Page 230 - Dictionnaire de la Bible J.A. Bost 1849
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La communion indigne, 1 Corinthiens 11:27,29, consiste simplement à se rendre à cette cérémonie en
oubliant le but, ou en y apportant de mauvaises dispositions, de bravade ou d'hypocrisie. Celui qui y
reçoit sa condamnation serait déjà condamné sans cela.
Disons enfin que c'est bien à tort qu'on applique généralement à la seule cène le commandement que
Dieu nous donne de laisser là noire offrande quand nous avons quelque chose contre notre frère, ou
plutôt «quand il a quelque chose contre nous», et que nous n'avons pas fait notre possible pour l'apaiser,
Matthieu 5:23-24. Il s'agit là de tout acte de culte quelconque, lecture, prédication, chant, prière même et
autres. La cène n'est ni notre offrande, ni une offrande ou un sacrifice; elle en est simplement la
commémoration. «Non que Christ s'offre plusieurs fois lui-même; mais ayant été offert une seule fois
pour ôter les péchés», etc. Hébreux 9:25-28; cf. 10:10: «l'oblation qui a été faite une seule fois du corps de
Christ.»
Sous la loi, la Pâque est liée avec l’élément central de l’agneau pascal. Le pain sans levain était mangé avec des
herbes amers et l’agneau, et fut consacré par son caractère prophétique qui trouvait son accomplissement en Jésus-
Christ qui est «le pain du ciel» (Jean 6:32-35) et «l’Agneau de Dieu» (Jean 1:29). Toute la cérémonie de la Pâque
était une célébration qui anticipait la venue du Messie pour le rachat des péchés de son peuple. En d’autres mots, la
Pâque était une cérémonie prophétique et vicariale, prophétique car elle annonçait la venue de Christ, vicariale car
Christ nous inclus en son sacrifice expiatoire sur la croix où il est mort comme notre substitut. En ce sens, le pain
rompu et le vin (non du jus de raisin) représentaient le corps brisé du Seigneur et son sang versé. Cette cérémonie
pascale était désignée uniquement pour le temps de la loi. En aucune façon elle anticipait une continuité sous la
grâce pour se reproduire dans un mémorial symbolique. Les représentations du corps et du sang de Christ, même au
moment où le Seigneur et ses disciples participèrent à la Pâque, étaient uniquement des anticipations du drame de la
croix qui était pour se produire le lendemain de leur célébration prophétique. Jésus n’a jamais ordonné l’observation
d’un rituel de la loi à perpétuité comme mémorial de son sacrifice. En fait cela irait à l’encontre de son œuvre
achevée dans son sacrifice parfait qui ne peut se répéter, et du fait qu’il a accompli la loi dans sa totalité pour nous.
Le Repas du Seigneur n’est pas un signe visible perpétuel de manger et de boire des éléments symboliques, ni est-il
un acte de profession de foi et d’obéissance de la part de ceux qui y participent. Il n’est point un sceau attaché à la
chose signifiée, ni une garantie de la réalisation de celle-ci pour donner aux croyants l’assurance qu’ils sont l’objet
du grand amour de Christ dans son don de soi. Mais le Repas du Seigneur est beaucoup plus que cela. Pour en
pénétrer le mystère, il suffit de savoir quelle est la signification des paroles de Jésus «faites ceci en mémoire de moi»
(Luc 22:19; 1 Corinthiens 11:23-26). Il ne s’agit pas de s’arrêter sur les paroles «Prenez, mangez : ceci est mon
corps» et «ceci est mon sang», car comme nous avons vu, le pain et le vin furent des éléments anticipatoires dans la
Pâque depuis Moïse jusqu’à Jésus. En faisant un rapprochement de sa personne avec les éléments du pain et du vin,
Jésus confirmait qu’il était le Messie longuement attendu, et qu’il était l’Agneau de Dieu désigné à la boucherie du
sacrifice expiatoire. Mais les paroles «faites ceci en mémoire de moi» ont une portée plus vaste et un sens plus
profond de l’union mystique. Chose certaine, Jésus ne signifiait pas par ces paroles de prendre littéralement un
morceau de pain et un peu de vin en mémoire de Lui. Le Seigneur connaît très bien nos faiblesses humaines et ne
mettrait point devant nous des éléments qui risqueraient de nous faire tomber dans l’idolâtrie. Le sens de ces paroles
se trouve dans Jean 13:15 dont les évènements du contexte se déroulent dans la même célébration de la dernière
Pâque: «Car je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez de même». L’Écriture nous
indique clairement que ces paroles furent prononcées dans le contexte de la Pâque (Jean 13:1) «après le souper» (Jean
13:2). Dans son enseignement à ses disciples lors de la célébration de la Pâque, Jésus confirme la signification de ses
paroles «faites ceci en mémoire de moi» en disant: «Nul n’a un plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses
amis» (Jean 15:13). Voici donc le sens réel de ses paroles, «faites ceci en mémoire de moi», non un rituel de la loi
dans lequel nous mangeons un morceau de pain et buvons un peu de vin, mais «un exemple» que nous devons
suivre et appliquer premièrement envers Lui et deuxièmement envers les frères dans la foi. Comme il a renoncé à
tout pour nous, nous devons renoncer à tout pour Lui: «Ainsi quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qu’il
a, ne peut être mon disciple» (Luc 14:33). Ces paroles sont d’une intensité vaste et profonde qui débordent par-
dessus la coupe céleste qui les contient pour répandre sur les frères les bénédictions de la grâce dans un exemple
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