Page 49 - LES DEUX BABYLONES
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29 Dans l'histoire Polynésienne, les cieux et la terre, dit-on, furent attachés ensemble avec des cordes, et ces
cordes furent séparées par des myriades de mouches-dragons qui avec leurs ailes eurent une large part à
cette oeuvre importante (WILLIAM, p. 142.).
N'est-ce pas une allusion aux puissants ou aux ailés de Nemrod? Les divinités ailées étaient souvent
représentées comme des serpents ailés. Voir WILKINSON, vol. IV, p. 232 où le dieu Agathodemon est
représenté comme une guêpe ailée. Chez des peuples grossiers le souvenir d'une pareille représentation
pouvait bien être gardé en même temps que celui d'une mouche-dragon; et comme tous les puissants ou ailés
de l'époque de Nemrod, le véritable âge d'or du paganisme, quand ils moururent devinrent des démons
(HÉSIODE, Oeuvres et jours, v. 120-121), ils furent tous symbolisés de la même manière. Si l'on s'étonne
à la pensée d'un pareil rapport entre mythologie de Tahiti et de Babel qu'on n'oublie pas que le nom du dieu
de guerre Tàhitien était Oro (WILLIAMS, ibid.), tandis que Horus (ou Orus) comme Wilkinson appelle le
fils d'Osiris en Égypte, qui emprunte sans contredit son système à Babylone, apparaissait sous ce même
caractère (WILKINSON. vol. IV, p. 402). Alors la séparation de ces cordes qui liaient le ciel et la terre
pouvait-elle signifier autre chose que la rupture des chaînes de l'alliance par laquelle Dieu retenait la terre,
lorsque sentant une odeur agréable dans le sacrifice de Noé, il renouvela son alliance avec lui comme étant
le chef de la race humaine? Cette alliance ne respectait pas seulement la promesse faite à la terre de la
protéger contre un autre déluge universel, mais elle contenait une promesse ainsi que toutes les bénédictions
spirituelles à ceux qui l'accepteraient. L'odeur du parfum dans le sacrifice de Noé se rapportait à sa foi en
Christ. Si donc, après avoir senti cette douce odeur, Dieu bénit Noé et ses enfants (Genèse IX, 1), cette
bénédiction a rapport non seulement à des bénédictions temporelles, mais à des bénédictions spirituelles et
éternelles. Chacun donc des fils de Noé qui avait la foi de Noé et qui marchait comme Noé était divinement
assuré d'un intérêt "dans l'alliance éternelle ordonnée en toutes choses et certaine". Ils étaient bénis, ces liens
par lesquels Dieu s'était attaché à lui-même les enfants des croyants et par lesquels les cieux et la terre étaient
étroitement réunis.
D'un autre côté les sectateurs de l'apostasie de Nemrod brisaient l'alliance et disaient en réalité: "Brisons ses
liens et délivrons-nous de ses chaînes." Il y a dans l'histoire de Babylone par Berosus une allusion qui est
parfaitement distincte à cette action de briser l'alliance entre le ciel et la terre. Belus, ou comme on l'a déjà
vu Nimrod, après avoir chassé les ténèbres antiques sépara, dit-il, le ciel de la terre et arrangea le monde
avec ordre (BEROSUS dans BUNSEN, vol. I, p. 709). Ces mots représentaient Belus comme celui qui forme
le monde. Mais c'est un monde nouveau qu'il forme; car des créatures existaient bien avant que son pouvoir
démiurgique ne soit mis en oeuvre. Ce monde nouveau était précisément le nouvel ordre de choses qu'il
introduisit quand il se révolta contre le ciel. Une allusion évidente à cette ancienne querelle entre le ciel et
les souverains babyloniens existe dans les paroles de Daniel à Nebuchadnezzar lorsqu'il annonce
l'humiliation et la restauration de ce souverain: "Ton royaume te sera assuré dès que tu auras reconnu que
celui qui domine est dans les cieux." (Daniel IV, 26).
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SMITH, Petit Dictionnaire, Gigantes, p. 282-283.
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Dans le Grec des Septante, traduit en Égypte, le terme puissant appliqué dans Genèse X, 8, à Nimrod est
traduit par "