Page 65 - LES DEUX BABYLONES
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Tabernacle ". – Or comme elle est le tabernacle ou le temple de Dieu,
tout pouvoir, toute grâce, toute bonté se trouvait en elle. Elle personnifiait
toute qualité de douceur et de clémence; et quand la mort eut terminé sa
carrière, tandis qu'on la disait divinisée et changée en pigeon 19 pour
marquer la céleste douceur de sa nature, elle fut appelée du nom de luné 20
ou la colombe, ou sans article Junon: c'était le nom de la reine des cieux Fig. 25 – Le rameau que tient Cybèle n'est
à Rome, ce qui avait la même signification. Les Babyloniens l'adoraient qu'un rameau de convention;
mais dans la figure de Layard c'est
sous la forme d'une colombe aussi bien que sous sa forme ordinaire. La distinctement un rameau d'olivier.
colombe, symbole de la reine divinisée, est ordinairement représentée
avec une branche d'olivier qu'elle tient dans son bec (fig. 25); sous sa forme lumineuse elle porte à la main
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la même branche ; et c'est de là sans doute qu'elle a tiré son nom, car Z'emir-ramit veut dire celle qui porte
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le rameau . Cette manière de représenter ainsi la déesse fait sans aucun doute allusion à l'histoire du déluge;
mais ce symbole rappelle encore autre chose. Un rameau, comme nous l'avons déjà montré, était le symbole
du fils divinisé, et, en représentant la mère sous la forme d'une colombe, que voulait-on, sinon l'identifier à
l'Esprit de toute grâce, qui flottait sur l'abîme comme une colombe, au moment de la création?
Dans les sculptures de Ninive, en effet, nous l'avons vu, les ailes et la queue de la colombe représentaient la
3e personne de la Trinité Assyrienne. Pour confirmer ce point, remarquons que la Junon Assyrienne ou la
Vierge Vénus, comme on l'appelait, était identifiée à l'air. "Les Assyriens, et quelques Africains, dit Julius
Firmicus, donnent à l'air la suprématie sur les éléments, car ils ont consacré ce même élément sous le nom
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de Junon, ou de la Vierge Vénus ." Pourquoi l'air était-il ainsi identifié à Junon, dont le symbole était celui
de la 3e personne de la Trinité Assyrienne? Parce que en Chaldée, le même mot qui signifie air signifie aussi
Saint-Esprit! C'est ce que confirme un passage de Proclus, d'après lequel "Junon produit la génération des
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âmes ". – D'où pourrait venir l'âme, l'esprit de l'homme, sinon de l'Esprit de Dieu? Ce qui fait ressortir encore
ce caractère de Junon comme incarnation de l'Esprit de Dieu, la source de la vie, et aussi comme déesse de
l'air, c'est cette invocation qu'on lui fait dans les Hymnes Orphiques:
Ô royale Junon, à l'air majestueux,
à la forme aérienne
Et divine, reine bénie de Jupiter, qui trônes
Dans l'air azuré, la race humaine est ton souci constant.
C'est toi seule qui souffles la brise rafraîchissante,
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KENNEDY et MOON, passim. Il y a un synonyme de Sacca, "tabernacle", ce mot est "Ahel" qui, avec
les points, devient Ohel. De la première forme du mot sembla dériver le nom de la femme du dieu
Bouddha, "Ahalya", d'après KENNEDY (p. 246-256) et d'après Moor, Le Panthéon, Ahilya (p. 264). De
la seconde forme du mot, semble-t-il, vient le nom de la femme du patriarche des Péruviens "Mana
Oëllo". – (PRESCOTT, Le Pérou, vol. I, p. 7-8). Mana était le terme employé par les Péruviens dans le
sens oriental; Oëllo, selon toute apparence, était employé dans le même sens.
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DIODORE DE SICILE, liv. II, p. 76. Pour confirmer ce point, il faut se rappeler le titre de l'une des
fables d'OVIDE, Métamorphoses, IV: Sémiramis in columbam, Sémiramis changée en pigeon.
20 Dioné, nom de la mère de Vénus, souvent appliqué à Vénus elle même, est évidemment le même nom
que luné. Dioné avec le sens de Vénus, est clairement donnée par Ovide à la déesse Babylonienne.
Fastes, liv. II, 461-464, vol. III, p. 113.
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LAYARD, Ninive et Babylone, p. 250.
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De Ze, le ou ce; émir, rameau; et amit, qui porte, au féminin. – HESYCHIUS, sub voce, dit que
Sémiramis est le nom d'un pigeon sauvage. L'explication ci-dessus du sens primitif, du nom de
Sémiramis, comme se rapportant au pigeon sauvage, (un pigeon familier n'aurait pu servir à faire
l'épreuve) peut se justifier parce qu'il était donné par les Grecs à toute espèce de pigeon sauvage.
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FIRMICUS, De Errore, ch. 4, p. 9.
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PROCLUS, liv. VI, ch. 22, vol. II, p. 76.