Le livre de Ruth
Argument
Ce livre contient l'histoire de Ruth qui était une femme moabite,
laquelle, étant veuve, vint au pays d'Israël et épousa en seconde
noces Booz, parent de son premier mari. Cette histoire a été rédigée
par écrit parce qu'elle sert à établir la généalogie du roi David
qui fut arrière petit-fils de Booz et par ce moyen celle de notre
Seigneur Jésus-Christ. On ne sait pas avec certitude en quel temps
ce qui est arrivé dans ce livre arriva.
Chapitre I
Un homme nommé Élimélec quitte le pays d Israël à cause de la famine
et s en va au pays de Moab avec Naomi sa femme et ses deux fils. Il
y meurt. Ses deux fils y épousent deux femmes moabites et meurent
aussi au bout de quelque temps, versets 1-15.
Après leur mort, Nahomi leur mère ayant appris que la famine avait
cessé retourna au pays d'Israël avec une de ses belles-filles nommée
Ruth qui ne voulut pas la quitter, versets 16-22.
l arriva au temps que les juges jugeaient qu'il y eut
une famine au pays. Et un homme de Bethléhem de Juda s'en alla, lui
et sa femme et ses deux fils, au pays de Moab afin d'y habiter.
2. Et le nom de cet homme-là était Élimélec et le nom de sa femme
Nahomi et les noms de ses deux fils Mahlon et Kilion. Ils étaient
Éphratiens, de Beth-léhem de Juda et ils vinrent au pays de Moab et
ils y demeurèrent.
3. Or Élimélec mari de Nahomi mourut et elle demeura avec ses deux
fils
4. Qui épousèrent des femmes moabites dont l'une s'appelait Horpa et
l'autre Ruth et ils demeurèrent là environ dix ans.
5. Ces deux fils aussi moururent, savoir Mahlon et Kiljon. Ainsi
cette femme-là demeura seule après ses deux fils et son mari.
6. Et elle se leva avec ses belles-filles pour s'en retourner au
pays de Moab, car elle apprit au pays de Moab que l'Éternel avait
visité son peuple en leur donnant du pain.
7. Elle sortit donc du lieu où elle avait demeuré et ses deux
belles-filles avec elle et elles se mirent en chemin pour retourner
au pays de Juda.
8. Et Nahomi dit à ses deux belles-filles : Allez, retournez chacune
en la maison de sa mère. L'Éternel vous fasse miséricorde comme vous
avez fait à ceux qui sont morts et à moi.
9. L'Éternel vous fasse trouver du repos à chacune dans la maison de
son mari et elle les baisa. Mais elles élevèrent leur voix et
pleurèrent.
10. Et elles dirent : Mais plutôt nous retournerons avec toi vers
ton peuple.
11. Et Nahomi répondit : Retournez-vous-en, mes filles, pourquoi
viendriez-vous avec moi ? Ai-je encore des fils dans mon ventre afin
que vous les ayez pour maris?
12. Retournez-vous-en, mes filles, allez-vous-en, car je suis trop
âgée pour être remariée. Et quand
je dirais que j'en aurais quelque espérance, même que dès cette nuit
je serais avec un mari et même que j'aurais enfanté des fils,
13. Les attendriez-vous jusqu'à ce qu'ils devinssent grands ?
Différeriez-vous pour eux d'être remariées ? Non mes filles, car je
suis en plus grande amertume que vous parce que la main de l'Éternel
s'est appesantie sur moi.
14. Alors elles élevèrent leur voix et elles pleurèrent encore. Et
Horpa prit congé de sa belle-mère, mais Ruth demeura avec elle.
15. Alors Nahomi dit : Voici ta belle-sœur s'en est retournée vers
son peuple et vers ses dieux, retourne-t-en après ta belle-sœur.
16. Mais Ruth répondit : Ne me prie point de te laisser pour
m'éloigner de toi, car j'irai où tu iras et je demeurerai où tu
demeureras. Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu.
17. Je mourrai où tu mourra et j'y serai ensevelie. Que l'Éternel me
traite avec la dernière rigueur si jamais rien te sépare de moi que
la mort.
18. Nahomi voyant donc qu'elle était dans la résolution d'aller avec
elle cessa de lui en parler.
19. Et elles marchèrent toutes deux jusqu'à ce qu'elles arrivèrent à
Bethléhem. Et comme elles furent entrées dans Bethléhem, toute la
ville fut émue à cause d'elle et les femmes dirent : N'est-ce pas
ici Nahomi ?
20. Et elle leur répondit : Ne m'appelez point Na-homi 1,
appelez-moi Mara 2. Car le Tout-Puissant m'a remplie d'amertume.
21. Je m'en allai comblée de biens et l'Éternel me ramène vide.
Pourquoi m'appelleriez-vous Nahomi, puisque l'Éternel m'a abattue et
que le Tout-Puissant m'a affligée?
22. C'est ainsi que Nahomi s'en retourna avec Ruth la Moabite sa
belle-fille qui était venue du pays de Moab et elles entrèrent dans
Bethléhem au commencement de la moisson des orges.
Réflexions
Ce qui mérite principalement notre attention dans ce chapitre, c'est
la vertu et la piété de Nahomi. Ayant perdu son mari et ses deux
fils dans un pays étranger, elle conserva une tendre affection pour
ses deux belles-filles quoiqu'elles fussent Moabites. Elle supporta
avec patience les diverses afflictions dont Dieu la visita en la
privant de son mari et de ses fils et elle retourna dans sa patrie
dès qu'elle put le faire afin d'y servir Dieu.
L'on doit aussi remarquer les sentiments de Ruth qui ne voulut pas
se séparer de Nahomi et qui déclara même qu'elle voulait suivre la
religion de sa
Ruth
belle-mère et adorer le même Dieu qu ’ elle. On voit par là que
cette femme, quoiqu elle fut Moabite et étrangère, avait de la vertu
et qu elle quitta l idolâtrie pour servir le vrai Dieu.
(1) v20 : C ’ est-à-dire : belle ou joyeuse.
(2) v20 : C est-à-dire : amère ou amertume.
Chapitre II
Ruth, étant arrivée dans le pays d'Israël avec Na-homi sa belle-mère
dans le temps des moissons, va glâner dans le champ de Booz qui
était un parent de son premier mari et qui la reçut avec bonté.
OR le mari de Nahomi avait un parent qui était un homme puissant et
riche de la famille d Élimé-lec qui s appelait Booz.
2. Et Ruth la Moabite dit à Nahomi : Je te prie que j ’ aille aux
champs et je glânerai quelques épis après celui devant lequel j ’
aurai trouvé grâce. Et elle répondit : Va ma fille.
3. Elle s en alla donc et entra dans un champ et glâna avec les
moissonneurs. Et il arriva qu elle se trouva dans un champ qui
appartenait à Booz qui était de la famille d Élimélec.
4. En même temps, Booz vint de Bethléhem qui dit aux moissonneurs :
Que l ’Éternel soit avec vous. Et ils lui répondirent : Que l
Éternel te bénisse.
5. Puis Booz dit à son serviteur qui était commis sur les
moissonneurs : À qui est cette jeune fille ?
6. Et le serviteur qui était commis sur les moissonneurs répondit et
dit : C est une jeune femme moabite qui est revenue avec Nahomi du
pays de Moab.
7. Et elle nous a dit : Je vous prie que je glâne et que j ’ amasse
quelques poignées après les moissonneurs. Étant donc venue, elle est
demeurée ici depuis le matin jusqu à cette heure. C est là le peu de
temps qu ’ elle a demeuré dans la maison.
8. Alors Booz dit à Ruth : Écoute ma fille, ne va point glâner dans
un autre champ et même ne sors point d ici et ne pars pas d ici d
auprès de mes servantes.
9. Regarde le champ où l on moissonnera et va après elles. N ai-je
pas défendu à mes garçons de te toucher? Et si tu as soif, va aux
vaisseaux et bois ce que les garçons auront puisé.
10. Alors elle tomba le visage contre terre et se prosterna et lui
dit : Comment ai-je trouvé grâce devant toi que tu me connaisses,
moi qui suis étrangère ?
11. Booz lui répondit et lui dit : Tout ce que tu as fait à ta
belle-mère depuis que ton mari est mort m ’ a été entièrement
reporté, comment tu as laissé ton père et ta mère et le pays de ta
naissance et comment tu es venue vers un peuple que tu n ’ avais
point connu auparavant.
12. Que l ’Éternel récompense ce que tu as fait ! Et puisses-tu
recevoir pleinement ton salaire de l Éternel le Dieu d ’Israël sous
les ailes duquel tu t ’ es venue retirer !
13. Et elle dit : Monseigneur, je trouve grâce devant toi car tu m
as consolée et tu as parlé selon le cœur de ta servante, quoi que je
ne sois pas autant que l une de tes servantes.
14. Booz lui dit encore à l ’heure du repas : Approche-toi d ici et
mange du pain et trempe ton morceau dans le vinaigre et elle s assit
à côté des moissonneurs et il lui donna du grain rôti et elle en
mangea et fut rassasiée et serra le reste.
15. Puis elle se leva pour glâner. Et Booz commanda à ses garçons
disant : Qu ’ elle glâne même entre les javelles et ne lui faites
point de honte.
16. Et même vous lui laisserez comme par mé-garde quelques poignées,
vous les lui laisserez et elles les recueillera et vous ne l ’ en
reprendrez point.
17. Elle glâna donc au champ jusqu ’ au soir et elle battit ce qu
elle avait recueilli et il y eut environ un épha d ’ orge.
18. Et elle l ’ emporta et vint à la ville. Et sa belle-mère vit ce
qu ’elle avait glâné. Elle tira aussi ce qu ’ elle avait de reste
après qu ’ elle eût été rassasiée et elle le lui donna.
19. Alors sa belle-mère lui dit : Où as-tu glâné aujourd ’hui et où
as-tu travaillé? Béni soit celui qui t ’ a reconnue ! Et elle
déclara à sa belle-mère chez qui elle avait fait cela et elle dit :
L’homme chez lequel j ’ ai fait ceci aujourd ’hui s ’ appelle Booz.
20. Et Nahomi dit à sa belle-fille : Qu ’ il soit béni de l ’Éternel
puisqu ’ il a la même bonté pour les vivants qu ’ il avait eue pour
les morts. Et Nahomi lui dit : Cet homme nous est proche parent et
de ceux qui ont le droit de retrait lignager.
21. Et Ruth la Moabite dit : Et même il m ’ a dit : Ne bouge point d
avec les garçons qui sont à moi jusqu à ce qu ils aient achevé toute
la moisson qui m appartient.
22. Et Nahomi dit à Ruth sa belle-fille : Ma fille, il est bon que
tu sortes avec ses jeunes filles et on ne te fera pas de la peine
dans un autre camp.
23. Elle s ’attacha donc aux servantes de Booz afin de glâner jusqu
’ à ce que la moisson des orges et la moisson des froments fût
achevée et elle demeura avec sa belle-mère.
Réflexions
On voit dans ce chapitre que Ruth étant pauvre aussi bien que sa
belle-mère, la providence la conduisit dans le champ de Booz d ’où
elle remporta de quoi se nourrir. Ce fut ainsi que Dieu pourvut à la
subsistance de ces deux femmes qui se confiaient en lui.
2. Il paraît d ’ici que Booz fut engagé à faire du bien à Ruth parce
qu ’ il avait été informé de la manière dont elle s était conduite
envers sa belle-mère et du désir qu ’ elle avait eu de se joindre au
peuple de Dieu et quittant le pays de sa naissance. Cela fait voir
que Booz lui-même avait de la vertu et que s ’ il épousa Ruth dans
la suite, il le fit par un effet de l ’ estime qu ’ il avait conçu
pour elle.
Et ,puisque ce fut la bonne réputation de Ruth qui lui attira ces
marques de la bienveillance de Booz,
296
Ruth
on doit regarder le bien qui arriva à Ruth comme une récompense de
sa sage conduite et comme une de ces bénédictions que Dieu accorde à
ceux qui le cherchent et particulièrement à ceux qui s ’ acquittent
de leur devoir envers leurs pères et leurs mères.
Nahomi fit aussi paraître sa piété en bénissant le Seigneur du bien
qu il lui faisait et en reconnaissant qu il avait la même bonté pour
elle et pour sa belle-fille qu il avait eue pour son mari et pour
ses fils qui étaient morts.
C ’ est de la sorte que nous devons remercier Dieu de toutes les
grâces qu il nous accorde et les recevoir comme des marques de son
amour.
Chapitre III
Ruth, par l'avis de Nahomi sa belle-mère, fait connaître à Booz qu
'il avait le droit de l'épouser puis-qu il était proche parent de
son mari défunt.
Et Nahomi sa belle-mère lui dit : Ma fille, ne chercherai-je pas à
te procurer du repos afin que tu sois heureuse ?
2. Et maintenant Booz, avec les servantes de qui tu as été, n ’
est-il pas de notre parenté ? Voici, il vannera cette nuit les orges
qui ont été foulées dans l ’aire.
3. C ’ est pourquoi lave-toi et oins-toi et mets sur toi tes plus
beaux habits et descends dans l ’ aire, mais ne te fais point
connaître à lui jusqu ’ à ce qu ’ il ait achevé de manger et de
boire.
4. Puis quand il se couchera, sache le lieu où il couchera et entre
et découvre ses pieds et te couche. Alors il te dira ce que tu auras
à faire.
5. Et elle répondit : Je ferai tout ce que tu me dis.
6. Elle descendit donc à l aire et fit tout ce que sa belle-mère lui
avait commandé.
7. Et Booz mangea et but et se réjouit et il vint se coucher au bout
d un tas de javelles. Elle vint tout doucement et découvrit ses
pieds et se coucha.
8. Et sur le minuit, cet homme-là eut peur et il retira ses pieds et
voici une femme y était couchée.
9. Alors il dit : Qui es-tu ? Et elle répondit : Je suis Ruth ta
servante, étend le pan de ta robe sur ta servante, car tu as le
droit de retrait lignager.
10. Et il dit : Ma fille, que l ’Éternel te bénisse! Cette dernière
bonté que tu témoignes est plus grande que la première, de n être
point allée après les jeunes gens pauvres ou riches.
11. Maintenant donc, ma fille, ne crains point, je te ferai tout ce
que tu me diras, car toute la porte 1 de mon peuple sait que tu es
une femme vertueuse.
12. Or il est très vrai que j ’ ai droit de retrait ligna-ger, mais
il y en a un autre qui a droit de retrait ligna-ger qui est plus
proche que moi.
13. Passe ici cette nuit et au matin, si cet homme-là veut user du
droit de retrait lignager envers toi, à la bonne heure, qu ’ il en
use, mais s ’ il ne lui plaît pas d ’ user du droit de retrait
lignager envers toi, je
le ferai, l ’Éternel est vivant. Demeure ici couchée jusqu ’ au
matin.
14. Elle demeura donc couchée à ses pieds jusqu ’au matin. Et elle
se leva avant qu ’on pût se reconnaître l ’ un l ’ autre. Et il dit
: Qu ’on ne sache point qu ’ aucune femme soit entrée dans l ’ aire.
15. Il lui dit encore : Donne-moi le tablier qui est sur toi et
tiens-le. Et elle le tint et il mesura six mesures d ’orge et il les
mis sur elle, puis il rentra dans la ville.
16. Et elle vint vers sa belle-mère qui lui dit : Qu ’ as-tu fait ma
fille ? Et elle lui déclara tout ce qui s ’ était passé entre cet
homme-là et elle.
17. Et elle dit : Il m ’ a donné ces six mesures d ’ orge, car il m
’ a dit : Tu ne retourneras point à vide vers ta belle-mère.
18. Et Nahomi dit : Ma fille, demeure ici jusqu ’ à ce que tu saches
comme l affaire se terminera, car cet homme-là ne se donnera point
de repos qu il n ait aujourd ’hui achevé cette affaire.
Réflexions
Laction de Ruth qui est rapportée dans ce chapitre, considérée en
elle-même, paraît contraire à la bienséance. Cependant elle peut
être excusée si l on a égard à la simplicité de ces temps-là. D ’
ailleurs, la vertu de Ruth, l ’ âge avancé de Booz, la manière dont
il parla à cette femme, le témoignage qu il rendit à sa sagesse, la
démarche publique qu il fit avant que de l épouser et les diverses
circonstances de cette histoire, mettent la vertu de l ’ un et de
l ’ autre hors de tout soupçon et font voir que comme il ne se passa
rien de criminel dans cette occasion, il n y a rien ici qui autorise
le crime et le libertinage.
(1) v11 : Toute l ’assemblée des principaux de la ville.
Chapitre IV
Booz demanda au plus proche parent d'Élimélec, mari de Nahomi, s il
voulait se prévaloir du droit de retrait lignager et acquérir un
champ qui avait appartenu à Élimélec et épouser Ruth, ce que ce
parent ayant refusé de faire, Booz fit ce retrait et épousa Ruth.
Booz donc monta à la porte 1 et s ’y assit et voici celui qui avait
le droit de retrait lignager, duquel Booz avait parlé, passa et Booz
lui dit : Toi un tel, détourne-toi et assieds-toi ici. Et il se
détourna et s ’assit.
2. Alors il prit dix hommes des anciens de la ville et il leur dit :
Asseyez-vous ici et ils s assirent.
3. Puis il dit à celui qui avait le droit de retrait li-gnager :
Nahomi, qui est revenue du pays de Moab, a vendu la portion d ’ un
champ qui appartenait à Éli-mélec notre parent.
4. Et j ’ ai pensé qu ’ il fallait te le faire savoir et te le dire,
acquiers-là en la présence des anciens de mon peuple si tu la veux
racheter par droit de retrait lignager, rachète-la, que si tu ne la
veux pas racheter, déclare-le moi afin que je le sache, car il n ’y
en a
297
Ruth
point d'autre que toi qui la puisse racheter par droit de retrait
lignager et je suis après toi. Il répondit : Je la rachèterai par
droit de retrait lignager.
5. Et Booz dit : Au jour que tu acquerras le champ de la main de
Nahomi et de Ruth la Moabite, femme du défunt, tu acquerras aussi
Ruth pour conserver le nom du défunt dans son héritage.
6. Et celui qui avait le droit de retrait lignager dit : Je ne le
saurais racheter, de peur que je ne perde mon héritage. Toi, prends
pour toi le droit de retrait lignager que j'ai, car je ne le saurais
racheter.
7. a Or c'était une ancienne coutûme en Israël qu'en cas de droit de
retrait lignager et de subrogation, pour confirmer la chose, l'homme
déchaussait son soullier et le donnait à son parent et c'était là un
témoignage en Israël qu'on cédait son droit.
8. Quand donc celui qui avait le droit de retrait lignager eut dit à
Booz : Acquiers-le pour toi, il déchaussa son soullier.
9. Et Booz dit aux anciens et à tout le peuple : Vous êtes
aujourd'hui témoins que j'ai acquis tout ce qui appartenait à Kiljon
et à Mahlon de la main de Nahomi
10. Et que je me suis aussi acquis Ruth la Moabite, femme de Mahlon
pour femme pour conserver le nom du défunt dans son héritage afin
que le nom du défunt ne soit point retranché d'entre ses frères et
de la ville de son habitation. Vous en êtes témoins aujourd'hui.
11. Et tout le peuple qui était à la porte et les anciens dirent :
Nous en sommes témoins. L'Éternel fasse que la femme qui entre en ta
maison soit comme Rachel et comme Léa qui toutes deux ont donnés des
enfants à la maison d'Israël et conduis-toi vertueusement en Éphrat
et rends ton nom célèbre dans Bethléhem,
12. Et que la postérité que l'Éternel te donnera de cette jeune
femme, ta maison soit comme la maison de b Pharez que Tamar enfanta
à Juda.
13. Ainsi Booz prit Ruth pour femme et il vint vers elle et
l'Éternel lui fit la grâce de concevoir et elle enfanta un fils.
14. Et les femmes dirent à Nahomi : Béni soit l'Éternel qui n'a pas
voulu te laisser manquer aujourd'hui d'un homme qui eût le droit de
retrait lignager afin que son nom soit conservé en Israël,
15. Et qu'il console ton âme et qu'il soit le soutien de ta
vieillesse, car ta belle-fille qui t'aime a enfanté et elle te vaut
mieux que sept fils.
16. Alors Nahomi prit l'enfant et le mit dans son giron et elle lui
tenait lieu de nourrice.
17. Et les voisines lui donnèrent un nom et dirent : Un fils est né
à Nahomi et ils l'appelèrent Obed 2. Ce fut le père d'Isaï, père de
David.
18. Or ce sont ici les générations de Pharez. c Pharez engendra
Hetsron,
19. Hetsron engendra Ram et Ram engendra Hamminadab,
20. Et Hamminadab engendra Nahasson et Na-hasson engendra Salmon,
21. Et Salmon engendra Booz et Booz engendra Obed,
22. Et Obed engendra Isaï et Isaï engendra David.
Réflexions
Il faut remarquer sur ce qui est dit dans ce chapitre que Booz,
avant que d'épouser Ruth, demanda à un homme, qui était plus proche
parent que lui, s'il voulait user de son droit de retrait lignager
et que ce ne fut que sur le refus de cet homme que Booz prit Ruth
pour femme. Cette démarche, que Booz fit publiquement devant les
juges et en observant toutes les formalités usitées en semblable
cas, prouve la droiture et la pureté de sa conduite. Il paraît ausi
de cette histoire qu'on observait alors ce que la loi de Dieu
prescrivait pour la conservation et la distinction des familles et
des héritages.
Au reste, ce mariage est rapporté parce que Booz fut le bisaïeul du
roi David ainsi qu'on le voit dans la généalogie qui se lit à la fin
de ce livre. Et comme Jésus-Christ notre Seigneur est descendu du
roi David, il paraît de là que Ruth, qui était Moabite, est comptée
parmi les ancêtres du Messie, de même que Rahab qui était
Cananéenne, ce que Matthieu remarque expressément au chapitre 1 de
son Évangile où il fait la généalogie de Jésus-Christ.
On doit enfin considérer que Dieu voulut que ces deux femmes, qui
étaient étrangèrent, se joignissent au peuple d'Israël par leur
mariage afin de montrer que les païens et les peuples étrangers
seraient un jour reçus dans son alliance, ce qui aussi arrivé après
la venue de notre Seigneur.
(a) v7 : Deutéronome 25.7
(b) v12 : Genèse 36.29
(c) v18 : I Chroniques 2.5 ; Matthhieu 1.3
(1) v1 : Au lieu où l'on administrait la justice.
(2) v17 : Serviteur.
298