évêque Chromatius, sa traduction
fut généralement mal accueillie, et ne fut
guère approuvée que des sémipélagiens.
Grégoire-le-Grand l'appuya plus tard, et au
temps d'Isidore (VIIe siècle), elle était
reçue et estimée à l'égal de l'Itala.
Alcuin, chargé par Charlemagne d'en faire la
révision, compara entre eux les nombreux
manuscrits qu'il put se procurer, et les
confronta avec le texte hébreu. Au onzième
siècle, une nouvelle révision fut jugée
nécessaire, et Lanfranc, archevêque de
Cantorbéry, lui donna son nom. De même, le
cardinal Nicolas au douzième siècle. La
Sorbonne fit faire ce travail par ses
élèves, mais les dominicains (1256) le
firent interdire. Hugues de Sainte-Chair fut
plus heureux; mais tous ces essais presque
individuels ne firent qu'accroître la
confusion. La découverte de l'imprimerie,
dans la seconde moitié du quinzième siècle,
vint ranimer les espérances que l'on avait
conçues de conduire à fin l'énorme
entreprise d'une traduction latine de la
Bible: la première édition parut à Mayence
en 1462, et constata les nombreuses
corruptions du texte. En 1502, le cardinal
Ximénès publia sa fameuse Bible d'Alcala,
et, en mettant la Vulgate entre le texte
grec et le texte hébreu, il dit dans sa
préface «que c'est le Christ entre les deux
larrons!» Gumelli (Paris 1504) et
Castellanus (Venise 1511) publièrent la
traduction et ses variantes. Robert Étienne
en fit huit éditions successives, et
corrigea la version latine d'après l'hébreu.
Jean Benoît (1541) et Isidore Clarius (1542)
firent un travail analogue, et ce dernier se
plaignit assez librement des innombrables
erreurs dont fourmillait la traduction de
Jérôme, amendée, corrigée, changée depuis
des siècles. Le concile de Trente arrive.
Après bien des débats, il nomme une
commission d'examen qui ne fait rien. Vers
la tin du concile, Pie IV nomma une autre
commission, mais à Rome, et sous ses yeux.
Pie V la renouvelle et en accélère les
travaux. Douze ans après (1589), Sixte-Quint
s'impatiente en voyant l'œuvre à peine
ébauchée. Il en fait son affaire, et la
nouvelle Vulgate s'imprime au Vatican, sous
ses yeux (1590). Lui-même il revoit les
épreuves: Nostrâ nos ipsi manu correximus.
Hélas! l'ouvrage du saint-père prêtait non
seulement à la critique, ce qui était grave,
mais à la plaisanterie, ce qui était pire.
Hebrœi pour ebrii (Hébreux,
pour ivres), pecoribus pour
prioribus (les bestiaux, pour les
premiers), etc. D'autres méprises semblables
firent comprendre que le travail ne pouvait
pas être ainsi lancé dans le monde; et pour
ne pas perdre l'édition, on se mit à
raturer, on corrigea à la plume, et l'on
recouvrit un grand nombre de passages avec
des bandelettes de papier sur lesquelles on
avait imprimé des corrections nouvelles. Ce
travail, qui n'en fut pas moins maintenu
dans son privilège de version authentique,
était à refaire. Grégoire XIV, successeur de
Sixte-Quint, se remet immédiatement à
l'ouvrage, et Clément VIII a le bonheur
(1592) de publier enfin le texte qu'on ne
corrigera plus. Elle diffère par six mille
détails, et par une centaine de corrections
importantes, de l'édition de Sixte-Quint,
dont les papes cherchent à anéantir les
exemplaires, et Bellarmin, en mettant sur le
compte de l'imprimeur les fautes de
l'édition sixtine, avoue encore dans sa
préface, que les réviseurs de la nouvelle
édition ont laissé passer bien des choses
qui auraient eu besoin d'un examen plus
rigoureux. La Vulgate existe enfin; elle a
déjà près de deux cent-soixante ans: son
enfantement a été laborieux. Elle est née
dans un temps d'orage, elle a respiré dès
lors un air trop vif, et tout porte en elle
les caractères de la décrépitude. De
cinquante ans plus jeune que les
chefs-d'œuvre de la Réformation, elle a
l'air d'avoir deux siècles de plus. (—
Voir: Cellérier, Introduction à l'Ancien
Testament, Bungener, Concile de Trente, I,
128, sq., et surtout Hævernick, Einl. § 87,
88)
BICHE,
animal doux et paisible,
Proverbes 5:19, auquel le Sage compare la
femme que l'on aime. David fait allusion à
la course rapide de cet animal, Psaumes
18:33, et Jacob, bénissant ses fils, dit de
Nephthali: «qu'il est comme une biche
échappée; il donne des paroles qui ont de la
grâce.» La biche est très attachée à ses
petits, et Jérémie, 14:5, pour peindre la
sécheresse et lu désolation de la terre, dit
que la biche même, dans la campagne,
abandonne le faon dont elle s'est déchargée,
pour courir après l'herbe. Cf. encore Job
39:4, et Psaumes 29:9, où le prophète,
parlant des tempêtes qui sont la voix de
l'Éternel, dit qu'elles facilitent le
laborieux enfantement des biches.
— Dans le passage des Proverbes 5:19, il est
plus probable qu'il s'agit de la femelle du
chamois;
— Voir: Chamois.
BIDKAR
(dans la douleur), 2 Rois 9:25, capitaine de la suite de Jéhu, qui avait entendu les menaces prononcées par Élie contre Achab, lorsque celui-ci se fut emparé de la vigne et de la possession de Naboth. À la mort de Joram Mis d'Achab, il fut chargé d'exécuter les vengeances divines, et de jeter en quelque endroit du champ de Naboth le corps de Joram frappé d'une flèche par Jéhu.
BIÈRE.
On ne s'en servait guère que pour la sépulture des pauvres, et même le plus souvent on ne s'en servait pas; le mort était emporté sur un brancard et couché dans la fosse, garnie et recouverte de grandes pierres plates; les riches étaient portés en terre sur un lit, quelquefois très splendide, et déposés dans un sépulcre de roc vif. Luc 7:14; 2 Samuel 3:31.
BIGTHAN et Térés,
(qui nourrit) et Térés (odoriférant), Esther 2:21-23, eunuques d'Assuérus, conspirèrent contre Assuérus, et cherchèrent à mettre la main sur lui. Mardochée ayant découvert leur complot, ils furent pendus à un gibet.
BILDAD
(vieille amitié), descendant de Suah, fils d'Abraham et de Kétura, l'un des quatre amis de Job qui le visitèrent dans son affliction. Il commence d'abord par soutenir que Dieu ne punit sévèrement que les grands coupables; Job s'était oublié, et Bildad crut devoir lui opposer la justice divine et l'ordre moral que Dieu a établi dans le monde; il s'appuie de l'autorité d'anciens sages; quoiqu'il attaque Job plus violemment que ses autres amis, il espère cependant que pour lui aussi la justice de Dieu se manifestera. Dans son dernier discours, il célèbre la grandeur et la sainteté divines, Job 2:11; 8:1; sq. 18:1; sq. 25:1 sq..
BILHA
(vieille, fanée)
-
d'abord simple servante de Rachel, puis concubine de Jacob, enfanta Dan et Nephthali. Ce fut avec elle que Ruben entretint un commerce criminel. Genèse 29:29; 30:3; 35:22; 37:2; 46:25.
-
Bilha, ville de Siméon. 1 Chroniques 4:29;
— Voir: Kiriath-Jéharim.
BISLAM, Mithrédat et Tabéel,
Esdras 4:7, Mithrédat et
Tabéel, furent au nombre des plus
violents ennemis des Juifs sous Artaxercès;
ils obtinrent par leurs manœuvres
astucieuses que les travaux de
reconstruction fussent interrompus à
Jérusalem; on ne sait pas au juste quelle
charge ils occupaient; ils formaient
apparemment un collège administratif, une
espèce de chancellerie,
— Voir: Réhum.
BITHRON,
2 Samuel 2:29, passage ou district, à ce qu'il parait, par lequel on se rendait à Mahanajim depuis le Jourdain.
BITUYNIE,
province au sud du Pont-Euxin, à l'ouest du Pont et de la Galatie, au nord de l'Asie propre, et à l'est de la Propontide; ses villes principales étaient Pruse, Nicée, Nicomédie, Chalcédoine, Libysse et Thermes. Quand Paul voulut y aller prêcher l'Évangile pour la première fois, le Saint-Esprit ne le lui permit pas, Actes 16:7; mais, plus tard, une église y fut fondée, et bon nombre de païens y furent convertis, Pierre 1:1. On connaît l'histoire de cette église jusqu'au dixième siècle; de nos jours encore on trouve dans cette contrée quelques misérables restes de christianisme. Ce fut à Nicée, plus anciennement appelée Antigonia, et maintenant Isnick, qu'eut lieu, en 325, le premier concile œcuménique; il déclara l'arianisme contraire à l'Écriture. L'an 451 se tint à Chalcédoine le quatrième concile général, où l'Eutychianisme fut condamné.
BITUME,
— Voir: Asphalte.
BLASPHÈME,
crime dont on se rend coupable envers Dieu lorsqu'on attaque, nie, ou ridiculise ses perfections, sa parole, ou ses ordonnances, ou qu'on lui attribue quelque volonté, ou quelque action basse ou mauvaise, 2 Samuel 12:14; Tite 2:5; Apocalypse 13:6. Quelquefois la même expression est employée pour désigner l'insulte, la calomnie, ou la médisance entre les hommes, 1 Rois 21:10; Romains 5:8 (dans l'original). Le blasphémateur était puni de mort par la loi de Moïse, Lévitique 24:16. Quant au blasphème contre le Saint-Esprit, quelques-uns pensent que c'est le crime des Pharisiens qui attribuaient à Satan les miracles du Seigneur, Matthieu 12:31; mais en considérant attentivement Hébreux 6:4-5; 10:26-30. (— Voir: encore 1 Jean 5:16), on se convainc qu'il faut entendre par là une incrédulité obstinée et malicieuse, qui résiste jusqu'au bout aux convictions imprimées par le Saint Esprit. «C'était, dit un prédicateur célèbre, renier la religion, la haïr, la persécuter par un principe de malice, lorsqu'on était convaincu qu'elle était émanée du ciel.» (Saurin, premier sermon sur le péché irrémissible.) Celui qui connaît Dieu et lui résiste peut être pardonné, car la connaissance du Fils modifiera peut-être ses sentiments. Celui qui connaît le Fils peut encore blasphémer et être pardonné, parce qu'il n'a connu qu'imparfaitement; mais celui qui connaît le Saint-Esprit, c'est-à-dire qui a reçu toutes les grâces possibles, et toute la connaissance, celui-là, s'il blasphème, il le fait parce qu'il est désespérément malin; il ne pourra pas être par donné, parce qu'aucune connaissance nouvelle ne pourra changer ses dispositions et son hostilité. Son péché est sans remède.
BLASTE,
chambellan du roi Hérode-Agrippa, Actes 12:20. Gagné sans doute par les dons des Tyriens et des Sidoniens, il engagea son maître à donner une audience aux ambassadeurs de cette nation, qui venaient lui demander la paix, parce-que leur pays était nourri de celui du roi.
BLÉ,
— Voir: Froment.
BOANERGÈS.
(boan, forme galiléenne pour
ben, fils; roguèz, de ragaz, tremblement,
ébranlement, tonnerre), (fils du tonnerre),
surnom donné par notre Seigneur à Jacques et
à Jean, fils de Zébédée, Marc 3:17,
probablement à cause de la puissance de leur
parole. Plusieurs commentateurs pensent que
ce surnom fut donné aux fils de Zébédée à
cause de la scène dans laquelle ils
voulurent, à l'exemple d'Eue, faire
descendre le feu du ciel sur une bourgade
des Samaritains qui avait refusé de recevoir
le Sauveur, Luc 9:54; sq. Jésus leur dit
alors: Vous ne savez de quel esprit vous
êtes animés; paroles qui impliquent
certainement un blâme et non un éloge comme
le prétendent quelques théologiens. Sous sa
forme la plus adoucie, ce blâme
signifierait: Vous confondez les deux
économies: sous l'ancienne, Élie a pu
frapper de la foudre ceux qui
méconnaissaient sa mission; sous la nouvelle
qui est une alliance d'amour, il n'en est
plus ainsi: le Fils de l'homme n'est pas
venu pour faire périr les âmes des hommes,
mais pour les sauver. Les mots du verset 55.
«censura fortement» excluent, dans tous les
cas, l'idée d'une louange, et si le nom de
Boanergès a quelque rapport avec cette
circonstance, ce ne serait que comme un
souvenir que Jésus leur rappelle: Fils du
tonnerre, hommes de zèle et de puissance,
oubliez-vous de quel esprit vous devriez
être animés? Cependant, même avec cette
modification dans le sens, le nom de
Boanergès ne paraît que difficilement
pouvoir se placer ici. Olshausen, pour sa
part, nie toute espèce de corrélation entre
le fait et le surnom. Il n'y a pas
d'exemple, dit-il, qu'un blâme ait jamais
été formulé de telle manière que le souvenir
en fut rattaché comme surnom à celui qui
avait commis une faute, et ce serait plus
étrange encore dans ce cas-ci, où la
conduite des deux apôtres, blâmable au point
de vue chrétien, se justifiait cependant au
point de vue juif, non seulement en théorie
et d'une manière générale, mais encore par
l'exemple d'Élie qu'invoquent les apôtres.
Puis le fait que ce surnom n'est rappelé que
Marc 3:17, dans la liste des apôtres,
parallèlement au surnom de Pierre donné à
Simon comme un des caractères de sa mission
future, comme éloge, ne permet pas de
supposer qu'immédiatement après, en parlant
de deux des apôtres les plus distingués avec
Pierre, un blâme soit enregistré d'une
manière aussi éclatante. Les Pères de
l'Église l'ont ainsi pensé dès le
commencement, et ils ont vu dans les mots
«fils du tonnerre» le portrait du caractère
apostolique des fils de Zébédée.
Nous modifierons ce jugement en rapportant
le nom de Boanergès à l'œuvre des apôtres
plutôt qu'à leur caractère. Il rappellerait
l'ébranlement que l'Évangile devait
occasionner dans le monde, Aggée 2:5-7; cf.
Hébreux 12:26; Jérémie 23:29. Jacques est
trop peu connu pour qu'on puisse dire
jusqu'à quel point sa personnalité
légitimait le surnom qu'il reçut, et quant à
Jean, la douceur de son caractère est si
proverbiale qu'on a peine à se le
représenter comme un fils du tonnerre.
Cependant, comme on a eu occasion de le voir
ailleurs, sa douceur n'a rien d'efféminé, sa
fermeté était plus égale que celle de
plusieurs de ses collègues, et il se montre
dans ses épîtres, dans la première surtout,
non seulement si zélé, mais encore si
intrépide dans sa lutte contre les erreurs
et les fausses doctrines, que le nom de
Boanergès n'aurait rien d'étrange, même
appliqué à sa personnalité. F, encore 2 Jean
10, et l'Apocalypse.
Ces surnoms, comme ceux qui furent donnés à
Simon, à Abram, à Jacob, ont pour but de
caractériser le nouvel homme; ils sont le
symbole de la nouvelle nature, de la
nouvelle naissance; cf. Ésaïe 62:2; 65:15;
Apocalypse 2:17. Le Seigneur, en appelant
ses serviteurs, leur donne de nouveaux noms.
BOAZ
(force, fermeté). C'est le nom d'une des deux colonnes d'airain qui étaient devant le temple; celle-ci était à main gauche; celle de droite s'appelait Jakin (fermeté), 2 Chroniques 3:17. Elles avaient entre elles deux 35 coudées de hauteur, soit environ 20 mètres (3:15): ailleurs la hauteur de chacune est indiquée en nombres ronds de 18 coudées, soit 10 mètres, 1 Rois 7:15; Jérémie 52:21. Ces colonnes étaient creuses; l'épaisseur de l'airain était de quatre doigts (1 décimètre); elles avaient une circonférence de 12 coudées (6 1/2 mètres), un peu plus de 2 mètres de diamètre. Les chapiteaux avaient 5 coudées, ou 2 1/2 mètres, Jérémie 52:21-22; 1 Rois 7:16; en quelques passages leur hauteur est calculée à 3 ou 4 coudées, différence qui provient de ce qu'on ne compte pas toujours les ornements qui accompagnaient le chapiteau. Le corps de celui-ci était de 3 coudées; les ornements entre le chapiteau et le fût de la colonne occupaient une coudée; il y en avait encore une, consacrée aux décorations de la partie supérieure.
BOCAGES.
Ce furent là les premiers temples dans lesquels on adora la Divinité: les païens faisaient même de chaque forêt, grande ou petite, la demeure de certains génies. La terreur secrète qu'inspire l'obscurité, le silence qui règne dans les bois, peut-être aussi le sentiment de la solitude et de l'isolement, élève l'âme et la dispose à un vague besoin d'adoration religieuse; les hauts lieux qui se présentent comme des temples naturels, où l'on est plus près du ciel, et d'où l'on domine davantage la terre, partageaient avec les bocages l'honneur d'être choisis pour la résidence de toutes les espèces de divinités imaginées et créées par l'esprit de l'homme. Quoi qu'il puisse y avoir de naturel et même de vrai dans le recueillement qu'on éprouve en ces lieux de retraite, ce n'est point là le véritable culte de l'Éternel, c'est une religiosité de païens, une religiosité panthéiste, et l'histoire prouve combien les peuples les plus dépravés, les plus impies, ont pourtant su, eux aussi, avoir cette religion qui dispense de toute autre. Moïse, afin de préserver son peuple des contagions païennes, lui ordonna de détruire tous les autels qu'il trouverait sur les hauteurs, ou dans les bocages de Canaan, Nombres 33:52; Deutéronome 7:5; 12:2-3. Mais l'attrait d'une religion naturelle et commode, la passion du fruit défendu, l'exemple des Cananéens, entraînèrent les Israélites vers le culte des bocages, et les prophètes rattachèrent souvent à la violation de cette portion de la loi, les menaces qu'ils annoncèrent de la part de Dieu, comme devant tomber sur Israël et sur Juda, 1 Rois 14:23; Osée 4:13; Jérémie 2:20; 3:13, etc. Ésaïe 1:29; 65:3, etc.
BŒUF.
Le mot hébreu Bacar
désigne le gros bétail en général,
comprenant les mâles et les femelles, les
jeunes et les vieux, Lévitique 3:1. Un seul
individu de cette espèce est appelé Shor
(cald. Thor. arab. thaur. d'où peut-être le
latin taurus, et le français taureau) ou
Éleph, ou Alouph. Un veau, mâle ou femelle,
est appelé Éguèl ou Églah; ce dernier mot
est employé Genèse 15:9; Ésaïe 15:5, pour
désigner une génisse de trois ans, et Osée
10:11, pour une jeune vache employée à
traîner la charrue ou à fouler le blé. Phar
désigne le taureau, surtout lorsqu'il est
encore jeune, Juges 6:25, et Parah, la jeune
vache, 1 Samuel 6:7; Job 21:10, qui donne
déjà du lait, ou qui a eu des petits, Osée
4:16, et qui porte le joug. Abbir, qui
signifie fort et vigoureux, n'est proprement
qu'une épithète donnée dans les livres
poétiques, Psaumes 22:13; Ésaïe 34:7, au
taureau qui a atteint toute sa force. La
langue hébraïque n'a pas d'expression pour
ce que nous appelons proprement bœuf dans le
sens restreint, parce qu'il était défendu
aux Hébreux de mutiler aucun animal, ce qui,
sans doute, n'était pas non plus nécessaire
chez eux; les Maures elles Arabes de nos
jours labourent encore leurs terres avec des
taureaux. Ces animaux sont en général plus
petits et plus maigres en Orient que chez
nous. En Arabie, ils ont de petites cornes,
et sur l'épaule une sorte de bosse de
graisse plus ou moins grande, selon que
l'animal est plus ou moins bien nourri.
Le district de Basan et la plaine de Saron,
sur la côte de la Méditerranée, entre Joppe
et Lydde, sont souvent mentionnés dans la
Bible comme possédant les meilleurs
pâturages et les plus beaux troupeaux de
bœufs. Lors de la conquête de Canaan par les
Israélites, les tribus de Gad et de Ruben
reçurent en partage, à cause de leurs
nombreux troupeaux, Basan et d'autres
districts à l'est du Jourdain, propres à
l'élève des bestiaux, Nombres 32:4. Les
taureaux et les béliers de cette contrée,
célèbres par leur vigueur et leur beauté,
Deutéronome 32:14, servent souvent à
désigner des ennemis puissants, Psaumes
22:13, et le prophète Amos 4:1, compare les
femmes voluptueuses de la Samarie à des
génisses de Basan. Il paraîtrait que les
troupeaux de la maison royale étaient
entretenus dans ces fertiles pacages, car il
est dit que David avait un inspecteur de
bestiaux dans la plaine de Saron, 1
Chroniques 27:29.
Pour les Hébreux, le bœuf était le premier
et le plus utile des animaux domestiques, et
une de leurs principales richesses; aussi
Job, dans la description qu'il fait du
bien-être qui est ordinairement le partage
du méchant, dit que ses troupeaux de bœufs
augmentent toujours, et que ses vaches sont
fécondes (21:10); le psalmiste voit dans
cette abondance une bénédiction de
l'Éternel, 144:13-14; et partout où il est
parlé d'un accroissement de bonheur,
l'augmentation des troupeaux de bœufs tait
partie des promesses. Deutéronome 7:13;
28:4; 18:31.
Les Israélites se servaient des bœufs pour
labourer la terre, et pour battre, ou plutôt
pour fouler le grain. Il est souvent parlé
dans la Bible du labour des bœufs, 1 Rois
19:19; Job 1:14; Amos 6:12; Proverbes 14:4.
Les bœufs servaient de plus pour le trait,
Nombres 7:3; 7:8; 1 Samuel 6:7, et même pour
le transport, comme on le voit par 1
Chroniques 12:40, où il est dit qu'on
apporta à David des provisions sur des bœufs
et sur d'autres bêtes de somme. De nos jours
encore, il n'est pas rare de voir les bœufs
de l'Asie et de l'Afrique être utilisés de
cette manière par leurs maîtres.
La chair de bœuf a servi de tout temps à la
nourriture de l'homme et faisait un des
principaux aliments des Israélites. La cour
et la maison royale de Salomon consommait
journellement dix bœufs engraissés, et vingt
bœufs des pâturages, 1 Rois 4:23, et
Néhémie, qui tenait table ouverte pour 150
d'entre les principaux des Juifs, avait
obtenu à cet effet un bœuf gras chaque jour,
Néhémie 5:18. Cette viande se trouvait
principalement sur la table des riches,
Proverbes 15:17; le veau était regardé comme
une friandise que l'on servait seulement aux
personnes et aux convives que l'on voulait
honorer d'une façon tout à fait
particulière, Genèse 18:7; 1 Samuel 28:24;
Amos 6:4; Luc 15:23.
Il était naturel qu'un peuple riche en
troupeaux, comme les Israélites, se nourrît
de laitage et qu'il en fit diverses sortes
de préparations. Deux espèces de lait sont
mentionnées dans l'Ancien Testament, le
Halab ou lait doux, et le Hhémah, sorte de
crème ou de lait caillé, Genèse 18:8; Juges
5:25; Job 29:6; 20:17 (où les ruisseaux de
miel et de crème sont pris pour image de
l'abondance). Pour faire le Hhémah, les
Orientaux mettent encore aujourd'hui du lait
ou de la crème, selon qu'ils veulent faire
du fromage ou du beurre, dans un sac ou
vessie que l'on presse en le ballottant; à
mesure que l'eau s'en échappe paries pores
ou par l'évaporation, on y remet du lait
nouveau jusqu'à ce qu'on ait la quantité
voulue de beurre ou de lait caillé. Ce
dernier, dissous dans de l'eau, donne un
breuvage rafraîchissant; on peut aussi le
manger avec du pain, sans l'avoir mélangé
d'eau. Proverbes 30:33. Les Orientaux, en
général, aiment beaucoup le beurre, dont ils
font un grand usage.
— Les anciens Israélites s'entendaient aussi
à préparer du fromage proprement dit, 2
Samuel 17:29, appelé tranches de lait 1
Samuel 17:18, parce qu'on coupait la masse
coagulée, appelée Guebinah, Job 10:10, pour
la laisser sécher et durcir. Il y avait à
Jérusalem une vallée des faiseurs de
fromage, qui devait son nom à l'exercice de
cette industrie.
Les cornes de boeufs servaient à la
confection de coupes, de flacons, 1 Samuel
16:1,13; 1 Rois 1:39; d'instruments de
musique, etc., Psaumes 98:6; Josué 6:5; 1
Chroniques 15:28. Elles étaient l'emblème de
la force et du courage, Deutéronome 33:17;
Jérémie 48:25; Michée 4:13; Psaumes 132:17.
C'est pourquoi les rayons du soleil, à cause
de leur ardeur et de l'intensité de leur
chaleur, sont appelés en hébreu les
cornes du soleil: les Grecs et les
Romains se servaient de la même image; les
premiers disaient d'un homme vaillant qu'il
avait des cornes (Proverbes de Diogénien.
VII, 89), et Horace, Ode 3, 21. 18, dit du
vin qu'il donne des cornes (du courage) au
pauvre: cf. encore Ovid., Art d'aimer 1,
238: Tune sumit cornua pauper.
Ésaïe 15:5, compare les Moabites à une
génisse de trois ans; Jérémie 46:20; appelle
l'Égypte une belle vache, et (50:11)
Babylone une vache qui bat le blé. Osée
10:11, appelle Juda une vache rebelle, cf.
Jérémie 31:18, probablement parce que la
vache ayant atteint à l'âge de trois ans sa
force complète, était alors soumise, au joug
et attelée.
Le bœuf, comme toute la race bovine,
appartenait à la classe des animaux purs, et
servait aux sacrifices; de là l'expression
de veau des lèvres, Osée 14:2, signifiant le
sacrifice des lèvres, ou les louanges.
Dans l'hiéroglyphique des anciens, le
taureau était le symbole des forces
génératrices de la nature; comme tel il
entrait dans la composition des chérubins et
comptait parmi les ornements du temple,
Ézéchiel 1:10; 1 Rois 7:29. La vache était
le symbole de la fécondité et de
l'agriculture, Genèse 41:2,26,29. De là
l'adoration de ces animaux, si commune dans
les religions, primitivement toutes
symboliques, des anciens temps: de là aussi
la tendance constante des Israélites à
substituer au culte du Dieu invisible, celui
du veau, le veau d'or d'Aaron, et les veaux
de Jéroboam, non point qu'ils adorassent
réellement ces figures, mais elles étaient
pour eux la représentation de Dieu, en tant
qu'il se manifeste dans et par la nature.»,
encore Vache. Accouplements, etc.
BOHAN,
descendant de Ruben. Il n'est connu que par un monument qui lui fut érigé, Josué 15:6, l'on ne sait pourquoi, à la frontière nord de la tribu de Juda, sur les confins de Benjamin.
BOIS,
— Voir: Bocages, et
Plantes.
— L'Orient, si riche sous tant de rapports,
a toujours été pauvre en bois dur proprement
dit, bois de construction, ou même bois à
brûler; et l'on se servait ordinairement,
pour alimenter le feu, d'herbe séchée,
Matthieu 6:30; Luc 12:28, de plantes,
feuilles et tiges; de foin, de paille
brisée, Matthieu 3:12, et au besoin de
fiente animale, Ézéchiel 4:12,15; en
Babylonie on employait même la résine. La
Palestine cependant fait exception à cette
règle générale, et il paraît que si l'on se
servait quelquefois d'autres combustibles
que le bois, c'était moins par nécessité que
par fantaisie; il paraît en particulier que
dans certains districts riches en forêts,
chacun pouvait en liberté couper le bois
nécessaire à son usage, du moins dans la
première période de l'établissement en
Canaan, Lamentations 5:4. Nous voyons le
bois mis en œuvre, et servant aux travaux de
la menuiserie, Exode 35:33; 25:10, et du
charronnage, Josué 11:6; 1 Samuel 6:7; 1
Rois 7:33; 10:29; Nahum 2:13, etc.: l'on en
faisait aussi des corbeilles, Nombres 6:15;
Deutéronome 26:2,4; Juges 6:19, et des
dieux, Ésaïe 44:15;
— Voir: Idolâtrie.
On ne trouve du reste aucune trace de
tonneaux faits de bois, pas même dans le
passage Jérémie 48:12, et l'on se servait
presque exclusivement pour cet usage
d'outrés ou de cornes d'animaux.
BOISSONS.
Les boissons principales des
Hébreux, étaient l'eau, le vin, la cervoise
et le vinaigre,
— Voir: ces différents articles.
On se servait, pour boire, de coupes et de
gobelets, quelquefois garnis d'un couvercle,
dans lesquels on versait les liqueurs
contenues ou dans des cruches, on dans des
urnes et amphores, ou dans des coupes plus
grandes, ou encore dans des cornes d'animaux
travaillées.
BOKIM
(deuil, pleurs). Lieu où les Hébreux s'assemblèrent quelque temps après la mort de Josué, et où l'ange de l'Éternel, après leur avoir reproché leurs infidélités multipliées, leur annonça en même temps que ces infidélités seraient punies. Ces menaces émurent les enfants d'Israël qui pleurèrent en ce lieu, et l'appelèrent Bokim en souvenir de leurs larmes. Quelques-uns pensent que Bokim était près de Silo, où ils se réunissaient, pour leurs fêtes solennelles, mais le contexte rend plus probable l'opinion qui le place dans le voisinage de Guilgal, Juges 2:1,5.
BOOZ
(force), Ruth 2:3; 1 Chroniques
2:11; Matthieu 1:5; Luc 3:32, fils ou
descendant de Salmon et de Rahab, de la
ville de Bethléhem en Juda. Il épousa Ruth,
fut père d'Obed, et par conséquent bisaïeul
de David. Son histoire se lie presque tout
entière à celle de Ruth, où nous en
reparlerons.
— Booz est une des plus nobles figures de
vieillard qui nous soient présentées dans
l'Écriture; sa bonté, sa générosité, son
aimable sensibilité, ses rapports avec les
moissonneurs de ses domaines, la délicatesse
de sa conduite à l'égard du parent
d'Élimélec; son respect pour la jeune
glaneuse, enfin la grandeur de caractère
qu'il montre en ne prenant point à honte
d'épouser, lui riche propriétaire, une
Moabite pauvre, veuve et délaissée; tout en
Booz nous touche, nous émeut et nous le fait
aimer. Sa vieillesse a conservé le charme et
la fraîcheur d'un âge moins avancé; ses
boucles blanches sont la couronne du jeune
époux, et l'on comprend que, pleins de
respect, tous fussent aussi pleins d'amour
et de confiance en lui.
BOSOR,
— Voir: Béhor.
BOTSKATH,
ville ou village des plaines de Juda; l'aïeul de Josias était de cet endroit. Josué 15:39; 2 Rois 22:1.
BOTSRA ou Betser, ou Bostra,
(vendanges) ou Betser,
-
dans le désert, appartenait au Rubénites, et se trouvait dans une plaine vers la frontière sud-est de la tribu, non loin des sources de l'Arnon, Josué 20:8; 21:36. Elle avait été destinée par Moïse pour être une ville de refuge à ceux qui auraient commis un meurtre involontaire, Deutéronome 4:43. Quelques-uns confondent à tort cette ville avec la suivante, en attribuant aux vicissitudes de son histoire les divers changements de maîtres qu'elle a subis; Betser est proprement le nom de cette première ville, et Botsra celui de la seconde.
-
Botsra, appelée par les Grecs et par les Romains Bostra, était à 40 kilomètres d'Édrehi. Il en est souvent parlé dans l'Ancien Testament comme de la capitale de d'Idumée, Genèse 36:33; Ésaïe 34:6; 63:1; Amos 1:12; Jérémie 49:13,22. Ailleurs Jérémie en fait une ville moabite, 48:24, d'où il résulte, selon toute apparence, que les Moabites la conquirent sur les lduméens (qui eux-mêmes en avaient dépossédé les Hammonites), ce qui est d'autant plus probable que cette ville n'était pas située dans l'intérieur de l'ancienne Idumée, mais dans le Hauran, au nord du pays des Hammonites. On perd les traces de l'histoire de Botsra jusqu'au règne de Trajan; plus tard elle fut le siège d'un épiscopat, et l'une des principales églises attachées au Nestorianisme. Bien qu'en très grande partie ruinée , cette ville demeure encore une des plus considérables de ces contrées.
BOUC,
— Voir: chèvre.
— Bouc émissaire,
— Voir: Hazazel.
BOUCLES.
Les Orientaux ont de tout temps
aimé à se couvrir de boucles, ils en
mettaient aux bras, au cou, aux pieds, aux
doigts, aux oreilles, etc. Les hommes n'en
portaient guère qu'aux doigts, et s'en
servaient comme de cachets; mais les femmes
et les enfants en avaient partout. Les
boucles d'oreilles, Exode 32:2; Ézéchiel
16:12, sont encore d'usage aujourd'hui,
ailleurs même qu'en Orient. Les unes sont
légères, petites, dignes du bout de
l'oreille; d'autres sont massives, lourdes,
d'un diamètre de douze centimètres; elles
élargissent tellement le trou de l'oreille,
que l'on peut facilement y passer deux
doigts de la main, si l'on en croit le
voyageur Harmar. Parfois même à force de
luxe, les lemmes se font percer à l'oreille
autant de trous qu'il peut y avoir de place
pour des boucles nouvelles; ces boucles sont
tantôt en bois, tantôt en corne, tantôt en
métal; ordinairement elles sont simples et
rondes, mais on en trouve de toutes les
formes, quelques-unes mêmes ornées de
petites clochettes, Ésaïe 3:18. C'est chez
les Romains qu'à l'époque de la grandeur de
cet empire, ce genre de luxe avait atteint
son degré le plus excentrique, surtout parmi
les femmes. Chez les Grecs, il n'y avait
guère que les enfants qui portassent des
boucles d'oreilles, et seulement du côté
droit.
— D'après Genèse 35:4, il paraîtrait que cet
ornement était quelquefois regardé comme une
espèce d'amulette.
Boucles pour le nez. Elles sont mentionnées
Proverbes 11:22; Ézéchiel 16:12; Ésaïe 3:21,
peut-être aussi Exode 35:22. C'était l'une
des parures les plus chères aux Orientales
des temps anciens,
— Voir: Genèse 24:22,47.
Aujourd'hui encore elles en portent
suspendues tantôt à la narine droite, tantôt
à la narine gauche, rarement à la cloison du
nez. Ces boucles sont d'or ou d'ivoire,
incrustées de perles; elles ont 6 à 9
centimètres de diamètre, quelquefois
davantage, et elles tombent jusque sur le
bas du visage. Tavernier raconte des femmes
de Bagdad qu'elles se percent les narines de
bonne heure; quant aux Arabes, elles ne
percent que la paroi médiate, dans laquelle
elles font passer une bague de l'épaisseur
d'un tuyau de plume, mais creuse
intérieurement, soit pour économiser la
matière, soit pour les rendre plus légères;
il y a de ces bagues si grosses que le poing
d'un homme y passe facilement. Ce même usage
se retrouve également en Amérique, chez les
Indiens du Nord et chez les Péruviens. On
passait aussi des anneaux dans les narines
d'animaux sauvages que l'on voulait
apprivoiser ou dompter, ou de gros poissons
que l'on voulait conserver captifs dans leur
élément (comme l'on fait encore des buffles
et des ours). Job 40:21; cf. 2 Rois 19:28;
Ésaïe 37:29; Ézéchiel 29:4; 38:4.
Quant à des anneaux pour les pieds, il n'en
est parlé dans l'Ancien Testament que Ésaïe
3:16 et suivant. On les portait au-dessus de
la cheville; ils étaient de bois, de corne
ou de métal, et construits de manière à
faire entendre à chaque pas un clapotement
plus ou moins harmonieux, et coquet plutôt
qu'agréable. De petites chaînettes
retenaient l'un à l'autre les anneaux des
deux jambes, ce qui gênait la marche et
accoutumait les femmes à faire de petits pas
gracieux, délicats et embarrassés.
Les bracelets ont été plus en usage encore
que les différentes boucles que nous venons
de nommer, auprès des anciens Hébreux qui
paraissent en avoir tous porté, hommes et
femmes;
— Voir: Genèse 24:22,30,47; Ésaïe
3:19; Ézéchiel 23:42; 1 Samuel 1:10; cf.
Nombres 31:50.
Ils étaient souvent extrêmement larges, et
Niebuhr dit en avoir vu en Perse qui
s'étendaient du poignet jusqu'au coude;
selon Pline, 28:47, ils servaient
quelquefois d'amulettes, de même que les
boucles d'oreilles.
Enfin les colliers, Proverbes 3:3,22; 25:12;
Ézéchiel 16:11; Osée 2:13; Cantique 4:9. Ce
n'étaient pas seulement des femmes, mais
encore quelquefois des hommes, et même des
guerriers, surtout parmi les Perses et les
Mèdes, qui affectionnaient ce genre de
parure: toutefois cette dernière classe ne
paraît pas chez les Israélites en avoir
connu l'usage. Les colliers les plus
ordinaires, pour les riches, se composaient
de grains ou de perles enfilées, et
descendaient souvent jusqu'à la ceinture; on
en portait plusieurs à la fois pour se
distinguer: c'était une mode, comme
maintenant c'en est une autre de cacher
quelques-uns de ses doigts sous des amas de
bagues de toutes couleurs et de tous les
goûts. On suspendait, en outre, aux colliers
diverses espèces d'ornements étrangers, des
demi-lunes ou petits croissants, Ésaïe 3:18
(comme on faisait aux chameaux, Juges 8:21),
des boîtes de senteur, Ésaïe 3:20, peut-être
de petits soleils et de petits serpents, en
guise d'amulettes. On peut croire aussi que
les femmes portaient encore des colliers de
métal, et l'on se rappelle ce mot de
Virgile:
lt pectore summo
Flexilis obtorti per collum circulus auri.
(Æneid. 5, 559)
C'était chez les Perses une marque de faveur toute particulière, quand les rois accordaient un collier à quelqu'un de leurs sujets, Daniel 5:7,16,29; cette distinction semble même avoir été accompagnée d'une augmentation de pouvoir ou d'honneur. Le premier ministre en Égypte avait un collier d'or au cou; c'était peut-être la décoration attachée à son rang et à ses hautes fonctions.
BOUCLIER,
arme défensive qu'on portait au bras gauche, et dont on se servait pour parer une flèche, ou un coup d'épée ou de lance. Les plus ordinaires étaient faits d'une planche recouverte de cuir, mais il y en avait d'or, d'airain et d'autres métaux. Dans l'Écriture, les grands et les princes sont souvent appelés les boucliers des peuples: ainsi Saül, le bouclier des forts, 2 Samuel 1:21: et Dieu lui-même se plaît à prendre ce nom, Genèse 15:1; Psaumes 5:12. La foi doit être pour le chrétien un bouclier pour éteindre les dards enflammés du malin. Éphésiens 6:16.
BOUQUETIN,
— Voir: Chamois.
BOUTEILLE,
— Voir: Outre.
BRACELETS,
— Voir: Boucles.
BRAS.
Comme c'est la partie de notre corps avec laquelle nous exerçons le plus notre activité et déployons le plus souvent notre force, le bras sert à désigner l'action du pouvoir de l'Éternel, qu'il crée ou qu'il détruise, qu'il protège, qu'il convertisse, ou qu'il châtie. Exode 6:6; Psaumes 71:18; Jérémie 17:5; 32:17; Ésaïe 40:11; Zacharie 11:17.
BREBIS.
La langue hébraïque possède un
mot, Tsôn, qui signifie ce que nous appelons
en général menu bétail, Genèse 27:9;
Lévitique 10, mais qui cependant désigne
dans son acception ordinaire la brebis et
son espèce, Genèse 31:10; 1 Samuel 25:2. (Le
menu bétail constituait, dans les anciens
temps, comme encore de nos jours, la
richesse des peuples nomades.)
— Un seul animal de cette espèce, sans égard
à l'âge ni au sexe, s'appelle Zèh, Exode
22:1; Deutéronome 14:4. Talèh désigne
l'agneau qui boit encore le lait de sa mère,
Kèbès l'agneau d'un an et au-dessus. Kar
l'agneau qui est assez fort pour aller
paître seul. Mischnim, 1 Samuel 15:9, paraît
désigner les agneaux qui, après la première
année, ont perdu les deux dents de devant à
la mâchoire inférieure, et commencent à
devenir forts. Ayil désigne le bélier, et
Rahhel la brebis proprement dite, qui a des
petits, Genèse 31:38; 32:14; cependant ce
dernier mot, comme celui de brebis chez
nous, se trouve aussi employé dans un sens
plus étendu, s'appliquant à toute l'espèce,
Ésaïe 53:7; Cantique 6:6. On voit, par ces
distinctions, que l'élève de ces animaux
était assez développée parmi les Hébreux. La
couleur des brebis en général était la même
que dans nos contrées. Psaumes 147:16; Ésaïe
1:18; Daniel 7,9; Genèse 30:32,35; 31:10,12.
Il y a en Orient deux espèces de brebis: les
unes semblables aux nôtres, mais plus
grandes, plus hautes, plus maigres, et
couvertes d'une laine qui a plus de rapport
avec le poil, ce qui est très probablement
l'effet du climat; les autres se distinguent
par une queue large et grande, assez grasse
et quelque peu recourbée à l'extrémité.
Cette queue est une masse d'une substance
qui tient le milieu entre la graisse et la
moelle, et ressemble, pour le goût, au
beurre, qu'elle sert aussi à remplacer: elle
pèse de 5 à 15 kilogrammes On sait que les
bergers, pour préserver la queue de ces
brebis, la placent sur un petit char auquel
la brebis est attachée; cette pratique est
si ancienne, qu'Hérodote en parle déjà. Il
paraît que les Israélites possédaient aussi
de ces brebis, car dans leurs sacrifices la
queue est toujours nommée parmi les graisses
qu'il fallait brûler. Lévitique 3:9; 7:3;
8:25; 9:19.
Les contrées de la Palestine les plus
favorables à la bonne venue du menu bétail
étaient la plaine de Saron, Ésaïe 65:10, le
mont Carmel, le pays de Galaad, Michée 7:14,
et Basan, Deutéronome 32:14; Ézéchiel 39:18.
Les peuples voisins des Israélites
s'adonnaient comme eux à l'élève des brebis;
les Moabites payaient à Joram en tribut
annuel la laine de cent mille agneaux et
d'un nombre égal de béliers, 2 Rois 3:4, et
plus tard un tribut pareil aux rois de Juda,
Ésaïe 16:1. De nos jours encore, les plaines
qu'habitèrent les Moabites sont riches en
troupeaux de brebis.
— Les Édomites, Ésaïe 34:6, les tribus
arabes de Kédar, et les Nabatéens, Ésaïe
60:7, s'occupaient de nourrir et d'élever
ces animaux, et leurs contrées fertiles en
herbes salées leur étaient tout à fait
favorables. L'artifice que Jacob employa
pour augmenter son salaire en favorisant la
naissance de brebis marquées de certaines
couleurs, Genèse 30:37-43, prouve les
progrès qu'avait faits dans ce temps l'art
de soigner les troupeaux. Nous rappelons ici
que le célèbre Buffon s'accorde avec
l'Écriture sainte à reconnaître que dans
aucune race d'animaux, l'imagination de la
mère n'a autant d'influence sur sa
progéniture, que dans celle des brebis.
La chair et le lait des brebis servaient à
la nourriture des Israélites, Deutéronome
32:13-14; Ésaïe 7:21-22; Ézéchiel 34:3; 1
Corinthiens 9:7: cette viande est encore
pour les Arabes, les Perses, et les
Orientaux en général, une nourriture très
estimée.
— Déjà dans les anciens temps, il se faisait
un commerce de laines très actif; les
marchands de Damas en portaient aux marchés
de Tyr une grande quantité, soit blanche,
soit brune, soit rougeâtre et luisante.
Quant à cette dernière espèce, le voyageur
Tavernier rapporte que dans les montagnes du
Kerman en Perse, il y a une espèce de brebis
qui jette sa laine au printemps, au point de
paraître tondue; que cette laine est d'un
brun léger et quelquefois grisâtre, et que
les Guèbres qui habitent ces montagnes, en
fabriquent des étoffes, des habits, et
autres travaux, dont ils font un trafic
considérable.
La coutume d'apprivoiser les brebis de
manière à les rendre aussi familières que
des chiens, coutume à laquelle a fait
allusion le prophète Nathan, 2 Samuel 12:3,
dans l'apologue par lequel il a convaincu
David de son péché, existe encore de nos
jours chez les arabes. Les bergers donnaient
aussi quelquefois à leurs brebis des noms
que ces dernières connaissaient si bien
qu'elles ne manquaient pas d'y répondre en
accourant lorsqu'elles étaient appelées
(Théocrite, Idyl. V, 102, 103); c'est à cet
usage que se rapportent les paroles de notre
Sauveur, Jean 10:3.
Comme le bélier marche presque toujours en
tête du troupeau, et lui sert en quelque
sorte de guide, il a été pris pour le
symbole de la royauté, ou du souverain des
peuples; et dans la fameuse vision de
Daniel, 8:3-4,20, le roi de Perse est
représenté par cet animal. Les mots chef
(d'une nation), et bélier, sont même devenus
complètement synonymes en hébreu, cf. Ésaïe
14:9; Zacharie 10:3, dans l'original. Nous
ajouterons que l'historien Ammien Marcellin
raconte que lorsque les rois de Perse se
mettaient à la tête de leurs troupes pour
entrer en campagne, ils portaient en guise
de diadème une tête de bélier en or, et
ornée de pierreries; de même sur les
colonnes de Persépolis le signe de la
royauté est un bélier.
La brebis, le bélier et l'agneau servaient
aux divers sacrifices des Israélites: le
bélier annonçait le conducteur du troupeau
dont le sang devait couler pour le rachat
des siens, la brebis et l'agneau étaient les
symboles de l'humilité et de la soumission
patiente, parce qu'ils sont d'un caractère
doux, patient, et lent à la colère; on
assure cependant qu'une fois irrités, ils le
sont tellement qu'on ne peut plus les
apaiser. Cela explique pourquoi la Bible a
pris cet animal pour le symbole de
l'humilité et de la patience en général, et
de Christ en particulier, Jean 1:29; mais
cela explique aussi l'expression de la
«colère de l'agneau», Apocalypse 6:16, cette
haine de Dieu contre le mal, et ce courroux
lent à s'allumer, mais qui s'allumera devant
l'endurcissement prolongé, et qui ne cessera
plus de consumer ses adversaires.
BUFFLE,
Deutéronome 14:5; 1 Rois 4:23;
— Voir: Gazelle.
BUIS.
Parmi les arbres du Liban dont
le bois doit un jour servir à la
construction du nouveau sanctuaire, le
prophète Ésaïe, 60:13, nomme le Théaschur;
et dans le chapitre 41:19, il est dit que ce
même arbre croîtra un jour dans les déserts
avec le cèdre, le cyprès et l'acacia. Les
commentateurs juifs sont d'accord à penser
que l'arbre, dont il est parlé dans ces deux
passages est le buis, et leur opinion
s'accorde avec le contexte, quoiqu'on ne
puisse pas prouver que le mot hébreu
théaschur ait effectivement cette
signification. Les versions arabes, et la
version syriaque traduisent théaschur par
Cherbin qui est une espèce de cèdre ou de
sapin-cèdre.
Dans sa description du commerce et du luxe
des Tyriens, le prophète Ézéchiel, 27:6, dit
que les bancs de rameurs de leurs vaisseaux
étaient faits de aschur (c'est à peu près le
même mot que théachur), étaient faits de
buis, apporté des îles de l'Occident, et
garnis d'ivoire. Et ce qui confirme le sens
que nous donnons à ce mot, c'est que nous
voyons par un passage de Virgile (Æneid. 10,
137.... Quale per artem inclusum buxo
lucet ebur), qu'en effet les anciens
avaient coutume de travailler de la sorte,
et d'incruster l'ivoire dans le buis.
— Voir: Orme.
BUL,
1 Rois 6:38, appelé depuis lors Marchesvan: c'était le second mois de l'année civile, et le huitième de l'année ecclésiastique; il se composait de vingt-neuf jours, et correspondait à notre fin d'octobre et commencement de novembre. C'est dans ce mois que commençaient à diminuer les chaleurs, que l'on semait l'orge et le froment, et qu'on récoltait les derniers raisins; c'est aussi dans ce mois que fut terminée la construction du temple de Salomon. Le nom de bul ne se trouve qu'une fois dans la Bible, au passage indiqué.
BUTIN.
Ce qu'un soldat à la guerre
avait enlevé de sa propre main, demeurait en
sa possession; mais les objets précieux, et
ceux en particulier qui avaient appartenu au
roi vaincu, échéaient de droit au roi
d'Israël, 2 Samuel 8:11; 12:30. Quant à
l'ensemble du butin, hommes et bétail, il se
divisait en deux moitiés, dont l'une
appartenait aux soldats qui avaient
combattu, déduction faite de la
cinq-centième partie qui était pour les
sacrificateurs; l'autre moitié, déduction
faite d'un cinquantième pour les lévites,
revenait au peuple, Nombres 31:26, sq. Mais
si la ville conquise avait été mise à
l'interdit, il était défendu d'y faire du
butin; tout ce qui avait vie devait être
passé au (il de l'épée; on devait brûler
tout ce qui pouvait être brûlé; l'or et
l'argent seuls, et les vases de fer ou
d'autres métaux, échappaient à la
destruction et étaient placés dans le temple
de l'Éternel, peut-être comme trophées.
— Voir: Josué 6 et 7.
Même sans qu'il y eût d'interdit prononcé,
c'était assez l'usage de consacrer à
l'Éternel les prémices des dépouilles, et la
portion la plus honorable du butin, 1
Chroniques 26:27.
BUTOR.
Ésaïe 14:23; 34:11; Sophonie
2:14. C'est par le mot de butor que nos
versions ont traduit l'hébreu kippod
dans ces trois passages; d'autres l'ont
rendu par orfraie, chat-huant, tortue,
castor, etc. C'est dire assez que l'on ne
connaît pas au juste la signification de ce
mot. Les lexicographes allemands, Gesenius
et Winer en tête, le traduisent par hérisson
(— Voir: encore Bochart, Hiéroz. II):
cette manière de voir est appuyée de
l'analogie des autres langues sémitiques. Le
hérisson se trouve en abondance dans la
Syrie et la Mésopotamie, et choisit de
préférence les lieux déserts pour son
habitation. Quant au butor, on le trouverait
plutôt dans l'hébreu yanschouph,
Lévitique 11:17; Deutéronome 14:16; Ésaïe
34:11. Le butor est une espèce de héron,
mais moins haut sur jambes, et le corps plus
charnu; il est si sauvage et si stupide que
son nom est devenu une espèce d'insulte. On
le trouve partout où il y a des marais
solitaires, en Angleterre, en Danemark, en
Suisse, et dans les parages plus chauds de
l'Italie et de l'Égypte,
— Voir: Chat-huant et Cormoran.
BUZ,
-
fils par Milca, de Nachor frère d'Abraham, Genèse 22:21, fut apparemment l'un des ancêtres d'Élihu l'ami de Job 32:2. Son nom se retrouve plus tard, Jérémie 25:25, où il est cité à côté de Dédan et de Téma, comme formant un petit état monarchique sur les contins ou dans les limites de l'Arabie déserte. On ne connaît aucune ville qui puisse maintenant nous mettre sur la voie de l'ancien emplacement de cette cité.
-
Fils de Habdiel, et père de Jahdo, de la tribu de Juda, 1 Chroniques 5:14, inconnu.
BUZI,
père du prophète Ézéchiel, Ézéchiel 1:3.
Préface — A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z