Page 88 - LES DEUX BABYLONES
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         Or, que le lecteur remarque ceci: d'après l'histoire du paganisme, il n'y avait point de serpent dans le jardin
         de délices de ces îles bénies, pour entraîner l'humanité à violer ses devoirs envers son grand bienfaiteur, et
         à manger le fruit de l'arbre sacré qu'il s'était réservé comme pierre de touche de son obéissance. Non: au
          contraire, c'était le serpent, le symbole du diable, le principe du mal, l'ennemi de l'homme, qui empêchait
          l'homme de manger du précieux fruit, qui le gardait soigneusement, qui ne permettait pas d'y toucher. Hercule,
          l'une  des formes du Messie païen, non le primitif Hercule, mais l'Hercule Grec, ému de la condition
          malheureuse de l'homme tua, ou soumit le serpent, l'être envieux qui refusait à l'humanité l'usage de ce qui
          lui était si utile, pour que l'homme fût à la fois sage et heureux, et lui accorda ainsi ce fruit qui aurait été à
          jamais hors de son atteinte. Ici donc, Dieu et le démon ont changé de rôles. Jéhovah, qui défendait à l'homme
          de manger de l'arbre de la connaissance, est symbolisé par le serpent, et tenu pour un être malveillant et
          égoïste, tandis que celui qui arracha l'homme au joug de Jéhovah, et lui donna le fruit de l'arbre défendu, en
          d'autres termes Satan, sous le nom d'Hercule, est célébré comme le généreux libérateur de la race humaine.
          Quel mystère d'iniquité que celui-là! Or, c'est là ce que renferme l'orange sacrée d'Easter.
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