Page 67 - LES DEUX BABYLONES
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          t'obéirons en rien de ce que tu nous as dit au nom de l'Éternel, mais nous voulons agir comme l'a déclaré notre
          bouche, offrir de l'encens à la reine des cieux et lui faire des libations comme nous l'avons fait, nous et nos
          pères, nos rois et nos chefs, dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem. Alors nous avions du pain
          pour nous rassasier, nous étions heureux et nous n'éprouvions point de malheur." (Jérémie XLIV, 15-17). –
          Ainsi les Juifs, le peuple particulier de Dieu, rivalisaient avec les Égyptiens dans leurs dévotions à la reine
          des cieux.

          Le culte de la déesse mère avec l'enfant dans ses bras fleurit en Égypte jusqu'à l'apparition du christianisme.
          Si l'Évangile était venu avec puissance dans la masse du peuple, il aurait renversé le culte de cette déesse.
          Dans  la grande majorité il  ne pénétra que nominalement. Aussi, loin d'être mise  de côté, la déesse
          Babylonienne, en beaucoup de cas ne fit que changer de nom. Elle fut appelée la vierge Marie, et fut adorée
          avec son fils, par ceux qui professaient le christianisme, avec les mêmes sentiments idolâtres qu'elle l'était
          auparavant  par les païens déclarés. Aussi, lorsque en 325 après J.-C. lorsque le concile de Nicée dut
          condamner l'hérésie d'Arius, qui niait la divinité de Jésus-Christ, cette doctrine fut bien condamnée, mais ce
          ne fut pas sans l'aide d'hommes qui indiquaient nettement leur désir de mettre la créature au rang du Créateur,
          la vierge Mère à côté de son fils. Au concile de Nicée, dit l'auteur de "Nemrod", le parti des "Melchites", c'est-
          à-dire les représentants de la soi-disant chrétienté en Égypte, affirmaient "qu'il y a trois personnes dans la
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          Trinité, le Père, la Vierge Marie et le Messie leur fils ". – Citant ce fait incroyable énoncé au Concile de
          Nicée, le père Newman parle avec triomphe de ces discussions, qui d'après lui, tendaient à la glorification de
          Marie: "Ainsi, dit-il, la controverse a soulevé une question qu'elle n'a point résolue. Elle a ouvert de nouveaux
          horizons, si l'on peut ainsi parler, dans les royaumes de la lumière, auxquels l'Église n'a pas encore désigné
          ses habitants. Ainsi il y avait une merveille dans les cieux; un trône bien au-dessus des puissances créées,
          intermédiaire, intercesseur, un titre modèle, une couronne brillante comme l'étoile du matin, une gloire issue
          du trône éternel, des vêtements purs comme le ciel, et par dessus tout un sceptre! Et quel était l'héritier
          prédestiné à tant de majesté? Qui était cette sagesse, et quel était son nom, le nom de la mère du pur amour,
          de la crainte, de la sainte espérance, exaltée comme un palmier d'Engaddi, ou un rosier de Jéricho, créée dès
          le commencement du monde dans les conseils de Dieu, et qui avait son pouvoir à Jérusalem? La vision se
          trouve dans l'Apocalypse: c'est la femme vêtue du soleil, ayant la lune à ses pieds et sur la tête une couronne
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          de douze étoiles ." (Apocalypse XII, 1). "Les sectateurs de Marie, ajoute-t-il, ne s'éloignent pas de la vraie
          foi, à moins que les blasphémateurs de son fils ne soient dans le vrai. L'Église de Rome n'est idolâtre, que si
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          l'Arianisme est orthodoxe ." – Ceci est tout simplement la poésie du blasphème! – Il y a là aussi un argument;
          mais  quelle en est la valeur? La voici: si on admet que le Christ soit vraiment Dieu, et qu'il mérite des
          honneurs divins, sa mère qui lui a donné son humanité, doit en recevoir aussi; elle doit être élevée bien au-
          dessus de toutes les créatures, et adorée comme participant à la Divinité. La divinité du Christ subsiste ou
          disparaît avec celle de sa  mère. –  Telle est la papauté au XIXe siècle;  que  dis-je! Telle est  la  papauté en  Angleterre.

          On savait déjà que la papauté à l'étranger était audacieuse, éhontée dans ses blasphèmes, qu'à Lisbonne on
          pouvait voir une église à l'entrée de laquelle était gravée cette inscription: "À la déesse Vierge de Lorette, des
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          Italiens dévoués à sa divinité ont consacré cette église ." – Mais avait-on jamais entendu un pareil langage
          dans la Grande-Bretagne? Et cependant, ceci est exactement la 125 reproduction de la doctrine de l'ancienne
          Babylone à l'égard de la grande déesse. La Madone de Rome est donc exactement la Madone de Babylone.
          La  reine du ciel d'un de ces systèmes est la même que la reine du ciel  dans l'autre. La déesse adorée à



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                              Nemrod, III, p. 329 dans le Journal trimestriel de la Prophétie, juil. 1852, p. 244.
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                              NEWMAN, Développement, p. 405-406. Le lecteur intelligent verra tout de suite qu'il est absurde
                              d'appliquer cette vision de la femme de l'Apocalypse à la Vierge Marie. Jean déclare expressément que
                              ce qu'il a vu était un signe ou un symbole, "semeion". Si la femme dont il est ici question est
                              littéralement une femme, il en est ainsi de la femme qui s'assied sur les sept collines. Dans les deux cas,
                              il est évident que la femme est un symbole. La femme sur les sept collines est le symbole de la fausse
                              église, la femme revêtue du soleil est le symbole de la véritable église – la fiancée, l'épouse de l'Agneau.
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                              idem.
                       32     Jurnal du professeur GIBSON, dans Le Protestant Écossais, vol. I, p. 464.
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