Premier livre de Samuel
Argument
On voit dans le premier livre de Samuel quel a été l'état du peuple
d'Israël sous le gouvernement d'Héli qui fut le quatorzième juge,
sous celui de Samuel qui fut le quinzième et le dernier et sous le
règne de Saül qui fut le premier roi d'Israël.
Chapitre I
Le premier chapitre contient l'histoire de la naissance de Samuel.
Elkana et Anne, ses père et mère, étant allés à Scilo pour adorer
Dieu, Anne pria le Seigneur de lui donner un fils et promis de le
vouer à son service, versets 1-19.
Quelque temps après, Samuel naquit et après qu il fut sevré, sa mère
le mena à Scilo pour accomplir son vœu. Elle le présente à Héli
grand sacrificateur et le consacre à Dieu pour toute sa vie, versets
20-28.
L y avait un homme de Ramathajim d'Éphraïm qui
s'appeleit Elkana, fils de Jéroham, fils d'Élihu, fils de Tohu, fils
de Tsuph, Éphratien
2. Qui avait deux femmes dont l'une s'appelait Anne et l'autre
Peninna et Peninna avait des enfants, mais Anne n'en avait point.
3. Or cet homme-là montait tous les ans de sa ville pour adorer
l'Éternel des armées et pour lui offrir des sacrifices à Scilo où
étaient les deux fils d'Héli, Hophni et Phinées sacrificateurs de
l'Éternel.
4. Et le jour qu'Elkana sacrifiait, il donna à Pe-ninna sa femme et
à tous les fils et les filles qu'il avait d'elle leurs portions,
5. Mais il donnait à Anne une portion fort honorable, car il aimait
Anne, mais l'Éternel l'avait rendue stérile.
6. Et Peninna qui avait de la jalousie contre elle la piquait même
fort aigrement, car elle faisait un grand bruit en lui reprochant
que l'Éternel l'avait rendue stérile.
7. Et Elkana faisait ainsi tous les ans. Mais quand Anne montait à
la maison de l'Éternel, Peninna l'offensait toujours de la même
manière et Anne pleurait et ne mangeait point.
8. Et Elkana son mari lui disait : Anne, pourquoi pleures-tu ? Et
pourquoi ne manges-tu point et pourquoi ton cœur est-il triste ? Ne
vaux-je pas mieux que dix fils ?
9. Après donc qu'elle eut mangé et bu à Scilo, elle se leva et Héli
le sacrificateur était assis sur un siège auprès des pôteaux du
tabernacle de l'Éternel.
10. Elle donc, ayant le cœur plein d'amertume, pria l'Éternel en
répandant beaucoup de larmes.
11. Et elle fit un vœu et elle dit : Éternel des armées, si tu
daignes regarder l'affliction de ta servante et si tu te souviens de
moi, si tu n'oublies point ta servante et si tu donnes un enfant
mâle à ta servante, je le donnerai à l'Éternel pour tous les jours
de sa vie et aucun rasoir ne passera sur sa tête.
12. Et comme elle continuait de faire sa prière devant l'Éternel,
Héli prit garde à sa bouche.
13. Or Anne parlait dans son cœur, l'on voyait seulement remuer ses
lèvres et on n'entendait point sa voix. Héli donc crut qu'elle était
ivre.
14. Et Héli lui dit : Jusqu'à quand seras-tu ainsi ivre ? Va digérer
ton vin.
15. Mais Anne répondit et dit : Je ne suis point ivre monseigneur,
je suis une femme affligée en son esprit, je n'ai bu ni vin, ni
cervoise, mais j'ai répandu mon âme devant l'Éternel.
16. Ne prends pas ta servante pour une femme qui ne vaille rien, car
c'est de l'excès de ma douleur et de mon affliction que j'ai parlé
jusqu'à présent.
17. Alors Héli répondit et dit : Va-t-en en paix et que le Dieu
d'Israël te veuille accorder la demande que tu lui as faite.
18. Et elle dit : Que ta servante trouve grâce devant tes yeux. Et
cette femme continua son chemin et mangea et son visage ne fut plus
comme auparavant.
19. Après cela, ils se levèrent de bon matin et se prosternèrent
devant l'Éternel et ils s'en retournèrent et vinrent à leur maison à
Rama. Alors El-kana connut Anne sa femme et l'Éternel se souvint
d'elle.
20. Quelque temps après, Anne conçut et enfanta un fils et le nomma
Samuel 1, parce que, dit-elle, je l'ai demandé à l'Éternel.
21. Et Elkana son mari monta avec toute sa maison pour offrir à
l'Éternel le sacrifice solennel et pour s'acquitter de son vœu.
22. Mais Anne n'y monta pas, car elle dit à son mari : Je n'y irai
point jusqu'à ce que le garçon soit sevré, alors je le mènerai afin
qu'il soit présenté devant l'Éternel et qu'il demeure toujours là.
23. Et Elkana son mari lui dit : Fais ce qui te semblera bon,
demeure jusqu'à ce que tu l'aies sevré, que l'Éternel seulement
accomplisse sa parole. Ainsi cette femme demeura et allaita son fils
jusqu'à ce qu'elle l'eut sevré.
24. Et sitôt qu'elle l'eut sevré, elle le fit monter avec elle et
ayant pris trois veaux et un épha de farine et un baril de vin, elle
le mena dans la maison de l'Éternel à Scilo et l'enfant était fort
jeune.
25. Puis ils égorgèrent un veau et ils amenèrent l'enfant à Héli.
26. Et elle dit : Hélas, monseigneur, il est vrai comme il l'est que
ton âme vit, monseigneur, que je suis cette femme qui me tenais en
ta présence pour prier l'Éternel.
27. J'ai prié pour avoir cet enfant et l'Éternel m'a accordé la
demande que je lui ai faite.
I Samuel
28. C ’est pourquoi je l ’ai prêté à l ’Éternel. Il sera prêté à l
Éternel pour tous les jours de sa vie. Et il nc1 se prosterna là
devant l ’Éternel.
Réflexions
On remarque dans ce chapitre
1. Qu ’ il y eut quelque chose d ’ extraordinaire dans la naissance
de Samuel, puisqu Anne sa mère était stérile et qu elle obtint ce
fils par ses prières et par le vœu qu ’ elle fit à Dieu. Cela
marquait que Samuel serait un homme extraordinairement suscité par
le Seigneur.
2. On voit ici la piété de cette femme. Elle en donna des marques
dans les prières qu elle adressait à Dieu à Scilo, dans la manière
humble et respectueuse dont elle répondit à Héli qui l ’ accusait d
’ être chargée de vin, dans le vœu qu ’ elle fit de consacrer à Dieu
l enfant qu il lui donnerait et dans le soin qu ’ elle eut d ’
accomplir ce vœu en menant le jeune à Scilo.
C ’ est là un bel exemple de piété, de modération et de douceur,
mais surtout la conduite d Anne doit apprendre aux pères et plus
particulièrement aux mères à consacrer leurs enfants au Seigneur et
à les élever dans sa crainte.
3. La naissance de Samuel qui fut le fruit des prières et des larmes
d Anne sa mère nous montre que Dieu écoute favorablement les prières
de ceux qui ont recours à lui dans leurs afflictions et qui l ’
invoquent dans de bonnes vues.
Enfin, le jugement que le sacrificateur Héli fit de la mère d Héli
croyant qu elle était ivre nous avervit d ’ éviter les jugements
téméraires et précipités et de ne pas condamner le prochain sur des
apparences, puisqu ’ il pourrait nous arriver de regarder comme
criminel des actions qui seraient non seulement innocentes, mais
même très agréables à Dieu.
(1) v20 : C ’ est-à-dire : demandé à Dieu ou exaucé de Dieu.
(nc1) v28 : C ’est Anne qui parle, il serait donc logique de lire
...elle..., mais d ’ autres versions ont la forme du pluriel, ...ils
se prosternèrent là...
Chapitre II
Ce chapitre a deux parties.
La première contient le cantique d'Anne la mère de Samuel par lequel
elle rendit grâce à Dieu de la naissance de son fils, versets 1-11.
La seconde comprend le récit de la vie déréglée des fils du
sacrificateur Héli. On y voit aussi la mollesse de leur père qui ne
les reprit et ne les châtia pas comme il devait et les menaces d'un
prophète qui dénonça les jugements de Dieu à Héli et à sa famille,
versets 12-36.
Alors Anne pria et dit : Mon cœur s ’est a réjouit en l Éternel, ma
corne 1 a été élevée par l ’Éternel, ma bouche s ’ est ouverte sur
mes ennemis, parce que je me suis réjouie de ton salut.
2. Nul n est saint comme l Éternel, car b il n y en a point d ’
autre que toi et il n ’ y a point d ’ autre rocher que notre Dieu.
3. Ne prononcez plus tant de paroles hautaines, hautainesnc1. Que
des paroles fières ne sortent plus de votre bouche, car l Éternel
est c le Dieu fort qui fait toutes choses, c’ est à lui à peser les
entreprises.
4. Larc des puissants a été brisé et ceux qui ne faisaient que
trébucher ont été ceints de force.
5. d Ceux qui avaient accoutumé d être rassasiés se sont loués pour
avoir du pain et les affamés ont cessé de l ’ être, car celle qui
était stérile en a enfanté sept et celle qui avait beaucoup de fils
est tombée dans la langueur.
6. L’Éternel est celui e qui fait mourir et qui fait vivre, qui fait
descendre au sépulcre et qui en fait remonter.
7. LÉternel apauvrit et enrichit. Il abaisse et il élève.
8.f Il élève le pauvre de la poudre et il tire l ’ indigent du
fumier afin de le faire seoir avec les principaux du peuple et il
leur donne en héritage un trône de gloire, car les colonnes de la
terre appartiennent à l ’Éternel et il a mis la terre habitable sur
elles.
9. Il g gardera les pieds de ses biens-aimés et on fera taire les
méchants dans les ténèbres, car l ’homme ne prévaudra point sur sa
propre force.
10. Ceux qui contestent contre l ’Éternel seront froissés, il
tonnera des cieux sur chacun d ’eux. L’Éternel jugera les extrémités
de la terre et il donnera la force à celui qu ’ il a fait roi h et
il élèvera la corne de son oint.
11. Après cela Elkana s ’ en alla à Rama dans sa maison et le jeune
garçon vaquait au service de l ’Éternel en la présence d ’ Héli le
sacrificateur.
12. Or les fils d ’ Héli étaient des scélérats et ils ne
connaissaient point l Éternel.
13. Car la coutume de ces sacrificateurs-là envers le peuple était
que quand quelqu un faisait quelque sacrifice, le garçon du
sacrificateur venait lorsqu ’on faisait bouillir la chair ayant en
sa main une fourchette à trois dents
14. Dont il frappait dans la chaudière ou dans le chaudron ou dans
la marmite ou dans le pot et le sacrificateur prenait pour lui tout
ce que la fourchette enlevait. Ils en faisaient ainsi à tous ceux d
’Israël qui venaient là à Scilo.
15. Même avant qu ’ on fit fumer la graisse, le garçon du
sacrificateur venait et disait à l homme qui sacrifiait : Donne-moi
de la chair à rotir pour le sacrificateur, car il ne prendra point
de toi de la chair bouillie, mais seulement de la chair crue.
16. Que si l ’homme lui répondait : Qu ’on fasse fumer présentement
la graisse, après cela prends en autant que tu voudras, alors il lui
disait : Tu en donneras maintenant, que si tu n en donnes, j en
prendrai par force.
17. Et ainsi le péché de ces jeunes hommes était très grand devant l
Éternel, car les hommes méprisaient l oblation de l Éternel.
300
I Samuel
18. Or Samuel servait en la présence de l ’Éternel, étant jeune
garçon ceint d un éphod de lin.
19. Sa mère lui faisait un petit roquet qu ’ elle lui apportait tous
les ans quand elle montait avec son mari pour offrir le sacrifice
solennel.
20. Et Héli bénit Elkana et sa femme et dit : Que l Éternel te fasse
avoir des enfants de cette femme pour le prêt qui a été fait à l
Éternel. Ils s en retournèrent chez eux,
21. Et l ’Éternel visita Anne qui conçut et enfanta trois fils et
deux filles. Et le jeune garçon Samuel devint grand en la présence
de l Éternel.
22. Or Héli était fort vieux et il apprit tout ce que faisaient ses
fils à tout Israël et comment ils couchaient avec les femmes qui s
assemblaient par troupes à la porte du tabernacle d assignation,
23. Et il leur dit : Pourquoi faites-vous de telles actions ? Car j
’ apprends vos méchantes actions, ces choses me sont rapportées par
tout le peuple.
24. Ne faites pas ainsi mes fils, car vous n ’ êtes pas une bonne
réputation, vous faites transgresser le peuple de l ’Éternel.
25. Si un homme a péché contre un autre homme, le juge en jugera 2,
mais si quelqu ’ un pèche contre l ’Éternel, qui priera pour lui ?
Mais ils n ’ obéirent point à la voix de leur père car l ’ Éternel
les voulait faire mourir 3.
26. Cependant, le jeune Samuel allait croîssant et il était agréable
à l Éternel et aux hommes.
27. Or un homme de Dieu vint à Héli et lui dit : Ainsi a dit l
Éternel, ne me suis-je pas clairement manifesté à la maison de ton
père 4 quand ils étaient en 29. Pourquoi avez-vous foulé aux pieds
mon sacrifice et mon oblation que j ’ ai commandé de faire au
tabernacle et pourquoi as-tu honoré tes fils plus que moi pour vous
engraisser du meilleur de toutes les offrandes d ’Israël mon peuple?
30. C ’ est pourquoi l ’Éternel le Dieu d ’Israël dit : i J ’ avais
dit que ta maison et la maison de ton père marcheraient devant moi à
jamais, mais maintenant
l ’Éternel dit : Il ne sera pas dit que je fasse cela, car j
’honorerai ceux qui m ’honorent et ceux qui me méprisent seront dans
le dernier mépris.
31. Voici les jours viennent que je couperai ton bras 5 et le bras
de la maison de ton père, en sorte qu il n y aura point de vieillard
dans ta maison,
32. Et tu verras un ennemi dans le tabernacle pendant que Dieu
enverra toute sorte de biens à Israël et il n y aura jamais aucun
vieillard dans ta maison,
33. Et celui de tes descendants que je n ’aurai point retranché de
mon autel ne servira qu ’ à consumer tes yeux et il tourmentera ton
âme et tous les enfants de ta maison mourront dans la fleur de leur
âge,
34. Et ce qui arrivera à tes deux fils, à Hophni et Phinées, t ’ en
sera un signe, c ’ est qu ’ ils mourront tous deux dans un même
jour.
35. Et je m ’ établirai un sacrificateur fidèle. Il sera selon mon
cœur et selon mon âme et je lui bâtirai une maison stable 6 et il
marchera toujours devant mon oint.
36. Et quiconque sera demeuré de reste de ta maison viendra se
prosterner devant lui pour avoir une pièce d argent et quelques
pièces de pain et il lui dira : Fais-moi entrer, je te prie, dans
quelqu ’ une des charges du sacerdoce.
Réflexions
Le cantique qu Anne prononça et les louanges publiques et
solennelles qu ’ elle rendit à Dieu à Scilo sont une nouvelle preuve
de sa piété et cela nous instruit à témoigner notre reconnaissance à
Dieu et à le bénir lorsqu ’ il nous accorde quelque grâce
particulière. Ce qu Anne dit dans ce cantique nous apprend que la
providence gouverne toute chose, que Dieu confond les orgueilleux,
qu ’ il a soin des faibles et des affligés qui le craignent, qu il
les protège et qu ’ il exauce leurs prières. C ’ est là une doctrine
très propre à consoler et à soutenir les gens de bien dans leurs
épreuves et à nous porter à la piété et à la confiance en Dieu.
Le récit des crimes et des sacrilèges des fils d ’Héli doit nous
faire reconnaître que la mauvaise vie et le relâchement des
ministres de la religion est le plus grand de tous les scandales,
que c est ce qui corrompt le plus les peuples et ce qui attire aussi
sur eux les jugements de Dieu.
Il faut après cela faire bien de l ’ attention à la conduite d
’Héli, qui au lieu de punir ses fils comme ils le méritaient, ne les
repris que mollement et à ce que Dieu lui fit dénoncer par un
prophète qui lui déclara qu ’ à cause de cela Dieu ferait périr ses
enfants et sa postérité.
C’ est là un exemple bien remarquable qui apprend aux pères et aux
mères que la mollesse envers les enfants est un grand péché, que
Dieu punit ces pères mous et indulgents par leurs enfants eux-mêmes
et que c ’ est ce qui fait le plus souvent périr les familles. Mais
cette mollesse est surtout condamnable dans les personnes publiques
et principalement dans les conducteurs de l église et les magistrats
lorsqu ’ ils ne répriment pas les désordres et le vice et qu ils ne
s y opposent pas avec la fermeté nécessaire et autant qu ils le
peuvent. Les reproches que Dieu fit faire à Héli par un prophète et
les malheurs qui tombèrent peu après sur ses enfants et sur tout le
peuple font voir qu ’ il arrive de très grands maux de cette
indulgence et qu elle expose non seulement les particuliers, mais
aussi le public à la vengeance céleste.
(a) v1 : Luc 1.46
(b) v2 : Deutéronome 3.24 ; Psaume 86.8
(c) v3 : Exode 31.3 ; Daniel 1.1
(d) v5 : Psaume 34.21 ; Luc 1.53
(e) v6 : Deutéronome 32.39
(f) v8 : Psaume 113.7-8
(g) v9 : Psaume 91.21
(h) v10 : Psaume 89.25
(i) v30 : I Rois 2.27
(1) v1 : Ma force et ma gloire.
(2) v25 : Ou : Dieu lui sera propice, il sera apaisé envers lui.
(3) v25 : C ’ est pourquoi l ’Éternel voulut les faire mourir.
(4) v27 : d ’ Aaron.
(5) v31 : Ou : je retrancherai ta semence, c est-à-dire ta postérité
et la semence de la maison de ton père.
301
I Samuel
(6) v35 : Je lui donnerai une postérité durable.
(nc1) v3 : Il y a en effet deux fois le mot ...hautaines...
Chapitre III
Dieu apparaît pour la première fois à Samuel qui était encore jeune
et il l'avertit de la ruine de la maison d'Héli, versets 1-14.
Samuel récite à Héli ce que Dieu lui a fait connaître et Héli
l'ayant entendu se soumet avec résignation à la volonté du Seigneur,
versets 15-21.
OR le jeune Samuel servait l'Éternel en la présence d'Héli et la
parole de l'Éternel était rare en ces jours-là et les visions
n'étaient pas communes.
2. Et il arriva un jour qu'Héli, dont les yeux commençaient à se
ternir de sorte qu'il ne pouvait voir, étant couché en son lieu,
3. Avant que les lampes de Dieu fussent éteintes, Samuel étant aussi
couché au tabernacle de l'Éternel où était l'arche de Dieu,
4. L'Éternel appela Samuel et il répondit : Me voici.
5. Et il courut vers Héli et lui dit : Me voici, car tu m'a appelé.
Mais Héli dit : Je ne t'ai point appelé, retourne-t-en et couche-toi
et il s'en retourna et se coucha.
6. Et l'Éternel appela encore Samuel et Samuel se leva et s'en alla
vers Héli et lui dit : Me voici, car tu m'as appelé. Et Héli dit :
Mon fils, je ne t'ai point appelé, retourne-t-en et couche-toi.
7. Or Samuel ne connaissait point encore la voix de l'Éternel et la
parole de l'Éternel ne lui avait point encore été révélée.
8. Et l'Éternel appela encore Samuel pour la troisième fois et
Samuel se leva et s'en alla vers Héli et dit : Me voici, car tu m'as
appelé. Et Héli reconnu que l'Éternel appelait le jeune garçon.
9. Alors Héli dit à Samuel : Va et couche-toi et si on t'appelle, tu
diras : Éternel, parle car ton serviteur écoute. Samuel donc s'en
alla et se coucha en son lieu.
10. Et l'Éternel vint et se tint là et il appela comme il avait fait
les autres fois : Samuel, Samuel et Samuel dit : Parle, car ton
serviteur écoute.
11. Alors l'Éternel dit à Samuel : Voici, je vais faire une chose en
Israël que nul ne pourra entendre sans que ses deux oreilles lui
cornent.
12. En ce jour-là je mettrai en effet contre Héli tout ce que j'ai
dit contre sa maison, je commencerai et j'achèverai,
13. Car je l'ai averti que je m'en allais punir sa maison à jamais à
cause de l'iniquité qu'il a connue, c'est que ses fils se sont
rendus infâmes et il ne les a point réprimés.
14. C'est pourquoi j'ai juré à la maison d'Héli : Si jamais
l'iniquité de la maison d'Héli est expiée par quelque sacrifice ou
par quelque oblation.
15. Et Samuel demeura couché jusqu'au matin, puis il ouvrit les
portes de la maison de l'Éternel. Or Samuel craignait de déclarer
cette vision à Héli.
16. Mais Héli appela Samuel et lui dit : Samuel mon fils et il
répondit : Me voici.
17. Et Héli dit : Quelle est la parole qui t'a été adressée ? Je te
prie, ne me la cache point. Que Dieu te traite avec la dernière
rigueur si tu me caches un seul mot de tout ce qui t'a été dit.
18. Samuel donc déclara toutes ces paroles et il ne lui cacha rien.
Et Héli répondit : C'est l'Éternel, qu'il fasse ce qui lui semblera
bon.
19. Et Samuel devenait grand et l'Éternel était avec lui et aucune
de toutes ces paroles ne tomba à terre.
20. Et tout Israël, depuis Dan jusqu'à Béerscé-bah, connu que Samuel
était établi pour prophète de l'Éternel.
21. Et l'Éternel continua à apparaître à Scilo, car l'Éternel se
manifestait à Samuel par sa parole.
Réflexions
Voici les renseignements que nous avons de ce chapitre.
Le premier est que comme Dieu se manifesta à Samuel lorsqu'il était
encore jeune, Dieu prend plaisir à se faire connaître à ceux qui le
craignent, mais qu'il aime surtout à se communiquer à ceux qui se
consacrent à lui dès leur jeune âge et à répandre ses dons sur eux.
2. Nous devons à l'exemple de Samuel écouter la voix de Dieu de
quelque manière qu'il nous la fasse entendre et dire toujours comme
lui avec humilité et avec docilité :
Parle Seigneur, car ton serviteur écoute.
3. La conduite de Samuel qui craignit d'abord de dire à Héli ce que
Dieu lui avait révélé, mais qui, étant sommé de le faire, lui
déclara tout sans lui rien cacher est un bel exemple de modestie et
en même temps de fermeté et de courage.
On se fait de la peine à dire aux hommes des choses fâcheuses, mais
la honte, ni la crainte ne doivent jamais nous empêcher de leur dire
la vérité lorsque nous y sommes appelés.
4. Ce que Dieu dit à Samuel de la ruine de la maison d'Héli fait
voir que ceux qui ne répriment pas le vice et l'impiété sans avoir
égard à qui que ce soit se chargent d'un très grand péché et que
souvent la colère de Dieu est tellement allumée que rien ne peut en
arrêter les effets.
5. La réponse qu'Héli fit à Samuel en disant :
C 'est l'Éternel, qu 'il fasse ce qu 'il trouvera bon
marque qu'Héli, quoique coupable, avait cependant des sentiments de
piété et qu'il reconnu que Dieu le châtiait justement.
C'est qu'il faut se soumettre en toutes choses à la volonté de Dieu
avec une parfaite résignation et adorer avec humilité la justice de
ses jugements, surtout quand on ne s'est pas acquitté de son devoir.
302
I Samuel
Chapitre IV
Les Israélites font la guerre aux Philistins, ils sont battus par
deux fois et la seconde fois, les Philistins en firent un grand
carnage et ils prirent l'arche de l'alliance que les Israélites
avaient fait venir au camp. Les deux fils d'Héli, Hophni et Phinées,
qui étaient sacrificateurs, périrent dans cette guerre, versets
1-11.
Héli apprenant ces nouvelles tomba à la renverse et se tua et la
femme de Phinées mourut aussi en même temps, versets 12-22.
OR ce que Samuel avait dit à tout Israël arriva, car Israël sortit
en bataille pour rencontrer les Philistins et campa près d
’Ében-hézer et les Philistins campèrent à Aphek.
2. Et les Philistins se rangèrent en bataille pour rencontrer Israël
et la bataille s ’ étant donnée, Israël fut battu devant les
Philistins qui en tuèrent environt quatre mille hommes dans le
combat par la campagne.
3. Et le peuple étant revenu au camp, les anciens d ’Israël dirent :
Pourquoi l ’Éternel nous a-t-il battus aujourd ’ hui devant les
Philistins? Faisons venir de Scilo l ’ arche de l ’ alliance de l
’Éternel et qu ’ il vienne au milieu de nous et qu il nous délivre
des mains de nos ennemis.
4. Le peuple donc envoya à Scilo et on apporta l ’arche de l
’alliance de l ’Éternel des armées qui habite entre les chérubins et
les deux fils d ’Héli, Hophni et Phinées, y étaient avec l arche de
l alliance de Dieu.
5. Et comme l arche de l Éternel entrait au camp, tout Israël jeta
de si grands cris de joie que la terre en retentissait.
6. Et les Philistins entendant le bruit de ces cris de joie dirent :
Que veut dire ce bruit et ces grands cris de joie au camp des
Hébreux? Et ils surent que
l ’ arche de l ’Éternel était venue au camp.
7. Et les Philistins eurent peur parce qu on disait : Dieu est venu
au camp et ils dirent : Malheur à nous, il n en était pas ainsi ces
jours passés.
8. Malheur à nous, qui nous délivrera de ces dieux puissants ? Ce
sont ces dieux-là qui ont frappé les Égyptiens au désert outre
toutes les autres plaies.
9. Philistins, renforcez-vous et agissez en hommes, de peur que vous
ne soyez esclaves des Hébreux comme ils ont été les vôtres, soyez
donc hommes et combattez.
10. Les Philistins donc combattirent et Israël fut battu et chacun s
enfuit dans sa tente et il y eut une si grande défaite que trente
mille hommes de pied d Israël y demeurèrent.
11. Et a l arche de Dieu fut prise b et les deux fils d Héli
moururent.
12. Or un homme de Benjamin échappé de la bataille courut et arriva
à Scilo ce même jour-là, ayant ses vêtements déchirés et de la
cendre sur la tête.
13. Et comme il arrivait, voici Héli était assis sur un siège à côté
du chemin, étant dans l attente car
son cœur tremblait à cause de l ’ arche de Dieu. Cet homme-là donc
entra dans la ville pour porter ces nouvelles et toute la ville se
mit à crier.
14. Et Héli entendant le bruit de ce cri dit : Que veut dire ce
grand tumulte? Et cet homme-là se hâtant vint vers Héli et lui
récita tout ce qui était arrivé.
15. Or Héli était âgé de quatre-vingt et dix-huit ans et ses yeux
étaient tout ternis de sorte qu il ne pouvait voir.
16. Cet homme-là donc dit à Héli : C ’ est moi qui vient de la
bataille, car je suis aujourd hui échappé de la bataille. Et Héli
dit : Qu ’y est-il arrivé mon fils?
17. Et celui qui portait les nouvelles répondit et dit : Israël a
fui devant les Philistins et même il y a eu une grande défaite du
peuple et tes deux fils aussi, Hophni et Phynées, sont morts et l
arche de Dieu a été prise.
18. Et sitôt qu ’ il eut fait mention de l ’ arche de Dieu, Héli
tomba à la renverse de dessus son siège à côté de la porte et il se
rompit la nuque du cou et mourut, car c état un homme vieux et
pesant. Et il avait jugé Israël quarante ans.
19. Et sa belle-fille, femme de Phinées, qui était grosse et sur le
point d accoucher, ayant appris la nouvelle que l arche de Dieu
était prise et que son beau-père et son mari étaient morts se courba
et enfanta, car les douleurs lui survinrent.
20. Et comme elle mourait, celles qui étaient près d ’ elle lui
dirent : Ne craint point, car tu as enfanté un fils. Et elle ne
répondit rien et n ’ y fit aucune attention,
21. Mais elle nomme l ’ enfant I-cabod 1 disant : La gloire de
L’Éternel est transportée d ’Israël parce que
l ’ arche de l ’Éternel était prise à cause de son beau-père et de
son mari.
22. Elle dit donc : La gloire de Dieu est transportée d ’Israël, car
l ’ arche était prise.
Réflexions
Il y a ici deux chose principales à remarquer.
1. On voit dans la défaite des Israélites par les Philistins, dans
la mort des fils d ’Héli et dans celle d ’Héli lui-même des marques
de la colère de Dieu sur le peuple d ’Israël et sur la famille d ’
Héli et l ’ accomplissement des menaces qui avaient été faites à ce
sacrificateur de la part de Dieu.
Les menaces du Seigneur ne manquent jamais de s exécuter et ses
jugements tombent tôt ou tard sur les peuples coupables, sur les
familles où le vice règne et en particulier sur les ministres de la
religion qui ne s acquittent pas de leur devoir et qui déshonorent
leur caractère par une conduite déréglée.
2. L’on doit faire une attention particulière à ce qui arriva aux
Israélites. Ayant été battu la première fois, ils crurent que, s ’
ils faisaient venir l ’ arche de l ’ alliance dans leur camp, ils
seraient vainqueurs. L’arrivée de l arche les remplit de confiance
et de joie et les Philistins en furent même d ’ abord effrayés. Mais
cela n ’ empêcha pas que les Israélites ne fussent défaits et même
Dieu permit que ces peuples idolâtres prissent cette arche qui était
la marque la plus expresse de sa présence au milieu de son peuple.
303
I Samuel
La confiance que l'on a en Dieu est toujours fausse et téméraire
lorsqu'on est engagé dans la rebellion et ni l'alliance de Dieu, ni
les marques et les sceaux de cette alliance ne garantissent point de
la vengeance céleste ceux qui la provoquent par leurs péchés.
(a) v11 : Psaume 78.61
(b) v11 : Ci-dessus 2.34
(1)21 : C'est-à-dire : où est la gloire.
Chapitre V
Les Philistins ayant mis l'arche de l'alliance dans le temple de
dagon leur idole, cette idole fut renversée et brisée, versets 1-5,
et les Philistins furent tellement tourmentés par une maladie que
Dieu leur envoya et après par des souris qui désolèrent leur pays,
qu après avoir fait transporter l'arche en divers lieux, ils furent
contraints de la renvoyer dans le pays d'Israël, versets 6-12.
OR les Philistins prirent l'arche de Dieu et l'emmenèrent d'Ebenhézer
à Asçdod.
2. Les Philistins donc prirent l'arche de Dieu et l'emmenèrent dans
la maison de dagon 1 et la pla-çèrent auprès de dagon.
3. Le lendemain, les Asçdodiens s'étant levés de bon matin, voici,
ils trouvèrent que dagon était tombé le visage contre terre devant
l'arche de l'Éternel, mais ils prirent dagon et le remirent à sa
place.
4. Ils se levèrent encore le lendemain de bon matin et voici ils
trouvèrent que dagon était tombé le visage contre terre devant
l'arche de l'Éternel, sa tête et les deux paumes de ses mains, ayant
été coupées, étaient sur le seuil et le tronc seul de dagon était
demeuré auprès d'elle.
5. C'est pour cette raison que les sacrificateurs de dagon et tous
ceux qui entrent en sa maison ne marchent point sur le seuil de
dagon à Asçdod jusqu'à ce jour.
6. Ensuite la main de l'Éternel s'appesantit sur les Asçdodiens et
désola tout leur pays et a les frappa au dedant du fondement 2 tant
à Asçdod que dans ses confins.
7. Ceux donc d'Asçdod voyant ce qui leur était arrivé dirent :
L'arche du Dieu d'Israël ne demeurera point avec nous, car sa main
est pesante sur nous et sur dagon notre dieu.
8. Et ayant envoyé assembler tous les gouverneurs des Philistins
vers eux, ils dirent : Que ferons-nous de l'arche du Dieu d'Israël ?
Et ils répondirent : Qu'on transporte l'arche du Dieu d'Israël à
Gath. Ainsi on transporta l'arche du Dieu d'Israël,
9. Mais après qu'on l'eut transportée à Gath, la main de l'Éternel
fut sur la ville avec un fort grand effroi et il frappa les gens de
la ville depuis le plus petit jusqu'au plus grand et leur fondement
était couvert.
10. Ils envoyèrent donc l'arche de Dieu à Hékron. Or comme l'arche
de Dieu entrait à Hékron, ceux de Hékron s'écrièrent disant : Ils
ont transporté l'arche du Dieu d'Israël vers nous pour nous faire
mourir et notre peuple.
11. C'est pourquoi ils envoyèrent et assemblèrent tous les
gouverneurs des Philistins et dirent : Laissez aller l'arche du Dieu
d'Israël et qu'elle s'en retourne en son lieu afin qu'elle ne nous
fasse point mourir nous et notre peuple, car il y avait une frayeur
mortelle par toute la ville et la main de Dieu y était fort
appesantie.
12. Et les hommes qui ne mourraient point étaient frappés au dedans
du fondement de sorte que le cri de la ville montait jusqu'au ciel.
Réflexions
Il faut considérer ici que l'arche de l'alliance fut prise par les
Philistins et qu'elle fut même menée dans le temple de dagon. Dieu
permit cet événement si surprenant pour faire voir combien il était
irrité contre les Israélites et en même temps pour faire sentir sa
puissance aux Philistins dans leur propre pays. En effet, l'idole
dagon tomba et fut brisée devant l'arche, les Philistins furent
affligés d'une maladie fâcheuse et les souris firent outre cela un
grand dégat dans tous leur pays. Et comme ils firent transporter
l'arche dans une autre ville pour voir si les mêmes maux y
arriveraient, Dieu continua à appesantir sa main sur eux. Tout cela
arriva pour empêcher que ces peuples idolâtres n'insultassent au
Dieu des Israélites de ce qu'ils avaient pris son arche et vaincu
son peuple et pour leur montrer que leurs divinités étaient des
idoles mortes et sans puissance et que le Dieu d'Israël était le
seul vrai Dieu tout puissant.
C'est ainsi que Dieu a soin de sa gloire et que s'il permet quelques
fois que ses ennemis aient le dessus et qu'il arrive des choses
contraires aux intérêts de cette gloire il fait enfin éclater sa
puissance à la confusion de ceux qui l'outragent et à l'honneur de
son nom.
(a) v6 : Psaume 78.66
(1) v2 : C'était l'idole qu'ils adoraient.
(2) v6 : Par les hémorroïdes ou par la dysenterie.
Chapitre VI
Les Philistins, pour se délivrer des plaies dont ils étaient
frappés, renvoient l'arche de l'alliance au pays d'Israël avec une
offrande qui était un monument de ce qui leur était arrivé, versets
1-12.
L’arche ayant été conduite à Bethsémès, Dieu fit mourir plusieurs
personnes de cette ville-là pour avoir touché l'arche et pour avoir
regardé dedans. De Bethszémès, l'arche fut renvoyée à Kirjath-jéharim,
versets 13-21.
L'arche de l'Éternel ayant été pendant sept mois dans la pays des
Philistins,
304
I Samuel
2. Les Philistins appelèrent les sacrificateurs et les devins et
leurs dirent : Que ferons-nous de l arche de l Éternel ?
Déclarez-nous comment nous la renverrons en son lieu.
3. Et ils répondirent : Si vous renvoyez l ’ arche du Dieu d
’Israël, ne la renvoyez point à vide, mais ne manquez pas à lui
payer l oblation pour le délit, alors vous serez guéris, ou vous
saurez pourquoi sa main se sera point retirée de dessus vous.
4. Et ils dirent : Quelle est l oblation pour le délit que nous lui
paierons ? Et ils répondirent : Selon le nombre des gouvernements
des Philistins, vous donnerez cinq figures de fondements d or et
cinq souris d ’or, car une même plaie a été sur vous tous et sur vos
gouvernements.
5. Vous ferez donc des figures de vos fondements et des figures des
souris qui gâtent la pays et vous donnerez gloire au Dieu d ’Israël,
peut-être lèvera-t-il sa main de dessus vous et de dessus vos dieux
et de dessus votre pays.
6. Et pourquoi appesantirez-vous votre cœur comme l ’Égypte et
Pharaon ont appesantis leur cœur? a Après qu ’ il eut fait de
merveilleux exploits parmi eux, ne les laissèrent-ils pas aller et
ne s en allèrent-ils pas?
7. Maintenant, donc prenez de quoi faire un chariot tout neuf et
deux jeunes vaches qui allaitent leurs veaux sur lesquelles on n ’
ait encore jamais mis de joug et attelez les deux jeunes caches au
chariot et faites ramener leurs petits à la maison.
8. Prenez ensuite l ’ arche de l ’Éternel et mettez-la sur le
chariot et mettez-les ouvrages d ’or que vous lui aurez payés pour l
oblation du délit dans un coffret à côté d ’ elle et renvoyez-là et
elle s ’ en ira.
9. Et vous prendrez garde à ce qui arrivera, si l ’ arche monte vers
Beth-sçémès par le chemin qui mène à sa contrée, c ’ est l ’Éternel
qui nous a fait tout ce grand mal, si elle n y va pas nous saurons
alors que sa main ne nous a pas touchés mais que ceci nous est
arrivé à l aventure.
10. Et ces gens-là firent ainsi. Ils prirent donc deux jeunes vaches
qui allaitaient et les attelèrent au chariot et enfermèrent leurs
petits dans la maison,
11. Et ils mirent l ’ arche de l ’Éternel sur le chariot et le
coffret avec les souris d ’or et les figures de leurs fondements.
12. Alors les jeunes vaches marchèrent droit par le chemin de Beth-sçémès.
Elles tenaient un même chemin en marchant et en mugissant et elles
ne se détournèrent ni à droite, ni à gauche et les gouverneurs des
Philistins allèrent jusqu ’ à la frontière de Beth-sçémès.
13. Or ceux de Beth-sçémès moissonnaient les blés en la vallée et
ils élevèrent leurs yeux et virent l ’ arche et ils furent fort
réjouis quand ils la virent.
14. Et le chariot vint au champ de Josué Beth-scémite et s arrêta
là. Or il y avait là une grande pierre et on fendit le bois du
chariot et on offrit les jeunes vaches en holocauste à l ’Éternel,
15. Car les Lévites descendirent l ’ arche de l ’Éter-nel et le
coffret qui était auprès dans lequel étaient
les ouvrages d or et ils les mirent sur cette grande pierre. En ce
même jour ceux de Beth-sçémès offrirent des holocaustes et
présentèrent des sacrifices à l ’Éternel.
16. Et les cinq gouvernements des Philistins ayant vu cela
retournèrent le même jour à Hékron.
17. Et c ’ est ici le nombre des fondements d ’or que les Philistins
donnèrent à l ’Éternel en offrande pour le délit : une pour Asçdod,
une pour Gaza, une pour Asçkélon, une pour Gath, une pour Hékron.
18. Et il y eu des souris d ’ or selon le nombre de toutes les
villes des Philistins, savoir des cinq gouvernements, tant des
villes fermées de murailles que des villes sans murs et ils les
amenèrent jusqu à la grande pierre sur laquelle on posa l ’ arche de
l ’Éter-nel et elle est jusqu à ce jour dans le champ de Jo-sué
Bethscémite.
19. Et l ’Éternel frappa des gens de Beth-sçémès parce qu ’ ils
avaient regardé dans l ’ arche de l ’Éter-nel et il frappa aussi du
peuple cinquante mille et soixante et dix hommes 1. Et le peuple fit
un grand deuil parce que l Éternel avait frappé d une grande plaie.
20. Alors ceux de Beth-sçémès dirent : Qui pourrait subsister en la
présence de l Éternel ce Dieu saint? Et vers qui montera-t-il en s ’
éloignant de nous ?
21. Et ils envoyèrent des messages aux habitants de Kirjath-jéharim
disant : Les Philistins ont ramenés l arche de l Éternel, descendez
et faites-là monter vers vous.
Réflexions
Ce chapitre fait voir que le triomphe des Philistins fut de courte
durée, puisque Dieu ne permit pas que son arche demeurât longtemps
parmi eux et qu il les contraignît de la renvoyer avec une offrande
qui marquait la crainte qu ’ ils avaient du Dieu d ’Israël et qui
était une reconnaissance solennelle de sa puissance et un monument
des plaies dont Dieu les avait frappés. De cette manière Dieu
confondit les Philistins et leur fit bien mieux sentir sa puissance
après qu ’ils eurent pris l ’arche qu ’il ne l ’eût fait s ’ils ne l
’ avaient pas prise et si les Israélites n ’ avaient pas été
vaincus.
Lors même que Dieu semble ne pas soutenir les intérêts de sa gloire,
c ’ est alors qu ’ il la manifeste avec le plus d éclat et tôt ou
tard il oblige ses ennemis à rendre hommage à sa puissance.
2. Nous devons apprendre de ce que les sacrificateurs des Philistins
disaient à ces peuples idolâtres à nous humilier sous la main de
Dieu lorsqu ’ il nous afflige et à ne pas différer de l ’ apaiser de
peur que, si nous nous endurcissons à ses châtiments, nous n ’ en
soyons accablés.
3. Il est à remarquer que les Philistins résolurent de mettre l
arche sur un chariot neuf attelé par des vaches qui allaitaient et
de les laisser aller sans les faire conduire d ’un côté, ni d ’un
autre. Leur dessein était d éprouver encore par là si les fléaux qui
les accablaient venaient de Dieu, jugeant que si les
305
I Samuel
vaches allaient du côté du pays d'Israël, ce serait une marque que
c'était le Dieu des Israélites qui les avaient frappés. Dieu voulut
bien, pour confondre ces peuples supersticieux, s'accomoder à leurs
pensées en intervenant par sa providence d'une manière qui répondit
à ce que leurs sacrificateurs leur avaient conseillés et en
manifestant sa puissance de la même manière qu'ils croyaient qu'il
devait la manifester.
4. Ce qui arriva aux Bethsémites pour avoir touché l'arche et avoir
regardé dedant tendait à donner du respect et de la crainte aux
Israélites et à leur faire comprendre que si le Seigneur revenait
habiter parmi eux, ils devaient craindre de provoquer sa colère de
peur que sa présence ne leur fût funeste comme elle l'avait été aux
Philistins.
C'est un grand avantage d'avoir Dieu présent au milieu de nous dans
les signes de son alliance et de sa grâce, mais cela nous engage à
révérer ce Dieu saint et juste de peur que, si nous l'offensons,
nous ne nous exposions à sa vengeance.
(a) v6 : Exode 12.33
(1) v19 : Il y a un mot dans l'hébreu Et il frappa parmi les hommes
de Beth-sçemes parce qu 'ils avaient regardé dans l'arche de
l'Éternel et il frappa parmi le peuple soixante et dix hommes,
cinquante mille homme, ce qui marque que Dieu fit mourir soixante et
dix hommes du peuple qui était au nombre de cinquante mille.
D'autres traduisent cinquante hommes de mille.
Chapitre VII
Samuel exhorte les Israélites à se convertir et à ôter du milieu
d'eux les idoles, ce qu 'ils firent en célébrant un jeûne solennel,
versets 1-6,
après quoi ils remportèrent sur les Philistins une victoire signalée
par l'intercession de ce prophète, versets 7-17.
Ceux donc de Kirjath-jéharim vinrent et firent monter l'arche de
l'Éternel et a la mirent dans la maison d'Abinadab au côteau et ils
consacrèrent Éléazar son fils pour garder l'arche de l'Éternel.
2. Or il se passa beaucoup de jours depuis le jour que l'arche de
l'Éternel fut posée à Kirjath-jéharim et il y avait déjà l'espace de
vingt ans lorsque toute la maison d'Israël soupira auprès de
l'Éternel.
3. Et Samuel parla à toute la maison d'Israël disant : Si vous vous
retournez de tout votre cœur à l'Éternel, ôtez du milieu de vous les
dieux des étrangers et hasçtaroth 1 et rangez votre cœur à l'Éternel
etb ne servez que lui seul et il vous délivrera de la main des
Philistins.
4. Alors les enfants d'Israël ôtèrent les bahalins et hasçtaroth et
ils ne servirent que l'Éternel.
5. Et Samuel dit : Assemblez tout Israël à Mitspa et je prierai
l'Éternel pour vous.
6. Ils s'assemblèrent donc à Mitspa et ils y puisèrent de l'eau
qu'ils répandirent devant l'Éternel et ils jeûnèrent ce jour-là et
ils dirent : Nous avons péché contre l'Éternel. Et Samuel jugea les
enfants d'Israël à Mitspa.
7. Or quand les Philistins eurent appris que les enfants d'Israël
étaient assemblés à Mitspa, les gouverneurs des Philistins montèrent
contre Israël. Ce que les enfants d'Israël ayant appris, ils eurent
peur des Philistins.
8. Et les enfants d'Israël dirent à Samuel : Ne cesse point de crier
pour nous à l'Éternel notre Dieu afin qu'il nous délivre de la main
des Philistins.
9. Alors Samuel prit un agneau de lait et l'offrit tout entier à
l'Éternel en holocauste. Et Samuel cria vers l'Éternel pour Israël
et l'Éternel l'exauça.
10. Il arriva donc comme Samuel offrait l'holocauste que les
Philistins s'approchèrent pour combattre Israël, mais l'Éternel en
ce jour-là tonna avec un bruit épouvantable sur les Philistins et il
les mit en déroute et ils furent battus devant Israël,
11. Et ceux d'Israël sortirent de Mitspa et poursuivirent les
Philistins et les frappèrent jusqu'au dessous de Bethcar.
12. Alors Samuel prit une pierre et la mit entre Mitspa et le rocher
et il appela le nom de ce lieu-là Ében-hézer2 et dit : L'Éternel
nous a secouru jusqu'ici.
13. Et les Philistins furent humiliés et depuis ils ne vinrent plus
au pays d'Israël et la main de l'Éternel fut sur les Philistins
pendant tout le temps de Samuel.
14. Et les villes que les Philistins avaient prises sur Israël
retournèrent à Israël depuis Hékron jusqu'à Gath avec leurs confins.
Samuel donc délivra Israël de la main des Philistins et il y eut
paix entre Israël et les Amorrhéens.
15. Et Samuel jugea Israël tous les jours de sa vie.
16. Et il allait tous les ans faire le tour de Bethel et de Guilgal
et de Mitspa et il jugeait Israël en tous ces lieux-là.
17. Puis il s'en retournait à Rama parce que sa maison était là et
il jugeait Israël et il y bâtit un autel à l'Éternel.
Réflexions
La victoire que les enfants d'Israël remportèrent sur les Philistins
après qu'ils furent réconciliés avec Dieu par l'humiliation et par
la confession de leurs péchés et par le jeûne et qu'ils eurent ôtés
les idoles du milieu d'eux nous apprend que Dieu est toujours prêt à
s'apaiser envers les hommes aussitôt qu'ils s'humilient sincèrement
et qu'ils reconcent à leurs péchés. On voit ici que le peuple,
effrayé à l'approche des Philistins, eut recours à l'intercession de
Samuel, que ce prophète obtint par ses prières et par son sacrifice
une victoire miraculause, Dieu ayant effrayé et dispersé les
Philistins par des tonnerres épouvantables et que ces ennemis du
peuple de Dieu furent tellement abattus que, pendant que Samuel
vécut, ils n'attaquèrent plus les Israélites.
Le plus grand bonheur qui puisse arriver à un peuple c'est d'avoir
des conducteurs sages et craignant Dieu. Les prières des gens de
bien et des fidèles ministres du Seigneur sont d'un grand secours
306
I Samuel
et souvent c ’ est pour l ’ amour d ’ eux que Dieu bénit les peuples
et qu il les épargne.
Enfin, comme Samuel avait un grand soin d administrer tous les ans
la justice au peuple, les juges et les magistrats doivent s ’
acquitter des devoirs de leurs charges avec la même application et
la même intégrité.
(a) v1 : II Samuel 6.4
(b) v3 : Deutéronome 6.1 et 10.20 ; Matthieu 4.10 ; Luc 4.8
(1) v3 : Voyez Juges 2.13.
(2) v12 : C est-à-dire : la pierre de secours.
Chapitre VIII
On voit dans ce chapitre l'histoire du changement qui se fit dans le
gouvernement du peuple d'Israël à l'occasion de la mauvaise conduite
des fils de Samuel.
Ce peuple qui avait été gouverné jusqu 'alors par des juges que Dieu
suscitait extraordinairement, ayant demandé un roi, versets 1-8,
Dieu désaprouva cette demande, cependant il dit à Samuel d'en
établir un après avoir averti les Israélites de ce qui leur
arriverait de cet établissement et de la manière dont leurs rois les
traiteraient, versets 9-22.
Et quand Samuel fut devenu vieux, il établit ses fils pour juges sur
Israël.
2. Son premier-né avait nom Joël et le second de ses fils avait nom
Abija et ils jugeaient à Beers-cébah.
3. Et ses fils ne suivaient point son train, mais ils se
détournaient après le gain déshonnête et ils prenaient des présents
et ils pervertissaient le droit.
4. C ’est pourquoi tous les anciens d ’Israël s ’assemblèrent et
vinrent vers Samuel à Rama.
5. Et ils lui dirent : Voici, tu es devenu vieux et tes fils ne
marchent point dans tes voies, maintenant a établi sur nous un roi
pour nous juger comme en ont toutes les nations.
6. Et cette parole déplut à Samuel parce qu ’ils avaient dit :
Établi sur nous un roi pour nous juger. Et Samuel pria l ’Éternel.
7. Et l ’Éternel dit à Samuel : Obéi à la voix du peuple dans tout
ce qu ’ ils te dirontb, car ils ne t ’ont point rejeté, mais ils m
’ont rejeté afin que je ne règne point sur eux,
8. Selon tout ce qu ils ont fait depuis le jour que je les ai fait
monter hors d Égypte jusqu à ce jour et comme ils m ont abandonné et
qu ils ont servi d ’ autres dieux, ils en usent aussi de même à ton
égard.
9. Maintenant donc obéi à leur voix, toutefois ne manque point de
protester expressément contre eux et de leur déclarer comment le roi
qui règnera sur eux les traitera.
10. Ainsi Samuel dit toutes les paroles de l ’Éternel au peuple qui
lui avait demandé un roi.
11. Il leur dit donc : Ce sera ici la manière dont le roi qui
règnera sur vous vous traitera. Il prendra vos fils et il les mettra
sur des chariots et parmi ses gens de cheval et ils courront devant
son char.
12. Il les prendra aussi pour les établir gouverneurs sur des
milliers et gouverneurs sur des cinquantaines, pour labourer ses
champs, pour faire la moisson et les instruments de guerre et tout l
’ attirail de ses chariots.
13. Il prendra aussi vos filles pour en faire des parfumeuses, des
cuisinières et des boulangères.
14. Il prendra aussi vos champs, vos vignes et vos bons oliviers et
il les donnera à ses serviteurs.
15. Il dîmera ce que vous aurez semé et ce que vous aurez vendangé
et il le donnera à ses officiers et à ses serviteurs.
16. Il prendra vos serviteurs et vos servantes et l ’ élite de vos
jeunes gens et vos ânes et les emploira à ses ouvrages.
17. Il dîmera vos troupeaux et vous serez ses esclaves.
18. En ce jour-là vous crierez à cause de votre roi que vous aurez
choisi et l ’Éternel ne vous exaucera point en ce jour-là,
19. Mais le peuple ne voulut point écouter les discours de Samuel et
ils dirent : Non, mais il y aura un roi sur nous,
20. Et nous serons aussi comme toutes les autres nations et notre
roi nous jugera et sortira devant nous et conduira nos guerres.
21. Samuel donc entendit toutes les paroles du peuple et les
rapporta à l ’Éternel.
22. Et l ’Éternel dit à Samuel : Obéi à leur voix et établis-leur un
roi. Et l ’Éternel dit à ceux d ’Israël : Que chacun de vous s ’ en
aille à sa ville.
Réflexions
Ce qui est ici rapporté de la mauvaise conduite des fils de Samuel
nous montre premièrement que les enfants qui sont nés de pères pieux
ne marchent pas toujours sur leur traces.
En second lieu qu il arrive de grands maux aux peuples lorsque ceux
qui exercent la judicature commettent des injustices et se laissent
corrompre par des présents.
3. Il faut considérer que bien que les fils de Samuel abusassent de
leur autorité, les Israélites commirent cependant un grand péché en
demandant un roi, puisqu ’ ils témoignaient par là qu ’ ils aimaient
mieux être gouvernés par un prince que de l être immédiatement par
le Seigneur comme ils l ’ avaient été jusqu alors.
C ’ est là un effet de l ’ ingratitude et de l ’ aveuglement
ordinaire des hommes qui méconnaissent les grâces de Dieu, qui s en
dégoutent et qui recherchent souvent ce qui leur est nuisible.
4. Les Israélites persistant à demander un roi, Dieu ordonna à
Samuel de leur en établir un, mais il les fit auparavant avertir,
par le moyen de Samuel,
307
I Samuel
de la manière dont les rois les traiteraient et des inconvénients
qui naîtraient du changement qui allait se faire dans la forme du
gouvernement.
Dieu, qui aime les hommes, leur fait connaître sa volonté et leur
devoir, il les avertit des malheurs qu'ils attireront sur eux en
suivant leur propre volonté plutôt que la sienne. Mais lorsqu'ils ne
veulent pas suivre les conseils salutaires qu'il leur fait donner et
qu'ils s'obstinent dans ce qu'ils ont résolu, il ne les empêche pas
de l'exécuter. C'est de cette manière que Dieu permet bien des
choses qu'il n'approuve pas et que les hommes sont toujours les
auteurs de tous les maux qui leur arrivent.
(a) v5 : Osée 13.10 ; Actes 13.21
(b) v7 : Ci-dessous 10.19
Chapitre IX
C 'est ici que commence l'histoire de Saül premier roi d'Israël.
Nous voyons dans ce chapitre à quelle occasion Saül alla voir le
prophète Samuel et comment Dieu fit connaître à Samuel qu 'il devait
oindre Saül pour roi.
OR il y avait un homme de Benjamin qui avait nom Kis, fort et
vaillant, fils d'Abiel, fils de Tséror, fils de Bécorad, fils d'Aphiad,
fils d'un Benjamite.
2. Il avait un fils nommé Saül, jeune homme parfaitement bien fait1.
Et il n'y avait aucun des enfants d'Israël qui fut plus beau que
lui. Il était plus grand qu'aucun du peuple depuis les épaules en
haut.
3. Or les ânesses de Kis père de Saül s'étaient égarées. Et Kis dit
à Saül son fils : Prends maintenant avec toi un des serviteurs et
lève-toi et va chercher les ânesses.
4. Il passa donc par la montagne d'Éphraïm et il passa par le pays
de Scalisça, mais ils ne les trouvèrent point, puis ils passèrent
par le pays de Sçha-halim et elles n'y étaient point, ils passèrent
encore par le pays de Jémini et ils ne les trouvèrent point.
5. Quand ils furent venus au pays de Tsuph, Saül dit à son serviteur
qui était avec lui : Viens et retournons-en, de peur que mon père
n'ait cessé d'être en peine pour ses ânesses et qu'il ne soit en
peine de nous.
6. Et le serviteur lui dit : Voici il y a dans cette ville un homme
de Dieu qui est fort vénérable, tout ce qu'il dit arrive
infailliblement. Allons-y maintenant, peut-être qu'il nous
enseignera le chemin que nous devons suivre.
7. Et Saül dit à son serviteur : Mais si nous y allons, que
porterons-nous à l'homme de Dieu ? Car la provision nous a manqué et
nous n'avons aucun présent pour porter à l'homme de Dieu.
Qu'avons-nous avec nous ?
8. Et le serviteur répondit encore à Saül et dit : Voici le quart
d'un sicle d'argent que j'ai trouvé sur moi, je le donnerai à
l'homme de Dieu et il nous enseignera le chemin que nous devons
suivre.
9. (Autrefois en Israël, ceux qui allaient consulter Dieu se
disaient l'un à l'autre : Venez, allons jusqu'au voyant, car celui
qu'on appelle aujourd'hui prophète s'appelait autrefois le voyant.)
10. Et Saül dit à son serviteur : Ce que tu dis est très bien.
Viens, allons. Et ils s'en allèrent dans la ville où était l'homme
de Dieu.
11. Et comme ils montaient sur le côteau qui mène à la ville, ils
trouvèrent des jeunes filles qui sortaient pour puiser de l'eau et
ils leur dirent : Le voyant n'est-il pas ici ?
12. Et elles répondirent et dirent : Il y est, là devant toi,
hâte-toi maintenant, car il est venu aujourd'hui dans la ville parce
que le peuple fait aujourd'hui un sacrifice en haut lieu.
13. Dès que vous serez entrés dans la ville, vous le trouverez avant
qu'il monte au haut lieu pour manger, car le peuple ne mangera point
jusqu'à ce qu'il soit venu, parce qu'il doit bénir le sacrifice et
après cela ceux qui sont conviés en mangeront. Montez donc
maintenant, car vous le trouverez aujourd'hui.
14. Ils montèrent donc à la ville et comme ils entraient dans la
ville, voici Samuel, qui sortait pour monter au haut lieu, les
rencontra.
15. Or l'Éternel, un jour avant que Saül vint, avait révélé à Samuel
le venue de Saül disant :
16. Demain à cette heure même, je t'enverrai un homme du pays de
Benjamin et tu l'oindras pour être le conducteur de mon peuple
d'Israël et il délivrera mon peuple de la main des Philistins, car
j'ai regardé mon peuple et son cri est venu jusqu'à moi.
17. Et dès que Samuel eût vu Saül, l'Éternel lui dit : Voici l'homme
dont je t'ai parlé. C'est lui qui dominera sur mon peuple.
18. Et Saül s'approcha de Samuel à la porte et dit : Je te prie,
enseigne-moi où est la maison du voyant ?
19. Et Samuel répondit à Saül et dit : Je suis le voyant, monte
devant moi au haut lieu et vous mangerez aujourd'hui avec moi et je
te laisserai aller le matin et je te déclarerai tout ce que tu as
sur le cœur.
20. Car quant aux ânesses que tu as perdues il y a aujourd'hui trois
jours, ne t'en mets point en peine parce qu'elles ont été trouvées.
Et vers qui tend tout le désir d'Israël ? N'est-ce point vers toi et
vers toute la maison de ton père ?
21. a Et Saül répondit et dit : Ne suis-je pas Ben-jamite de la
moindre des tribus d'Israël et ma famille n'est-elle pas la plus
petite de toutes les familles de la tribu de Benjamin ? Et pourquoi
m'as-tu tenu de tels discours ?
22. Samuel donc prit Saül et son serviteur et il les fit entrer dans
la salle et les fit placer au plus haut bout au dessus de tous les
convives qui étaient environ trente hommes.
23. Et Samuel dit au cuisinier : Donne la portion que je t'ai donnée
et que je t'ai dit de réserver.
24. Or le cuisinier avait levé une épaule et ce qui était au dessus
et il le mit devant Saül. Et Samuel dit : Voici ce qui a été
réservé, mets-le devant toi et
308
I Samuel
mange, car il t ’ a été réservé exprès pour cette heure lorsque je
résolus de convier le peuple et Saül mangea avec Samuel ce jour-là.
25. Or ils descendirent du haut lieu dans la ville et Samuel parla
avec Saül sur la plateforme.
26. Puis s ’ étant levé le matin, Samuel appela Saül sur la
plateforme et lui dit : Lève-toi et je te jaisse aller. Saül donc se
leva et ils sortirent eux deux dehors, lui et Samuel.
27. Et comme ils descendaient en bas vers la ville, Samuel dit à
Saül : Dis au serviteur qu il passe devant nous (et il passa) et
pour toi, arrête-toi maint-nant afin que je te fasse entendre les
ordres de Dieu.
Réflexions
La principale réflexion qu ’ il faut faire ici c ’ est que Dieu
ayant permi aux enfants d ’Israël de s ’ établir un roi, il ne remit
pas à leur choix de prendre le roi qu ils voudraient, mais qu il
voulut lui-même leur en donner un. Pour cet effet, il intervint dans
cet événement d ’une manière toute particulière. Saül qui cherchait
les ânesses de son père s étant adressé au prophète Samuel et Dieu
ayant fait connaître en même temps à ce prophète par une révélation
que Saül devait être établi roi. Ainsi Dieu conduisit Saül vers
Samuel sans que ni l un, ni l autre, eussent rien su auparavant de
ce qui devait arriver, afin qu ’ il parût que l établissement de
Saül était l ouvrage de Dieu et que les Israélites reconnussent que
quoi-qu ’ ils aient péché en demandant un roi, Dieu prenait pourtant
encore soin d eux.
Dieu dispose toutes choses pour l exécution de ses desseins, il les
accomplit par des voies auxquelles les hommes ne pensent pas. Sa
providence préside sur tout. En particulier, c ’ est de la part de
Dieu que les rois règnent et l ’on doit par conséquent leur être
soumis.
(a) v21 : Ci-dessous 15.17
(1) v2 : Hébreux : choisi et beau. Saül n ’ était pas un jeune homme
puisqu ’ il avait des fils qui étaient des hommes faits. Voyez sous
14.49.
Chapitre X
Samuel oint Saül pour être roi et afin de l'assurer d'autant mieux
que sa vocation était divine, il lui prédit trois choses qui
devaient lui arriver, versets 1-16.
Ensuite ce prophète, ayant assemblé tout le peuple à Mitspa, il
nomme et il établit Saül pour être leur roi, versets 17-27.
OR Samuel prit une fiole d ’huile qu ’ il répandit sur la tête de
Saül, puis il le baisa et lui dit : L’Éternel a ne t ’ a-t-il pas
oint sur son héritage afin d ’ en être le conducteur?
2. Quand tu seras aujourd ’hui parti d ’ avec moi, tu trouveras deux
hommes près du sépulcre de Rachel sur la frontière de Benjamin à
Tseltsah qui te diront : Les ânesses que tu étais allé chercher ont
été trouvées et voici ton père ne pense plus aux ânesses
et il est en peine de vous disant : Que ferais-je pour retrouver mon
fils ?
3. Et lorsqu étant parti de là tu auras passé plus avant et que tu
seras venu jusqu ’ au chêne de Tabor, tu seras rencontré par trois
hommes qui montent vers Dieu à la maison du Dieu fort et qui portent
l ’ un trois chevreaux, l ’ autre trois tourteaux de pain et l ’
autre un baril de vin.
4. Et ils te demanderont comment tu te portes et ils te donneront
deux pains que tu recevras de leur main.
5. Après cela tu viendras au côteau de Dieu où est la garnison des
Philistins et il arrivera que lorsque tu seras entré dans la ville,
tu rencontreras une compagnie de prophètes qui descendent du haut
lieu ayant devant eux une lyre, un tambour, une flûte et une harpe
et qui prophétiseront 1.
6. Alors l esprit de l Éternel te saisira et tu prophétiseras avec
eux et tu seras changé en un autre homme.
7. Et quand ces signes-là te seront arrivés, fais tout ce qui se
présentera à faire, car Dieu est avec toi.
8. Puis tu descendras devant moi à Guilgal et voici je descendrai
vers toi pour offrir des holocaustes et des sacrifices de
prospérités. Tu m ’ attendras là sept jours jusqu à ce que je sois
arrivé vers toi et je te déclarerai ce que tu devras faire.
9. Aussitôt donc que Saül eut tourné le dos pour s ’ en aller d ’
avec Samuel, Dieu lui changea le cœur et lui en donna un autre et
tous ces signes-là lui arrivèrent en ce jour-là,
10. Car quand ils furent arrivés au côteau, voici une troupe de
prophètes vint au devant de lui et l esprit de Dieu le saisit et il
prophétisa au milieu d eux.
11. Et lorsque tous ceux qui le connaissaient auparavant eurent vu
qu il était avec les prophètes et qu il prophétisait, ceux du peuple
se dirent l un à
l ’ autre : Qu ’ est-il donc arrivé au fils de Kis? Saül est-il
aussi entre les prophètes ?
12. Et quelqu ’ un répondit et dit : Et qui est leur père ? C ’ est
pourquoi cela passa en proverbe : Saül aussi est-il entre les
prophètes ?
13. Or Saül ayant cessé de prophétiser vint au haut lieu.
14. Et un parent de Saül dit à Saül et à son serviteur : Où
êtes-vous allés ? Et il répondit : Nous sommes allés chercher les
ânesses, mais voyant qu elles ne se trouvaient point, nous sommes
allés vers Samuel.
15. Et son parent lui dit : Déclare-moi, je te prie, ce que vous a
dit Samuel.
16. Et Saül dit à son parent : Il nous a assuré que les ânesses
étaient trouvées. Mais il ne lui déclara pas le discours que Samuel
lui avait tenu touchant la royauté.
17. Or Samuel assembla le peuple devant l ’Éternel à Mirspa.
18. Et il dit aux enfants d ’Israël : Ainsi a dit l ’Éternel le Dieu
d ’Israël : J ’ai fait monter Israël hors
309
I Samuel
d'Égypte et je vous ai délivré de la main des Égyptiens et de la
main de tous les royaumes qui vous opprimaient.
19. Mais aujourd'huib vous avez rejeté votre Dieu qui est celui qui
vous a délivré de tous vos maux et de vos afflictions et vous avez
dit : Non, mais établis-nous un roi. Présentez-vous donc maintenant
devant l'Éternel selon vos tribus et selon vos milliers.
20. Ainsi Samuel fit approcher toutes les tribus d'Israël et la
tribu de Benjamin fut saisie 2.
21. Après il fit approcher la tribu de Benjamin selon ses familles
et la famille de Mattri fut saisie, puis Saül fils de Kis fut saisi,
qu'ils cherchèrent, mais il ne se trouva point.
22. Et ils consultèrent encore l'Éternel si cet homme ne viendrait
pas là ? Et l'Éternel dit : Le voilà caché parmi le bagage.
23. Et ils coururent et le tirèrent de là et il se présenta au
milieu du peuple et il était plus haut que tout le peuple depuis les
épaules en haut.
24. Et Samuel dit à tout le peuple : Ne voyez-vous pas qu'il n'y en
a point d'autre dans tout le peuple qui soit semblable à celui que
l'Éternel a choisi ? Et le peuple jeta des cris de joie et dit :
Vive le roi !
25. Alors Samuel prononça au peuple le droit du royaume et l'écrivit
dans un livre qu'il mit devant l'Éternel. Puis Samuel renvoya le
peuple chacun en sa maison.
26. Saül aussi s'en alla en sa maison à Guigha et les gens de guerre
dont Dieu avait touché le cœur s'en allèrent avec lui,
27. Mais il y eut de méchants garnements qui dirent : Comment
celui-ci nous délivrerait-il ? Et ils le méprisèrent et ils ne lui
apportèrent point de présent, mais il fit le sourd.
Réflexions
Ce qu'il y a principalement à considérer sur ce chapitre, c'est que
le prophète Samuel pour assurer Saül que Dieu l'avait choisi lui
donna trois signes. Il lui prédit diverses choses remarquables qui
devaient lui arriver et en particulier qu'il serait inspiré de
l'esprit de Dieu. Outre cela, Dieu fit un nouveau miracle pour
confirmer la vocation de Saül en faisant tomber le sort sur lui,
après quoi il fut établi publiquement roi et en présence de tout le
peuple. Toutes ces merveilles arrivèrent afin que Saül, qui avait de
la peine à croire que Dieu voulut le faire régner sur son peuple, en
fut pleinement persuadé et qu'il ne se doutât point de l'assistance
du Seigneur. Cela devait aussi faire voir à tout le peuple d'Israël
que c'était Dieu qui élevait Saül au dessus d'eux. Ainsi l'on voit
dans cet événement des marques sensibles de la bonté du Seigneur
tant envers les Israélites qu'envers Saül lui-même. On y découvre
des preuves de la connaissance que Dieu a de toutes choses et de la
souveraine puissance avec laquelle il dispose de tout ce qui arrive
dans le monde. On doit remarquer, outre cela dans ce qui arriva à
Saül, que quand
Dieu appelle quelqu'un, il lui accorde les dons nécessaires pour
remplir les devoirs de sa vocation.
Enfin, il paraît d'ici que si Saül ne fût pas tombé dans la
désobéissance, son règne aurait été heureux et que Dieu aurait
toujours continué à le favoriser et à le bénir. Il en est de même de
tous ceux que Dieu appelle et qu'il prévient par sa grâce. Il ne
tient qu'à eux de conserver ces précieux avantages et s'ils les
perdent ce n'est que parce qu'ils ne persévèrent pas et qu'ils sont
infidèles à la vocation divine et à la grâce de Dieu.
(a) v1 : Actes 13.21
(b) v19 : Ci-dessus 8.7 et 19
(1) v5 : C'est-à-dire : qui loueront Dieu par des cantiques et qui
parleront de choses saintes.
(2) v20 : Le sort tomba sur la tribu de Benjamin.
Chapitre XI
Ce chapitre a deux parties.
La première contient le récit de la défaite des Hammonites par Saül,
versets 1-11.
Dans la seconde, on voit la clémence de Saül envers ceux qui n
'avaient pas voulu le reconnaître pour roi, versets 12-15.
OR Nahas Hammonite monta et campa contre Ja-bès de Galaad. Et tous
ceux de Jabès dirent à Nahas : Traite alliance avec nous et nous te
servirons.
2. Mais Nahas Hammonite leur répondit : Je traiterai alliance avec
vous à cette condition : C'est que je vous crève à toutnc1 l'œil
droit et que je mette cet opprobre surtout Israël.
3. Et les anciens de Jabès lui dirent : Donne-nous sept jours de
trêve et nous enverrons des députés dans tous les quartiers d'Israël
et s'il n'y a personne qui nous délivre, nous nous rendrons à toi.
4. Les députés vinrent donc à Guibhath-Saül et firent entendre ces
paroles au peuple et tout le peuple éleva sa voix et pleura.
5. Et voici Saül revenait des champs après ses bœufs et il dit :
Qu'a donc ce peuple pour pleurer ainsi ? Et on lui raconta ce
qu'avaient dit ceux de Jabès.
6. Or l'esprit de Dieu saisit Saül quand il entendit ces paroles et
il entra dans une grande colère.
7. Et il prit un couple de bœufs et il les coupa en morceaux et il
en envoya dans tous les quartiers d'Israël par des messagers exprès
disant : On traitera de même les bœufs de ceux qui ne sortiront
point et qui ne suivront point Saül et Samuel. Et la frayeur de
l'Éternel saisit le peuple et ils sortirent comme si ce n'eût été
qu'un seul homme.
8. Et il en fit le dénombrement à Bézec et il y avait trois cent
mille hommes des enfants d'Israël et trente mille des gens de Juda.
9. Après cela ils dirent aux députés qui étaient venus : Vous
parlerez ainsi à ceux de Jabès de Galaad : Vous serez délivrés
demain quand le soleil sera en sa force. Les députés donc s'en
revinrent
310
I Samuel
et rapportèrent cela à ceux de Jabès qui s ’ en réjouirent.
10. Et ceux de Jabès dirent aux Hammonites : Demain matin nous nous
rendrons à vous et vous nous ferez tout ce qui vous semblera bon.
11. Et dès le lendemain Saül mit le peuple en trois bandes et ils
entrèrent dans le camp sur la veille du matin et ils battirent les
Hammonites jusqu à la chaleur du jour, tellement dispersés çà et là
qu il n en demeura pas d ’ entre eux deux ensembles.
12. Et le peuple dit à Samuel : a Qui est-ce qui dit : Saül
règnera-t-il sur nous ? Donnez-nous ces hommes-là et nous les ferons
mourir.
13. Alors Saül dit : On ne fera mourir personne en ce jour parce que
l Éternel a aujourd hui délivré Israël.
14. Et Samuel dit au peuple : Venez et allons-nous-en à Guilgal et
nous confirmerons là la royauté.
15. Et tout le peuple s ’ en alla à Guilgal et ils établirent là
Saül pour roi devant l ’Éternel à Guilgal et ils offrirent là des
sacrifices de prospérités devant
l ’Éternel et Saül et tous ceux d ’Israël se réjouirent beaucoup en
ce lieu.
Réflexions
Il y a trois réflexions à faire sur ce chapitre.
La première, que le roi des Hammonites ayant attaqué injustement les
Israélites et leur ayant même voulu imposer des conditions très
dures et tout à fait honteuses, Dieu punit la fierté et la cruauté
de ce prince et il fit voir par là que sa providence abaisse les
orgueilleux et ceux qui oppriment les autres.
La seconde réflexion est que les commencements du règne de Saül
furent très heureux et très glorieux pour lui, puisque Dieu se
servit de lui pour détruire les Hammonites et pour délivrer les
habitants de Jabès qui étaient réduits aux dernières extrémités.
Cela montre que Dieu aurait continué à bénir ce prince et ses sujets
si lui et eux ne se fussent rendus indignes de sa protection.
3. La modération et la clémence de Saül qui ne voulut pas qu on fît
mourir certaines personnes qui avaient d ’ abord refusé de le
reconnaître pour roi marquent qu ’ il avait alors de bons
sentiments, mais il ne les conserva pas.
Cependant cet exemple doit apprendre à tout le monde et en
particulier à ceux qui sont élevés en autorité à s ’ éloigner du
ressentiment et de la vengeance et à pardonner facilement les
offenses qui leur ont été faites.
(a) v12 : Ci-dessus 10.27
(nc1) v2 : tout est dans l ’original. Il faudrait lire : tous.
Chapitre XII
Samuel étant vieux résigne sa charge entre les mains du roi et du
peuple et il fait des protestations
solennelles de l'intégrité avec laquelle il l'avait exercée, versets
1-5.
Il reproche aux Israélites le péché qu 'ils avaient commis en
demandant un roi, versets 6-15
et il fait un miracle qui les remplit tous de frayeur, après quoi il
les rassure et les exhorte à servir Dieu et à lui obéir constamment,
versets 16-25.
Alors Samuel dit à tout Israël : Voici, j ’ ai obéi à votre voix en
tout ce que vous m ’ avez dit et j ’ ai établi un roi sur vous.
2. Et maintenant, voici le roi qui marche devant vous. Pour moi, je
suis vieux et déjà tout blanc, voici mes fils sont avec vous. Pour
moi, j ’ ai marché devant vous dès ma jeunesse jusqu ’ à ce jour.
3. a Me voici, déclarez devant l ’Éternel et devant son oint : De
qui ai-je pris le bœuf? Et de qui ai-je pris l ’ âne? Et à qui ai-je
fait tort? Qui ai-je foulé? Et de la main de qui ai-je pris une
rançon afin que je fisse semblant de ne le point voir? Et je vous en
ferai restitution.
4. Et ils répondirent : Tu ne nous as point opprimés et tu ne nous a
point foulé et tu n ’ a rien pris de personne.
5. Il leur répondit encore : L’Éternel est témoin contre vous, son
oint aussi est témoin aujourd ’hui que vous n ’avez trouvé aucune
chose entre mes mains. Et ils répondirent : Il en est témoin.
6. Alors Samuel dit au peuple : L’Éternel est celui qui établit
Moïse et Aaron et qui fit monter vos pères du pays d Égypte.
7. Maintenant donc, présentez-vous ici et je plaiderai contre vous
devant l ’Éternel, car l ’Éternel s ’ est montré très juste envers
vous et envers vos pères.
8. Après que b Jacob fut entré en Égypte, c vos pères crièrent à l
’Éternel etd l ’Éternel envoya Moïse et Aaron qui tirèrent vos pères
hors d Égypte et qui les ont fait habiter en ce lieu,
9. Mais ils oublièrent l Éternel leur Dieu et il les livra entre les
mains de e Siséra chef de l armée de Hatsor et entre les mains des
Philistins et entre les mains du roi de Moab qui leur firent la
guerre.
10. Après cela, ils crièrent à l ’Éternel et ils dirent : Nous avons
péché, car nous avons abandonné
l ’Éternel et nous avons servi les bahalins, et hasç-taroth.
Maintenant donc délivre-nous des mains de nos ennemis et nous te
servirons.
11. Et l ’Éternelf envoya Jérubbahal et Bédan 1 et Jephté et Samuel
et il vous délivra de la main de tous vos ennemis tout autour et
vous avez habité en pleine assurance,
12. Mais voyant que Nahas roi des Hammonites venait contre vous,
vous m ’ avez dit : Non, mais un roi règnera sur nous, bien que l
’Éternel votre Dieu fût votre roi.
13. Maintenant donc, voici votre roi que vous avez choisi que vous m
’ avez demandé et voici l ’Éternel
l ’ a établi roi sur vous.
14. Si vous craignez l ’Éternel, si vous le servez et si vous
obéissez à sa voix et si vous n ’ êtes point rebelles au
commandement de l ’Éternel, alors et vous
311
I Samuel
et votre roi qui règne sur vous, vous aurez l'Éternel votre Dieu
devant vous,
15. Mais si vous n'obéissez pas à la voix de l'Éternel et si vous
êtes rebelles au commandement de l'Éternel, la main de l'Éternel
sera aussi contre vous comme elle a été contre vos pères.
16. Or maintenant, arrêtez-vous et voyez cette grande chose que
l'Éternel va faire devant vos yeux.
17. N'est-ce pas aujourd'hui la moisson des blés ? Je crierai à
l'Éternel et il fera tonner et pleuvoir afin que vous sachiez et que
vous voyiez combien le mal que vous avez fait en la présence de
l'Éternel est grand d'avoir demandé un roi.
18. Alors Samuel cria à l'Éternel et l'Éternel fit tonner et
pleuvoir en ce jour-là. Et tout le peuple craignit fort l'Éternel et
Samuel.
19. Et tout le peuple dit à Samuel : Prie pour tes serviteurs
l'Éternel ton Dieu afin que nous ne mourions point, car nous avons
ajouté ce mal à tous nos autres péchés d'avoir demandé un roi pour
nous.
20. Alors Samuel dit au peuple : Ne craignez point, vous avez fait
tout ce mal, toutefois ne vous détournez point d'après l'Éternel,
mais servez l'Éternel de tout votre cœur.
21. Ne vous en détournez point, car ce serait vous détourner après
des choses de néant2 qui ne vous apporteraient aucun profit et qui
ne vous délivreraient point, parce que ce sont des choses de néant,
22. Car l'Éternel n'abandonnera point son peuple à cause de son
grand nom parce que l'Éternel a voulu vous faire son peuple.
23. Et pour moi, Dieu me garde que je pèche contre l'Éternel et que
je cesse de prier pour vous, mais je vous enseignerai le bon et
droit chemin.
24. Craignez seulement l'Éternel et servez-le en vérité de tout
votre cœur, car vous avez vu les choses magnifiques qu'il a faites
en votre faveur,
25. Que si vous persévérez à faire le mal, vous serez consumés et
vous et votre roi.
Réflexions
Les protestations que Samuel fit en présence du roi Saül et du
peuple apprennent aux magistrats et aux juges avec quelle intégrité
et quel désinréresse-ment ils doivent se conduire dans l'exercice de
leurs charges. Elles montrent en particulier que ceux qui ne rendent
pas exactement la justice et qui prennent des présents sont obligés
de faire restitution, de rendre ce qu'ils ont reçus et de réparer
les injustices qu'ils ont commises. Mais pour ce qui est des juges
qui se sont acquités consciencieusement de leur devoir, l'exemple de
Samuel fait voir qu'ils jouissent d'une grande consolation
lorsqu'ils sont sur le point de rendre compte à Dieu de leur
administration.
2. Il faut faire attention à ce que Samuel dit aux Israélites dans
cette occasion, en leur présentant que Dieu les avait comblés de ses
grâces, eux et leurs pères et que, nonobstant leurs fréquentes
révoltes et le péché qu'ils venaient de commettre en demandant un
roi, il n'avait pas laissé de les supporter et
de les délivrer en diverses rencontres et qu'il était même encore
prêt de les bénir, et eux et leur roi, pourvu qu'ils ne
l'irritassent pas par de nouveaux péchés.
Ce sont là des preuves bien convainquantes de l'infinie bonté du
Seigneur envers les hommes et de son admirable support et cela nous
engage à considérer que ce serait en nous une noire ingratitude si,
ayant reçu de Dieu des faveurs beaucoup plus excellentes que celles
qu'il avait faites au peuple d'Israël, nous tombions dans la
rebellion et dans la désobéissance.
3. Ce que Samuel disait aux Israélites que s'ils servaient Dieu
fidèlement, Dieu les protègerait, mais s'ils l'offensaient et eux et
leur roi seraient détruits, nous apprend que le Seigneur bénit les
états où la justice et la religion règnent, mais qu'il ne manque pas
de punir les princes et les peuples qui l'irritent par leurs péchés.
4. On voit ici la grande affection et la tendresse dont Samuel était
animé envers les Israélites. Après les avoir gouverné longtemps en
qualité de prophète et de juge, il les assurait que pendant qu'il
vivrait il ne cesserait jamais de prier pour eux et de leur montrer
le droit chemin.
Ce discours si grave et si touchant de Samuel exprime les sentiments
des fidèles pasteurs et des bons magistrats. Ils ont pour ceux qui
leur sont soumis l'amour le plus tendre, ils prient toujours pour
eux et ils ne se lassent point de leur montrer fidèlement le chemin
qu'ils doivent suivre pour être heureux.
(a) v3 : Nombres 16.15
(b) v8 : Genèse 46.5
(c) v8 : Exode 2.23
(d) v8 : Exode 3.10
(e) v9 : Juges 4.2, 10.7 et 3.12
(f) v11 : Juges 6.14, 32, 11.5 et ci-dessus 7.13
(g) Dans la marge du verset 12 : Ci-dessus 5.19
(1) v11 : On croit que c'était Jaïr, l'un des juges, ou Samson qui
était de la tribu de Dan.
(2) v21 : Hébreux : après les idoles.
Chapitre XIII
Jonathan, le fils de Saül, ayant battu la garnison des Philistins,
ils déclarèrent la guerre aux Israélites, versets 1-7.
Saül offre un sacrifice à Guilgal sans attendre Samuel, de quoi il
est très sévèrement repris par ce prophète qui lui déclara que son
règne ne subsisterait pas, versets 8-23.
Saül avait régné un an quand ces choses arrivèrent et il régna deux
ans sur Israël.
2. Et Saül choisi trois mille hommes d'Israël dont il y en avait
deux mille avec lui à Micmas et sur la montagne de Beth-el et mille
étaient avec Jonathan à Guibha de Benjamin et il renvoya le reste du
peuple chacun en sa tente.
3. Et Jonathan battit la garnison des Philistins qui étaient au
coteau et les Philistins le surent et Saül le
312
I Samuel
fit publier au son de la trompette par tout le pays et fit dire :
Que les Hébreux écoutent ceci.
4. Ainsi tout Israël entendit dire : Saül a battu la garnison des
Philistins et même Israël a été en mauvaise odeur entre les
Philistins. Et le peuple s ’assembla auprès de Saül à Guilgal.
5. Les Philistins aussi s ’ assemblèrent pour combattre contre
Israël, ayant trente mille chariots 1 et six mille hommes de cheval
et ce peuple était comme le sable qui est sur le bord de la mer,
tant il était en grand nombre. Ils montèrent donc et campèrent à
Micmas vers l ’orient de Beth-aven.
6. Or ceux d Israël virent qu ils étaient dans une grande extrêmité,
car le peuple était consterné et le peuple se cacha dans les
cavernes, dans les buissons épais, dans les rochers, dans les forts
et dans les fosses.
7. Et les Hébreux passèrent le Jourdain pour aller au pays de Gad et
de Galaad et comme Saül était encore à Guilgal, tout le peuple
effrayé se rangea vers lui.
8. Et Saül a attendit sept jours le terme marqué par Samuel, mais
Samuel ne venait point à Guilgal et le peuple s ’ écartait d ’ avec
Saül.
9. Et Saül dit : Amenez-moi un holocauste et des sacrifices de
prospérités et il offrit l holocauste.
10. Or sitôt qu ’ il eût achevé d ’offrir l ’holocauste, voici
Samuel arriva et Saül sortit au devant de lui pour le saluer.
11. Et Samuel lui dit : Qu ’ as-tu fait? Saül répondit : Parce que
je voyais que le peuple s ’ écartait de moi et que tu ne venais
point au jour assigné et que les Philistins étaient assemblés à
Micmas,
12. J ’ ai dit : Les Philistins descendront maintenant contre moi à
Guilgal et je n ai point supplié l Éternel et m ’ étant retenu
quelque temps, enfin j ’ ai offert l ’ho-locauste.
13. Alors Samuel dit à Saül : Tu as agi follement, tu n ’ as point
gardé le commandement que l ’Éternel ton Dieu t ’ avait donné. Car l
’Éternel eût maintenant affermi ton règne sur Israël à toujours.
14. Mais maintenant ton règne ne sera point stable. b L’Éternel s
’est cherché un homme selon son cœur. Et l ’Éternel lui a commandé d
’ être le conducteur de son peuple parce que tu n as point gardé ce
que l Éternel t avait commandé.
15. Puis Samuel se leva et monta de Guilgal à Guibha de Benjamin. Et
Saül fit le dénombrement du peuple qui se trouva avec lui et qui fut
c d environ six cents hommes.
16. Or Saül et son fils Jonathan et le peuple qui se trouva avec eux
se tenait à Guibah de Benjamin et les Philistins étaient campés à
Micmas.
17. Et il sortit trois bandes du camp des Philistins pour aller
faire du dégât. L’une des bandes prit le chemin de Hophra vers le
pays de Sçuhal.
18. L’autre bande prit le chemin de Bethhoron et la troisième prit
le chemin de la frontière qui regarde la vallée de Tsébohim vers le
désert.
19. Or dans tout le pays d ’Israël, il ne se trouvait aucun
forgeron, car les Philistins avaient dit : Il faut
empêcher que les Hébreux ne fassent des épées ou des lances.
20. C ’est pourquoi tous ceux d ’Israël descendaient vers les
Philistins chacun pour éguiser son soc, son coutre, sa coignée et
son hoyau.
21. Ils avaient des limes pour raccomoder leurs hoyaux, coutres et
leurs fourches à trois dents et leurs cognées et leurs aiguillons.
22. Et quand le jour de la bataille fut venu, il ne se trouva
personne du peuple qui était avec Saül et Jonathan qui eut ni épée,
ni halebarde, toutefois on en trouva à Saül et à Jonathan son fils.
23. Et le corps de garde des Philistins sortit au passage de Micmas.
Réflexions
L’on voit dans ce chapitre que comme Dieu avait promis que Saül
délivrerait son peuple, il permit que la guerre s ’ allumât entre
eux et les Israélites. Dans les commencements de cette guerre, Saül
et ses sujets furent fort alarmés, mais Dieu laur accorda la
victoire par le moyen de Jonathan fils de Saül.
Mais ce que nous devons surtout remarquer, c est
l ’ action du roi Saül qui voulut offrir un sacrifice sans attendre
le prophète Samuel. Bien que cette action ne paraisse pas d abord
fort criminelle et que Saül prétendît même l ’ excuser, le jugement
que Dieu, qui connaissait les dispositions de Saül, en fit et la
punition que Samuel dénonça à ce prince montrent qu il avait offert
ce sacrifice non seulement par une précipitation indiscrète, mais
outre cela par un principe de défiance et de rébellion au
commandement de Dieu, Samuel lui ayant expressément défendu de
sacrifier avant qu ’ il fût arrivé, outre que ce procédé de Saül
était d une dangereuse conséquence et d un mauvais exemple pour le
peuple.
Dieu veut qu on s attache inviolablement à ce qu il ordonne sans s
en écarter jamais, sous quelque prétexte que ce soit. Il ne faut
point chercher des excuses, ni alléguer des raisons, quand Dieu
commande et rien ne lui déplait davantage que la désobéissance à ses
ordres. De plus la réjection de Saül nous fait voir que ceux à qui
Dieu a accordé des grâces particulières et qui ont bien commencé
peuvent perdre tous ces avantages s ’ ils s ’ en rendent indignes et
être même rejetés de Dieu comme Saül le fut, même ceux qui ont de la
piété et du zèle, dans la crainte et dans une humilité continuelle.
(a) v14 : Psaume 89.21 ; Actes 13.22
(b) v15 : Ci-dessous 14.2
(1) v5 : C ’ est-à-dire : trente mille hommes qui étaient sur les
chariots et qui les accompagnaient. Voyez les notes sur I Chroniques
10.18.
Chapitre XIV
Jonathan attaque une garnison des Philistins, il met toute leur
armée en déroute et remporte la victoire sur eux, versets 1-23.
Saül, poursuivant les Philistins, fait faire serment à tout le
peuple de ne rien manger jusqu 'au soir. Jonathan, ignorant que ce
serment eût été fait, mangea
313
I Samuel
du miel dans une forêt, à cause de quoi son père voulu le faire
mourir, mais le peuple ne le permit pas, versets 24-52.
OR il arriva un jour que Jonathan fils de Saül dit au garçon qui
portait ses armes : Viens et passons vers le corps de garde des
Philistins qui est au delà de ce lieu-là et il ne le dit point à son
père.
2. Et Saül se tenait à l'extrémité du coteau sous un grenadier 1 qui
était à Migron et le peuple qui était avec lui était a d'environ six
cents hommes.
3. Et b Ahija fils d'Ahitub, frère d'I-cabod, fils de Phinées, qui
était fils d'Héli sacrificateur de l'Éternel à Scilo, portait
l'éphod et le peuple ne savait point que Jonathan s'en fût allé.
4. Or, entre les passages par lesquels Jonathan cherchait à passer
au corps de garde des Philistins, il y avait un rocher du côté de
deçà et un autre rocher du côté de delà. L'un s'appelait Botsets et
l'autre Séné.
5. L'un de ces rochers était situé du côté d'Aquilon vis-à-vis de
Micmas et l'autre du côté du Midi vis-à-vis de Guébah.
6. Et Jonathan dit au garçon qui portait ses armes : Viens, passons
au corps de garde de ces incirconcis, peut-être que l'Éternel fera
quelque exploit par nous, c car on ne saurait empêcher l'Éternel de
délivrer avec beaucoup ou peu de gens.
7. Et celui qui portait ses armes lui dit : Fais tout ce que tu as
au cœur, vas-y, voici je serai avec toi partout où tu voudras.
8. Et Jonathan lui dit : Voici nous allons passer vers ces gens et
nous nous montrerons à eux.
9. S'ils nous disent ainsi : Attendez jusqu'à ce que nous soyons
venus à vous, alors nous demeurerons à notre place et nous ne
monterons point vers eux.
10. Mais s'il nous disent ainsi : Montez vers nous, alors nous y
monterons, car l'Éternel les aura livrés entre nos mains. Que cela
nous soit pour un signe.
11. Ils se montrèrent donc tous deux au corps de garde des
Philistins et les Philistins dirent : Voilà les Hébreux sortent des
antres où ils s'étaient cachés.
12. Et ceux du corps de garde dirent à Jonathan et à celui qui
portait ses armes : Montez vers nous et nous vous montrerons quelque
chose. Et Jonathan dit à celui qui portait ses armes : Monte après
moi, car l'Éternel les a livrés entre les mains d'Israël.
13. Et Jonathan monta en grimpant de ses mains et de ses pieds avec
celui qui portait ses armes et ceux du corps de garde tombèrent
devant Jonathan et celui qui portait ses armes les tuait après lui.
14. Et cette première défaite que fit Jonathan et celui qui portait
ses armes fut d'environ vingt hommes qui furent tués en l'espace
d'environ la moitié d'un arpent de terre.
15. Et il y eut un grand effroi au camp, aux champs et parmi tout le
peuple. Le corps de garde aussi et ceux qui étaient allés faire du
dégât furent effrayés et le pays fut en trouble 2 et ce fut comme
une frayeur envoyée de Dieu.
16. Et les sentinelles de Saül qui étaient à Guibha de Benjamin
regardèrent et voici la multitude était en si grand désordre qu'elle
se foulait en s'en allant.
17. Alors Saül dit au peuple qui était avec lui : Faites la revue
maintenant et voyez qui s'en est allé d'entre nous. Ils firent donc
la revue et voici Jonathan n'y était point, ni celui qui portait ses
armes.
18. Et Saül dit à Ahija : Fais approcher l'arche de Dieu (car
l'arche de Dieu était en ce jour-là avec les enfants d'Israël).
19. Mais il arriva que pendant que Saül parlait au sacrificateur, le
tumulte qui était au camp des Philistins allait croissant de plus en
plus et Saül dit au sacrificateur : Retire ta main 3.
20. Et Saül et tout le peuple qui était avec lui fut assemblé à
grand cri et ils vinrent jusqu'au lieu du combat et voici les
Philistins avaient les épées tirées les uns contre les autres et il
y avait un fort grand effroi.
21. Or les Philistins avaient avec eux des Hébreux, comme ils
avaient eu auparavant, qui étaient montés des environs avec eux dans
leur camp et ces Hébreux se joignirent aussi incontinent aux
Israélites qui étaient avec Saül et Jonathan.
22. Tous les Israélites aussi qui étaient cachés dans la montagne
d'Éphraïm ayant appris que les Philistins fuyaient les poursuivirent
et les atteignirent dans la bataille.
23. En ce jour-là donc l'Éternel délivra Israël et ils combattirent
jusqu'à Beth-aven.
24. En ce jour-là, les Israélites furent fort harassé et Saül fit
faire au peuple ce serment disant : Maudit soit l'homme qui mangera
aucune nouriture jusqu'au soir, jusqu'à ce que je me sois vengé de
mes ennemis. Et tout le peuple ne goûta aucune nourriture.
25. Et tout le peuple du pays vint dans une forêt où il y avait du
miel qui coulait sur un champ.
26. Le peuple donc entra dans la forêt et voici du miel qui
découlait et il n'y en eut aucun qui osât en porter à sa bouche, car
le peuple respectait le serment.
27. Or Jonathan n'avait point entendu lorsque son père avait fait
jurer le peuple et il étendit le bout de son bâton qu'il avait en sa
main et le trempa dans un rayon de miel et il en porta avec sa main
à sa bouche et ses yeux furent éclaircis.
28. Alors quelqu'un du peuple prenant la parole lui dit : Ton père a
fait expressément jurer le peuple disant : Maudit soit l'homme
aujourd'hui qui mangera aucune nourriture, bien que le peuple fût
fort fatigué.
29. Et Jonathan dit : Mon père a troublé le peuple du pays. Voyez,
je vous prie, comme mes yeux sont éclaircis parce que j'ai un peu
goûté de ce miel.
30. Combien plus si le peuple avait aujourd'hui bien mangé de la
dépouille de ses ennemis qu'il a trouvée? La défaite des Philistins
n'en aurait-elle pas été plus grande ?
31. En ce jour-là donc ils battirent les Philistins depuis Micmas
jusqu'à Ajalon et le peuple fut extrêmement fatigué.
314
I Samuel
32. Puis il se jetta sur le butin et ils prirent des brebis, des
bœufs et des veaux et ils les égorgèrent sur la terre et le peuple
les mangeaient avec le sang.
33. Et on en fit ce rapport à Saül, disant : Voici, le peuple pèche
contre l Éternel, mangeant la chair avec le sang. Et il dit : Vous
avez transgressé la loi de Dieu, roulez aujourd hui une grande
pierre vers moi.
34. Et Saül dit : Allez çà et là parmi le peuple et dites-leur que
chacun amène vers moi son taureau et chacun ses brebis et vous les
égorgerez ici et vous les mangerez et vous ne pécherez point contre
l ’Éternel en mangeant la chair avec le sang. Et chacun du peuple
amena son taureau à la main cette nuit-là et ils les égorgèrent là.
35. Alors Saül bâtit un autel à l ’Éternel et ce fut le premier
autel qu ’ il bâtit à l ’Éternel.
36. Puis Saül dit : Descendons et poursuivons de nuit les Philistins
et pillons-les jusqu ’ à ce que le matin soit venu et n ’ en
laissons pas un de reste. Et ils dirent : Fais tout ce qu ’ il te
semble bon, mais le sacrificateur dit : Approchons-nous ici de Dieu.
37. Alors Saül consulta Dieu disant : Descendrai-je afin de
poursuivre les Philistins? Les livreras-tu entre les mains d Israël
? Et il ne lui donna point de réponse en ce jour-là.
38. Et Saül dit : Que toutes les compagnies du peuple s approchent d
ici et sachez et voyez comment le péché est aujourd hui venu parmi
nous,
39. Car l ’Éternel est vivant qui délivre Israël qu ’ encore que
cela eût été fait par mon fils Jonathan, il en mourra certainement.
Et aucun du peuple ne lui répondit rien.
40. Puis, il dit à tout Israël : Mettez-vous d ’ un côté et nous
serons de l ’ autre côté, moi et Jonathan mon fils. Le peuple
répondit à Saül : Fais tout ce qui te semble bon.
41. Et Saül dit à l ’Éternel le Dieu d ’Israël : Fais connaître
celui qui est innocent. Et Jonathan et Saül furent saisis 4 et le
peuple échappa.
42. Et Saül dit : Jettez le sort entre moi et Jonathan mon fils. Et
Jonathan fut saisi.
43. Alors Saül dit à Jonathan : Déclare-moi ce que tu as fait. Et
Jonathan lui déclara et dit : Il est vrai que j ’ ai goûté avec le
bout de mon bâton que j ’ avais en ma main un peu de miel, me voici,
je mourrai.
44. Et Saül dit : Que Dieu me punisse sévèrement si tu ne meurs
certainement Jonathan.
45. Mais le peuple dit à Saül : Jonathan qui a délivré Israël d ’
une manière si merveilleuse mourait-il? Cela ne sera point, l
Éternel est vivant si un seul des cheveux de sa tête tombe sur
terre, car il a aujour-d ’ hui fait un grand exploit avec Dieu.
Ainsi le peuple délivra Jonathan et il ne mourut point.
46. Puis Saül s ’ en retourna de la poursuite des Philistins et les
Philistins s ’ en allèrent en leur pays.
47. Saül donc régna sur Israël et fit la guerre de tous côté contre
ses ennemis, contre les Moabites et contre les Hammonites, contre
les rois de Tsoba et contre les Philistins, partout où il se
tournait il mettait tout en trouble.
48. Il leva aussi une armée et battit les Hamalékites et il délivra
Israël de la main de ceux qui le pillaient.
49. Or les fils de Saül était Jonathan, Jisçui et Mal-kisçuah et
quant aux noms de ses deux filles, le nom de l ’ aînée était Mérab
et le nom de la cadette était Mical.
50. Et le nom de la femme de Saül était Ahinoham, fille d Ahimahats
et le nom du chef de son armée était Abner, fils de Ner, oncle de
Saül.
51. Et e Kis père de Saül et Ner père d ’Abner étaient fils d Abiel.
52. Et pendant tout le temps de Saül il y eut une forte guerre
contre les Philistins et aussitôt que Saül voyait quelque homme fort
et quelque homme vaillant, il le prenait auprès de lui.
Réflexions
Il faut remarquer ici
1. Le courage et la piété de Jonathan qui prit la résolution d
attaquer les Philistins, mais qui avant que d exécuter son
entreprise voulut s assurer par le moyen d un signe si Dieu le
bénirait.
2. L’heureux succès que Dieu lui donna fit voir que
l ’ entreprise de ce prince et sa personne lui étaient agréables, la
défaite de la garnison des Philistins et un tremblement de terre que
Dieu envoya les jeta dans la frayeur et dans le désordre en sorte qu
’ ils se tuèrent les uns les autres et que les Israélites en firent
un grand carnage.
Quoique Dieu fut irrité contre Saül, il voulut cependant lui
accorder cette victoire et délivrer dans cette occasion le peuple d
’Israël par le moyen de Jonathan qui était un prince craignant Dieu
et vertueux.
Dieu accorde quelque fois des grâces à des personnes qui en sont
indignes, non à cause d elles-mêmes, mais à cause de sa gloire et de
l amour qu il porte à ceux qui le craignent.
Pour ce qui est du serment que Saül fit faire à son armée de ne rien
manger de tout ce jour-là, il faut faire ces quatre réflexions.
La première que ce serment fut fait inconsidérément et qu il manqua
d avoir des suites funestes, ce qui fait voir que l on doit éviter
avec soin les serments téméraires et les vœux inconsidérés.
2. Il faut remarquer que Dieu ne donna aucune réponse à Saül qui le
consultait et qu il permit que Jonathan, qui n avait pas fait ce
serment et qui était innocent, fût découvert par le sort. Dieu le
voulut ainsi tant pour faire sentir à Saül le péché qu il avait
commis par ce serment téméraire qu ’ il avait fait faire au peuple
que pour montrer combien il fallait respecter le serment et avec
quelle exactitude il doit être gardé.
3. On voit que, quoique Saül fût rebelle aux commandements de Dieu,
il fit cependant paraître un grand zèle en défendant au peuple de
manger du sang et en ordonnant même que Jonathan son fils mourut. C
est là le caractère des hypocrites. Ils jugent sévèrement les autres
et ils paraissent même
315
I Samuel
zélés pour la gloire de Dieu dans de certaines occasions, pendant
qu'ils ne se reconnaissent, ni ne se condamnent point eux-mêmes et
que dans les choses qui sont les plus importantes, ils violent les
commandement du Seigneur.
Enfin, Dieu garantit Jonathan et après s'être servi de lui pour
détruire les Philistins, il ne permit pas qu'on le fît mourir. Cela
montre qu'on ne doit jamais condamner des innocents, ni commettre
aucune injustice sous prétexte des serments que l'on peut avoir
faits, ni par quelque autre considération que ce puisse être, mais
qu'il faut plutôt protéger et défendre l'innocence dans toutes
sortes d'occasions.
(a) v2 : Ci-dessus 13.13-15
(b) v3 : Ci-dessus 4.21
(c) v6 : II Chroniques 14.11
(d) v49 : I Chroniques 8.33
(e) v51 : I Chroniques 8.33 où Abiel est nommé aussi Ner.
(1) v2 : Ou sous Rimmon, c'était un rocher dont il est parlé Juges
20.47 et 21.13
(2) v15 : La terre trembla.
(3) v19 : Cela voulait dire que le sacrificateur ne devait pas
continuer à consulter Dieu et à le prier, puisqu'il faisait assez
connaître sa volonté par le désordre qui s'était mis dans le camp
des Philistins.
(4) v41 : Le sort tomba sur eux.
Chapitre XV
Saül faisant la guerre aux Hamalékites épargna Agag leur roi et leur
meilleur butin contre l'ordre exprès du Seigneur, à cause de quoi
Samuel, sans avoir égard aux excuses de Saül, lui déclara que Dieu
l'avait rejeté. Ce prophète commanda ensuite de faire mourir Agag et
s'en alla à Rama sans plus revoir Saül.
OR Samuel dit à Saül : L'Éternel m'a envoyé pour t'oindre afin
d'être roi sur mon peuple, savoir sur Israël. Maintenant donc écoute
les paroles de l'Éternel.
2. Ainsi a dit l'Éternel des armées : J'ai rappelé en ma mémoire ce
qu'a faita Hamalek à Israël, comment il s'opposa à lui sur le chemin
quand il montait d'Égypte.
3. Va maintenant et frappe Hamalek et détruisez à la façon de
l'interdit tout ce qu'il a et ne l'épargnez point, mais fait mourir
tant les hommes que les femmes, tant les grands que ceux qui tettent,
tant les bœufs que les brebis et tant les chameaux que les ânes.
4. Saül donc assembla à cri public le peuple et il en fit le
dénombrement à Telaim et il se trouva deux cent mille hommes de pied
et dix mille hommes de Juda.
5. Et Saül vint jusqu'à la ville de Hamalek et il mit des embuscades
en la vallée.
6. Et Saül dit aux Kéniens 1 : Allez, retirez-vous, descendez du
milieu des Hamalékites de peur que je ne vous enveloppe avec eux,
car vous usiez d'humanité envers tous les enfants d'Israël quand ils
montèrent hors d'Égypte. Et les Kéniens se retirèrent du milieu des
Hamalékites.
7. Or Saül battit les Hamalékites depuis Havila jusqu'à Sçur qui est
vis-à-vis de l'Égypte.
8. Et il prit vif Agag roi des Hamalek, mais il fit passer tout le
peuple au fil de l'épée à la façon de l'interdit.
9. Cependant Saül et le peuple épargnèrent Agag et les meilleures
brebis, les meilleurs bœufs, les bêtes grasses, les agneaux et tout
ce qu'il y avait de bon et ils ne voulurent point les détruire à la
façon de l'interdit, ils détruisirent seulement à la façon de
l'interdit tout ce qui était méprisable et de peu de valeur.
10. Alors la parole de l'Éternel fut adressée à Samuel disant :
11. Je me repens d'avoir établi Saül pour roi, car il s'est détourné
de moi et il n'a point exécuté mes paroles. Et Samuel en fut fort
fâché et cria à l'Éternel toute cette nuit-là.
12. Puis Samuel se leva de bon matin pour aller au devant de Saül.
Et on fit ce rapport à Samuel et on lui dit : Saül était venu à
Carmel et voici il s'était fait là dresser une place 2, mais il s'en
est retourné et passant outre il est descendu à Guilgal.
13. Quand Samuel fut venu à Saül, Saül lui dit : Tu es béni de
l'Éternel, j'ai exécuté la parole de l'Éternel.
14. Et Samuel dit : Quel est donc ce bêlement de brebis qui retentit
à mes oreilles et ce meuglement de bœufs que j'entends ?
15. Et Saül répondit : Ils les ont amenés des Ha-malékites, car le
peuple a épargné les meilleures brebis et les meilleurs taureaux
pour les sacrifier à l'Éternel ton Dieu et nous avons détruit le
reste à la façon de l'interdit.
16. Et Samuel dit à Saül : Laisse-moi te déclarer ce que l'Éternel
m'a dit cette nuit. Et il lui répondit : Parle.
17. Samuel donc dit : N'est-il pas vrai que lorsque tu étais petit à
tes yeux tu as été fait le chef des tribus d'Israël et que l'Éternel
t'a oint pour roi sur Israël?
18. Or l'Éternel t'avais envoyé en cette expédition et t'avait dit :
Va et détruis à la façon de l'interdit ces pécheurs, savoir les
Hamalékites et fais-leur la guerre jusqu'à ce qu'ils soient
consumés.
19. Et pourquoi n'as-tu pas obéi à la voix de l'Éternel et pourquoi
t'es-tu jeté sur le butin et as-tu fait ce qui déplait à l'Éternel?
20. Et Saül répondit à Samuel : J'ai pourtant obéi à la voix de
l'Éternel et je suis allé par le chemin par lequel l'Éternel m'a
envoyé et j'ai amené Agag roi des Hamalékites, mais j'ai détruit à
la façon de l'interdit les Hamalékites.
21. Mais le peuple a pris des brebis et des bœufs du butin comme des
prémices de l'interdit pour sacrifier à l'Éternel ton Dieu à
Guilgal.
22. Alors Samuel dit : L'Éternel prend-il plaisir aux holocaustes et
aux sacrtifices comme à ce qu'on obéisse à sa voix? Voici, b obéir
vaux mieux que sacrifice, se rendre attentif à la voix de Dieu vaut
mieux que la graisse de mouton,
316
I Samuel
23. Car la rébellion est autant que le péché de deviner et la
résistance lui déplait autant que les idoles et les marmouflets.
Parce donc que tu as rejeté la parole de l ’Éternel, il t ’ a aussi
rejeté afin que tu ne sois plus roi.
24. Saül répondit à Samuel : J ’ ai péché parce que j ’ ai
transgressé le commandement de l ’Éternel et tes paroles parce que
je craignais le peuple et j ai obéi à sa voix.
25. Mais maintenant, je te prie, pardonne-moi mon péché et reviens
avec moi et je me prosternerai devant l Éternel.
26. Et Samuel dit à Saül : Je ne retournerai point avec toi, car tu
as rejeté la parole de l ’Éternel et
l ’Éternel t ’ a rejeté afin que tu ne sois plus roi sur Israël.
27. Et comme Samuel se tournait pour s ’ en aller, Saül lui prit le
pan de son manteau qui se déchira.
28. Alors Samuel lui dit : L’Éternel a aujourd ’hui déchiré le
royaume d ’Israël de dessus toi et il l ’ a donné à ton prochain qui
est meilleur que toi.
29. Et en effet, celui qui est la force d ’Israël ne mentira point
et il ne se repentira point, car il n est pas un homme pour se
repentir.
30. Et Saül répondit : J ’ ai péché, mais honore-moi maintenant, je
te prie, en la présence des anciens de mon peuple et en la présence
d ’Israël et reviens avec moi et je me prosternerai devant l Éternel
ton Dieu.
31. Samuel donc s ’ en retourna et suivit Saül et Saül se prosterna
devant l ’Éternel.
32. Puis Samuel dit : Amenez-moi Agag roi d ’ Ha-malek. Et Agag vint
à lui faisant le gracieux. Et Agag disait : Certainement l amertume
de la mort est passée.
33. Mais Samuel lui dit : Comme ton épée a privé les femmes de leurs
enfants, ainsi ta mère entre les femmes sera privée d ’ un fils. Et
Samuel fit mettre Agag en pièces devant l Éternel à Guilgal.
34. Puis il s ’ en alla à Rama. Et Saül monta en sa maison à Guibhat-Saül.
35. Et Samuel n ’ alla plus voir Saül jusqu ’ au jour de sa mort,
mais Samuel pleurait Saül parce que
l ’Éternel s ’ était repenti d ’ avoir établi Saül pour roi sur
Israël.
Réflexions
Il y a d ’ importantes considérations à faire sur l ’ histoire qui
est rapportée dans ce chapitre.
La première regarde le péché de Saül qui, contre
l ’ordre exprès de Dieu, épargna le roi des Hamalé-kites et leur
meilleur butin et la manière dont Samuel reprit ce prince de sa
désobéissance. Cela nous apprend qu il ne nous est jamais permis d
expliquer les commandements de Dieu suivant nos propres pensées, ni
d ’ en omettre la moindre partie par quelque raison que ce puisse
être, mais qu il faut obéir en simplicité de cœur à tout ce que Dieu
nous commande, sans chercher des prétextes pour nous en dispenser.
Saül voulut s ’ excuser en disant qu ’ il avait
obéi aux ordres de Dieu et en alléguant l ’ intention qu il avait d
honorer Dieu en sacrifiant les bêtes que
l ’ on avait épargnées. Mais le prophète rejeta toutes ces excuses
et censura fortement Saül de sa désobéissance.
Il n ’y a aucune excuse qui puisse nous justifier devant Dieu lorsqu
’ il nous a fait connaître sa volonté d ’ une manière claire et
expresse et que nous la violons. Cela nous montre de plus que c ’
est en vain qu ’on prétend honorer Dieu quand on s ’ écarte de ce qu
il a prescrit, que Dieu ne regarde point aux hommages extérieurs qu
on lui rend lorsqu on ne lui obéit pas,
que l'obéissance vaut mieux que le sacrifice et que c 'est un péché
aussi grand que l'idolâtrie que d'être rebelle à sa voix.
3.nc1 Nous devons bien remarquer que Saül fut effrayé des censures
et des menaces de Samuel qu il le conjura de lui faire obtenir le
pardon de sa faute et de demeurer avec lui. Mais Dieu ne fut point
fléchi par les marques de repentance que ce prince donna, parce que
sa repentance n était pas sincère et que ce n était que la crainte d
être dépouillé de son royaume et de tomber dans le mépris qui le
faisait agir. À cause de cela Samuel persista à lui déclarer que
Dieu l ’ avait rejeté et même il le quitta pour toujours et ne le
revit plus.
La douleur que les méchants font paraître n est pas toujours une
vraie repentance, ce n ’ est souvent qu une douleur selon le monde.
À cause de cela, Dieu, qui connaît les cœurs, n ’y a point d ’égard
et il les abandonne lorsque leur malice est parvenue à son comble.
(a) v2 : Exode 17.18 ; Deutéronome 25.17
(b) v22 : Osée 6.6 ; Matthieu 9.13 et 12.7
(1) v6 : Qui descendait de Jéthro, beau-père de Moïse.
(2) v12 : Hébreux : une main. Il y avait mis une garnison ou selon d
autres il s était fait dresser un monument.
(nc1) Réflexions 3 : Le chiffre trois est dans l ’ original.
Chapitre XVI
Le prophète Samuel oint David pour être roi du peuple d'Israël,
versets 1-13
et Saül étant troublé par un mauvais esprit, David est appelé auprès
de lui pour le soulager, versets 14-23.
Et l ’Éternel dit à Samuel : Jusqu ’à quand t’affligeras-tu pour
Saül puisque je l ’ai rejeté afin qu ’ il ne règne plus sur Israël?
Empli ta corne d ’huile et viens, je t ’ enverrai vers Isaï
Bethléhémite, car je me suis pourvu d ’ un de ses fils pour roi.
2. Et Samuel dit : Comment irai-je là? Car Saül
l ’ ayant appris me tuera. Et l ’Éternel répondit : Tu em-meneras
avec toi une jeune vache du troupeau et tu diras : Je suis venu pour
sacrifier à l Éternel.
3. Et tu inviteras Isaï au sacrifice, je te ferai savoir là ce que
tu auras à faire et tu m oindras celui que je te dirai.
317
I Samuel
4. Samuel donc fit comme l'Éternel lui avait dit et vint à Bethléhem
et les anciens de la ville tout effrayés vinrent au devant de lui et
dirent : Ne viens-tu que pour notre bien ?
5. Et il répondit : Je ne viens que pour votre bien. Je suis venu
pour sacrifier à l'Éternel, purifiez-vous et venez avec moi au
sacrifice. Il fit aussi purifier Isaï et ses fils et il les invita
au sacrifice.
6. Et comme ils entraient, ayant vu Éliab il dit en lui-même :
Certainement l'oint de l'Éternel est devant lui.
7. Et l'Éternel dit à Samuel : Ne prends point garde à son visage,
ni à la grandeur de sa taille, car je l'ai rejeté, car l'Éternel n'a
point d'égard aux choses auxquelles l'homme a égard, l'homme a égard
à ce qui paraît à ses yeux, a mais l'Éternel a égard au cœur.
8. Et Isaï appela Abinadab et le fit passer devant Samuel et Samuel
dit : L'Éternel n'a point choisi celui-ci non plus.
9. Et Isaï fit passer Sçamma et Samuel dit : L'Éternel n'a point
choisi celui-ci non plus.
10. Ainsi Isaï fit passer ses sept fils devant Samuel. Et Samuel dit
à Isaï : L'Éternel n'a point choisi ceux-ci.
11. Puis Samuel dit à Isaï : Sont-ce là tous tes enfants ? Et il dit
: Il reste encore le plus jeune b mais voici il paît les brebis.
Alors Samuel dit à Isaï : Envoie le chercher, car nous ne nous
mettrons point à table jusqu'à ce qu'il soit venu ici.
12. Il l'envoya donc quérir. Or il était blond, de bonne mine et
beau de visage. Et l'Éternel dit à Samuel : Lève-toi et oins-le, car
c'est celui-là.
13. Alors Samuelc prit la corne d'huile et l'oignit au milieu de ses
frères et depuis ce temps-là d l'Esprit de l'Éternel saisit David.
Or Samuel se leva et s'en alla à Rama.
14. Et l'Esprit de l'Éternel se retira de Saül et un mauvais esprit
envoyé par l'Éternel le troublait.
15. Et les serviteurs de Saül lui dirent : Voici maintenant un
mauvais esprit envoyé de Dieu te trouble.
16. Que le roi notre seigneur dise à ses serviteurs qui sont devant
toi qu'ils cherchent un homme qui sache jouer de la harpe et quand
le mauvais esprit envoyé de Dieu sera sur toi, il jouera de sa main
et tu en seras soulagé.
17. Saül dit donc à ses serviteurs : Je vous prie, trouvez-moi un
homme qui sache bien jouer des instruments et amenez-le moi.
18. Et l'un de ses serviteurs répondit et dit : Voici j'ai vu un
fils d'Isaï Bethléhémite qui sait jouer des instruments et qui est
fort vaillant et guerrier, qui parle bien, bel homme et l'Éternel
est avec lui.
19. Alors Saül envoya des messagers à Isaï pour lui dire :
Envoie-moi David ton fils qui est avec les brebis.
20. Et Isaï prit un âne chargé de pain et un baril de vin et un
chevreau de lait et il les envoya à Saül par David son fils.
21. Et David vint vers Saül et se présenta devant lui et Saül l'aima
fort et il en fit son écuyer.
22. Et Saül envoya dire à Isaï : Je te prie que David demeure à mon
service, car il a trouvé grâce devant moi.
23. Quand donc le mauvais esprit envoyé de Dieu était sur Saül,
David prenait la harpe et il en jouait de sa main et Saül en était
soulagé et il s'en trouvait bien parce que le mauvais esprit se
retirait de lui.
Réflexions
Les deux événements qui sont rapportés ici sont remarquables.
Le premier est le choix que Dieu fit de David pour être roi. Sur
quoi nous devons faire ces deux considérations :
- l'une, afin qu'il parût que David était appelé à régner tout de
même que Saül l'avait été, Dieu voulut qu'il fut oint par le même
prophète qui avait oint Saül,
- l'autre, que, bien que David fût le plus jeune des fils d'Isaï,
Dieu le fit oindre par Samuel et qu'il le prit d'entre les brebis
pour l'élever sur le trône parce que c'était un homme selon son
cœur.
L'instruction que cela nous donne est que Dieu fait choix de ceux
qui ont un cœur bon et droit et que comme le prophète Samuel le dit,
Le Seigneur n 'a point d’égard à ce à quoi l'homme a égard, que
l'homme regarde à ce qui a de l'apparence, mais que Dieu a égard au
cœur.
L'autre événement que ce chapitre rapporte est que Saül fut troublé
par un mauvais esprit, c'est-à-dire par une mélancolie noire et que
David au contraire fut rempli de l'Esprit Saint, que Dieu même se
servit de David pour soulager Saül dans les accès de son mal. Par là
la providence préparait les choses à l'élévation de David sur le
trône en le rendant recommandable à la cour de Saül.
Au reste, l'exemple de Saül, qui, après avoir reçu l'Esprit de Dieu,
fut livré à un mauvais esprit, nous montre ce qui arrive à ceux qui
se rendent indignes de la grâce divine. Ils en sont privés, leur
état devient même plus funeste et comme notre Seigneur Jésus-Christ
le dit dans l'Évangile,
Le mauvais esprit rentre en eux et leur dernière condition devient
pire que la première. Luc 11.26.
(a) v7 : I Chroniques 28.9; Psaume 7.10; Jérémie 11.20, 17.10 et
20.12
(b) v11 : II Samuel 7.8 ; Psaume 78.70
(c) v13 : Psaume 89.21
(d) v13 : Actes 7.46 et 13.22
Chapitre XVII
Les Philistins font la guerre aux Israélites et un géant nommé
Goliath défie le peuple d'Israël et s'offre de combattre contre
celui qui se présenterait, ce que personne n 'osa faire, versets
1-25.
Ensuite David s assurant sur le secours de Dieu se présente pour
combattre Goliath. Il le tue et les Israélites remportent une grande
victoire sur les Philistins, versets 26-58.
318
I Samuel
OR les Philistins assemblèrent leurs armées pour combattre et ils
furent assemblés à Soco qui est de Juda. Ils campèrent entre Soco et
Hazéca sur la frontière de Dammim.
2. Saül aussi et ceux d ’Israël s ’ assemblèrent et campèrent en la
vallée du chêne et ils se rangèrent en ordre de bataille pour
rencontrer les Philistins.
3. Or les Philistins étaient sur une montagne du côté de deçà et les
Israélites étaient sur une autre montagne du côté de delà, de sorte
que la vallée était entre deux.
4. Alors on vit sortir du camp des Philistins un homme qui se
présentait entre les deux armées et qui avait nom Goliath. Il était
de Gath, il avait six coudées et un palme de haut.
5. Et il avait un casque d ’ airain sur sa tête et il était armé d
une cuirasse à écailles et sa cuirasse pesait cinq mille sicles d ’
airain.
6. Il avait aussi des cuissards d ’airain sur ses jambes et un
bouclier d ’ airain entre ses épaules.
7. La hampe de sa hallebarde était comme l en-suble nc1 d ’ un
tisseran et son fer pesait six cents sicles de fer et celui qui
portait son bouclier marchait devant lui.
8. Il se présentait donc et criait aux rangs d ’Israël et il leur
disait : Pourquoi sortez-vous pour vous ranger en bataille ? Ne
suis-je pas Philistin et vous n ’ êtes-vous pas serviteurs de Saül ?
Choisissez un homme d ’ entre vous et qu ’ il descende pour se
battre avec moi.
9. Que s il a l avantage sur moi en combattant avec moi et qu ’ il
me tue, nous serons vos serviteurs, mais si j ’ ai l ’ avantage sur
lui et si je le tue, vous serez nos serviteurs et vous nous
servirez.
10. Et le Philistin disait : J ’ ai déshonoré aujour-d ’ hui les
batailles rangées d ’Israël en leur disant : Donnez-moi un homme et
nous combattrons ensemble.
11. Mais Saül et tous les Israélites ayant entendu les paroles du
Philistin furent étonnés et eurent une fort grande peur.
12. Or David était fils de cet homme Éphratien de Bethléhem de Juda
nommé Isaï qui avait huit fils, qui était vieux et qui était mis au
rang des personnes de qualité du temps de Saül.
13. Les trois plus grand fils de cet Isaï s ’ en étaient allés et
avaient suivi Saül dans cette guerre. Et ses trois fils qui étaient
allés à la guerre s ’ appelaient le premier-né Eliab, le second
Adinadab et le troisième Sçamma.
14. Et Davis était le plus jeune et les trois plus grands suivaient
Saül.
15. Ce a David donc allait et revenait d ’ auprès Saül pour paître
les brebis de son père à Bethléhem.
16. Et le Philistin s ’ approchait le matin et le soir et il se
présenta ainsi pendant quarante jours.
17. Et Isaï dit à David son fils : Prends maintenant pour tes frères
un épha de froment roti et ces dix pains et porte-les en diligence
au camp de tes frères.
18. Tu porteras aussi ces dix fromages de lait au capitaine de leur
millier et tu visiteras tes frères pour savoir s ’ils se portent
bien et tu m ’ en apporteras quelques enseignes.
19. Or Saül et eux et tous ceux d ’Israël étaient dans la vallée du
chêne pour combattre contre les Philistins.
20. David donc se leva de bon matin et laissa les brebis en garde au
berger, puis ayant pris sa charge, il s’ en alla comme son père Isaï
le lui avait commandé et il arriva au lieu où était le camp et l
armée était sortie pour se ranger en bataille et on jetait de grand
cris pour la bataille,
21. Car les Israélites et les Philistins avaient rangé armée contre
armée.
22. Alors David se déchargea de son bagage le laissant entre les
mains de celui qui gardait le bagage et courut au lieu où était la
bataille rangée et y étant arrivé il demanda à ses frères s ’ ils se
portaient bien.
23. Et comme il parlait, voici cet homme qui se présentait entre les
deux armées, qui avait nom Goliath le Philistin et qui était de Gath,
de l ’ armée des Philistins, s ’ avança et prononça les mêmes
discours qu ’ il avait prononcés auparavant et David les entendit.
24. Et tous ceux d ’Israël voyant cet homme-là s ’ enfuyaient de
devant lui et tremblaient de peur.
25. Et chacun d ’Israël disait : N ’ avez-vous point vu cet homme-là
qui est monté? Il est monté pour déshonorer Israël. S ’ il se trouve
quelqu ’ un qui le tue, le roi le comblera de richesses et il lui
donnera sa fille et il affranchira la maison de son père de toutes
sortes de charges en Israël.
26. Alors David parla aux gens qui étaient là avec lui et leur dit :
Quel bien fera-t-on à l homme qui aura tué ce Philistin et qui aura
ôté l opprobre de dessus Israël ? Car qui est ce Philistin
incirconcis pour déshonorer ainsi les batailles rangées du Dieu
vivant ?
27. Et le peuple lui répéta ces mêmes paroles-là et lui dit : C est
bien là le bien qu on fera à l homme qui l aura tué.
28. Et quand Éliab son frère aîné eut entendu qu ’ il parlait à ces
gens-là, sa colère s ’ embrasa contre David et il lui dit : Pourquoi
es-tu descendu ? Et à qui as-tu laissé ce peu de brebis que nous
avons à la campagne ? Je connais ton orgueil et la malice de ton
cœur que tu es descendu pour voir le combat.
29. Et David répondit : Qu ’ ai-je fait maintenant ? Y a-t-il de
quoi se fâcher?
30. Et s étant détourné de celui-là il alla vers un autre et il tint
de semblables discours. Et le peuple lui répondit de même, comme la
première fois.
31. Et les paroles que David avait dites ayant été entendues furent
rapportées à Saül et il le fit venir.
32. Et David dit à Saül : Que personne ne perde courage à cause de
cet homme, ton serviteur ira et combattra contre ce Philistin.
33. Mais Saül dit à David : Tu ne saurais aller contre ce Philistin
pour combattre contre lui, car tu
319
I Samuel
n'es qu'un jeune homme et lui est un homme de guerre dès sa
jeunesse.
34. Et David répondit à Saül : Lorsque ton serviteur paissait les
brebis de son père, il arriva qu'un lion vint et un ours et ils
emportaient une brebis du troupeau,
35. Mais je sortais après eux et je les frappai et j'arrachai la
brebis de leur gueule et comme ils se levaient contre moi, je les
saisis par la machoire et je les frappai et je les tuai.
36. Ton serviteur donc a tué et un lion et un ours et ce Philistin
incirconcis sera comme l'un d'eux, car il a déshonoré les batailles
rangées du Dieu vivant.
37. Et David dit encore : L'Éternel qui m'a délivré de la griffe du
lion et de la patte de l'ours me délivrera encore de la main de ce
Philistin. Alors Saül dit à David : Va et que l'Éternel soit avec
toi !
38. Et Saül fit armer David de ses armes et il lui mit son casque
d'airain sur la tête et le fit armer d'une cuirasse.
39. Puis David ceignit l'épée de Saül sur ses armes et se mit à
marcher, car jamais il ne l'avait assayé. Et David dit à Saül : Je
ne saurais marcher avec ces armes, car je n'y suis pas accoutumé. Et
David les ôta de dessus lui.
40. Mais il prit son bâton à sa main et il se choisi du torrent cinq
cailloux bien unis et les mis dans sa panetière de berger qu'il
avait et dans sa poche et il avait la fronde en sa main et il
s'approcha du Philistin.
41. Le Philistin aussi s'en vint et s'avança et s'approcha de David
et l'homme qui portait son bouclier marchait devant lui.
42. Alors le Philistin regarda et vit David et le méprisa, car
c'était un jeune homme blond et beau de visage.
43. Et le Philistin dit à David : Suis-je un chien que tu viennes
contre moi avec des bâtons ? Et le Philistin maudit David par ses
dieux.
44. Le Philistin dit encore à David : Viens vers moi et je donnerai
ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs.
45. Et David répondit au Philistin : Tu viens contre moi avec
l'épée, la halebarde et l'écu, mais moi je viens contre toi au nom
de l'Éternel des armées, du Dieu des batailles rangées d'Israël que
tu as déshonoré.
46. Aujourd'hui, l'Éternel te livrera entre mes mains et je te
frapperai et je t'ôterai la tête et je donnerai aujourd'hui les
cadavres du camp des Philistins aux oiseaux des cieux et aux animaux
de la terre et toute la terre saura qu'Israël a un Dieu,
47. Et toute cette assemblée saura que l'Éternel ne délivre point
par épée, ni par halebarde, car ce combat appartient à l'Éternel qui
vous livrera entre nos mains.
48. Et il arriva dès que le Philistin se fut levé et qu'il fut venu
s'approchant pour rencontrer David, David se hâta et courut au lieu
du combat pour rencontrer le Philistin.
49. Alors David mit la main à sa gibecière et il en prit une pierre
et la jeta avec sa fronde et il en frappa le Philistin au front
tellement que la pierre s'enfonça dans son front et il tomba le
visage contre terre.
50. Ainsi David avec une fronde et une pierre fut plus fort que le
Philistin et il frappa le Philistin et le fit mourir et cependant
David n'avait point d'épée à la main.
51. David donc couru et se tint sur le Philistin et il prit son épée
et il la tira de son fourreau et le fit mourir et il lui en coupa la
tête. Et les Philistins ayant vu que leur homme fort était mort
s'enfuirent.
52. Alors ceux d'Israël et de Juda se levèrent et jetèrent de grands
cris de joie et poursuivirent les Philistins jusqu'à la vallée et
jusqu'aux portes de Hékron. Et les Philistins blessés à mort
tombèrent par le chemin de Açaharajim jusqu'à Gath et jusqu'à Hékron,
53. Et les enfants d'Israël étant revenus de la poursuite des
Philistins pillèrent leurs camps,
54. Et David prit la tête du Philistin qu'il porta depuis à
Jérusalem et il mit ses armes dans sa tente.
55. Or comme Saül vit David sortant pour rencontrer le Philistin, il
dit à Abner chef de l'armée : Abner, de qui est fils ce jeune homme
? Et Abner répondit : Comme ton âme vit, ô roi, je n'en sais rien.
56. Le roi lui dit : Informe-toi de qui ce jeune homme est fils.
57. Sitôt donc que David fut revenu de tuer le Philistin, Abner le
prit et le mena devant Saül avec la tête du Philistin en sa main.
58. Et Saül lui dit : Jeune homme, de qui es-tu fils? David répondit
: Je suis fils d'Isaï Bethléhémite ton serviteur.
Réflexions
Il faut remarquer ici
1. Que Dieu permit que les Philistins déclarassent la guerre aux
Israélites et que Goliath les menaçât et les insultât afin de
fournir par là une occasion à David de se faire connaître et de
délivrer le peuple d'Israël,
2. Qu'il ne se trouva personne parmi ce peuple qui osât combattre
contre Goliath, ce qui servit à relever le courage et l'éclat de sa
victoire,
3. Que David lui-même n'était pas d'abord allé à cette guerre et que
ce ne fut que par occasion qu'il se rencontra à l'armée, son père
l'y ayant envoyé pour s'informer de l'état de ses frères. On voit en
cela une direction toute particulière de la providence qui
acheminait ainsi les choses pour l'élévation de David sans qu'il y
pensât et qui voulait le tirer du genre de vie qu'il avait suivi
jusqu'alors et en faire le libérateur et ensuite le roi de son
peuple.
4. On doit admirer le courage de David qui se présenta pour
combattre Goliath sans être intimidé par ses menaces et sans être
découragé par ses frères et surtout la grande confiance qu'il avait
en Dieu dont il avait déjà auparavant éprouvé le secours.
Enfin, le succès merveilleux qu'eut David mérite une attention
particilière, puisque, sans d'autres
320
I Samuel
armes que sa fronde, il tua ce géant et fit remporter aux Israélites
une glorieuse victoire sur les Philistins. En tout cela il parait
visiblement que Dieu assistait David d une façon particulière et qu
il voulait en même temps venger sa gloire que Goliath avait attaquée
et faire voir à ces idolâtres d une manière illustre qu ’ il était
le Dieu tout puissant.
Voilà comment Dieu assiste ceux qui se confient en lui et comment il
se sert quand il lui plait des moyens les plus faibles en apparence
pour confondre l ’orgueil des méchants et pour détruire les
puissances les plus formidables.
(a) v15 : Ci-dessus 16.19
(nc1) v7 : Ensuble, en français moderne : ensouple
Chapitre XVIII
On voit ici
1. L’étroite amitié qui se forma entre Jonathan fils de Saül et
David, versets 1-5.
2. L’estime où David était à la cour de Saül et les acclamations que
le peuple fit à son honneur après qu 'il eût vaincu le Philistin,
versets 6-8.
3. La jalousie que Saül en conçut et qui le porta à vouloir tuer
David et à tâcher de le faire tomber entre les mains des Philistins
en lui promettant sa fille en mariage, versets 9-25.
Enfin, le mariage de David à Mical l'une des filles de Saül, versets
26-30.
OR sitôt que David eut achevé de parler à Saül,
l ’ âme de Jonathan fut tellement liée à son âme que Jonathan l aima
comme son âme.
2. Ce jour-là donc Saül le prit et ne lui permit plus de retourner
en la maison de son père.
3. Et Jonathan fit alliance avec David parce qu il
l ’ aimait comme son âme.
4. Et Jonathan se dépouilla du manteau qu il portait et il le donna
à David avec ses habits, même jusqu à son épée et son arc et son
baudrier.
5. Et David était employé aux affaires et il réussissait partout où
Saül l ’ envoyait, de sorte que Saül
l ’ établit sur des gens de guerre et il fut agréable à tout le
peuple et même aux serviteurs de Saül.
6. Or comme ils revenaient lorsque David revint de la défaite du
Philistin, il sortit des femmes de toutes les villes d Israël en
chantant et en dansant au devant du roi Saül avec des tambours, avec
joie et avec des cymbales.
7. Et les femmes qui jouaient des instruments s ’ entre-répondaient
et disaient :a Saül en a frappé ses mille et David ses dix-mille.
8. Et Saül fut fort irrité et cette parole lui déplut et il dit :
Elles ont donné dix-mille hommes à David et à moi mille, il ne lui
manque plus que d avoir le royaume.
9. Depuis ce jour-là, Saül voyait David de mauvais œil.
10. Et il arriva dès le lendemain que le mauvais esprit envoyé de
Dieu saisit Saül et il avait des transports au milieu de sa maison
et David joua des instruments de sa main comme les autres jours et
Saül avait une halebarde en sa main.
11. Et Saül lança la halebarde disant en soi-même : Je frapperai
David et la muraille, mais David se détourna de devant lui par deux
fois.
12. Saül donc avait peur de la présence de David, car l ’Éternel
était avec lui et qu ’ il s ’ était retiré d ’ avec Saül.
13. C ’ est pourquoi Saül l ’ éloigna d ’ auprès de soi et l
’établit capitaine de mille hommes et il allait et venait devant le
peuple.
14. Et David réussissait en tout ce qu ’ il entreprenait, car l
’Éternel était avec lui.
15. Saül donc voyant que David était fort heureux le craignit.
16. Mais tout Israël et Juda aimait David parce qu il allait et
venait devant eux.
17. Et Saül dit à David : Voici je te donne Mérab ma fille aînée
pour femme, sois-moi seulement un fils vertueux et conduis les
batailles de l ’Éternel. Car Saül disait : Que ma main ne soit point
sur lui, mais que la main des Philistins soit sur lui.
18. Et David répondit à Saül : Qui suis-je et quelle est ma vie et
la famille de mon père en Israël que je sois gendre du roi ?
19. Or dans le temps qu ’ on devait donner Mérab fille de Saül à
David, on la donna pour femme à Ha-driel Méholathite.
20. Mais Mical le seconde fille de Saül aima David, ce qu on
rapporta à Saül et la chose lui plut.
21. Et Saül dit : Je la lui donnerai afin qu ’ elle lui soit en
piège et que par ce moyen la main des Philistins soit sur lui. Saül
donc dit à David : Tu seras mon gendre aujourd hui par l une ou l
autre de mes deux filles.
22. Et Saül commanda à ses serviteurs de parler à David en secret et
de lui dire : Voici, le roi a de la bonne volonté pour toi et tous
ses serviteurs t ’ aiment, sois donc maintenant gendre du roi.
23. Les serviteurs donc de Saül rapportèrent toutes ces paroles à
David. Et David dit : Croyez-vous que ce soit peu de chose d ’ être
gendre du roi pour moi qui suis un pauvre homme et de nulle estime ?
24. Et les serviteurs de Saül lui rapportèrent cela et lui dirent :
David a tenu tels discours.
25. Et Saül dit : Vous parlerez ainsi à David : Le roi ne demande
pour douaire que cent prépuces de Philistins afin que le roi soit
vengé de ses ennemis. Or Saül avait dessein de faire tomber David
entre les mains des Philistins.
26. Et les serviteurs de Saül rapportèrent tous ces discours à David
et la chose lui agréa pour être le gendre du roi. Et avant que les
jours fussent accomplis,
27. David se leva et s en alla lui et ses gens et frappa deux cents
hommes des Philistins etb David
321
I Samuel
apporta leurs prépuces et on les livra bien comptés au roi afin
qu'il fût gendre du roi. Et Saül lui donna à femme Mical sa fille.
28. Alors Saül aperçut et connut que l'Éternel était avec David et
Mical fille de Saül l'aimait.
29. Et Saül continua de craindre David encore plus qu'auparavant et
Saül fut toujours ennemi de David.
30. Or les capitaines des Philistins se mirent en campagne. Et dès
qu'ils furent sortis, David eut plus de bonheur que tous les
serviteurs de Saül et son nom fut en fort grande estime.
Réflexions
Nous avons en la personne de Jonathan fils du roi Saül un rare
exemple d'une tendre et sincère amitié et cet exemple est d'autant
plus admirable que Jonathan pouvant espérer de régner après Saül son
père, il ne laissa pas de donner son cœur et son estime à David sans
avoir égard à son propre intérêt. Mais l'amitié se forme facilement
entre les personnes vertueuses et désintéressées et ceux qui ont de
la religion et de la vertu cherchent toujours à s'unir avec leurs
semblables.
2. L'on voit ici que, non seulement Jonathan, mais que tout le
peuple avait une haute estime pour David. C'est ce qui parut surtout
par les acclamations dont il fut honoré après sa victoire. Cela
était ainsi dispensé par la providence afin de disposer les
Israélites à se soumettre un jour à David.
3. Pour ce qui est de Saül, il conçut une grande jalousie et même
une forte haine contre David jusque là qu'il voulut le tuer. Et
n'ayant pu lui ôter la vie, il tâcha de le faire périr par les mains
des Philistins en lui promettant de lui donner en mariage sa fille
aînée et ensuite sa seconde fille à condition qu'il fît la guerre à
ces ennemis du peuple de Dieu et qu'il en tuât un certain nombre. Ce
procédé de Saül était une preuve de son extrême malice et montre
qu'il était artificieux, perfide et cruel, mais on voit aussi par là
que parmi les heureux succès que David avait eus, Dieu lui préparait
des traverses qui devaient servir à l'éprouver.
4. Il faut remarquer que malgré tout ce que Saül fit pour perdre
David, il fut contraint de lui donner Mi-cal sa fille, que Dieu
accordait chaque jour à David de nouveaux succès et que les pièges
que Saül lui tendait tournèrent à la propre confusion de ce roi et
ne servirent qu'à relever la gloire de David et à le rendre de plus
en plus cher à tout le peuple.
On voit par là que rien ne peut nuire à ceux que Dieu aime, il
veille toujours pour leur sûreté, en sorte qu'il fait réussir tout
ce que l'on entreprend contre eux à leur bien et à leur plus grand
avantage.
(a) v7 : Ci-dessous 21.11 et 29.5
(b) v27 : II Samuel 3.14
Chapitre XIX
Jonathan travaille à apaiser le roi Saül son père qui était irrité
contre David et il fait en sorte que David soit rappelé, versets
1-8.
Mais peu après, Saül voulut encore tuer David, ce qui obligea Mical,
sa femme, à le faire retirer, versets 9-17.
Il s enfuit vers le prophète Samuel où étant poursuivi par les gens
de Saül et par Saül lui-même, Dieu le préserva miraculeusement,
versets 18-24.
Et Saül parla à Jonathan son fils de faire mourir David, mais
Jonathan fils de Saül était fort affectionné à David.
2. C'est pourquoi Jonathan le fit savoir à David et lui dit : Saül
mon père cherche à te faire mourir. Maintenant donc tiens-toi sur
tes gardes, je te prie, jusqu'au matin et demeure en quelque lieu
secret et cache-toi,
3. Et je me tiendrai auprès de mon père et je sortirai dans le champ
où tu seras. Car je parlerai de toi à mon père. Si je découvre
quelque chose, je te le ferai savoir.
4. Jonathan donc parla favorablement de David à Saül son père et lui
dit : Que le roi ne pèche point contre David, car il n'a point péché
contre toi et même ce qu'il a fait t'est fort avantageux,
5. Car il a exposé sa vie et il a frappé le Philistin et l'Éternel a
accordé une grande délivrance à tout Israël. Tu l'as vu et tu t'en
es réjoui. Pourquoi donc pècherais-tu contre le sang innocent en
faisant mourir David sans cause ?
6. Et Saül prêta l'oreille à la voix de Jonathan et jura disant :
L'Éternel est vivant si on le fait mourir.
7. Alors Jonathan appela David et lui récita toutes ces choses. Et
Jonathan amena David à Saül et il fut à son service comme
auparavant.
8. Et la guerre recommença et David sortit et combattit contre les
Philistins et en fit un si grand carnage qu'ils s'enfuirent de
devant lui,
9. Mais le mauvais esprit envoyé de l'Éternel fut sur Saül comme il
était assis dans sa maison ayant sa halebarde en sa main et David
jouait de sa main un instrument.
10. Et Saül cherchait de frapper David avec sa halebarde jusqu'à la
paroi, mais il se détourna de devant Saül, qui frappa la paroi de sa
halebarde, et échappa cette nuit-là,
11. Mais Saül envoya des messagers vers la maison de David pour le
garder et le faire mourir le matin. Ce que Mical, femme de David,
lui apprit disant : Si tu ne te sauves, demain on va te faire
mourir,
12. Et Mical fit descendre David par une fenêtre et il s'en alla et
s'enfuit et échappa.
13. Ensuite Mical prit un marmouflet1 et le mit au lit et mit à son
chevet de gros poils de chèvre et le couvrit d'un habit.
14. Et quand Saül envoya des gens pour prendre David, elle dit : Il
est malade.
322
I Samuel
15. Saül envoya encore des messagers pour prendre David disant :
Apportez-le moi dans son lit afin que je le fasse mourir.
16. Les messagers donc vinrent et voici un mar-mouflet était au lit
et de gros poils de chèvre à son chevet.
17. Et Saül dit à Mical : Pourquoi m ’ as-tu ainsi trompé et as-tu
laissé aller mon ennemi de sorte qu ’ il est échappé? Et Mical
répondit à Saül : Il m ’ a dit : Laisse-moi aller, pourquoi te
tuerais-je ?
18. Ainsi David s ’ enfuit et échappa et s ’ en vint vers Samuel à
Rama et lui apprit tout ce que Saül lui avait fait. Puis il s ’ en
alla avec Samuel et ils demeurèrent à Najoth.
19. Et on le rapporta à Saül en lui disant : Voilà David qui est à
Najoth en Rama.
20. Alors Saül envoya des gens pour prendre David et ils virent une
assemblée de prophètes qui prophétisaient 2 et Samuel se tenait là
qui présidait sur eux. Et l esprit de Dieu vint sur les messagers de
Saül et ils prophétisèrent aussi.
21. Et quand on l ’ eût rapporté à Saül, il envoya d ’ autres
messagers qui prophétisèrent aussi.
22. Et lui-même aussi alla à Rama et vint jusqu ’ à la grande fosse
qui est à Scécu et s informa : Où sont Samuel et David ? Et on lui
répondit : Les voilà à Najoth en Rama.
23. Et il s ’ en alla à Najoth en Rama et l ’ esprit de Dieu fut
aussi sur lui-même et continuant son chemin, il prophétisa jusqu ’ à
ce qu ’ il fut venu à Najoth en Rama.
24. Il se dépouilla même de ses vêtements et prophétisa lui-même et
se jeta par terre ayant quitté ses habits de dessus, tout ce jour-là
et toute la nuit. C ’ est pourquoi on dit : a Saül est-il donc aussi
entre les prophètes ?
Réflexions
Jonathan donna de belles preuves de son amitié envers David et de sa
vertu en faisant tous ses efforts pour apaiser son père et en lui
parlant comme il fit avec respect et avec fermeté pour le faire
retenir de l ’ irritation où il était contre David. Par là il
satisfit aux devoirs de l amitié et en même temps à ce qu il devait
à son père en lui inspirant des sentiments plus équitables.
C ’est ainsi qu ’il faut embrasser la défense des innocents qui sont
injustement persécutés, adoucir par toutes sortes de moyens ceux qui
sont dans l ’ irritation et n être jamais parresseux à s employer
pour autrui.
L’on découvre ici le mauvais cœur de Saül, qui ayant promis, même
avec serment, de ne faire aucun mal à David le prit de nouveau en
aversion après qu ’ il eût vaincu les Philistins une seconde fois et
voulut encore lui ôter la vie.
Les personnes qui, comme Saül, sont parvenues à un certain degré de
malice et qui sont possédées par la jalousie et par la haine ne
reviennent guère à de meilleurs sentiments et quoiqu ’ils paraissent
quelquefois changés et adoucis, leur méchant naturel se manifeste
toujours.
Cependant Saül avec toute sa haine ne put nuire à David et quoiqu ’
il eût envoyé des gens pour le faire saisir dans sa maison, Dieu
garantit David du péril qui le menaçait par le moyen de Mical sa
femme. Et Saül lui-même l ’ ayant poursuivi jusqu ’ à Rama, il y fut
saisi de l ’ esprit de Dieu et il en revint sans lui faire aucun
mal.
Dieu a divers moyens en main pour protéger les innocents et les
justes et il arrête les méchants tantôt en les apaisant et tantôt en
leur ôtant les moyens et même la volonté de nuire aux gens de bien.
C ’ est là un grand motif pour les fidèles à se confier en Dieu et à
espérer en son secours dans tous les états où ils se peuvent
rencontrer.
Au reste, David rendit grâces à Dieu de cette délivrance par le
Psaume LIX
(a) v24 : Sus 10.31
(1) v13 : Hébreu : un téraphin, une statue qui avait la figure d ’un
homme.
(2) v20 : Qui louaient Dieu.
Chapitre XX
David, étant fugitif, se plaint à Jonathan de l'injustice de Saül
son père. Jonathan lui promet de découvrir les sentiments de Saül et
de les lui faire connaître par un moyen dont ils conviennent.
Ensuite Jonathan ayant reconnu que son père avait résolu la ruine de
David, il vient l'en avertir. Ils se donnent de nouveaux témoignages
de leur affection, ils se jurent une amitié éternelle et ils se
séparent pénétrés de la plus vive douleur.
Et David s ’ enfuyant de Najoth qui est à Rama s’ en vint trouver
Jonathan et dit en sa présence : Qu ’ ai-je fais ? Quelle est mon
iniquité et quel est mon péché devant ton père qu ’il cherche ma vie
?
2. Et il lui dit : À Dieu ne plaise ! Tu ne mourras point. Voici mon
père ne fait aucune chose ni grande, ni petite qu ’il ne me la
découvre et pourquoi mon père me cacherait-il cela ? Cela n ’ est
pas.
3. Alors David jurant dit encore : Ton père sait certainement que je
suis dans tes bonnes grâces et il aura dit : Que Jonathan ne sache
rien de ceci de peur qu ’il n ’en soit affligé. Ainsi certainement
comme l Éternel est vivant et comme ton âme vit, il n y a qu un pas
entre moi et la mort.
4. Alors Jonathan dit à David : Que désires-tu que je fasse et je le
ferai ?
5. Et David dit à Jonathan : Voici, c ’ est demain la nouvelle lune
et j ai accoutumé de m asseoir auprès du roi pour manger, laisse-moi
aller et je me cacherai aux champs jusqu au soir du troisième jour.
6. Si ton père vient à demander où je suis, tu lui répondras : On m
a demandé instamment que David allât en diligence à Bethléhem sa
ville parce que toute sa famille fait un sacrifice solennel.
323
I Samuel
7. S'il dit alors ainsi : À la bonne heure, tout va bien pour ton
serviteur, mais s'il se met en colère, sache que sa malice est venue
à son comble.
8. Fais donc grâce à ton serviteur puisque a tu as fait entrer ton
serviteur en alliance avec toi au nom de l'Éternel. Que s'il y a
quelque iniquité en moi, fais-moi mourir toi-même, car pourquoi me
mènerais-tu à ton père ?
9. Et Jonathan lui dit : Dieu te garde de ce malheur, car si je puis
connaître en quelque sorte que la malice de mon père soit venue à
son comble pour être déchargée sur toi, ne te le ferais-je point
savoir?
10. Et David répondit à Jonathan : Qui me fera savoir ce que ton
père t'aura répondu de fâcheux ?
11. Et Jonathan dit à David : Viens et sortons aux champs. Et ils
sortirent eux deux aux champs.
12. Alors Jonathan dit à David : Ô Éternel, Dieu d'Israël, quand
j'aurai sondé mon père demain environ cette heure ou après demain et
qu'il y aura du bien pour David, si alors je n'envoie vers toi et si
je ne te le découvre,
13. Que l'Éternel traite Jonathan à la dernière rigueur ! Que si mon
père veurte faire quelque mal, je te le ferai savoir et je te
laisserai aller et tu t'en iras en paix et l'Éternel sera avec toi
comme il a été avec mon père,
14. Mais aussi, si je suis encore vivant, n'auras-tu pas pour moi
cette bonté que l'Éternel demande afin que je ne meure point?
15. En sorte que tu ne retires point ta bonté de ma maison à jamais,
non pas même quand l'Éternel aura retranché tous les ennemis de
David de dessus la terre ?
16. Et Jonathan traita alliance avec la maison de David et dit : Que
l'Éternel le redemande de la main de ceux qui seront ennemis de
David.
17. Jopnathan fit encore jurer David par l'amour qu'il lui portait,
car il l'aimait autant que son âme.
18. Et Jonathan lui dit : C'est demain la nouvelle lune et on
s'enquerra de toi, car ta place sera vide.
19. Or, ayant attendu jusqu'au troisième soir, tu descendras en
diligence et tu viendras dans un lieu où tu te cacheras au jour de
cette affaire et tu demeureras auprès de la pierre d'Ezel,
20. Et je tirerai trois flèches à côté d'elle comme si je tirais à
quelque but
21. Et voici j'enverrai un serviteur et je lui dirai : Va, trouve
les flèches. Si je dis au garçon en termes exprès : Voilà les
flèches sont au deçà de toi, prends-les et viens-t'en, tout va bien
pour toi et il n'y a rien à craindre, l'Éternel est vivant.
22. Mais si je dis au jeune garçon : Voilà les flèches sont au delà
de toi, va-t'en, car l'Éternel te renvoie.
23. Et pour ce qui est de la parole que nous nous sommes donnée toi
et moi, voici l'Éternel est témoin entre moi et toi à jamais.
24. David donc se cacha au champ et la nouvelle lune étant venue, le
roi s'assit pour prendre son repas.
25. Et le roi s'étant assis en son siège comme les autres fois, au
siège qui était près de la paroi, Jonathan se leva et Abner s'assit
à côté de Saül, mais la place de David était vide.
26. Et Saül n'en dit rien ce jour-là, car il disait en soi-même : Il
lui est arrivé quelque chose, il n'est pas net, certainement il
n'est pas net.
27. Mais le lendemain de la nouvelle lune qui était le second jour
du mois, la place de David fut encore vide et Saül dit à Jonathan
son fils : Pourquoi le fils d'Isaï n'est-il pas venu manger, ni
hier, ni aujourd'hui ?
28. Et Jonathan répondit à Saül : On m'a instamment prié que David
allât jusqu'à Bethléhem,
29. Même il m'a dit : Je te prie, laisse-moi aller, car notre
famille fait un sacrifice dans la ville et mon frère m'a commandé de
m'y trouver, c'est pourquoi maintenant, si je suis dans de bonnes
grâces, je te prie que j'échappe afin que je voie mes frères, c'est
pour cela qu'il n'est point venu à la table du roi.
30. Alors la colère de Saül s'embrasa contre Jonathan et il lui dit
: Fils d'une femme méchante et rebelle 1, ne sais-je pas bien que tu
as choisi le fils d'Isaï à ta honte et à la honte de ta mère,
31. Car tant qu'Isaï vivra sur la terre, tu ne seras jamais établi,
ni toi, ni ton royaume, c'est pourquoi envoie-le quérir et amène-le
moi, car il est digne de mort.
32. Et Jonathan répondit à son père et lui répondit : Pourquoi le
ferait-on mourir? Qu'a-t-il fait?
33. Et Saül lança une halebarde contre lui pour le frapper. Alors
Jonathan connut que son père avait résolu de faire mourir David,
34. Et Jonathan se leva de la table tout en colère et il ne prit
point son repas le second jour de la nouvelle lune, car il était
affligé à cause de David parce que son père l'avait déshonoré.,
35. Et il arriva le matin que Jonathan sortit aux champs selon
l'assignation qu'il avait donnée à David et il amena avec lui un
petit garçon,
36. Et il dit au garçon : Cours, trouve les flèches que je m'en vais
tirer. Et le garçon courut et Jonathan tira une flèche au delà de
lui.
37. Et le garçon étant venu jusqu'au lieu où était la flèche que
Jonathan avait tirée, Jonathan cria après lui et lui dit : La flèche
n'est-elle pas au delà de toi ?
38. Et Jonathan criait après le garçon : Hâte-toi, ne t'arrête
point. Et le garçon amassa les flèches et vint à son seigneur,
39. Et le garçon ne savait rien de cette affaire, il n'y avait que
David et Jonathan qui la sussent,
40. Et Jonathan donna son arc et ses flèches au garçon qu'il avait
et lui dit : Va, porte-les dans la ville.
41. Et le garçon s'en étant allé, David se leva du côté du Midi et
se jeta le visage contre terre et se prosterna par trois fois et ils
se baisèrent l'un l'autre et pleurèrent tous deux jusques là que
David pleura extraordinairement,
42. Et Jonathan dit à David : Va-t'en en paix, car nous avons juré
tous deux au nom de l'Éternel di-
324
I Samuel
sant : L’Éternel soit avec moi et avec toi entre ma postérité et ta
postérité à jamais.
43. David donc se leva et il s ’ en alla. Et Jonathan rentra dans la
ville.
Réflexions
La principale considération qu ’ il y a à faire sur ce chapitre
regarde la grande amitié qu il y avait entre Jonathan et David.
Jonathan fit de nouveaux efforts pour faire revenir son père de l ’
injuste haine qu ’ il avait conçue contre David et quoi que son père
lui représentât qu ’ il ne règnerait jamais si David demeurait en
vie, il n eut aucun égard à ses intérêts et il continua à parler en
faveur de David et voyant enfin que Saül ne pouvait être apaisé et
qu au contraire sa haine et sa colère allaient toujours en
croissant, il avertit David du danger qui le menaçait et se sépara
de lui après qu ils se furent faits de nouvelles protestations de s
’ aimer toujours et qu ’ ils eurent répandu bien des larmes.
Lon voit dans cette histoire quels sont les devoirs et les effets de
la vraie amitié. Nous y apprenons que les vrais amis sont un trésor
dont on ne saurait faire trop de cas, que même après leur mort leur
mémoire doit nous être chère et que nous devons faire passer notre
affection jusquà leur postérité, ce que David fit aussi envers
Méphiboseth fils de Jonathan.
Il paraît de l ’entretien que Jonathan et David eurent ensemble que
Jonathan était persuadé que David règnerait un jour et que cependant
il n en eut aucune jalousie parce qu ’il savait que c’était la
volonté de Dieu. Ces sentiments de Jonathan marquent bien de la
grandeur d âme et beaucoup de piété.
La vraie et solide amitié est celle qui est fondée sur la vertu et
elle fait qu ’ au lieu d ’ être jaloux des avantages de nos amis,
nous trouvons notre satisfaction et notre joie dans leur bonheur.
On doit enfin remarquer que Saül au lieu de s adoucir et d écouter
les sages représentations de Jonathan s ’ irrita de plus en plus et
qu ’ il en vint même jusqu ’ à cet excès de fureur que de vouloir le
tuer. Ainsi ce prince allait toujours en empirant et c’ est ce qui
arrive d ’ordinaire à ceux qui ont abandonné Dieu et qui se livrent
à leurs passions.
(a) v8 : Ci-dessus 18.3
(1) v30 : Hébreux : fils de la méchanceté et de la rébellion, c ’
est-à-dire fils méchant et rebelle. Comme fils d iniquité signifie
les iniques et les méchants et fils d incrédulité les incrédules.
Chapitre XXI
David s 'enfuit à Nob vers le sacrificateur Abimélec qui lui donne
les pains de proposition et l'épée de Goliath, versets 1-9.
Après cela il se retire vers Akis roi des Philistins où, étant
reconnu, il fit semblant d'être hors de sens pour sauver sa vie,
versets 10-15.
Et David vint à Nob vers Ahimélec le sacrificateur et Ahimélec tout
effrayé courut au devant de lui et lui dit : D où vient que tu es
seul et qu il n y a personne avec toi ?
2. Et David dit à Ahimélec le sacrificateur : Le roi m ’ a donné un
ordre et m ’ a dit : Que personne ne sache rien de l ’ affaire pour
laquelle je t ’ envoie, ni de ce que je t ai commandé et j ai
assigné à mes gens un certain lieu.
3. Maintenant donc qu as-tu en main pour me donner? Donne-moi cinq
pains ou se qui se trouvera.
4. Et le sacrificateur répondit à David et dit : Je n ’ ai point en
main de pain commun, mais j ai du pain sacré, au reste, tes gens se
sont-ils au moins gardés des femmes ?
5. Et David répondit au sacrificateur et lui dit : Même depuis que
je suis parti, les femmes ont été éloignées de nous il y a déjà
quatre jours et les corps de mes gens ont été purs et ce pain est
tenu pour commun principalement parce qu aujourd hui on en consacre
de nouveau pour le mettre dans les vaisseaux.
6. a Le sacrificateur donc lui donna le pain sacré, car il n y avait
point là d autre pain que les pains de proposition qui avaient été
ôtés de devant l Éternel pour remettre du pain chaud au jour qu ’on
avait ôté
l ’ autre.
7. Or en ce jour-là un homme d entre les serviteurs de Saül qui
avait nom Doëg Iduméen, le plus puissant de tous les bergers qu ’
avait Saül, était arrêté là devant l Éternel.
8. Et David dit à Ahimélec : Mais n as-tu point ici en main quelque
halebarde ou quelque épée. Car je n ai point pris mon épée, ni mes
armes sur moi parce que l ’ affaire du roi était pressée.
9. Et le sacrificateur dit : Voici l ’ épée de Goliath le Philistin
que tu tuas dans la vallée du chêne, elle est enveloppée d ’ un drap
derrière l ’ éphod, si tu la veux prendre pour toi, prends-là, car
il n ’y en a point ici d ’ autre que celle-là. Et David dit : Il n ’
y en a point de semblable, donne-là moi.
10. Alors David se leva et s ’ enfuit ce jour-là de devant Saül et s
’ en alla vers Akis roi de Gath.
11. Et les serviteurs d ’Akis lui dirent : N ’ est-ce pas là ce
David qui est comme le roi du pays? N ’ est-ce pas celui-ci dont on
s ’ entre-répondait dans les danses en disant : Saül en a tué ses
mille et David ses dix mille ?
12. Et David mit ces paroles en son cœur et il eut une fort grande
peur à cause d ’ Akis roi de Gath,
13. Et il changea sa contenance devant eux et il contrefit le fou
entre leurs mains et il marquait les portes et il faisait couler sa
salive sur sa barbe,
14. Et Akis dit à ses serviteurs : Voici, ne voyez-vous pas que c ’
est un homme insensé ? Pourquoi me l ’ avez-vous amené ?
15. Ai-je besoin de gens insensés que vous m avez amené celui-ci
pour faire l insensé devant moi ? Quoi, cet homme entrerait-il en ma
maison ?
325
I Samuel
Réflexions
C'est ici que commence l'histoire des persécutions et des adversités
auxquelles David fut exposé après qu'il se fût retiré de la cour de
Saül et par lesquelles Dieu voulut l'éprouver avant qu'il montât sur
le trône.
Il y a deux considérations à faire sur la fuite de David vers
Ahimélec le sacrificateur.
L'une que Dieu prenait soin de David et lui faisait trouver des
secours dans son exil.
L'autre réflexion est celle que notre Seigneur fait dans l'Évangile
de Matthieu XII sur ce qu'Ahimélec donna à David les pains de
propositions que les sacrificateurs seuls avaient droits de manger.
Jésus-Christ prouve par cet exemple que les ordonnances
cérémonielles n'étaient pas d'une telle importance qu'on ne pût s'en
écarter dans des cas de nécessité.
L'action de David qui contrefit l'insensé lorsqu'il fut reconnu dans
la ville de Gath par les Philistins doit être regardée comme une
faiblesse qui n'était pas exempte de péché puisque David eut recours
à un moyen indigne de lui et qu'il marqua par là qu'il ne se
confiait pas assez aux promesses du Seigneur.
Cela nous avertit de ne jamais nous servir de mauvais moyens et de
ne rien faire d'indigne de notre vocation pour nous tirer des
dangers qui nous menacent. Cependant, quoique ce moyen que David
employa ne fût pas légitimes, Dieu permit qu'il lui réussît et fit
voir en cela qu'il supporte avec bonté les infirmités de ceux qui le
craignent. Le Psaume XXXIV fut composé à cette occasion, de même que
le LVI.
(a) v6 : Matthieu 12.3 ; Marc 2.25 ; Luc 6.3
Chapitre XXII
David se retire dans la caverne de Hadullam, de là il va vers le roi
de Moab et ensuite au pays de Juda, versets 1-6.
Doëg accuse le sacrificateur Ahimélec devant Saül d'avoir donné des
vivres à David et à ses gens, ce qui fut la cause de la mort
d'Ahimélec et de quatre-vingt et cinq sacrificateurs aussi bien que
de la destruction de la ville de Nob où Ahimélec demeurait, versets
7-23.
OR David partit de là et se sauva dans la caverne d'Hadullam. Ce que
ses frères et toute la maison de son père ayant appris, ils
descendirent là vers lui.
2. Tous ceux aussi qui étaient mal dans leurs affaires et qui
avaient des créanciers qui les tourmentaient et qui avaient le cœur
plein d'amertume s'assemblèrent vers lui il fut leur chef et il y
eut avec lui environ quatre cents hommes.
3. Et David s'en alla de là à Mitspé de Moab. Et il dit au roi de
Moab : Je te prie que mon père et ma
mère soient avec vous jusqu'à ce que je sache ce que Dieu fera de
moi.
4. Et il les amena devant le roi de Moab et ils demeurèrent avec lui
tout le temps que David fut dans cette forteresse.
5. Or Gad, le prophète, dit à David : Ne demeure point dans cette
forteresse, mais va-t'en et entre au pays de Juda. David donc s'en
alla et vint dans la forêt de Hérets.
6. Et Saül apprit qu'on avait découvert David avec les gens qui
étaient avec lui. Or Saül était assis au côteau sous un chêne à Rama
ayant sa halebarde en sa main et tous ses serviteurs se tenaient
devant lui.
7. Et Saül dit à ses serviteurs qui se tenaient devant lui : Écoutez
maintenant Benjamites, le fils d'Isaï vous donnera-t'il des champs
et des vignes? Vous établira-t-il tous gouverneurs sur des milliers
et sur des centaines ?
8. Que vous ayez tous conspiré contre moi et qu'il n'y en ait aucun
qui m'avertisse de ce que mon fils a fait avec le fils d'Isaï et
qu'il n'y ait personne de vous qui soit touché de mon état et qui
m'avertisse, car mon fils a soulevé mon serviteur contre moi pour me
dresser des embûches comme vous le voyez aujourd'hui.
9. Alors Doëg Iduméen qui était établi sur les serviteurs de Saül
répondit et dit : J'ai vu le fils d'Isaï venir à Nob vers Ahimélec
fils d'Ahitub
10. Qui a consulté l'Éternel pour lui et qui lui a donné des vivres
et l'épée de Goliath le Philistin.
11. Alors le roi envoya appeler Ahimélec le sacrificateur et tout la
famille de son père, savoir les sacrificateurs qui étaient à Nob et
ils vinrent tous vers le roi.
12. Et Saül dit : Écoute maintenant, fils d'Ahitub. Et il répondit :
Me voici monseigneur.
13. Alors Saül lui dit : Pourquoi avez-vous conspiré contre moi, toi
et le fils d'Isaï, puisque tu lui as donné du pain et une épée et
que tu as consulté Dieu pour lui afin qu'il s'éleva contre moi pour
me dresser des embûches comme il fait aujourd'hui ?
14. Et Ahimélec repondit au roi et dit : Et y a-t-il quelqu'un entre
tous tes serviteurs qui te soit aussi fidèle que David et qui est le
gendre du roi et qui est parti à ton commandement et qui est si
honoré en ta maison ?
15. C'est aujourd'hui la première fois que j'ai consulté Dieu pour
lui, Dieu me garde de conspirer contre mon roi. Que le roi n'impose
donc aucune chose à son serviteur, ni à toute la maison de son père,
car ton serviteur ne sait aucune chose ni petite, ni grande de tout
ceci.
16. Et le roi lui dit : Certainement tu mourras Ahi-mélec avec toute
la famille de ton père.
17. Alors le roi dit aux archers qui se tenaient devant lui :
Tournez-vous et faites mourir les sacrificateurs de l'Éternel, car
ils sont aussi de la faction de David parce qu'ils ont bien su qu'il
s'enfuyait et qu'ils ne m'en ont point averti, mais les serviteurs
du roi ne
326
I Samuel
voulurent point porter leurs mains, ni se jeter sur les
sacrificateurs de l Éternel.
18. Alors le roi dit à Doëg : Tourne-toi et jette-toi sur les
sacrificateurs. Et Doëg Iduméen se tourna et se jeta sur les
sacrificateurs et tua en ce jour-là quatre-vingt et cinq hommes qui
portaient l ’ éphod de lin.
19. Et il fit passer Nob, ville des sacrificateurs, au fil de l ’
épée les hommes et les femmes, les grands et ceux qui tettent, même
il fit passer les bœufs, les ânes et le menu bétail au fil de l ’
épée.
20. Toutefois un des fils d Ahimélec fils d Ahitub qui avait nom
Abiathar se sauva et s enfuit auprès de David.
21. Et Abiathar rapporta à David que Saül avait fait tuer les
sacrificateurs de l Éternel.
22. Et David dit à Abiathar : Je connus bien en ce jour-là que Doëg
Iduméen se trouvant-là il ne manquerait point de le rapporter à
Saül. Je suis cause de ce qui est arrivé à toutes les personnes de
la famille de ton père.
23. Demeures avec moi, ne crains rien, car celui qui cherche ma vie
cherche la tienne, certainement tu seras gardé avec moi.
Réflexions
Lon voit dans ce chapitre, de même que dans les précédents et dans
les suivants, David fugitif et obligé d ’ aller d ’ un lieu à un
autre, mais on y remarque aussi que partout où il allait Dieu le
conduisait et l assistait. Mais ce qu il y a ici de plus remarquable
c’est la méchante action de Doëg qui, par ses faux rapports, fut
cause que Saül fit tuer Ahimélec et quatre-vingt et cinq
sacrificateurs et qu ’ il fit passer les habitants de la ville de
Nob au fil de
l ’ épée. Il faut faire sur cela les réflexions suivantes.
La première, qu il arrive de grands maux par la calomnie et par les
faux rapports, qu ainsi l on ne saurait avoir trop d ’horreur pour
ce péché-là et que les grands surtout doivent craindre de prêter l
oreille aux calomniateurs et aux flatteurs.
La seconde, que Saül, ajoutant foi aux rapports de Doëg, condamna
Ahimélec et les autres sacrific-teurs à la mort, sans vouloir
écouter leurs justifications et sans respecter leur caractère, en
quoi il fit paraîre son injustice et son impiété.
La troisième, que comme les gardes de Saül refusèrent de faire
mourir les sacrificateurs, l on ne doit pas obéir aux princes
lorsque leurs ordres sont évidemment contraires à la justice et à la
religion.
La quatrième réflexion regarde la méchanceté et la cruauté de Doëg
qui, après avoir prévenu Saül contre des innocents et voyant que les
gardes du roi refusaient de mettre la main sur les ministres du
Seigneur, leur ôta lui-même la vie.
On reconnait là le caractère des impies et des calomniateurs. Ils ne
se font scrupule de rien et par leurs faux rapports ils se mettent
dans la nécessité de tout faire pour soutenir leurs calomnies et
pour perdre les innocents.
En cinquième lieu, il est à remarquer qu Ahimé-lec n avait rien fait
que de légitime et que cependant il lui en coûta la vie et aux
autres sacrificateurs qui étaient avec lui. Dieu pour de sage raison
souffre quelques fois que les innocents soient opprimés, mais l ’on
doit reconnaître en particulier dans cet événement l ’
accomplissement des menaces que Dieu avaient faites auparavant
contre le grand sacrificateur Héli et contre sa postérité, Ahimélec
étant de la famille d ’Héli, I Samuel II.
Enfin, il parait que David fut vivement touché de ce malheur dont il
était l occasion et la cause innocente et qu il recueillit avec
bonté Abiathar fils d Ahi-mélec. C est là une marque que David avait
le cœur bon et un exemple qui nous apprend à nous intéresser pour
ceux à qui il arrive du mal, surtout lorsque ce malheur arrive à
notre occasion.
Il faut joindre à la lecture de ce chapitre celle du Psaume LII où
David déteste cette action de Doëg et où il lui dénonce les
jugements de Dieu.
Chapitre XXIII
David délivre la ville de Kéhila et ayant été averti que les
habitants de cette ville le livreraient à Saül, il se retire au
désert de Ziph où il eut encore une entrevue avec Jonathan, versets
1-18.
Saül, averti que David y était, l'y poursuivi et l'y enferma ensorte
qu 'il l’aurait pris si Saül n 'avait été obligé de s'en retourner
promptement parce que les Philistins s'étaient jetés sur le pays
d'Israël, versets 19-28.
OR on avait fait ce rapport à David et on lui avait dit : Voilà les
Philistins qui font la guerre à Ké-hila et qui pillent les aires.
2. Et David consulta l ’Éternel disant : Irai-je et frapperai-je ces
Philistins? Et l ’Éternel répondit à David : Va et tu frapperas les
Philistins et tu délivreras Kéhila.
3. Et les gens de David lui dirent : Voici, étant ici dans la pays
de Juda nous avons peur, que sera-ce donc quand nous serons allés à
Kéhila contre les troupes des Philistins?
4. C ’ est pourquoi David consulta encore l ’Éternel et l ’Éternel
lui répondit : Lève-toi, descends à Kéhila, car je m ’ en vais
livrer les Philistins entre tes mains.
5. Alors David s en alla avec ses gens à Kéhilé et combattit les
Philistins et emena leur bétail et il en fit un grand carnage. Ainsi
David délivra les habitants de Kéhila.
6. Or quand Abiathar fils d ’Ahimélec s ’ enfuit vers David à
Kéhila, l éphod lui tomba entre les mains.
7. Et on rapporta à Saül que David était venu à Kéhila et Saül dit :
Dieu l ’ a livré entre mes mains, car il s est enfermé entrant dans
une ville qui a des portes et des barres.
8. Et Saül assembla à cri public tout le peuple pour aller à la
guerre et pour descendre à Kéhila afin d ’ assiéger David et ses
gens.
327
I Samuel
9. Mais David ayant su que Saül lui machinait ce mal dit au
sacrificateur Abiathar : Apporte ici l'éphod.
10. Et David dit : Ô Éternel, Dieu d'Israël ! Ton serviteur a
entendu dire que Saül cherche d'entrer dans Kéhila pour détruire la
ville à cause de moi.
11. Les seigneurs de Kéhila me livreront-ils entre ses mains ? Saül
descendra-t-il comme ton serviteur l'a ouï dire? Ô Éternel Dieu
d'Israël, je te prie, enseigne-le à ton serviteur. Et l'Éternel
répondit : Il descendra.
12. David dit encore : Les seigneurs de Kéhila me livreront-ils moi
et mes gens entre les mains de Saül ? Et l'Éternel répondit : Ils te
livreront.
13. Alors David se leva et il y avait environ six cents hommes avec
lui et ils sortirent de Kéhila et ils s'en allèrent où ils purent
aller et on rapporta à Saül que David s'était sauvé de Kéhila, c'est
pourquoi il cessa de marcher.
14. Et David demeura au désert dans des lieux forts et il demeura
sur une montagne au désert de Ziph. Et Saül le cherchait tous les
jours, mais Dieu ne le livra point entre ses mains.
15. David donc, ayant vu que Saül était sorti pour chercher sa vie,
se tint au désert de Ziph dans une forêt.
16. Alors Jonathan fils de Saül se leva et s'en alla en la forêt
vers David et il le fortifia en Dieu.
17. Et il lui dit : Ne crains point, car Saül mon père ne te
trouvera point, mais tu règneras sur Israël et moi je serai le
second après toi et même que Saül mon père le sait bien.
18. Ils traitèrent donc eux deux alliance devant l'Éternel. Et David
demeura dans la forêt et Jonathan retourna en sa maison.
19. a Or les Ziphiens montèrent vers Saül à Guibha et lui dirent :
David ne se tient-il pas caché parmi nous dans des lieux forts, dans
la forêt au côteau de Hakila qui est à la main droite de Jescimon ?
20. Maintenant donc ô roi, si tu souhaites de descendre, descends et
ce sera à nous à le livrer entre les mains du roi.
21. Et Saül dit : Que l'Éternel vous bénisse de ce que vous avez eu
pitié de moi !
22. Allez donc, je vous prie, et préparez toutes choses et sachez et
reconnaissez le lieu où il fait sa retraite et qui l'aura vu là, car
on m'a dit qu'il est fort rusé.
23. Reconnaissez et sachez en quel lieu il se tient caché, puis
revenez vers moi quand vous en serez assurés et j'irai avec vous,
que s'il est au pays, je le chercherai soigneusement dans tous les
milliers de Juda.
24. Ils se levèrent donc et s'en allèrent à Ziph devant Saül, mais
David et ses gens étaient au désert de Mahon, dans la campagne à
main droite de Jes-cimon.
25. Ainsi Saül et ses gens allèrent le chercher, ce qu'on rapporta à
David et il descendit dans la roche et il s'arrêta au désert de
Mahon. Ce que Saül ayant appris, il poursuivit David au désert de
Mahon.
26. Et Saül allait de deçà du côté de la montagne et David et ses
gens allaient de delà de l'autre coté de la montagne et David se
hâtait tant qu'il pouvait de s'en aller de devant Saül, mais Saül et
ses gens environnèrent David et ses gens pour les prendre.
27. Alors un messager vint à Saül qui lui dit : Hâte-toi et viens,
car les Philistins se sont jetés sur le pays.
28. C'est pourquoi Saül s'en retourna de la poursuite de David et
s'en alla pour rencontrer les Philistins. C'est pour cela qu'on a
appelé ce lieu-là Sélah-ham-mahlékoth 1.
Réflexions
Les circonstances sur lesquelles il faut faire réflexion dans cette
histoire sont les suivantes :
1. Que Dieu se servi de David pour délivrer la ville de Kéhila qui
était attaquée par les Philistins, ce qui montre que dans le temps
qu'il était persécuté et fu-gutif, Dieu était partout avec lui,
2. Que David ayant consulté le Seigneur dans la crainte où il était
que les gens de Kéhila ne le livrassent à Saül, Dieu lui fit
connaître qu'ils le livreraient.
Cette particularité est bien remarquable. Elle prouve très
clairement que Dieu connait ce que les hommes doivent faire, même
avant qu'ils en aient formé le dessein.
Il faut remarquer en troisième lieu que David s'étant retiré à Ziph
et les habitants de ce lieu en ayant averti Saül, il y aurait été
pris si Saül n'avait été obligé de se retirer promptement pour
défendre son pays contre les Philistins.
Il paraît de ce chapire que David n'était en sûreté nulle part et
que partout il trouvait des personnes qui le persécutaient ou qui le
trahissait.
C'est l'état où se rencontrent souvent ceux que Dieu aime, mais la
providence leur suscite des délivrances imprévues et dans le temps
qu'ils se croient perdus sans ressource, il les délivre par des
voies auxquelles ils ne s'attendaient pas, comme David en fit
l'expérience dans cette occasion. Ceci fait voir que Dieu préserve
ses enfants tantôt en les avertissants des dangers qui les menacent
et tantôt en suscitant à leurs ennemis des obstacles qui les
empêchent d'exécuter leurs desseins cruels et injustes.
Au reste, Dieu avant que d'élever David à la royauté voulut le faire
passer par diverses épreuves pour le rendre plus humble et plus
attaché à son devoir comme il le reconnait dans ses Psaumes où il
dit qu'il lui avait été bon d'être affligé et où il loue si souvent
le Seigneur qui l'avait si heureusement délivré de toutes ses
afflictions. On peut voir dans le Psaume LIV les sentiments que la
délivrance que Dieu accorda à David dans cette rencontre firent
naître dans son cœur.
(a) v19 : Psaume 54.2 ; sous 26.1
(1) v28 : C'est-à-dire : le rocher des séparations.
328
I Samuel
Chapitre XXIV
Saül poursuivant David au désert de Hengué-di et étant entré dans un
caverne, David ne voulut pas lui ôter la vie, quoi qu 'il l'eût pu
faire, versets 1-16,
Ce que Saül ayant su, il reconnut l'innocence de David et le bénit
et il le fit jurer qu 'il ne détruirait pas sa postérité, versets
17-23.
Après cela, David monta de là et demeura dans les lieux forts de
Hen-guédi.
2. Et quand Saül fut revenu après avoir poursuivi les Philistins, on
lui fit ce rapport disant : Voilà David qui est au désert de
Hengué-di.
3. Alors Saül prit trois mille hommes choisis de tout Israël et il s
’ en alla chercher David et ses gens jusque sur le haut des rochers
où se retirent les chamois.
4. Et Saül vint aux parcs des brebis auprès du chemin où était une
caverne dans laquelle il entra pour ses besoins et David et ses
hommes se tenaient au fond de la caverne.
5. Et les gens de David lui dirent : Voici le jour dont
l ’Éternel t ’ a dit : Voici, je te livre ton ennemi entre tes mains
afin que tu lui fasses selon qu ’ il te semblera bon. Et David se
leva et coupa tout doucement un pan du manteau de Saül.
6. Après cela, David fut touché en son cœur de ce qu ’ il avait
coupé le pan du manteau de Saül.
7. Et il dit à ses gens : Que l Éternel me garde de commettre une
telle action contre mon seigneur qui est l ’ oint de l ’Éternel et
de mettre ma main sur lui, car il est l oint de l Éternel.
8. Ainsi David arrêta ses gens par ses paroles et il ne leur permit
point de s ’ élever contre Saül. Puis Saül se leva de la caverne et
continua son chemin.
9. Après cela David se leva et sortit de la caverne et cria après
Saül disant : Mon seigneur et mon roi. Et Saül regarda derrière lui
et David s ’ inclina le visage vers terre et se prosterna.
10. Et David dit à Saül : Pourquoi écouterais-tu les paroles des
gens qui disent : Voilà David qui cherche ton mal ?
11. Voici tes yeux ont vu en ce jour que l ’Éternel t ’ avait livré
aujourd ’hui entre mes mains dans la caverne et on m ’ a dit que je
te tuasse, mais je t ’ ai épargné et j ’ ai dit : Je ne porterai
point ma main sur mon seigneur, car il est l ’ oint de l ’Éternel.
12. Regarde mon père, regarde le pan de ton manteau qui est en ma
main, car j ai coupé le pan de ton manteau et je ne t ’ ai point
tué. Sache donc et reconnais que je ne pense point à te faire du
mal, ni aucune injustice et que je n ai point péché contre toi et
cependant tu épies ma vie pour me l ôter.
13. L’Éternel sera juge entre moi et toi et l ’Éternel me vengera de
toi, mais ma main ne sera point sur toi.
14. Le mal vient des méchants comme dit le proverbe des anciens, c ’
est pourquoi ma main ne sera point sur toi.
15. Après quel homme est sorti un roi d ’Israël? Qui poursuis-tu ? a
Un chien mort et une puce ?
16. L’Éternel donc sera juge et jugera entre moi et toi et il
regardera et il plaidera ma cause et me garantira de ta main.
17. Or aussitôt que David eut achevé de dire ces paroles à Saül,
Saül dit : b N ’ est-ce pas là ta voix mon fils David ? Et Saül
éleva sa voix et pleura.
18. Et il dit à David : Tu es plus juste que moi, car tu m ’ as
rendu le bien pour le mal que je t ’ ai fait.
19. Et tu m ’ as fait reconnaître aujourd ’hui que tu m ’ as fait du
bien, car l ’Éternel m ’ avait livré entre tes mains et cependant tu
ne m as point tué.
20. Et qui est-ce qui, ayant trouvé son ennemi, le laisserait aller
sans lui faire de mal ? Que l Éternel donc te rende du bien pour ce
que tu m ’ as fait au-jourd hui !
21. Et maintenant voici, je connais que certainement tu règneras et
que le royaume d ’Israël sera ferme entre tes mains.
22. C ’ est pourquoi maintenant, jure-moi par l ’Éter-nel que tu ne
détruiras pas ma race après moi et que tu n extermineras pas mon nom
de la maison de mon père.
23. Et David le jura à Saül. Alors Saül s ’ en alla en sa maison et
David et ses gens montèrent dans un lieu fort.
Réflexions
Ce qui est récité dans ce chapitre nous met devant les yeux un
admirable exemple de modération et de douceur.
David pouvant ôter la vie à Saül qui le persécutait si cruellement
et si injustement ne le fit pas. Il ne voulut pas que ses gens
fissent aucun mal à ce prince et il lui parla même avec toute sorte
d ’ humilité et de respect.
Jamais un homme de bien ne se garantit par de mauvaises voies, il
est toujours doux et modéré même envers ceux qui lui font le plus de
tort et au lieu de se venger, il rend autant qu il le peut le bien
pour le mal.
C’ est une chose remarquable que Saül, malgré la haine qu il portait
à David fut touché de son procédé jusqu à répandre des larmes, qu il
fut même contraint de le bénir et d ’ avouer qu ’ il était plus
juste que lui et de déclarer hautement que Dieu récompenserait sa
vertu et qu il le ferait régner.
Une conduite douce, sage et modérée a beaucoup de force pour apaiser
ceux qui sont prévenus contre nous et, en s ’humiliant, on adoucit
les cœurs les plus aigris. C est ce qui doit nous porter d autant
plus à la pratique de ces vertus qui sont d ailleurs si conformes à
la vocation et au devoir des chrétiens et que Jésus-Christ, notre
bienheureux rédempteur, nous a si expressément recommandées tant par
ses préceptes que par l ’ exemple qu ’ il nous a donné.
Il faut cependant remarquer que Saül changea bientôt de sentiment et
persécuta David de nouveau.
329
I Samuel
Les méchants sont quelquefois touchés et confessent leurs fautes,
mais ils reprennent bientôt leurs premiers sentiments et ils
retournent à leur endurcissement et à leurs péchés.
(a) v15 : Ci-dessous 26.2
(b) v17 : Ci-dessous 26.17
Chapitre XXV
Il est parlé ici de la mort du prophète Samuel et de la manière
brutale dont Nabal reçut les gens que David avait envoyé, ce qui fit
que David jura d'exterminer la maison de Nabal, versets 1-13.
Mais Abigaïl, femme de Nadal l'apaisa et Nadal étant mort, David
épousa Abigaïl, versets 14-44.
En ce temps-là a Samuel mourut et tout Israël s'assembla et pleura
et on l'ensevelit dans sa maison à Rama. Et David se leva et
descendit au désert de Paran.
2. Or il y avait à Mahon un homme qui avait ses troupeaux à Carmel
et cet homme-là était fort riche et il avait trois mille brebis et
mille chèvres et il était à Carmel quand on tondait ses brebis.
3. Et cet homme-là s'appelait Nabal et sa femme s'appelait Abigaïl,
c'était une femme de bon sens et belle de visage, mais lui était un
homme brutal et avec qui il faisait mauvais avoir à faire et il
était de la race de Caleb.
4. Or David apprit au désert que Nadal tondait ses brebis.
5. Il envoya donc dix de ses gens auxquels il dit : Montez à Carmel
et allez-vous-en vers Nabal et saluez-le en mon nom
6. Et dites-lui : Ainsi puisses-tu vivre et être en prospérité toi
et ta maison et tout ce qui t'appartient.
7. Et maintenant, j'ai appris que tu as les tondeurs. Or tes bergers
ont été avec nous et nous ne leur avons fait aucune injure et rien
ne s'est perdu du leur, tout le temps qu'ils ont été à Carmel.
8. Demande à tes gens et ils te le diront. Que ces gens soient dans
tes bonnes grâces parce que nous sommes venus en un bon jour. Nous
te prions, donne à tes serviteurs et à David ton fils ce qui te
viendra en main.
9. Les gens donc de David vinrent et dirent à Na-bal au nom de David
toutes ces paroles et ils se turent.
10. Et Nabal répondit aux serviteurs de David et dit : Qui est David
et qui est le fils d'Isaï ? Aujourd'hui le nombre des serviteurs qui
se débandent d'avec leurs maîtres est fort grand.
11. Et prendrais-je mon pain et mon eau et la viande que j'apprêtée
pour mes tondeurs afin de la donner à des gens que je ne sais d'où
ils sont ?
12. Ainsi les gens de David retournèrent par leur chemin. Ils
revinrent donc et étant de retour, ils firent leur rapport à David
selon toutes ces paroles-là.
13. Et David dit à ses gens : Que chacun de vous ceigne son épée et
ils ceignirent chacun leur épée.
David aussi ceignit son épée et il monta après David environ quatre
cents hommes, mais deux cents demeurèrent auprès du bagage.
14. Or un des serviteurs d'Abigaïl, femme de Nadal, lui fit savoir
la chose et lui dit : Voici, David a envoyé du désert des messagers
pour saluer notre maître et il les a traités rudement,
15. Et cependant ces gens-là ont été bons envers nous et nous n'en
avons reçu aucun outrage et rien de ce qui est à nous ne s'est perdu
tout le temps que nous avons été avec eux lorsque nous étions à la
campagne.
16. Ils nous ont servi de muraille et la nuit et le jour, tout le
temps que nous avons été avec eux paissant les troupeaux.
17. C'est pourquoi maintenant vois et prends garde à ce que tu auras
à faire, car le mal est résolu contre notre maître et contre toute
sa maison et il est si méchant qu'on n'oserait lui parler.
18. Abigaïl donc se hâta et prit deux cents pains et deux barils de
vin et cinq moutons tout apprêtés et cinq mesures de grain rôti et
cent paquets de raisins secs et deux cent cabas de figues sèches et
elle les mit sur des ânes.
19. Et elle dit à ses gens : Passez devant moi, voici je m'en vais
après vous et elle n'en dit rien à Nabal son mari.
20. Et étant montée sur un âne, comme elle descendait par le couvert
de la montagne, voici David et ses gens descendant la rencontrèrent
et elle se trouva devant eux.
21. Or David avait dit : C'est bien en vain que j'ai gardé tout ce
que cet homme avait dans le désert de sorte qu'il ne s'est rien
perdu de tout ce qui était à lui, car il m'a rendu le mal pour le
bien.
22. Que Dieu fasse ainsi aux ennemis de David et qu'il y ajoute de
plus grandes peines si je ne laisse rien de reste de tout ce qu'il a
demain matin, jusqu'à un seul homme 1.
23. Quand donc Abigaïl eut vu David, elle se hâta de descendre de
dessus son âne et elle tomba sur son visage devant David et se
prosterna en terre.
24. Elle tomba donc à ses pieds et lui dit : Que l'iniquité soit sur
moi, monseigneur, et je te prie que ta servante parle devant toi et
écoute les paroles de ta servante.
25. Je te supplie que monseigneur ne prenne pas garde à cet homme de
néant, à Nabal, car il est tel que son nom. Il s'appelle Nabal2 et
il y a de la folie en lui. Et pour moi ta servante, je n'ai point vu
les gens que monseigneur a envoyé.
26. Maintenant donc monseigneur, l'Éternel est vivant et ton âme
vit, que l'Éternel t'a empêché et qu'il a gardé ta main d'en venir
jusqu'à répandre le sang. Or que tes ennemis et que ceux qui
cherchent de nuire à monseigneur soient comme Nabal.
27. Mais maintenant, voici un présent que ta servante apporte à
monseigneur afin qu'on le donne aux gens qui suivent monseigneur.
330
I Samuel
28. Pardonne je te prie le crime de ta servante, car l Éternel ne
manquera point à établir une maison ferme à monseigneur, parce que
monseigneur conduit les batailles de l Éternel et il ne s est trouvé
en toi aucune méchanceté pendant tous les jours de ta vie,
29. Que si les hommes se lèvent pour te persécuter et pour chercher
ton âme, l âme de monseigneur sera liée dans le faisceau de la vie
par l Éternel ton Dieu, mais il jettera l ’âme de tes ennemis au
loin comme une pierre qui est lancée du milieu d une fronde,
30. Et il arrivera que l Éternel fera à monseigneur tout ce qu ’ il
t ’ a prédit de bien et qu ’ il t ’ordonnera pour être le conducteur
d ’Israël,
31. Et ceci ne te sera point en achoppement et le cœur de
monseigneur n aura point de remords d avoir répandu du sang sans
cause et de s être vengé soi-même. Et quand l ’Éternel aura fait du
bien à monseigneur, tu te souviendras de ta servante.
32. Alors David dit à Abigaïl : Béni soit l ’Éternel le Dieu d
’Israël qui t ’a aujourd ’hui envoyée au devant de moi,
33. Et béni soit ton conseil et soit bénie toi-même, toi qui m ’ as
aujourd ’hui empêché d ’ en venir jusqu ’ au sang et qui as préservé
ma main,
34. Certainement l ’Éternel le Dieu d ’Israël qui m ’ a empêché de
te faire du mal est vivant que si tu ne fusses venue au devant de
moi, il ne fût rien demeuré de reste de Nabal demain matin, non même
pas jusqu à un seul homme.
35. David donc prit de sa main ce qu ’ elle lui avait apporté et lui
dit : Remonte en paix dans ta maison, regarde j ’ ai écouté ta voix
et je t ’ ai accordé ta demande.
36. Alors Abigaïl revint vers Nabal et voici il faisait un fertin
dans sa maison, comme un fertin de roi et Nabal avait le cœur joyeux
et il était plein de vin, c ’ est pourquoi elle ne lui dit aucune
chose, ni petite ni grande, de cette affaire jusqu au matin.
37. Il arriva donc le matin après que Nabal fût désenivré que sa
femme lui dit toutes ces choses-là et son cœur s ’ amortit en lui de
sorte qu ’ il devint comme une pierre.
38. Et environ dix jours après, l ’Éternel frappa Na-bal et il
mourut.
39. Et quand David eut appris que Nabal était mort, il dit : Béni
soit l ’Éternel qui m ’ a fait droit de
l ’outrage que j ’ avais reçu de la main de Nabal et qui a préservé
son serviteur de faire du mal et a fait retomber la malice de Nabal
sur sa tête. Puis David envoya des gens à Abigaïl et lui fit parler
afin de la prendre pour femme.
40. Les serviteurs donc de David vinrent vers Abigaïl en Carmel et
lui parlèrent disant : David nous a envoyés vers toi afin de te
prendre pour sa femme.
41. Alors elle se leva et se prosterna le visage contre terre et dit
: Voici ta servante qui servira à laver les pieds des serviteurs de
monseigneur.
42. Puis Abigaïl se leva promptement et monta sur un âne et cinq
servantes la suivaient et elle s en alla après les messagers de
David et elle fut sa femme.
43. Or David avait aussi épousé Ahinoham de Jiz-réhel, de sorte que
toutes deux ensembles furent ses femmes.
44. Car Saül avait donné Mical sa fille, femme de David, à Palti
fils de Laïs qui était de Gallim.
Réflexions
La première chose que l on voit dans ce chapitre est la mort de
Samuel qui fut en son temps un grand prophète et un excellent
magistrat et qui se rendit illustre par son mode de vie, par ses
miracles, par son grand zèle, par sa droiture, par son attachement à
la justice, par l ’ amour tendre dont il était animé pour le peuple
d ’Israël et par plusieurs actions extraordinaires et miraculeuses.
La mémoire de cet homme doit être en vénération dans l église, ses
vertus doivent nous servir d ’ exemple et les ministres de
l ’ église, aussi bien que les magistrats, doivent se le proposer
pour modèle.
Il y a deux réflexions à faire sur l ’histoire de Nabal.
La première regarde le procédé de cet homme qui, par son humeur
farouche et avare, manqua de causer la ruine de toute sa maison.
Cela nous apprend que l ’ avarice et la brutalité peuvent attirer de
grand maux et qu ainsi il faut éviter ces vices et se conduire
toujours avec honnêteté et avec douceur. On peut voir, outre cela,
dans la mort de Nabal que l ’ avarice, la colère et l ’ ivrognerie
ont ordinairement des suites funestes et qu ’ elles causent même
quelques fois le mort de ceux qui se laissent aller à ces excès.
Lautre chose à laquelle il faut faire attention est que David,
offensé du procédé de Nabal et emporté par la colère, jura de l ’
exterminer et toute sa maison, ce qu il aurait fait s il n en avait
été détourné par la prudence et par la douceur d Abinaïl.
De là nous devons apprendre qu il est dangereux de se laisser aller
aux mouvements de la colère et du ressentiment, que les conseils
sages et modérés sont très salutaires, que les serments que l on
fait dans la colère et qui engagent à des choses mauvaises ne
doivent point être gardés, que ce que
l ’ on fait dans la passion cause toujours du repentir et laisse des
remords dans la conscience et enfin que nous devons bénir Dieu
lorsqu ’ il nous empêche de l ’ offenser et d ’ exécuter les mauvais
desseins que nous pourrions avoir formés.
(a) v1 : Ci-dessous 28.3
(1) v22 : Ou : jusqu ’ à un chien. Hébreux : jusqu ’ à celui qui
urine contre la muraille.
(2) v25 : C est-à-dire : fou, insensé.
Chapitre XXVI
Saül poursuivant David dans le pays des Ziphiens, David entra de
nuit dans le camp de Saül et ne voulut pas le tuer quoiqu il eût pu
le faire et qu il y fût sollicité, versets 1-12,
331
I Samuel
mais il se contenta de faire connaître à Saül qu 'il aurait pu lui
ôter la vie, versets 13-20,
ce qui toucha tellement Saül qu 'il fut contraint d'avouer qu 'il
avait tort de poursuivre David et qu 'il le bénit, versets 21-25.
Les Ziphiens vinrent encore vers Saül à Guibha et lui dirent : David
ne se tient-il pas caché au côteau de Hakila qui est vis-à-vis de
Jescimon ?
2. Et Saül se leva et descendit au désert de Ziph ayant avec soi
trois mille hommes choisis d'Israël pour chercher David au désert de
Ziph.
3. Et Saül campa au côteau de Hakila qui est vis-à-vis de Jescimon
près du chemin. Et David se tenait au désert et il s'aperçu que Saül
venait au désert afin de le poursuivre.
4. Et il envoya des espions par lesquels il sut que Saül était venu
très certainent.
5. Alors David se leva et vint au lieu ou Saül était campé et David
vit le lieu où Saül était couché avec Abner fils de Ner chef de son
armée. Or Saül était couché dans l'enceinte du camp et le peuple
était campé autour de lui.
6. Et David prit la parole et dit à Ahimélec Héthien et à Abisçaï
fils de Tséruja et frère de Joab : Qui descendra avec moi vers Saül
au camp ? Et Abisçaï répondit : J'y descendrai avec toi.
7. David donc et Anisçaï vinrent de nuit vers le peuple et voici
Saül dormait étant couché dans l'enceinte du camp et sa halebarde
était plantée en terre à son chevet et Abner et le peuple était
couchés autour de lui.
8. Alors Abisçaï dit à David : Aujourd'hui Dieu a livré ton ennemi
entre tes mains. Maintenant donc que je le frappe, je te prie, de la
halebarde jusqu'en terre d'un seul coup et je n'y retournerai pas
une seconde fois.
9. Et David dit à Abisçaï : Ne le mets point à mort, car qui mettra
sa main sur l'oint de l'Éternel et sera innocent!
10. David dit encore : L'Éternel est vivant, qu'à moins que
l'Éternel ne le frappe ou que le jour de sa mort ne vienne ou qu'il
ne demeure dans une bataille, on ne lui ôtera pas la vie.
11. Que l'Éternel me garde de mettre ma main sur l'oint de l'Éternel
! Mais je te prie, prends maintenant la halebarde qui est à son
chevet et le pot à eau et allons-nous-en.
12. David donc prit la halebarde et le pot à eau qui était au chevet
de Saül et ils s'en allèrent. Et il n'y eut personne qui les vit, ni
qui les aperçut, ni qui s'éveilla, car tous dormaient parce que
l'Éternel avait fait tomber sur eux un profond sommeil.
13. Et David passa de l'autre côté et s'arrêta sur le haut de la
montagne qui était fort loin de là, car il y avait une grande
distance entre eux.
14. Et il cria au peuple et à Abner fils de Ner disant : Ne
répondras-tu pas Abner ? Et Abner répondit et dit : Qui es-tu qui
crie au roi ?
15. Alors David dit à Abner : N'es-tu pas un vaillant homme ? Et qui
est semblable à toi en Israël !
Pourquoi n'as-tu pas gardé le roi ton seigneur? Car quelqu'un du
peuple est venu pour tuer le roi ton seigneur.
16. Tu ne fais pas bien. L'Éternel est vivant que vous méritez la
mort pour avoir si mal gardé votre seigneur l'oint de l'Éternel. Et
maintenant, regarde où est la halebarde du roi et le pot à eau qui
était à son chevet.
17. Alors Saül reconnut la voix de David et dit : a N'est-ce pas là
ta voix mon fils David ? Et David dit : C'est ma voix, ô roi mon
seigneur.
18. Il dit encore : Pourquoi monseigneur poursuit-il son serviteur ?
Car qu'ai-je fait et quelle méchanceté y a-t-il en ma main ?
19. Maintenant donc je te prie, que le roi mon seigneur écoute les
paroles de ton serviteur. Si c'est l'Éternel qui te pousse contre
moi, que ton oblation lui soit agréable, mais si ce sont les hommes,
ils sont maudits devant l'Éternel, car aujourd'hui ils m'ont chassé
afin que je ne demeure pas joint à l'héritage de l'Éternel et ils
m'ont dit : Va, sers les dieux étrangers.
20. Et maintenant, que mon sang ne tombe point en terre devant
l'Éternel, car le roi d'Israël est sorti b pour chercher une puce ou
comme si l'on poursuivait une perdrix dans les montagnes.
21. Alors Saül dit : J'ai péché, retourne-t'en, mon fils David, car
je ne te ferai plus de mal parce qu'aujourd'hui ma vie t'a été
précieuse. Voici, j'ai agi follement et j'ai fait une très grande
faute.
22. Et David répondit et dit : Voici la halebarde du roi, que l'un
de vos gens passe ici et qu'il la prenne.
23. Et l'Éternel rendra à chacun selon sa justice et selon sa
fidélité, car il t'avait livré aujourd'hui entre mes mains et je
n'ai point voulu mettre ma main sur l'oint de l'Éternel.
24. Voici donc comme ton âme a été aujourd'hui de grand prix devant
mes yeux, ainsi mon âme sera de grand prix devant les yeux de
l'Éternel et il me délivrera de toutes les afflictions.
25. Et Saül dit à David : Bénis sois-tu, mon fils David,
certainement tu feras tes affaires et tu viendras heureusement à
bout de tes entreprises. Alors David continua son chemin et Saül
s'en retourna en son lieu.
Réflexions
L'on voit premièrement dans ce chapitre que Saül continua à
poursuivre David et qu'il alla avec trois mille hommes le chercher
au pays de Ziph quoique peu auparavant il eût reconnu l'innocence de
David et qu'il eût paru apaisé envers lui.
Rarement arrive-t-il aux méchants de changer et il n'y a aucun fond
à faire sur la repentance et sur les promesses des gens qui ont le
cœur corrompu et mauvais jusqu'à un certain degré.
2. Nous avons ici un nouvel exemple de la vertu et de la modération
de David qui, ayant eu une seconde occasion d'ôter la vie à Saül, ne
voulut pas le faire. Ce procédé de David est d'autant plus louable
qu'il avait déjà épargné Saül une autre fois et que
332
I Samuel
ce prince qui avait été touché de sa générosité avait violé ses
promesses et n ’ avait pas laissé de le poursuivre comme auparavant.
Ceci nous apprend à nous éloigner de la vengeance, à ne jamais faire
de mal à ceux qui nous en font et à ne nous point lasser de nous
conduire avec douceur envers les personnes qui nous traitent avec le
plus d injustice, quand même elles continueraient toujours à nous
faire du mal.
La conduite de David montre en particulier qu on doit avoir en
révérence les rois et les princes, que
l ’on doit toujours demeurer dans le respect à leur égard, quand
même il leur arriverait de manquer à leur devoir.
Enfin, l effet que la modération de David fit sur Saül nous fait
voir que, par l innocence, par la douceur et par l ’humilité, on
calme la colère de ceux qui sont irrité et que les méchants sont
enfin contraints de rendre justice aux gens de bien. Mais quand même
nous ne pourrions pas apaiser par là ceux qui nous haïssent, nous
attirerons toujours sur nous la faveur de Dieu qui, comme le dit
David, rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité.
(a) v17 : Ci-dessus 24.17
(b) v20 : Ci-dessus 24.15
Chapitre XXVII
David ne se fiant pas à Saül et ne trouvant de sûreté nulle part
dans le pays d'Israël se retire vers Akis roi des Philistins,
versets 1-4.
Ce prince lui donne la ville de Tsiklag, versets 5-7,
d'où David fait ses courses sur les peuples voisins, versets 8-12.
Mais David dit en son cœur : Je périrai quelque jours par les mains
de Saül. Ne vaut-il pas mieux que je me sauve au pays des Philistins
afin que Saül n ’ espère plus me trouver et qu ’ il cesse de me
chercher encore en quelque contrées d ’Israël ? Je me sauverai donc
de ses mains.
2. David donc se leva et passa avec les cix cents hommes qui étaient
avec lui vers Akis fils de Mahoc roi de Gath.
3. Et David demeura avec Akis à Gath, lui et ses gens, chacun avec
sa famille, David et ses deux femmes, savoir Ahiniham qui était de
Jizréhel et Abigaïl qui avait été femme de Nabal et qui était de
Carmel.
4. Alors on rapporta à Saül que David s ’ en était fui à Gath. Ainsi
il ne continua plus de le chercher.
5. Et David dit à Akis : Je te prie, si j ’ ai trouvé grâce devant
toi, qu ’ on me donne quelque lieu dans
l ’ une des villes de la campagne afin que j ’y demeure, car
pourquoi ton serviteur demeurerait-il dans la ville royale avec toi
?
6. Akis donc lui donna en ce jour-là Tsiklag et c ’ est pourquoi
Tsiklag est demeurée aux rois de Juda jus-qu à ce jour.
7. Le nombre de jours que David demeura au pays des Philistins fut d
’ un an et quatre mois 1 nc1.
8. Or David montait avec ses gens et ils faisaient des courses sur
les Guesçuriens, Guirziens et Ha-malékites, car ces nations-là
habitaient où elles avaient habité autrefois, depuis Sçur jusqu au
pays d ’Égypte.
9. Et David désolait ces pays-là. Il ne laissait ni homme, ni femme
en vie et il prenait les brebis, les bœufs, les ânes, les chameaux
et les vêtements et il s ’ en retournait et venait vers Akis.
10. Et Akis disait : Où avez-vous fait vos courses aujourd hui ? Et
David répondait : Vers le Midi de Juda, vers le Midi des
Jérahmééliens nc2 et vers le Midi des Kéniens.
11. Mais David ne laissait ni homme, ni femme en vie pour les amener
à Gath, de peur, disait-il, qu ils ne rapportent quelque chose
contre nous et qu ils ne disent : Voici ce que David a fait. Et il
en usa ainsi pendant tout le temps qu ’ il demeura au pays des
Philistins.
12. Et Akis se fiait à David, disant : Il s ’ est rendu très odieux
à Israël son peuple, c’ est pourquoi il sera mon serviteur à jamais.
Réflexions
Voici ce qu ’ il faut considérer sur ce chapitre.
C ’ est premièrement que, pendant que David était fugitif, Dieu
prenait soin de lui et qu il lui fit trouver une retraite dans la
pays des Philistins où son nom devait être odieux, que même durant
le séjour qu ’ il y fit il remporta divers avantages sur les peuples
voisins, ennemis des Israélites.
Après cela il faut considérer que ces peuples sur lesquels David
faisait ses courses, étant de ces peuples que Dieu avait commandé de
détruire, David pouvait leur faire la guerre légitimement, d ’
autant plus qu il était appelé à cela, Dieu l ayant choisi pour être
roi. Cependant la conduite de David n ’ était pas exempte de péché
puisqu ’ il disait au roi des Philistins qu ’ il faisait ses courses
sur le pays de Juda, ce qui n ’ était pas vrai.
Ainsi cet exemple de David n ’autorise point le mensonge, le
déguisement, ni la tromperie et ces vices qui étaient condamnables
chez les Juifs sont encore plus indignes des chrétiens qui, vivant
sous la loi de la charité et de la vérité, doivent être très
éloignés de mensonge et se conduire toujours avec ingénuité, avec
sincérité et avec candeur.
(1) v7 : Hébreux : des jours et quatre mois, c ’est-à-dire quatre
mois et quelques jours.
(nc1) v7 : Voyez cependant ci-dessous 29.3
(nc2) v10 : Ce n est pas une erreur d orthographe.
Chapitre XXVIII
Saül étant attaqué par les Philistins et voyant que Dieu ne lui
donnait aucune réponse s adresse à une devineresse et la prie de
faire paraître le prophète Samuel. Un fantôme qui ressemblait à ce
prophète
333
I Samuel
paraît qui prédit à Saül sa mort, celle de ses fils et la défaite de
son armée.
OR en ces jours-là, les Philistins assemblèrent leurs armées pour
faire la guerre et pour combattre Israël. Et Akis dit à David :
Assure-toi que vous viendrez avec moi au camp, toi et tes gens.
2. Alors David répondit à Akis : Certainement tu connaîtras ce que
ton serviteur fera. Et Akis dit à David : C'est pour cela que je te
confierai toujours la garde de ma personne.
3. Or a Samuel était mort et tout Israël l'avait pleuré et on
l'avait enseveli à Rama, c'est-à-dire en sa ville et Saül avait ôté
du pays ceux qui avaient l'esprit de python et les devins.
4. Les Philistins donc assemblés vinrent et campèrent à Sçunem. Saül
aussi assembla tout Israël et ils campèrent à Guilboah.
5. Et Saül voyant le camp des Philistins eut peur et son cœur fut
fort effrayé.
6. Et Saül consulta l'Éternel. Et l'Éternel ne lui répondit rien, ni
par les songes, ni par urim, ni par les prophètes.
7. Et Saül dit à ses serviteurs : Cherchez-moi une femme qui ait
l'esprit de python 1 et j'irai vers elle et je m'enquerrai par son
moyen de ce qui doit arriver. Ses serviteurs lui dirent : Voilà il y
a une femme à Hendor qui a un esprit de python.
8. Alors Saül se déguisa et prit d'autres habits et s'en alla, lui
et deux hommes avec lui, et ils arrivèrent de nuit chez cette
femme-là et Saül lui dit : Je te prie, devine-moi par l'esprit de
python et fait monter vers moi celui que je te dirai.
9. Mais la femme lui répondit : Voici tu sais ce que Saül a fait,
comment il a exterminé du pays ceux qui ont l'esprit de pyton et les
devins. Pourquoi donc dresses-tu un piège à ma vie pour me faire
mourir?
10. Alors Saül lui jura par l'Éternel et lui dit : L'Éternel est
vivant, il ne t'arrivera de ceci aucun mal.
11. Et la femme dit : Qui veux-tu que je te fasse monter? Et il
répondit : Fais-moi monter Samuel.
12. Et la femme voyant Samuel s'écria à haute voix disant à Saül :
Pourquoi m'as-tu trompée ? Car tu es Saül.
13. Et le roi lui répondit : Ne crains rien, mais qu'as-tu vu ? Et
la femme dit à Saül : J'ai vu comme un dieu qui montait de la terre.
14. Il lui dit encore : Comment est-il fait? Elle répondit : C'est
un vieillard qui monte et il est couvert d'un manteau. Et Saül
connut que c'était Samuel et s'étant baissé le visage contre terre,
il se prosterna.
15. Et Samuel dit à Saül : Pourquoi as-tu troublé mon repos en me
faisant monter? Et Saül répondit : Je suis dans une fort grande
extrêmité, car les Philistins me font la guerre et Dieu s'est retiré
de moi et il ne m'a plus voulu répondre, ni par les prophètes, ni
par les songes, c'est pourquoi je t'ai appelé afin que tu me fasses
entendre ce que j'aurai à faire.
16. Et Samuel dit : Pourquoi donc me consultes-tu puisque l'Éternel
s'est retiré de toi et qu'il est devenu ton ennemi ?
17. Or l'Éternel fait selon qu'il en avait parlé par moi et
l'Éternel a déchiré le royaume et l'a arraché d'entre tes mains et
l'a donné à ton domestique, savoir à David,
18. Parce que tu n'as point obéi à la voix de l'Éternel et que tu
n'as point exécuté l'arrêt de l'ardeur de sa colère contre Hamalek,
c'est pourquoi l'Éternel t'a fait ceci aujourd'hui.
19. Et l'Éternel livrera même Israël entre les mains des Philistins
et vous serez demain avec moi, toi et tes fils, l'Éternel même
livrera le camp d'Israël entre les mains des Philistins.
20. Et Saül tomba aussitôt étendu sur la terre et il fut fort
effrayé des paroles de Samuel et même les forces lui manquèrent
parce qu'il n'avait rien mangé de tout ce jour-là, ni de toute la
nuit.
21. Alors cette femme-là vint à Saül et voyant qu'il était fort
troublé, elle lui dit : Voici ta servante a obéi à ta voix et j'ai
exposé ma vie et j'ai obéi aux paroles que tu m'as dites.
22. Maintenant, je te prie, que tu écoutes aussi ce que ta servante
te dira : Souffre que je mette devant toi une bouchée de pain afin
que tu manges et que tu aies des forces pour t'en retourner par ton
chemin.
23. Et il le refusa et dit : Je ne mangerai point. Mais ses
serviteurs et cette femme aussi le pressèrent tant qu'il obéi à leur
voix et s'étant levé de terre, il s'assit sur un lit.
24. Or cette femme-là avait un veau qu'elle engraissait en sa
maison. Elle se hâta donc de le tuer, puis elle prit de la farine et
la pétrit et en cuisit des pains sans levains.
25. Ce qu'elle mit devant Saül et devant ses serviteurs et ils
mangèrent. Puis s'étant levés, ils s'en allèrent cette nuit-là.
Réflexions
L'histoire qui est rapportée dans ce chapitre est très remarquable.
Nous y voyons en premier que Saül étant attaqué par les Philistins
voulut s'adresser à Dieu, mais que Dieu ne lui donna aucune réponse.
Comme il n'était plus temps alors pour Saül de consulter Dieu, le
temps vient aussi qu'il est trop tard pour les pécheurs de prévenir
leur ruine. Ainsi, l'état déplorable où se trouvait alors ce
malheureux prince est une image de l'état des pécheurs que Dieu a
abandonnés à leur égarement et qu'il est près de punir.
2. On voit ici que Saül réduit à cette extrêmité, au lieu de
s'humilier devant Dieu tomba dans un nouveau crime en s'adressant à
une personne qui exerçait un art damnable conformément à le loi de
Dieu. Cette démarche de Saül prouve qu'il n'avait pas consulté Dieu
dans les mouvements d'une sincère repentance.
C'est là le caractère des méchants qui comblent la mesure de leurs
crimes. Ils vont toujours en empirant, ils joignent l'hypocrisie à
l'impiété et ils commettent de nouveaux et de plus grands péchés,
334
I Samuel
même dans le temps que les plus sévères jugements de Dieu vont
fondre sur eux.
3. Pour ce qui est de l action même de cette femme que Saül
consulta, il faut remarquer que l ’ art qu ’ elle exerçait était
vain autant que criminel, qu ’ elle n ’ avait point la puissance de
faire paraître le prophète Samuel qui était mort et que ce serait la
dernière folie de croire qu ’on puisse faire revenir les morts et
savoir par leur moyen ce qui doit arriver. Cependant Dieu permit qu
un corps qui ressemblait à ce prophète apparut et qu ’ une voix fut
entendue qui annonça à Saül sa défaite et qui prédit exactement le
temps de sa mort. Dieu voulait par là punir Saül de son impiété et
lui faire trouver sa peine dans le crime même qu ’ il commettait
alors et par ce moyen il parut aussi que sa mort procédait de Dieu.
C ’ est ainsi que Dieu pour éprouver les hommes ou pour les châtier
donne efficace à l'erreur afin que ceux qui n 'ont pas cru à la
vérité soient condamnés.
II Thessaloniciens, chapitre 2.
Enfin, on voit en la personne de Saül et dans l ’ effroi dont il fut
saisi en cette rencontre combien l ’ état de ceux qui sont
abandonnés de Dieu est funeste. Et puisque c ’ est le mépris de la
voix de Dieu et l ’ obstination dans le mal qui conduit à cet
état-là, nous devons craindre de nous y engager par l impiété et par
l ’ endurcissement comme cela arriva au roi Saül.
(a) v3 : Ci-dessus 25.10
(b) v17 : Ci-dessus 15.28
(1) v 7 : Une devineresse ou une magicienne.
Chapitre XXIX
Les chefs de l'armée des Philistins allant combattre les Israélites
et ayant remarqué dans la revue de l'armée que David et ses gens
étaient avec eux obligèrent Akis leur roi à le renvoyer à Tsiklag de
peur qu 'il ne se joignit aux Israélites contre les Philistins.
Or les Philistins assemblèrent toutes leurs armées à Aphek et les
Israélites étaient campés près de la fontaine qui était à Jizréhel.
2. Et les gouverneurs des Philistins marchèrent par leurs centaines
et par leurs milliers et David et ses gens marchaient sur l ’
arrière-garde avec Akis.
3. Alors les chefs des Philistins dirent : Que font là ces Hébreux?
Et Akis répondit aux chefs des Philistins : N est-ce pas ici ce
David qui a été serviteur de Saül roi d ’Israël, qui a déjà été avec
moi quelques temps, même quelques années nc1 et je n ’ai rien trouvé
à redire en lui depuis le jour qu il s est donné à moi, jusqu ’ à ce
jour.
4. Mais les chefs des Philistins se mirent en colère contre lui et
ils lui dirent : a Renvoie cet homme et qu ’ il s ’ en retourne au
lieu où tu l ’ as établi et qu ’ il ne descende point avec nous au
combat, de peur qu il ne se tourne contre nous dans la bataille, car
comment pourrait-il se remettre en grâce avec son seigneur? Ne
serait-ce pas par le moyen des têtes de ces hommes ?
5. N ’est-ce pas ici ce David dont on s ’entre-répondait dans les
danses en disant : b Saül en a frappé ses mille et David ses dix
mille ?
6. Akis donc appela David et lui dit : L’Éternel est vivant que
certainement tu es un homme droit et tes allées et venues au camp m
ont paru bonnes, car je n ’ ai point trouvé de méchanceté en toi
depuis le jour que tu es venu à moi jusqu à ce jour, mais tu ne
plais point aux gouverneurs.
7. Maintenant donc retourne-t-en et va-t-en en paix afin que tu ne
fasses aucune chose qui déplaise aux gouverneurs des Philistins.
8. Et David dit à Akis : Mais qu ’ ai-je fait ? Et qu ’ as-tu trouvé
en ton serviteur depuis le jour que j ’ ai été avec toi jusqu ’ à ce
jour que je n ’ aille point combattre contre les ennemis du roi mon
seigneur?
9. Et Akis répondit à David et dit : Je le sais, car tu m es très
agréable comme un ange de Dieu, mais les chefs des Philistins ont
dit : Il ne montera point avec nous au combat.
10. C ’ est pourquoi lève-toi de bon matin avec les serviteurs de
ton seigneur qui sont venus avec toi et étant levés de bon matin,
sitôt que vous verrez le jour, alles-vous-en.
11. Ainsi David se leva le matin, lui et ses gens, pour partir dès
le matin et pour s ’ en retourner au pays des Philistins, mais les
Philistins montèrent à Jizréhel.
Réflexions
Il faut considérer ici
Premièrement que David étant engagé à aller à la guerre avec les
Phlistins contre les Israélites et se trouvant par là à la nécessité
ou de combattre contre sa patrie ou de trahir le roi des Philistins,
Dieu par un effet de sa bonté envers David ne voulut pas
I ’ exposer à cette tentation et qu ’ il l ’ en délivra en
permettant que les chefs de l armée des Philistins demandassent qu ’
il se retirât.
Le procédé de David dans cette occasion n était pas conforme à la
sincérité, puisqu ’ il avait donné à entendre au roi des Philistins
qu ’ il combattrait avec lui contre les Israélites. Cependant la
providence le tira de cet embarras par le moyen des Philistins
eux-mêmes qui voulurent qu ’on le renvoya. Par ce moyen David fut
préservé de commettre un péché.
II n ’ eut aucune part à la défaite des Israélites, il ne se trouva
pas au combat où Saül fut tué et il fut en état d aller délivrer la
ville de Tsiklag qui avait été surprise pendant son absence par les
Hamalékite, comme cela est rapporté dans le chapitre suivant.
Voilà comment la providence dispose des événements pour le bien de
ceux qu ’ elle favorise. Le Seigneur leur donne des issues
favorables dans les circonstances les plus fâcheuses, il les empêche
même de tomber dans le péché et les délivre des tentations
auxquelles ils succomberaient.
(a) v4 : I Chroniques 12.19
335
I Samuel
(b) v5 : Ci-dessus 18.7
(nc1) v3 : Voyez cependant la note ci-dessus 27.7.
Chapitre XXX
David arrivant à Tsiklag trouve que la ville avait été brûlée et que
ses femmes avaient été emmenées prisonnières avec tout le peuple qui
y était, versets 1-10.
Ayant su que les Hamalékites avaient faits ce dégât, il les
poursuivit, il recouvra ce qu 'ils avaient pris et fit sur eux un
grand butin qui fut partagé entre ceux qui avaient été à la guerre
et ceux qui étaient demeurés au camp et au bagage, versets 11-31.
OR trois jours après, David et ses gens étant revenus à Tsiklag
trouvèrent que les Hamalékites s'étaient jetés du côté du Midi et
sur Tsiklag et qu'ils avaient frappé Tsiklag et qu'ils l'avaient
brûlée
2. Et qu'ils avaient fait prisonnières les femmes qui étaient là,
sans avoir tué aucun homme depuis les plus petits jusqu'aux plus
grands, mais ils les avaient amenés et ils avaient continué leur
chemin.
3. David donc et ses gens revinrent en la ville et voici elle avait
été brûlée et leurs femmes et leurs fils et leurs filles avaient été
faits prisonniers.
4. C'est pourquoi David et le peuple qui étaient avec lui élevèrent
leurs voix et pleurèrent jusqu'à ce qu'il n'y eut plus en eux de
force pour pleurer.
5. Et les deux femmes de David avaient été prises prisonnières,
savoir Ahinoham de Jizréhel et Abigaïl qui avait été femme de Nabal
qui était de Carmel.
6. Mais David fut dans une grande extrêmité parce que le peuple
parlait de le lapider, car tout le peuple était outré à cause de
leurs fils et de leurs filles, toutefois David se fortifia devant
l'Éternel son Dieu.
7. Et il dit à Abiathar le sacrificateur, fils d'Ahimé-lec : Mets,
je te prie, l'éphod pour moi et Abiathar mit l'éphod pour David.
8. Alors David consulta l'Éternel disant : Poursuivrai-je cette
troupe-là? L'atteindrai-je? Et il lui répondit : Poursuis-là, car tu
tu ne manqueras point de l'atteindre et de recouvrer tout.
9. David donc s'en alla avec ses six cents hommes qui étaient avec
lui et ils arrivèrent jusqu'au torrent de Bésor où s'arrêtèrent ceux
qui demeurèrent en arrière.
10. Ainsi David et quatre cents hommes firent la poursuite, car il y
en eut deux cents hommes qui s'arrêtèrent, étant tellement fatigués
qu'ils ne purent passer le torrent de Bésor.
11. Or ayant trouvé un homme Égyptien par les champs, ils
l'amenèrent à David et lui donnèrent du pain qu'il mangea, puis ils
lui donnèrent de l'eau à boire.
12. Ils lui donnèrent aussi quelques figues sèches et deux grappes
de raisins secs et il les mangea et il reprit ses esprits, car il y
avait trois jours et trois nuits qu'il n'avait ni mangé de pain, ni
bu d'eau.
13. Et David lui dit : À qui es-tu et d'où es-tu ? Et il répondit :
Je suis un garçon égyptien, serviteur d'un homme hamalékite et mon
maître m'a abandonné parce qu'il y a aujourd'hui trois jours que je
suis malade.
14. Nous avons fait une irruption du côté du Midi des Kéréthiens et
sur ce qui est de Juda et du côté du Midi de Caleb et nous avons
brûlé Tsiklag par le feu.
15. Et David lui dit : Me conduiras-tu bien vers cette troupe-là? Et
il lui dit : Jure-moi par le nom de Dieu que tu ne me feras point
mourir et que tu ne me livreras point entre les mains de mon maître
et je te conduirai vers cette troupe-là.
16. Et il le conduisit là et voici, ils étaient dispersés sur toute
la terre, mangeant et buvant et dansant à cause de ce grand butin
qu'ils avaient fait du pays des Philistins et du pays de Juda.
17. Et David les chargea depuis l'aube du jour jusqu'au soir du
lendemain qu'il s'était mis à les poursuivre et il n'en réchappa
aucun d'eux, hors quatre cents jeunes hommes qui montèrent sur des
chameaux et s'enfuirent.
18. Et David recouvra tout ce que les Hamalé-kites avaient emportés.
Il recouvra aussi ses deux femmes.
19. Et ils trouvèrent que rien ne leur manquait, depuis le plus
petit jusqu'au plus grand, tant des fils que des filles et du butin
et de tout ce qu'ils avaient emporté. David recouvra le tout.
20. David prit aussi tout le reste du gros et du menu bétail qu'on
mena devant les troupeaux qu'on leur avait pris et on disait : C'est
ici le butin de David.
21. Puis David vint vers les deux cents hommes qui avaient été
tellement fatigués qu'ils n'avaient pu marcher après David qui les
avait fait demeurer au torrent de Bésor et ils sortirent au devant
de David et au devant du peuple qui était avec lui. Et David s'étant
approché du peuple les salua amiablement.
22. Mais tous les méchants garnements qui étaient allés avec David
prirent la parole et dirent : Puisqu'ils ne sont point venus avec
nous, nous ne leur donnerons rien du butin que nous avons recouvré,
sinon à chacun d'eux sa femme et ses enfants et qu'ils les emmènent
et qu'ils s'en aillent.
23. Mais David dit : Ce n'est pas ainsi, mes frères, que vous devez
disposer de ce que l'Éternel nous a donné puisqu'il nous a gardés et
qu'il a livré entre nos mains cette troupe qui était venue contre
nous.
24. Qui vous croirait dans cette affaire ? Car celui qui demeure au
bagage doit avoir autant de part que celui qui descend au combat,
ils partageront également.
25. Et cela a été pratiqué depuis ce jour-là. a Et on fit une
ordonnance et une loi en Israël jusqu'à ce jour.
26. David donc revint à Tsiklag et envoya du butin aux anciens de
Juda, savoir à ses amis disant : Voici un présent que je vous fais
du butin des ennemis de l'Éternel.
336
I Samuel
27. Il en envoya à ceux qui étaient à Béthel et à ceux qui étaient à
Ramoth du Midi et à ceux qui étaient à Jattir
28. Et à ceux qui étaient à Haroher et à ceux qui étaient à
Sciphamoth et à ceux qui étaient à Esçté-moah
29. Et à ceux qui étaient à Racal et à ceux qui étaient dans les
villes des Jérahmeéliens et à ceux qui étaient dans les villes des
Kéniens
30. Et à ceux qui étaient à Horma et à ceux qui étaient à Cor-hasçan
et à ceux qui étaient à Hathac
31. Et à ceux qui étaient à Hébron et dans tous les lieux où David
avait demeuré lui et ses gens.
Réflexions
Il y a deux réflexions à faire sur ce chapitre.
1. Que la ville de Tsiklag qui appartenait à David, lui ayant été
donnée par le roi des Philistins, fut prise par les Hamalékites avec
le peuple qui y était et que même David à son retour dans cette
ville fut en danger d être lapidé par le peuple. Ce fut là une
épreuve bien fâcheuse pour David, mais ce fut la dernière qu ’ il
eut à soutenir avant que de monter sur le trône.
2. David donna dans cette occasion des marques de sa piété en
consultant le Seigneur sur ce qu ’ il avait à faire et Dieu lui
ayant fait dire de poursuivre les Hamalékites, il reprit tout ce qu
ils avaient emmené, il délivra ses femmes et il fit même sur eux un
butin fort considérable. De cette manière le malheur qui était
arrivé à David tourna à son avantage et à sa plus grande gloire et c
’ est ainsi que ceux qui, dans les extrêmités où ils se rencontrent
se laissent conduire par le Seigneur, ne manquent jamais d éprouver
sa protection.
(a) v25 : Nombres 31.27
Chapitre XXXI
Ce chapitre contient le récit de la défaite des Israélites par les
Philistins. Les fils de Saül furent tués nc1, Saül lui-même mourut
dans cette occasion et leurs corps furent pendus à la muraille de
Bethsan. Mais ils furent ensuite ensevelis par les habitants de
Ja-bès.
C 'est ici que finit l'histoire de Saül et le premier livre de
Samuel.
OR les Philistins combattirent contre Israël et ceux d ’Israël
prirent la fuite devant les Philistins et ils furent tués sur la
montagne de Guilboah.
2. Et les Philistins atteignirent Saül et ses fils et ils tuèrent
Jonathan, Abinabab et Malki-sçuah, fils de Saül.
3. Et tout l effort du combat tomba sur Saül et les archers qui
tiraient de l arc le trouvèrent et il fut blessé dangereusement par
ces archers.
4. Alors Saül dit à son écuyer : Tire ton épée et transperce-m ’en,
de peur que ces incirconcis ne
viennent et ne me transpercent et ne me fassent des outrages, mais
son écuyer ne le voulut pas faire parce qu il était fort effrayé.
Saül donc prit l épée et se jeta dessus.
5. Alors l ’ écuyer de Saül ayant vu que Saül était mort se jeta
aussi sur son épée et mourut avec lui.
6. Ainsi Saül mourut en ce jour-là avec ses trois fils et son écuyer
et aussi tous ses gens.
7. Et ceux d ’Israël qui étaient au deçà de la vallée et au decà du
Jourdain ayant vu que les Israélites s ’ en étaient fuis et que Saül
et ses fils étaient morts abandonnèrent les villes et s enfuirent de
sorte que les Philistins y entrèrent et y habitèrent.
8. Et dès le lendemain, les Philistins vinrent pour dépouiller les
morts et ils trouvèrent Saül et ses trois fils étendus sur la
montagne de Guilboah.
9. Et ils coupèrent la tête de Saül et le dépouillèrent de ses armes
qu ils envoyèrent au pays des Philistins dans tous les environs pour
en faire savoir les nouvelles dans les temples de leurs faux dieux
et parmi le peuple.
10. Et ils mirent ses armes au temple de Hasçta-roth et ils
pendirent son corps à la muraille de Beth-sçan.
11. Or les habitants de Jabès de Galaad apprirent ce que les
Philistins avaient fait à Saül.
12. Et tous les vaillants hommes d ’ entre eux se levèrent et
marchèrent toute la nuit et enlevèrent le corps de Saül et les corps
ses fils de la muraille de Beth-sçan et ils revinrent à Jabès où ils
les brulèrent.
13. Puis ils prirent leurs os et a les ensevelirent sous un chêne
près de Jabès et ils jeunèrent pendant sept jours.
Réflexions
On doit faire bien de l attention à la mort de Saül. Les
circonstances en furent extrêmement tragiques puisqu il se donna
lui-même la mort, que ses trois fils furent tués dans le combat par
les Philistins et que son corps, de même que celui de ses fils, fut
traité avec la dernière ignominie, les Philistins les ayant pendus
aux murailles de la ville de Beth-sçan. L’Écriture dit sur cela, I
Chroniques 10.13, que Saül mourut ainsi parce qu ’ il n ’ avait pas
obéi aux ordres de Dieu et surtout parce qu ’ il avait consulté la
devi-nerresse d Andor. Ainsi ce prince qui avait été choisi de Dieu
et qui avait si bien commencé finit malheureusement et les menaces
que Dieu lui avait fait dénoncer en plusieurs occasions furent
exécutées.
Il en a toujours été et il en sera toujours de même de toutes les
menaces de Dieu, tant celles qui regardent certaines personnes en
particulier que de celles que Dieu fait contre les pécheurs en
général. Cet événement doit nous inspirer une crainte salutaire et
nous faire reconnaître que ceux que Dieu a enrichis de ses grâces et
qui en abusent sont à la fin abandonnés de lui et deviennent des
exemples de sa colère.
2. Sur ce que les fils de Saül et en particulier Jonathan qui avait
tant de piété et de vertu périrent avec
337
I Samuel
lui, il faut considérer que les innocents sont quel-quesfois
enveloppés avec les coupables dans les jugements temporels, ce que
Dieu fait pour de justes raisons et surtout pour rendre heureux les
gens de bien en les retirant du monde.
3. Il faut encore remarquer que dans cette occasion le peuple
d'Israël fut battu par les Philistins, Dieu ayant voulu châtier ce
peuple à mesure qu'il punissait Saül.
C'est pour les mêmes raisons que Dieu fait tomber ses jugements sur
les peuples aussi bien que sur les princes et que c'est en quoi l'on
a sujet d'adorer la justice, la sagesse aussi bien que la bonté du
Seigneur.
(a) v13 : II Samuel 2.4-5
(nc1) La mort des fils de Saül est annoncée aux versets 6, 7, 8 et
12, mais on peut lire dans II Samuel 2.8-10 qu'ils n'étaient pas
tous morts.
338