Page 70 - LES DEUX BABYLONES
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                                           Là où se jouent les flots tumultueux,
                                                  dans le port de Diane,
                                          On voit la blonde Ariadne abandonnée;
                                      Là, dévorée par le chagrin et folle de désespoir.
                                Elle déchire ses vêtements, et arrache sa chevelure dorée 48


          La Gorgone Méduse avant sa transformation était célèbre pour sa chevelure dorée aussi bien que pour sa
          beauté:



                                             Méduse avait alors des charmes,
                                                 une foule de prétendants
                                          Rivalisaient pour conquérir son coeur.
                                  Ceux qui l'on vue déclarent que jamais ils n'ont admiré
                                 Des traits plus touchants sur une plus douce physionomie;
                                   Mais par dessus tout, ils admirent ses longs cheveux
                                     Aux reflets brillants, ondulant en boucles dorées 49


          La Sirène qui figurait si souvent dans les contes romantiques du nord, qui était évidemment empruntée à
          l'histoire d'Atergatis, la déesse-poisson de Syrie, appelée la mère de Sémiramis, et identifiée quelquefois à
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          Sémiramis  elle-même , la Sirène avait,  dit-on, une chevelure semblable. "Ellewoman",  tel est le nom
          Scandinave de la Sirène, est blonde, dit l'introduction aux contes danois de Hans Andersen, elle a les cheveux
                                                                51
          dorés, et joue délicieusement sur un instrument à cordes . On la voit souvent assise à la surface des eaux,
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          peignant avec un peigne d'or sa longue chevelure dorée . Et même lorsque Athor, la Vénus de l'Égypte, était
          représentée sous la forme d'une vache, sans doute pour montrer le teint de la déesse qui représentait la couleur
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          de cet animal, la tête et le cou étaient dorés . Si donc les portraits les plus célèbres de la Vierge Mère en Italie
          nous la montrent avec un teint blond, si dans toute l'Irlande la vierge est presque invariablement représentée
          aujourd'hui de la même manière; qui peut échapper à cette conclusion, qu'elle a été copiée sur le même
          prototype que les divinités païennes?


          La ressemblance ne porte pas seulement sur le teint, elle porte aussi sur les traits. Les traits juifs sont frappants
          dans tous les pays, et ont un caractère spécial qui leur est propre. Mais les madones à l'origine n'ont rien du
                                                                                       54
          tout de la forme ou du trait juif; tous ceux qui les ont comparées personnellement  déclarent qu'à cet égard
          aussi  bien que pour le teint elles ressemblent aux madones Babyloniennes que Sir Robert Ker Porter a
          découvertes parmi les ruines de Babylone. Ces portraits ont aussi un caractère remarquable, c'est le nimbe ou
          cercle de lumière qui entoure d'ordinaire la tête de la madone romaine. Les prétendus portraits du Christ sont
          souvent  entourés de la même manière. Quelle est l'origine de cet emblème? Pour ce qui concerne notre
          Seigneur, si sa tête avait été simplement entourée de rayons, on aurait pu dire avec quelque apparence de
          raison que c'était un emprunt aux récits évangéliques où il est écrit que sur la sainte montagne son visage était
          resplendissant de lumière. Mais où voit-on, dans toute Écriture, que sa tête fut entourée d'un disque ou d'un




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                              Mythologie païenne illustrée, p. 58.
                       49
                              ibid. p. 90.
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                              Lucien de Dca Syriâ, vol. III, p. 460-461. Le nom mentionné par Lucien est Derketo, mais on sait que
                              Derketo et Atergatis ne font qu'une personne.
                       51
                              Contes Danois, p. 86.
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                              Contes Danois, p. 87.
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                              HÉRODOTE, liv. II, p. 158 et WILKINSON, vol. I, note p. 128.
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                              H. J. JONES, dans le Journal trimestriel de la prophétie, oct. 1852, p. 331.
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