Page 100 - LES DEUX BABYLONES
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                                        Article 1 - Régénération par le baptême


            On sait que la régénération par le baptême est un article fondamental de Rome et qu'il se trouve à l'entrée
          même du système Romain. Suivant Rome elle-même, le baptême est si important dans ce but, que d'un côté
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          on déclare qu'il est absolument nécessaire pour être sauvé , tellement qu'un enfant mort sans baptême ne peut
          pas être reçu dans la gloire; et de l'autre, ses vertus sont si grandes qu'on le déclare dans tous les cas infaillible
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          pour nous régénérer par une nouvelle naissance spirituelle en nous faisant enfants de Dieu . On l'appelle la
          première porte par laquelle nous entrons dans le bercail de Jésus-Christ, le premier moyen par lequel nous
          recevons la grâce de la réconciliation avec Dieu. Aussi les mérites de Jésus sont-ils appliqués par là à nos
          âmes d'une manière si surabondante, qu'ils satisfont pleinement la justice divine pour tout ce qu'elle exige de
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          nous, soit à cause du péché originel, soit à cause du péché actuel . Or, des deux côtés cette doctrine est anti-
          scripturaire; des deux côtés elle est purement païenne. Elle est anti-scripturaire, car le Seigneur Jésus-Christ
          a expressément déclaré que ces enfants, sans le baptême, ou sans aucune autre loi, peuvent être admis dans
          la gloire céleste. "Laissez les petits enfants venir à moi et ne les empêchez point: car le royaume des cieux
          est pour ceux qui leur ressemblent." (Matthieu XIX, 14). Jean-Baptiste, étant encore dans le sein de sa mère,
          fut si rempli de joie à la nouvelle de la naissance du Sauveur, que la salutation de Marie ayant frappé les
          oreilles de sa mère, l'enfant tressaillit dans le sein maternel (Luc I, 41, 44). Si cet enfant était mort en venant
          au monde, qu'est-ce qui aurait pu l'exclure de l'héritage des saints dans la lumière pour lequel il avait été si
          évidemment préparé? Cependant l'évêque catholique romain Hay, se défiant de tout principe de la Parole de
          Dieu, n'hésite pas à poser la question suivante: "Que devient l'enfant mort sans baptême?" Réponse: "Si un
          jeune enfant était mis à mort pour l'amour du Christ, ce serait le baptême de sang, et il irait au ciel; mais
          excepté ce cas, comme ces enfants ne peuvent pas désirer le baptême avec les autres dispositions nécessaires,
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          s'ils ne sont pas baptisés d'eau ils ne peuvent pas aller au ciel ." Cette doctrine n'a jamais pu venir de la Bible,
          d'où  vient-elle donc? Elle est venue du paganisme. Le lecteur au courant des classiques se rappellera
          certainement dans quel état Énée, alors qu'il visitait les régions de l'enfer, trouva les âmes des malheureux
          enfants morts sans avoir été administrés selon les rites de l'Église: "Il entend les voix plaintives des enfants
          dont  les âmes pleurent à l'entrée des enfers: infortunés qui, entrés dans la vie, n'en ont point connu les
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          douceurs, et qu'une mort prématurée a ravis au sein maternel ." Ces malheureux enfants, afin de glorifier la
          vertu et l'efficace des rites mystérieux du paganisme, sont exclus des Champs-Élysées, le paradis des païens,
          et n'ont chez leurs compagnons les plus rapprochés de meilleure compagnie que celle des suicidés: "Près
          d'eux, tristes et abattus, sont les mortels qui sans avoir commis de crimes se sont donné la mort de leur propre
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          main, et qui, désertant le jour, ont rejeté leurs âmes loin de leurs corps ."

          Voilà pour le manque de baptême. Quant à son efficacité positive, lorsqu'on l'a obtenu, la doctrine papale est
          aussi anti-scripturaire. Il y a des protestants déclarés qui croient à la doctrine de la régénération baptismale;
          mais la Parole de Dieu n'en dit rien. Voici la déclaration de l'Écriture sur le baptême: il ne donne pas une
          naissance nouvelle, mais c'est un moyen désigné pour signifier et sceller cette nouvelle naissance là où elle
          existe déjà. À cet égard le baptême repose sur le même fondement que la circoncision. Or qu'est-ce que la
          Parole de Dieu nous dit de l'efficace de la circoncision? Elle dit, parlant d'Abraham: "Il reçut le signe de la





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                              L'évêque HAY, Le Chrétien sincère, vol. I, p. 363. Il y a deux exceptions à cette déclaration: le cas d'un
                              infidèle converti dans un pays païen où il est impossible de recevoir le baptême, et le cas d'un martyr
                              baptisé, comme on dit, dans son propre sang; mais dans tous les autres cas, pour les jeunes comme pour
                              les vieux, la nécessité est absolue.
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                              ibid. p. 356.
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                              ibid. p. 358.
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                              Le Chrétien sincère, vol. I, p. 362.
                       5      VIRGILE, Enéide, liv. VI, v. 427-429.
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                              ibid. v. 436. Entre les enfants et les suicidés il y a une autre catégorie, ceux qui sur terre ont été
                              injustement condamnés à mort et pour qui il n'y a plus d'espoir.
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