Page 140 - LES DEUX BABYLONES
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          un  vêtement  sacré? Admettons que c'est exactement le travestissement du vêtement sacré donné à nos
          premiers parents, et tout s'explique facilement. Cela explique aussi les sentiments superstitieux du papisme,
          sans cela incompréhensibles, qui amenèrent tant d'hommes, dans des époques de ténèbres, à se fortifier contre
          les terreurs du jugement à venir, en cherchant à se faire ensevelir dans une robe de moine. Être enseveli dans
          une robe de moine, avec des lettres qui enrôlaient le mort dans l'ordre monastique, c'était, pensait-on, le
          moyen infaillible d'être délivré de la condamnation éternelle! Dans le Credo du laboureur, de Piers, on nous
          présente un moine qui enjôle un pauvre homme pour avoir son argent, en lui assurant que s'il veut seulement
          contribuer à la construction de son monastère:


                                    Saint François lui-même le revêtira de cette chape,
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                                   Le présentera à la Trinité, et priera pour ses péchés .

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          Grâce à la même croyance superstitieuse, le roi Jean d'Angleterre fut enseveli dans un capuchon de moine ,
          et plus d'un noble et royal personnage, avant que "la vie et l'immortalité" ne fussent de nouveau "mises en
          évidence" à la Réformation, ne connaissaient pas de meilleur moyen pour revêtir à l'approche de la mort leur
          âme  nue et souillée, que de s'envelopper de la robe d'un moine ou d'un frère qui,  après tout, n'était
          certainement pas plus saint qu'eux-mêmes. Or, tous ces expédients de mensonge dans la papauté aussi bien
          que dans le paganisme, si on les compare d'un côté avec l'usage d'habiller les saints, de l'autre avec celui
          d'habiller les dieux, montrent bien, quand on remonte à l'origine, que depuis l'entrée du péché dans le monde,
          l'homme a toujours senti le besoin de se revêtir d'une justice meilleure que la sienne, et que le moment était
          venu où toutes les tribus de la terre devaient comprendre que la seule justice qui puisse servir à cet effet, est
          "la justice de Dieu", et celle de "Dieu manifesté en chair".



          Couronnement des statues


          Le "couronnement des statues" se rattache étroitement à l'habillement des statues des saints. Pendant les deux
          derniers siècles, dans la communion papiste, on a de plus en plus célébré des fêtes pour le couronnement des
          statues sacrées. À Florence, il y a quelques années, la statue de la Madone portant l'enfant dans ses bras, était
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          couronnée avec une solennité et une pompe extraordinaires . C'était la reproduction des faits rappelés dans
          l'histoire de Bacchus ou d'Osiris. Comme Nemrod était le Premier roi après le déluge, de même Bacchus fut
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          célébré comme le premier qui ait porté une couronne . Cependant lorsqu'il tomba entre les mains de ses
          ennemis, il fut dépouillé de tout son pouvoir et de toute sa gloire; il fut dépouillé aussi de sa couronne. La
          couronne tombant de la tête d'Osiris était célébrée par toute l'Égypte.

          Cette couronne était représentée à diverses époques de différentes manières, mais dans le fameux mythe
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          d'Osiris, elle était représentée par une guirlande de "Mélilot ." Le Mélilot est une espèce de trèfle; et le trèfle
          dans le système païen était l'un des emblèmes de la Trinité. Aujourd'hui chez les Tractariens, le trèfle est
          employé dans le même sens symbolique qu'il l'a été longtemps dans la papauté, à laquelle le Puséisme l'a
          emprunté. Ainsi dans une image blasphématoire du XIVe siècle, on voit Dieu le Père représenté (fig. 39) avec
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          une couronne à trois pointes dont chacune est surmontée d'une feuille de trèfle .
          Mais longtemps avant qu'on ne connût le Tractarianisme ou le Romanisme, le trèfle était un symbole sacré.



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                              BILNEY, Les Réformateurs anglais, p. 258, note.
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                              BILNEY, Les Réformateurs anglais, p. 258, note.
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                              Le Boulevard, 1852-53, p. 154-157.
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                              PLINE, Hist. Nat., liv. XVI, p. 377. Sous le nom de Saturne, on décernait à Nemrod les mêmes attributs.
                              Voir note 1, p. 55.
                       15     LUTARQUE, De Iside, vol. II, p. 356. E.

                       16     DIODORE, Iconographie, vol. I, p. 296.
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