Page 107 - LES DEUX BABYLONES
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          Or, dans les mystères, la salive était un autre symbole désignant la même chose. En Égypte, d'où le Système
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          Babylonien vint dans l'Europe occidentale, le nom de l'Esprit pur ou purifiant était Rekh . Mais Rekh signifie
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          aussi salive , de telle sorte que oindre de salive le nez ou les oreilles des initiés, d'après le système mystique,
          était au fond les oindre de l'esprit purificateur. Rome, en adoptant l'usage de la salive l'a emprunté à quelque
          rituel Chaldéen, dans lequel la salive était l'emblème désigné de l'Esprit; c'est ce qui ressort clairement des
          détails qu'elle donne, dans ses formulaires autorisés, de la raison de cette onction faite sur l'oreille. "Nous
          oignons de salive les oreilles, dit l'évêque Hay, parce que, par la grâce du baptême, les oreilles de notre âme
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          s'ouvrent pour entendre la Parole de Dieu et les inspirations de son Saint-Esprit ." Mais, dira-t-on, qu'y a-t-il
          de commun entre la salive et la douce odeur? Je réponds: le mot Rekh, qui signifie le Saint-Esprit, et qui était
          clairement représenté par la salive, était intimement lié à Rikh qui veut dire un parfum odorant ou une douce
          odeur.


          Ainsi, la connaissance des mystères donne le sens et l'explication sérieuse de la parole cabalistique adressée
          par le prêtre romain qui baptise à celui qu'il va baptiser, lorsqu'il lui frotte le nez et les oreilles, parole qui,
          autrement, n'aurait aucun sens: "Epphata, ouvre-toi à une douce odeur."


          Tandis que c'était là la vérité primitive cachée sous la salive, cependant tout l'esprit du paganisme était si
          opposé à la spiritualité de la religion des patriarches et s'efforçait de la rendre si mutile et d'en détourner
          entièrement les hommes, tout en prétendant lui rendre hommage, que parmi la foule en général l'emploi
          magique de la salive devint le symbole de la plus grossière superstition.


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          Théocrite montre à quels rites avilissants il était mêlé en Sicile et en Grèce , et Perse flétrit ainsi le peuple
          de Rome de son époque, qui se confiait en ces rites pour écarter l'influence du mauvais oeil:

                                      Nos superstitions ont commencé avec notre vie;
                                     La superstitieuse aïeule, ou le plus proche parent,
                                       Prend dans son berceau l'enfant nouveau-né
                                        Et commence par le purifier avec la salive;
                                       Elle lui frotte les tempes, le front, les lèvres,
                                         Prétendant que la puissance de la magie
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                                    Doit le protéger par la vertu de la salive lustrale .

          Nous voyons donc à quel point le baptême papal est la reproduction exacte du baptême Chaldéen; mais il y
          a  un autre point à noter qui complète la démonstration. Nous le trouvons dans la malédiction suivante,
          fulminée contre un homme coupable du crime impardonnable d'avoir quitté l'église de Rome et qui publia les
          raisons sérieuses de son action: "Puisse le Père, qui créa l'homme, le maudire! Puisse le Fils qui a souffert
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          pour nous le maudire! Puisse le Saint-Esprit qui a souffert pour nous dans le baptême, le maudire !" Je ne
          m'arrête pas à montrer combien cette malédiction est absolument et entièrement opposée à tout l'esprit de
          l'Évangile. Mais ce que je recommande à l'attention du lecteur, c'est cette affirmation étonnante que le Saint-
          Esprit a souffert pour nous dans le baptême. Sur quoi s'appuie-t-on dans l'Écriture pour avancer une pareille
          assertion? Qu'est-ce qui a pu la faire naître? Mais que le lecteur revienne à la personnalité Babylonienne du




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                              BUNSEN, vol. I, p. 475-476 et 516.
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                              PARKHURST, Lexique, p. 703.
                       40     Le Chrétien sincère, vol. I, p. 368.
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                              THÉOCRITE, Idylle, II, 61, p. 126-127.
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                              PERSE, Satyres, II, 30, 34 dans l'original.
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                              C'est la malédiction formulée contre M. Hogan, de Philadelphie, qui quitta l'Église de Rome et indiqua
                              les raisons de sa conduite (voir BEGG, Manuel, p. 152. et BLAKENEY, La papauté au point de vue
                              social, p. 126 et la note p. 127).
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