Page 135 - LES DEUX BABYLONES
P. 135

133

          Thébains, dit Pausanias, racontent que les ossements d'Hector furent apportés de Troie, à cause de l'oracle
          suivant: "Thébains, vous qui habitez la cité de Cadmos, si vous voulez habiter dans votre pays et être bénis
          par la possession d'une fortune irréprochable, apportez dans votre royaume les ossements d'Hector, fils de
                                                           3
          Priam, et honorez ce héros suivant l'ordre de Jupiter ." Nous pourrions donner beaucoup d'autres exemples
          analogues. Les ossements gardés ainsi avec soin et entourés de respect étaient censés pouvoir opérer des
          miracles.  Depuis l'époque la plus reculée, le système Bouddhique s'est appuyé sur des reliques qui ont
          accompli des miracles au moins aussi authentiques que ceux qu'opéraient les reliques de Saint-Étienne ou des
          vingt martyrs. Dans le Mahawanso, l'un des grands étendards de la foi Bouddhique, voici comment on parle
          de l'enchâssement des reliques de Bouddha: "Le vainqueur des ennemis ayant terminé les travaux qu'il avait
          à accomplir dans l'enceinte aux reliques, réunit les prêtres et leur parla ainsi: les travaux que j'avais à faire
          dans l'enceinte aux reliques sont terminés. Demain, j'enchâsserai les reliques. Seigneurs, souvenez-vous des
                  4
          reliques! "

          Qui n'a entendu parler du saint vêtement de Trêves et de son exhibition au peuple? Le lecteur verra par ce qui
          suit qu'il y avait une exhibition tout à fait semblable du saint vêtement de Bouddha: "Là-dessus (le neveu du
          Naga Rajah) par son pouvoir surnaturel s'élevant dans les airs à la hauteur de sept palmiers, et étendant les
          bras, apporta à l'endroit où il se trouvait en équilibre le Dupathupo (ou châsse) où était enchâssé le vêtement
                                                                                                     5
          que portait Buddho, ou le prince Siddhatto, à son entrée dans le sacerdoce, et le montra au peuple ." Ce saint
          vêtement de Bouddha était certainement aussi authentique et aussi digne d'adoration que le saint vêtement
          de Trêves.


          Mais la ressemblance est plus grande encore. Il y a seulement un ou deux ans, le pape a présenté à son fils
          bien-aimé, François-Joseph d'Autriche, une dent de Saint-Pierre, comme marque de sa faveur et de son estime
                    6
          particulière . Les dents de Bouddha sont estimées au même degré parmi ses adorateurs. "Roi de Devas, dit
          un missionnaire Bouddhiste qui avait été envoyé à l'une des principales cours de Ceylan pour demander au
          Rajah une ou deux reliques, roi de Devas, tu possèdes la dent canine de la mâchoire droite (de Bouddha), et
          l'os droit du cou du divin docteur. Seigneur de Devas, n'hésite pas sur des questions qui doivent décider du
                               7
          salut du pays de Lanka !" Voici maintenant un passage qui nous montre l'effet merveilleux des reliques: "Le
          sauveur du monde Bouddha, même après avoir atteint à Parinibanan ou l'émancipation finale (c'est-à-dire
          après sa mort), accomplit au moyen d'une relique de son corps des actes infinis d'une perfection extrême, pour
          le bien-être spirituel et la prospérité matérielle de l'humanité. Que n'a pas fait le Vainqueur (Jeyus) pendant
               8
          sa vie !"

          Or, dans les "Recherches Asiatiques", nous trouvons une déclaration concernant les reliques de Bouddha qui
          nous explique merveilleusement la véritable origine du culte de ses reliques. La voici: "Les ossements ou les
          membres de Bouddha furent répandus dans le monde entier, comme ceux d'Osiris et de Jupiter Zagreus. Le
          premier devoir de ses descendants et de ses sectateurs fut de ramasser ces débris et de les ensevelir. Par piété
          filiale on rappelait chaque année, dans une recherche simulée, le souvenir le cette triste recherche, avec toutes
          les marques possibles de douleur et de tristesse, jusqu'à ce que le prêtre annonçât enfin qu'on avait trouvé les
          reliques  sacrées. C'est ce qui se fait encore aujourd'hui chez plusieurs tribus tartares de la religion
          Bouddhique, et l'expression d'Ossements du Fils de l'Esprit du Ciel est particulière aux Chinois et à quelques
                             9
          tribus  de la Tartarie ." Il est donc  évident qu'ici le  culte  des reliques est précisément une partie de ces



                       3
                              PAUSANIAS, liv. IX, Boetica, ch. XVIII, p. 746.
                       4
                              POCOCKE, L'Inde en Grèce, p. 307.
                       5      POCOCKE, p. 307-308.
                       6
                              Interprétation originale de l'Apocalypse, p. 72.
                       7
                              POCOCKE, p. 321.
                       8
                              ibid. note.
                       9
                              Recherches Asiatiques, vol. X, p. 128-129.
   130   131   132   133   134   135   136   137   138   139   140