Second livre de Samuel
Argument
Le second livre de Samuel contient l'histoire du règne de David, ce
qui comprend l'espace d'environ quarante ans.
Chapitre I
David reçoit les nouvelles de la mort de Saül et de la défaite des
Israélites qui avaient été battus par les Philistins, versets 1-12.
2. Il fait mourir celui qui avait ôté la vie à Saül, versets 13-16.
3. Il prononce une plainte sur cette mort, versets 17-27.
OR après que Saül fut mort, David, étant revenu de la défaite des
Hamalékites, demeura à Tsik-lag deux jours.
2. Et au troisième jour, voici on vit paraître un homme qui revenait
du camp de Saül, ayant ses vêtements déchirés et de la terre sur sa
tête, qui étant venu à David se jeta en terre et se prosterna.
3. Et David lui dit : D'où viens-tu ? Et il lui répondit : Je suis
échappé du camp d'Israël.
4. Et David lui dit : Qu'est-il arrivé? Je te prie, raconte-le moi.
Il répondit : Le peuple a fui dans le combat et même il y en a
plusieurs du peuple qui ont été défaits et qui sont morts, Saül
aussi et Jonathan son fils sont morts.
5. Et David dit à ce jeune homme qui lui disait ces nouvelles :
Comment sais-tu que Saül et Jonathan son fils soient morts ?
6. Et le jeune homme qui lui disait ces nouvelles lui répondit : Je
me trouvais par hasard sur la montagne de Guilboah et voici Saül se
tenait penché sur sa halebarde et quelques cavaliers l'avaient
joint.
7. Et regardant derrière soi, il me vit et il m'appela et je lui
répondit : Me voici.
8. Alors il me dit : Qui es-tu ? Et je lui répondit : Je suis
Hamalékite.
9. Et il me dit : Tiens-toi ferme sur moi, je te prie, et me fais
mourir, car je suis dans une grande angoisse et même ma vie est
encore toute en moi.
10. Je me suis donc tenu ferme sur lui et je l'ai fait mourir, car
je savais bien qu'il ne vivrait pas après s'être jeté sur sa
halebarde et j'ai pris la couronne qu'il avait sur sa tête et le
bracelet qu'il avait à son bras et je les ai apportés ici à
monseigneur.
11. Alors David prit ses vêtements et les déchira. Tous les hommes
aussi qui étaient avec lui en firent de même.
12. Et ils firent le deuil et pleurèrent et jeunèrent jusqu'au soir
à cause de Saül et de Jonathan son fils et du peuple de l'Éternel et
de la maison d'Israël parce qu'ils étaient tombés par l'épée.
13. Mais David dit au jeune homme qui avait dit ces nouvelles : D'où
es-tu ? Et il répondit : Je suis fils d'un étranger Hamalékite.
14. Et David lui dit : Comment n'as-tu pas craint d'avancer ta main
pour tuer l'oint de l'Éternel ?
15. Alors David appela l'un de ses gens et lui dit : Approche-toi,
jette-toi sur lui et il le frappa et il mourut,
16. Car David avait dit : Ton sang soit sur ta tête, car ta bouche a
porté témoignage contre toi en disant : J'ai fait mourir l'oint de
l'Éternel.
17. Alors David fit cette complainte sur Saül et sur Jonathan son
fils
18. Et il ordonna qu'on enseignât aux enfants de Juda à tirer de
l'arc 1. Voici, elle est écrite dans le livre de Jasçar2
19. Ô noblesse d'Israël, ceux qui ont été tués sont sur tes hauts
lieux ! Comment sont tombés les hommes vaillants ?
20. a Ne l'allez point dire dans Gath et n'en portez point les
nouvelles dans les places d'Asçkélon, de peur que les filles des
Philistins ne s'en réjouissent, de peur que les filles des
incirconcis ne triomphent de joie.
21. Montagne de Guilboah, que la rosée et la pluie ne tombent jamais
sur vous, ni sur les champs qui sont haut élevés, parce que c'est là
qu'a été jeté le bouclier des hommes forts et le bouclier de Saül,
comme s'il n'eût point été oint d'huile 3.
22. La flèche de l'arc de Jonathan ne revenait jamais sans être
teint nc1 du sang des morts et de la graisse des hommes vaillants et
l'épée de Saül ne revenait jamais sans effet.
23. Saül et Jonathan si aimables et si agréables pendant leur vie
n'ont point été séparés dans leur mort. Ils étaient plus légers que
les aigles, ils étaient plus forts que des lions.
24. Filles d'Israël, pleurez sur Saül qui vous revêtait d'écarlate
et qui vous faisait vivre dans les délices, qui vous faisait porter
des ornements d'or sur vos habits.
25. Comment les hommes forts sont-ils tombés au milieu de la
bataille et comment Jonathan a-t-il été tué sur tes hauts lieux?
26. Jonathan mon frère, je suis en angoisse à cause de toi, tu
faisais tout mon plaisir, l'amour que j'avais pour toi était plus
grand que celui des femmes.
27. Comment sont tombés tes hommes vaillants et comment sont péries
les armes de la guerre !
Réflexions
On doit d'abord faire cette réflexion générale que, David ayant
attendu sans impatience et sans vouloir se servir d'aucun mauvais
moyen, que Dieu le délivrât des injustes persécutions de Saül et lui
donnât le royaume d'Israël, la providence dirigea les choses d'une
manière que Saül mourut sans que David y
II Samuel
eût contribué et qu ’ ainsi David monta sur le trône innocemment et
légitimement.
En quelque état qu on se trouve, il faut se laisser conduire à nc2
la providence et attendre avec tran-quilité et sans rien faire
contre la justice et la bonne conscience qu elle exécute ses
desseins.
2. L’action de David qui fit mourir celui qui lui avait apporté les
nouvelles de la mort de Saül fut un acte de justice, puisque cet
homme ne pouvait sans crime donner la mort à Saül et qu il aurait dû
plutôt lui conserver la vie autant qu ’ il l ’ aurait pu.
3. On découvre ici la piété et le bon cœur de David qui fit paraître
dans cette occasion la même modération qu il avait eue pendant la
vie de Saül et qui eut de la douleur de sa mort, quoique cette mort
le mît à couvert des persécutions de ce prince et l ’ élevât au
trône.
C ’ est ainsi qu ’ en use toute personne qui a une sincère piété et
une solide vertu. Quelque mal que ses ennemis lui aient fait,
quelque criminelle qu ait été leur vie et quelque avantage qui lui
revienne de leur malheur, elle ne s ’ en réjouit jamais et elle en a
plutôt de la douleur.
4. Les plaintes que David fit sur la mort de Jonathan son intime ami
nous découvrent le caractère de la vraie amitié. Les amis sincères
et vertueux, tel qu étaient Jonathan à l égard de David, sont le
bien le plus précieux que l on puisse posséder en ce monde après la
grâce et l amour de Dieu et la plus grande perte qu on puisse faire
est de s en voir privé.
(a) v20 : Michée 1.10
(1) v18 : Hébreux : qu ’on enseignât l ’arc, ce qui peut signifier
ce cantique ou cette complainte qui avait pour titre l'arc, voyez
verset 22.
(2) v18 : Voyez Josué 10.13
(3) v21 : C'est-à-dire : comme si Saül n ’eût pas été l ’oint du
Seigneur.
(nc1) v22 : Erreur de genre ...teinte... ?
(nc2) Deuxième paragraphe des réflexions, ou plutôt : ...se laisser
conduire par la providence... ?
Chapitre II
Saül étant mort, David est reconnu roi par la tribu de Juda et il
fait remercier les habitants de Jabès de ce qu 'ils avaient enseveli
Saül et ses fils, versets 1-7.
Mais Abner établit Isç-bosceth fils de Saül roi sur les autres
tributs, versets 8-10.
Cela donna occasion à une guerre dans laquelle ceux du parti de Isc-bosceth
furent battus par les gens de David et où Abner tua Hasaël frère de
Joab, général de l armée du roi David, après quoi les deux armées se
retirèrent, versets 11-32.
OR après cela, David consulta l ’Éternel disant : Monterai-je en
quelqu ’ une des villes de Juda? Et l Éternel lui répondit : Monte.
Et David dit : Dans laquelle monterai-je ? Il répondit : Va à
Hébron.
2. David donc monta là avec ses deux femmes, savoir Ahinoham qui
était de Jizréhel et Abigaïl qui avait été femme de Nabal qui était
de Carmel.
3. David fit remonter aussi les hommes qui étaient avec lui, chacun
avec sa famille, et ils demeurèrent dans les villes de Hébron.
4. Et ceux de Juda vinrent et oignirent là David pour roi sur la
maison de Juda. Et l ’on fit ce rapport à David : Ce sont les gensa
de Jabès de Galaad qui ont enseveli Saül.
5. Et David envoya des messagers vers les gens de Jabès et leur fit
dire : Que vous soyez bénis de
l ’Éternel de ce que vous avez usé de cette humanité envers Saül
votre seigneur et de ce que vous l ’ avez enseveli !
6. Que l ’Éternel veuille donc maintenant être envers vous
miséricordieux et véritable ! De ma part aussi je vous ferai du bien
parce que vous avez fait cela.
7. Et maintenant que vos mains se fortifient et soyez des hommes de
cœur, car Saül votre seigneur est mort et même la maison de Juda m ’
a oint pour être roi sur eux.
8. Mais Abner fils de Ner, chef de l ’ armée de Saül prit Isc-bosceth
fils de Saül et il le fit passer à Maha-najim.
9. Et il l ’ établit roi sur Galaad et sur les Asçu-riens et sur
Jizréhel et sur Éphraïm et sur Benjamin, même sur tout Israël.
10. Isc-bosceth fils de Saül était âgé de quarante ans quand il
commença à régner sur Israël et il régna deux ans. Il n ’ y avait
que la maison de Juda qui suivait David.
11. Et le nombre des jours que David régna à Hé-bron sur la maison
de Juda fut de sept ans et six mois.
12. Or Abner fils de Ner et les gens d ’Isc-bosceth fils de Saül
sortirent de Mahanajim vers Gabaon.
13. Joab aussi, fils de Tséruja, et les gens de David sortirent et
ils se rencontrèrent les uns les autres près de l étang de Gabaon et
les uns se tenaient auprès de l étang du côté de deçà et les autres
auprès de l étang du côté de delà.
14. Alors Abner dit à Joab : Que quelques-uns de ces jeunes gens se
lèvent maintenant et qu ils se battent devant nous. Et Joab dit : Qu
ils se lèvent.
15. Ils se levèrent donc et on en compta douze de Benjamin pour le
parti d ’Isc-bosceth fils de Saül et douze des gens de David.
16. Alors chacun d ’ eux empoignant son homme lui passa son épée
dans le côté et ils tombèrent tous ensemble et ce lieu-là fut appelé
Hemkath-hatsurim 1 qui est en Gabazon.
17. Et il y eut ce jour-là un très rude combat dans lequel Abner fut
battu avec ceux d ’Israël par les gens de David.
18. Les trois fils de Tséruja, Joab, Abisçaï et Ha-saël étaient là.
Et Hasaël était aussi léger du pied qu un chevreuil dans la
campagne.
19. Et Hasaël poursuivit Abner sans se détourner ni à droite, ni à
gauche d après Abner.
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20. Abner donc regardant derrière lui dit : Es-tu Hasaël ? Et il lui
répondit : Je le suis.
21. Et Abner lui dit : Détourne-toi à droite où à gauche et
saisis-toi de l'un de ces jeunes gens et prends sa dépouille pour
toi. Mais Hasaël ne voulut point se détourner de lui.
22. Et Abner continuait de dire à Hasaël : Détourne-toi de moi,
pourquoi te frapperais-je et te ferais-je tomber mort par terre ? Et
comment oserais-je paraître devant Joab ton frère ?
23. Mais il ne voulut jamais se détourner et Abner le frappa à la
cinquième côte du bout de derrière de sa halenarde de sorte que sa
halebarde lui sortait par derrière et il tomba là mort sur la place
et tous ceux qui venaient au lieu où Hasaël était tombé et où il
était mort s'arrêtaient.
24. Joab donc et Abisçaï poursuivirent Abner et le soleil se coucha
quand ils arrivèrent au côteau d'Amma qui est vis-à-vis de Gujah au
chemin du désert de Gabaon.
25. Et les Benjamites se rallièrent après Abner et se rangèrent en
un bataillon et se tinrent sur le sommet d'un côteau.
26. Alors Abner cria à Joab et dit : L'épée dévorera-t-elle sans
cesse ? Ne sais-tu pas bien qu'il y a de l'amertume à la fin et
jusqu'à quand différeras-tu de dire au peuple qu'il cesse de
poursuivre ses frères ?
27. Et Joab dit : Dieu est vivant que si tu eusses ainsi parlé dès
le matin, le peuple se serait déjà retiré chacun loin de son frère.
28. Joab donc sonna de la trompette et tout le peuple s'arrêta et
ils ne poursuivirent plus Israël et ils ne continuèrent plus à se
battre.
29. Ainsi Abner et ses gens marchèrent toute cette nuit-là par la
campagne et passèrent le Jourdain et traversèrent tout Bithron et
ils arrivèrent à Mahanajim.
30. Joab revint aussi de la poursuite d'Abner. Et quand il eut
assemblé tout le peuple, on trouva qu'il n'en manquait que dix-neuf
des gens de David et Hasaël,
31. Mais les gens de David frappèrent de ceux de Benjamin, savoir
des gens d'Abner, trois cents soixante hommes qui moururent.
32. Et ils enlevèrent Hasaël et l'ensevelirent dans le sépulcre de
son père qui était à Beth-léhem et toute cette nuit-là Joab et ses
gens marchèrent et ils arrivèrent à Hébron au point du jour.
Réflexions
David fit paraître sa piété et le respect qu'il avait eu pour Saül
en faisant remercier et en bénissant les gens de Jabès de ce qu'ils
avaient enseveli les corps de Saül et de ses fils.
2. Après la mort de Saül, Dieu, selon ses promesses, éleva David sur
le trône, mais cependant il ne l'y éleva que par degrés. David
n'obtint pas d'abord le royaume entier et il ne régna sur toutes les
tribus d'Israël qu'au bout de sept ans. Il eut
même à soutenir une guerre de plusieurs années contre Isc-bosceth
fils de Saül dans laquelle pourtant il remporta divers avantages.
Dieu voulait encore exercer David par de nouvelles épreuves avant
que de le faire jouir du repos et de la prospérité qu'il lui avait
promise et il en usa ainsi pour lui faire d'autant mieux sentir que
c'était de Dieu seul qu'il tenait la royauté.
C'est là une image de l'état où les enfants de Dieu sont en ce monde
et de la conduite que Dieu tient envers eux. Il leur a fait
d'excellentes promesses et il ne manque jamais de les exécuter, mais
il les expose pourtant à divers combats pour les éprouver et il
accomplit enfin pleinement ce qu'il leur a promis.
Ce qu'Abner fit à l'égard de Hasaël, afin de ne pas être obligé de
lui ôter la vie, montre qu'il faut éviter, autant qu'on le peut, de
faire du mal même à ceux qui veulent nous en faire et surtout de
répandre le sang. C'est ce qui est encore à remarquer sur la
conduite sage et modérée d'Abner qui fit tout ce qu'il put pour
empêcher les deux armées d'en venir aux mains et de se poursuivre.
Les chrétiens devraient être encore plus prompts et plus empressés à
terminer les guerres, à empêcher l'effusion du sang de ceux qui sont
chrétiens comme eux, à procurer en toutes occasions la
réconciliation et à rétablir partout la concorde et la paix.
(a) v4 : I Samuel 31.11 ; I Chroniques 10.11-12
(1) v16 : C'est-à-dire : la portion ou le champ des forts ou des
vaillants.
Chapitre III
On voit ici
Un dénombrement des enfants qui naquirent à David à Hébron, versets
1-6.
2. Comment Abner qui était général de l'armée d'Isc-bosceth fils de
Saül et qui avait fait jusqu 'alors la guerre à David, quitta le
parti d'Isc-bosceth pour embrasser celui de David, versets 7-21,
de quoi Joab, général de l'armée de David, ayant eu du chagrin et de
la jalousie, il tua Abner en trahison voulant aussi venger la mort
de Hasaël son frère qu 'Abner avait tué, versets 22-27.
David étant informé de ce que Joab avait fait en témoigna un grand
déplaisir, mais son autorité n 'étant pas encore assez affermie, il
ne put faire alors la punition du crime de Joab, versets 29-39.
OR il y eu une longue guerre entre la maison de Saül et la maison de
David. Mais David s'avan-çait et se fortifiait et la maison de Saül
allait en s'affaiblissant.
2. Et a il naquit des fils à David à Hébron. Son premier-né fut
Amnon, d'Ahinoham qui était de Jizréhel.
3. Le second fut Kiléab d'Abigaïl qui avait été femme de Nadal qui
était de Carmel. Le troisième fut Absçalom fils de Mahaca, fille de
Talmaï roi de Guesçur.
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4. Le quatrième fut Adonija fils de Hagghith. Le cinquième fut
Scéphatja fils d ’ Abital.
5. Et le sixième fut Jithréham d ’Hégla femme de David. Ceux-ci
naquirent à David à Hébron.
6. Mais il arriva, pendant qu il y eut guerre entre la maison de
Saül et la maison de David, qu ’ Abner soutenait la maison de Saül.
7. Or Saül avait eu une concubine qui s appelait Ritspa, fille d
’Aja et Isc-bosceth dit à Abner : Pourquoi es-tu venu vers la
concubine de mon père ?
8. Et Abner fut fort irrité des paroles d ’Isc-bosceth et lui dit :
Suis-je une tête de chien, moi qui contre Juda ait usé aujourd hui
de bonté envers la maison de Saül ton père et envers ses frères et
ses amis et qui ne t ’ ai point fait tomber entre les mains de David
et que tu me recherches aujourd hui pour le péché d ’ une femme ?
9. Que Dieu punisse sévèrement Abner si je ne fais pas à David tout
ce que l ’Éternel lui a juré
10. En transportant le royaume de la maison de Saül et en
établissant le trône de David sur Israël et sur Juda, depuis Dan
jusqu ’ à Béerscébah.
11. Et Isc-bosceth ne put répondre un seul mot à Abner parce qu ’ il
le craignait.
12. Abner donc envoya des députés à David de sa part pour lui dire :
À qui appartient ce pays ? Et pour lui dire : Traite accord avec moi
et voici ma main sera avec toi pour réunir à toi tout Israël.
13. Et David répondit : Je le veux bien, je ferai accord avec toi,
je te demande seulement une chose, tu ne me verras point que
premièrement tu me ramènes Mical fille de Saül quand tu viendras me
voir.
14. Alors David envoya des députés à Isc-bosceth fils de Saül pour
lui dire : Rends-moi ma femme Mical que j ’ ai épousée pour cent
prépuces de Philistins.
15. Et Isc-bosceth l ’ envoya quérir et l ’ ôta à son mari Paltiel
fils de Laïs.
16. Et son mari s ’ en alla avec elle, pleurant continuellement
après elle, jusqu à Bahurim. Et Abner lui dit : Va et retourne-t ’
en. Et il s ’ en retourna.
17. Or Abner parla aux anciens d ’Israël et leur dit : Vous
cherchiez autrefois David afin qu ’ il fût roi sur vous,
18. Maintenant donc faites-le, car l ’Éternel a parlé de David et a
dit de lui : Je délivrerai, par David mon serviteur, mon peuple d
’Israël de la main des Philistins et de la main de tous leurs
ennemis.
19. Et Abner fit entendre les mêmes choses, à ceux de Benjamin.
Après cela il s en alla pour faire entendre expressément à David à
Hébron ce qui avait été approuvé par Israël et par toute la maison
de Benjamin.
20. Et Abner vint vers David à Hébron et il y avait vingt hommes
avec lui et David fit un festin à Abner et aux hommes qui étaient
avec lui.
21. Et Abner dit à David : Je me lèverai et je m ’ en irai
rassembler tout Israël afin qu ’ ils se rendent au roi mon seigneur
et qu ’ ils traitent alliance avec toi et tu règneras comme ton âme
le souhaite. Et David renvoya Abner qui s en alla en paix.
22. Et voici les gens de David qui revenaient avec Joab de faire une
course et qui amenaient avec eux un grand butin, mais Abner n était
plus avec David à Hébron, car il l ’ avait renvoyé et il s ’ en
était allé en paix.
23. Joab donc et toute l ’ armée qui était avec lui revint et on fit
ce rapport à Joab et on lui dit : Abner fils de Ner est venu vers le
roi qui l ’ a renvoyé et il s ’ en est allé en paix.
24. Et Joab vint au roi et dit : Qu ’ as-tu fait? Voici Abner est
venu vers toi, pourquoi l ’ as-tu ainsi renvoyé et pourquoi as-tu
souffert qu ’ il s ’ en soit allé ?
25. Tu sais bien qu ’Abner fils de Ner est venu pour te tromper,
pour reconnaître tes démarches et pour savoir ce que tu fais.
26. Alors Joab sortitnc1 avec David et envoya des gens auprès d
Abner qui le ramenèrent de la fosse de Sira sans que David le sût.
27. Abner donc étant revenu à Hébron b, Joab le tira à part au
dedans de la porte pour lui parler en secret et il le frappa là à la
cinquième côte. C ’ est ainsi que mourut Abner à cause du sang de
Hazaël frère de Joab.
28. Et David ayant appris ce qui était arrivé dit : Je suis
innocent, moi et mon royaume, devant l ’Éternel à jamais, du sang d
’Abner fils de Ner.
29. Que ce sang s ’ arrête sur la tête de Joab et sur toute la
maison de son père et que la maison de Joab ne soit jamais sans
quelque homme découlant ou qui ait la lèpre ou qui s appuie sur un
bâton ou qui tombe par l ’ épée ou qui ait besoin de pain.
30. Ainsi Joab et Abisçaï son frère tuèrent Abner parce qu ’ il
avait tué Hazaël leur frère près de Ga-baon dans le combat.
31. Et David dit à Joab et à tout le peuple qui était avec lui :
Déchirez vos vêtements et couvrez-vous de sacs et pleurez marchant
devant Abner et le roi David marchait après la bière.
32. Et quand ils eurent enseveli Abner à Hébron, le roi éleva sa
voix et pleura près du sépulcre d ’Abner et tout le peuple pleura
aussi.
33. Et le roi fit une complainte sur Abner et dit : Abner est-il
mort comme meurt un lâche ?
34. Tes mains n ’étaient point liées et tes pieds n ’ étaient point
mis dans les fers, mais tu es tombé comme on tombe devant les
méchants. Et tous le peuple recommança à pleurer sur lui.
35. Puis tout le peuple vint pour faire prendre quelque nourriture à
David pendant qu ’ il était encore jour, mais David protesta et dit
: Que Dieu me punisse très sévèrement si avant que le soleil soit
couché je goûte du pain ou de quelqu autre chose.
36. Et tout le peuple l entendit et le trouva bon et tout le peuple
approuva tout ce que le roi fit.
37. En ce jour-là donc tout le peuple et tout Israël connut que ce
qu on avait fait mourir Abner fils de Ner n ’ était point venu du
roi.
38. Et le roi dit à ses erviteurs : Ne savez-vous pas qu un
capitaine et un grand capitaine a été mis à mort aujourd ’hui en
Israël ?
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39. Et je suis encore faible aujourd'hui bien que j'aie été oint
roi, mais ces gens, les fils de Tséruja, sont trop puissants pour
moi. L'Éternel rendra à celui qui a fait le mal selon sa malice.
Réflexions
La première réflexion qu'il faut faire est que David ayant épousé
plusieurs femmes selon la coutûme qui s'était établie parmi les
Juifs contre la première institutiuon du mariage, ces enfants furent
dans la suite l'occasion des malheurs de sa famille et des
instruments dans la main de Dieu pour le châtier.
C'était là les suites ordinaires de cette mauvaise coutume d'avoir
plusieurs femmes et cette considération fait voir que les lois du
mariage que Jésus-Christ a rétabli dans la pureté de son institution
sont très justes et tout à fait nécessaires pour le bonheur des
hommes.
La deuxième réflexion est qu'Abner irrité d'un reproche
qu'Isc-bosceth lui avait fait embrassa le parti de David et
conseilla aux tribus d'Israël de se soumettre à lui. On voit par là
qu'Abner était un homme de peu de vertu et que quoiqu'il alléguât la
vocation divine en faveur de David, il se déclara pour lui plutôt
par ressentiment contre Isc-bosceth et pour se mettre bien dans
l'esprit de David que par devoir et par obéissance aux ordres du
Ciel.
Les hommes qui agissent par de méchants motifs couvrent leur passion
quand ils le peuvent de l'apparence de la religion et ils se
conforment aux ordres de Dieu lorsque leur intérêt le demande. Dieu
connait leur hypocrisie et les motifs qui les font agir, cependant
il les laisse faire et il exécute par leur moyen les desseins de sa
providence.
Ce fut ainsi que Dieu se servit d'Abner pour accomplir les promesses
faites à David de le faire régner sur tout le peuple d'Israël.
Cependant Abner ne jouit pas longtemps du fruit de ce qu'il avait
fait, Joab le tua en trahison pour venger la mort de Hazaël son
frère qu'Abner avait tué et sans doute aussi par jalousie et par
dépit de le voir dans les bonnes grâces de David, ce qui fait voir
que l'esprit de jalousie, de vengeance et de ressentiment porte les
hommes à commettre de grands crimes.
Enfin, les malédictions que David dénonça à Joab et à ses
descendants nous montrent que la postérité des hommes méchants et
sanguinaires est menacée de la malédiction de Dieu, que si les
hommes ne font pas la vengeance des crimes qui se commettent, Dieu
ne les laisse pas impunis et qu'il en fait même souvent la punition
dès cette vie comme cela arriva à Joab qui fit une fin digne de lui
ainsi que cela est dit au chapitre 2 du premier livre des rois.
(a) v2 : I Chroniques 3.1
(b) v27 : I Rois 2.5
(nc1) v26 : Il faut lire : Alors Joab sortit d’avec David...,
c'est-à-dire qu'il partit et que David resta.
Chapitre IV
Deux capitaines du roi Isc-bosceth le tuent et apportent la tête à
David qui, au lieu de les récompenser comme ils s'y attendaient, les
fait mourir.
Quand le fils de Saül eut appris qu'Abner était mort à Hébron, ses
mains devinrent lâches et tout Israël fut étonné.
2. Or le fils de Saül avait deux capitaines de compagnies. L'un
s'appelait Bahana et l'autre s'appelait Récab et ils étaient fils de
Rimmon Béérothien, des descendants de Benjamin, car Bééroth aussi
était réputée de Benjamin.
3. Et les Béérothiens s'en étaient fuis à Guittajim et ils y ont
fait leur séjour jusqu'à aujourd'hui.
4. Et Jonathan fils de Saül avait un fils blessé aux pieds. Il était
âgé de cinq ans quand le bruit de la mort de Saül et de Jonathan
vint de Jizréhel et sa gouvernante le prit et s'enfuit. Et comme
elle se hâtait de fuir, il tomba et devint boiteux et il fut nommé
Méphibosceth 1.
5. Récab donc et Bahana fils de Rimmon Bééro-thien vinrent et
entrèrent à la chaleur du jour dans la maison d'Isc-bosceth et il
prenait son repos de midi.
6. Ainsi Récab et son frère entrèrent jusqu'au milieu de la maison
comme pour y prendre du froment et ils le frappèrent à la cinquième
côte et se sauvèrent.
7. Ils entrèrent donc dans la maison lorsqu'Isc-bosceth était couché
sur son lit dans la chambre où il dormait et ils le frappèrent et le
firent mourir, puis il lui ôtèrent la tête et la prirent et
marchèrent par le chemin de la campagne toute cette nuit-là.
8. Et ils apportèrent la tête d'Isc-bosceth à David à Hébron et ils
dirent au roi : Voici la tête d'Isc-bosceth fils de Saül ton ennemi
qui cherchait ta vie et l'Éternel a aujourd'hui vengé le roi mon
seigneur de Saül et de sa race.
9. Mais David répondit à Récab et à Bahana son frère, enfants de
Rimmon Béérothien, et leur dit : L'Éternel est vivant qui a délivré
mon âme de toutes mes détresses,
10. Que je saisis celui qui me vint annoncer et me dire : Voilà Saül
est mort et qui pensait m'apprendre de bonnes nouvelles que je et le
fisnc1 mourir à Tsiklag. C'était le salaire que je lui devais donner
pour ses bonnes nouvelles,
11. Combien plus dois-je faire mourir des méchants qui ont tué un
homme de bien dans sa maison sur son lit ? Maintenant donc ne
redemanderais-je pas son sang de votre main et ne vous
exterminerais-je pas de la terre ?
12. Et David commanda à ses gens de les tuer et de leur couper les
mains et les pieds et ils les pendirent sur l'étang d'Hébron. Puis
ils prirent la tête d'Isc-bosceth et l'ensevelirent au sépulcre
d'Abner à Hébron.
343
II Samuel
Réflexions
Ilya deux réflexions à faire sur cette histoire.
La première, que quoi que Dieu ne fût point l auteur du crime de ces
deux traitres qui assassinèrent Isc-bosceth leur roi, la providence
permit qu ’ ils exécutassent leur complot criminel pour assurer à
David la paisible possession du royaume.
Il fait faire le même jugement des péchés que les hommes commettent.
Dieu n en est en aucune façon l auteur et ceux qui les commettent en
porteront la peine, mais sa providence conduit tellement toutes
choses que le péché même sert à accomplir les desseins de Dieu.
2. La conduite de David mérite qu ’ on y fasse attention. On y
découvre sa vertu, sa droiture et l ’ horreur qu il avait pour l
infidélité, pour la trahison et pour la cruauté, puisqu au lieu d
approuver et de récompenser ceux qui avaient tué le roi Isc-bosceth
comme ils s y attendaient, il les fit mourir, quoique par cette mort
tout le royaume d ’Israêl lui fût soumis.
Les rois et les princes ne doivent jamais se servir de méchants
moyens pour réussir dans leurs desseins, quoique justes et leurs
intérêts ne doit pas les empêcher de punir les traîtres et ceux qui
commettent de méchantes actions. Et ceci nous apprend en général que
non seulement nous ne devons faire aucun mal à ceux qui nous
haïssent, mais que nous ne devons pas même nous réjouir du mal qui
pourrait leur arriver sans que nous y eussions contribué, ni
favoriser en aucune façon l injustice et le crime, quelque avantage
qu ’ il nous en pût revenir.
(1) v4 : C ’est-à-dire : honte, confusion ou bouche, visage de
confusion.
(nc1) v10 : Erreur de composition possible : ...que je et le fis
mourir... au lieu de ...et que je le fis mourir...
Chapitre V
Isc-bosceth étant mort, David est reconnu roi par toutes les tribus
d'Israël, versets 1-5.
Il prend Jérusalem sur les Jébusiens, il y bâtit la cité de David et
il lui naît plusieurs enfants, versets 6-10.
Il reçoit des présents du roi de Tyr, versets 11-16,
et il remporte deux victoires sur les Philistins, versets 17-25.
Alors a toutes les tribus d ’Israël vinrent vers David à Hébron et
lui parlèrent en disant : Voici, nous sommes tes os et ta chair,
2. Et même ci-devant, quand Saül était roi sur nous, tu étais celui
qui menais et qui ramenais Israël et l ’Éternel t ’ a dit :b Tu
gouverneras mon peuple d ’Israël et tu seras le conducteur d
’Israël.
3. Tous les anciens donc d ’Israël vinrent vers le roi à Hébron et
le roi David fit alliance avec eux à Hébron devant l ’Éternel et ils
oignirent David pour roi sur Israël.
4. David était âgé de trente ans quand il commença à règner et il
règna quarante ans.
5. c Il régna à Hébron sur Juda sept ans et six mois, puis il régna
trente-trois ans dans Jérusalem surtout Israël et Juda.
6. Or le roi s ’ en alla avec ses gens à Jérusalem contre les
Jébusiens qui habitaient en ce pays-là d et ils parlèrent à David et
lui dirent : Tu n entreras point ici que tu n aies ôté les aveugles
et les boî-teux 1, voulant dire : David n ’ entrera point ici.
7. Mais David prit la forteresse de Sion, c’ est la cité de David.
8. c Et David dit en ce jour-là : Quiconque battra les Jébusiens et
se sera rendu maître du canal et de ces aveugles et de ces boiteux,
qui sont les ennemis de David, sera récompensé. C ’ est pourquoi on
dit : Laveugle et le boiteux n entrera point dans cette maison.
9. Et David habita dans la forteresse et il l appela la cité de
David et David y bâtit tout autour depuis Milo jusqu au dedans.
10. Et David allait toujours en avançant et en croissant, car l
Éternel le Dieu des armées était avec lui.
11. Et f Hiram roi de Tyr envoya des ambassadeurs à David et du bois
de cèdre et des charpentiers et des tailleurs de pierres à bâtir et
ils bâtirent la maison de David.
12. Alors David connu que l ’Éternel l ’ avait affermi roi sur
Israël et qu ’ il avait élevé son royaume à cause de son peuple d
’Israël.
13. Et David prit encore des concubines et des femmes de Jérusalem
après qu il fut venu d Hébron et il lui nâquit encore des fils et
des filles.
14. Et ce sont ici les noms de ceux qui lui naquirent à Jérusalem :
Sçammuah et Sçobah et Nathan et Salomon
15. Et Jibhar et Elisçuah et Népheg et Japhiah
16. Et Elisçama et Eljadah et Eliphélet.
17. Mais quand les Philistins eurent appris qu ’on avait oint David
pour roi sur Israël, ils montèrent tous pour attaquer David. Et
David l ’ ayant appris descendit vers la forteresse.
18. Et les Philistins vinrent et se répandirent dans la vallée des
Réphaïns.
19. Alors David consulta l ’Éternel disant : Monterai-je contre les
Philistins ? Et l ’Éternel répondit à David : Monte, car
certainement je livrerai les Philistins entre tes mains.
20. Alors David vint à g Bahal-pératsim et il les battit là et dit :
L’Éternel a fait écouler mes ennemis devant moi comme par un
débordement d ’ eau. C ’ est pourquoi il nomma ce lieu-là
Bahal-pératsim 2.
21. Et ils laissèrent même là leurs faux dieux que David et ses gens
emportèrent.
22. Et les Philistins remontèrent encore une autre fois et ils se
répandirent dans la vallée des Réphaïns.
23. Et Davis consulta l ’Éternel qui répondit : Tu ne monteras pas,
mais tu tourneras derrière eux et va contre eux vis-à-vis des
meuriers.
344
II Samuel
24. Et quand tu entendras au haut des meu-riers un bruit comme des
gens qui marchent, alors marche, car alors l'Éternel sortira devant
toi pour battre le camp des Philistins.
25. David fit donc ce que l'Étrenel lui avait commandé et il battit
les Philistins depuis Guébah jusqu'à Guézer.
Réflexions
Dieu après avoir exercé pendant longtemps David par plusieurs
afflictions l'établit enfin roi sur toutes les tribus d'Israël. Il
lui fit remporter de glorieux avantages tant sur les Jébusiens que
sur les Philistins et il le mit en grande considération auprès des
rois voisins. Cette heureuse issue que David eut après tant de
traverses nous fait voir que Dieu est fidèle dans ses promesses,
que, quoi qu'il diffère de les accomplir, il ne manque jamais de les
exécuter et de délivrer ceux qui l'aiment et qu'après les avoir fait
passer par diverses épreuves, il leur accorde enfin le repos et le
bonheur qu'il leur a promis.
Apprenons de là à nous laisser conduire à la providence en faisant
cependant toujours notre devoir, puisqu'elle ne veille pas moins
pour le bien et pour le salut de ceux qui craignent Dieu qu'elle
veilla autrefois sur David.
(a) v1 : I Chroniques 11. Rien de plus.
(b) v2 : Psaume 78.71
(c) v5 : I Rois 2.11
(d) v6 : Voyez Josué 15.63 et Juges 1.21
(e) v8 : I Chroniques 11.6
(f) v11 : I Chroniques 14.1
(g) v20 : Ésaïe 28.21
(1) v6 : Ou que les aveugles et les boiteux ne t'en empêchent.
(2) v20 : C'est-à-dire : la plaine des débordements ou le seigneur
des débordements.
Chapitre VI
David veut faire transporter l'arche de l'alliance à Jérusalem,
versets 1-5, mais Huza, étant mort pour l'avoir touchée et prise
entre ses mains, David la fait mettre dans la maison de Hobed-Edom,
versets 6-11, d'où, trois mois après, il la fit transporter à
Jérusalem avec pompe et avec de grandes marques de joie, versets
12-23.
David assembla tous les gens d'élite qui étaient en Israël qui
montèrent à trente mille hommes.
2. Et David se leva et partit avec tout le peuple qui était avec lui
de Bahalé de Juda pour transporter l'arche de Dieu sur laquelle est
invoqué le nom de l'Éternel des armées qui habite sur elle entre les
chérubins.
3. Et ils mirent l'arche de Dieu sur un chariot tout neuf et ils
l'amenèrent de la maison d'Abinadab, qui était au côteau, et Huza et
Ahjo, enfants d'Abinadab, conduisaient le chariot tout neuf.
4. Et ils l'emmenèrent de la maison d'Abinadab qui était au côteau
avec l'arche de Dieu et Ahjo allait devant l'arche.
5. Et David et toute la maison d'Israël jouaient devant l'Éternel de
toutes sortes d'instruments faits de bois de sapin et des harpes,
des lyres, dea tambours, des fifres et des symbales.
6. Et quand ils furent venus jusqu'à l'aire de Na-con, Huza porta sa
main à l'arche de Dieu a et la retint parce que les bœufs avaient
glissés 1.
7. Et la colère de Dieu s'embrasa contre Huza et Dieu le frappa là à
cause de son indiscrétion et il mourut là près de l'arche de Dieu.
8. Et David fut affligé de ce que l'Éternel avait fait une brêche en
faisant mourir Huza et on a appelé jusqu'à ce jour ce lieu-là
Pérets-Huza2.
9. Et David eut une grande peur de l'Éternel en ce jour-là et dit :
Comment l'arche de l'Éternel entrerait-elle chez moi ?
10. Et David ne voulut point retirer l'arche de l'Éternel chez lui
dans la cité de David, mais il la fit détourner dans la maison
d'Hobed-Edom Guittien.
11. Et l'arche de l'Éternel demeura dans la maison d'Hobed-Edom
Guittien trois mois et l'Éternel bénit Hobed-Edom et toute sa
maison.
12. b Depuis on vint dire à David : L'Éternel a béni la maison
d'Hobed-Edom à cause de l'arche de Dieu. C'est pourquoi David s'en
alla et amena l'arche de Dieu de la maison d'Hobed-Edom en la cité
de David avec joie.
13. Et quand ceux qui portaient l'arche de Dieu eurent marché six
pas, on sacrifia des taureaux et des béliers gras.
14. Et David sautait de toute sa force devant l'Éternel et il était
ceint d'un éphod de lin.
15. Ainsi David et toute la maison d'Israël conduisait l'arche de
l'Éternel avec des cris de joie et au son des trompettes.
16. Mais comme l'arche de l'Éternel entrait dans la ville de David,
Mical fille de Saül regardant par la fenêtre vit le roi David
sautant de toute sa force devant l'Éternel et elle le méprisa en son
cœur.
17. Ils emmenèrent donc l'arche de l'Éternelc et la posèrent en son
lieu, savoir dans un tabernacle que David lui avait tendu. Et David
offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérité devant
l'Éternel.
18. Quand David eut achevé d'offrir des holocaustes et des
sacrifices de prospérité, il bénit le peuple au nom de l'Éternel des
armées,
19. Et il partagea à tout le peuple, savoir à toute la multitude
d'Israël, tant aux hommes qu'aux femmes, à chacun un gâteau de pain
et une pièce de chair et une bouteille de vin et tout le peuple s'en
retourna chacun en sa maison.
20. Puis David s'en retourna pour bénir sa maison et Mical fille de
Saül vint au devant de lui et dit : Que le roi s'est fait
aujourd'hui un grand honneur en se découvrant aujourd'hui devant les
yeux des servantes de ses serviteurs sans en avoir honte, comme
serait un fou.
345
II Samuel
21. Alors David dit à Mical : Ç ’ a été devant l ’Éter-nel qui m a
choisi plutôt que ton père et toute ta maison et qui m a commandé d
être le conducteur de son peuple d ’Israël, c’est pourquoi je me
réjouirai devant l Éternel.
22. Et je me rendrai encore plus vil que je n ’ ai paru et je m
estimerai encore moins et cependant je m ’ en ferai un honneur
devant les servantes dont tu as parlé.
23. Et Mical fille de Saül n ’ eut point d ’ enfant jus-qu au jour
de sa mort.
Réflexions
Il faut faire attention à ces quatres choses qui sont contenues dans
ce chapitre.
1. Que l ’ un des premiers soins de David, après que Dieu lui eut
donné la paix, fut de faire transporter l arche à Jérusalem et qu il
donna dans cette occasion des marques d un zèle et d une joie
extraordinaire en présence de tout son peuple.
À l ’ exemple de David, nous devons tous avoir un très grand zèle
pour la gloire de Dieu et pour son service, mais c est
principalement le devoir des princes et des magistrats que Dieu a
honorés de sa connaissance.
Il faut remarquer en second lieu que Dieu fit mourir Huza parce qu
au lieu de faire porter l arche par les Lévites, comme Dieu l ’
avait expressément ordonné, on l avait mise sur un chariot, ce qui
fut cause de l ’ inconvéniant auquel elle fut exposée et parce qu
Huza la toucha et la prit entre ses mains, ce que les Lévites seuls
avaient le droit de faire. Mais au reste, ce ne fut pas proprement
pour punir Huza et à cause de lui seul que Dieu le frappa de mort
puisqu il n avait péché que par imprudence et que ce qu il en avait
fait n était qu à bonne intention. Cela arriva principalement pour
inspirer aux Israélites et à David lui-même du respect pour l arche
qui devait être désormais à Jérusalem et pour leur apprendre à ne s
écarter en aucune façon de ce que Dieu avait prescrit à l égard de
la manière de transporter l arche et à observer exactement tout ce
qu il avait établi pour son service. Ce fut l effet que la mort
produisit sur David, il en fut pénétré de frayeur, il craignit de la
faire mener alors dans la ville de Jérusalem et lorsqu au bout de
trois mois il l y fit conduire, il répara la faute qu il avait
commise et il la fit porter par les Lévites. Voyez I Chroniques
15.13.
C ’ est ainsi que les personnes sages et religieuses profitent des
malheurs qui arrivent aux autres et des avertissements que Dieu leur
fait donner.
3. La bénédiction que le séjour de l arche dans la maison d
Hobed-Edom y apporta fut dispensée par la providence pour engager le
roi David à faire conduire l arche à Jérusalem, ce qu il n aurait
osé faire si tôt après la mort d ’Huza. Il faut considérer sur cela
que la présence de Dieu et sa faveur sont la source du vrai bonheur.
La dernière réflexion regarde le jugement que Mi-cal fit de David
lorsque ce prince sautait de joie devant l ’ arche. Il lui parut qu
’ il faisait en cela une chose indécente et indigne de lui et elle
le méprisa.
Voilà comment les mondains jugent de la piété et des personnes
pieuses et zélées. Ce qui est très digne de louange et très agréable
à Dieu leur paraît une bassesse et une faiblesse.
Mais le zèle que David témoigna dans cette occasion et la sage
réponse qu il fit à Mical doivent apprendre à tous les chrétiens et
particulièrement aux personnes distinguées à n avoir jamais honte de
la religion et de la piété.
Les moqueries et les faux jugements des profanes ne doivent point
nous arrêter lorsqu il s agit de rendre à Dieu ce qui lui est dû et
nous devons plutôt faire gloire de nous acquiter de ces justes
devoirs de la manière la plus parfaite et la plus solennelle.
Au reste, les Psaumes XCVI, CV et CVI doivent être rapportés à ce
qui se passa au transport de
l ’ arche comme on le voit dans I Chroniques XVI.
(a) v6 : I Chroniques 13.9
(b) v12 : I Chroniques 15.2 etc. où cette histoire est racontée plus
en long.
(c) v17 : I Chroniques 16.1.
(1) v6 : Ou il avança sa main vers l ’ arche de Dieu et la prit
parce que les bœufs étaient retardés.
(2) v8 : C ’est-à-dire : la brêche de Huza.
Chapitre VII
David voulant faire bâtir un temple à Jérusalem, le prophète Nathan
lui fit connaître que Dieu ne trouvait pas à propos qu 'il exécutât
ce dessein, versets 1-17,
mais qu 'il lui donnerait un fils qui le ferait, de quoi David
remercie le Seigneur avec beaucoup de zèle, le priant en même temps
d'accomplir cette promesse et de bénir sa maison et sa postérité,
versets 18-29.
OR après que le roi fut assis en sa maison et que
l ’Éternel lui eut donné quelque repos de tous ses ennemis tout
autour,
2. Il dit à Nathan le prophète : Regarde maintenant, j habite dans
une maison faite de cèdre et
l ’ arche de Dieu habite au milieu d ’ une tente.
3. Et Nathan dit au roi : Va, fais tout ce qui est en ton cœur, car
l ’Éternel est avec toi.
4. Mais il arriva cette nuit-là que la parole de l Éternel fut
adressée à Nathan et qu il lui dit :
5. Va et dis à David mon serviteur : Ainsi a dit
l ’Éternel : Me bâtiras-tu une maison afin que j ’ y habite ?
6. Puisque je n ai point habité dans aucune maison b depuis le jour
que j ’ ai fais monter les enfants d ’Israël hors d ’Égypte jusqu ’
à ce jour, mais que j ’ ai marché çà et là dans un tabernacle et
dans un pavillon,
346
II Samuel
7. Dans tous les lieux où j'ai passé avec tous les enfants d'Israël,
en ai-je dit un mot à quelqu'une des tribus d'Israël à laquelle j'ai
commandé de gouverner mon peuple d'Israël, lui ai-je dit : Pourquoi
ne m'avez-vous point bâti une maison de cèdre ?
8. Maintenant donc tu diras ainsi à David mon serviteur : Ainsi à
dit l'Éternel des armées,c Je t'ai tiré d'une cabane d'après les
brebis afin que tu fusses le conducteur de mon peuple d'Israël,
9. Et j'ai été avec toi partout où tu as été et j'ai exterminé tous
tes ennemis de devant toi et j'ai rendu ton nom grand comme le nom
des grands qui sont sur la terre.
10. Et j'établirai un lieu à mon peuple d'Israël et je le planterai
et il habitera chez lui et il ne sera plus agité et les enfants
d'iniquité ne les affligeront plus comme ils ont fait auparavant,
11. Savoir depuis le jour que j'ai ordonné des juges sur mon peuple
d'Israël et que je t'ai donné du repos de tous tes ennemis et que
l'Éternel t'a fait entendre qu'il établira ta famille.
12. Quand tes jours seront accomplis et que tu te seras endormi avec
tes pères, alors je ferai lever ta postérité après toi, un fils qui
sortira de toi et j'affermirai son règne.
13.d Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom et j'affermirai le
trône de son règne à toujours.
14. Je lui serai père et il me sera fils. Que s'il commet quelque
iniquité, je le châtierai avec une verge d'homme et par des plaies
des fils d'hommes,
15. Mais ma miséricorde ne se retirera point de lui comme je l'ai
retirée de Saül que j'ai ôté de devant toi.
16. Ainsi ta maison et ton règne seront assurés pour jamais devant
tes yeux et ton trône sera affermi à jamais.
17. Nathan parla donc à David selon toutes ces paroles et selon
toute cette vision.
18. Alors le roi David entra et se tint devant l'Éternel et dit :
Qui suis-je, Seigneur Éternel, et quelle est ma maison que tu m'aies
fait venir jusqu'au point où je suis ?
19. Et encore cela t'a paru peu de chose, Seigneur Éternel, tu as
même parlé de la maison de ton serviteur pour le temps à venir.
Est-ce là la manière d'agir des hommes, Seigneur Éternel ?
20. Que te pourrait donc encore dire David ? Car, Seigneur Éternel,
tu connais ton serviteur.
21. Tu as fait toutes ces grandes choses pour l'amour de ta parole
et selon ton cœur pour les faire connaître à ton serviteur.
22. C'est pourquoi tu t'es montré grand, Dieu Éternel, car e il n'y
en a point de tel que toi et il n'y a point de Dieu que toi selon
tout ce que nous avons entendu de nos oreilles.
23.f Et qui est le peuple sembable à ton peuple d'Israël la seule
nation sur terre que Dieu est venu lui-même se racheter pour en
faire son peuple, pour rendre son nom célèbre et pour faire en sa
faveur ces grandes choses et ces terribles choses dans ton
pays, chassant de devant ton peuple que tu t'es racheté d'Égypte,
les nations et leurs dieux,
24. Car tu t'es assuré ton peuple d'Israël pour être ton peuple à
jamais et toi, Éternel, tu as été leur Dieu.
25. Maintenant donc, Dieu Éternel, confirme pour jamais ta parole
que tu as prononcée touchant ton serviteur et touchant sa maison et
fais comme tu en as parlé.
26. Et que ton nom soit reconnu grand à jamais et qu'on se dise :
L'Éternel des armées est le Dieu d'Israël et que la maison de David
ton serviteur demeure stable devant toi.
27. Car toi, Éternel des armées, Dieu d'Israël, tu as fait entendre
ces choses à ton serviteur et tu as dis : Je t'établirai une
famille. C'est pourquoi ton serviteur a été incité dans son cœur à
te faire cette prière,
28. Maintenant donc, Seigneur Éternel, tu es Dieu et tes paroles
seront véritables. Or, tu as promis à ton serviteur de lui faire ce
bien.
29. Veuille donc maintenant bénir la maison de ton serviteur afin
qu'elle soit éternellement devant toi, car tu en as ainsi parlé,
Seigneur Éternel, et la maison de ton serviteur sera comblée de ta
bénédiction éternellement.
Réflexions
Le pieux dessein que David eut de bâtir un temple lorsqu'il se vit
paisible possesseur de son royaume nous apprend que nous devons
avoir plus de zèle pour la gloire de Dieu que pour nos avantages
particuliers et que le plus digne usage que nous puissions faire des
biens et de la prospérité dont Dieu nous fait jouir est de les
employer pour l'établissement de son service et pour l'avancement de
sa gloire.
2. Il faut remarquer que quoique la résolution de David fut sainte
et agréable à Dieu, le prophète Nathan lui dit que ce ne serait pas
lui qui bâtirait le temple, mais que ce serait son fils dont le
règne glorieux et paisible serait plus propre pour l'exécution de
cette entreprise.
Dieu ne trouve pas toujours à propos que des desseins bons et
louables en eux-mêmes s'exécutent dans le temps et de la manière que
nous le voudrions, cependant il ne laisse pas de les avoir pour
agréables et de récompenser la piété et les bonnes intentions de
ceux qui les ont formés.
3. Pour ce qui est des promesses que Nathan fit à David en lui
disant que Dieu lui donnerait un fils dont le trône serait affermi à
jamais, elles regardent premièrement Salomon, mais elles se
rapportent principalement à Jésus-Christ qui est né de la postérité
de David et dont le règne est éternel, ce qui fait que Paul lui
applique ces paroles :
Je lui serai Père et il me sera Fils.
4. David rendit à Dieu de très ardentes actions de grâce et il lui
présenta une excellente prière après que le prophète lui eut fait
toutes ces promesses.
347
II Samuel
On voit dans cette prière la foi de David et la ferme persuasion où
il était que les promesses de Dieu s ’ accompliraient. On y découvre
son grand zèle pour la gloire de Dieu, il y fait éclater sa joie et
sa reconnaissance, il y marque surtout une profonde humilité, enfin
il y demande avec beacoup d ardeur la bénédiction de Dieu sur lui et
sur sa famille.
C ’ est ainsi que nous devons célébrer les bontés du Seigneur envers
nous avec des cœurs vivement touchés de sa miséricorde et du
sentiment de notre indignité et implorer continuellement sa faveur
et sa bénédiction avec toute l ardeur dont nous sommes capables.
(a) Dans la marge du verset 1 : I Chroniques 17.
(b) v6 : I Rois 8.16
(c) v8 : I Samuel 16.11-12 ; Psaume 78.70
(d) v13 : I Rois 5.5-6, 12; I Chroniques 22.10; Psaume 89.10;
Hébreux 1.5
(e) v22 : Deutéronome 3.24, 4.35 et 32.39 ; I Samuel 2.2 ; Psaume
86.8 ; Ésaïe 45.5, 18, 22; Marc 12.29 et 32
(f) v23 : Deutéronome 4.7 et 33.29 ; Psaume 147.20
Chapitre VIII
David remporte diverses victoires sur les Philistins, sur les
Moabites, sur les Syriens et sur les Idu-méens. Le roi de Hamath lui
envoie des présents. David consacre à Dieu ces présents, de même que
l'or et l'argent qu 'il avait pris sur ces divers peuples. On lit
sur la fin de ce chapitre les noms de ceux qui étaient dans les
premières charges du temps de David.
Après a cela David battit les Philistins et les humilia et David
retira Méthégamma de la puissance des Philistins.
2. Il battit aussi les Moabites et il les mesura au cordeau, les
faisant coucher parterre et il en mesura deux cordeaux pour les
faire mourir et un plein cordeau pour leur sauver la vie et le pays
des Moabites fut à David à condition qu ils lui seraient esclaves et
tributaires.
3. David battit aussi Hadadhézerfils de Réhob roi de Tsoba qui
allait pour rétablir sa domination sur le fleuve d ’Euphrate.
4. Et David lui prit dix-sept cent hommes de cheval et vingt mille
hommes de pied et il coupa les jarrets des chevaux de tous les
chariots, mais il en réserva cent chariots.
5. Or les Syriens de Damas étaient venus pour donner du secours à
Hadadhézer roi de Tsoba et David battit vingt et deux mille Syriens.
6. Après cela, David mit garnison dans la Syrie de Damas et le pays
de ces Syriens fut à David à condition qu ils lui seraient esclaves
et tributaires. Et
l ’Éternel gardait David partout où il allait.
7. Et David prit les boucliers d or qui étaient aux serviteurs d
Hadadhézer et il les apporta à Jérusalem.
8. Le roi David emporta aussi une prodigieuse quantité d ’ airain de
Bétah et de Bérothaï, villes de Hadadhézer.
9. Or Tobi roi de Hamath apprit que David avait défait toutes les
forces de Hadadhézer,
10. Et il envoya Joram, son fils, vers le roi David pour le
féliciter et pour le bénir de ce qu il avait fait la guerre contre
Hadadhézer et de ce qu il l avait défait, (car Hadadhézer était en
guerre continuellement avec Tobi), et Joram porta des vaisseaux d
’or et des vaisseaux d ’ airain
11. Que David consacra à l ’Éternel avec l ’ argent et l or qu il
avait déjà consacré du butin de toutes les nations qu il s étaient
assujetties,
12. De la Syrie, de Moab, des Hammonites, des Philistins, de Hamalek
et du butin d Hadadhézer fils de Réhob roi de Tsoba.
13. David s ’ acquit aussi une grande réputation de ce qu ’ en
retournant de la défaite des Syriens il tailla en pièces dans la
vallée du sel dix-huit mille Idu-méens b.
14. Et il mit garnison dans l ’Idumée et même il mit garnison dans
toute l Idumée et tous les Iduméens furent assujettis à David et l
Éternel gardait David partout où il allait.
15. Ainsi David régna sur tout Israël, faisant droit et justice à
tout son peuple,
16. Et Joab fils de Tséruja avait le commandement de l armée et
Jéhosçaphat fils d Ahilud était commis sur les régistres,
17. Et Tsadok fils d ’Ahitub et Ahimélec fils d ’Abiathar étaient
les sacrificateurs et Scéraja était sécré-taire,
18. Et Bénaja fils de Jéhojadah était établi sur les Kéréthiens et
les Péléthiens et les fils de David étaient les principaux
officiers.
Réflexions
On remarque dans ce chapitre la continuation des faveurs et des
bénédictions de Dieu sur le roi David. Sa gloire allait toujours en
croissant et comme l ’his-toire sacrée le remarque,
partout où il allait, Dieu le gardait et était avec lui.
David de son côté faisait hommage à Dieu de toutes les victoires et
de tous les avantages qu il remportait par son assistance et il lui
consacrait le butin qu ’ il faisait sur les peuples qu ’ il avait
vaincus.
Tant que David fut zélé pour Dieu et qu ’ il s ’ acquitta de son
devoir, Dieu le soutint ainsi contre ses ennemis et le combla de
gloire et de bonheur, mais les choses changèrent lorsqu il offensa
Dieu par ses crimes comme la suite de cette histoire nous l ’
apprendra.
Reconnaissons que ce qui fait le bonheur et la su-reté des hommes c’
est l ’ amour et la protection du Seigneur et que le moyen d ’ avoir
part à cette protection, c ’ est de lui être fidèle. Il faut aussi
qu ’ à l ’ imitation de David, qui consacra à Dieu le butin qu ’ il
avait fait, nous lui marquions notre reconnaissance pour tous ses
bienfaits en faisant servir à sa gloire, autant que nous le pouvons,
tous les avantages que nous recevons de lui.
348
II Samuel
(a) v1 : I Chroniques 18. C'est tout.
(b) v13 : Psaume 60.2
Chapitre IX
David se souvenant de la promesse qu 'il avait faite à Saül et
surtout à Jonathan de prendre soin de leur postérité fait donner à
Méphibosceth fils de Jonathan tous les biens qui appartenaient à
Saül et il en donne l administration à Tsiba.
Alors David dit : Mais n'y a-t-il plus personne qui soit demeuré de
reste de la maison de Saül et je lui ferai du bien pour l'amour de
Jonathan.
2. Or il y avait dans la maison de Saül un serviteur nommé Tsiba
qu'on appela pour venir vers David. Et le roi lui dit : Es-tu Tsiba?
Et il répondit : Je suis ton serviteur Tsiba.
3. Et le roi dit : N'y a-t-il plus personne de la maison de Saül et
j'aurai pour lui cette bonté qui est si agréable à Dieu? Et Tsiba
répondit au roi : Il y a encore un des fils de Jonathan qui est
blessé aux pieds a.
4. Et le roi lui dit : Où est-il? Et Tsiba répondit au roi : Voilà
il est dans la maison de Makir, fils de Hammiel à Lo-débar.
5. Alors David l'envoya quérir et le fit amener de la maison de
Makir fils de Hammiel de Lo-débar.
6. Et quand Méphibosceth, le fils de Jonathan, fils de Saül, fut
venu vers David, il tomba sur son visage et se prosterna. Et David
dit : Méphibosceth ? Et il répondit : Voici ton serviteur.
7. Et David lui dit : Ne crains point, car certainement je te ferai
du bien pour l'amour de Jonathan ton père et je te ferai rendre
toutes les terres de Saül ton père et pour toi tu mangeras toujours
du pain à ma table.
8. Et Méphibosceth se prosterna et dit : Qui suis-je moi, ton
serviteur, pour avoir daigné regarder un chien mort comme je suis ?
9. Le roi donc appela Tsiba serviteur de Saül et lui dit : J'ai
donné au fils de ton maître tout ce qui appartenait à Saül et à
toute sa maison.
10. C'est pourquoi cultive ces terres-là pour lui, toi et tes fils
et tes serviteurs et recueilles-en les fruits afin que le fils de
ton maître ait du pain qu'il mange, mais pour ce qui est de
Méphibosceth le fils de ton maître, il mangera toujours du pain à ma
table. Ce Tsiba avait quinze fils et vingt serviteurs.
11. Et Tsiba dit au roi : Ton serviteur fera tout ce que le roi
monseigneur a commandé à son serviteur. Et pour Méphibosceth, dit le
roi, il mangera à ma table comme un des fils du roi.
12. Or Méphibosceth avait un petit fils nommé Mica et tous ceux qui
demeuraient dans la maison de Tsiba étaient serviteurs de
Méphibosceth.
13. Et Méphibosceth demeurait à Jérusalem parce qu'il mangeait
continuellement à la table du roi et il était boiteux des deux
pieds.
Réflexions
On voit dans ce chapitre le soin que David prit de Méphibosceth,
fils de Jonathan et petit-fils du roi Saül, et comment il lui fit
rendre tous les biens de Saül son grand-père. Cette conduite de
David fait voir qu'il avait beaucoup de droiture, de justice et de
bonté. Il ne voulut pas que Méphibosceth fût privé des biens qui lui
appartenaient, il conserva au milieu de la prospérité dont il
jouissait un tendre souvenir de Jonathan son intime ami et il
accomplit religieusement les promesses qu'il lui avait faites
d'avoir soin de sa famille.
D'ici nous pouvons apprendre
1. Qu'il faut rendre à chacun ce qui lui appartient et qu'on doit
observer exactement les promesses qu'on a faites.
2. Que les devoirs de l'amitié sont sacrés et inviolables, que les
vrais et sincères amis se souviennent des personnes qu'ils ont
aimées lors même qu'elle ne sont plus au monde et qu'ils font passer
leur affection jusqu'à la postérité de ces personnes-là.
Enfin, ce que David fit à l'égard de Méphibosceth qui était privé de
ses biens et avec cela infirme de son corps nous montre que ceux qui
sont dans la prospérité doivent penser à ceux qui souffrent et à qui
il arrive quelque tort et qu'il faut toujours être prêt à consoler
les malheureux et à faire du bien à tout le monde.
(a) v3 : Sus 4.4
Chapitre X
Le roi des Hammonites ayant outragé les ambassadeurs du roi David,
cela donne occasion à une guerre dans laquelle David défit les
Hammonites et les Syriens par deux fois.
OR a après le roi des Hammonites mourut et Ha-nun son fils régna en
sa place.
2. Et David dit : J'aurai de la bonté pour Hanun fils de Nahas comme
son père a eu de la bonté pour moi. C'est pourquoi David envoya ses
serviteurs pour le consoler sur la mort de son père. Et les
serviteurs de David vinrent au pays des Hammo-nites.
3. Mais les principaux d'entre les Hammonites dirent à Hanun leur
seigneur : Penses-tu que ce soit pour honorer ton père que David t'a
envoyé des consolateurs? N'est-ce pas pour reconnaître exactement la
ville et pour l'épier afin de la détruire que David a envoyé ses
serviteurs vers toi ?
4. Hanun prit donc les serviteurs de David et il leur fit raser la
moitié de la barbe et couper la moitié de leurs habits, depuis le
haut des cuisses jusqu'aux pieds et il les renvoya.
5. Ce qu'ils firent savoir à David et il envoya au devant d'eux, car
ses hommes-là étaient dans une grande confusion. Et le roi leur
donna cet ordre :
349
II Samuel
Tenez-vous à Jérico jusqu ’ à ce que votre barbe soit revenue et
alors vous reviendrez.
6. Or les Hammonites voyant qu ils s étaient mis en mauvaise odeur
auprès de David envoyèrent des gens pour lever à leurs dépens vingt
mille hommes de pied des Syriens de Beth-réhob et des Syriens de
Tsoba et mille hommes du roi de Mahaca et douze mille hommes de ceux
de Tob.
7. David l ayant appris envoya Joab et toute l armée, savoir les
plus vaillants.
8. Alors les Hammonites sortirent et se rangèrent en bataille à l ’
entrée de la porte et les Syriens de Tsoba et de Réhob et ceux de
Tob et de Mahaca étaient à part dans la campagne.
9. Et Joab, voyant que l armée des ennemis était tournée contre lui
pour l attaquer devant et derrière, choisit de tous les gens d ’
élite d ’Israël et les rangea contre les Syriens,
10. Et il donna la conduite du reste de ces troupes à Abisçaï son
frère qui le rangea contre les Hammo-nites.
11. Et Joab lui dit : Si les Syriens sont plus forts que moi, tu
viendras me délivrer. Et si les Hammonites sont plus forts que toi,
j ’ irai aussi pour te délivrer,
12. Sois vaillant et combattons vaillament pour notre peuple et pour
les villes de notre Dieu. Et que
l ’Éternel fasse ce qu ’ il lui semblera bon.
13. Alors Joab et le peuple qui était avec lui s ’ approchèrent pour
livrer le combat aux Syriens et les Syriens s ’ enfuirent devant
lui.
14. Et les Hammonites voyant que les Syriens avaient pris la fuite s
’ enfuirent aussi de devant Abisçaï et rentrèrent dans la ville. Et
Joab s ’ en retourna et cessa de poursuivre les Hammonites et il
vint à Jérusalem,
15. Mais les Syriens voyant qu ’ ils avaient été battus par ceux d
’Israël se rallièrent ensemble,
16. Et Hadarhézer envoya vers eux et fit venir des Syriens de delà
le fleuve et ils vinrent à Hélam. Et Sçobac chef de l armée de
Hadarhézer les conduisait.
17. Ce qui fut rapporté à David et il assembla tout Israël et passa
le Jourdain et il vint à Hélam et les Syriens se rangèrent en
bataille contre David et le combattirent.
18. Mais les Syriens fuirent de devant Israël et David défit sept
cents chariots des Syriens 1 et quarante mille cavaliers. Il frappa
aussi Sçobac chef de leur armée qui mourut là.
19. Et quand tous les rois, qui étaient serviteurs de Hadarhézer,
eurent vu qu ils avaient été battus par ceux d Israël, ils firent la
paix et ils leurs furent assujettis et les Syriens craignirent de
donner du secours aux Hammonites.
Réflexions
Il faut remarquer sur ce qui vient d ’ être lu :
En premier lieu que le roi David envoya ses ambassadeurs au roi des
Hammonites dans des vues
d ’ amitié, mais que ce prince écoutant les mauvais conseils des
principaux de sa cour crut que ces ambassadeurs étaient des espions
et les traita avec la dernière indignité.
On peut considérer que les démarches les personnes sincères font
pour entretenir la paix et l amitié sont souvent mal interprétées et
mal reçues, que les gens sans vertu jugent des sentiments des autres
par les leurs et qu ils leur attribuent les vues qu ils auraient
eux-mêmes, que la défiance et la fausse politique font souvent
prendre de fausses mesures et que les princes et en général tous
ceux qui écoutent et suivent de mauvais conseils s engagent dans de
grands malheurs.
Pour ce qui est de la guerre que David fit aux Hammonites, elle
était très juste puisque leur roi avait violé le droit des gens en
outrageant les ambassadeurs que David avait envoyés pour lui
témoigner son amitié et que même les Hammonites déclarèrent les
premiers la guerre à David. L’issue de cette guerre, dans laquelle
David défit les Hammo-nites avec les Syriens qui s ’ étaient joints
à eux, fait voir que Dieu favorise les personnes qui ont de la
droiture et de bonnes intentions et en particulier qu ’ il assiste
les princes qui aiment la paix et la justice et qu au contraire les
hommes injustes et superbes s ’ attirent les derniers malheurs par
leur orgueil et par leur fierté.
(a) v1 : I Chroniques 19. Rien de plus.
(1) v18 : Il tua sept cents chariots. Il y a sept mille chariots, I
Chroniques 19.18. Voyez la note sur cet endroit.
Chapitre XI
C ’est ici l’histoire du crime que David commit avec Bath-scébah.
OR a un an après, lorsque ces rois se mettaient en campagne, David
envoya Joab et ses servi-terurs à tout Israël et ils détruisirent
les Hammonites et ils assiégèrent Rabba, mais David resta à
Jérusalem.
2. Et il arriva sur le soir que David se leva de dessus son lit et
comme il se promenait sur la plateforme du palais royal, il vit de
dessus cette plateforme une femme qui se baignait et cette femme-là
était fort belle à voir.
3. Et David envoya des gens pour s enquérir de cette femme-là et on
lui dit : N est-ce pas Bath-scébah, fille d ’Eliham, femme d ’Urie
le Hétien ?
4. Et David envoya des messagers et l ’ enleva et étant venue vers
lui, il dormit avec elle, car elle était nettoyée de sa souillure et
elle s en retourna dans sa maison.
5. Et cette femme-là conçut et elle envoya le faire savoir à David
disant : Je suis enceinte.
6. Alors David envoya des gens pour lui dire : Envoie-moi Urie le
Héthien. Et Joab envoya Urie à David.
350
II Samuel
7. Et Urie vint à lui et David l'interrogea en quel état était Joab
et le peuple et ce qui se passait à la guerre.
8. Puis David dit à Urie : Descend dans ta maison et lave tes pieds.
Urie donc sortit de la maison du roi et on porta après lui un
présent royal.
9. Mais Urie dormit à la porte de la maison du roi avec tous les
serviteurs de son seigneur et ne descendit point dans sa maison.
10. Et on le rapporta à David et on lui dit : Urie n'est point
descendu dans sa maison. Et David dit à Urie : Ne viens-tu pas de
voyage ? Pourquoi n'es-tu pas descendu dans ta maison ?
11. Et Urie répondit à David : L'arche et Israël et Juda logent sous
des tentes, monseigneur Joab aussi et les serviteurs de monseigneur
campent à la campagne et moi j'entrerai dans ma maison pour y manger
et boire et pour dormir avec ma femme ? Tu es vivant et ton âme vit
si je fais cela.
12. Et David dit à Urie : Demeure ici encore aujourd'hui et demain
je te renverrai. Urie donc demeura encore ce jour-là à Jérusalem et
le lendemain.
13. Puis David l'appela et il mangea et but devant lui et David
l'enivra et néanmoins il sortit au soir pour dormir dans son lit
avec tous les serviteurs de monseigneur et il ne descendit point
dans sa maison.
14. Et le lendemain matin David écrivit des lettres à Joab et les
envoya par les mains d'Urie.
15. Et il écrivit ces lettres en ces termes : Mettez Urie dans
l'endroit où sera le plus fort du combat et retirez-vous d'auprès de
lui afin qu'il soit frappé et qu'il meure.
16. Après donc que Joab eut considéré la ville, il mit Urie à
l'endroit où il savait qu'il y aurait les plus vaillants hommes.
17. Et ceux de la ville sortirent et combattirent contre Joab et
quelques-uns du peuple qui étaient des serviteurs de David
moururent. Urie le Héthien mourut aussi.
18. Alors Joab envoya un messager à David pour lui faire savoir tout
ce qui était arrivé dans ce combat-là.
19. Et il donna ce commandement au messager et lui dit : Quand tu
auras achevé de parler au roi de tout ce qui est arrivé au combat,
20. S'il arrive que le roi se mette en colère et qu'il dise :
Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour combattre, ne
savez-vous pas bien qu'on jette toujours quelque chose de dessus la
muraille ?
21. Qui tua Abimélec fils de Jérubesceth ? b Une femme ne
jeta-t-elle pas une pièce de meule sur lui de dessus la muraille
dont il mourut à Tebets ? Pourquoi vous êtes-vous approchés de la
muraille? Tu lui diras : Ton serviteur Urie le Héthien y est mort
aussi.
22. Ainsi le messager partit et étant arrivé il fit savoir à David
toutes les choses pour lesquelles Joab l'avait envoyé.
23. Et le messager dit à David : Ils ont été plus forts que nous et
ils sont sortis contre nous à la
campagne, mais nous les avons chargés et nous les avons repoussés
jusqu'à l'entrée de la porte,
24. Et les archers ont tirés contre tes serviteurs de dessus la
muraille et quelques-uns des serviteurs du roi sont morts, ton
serviteur Urie le Héthien est mort aussi.
25. Et David dit au messager : Tu diras ainsi à Joab : Que cela ne
te fâche point, car l'épée emporte autant l'un que l'autre, redouble
le combat contre la ville et détruis-là et toi, encourage-le.
26. Alors la femme d'Urie apprit que son mari était mort et elle fit
le deuil de son mari.
27. Et après que le deuil fut passé, David envoya vers elle et la
retira dans sa maison et elle fut sa femme et elle lui enfanta un
fils. Mais la chose que David avait faite déplut à l'Éternel.
Réflexions
C'est ici l'histoire du grand péché que le roi David commit en
tombant dans l'adultère et en faisant ensuite mourir Urie.
Les diverses circonstances de cette chute de David nous engagent à
faire les réflexions suivantes :
1. Que quand on est dans le repos et dans la prospérité, comme David
y était alors, on oublie aisément Dieu et qu'on est exposé à de
grandes tentations,
2. Que les regards séduisent le cœur et y allument des désirs
criminels et qu'ainsi on doit détourner les yeux de tout ce qui peut
faire naître ces sortes de désirs, comme Jésus-Christ nous y exhorte
dans l'Évangile de Matthieu 5.29,
3. Qu'il faut rejeter les mauvaises pensées dans les commencements
et que quand on n'y résiste pas, elles s'emparent du cœur et
qu'elles entraînent dans le péché,
4. Que l'impureté, qui est un grand péché en soi-même, le devient
encore plus par les suites qu'il a ordinairement et par les nouveaux
crimes que l'on commet pour le couvrir.
David, au lieu d'expier sa faute par la confession et la repentance,
ne pense qu'à la cacher. Il a recours pour cela à toutes sortes de
moyens indignes et enfin, voyant que ces moyens ne lui réussissent
pas, il en vient jusqu'à faire périr par une trahison noire et
préméditée Urie son fidèle serviteur.
Quand on s'est engagé dans le mal et que l'on a fait de certaines
démarches, on va toujours plus loin et l'on pousse le crime jusqu'au
dernier degré.
5. Il ne faut pas regarder ce que David fit comme une de ces fautes
que les gens de bien commettent par infirmité et qui peuvent
subsister avec la piété. C'était un crime atroce et d'autant plus
grand qu'il était commis par une personne éclairée qui connaissait
son devoir et qui était comblée des grâces de Dieu. Ainsi on ne doit
pas croire que David dans sa chute fût dans un état de salut. S'il
ne s'était relevé par une repentance sérieuse, publique et
proportionnée à la grandeur de ses crimes, il serait péri dans son
péché.
351
II Samuel
Il ne faut donc pas abuser de cet exemple, au contraire, il nous
oblige à veiller sur nous avec plus de soin et à concevoir une forte
horreur pour l ’ impureté. Surtout par cette raison que ces sortes
de péchés seraient bien plus énormes dans des chrétiens qu ils ne l
étaient en David et qu il serait aussi plus difficile de s ’ en
repentir comme il faut et d ’ en obtenir le pardon.
(a) v1 : I Chroniques 20.1
(b) v21 : Juges 9.53
Chapitre XII
Dieu envoie le prophète Nathan pour lui reprocher son crime, versets
1-12.
David confesse son péché, l enfant qu il avait eu de Bathscébah
meurt et Salomon nait quelque temps après, versets 13-25.
Joab assiège la ville de Rabba et la prend, versets 26-31.
Et l ’Éternel envoya Nathan vers David et Nathan, étant venu vers
lui, il dit : Il y avait deux hommes dans une ville, l ’ un riche et
l ’ autre pauvre.
2. Le riche avait du gros et du menu bétail en fort grande
abondance.
3. Mais le pauvre n ’ avait rien du tout qu ’ une petite brebis qu
il avait achetée et nourrie et qui était crûë nc1 chez lui et avec
ses enfants, en mangeant de ses morceaux buvant dans sa coupe et
dormant en son sein et il la regardait comme sa fille.
4. Mais un voyageur étant venu chez cet homme riche, l ’ homme riche
a épargné son gros et son menu bétail pour en apprêter au passant
qui était entré chez lui et il a pris la brebis du pauvre homme et
il l a apprêtée à cet homme qui était entré chez lui.
5. Alors la colère de David s embrasa fort contre cet homme-là et il
dit à Nathan : L’Éternel est vivant, que l ’homme qui a fait cela a
mérité la mort,
6. Et parce qu il a fait cela et qu il n a point épargné cette
brebis, pour une brebis a il en rendra quatre.
7. Alors Nathan dit à David : Tu es cet homme-là. Ainsi a dit l
’Éternel le Dieu d ’Israël : Je t ’ ai oint pour être roi sur Israël
et je t ’ ai délivré de la main de Saül,
8. Même je t ’ ai donné la maison de ton seigneur et les femmes de
ton seigneur en ton sein et je t ’ ai donné la maison d Israël et de
Juda et si cela te paraît peu je t ’ eussse ajouté telle ou telle
chose.
9. Pourquoi donc as-tu méprisé la parole de l ’Éternel en faisant ce
qui lui déplaît? Tu as tué avec
l ’ épée Urie le Héthien et tu as enlevé sa femme afin qu ’ elle fût
ta femme et tu l ’ as tué par l ’ épée des Ham-monites.
10. C ’ est pourquoi maintenant l ’ épée ne partira jamais de ta
maison parce que tu m ’ as méprisé et que tu as enlevé la femme d
’Urie le Héthien afin qu ’ elle fut ta femme.
11. Ainsi a dit l ’Éternel : Voici je m ’ en vais faire sortir
contre toi un mal de ta propre maison et j enlèverai tes femmes
devant tes yeux etb je les donnerai à un de tes proches et il
dormira avec tes femmes à la vue de ce soleil,
12. Car tu l ’ as fait en secret, mais pour moi je le ferai en la
présence de tout Israël et à la vue du soleil.
13. Alors David dit à Nathan : J ’ ai péché contre
l ’Éternel. Et Nathan dit à David : L’Éternel aussi a fait passer
ton péché, tu ne mourras point.
14. Toutefois, parce que par cette action tu as donné occasion aux
ennemis de l Éternel de blasphémer avec un grand mépris, le fils qui
t ’es né mourra certainement.
15. Après cela Nathan retourna dans sa maison et l Éternel frappa l
enfant que la femme d Urie avait enfanté à David et il devint
extrêmement malade.
16. Et David pria Dieu pour l ’ enfant et il jeûna et il vint et il
passa la nuit couché sur la terre.
17. Et les anciens de sa maison se levèrent pour le venir trouver
afin de le faire lever de terre, mais il ne voulut point et il ne
mangea point avec eux.
18. Et le septième jour l ’ enfant mourut et les serviteurs de David
craignaient de lui faire savoir que
l ’ enfant était mort, car ils disaient : Voici quand l ’ enfant
était en vie nous lui avons parlé et il n ’ a point voulu écouter
notre voix, comment donc lui dirions-nous que l ’ enfant est mort
tellement qu ’ il s ’ affligera davantage ?
19. Et David aperçut que ses serviteurs parlaient tout bas et il
comprit que l ’ enfant était mort. Et David dit à ses serviteurs :
L’enfant n ’ est-il pas mort? Ils répondirent : Il est mort.
20. Alors David se leva de terre, se lava, s oignit et changea d
habits et il entra dans la maison de
l ’Éternel et se prosterna devant l ’Éternel. Puis il revint dans sa
maison et ayant demandé à manger, on lui présenta du pain et il
mangea.
21. Et les serviteurs lui dirent : Que veut dire cela ? Tu as jeûné
et pleuré pour cet enfant lorsqu il était encore en vie et après que
l ’ enfant est mort tu t ’ es levé et tu as mangé du pain.
22. Et il dit : Quand l ’ enfant était encore en vie, j ’ ai jeûné
et j ’ ai pleuré car je disais : Qui sais si l ’Éternel aura pitié
de moi et si l ’ enfant ne vivra point ?
23. Mais maintenant qu ’ il est mort, pourquoi jeûnerais-je?
Pourrais-je le faire revenir encore? Je m ’ en irai vers lui et il
ne reviendra point vers moi.
24. Et David consola sa femme Bathscébah et il vint vers elle et
dormit avec elle et elle lui c enfanta un fils qu il nomma Salomon
et l Éternel l aima.
25. Et il l ’ envoya dire par le ministère de Nathan le prophète qui
lui imposa dle nom de Jédidja 1 à cause de l ’Éternel.
26. Or d Joab avait battu Rabba qui appartenait aux Hammonites et il
avait pris la ville royale.
27. Et Joab avait envoyé des députés vers David pour lui dire : J ’
ai battu Rabba, j ’ ai aussi pris la ville des eaux.
352
II Samuel
28. C'est pourquoi assemble maintenant le reste du peuple et campe
contre la ville et prends-la de peur que, si je la prenais, on ne
lui donnât mon nom.
29. David donc assembla tout le peuple et il marcha contre Rabba et
il la battit et la prit.
30. Et il prit la couronne de dessus la tête de leur roi qui valait
un talent d'or et il y avait des pierres précieuses et on la mit sur
la tête de David qui emmena un fort grand butin de la ville.
31. Il emmena aussi le peuple qui y était et le mit sous les scies
et sous les herses de fer et il les fit passer par un fourneau où
l'on cuit les briques 2. Il en fit ainsi à toutes les villes des
Hammonites. Puis David s'en retourna avec tout le peuple à
Jérusalem.
Réflexions
Voici les considérations qu'il y a à faire sur ce chapitre.
La première que Dieu par un effet de sa bonté envers David lui
envoya Nathan pour réveiller sa conscience et pour lui dénoncer ses
jugements.
Il est nécessaire que Dieu emploie de certains moyens pour amener
les pécheurs à la repentance. C'est ce qu'il fait aussi toujours par
un effet de sa bonté en diverses manières et surtout par le
ministère de ses serviteurs.
2. La conduite du prophète qui proposa d'abord à David une histoire
feinte et qui lui reprocha ensuite ouvertement son péché montre que
les serviteurs de Dieu doivent parler aux pécheurs avec prudence et
de la manière la plus propre à les faire rentrer en eux-mêmes et à
les obliger à se reconnaître mais qu'ils doivent en même temps leur
parler avec fermeté sans les flatter et sans avoir égard à
l'apparence des personnes.
3. David confessa son péché non seulement en présence de Nathan,
mais même d'une manière publique comme on le voit dans le Psaume LI.
C'est là le caractère de la repentance. Un vrai pénitent bien touché
de sa faute n'a point honte de le confesser et il le fait même
publiquement si cela est nécessaire pour réparer le mal qu'il a fait
et le scandale qu'il a donné.
4. Le pardon que Nathan annonça à David nous enseigne que la
miséricorde et le pardon suivent la confession des péchés dès
qu'elle est faite avec sincérité et humilité et qu'elle est
accompagnée de l'amendement.
5. Il est à remarquer que Dieu ne révoqua pourtant pas les peines
temporelles qu'il avait fait dénoncer à David et que pour lui faire
sentir que ces menaces s'exécuteraient, il retira du monde l'enfant
qui lui était né.
Quoique Dieu remette aux pécheurs les peines éternelles, il ne les
exempte pas toujours des peines de cette vie. Il y a surtout de
certains péchés qu'il a accoutumer de punir en ce monde et il en use
ainsi pour entretenir et pour augmenter le sentiment que les
pécheurs doivent avoir de leurs fautes et pour les faire servir
d'exemple aux autres.
Au reste toutes les menaces de Nathan s'accomplirent comme on le
voit par la suite de cette histoire.
6. La tristesse que David ressentit pendant la maladie de son enfant
et la résignation qu'il fit paraître après sa mort nous apprennent
qu'il nous est bien permis de prier Dieu qu'il éloigne de nous
l'affliction, mais que, quand Dieu nous fait comprendre qu'il ne
veut pas nous exaucer, nous devons nous soumettre à sa volonté,
surtout quand nous nous sommes attirés ces châtiments par nos
péchés.
On peut voir aussi par cette histoire qu'il ne faut pas s'affliger
excessivement de la mort des personnes qui nous sont chères et
particulièrement de la mort des enfants.
Enfin, la naissance de Salomon et les avantages que David remporta
sur les Hammonites font voir que Dieu avait été apaisé par sa
repentance.
(a) v6 : Exode 22.1
(b) v11 : Ci-dessous 16.22
(c) v24 : Matthieu 1.6
(d) v26 : I Chroniques 20.1
(1) v25 : C'est-à-dire : aimé de Dieu.
(2) v31 : Comme David était un prince juste et clément, il faut
croire qu'il fut engagé à en user de la sorte envers les Hammonites
par des raisons et par des circonstances que l'histoire ne rapporte
pas. Les Ham-monites pouvaient y avoir donné occasion par les
outrages qu'ils avaient faits à David et par les cruautés qu'ils
avaient exercées. Il paraît par ce qui est dit dans Amos 1.13 qu'ils
étaient forts cruels. Quelques-uns veulent que le sens de ces
paroles soit simplement que David condamna les Hammonites à des
travaux pénibles, comme à scier les pierres et à cuire les briques
dans des fourneaux à peu près comme les enfants d'Israël avaient été
traités en Égypte. Voyez Exode 1.14 et Deutéronome 4.20.
(nc1) v3 : De nos jours nous dirions ...avait grandi... chez lui.
Chapitre XIII
Amnon fils du roi David ayant violé Tamarsa sœur, elle se rendit
auprès d'Absçalom son frère, versets 1-22.
Et au bout de deux ans, Absçalom fit tuer Amnon dans un festin après
quoi il s enfuit vers le roi de Guesçur, père de sa mère, versets
23-39.
OR il arriva après cela qu'Absçalom fils de David ayant une sœur qui
était belle et qui se nommait Tamar, Amon fils de David l'aima.
2. Et cette passion le tourmenta si fort qu'il tomba malade pour
l'amour de Tamar sa sœur, car elle était vierge et il semblait trop
difficile à Amnon de lui faire quelque chose.
3. Et Amnon avait un intime ami nommé Jonadab, fils de Scimha frère
de David et Jonadab était un homme fort adroit.
4. Et Jonadab lui dit : Fils du roi, pourquoi deviens-tu ainsi
exténué de jour en jour? Ne me le déclareras-tu pas ? Amnon lui dit
: J'aime Tamar la sœur de mon frère Absçalom.
5. Alors Jonadab lui dit : Couche-toi dans ton lit et fais le malade
et quand ton père te viendras voir, tu lui diras : Que ma sœur Tamar
vienne, je te prie, afin qu'elle me fasse à manger en apprêtant
devant moi quelque viande et que voyant ce qu'elle aura apprêté je
le mange de sa main.
353
II Samuel
6. Amnon donc se coucha et fit le malade et quand le roi le vint
voir il lui dit : Je te prie que ma sœur Tamar vienne et fasse deux
beignets devant moi et que je les mange de sa main.
7. David donc envoya vers Tamar dans sa maison et lui fit dire :
Va-t en maintenant dans la maison de ton frère Amnon et apprête-lui
quelque chose à manger.
8. Et Tamar s ’ en alla dans la maison de son frère Amnon qui était
couché. Et elle prit de la pâte et la pétrit et elle en fit devant
lui des beignets et elle les cuisit.
9. Puis elle prit la poêle et les versa devant lui, mais Amnon
refusa d ’ en manger et il dit : Faites retirer tous ceux qui sont
auprès de moi. Et chacun se retira.
10. Alors Amnon dit à Tamar : Apporte-moi cette viande dans le
cabinet et que j ’ en mange de ta main. Et Tamar prit les beignets
qu elle avait faits et les apporta à Amnon son frère dans le
cabinet.
11. Et elle les lui présenta afin qu ’ il en mangeât, mais il se
saisit d ’ elle et lui dit : Viens, couche avec moi ma sœur.
12. Et elle lui répondit : Non, mon frère, ne me fais point
violence, car cela ne se fait point en Israël, ne fait point cette
action infâme.
13. Et moi que deviendrais-je avec mon opprobre et pour toi, tu
passerais pour un insensé en Israël. Maintenant donc parles-en, je
te prie, au roi et il n ’ empêchera point que tu ne m ’ aies pour
femme.
14. Mais il ne voulut point l ’ écouter et il fut plus fort qu elle
et il lui fit violence et il coucha avec elle.
15. Après cela Amnon eut pour elle une très grande haine et la haine
qu il lui portait était plus grande que l amour qu il avait eu pour
elle. Ainsi Amnon lui dit : Lève-toi, va-t ’ en.
16. Et elle lui répondit : Tu n ’ as aucun sujet de me faire ce
grand mal que de me chasser après ce que tu as fait avec moi. Mais
il ne voulut point l ’ écouter.
17. Il appela donc le garçon qui le servait et lui dit : Qu on la
chasse maintenant d auprès de moi hors de la maison et ferme la
porte après elle.
18. Or elle était vétue d ’ une robe bigarée, car les filles du roi
qui étaient filles étaient ainsi habillées. Celui donc qui servait
Amnon la fit sortir de la maison et ferma la porte après elle.
19. Alors Tamar prit de la cendre sur sa tête et déchira la robe
bigarée qu ’ elle avait sur elle et mit sa main sur sa tête et s en
allait criant.
20. Et son frère Absçalom lui dit : Ton frère Amnon n ’ a-t-il pas
été avec toi ? Mais maintenant ma sœur, tais-toi, il est ton frère,
ne prends point ceci à cœur. Ainsi Tamar demeura toute désolée dans
la maison d ’Absçalom son frère.
21. Et lorsque le roi David eut entendu toutes ces choses, il fut
fort en colère.
22. Or Absçalom ne parlait ni en bien, ni en mal à Amnon, parce qu
’Absçalom haïssait Amnon à cause qu ’ il avait violé Tamar sa sœur.
23. Et au bout de deux ans entiers il arriva qu ’Abs-çalom ayant les
tondeurs à Bahal-hatsor qui était près d ’Éphraïm il invita tous les
fils du roi.
24. Et Absçalom vint vers le roi et lui dit : Voici maintenant ton
serviteur a les tondeurs, je te prie donc que le roi et ses
serviteurs viennent avec ton serviteur.
25. Mais le roi dit à Absçalom : Non, mon fils, je te prie que nous
n ’ y allions pas tous de peur que nous ne te soyons à charge. Et
bien qu ’ il le pressât fort, cependant il n ’ y voulut point aller,
mais il le bénit.
26. Et Absçalom dit : Si tu ne viens point, je te prie que mon frère
Amnon vienne avec nous. Et le roi lui répondit : Pourquoi irait-il
avec toi ?
27. Et Absçalom le pressa tant qu il laissa aller Amnon et tous les
fils du roi avec lui.
28. Or Absçalom avait commandé à ses serviteurs et leur avait dit :
Prenez bien garde, je vous prie, quand le cœur d ’Amnon sera gai de
vin et que je vous dirai : Frappez Amnon, alors tuez-le, ne craignez
point, n ’ est-ce pas moi qui vous l ’ ai commandé ? Fortifiez-vous
et soyez vaillants.
29. Et les serviteurs d ’ Absçalom firent à Amnon comme Absçalom le
leur avait commandé et tous les fils du roi se levèrent et montèrent
chacun sur sa mule et s enfuirent.
30. Et il arriva que lorsqu ’ ils étaient encore en chemin, le bruit
vint jusqu à David qu on disait : Absça-lom a tué tous les fils du
roi et il n ’ en est pas resté un seul d entre eux.
31. Alors le roi se leva et déchira ses vêtements et se coucha par
terre, tous ses serviteurs aussi étaient là avec leurs vêtements
déchirés.
32. Et Jonadab fils de Scimba frère de David prit la parole et dit :
Que monseigneur ne dise point qu on a tué tous les jeunes gens fils
du roi, car Amnon seul est mort, parce que ce qu ’Absçalom avait
résolu dès le jour qu Amnon viola Tamar sa sœur a été exécuté selon
ses ordres.
33. C ’ est pourquoi maintenant que le roi monseigneur ne prenne
point ceci à cœur disant que tous les fils du roi sont morts, car
Amnon seul est mort.
34. Alors Absçalom s ’ enfuit. Mais celui qui était en sentinelle
levant les yeux regarda et voici un grand peuple venait par le
chemin de derrière à côté de la montagne.
35. Et Jonadab dit au roi : Voici les fils du roi qui viennent, ce
que ton serviteur disait est arrivé.
36. Or aussitôt qu ’ il eût achevé de parler, voici on vit arriver
les fils du roi qui élevèrent leur voix et pleurèrent. Le roi aussi
et tous ses serviteurs fondirent en larmes.
37. Mais Absçalom s ’ enfuit et se retira vers Talmaï fils de
Hammihud roi de Guesçur et David pleurait tous les jours sur son
fils.
38. Et Absçalom s ’ enfuit et s ’ en alla à Guesçur et il demeura là
trois ans.
39. Et le roi David cessa de poursuivre Absçalom parce qu il était
consolé de la mort d Amnon.
354
II Samuel
Réflexions
L'on doit faire une grande attention à ce qui est rapporté dans ce
chapitre et dans les suivants.
On commence à voir dans celui-ci que, quoique Dieu eût pardonné au
roi David, cependant il voulait le châtier en diverses manières pour
empêcher qu'il ne perdît le sentiment de sa faute et pour réparer le
grand scandale qu'il avait donné à tous ses sujets.
Comme il avait offensé Dieu par l'adultère et par le meurtre, il fut
puni par l'inceste d'Amnon son fils et ensuite par sa mort et ses
propres enfants Amnon, Tamar et Absçalom furent une verge dans la
main de Dieu pour le châtier.
Les pères coupables trouvent le plus souvent leur punition dans leur
propre famille et en particulier ceux qui s'adonnent à l'impureté
ont ordinairement des enfants qui leur ressemblent à cet égard.
À cette réflexion générale il faut ajouter ces trois réflexions
particulières.
On voit dans l'inceste d'Amnon et dans les suites que ce crime eut
que les passions déréglées de la chair engagent souvent les hommes
dans les péchés les plus énormes et dans les derniers malheurs et
que la vengeance divine poursuit ceux qui se livrent à l'impureté et
à la sensualité.
2. Il importe de remarquer que cet inceste d'Am-non et tous les
malheurs qui en arrivèrent furent l'effet du pernicieux conseil que
Jonadab son cousin et son ami lui avait donné.
En cela on peut voir que les conseils donnés par de faux amis et par
des personnes qui flattent et qui favorisent nos passions sont
ruineux à ceux qui les suivent.
La troisième réflexion est que, quoiqu'Absçalom commit un crime
atroce en faisant assassiner Am-non son frère, Dieu permi pourtant
ce crime pour la punition d'Amnon et pour châtier en même temps
David.
C'est de la sorte qu'il se commet bien des péchés que Dieu punira
très sévèrement. Cependant Dieu ne les empêche pas, mais il se sert
des passions et de la méchanceté des hommes pour faire justice et
pour punir les coupables.
Chapitre XIV
Joab ayant fait demander à David par une femme de Tékoab le rappel
d'Absçalom qui s'était exilé depuis qu 'il avait tué son frère,
David permit qu 'il revint à Jérusalem à condition qu il ne se
présenterait pas devant lui. Mais au bout de deux ans, Absçalom
obligea Joab à demander à David qu il lui permit de paraître à la
cour, ce qu il obtint.
Alors Joab fils de Tséruja connaissant que le cœur du roi se
tournait vers Absçalom
2. Envoya à Tékoah et fit venir de là une femme sage à laquelle il
dit : Je te prie, fait semblant d'être dans l'affliction et prends
maintenant des habits de
deuil et ne t'oint point d'huile de senteur, mais soit comme une
femme qui pleure un mort depuis longtemps
3. Et entre vers le roi et tiens-lui ces discours. Et Joab lui mit
dans sa bouche ce qu'elle devait dire.
4. La femme Tékohite donc parla au roi et tomba sur son visage en
terre et se prosterna et dit : Ô roi, aide-moi.
5. Et le roi lui dit : Qu'as-tu ? Et elle répondit : Je suis une
femme veuve et mon mari est mort.
6. Or ta servante avait deux fils qui se sont querellés dans les
champs et il n'y avait personne qui les séparât, ainsi l'un a frappé
l'autre et l'a tué.
7. Et voici, toute la famille s'est élevée contre ta servante disant
: Donne-nous celui qui a trappé son frère afin que nous le fassions
mourir, parce qu'il a ôté la vie à son frère et afin que nous
exterminions même l'héritier et ils veulent éteindre le charbon vif
qui m'est demeuré afin qu'ils ne laissent point de nom à mon mari,
ni aucun de reste sur la terre.
8. Le roi dit à la femme : Va-t'en en ta maison et je donnerai les
ordres nécessaires pour toi.
9. Alors la femme Tékohite dit au roi : Monseigneur et mon roi, que
l'iniquité soit sur moi et que le roi et son trône en soient
innocents.
10. Et le roi lui dit : Amène-moi celui qui parlera contre toi et
jamais il ne lui arrivera de te toucher.
11. Et elle dit : Je te prie que le roi se souvienne de l'Éternel
son Dieu afin qu'il ne laisse point augmenter le nombre des garants
du sang pour perdre mon fils. Et il répondit : L'Éternel est vivant
si un seul des cheveux de ton fils tombe en terre.
12. Et la femme dit : Je te prie que ta servante dise un mot au roi
monseigneur. et il répondit : Parle.
13. Et la femme dit : Mais pourquoi as-tu pensé une chose semblable
à celle-ci contre le peuple de Dieu? Et le roi en tenant ce discours
ne se condamne-t-il pas lui-même comme coupable en ce qu'il ne fait
point retourner celui qu'il a banni ?
14. Car certainemenrt nous mourrons et nous sommes semblables aux
eaux qui s'écoulent sur la terre et qu'on ne rassemble point. a Or
Dieu ne lui a point ôté la vie, mais il a trouvé un moyen pour ne
pas rejeter loin de lui celui qui a été rejeté.
15. Et maintenant je suis venue pour tenir ce discours au roi
monseigneur parce que le peuple m'a épouvantée. Et ta servante a dit
: Je parlerai maintenant au roi, peut-être que le roi fera ce que sa
servante lui dira.
16. Si donc le roi écoute sa servante pour la délivrer de la main de
celui qui veut nous exterminer de l'héritage de Dieu, et moi et mon
fils,
17. Ta servante a aussi dit : Que maintenant la parole du roi
monseigneur nous apporte du repos, car le roi monseigneur est comme
un ange de Dieu pour écouter le bien et le mal et que l'Éternel ton
Dieu soit avec toi.
18. Et le roi répondit et dit à la femme : Je te prie ne me cache
rien de ce que je vais te demander. Et la femme dit : Je prie que le
roi monseigneur parle.
355
II Samuel
19. Et le roi dit : N ’ est-ce pas Joab qui te fait faire tout ceci
? Et la femme répondit et dit : Ton âme vit, ô roi monseigneur, qu
’on ne saurait se détourner ni à droite, ni à gauche de tout ce que
le roi monseigneur a dit, car c’ est ton serviteur Joab qui me l ’ a
commandé et lui-même a mis dans la bouche de ta servante toutes ces
paroles.
20. Ton serviteur Joab m a fait donner ce tour à mon discours. Mais
monseigneur est sage comme un ange de Dieu pour savoir ce qui se
passe dans la pays.
21. Alors le roi dit à Joab : Voici maintenant, c ’ est toi qui as
conduit cette affaire. Va-t ’ en donc et fais revenir le jeune homme
Absçalom.
22. Alors Joab tomba sur son visage en terre et se prosterna et
bénit le roi. Et Joab dit : Aujourd ’hui ton serviteur a connu qu ’
il a trouvé grâce devant toi, ô roi monseigneur, car le roi a fait
ce que son serviteur lui a dit.
23. Joab donc se leva et s ’ en alla à Guesçur et il ramena Absçalom
à Jérusalem.
24. Et le roi dit : Qu ’ il se retire dans sa maison et qu ’ il ne
me voie point. Et Absçalom se retira dans sa maison et il ne vit
point le roi.
25. Or il n ’y avait point d ’homme dans tout Israël comme Absçalom
qu on pût si bien louer pour sa beauté, depuis la plante des pieds
jusqu au sommet de la tête, il n y avait point en lui de défaut.
26. Et quand il faisait faire ses cheveux, (et il arrivait tous les
ans qu ’ il les faisait faire parce que ses cheveux lui chargeaient
trop la tête) il pesait les cheveux de sa tête et on trouvait qu ils
pesaient deux cents sicles au poids du roi1.
27. Et il nâquit trois fils à Absçalom et une fille qui avait nom
Tamar et qui était une très belle femme.
28. Et Absçalom demeura à Jérusalem deux ans entiers sans voir le
roi.
29. C’ est pourquoi Absçalom manda Joab pour
l ’ envoyer vers le roi et il ne voulut point venir vers lui. Il le
manda encore pour la seconde fois mais il ne voulut point venir.
30. Alors il dit à ses serviteurs : Vous voyez là le champ de Joab
qui est auprès du mien où il y a de
l ’ orge, allez, mettez-y le feu. Et les serviteurs d ’Abs-çalom
brûlèrent ce champ-là.
31. Alors Joab se leva et vint vers Absçalom dans sa maison et il
lui dit : Pourquoi tes serviteurs ont-ils mis le feu à mon champ?
32. Et Absçalom répondit à Joab : Voici, je t ’ ai envoyé dire :
Viens ici et je t ’ enverrai vers le roi et tu lui diras : Pourquoi
suis-je venu de Guesçur? Il faudrait mieux que j ’ y fusse encore.
Maintenant donc que je voie le roi et s ’ il y a de l ’ iniquité en
moi, qu ’ il me fasse mourir.
33. Joab donc vint vers le roi et lui rapporta ce qu ’Absçalom avait
dit. Et le roi appela Absçalom qui vint vers lui et se prosterna le
visage en terre devant le roi et le roi baisa Absçalom.
Réflexions
Ce qu il y a principalement à observer dans ce chapitre, c ’ est la
bonté de David et sa tendresse envers Absçalom son fils. Cette bonté
paraît en ce qu il voulut bien pardonner à Absçalom le crime qu il
avait commis en tuant Amnon son frère et lui permettre de revenir à
Jérusalem. Quoique l ’ événement fit voir que David avait été trompé
en croyant qu ’Abs-çalom était rentré dans son devoir, il ne laissa
pas de faire une action digne de louange et à cet égard, nous
devons, comme lui, pardonner facilement à ceux qui nous ont
offensés, surtout quand ils paraissent touchés de leur faute. D un
autre côté, ce procédé de David fait voir le mauvais naturel d
’Abs-çalom, puisqu au lieu d être touché du pardon que son père lui
avait accordé, il se servit de la liberté qu ’ il avait d ’ être à
Jérusalem pour former une conspiration contre lui.
Il n ’y a rien à attendre de bon des gens qui ont un mauvais cœur.
Ils ne profitent ni de leurs malheurs, ni de la prospérité et bien
loin de changer, ils prennent occasion des délivrances que Dieu leur
accorde et du bien qu ’on leur fait de devenir plus méchant et d
exécuter leurs mauvais desseins.
Enfin, il faut remonter ici aux vues de la providence et considérer
que Dieu permit qu ’Absçalom fut rappelé à Jérusalem afin de châtier
David par le moyen de ce fils rebelle et dénaturé, comme le chapitre
suivant le montrera.
(a) v14 : Ézéchiel 18.32 et 33.11
(1) v26 : C ’est selon quelques-uns trois livres et deux onces ou
selon d ’ autres trente onces. D ’autres veulent que cela marque la
valeur ou le prix des cheveux.
Chapitre XV
Absçalom conspire contre David son père et se fait déclarer roi,
versets 1-12.
David est contraint de sortir de Jérusalem et de s’enfuir de devant
son fils, versets 13-23.
Il renvoie dans cette ville les sacrificateurs qui voulaient le
suivre avec l’arche de l’alliance, versets 24-31.
Il y envoie aussi Cusçaï pour empêcher par son moyen l’effet des
conseils d’Abithophel qui s’était mis du parti d’Absçalom, versets
32-37.
OR après cela Absçalom s ’ équipa de chariots et de chevaux et il
avait cinquante hommes qui couraient avec lui.
2. Et Absçalom se levait le matin et se tenait à côté du chemin qui
allait à la porte et s ’ il y avait quelqu ’ un qui eût quelque
affaire pour laquelle il fallût aller vers le roi pour demander
justice, Absçalom l ’ appelait à lui et lui disait : De quelle ville
es-tu ? Et il répondait : Ton serviteur est d ’ une telle tribu d
’Israël.
3. Et Absçalom disait : Regarde, ta cause est bonne et droite, mais
tu n ’ as personne qui ait ordre du roi de t ’ écouter.
356
II Samuel
4. Absçalom disait encore : Ô que ne m'établit-on pour juge au pays
! Tout homme qui aurait des procès et qui aurait le droit viendrait
vers moi et je lui ferais justice.
5. Il arrivait aussi que quand quelqu'un s'approchait de lui pour se
prosterner devant lui, il lui tendait sa main et le prenait et le
baisait.
6. Absçalom faisait ainsi à tous ceux d'Israël qui venaient vers le
roi pour avoir justice et Absçalom gagna les cœurs de ceux d'Israël.
7. Et arriva au bout de quarante ans 1 qu'Absça-lom dit au roi : Je
te prie que je m'en aille et que je rende le vœu que j'ai fait à
l'Éternel à Hébron,
8. Car quand ton serviteur demeurait à Guesçur en Syrie, il fit un
vœu disant : Si l'Éternel me ramène pour être en repos à Jérusalem,
j'en témoignerai ma reconnaissance à l'Éternel.
9. Et le roi lui répondit : Va-t'en en paix. Il se leva donc et s'en
alla à Hébron.
10. Or Absçalom avait anvoyé des espions par toutes les tribus
d'Israël pour dire : Aussitôt que vous aurez entendu le son de la
trompette, dites : Absça-lom est établi roi à Hébron.
11. Et deux cents hommes de Jérusalem qui avaient été invités s'en
allèrent avec Absçalom et ils allaient avec lui dans la simplicité
de leur cœur, ne sachant rien du dessein d'Absçalom.
12. Absçalom envoya aussi appeler, lorsqu'il offrait ses sacrifices,
Ahithophel Guilonite, conseiller de David, de sa ville de Guilo et
il forma une puissante conjuration parce que le peuple qui allait
avec Absçalom croissait de plus en plus.
13. Alors vint un messager à David disant : Tous ceux d'Israël ont
leur cœur tourné vers Absçalom.
14. Et David dit à tous ses serviteurs qui étaient avec lui à
Jérusalem : Levez-vous et fuyons, car nous ne saurions échaper de
devant Absçalom. Hâtez-vous d'aller, de peur qu'il ne se hâte et
qu'il ne nous atteigne et qu'il ne fasse venir le mal sur nous et
qu'il ne fasse passer toute la ville au fil de l'épée.
15. Et les serviteurs du roi répondirent au roi : Tes serviteurs
sont prêts à faire tout ce que le roi notre seigneur trouvera bon.
16. Le roi donc sortit et toute sa maison le suivait, cependant le
roi laissa ses dix femmes concubines pour garder la maison.
17. Le roi donc sortit et tout le peuple le suivait et ils
s'arrêtèrent dans un lieu éloigné.
18. Et tous ses serviteurs marchaient à côté de lui et tous les
Kéréthiens et tous les Péléthiens et tous les Guittiens, qui étaient
six cents hommes venus de Gath pour être à sa suite, marchaient
devant le roi.
19. Mais le roi dit à Ittaï Guittien : Pourquoi viendrais-tu aussi
avec nous ? Retourne-t'en et demeure avec le roi, car tu es étranger
et même tu vas retourner bientôt en ton lieu.
20. Tu ne fais que de venir et te ferais-je aller errant ça et là
avec nous ? Car quant à moi je m'en vais où je pourrai,
retourne-t'en et ramène tes frères. Que la miséricorde et la vérité
soient avec toi !
21. Mais Ittaï répondit au roi disant : L'Éternel est vivant et le
roi monseigneur vit, qu'en quelque lieu où le roi monseigneur sera,
soit à la mort, soit à la vie, ton serviteur y sera aussi.
22. David donc dit à Ittaï : Viens et marche. Alors Ittaï Guittien
marcha avec tous ses gens et tous les petits enfants qui étaient
avec lui.
23. Et tout le pays pleurait et jettait de grands cris et tout le
peuple qui passait, puis le roi passa le torrent du Cédron et tous
le peuple passa vis-à-vis du chemin qui tire vers le désert.
24. Tsadok était aussi là avec tous les Lévites qui portaient
l'arche de l'alliance de Dieu et ils posèrent là l'arche de Dieu. Et
Abiathar monta pendant que tout le peuple achevait de sortir de la
ville.
25. Et le roi dit à Tsadok : Reporte à la ville l'arche de Dieu. Si
j'ai trouvé grâce devant l'Éternel, il me ramènera et il me fera
voir son arche et son tabernacle.
26. Que s'il me dit ainsi : Je ne prends plus de plaisir en toi, me
voici, qu'il fasse de moi ce qu'il lui plaira.
27. Le roi dit encore au sacrificateur Tsadok : Ne vois-tu pas ?
Retourne-t'en en paix à la ville et Ahi-mahats ton fils et Jonathan
fils d'Abiathar vos deux fils avec vous.
28. Regardez, je m'en vais demeurer dans les campagnes du désert
jusqu'à ce qu'on vienne m'apporter des nouvelles de votre part.
29. Tsadok donc et Abiathar reportèrent l'arche de Dieu à Jérusalem
et ils demeurèrent là.
30. Et David montait par la montée des oliviers et en montant il
pleurait et il avait la tête couverte et il marchait nus pieds. Tout
le peuple aussi qui était avec lui montait chacun ayant sa tête
couverte et il pleurait en montant.
31. Alors on fit ce rapport à David et on lui dit : Ahithophel est
parmi ceux qui ont conjuré avec Abs-çalom et David dit : Je te prie,
ô Éternel, rends inutile le conseil d'Ahithophel.
32. Et lorsque David fut venu jusqu'au sommet de la montagne où il
se prosterna devant Dieu, voici : Cusçaï Arkite lui vint au devant
ayant ses habits déchirés et de la terre sur la tête.
33. Et David dit : Tu me seras à charge si tu passes plus avant avec
moi,
34. Mais si tu retournes à la ville et si tu dis à Absçalom : Ô roi
je serai ton serviteur et je te servirai maintenant comme j'ai été
serviteur de ton père dès longtemps, tu dissiperas le conseil
d'Ahithophel.
35. Et n'auras-tu pas là avec toi les sacrificateurs Tsadok et
Abiathar? Et ne rapporteras-tu pas tout ce que tu sauras de la
maison du roi aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar?
36. Voici, ils ont leurs deux fils avec eux, savoir Ahimahats fils
de Tsadok et Jonathan fils d'Abiathar. Vous m'apprendrez par eux
tout ce que vous aurez appris.
37. Ainsi Cusçaï, l'intime ami de David, revint dans la ville et
Absçalom vint à Jérusalem.
357
II Samuel
Réflexions
Il faut d ’ abord remarquer ici la continuation des jugements de
Dieu sur David et la vérité de ce que le prophète Nathan lui avait
dit
que Dieu ferait venir de sa propre maison du mal contre lui.
David est chassé par son propre fils, réduit à sortir de Jérusalem
et abandonné de la plus grande partie de ses sujets, ce qui devait
lui être plus sensible que toutes les épreuves par où il était
passé.
2. On voit ici la méchanceté d Absçalom, son ingratitude et son
inhumanité contre son père qui lui avait pardonné. On y remarque les
artifices dont il se servit pour gagner l affection du peuple et
surtout son extrême impiété qui paraît en ce qu il feignit d aller
rendre un vœu à Dieu à Hébron dans le temps qu ’ il y allait pour se
faire déclarer roi.
Les méchants sont capables de tout et ils se servent de la trahison
et même du prétexte de religion pour venir à bout de leurs mauvais
desseins.
Cependant, quoique l entreprise d Absçalom fût tout à fait injuste
et criminelle, il eut d abord des succès heureux.
C’ est ce qui arrive quelquefois aux méchants, mais ils n échappent
pas pour cela à la justice divine.
3. L’on doit faire une grande attention à ces paroles que David
prononça en renvoyant les sacrificateurs avec l ’ arche à Jérusalem
:
Si j’ai trouvé grâce devant le Seigneur, il me ramènera et me fera
revoir son arche et son tabernacle, que s’il me dit : Je ne prends
plus mon plaisir en toi, me voici, qu ’il fasse de moi ce qui lui
plaira.
On voit dans ce langage la profonde humilité avec laquelle David
recevait le châtiment que Dieu lui envoyait, on y remarque sa
résignation à la volonté de Dieu, on y découvre aussi son zèle et
son grand attachement pour le lieu où Dieu était adoré.
C ’ est de la sorte que ceux que Dieu afflige, mais surtout les
grands pécheurs, doivent s humilier sous sa main, se soumettre à sa
volonté et se juger indignes de ses grâces.
La prière que David adressa à Dieu afin qu ’ il lui plût de rendre
vain le conseil d ’Ahithophel montre que les conseils des personnes
artificieuses et accréditées sont infiniment à craindre, mais cela
fait voir aussi que David avait tout son recours à Dieu dans l ’
extrémité où il se trouvait et que quoiqu ’ il souffrît la peine de
ses péchés, il se confiait encore en lui.
4. Enfin, David renvoya Cusçaï à Jérusalem avec ordre de faire
semblant d ’ être du parti d ’ Absçalom et de tâcher de découvrir et
de rendre inutiles les conseils d ’Ahithophel. Il faut considérer
sur cela que David put faire légitimement ce qu il fit à l égard d
’Absçalom, non seulement en qualité de roi, mais principalement en
qualité de père qui était attaqué par son propre fils, surtout son
dessein n étant pas de nuire en aucune façon à Absçalom pour lequel
il conservait toujours une grande affection, mais se
proposant de l empêcher de faire davantage de mal et de le ramener à
son devoir. Ainsi cette action de David n autorise nullement la
tromperie, le mensonge, ni la trahison.
Enfin, il paraît du Psaume III que David dans cette extrêmité avait
toujours une parfaite confiance en Dieu et en son secours.
(1) v7 : Sur la fin des quarante ans du règne de David. D ’anciennes
versions ont lu : ...au bout de quatre ans...
Chapitre XVI
Dans le temps que David était fugitif, Tsiba obtient de lui, par
surprise et par calomnie, les biens de Mé-phibosceth petit-fils de
Saül, versets 1-4.
David étant outragé par un homme nommé Scimbi fait paraître une
grande modération et une parfaite soumission à la providence,
versets 5-14.
Absçalom entre à Jérusalem et reçoit Cusçaï à son service, versets
15-23.
Quand David eut passé un peu le haut de la montagne, voici Tsiba
serviteur de Méphibosceth vint au devant de lui avec deux ânes bâtés
sur lesquels il y avait deux cents pains et cent paquets de raisins
secs et cent d ’ autres fruits d ’ été et un baril de vin.
2. Et le roi dit à Tsiba : Que veux-tu faire de cela ? Et Tsiba
répondit : Les ânes sont pour la famille du roi afin qu ’ ils
montent dessus et le pain et les autres fruits d été à manger sont
pour les jeunes gens et il y a du vin pour boire afin que ceux qui
se trouveront fatigués dans le désert en boivent.
3. Et le roi lui dit : Mais où est le fils de ton maître ? a Et
Tsiba répondit au roi : Voici il est demeuré à Jérusalem, car il a
dit : Aujourd ’hui la maison d ’Israël me restituera le royaume de
mon père.
4. Alors le roi dit à Tsiba : Voilà, tout ce qui est à Méphibosceth
est à toi. Et Tsiba dit : Je me prosterne devant toi puisque je
trouve grâce devant toi, ô roi monseigneur.
5. Et le roi David vint jusqu ’à Bahurim et voici il en sortit un
homme de la famille de la maison de Saül nommé b Scimhi, fils de
Guéra, qui, étant sorti, maudissait David.
6. Et il jetait des pierres contre David et contre tous les
serviteurs du roi David et tout le peuple et tous les hommes
vaillants étaient à la droite et à la gauche du roi.
7. Or Scimhi parlait ainsi en le maudissant : Sors, sors homme de
sang et méchant homme.
8. LÉternel a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de
Saül en la place duquel tu as régné et
l ’Éternel à mis le royaume entre les mains de ton fils Absçalom. Et
voilà tu souffres le mal que tu as fait parce que tu es un homme de
sang.
9. Alors Abisçaï fils de Tséruja c dit au roi : D ’où vient que ce
chien mort maudit le roi mon seigneur? Que je passe et que je lui
ôte la tête.
10. Mais le roi répondit : Qu ’ ai-je à faire avec vous fils de
Tséruja? Qu ’ il me maudisse. Car l ’Éternel lui
358
II Samuel
a dit : Maudit David. Et qui lui dira : Pourquoi l'as-tu fait?
11. David dit aussi à Abisçaï et à tous ses serviteurs : Voici mon
propre fils qui est sorti de mes entrailles cherche ma vie. Combien
plus maintenant un fils de Jémini1 me traitera-t-il indignement ?
Laissez-le et qu'il me mausisse, car l'Éternel le lui a dit.
12. Peut-être que l'Éternel regardera mon affliction et que
l'Éternel me rendra du bien au lieu des malédictions que celui-ci me
donne aujourd'hui.
13. David donc et ses gens continuaient leur chemin et Scimdi allait
à côté de la montagne vis-à-vis de lui et en allant il maudissait et
il jetait des pierres contre lui et il élevait de la poussière.
14. Alors le roi David et tout le peuple qui était avec lui étant
fatigués vinrent et se rafraîchirent là.
15. Et Absçalom et tout le peuple, savoir les hommes d'Israël,
entrèrent dans Jérusalem et Ahi-thophel était avec lui.
16. Or il arriva que quand Cusçaï Arkite, l'ami intime de David, fut
venu vers Absçalom, il dit à Absçalom : Vive le roi, vive le roi !
17. Et Absçalom dit à Cusçaï : Est-ce donc là l'affection que tu as
pour ton intime ami ? Pourquoi n'es-tu point allé avec ton intime
ami ?
18. Mais Cusçaï répondit à Absçalom : Non, mais je serai à celui qui
a été choisi par l'Éternel par ce peuple et par tous les hommes
d'Israël et je demeurerai avec lui.
19. Et de plus, qui servirai-je ? Ne sera-ce pas son fils ? Je serai
ton serviteur comme j'ai été le serviteur de ton père.
20. Alors Absçalom dit à Ahithophel : Consultez ensemble pour voir
ce que nous avons à faire.
21. Et Ahithophel dit à Absçalom : Va vers les concubines de ton
père qu'il a laissées pour garder la maison afin que, quand tout
Israël saura que tu te seras rendu odieux à ton père, les mains de
tous ceux qui sont avec toi soient fortifiées.
22. On dressa donc un pavillon à Absçalom sur la plate-forme de la
maison et Absçalom vint vers les concubines de son père à la vue de
tout Israël.
23. Or le conseil qu'Ahithophel donnait en ce temps-là était autant
estimé que si quelqu'un eût demandé le conseil de Dieu. C'est ainsi
qu'on considérait tous les conseils qu'Ahithophel donnait tant à
David qu'à Absçalom.
Réflexions
Nous devons réfléchir
1. Sur la perfidie de Tsiba, qui, pour les biens de Méphibosceth,
vint l'accuser vers David de s'être rebellé contre lui et sur la
facilité de David qui se laissa surprendre à cette accusation fausse
et calomnieuse.
On voit par là qu'il est dangereux d'ajouter foi aux rapports et de
juger sur les apparences. Il ne faut jamais croire légèrement ceux
qui accusent les
autres et la précipitation de David montre que ceux-là mêmes qui ont
de la vertu peuvent se laisser prévenir et commettre de grandes
injustices à moins qu'ils ne soient sur leur gardes à cet égard.
2. Dans ce qui se passa entre Scimhi et David, l'on remarque d'un
côté le crime de Scimhi qui maudissait son roi et l'outrageait avec
tant d'indignité et de l'autre la modération de David qui, pouvant
justement punir l'audace de ce malheureux et étant sollicité de le
faire, ne voulut pas qu'on lui fit aucun mal, mais souffrit
patiemment tous ces outrages reconnaissant que c'était Dieu qui
l'avait réduit dans l'état où il se trouvait alors et qui voulait se
servir de Scimhi pour l'humilier et pour l'éprouver. C'est ce que
marquent ces paroles que David prononça à cette occasion :
Laissez-le faire, car le Seigneur lui a dit : Maudit David.
Mais cela ne signifie pas que Dieu eût recommandé à Scimhi de
maudire son roi ou qu'il le poussât à cela. Ainsi David marqua sa
soumission à la volonté de Dieu, sa grande modération et sa profonde
humilité et il reconnut que quoique Scimhi l'outrageait très
injustement, Dieu le punissait justement par son moyen.
Voici un exemple qui nous apprend à ne nous venger jamais, à ne pas
même souffrir que les autres nous vengent et à supporter avec
patience tous les maux que les hommes nous font, considérant qu'il
ne nous arrive rien que par la permission de Dieu et que nous
n'ayons bien mérité.
3. Il paraît, que dans l'extrémité où le roi David était alors
réduit, Dieu prenait soin de lui, puisque Cusçaï son ami fut reçu
auprès d'Absçalom et que par ce moyen il put être averti des
desseins que ce fils dénaturé formerait.
Enfin, le crime qu'Absçalom commit avec les femmes de son père est
une nouvelle marque de l'impiété et de la méchanceté de ce
malheureux fils. On remarque ici la juste punition de Dieu sur David
à cause de l'adultère qu'il avait commis et l'accomplissement de ce
que le prophète Nathan lui avait annoncé
que Dieu donnerait ses femmes à un de sa maison.
Et puisqu'Absçalom se laissa aller à cette action détestable par le
conseil d'Ahithophel qui avait en vue de se maintenir et d'amener
les choses à un point qu'Absçalom ne pût jamais faire la paix avec
David, on doit reconnaître par là qu'il peut arriver bien du mal par
les mauvais conseils et ce qui arriva dans la suite à Absçalom et à
Ahithophel lui-même nous montre que ces conseils sont tôt ou tard
funestes à ceux qui les suivent et à ceux qui les donnent.
(a) v3 : Ci-dessous 19.27
(b) v5 : I Rois 2.8
(c) v9 : Ci-dessous 19.21
(1) v 11 : Un homme de la tribu de Benjamin.
359
II Samuel
Chapitre XVII
Ahithophel conseille à Absçalom de faire mourir David seul, mais
Cusçaï empêcha que cet avis ne fût suivi et il en fit avertir David
par Jonathan et Ahi-mahats. Ahithophel voyant que son conseil n
’avait pas été suivi et jugeant qu il était perdu se pend de
désespoir. David passe le Jourdain et arrive à Maha-najim où il
reçoit des rafraichissements de plusieurs personnes.
Après cela Ahithophel dit à Absçalom : Je choisirai maintenant douze
mille hommes et je me lèverai et je poursuivrai David cette nuit.
2. Et je me jetterai sur lui. Il est fatigué et ses mains sont
affaiblies et je l épouvanterai tellement que tout le peuple qui est
avec lui s enfuira et je frapperai le roi tout seul.
3. Et je ferai que le peuple retournera à toi, car
l ’ homme que tu cherches vaut autant que si tous retourneraient
avec toi, ainsi tout le peuple sera en paix.
4. Cet avis fut approuvé par Absçalom et par tous les anciens d
Israël.
5. Mais Absçalom dit : Qu on appelle maintenant aussi Cusçaï Arkite
et que nous entendions aussi son avis.
6. Or quand Cusçaï fut venu vers Absçalom, Abs-çalom lui dit :
Ahithophel a donné un tel avis. Ferons-nous ce qu ’ il a dit ou non
? Parle toi.
7. Alors Cusçaï dit à Absçalom : Le conseil qu ’Ahithophel a donné
maintenant n ’ est pas bon.
8. Cusçaï dit encore : Tu connais ton père et ses gens, que ce sont
des gens vaillants et qui ont le cœur outré comme une ourse qui est
aux champs à qui on a pris ses petits et même ton père est un homme
de guerre et il ne passera point la nuit avec le peuple.
9. Voici, il est maintenant caché dans quelque caverne ou dans
quelque autre lieu. S il arrive qu au commencement on soit battu par
eux, quiconque en entendra parler l ’ ayant su dira : Le peuple qui
suit Absçalom a été défait.
10. Alors le plus vaillant, même celui qui avait le cœur comme un
lion perdra courage et son cœur se fondra, car tout Israël sait que
ton père est un homme de cœur et que ceux qui sont avec lui sont
vaillants.
11. Mais je suis d ’ avis qu ’ en diligence on assemble vers toi
tout Israël, depuis Dan jusqu ’ à Béér-sébah et leur nombre sera
aussi grand que le sable qui est sur le bord de la mer et toi-même
en personne marches le premier en bataille.
12. Alors nous viendrons à lui en quelque lieu que nous le trouvions
et nous nous jetterons sur lui comme lorsque la rosée tombe sur la
terre et il ne lui restera aucun de tous les hommes qui sont avec
lui.
13. Que s ’ il se retire en quelque ville tout Israël portera des
cordes vers cette ville et nous la traine-rons jusque dans le
torrent et on n en trouvera pas même une petite pierre.
14. Alors Absçalom et tous les hommes d ’Israël dirent : Le conseil
de Cusçaï Arkite est meilleur que le conseil d ’Ahithophel. Car l
’Éternel avait ordonné que le conseil d ’Ahithophel qui était le
plus utile pour Absçalom fût dissipé afin qu ’ il fit venir le mal
sur Abs-çalom.
15. Alors Cusçaï dit aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar :
Ahithophel a donné un tel et un tel conseil à Absçalom et aux
anciens d ’Israël, mais moi j ’ ai donné tel et tel conseil.
16. Maintenant donc envoyez en diligence et faites-le savoir à David
et dites-lui : Ne demeure point cette nuit dans les campagnes du
désert et même ne manque point de passer plus avant de peur que le
roi ne soit englouti et tout le peuple qui est avec lui.
17. Or Jonathan et Ahimahats se tenaient auprès de la fontaine de
Roguel parce qu ils n osaient pas se montrer lorsqu ’ils venaient
dans la ville et une servante leur alla rapporter le tout afin qu ’
ils s ’ en allassent et le rapportassent au roi David.
18. Mais un garçon les vit qui le rapporta à Abs-çalom et ils
marchèrent tous les deux en diligence et ils vinrent à Bahurim dans
la maison d ’ un homme qui avait un puits en sa cour dans lequel ils
descendirent.
19. Et la femme de cet homme-là prit une couverture et l ’ étendit
sur la bouche du puits et répandit sur elle du grain pillé et la
chose ne fut point découverte,
20. Car les serviteurs d ’Absçalom vinrent vers cette femme-là
jusque dans sa maison et lui dirent : Où sont Ahimahats et Jonathan
? Et la femme leur répondit : Ils ont passé le gué de l ’ eau. Les
ayant donc cherchés et ne les ayant point trouvés, ils s ’ en
retournèrent à Jérusalem.
21. Et après qu ’ ils s ’ en furent allés, Ahimahats et Jonathan
remontèrent du puits et s ’ en allèrent et rapportèrent cela au roi
David en lui disant : Levez-vous et passez l eau en diligence, car
Ahithophel a donné un tel conseil contre vous.
22. Alors David se leva et tout le peuple qui était avec lui et ils
passèrent le Jourdain jusqu au point du jour et il n y en eut pas un
qui ne passât pas le Jourdain.
23. Or Ahithophel voyant qu ’on avait point fait ce qu ’ il avait
conseillé bâta son âne et s ’ en alla dans sa maison dans sa ville
et après qu il eut disposé des affaires de sa maison, il s étrangla
et mourut et il fut enseveli dans le sépulcre de son père.
24. Et Davis arriva à Mahanajim et Absçalom passa le Jourdain lui et
tous ceux d ’Israël qui étaient avec lui.
25. Et Absçalom établit Hamasa sur l ’ armée à la place de Joab. Or
Hamasa était fils d un homme nommé Jithra, Israélite, qui était
entré vers Abigaïl fille de Nahas et sœur de Tséruja mère de Joab.
26. Et Israël avec Absçalom campa au pays de Galaad.
27. Or il arriva qu aussitôt que David fut arrivé à Mahanajim, Sçobi
fils de Nahas de Rabba qui avait
360
II Samuel
été aux Hammonites et Makir fils de Hammiel de Lo-débar et Barzillaï
Galaadite de Roguelin amenèrent des lits, des bassins, des vaisseaux
de terre, du froment, de l'orge, de la farine, du grain rôti, des
fèves, des lentilles et des grains rôtis,
28. Du miel, du beurre, des brebis et des fromages de vaches. Ils
les amenèrent à David et au peuple qui était avec lui afin qu'ils en
mangeassent, car ils disaient : Ce peuple est affamé et il est las
et il a soif dans ce désert.
Réflexions
On voit d'abord ici une chose très remarquable, c'est qu'Ahithophel
ayant conseillé à Absçalom de poursuivre David pendant qu'il était
fatigué et sans secours et s'étant même offert de le tuer, Absçalom
donna les mains à ce conseil détestable et consentit au meurtre de
son père. C'est là une circonstance qui fait horreur et qui prouve
que ce fils dénaturé était capable de tout et qu'il achevait de
remplir la mesure de ses crimes.
Mais c'est là ce qui arrive ordinairement à ceux qui se sont engagés
dans des entreprises criminelles et qui ont étouffé la voix de la
conscience. Ils veulent se soutenir à quelque prix que ce soit et
ils se résolvent enfin aux crimes les plus affreux.
D'un autre côté, on remarque ici les soins de la providence qui,
voulant sauver David, empêcha par le moyen de Cusçaï que le conseil
d'Ahithophel, qui n'aurait pas manqué de causer la totale ruine de
David, ne fût suivi. La providence parut encore en ce que Jonathan
et Ahimahats qui allaient avertir le roi de ce qui se passait à
Jérusalem, ayant été poursuivis, ils ne furent pas découverts. Tous
cela fait voir que Dieu prenait David en sa protection et qu'il
voulait enfin donner des bornes et à l'orgueil et à la méchanceté
d'Absçalom.
Cette histoire montre aussi que Dieu tourne, quand il lui plaît, le
cœur des hommes du côté qu'il veut, qu'il rend inutiles les conseils
les plus prudents et qu'il fait échouer les entreprises les mieux
concertées.
La fin d'Ahithophel qui se pendit voyant que son avis n'avait pas
prévalu et qu'Absçalom ne le soutiendrait pas mérite aussi une
singulière attention. C'est un exemple tout à fait remarquable de la
vengeance divine sur les traitres et sur ceux qui forment des
entreprises criminelles et injustes.
Chapitre XVIII
David envoie ses troupes combattre l'armée d'Absçalom et recommande
qu 'on épargne Absçalom dans le combat, versets 1-5.
L’armée d'Absçalom est défaite et comme il se retirait il demeura
pendu à un chêne où Joab le tua, versets 6-18, ce que David ayant
appris il en fut extraordinairement affligé, versets 19-33.
OR David fit le dénombrement du peuple qui était avec lui et il
établit sur eux des capitaines sur milliers et sur centaines.
2. Et David envoya le peuple, savoir la troisième partie de ses
troupes sous la conduite de Joab, l'autre troisième partie sous la
conduite d'Abisçaï fils de Tsérija et frère de Joab et l'autre
troisième partie sous la conduite d'Ittaï Guittien, puis le roi dit
au peuple : Certainement je sortirai aussi avec vous.
3. Mais le peuple lui dit : Tu ne sortiras point, car encore que
nous viendrions à fuir, on n'en fera aucun cas et quand même la
moitié de nous serait tué, on n'en ferait pas de cas, quand même
dans l'état où nous nous trouvons, nous serions dix mille hommes.
Maintenant donc il vaut mieux que tu nous secoures de la ville.
4. Et le roi leur dit : Je ferai ce que vous voudrez. Le roi donc
s'arrêta à la place de la porte et tout le peuple sortit par
centaines et par milliers.
5. Et le roi commanda à Joab et à Abisçaï et à Ittaï disant :
Épargnez-moi le jeune homme Absçalom et tout le peuple entendit ce
que le roi recommandait à tous les capitaines touchant Absçalom.
6. Ainsi le peuple sortit aux champs pour aller contre Israël et le
combat fut donné dans la forêt d'Épraïm.
7. Ce fut là que le peuple d'Israël fut battu par les serviteurs de
David et il y eut dans le même lieu une grande défaite de vingt
mille hommes en ce jour.
8. Et le combat s'étendit par tout le pays et en ce jour-là la forêt
consuma beaucoup plus de peuple que ne fit l'épée.
9. Or Absçalom se rencontra devant les serviteurs de David et
Absçalom était monté sur un mulet et son mulet était entré sous les
branches entrelacées d'un grand chêne, sa tête se trouva embarrassée
dans les branches du chêne, le mulet qui était sous lui passant
outre.
10. Et un homme ayant vu cela le rapporta à Joab et lui dit : Voici,
j'ai vu Absçalom pendu à un chêne.
11. Et Joab répondit à celui qui lui disait ces nouvelles : Et
voici, tu l'as vu, pourquoi ne l'as-tu pas tué là en le jetant par
terre ? Et c'eut été à moi de te donner dix pièces d'argent et une
ceinture.
12. Mais cet homme-là dit à Joab : Quand je compterais dans ma main
mille pièces d'argent, je ne mettrais point ma main sur le fils du
roi, car nous avons entendu que le roi t'a fait ce commandement et à
Abisçaï et à Ittaï disant : Prenez garde chacun au jeune homme
Absçalom.
13. Autrement il me faudrait dire un mensonge au péril de ma vie,
car rien ne serait caché au roi et toi même tu eusses été contre
moi.
14. Et Joab répondit : Je n'attendrai pas tant en ta présence. Et
ayant pris trois dards en sa main, il en perça le cœur d'Absçalom
qui était encore vivant au milieu du chêne.
15. Puis dix jeunes hommes qui portaient les armes de Joab
environnèrent Absçalom et le frappèrent et le firent mourir.
361
II Samuel
16. Alors Joab fit sonner la retraite et le peuple retourna et cessa
de poursuivre Israël parce que Joab retint le peuple,
17. Et ils prirent Absçalom et le jetèrent dans la forêt dans une
grande fosse et ils mirent sur lui un fort grand monceau de pierre,
mais tout Israël s ’ enfuit chacun dans sa tente.
18. Or Absçalom avait pris pendant sa vie une statue et se l ’ était
fait dresser dans la vallée du roi car il disait : Je n ai point de
fils pour laisser la mémoire de mon nom et il nomma cette statue-là
de son nom et jusqu à ce jour on l appelle la place d Absçalom.
19. Et Ahimahats fils de Tsadok dit : Je vous prie que je courre
maintenant et que je porte ces bonnes nouvelles au roi que l
’Éternel l ’ a garanti de la main de ses ennemis.
20. Et Joab lui répondit : Tu ne seras pas aujour-d ’hui porteur de
bonnes nouvelles, mais tu le feras un autre jour, car aujourd ’hui
tu ne porterais pas de bonnes nouvelles parce que le fils du roi est
mort.
21. Et Joab dit à Cusci : Va et rapporte au roi ce que tu as vu.
Cusci se prosterna devant Joab et se mit à courir.
22. Ahimahats fils de Tsadok dit encore à Joab : Quoi qu il en soit
je courrai aussi maintenant après Cusci. Joab lui dit : À quel
propos veux-tu courir mon fils, puisqu il n y a point de bonne
nouvelle à porter pour toi ?
23. Mais il dit : Quoi qu ’ il en soit je courrai. Et Joab lui
répondit : Cours. Ahimahats donc couru par le chemin de la plaine et
passa Cusci.
24. Or David était assis entre deux portes et la sentinelle était
allée sur le toit de la porte vers la muraille et élevant ses yeux
elle regarda et voilà un homme qui courait tout seul.
25. Et la sentinelle cria et le fit savoir au roi. Et le roi dit : S
’ il est seul, il apporte de bonnes nouvelles. Et cet homme marchait
toujours et s approchait.
26. Puis la sentinelle vit un autre homme qui courait et il cria au
portier et dit : Voilà un homme qui court tout seul. Et le roi dit :
Il apporte aussi de bonnes nouvelles.
27. Et la sentinelle dit : Il me semble à voir courir le premier que
c ’ est ainsi que court Ahimahats fils de Tsadok. Et le roi dit : C
’ est un homme de bien, il vient quand il est question de bonnes
nouvelles.
28. Alors Ahimahats cria et dit au roi : Tout va bien et il se
prosterna devant le roi le visage contre terre et dit : Béni soit l
Éternel ton Dieu qui a livré entre nos mains les hommes qui s ’
étaient soulevés contre le roi monseigneur.
29. Et le roi dit : Le jeune homme Absçalom se porte-t-il bien ? Et
Ahimahats lui répondit : J ai vu s ’ élever un grand tumulte lorsque
Joab envoyait le serviteur du roi et moi ton serviteur, autrement je
ne sais ce que c’ était.
30. Et le roi lui dit : Détourne-toi et tiens-toi là. Il se détourna
donc et s arrêta.
31. Alors Cusci parut et dit : Que le roi monseigneur ait ces bonnes
nouvelles, c est que l Éternel
aujourd ’hui t ’ a garanti de la main de tous ceux qui s ’ étaient
soulevés contre toi.
32. Et le roi dit à Cusci : Le jeune homme Absçalom se porte-t-il
bien ? Et Cusci lui répondit : Que les ennemis du roi monseigneur et
tous ceux qui se sont élevés contre toi pour te faire du mal
deviennent comme ce jeune homme.
33. Alors le roi fut fort ému et monta à la chambre haute de la
porte et se mit à pleurer et il disait en marchant : Mon fils
Absçalom, mon fils, mon fils Absçalom, plût à Dieu que je fusse mort
moi-même pour toi, Absçalom mon fils, mon fils.
Réflexions
On voit dans ce chapitre l ’ issue et la fin de la rebellion d
Absçalom et la punition que Dieu fit tomber sur ce fils impie et
dénaturé qui avait voulut ôter à son père la vie et le royaume. L’on
découvre dans cet événement des marques bien évidentes de la
malédiction de Dieu sur Absçalom, puisqu ’ il perdit la vie
nonobstant que son père eût recommandé très expressément qu ’on l ’
épargnât. Outre cela, il périt d ’ une manière tout à fait tragique
étant demeuré pendu à un arbre et y ayant été tué par Joab.
C ’ est ici un grand exemple de la malédiction divine sur les impies
et particulièrement sur les ambitieux, sur les enfants rebelles et
sur ceux qui se révoltent contre leurs princes légitimes.
Mais l ’on remarque aussi dans cette histoire que Dieu, après avoir
permis la rébellion d Absçalom pour châtier son père et pour l
’humilier, le délivra de ce grand danger et lui rendit la paix. Il
faut de plus considérer que ce ne fut pas seulement sur Absçalom que
la vengeance céleste tomba. Les Israélites l éprouvèrent aussi et il
en périt vingt-mille, Dieu ayant voulu punir ceux qui avaient suivi
le parti d ’Absçalom et qui s ’ étaient soulevés contre leur roi.
Enfin, la vive douleur que David ressentit lorsqu ’ il apprit la
mort d ’Absçalom doit être attribuée non seulement à l ’ extrême
tendresse qu ’ il avait pour lui, bien que ce fut un fils rebelle et
dénaturé, mais aussi à sa piété. Il pleurait encore plus son crime
et l ’ état dans lequel il est mort que sa mort même.
L’amour paternel est bien fort. Les crimes mêmes et l ingratitude
des enfants ne peuvent l arracher du cœur, mais les pères qui
craignent Dieu sont surtout inconsolables quand ils ont des enfants
engagés dans le crime et quand ils les voient mourir dans un état de
péché et de condamnation.
Chapitre XIX
David étant averti que le deuil auquel ils ’abandonnait à cause de
la mort d’Absçalom décourageait ses sujets, il se montre à eux et il
est rétabli dans son royaume par ceux de Juda, versets 1-15.
Il pardonne à Scimbi qui lui avait dit des injures lorsqu ’il fuyait
de devant Absçalom, versets 16-23.
Il rend à Méphibosceth le bien que Tsiba avait obtenu par surprise,
versets 24-30.
362
II Samuel
Il renvoie Barzillaï qui l'avait assisté pendant la guerre
d'Absçalom et il prend son fils à son service, vesets 31-39.
Ceux d'Israël se plaignent de ce qu 'on ne les avait pas appelés
pour reconduire David à Jérusalem, versets 40-43.
Et on rapporta à Joab : Voilà le roi qui pleure et qui s'afflige à
cause d'Absçalom.
2. Ainsi la victoire en ce jour-là fut changée en deuil pour tout le
peuple parce que le peuple avait entendu qu'on disait en ce jour-là
: Le roi est affligé à cause de son fils.
3. Et en ce jour-là le peuple venait dans la ville à la dérobée
comme ferait un peuple qui serait honteux d'avoir fui dans la
bataille.
4. Et le roi couvrit sa face et criait à haute voix : Mon fils
Absçalom, Absçalom mon fils, mon fils.
5. Et Joab entra vers le roi dans la maison et lui dit : Tu as
aujourd'hui couvert de confusion tous tes serviteurs qui ont
aujourd'hui garanti ta vie et la vie de tes fils et de tes filles et
la vie de tes femmes et la vie de tes concubines,
6. En aimant ceux qui te haïssent et haïssant ceux qui t'aiment, car
tu as aujourd'hui montré que tes capitaines et tes serviteurs ne te
sont rien et je connais aujourd'hui que si Absçalom vivait et que
nous eussions tous été tués aujourd'hui cela te plairait.
7. Maintenant donc, lève-toi et parle selon le cœur de tes
serviteurs, car je te jure par l'Éternel que si tu ne sors, il ne
demeurera pas cette nuit un seul homme avec toi et ce mal sera pire
que tous ceux qui te sont arrivés depuis ta jeunesse jusqu'à
présent.
8. Alors le roi se leva et s'assit à sa porte et on le fit savoir à
tout le peuple en disant : Voilà, le roi est assis à la porte et
tout le peuple vint devant le roi, mais Israël s'enfuit chacun dans
sa tente.
9. Et tout le peuple se disputait dans toutes les tribus d'Israël,
car ils disaient : Le roi nous a délivré de la main de nos ennemis
et il nous a garantis de la main des Philistins et maintenant il
s'en est fui du pays à cause d'Absçalom !
10. Or Absçalom que nous avions oint sur nous est mort dans la
bataille et maintenant donc pourquoi ne parlez-vous point de ramener
le roi ?
11. Et le roi David envoya dire aux sacrificateurs Tsadok et
Abiathar : Parlez aux anciens de Juda et dites-leur : Pourquoi
seriez-vous les derniers à ramener le roi dans sa maison ? (Car les
discours que tout Israël avait tenus étaient parvenus jusqu'au roi
dans sa maison).
12. Vous mes frères, vous êtes mes os et ma chair 1 et pourquoi
seriez-vous les derniers à ramener le roi ?
13. Dites même à Hamana : N'es-tu pas mon os et ma chair? Que Dieu
me traite avec la dernière rigueur si tu n'es le chef de l'armée
devant moi pour toujours en la place de Joab.
14. Ainsi il fléchit le cœur de tous les hommes de Juda comme si ce
n'eût été qu'un seul homme et ils
envoyèrent dire au roi : Reviens avec tous tes serviteurs.
15. Le roi donc revint et arriva jusqu'au Jourdain et Juda vint
jusqu'à Guilgal pour aller au devant du roi, pour lui faire repasser
le Jourdain.
16. a Et Scimhi fils de Guéra, fils de Jémini qui était de Bahurin
descendit en diligence avec les hommes de Juda au devant du roi
David.
17. Et il avait mille hommes avec lui de Benjamin. Et Tsiba
serviteur de la maison de Saül et ses quinze enfants et ses vingt
serviteurs étaient aussi avec lui et ils passèrent le Jourdain
devant le roi.
18. Le bateau passa aussi afin de passer la famille du roi et de
faire ce qui lui plairait. Alors Scimhi fils de Guéra se jeta à
genoux devant le roi comme il passait le Jourdain.
19. Et il dit au roi : Que monseigneurb ne m'impute point mon
iniquité et ne se souvienne point de ce que ton serviteur fit avec
méchanceté le jour que le roi monseigneur sortait de Jérusalem et
que le roi ne le prenne point à cœur,
20. Car ton serviteur connaît qu'il a péché et voilà je suis venu
aujourd'hui le premier de la famille de Joseph pour descendre au
devant du roi monseigneur.
21. Mais Abisçaï fils de Tséruja répondit et dit : Sous ombre de
ceci ne fera-t-on point mourir Scimhi puisqu'il a maudit l'oint de
l'Éternel ?
22. Et David dit : Qu'ai-je à faire avec vous fils de Tséruja? Car
vous êtes aujourd'hui mes ennemis. Ferait-on mourir aujourd'hui
quelqu'un en Israël ? Car ne connais-je pas bien qu'aujourd'hui je
deviens roi sur Israël ?
23. Et le roi dit à Scimhi : Tu ne mourras point et le roi le lui
jura.
24. Après cela Méphibosceth fils de Saül descendit au devant du roi.
Il n'avait point lavé ses pieds, ni fait sa barbe, ni lavé ses
habits depuis que le roi s'en était allé jusqu'au jour qu'il revint
en paix.
25. Il se trouva donc au devant du roi comme le roi entrait dans
Jérusalem. Et le roi lui dit : Pourquoi n'es-tu point venu avec moi
Méphibosceth ?
26. Et il lui répondit : Monseigneur, mon serviteur m'a trompé, car
ton serviteur avait dit : Je ferai seller mon âne et je monterai
dessus et j'irai vers le roi parce que ton serviteur est boiteux.
27. Etc il a calomnié ton serviteur auprès du roi monseigneur. Mais
le roi monseigneur est comme un ange de Dieu. Fais donc ce qui te
semblera bon,
28. Car bien que tous ceux de la maison de mon père ne soient que
des gens dignes de mort envers le roi monseigneur, cependant tu as
mis ton serviteur entre ceux qui mangeaient à ta table. Et quel
droit ai-je donc pour me plaindre encore au roi ?
29. Et le roi lui dit : Pourquoi me parlerais-tu encore de tes
affaires ? d Je l'ai dit : Toi et Tsiba partagez les terres.
30. Et Méphibosceth répondit au roi : Qu'il prenne même tout,
puisque le roi monseigneur est revenu en paix en sa maison.
363
II Samuel
31. Ore Barzillaï de Galaad était descendu de Ro-guelin et il avait
passé le Jourdain avec le roi pour
l ’ accompagner jusqu ’ au delà du Jourdain.
32. f Et Barzillaï était fort vieux, âgé de quatre-vingt ans, tandis
qu il avait demeuré à Mahanajim, car c ’ était un homme fort riche.
33. Et le roi avait dit à Barzaillaï : Passe plus avant avec moi et
je te nourrirai avec moi à Jérusalem.
34. Mais Barzallaï avait répondu au roi : Combien d ’ années ai-je
vécu que je monte avec le roi à Jérusalem ?
35. Je suis aujourd ’hui âgé de quatre-vingt ans. Pourrais-je
discerner ce qui est bon de ce qui est mauvais ? Ton serviteur
pourrait-il savourer ce qu il mangerait et boirait ? Pourrais-je
encore entendre la voix des chantres et des chanteuses ? Et pourquoi
ton serviteur serait-il à charge au roi monseigneur?
36. Ton serviteur passera un peu plus avant que le Jourdain avec le
roi. Mais pourquoi le roi me voudrait-il donner une telle récompense
?
37. Je te prie que ton serviteur s ’ en retourne et que je meure
dans ma ville pour être mis dans le sépulcre de mon père et de ma
mère. Mais voici ton serviteur Kimham passera avec le roi
monseigneur, fais-lui ce qu il te plaira.
38. Et le roi dit : Que Kimham passe avec moi et je lui ferai tout
ce qui te plaira, car je t ’ accorderai tout ce que tu saurais me
demander.
39. Tout le peuple donc passa le Jourdain avec le roi. Puis le roi
baisa Barzillaï et le bénit et il s ’ en retourna chez lui.
40. De là le roi passa à Guilgal et Kimham passa avec lui. Ainsi
tout le peuple de Juda ramena le roi, même la moitié du peuple d
’Israël,
41. Mais voici tous les hommes d ’Israël vinrent vers le roi et lui
dirent : Pourquoi nos frères les hommes de Juda t ’ont-ils enlevé et
ont-ils fait passer le Jourdain au roi et à sa famille et à tous ses
gens ?
42. Et tous les hommes de Juda répondirent aux hommes d ’Israël :
Parce que le roi nous est plus proche. Et pourquoi vous fâchez-vous
sur cela? Avons-nous mangé quelque chose de ce qui est au roi ou en
recevrions-nous quelques présents ?
43. Mais les hommes d ’Israël répondirent aux hommes de Juda et
dirent : Nous avons dix parts au roi et même nous sommes à David
quelque chose de plus que vous. Pourquoi donc nous avez-vous
méprisé? Et n ’ avons-nous pas parlé les premiers de ramener notre
roi ? Mais les hommes de Juda parlèrent plus durement que les hommes
d ’Israël.
Réflexions
Ce chapitre nous apprend que Dieu rétablit David dans son royaume
après que la conjuration d Absça-lom fut dissipée.Telle est l ’
issue des afflictions lors-qu on les reçoit comme il faut. Dieu fait
cesser ses châtiments quand il voit que les hommes s ’humilient et
qu ’ ils en profitent.
Outre cela, il faut faire réflexion sur ces quatre particularités
qui sont rapportées.
La première, que David, qui avait souffert si patiemment, lorsqu il
était fugitif, les outrages de Scimhi, lui pardonna son crime en
retournant à Jérusalem, bien qu ’Abisçaï voulût qu ’on le fit mourir
et qu il eût lieu de croire que ce sujet rebelle ne s humiliait que
par la crainte d ’ être puni. Cette clémence de David apprend à tout
le monde et surtout aux grands à pardonner autant que cela est
possible les injures, mêmes celles qui sont les plus atroces et à ne
pas écouter ceux qui leur inspirent la vengeance.
2. David fit acte de justice en rendant à Méphi-bosceth ses biens
que Tsiba avait obtenus par une calomnie.
Un homme consciencieux restitue et fait restituer lorsqu il le peut
à chacun ce qui lui appartient. ll répare autant qu il lui est
possible le mal qu il a fait quand il ne l aurait fait que par
imprudence et les traités où il y a de la surprise, qui ont été
obtenus par de mauvais moyens et qui sont contraires à la justice ne
doivent pas subsister.
Il est vrai que David partagea les terres entre Mé-phibosceth et
Tsiba au lieu qu ’ il semble qu ’ il devait rendre à Méphibosceth
tout son bien. Mais il se peut que David n ’ordonna cela que
provisionnellement en attendant qu ’ il prît une connaissance plus
exacte de ce différent et que dans la suite, ayant été mieux
informé, il fit tout rendre à Méphibosceth ou qu il le dédommagea d
’ une autre manière. La droiture de ce prince nous oblige à le
croire ainsi. Il se peut aussi que le roi ordonna simplement que
Tsiba qui avait la conduite des biens de Méphibosceth aurait pour
son salaire la moitié du revenu.
3. La reconnaissance que David témoigna à Bar-zillaï qui l ’ avait
assisté pendant sa fuite nous montre qu il ne faut jamais être
ingrats envers ceux qui nous ont fait du bien et le refus que fit
Barzillaï d ’ aller avec le roi à Jérusalem dans l ’ âge avancé où
il était nous apprend que les personnes âgées et généralement tous
ceux qui cherchent le repos et la tranquilité doivent s éloigner du
grand monde et fuir l ambarras et qu une vie privée est accompagnée
de beaucoup plus de douceur et d innocence que celle que l on passe
dans l éclat et dans les plaisirs.
Enfin, il faut remarquer sur ce que David ne fut d ’ abord rétabli
que par ceux de Juda et sur les plaintes que ceux d ’Israël firent
dans la suite de ce qu ils n avaient pas été appelés pour reconduire
David à Jérusalem, qu il y avait déjà dès lors des semences de
division entre ceux d ’Israël et ceux de Juda. Ce fut ce qui donna
lieu à la sédition que Sçé-bah excita et plusieurs années après à la
révolte des dix tribus d ’Israël qui arriva sous le règne de Roboam.
(a) v16 : I Rois 2.8
(b) v19 : Ci-dessus 16.5
(c) v27 : Ci-dessus 16.3
(d) v29 : Ci-dessus 16.4
(e) v31 : I Rois 2.7
(f) v32 : Ci-dessus 17.27
364
II Samuel
(1) v12 : Mes proches et mon sang.
Chapitre XX
Sçébab fait révolter les tributs d'Israël. David commande à Hamasa
d’assembler son armée, mais Ha-masa ayant trop tardé, David envoie
Abisçaï contre Sçébab et Joab prenant ombrage de la confiance que
David avait marquée à Hamasa en lui donnant le commandement de l
armée le tua en trahison, versets 1-12.
Ensuite Joab assiègea la ville d'Abel où Sçébah s'était retiré et
les habitants de cette ville, par l'avis d'une femme, coupèrent la
tête à Sçébab et par ce moyen la guerre finit, versets 13-26.
Alors il se trouva là un méchant homme qui avait nom Sçébah, fils de
Bicri, homme de Jémini, qui sonna de la trompette et dit : Nous
n'avons point de part avec David, ni d'héritage à attendre du fils
d'Isaï. Ô Israël que chacun se retire en ses tentes.
2. Ainsi tous les hommes d'Israël se séparèrent de David et
suivirent Sçébah fils de Bicri, mais les hommes de Juda
s'attachèrent à leur roi et l'accompagnèrent jusqu'à Jérusalem.
3. Et quand David fut venu dans sa maison à Jérusalem, il prit ses
dix femmes concubines qu'il avait laissées pour garder sa maison et
il les fit garder dans une maison où il les nourrissait, mais il
n'allait point vers elles, ainsi elles furent enfermées jusqu'au
jour de leur mort pour vivre en veuvage.
4. Puis le roi dit à Hamasa : Assemble-moi à cri public les hommes
de Juda dans trois jours et toi trouve-toi ici.
5. Hamasa donc s'en alla pour assembler à cri public ceux de Juda,
mais il tarda au delà du temps qui lui avait été assigné.
6. Et David dit à Abisçaï : Maintenant Sçébah fils de Bicri nous
fera plus de mal que n'a fait Absça-lom. Toi donc prends les
serviteurs de ton seigneur et poursuis-le de peur qu'il ne trouve
quelques villes fortes et que nous le perdions de vue.
7. Ainsi les gens de Joab sortirent après lui avec les Kéréthiens et
les Péléthiens et tous les hommes vaillants. Ils sortirent donc de
Jérusalem pour poursuivre Sçébah fils de Bicri.
8. Et comme ils étaient auprès de cette grande pierre qui est à
Gabaon, Hamasa vint au devant d'eux. Et Joab avait sa casaque dont
il était vêtu ceinte et par dessus il avait la ceinture de son épée
qui était attachée à son côté joignant ses reins dans son fourreau
et elle se tira et tomba.
9. Et Joab dit à Hamasa : Te portes-tu bien mon frère ? Puis Joab
saisit de la main droite la barbe de Hamasa pour le baiser.
10. Or Hamasa ne prenait point garde à l'épée qui était en la main
de Joab a et Joab l'en frappa dans la cinquième côte et il répandit
ses entrailles en terre sans le frapper pour la seconde fois et il
mourut. Après cela Joab et Abisçaï son frère poursuivirent Sçebah
fils de Bicri.
11. Alors un des serviteurs de Joab s'arrêta auprès de Hamasa et dit
: Que quiconque aime Joab et quiconque est pour David suive Joab.
12. Et Hamasa se vautrait dans son sang au milieu du chemin. Mais
cet homme-là voyant que tout le peuple s'arrêtait poussa Hamasa hors
du chemin dans un champ et jeta un habit sur lui après qu'il eût vu
que tous ceux qui venaient à lui s'arrêtaient.
13. Et quand on l'eut ôté du chemin, tous les hommes qui suivaient
Joab passaient outre afin de poursuivre Sçébah fils de Bicri
14. Qui passa par toutes les tribus d'Israël jusqu'à Abel et
Beth-mahaca avec tous les Bériens qui s'étaient assemblés et qui
même l'avaient suivi.
15. Les gens donc de Joab s'en vinrent donc et l'assiégèrent à Abel
de Beth-mahaca et ils élevèrent une terrasse contre la ville qui fut
dressée devant la muraille et tout le peuple qui était avec Joab
frappait la muraille pour la faire tomber.
16. Alors une femme de la ville qui était sage s'écria : Écoutez,
écoutez, dites, je vous prie, à Joab : Approche-toi d'ici que je te
parle.
17. Et quand il se fut approché d'elle, elle lui dit : Es-tu Joab?
Il répondit : Je le suis. Elle lui dit : Écoute les paroles de ta
servante : Il répondit : J'écoute.
18. Elle parla encore et dit : On disait communément autrefois :
Qu'on aille demander conseil à Abel et on a ainsi continué.
19. Je suis une des plus paisibles entre les villes fidèles
d'Israël. Tu cherches à détruire une ville qui est des capitales
d'Israël. Pourquoi détruirais-tu l'héritage de l'Éternel?
20. Joab lui répondit et dit : Dieu me garde, Dieu me garde de
détruire et de ruiner.
21. La chose ne va pas ainsi, mais un homme de la montagne d'Éphraïm
qui a nom Sçébah, fils de Bicri, s'est soulevé contre le roi David.
Livrez-le lui seul et je me retirerai de devant la ville. Et la
femme dit à Joab : Voici, on s'en va jeter sa tête par dessus la
muraille.
22. Cette femme-là donc vint vers tout le peuple et elle leur parla
sagement et ils coupèrent la tête à Sçébah fils de Bicri et la
jetèrent à Joab. Alors on sonna de la trompette et chacun se retira
de devant la ville en sa tente et Joab s'en retourna vers le roi à
Jérusalem.
23.b Joab donc demeura le chef de toute l'armée d'Israël et Bénaja
fils de Jéhojadah fut établi sur les Kéréthiens et sur les
Péléthiens.
24. Et Adoram était sur les tribus et Jéhosçaphat fils d'Ahilud
était commis sur les régistres.
25. Sçéla était le sécrétaire et Tsadok et Abiathar étaient les
sacrificateurs.
26. Et Hira Jaïrite était aussi le principal officier de David.
365
II Samuel
Réflexions
Les réflexions qu ’ il faut faire sur la révolte de Sçé-bah sont
celles-ci. Que les esprits factieux et remuants sont très dangereux,
qu ’ ils peuvent causer bien du trouble aux états et qu il ne faut
jamais écouter, ni soutenir ces gens-là.
Sur ce que Joab tua Hamasa, il faut remarquer d ’ un côté la
méchanceté de Joab, qui après avoir tué Abner et Absçalom tua encore
Hamasa par une trahison noire et détestable et de l ’ autre le juste
jugement de Dieu sur Hamasa qui s ’ était révolté contre son roi en
prenant le parti d ’ Absçalom. Et puisque ce fut l envie et la
jalousie que Joab avait conçue contre Hamasa qui le poussa à lui
ôter la vie, on voit par là combien il est dangereux d écouter cette
passion et les suites funestes qu ’ elle peut avoir.
Ce qui est ajouté que la sédition de Sçébah fut apaisée par le sage
avis d une femme qui conseilla de le faire mourir, montre que les
bons conseils sont très salutaires et qu ’ il faut les suivre de
quelque part qu ’ ils viennent. Cela montre aussi que les séditieux
sont nc1 ordinairement une fin funeste.
Au reste, cette révolte que Sçébah excita fut un nouveau châtiment
de Dieu sur David et à ce sujet nous devons considérer de la manière
la plus sérieuse à combien de maux ce prince fut exposé et comment
les jugements de Dieu le poursuivirent depuis qu ’ il se fut souillé
par l ’ adultère où il tomba et par le meurtre d ’Urie. David vit la
mort de son enfant, le déshonneur et les malheurs de sa famille, sa
fille Tamar violée par son propre frère Amnon, Amnon tué par son
frère Absçalom, Absçalom se révolter contre lui avec presque tous
ses sujets, ses femmes déshonorées à la vue de tout Israël. Il se
vit chassé de Jérusalem par son fils et obligé de prendre la fuite,
il eut la douleur de voir périr ce fils dénaturé et il manqua enfin
de perdre son royaume par la révolte de Sçébah.
Tout cela montre que Dieu déteste l adultère et le meurtre et ceux
qui commettent ces crimes-là reçoivent ordinairement leur punition
par les mêmes endroits par lesquels ils ont offensés Dieu, savoir
par
l ’ impureté et par l ’ effusion de sang. Cependant il faut se
souvenir que Dieu envoya tous ces maux à David pour l humilier et
pour lui faire sentir son péché.
C’ est dans les mêmes vues qu ’il châtie les pécheurs en diverses
manières et lorsqu ’ ils profitent de ses châtiments, il leur
pardonne comme il pardonna aussi à David.
(a) v10 : I Rois 2.5
(b) v23 : Ci-dessus 8.16 et suivants.
(nc1) Dans les réflexions, troisième paragraphe, ...ont... au lieu
de ...sont... ?
Chapitre XXI
Dieu envoie une famine sur le royaume d’Israël parce que Saül avait
fait mourir les Gabaonites
contre le traité que Josué avait fait autrefois avec eux et cette
famine ne put être apaisée que par la mort de sept fils de Saül. On
ne saurait déterminer précisément en quel temps ceci arriva. Mais le
verset 12 donne lieu de croire que ce ne fut pas bien longtemps
après la mort de Saül, versets 1-14.
Il est aussi parlé dans ce chapitre de quatre guerres que David eut
avec les Philistins et de quatre géants qui y furent tués, versets
15-22.
OR il y aut du temps de David une famine qui dura trois ans. Et
David chercha la face de l ’Éternel 1. Et l ’Éternel lui répondit :
C ’ est à cause de Saül et de sa maison sanguinaire, parce qu il a
fait mourir les Gabaonites.
2. Alors le roi appela les Gabaonites pour leur parler. (Or les
Gabaonites n étaient point des enfants d ’Israël, mais c’ était un
reste des Amorrhéens et les enfants d ’Israëla leur avait juré de
les laisser vivre. Cependant, Saül par un faux zèle qu ’ il avait
pour les enfants d ’Israël et de Juda, avait cherché de les faire
mourir.)
3. Et David dit aux Gabaonites : Que vous ferai-je et par quel moyen
vous apaiserai-je afin que vous bénissiez l héritage de l Éternel ?
4. Et les Gabaonites lui répondirent : Nous n avons que faire, ni de
l ’or, ni de l ’ argent de Saül et de sa maison, ni qu ’on fasse
mourir personne en Israël. Et le roi leur dit : Que demandez-vous
donc que je fasse pour vous ?
5. Et ils répondirent au roi : Puisque cet homme nous a détruit et
qu ’ il a tellement machiné contre nous que nous avons été
exterminés sans pouvoir subsister dans aucune des contrées d
’Israël,
6. Qu on nous livre sept hommes de ses fils et nous les mettrons en
croix devant l ’Éternel, au cô-teau de Saül l ’ élu de l ’Éternel.
Et le roi leur dit : Je vous les livrerai.
7. Or le roi épargna Méphibosceth fils de Jonathan fils de Saül b à
cause du serment que David et Jonathan fils de Saül avaient prêté
entre eux au nom de l Éternel,
8. Mais le roi prit les deux fils de Ritspa fille d ’Aja qu ’ elle
avait enfanté à Saül, savoir Armoni et Méphibosceth nc1 et les cinq
fils de Mical fille de Saül qu ’ elle avait élevés à Hadriel fils de
Barzillaï Mého-lathite
9. Et il les livra entre les mains des Gabaonites qui les mirent en
croix sur la montagne devant l ’Éter-nel et ces sept-là furent tués
ensemble. Et on les fit mourir aux premiers jours de la moisson,
savoir au commencement de la moisson des orges.
10. Alors Ritspa fille d ’Aja prit un sac et se l ’ étendit sur un
roc dès le commencement de la moison jusqu à ce qu il tomba de l eau
du ciel sur eux et elle ne souffrait point qu aucun oiseau du ciel
se posât sur eux de jour, ni aucune bête des champs la nuit.
11. Et on rapporta à David ce que Ritspa fille d ’Aja concubine de
Saül avait fait.
366
II Samuel
12. Et David s'en alla et prit les os de Saül et les os de Jonathan
que les habitants de Jabès de Ga-laad avaient enlevés de la place de
Beth-sçan c où les Philistins les avaient pendus au jour qu'ils
tuèrent Saül en Guiboah.
13. Il emporta donc de là les os de Saül et les os de Jonathan son
fils et on recuilli aussi les os de ceux qui avaient été mis en
croix.
14. Et on les ensevelit avec les os de Saül et de Jonathan son fils
au pays de Benjamin à Tsélah, au sépulcre de Kis père de Saül et
l'on fit tout ce que le roi avait commandé. Et après cela, Dieu fut
apaisé envers le pays.
15. Or il y avait aussi eu une autre guerre des Philistins contre
les Israélites et David y était allé avec ses serviteurs et ils
avaient tellement combattu contre les Philistins que David se trouva
extrêmement fatigué.
16. Et Jisçbi-bénob qui était des enfants de Rapha et qui avait une
lance dont le fer pesait trois cents sicles d'airain et qui était
armé de neuf avait résolu de frapper David.
17. Mais Abisçaï fils de Tséruja vint à son secours et frappa le
Philistin et le fit mourir. Alors les gens de David jurèrent et
dirent : Tu ne sortiras plus avec nous en bataille, de peur que tu
n'éteignes la lampe d'Israêl.
18. d Après cela il y eut une autre guerre à Gob contre les
Philistins où Sibbécaï le Husçathite tua Saph qui était des enfants
de Rapha.
19. Il y eu encore une autre guerre à Gob contre les Philistins en
laquelle Elhanan fils de Jaharé-Oréguim Beth-léhémite tua le frère
de Goliath Guittien qui avait une halebarde dont la hampe était
comme l'ensuble d'un tisseran.
20. Il y eut encore une autre guerre à Gath où il se trouva un homme
d'une taille extraordinaire qui avait six doigts aux mains et aux
pieds, qui étaient en tout vingt et quatre doigts et qui était aussi
de la race de Rapha.
21. Cet homme défia Israël, mais Jonathan fils de Scimba, frère de
David, le tua.
22. Ces quatre étaient nés à Gath, ils étaient de la race de Rapha
et moururent par les mains de David et par les mains de ses
serviteurs.
Réflexions
C'est ici une histoire qui doit être bien considérée.
Dieu envoya une famine sur le royaume de David parce que Saül, par
un faux zèle, avait fair mourir plusieurs des Gabaonites contre le
traité que Josué avait fait avec leurs prédécesseurs quatre cents
ans auparavant et il fallut que les fils de Saül fussent mis à mort
pour détourner ce fléau de Dieu.
Cela montre bien que les traités qui ont été faits et confirmés par
serment doivent être observés, quand même ils auraient été faits
depuis longtemps et qu'il y aurait eu quelque surprise et qu'on ne
doit jamais les violer sous prétexte de religion, ni par aucune
autre considération que ce puisse être, la violation des promesses
et du serment exposant aux
plus sévères jugements de Dieu non seulement les princes et ceux qui
gouvernent lorsqu'ils se rendent coupables de ce crime, mais aussi
leurs familles et même quelquefois leurs états.
L'on doit aussi remarquer dans cette histoire la malédiction de Dieu
sur la postérité de Saül et apprendre de là que les méchants
attirent sur eux-mêmes et sur leurs enfants toutes sortes de
malheurs.
Il faut encore faire ces deux considérations :
La première que David fit mourir justement les fils de Saül
puisqu'il ne les livra aux Gabaonites qu'après avoir consulté Dieu
comme cela est dit au commencement de ce chapitre et leur mort ayant
fait cesser la famine, Dieu fit bien voir par là que sa volonté
était qu'ils mourussent. Ainsi David ne pécha point contre la loi de
Dieu qui défend de punir les enfants pour les péchés de leurs pères.
L'autre considération est que si Dieu permit que ces fils de Saül
fussent mis à mort, ce ne fut qu'une peine temporelle.
Ce qui est dit à la fin de ce chapitre de ces géants qui avaient été
tués dans les guerres que David avait eues contre les Philistins
fait voir que Dieu accorda à ce roi de grands avantages et que,
quoiqu'il eût à faire à des ennemis redoutables, il le protégea
toujours et qu'il se servit de lui pour achever de détruire les
ennemis de son peuple.
(a) v2 : Josué 9.19
(b) v7 : I Samuel 18.3, 20.15-42 et 23.18
(c) v12 : I Samuel 31.10
(d) v18 : I Chroniques 20.4
(e) Dans la marge du verset 20 : I Chroniques 20.6
(1) v1 : Consulta le Seigneur.
(nc1) v8 : Une autre version explique : Ce fils de Saül qui porte le
même nom que son neveu n 'est mentionné qu 'ici, voir 3.7. Or II
Samuel 3.7 nomme Isç-bosceth, qui est un autre nom, donc une autre
personne.
Chapitre XXII
David, étant libéré de ses ennemis et se voyant paisible possesseur
de son royaume, loue Dieu par un cantique dans lequel il décrit les
grands dangers où il s'était vu et il y célèbre la puissance, la
bonté et la justice que Dieu avait fait paraître en le délivrant.
Après cela, David prononça à l'Éternel les paroles de ce cantique au
jour que l'Éternel l'eut délivré de la main de tous ses ennemis et
même de la main de Saül.
2. Il dit donc : a L'Éternel est mon rocher et ma forteresse et mon
libérateur.
3. Dieu est mon rocher, je me retirerai vers lui, il est mon
bouclier et la force de mon salut, il est ma haute retraite et mon
asile. Mon sauveur, tu me garantis de la violence.
4. Je crierai à l'Éternel qui est digne de louange et je serai
délivré de mes ennemis,
5. Car les angoisses de la mort m'avaient environné et les torrents
des méchants m'avaient effrayé.
367
II Samuel
6. Les liens du sépulcre m avaient environné, les filets de la mort
m avaient surpris.
7. Quand j étais dans l adversité, je criai à l Éternel, je criai à
mon Dieu et il entendit ma voix de son palais et mes cris parvinrent
à ses oreilles.
8. Alors la terre fut ébranlée et trembla, les fondements des cieux
croulèrent et furent ébranlés parce qu il était en colère.
9. Une fumée montait de ses narines et un feu dévorant sortait de sa
bouche et des charbons en étaient allumés.
10. Il abaissa donc les cieux et il descendit ayant une épaisse
obscurité sous ses pieds.
11. Et il était monté sur un chérubin et il volait et il était porté
sur les ailes du vent.
12. Et il mit autour de lui les ténèbres comme une tente, des amas d
eaux, les nuées qui sont dans les airs.
13. La splendeur qui était devant lui allumait des charbons de feu.
14. L’Éternel tonna des cieux et le Souverain fit retentir sa voix.
15. Il tira des flèches et il les écarta, il fit briller
l ’ éclair et il les mit en déroute.
16. Alors on vit le fond de la mer et les fondements de la terre
habitable furent découverts par l Éternel qui les menaçait et par le
souffle du vent de sa colère.
17. Il étendit la main d ’ en haut et il m ’ enleva et me retira des
grosses eaux.
18. Il me délivra de mon ennemi puissant et de ceux qui me
haïssaient, quoiqu ils fussent plus forts que moi.
19. Ils m ’ avaient prévenu au jour de ma calamité, mais l Éternel
fut mon appui.
20. Il m a mis au large, il m a délivré parce qu il a pris son
plaisir en moi.
21. L’Éternel m ’ a rendu selon ma justice, il m ’ a rendu selon la
pureté de mes mains,
22. Car j ’ ai suivi les voies de l ’Éternel et je n ’ ai point
commis d infidélité contre mon Dieu,
23. Car j ’ ai eu devant mes yeux tous ses statuts et je ne me suis
détourné d aucune de ses ordonnances.
24. Et j ’ ai vécu dans l ’ intégrité devant lui et je me suis gardé
de l iniquité.
25. L’Éternel m ’ a donc rendu selon ma justice et selon ma pureté
qu ’ il a connue.
26. Tu es bon avec celui qui est bon, tu es parfaitement juste avec
l homme qui vit l intégrité.
27. Tu es pur avec celui qui es pur, mais tu luttes fortement contre
le pervers,
28. Car tu sauves le peuple affligé et tu abaisses les yeux des
superbes.
29. Tu es même ma lampe, ô Éternel, et l ’Éternel éclairera mes
ténèbres.
30. Et avec toi, je me jetterai sur toute une troupe et avec mon
Dieu je franchirai la muraille.
31. b La voie du Dieu fort est parfaite,c la parole de l ’Éternel
est purifiée par le feu, c ’ est un bouclier à tous ceux qui se
retirent vers lui,
32. Card qui est un Dieu fort, sinon l ’Éternel ? Et qui est un
rocher, sinon notre Dieu ?
33. Le Dieu fort qui est ma force est la véritable force et il a
aplani mon chemin parfaitement.
34. Il a rendu mes pieds semblables à ceux des biches et il m a fait
tenir debout sur mes lieux élevés.
35. C ’ est lui qui dresse tellement mes mains au combat que mes
bras ont rompu un arc d airain.
36. Tu m a aussi donné le bouclier de ton salut et ta bonté m ’ a
fait devenir grand.
37. Tu as élargi le chemin sous mes pas et mes pieds n ont point
glissé.
38. J ’ ai poursuivi mes ennemis et je les ai exterminés et je ne m
’ en suis point retourné jusqu ’ à ce que je les eusse consumés.
39. Je les ai consumés et je les ai transpercés et ils ne se sont
point relevés, mais ils sont tombés sous mes pieds,
40. Car tu m as revêtu de force pour le combat, tu as fait plier
sous moi ceux qui s ’ élevaient contre moi.
41. Tu as fait aussi que mes ennemis et ceux qui me haïssaient ont
tourné le dos devant moi et je les ai détruits.
42. Ils regardaient çà et là, mais il n ’y avait point de
libérateur, ils criaient à l ’Éternel, mais il ne leur répondait
point.
43. Et je les ai menuisés comme la poussière de la terre et je les
ai écrasés et je les ai foulés comme la boue des rues.
44. Et tu m ’ as délivré des oppositions de mon peuple, tu m as
gardé pour être le chef des nations, le peuple que je ne connaissais
point m a été soumis.
45. Les étrangers m ’ont menti 1, ayant entendu parler de moi, ils
se sont rendus obéissants.
46. Les étrangers se sont écoulés et ils ont tremblé de peur dans
leurs retraites cachées.
47. L’Éternel est vivant et mon rocher est béni, c’est pourquoi, que
Dieu, qui est le rocher de ma délivrance, soit exalté.
48. Le Dieu fort est celui qui me donne les moyens de me venger et
qui m assujettit les peuples.
49. C ’ est lui qui me retire d ’entre les mains de mes ennemis, tu
me mets au dessus de ceux qui s ’élèvent contre moi, tu me délivres
de l ’homme violent.
50. e C ’est pourquoi, ô Éternel, je te célèbrerai parmi les nations
et je chanterai des Psaumes à ton nom.
51. C ’ est lui qui délivre magnifiquement son roi et c ’ est lui
qui fait miséricorde à David son oint et à sa postérité à jamais.
Réflexions
Les considérations qu ’ il a à faire sur ce cantique sont ces quatre
principales.
La première, que David, quoiqu ’ il fût un roi aimé et chéri de
Dieu, avait été exposé à des dangers où sa perte semblait
inévitable.
La même chose peut arriver à ceux que Dieu aime, mais ils ne
laissent pas d ’ être toujours l ’objet
368
II Samuel
de son amour et ils ne doivent jamais désepérer de son assistance.
La seconde réflexion regarde la magnifique description que David
fait dans ce cantique de la puissance que Dieu avait déployée en sa
faveur et de la facilité avec laquelle il avait confondu tous ses
ennemis.
De là nous devons tirer des motifs à la confiance, considérant que
Dieu, étant tout puissant, rien ne peut nuire à ceux qu'il prend en
sa protection.
3. Ce que David dit dans ce cantique que Dieu lui avait rendu selon
sa pureté, qu 'il avait marché dans les commandements et qu 'il n
'avait point commis d'infidélité contre son Dieu mérite une
attention particulière.
Cela ne veut pas dire que David se crût innocent devant Dieu, mais
cela signifie que Dieu avait soutenu la justice de la cause de David
et son innocence contre Saül et tous ses ennemis qui le
persécutaient injustement. Cela marque aussi que ce prince n'avait
pas abandonné le culte de Dieu et qu'il n'était jamais tombé dans
l'idolâtrie. Au reste il avait commis de grands péchés, mais Dieu
avait eu égard à sa repentance.
Les hommes ne méritent rien devant Dieu, cependant, Dieu, qui est
saint et juste, a égard selon ses promesses à la droiture et à
l'intégrité de ceux qui le servent. C'est ce qui est exprimé par ces
paroles : envers celui qui est juste, tu es juste, envers celui qui
est pur, tu es pur, mais tu rends au méchant selon sa malice.
Dieu protège les gens de bien, il les exauce dans leurs afflictions
au lieu qu'il rejette les prières des méchants, comme David le
marque en disant : que lorsqu ils sont en détresse, il n y a point
de libérateur pour eux et que quand ils crient à l'Éternel, il ne
les exauce point.
Enfin, les actions de grâce que David rend à Dieu avec tant d'ardeur
dans ce cantique doivent nous engager à conserver la mémoire des
dangers où nous avons été exposés et d'où Dieu a eu la bonté de nous
tirer afin de nous exciter par là à lui en témoigner notre
reconnaissance et à célébrer continuellement ses bontés.
(a) v2 : Psaume 18.3
(b) v31 : Deutéronome 32.4 ; Daniel 4.37 ; Apocalypse 13.3
(c)v31 : Psaumes 12.7 et 119.140; Proverbes 30.5
(d) v32 : Deutéronome 32.39 ; I Samuel 2.2 ; Psaume 86.8 ; Ésaïe
45.15
(e) v50 : Psaume 18.50 ; Romains 15.9 (1) v45 : Se sont soumis à
moi.
Chapitre XXIII
Il y a deux choses qui sont reportées dans ce chapitre.
1. Les dernières paroles de David.
2. Les noms des principaux et des plus vaillants officiers de ce
prince et quelques-unes de leurs actions mémorables.
OR ce sont ici les dernières paroles de David. David fils d'Isaï dit
: L'homme qui a été élevé pour être l'oint du Dieu de Jacob et qui
compose les agréables cantiques d'Israël dit :
2. L'esprit de l'Éternel a parlé par moi et sa parole a été sur ma
langue.
3. Le Dieu d'Israël a dit : Le rocher d'Israël a parlé de moi disant
: Celui qui domine sur les hommes avec justice et qui règne dans la
crainte de Dieu
4. a Est comme la lumière du matin lorsque le soleil se lève, d'un
matin qui est sans nuage, comme la lumière du soleil qui fait germer
la terre après la pluie.
5. Il n'en est pas ainsi de ma maison devant Dieu, mais il m'a
établi une alliance éternelle et bien ordonnée et ferme en toutes
choses. Il est ma délivrance et tout mon plaisir et ne fera-t-il pas
fleurir ma maison ?
6. Mais les méchants seront tous ensembles comme des épines qu'on
jette au loin parce qu'on ne les prend pas avec la main.
7. Mais celui qui les veut manier s'arme pour cela de fer ou du bois
d'une halebarde et on les brûle entièrement sur le lieu même.
8. b Ce sont ici les noms des vaillants hommes que David avait.
Josceb Bascebeth Tachkémonite était un des trois principaux
capitaines. Hadino le Hetsnite qui eut le dessus sur huit cents
hommes qu'il tua en une seule fois.
9. Après lui était Éléazar fils de Dodo, fils d'Ahohi.
Il était l'un des trois vaillants hommes qui étaient avec David
lorsqu'on rendit confus les Philistins qui s'étaient assemblés pour
combattre et que ceux d'Israël montèrent.
10. Il se leva et il battit les Philistins jusqu'à ce que sa main se
lassant de tuer demeura attachée à l'épée. En ce jour-là l'Éternel
accorda une grande victoire et le peuple retourna seulement après
Éléa-zar pour prendre la dépouille.
11. Après lui était Sçamma fils d'Agué Hatarite, car les Philistins
s'étant assemblés dans un village où il y avait un endroit d'un
champ rempli de lentilles et comme le peuple fuyait devant les
Philistins,
12. Il se tint au milieu de cet endroit-là du champ et le défendit
et frappa les Philistins, ainsi l'Éternel fit remporter une grande
victoire.
13. Il en descendit encore trois d'entre les trente capitaines qui
vinrent au temps de la moisson vers David dans la caverne de
Hadullam lorsqu'une compagnie des Philistins était campée dans la
vallée des Réphaïns.
14. David était alors dans la forteresse et la garnison des
Philistins était en ce même temps là à Beth-léhem.
15. Et David fit ce souhait et dit : Qui est-ce qui me ferait boire
de l'eau du puits qui est à la porte de Bethléhem ?
16. Alors ces trois vaillants hommes passèrent au travers du camp
des Philistins et puisèrent de l'eau du puit qui était à la porte de
Bethléhem et l'ayant apportée, la présentèrent à David qui n'en
voulut point
369
II Samuel
boire, mais qui la répandit en la présence de l ’Éter-nel,
17. Car il dit : Dieu me garde de faire une telle chose ! Boirais-je
le sang de ces hommes qui ont fait le voyage au péril de leur vie ?
Et il n ’ en voulut point boire. C ’ est ce que firent ces trois
vaillants hommes.
18. Il y avait aussi Abisçaï, frère de Joab, fils de Tsé-
ruja qui était un des principaux capitaines. Celui-ci lançant sa
halebarde contre trois cent hommes les blessa à mort et il s acquit
un grand nom entre les trois.
19. C ’ était le plus considéré de ces trois et, il fut leur chef,
cependant il n égala point ces trois-là.
20. Bénaja aussi fils de Jéhojadah fils d ’ un vaillant homme de
Kabtséel avait fait de grands exploits. Il tua deux des plus
puissants hommes 1 de Moab, il descendit aussi et tua un lion au
milieu d une fosse dans un jour de neige.
21. Il tua aussi un homme Égyptien qui était un bel homme. Cet
Égyptien avait en sa main une ha-lebarde, mais Bénaja descendit
contre lui avec un bâton et il arracha à cet Égyptien la halebarde
de sa main et le tua de sa propre halebarde.
22. Bénaja fils de Jéhojadah fit ces choses-là et il fut illustre
entre les trois hommes vaillants.
23. Et il fut plus honoré que les trente, encore qu ’ il n ’ égalât
point ces trois-là. C ’ est pourquoi David l ’ établit sur ses gens
de commandement.
24. Hasaël frère de Joab était des trente. Elhanan fils de Dodo de
Bethléhem.
25. Sçamma Harodite, Élika Harodite.
26. Hélets Paltite, Hira fils de Hikkés Tékohite.
27. Abihézer Hanathothite, Mébunnaï Husçathite.
28. Tsalmon Ahohite, Maharaï Nétophathite.
29. Héleb fils Bahana Nétophathite, Ittaï fils de Ri-baï de Guibha
des enfants de Benjamin.
30. Bénaja Pirhathotite, Hiddaï des vallées de Ga-has.
31. Abi Halbon Harbathite, Hazemaveth Barhu-mite.
32. Eliachba Sçahalbonite. Des enfants de Jes-cen, Jonathan.
33. Sçamma Hararite, Ahiam fils de Sçarar Hara-rite.
34. Eliphelet fils d ’Ahasbaï fils de Mahacati, Eli-ham fils d
Ahitophel Guilonite.
35. Hetsraï Carmelite, Paharaï Arbite.
36. Jiguéal fils de Nathan de Tsoba, Bani Gadite.
37. Tsélek Hammonite, Naharaï Béerothite qui portait les armes de
Joab fils de Tséruja.
38. Hita Jithrite, Hareb Jithrite.
39. Urie Héthien qui font en tout trente-sept.
Réflexions
Ce qui doit être principalement observé dans ce chapitre, ce sont
les dernières paroles de David dont voici le sens.
Il y donne l ’ idée d ’ un bon prince et il le compare au soleil qui
par ses rayons échauffe la terre après
qu elle a été humectée par la pluie et qui la rend fertile. Il
témoigne qu il était persuadé qu il en serait de même de sa famille,
qu elle donnerait après sa mort de bons conducteurs au peuple d
’Israël et que Dieu la comblerait de ses faveurs pendant qu ’ il
dé-ployerait ses jugemsnts sur les méchants, lesquels il compare à
des épines qu on brûle après les avoir coupées.
On voit ici quel est le devoir des rois, c ’ est d ’ avoir de la
piété, d ’ être juste et bienfaisants et de procurer le bonheur de
ses sujets. Les sentiments que David avait sur cela conviennent
encore mieux aux rois et aux princes chrétiens. Ces paroles nous
enseignent aussi que des princes religieux et justes sont une source
de bénédictions pour les peuples, qu on ne saurait trop les estimer
et les honorer, ni demander à Dieu avec trop d ’ ardeur qu ’ il en
suscite de semblables.
Enfin, nous devons recueillir des derniers discours de David que la
faveur de Dieu se répand sur les personnes qui le craignent et sur
leur postérité, mais que les méchants éprouvent sa colère.
Pour ce qui est du dénombrement des vaillants hommes qui étaient au
service de David et dont les actions remarquables sont ici
rapportées, il faut considérer que quand Dieu veut élever un prince
et protéger un peuple, il suscite des personnes propres à exécuter
de grandes choses et qu ’ en général lors-qu il se propose une fin,
il ne manque jamais de moyens pour y parvenir.
On remarque dans l ’ actions de ces trois vaillants hommes qui
allèrent puiser de l eau à Bethléhem leur courage et leur amour pour
leur roi. Cependant David ne voulut pas boire de cette eau parce qu
’ ils étaient allés la chercher au péril de leur vie. Il montra par
là qu ’ il n ’ approuvait pas qu ’ ils se fussent ainsi exposés sans
nécessité. Mais il fit un usage religieux de cette eau en la
répandant en l honneur de Dieu, ce qui était plus honorable à ceux
qui étaient allé la puiser que s ’ il en eût bu.
Cela marque la prudence de David et le cas qu il faisait de la
valeur de ces trois hommes-là et cela nous apprend que nous ne
devons jamais exposer les autres à aucun danger pour notre intérêt
et pour notre satisfaction particulière, ni permettre qu ils s y
exposent eux-mêmes sans nécessité.
(a) v4 : Psaume 72.6
(b) v8 : I Chroniques 11.11
(1) v20 : Ou deux puissants lions.
Chapitre XXIV
David, ayant péché en faisant faire le dénombrement de ses sujets,
versets 1-10,
Dieu lui fit dire par le prophète Gad qu ’il devait choisir d’être
puni par la famine, par la guerre ou par la mortalité, versets
11-13.
Ce roi choisi ce dernier fléau, verset 14 et septante mille de ses
sujets périrent, mais il apaisa Dieu par sa profonde humiliation et
par un
370
II Samuel
sacrifice qu 'il offrit par le commandement de Dieu dans un lieu que
Gad lui marqua, versets 15-25.
OR a la colère de l'Éternel s'alluma encore contre Israël et David
fut incité contre eux et il dit : Va fais le dénombrement d'Israël
et de Juda.
2. Et le roi dit à Joab chef de l'armée qu'il avait avec lui :
Traverse maintenant toutes les tribus d'Israël depuis Dan jusqu'à
Béer-scébah et faites le dénombrement du peuple afin que j'en sache
le nombre.
3. Mais Joab répondit au roi : Que l'Éternel ton Dieu veuille
augmenter ton peuple autant et cent fois autant qu'il est maintenent
et que les yeux du roi monseigneur le voient ! Mais pourquoi le roi
monseigneur veut-il faire cela ?
4. Néanmoins, la parole et la volonté du roi l'emporta sur Joab et
sur les chefs de l'armée et Joab et les chefs de l'armée sortirent
de la présence du roi pour faire le dénombrement du peuple d'Israël.
5. Ils passèrent donc le Jourdain et ils campèrent à Haroher, à main
droite de la ville, qui est au milieu du torrent de Gad et vers
Jahzer.
6. Et ils vinrent à Galaad et dans la terre de ceux qui habitent au
bas pays d'Hodsci et ils vinrent à Dan Jahan et puis aux environs de
Sidon.
7. Et ils passèrent de là jusque près de Tyr et dans toutes les
villes des Héviens et des Cananéens et ils sortirent vers le Midi de
Juda à Béer-scébah.
8. Ainsi ils traversèrent tout le pays et revinrent à Jérusalem au
bout de neuf mois et vingt jours.
9. Alors Joab donna le rolle du dénombrement du peuple au roi et il
se trouva de ceux d'Israël huit cents mille hommes de guerre tirant
l'épée et de ceux de Juda cinq cents mille hommes.
10. Alors David fut touché en son cœur après qu'il eut ainsi fait le
dénombrement du peuple et David dit à l'Éternel : J'ai commis un
très grand péché dans cette action, mais je te prie, ô Éternel, fais
maintenant passer l'iniquité de ton serviteur, car j'ai agi très
follement.
11. Après cela, David se leva de bon matin et la parole de Dieu fut
adressée à Gad le prophète, qui était le voyant de David, disant :
12. Va et dis à David : Ainsi a dit l'Éternel : J'apporte trois
choses contre toi, choisi l'une des trois afin que je la fasse.
13. Gad vint donc vers David et le lui fit savoir disant : Que
veux-tu qu'il t'arrive, ou sept ans de famine sur ton pays ou que
l'espace de trois mois tu fuies devant tes ennemis et qu'ils te
poursuivent ou que pendant trois jours la mortalité soit en ton pays
? Maintenant consulte et vois ce que tu veux que je réponde à celui
qui m'a envoyé.
14. Alors David répondit à Gad : Je suis dans une très grande
extrêmité, je te prie que nous tombions entre les mains de
l'Éternel, car ses compassions sont en grand nombre et que je ne
tombe point entre les mains des hommes.
15. L'Éternel envoya donc la mortalité en Israël depuis le matin
jusqu'au temps marqué 1 et il mourut
du peuple depuis Dan jusqu'à Béer-scébah soixante et dix milles
hommes,
16. Mais quand l'ange eut étendu sa main sur Jérusalem pour la
détruire, l'Éternel se repentit de ce mal là et dit à l'ange qui
détruisait le peuple : C'est assez, retire à cette heure ta main. Or
l'ange de l'Éternel était auprès de l'aire d'Arauna Jébusien.
17. Et David voyant l'ange qui frappait le peuple parla à l'Éternel
et dit : Voici, c'est moi qui ai péché, c'est moi qui ai commis
iniquité, mais ces brebis qu'ont-elles fait ? Je te prie que ta main
soit contre moi et contre la maison de mon père.
18. En ce jour-là Gad vint vers David et lui dit : Monte et dresse
un autel à l'Éternel dans l'aire d'Arauna Jégusien.
19. Et David monta suivant la parole de Gad comme l'Éternel l'avait
commandé.
20. Et Arauna regarda et vit le roi et ses serviteurs qui venaient à
lui et se prosterna devant le roi le visage contre terre.
21. Et Arauna dit : D'où vient que le roi monseigneur vient vers son
serviteur? Et David répondit : Pour acheter ton aire afin d'y bâtir
un autel à l'Éternel et que cette plaie soit arrêtée de dessus le
peuple.
22. Et Arauna dit à David : Que le roi monseigneur prenne et offre
ce qu'il lui plaira. Voilà les taureaux pour l'holocauste et des
chariots et un attelage de bœufs au lieu de bois.
23. Arauna donna tout cela au roi comme s'il eût été roi 2 et même
Arauna dit au roi : L'Éternel ton Dieu veuille t'avoir pour
agréable.
24. Et le roi répondit à Arauna : Non, mais j'achèterai de toi pour
un certain prix et je n'offirai point à l'Éternel mon Dieu des
holocaustes qui ne me coûtent rien. Ainsi David acheta l'aire et
acheta aussi les bœufs pour cinquante sicles d'argent 3.
25. Puis David bâtit là un autel à l'Éternel et il offrit des
holocaustes et des sacrifices de prospérités et l'Éternel fut apaisé
envers le pays et la plaie fut arrêtée de dessus Israël.
Réflexions
Il y a quatre choses dans ce chapitre sur lesquelles il faut faire
réflexion, savoir le péché de David, sa punition, sa repentance et
le pardon qu'il obtint.
Il pécha en faisant dénombrer le peuple parce qu'il le fit sans
nécessité contre le commandement de Dieu et par principe d'orgueil.
Et il fut d'autant plus coupable qu'il avait été averti par Joab et
par ses officiers qu'il pécherait en cela et qu'il arriverait du mal
au peuple d'Israël. D'ailleurs, David après ses péchés et les
châtiments qu'il avait soufferts devait être plus humilié.
Il est mal aisé de conserver l'humilité dans la prospérité et dans
l'élévation et ce n'est pas toujours en faisant des choses
criminelles en elles-mêmes qu'on pèche, on peut aussi péché dans les
choses permises lorsqu'on les fait autrement que Dieu ne le permet
ou que l'on agit par un mauvais principe.
371
II Samuel
2. Sur la punition que Dieu envoya à David il faut remarquer que
Dieu en faisant mourir un si grand nombre de ses sujets et en si peu
de temps le punit de ce qu il s était glorifié de leur multitude et
qu en lui ordonnant de choisir l un des trois fléaux que Gad lui
proposa, il voulait l éprouver et voir s il se remettait entièrement
à Dieu ou s il se confierait aux moyens humains. Mais surtout il
voulait lui faire d ’ autant mieux sentir par là que c’ était lui
qui avait attiré la colère de Dieu. Cependant, il lui donna aussi en
cela un témoignage de sa bonté et David marqua son humilité, sa
confiance en Dieu et sa résignation en choisissant la mortalité qui
procède plus particulièrement de Dieu et qui pouvait tomber sur lui
aussi bien que sur ses sujets au lieu qu il pouvait se précautionner
contre la guerre et la famine.
Et voilà aussi comment, lorsque Dieu veut nous affliger, nous devons
nous abandonner entièrement à lui et nous soumettre à tout ce qu ’
il lui plaît de nous dispenser.
3. David témoigna une amère douleur de son péché et s il s était
oublié en se laissant aller à des mouvements d ’orgueil, il s
’humilia d ’une manière bien édifiante en se prosternant et en
disant devant tous son peuple :
C est moi qui ai péché, mais ces brebis qu ont-elles fait ? Je te
prie, Seigneur, que ta main soit
contre la maison de mon père, mais qu elle ne soit pas contre ton
peuple pour le détruire.
Ce language marque une profonde humilité en David, un vif sentiment
de son péché et un grand amour pour ses sujets et c’ est ainsi que
ceux qui sont bien touchés de leurs fautes n ont point de honte de
les confesser publiquement, surtout lorsqu en péchant ils ont causé
du mal aux autres.
Nous avons aussi en cela un bel et rare exemple de la tendresse que
les rois doivent avoir pour leurs sujets.
Enfin, le pardon que Dieu accorda à David ensuite de sa repentance
et de son sacrifice montre que Dieu fait cesser sa colère et qu ’ il
fait grâce aux pécheurs lorsqu ils s humilient sincèrement et qu ils
ont recours à sa bonté.
(a) v1 : I Chroniques 21, c ’ est tout.
(1) v15 : C ’ est-à-dire : jusqu ’au troisième jour, voyez le verset
13.
(2) v23 : Hébreux : Arauna roi donna tout cela au roi. Il se peut qu
Arauna, qui est appelé Jébusien, fut de la race des rois ou des
princes des Jébusiens qui avaient longtemps possédé une partie de la
ville de Jérusalem jusqu au règne de David.
(3) v24 : David paya cinquante sicles d ’ argent pour l ’aire et les
bœufs, mais il donna six cents sicles d or pour tout le terrain ou
pour toute la montagne, comme cela est dit dans I Chroniques XXI.25,
parce que ce lieu fut choisi pour y bâtir le temple. Voyez I
Chroniques XXII.1.
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