Page 98 - LES DEUX BABYLONES
P. 98

96
                                                                                                             7
          car  Proclus dit: on l'appelle Coré "à cause de la pureté de sa nature et de sa supériorité immaculée ".
          S'étonnera-t-on dès lors de la dernière proclamation? Il n'y a pas lieu de le faire. Ce n'est qu'en suivant, dans
          ses conséquences logiques, la doctrine païenne déjà adoptée et mélangée à tout le système de Rome, que ce
          décret a été lancé et que la Madone romaine a été formellement appelée dans le sens le plus complet de ce
          mot, "la Vierge immaculée"! Peut-on douter dès lors que la Madone de Rome avec l'enfant dans ses bras et
          la Madone de Babylone ne soient qu'une seule et même déesse! On sait fort bien que la madone romaine est
          adorée  comme une déesse; elle est même le grand objet du culte. Les chrétiens (d'Angleterre) ne se
          révolteront-ils pas à l'idée de tolérer plus longtemps ce monstrueux paganisme babylonien? Quel état chrétien
          pourrait  supporter que ses représentants votassent l'argent de la nation protestante pour encourager une
                                    8
          idolâtrie  si blasphématoire ? Si  l'esprit humain n'était pas aveuglé dans ses jugements, les hommes
          trembleraient  à la seule pensée  de commettre la  faute que ce pays a commise ces dernières années en
          soutenant la corruption et la perversité de Rome!


          La Parole de Dieu n'a-t-elle pas condamné dans les termes les plus énergiques et les plus terribles la Babylone
          du Nouveau Testament? Et n'a-t-elle pas aussi déclaré que ceux qui participent aux péchés de Babylone
          participent aussi à ses châtiments? (Apocalypse XVIII, 4). Le grand nombre regarde en général le péché
          d'idolâtrie comme une faute comparativement légère et sans aucune portée. Mais ce n'est pas ainsi que le Dieu
          des cieux le considère. Quel est de tous les commandements celui qui est accompagné des menaces les plus
          solennelles et les plus terribles? C'est le second: "Tu ne te feras point d'image taillée ni aucune ressemblance
          des choses qui sont là-haut au ciel, ni ici-bas sur la terre ni dans les eaux plus basses que la terre. Tu ne te
          prosterneras point devant elles et ne les serviras point: car je suis l'Éternel ton Dieu, un Dieu fort et jaloux,
          qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la 3e et à la 4e génération de ceux qui me haïssent."
          (Deutéronome V, 8, 9; Exode XX, 4, 5). Ces paroles viennent de la bouche même de Dieu; elles ont été écrites
         par la main même de Dieu sur la pierre, non pas seulement pour l'instruction de la race d'Abraham, mais de
         toutes les tribus et de toutes les générations de la terre, et aucun commandement n'est suivie d'une pareille
          menace! Or, si Dieu a menacé de punir le péché d'idolâtrie par-dessus les autres péchés, et si nous voyons ces
          terribles châtiments de Dieu s'appesantir sur notre nation, tandis que le péché crie au ciel contre nous, ne
          devons-nous pas rechercher avec le plus grand soin si parmi tous nos autres péchés nationaux qui sont à la
          fois graves et nombreux, celui-là ne constitue pas la première et capitale offense? Et pourquoi donc ne nous
          prosternerions-nous pas devant les rochers et les pierres? Oui, si nous, qui professons une doctrine opposée,
          nous encourageons, si nous nourrissons, si nous maintenons une idolâtrie que Dieu a si affreusement menacée
          de sa colère, notre faute, au lieu d'en être amoindrie, en est d'autant plus grande, car c'est un péché contre la
          lumière! Or, les faits sont évidents pour tous. Il est notoire qu'en 1854 une idolâtrie anti-chrétienne a été
          incorporée dans la constitution anglaise d'une manière telle, que pendant un siècle et demi il n'en avait point
          été introduit de semblable. On sait aussi, que depuis, ce pays a été frappé de plusieurs châtiments successifs.
          Faut-il  regarder cette coïncidence  comme purement accidentelle? Ne faut-il pas plutôt y         voir
          l'accomplissement de la menace prononcée par Dieu dans l'Apocalypse? C'est là aujourd'hui une question
          excessivement pratique. Si notre péché à cet égard n'est pas reconnu par notre nation, s'il n'est pas confessé
          avec repentance, s'il n'est pas rejeté bien loin, si au contraire, nous l'augmentons encore, si maintenant, pour
          la première fois depuis la Révolution, tandis que nous confiant visiblement au Dieu des batailles pour le
          succès de nos armes, nous l'affrontons ouvertement en envoyant dans nos camps des prêtres d'idoles; nous
          pourrons avoir des fêtes nationales et des journées d'humiliation innombrables; Dieu ne peut pas les accepter;
          elles peuvent nous accorder un répit temporaire, mais nous pouvons être certain que le Seigneur ne fera point
                                                          9
          cesser sa colère et que son bras sera encore étendu !


                       7
                              PROCLUS, dans une note additionnelle, TAYLOR, Hymnes orphiques, p. 198.
                       8
                              Il est déplorable que tous les chrétiens en général semblent être si insensibles à la crise actuelle de
                              l'Église et du monde, ou au devoir qui leur est imposé comme témoins de Christ, de témoigner
                              pratiquement contre les péchés publics de la nation. S'ils avaient besoin d'être stimulés pour accomplir
                              plus énergiquement ce devoir, qu'ils lisent un excellent et opportun petit livre tout récemment paru,
                              intitulé: Interprétation originale de l'Apocalypse, où les déclarations de l'Apocalypse concernant le
                              caractère, la vie, la mort, la résurrection des deux témoins sont brièvement, mais fortement exposées.
                       9
                              Le paragraphe ci-dessus parut d'abord au printemps de 1855, alors que l'empire contemplait avec
                              stupéfaction les horribles et navrants désastres de Crimée, causés simplement par ce fait que dans ce
   93   94   95   96   97   98   99   100   101   102   103