Page 106 - LES DEUX BABYLONES
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          L'usage de la salive


          Au  point où nous en sommes maintenant, je ne parlerai que d'un seul rite du
          baptême. C'est l'usage de la salive; si nous examinons les mots eux-mêmes du
          rituel romain relatifs à cette cérémonie, nous verrons clairement que cet usage doit
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          venir des mystères. Voici le récit de l'emploi qu'on en fait d'après l'évêque Hay :
          le prêtre récite un autre exorcisme et à la fin touche avec un peu de salive l'oreille
          et les narines de celui qu'il baptise, en disant: "Epphata, c'est-à-dire ouvre-toi à
          une douce odeur; Puisses-tu fuir, ô démon, car le jugement de Dieu est proche."
          Or, le lecteur demandera tout de suite: quel rapport possible, concevable, peut-il
          y  avoir entre la salive et une douce odeur? Si on rapproche soigneusement la
          doctrine des mystères chaldéens de cette déclaration, on verra que ce n'est point
          par hasard, quelqu'absolus et dépourvus de sens que ces termes puissent paraître,
          que la salive et une douce odeur ont été rapprochées. Nous avons déjà vu à quel     Fig. 35 – Le lecteur se
          point le paganisme connaissait les attributs et l'oeuvre du Messie promis, quoique  rappellera que Jupiter, en Jupiter
                                                                                         jeune ou Jupiter l'enfant, était
          toute cette connaissance de ces grands sujets servît à corrompre les esprits et à les
                                                                                       adoré dans les bras de sa mère la
          garder dans la servitude. Il nous faut maintenant remarquer que s'ils connaissaient  Fortune, comme Vénus était
          l'existence du Saint-Esprit, de même ils connaissaient son oeuvre, quoique leur  adorée dans les bras de la déesse
          connaissance de ce sujet fût également corrompue et grossière. Servius, dans ses  Babylonienne ou Horus, dans les
                                                                                       bras d'Isis. De plus, Cupidon qui,
          commentaires sur la première Géorgique de Virgile, après avoir cité l'expression   comme fils de Jupiter, est
          bien connue Mystica vannus lacchi, "l'éventail mystique de Bacchus" dit que cet  Vejovis, c'est-à-dire le jeune
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          éventail  mystique symbolisait la purification des âmes . Mais comment un         Jupiter, est représenté non
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          éventail pouvait-il être un symbole de la purification des âmes? La réponse est   de Bacchus, mais avec une
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          qu'un éventail est l'instrument qui sert à produire le vent , et en Chaldée, nous  guirlande de lierre autour de lui,
          l'avons déjà vu, le même mot veut dire à la fois vent et Saint-Esprit. Il est donc  comme marque distinctive de la
          hors de doute qu'à l'origine le vent était l'un des divins emblèmes des patriarches,       même divinité.
          qui représentait la puissance du Saint-Esprit, comme notre Seigneur Jésus-Christ le dit lui-même à Nicodème,
          "le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient ni où il va" (Jean III, 8). C'est
          pour cela que lorsqu'on représentait Bacchus avec l'éventail mystique, cela voulait dire qu'il était le puissant
          en qui résidait l'Esprit. De là vient l'idée de purifier l'âme au moyen du vent, suivant la description de Virgile
         qui représente les taches du péché comme étant enlevées de cette manière:


                                             Elles expient dans des supplices
                                                  leurs anciennes fautes,
                                         Quelques-unes suspendues dans les airs
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                                                 sont le jouet des vents .


          C'est à cause de cela que les prêtres de Jupiter (qui était primitivement une autre forme de Bacchus, (fig. 35)
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          étaient  appelés Flamens , c'est-à-dire souffleurs, ou dispensateurs du Saint-Esprit en soufflant sur leurs
         sectateurs.







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                              Le Chrétien sincère, vol. I, p. 368.
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                              SERVIUS, vol. p. 197.
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                              Il y a une allusion évidente au van mystique du dieu Babylonien dans la prophétie sur Babylone
                              prononcée par Jérémie: "Ainsi a dit l'Éternel: Voici, je vais faire lever un vent de destruction contre
                              Babylone et contre ceux qui l'habitent et dont le coeur s'élève contre moi. J'enverrai contre Babylone des
                              vanneurs qui la vanneront et qui videront son pays." (Jérémie LI, 1, 2).
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                              VIRGILE, Enéide, liv. VI, v. 739-741.
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                              De Flo, je respire.
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