Page 41 - LES 70 SEMAINES DU PROPHÈTE DANIEL
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Le chrétien n’est pas appelé à prendre au pied de la lettre chaque
               parole  de  la  Bible  sans  référence  à  son  contexte  ni  à  son  genre
               littéraire. Mais c’est avec une intelligence renouvelée par l’Esprit
               qu’il doit méditer les Écritures. L’image verbale, la parabole ou la
               forme  poétique  de  nombreux  versets  bibliques  n’invitent  pas
               automatiquement  à  une  compréhension  au  pied  de  la  lettre  !
               Prenons par exemple les versets 13 et 17 du Psaume messianique
               22: De nombreux taureaux m’environnent; les puissants taureaux
               de  Basan  m’entourent…  Car  des  chiens  m’ont  environné…  Tous
               les  exégètes  chrétiens  voient  dans  ce  psaume  la  description
               prophétique des souffrances du Messie sur la Croix. Mais y avait-il
               littéralement des taureaux et des chiens au pied de la croix ? Non,
               bien-sûr, c’est une formulation imagée, et les dispensationalistes
               en conviennent aussi. D’ailleurs, quand ils envisagent les septante
               semaines  de  la  prophétie  de  Daniel  (chapitre  9),  ils  ne  prennent
               pas  le  mot  semaine  au  pied  de  la  lettre,  mais  lui  attribuent  la
               valeur symbolique de sept années. Ils ne font donc pas une lecture
               littérale de ce passage, pas plus que lorsque J. N. Darby interprète

               la  lettre  aux  sept  églises  dans  l’Apocalypse  comme  le  panorama
               prophétique  des  sept  époques  successives  dévolues  à  l’Église
               professante (11). Nous avons donc la démonstration par l’exemple
               que, si la lecture littérale de la Bible mène au dispensationalisme,
               les  dispensationalistes  n’arrivent  pas  à  cette  compréhension  en
               appliquant       rigoureusement        ce    principe,     comme       ils   le
               revendiquent…  C’est  pourquoi  l’expression  philosophie  de
               l’histoire est tout à fait adaptée au point de vue dispensationaliste.
               Car  nous  ne  trouvons  dans  les  Écritures  aucune  notion  de
               dispensation  en  rapport  avec  une  époque  déterminée  de  mise  à
               l’épreuve et de jugement. Ce genre de distinctions dans le cours de
               l’histoire du salut, que les Apôtres n’ont pas davantage connues et
               enseignées,  ne  procèdent  pas  d’une  méthode  herméneutique
               déductive,  mais  sont  introduites  par  des  commentateurs  habiles
               dans l’art de couper les cheveux en quatre. Le dispensationalisme
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