Juges
Argument
Le livre des juges comprend l ’histoire de ce qui est arrivé au
peuple d ’Israël depuis la mort de Josué jusqu au temps d Héli qui
fut le dernier juge, pendant environ 300 ans. Les juges étaient des
personnes que Dieu suscitait extraordinairement pour délivrer les
Israélites de leus ennemis et pour les gouverner.
Chapitre I
Les tribus de Juda et de Siméon continuent la guerre contre les
Cananéens qui n 'avaient pas été subjugués par Josué, en telle sorte
pourtant qu ils ne les détruisirent pas entièrement, versets 1-20.
La même chose arriva dans le pays des autres tribus, versets 21-36.
OR après la mort de Josué, les enfants d’Israël consultèrent l
Éternel et dirent : Qui est-ce de nous qui montera le premier contre
les Cananéens pour combattre contre eux ?
2. Et l ’Éternel répondit : Juda y montera, voici j ’ ai livré le
pays entre ses mains.
3. Et Juda dit à son frère : Monte avec moi en mon partage et nous
combattrons contre les Cananéens et j irai aussi avec toi en ton
partage. Ainsi Siméon s ’ en alla avec lui.
4. Juda donc monta et l Éternel livra les Cananéens et les
Phéréziens entre leurs mains et ils en battirent à Bézek dix milles
hommes,
5. Car ayant trouvé Adoni-bézek à Bézek, ils combattirent contre lui
et battirent les Cananéens et les Phéréziens.
6. Et Adoni-bézek s ’enfuit, mais ils le poursuivirent et l ayant
saisi, ils lui coupèrent les pouces des mains et des pieds.
7. Alors Adoni-bézek dit : J ai eu soixante et dix rois dont les
pouces des mains et des pieds avaient été coupés qui recueillaient
sous ma table ce qui en tombait, Dieu m a rendu ce que j ai fait aux
autres. Et ayant été amené à Jérusalem il y mourut.
8. Or les descendants de Juda avaient combattu contre Jérusalem et l
’ avaient prise et avaient fait passer ses habitants au fil de l
épée et mis la ville en feu.
9. Ensuite les descendants de Juda étaient descendus pour combattre
contre les Cananéens qui habitaient dans la montagne et au Midi et
dans la plaine.
10. a Juda donc s ’ en était allé contre les Cananéens qui
habitaient à Hébron (or le nom d ’Hébron était auparavant Kirjata-Arbah)
et il avait battu Sçes-çai, Ahiman et Talmai.
11. Et de là il était allé contre les habitants de Dé-bir dont le
nom était auparavant Kirjath-sépher.
12. Et Caleb avait dit :b Qui battra Kirjath-sépher et la prendra,
je lui donnerai ma fille Hacsa pour femme.
13. Hothniel donc fils de Kénaz frère puiné de Caleb la prit et
Caleb lui donna sa fille Hacsa pour femme.
14. Et comme elle venait vers lui, elle l ’ incita à demander à son
père un champ, puis elle se jeta fort impétueusement de dessus l âne
où elle était et Caleb lui dit : Qu as-tu ?
15. Et elle répondit : Donne-moi un présent, puisque tu m as donné
une terre sèche, donne-moi aussi des sources d ’eau. Et Caleb lui
donna les sources de dessus et les source de dessous.
16. Or les enfants du Kénien, beau-père de Moïse, étaient montés de
la ville des palmes avec les descendants de Juda au désert de Juda
qui est au Midi de Harad, car ils avaient marché et ils étaient
demeurés avec le peuple.
17. Puis Juda s ’ en alla avec Siméon son frère et ils battirent les
Cananéens qui habitaient à Tséphat et ils la détruisirent à la façon
de l interdit et on appela la ville Horma 1.
18. Juda pris aussi Gaza avec ses confins, Asçké-lon avec ses
confins et Hékron avec ses confins.
19. Et l ’Éternel fut avec Juda et ils dépossédèrent les habitants
de la montagne, mais ils ne dépossédèrent point les habitants de la
vallée parce qu ’ ils avaient des charriots de fer.
20. Et on donna, c selon que Moïse l avait dit, Hé-bron à Caleb qui
en déposséda les trois fils de Ha-nak.
21. Quant aux descendants de Benjamin, ils ne dépossédèrent point le
Jébusien qui habitait à Jérusalem, c est pourquoi le Jébusien a
habité avec les enfants de Benjamin à Jérusalem jusqu à ce jour.
22. Ceux aussi de la maison de Joseph montèrent contre Beth-el et l
’Éternel fut avec eux.
23. Et ceux de la maison de Joseph firent épier Beth-el dont le nom
était auparavant d Luz.
24. Et les espions virent un homme qui sortait de la ville auquel
ils dirent : Nous te prions de nous montrer par où l ’on peut entrer
dans la ville et nous te ferons grâce.
25. Il leur montra donc l ’ endroiit par où l ’on pouvait entrer
dans la ville et ils la firent passer au fil de
l ’ épée, mais ils laissèrent aller cet homme et toute sa famille.
26. Puis cet homme s en étant allé au pays des Hétiens, il y bâtit
une ville et l appela Luz qui est le nom qu elle porte jusqu à ce
jour.
27. Et Manassé ne déposséda point les habitants de Beth-scéan, ni
des villes de son ressort, ni les habitants de Tahanac, ni des
villes de son ressort, ni les habitants de Dor, ni des villes de son
ressort, ni les habitants de Jibléham, ni des villes de son ressort,
ni les habitants de Méguiddo, ni des villes de son ressort, ainsi
les Cananéens osèrent encore habiter dans ce pays-là.
Juges
28. Il est vrai que quand Israël fut devenu plus fort, il rendit les
Cananéens tributaires, mais il ne les chassa pas entièrement.
29. Et Éphraïm ne déposséda point les Cananéens qui habitaient à
Guézer, mais les Cananéens habitèrent avec lui à Guézer.
30. Zabulon ne déposséda point les habitants de Kitron, ni les
habitants de Nahalol, mais les Cananéens habitèrent avec lui et ils
lui furent tributaires.
31. Asçer ne déposséda point les habitants de Hacco, ni les
habitants de Sidon, ni d'Alab, ni d'Ac-zib, ni d'Helba, ni d'Aphik,
ni de Réhob.
32. Mais ceux d'Ascer habitèrent parmi les Cananéens habitants du
pays, car ils ne les dépossédèrent point.
33. Nephthali ne déposséda point les habitants de Beth-scémes, ni
les habitants de Bethhanath, mais il habitait parmi les Cananéens,
habitants du pays, et les habitants de Beth-scémes et de Beth-hanath
leur furent tributaires.
34. Et les Amorrhéens tinrent les descendants de Dan fort resserrés
dans la montagne de sorte qu'ils ne souffraient point qu'ils
descendissent dans la vallée.
35. Et ces Amorrhéens osèrent encore habiter à Har-héres, à Ajalon
et à Açahalbim, mais la maison de Joseph étant devenue plus forte,
ils furent rendus tributaires.
36. Or la contrée des Amorrhéens était depuis la montée de
Hakrabbim, depuis la roche et au dessus.
Réflexions
La première chose qu'on voit dans ce livre, c'est que Dieu
n'abandonna pas les enfants d'Israël après que Josué fut mort et
qu'il continua à leur assujettir les Cananéens. Cependant, il ne les
détruisit pas tout à fait et dans preque toutes les tribus ils
demeurèrent maîtres de quelques endroits du pays, Dieu le voulant
ainsi, afin que ces peuples fussent un instrument en sa main pour
châtier les Israélites lorsqu'ils l'offenseraient. Ce fut en effet
ce qui arriva à diverses fois comme on le voit dans ce livre des
juges.
Il y a une réflexion particulière à faire sur Adoni-bések à qui les
enfants d'Israël coupèrent les gros doigts des pieds et des mains et
qui avait traité soixante et dix princes de la même manière. Cet
exemple fait voir que Dieu est un juste juge et qu'il fait retomber
sur les hommes injustes et cruels le même mal qu'ils avaient fait
aux autres.
(a) v10 : Josué 15.14
(b) v12 : Josué 15.1
(c) v20 : Nombres 14.21 ; Josué 14.13
(d) v23 : Genèse 28.19
(1) v17 : C'est-à-dire : interdit ou anathème.
Chapitre II
Les enfants d’Israël étant tombés dans l'idolâtrie après la mort de
Josué, Dieu envoya son ange pour
les reprendre de leur rebellion, il les punit en les livrant à
diverses fois à leurs ennemis et lorsqu 'ils se convertissaient, il
suscitait des juges pour les délivrer.
OR l'ange de l'Éternel monta de Guilgal à Bokim et il dit : Je vous
ai fait monter hors d'Égypte et je vous ai fait entrer au pays dont
j'avais juré à vos pères et j'ai dit : Je n'enfreindrai jamais
l'alliance que j'ai traitée avec vous,
2. Et vous ne traiterez point aussi d'alliance avec les habitants de
ce pays, vous démolirez leurs autels, mais vous n'avez point obéi à
ma voix : Pourquoi avez-vous fait cela ?
3. Aussi j'ai dit : a Je ne les chasserai point de devant vous, mais
ils seront à vos côtés et leursb dieux vous seront en piège.
4. Et aussitôt que l'ange de l'Éternel eut dit ces paroles à tous
les enfants d'Israël, le peuple éleva sa voix et pleura.
5. Et ils appelèrent ce lieux-là Bokim 1 et ils sacrifièrent là à
l'Éternel.
6. c Or Josué ayant renvoyé le peuple, les enfants d'Israël étaient
allés chacun à son héritage pour posséder le pays.
7. Et le peuple avait servi l'Éternel tout le temps de Josué et tout
le temps des anciens qui survécurent à Josué et qui avaient vu les
grandes œuvres que l'Éternel avait faites en faveur d'Israël.
8. Puis Josué, fils de Nun, serviteur de l'Éternel était mort âgé de
cent et dix ans,
9. Et on l'avait enseveli dans les bornes de son héritage à
Timnath-héres, sur la montagne d'Éphraïm, du côté du septentrion de
la montagne de Gahas.
10. Et toute cette génération avait aussi été recueillie avec ses
pères, puis une autre génération s'était levée après eux, laquelle
n'avait point connu l'Éternel, ni les œuvres qu'il avait faites pour
Israël.
11. Les enfants d'Israël donc firent ce qui déplaît à l'Éternel et
ils servirent les bahalins2.
12. Et ayant abandonné l'Éternel le Dieu de leurs pères qui les
avait fait sortir du pays d'Égypte, ils allèrent auprès d'autres
dieux d'entre les dieux des peuples qui étaient autour d'eux et ils
se prosternèrent devant eux, ainsi ils irritèrent l'Éternel.
13. Ils abandonnèrent donc l'Éternel et servirent bahal et
hasçtaroth 3.
14. Et la colère de l'Éternel s'embrasa contre Israël et il les
livra entre les mains des gens qui les pillèrent et il les vendit à
leurs ennemis qui étaient autour d'eux et ils ne purent plus
subsister devant leurs ennemis.
15. Partout où ils allaient, la main de l'Éternel était contre eux
en mald comme l'Éternel en avait parlé et comme l'Éternel le leur
avait juré, ainsi ils furent dans de grandes angoisses.
16. Et l'Éternel leur suscitait des juges qui les délivraient de la
main de ceux qui les pillaient.
17. Mais ils ne voulaient pas même écouter leurs juges et ils se
prostituaient après d'autres dieux
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Juges
et ils se prosternaient devant eux et ils se détournaient aussitôt
du chemin par lequel avaient marché leurs pères qui avaient obéi aux
commandements de l'Éternel, ils n'en usaient point ainsi.
18. Or quand l'Éternel leur suscitait des juges, l'Éternel était
aussi avec le juge et les délivrait de la main de leurs ennemis
pendant le temps de la vie du juge, car l'Éternel se repentait
lorsqu'il entendait les sanglots qu'ils jetaient à cause de ceux qui
les opprimaient et qui les accablaient.
19. Puis quand le juge mourait, ils se corrompaient de nouveau plus
que leurs pères, allant après d'autres dieux pour les servir et se
prosterner devant eux, ils ne rabattaient rien de leur déportements,
ni de leur train obstiné.
20. C'est pourquoi la colère de l'Éternel s'embrasa contre Israël et
il dit : Puisque cette nation a violé mon alliance que j'avais
commandé de garder et qu'ils n'ont point obéi à ma voix,
21.e Aussi, je ne déposséderai plus de devant eux aucune des nations
que Josué laissa quand il mourut,
22. Afin d'éprouver par elles Israël s'ils garderont ou non la voie
de l'Éternel pour y marcher comme leurs pères l'ont gardée.
23. L'Éternel donc laissa ces nations-là sans les déposséder sitôt
et il ne les livra point entre les mains de Josué.
Réflexions
Ce chapitre contient plusieurs instructions importantes et
particulièrement ces quatre :
1. Ce qui est dit que les Juifs se corrompirent après la mort de
Josué et des anciens et qu'il s'éleva une nouvelle génération qui
n'avait point connu Dieu fait voir que les hommes oublient
facilement les bienfaits du Seigneur et leur devoir, que les peuples
se corrompent lorsqu'ils n'ont pas de bons conducteurs et que l'un
des plus grands malheurs qui puisse arriver à un peuple, c'est
lorsque Dieu retire des conducteurs et des magistrats pieux.
2. Ce chapitre nous apprend que Dieu pour punir les Juifs les livra
à leurs ennemis, que la main de Dieu était partout contre eux en
mal, en sorte qu'ils se virent dans d'extrêmes angoisses. On voit
par là que, dès que l'on abandonne Dieu, on ne peut être que très
misérable et que sa protection se retire de dessus ceux qui
l'offensent.
La troisième réflexion regarde la bonté de Dieu envers les Juifs.
Les voyants engagés dans la rébellion et dans l'idôlatrie, il leur
envoya son ange pour leur reprocher leur infidélité et dès qu'ils
reconnurent et pleurèrent leurs égarements, il fut touché de leur
repentance et de leurs larmes et il leur suscita des libérateurs.
Dieu ne cherche que le salut et le retour des pécheurs, c'est pour
les rappeler à lui qu'il les fait avertir et qu'il joint à ses
avertissements les coups de sa verge, mais dès qu'il les voit
humiliés, il s'apaise envers eux.
4. Enfin, l'on doit faire une attention particulière à ce qui est
dit ici, que, quand les juges étaient morts et que les enfants
d'Israël avaient du repos, ils perdaient bientôt les bons sentiments
qu'ils avaient pris dans l'affliction, qu'ils retournaient à leurs
péchés et qu'ils s'attiraient par là de nouveaux châtiments.
Voilà quelle est l'inconsistance des hommes, ils abusent facilement
du repos et cela fait voir combien il est nécessaire que Dieu les
châtie et les réveille de temps en temps, de peur que la prospérité
ne les corrompe et ne les perde.
(a) v3 : Josué 26.13
(b) v3 : Exode 23.33
(c) v6 : Josué 24.28
(d) v15 : Lévitique 26.25 ; Deutéronome 28.25
(e) v21 : Josué 23.18
(1) v5 : C'est-à-dire : pleurant
(2) v11 : Les faux dieux.
(3) v13 : Ou astarte, l'idôle des Sidoniens, des Philistins et
autres peuples voisins.
Chapitre III
Ce chapitre contient :
1. Le dénombrement des nations qui demeurèrent de reste parmi les
enfants d'Israël et qui les engagèrent dans l 'idolâtrie, versets
1-8,
2. L’histoire des trois premiers juges d'Israël, savoir Hotniel qui
fut le premier après Josué et qui affranchit le peuple de la
servitude du roi de Mésopotamie, versets 9-14,
Ehud qui les délivra des Moabites, versets 15-30 et Sçamgar qui les
délivra des Philistins, versets 31.
OR ce sont ici les nations que l'Éternel laissa pour éprouver par
elles Israël, savoir tous ceux qui n'avaient point eu de
connaissance de toutes les guerres de Canaan.
2. Afin, au moins, que la postérité des enfants d'Israël sussent et
apprissent ce que c'est que de la guerre, au moins ceux qui n'en
avaient rien connu auparavant.
3. Ces nations furent les cinq gouvernements des Philistins et tous
les Cananéens, les Sidoniens et les Héviens qui habitaient dans la
montagne du Liban, depuis la montagne de Bahal-hermon jusqu'à
l'entrée de Hémath.
4. Ces nations donc servirent à éprouver Israël pour voir s'ils
obéiront aux commandements que l'Éternel avait faits à leurs pères
par Moïse.
5. Ainsi les enfants d'Israël habitèrent parmi les Cananéens, les
Hétiens, les Amorrhéens, les Phé-résiens et les Jébusiens.
6. Et ils prirent leurs filles pour leurs femmes et ils donnèrent
leurs filles à leurs fils et servirent leurs dieux.
7. Les enfants d'Israël donc firent ce qui est mauvais devant
l'Éternel et ils oublièrent l'Éternel leur Dieu et ils rendirent un
culte aux bahgalins et aux bocages.
8. C'est pourquoi la colère de l'Éternel s'embrasa contre Israël et
il les vendit entre les mains de
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Juges
Cusçan-risçhathajim, roi de Mésopotamie. Et les enfants d ’Israël
furent assujettis à Cusçan-risçhathajim huit ans.
9. Puis les enfants d ’Israël crièrent à l ’Éternel et
l ’Éternel leur suscita un libérateur qui les délivra, savoir a
Hothniel, fils de Kénas, frère puiné de Caleb.
10. Et l ’ esprit de l ’Éternel fut sur lui et il jugea Israël et il
sortit en bataille et l ’Éternel livra entre ses mains
Cusçan-risçhathajim roi d ’Aram et sa main fut fortifiée contre
Cusçan-risçhathajim.
11. Et le pays fut en repos quarante ans et Hoth-niel fils de Kénaz
mourut.
12. Puis les enfants d ’Israël se mirent de nouveau à faire ce qui
est mauvais devant l ’Éternel. Et l ’Éternel fortifia Héglon roi de
Moab contre Israël, parce qu ’ils avaient fait ce qui est mauvais
devant l ’Éter-nel.
13. ll se joignit donc avec les Hammonites et les Hamalékites et il
alla et batti Israël et ils possédèrent la ville des palmes.
14. Et les enfants d ’Israël furent asservis à Héglon roi de Moab
dix-huit ans.
15. Puis les enfants d ’Israël crièrent à l ’Éternel et l ’Éternel
leur suscita un libérateur, savoir Éhud, le fils de Guera Benjamite
dont la main droire était serrée 1. Et les enfants d ’Israël
envoyèrent par son moyen un présent à Héglon roi de Moab.
16. Or Éhud s ’ était fait une épée à deux tranchants de longueur d
une coudée qu il avait ceint sous ses habits sur sa cuisse droite.
17. Et il offrit le présent à Héglon roi de Moab et Héglon était un
homme fort gras.
18. Or, quand il eut achevé d ’ offrir le présent, il renvoya le
peuple qui avait apporté le présent.
19. Puis étant retourné depuis les carrières qui étaient vers
Guilgal, il dit : Ô roi, j ’ ai à te dire un mot en secret et il lui
répondit : Tais-toi. Et tous ceux qui étaient auprès de lui
sortirent d avec lui.
20. Alors Éhud vint à lui (or il était assis seul dans sa salle d
été) et il dit : J ai un mot à te dire de la part de Dieu. Alors il
se leva de son trône.
21. Et Éhud avançant sa main gauche prit l ’ épée de dessus sa
cuisse droite et la lui enfonça si avant dans le ventre
22. Que la poignée entra après la lame et la graisse serra tellement
la lame qu ’ il ne pouvait tirer
l épée du ventre, les excréments en sortirent.
23. Après cela, Éhud sortit par le vestibule, fermant après soi les
portes de la chambre qu ’ il ferma à clef.
24. Ainsi il sortit et les serviteurs de Héglon vinrent et
regardèrent et voilà, les portes de la chambre étaient fermées à
clef et ils dirent : Sans doute il est à ses affaires dans sa
chambre d été.
25. Et ils attendirent tant qu ’ ils en furent honteux, voyant qu il
n ouvrait point les portes de la chambre. Et ils prirent la clef et
l ouvrirent et voici le seigneur était étendu mort sur la terre.
26. Mais Éhud échappa pendant qu ’ils s ’amu-saient et il passa les
carrières et il se sauva à Sé-hira.
27. Et quand il y fut entré, il sonna de la trompette dans la
montagne d ’Éphraïm et les enfants d ’Israël descendirent avec lui
de la montagne. Il marchait devant eux.
28. Et il leur dit : Suivez-moi, car l ’Éternel a livré vos ennemis,
savoir les Moabites, entre vos mains. Ainsi ils descendirent après
lui et se saisissant des passages du Jourdain contre les Moabites,
ils ne laissèrent passer personne.
29. Et en ce temps-là ils tuèrent des Moabites environ dix milles
hommes, tous en bon état et tous vaillants et il n en échappa aucun.
30. En ce jour-là donc Moab fut humilié sous la main d ’Israël et le
pays eut du repos quatre-vingt ans.
31. Et après Éhud, Sçamgarfils de Haznath fut en sa place. Ce fut
lui qui frappa six cents Philistions avec un aiguillon de bœuf et
qui délivra aussi Israël.
Réflexions
Ce chapitre nous oblige à considérer :
Que Dieu laissa les Cananéens parmi les enfants d ’Israël pour
éprouver ce peuple et pour le châtier par le moyen de ces nations
idolâtres. C ’ est là une image de l état où nous sommes en ce
monde. Dieu nous dispense toujours des maux et nous expose à des
tentations afin de nous obliger à être sur nos gardes et d éprouver
notre fidélité.
2. Nous voyons ici que le peuple d ’Israël, s ’ étant mêlé et allié
par mariage avec les Cananéens contre la défense expresse de Dieu et
ayant adoré leurs idoles, le Seigneur l ’ en punit par le moyen de
ces peuples mêmes et des rois voisins afin de le ramener à son
devoir.
Nous devons considérer sur cela que le commerce avec les méchants
est un engagement dans le crime et que Dieu par un effet de sa
justice et de
l ’ amour qu ’ il a pour les hommes les châtie pour les retirer de
leurs égarements et leur fait trouver la punition de leurs péchés
dans leurs péchés mêmes.
3. Lorsque les Juifs reconnaissaient leurs fautes et qu ’ ils
criaient au Seigneur, il leur envoyait un libérateur. Cela montre
combien il est utile aux hommes d ’ être affligés et quelle est la
miséricorde de Dieu envers ceux qui profitent de ses châtiments.
4. Ce qui est remarqué qu ’ aussitôt que les Juifs jouissaient du
repos, ils se corrompaient de nouveau nous apprend que la prospérité
est un état dangereux et que l adversité nous est très nécessaire.
Enfin, il y a une réflexion particulière à faire sur
l ’action d ’Éhud qui tua Héglon roi des Moabites. Cette action
serait criminelle si Éhud ne l eût pas faite par l ordre de Dieu.
Ainsi elle ne doit point être tirée à conséquence et il ne faut pas
abuser de cet exemple pour s ’ autoriser à faire rien de semblable,
ni envers des princes injustes et oppresseurs, ni envers qui que ce
puisse être.
(a) v9 : Sus 1.13
(1) v15 : Qui se servait de la main gauche comme de la droite.
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Juges
Chapitre IV
Ce chapitre contient l'histoire de Débora qui jugea les Israélites
après la mort de Sçamgar et qui les délivra avec Barac de la
tyrannie de Jabin roi de Hat-sor.
Mais les enfants d'Israël se mirent de nouveau à faire ce qui est
mauvais devant l'Éternel après qu'Éhud fut mort.
2. C'est pourquoi l'Éternel les vendit entre les mains de Jabin roi
de Canaan qui régnait à Hatsor et qui avaita pour chef de son armée
Sisera qui habitait Harosceth des Gentils.
3. Alors les enfants d'Israël crièrent à l'Éternel, car Jabin avait
neuf cents chariots de fer et il avait opprimé avec beaucoup de
violence les enfants d'Israël vingt ans.
4. En ce temps-là, Débora prophétesse, femme de Lappidoth, jugeait
Israël.
5. Et cette Débora se tenait sous un palmier entre Rama et Beth-el
dans la montagne d'Éphraïm et les enfants d'Israël montèrent vers
elle pour être jugés.
6. Or elle envoya appeler b Barac fils d'Abino-ham de Kédès de
Nephthali et lui dit : L'Éternel le Dieu d'Israël n'a-t-il pas donné
ce commandement : Va, fais venir en la montagne de Tabor dix milles
hommes des enfants de Nephthali et des enfants de Zabulon et
prends-les avec toi,
7. J'attirerai aussi à toi au torrent de Kisçon Sisera chef de
l'armée de Jabin avec ses charriots et la multitude de ses gens et
je le livrerai entre tes mains ?
8. Et Barac lui dit : Si tu viens avec moi, j'irai, mais si tu ne
viens pas avec moi, je n'y irai pas.
9. Et elle dit : Je ne manquerai point d'aller avec toi, mais tu
n'auras point d'honneur dans ton entreprise, car l'Éternel livrera
Sisera entre les mains d'une femme. Débora donc se levant s'en alla
avec Barac à Kédès.
10. Et Barac ayant assemblé Zabulon et Nephthali à Kédès fit monter
après lui dix mille hommes et Dé-bora monta avec lui.
11. Or Héber Kénien, des enfants de Hobab, parent de Moïse, s'étant
séparé des Kéniens avait tendu ses tentes jusqu'au chêne de
Tsahanajim qui est Kédès.
12. Alors on rapporta à Sisera que Barac fils d'Abi-noham était
monté à la montagne de Tabor.
13. Et Sisera assembla tous ses charriots, neuf cents charriots de
fer et tout le peuple qui était avec lui depuis Harosceth des
Gentils jusqu'au torrent de Kisçon.
14. Et Débora dit à Barac : Lève-toi, car c'est ici le jour que
l'Éternel a livré Sisera en ta main. L'Éternel n'est-il pas sorti
devant toi ? Barac donc descendit de la montagne de Tabor et il
avait dix mille hommes après lui.
15. Et l'Éternel mit en déroute Sisera et tous ses charriots et tout
le camp et il les fit passer au fil de l'épée devant Barac, de sorte
que Sisera descendit du charriot et s'enfuit à pied.
16. Et Barac poursuivit les charriots et le camp jusqu'à Harosceth
des Gentils et tout le camp de Sisera passa au fil de l'épée, il
n'en demeura pas un seul.
17. Et Sisera s'enfuit à pied à la tente de Jahel femme de Héber
Kénien, car il y avait paix entre Ja-bin roi de Hatsor et entre la
maison de Héber Ké-nien.
18. Et Jahel étant sortie au devant de Sisera lui dit : Monseigneur,
retire-toi, retire-toi chez moi, ne crains point. Et il se retira
donc chez elle dans la tente et elle le cacha sous une couverture.
19. Puis il lui dit : Je te prie, donne-moi un peu d'eau à boire,
car j'ai soif et elle ouvrant un baril de lait lui donna à boire et
le couvrit.
20. Il lui dit encore : Demeure à l'entrée de la tente et au cas que
quelqu'un vienne et t'interroge disant : Y a-t-il ici quelqu'un ?
Alors tu répondras : Non.
21. Et Jahel femme de Héber prit un clou de la tente et prenant un
marteau en sa main, elle vint à lui doucement et lui transperça la
tempe de ce clou qui s'enfonça en terre pendant qu'il dormait
profondément étant fort las et ainsi il mourut.
22. Et Barac poursuivait Sisera et Jahel sortit au devant de lui et
lui dit : Viens et je te montrerai l'homme que tu cherches. Et Barac
entra chez elle et voici, Sisera était étendu mort et le clou était
dans sa tempe.
23. En ce jour-là donc, Dieu humilia Jabin roi de Canaan devant les
enfants d'Israël.
24. Et la puissance des enfants d'Israël allait se renforçant de
plus en plus contre Jabin roi de Canaan jusqu'à ce qu'ils l'eussent
exterminé.
Réflexions
Il y a trois considérations principales à faire sur ce chapitre.
La première, que les enfants d'Israël offensèrent Dieu de nouveau et
que Dieu pour les punir les assujettit à Jabin roi de Hatsor qui les
opprima pendant vingt ans. Voilà comment les hommes oublient dans la
prospérité les maux qu'ils ont soufferts et s'en attirent de
nouveaux et de plus grands en retournant dans leurs péchés.
La seconde considération est que Dieu fléchi par les cris et par la
repentance des Israélites les délivra par le moyen de Débora qui les
jugeait en ce temps-là. Le choix que Dieu fit de cette femme devait
apprendre aux Israélites que c'était à Dieu seul qu'ils étaient
redevables de leur délivrance et cela montre que Dieu se sert de
toutes sortes d'instruments, même des plus faibles, pour exécuter
ses desseins.
3. Pour ce qui est de l'action de Jahel, qui tua Si-sera endormi à
qui elle avait donné retraite chez elle et avec qui elle et son
peuple étaient en paix, cette action est tout-à-fait condamnable en
elle-même et n'est point à imiter, bien que Dieu voulut s'en servir
pour détruire entièrement les ennemis de son peuple.
271
Juges
(a) v2 : I Samuel 12.9
(b) v6 : Hébreux 21.32
(c) v15 : Psaume 83.10
Chapitre V
Débora loue le Seigneur par un cantique après qu 'elle eût remporté
la victoire avec Barak sur le roi de Hatsor. Elle célèbre la
puissance de Dieu et surtout cette grande délivrance qu 'il venait
d'accorder à son peuple. Ce cantique est écrit dans un style
poétique et figuré. On y voit des images et des façons de parler
éloignées de nos usages, ce qui répand quelque obscurité.
En ce jour-là, avec Barak fils d ’Abinoham, Débora chanta ce
cantique en disant :
2. Bénissez l ’Éternel de ce qu ’ il a fait de telles vengeances en
Israël et de ce que le peuple a été porté de bonne volonté.
3. Vous rois, écoutez-moi, vous princes, prêtez
l ’ oreille, c ’ est moi, c ’ est moi qui chanterai à l ’Éternel et
qui psalmodierai à l ’Éternel le Dieu d ’Israël.
4. Ô Éternel, quand tu sortis de Séhir, quand tu partis du
territoire de l Idumée, la terre fut ébranlée, même les cieux se
fondirent, même les nuées se fondirent en eaux,
5. Les montagnes s écoulèrent de devant l Éternel et ce mont de
Sinaï même de devant l Éternel le Dieu d ’Israël.
6. Aux jours de Sçamgar fils de Hanath, aux jours de Jahel, les
chemins n étaient plus fréquentés et les voyageurs allaient par des
routes détournées.
7. Les bourgs n ’ étaient plus habités en Israël, ils n ’ étaient
plus habités jusquà ce que je me suis levée, moi Débora, que je me
suis levée pour être une mère en Israël.
8. Israël choisissait-il des dieux nouveaux? Aussitôt la guerre
était aux portes. On ne voyait ni boucliers, ni lances parmi
quarante mille soldats d ’Israël.
9. Mon cœur se tourne vers les gouverneurs d ’Israël, vers ceux du
peuple qui ont été de bonne volonté.
10. Bénissez l ’Éternel vous qui montez sur des ânesses blanches et
qui êtes assis sur le siège de la justice et qui allez par les
chemins, parlez
11. Du bruit des archers qu on entendait dans les lieux où l on
puisait l eau, qu on s entretienne de la justice de l Éternel et de
ses jugements dans les bourgs en Israël. Alors le peuple de Dieu est
descendu aux portes.
12. Réveille-toi, réveille-toi Débora, réveille-toi, réveille-toi,
prononce le cantique. Lève-toi Barac et emmène en captivité ceux que
tu as faits captifs, toi fils d Abinoham.
13. Alors celui qui était demeuré de reste a dominé sur les
puissants du peuple. L’Éternel m ’ a fait dominer sur les plus
forts.
14. C ’ est d ’Éphraïm qu ’ est venu celui qui les a déracinés jusqu
’ à Hamalek. Benjamen a été après toi
parmi les peuples. C ’ est de Makir1 que sont descendus les
législateurs et de Zabulon ceux qui portent le sceptre et qui
écrivent.
15. Et les principaux d ’Issacar ont été avec Débora et Issacar
aussi bien que Barac. Il a été envoyé avec sa suite dans la vallée,
dans les partages de Ruben, ils ont eu de grandes contestations dans
leur cœur.
16. Pourquoi es-tu demeuré entre les barres des étables, pour
entendre le bêlement des troupeaux? Dans le partage de Ruben ils ont
eu de grandes contestations dans leur cœur.
17. Galaad est demeuré au delà du Jourdain et Dan, pourquoi se
tient-il dans ses navires? Asçer s ’ est tenu aux ports de la mer et
il est demeuré dans ses havres.
18. Zabulon est un peuple qui a exposé sa vie à la mort avec
Nephtali en rase campagne.
19. Les rois sont venus, ils ont combattus, les rois de Canaan ont
combattu à Tahanac près des eaux de Méguiddo, mais ils n ’ont point
remporté d ’ argent.
20. On a combattu des cieux, même les étoiles ont combattu contre
Sisera du lieu où elles ont leur cours.
21. Le torrent de Kisçon les a entraînés, le torrent ancien, le
torrent de Kisçon, mon âme foulera aux pieds leur force.
22. Alors les cornes des pieds des chevaux se sont rompues par la
course, par la course des vaillants hommes qui fuyaient.
23. Maudissez Meroz, 2 a dit l ’ ange de l ’Éternel, maudissez,
maudissez ses habitants, car ils ne sont pas venus au secours de l
Éternel, au secours de
l ’Éternel avec les hommes puissants.
24. Que Jahel femme de Héber Kénien soit bénie par dessus toutes les
femmes, qu elle soit bénie par dessus les femmes qui demeurent dans
les tentes.
25. Sisera lui a demandé de l ’ eau, elle lui a donné du lait, elle
lui a présenté de la crème dans la coupe des grands seigneurs.
26. Ses mains ont pris un clou et sa main droite un marteau d ’
ouvrier, elle a frappé Sisera et lui a fendu la tête, elle lui a
transpercé et traversé les tempes.
27. Il se courba, il tomba à ses pieds, il fut étendu par terre, il
se courba, il tomba à ses pieds et là où il se courba, il tomba là
tout défiguré 3.
28. La mère de Sisera regardait par la fenêtre et s ’ écriait en
regardant par les treillis : Pourquoi son char tarde-t-il à venir?
Pourquoi ses charriots vont-ils si lentement?
29. Et les plus sages de ses dames lui répondirent et elle se le
disait aussi à elle-même :
30. N ’ont-ils pas trouvé du butin ? Ils le partagent, une fille,
deux filles à chacun par tête. Le butin des habits de couleurs est à
Sisera, le butin des habits de couleurs et faits en broderie. Il a
pris pour butin des habits de couleurs brodés en deux endroits pour
mettre autour du cou.
31. Ainsi périssent, ô Éternel, tous tes ennemis et que ceux qui t ’
aiment soient comme le soleil quand
272
Juges
il sort en sa force ! Et le pays fut en repos pendant quarante ans.
Réflexions
Ce cantique de Débora nous montre que cette femme n'était pas moins
illustre par son zèle que par sa valeur et sa prudence, en quoi elle
doit servir d'exemple tant aux personnes de son sexe qu'à ceux qui
sont élevés en autorité et leur apprendre à se confier en Dieu seul
et à lui rendre la gloire de tous les heureux succès qu'ils ont.
Après cela il paraît que c'est un usage fort ancien de louer Dieu
publiquement par des cantiques quand on a reçu de lui des faveurs
signalées. C'est aussi ce que nous devons faire avec zèle et
reconnaissance, non seulement dans la vue des faveurs temporelles,
mais surtout dans le sentiment des grâces et des délivrances
spirituelles, rapportant à la puisance et à la bonté de Dieu tous
les biens qui nous arrivent et lui en rendant des louanges et des
bénédictions publiques et solennelles.
(1) v14 : de Manassé.
(2) v23 : C'est le nom d'un lieu dont les habitants n'étaient pas
venus au secours du peuple de Dieu, mais on ignore quel était ce
lieu ou ce pays-là.
(3) v27 : Ou : il était couché à ses pieds, il était tombé, il
dormait. Il était couché à ses pieds, il était tombé et dans le lieu
où il était couché, c'est là qu'il tomba mort tout défiguré. Sisera
était couché et dormait profondément lorsque Jahel lui donna la
mort.
Chapitre VI
Ce chapitre a quatre parties.
1. La rébellion des Israélites contre Dieu et la punition qu 'il en
fit en les assujettissant aux Madianites, aussi bien que les
reproches qu 'il leur fit faire par un prophète, versets 1-10.
2. La vocation de Gédéon qui fut le cinquième juged'Israël, versets
11-24.
3. Le zèle que Gédéon témoigna en abattant l autel de bahal, versets
25-35.
4. Le miracle de la toison, versets 36-40.
OR les enfants d'Israël firent ce qui est mauvais devant l'Éternel
et l'Éternel les livra entre les mains des Madianites pendant sept
ans.
2. Et la puissance des Madianites se renforça tellement contre
Israël qu'à cause des Madianites, les enfants d'Israël se firent des
antres qui sont dans les montagnes et des cavernes et des forts,
3. Car il arrivait que quand Israël avait semé, les Madianites
montaient avec les Hamalékites et les orientaux et ils montaient
contre lui,
4. Et faisant un camp contre eux, ils faisaient le dégât des fruits
du pays jusqu'à Gaza et ne laissaient rien de reste en Israël, ni
vivre, ni menu bétail, ni bœufs, ni ânes,
5. Car eux et leurs troupeaux montaient et ils venaient avec leurs
tentes en grande multitude comme des sauterelles et eux et leurs
chameaux étaient
sans nombre et ils venaient dans le pays pour le ravager.
6. Israël donc fut fort abaissé par les Madianites et les enfants
d'Israël crièrent à l'Éternel.
7. Et les enfants d'Israël ayant crié à l'Éternel à l'occasion des
Madianites,
8. L'Éternel envoya un prophète vers les enfants d'Israël qui leur
dit : Ainsi a dit l'Éternel le Dieu d'Israël : Je vous ai fait
monter hors d'Égypte et je vous ai tiré de la maison de servitude,
9. Et je vous ai délivré de la main des Égyptiens et de la main de
tous ceux qui vous opprimaient et je les ai chassés loin de vous et
je vous ai donné leur pays.
10. Je vous ai aussi dit : Je suis l'Éternel votre Dieu, vous ne
servirez point les dieux des Amorrhéens au pays desquels vous
habitez, mais vous n'avez point obéi à ma voix.
11. Puis l'ange de l'Éternel vint et s'assis sous un chêne qui était
à Hophra qui appartenait à Joas Abi-hézérite. Et Gédéon son fils
battait le froment près d'un pressoir pour l'ôter de devant les
Madianites.
12. Alors l'ange de l'Éternel lui apparut et lui dit : Très fort et
vaillant homme, l'Éternel est avec toi.
13. Et Gédéon lui répondit : Hélas, monseigneur, est-il possible que
l'Éternel soit avec nous ! Et pourquoi donc toutes ces choses nous
sont-elles arrivées? Et où sont toutes ces merveilles que nos pères
nous ont raccontées disant : L'Éternel ne nous a-t-il pas fait
monter d'Égypte ? Car maintenant l'Éternel nous a abandonnés et nous
a livrés entre les mains des Madianites.
14. Et l'Éternel le regardant lui dit :a Va avec cette force dont tu
es rempli et tu délivreras Israël de la main des Madianites. Ne
t'ai-je pas envoyé ?
15. Et il lui répondit : Hélas, monseigneur! Par quel moyen
délivrerai-je Israël? Voici, mon millier est le plus pauvre qu'il y
ait dans Manassé et je suis le plus petit de la maison de mon père.
16. Et l'Éternel lui dit : Parce que je serai avec toi et tu battras
les Madianites comme s'ils n'étaient qu'un seul homme.
17. Et il lui répondit : Je te prie, si j'ai trouvé grâce devant
toi, de me donner un signe que c'est toi qui parles avec moi.
18. Je te prie, ne pars point d'ici jusqu'à ce que je revienne à toi
et que j'aie mon offrande et que je la mette devant toi. Et il dit :
J'y demeurerai jusqu'à ce que tu reviennes.
19. Alors Gédéon rentra et apprêta un chevreau de lait et des
gâteaux sans levain d'un épha de farine et il mit la chair dans un
panier et le bouillon dans un pot et il les lui apporta sous le
chêne et les lui présenta.
20. Et l'ange de Dieu lui dit : Prends cette chair et ces gâteaux
sans levain et mets-les sur ce rocher et répand le bouillon et il
fit ainsi.
21. Alors l'ange de l'Éternel ayant avancé le bout du bâton qu'il
avait en sa main toucha la chair et les gâteaux sans levain et le
feu monta du rocher et
273
Juges
consuma la chair et les gâteaux sans levain et l ’ ange de l Éternel
s en alla de devant lui.
22. Et Gédéon vit que c ’ était l ’ ange de l ’Éternel et il dit :
Ha, Seigneur Éternel ! Car j ’ ai vu l ’ ange de
l ’Éternel face à face.
23. Et l ’Éternel lui dit : La paix est avec toi, ne crains point,
tu ne mourras point.
24. Et Gédéon bâtit là un autel à l ’Éternel et l ’ appela
Jehovah-Sçalom 1. Il est jusqu ’ à ce jour à Ho-phra des
Abihézérites.
25. Et il arriva en cette nuit-là que l ’Éternel lui dit : Prends un
jeune taureau d ’ entre les taureaux qui sont à ton père, savoir le
second taureau âgé de sept ans, et démoli l ’ autel de bahal qui est
à ton père et coupe le bocage qui est auprès,
26. Et bâti un autel à l Éternel ton Dieu sur le haut de ce fort
dans un lieu convenable, tu prendras ce second taureau et tu l
’offriras en holocauste avec les arbres du bocage que tu couperas.
27. Gédéon donc ayant pris dix hommes d ’ entre ses serviteurs fit
comme l ’Éternel lui avait dit et parce qu il craignait la maison de
son père et les gens de la ville s il l eût fait de jour, il le fit
de nuit.
28. Et les gens de la ville se levèrent de bon matin et voici l
autel de bahal avait été démoli et le bocage qui était auprès était
coupé et le second taureau offert en holocauste sur l ’ autel qu ’on
avait bâti.
29. Et ils se dirent les uns aux autres : Qui a fait ceci ? Et s en
étant enquis et ayant recherché la chose ils dirent : Gédéon fils de
Joas a fait ceci.
30. Puis les gens de la ville dirent à Joas : Fais sortir ton fils
et qu ’ il meure, car il a démoli l ’ autel de bahal et il a aussi
coupé le bocage qui était auprès.
31. Et Joas répondit à tous ceux qui s ’ adressèrent à lui : Est-ce
à vous à prendre la querelle de bahal ? Est-ce à vous à le sauver?
Quiconque aura pris sa querelle sera mis à mort avant que le matin
vienne. S ’il est dieu, qu ’il défende sa cause de ce qu ’on a
démoli son autel.
32. Et en ce jour-là il appela Gédéon Jérubbahal2 disant : Que bahal
défende sa querelle contre lui de ce que Gédéon a démoli son autel.
33. Or tous les Madianites, les Hamalékites et les orientaux s
assemblèrent tous et ayant passé le Jourdain, ils campèrent dans la
vallée de Jizréhel.
34. Et l ’ esprit de l ’Éternel revêtit Gédéon et il sonna la
trompette et on convoqua les Abihézérites pour aller après lui.
35. Il envoya aussi des messagers par toute la tribu de Manassé qui
fut ainsi convoquée pour aller après lui, puis il envoya des
messagers à Ascer, à Zabulon et à Nephthali qui montèrent pour aller
à leur rencontre.
36. Et Gédéon dit à Dieu : Si tu dois délivrer Israël par mon moyen
comme tu l ’ as dit,
37. Voici, je vais mettre une toison dans l ’ aire, si la rosée est
sur la toison seule et que la terre soit sèche, je connaîtrai que tu
délivreras Israël par mon moyen selon que tu en as parlé.
38. Et la chose arriva ainsi, car s ’ étant levé de bon matin le
lendemain et ayant pressé cette toison, il en fit sortir une tasse d
’ eau de rosée.
39. Gédéon dit encore à Dieu : Que ta colère ne s embrase point
contre moi et je parlerai encore cette fois, je te prie, que je
fasse un essai pour cette fois seulement, je te prie, que la toison
seule soit sèche et que la rosée soit sur toute cette terre.
40. Et Dieu fit ainsi cette nuit-là, car la toison seule fut sèche
et la rosée fut sur toute cette terre.
Réflexions
Il faut considérer ici
- premièrement une nouvelle rébellion des Israélites dans laquelle
on voit avec combien de promptitude ce peuple retournait à l
idolâtrie, nonobstant tous les châtiments qu ’ il avait déjà
soufferts et les délivrances que Dieu lui avait accordées,
- en second lieu, la punition que Dieu en fit en les livrant aux
Manianites qui les opprimèrent et les réduisirent à de grandes
extrêmités
- et en troisième lieu la bonté que Dieu eut lors-qu ils crièrent à
lui de leur envoyer un prophète pour les exhorter à la repentance et
de susciter Gédéon qui fut leur libérateur.
Cette histoire nous fait voir quelle est ordinairement la malice et
l ’ ingratitude des hommes envers Dieu. On y remarque la nécessité
et le fruit des afflictions et l ’on découvre la miséricorde du
Seigneur envers ceux qui recourent à lui avec humilité.
Il est à remarquer que lorsque l ’ ange du Seigneur appela Gédéon et
qu il l assura que Dieu était avec lui, Gédéon ne pouvait croire que
Dieu fût avec son peuple dans un temps où les Madianites l
opprimaient si cruellement, mais l ange du Seigneur ne laissa pas de
lui promettre que les Israélites seraient délivrés par son moyen.
L’église et les enfants de Dieu se trouvent quelquefois réduits dans
un état où il semble que Dieu ne prend plus soin d eux, mais il ne
faut jamais déser-pérer de son secours et c est même dans ces
circonstances fâcheuses où Dieu est le plus prêt de les délivrer.
Les deux merveilles que Dieu fit en consumant par le feu la chair et
les gâteaux que Gédéon avait présentés à l ’ ange et l ’ autre en
faisant à la prière de Gédéon le miracle de la toison tendaient à
assurer ce chef du peuple de Dieu de sa protection et de son
secours.
Enfin, il paraît de ce chapitre que Gédéon avait beaucoup de piété,
d ’humilité et de foi. On en voit des marques dans l entretien qu il
eut avec l ange, mais il fit surtout paraître un grand zèle en
démolissant l ’ autel de bahal. On peut voir par cet exemple que la
piété et l ’humilité ne sont point incompatibles avec la valeur et
que Dieu assiste et protège ceux qui soutiennent les intérêts de sa
gloire. En effet, quoique Gédéon en abattant l autel de l idole de
ba-hal se fut exposé à un grand danger, il ne lui arriva aucun mal,
non plus qu ’ à Joas son père.
274
Juges
(a) v14 : I Samuel 12.11 ; Hébreux 11.32
(1) v23 : C'est-à-dire : la paix de Dieu ou Dieu est ma paix.
(2) v32 : C'est-à-dire : la partie de bahal, celui qui plaide contre
bahal.
Chapitre VII
Dieu commande à Gédéon de choisir trois cents hommes de toute
l'armée d'Israël et il promet de détruire les Madianites par leur
moyen, versets 1-8.
Gédéon fut assuré de cette victoire par le récit qu 'il entendit
faire à un soldat d'un songe que ce soldat avait eu, versets 9-15.
Après quoi il attaqua les Madianites et les défit entièrement,
versets 16-25.
Jérubbahal donc, qui est Gédéon, s'étant levé de matin et tout le
peuple qui était avec lui, ils campèrent près de la fontaine de
Harod et ils avaient le camp de Madian du côté du Septentrion vers
le cô-teau de Moreh dans la vallée.
2. Or l'Éternel dit à Gédéon : Le peuple qui est avec toi est en
trop grand nombre pour livrer Madian en leur main de peur qu'Israël
ne se glorifie contre moi disant : Ma puissance m'a délivré.
3. Maintenant donc, fais publier et que le peuple l'entende et qu'on
dise : a Que celui qui est timide et qui a peur s'en retourne et
parte dès le matin du côté de la montagne de Galaad et vingt et deux
mille du peuple s'en retournèrent et il en resta dix mille.
4. Et l'Éternel dit à Gédéon : Il y a trop de peuple, fais-les
descendre vers l'eau et je te les choisirai là et celui dont je te
dirai : Celui-là ira avec toi, ira avec toi et celui duquel je te
dirai : Celui-là n'ira point avec toi, n'y ira point.
5. Il fit donc descendre le peuple vers l'eau et l'Éternel dit à
Gédéon : Quiconque lappera l'eau de sa langue comme le chien lappe,
tu le mettras à part et tous ceux qui se courberont sur leurs genoux
pour boire.
6. Et le nombre de ceux qui lappaient l'eau dans leur main la
portant à leur bouche fut de trois cents hommes et tout le reste du
peuple se courba sur ses genoux pour boire de l'eau.
7. Alors l'Éternel dit à Gédéon : Je vous délivrerai par ces trois
cents hommes qui ont lappé l'eau et je livrerai Madian entre tes
mains et que tout le peuple s'en aille chacun chez soi.
8. Ainsi le peuple pris en sa main de la provision avec leurs
trompettes. Et Gédéon renvoya tous les hommes d'Israël chacun en sa
tente et il retint les trois cents hommes. Or le camp de Madian
était au dessous dans la vallée.
9. Et il arriva cette nuit-là que l'Éternel lui dit : Lève-toi,
descends au camp, car je l'ai livré entre tes mains.
10. Et si tu crains d'y descendre, descends vers le camp toi et
Purah ton serviteur.
11. Et tu entendras ce qu'ils diront et tes mains seront fortifiées
et tu descendras au camp. Il y descendit donc avec Purah son
serviteur jusqu'au premier corps de garde qui était au camp.
12. Or les Madianites, les Hamalékites et tous les Orientaux étaient
étendus dans la vallée comme des sauterelles, tant il y en avait, et
leurs chameaux étaient sans nombre, comme le sable qui est sur le
bord de la mer, tant il y en avait.
13. Gédéon donc y étant arrivé, voici un homme qui contait à son
compagnon un songe et qui disait : Voici, j'ai fait un songe, il me
semblait qu'un gâteau de pain d'orge roulait vers le camp des
Madianites et qu'étant venu jusqu'aux tentes il les a frappées de
sorte qu'elles sont tombées et il les a renversées du haut en bas et
elles sont tombées.
14. Alors son compagnon répondit et dit : Ce songe ne signifie autre
chose que l'épée de Gédéon fils de Joas, homme d'Israël. Dieu a
livré Madian et tout ce camp entre ses mains.
15. Et quand Gédéon eut entendu le récit du songe et son
interprétation, il se prosterna et étant retourné au camp d'Israël
il dit : Levez-vous, car l'Éternel a livré le camp de Madian entre
vos mains.
16. Puis il divisa les trois cent hommes en trois bandes et il leur
donna à chacun des trompettes à la main et des cruches vides et des
flambeaux dans les cruches.
17. Et il leur dit : Prenez garde à moi et faites comme je ferai,
c'est que quand je serai arrivé au bout du camp, vous ferez ce que
je ferai.
18. Quand donc je sonnerai de la trompette et tous ceux qui sont
avec moi, alors vous sonnerez aussi des trompettes autour de tout le
camp et vous direz : L'épée de l'Éternel et de Gédéon.
19. Gédéon donc et les cent hommes qui étaient avec lui vinrent au
bout du camp comme on venait de poser une seconde garde. Ils
réveillèrent les gardes lorsqu'ils sonnèrent des trompettes et
qu'ils cassèrent les cruches qu'ils avaient en leurs mains.
20. Ainsi les trois bandes sonnèrent des trompettes et cassèrent les
cruches tenant en leur main gauche les flambeaux et en leur main
droite les trompettes pour sonner et ils criaient : L'épée de
l'Éternel et de Gédéon.
21. Et ils se tinrent chacun en sa place autour du camp et toute
l'armée courrait çà et là, s'écriant et fuyant,
22. Car comme les trois cents hommes sonnaient des trompettes, b
l'Éternel tourna l'épée d'un chacun contre son compagnon, même
partout le camp. Et l'armée s'enfuit jusqu'à Beth-scittah vers
Tséréra, jusqu'au bord d'Abelmeholah, vers Tabbat.
23. Et les hommes d'Israël, savoir de Nephthali et d'Asçer et de
tout Manassé s'assemblèrent et poursuivirent les Madianites.
24. Alors Gédéon envoya des messagers par toute la montagne
d'Éphraïm disant : Descendez pour rencontrer les Madianites et
saisissez-vous les premiers des eaux, savoir du Jourdain jusqu'à
Beth-bara. Les hommes d'Éphraïm donc s'étant assemblés se saisirent
des eaux, savoir du Jourdain jusqu'à Beth-bara.
25.c Ils prirent deux des chefs des Madianites, savoir Horeb et
Zéeb, et ils tuèrent Horeb au rocher de
275
Juges
Horeb, mais ils tuèrent Zéeb au réservoir de Zéeb et ils
poursuivirent les Madianites et apportèrent les têtes de Horeb et de
Zéeb à Gédéon au deçà du Jourdain.
Réflexions
L’on découvre dans cette histoire des marques toutes particulières
de la providence.
Elle paraît premièrement en ce que Dieu fit renvoyer tous ceux d
’Israël qui étaient timides et que de ceux qui restèrent de l armée
il n en prit que trois cents, ce qui faisait bien voir que la
victoire de Gé-déon procédait de Dieu seul.
2. La providence intervint dans ce songe qu eut un soldat madianite
et qui servit d un côté à intimider les ennemis du peuple d ’Israël
et de l ’ autre à remplir de confiance Gédéon et ceux qui étaient
avec lui.
3. Il est surtout à remarquer que les Madianites furent effrayés et
mis en déroute à l ’ouïe des trompettes et à la vue des flambeaux
que portaient les soldats de Gédéon, ce qui jeta tellement les
Madia-nites dans le désordre qu ils se tuèrent les uns les autres.
Ce sont là des marques tout à fait illustres de la puissance de Dieu
et qui montrent clairement qu il combattait pour son peuple.
On doit aussi reconnaître par là que le Seigneur fait souvent son
œuvre par les moyens les plus faibles en apparence, qu il détruit
les méchants et les ennemis de l église et des gens de bien par
eux-mêmes et qu ’ après avoir châtié et affligé ceux qu ’ il aime,
il ne manque jamais de moyens pour les secourir et pour les
délivrer.
(a) v3 : Deutéronome 20.8
(b)v22 : Psaume 83.10
(c) v 25 : Psaume 83.12; Ésaïe 10.26
Chapitre VIII
Gédéon, après avoir apaisé les Éphraïmites, poursuit la victoire qu
'il avait remportée sur les Madianites et il punit les villes de
Succoth et de Pénuel qui avaient refusé des raffraichissements à ses
soldats, versets 1-21.
Après ces victoires, les Israélites voulurent le faire roi, mais il
le refusa. Il fit faire un éphod et le peuple d Israël fut en repos
pendant sa vie. Après sa mort, les Israélites retombèrent dans
l'idolâtrie, versets 22-35.
Alors les hommes d ’Éphraïm lui dirent : Que veux dire ce que tu
nous a fait de ne nous avoir point appelés quand tu es allé à la
guerre contre les Madianites ? Et ils le querellèrent fort rudement.
2. Et il leur répondit : Qu ai-je fait maintenant au prix de vous ?
Les grapillages d ’Éphraïm ne sont-ils pas meilleurs que la vendange
d ’Abihézer?
3. Dieu a livré les chefs des Madianites entre vos mains, savoir
Horeb et Zéeb, et qu ’ ai-je pu faire au
prix de vous? Et leur esprit fut apaisé envers lui quand il leur eut
ainsi parlé.
4. Or Gédéon étant arrivé au Jourdain le passa, mais les trois cents
hommes qui étaient avec lui étaient las et cependant ils
poursuivaient l ’ ennemi.
5. C ’ est pourquoi il dit aux gens de Succoth : Donnez, je vous
prie, au peuple qui me suit quelques pièces de pain, car ils sont
las et je poursuivrai Zé-bah et Tsalmunah rois des Madianites.
6. Mais les principaux de Succoth répondirent : As-tu déjà la paume
de Zébah et de Tsalmunah en ta main que nous donnions du pain à ton
armée ?
7. Et Gédéon dit : Lors donc que l Éternel aura livré Zébah et
Tsalmunah entre mes mains, je froisserai votre chair avec des épines
du désert et avec des chardons 1.
8. Puis de là il monta à Pénuël et il tint les mêmes discours à ceux
de Pénuël. Et les gens de Pénuël lui répondirent comme les gens de
Succoth avaient répondu.
9. Il parla donc aussi aux hommes de Pénuël disant : Quand je
retournerai en paix, je démolirai cette tour.
10. Or Zébah et Tsalmunah étaient à Karkor et leurs armées étaient
avec eux, environ mille hommes, savoir tous ceux qui étaient
demeurés de reste de toute l ’ armée des Orientaux, car il y avait
six vingt nc1 mille hommes tirant l ’épée qui étaient tombés morts.
11. Et Gédéon monta par le chemin de ceux qui habitaient dans les
tentes du côté oriental de Nobah et de Jogbéha et défit l ’ armée
qui se tenait fort assurée.
12. Et comme Zébah et Tsalmunah fuyaient, il les poursuivita et prit
les deux rois de Madian, Zébah et Tsalmunah et mit en déroute toute
l armée.
13. Puis Gédéon fils de Joas revint de la bataille de la montée de
Héres.
14. Et prenant un garçon de Succoth il l ’ interrogea et ce garçon
lui donna par écrit les principaux de Succoth et ses anciens, savoir
soixante et dix-sept hommes.
15. Et étant venu vers les gens de Succoth il dit : Voici Zébah et
Tsalmunah sur le sujet duquel vous m ’ avez insulté disant : As-tu
la paume de Zébah et Tsalmunah en ta main que nous donnions du pain
à tes gens qui sont fatigués ?
16. Il prit donc les anciens de la ville et des épines du désert et
des chardons et il châtia les hommes de Succoth.
17. Il démolit aussi la tour de Pénuël et il fit mourir les
principaux de la ville.
18. Puis il dit à Zébah et à Tsalmunah : Comment étaient faits ces
hommes que vous avez tués à Tabor ? Ils répondirent : Ils étaient
tout à fait comme toi, chacun d ’ eux avait l ’ air des enfants d ’
un roi.
19. Et il leur dit : C ’ étaient mes frères, enfants de ma mère.
L’Éternel est vivant si vous leur eussiez sauvé la vie, je ne vous
tuerais point.
20. Puis il dit à Jéther son premier-né : Lève-toi, tues-les. Mais
le jeune garçon ne tira point son épée,
276
Juges
car il craignait parce qu'il était encore un jeune garçon.
21. Et Zébah et Tsalmunah dirent : Lève-toi toi-même et te jette sur
nous, car tel qu'est l'homme, telle est sa forceb et Gédéon se leva
et tua Zébah et Tsalmunahet et prit les colliers qui étaient aux
cous de leurs chameaux.
22. Et ceux d'Israël, tous d'un accord, dirent à Gé-déon : Règne sur
nous, tant toi que ton fils et le fils de ton fils, car tu nous a
délivré de la main des Ma-dianites.
23. Et Gédéon leur répondit : Je ne domminerai point sur vous, ni
mon fils ne dominera point sur vous, l'Éternel dominera sur vous.
24. Mais Gédéon leur dit : Je vous ferai une prière, c'est que vous
me donniez chacun de vous les bagues qu'il a pour butin, car les
ennemis avaient des bagues en d'or parce qu'ils étaient Ismaélites.
25. Et ils répondirent : Nous les donnerons très volontiers et
étendant un manteau ils jettèrent tous là les bagues qu'ils avaient
eues de leur butin.
26. Et le poids des bagues d'or qu'il avait demandées fut de mille
et sept cents sicles d'or, sans les colliers, les boëttes nc2 de
senteur et les habits d'écarlate qui étaient sur les rois de Madian
et sans les colliers qui étaient aux cous des chameaux.
27. Et Gédéon en fit un éphod et il le mit dans sa ville qui était
Hophra et tout Israël se prostitua après lui en ce lieu là, ce qui
tourna en piège à Gédéon et à sa maison.
28. Ainsi Madian fut humilié devant les enfants d'Israël et il
n'éleva plus sa tête et le pays fut en repos quarante ans, le temps
de Gédéon.
29. Jérubbahal donc fils de Joas s'en revint et se tint dans sa
maison.
30. Et Gédéon eut soixante et dix fils qui naquirent de lui parce
qu'il eut plusieurs femmes.
31. Et sa concubine qui était à Sichem lui enfanta aussi un fils et
il lui donna le nom d'Abimélec.
32. Et Gédéon fils de Joas mourut dans une bonne vieillesse et il
fut enseveli dans le sépulcre de Joas son père à Hophra qui était
des Abihézérites.
33. Et après que Gédéon fut mort, les enfants d'Israël se
détournèrent du vrai Dieu et se prostituèrent après les bahalins et
s'établirent bahal-bérith pour dieu.
34. Ainsi les enfants d'Israël ne se souvinrent point de l'Éternel
leur Dieu qui les avait délivrés de la main de tous leurs ennemis de
tous côtés.
35. Et ils ne donnèrent aucune marque de leur affection à la maison
de Jérubbahal, Gédéon, après tout le bien qu'il avait fait à Israël.
Réflexions
On doit remarquer ici
1. La continuation des succès heureux que Dieu accorda à Gédéon et
des avantages qu'il remporta sur les Madianites.
2. Le juste châtiment des habitants de Succoth et de Pénuel qui
avaient refusé des vivres à son armée et qui l'avaient insulté.
3. La modération qu'il fit paraître dans la punition de Zébah et de
Tsalmunah auxquels il n'aurait pas ôté la vie si ces deux princes
n'avaient pas été coupables du meurtre de ses frères.
4. La piété et l'humilité qu'il marqua en refusant d'être roi.
5. La faute qu'il commis en faisant un éphod qu'on croit avoir été
un habit ou un ornement que les sacrificateurs portaient ou quelque
image. Bien que Gé-déon ne fit peut-être pas cet éphod à mauvaise
intention, mais seulement pour être un monument de sa victoire et de
la reconnaissance des Israélites, cependant comme il le fit contre
la loi de Dieu, il pécha en cela et cet éphod fut dans la suite une
occasion d'idolâtrie pour le peuple et causa même la ruine de la
famille de Gédéon comme l'histoire sainte le remarque.
C'est ici un de ces exemples qui font voir que ceux à qui Dieu a
accordé de grandes grâces et qu'il a enrichi de plusieurs vertus
font parfois des fautes très considérables qui attirent sur eux et
sur leur postérité et même sur le public les jugements de Dieu.
Enfin, nous voyons ici l'ingratitude des Israélites envers Gédéon à
la famille duquel ils ne donnèrent aucune marque d'affection après
sa mort, quoiqu'ils lui eussent tant d'obligation. Mais on y voit
surtout leur ingratitude envers Dieu puisque, lorsque Gé-déon fut
mort, ils abandonnèrent encore le service de Dieu et adorèrent les
idoles. Voici un nouvel exemple de la facilité avec laquelle les
hommes se corrompent et oublient les grâces de Dieu lorsqu'ils sont
dans la prospérité.
(a) v12 : Psaume 83.12
(b) v21 : Psaume 83.12
(1) v7 : Ou avec des pointes de fer.
(nc1) v10 : Voyez cette construction. Aujourd'hui on dit cent vingt,
mais on a gardé quatre-vingt.
(nc2) v26 : Le mot boëtte est traduit par croissant dans d'autres
versions. Dans le français d'aujourd'hui il signifie Appât pour la
pêche en mer.
Chapitre IX
Abimélec fils de Gédéon est établi prince par ceux de Sichem. Il est
compté pour le sixième juge et il gouverna trois ans. Il fit tuer
tous ses frères à la réserve de Jotham qui, s'étant sauvé, reprocha
aux Si-chémites leur ingratitude et leur dénonça leur ruine par une
parabole prise des arbres et de l'épine. Le sens de cette parabole
est que Gédéon et ses fils avaient refusé de régner pendant qu
'Abimélec avait été fait prince, quoiqu il en fût indigne, étant
très méchant et fils d'une concubine, versets 1-22.
Ensuite la division s'étant mise entre Abimélec et les principaux de
Sichem, un homme nommé Gahal fit révolter les Sichémites contre
Abimélec, mais il fut défait et la ville de Sichem fut détruite avec
ses habitants, versets 23-49.
Après cela, Abimélec assiégeant la ville de Tebets fut tué par une
femme et ce fut ainsi que ce prince
277
Juges
et les Sichémites furent punis comme Jotham le leur avait prédit,
versets 50-57.
Et Abimélec fils de Jérubbahal s ’ en alla à Sichem vers les frères
de sa mère et il leur parla et à toute la famille de la maison du
père de sa mère disant :
2. Je vous prie, faites entendre ces paroles à tous les seigneurs de
Sichem : Lequel vous semble le meilleur, ou que soixante et dix
hommes qui sont tous enfants de Jérubbahal dominent sur vous ou qu ’
un seul hmme domine sur vous? Et même souvenez-vous que je suis
votre os et votre chair 1.
3. Les frères de sa mère dirent de lui toutes ces paroles à tous les
seigneurs de Sichem et leur cœur fut tourné vers Abimélec, car,
dirent-ils, c est notre frère.
4. Et ils lui donnèrent soixante et dix pièces d ’ argent de la
maison de bahal-bérith 2, avec lesquels Abimélec leva des hommes qui
n ’ avaient rien et vagabonds, qui le suivirent.
5. Et il vint dans la maison de son père à Hophra et il tua sur une
même pierre ses frères enfants de Jérubbahal, savoir soixante-dix
hommes, il ne resta que Jotham le plus petit fils de Jérubbahal, car
il s ’ était caché.
6. Et tous les seigneurs de Sichem s assemblèrent avec toute la
maison de Millo et ils vinrent et ils établirent Abimélec pour roi
auprès du chêne qui est à Sichem.
7. Et on le rapporta à Jotham qui s en alla et se tint en haut de la
montagne de Guérizim et élevant sa voix, il cria et leur dit :
Écoutez-moi, seigneurs de Sichem et Dieu vous écoutera.
8. Les arbres allèrent un jour avec empressement pour oindre un roi
sur eux et ils dirent à l ’olivier : Règne sur nous.
9. Mais l olivier leur répondit : Me ferait-on quitter mon huile
dont Dieu et les hommes sont honorés afin que j ’ aille çà et là
pour être au dessus des autres arbres ?
10. Puis les arbres dirent au figuier : Viens et règne sur nous.
11. Et le figuier leur répondit : Me ferait-on quitter ma douceur,
mon bon fruit afin que j ’ aille çà et là pour être au dessus des
autres arbres ?
12. Puis les arbres dirent à la vigne : Viens et règne sur nous.
13. Et la vigne répondit : Me ferait-on quitter mon bon vin qui
réjouit Dieu et les hommes afin que j ’ aille çà et là pour être au
dessus des autres arbres ?
14. Alors tous les arbres dirent à l ’ épine : Viens toi et règne
sur nous.
15. Et l ’ épine répondit aux arbres : Si c ’ est sincèrement que
vous m ’oignez roi sur vous, venez et vous retirez sous mon ombre,
sinon que le feu sorte de
l ’ épine et qu ’ il dévore les cèdres du Liban.
16. Maintenant donc, continua Jotham, considérez si vous avez agi en
sincérité et en intégrité en établissant Abimélec pour roi et si
vous en avez bien
usé envers Jérubbahal et envers sa maison et si vous lui avez rendu
ce qu ’ il a fait pour vous.
17. Car mon père a combattu pour vous et il a exposé sa vie et vous
a délivré de la main des Madia-nites.
18. Mais vous vous êtres élevés aujourd ’hui contre la maison de mon
père et vous avez tué sur une pierre ses enfants, savoir soixante et
dix hommes, et vous avez établi pour roi Abimélec fils de sa
servante sur les seigneurs de Sichem parce qu ’ il est votre frère.
19. Si vous avez agi aujourd ’hui en sincérité et en intégrité
envers Jérubbahal et envers sa maison, réjouissez-vous d Abimélec et
qu il se réjouisse aussi de vous,
20. Sinon que le feu sorte d ’Abimélec et dévore les seigneurs de
Sichem et la maison de Millo et que le feu sorte des seigneurs de
Sichem et de la maison de Millo et qu ’ il dévore Abimélec.
21. Puis Jotham s ’ enfuit en diligence et s ’ en alla à Béer et il
y demeura par la crainte qu ’ il avait d ’Abi-mélec son frère.
22. Et Abimélec domina sur Israël trois ans.
23. Mais Dieu envoya un mauvais esprit entre Abi-mélec et les
seigneurs de Sichem et les seigneurs de Sichem furent infidèles à
Abimélec,
24. Afin que la violence faite aux soixante et dix enfants de
Jérubbahal et leur sang répandu retournât sur Abimélec leur frère
qui les avait tués et sur les seigneurs de Sichem qui l ’ avaient
aidé à tuer ses frères.
25. Les seigneurs de Sichem donc lui tendirent des embûches sur le
haut des montagnes et ils pillaient tous ceux qui passaient par le
chemin près d ’ eux. Ce qui fut rapporté à Abimélec.
26. Alors Gahal fils de Hébed et ses frères vinrent et passèrent à
Sichem et les seigneurs de Sichem eurent une entière confiance en
lui.
27. Et étant sortis à la campagne, ils vendangèrent leurs vignes et
en foulèrent les raisins et firent bonne chère et ils entrèrent dans
la maison de leur dieu et ils mangèrent et burent et maudirent
Abimé-lec.
28. Alors Gahal fils de Hébed dit : Qui est Abimélec et quelle est
Sichem que nous servions Abimélec ? N ’ est-il pas fils de
Jérubbahal ? Et Zébul n ’ est-il pas son prévôt ? Servez plutôt les
hommes d ’ Hémor père de Sichem. Mais pour quelle raison
servirions-nous celui-ci ?
29. Plût à Dieu qu ’ on me donnât ce peuple sous ma conduite et je
chasserais Abimélec! Et il dit à Abimélec : Augmente ton armée et
sors.
30. Et Zébul capitaine de la ville entendit les paroles de Gahal
fils de Hébed et sa colère s ’ embrasa.
31. Puis il envoya adroitement des messagers vers Abimélec lui dire
: Voici Gahal fils de Hébed et ses frères qui sont entrés à Sichem
et voici ils arment la ville contre toi.
32. Maintenant donc lève-toi de nuit, toi et le peuple qui est avec
toi, et dresse des embûches dans la campagne.
278
Juges
33. Et le matin, au lever du soleil, tu te lèveras le matin et tu
viendras fondre sur la ville et voici Gahal et le peuple qui est
avec lui sortiront contre toi et tu lui feras selon la commodité qui
se présentera.
34. Abimélec donc se leva de nuit et tout le peuple qui était avec
lui et ils mirent des embuscades contre Sichem qu'ils partagèrent en
quatre bandes.
35. Alors Gahal fils de Hébed sortit et s'arrêta à l'entrée de la
porte de la ville et Abimélec et tout le peuple qui était avec lui
se levèrent de l'embuscade.
36. Et Gahal ayant aperçu ce peuple là dit à Zébul : Voici du peuple
qui descend du haut des montagnes. Et Zéhul lui dit : Tu vois
l'ombre des montagnes et il te semble que ce sont des hommes.
37. Et Galaad parla encore et dit : Voici du peuple qui descend du
milieu du pays et une bande vient du chemin de la chênaie des
devins.
38. Et Zébul lui dit : Où est maintenant ta vanterie quand tu disait
: Qui est Abimélec que nous le servions ? N'est-ce pas ici le peuple
que tu as méprisé ? Sors maintenant je te prie et combats contre
eux.
39. Alors Gahal sortit conduisant les seigneurs de Sichem et il
combattit contre Abimélec,
40. Et Abimélec le poursuivit comme il s'enfuyait de devant lui et
plusieurs tombèrent morts jusqu'à l'entrée de la porte.
41. Et Abimélec s'arrêta à Aruma et Zébul repoussa Gahal et ses
frères afin qu'ils ne demeurassent plus à Sichem.
42. Et dès le lendemain, le peuple sortit aux champs, ce qui fut
rapporté à Abimélec
43. Qui prit de ce peuple et le divisa en trois bandes et les mit en
embuscade dans les champs et ayant aperçu que le peuple sortait de
la ville, il se leva contre eux et les défit,
44. Car Abimélec et la troupe qui était avec lui se répandirent et
se tinrent à l'entrée de la porte de la ville, mais les deux autres
bandes se jetèrent sur tous ceux qui étaient dans la campagne et ils
les défirent.
45. Ainsi Abimélec combattit tout ce jour-là contre la ville et prit
la ville et tua le peuple qui y était et ayant rasé la ville, il y
sema du sel.
46. Et tous les seigneurs de la tour de Sichem ayant appris cela se
retirèrent dans le fort qui était la maison du dieu Bérith.
47. Et on rapporta à Abimélec que tous les seigneurs de la tour de
Sichem s'étaient assemblés dans le fort.
48. Alors Abimélec monta sur le mont de Tsalmon lui et tout le
peuple qui était avec lui et Abimélec prit des haches en sa main et
il coupa une branche d'arbre et la porta, l'ayant mise sur son
épaule et il dit au peuple qui était avec lui : Avez-vous vu ce que
j'ai fait? Dépêchez-vous, faites comme moi.
49. Tout le peuple donc coupa chacun une branche et ils suivirent
Abimélec et ils les mirent tout contre le fort et y ayant mis le
feu, ils brûlèrent le fort. Et toutes les personnes de la tour de
Sichem moururent. Ils étaient environ mille, tant hommes que femmes.
50. De là Abimélec s'en alla à Tebets qu'il assiégea et il la prit.
51. Or il y avait au milieu de la ville une forte tour où
s'enfuyaient tous les hommes et toutes les femmes et ayant fermé les
portes après eux, ils montèrent sur la plateforme de la tour.
52. Alors Abimélec venant jusqu'à la tour l'attaqua et s'approcha
jusqu'à la porte de la tour pour la brûler par le feu.
53. a Mais une femme jeta une pierre de meule sur la tête d'Abimélec
et lui cassa le crâne.
54. Et ayant appelé incontinent le garçon qui portait ses armes, il
lui dit : Tire ton épée et me tue, de peur qu'on ne dise de moi :
une femme l'a tué.
55. Et ceux d'Israël voyant qu'Abimélec était mort, chacun s'en alla
chez soi.
56. Ainsi Dieu fit retourner la méchanceté d'Abi-mélec qu'il avait
commise en tuant ses soixante et dix frères sur Abimélec même.
57. Et Dieu fit retourner la méchanceté des hommes de Sichem sur
leur tête. Ainsi la malédiction de Jotham fils de Jérubbahal vint
sur eux.
Réflexions
Ce qui se présente ici c'est premièrement l'ambition d'Abimélec qui,
au lieu d'imiter la piété et la modestie de Gédéon son père lequel
avait refusé de régner, voulut être roi de Sichem et la cruauté
qu'il exerça envers ses frères en les faisant mourir. Dieu permit
cet étrange événement tant pour la punition de la famille de Gédéon
que pour celle des Sichémites qui se soumirent à Abimélec au lieu de
demeurer dans l'état où ils étaient pendant la vie de Gédéon.
C'est de la même manière et pour de semblables raisons que Dieu
permet qu'il s'élève des tyrans et que les hommes cruels et injustes
viennent à bout de leurs entreprises.
2. Jotham reprocha aux Sichémites leur ingratitude et leur perfidie
et il leur dénonça leur ruine et celle d'Abimélec, ce qui arriva
aussi dans la suite.
Il est vrai qu'Abimélec, quoiqu'il régnât injustement et qu'il fût
coupable du meurtre de ses frères eut d'abord des succès heureux et
qu'il vainquit Gahal et les Sichémites qui s'étaient soulevés contre
lui, Dieu l'ayant ainsi permis pour les punir, mais à la fin il fut
tué par une femme lorsqu'il assiégeait la ville de Tebets. Ainsi les
Sichémites, qui avaient contribué à la mort des fils de Gédéon et à
l'élévation d'Abimé-lec, furent détruits par ce prince même qu'ils
avaient choisi et Abimélec, après avoir été un instrument dans la
main de Dieu pour punir ces peuples, porta la peine qu'il avait
méritée et que Jotham lui avait dénoncée et Dieu fit retomber par ce
moyen sur lui, comme le remarque l'histoire sainte, la méchanceté
qu'il avait commise contre son père et contre ses frères.
Voilà comment la malédiction de Dieu tombe tôt ou tard sur les
hommes injustes et cruels et comment il les amène enfin à leur jour
après leur avoir
279
Juges
accordé des succès heureux et s ’ être servi d ’ eux pour châtier
les autres.
(a) v53 : II Samuel 11.21
(1) v2 : C ’ est-à-dire : je suis de votre race, je vous attouche de
près.
(2) v4 : C ’ était le nom d ’une idole, voyez sus 8.33.
(3) v20 : Cela veut dire qu Abimélec et les seigneurs de Sichem se
détruisirent les uns les autres.
Chapitre X
Il est parlé dans ce chapitre de Tolab qui fut le septième juge
d'Israël et de Jaïr qui fut le huitième, versets 1-5.
Les enfants d'Israël étant retombés dans l'idolâtrie, Dieu les livra
aux Philistins et aux Hammonites et il refusa même d'abord de les
délivrer, mais enfin voyant leur humiliation, il eut pitié d'eux,
versets 6-18.
Après Abimélec, Tolah fils de Puah, fils de Dodo, homme d ’Issacar,
se leva pour délivrer Israël et il habitait à Sçamir en la montagne
d ’Éphraïm.
2. Et il jugea Israël vingt-trois ans, puis il mourut et il fut
enseveli à Sçamir.
3. Et après lui se leva Jaïr Galaadite qui jugea Israël vingt-deux
ans.
4. Et il eut trente fils qui montaient sur trente ânons et qui
avaient trente villes qu on appelle les villes de Jaïr jusqu à ce
jour qui sont au pays de Ga-laad.
5. Et Jaïd mourut et il fut enseveli à Kamon.
6. Puis les enfants d ’Israël recommencèrent à faire ce qui est
mauvais devant l ’Éternel et ils servirent les bahalins et
hasçtaroth, savoir les dieux de Syrie, les dieux de Sidon et les
dieux des Philistins et ils abandonnèrent l ’Éternel et ils ne le
servaient plus.
7. Alors la colère de l ’Éternel s ’ embrasa contre Israël et il les
vendit entre les mains des Philistins et entre les mains des
Hammonites
8. Qui opprimèrent et foulèrent les enfants d ’Israël en cette
année-là jusqu à la dix-huitième, tous les enfants d ’ israël qui
étaient au delà du Jourdain au pays des Amorrhéens qui est Galaad.
9. Et les Hammonites passèrent le Jourdain pour combattre aussi
contre Juda et contre Benjamin et contre la maison d ’Ephraïm et
Israël fut dans de très grandes angoisses.
10. Alors les enfants d ’Israël crièrent à l ’Éternel disant : Nous
avons péché contre toi et nous avons en effet abandonné notre Dieu
et nous avons servi les bahalins.
11. Mais l ’Éternel répondit aux enfants d ’Israël : N ’ avez-vous
pas été opprimés par les Égyptiens, par les Amorrhéens, par les
Hammonites, par les Philistins,
12. Par les Sidonniens, par les Hamalékites et par les Mahonites?
Cependant quand vous avez crié vers moi, je vous ai délivrés de
leurs mains.
13. Mais vous m ’ avez abandonné et vous avez servi d ’ autres
dieux, c’ est pourquoi je ne vous délivrerai plus.
14. Allez et criez aux dieux que vous avez choisis qu ’ ils vous
délivrent au temps de votre angoisse.
15. Mais les enfants d ’Israël répondirent à l ’Éternel : Nous avons
péché, fais-nous toi-même comme il te semblera bon, nous te prions
seulement que tu nous délivre aujourd hui.
16. Alors ils ôtèrent du milieu d ’ eux les dieux des étrangers et
ils servirent l ’Éternel qui fut touché en son cœur du travail d
’Israël.
17. Or les Hammonites s ’ assemblèrent et campèrent à Galaad et les
enfants d ’Israël aussi s ’ assemblèrent et campèrent à Mitspa.
18. Et le peuple, savoir les principaux de Galaad, se dirent l un à
l autre : Qui sera l homme qui commencera à combattre contre les
Hammonites? Il sera le chef de tous les habitants de Galaad.
Réflexions
Ce qu ’ il y a de principal à considérer ici, c’ est que les Juifs
oubliant les bienfaits du Seigneur et abusant du repos qu il leur
avait accordé retournèrent à leur idolâtrie après la mort de Tolah
et de Jaïr, jusque là qu ils adorèrent tous les dieux des nations
voisines, qu ’ ils abandonnèrent Dieu et qu ’ ils cessèrent de le
servir. Toutes ces rechutes des Israélites montrent combien ils
avaient de penchant au culte des idoles et combien il était
nécessaire que Dieu les affligeât pour les en retirer. On peut voir
par là que les hommes s oublient d ordinaire dans la paix et dans la
prospérité et qu ils en abusent.
Il faut remarquer après cela que Dieu, voyant que les Israélites l ’
avaient abandonné, permit que leurs ennemis les opprimassent, que
même, lorsqu ils crièrent à lui, il refusa de les écouter et les
renvoya aux faux dieux qu ils avaient adorés, mais qu enfin touché
de leurs maux et voyant qu ’ils avaient ôtés les idoles du milieu d
’ eux, il en eut encore pitié cette fois-là et leur suscita un
libérateur. Ce qu ’ il y a à considérer sur cette conduite du
Seigneur envers les Israélites, c ’ est que Dieu déploie ses
châtiments sur ceux qui l offensent, que les premiers mouvements de
repentance que les pécheurs ressentent dans l affliction ne sont pas
toujours sincères, qu à cause de cela Dieu ne les exauce et ne les
délivre pas incontinent et qu ’ il ne leur pardonne que lorsqu ’ il
les voit véritablement humiliés et qu ’ ils montrent la sincérité de
leur repentance en y persévérant et en renonçant à leur péchés.
Chapitre XI
C 'est ici que commence l'histoire de Jephthé qui fut le neuvième
juge d'Israël. Dans cette histoire, il y a principalement trois
choses à remarquer, savoir
- l'établissement de Jephthé dans la charge de chef du peuple
d'Israël, versets 1-11,
- la guerre qu 'il fit aux Hammonites, versets 12-29
- et son vœu, versets 30-40.
280
Juges
OR a Jephthé Galaadite était un fort et vaillant homme, mais le fils
d'une femme débauchée et Galaad l'avait engendré.
2. Et la femme de Galaad lui avait enfanté des fils et quand les
fils de cette femme furent grands, ils chassèrent Jephthé en lui
disant : Tu n'auras point de part à l'héritage dans la maison de
notre père, car tu es le fils d'une femme étrangère.
3. Jephthé donc s'enfuit de devant ses frères et habita au pays de
Tob et des gens qui n'avaient rien se ramassèrent vers Jephthé et
ils allaient et venaient avec lui.
4. Or quelques jours après, les Hammonites firent la guerre à
Israël.
5. Et comme les Hammonites faisaient la guerre à Israël, les anciens
de Galaad s'en allèrent pour faire revenir Jephthé de la contrée de
Tob.
6. Et ils dirent à Jephthé : Viens et sois notre capitaine afin que
nous combattions contre les Hammo-nites.
7. Et Jephté répondit aux anciens de Galaad : N'est-ce pas vous qui
m'avez haï et chassé de la maison de mon père ? Et pourquoi
êtes-vous venus à moi maintenant que vous êtes en peine ?
8. Alors les anciens de Galaad dirent à Jephté : C'est pour cela que
nous sommes maintenant revenus à toi, afin que tu viennes avec nous
et que tu combattes contre les Hammonites et que tu sois notre chef,
savoir de nous tous qui habitons à Galaad.
9. Et Jephté répondit aux anciens de Galaad : Si vous me ramenez
pour combattre contre les Ham-monites et que l'Éternel les livre
entre mes mains, je serai votre chef.
10. Et les anciens de Galaad dirent à Jephthé : Que l'Éternel écoute
et soit juge entre nous si nous ne faisons tout ce que tu as dis.
11. Jephthé donc s'en alla avec les anciens de Galaad et le peuple
l'établit pour son chef et pour son capitaine et Jephthé prononça
devant l'Éternel à Mitspa toutes les paroles qu'il avait à dire.
12. Puis Jephthé envoya des députés au roi des Hammonites pour lui
dire : Qu'y a-t-il entre toi et moi que tu sois venu contre moi pour
faire la guerre dans mon pays?
13. Et le roi des Hammonites répondit aux députés de Jephthé : b
Parce qu'Israël a pris mon pays quand il montait d'Égypte depuis
Arnon jusqu'à Jab-bok et jusqu'au Jourdain, maintenant donc,
rends-moi ces contrées-là à l'amiable.
14. Mais Jephthé envoya de nouveau des députés au roi des
Hammonites.
15. Qui lui dirent : Ainsi a dit Jephthé :c Israël n'a rien pris du
pays de Moab, ni du pays des enfants de Hammon.
16. Mais après qu'Israël étant monté d'Égypte fut venu par le désert
jusqu'à la Mer rouge et fut arrivé à Kadès,
17. Et qu'il eut envoyé des députés au roi d'Édom pour lui dire : d
Que je passe je te prie par ton pays
et que le roi d'Édom n'y voulut point entendre et qu'il eut envoyé
de même au roi de Moab qui n'en voulu rien faire non plus et
qu'Israël ayant demeuré à Ka-dès,
18. Et ayant marché par le désert, eut fait le tour du pays d'Édom
et du pays de Moab et fut arrivé au pays de Moab du côté d'Orient,
il campa au delà d'Arnon et n'entra point dans les frontières de
Moab parce qu' Arnon était la frontière de Moab.
19. Mais Israël envoya des députés à Sihon roi des Amorrhéens qui
était roi de Hesçbon et Israël lui fit dire ceci : e Nous te prions
que nous passions par ton pays jusqu'à ce que nous arrivions en
notre lieu.
20. Mais Sihon ne se fiant pas à Israël pour le laisser passer par
son pays assembla tout son peuple et ils campèrent vers Jahats et
ils combattirent contre Israël.
21. Et l'Éternel le Dieu d'Israël livra Sihon et tout son peuple
entre les mains d'Israël et Israël les défit et conquit tout le pays
des Amorrhéens qui habitaient en ce pays-là.
22. Ils conquirent donc tout le pays des Amorrhéens depuis Arnon
jusqu'à Jabbok et depuis le désert jusqu'au Jourdain.
23. C'est pourquoi l'Éternel le Dieu d'Israël a maintenant dépossédé
les Amorrhéens de devant son peuple Israël. Aurais-tu donc la
possession de leur pays ?
24. N'aurais-tu pas la possession de ce que ké-mos 1 ton dieu
t'aurait donné à posséder? Ainsi nous posséderons le pays de tous
ceux que l'Éternel notre Dieu aura chassés de devant nous.
25. f Au reste, vaux-tu mieux que Balak fils de Tsippor roi de Moab
? Et n'a-t-il pas contesté et combattu tant qu'il a pu contre Israël
?
26. Pendant qu'Israël a habité à Hesçon et dans les villes de son
ressort et à Harhor et dans les villes de son ressort et dans toutes
les villes qui sont le long d'Arnon, l'espace de trois cents ans,
pourquoi ne les avez-vous pas recouvrées pendant ce temps-là?
27. Je ne t'ai donc point offensé, mais tu agis mal contre moi de me
faire la guerre. Que l'Éternel, qui est le juge, juge aujourd'hui
entre les enfants d'Israël et les enfants de Hammon.
28. Mais le roi des Hammonites ne voulut point écouter les paroles
que Jephthé lui avait fait dire.
29. L'esprit de l'Éternel fut donc sur Jephthé qui passa au travers
de Galaad et de Manassé et il passa jusqu'à Mitspé de Galaad et de
Mitspé de Ga-laad il passa jusqu'aux Hammonites.
30. Et Jephté fit un vœu à l'Éternel et dit : Si tu livres les
Hammonites en ma main,
31. Alors, tout ce qui sortira des portes de ma maison au devant de
moi quand je retournerai en paix d'après les Hammonites sera à
l'Éternel et je l'offrirai en holocauste 2.
32. Jephthé donc passa jusqu'où étaient les Hammonites pour
combattre contre eux et l'Éternel les livra en sa main
281
Juges
33. Et il en fit un très grand carnage depuis Haro-her jusqu à
Minith dans lequel espace il y avait vingt villes et jusqu à la
plaine des vignes et les Hammo-nites furent abaissés devant les
enfants d ’Israël.
34. Et comme Jephthé venait à Mitspa en sa maison, voici sa fille,
qui était seule et unique sans qu il eût d autre fils, ni fille,
sortit au devant de lui avec des tambours et des flutes.
35. Et aussitôt qu ’ il l ’ eut aperçue, il déchira ses vêtements et
dit : Ha ! Ma fille, tu es du nombre de ceux qui me troublent ! Car
j ’ ai ouvert ma bouche à
l ’Éternel et je ne m ’ en pourrai rétracter.
36. Et elle répondit : Mon père, as-tu ouvert ta bouche à l ’Éternel
? Fais-moi selon ce qui est sorti de ta bouche puisque l ’Éternel t
’ a vengé de tes ennemis les Hammonites.
37. Toutefois, elle dit à son père : Accorde-moi ceci, laisse-moi
pour deux mois afin que je m ’en aille et que je descende par les
montagnes et que je pleure ma virginité, moi et mes compagnes.
38. Et il dit : Va. Et il la laissa aller pour deux mois. Elle s ’
en alla donc avec ses compagnes et pleura sa virginité sur les
montagnes.
39. Et au bout de deux mois, elle retourna vers son père et il lui
fit selon le vœu qu ’ il avait fait et elle ne connut point d homme
3. De là vint la coutume en Israël
40. Que d ’ an en an les filles d ’Israël allaient pour pleurer la
fille de Jephthé Galaadite 4 pendant quatre jours chaque année.
Réflexions
Nous devons remarquer ici :
1. Que Jephthé, quoiqu ’ il eût été chassé et maltraité par ceux de
Galaad voulut bien embrasser leur défense lorsqu il en fut requis,
2. Qu ’ avant que de marcher contre le roi des Hammonites qui
faisait la guerre aux enfants d ’Israël, il leur envoya des
embassadeurs par deux fois pour tâcher de le détourner de son
dessein et pour lui représenter la justice de la cause des
Israélites.
Cette conduite sage et modérée nous enseigne qu ’ avant que d ’ en
venir aux voies de rigueur et que de rompre la paix, il faut tenter
les voies de douceur et c’ est un exemple dont les princes chrétiens
surtout devraient profiter.
3. La victoire que Jephté remporta sur le roi des Hammonites fait
voir que Dieu, après avoir supporté les rois qui entreprennent des
guerres injustes, les punit à la fin.
4. On remarque dans le vœu de Jephthé du zèle et en même temps de l
’ imprudence. La vive douleur qu il ressentit à la vue de sa fille
et ce qu il fit ensuite de ce vœu nous apprend à éviter les vœux
téméraires et à accomplir cependant les vœux que nous avons faits
autant que nous pouvons le faire légitimement. Il ne faut pourtant
pas croire que Jephté sacrifiât sa fille et la brulât, ce qui aurait
été une action barbare et abominable devant Dieu, mais il la
consacra à Dieu en sorte qu ’ elle ne se maria pas
comme cela est dit dans ce chapitre. Et l affliction que Jephthé fit
paraître procédait de ce que, n ayant que cette fille, il n en
verrait point de postérité.
Enfin, la généreuse résolution et la piété de la fille de Jephté,
qui ne voulait pas que son père en manquant à accomplir son vœu
attirât sur lui et sur le peuple la vengeance céleste, nous enseigne
que nous devons sacrifier nos intérêts particuliers et tout ce que
nous avons de plus cher à la gloire de Dieu et au bien public.
(a) v1 : Hébreux 11.32
(b) v13 : Nombres 21.13
(c) v15 : Nombres 21.13 ; Deutéronome 2.9 et 19
(d) v17 : Nombres 20.14-17
(e) v19 : Nombres 21.22
(f) v25 : Nombres 22.2
(1) v24 : C ’ était l ’ idole des Moabites et des Hammonites.
(2) v31 : On peut aussi traduire : ou je l ’ offrirai en holocauste.
(3) v39 : Elle ne se maria pas.
(4) v40 : On peut traduire selon l ’ Hébreux : pour s ’ entretenir
avec la fille de Jephté.
Chapitre XII
Jephté étant attaqué par ceux d'Éphraïm leur fait la guerre et en
tue un grand nombre, versets 1-7.
Il meurt après avoir gouverné six ans. Après sa mort, Ibtsan fut le
dixième juge, Elon le onzième et Habdon le douzième, versets 8-15.
Or les hommes d ’Éphraïm s’ étant assemblés passèrent vers le
Septentrion et dirent à Jeph-thé : Pourquoi es-tu passé pour
combattre contre les Hammonites ? Et pourquoi ne nous as-tu point
appelés pour aller avec toi ? Nous brûlerons au feu ta maison et
nous te brûlerons aussi.
2. Et Jephthé leur dit : J ’ ai eu de grands différends avec les
Hammonites, moi et mon peuple et quand je vous ai appelés, vous ne m
’ avez point délivré de leurs mains.
3. Et voyant que vous ne me délivriez pas, j ’ ai exposé ma vie et
je suis passé jusqu où étaient les Hammonites et l ’Éternel les a
livrés en ma main. Pourquoi donc êtes-vous montés aujourd ’ hui
contre moi pour me faire la guerre ?
4. Puis Jephthé ayant assemblé tous les gens de Galaad combattit
contre Éphraïm et ceux de Galaad battirent Éphraïm parce qu ’ ils
avaient dit : Vous êtes des fugitifs d Éphraïm, Galaad est au milieu
d Éh-raïm, au milieu de Manassé.
5. Et les Galaadites s emparèrent des passages du Jourdain avant que
ceux d ’Éphraïm y arrivassent. Et quand quelqu ’ un de ceux d
’Éphraïm qui étaient échappés disaient : Laissez-nous passer, les
gens de Galaad lui disaient : Es-tu Éphratien ? Et il répondait :
Non.
6. Alors il lui disaient : Dis un peu schibboleth et ils disait
sibboleth, car il ne pouvait pas prononcer comme il faut, alors le
saisissant, ils le mettaient à mort au passage du Jourdain. En ce
temps il y eu quarante-deux mille hommes d Éphraïm qui furent tués.
282
Juges
7. Et Jephthé jugea Israël six ans, puis Jephthé Galaadite mourut et
fut enseveli dans une des villes de Galaad.
8. Après lui Ibtsan de Bethléhem jugea Israël.
9. Il eut trente fils et il maria hors de sa maison trente filles,
il prit de dehors trente filles pour ses fils et il jugea Israël
sept ans.
10. Puis Ibtsan mourut et fut enseveli à Bethlé-hem.
11. Après lui Elon Zabulonite jugea Israël et le jugea dix ans.
12. Puis Elon Zabulonite mourut et fut enseveli à Ajalon dans la
terre de Zabulon.
13. Après lui Habdon fils d'Hillel Pirhathonite jugea Israël.
14. Il eut quarante fils et trente petits-fils qui montaient sur
soixante et dix ânons et il jugea Israël huit ans.
15. Puis Habdon fils d'Hillel Pirhathonite mourut et fut enseveli à
Pirhathon dans la terre d'Éphraïm sur la montagne de l'Hamalékite.
Réflexions
La défaite de ceux d'Éphraïm par Jephthé fut une juste punition de
leur orgueil et de ce qu'ils avaient déclaré injustement la guerre à
Jephthé auquel le peuple d'Israêl avait de si grandes obligations.
C'est là un exemple du juste jugement de Dieu sur ceux qui troublent
la paix et qui attaquent les autres sans une cause légitime.
Ce qui est dit sur la fin de ce chapitre que Dieu suscita d'autres
juges après que Jephthé fut mort nous met devant les yeux le support
du Seigneur envers les Israélites, puisque, nonobstant leurs
fréquentes rebellions, il leur envoyait de temps en temps des juges
et des chefs pour les gouverner et pour les délivrer de ceux qui les
opprimaient.
Chapitre XIII
Les Israélites étant opprimés par les Philistins, Dieu envoie un
ange à la femme de Manoab et ensuite à Manoab lui-même pour leur
promettre la naissance d'un fils qui délivrerait Israël. Cet ange
confirma cette promesse en consumant par le feu du Ciel un sacrifice
que Manoab offrit à Dieu. Quelque temps après Samson nâquit et il
fut dans la suite le treizième juge du peuple d'Israël.
Et les enfants d'Israël recommencèrent à faire ce qui est mauvais
devant l'Éternel et l'Éternel les livra entre les mains des
Philistins pendant quarante ans.
2. Or il y avait un homme de Tsorha d'une famille de ceux de Dan
dont le nom était Manoah et sa femme était stérile et elle n'avait
jamais eu d'enfant.
3. Et un ange de l'Éternel apparut à cette femme-là et lui dit :
Voici, tu es stérile et tu n'a jamais eu d'enfant, mais tu concevras
et tu enfanteras un fils.
4. Prends donc bien garde dès maintenant de ne point boire de vin,
ni de cervoise 1 et de ne manger aucune chose souillée,
5. Car voici, tu vas être enceinte et tu enfanteras un fils et le a
rasoir ne passera point sur sa tête, parce que l'enfant sera
nazarien nc1 de Dieu dès le ventre de sa mère et ce sera lui qui
commencera à délivrer Israël de la main des Philistins.
6. Or la femme vint et parla à son mari disant : Un homme de Dieu
est venu à moi dont la face est semblable à la face d'un ange de
Dieu, fort vénérable et je ne l'ai point interrogé d'où il était et
il ne m'a point déclaré son nom.
7. Mais il m'a dit : Voici, tu vas être enceinte et tu enfanteras un
fils, maintenant donc ne bois point de vin, ni de cervoise et ne
mange aucune chose qui soit souillée. Car cet enfant sera nazarien
de Dieu dès le ventre de sa mère jusqu'au jour de sa mort.
8. Et Manoah pria instamment l'Éternel et dit : Hélas, Seigneur! Que
l'homme de Dieu que tu as envoyé vienne encore, je te prie, vers
nous et qu'il nous enseigne ce que nous devons faire à l'enfant
quand il sera né.
9. Et Dieu exauça la prière de Manoah. Ainsi l'ange de Dieu vint
encore à la femme comme elle était assise dans un champ, mais Manoah
son mari n'était point avec elle.
10. Et la femme courut vite le rapporter à son mari lui disant :
Voici, l'homme qui était venu l'autre jour vers moi m'est apparu.
11. Et Manoah se leva et suivi sa femme et venant vers l'homme il
lui dit : Es-tu cet homme qui a parlé à cette femme ? Et il répondit
: C'est moi.
12. Et Manoah dit : Que tout ce que tu as dit arrive ! Mais quelle
conduite faudra-t-il tenir envers l'enfant et que lui faudra-t-il
faire ?
13. Et l'ange de l'Éternel répondit à Manoah : La femme se gardera
de toutes les choses dont je l'ai avertie.
14. Elle ne mangera rien qui sorte de la vigne et elle ne boira ni
vin, ni servoise et elle ne mangera aucune chose qui soit souillée.
Elle prendra garde à tout ce que je lui ai commandé.
15. Alors Manoah dit à l'ange de l'Éternel : Je te prie, que nous te
retenions et nous t'apprêterons un chevreau de lait.
16. Et l'ange de l'Éternel répondit à Manoah : Quand tu me
retiendrais, je ne mangerais point de ton pain, mais si tu fais une
holocauste nc2, tu l'offriras à l'Éternel, car Manoah ne savait
point que ce fut un ange de l'Éternel.
17. Manoah dit encore à l'ange de l'Éternel : Quel est ton nom afin
que nous l'honorions quand ce que tu as dit sera arrivé ?
18. Et l'ange de l'Éternel lui dit : Pourquoi t'informes-tu ainsi de
mon nom ? Il est admirable.
19. Alors Manoah prit un chevreau de lait et un gâteau et il les
offrit à l'Éternel sur le rocher. Et l'ange fit une chose
merveilleuse à la vue de Manoah et de sa femme.
283
Juges
20. C'est que la flamme montant de dessus l'autel vers les cieux,
l'ange de l'Éternel monta aussi avec la flamme de l'autel, ce que
Manoah et sa femme ayant vu, ils tombèrent le visage contre terre.
21. Et l'ange de l'Éternel n'apparut plus à Manoah, ni à sa femme.
Alors Manoah connut que c'était l'ange de l'Éternel.
22. Et Manoah dit à sa femme : b Certainement nous mourrons parce
que nous avons vu Dieu.
23. Mais sa femme lui répondit : Si l'Éternel nous eût voulu faire
mourir, il n'eût pas pris de notre main l'holocauste, ni le gâteau
et il ne nous eût point fait voir toutes ces choses-là et au temps
où nous sommes il ne nous eût pas fait entendre les choses que nous
avons entendues.
24. Puis cette femme-là lui enfanta un fils et l'appela c Samson 2
et l'enfant devint grand et l'Éternel le bénit.
25. Et l'esprit de l'Éternel commença à l'animer à Mahané-dan, entre
Tsorah et Esçtaol.
Réflexions
Voici les réflexions que nous devons faire sur cette lecture.
1. Que Dieu par un effet de sa bonté envers les Israélites fit
naître Samson dans un temps où ils étaient asservis aux Philistins
déjà depuis quarante ans.
2. Que la naissance de Samson fut miraculeuse, qu'un ange l'annonça
à sa mère qui était stérile et que la promesse de l'ange fut
confirmée par un miracle signalé, le feu du Ciel ayant consumé
l'oblation de Manoah le père de Samson. Tout cela marquait que
Samson serait un homme suscité de Dieu extraordinairement.
Il paraît en troisième lieu par cette histoire que Ma-noah et sa
femme étaient des personnes pieuses et que la naissance du fils que
Dieu leur donna fut une récompense de leur piété.
Enfin, il faut remarquer que l'ange de l'Éternel avertit Manoah et
sa femme que l'enfant qui naîtrait serait consacré à Dieu par le vœu
du nazaréat, ce qui marquait que Dieu destinait Samson à de grandes
choses et que ce qu'il ferait d'extraordinaire pendant sa vie
viendrait de Dieu.
(a) v5 : Nombres 6.5
(b) v22 : Exode 33.20 ; Deutéronome 5.26
(c) v24 : Hébreux 11.32
(1) v4 : Ni d'aucune liqueur qui puisse enivrer.
(2) v24 : C'est-à-dire : soleil ou fort ou selon d'autres : ministre
de Dieu.
(nc1) v5 : Les dictionnaires écrivent : Nazirien. Voyez par exemple
l'explication sur http://www.cnrtl.fr/definition/naziréen.
(nc2) v16 : Ce mot est aujourd'hui du genre masculin.
Chapitre XIV
L’historien rapporte ici la mariage de Samson et l'énigme qu 'il
proposa au sujet du miel qu 'il avait
trouvé dans le corps d'un lion qu 'il avait tué. Cette histoire est
rapportée parce que ce fut ici le commencement et l occasion de la
guerre que Samson fit aux Philistins.
OR Samson étant descendu à Timna, il y vit une femme d'entre les
filles des Philistins.
2. Et étant remonté en sa maison, il le déclara à son père et à sa
mère et leur dit : J'ai vu une femme à Timna d'entre les filles des
Philistins, maintenant donc prenez-là afin qu'elle soit ma femme.
3. Et son père et sa mère lui dirent : N'y a-t-il point de femme
parmi les filles de tes frères et parmi tout mon peuple que tu
ailles prendre une femme d'entre les Philistins incirconcis ? Et
Samson dit : Prenez-la moi, car elle plait à mes yeux.
4. Or son père et sa mère ne savaient point que cela venait de
l'Éternel, car Samson cherchait que les Philistins lui donnassent
quelque occasion. En ce temps-là les Philistins dominaient sur
Israël.
5. Samson donc descendit avec son père et sa mère à Timna et ils
vinrent jusqu'aux vignes de Timna et voici un jeune lion rugissant
venait contre lui.
6. Et l'esprit de l'Éternel ayant saisi Samson, Samson déchira le
lion comme s'il eût déchiré un chevreau, sans avoir rien en sa main
et il ne déclara point à son père, ni à sa mère ce qu'il avait fait.
7. Il descendit donc et il parla à la femme et la femme lui plut.
8. Puis retournant quelques jours après pour la prendre, il se
détourna pour voir le corps du lion et voici il y avait dans le
corps du lion un essaim d'abeilles et du miel.
9. Et il en prit en sa main et continua son chemin en mangeant et
étant arrivé vers son père et vers sa mère, il leur en donna et ils
en mangèrent, mais il ne leur déclara pas qu'il avait pris ce miel
dans le corps du lion.
10. Son père donc descendit vers cette femme-là et Samson fit là un
festin, car c'est ainsi que les jeunes gens avaient accoutumé de
faire.
11. Et sitôt qu'on l'eut vu, on pris trente compagnons pour être
avec lui
12. Et Samson leur dit : Je vous propose maintenant une énigme et si
vous me l'expliquez pendant les sept jours du festin et si vous la
trouvez, je vous donnerai trente chemises et trente robes de
rechange,
13. Mais si vous ne me l'expliquez pas, vous me donnerez trente
chemises et trente robes de rechange. Et ils lui répondirent :
Propose ton énigme et nous l'entendrons.
14. Et il leur dit : De celui qui dévorait est procédée la viande et
la douceur est sortie de celui qui est fort. Et ils ne purent
expliquer l'énigme pendant trois jours.
15. Et au septième jour, ils dirent à la femme de Samson : Persuade
ton mari qu'il nous explique l'énigme, de peur que nous ne te
brûlions au feu toi
284
Juges
et la maison de ton père. Nous avez-vous appelés ici pour avoir
notre bien ou non ?
16. La femme de Samson donc pleura auprès de lui en disant :
Certainement tu me hais et tu ne m ’ aimes point, n ’ as-tu pas
proposé une énigme aux enfants de mon peuple et tu ne me l a point
expliquée? Et il lui répondit : Voici, je ne l ’ ai point expliquée
à mon père, ni à ma mère et te l ’ expliquerais-je?
17. Elle pleura ainsi auprès de lui durant les sept jours du festin
et au septième jour il la lui expliqua parce qu elle le tourmentait,
puis elle l expliqua aux enfants de son peuple.
18. Les gens de la ville lui dirent donc au septième jour, avant que
le soleil se couchât : Qu ’y a-t-il de plus doux que le miel et qu y
a-t-il de plus fort que le lion ? Et il leur dit : Si vous n ’
eussiez point labouré avec ma génisse, vous n ’ eussiez point trouvé
mon énigme.
19. Et l ’ esprit de l ’Éternel le saisit et il desdendit à Asçkélon
et ayant tué trente hommes de ceux d Asç-kélon, il prit leurs
dépouilles et donna les robes de rechange à ceux qui avaient
expliqué l énigme et étant dans une furieuse colère, il monta en la
maison de son père.
20. Et la femme de Samson fut mariée à son compagnon qui était son
intime ami.
Réflexions
Il faut remarquer sur la vie de Samson en général que, quoi que Dieu
se servit de lui pour la délivrance du peuple d ’Israël, Samson fit
cependant plusieurs choses qui ne doivent pas être imitées et qui
même sont condamnables.
Son mariage avec une Philistine était contre la loi de Dieu,
cependant Dieu permit qu il le fit parce que cela donna lieu à
Samson de faire la guerre aux Philistins. C ’ est de la sorte que
Dieu permet plusieurs choses pour les vues qu ’ il se propose,
quoiqu ’ il n ’ approuve pas ces choses-là.
Enfin, il parait clairement de ce récit que la grande force de
Samson et tout ce qu il fit contre les Philistins procédait de l
assistance du Seigneur.
Chapitre XV
Samson irrité de ce qu on avait donné sa femme à un autre brûle les
blés des Philistins, versets 1-8.
Ensuite, ayant été livré aux Philistins, il rompt les cordes dont il
était lié, il en tue mille avec une ma-choire d'âne et étant pressé
par la soif, Dieu fait un miracle pour le désaltérer, versets 9-20.
OR quelques jours après, au temps de la moisson des blés, Samson
alla visiter sa femme, lui portant un chevreau de lait et il dit : J
entrerai vers ma femme en sa chambre, mais son père ne lui permit
point d y entrer,
2. Car il dit : J ai cru que tu avais de l aversion pour elle, c’
est pourquoi je l ’ ai donnée à ton compagnon.
Sa sœur puînée n est-elle pas plus belle qu elle ? Je te prie donc
qu elle soit ta femme au lieu d elle.
3. Et Samson leur dit : À présent, je serai innocent à l ’ égard des
Philistins quand je leur ferai du mal.
4. Samson donc s en alla et prit trois cents renards, il prit aussi
des flambeaux et il tourna les queues des renards les unes contre
les autres et il mit un flambeau entre les deux queues au milieu.
5. Puis ayant allumé les flambeaux, il lâcha les renards aux blés
des Philistins. Il brûla donc, tant le blé qui était en gerbes que
celui qui était sur pied, même jusqu aux vignes et jusqu aux
oliviers.
6. Et les Philistins dirent : Qui a fait ceci ? Et on répondit :
Samson, le beau-fils du Timnien parce qu il lui a pris sa femme et
qu il l a donnée à son compagnon. Les Philistins donc montèrent et
la brûlèrent au feu, elle et son père.
7. Alors Samson dit : En usez-vous ainsi ? Cependant, je ne cesserai
point que je ne me sois vengé de vous.
8. Et il les battit dos et ventre et il y en eut une grande défaite,
puis il descendit et il s arrêta dans un quartier du rocher de
Hetam.
9. Alors les Philistins montèrent et campèrent en Juda et se
répandirent à Lehi.
10. Et les hommes de Juda dirent : Pourquoi êtes-vous monté contre
nous? Ils répondirent : Nous sommes montés pour lier Samson afin que
nous lui fassions comme il nous a fait.
11. Alors trois mille hommes de Juda descendirent vers le quartier
du rocher de Hetam et dirent à Samson : Ne sais-tu pas que les
Philistins dominent sur nous? Pourquoi donc nous fais-tu ceci? Il
leur dit : Je leur ai fait comme ils m ’ont fait.
12. Ils lui dirent encore : Nous sommes descendus pour te lier afin
que nous te livrions entre les mains des Philistins. Et Samson leur
dit : Jurez-moi que vous ne vous jetterez point sur moi.
13. Et ils répondirent et dirent : Non, mais nous te lierons très
bien afin que nous te livrions entre leurs mains, toutefois, nous ne
te tuerons point. Ils le lièrent donc de deux cordes neuves et le
firent monter hors du rocher.
14. Or quand il fut venu jusqu ’ à Léhi, les Philistins jetèrent des
cris de joie à sa rencontre et l ’ esprit de
l ’Éternel le saisit et les cordes qui étaient sur ses bras
devinrent comme du lin où l ’on a mis le feu, ses liens se défirent
et tombèrent de ses mains.
15. Et ayant trouvé une machoire d ’ âne qui n ’ était pas encore
désséchée, il avança sa main et l ayant prise il en tua mille
hommes.
16. Puis Samson dit : Avec une machoire d ’ âne, un monceau, deux
monceaux, avec une machoire d âne, j ai tué mille hommes.
17. Et quand il eut achevé de parler, il jeta de sa main la machoire
et nomma ce lieu Ramathléhi1.
18. Et il fut fort pressé de la soif et criant à
l Éternel, il dit : Tu as accordé à ton serviteur cette grande
délivrance et maintenant mourrais-je de soif et tomberais-je entre
les mains des incirconcis?
285
Juges
19. Alors Dieu fendit une des grosses dents de cette machoire d âne
2 et il en sortit de l eau et quand il eut bu, la force lui revint
et il repris courage. C ’ est pourquoi ce lieu-là a été appelé jusqu
’ à ce jour Hen-hakkore 3.
20. Et il jugea Israël au temps des Philistins pendant vingt ans.
Réflexions
Il faut considérer sur ce récit que Dieu permit que
l ’ on ôtât à Samson sa femme et que les Philistins brûlassent la
maison de son beau-père afin que cela donnât occasion à Samson de
leur nuire et même d ’en faire mourir un grand nombre. Ainsi, ce que
Samson fit par un esprit de vengeance, fut un moyen par la main de
Dieu pour abattre l ’orgueil et la tyra-nie des Philistins qui
opprimaient les Israélites. Les divers événements qui sont rapportés
dans cette histoire montrent que pendant que Samson garda le vœu du
nazaréat, rien ne pouvait lui nuire, Dieu lui ayant donné une force
extraordinaire et surnaturelle, en sorte qu il rompit les cordes
dont on l avait lié et qu ’ il tua mille Philistins, même à sa
prière Dieu lui donna de l eau par un miracle.
Mais nous verrons dans la suite qu il fut privé de sa force et de
tous ses avantages pour n avoir pas gardé religieusement son vœu.
Cependant, ces événements miraculeux étaient dispensés par la
providence parce qu ils étaient très propres à faire une grande
impression tant sur les Israélites que sur les Philistins afin que
les uns et les autres reconnussent en Samson la puissance du vrai
Dieu et qu ils le regardassent comme un homme qui avait été suscité
extraordinairement pour la délivrance du peuple d ’Israël.
(1) v17 : C ’ est-à-dire : l ’élévation de la machoire.
(2) v19 : On peut aussi lire selon l hébreu : Dieu fendit un rocher
creux nommé mactes qui était à Léhi.
(3) v19 : C est-à-dire : la fontaine de celui qui crie ou qui
invoque.
Chapitre XVI
Samson enlève les portes de la ville de Gaza, versets 1-3.
Ensuite une femme nommée Délila l'ayant engagé à lui déclarer que sa
force consistait dans ses cheveux, elle le livra aux Philistins qui
lui crevèrent les yeux, versets 4-22.
Quelque temps après, il renversa le temple de da-gon et fit périr un
grand nombre de Philistins. Il mourut aussi dans cette occasion-là,
versets 23-31.
OR Samson s ’ en alla à Gaza et ayant vu là une femme débauchée 1,
il alla vers elle.
2. Et on dit à ceux de Gaza : Samson est venu ici. Et ils l
’environnèrent et lui dressèrent une embuscade toute la nuit à la
porte de la ville et se tinrent cois toute la nuit disant qu on ne
bouge point jusqu à la pointe du jour et nous le tuerons.
3. Mais Samson après avoir dormi jusqu à minuit se leva et se saisit
des portes de la ville et des deux poteaux et les ayant enlevés avec
la barre, il les mis sur ses épaules et les porta sur le haut de la
montagne qui est vis-à-vis de Hébron.
4. Après cela il aima une femme, qui se tenait près du torrent de
Sçorek, dont le nom était Délila.
5. Et les gouverneurs des Philistins montèrent vers elle et lui
dirent : Flatte-le et sache de lui en quoi consiste sa grande force
et comment nous pourrions le vaincre afin que nous le liions pour le
dompter et nous te donnerons chacun onze cent pièces d argent.
6. Délila donc dit à Samson : Déclare-moi, je te prie, en quoi
consiste ta grande force et avec quoi il te faudrait bien lier pour
te dompter.
7. Et Samson lui répondit : Si on me liait avec sept cordes fraiches
qui ne fussent point encore sèches, je deviendrais sans force et je
serais comme un autre homme.
8. Les gouverneurs donc des Philistins lui envoyèrent sept cordes
fraiches qui n ’ étaient point encore sèches et elle l en lia.
9. Or il y avait des gens chez elle dans la chambre qui étaient
cachés et elle lui dit : Les Philistins sont sur toi Samson. Alors
il rompit les cordes comme se romprait un filet d étoupes dès qu il
sent le feu et sa force ne fut point connue.
10. Puis Délila dit à Samson : Voici tu t ’ es moqué de moi, car tu
m ’ as dit des mensonges. Je te prie, déclare-moi maintenant avec
quoi tu pourrais être bien lié.
11. Et il lui répondit : Si on me liait serré de grosses cordes
neuves dont on ne se serait jamais servi, je deviendrais sans force
et je serais comme un autre homme.
12. Délila donc prit de grosses cordes neuves et elle lia Samson,
puis elle lui dit : Les Philistins sont sur toi Samson. Or il y
avait des gens cachés dans sa chambre et il rompit les grosses
cordes de dessus ses bras comme un filet.
13. Puis Délila dit à Samson : Tu t ’ es moqué de moi jusqu ici et
tu m as dit des mensonges. Déclare-moi avec quoi il te faudrait
lier. Et il dit : Ce serait si tu avais tissu sept tresses de ma
tête d une en-suble nc1.
14. Et elle les mit dans l ’ ensuble avec la cheville et elle dit :
Les Philistins sont sur toi, Samson. Alors il se réveilla de son
sommeil et enleva la cheville du métier avec l ensuble.
15. Alors elle dit : Comment dis-tu : Je t ’ aime, puisque ton cœur
n est point avec moi ? Tu t es moqué de moi trois foix et tu ne m ’
as pas déclaré en quoi consiste ta grande force.
16. Et elle le tourmenttait tous les jours par ses paroles et le
pressait jusqu au bout, de sorte que son âme en était affligée jusqu
’ à la mort.
17. Alors il lui ouvrit tout son cœur et lui dit : Le rasoir n a
jamais passé sur ma tête, car je suis nazaréen de Dieu dès le ventre
de ma mère, si
286
Juges
j'étais rasé, ma force m'abandonnerait et je deviendrais sans force
et je serais comme tous les autres hommes.
18. Délila donc voyant qu'il lui avait ouvert tout son cœur envoya
appeler les gouverneurs des Philistins et leur fit dire : Montez à
cette fois, car il m'a ouvert tout son cœur. Les gouverneurs des
Philistins montèrent donc vers elle portant l'argent en leurs mains.
19. Et elle l'endormit sur ses genoux et ayant appelé un homme, elle
lui fit raser sept tresses des cheveux de sa tête et commença à le
dompter et sa force l'abandonna.
20. Alors elle dit : Les Philistins sont sur toi Samson. Et il
s'éveilla de son sommeil, disant en lui-même : J'en sortirai comme
les autres fois et je me dégagerai de leurs mains, mais il ne savait
pas que l'Éternel s'était retiré de lui.
21. Les Philistins donc le saisirent et lui crevèrent les yeux et
ils le menèrent à Gaza et le lièrent de deux chaines d'airain et il
tournait la meule dans la prison.
22. Et les cheveux de sa tête commencèrent à revenir comme ils
étaient lorsqu'il fut rasé.
23. Or les gouverneurs des Philistins s'assemblèrent pour offrir un
grand sacrifice à dagon leur dieu et pour se réjouir et ils dirent :
Notre dieu à livré entre nos mains Samson notre ennemi.
24. Le peuple aussi l'ayant vu loua son dieu disant : Notre dieu a
livré entre nos mains notre ennemi et le destructeur de notre pays
et celui qui en a tant tué d'entre nous.
25. Or comme ils avaient le cœur joyeux, ils dirent : Faites venir
Samson afin qu'il nous divertisse. Ils appelèrent donc Samson et le
tirèrent de la prison et il jouait devant eux et ils le firent tenir
entre les piliers.
26. Alors Samson dit au garçon qui le tenait par la main : Mets-toi
d'une telle manière que je puisse toucher les piliers qui
soutiennent la maison, afin que je m'appuie dessus.
27. Or la maison était pleine d'hommes et de femmes et tous les
gouverneurs des Philistins y étaient.
Il y avait même sur la platteforme près de trois mille personnes
tant d'hommes que de femmes qui regardaient Samson jouer.
28. Alors Samson invoqua l'Éternel et dit : Seigneur Éternel, je te
prie, souviens-toi de moi. Ô Dieu, je te prie, fortifie-moi
seulement cette fois et que je me venge des Philistins pour la perte
de mes deux yeux.
29. Samson donc embrassa les deux piliers du milieu sur lesquels la
maison était appuyée et se tint à eux, l'un était à sa droite et
l'autre à sa gauche.
30. Et il dit : Que je meure avec les Philistins. Il s'étendit donc
de toute sa force et la maison tomba sur les gouverneurs et sur tout
le peuple qui y était. Et il fit mourir beaucoup plus de gens dans
sa mort qu'il n'en avait fait mourir pendant sa vie.
31. Ensuite ses frères et toute la maison de son père descendirent
et l'emportèrent et étant remontés, ils l'ensevelirent entre Tsorha
et Esçtaol dans le
sépulcre de Manoah son père. Et il avait jugé Israël pendant vingt
ans.
Réflexions
Il parait d'ici que Dieu fut avec Samson pendant qu'il garda le vœu
du nazaréat, mais que ce qui causa sa perte fut qu'il s'attacha à
des femmes et en particulier à Délila qui, par ses artifices,
l'engagea à lui dire en quoi consistait sa force, ce que Samson ne
pouvait lui déclarer sans violer son vœu et sans s'exposer à perdre
sa force et tous les précieux avantages qu'il avait eu jusqu'alors.
Ce changement qui arriva à Samson et l'état honteux où il se vit
réduit par ces mêmes Philistins dont il avait été la terreur fait
bien voir dans quels malheurs se précipitent ceux qui sont infidèles
à Dieu et à leur vocation et comment il abandonne enfin ceux qui se
livrent aux infâmes désirs de la chair, aussi bien que ceux qui
méprisent les dons et les grâces qu'ils ont reçues de lui.
Il faut remarquer cependant que Dieu rendit à Samson avant sa mort
la force qu'il avait perdue en sorte qu'il fit périr trois mille
hommes en mourant. Dieu fit cela pour sa gloire, afin d'abattre la
puissance et la fierté de ces peuples idolâtres et de leur montrer
que le vrai Dieu protégeait les Israélites.
Enfin, il faut considérer sur toute l'histoire de Samson qu'il a
fait plusieurs choses mauvaises et tout à fait criminelles, mais que
Dieu se sert de toutes sortes de personnes, même de celles qui n'ont
pas une véritable piété pour exécuter ses desseins, de quoi nous
voyons divers exemples dans l'Écriture. Ainsi la conduite de Samson
et de tous ceux dont l'histoire sainte fait mention, desquels la vie
n'a pas été bien réglée n'est à imiter que dans ce que l'on y voit
de bon et de conforme à la volonté de Dieu.
(1) v1 : Ou une femme qui tenait un logis.
(nc1) v13 : Ensuble, actuellement ensouple de tisseran, voyez aussi
le verset 14.
Chapitre XVII
Un homme nommé Mica fait faire deux idoles et il établit un de ses
fils pour en être le sacrificateur, jusqu 'à ce qu 'ayant trouvé un
Lévite, il l'établit à la place de son fils.
On ne saurait déterminer précisément en quel temps ce qui est récité
dans ce chapitre et dans les suivants arriva. Il semble que cela
doit être rapporté aux temps qui suivirent la mort de Josué et des
anciens, lorsque Phinées fils du grand sacrificateur et petit-fils
d'Aaron vivait encore. Voyez chapitre 20.28.
OR il y avait eu un homme de la montagne d'Éphraïm dont le nom était
Mica,
2. Qui dit à sa mère : Les onze cent pièces d'argent qui te furent
prises pour lesquelles tu fis tant d'imprécations, lesquelles même
tu prononças en
287
Juges
ma présence, voici cet argent-là est entre mes mains, je l'avais
pris. Alors sa mère dit : Que mon fils soit béni par l'Éternel !
3. Et quand il rendit à sa mère les onze cent pièces d'argent, sa
mère dit : J'avais dédié de ma main cet argent à l'Éternel pour mon
fils, afin d'en faire une image taillée et une de fonte et
maintenant je te le rendrai.
4. Après donc qu'il eut rendu cet argent-là à sa mère, elle en prit
deux cents pièces et les donna au fondeur qui en fit une image
taillée et une de fonte et elles furent dans la maison de Mica.
5. Ainsi, cet homme, savoir Mica, eut une maison de dieu et fit un
éphod 1 et des marmouflets 2 et consacra l'un de ses fils qui lui
servi de sacrificateur.
6. En ce temps-là il n'y avait point de roi en Israël, chacun
faisait ce qu'il lui semblait bon.
7. Or il y eut un jeune homme de Bethléhem de Juda, (située dans la
famille de Juda) qui était Lévite et qui avait fait son séjour là,
8. Qui partit de cette ville-là, savoir de Bethléhem de Juda, pour
aller demeurer où il trouverait son avantage. Et il vint en
continuant son chemin en la montagne d'Éphraïm jusqu'à la maison de
Mica.
9. Et Mica lui dit : D'où viens-tu ? Le Lévite lui répondit : Je
suis de Bethléhem de Juda et je m'en vais pour demeurer où je
trouverai mon avantage.
10. Et Mica lui dit : Demeure avec moi et sois-moi pour père et pour
sacrificateur et je te donnerai dix pièces d'argent par an et ce que
coûteront tes habits et ta nourriture. Et le Lévite y alla.
11. Ainsi le Lévite convint de demeurer avec cet homme-là et ce
jeune homme lui fut comme l'un de ses enfants.
12. Et Mica consacra le Lévite et ce jeune homme lui servit de
sacrificateur et demeura en sa maison.
13. Alors Mica dit : Maintenant je connais que l'Éternel me fera du
bien parce que j'ai un Lévite pour sacrificateur.
Réflexions
Il y a deux reflexions à faire sur ce chapitre.
1. L'on voit dans cette histoire de Mica que la corruption était
très grande parmi les Israélites en ce temps-là et qu'ils
conservaient toujours un penchant pour l'idolâtrie, puisque Mica,
qui faisait profession de servir Dieu, établit chez lui un culte
particulier et même supersticieux et idolâtre.
Par là nous devons reconnaître qu'il est très dangereux de s'écarter
du service que Dieu a prescrit dans sa parole et que les hommes ne
peuvent que s'égarer lorsqu'ils veulent établir des cultes qu'ils
ont eux-mêmes inventés.
2. L'on doit faire attention au désir qu'eut Mica d'avoir un Lévite
chez lui et la persuasion où il était que Dieu le bénirait à cause
de cela, quoique cette persuasion fut mal fondée à cause du culte
qui était établi chez lui était mélé d'idolâtrie.
Nous devons cependant recueillir de là que l'on ne saurait faire
trop de cas du service divin et du
ministère pourvu qu'il soir exercé dans sa pureté et qu'on doit
regarder cet avantage comme la source de tout notre bonheur.
(1) v5 : Un habit de sacrificateur.
(2) v5 : Voyez la note sur Genèse 31.19.
Chapitre XVIII
Les Juifs de la tribu de Dan étant trop resserés dans le pays qu
'ils habitaient envoyèrent des espions pour reconnaître la ville de
Laïs et la prirent ensuite par le moyen du Lévite qui était chez
Mica, lequel même ils emmmenèrent avec eux pour être leur
sacrificateur.
En ce temps-là il n'y avait point de roi en Israël et en ce même
temps la tribu de Dan cherchait un héritage pour elle afin d'y
demeurer. Car jusqu'à ce temps-là, il ne lui en était point échu
entre les tribus d'Israël pour le posséder.
2. C'est pourquoi les descendants de Dan envoyèrent de leur famille
cinq hommes d'une et d'autre qualité, gens vaillants, de Tsorha et
d'Esç-taol pour épier le pays et le bien reconnaître et ils leur
dirent : Allez et reconnaissez bien le pays. Ils vinrent donc à la
montagne d'Éphraïm jusqu'à la maison de Mica et ils y passèrent la
nuit.
3. Et quand ils furent auprès de la maison de Mica, ils reconnurent
la voix du jeune homme Lévite et s'étant retournés vers cette
maison-là, ils lui dirent : Qui t'a amené par deça, qu'y fais-tu et
qu'as-tu ici ?
4. Et il répondit : Mica a fait pour moi telle et telle chose, c'est
qu'il m'a donné des gages et je lui sers de sacrificateur.
5. Ils dirent encore : Nous te prions que tu consultes Dieu afin que
nous sachions si le voyage que nous entreprenons sera heureux.
6. Et le sacrificateur leur dit : Allez en paix, l'Éternel a devant
ses yeux le voyage que vous entreprenez.
7. Ces cinq hommes donc s'en allèrent et arrivèrent à Laïs et ils
virent le peuple de cette ville-là qui était habitée en assurance et
que ce peuple vivait en repos et en assurance à la façon des
Si-donniens et qu'il n'y avait personne au pays qui leur fit de la
peine en aucune chose parce qu'ils étaient libres, aussi ils étaient
éloignés des Sidonniens et ils n'avaient à faire avec personne.
8. Puis étant revenus à leurs frères à Tsorha et Esçtaol, leurs
frères leur dirent : Que rapportez-vous ?
9. Et ils répondirent : Allons, montons contre eux, car nous avons
vu le pays et nous l'avons trouvé très bon. Et vous êtes encore sans
rien faire ? Ne soyez point paresseux à partir pour posséder ce
pays.
10. Quand vous y entrerez, vous viendrez vers un peuple qui est dans
une pleine assurance et dans un pays de grande étendue, car Dieu l'a
livré entre nos mains. C'est un lieu où il ne manque rien de tout ce
qui est sur la terre.
288
Juges
11. Il partit donc de là, de la famille de ceux de Dan, savoir de
Tsorha et d ’Esçtaol, six cents hommes armés
12. Qui montant campèrent à Kirjath-jéharim qui est en Juda et on a
appelé ce lieu-là a Mahanédan 1 jusqu à ce jour et il est derrière
Kirjath-jéharim.
13. Puis de là ils passèrent à la montagne d ’Éph-raïm et arrivèrent
jusqu à la maison de Mica.
14. Alors les cinq hommes qui étaient allés pour épier le pays de
Laïs prenant la parole dirent à leurs frères : Savez-vous bien que
dans ces maisons il y a un éphod et des idoles, une image taillée et
une de fonte ? Voyez donc maintenant ce que vous aurez à faire.
15. Alors ils se détournèrent vers ce lieu-là et vinrent dans la
maison du jeune homme Lévite dans la maison de Mica et le saluèrent.
16. Or les six cents hommes des descendants de Dan qui étaient sous
les armes s arrêtèrent à l entrée de la porte.
17. Mais les cinq hommes qui étaient allés pour épier le pays, étant
montés, entrèrent dans la maison et prirent l image taillée, l
éphod, les idoles et
l image de fonte pendant que le sacrificateur était à
l entrée de la porte avec les six cents hommes armés.
18. Étant donc entrés dans la maison de Mica, ils prirent l image
taillée, l éphod, les idoles et l image de fonte. Et le
sacrificateur leur dit : Que faites-vous?
19. Et ils lui dirent : Tais-toi et mets ta main sur ta bouche et
viens avec nous et sois pour nous père et pour sacrificateur. Lequel
vaut mieux d être sacrificateur de la maison d un homme seul ou d
être sacrificateur d ’ une tribu et d ’ une famille en Israël ?
20. Et le sacrificateur en eut de la joie en son cœur et ayant pris
l ’ éphod, les idoles et l ’ image taillée, il se mit au milieu du
peuple.
21. Ils se mirent donc en chemin et marchèrent et mirent devant eux
les petits enfants, le bétail et le bagage.
22. Quand ils furent éloignés de la maison de Mica, ceux qui étaient
dans les maisons voisines de celle de Mica furent convoqués à grand
cri et ils atteignirent les descendants de Dan.
23. Et ils crièrent après eux, mais eux tournant le visage dirent à
Mica : Qu as-tu que tu cries ainsi ?
24. Il répondit : Vous avez enlevé mes dieux que j ’ avais faits
avec le sacrificateur et vous vous en êtes allés. Et que me
reste-t-il ? Comment donc me dites-vous : Qu ’ as-tu ?
25. Et les descendants de Dan lui dirent : Ne fais point entendre ta
voix après nous de peur que ces gens en colère ne se jettent sur
vous et que vous n ’y laissiez la vie, toi et tous ceux de ta
famille.
26. Les descendants de Dan continuèrent donc leur chemin et Mica
ayant vu qu ils étaient plus forts que lui tourna le visage et s en
revint dans sa maison.
27. Ainsi, ayant pris les choses que Mica avait faites et le
sacrificateur qu ’ il avait, ils arrivèrent à
Laïs, vers un peuple qui était en repos et qui se tenait en
assurance et ils les firent passer au fil de
l ’ épée et ayant mis le feu à la ville, ils la brûlèrent.
28. Et il n ’y eût personne qui la délivrât, car elle était loin de
Sidon et ses habitants n ’ avaient aucun commerce avec personne et
elle était située en la vallée qui appartenait au pays de Bethréhop,
puis ils bâtirent là une ville et ils y habitèrent.
29. Et ils nommèrent cette ville-là Dan, selon le nom de Dan leur
père qui était né à Israël, au lieu que la ville avait nom
auparavant Laïs.
30. Et les descendants de Dan se dressèrent
l ’ image taillée et Jonathan fils de Guersçon, fils de Manassé, lui
et ses enfants furent sacrificateurs pour la tribu de Dan jusqu ’ au
jour que son pays fut pris.
31. Ils se dressèrent donc l ’ image taillée que Mica avait faite
tout le temps que la maison de Dieu fut à Scilo.
Réflexions
Pour l intelligence de ce chapitre et pour profiter de cette
lecture, il faut faire ces trois réflexions.
1. Que ceux de la tribu de Dan entreprirent justement la guerre
contre la ville de Laïs, puisque les habitants de cette ville
étaient de ces Cananéens dont Dieu avait donné le pays aux enfants d
’Israël.
2. Que les Juifs de la tribu de Dan, avant que d ’exécuter leur
dessein, consultèrent le Seigneur par le moyen d un Lévite et qu ils
voulaient même avoir ce Lévite avec eux pour sacrificateur.
Quoique ces Juifs péchassent en s adressant à un Lévite qui avait
établi un culte illicite, nous devons cependant apprendre d ici à ne
rien entreprendre sans examiner si nos desseins sont conformes à la
volonté du Seigneur et à estimer par dessus toutes choses l avantage
de servir Dieu publiquement, pourvu que nous le fassions de la
manière dont il l a ordonné.
3. Il faut remarquer sur ce récit que bien que Dieu n ’ approuvât
pas le culte qui était établi chez Mica parce que ce culte était
mêlé d ’idolâtrie, il voulut cependant donner un heureux succès à
ceux de la tribu de Dan pour exécuter les desseins de sa providence.
Mais cette tribu n ’ en témoigna pas à Dieu le reconnaissance qu
elle devait puisqu elle conserva ce culte idolâtre dans son pays.
Au reste, on voit qu ’ il y avait beaucoup de désordres parmi les
Israélites par rapport à la religion et aux mœurs. C ’ est ce qui
paraît encore dans le chapitre suivant.
(a) v12 : Ci-dessus 13.25
(1) v12 : C ’ est-à-dire : le camp de Dan.
Chapitre XIX
C est ici le récit du crime que les habitants de la ville de Guibha
commirent en violant et en faisant mourir la femme d'un Lévite, ce
qui donna lieu à la
289
Juges
guerre que toutes les tribus d'Israël firent à la tribu de Benjamin.
L arriva aussi en ce temps-là, lorsqu ’ il n ’y avait
point de roi en Israël, qu ’ il y eut un Lévite qui demeurait aux
côtés de la montagne d ’Éphraïm qui prit une femme concubine de
Bethléhem de Juda.
2. Mais sa concubine commis impureté chez lui et s en alla d avec
lui en la maison de son père à Bethléhem de Juda et elle y fut l
espace de quatre mois.
3. Ensuite son mari se leva et il s en alla après elle pour lui
parler selon son cœur et la ramener. Il avait aussi avec soi son
serviteur et deux ânes et elle le fit entrer dans la maison de son
père. Et le père de la jeune femme le voyant venir se réjouit de sa
rencontre.
4. Son beau-père donc, père de la jeune femme, le retint chez lui et
il demeura avec lui trois jours et ils mangèrent et burent et ils
logèrent là.
5. Au quatrième jour, comme ils s ’ étaient levés de bon matin, ils
se mirent en chemin pour s ’ en aller, mais le père de la jeune
femme dit à son beau-fils : Prends une bouchée de pain pour te
fortifier et après cela vous vous en irez.
6. Ils s ’ assirent donc et mangèrent eux deux et burent ensemble et
le père de la jeune femme dit au mari : Je te prie, qu ’ il te
plaise de passer encore ici cette nuit et que ton cœur se réjouisse.
7. Et comme le mari se fut mis en chemin pour s ’ en aller, son
beau-père le pressa tellement qu ’ il s ’ en retourna et il y passa
encore la nuit.
8. Et au cinquième jour il se leva de bon matin pour s en aller et
le père de la jeune femme dit : Je te prie, fortifie ton cœur et ils
tardèrent tant que le jour commença à baisser pendant qu ’ ils
mangeaient eux deux ensemble.
9. Puis le mari se mit en chemin pour s en aller lui et sa concubine
et son serviteur et son beau-père, père de la jeune femme, lui dit :
Voici, maintenant, le jour baisse et le soir approche, je vous prie,
passez ici la nuit, voici le jour finit, passe ici la nuit et que
ton cœur se réjouisse et demain matin vous vous lèverez pour
continuer votre chemin et tu t en iras en ta maison.
10. Mais le mari ne voulut point y passer la nuit, mais il se leva
et s en alla et vint jusque vis-à-vis de Jébus qui est Jérusalem,
ayant avec soi ses deux ânes bâtés et sa concubine.
11. Et comme ils étaient près de Jébus, 1 et que le jour était fort
avancé, le serviteur dit à son maître : Marchez, je vous prie
détournons-nous vers cette ville des Jébusiens afin que nous y
passions la nuit.
12. Et son maître lui répondit : Nous ne nous détournerons point
vers aucune ville d un peuple étranger où il n ’ y a point d ’
enfants d ’Israël, mais nous passerons jusqu ’ à Guibha.
13. Il dit aussi à son serviteur : Marche et nous gagnerons l ’ un
de ces lieux-là et nous passerons la nuit à Guibha ou à Rama.
14. Ils passèrent donc plus avant et marchèrent et le soleil leur
coucha près de Guibha qui appartient à Benjamin.
15. Alors ils se détournèrent vers Guibha pour y entrer et y passer
la nuit et étant entré, il demeura dans la place de la ville et il n
’ y avait personne qui les retirât chez soi pour y passer la nuit.
16. Mais voici, sur le soir un vieillard qui venait des champs de
son travail et cet homme-là était de la montagne d ’Éphraïm, mais il
demeurait à Guibha dont les habitants étaient Benjamites.
17. Levant ses yeux il vit ce voyageur assis dans la place de la
ville. Alors ce vieillard lui dit : Où vas-tu et d où viens-tu ?
18. Et il lui répondit : Nous passons de Bethléhem de Juda vers les
côtés de la montagne d ’Éphraïm d ’où je suis, parce que j ’ étais
allé jusqu ’ à Bethléhem de Juda, mais maintenant, je m en vais à la
maison de l Éternel et il n y a personne qui me retire chez soi,
19. Quoique nous ayons de la paille et du fourrage pour nos ânes et
du pain et du vin pour moi et pour ta servante et pour le garçon qui
est avec tes serviteurs. Nous n ’ avons besoin d ’ aucune chose.
20. Et le vieillard lui dit : La paix soit avec toi, je me charge de
tout ce dont tu auras besoin, je te prie seulement que tu ne passes
point la nuit dans la place.
21. Alors il le fit entrer dans sa maison et il donna à manger aux
ânes et ayant lavé leurs pieds, ils mangèrent et burent.
22. Comme ils faisaient bonne chère, a voici les gens de la ville,
qui étaient de méchants garnements, environnèrent la maison,
heurtant à la porte et ils parlèrent au vieillard qui était maître
de la maison et lui dirent : Fais sortir cet homme qui est entré
dans ta maison afin que nous le connaissions.
23. Mais cet homme, savoir le maître de la maison, sortit vers eux
et leur dit : Non mes frères, ne lui faites point de mal, je vous
prie. Puisque cet homme est entré en ma maison, ne faites point une
action si infâme.
24. Voici, j ’ ai une fille qui est vierge et cet homme a sa
concubine, je vous les amènerai dehors maintenant et vous les
violerez et vous ferez d ’ elles comme il vous semblera bon, mais ne
commettez point une action si infâme à l égard de cet homme.
25. Mais ces gens-là ne voulurent point l ’ écouter, c ’ est
pourquoi cet homme prit sa concubine et ils abusèrent d elle toute
la nuit jusqu au matin, puis ils la renvoyèrent comme l aube du jour
se levait.
26. Cette femme donc, comme le jour approchait s ’ en revint et
étant tombée à la porte de la maison de l homme où était son mari,
elle y demeura jus-qu au jour.
27. Et son mari se leva de bon matin et ayant ouvert la porte, il
sortait pour continuer son chemin, mais voici sa femme qui était
tombée à la porte de la maison et qui avait les mains sur le seuil.
290
Juges
28. Et il lui dit : Lève-toi et allons-nous en, mais elle ne
répondit point. Alors il la chargea sur un âne et se mit en chemin
et s'en retourna chez lui.
29. Et étant venu dans sa maison, il prit un couteau et prenant sa
concubine il partagea son corps avec ses os en douze parts et il en
envoya une part dans tous les quatiers d'Israël.
30. Et tous ceux qui virent cela dirent : On n'a jamais fait ni vu
une telle chose depuis que les enfants d'Israël sont montés hors du
pays d'Égypte jusqu'à ce jour. Pensez à cela, consultez et
prononcez.
Réflexions
Cette histoire fait voir que les habitants de Guibha étaient des
gens perdus et portés aux crimes les plus abominables et qu'en
général il y avait en ce temps-là une étrange confusion et beaucoup
de licence parmi les enfants d'Israël. Cela procédait principalement
de ce qu'ils n'avaient pas des chefs et des conducteurs qui fissent
observer la loi de Dieu et de ce que chacun faisait ce qu'il
trouvait à propos.
Les peuples qui ont été favorisés de la connaissance de Dieu peuvent
tomber dans le dernier aban-donnement au mal lorsqu'ils n'observent
plus les lois de la religion et de la justice et que ceux qui les
violent demeurent impunis.
(a) v22 : Osée 9.9 et 10.9
(1) v11 : C'est l'ancien nom de la ville de Jérusalem.
Chapitre XX
Les Israélites déclarent la guerre à la tribu de Benjamin parce qu
'elle n 'avait pas voulu leur livrer les habitants de la ville de
Guibha qui s étaient rendus coupables du violement et de la mort de
la femme d'un Lévite, comme cela est dit dans le chapitre précédent,
versets 1-17.
Lissue de cette guerre fut que les Israélites, après avoir été
battus deux fois, prirent Guibha et firent un grand carnage des
Benjamites, ensorte que cette tribu fut presque entièrement
détruite, versets 18-48.
Alors tous les enfants d'Israël sortirent et l'assemblée fut
convoquée comme si ce n'eût été qu'un seul homme, depuis Dan jusqu'à
Béerscébah et jusqu'au pays de Galaad vers l'Éternel à Mitspa.
2. Et les chefs de tout le peuple et toutes les tribus d'Israël se
trouvèrent dans l'assemblée du peuple de Dieu au nombre de quatre
cents mille hommes de pied qui tiraient l'épée.
3. Et les Benjamites apprirent que les enfants d'Israël étaient
montés à Mitspa. Et les enfants d'Israël dirent : Qu'on nous récite
comment cette méchante action est arrivée.
4. Et le Lévite qui était le mari de la femme qu'on avait tué
répondit et dit : Étant arrivé à Guibha qui
est Benjamin, moi et ma concubine, pour y passer la nuit,
5. Les seigneurs se sont élevés contre moi et ils ont environné de
nuit la maison où j'étais prétendant me tuer et ils ont tellement
violé ma concubine qu'elle en est morte.
6. C'est pourquoi, ayant pris ma concubine, je l'ai mise en pièce et
j'en ai envoyé par tous les quartiers de l'héritage d'Israël, car
ils ont fait un crime énorme et une action infâme en Israël.
7. Vous voici tous, enfants d'Israël, délibérez-en ici entre vous et
dites-en votre avis.
8. Et tout le peuple se leva comme s'ils n'eussent été qu'un seul
homme et ils dirent : Aucun de nous n'ira en sa tente, ni aucun de
nous ne se retirera dans sa maison,
9. Mais voici ce que nous ferons maintenant à Guibha, nous jetterons
le sort sur elle,
10. Nous prendrons dix hommes de cent d'entre toutes les tribus
d'Israël et cent de mille et mille de dix mille qui prendront de la
provision pour le peuple afin qu'étant entrés à Guibha de Benjamin
ils la traitent selon l'infâmie du crime qu'elle a commis en Israël.
11. Ainsi tous ceux d'Israël furent assemblés contre cette ville-là,
étant unis comme s'ils n'eussent été qu'un seul homme.
12. Alors les tribus d'Israël envoyèrent des hommes vers toute la
tribu de Benjamin pour lui dire : Quelle méchante action a-t-on
commis parmi vous?
13. Maintenant, livrez-nous ces méchants garnements qui sont à
Guibha afin que nous les fassions mourir et que nous ôtions le mal
du milieu d'Israël. Mais les Benjamites ne voulurent point écouter
la voix de leurs frères les enfants d'Israël.
14. Et les Benjamites sortant de leurs villes s'assemblèrent à
Guibha pour sortir en bataille contre les enfants d'Israël.
15. Et en ce jour-là on fit le dénombrement des enfants de Benjamin
qui étaient dans ces villes-là. Et il se trouva vingt-six mille
hommes tirant l'épée, sans les habitants de Guibha dont on fit aussi
le dénombrement et on y trouva sept cents hommes d'élite.
16. De tout ce peuple-là, il y en avait sept cents hommes d'élite 1
qui ne se servaient point de la main droite, tous tiraient des
pierres avec une fronde à un cheveu et ils n'y manquaient point.
17. Et on fit le dénombrement des hommes d'Israël sans compter ceux
de Benjamin et il s'en trouva quatre cent mille hommes tirant
l'épée, tous gens de guerre.
18. Et ils partirent et étant montés à la maison du Dieu fort, ils
consultèrent Dieu. Les enfants d'Israël dirent donc : Qui est-ce
d'entre nous qui montera le premier pour faire la guerre aux
Benjamites? Et l'Éternel répondit : Juda montera le premier.
19. Puis les enfants d'Israël se levèrent de bon matin et ils
campèrent près de Guibha.
20. Et ceux d'Israël sortirent en bataille contre Benjamin et se
rangèrent contre eux en bataille près de Guibha.
291
Juges
21. Alors les Benjamites sortirent de Guibha et en ce jour-là, ils
mirent par terre vingt-deux mille hommes de l'armée de ceux
d'Israël.
22. Toutefois le peuple de ceux d'Israël reprit courage et se rangea
de nouveau en bataille au lieu où il s'était rangé le premier jour.
23. Parce que les enfants d'Israël étaient montés et avaient pleuré
devant l'Éternel jusqu'au soir et avaient consulté l'Éternel en
disant : M'approcherai-je encore pour combattre contre les
descendants de Benjamin qui est mon frère? Et l'Éternel avait
répondu : Montez contre lui.
24. Le lendemain donc, les enfants d'Israël s'approchèrent des
enfants de Benjamin.
25. Les Benjamites sortirent aussi de Guibha ce second jour contre
eux et ils mirent encore par terre dix-huit mille hommes des enfants
d'Israël qui tiraient tous l'épée.
26. Alors tous les enfants d'Israël et tout le peuple montèrent et
vinrent à la maison du Dieu fort et y pleurèrent et se tinrent là
devant l'Éternel et jeu-nèrent ce jour-là jusqu'au soir et ils
offrirent des holocaustes et des sacrifices de prospérités devant
l'Éternel.
27. Ensuite les enfants d'Israël consultèrent l'Éternel. (En ces
jours-là l'arche de l'alliance de Dieu était en ce lieu-là
28. Et Phinées, fils d'Éléazar, fils d'Aaron se tenait devant
l'Éternel en ces jours-là). Ils consultèrent donc l'Éternel disant :
Sortirai-je encore une autre fois en bataille contre les descendants
de Benjamin qui est mon frère ou m'en déporterai-je ? Et l'Éternel
répondit : Montez, car demain je les livrerai entre vos mains.
29. Et Israël mit des embuscades autour de Guib-ha.
30. Et les enfants d'Israël montèrent le troisième jour contre les
Benjamites et se rangèrent contre Guibha comme les autres fois.
31. Alors les Benjamites étant sortis pour rencontrer le peuple
furent attirés hors de la ville et commencèrent à en frapper
quelques-uns du peuple et il y eut environ trente hommes d'Israël
qui furent blessés à mort comme les autres fois par les chemins dont
l'un monte à la maison du Dieu fort et l'autre à Guibha dans la
campagne.
32. Et les Benjamites dirent : Ils tombent devant nous comme la
première fois. Mais les enfants d'Israël disaient : Fuyons et les
attirons hors de la ville dans les chemins.
33. Tous ceux d'Israël donc se levant du lieu où ils étaient se
rangèrent à Bahal-tamar et les gens de l'embuscade aussi sortirent
de leur poste, savoir de la prairie de Guibha.
34. Et dix-milles hommes d'élite de tout Israël vinrent contre
Guibha et la mêlée fut rude et ceux de Benjamin n'aperçurent point
le mal qui allait tomber sur eux.
35. Et l'Éternel battit Benjamin devant les Israélites et les
enfants d'Israël en ce jour-là mirent par
terre vingt-cinq mille et cent hommes de Benjamin, tous tirant
l'épée.
36. Les Benjamites virent alors qu'ils étaient battus. Or ceux
d'Israël avaient fait place à ceux de Benjamin, car ils s'assuraient
sur les embuscades qu'ils avaient mises près de Guibha.
37. Et ceux qui étaient en embuscade se jettèrent incontinent sur
Guibha, ainsi ceux qui étaient en embuscade marchèrent et firent
passer toute la ville au fil de l'épée.
38. Or ceux d'Israël avaient donné pour signal à ceux qui étaient en
embuscade qu'ils fissent monter beaucoup de fumée de la ville.
39. Ceux d'Israël avaient tourné le dos dans la bataille et les
Benjamites avaient commencé de frapper à mort environ trente hommes
de ceux d'Israël, car ils disaient : Quoi qu'il en soit,
certainement ils tombent devant nous comme à la première bataille.
40. Mais quand on vit comme une colonne de fumée qui s'élevait et
qui commençait à monter de la ville, ceux de Benjamin regardèrent
derrière eux et voici la flamme qui consumait toute la ville montait
vers le ciel.
41. Alors ceux d'Israël tournèrent visage et ceux de Benjamin furent
éperdus, car ils virent que le mal les avait atteints.
42. Et ils tournèrent le dos devant ceux d'Israël vers le chemin du
désert, mais l'armée d'Israël les serra de près. Et pour ce qui est
de ceux de la ville, ils les mirent par terre dans leurs propres
lieux.
43. Ils environnèrent donc ceux de Benjamin et les poursuivirent et
les foulèrent aux pieds depuis Ménuha jusqu'à l'opposite de Guibha
vers le soleil levant.
44. Et il y eut de la tribu de Benjamin dix-huit mille hommes tués
qui étaient tous vaillant hommes.
45. Alors ceux de Benjamin tournant le dos fuirent vers le désert au
rocher de Rimmon et ceux d'Israël en grappillèrent par les chemins
cinq mille hommes et les poursuivant jusqu'à Guidhom, ils en
frappèrent deux mille hommes.
46. Tous ceux donc qui tombèrent morts ce jour-là de Benjamin furent
vingt-cinq mille hommes tirant tous l'épée et tous vaillants hommes.
47. Et il y eut six cent hommes de ceux qui avaient tourné le dos
qui échappèrent vers le désert au rocher de Rimon qui demeurèrent au
rocher de Rim-mon quatre mois.
48. Et ceux d'Israël retournèrent vers les Benja-mites et les firent
passer au fil de l'épée, tant les hommes de chaque ville que les
bêtes, tout ce qui se trouva. Ils brûlèrent aussi toutes les villes
qui se trouvèrent.
Réflexions
La résolution que les tribus d'Israël prirent de faire la guerre à
celle de Benjamin parce qu'elle refusa de punir ceux de Guibha de
l'action infâme qu'ils avaient commise prouve, que bien qu'il y eût
beaucoup de licence parmi les enfants d'Israël, il y avait pourtant
encore du zèle et de l'amour pour la justice.
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Juges
2. Il est à remarquer que les Israélites ne déclarèrent la guerre à
ceux de Benjamin qu après les avoir premièrement requis de punir les
coupables.
Cette conduite sage et modérée doit apprendre aux chrétiens qu ’ il
ne faut pas être trop prompt à rompre la paix et qu ’ avant que d ’
employer la rigueur, on doit recourir à la remontrance et aux voies
de douceur.
3. Il faut considérer que quoi que Dieu approuvât cette guerre et
que sa volonté fût de châtier les Benjamites, cependant, parce que
les autres tribus n ’ étaient pas innocentes, il permit qu ’ elles
fussent battues deux fois afin de leur faire sentir leurs péchés et
qu il ne leur accorda la victoire qu après qu elles eurent donné des
marques de leur repentance par leur humiliation et par leur jeûne.
Ceux dont Dieu veut bénir les desseins et dont il veut se servir
pour châtier les autres sont souvent coupables eux-mêmes et ont
aussi besoin d être châtiés et Dieu ne déploie sa force et n ’
accomplit ses promesses qu ’ en faveur ceux qui s ’humilient
sincèrement devant lui.
Enfin, ce qui arriva aux Benjamites pour avoir refusé de punir les
habitants de Guibha du crime atroce qui avait été commis dans leur
ville fait voir que les péchés de quelques particuliers peuvent
devenir les péchés de tout le peuple et attirent même quelques fois
sur le public de grands malheurs lorsque les coupables restent
impunis et qu ’ ils sont soutenus ou tolérés par ceux qui devraient
réprimander le crime et en faire la vengeance.
(1) v16 : Qui étaient ambidextres, c ’ est-à-dire qui se servaient
également de la gauche et de la droite dans le combat.
Chapitre XXI
On voit dans ce chapitre
1. La douleur que les Israélites eurent de la défaite des
Benjamites, versets 1-6
et en second lieu ce qu 'ils firent pour rétablir cette tribu qui
avait été presque éteinte, versets 7-25.
Et ceux d ’Israël jurèrent à Mitspa disant : Nul de nous ne donnera
sa fille pour femme aux Ben-jamites.
2. Puis le peuple vint à la maison du Dieu fort et élevant leurs
voix, ils répandirent des larmes en abondance.
3. Et ils dirent : Éternel, Dieu d ’Israël, pourquoi ceci est-il
arrivé en Israël qu ’ une tribu d ’Israël ait été retranchée ?
4. Et le lendemain le peuple se leva de bon matin et il bâtit là un
autel et ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de
prospérités.
5. Alors les enfants d ’Israël dirent : Qui est celui d ’ entre
toutes les tribus d ’Israël qui n ’ est point monté à l ’ assemblée
vers l ’Éternel ? Car on avait fait un grand serment contre celui
qui ne monterait point vers l ’Éternel à Mitspa en disant : Untel
sera puni de mort,
6. Car les enfants d ’Israël se repentaient de ce qui était arrivé à
Benjamin leur frère et disaient : Aujour-d ’hui, une tribu a été
retranchée d ’Israël.
7. Que feront-nous à ceux qui sont demeurés de reste pour leur
donner des femmes, puisque nous avons juré par l ’Éternel que nous
ne leur donnerions point nos filles pour femmes ?
8. Ils dirent donc : Y a-t-il quelqu ’un d ’ entre les tribus d
’Israël qui ne soit point monté vers l ’Éternel à Mitspa? Et voici,
nul de Jabès de Galaad n ’ était venu au camp à l assemblée,
9. Car quand on fit le dénombrement du peuple, voici nul ne s y
trouva des habitants de Jabès de Ga-laad.
10. C ’ est pourquoi l ’ assemblée y envoya douze mille hommes des
plus vaillants et leur donna ce commandement : Allez et faites
passer les habitants de Jabès de Galaad au fil de l épée, tant les
femmes que les petits enfants.
11. Voici donc ce que vous ferez. Vous exterminerez à la façon de l
’ interdit tout mâle et toute femme qui aura eu la compagnie d un
homme.
12. Et ils trouvèrent entre les habitants de Jabès de Galaad quatre
cents filles vierges qui n ’ avaient point eu la compagnie d ’aucun
homme et ils les amenèrent au camp à Scilo qui est au pays de
Canaan.
13. Alors toute l ’ assemblée envoya pour parler aux Benjamites qui
étaient au rocher de Rimmon et pour leur annoncer la paix.
14. En ce temps-là les Benjamites retournèrent et on leur donna pour
femmes celles qui avaient été conservées en vie d ’ entre les femmes
de Jabès de Galaad, mais il ne s en trouva pas assez pour eux.
15. Et le peuple se repentit de ce qui avait été fait à Benjamin,
car l ’Éternel avait fait une brêche aux tribus d ’Israël.
16. Et les anciens de l ’ assemblée dirent : Que ferons-nous à ceux
qui sont de reste pour leur donner des femmes ? Car les femmes ont
été exterminées d entre les Benjamites.
17. Puis ils dirent : Ceux qui sont réchappés posséderont ce qui
appartenait à Benjamin, afin qu ’ une tribu ne soit pas retranchée.
18. Cependant, nous ne leur pourrons point donner des femmes d entre
nos filles, car les enfants d ’Israël ont juré disant : Maudit est
celui qui donnera une femme à ceux de Benjamin.
19. Et ils dirent : Voici la solennité ordinaire de l ’Éternel se
célèbre à Scilo qui est vers l ’Aquilon de Beth-el et au soleil
levant du chemin qui monte de Beth-el à Sichem et au midi de Lébona.
20. Et ils donnèrent ce commandement aux Ben-jamites : Allez et
mettez des embuscades dans les vignes.
21. Et quand vous verrez que les filles de Scilo sortiront pour
danser avec des flûtes, alors vous sortirez des vignes et vous
enleverez pour chacun sa femme d ’ entre les filles de Scilo et vous
vous en irez au pays de Benjamin.
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Juges
22. Et quand leurs pères ou leurs frères viendront pour se plaindre
devant nous, nous leur dirons : Ayez pitié d ’ eux pour l ’ amour de
nous, parce que nous n ’ avons point pris de femme pour chacun d ’
eux dans cette guerre et maintenant vous êtes coupables parce que
vous ne leur en avez point donné.
23. Les Benjamites firent donc ainsi et enlevèrent des femmes selon
leur nombre d entre celles qui dansaient qu ’ ils ravirent, puis s ’
en allant, ils retournèrent à leur héritage et ayant rebâti des
villes, ils y habitèrent.
24. Ainsi, en ce temps-là, chacun des enfants d ’Israël s ’ en alla
de là en sa tribu et à sa famille et ils se retirèrent de là chacun
à son héritage.
25. En ces jours-là il n ’y avait point de roi en Israël, mais
chacun faisait ce qui lui semblait bon.
Réflexions
L’affliction que les Israélites témoignèrent de la défaite de ceux
de Benjamin qui étaient leurs frères et qu ’ ils avaient vaincus
nous apprend que nous ne de-
vons jamais nous réjouir des avantages que nous remportons lorsqu il
en arrive du mal aux autres, quand même ils se seraient attiré ce
mal par leur fautes.
On peut encore considérer sur cette histoire qu il ne faut jamais s
abandonner au ressentiment quelque juste qu il paraisse, ni châtier
les coupables avec trop de rigueur, de peur de faire des choses dont
on se repentirait dans la suite. Ce fut ce qui arriva aux Israélites
qui, au lieu d ’ user avec modération de leur victoire sur les
Benjamites, en firent un si grand carnage et qui après cela, voyant
qu une des tribus d Israël était presque détruite, en eurent une
vive douleur et un grand repentir.
Enfin, comme les Israélites travaillèrent à rétablir la tribu de
Benjamin, l humanité et la charité veulent que nous contribuions de
tout notre pouvoir à la consolation et au soulagement des
malheureux, surtout quand ce sont nos frères, et que la gloire de
Dieu et le bien de la religion demandent que nous nous intéressions
pour eux.
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