Page 137 - LES DEUX BABYLONES
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          l'entrée de l'île était interdite, et qu'aucun oiseau ne volait au-dessus, aucun poisson ne s'approchait de la terre
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          sacrée ." Il ne paraît pas que ce fut là une simple procession de prêtres dans le voisinage immédiat de la
          tombe, mais un véritable pèlerinage national; car, nous dit Diodore, tous les prêtres d'Égypte révèrent le
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          tombeau d'Osiris à Philae .

          Nous n'avons pas les mêmes renseignements précis sur le culte des reliques en Assyrie ou à Babylone, mais
          nous en savons assez pour montrer que si le dieu Babylonien était adoré en Égypte sous le nom d'Osiris, de
          même dans son propre pays on avait pour ses reliques la même vénération superstitieuse.

          Nous avons déjà vu qu'à la mort du Zoroastre des Babyloniens on disait qu'il avait donné sa vie en sacrifice
          volontaire, et qu'il avait chargé ses concitoyens de conserver ses restes, leur assurant que l'observation ou
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          l'oubli de cet ordre d'un mourant déciderait de la destinée de l'empire . Aussi lisons-nous dans Ovide que
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         Busta Nini ou la tombe de Ninus, fut longtemps un des monuments de Babylone .
         Or, si l'on compare la mort et la prétendue résurrection du faux Messie avec la mort et la résurrection du
         véritable, on verra qu'il y a entre les deux un contraste frappant.


         Quand le faux Messie mourut, ses membres furent séparés l'un de l'autre et ses ossements dispersés dans le
         pays. Quand le véritable Messie mourut au contraire, la Providence s'y prit de telle manière que le corps fut
         conservé tout entier, et que la parole prophétique s'accomplit fidèlement: "Aucun de ses os ne sera rompu"
         (Psaumes XXXIV, 20; Jean XIX, 36). De plus, lorsque le faux Messie ressuscita, dit-on, ce fut avec un corps
         nouveau,  tandis que l'ancien corps avec tous ses  membres fut abandonné, ce qui indique   bien que la
         résurrection n'était qu'un prétexte et une imposture. Quand cependant le vrai Messie fut "déclaré Fils de Dieu
         avec puissance par sa résurrection d'entre les morts" (Romains I, 4), sa tombe, quoique gardée avec un soin
         jaloux par les incrédules soldats de Rome, fut trouvée entièrement vide (Matthieu XXVIII, 6; Marc XVI, 6;
          Luc XXIV, 3), et on ne trouva jamais, jamais on ne prétendit avoir trouvé le corps du Seigneur.

          La résurrection du Christ repose donc sur un fondement bien différent de celle d'Osiris. Il ne pouvait y avoir
          par conséquent aucune relique du corps de Jésus. Rome cependant, pour développer le système babylonien,
          a suppléé à cette lacune au moyen des reliques des saints; et aujourd'hui les reliques de Saint-Paul et de Saint-
          Pierre, ou de Saint-Thomas Beckett et Saint-Laurent O'Toole, occupent dans le culte de la papauté la même
          place que les reliques d'Osiris en Égypte ou de Zoroastre à Babylone.

























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                              WILKINSON, Les Égyptiens, vol. IV, p. 346.
                       17     DIODORE, liv. I, p. 13.
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                              SUIDAS, dans Zoroastre, vol. I, p. 1133-1134. Pour obtenir plus de renseignements sur ce sujet, voir
                              plus loin au ch. 7, l'article 1, qui jette la lumière sur l'histoire de Phaëton.
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                              Métamorphoses, liv. IV, vol. II, v. 88, p. 278.
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