Page 136 - LES DEUX BABYLONES
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cérémonies instituées pour rappeler la mort tragique d'Osiris ou de Nemrod, qui, le lecteur s'en souvient, fut
partagé en 14 morceaux, qu'on envoya en autant de pays infectés de son apostasie et de son faux culte, afin
de frapper d'épouvanté tous ceux qui seraient tentés de l'imiter. Quand les apostats revinrent au pouvoir, leur
premier acte fut de rechercher ces restes épars du grand chef de l'idolâtrie, et de les ensevelir avec les plus
grandes marques de dévotion. Voici comment Plutarque s'exprime à ce sujet: "Informée de l'événement (c'est-
à-dire du démembrement d'Osiris) Isis se mit tout de suite à la recherche des membres du corps de son mari,
et prit une barque de jonc de papyrus pour traverser plus facilement les endroits bas et marécageux... Ce qui
explique le nombre des sépulcres d'Osiris en Égypte, c'est que partout où elle trouvait un des membres de son
mari, elle l'ensevelissait sur le lieu même; d'autres cependant supposent que cela s'explique par suite d'un
artifice de la reine, qui offrit à chacune de ces villes une image de son mari, afin que si Typhon venait à
vaincre Horus dans le prochain combat, il ne pût trouver le véritable tombeau. Isis réussit à retrouver tout ces
membres différents, à l'exception d'un seul qui avait été dévoré par les Lépidotes, les Phagres et les
Oxyrinques; c'est pour cela que ces poissons sont en horreur chez les Égyptiens. Pour se dédommager, elle
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consacra le Phallus, et institua une fête en son honneur " Cela ne montre pas seulement la vraie origine du
culte des reliques; cela montre aussi que la multiplication des reliques peut prétendre à la plus vénérable
antiquité. Si donc Rome peut se vanter d'avoir seize ou vingt vêtements sacrés, sept ou huit bras de saint
Matthieu, deux ou trois têtes de saint Pierre, ce n'est pas plus que l'Égypte ne pouvait faire pour les reliques
d'Osiris. L'Égypte était couverte de tombeaux du dieu martyr; et plus d'une jambe, plus d'un bras, plus d'un
crâne déclarés authentiques, étaient exposés dans les cimetières rivaux à l'adoration des fidèles.
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C'est ce que nous apprend Wilkinson, d'après un passage de Plutarque . "Le temple de ce dieu à Abydos, dit-
il, était aussi particulièrement honoré, et ce lieu était si sacré pour les Égyptiens, que des personnes demeurant
à quelque distance demandèrent et obtinrent, non sans peine, la permission de posséder un sépulcre en dedans
de la Nécropole, afin qu'après leur mort elles pussent reposer dans une terre sanctifiée par la tombe de la
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grande et mystérieuse divinité " Si les endroits où on avait enseveli les reliques d'Osiris étaient réputés
particulièrement saints, il est facile de voir combien cela provoquait naturellement des pèlerinages qui étaient
si fréquents parmi les païens. Le lecteur sait quel mérite Rome attache à ces pèlerinages aux tombeaux des
saints et comment, au Moyen Âge, l'une des manières préférées de se purifier du péché était d'entreprendre
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un pèlerinage à la chapelle de Saint-Jacques de Compostelle en Espagne, ou au Saint-Sépulcre à Jérusalem .
Or, il n'y a pas dans l'Écriture la moindre trace de quoi que ce soit qui ressemble à un pèlerinage à la tombe
d'un saint, d'un martyr, d'un prophète ou d'un apôtre. La manière même dont le Seigneur jugea bon de disposer
du corps de Moïse en l'ensevelissant dans les plaines de Moab, afin que personne ne sût jamais où était son
sépulcre, avait évidemment pour but de décourager les sentiments du genre de ceux qui donnent naissance
aux pèlerinages. En considérant le pays d'où venait Israël, les idées égyptiennes dont il était infecté, comme
on le voit par le veau d'or, et la grande vénération que ce peuple avait pour Moïse, on comprend aisément la
sagesse du Dieu qui disposait ainsi de son corps. Il y avait, dans le pays où Israël séjourna si longtemps, des
pèlerinages pompeux qui s'accomplissaient à certaines époques de l'année, et entraînaient souvent de lourdes
dépenses. Hérodote nous dit que de son temps la foule qui venait annuellement en pèlerinage à Bubastis,
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s'élevait à 700 000 personnes, et qu'alors on buvait plus de vin qu'à aucune autre époque de l'année .
Wilkinson parle d'un autre pèlerinage semblable qui se faisait à Philae: "Outre la célébration des grands
mystères de Philae, il y avait à une certaine époque une grande cérémonie: les prêtres, dans une procession
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solennelle, visitaient sa tombe et la couronnaient de fleurs . Plutarque prétend même qu'à toute autre époque
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PLUTARQUE, vol. II, p. 358. A.
11 ibid. p. 359, A.
12
WILKINSON, vol. IV, p. 346.
13
Christianisme Évangélique, année 1855, vol. IX, p. 201.
14
HÉRODOTE, Histoires, liv. II, ch. 60, p. 126-127.
15
PLUTARQUE, vol. II, p. 359. B.