Dictionnaire de la Bible J.-A. Bost 1849-N
septembre 3, 2010
Ν
NAAMAN ou Nahaman
(beau),
-
2 Rois 5, chef des armées de Benhadad, roi de Syrie, jouissait d'un grand crédit auprès de son maître, parce qu'il avait sauvé son pays; mais cet homme, fort et vaillant, était lépreux, et n'espérait aucun remède à sa triste maladie. Une jeune fille d'Israël, qui avait été faite prisonnière, et attachée au service de l'épouse de Naaman, fut employée de Dieu pour guérir son maître de la lèpre, et lui faire reconnaître Jéhovah, le Dieu d'Israël, comme le seul vrai Dieu, Elle parla à sa maîtresse du prophète Élisée, et celle-ci engagea son époux à lui aller faire une visite en Samarie. Naaman part avec de riches présents pour le prophète, et des lettres de recommandation du roi de Syrie pour le roi d'Israël, intimant, en quelque sorte, à Joram l'ordre de pourvoir à la guérison de son serviteur. Mais les prophètes ne sont pas unis à l'État; ils n'ont rien à faire avec la diplomatie, souvent les rois ne les connaissent pas, ou les oublient après s'en être servis, et Joram déchire ses vêtements, protestant contre l'ordre que lui donne Benhadad, ordre inexécutable pour lui, et qui n'est, dit-il, qu'un prétexte du roi de Syrie pour rompre avec lui. Élisée apprend l'arrivée de Naaman, reproche à Joram de l'avoir oublié, et fait venir le général syrien. Celui-ci se rend à la voix du prophète, arrive avec sa suite, et s'arrête devant la porte de la maison, soit par respect pour la mission d'Élisée, soit à cause de la lèpre qui le rend impur. Il espère que le prophète viendra au-devant de lui, et qu'il fera, en sa faveur, des invocations et des cérémonies qui le nettoieront de sa lèpre; mais il ne voit paraître qu'un messager qui lui ordonne, de la part du prophète, de se plonger sept fois dans les eaux du Jourdain. Il s'irrite d'un pareil manque d'égards et de la vulgarité du remède qui lui est ordonné: comment le Jourdain le guérira-t-il, quand les eaux de l'Abana et du Par-par, meilleures que toutes celles d'Israël, ne l'auraient pas guéri? Il s'en retourne donc; mais, à la voix de ses serviteurs qui lui conseillent d'essayer, il va se plonger (mouiller) dans le Jourdain, et le miracle est opéré. Plein de reconnaissance alors, et comprenant que le Dieu d'Israël est le vrai Dieu, il se rend auprès d'Élisée, renonce, entre ses mains, au culte des faux dieux, et prie, mais inutilement, le prophète d'accepter les présents qu'il lui offre. Il lui demande enfin, et obtient sans difficulté, l'autorisation d'emporter de la terre d'Israël la charge de deux mulets; car, dit-il, ton serviteur ne fera plus d'holocaustes ni de sacrifices à d'autres dieux, mais seulement à l'Éternel; cependant, ajoute-t-il aussi, les devoirs de sa charge l'obligent à accompagner le roi de Syrie dans le temple de Rimmon, et de se prosterner devant l'idole, en prêtant au roi son épaule pour appui: «Veuille donc me le pardonner!» Singulière demande, autorisation plus singulière encore, si les paroles du prophète: «Va en paix!» constituent une autorisation. Ce passage a embarrassé plus d'un interprète, et quelques-uns, en assez grand nombre, ont pensé que les mots traduits par le futur dans nos versions, devaient être rendus par le parfait, comme si Naaman demandait au prophète de lui pardonner d'avoir jusqu'alors accompagné le roi dans le temple de l'idole. Peut-être y a-t-il aussi, dans les paroles du prophète, cette condescendance du fort pour le faible, qui nous est, dans certaines limites, recommandée par l'apôtre saint Paul, 1 Corinthiens 8:7-13; peut-être la conversion de Naaman n'a-t-elle été qu'une conversion au monothéisme, et la foi que le seul Dieu était celui d'Israël? En tout cas, nous ne voyons pas que le prophète ait cherché à l'initier davantage dans les mystères de l'économie juive et dans la connaissance de la loi: croire au Dieu d'Israël, c'était déjà beaucoup pour un païen, et sa présence au culte de Rimmon n'étant plus qu'un acte physique, un devoir de cour, une affaire de charge civile, Élisée pouvait le lui accorder. Il ne faudrait pas en conclure, toutefois, que ceux qui ont plus de connaissance que Naaman puissent jouir du privilège qu'il n'a dû sans doute qu'à son ignorance; la profession franche nous est imposée, non seulement à cause du baptême d'eau, mais encore, et surtout à cause du baptême de l'Esprit.
— Le prophète dit adieu au général; mais bientôt celui-ci est rejoint par Guéhazi, serviteur d'Élisée, qui lui demande, au nom de son maître, quelques présents pour deux jeunes prophètes, dit-il, qui viennent d'arriver. Naaman fait plus que ne lui demande l'imposteur: il double avec empressement la somme que celui-ci réclame, lui donne des serviteurs pour l'accompagner et porter ces présents; puis il continue sa route. L'Écriture sainte ne dit plus rien sur l'histoire de cet homme, dont le nom est seulement rappelé par notre Sauveur, Luc 4:27, comme un exemple des miséricordes de Dieu envers qui il veut. Heureux les caractères vifs qui, s'ils s'impatientent ou s'emportent facilement, savent aussi reconnaître promptement leurs torts, quelle que soit la bouche qui leur envoie la vérité! Heureux surtout ceux qui, en recevant les bénédictions temporelles de la Providence, savent voir plus haut que la terre, et remonter à la source de tous les biens pour l'adorer.
-
Un autre Naaman, ou Nahaman, est compté parmi les fils de Benjamin, Genèse 46:21, et un
-
parmi ses petits-fils, 1 Chroniques 8:4,7.
NAASSON,
Matthieu 1:4; Luc 3:32, l'un des ancêtres de notre Sauveur, nommé dans les deux généalogies; il était fils d'Hamminadab, et beau-frère d'Aaron, Exode 6:23; Ruth 4:20; 1 Chroniques 2:10. Pendant le voyage du désert, il servit de chef aux enfants de Juda, et conduisit leur tribu, composée de 74,600 hommes au-dessus de vingt ans. Nombres 1:7; 2:3.
NABAL,
1 Samuel 25, descendant de
Caleb, riche et grossier berger de Mahon,
près du mont Carmel, méconnaît les services
que lui a rendus David en protégeant ses
troupeaux, et lui refuse brutalement
quelques vivres qu'il lui demande pour ses
soldats affamés. C'était peut-être un
parvenu dont les richesses avaient desséché
le cœur à l'égard du pauvre; mais, en
offensant un guerrier comme David, il fit
une faute autant qu'un péché, et mérita bien
le nom de Nabal qu'il portait, et qui
signifie fou. Ladre envers le pauvre dans la
plus belle et la plus riche saison de
l'année, à l'époque où la tonte des brebis
eût dû, plus que jamais, lui imposer la
générosité comme un devoir, il ne fut point
ladre envers lui-même, et ne se refusa
aucune des réjouissantes orgies que la
circonstance occasionnait trop souvent. Il
fit un festin de roi, fut joyeux et s'enivra
complètement. Mais David avait juré qu'il ne
laisserait rien à Nabal, depuis un homme
jusqu'à un chien; il s'avançait avec 400
hommes, et la vertu, comme la sagesse
d'Abigaïl, purent seules empêcher le
guerrier courroucé d'exécuter ses menaces.
Nabal désenivré, ayant appris le danger
qu'il avait couru, et dont il avait été
délivré par une épouse dont il était
indigne, fut saisi d'effroi: «son cœur
mourut au-dedans de lui, et devint comme une
pierre», Il mourut, au bout de dix jours,
d'une maladie subite qui l'emporta, et qui
fut, sans doute, causée par le saisissement
qu'il avait éprouvé avant d'être seulement
remis de ses débauches. David ne put cacher
sa joie en apprenant que l'ennemi du roi
choisi de Dieu avait été châtié d'une
manière aussi prompte et aussi
providentielle, non point que la mort de
Nabal ait rien eu de miraculeux en
elle-même; l'homme avait été puni par où il
avait péché, par sa débauche, son avarice,
sa brutalité; le fruit du péché,
c'est la mort.
— Le nom de Nabal n'est plus rappelé que 1
Samuel 27:3; 30:5; 2 Samuel 2:2; 3:3; il est
toujours joint à celui de son épouse, qui
était devenue celle de David, comme si
l'historien sacré voulait, en rappelant cet
événement, montrer que la main de Dieu était
avec David contre ses ennemis, et contre
Saul en particulier, dont la cause était
compromise aux yeux des fidèles par le
châtiment de Nabal.
NABATHÉNIENS,
— Voir: Nébajoth.
NABOTH
(prophéties), 1 Rois 21, de Jizréhel, n'est connu que pour deux faits; il refusa de vendre ce qui lui appartenait, et il fut lapidé. Mais ces deux faits, si distincts de leur nature et sans corrélation apparente, furent unis dans sa vie par un étrange et monstrueux lien. Il possédait une vigne non loin du palais d'Achab, et fidèle aux souvenirs de ses ancêtres comme à la loi de Moïse qui avait rendu les héritages inaliénables, Lévitique 25:23; Nombres 36:7, il refusa de la céder au roi, qui la voulait acheter ou acquérir par échange. La méchante Jésabel sut en réjouir le cœur de son mari, et bientôt Naboth, accusé par de faux témoins d'avoir blasphémé contre Dieu, fut traîné hors de la ville et lapidé selon les prescriptions de la loi, Lévitique 24:16; Nombres 15:30. Il résulte même de 2 Rois 9:26, que ses enfants furent compris dans l'accusation et dans le supplice, afin d'assurer aux nouveaux possesseurs la jouissance sûre et incontestée de la vigne de Naboth. On se demande comment de pareilles énormités pouvaient se commettre en Israël, comment surtout c'était au nom de Dieu qu'elles pouvaient être exécutées, mais le nom de Jésabel répond à tout; Achab n'a connu le crime qu'après qu'il eut été commis, et s'il en a joui ce n'a pas été sans des remords qui ont fait ajourner pour sa personne à la génération suivante l'exécution des jugements divins.
NACHOR ou Nacor.
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Fils de Sérug, père de Taré, et grand-père d'Abraham; il est nommé parmi les ancêtres de notre Sauveur dans la généalogie de Marie, Genèse 11:22; 1 Chroniques 1:26; Luc 3:34.
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Fils de Taré et frère d'Abraham; il épousa Milca, fille de son frère Haran, Genèse 11:26; 22:20; 24:10; 31:53. On ignore s'il quitta Ur pour Canaan avec les autres membres de sa famille; cela n'est pas dit, mais plus tard on voit son fils Béthuel établi à Caran avec Laban son petit-fils, 27:43; 29:5; il est bien possible qu'il ait en effet rejoint Abraham plus tard.
NACON, ou Kidon,
2 Samuel 6:6, ou Kidon, 1 Chroniques 13:9, nom de l'aire près de laquelle Huza fut tué; quelques-uns traduisent simplement l'aire préparée, d'après la signification de l'hébreu nacon, et l'entendent de l'aire d'Hobed-Édom, qui avait été en effet disposée pour recevoir ce monument de l'alliance; d'autres l'entendent d'une des stations préparées le long du chemin pour le voyage de l'arche; le plus grand nombre enfin voit dans Nacon et Kidon des noms propres désignant soit une même personne, soit les possesseurs successifs de l'aire. En tout cas, le lieu désigné était dans Jérusalem, ou du moins fort près de cette ville.
NACOR,
— Voir: Nachor.
NADAB
(prince).
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Fils d'Aaron.
— Voir: Abihu.
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Second roi d'Israël et fils de Jéroboam, 1 Rois 14:20; 15:25. Il fit ce qui déplaît à l'Éternel, conserva l'idolâtrie de son père, et mourut après un règne de deux ans, victime d'une conjuration ourdie par Bahasa, qui le frappa devant Guibbethon pendant qu'il assiégeait les Philistins. Sa famille fut anéantie par son assassin qui fut en même temps son successeur.
NAGGÉ
(clarté), un des ancêtres de notre Sauveur, par Marie, Luc 3:25; inconnu.
NAHALAL,
ville de la tribu de Zabulon, resta cependant encore longtemps entre les mains des Cananéens, Josué 19:13; Juges 1:30.
NAHAMA
(belle).
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Fille de Lémec et de Tsilla, nommée peut-être ainsi à cause de sa grande beauté; elle doit avoir inventé plusieurs arts, de même que son frère Tubal-Caïn.
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Hammonite et mère de Roboam, 1 Rois 14:21,31; 2 Chroniques 12:13. On ne peut dire à quel titre elle a été épouse de Salomon, si elle fut épouse légitime, ou seulement concubine et du nombre de ces épouses étrangères parmi lesquelles se trouvaient les Hammonites, 1 Rois 11:1. Puisque ce fils avait quarante et un ans quand il est monté sur le trône, il était né un an avant l'avènement de Salomon à la couronne, celui-ci ayant régné quarante ans; par conséquent il était né encore du vivant de David, et l'on a peine à comprendre que ce roi théocratique ait permis à son lus si jeune (il avait dix-huit ou dix-neuf ans), de former des relations ou peut-être une union intime avec une païenne; peut-être était-elle prosélyte; dans tous les cas, il est fort probable, quoique son fils ait hérité du royaume, qu'elle n'a été que concubine.
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Ville des plaines de Juda, Josué 15:41.
NAHARAH,
Josué 16:7, ville des frontières de la tribu d'Éphraïm, la même qui est appelée Naharan, 1 Chroniques 7:28, située, d'après Eusèbe, à 5 milles de Jérico.
NAHARAI
(nez) de Bééroth, écuyer de Joab, peut-être le chef de ces dix jeunes gens qui frappèrent Absalon, 2 Samuel 18:15; il appartenait à la troisième classe des guerriers de David, 23:37; 1 Chroniques 11:39.
NAHAS
(serpent, rusé, singe).
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Père d'Abigal et de Tséruïa, les sœurs de David. Ce nom ne se trouve que 2 Samuel 17:25, et l'on se demande si ce serait un premier ou un second mari de la mère de David, ou bien un surnom d'Isaï, ou enfin, ce qui est le moins probable, le nom de la femme d'Isaï.
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Nahas, roi des Hammonites, 1 Samuel 11:1; 12:12; 2 Samuel 17:27, père de Sobi, fit le siège de Jabès de Galaad pendant que Samuel n'était plus juge et que Saül n'était pas encore roi. Les agitations d'Israël paraissaient favoriser ses desseins, et les assiégés allaient capituler honteusement en consentant à se laisser crever l'œil droit, ce qui les eût rendus pour jamais incapables de tirer de l'arc; ils obtinrent cependant un délai de sept jours, et pendant ce temps, un coup vigoureux et inattendu frappé par le roi d'Israël qui apprit ces choses en revenant du labourage, les sauva; l'armée de Nahas fut taillée en pièces et dispersée.
— Quarante ans après, nous retrouvons le nom de Nahas roi de Hammon, et David en parle comme d'un homme qui lui aurait rendu des services; l'ennemi juré de Saül aurait-il été l'ami de David? c'est possible; il est plus probable cependant que ce Nahas, père de Hanun, était le fils du précédent, et peut-être frère ou oncle de Sobi, q.v., 2 Samuel 17:27.
NAHOMI,
Ruth 1:2, épouse d'Élimélec de
Bethléem, suivit son mari dans le pays de
Moab où leurs fils se marièrent avec des
femmes du pays; mais bientôt elle devint
veuve, et ses fils suivirent leur père dans
la tombe: elle resta seule avec ses deux
belles-tilles et résolut de retourner en
Israël. Horpa et Ruth ayant manifesté le
désir de l'accompagner, elle chercha à les
dissuader de le faire, ébranla la résolution
de Horpa, mais dut céder aux instances de
Ruth qui voulait partager avec elle sa
misère, sa patrie et son Dieu. Quand les
deux voyageuses furent arrivées à Bethléem,
Nahomi depuis longtemps oubliée, se vit
l'objet de l'indifférente curiosité des
habitants de l'endroit, qui se demandèrent
avec surprise: «Mais n'est-ce pas là Nahomi
Ρ» Oh! leur répondit-elle, ne m'appelez plus
Nahomi (joie), mais Marah (amertume). Car en
se retrouvant comme étrangère dans son
village, veuve et n'ayant plus d'enfants,
elle se reportait avec plus de tristesse
vers les temps anciens, et sentait avec plus
de vivacité tout ce qu'elle avait perdu.
Mais Ruth était là pour la consoler et lui
tenir lieu de fille: c'était le commencement
de la moisson, et Ruth offrit à sa mère
d'aller recueillir pour elle dans les champs
le bien des pauvres; elle ne se doutait pas
en entrant dans les champs de Booz, qu'elle
était sur les terres d'un parent, bien moins
encore qu'elle pût avoir des droits à la
main de ce riche propriétaire. Nahomi lui
fit connaître les privilèges que la loi
juive lui donnait, elle lui enseigna ce
qu'elle avait à faire, et lorsque ses soins
maternels eurent obtenu de la bienveillance
de Booz ce qu'elle pouvait désirer de plus
heureux pour sa fille, son bonheur n'excita
pas l'envie, et les femmes de Bethléem
vinrent la visiter et la féliciter. Elle eut
bientôt la joie de tenir entre ses bras un
fils de sa fille bien-aimée, et sa
vieillesse fut plus heureuse que les orages
de sa vie n'auraient pu le lui faire
espérer.
— Nahomi se distingue par sa foi, son
désintéressement, et sa sagesse; ce n'est
qu'avec peine qu'elle permet à Ruth de la
suivre, et dès lors elle l'adopte et fait
tout pour elle.
NAHUM
(consolation).
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L'un des douze petits prophètes; il était d'EIkos, q.v.; mais c'est tout ce que l'on connaît de sa personne. Son nom signifie consolation. L'argument de son livre est la charge de Ninive; ce sont des menaces contre Ninive, on plutôt contre l'empire des Assyriens, dont elle était la capitale. La repentance des Ninivites en suite des prédications de Jonas, n'ayant été que de courte durée, Nahum fut chargé de leur annoncer leur ruine finale et inévitable, de la part d'un Dieu tardif à colère, mais dont la patience a un terme; ils ne pourront, pas plus que Thèbes en Égypte, résister aux coups de sa vengeance, 3:8. Le prophète, en même temps, ranime par ses menaces le courage de ses compatriotes opprimés et leur rend l'espérance; Salmanassar les avait déportés, Sanchérib son fils les menaçait de plus de maux encore, 2 Rois 18:10,13, mais Dieu les délivrerait. Il résulte de ces prophéties que l'époque où vécut Nahum, peut être assez aisément déterminée, et l'on ne se trompera guère en le faisant contemporain d'Ésaïe et des derniers temps d'Ézéchias, de 720-698 avant J.-C., cf. 3:8, avec Ésaïe 20:6; son ministère se place entre la captivité de l'Assyrie et celle de Babylone. Quelques auteurs cependant le font contemporain de Manassé (Abarbanel): Clément d'Alexandrie le met après Ézéchiel et les temps de Jéhojakim; mais ces dates sont fort incertaines. Le style de Nahum est plein de richesse, de magnificence, et d'indignation: il commence par célébrer la grandeur, la puissance et la bonté de l'Éternel, puis son amour envers son peuple; au chapitre 2, il raconte la ruine de Ninive avec de si vives couleurs qu'on dirait qu'il a sous les yeux le spectacle de la destruction; au 3e il revient sur ce sujet et dit les causes de la condamnation, les désordres de Ninive, ses péchés, sa méchanceté. L'accomplissement de cette prophétie a donné lieu à bien des controverses; d'un côté les paroles relatives au débordement du fleuve qui amena la prise de la ville, semblent ne pouvoir s'appliquer qu'à la première prise de Ninive sous Ézar-Haddon; d'un autre côté l'ensemble de la prophétie parait se rapporter plutôt à la ruine totale et entière de cette ville qui eut lieu 626 avant J.-C., la 16e année du règne de Josias, et la 3e du ministère de Jérémie: c'est l'opinion de Prideaux, Calmet, Heidegger, etc., c'est celle aussi qui nous semble la mieux justifiée. Quant à la destruction subite de l'armée de Sanchérib, 2 Rois 19, il est difficile de dire si elle a eu lieu avant la prophétie et si elle a en quelque sorte déjà réveillé les espérances de Nahum, ou bien si elle n'a eu lieu qu'après, et si elle est elle-même comprise dans ces oracles: en tout cas, peu de temps après que la parole de l'Éternel fut sortie, on vit la puissance assyrienne décroître, et l'un de ses rois se montrer plus favorablement disposé envers le royaume d'Éphraïm, dans lequel il envoie des colons pour en relever les ruines.
— Outre le sens littéral des prophéties de Nahum, elles étaient encore de nature à faire redouter la colère de Dieu à tous les ennemis de son Oint, et particulièrement aux Juifs, qui devaient un jour mettre à mort le Dieu manifesté en chair; elles disent aussi à l'église chrétienne qu'elle doit placer sa confiance en Dieu, qui ne la trompera pas. Une des paroles de Nahum (1:15) est rappelée Romains 10:15.
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Nahum, fils d'Héli, nommé parmi les ancêtres de notre Sauveur par Marie, Luc 3:25; inconnu.
NAIN
(belle, agréable, ou selon d'autres, pâturage), petite ville de la Galilée, célèbre par un miracle de Jésus, Luc 7:11: elle était située non loin de Capernaüm, dans une contrée riante et montueuse, près de Hendor, à 2 milles sud du Tabor, dont elle était séparée par le Kison; quelques voyageurs, Troïlo, Mariti, disent avoir encore trouvé en cet endroit les ruines d'anciens bâtiments et un mauvais petit village actuellement habité par des Juifs, des Turcs et des chrétiens.
NAJOTH,
1 Samuel 19:18,23; 20:1, la demeure de David près de Rama; ce mot signifie en hébreu habitations, et l'on a cru qu'il désignait les faubourgs ou la banlieue de Rama, peut-être aussi, comme l'indique le Targum, le bâtiment des écoles de prophètes.
NAPHIS,
— Voir: Jétur.
NAPHTUHIM
(ouvertures), peuplade nommée, Genèse 10:13; 1 Chroniques 1:11, parmi les descendants de Mitsraïm: on ne la connaît du reste pas. Si l'on compare avec Bochart, Nephtys, la sœur et l'épouse de Typhon, le génie féminin et malveillant des déserts de l'Égypte, on peut penser que les Nephtuhim désignent les habitants de ces déserts qui forment la frontière entre l'Égypte et l'Asie, près du lac de Sirbon que les Égyptiens nommaient les exhalations de Typhon; mais ce ne sont que des conjectures.
NARCISSE.
-
Romains 16:11, peut-être le célèbre affranchi de l'empereur Claude, celui qui devint son favori et son secrétaire, et qui obtint à la cour une si grande influence (Suet., Claude 28, 37. Tacit., Annales 11, 29; 33; 37; 18, 1; 37; 63; etc.). Cependant il fut exécuté au commencement du règne de Néron, l'an 55 de notre ère, et il est peu probable que Paul ait écrit aux Romains de son vivant: dans ce cas il faudrait admettre que son train de maison subsistait encore lorsque Paul écrivait, ou que «ceux de la maison» désignent ceux qui lui avaient appartenu. Il résulterait de ce passage, ainsi compris, qu'il se trouvait en effet des chrétiens à la cour, au nombre des serviteurs, ou des amis, ou même des parents de Narcisse. Toutefois ce nom était peut-être assez répandu, et il est fort possible que Narcisse ait été un simple chrétien de Rome, chez qui les frères se réunissaient. D'après les Grecs Narcisse aurait été l'un des soixante-dix disciples, aurait vécu quelque temps à Rome, et serait mort évêque d'Athènes ou de Patras; mais ces données n'ont aucune valeur.
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Narcisse, fleur, que nous croyons désignée par l'hébreu hhabatséleth, Ésaïe 35:1; Cantique 2:1, traduit à tort par rose dans nos versions; la racine hébreu betsel signifie un oignon, et c'est certainement parmi les fleurs à racine bulbeuse que nous devons chercher celle-ci. Plusieurs auteurs s'appuyant sur le sens qu'ils donnent à la traduction syriaque, entendent par là le colchicum autumnale, vulgairement connu sous le nom de tue-chien, cette plante d'un pied de hauteur qui porte une fleur rose tendre, mais sans odeur, et que l'on trouve croissant naturellement en automne dans les prairies de l'Europe (Michaélis, Gesenius, etc.), et cette traduction n'est pas sans probabilité; mais celle que nous suivons d'après le Targum et plusieurs commentateurs, paraît plus recommandée encore par la beauté même de la fleur, et par le contenu des deux seuls versets où il en est parlé. Chateaubriand a trouvé beaucoup de narcisses dans la plaine de Saron (Itinér. II, 130), et c'est une présomption de plus, cf. Cantique 2:1. Il est possible aussi, comme le dit Winer, que les deux fleurs aient été désignées par le même mot en araméen.
NARD,
Marc 14:3; Jean 12:3. Ce parfum
était regardé par les anciens comme le plus
précieux et le plus tin de tous; il était
par conséquent aussi un objet de luxe fort
recherché des grands, et souvent offert
comme témoignage de respect et d'honneur.
C'est dans l'Asie Mineure, et à Tarse
surtout, qu'on savait le mieux le
confectionner; on l'expédiait ordinairement
dans de petits flacons, ou dans de petites
boîtes d'albâtre; souvent il était falsifié
par un mélange d'huiles étrangères également
odoriférantes, mais moins délicates. Le nard
pur paraît avoir été excessivement cher,
Marc 14:3; cf. Pline 12, 26; 13, 2. Horace,
Od. 2, 11, 16; 4, 12, 17. Tibull. 2, 2, 7,
etc.
— La plante du nard croît dans les contrée
les plus chaudes de l'Inde, où elle porte le
nom de jatamansi ou dschatam; quelques
naturalistes la comptent parmi les
valérianes: elle sort de terre comme une
céréale encore verte, sa tige est longue et
mince, et porte plusieurs épis à fleur de
terre; la racine est grosse mais fort
courte, noire et odorante; les feuilles sont
courtes et larges; le nard, aussi nommé
spicnard à cause de ses épis, réussit mieux
sur les montagnes que dans les plaines; il
est plus odorant et plus fort que celui qui
croît le long des eaux. Il y en a de
plusieurs espèces, qui toutes sont
dessiccatives; on croit que le romarin,
l'aspic et la lavande appartiennent à la
même famille. Mais le nard indien se
distingue à sa couleur jaune tirant sur le
purpurin, et à ses épis allongés, au poil
large et odorant: on l'expédie en bottes de
feuilles et d'épis séchés. Le faux nard
indien ou andropogon nardus est souvent
difficile à distinguer, et l'on en fait un
commerce considérable. Il ne résulte pas de
Cantique 1:11; 4:13-14, que le vrai nard ait
été cultivé en Palestine, car il exige une
latitude beaucoup plus méridionale, un
climat beaucoup plus chaud (dans ces
passages le mot aspic doit être
traduit par nard), mais on peut les
entendre ou du vrai nard qui aurait été
importé, ou de plantes analogues, telle que
le nardus syriaca, cretica ou autre, qui se
trouvent facilement en Palestine.
— Les anciens avaient aussi l'habitude de
mêler du vin au nard, et même de boire
l'huile de nard;
— Voir: Pline 14, 19, 5. Athen. 15,
689.
L'épithète de pistique,
πιστικής, donnée par Marc et Jean au nard dont notre Sauveur
fut oint, a été dérivée de plusieurs mots;
on l'a entendue du spic-nard,
d'autres y ont vu du nard qu'on peut
boire, c'est-à-dire liquide, d'autres
enfin, et c'est le plus probable, pensent
que cela signifie du nard pur, qui mérite
confiance.
NATHAN
(donné),
-
prophète de l'Éternel, ami et conseiller de David, l'approuva d'abord dans le dessein qu'il avait conçu de bâtir le temple, puis dut lui annoncer de la part de Dieu que ce travail devait être réservé à son fils et successeur, 2 Samuel 7:3-17. Quelques années plus tard, ce fut lui encore qui vint reprocher au monarque son adultère et son meurtre; par un bel apologue, 2 Samuel 12:1, il amena sagement le roi coupable à se condamner lui-même, et lorsque David eut dit: «cet homme est digne de mort», (cf. Exode 22:1; Luc 19:8) le prophète lui répondit: «tu es cet homme-là;» parole grave et sévère, presque sublime, et d'un effet que rien ne peut rendre. La tâche des prédicateurs de cour est toujours difficile; les confesseurs des rois ont pu aller bien loin dans une fidèle sévérité, mais ont-ils jamais osé prononcer une parole aussi incisive? Et si la vérité est déguisée, si l'épée s'enveloppe du fourreau, si la sévérité s'adoucit des précautions oratoires, ne voit-on pas que l'effet produit sera de même amoindri, amorti, peut-être annulé? Il n'y a d'incisif que ce qui fait mal, et aussi longtemps que le prophète n'aura pas dit au pécheur, grand, ou petit: je parle de toi, c'est toi qui es le coupable, le pécheur ne le comprendra pas. Nathan doit servir de modèle au ministère de la vérité. (On lira sous ce point de vue de belles pages dans le «Sermon sous Louis XIV» de Bungener.)
— Le roi s'étant humilié, à la voix sévère qui le condamnait, le prophète put lui annoncer que Dieu lui faisait grâce de la vie, mais il ajouta que le fils de son crime lui serait enlevé. À la naissance d'un second fils de Bathsébah, Nathan donna au futur Salomon le nom de Jédidja, il se chargea peut-être de son éducation, resta toujours fidèle à son maître, et déjouant les complots d'Adonija, 1 Rois 1:8, réclama pour son élève la couronne de David, et contribua au sacre de Salomon. Sa vie fut celle d'un vrai prophète Israélite, et son influence fut grande: il prit part à la réforme du culte sous David, 2 Chroniques 29:25, composa sur le règne de ce prince et de son fils des mémoires qui maintenant sont perdus, 1 Chroniques 29:29; 2 Chroniques 9:29, et vit deux de ses fils remplir sous Salomon les premières charges à la cour, 1 Rois 4:5. On ne connaît du reste rien de sa famille, de sa tribu, de ses premières années, ni de sa mort: son nom seul le représente, comme il représente aussi la famille des prophètes, Zacharie 12:12. Il est rappelé encore Psaumes 51:1.
-
Fils de David et de Bathsébah, 2 Samuel 5:14; 1 Chroniques 3:5; 14:4, et l'un des ancêtres de notre Sauveur par Marie, Luc 3:31. C'est à son nom que les deux généalogies se séparent pour se rejoindre seulement au nom de Salathiel; Matthieu lait descendre Joseph de Salomon, le frère de Nathan (1:6). Il fut père de Matthata.
On trouve encore plusieurs personnages de ce nom; ainsi:
-
— Voir: 2 Samuel 23:36; cf. 1 Chroniques 11:38.
-
— Voir: 1 Chroniques 2:36.
-
Esdras 8:16.
NATHANAËL
(don de Dieu).
-
Chef de la tribu d'Issacar pendant le voyage du désert. Nombres 1:8; 7:18-19.
-
Frère de David, le quatrième des fils d'Isaï, 1 Chroniques 2:14.
-
Fils d'Hobed-Édom, sonnait de la trompette pendant le transport de l'arche, 1 Chroniques 15:24; 26:4.
-
Docteur de la loi, chargé par Josaphat de parcourir le pays pour instruire le peuple, 2 Chroniques 17:7.
-
et #6...
-
Lévites, 1 Chroniques 24:6; 2 Chroniques 35:9.
-
et #8...
-
Deux frères des principaux d'entre les Juifs qui revinrent de la captivité, Esdras 10:22; Néhémie 12:21.
-
Véritable Israélite sans fraude, disciple de Jésus-Christ, Jean, 1:45-49. Il était de Cana de Galilée, 21:2, et c'est probablement aussi dans cette bourgade que le Seigneur, rendant à son caractère un honorable témoignage, l'appela à le suivre. La scène qui se passa entre le maître et son disciple, est racontée fort brièvement; cependant rien n'y manque, pas même les détails. On voit Philippe s'entretenir avec Nathanaël sous le figuier, et lui adresser un premier appel; on entend Nathanaël se rappelant les prophéties relatives au Messie, Michée 5:2, ou peut-être partageant le mépris général des Juifs contre ce qui vient de la Galilée, refuser d'abord ses hommages à celui qu'on lui représente comme étant de Nazareth. Mais sa loyauté est plus forte que ses scrupules; il veut au moins entendre et voir Jésus, et, cédant aux efforts de sa toute-science et de sa sainteté, il l'adore comme le fils de Dieu et le roi d'Israël. Jésus lui annonce alors qu'il verra de plus grandes choses encore, et Nathanaël, que nous retrouvons plus tard parmi ceux qui assistèrent à la réintégration de saint Pierre, prend place au nombre des douze apôtres, sous le nom de Barthélemy, q.v. Saint Jean seul le nomme Nathanaël.
NATURALISATION.
Le droit de cité en Israël
était héréditaire, mais en dehors de la
naissance, il pouvait encore être acquis à
de certaines conditions et dans de certaines
limites. Le titre de citoyen romain, la
πολιτεία de Actes 22:28 (jus
civitatis), fut octroyé du temps des
empereurs à des villes et à des provinces
entières, comme à des individus isolés, sans
qu'ils eussent besoin, comme de nos jours en
quelques pays, d'appartenir à une commune
particulière: les individus étaient
naturalisés, soit par suite de leur
affranchissement s'ils étaient esclaves, ou
de leur adoption par un citoyen romain, soit
surtout s'ils avaient rendu quelque service
signalé à l'État, à l'empereur, ou à sa
famille (Suétone, August. 47); sous
Caracalla et sous Justinien, les empereurs
poussèrent encore plus loin la générosité à
cet égard. Ce droit s'acquérait également
pour une somme d'argent; Actes 22:28. Paul,
comme on l'a vu ailleurs, était citoyen
romain, distinction qu'il n'avait pas
obtenue personnellement, mais qu'il avait
héritée de ses parents. Les droits dont
jouissaient les citoyens romains se
distinguaient, dans les temps florissants de
la république, en droits politiques ou
publics, et droits civils ou privés; ils
n'étaient pas toujours réunis dans la même
concession, et ainsi le droit de cité obtenu
par la naturalisation, n'était souvent que
partiel. Le seul de ces droits qui soit
mentionné dans le nouveau Testament c'est
que les citoyens romains ne pouvaient être
frappés de verges (virgis, ou
flagellis cædi), ni condamnés à mort par
aucun tribunal romain, Actes 16:37, et le
seul appel d'un prévenu à son titre de
citoyen (civis romanus sum),
suffisait pour faire suspendre le cours des
violences judiciaires,
— Voir: aussi Cicér. Verr. 5, 57, 65.
NAZARÉEN.
On a cru trouver dans le nazaréat l'explication de Luc 22:18. On a dit: Israël d'abord, puis les gentils en la personne de Pilate, ayant répudié l'envoyé du Père, et mis hors de la vigne le grand dépositaire de toute bénédiction, de toute puissance et de toute autorité, Jésus, dès l'institution de la cène, a pris en quelque sorte, relativement à la terre, le signe du nazaréat et l'a gardé jusqu'à ce jour. C'est pourquoi, dans la dernière pâque qu'il célèbre avec ses disciples, il leur dit: «Je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu'à ce que le règne de Dieu soit accompli;» indiquant par là qu'il allait être séparé du monde et n'attendrait plus aucune joie du présent siècle jusqu'au jour où il recevra le royaume de la main du Père. Il est le nazaréen par excellence; ses disciples doivent l'imiter (Guers).
NAZARETH,
petite ville de la Basse
Galilée, située sur le territoire de
l'ancienne tribu de Zabulon, Matthieu 21:11;
Luc 1:26; 2:4, non loin de Gath-Hépher la
patrie de Jonas, à 8 lieues de Tibériade, à
7 d'Acre, et à 2 du Tabor, dans une petite
vallée au milieu des montagnes qui
soutiennent la plaine de Zabulon, et
s'abaissent vers celle de Jizréhel. La ville
est située sur le penchant de la montagne,
Luc 4:29. Son nom signifie couronne, ou
rameau vert, et vient, soit de
l'amphithéâtre des montagnes qui entourent
la vallée, soit (Burckhardt) des nombreux
buissons (hébreu nézer) qui la
remplissent: peut-être aussi renferme-t-il
une allusion au rejeton du tronc d'Isaï
(Ésaïe 11:1).
— Voir: du reste l'article Nazarien.
C'est dans cette contrée isolée et cachée,
dit Bræm, dans cette ville paisible, au
milieu d'une nature variée et pittoresque,
que le Sauveur du monde, charpentier comme
Joseph, attendit pendant trente ans l'heure
de son père, et il y vécut tellement ignoré
que le pieux Nathanaël, qui demeurait à 2
lieues de Nazareth, à Cana, n'avait jamais
entendu parler de lui. La ville compte
aujourd'hui, suivant les divers récits des
voyageurs, de 3 à 5,000 habitants, et,
d'après Buckingham, seulement 2,000, dont un
tiers de chrétiens. Une église, qui est,
avec celle du saint Sépulcre, la plus belle
de la Syrie, renferme une grotte où, suivant
la tradition, l'ange apparut à Marie, et une
autre qu'on prétend avoir été la cuisine
dans la demeure de la mère de Jésus. À peu
de distance de la ville, dans une vallée,
est la fontaine de Marie, la seule de tous
les environs qui ne tarisse jamais, et où
maintenant, comme jadis, les femmes de
Nazareth vont puiser de l'eau avec une
cruche sur la tête. Du côté méridional de la
ville se voient, dans le rocher, un certain
nombre de grottes très anciennes qui ont
servi d'habitations, et plus bas plusieurs
sources. Napoléon, après la bataille du
Tabor, passa quelques heures et dîna à
Nazareth, le lieu le plus septentrional
qu'il ait touché en Syrie (traduction
Rougemont). Hasselquist et des voyageurs
plus modernes disent que la vallée, dont la
forme circulaire rappelle celle des
cratères, est fermée, de tous les côtés, par
des montagnes de craie, hautes, blanches,
escarpées et arides; le fond est une plaine
inégale, d'un quart de lieue de largeur,
bien cultivée, riante, et très fertile.
Burckhardt trouve cette contrée une des plus
délicieuses de tout le district d'Acre. Une
gorge étroite et profonde, d'une lieue de
longueur, conduit de la vallée dans la
plaine de Jizréhel, et, depuis les hauteurs,
on jouit d'une fort belle vue sur cette
plaine, ainsi que sur le Tabor, le Guilboah,
et les montagnes d'Éphraïm qui apparaissent
au-dessus de l'Hermon.
NAZARIEN,
Nazaréat (hébreu
Nazir)
C'est le nom que la loi de Moïse donnait à
l'Israélite, homme ou femme, qui faisait
pour un temps ou pour la vie entière le vœu
du nazaréat, professant la sobriété en
toutes choses, et renonçant complètement au
vin, au vinaigre, aux raisins, à tout ce qui
tenait de près ou de loin aux produits de la
vigne, naturels, travaillés ou fermentes,
laissant croître ses cheveux sans y toucher,
évitant toute souillure cérémonielle ou
réelle, et recommençant toutes les
cérémonies de sa consécration au nazaréat,
Juges 13:14, lorsqu'il avait été souillé
fortuitement, comme par la vue d'une
personne morte en sa présence, ou dont il
aurait trouvé le cadavre sur son chemin,
Nombres 6:1-2; cf. Amos 2:11-12. Si les
catholiques ont vu dans cette institution le
germe du monachisme, ils doivent reconnaître
que ce germe renfermait de tout autres
éléments que ceux qu'on leur a substitués;
la fainéantise était bien loin de constituer
une partie intégrante du nazaréat, et le
mariage était si peu compté parmi les
impuretés, même cérémonielles, qu'il n'en
est pas seulement fait mention dans les
prescriptions données à ce sujet, et que
Samson, le nazarien à vie, était marié.
Lorsque le temps du nazaréat était accompli,
la personne qui avait fait le vœu se
présentait au temple, offrait un mouton en
holocauste, une brebis d'un an en sacrifice
d'expiation, un bélier en sacrifice
d'actions de grâces, une corbeille pleine de
gâteaux sans levain de fine farine, enfin
l'huile et le vin nécessaires à toutes les
libations. Le prêtre alors coupait les
cheveux du nazarien, et les brûlait sur le
feu de l'autel; puis il mettait entre les
mains du nazarien l'épaule cuite du bélier,
un pain et un gâteau, pour les reprendre
ensuite et les offrir à l'Éternel en
offrande tournoyée, Nombres 6:1, et suivant.
Plusieurs de ces cérémonies avaient
également lieu lors de la consécration des
prêtres, Lévitique 8:26. Si l'on se rappelle
que l'usage du vin et du vinaigre était
presque général en Palestine, que dans ces
climats chauds le poids d'une longue
chevelure était fort incommode,; que les cas
de souillure cérémonielle étaient;
passablement multipliées, et que l'on tienne
compte des frais considérables que
l'accomplissement du vœu entraîne, on
comprendra que le nazaréat, même à temps,
était un vœu considérable. Aussi les
personnes riches qui ne se trouvaient pas en
état, ou qui n'avaient pas le loisir d'en
observer les cérémonies, cherchaient-elles
souvent à s'associer en quelque sorte aux
nazariens, en participant aux frais des
sacrifices, Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques 19, 6, 1. Maïmonid, in Num. 6.
Ceux qui faisaient le vœu du nazaréat hors
de leur patrie se contentaient d'observer
les abstinences marquées; ils se coupaient
les cheveux au lieu où ils se trouvaient à
l'expiration de leur vœu, et les offraient
plus tard, ou les faisaient offrir par
d'autres dans le temple, avec les victimes
et les offrandes ordonnées. Samson, Samuel
et Jean-Baptiste sont les seuls exemples de
nazaréat à vie que nous présente l'Écriture,
Juges 13:4,14; 1 Samuel 1:12; Luc 1:15.
Lorsqu'un enfant à naître était ainsi voué
au nazaréat perpétuel, sa mère observait à
sa place, jusqu'au moment de sa naissance,
les prescriptions de la loi. Les rabbins
opposent au nazaréat perpétuel celui de
Samson qui leur paraît avoir été moins
rigoureux que le premier, attendu que Samson
a plusieurs fois vu et touché des corps
morts, Juges 14:15, sans qu'il soit fait
mention de sacrifices purificatoires qu'il
ait offerts.
— On trouve chez presque tous les anciens
peuples quelques cérémonies semblables à
celles du nazaréat, et l'on remarque en
particulier que les Égyptiens, les Syriens,
les Grecs et les Romains avaient l'habitude
d'offrir leurs cheveux et leur barbe dans
les temples de leurs divinités, comme, de
plus, certaines coutumes d'abstinence
étaient imposées aux prêtres de l'Égypte:
quelques auteurs, Porphyre, Spencer,
Michaélis, ont cru voir dans le nazaréat
hébreu une tradition de l'Égypte, mais les
analogies sont en elles-mêmes trop vagues
pour qu'on puisse en tirer une conclusion
pareille, et l'on doit se rappeler que loin
de vouloir établir un lien, Moïse a toujours
creusé un abîme entre les coutumes de son
peuple et celles des nations voisines.
Le nom de nazarien se prenant encore dans
plusieurs sens différents, nous sommes
appelés à considérer de plus près les
passages suivants.
-
Genèse 49:26. Joseph est appelé le nazarien d'entre ses frères: les Septante traduisent ce terme par chef, celui qui est honoré, et si l'on a égard à la signification primitive de nézer, on comprendra que Joseph ait pu être ainsi désigné: le nom de nazir ou nezir était d'ailleurs comme il est encore dans plusieurs cours d'Orient, un nom de dignité, de charge publique, correspondant aux fonctions de vice-roi que Joseph exerçait en Égypte. Peut-être aussi, et dans le cantique du vieux Jacob il semble que c'ait été plus naturel, le nom de nazarien désignait-il simplement que Joseph avait été mis à part, choisi de Dieu pour lui être saint, et pour être le bienfaiteur de ses frères, celui devant qui sa famille se prosternerait.
-
Quelques auteurs ont entendu du nazaréat temporaire le vœu que fit saint Paul en deux circonstances de sa vie, Actes 18:18; 21:24, mais ce n'est qu'une hypothèse, et nous en reparlerons aux articles Paul et Vœu.
-
Dans plusieurs passages du Nouveau Testament, Actes 2:22; 22:8; 24:5, on lit nazoréen au lieu de nazaréen, et ce simple changement de voyelle donne au mot une signification comme une étymologie différente, remplaçant la couronne par le mépris;
— Voir: plus loin.
-
Nazaréen désigne souvent un homme natif de Nazareth, quel qu'il soit, et sans qu'aucune idée, autre que celle du fait, s'y rattache, Marc 10:47; Actes 4:10.
-
Matthieu 2:23, cite une prophétie d'après laquelle Jésus devait être appelé Nazaréen. Il est évident que, selon cet apôtre, il y a un rapport intime entre le séjour de Jésus à Nazareth et le surnom de Nazaréen qui lui avait été donné; il faut donc dès l'abord rejeter l'explication de ce nom tirée du nazaréat, Nombres 6:2, quelque respectables et nombreux que soient les soutiens de cette opinion (Wettstein, Spanheim, Érasme, Calvin, Bèze, Luther, Zwingle, Grotius, etc.): ce serait un jeu de mot assez mauvais, et d'autant plus que les prophètes n'ont jamais annonce Jésus-Christ comme devant être Nazaréen. Il faut donc supposer que le nom de Nazareth, ou d'habitant de Nazareth, renferme une idée qui, d'après les prophéties, devait être un attribut de Christ: cette idée peut, ou bien se trouver dans l'étymologie de ce nom, ou bien se rattacher à l'opinion publique. On sait qu'une assez mauvaise renommée pesait sur Nazareth, et qu'il suffisait d'en être Originaire pour être méprisé, Jean 1:46; 7:52. Or ce que les prophètes annoncent, c'est que le Christ sera méprisé de ses contemporains, Psaumes 22:7-8; Ésaïe 53:3. Peu importe ce que l'on a dit: que les Nazaréens n'étaient pas plus méprisés que les autres Galiléens; l'un et l'autre reviennent au même, les deux noms servent également de termes d'injure; cependant en examinant Jean 1:47, on trouvera que Nazareth était plus particulièrement méprisé, puisque le reproche en est fait, dans un entretien amical, par Nathanaël à Philippe, ces deux hommes étant l'un et l'autre Galiléens. Il faut ajouter que le nom de Nazaréen prêtait bien plus que celui de toute autre ville de la Galilée, aux mauvaises plaisanteries auxquelles les Juifs étaient assez enclins: en changeant nazor en nazor (méprisé), les Juifs pouvaient exprimer d'une manière très directe et fort simple le mépris qu'ils avaient pour ces gens-là (— Voir: #3.), et il est bien vraisemblable qu'en appellent notre Sauveur et ses disciples de ce nom, avec ou sans le jeu de mots, ils avaient l'intention de jeter sur eux du ridicule; dans ce cas (et surtout si saint Matthieu a écrit en hébreu ou en syriaque), ces paroles devaient avoir une très grande force: «on lui a donné le surnom de Nazareth, ainsi que les prophètes ont annoncé qu'il serait en butte à toutes les moqueries de Ses ennemis.» On comprend alors aussi la parole de Jésus à Saül: «Je suis ce Nazaréen que tu persécutes.»
— Quant à l'interprétation tirée de l'étymologie, et mise en avant par Jérôme, elle se fonde sur le sens de nezer, rejeton, buisson: saint Matthieu ferait ressortir alors que, de même que les prophètes ont appelé Jésus un rejeton, Ésaïe 11:1, un germe, Ésaïe 4:2; Zacharie 6:12, de même les impies, prophétisant sans le savoir, lui ont donné le nom de rejeton, habitant issu de la ville des rejetons. Cette explication, à notre sens bien moins satisfaisante que celle qui précède, a été soutenue par Surenhusius, Vitringa, et dernièrement encore par Hengstenberg, dans une dissertation sur ce sujet, qui se trouve en tête du 2e volume de sa Christologie.
NÉAPOLIS,
Actes 16:11, maintenant la
Cavala; ville maritime à 3 lieues
sud-est de Philippes: elle a sur les côtes
de la mer Égée un port avec une position
avantageuse pour le commerce. Après avoir
appartenu à la Thrace, elle passa, au temps
de Vespasien, sous la domination romaine. On
raconte que c'est aux habitants de cette
ville qu'on est redevable de l'art de
tailler la vigne, et qu'eux-mêmes l'avaient
appris d'un âne: ils remarquèrent que les
vignes mordues par cet animal croissaient
mieux et rapportaient plus que les autres.
— Saint Paul y passa en se renflant de
Samothrace à Philippes. C'est le lieu de
naissance de Méhémet-Ali.
NÉBAJOTH,
fils aîné d'Ismaël, Genèse 25:13, et père des Nébajoth ou Nabathéens, que nous trouvons à côté de Kédar. Ésaïe 60:7, formant une riche peuplade renommée par l'excellence de ses moutons. Ils occupaient, selon saint Jérôme, tout l'espace de pays compris entre l'Euphrate et la mer Rouge, non qu'ils en fussent les seuls possesseurs, mais ils y étaient en majorité: d'après quelques auteurs (Diod. de Sicile), la mer Morte appartenait à leur territoire, et Denys le géographe les fait avancer jusque près du Liban; il est probable en effet que, s'ils possédaient en propre l'Arabie Pétrée, ils ont empiété aussi, d'un côté sur l'Arabie Heureuse, de l'autre sur les contrées situées au nord-est, et qu'à leurs villes de Pétra et de Médaba ils en ont joint d'autres plus septentrionales, et voisines de Galaad; mais nomades comme ils l'étaient, libres et indépendants, ils ont recherché l'air et les pâturages plus que les villes habitées, et leur territoire n'a jamais été limité ni déterminé: plusieurs d'entre eux s'adonnaient au commerce, et entreprenaient de longs voyages dans ce but. Ils avaient des rois du nom d'Arétas, et lorsque Pompée vint en Syrie, il envoya des troupes contre eux et les défit. Il est plusieurs fois parlé des Nabathéens dans les livres des Maccabées; lorsque tous les peuples voisins de la Judée se soulevèrent contre les Hébreux, les Nabathéens seuls leur témoignèrent de l'affection; ils accueillirent fort bien Judas Maccabée marchant au secours de ses frères en Galaad, mais plus tard ceux de Médaba en particulier trahirent Jean Maccabée, le tuèrent, et s'emparèrent de tout le bagage militaire qu'il était venu leur confier, 1 Maccabées 5:24-25; 9:35.
NÉBO.
-
La plus haute cime de la montagne de Pisga, qui appartient à la chaîne des monts Abarim: elle était sur le territoire des Moabites du temps de Moïse, et était située en face de Jérico, de l'autre côté du Jourdain. C'est là que mourut Moïse, Deutéronome 32:49; 34:1.
— Voir: Pisga.
-
ville de Ruben, dans le voisinage de la montagne de ce nom, Nombres 32:3,38. Elle avait appartenu d'abord aux Moabites, et plus tard il s'en rendirent maîtres de nouveau, Ésaïe 15:2; Jérémie 48:1. Eusèbe en place les ruines à 8 milles sud de Hesbon.
-
Ville de Juda, Esdras 2:29; 10:43: elle est appelée Vautre Nébo, Néhémie 7:33, pour la distinguer de la précédente: c'est de celle-ci que parle Eusèbe, d'après Calmet.
-
Idole des Caldéens, dont le nom se retrouve dans la composition de plusieurs noms propres. Dans le passage Ésaïe 15:2, le prophète parle peut-être d'un temple consacré à cette idole sur la montagne de Nébo en Moab; mais 46:1; se rapporte à l'idole caldéenne dont nous avons parlé à l'article Caldée, et dont le culte fut détruit probablement par Cyrus. (Nébo était un nom de Nemrod qui avait été déifié par sa femme Sémiramis. Il fut adoré sous différents noms à travers les peuples de l'antiquité.)
NÉBUCADNETSAR ou Nabuchodonosor,
fier et puissant conquérant,
fléau dans la main de Dieu, chargé
d'exécuter les vengeances divines et
d'accomplir les prophéties; il était fils,
et fut le successeur de Nabopolassar sur le
trône de Babylone. Il porte déjà le titre de
roi, Jérémie 25:1; 46:2, quoiqu'il ne fût
encore à cette époque, lors de ses premières
expéditions, que l'associé de son père à la
couronne; peut-être aussi les historiens
sacrés le nomment-ils ainsi par
anticipation. Son nom se rattache presque
exclusivement, dans la mémoire de chacun,
aux grandes scènes qui sont racontées dans
les premiers chapitres de Daniel; cependant
son histoire commence longtemps auparavant,
et les détails en sont épars dans les livres
des Rois, des Chroniques, de Néhémie,
d'Esdras, d'Ester, de Jérémie, d'Ézéchiel,
et de Daniel. On peut la composer en
comparant ainsi 2 Rois 24, 25, 26; 2
Chroniques 36; Néhémie 7; Esdras 1 et 5;
Esther 2:6; Jérémie 21, 22, 24, 25, 27, 29,
34, 37, 39, 43, 44, 46, 49, et 52;
Lamentations 4; Ézéchiel 17:21,26-32; et
Daniel 1-5.
Sa vie militaire a compté quatre campagnes
principales qui l'ont toutes rapproché de la
Palestine, si elles n'ont pas toutes eu pour
premier but de l'envahir et de la réduire.
La première est celle dont il est parlé
Daniel 1:1; elle eut lieu la troisième année
de Jéhojakim. Pharaon Néco faisait acte de
souveraineté sur Circesium ou Carkémis, et
Nébucadnetsar, chargé par son père de la
disputer au roi d'Égypte, obtint sur ses
ennemis un succès facile, et les poursuivit
à travers l'Arabie, jusque sur les bords du
Nil; puis, se tournant vers Jéhojakim, le
malheureux allié de Néco, il triompha sans
peine de la Judée, prit Jérusalem, et se
disposait à emmener son roi prisonnier
lorsque, changeant de caprice ou d'idée, il
lui rendit la liberté, et le fit son vassal
tributaire, au lieu de le traiter en
esclave; il emmena seulement quelques
otages, au nombre desquels se trouvaient
Daniel et ses trois amis. Il poursuivit
quelque temps encore ses conquêtes, et
acheva d'affaiblir les Égyptiens en leur
enlevant toutes leurs possessions comprises
entre l'Euphrate et le Nil. C'est pendant
ces victoires qu'il apprit la mort de son
père: il retourna précipitamment à Babylone,
et monta sur le trône (604 ou 605 avant
J.-C.), 2 Rois 24:1-7; 2 Chroniques 36:6-7;
Daniel 1:1; sq. 5:2; Esdras 1:7. L'année
suivante, il fit son fameux songe des quatre
monarchies, qu'il oublia sans en conserver
autre chose qu'une impression de frayeur
telle, qu il voulait faire mettre à mort les
mages qui ne pouvaient venir en aide à sa
mémoire troublée: c'est alors qu'il nomma le
jeune prophète Israélite chef des mages, et
qu'il lui confia le gouvernement de la
Babylonie, parce qu'il avait vu que Dieu
était avec lui, et que Daniel seul avait les
secrets de l'Éternel, Daniel 2:1; sq..
Trois ans après sa première conquête de la
Judée, Nébucadnetsar dut tourner, pour la
seconde fois, ses armes contre ce pays:
Jéhojakim s'était soulevé, et avait refusé
le tribut. Nébucadnetsar envoie d'abord
contre lui les armées de Syrie, de Moab et
de Hammon, qui ravagent la Judée, et font un
grand nombre de prisonniers qui sont envoyés
à Babylone, Jérémie 52:28. Jérusalem est
assiégée, Jéhojakim périt lui-même en se
défendant; Jéchonias le remplace sur le
trône, et continue à se détendre; mais
Nébucadnetsar arrive en personne au bout de
trois mois: il se met à la tête des troupes,
serre la ville de plus près, et ne tarde pas
à s'en rendre maître. Il envoie Jéchonias
finir ses jours dans une prison de Babylone,
dépouille le temple et le palais, brise les
vases sacrés, emmène l'élite des habitants,
et part en laissant à Sédécias un trône en
ruines, en échange d'un serment de fidélité,
2 Rois 24:10; 2 Chroniques 36:10; Jérémie
22:25; 37:1; Ézéchiel 17:12-13. Sa puissance
va se consolidant, rien ne résiste à ses
armes, et les faux prophètes qui annoncent
le déclin de son pouvoir sont, frappés et
mis à mort, Jérémie 29:21; cf. 27:6; 28:2.
Cependant Sédécias ne tient pas le serment
qu'il a prêté à l'ennemi de son pays, et, au
bout de huit ou neuf ans de soumission, la
seizième année de Nébucadnetsar, il se
révolte et refuse sa soumission; son exemple
gagne les peuples qui l'entourent, et
l'Égypte paraît les favoriser. Le roi de
Babylone rentre en campagne; c'est sa
troisième expédition. Incertain par quel
ennemi il doit commencer, il tire le sort
sur les flèches, et se décide bientôt; c'est
Jérusalem qui recevra ses premiers coups,
Ézéchiel 21:25-27. En peu de temps, la Judée
presque entière est soumise: Jérusalem,
Lakis et Hazéka seules résistent encore,
Jérémie 34:7; il marche sur Jérusalem qu'il
a déjà conquise deux fois, et se prépare à
la traiter avec plus de rigueur que jamais.
L'approche du roi d'Égypte qui s'avance
contre lui, l'oblige à laisser un instant
respirer Sédécias; il envoie ses captifs en
Caldée, et marche sur son nouvel adversaire;
mais celui-ci ne l'attend pas même, et
s'enfuit avant d'avoir pu faire sa jonction
avec les armées de Juda. Nébucadnetsar
revient alors, continue le siège, et reste
un an avant de venir à bout de la place; la
famine désole les habitants de Jérusalem,
qui n'en persistent pas moins à se défendre;
enfin, pendant une absence du roi de
Babylone, qui s'était rendu à Ribla, en
Syrie, une brèche est faite à la ville, les
principaux officiers des Caldéens y
pénètrent, Sédécias et les siens s'enfuient,
mais ne tardent pas à être atteints et faits
prisonniers. Nébuzar-Adan, chargé de la
destruction de Jérusalem, s'en acquitte
selon les souhaits de son maître, qui fait
venir auprès de lui les principaux captifs,
fait mettre à mort, sous les yeux de
Sédécias, ses fils et ses grands, et
l'envoie lui-même à Babylone, après lui
avoir fait crever les yeux. Dans l'ivresse
de son triomphe, il ménage encore Jérémie,
et le recommande à Nébuzar-Adan, 2 Rois
24:20; 25:1; 2 Chroniques 36:13,17. Jérémie
34:37, et 39, etc. C'est probablement après
cette expédition qu'il fit élever, dans la
plaine de Dura, cette fameuse statue d'or
que l'on suppose avoir été comme l'apothéose
de son père, et qui faillit coûter la vie
aux jeunes Hébreux qui refusaient de
l'adorer. Admirant le prodige que le Dieu de
Daniel avait fait en faveur de ses jeunes
amis, Nébucadnetsar n'hésita pas à décréter
la divinité du Dieu des Hébreux, et ordonna
qu'on rendît à Jéhovah les mêmes honneurs
qu'il réclamait pour son idole.
C'est après cela, que d'après Flavius
Josèphe, car l'Écriture n'en parle pas,
Nébucadnetsar entreprit le siège de la
puissante ville de Tyr, ce siège infructueux
de treize laborieuses années si souvent
prédit par les prophètes, mais dont toute
l'histoire est encore et restera toujours
obscure. Les passages qu'il importe le plus
de consulter sur ce point, sont: Ésaïe 23 et
Ézéchiel 26-28:20. Flavius Josèphe,
Antiquités Judaïques 10, 11; 1. Contre App.
1, 19; 20. Il paraît, d'après ces données,
que Nébucadnetsar employa treize ans à ce
siège, et qu'il ne fut pas payé de sa peine,
soit qu'il n'ait pu venir à bout de son
entreprise, soit plutôt que les habitants de
la ville, s'étant retirés dans une île
voisine avec toutes leurs richesses, il
n'ait trouvé que des ruines à offrir en
pâture à ses soldats exténués (573 avant
J.-C.). Honteux de rentrer à vide dans son
royaume et voulant se dédommager de sa
triste victoire, il se tourna derechef
contre l'Égypte, la ravagea dans toute son
étendue, mêla le sang des hommes aux flots
du Nil, et put ramener son armée glorieuse
et chargée d'un riche butin. Ce furent là
ses dernières victoires et sa dernière
expédition.
Il n'avait, du reste, plus rien à désirer;
il s'était élevé aussi haut que jamais roi
conquérant a pu le faire; tout ce qui peut
se vaincre par des forces humaines, il
l'avait vaincu, et ses armes, toujours
victorieuses contre Jérusalem, la ville du
vrai Dieu, paraissaient l'élever au-dessus
de ce Dieu qui inspirait Daniel et qui
sauvait ses amis: la tête tournerait à une
moins grande hauteur, et le vieux monarque,
au milieu d'une capitale que ses guerres
lointaines n'avaient fait qu'enrichir,
pouvait être pris de vertige au souvenir de
toutes ses gloires. Un songe divin l'avertit
de prendre garde; il vit un arbre immense
renversé par terre à la voix d'un ange et
couché sans rameaux ni verdure pendant sept
années. Le chef des mages, prophète de
l'Éternel, lui fit voir dans les détails de
ce songe un avertissement et une menace,
mais une année d'intervalle que Dieu lui
accordait pour s'humilier, ne servit qu'à
l'endormir dans l'espérance que la parole
divine ne serait pas exécutée, ou peut-être
à la lui faire oublier. Son orgueil s'éleva
à la hauteur de sa position terrestre, et
comme il se promenait dans le palais royal
de sa capitale, il s'écria dans une ivresse
frénétique d'exaltation: N'est-ce pas ici
Babylone la Grande que j'ai bâtie pour être
la demeure royale par le pouvoir de ma force
et pour la gloire de ma magnificence! Mors
une voix des cieux lui répondit, lui
annonçant que le songe terrible qu'il avait
fait, allait recevoir son exécution;
l'orgueilleux monarque fut chassé d'entre
les hommes, il mangea l'herbe comme les
bœufs, n'ayant d'autre abri que le ciel,
exposé à toutes les intempéries de l'air
comme à la haine de ses sujets auxquels il
n'inspirait plus qu'une horreur mêlée de
pitié; son poil crût comme celui de l'aigle
et ses ongles comme ceux des oiseaux. Sept
temps se passèrent ainsi, puis le sens lui
revint, il bénit le souverain duquel toutes
les œuvres sont véritables, dont les voies
sont justes et qui peut abaisser ceux qui
marchent avec orgueil; et il remonta sur son
trône, Daniel 4. II vécut encore une année
et mourut après avoir régné quarante-trois
ans, 561 avant J.-C.
Plusieurs observations sont nécessaires à
l'intelligence de son histoire.
Les historiens grecs ne parlent pas de
Nébucadnetsar, et ce règne à la fois long et
glorieux ne nous est connu que par ce qu'en
disent les historiens sacrés, Flavius
Josèphe et quelques historiens de l'Orient;
de là plusieurs incertitudes chronologiques
et des dates peu sûres et difficiles à
déterminer, d'autant plus que les historiens
sacrés comptent diversement les années de ce
prince, suivant qu'ils font commencer son
règne à la mort de son père, comme Daniel et
les Babyloniens, ou qu'ils datent du moment
de son association à l'empire avant la
bataille de Circesium, comme Jérémie 25:1;
et les autres historiens hébreux. Il y a en
outre, dans plusieurs de ces données, un
manque de coïncidence dont il n'est pas
facile de se rendre compte, et quelques
divergences, pour lesquelles il faut
consulter les ouvrages spéciaux, notamment
Des Vignoles et les commentateurs modernes
Dahler sur Jérémie, Hævernick sur Daniel et
Ézéchiel. Les traits de la vie de
Nébucadnetsar étant épars dans plusieurs
livres de la Bible, les uns prédits, les
autres racontés, souvent sans suite et sans
ordre chronologique, il est arrivé que
plusieurs des faits attribués par les uns à
l'une de ses expéditions, sont d'après
d'autres, attribués à une autre, et que l'on
ne peut se faire toujours une idée juste des
détails dont chaque cadre doit être rempli:
nous avons suivi l'ordre qui nous a paru le
plus probable; Dahler et Winer arrangent les
événements d'une manière différente, et
Calmet, par exemple, place l'histoire de la
statue d'or ainsi que le supplice des trois
jeunes Hébreux, à la fin de la vie de
Nébucadnetsar et après son retour à la
raison.
Ce qui frappe le plus dans la vie militaire
de ce conquérant, ce sont ses attaques sans
cesse renouvelées contre le faible royaume
de Juda, attaques toujours suivies de
victoires et toujours plus douloureuses dans
leurs résultats; la première fois, il fait
de Jéhojakim son vassal, et n'emmène avec
une partie des trésors du temple que des
otages; la seconde fois, il dépouille le
temple, emprisonne le roi infidèle, emmène
l'élite des Juifs, mais laisse encore à ceux
qui restent un roi de leur nation; la
troisième fois enfin, il exporte les
habitants en masse, fait mettre à mort les
principaux d'entre eux et charge leur roi de
chaînes après l'avoir privé de la vue.
Autant de secousses successives devaient
faire comprendre aux Juifs que c'était bien
de la part de leur Dieu que Nébucadnetsar
ruinait ainsi leurs forces et leur vie
nationale; et véritablement, à lire les
écrivains sacrés, il semble que ce roi de
Babylone n'ait eu, en effet, d'autre mission
que d'accomplir les prophéties et les
vengeances divines; c'est à cela que se
réduit sa biographie, et ses coups prolongés
pendant une carrière de quarante-trois
années devaient faire réfléchir les Juifs
plus que n'eussent fait les coups épars de
rois qui se seraient succédé sur le même
trône; Nébucadnetsar devait être pour les
Juifs l'homme de la fatalité, et l'on pense
involontairement à la vieille et glorieuse
figure de Louis XIV, qui a été l'épreuve du
peuple de Dieu, comme le roi de Babylone en
avait été le châtiment.
La conduite de Nébucadnetsar à l'égard des
mages, n'est autre que celle d'un autocrate
oriental; la tête de quelques mages n'était
rien pour lui; satisfaire un caprice au prix
de plusieurs vies était peu de chose. Le
songe qu'il avait oublié, ces hommes
devaient le lui dire; et leur charlatanisme
spéculateur devait être la cause de leur
propre ruine; ils étaient punis par où ils
avaient péché. Un prophète seul pouvait,
après avoir prié son Dieu, connaître ce
songe, le rappeler au roi et lui raconter la
succession des quatre monarchies; il est
remarquable que Daniel ait eu lui-même, bien
des années après, la même vision céleste, le
même songe sous d'autres symboles, Daniel 7.
La première puissance était celle de
Nébucadnetsar lui-même; la seconde était
celle des Perses qui vinrent sous Cyrus, 538
avant J.-C., renverser l'empire de Babylone;
après eux vinrent les Grecs conduits par le
puissant et rapide Alexandre, représenté
dans le songe de Daniel sous la figure d'une
panthère ailée à quatre têtes, qui
signifient les quatre royaumes qui sortirent
de la mort d'Alexandre et se divisèrent en
restant unis. La quatrième puissance enfin,
c'est l'empire de Rome. Il y a, pour ainsi
dire, unanimité parmi les interprètes sur la
signification de ces deux songes, et l'on
peut consulter presque indifféremment les
divers travaux ou commentaires qui ont paru
sur ce sujet;
— Voir: le Morgenland de Preiswerk,
I, p. 39, sq., le Commentaire de Hævernick,
Gaussen sur Daniel, etc.
Le second songe de Nébucadnetsar, plus
clairement encore expliqué et accompli, n'a
pas besoin d'être développé davantage.
Remarquons seulement que le terme employé
pour marquer la durée de sa terrible
maladie, est celui de sept temps; on entend
ordinairement par là sept années, mais on
peut l'entendre autrement encore, et sept
années de folie ne prennent pas facilement
place dans la vie si occupée de
Nébucadnetsar: l'année asiatique se divisant
en six termes de deux mois chacun, on
pourrait entendre les sept temps de sept de
ces doubles mois, de sorte que la maladie de
Nébucadnetsar n'aurait duré que quatorze
mois; selon d'autres, il aurait été malade
trois ans et demi, selon d'autres encore,
seulement sept mois. Quant à la nature de
cette maladie, on pense généralement qu'il
s'agit de l'insania canina ou
lupina, la lycanthropie, pendant
laquelle l'homme n'a plus de l'homme que les
instincts animaux; se croyant changé en
bête, en loup, en chien, en bœuf, il abdique
son cœur et sa raison, et cesse d'être
lui-même: c'est un animal. Les absurdes
imaginations des rabbins sur la métamorphose
physique de Nébucadnetsar en bœuf, sont dès
longtemps oubliées ou tombées dans le
ridicule, et de grossières illustrations
bibliques en conservent seules le souvenir.
Lorsque le sens lui revint, il était guéri
de sa folie, et l'on ne peut qu'admirer la
touchante et noble confession de foi par
laquelle commence en lui le retour à la
raison; il s'humilia en adorant la main qui
l'avait frappé, et son nom se place à côté
de celui des Naaman, des Darius, des Cyrus
et de tant d'autres païens pour qui
l'Éternel a fait luire au milieu des
ténèbres la foi à un seul Dieu. Plusieurs de
ces grands conquérants, après avoir été des
verges dans la main divine, ont reconnu vers
la fin de leurs jours, la main qui les avait
conduits, et à côté de Nébucadnetsar se
place naturellement, et sous ce rapport
aussi, le nom de Napoléon le Grand.
NÉBUZAR-ADAN,
2 Rois 25:8; Jérémie 39:9;
52:12, général de l'armée de Nébucadnetsar,
attaché au service de la personne royale et
l'un de ses principaux ministres. Il fut
chargé par son maître absent, de présider au
sac de Jérusalem, 568 avant J.-C., un mois
environ après que cette ville eut été prise
pour la troisième et dernière fois par le
roi de Babylone: il s'acquitta de sa tache
en soldat, il dépouilla d'abord la ville et
le temple de tous les trésors qui y
restaient, puis il mit le feu à tout ce qui
pouvait brûler; les édifices publics, le
temple et toutes les maisons devinrent la
proie des flammes; les remparts furent
démolis et il ne resta plus que des cendres
et des ruines sur l'emplacement où
florissait naguère la sainte cité. N'ayant
plus rien à faire en Judée, il donna l'ordre
du départ, classa les prisonniers, chargea
les riches dépouilles après avoir mis en
pièces les ornements du temple qui ne
pouvaient être emportés que par morceaux,
partagea les terres entre les misérables
habitants qu'il laissait en arrière sous le
gouvernement de Guédalia, donna la liberté à
Jérémie et à Baruc, selon les ordres qu'il
avait reçus, et partit pour la Babylonie.
— Il paraît que plus tard encore, lors du
siège de Tyr, il revint en Judée, et qu'il
essaya, peut-être pour venger la mort de
Guédalia, de faire de nouveau la guerre aux
Juifs, mais ceux-ci s'étaient déjà retirés
en Égypte, il ne pouvait plus y avoir de
guerre; une apparition suffisait au milieu
de ces populations cinq fois décimées, et
Nébuzar-Adan ne put emmener que 745
prisonniers, Jérémie 52:30.
NÉCO, Nécho ou Néchos,
l'un des Pharaons, roi
d'Égypte, et contemporain de Josias, 2 Rois
23:29; 2 Chroniques 35:20. Fils de
Psamméticus, il était le sixième roi de la
26e dynastie, celle des Saïtes. Il est connu
dans l'histoire profane par l'entreprise
qu'il fit d'un canal de communication entre
le Nil et la mer Rouge, entreprise qu'il dut
abandonner après que 20,000 ouvriers eurent
péri dans ce travail gigantesque, et par le
voyage de circumnavigation qu'il fit faire
autour de l'Afrique par des Phéniciens qu'il
avait à son service; partis de la mer Rouge,
ils revinrent au bout de trois ans par la
Méditerranée, racontant à leur retour qu'en
faisant voile autour de l'Afrique, ils
avaient vu le soleil levant à leur droite,
ce qui, ajoute Hérodote, ne me parait
nullement probable.
— Voir: Hérodote 2, 158; 4, 42.
— Ce qui est raconté de son histoire dans la
Bible, présente plusieurs petites
difficultés chronologiques qui laissent dans
le vague la marche générale de son
expédition, et ne permet pas d'en indiquer
les détails d'une manière sûre. Jaloux
peut-être de la grandeur naissante du
royaume de Babylone, il résolut de
l'affaiblir avant qu'il s'élevât davantage,
et se mit en route pour Circésium sur les
bords de l'Euphrate. Deux chemins se
présentaient devant lui; en prenant le plus
court, il violait le territoire de Juda et
risquait de trouver sur son passage un
obstacle qui l'eût arrêté en même temps
qu'il eût donné l'éveil à son ennemi. La
voie plus longue était sous ce rapport
préférable à l'autre; il s'embarque donc
pour Ptolémaïs sur la frontière de Syrie;
mais ses calculs de prudence et de
ménagements sont déjoués; Josias, s'oit
qu'il crût son territoire violé, soit que
tributaire du roi de Babylone, il crût
devoir refuser le passage à son ennemi,
marche contre l'armée égyptienne. Néco
cherche à le détourner de son opposition:
«Ce n'est pas à toi que j'en veux, lui
dit-il, mais à une maison qui me fait la
guerre, et Dieu m'a dit que je me hâtasse.»
Nonobstant ces propositions de paix, il est
forcé de combattre, la bataille s'engage
dans la plaine de Méguiddo et le roi
d'Égypte remporte une éclatante victoire,
tandis que Josias, blessé à mort, expire
bientôt après. Néco continue sa marche sans
se laisser arrêter plus longtemps, il
s'empare de Circesium, y met une garnison et
réunit dans ses intérêts contre les
Caldéens, presque toutes les peuplades des
environs, la Syrie, les Hammonites, les
Moabites, peut-être aussi les Édomites et
quelques peuplades arabes. À son retour en
Palestine, au bout de trois mois, il dépose
et fait prisonnier Jéhoachaz fils de Josias,
que les Juifs avaient élu quoiqu'il ne fût
pas l'aîné, le remplace par Éliakim ou
Jéhojakim, l'héritier naturel du trône de
son père, impose au pays une contribution en
le rendant son vassal, et retourne en
Égypte.
— D'autres auteurs pensent que Néco ne
marcha contre la Caldée qu'après s'être
entièrement vengé sur Juda; mais cette
manière de voir présente plus de difficultés
que celle que nous adoptons.
— Quoi qu'il en soit, le roi d'Égypte ne
jouit pas longtemps du fruit de ses
conquêtes, car nous voyons, Jérémie 46:2,
que la quatrième année de Jéhojakim,
Circesium lui fut reprise par Nébucadnetsar,
malgré l'appui que Juda prêta à Néco en
cette occasion.
Hérodote parle du conflit qui eut lieu en
Méguiddo, mais il le place à Migdol ou
Magdola, sans doute parce qu'il connaissait
cette dernière ville, et qu'il savait
qu'elle était située sur le chemin naturel
d'Égypte en Palestine; il a pu se tromper
facilement, tandis qu'on ne peut supposer
que les historiens juifs aient commis une
erreur de cette nature.
— Quant au message de Dieu que Néco dit
avoir reçu, l'on suppose généralement que
c'est par le moyen de Jérémie que la volonté
divine lui a été manifestée; on pourrait
croire que ces paroles du roi d'Égypte
n'étaient qu'une ruse pour se débarrasser
plus vite du pieux Josias en appelant à son
Dieu, si l'historien sacré n'ajoutait
aussitôt, 2 Chroniques 35:22: «Josias
n'écouta point les paroles de Néco qui
procédaient de la bouche de Dieu.» Et
quoiqu'il paraisse étrange que les oracles
célestes aient été révélés à un païen, ce
fait n'est pas le seul de son espèce dans
l'histoire sainte.
La durée de son règne a été de six ans
d'après Manéthon, de seize d'après Hérodote,
de quarante-six enfin d'après Gesenius qui
trouve les termes précédents trop courts
pour cadrer avec les dates de la dodécarchie
égyptienne contemporaine d'Ézéchias.
NÉGUINOTH,
— Voir: Psaumes.
NÉHÉLAM,
— Voir: Sémahia #2.
NÉHÉMIE,
fils de Hacalia, d'une origine
du reste incertaine, de la race des prêtres
selon les uns, selon d'autres de la tribu de
Juda et de la famille royale. Le livre qui
porte son nom renferme presque toute son
histoire. Il remplissait auprès d'Artaxercès
- Louguemain la charge d'attirsatha ou
d'échanson, et usa dignement de sa position
pour le salut de ses frères. Ayant appris
par Hanani et quelques Juifs revenus de
Juda, le triste état dans lequel se trouvait
sa patrie, et la misère de ses compatriotes,
son cœur fut navré de leur récit, ses larmes
coulèrent, il mena deuil, il jeûna, et
recourut par la prière à celui qui devait
bander les plaies de son peuple; il
s'humilia, mais rappela aussi à l'Éternel
les promesses qu'il avait faites aux Juifs
de les ramener après les avoir dispersés. Il
pria Dieu de vouloir toucher le cœur de son
roi, et sa prière fut exaucée. Artaxercès
ayant remarqué la tristesse inaccoutumée de
son serviteur, la lui reprocha d'abord, et
peut-être assez sévèrement, comme une
mauvaise disposition d'esprit inconciliable
avec le devoir d'un homme de cour; Néhémie
craignit d'avoir déplu à son maître, mais il
lui répondit avec douceur et simplicité:
«Comment mon visage ne serait-il pas défait,
puisque la ville qui est le lieu des
sépulcres de mes pères demeure désolée, et
que ses portes ont été consumées par le
feu.» Et comme le roi lui demandait ce qu'il
pouvait désirer de faire, Néhémie, après
avoir invoqué encore le secours et
l'assistance de son Dieu, demanda au roi de
le renvoyer en Judée pour y rebâtir
Jérusalem. C'était une demande hardie, mais
le roi dont Dieu avait disposé le cœur,
l'accorda à son échanson; il lui donna en
outre une escorte militaire, des lettres
pour les gouverneurs des provinces qu'il
devait traverser, le droit de prendre du
bois dans les forêts royales, et sa
protection pour tout ce qu'il
entreprendrait. Néhémie partit donc avec ses
pleins pouvoirs, et arriva bientôt à
Jérusalem. La main de l'Éternel était bonne
pour lui (2:8,19) Il débute par un examen
prudent et silencieux de l'état des choses;
les ennemis des Juifs sont trop puissants et
trop nombreux pour qu'il puisse rien tenter
avant d'avoir sondé le terrain; le mal est
trop grand pour que Néhémie prenne des
mesures avant d'en avoir compris toute
l'étendue. Mais lorsque ses plans sont
arrêtés, il rassemble les , magistrats, les
sacrificateurs et les principaux d'entre les
Juifs, leur expose le but de sa mission, ses
droits et ses desseins. Quelques étrangers,
Samballat, Tobija, et Gasmu, essaient en
vain de contrecarrer son œuvre par de
méchantes moqueries et de perfides
insinuations: Néhémie les repousse en leur
rappelant qu'ils sont étrangers au peuple
juif, et qu'ils n'ont aucune part dans les
affaires de la ville et de la maison de
Dieu. Le peuple qui a retrouvé un chef dont
la voix l'inspire, dont l'exemple
l'encourage, se met à l'œuvre; les murs, les
portes, les remparts, sont reconstruits.
Jérusalem sort de ses ruines; la ville
sainte se relève malgré les efforts jaloux
des peuples voisins, et paraît sur le point
de se rendre indépendante et libre. Mais les
Arabes, les Hammonites et les Samaritains se
liguent contre les Juifs, et projettent de
fondre sur leur métropole avant que les
remparts achevés ne rendent toute invasion
plus difficile, toute victoire plus
incertaine; Néhémie, à qui les machinations
de Samballat et de ses partisans n'ont point
échappé, range le peuple en armes le long
des murailles, ranime le courage des
faibles, et rappelle à tous qu'ils ont à
combattre pour Dieu, l'honneur, la patrie et
leurs familles. Les ennemis sont déconcertés
par cette solennelle manifestation qui leur
a montré un chef vigilant, un général
habile, et une armée résolue: les travaux
reprennent leur cours, mais depuis ce moment
la moitié seulement des jeunes gens s'occupe
des constructions, tandis que l'autre moitié
se tient toujours prête en cas de surprise;
même les travailleurs gardent encore l'épée
au côté.
À côté des ennemis extérieurs, Néhémie doit
combattre aussi les ennemis intérieurs,
l'usure, et l'abus que les riches avaient
fait de leur position aux dépens du pauvre;
le peuple était opprimé, il avait dû mettre
en gages ses champs, ses maisons, ses fils
et ses filles. Une mesure héroïque devait
être prise, et pouvait seule sauver
Jérusalem d'une révolution: Néhémie convoqua
les grands, les magistrats, et les
sacrificateurs; il les censura pour le
trafic infâme, pour la vente qu'ils
avaient faite de leurs frères, et après leur
avoir représenté le danger de la situation
et l'opprobre dont leur conduite devait
couvrir la nation sainte, il leur proposa la
restitution complète des héritages, et la
remise des dettes, se donnant lui-même à
eux, et il en avait le droit, comme un
exemple de désintéressement. Sa voix fut
écoutée, l'assemblée dit amen! à la
malédiction que Néhémie prononça contre ceux
qui ne tiendraient pas la parole jurée, et
Néhémie sauva le peuple d'une crise qui eût
pu être terrible, dans un moment où
l'étranger ne demandait pas mieux qu'un
prétexte pour intervenir. Néhémie qui,
depuis douze ans qu'il était gouverneur,
avait renoncé à tous les avantages de sa
place, engageant sa fortune particulière au
service de Jérusalem, à la reconstruction
des murs, aux frais de représentation exigés
par sa position, Néhémie était bien placé
pour demander à ceux pour lesquels ils se
sacrifiait, de se sacrifier aussi; personne
mieux que lui ne pouvait s'écrier: «Ο Dieu,
souviens-toi de moi en bien, selon tout ce
que j'ai fait pour ce peuple.» Le zèle
courageux de cet homme sans peur et sans
reproche, fut couronné, et malgré les
intrigues réitérées de Samballat et des
siens, malgré l'épouvante que de faux
prophètes cherchaient à répandre parmi le
peuple, la ville, ses murailles et ses
portes furent achevées; mais les habitants
étaient trop peu nombreux pour l'enceinte
immense de l'ancienne Jérusalem; Néhémie dut
songer à peupler ces murs qu'il venait de
construire, et à constater les droits des
anciens habitants propriétaires. Pendant les
travaux et les recherches occasionnées par
le dénombrement, Néhémie trouva un ancien
registre des familles, qui lui fut utile
pour les reconnaissances généalogiques. (Ce
registre est inséré 7:6-73. Il est probable
aussi que les trois chapitres qui suivent,
8, 9, et 10, sont hors de la place où ils
devraient être; nous verrons plus bas ce qui
en est: en tout cas ils renferment
l'histoire de la lecture publique de la loi
par Esdras, la célébration de la fête des
tabernacles, la publication d'un jeûne
solennel, une magnifique prière d'Esdras, et
les serments prononcés en ce jour solennel,
recueillis en forme de traité d'alliance).
— Après cela nous voyons Néhémie continuer
ses travaux de recensement, de classement,
et d'organisation; il ordonne aux principaux
du pays de se fixer dans la ville, et jette
le sort sur le reste des habitants, afin
d'en obliger la dixième partie à s'établir
dans Jérusalem; puis il célèbre avec une
grande pompe la fête de la dédicace des
murailles: tous les Lévites des villes de
Juda et de Benjamin y sont conviés; les
prêtres purifient le peuple et la ville, les
princes et les chefs du peuple s'assemblent
sur les murs, et deux chœurs de chantres et
d'enfants en font le tour au son des
instruments, et aux chant des cantiques
sacrés. L'un de ces chœurs est conduit par
Esdras; l'autre est accompagné par Néhémie,
suivi des magistrats, des prêtres, et d'une
partie du peuple. Ils s'arrêtèrent en face
du temple, où de nouveaux chants s'élevèrent
en l'honneur de l'Éternel; de nombreuses
victimes furent immolées, le peuple était
plongé dans l'allégresse la plus vive, et
ses bruyants cris de joie retentirent au
loin: de ce jour datait en effet pour lui la
renaissance de sa patrie, sa restauration
comme peuple; 12:27-47.
— Une année avait suffi pour tous ces
travaux au zèle persévérant et sage du
réparateur des brèches d'Israël.
Le premier séjour de Néhémie à Jérusalem
dura environ douze ans, 1:1; 2:1; 5:14;
13:6, mais il est probable que dans
l'intervalle il dut retourner une ou
plusieurs fois à la cour de Perse: on peut
croire même que le premier voyage qu'il fit
à Jérusalem ne fut guère qu'un voyage
d'exploration, et qu'après avoir vu et
raconté au roi le triste état de son pays,
il obtint une prolongation de congé
indéfinie. Mais après cela, il dut retourner
auprès d'Artaxercès pour y reprendre ses
anciennes fonctions, et quoique l'Écriture
ne précise pas la durée de son absence, on
suppose qu'elle fut longue, et qu'il ne
revint en Judée que sous le règne de Darius
Nothus, 415 avant J.-C. Son retour fut
nécessité par le retour de l'impiété, par le
relâchement dans lequel le peuple et ses
chefs étaient tombés; ses réformes étaient
oubliées, les sabbats n'étaient plus
observés, on se refusait au payement des
dîmes, des mariages défendus étaient
contractés, et le désordre en était venu au
point qu'un chef samaritain, Tobija, avait
été logé dans les bâtiments mêmes du temple.
Néhémie indigné fit jeter dehors les meubles
de cet appartement ainsi profané, rendit aux
Lévites les dîmes, rappela les prescriptions
de la loi, et contraignit ceux qui avaient
épousé des femmes étrangères à les renvoyer:
ceux qui refusèrent furent bannis, et dans
leur nombre on compte, au dire de
l'historien Flavius Josèphe, Manassé, fils
du souverain sacrificateur et gendre de
Samballat; les réfractaires ainsi chassés
allèrent s'établir en Samarie, où ils
fondèrent sur le mont Garizim un culte rival
de celui de Jérusalem. Ceux mêmes qui
consentirent à rompre leurs alliances
étrangères, furent punis et publiquement
déshonorés pour les avoir contractées. «Mon
Dieu, souviens-toi de moi en bien!» s'écrie
Néhémie en achevant le récit de cette
nouvelle réformation.
C'est ici que se termine pour nous
l'histoire du gouvernement et de la vie de
Néhémie; on ignore où et comment il mourut.
Son nom est grand, et paraît au milieu de
l'histoire juive comme celui d'un héros
pacifique; il fit plus que des conquêtes, il
releva Jérusalem de ses ruines, et
réorganisa un peuple tout entier qui n'avait
plus ni rois, ni lois. Il se distingua par
ses talents, sa prudence, son zèle, sa
force, sa sagesse, son désintéressement et
sa persévérance; il se distingua surtout
parce qu'il était animé d'un esprit de
prière dont on voit peu d'exemples dans les
autres livres de l'Ancien Testament, et si
jamais homme fit de l'Éternel son bras et
sou appui, ce fut Néhémie: il agit, mais il
agit par la foi et au nom de Dieu. Il est un
type de l'amour du Sauveur pour son Église,
comme les désordres qui se commettaient au
milieu du peuple juif de son temps, étaient
un type, triste, mais trop fidèle, de
l'Église chrétienne dont l'histoire ne se
compose que de chutes et de relèvements.
Le livre qui porte le nom de Néhémie
est, en grande partie, son ouvrage; on
pourrait presque dire son journal, ses
mémoires: partout où il parle à la première
personne, il est impossible de douter que ce
ne soit aussi lui qui raconte. Quelques
anciens auteurs et pères de l'Église avaient
cru y voir l'œuvre d'Esdras, non celle de
Néhémie, attendu que les Hébreux
réunissaient en un seul cahier ce qu'ils
appelaient, ce que les romains appellent
encore les deux livres d'Esdras; mais il y
a, entre ces deux livres, de trop grandes
différences de style pour qu'on puisse les
attribuer au même auteur; le style de
Néhémie est beaucoup plus facile, plus
large, plus abondant, et l'emploi qu'il fait
de la première personne ne se comprendrait
pas dans toute autre supposition. Cependant,
il ressort de la lecture même de ce livre
que tout n'est pas de Néhémie; mais, si l'on
peut dire où le fragment intercalé commence,
7:6, il est plus difficile d'établir où il
finit; à cet égard, les interprètes sont
aussi divisés que possible. Le fragment le
plus généralement reconnu comme étant d'une
main étrangère, est 7:6-73; quelques auteurs
y ajoutent les chapitres 8, 9, et 10;
d'autres encore le chapitre 11; d'autres
enfin, comme Eichhorn, en regardant les onze
premiers chapitres comme l'ouvrage de
Néhémie, attribuent le 12e et les cinq
premiers versets du 13e à un chef du peuple,
qui aurait fait l'histoire de Jérusalem
pendant l'absence de Néhémie. Quelques
critiques estiment aussi que des versets ont
été intercalés, par ci, par là, dans le
corps du livre, et, si on les en croyait, on
n'aurait qu'à faire de Néhémie une seconde
édition revue et corrigée par leurs soins.
Au milieu de toutes ces incertitudes, une
chose demeure, c'est que ce livre, tel qu'il
existe, appartient au canon juif, et que
l'église chrétienne l'a accepté comme
inspiré. Il importe donc peu qu'Esdras soit
l'auteur de plusieurs de ces fragments, ou
que ce soit Néhémie; et, si l'on se rappelle
le document que trouva Néhémie, 7:5, on ne
s'étonnera pas qu'il en ait peut-être joint
à ses mémoires quelques extraits
généalogiques ou historiques.
— L'examen de ces difficultés a été fait
dernièrement, avec beaucoup de sagesse, par
Hævernick, Einl. II, p. 303-317.
NÉHUSTA,
fille d'Elnathan, femme de Jéhojakim, mère et tutrice du jeune Jéchonias, âgé seulement de dix-huit ans lorsqu'il monta sur le trône, 2 Rois 24:8; Jérémie 29:2. Elle eut part sans doute au gouvernement, mais ne sut pas diriger son fils, et le suivit à Babylone lorsque Nébucadnetsar se fut emparé de la ville. C'est d'elle qu il est parlé, Jérémie 13:18, comme régente, et le prophète lui adresse les mêmes reproches et les mêmes exhortations qu'à son fils.
NÉHUSTAN
(objet d'airain). 2 Rois 18:4.
C'est le nom dédaigneux qu'Ézéchias donna au
serpent d'airain que Moïse avait fait, soit
que les Israélites l'eussent conservé, ce
que le texte sacré rend assez probable, soit
qu'au milieu de leurs autres reliques
d'idolâtrie, ils se fussent aussi fait des
images de Dieu à la ressemblance de ce
serpent. Le roi de Juda brisa cette idole en
l'appelant, de son vrai nom, un morceau
d'airain; ce n'était que cela, comme les
reliques modernes sont des morceaux de cire
ou d'os.
— Voir: Serpent.
Cela n'empêche pas que l'original de ce
Néhustan ne se trouve encore, au dire de
Calmet, dans l'église de Saint-Ambroise à
Milan.
NEIGE.
Elle n'était pas aussi rare en
Palestine qu'on pourrait le croire; preuves
en soient et les allusions fréquentes qui
sont faites à sa blancheur, Exode 4:6;
Nombres 12:10; 2 Rois 5:27; Psaumes 51:7;
Ésaïe 1:18; Lamentations 4:7, et l'habitude
avec laquelle on paraissait l'attendre ou la
craindre comme un, des phénomènes ordinaires
de l'année, Psaumes 147:16; 148:8; Proverbes
31:21. Il est aussi parlé de neige
réellement tombée, 2 Samuel 23:20; 1
Maccabées 13:22. Les voyageurs modernes
disent que le mois de décembre est un mois
de pluie, mais qu'il tombe assez
ordinairement de la neige en janvier; s'il
en tombe en février, les habitants, au dire
de Shaw, la regardent comme l'indice d'une
année abondante. Elle ne reste d'ailleurs
pas longtemps, et Russel dit que, pendant
treize hivers qu'il a passés à Alep, il n'a
vu que trois fois la neige rester plus d'un
jour sans se fondre.
— Le passage Proverbes 25:13, est
probablement une allusion à l'usage ancien
de se rafraîchir, au milieu de l'été, en
faisant fondre de la neige dans les
boissons.
— Jérémie 18:14, mal traduit dans nos
versions (on a ajouté sans cause la
négation), doit s'en tendre comme s'il y
avait: «Un homme raisonnable
abandonnera-t-il pour un rocher ses
campagnes, arrosées par les neiges du
Liban?» Le prophète veut faire sentir la
folie de ceux qui abandonnent le Dieu vivant
pour servir des idoles.
NÉMUEL,
Nombres 26:9, était frère de Dathan et d'Abiram, et n'a pas pris part à leur révolte; son nom ne se trouve que dans la généalogie de sa famille, mais il s'y trouve sans tache.
NEPHTHALI
(mon combat), le sixième fils
de Jacob et le second de Bilha, Genèse 30:8;
35:25. Le sens de son nom est expliqué dans
le texte sacré à l'occasion de sa naissance.
Nous ne connaissons aucune particularité de
sa vie, sinon qu'il eut quatre fils, 46:24.
Il fut le chef d'une des tribus d'Israël,
qui comptait, à la sortie d'Égypte, 53,400
hommes en état de porter les armes, marchant
sous la conduite d'Ahirah; ce chiffre était
réduit à 45,000 lors de l'entrée en Canaan,
comme celui de presque toutes les tribus
avait également été réduit dans une
proportion plus ou moins forte, suivant que
leurs péchés dans le désert avaient été plus
ou moins grands et obstinés, cf. Nombres
1:43; 2:29; 7:78; 26:50. Son territoire,
fertile en huile et en froment, s'étendait
au nord de la Palestine, ayant le Jourdain à
l'orient, Aser et Zabulon au couchant, le
Liban au nord, et la tribu d'Issacar au
midi; il descendait jusqu'à la mer de
Tibériade, Josué 19:32. Les montagnes de
Nephthali, Josué 20:7, étaient, à ce que
l'on croit, les prolongements avancés du
Liban qui portent aujourd'hui le nom de
Dschebl-Szaffad, chaîne fort large,
calcaire, avec quelque peu de basalte, et
haute d'environ 1,000 mètres, qui suit la
vallée du Jourdain depuis l'Hermon jusque
dans le voisinage du lac de Génésareth, d'où
elle se dirige au sud-ouest, s'abaissant
brusquement vers le Jourdain, et descendant,
vers la Méditerranée, par une pente douce et
longue, à travers un pays de collines, qui
est fertile, en grande partie boisé, et
abondant en eau. Nephthali était ainsi,
selon l'oracle de Moïse, Deutéronome 33:23,
«rassasié de bienfaits, et rempli de la
bénédiction de l'Éternel, possédant
l'Occident et le Midi». Jacob mourant avait
caractérisé son fils «une biche élancée; il
donne des paroles qui ont de la grâce»,
Genèse 49:21. Quelques interprètes, les
Septante, Bochart, etc., traduisent, au lieu
de biche, des chênes élancés, ce qui est
moins probable, mais peut se comprendre
également. On a voulu voir dans ce passage,
pressé dans un sens trop prophétique, une
allusion à Barac, qui était de la tribu de
Nephthali, et qui, après avoir poursuivi
Siséra avec la vitesse du cerf, chanta
ensuite sa victoire en accompagnant les
paroles magnifiques de Débora, Juges 4:6,16;
5:1. Tobie était aussi Nephthalite.
— Placée au nord de la Palestine, et loin du
centre théocratique, cette tribu eut de la
peine à se défaire entièrement des
Cananéens, auxquels plusieurs de ses villes
restèrent longtemps tributaires, Juges 1:33;
mais elle ne laissa pas, toutes les fois
qu'elle y fut appelée, de prendre une part
active aux guerres qu'Israël dut soutenir
pour le maintien de son indépendance, Juges
5:18; 6:35; 7:23. Sous le schisme de la
royauté, Nephthali adhéra au nouveau royaume
d'Israël, et eut déjà, sous son troisième
roi, Bahasa, beaucoup à souffrir d'une
irruption des Syriens de Damas, 1 Rois
15:20; 2 Chroniques 16:4. Aux jours de
Pékach, une partie de ses habitants fut
emmenée captive par les Assyriens, 741 avant
J.-C., 2 Rois 15:29; cf. Ésaïe 8:23.
NEPHTOAH
(ouverture), Josué 15:9, fontaine située sur les frontières de Juda et de Benjamin. On prétend encore en montrer la place aux voyageurs, près d'une église construite plus tard, et dédiée à Jean-Baptiste, qui doit avoir demeuré avec ses parents non loin de cette source.
NER
(lampe, lumière).
-
Père de Kis, 1 Chroniques 8:33; 9:39, nommé Abiel 1 Samuel 9:1.
-
Fils du précédent, frère de Kis, père d'Abner, et oncle de Saül, 1 Samuel 14:51; 26:5; 2 Samuel 2:8; 3:23; 1 Rois 2:5. On le voit 1 Samuel 10:14, s'informer avec curiosité des démarches de son neveu auprès de Samuel, mais l'on ne sait pas si ces questions étaient dictées par l'affection ou par la jalousie; ce dernier cas est rendu plus probable par le secret dans lequel Saül se renferme à son égard.
NÉRÉE,
Romains 16:15, disciple inconnu.
NERGAL
(espion), idole des gens de
Cuth, 2 Rois 17:30. C'est sans contredit la
planète Mars, que les Sabéens adoraient sous
le même nom: les rêveries rabbiniques lui
ont donné la forme d'un coq.
— Voir: Caldée, et Sareétser.
NÉRI,
fils de Melchi, l'un des ancêtres de notre Sauveur par Marie, Luc 3:27, inconnu.
NÉRON,
cinquième empereur de Rome,
n'est jamais nommé dans l'Écriture autrement
que par son titre d'empereur ou de César,
parce que dans les divers passages où il est
question de lui, ce n'est pas de sa
personne, mais de son titre qu'il est parlé.
On sait comment dès le commencement de son
règne il fit concevoir à tous les plus
belles espérances; doux, vertueux, modeste,
ami de la paix et de la justice, il était
fortifié dans ces heureuses dispositions par
Burrhus et Sénèque, les instituteurs de sa
jeunesse. Il annonça au sénat que son désir
était de prendre Auguste pour modèle, et
dans les premiers temps on le vit s'efforcer
de tenir sa promesse; il diminua les impôts,
fit de grandes largesses au peuple pour se
concilier son affection, et lui donna des
jeux splendides. Malheureusement il était
faible et passionné; il prit pour directeur
son confident Narcisse, scélérat et fourbe
consommé, qui fit de lui cet atroce Néron
dont le souvenir fait frissonner l'histoire.
C'est à l'instigation de Narcisse qu'il fit
assassiner Britannicus, son frère adoptif,
puis sa mère, Agrippine, à qui il devait la
vie et l'empire (— Voir: Claude). Ce
pas fait, rien ne devait naturellement
l'arrêter, il prit un affreux plaisir à
l'odeur du meurtre, et fit massacrer une
foule inouïe d'innocents. Cependant son
premier crime ne le laissa jamais
tranquille, et ses remords le poursuivirent
partout jusqu'à la mort. Pour s'étourdir,
pour étouffer les cris de sa conscience, en
même temps que pour assouvir ses passions
désordonnées, il se livrait aux plus
honteuses débauches. Il répudia sa femme
Octavie, sœur de Britannicus, pour épouser
l'infâme Poppée, et bientôt il fit périr à
son tour d'un coup de pied cette seconde
épouse et l'enfant qu'elle lui promettait.
Avec cela il se piquait d'être artiste,
poète et musicien; il prenait part lui-même
aux jeux publics et aux représentations
dramatiques: là il se montrait vêtu en
histrion, entouré des histrions qui
faisaient sa société habituelle, jouant du
luth ou récitant ses poésies, se mêlant
enfin parmi les lutteurs, et combattant
lui-même. Il fit ainsi plusieurs voyages en
Campanie, à Naples, en Grèce, sans autre but
que de se donner en spectacle au peuple, et
d'obtenir ses applaudissements.
Sous son règne un immense incendie consuma
les plus beaux quartiers de Rome, et cette
capitale fut presque entièrement la proie
des flammes: pendant cette désolation,
lui-même du haut d'une tour de laquelle il
pouvait à son aise contempler les ravages et
les progrès du feu, il chantait en
s'accompagnant de sa lyre, un poème qu'il
avait composé sur l'embrasement de Troie. Il
est incertain s'il fut lui-même l'auteur de
cet incendie: du moins il fit quelque chose
pour en soulager les victimes. Quoi qu'il en
soit, il imputa le crime aux chrétiens, et
ordonna contre eux une persécution qui fut
la première et la plus violente de toutes.
Ce fut sans doute vers cette époque que
l'apôtre Paul reçut à Rome la couronne du
martyre.
— La 12e année de son règne une conspiration
formée contre ses jours lui fut découverte
par la perfidie d'un esclave; non seulement
tous les conjurés périrent, mais avec eux
presque tous leurs alliés, parents ou amis.
Sa fureur ne connaissait pas de bornes: sur
un simple soupçon les plus honnêtes citoyens
étaient sacrifiés; Rome fut inondée de sang.
Le poète Lucain, Burrhus, Sénèque, subirent
le sort de tant d'autres hommes illustres.
Enfin le châtiment arriva: Néron fut
précipité de son trône par une révolte de
l'armée, et se tua au moment où on allait le
saisir, âgé de trente-et-un ans, après en
avoir régné quatorze. La nouvelle de sa mort
causa une joie inexprimable; ses statues
furent renversées et traînées dans la boue,
mais on lui fit des funérailles magnifiques.
Il ressort de Philippiens 4:22, que quelques
personnes de sa maison avaient embrassé la
foi chrétienne. C'est à cet empereur que
Paul en appela du jugement de Festus.
Quelques commentateurs ont entendu de Néron
le lion de la gueule duquel Paul avait été
délivré, 2 Timothée 4:17. Mosheim pense que
l'apôtre parle dans ce passage sans figure,
et qu'il veut dire qu'il a failli être
condamné à combattre les bêtes féroces.
Cependant le sens le plus simple c'est le
sens général figuré: «J'ai échappé à un
grand danger.»
NÉTHANMÉLEC
(don du roi), eunuque, chargé sous Josias de soigner les chariots et les chevaux du soleil; il demeurait au faubourg de Parvarim ou Parbar à l'occident du temple, 2 Rois 23:11; 1 Chroniques 26:18.
NÉTHINIENS,
1 Chroniques 9:2; Esdras 2:43;
7:7; Néhémie 7:46, etc. C'est le nom que les
auteurs postérieurs donnent aux Gabaonites
d'entre les Cananéens qui conclurent avec
Josué une alliance dans laquelle celui-ci
fut joué par eux,
— Voir: Gabaon.
Ils furent donnés, comme l'indique
leur nom, aux lévites pour servir sous leurs
ordres aux travaux extérieurs de l'entretien
du temple, Esdras 8:20, et ils sont nommés à
côté des serviteurs de Salomon, Esdras 2:58;
Néhémie 7:60; 11:3, qui étaient probablement
des prisonniers de guerre, devenus
prosélytes, Néhémie 10:28, et affectés par
ce roi au service du culte public. Ils
étaient fort méprisés, et ne pouvaient
contracter alliance avec les filles
d'Israël.
NÉTOPHA,
Esdras 2:22; Néhémie 7:26, ville probablement située entre Bethléem et Hanathoth.
NÉZIB,
ville des plaines de Juda, Josué 15:43, située, d'après Eusèbe à 9 milles, d'après Jérôme à 7 milles d'Éleuthéropolis, vers Hébron.
NIBCHAZ,
idole des Haviens, 2 Rois 17:31, nommée aussi parmi les divinités sabéennes; son nom renferme l'idée d'aboiement, et selon les interprètes juifs, elle aurait été adorée en effet sous la forme d'un chien. On trouvait autrefois sur une hauteur, en Syrie, à trois journées de Béryte vers Tripoli, la statue colossale d'un chien, symbole peut-être de Mercure, qui était adorée comme la protectrice du pays, et qui a donné son nom à la rivière voisine.
NICANOR,
l'un des premiers diacres de l'Église de Jérusalem, Actes 6:5. Sa personne est du reste inconnue: selon quelques pères il aurait été l'un des soixante-dix disciples, et aurait souffert le martyre en même temps qu'Étienne.
NICODÈME,
pharisien et membre du
sanhédrin à Jérusalem. Homme sincère et de
bonne foi, il avait reconnu à ses miracles
que Jésus était un prophète venu de Dieu;
mais timide, il n'osait avouer ouvertement
ses doutes et peut-être même ses
convictions: il vint de nuit à Jésus, et
apprit de lui la nécessité de la
régénération ou nouvelle naissance pour
obtenir l'entrée dans le royaume des cieux.
Notre Sauveur suivit avec lui cette marche
pleine d'autorité, dont il avait seul le
secret; à ses questions incertaines, il
répondait par de nouvelles vérités
incompréhensibles à l'homme charnel,
laissant au Saint-Esprit le soin de les
expliquer et de les développer, Jean 3.
L'œuvre de l'Esprit se fit lentement en
Nicodème; il resta longtemps encore disciple
secret; ce ne fut que d'une manière
détournée, en en appelant aux formes
ordinaires de la justice, qu'il essaya de
prendre la défense du Messie au milieu du
sanhédrin, et il se laissa réduire au
silence par une réponse aussi dure que
mensongère, Jean 7:50; cf. Deutéronome 17:8;
19:16. Mais à la mort du maître il ne cacha
plus qu'il était son disciple; réveillé en
quelque sorte par l'injuste condamnation qui
avait frappé le Juste, il se sentit la force
en même temps que le devoir de protester
publiquement contre cette iniquité légale,
et d'accord avec Joseph d'Arimathée, il vint
en plein jour enlever en pleurant le corps
du supplicié, apportant un mélange des plus
riches parfums pour son embaumement, 19:39;
sq..
Le nom de Nicodème réveille au premier abord
la double idée d'une inintelligence des
vérités divines, et d'une timidité contraire
à l'esprit du christianisme dans la
confession de la foi. Ses trop naïves
questions sur la nouvelle naissance* ne sont
plus répétées, et peut-être vaudrait-il
mieux qu'elles le fussent; le mot de
régénération a passé dans le langage
chrétien, mais pour plusieurs ce n'est qu'un
mot, et il ne réveille pas toutes les idées
qu'il renferme, et dont la profondeur,
nouvelle pour Nicodème, lui paraissait
insondable. Heureux ceux qui savent ce que
c'est; heureux aussi, ceux qui, l'ignorant,
ne craignent pas de le demander!
*
(Nouvelle Naissance: signifie littéralement
«régénéré
d'en haut» et «régénéré dès l'origine».
Action de reproduire, de reconstituer, de
libérer, de réformer, de renaître.
Changement engendré par la puissance de Dieu
et sa Parole inspirée d'après son décret
d'élection pour produire la foi et une
nouvelle vie en et par Jésus-Christ. Une
mise à part dans la mort de Christ dans
laquelle l'élu est attribué tous les mérites
de son sacrifice parfait, afin de renaître
avec Lui dans une nouvelle vie de
résurrection dans laquelle Christ vient
habiter dans son cœur par l'Esprit de sa
Sainte Présence. Bref, une résurrection
spirituelle par laquelle l'élu est libéré de
la culpabilité du péché et de sa
condamnation.)
— La timidité dans la profession a depuis
longtemps été flétrie du nom de nicodémisme,
et il ne se trouve que trop, à toutes les
époques, de ces caractères faibles qui, sous
une foule de prétextes, se contentent de
croire dans le fond de leur cœur, et
craignent de témoigner, retenus soit par de
faux ménagements pour la religion d'autrui,
soit par l'opprobre qu'ils redoutent, soit
par simple paresse ou lâcheté d'esprit. En
disant: j'ai cru, c'est pourquoi j'ai
parlé, l'Écriture nous fait apprécier à sa
juste valeur une foi qui ne parle pas.
Puissent tous les Nicodèmes en timidité
devenir aussi dans les plus mauvais jours
des Nicodèmes en fermeté!
— Ajoutons encore que s'il est important de
ne pas renier Jésus sur la croix, il est
important aussi, et peut-être plus
difficile, de le reconnaître et de le
professer dans la vie de chaque jour, alors
qu'aucune circonstance extraordinaire ne
paraît provoquer une profession. La
profession est un devoir de tous les
instants; nous nous la devons à nous-mêmes,
à nos frères, et à Dieu. Savoir se joindre à
tous les chrétiens en tout temps, montrer
toujours et partout que l'on est membre du
corps de Christ, marcher non seulement avec
les chrétiens dans l'honneur, mais avec les
chrétiens sous l'opprobre, c'est la science
difficile, et c'est une épreuve à laquelle
Dieu nous soumet tous les jours.
NICOLAS,
prosélyte d'Antioche et l'un des sept diacres de l'Église de Jérusalem, Actes 6:5. C'est à lui que la plupart des pères de l'Église depuis Irénée, attribuent l'origine de la secte honteuse des nicolaïtes, condamnée par saint Jean, Apocalypse 2:6,15. Il ne résulte cependant pas clairement de leurs paroles que Nicolas ait été coupable lui-même, et l'on peut croire que des hommes hérétiques et impurs ont pris occasion de quelques paroles de ce disciple, pour justifier des désordres qu'il avait plutôt voulu condamner; c'est ainsi que ses paroles «il faut abuser de sa chair», citées par Clément d'Alexandrie, pouvaient signifier pour lui «il faut la mater, en réprimer les passions et les mouvements désordonnés», tandis que ses soi-disant partisans auront pu leur donner un sens tout à fait différent, «il faut tuer la chair à force de se livrer à ses désirs». Il règne du reste sur cette secte une telle obscurité, que son existence même n'est pas démontrée pour tous, que plusieurs ne voient dans les paroles de l'Apocalypse qu'une prédiction relative aux erreurs gnostiques, que parmi ceux qui reconnaissent une secte de nicolaïtes, les uns lui donnent pour chef un autre Nicolas que celui des Actes, que parmi ceux qui pensent qu'il s'agit du diacre Nicolas, les uns le regardent comme innocent, les autres comme coupable, et enfin que plusieurs regardent la secte des nicolaïtes comme identique avec celle de Balaam, verset 14, les deux noms de Balaam et de Nicolas ayant l'un en hébreu, l'autre en grec la même signification, celle de peuple vainqueur. On peut voir sur ce sujet, Iren. 2, 27. Clém, d'Al., Strom. 3. Les erreurs que le Saint-Esprit signale dans la doctrine des nicolaïtes sont au nombre de deux, et appartiennent à la vie plus directement qu'à la foi.
NICOPOLIS,
ville dans laquelle saint Paul passa un hiver, et d'où il écrivit à Tite qui était en Crète, de le venir trouver, Tite 3:12. Il y avait plusieurs villes de ce nom, l'une en Épire, l'autre sur le Nessus dans l'intérieur de la Thrace, l'autre en Cilicie, et l'on a trouvé des raisons pour faire de chacune de ces villes la résidence de l'apôtre. Cependant c'est entre les deux premières que l'on hésite ordinairement, et la plupart sont d'accord à penser que c'est à Nicopolis en Épire que Paul a demeuré. La ville de Cilicie est celle qui a le moins de preuves en sa faveur, et le plus de témoignages contre elle.
NIGER,
Actes 13:1,
— Voir: Siméon.
NIL,
fleuve d'Égypte qui prend sa
source dans les montagnes de l'Abyssinie,
coule du sud au nord et se jette dans la
Méditerranée après avoir parcouru
l'Abyssinie, les déserts de la Nubie et
l'Égypte. Son cours est de 800 lieues, dont
200 sur le territoire égyptien; il y entre à
la hauteur de l'île de Philé ou
d'Éléphantine, et fertilise les déserts
arides qu'il traverse. Ses inondations sont
régulières et productives;
— Voir: Égypte.
II y a 150 lieues de l'île d'Éléphantine au
Caire, et cette vallée qu'arrose le Nil, a
une largeur moyenne de 5 lieues. Après le
Caire, ce fleuve se divise en deux branches
et forme une espèce de triangle, le Delta,
qu'il couvre de ses débordements. Ce
triangle, composé d'alluvions, a 60 lieues
de base, depuis la tour des Arabes jusqu'à
Péluse, et 50 lieues de la mer au Caire; un
de ses bras se jette dans la Méditerranée
près de Rosette; l'autre près de Damiette.
Dans des temps plus reculés, il avait sept
embouchures. La digue du Nil se coupe au
Caire dans le courant de septembre,
quelquefois dans les premiers jours
d'octobre. «Si l'on suppose que tous les
canaux qui saignent le Nil pour en porter
les eaux sur les terres soient mal
entretenus ou bouchés, son cours sera
beaucoup plus rapide, l'inondation s'étendra
moins, une plus grande masse d'eau arrivera
à la mer et la culture des terres sera fort
réduite. Si l'on suppose au contraire, que
tous les canaux d'irrigation soient
parfaitement saignés, aussi nombreux, aussi
longs et profonds que possible, et dirigés
par l'art de manière à arroser en tout sens
une plus grande étendue de désert, on
conçoit que très peu des eaux du Nil se
perdent dans la mer, et que les inondations
fertilisant un terrain plus vaste, la
culture s'augmentera dans la même
proportion. Il n'est donc aucun pays où
l'administration ait plus d'influence qu'en
Égypte sur l'agriculture, et par conséquent
sur la population. Sous une bonne
administration, le Nil gagne sur le désert;
sous une mauvaise, le désert gagne sur le
Nil. En Égypte, le Nil ou le génie du bien,
le désert ou le génie du mal, sont toujours
en présence; et l'on peut dire que les
propriétés y consistent moins dans la
possession d'un champ, que dans le droit
fixé par les règlements généraux
d'administration, d'avoir à telles époques
de l'année et par tel canal, le bienfait de
l'inondation.» Ainsi parle du Nil et de
l'Égypte le grand conquérant de notre
siècle, tout ensemble profond observateur et
grand écrivain. À ces extraits de ses
Mémoires, nous ajouterons quelques détails
sur le rôle que le Nil occupe dans
l'Écriture. Il y est presque partout désigné
par le mot égyptien yeôr qui signifie
le fleuve, nom qui se retrouve sur
l'inscription de Rosette, et qui est
conservé dans les dialectes memphitiques et
sahidiques (Jaro et Jero): le
Nil était le fleuve par excellence de
l'Égypte, comme le Jourdain était celui de
la Palestine, et le nom de fleuve suffisait
à le désigner. Ce n'est que beaucoup plus
tard que le nom égyptien ayant passé dans la
langue des Hébreux comme nom commun, servit
à désigner, et une seule fois, Daniel
12:5-7, un autre fleuve que le Nil, le
Tigre. Le nom de Sihor désigne
évidemment aussi le Mil, Ésaïe 23:3; Jérémie
2:18, et probablement Josué 13:3; 1
Chroniques 13:5;
— Voir: Sihor.
Les inondations de ce fleuve, qui s'élève de
16 à 22 pieds au-dessus de son niveau
ordinaire, lui donnent facilement l'air d'un
grand lac ou d'une mer intérieure, Ésaïe
19:5; cf. le Coran 20:39, sur laquelle les
villes et les villages apparaissent comme
des îles au milieu d'une contrée submergée,
Amos 8:8; 9:5. L'eau du Nil, comme celle du
Tibre à Rome, est naturellement trouble,
mais se clarifie facilement au moyen du
filtrage; elle jouit alors d'un goût
agréable et sain, auquel il est peut-être
fait allusion Jérémie 2:18; de là aussi les
louanges que les Égyptiens accordaient à
leur fleuve, les honneurs qu'ils lui
rendaient, et les récits exagérés faits de
ses différentes vertus; il donnait la
fécondité aux hommes et aux animaux. Le Nil
était, comme il l'est encore, fort
poissonneux, Ésaïe 19:8; cf. Nombres 11:5, à
tel point qu'une partie de la population ne
se nourrit presque que de poissons dans les
mois d'avril et de mai. Des crocodiles
habitent ses rives ombragées, surtout dans
la Haute-Égypte.
— On comprend que les bienfaits des
inondations du Nil aient fait considérer ce
fleuve comme le bienfaiteur du pays, et lui
aient mérité des païens les surnoms de
bienveillant et de béni; les prophètes
aussi, parmi les maux dont ils menacent
l'Égypte, n'oublient pas de compter le
dessèchement de ses marais et de ses canaux,
Ésaïe 19:5; Ézéchiel 29:10; 30:12. Le sept
années d'abondance et les sept années de
famine qui eurent lieu pendant
l'administration de Joseph, ont dû se
rattacher évidemment au plus ou moins grand
accroissement des eaux du Nil, Genèse 41:1;
sq..
NIMRAH, ou Beth-Nimra,
Nombres 32:3, nommée aussi Beth-Nimra, Nombres 32:36; Josué 13:27, ville de la tribu de Gad, à 5 milles nord de Beth-Haran ou Livias, d'après Eusèbe qui l'appelle Bethnabris; Burckhardt croit en avoir vu les ruines. Les Talmudistes l'appellent Beth-Nimrin ou Beth-Namer. C'est dans ces environs, et un peu au nord, que Seetzen, dans sa carte, a dessiné une petite rivière appelée Nahar-Nimrim ou Wadyschoaïb, qui coule vers le Jourdain: il est probable que c'étaient là les eaux de Nimrim, Ésaïe 15:6; Jérémie 48:34. Quelques auteurs ont cru que le voisinage de panthères (— Voir: Léopard), avait fait donner ce nom à cette ville, mais il paraît avec plus de raison, et la racine namer peut justifier l'un et l'autre sens, que Nimra était ainsi nommée à cause des eaux claires, transparentes et peut-être minérales qui se trouvaient dans ses environs. Les prophètes, dans les passages cités plus haut, rattachent la ruine du pays au dessèchement des eaux et des puits par les ennemis, cf. 2 Rois 3:25.
NIMRIM,
— Voir: Nimrah, ci-dessus.
NIMROD (OU NEMROD),
Genèse 10:8-10; 1 Chroniques 1:10, fils de Cus et petit-fils de Cam. L'historien sacré le dépeint comme un puissant chasseur devant l'Éternel (lit. un puissant agresseur contre l'Éternel), puissant sur la terre, et fondateur de Babel au pays de Sinhar: son nom était devenu proverbial et avait peut-être été chanté par les poètes. Sans que l'on puisse déterminer exactement la portée de ces expressions dans des temps aussi reculés, elles indiquent évidemment une grande puissance et une grande gloire. Il est probable que ce célèbre chasseur ne fut pas un conquérant moins célèbre; il est probable aussi que, le premier, il substitua un règne au régime patriarcal; il est possible enfin qu'il ait dirigé la construction impie de la grande tour de Babylone, Genèse 11:4, et Flavius Josèphe le rend probable. Il fonda Babel, Érec, Accad, et Calné, autant d'empires et de grandes villes auxquels l'histoire profane donne d'autres fondateurs, soit qu'elle n'ait pu remonter plus haut dans cette nuit de l'histoire, soit que le royaume de Nimrod se soit écroulé sur lui pour renaître plus tard sous d'autres chefs, comme les Gaules après Charlemagne, soit enfin que les Bélus, les Sémiramis, et les Ninus aient donné un lustre nouveau, une forme et une vie nouvelles à d'anciens établissements, à des amas de maisons, à des enclos qui n'avaient servi jusque-là qu'à des bergers ou à des chasseurs, et qui devaient recevoir les rois de la guerre et les chefs de la civilisation. Selon plusieurs commentateurs, Nimrod aurait aussi possédé l'Assyrie, et fondé Ninive sa capitale: ils s'appuient sur une traduction possible du verset 11, par laquelle les faits attribués à Assur appartiendraient à Nimrod, et il font la remarque, assez plausible, que la généalogie de Cam, versets 6-20, se trouve, avec la traduction ordinaire de nos versions, interrompue, contre l'habitude des Orientaux, par la mention d'un membre de la famille de Sem, Assur, ce qui est peu probable. On peut répondre cependant que ce verset épisodique se rattache intimement au contexte, et qu'il renferme peut-être l'histoire d'une rébellion heureuse de plusieurs habitants de Sinha contre l'absolutisme du gouvernement de Nimrod, et leur séparation d'avec lui.
— Voir: Babel
NINIVE, ou Ninus,
appelée par les Grecs et les
Romains Ninus, et dont le nom hébreu
signifie demeure de Ninus, était la
célèbre capitale de l'empire d'Assyrie. Son
origine se perd dans les temps les plus
reculés de l'histoire, Genèse 10:11. Elle
fut longtemps le séjour des rois, Nahum
3:18; 2 Rois 19:36; Sophonie 2:13; cf. les
auteurs profanes Strab. 2, 84. Hérodote 1,
193; 5, 53. Ptolém. 6, 1. Diod. de Sicile,
2, 23. Tacit. Ann. 12, 13; etc. Elle était
située sur la rive orientale du Tigre, et,
si l'on en croit les historiens, ses
murailles avaient 100 pieds de hauteur, et
15 à 20 lieues de circuit, d'autres disent
même davantage; elles étaient flanquées de
quinze cents tours, dont chacune avait 200
pieds d'élévation. Le fleuve qui la
traversait en partie, et ses solides
murailles, la rendaient imprenable. Elle
était le centre du gouvernement, de la
richesse, et d'un immense commerce, Nahum
2:10,12; 3:4,16. Les conséquences de cette
prospérité furent l'orgueil et la
dissolution, Nahum 3. 1. Sardanapale en fut
le triste et vrai représentant: huit siècles
avant Christ, vers l'an 747, au temps
d'Achaz, sa capitale fut prise, après un
siège de trois ans, par les Mèdes, conduits
par Arbacès. Cette ville recouvra un moment,
sous Ninus, son ancien éclat; elle se releva
ainsi que tout l'empire d'Assyrie, mais elle
fut prise une seconde fois, en 625, par
Cyaxare roi des Mèdes et Nabopolassar roi de
Babylone. Elle tomba pour ne plus se
relever. Ainsi s'accomplirent, et à la
lettre, les prophéties diverses éparses dans
le livre de Nahum, après qu'un repentir
momentané, suscité par les prédictions de
Jonas, eut d'abord épargné Ninive, ou plutôt
différé sa destruction, cf. Jonas 1-4,
Sophonie 2:13; etc. Au moment de la dernière
conquête de cette ville, un grand nombre
d'exilés juifs vivaient et végétaient
captifs dans l'enceinte de ses murailles;
— Voir: Tobie 1:11; 11:14; et
ailleurs.
Où sont-ils maintenant ces remparts de
Ninive? s'écrie Volney; et plus de vingt
siècles en arrière le prophète juif lui
répond: «L'Éternel réduira son lieu à
néant.» En effet, l'on a ignoré longtemps
jusqu'au lieu même où cette immense cité
s'était enivrée de sa gloire; et si jusqu'au
treizième siècle, Strabon, Tacite et
Abulfaradsch semblent nous indiquer encore
quelques vestiges de ses ruines, un village,
ou un castellum, cette trace même s'est
perdue depuis lors: vis-à-vis de Mossoul se
trouve un petit hameau que l'on suppose
avoir été bâti sur les décombres de Ninive,
puis quelques lieues à la ronde, les
villages de N'bih Jouna (le prophète Jonas),
Nimrud, et la colline de Nunia. Cependant
des recherches faites dernièrement par le
consul de France, M. Botta, fils de
l'historien de ce nom, paraissent avoir
déterminé avec évidence l'emplacement de
l'antique Ninive, dont il croit avoir
retrouvé quelques ruines au-dessous du sol,
soit à Nunia, soit dans ses environs,
notamment à Khorsabad. Ses lettres,
adressées au savant orientaliste allemand
Jules Mohr, à Paris, ont été reproduites en
1842 par presque tous les journaux français.
M. Flandin, dans un article de la Revue des
Deux Mondes (1845), a donné également des
détails du plus haut intérêt sur les
dernières découvertes faites à Ninive. Nous
lui empruntons ce qui suit, en l'abrégeant.
«Aux bords du Tigre, en face de Mossoul,
s'élèvent deux monticules assez étendus
auxquels se relient les extrémités d'une
vaste enceinte, évidemment les restes d'un
rempart très épais et encore très élevé.
L'une de ces éminences est factice. L'autre,
qui est naturelle, porte un village arabe
appelé Neïniveh ou Nebi-Ounous, prophète (et
non tombeau de) Jonas, à cause d'une pierre
ornée de caractères que les Musulmans ne
laissent pas voir, mais qu'ils gardent dans
leur mosquée comme la pierre sépulcrale du
prophète. À quatre lieues de Mossoul se
trouve le village de Khorsabad, peuplé de
Kurdes demi-sang croisé d'Arabes: il est
bâti sur une éminence isolée au milieu de la
plaine, éminence factice de 12 à 13 mètres
de hauteur. Sur le plateau qui forme le
sommet étaient bâties une cinquantaine de
maisons d'assez pauvre apparence. C'est en
creusant l'emplacement d'une de ces
chaumières que M. Botta découvrit les
premières sculptures assyriennes. Bientôt on
résolut de les démolir toutes et de
poursuivre les fouilles. Après six mois de
travaux exécutés par des Nestoriens que les
Kurdes avaient décimés, on avait mis au
soleil les restes d'un vaste palais,
comprenant quinze salles attenantes les unes
aux autres, et formant un plan d'ensemble de
22,000 mètres carrés. La plupart de ces
salles, dont quelques-unes ont de 30 à 35
mètres de longueur, communiquent entre elles
par des portes: d'autres sont isolées, plus
petites, et semblent avoir été réservées
pour l'habitation secrète.
Ce palais est élevé sur une terrasse de 12 à
13 mètres en briques crues, soutenue par un
mur en pierres parfaitement taillées et
assemblées, toutes de même grandeur. Le
système de construction est celui de
Babylone: il consiste en gros murs de 3 à 6
mètres d'épaisseur, en briques séchées au
soleil, posées à plat et liées par un peu de
boue: le bitume est aussi employé
fréquemment, mais sans doute, malgré ce qu'a
dit Diodore de sa source intarissable, celle
d'où il provenait n'aurait pu suffire pour
ces gros murs. Ces murs sont revêtus de
plaques d'un marbre gypseux, dur et
grisâtre, qui se trouve dans le pays, et
dont les bancs énormes gisent à la surface
du sol.
— Les murs ne portant pas trace de fenêtres,
et leur hauteur n'étant que de 4 mètres, il
est probable que le palais était couvert
d'une voûte dans laquelle avaient été
ménagés des jours.
Le palais de Khorsabad est riche en
sculptures. Les murs des salles et les
façades extérieures sont décorés de tableaux
taillés dans la pierre avec une admirable
fécondité de ciseau. Rois et visirs, prêtres
et idoles, eunuques et guerriers, combats et
fêtes joyeuses, tout est représenté: la vie
des Ninivites vient se dérouler
miraculeusement devant nous, depuis les
symboles religieux jusqu'aux usages
domestiques, depuis l'orgie du triomphe
jusqu'au supplice des vaincus. Ce palais
passe aux yeux des habitants étonnés pour
une création de Satan. Sur les façades sont
admirablement représentés des personnages
ailés, coiffés de bonnets à corne ou à tête
d'épervier, présentant une pomme de pin de
la main droite, tandis qu'à leur main gauche
est suspendue une corbeille ou un sceau. Un
homme les accompagne, le front orné d'une
bandelette, la main élevée, conduisant un
bouc;
— sans doute le prêtre assistant la
divinité.
Après les dieux et leurs acolytes, vient le
roi qui s'avance vers le chef des mages;
puis un cortège immense d'eunuques, de
guerriers, de personnages apportant des
tributs. Les costumes, la chevelure et la
barbe, prouvent que la coquetterie la plus
raffinée et la recherche la plus minutieuse,
étaient d'étiquette à la cour de Ninive.
On remarque encore sur les façades les
gigantesques taureaux ailés, à tête humaine,
coiffés d'une énorme tiare, qui ornent les
portes d'entrée. Ils ont communément 5
mètres de hauteur et autant de longueur;
c'est chez tous les peuples de ces contrées
le symbole du créateur. Il paraît qu'un lion
de petite taille, enchaîné, était placé au
pied de chaque taureau. Mais ces lions étant
en métal ont été pillés. Les ennemis de
Ninive ont exécuté à la lettre le passage de
Nahum, 2:9.
À l'intérieur et sur les murs des salles,
des bas-reliefs très variés représentent
soit des combats, soit des festins, où tous
les détails de la vie militaire et de la vie
domestique sont reproduits, soit encore des
exercices de chasse, etc.
On ne peut méconnaître sur ces monuments les
guerres des Assyriens contre les Juifs. Un
roi, Osée peut-être, se remarque parmi les
vaincus. Ailleurs, on reconnaît des
Éthiopiens et des Nubiens, qui sont
peut-être ceux qu'Ézéchias assiégé par
Sennachérib avait appelés à son aide, et que
le prince de Ninive poursuivit dans leur
pays. Parmi ces prisonniers il en est qui
sont tenus par des chaînes passées dans la
lèvre inférieure, ce qui rappelle la menace,
2 Rois 19:28.
Un détail confirme aussi le témoignage de
l'Écriture, qui dit que les chariots et les
chevaux n'étaient pas en usage chez les
Syriens et les Juifs; on n'en voit pas dans
les tableaux qui représentent des combats
avec ces peuples.
— En parcourant la plaine immense qui
s'étend de Mossoul ou Neïniveh jusqu'à
Khorsabad (distance qui suppose quatre
heures de marche), on rencontre le
nombreuses traces de constructions et une
quantité considérable de tumuli
hérissés de fragments de pierres et de
briques. Évidemment des habitations, une
ville, ont occupé ce vaste territoire à une
seule époque ou à deux époques différentes.
Personne ne peut dire si, à l'une ou à
l'autre de ces époques, Ninive a compris
tout cet espace: mais on peut le présumer
parce qu'en Orient, dans ces temps reculés,
il n'y avait pas plus qu'aujourd'hui, entre
la superficie des villes et leur population,
la proportion qui existe en Europe. On peut
donc comprendre que Ninive ait eu cette
étendue, surtout en se rappelant ce que
Jonas en a dit.
Il y a cinq princes dont les conquêtes
glorieuses peuvent avoir été figurées sur
les murs de Khorsabad: Tigtath-Piléser,
Salmanassar, Sanchérib, Ésarhaddon, et
Nébucadnetsar I. On peut attribuer ces
monuments soit à Sanchérib, soit à
Ésarhaddon, en supposant dans ce dernier
cas, qu'Ésarhaddon aura voulu reproduire à
la fois le souvenir des conquêtes de son
père et celui des siennes propres.»
M. Flandin a dessiné la totalité de ces
bas-reliefs, tandis que M. Botta copiait les
inscriptions en lettres cunéiformes qui les
accompagnent. Plusieurs fragments, les plus
importants, ont fait le chargement d'un
navire, et ont été transportés à Paris.
Quoiqu'il en soit, ajoute M. Flandin, «la
découverte de M. Botta justifiera Hérodote
et la Bible aux yeux de ceux qui les
accusaient d'exagération.»
Ce résultat nous a paru assez important pour
motiver les détails qui précèdent. Devant la
lumière de la science, tombent les
railleries naguère si puissantes du
voltairianisme. Les récits de la Bible ne
sont pas des contes enfantés par l'ignorance
d'un petit peuple qui, grossier et inculte,
aurait admiré les moindres choses comme des
prodiges. La civilisation, le luxe, la
grandeur de Ninive et de l'Assyrie, étaient
en effet prodigieuses. Grande leçon de
réserve et d'humilité qui nous est ici
donnée, et qui doit nous faire sentir le
besoin d'entourer de notre respect les faits
même qui nous semblent étranges, lorsqu'ils
nous sont attestés par cette parole qui
s'affirme toujours plus comme la vérité.
NISAN,
— Voir: Abib.
NISROC,
idole des Ninivites, 2 Rois 19:37; Ésaïe 37:38. Elle est complètement inconnue, et les fables des rabbins ne méritent aucune confiance: les uns veulent qu'elle ait été faite avec une planche de l'arche, d'autres lui donnent la forme de la colombe, en souvenir de celle que Noé envoya pour examiner la terre; d'autres prétendent qu'elle représentait Assur, le fondateur du royaume des Assyriens; d'autres l'entendent d'un aigle, symbole d'Ormuzd dans la religion des Perses; d'autres enfin de la planète de Saturne, divisée en deux moitiés par l'anneau qui l'entoure.'Toutes ces opinions s'appuient, d'une part, sur l'étymologie du mot qui, suivant les lettres qu'on en prend, peut signifier à peu près tout ce qu'on veut; d'autre part, sur quelques usages connus de l'idolâtrie des anciens Perses. C'est en présence de cette idole que fut commis un affreux parricide: le père ne fut point sauvé de la mort par le culte qu'il lui rendait, ni les fils du crime. L'idolâtrie ne donne ni le bonheur, ni la moralité; elle ne garantit ni du péché, ni du malheur.
NITRE,
sel qu'on ne trouve dans la nature qu'à l'état de nitrate. On en distingue deux espèces différentes, l'une minérale, l'autre végétale: la première, connue des Hébreux sous le nom de néther, est un sel lixiviel qu'on tire, en grande quantité, de l'eau salée de deux lacs de la vallée du Nil, et qu'on mêle avec de l'huile pour en faire du savon, de nos jours encore. Les Égyptiens s'en servaient pour l'embaumement des corps et pour le lavage des vêtements, Hérodote 2, 87, cf. Jérémie 2, 22. Proverbes 25:20. La seconde, le borith, que nos versions ont traduit par savon, Malachie 3:2; Jérémie 2:22, et par pureté. Job 9:30, est un sel alcalin qu'on tire de la cendre de certaines plantes salées, et qui, mêlé avec de l'huile, est employé à fouler et à nettoyer les habits: saint Jérôme fait remarquer, dans son commentaire sur le passage de Jérémie, qu'une espèce de ces plantes salées portait encore, de son temps, le nom de borith. Le nitre végétal est l'objet d'un commerce considérable dans les marchés de l'Orient; mais la botanique n'a pas encore distingué et classé, d'une manière exacte et sûre, les différentes plantes salées des contrées méridionales. Les émanations animales sont indispensables à la formation de la plupart des nitrates.
NO,
Ézéchiel 30:14-16; Jérémie
46:25; Nahum 3:8. Les Septante l'ont presque
partout traduit par Diospolis. C'était,
comme on le voit par ces passages, une ville
considérable de l'Égypte; mais il y avait en
Égypte deux villes de ce nom: l'une, la
célèbre Thèbes, située dans la partie
supérieure du pays; l'autre dans la Basse
Égypte. Strabon dit de cette dernière
qu'elle est entourée de lacs; c'est d'elle
aussi que quelques auteurs, et notamment
Champollion (l'Égypte II, 131), ont cru
qu'il était question Nahum 3:8, parce qu'il
est dit d'elle qu'elle est située entre les
fleuves, et qu'elle a la mer pour rempart.
Cependant cette détermination peut
s'appliquer à l'une comme à l'autre de ces
villes, comme à presque toutes celles de
l'Égypte, à cause des canaux nombreux qui,
coupant le sol dans toutes les directions,
isolaient, pour ainsi dire, chaque ville, et
lui donnaient des eaux pour murailles.
D'ailleurs, le sort de cette ville est cité
à Ninive comme exemple; Ninive et No sont
comparées l'une à l'autre, et No doit, par
cela même, avoir été en mesure de supporter
la comparaison. On est donc assez
généralement d'accord, ou, pour mieux dire,
il est reconnu presque sans contestation,
qu'il s'agit, dans tous ces passages, de la
grande Thèbes des anciens. Dans Nahum, No
est accompagné du surnom de Amon ou Ammon
(mal traduit la nourricière), qui lui avait
été donné sans doute à cause du magnifique
temple de Jupiter Ammon qu'elle possédait,
et c'est peut-être aussi comme allusion à ce
culte que, dans Ézéchiel, elle est précédée
d'un mot d'une assonance à peu près
semblable, hamon, qui signifie
multitude, et qui pouvait rappeler
l'idolâtrie de ses habitants. Le passage de
Jérémie doit être traduit: «Je vais punir
Ammon, dieu de No», et non comme le portent
nos versions. Amon était la personnification
du soleil quand il se trouve dans le signe
du bélier, et Amoun, dans la langue
de l'ancienne Égypte, désignait celui qui
produit, celui qui fait sortir la lumière
des ténèbres. No signifie la possession ou
la propriété, la portion, la résidence. No
Amon était ainsi la possession d'Amon, la
ville du dieu des sables, de Jupiter, dont
le symbole était le bélier.
— Thèbes était l'une des plus anciennes, et
peut-être la plus ancienne des villes de
l'Égypte. Fameuse dans la plus haute
antiquité, elle avait reçu le nom de ville
aux cent portes; son circuit était de 9
lieues. Elle était la résidence des anciens
rois d'Égypte, avant qu'ils eussent
transporté leur cour à Memphis. Elle
couvrait les deux rives du Nil; ses maisons
avaient de quatre à six étages; elle était
ornée de temples nombreux, parmi lesquels on
remarquait surtout celui de Jupiter, dont on
admire encore les ruines colossales. On a
dit que son étonnante population et ses
richesses la mettaient en état de faire
sortir ensemble 200 chariots et 10,000
combattants par chacune de ses cent portes.
Les tombeaux des rois étaient magnifiques,
et se ressentaient souvent de la culture
scientifique et des connaissances
astronomiques d'une caste sacerdotale
éclairée. Lorsque Cambyse, à son retour
d'Éthiopie, pilla la ville de Thèbes, il
enleva le fameux cercle d'or qui entourait
le tombeau du roi Osymandias; ce cercle
avait 365 coudées de circuit, et
représentait tous les mouvements des
différentes constellations. Thèbes commença
à déchoir lorsque les rois la quittèrent:
Cambyse lui porta un coup fatal et décisif,
et, du temps de Strabon, elle n'était plus
qu'un grand souvenir. Cornélius Gallus,
premier préfet d'Égypte, l'ayant entièrement
renversée, il se forma, sur son emplacement,
plusieurs villages habités, comme
aujourd'hui, par des pâtres. Les restes de
quelques édifices qui donnent encore une
idée de sa splendeur, sont répandus en
divers lieux, dont les plus connus sont Axor
et Luxor. L'obélisque admiré à Paris
appartient à cette grandeur dont les
prophètes ont annoncé la fin.
— On ne sait pas au juste à quelle
destruction de cette ville Nahum fait
allusion; la plupart des auteurs pensent que
c'est Salmanassar qui l'aurait détruite,
mais il n'est pas établi qu'il se soit
avancé jusqu'au cœur de l'Égypte:
Rosenmuller pense au général assyrien
Tartan, sous Sargon, et, dans cette
supposition qui n'a rien d'invraisemblable,
l'allusion de Nahum se rattacherait à la
prédiction d'Ésaïe 20, contre l'Égypte et
l'Éthiopie.
NOB,
ville de la tribu de Benjamin, située sur une colline rocailleuse du haut de laquelle on embrasse d'un coup d'œil toute la contrée de Jérusalem, Ésaïe 10:32. Le sanctuaire s'y trouvait du temps de Saül, ainsi que le souverain sacrificateur Abimélec, 1 Samuel 21:1; 22:9. Flavius Josèphe l'appelle Noba.
NOBAH.
-
Homme.
-
ville, Nombres 32:42.
— Voir: Kénath.
NOCES,
— Voir: Mariage.
NOD,
Genèse 4:16, pays situé à l'orient d'Éden. C'est là que Caïn s'enfuit après son fratricide. D'après l'analogie de tous les anciens noms il faut combiner ce nom avec son étymologie; il signifie exil; Caïn s'enfuit dans la terre de l'exil. Mais en même temps, comme le texte hébreu ne porte point d'article, nous devons y voir un nom propre, et à cet égard on en est réduit à des conjectures. Michaélis, Bohlen et d'autres veulent trouver dans Nod le nom des Indes, mais c'est forcé; et si nous supposons que Moïse parle ici d'un pays encore connu de ses lecteurs, et qui pouvait avoir pour eux quelque signification, nous regarderons comme assez probable l'hypothèse de Buttmann que le nom de Nod désigne les vastes landes de la grande Tartarie.
(Le terme «pays» pour décrire Nod est insuffisant et porte à des fausses notions. Nod était un monde, une civilisation hautement sophistiqué hors du commun avec son culte et sa société bien spécifique. Nous avons l'indication que Cain et sa descendance instituèrent un culte opposé à celui de son frère Abel. Toutes les indications nous permettent de reconnaître que Caïn inaugura le culte d'adoration du Soleil, c'est à dire le culte de l'intelligence qui se nomme aussi "le Culte du Moi" ou "le Culte de l'enchantement de Soi", du mot Hébreu "Nachash" qui signifie "enchantement" et "raisonnement", et qui fut traduit par "serpent". Ce terme est relié dans l'Apocalypse à "Dragon", celui qui admire attentivement, l'Illuminé ou l'Initié, un Souverain. Ceci identifie Caïn comme le premier Souverain Pontife, c'est à dire "le premier Antichrist". Il est significatif que nous retrouvons chez les Hindous une pratique de ce culte qui se nomme "le Kundalini" ou "l'ascension du serpent de feu vers le soleil intérieur de l'âme". Cette relation nous indique pourquoi les anciennes civilisations furent imprégnées de pratiques magiques de toutes sortes.
Par opposition au Culte à l'Éternel établit par Seth, Caïn fonda le Culte de l'Intelligence; confrontant la lumière de l'esprit de l'homme, à la Lumière de l'Esprit de Dieu. Caïn fut celui qui construisit la première Cité et la nomma Hénoc, d'après le nom de son fils (Gen. 4: 17). Il ne faut pas comprendre ici le mot "Cité" dans le sens moderne d'une ville. Dans le texte Hébreu, le mot employé est "Iyr" et vient de "Uwr" qui signifie "ouvrir les yeux", c'est à dire "un réveil qui contrôle", "une position élevée". Le théologien, Rousas John Rushdoony (Revolt Against Maturity), nous dit que ce mot porte une signification démoniaque de "vengeance" et de "terreur" qui provient d'un démon contrôleur. Tandis que le mot "Hénoc" signifie "initiation" et "consécration", et porte la notion de "sacré". Nous trouvons ici tous les éléments d'une religion organisée qui domina la nouvelle civilisation des Cainites par la force et la terreur. Elle est consacrée à Caïn qui en est le GRAND-INITIÉ, le dieu Soleil, et le Souverain Pontife; et son administration est entre les mains d'Illuminés qui possédaient une science prodigieuse encore inconnue de nos jours.
L'homme cherchait ainsi un nouveau commencement, mais Caïn cherchait un nouveau début sans Dieu et contre Dieu. Cette Cité, imitation de la Cité de Dieu en Éden, fut construite en réalité comme un défi à Dieu, un acte d'agression contre Dieu, et un nouveau début désigné uniquement pour usurper le début de Dieu en Éden... En créant cette nouvelle Cité comme un nouvel Éden, et en ferment les portes à Dieu, Caïn s'établit comme le nouveau Créateur à la place de Dieu. Ainsi le monde était pour avoir un nouveau début en Caïn, sous la condition de fermer les portes à Dieu".
La Cité de Cain fut "un royaume", "un empire" qui incorporait tout notre système planétaire, sauf la Terre; car tout ce qui fut en rapport avec le soleil était sous sa domination. La location centrale de sa puissance demeure toutefois énigmatique. Caïn construisit le centre de cette nouvelle civilisation dans le pays de "Nod"; comme nous avons déjà vue. Nous savons aussi que le mot "Nod" signifie "errer" et "exiler", et qu'il correspond en Grec au mot "Plané" d'où nous avons le mot "planète", un astre errant. Nous avons ainsi l'indication que "le pays de Nod" fut une planète dans notre système solaire où Caïn et sa descendance habitèrent après qu'ils furent bannis de notre Terre (Gen. 4:11,14,16). Les découvertes récentes des Sondes Spatiales de la N.A.S.A. nous permettent d'identifier la planète de NOD comme étant la planète perdue du nom de Astra ou Phaéton dont Mars, qui en fut une satellite, servait de base à Caïn.
L'ancien texte gnostique "Sur les Origines du Monde" nous donne une indication où se trouvait ce nouvel Éden de Caïn: "Alors la Justice créa le Paradis à l'extérieur de l'orbite de la Lune et de l'orbite du soleil dans le Monde Perfide situé dans l'Est au milieu des pierres". Les "pierres" mentionnées dans ce texte correspondent à la Ceinture d'Astéroïdes situé entre Mars et Jupiter qui, d'après le scientiste Ralph Stair, firent partie d'une ancienne planète qui explosa en milliers de fragments, et donna naissance aux météorites qui pénètrent de temps en temps notre atmosphère comme des étoiles filantes. Cette planète fut l'habitation principale et le centre de la puissance des anciens Nephilims (les disgraciés) qui tomba sous la domination de l'autorité temporelle de Caïn.)
NODAB,
1 Chroniques 5:19,
— Voir: Jétur.
NOÉ,
fils de Lémec, Genèse 5:29,
homme juste et intègre parmi ses
contemporains, marchant avec Dieu, 6:9, fut
au milieu de la condamnation générale du
monde de son temps, l'objet de la grâce
divine. Il fut épargné, lui et sa famille,
lorsque Dieu envoya les eaux du déluge pour
couvrir la terre: seul juste il fut seul
sauvé. Sa justice était un témoignage vivant
au milieu des hommes, son salut dut l'être
de même. Il construisit l'arche, et Dieu la
peupla des animaux qui devaient être
conservés pour la terre future, 6:14; 7:8.
Quand les eaux se furent retirées, que
l'arche se fut arrêtée sur l'Ararat et que
la terre amollie par le long séjour des eaux
eut repris sa fermeté, 8:4; sq., Noé sortit
avec les siens, bâtit un autel, offrit des
holocaustes, et reçut avec l'arc-en-ciel
l'assurance qu'un pareil événement ne se
reproduirait plus sur la terre avec les
mêmes circonstances, 8:18; sq. Dieu
renouvela avec ce nouveau chef de la
création l'alliance qu'il avait faite avec
Adam, il lui remit les clefs du monde, et
lui annonça que dès ce moment la viande des
animaux qui lui était auparavant interdite,
lui était accordée pour son usage. Noé
s'adonna aux travaux de la terre, planta la
vigne, apprit à connaître par une triste
expérience les effets dégradants du jus de
ce fruit, maudit Cam, et mourut à l'âge de
neuf cent cinquante ans, après en avoir
passé six cents dans l'ancien monde, un dans
l'attente, et trois cent quarante-neuf sur
la terre renouvelée, 9:1-29.
La plupart des observations que nous aurions
à présenter sur son histoire ont été faites
à l'article Déluge, q.v., car ce mot
aussi résume sa vie, son caractère et son
activité. Disons cependant encore quelques
mots sur sa personne.
-
Son nom lui fut donné, parce que, dit son père, «celui-ci nous soulagera de notre œuvre et du travail de nos mains sur la terre que l'Éternel a maudite.» Lémec exprime ici une espérance qui se rapporte aux promesses faites par Dieu après la chute de l'homme. C'est une des premières traces de l'espérance messianique. Lémec voyait que le péché était arrivé à son comble, et que le jugement ne pouvait guère se faire attendre: il prévoyait que son fils serait un instrument remarquable dans la main de Dieu, et il paraît que lui aussi, comme tant d'autres, a rapproché dans la perspective prophétique des faits qui sont séparés par des siècles, le jugement prochain et le dernier jugement. 5:29.
-
On a remarqué l'emploi alternatif du nom de Dieu, et de celui d'Éternel, et l'on a cru pouvoir en conclure que l'histoire de Noé était un composé de deux documents distincts, dont l'un, (celui d'Éternel), serait exclusivement israélitique; on ajoute que c'est dans celui-là seulement que se trouve la distinction établie plus tard par le mosaïsme, des bêtes nettes et des bêtes impures. Nous renvoyons à ce que nous avons dit sur ce sujet à l'article Genèse. Quant à la distinction des animaux nous croyons avec plusieurs auteurs, qu'elle n'est point ici légale, mais naturelle, et que Noé a pris sept paires des animaux qui sont utiles à l'homme, tels que le bœuf, la brebis, le chameau, tandis qu'il n'en a pris qu'une des animaux sauvages ou féroces, le tigre, le lion, le serpent, etc. On comprend qu'avec le droit nouveau donné à l'homme de se nourrir de chair, il était nécessaire qu'il eût à sa disposition des animaux purs en nombre suffisant, car leur propagation eût été trop lente pour les besoins du nouveau monde. Et quant aux carnivores, il suffisait qu'ils pussent se reproduire, et le genre même de leur nourriture exigeait qu'ils ne fussent pas trop nombreux dès l'abord.
-
Le déluge a commencé l'an 600 de la vie de Noé, au dix-septième jour du deuxième mois; les eaux s'accrurent pendant quarante jours; après ce temps elles commencèrent à se retirer et l'arche s'arrêta sur la crête de l'Ararat; le déluge avait duré jusque-là cinq mois ou cent-cinquante jours; ce fut le dix-septième jour du septième mois. En l'an 601 de la vie de Noé, le premier jour du premier mois les eaux avaient disparu, mais ce ne fut que le vingt-septième jour du deuxième mois que Noé sortit de l'arche. Les meilleurs chronologistes sont de l'avis qu'il faut commencer par l'équinoxe d'automne l'année dont il est question dans notre texte; l'an 600 de la vie de Noé aurait ainsi commencé vers l'équinoxe d'automne, l'an 1656 du monde.
-
L'histoire de Noé s'est conservée dans les traditions de tous les pays et même chez les sauvages des Antilles et de l'Amérique du nord. On a retrouvé quelques médailles frappées à Apamée en Phrygie, où l'on croyait que l'arche s'était arrêtée; elles portent sur une des faces l'effigie soit de l'empereur Philippe, soit de Septime Sévère Pertinax, et sur l'autre revers une arche flottante, un vaisseau carré long, dans lequel sont un homme et une femme; sur l'arche est un oiseau; un autre oiseau s'avance en volant, tenant entre ses pattes une branche d'olivier; sur l'arche on lit distinctement le nom de No ou Noé; près de là ce même couple apparaît debout sur la terre ferme, élevant la main droite vers les cieux. Le seul exposé des traditions du déluge chez les Mahométans, les lndous, les Chinois, etc, formerait un volume; qu'il suffise de répéter que partout ce fait est conservé, et qu'il est rare que ce soit avec des détails beaucoup différents de ceux que la parole de Dieu nous a transmis. Si l'on désire encore des faits et des exemples, on peut lire l'intéressant ouvrage de Grotius De Veritate Rel. Christ. I, et les rapports des missionnaires chez les peuples païens, Kranz au Groenland, Oldendorp aux Antilles, etc.
-
L'ivresse de Noé fut une faute évidemment involontaire, soit que le fruit de la vigne avant le déluge n'eût pas encore sa force enivrante, soit plutôt que la vigne n'eût pas encore été cultivée et que son usage fût alors inconnu. Il est probable qu'avec l'usage d'une nourriture plus solide et certainement moins saine que Dieu accorda à l'homme, le besoin d'une boisson plus forte se fit également sentir; l'un et l'autre de ces aliments auront contribué à l'exécution de la menace divine quant à la durée de la vie humaine; ils auront influé lentement sur les générations, et c'est lentement aussi, décroissant de génération en génération, que la vie des hommes s'est resserrée dans les limites que nous lui connaissons aujourd'hui et dont la moyenne tend encore à diminuer. Noé est mort à l'âge de 950 ans, Sem, à l'âge de 600 ans, Arpacsad, à l'âge de 438, Sélah, à celui de 433, Héber, à 464, Péleg, à 239, Réhu, à 239, Sérug, à 230, Nacor, à 148, Taré, à 205, Abraham, à 175, Isaac, à 180, Jacob, à 147. L'ivresse était un spectacle entièrement nouveau pour le monde, et il est à croire que l'irrévérence de Cam se rapportait à l'état de son père en général et non pas seulement à ce que son corps était découvert,
— Voir: Cam.
-
Si la grandeur de Noé est dans son sort, ce sort même a dû être le prix de sa grandeur. Il avait mérité d'être sauvé, il l'avait mérité par sa foi. Au milieu de la dépravation universelle, il était resté juste devant Dieu, Genèse 7:1. Son nom est rappelé avec éloge à côté de ceux de Job et de Daniel, Ézéchiel 14:14,20. Son époque, tranquille au milieu des vices, incrédule sous la menace du déluge, est donnée en exemple au monde nouveau, au monde chrétien, par celui qui doit revenir pour exercer ses jugements sur la terre, et le Sauveur avertit les hommes qu'on n'évitera pas la destruction par l'insouciance et l'incrédulité, Matthieu 24:37-38. Luc 17:26-27. L'apôtre loue la foi de Noé, Hébreux 11:7, et saint Pierre, en le nommant, l'appelle le prédicateur de la justice, 1 Pierre 3:20; 2 Pierre 2:5. Ésaïe a appelé les eaux du déluge, du nom de celui qui seul a échappé à cette catastrophe, les eaux de Noé, 54:9.
-
Considéré comme type, ce second chef de l'humanité annonce le Sauveur du monde:
-
par son nom, cf. Matthieu 11:29.;
-
comme héraut de la justice;
-
parce que l'arche dans laquelle il a sauvé sa famille, est une image de l'église dans laquelle Christ sauve ses élus, sa parenté spirituelle, sa chair et ses os, Hébreux 2:14; Éphésiens 5:30;
-
par le sacrifice qu'il offrit à Dieu et dans lequel celui-ci flaira une odeur d'apaisement, disant qu'il ne maudirait plus la terre, Genèse 8:21; cf. Éphésiens 5:2.
-
NOHADIA,
prophétesse inconnue qui avait cherché à épouvanter Néhémie, et à laquelle celui-ci avait résisté, Néhémie 6:14. Elle s'était sans doute laissé gagner par les ennemis du gouverneur, et la mention ne permet pas de décider si elle était une fausse prophétesse ou une prophétesse tombée dans l'infidélité et abandonnée de Dieu pour un temps.
NOM.
Chez les Orientaux et, en
particulier, chez les Hébreux, tous les noms
avaient, en règle générale, une
signification appellative plus ou moins
claire et simple, comme cela se voit encore
assez souvent chez les peuples modernes, et,
en français, dans des noms tels que
Dumoulin, Deschamps, Leroy, Hardy, Agricol,
Legendre, etc. C'étaient ordinairement les
mères qui donnaient le nom aux enfants, et
ce nom rappelait, soit les circonstances qui
avaient précédé ou accompagné leur
naissance, soit des préoccupations, des
craintes ou des désirs, des souvenirs ou des
vœux; ils faisaient ainsi connaître, tantôt
un détail de l'histoire de l'enfant, tantôt
les pressentiments de la mère; on peut voir
ce que dit l'Écriture au sujet des noms
d'Ève, de Caïn, d'Abel, de Noé, etc., Genèse
3:20; 4:1; 5:29; 29:32, etc. Tous les noms
hébreux commençant ou finissant par El,
Éli, Jo, Jéh, tels que Elkana,
Samuel, Éliakim, Josias, Jéhoachaz,
etc., ont une signification dont Dieu est le
sujet ou l'objet, cf. Genèse 29:35; 1 Samuel
1:20; 4:21; Ésaïe 7:14; Matthieu 1:23; de
même les noms araméens, assyriens ou
phéniciens, dans lesquels se rencontrent les
syllabes Bel, Bahal, Nébo et Nébu, ont trait
aux faux dieux de ces nations. En français,
nous avons les noms de Louis de Dieu, de
Dieudonné, d'Espérandieu, qui rappellent
l'antique usage des Hébreux; en allemand
aussi Gottlieb, Ehregott, etc. D'autres
noms, tels que Rachel, Thamar, Ketsiha,
donnés plus généralement à des femmes,
rappellent des idées aimables et gracieuses;
ce sont parfois des noms de fleurs ou de
jolis animaux, rose, biche, etc. Plus tard,
lorsqu'on eut suffisamment usé du droit
d'inventer, on se mit à donner aux enfants
des noms déjà existants, que l'on choisit
tantôt par goût, tantôt parmi ceux des
parents les plus rapprochés ou les plus
considérés. Le nom du père passait
ordinairement à son fils aîné, Tobie 1:10;
Luc 1:61; parfois aussi la préfixe bar,
qui signifie fils, s'ajoutait simplement au
nom d'un homme pour désigner son fils, ainsi
Barthélemi, Bartimée, Barjona, peut-être
Barrabas; les exemples de ce dernier mode
appartiennent surtout aux derniers temps de
la nation juive et à la domination romaine.
Les Juifs postérieurs abrégèrent souvent les
anciens noms: ainsi Jésuah pour Jéhosuah,
Lazare pour Éléazar; ils admirent des noms
araméens, tels que Marthe, Caïphe, Tabitha.
Sous les Séleucides, les Juifs prirent des
noms grecs, ou traduisirent en grec leurs
noms hébreux: Lysimaque, Antipatros,
Bérénice, Hérode, se trouvent, soit dans les
Maccabées, soit dans Flavius Josèphe;
Dosithée est la traduction de Sabdiel;
Nicolas, de Balaam; Ménélas, de Jonia;
d'autres noms hébreux, enfin, furent
grécisés dans leur forme, et Alkimos n'est
autre qu'Éliakim. Ce qui n'était peut-être
d'abord qu'une manie ou une obligation passa
bientôt dans les mœurs: on prit des noms
grecs par goût, on y joignit même des noms
latins, tels que Justus. Avec le temps, et
par suite de ce mélange des deux langues, il
se trouva des hommes qui portaient deux
noms: Jean Marc, Jésus Juste, Colossiens
4:11: si ces cas n'étaient pas très rares,
on les a cependant trop généralisés en
voulant y trouver la solution d'un grand
nombre de difficultés historiques ou
généalogiques des livres saints. Un homme
pouvait porter, à côté de son nom, celui de
son père avec l'affixe Bar, comme Joseph
Barrabas, ou bien tel nom ou surnom de
circonstance, Simon Céphas ou Pierre, Joses
Barnabas, Simon Cananite, Simon de Cyrène,
ou bien encore pour distinguer plusieurs
personnes de même nom, un nom du lieu
d'origine, Marie Magdeleine, Judas
Iscariote, etc. C'était, comme nous l'avons
dit, la mère ou, en général, les plus
proches parents qui donnaient le nom à
l'enfant, Genèse 29:32; 35:18; 1 Samuel
1:20; 4:21; cf. Odyss. 18, 6; des voisins
amis, espèces de parrains, y contribuaient
quelquefois comme chez nous, Ruth 4:17; Luc
1:39.
Il arrivait aussi que le nom d'une personne
était changé dans le cours de sa vie, par
suite d'une destination divine nouvelle,
d'une promesse, ou d'un changement de
dispositions, soit que le nouveau nom
remplaçât entièrement l'ancien, soit qu'il
en prît la place petit à petit, et que le
surnom finît par éclipser le nom véritable,
Abraham pour Abram, Israël pour Jacob, Josué
pour Osée, Pierre pour Simon, Barnabas pour
Joses, etc. Le nom des rois changeait
souvent à leur avènement, 2 Rois 23:34;
24:17, exemple que les princes-papes ont
imité: il en était de même de personnes
subalternes dans des moments importants de
leur vie, Nombres 13:17; cf. Jean 1:42;
Actes 4:36, comme les moines, à leur entrée
dans le cloître, prennent, pour ensevelir
leur passé, un nom nouveau, qui est censé en
faire des hommes nouveaux. Nathan donne à
son royal élève le nom de Jédidja, 2 Samuel
12:25. Éliakim fut nommé Jéhojakim par
Pharaon-Néco qui, par ce changement, voulut
rendre sensible la dépendance du roi de
Juda, 2 Rois 23:34.
— Le surnom de Boanergès, que Jésus donna à
Jean et à Jacques, Marc 3:17, ne paraît pas
leur être resté; il n'avait trait qu'à une
circonstance bientôt effacée, et ne portait
qu'un jugement momentané sur un caractère
parfois trop fougueux. Les exemples cités
Genèse 41:45. Daniel 1:7; 5:12, sont des
changements de noms nécessités non seulement
par un changement de carrière, mais encore
et surtout parce que ces hommes, Joseph et
Daniel, appelés à remplir de hautes
fonctions dans une cour étrangère, ne
pouvaient pas continuer d'y porter leurs
noms hébreux.
— Voir: encore l'article Paul, et
d'autres.
NOMBRES.
-
On ne sait pour ainsi dire rien de tout ce qui concerne les connaissances arithmétiques des Hébreux, mais il ressort des chiffres et des sommes considérables mentionnées en plusieurs endroits, et pour lesquels reddition et la soustraction n'eussent pas suffi, qu'ils devaient connaître au moins les quatre règles principales et les fractions. Ils se servaient, comme on le voit entre autres par les médailles samaritaines, de lettres au lieu de chiffres, de même que presque tous les anciens peuples jusqu'aux Grecs et aux Romains. Quelques auteurs (Des Vignoles, I, 29), ont cru cependant que les Hébreux avaient aussi des chiffres particuliers, mais dans tous les cas ces chiffres ne remonteraient pas au-delà de l'exil. La numération en lettres, et en lettres dont plusieurs ne différaient que par des caractères presque insensibles, pouvait amener dans la transcription beaucoup d'erreurs. On s'est attaché à ce point de vue pour faire ressortir l'apparente exagération qui se trouve dans plusieurs des chiffres cités dans l'Ancien Testament. Ainsi les chiffres de 600,000 hommes de pied, sans compter les petits enfants, de 603,550 hommes au-dessus de vingt ans, Exode 12:37; 38:26, qui porteraient à 2 ou 3 millions la population totale des Israélites au sortir d'Égypte, issue de 70 personnes après un laps de 430 années au plus, ont paru exagérés, soit quant au fait même de la reproduction, soit quant au terrain qu'ils occupaient en Égypte, soit quant à la difficulté que ce peuple aurait eue à se procurer des vivres dans le désert. Mais qu'on se rappelle l'étonnante fécondité du peuple juif, l'incertitude qui règne sur la plus ou moins grande durée du séjour d'Égypte, la longévité des patriarches, et l'absence de guerres ou d'autres sources de destruction extraordinaires, et l'on arrivera facilement par des calculs très simples à un chiffre de population plus élevé qu'on ne s'y attendait d'abord; ces impossibilités matérielles se résoudront comme se sont résolues celles qu'on avait essayé de faire sur la petitesse de l'arche de Noé*, desquelles on ne parle plus maintenant.
* (La coudée était la mesure utilisé, elle correspond à 16 pouces. Mais les historiens ont négligé que chez les Égyptiens il y avait aussi une coudée sacrée qui correspond à 22 pouces. Considérant que Moïse, qui écrivit le texte de la Genèse, fut élevé au milieu du peuple Égyptien et qu'il en possédait toute les sciences, la construction de l'arche de Noé prend toute une différente dimension, elle aurait été beaucoup plus énorme que les historiens le pensent généralement.)
— Plus tard, aux jours de David, nous voyons, 2 Samuel 24:9, qu'on pouvait trouver dans toute l'étendue du royaume 1,300,000 combattants; Abija en oppose 400,000 aux 800,000 de Jéroboam, 2 Chroniques 13:3; et l'armée du seul Josaphat, roi de Juda, se compose de 1,160,000 hommes, 2 Chroniques 17:14-18; chiffres énormes si l'on pense à la conscription française, ou aux services à court temps des États de l'Allemagne, mais qui ne sont plus aussi étonnants quand on se rappelle les milices des pays libres, tels que la Suisse et les États-Unis, et les levées en masse de l'antiquité et du moyen-âge,
— Voir: Armées.
Ces chiffres ne sont pas pour nous des articles de foi; nous admettons volontiers que, d'après la notation hébraïque, des erreurs de chiffres lussent assez faciles, et que les livres des Chroniques spécialement puissent en renfermer quelques-unes, mais il faut remarquer que tous les manuscrits sont d'accord sur les mêmes chiffres, et que la traduction des Septante les maintient également. D'ailleurs ces 12 ou 1,300,000 hommes supposent une population de 4,800,000 âmes, en admettant quatre personnes par famille, ou de 6 millions en calculant sur cinq personnes par familles, et ces nombres ne sont pas exagérés quand on les compare à la densité de population si prodigieuse qu'on rencontre dans les pays de l'Orient, et notamment dans quelques provinces de la Chine, il paraît même que plus tard, sous Titus, la Palestine était beaucoup plus peuplée encore que sous David, et l'historien Flavius Josèphe assure que la Galilée seule comptait deux cent quatre villes et bourgs, dont le moins considérable avait 15,000 habitants; ce serait donc plus de 3 millions d'âmes pour une seule des quatre provinces de la Palestine. On ne risque donc point de se tromper en admettant les données bibliques, et l'examen de la science vient encore une fois appuyer et non contredire le récit biblique sur des points en apparence bien secondaires.
On a remarqué dans l'Écriture la reproduction fréquente de certains nombres, destinés, soit à exprimer des sommes rondes, soit à rappeler certaines idées sacramentelles; ainsi les chiffres sept, soixante-dix, deux, quatre, dix, quarante, trois, douze, etc. Disons un mot de chacun.
Le chiffre sept, et son multiple soixante-dix, sont ceux qui se retrouvent le plus souvent: les nations païennes les regardaient comme des nombres sacrés, et si l'Écriture ne sanctionne pas ce qu'il y a de superstitieux dans le culte des chiffres, elle en a cependant consacré quelques-uns en leur rattachant des doctrines ou des lois. Le septième jour de la semaine, l'année sabbatique, la septième nouvelle lune, les sept semaines de moissons qui séparaient Pâques de Pentecôte, les sept jours de la Pâque, les sept agneaux qu'on sacrifiait à chaque jour de cette sainte semaine, en sont quelques exemples; on peut citer aussi la fête des tabernacles, qui durait sept jours et tombait sur le septième mois, de même que celle des expiations. Sept jours étaient la durée légale des purifications cérémonielles; la consécration des prêtres durait sept jours; dans les sacrifices pour de graves péchés, l'aspersion du sang se faisait par sept fois, etc. La doctrine postérieure des anges comptait sept archanges ou anges principaux. On peut voir ces différents articles. Rappelons encore parmi les exemples de l'Ancien Testament les sept nations cananéennes, les soixante-dix semaines de Daniel, les soixante-dix années de la captivité, les soixante-dix anciens d'Israël (les soixante-dix disciples de Jésus, la lettre aux sept Églises), etc, cf. Genèse 2:2; 7:2; 8:10,12; 29:27,30; 41:2-7; 46:27; Nombres 23:1; Josué 6:4,6,8,13,15; Juges 16:8,13,19; 1 Samuel 10:8; 11:3; 13:8; 1 Rois 8:65; 2 Rois 5:10,14; Ecclésiaste 11:2; puis dans le langage des prophètes, Ésaïe 4:1; Ézéchiel 39:12,14; 40:22,26; 43:25; 44:26; 45:21,23,25; Zacharie 3:9; 4:2,10; Daniel 4:16,23; 9:24; Michée 5:5, et dans le Nouveau Testament, Matthieu 15:34,36; Actes 6:3; 21:8; Apocalypse 1:4,12; 8:2,6; 10:3; 11:13; 12:3; 13:1; 15:1.6; 16:1; 17:1; 21:9. Les écrits de Philon montrent combien les Juifs philosophes de son temps attachaient une importance mystérieuse à ces chiffres; les pythagoriciens grecs y voyaient de même bien des choses, et rappelaient les sept couleurs, les sept notes principales en musique, et les sept planètes. On sait enfin le rôle que ce chiffre sept joue dans la nature et dans le développement de l'homme. Ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans des détails; avec l'observation et un peu de bonne volonté, on pourrait multiplier à l'infini des faits et des exemples analogues. On a abusé du droit d'imagination, mais à l'origine de toutes les recherches discrètes ou indiscrètes qu'on a faites sur ce nombre, se trouve évidemment l'œuvre de Dieu aux jours de la création; le septième jour a été un point d'arrêt, un nœud: il était impossible qu'un début pareil n'exerçât pas sur l'esprit de tous les hommes une grande influence. Sept a été considéré comme le chiffre de l'alliance, Dieu s'unissant avec l'homme; les Hébreux l'ont si bien compris que chez eux le même mot shéba (sieben), signifie également sept et alliance (— Voir: Béersébah, puits du serment), et l'on sait que les peuples de l'Orient ont l'habitude de faire intervenir le nombre de sept dans leurs contrats, et de jurer sur sept pierres. S'il y a là quelque chose de plus nous le saurons un jour, mais on aurait tort de ne répondre à la superstition que par l'incrédulité ou la raideur de l'esprit fort. Le livre de la nature ne nous est pas encore tout ouvert, et s'il renferme des mystères que nous reconnaissons sans les comprendre, il en renferme d'autres peut-être que nous pressentons sans les reconnaître.
Le chiffre deux, la dualité, marque habituellement l'opposition, et par conséquent une imperfection, un état anormal, Dieu et le diable, le jour et la nuit, une famille sans enfants: c'est aussi l'amitié, l'association, mais limitée, incapable de se reproduire ou de se continuer.
Trois exprime la plus simple des pluralités complètes; le plus petit groupe possédant son milieu et ses extrémités; c'est la forme fondamentale du développement; il est en quelque sorte naturel et se manifeste en psychologie dans les triples facultés physiques, morales et intellectuelles de l'homme; il se retrouve dans la notion du passé, du présent et de l'avenir; le chrétien le voit dans l'unité mystérieuse du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et dans les trois jours de la sépulture. On le retrouve dans la constante et significative reproduction de certaines formules: la foi, l'espérance et la charité; Abraham, Isaac et Jacob; Pierre, Jacques et Jean (aujourd'hui on dit Liberté, Égalité, Fraternité). Pour les Juifs, il se trouvait dans l'obligation de célébrer trois fois l'an une fête solennelle, et de se rendre trois fois à Jérusalem, Exode 23:14; Deutéronome 16:16; dans la triple bénédiction de l'Éternel qui rappelle l'invocation prononcée sur le baptême d'eau, Nombres 6:24; cf. Matthieu 28:19; dans la triple sainteté rappelée par les Chérubins, Ésaïe 6:3, et expliquée Jean 12:41. On peut voir encore Jérémie 7:4; 22:29; Jonas 2:1; Jean 2:19; 2 Corinthiens 12:8, et un grand nombre d'autres passages, soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament.
— Les trois heures de prière de Daniel et des Juifs postérieurs, Daniel 6:10, se rattachent à la division du jour en trois parties plus qu'à la signification du chiffre trois lui-même.
Quatre est le chiffre du monde; il se trouve dans les quatre points cardinaux et dans les quatre bras du fleuve d'Éden, de même que dans le tétragrammaton, les quatre lettres hébraïques du nom de Jéhovah le Créateur.
Dix est l'addition des chiffres sacramentels trois et sept; il représente la perfection.
Douze, trois par quatre, c'est le développement du monde, le monde travaillant à revenir à son état naturel de paix et d'ordre, Dieu travaillant dans le monde déchu pour le relever en le régénérant: les douze fils de Jacob, les douze tribus, les douze apôtres, les douze portes et les douze fondements de la nouvelle Jérusalem. Pressentiment ou science positive, l'année a toujours été divisée en quatre saisons de trois mois chacune, ou douze mois, après lesquels la nature se retrouve dans le même état qu'à son point de départ; ce sont les douze signes du zodiaque qui partagent le ciel.
Le chiffre quarante, qui se reproduit assez souvent dans l'Ancien Testament, ne se rattache à aucune loi ni institution; il est en quelque sorte accidentel, et sert peut-être quelquefois à désigner un nombre rond. Cependant, comme multiple de quatre (le monde) et de dix (la perfection, le tout parfait), on a cru qu'il était d'une manière spéciale l'emblème des actes ou choses qui travaillent à perfectionner le monde, qui servent à le parachever, bien ou mal, presque toujours l'épreuve dans son sens le plus large. Aux jours du déluge il plut pendant quarante jours et autant de nuits; Isaac était âgé de quarante ans quand il se maria; Ésaü de même; la vie de Moïse est partagée en trois époques de quarante années chacune; Moïse resta quarante jours sur le Sinaï, l'exploration de Canaan dura quarante jours, le voyage du désert quarante ans; Hothniel procura aux Israélites un repos de quarante ans, Débora de même; c'est d'un servage de quarante ans que Gédéon délivra son peuple; Élie marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'en Horeb; notre Sauveur passa quarante jours au désert de la tentation, il monta au ciel quarante jours après sa résurrection;
— Voir: encore Genèse 8:6; 32:15, Josué 14:7; Ézéchiel 29:11; Jonas 3:4; etc.
D'autres nombres reparaissent encore ci et là dans l'Ancien Testament avec une certaine régularité qui, toutefois, n'était absolument qu'une affaire d'habitude; ainsi huit précédé de sept désigne une quantité indéterminée, Michée 5:5; Ecclésiaste 11:2; (— Voir: sur tout ce sujet les ouvrages allemands de Bæhr, Symb. du culte mos. I, 155, et Schrœder sur la Genèse).
Le nombre de la bête, ou de son nom, Apocalypse 13:17-18, désigne le chiffre qui s'obtient en calculant la valeur des lettres qui composent ce nom: ici est la sagesse, dit l'apôtre, et malgré tous les essais faits jusqu'à ce jour, on n'a pas encore trouvé ce nom mystérieux; on y a vu tour à tour Néron, César, Mahomet, plusieurs papes, quelques rois de France, et même Luther, mais pour trouver ce dernier chiffre il faut écrire Loulther, ce qui change un peu. Nous n'insistons pas sur ce chiffre dont la recherche appartient à l'étude de la prophétie, et nous ne proposons, ni n'adoptons aucun nom: la bête ne s'est pas encore pleinement manifestée, et ses efforts pour abrutir l'humanité et lui ôter sa foi ne sont pas encore arrivés au point extrême où elle méritera de toute manière le nom que l'Écriture lui donne.
Un vieillard plus qu'octogénaire, et qui depuis longtemps s'occupe sérieusement de la parole de Dieu, nous a communiqué sur le chiffre de la bête. Apocalypse 13:18. (— Voir: Nombres, Rome), le résultat de ses recherches personnelles, et si nous leur donnons une place ici, c'est moins à cause de leur valeur réelle que parce qu'elles sont curieuses à enregistrer. Il pense trouver ce chiffre dans nos rois de France, qui, depuis Louis XI, ont porté le nom blasphématoire de rois très chrétiens. Il estime qu'il en doit être fini de ce nom comme nom de rois, et que la France contribuera puissamment à la chute du papisme, comme pour châtier et renverser celui qui, en dotant ses chefs de ce nom de blasphème, les a poussés à commettre tous les crimes, et à persécuter les saints de Dieu. Le nom de Louis, en latin Ludovicus, donne en effet, par la somme de ses lettres considérées comme chiffres, le total de 666.
L
V
D
O
V
I
C
V
S
50
5
500
..
5
1
100
5
..
___
666
Les huit rois, Apocalypse 17:10; sq., qui devaient donner leur puissance au papisme, sont: Louis XI, Louis XII, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Louis XVII, qui n'a pas régné, mais qui n'en est pas moins compté dans l'ordre de succession (c'est le septième, celui dont il est dit: il faut qu'il demeure peu), et enfin Louis XVIII.
— Nous empruntons à un travail de M. J.-B. Rossier sur l'Apocalypse (journal le Témoignage, publié par le pasteur Recordon de Vevey, nos de septembre 1848 et février 1849), l'étude suivante sur les nombres considérés dans leur sens symbolique. Il peut être intéressant de comparer ce travail avec celui que nous avons fait nous-même; on y trouvera quelques indications qui ne sont pas dans le nôtre, mais peut-être aussi remarquera-t-on un peu plus d'arbitraire dans la manière de fixer les rapports, et comme un parti pris de faire de chaque nombre un emblème.
Un est le signe de la Divinité, en tant que Dieu est seul. (Romains 3:29; Galates 3:20; Éphésiens 4:3-8; Hébreux 2:11)
Deux est, suivant quelques-uns, le signe naturel de l'opposition et du combat. «Considère les œuvres du Très-Haut. Deux, deux. Un contre l'un. Toutes choses sont par couples, un contre un.» (Sirach 33, 16; 42, 25) Dans la magie, le nombre deux était celui des êtres déchus de l'unité, du téméraire et du méchant. Mais dans l'Écriture il n'en est point ainsi, le mariage est une véritable communauté, et une parfaite réunion qui complète chacun des époux par l'autre.
Jésus envoya les douze deux à deux.
— Si deux d'entre vous s'accordent sur la terre.
— Deux tables de la loi.
— Deux témoins.
— Deux prophètes.
— Deux oliviers.
— Deux chandeliers.
— Deux ailes.
— Deux cornes.
— «Deux valent mieux qu'un.» (Ecclésiaste 4:9-12)
Trois est le vrai chiffre de la Divinité, le nombre de l'union opérée entre l'unité et la diversité. (Apocalypse 1:4,8; 1 Jean 5:7; cf. Ecclésiaste 4:12)
Quatre. Le nombre du monde entier en tant que créé. C'est plus particulièrement un nombre des choses qui concernent la terre, mais surtout celui de l'humanité réconciliée sur la terre.
— Quatre monarchies.
— Quatre vents de la terre.
— Quatre coins de la terre.
— Quatre anges. (Zacharie 2:6; Daniel 7:8; Apocalypse 7)
Ce nombre et le nombre trois offrent deux divisions du nombre sept, ordinairement assez distinctes dans l'Apocalypse.
Cinq est un nombre relativement petit. (Lévitique 26:8; cf. Josué 23:10; Ésaïe 30:47) Comme suivant le nombre quatre et précédent le nombre six, il tend à un accomplissement.
Six est un nombre qui, dans deux cas remarquables, complète le mal extérieur et intérieur avant que la purification ait lieu. (Lévitique 12:5; Apocalypse 13:18) Ce nombre est comme un signal qui annonce ce qui suit définitivement.
Sept. Ce nombre se rapporte, dans l'Ancien Testament, à des relations morales: sanctification, salut, paix, joie. Le septième mois avait trois fêtes; le sabbat était le septième jour; la septième année était l'année de relâche; le jubilé revenait au bout de sept fois sept ans; les aspersions par sept fois. Ce nombre se compose de trois et de quatre par addition, par superposition, et forme ainsi un tout indivisible, composé de deux chiffres, dont l'un est celui de la Divinité, l'autre celui de la création. Expression de l'alliance de Dieu avec son peuple. Nombre de la perfection, de la plénitude intérieure. Dieu et l'humanité réunis en un.
Sept indique, dans le Nouveau Testament, la plénitude, la perfection, l'harmonie.
Il y a, dans l'Apocalypse, sept épîtres à sept Églises, sept chandeliers, sept étoiles, sept anges, sept esprits, sept yeux, sept cornes, sept lampes, sept années, sept attributs dans la louange, sept tonnerres, sept sceaux, sept trompettes et sept coupes.
Chaque nombre sept, lorsqu'il est détaillé, se divise en trois et quatre, ou en quatre et trois; le point de division étant toujours indiqué d'une manière ou de l'autre, sans altérer l'ensemble.
Chaque nombre sept des sceaux et des trompettes offre ceci de remarquable, qu'il renferme en lui-même un nouveau développement de sept autre choses. Et c'est par les sept coupes «que s'accomplit la fureur de Dieu.» Cela donne vingt et une espèce de jugements, ou sept multiplié par trois. C'est la bénédiction, résultat de l'intervention de Dieu.
Satan emploie ce nombre dans ses contrefaçons. (12:3)
Il y a une très grande différence entre sept et douze. Sept se compose de trois plus quatre; c'est une addition, une fusion intime. Douze se compose de quatre multiplié par trois; c'est une multiplication, une bénédiction de l'inférieur par le supérieur.
Si l'on examine le nombre sept tracé par des lignes qui forment un triangle superposé à un carré, on verra que l'ensemble ne forme que six lignes, décrivant un édifice solide, dans lequel les nombres trois et quatre se confondent.Huit. Quatre plus quatre. La réunion du nombre extérieur et intérieur, du monde actuel et corporel; mais en action et en réaction. La circoncision se faisait le huitième jour. (Luc 2:21) Les fêtes prolongées étaient généralement de huit jours. Le huitième jour, lendemain du sabbat, est toujours celui de la résurrection. Le lépreux était réintégré le huitième jour. (Lévitique 14:23) C'est le premier jour de la nouvelle semaine. Millénium.
Neuf. Ce nombre me paraît n'être jamais employé symboliquement. Étant un multiple de trois, il signifierait la divinité bénie par elle-même, ou par quelque chose de supérieur, ce qui ne peut avoir lieu. (La neuvième heure était celle de la prière, Actes 3:1; 10:30)
Dix est le nombre de la plénitude manifestée dans le nombre extérieur, de même que sept est le nombre de la plénitude intérieure. (1 Chroniques 28:15; 2 Chroniques 4:7,20-21; 1 Rois 7:49; cf. 43)
— Nombre de la communauté extérieure universelle. En tant que nombre de l'accomplissement extérieur, Satan l'emploie aussi dans ses contrefaçons. (Apocalypse 12:3; 13:1; cf. 2:10).
Onze n'a pas d'emploi dans la prophétie. Comme formé de sept et de quatre, ce dernier chiffre, ajouté à celui de la perfection, donne un résultat incomplet, car ce n'est pas la bénédiction du nombre douze, ni la plénitude extérieure du nombre dix. Au point de vue moral, Matthieu 20:6, donne un sens précis et bien solennel à ce nombre, qui était aussi celui des apôtres après la fin de Judas. (Actes 1:26)
Douze. Quatre multiplié par trois. Nombre annonçant la plénitude terrestre. Bénédiction de l'humanité et du monde matériel. Il y a douze heures au jour (Jean 11:9) Douze tribus. Douze apôtres. La multiplication est une bénédiction du supérieur à l'inférieur, qui laisse subsister ces différences, mais qui n'offre pas la fusion intime de l'addition que j'ai signalée au nombre sept. Les nombres quatre, douze, et ses multiples vingt-quatre et cent quarante-quatre mille, expriment, pour les choses groupées sous ces chiffres, un caractère de bénédiction en rapport avec la rédemption du monde.
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Livre des Nombres, ainsi nommé parce que ses trois premiers chapitres contiennent les dénombrements des Hébreux, qui se firent après la consécration du tabernacle. Les Hébreux l'appellent Vayedabber (et il parla), d'après les mots par lesquels il commence, ou Bammidbar (dans le désert), parce qu'il renferme l'histoire des trente-neuf années que les Hébreux passèrent au désert après la promulgation de la loi, entre le désert de Sinaï et les plaines de Moab. Il y a peu de chose à dire sur sa composition: les incrédules ont naturellement cherché à le morceler, ils y ont vu tout ce qu'ils ont voulu, des intercalations, des mythes, des fables, des exagérations; le chrétien y voit l'ouvrage de Moïse et la vérité divine. Nous ne réfuterons pas des erreurs qui n'ont pas de champions chez nous, et pour ceux qui désireraient connaître ce qu'on a mis en avant et ce qu'on a répondu, nous renvoyons à Hævernick, Einl. in das alte Test. I. 481-521.
— On divise ce livre en trois parties principales.
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Ch. 1-11, préparatifs pour le départ, dénombrement, diverses lois et prescriptions.
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Ch. 11-21, voyage dans le désert, murmures et incrédulité du peuple, châtiments, exploration du pays, rébellion de Coré, mort de Marie, serpents brûlants, Hog et Sinon, arrivée dans les plaines de Moab sur les confins de Canaan.
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Ch. 22-36, dispositions du peuple, histoire de Balaam, recensement, récapitulation, ordonnances, guerre avec les Madianites, lois sur les héritages.
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NOPH,
Ésaïe 19:13,
— Voir: Memphis:
ville royale d'Égypte, avec des temples de
faux dieux; elle comptait des Juifs parmi
ses habitants, Jérémie 2:16; 44:1; 46:14;
Ézéchiel 30:13,16.
NOPHAH,
ville moabite située au-delà du Jourdain, Nombres 21:30.
NOURRITURE.
On peut voir aux différents articles quels étaient les aliments dont, parmi les Hébreux, les riches et les pauvres se servaient le plus habituellement. La loi avait jusqu'à un certain point réglé sous ce rapport leur mode de vivre, et leur avait interdit absolument l'usage des viandes suivantes, soit pour des raisons hygiéniques, soit par des motifs de gouvernement intérieur, pour attacher les Hébreux à l'agriculture, ou pour élever entre eux et les peuples païens une barrière infranchissable.
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Toute bête morte de mort naturelle, ou trouvée dans les champs déchirée par quelque animal sauvage. Celui qui en avait mangé devait se baigner et laver ses habits, et il était regardé jusqu'au soir comme entaché de souillure légale, Exode 22:31; Lévitique 17:15; Deutéronome 14:21; cf. Ézéchiel 4:14. Le Nouveau Testament appelle ces viandes du nom général de bêtes étouffées, c'est-à-dire dont la vie ne s'en est pas allée régulièrement avec le sang, mais a été en quelque sorte comme comprimée et étouffée intérieurement, Actes 15:20,29; 21:25. Le Coran rappelle des préceptes analogues, et le motif en est dans le dégoût naturel que chacun éprouve pour un cadavre: Moïse le rattache à la sainteté devant Dieu et à l'isolement dans lequel son peuple doit vivre du monde et de ses souillures.
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Le sang et toute chair sanglante (le poisson peut-être excepté), Lévitique 3:17; 7:26; 17:10-14; 19:26; Deutéronome 12:16,23; cf. 1 Samuel 14:32; Ézéchiel 33:25; Actes 15:20. L'usage en était interdit sous peine de mort, Lévitique 7:27; 17:10; cf. Judith 11:11. Cette défense reposait, soit sur l'idée que l'âme de la bête est dans son sang, soit aussi sur le fait que le sang des animaux appartenait à l'Éternel, comme expiation des péchés, Deutéronome 12:23; Lévitique 17:11; peut-être aussi était-ce une interdiction destinée à faire ressortir la coutume criminelle des Phéniciens et d'autres peuples païens qui dans leurs sacrifices mangeaient du sang, ou le mêlaient avec du vin pour le boire, cf. Psaumes 16:4. Un principe d'humanité s'y rattachait également, et les Hébreux devaient puiser dans l'horreur du sang l'horreur de la cruauté envers les animaux.
— Le Coran contient une défense semblable.
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Certains morceaux de la graisse du bœuf, de la chèvre et de la brebis, notamment la queue, ordinairement très fournie de graisse, de ce dernier animal. Ces morceaux comme plus succulents revenaient de droit au service de l'autel, Lévitique 7:25; cf. 3:14;
— Voir: Offrandes.
Au point de vue de la santé publique, cette défense était un bienfait, car dans ces climats brûlants où les maladies de la peau sont si communes, si invétérées, et parfois si dangereuses, il importait d'empêcher autant que possible l'usage des graisses parmi le peuple: la culture assidue des olives, dont l'huile était le seul assaisonnement des viandes, était indirectement encouragée par ce moyen, et les Hébreux, en recherchant les graisses végétales qui leur étaient seules permises, se tournaient avec courage vers les travaux des champs.
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Le chevreau cuit ou rôti dans le lait ou la graisse de sa mère, Exode 23:19; 34:26; Deutéronome 14:21. Le motif de cette défense n'est pas très clair. Michaélis pense qu'il s'agit d'une brebis-mère en général, et plus généralement encore, d'un animal quelconque, de manière que la défense de Moïse reviendrait à une interdiction absolue de tout assaisonnement animal des viandes; ce serait alors, soit au point de vue sanitaire, soit sous le rapport agricole, une mesure du genre de la précédente. D'autres y ont vu une accommodation à un préjugé existant alors et maintenant inconnu; d'autres, un principe d'humanité envers les animaux domestiques, et en quelque sorte un symbole de l'amour maternel qui ne saurait se prêter à servir aux funérailles sanglantes de son fruit;
— Voir: Chèvres.
Je ne sais si peut-être cette loi, qui gênait certainement les ventes et les achats en mettant les acheteurs dans la crainte continuelle d'une transgression involontaire, ou dans la laborieuse obligation d'examiner et la naissance d'un chevreau, et l'origine du lait acheté, ne devait pas avoir aussi pour résultat, sinon pour but, de favoriser la consommation intérieure, d'entraver le commerce et d'empêcher ainsi d'une part une trop grande augmentation de richesses, de l'autre la pauvreté provenant de l'aliénation des biens: en attendant mieux, je soumets cette explication à ceux qui voudront bien l'examiner; elle me paraît se recommander autant que les précédentes, et pouvoir se combiner avec elles dans le système alimentaire de l'économie hébraïque.
-
Les viandes sacrifiées aux idoles, Exode 34:15, défense maintenue comme les deux premières par la loi nouvelle, Actes 15:29; 21:25. Dans les villes païennes ces viandes étaient, après avoir été présentées, vendues sur la place du marché, et l'apôtre donne des directions sur la conduite à tenir dans ce cas, 1 Corinthiens 10:25; sq. Les Juifs postérieurs appliquèrent même cette défense au vin, au pain, et aux gâteaux fournis par les païens, attendu que ces aliments pouvaient avoir servi dans un sacrifice: quelques auteurs ont voulu, non sans raison, entendre dans ce sens les répugnances et les refus de Daniel et de ses trois amis, Daniel 1:8; sq., de Tobie 2:15, et de Judith 12:2.
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La cuisse des animaux purs à l'endroit du muscle où la hanche de Jacob fut démise, Genèse 32:25.
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La viande de tous les animaux déclarés impurs, Lévitique 11:1-31; Deutéronome 14:1-19 (leur lait n'était pas compris dans cette défense). Ces animaux étaient:
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les quadrupèdes qui ruminent, sans avoir l'ongle entièrement divisé, dessus et dessous, comme les lièvres, le porc, le chameau;
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tous les serpents et reptiles;
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les amphibies et animaux qui vivent dans l'eau sans écailles et nageoires;
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tous les insectes, sauf ceux qui ont comme les sauterelles quatre pieds pour marcher, et deux pour sauter;
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Une vingtaine d'espèces d'oiseaux énumérées dans les passages indiqués, mais dont les noms ne peuvent pas tous être traduits d'une manière sûre: celles que l'on connaît avec certitude sont l'aigle, le vautour, l'autruche, les chouettes et le pélican; on peut voir sur ces oiseaux leurs différents articles. Comme il n'y a ici qu'énumération, sans que les caractères d'impureté soient indiqués, les Juifs regardent comme purs tous ceux qui ne sont pas expressément défendus; il paraît cependant par la nature de ceux de ces oiseaux que nous connaissons, ou que nous croyons connaître, qu'une nourriture animale était le trait distinctif qui constituait un oiseau impur. Les rabbins ont cherché à définir ces caractères, et ils en indiquent quatre, Mishna Chollin 3, 6.
Comme fondement et source de toutes ces prescriptions, se trouvait avant tout le principe théocratique, Lévitique 20:24; mais il s'y mêlait, ainsi que nous l'avons vu, un grand nombre d'idées secondaires, hygiéniques, économiques, politiques et autres: c'est leur réunion qui peut le mieux expliquer le nombre et la nature de ces défenses, quoique tel de ces points de vue soit peut-être plus évident dans un cas, et tel autre dans un autre cas. Les Juifs observèrent toujours minutieusement la distinction des animaux en purs et impurs, et ce ne fut que dans des cas de famine, 2 Rois 6:25, que la nécessité les contraignit à manger des viandes souillées: les persécutions dont ils furent l'objet plus tard, les trouvèrent inébranlables, et ils se laissèrent mettre à mort plutôt que de consentir à manger du pourceau, 1 Maccabées 1:65; 2 Maccabées 6:18; 7:1. Plusieurs rabbins mêmes, sages au-delà de ce qui est écrit, regardèrent comme un péché de posséder des animaux impurs, tels que des chiens, tandis que la loi n'en interdisait que la viande. La loi n'avait pas prononcé de peine contre l'usage illicite d'une viande souillée, les rabbins établirent la flagellation, alors même qu'on n'en aurait mangé que la grosseur d'une olive ou d'une lentille.
Plusieurs peuples de l'antiquité ont connu une distinction des animaux, et avaient admis, mais pour d'autres motifs, l'interdiction de certaines viandes; ainsi les Égyptiens, qui avaient leurs animaux sacrés, bœufs, chats, etc., qu'ils adoraient, ne permettaient pas qu'on s'en nourrît, et c'est peut-être à une raison de ce genre qu'il faut attribuer l'habitude qu'ils avaient de ne point manger avec des étrangers, Genèse 43:32. L'école pythagoricienne avait quelques principes analogues; d'autres castes s'interdisaient l'usage du poisson, par des raisons hygiéniques et presque morales; les Indous, et leur philosophe Menou, avaient une foule de préceptes qui rappellent ceux des Hébreux à l'égard des viandes; Mahomet enfin en a reproduit un certain nombre dans son Coran, et les prêtres du catholicisme, fidèles à leur moyen âge, ont emprunté au judaïsme aboli, et au paganisme qu'ils condamnent, des interdictions de viande, déjà annoncées par saint Paul, qui appelle en conséquence ces docteurs «des révoltés de la foi, adonnés aux doctrines des démons», 1 Timothée 4:1-3.
NOYER,
Cantique 6:11, arbre bien connu, de la famille des térébinthacées, originaire de la Perse, mais parfaitement accoutumé à nos climats, où il atteint sans peine une hauteur de 40 à 60 pieds. Il fleurit au printemps et donne ses fruits en septembre. Ses feuilles sont divisées en folioles ovées, grandes, unies. Le fruit est composé d'une enveloppe extérieure et charnue, nommée brou; d'une coque remplie d'anfractuosités et plus ou moins dure, nommée coquille; et enfin d'une amande de forme irrégulière que l'on mange, ou dont on extrait une huile fort estimée. La Palestine en possède encore, et ils croissaient autrefois sans culture sur les bords du lac de Génésareth. Le jardin des noyers dont il est parlé dans le Cantique est nécessairement un grand verger, car il y a peu d'arbres plus nuisibles aux jardins proprement dits que le noyer, par l'étendue du terrain qu'il masque, et par la longueur de ses racines presque horizontales.
NUÉE,
— Voir: Colonne.
— Dans l'Écriture, le mot nuée désigne
quelquefois le brouillard du matin, Ésaïe
18:4. On le retrouve ailleurs et avec
plusieurs significations réelles ou
symboliques. Osée, 6:4, compare à une nuée
la piété d'un moment du peuple de Dieu, et
l'on connaît le magnifique sermon de Saurin
sur ce texte: Les dévotions passagères. Les
nuées sont comme des outres qui retiennent
la pluie au-dessus de la terre, et qui la
laissent échapper comme par une grille
d'arrosoir dès que Dieu le commande, Job
26:8; 38:9; 2 Samuel 22:12; Ésaïe 45:8.
C'est enfin sur les nuées que le Seigneur de
gloire apparaîtra, et que les chrétiens
seront enlevés à sa rencontre, Matthieu
24:30; Luc 21:27; Apocalypse 14:14-16; 1
Thessaloniciens 4:17.
— La nuée dont le temple de Salomon fut
rempli lors de sa dédicace, 1 Rois 8:10; 2
Chroniques 5:13, fut peut-être une
manifestation semblable à celle dont les
Israélites avaient été les témoins, et
l'arche le théâtre, pendant les quarante
années du désert, un symbole visible de la
présence de Dieu; de même encore, Exode
40:34; Ésaïe 6:4; Ézéchiel 10:4. Saint Jean
dit pareillement dans l'Apocalypse, 15:8.
«Et le temple fut rempli de la fumée qui
procédait de la majesté de Dieu et de sa
puissance.» Une nuée est comme l'enveloppe
extérieure de celui qui ne se montre point à
des yeux d'homme, et qui veut se manifester
dans sa gloire et non dans son humanité. Les
païens ont pressenti, ou emprunté au
judaïsme, ce symbole, et leurs divinités
vont jusqu'à prêter aux hommes qu'elles
protègent la nuée qui doit les soustraire à
la vue des mortels, Virgile Æneid, liv. I.
NUIT.
Chez les anciens Hébreux, elle
précédait le jour, et c'est ainsi que
s'explique l'expression ordinaire des jours
de la création: «Ainsi fut le soir, ainsi
fut le matin.» Elle se divisait, comme le
jour, soit en douze heures, soit en trois ou
quatre parties,
— Voir: Veilles.
La nuit, dans un sens figuré, signifie des
jours de tribulation, d'adversité, Psaumes
17:3; Ésaïe 21:12; cf. Jean 9:4; 1
Thessaloniciens 5:2. Les enfants de la nuit
sont, dans le sens moral, les méchants qui
ont besoin des ténèbres pour faire le mal, 1
Thessaloniciens 5:5. Enfin, se lever la nuit
signifie s'occuper d'une chose avec
empressement et sans retard. Dieu même
emploie cette expression pour marquer le
zèle qu'il a témoigné pour le bien des
hommes, les soins qu'il apporte à l'œuvre de
leur salut, Jérémie 25:3; 26:5; 29:19; 44:4.
NYMPHAS.
Saluez les frères qui sont à Laodicée, et Nymphes avec l'Assemblée qui est en sa maison, dit saint Paul, Colossiens 4:15. Il résulte de ce passage, ou bien que dans Laodice même, Nymphas avait, on ne sait pour quelle raison, une réunion particulière à côté des assemblées publiques, ou bien, comme le soupçonne Grotius, qu'il demeurait à la campagne, non loin de Laodice, et que sa maison était le lieu ou se rassemblaient les chrétiens des environs. Ces deux opinions se recommandent également, et la première ne peut pas être repoussée, car on sait qu'Aquila et Priscille avaient également des réunions privées à côté du culte public. Romains 16:5; 1 Corinthiens 16:19. Une troisième explication entendait «l'Église qui est en sa maison» du culte domestique de Nymphas; mais une famille ne s'assemble pas, elle est toujours réunie.