Page 109 - LES DEUX BABYLONES
P. 109

107
                   48
          sur l'autel . La torche enflammée était le symbole spécial du dieu du feu et, par la lumière de cette torche,
          si indispensable pour consacrer l'eau sainte, nous pouvons aisément voir d'où venait en grande partie la vertu
          purificative de l'eau de la mer aux vagues retentissantes qui disait-on, était si efficace pour purifier de la faute
                                   49
          et de la souillure du péché , grâce au dieu soleil qui se réfugia dans ses eaux.


          Or, l'église Romaine emploie encore la même méthode pour consacrer l'eau du baptême. Le témoignage peu
          suspect  de l'évêque Hay ne laisse aucun doute sur ce sujet. Elle est  bénie (l'eau gardée dans les fonts
          baptismaux) la veille de Pentecôte, parce que c'est le Saint-Esprit qui donne aux eaux du baptême le pouvoir
          et l'efficace pour sanctifier nos âmes, et parce que le baptême de Christ se fait par le Saint-Esprit et par le feu
                                                                                   50
          (Matthieu III, 11). En bénissant les eaux on met dans le vase une torche allumée . Il est donc évident que l'eau
          baptismale de Rome capable de régénérer est consacrée exactement comme l'était l'eau du paganisme qui
          régénérait et purifiait. À quoi sert-il à l'évêque Hay de dire, avec l'intention de sanctifier la superstition, et de
          rendre possible l'aspotasie, que ce rite est destiné à représenter le feu de l'amour divin, qui se communique
                                                                                                             51
          à l'âme par le baptême, et la lumière du bon exemple que devraient donner tous ceux qui sont baptisés ?
          Voilà l'explication qu'on donne de cette pratique; mais un fait domine encore, le voici: tandis que la doctrine
          romaine sur le baptême est purement païenne dans les cérémonies du baptême papal, on pratique encore
          aujourd'hui l'un des rites essentiels de l'ancien culte du feu, exactement comme le pratiquaient les adorateurs
          de Bacchus, le messie babylonien. De même que Rome conserve le souvenir du dieu du feu passant à travers
          les eaux et leur communiquant sa puissance, de même quand elle parle de l'Esprit-Saint souffrant pour nous
          dans  le baptême, elle rappelle de la même manière le rôle que    le paganisme assignait à la  déesse
          Babylonienne, lorsqu'elle se jeta dans les eaux. Le chagrin de Nemrod ou de Bacchus lorsqu'il était dans les
          eaux était un chagrin méritoire. La douleur de sa femme en qui habitait merveilleusement le Saint-Esprit, était
          de la même nature. La douleur de la Madone plongée dans ces eaux, alors qu'elle fuyait la colère de Typhon,
          était l'angoisse féconde qui enfantait les enfants de Dieu. Ainsi dans l'extrême ouest, Chalchivitlycue, la
          déesse des eaux chez les Mexicains et la mère de tous les régénérés, était représentée comme purifiant de leur
                                                                                       52
          péché originel les enfants nouveau-nés, et les enfantant de nouveau dans le monde . Or, le Saint-Esprit était
          à Babylone l'objet d'un culte idolâtre sous la forme d'une colombe. Sous la même forme et avec une idolâtrie
          semblable le Saint-Esprit est adoré à Rome. Quand donc nous voyons, contrairement à tous les principes
          scripturaires, que le Saint-Esprit a souffert pour nous dans le baptême, nous voyons clairement ce que ce
          Saint-Esprit représente. Ce n'est pas autre chose que Sémiramis, l'incarnation même de la dépravation et de
          la souillure.


























                       48     ATHENAEUS, liv. IX, p. 409.
                       49
                              Tous les maux de l'humanité, dit Euripide, sont lavés par l'eau de la mer.
                       50
                              HAY, Le Chrétien sincère, vol. I, p. 365.
                       51
                              idem.
                       52
                              Voir p. 197.
   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114