Le saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon Marc
Argument
Cet Évangile a été écrit quelque temps après celui de Matthieu et
comme l'on croit, environ dix ans après l'ascension de Jésus-Christ
et cela par Marc, sous les yeux de Pierre.
Chapitre I
Marc rapporte en abrégé la prédication de Jean Baptiste, le baptême
de Jésus-Christ, sa tentation, le commencement de sa prédication
dans la Galilée et la vocation de quelques apôtres, versets 1-20.
Il récite ensuite la guérison d'un homme possédé d'un esprit malin,
celle de la belle-mère de Pierre, de divers malades et d'un lépreux,
versets 21-45.
Le commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu.
2. Comme il est écrit dans les prophètes, a Voici j'envoie mon
messager 1 devant ta face qui préparera le chemin devant toi.
3. b La voix de celui qui crie dans le désert est : Préparez le
chemin du Seigneur, dressez ses sentiers.
4. c Jean baptisait dans le désert et prêchait le baptême de la
repentance pour la rémission des péchés.
5. d Et toute la Judée et ceux de Jérusalem allaient à lui et ils
étaient tous baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain en
confessant leurs péchés.
6. Et Jean était vêtu de poil de chameau, il avait une ceinture de
cuir autour des reins et il se nourrissait de sauterelles et de miel
sauvage.
7. Et il prêchait en disant : e Il en vient un après moi qui est
plus puissant que moi et dont je ne suis pas digne de délier la
courroie des souliers en me baissant.
8.f Il est vrai que je vous ai baptisé d'eau, mais il vous baptisera
du Saint-Esprit.
9.g Il arriva en ce temps-là que Jésus vint de Nazareth, ville de
Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.
10. Et comme Jésus sortait de l'eau, il vit tout d'un coup les cieux
se fendre et le Saint-Esprit descendre sur lui comme une colombe.
11. Et on entendit une voix qui venait des cieux et qui dit : h Tu
es mon fils bien aimé en qui j'ai mis toute mon affection.
12.i Et incontinent, l'Esprit le poussa au désert.
13. Et il fut là au désert quarante jours, étant tenté par satan et
il était parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient.
14. j Or après que Jean eut été mis en prison, Jésus k s'en alla en
Galilée prêchant l'Évangile du règne de Dieu.
15. Et disant : Le temps est accompli et le règne de Dieu approche,
amendez-vous et croyez à l'Évangile.
16. l Et comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit
Simon et André son frère qui mettaient leurs filets dans la mer, car
ils étaient pêcheurs.
17. Alors Jésus leur dit : Suivez-moi et je vous ferai pêcheurs
d'hommes.
18. Et aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
19. Et de là passant un peu plus loin, il vit dans une barque
Jacques fils de Zébédée et Jean son frère qui raccommodaient leurs
filets.
20. Et il les appela aussitôt et eux laissant Zébé-dée leur père
dans la barque, avec les ouvriers, ils le suivirent.
21. m Ensuite ils entrèrent à Capernaum et Jésus étant d'abord entré
dans la Synagogue le jour du sabbat, il y enseignait.
22. Etn ils étaient étonnés de sa doctrine, car il les enseignait
comme ayant autorité et non pas comme les scribes.
23. o Or il se trouva dans leur synagogue un homme possédé d'un
esprit immonde qui s'écria
24. Et dit : Ha ! Qu'y a-t-il entre toi et nous, Jésus Nazarien ?
Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es, tu es le Saint de
Dieu.
25. Mais Jésus le menaçant lui dit : Tais-toi et sors de lui.
26. Alors l'esprit immonde l'agitant avec violence et jetant un
grand cri sortit de lui.
27. Et ils en furent étonnés, de sorte qu'ils se demandaient entre
eux : Qu'est-ce que ceci ? Quelle est cette nouvelle doctrine qu'il
commande avec autorité, même aux esprits immondes et qu'ils lui
obéissent?
28. Et sa réputation se répandit incontinent par toute la contrée
des environs de la Galilée.
29.p Aussitôt après, étant sortis de la synagogue, ils vinrent avec
Jacques et Jean dans la maison de Simon et d'André.
30. Or la belle-mère de Simon était au lit, malade de la fièvre et
d'abord ils lui parlèrent d'elle.
31. Alors s'approchant, il la fit lever en la prenant par la main et
au même instant la fièvre la quitta et elle les servit.
32. Etq le soir étant venu, après le coucher du soleil, ils lui
amenèrent tous ceux qui étaient malades et les démoniaques.
33. Et toute la ville était assemblée à la porte de la maison.
34. Et il guérit plusieurs malades de diverses maladies et il chassa
plusieurs démons, ne permettant pas aux démons de dire qu'ils le
connaissaient.
35. Le lendemain matin, comme il faisait encore fort obscur, s'étant
levé, il sortit et s'en alla dans un lieu écarté et il priait là.
36. Et Simon et ceux qui étaient avec lui le suivirent.
37. Et l'ayant trouvé, ils lui dirent : Tous te cherchent.
Marc
38. Et il leur dit :r Allons-nous en aux bourgs des environs, afin
que j ’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis venu.
39. Et il prêchait dans leurs synagogues par toute la Galilée et il
chassait les démons.
40. s Et un lépreux vint à lui qui s étant jeté genoux, le pria et
lui dit : Si tu veux, tu peux me nettoyer.
41. Et Jésus ému de compassion étendit sa main et le toucha et lui
dit : Je le veux, sois nettoyé.
42. Et dès qu ’ il eut dit cela, la lèpre quitta aussitôt cet homme
et il fut nettoyé.
43. Et Jésus lui ayant défendu sévèrement d ’ en parler, il le
renvoya incontinent.
44. Et il lui dit : Garde-toi d ’ en rien dire à personne, mais va-t
en et montre-toi au sacrificateur et offre pour ta purification ce
que ' Moïse a commandé afin que cela leur serve de témoignage.
45. Mais cet homme étant sorti se mit à publier hautement la chose
et à la divulguer, en sorte que Jésus ne pouvait plus entrer
ouvertement dans la ville, mais il se tenait dehors dans des lieux
écartés et de toutes parts on venait à lui.
Réflexions
1. Marc nous apprend, au commencement de son Évangile, que
Jean-Baptiste fut envoyé, conformément aux oracles des prophètes,
pour annoncer la manifestation du règne de Dieu, en prêchant la
repentance, en baptisant ceux qui confessaient leurs péchés et en
avertissant le peuple que le Messie allait paraître. Par là Dieu
voulait préparer les Juifs à recevoir Jésus-Christ et leur apprendre
que le règne du Messie serait un règne spirituel et qu il venait au
monde pour y établir sa Sainteté et pour convertir les hommes à
Dieu.
Ainsi, nous devons regarder l amendement et la pureté de la vie
comme le but de la venue de notre Seigneur. C est aussi ce qu il
nous a appris lui-même, puisqu ’ il commença son ministère en
prêchant la repentance, comme Jean-Baptiste son précurseur et en
disant :
Amendez-vous et croyez à l’Évangile.
2. Ce qui arriva lors du baptême de Jésus-Christ, la descente du
Saint-Esprit et la voix que Dieu fit entendre du ciel, tendait à
faire connaître à Jean-Baptiste et au peuple que Jésus était le fils
de Dieu et celui dont tous les hommes doivent recevoir la doctrine
avec obéissance et avec foi. Ce fut aussi pour faire voir que notre
Seigneur était véritablement le fils de Dieu et pour en convaincre
le diable que Dieu voulut que Jésus-Christ fut tenté dans le désert.
3. Le choix que Jésus-Christ fit de quelques pêcheurs pour en faire
des apôtres marquait qu il ne venait pas établir un royaume temporel
et mondain, puisque ces gens-là n avaient rien qui les distinguât
dans le monde, cela prouve que les fruits de leur ministère ne
venaient point d ’ eux, mais que toute la gloire doit en être donnée
à Dieu seul.
4. Notre Seigneur se fit d ’ abord connaître par des miracles dans
lesquels on voyait paraître une puissance infinie et en même temps
une grande bonté. Ce fut là la voie que la providence choisit pour
prouver aux Juifs que Jésus était envoyé de Dieu et que sa doctrine
était véritable et divine et ce qui devait encore plus en convaincre
les hommes, c est qu il ne faisait ordinairement ces miracles qu ’
en faveur de ceux qui croyaient qu il avait le pouvoir de le faire
et qui l ’ en priaient. Cependant il empêchait, autant qu ’ il le
pouvait, que ces miracles ne fissent trop d ’ éclat et il en usait
ainsi par des raisons de prudence, de peur que ceux d entre les
Juifs qui l auraient regardé comme le Messie ne fissent des émeutes
pour le déclarer roi, dans la pensée qu ’ ils étaient que le Messie
serait un roi temporel, ce qui aurait causé du trouble et engagé les
Romains à s opposer aux disciples de Jésus-Christ.
5. Enfin, nous devons penser en lisant le récit de ces merveilles
que notre Sauveur n ’ étant ni moins puissant, ni moins bon que
lorsqu il était sur la terre, il nous accordera tout ce qui regarde
la guérison et le salut de nos âmes encore plus certainement qu il n
’ accordait autrefois aux malades la guérison des maux du corps.
(a) v2 : Malachie 3.1
(b) v3 : Ésaïe 40.3 ; Matthieu 3.3 ; Luc 3.4 ; Jean 1.23
(c) v4 : Matthieu 3.1
(d) v5 : Matthieu 3.5
(e) v7 : Matthieu 3.11 ; Luc 3.16 ; Jean 1.27
(f) v8 : Matthieu 3.11; Actes 1.5, 2.4, 11.16 et 19.4
(g) v9 : Matthieu 3.13 ; Luc 3.21 ; Jean 1.33
(h) v11 : Psaume 2.7; Ésaïe 42.1 ; Matthieu 2.17 et 17.5; II Pierre
1.17
(i) v12 : Matthieu 4.1 ; Luc 4.1 (j) v14 : Matthieu 4.12
(k) v14 : Luc 4.14 ; Jean 4.43 (l) v16 : Matthieu 4.18 ; Luc 5.2
(m)v21 : Matthieu 4.13 ; Luc 4.31 (n) v 22 : Matthieu 7.28 ; Luc
4.32
(0) v23 : Luc 4.33
(p) v29 : Matthieu 8.14 ; Luc 4.38
(q) v32 : Matthieu 8.16
(r) v38 : Luc 4.43
(s) v40 : Matthieu 8.2 ; Luc 5.12
(t) v44 : Luc 14.4 et suivants.
(1) v2 : Grec : mon ange.
Chapitre II
Jésus-Christ guérit un paralytique, versets 1-12.
Il appelle Levi, qui est Matthieu, à la charge d’apôtre, versets
13-17.
Il rend raison pourquoi il mange avec les pécheurs et pourquoi il n
’obligeait pas ses disciples à observer des jeûnes comme les
disciples de Jean-Baptiste et les pharisiens en observaient, versets
18-22.
Et il répond aux pharisiens qui blâmaient les apôtres de ce qu ils
avaient arraché des épis de blé en un jour de sabbat, versets 23-28.
Quelques a jours après Jésus revint à Caper-naüm et on ouït dire qu
’ il était dans la maison.
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Marc
2. Et aussitôt tant de gens s'y assemblèrent que l'espace qui était
devant la porte ne les pouvait contenir et il leur annonçait la
parole.
3. Alors il vint à lui des gens qui lui présentèrent un paralytique
porté par quatre hommes.
4. Mais ne pouvant approcher de lui à cause de la foule, ils
découvrirent le toit de la maison où il était et l'ayant percé, ils
descendirent le lit où le paralytique était couché.
5. Alors Jésus voyant leur foi dit au paralytique : Mon fils, tes
péchés te sont pardonnés.
6. Et quelques scribes qui étaient là assis raisonnaient ainsi en
eux-mêmes :
7. Pourquoi cet homme prononce-t-il ainsi des blasphèmes? Qui peut
pardonner les péchés b que Dieu seul ?
8. Et Jésus ayant connu d'abord par son esprit, qu'ils raisonnaient
ainsi en eux-mêmes, leur dit : Pourquoi avez-vous ces pensées dans
vos cœurs ?
9. Lequel est le plus aisé de dire à ce paralytique : Tes péchés te
sont pardonnés ou de lui dire : Lève-toi et emporte ton lit et
marche ?
10. Or afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terrez
l'autorité de pardonner les péchés, il dit au paralytique :
11. Je te le dis : Lève-toi et emporte ton lit et t'en va dans ta
maison.
12. Et il se leva aussitôt et ayant chargé son lit, il sortit en la
présence de tout le monde de sorte qu'ils furent tous dans
l'étonnement et qu'ils glorifièrent Dieu disant : Nous ne vîmes
jamais rien de pareil.
13. c Alors Jésus retourna du côté de la mer et tout le peuple
venait à lui et il les enseignait.
14. Et en passant il vit Lévi, fils d'Alphée, assis au bureau des
impôts et il lui dit : Suis-moi, et lui s'étant levé, le suivit.
15. Et il arriva que Jésus étant à table dans la maison de cet
homme, plusieurs péagers et gens de mauvaise vie se mirent aussi à
table avec Jésus et ses disciples, car il y en avait beaucoup qui
l'avaient suivi.
16. Et les scribes et les pharisiens voyant qu'il mangeait avec des
péagers et des gens de mauvaise vie disaient à ses disciples :
Pourquoi votre maître mange-t-il et boit-il avec des péagers et des
gens de mauvaise vie ?
17. Et Jésus ayant ouï cela, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont
en santé qui ont besoin de médecin, mais ce sont ceux qui se portent
mal, d je suis venu appeler à la repentance, non les justes, mais
les pécheurs.
18. e Or les disciples de Jean et des pharisiens jeûnaient souvent
et ils vinrent à Jésus et lui dirent : D'où vient que les disciples
de Jean et des pharisiens jeûnent et que tes disciples ne jeûnent
point ?
19. Et Jésus leur dit : Les amis de l'époux peuvent-ils jeûner
pendant que l'époux est avec eux ? Tout le temps qu'ils ont l'époux
avec eux, ils ne peuvent jeûner.
20. Mais les jours viendront que l'époux leur sera ôté et alors ils
jeuneront.
21. Aussi personne ne coud une pièce de drap neuf à un vieux habit,
autrement la pièce de drap neuf, qui aurait été mise emporterait une
pièce du vieux drap et la déchirure en serait pire.
22. De même personne ne met le vin nouveau dans de vieux vaisseaux,
autrement le vin nouveau rompt les vaisseaux et le vin se répand et
les vaisseaux se perdent, mais le vin nouveau doit être mis dans des
vaisseaux neufs.
23. f Et il arriva, comme il passait par des blés un jour de sabbat
que ses disciples en marchant se mirent à arracher des épis.
24. Et les pharisiens lui dirent : Regarde, pourquoi font-ils ce qui
n'est pas permis dans les jours de sabbat ?
25. Mais il leur dit : N'avez-vous jamais lu g ce que fit David
quand il fut dans la nécessité et qu'il eut faim lui et ceux qui
étaient avec lui ?
26. Comment il entra dans la maison de Dieu, du temps d'Abiathar
souverain sacrificateur, et mangea les pains de proposition h qu'il
n'était permis de manger qu'aux sacrificateurs et il en donna même à
ceux qui étaient avec lui ?
27. Puis il leur dit : Le sabbat a été fait pour l'homme et non pas
l'homme pour le sabbat.
28. Ainsi le Fils de l'homme est maître, même du sabbat.
Réflexions
1. Ce qu'il faut premièrement remarquer dans la guérison du
paralytique, c'est la foi de ceux qui le présentèrent à
Jésus-Christ, elle paraît en ce que ne pouvant approcher de notre
Seigneur, ils dévalèrent ce malade par le toit de la maison et Jésus
voyant leur foi si admirable fit en leur faveur le miracle qu'ils
croyaient qu'il avait le pouvoir de faire.
Par là nous pouvons voir combien la foi est agréable à notre
Seigneur et combien elle est efficace pour obtenir de lui les grâces
qui nous sont nécessaires.
Après cela il paraît d'ici que Jésus-Christ, outre le pouvoir de
délivrer des maladies, avait le droit et l'autorité de pardonner les
péchés aux hommes.
Cela nous apprend que Jésus est non seulement un prophète envoyé de
Dieu, mais qu'il est le juge du monde de qui seul nous pouvons
attendre le salut et le pardon de nos fautes moyennant la foi et la
repentance.
2. Ce chapitre nous enseigne que notre Seigneur est venu au monde
pour appeler les pécheurs à la repentance, c'est ce qu'il fit
connaître en mangeant avec des péagers et avec des personnes que les
Juifs regardaient comme de grands pécheurs.
Cette doctrine doit nous remplir de confiance et nous faire
reconnaître en même temps qu'il est absolument nécessaire de se
repentir et de s'amender pour être sauvé.
57
Marc
3. Ce qui est dit ici, que Jésus-Christ n'obligeait pas ses
disciples à jeûner régulièrement comme ceux de Jean-Baptiste, doit
s'entendre de cette manière :
C'est que notre seigneur avait des raisons particulières de ne pas
astreindre alors ses disciples à ces sortes de jeûnes, savoir parce
que tant lui que ses disciples étaient sans cesse occupés à aller en
divers lieux et qu'ils conversaient avec toutes sortes de personnes.
Cependant, il déclare que quand il ne serait plus au monde, ils
seraient appelés, non seulement à jeûner, mais à de grande
souffrances et que s'il ne les y exposaient pas encore, c'était
parce qu'ils n'étaient pas alors capables de les supporter tout de
même qu'une pièce d'étoffe neuve ne conviendrait pas à un vieux
habit et que du vin nouveau romprait de vieux vaisseaux.
Ainsi, il ne faut pas conclure de cet endroit de l'Évangile que
Jésus-Christ condamne le jeûne et la mortification, au contraire,
cette doctrine suppose évidemment que notre Seigneur appelle ses
disciples à une vie mortifiée et à porter leur croix.
4. Enfin Jésus-Christ justifia l'action de ses disciples, qui
pressés par la faim avaient arrachés des épis en un jour de sabbat,
et il allégua dans cette vue ce que le roi David avait fait dans un
cas à peu près semblable.
Cela nous enseigne que dans une extrême nécessité et lorsqu'on ne
pourrait observer les lois extérieures de la religion sans qu'il en
arrivât un grand mal, on peut s'en dispenser, pourvu que ce ne soit
pas par mépris et que l'on s'attache toujours à l'essentiel de la
piété. Ce serait hypocrisie et une superstition semblable à celle
des pharisiens d'en user autrement.
(a) v1 : Matthieu 9.1 ; Luc 5.18
(b) v7 : Psaume 51.6 ; Ésaïe 43.25
(c) v13 : Matthieu 9.9 ; Luc 5.27
(d) v 17 : Matthieu 9.13 ; I Timothée 1.15
(e) v18 : Matthieu 9.14 ; Luc 5.33
(f) v23 : Matthieu 12.1 ; Luc 6.1 ; Deutéronome 23.25
(g) v25 : I Samuel 21.6
(h) v26 : Lévitique 24.6
Chapitre Ill
LÉvangéliste rapporte :
1. premièrement la guérison d un homme qui avait une main sèche et
celle de plusieurs autres malades, versets 1-12;
2. la vocation des douze apôtres, versets 13-19;
3. ce que Jésus-Christ dit aux pharisiens qui attribuaient ses
miracles à la puissance du diable, versets 20-30 ;
4. la déclaration qu 'il fit que ses vrais disciples lui étaient
aussi chers que ses parents, versets 31-35.
Et Jésusa entra une autre fois dans la synagogue et il y avait un
homme qui avait un main sèche.
2. Et ils l'observaient pour voir s'il le guérirait le jour du
sabbat, afin de pouvoir l'accuser.
3. Alors il dit à l'homme qui avait la main sèche : Lève-toi et
tiens-toi au milieu.
4. Puis il leur dit : Est-il permis de faire du bien dans les jours
de sabbat ou de faire du mal, de sauver une personne ou de la
laisser périr? Et ils se turent.
5. Alors les regardant tous avec indignation et étant affligé de
l'endurcissement de leur cœur, il dit à cet homme : Étends ta main.
Et il l'étendit et sa main devint saine comme l'autre.
6. Alors les pharisiens étant sortis tinrent conseil avec les
hérodiens 1 contre lui pour le faire périr.
7. Mais Jésus se retira avec ses disciples vers la mer et une grande
multitude de peuple le suivait de la Galilée et de la Judée,
8. Et de Jérusalem et de l'Indumée et de delà du Jourdain. Et ceux
des environs ayant entendu parler des grandes choses qu'il faisait
vinrent à lui en grand nombre.
9. Et il dit à ses disciples qu'il y eût une petite barque toute
prête auprès de lui à cause de la multitude, de peur qu'elle ne le
pressât trop.
10. Car il en avait guéri plusieurs, de sorte que tous ceux qui
étaient affligés de quelque mal se jetaient sur lui pour le toucher.
11. Et quand les esprits immondes le voyaient, ils se prosternaient
devant lui et s'écriaient : Tu es le fils de Dieu.
12. Mais il leur défendait avec menaces de le faire connaître.
13.b Il monta ensuite sur une montagne et appela ceux qu'il jugea à
propos et ils vinrent à lui.
14. Et il en établit douze pour être avec lui et pour les envoyer
prêcher.
15. Et pour avoir la puissance de guérir les maladies et de chasser
les démons.
16. Le premier fut Simon à qui il donna le nom de Pierre.
17. Puis Jacques, fils de Zébédée et Jean frère de Jacques, auxquels
il imposa le nom de Boanerges, c'est-à-dire : Enfants du tonnerre.
18. Et André et Philipe et Barthélémi et Matthieu et Thomas et
Jacques fils d'Alphée et Thaddée et Simon le Cananite 2,
19. Et Judas Iscariot qui fût celui qui le trahit.
20. Puis il retournèrent à la maison et une multitude s'y assembla
encore, de sorte qu'ils ne pouvaient pas même prendre leur repas.
21. Et quand ses parents eurent appris cela, ils sortirent pour le
prendre, car on disait qu'il tombait en défaillance.
22. Et les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient :c
Il est possédé de Beelzébul3 et il chasse les démons par le prince
des démons.
23. Mais Jésus les ayant appelés leur dit par des similitudes :
Comment satan peut-il chasser satan ?
24. Car si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne
saurait subsister.
25. Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là
ne saurait subsister.
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Marc
26. De même si satan s'élève contre lui-même et est divisé, il ne
peut subsister, mais il est près de sa fin.
27. Personne ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et piller
son bien s'il n'a auparavant lié cet homme fort et alors, il pillera
sa maison.
28. Je vous dis en vérité,d que toutes sortes de péchés seront
pardonnés aux enfants des hommes et toutes sortes de blasphèmes par
lesquels ils auront blasphémé,
29. Mais quiconque aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il n'en
obtiendra jamais le pardon, mais il sera sujet à une condamnation
éternelle.
30. Jésus parla ainsi parce qu'ils disaient : Il est possédé d'un
esprit immonde.
31. e Ses frères et sa mère arrivèrent donc et se tenant dehors, ils
l'envoyèrent appeler et la multitude était assise autour de lui.
32. Et on lui dit : Voila ta mère et tes frères sont là dehors qui
te demandent.
33. Mais il leur répondit : Qui est ma mère et qui sont mes frères ?
34. Et jetant les yeux sur ceux qui étaient assis autour de lui, il
dit : Voici ma mère et mes frères.
35. Car quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère,
et ma sœur et ma mère.
Réflexions
1. On découvre la grande bonté et la souveraine puissance de notre
Seigneur dans les guérisons dont il est parlé dans ce chapitre.
Ainsi l'histoire de ces divers miracles est très propre à affermir
notre foi et à nous remplir de confiance en lui.
On voir en particulier dans la guérison de cet homme qui avait une
main sèche, l'aveuglement et la malice des pharisiens, qui au lieu
de se rendre à cette merveille, se scandalisaient de ce que Jésus
l'avait faite un jour de sabbat.
Ce qu'il dit à ces ennemis de sa doctrine et la juste indignation
qu'il témoignât nous montre combien il est offensé quand on résiste
à la vérité et quand on se sert du prétexte de la religion pour
condamner des œuvres de piété et de charité.
2. Le choix que notre Seigneur fit des douze apôtres pour être avec
lui et le pouvoir qu'il leur donna d'annoncer l'Évangile et de faire
des miracles semblables aux siens était un effet de sa grande
sagesse aussi bien que de sa grande bonté envers les hommes
puisqu'il devait se servir dans la suite du ministère de ces apôtres
pour faire prêcher l'Évangile par tout le monde.
3. La troisième réflexion concerne le crime des pharisiens que
Jésus-Christ accuse de blasphémer contre le Saint Esprit. Marc
explique clairement, voyez le verset 30, en quoi ce blasphème
consistait ; c'était en ce que les pharisiens, voyant que notre
Seigneur chassait les démons, disaient qu'il faisait ces miracles
par la puissance du diable, ce qui était un blasphème énorme contre
le Saint Esprit et la
marque d'une méchanceté d'où il n'y avait point de retour.
C'est là un exemple où l'on voit que quand les hommes se sont une
fois livrés à leurs préjugés et à leurs passions, ils s'endurcissent
contre tout ce qu'on peut leur proposer de plus clair et de plus
fort et qu'au lieu de se rendre, ils en deviennent encore plus
méchants.
4. Ce que Jésus-Christ déclare qu'il aimait autant ses disciples que
ses plus proches parents nous apprend que le plus sûr moyen d'être
aimé de lui est de
s'attacher à écouter sa parole et à faire sa volonté et que nous
devons aussi à son imitation chérir particulièrement les personnes
qui craignent Dieu et à les estimer préférablement à tous les
hommes.
(a) v1 : Matthieu 12.9 ; Luc 6.6
(b) v13 : Matthieu 10.16 ; Luc 9.1
(c) v22 : Matthieu 9.34 et 12.24 ; Luc 11.15
(d) v28 : Matthieu 12.31 ; Luc 12.10
(e) v31 : Matthieu 12.46 ; Luc 8.19
(1) v6 : Voyez la note sur Matthieu 22.16.
(2) v18 : Voyez la note sur Matthieu 10.4.
(3) v22 : Voyez la note sur Matthieu 12.24.
Chapitre IV
Ce chapitre contient :
1. la similitude de la semence et son explication, versets 1-25;
2. une autre similitude de la semence qu on jette dans la terre et
qui produit son fruit quelque temps après, versets 26-29 ;
3. la parabole du grain de moutarde, versets 30-34 ;
4. le miracle que Jésus-Christ fit en apaisant une tempête, versets
35-41.
Et a Jésus se mit encore à enseigner près de la mer et une grande
multitude s'étant assemblée autour de lui, il monta dans un barque
où il s'assit et tout le peuple était à terre sur le rivage.
2. Il leur enseignait beaucoup de choses par des similitudes et il
leur disait dans ses instructions.
3. Écoutez : Un semeur s'en alla pour semer.
4. Et il arriva qu'en semant, une partie de la semence tomba le long
du chemin et les oiseaux du ciel vinrent et la mangèrent toute.
5. Une autre partie tomba sur des endroits pierreux où il y avait
peu de terre et elle leva d'abord parce qu'elle n'entrait pas
profondément dans la terre.
6. Mais quand le soleil fut levé, elle fut brûlée et parce qu'elle
n'avait pas de racine, elle sécha.
7. Une autre partie tomba parmi les épines et les épines crûrent et
l'étouffèrent et elle ne rapporta point de fruit.
8. Et une autre partie tomba dans une bonne terre et rendit du fruit
qui monta et crût, en sorte qu'un grain en rapporta trente et un
autre soixante et un autre cent.
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9. Et il leur dit : Que celui qui a des oreilles pour ouïr entende.
10. Et quand il fut en particulier, ceux qui étaient autour de lui
avec les douze apôtres l interrogèrent touchant le sens de cette
parabole.
11. Et il leur dit : Il vous est donné de connaître le mystère du
royaume de Dieu, mais pour ceux qui sont dehors, tout se traite en
paraboles :
12. b De sorte qu ’ en voyant ils voient et n ’ aperçoivent point et
qu en entendant ils entendent et ne comprennent point, de peur qu
ils ne se convertissent et que leurs péchés ne leur soient
pardon-nés.
13. Et il leur dit : N ’ entendez-vous pas cette similitude ? Et
comment entendrez-vous toutes les similitudes?
14. Le semeur, c ’ est celui qui sème la parole.
15. Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux en qui la parole
est semée mais aussitôt qu ils l ont ouïe, satan vient et enlève la
parole qui avait été semée dans leurs cœurs.
16. De même, ceux qui reçoivent la semence dans des endroits
pierreux sont ceux qui ayant ouï la parole la reçoivent d abord avec
joie,
17. Mais ils n ’ont point de racine en eux-mêmes et ils ne sont que
pour un temps, de sorte que l ’ affliction ou la persécution
survenant pour la parole, ils sont aussitôt scandalisés.
18. Et ceux qui reçoivent la semence parmi les épines sont ceux qui
écoutent la parole,
19. Mais les soucis de ce monde,c la séduction des richesses et les
passions pour les autres choses survenant étouffent la parole et
elle devient infructueuse.
20. Mais ceux qui ont reçu la semence dans une bonne terre ce sont
ceux qui écoutent la parole et qui la reçoivent et qui portent du
fruit, un grain trente et un autre soixante et un autre cent.
21. Il leur disait encore :d Apporte-t-on une chandelle pour la
mettre sous un boisseau ou sous un lit? N ’ est-ce pas pour la
mettre sur un chandelier?
22. e Car il n ’ y a rien de secret qui ne doive être manifesté et
il n y a rien de caché qui ne doive être mis en évidence.
23. Si quelqu ’ un a des oreilles pour entendre, qu ’ il entende.
24. Il leur dit encore : Prenez garde à ce que vous entendez.f On
vous mesurera de la même mesure dont vous aurez mesuré et on y
ajoutera encore davantage pour vous qui écoutez.
25.g Car on donnera à celui qui a, mais pour celui qui n a pas, on
lui ôtera même ce qu il a.
26. Il dit encore : ll en est du royaume de Dieu comme si un homme
avait jeté de la semence en terre.
27. Soit qu ’il dorme ou qu ’il se lève, la nuit ou le jour, la
semence germe et croît sans qu il sache comment.
28. Car la terre produit d ’ elle-même premièrement de l ’herbe,
ensuite l ’ épi et puis le grain tout formé dans l ’ épi.
29. Et quand le fruit est dans sa maturité, on y met aussitôt la
faucille parce que la moisson est prête.
30. Il disait encore : h À quoi comparerons-nous le royaume de Dieu
ou par quelle similitude le représenterons-nous ?
31. Il en est comme du grain de moutarde, lequel, lorsqu on le sème
dans la terre est la plus petite de toutes les semences que l ’on
jette dans la terre.
32. Mais après qu ’on l ’ a semé, il monte et devient plus grand que
tous les autres légumes et il pousse de grandes branches en sorte
que les oiseaux du ciel peuvent demeurer sous son ombre.
33.i Il leur annonçait ainsi la parole par plusieurs similitudes de
cette sorte, selon qu ils étaient capables de l entendre.
34. Et il ne leur parlait point sans similitudes, mais il expliquait
tout en particulier à ses disciples.
35.j Ce jour-là quand le soir fut venu, il leur dit : Passons de l ’
autre côté de l ’ eau.
36. Et après avoir renvoyé le peuple, ils emmenèrent Jésus avec eux
dans la barque où il était et il y avait aussi d ’ autres petites
barques qui l ’ accompagnaient.
37. Alors un grand tourbillon de vent s éleva et les vagues
entraient dans la barque en sorte qu elle commençait à s emplir.
38. Mais il était à la poupe, dormant sur un oreiller et ils le
réveillèrent et lui dirent : Maître, ne te soucies-tu point que nous
périssions?
39. Mais lui étant réveillé parla avec autorité aux vents et il dit
à la mer : Tais-toi, sois tranquille. Et le vent cessa et il se fit
un grand calme.
40. Puis il leur dit : Pourquoi êtes-vous timides? Comment n
avez-vous point de foi ?
41. Et ils furent saisis d ’ une fort grande crainte et ils se
disaient l un à l autre : Mais qui est celui-ci que le vent même et
la mer lui obéissent ?
Réflexions
L’explication que Jésus-Christ a donné de la similitude de la
semence l ’ éclaircit parfaitement et en marque le sens et l usage.
Voici ce que le Sauveur du monde a voulu nous enseigner.
La semence qui tombe sur le chemin représente ceux qui entendent l
Évangile mais qui ne le reçoivent point ou qui n en sont point
touché.
La semence qui tombe en des lieux pierreux marque ceux qui ne
reçoivent la parole de Dieu que pour un temps et qui dans la
persécution ou dans la tentation abandonnent Jésus-Christ.
La semence qui tombe parmi les épines et qui y est étouffée est une
image de ceux en qui cette parole produirait du fruit si le cœur n ’
était pas possédé par l amour des biens ou des plaisirs du monde et
par les soins de cette vie.
60
Marc
Et la semence qui est reçue dans une bonne terre désigne ceux qui
ont le cœur bon et disposé et en qui l'Évangile produit du fruit et
des effets salutaires.
L'usage que nous devons faire de cette parabole est de nous examiner
nous-mêmes et de voir si nous sommes du nombre
- de ces endurcis sur qui la parole de Dieu ne fait aucune
impression ;
- ou de ces inconstants et de ces lâches, qui après avoir été
touchés ne persévèrent pas ;
- ou de ces hommes charnels et attachés au monde en qui la parole
est rendue inutile par l'amour des biens et des plaisirs de cette
vie ;
- ou enfin si nous sommes de ces fidèles auditeurs qui rapportent
avec abondance les fruits que Dieu attend d'eux.
Mettons ces divines instructions dans notre cœur et prenons garde,
selon que Jésus-Christ nous y exhorte, à la manière dont nous les
entendons, nous souvenant que Dieu augmente ses lumières et ses dons
à ceux qui en font un bon usage, mais qu'il les ôte à ceux qui n'en
profitent pas.
Le dessein de Jésus-Christ dans la similitude de la semence qui
germe et qui croît peu à peu et dans celle du grain de moutarde
était de marquer que quoi qu'il n'y eût pas alors beaucoup
d'apparence que sa doctrine fit de grands progrès, vu la bassesse où
il était et le petit nombre de ceux qui embrassaient sa doctrine,
elle serait reçue dans peu par tout le monde.
Jésus-Christ disait ces choses en parabole au peuple parce que s'il
eût dit ouvertement que son Évangile serait annoncé aux autres
nations, cela aurait rebuté et scandalisé les Juifs. Mais ces
paraboles devinrent très claires dans la suite par l'établissement
de l'Église chrétienne, en sorte qu'elles nous fournissent
aujourd'hui une preuve invincible de la vérité de l'Évangile.
Dans le récit du miracle que notre Seigneur fit en calmant une
tempête, on remarque l'extrême frayeur des apôtres qui craignaient
de périr, quoiqu'ils eussent Jésus avec eux, ce qui montre que leur
foi était encore faible, comme le Seigneur le leur reprocha. Mais on
y découvre aussi sa bonté envers eux et une merveilleuse puissance
qui les jeta tous dans l'admiration.
Les enfants de Dieu sont exposés à divers dangers, ils ont leurs
faiblesses et leurs craintes, mais il subvient à leur infirmité et
après les avoir fait passer par l'affliction pour leur épreuve, il
leur donne en les délivrant des témoignages de sa bonté qui
fortifient leur foi et qui les remplissent de consolation et de
joie.
(a) v1 : Matthieu 13.1 ; Luc 8.4
(b) v12 : Ésaïe 6.9; Matthieu 13.14; Luc 8.10; Jean 12.40; Actes
28.26 ; Romains 11.8
(c) v19 : I Timothée 6.17
(d) v21 : Matthieu 5.15; Luc 8.16 et 11.33
(e) v22 : Matthieu 10.20 ; Luc 8.17 et 12.2
(f) v24 : Matthieu 7.2 ; Luc 6.38
(g) v25 : Matthieu 13.12 et 25.29; Luc 8.18 et 19.26
(h) v30 : Matthieu 13.31 ; Luc 13.18
(i) v33 : Matthieu 13.34
(j) v35 : Matthieu 8.23 ; Luc 8.22
Chapitre V
L’apôtre Marc récite un miracle très remarquable que Jésus-Christ
fit en délivrant un homme qui était possédé d'une légion de démons,
versets 1-20.
La guérison d une femme malade d une perte de sang et la
résurrection de la fille de Jaïrus, versets 21-43.
Et a ils arrivèrent de l'autre côté de la mer, dans la contrée des
Gadaréens.
2. Et aussitôt que Jésus fut descendu de la barque, un homme qui
était possédé d'un esprit immonde sortit des sépulcres et vint au
devant de lui.
3. Il faisait sa demeure dans les sépulcres et personne ne le
pouvait tenir lié, non pas même avec des chaînes.
4. Car souvent, ayant eu les fers aux pieds et ayant été lié de
chaînes, il avait rompu les chaînes et brisé les fers et personne ne
le pouvait dompter.
5. Et il demeurait continuellement, nuit et jour, sur les montagnes
et dans les sépulcres, criant et se meurtrissant avec des pierres.
6. Quand il eut vu Jésus de loin, il accourut et se prosterna devant
lui
7. Et lui dit, criant à haute voix : Qu'y a-t-il entre toi et moi,
Jésus fils du Dieu très haut ? Je te conjure par le nom de Dieu de
ne me point tourmenter.
8. Car Jésus lui disait : Esprit immonde, sort de cet homme.
9. Et Jésus lui demanda : Quel est ton nom ? Et il lui répondit : Je
m'appelle légion, car nous sommes plusieurs.
10. Et il le priait fort de ne le pas envoyer hors de cette contrée.
11. Or il y avait là vers les montagnes un grand troupeau de
pourceaux qui paissait.
12. Et tous ces démons le priaient en disant : envoie-nous dans ces
pourceaux afin que nous y entrions et aussitôt Jésus le leur permit.
13. Alors ces esprits immondes étant sortis entrèrent dans les
pourceaux et le troupeau se précipita avec une impétuosité dans la
mer, or il y en avait environ deux milles.
14. Et ceux qui paissaient les pourceaux s'enfuirent et en portèrent
les nouvelles dans la ville et par la campagne.
15. Alors le peuple sortit pour voir ce qui était arrivé et ils
vinrent vers Jésus et ils virent celui qui était possédé de la
légion, assis, habillé et dans son bon sens et ils furent remplis de
crainte.
16. Et ceux qui avaient vu cela leur racontèrent ce qui était arrivé
au démoniaque et aux pourceaux.
17. Alors ils se mirent à le prier de se retirer de leurs quartiers.
18. Et quand il fut entré dans la barque, celui qui avait été
possédé le pria de lui permettre d'être avec lui.
61
Marc
19. Mais Jésus ne le permit pas, mais il lui dit : Va-t'en dans ta
maison, vers tes parents et raconte-leur les grandes choses que le
Seigneur t'a faites et comment il a eu pitié de toi.
20. Et il s'en alla et il se mit à publier dans le pays de Décapolis
les grandes choses que Jésus lui avait faites et ils étaient tous
dans l'admiration.
21. Jésus étant repassé dans la barque à l'autre bord, une grande
foule de peuple s'assembla auprès de lui et il était près de la mer.
22. b Et un des chefs de la synagogue nommé Jaïrus vint et l'ayant
vu, il se jeta à ses pieds.
23. Et il le pria instamment, disant : Ma petite fille est à
l'extrémité, je te prie, de venir lui imposer les mains et elle sera
guérie et elle vivra.
24. Et Jésus s'en alla avec lui et il fut suivi d'une grande foule
qui le pressait.
25. Alors une femme malade d'une perte de sang depuis douze ans
26. Qui avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs
médecins et qui avait dépensé tout son bien sans en avoir reçu aucun
soulagement et qui était plutôt allée en empirant.
27. Ayant ouï parler de Jésus vint dans la foule par derrière et
toucha son habit.
28. Car elle disait : Si je touche seulement ses habits, je serai
guérie.
29. Et au même instant, sa perte de sang s'arrêta et elle sentit en
son corps qu'elle était guérie de son mal.
30. Et aussitôt Jésus connaissant en soi-même la vertu qui était
sortie de lui se tourna vers la foule disant : Qui a touché mon
habit?
31. Et ses disciples lui dirent : Tu vois que la foule te presse et
tu dis : Qui est-ce qui m'a touché ?
32. Et il regardait tout autour pour découvrir celle qui avait fait
cela.
33. Alors la femme effrayée et tremblante, sachant ce qui avait été
fait en sa personne, vint et se jeta à ses pieds et lui dit toute la
vérité.
34. Et Jésus lui dit : Ma fille, ta foi t'a sauvée, va-t'en en paix
et soit guérie de ta maladie.
35. Comme il parlait encore, des gens du chef de la synagogue
vinrent lui dire : Ta fille est morte, ne donne pas d'avantage de
peine au maître.
36. Aussitôt que Jésus eut ouï cela, il dit au chef de la synagogue
: Ne craint point, crois seulement.
37. Et il ne permit à personne de le suivre sinon à Pierre et à
Jacques et à Jean frère de Jacques.
38. Étant arrivé à la maison du chef de la synagogue, il vit qu'on y
faisait un grand bruit et des gens qui pleuraient et qui jetaient de
grands cris.
39. Et étant entré il leur dit : Pourquoi faites-vous ce bruit et
pleurez-vous ? Cette petite fille n'est pas morte, mais elle dort.
40. Et ils se moquaient de lui, mais les ayant fait sortir, il prit
le père et la mère de l'enfant et ceux qui étaient avec lui et il
entra dans le lieu où l'enfant était couché.
41. Et ayant pris la main de l'enfant, il lui dit : Ta-litha cumi,
c'est-à-dire : Petite fille lève-toi, je te le dis.
42. Incontinent la petite fille se leva et se mit à marcher, car
elle était âgée de douze ans. Et ils furent dans un grand
étonnement.
43. Et il leur recommanda fortement que personne ne le sut et il dit
qu'on donna à manger à la fille.
Réflexions
L'histoire du démoniaque est tout-à-fait digne d'attention. On y
voit d'une manière sensible l'empire que les démons exerçaient alors
sur les hommes par la permission de Dieu, mais on y voit aussi que
Jésus-Christ avait un souverain pouvoir sur eux, qu'il devait
détruire le règne du diable et qu'il était toujours prêt à déployer
sa puissance en faveur de ceux qui avaient besoin de son secours.
Notre Seigneur, après avoir délivré ce démoniaque, permit aux démons
d'entrer dans les pourceaux et de les précipiter dans la mer afin de
faire voir que cet homme était véritablement possédé du démon et de
prouver par ce moyen la vérité et la grandeur du miracle qu'il
venait de faire. Il le fit aussi pour démontrer que les démons ne
pouvaient rien faire que par sa permission et pour châtier les
habitants de ces quartiers-là, lesquels, selon que cela est dit dans
cette histoire, ne voulurent pas souffrir le Seigneur parmi eux.
Nous devons bénir Dieu de ce que, depuis la venue de Jésus-Christ,
le diable n'a plus le pouvoir qu'il avait autrefois sur les hommes
et considérer au reste que l'état de ce démoniaque, quelque
déplorable qu'il fut, n'était pas si funeste que celui des pécheurs
qui s'adonnent au mal et qui sont les esclaves de leurs passions.
Cet homme ne s'était pas mis volontairement dans ce triste état et
le démon ne pouvait lui nuire qu'en son corps, au lieu que les
pécheurs se rendent eux-mêmes les esclaves du diable en faisant sa
volonté, par où cet ennemi de Dieu et des hommes entraîne leurs âmes
dans l'abîme de la perdition éternelle.
La guérison de cette femme dont le Seigneur loua la foi et qui fut
délivrée de son mal en touchant le bord du vêtement de Jésus-Christ
prouve que l'humilité et la foi ont une grande efficace, que la
confiance en Jésus-Christ n'est jamais vaine et qu'il est toujours
prêt à répandre ses grâces sur ceux qui s'adressent à lui dans ces
dispositions.
La souveraine puissance de notre Seigneur paraît encore avec plus
d'éclat dans la résurrection de la fille de Jaïrus. Sur quoi il faut
considérer que Jésus-Christ qui rendait la santé aux malades rendait
aussi la vie aux morts, et cela non seulement pour montrer d'autant
mieux sa puissance, mais aussi pour confirmer les promesses qu'ils
nous a faites dans l'Évangile de nous ressusciter au dernier jour.
62
Marc
Ainsi la considération de ce miracle doit produire en nous une ferme
espérance de l'immortalité, nous remplir de consolation dans cette
attente et nous animer de plus en plus à l'étude de la sainteté et
des bonnes œuvres, afin que nous puissions avoir part à cette
résurrection bienheureuse que Jésus-Christ nous a promise.
(a) v1 : Matthieu 8.28 ; Luc 8.26 (b) v22 : Matthieu 9.18 ; Luc 8.41
Chapitre VI, versets 1-29
Il est ici parlé :
1. de l'arrivée de Jésus-Christ à Nazareth et de l'incrédulité des
habitants de cette ville, versets 1-6;
2. de l envoi des apôtres dans la Judée, versets 7-13;
3. de la mort de Jean-Baptiste,versets 14-29.
Et Jésus a partit de là et vint en sa patrie et ses disciples le
suivirent.
2. Et quand le sabbat fut venu, il commença à enseigner dans la
synagogue et plusieurs de ceux qui l'entendaient s'étonnèrent et
disaient b D'où viennent toutes ces choses à cet homme ? Quelle est
cette sagesse qui lui a été donnée ? Et d'où vient que de si grands
miracles se font par ses mains ?
3. N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, frère de Jacques
et de Joses et de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici
parmi nous ? Et ils se scandalisaient à son sujet.
4. Mais Jésus leur dit : c Un prophète n'est méprisé que dans son
pays et parmi ses parents et ceux de sa famille.
5.d Et il ne pût faire là aucun miracle, si ce n'est qu'il guérit
quelque peu de malades en leur imposant les mains.
6. Et il s'étonnait de leur incrédulité e et il parcourut les
bourgades des environs en enseignant.
7. f Alors il appela les douze et il commença à les envoyer deux à
deux et il leur donna pouvoir sur les esprits immondes.
8. Et il leur ordonna de ne rien prendre pour le chemin, sinon un
bâton seulement, ni sac, ni pain, ni monnaie dans leur ceinture ;
9. Mais de ne prendre que leurs souliers et de ne porter pas deux
habits.
10. Il leur dit aussi : En quelque maison que vous entriez,
demeurez-y jusqu'à ce que vous sortez de ce lieu-là.
11 g Et lorsqu'il se trouvera des gens qui ne vous recevront pas et
qui ne vous écouteront pas, h secouez la poussière de vos pieds en
témoignage contre eux. Je vous dis en vérité que ceux de So-dome et
de Gomorrhe seront traités moins rigoureusement au jour du jugement
que cette ville-là.
12. Étant donc partis ils prêchèrent qu'on s'amendât.
13. Et ils chassèrent plusieurs démons et oignirent d'huile
plusieurs malades et ils les guérirent.
14.i Or le roi Hérode entendit parler de Jésus, car son nom était
fort célèbre et il dit : Ce Jean qui baptisait est ressuscité des
morts, c'est pour cela que les puissances agissent en lui.
15. D'autres disaient : C'est Élie. Et d'autres disaient : C'est un
prophète ou comme l'un des prophètes.
16.j Mais Hérode en ayant ouï parler dit : C'est ce Jean que j'ai
fait décapiter, il est ressuscité d'entre les morts.
17. Car Hérode avait envoyé prendre Jean et l'avait fait lier dans
la prison à cause d'Hérodias, femme de Philippe son frère, parce
qu'il l'avait épousée.
18. Car Jean disait à Hérode :k Il ne t'est pas permis d'avoir la
femme de ton frère.
19. C'est pourquoi Hérodias lui en voulait et elle désirait de le
faire mourir, mais elle ne pouvait en venir à bout.
20. Parce qu'Hérode craignait Jean sachant que c'était un homme
juste et sain et il le considérait et il faisait beaucoup de choses
après l'avoir entendu et il l'écoutait avec plaisir.
21. Mais un jour vint à propos auquel Hérode faisait le festin du
jour de sa naissance aux grands de la cour et aux capitaines et aux
principaux de la Galilée.
22. La fille d'Hérodias étant entrée et ayant dansé et ayant plu à
Hérode et à ceux qui étaient à table avec lui, le roi dit à la jeune
fille : Demande-moi ce que tu voudras et je te le donnerai.
23. Et il lui jura disant : Tout ce que tu me demanderas, je te le
donnerai, jusqu'à la moitié de mon royaume.
24. Et étant sortie, elle dit à sa mère : Que demanderai-je ? Et sa
mère lui dit : Demande la tête de Jean-Baptiste.
25. Et étant incontinent rentrée avec empressement vers le roi, elle
lui fit sa demande et lui dit : Je voudrais que tout à l'heure tu me
donasses dans un bassin la tête de Jean-Baptiste.
26. Et le roi en fut fort triste, cependant à cause du serment qu'il
avait fait et de ceux qui étaient à table avec lui, il ne voulut pas
la refuser.
27. Et il envoya incontinent un de ses gardes et il lui commanda
d'apporter la tête de Jean. Le garde y alla et il lui coupa la tête
dans la prison.
28. Et il apporta la tête dans un bassin et la donna à la jeune
fille et la jeune fille la présenta à sa mère.
29. Et les disciples de Jean l'ayant appris vinrent et emportèrent
son corps et le mirent dans un sépulcre.
Réflexions
Voici les réflexions qu'il faut faire sur les trois parties de cette
lecture.
63
Marc
La première regarde l'incrédulité et l'ingratitude de ceux de
Nazareth, qui ayant le bonheur d'avoir Jésus-Christ parmi eux, ne
reconnurent pas que la sagesse et la puissance qui étaient en lui
venaient de Dieu et profitèrent si mal de sa présence, ce qui fut
cause qu'il ne fit que si peu de miracles dans ce lieu-là. Voilà
comment les préjugés et la malice des hommes font qu'ils négligent
les grands avantages dans le temps qu'ils leurs sont offerts. Cela
montre aussi que si Dieu les prive de sa grâce, c'est parce qu'ils
la méconnaissent et qu'ils y mettent eux-mêmes des obstacles.
Sur l'envoi des apôtres, il faut remarquer :
1. que Jésus-Christ par un effet de sa sagesse et de sa bonté envers
les Juifs envoya les apôtres pour annoncer la venue du règne de Dieu
dans la Judée et qu'afin de rendre leur prédication plus efficace,
il leur donna le pouvoir de faire des miracles ;
2. il leur défendit de prendre des provisions pour ce voyage parce
qu'il devait être court et pour leur apprendre de bonne heure à se
confier en la providence ;
3. il déclara que ceux qui ne voudraient pas les recevoir seraient
punis très rigoureusement, en quoi l'on voit la condamnation de ceux
à qui Dieu fait présenter le salut et qui rejettent les offres de sa
grâce.
Pour ce qui est de la mort de Jean-Baptiste, elle doit être
attribuée à la haine dont Hérodias était animée contre lui parce
qu'il condamnait son mariage avec Hérode et à la lâche complaisance
d'Hérode qui sacrifia à cette femme impudique Jean-Baptiste pour
lequel il avait d'ailleurs de la vénération. On voit ici que les
personnes vicieuses haïssent d'ordinaire ceux qui les reprennent de
leur vie déréglée, que l'impureté aussi bien que la complaisance que
l'on a pour les méchants ont toujours des suites funestes et qu'il
est dangereux de se lier par des serments téméraires. Il est
cependant à remarquer que Dieu permit que Jean-Baptiste perdit la
vie afin de préparer les Juifs à ce qui devait arriver à
Jésus-Christ lui-même dont ce prophète avait été le précurseur.
C'est enfin une chose digne d'attention, qu'Hérode qui était dans
les sentiments des Sadducéens, lesquels ne croient pas la
résurrection, crût que Jean-Baptiste, qu'il avait fait décapiter,
était revenu à la vie. Cela fait voir que les impies et les
incrédules n'ont
aucune croyance fixe et arrêtée. Une conscience
coupable est toujours en crainte et dans les remords dont les
méchants sont agités, ils admettent les vérités qu'ils rejetaient
auparavant et ils se persuadent des choses dont ils font profession.
(a) v1 : Matthieu 13.54; Luc 4.16
(b) v2 : Jean 6.42
(c) v4 : Matthieu 13.57
(d) v5 : Jean 4.41 ; Matthieu 13.58
(e) v6 : Matthieu 9.35 ; Luc 13.22
(f) v7 : Matthieu 10.1 ; Sus 3.14 ; Luc 9.1
(g) v11 : Matthieu 10.14 ; Luc 9.5 et 10.11
(h) v11 : Actes 13.51 et 13.6
(i) v14 : Matthieu 14.1 ; Luc 9.7
(j) v16 : Luc 3.19
(k) v18 : Lévitique 18.16
Chapitre VI, versets 30-56
Notre Seigneur nourrit cinq milles personnes d’une manière
miraculeuse, versets 30-44,
ses disciples étant exposés à une tempête, il va vers eux en
marchant sur la mer, versets 45-52,
et étant arrivé au pays de Génésareth, il y guérit plusieurs
malades, versets 53-56.
30. l Et les apôtres se rassemblèrent auprès de Jésus et lui
racontèrent tout ce qu'ils avaient enseigné.
31. Et il leur dit : Venez-vous-en à l'écart, dans un lieu retiré et
prenez un peu de repos, car il y avait beaucoup d'allants et de
venants, en sorte qu'ils n'avaient même pas le temps de manger.
32. m Ils s'en allèrent donc dans une barque, à l'écart, dans un
lieu retiré.
33. Mais le peuple les ayant vu partir, plusieurs le reconnurent et
ils accoururent à pied de toutes les villes et ils arrivèrent avant
eux et s'assemblèrent auprès de lui.
34. n Alors Jésus étant sorti, vit là une grande multitude et il fut
touché de compassion envers eux parce qu'ils étaient comme des
brebis qui n'ont point de berger et il se mit à leur enseigner
plusieurs choses.
35.o Et comme il était déjà tard, ses disciples s'approchèrent de
lui et lui dirent : Ce lieu est désert et il est déjà tard.
36. Renvoie-les afin qu'ils aillent dans les villages et dans les
bourgs des environs et qu'ils s'achètent du pain, car ils n'ont rien
à manger.
37. Et il leur dit : Combien avez-vous de pains? Allez et regardez.
q Et l'ayant vu, ils dirent : Nous avons cinq pains et deux
poissons.
39. Alors il leur commanda de les faire tous asseoir en diverses
troupes sur l'herbe verte.
40. Et ils s'assirent par rangées, par centaines et par
cinquantaines.
41. Et Jésus prit les cinq pains et les deux poissons et levant les
yeux au Ciel, il rendit grâce et rompit les pains et il les donna à
ses disciples afin qu'ils les missent devant eux, il leur distribua
aussi à tous les deux poissons.
42. Et ils en mangèrent tous et furent rassasiés.
43. Et on emporta douze paniers pleins des morceaux de pain et
quelque reste de poissons.
44. Or ceux qui avaient mangé de ces pains étaient environ cinq
mille hommes.
45. Aussitôt après, il obligea ses disciples d'entrer dans la barque
et de passer devant lui de l'autre côté de la mer, vers Bethsaïde,
pendant qu'il congédierait le peuple.
46. Et quand il l'eut congédié, il s'en alla sur la montagne pour
prier.
47. r Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer et il
était seul sur la terre.
48. Et il vit qu'ils avaient beaucoup de peine à ramer parce que le
vent leur était contraire et environ
64
Marc
la quatrième veille de la nuit, il vint à eux marchant sur la mer et
il voulait les devancer.
49. Mais quand ils le virent marchant sur la mer, ils crurent que c
’ était un fantôme et ils s ’ écrièrent.
50. Car il les voyait tous et ils furent troublés, mais aussitôt il
leur parla et leur dit : Rassurez-vous, c ’ est moi, n ’ ayez point
de peur.
51. Alors il monta dans la barque vers eux et le vent cessa et ils
furent encore plus dans l étonnement et dans l ’ admiration.
52. Car ils n ’ avaient pas fait assez attention au miracle des
pains, parce que leur cœur était appesanti.
53.s Et quand ils eurent traversé la mer, ils vinrent en la contrée
de Génézareth et ils abordèrent.
54. Et dès qu ’ ils furent sortis de la barque, ceux du lieu le
reconnurent.
56. Et ils coururent dans toute cette contrée et commencèrent à
apporter de tous côtés sur de petits lits ceux qui étaient malades,
partout où ils entendaient dire qu il était.
57. Et en quelque lieu qu ’ il entrât dans les bourgs ou dans les
villes ou dans les villages, on mettait les malades dans les places
publiques et on le priait qu au moins ils pussent toucher le bord de
son habit et tous ceux qui le touchaient étaient guéris.
Réflexions
Nous devons faire ici attention, en premier lieu à la bonté de notre
Seigneur, qui voyant les besoins de peuple qui le suivait, fut ému
de compassion envers eux et leur donna avec la nourriture de l âme
celle du corps en multipliant les pains d une manière miraculeuse.
Il y a une circonstance particulière dans ce miracle et qui le
distingue des autres. C est qu il le fit en faveur d ’ un grand
peuple, au lieu qu ’ il ne faisait les autres qu ’ en faveur de
certaines personnes en particulier, ce qui devait rendre ce miracle
plus fameux et plus éclatant.
Notre Seigneur fit voir ensuite cette même bonté, aussi bien que sa
puissance et sa sagesse, lorsque ses disciples étant en danger de
périr dans une tempête, il alla vers eux en marchant sur la mer et
qu il fit cesser l ’orage. Il parait qu ’ il était nécessaire que le
Seigneur fit ce nouveau miracle pour convaincre pleinement ses
disciples de sa puissance, puisque, comme l ’ évangéliste le
remarque, ils n ’ avaient pas fait assez attention aux miracles qu
ils lui avaient vu faire auparavant. C ’ est ainsi que Jésus-Christ
voulut confirmer leur foi qui était encore assez faible et les
persuader de plus en plus qu il était le fils de Dieu. Ce qui arriva
dans cette occasion doit aussi produire en nous une pleine
persuasion de la puissance sans borne de Jésus-Christ et du soin qu
il a des siens et qu il n y a aucun péril d où il ne puisse les
tirer, ni aucune affliction dont il ne leur donne une heureuse issue
et c ’ est même dans ces occasions qu ’ il leur fait le mieux sentir
combien il les aime.
Enfin, quand nous lisons que l on apportait de toutes part des
malades à notre Seigneur et qu ils
étaient tous guéris, même par le simple attouchement de ses habits,
nous devons penser que s il déployait ainsi sa puissance pour le
soulagement et la guérison de ceux qu on lui présentait, il n est
pas moins disposé à sauver tous ceux qui cherchent auprès de lui la
délivrance des maux de l âme et c ’ est ce qui doit nous inciter à
nous adresser avec confiance à ce Rédempteur charitable pour être
aidé dans tous nos besoins.
(l) v30 : Luc 9.10
(m) v32 : Matthieu 14.3 ; Luc 9.10
(n) v34 : Matthieu 9.36 et 14.14
(o) v34 : Luc 9.11
(p) v35 : Matthieu 14.15 ; Jean 6.5
(q) v38 : Matthieu 14.17 ; Luc 9.13 ; Jean 6.9
(r) v47 : Matthieu 14.23 ; Jean 6.16
(s) v53 : Matthieu 14.34
Chapitre VII
Ce chapitre a deux parties.
Les pharisiens se plaignant de ce que les disciples de Jésus-Christ
ne se lavaient pas selon la coutume des Juifs, il leur reproche qu
’ils violaient eux-mêmes les commandements de Dieu en enseignant que
si un enfant avait consacré à Dieu le bien dont il aurait pu
assister son père ou sa mère, il était obligé d’accomplir ce vœu à
la rigueur et qu ’il ne lui était plus permis de secourir son père
et sa mère avec ce bien là.
Notre Seigneur enseigne ensuite au peuple et à ses disciples ce que
c ’est qui souille l’homme et ce qui ne le souille pas, versets
1-23.
Après cela il va du côté de Tyr et de Sidon où il guérit la fille
d’une femme cananéenne et, revenant dans la Galilée, il guérit un
homme sourd et muet, versets 24-37.
Alors a des pharisiens et quelques scribes, qui étaient venus de
Jérusalem, s assemblèrent vers Jésus.
2. Et voyant que quelques-uns de ses disciples prenaient leur repas
avec des mains souillées 1, c ’ est-à-dire qui n ’ avaient pas été
lavées, ils les en blâmaient.
3. Car les pharisiens et tous les Juifs ne mangeaient point sans se
laver les mains jusqu au coude, gardant en cela la tradition des
anciens.
4. Et lorsqu ’ ils reviennent des places publiques, ils ne mangeant
point non plus sans s ’ être lavé. Il y a aussi beaucoup d autres
choses qu ils ont reçues pour les observer, comme de laver les
coupes, les pots, les vaisseaux d ’ airain et les lits.
5. Là-dessus les pharisiens et les scribes lui demandèrent : D où
vient que tes disciples ne suivent pas la tradition des anciens et
qu ils prennent leur repas sans se laver les mains ?
6. Il leur dit : Hypocrites, c ’ est de vous qu ’Ésaïe a prophétisé
comme il estb écrit : Ce peuple m ’honore des lèvres, mais leur cœur
est bien éloigné de moi.
7. Mais c est en vain qu ils m honorent, enseignant des doctrines
qui ne sont que des commandements d ’homme.
65
Marc
8. Car en abandonnant le commandement de Dieu, vous observer la
tradition des hommes, lavant les pots et les coupes et faisant
beaucoup d'autres choses semblables.
9. Il leur dit aussi : Vous annulez fort bien le commandement de
Dieu pour garder votre tradition.
10. Car Moïse a dit :c Honore ton père et ta mère. Et : Que celui
qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort.
11. Mais vous dites : Si quelqu'un dit à son père ou à sa mère :
Tout ce dont je pourrais t'assister est corban, c'est-à-dire, un don
consacré à Dieu,
12. Vous ne lui permettez plus de rien faire pour son père ou sa
mère.
13. Et vous anéantissez ainsi la parole de Dieu par votre tradition
que vous avez établie et vous faites beaucoup d'autres choses
semblables.
14.e Alors ayant appelé toute la multitude, il leur dit :
Écoutez-moi tous et comprenez ceci :
15. Rien de ce qui est hors de l'homme et qui entre dans lui ne peut
le souiller, mais ce qui sort de lui, c'est ce qui souille l'homme.
16. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende.
17. Et quand ils furent entré dans la maison après s'être retiré
d'avec la multitude, ses disciples l'interrogèrent sur cette
parabole.
18. Et il leur dit : Êtes-vous aussi sans intelligence ? Ne
comprenez-vous pas que rien de ce qui entre de dehors de l'homme ne
peut le souiller,
19. Parce que cela n'entre pas dans son cœur, mais qu'il va au
ventre et qu'il sort aux lieux secrets, purifiant tous les aliments
?
20. Il leur disait donc : Ce qui sort de l'homme, c'est ce qui
souille l'homme.
21. Car f du dedans, c'est-à-dire du cœur des hommes sortent les
mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres,
22. Les larcins, les mauvais moyens pour avoir le bien d'autrui, les
méchancetés, la fraude, l'impudi-cité, l'œil envieux, la médisance,
la fierté, la folie.
23. Tous ces vices sortent du dedans et souillent l'homme.
24. g Puis étant parti de là, il s'en alla aux frontières de Tyr et
de Sidon et étant entré dans une maison il ne voulait pas que
personne le sût, mais il ne put être caché.
25. Car une femme dont la fille était possédée d'un esprit immonde,
ayant entendu parler de lui, vint et se jeta à ses pieds.
26. Cette femme était2 grecque, Syrophénicienne de nation et elle le
pria de chasser le démon hors de sa fille.
27. Et Jésus lui dit : Laisse premièrement rassasier les enfants,
car il n'est pas juste de prendre le pain des enfants et de le jeter
aux petits chiens.
28. Mais elle répondit et lui dit : Il est vrai Seigneur, cependant
les petits chiens mangent sous la table des miettes du pain des
enfants.
29. Alors il lui dit : À cause de cette parole, va-t'en, le démon
est sorti de ta fille.
30. Et étant de retour dans sa maison, elle trouva que le démon
était sorti de sa fille et qu'elle était couchée sur le lit.
31. Et Jésus étant parti des quartiers de Tyr et de Sidon vint près
de la mer de Galilée traversant le pays de Décapolis.
32. Et on lui amena un homme sourd qui avait la parole empêchée et
on le pria de lui imposer les mains.
33. Et l'ayant tiré de la foule à part, il lui mit les doigts dans
les oreilles et, ayant craché, il lui toucha la langue.
34. Puis levant les yeux au ciel, il soupira et il dit : Hephphatah,
c'est-à-dire : Ouvre-toi.
35. Aussitôt ses oreilles furent ouvertes et sa langue fut déliée et
il parlait sans peine.
36. Et il leur défendit de le dire à qui que ce fût, mais plus il le
leur défendait, plus ils le publiaient.
37. Et ils s'étonnaient extraordinairement et ils disaient : Il a
bien fait toutes ces choses, il fait entendre les sourds et parler
les muets.
Réflexions
Nous devons apprendre d'ici :
1. que c'est hypocrisie de pratiquer scrupuleusement des coutumes
établies par les hommes et de violer les lois divines et les devoirs
que Dieu a le plus expressément prescrits et que le vrai service de
Dieu consiste à garder les commandements, mais qu'il a en
abomination le culte des hypocrites qui prétendent l'honorer de la
bouche ou par des pratiques extérieures pendant que leur cœur est
souillé et éloigné de lui ;
2. ce discours de Jésus-Christ nous enseigne que Dieu veut que les
enfants honorent et assistent leurs pères et leurs mères et que rien
ne peut les dispenser de ce devoir ;
3. que les serments et les vœux par lesquels on s'engage à faire des
choses contraires à la loi de Dieu ne lient point la conscience et
que ce serait pécher que de les accomplir ;
4. que ce qui nous souille devant Dieu c'est proprement ce qui vient
du cœur, les mauvaises pensées, les désirs impurs et injustes, la
haine du prochain, l'envie, l'orgueil, la fierté et les autres
passions de cette nature, que ces mauvaises pensées sont de vrais
péchés et que c'est là la source de toutes les mauvaises actions que
les hommes commettent. Lorsque Jésus-Christ donnait ces
instructions, il disait au peuple :
Écoutez tous ceci et comprenez le bien.
Cet avertissement marque l'importance de cette doctrine et nous
oblige à éviter sur toutes choses ce qui souille l'âme et de tâcher
d'acquérir la véritable pureté qui est celle du cœur.
Sur la seconde partie de ce chapitre, il faut remarquer que notre
Seigneur étant prié par une femme païenne de guérir sa fille, il
refusa de le faire alléguant
qu 'il n 'était pas juste de donner aux chiens le pain des enfants,
66
Marc
ce qui voulait dire qu'il n'était pas raisonnable que Jésus-Christ
fit en faveur des païens, qui étaient des étrangers, les miracles
qu'il faisait en faveur des Juifs qui étaient le peuple de Dieu et
comme les enfants de sa maison. Notre Seigneur disait cela parce que
les païens ne devaient pas encore alors être égalés aux Juifs. Mais
cette femme obtint enfin de lui par sa profonde humilité, par sa
persévérance, par sa foi et par l'ardeur de son zèle la grâce
qu'elle venait lui demander. On peut voir dans cette histoire que
les païens n'étaient pas exclus de la grâce de Dieu et qu'ils
devaient bientôt y être admis aussi bien que les Juifs. On y voit
aussi que des prières accompagnées d'humilité et de zèle ont une
grande efficace et que si Dieu ne nous accorde pas incontinent ce
que nous lui demandons, il en use ainsi pour exciter notre ardeur et
pour nous donner un sentiment plus vif de notre indignité, mais
qu'enfin on obtient tout de lui par la persévérance.
Au reste, on doit admirer dans ce miracle et dans la guérison de cet
homme à qui Jésus-Christ rendit l'ouïe et la parole la facilité et
la souveraine puissance avec laquelle il guérissait toutes sortes de
maladies et cette grande charité qui le portait en toutes occasions
à secourir les malheureux et à faire du bien à tout le monde.
(a) v1 : Matthieu 15.1
(b) v6 : Ésaïe 29.13
(c)v10: Exode 20.12; Deutéronome 5.16; Éphésiens6.1
(d) : v11, l'endroit n'est pas indiqué dans le verset : Exode 21.17;
Lévitique 10.9; Proverbes 20.20
(e) v14 : Matthieu 15.10
(f) v21 : Genèse 6.5 et 8.21
(g) 24 : Matthieu 15.21
(1) v2 : grec : communes.
(2) v26 : C'est-à-dire : païenne.
Chapitre VIII, versets 1-21
Jésus-Christ nourrit miraculeusement quatre mille hommes, versets
1-9.
Il refuse de faire un signe que les pharisiens lui demandaient,
versets 10-13;
et il avertit ses disciples de se donner garde du levain des
pharisiens et du levain d'Hérode, versets 14-21.
En a ces jours-là, il y avait avec Jésus une grande multitude de
gens et comme ils n'avaient rien à manger, il appela ses disciples
et leur dit :
2. J'ai compassion de ce peuple, car il y a déjà trois jours qu'ils
ne me quittent point et ils n'ont rien à manger.
3. Et si je les renvoie en leurs maisons, les forces leur manqueront
en chemin, car quelques-uns sont venus de loin.
4. Et les disciples lui répondirent : D'où pourrait-on avoir des
pains pour les rassasier dans ce lieu désert ?
5. Et il leur demanda : Combien avez-vous de pain ? Et ils dirent :
Nous en avons sept.
6. Alors il commanda aux troupes de s'assoir à terre et ayant pris
les sept pains et rendu grâce, il les rompit et les donna à ses
disciples pour les distribuer et ils les distribuèrent au peuple.
7. Il y avait aussi quelques petits poissons et Jésus ayant rendu
grâce, il ordonna qu'on les leur présenta aussi.
8. Ils en mangèrent donc et furent rassasiés et on remporta sept
corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés.
9. Or ceux qui mangèrent étaient environ quatre mille, après quoi il
les renvoya.
10.b Et il entra aussitôt dans une barque avec ses disciples et il
alla aux quartiers de Dalmanutha.
11. c Et il vint là des pharisiens qui se mirent à disputer avec
lui, lui demandant, en le tentant, qu'il leur fit voir quelque signe
du Ciel.
12. Et Jésus soupirant profondément en son esprit dit : Pourquoi
cette race demande-t-elle un signe? Je vous dis en vérité qu'il ne
lui en sera donné aucun.
13.d Et les ayant laissés, il entra dans la barque et passa à
l'autre bord.
14.e Or ils avaient oublié de prendre des pains et n'en avaient
qu'un avec eux dans la barque.
15. Et il leur fit cette défense : f Gardez-vous avec soin du levain
des pharisiens et du levain d'Hé-rode 1.
16. Sur quoi ils se disaient entre eux : C'est parce que nous
n'avons point de pains.
17. Et Jésus connaissant cela leur dit : Pourquoi raisonnez-vous sur
ce que vous n'avez point de pains ? Ne considérez-vous point et ne
comprenez-vous point encore ? Avez-vous toujours un cœur stupide ?
18. Ayant des yeux, ne voyez-vous point? Ayant des oreilles,
n'entendez-vous point? Et n'avez-vous point de mémoire ?
19. g Lorsque je distribuai les cinq pains au cinq mille hommes,
combien remportâtent-vous de paniers pleins des morceaux qui étaient
restés ? Ils lui dirent : Douze.
20. h Et lorsque je distribuai les sept pains aux quatre mille
hommes, combien remportâtent-vous de corbeilles pleines des morceaux
qui restaient? Ils lui dirent sept.
21. Et il leur dit : Comment ne comprenez-vous point?
Réflexions
On doit premièrement admirer ici la manière miraculeuse et pleine de
bonté dont Jésus-Christ nourrit plusieurs milliers de personnes avec
sept pains et quelques poissons, comme il avait déjà fait peu
auparavant. En faisant ce miracle, il se proposait non seulement de
pourvoir à la nourriture et aux besoins corporels de ceux qui le
suivaient, mais il voulait les disposer à recevoir de lui la
véritable nourriture, savoir celle de l'âme. Au reste, la grande
multitude de ceux en faveur de qui notre Seigneur multiplia ainsi
67
Marc
les pains et les poissons et les pièces qui demeurèrent de reste et
dont les apôtres emplirent sept corbeilles sont deux circonstances
qui servirent à confirmer la certitude de ce miracle et à le
répandre de tous cotés.
2. Les pharisiens demandèrent à Jésus de leur faire voir un signe du
Ciel, mais il ne voulut en faire aucun. Il en usa ainsi très
justement, puisqu'ayant déjà fait tant de miracles dont ils
n'avaient pas profité, ce signe n'aurait servi de rien et ne les
auraient point touché. Dieu qui répond aux désirs des âmes simples
et sincères abandonne avec justice ceux qui résistent à la vérité et
après qu'il a mis en usage les moyens les plus propres pour
convaincre les hommes, il n'est pas obligé d'en faire d'avantage et
il emploierait même inutilement de nouveaux moyens pour persuader
des gens dont l'aveuglement est volontaire et accompagné de malice.
3. Les apôtres ayant oublié de prendre du pain avec eux, le Seigneur
les avertit de se garder du levain des pharisiens et du levain
d'Hérode qui était la secte des saduccéens. Cela voulait dire qu'ils
devaient se donner garde de la doctrine des pharisiens qui étaient
des hypocrites et qui ne s'attachaient qu'aux traditions et aux
dehors de la religion et des sentiments impies des saduccéens qui
niaient la résurrection des morts et qui avaient encore d'autres
erreurs pernicieuses. C'est ainsi que ce divin Sauveur, par un effet
de sa sagesse, prenait ordinairement occasion des choses qui se
présentaient de donner des instructions salutaires. Ce qu'il dit
dans cette rencontre nous apprend de quelle importance il est de
fuir toutes sortes de fausses doctrines et surtout de s'éloigner des
sentiments qui conduisent à la superstition et à l'hypocrisie ou à
l'impiété et à l'incrédulité.
(a) v1 : Matthieu 15.32
(b) v10 : Matthieu 15.38
(c) v11 : Matthieu 12.38 et 16.1
(d) v13 : Matthieu 16.4
(e) v14 : Matthieu 16.5
(f) v15 : Matthieu 16.6 ; Luc 12.1
(g) v19 : Matthieu 14.20 ; Sus 6.43 ; Jean6.13
(h) v20 : Matthieu 15.37
(1) v 15 : Voyez la note sur Matthieu X.16
Chapitre VIII, versets 22-38
Jésus-Christ guérit un aveugle, versets 22-26.
Il demande à ses disciples quelle opinion le peuple avait de lui et
ce qu 'ils en croyaient eux-mêmes et Pierre reconnaît qu 'il est le
fils de Dieu, versets 27-30.
Notre Seigneur prédit sa mort, versets 31-33.
Il exhorte ses disciples à se disposer à la souffrance et à faire
une profession publique de l'Évangile devant les hommes et pour les
y engager, il leur montre que c 'est là l'unique moyen d'éviter la
perte de leur âme, versets 34-38.
22. Et Jésus vint à Bethsaïde et on lui présenta un aveugle et on le
pria de le toucher.
23. Alors il prit l'aveugle par la main et le mena hors du bourg et
lui mit de la salive sur les yeux et lui ayant imposé les mains, il
lui demanda s'il voyait quelque chose.
24. Et l'homme ayant regardé dit : Je vois marcher des hommes qui me
paraissent comme des arbres.
25. Jésus lui mit encore les mains sur les yeux et il lui dit de
regarder et il fut guéri et il les voyait tous distinctement.
27. i Et Jésus étant parti de là avec ses disciples, ils vinrent
dans les bourgs de Césarée de Philippe et sur le chemin, il demanda
à ses disciples : Qui dit-on que je suis?
28. Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean Baptiste et les
autres Élie et les autres quelqu'un des prophètes.
29. Et il leur dit : Et vous qui dites-vous que je suis? Pierre
répondant lui dit : Tu es le christ.
30. Et il leur défendit très sévèrement de dire cela à personne.
31. Et il commença à leur apprendre qu'il fallait que le Fils de
l'homme souffrit beaucoup et qu'il fut rejeté par les sénateurs et
par les principaux sacrificateurs et par les scribes et qu'il fut
mis à mort et qu'il ressuscitât le troisième jour.
32. Et il leur tenait ces discours tout ouvertement. Alors Pierre le
prit1 et se mis à le reprendre.
33. Mais Jésus se tournant et regardant ses disciples, censura
Pierre et lui dit : Retire-toi de moi 2 satan, car tu ne comprends
point les choses qui sont de Dieu, mais seulement celles qui sont
des hommes.
34. Et ayant appelé le peuple avec ses disciples, il leur dit :j
Quiconque veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même et qu'il se
charge de sa croix et qu'il me suive.
35. k Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque
perdra sa vie pour l'amour de moi et de l'Évangile, il la sauvera.
36. Car que servirait-il à un homme de gagner tout le monde s'il
perdait son âme ?
37. Ou, que donnerait l'homme en échange de son âme?
38. l Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles parmi
cette race adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi
honte de lui lorsqu'il viendra dans la gloire de son Père.
Réflexions
Il y a ceci de particulier dans la guérison de l'aveugle, dont il
est parlé dans ce chapitre, que notre Seigneur ne le guérit pas d'un
coup, mais qu'il le fit successivement. Il en usa de la sorte pour
éprouver la foi de cet aveugle qui n'était peut-être pas assez
forte, pour lui faire remarquer sa puissance d'une manière sensible
par les progrès de sa guérison et pour montrer, en ne faisant pas
toujours ses miracles de la même manière, qu'il pouvait
68
Marc
déployer la puissance divine qui était en lui ou tout d'un coup ou
peu à peu et par degrés et qu'il était le maître de faire de ses
miracles comme il le trouvait à propos.
On voit ici, en second lieu, que Jésus-Christ était regardé parmi
les Juifs comme un grand prophète, mais que Pierre et les apôtres le
regardaient comme le fils de Dieu. C'est aussi là ce que nous devons
tous croire du cœur et confesser de la bouche si nous voulons être
sauvés. Cependant, le Seigneur défendit à ses disciples de publier
qu'il fût le Messie, parce qu'il ne devait pas prendre ouvertement
cette qualité avant sa mort.
3. Sur la prédication que Jésus-Christ fit de ses souffrances, il
est à remarquer qu'il en avertit ses disciples afin de les disposer
peu-à-peu à cet évè-nement auquel ils ne s'attendaient pas et qui
aurait été capable d'ébranler leur foi. Ce fut pour les persuader
tant mieux de la nécessité de cette mort qu'il reprit si fortement
Pierre, qui étant dans les préjugés des Juifs, ne pouvait
comprendre, que celui qu'il venait de reconnaitre pour le Messie et
le fils de Dieu, dût mourir. Mais ce que cet apôtre ne comprenait
pas alors est clair pour nous qui savons que cette mort est le moyen
dont Dieu s'est servi pour nous racheter.
4. Enfin, Jésus-Christ nous apprend dans ce chapitre que ceux qui
veulent devenir ses disciples doivent renoncer à eux-mêmes et être
prêts à souffrir et même à perdre la vie pour l'Évangile s'ils y
étaient appelés, qu'il n'y a rien de plus important que la perte ou
le salut de notre âme et que nous devons faire une profession
ouverte de la piété et de la vérité si nous voulons que le Seigneur
nous reconnaisse pour ses vrais disciples et qu'il nous reçoive dans
sa gloire lorsqu'il viendra juger le monde. C'est ainsi que
Jésus-Christ instruisait les hommes des devoirs les plus nécessaires
de la religion et qu'il leur proposait les motifs les plus forts de
s'en acquitter.
(i) v27 : Matthieu 16.13 ; Luc 9.18
(j) v34 : Matthieu 10.38 et 16.24 ; Luc 9.23 et 14.27
(k) v35 : Matthieu 10.39 et 16.25 ; Luc 9.24 et 17.33; Jean 12.25
(l) v38 : Matthieu 10.33 ; Luc 9.26 et 12.8
(1) v32 : ou l'embrassa.
(2) v33 : Voyez la note sur Matthieu XVI.23
Chapitre IX, versets 1-29
La première partie de ce chapitre contient trois choses.
1. La transfiguration de Jésus-Christ, versets 1-10.
2. Lexplication qu ’il donna à ses disciples de ce qu ’il avait été
prédit qu ’Élie devait venir au monde, versets 11-13.
3. La guérison d’un lunatique que les apôtres n ’avaient pu guérie,
versets 14-29.
IL a 1 leur disait aussi : Je vous dis en vérité qu'il n'y a que
quelques-uns de ceux qui sont ici présent
qui ne mourront point qu'ils n'aient vu le règne de Dieu venir avec
puissance.
2. b Et six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean
et les mena seuls à part sur une haute montagne et il fut
transfiguré en leur présence.
3. Et ses vêtements devinrent resplendissant et blancs comme la
neige et tels qu'il n'y a point de foulon sur la terre qui pût ainsi
blanchir.
4. Et ils virent paraître Élie et Moïse qui s'entretenaient avec
Jésus.
5. Alors Pierre prenant la parole dit à Jésus : Maître, il est bon
que nous demeurions ici, faisons-y trois tentes, une pour toi et une
pour Moïse et une pour Élie.
6. Car il ne savait pas bien ce qu'il disait, parce qu'ils étaient
effrayés.
7. Et il vint une nuée qui les couvrit et une voix sortit de la nuée
qui dit : C'est ici mon fils bien-aimé, écoutez-le.
8. Et aussitôt les disciples ayant regardé tout autour, ils ne
virent plus personne que Jésus qui était seul avec eux.
9.c Et comme ils descendaient de la montagne, il leur défendit de
dire à personne ce qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que le Fils de
l'homme fût ressuscité des morts.
10. Ils retinrent donc cette parole en eux-mêmes, se demandant les
uns les autres ce que cela voulait dire : Ressusciter des morts 2.
11. Et ils l'interrogèrent en disant : Pourquoi les scribes
disent-ils d qu'il faut qu'Élie vienne auparavant?
12. Il leur répondit : Il est vrai qu'Élie devait venir premièrement
et rétablir toutes choses ete qu'il en devait être de lui comme du
Fils de l'homme duquel il est écrit qu'il faut qu'il souffre
beaucoup et qu'il soit méprisé.
13. Mais je vous dis qu'Élie est déjà venu comme il est écrit de lui
et qu'il lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu.
14. Et étant venu vers les autres disciples, il vit une grande foule
autour d'eux et des scribes qui disputaient entre eux.
15. Et dès que toute cette foule le vit, elle fut saisie
d'étonnement et tous étant accourus le saluèrent.
16. Alors il demanda aux scribes : De quoi disputez-vous avec eux ?
17.f Et un homme de la troupe prenant la parole dit : Maître, je
t'ai amené mon fils qui est possédé d'un esprit muet,
18. Qui l'agite par des convulsion, partout où il le saisit et alors
il écume et grince les dents et il devient tout sec et j'ai prié tes
disciples de le chasser, mais ils n'ont pu le faire.
19. Alors Jésus leur répondit : Ô race incrédule, jusqu'à quand
serai-je avec vous? Jusqu'à quand vous supporterai-je ? Amenez-le
moi.
20. Ils le lui amenèrent donc et dès qu'il vit Jésus, l'esprit
l'agita avec violence et il tomba par terre et il se roulait en
écumant.
69
Marc
21. Alors Jésus demanda à son père : Combien y a-t-il de temps que
ceci lui arrive ? Le père dit : Dès son enfance.
22. Et l ’ esprit l ’ a souvent jeté dans le feu et dans
l ’ eau pour le faire périr, mais si tu y peux quelque chose,
aide-nous et aie compassion de nous.
23. Jésus lui dit : Si tu le peux croire, toutes choses sont
possibles pour celui qui croit.
24. Aussitôt le père de l ’ enfant s ’ écriant dit avec larmes : Je
crois Seigneur, aide-moi dans mon incrédulité 3.
25. Et quand Jésus vit que le peuple y accourait en foule, il reprit
sévèrement l esprit immonde et lui dit : Esprit muet et sourd, je te
commande, moi, sors de lui et ne rentre plus en lui.
26. Alors l esprit sortit en jetant un grand cri et en l ’ agitant
avec violence. Et l ’ enfant devint comme mort, de sorte que
plusieurs disaient : Il est mort.
27. Mais Jésus l ayant pris par la main le fit lever et il se leva.
28. Lorsque Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui
demandèrent en particulier : Pourquoi n ’ avons-nous pas pu chasser
ce démon ?
29. Et il leur répondit : Cette espèce de démon ne peut sortir que
par la prière et par le jeûne 4.
Réflexions
Notre Seigneur fit voir sa gloire à trois de ses apôtres dans sa
transfiguration afin de les convaincre pleinement par cette
apparition magnifique qu ’ il était le fils de Dieu. Il le fit aussi
pourforti-fier leur foi qui devait être ébranlée par sa mort dans le
temps. Moïse et Élie parurent dans cette occasion pour faire voir
que Jésus était ce grand Rédempteur dont les prophètes avaient parlé
et qu il était même au-dessus des prophètes les plus illustres entre
lesquels Moïse et Élie tenaient le premier rang. Outre cela, Dieu
déclara alors venue du Ciel que Jésus-Christ était son fils
bien-aimé afin qu ’ il parût encore plus clairement que c était lui
que tous les hommes devaient désormais écouter et à qui ils devaient
obéir. Cette transfiguration de Jésus-Christ est au reste une image
de la gloire dans laquelle il paraîtra au dernier jour et la
présence de Moïse et d ’Élie prouve que ces saints hommes vivaient
après leur sortie du monde et qu ainsi il y a une autre vie après
celle-ci pour les justes.
2. Notre Seigneur apprit à ses disciples dans cette occasion que
Jean-Baptiste était cet Élie qui devait venir selon la prédiction de
Malachie. Ce nom avait été donné au précurseur du Messie parce que,
comme le prophète Élie, il devait réformer les mœurs des hommes et
rétablir le pur service de Dieu. La manière honorable et distinguée
dont Jésus-Christ parla dans cette occasion de Jean-Baptiste nous
engage à reconnaitre la dignité de la personne de ce grand prophète,
à bien considérer le but de son ministère et à nous soumettre à sa
doctrine, aussi bien qu à celle de Jésus-Christ qui est encore plus
grand que son précurseur.
3. On doit remarquer dans la guérison du lunatique que les apôtres
ne purent le délivrer parce qu ils n étaient pas assez persuadés qu
ils pouvaient opérer ce grand miracle au nom de Jésus-Christ. Mais
le Seigneur ayant égard à l état déplorable de ce jeune homme aussi
bien qu ’ à sa foi et aux larmes de son père le guérit parfaitement
et par sa seule parole. Ce que Jésus-Christ dit aux apôtres dans
cette occasion nous montre que c ’ était par le foi, par la prière
et par le jeûne qu ’ ils pouvaient obtenir de Dieu le pouvoir de
faire des miracles. Ces moyens ne sont ni moins efficaces, ni moins
nécessaires pour résister aux tentations et pour engager le Seigneur
à nous accorder les secours les plus puissants de sa grâce. Ainsi,
nous devons les pratiquer avec soin.
(a) v1 : Marc 16.28; Luc 9.27
(b) v2 : Matthieu 17.1 ; Luc 9.28
(c) v9 : Matthieu 17.9
(d) v11 : Malachie 4.5
(e) v12 : Psaume 22.7 ; Ésaïe 53.4 ; Daniel 9.26
(f) v17 : Matthieu 17.14; Luc 9.38
(1) v1 : Ce verset doit être joint à ce qui précède, comme Matthieu
XVI.28etLucVIII.27.
(2) v10 : Les apôtres n ’ ignoraient pas que les morts doivent
ressusciter, mais ils ne pouvaient pas comprendre ce que c ’était
que cette résurrection du Fils de l ’homme qui devait arriver
bientôt, parce qu ’ils ne croyaient pas que Jésus dû souffrir la
mort.
(3) v24 : C est-à-dire : n aie pas égard à la faiblesse de ma foi et
veuille y suppléer par ta bonté.
(4) v29 : Voyez la note sur Matthieu XVII.21.
Chapitre IX, versets 30-51
Notre Seigneur avertit ses disciples que sa mort approchait, versets
30-32.
2. Il les reprend sur ce qu ’ils avaient disputé entre eux qui
serait le plus grand dans le royaume du Messie et il leur enseigne
l’humilité en mettant un petit enfant au milieu d’eux, versets
33-37.
3. Il blâme Jean et ses autres disciples de ce qu ils s’étaient
opposés à un homme qui chassait les démons en son nom et il les
avertit de ne scandaliser et de ne rejeter aucun de ceux qui
croyaient en lui, versets 38-42.
4. Il les exhorte à éviter tout ce qui pouvait être pour les autres
ou pour eux-mêmes une occasion de chute, ll menace des peines de
l’enfer ceux qui n évitent pas les scandales et il leur représente
qu ’étant comme le sel de la terre, ils devaient travailler à
édifier tous les hommes, ce qu ’ils feraient surtout en ne rebutant
personne, en ayant pour tout le monde des sentiments de charité et
en vivant entre eux dans l’union et dans la paix, versets 43-51.
30.g Puis étant partis de là, ils traversèrent la Galilée et Jésus
ne voulut pas que personne le sût.
31. Cependant, il instruisait ses disciples et il leur disait : Le
Fils de l ’homme va être livré entre les mains des hommes et ils le
feront mourir, mais après avoir été mis à mort, il ressuscitera le
troisième jour.
70
Marc
32. Mais ils ne comprenaient point ce discours et ils craignaient de
l'interroger.
33. h Ils vinrent ensuite à Capernaum et étant dans la maison il
leur demanda : De quoi discouriez-vous ensemble en chemin ?
34. Et ils se turent, car ils avaient disputés en chemin qui d'entre
eux serait le plus grand.
35. Et s'étant assis, il appela les douze et leur dit : Si quelqu'un
veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de
tous.
36. Et ayant pris un petit enfant, il le mit au milieu d'eux et le
tenant entre ses bras, il leur dit :
37. Quiconque reçoit un de ces petits enfants à cause de mon nom, il
me reçoit et quiconque me reçoit, ce n'est pas moi qu'il reçoit,
mais il reçoit celui qui m'a envoyé.
38. i Alors Jean prenant la parole lui dit : Maître, nous avons vu
quelqu'un qui chasse les démons en ton nom et qui ne nous suit pas,
et nous nous y sommes opposés parce qu'il ne nous suit pas.
39. Et Jésus leur répondit : Ne vous y opposez pas, j car il n'y a
personne qui fasse des miracles en mon nom et qui puisse en même
temps parler mal de moi.
40. Car qui n'est pas contre nous est avec nous.
41. k Et quiconque vous donnera un verre d'eau en mon nom parce que
vous appartenez à Christ, je vous le dit en vérité qu'il ne perdra
pas sa récompense.
42.l Mais quiconque scandalisera l'un de ces petits qui croient en
moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui mît une meule au cou et
qu'on le jetât dans la mer.
43. m Que si ta main te fait tomber dans le péché, coupe-la, il vaut
mieux pour toi que tu entre dans la vie n'ayant qu'un main que
d'avoir deux mains et d'aller dans la géhenne dans le feu qui ne
s'éteint point,
44. n Où leur ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point.
45. Et si ton pied te fait tomber dans le péché, coupe-le, il vaut
mieux pour toi que tu entres dans la vie n'ayant qu'un pied que
d'avoir deux pieds et d'être jeté dans la géhenne dans le feu qui ne
s'éteint point,
46. Où leur ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point.
47. Et si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le, il vaut
mieux pour toi que tu entres au royaume de Dieu n'ayant qu'un œil
que d'avoir deux yeux et d'être jeté dans la géhenne du feu,
48. Où leur ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point.
49. Car chacun sera salé de feu :o et toute oblation sera salée.
50. p C'est une bonne chose que le sel, mais si le sel perd sa
saveur, avec quoi lui rendra-t-on sa saveur ?
51. Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix entre vous.
Réflexions
Il faut considérer ici :
1. Que si les apôtres ne comprenaient pas ce que notre Seigneur leur
disait de sa mort, cela venait de ce qu'ils ne pouvaient concevoir
que le Messie dût mourir et souffrir un supplice ignominieux et
cruel.
2. La dispute qu'ils eurent pour savoir lequel d'entre eux serait le
plus grand dans le royaume du Messie venait aussi de l'opinion où
ils étaient que ce devait être un royaume temporel et semblable à
ceux des rois de la terre. Jésus-Christ les désabusa de ces pensées
en mettent devant leurs yeux un petit enfant, par où il voulait leur
inspirer des sentiments humbles et leur apprendre à ne point
s'élever les uns par dessus les autres et à ne mépriser personne.
Cette leçon est pour tous les chrétiens, ainsi nous devons bannir de
nos cœurs toutes les pensées d'orgueil et d'élévation et ressembler
aux enfants en douceur, en innocence et en humilité.
3. Il est à remarquer que notre Seigneur reprit ses disciples de ce
qu'ils avaient voulu empêcher un homme qui ne les suivait pas de
chasser les démons au nom de Jésus-Christ. Cette censure nous
enseigne bien clairement qu'il ne nous est jamais permis de rejeter
aucun de ceux qui font profession d'aimer le Seigneur Jésus, mais
qu'au contraire nous devons les regarder tous comme nos frères, les
chérir et nous joindre à eux. C'est ce que Jésus-Christ nous apprend
encore plus expressément en disant que c'est un des plus grands
péchés de mépriser ou de scandaliser aucun de ses disciples, quand
même il y aurait quelque faiblesse en eux ou qui pa-raitraient
méprisables selon le monde.
4. Enfin, notre Sauveur nous exhorte fortement et sous les plus
sévères menaces à résister à tout ce qui peut être une occasion de
chute, à renoncer courageusement à ce qui nous serait le plus cher,
à mortifier nos inclinaisons et à souffrir même ce qu'il y a de plus
fâcheux, plutôt que de tomber ou de faire tomber les autres dans le
péché et que de s'exposer par là à être jeté dans la géhenne où le
ver ne meurt point et où le feu ne s'éteint point.
(g) v30 : Matthieu 17.22 ; Luc 9.44
(h) v33 : Matthieu 18.1 ; Luc 9.46
(i) v38 : Luc 9.49
(j) v39 : I Corinthiens 12.3
(k) v41 : Matthieu 10.42
(l) v42 : Matthieu 18.6
(m) v43 : Marc 5.30 et 18.8
(n) v 44 : Ésaïe 66.24
(o) v49 : Lévitique 2.13
(p) v50 : Matthieu 5.15 ; Luc 14.34
Chapitre X, versets 1-31
Jésus-Christ fait trois choses.
1. Il répond aux pharisiens qui l'avaient interrogé sur le divorce
et il dit que la coutume qui était établie parmi les Juifs de
répudier les femmes pour toutes sortes de raisons était contraire à
l'institution du mariage, versets 1-12.
71
Marc
2. Il bénit de petits enfants, versets 13-16.
3. Il répond à un jeune homme riche qui lui avait demandé ce qu il
fallait faire pour être sauvé et à cette occasion il dit que les
richesses empêcheraient plusieurs personnes de croire en lui, mais
qu il récompenserait abondamment ceux qui abandonneraient leurs
biens et tout ce qu 'ils avaient de plus cher pour le suivre,
versets 17-31.
Et Jésus a étant parti de là, vint aux confins de la Judée, le long
du Jourdain, et le peuple s'assembla encore vers lui et il continua
à les instruire comme il avait accoutumé.
2. Alors des pharisiens vinrent et lui demandèrent pour l'éprouver :
Est-il permis à un homme de quitter sa femme ?
3. Il leur répondit et leur dit : Qu'est-ce que Moïse vous a
commandé ?
4. Ils lui dirent :b Moïse a permis d'écrire le lettre de divorce et
de la répudier.
5. Et Jésus répondant leur dit :c Il vous a laissé cette loi par
écrit à cause de la dureté de votre cœur.
6. Mais au commencement de la création,d Dieu ne fit qu'un homme et
qu'une femme.
7. C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et
s'attachera à sa femme
8. Et e les deux seront une seule chair, ainsi ils ne sont plus
deux, mais ils sont une seule chair.
9. Que l'homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni.
10. Et les disciples l'interrogèrent encore sur ce sujet dans la
maison.
11. Et il leur dit : f Quiconque quittera sa femme et en épousera
une autre commet adultère à l'égard d'elle.
12. Et si la femme quitte son mari et en épouse un autre, elle
commet adultère.
13. Alors on g lui présenta des petits enfants afin qu'il les
toucha, mais les disciples reprenaient ceux qui les présentaient.
14. Et Jésus voyant cela en fut indigné et il leur dit : Laissez
venir à moi ces petits enfants et ne les empêchez point, car le
royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.
15. Je vous dis en vérité que quiconque ne recevra pas le royaume de
Dieu comme un petit enfant n'y entrera point.
16.h Et les ayant pris entre ses bras, il leur imposa les mains et
les bénit.
17. Et comme il sortait pour se mettre en chemin, un homme accourut
et s'étant mis à genoux devant lui, il lui demanda : Mon bon maître,
que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?
18. Mais Jésus lui répondit : Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il n'y a
qu'un seul bon, c'est Dieu.
19. Tu sais i les commandements : Ne ne commets point d'adultère, ne
tue point, ne dérobe point, ne dit point de faux témoignage, ne fais
tort à personne, honore ton père et ta mère.
20. Il répondit : Maître, j'ai observé toutes ces choses dès ma
jeunesse.
21. Et Jésus ayant jeté un regard sur lui l'aima et lui dit : Il te
manque une chose, va, vends tout ce que tu as et le donne aux
pauvres et tu auras un trésor dans le Ciel, après cela, viens et
suis-moi, t'étant chargé de ta croix.
22. Mais cet homme fut affligé de cette parole et il s'en alla tout
triste, car il avait de grands biens.
23. Alors Jésus regardant autour de lui dit à ses disciples : Qu'il
est difficile que ceux qui ont des richesses entrent dans le royaume
de Dieu !
24. Et ses disciples furent étonnés de ce discours. Mais Jésus
reprenant la parole leur dit : Mes enfants, qu'il est difficile à
ceux qui se confient aux richesses d'entrer dans le royaume de Dieu
!
25. Il est plus aisé qu'un chameau passe par le trou d'une aiguille
qu'il ne l'est qu'un riche entre dans le royaume de Dieu.
26. Et ils furent encore plus étonnés et ils se disaient l'un à
l'autre : Et qui peut donc être sauvé ?
27. Mais Jésus les regardant leur dit : Pour ce qui est des hommes,
cela est impossible, mais non pour ce qui est de Dieu,j car toutes
choses sont possibles à Dieu.
28. k Alors Pierre prenant la parole lui dit : Voici, nous avons
tout quitté et nous t'avons suivi.
29. Et Jésus répondit : Je vous dis en vérité qu'il n'y a personne
qui ait quitté sa maison ou ses frères ou ses sœurs ou son père ou
sa mère ou sa femme ou ses enfants ou ses terres pour l'amour de moi
et de l'Évangile,
30. Qui n'en reçoive dès à présent en ce siècle, cent fois autant,
des maisons et des frères et des sœurs et des mères et des enfants
avec des persécutions et dans le siècle à venir, la vie éternelle.
31.l Mais plusieurs qui étaient les premiers seront les derniers et
ceux qui étaient les derniers seront les premiers.
Réflexions
Ce que notre Seigneur dit aux pharisiens sur le mariage nous
apprends que Dieu n'approuvait point les divorces tels que les Juifs
les pratiquaient, quoique ces divorces eussent été tolérés
jusqu'alors à cause de l'humeur charnelle de ce peuple et de leur
naturel porté à la désobéissance. Jésus-Christ dit expressément que
ces sortes de divorces ne devaient plus avoir lieu parmi les
chrétiens, non plus que diverses autres choses semblables que Dieu
supportait autrefois, que les lois du mariage sont inviolables et
qu'elles lient aussi bien l'homme que la femme. Par où nous voyons
que le fils de Dieu a rétabli ces lois telles qu'elles étaient au
commencement du monde et qu'ainsi il n'est plus permis aux hommes ni
aux femmes de se séparer et de se remarier, si ce n'est pour cause
d'adultère.
La cérémonie d'imposition des mains que Jésus-Christ pratiqua à
l'égard des petits enfants et les prières qu'il fit pour eux ne
permettent pas de douter qu'il n'aime les petits enfants et que ce
ne soit une pratique conforme à ses intentions de les offrir à Dieu
par le baptême et par la prière. Cela nous
72
Marc
montre aussi que le royaume des cieux n'est que pour ceux qui, comme
les petits enfants, sont doux, innocents et vides de l'amour du
monde et de sa gloire.
Nous devons apprendre de l'entretien que Jésus-Christ eu avec cet
homme riche dont il est parlé ici, que l'on ne saurait entrer dans
la vie éternelle si l'on ne garde les commandements de Dieu, mais
qu'il faut outre cela, en de certaines occasions abandonner ses
biens et tout ce que l'on possède en ce monde, qu'en général, les
chrétiens ne doivent pas s'attacher aux richesses et que si Dieu
leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité.
Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce
renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu'il paraisse
d'abord, n'est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que
nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de
la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront
abondamment récompensés en cette vie et en l'autre. Au reste,
l'exemple de cet homme qui avait quelque chose de bon et que
Jésus-Christ aima à cause de cela, mais qui fut rebuté lorsque le
Seigneur lui dit qu'il devait se défaire de ses biens, prouve qu'il
se peut faire que des gens qui ont de bonnes intentions et quelques
bonnes dispositions ne parviennent pas au salut. Cela leur arrive
lorsqu'ils n'ont pas le courage de faire tout ce qu'il faut pour
l'obtenir et de renoncer à certaines passions qui les dominent et
qui y font un obstacle et en particulier à l'amour des richesses et
à l'attachement pour les biens du monde.
(a) v1 : Mathieu 19.1
(b) v4 : Deutéronome 24.1
(c) v5 : Genèse 1.27 ; Matthieu 19.4
(d) v6 : Genèse 2.24
(e) v8 : I Corinthiens 6.16 ; Éphésiens 5.31
(f) v11 : Matthieu 5.32 et 19.9 ; Luc 16.18 ; I Corinthiens 7.10
(g) v13 : Matthieu 19.13 ; Luc 18.15
(h) v16 : Matthieu 19.16 ; Luc 18.18
(i) v19 : Exode 20.23
(j) v27 : Jérémie 32.17
(k) v28 : Matthieu 19.27 et Luc 18.28
(l) v31 : Matthieu 19.30 et 20.16 ; Luc 13.30
Chapitre X, versets 32-53
Notre Seigneur avertit ses disciples de sa mort et de sa
résurrection, versets 32-34.
Il répond à Jacques et à Pierre, qui croyant comme le reste des
Juifs que le Messie règnerait glorieusement sur la terre, le
priaient qu ils possédassent les premières dignités dans son
royaume, versets 35-45.
Il rend la vue à un aveugle près de Jéricho, versets 46-53.
32. m Comme ils étaient en chemin, en montant à Jérusalem, Jésus
marchait devant eux et ils étaient effrayés et ils craignaient en le
suivant et Jésus prenant encore à part les douze commença à leur
dire ce qui lui devait arriver.
33. Voici leur dit-il, nous montons à Jérusalem et le Fils de
l'homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes et
ils le condamneront à mort et ils le livreront aux gentils.
34. Et ils se moqueront de lui et ils le fouetteront et ils lui
cracheront au visage et le feront mourir, mais il ressuscitera le
troisième jour.
35. n Alors Jacques et Jean, fils de Zébédée, vinrent à lui et lui
dirent : Maître, nous voudrions que tu nous fisses ce que nous te
demanderons.
36. Et il leur dit : Que voulez-vous que je vous fasse ?
37. Ils lui dirent : Accorde-nous que nous soyons assis dans ta
gloire, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche.
38. Et Jésus leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez.
Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire et être baptisés du
baptême dont je dois être baptisé ?
39. Ils lui dirent : Nous le pouvons. Et Jésus leur dit : Il est
vrai que vous boirez la coupe que je dois boire et que vous serez
baptisé du baptême dont je dois être baptisé.
40. Mais d'être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n'est pas à moi
de le donner, si ce n'est à ceux à qui il est destiné.
41. Ce que les dix autres ayant entendu, ils en furent indignés
contre Jacques et Jean.
42. Mais Jésus les ayant appelés leur dit :p Vous savez que ceux qui
veulent commander aux nations, les maîtrisent et que les grands
d'entre-eux leur commandent avec autorité.
43. Mais il n'en sera pas de même parmi vous, au contraire,
quiconque voudra être grand parmi vous, sera votre serviteur.
44. Et quiconque d'entre-vous voudra être le premier sera l'esclave
de tous.
45. Car le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi,
mais il est venu pour servirp et pour donner sa vie pour la rançon
de plusieurs.
46. q En suite ils arrivèrent à Jéricho et comme ils partaient de
Jéricho avec ses disciples et une grande troupe, un aveugle nommé
Bartimée, c'est-à-dire fils de Timée, était assis auprès du chemin
demandant l'aumône.
47. Et ayant entendu que c'était Jésus de Nazareth qui passait, il
se mit à crier et à dire : Jésus, fils de David, aie pitié de moi.
48. Et plusieurs le reprenaient pour le faire taire, mais il criait
encore plus fort : Fils de Davis, aie pitié de moi.
49. Et Jésus s'étant arrêté, dit qu'on l'appelât. Ils appelèrent
donc l'aveugle lui disant : Prends courage, lève-toi, il t'appelle.
50. Et jetant son manteau, il se leva et vint vers Jésus.
51. Alors Jésus prenant la parole lui dit : Que veux-tu que je te
fasse ? Et l'aveugle dit : Maître, que je recouvre la vue.
52. Et Jésus lui dit : Va t'en, ta foi t'a sauvé.
73
Marc
53. Et incontinent il recouvra la vue et il suivait Jésus dans le
chemin.
Réflexions
On doit considérer ici en premier lieu que le temps de la mort de
Jésus-Christ approchant, il déclara plus ouvertement aux apôtres
qu'il serait crucifié et qu'il ressusciterait, mais ils furent
troublés et effrayés à l'ouïe de ces discours parce qu'ils
s'attendaient à voir leur maître régner glorieusement sur la terre.
En cela on découvre la sagesse et la bonté de Jésus-Christ qui
voulait ainsi préparer ses disciples à ce qui devait lui arriver et
l'on y remarque aussi que ses disciples étaient dans de grands
préjugés et qu'ils ne savaient pas encore ce que notre Seigneur
devait faire pour sauver les hommes.
Il faut faire ensuite attention à ce que Jésus-Christ dit à Jacques
et à Jean, qui prétendaient occuper un rang distingué dans son
royaume. Il leur dit qu'au lieu de s'attendre à être élevés à ces
dignités, ils devaient se préparer à boire la même coupe et à être
baptisés du même baptême que lui, c'est-à-dire à passer par de
grandes souffrances et même à endurer la mort et qu'ainsi ils
devaient s'humilier et être les serviteurs les uns des autres, à
l'exemple de leur maître qui n'était venu au monde que pour servir
et pour souffrir. Ces leçons et ce grand exemple d'humilité
regardent tous les chrétiens aussi bien que les apôtres et nous
devons nous les proposer continuellement afin de régler par là nos
sentiments et nos mœurs.
Enfin, la guérison que notre Seigneur accorda à cet aveugle qui
implorait son secours avec tant d'ardeur est une nouvelle preuve de
sa puissance et de sa grande charité et nous en devons conclure que
s'il était si prompt à assister les misérables, il sauvera plus
certainement tous ceux qui l'invoquent avec humilité et qui
cherchent auprès de lui le salut et la vie.
(m) v32 : Matthieu 20.17 ; Luc 18.31
(n) v35 : Matthieu 20.28
(o) v42 : Luc 22.25
(p) v45 : I Timothée 2.6 ; Tite 2.14
(q) v46 : Matthieu 20.29 : Luc 18.35
Chapitre XI
Jésus-Christ fait son entrée royale à Jérusalem, versets 1-11.
Il fait sécher un figuier par sa parole, versets 1214 et 19-26.
Il chasse du temple ceux qui le profanaient en y vendant des pigeons
et d’autres bêtes pour les sacrifices et en y changeant de l’argent,
versets 15-18.
Il répond aux pharisiens qui lui demandaient raison de son autorité,
versets 27-33.
Comme a ils approchaient de Jérusalem et qu'ils étaient près de
Bethphagé et de Béthanie, vers
le mont des oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples
2. Et leurs dit : Allez-vous-en à la bourgade qui est devant vous et
aussitôt que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché sur
lequel personne n'a encore monté et amenez-le moi.
3. Et si quelqu'un vous dit : Pourquoi faites-vous cela? Dites que
le Seigneur en a besoin et aussitôt il le laissera amener.
4. Ils s'en allèrent donc et ils trouvèrent l'ânon qui était attaché
dehors devant une porte entre deux chemins et ils le détachèrent.
5. Et quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent : Pourquoi
détachez-vous cet ânon ?
6. Ils leur répondirent comme Jésus leur avait commandé et on les
laissa aller.
7. Ils amenèrent donc l'ânon à Jésus et mirent leurs vêtements sur
l'ânon b et il s'assit dessus.
8. Et plusieurs étendaient leurs vêtements par le chemin et les
autres coupaient des branches d'arbres et les étendaient par terre.
9. Et ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient :c
Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
10. Béni soit le règne de David notre père qui vient au nom du
Seigneur ! Hosanna dans les lieux très-hauts !
11.d Ainsi Jésus entra dans Jérusalem et alla au temple et ayant
tout considéré, il sortit pour aller à Béthanie avec les douze
apôtres.
12. e Le lendemian, comme ils sortaient de Béthanie, il eut faim.
13. Et voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, ils s'en
alla pour voir s'il s'y trouverait quelque chose et s'étant
approché, il n'y trouva que des feuilles, car ce n'était pas la
saison des figues.
14. Alors Jésus prenant la parole dit au figuier : Que jamais
personne ne mange de ton fruit. Et ses disciples l'entendirent.
15. f Ils vinrent donc à Jérusalem et Jésus étant entré dans le
temple, il se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient
dans le temple et il renversa les tables des changeurs et les sièges
de ceux qui vendaient des pigeons.
16. Et il ne permettait pas que personne portât aucun vaisseau par
le temple.
17. g Et il les instruisait en leur disant : N'est-il pas écrit : Ma
maison sera appelée par toutes les nations une maison de prière,h
mais vous en faites une caverne de voleurs.
18. Ce que les scribes et les principeaux sacrificateurs ayant
entendu, ils cherchaient les moyens de le faire périr, car ils le
craignaient parce que tout le peuple était ravi de sa doctrine.
19. Le soit étant venu, Jésus sortit de la ville.
20. Et le matin, comme ils passaient, ses disciples virent le
figuier séché jusqu'aux racines.
21. Alors Pierre s'étant souvenu de ce qui s'était passé lui dit :
Maître, voilà le figuier que tu as maudit qui est séché.
22. Et Jésus répondant leur dit : Ayez la foi en Dieu.
74
Marc
23.i Car je vous dis en vérité que quiconque dira à cette montagne :
Ôte-toi de là et te jette dans la mer et qui ne doutera point dans
son cœur, mais croira fermement que ce qu'il dit arrivera, lui sera
accordé.
24.j C'est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en
priant, croyez que vous le recevrez et il vous sera accordé.
25.k Mais quand vous vous présenterez pour faire votre prière,
pardonnez si vous avez quelque chose contre quelqu'un afin que votre
Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos fautes.
26. Que si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux
ne vous pardonnera point non plus vos fautes.
27. l Puis ils revinrent à Jérusalem. Et comme il allait par le
temple, les principaux sacrificateurs et les sénateurs
s'approchèrent de lui.
28. Et ils lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses et
qui t'as donné l'autorité de les faire.
29. Jésus répondant leur dit : Je vous demanderai aussi une chose et
répondez-moi et alors je vous dirai par quelle autorité je fais ces
choses.
30. Le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes?
Répondez-moi.
31. Or ils raisonnaient entre eux disant : Si nous répondons du
ciel, il dira : Pourquoi donc n'y avez-vous pas cru ?
32. Et si nous disons : Des hommes, nous craignons le peuple. Car
tous croyaient que Jean était un vrai prophète.
33. Alors ile répondirent à Jésus : Nous n'en savons rien. Et Jésus
leur répondit : Et moi je ne vous dirai pas non plus par quelle
autorité je fais ces choses.
Réflexions
Notre Seigneur fait son entrée royale dans Jérusalem peu de jours
avant sa mort pour montrer qu'il était ce grand roi et ce Sauveur
que les Juifs attendaient et dont les prophètes avaient prédit la
venue, ce qu'il avait évité de faire connaître publiquement pendant
sa vie. Mais la manière dont il fit cette entrée, étant monté sur un
ânon, marquait sa douceur et son humilité et faisait voir que son
règne n'aurait rien de commun avec celui des rois de la terre.
Comme la gloire de Jésus-Christ et la nature de son règne nous sont
beaucoup mieux connues qu'elles ne l'étaient à ce peuple qui
l'accompagna dans cette occasion, nous avons encore plus de sujet de
nous réjouir et de louer Dieu de ce qu'il nous a envoyé ce grand
Sauveur et de ce que son règne a été manifesté.
2. Il faut remarquer que dans le même jour auquel Jésus-Christ fit
son entrée royale il se rendit au temple et qu'il en chassa ceux qui
le profanaient afin de faire sentir aux Juifs son autorité divine et
de leur montrer en agissant dans le temple qu'il était le fils de
Dieu. De là nous devons apprendre à ne pas profaner ni par
l'hypocrisie, ni par l'impiété, ni par l'irrévérence les lieux où
Dieu est adoré et invoqué.
Pour ce qui est du miracle du figuier séché, il faut savoir que cet
arbre était une d'espèce particulière de figuiers qui conservaient
pendant l'hiver leurs feuilles et leurs figues et dont le fruit
muris-sait au printemps. Ainsi Jésus voyant ce figuier qui avait des
feuilles et qui pouvait aussi avoir des figues y alla exprès
chercher du fruit, quoi que ce ne fût pas la saison des figues
communes et il le fit pour avoir occasion de le faire sécher par un
miracle et de montrer par là à ses disciples, selon ce qu'il leur
dit, que la foi et la prière obtiennent tout de Dieu. Mais il les
avertit expressément que la prière doit être faite dans un esprit de
charité et que quand nous nous présentons pour faire notre prière,
nous devons nous pardonner les uns les autres.
La réponse que notre Seigneur fit aux pharisiens, qui lui
demandaient de qui il tenait son autorité, avait pour but de leur
faire sentir que leur incrédulité et leur aveuglement étaient
volontaires et que son autorité venait du ciel, aussi bien que celle
de Jean-Baptiste. Mais nous serions encore plus coupables que les
pharisiens, si sachant que Jean-Baptiste et Jésus-Christ ont été
envoyé de Dieu, nous ne nous soumettions pas à la doctrine qu'ils
ont annoncée et de laquelle nous faisons profession.
(a) v1 : Matthieu 21.1 ; Luc 19.29
(b) v7 : Jean 12 :14
(c) v9 : Psaume 118.25
(d) v11 : Matthieu 21.10
(e) v12 : Matthieu 21.19
(f) v15 : Matthieu 21.12 ; Luc 19.45
(g) v17 : Matthieu 21.13 ; Luc 10.46 ; Ésaïe 56.7
(h) v17 : Jérémie 7.11
(i) v23 : Matthieu 21.21 ; Luc 17.6
(j) v24 : Matthieu 7.7 ; Luc 11.9 ; Jean 14.13, 15.7 et 16.24 ;
Jacques 1.6; I Jean 3.22
(k) v25 : Matthieu 6.14
Chapitre XII, versets 1-27
Jésus-Christ propose la parabole des vignerons, versets 1-12.
Il répond à la demande qu 'on lui fit, s'il fallait payer le tribut
de l'empereur, versets 13-17.
Et à une autre demande que les sadducéens lui firent sur la
résurrection, versets 18-27.
Et Jésus se mit à leur parler en paraboles. a Un homme, dit-il,
planta une vigne et il l'environna d'une haie et il y creusa une
fosse pour un pressoir et il y bâtit une tour et il la loua à des
vignerons et il s'en alla.
2. Et dans la saison, il envoya un de ses serviteurs vers les
vignerons afin de recevoir d'eux du fruit de la vigne.
3. Mais l'ayant pris, ils le battirent et le renvoyèrent à vide.
4. Il leur envoya encore un autre serviteur, mais ils lui jetèrent
des pierres, ils lui meurtrirent toute la tête et le renvoyèrent
après l'avoir traité outrageusement.
5. Et il en envoya encore un autre qu'ils tuèrent et plusieurs
autres dont ils battirent les uns et tuèrent les autres.
75
Marc
6. Enfin, ayant un fils qu il chérissait, il le leur envoya encore
le dernier disant : Ils auront du respect pour mon fils.
7. Mais ces vignerons dirent entre eux : C ’ est ici
l ’ héritier, venez, tuons-le et l ’ héritage sera à nous.
8. Et le prenant, ils le tuèrent et le jetèrent hors de la vigne.
9. Que fera donc le maître de la vigne ? Il viendra et fera périr
ces vignerons et il donnera sa vigne à d ’autres.
10. Et n ’ avez-vous pas lu cette parole de l ’Écriture :b La pierre
que ceux qui bâtissaient ont rejetée est devenue la principale de l
’ angle ?
11. Ceci a été fait par le Seigneur et c ’ est une chose
merveilleuse devant nos yeux.
12. Alors ils tâchèrent de le saisir, car ils connurent bien qu il
avait dit cette similitude contre eux, mais ils craignirent le
peuple, c ’ est pourquoi le laissant, ils s ’ en allèrent.
13.c Or ils lui envoyèrent quelques-uns des pharisiens et des
hérodiens 1 pour le surprendre dans ses discours.
14. Étant donc venus vers lui, ils lui dirent : Maître, nous savons
que tu es sincère et que tu n as égard à quoi que ce soit, car tu ne
regardes point à l ’ apparence des hommes, mais tu enseignes la voie
de Dieu selon la vérité. Est-il permis de payer le tribut à César ou
non ? Le paierons-nous ou ne le paierons-nous pas ?
15. Mais lui, connaissant leur hypocrisie leur dit : Pourquoi me
tentez-vous? Apportez-moi un denier, que je le voie.
16. Et ils lui en apportèrent un. Alors il leur dit : De qui est
cette image et cette inscription ? Ils lui dirent de César.
17. Et Jésus leur répondit :d Rendez à César ce qui est à César et à
Dieu ce qui est à Dieu et ils furent remplis d admiration pour lui.
18. e Alors les sadducéens, qui disent qu ’ il n ’y a point de
résurrection, le vinrent trouver et lui firent cette question :
19. Maître,f Moïse nous a laissé par écrit que si le frère de quelqu
’ un meurt et laisse sa femme sans enfant, son frère épousera sa
veuve pour susciter une lignée à son frère.
20. Or il y avait sept frères dont le premier ayant épousé une femme
mourut et ne laissa point d enfant.
21. Et le second l ’ épousa et mourut et ne laissa point non plus d
’ enfant et le troisième de même.
22. Et les sept l ’ épousèrent et ne laissèrent point d ’ enfant. La
femme mourut aussi la dernière de tous.
23. Duquel d ’ eux sera-t-elle donc femme quand ils ressusciteront,
car tous l ’ont eue pour femme ?
24. Et Jésus répondant leur dit : N ’ êtes-vous pas dans l ’erreur,
parce que vous n ’entendez pas les Écritures, ni quelle est la
puissance de Dieu ?
25. Car quand ils ressusciteront, ni les hommes ne prendront point
de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges
qui sont dans le ciel.
26. Et à l ’égard des morts, pour montrer qu ’ils doivent
ressusciter, n ’ avez-vous point lu dans le livre de Moïse comment
Dieu lui parla dans le buisson en disant : g Je suis le Dieu d
Abraham et le Dieu d ’Isaac et le Dieu de Jacob ?
27. Dieu n est point le Dieu des morts, mais il est le Dieu des
vivants. Vous êtes donc dans une grande erreur.
Réflexions
Le sens de la parabole des vignerons est que les Juifs, après avoir
rejeté et persécuté les prophètes, feraient mourir le fils de Dieu,
qu à cause de cela Dieu les priverait de son alliance et les
détruirait, qu il ferait prêcher l Évangile aux païens et que Jésus
après avoir été rejeté par les principaux des Juifs deviendrait le
chef et le roi de l ’Église et serait élevé à la droite de Dieu. Il
y a sur cela deux réflexions à faire :
-1 ’ une que tout ce que Jésus-Christ avait prédit arriva peu de
temps après par la ruine de Jérusalem, par la vocation des païens et
par l établissement de son règne ;
- l ’ autre, que comme Dieu fit une sévère vengeance de l ’
ingratitude des Juifs, il punira encore plus l infidélité de ceux
qui auront méprisé les offres de sa grâce et désobéi à l Évangile.
2. Dans la réponse que Jésus-Christ fit à la question qu ’ on lui
proposa sur le tribut, nous voyons que notre Seigneur découvrit le
piège que les pharisiens lui tendaient et qu il évita ce piège en
leur disant :
Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.
D ’où nous devons recueillir qu ’ il faut se soumettre à l ’
autorité des rois et des princes et leur rendre tout ce qui leur est
dû et s ’ acquitter aussi inviolablement des devoirs auxquels la
religion nous engage envers Dieu.
3. Notre Seigneur eut en ce temps-là en entretien remarquable avec
les sadducéens qui nient la résurrection des morts et il répondit à
la question qu ’ ils lui firent sur ce sujet d une manière qui les
confondit et qui leur fit voir qu ’ ils étaient dans une grande
erreur. Cet endroit de l ’Évangile mérite bien de l ’attention.
Jésus-Christ y instruit sur la vérité de la résurrection et sur l
état des personnes qui ressusciteront, ce qui doit nous affermir
dans la croyance de cette grande et consolante vérité et nous porter
à imiter la foi et la piété des patriarches dont le Seigneur s ’ est
déclaré le Dieu, même après leur mort et à vivre d ’ une manière
pure et spirituelle afin que nous puissions avoir part à la gloire d
’ une heureuse résurrection.
(a) v1 : Ésaïe 5.1 ; Jérémie 2.21 ; Matthieu 21.33 ; Luc 20.9
(b) v10 : Psaume 118.22 ; Ésaïe 28.16 ; Matthieu 21.42 : Actes 4.112
; Romains 9.33 ; I Pierre 2.6
(c) v13 : Matthieu 22.15; Luc 20.20
(d) v17 : Romains 13.7
(e) v18 : Matthieu 22.23 ; Luc 10.17 ; Actes 23.8
(f) v19 : Deutéronome 25.5
(g) v26 : Exode 3.6 ; Matthieu 22.31 ; Actes 7.32
(1) v13 : Voyez la note sur Matthieu XXII.16.
76
Marc
Chapitre XII, versets 28-44
Jésus-Christ répond à un docteur de la Loi qui lui demandait quel
était le plus grand commandement, versets 28-34.
Il demande aux pharisiens comment le Messie pouvait être tout à la
fois le fils et le Seigneur de David, versets 35-37.
Il censure l'hypocrisie des docteurs de la Loi, versets 38-40.
Il loue l'offrande d'une pauvre veuve, versets 41-
44.
28. h Alors un des scribes, qui les avait ouï disputer ensemble,
voyant qu'il leur avait bien répondu, s'approcha et lui demanda :
Quel est le premier de tous les commandements ?
29. Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est
celui-ci :i Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est le seul
Seigneur.
30. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton
âme et de toute ta pensée et de toute ta force. C'est là le premier
commandement.
31. Et voici le second qui lui est semblable :j Tu aimeras ton
prochain comme toi-même. Il n'y a point d'autre commandement plus
grand que ceux-ci.
32. Et le scribe lui répondit : Maître, tu as bien dit et selon la
vérité qu'il n'y a qu'un seul Dieu et qu'il n'y en a point d'autre
que lui :
33. Et que l'aimer de tout son cœur et de toute son intelligence et
de toute son âme et de toute sa force et aimer son prochain comme
soi-même, c'est plus que tous les holocaustes et tous les
sacrifices.
34. Et Jésus voyant qu'il avait répondu en homme intelligent lui dit
: Tu n'es pas éloigné du royaume de Dieu. Et personne n'osait plus
l'interroger.
35.k Et comme Jésus enseignait dans le temple, il leur dit : Comment
les scribes disent-ils que le Christ est le fils de David ?
36. Car David lui-même a dit par le Saint-Esprit : l Le Seigneur a
dit à mon Seigneur : Assois-toi à ma droite jusqu'à ce que j'aie mis
tes ennemis pour te servir de marchepied.
37. Puisque donc David lui-même l'appelle son Seigneur, comment
est-il son fils? Et une grande multitude qui était là prenait
plaisir à l'écouter.
38. m Il leur disait aussi en les enseignant : Gardez-vous des
scribes qui aiment à se promener en robes longues et à être salués
dans les places publiques
39. Et qui aiment les premiers sièges dans les synagogues et les
premières places dans les festins
40. n Qui dévorent les maisons des veuves et cela en affectant de
faire de longues prières : Ils en recevront une plus grande
condamnation.
41. Eto Jésus étant assis vis-à-vis du tronc regardait comment le
peuple mettait de l'argent dans le tronc.
42. Et plusieurs personnes riches y mettaient beaucoup et une pauvre
veuve vint qui y mit deux petites pièces qui font un quadrin 2.
43. Alors ayant appelé ses disciples, il leur dit : Je vous dis en
vérité que cette pauvre veuve a mis plus au tronc que tous ceux qui
y ont mis.
44. Car tous les autres y ont mis de leur superflu, mais celle-ci a
mis de son indigence tout ce qu'elle avait, tout ce qui lui restait
pour vivre.
Réflexions
Cette lecture nous donne une leçon très importante. C'est que le
premier commandement et celui qui comprend tous les autres est
d'aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes,
que c'est là ce que nous pouvons faire de plus agréable à Dieu et ce
qui vaut mieux que toutes les cérémonies et tous les devoirs
extérieurs de la religion. Ceux qui ont bien compris cette vérité et
qui travaillent par dessus toutes choses à remplir leur cœur de cet
amour sincère de Dieu et du prochain sont dans la disposition où il
faut être pour entrer dans le royaume de Dieu, selon que notre
Seigneur le déclare expressément.
Jésus-Christ ayant demandé aux scribes comment David appelait le
Messie son Seigneur au Psaume CX, puisque le Messie était son fils,
ils furent réduits au silence et ne purent lui répondre. Par cette
question le Seigneur voulut les convaincre de leur ignorance en
présence du peuple, mais il ne leur expliqua pas cet oracle de
David, parce qu'il ne voulait pas alors parler ouvertement de la
dignité de sa personne et parce que d'ailleurs cela eût été inutile
et que les pharisiens n'auraient pas cru ce qu'il leur aurait dit
sur ce sujet. Mais cette question n'a rien d'obscur pour nous qui
savons que Jésus-Christ est le fils de David parce qu'il est
descendu de lui à l'égard de sa nature humaine, mais qu'il est aussi
son Seigneur en tant qu'il est le fils de Dieu.
Les reproches que Jésus-Christ faisait aux docteurs de la Loi nous
montrent que l'orgueil, l'hypocrisie et l'avarice sont des vices
tout-à-fait condamnables, surtout dans ceux qui enseignent les
autres et dans les personnes qui font profession d'avoir de la
piété.
Le jugement que notre Seigneur fit de l'offrande d'une pauvre veuve,
qui jeta deux petites pièces de monnaie dans un tronc où l'on
mettait ce qu'on voulait donner pour les usages du temple et du
service divin, nous apprend que Dieu a principalement égard au cœur
et à l'intention et que les contributions et les aumônes des
pauvres, quoi qu'elles soient de petite valeur lui sont aussi
agréables que celles des riches lorsque les pauvres donnent autant
que leur pauvreté le leur permet et qu'ils le font par un principe
de piété et de charité.
(h) v28 : Matthieu 22.34
(i) v29 : Deutéronome 6.4 ; Luc 10.27
(j) v31 : Lévitique 19.18 ; Mathieu 22.39 ; Romain 13.9 ; Galates
5.14 ; Jacques 2.8
(k) v35 : Matthieu 22.42 ; Luc 20.41
(l) v36 : Psaume 110.1
(m) v38 : Matthieu 23.6 ; Luc 11.43 et 20.46
(n) v40 : Matthieu 23.14 ; Luc 20.47
77
Marc
(o) v41 : Luc 21.1
(2) v42 : Le quart d'un sou.
Chapitre XIII
Jésus-Christ parle des signes qui précéderaient la destruction du
temple et de la ville de Jérusalem et la fin du monde. Il dit qu 'il
paraîtrait de faux prophètes et de faux messies, que l'on verrait
des guerres, des famines et toutes sortes de calamités, que ses
disciples seraient persécutés et que l'Évangile serait annoncé par
toute la terre. Il prédit que les idolâtres rentreraient bientôt
dans la Judée et qu 'ils assiègeraient Jérusalem, qu 'il paraîtrait
de tous côté des signes de la colère de Dieu, qu 'alors le Fils de
l'homme se montrerait dans sa gloire et que ces choses arriveraient
avant que la génération d alors fût passée. Il exhorte ses disciples
à se retirer en ce temps-là de Jérusalem.
Enfin il leur recommande de se tenir prêts et de veiller en
attendant sa venue et pour les y engager, il leur dit que le temps
de cette venue était inconnu et incertain.
Et comme Jésus sortait du temple, un de ses disciples lui dit :
Maître, regarde quelles pierres a et quels bâtiments.
2. Et Jésus répondant lui dit : Tu vois ces grands bâtiments : b il
n'en restera pierre sur pierre qui ne soit renversée.
3. Et comme il était assis sur le mont des oliviers vis-à-vis du
temple, Pierre et Jacques et Jean et André lui firent cette question
à part et lui dirent :
4. Dis-nous quand ces choses arriveront et par quels signes on
connaîtra que toutes ces choses devront s'accomplir.
5. Alors Jésus leur répondant se mit à leur dire : Prenez garde c
que personne ne vous séduise.
6. Car plusieurs viendront qui prendront mon nom disant : C'est moi
qui suis le Christ et ils en séduiront plusieurs.
7. Quand vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres,
ne vous troublez point, car il faut que ces choses arrivent, mais ce
ne sera pas encore la fin.
8. Car une nation s'élèvera contre une autre nation et un royaume
contre un autre royaume et il y aura des tremblements de terre en
divers lieux et des famines et des troubles, ces choses ne seront
que des commencements de douleurs.
9.d Mais prenez garde à vous-mêmes, car ils vous livreront aux
tribunaux et aux synagogues, vous serez fouettés et vous serez
présentés devant les gouverneurs et devant les rois à cause de moi
pour me rendre témoignage devant eux.
10. Mais il faut que l'Évangile soit auparavant prêché à toutes les
nations.
11. e Or quand ils vous mèneront pour vous livrer, ne soyez point en
peine par avance de ce que vous
aurez à dire et ne le méditez point, mais dites tout ce qui vous
sera inspiré à cette heure-là, car ce ne sera pas vous qui parlerez,
mais ce sera le Saint-Esprit.
12. f Alors un frère livrera son frère à la mort et le père son
enfant et les enfants s'élèveront contre leurs pères et leurs mères
et les feront mourir.
13. Et vous serez haïs de tous à cause de mon nom, mais celui qui
persévèrera jusqu'à la fin, c'est celui-là qui sera sauvé.
14 g Or quand vous verrez l'abomination qui cause la désolation et
dont le prophète Daniel a parlé, établie où elle ne doit pas être 1,
(que celui qui le lit le considère) h alors que ceux qui seront dans
la Judée s'enfuient sur les montagnes,
15. Et que celui qui sera sur la maison ne descende point dans la
maison et n'y entre point pour s'arrêter à emporter quoi que ce soit
de sa maison,
16. Et que celui qui sera aux champs ne retourne point en arrière
pour emporter son habit2.
17. Mais malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui
allaiteront en ces jours-là.
18. Priez pour que votre fuite n'arrive point en hiver.
19. Car il y aura en ces jours-là une telle affliction que depuis le
commencement de la création de toutes choses jusqu'à maintenant, il
n'y en a point eu et qu'il n'y en aura jamais plus de semblable.
20. Et si le Seigneur n'avait abrégé ces jours-là, personne
n'échapperait, mais il a abrégé ces jours-là à cause des élus qu'il
a choisis.
21. Alors i si quelqu'un vous dit : Voici, le Christ est ici ou il
est là, ne le croyez point.
22. Car de faux christs et de faux prophètes s'élèveront et feront
des signes 3 et des prodiges pour séduire même les élus s'il était
possible.
23. Mais prenez-y garde, je vous ai tout prédit.
24. En ces jours-là, après cette affliction j le soleil sera
obscurci et la lune ne donnera point de lumière 4.
25. Et les étoiles du ciel tomberont et les puissances qui sont dans
les cieux seront ébranlées,
26. Etk alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées avec
une grande puissance et une grande gloire.
27. Et l il enverra ses anges pour rassembler ses élus des quatre
vents, depuis les extrémités de la terre jusqu'aux extrémités du
ciel.
28. Apprenez ceci par la comparaison d'un figuier. Quand ses
branches commencent à être tendres et qu'il pousse des feuilles,
vous connaissez que l'été est proche.
29. Vous aussi de même, quand vous verrez que ces choses arriveront,
sachez qu'il est proche et à la porte.
30. Je vous dit en vérité que cette génération ne passera point que
toutes ces choses n'arrivent.
31. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront
point.
32. Pour ce qui est de ce jour et de l'heure, personne ne le sait,
non pas même les anges qui sont
78
Marc
dans le ciel, ni même le fils 5, mais seulement le Père.
33. m Prenez garde à vous, veillez et priez, car vous ne savez quand
ce temps viendra.
34. Il en est comme d'un homme qui allant en voyage laisse sa maison
et en donne la conduite à ses serviteur, marquant à chacun sa tâche
et qui ordonne au portier d'être vigilant.
35. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison
viendra, si ce sera le soir, ou à minuit, ou à l'heure que le coq
chante, ou le matin,
36. De peur qu'arrivant tout-à-coup, il ne vous trouve endormis.
37. Or ce que je vous dis, je le dis à, tous : Veillez.
Réflexions
Ce discours du fils de Dieu nous présente ces trois réflexions
principales.
La première, que l'événement vérifia pleinement toutes ces
prédictions de notre Seigneur peu après son départ de ce monde.
Plusieurs séducteurs parurent en ce temps-là, les Juifs furent
affligés par la guerre et par toutes sortes de fléaux, les apôtres
et les chrétiens furent persécutés, l'Évangile se répandit en divers
lieux du monde, Jérusalem fut assiégée et détruite avec son temple
par les Romains, les chrétiens qui en sortirent furent garantis de
cette désolation et enfin, tout cela arriva avant que les hommes qui
vivaient du temps de Jésus-Christ fussent morts, comme il l'avait
prédit formellement. Ce sont là des preuves de la vérité et de la
divinité de l'Évangile auxquelles on ne saurait rien opposer et des
marques visibles de la vengeance divine sur les Juifs.
2. Ceci doit nous persuader que ce que notre Seigneur a dit d'une
manière qui n'est pas moins formelle de sa dernière venue, de la fin
du monde, du jugement universel et de la punition des méchants, ne
manquera pas d'arriver.
La troisième réflexion est que le temps de cette venue nous est
inconnu, de même que celui de notre mort, Dieu nous l'ayant caché
par un effet de sa sagesse et de sa bonté, qu'ainsi nous devons y
penser continuellement et nous y préparer par les prières, par une
vie pure et par la pratique de toutes sortes de bonnes œuvres,
servant Dieu fidèlement chacun dans notre vocation afin que ce jour
redoutable ne nous surprenne pas. C'est à quoi notre Seigneur nous
exhorte lui-même par ces paroles qui se lisent à la fin de ce
discours et qui en marquent le but et l'usage :
Prenez garde à vous. Veillez et priez, car vous ne savez pas quand
votre Seigneur viendra. Ce que je vous dis, je le dis à tous :
Veillez.
(a) v1 : Matthieu 24.1 ; Luc 21.5
(b) v2 : Luc 19.44
(c) v5 : Éphésiens 5.6 : II Thessaloniciens 2.3
(d) v9 : Matthieu 10.17
(e) v11 : Matthieu 10.19; Luc 12.11 et 21.14
(f) v12 : Michée 7.6
(g) v14 : Daniel 9.27 ; Matthieu 24.15
(h) v14 : Luc 21.11
(i) v21 : Matthieu 24.23 ; Luc 17.23
(j) v24 : Ésaïe 13.10 ; Ézéchiel 32.7 ; Joël 2.31 et 3.15 (k) v26 :
Matthieu 24.30 ; Luc 21.27 ; Apocalypse 1.7
(l) v27 : Matthieu 24.31 ; I Thessaloniciens 4.16 (m) v33 : Matthieu
24.42 et 25.13
(1) v14 : Voyez l'argument sur Matthieu XXIV.
(2) v16 : Voyez la note sur Matthieu XXIV.18.
(3) v22 : Voyez la note sur Matthieu XXIV.24.
(4) v24 : Voyez l'argument sur Matthieu XXIV.
(5) v32 : Jésus-Christ en qualité d'homme ne connaissait pas toutes
choses. On voit par ce qui est dit en Luc II.52 que ces
connaissances allaient croissant.
Chapitre XIV, versets 1-31
Marc commence ici l’histoire de la passion de Jésus-Christ et il
rapporte :
1. qu une femme oignit notre Seigneur avec une huile précieuse,
versets 1-9;
2. que Judas promit aux Juifs de leur livrer son maître, versets
10-11 ;
3. que Jésus-Christ célébra la pâque la veille de sa mort et que,
pendant le souper, il prédit la trahison de Judas, qu il institua la
sainte cène et qu il prédit aussi que Pierre le renierait, versets
12-31.
La a fête de pâque et des pains sans levain devait être deux jours
après et les principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient
comment ils pourraient se saisir de Jésus par finesse et le faire
mourir.
2. Mais ils disaient : Il ne faut pas que cela soit durant la fête,
de peur qu'il ne se fasse quelque émotion parmi le peuple.
3. b Et Jésus étant à Béthanie, dans la maison de Simon surnommé le
lépreux, une femme vint à lui, lorsqu'il était à table, avec un vase
d'albâtre plein d'une huile odoriférante et de grand prix qu'elle
lui répandit sur la tête, ayant rompu le vase.
4. Et quelques-uns en furent indignés en eux-mêmes et dirent :
Pourquoi perdre ainsi ce parfum ?
5. Car on pouvait le vendre plus de trois cents deniers et les
donner aux pauvres. Ainsi ils murmuraient contre elle.
6. Mais Jésus dit : Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous de la peine
? Elle a fait une bonne action à mon égard.
7. c Car vous aurez toujours des pauvres avec vous, et toutes les
fois que vous voudrez, vous pourrez leur faire du bien, mais vous ne
m'aurez pas toujours.
8. Elle a fait ce qui était en son pouvoir, elle a embaumé par
avance mon corps pour ma sépulture.
9. Je vous dis en vérité que dans tous les endroits du monde où cet
Évangile sera prêché, ce qu'elle a fait sera aussi raconté en
mémoire d'elle.
10.d Alors Judas Iscariot, l'un des douze, s'en alla vers les
principaux sacrificateurs pour leur livrer Jésus.
11. Et ils en eurent de la joie quand ils l'eurent entendu et ils
lui promirent de lui donner de l'argent et il cherchait une occasion
propre pour le leur livrer.
79
Marc
12. e Le premier jour des pains sans levain, auquel on immolait la
pâque, ses disciples lui dirent : Où veux-tu que nous allions te
préparer ce qu'il faut pour manger la pâque ?
13. Alors il envoya deux de ses disciples et il leur dit : Allez à
la ville et vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau,
suivez-le.
14. Et en quelque lieu qu'il entre, dites au maître de la maison :
Notre maître demande où est le lieu où je mangerai la pâque avec mes
disciples ?
15. Et il vous montrera une grande chambre haute meublée et toute
prête, préparez-nous là la pâque.
16. Ses disciples donc partirent et vinrent à la ville et trouvèrent
les choses comme il le leur avait dit et ils préparèrent la pâque.
17.f Quand le soir fut venu, il vint avec les douze apôtres.
18. Et comme ils étaient à table et qu'ils mangeaient, Jésus dit :
Je vous dis en vérité que l'un de vous, qui mange avec moi, me
trahira.
19. Alors ils commencèrent à s'affliger et lui dirent l'un après
l'autre : Est-ce-moi ?
20. Il leur dit : C'est l'un de vous qui met la main au plat avec
moi.
21. Pour ce qui est du Fils de l'homme, il s'en va, selon ce qui a
été écrit de lui, mais malheur à cet homme par qui le Fils de
l'homme est trahi, il eût mieux valu pour cet homme de n'être jamais
né.
22.g Et comme ils mangeaient, Jésus prit du pain et ayant rendu
grâce, il le rompit et il le leur donna et dit : Prenez, mangez,
ceci est mon corps.
23. Ayant aussi pris la coupe et rendu grâce, il la leur donna et
ils en burent tous.
24. Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle
alliance, lequel est répandu pour plusieurs.
25. Je vous dis en vérité que je ne boirai plus de ce fruit de la
vigne jusqu'au jour que je le boirai nouveau dans le royaume de
Dieu.
26. Et après qu'ils eurent chanté le cantique, ils s'en allèrent à
la montagne des oliviers.
27.h Alors Jésus leur dit : Vous serez tous scandalisés en moi cette
nuit1, car il est écriti : Je frapperai le berger et les brebis
seront dispersées.
28.j Mais après que je serai ressuscité, j'irai devant vous en
Galilée.
29. Et Pierre lui dit : Quand tous les autres seraient scandalisés,
je ne le serai pourtant pas.
30. k Alors Jésus lui dit : Je te dis en vérité, qu'aujourd'hui,
cette même nuit, avant que le coq ait chanté deux fois, tu me
renieras trois fois.
31. Mais Pierre disait encore plus fortement : Quand même il me
faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas. Et tous les autres
disaient la même chose.
Réflexions
La première réflexion qu'il faut faire ici, regarde l'action de
cette femme qui répandit sur Jésus un parfum précieux. Notre
Seigneur approuva cette action, il loua le zèle et les bonnes
intentions de cette
femme, il dit même que la mémoire de ce qu'elle avait fait serait
conservée dans l'Église. De là nous pouvons douter qu'il n'ait aussi
pour agréable tout ce que nous faisons en vue de l'honorer. Ce qu'il
dit à ceux qui voulaient que le prix de ce parfum fût donné aux
pauvres doit nous apprendre à éviter les jugements téméraires, à ne
pas condamner facilement les actions des autres lorsqu'elles peuvent
partir d'un bon principe et à faire du bien aux pauvres toutes les
fois que nous le pourrons.
2. L'exemple de Judas montre que l'avarice endurcit et aveugle les
hommes à un tel point qu'elle les pousse dans toutes sortes de
crimes.
3. Puisque Jésus-Christ prédit la trahison de Judas, il paraît de là
que rien ne lui était caché, qu'il connaissait les cœurs et les
desseins des hommes et qu'il savait ce qui devait lui arriver et
qu'ainsi il a souffert volontairement ce qu'il a souffert.
4. Jésus-Christ célébra la pâque avec ses disciples suivant la
coutume des Juifs, pour faire voir qu'il était religieux observateur
de tout ce qui était prescrit par la loi divine, mais il le fit
surtout parce que son dessein était d'instituer la sainte-cène et de
la mettre à la place de la pâque des Juifs. C'est ce qui doit nous
remplir d'un très grand respect pour cette divine cérémonie que
notre Seigneur a établie comme un mémorial de sa mort et nous
engager à la célébrer avec foi et avec reconnaissance, conformément
à ses intentions.
Enfin, la prédiction du reniement de Pierre suppose que notre
Seigneur avait une parfaite connaissance du cœur des hommes et ce
qu'il dit à cet apôtre qui protestait qu'il ne l'abandonnerait
jamais doit nous inspirer une salutaire défiance de nous-mêmes et
nous porter à profiter des avertissements que Dieu nous donne et à
chercher dans l'humilité, dans la vigilance et dans la prière la
fermeté nécessaire pour n'être pas surpris par les tentations.
(a) v1 : Matthieu 26.1 ; Luc 22.1 ; Jean 11.55
(b) v3 : Matthieu 26.6 ; Jean 12.3, l'endroit n'est pas mentionné
dans l'original.
(c) v7 : Deutéronome 15.11
(d) v10 : Matthieu 26.41 ; Luc 22.4
(e)v 12 : Matthieu 26.17; Luc 22.7
(f) v17 : Matthieu 26.20; Luc 22.14; Jean 13.21
(g) v22 : Matthieu 26.26 ; I Corinthiens 11.24
(h) v27 : Matthieu 26.31 ; Luc 22.21 ; Jean 16.32 ;
(i) v27 : Zacharie 13.7
(j) v28 : Sous 16.7
(k) v30 : Matthieu 26.34 ; Luc 22.34 ; Jean 13.38
(1) : v27 : Voyez la note sur Matthieu XXVI.31
Chapitre XIV, versets 32-72
Marc rapporte ici :
1. ce que Jésus-Christ souffrit dans le jardin, versets 32-42;
2. comment il fut pris par les Juifs qui étaient conduits par Judas,
versets 43-52;
3. ce qui se passa lorsque Jésus fut présenté au conseil, versets
53-65 ;
4. la chute de Pierre et sa repentance, versets 66-72.
80
Marc
32.l Ils allèrent ensuite dans un lieu appelé Geth-sémané et Jésus
dit à ses disciples : Asseyez-vous ici jusqu'à ce que j'aie prié.
33. Et il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et il commença à
être saisi de frayeur et à être fort agité.
34. Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu'à la
mort, demeurez ici et veillez.
35. Et s'en allant un peu en avant, il se prosterna contre terre,
priant que s'il était possible, cette heure s'éloignât de lui.
36. Et il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles,
détourne cette coupe de moi, toutefois, quoi qu'il en soit, non ce
que je voudrais, mais ce que tu veux.
37. m Et il revint vers eux et les trouva endormis et il dit à
Pierre : Simon, tu dors? N'as-tu pu veiller une heure ?
38. Veillez et priez de peur que vous ne tombiez dans la tentation,
car l'esprit est prompt, mais la chair est faible.
39. Et il s'en alla encore et il pria, disant les mêmes paroles.
40. Et étant revenu, il les trouva encore endormis, car leurs yeux
étaient appesantis et ils ne savaient que lui répondre.
41. Et il revint pour la troisième fois et il leur dit : vous dormez
encore et vous vous reposez ! C'est assez, l'heure est venue, voici
le Fils de l'homme s'en va être livré entre les mains des méchants.
42. Levez-vous, allons, voici celui qui me trahit s'approche.
43.n Et aussitôt comme Jésus parlait encore, Judas, qui était l'un
des douze, vint et avec lui une grande troupe de gens armés d'épées
et de bâtons de la part des principaux sacrificateurs et des scribes
et des sénateurs.
44. Et celui qui le trahissait avait donné ce signal : Celui que je
baiserai, c'est lui, saisissez-le et l'emmenez sûrement.
45. Aussitôt donc qu'il fut arrivé, il s'approcha de lui et lui dit
: Maître, Maître et il le baisa.
46. Alors ils mirent les mains sur Jésus et le saisirent.
47. Et un de ceux qui étaient là présents tira son épée et en frappa
un serviteur du souverain sacrificateur et lui emporta une oreille.
48. Alors Jésus prit la parole et leur dit : Vous êtes sortis comme
après un voleur, avec des épées et des bâtons, pour me prendre.
49. J'étais tous les jours au milieu de vous, enseignant dans le
temple et vous ne m'avez point saisi, mais tout ceci est arrivé afin
que les écritures fussent accomplies.
50. Alors tous ses disciples l'ayant abandonné s'enfuirent.
51. Et il y avait un jeune homme qui le suivait ayant le corps
couvert seulement d'un linceul 2 et quelques jeunes l'ayant pris,
52. Il leur laissa le linceul et s'enfuit nu de leurs mains.
53.o Ils menèrent ensuite Jésus chez le souverain sacrificateur où
s'assemblèrent tous les principaux sacrificateurs et les sénateurs
et les scribes.
54. Pierre le suivait de loin jusque dans la cour du souverain
sacrificateur et étant assis auprès du feu avec les domestiques, il
se chauffait.
55. p Or les principaux sacrificateurs et tout le conseil
cherchaient quelque témoignage contre Jésus pour le faire mourir et
ils n'en trouvèrent point.
56. Car plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui, mais
leurs dépositions ne s'accordaient pas.
57. Alors quelques-uns se levèrent qui portèrent un faux témoignage
contre lui disant :
58. Nous l'avons ouï dire :q Je détruirai ce temple qui a été bâti
par mains des hommes et dans trois jours j'en rebâtirai un autre qui
ne sera point fait de main d'homme.
59. Mais leur déposition ne s'accordait pas non plus.
60. Alors le souverain sacrificateur se levant au milieu du conseil
interrogea Jésus et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Qu'est-ce que ces
gens déposent contre toi ?
61. Mais r Jésus se tu et ne répondit rien. Le souverain
sacrificateur l'interrogea encore et lui dit : Es-tu le Christ, le
fils du Dieu bénit ?
62. Et Jésus lui dit : Je le suis et vous verrez le Fils de l'homme
assis à la droite de la puissance de Dieu et venir sur les nuées du
ciel.
63. Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements et dit :
Qu'avons-nous plus à faire de témoins ?
64. Vous avez entendu ce blasphème, que vous en semble? Alors tous
le condamnèrent comme étant digne de mort.
65. Et quelques-uns se mirent à cracher contre lui, à lui couvrir le
visage et à lui donner des coups de poings et ils lui disaient :
Devine qui t'a frappé. Et les sergents lui donnaient des coups de
leurs bâtons.
66. s Or comme Pierre était en bas dans la cour, une des servantes
du souverain sacrificateur y vint,
67. Et voyant Pierre qui se chauffait, elle le regarda en face et
lui dit : Et toi, tu étais avec Jésus de Nazareth.
68. Mais il le nia et dit : Je ne le connais point et je ne sais ce
que tu dis et il sortit au vestibule et le coq chanta.
69. 1 Et cette servante l'ayant encore vu, elle se mit à dire à ceux
qui étaient présents : Cet homme est de ces gens-là.
70. Mais il le nia encore. Et un peu après, ceux qui étaient présent
dirent à Pierre : Tu es assurément de ces gens-là, car tu es
Galiléen et ton langage est semblable au leur.
71. Alors il commença à faire des imprécations et à jurer disant :
Je ne connais pas cet homme dont tu parles.
72. Et le coq chanta pour la deuxième fois et u Pierre se souvint de
la parole que Jésus lui avait
81
Marc
dite : Avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois
fois. Et étant sorti promptement, il pleura.
Réflexions
L'extrême tristesse que notre Seigneur ressentit dans le jardin est
l'une des circonstances les plus remarquables de sa passion. Elle
nous découvre bien clairement que c'était pour expier les péchés des
hommes qu'il souffrait. Nous y voyons quelle est l'horreur du péché
et de quel désespoir les méchants seront saisis lorsqu'ils seront
rejetés de Dieu et qu'ils souffriront les peines dues à leur fautes.
Nous devons après cela, à l'imitation de Jésus-Christ, qui dans son
agonie priait avec tant de ferveur et une si parfaite soumission à
la volonté de son Père invoquer Dieu avec persévérance lorsque nous
sommes dans l'affliction et en même temps avec une entière
résignation à sa volonté disant toujours :
Seigneur, non point ce que je voudrais, mais ce que tu veux.
Jésus-Christ nous donne un avertissement bien important lorsqu'il
dit :
Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation, car
l'esprit est prompt et la chair est faible.
Il nous apprend par là que le moyen infaillible de ne pas tomber
dans le péché est de nous défier de notre faiblesse, de veiller et
de prier, mais que les tentations nous entrainent dès que nous nous
négligeons de ce côté-là.
On voit dans ce qui se passa lorsque notre Seigneur fut pris et dans
ce qu'il dit alors à Judas et aux Juifs qu'il ne fut pris et
condamné que parce qu'il le voulait bien et parce que Dieu le
permettait. C'est là pour nous un puissant engagement à aimer
ardemment notre Sauveur qui s'est exposé volontairement à la mort
pour nous et à acquiescer en toutes choses à la volonté du Seigneur.
On doit remarquer
que Jésus parut devant le conseil, qu 'il fut examiné, qu on
entendit des témoins, mais qu il ne put être convaincu d aucun
crime, quelques efforts que les Juifs fissent pour trouver des
accusations et des faux témoignages contre lui
et qu'il ne fut condamné que parce qu'il avoua qu'il était le fils
de Dieu. Tout cela fut dispensé par la providence pour faire voir la
parfaite innocence de notre Seigneur.
2. Cette grande douceur et cette patience qu'il fit paraître dans
ses discours et en souffrant toutes sortes d'indignités est une
preuve bien sensible de sa soumission à la volonté de son Père et de
son amour envers nous et un modèle de patience auquel nous devons
nous conformer. Après cela, il est à remarquer que notre Seigneur
avoua qu'il était le fils de Dieu et qu'il dit aux Juifs qu'ils le
verraient bientôt assis à la droite de Dieu et venant dans sa
gloire. Cela s'accomplit peu après, lorsque les Juifs furent
détruits et qu'ils virent le règne de notre Seigneur s'établir dans
le monde.
Nous devons enfin profiter de la chute de Pierre qui renia son
maître après avoir protesté si fortement qu'il ne l'abandonnerait
jamais. Tout le monde et même les personnes qui ont du zèle et de
bons sentiments peuvent voir ici que notre faiblesse est grande et
qu'il faut se précautionner contre les tentations. Et la repentance
de cet apôtre, qui fut si prompte et si amère, nous apprend que si
nous avons fait quelque chute nous devons nous en relever
incontinent, en avoir une vive douleur et la réparer par le recours
à la miséricorde de Dieu et par une sincère conversion.
(1) v31 : Matthieu 26.36 ; Luc 22.36 ; Jean 18.1 (m) v37 : Matthieu
26.40 ; Luc 22.45
(n) v43 : Matthieu 26.47 ; Luc 22.47 ; Jean 18.3
(o) v53 : Matthieu 26.57 ; Luc 22.54 ; Jean 18.13
(p) v55 : Matthieu 26.69
(q) v58 : Sous 15.29 ; Jean 2.19
(r) v61 : Ésaïe 53.7
(s) v66 : Matthieu 26.69 ; Luc 23.55 ; Jean 18 16 et 17 (t) v69 :
Matthieu 26.71 ; Luc 22.58 ; Jean 18.25
(u) v72 : Matthieu 26.75 ; Jean 18.27
(2) : Ou : d'une tunique de toile
Chapitre XV
Jésus-Christ est présenté à Pilate qui, après avoir tâché de le
délivrer, consent à sa mort, versets 1-15.
Il est crucifié, il meurt et on l'ensevelit, versets 16-47.
Dès qu'il fut jour, les principaux sacrificateurs avec les sénateurs
et les scribes et tout le conseil ayant délibéré ensemble emmenèrent
Jésus et le livrèrent à Pilate.
2.b Et Pilate l'interrogea et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ?
Jésus lui répondit : Tu le dis.
3. Et les principaux sacrificateurs l'accusaient de plusieurs
choses, mais il ne répondit rien.
4. Et Pilate l'interrogea encore et lui dit : Ne réponds-tu rien ?
Vois combien de choses ils avancent contre toi.
5. Mais Jésus ne répondit rien davantage de sorte que Pilate en
était fort surpris.
6. Or il avait accoutumé de relâcher, à la fête de pâques, celui des
prisonniers que le peuple demandait.
7. Et il y en avait un nommé Barabbas, qui était en prison avec
d'autres séditieux qui avaient commis un meurtre dans une sédition.
8. Et le peuple se mit à demander avec de grand cris qu'il leur fit
comme il leur avait toujours fait.
9. Pilate leur répondit : Voulez-vous que je vous relâche le roi des
Juifs ?
10. Car il savait bien que c'était par envie que les principaux
sacrificateurs l'avaient livré.
11. Mais les principaux sacrificateurs incitèrent le peuple à
demander qu'il leur relâchât plutôt Barab-bas.
82
Marc
12. Et Pilate reprenant la parole leur dit : Que voulez-vous donc
que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ?
13. Et ils crièrent de nouveau : Crucifie-le.
14. Et Pilate leur dit : Mais quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent
encore plus fort : Crucifie-le.
15.e Pilate voulant contenter le peuple leur relâcha Barabbas et
après avoir fait fouetter Jésus, il le livra pour être crucifié.
16. Alors les soldats l ’ emmenèrent dans la cour du prétoire et ils
y assemblèrent toute la compagnie des soldats.
17. Et ils le revêtirent d ’ un manteau de pourpre et il lui mirent
sur la tête une couronne d ’ épines qu ’ ils avaient entrelacées.
18. Et ils se mirent à le saluer en disant : Je te salue roi des
Juifs.
19. Et ils lui frappaient la tête avec une canne et ils crachaient
contre lui et se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui.
20. Après s ’ être ainsi moqué de lui, ils lui ôtèrent le manteau de
pourpre, lui ayant remis ses habits, ils l ’ emmenèrent pour le
crucifier.
21.f Et un certain homme de Cyrène, nommé Simon, père d Alexandre et
de Rufus, passant par là, en revenant des champs, ils le
contraignirent de porter la croix de Jésus.
22.g Et ils le conduisirent au lieu appelé Golgotha, c ’ est-à-dire,
la place du crâne.
23. Et il lui présentèrent à boire du vin mêlé avec de la myrrhe,
mais il n en bu point.
24. Et après l ’ avoir crucifié, ils partagèrent ses habits, h en
les jetant au sort, pour savoir ce que chacun en aurait.
25. Et il était la troisième heure quand ils le crucifièrent 1.
26. Et le sujet de sa condamnation était marqué par cet écriteau :
Le roi des Juifs.
27. Ils crucifièrent aussi avec lui deux brigands,
l ’ un à sa droite et l ’ autre à sa gauche.
28. Ainsi cette parole de l ’Écriture fut accomplie : i Et il a été
mis au rang des malfaiteurs.
29. Et ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, hochant
la tête et disant :j Hé ! toi, qui détruis le temple et qui le
rebâtit en trois jours,
30. Sauve-toi toi-même et descends de la croix.
31. De même aussi les principaux sacrificateurs et les scribes
disaient entre-eux en se moquant : Il a sauvé les autres, il ne peut
se sauver lui-même.
32. Que le Christ, le roi d’Israël descende maintenant de la croix,
afin que nous le voyons et que nous croyons. Et ceux qui étaient
crucifiés avec lui lui disaient aussi des outrages.
33. Mais depuis la sixième heure, il y eut des ténèbres sur toute la
terre jusqu ’ à la neuvième heure.
34. Et à la neuvième heure, Jésus cria à haute voix disant :k Eloï,
eloï, lamma sabachthani ? C ’ est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m ’ as-tu abandonné ?
35. Et quelques-uns de ceux qui étaient présents
l ’ ayant entendu, disaient : Voilà qu ’ il appelle Élie.
36. Et l un d eux courut et emplit une éponge de vinaigre et la mit
au bout d une canne l et la lui, présenta en disant : Laissez,
voyons si Élie viendra
l ’ ôter de la croix.
37. Alors Jésus ayant jeté un grand cri rendit l esprit.
38. Et le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu
en bas.
39. Et le centenier qui était vis-à-vis de lui, voyant qu ’ il avait
expiré en criant ainsi dit : Cet homme était véritablement le fils
de Dieu.
40. Il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin, entre
lesquelles étaient Marie Magdelaine et Marie mère de Jacques le
petit et de Joses et Sa-lomé.
41. m Lesquelles le suivaient et le servaient lors-qu il était en
Galilée et plusieurs autres qui étaient montées avec lui à
Jérusalem.
42.o Comme il était déjà tard et que c ’ était le jour de la
préparation, c ’ est-à-dire la veille du sabbat,
43. Joseph d ’ Arimathée qui était un sénateur de considération et
qui attendait aussi le règne de Dieu, vint avec hardiesse vers
Pilate et lui demanda le corps de Jésus.
44. Et Pilate s ’ étonna qu ’ il fût déjà mort et ayant appelé le
centenier, il lui demanda s il y avait longtemps qu il était mort.
45. Et l ’ ayant appris du centenier, il donna le corps à Joseph.
46. Et Joseph ayant acheté un linceul le descendit de la croix et l
enveloppa dans ce linceul et le mit dans un sépulcre qui était
taillé dans le roc et il roula une pierre à l entrée du sépulcre.
47. Et Marie Magdelaine et Marie mère de Joses regardaient où on le
mettait.
Réflexions
Il y a quatre choses à remarquer dans ce qui se passa devant Pilate.
1. L’injustice et la fureur des Juifs que rien ne put apaiser et qui
sollicitèrent avec tant d instance la condamnation de Jésus, jusque
là qu ils lui préférèrent un meurtrier.
2. Lhumilité, le silence et la patience de notre Seigneur qui se
soumit à la sentence de Pilate et qui souffrit sans se plaindre
toutes les injustices qu on lui fit. Ce sont là de fortes preuves de
son amour pour les hommes qu ’ il voulaient sauver et de sa
soumission à la volonté de son Père et c’ est aussi un exemple de
résignation pour ceux qui sont exposés à la souffrance et à l ’
injustice des hommes.
3. Il faut remarquer que l ’innocence de Jésus-Christ fut pleinement
reconnue par Pilate, ce qui aggravait le crime des Juifs et celui de
ce gouverneur.
4. Et enfin que ce juge inique, après avoir refusé de faire ce que
les Juifs voulaient et tâché de sauver Jésus-Christ, prononça enfin
la sentence de sa mort. Pilate connaissait ce que la justice
demandait, il avait même de bonnes intentions, mais il n eut pas le
courage de les suivre.
83
Marc
C'est ainsi qu'en usent ceux qui pèchent contre leur conviction, ils
connaissent leur devoir, ils ont quelque bonne volonté, mais après
avoir résisté quelques temps à la tentation, ils y succombent par la
crainte qu'ils ont des hommes, par des vues de politique et
d'intérêt ou par quelque autre principe de cette nature. Au lieu que
les gens de bien sont toujours attachés à leur devoir et suivent
avec fermeté ce que la conscience leur dicte, sans que les égards
humains soient capables de les en empêcher.
Ce que l'on doit principalement considérer dans la passion de notre
Seigneur, ce sont les douleurs de ce supplice cruel qu'il endura, la
honte et l'ignominie à laquelle il fut exposé ayant été crucifié au
milieu de deux brigands, les outrages et les insultes que les
pharisiens et les sacrificateurs lui firent pendant qu'il était
attaché à la croix et enfin la mort qui termina ses souffrances. On
découvre en tout cela le profond abaissement du fils de Dieu, le
grand amour qu'il nous a porté et l'exemple de la patience la plus
parfaite.
Ainsi nous devons regarder cette mort comme le prix de notre
rédemption et l'appui de notre foi, aimer ce bon Sauveur, renoncer
au péché qu'il est venu détruire par sa mort et apprendre, par son
exemple, à porter notre croix et à souffrir patiemment lorsque nous
y sommes appelés.
L'histoire de la sépulture de Jésus-Christ et les informations que
Pilate fit prendre avant que d'accorder son corps à Joseph prouvent
qu'il a été véritablement mort et qu'ainsi il est véritablement
ressuscité.
La considération de cette sépulture est aussi très propre pour
dissiper la crainte que nous pourrions avoir de la mort et du
sépulcre et pour nous élever à l'attente d'un meilleure vie.
(a) v1 : Matthieu 27.1 ; Luc 22.66 et 23.1 ; I Jean 18-28. L'endroit
n'est pas mentionné dans l'original.
(b) v2 : Luc 23.3 ; Jean 18.33
(c) v4 : Matthieu 27.12. Lendroit n'est pas mentionné dans
l'original.
(d) v6 : Matthieu 27.15 : Luc 23.17 ; Jean 18.39. L'endroit n'est
pas mentionné dans l'original.
(e) v15 : Matthieu 27.26 ; Jean 19.1
(f) v21 : Matthieu 27.32 ; Luc 23.26
(g) v22 : Matthieu 27.33 ; Luc 23.33 ; Jean 19.23
(h) v24 : Psaume 22.19 : Matthieu 27.35 ; Luc 23.34 ; Jean 19.23
(i) v28 : Ésaïe 53.12 ; Luc 22.37
(j) v29 : Sus 14.58; Jean 2.19
(k) v34 : Psaume 22.2 ; Matthieu 27.46
(l) v36 : Psaume 69.22
(m) v41 : Luc 8.2
(n) v42 : Matthieu 27.57 ; Luc 23 50 ; Jean 19.38
(1) v25 : Pour accorder ce que Marc dit avec ce qu'on lit à Jean
XIX.14, il faut remarquer comme les Juifs partageaient la nuit en
quatre veilles, ils partageaient aussi le jour en quatre parties
chacune. La troisième heure marque ici la troisième heure du jour
qui durait depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième. Tellement
que notre Seigneur fut attaché à la croix au commencement de la
troisième heure, ou de la troisième partie du jour, c'est-à-dire
environ midi, ou environ la sixième heure comme Jean le dit.
Chapitre XVI
Dans ce dernier chapitre de Marc, on voit :
1.1’histoire de la résurrection de Jésus-Christ, versets 1-14,
2. les ordres qu ’il donna aux apôtres avant que de quitter le
monde, versets 15-18;
3. et enfin, son ascension, versets 19-20.
Après que le sabbat fut passé, Marie Magdelaine et Marie mère de
Jaques et Salomé achetèrent des drogues aromatiques pour venir
embaumer le corps de Jésus.
2. Et elles vinrent au sépulcre de grand matin, le premier jour de
la semaine, comme le soleil venait de se lever.
3. Et elles disaient entre elles : Qui nous ôtera la pierre qui
ferme l'entrée du sépulcre ?
4. Et ayant regardé, elles virent que la pierre avait été ôtée, or
elle était fort grande.
5. b Puis étant entrées dans le sépulcre, elles virent un jeune
homme assis du côté droit, vêtu d'une robe blanche et elles en
furent épouvantées.
6. c Mais il leur dit : Ne vous effrayez point, vous cherchez Jésus
de Nazareth qui a été crucifié, il est ressuscité, il n'est plus
ici, voici le lieu où on l'avait mis.
7. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il s'en va devant
vous en Galilée, vous le verrez là, comme il vous a dit.
8. Elles sortirent aussitôt du sépulcre et s'en en-fuirent, car
elles étaient saisies de crainte et d'éton-nement. Elles n'en dirent
rien à personnes tant elles étaient effrayées.
9. d Or Jésus étant ressuscité le matin, le premier jour de la
semaine, apparut premièrement à Marie Magdelaine, e de laquelle il
avait chassé sept démons.
10. Et elle s'en alla et l'annonça à ceux qui avaient été avec lui
et qui étaient dans le deuil et dans les larmes.
11. Mais eux lui ayant ouï dire qu'il était vivant et qu'elle
l'avait vu ne le crurent point.
12. Après cela, il se montra sous une autre formef à deux d'entre
eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.
13. Et ceux-ci s'en allèrent le dire aux autres disciples, mais ils
ne les crurent pas non plus.
14.g Enfin il se montra aux onze apôtres comme ils étaient à table
et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur parce
qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité.
15. Et il leur dit :h Allez-vous-en partout le monde et prêchez
l'Évangile à toute créature 1.
16. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, i mais celui
qui ne croira pas sera condamné.
17. Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui ont cru :j Ils
chasseront les démons en mon nom, k ils parlerons de nouvelles
langues,
18.l Ils chasseront les serpents 1 et quand ils auront bu quelque
breuvage mortel, il ne leur sera point fait de mal. m Ils imposeront
les mains sur les malades et ils seront guéris.
19.n Le seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut élevé au ciel et
il s'assit à la droite de Dieu.
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Marc
20. Et eux étant partis prêchèrent partout,o le Seigneur opérant
avec eux et confirmant la parole par les miracles qui
l'accompagnaient.
Réflexions
Ce qui est contenu dans ce chapitre établit premièrement la vérité
et la certitude de la résurrection de Jésus-Christ, puisqu'elle a
été confirmée par l'apparition et par le témoignage des anges et que
notre Seigneur fut vu par les femmes qui étaient allées à son
sépulcre et ensuite par les apôtres à diverses fois.
Nous devons considérer ensuite combien cette résurrection fut
glorieuse, Dieu ayant envoyé des anges pour annoncer aux hommes
qu'il était ressuscité. Ce merveilleux événement prouve donc que
Jésus est le fils de Dieu et nous assure qu'il nous a parfaitement
réconcilié à Dieu par son sacrifice et qu'il a vaincu la mort et le
sépulcre. Cette résurrection est aussi un gage certain de la nôtre,
ce qui doit nous remplir de consolation et de confiance et nous
exciter puissamment à la piété.
Les ordres que Jésus-Christ donna aux apôtres d'aller prêcher et
baptiser par tout le monde et le pouvoir dont il les revêtit de
faire toutes sortes de miracles montrent qu'il parlait comme le roi
de l'Église et le Maître de toutes choses. Et l'événement ayant
répondu à ce qu'il avait dit, cela prouve d'une manière
incontestable qu'il a été élevé à une souve-
raine puissance et que l'Évangile est une doctrine céleste et
divine.
Nous devons remarquer de plus que Jésus-Christ parle ici du baptême
en des termes qui font voir que cette cérémonie est une institution
divine, mais en même temps il déclare que le baptême ne peut sauver
que lorsqu'il est accompagné d'une vraie foi.
Enfin l'ascension de Jésus-Christ nous engage à le regarder comme
celui qui a un pouvoir souverain sur tout le monde et qui doit être
notre juge. Et puisqu'il est aussi allé au Ciel pour nous y préparer
place, nous devons aspirer et tendre par la piété et par les bonnes
œuvres à ce glorieux séjour où notre Rédempteur est entré et où il
est assis à la droite de Dieu.
(a) v1 : Luc 24.1 ; Jean 20.1. L'endroit n'est pas mentionné dans
l'original.
(b) v5 : Matthieu 28.1 ; Jean 20.12
(c) v6 : Matthieu 28.10
(d) v9 : Matthieu 26.12; Sus 14.28
(e) v6 : Jean 20.16 ; Luc 8.2
(f) v12 : Luc 24 ;13
(g) v14 : Luc 24.36 ; Jean 20.19
(h) v15 : Matthieu 28.19
(i) v16 : Jean 12.48 (j) v17 : Actes 16.18
(k) : v17 : Actes 2.4, 10.46 et 19.6 (l) v18 : Actes 28.5 (m) v18 :
Actes 28.8 (n) v19 : Luc 24.51
(0) v20 : Hébreux 2.4
(1) v15 : C'est-à-dire : à tous les hommes.
(2) v18 : Ou : Ils prendront des serpents avec la main.
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