Page 180 - LES DEUX BABYLONES
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était un serpent au bout d'un grand bâton, et colorié de manière à le montrer comme le symbole indubitable
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du culte du feu . À mesure que le christianisme se répandait dans l'empire romain, "les puissances" de la
lumière et des ténèbres finirent par se heurter: "Michel et ses anges combattirent le dragon; et le dragon
combattit avec ses anges, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne se trouva plus dans le ciel. Et
le grand dragon fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui." (Apocalypse XII, 7-8).
Le grand serpent de feu fut précipité lorsque par décret de Gratien, le paganisme fut aboli dans tout l'empire
Romain, lorsque les feux de Vesta furent éteints, et les biens des Vestales confisqués, lorsque l'empereur
Romain (qui tout en professant le christianisme pendant plus d'un siècle et demi, avait été Pontifex Maximus,
le chef même de l'idolâtrie romaine, et comme tel, se montrait investi de tous les emblèmes idolâtres du
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paganisme), obéissant à l'impulsion de sa conscience, abolit ses propres fonctions . Si Nemrod fut
personnellement et littéralement mis à mort par l'épée, ce fut par l'épée de l'Esprit que Sem détruisit le système
du culte du feu et soumit tellement les coeurs que pour un temps ce culte fut entièrement détruit. Ainsi le
Dragon de feu dans l'empire Romain fut mortellement frappe d'une épée, de l'épée de l'Esprit qui est la Parole
de Dieu. Il y a donc une analogie profonde et réelle entre le type et le système qui lui correspond.
Mais l'analogie ne s'arrête pas là. En examinant à fond les annales de l'histoire, on s'aperçoit que lorsque le
chef de l'idolâtrie païenne de Rome fut frappé de l'épée par l'abolition de l'office de Pontifex Maximus, le
dernier Pontifex Maximus de Rome était le représentant unique et légitime de son système idolâtre, alors en
existence. Il est nécessaire pour éclaircir ceci, de jeter un rapide coup d'oeil sur l'histoire Romaine. D'accord
avec toute la terre, Rome, à une époque préhistorique fort reculée, avait bu largement à la coupe d'or de
Babylone. Mais plus que toutes les autres nations, elle avait eu avec l'idolâtrie de Babylone des rapports qui
la plaçaient dans une position exceptionnelle. Bien avant Romulus, un représentant du Messie Babylonien,
appelé de son nom, avait établi son temple comme dieu et son palais comme roi sur l'une des hauteurs qui
furent enfermées dans les murs de la cité que devaient fonder Rémus et son frère. C'est sur le mont Capitolin,
si fameux plus tard pour avoir été le siège principal du culte Romain, que Saturnia, ou la cité de Saturne, la
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grande déesse Chaldéenne, fut bâtie à une époque d'une antiquité obscure et fort reculée . Une révolution
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survint; les images taillées de Babylone furent détruites; on interdit formellement d'élever des idoles , et
quand les deux jumeaux fondateurs de la cité si fameuse élevèrent ses humbles murailles, la ville et le palais
de leur prédécesseur Babylonien étaient depuis longtemps tombés en ruines. L'état de cette ville sacrée même
à l'époque reculée d'Évandre est décrit par Virgile; il parle du temps où Énée, dit-on, visita cet ancien roi d'Italie:
"Ces deux villes, dont vous voyez les murs renversés sont les débris des monuments de nos anciens héros:
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l'une fut bâtie par Janus, et l'autre par Saturne, celle-ci s'appelait Saturnia, celle-là Janicule ."
Le coup mortel ainsi donné au système chaldéen devait cependant guérir. Une colonie étrusque étroitement
attachée à l'idolâtrie chaldéenne avait émigré, les uns disent d'Asie Mineure, les autres de Grèce, et s'était
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fixée près de Rome . Ces Étrusques furent plus tard incorporés à l'État romain, mais longtemps avant cette
union politique ils exerçaient une puissante influence sur la religion romaine. Dès le premier jour, leur adresse
dans la divination, les prédictions, et toute leur science réelle ou prétendue, dont les augures et les devins
63 AMMIEN MARCELLIN, liv. XVI, ch. 12. p. 145. Voir Appendice, note P.
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ZOSIME, Hist., liv. IV, p. 761.
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AURELIUS VICTOR, Origo Gent. Roman, ch. 8.
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PLUTARQUE (Hist. Numoe, vol. I, p. 65), dit que Numa défendit de faire des statues et que pendant
170 ans après la fondation de Rome, on n'en permettait aucune dans les temples de Rome.
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Énéide,liv. VIII, v. 355-359.
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DIONYSIUS HALICAR., vol. I, p. 22. Sir W. BETHAM (Etruna Celtica, vol. I, p. 47) prétend que les
Étrusques avaient la Lybie pour origine; mais LAYARD (Ninive etBabylone, ch. XXIV, p. 563) paraît
avoir tranché la question; il leur donne l'Orient pour origine, ou du moins il dit qu'ils avaient avec
l'Orient une étroite parenté.