Page 85 - LES DEUX BABYLONES
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         le culte de la reine des cieux, la déesse Easter, aux jours même de Cécrops, fondateur d'Athènes, c'est-à-dire
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         vers 1500 avant l'ère chrétienne. "Une espèce de pain sacré, dit Bryant , qu'on avait l'habitude d'offrir aux
         dieux,  était d'une haute antiquité et s'appelait boun."  Diogène Laerce, parlant de cette offrande faite par
         Empédocle, décrit les différents éléments dont elle était composée, et ajoute: Il offrit un des gâteaux sacrés
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         appelés boun, qui étaient faits de fleur de farine et de miel . Le prophète Jérémie fait remarquer ce genre
         d'offrandes  quand il dit: "Les enfants apportaient du bois, les pères allumaient le feu, et les femmes
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          pétrissaient la pâte pour offrir des gâteaux à la reine des cieux " (Jérémie VII, 18). Aujourd'hui à la fête
          d'Astarté, on n'offre pas des gâteaux chauds en forme de croix, on les mange, mais cela ne laisse aucun doute
          sur leur origine. L'origine des oeufs de Pâques est tout à fait aussi claire. Les anciens Druides portaient un
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          oeuf comme emblème sacré de leur ordre .


          Dans les Dionysiaques, ou mystères de Bacchus, tels qu'on les célébrait
          à Athènes, la consécration d'un oeuf formait une partie de la cérémonie
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          nocturne .  Les fables hindoues chantent leur oeuf du monde et lui
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          donnent une couleur dorée . Les Japonais disent que leur oeuf sacré était
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          d'airain . En Chine aujourd'hui, on emploie dans les fêtes sacrées des
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          oeufs teints ou peints absolument comme en Angleterre . Autrefois les
          oeufs étaient en usage dans les rites religieux des Égyptiens et des Grecs,
          et on les suspendait dans les temples pour des cérémonies mystiques 32
          (fig. 31).                                                                        Fig. 31


          On peut distinctement suivre la trace de l'usage de ces oeufs depuis l'Égypte jusqu'aux bords de l'Euphrate.
          Les poètes classiques sont remplis de la fable de l'oeuf mystique des Babyloniens et voici l'histoire qu'en fait
          l'égyptien Hyginus, le savant secrétaire de la Bibliothèque Palatine à Rome, à l'époque d'Auguste, homme
          habile dans toute la sagesse de sa patrie: "On dit qu'un oeuf de dimensions extraordinaires tomba du ciel dans
          l'Euphrate. Les poissons le poussèrent au rivage, là les colombes vinrent se fixer dessus, le couvèrent, et
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          Vénus en sortit bientôt: elle fut appelée la déesse Syrienne " c'est-à-dire Astarté. De là vint l'emploi de l'oeuf
          comme symbole d'Astarté ou Easter, et, c'est pour cela que dans l'île de Chypre, l'un des sièges favoris du
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          culte de Vénus ou d'Astarté, l'oeuf était représenté comme étant d'une grosseur extraordinaire .








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                              Mythologie, vol. I, p. 373.
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                              LAERTIUS, p. 227. B.
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                              Jérémie VII, 18. De ce même mot dont se sert le prophète, semble venir le mot "bun". Le mot hébreu,
                              avec les points voyelles, se prononçait "Khavan" d'où, en grec, parfois Kapanos, (PHOTIUS, Lexicon
                              Sylloge, P. I, p. 130), et d'autres fois, Khabôn (NÉANDRE, dans KITTO, Encyclopédie Biblique, vol. I,
                              p. 237). Le premier montre comment Khvan, prononcé en une syllabe, peut devenir en latin "panis"
                              (pain) et le second, comment de la même manière Khvôn peut devenir Bon ou Bun. Il ne faut pas perdre
                              de vue que le mot anglais ordinaire "Loaf" a suivi la même voie de transformation. En Anglo-Saxon,
                              c'était "Hlaf".
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                              DAVIES, Les Druides, p. 208.
                       28     DAVIES, Les Druides, p. 207.
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                              Col. KENNEDY, p. 223.
                       30
                              COLEMAN, p. 340.
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                              Mon autorité est ici le Rév. Johnston, autrefois missionnaire à Amoy, en Chine.
                       32     WILKINSON, vol. III, p. 20 et PAUSIANAS, liv. III, Laconica, ch. 16.
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                              HYGINUS, Fables, p. 148-149.
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                              D'après LANDSEER, Recherches Sabéennes, p. 80. Londres, 1823.
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